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HEVUE
DRS
ÉTUDES JUIVES
VERSAILLES
CKRF ET FILS, IMPRIMEURS
•S9, RUR DaPLB88I8, 59
REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
PUBLICATION TRIMESTRIELLE
DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
XOME TREIZIÈME
PARIS
A I,A LIBRAIRIE A. D[JRLAfiHER
83"', RUB LA FAYETTE
1886
RECHERCHES BIBLIQUES
CONSIDÉRATIONS SUPPLÉMEKTAIRES SUR LE X» CHAPITRE
DE LA GENÈSE ^
Ainsi que ce titre Tindique, les considérations gui suivent n'ont
la prétention de refaire à nouveau les éludes approfondies
^nl le X* chapitre de la Genèse a été Fobjet dans ces derniers
IleSDps. Lear but unique est de mettre en relief certains points en-
Icore insafflsamment remarqués jusqu'à présent. En nous réfé-
rant aux résultats généraux déjà obtenus, il nous sera possible
d'alionler quelques problèmes laissés à rarrière*plan, non parce
fa*Uâ sont dépourvus d'intérêt, mais parce que rattention des sa-
?aoto était occupée par des questions plus urgentes. Un document
aussi important que le chapitre dont il s'agit mérite bien d'être
♦ lucide 90U& tous les rapports. Le grave problème concernant
l'origine et V&ge des diverses compositions pentateutiques est inti-
i&eiiietit lié k la solution exacte des multiples questions auxquelles
il donne Ueu- Contribuer en quelque chose à une oîuvre aussi utile
a toajours été pour moi un désir très cher; mais, pour échapper à
|Vn train ement que It^s recherches soi-disant méthodiques et à plan
d'avance ne manquent jamais d'exercer sur leurs auteurs,
j a. V éiijiâi les études détachées ayant en vue des questions déter-
minées et sans connexion immédiate entre elles. Ces sortes de mo-
nographies, en laissant un intervalle entre les sujets traités, favo-
risent la nî0exion et permettent de corriger successivement les
V«tr Mmmé, U XH, p. 3.
L« témmé !• plus complet et le plus judicietix des opiaions ccmcemant ce vmbIb
j.»j«!t 1 été •xpoaé de mam do tsaîtro psi M, A* PiUmaoïL daiïfl son Commentaire]
nr îm OanèK, 5« éditioD, p. 161^199^
REVUE DES ETUDES JUFVTS
opînimS'feiivenu lires à la lumière des faits nouveaux. Les traité^
complets de critique biblique sont» suivant moi, à l'heure qu'il est,
tout aussi prématurés que les gros traités de religion et d'archéo-
logie st^mitiques. si incroyablement multipliés de nos jours. Il ne
faut jamais se lasser de le dire : les études sémitiques sont, ea
général, encore trop peu avancées pour que Ton puisse déjà avoir
une vue d'ensemble sur la composition des textes religieux de
n'importe lequel de ces peuples. Les textes si nombreux de la re-
ligion assyro-babyUmienne s'obstinent à garder le silence sur leur
provenance et leur âge, et aucune intelligence humaine n'est ca-
pable d'en soulever le voile. Les moyens les plus efiîcaces de ta
critique biblique : le progrès des idées et les nuances du langage,
sont impuissants à distinguer entre les compositions qui sont con-
temporaines de Sargon I^"" et celles qui ont été rédigées soas
Assurlianipal^ et cependant ces règnes sont séparés Tun de Tautre
par un intervalle de plus de trois raille ans t Tout cela changera,
naturellement, quand les documents que le sol de la Mésopotamie
recèle encore seront dt'chillrés et compris; mais jusque-là Tiii-
telHgenc© des littératures sémitiques, y compris la littérature bi-
blique, restera bien imparfaite. Cet état de chose étant selon nota
incontestable, la préléreiice que nous accordons à la monographie
sur le livre n'a pas besoin d'être justifiée : Tune, résumant rapi-
dément les résultats acquis, concentre toute son énergie |)Our
pousser une pointe sur le domaine de l'inconnu ; l'autre, alourdi par
sa marche longue et inutile à travers un terrain bien exploré, et
obligé de remplir son cadre n'importe comment» devient diftot
ampoulé, pédantesque, et tombe dans des redites TastidieuseSi à
tel point que, harassé de latigue, l'auteur s'arrête là où il devait
commencer son parcours, au plus grand détriment du lecteur dé**
sappointé.
Les problèmes que nous nous proposons d'étudier sont les sui-
vants : méthode du classement, identification des noms ethniques*
sources du document, rapport du chapitre x avec ix, 18-28, etxi*
1-9, caractère systématique des données concernant les Noachid^,
but et signification du tableau, date de sa rédaction. La compa-
raison avec les autres écrits bibliques, et surtout avec Kzéchiei,
formera la base de nos recherches i les annales assyriennes en
fourniront le cadre historique.
L — Méthode du classement*
La division géographique la plus commode et la plus naturelle
RECHERCHES BIBLIQUES 3
ontîéme temps est, sans contredit, celle qui suit la direction des
quatre points cardinaux. Aussi, les documents de IVKgypte et de la
[fiabylonie contiennent-ils des listes de peuples établis au sud ou
au nord, à l'orient ou à Toccident du pays natif de leurs auteurs*
L'écrivain biblique fait exception à cette règle générale. Il ne se
I sert de la direction élémentaire que dans Fénuraération des unités
j dans les séries ; sa division principale des races humaines et des
[ territoires qu'elles occupent est déterminée par les trois ancêtres
noachides : Sem» Cbam et Japhet, auxquels il l^it remonter la
[triple division de ces races en Sémites, Chamites et Japliétites.
ions celte condition préliminaire, fauteur qui est Sémite, corn-
: convenablement sa description par la race la plus éloignée,
' des Japhétites ou peuples du nord, les Chamites ou peuples
du sud viennent immédiatement après, et, en dernier lieu, sa
^propre race, celle des Sémites, qui habitent entre les deux.
Les peuples qui appartiennent à chacune des trois races précé-
dentes sont envisagés comme les enfants des tils de Noé; les
Lcolonîes fondées par ces peuples, comme leurs enfants. L*ordon-
I nanee observée dans les détails ressortira des considérations sui-
Ytnte».
A. Les Japhétites.
L*auteur hébreu fait venir de Japbet sept peuples principaux :
îomer» Magog» Madaï, Yawan, Tubal, Meschek, Tiras, et sept
euples secondaires, dont trois : Aschkenaz^ Riphat et Togarma,
ont fils de Gomer, et les quatre autres : Elischa, Tarschisch,
^tlim et Rodanim, sont flls de Yawan. Le caractère essentielle-
»eut géographique du tableau se fait reconnaître au premier as-
ct. On constate également, sans hésitation aucune, que les sept
ijei*s noms contiennent deux séries parallèles : Gomer, Ma-
og, Mâdaï au nord, Yawan, Tubal, Meschek et Tiras au sud.
L'ordonnaiice de rénuniération, en ce qui concerne les peuples
tipaux, va de Touestà Test; ainsi, la série septentrionale corn-
par Gomer, ou la Cai»padoce occidentale, et se termine par
Hbidalt. ou la Médie; pareillt^ment, la série méridionale prend son
L>int de départ à Yawan, ou rionie, et procède à Tubal et à Mes-
liek, c'est-à-dire aux Tibarènes et aux Mosches, qui sont des
euples orientaux ; et, bien que le dernier terme de celte série,
fTirâs, pré:>enle encore matière à discussion, la direction géné-
*itàe de roccident à rorient uest pas susceptible du moindre
doute.
4 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Tous ces faits sont parfaitement connus et admis par les com-
mentateurs modernes, et je n'y serais pas revenu si je n'avais pas
à relever chez ceux-ci une certaine inconséquence dans l'applica-
tion, inconséquence qui porte le trouble dans Tidentification de
quelques noms. Ainsi, en ce qui touche l'emplacement de Tiras,
les uns le cherchent au nord et y voient le Taurus (Lenormant),
les autres passent à l'ouest et y trouvent les Thraces (Josèphe), ou
les Tyrsènes, peuple de la mer d'Egée connu dans l'antiquité par
ses actes de piraterie. Ni les unes ni les autres de ces conjectures
ne remplissent la condition fondamentale de l'ordonnance, qui exige
pour Tiras une position orientale relativement aux Mosches, et
méridionale relativement à la première série des Japhétites. Pour
ce qui est des peuples secondaires, on croit généralement qu'aucun
ordre ne préside à leur énumération ; le contraire me paraît plus
probable, et, si, pour les fils de Gomer, notre ignorance topogra-
phique nous met dans l'impossibilité d'en donner une preuve tan-
gible, nous sommes plus favorisés par rapport aux fils de Yawan,
qui se divisent visiblement en deux séries parallèles et en allant
du proche au lointain : à l'occident extrême, Elischa (Ilellas) et
Tarschich (Espagne) ; à l'occident voisin, Kittim (Chypre) et Roda-
nim * (Rhodes). En un mot, l'ordre géographique doit être observé
partout avec la plus grande rigueur, et toute identification qui s'en
écarte doit être considérée comme nulle et non avenue.
Mais ce ne sont pas là les seules conditions à remplir. D'abord,
il paraît évident que ceux que l'auteur représente comme issus
immédiatement après le déluge et comme fondateurs de nombreuses
colonies sont des peuples sédentaires et attachés à la culture du
sol. Les peuples nomades et sans culture sont ordinairement assi-
milés à des gens frappés d'exil, soit par leur faute, soit par la faute
de leurs parents (Genèse, iv, 12), ou pris pour des nations très
récentes (Hérodote, iv, 5). Il faut donc exclure de notre liste les
peuples, comme les Scythes et les Cimmériens, dont l'état nomade
était resté le trait caractéristique et qui, en Asie-Mineure surtout,
étaient toujours regardés comme des étrangers. Non, le généalo-
giste de la Genèse n'a dû penser qu'aux peuples dont l'établisse-
ment dans le pays remontait à une haute antiquité et qui avaient
ainsi acquis le renom d'autochthones. En deuxième lieu, la dis-
tinction si tranchée que l'auteur établit entre les deux séries de
peuples japhétites doit avoir son origine dans une démarcation
plus décisive que la situation un peu plus méridionale de leur ter-
' Û'^S'lh pour d"'p^'n, d'après I Chroniques, i, 6, le texte samaritain et la version
des Septante.
ItECtmKCHES BlllUglTIîlS 3
ïn effet, dn moment que chaque nom représente une con-
ptiofi ethnique renfermant à volonté tous les peuples connus et
locoDDUs d'au-delà, on ne voit plus la nécessité d'établir une
deuxième série ethnique aux environs les plus proches de la pre-
inière. On alléguera difficilement que ces deux séries de popula-
tioûsse distinguaient Tune de Tautre par des traits physiques ou
moraox. Les considérations linguistiques ont encore moins pu
avoir nne action quelconque sur Tagencement de cette partie de la
lijle. Une telle diflférence n*a probablement pas existé, et tous les
doaiments qui nous restent de Tantiquité font entrevoir qu'une
iBéine famille linguistique dominait de la Cappadoce aux frontières
delà Syrie. La distinction de la deuxième série doit donc reposer
sur un genre de vie et d'occupation particulières aux peuples qui
en font partie, et, dès lors, la mise de Yawan en tête de la série
détient an trait lumineux qui dissipe Tobscurité sur la raison
d'être du classement. Après les grandes nations continentales.
Tivant d'agriculture et de conquêtes, viennent les grandes nations
maritimes, adonnées à la navigation et vivant du commerce. La
firV-ce, avec ses nombreuses colonies, tient la tète de ligne; les
Tibarènes et les Mosches, privés des moyens d'expansion dont
Yawan, leur frère aine, dispose si merveilleusement, font un com-
merce plus restreint, mais néanmoins assez considérable pour
r^poque. En troisième lieu, enfin, il faut se pénétrer de la mé-
thode suivie pour le classement des peuples secondaires, qui sont
aux peuples principaux dans le rapport de fils à parents. L'auteur
i&eoalente de mentionner les tiîs des personnages qui tiennent la
tâte des deux séries, mais, par cela même qu'il leur donne la
çulilf* de lils, se révèle la pensée d'établir entre eux une analogie
étroite quant à leur situation et à leur genre de vie, et le fait que
lei«aianis de Yawan ressemblent à leur père, en formant des co-
taiies maritimes et méridionales, conduit à conclure que les
ÇQ&ots de Gomer, constituant nécessairement des colonies coiiti-
Beotates, sont aussi groupés dans une direction méridionale, no-
tuunent au milieu des peuples de la deuxième série. Grâce à ce
principe, on ne saura plus voir dans les fils de Gomer des peu-
ples habitant soit l'ouest, soit le nord-est de laCappadoce,
En résumé, la distribution de la race japhétique, d'après la
GtDèae, fournit les éléments suivants :
Sttr le continent, au nord, trois peuples principaux : Gomer,,
Xi|Og,Madaï;
Sorla o5te maritime, au sud de ceux-ci, quatre peuples prin-
àfàia, ; Yawan, Tubal, Meschek, Tiras, et trois colooies issues
JiOomer, savoir : Aschkenaz, Riphat et Togarma.
6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Sur mer, les colonies parallèles issues de Yawan, savoir : Elis-
cha et Tarschisch, à Textrôme. ouest ; Kittim et Rodanim, à l'orient
de ceux-ci.
B. Les Chamites.
Cette race méridionale compte quatre peuples principaux, dont
trois, Cousch, Miçraïra et Pouth, sont établis en Afrique ; le qua-
trième, Chanaan, est remonté au nord et a occupé presque tout le
littoral est de la Méditerranée. On y distingue également deux
séries, composées chacune de deux peuples. La première série,
celle qui est plus à Touest, limitée par la vallée du Nil, contient, en
procédant du sud au nord, Cousch et Miçraïm, c'est-à-dire TÉthio-
pie et rÉgypte. La deuxième série, à l'orient de celle-ci, mais
toujours dans la direction du sud au nord, comprend, sur une ligne
presque droite, la côte africaine de la mer Rouge, personnifiée par
Pouth, et la côte asiatique de la Méditerranée, personnifiée par
Chanaan. Trois de ces peuples ont de nombreuses colonies. Cousch
a pris possession de cinq grands territoires à l'est de la mer
Rouge : Saba, Hawila, Sabta, Rama, Sabteka, et, plus tard, par
rintermédiaire de Ràma, de deux autres territoires, Schaba et
Dedan. Il y a plus, un descendant de Cousch, Nemrod, qui s'était
fait une renommée de chasseur intrépide, est parvenu jusqu'en
Babylonie et, après avoir obligé Assur à quitter le pays, s'est em-
paré de quatre villes et y a établi un roj^aume couschite. Miçraïm
est le père de sept populations très nombreuses, qui, à cause de
cela, affectent la terminaison du pluriel; ils se nomment Loudim,
Anamim, Lehabim, Naphthouhim, Patrousim, Kaslouhim, Kaph-
thorim ; ces derniers, célèbres pour avoir donné naissance au
peuple des Philistins, qui occupent le littoral de la Judée. Enfin,
Chanaan est le père de deux grandes nations, Sidon, les Si-
doniens ou les Phéniciens proprement dits, et Ilet, c'est-à-dire
les Hittites de la Haute-Syrie et de la Palestine. A côté de ces
deux nations maritimes, se sont établis les Phéniciens continen-
taux, dont cinq peuplades en Palestine : Jébusi, Émori, Girgasi,
Hiwi, Phérizzi*,et cinq en Syrie, savoir: les populations des
villes d'Arca, de Sin, d'Arwad, de Cémar et de Hamath. Ce sont,
en tout, trente et un peuples chamites, dont l'Afrique est le pays
d'origine.
* Notre texte n'en donne que 12 noms, mais il faut y ajouter celui du "^pS» lequel,
Umoin le verset xiii, 8, ne pouvait pas manquer dans notre liste.
RECnERCQES BIBTiOUBS
C. Les Sémites.
Dj occupent la zone moyenne entre les Japhétites et les Cha-
^itei, si ion fait abstraction des pointas que ces derniers ont
pOQuées vers le nord. L'ordre de lenumération va aussi du sud
ao noni, mais la circonstance que les nations sémitiques les plus
pwtoDleset les plus anciennes se trouvaient à Test a déterminé
i'aateur à comraencer par ce point cardinal. La série plus urten-
ï laîe contient Élara au sud, et Assur au nord, tous deux le long du
f^i^re; celui-là confine à Tenipire couschite de Nemrod s'étendant
etitre le Tigre et rKuphrate; celui-ci touche les domaines du
lipWtite MadaL La seconde série comprend les peuples installés
f^les rives de TEuplirate, en dehors de la Babylonie. Au sud,
auvent les territoires arides des tribus chaldéennes, per-
lées sous le nom d'Arphaxad; au-dessus, confine le terri-
il déûni de Loud ; et, au nord-ouest, la nation des Ara-
mëens, qui occupe la Syrie moyenne. Cette nation a fondé quatre
colonies au sud-est de la Palestine : Ouç, Houl, Geter et Mascïi.
Plostard, Éber, petit-tils d'Arphaxad, devint le grand^père de deux
peuples: les Abraharaides, issus de Péleg, et les Yoctanides, issus
de Yoctan. Ceux-ci s'établirent dans la péninsule arabe, peu-
plée déjà, en partie, parles Couschites. Us y forment treize tribus
[fltii occupent autant de territoires distincts. Ce sont ; Almodad,
lleph, Hararinawet, Yérah, Hadoram, Oujîal, Blqla, Obal,
a^J, Schéba, Ophir, Ilawiia et Yobab. Ces établissements
; confluent, au nord, à la population araraéenne de Mascb v, et
aboutissent à Saphar, port de TArabie méridionale à Test du
Bidramaout.
U, — Identification des noms ktii^îiques.
A. Les JaphétUes.
hrmi les peuples continentaux du Nord, Gomer est le plus occi-
ICfiM^eiMadaï le plus oriental. Pour ce dernier, aucun doute n'est
*^ «I pour Mtîl^p noni àM dé9eTt d'Aribie cbez les AssTriens. Ce ttotn ^t
P'^MliéÇ ^Bf Ueoése, 1, 3, Il ne faut pes le coarondre avec tC^lZ^ nom d'une
P»"flWt iimiéUta iUiétm, xx, t4 ; Proverbes, mxî, il-
8 "^ UEVITE DES ÉTUDES JUIVES
possible, c'est le nom universellement connu de la Médie. Le pre*
mier prête au doute, non pas relativement à sa position géogra-
phique, qui englobe certainement tout Touest de rAsie-Mineure,
mais par rapport à rorigine de son nom. Est-ce le nom d'un pays
ancien ou bien se raraène-t-il aux Cinim^^riens, qui s'étaient, pen-
dant un certain temps, rendus maîtres de cette partie de rAsieî
Voilà la seule question à laquelle il donne lieu. Nous avons déjà
fait remarquer plus haut le peu de vraisemblance de cette dernièrt
supposition. Dans les inscriptions assyriennes, le nom de Gimir
s'applique avec certitude à un territoire cappadocien situé au-
dessus de la Ciîicie. Avant de raconter ses exploits dans ce pays^
Assourahidin dit : <t Et Teouschpâ, le Gimirien, le barbare dont
le site est lointain, sur le territoire du pays de Uoubousehna, je
Tai transpercé par les armes avec la totalité de ses guerriers *. •
Sous le règne d*Asurbanipal, les Gimir envahissent plusieurs fols
la Lydie avec des chances diverses. Pour se garantir de leurs
attaques, Gygès (Gugu), roi de Lydie, reconnaît tout d'abord la
sujîeraineté assyrienne et envoie à Ninive les deux chefs girairiens
qu'il retenait comme otages. On lit : « Gougou, roi de Louddi,
contrée maritime dont le site est lointain et dont les rois, mes
ancêtres, n^avaient jamais entendu la mention de son nom, mon
seigneur, le dieu Assour, lui révéla, dans un songe, le nom de ma
grande majesté. Le jour même oii il eut ce songe, il m'envoya
son ambassadeur pour me rendre hommage,.. Depuis le jour qu'il
accepta le joug de ma royauté, il soumit les Gimiriens, qui enva
* hissaient ses provinces et qui ne craignaient ni mes ancêtres, nî
moi. Parmi les chefs de ville des Gimiriens qu'il avait pris, i
m^nvoya deux chefs de ville, chargés d'entraves et de chaînes di
fer, avec de nombreux présents, jusqu'en ma présence*. » L'ex-^
pression : « qui ne craignaient ni mes ancêtres, ni moi »>, met bon
de doute que les Gimir habitaient leur contrée depuis de longues
générations. L'absence des Gimir dans les annales des rois am
térieurs prouve seulement que les Assyriens n'osaient pas let
» R., I, 45, 6-9 : û Tiushpâ mai Gimirrâ çab (=^ umman] manda (var.-rfi») êi
aihûrsKu rûçu ash (= ina) iii[= irçi) dm mat (ou. sur) EuhmktM adi gimir çaI
[=^ umman] ashu urassiba A&n k>ko (= ina kaki).
• Smilh, AssurbauipaU p. 54,^5-06, 23 î Qu[ug)gu GAL-LV (=^ shar) mai LUà
nagû tha nfbirti AABBA {:^ tamii} sha GAL-LV-MES [= ikarrân^ AU-MBl
(= <TÈi) yfl la iihmû tikri skumtku, ntbit GÂL-LY-utiya kabii ash dir-iti
skutti) uskabrinui an-hi i= Askskur]^ att{— iîu) banua ..^ud{= u)mn bir-mi [annin
tffnurft] LV (= amel) rakbuiku [ishpuraana ikaal skulmi^a]. ,* Ulin Uhbi um-mi ^h
içbatu mr GAL-LV-tiga LV (Hmirrâ mudallijiu un-mbs (= ninki) .-m ika ta ipiaih
AD-M£6-ya û attua.,, Uitu lihbi LV-en-ez-miS ska L\ Gimirrâ ska ihhudn 2 LV^
et'^mti oâk çifçi itkgati an-àar (=^ parsiUi] utammikvia itti iamartitku kabiiti uakêi
bila adi makriga. Cf. ibidem^ p. 71 et suiv.
nECHERCHES BrBLiQLTES 0
attaquer ou qu'ils avaient été repoussés, et non pas que les Giraî-
iTiens n'habitaient pas encore îa Cappadoce- D'autre part, le titre
|« chefs de ville o, donné aux otages gimiriens, fait bien voir qu'il
[•s'agit d'un peuple sédentaire et habitant dans des vîltes. En attri-
• buant rinvasion delà L3^die aux Cimmériens, Hérodote (I, 15) a
confondu le terme asiatique Gimir avec la dénomination grecque
|lttt|icfio(, qui s'appliquait aux hordes nomades venues de la Trans-
jcaaoasie. Plusieurs commentateurs modernes ont admis de con-
I fiance cette identification, et lut ont donné une valeur historique
^eJle ne mérite nullement. Cela s^accorde parfaitement avec Tu-
I constant des Arméniens, qui nomment la Cappadoce Garnir
Lagarde) K
îtuation de Magog est déterminée par le fait même qu*il est
mentionné entre la Cappadoce {— Gomer) et la Médie (Madaï).
■ 11 renferme tout le complexe de territoires qui, depuis les Aché-
ménides, a été nommé Arménie, Cette appellation parait offrir un
composé iranien Hara-Mimya *, « mont Minyas », montagne qui
donne aussi son nom à uji district du pays* Chez les Hébreux, le
^nora de Magog n a pu originairement désigner qu'une petite partie
la territoire arménien» comme c*est, du reste, le cas de Gomer
|etd*autres dénominations encore auxquelles nous arriverons plus
lloin. Ceci étant, on ne s'explique guère comment les commenta-
Iteurs de nos jours peuvent y voir les Scythes. Josèphe a été, si je ne
[me trompe, le premier à identilier Magog avec la Scytliie^ et, à par-
Itirde saint Jérôme» cette ideutihcation a été généralement admise.
îlle ne repose cependant que sur une base bien fragile, à savoir
sur Tassîmilation purement exti^rieure de Texpédition apocalypti-
^quedeOog, du pays de Magog, annoncée par É>:t^ch]el(ch. xxxvui,
itxxxix), à rinvasion des Scythes en Asie rapportée par Héro-
Idote (1, 103-105), laquelle invasion serait arrivée jusqu*à Ascalon,
[en Philistée. J'avoue que la réalité de cet événement ne me parait
[pas bien établie ; c'est probablement un conte que les prêtres d'As-
[câion ont inventé de toute pièce afin d'étaler aux yeux du voya-
[geur grec la toute-puissance de leur déesse patronale, Vénus Ura-
I nia. Du moins, les écrits prophétiques de Tépoque de Josias n'en
montrent pas la moindre trace. En tout cas, É/échiel enregistre
parmi les guerriers de Tarmée envahissante les peuples les plus
prcfches de la Syrie, Gomer, Tubal, Meschek, Togarma, et ne men-
^ DilimanD, Genttkt 5* édlLioa, p. 171.
* Forme «oalogue au sead Hara^BtmaUi, L'hébr^^u ^3?2 représenlo, sans oiucua
<loutie, U province tnDéQÎeone qui reafenoe le mont Minyas, et nou les Mann& des
ifl»cnptioiiB a^yriennes, dont le territoire était situé au sud du lac da Van.
f 0 REV[TE DES ÉTUDES JUIVES
tionne m<^me pas les Mèdes ; à plus forte raison n'a-t-il pas dû pe»*
ser aux Scythes. La pîus simple ri^flexion nous commande donc de
voir dans Aîapop: un district d* Arménie. Quant à la question de
savoir de quel peuple les lli^breux ont pu apprendre le nom de cette
province relativement éloignée, tout nous lait supposer que les in-
termédiaires furent les Assyriens, qui, déjà au xir siècle avant
l'ère vulpaire, avaient subjugué les royaumes iiniiti*opbes de li
haute Syrie. Mis une fois sur cette piste, le nom de >^yn perd tout
à fait rappareoce mystérieuse qui le dérobait à notre investigation,
et se montre à nous comme la contraction d'un terme géogra-
phique tri^s connu des assyriologues. Je veux parler du nom qu€
Ton tr:inscrit comnmnénieiiî 7}Uït-Gani[/ïtm, « pays de Ganigum »,
mais que, grâce à li confusion intersyllabique des lettres m eiw
dans la prononciation assyrieane, les Hébreux ont entendu pro-
noncer mai-Gawguw. Df^ cette forme correcte, rendue en carac-
tères hébreux ij';>r?, le n seul a été élagué dans la bouche de«
Israélites, et le reste» ^Jl?^» conformément à la phonétique hé*
braïque» a dû donner, en passant par '!\'^*\m, la forme populaire
3l>^ et rendre ainsi méconnaissable Torigine du mot. Ajoutons
que l'élisfon du ( du terme mal, « pays n, dans les noms géogra-
phiques était quelquerois pratiquée par les Assyriens eux-mêmes,
témoin les dénominations équivalentes Mazinnua et Zmnua, dont
la première, quoique contractée de mai-Zamua, « pays de Za-
mua w, prend de nouveau le déterminatif mat^ tt pays », comme
8*il était un mot simple • ; encore jdus facilement que les Assyriens,
les Hébreux ont dû méoonnallre la composition du mot étranger
aî^^ et le regarder comme indivisible. Quant à Tefiaceraent de la
voyelle finale, elle se constate aussi dans des termes purement sé-
mitiques : i-iri\ •^r^; ^i^tx ûcx Le Mat-Gamgonm fut conquis par
Salmanassar, en 859 avant J.-C., sur le roi Moutalli, qui, devenu
tributaire de FAssyrie, lut obligé de donner sa fille au vainqueur.
Le monolithe de Karkh relate cet événement de la manière sui-
vante * : « Dans le mois d'Iyar, le xm* jour, je partis de Ninive et
* Cest de la même façon que le lerritoire de la ville phémcieatie de sVnH (Jtigw,
], 31) a été appelé par lea Assyriens Mahailiàtt^ pour Mût-Hallihû*
» Abu iDU ouD (= ina aroA Airu) ud (^:=^iw) xni-^an {=êhnîtk'eshr4i] ta (= ultnj
if Afi-HA {7=z Ninua) attumusk a-zîk-hal-mal (^ nâf Diijhit) etebir met Bsëûmm
mtit Dik[niinu] attajmlhat Disii (^ ana) tf La'iafe sha Ahuni tur {= mar] Adim
(t'jterià... hhtH La la te aftutnuith., ,, ana er Butmar^ana sha Ahvni lur Adini
aktashad, .. Ishtu er Burmarana attamuah abei-iç-mak-hes {= tna etippi] dmsk^
A-ziK Kip-fmn-ii (= Purot] etcètr MaéatH. Katitzi\p^ mat Kttmmnkà , , anm §r
Batburruhbuni tt*UEA {iràni) tka Ahum tuh A'Unt »ha oifi-M-uzêU |= ntn)
m4tte shu a^îik ud-kjp-i^uii-kx aqUrib, , , Ta, if Matùurruhbutti attumtnk^ Hfitf
MCfïËHCHES BlBLlOtES fl
jdpissal teTIjTO. Je travprsai le pays «le Hasrim et de Dihnoun et
Jf ui^approchai de la ville de Lâiatt^ appartenant à Ahouni, fils
d'A'imi,,. Je partis de Lâlàté... etj*arrivai à la ville de Bour-
Marana, appartenant à Ahauni, Ûh d*A«lini. Je partis de Bour-
llarana et Je passai fEuphrate dans des barques faites de peau
d« nooton* Je reçus le tribut de KataziH de Koumraouh (Gora-
lDtgèn#) et je ro'approchni des possessions cis-euphratiques
d'AllDonf, tlïs d'Adini, (notarament) de la ville de llathourrouti-
booDi.^, J** partis de llatboarroiihbounî et je m'approchai des
TilJis de Moutalli, le Gamgoumien» Je reçus le tribut de Mou-
lii, le QaingouiDien : de l'argent, de Tor, ûcs bœufs, des mou-
du vJD, àln»t que sa fille avec sa riche dot. Je partis de
m et je m'approchai de Loutibi, ville forte de Haani
SiAil * • Celte description tri^s pré^cise ne laisse aucun doute
la situation géographique du Mat-Gamgoum, qui condnait
même temps à la Commagêne, aux posses>;ions d Ahouni de
la Uaule Mésopotamie et au Sama!, pays dont le site au sud de
la ikdif^ne est constaté d ailleurs et avec certitude. Plus tard,
m trouve le nom de Tarhulnra^ roi de Mat-Gawgoum, sur deux
U.«te$ de Iriiutâires de Tiglatpiléser , entre Panamraou de Sa-
laat * ' - ' iuial de Milid ou Mélitène. La persistatïce du mémo
|rou[ il prouve le caractère géographique et nous explique,
mùm*i temps, cooiment le Mat-Gamgoum a pu devenir, pour les
iux, la personnification des multiples territoires qui conipo-
lê plateau arménien avant leur unitication en un^ seule
'ôvîiice. C'est de la même façon que Je territoire des Alamani a
son nom à rAllemagne. Le nom si compréhensif de Tlnde
notoirement sa source dans une dénomination qui s'appli-
twïtuhginai rement au territoire voisin de Tlndus.
Us peuples maritimes sont représentés à lextr^me ouest par
îiwaa. La race grecque d'Ionie. L*identirication est justilîée par
risâcré dans tous les jiays d'Orient, et non seulement de-
fue perse, mais, au moins, depuis Sargon II, qui appelle
; ranée : « mer Ionienne », et Tlle de Chypre : <» pays
tt ianvia^iawna] n* Le*; deux peuples qui suivent, Tubal
..tk, ont conservé leurs noms jusqu'à Tépoque romaine,
la forme de Tibarénî, ou Tibari, et Moschr. L'ordonnance est
lajtement exacte, mais je réserve pour plus loin la
^
'^êlli ta Gamgtmêa ahittih. Madntu tha Mutalti er Ofingumaà Kv-par
4-îUsJt, LV'MtBU jç-TlN-MEBii [=kaip(i, kurûça^al/fi^ çini^ karani) ihal-tur
tf tm UÂtm m^dumuêka mnHU amhor (H. 1, 7, 29-41 { et. ScUruder, K. Q.F.,
ni
* I^MiM.1^ X«» ùnginéi d§ t'huUire, U, 2, p. 2lt-212.
12 REVUK DES ÉTUDES JUIVES
preuve que l'un et Fautre de ces peuples étaient maîtres île la côte
maritime dans la partie est de FAsie-Mineure.
Le quatrième et dernier nom de la série. Tiras, a donné lieu
à des discussions interminables. J*ai déjà dit, plus haut, com-
bien les hypothèses énoncées jusqu*ici à son sujet péchaient par
la base. On a cherché à droite et à gauche des nations éloK
gnées, taudis que rëoumération rigoureusement géographique
de la liste exige impérieusement que ce soit la partie du W-
tarai adjacente à la haute Syrie. Une fois placée sur ce te^
rain, F identification ne présente plus de difficulté très sérieuse*
En admettant une légère corruption de la forme traditionnelle,
nous proposons de lire tyrij Hiras, au lieu de o^i'^n, Tiras, U
forme analogue des lettres n et n a souvent égaré les scribes,
et la constatation de la leçon vulgaire dans la transcription %i\^
chez les Septante et Josèphe est loin d'en garantir Fauthenticit^.
Le district qui limite immédiatement la Syrie est appelé chez
les géographes grecs « la Cyrrhestique w, Kup^anxTî, et j'incline
à penser que c'est précisément le on'^n de la Genèse. La situa-
tion géographique y convient on ne peut mieux, car la Cyrrhes-
tique renfermait primitivement le territoire maritime depuis les
pyies dlssus jusqu'à l'Antiochide. Dans Fintérieur des terres,
cette province s*étendait entre FAmanus et la Commagène. J'ai à
peine besoin de faire remarquer que le h grec rend souvent le n se-
mi tique ; il suffira de citer le nom de la Cilicie, KtXiKtat, qui répond'
à la forme sémitique ^?n, le Ililakku des inscriptions assyriennes,
Chez les Assyriens, la Cyrrheslique maritime porte le nom de
Qone \ plus anciennement Oonmani [Lotz, TîgL^ col. v, 10,*78, 82;'
vr, 24) ; la partie continentale est nommée MùnçH'^ ; là s'élève le
mont Ilaroiisa (ibidem^ col. v, 69, 91), qui est vraisemblablement
l'origine du mot hébréo-grec on"r:-ït'jpp*oc. Ajoutons que le nom
antique subsiste encore dans la ville de KhoraSy chef-lieu du dis-
trict. Du reste» et j^nsiste particulièrement sur ce point pour ceux
qui hésiteraient à admettre la petite correction que je propose,
quelle que soit l'explication du nom en question, elle ne peut rien
changer à la conception géographique que nous lui avons assignée
conformément à l'esprit de Fénumération biblique.
Des colonies venues de Gomer, une seule, Togarma, a pu être
*■ Ce district s'avanceit au delà d'IsÂus ei comprenait une partie de U CicOia
maritime ; u& état de choses pareil a persisté jusq;u'à la dominalion romaine
* Le mfîmo nom que celui de TÊf^ypla : "1X73, signifiant * contrée formant fron-
ti&rc > ; à lepo^xie arabe cetto même contrée était encore nomméo n^inbfit
RECHERCHES BIBLTQUES 13
Dnstatée jusqu'à présent dans les documents assyriens. C'est la
ville de Tii-Gari77imou, située aux confins do Tabal, qui a été
prise et ruinée par Sennachérib. L*identilication a été proposée
indépendamment par M, Delitzscli et moi, et rîen n'est Yenu
depuiâ rinfirmer. Ce nom est, de nouveau, d'origine assyrienne,
lu moins quant à son premier élément iUf qui signifie « colline »,
^nrme Thébreu br?. Malgré cela, il fut pris pour un vocable
simple et soumis à la contraction phonétique, de façon qu'en éla-
nantie /, le mot vînt à sonner ntinMn, Togarma< La transcrip-
tion mâssorétique est, comme on le voit, plus correcte que le
_eop70îuï de la version grecque.
J*aîfait connaître précédemment les raisons qui obligent à placer
colooles au milieu des territoires de la deuxième série. Il est
une impossible de s'arrêter au rapprocbe ment essayé par plusieurs
ftvanls entre tîsçk et 'Arjtava, d'une part, entre nD^^n et PTipaç, de
lutre, malgré Tanalogie des sons *. Pour récrivain liébreu, Gomer
Brsonnifie tout roccident de TAsie-Mineure jusqu'aux limites de
loaie, de même que Y^wan représente tous les peuples de TEu-
}pe. A Tinstar de Togarma, les colonies sœurs Aschkenaz et
(tiphat doivent aussi ôtre cherchées entre FEuphrate et le mont
lanus. Malheureusement, ces noms ne correspondent à rien de
que nous connaissons de la nomenclature géographique de ces
mirées. Néanmoins, en abandonnant ns-in comme une énigme
asoluble dans Tétat de nos connaissances, nous ferons un premier
pour la classification de Tisu:». Comme ce mot ne figure, outre
i Genèse, qu'une seule lois, dans Jérémie, li, 27, la leçon masso-
étique, bien qu^elle fût déjà celle des traducteurs grecs, ne sau-
ait notoirement prétendre à rinfaillîbiiité, et elle devra laisser
^lace au doute relativement à la confusion possible et si souvent
onstatée de lettres similaires. Ceci dit. je propose de lire le nom
Ten question t::t^«» en corrigeant le :3 en d. Il y a là, si je ne me
trompe, 'Oiischaaniz, la forme hébraisée du nom d'une forteresse
^fiioscliienne prise par Sargon II, environ 715 ans a^^ant J.-G. On
lit dans l'inscription des Annales ; « Je conquis les vïUes de Ilar-
ouaet d*Ouscbnanïz, forteresses du pays de Qoué, dont Mita, roi
IdeMouschkou» s'était emparé; j'en enlevai les dépouilles en butin,
\.**J'ai fait [la poursuite de] Mita, dans son vaste territoire, jus-
|u'à,.. Harroua et Ouschnaniz, les forteresses du pays de Qoué,
[iont, depuis des jours reculés, il s'était emparé dans sa prépo-
' Voir DiUmann, l. e., p, 171-172. L'idenUûcalion de T'D^K avec Athgu§^
yoisïn de Van (Seyce), disparaît devant cette considératioa qu^un peuple
lorienUd ne peat pas figurer ooiame muq colonie cappadocieime>
f 4 REVUE DBS ÉTDDE^ JDITES
t?*nce et ne les avait jamais restitut^es (à leur pays) * », Ainsi,
Ouscbnaniz ^tait situé au sud des Mosclies dans !e voisinage é
rAmaniis, dans le territoire de Qoné ou de la Cjrrliestiqne ma*
ritinie; c'eyt absolument le milieu qu'il nous faut pour remjoltr
les conditions imposées par le texte de la Genèse. Pour ce qjii
est de la l'orme, on reconnaîtra qu'elle est aussi satisfaisante «fae
possible, attendu que la charpente consonnantique du mot héhm
n'a presque pas été entamée pour le besoin de ridentification.
Au sujet des fils de Yawan, entin, on peut admettre comme CÊ^
taine ridentité de Kittim et Hodanim avec Cliypre et Rhodes. Les
deux îles plus éloignées prélent encore au doute. La circonstance
que, d'après Éîsécbiel, les lies Elisclia (n^'^b» •»'^Kj importaient à
Tyr des étolfes teintes de pourpre coïncide très bien avec ce que
Ton sait du Péloponèse, surtout de la Laconie, qui abondait ea
pourpre; dans ce cas, nn-be* pourrait bien être la forme pUénfc*
cienne de Hellas ou celle de la viile célèbre d'Eleusis en Attique,
Tà"»çnri, ordinairement assimilé à la ville de Tartessus en Es-
pagne, doit désigner primitivement une île et non pas un conti-
nent. Comme ce terme s'applique en même temps à une pierre
précieuse, on pense involontairement à Tile de Sardaigne, lUi
donne son nom à la gemme dite sarda (cf* mrdonyx], sorte de
carnéol.
B. Les Chamiies.
4
Le nom de Cousch pour rÉtbiopie se retrouve notoirement
chez les Assyriens et les Égyptiens, sous la forme de Konsou ou
Kesh. Il désigne primitivement le royaume de Napata, au sud de
rÉgypte, mais les Sémites Tout étendu au reste de TAfrique et à
la partie méridionale de la péninsule arabique appelée plus tard
Arabie-Heureuse. Dans Fusage des Hébreux, la presqu'île arabe,
et parfois môme TArabie-Pétrée, était considérée comme un payr
couscbite. Les Kascbschi du niord de la Susiane n*ont rien à voir
avec les Cousch î tes, et rien nlndique qu'ils aient été connus en
Palestine avaut i*eïil.
Des trois autres peuples principauXi on connaît Mirraïm ou
rÉgypte, et Cbanaan ou la Phénicie. ans seul demande à i^tre
expliqué. Placé parallèlement à Couscb et sur la môme ligne que
^ Harrua Utkuam[M kalç^fii] m^$ Que tha Mita tAsr mat Muskki tktinu ak^hui
$kAila$unu MtkiuU, . . Mita nhar Muskài imi nagitku ropske adi. .. iku, , . ^km
kunnA Hfktrna Vêknanii kalçûni mût Quê ska uitu nme rugûii ina éêntMêtku
askruik ui utirra (Lenoimaat, Lu pHtjmu^ L c* p. Sâl*222J.
RECBERCHES BIBLIQUES 15
H, ce nom ne peut mdiquer que ie territoire marUîme de la
.\ui*M* et jnx)bablefiif lit auîssi d'une partie de TÉgypte. Il e^st digne
de remarque que Tassociatiun deCousclx et de Poiith semble revenir
iliAs iês alUancea matrimoniales de la famille d^Amram : Moïse
! épouâumoe femme couschite (Nombres, xji, 1), et mn neveu Elazar
Et femme parmi lea lllles de Pouth, V^-^naiQ ^'^^^f? (Kxode, vi»25),
bneit souvent un éJt^ment négligeable. Parmi les colonies
BSdiJtes d'Ai'abie, on identilie avec certitude Saba, Hawila et
Ra'ma, qui répondent respectivement aux noms sabéens mo, ^bin
el orrin* Acluellement le nom de Marifj (nii^'fz) a remplar*^ celui
fie Saba, mais li subsiste une tribu qui porte le nom de Benl-Saba.
Khaoalaa est le territoire qui s'étend au sud de Sanaa. Le site de
Bfighift'l ^st donné dans une inscription de Ma'in comme n'étant
pM A>igné de cette ville. Sabta est babituellement identifié avec
Setiabwa = rr^sis, capitale du Hadramaout* mais sa mention dans
li TObinage de Raghma, d'une part* la dissemblance des deux.
fcruieit d'autre part, rendent cette id^^ntification très douteuse.
Encore pluj obscur est le nom de Sabteka. Des deux colonies
de Raghma, on ne rencontre dans les inscriptions que
Xn comme nom propre ; »3P reste encore à trouver,
Dana la légende relative à Tempire de Nemrod en Babylonie,
liploiiart des noms sont d'origine assyrienne, les autres ont une
ibgnioaomie sémitique générale* Le nom du héros nÎTp? se com-
poietrte vraisemblablement de Namar-udu, <t lumière du jour ou
Il levant «, tandis que celui du pays, ^f3i3, a une apparence bé-
kilfue et semble contracté de iû^■^^'■^5p^ « Deux-Villes, ou
Bipdii*, contraction analogue à celle de branx^ pour D''>»-n5'|-i»
tOuatre-Dieux t. La dtMioraination dualistique de la Babylonie
fltaii^dans l'appellation indtg»^ne : mal Schutue^nm u Akkadim,
•pay» de Schumer et d'Accad », c'est-à-dire de la basse et de la
Babylonie. Le nom sémitique de FÉgypte, D;'n3r?:, signiûe
Deux-Villes ou contrées », et repose sur la di-
îisiaii da pays en haute et basse régions. Les quatre villes :
is3. TJÇ- **??• ^*?5 s^^^ orthographiées dans les textes cuoéi-
(Mues : BatiiUf Arkit, ÂkkadUj KuUani*, En Assyrie (= mat
ÂKhÊCkur]^ rro*»? est Ninua ou Nina ; ")■♦:? nnm répond à une
tenne rWêl-erH, qui n'est pas encore constatée avec cer-
^= Kalhu est le nom de la ville fondée (f) par Salma-
I** (Xiii« siècle) et reconstruite par Assurnacirpal, aujour-
» mm art éofjt pbonéticiu émeut duos H*, II, 52^ 36 é.
K; revue des études JITIV^
fFliui îa ruine de Nimroud ; enfin, pn, situé entre Ninive et Kalah,
semLIe contracté de lo"ny, er-Sin, « ville de Sin, et marquer aiiiâf
une localité ayant possédé un temple du dieu Sin (Lunus). La chute
de Vé initial dans les noms composés se constate aussi dans La7*su,
Larsa ou Laraam, qui est pour Eilu-arsu {— i^shu), « Brillant-
siège », d*où r idéogramme babar-ttmt, qui a le môme sens *,
L*éntimération des territoires égyptiens procède visiblement du
sud au nord. La première série, située à Touest, débute par OTib»
nation souvent mentionnée en compagnie de Cousch ; puis vien»
nent : le nom énigmatiquedes t'^^sr, celui des D-^nnb, ailleurs D'unis,
les Libyens occidentaux, et celui des o^^nnc^, au nord-est de
ceux-ci. La seconde série part des D'^onriD, habitant le fa^ns» le
nome Phaturites dans la Tiiébaïde occidentale, représentant U
haute Egypte tout entière, et aboutit» dans la direction du nord»
aux D^nb::D et G-»nnD3, deux noms obscurs ; le dernier pays, nte^
qualifié de ^^k, a île » (Jérémie, xlvii, 4), semble désigner la basse
Egypte, surtout le Delta ; c'est de là, ajoute l'auteur, que les
D'^roboi ou Piiilistins, sont sortis pour s'établir sur le litloral pales*
tinien ^. Cette affirmation parait se confirmer par l'autre nom des
Philistins, savoir b**n-i3 (I Samuel, xxx, 14), nom qui a l'air de
signiOer « retranchés, retirés a. 11 se peut même que le verbe cVs,
qui est à la base de n^bD, le pays des D'^n^^bD, ait eu en hébreu
aussi le sens de « se déplacer, pérégriner, être étranger », comme
c'est le cas de sbs en éthiopien.
Une observation capitale concernant cette liste a échappé à tûiis
les commentateurs et a été la source de beaucoup de tâtonne-
ments et d'erreurs. Sur les sept noms qu'elle contient, deux seule-
ment^ n^Dnns et D'^r^nb-D'^^V?, ont un cachet égyptien, les cinq
autres montrent une physionomie sémitique indubitable, et il est
aussi inutile d'en chercher Torigine dans la langue égyptienne qae
celle du nom général de TÉgypte, D^n^^. Ce dernier, on le sait de-
puis longtemps, est le duel d'un terme commun aux idiomes de
Sem signifiant : « deux villes ou contrées » et faisant allusion à la
division en haute et basse Egypte. rnâbE a déjà été expliqué;
n'ïnD!3 est également un mot hébreu d'usage ordinaire, signifiant
<t linteau, chapiteau, faîte », et pouvant parfaitement désigner nw
territoire ^. Pour d"^nris3, sou analogie avec l'hébreu D'^bnus (Ge^
i CetlG origine, si évidemment assyrieQiio, a été méconnue par les accadistes*
Vojer Delitzscb^ Pa^ad%s^ p, 223.
" Les mois D"^niDbD BÏ3ÎD 1î*3£'' 'n**Dfcï doivent i^tre pkcés après C^inSD
le» phrases incldeDles ont souvent été déplacées par les scribes postérieurs.
^ Quand on envisage la vallée clu Nil comme une colotme, le Delta présenlo e
elTet une grande ressemblance avec un chapiteau de fonne triangulaire.
RECHERCHES BIBLIQUES 17
nèae, xxx, 8) est tellement frappante qu'on n'hésitera pas à y voir
un dérivé de nns, « ouvrir i* *. L'explication de D'«ï3j? est donnée
par larabe tDf , « espèce ovine, moutons jj, et celle de mb par les
racines, également arabes, ib, « être entêté^ obstiné », ou nb, « être
injQsle, oppresseur, rebelle x>. D"*nbD3 seul reste obscur, mais qui
it s'il n'y a pas lieu d y substituer, d'après le x«<ri«ovt£ij4, ou plutôt
r^itfvuin, ^es Septante, un nom D^:ibD3, tiré de la racine boD? Enfin,
ici un fait qui dissipe tous les doutes : les quatre fils de Miçraïm,
pV» C^J?.. û''nnc3, û*^:ibç3i sont de simples noms patronymiques
s de quatre localités palestiniennes : ib {Esdras, ii, 33), chez
les Grecs Lydda, aujourd'hui Luddj au sud-est de Jaffa ; tîr?
(Josué, XV, 32; cf. Û5?, I Chr., vi, 58) ; nnsa (Josué, xv, 9), près de
Jérusalem, aujourd'hui Lt/ïa ,* "jibos (Ibidem, 10)* Un point re-
Emarquable : toutes ces quatre localités sont situées dans le terri*
bire de Juda et sur la route qui mène de Jérusalem à la côte, cela
Itclut toute pensée d'une rencontre fortuite. L'auteur de la gé-
néalogie savait donc que ces quatre villes étaient peuplées par des
klons venus de certaines provinces égyptiennes. Ll^gypte avait
iînsi en Palestine un grand peuple, les Philistins, et quatre peu-
plades mineures de sa race ; en tout, pour imiter le langage de
notre auteur, cinq enfants. Remarquons, en passant, que rintelli-
gence du vrai sens de ce passage rend indubitable roriginalité de
I fincidente D^rnobô DUîn i&îi:"« nï3«, placée, bien entendu, après
^fc^-îTiDD- Celle-ci a été nécessitée par cette circonstance excep-
^ftonnelle que le patronymique o^ntîbD diflere matériellement de
^|NnQ3, tandis que les quatre autres rappellent immédiatement les
' noms de villes dont ils tirent leur origine,
La direction du sud au nord est encore observée dans la liste
des peuples chananéens. L'auteur les divise également en deux
séries. A Touest, sur le bord de la mer, sont établies deux grandes
Dations, les Sidoniens (p*»^) ou Phéniciens, et les Hittites (nn) de
la Syrie septentrionale. Le premier nom est celui de la capitale et
aaaible signifier a lieu de pèche » ; le second est encore inexpli-
^Cdl)le, mais parait être celui du dieu national. Les Chananéens
^Bcontinentaux comptent cinq peuples principaux à partir du sud,
Bflavoir les Jébuséens (^cis-»), à Jérusalem ; les Émoréens (-^ntiû*) et les
"Oergéséens (■'oani), sur les montagnes de Juda * et du Galaad; les
Évéens ('^in) et les Phérizzéens ("«ns), sur les mêmes lieux jusqu'au
mont Hermon; enfin, au nord du Liban, qui appartient aux Sido-
* L*expnîS6ion é^yptieniiti na-Ptul^ # ceux do Ptah •, n'a jamftifi été usilé« ea
^uaUlé àé terme géographique! (DiUmana).
" Jûsné, mv, !i ; au verset 12, il faut corriger -^ra en û^^bo*
T. XÎIl. w« î5. %
li REVUE DES ÉTUDES lUIVES
niens, succèdent les Cliananéens, qui peuplent les territoires S!!î-
vants : Arca (■')5'i«), Sin ou Stan [""^^o). Anrad (^intt) ou Aradbtg
(aujourclliui Eonad), C^mar (^ntii:), chez les Assyrleos ; Cimirra
(aujourd'hui Sumra)^ etffamat^ sur l'Oronte (aujourd'hui ffarml
Cette ville marquait la fronth>re septentrionale de la PalestiDe
S0U3 les règnes de David» de Salomou et de Jéroboam IL L'auteilf
fait remarquer tout d'abord que le.*^ familles chaoanéennes se sort
dispersées plus tard et m<^lees les unes aux autres (18), circaiw-
tance qui explique pourquoi plusieurs familles du nord se ren-
contrent au sud et vice versa. Ensuite, il d^^tlnit les possessions
chanan^ennes en Palestine, qui s'étendaient parallèlement à Sûlon
jusqu'à Gaza, et, de là, sur la route de Guérar jusqu'aux rives
méridionales de la mer Morte (19) *.
C. Les Sémites.
Les noms des deux peuples orientaux sont d'origine assyrienne.
û^'^:^ répond à Elamtu, « pays haut » relativement à la Babylonle,
qui est un pays de plaines. Au propre, ce nom désigne la partie
ouest de la Susiane limitée par le Tigre et le g:oire persique;les
habitants de ces régions étaient des Sémites et parlaient un dia-
lecte assyrien. Par extension, l'hébreu ûb*»:?, comme Tassyrien
Elamki, est appliqué à la Susiane entière, dont la partie orientale*
où se trouvait la capitale iS/^^é' (hi'^b. y^'^'à], avait une population qui
n'était ni sémitique ni iranienne et qui s'appelait elle-même ^û-
pirti ou Aptrtif iVoii les Grecs ont fait Uà^Mi, "Ajiapôov. iiisït est un
nom géographique signifiant « carrière ^i ; il est personnifié, e«l
même temps, en un nom de ville et en un nom divin. La t111«
d*Assur, située sur la rive droite du Tigre, était la capitale du pays
avant la fondation de Ninive, Notre auteur exprime cette idée en
disant qu'Assur construisit Ninive,
Dans mrp|'^.&*, réléraeiit T03 représente visiblement l'assy
Kishadu, «rivage, bord »; l'autre élément, t^H, me semble rem
Tassyrien arbu ou arpUf <n dévastation, aridité » ; le composé ^«fj?
= arptilpaykishadf « aridité du rivage », personnifierait aiûsi
les régions arides de la basse Ctialdée. L'idée de voir dans Ar-
pbaxad la province de ^Af^pàTtax^Tiç est contredite par la dissimilitude
des mots. La forme Appèttay^, ainsi que le moderne Albaq, rappelle
* Les mots riî^ ^y [19) doivent ôtre placés avaQl n">^:i ni2ô<3; au lieu de JtsV
il Taut sans aucun doule lire ^ItDb i c^eat le territoire coatigu aa golfe méridiaoaLi
^iffibn, de la mer Mortû (Josué, 1¥, l).
RECHERCHES BIBLIQUES n
plutdt ranclen nom du pays, appelé par les Assyriens EUipî et
■prononcé à Tiranienne, avec raugmentation du suffixe ha, Arra-
paka Une Yû\e Arbaha ou Arràbha, signalëe par riuelques assy-
iolognes, n'a pas existé, ce nom devant se lire Aï^banouni ou
irbaroubl, « quatre seigneurs », et n*a rien à voir avec Arrhapa-
biitîs-AIbaq.
Sous la dénomination déni ouib» il faut certainement entendre
pays situé entre la Chaldée et la Syrie, Le seul bo^n sens suffit
Dur en exclure les Lydiens de rAsie-Mineure, maigre la légende
etalîve à Agron, fils de Ninos, fils de Belos, comme premier roi
Lydie (Hérodote, r, 7). Je ne pense pas non plus que Lad soit
iloabietdes Ludîm égyptiens, comme je l'avais cru pendant
quelque temps. Peut-être la difficulté de l'identification est-elle
le seulement à une ancienne erreur de scribe. Dans ce cas, je
^poserai de corrigernb en l'^p. Amos dit que lahwé avait retiré
les Philistins de Kaphtlior et les Araméens de Qîr (n'^pTa tiifcïit
1), et, comme le premier événement est rapporté dans notre
bapitre, il me paraît extrêmement vraisemblable que la patrie
&s Araméens a dû également y figurer. La corruption de la leçon
rimitive s'explique de la façon la plus naturelle, vu l'analogie des
res. Un scribe mit par inadvertance le trait annexe du p au-
us du corps de la lettiT, au lieu de le mettre au-dessous, et
igea ainsi le p en b. Plus tard, la forme impossible ^'O (ou nb)
idû être corrigée en nib (ou *ib), forme qui revient dans ce cha-
pitre même iQ-^mb) et aussi chez d^autres auteurs. Cette conjecture
|feûd parfaitement compte de la mention d'Aram après Qîr. Sur la
Dsition de ce dernier pays, voyez le n° IV, 1 de ces Recherches *•
l se pourrait même que le nom de Oir, « bitume », comprit tout
articulièrement les environs de Hith, dont la richesse en bitume
6t aussi connue d'Hérodote (i, 119) *.
' JKm*, i, DC, n* 21, p. 60-61.
* LâS iôicripiîoii» cunéiformes mcntiDonenC toujours les Ar&mé«ns aux covirouB
de là Btbyloiite. Les Armâya^ ou Ouvoumai/ir, vaincus par Tif^letpiléscr 1", dans la
hmitfi MAM^nfliinfr, «ont les babitnnls du moût OurovtTin (cf. la villû à'Unme sur lu
ba«i Eapitnilt}, %m ne paraiseeut pas avoir été des Sémites* Tous les passaf^es cilés
par M. Didîlisch {PartuO^^ p. 257-258) pour prouver l'existeuce dWratoéens sémites
ea Ufsopotfunie se rapportent aux Araméens de k basse BabjlonÎG. Eu ire le Cba-
borsiat TEuplinta s'éteûdEit le pays de Souki^ dont les habitants parlaient la langue
aimUli|oe des Hittites. Le eémjtiame de cetle lauj^ue sen démoQlr^ daua un article
prûchion. 11 me parait certain que la n^"irQ Q^HÊ* des Hébreux ne désigne pas cette
eoBtrie, mils U haute Syrie ^ située entre TO roule et VEupbrato» C^eat aussi le cas
du Ntkêfûut des Egjptieos, suivact ropiaion de M. Maspéro*
m
îïKVUE DES ETUDES JUIVES
IIL — Sources du document.
Les critiques ne sont pas d'accord sur les sources de notre do-
cument ; chacun des trois auteurs présumés de la Genèse, A, B
et C, a trouvé un ou plusieurs avocats pour lui en revendiquer la
paternité, à Texception toutelois des versets 8 à 12, que Ton con-
sidère à runaiiimité comme appartenant à Fauteur désigné par la
lettre C, celui de qui nous vient le récit de la mésaventure de
Noé, chapitre ix, 20-27. MM, Welïhausen et Dillmann assignent
encore à la même source les versets 13-19 et 24-30. L*état de
choses est ainsi expliqué par M. Dillmann, « Le rédacteur de la
Genèse a composé le dixième chapitre avec des fragments tirés
de A et C, peut-ôlre aussi de B, notamment les versets 8*12; le
rédacteur n'y a ajouté que le verset 24^ probablement aussi le
verset 9 ou la glose D'^nobs — iq» (14) *. » Les raisons qui ont*
déterminé cette classification doivent être examinées avec la plus
grande impartialité, et, si elles ne nous paraissent pas absolument
convaincantes, ce ne sera cerfainement ni la conséquence d*ane
mauvaise volonté de notre part, ni celle d'une manie incorrigible
de contradiction. Nous demanderons simplement un supplément
d'instruction et nous serons prêt à nous incliner devant des
preuves plus solides.
Examinons successivement chacun des trois fragments attri-
bués à C.
a) Les verseis 8-12. L'accord de tous les critiques à refuser i
Tauteur de 1-7 la composition des quatre versets suivants se fonde
sur trois raisons distinctes et d'une valeur inégale* D'abord, rem-
ploi du nom de mn-^ semble annoncer une source jéhoviste ; en-
suite, la forme ib-j, au lieu de *î^Vi"» ^^^» semble-t-il, étrangère à
Tauteur élohiste de la généalogie de Sem (xi, lOsuiv.) ; enfin, la
mention d'un fils de Cousch (Nemrod) dont il n'a pas été question
auparavant, et qui, au lieu d*ètre un pays, apparaît comme un
homme ayant fondé un empire oriental, une pareille mention
semble sortir entièrement des habitudes du généalogiste et con*
venir plutôt à la source G. J'avoue que ces difficultés sont beau-
' Gmeaist 4* édition « p. 154 ; la 5* éi^îtiou, p. 163 ne contient pi uâ la mention de B.
Pour décile ner Les doctimËOts présumés Ton dame q taux de la Genèie, outre la rédao-
tioQ fiaalG, je me sers, après M. DillmauQ, des sî^es Â^ B, C. Les désignAyaMi
J|ébi>viste), Êilobiete) et Qfuelle i= source), préconisées par M, Wetlbauscn,'^^
pllqueat une pétition de principe dont je peux faire abstraction pour le momenl
RECTlEBCfrES BIBLIQUES ^^^V 21
coup moins graves qu'elles n'en ont Pair. L'argumenFïir^ do nom
denrrpenl toute valeur «levant cette simple considération (jue,
dâji5 ce qu'il relate de la profession primitive de Nemrod, l'au-
tetirne fait que commenler un proverbe populaire qui contient
précisément ce nom divin. Dans un cas pareil, Téloîiiste le plus
oïstJoé n'aurait pu agir autrement' . C'était là une nécessité inéluc-
tiWe à laquelle tout auteur un peu soucieux de la clarté aurait
c^. Le second argumenti s'appuyant sur remploi du qal nb^, est
encore plus fragile, car cette forme verbale est celle qui marque
l'idée générale et vague d'origine, tandis que le îiiphil ^'^biîi, expn>
IoiiDt ridée de fécondation, est la forme appropriée à la filiation
généalogique, et le chapitre x, de Taveu de tous, est bien éloigné
de vouloir fournir une succession de naissances proprement dites,
Knlln, la mention de Nemrod, fondateur de Fempire babylonien,
est parallèle à celle d'Âssur, fondateur des villes assyriennes ;
toutes deux s'expliquent réciproquement. Qui osera affirmer que
l'auteur principal, ou A, devait pousser la rigueur etlinograpliique
Jasqu'à supprimer le récit d'événements aussi importants que
ma, de la formation du premier empire du monde par un
Anoger et de la fuite d'Assur devant Fusurpateur? J'ai prouvé
ailleurs que la seule traduction possible de la phrase "pÈ^rr 1?3
•net K3£^ erm (11) est : « de ce pays (= de la Babylonie usurpée
parNemrod) sortit Assur, etc. ». C'est pourquoi on trouve, pour
la Babylonie, le nom poétique de in^3 ynn (Michée» y, 5), «pays
feNemrod ». Ainsi, les objections faites contre l'unité des versets
Wi avec- 1-7 se réduisent à bien peu de chose et n'ont rien de
«cuif.
ti) Les versets 13-19. Contre le droit d'A sur ce passage on ne
prodait aucun argument intrinsèque, et Ton ne s'appuie que sur
remploi des mots nb^ (13*15), au lieu de -«j^î! (3), et nsèa (18), pour
1TÏÇ3 (5) ** En ce qui concerne le premier point, on oublie que, la
tocendance de Miçraïm étant relatée entre Nemrod(8) et Sidon (15)»
isQODcés par le verbe Vî^, la même foxme verbale était exigée par
oaiDotif de symétrie. Il y a plus, la notice importante et certai-
nement originelle a^rcbs dtJïD in^*^ itsh (14) rendait impossible la
ISmDllIe D^Xî3 ■»5sn. La seconde objection aurait quelque poids si
itt ?erbes passifs Tnca et yca (r, f^t) pouvaient se remplacer Tun
«a •Uiqxiit peux le moment la cpefitton de «Yoir si, en c^fTet, TËlobisIe
fljsttettic{t}ement à l'auge du nom do nifl'^, comme Fadmettent les cri-
^^M^ fl7«ttetti(|t
i deweîn le mot n^Mâ,
tfm rifli dft paiticiilier.
dans k direcLion de > (m .-à -m. ■ ton venir
22
REVUE DES ETUDES JUIVES
Fautre ; or, ce n'est nullement le cas, car mes marque une Ȏ*
para lion lente et paisible, tandis que yca exprime Tidée d*uiie
dispersion involontaire et subite, résultant d'une action exté-
rieure. Dans la phrase ''3?3Sn nins^p i»a nriKi (18), Tauteur veut
dire que, par suite de dissensions politiques, plusieurs famiUe^
chananéennes ont été morcelées et se sont déplacées du sud au
nord et du nord au sud, loin de leur demeure primitive. Ici, rem-
ploi de ^Tiç? serait monstrueux, puisque la formation des natio-
nalités chaoanéennes est déjà mentionnée dans ce qui précède.
Cette idée du déplacement actuel de quelques-unes de ces peu-
plades conduit rauteur à définir en ^ros les limites des Ghana-
néens en Palestine, en relevant surtout leur occupation du sud
sur la frontière d'Édora.
c) Le verset 21. L'auteur annonce ici que Sem, qui est tout ï^a^
ticulièrement le père des peuples qualifiés de fils d'Ét)er, était
plus âgé que Japhet* La première donnée a pour but d'expliquer
pourquoi rénumération des enfants d*Éber sera dans la suite beau-
coup plus développée que celle des autres enfants de Sem. Farta
seconde, Tauteur cherche à écarter une conclusion erronée que
FoD serait tenté de tirer de sa manière d'enregistrer les descen-
dants des trois fils de Noé, série dans laquelle Sem se trouve men-
tionné à la lîn. Ces données sont introduites par les mots tV;; ui^
mn t2|, qui, avec d*û "^sai du verset 22, rappellent la construction
des versets 1 ô et 2 a^ que tout le monde assigne à A. Cette raison
essentielle me semble devoir prévaloir sur l'opinion qui refuse ce
verset à l'auteur principal et l'attribue à G, L'affirmation des cri-
tiques quune pareille introduction est étrangère à Félohistfi
repose sur un sentiment très contestable. Au premier chapitre de
la Genèse, cet auteur sait raconter bien des choses qui échappent
à la sécheresse du généalogiste ; de quel droit lui renie-t-on la
faculté d'émailler ses listes de quelques remarques préparatoires
quand la nécessité se présente? Comme toutes les listes précé-
dentes ne sont produites que pour montrer la place que Sem-
Israël occupe parmi les races humaines ', les quelques mots doEl
Fauteur fait précéder la liste sémitique ne sont nullement de trop
et, à défaut d'une preuve contraire, nous pouvons les laisser à
Tauteur réputé élohiste.
d) Les vet^sets 24-30. A cet endroit, je contesterai tout d'abord
l'opinion admise par tous les critiques que le verset 25 se plaoaii
primitivement après le verset 21 dans le document C ; Texpres-
sion n33» "«Di Vd ne saurait être immédiatement restreinte à r
DOlmaim» L e., p« 174.
BECHEBCHES BrOUQUES '^■^■^ 23
M. Le T@]^t 25 est la suite naturelle du verset 24, qui, confor-
fliénseot à XI, 12-14, place Éber à la troisième génération après
Arjiliaxad. Cela équivaut à la d^^claratioii que les nations hébraï-
fUâa, même les plus anciennes, comme les YoctauiLies, se sont
fomèu postérieurement aux nations du bassin du Tigre et de
rEufihrate. Il ne 8*agit pas ici d*iine vraie généalogie, mais d'une
simjile «ucceî^sion d^époques personnifiées, idée qui est convena-
bk'oient indiquée par la l'orme iV. Notre passage prépare bien la
lible généalogique de xi, 10-17, caractérisée par la forme T-^bin,
ffiii^tl s'en faut de beaucoup qu'il en soit une copie inutile. B^aatre
pari, il ii*exist€ pas Tombre d'une contradiction entre les versets
^H 26*W ; lesCouscbites se sont établis en Arabie antérieurement
•m Yocfanldes; de telle sorte» le nom de cis yn« (Genèse, ji, 13)
eit toujours resté attaché à cette contrée. La mention des noms
IDS (28) et rn'^n ^29^ parmi les Sémites, loin de contredire le ver-
»lt7, traduit certainement un fait réeL Pour nb^^in, nous pouvons
d^l le prouver, puisque, en dehors du Khaoulan du sud, it existe
eucore aujourd'liui un Khaoulan septentrional, province raaritimo
4oiii le chef-lieu est Dhahabmi. Le refour des mêmes noms est
très A^aent dans la géographie, sémitique ou autre. Ainsi, on
constate encore un troisième «s^s tJob, i, 15) et deux autres
?^^ (.Genèse, ir. 11 ; xxv, 18) habités par les Ahrahamides dans
VÀi^bi»? du nord ; il y a de même deux I't'ïï, Tun couschite {/ùi-
im, I, 7), l'autre abrahamide (lùldem^ xxv, 3), deux nnçB et, au
moina, trois TTjn \ etc.
Outre ces discussions de détail, quil me soit encore permis d'à-
tressera qui de droit une question générale, qui est à mes yeux
aadileoiDP inextricable : pourquoi le rédacteur n'a-t-il pas inscrit
dam la îiste des Japhétites les noms très nombreux qui devaient
Sgwr^r chez €♦ d'après l*analoj^'ie des passages relatils aux deux
! races qu'il lui emprunte, suivant les critiques? 11 est impo,«-
' dlmaginer que C n'ait pas donné une liste des peuples ja-
phétites, de ceux précisément qu'il a déclarés dignes d'habiter les
l«iiesdeSem (ix. 21). En deuxième lieu, il serait bon de savoir
; puarqooi le même rédacteur aurait remplacé ïa liste chananéenne
I i'k ptar celle de C. et, de plus, comment A a pu éaumérer les Érao-
[n^iis, les Girgéséens et les Évéens sans employer le verbe i'y^;
' croil^oû sérieusement qu'il a écrit : (nDi) * im ^^n^ tirM ixs ■'îsi?
* L*cacs«unc vdlo d'A^ssur poitott au*»»! le nom de Hari'ûmi ; puis viennent le Bar-
0émém U U^afioUoiie tuijcrjeure et ic ]nn lèrabi<ie, shué en Syrioa 7 journées de
»« fltt ù^tà du iDoal GaUad.
U ml b^CotfB que ni "0:^1^» ni ^Hi ai HC n^ ^^^^ àps ^^ms de pajs; *11lQÊf
2i
HEVUE DES ETLTDES JUIVES
En troisième lien, enfin, on se demande, si les villes d'Adnia ef
CeboYm ont été ajoutées par le rédacteur, à quelle famille apf^r-
tenaient leurs habitants selon le^deux documents pnmitila AetC,
ou bien, si ceux-ci ont purement et simplement oublié de les ins-
crire dans leurs listes* Nous serions bien reconnaissant à tous
ceux qui voudraient nous expliquer ces énigmes.
Notre résultat peut donc se résumer en quelques mots : autant
que nous voyons» la critique moderne n'a pas encore prouvé la
composition éclectique du chapitre x, et, en attendant que de
telles preuves soient données, nous pouvons en toute conscience
le rejî^arder comme un document unique au point de vue spécial
de notre étude présente, qui cherche à pénétrer Tidée jarénérale du
tableau. Que le rédacteur du chapitre x se soit servi de traguiecU
d'écrits antérieurs ou Tail composé tout de son chef, cela n enlève
rien à Tunité de l'esprit qu'il y a imprimé. Ce qu^il nous répugne-
rait d'admettre, c*est la supposition que Tauteur aurait fait luie
compilation hétérogène et mis les pièces à tort et à travers, sans
tendre à un but quelconque. Heureusement» tout le monde recon-
naît la nature réfléchie des œuvres de notre auteur, et cela suffit
pour justifier notre désir de le comprendre.
IV. — RAPPORT DU CIIAPITRE X AVEC IX, 18-28, ET XI, 1-9,
Le passage ix, 18-28, qui complète Thistoire de Noé, contient
notoirement les faits suivants : noms des trois fils sauvés du dé-
luge, plantation de !a vigne, ébriété du patriarche» conduite irres-
pectueuse de Cham, conduite respectueuse des deux autres frères,
malédiction de Ghana an, fils de Cham, bénédiction de Sem et de
Japhet, Je cite d'après le texte reçu, car la prétention de plusieufs
critiques de substituer, dans 18 «, Chanaan à Ghani ne soutient pas
Fexamen. I)*abord, une série telle que Sem, Japhet, Chanaan,
serait une combinaison au plus haut degré hétérogène, par cette
raison péreraptoire que les deux premiers noms ne sont que des
abstractions idéales, tandis que Chanaan existe réellement. Puis,
si Chanaan figurait comme fils de Noë dans Fun des documents
primitifs, le rédacteur final n'avait qu'à Fintroduire aussi dans v,
même ne fiauraît €Lre ideiiUGé avec PAmÛr (?) des inscriptioDS égypiîeanes, qui d^
signe un dietnct de la Sjriû septeoirionale et qui avait déjà disparu à l'époque da
nouvel empire assyrien. 4 moins qu'on n'y voie ïùtnat {Gnr^^Imeri-thu, i demâuredc
ses fines (as. iWr= Uéb> niT^H) *, rappeltaUcu ordinaii-e du royaume de ûtmii
chez les Assyriens. Dans ce cas mâme, l'égypUen J.fly»Ar serait d'origine assyhemt
et n'aurait rien de couuann avec iliébreu ^lllDfil*
RECHERCHES BIBLIQUES 25
32; Yi» 10 ; X, 16 ; et qu*à ajouter d? après ih^ au verset 15, après
lYoir enlevé le moti-^àa. Ces corrections auraient été moins con-
âiMrables que celles que lui attribuent les critiques et qui sont :
î' radjonction des mots i:»3r) •'sn «m cm, qui constituent 18 & ;
2*rioserUon de ^sx un dans 22 a ; 3*» le changement de i-'nsb en
m» *;cb dans 2'2ô. Les corrections de la première espèce pou-
[tâientdu moins s'excuser par la supposition de îa part du rëdac-
îurqué, sous le nom de Cham, les sources avaient entendu tout
particulièrement Chanaan» de même qu'elles entendent Israël
^sous le nom de Sem. Les corrections que lui attribuent les cri-
tiques sont de vrais faux en écriture publique, et d'autant plus
nnantes qu'elles n^ont aucun but imaginable. Je crois que
\ Dillroann a déjà abandonné lui-même Tidée que, par là, le ré-
dacteur aurait voulu faire participer tous les Cliamites à l'acte,
sinon à la malédiction de Chanaan ; un pareil raffinement de ma-
lice est tout à fait contraire au génie prophétique (Nombres»
ïu ; Deutéronome, xxiii, 8 ; IsaYe, xix, xix, 18-25, etc.). D'autre
^^P^i*^ Tattribution de l'action blâmable à Gham, d'après le texte
^Weçu, est nécessaire, dès que Ton reconnaît, comme le fait M, Dill-
^feâim, que Chanaan est fils de Gliam. Une petite réflexion nous y
^nftmèûe forcément. Comme le montre l*expression y::*'rbR"'i (20),
^PKoé planta la vigne peu de temps après sa sortie de Farche; met-
tons un an après le déluge. Ajoutons trois ou quatre ans tout
âu plus (Lévitique, xix, 23-25) pour obtenir un bon produit et nous
atteignons l'an 6, car, amateur du jus de la treille comme il Té-
tait, notre patriarche aurait difflcileraent laissé pourrir longtemps
îes grappes dorées sur leur cep natal. Pendant ce temps, ses trois
âiafont souche et lui donnent des petits-enlants^ parmi lesquels
les quatre fils de Chara, dont l'un est Chanaan. En admettant
même que celui-ci lut Talné de la nouvelle génération, il était,
lors de l'événement qui s'est passé dans la maison du patriarcl*e»
tia bambin de quatre ou cinq ans et n'a pu, par conséquent, être
fauteur du scandale et encore moins mériter la malédiction de
*on grand-père. Au contraire, Gham étant l'auteur du méfait, la
malédiction de Chanaan est conforme aux habitudes de Fantiquité
punissait dans leurs fils les pères criminels (Exode, xx, 5;
léronorae, xxviii, 11 ; Josué, vi, 26), et, ce qui nous étonne,
t plutrjt la douceur relative du narrateur, qui a restreint la
lédiction à un seul fils de Cham, Que son choix soit tombé sur
Chanaan, cela s'explique par la haine nationale et religieuse que
parti monothéiste a presque toujours nourrie contre les Phé-
iens *,
^ Le nom ée |93^ pour la Phéaîcle em géaértl « subiisté jusqu'à Tépoque
20
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
L'intégrité du texte établie, nous passoivs à signaler les ra|»|>or|
réciproques des deux pièces, qui sont nombreux et essentiels* £4
déciaraiit Cham le plus jeune de ses frères (24), l'auteur uouî* ap*
prend que ri'*riuNn^raliun : Sem, Cham, Japhet. n'exprime pa^TI^'e
relatirdes personnages, mais traduit ce lait anormal et, suivant lui,
regrettable que la race de Cham, représentée par Chanaan (18),
non seulement sépare les deux races de Sem et de Japhet, qaeli
nature semble avoir faites pour vivre Tune à côté de l'autre, mail
s'efforce de les entamer cliacutie à part. Entre Sem-Israél et lea
Japliélites contineutaux et maritimes se trouve Cbam, le monda
phénicien. Les Phéniciens pénétraient même dans les territoires
de Japhet et de Sem et y tondaient des établissements parmi-
nents. Cette énuraération contient donc déjà, pour ainsi dire» Il
réduction de la description détaillée qui fait ToLjet du chapitres
et surtout des versets 15-19. Il sera m<'^me exact de dire que cette
idée se [irésente déjà à Fesprit de l'écrivain dés le chapitre v,
32. Sur rage relatif de Sem et de Japliet, la pièce ix, 18*21, noua
laisse dans Tincertitude; i^ette lacune est comblée par x, 21, qui
déclare Sem fainé de Japhet. Chose digne de remarque : Tadleor
profite de la donnée de ix, *24, pour réaliser une économie d'ex
pression : binsn r\^^ ^nm pour bii:in ps"*i en "^n», qui autrement «ùt
été inévitable. Il va sans dire que l'aftirmation de ix, 18 b, décould
de x, 6. L'ex[>ression n^K^a appliquée aux fils de Noé, au verset 11,
19 &, est imitée de x, 5, 32, où elle est mieux en place, se rappor*
tant à leurs nombreux descendants. Pareillement» la locution pré-
gnante fn^n bD nxsï, pour yn»n bD nnspîa naïcn, tout en faisant
allusion à l événement mentionné dans le chapitre xi, suppose et
résume les trois expressions très simples du chapîtœ x : ^ly^,
j5, 32), îi^!:: (18) et, tout spécialement, yn^n mbçq (25). Ce dernier
verbe n*a été choisi que pour rétymologie de y^s ; le mot proprô
podr indiquer la dispersion et l'éparpillement est ysa. Eulin, k
terme sous entendu, nnssap, n'est qu*une légère variante du
Dins;573 de X, 32, tandis que Texpression y^iHfr bs est répétée
avec prédilection dans xi, 1, 4; tout cela s'annonce Lien comme
l'œuvre d'un seul auteur.
Quant au chapitre xi-1-9, je regrette de devoir dire quil a euli
malecban(ie d'être méconnu jtar prpsque tous les commentateurs»
lesquels, se faisant l'écho «le Texégèse ancienne, attribuent à TatH
teur ridée que tout le genre humain a participé à la construction
de la tour de Babel et à la confusion des langues qui s'ensuivit.
grée que, témoin l'ÎDBcripiîoQ qui porte les mots p353 Dfi* ttDlHb, « Laodiei
tropolo de la Phénicie •,
RECITKRCHES BIBLIQUES
27
issues modernes, s'é^arant de plus on plus sar cette
se sont lances dans les conjectures les plus hasardées
rer la place primilive de ce récit, qui leur semblait
I contradiction avec le chapitre x, où les peapl<*s noa-
[déjà installés dans leurs demeures actuelles suivant
ie leurs divisions et de leurs langues» Pour démontrer
I d'origine des deux documents, on invoque, en outre,
f ÎTDD (xj» 1) pour prb {X, 5, 20, 31), et Tétymologie du
iaa (XK 9). Or, tout cela change de face quand, ainsi que
> aussi clairement que possible Texpression yiE: ie (îx, 4),
rçoit qu'il s*agit d'un evf^neraent i^ostérieur ù la disper-
tielle de l'humanité et contre laquelle les constructeurs
^nt à 56 prémunir. L*état de choses est celui-ci : dans le
y^quî est le seul document consacré aux origines des
^Kémitiques, l'auteur prépare Thistoire des Hébreux en
Fie personnage d'Éber, père commun des Hébreux en Pâ-
li des Yoctanides en Arabie méridionale. Mais Téleclion de
famille d*Abrahara dans la race sémitique et la préfé-
M lai est accordée sur les autres descendants d^Éber doî-
»ir leur raison d'être. Ce besoin d'explication a produit le
la lourde BabeL Par cet acte de rébellion, les Sémites se
eut, dans leur ensemble, aussi* iucapables que le'> deux
ices de recevoir la vérité religieuse du monothéisme, île
è Dieu fut obligé d'en confier le dép6t à un seul individu,
1 tomba convenablement sur un descendant de Péleg, dont
Kifiant tf confusion »» est comme un cri de protesta Hon
I coupable des constructeurs. Ceux-ci sont natui-elle-
mites seuls. L'idée de faire coopérer paisiblement les
lots de Sem et de Japhet avec ceux de Gham à une
ioinmune n*a pas pu venir à Tesprit de notre auteur.
nx Japhétites, leurs territoires se trouvant aux environs
k mêmes où Tarche s'était arrêtée (Genèse, viii, 4\ ils
llllement besoin de passer par la Babylonie. Pour les
Fcontraire, dont les possessions primitives s'étendaient
Ives de l'Euphrale et du Tigre, la position de la Babylonie
Imandait delle-méme comme point central présumabîe de
iration. Les Sémites, eux, pouvaient pour le moins s'en*
i éJU travail par le jeu de mot d»5 i:b ncr: ! L'expression
^Krerset 1 ne doit pas nous égarer, car elle e^t aussi
f^e notre « tout le monde », Voyez, par exemple, ï Sa-
i» Encore moins embarrassante est la formule ■•:& b5?
versets 4, 8 et 9, qui marque même Tidée d*un ho-
28
REVUE DES ETUDES JUIVES
rizon très limité *, Ici, rauteur a en vue les autres pays sémi-
tiques, en dehors de la Babylonie.
Au récit de la dispersion des Sémites, Técrivain biblique a joint
l'épisode de la confusion de leurs langues. Pour ce faire, il avait
une raison excellente. Dans son tableau, il a dooné en parta^
aux Sémites primidfs un espace très étroit relativement aat
vastes régions habitées par les Chamites et les Japhétites. Pour cet
deux races, la diversité de leurs langues s'explique naturellement
par la longue interruption de leurs communications mutuelleij
L'existence de diverses langues parmi les Sémites est la seule (jii
ne semble pas pouvoir s'expliquer d'une manière naturelle, vm
par l'ingérence personnelle de la divinité. Ceux-ci, raconte-l-ï
donc, avant d'arriver dans leurs demeures actuelles, avaient se
journé sur la plaine de Sennaar, qu'ils ne voulaient plus quitlei^
contrairement à Tintention de Dieu (Genèse, j, 28; ix, 1); mais Kl
construction de la vilie immense qui devait les loger * et celle de 11
tour élevée qui devait glorifier cette entreprise de rébellion fu!
entravées par la confosion miraculeuse de la langue mère di
constructeurs, qui ont été ainsi obligés de quitter la Babyloniei
de chercher des demeures séparées. On sait déjà, par x, 25, qq
révénement eut lieu du vivant de Péleg, dont le nom y faitalli
sion. Ce récit, qui ne concerne que les Sémites seuls, fournit aiffl
une telle transition pour arriver à la généalogie d'Éber et à
famille de Taré» La pièce appartient naturellement à Fauteur
IX, 18-x, témoin les termes ^^id (xi, 4 = ix, 19 ; x, 18; cf. 23
bnri [XI, 6 — IX, 2€), L'emploi du mot nca était inévitable à cauî
du verbe bhn servant à expliquer le nom de baa (9) ; pob bba e
impossible en hébreu. Quant au procédé des jeux de mot et di
étymologies, nous n'y voyons aucun trait particulier et nous pei
sons que tous les auteurs anciens en faisaient usage toutes les f(
qu'ils le croyaient nécessaire ou seulement utile. Enfin, en ce ([
concerne le classement des Sémites, au chapitre x, 31, à côtéd
deux autres races, suivant leurs divisions et leurs langues, cN
le résultat d'une simple anticipation [hyaiéroa proiéron) exig
par la symétrie du tableau, et il ne contredit pas le moins
monde la narration du chapitre xi. Le procédé consistant à pasa
des généralités aux détails a déjà été employé par notre aut<
dans IX, 19 b. qui se rapporte d'avance aux chapitres x et xi |
ensemble, et aucun critique n'a trouvé à y redire ; la notice x,
i Compare! I Samuel, xm, *6 et II Samuel, svm, 8.
» Ce point seul iullGrait déjà pour démontrer que l'tuleur n'aTait pas soagi h
séjourner les JaplaéUtea et lea Chamitëa sur la plaine de Sennaar.
BECriERCHElS BEBLIQUES '■■■' ^^
"aussi naturelle et ii*a certes rien qui puisse choquer
\ espriU les plus difficiles.
L'ensemble ùe ces reclierches conduit à admettre Tunité d'esprit
sinon Tunité matérielle entre la composition des chapitres x et ix,
)8-27 â*une part, et celle du chapitre xi-1-9 de l'autre; les trois
pièces ont été rédigées par un môme auteur* Nous faisons abstrac-
liui, et pour cause, de l'existence 2 utérieure que quelques-unes
Vies données pouvaient avoir dans les écrits d'autres auteurs.
Quand on est en présence d*un édifice élevé par un architecte
liabile, on peut en étudier le plan tout en supposant que quelques
ferres ou quelques pans de murs peuvent avoir appartenu à
d*autres constructions-
^ V. — CARACTÈRE SYSléMATlQUB DES DONNÉES CONCERNANT
LES NOACHIDES, IX, 18 -XI, 1, 9.
)n considère ordinairement les données générales de la Genèse
* les enfants de Noé comme Témanation d'une tradition antique
ûeillîe de la bouche du peuple. J'ai déjà dit ailleurs ce qu'il
il penser de cette fameuse tradition populaire, créée par les
dogiens pour le besoin de la cause, et qui n'a jamais existé.
documents que nous étudions ne font que confirmer cette
ition, qui a paru à plusieurs assez téméraire* Il suffit d'une
Btion tant soit peu soutenue pour que le caractère personnel
[qritéuiatique de ces données apparaisse avec toute l'évidence
Sirable. L'exposé succinct qui suit apportera, je Tes père, tous
i édaircissements à cet égard.
la seule idée de diviser le genre humain en trois races
si chacune un nom distinct est tout ce qui est de plus
nger à Tesprît populaire. Les Grecs, les Egyptiens, les Assy-
n*e£Dployaient. pour désigner les étrangers, que l'expression
Intres peuples », et, quand Foccasion se présentait, ils disaient
ffeoples du nord, du sud, etc., mais jamais ils ne les ont per-
par un nom général. Pour les Hébreux aussi, le mot
ôtt CT?^ suffisait pour désigner les non Israélites, quand ils
fTOolaient pas mentionner le nom national ou géographique de
letm. Or, les noms des trois fils de Noé n'ont rien de commun
Im dénominations nationales ou les termes géographiques
apflitiennent au domaine populaire, mais ils sont le produit
i réflexion avancée, voire d'une sorte de philosophie de l'his-
REVlîE DES ÉTUDES JmXVS
toire longuement iïi*'*ditée. Ils sont intimenient liés au récit qui
concerna et n'ont pas d'existence en dehors de lui. Corameutiif
pas conclure quUls ont été créés exprès par Fauteur du récit «i
qupstina, i»arce qu'ils exprimaient bien sa pensée? Cette oonclo*
sion nie paraît incontestable, et Ton est ainsi conduit à prêter plus
d^atterition à la forme du récit, qui découle, en réalité, du senscâ^
ché de ces nom?, tel que l'auteur Ta conru. Comme nous sommes
en présence d'un écrit religieux, on peut être sûr d'avance queîï
pensée qu Hs y revêtent est d'ordre religieux et moral ', notamment
avec une teinte de réprobation et de mécontentement, car silei
fils de Noë avaient reaM.se Tidéal de la piété sans tache, Télectioft
de la seule postérité d\\brohani n'aurait plus sa raison d*êtr€,
Voilà sous quel jour on doit envisager les actes attribués à ciïâ*^
cun des tils de Noé dans notre récit, et alors leurs noms s'expli-
quent d'eux-mêmes. Commençons par Cham, Le verset ix, 22|
n*indique pas simplement une action irréfléchie et momentanée,
mais* comme le prouve la locution 1b nb^ itsk r» y^in auve^
set 24, que Cham ajoutait à son récit des gestes ou des paroi
impudiques pour se moquer de son père. C'était un acte irré"
vérencieux ayant sa source dans une ardeur impure et chamellei
et cela a mérité à son auteur le sobriquet de sn, «ardeut», an
sens sexuel du mot (Genèse, xxx^ 38, 39, 41 ; Isaïe, lvii, 5; H(H
sée,vii, 4, 7).Pour Japhet, Tauteur fait entrevoir assez ciaireraett'
que ce nom est l'équivalent, voire le double du verbe ns^ (27),
bien qu'au premier aspect, c'est ns*; qui parait être le point è
départ du jeu de mot. Pour l'auteur de ce récit, Japhet est la
que Dieu persuadera, dans un avenir plus ou moins lointain, de
devenir Tbôte et l'ami inséparable de Sem. Le sens caché danl
le nom de Sem est le seul qui ne se devine pas par le récit de i:
18-27, mais Tauteur en a réservé l'explication pour xi, 4, où i
Sémites réunis sur la plaine de la Babylonie se concertent pool
construire une ville munie d'une tour excessivement élevée afll
d'acquérir une renommée éternelle, dtd.
Le caractère systématique et tendanciel de la disposition du ch»
pitre x n'est pas moins frappant. En effet, envisagée au point di
> Ceci expHque pourquoi U n'est jamais Tait mention dans la Uu^ratorê 1
que ol dune DÔ Y^^ ^^ d'uue riS^ V*^^ î Icipresaioa On VHH ou QTt ;
ne se Lronve que cbc2 les poètes poslérieyrs à TcxU (Psaumes^ ct, 23;
Lixviii, 51) dosigaanl FÈ^ypte. Dana I Cbroniques, iv, 40, Dn désigne
entière. Toutes ces expressions reposent sur le récit de lu Genèse et n'oat i
d^origiQal. Entre QH et régypUea Kémi il n'y a «ncane coniiexîQn ; ce nom i
donné D3 ; i'orlbograpbe copie Kkémi n^entre pai ai Mg&d de compte.
m
RECHERCHES BÎBLIOUES 9i
;e ptirement gpéagrrapliiquo, la nomenclature des peuples apparie-
nt aux trois races noachidesest loin de garder les proportions
turelles. On excusera facilement Tauteur palestinien do [lasser
us silence les peuples de TAsie centrale et ïo^^rtiiionale, fiM'il [lou-
•ait ignorer, mais comment supposer qu'il n'ait pas connu les peu-
ples importants de TAsie-Mineure, tels que les Lydiens, les Cariens,
Phrygiens et les Lyciens, peuples avec lesquels les Pht^niciens
fi<|aaient depuis longtemps? N est-il pas «étonnant qu'un auteur
qui connaît pàrtaitement TEspagne ne mentionne que trois lies
toute rétendue de la mer M (Hii terrante? Il me paraît impos-
le de penser que la réduction de tous les peuples de TAsie-
eure au seul Gomer et celle des fils de Yawan à quatre seule-
ne soient pas voulues et préméditt^es de la part de Fauteur,
l se montra excessivement parcimonieux dans r«^numération
^3 Japhétites. Les Sémites ne sont pas traitt^s plus amplement;
■% peuples anciens, comme les Qénites, les Horites, les Raphaïm
les Awim, qui sont souvent mentionnés dans les autres docu-
lents du Pentateuque, n*ont pas trouvé grâce aux yeux de lau-
ur/qui se tait également sur les flis do trois peuples sémitiques
ne mentionne que les fils d'Aram. Outre cela, ii se produit pour
la race sémitique un phénomène bizarre ; treize peuples en sont
iléguës à l'extrémité de TArabie méridionale et laissés ainsi en
hors de leur habitat naturel, au miîieu des Couschiles. C'est là,
M saurait s'y méprendre, le contre -coup de Tavanceraent
ré par les treize peuples Gbamito-Chananéens dans la région
oyenne appartenant de droit aux Sémites. Une pareille distribu-
Jû porte le cachet d'un arrangement artiliciel. Au sujet des Cïia-
lies, Tauteur se montre très abondant pour les fils de Micraïm
3at il nomme huit, tous pourvus de la terminaison du pluriel
inime pour accentuer le grand nombre d'individus qui coLnpose
ihaque peuplade qu'ils représentent. La mention du couschite
emrod aux origines des dynasties babyloniennes me semble aussi
bir un système personnel, car Je ne crois pas qu1l y ait là autre
)se que Tinterprétation arrangée d'un proverbe qui ne préci-
it pas l'origine ethnique du héros. Pareillement, la î'açon dont il
les Chananéens annonce un parti pris indubitable, car, en
,e temps qu il allonge démesurément leur nomenclature, en
comptant comme ppuples distincts trois villes insignifiantes :
Ârca, Sin et Cemar, il passe sous silence la ville importante de
blos (bn^J, Il y a plus, la cité la plus célèbre de la Phénicie
irè» Sidon, la riche et puissante Tyr, n'y figure absolument
I Dans tout cela, il y a certainement et trop et trop peu;
une distribution si caprlcieuseï où, en géEéral, rabondance
32
REVUE DES ÉTUDES JUl\^S
excessive de noms chamites s'allie à une pauvreté extrême ^
noms appartenant aux deox autres races, dont l'une est inéma
celle de Fauteur, ne saurait être regardée comme la traduction
naïve et impersonnelle de faits purement géographiques, Quand
on se rappelle, enfin, combien les descriptions géographiques com-
posées pour satisfaire la curiosité désintéressée que nous appelons
la science étaient étrangères à Tantiquité, on ne tardera \m à
soupçonner que l'auteur du chapitre x n'a pas fait de la géographie
pour elie-mt>me, mais qu'il s'en est servi comme d'un moyen effi-
cace pour atteindre plus sûrement le but qu'il poursuit dans son
récit du chapitre ix, et que c*est pour cette tin qull a distribué
d'une façon si inégale les personnages de son tableau.
Pour ce qui est du récit xi, 1-9, son caractère d'œuvre person-
nelle et systématique saute aux yeux et se passe de toute démoas*
Iralion. La nécessité d'expliquer à la fois le nom de Sem et la
diversité des langues sémitiques oblige Fauteur à recourir à un
événement merveilleux s'étant passé pendant la construction de
la tour de Babel par les Sémites réunis. La tour gigantesque qui
devait perpétuer la renommée, Dip, des constructeurs donne le
mot de l'énigme relative au nom de leur ancêtre dis, et le nom
de ^33 commémore, par un jeu étymologique, la confusion mira-
culeuse de leurs langues. Le tout prend des allures dramatiques
qui n'ont rien de traditionnel. Il va sans dire que ce n'est pas une
légende empruntée à la Babylonie. Dans ce pays» Taction blâmée'
par notre auteur aurait été considérée comme très méritoire.
L'honneur de l'invention de cette belle et ingénieuse légende en
revient tout entier à Fëcrivain hébreu, et c'est un devoir pour la
critique de lui rendre ce qui lui appartient.
J. Halévy.
[La fm mi p^^ochain numéro.)
LES PflARISIEiTS ET LES SENS DO PECPLE
(AM-HAAREÇ)
On sait» par la Mischna et par d'autres documents, qu'il exis-
tait, à ujie certaine époque, une forte antipathie entre les gens du
«Qple (Ani-haareç) et les docteurs de la Loi ou les pharisiens.
Tout Je monde connaît, d'après Taveu môme de R. Akiba, la haine
ÎDece célèbre docteur portait aux pharisiens dans sa jeunesse,
jlTant qu*il fut initié aux étude:^ rabbiniques et à Tépoque où il
■comptait lui-même parmi les « gens du peuple », Diverses publi-
cations récentes, enive autres un ouvrage de M. F. RosenthaP,
ont montré quel intérêt il y aurait à préciser Fépoque où cette
ntipatbie est née. A notre avis, elle remonte assez haut dans
bistoire des Juifs, et ce serait une grave erreur de croire» avec
H» Rosenthal, qu'elle date seulement de Tépoque de la prise de
Jérusalem par les Romains. Comme la question est importante et
que 1â solution d'un assez grand nombre de problèmes historiques
et moraux en dépend, on nous permettra de Texaminer ici d'un
peu plus près.
11 faut avant tout faire une distinction profonde entre le gros des
pharisiens et certaines classes ou sociétés pharisiennes que le
Tâlmud lui-même, quoiqu'il soit une oeuvre purement pharisienne,
marque du signe de la réprobation. Les docteurs pharisiens qui
ont créé le judaïsme étaient des hommes simples, naïfs, vivant
éûiblement du travail de leurs mains, pratiquant toutes les vertus
i humbles et travaillant sincèrement au progrès des idées reli-
iises et morales* La critique moderne a reconnu depuis long-
ûpsque ce n*est pas à eux que peuvent s* adresser les impréca-
ons furieuses des Évangiles, teUes qu'on les trouve dans le
Tler êpûkrjfpAiieh$ Bûektr 9U9 dêr £eit vnd ScMe B, Akièas^ Letpzi^^ 1885;
ï ÛÊUê kmm du Si.j*^ o*> 22» et dans Ztitsckr^ fur mts«n*chafiî, Theolcgii,
4iHiigeafold, i8d6.
T. xin, i& 25* a
34
REVUE DES ETUDES JUIVES
k
chapitre xxni de S. Mathieu. Mais à qui s'adressent-elles? Evj
demmerit à une classe de pharisiens pour lesquels la religîDii
nVlait qu'un instrument politique et qui, par leur situation dan*
Fétat, étaient en mesure d'abuser de leur iritluence pour opprimer
et asservir îe peuple. Ce sont ces pharisiens teints que rÉvan^nle
et le Talmud condamnent également et poursuivent de leur haine
méritée. L^Évangile, qui est une œuvre éminemment populaire,
montre d*^jà sulYisamment que cette haine de VAm-haaréç contre
le « pharisien teint " était antérieure à k destruction du temple;
comme nous allons le voir, Josèphe et le Talmud le proutent
également.
Ces pharisiens puissants et hypocrites, qu'il faut soigneusement
distîfïguer de la masse des pharisiens, étaient depuis longtemps
une force organisée, avec laquelle il fallait compter. Déjà à ra-
vinement de Jean llyrcaîï, ces pharisiens exerçaient sur le peuple
une influence considérable, Hyrcan, qui était leur disciple d^voué|^
déploya tout son z*^lê pour se maintenir clans leurs bonnes grâcei.
« car ils jouissaient d'un tel crédit que le peuple ajoutait fbii
leurs paroles, même quand elles visaient la personne du prince oti
du grand'prétre », Cependant llyrcan, poussée bout par l'un d*euix,
nommé Éléazar, qui rengageait à se démettre de ses fonctions
de grand-prôtre, se sépara de leur parti et passa au parti des
sadducéens^ Dès lors, il persécuta les pharisiens avec acharne*
ment* Il ne lui suffit pas d'abolir les prescriptions légales qu'ils
avaient établies, il défendit au peuple, sous peine de châtiment» A{
les observer *. « Je ferai remarquer à ce sujet, dit Josèphe dans
la suite de son récit relatif à cet incident, que les pharisien^
ont enseigné au peuple beaucoup de lois qu*ils connaissaieiilj
par tradition et que les sadducéens rejettent ces lois parce qu'ell
ne se trouvent pas dans la Loi de Moïse ».
Nous voyons ici que Jost^phe lui-même, le pharisien de cœur
l'apologiste ordinaire du parti, ne peut s^empécher de faire à ci
parti le reproche discret d'imposer au peuple des préceptes étratts
gersà la Loi de Moïse et de provoquer inévitablement un schisme
Nous voyons aussi que ces prescriptions des pharisiens avaienl
reçu la sanction du prince. Par cette main*niise sur le pouvûtl
législatif, ces pharisiens avaient acquis une grande autorité
pouvaient, dans certaines circonstances^ exercer une forte actioi
sur les masses populaires.
La violente oppression qui pesa sur les pharisiens depuis
défection de Hyrcan^ et qui s'accrut encore sous Alexandf
» Ant, XIII, 1§, 6. 6,
VPS PHARÏSÏENS ET LES GENS OU PEUPLE
35
I Jatinée» loin de produire une action salutaire sur Tesprit des chefs
In parti, contribua, au contraire, à les corrompre. On ne tarda pas
)s'en apercevoir, à la mort d'Alexandre Jannëe, lorsqu'ils revin-
eût au pouvoir avec Salomé Alexandra. Ils persécutèrent leurs
nciens adversaires et exercèrent sur eux de basses vengeances ;
indis que le royaume entier goûtait enfin les douceurs de la paix,
ux seuls étaient des fauteurs de désordre.
Le lecteur attentif, qui sait lire entre les lignes, remarquera
liséraent le vif sentiment de blâme que Jos^phe manifeste impli-
citement à IVgard de la conduite inqualifiable des pbarisiens
evenus au pouvoir. Mais laissons parler notre historien : « La
'^ reine choisit Ilyrcan II» comme prand-pr^Mre. . . Elle laissa les
pharisiens disposer de tout et commanda même au peuple de leur
Dbt^ir. Elle remit en vigueur les prescriptions qu'ils avaient éta-
blies naguère, d'après d'anciennes traditions, et que son beau-
[p^reHyrcan avait abolies. Ainsi, elle n'était reine que de nom et
e* pharisiens jouissaient de tout le pouvoir que donne la royauté,
Bs rappelaient les bannis, délivraient les prisonniers ; en un mot,
iûe différaient en rien de véritables souverains. Cependant, la
itine ne laissait pas de veiller à la sûreté de TÉtat. Elle rassembla
lîe nombreuse arnaée de mercenaires et soumit les princes voi-
Ins, qui durent lui donner des otages. Dès lors, le pays entier
"Jouit de la paix, mais les pharisiens seuls n'eurent pas de repos.
\ assaillirent la reine de leurs sollicitations et en obtinrent Tau-
risâtion de mettre à mort ceux qui avaient conseillé au roi,
on mari» de faire crucifier les huit cents pharisiens * ».
i Ailleurs Josèphe s'exprime en ces ternies * : « Sous le gouverne-
ent de Salomé, la secte des pharisiens, dont la réputation de
Hé et de science dans l'interprétation des lois était fort grande,
len^a une influence considérable sur la marche des atï'aires de
Slat. Salomé, qui était très pieuse, leur laissa même une autorité
^cessive. Peu à peu, ils s'insinuèrent de telle sorte dans son esprit,
Jl*ds parvinrent à mettre ta main sur presque toutes les affaires
i pposcrîTaient et rappelaient qui bon leur semblait; ilsôtaient
i rendaient la liberté à leur gré, ils possédaient ainsi tous les
|ranlages de la royauté et ne laissaient en partage à Alexandra
> les dépenses et les soucis que donne le pouvoir* La reine était
fïiiUeurs très capable de diriger les grandes affaires; elle con-
tinua à rassembler des troupes» jusqu'à doubler son armée. Elle
prit on grand nombre de soldats étrangers à sa solde et« par ce
^
REVUE DES ETUDES JUIVES
moyen» elle se rendît noQ seulement très paissante dans son
royaume, mais aus^ài redoutable aux princes, ses voisins. Ainii
cette reine, qui commandait aux autres» se laissait dominer elle*
même par les pharisiens. Ceux-ci tirent mourir, entre autres, m
homme, de iiaute distinction, iiorainé Diogéne, qui avait été parfr
culièrement aimé du roi Alexandre. Les pharisiens accusaient
Diogèno d'avoir couîseillé à ce prince de faire crucifier les huit
cents. Ils poussaient aussi la reine à se débarrasser de tous ceux
qui avaient excité Alexandre contre leur secte, et, comme
pieuse princesse ne savait rien leur refuser, ils faisaient pénr qii
bon leur semblait, n
Ce récit, d'un partisan déclaré des pharisiens, a son éloquence,
Les chefs des pharisiens, et ici il ne peut être question que d'eux,
si on s'en tient aux sources, n'étaient donc, lorsqu'ils avaient ïi
pouvoir en main» nullement aussi inoflensifs qu*on pourrait
croire. Les plaintes qui ont été élevées contre eux sont fondées i
condition qu'on ne les applique pas à tous les pharisiens, maisài
pharisiens influents qui jouaient un rôle dans l'État, Ce n'était pi
le parti tout entier qui était corrompu, c'étaient uniquement!
politiciens, qui, sous le manteau delà piété, cachaient rhypocrisifl
la soif des honneurs et des jouissances. Tels ils nous apparaissea
à lepoque de leur plus grande puissance sous le règne d*Alexandn
Salomé.
La nécessité de distinguer entre pharisiens et pharisiens repojl
sur des preuves nombreuses. Écoutons tout d'abord, à ce suje
comment lennemi le plus acharné des pharisiens, Alexandu
Jannée, jugeait, à son lit de mort, le parti des pharisiens
ce Lorsque la reine, dit Jusèphe*,\it que son mari (Alexandi
Jannée) était à toute extrémité et qu'il ne restait plus aucun esp
de guérison, elle se mit à gémir et à se lamenter de l'abandon <
elle se voyait près de tomber avec ses enfants, etelle dit au princi
Entre les mains de qui me laissez-vous, moi et mes enfants, (
un besoin de secours aussi pressant? Ne savez-vous pas combû
rirritation du peuple est grande contre vous? Alexandre Ittii
pondit que, si elle voulait suivre ses conseils, elle conserverait^
pouvoir, pour elle et ses enfants. Quand sa mort sera survenu
qu'elle la cache à l'armée, jusqu'à ce que la place (de Ragah
soit prise. Qu'elle retourne ensuite à Jérusalem en grande pon
et qu'elle gagne les pharisiens, en leur donnant quelque autorit
Par reconnaissance pour ses faveurs, les pharisiens s'appliquer
à lui concilier les bonnes grâces du peuple, sur lequel leur |iouTG
LES PHARISIENS ET LES GENS DU PEUPLE
37
est si grand qu ils lui font aimer et haïr qui est Fobjet de leur sym-
j jathie ou de leur haine et que leurs paroles trouvent créance,
ttôme lorsqu'ils agissent par envie, Lui-mÔme s*était attiré Taver-
lion du peuple, parce qu'il avait tenu les pharisiens à Fécart. r*
Ce passage de Josèphe est commenté et expliqué par un passage
du Talmud qui porte le cachet d'une tradition authentique *. On
lîoit, en comparant les deux textes quels sont les pharisiens que
îannée accusa* et qu'il distingue lui-même entre les vrais et les
feux pharisiens, « Alexandre Jannée, mourant, fit à son épouse
i recommandation suivante : Ne crains ni les vrais pharisiens ni
eux qui ne sont pas pharisiens; mais prends garde aux faux
jfharisiens, à ceux qui sont pharisiens d'apparence, qui commet-
nt les vilenies d'un Zimri et qui réclament la récompense due au
éled'un Pinchas hen-Kléazar »,
On ne saurait parlpr plus nettement. Ces paroles du Talmud
■fclairent de la manière la plus vivo la conduite d'une classe de
pharisiens hypocrites qui devaient être nombreux et influents,
puisque Jannée les trouvait dangereux ; qui, sous le masque de la
i^t^, cachaient tous les vices^ et néanmoins prétendaient haute-
lient à la qualité de pieux zélateurs. Ce sont là les pharisiens sur
squels rÉvangile déverse sa lave bouillante. Dans le Talmud,
jfèstlaméme indignation, mais on voit tout de suite à qui elle
adresse. Ce sont ces mêmes pharisiens remuants et toujours oc-
cupés à forger des intrigues qui, dans VAssomptum de Moïse ^
sont appelés des hommes corrompus et scélérats, capables de tous
lea déguisements, se vantant d'être des justes. , . , des gens qui se
cachent pour s'adonnera tous les vices, dont la main et l'âme sont
«oaillées, qui ont toujours à la bouche ces mots orgueilleux : Ne
me touche pas de peur de me rendre impur *.
Le passage du Talmud, que nous venons de citer n'est pas le
»ul où les pharisiens honnêtes s'élèvent contre la classe des hy-
{ïocrites, des pharisiens teints qui déshonoraient à jamais le nom
da pnrti; ces protestations ont été souvent répétées et elles répon-
Dt parfaitement au ton des apostrophes enflammées de TEvan-
^€l de TAssomption de Moïse. Dans leur lutte contre ces pha-
fits, les pharisiens honnêtes parlent absolument comme
: <^ç de rÉvangile et l'auteur, pharisien aussi, de TAs-
Dption de Moïse. On n'a qu'à relire le passage bien connu où le
1 énumêre les différentes espèces du faux pharisien ^, Il en
22 à.
^ CUapiirû vu : Homîoe« pesUlentîosi et impii, diccntea se esse juBtos. . . . bo-
I dolofti, éihi plaeentes, fîcti în omnibus fiuts*
l^a,f2& ; fàid,, jcrus,, 5, 5 ; Bti'akhot^ jer,, 9, 4; Ahm R, Natan, cb. xxxvit.
% EBTUE DES ÉTUDES WWES
compte jusqu'à sept sortes : Ceux qui portent leurs bonnes œuvres
fiur les f^paules et qui en tirent vanité ; ceux qui marchent à pelili
pas en criant aux passants : « Attendez-moi, je vais remplir u^
devoir pieux r» ; ceux qui se mettent la tête en sang, parce qu'ils
ferment Jes yeux en marchant pour ne pas regarder les leromesj
ou qui prétendent compenser leurs péchés par- leurs bonnes
vres ; ceux qui se vantent d'avoir dépensé leur fortune en œu¥i
pies, ou qui marchent le dos courbé; ceux qui vont répétant
« Dites moi ce qu'il me reste à faire» quelle faute j'ai commij^ej^
veux la réparer en accomplissant une bonne œuvre »; ceux ç<
agissent par crainte du châtiment et ceux qui n'agissent que paU
l'espoir des récompenses. On le voit, c'est exactement le môm
langage que celui de l'Évangile, et, dans la touche d'un phami<
il ne peut s'appliquer qu'à de faux-frères, désavoués par le parti
Il est impossible de contester la vérité de ces accusations dirigée
contre le faux pharisaïsme, qui fut la honte du pharisaï^^me vérl
table, tel que Vont fait les docteurs. Les pharisiens que rÉvangil
flagelle à bon droit ne sont nullement ceux qui <t vivaient et moU;
raient sous la tente de la Loi ». Ce sont les faux dévots, les pbi
risiens hypocrites, qui alïichaient leur piété dans la rue, déployj
sur la place publique une activité aussi vive que dangereuse,
jetant de la poudre aux yeux, imposant au peuple de lûurdi
charges, et qui, en amenant la masse si longtemps dédaignée
TAm-haareç à secouer leur joug devenu insupportable» conl
buérent au développement du christianisme. Ce sont ces mém€
pharisiens qui se faisaient craindre du prince lui-même et
surent toujours retirer de leur autorité religieuse toutes sorta
d'avantages matériels. C'est ainsi que, sous le gouvernement A
Salomé, ils surent, comme nous l'avons vu, accaparer tous li
profits que donne le pouvoir, en laissant toutes les chargera!
princesse asservie par eux.
Des temps difficiles vinrent, pour les pharisiens, quand legott
vernement passa au pouvoir d'Hérode P''. Sa main de fer pesi
lourdement sur leur nuque. Toutefois, il ne put annuler que pott
un temps l'influence de ce puissant parti. En général, le peupi
leur était très attaché ; ils intrigUciient secrètement, toujours pr*l
à s'élancer pour s'emparer des rênes du gouvernement qui toi
avaient été enlevées. L'oppression que le toi Hérode fit peser
eux eut, coiïime les persécutions de Jean ïlyrcan et d'Alexandr
Jannée, une influence, fâcheuse. On le vit à Favênement ifl
grippa I*^ Le faux pharisaïsme, quon croyait mort, sYleva d'u
bond à une hauteur imprévue et conquit d'un seul coup tontes
positions qu'il avait occupées au temps de sa prospérité. Sur
LES PHARISIENS ET LES GENS DU PEUPLE 30
'trône était assise riiypocrisie personnifiée dans Agrippa, qui fut,
I i notre aris, le pire des pharisiens teints.
Noos ne voulons nullement amoindrir les services que ce prince
\ a rendus au judaïsme de son temps, par ses relations avec la cour
romaine, mais cela ne nous empf*chera pas di^ le juger impartia-
lenieût. Nous ne pouvons nous associer aux adulations des phari-
I *iens revenus au pouvoir avec lui, ni aux flatteries d'un Josèphe,
[qui colore tous les actes d*Agrippa, quelque blâmables qu'ils
[soient.
Qu'on songe à ce spectacle : Agrippa, Uaventurier débauche*
[qui a vécu de la vie voluptueuse de la cour romaine et qui, sur ce
[terrain glissant et dangereux, a appris à fond Tart du mensonge
et de rhypocrisie, a obtenu la couronne de Judée et se présente
comme pharisien l et quel pharisien! « A peine arrivé à Jérusa-
' lem, dit Josèpbe *, il apporte des sacrifices de grâce et ne néglige
aaruiie prescription légale ». Et ailleurs : « 11 aimait séjourner à
Jérusalem et y restait fort longtemps ; il observait avec soin les
lois nationales et se montrait, en toute circonstance, ami de la
îertu. n ne laissait pas passer un jour sans offrir les sacrifices
limcrits * »,
Il poussa rhumilité jusqu'à porter sur ses épaules le panier
[des prémices, à Texemple de ses sujets venus en p^derinage au
itemple ^, A la fête des Cabanes de Tannée sabbatique, lui-même,
lie tenant debout, lut le Deutéronome au peuple. Et, lorsqu'il ar*
Ifiva au passage ainsi conrii * *f Tu n'établiras pas sur toi un roi
Mtranger^ tu prendras un roi d'entre tes Irùres », il se mit à san-
[floter. Les docteurs lui crièrent : Ne crains rien, roi Agrippa,
es notre frère, tu es notre fr^re ! * »
Qu*an veuille bien nous excuser, si nous nous méfions de ce
rusque changement de caractère chez Agrippa» et si nous ne nous
Dnspas à M, Graetz, qui, suivant le jugement porté sur ce
par Josèphe, s^écrie : « Agrippa, le prince si léger, était
^venu un homme sérieux ; le courtisan avait disparu, et à sa place
\y avait un patriote, un régent consciencieux, qui savait ce qu'il
raità la nation. En lui, le prince asmonéen avait vaincu Tliéro-
m ! » Nous ne pouvons nous associer à ce dithyrambe. Si, à Té-
Vghppa, Tétat général du pays avait été aussi fiorissant
[Aïo le dit et que les a[*parences rindiqoaient, comment
aerailHl possible d*expliquer que Jésus et ses disciples aient trouvé
* Bkturim^ 3, 4.
4tl
Ft EVITE DES ETUDES JUI^'ES
dans les couches inférieures de la population, un écho si puissant
à leurs violentes iliatribes dirijïëes en premit^re ligne contre te
pharisaïsrae ? Du reste, même en dehors des classes inférieures
de la population, îl y eut parmi les principaux pharisiens d»
hommes qui osèrent douter de la sincérité des sentiments phari-
saïques d'Agrippa, et qui eurent le courage d'exprimer leur
opinion* Josèphe hii-niôme est forcé d'en convenir. En effet, il dit
textuellement : f^ Durant un voyage d'Agrippa à Césarée, un certain
Simon de Jérusalem, qui avait la réputation d*étre versé dans la
Loi, eut Taudace de convoquer une assemblée populaire et d'ac-
cuser le prince d'impiété, demandant qu'on lui refusât l'entrée dtt
temple, qui ne devait être permise qu*aux Juifs. Le gouverneur de
la ville écrivit aussitôt à Agrippa, pour Faviser de cette harangiie
séditieuse. Agrippa lui ordonna de lui envoyer Simon. Lorsqu'il
arriva à Césarée, Agrippa se trouvait précisémetit au théâtre.
Il fit asseoir Simon à ses côtés, et, au bout de quelques instauts,
lui demanda de sa voix la plus insinuante : « Dis-moi donc, Sinroa,
que se passe-t-il ici qui soit contraire à la Loi? » Simon ne sut
rien répondre et demanda pardon. Agrippa lui pardonna à Theure
même, car il était d*avis que la générosité sied mieux à un prince
que la colère, et que la clémence convient mieux aux grands
que la rigueur. H renvoj-a donc Simon et même il lui fit des
présents *. »
Il nous semble que cet incident fâcheux, qui montre du moins
que tous les Pharisiens instruits et les classes populaires at
croyaient pas si fermement à la piété d^Agrippa que Josêphe et
consorts, n'a pas été aussi anodin qu1l en a Tair, Car si Jôsêj
se voit obligé de le relater en sa qualité d'historien ; si, d'une parti
le gouverneur de la ville est dans la nécessité d*en aviser aussitôt
le prince; et que, d'autre part. Agrippa n*hésite pas à mander
auprès de lui le farouche pharisien et à déployer vis-à-vis del©
toute son éloquence insinuante, il faut que Simon n*ait pas été
seul à juger le roi avec sévérité. Derrière Simon, il devait y ayoiP
des masses populaires qui pensaient comme lui. Cela prouve que,
sous le gouvernement d*Agrippa, si brillant à rextérieur, il y avait
certaines couches de la population qui étaient disposées à prendre-
position contre le faux pharisaïsme, même quand il siégeait sur
le trùne.
Dans le cours de son règne, Agrippa lui-même nous rtfvêlt
combien son attachement au judaïsme pharisien était peusérieui
Pour plaire aux pharisiens, qui étaient tout^puissants sur
LES WURISIKNS ET LES GENS DU PEUPLE
^1
^peuple, il avait feint d'être lui-ra^me pharisien; de même, pour
phire aux Grecs, il chercha à aHicher des sentiments helléniques.
Il érigea, en différents endroits» des théâtres, qu'il fréquenta lui-
mAme assez souvent. « Parmi les nombreuses constructions qu'il
lit élevpr dans plusieurs villes, celles dont il dota Béryte étaient
bks plus remarquables. Il y fit faire un théâtre qui dépassait en
p]éî2:ance et en beauté toutes les constructions similaires. Il fit
Bussi bâtir, à grands frais, un amphithéâtre» des bains et des
f galeries à colonnades, n'épargnant rien pour leur magnificence.
Pour inaugurer dignement ces monuments, il déploya toutes les
ources possibles. Dans le théâtre, il organisa des spectacles et
Bvertissernents de toute sorte. Il fit paraître sa générosité, en
ant dans Tamphithéâtre un grand nombre de gladiateurs.
Pour donner à la foule le plaisir d'assister à un combat, il réunit
aussi dans Tamphitiiéâtre deux troupes de sept cents hommes qui
' devaient se battre ensemble : on avait rassemblé, à cet eflet^ de
Joatepart, des criminels auxquels la victoire servirait de réhabi-
litation * ».
Le procédé était très vif, et rien ne peut l'atténuer. En d'autres
nps, de pareils incidents auraient suffi à exciter vivement les es-
rîts,et à amener les conséquences les plus graves. Mais Agrippa
oaait le pharisien dévoué aux intérêts du parti et accordait à
elui-ci une autorité absolue ; aussi ces infractions furent-elles
Ouvertes du voile de Tamitié et passées sous silence. Les termes
ont se sert Josèphe pour pallier cette conduite d'Agrippa sont
niâc^tifs. Il établit un parallèle entre Hérode, le prince cruel
taiiti-juif, et le doux Agrippa, rami des Juifs, et il conclut en ces
Hrmes : « Agrippa, au contraire, était doux et bienveillant envers
tout le monde. Sa libéralité s'étendait même aux étrangers, mais
Kfiiand il avait ainsi donné à ceux-ci des preuves de sa grandeur
|vâme,il dédommageait ses sujets juifs en les gratifiant de marques
de sympathie d'autant plus nombreuses. Ainsi, il faisait volontiers
un séjour prolongé à Jérusalem, observant fidèlement les cou-
lâmes nationales, et il ne se passait point de jour qu'il n'offrit des
Ecrifices *, « Simon» qui voit presque clair dans le jeu d*Agrippa,
t gagné par ces bons procédés et se laisse tromper.
Qu'on ne nous jette pas Tanathème à cause de ce que nous
âTQOs avancé. Nous avons pour nous l'opinion des pharisiens
eux-mêmes, nous voulons dire des pharisiens sincères, qui, dans
leur pieuse simplicité, ont su, mieux que Josèphe, juger Agrippa.
Pï Anlif,, XïX, 7, 5,
> J«ri>„ XIX, 7, 3.
42 BEVUE DES ÉTUDES JUiVES
Le Taîmud dit : « Les docteurs qui ont crié à Agrippa : Tu es notre
frère, tu es notre frère 1 ont commis une hypocrisie qui devait
amener la décadence et la ruine du royaume ». »
Le pliarisaYsme teint était devenu d'autant plus insupportable
qu'il était soutenu par le roi lui-même, ses abus devaient être
criants, et on comprend qu'après la mort d'Agrippa, Toppositioft,
contre ce faux, pharisaïsme, dont Texistence s'était traîne
les discours de Simon, ait éclaté avec violence et engagé coal
rtiypocrisie ofticielle une lutte opiniâtre* C*est de cette époqiK
que datent les imprécations lancées par le porte-parole de TAifr
haaréç, dans Mathieu, et les graves accusations du pseudo-Moïafe
Tous deux se placent sur te terrain du vrai pliarisaï^me: toui
deux sont encore des Juifs purs, et la lutte qu'ils soutiennent «(
uniquement dirigée contre la classe des pharisiens (einis» qa
sont aussi les adversaires des docteurs du ïalmud.
Ceci nous ramène à ï Assomption de Moîse^ dont nous avon
déjà appliqué le passage le plus important aux faux pharisieiw',
Le commencement de ce passage, où sont stiguiatisés, pour le»
hypocrisie, les hommes qui se disent être des justes, aétéapplî
que par divers auteurs aux sadduccéens (dont le nom, coœmeo
sait, a ponr racine un mot signitiant>î(5?ie(?). On se croyait oblig
de recourir à celte explication parce que l'auteur de TAssomptio
de Moïse est évidemment un pharisien, et on ne comprenait |>a
qu'il pût attaquer son propre parti. Mais le chapitre xxui d
rÉvangile de Mathieu est aussi d*un [dmrisien orthodoxe; il 4i
formellement (verset 3) : Faites ce qu'ils disent, mais ne faites ps
ce qu'ils font, car leur conduite n>st pas conforme à leur docIriJK
Il approuve donc la doctrine pharisienne, mais il condamne Ifl
faux pharisiens, et ce sont ceux-là aussi que réi»rouv€ lautei
pharisien de TAssomption de Moïse, Le mot àe justes désigne l<
pharisiens. Pour s en convaincre, on n'a qu'à lire Jos<^pllô
Antiq*» XUi, 18, 5, où il est question de la séparation de J<
^ Et rep-nabuni de bis bûmîties pestîlentiosi et impii^ dicentes $t euê jmt» «t
suscitabunt irata atiiinurum suoruiu et erunt bomines dolosi, 6tbi plaecntes, ticki
omnibus suis et omiû hora dim amaatQs eaDvi^ia devornlores ^\m ttonan
commestorcs, diceoles se hcec facere prcjpler misericordiam eorum sed cxtermiiuiuir
queruli el rallaees, celanles se lia po^sial cogimsci ; impij in soelere plcai et miq»
laie aJb orieute ti<ji|uts ad occideniem, dcceulc^s bab^himus di5c:uhi(ioa«s et luiunil
edetiLeâ et bibenles [i] Uivimus non taaquatn prioLÙpes erimus et matius eofiuB
mentes îmmuuda bractabunt til o& eofiim toquelur inp:enUa, et supordtci^ut : tu n
mi tantjei'c ne int/uintu mê m hco t/tto tiat^sor . , . , iti pl»:bern qua? strvtîl iliis, Cf.O
gène, ComtHt, in Mnth,^ 23, 23, &q. : Simililer Pbansici suni omnes« qui justi(ica
semet ipsos, et dividuul se a ceteris die en tes : noîi mîihi apprûpiare, *i«oninm Mtfki
LES PHARISIENS ET LES GENS DC PEUPLE
43
^
Hyrcan d'avec le parti des pharisiens, Hyrcan. qui avait été le
disciple des pharisiens et fort aimé d*eux, leur tit un jour un grand
festiû.». Quand il vit que la Jjonne clière les avait mis de bonne
Liunear» il leur dit qu'ils devaient bien savoir qull voulait être
-^-), combien il sefrorçait de faire ce qui plaît ù Dieu, et
' a fait selon les vues des pharisiens. Hyrcan est donc un
pharisten dans l*âme. Il parait avoir concentré toute son attention
i Hre jttste* comme les pharisiens le sont, suivant la règle de
conduite qu ils préconisent. Ainsi, juste et pharisien sont deux
rmes identiques. « Le discours de Hyrcan provoqua une réponse
'delà part d'un pharisien, nommé Eléazar : « Si tu es réeliement
^^tnie^ c'est-à-dire si tu veux être uu vrai pliarisien, il faut que tu
renonces aux fonctions de grand-prôtre. k> Pour TAssomption de
Mo'i^aussi, les pharisiens sont les JusteSy et les faux pharisiens,
h$ prétendus jfistes (dicentes se esse justos), qu'elle îlétrit comme
rad^jà fait TÉvangile de Mathieu. Le chapitre xxiii de Mathieu
est le meilleur commentaire de ce passage de TAssomption.
Aî*rès la destruction du iem|)le, la situalion religieuse se trouve
modifiée radicalement; la classe si puissante et si dépravée des
rtsiens teints semble balayée. Il ne resta que le pharisaïsme
lur, t^l qu'il nous apparaît dans le Talmud. Ce dernier aurait pu
'«er^'conciller avec TAm haaréç, si, d'une part, la haine tradition-
lelle entre eux n'avait pas persisté^ et si, d*autre part, les clmny:e'
lents qui s'étaient opérés dans les idées de TAm-haaréç n'avaient
ndu la réconciliation impossible. En effet, les Am-haaréç avaient
mné naissance à un parti hérétique, les MinirHj les Nazaréens et
fies Kbionites. Ils commentaient à renoncer à certaines cérémonies
'«térieures» et, au lieu de combattre les faux pharisiens, ils sont
venus les adversaires du pharisaïsme en général. Cette Oliation
parti des Minim est attestée, non seulement par le caractère
du parti de Jésus, qui se recrutait dans ces milieux, mais encore
parla comparaison la plus superticielle de notre passage de Ma-
ieu avec les sources talmudiques. Dans Mathieu, on reproche
X pharisiens leur piété purement extérieure et leur préoccupa-
n constante de jeter de la poudre aux yeux : « C'est pourquoi ils
irtent de larges phylactères et de grosses franges à leurs véte-
ttts , . Ils donnent la dime de la menthe, de lanis et du
min — i> ; mais toutes ces cérémonies sont encore considérées
imme obligatoires, ce sont des choses bonnes en soi, dont Tabus
ul est condamnable, et que FAm-haaréç lui-même est obligé
raccompHr. Après la destruction du temple, l'Am-haaréç n'ac-
mplit plus ces pratiques. Les docteurs du Talmud, à cette
que, déclarent appartenir à la classe de TAra-haaréç celui qui
44 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ne met pas de phylactères, qui ne porte pas de franges à ses vê-
tements ou qui ne donne pas la dîme de ses fruits. L'Am-haaréç
de l'Évangile est donc identique à celui du Talmud, seulement,
après la destruction du Temple, ce dernier commence à négliger
certaines pratiques religieuses. Il est assimilé, par les docteurs,
aux Minîm, à moins qu'il ne se confonde avec eux. a Si nous
faisions des affaires avec les Am-haaréç, dit un docteur, ils nous
tueraient. » Et, d'autre part, « il est défendu de faire des affaires
avec les Minim », et on les croit capables d'assassiner un docteur
de la loi *. Les Minim sont les Nazaréeyis, et on voit, par ce qui
précède, qu'ils se confondaient où étaient tout prêts de se con-
fondre avec les Am-haaréç. Une fois l'Am-haaréç sur cette voie,
toute réconciliation entre lui et le pharisaïsme est impossible. Il
devient lui-même un parti, qui est bientôt en minorité dans le
peuple, et qui, finalement, se sépare du Judaïsme.
Vienne, juin 1886.
M. Friedlander.
' Comparez ensemble Peçahim^ 49 h ; Aùoda Zara^ 27 h et 28 a. Voir aussi Grœtz,
vol. IV, note 11, l'extrait de saint Jérôme sur les NaMr€9nt appelés minim par les
pharisieDS, et Epiphane, Heres^ XXIX.
ÉTUDES FAllCHÉOLOGIE JUIVE
U science du judaïsme, qui a eu une floraison si extraordi-
: MJredaiis le cours de ce siècle, a donné naissance à de nombreux
Ifiipe* d'études, mais elle n'a pas ahordé rarchéologie. C'est, en
[ «flbt, tm spectacle de liante ironie de voir que cette « ruine du
jttiséiî — c'est ainsi qu'on appelle le judaïsme, — monument vi-
i nntde rantiquité^ ne se soit pas encore mis à Fétude de rarchéo-
logie. Le manque de matériaux d'étude explique ce lait, au moins
«0 fiartie, sinon entièrement : d'autres peuples ont péri, en lais-
litfttâla postérité des témoins et des traces de leur existence; les
[ittifsont perdu et laissé périr les monuments de leur passé, et ce
I iMiteux qui ont survécu* Chez les nations qui vivent tranquille-
; iDeQtdans leur pays, de nombreux monuments des temps passés,
I fa églises, des édifices, des statues, des inscriptions, des cons-
I tRictions de toutes sortes et même le mobilier d'usage courant, se
I coaserrent à travers les siècles, parviennent aux générations pos-
[tUeufeset produisent , par le contraste, par cette disposition à
fliottaiparaison qui est innée chez l'homme, la science des anti-
!ttHés nationales. Cette continuité historique ne s'est pas montrée
cbezles Juifs. Grâce aux exils qu'ils subirent, soit en masse, soit
l^trliellement, la main de l'histoire a effacé, comme d un coup d'é-
P'ïiïgv, les annales de leur passé. Un peuple de conservateurs qui
ivajtsans cesse à combattre contre les ennemis du moment, pour
Bwmtenir sa religion, ses rites et son culte, pouvait rester indiffé-
ra la transmission de choses matérielles, d'objets périssables.
Uou le salut des vivants réclamait toute la vigilance des bons
j<sprits, il ne restait guère de temps ni de loisir pour s'occuper de
jcequi était mort ou de ce qui allait s'éteindre. Les Juils man-
fftuientde ce calme et de celte tranquillité d'esprit qui permettent
i ttû peuple de s'occuper de ses antiquités. Les conséquences des
otâ historiques sont lentes à s'effacer, et ce manque de
^pocr leurs antiquités, résultat de longues années de souf-
, n'a pas encore entièrement disparu chez les Juifs. L'ar-
46 REVUE DES ETUDES JUIVES
chéologie juive, comme science indépendante, est encore un de
nos desiderata, que l'avenir doit réaliser. Toutefois, la nécessité
de créer et de cultiver cette science s'est manifestée. Une série de
fouilles, entreprises dans différents pays, ont mis au jour tout un
matériel qui réclame des études d'ensemble s'appuyant sur les
données de notre ancienne littérature : c«s découverte^ sont dues
à rintérôt que professent pour nos antiquités nationales des sa-
vants de toutes les confessions. La terre aussi commence à nous
ouvrir ses entrailles et à laisser parler les pierres, qui partout
fournissent, pour Thistoire et les antiquités des peuples, des élé-
ments si riches et si curieux. En dehors de la Palestine, où Ton
découvre des restes d'anciennes synagogues, toutes sortes de frag-
ments d'objets d'art, des débris de diverses espèces d'architecture,
tant sacrée que profane, des monuments funéraires et des inscrip-
tions en grand nombre, les fouilles pratiquées dans les autres
pays qui furent le théâtre de notre histoire ont commencé à four-
nir des matériaux imprévus pour la connaissance et l'étude de
nos antiquités. En Europe, c'est l'Italie qui tient le premier rang
sous ce rapport, avec ses catacombes de Rome et de Venosa.
Ensuite viennent l'Asie-Mineure et cette côte septentrionale de
l'Afrique, si remarquable dans l'histoire juive de tous les siècles.
Comme les découvertes elles-mêmes, la science qui s'y rattache
est éparse dans la littérature, il faudra en réunir tous les élé-
ments, car la science juive attend là une moisson que d'autres ont
semée. Les savants juifs doivent cet hommage à leur passé de
recueillir cet héritage.
Nous voudrions seulement esquisser la tâche et montrer par
quelques exemples ce qu'il y a d'attrayant et d'utile à traiter les
questions archéologiques concernant les antiquités juives, bien
que l'étude de ces découvertes laisse subsister plus d'énigmes
qu'elle ne donne de solutions.
LA SYNAGOGUE DE IIAMMAM-LIF.
Le 17 février 1883, le capitaine E. de Prudhomme découvrit à
Hammâm-Lif, en Tunisie, dans le voisinage de Carthage, le par-
quet en mosaïque d'une salle de 9 m. de long sur 5 m. 25 cte
ÉTUDES BTARCHEOUXÎiB SVIVK m
^■. Cç-*t un monument précieux pour rarchéotogte tant juîTe
fOift ne. L'explorateur se trouvait en présence d^une nio-
atfqii- ^iiu<|iie. d*uu dessin splendide et d'une couieur éclatante^
qui dut toal de suite captiver Tattention par son état de parlaite
C0ftMrvêliOQ et par ses dimensions extraordinaires. En rexami-
Bttift 4e plus pr^s, on découvrit quelle était divisée en trois
clMwpif inégaux; le champ de gauche, fort large, et le champ ée
étoitf^ plus étroit, étaient ornéi» de toutes sortes de pjhpim, d*a*
nmaux et particulièrement 4'oiseaux ; le champ du milieu m^ iolH
diiiaail eu trois nouveaux champs, liont le su{iéneiir reprét^mlaji
la mer avec des poissons et des oiseaux aquatiques ; le cfaaa^
ioMrieor représentait la végétation du pays : des pelaûeni. des
fleurs^ im ouuple de paons et un couple d'autre oiseasx ; dans le
etaap do milieu, ayant de chaque coié un chandelier à sept liraiir
! trouvait l'înscription-dédicace suivante :
:5ANCTASINAGOGANARON>ROSA
LVTEMSVAMANClLLATVAlVLiA
NAPDESVOPROPIVMTE5ELAVIT t
D'Sfrès la Revue archéologique (188^^ 1, 161 j, on aurait déterré
d^ fragments de marbre et des débris du cbandeUer à
'«epc brandies.
Sur mi mur d'une seconde salle plus petite, longeant le côté
de la mosaïque, on découvrit ensoile une aecaade ina-
ASTERIVSFILIVSRVS
TÏCIARCOSINAGOGI
MARGARITABIDDEIPAR
TEMPORTICITESSELAVIT
Dans tin trois
iDOsaîqne, une troll
attenant an '•^»*'' large (gauche) de ta
iption 1
t<j^>f!g ^
m
REVUE DES ETUDES JUIVES
Avant de procéder à un examen plus approfondi de ces inscrfp-
tions, de nomlireux indices, apparaissant à première vue, indi-
quent les uns une origine juive du monument, les autres une
provenance chrétienne. Le bâtiment est désigné comnie étant
une synagogue » Tun des fondateurs de la mosaïque est appelé
archisynagogus ; le chandelier à sept branches apparaît trois fois,
comme le sceau du caractère juif de la mosaïque; à droite et i
gauche du chandelier de gauche, là où M. Delattre a vu un A et
un n, il y a sans doute un éthrog et une corne» nouveau sym*
bole juif *.
Mais le panier de pain, les poissons, les paons ne sont-ils pas
de véritables symboles chrétiens qui» à eux seuls» assigneraient
au monument une origine absolument chrétienne ? Basilique on !
synagogue, telle est la question. Des fouilles ultérieures, qui ont
mis à nu les fondements de tout le bâtiment (voir le plan dans la
Revue archéologique, 1884, I» p* 214), n'ont pas donné de solu-
tion certaine. Le plan horizontal ne révèle nullement le caractère
d'une église chrétienne, comme M. Renan fa établi [L c.}. Du
reste, le maître de larchéologie chrétienne, J,-B. de Rossi (Af*ch.
de l'Orient lalin, U, 452)» d'accord avec les membres de T Acadé-
mie française» écarte Tidée d'une basilique et désigne la construc-
tion sous le nom de synagogue.
U
Avant d'examiner rinscription» une première question se pose
donc, savoir : les symboles chrétiens d'apparence ont-ils un ca-
ractère si prononcé qu'ils ne permettent pas d'attribuer au monu-
ment une origine juive ? A cet eûfet, nous allons examiner succes-
sivement ces symboles» y compris
prétend avoir reconnus.
TA et m, que M. Delattre
A et fl.
Même si ces deux signes s'étaient trouvés réellement sur la
et tuiv. Voir la ligure, ibidem^ 18S4, pkache VU-XL La photographie qui est re-
pfoduita ici nous a élé dooaée par M. Théodore Eeiuach, «lie est faiU diaprés un
cLictié ds M. Balagnj.
^ E«we anh€ol,, 1SS4, I, p. 273, note 2, il est dit : * Ces deux objets que Ton
distingue bien sur l'aquareUe orîgiimle ; * il est impossible de les recotmaitre sur k
photographie.
CTUDES irARCIJÊOLOGIE JUIVE
saTqne et n'avaient pas Cité recoonus comme les symboles juifs
?n connus de Vêihrog et du louiab ou d'une corne, on n'aurait
rien prouvé en faveur do Torigine chrétienne du monu-
Bien que TApocalypse rapporte ces lettres au Christ {Àpoc
,8; '21, 6 ; 22, 13), et qu^on s'en soit servi ulEérieureraent pour les
immes de Ji^suSi ce qui leur a donné un caractère tout à
tien, il est évident que dans S* Jean elles forment un vëri-
helléniâme; comme Je Talmud dit r^n ^ri ^'h^'^iAboda
rnrae nous disons « depuis A jusqu'à Z », on disait,
, ^ A jusqu'à O. Aussi, ces lettres se trouvent tout
ellement dans les épitaphes de !a catacomhe juive de Ve-
K et même, conformément aux lois de récriture hébraïque, l'fl
511 ve à gauche de rinscription ',
Les pains.
Avant d'examiner les prétendus symboles chrétiens» nous avons
devoir de faire une remarque, c'est qu'il faut voir si irn objet
^loyé comme symbole dans une œuvre peinte est isolé et
de tous les caractères du symbole, ou sll se trouve au
d'autres objets, sans aucune signification propre. Si on
' des peintures ou des sculptures ornant des pierres tu-
i in panier contenant des pains reconnaissables comme
\ eucharistiques à leurs entailles en croix, si ces pains se trou-
jt près d*un calice ou même de cinq ou sept pains indiquant
Iracle de la multiplication des pains, il ne pourrait, dans ce
y avoir aucim doute, et Torigine chrétienne du monument ne
it être contestée (voir Kraus, Realencycloptïdie det' chrisiL
1, 174 et suiv.). Le panier à pain de notre mosaïque, si
>i8 ce sont des pains que te panier contient» se trouve sur le
in de gauche, au milieu de toutes sortes d oiseaux, d'ani-
L, de guirlandes de plantes, à peu près comme les fruits peints
Too trouve sur les fresques pompéiennes et avec lesquelles le
de la mosaïque a beaucoup de ressemblance. On n'y voit
les en croix, ni signes eucliaristiques. Le panier repré*
f n'a aacnn caractère symbolique et pourrait figurer sur la mo-
' d'une s>'nagogue tout aussi bien que sur celle d'une église.
on trouve aussi des paniers à fruits comme symboles
r dvaas, J£MP., 1, p. 61-62, où il y a des exemples de ceUe manière d'écrire
^ tm tof àum numumeata chrétiens* Kraus a négligé ici lûâ épitaphes de la
I jttlve ée Vanosa. Gonf. Âscoli, hcrisioni di antichi ftpoleh/i pudaki del
F- M.
T, XJll, ^ 25. 4
50 «ÊVUË bËS ËîtItïÊS JmVK5^
jiiîfe sur lies moiiiiaies juives; ce sont probaLIebient le,^ corbeilles
dans lesquelles ou portait triomphalement au sanctuaire les pré-
mices, les Biccourim (voir M. A. Lev)% Gesch. derjûd, Munsen,
p. 44, et l38, note 1).
ÇUftnt tiux poissons (lu'on Wû sur notre mdsaïquo, il es!
tout à remarquer que rleii eu t^ux ne ra[ipelle ïe symbole connu.
ce sont tles potssons ûë forte taille, représentas nageant dans W
mer, dé te^rltâbtes artimaux marin?*, et tion de ces e^^juisses res-
semblant à des poissons tiui doivetit symboliser Vix^'^ — itwJî
Xpmtç kûû yiôî fftûT^p (Heuser, dans Kraus» REF., h 516 et suiv.)-
Mais, malgré le caractère défini que ïe symbole des poissons a pris
dans Tart chrétien, les tigures de poissons ne sont pas exclues
des monuments juifs, 11 n*est pas nécessaire de supposer que les
Juifs connaissaient exactement la signification du poisson comme
symbole. La reproduction du poisson sur les monnaies juives
est prouvée [voir Madden, cit(5 dans la Gaz, arch,). Le poisson
représenté sur la pâte de verre, datant d^Hérodo, conservée au
Cabinet des médailles de Paris, doit signifier la p^elie dans le lac
de Tibériade {Gaz, arcItéoL, I, 116). Si le caractère symbolique
du poisson n*étaiti/aj? encore connu à cette époque» il n était pas
connu davantage pins tard des Juifs. SL Berenbourg i7to\ arch,^
1883, 1, 221) a vu une anciPinne lîible juive qui avait des poissons
parmi ses ornements. Nous ajouterons que, parmi les illustrations
des douze signes du zodiac] ue qui ornent la priAre de la rosée (ba)
du Mahzor de P;\qae, soit dans les manuscrits, soit dans les
Uahzor imprimés, il y a deux petits poissons nageant en sen^^
inverse, représentant le signe zodiacal des poissons. Nous pou-
vons aussi indiquer la reproduction sculptée de deux poissons sur
une pierre tumulaire juive. Le cimetière juif de Lemberg, en Ga-
licie, nods offre ce remarquable spécimen (Ben Chanania, nnnéf*
IJC, p. 213). Ses auteurs nt3 connaissaient certainement pas la si-
gnification et rimportance que le puîsson avait un jour sur les
épitaphes. Mais on peut aller plus loin et affirmer que, même aux
époques et aux lieux où îa signilication symbolique des poissons
était reconnue, on n*liésitait pas à les faire figurer sur des mo-
numents juifs. On n'a pas oublié les peintures des plafonds de la
catacombe juive de la Vigna Randaninî, que Garfucci a repro-
duilea la première fois sur la planche 489 de sa Storia délia arte
ristiana^ et a expliquées, volume VL p. 156. Dans âeux chàtnpÈ
de ce plafontl, situés l'un vis-à-vis de l'autre,
îf^îîs des reproductions de poissons qui, au nombre
IdeciJjq. fieroWent nagei* gaiement p^le-rn^^lf», et qui, par leur dls-
f leur petitesse, rappellent plutôt le symbole du poisson
.a coutume de le représenter sur des monuments clirë-
tlen*. Ce plafond» qui, soiis plus d'un rapport, nous donne des
aiw»rruï( sur la culUire des arts cliez les Juifs (Ganicci, Disserta-
:imi archeolûffiche di rario argomcnio. Il, 114), prouve aussi
^u'onatortde croire à l'emploi du symbole des poissons par les
I chrita5 seuls ».
Les Puons.
Cest rarchéoIo<,ne chrétienne qui nous a habitués à consi-
|(topr W paon comme un s3^ml]ole exclusivement chrt'^tien de
irimni^rtnlit»^ ou de la pénitence {lUmsTMma\m,MUUurUun(/en der
1^ k. Ceniralœmm. ziir Erforsch. tmd ErfmiL der IJau-
\^m,. XYIU, Vienne, 1813, p. 18; Kraus, REF.. s. i?. Pfhu),
jeté sur notre mosaïque suOit pour y découvrir îmmr^-
un ancien motif de rniustratiou murale, qui est Lien
ifle toute siguificatiou symbolique. Ainsi, les paôiis nous ap-
ent, par exemple, dans les paysaj^es de la maison aux
H de Poiîipeï (y. Presulm, Pompci, 2^^ partie). Des ou-
i^n mosaïstes italiens ont pu adopter aussi ce motif pour le
en mosaïque de Ilammâm-Lif. Adrien de Longpériet' a
que le paon était encoîT employé en Orient durant le
M(*n âg:6 comme motir décoratif {Het, arch.. n. sér., Xll^
•t Ce motif demeura bieh rëtherclié, nn^me iiour des buts
l>^toe?, sans signincation synlboiique, et apparaît encore sur
l^toiniatuhes #t des sculptures du vin* et du ix*' siècles. On le
iRIrotiti» niAme sur un peigne d'ivoire, afTecté â l'iisagr^ dôme.'?-
\H% qui e^t conservé au musée germanique de Nuremberg, et
^ lequel se voit un couple de paons qui boivent dahs un vase
^er f, Kunde der deidsch, VorzeU, 1882, p. 331).
II, mi5me à Tépoque où le symbole du paon était déjà entré
^ienlce de Tart chrétien, les Juifs ne se sont pas abstenus de
tiduction Ugurée du paon. Nous sommes encore obligé
iFDTér h la Catacorabe juive de la Vigna handauini, oii,
>i, on peut trouver la reproduction de plusieurs
de la seconde voûte sépulcrale (voir Garucci,
TlLIl'^'tlVl
biNi^i* déjà des poissotiâ reprwiuits sur les tnUquités da TLtjqb; vojr*
àd, XtryiM. 109, 112. 113, 14^
BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
tav. 48î>; W, Scliultzc, Die Katakomben, p, 88). Comme sur
notre mosaïque, qui, par la conception si claire et la vivacité des
couleurs, révêle une simple pièce de décoration sans aucune pn>
tention symbolique, absolument comme sur les frestiues pom*
péiennes, où on trouve des paons contemplant au bord d'un
bassin le jet d'eau jaillissante, au milieu d*autres oiseaux et de
plantes, ainsi il y a sur le plafond du cubiculum juif décrit par
Garucci des paons môles à d^autres oiseaux, et cela sans aucune
idée symbolique.
m
Ayant acquis ainsi, par Texamen des reproductions qui sem-
bleot prouver Torigme chrétienne du monument, la certitude
qu*elles n'ont aucun caractère symbolique telles quelles sont re-
présentées sur la mosaïque, el qu'en elles-mêmes elles ne peavent
être considérées comme chrétiennes, nous constatons, d'autre
part, que la reproduction des objets indiquant une origine juitc
présente une tendance si prononcée et une signification si claiit-
ment symbolique, et ces symboles mêmes ont si bien le caractère
juif, que ces images seules suffisent pour que nous déclarions que
le bâtiment dans les fondements duquel on a trouvé ce parquet en
mosaïque est une synagogue ; qulmporte que Vethrog ^iX^UivH^
ou Vétiwag et la corne flanquent un seul des chandeliers à sept
branches ou les deux *, en tout cas ce sont des symboles dont la
signification exclusivement et rigoureusement juive est hors de
doute. Il est inutile d^insister sur le caractère absolument juif da
chandelier à sept branches. Toutefois comme M, Uaniy iUCV,
arch.^ 1883, 1, 222) prétend que ce symbole se rencontre (loel-
quefois sur les monuments chrétiens de réglise primitive, je dis-
cuterai cette question de plus près.
Le chandelier à sept branches.
n s'agit tout d'abord de combattre ici une erreur commise
par H. Guthe {Zeitschr, des denisch. Palaestitiavef^ebis^ Vni,
p. 334), lorsqu'il prétend que les Juifs ont transgressé une près-
* M, Rcnaïi, dans Re^ut urcA., 1884» 1, 273^ dit de ces deux • appendices • 4*
chandelier de droite : • PcuMStre ne les a-t-on pas remaripiéB • .
ÉTUDES D'ABCHÉOLOGIE JUIVE
113
crlptîon talmudîque en reproduisant ainsi, par la sculpture, le
chandelier à sept branches sur des monuments. 11 veut entendre
par là la défense de la baraita de Menahot, 28 & (cf. Rosch hu^
KMna^ 24 a ; Aboda Zara^ 43 û) de fabriquer une Menora qui
rait une copie du cîiandelier à sept branches du sanctuaire.
Naturellement, il s'agit ici d'une menora employée comme objet
■t*U5age journalier : on n'y parle pas d*une reproduction figurée,
^^inture ou fresque, soit en relief soit à plat. Les Juifs n'ont donc
jamais transgressé une défense traditionnelle par l'emploi du
cîiandelier à sept branches, qui leur rappelait ce qu'il y avait de
PI plus cher et de plus frappant dans Texistence du sanctuaire. Il
Çaraît qu'avant la destruction du temple, ce symbole n'était pas
encore usité, car on ne le trouve pas sur les monnaies juives *,
Sa reproduction sur Tare de triomphe de Titus doit avoir eu
quelque influence sur sa propagation *. Le chandelier à sept bran-
. elles, se trouvant ainsi représenté sur le monument qui symboli-
liûit la Judée vaincue par Rome, est devenu en quelque sorte le
lij'iiikole officiel du judaïsme en exil. Quand on le trouve sur une
|tonib^, il montre d'une façon indiscutable qu'un Juif y repose,
orome le prouvent clairement les catacombes de Rome et de
Venoââ. Mais, de môme que ce symbole a pris son essor de Rome,
lest Tenu aussi directement de la Pak^stineà travers la diaspora,
[Tandis qu'en Occident, le chandelier à sept branches n'apparaît
dinairement que sur des tombeaux, des épitaphes, des lampes
bérâires, des verres dorés ou des pierres sculptées, on le voit,
; Orient, sur des édifices, des colonnes, des chapiteaux comme
symbole très fréquent. Tantôt il est représenté en relief,
ânttit simplement comme ornement d'une surface (v. Kraus,
B^P., U, 29G). Aux preuves déjà connues viennent s'ajouter la
Oipe trouvée par Lawrence Oliphant dans une tombe juive du
armel [Ouartet-ly Siaiemeni, 1886, p. 8) et les spécimens dé-
ouverts par Schumacher dans la région orientale du Jourdain et
iii&ont rc^produits dans la ZeUschr. des deutsch. Palaesîina-
jFerd/ii', Vm, 333, On ne peut encore citer aucun monument
hrflien de l'antiquité sur lequel apparaisse comme symbole le
bndelier à sept branches. Si Mïinter (SinnMlder, I, 8G) déclare
ue les chrétiens l'avaient aussi parmi leurs symboles et s'il veut
^ voir une allusion au verset 20 du chap. xii de l'Apocalypse, la
aière affirmation n'est pas prouvée et la dernière est inexacte*
' Inceptioii citée par Maddcn est eiicoro douteuse. Voir Maddeo, Coins ûf tke
* C est À cause de lui que cet arc est désigné daua le MiraHUa Urbit MoMa sûus
W\ REVUP DES ÉTUPPS jyiVSS
J.e passsige de l'Épître aux Hél)revix, ix, 2, n'PSt pas u^ pqint
d'appui plus sûr pour prcHendre que les chrétiens attachaient à ce
symbole une signification particulière. On considère comme étant
de provenance juive le sarcophage, orné de sculptures autrefois
dorées, conservé au musée Kircher de Rome, et cela à cause du
chandelier à sept branches (voir SchuUze, 4rchœologische Stih
dien, p. 264). De Rossi déclare formellement que le chandelier à
sept branches est caractéristique du jydaïsme, et qi;e là où on a
cru le trouver sur des monuments chrétiens, on iV confondu avec
le palmier. Sur la mosaïque de la cathé4rale de Novare, le cUau-
delier apparaît dans la pièce qui a été l'olyet d'une restauration
moderne (voir DuUetino di ayxheologia Q'isliana, série III,
tome II, p. 51). De Rossi déclare également d'origine juive les
lampes rouges en terre cuite de Chiusi [ibld., tome YI, p. 76,
n. 1) sur lesquelles on remarque le chandelier à sept branches.
Kraus {l. cit.) résume Topinion généralement admise, vu l'état
actuel de la science, en disant : « Jusqu'à présent le chandelier n a
été rei)résenté que sur des monuments juifs ». Ou peut même attri-
buer aux Juifs la présence du chandelier sur des monnaies malio-
m<^tanes. Les graveurs juifs au service des califes éternisaient
leurs souvenirs nationaux en les reproduisant sur les monnaies.
Comme il est établi qu'il y a eu dans les premiers iemps du califat
des intendants des monnaies qui étaient juifs, il n'3' a aucune diffi-
culté de croire à l'origine juive de ces symboles sur les monnaies
arabes. Stickel (Zeiischr, der deuisch. morgenUùxd, Gesellsch.,
XL, p. 85) a reproduit récemment une de ces monnaies de cuivre
qui se trouve à léna (Cf. IL Guthe, L cit., p. 335). Tandis que, dans
la synagogue, le chandelier à sept branches demeura comme sym-
bole ou, tout au plus, fut employé comme ornement de surface ou
de relief, dans l'Église, on le retrouve, aux siècles suivants, ser-
vant à des usages matériels : là aucune défense n'en empêchait
l'exécution plastique. Le chandelier du tabernçicle et du sanctuaire
à Jérusalem fut pris comme modèle du candélabre d'autel ; le re-
lief de l'arc de Titus fut considéré comme ujie copie si fidèle qu'on
en reproduisit exactement, dans leurs plus mem;s détails, les
figures d'animaux qui se trouvent à la b^se, comme Ta montré
Antoine Springer, en 1800, dans les Mittheilungen der ft. k. Cen-
tralcommissiOH, V, 31G.
Peut-être peut-on encore attribuer une influence sur la propa-
gation de ces reproductions à cette circonstance que, dans la
typologie chrétienne du moyen âge, le chçiudelier à sept broches
désignait la vierge Marie. Ainsi dit le Spéculum huniafiœ sol-
vaiionis de Kremsmùnster :
lapropter 'ipsa) pulchre eliam pra'fîgurota est in candelabro aureo
jod lucel)9t JerUBaletpIs iji dômÎQj tpipplq,
Super quod VU lampades ardeqles âtgbaiii,
^ua! VII opeya oiisçriçordjiB ip Jlairm figurabant '.
Le cliandelîer de bronze à sept branches qui se trouve dans
catWdrale d'Essen (connu par la reproduction de Touvrage
lus'm Weerih^ Kunstdenkm. des christL MUietatiers in df,
|;ï<?(Hr, I, 2, p. 35, planche XXVIII) date de la tlo du i*"" ou da
'siècle de l'ère chK*tienne. Il y avait à Prague un pareil chan-
^her, cjoi n*existe plus maintenant, ujais qui <^tait dt'*jà célèbre en
l}r)8. Il avait été pris à Milan coinnio butin de guerre et portaiti
p«!'jà en 13λ5, le nom de Chamieiier satomonîen (Otte, Hanâb.
i'r christL KmistarcîL^ I. p, KiG, n. 5, 5" édlL)* Au sujet de
ette appellation, nous renvoyons le lecteur aux observations
Iciasîiiqties rVAdrien de Lon^p(?rier sur TOpus Salomonis {Hev,
l^xh., n. s»^r*, XJÏ, 350)» qui en fait un chef-d'œuvre artistique.
Ile candélabre de Téglise de Sainte-Marie, à Colberg, portant
[one inscnplion de Tanni^e 1321, est également la copie du chan-
I ilolier de Parc de Titus fvoir Fr. Ku^ler, Kteine Schri/len, I, 784).
[Outre les imitations signalée^s par Otte (l. c, 164 et sulv,), on en
trouve d'autres dans les dômes de Halberstadt (Kugler, /. c) et
lie Milan {Aus'm Weerth, L c, p. 31, n. 66). Pour clore cet
[ aperçu de Thii^toire des reproductions et imitations du chandelier
jâ^pt branches, nous mentionnerons le Heptalychnos du palais
[«loUyjsancp» dontConst. Porphyrogenète rapporte qu'on alhimait
ÏU'» lumières lors des processions solennelïes* Nous concluons de
[tout cela que la présence du chandelier à sept branches sur le
n mosaïque de Hammam-Lif caractérise Fédifice où il fut
•mnie un édilice juif, c'est-à-dire comme une synagogue.
ly
I itrobabililé, que nous avons acquise par Texamen de la i^o-
_We, d'une origine juive doit devenir une certitude par Tew
loêîides inscriptions, du moins nous Tespérons. D après la di§po-
[wlioïides mots, qui est iV'une clarté évidente, cominf M. Ren^M Ta
i l't^uvé, rinscriptiun du milieu du parquet de la mosaïque t^st
f !*iiwi courue :
m
REVUE DES ÉTUDES lUlVES
SANCTA SINAGOGA NARON PRO SA
LVTEM SVAM ANCILLA TVA JVLIA
NAP DE SVO PROPIVM TESELAVIT
Les nombreuses fautes de grammaire qui s'y trouvent n'arrê-
teront pas ceux qui sont habitués à observer sur les épitaphes des
époques de basse latiiiit»^* remploi défectueux des prépositions
par rapport aux cas. On lit môme sur une antique inscription
chrétienne de Venise : Cuncta fraternitatem (Bulletino di arch.
crist., 1874, p. 137)» et sur rinscription d'une mosaïque : DE
DONVM {sic} BEI FECERVNT (Rev, ardu, n. s. XXXfl, p. m).
Pro avec Taccusatif, propium pour propritim, après de mù,
n'aura donc plus rien de cl^oquant* La proposition, faite par M. Re*
nan, de voir dans propUwi une abréviation du mot 2)ropi/ta^nw«
a déjà été rejetée par M. de Wailly, comme « inadmissible » et
contraire à toutes les règles {Rev. arch.^ 1883, I, 227). Sans cott*
sidérer que le commencement de Uinscription manquerait de cons-
truction et resterait en lair, le mot proposé, qui serait la traduo
tion de tka^pm (^u^o^iT^n ^np) est impossible. De suo propium
(—de suo proprio, comme sua pecunia, propria pecunia des ins*
cri Citions romaines et le ex tûv Ioûuv si fréquent sur les inscriptiODS
grecques) signifie : » par les propres moyens », Mais que signiflt
le P barré de la S** ligne? M. Boissier propose de lire prosclytd*
Quoique nous connaissions par les inscriptions la manière de faire
ressortir cette qualification après les noms propres (v* Scliiirer,
OesciL des jûd. Volkes im Zeiialler X C/«., II, 567, noie 292). ûft
ne connaît pas encore de signe épigraphique de ce mot. Môme i
Tépoque la plus florissante de la propagande juive, les conversioas
au judaïsme ne doivent pas avoir été si fréquentes qu'il ait fallu
se servir d'une abréviation du mot prosélyte. Cest pour la m^M
raison que je n'ose pas penser au mot paéeressa par lequel Ja-
liana se serait désignée comme la femme d'un pater sytiagoga^i
c'est»à-dire comme mater symigagœ {Scliiirer, p. 520» note 11%
La forme pateressa, que Scliiirer nlndique pas, se trouve danal*
catacombe de Venosa (v. Ascoli, p, 50, note L, 53), Dans cet eni'
barras, il n'y aura rien d^autre à faire que de rappeler la forme
Naritanus == Naronitanus de la troisième inscription, quoique l*
lettre R sur rinscription soit distinctement différente de P, et de
voir dans le P barré une abréviation de — r(onitana)- M. Renaa
a déjà voulu lire Naronensis, mais il s'est laissé arrêter par
forme du P barré. Nous ne prendrons pas non plus Naron pour U
nom de la synagogue, mais pour une abréviation de Tendroit oi
ÉTUDES D^\nCHÉOLOGIE JUIVE 57
^synagogue était si tuf^e, coiiformémeiit à Schmidt, Epheme-
epigraphica, tome V (1884), p. 537, note 1222. Le texte
corrigé en bon latin est donc le suivant ;
Saactam synagogam Naroûitanam pro sa-
lute suâ ancilla tua JuUa
Naronitana de suo proprio tesselavil.
J*est-à-dire : « Dans cette sainte synagogue naronitaine, ta
iante Julia, la Naronitaine a fait placer, à ses frais, pour le
salut de son âme» cette mosaïque, »
La deuxième inscription, qui se trouve sur le seuil qui conduit
du portique à la salle principale, se divise naturellement ainsi :
ASTERIVS FILIVS RVS
TICI ARCOSINAGOGI
MARGARITA RIDDEI PAR
TEM PORTICI TESSELAVIT
Les noms n'ont rien d'extraordinaire et peuvent être attribués
hésitation à des Juifs (v. Zunz, Gesarnm. Schr.^ II, 22)-
Larcbosynagogus est un dignitaire synagogal bien connu : ceci
st attesté par de nombreuses inscriptions de toutes les parties de
diaspora (Schtirer, p. 364), La 3" ligne est difficile, M. Renan
(/, c, 162) dit : « La 3* ligne est une énigme. Margaritarius DLomini]
Dei serait trop bizarre. J'avais pensé à Margantar[iil Jodei, pour
Judei, mais il n'est guère naturel qu'un tel mot se trouve dans un
Isancluaire juif j>. Quant au sens qu'auraient les mots de Margarita
kiddei, comme Scbïirer (p. 365, n. 62 a) propose de lire, d'après
I- Schmidt, il est impossible de le savoir. La difficulté se résout
le la façon la plus simple, si on considère le premier D comme
fabréviation de domus. Nous nous bornerons à un seul exemple
qui corrobore cette explication. Sur une inscription de Patras se
trouvent les lettres L IL D. D., c*est-à-dire « in honoreni domus
tivinae {Ret\ arch,^ n. série, X, 386). Quoique sur les inscriptions
Iricâines, comme par exemple, dans C. L L., tome VIII, n*^" 2389,
4192, 10642, nous trouvions domus dei dans le sens d'église, cette
Inpression, n'étant que la traduction de l'expression juive dési-
mant primitivement la synagogue 'rr n-'D ou D"*nbs rr^n, peut d'au-
Itâîit plus facilement désigner, dans notre inscription, un édifice
[d origine juive que celui-ci est désigné comme synagogue dans
Ifautre partie de Tinscription. Si nous ne voulons pas admettre la
[construction un peu lourde de « domus dei partem portici », nous
K8 RKVVU I)ES £TPQ£S jU}V^
pouvons aussi ypir dans D l'abréyiatiQu de donu) pu (|p^ni, ce qui
signifierait alors dans « dans la ipaison de Dieu y>. Cotrimecbez
les chrétiens, dans les églises, il était d'usage chez les Juifs de
perpétuer le nom des donateurs par des inscriptions placées dans
les synagogues (v. Levy, Jahrh, f. rf. Gesol^, d. Judm^ II, 2T2).
C'est surtout dans les mosaïques que les donateurs avaient cou-
tume de faire mettre leur nom (voir Eugène Mûntz, Rev. arch..
n. sér., XXXII, 402). Même quand quelqu'un avait fait simplement
restaurer une partie d*une mosaïque, il y mettait son nom. Ainsi,
dans la cathédrale de Pesaro, dans cette- partie du parquet en
mosaïque qui représente des paons, il y a une inscription ainsi
conçue : A SOLINVS lOlIlS (lOHANNIS?) VRSELLIOS PAVO-
NES FACERE FECIT [ih,). Ainsi, nous voyons par notre inscrip-
tion qu'Astérius, fils de l'archisynagogus Rusticus, le joaillier.
a fait faire une partie de la mosaïque.
La troisième inscription qui présente en apparence le même
texte sur deux colonnes, avec une divergence à la fin, est la
partie la plus difficile de l'inscription. M. Renan suppose que
ISTRVMENTA (c'est-à-dire instrumenta dans le sens de 'cvxfv:,,
livres) signifie ici rouleaux de la J^oi {l, q., ^63). Faut-il donc
croire que U petite saUe attenant à la grande salle, comme cela
arriva plus tard dans mainte synagogue, était destinée à recevoir
Tarmoire contenant les rouleau^ de la loi, et que ceux-ci étaient
eux-mêmes un cadeau du Naronitaniep de Tinscription, dont le
nom hébreu a pu être ûnTp:^? Qn ne peut faire que des suppositions
à cet égard.
Au point où nous sommes arrivé, nous pourrions, à vrai dire,
résumer notre argumentation et dire que Texamen des caractères
tant intérieurs qu'extérieurs des symboles et des inscriptions n'a
rien donné qui s'oppose à admettre l'origine juive de ce monu-
ment et à croire que nous avons, dans les mosaïques de Ham-
mam-Lif, les restes d'une ancienne synagogue juive. Mais il faut
encore discuter l'opinion qui veut y reconnaître une basilique
de la façon la plus certaine. A cet efiet, nous traduirons tex-
tuellement les paroles de M. Schiïrer, qui a formulé cette opinion
{L c, 365, note 62 a) : « Dans les ruines d'une antique basilique
située à Hammaip-el Enf, dans le voisinage de Tunis, se trouve
[TpES D'ARCHEOLaC)E ^UIVE t$9
'ntion pu qn \\U eiUro outras : Asten^s filjus.., l^e
^i«^ (lUi 3'y triiuve ajouttS et qui ap(>artient sûrement
4 la ioutiation primitive, lait de l'inscription une ifisoriptioii dire-
tirno*». Toutefois rinflueiice juive y est sensible par la prt^sence
<iu chandelier à sept branches. « Évidemment M. Schùrer n'est
rensdgDé sur la n)osan|ue que d'une manière superficielle et
mexacle. LVndroit s'appelle llammian-Lir; Tinscription n'a pas
Hé Injurée dans desî ruines, mais sur un parquet de mosaïque
KHis le sol ; ce n*est pas une seule inscripUon où on Ht « entre
inlr^f. . . », ce sont deux, ou plutôt trois inscriplions distinctes ;
îln*ya l^^ de monogramme ajouté, mais seulement des dessins
H (tes 1 ; i>ns. il. Sclmrer a pris les trois inscriptions impri-
»i%gi"Li . :a suite de l'autre dans Ephemeris epigrapkica. Y,
Ul, |>our une seule. Il a éXé également induit en erreur par ce
qui y est iHt. page 538, ilmL^ que le monogramme clirt^tien -}^
tt trouverait sur la mosaïque. Ce n'est pas le p liarré qui repré-
■jHterait ici le prétendu monogramme de la croix. En ce cas, Ju-
% . : * ; sacrer la mosaïque au Christi et il ne faudrait
|ia iiilana; cejiendant M. Scliûrep, sans avoir exa-
miné de prè5 las inscriptions, dit» p. 37Q, n" 84 : « L'inscription de
" Kl Knf, qui commence par SanctaJuliaNari'onitana)...»
.e de W. Scliurer, comme nous voyons» ne tient guère
- il n'y a guère d'appui pour lui dans le lait que les Mar-
I- ^-ne emploient synagoga pour église et que Ton ne
ynagogus que chez les judéo-clirétiens lie la Pales-
* dignitaire chrétien. Parmi les 4Ûii inscriptions ayant
mI une origine chrétienne que Karl Kunstie a examim^oSi
, î> le lorae VUl du Corpus inscr. iaim. (dans la Tkeoiog.
i^mriaisckrift, 07, p, 58 et s., p. 415), il n'y ei\ a pas une qui
■tonte que les chrétiens d'Afrique se servaient des termes de « syr
Hjp^ & et « archisynagogus ^, Mais, outre ces considérations
*Soa$-Daus, en réalité, le droit de voir dans le P harré le mo-
BQgrajiiioe de Jésus? En etfet, il est indubitable que le mono-
frBflDine peut remplacer, dans le milieu d'une phrase, le nom de
Qai$t\ nous ne citerons à ce sujet que Texeoiple qu on trouve
to« BHileiiHOUi arck. cris^., 1V*j série, \o\m U p* lt*5 : iv et» ^
|Wii^. Le monogramme pourrait donc, dans notre inscription,
fBniplacer le vocatif cnrhte, mais d'abord, il fii^ut an(»orter la
RPifeque la or crux moiiogrammatica » se trouve sous la forip^
Iréréle le P barré sur notre inscription, et si on le trouve déjà
«lyoque à laquelle remonte notre mosaïque. Quant à tirer une
lt4*en (aveuTflu monogrs^mme de ce que <c tua «dans <i ancella
I userait là sans aucun lien, cela ne se peut, car dans la troi-
^
€0
REVUE DES ÉTUDES ILIVES
sîème inscription il y a « Servu tui w, sans qu'il y ait là un mono-
gramme qui explique le <c tui ï>. Dans les deux cas» il fautsous-
en tendre a Dieu ».
VI
Nous pourrions donc, sauf de nouvelles preuves établissant le
contraire, considérer les fondements de Ilamraâm-Lif comme tme
synagogue et voir dans cette magnifique mosaïque comme dans
les plafonds de la catacombo juive dans la Vigna Randanini et
dans les spécimens palestiniens de la sculpture juive, un monu-
ment précieux de Fart juif. Sous le rapport architectural aussi, le
plan de la synagogue de Hammàm-Lif, comme il a été établi par
les fouilles faites pour retrouver les murs de fondement, a une
certaine importance. Les débats sur Torigine chrétienne de la
basilique ne sont pas encore clos (v. Kraus, RE P. , s, v.). Il se peut
qu'on ne puisse rien tirer, sur la question, de Torigine des basili*
ques chrétiennes, de cette assertion de la TosiftaSoacca, iv, 6^ que
la synagogue d'Alexandrie ressemblait à une grande basiliques
ayant une stoa renfermée dans une autre, c'est-à-dire étant i
quadruple nef ; mais la conformité des premières basiliques chré-
tiennes avec les synagogues juives doit être étudiée de plus prèg _
En 1859, le professeur Kreuser a voulu tirer de ce passage d^H
Tosifla, mal traduit par llaneberg {AbhandLderk, h. Cetitralcm^
mission, IV» 88)» la preuve que les basiliques chrétiennes soot
issues des sjoiagogues. Weingiirtner [ibid.^ 309 et suiv.) a réfuté
cette assertion en faisant observer avec raison que des noms tels
que basilique et bêma (niG"^2) rappellent, non des édiûces juifs ou
chrétiens, mais des édifices grecs- Toutefois AVeingartner (i6Ki*t
310) est disposé à attribuer certaines dispositions des églises pri-^
mitives à Tinfluence judéo-alexandnne. Récemment M, S. Rei-
^ Tosida, édit. Zackermandel, 198, 20, *|i:5&bD'''ï n*est pas^ comme il est dit
lo glosfitiire, SitiXt] aTÔa, mais 5m>.offTtlî»ov, mot formé comme TfTpaortio^. Le mol n'
donc, pas uao corruption de dnT>i5 irc&a, comme dit W'eiugttrloer, ni Bremblal^e à
• Dinpluston, cl évidemment parent de 4ii627ço),iç s comme dit Kreuser- La leçott
1*'t3D^ D'^jSb 1^S20 prouve tjue ototo se proQODçail itoi, La forme 'J'^^OÎCI*^
parait iiidi4U»îr que dans oittXo le i était prononcé comme con^ane. La discuisixa
sur la Iffiduclion de D-^13£t3 *^&ÎXT*D D'^^SD ?T2 l-^rrC S'*7i7D, dans M%îtk, '
A. k. Ctntrûkoinm, ^ \\ 11',*, oii on dit que D^^JJ^D peut se traduire par » pas •
par « deux fuis *^ tandis qu^il bî^uiOie < qucli|iietoi5 *, montre quelles erreurs
peut commeUre quand on u*â pas, pour traduire ces textes rBbLiaiq[ue8, une
ration sutd&aotc.
DES B^ABCHEOLOGIE JUIVE
m
ch, à roccasîon de rinscription synagogale si importante àe
aocée découTerte par lui {Reime des Éludes juîi^es, n** 24),, a
lité la question des rapports entre Ja construction des anciennes
i et des synagogues. Si on peut s'en rapporter aux recherches
llilessmer {Mitth, à. k. k. Centralcomni*, V, 180), la filiation
des basiliques chrétiennes comme issues du temple à hypètre,
ainsi que M. Reinach paraît l'admettre, serait impossible, car Fes-
sence de la basilique % c*est précisément que la lumière n'y entre
pas perpendiculairement par îe plafond ouvert^ mais Iat*^ralement
par les fen<}tres d'une construction centrale dépassant les nefs
latérales. Mais quelle que soit la solution de cette question, il est
certain qu'il faut encore, pour la résoudre complètement, la con-
Jssance de plus d*un plan d'ancienne synagogue. Il est donc
oportant qu'en outre des synagogues palestiniennes , trouvées
"récemment par Oliphant, Schomaclier et d'autres, dont on peut
reconstituer le plan d'après les fondations, on ait trouvé en Afri-
([oe le plan d'un édifice que, selon toute vraisemblance, nous pou-
ions considérer comme une synagogue. En tout cas, l'archéologie
Juive et l'archéologie chrétienne sont également intéressées à la
découverte de Hammâra-Lif. Puisse ce sol du nord de l'Afrique où
Romains et Vandales ont détruit tant de synagogues offrir d'au-
^ très débris d'antiquités synagogaies à ce grand critique des temps
Qodemes qui s'appelle la pioche.
Budipost, 21 JQÎn 1886.
David Kaupmann,
* Voir^ flu resle, sur l'orif^ne de lu baàilique, Schliemann» Tirons, p. 248.
JOSËLMANN DE ROSHÈIM
Là HevUèdes Éttkdes Juives a dëjâ fconsâcrë deux articles âti
célèbre conserTËtettr alsacien des Juifs d'Allemagne au xvi« siècle ».
On y trouvera tout ce qui a été publié jusqu'à ce jour sur Josel-
inann * et des ftlils nouveaut, puisés dans des documents inédits.
On nous permett^a néanmoins de revenii» sur ce sujet intéressant,
qtli est loin d'être épiiisé, et de donner iôi lès résultats de re-
cherches que nous avons faites sur Joselraann, dans les archites
du département du Bas-Rhin, des villes de St^asbOllrg, d'Obernai,
de Colmar. En outre, nous avons eu la bonne fbrtunë de consiil-
ter, pour le même sujet, les archives de Wetxlar, dont une partie
a été envoyée à Strasbourg , en 1883 , et que hous devohs à
rexcellent M. X. Nessel, maire dfe Hagtienau, d'avoir pu lire,
quoiqu'elles ne soient pas encore classées ^. Nous regrettons de
n'avoir pu consulter le manuscrit hébreu de Joselmann, qui se
trouve à Oxford; c'*;st une lacune qu'un autre remplira à notre
place.
I
Joselmann, sa famil(.e, sa nomination de Parnos, procès au
sujet de son titre.
Endingen et Lengnau sont deux villages voisins en Suisse. Ces
deux localités, placées au centre des villes de Zurich, Brug, Wn-
terthùr et très près de Zurzach, qui avait, au moyen âge, deux
» Isidore Loeb, Hevue, II, 271. et V, 93.
* Dans la France Israélite, de Carmoly, dans un roman de M. Lehmann, de
Mayence, que nous aurons occasion de citer quelquefois, et dans la Monatuckfift^ di
Graelz.
* Toutes les pièces que nous donnerons en français dans le récit sont traduites ptf
nous de l'original allemand.
lÔSteLSWNN Mi lIOSItEÎM
m
iTifîf^ fmfë? annuelles, t^tfiipnt flans une situation favorable ait
timerce. Les juifs y lurent toujours tolérés, m^rae aux époques
lu <?tai(»nt chassies des autres villes de la Suisse. C'est là saliss
iite que »e réfugièrent quelques-uns des Israélite^ de France
|>u!scis par Tédit de 1395.
Parmi les nouveau-venus se trouvait une fômille de Louhanë
|r ^ " ' '^n FrancliP-Comtfiî) *. La plus grande partie de sps
•nt tHabii:? à Endirigen. Le r^ste de la famille s'était
feu Aflèmâgne. Au moment où commence cette hlitoire, un
■ 'fi b rarnilîe, Jacob ben Jehi^^l Loulians, était mé-
leur Frédéric m *. Les Louant de la Suisse, da-
îl. Lehraann \ pi, parmi eux, Gerson Ltitibana, (e père de
ImiirtQ, ont dû ^tre cbassés ver» 147Î, et s'être retirés à Ober-
, f>ii ils restèrent jus(]u'en 141G. Le memorbuch de NIedernai
dit qu'A cette époque, TAlsace était infestée ]iardes bandes
[^ijnfédéré? suisses, venus pour cotnbattre Charles le Té-
re, ^itii n^Kiblièrent pas de maltraiter et de raneonner les
y Roii« Irflduisons ce passage du Mémorial :
juif* do Colmar, Sélestadt, Turckbcini, Kaisersberg, Am-
iwlhr el Bergheim furent presque tous massacrés et pendus.
inte^six p^Tâounes furent lorcées par des tortures de renier leur
quarante d'entre elles revinrent dans la bonne voie. D'autres
Bt leors enfants mourir en route, dans la fuite. Quatre-vingts
Eies, des hommes considérés, des rabblus distingués, des
de famUle, des femmes et des jeunes filles, furent conduites
un cbamp près de Culmar, où on les somma de se convertir
peine de raorL Le bourreau était déjà prêt è leur trancber la
, quand tout a coup parut le cbef de la bande, qui proposa de
* laisser la vie s'ils payaient une rançon de 80 Keichsthalers. Mais
emire ctilte somme ? Les principaux Israélites s'étaient enfuis
sotiTiT leur vie, et il n'y avait personne pour ractieter les
i*ux. Ib -" ! ' rent, dans leur dêttesse, à rabbi Jeboudei
M^^itc^ M ouse, qui était protégé par le magistrat de
I fille. JebcHjfia l^amsch s'empressa de reunir tout ee qu'il pou-
lêd or, argent, objets précieux, bijoux, et envoya a la bute soii
iqUe itardôchée racbeter les âO juifs menijcês de mort.
Juifs de la contrée s'étaient, en 1476, réfugiés à la
•Ff#rre. Après le dépaft des Suisses, TÉlecteur t*alatîfl
filf M^mê itê Stiufff /«M>#i, YIII, 179« Dilke UvtH de eommerte du xtT* êHtié^
bll« Meb. « <iittis 1« FrutÈCê ùraéli/e, du qtje c*esl Lauhaûs, en
s, Mali il c^* c'est f»lutôl d« la iTontlâre que »oât veaus lea Juifs;
^Mê^H JùtittttAmn^ U 1, p* 3 et 4,
64
REVUE des; ÉTITDESI JUIVES
Philippe lr?s prit sous sa protection, tout en les oblisT:eant à payer
des impôts extraordinaires ^ Colmar, Tiircktieim, Sélestadt,
Obernai et Rosheim tinrent leurs portes fermées aux juifs, et
la %ille de Colmar môme f'4ablit une espèce de ligue avec lefl
autres villes alsaciennes pour leur refuser le domicile ^» malgré
les instances de TÉlecteur ■'" .
Ce ne fut tju^au commencement de 1478 gue les juifs purent de
nouveau s'établir à Colmar et à Rosheim. Gerson Louhans alla
probablement demeurer dans la deuxième de ces villes*, qui est
près de Strasbourg, où Gerson avait demeuré auparavant. La ville
d'Obernai persista, au contraire^ à refuser le domicile aux juifs
jusqu'en 1497, épocjue à latioelle elle se rendit à une sommation
du roi Maximilien K *, et accepta de nouveau de recevoir deux _
ménages de Biscboffsheim» I
Ce fut probablement vers fan 1478 que naquit Joseph, fils de
Gerson Loulians, plus communément appelé Joselraann Rosheim **.
Son parent» Jacob Louhans, continuait à servir Tempereur Fré-
déric, et après la mort de celui-ci, son fils^ Tempereur Maximilien,
Quand, en 1503, ce dernier vint à Strasbourg, il y vit Josel-
mann, et nous supposons que, sur les instances de Jacob Louhans,
il nomma Joselmann Parnos imianhich ' des Juifs de TEmpire.
Joselmann dut, à cette occasion, prêter un serment de fidélité à
Tempereur *. ■
u Mm-
4
* Arch. du BaB-Rhio, C. 78. (L^Uro, du 29 déc^ïmbro t477, do FElecteur u Em-
môrich Ritter, receveur de la Préfecture do Haguenau,)
» Ibidem.
* Arcli. do Colmar, GG. Israélites,
^ LehmaDn, I, p. 4.
* Arch. d^Obemai, BB. 9,
* Ce uom est prononcé ol écrit sous beaucoup de formes dîirércnlcs (voir Isid, Loeb,
L c). Noua Pons servirons^ de préférence, des formes Jûsolmann, José lin, JoneK
' Nous admettons la date do 1503 pour sa nominotïon à cause des preuves sui-
Tantes : Eu 1535, JoselmauQ, appelé plus souvent Jû^eliD, disait : « Das Josel Jud,
hâtf dreitng Jarenn ian^ hej "weîlant K. M', auch bey jelzt regicrender K* K, M.
von wegen gemelt Judisheit, eia Oberster der Juden, oborster rabbi, bef^hlshaber,
etc. (Ane. Arch. de Welïlar, f. 2Gl5.) ■ Que Josel juif a ét^ petvéant trente am le
cbef des juifs, buf gouverneur sous le règne de feu Fempereur et sous celui de
l'empereur actuel, etc» — En 1543, il écrivait : • So bin ich nun, als ein aller bey
den Jadeu, vierfzi^ iarm der armcn judenschaft, ir vorgenger gewesen »* (Arcb*
de Slrasb-, L 174, n" 123* — G. U. P.) « J'ai été, comme un ancien parmi les Juifs,
!g président de la pauvre juiverie pendant quarante ûHi. ^ ^^ En 1545, il s'exprimait
ainsi: i Weilich nnn hûy mertst^ und iarea allwegen was noir und meinen bruedern
unpillg, etc, * fArcb. de Strasb., L 174^ n^- 26,} * Parce que j'ai évé pendant y uarafi^d
et du nnn/es, etc. • — En 1553, il s'intitulait : « Icb bin seit funfiig i^iren verordnet
und gesetzt worden, etc. • (G.-F* FiEchcr, Dt Statu ludaeorum, p. 9i). k DepuU H%-
çuante am^ je snia.*, « ^ En 15S3, encore : « Demnecb ich micli èci funtzig iarrm^
etc. > tArcb, du Bas-Rbîn, C. 78), ^ Voir plus loin : Plaidoiries do 1535,
* * Da kb vorgcsetzt und erwelt worden^ ein scbwereD boben Eidt dairiliier btb
mûfiten Ibun n (Arcb. du Bes-EhiD, C* 7B,|
JOSELMANN DE liOSHEÏM ♦tî
^Qiarles-Qufnt, à peine nommé empereur, confirma Joselmann
ises fonctions.
pjoselmânn était souvent obligé de rédiger des pièces officitïlles
llUemand; il lui fallait, pour plus de commodité, un mot aile-
ad fui représentât le titre liébreu que l'empereur lui avait
bnné fParnos umanhick). Il prit te nom de Befehishaber (corn-
adant), d'autres rappelaient Regierer (gouverneur)* Ce nom
fut si souvent donné qu'il finit par le prendre lui-même et
•ainsi ses lettres à Charles-Quint, sans que celui-ci s'en
làt. Cette habitude innocente , dictée par des nécessités
iaistratives, faillit lai créer de graves embarras. Un magistrat
' ou intolérant» le procureur fiscal de Spire, le dénonça, comme
I avait voulu s'attribuer une dignité presque royale. Sous la date
3 juillet 1535, la lettre suivante fut adressée à Joselin :
, Ghaulks, par la grâce de Dieu élu empereur romain :
fais savoir, Josel, juif de Rosheim, que rhonorable et savant
Weidner, notre très fidèle sujet, docteur eu droit, procu-
impiérial fiscal, t'a assigné devant noire chambre impériale.
lest défendu aux princes ecclésiastiques et séculiers de mécon-
! les droits de Tempire et, sous des peines et des amendes se- •
,de porter, sans une autorisation spéciale^ quelle que soit la per-
e, un faux titre quelconque, soit secrètement, soit ouvertement,
r, toi, plus que tout autre, tu dois observer ces lois, surtout dans
i tamps difficiles (où chaque mauvais sujet se gratihe d'un titre
^^piyal). Saos permission de nos nobles savants et très fidèles juges
iJa chambre impériale et leurs assesseurs dans ladite chambre,
[resplu à te donner injustement le nom de Rûgitrer de la Nation
I de Tempire. Eu outre, tu as, sur certains parchemins, signé
Uire, et lu l'en es paré verbalement eu te nommant,
HEDe mot seul suis Rêgierer de la Nation juive, on pourrait
que tu "l'en pares pour te moquer de moi et me rabaisser.
pius, lu pourrais donner par là un mauvais exemple et servir
a d*autre5 qui encourraient de bien graves peines.
pourquoi, nous n'avons pu nous empêcher d'accéder à la
tel â ia supplication que nous a fixités le procureur et de lui
eitre de le citer devant la chambre impériale pour faire rendre
Je te prie, en conséquence, comme je suis porté à faire res-
lous les droits, de te rendre à cette assignation. Tu pourras
t â< du mois prochain devant la chan^bre impériale, et si ce
à il ii*y a pas séance, ce sera pour celui qui suivra immédiate-
fin cas que tu ne veuilles venir toi-même, fais4oi remplacer
il avoué, à qui tu donneras la procuration, aân qu'il te repré-
à ladite chambre *.
. de WeuUr, F. 2615.
m
ItBVlTE DES ETIDES JlUVES
Cette assignation fat remise à Joselin le 5 juillet 1535. Joselînsft
hâta de prendre des mesures pouj' se d«'^fendre. Le 1 juillet» il en-
voya à Christophe lias, avocat et procureur impérial à Spire,
qu'il connaissait de longue date, sa procuration pour le repréj
senter et le défendre. Wo!%ang Weidner, dans sa requête, avait
demandé que Joselin lût puni extraordinairement et condamné aui
dépens **
Ciiristo[die Plus adressa une plaidoirie à la chambre imp(jriate
en laveur de Joselman, 11 y disait que son client n'avait jaiiiai;!
voulu abaisser Sa Majesté ou lui disputer son titre de Regierer
de la juiverie. Il n'avait pas pensé non plus que par là il donnait
le mauvais exemple.
Tout le monde sait, disait Tavocat de Joselin, que depuis trente
ans environ, soil auprès de l'empereur Maxiinilien. soit auprès de
Tcmpereur actuel, Josel a été nommé pour représenter la susdite
juiverie, tout le monde lui donne ce litre de Regierer^ Ainsi, le <lil
Josel, par sept lettres ou cerUlicats ', et dont je pourrais vous sou-
mettre une bien plus grande quantité, vous fait voir que lescons<Hl-
•1ers impériaux, les maréchaux du régiment d'Ensisheim, les goo*
veroeurs de Bohême, les princes de l'Allemagne, les villes, clc*«
l'appellent chef suprême des juifs, premier rabbin {OhrsUr MêèSi
des juifs, et Reffierer, ce qui est la môme chose. De môme, les viJits
de la haule et basse Alsace, ainsi que les juifs de la Bohème et dl
toute rAllemagne, ne l'appellent que chef suprême {OhersUr dtr
Juden), premier rabbin et Rigierer de la nation juive.
Il n'est pas possible non plus de lui donner un autre titre, car :
!• Il y a encore un Josel en Alsace, qui s*intilule Josel juif i<pji €fit
Pamos à Krotzingen), et on pourrait Itss confondre ;
i* Josel a, du reste, été nomnié par toute la juiverie pour la re^
présenter aux diètes et partout ailleurs comme leur chef suprême
{ObersUr) ,
3- Ensuite, le mol Pamos umanhicA. titre qu'on lui a ofûcielletoeul
donné, ne peut absolument pas se traduire autrement en boa aile*
mand» Les savantes écoles de Francfort, Worms, Esslingen, Fried-
berg, etc., n*ont pu trouver d'autre terme ; •
4» EnUn, il n*est jamais venu à l'idée de Josel de s*enorgueîllif
de ce nom, encore moins d'offenser Sa Majesté, car elle sait qu'ellii
n'a pas de plus dévoué serviteur que lui *.
Quand Taffaire parut, le procureur fiscal fit plaider que Josell
pouvait garder son titre de « Pamos umanhick », du moment qui
« Ane. arcfa. de WoUlar, F. 2615,
* Nous rfiprcKliiiftiQS çtB scpi pièces k la fio Ue ce rédL
* Ane* ucli. dâ WeUlar, F. 2$15.
JOSELMANN DE ROSHEIM tM
ait Intraduisible; qu*il pouvait même signer en Lébreu» ou enfin
"prendre les dénominations aUemandes de Anwalt, Befehlsha-
\m\ Oberster rabbi, etc. ;^ qu'il ne saurait nullement, pour s*ex-
cuser, dire qu'il s'intitulait « Regierer » parce que les autres
l'ai*[»eHent ainsi; on ne peut, pour cela, laire un procès aux
pnnces. nVent?. bonr^imestres, parce qu'il leur plaît de lui donner
f titre».
^procèi. ne linit qu'à la fin de l'annexe 1536, Joselîn fut con-
lux dépens et à Tabandon du titre de « Regierer ».
II
JOSEL ET LA VILLE D'ObBRNAI.
le lîébut de sa carrière de Parnos, Josel eut à prendre en
ains les intérêts des juifs d'Obernai, Quoique rd^sidant dans cette
ille depuis 1497, ils étaii^nt constamment en butte aux vexations
autorités locales, malgré les représentations incessantes du
'Ml Jacques de Fleckensteiu et de son successeur, Gaspard
. >nt ', Ils étaient obliîJ:é^ de porter des signes distinctîfs,
les juifs étrangers qui voulaient passer par la ville devaii?nt
hy^r cinq schillings do conduite {Geleit)^. Lorsque, en If^OK,
fâximilien revint à Strasbouî-g, le magistrat dObernai en%oya
pprès de lui le greftier- syndic Valentiu Scholl» qui tit tant de
iromesses à l'entourage de Temperenr. qu'il parvint à obtenir un
riTîlêge par lequel Tempereur « considérant que les juifs d'ôbf^r-
[nai ont été préjudiciables et gênants, tant au conseil qu'aux
habitants et bourgeois de cette localité, Obnrnai et ses envi-
rons, soit parleurs prêts sur gages, soit pard*autres commerces,
ce qui a occasionné beaucoup de vols et d'autres crimes, onionne
j*kh communauté juive de cet endroit de sortir de la ville, avec
' tous ses biens meubles, pour ne plus y résider, avec le droit.
' pour le bourgmt^stre et le Conseil d'Obernai, de n*avoir plus
besoin, à Tavenir, de tolérer dans la ville aucuns juifs *. w Ce
Ipmilège fut signé à Strasbourg, le 21 mars 1507*
U ville n'usa pas immédiatement de ce privilège, mais lorsque
» Aae. trch, de WeUïar, F. 2615.
* AïthiTci d'Obcinn, BB. 9.
1^ REVUE DKS KTUDES JUIVES
les fonctionnaires de la province voulurent les forcer à recevoir
de nouveaux juifs, elle chassa ceux qui demeuraient à Obernai
Cette expulsion, cependant, tétait incomplète. Les juifs allèrent
s'établir dans le voisinage, principalement à Roslieim» et ils ve-
naient, le jour» faire leurs affaires à Obernai. Le magistrat ni
pouvait s*opposer légalement à refuser le « passage >* aux juifs di
dehors» il le tenta cependant* Heureusement la ville n^avait p;
encore payé les 600 florins que Valentiu Scboll avait promii
comme indemnité à l'empereur. Elle espérait qu'on oublierait é
les réclamer, prétendant même qu'elle avait reçu gratis la leltiH
patentée \ et le si^isnieister fut obligé de lui infliger une amenda
de 600 tlorins *. Josel, sur ces entrefaites, alla intercéder auprêi
de l'empereur ^. Celui-ci était trop occupé de ses chasses, qui
conduisaient tantc^t à Brumath, tantôt à Bouxviller ou ailleurs,
pour prêter à Joselin une grande attention. Cependant il lui pro-
mit de ne pas consentir aux prétentions dXibernai.
La ville d'Obernai ne se tint pas pour battue, elle renouvela
ses instances auprès de Tempereur Maximilien, lorsque celui-cli
en 1516, vint à Strasbourg. 11 avait, à plusieurs reprises, chari
Tévéque Guillaume de Ilonstein de tâcher d'aplanir les difficultés
régnant entre la ville et les juifs, mais en vain. Les magistraU
d'Obernai eurent, cette fois, recours à Sébastien Brandt *, de Stras-
bourg, lequel avait toujours été leur conseiller intime. Le mardi,
après la cantate de lâl6 ('22 avril), il leur écrivit cependant gu'i
son avis, on devrait attendre le retour de l'empereur de Rome,
où il se rendait à cause de la couronne impériale '. Les magis-
trats étaient hésitants, quand Maximilien vint leur faire une
visite, le 20 novembre ^. Ils profitèrent donc de son séjour dans la
ville pour lui soumettre deux privilèges à signer, Fun qui n'était
que la conJirraatïon de celui de 1507, Tautre qui leur permettait de
ne plus laisser passer les juifs par la ville* Mais l'empereur ne put
se résoudre à leur accorder ce qu1l n'avait encore concédé à
aucune des autres villes impériales. Il se contenta simplement de
ratifier leur ancien privilège de 1507 ' .
La ville ne put se résoudre à son échec. Elle fit une nouvelle
« Arch, d'OlwmflL BB. 9.
» Arch. d'01>erDai, BB. 9,
* Gjss. ffù(. (rOhruai, l. l, p. 3S6.
* Fameux docteur en droit, iiut«iar du * Nairenschill *. 11 avait, eo outre, t*cni|
GQ guisG de mémoires, les tinuales do Slrasbouri^^ (|ul oui éié brûlées malbeuiousc*
mettl, dasâ caUb Yîile, ou 1S10«
» Arch. dOberaai^ BB. 10,
'■ Ibidem*
JOSELMANN DE R0SIIEL\!
60
itÎTe auprès de Charles-Quint, à Worms, en 1520, mais lem-
Bur se borna à renouveler, à la date du 16 décembre, les let-
-(latentes octroyëes à la ville par son grand-père K
Igré le refus de rempereur, la ville d'Obernai d^^fendait, à
' qull parait, !e passage aux juils. Ceux de Rosheim, venus la
plupart d'Obernai, la suppliaient eu vain de ne pas les considérer
comiiiedes (^*tran^ers *.
Knflii, en 1522, à la diète de Nuremberg, où Josel sVtait rendu,
j;i)arles^Qaint nomma une commission pour examiner la ques-
^b. Josel adressa à cette commission une plainte qui porte ce
He * : « Plainte de la juiverie de la préfecture de Ilaguenau contre
^maîstre et le conseil d*Obernai à la commission impériale qui
«wst fiÉunie récemment à Nuremberg* sur Tordre de l'empereur, »
l y explique comment les autorités d'Obernai sont arrivées à
air r^it de 1507, comment alors leç magistrats de cette ville
il plus permis à ses administrés même de passer dans la ville,
les ordres de IVoipereur et du bailli ; qu'au prix de
sacrifices, lui, Josel, le président des juifs, fut envoyé à
reprises différentes auprès de Maximilien ; qu'enfin, les
jaifs avaient demandé justice à la Diète de Wonns, et que, par
im arrêt impérial, une commission fut plus tard nommée, pour
ouniner leurs griefs. Il conclut en demandant la réintégration
OOôiplèle des juifs à Obernai, et Fannolation des lettres-patentes
oontraires.
Le rapport de la commission fut favorable aux juifs, et Charles-
QslDt pria Rùdiger, abbé de Wissembourg, d'entendre les deux
lies et de les mettre d'accord.
ger les convoqua, le 28 mars 1524 *, pour le 26 avril suivant,
ifeld , et chargea de l'arbitrage Gaspard île Morimont.
ci parvint enfin à faire accepter aux autorités d'Obernai
ipromis suivant :
!•. Que les juifs sachent et prennent bonne noie qu'ils ne
irroot venir à Obernai que les jours de marché et do foire, ce
tear coûtera chaque fois, par personne, six deniers, comme
itsd'enirée.
f* Il ne leur est pas permis d'y passer la nuit ;
PSi le besoin Texîge et qu'il faille qu'un juif (homme ou femme)
tfsé la ville, sans devoir s'y arrèler, en dehors des jours de
cM, il paiera deux deniers ;
• Amh. à*Ohmnmi, BB. 10.
\u^., m. tu
A
70
REVUE DES ETUDES JUIVES
4* Aucun juif ne fera de prêts d'argent en ville. Si nos bourgeois
n'en trouvent pas ailleurs^ les juifs pourront leur bailler ù gages
contre des ubjcts mobiliers. Mais, en ce cas, Il faui qu'un temps soii
stipulé par écrit pour là reprise de ces gages. Le délai expiré» le juif
sera libre d*eu faire ce qu'il voudra;
5* A moins dy être mandé, un juif ne devra pas entrer dans li
maison d'un habitant de la localité ;
6*» Si un bourgeois s'adresse de son propre gré à un juif pour
faire un emprunt, les conditions précédentes ne devront pas être
changées ;
1° Dans ce cas ou tout autre, le juif ne devra pas faire récrit, sans
quoi il perdra les intérêts de son capital et paiera une amende d'tm
florin ;
8^ Entiu, tout juif qui viendra en ville portera, en un endroit
visible, soit un anneau, soit une marque quelconque, qui le fasse
reconnaître \
m
JOSEL ET LA. VILLE DE COLMAB.
Les lauriers du magistrat d*Obernai empêchaient celui i^
Colraar de dormir* Il voulut également chasser les juifs, En d^
ceiûbre 1507, il «?nvoya un messager auprès de fempereur poorU
prier de lui accorder l'autorisation d'expulser les juifs*.
Maitimilien chargea Rodolphe de Blumeneck de se rendre i
Colmar pour étudier la question sur place. Ce commissaire trouva
qu'il était difflcile de chasser les juifs de Colmar, parce qu'ils /
avaient tous des maisons, et qull fallait au moins que laYillI
rachetât ces propriétés^. Une lettre du magistrat de Colmts
à Cypriea Sernteiaer, chancelier de l'empire, à la date tlu l
avril 1508*, le prie de ne pas s'arrêter à cette difficulté, atteadi
que les maisons des juifs étaient de peu de valeur et que, daB
d'autres villes, les propriétés des juifs n'ont pas été un obstac
à l'expulsion ". Josel, ayant eu vent de ces démarches, se ren^
dans le Tyrol, auprès de rempereur, qui lui donna rendez-voi
i Arch. d'Obcrnai, BB. i\,
* Arch. do Golmur, OG. IsraiîUei; MosBmanii, Etud, mr l«t Juifk de Colmar^ p*i
* Ibidem; Moesmanii^ p. 1^*
* Arch. di5 Colinmr, GQ, hraétiiet, ^- Le magistrat promet^ dans cette leilra,
Seruteiucr une ^ratïBcilion du cent (lorins, 6*11 parvient â lui laire obtcQir le prf
ih^%, Mos&maiiQ, p. td.
nouvel an de 1510, à Fribourg en Brisgau, A son arrivi^e
us rette dernière ville, Josel dut attendre une audience jusqu*au
Janvier. Ma^timiJien lui proposa d'entendre les deux parties,
I (il, séance tenante, écrire par Sernteiner, aux magistrats de
Colmar, d'envoyer des délégués auprès de lui pour TatTaire des
jtiift^ •
llkls le lendemain, !*empereur retourna dans le Tyrol, rien
lit fait. Les magistrats de Colmar envoyèrent alors un nouvel
auprès de lui, à Inspruck, et celui-ci Unit par obtenir un
feg»^, daté du "12 janvier lôlU *, d*après lequel a les bourg-
tre et conseil de Colmar recevaient, pour eux et leurs suc-
JfS, la permission de chasser, dans un bref dt'tlai, les juifs
es qui demeuraient dans la ville, et de n'Otrc* plus jamais
d'en recevoir. Si l'un d'eux, y elait-il dit, veut y venir
faire un éclianî^e ou s'adonner au commerce, il sera obligé
^ porter sur son vêtement extérieur un cercle jaune qui le fasse
attre, et de payer les droits d'entrée tels qu'ils existent de
Bmps ^,
juifs reçurent immédiatement Tordre de quitter la ville,
pn-3 Pâques, dans le courant de mai : mais Josel partit pour
Bfrsbourg, où se trouvait alors la cour, et parvint, au moins, à
btenir un sursis. A la date du 25 avril 1510, les mots « dans un
^lai » du privilège furent remplacés par les mots « jusqu'à
issaint * ^j. Plus tard, sur les démarches de Josel, ce délai
; prorogé jusqu'à la Saint-Georges de 1511, et, le 4 avril 1511,
1 Saint-Georges de 151*2 ••
. ave difficulté surgit pour la ville de Colmar dans Texé-
û^ la mesure. Les' juifs avaient, outre leur synagogue, un
situé hors de là ville, sur la route qui mène aujoard'hui
r à Neuf'Brisach, et qui servait aussi aux juifs des envi-
5, principalement à ceux des seigneurs de Ribeaupterre. Cettïî
datait du x\^ siècle. Le seigneur de Ribeaupierre in-
Dur sauvegarder les droits de ses juifs sur ce cimetière.
TiftitMdait qu'ils pussent continuer à s'y rendre et à y enterrer
morts. Cependant remf»ereur avait fait don du cimetière et
synagogue A son secrétaire Jacques Spiegel, de Sélestadt * ;
le magistratt craignant d'encourir la colère de Guillaume de
iQpîerre, hésitait à livrer ces immeubles, Spiegel s'en plaignit
> Ardu d« Colmar, GO. lira/îiitt.
* /M.
72 REVUE DES ÉTODES JUIVES
à Maximilien» qui, le 7 octobre, de Constance en écrivit m
seigneur ûe Ribeaupierre * ; mais, par une lettre du 24 du méïne
mois •, Guillaume fit connaître à la ville de Colmar qai'il persistait
dans sa résolution.
L empereur, tenant à terminer cette affaire épineuse, pria les
autontï5s de Colmar, ainsi que Michel Reutner, son bailli forestier
(le 2 novembre 1510), de s*arranger avec les juifs; le conseiller
impérial Martin Sterf fût même envoyé à Colmar pour cet objet
(24 novembre 1510} ^ . La ville indemnisa Spiegel et se rendit ainsi
propriétaire des immeubles qui lui avaient été cédés * (8 dé-
cembre 1010), Elle finit aussi par indemniser Guillaume de Ri-
beaupierre. qui abandonna les juifs à leur sort. A la date flrée
(Saint-Georges 1512), ils durent quitter la ville.
Ici se placent des incidents qui se produisirent à Colmar*
Pendant plusieurs années, à ce qu'il semble, les juils expulsés
purent venir à Colmar sans que le magistrat en prit ombrage.
En 1530, il s*avisa de vouloir restreindre leur commerce. Il
envoya, pour cet objet, un délégué auprès de l'empereur Charles-
Quint, à Augsbourg. Joselin s*y trouvait également, mais il ne se
doutait de rien. Le 29 juillet 1530, la ville reçut des lettres-patentes,
par lesquelles défense était faite aux Juifs de prêter aux habitants
de Targent sur immeubles ou billets; en cas de contravention,
la créance serait considérée comme nulle, et le capital perdu sans
appel \
Les juifs s*adressèrent à Josel, mais fempereur était déjà
parti, il fallait le suivre à Bruxelles. Josel dut attendre trois mois
dans celte ville avant de recevoir audience. Il obtint enfin pour
les juifs l'autorisation de s'adonner à Colmar au change et bm
commerce d'habits. La ville de Colmar riposta (février 1534) en
faisant publier en chaire qu'il était défendu aux bourgeois, sous
peine de perdre leurs droits, d'avoir aucuns rapports avec les
juifs ^; en outre, elle écrivit à Josel» le 19 mars, une lettre dans
laquelle elle produisait contre les juifs deux griefs : Les juifs des
environs introduisaient à Colmar des monnaies étrangères, prin-
cipalement de Lorraine, de manière que l'argent national sortait
du pays et était remplacé par d'autre qui n'avait pas la même
valeur. De plus, les juifs abusaient de la faculté qu'on leur avait
t Afcb. de Colmir, GG. litaélùu,
i Ibidem.
^ îèidem.
* Ibidem,
* Arch. d« Colmar, noureau Livre rouge, f* 202.
* Mossmian, p. 21.
JOSELMANN UK HOSHEIM
7n
laissée de brocanter de vieux habits, pour en vendre aussi de
neufs, ce qui ne pouvait être qu'au détriment des marchands de
nouveautés et des tailleurs de la ville « .
Joselin répondit aux magistrats de Colmar qu'aussitôt après la
Pique, il écrirait aux juifs des environs de Colmar, à Wiii^en-
I lieim, Tùrckheim, Ammerschwiiler, etc*, pour leur faire, de la part
[delà ville, les remontrances nécessaires, et pour les prier d'obéir
I i leurs anciennes ordonnances** La ville ne se tint pas pour sa-
tisfaite. Lorsque, en 1541, Charles-Quint vint à la Diète, à Ratis-
. bonoe, il y reçut des délégués de Colmar, venant se plaindre des
I juifs des environs, qui faisaient trop de concurrence aux mar-
diajids. Charles leur donna le privilège suivant :
Nos diers bourgmestre et conseil de la ville impériale de Gol^
I mar soos ont exposé que noire gracieux seigneur et maître Maximi-
liftOt de glorieuse mémoire, a accordé à la bourgeoisie de cette \iUe
^ k liberté qu'aucun juif ne pourrait plus jamais s'établir dans ladite
lilé, ce qui, jusqu'à ce jour, a aussi ponctueliemeot été ob-
Mais ces juifs n'ont pas manqué de choisir leurs domiciles
^imsi lires que possible de Colmar, dans les villes, villages et ha-
fliaaux. Par suite, ils viennent aux foires annuelles, semestrielles,
MMstrielles el aux marchés hebdomadaires, et font leur trafic
pemieîenx, dans leur cité. De cette manière, il y a double dom-
mg^ : d'alK)rd les marcbands des environs ne viennent plus en
6, comme auparavant, à cause de la concurrence des juifs,
les négociants de Colmar souffrent beaucoup de leur pré-
'lenee, qui lec empêche d'avoir ainsi la pleine jouissance de leur
commerce,
Us ]uïi3 font avec les habitants et bourgeois des affaires d'argent
udiciables. C*est pourquoi ils {les magistrats) nous ont
i leur nom et en celui de leurs administrés, de leur donner
lin privilège les délivrant de cette plaie,
PreMot en considération leur supplique, nous avons accordé
i MCordoQS aux susdits bourgmestre et conseil de la ville de
de ne plus laisser venir les juifs aux foires annuelles,
elle», trimestrielles et aux marchés hebdomadaires, avec ou
marchandises à colporter, sans une autorisation spéciale des
&lrc et conseil de Colmar, qui auront la force et le pou-
' d'fofUger au délinquant une peine convenable sans qu'on puisse
i en empêcher* — Ratisbonne, le il avril I54î \
La Tîlle de Colmar avait son privilège, les juifs obtinrent le
\ » Ai«à. é^ Colmar, GG.
• AfdL et Colmar, GG. hrôMlitH,
74
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
leur, grâce à Joseliii, qulls envoyèrent à Ratisbonne. L'empereur
disait :
Les juifs... nous font savoir que, malgré les privilèges qui léUT
ont été octroyée par nous ot nos prédécesseurs» ils sont très souvent
lésés dans leurs biens, ce qui leur fuit un dommage considérable;
Aussi nous ont-ils prié de venir à leur secours et de leur laisser iû*
tacts les privilèges et libertés qu'ils possèdent, surtout ceux quei
nous leur avons donnés en tSsO, Tua le IS mai, Taulre le \ï août,!
la diète d'Augsbourg. Comme il n'est que juste de maintenir chacuâ
dans ses droits, et que nous ne devons pas permettre qu'on mo-
leste pour cela ccu^ qui jouissent de cos privilèges, nous é^
Tùns^ en vertu de notre pouvoir d'empereur romain, qu'on laîasi
tranquilles les juifs demeurant dans le Saint- Empire et oos
autres pays.
Et pour qu*on n'en ignore, bous faisons savoir par les présenlM
que la juiverie reste dans tous les droits, libertés et privilèges
qu'elle a eus d« nos prédécesseurs et de nous-même, et qu'on
serve tous les points, articles et paragraphes qui y sont renfermée
Qu*aucun de nos sujets ne cherche à Taire du tort aux juifîi diBS
leurs biens ou leurs personnes, mais les tolère et les laissé vaqow
à leurs atlaîres. Si quelqu'un se permettait de leur prendre q
que ce soit, que, sur l'instant, il soit contraint à la restitution à soi
propriétaire légitime. Que surtout on prenne note de les laisser
dans les villes, bourgs et hameaux oii ils demeurent actuellemem,
et qu*on ne les empêche pas, pour les besoins de leur commerce, de
parcoorir les villes, foires, villages et hameaux de Tempire et d^
principautés, soit par terre, soit sur l'eau '. — Donné à Ratisboime,
le34mai1S44.
Efforts et papiers furent inutiles. Vers la fin de l'année 1541, te
magistrat de Colmar notifia à Josel qu'il ne laisserait plus entr^
de juifs dans la ville: Josel Ipur répondit le P*" juin 1542 JWïP
demander un rendez-vous et discuter la qu^îstîon, mais le 3|t^
magistrat lui répondil par un refus. Si Josel avait des conumafii*
cations à faire, il pouvait écrire.
Toute sa vie Jos^l eut à plaider ainsi contre la ville de Colmar;
et ses successeurs en firent autant jusqu'en 1572* A partir de celtfl
époque, les juifj>, de guerre lasse, se résignèrent; ils ne rentrèreut
à Colmar qu'à la Révolution française*.
» Aich. de Colinir, QG,
* Yair, pour plus de détails, Mossmatm, t° 2$ et buitoiiIi.
JOSELMANN DE ROSHEIM
75
IV
JOSEL ET LA VILLE DE STRASBOURG,
Les relations de Joselin avec la ville de Strasbourg furent assez
Nombreuses. Gomme il y venait pour des questions relatives à ses
rr < ÙQ chef (les juifs, il croyait pouvoir se dispenser de payer
L! . i'ie le magistrat percevait de chaque juif qui entrait dans
ville S mais le magistrat n'entendait pas Feu exempter; en 1512,
poseltn fut arrête pour récidive et condamuM à une amende*.
Bans les années de trouble» où les campagnes n'étaient pas
bres, Strasbourg servait gén*^ralement de refuge aux juifs des
ivipons et d'une partie de la province. En 1534, TAlsace ëtait
ifeslée de bandes rejoignant Tarmée française ou celle de Char-
s-Quint, Dans une lettre adressi^e le 3 mai de cette année * au
aagistrat de la ville, Joselin, après avoir rappelé que déjà une
titre fois, à Toccasion «le troubles qu'on craignait en Alsace, et
ir des bruits de guerre qui s'y étaient répandus, le Conseil avait
lulorisé les juifs à se retirer dans la ville, demanda la même
iveur, l'Alsace étant submergée d'une masse de troupes aile-
aandes et les pauvres juiïls étant obligés beaucoup plus que
l*aiitres de se procurer un abri pour se garantir du danger.
Sa demande fut, plus tard, accueillie lavorablement et, après le
Dois de juin, Joselin avec sa famille et d'autres juifs alsaciens
purent se réfugier à Strasbourg.
Joselin apparaît aussi dans un grand nombre de questions reli-
[ledses où la ville de Strasbourg était plus ou moins intéressée.
Un juif de Vingersheim avait été tué dans Tliiver 1533-34, et
Tiissassin étart en prison. Son acquittement comme sa condamna-
lion pouvaient être également inquiétants pour les juifs d'Alsace.
ûselin pria donc les autorités de Strasbourg de terminer le procès
ar un arbitrage, et s'offrit de faire partie de la commission ar-
"Mtrale. Sa proi>osition fut acceptée et, le 21 mai 15*M, il reçut une
invitation à se rendre à Strasbourg, le 2 juin suivantj mardi de
la Trinité, avec quelques membres de la faraille du défunt, pour
• Voir Isidore Loeb, dans Anfiuairû de la Smiiidis ^iudet Juiws^ 2* anné^, {>« 130
\ tl fuitautes.
• Strobel, Vaterlândmhtf Geschiehte, t. III, p. i95, •
• hKh. de Slrtsbff., IJ, 1 74, n* 43.
mervE des études juives
nec ke wtaes arbitres désignés, en sa qualité de chii
L Ua aMf-€Qn|oil lui fut délivré à cetefTet, aGn qn^il fut
«Tec eeUL qqi raccompagnaient, de payer tes droits
^ g| ftt*a fit ffiter dans la ville aussi longtemps qu'il serait
. Le pf#vtt GDorad Âltbofier, qui lui annonça cette dé-
CMOii^ «lostail qaû le reneraait du courage qu*il avait montré
Les iMNifgnii de Stnatoorf. en leur qualité de citoyens d'une
TÎlle libre, aTmîent le privilège de ne dépendre d*aucune juridictioa
élruigtee, pas néme de la juridiction impériale. Les privilèges ou
ades de protedioii des juifs entraient quelquefois en conflit avec
cetuL de là ville, et le magistrat veillait avec on soin jaloux â
conserver sa prérogative. Le 2^ juin 1534, i) écrivit à Joseljn poar
Me plaindre que des juifs eussent eu recours à d'autres tribimaui
que ceux de la ville et fflème au tribunal impérial de HothweiJ.
Joselin adressa, sur ce sujet, aux juifs de la province une circu-
laire, datée de Strasbourg, 25 juin 1534, dont nous traduisons id,
de rallemand en français, les principaux passages :
* A la date du Î3 juin 1534, les seigneurs de la ville de Strasbourg
«0 iont de nouveau plaints auprès de moi d'un nommé Jacob de
Sebûpfen, qui est accusé d'avoir fait un commerce illicite, avec usure.
Or, de par les staluls juifs, de pareilles affaires \^ous sont défendues,
cl tl n'est permis à aucun juif ou juive de tromper son prochain, car
on ne doit recliercber que ce qui est nécessaire pour vivre, comme
eirla a été de tout temps.
f^hocun doit aussi respecter les anciennes libertés, ne citer per-
muM que (lavant les juges ordinaires et ne pas aller en appel plus
Mil.
Me fondant sur ce qui précède, je me fais un devoir d'annoncer à
UfHM Ir>i Juifs des deux sexes, et principalement au susdit Jacob, de
h** imn n'écarter de ces statuts juifs; en d'autres termes, que tout juif
^frii a un rh'môie avec un Strasbourgeois, ou qui croit en avoir un,
«fil Irr f|u'tl luul qu'il reste devant ses juges ordinaires, comme nous
^n¥uiin ln»l(r(U('\ Si quelque juif se permet d'enfreindre cette loi, et
'l'h-' iim m^igtM'urs de Strasbourg s'en plaignent et que moi ou la jm-
" n*. tittun mi ijcriuêrious la certitude, qu'il soit dès Tinstant excom-
> ifitiijilit ; (pi'aucun juif ne mange ou ne boive avec lui, ni le
i.<fi» ►iii ïîUïison ou ail des relations avec lui, mais qu'il soit
• rMi'ii» ^•('ipnré de la communauté, jusqu'au jour où il aura
M. .MiMifiicltou aux seigneurs de Strasbourg... Et pour que nous
^ u^tthA [ma fin défaut, j'ai, avec le *!oncours d'autres juifs, et en
^Mdli, ili WulRlir, F 2<j1Û. Joseliû esl appelé, dans I^ pièce, JEr^tcner de k
JOSELMANN DK RÛSUBIM
77
ma qualité de gouveroeur (Regierer) des juifs des pays allemands»
fail publier la présente ordoonance munie de mon sceau, et prié hum-
blement la ville de Strasbourg, pour qu'elle soit sûre d'être obéie, de
faire lire la préseate a tout juif qui viendra lui demaader un
tetsser-passer, et de lui faire prêter serment qu'il s'y conformera K..
Malgré cette circulaire» un nommé Schmuhl, d'Espacli, avait
encore cité un sieur Glaus devant le tribunal de Rotliweil, et une
femme Blomell, de Hochfelden, commit la même faute. La ville de
Strasbourg ne manqua pas de s'en plaindre auprès de Joselin,
(iui«*enipressa d'obtenir le désistement de Schmuhl. Mais TafFaire
Iraîna en longueur, la cour de Rotliweil détenait les pièces du pro-
cès, Schmohl montra quelque hësitatioa à remplir la promesse qu'il
afait faite à Joselin. Joselin lui-même fut empêché, par d'autres
affaires, de donner à celle-ci une prompte solution, et» malgré les
excuses qu'il en fit au magistrat de Strasbourg, celui-ci menaça
de défendre à tous les juifs rentrée de la ville et aux habitants ou
protégés de la ville d'avoir aucunes relations avec les Juifs* Dans
San inquiétude, Joselin convoqua chez lui les préposés des juifs du
liiUIîage de Haguenau» et il délibéra avec eux sur les moyens de
neltre fin à ces conflits- Ils élaborèrent une sorte de convention
entre la ville de Strasbourg et les juifs, qui fut approuvée par le
sagbtrat de la ville, et des exemplaires légalisés, revêtus du
acaiii de la ville, pour qu'ils eussent plus d*autorité, en furent en-
voyés dans chacune des communautés de la Basse-Alsace, à la
iateda 18 juillet 1536 ^
I^ sceau de Joselin suspendu à cette pièce était en cire verte, et
représente une tête de taureau ^,
JoieUii avait aussi adressé des copies de cette pièce anxparnasim
lOvé&ldents) des communautés Israélites de la Haute-Alsace, mais,
comaie les Juifs de cette région n'avaient guère de relations avec
I StnabaorgeoiSt ils iréprouvèrent point le besoin d'accepter la
[ aMnwtian. Cependant, en 1542, quelques Juifs delà Haute-Alsace
(Hajylm dlsenach, David d'Qberbergheim et Joselin de Krozingen)
^VOTHlt demander à la ville, au nom des juifs de la Haute-Alsace,
' dajis Tespêce d'alliance conclue en 1536. Le magistrat
Btlt, le 3 juillet 1543, s'ils obtenaient Tassentiment de Jo-
. Celui-ci approuva cette convention, il y apposa son sceau
^ fit apposer celui de la ville de Rosheim, le 11 juillet 1543^.
Âf^,4m 5trMbg.» GUP, L 174, »• 21-
* JW..»^ 22 et 24.
* Cm MHM • été publié par M, bîdor« Loeb, dans la Mt^m^ U V^ p« 93*
* Alcatel Straabg., QUP*, L 174, n* 23.
REVUE DES ÉTUDES JUfV ES
JosBL, Luther et les accosattons contre les Juifs.
L'agitation que la Réforme religieuse avait soulevée en Alle-
magne lut souvent dangenmse pour les juifs. Luther dans m
écrits, leur avait adressé tantôt des paroles bii^nveîllante^, tantôt
de grossières injures; des princes protestants songeaient à les
chasser de leurs États ; le prince électeur de Saxe avait, en 1537.
prononcé contre ceux de son pays un édit de bannissement. José*
lin, dont les juifs de la Saxe avaient invoqué le concours, résolut
de se rendre auprès de Luther, dont Fintluence pouvait arrêterez
persécutions. 11 se munit de lettres de recommandation du docteur
Wolf Capito, de 8trasbûui;g, ami de Luther, et du mâgii>trat de la
ville de Strasbourg. Voici d'abord la lettre que lui donna pour
Luther le docteur Capito :
Que la grûce et la paix soient avec notre respectable père en Dieu.
Joseph, un des plus pieux parmi les Juifs, d'après leur maaièff
de voir, et très grand savant *, que les autres juifs considèrent commô
leur patron, non? a fait part d'une supplique qu'il avait reçue de
Saxe. Dans cette lettre on l'informe que son altesse rÉiecLetii (Je
Saxe, pour certains méfaits commis par quelques vagabonds qui ont
été publiquement punis, d'après ce qu'on dit, a été irrité à ce poiBt
qu'il a manifesté Tinteutu^n de chasser les juifs de sa principauté
et de ne plus jamais en laisser passer sur ses terres. Il doit mémo
déjà avoir publié un édit d'après lequel tout jtiif étranger qu'on trou-
verait dans ses domaines encourrait une peine sévère. Nous avoua
peine à croire que ce gracieux électeur ait pu concevoir une telle fo-
reur contre ces pauvres gens.
Cependant, à la demande de Joseph, nous n'avons pu lui refustT
une lettre de recommandation pour toi. Car nous sommes aussi de
son avis, ou que tu l'écoutés toi-même, ou que lu prennes connais
sance de sa pétition; ensuite, que, selon les devoirs de notre charge»
qui nous montre Dieu comme Fimage de la plus haute misérîcord«|
tu prennes en mains Taffaire des juifs, et que tu la soutiennes au-
près de l'Électeur- De celte manière ils verront que nous somm<
prêts à faire le bien non seulement aux étrangers^ mais même à
ennemis.
^ Qroiier liULbdtn.
JOSEtMANN DE ROSHEIM
79
ecUble père, lu ne nous en voudras pas de ravoir recora-
lodé ce juif et de le charger d*un si lourd fardeau, car nous nUgao-
i?> pas que tu as besoin de ton temps pour autre cbose, mais nous
pr fil est de notre devoir de porter secours aux malheureux,
iquoi nous nous fions a ta bonté, pour nous permettre de
rîroporiuner par de pareilles aflaires.
Je te fais parvenir une longue lettre par un messager sûr, ou par
d'Augsbourg, pour qu'il n'y ait pas de retard.
Je rae recommande ainsi que ma communauté à tes ordres, cher
ère et maître. Butzer, qui aujourd'hui s'en va à Baie et qui connaît
Kûotenu de cette lettre, t'envoie ses respects, et te prie de l'occuper
rieusemeni de cette a lia ire,
I Que Dieu te conserve eu félicité à nous et à tes serviteurs K
Le magistrat de Strasbourg, après quelques hésitations, avait
ais, à son tour, à Joselin la lettre suivante :
Au duc Jean -Frédéric, Électeur de Saxe.
I Très gracieux Seigneur, ci inclus, nous avons rhonneur de remettre
isa Grâce ducale copie de la supplique que nous a adressée Josell,
.11 do Rosheim, Ce juif nous est avantageusement connu depui
bagtemps comme voisin.
|. Depuis bien des années, nous le voyons soigoer avec zèle et d'une
amère très honorable les intérêts de ses coreligiouoaires, et lou-
eurs, suivant la coutume des juifs et d'après son intelligence, il se
[fepose sur la bonté de Dieu. C'est encore pour une affaire de ce
icure qu'il veut entreprendre un voyage auprès de votre Grâce
[iacale.
Goiome, suivant les préceptes de saint Paul, nous devons avoir
[pitié de ces pauvres gens et leur porter secours, nous lui donnons
) celte recommandation, adressée à voire (iracc ducale, pour la prier
de vouloir bien le laisser venir hbremeDl à vous et d*avoir Tobïi-
geaace d'ccouter son rapport.
Kq échange de vos bons procédés, nous nous efforcerons cons-
lammcnt d'être agréables à votre Grâce ducale.
Fait le a mai <537.
De votre Grâce ducale, les très humbles Maître (meister)
et Conseil de la Ville de Strasbourg*.
[ûther paraît avoir refusé de voir Joselin^, il se borna à lui
terire la lettre suivante :
»Atch.
dtf Stnisb.,G, U. P., 1. 178, n» 23.
' Vot?. plu3 lûm, La leUre de Joselin tu magistrat do StraBbourg^ au sujet de ses
^i&Ardke» répokées auprès de Luther,
^)
REVUE DKS ÊTIIDES JUIVES
Mon cher Josel, j'avais bien rinlenlion de Iravailler pour vous ai]
près de mon gracieux seigneur» et par mes paroles et par mes écriti
comme, du reste, je l'ai prouvé par plusieurs de mes brochur<
qui ont été utiles aux juifs. Mais les vôtres font un si mauvais usag
de mes services et font tant de choses que nous ne pouvons tolérât
qu'ils m'ont fait perdre toute envie de plaider votre cause auprà
des princes et seigneurs. Car mon cœur a toujours été et est encoi
pour eux et demande qu'on les traite avec bonté, pour qu*uu jon]
ils arrivent à reconnaître en notre Dieu le Messie qu'ils attendent,
mais il ne faut pas qu'ils croient que, par mes bienfaits, ils soieol
fortifies dans leur erreur et deviennent encore pires quils ne sont',
On le voit, c'est Tancienne théorie de réglise catholique qui m
pire Luther. On veut Lien tolérer les juifs, mais à condition
qu'ils se convertissent. S'ils persistent dans ce que l'église appelle
leur aveuglement, ce méfait ne leur sera point pardonné. Le refus
de Luther ne découragea point Joselin, il essaya de fléchir le
prince de Saxe, mais ses efforts restèrent sans résultat.
Les juifs continuaient à être attaqués par les écrivains protes-
tants. C. Butzer, ami de Capito» de Strasbourg, qui est mentionné
dans la lettre que Capito donna à Joselin pour Luther, avait lui-
môme publié une brochure contre les juifs. Ces écrits faisaient
sensation, les chrétiens qui les lisaient s'en entretenaient avec les
juifs et les harcelaient de questions, qui embarrassaient ces pauvres
gens, la plupart peu versés dans les études théologiques, Joselio,
pour venir à leur secours, écrivit une brochure hébraïque, qu'il
envoya dans toutes les communautés Israélites *. Nous n^avoos
pas le texte de cette brochure, mais en voici un résumé que nous
avons retrouvé, dans une pièce allemande, sur une feuille vo-
lante manuscrite, aux archives de Strasbourg'.
Rémnié du Iwret de Joselin à ses frères contre la brochure
de Buizer.
1^ Les juifs de n'imporle quel pays, et en aucune occasion, M
doivent engager de discussion religieuse avec qui que ce soit.
2° Quand quelqu'un d'une autre croyance les provoque et les force,
pour ainsi dire, à répondre à des questions sur la religion des juifs»
ils doivent se borner a dire qu'ils reconnaissent un seul Dieu»
> Quand on insiste sur la question d'usure, ils doivent répoudrB
ceci : Dieu nous a permis de prendre des intérêts et des bénétices
des autres, parce que ceux-ci» a leur tour, nous font payer toutd
*■ Arch. dû SUiisbM 1. 174, n« 23.
JOSELMANFf DE ROSHHIiM
81
lortes de droits, impôts et contributions, et que nous sommes forcés
d^ payer plus que n*importe quel jjeuple lixé dans on pays étranger.
Qu'on ne nous traite plus si durement, et nous saurons aussi agir
comme nos conapatriotes ; nous renoucerons à Tusure avec un plaisir
Nous ajoutons, cependant, que ceux des juifs qui prennent plus
que le taux légal sont des igoorauts el des insensés et ne sont
pas comptés dans le giron du judaïsme.
Les juifs ne doivent pas être orgueilleux» ils se conduiront hum-
blement, comme le recommande Dieu depuis Adam.
Lorsque Texistence de cette brochure de Joselin fut connue, on
répandit le bruit que Joselin y avait attaqué et dénigré la religion
chrétienne, et que, si elle était innocente, il raurait lait imprimer
an lieu de la laisser manuscrite.
Pour répondre à ces accusations, Joselin alla déposer un
exemplaire de sa brochure au secrétariat Je THôtel de Ville de
Strasbourg, puis, sar le conseil du bourgmestre, il adressa au
Bagislrat de Strasbourg une lettre explicative, qui est des plus
intéressantes. En voici la traduction :
Sévères, nobles^ sérieux, vénérés, sages, gracieux et servlables
adgiieors,
îles très humbles salutations à votre Grâce.
Gracieux Seigneurs, l'année dernière, après qu'à Francfort on eût
la;>rimé et publié quelques brochures faites par divers prédicateurs
la Hesse» dans lesquelles on cite aussi le nom de Monsieur Mar-
Eatzer, qui, à deux reprises diiïérentes, comme chef de ces pré-
5, a fait de fâcheuses sorties contre les Juifs, j'ai supporté ce
I avec beaucoup de patience pour ma part.
Sealement, les juifs de Hesse et d'ailleurs ont beaucoup souffert
[tu fuite de ces publications, et se sont plaints à mol, en me sup-
IpliaQt de venir à leur secours eu leur donnant des conseils; j*ai
lilors écrit une brochure réfutant article par article {les accusations
[podta contre les juifs).
Gracieux Seigneurs, j'ai aussi donné à mes frères en Israël, autant
k faibles moyens et mon intelligence me le permettaient, des
(|ue j'ai tirés do la Sainte Bible el de riiistoire des pro-
et par lesquels je leur disais de ne pas se préoccuper des
lions de Martin Butsier ou autres, puis de ne discuter religion
ifloe qui vive, ni publiquement, ni secrètement, mais de tout
r. car Dieu ne nous envoie pas d'adversité, si nous ne Favons
lateitée.
la susdite brochure, je me suis ainsi donné la peine de ré-
q^ le mot mur^ sig&lfisf dans tout c»cS, prêt à intérôt,
T. XIII, »• 16. I
sa BEVOE DES ÉTUDES JOTVES
pondre, par des extrails de la Bible, à des traits qui sont trop dfree-
teraenl dirigés contre nous, et j'ai prouvé notre innocence. Mes frères
ont subi, par suiie de ces écrits, des épreuves auxquelles ils ont
simplement répondu, comme un pieux juif doit le faire, en priaotel
eu louant Dieu, leur Père divin.
Et pour que le peuple ne ripnore pas et sache que Dieu ne prend
pas plaisir aux iujustices, mtiis à la pitié et a la miséricorde, fsi
envoyé daus charnue communauté (juive! une brochure spéciale â ua
des hommes instruits de Teodroit, avec prière d'en lire le coolenii
ù ses coreligionnaires, afin qu'en leur qualité de pieux Israélites, ils
se conduisent honnêtement et honorablement, dans la crainte de
Dieu.
Gracieux Seigneurs, do cotte roauière je me suis mis en garde
contre les méprisses de certains juifs ignorants ou de chrélieûs»
comme j'avais à craindre qu'il ne 3*en produisit chez des gens qui
n'ont aucune notion de ces saintes écritures
EL pour couper court à loule calomnie, j'ai l'ait traduire cette petite
brochure hébraïque, par une personne pieuse, eu votre langue, c'est
a-dire en allemand, afin que les pens intelligents puissent voir que
je n*ai ouilement cherché, dans cette brochure, à blesser ou à abais-
ser qui que ce soit, mais à conlenler tout le monde,
Gracieux Seigneurs, plusieurs personnes m'ont conseillé de pu-
blier cette brochure, ce que je ne puis faire, parce qu*il y a trop
gens ignorants. Mais, comme le conseil de Strasbourg est composé
d'hommes d'une haute intelligence, et que je désire beaucoup (pî'iU
se convainquent de la fausseté des assertions de nos adversaiR'S, je
liens à leur soumettre cet écrit. C'est pourquoi, Gracieux Seigneurs,
j'ai fait déposer celle brochure chez le secrétaire municipal. Vous
voudrez bien approfondir le contenu de cet écrit, discuter chaque
phrase et cliaquc mot, et vous persuader qu'il ne contient absolu-*
ment rien de blessant contre personne.
Cela fait, je vous prie. Messieurs, de ne pas refuser de m'accordftf
un ceriifical conslataul ce que j'avance. J'espère que Votre Orace
me fera parvenir cet écrit-
Je n'oublierai, de ma vie, de prier le Dieu tout-puissant pour li
sa nié de vos Grâces et pour une longue et tranquille gestion det
aflaires.
Veuillez m'envoyer votre gracieuse réponse par uo messager, (pif
se servira de mon clieval, que je laisse ici.
Votre très dévoué,
lôsLÉ, juif de Mosiiim^
Btfehlshaber de la nation Juive '
Joselin fut. dans . une autre circonstance, tenté d'écrire uttô
brochure pour la défense des juifs. Le pamphlet de Luther inti*
* Arcb. de StîB^., Q.U.P., 1. 174, &• 23.
JOSELMANN DE ROSHEIM 8S
\ê : « Des juifs et de leurs mensonges », avait fait ^aiide sen-
Ition; on apprit, en 1543, qu'il allait publier un nouvel écrit
>ntre eux *. L^annonce de ce livre inquiétait gravement les
iif« iVAiiemagne. Joselin se proposa, à son tour, de faire appel
l'opinion publique, mais il demanda conseil au magistrat de
Strasbourg, Voici la lettre qu'il loi écrivit à ce sujet :
Sévères^ nobles, savants et gracieux Seigneurs.
11 y a quelque temps, je vous ai déjà entretenus des souffrances
j*eûdiirent les juifs et votre humble serviteur à cause de certains
crits- Or, il n'y a plus moyeu de vivre ainsi : te bas peuple dii que
si OQ vole ou tue un juif, on peut, pour cela, obtenir rabsolutiou.
parce que Martin Lullier le dit dans sa brochure.
n y a quelques années et du vivant de Capito, vous m'avez promis
Ide et protection. Vous avez môme alors fait défense à chacun de se
ire justice soi-même. . ,
Maintenant je ne veux plus discuter avec Martin Luther, car,
«537. à la cour de Saxe, il eut Fair de se rendre à mes explica-
DDS, et depuis, il s'est de nouveau laissé exciter par des juifs Ma-
elucks*, et non seulement il a de rechef prêché contre nous, mais
Qcore il a fait imprimer des brochures. Je me suis rendu jusqu'à
ept fois chez lui à Meïssen sans jamais avoir pu être reçu par lui.
! n'ai pu avoir de lui qu'une lettre, que je vous ai soumise *.
Sa brochure doit paraître dans le pays. Je viens, en conséquence,
vous supplier de m'aider de vos conseils. Comme les juifs de Meïs-
scQ, ceux du duché de Brunschwig, de Saxe, de Hesse, sont tour-
meniésà cause de Luther, je veux le confondre, sans dire de mal de
lui ou de ses écrits, mais unitiuement par des explications tirées
\tt l(i Bible, des Prophètes et du Talmud, Car j'ai parcouru tous ces
lims et je n'ai jamais trouvé ce que Martin Luther y a vu.
Je vous soumettrai d'abord une épreuve.
Ce 41 juillet <ôlâ*.
Les magistrats furent d'avis qu'il valait mieux garder le silence
el laisser tomber dans l'oubli toutes ces calomnies. Joselin se
rangea à leur opinion , maii* il voulut se rendre chez le prince
I Landgrave de Hesse, qui montrait alors de fâcheuses dispositions
htiTers les juifs, et qu** Joselin se flattait de pouvoir apaiser*
'Danii une lettre écrite en septembre 1543, au magistrat de Stras-
5*, Joselin représente que le prince Landgrave de Hesse
^ Cal |« Vom Srhem ffampkûtot und mm ^euhlechfa Christi,
• Cwiri-djriï baptisés,
• €n\ probiiblcmeni U îeUre publiée plue haut.
' Aîth. de Strasbourg, G, U. P.» 1, 174, a» 23.
• M.
84
EEVUE DES ÉTUDES ItHVES
s'est « mis à tourmenter mes pauves coreligionnaires en édict^nt
certains articles qui sont cause que des gens ignorants harcèlent
ces malheureux sur Teau, la terre» les routes» etc. Je ne veux
pas vous faire ici une trop longue description de ce qui s*y passe.
Je crois seulement, d*après ce qu'on m'a rapporté, que son Excel-
lence y est poussée par le docteur Martin Luther, qui s*est laissé
exciter par quelques juifs baptisés, lesquels nous ont calonmiè
au moyen d'infâmes mensonges que je n'aurais pas de peine à
réfuter. «
Joselin ajoutait que le prince était versé dans les Écritures,
qu'il entendait volontiers les gens venus pour se défendre et qu'il
espérait, lui Joselin, être écouté avec bienveillance, si le magis-
trat lui donnait une lettre de recommandation pour le prince. Le
magistrat accueillit sa demande, Joselin se rendit en Hesse, mais
nous ne connaissons pas le résultat de sa démarche, et il est
probable qu'elle ne changea rien à la situation des Juifs,
Eue ScHEiD*
LES ISRAELITES D'ORAN
Lax archives du consulat général d'Espagne» à Alger, sont
es quelques registres provenant éa vice-consulat de cette
BC8 à Oran, et contenant des renseignements intéressants
ïlm Israélites de la même ville. Ils peuvent se répartir en deux
La première, composée de plusieurs cahiers non reliés,
ne des contrats d'affrètements» des procès -verbaux de
e, des protestations et autres actes consulaires. La seconde
e, en deux volumes cartonnés, est la copie de la correspond
ïdu vicé-consuL
Tai extrait de ces registres tout ce qui concerne les Israélites,
fées données m'ont servi à rédiger le présent travail.
\ documents qui ont été à ma disposition vont de 1800 à 1815.
i moyen d*aatres recherches» j'ai pu remonter jusqu'à la fon-
Ooo delà communauté d*Oran, en 1792.
et essai d'histoire locale m*a été rendu possible, grâce à robli-
Dce de M. Je marquis de Gonzalez, l'excellent consul général
igné à Alger, qui m'a permis, avec une parfaite courtoisie,
BF dans les archives confiées à sa garde. Je suis heureux
avoir lui en exprimer ici toute ma reconnaissance.
L Fondation de la communatUé.
eommuDauté moderne d'Oran date, comme je viens de le
, de 1792. Lorsque le bey Mohamed el Kebir eut pris posses-
I de cette ville, totalement évacuée par les Espagnols, il songea
repeupler, et, entre autres mesures qu'il édicta à cet eflèt, il
ppeld iei& Israélites de Mostaganem, de Mascara, de Nedroma
.fl REVUE DES ÉTUDES lUlVES
et de Tleracen. Il leur \ eiidit à très bon marché un vaste emplace- '
ment, ou ils édifièrent leurs demeures, et leur concéda, à titre
gratuit, aiî terrain pour un cimetière* Vente et donation restèreat
probablement verbales jusqu'en 1801, année où elles furent con-
firmées et mises par écrit. Le document qui en fait foi est le véri-
table acte de constitution de la communauté. En voici la tradcc-
tion olïicielle, telle qu'elle existe dans les archives du consistoire ,
Israélite d'Oran* L'original est en arabe.
Louange à Dieu seul.
El Sid Mobamed ben Osman» bey des provinces du Couchant etdd '
Tlemcen, après avoir conquis la ville d'Orao, a vendu un empiace- |
ment de lerraiu, avec les baraques en bois qui Toccupent, au cou-
chant du quartier dit Reha ei Reh \ longeant la grande rue jusquâ
son extréniilé» jusqu*a la maison de Boungab. En descendani du
côté du ravin et au nord de ce môme ravin, ce terrain arrive jus- \
qu'aux jardins qui porteni le nom de Jardins des Juifs^ et remonte
jusqu'aux baraques connues sous la même désignation, et de là la |
limite suit jusqu'au point dit Reha el Reh,
Celte vente a été faite aux trois Juifs Ould Jacob. Yaon (Yona) ben \
Daoud et Amram, lesquels ont acheté, tant pour eux que pour leurs I
coreligionnaires, le terrain avec les baraques en bais qui roccupenl, j
moyennant le prix de huit cent vingt sultanis d*Alger (huit mille |
deux cents francs), que le vendeur a reçus en entier des acquéreurs, J
auxquels il fournit pleine et entière quittance.
En conséquence, les acquéreurs sont devenus légitimes proprié-
taires dudit terrain, duquel ils disposeront comme de leur pro|^|
chose.
Le même bey a fait donation a la communauté des Juifs d^afll
terrain situé dans la banlieue d'Oran pour ensevelir leurs morts, CeJ
terrain se trouve du côté de Sidi Cbàban.
Donation perpétuelle, éternelle.
Ont élé témoins de ce qui précède : le vénérable Ei Sid El Hadj 1
Méqui ben Aïssa, qui a apposé son cachet ci-dessus, Si Mohame^
ben Hassan et El Hadj Ahmed ben Hatrab, témoins dignes de fûi.
Fait à la date du milieu de Chaoual, Tan douze cent quinze i
huit cent un).
(Signé : ) Abdelkader bkn el Bachir.
Au premier noyau de la communauté s'adjoignirent bient<5t i
éléments venus du Maroc, de Gibraltar et d'Alger. Parmi
derniers, je citerai les Coen Salmon, les Lévy Bram, les Abulke
les Témim, Tout ce monde, actif, intelligent, aventureux,
livra au commerce, et surtout au commerce d*exportation.
*■ Le Moulin à vent.
LES ISBAÊLITES D'OIUN m 17l>2 A 1815
87
liBons qui existaient naturellement entre eux et leurs coreti-
[ioimaires tlu littoral méditerranéen tes y conviaient. Parmi les
opt^rations relatées dans les livres du vice-consulat, les deux tiers
au moins appartiennent aux Israélites; le reste se partage entre
quelques Maures et le vice-consul lui-même, qui fut chargé, à un
certain moment, d'expédier du blé et des chevaux à la junte in-
mrrectionnelle de Cadix, Les articles qui formaient le principal
olyetdê^ transactions -étaient le bétail et les céréales. Les ports
de destination étaient, entre autres, Malaga, Gartliagône, Alméria,
iU^slras et surtout Gibraltar,
Abordons maintenant en détail l*bistoire de ce commerce et de
ï commerçants.
2. Activité commerciale.
Le premier en date fut Yamin Tolédano. Au mois d'avril 1801,
Bph Taurel, de Gibraltar, lui envoya, en consignation, huit
ti&ses de marchandises, à bord de la tartajie marocaine i/eAr^ai^cfa.
cai:sseî5 furent débarquées par erreur à Malaga. En consé-
lieiice, le 4 mai, Toledano, au nom de Taurel, Ûl mettre Fera-
Irgo sia* la tartane.
Toledano était le eorrespondant de Joseph et Isaac Israël, de
îibraltar. Il reçut en consignation la somme de 3,300 piastres
ortes. afin qu'il leur envoyât une cargaison de blé pour la même
ïleur. Le brick la Susana^ dont ils étaient propriétaires, atten-
iit dans le port, mais Tolédano ne put faire le chargement. Le
juin 1801, le capitaine Juan Guerra déposa sa protestation en
rtiidant responsable de tous les dommages que son refus de
liargpr pouvait entraîner pour ses armateurs.
A celle époque, les relations avec Gibraltar étaient fréquentes.
eph Taurel et Jacob Serrueha envoyèrent souvent des car-
îaiiions à Oran. Outre Tolédano, ils y avaient pour consignataires
braham Masias et Abendran (Duran).
, L'importante maison Bacri et Busnach, d'Alger, avait obtenu
1 Dey le monopole du commerce des cnréales dans toute reten-
ue de la Régence. Dés 1801, elle exerça son privilège dans te
portd'Oran- De là naquit Tincident suivant. Le capitaine Papi, de
jBagûse, devait recevoir un chargement de blé de Sidi Ahmed
liichau, qui ne fut pas en mesure de le livrer. En conséquence,
Ife 28 novembre 1801, le capitaine déjiosa une protestation. Le
[lemlemain, Abraham de Moïse Abudarham, tbndé de pouvoirs de
[M\ \limed, déclara, pour excuser son maître, que le bey d'Oran
fS BEYXm DES ÉTUDES JUIVES
avait fait défense à tous capitaines d'embarquer du blé autrement
que pour le compte deBusnach.
Parmi les négociants de cette époque, nous trouvons encore
P!nhas Beiidaliau, Moïse Benamara, Jacob Benzaquen, Joaepli
Maman, Abraliam Saba.
Un événement tragique et très rare parmi les Isralites d'autre'
fois vint jeter Fémoi dans la communauté.
Le 31 juillet 1802, la pinque espagnole La Fortuna^ capitaine
Luis Alesandro, sortit de Gibraltar à destination de Malte, ayant
à son bord, comme passager, un Israélite nommé David Benhaïm
(Ven Jaïn). Fatiguée par les vents contraires, elle fut obligée» Ifi
6 août, de se réfugierau port d*Adra. Là, on commença à remarquer
quelque chose d'anormal dans Tattitude de Benhaïm, qui paraissait
préoccupé de ses alïaires restées en souffrance à Gibraltar, eiqû
se répandait en plaintes amères contre un de ses coreligioniiâir»
nommé Cabeza, Son état mental inspirant des inquiétudes, il fut
mis en surveillance dans une cabine. Quoique le temps continuât
à être mauvais, le capitaine remit à la voile le même jour; mais
la navigation fut si pénible quMl dut encore une fois faire relâche
aux îles Chaffarines. Il en repartit le 10, par un ciel clair et une
mer calme. Le 15, à midi et demi» au moment où Téquipage,
réuni sur le pont, achevait son repas, on vit Benhaïm sortir de sa
cabine et se diriger vers Tarrière du bâtiment* Tout à coup il Ôta
ses souliers, monta sur le bastingage, et, se tournant vers les
matelots, leur cria : « Adieu, vous autres! » En même temps il se
précipita dans les flots. Le capitaine fît aussitôt virer de bord et
lancer une chaloupe; mais il tut impossible de retrouver le mal-
heureux, car le vent était tellement vif que le navire filait siimillei
àrheure. Le lendemain, le capitaine entra dans le port d'Oran,
et» accompagné de son équipage et d^un autre passager nommé
Kaddour Adda, il alla faire sa déclaration au vice-consulat
d'Espagne.
Un commerçant, qui était censal de ce vice -consulat, figure
pour la première fois sous le nom de Sulaqui sur les registres ei^
Tannée 1803. Partout ailleurs il est appelé Benseria, mais il si]
invariablement en hébreu ^p«nip rmn\ Jehuda Ghouraqui. Il aval
un frère nommé Moïse ou Joya, qui faidait dans ses affaires, aiM
que son cousin David. Le rabbin d'Oran, Isaac Chouraqui, auqu€
R- Salomon Seror, d'Alger, adressa une consultation (Péri Çaddlk
rép. n** 2), était peut-être leur parent.
Les Benséria eurent des débuts pénibles* Moïse alla s'établir
Gibraltar, d oii il ne revint quVn 1811. Juda, après quelques opé
rations heureuses, fut ruiné par Tindélicatesse d'un mandatairi
LES JSHAELITES D*0RAN de 1798 A I81K
m
fc!
il confia au capitaine Vicente Tur 50 bœufs et 00 mou-
consignation de Pedro Agustino, de Mahon» Par crainte
corsaires frane;ais» Tur vendit sa cargaison à Pègnon de la
ornera (Maroc), et il négligea d'en remettre le produit à son affré*
UT. Le vice-consul d'Espagne prit lait et cause pour ce dernier,
et, le 31 juillet 1814, it écrivit à ce sujet à don Francisco Moreno,
gouverneur de Mahon. On ne dit pas si Tur finit par payer.
Quoi qu'il en soit, Juda Benseria tut momentanément éclipsé
par d'autres commerçants, dont Igs^ principaux furent Joseph
Cabe^a, Saloraon Abulker et Salomon Lévy Bram.
Ce dernier était originaire d'Alger, Le 13 octobre 1805, Joseph
Bacri, censal du consulat général d'Espagne, ayant été incarcéré
par ordre de la Régence, Salomon Lévy Bram demanda à le rem-
ilacer dans ce poste ; mais sa démarche échoua, malgré la protec-
ion du Dey et celle de David Duran, chef de la nation israé-
te. En 1810, nous le trouvons à Oran. Juda Benséria était â son
rvict? comme simple employé. Cest ce qui ressort du fait sui-
ant
Le capuaiue anglais Lorenzo Brîgnon, do la barque Foriuna,
Tait été nolisé à Gibraltar par Mardoohée Amar pour charger des
stiaux à Oran, Par suite d'un retard du consignataire Salomon
vy Bram, le capitaine ne put embarquer sa cargaison, car dans
rintervalle un corsaire algérien était arrivé, avec ordre du dey
empêcher tous les navires à Tancre de quitter le port. Le
19avril, le capitaine dut, en conséquence, faire ses réserves au nom
de son atlréteur. Lévy Bram répondit qu'à la premi<^re réquisition
de Brigûon, il avait envoyé son troupeau à l'embarcadère, sous la
condaite de son employé (criado) Juda Benséria, mais que le port
était déjà fermé avant que ce dernier y arrivât. Le 10 juin, le ca-
i^itâine Brignon, accompagné de son équipage et de son écrivain
israéiite, Abraham Ximén^s, cita devant le vice-consul d'Espagne
lévy Bram et son employé, à TefTet d'afflrmer sous serment que
retard causé au départ de La Fortuna n*étaLt pas de leur faute.
Tous les deux refusèrent le serment par scrupule religieux.
Salomon Abulker, qui est appelé Beiger dans nos documents,
était également originaire d'Alger, où û se trouvait le 6 septem-
bre noO. A cette date il faisait un envoi de numéraire à Livourne ^ .
Associé et correspondant de la puissante maison des Bacri, il
était flxé à Oran dès 1807, accompagné d*un autre Algérien,
Cbaloum Portiiguez, rabbin et commerçant. Kn 1809, il entreprit
quelques opérations de compte à demi avec Lévy Bram.
' M. J, M. Haddcy (A. Dovoulx), Liw d'or, p. 81.
90 REVl'E DES ETUDES JUIVES
Par la saite, surtout en 1812 et 1813, Juda Benséria reprit uoe
grande importance. En une seule année, il n'expédia pas moins i
de douze cargaisons de céréales, laine et bétail.
A la même époque florissait la famille Cabeza. Les Cabm,
d'origine marocaine, étaient au nombre de quatre : le père Israël,
les lils Joseph, David et Salomon. Joseph était établi à Alméria,
d'où il tira sur son père à Oran une lettre de change de 8,321
réaux, lettre de change que le tiers porteur, Juan Domovitch,
présenta le 13 juillet 1809 et qui fut protestée par le motif que le
tiré n'avait pas de fonds appartenant au tireur.
Le séjour de Joseph Cabeza à Aimeria fut brusquement inter-
rompu au mois d'août 1809 par suite d'un incident curieux que
nous relatons plus loin. Revenu à Oran, il se livra à de grandes
entreprises commerciales et fut pendant quelque temps le plus
fort négociant de la place. Il exportait du bétail et de la laine eo
Espagne et aux îles Baléares. 11 eut parfois pour associé un de ses
parents, Joseph Melul, contador dubey.
Les autres négociants que je n'ai pas occasion de citer ailleurs et
dont les noms figurent, pour une raison ou pour une autre, sur les
registres consulaires sont : David Lévy Balensi, Samuel Hassan,
Joseph Abuab, Maklouf Bénichou, Baruch Alaskar, Abraham
Kalfon. Estuqui, qui signe tain» r|OT^.
J'ai relevé également les noms de plusieurs négociants israélites
de (libraltar. Ce sont Juda Benoliel Arengo et Cie, Isaac Ange),
Abraham Cîabisson, Moïse Tubiana.
3. Rôle politique.
])(» bonne heure les Israélites exercèrent une certaine influence
dans les conseils du bey. Grâce à leurs relations au dehors, ils
devinrent ses aixents commerciaux et quelquefois diplomatiques.
Ils ne restèrent i>as étrangers aux affaires intérieures, et ils furent
nuMés aux intrigues et aux catastrophes de cette époque.
Mt^nie avant la oonqutMo d'Oran, l'un d'eux, Mardochée Darraon,
fui riionime de rontiance des beys du Couchant. Quoique ce per-
s()nnag(» ne soit pas mentionné dans les registres du consulat, il .
n\»sl pas possible de l'omettre lorsqu'on parle de la communauté
d'Oran, dont il fut, suivant la tradition, l'un des fondateurs et
l'un des membres les plus notables. Aussi versé dans la science
juive (lue dans celle du négoce, il composa un ouvrage intitulé
'^^^•,3 -,,.^^^.2 (Propos de Mardochée) et imprimé à Livourne en
\1H1. (l'est un recueil d'explications homilétiques sur des passages
LES ISRAELITES D'ORAN DK 1792 A 1815
01
lloîsis de la Bible et du Talmud, Dès 1*772 on trouve Darmon au
rvice du liey Ibrahim* 11 le suivit dans ses expéditions. Des
a^mentâ de son livre sont datés du camp du bey aux bords de
îabra. de la Mina, de la Tafna. En 1783, il entreprit un voyage
Conslantiiiople et à Smyrne. Il acquit une grande lortune, et
litia, dit-oa, la synagogue qui est devenue depuis la synagogue
[)nsistoriale d'Oran.
Son gendre Juda Daraion, iils de son frère Messaoud, était
rabbin et écrivit une préface pour son livre. Un David Darmon,
robablement aussi son parent, était en 1810 employé de il. Né-
toto, agent consulaire de France.
La jeune communauté ne fut pas longtemps exempte d*é-
îuves. En 1805, un marabout rebelle» s'étant emparé de Mas-
ra, en enchaîna toute la populationjuive et la frappa de lourdes
ftntributions. A cette nouvelle et à celle de son approche, les
raélites d*Oran songèrent à se xuettre à Tabri de ses coups, et un
and nombre de familles s'embarquèrent pour Alger, oii elles
lirriverent le 11 juin.
Le chargé d'aifaires du dey à Gibraltar était juif. 11 s'appelait
ron Cardoso, et il était en même temps chef de la nation israélite.
\Èi)nj, il fut choisi par les Anglais pour remplir une mission
Qportante auprès .du bey d'Oran, Le 16 octobre entra dans ce
ort une corvette anglaise commandée par le capitaine Roman et
lyaut à bord cent quintaux de poudre. Aron Cardosu accompagnait
convoi en qualité d'ejivoyë extraordinaire du gouvernement
britannique* Il avait pour instructions de demander au bey, en
Ifcliange de la poudre, une cargaison de bestiaux pour le ravitail-
[bment de Gibraltar. Le hey était alors absent : il dirigeait une
xpédition contre les tribus rebelles. Cardoso, suivi de Roman,
liiriiique de cinq autres officiers du bord et protégé par une es-
[lîorte d'arabes, le joiguit dans son camp. Sa négociation eut un
}\én Huccès, car le 5 décembre il se rembarqua avec un convoi
omposé de 200 bœufs et de 100 moutons.
Cn jour, le 23 mai 1812, le bey confia à deux marchands is-
télites, Ayousch Benhaïm et Chaloum Karoubi (Jarrobi), une
omme de 4,000 douros pour la faire valoir à son compte. Les
nands renvoyèrent à Tanger à bord de la felouque algérienne
^ucUZy capitaine Mohamed, Quelques mois après on apprit
bâtiment avait été visité en mer par le corsaire français
Bla«, et le group enlevé. La Régence était alors en paix avec la
iîfance : aussi, le 4 août, les expéditeurs dtposèrent-ils une pro-
]tesUlion au vice-consulat d'Espagne contre le corsaire et ses ar-
1 loaieurs.
92 EEVUE DES ÉTHDES JUIVES
Les genres de Napoléon I«' eurent leur contre-coup dans ce
petit coiiî de TAlrique et au sein de la communauté juive* O^lle-cl
se divisa en deux partis : celui des Français et celui de^ alhés
Pour les derniers s^employaient notamment Abraham Masias,
un ami personnel de l'ancien vice-consul d^Espagne Joseph lli-
guéro, et Salomon Paciflco, un agent du bey Sidi Mohamed» por
le compte duquel il effectua divers payements à la date du
21 juillet 1809.
Mais les partisans de la France étaient de beaucoup les plttâ
nombreux et les plus influents. Ils se groupaient autour d'une
femme habile qui joua un rôle important,
La juive Hanina (Janina) * était la favorite et, dit-on, k
maUresse du bey Mohamed bou Kabous. Elle aimait les Français
et ne négligeait aucune occasion de les servir.
Au mois de juillet 1810, alors que la France était en guerre avec
l'Espagne et l'Angleterre roalisées, cinq de nos corsaires, sortis
d'Alger et renforcés par cinq autres rencontrés en route, entrèrent
dans le portdiPran, Un brick anglais, capturé |>ar les Français,
puis repris par les alliés, y était à Tancre* lis résolurent de s'en
emparer, et se mirent en devoir d'obtenir du bey Tautorisation de
le déclarer de bonne prise, attendu qu'il leur avait été enlevé»
contrairement au droit des gens, dans les eaux d'Oran et sous le
canon des forts. Hanina fut chargée de cette délicate mission,
et aidée par Fagent consulaire de France, Augustin Négrolo, ainsi
que par Sidi el lladj Mohamed, flls du bey Bram (Ibrahim), elle
fut assez adroite pour la mener à bonne fin. Le 28 juillet, le brick
fut repris sans combat par nos corsaires avec le concours même
des gens du bey,
Hanina, dont la faveur ne cessa qu'avec sa vie, eut une mort
tragique. Son protecteur, le bey Mohamed bou Kabous, s*éta»t
révolté contre le gouvernement d*Alger, fut vaincu, prise! dé-'
posé. Tous ses partisans furent enveloppés dans sa catastrophe.
Omar-Agha, exécuteur des ordrt^s du dey, arriva à Oran, et Ici
supplices commencèrent. Sa première victime fut llanina. Cette
infortunée périt dans les âammes avec son flls atné Joseph (flft
mai 1813).
Après ce châtiment, Tagha se mit à la poursuite des demieis
débris des bandes rebelles. Il les atteignit sur la frontière di
Maroc, mais il fut défait par elles dans deux rencontres successive
et revint fut-ieux à Cran, Alors sa vengeance se tourna contre 1
deuxième tils de Hanina, Sadia, que Ton disait être le fruit di
1 Dimiuutir de Hihdb.
LES ISRAÉLITES rORAN DE 17î>2 A 1815
93
cette femme avec le bey déposé. Sadia fut tiré do la
il avait été jeté, et, comme sa mère et son frère, con-
dâmaé à être brûlé vif. Son bourreau» dans Tespoir d'obtenir des
êvélâtions, traîna devant le bûcher plusieurs autres Israélites et
semblant de vouloir les précipiter dans les flammes où leur
luvre coreligionnaire agonisait. Ils confessèrent tout ce qu'ils
ivaient. Peu de jours après, le bey Mohamed fut tué après un
îreux supplice, et ses trois tlls en bas-âge étranglés. Tous les
de Tancien bey Osman, fils du conquérant d*Oran, Mohamed
kl Kébir, ainsi qu'un de ses frères, périrent également, et beao-
j:oup de familles furent exilées à Médéa. DariS la communauté
raélite, en dehors de Hanina et des siens, personne ne souffrit
f violence, grâce peut-être à la protection d'un Européen nommé
îitcowitch.
Cependant deux membres de la famille Cabeza furent sérieuse-
Dent inquiétés.
Le 5 mai 1813 David Cabeza avait accepté du bey la mission
d*aclieter à Carthagène 200 quintaux de poudre. Il partit avec
^'assentiment des autorités espagnoles. Peu de jours après, la
évoUe du bey éclata. Après sa victoire, le dey d'Alger envoya à
la reclierclie de David, qui fut arrêté et ramené à Oran ; mais
il parvint à prouver son innocence en établissant que la poudre
avait été achetée avant la révolte, et, par conséquent, sans aucune
easée d'hostilité de sa part contre le gouvernement turc.
Moins heureux, son frère Joseph, également susiiect, fut obligé
Idese dérobera la mort par la fuite. Grâce à de puissantes pro-
jteçUons obtenues à prix d'argent, il réussit à s'échapper avant
fVarrivée d'Omar-Agha. Il emporta avec lui une partie des bijoux
appartenant aux fils de Hanina. Il se réfugia à Âlicante, où son
autre frère Salomon était établi.
La vengeance des vainqueurs n'était pas encore assouvie ; elle
1 8'achama contre les descendants de Hanina, Peu de jours avant
que la révolte de Bou Kabous eût éclaté, le fils aîné de Hanina,
Joseph, avait été chargé par lui de mettre en vente plusieurs car-
gaisons de blé amenées par son ordre d'Arzew à Oran. Joseph
acquit pour son propre compte celle qui était à bord d'un brick
marocain commandé par le raïs Hacera, Il la dirigea sur Gibraltar
iottsla conduite de son fils et de son plus jeune frère. Au lieu de
se rendre en droite ligne dans ce port, les deux jeunes gens relâ-
chèrent d'abord à Malaga, où ils vendirent leur blé en détail à
raison de 85 réaux la fanègue. Le produit de la vente encaissée,
ils mirent à la voile pour Gibraltar ; mais le vent contraire les
força de rentrer au port* Alors ils s'embarquèrent sur un autre
I BEMjE des ETUDES JDIVES
•tell «XMBttWif^ par le raïs marocain Muley Abdesselem, sur
l^Mi Bi irrfiPèrent enfin sains et saufs à Gibraltar.
A feio^ invï>*ti du [K>uvoir% lo nouveau bey Ali Kara-BargH
le brick et stu cargaison comme [>ropri4:'*té de rttat elles
WtÊÊÊ mnélites comme voleurs des deniers publics. Cette
léCmitsan? aucun fondement, carie bâtiment appartenait
A n lliracaiA de Gibraltar norani^ Vichau, l'équipage était inté-
composé de Marocains, enlln le raïs Hacem était de
murocaine. De plus, les autorités b^ylikales avaient
pffMâé elles-mèaies à la vente du blé dont cette cargaison âvalt
f^it partie^ et elles en avaient perçu lu prix, ainsi que le consta-
liMit les quittances conservées par les acheteurs israélites.Ënân,
•nivmal te témoignage d^un matelot de Téquipage de Hjicemjes
deux jeunes parents de Uanina n'avaient embarqué avec eux ni ^
IM^iKisai Cùtttm pouvant contenir des valeurs dérobées : OAj
kar arail to que les bagages contenant leurs bardes.
Ifilgré Tinjustice de sa réclamation, le bey n*y persista
■ohia^ n manda les consuls d'Espagne et d*Ângleterre et
dlugea d'écrire respectivement aux gouverneurs de Malaga 1
de Gibraltar, afin que, si les fugitifs étaient signalés dans Tune oa^
l^tttre de oes places, ils fussent immédiatement appréhendés au
n€f» et reiiToyé9 à Oran sur un bateau affrété pour la circoa§-
tmot (Sfi juin 1813). Heureusement un mois s'était déjà écoall
leur départ. Les recherches minutieuses, ordonnées par le
ir de Malaga, furent infructueuses* A Gibraltar, oii ils
béaient arrivés depuis longtemps, ils ne furent pas inquiétés.
Q«oiqii*ileii soit, le bey. animé par la hsine et par la cupidité, ne
aiCiltpaa poor battu. 11 en référa au dey d'Alger, qui tlt de cette
maetiûo d'extradition Tobjet d*une négociation diplomatique a^eo
It cabinet deliadrid. Au mois de décembre 1814, le ministre de^i
i d*£spagne, M, le duc de San Carlos, fut obligé
* des explications à son consul général à Alger, Pour
f, le 9 décembre 1814, le he}\ après s*étre entendu avec les
et d'Angleterre et avec divers notables deli
^ommimant^* écrivit à Aron Cardoso» son représentant à GibniUar,
iMiBr la priar d*aider les autorités anglaises à recherchir i^^
Cette newre ne produisit pas le résultat désiré.
'MiteiiilM- Le dey d^Aïger, qui cherchait un prétexte pour lu.
*T. i«n«niiffne. précisa sa réclamation ; il prétendit que les (
L*in
AvM l*spfig»«t précisa
* \*lites avaient enlevé du palais du bey quatre coflfres rempla
îf* uméraire et de bijoux. En conséquence, il en exigea ta
todou ou le payement de trois cent mille douros en guise
LES ISRAELITES D*ORAN DE 1792 A l«in m
W dédommagement. En vain le cabinet de Madrid fit-il observer
■ëc raison qu'il était injuste de le mettre en cause, attr-ndu que
les accusés étaient sujets anglais et quMIs s'étaient réfugiés à
'"*^^'fir, territoire anglais. En vain produisit-il une déclaration
iique des fugitifs afdrniant sous serment que If^s coffres^
il||et dn Uljge* ayaient été saisis avant leur départ par Omar-Agha
Btdéfiosés dans la maison du vice-cou.sul d*An^leterre. Le dey ne
mttatriim entendre, il lança un ultimatum» et, sans attendre la
, il îirocéda pnr voie de rigueur en faisant arrêter le "vice-
d'Ksj^agne à Oran, qui fut conduit à Al^jer les fers aux
(icdi, enfermé au bagne des esclaves et contraint h travailler
tam le!* carrières. Joseph Cabeza, revenu de son exil volontaire
tu 1814 et impliqué dans laccusation, subit le même sort (fé-
trfer 1815),
Apr^ une long:ue et pénible négociation, après plusieurs atter-
IMJfmeDts sucxressifs» TEspagne, pour éviter une guerre, dut sa-
Mè\ï^ la raiiacité algérienne : le l*'' septembre 1815, le ministre
te affaires étrangf'^res, don Pedro Cevallos, qui avait remplacé h*
\éÊA de San Carlos, annonça à son consul à Als<^r, don Pedro
â^ Zugastî, que le dey serait payé dans un délai d'un mois*
fat clos un incident qui faillit détruire la bonne barmonie
depuis si longtemps entre TEspagne et la Kégence
[de rhistoire deTîanina ont été puisés dans la cor-
vice-consul d'Espagne : son nom de famille, ni
li'fc sê* flls n*y est indiqué. Mais il m'a été possible de déter-
ce dernier du moins, au moyen des registres des actes
lires. J'ai été amené à penser que ces buiumes s*appelaient
il, et voici les raisons qui me le font supposer.
im a va que les deux fils aînés de Ilanina s*appelaient
,#t Sadia. Or, parmi les affréteurs que j'ai relevés sur
ae trouvent justement un Joseph Melul et un Sadia
*ioi»«»ph llelul était contador du bey, fonctions qui consistaient
*Hà estimer les monnaies du trésor, et qui lui valurent,
iieurs de nos documents, la qualitication honorifique de
t-il pas vraisemblable que ce contador Joseph était le fils
iiia« qui avait pu lui procurer cette place, grâce à la faveur
Idile joui«^it auprès du bey i
\Têi raconté qu*un des frères Cabeza faillit être enveloppé
fia cataiitrophe qui engloutit Hanina et ses tlls. Il n*eut que
(de st'enfuir à AJicante. Cette circonstance démontre qu'il
; entre ces diverses personnes des relations d'âifaires et
%
REVLE BES ÉTUBES JUIVES
d'amitié, peut-être m^ine de parenté. Or, des liens de ce
unissaient Joseph Cabeza et Joseph Mêlai : dans deux contrat*
d'affrètements ils figurent comme associés.
4° Les Melul cessent d'être mentionnés sur les registres du
consulat à partir de mai 1813. Cette date coïncide trop bieii avec
celle de la mort des 111s de Hanina pour qu'on hésite à identifier
ceux-ci avec les Melul.
5** Enfin Tun des deux fugitifs d*Orân portait le nom de Melul,
ainsi qu'il appert de l'acte notarié reproduit aux pièces justifica-
tives, II, 6. Il tétait probablement fils de Joseph et petit-lils de
Hanina. Celui qui s'appelait Koubi devait être un frère utérin de
Joseph.
4. Rapports avec le vice-consul d'Espagne.
Comme nous l'avons vu, le commerce oranais avait presque tous
ses débouchés en Espagne. Le représentant de cette puissance était
appelé journellement à intervenir pour les contrats d'affrètemeot,
les passeports, le règlement des contestations.
Mais là ne se bornèrent pas les rapports des Israélites avec le
yice-consul d'Espagne. Ce beau et noble pays, que le fanatisme t
ruiné, mais qui est en voie de se relever glorieusement sous la
souffle des idées libérales, mettait déjà en pratique, à l'époquô
dont nous nous occupons, les principes de la tolérance moderne.
Les mœurs étaient plus douces que les lois. Malgré les édits de
proscription, divers Israélites étaient domiciliés dans les villes du
littoral, et les autorités fermaient les yeux.
A. Tétranger, surtout dans les États musulmans, le gouvfrûi
ment espagnol prenait volontiers les agents de ses consulats paria
les Israélites. Le vice-consul d'Oran se servait d'eux sans aucun
scrupule de religion, et il était servi par eux avec franchise
dévouement. La lettre suivante', adressée par Joseph HiguérO
à David Buran, consul général de Raguse et chef de la natli
juive à Alger, montre combien ces relations étaient devem
cordiales :
Ofta, lo i'rmaî 1806.
Le 25 avril dernier j'ai reçu la lettre de Votre Seigneurie, ainsi qu
la patente et la nominalion do vice-consul de Raguse» charge que
* Traduite d après h minute espagnole, conservée ttux archives du oonsukt |
Tal d Espagne à Al^er»
LES ISHAÉLITES rmUAN DE 1792 A iKïiî
97
! avoir remplie jusqu^à présent à la saLisfaciioa de tous les capi-
Bcs de la République et des titulaires successifs du Consulat
ifr^néral, MM» Abraham Bouchara et Naflali Busoadi. Ces deroicrs
iii'avaieot également coofié ces fonctions, et, à vrai dire, je fus
péniblement affecté, lorsque le cliargé d'affatres anglais, M. Foley,
répandit le bruit qu'il avait été nommé vice-consul de Raguse, sans
que Ton eût daîgoé me faire connaître les motifs de ma disgrâce, car
aujourd'hui bonne renommée vaut mieux qiie tout. Je remercie
Ee Seigneurie de sa bienveillance et j'espère qu'elle sera satisfaite
lOi eo tout ce qui concerne mes fonctions.
ms rattenlc de vos ordres, j'ai Thonneur d'être, de Voire Sei-
irie» le fidèle et obéissant serviteur,
(Siçné : ) Joseph IIiguébo.
successeur de Joseph, son frère Antonio, ne fut pas en moins
termes avec les israélites.
ic Coen Salmon, négociant originaire d'Alger, eut occasion
rendre service en lui prêtant une somme de 9,245 réaux
[moDiiaie algérienne, sans vouloir accepter ni intérêts ni agio,
généreux dont il se loua fort dans une lettre au consul
1, en date du 7 septembre 1807.
(Israélites devinrent surtout utiles au vice*consul, lorsque,
liant les années 1808 et 1809, il fit des achats de chevaux à
jiour le compte du gouvernement insurrectionnel de son
I. Par suite de l'insécurité des mers, il se trouva plusieurs fois
.d'argent. Son banquier fut alors Aron Aniar, appelé aussi
^f renom de Djilbon. Les sommes avancées, qui étaient souvent
fortes, une fois 1,025 douros, une autre fois 6,000 piastres,
ïi remboursées par le consul général d'Alger, don Pedro
;deZugasti, au rabbin Isaac Abulker, correspondant d'Amar
obablement son associé» Cerabbin, enveloppé dans la querelle
ri et des Duran, eut la tête tranchée, en 1815, par ordre
13 décembre 1809, Samuel Sananès prêta au vice-consul
douros.
^l** décembre 1810, Moïse Témira lui prêta 1,000 douros, et
Ida même mois, 200 sequins.
1 toute occasion, Ip représentant de TEspagne pouvait compter
I coùcourn des Israélites. Un jour, en 1809, il avait à envoyer
gouvernement des dépêches d'une grande importance, et
Vin$u des autorités de la Régence. Un bâtiment, la Santa
capitaine Juan Andrès, affrété par Moïse Benséria, de
llar, se trouvait à Tancre dans le port. Du consentement du
irgue Abraham Coen» il renvoya en Espagne avec les dé*
%
HKVL'K DES ETUliLS JUIVES
pèches, tout en faisant accroire au bey que c'était pour y cher-
cher une nourrice dont sa feoime, sur le point d^accoucher, avait"
besoin.
Cependant les Juifs du parti français lui étaient naturellem^rtt
hostiles. Il eut fort à faire pour lutter contre Tinfluence préj>OïH
dérante de lïanina, secondée par ses flls et les frères Calieza.
Dans une lettre du 28 juillet 1810, adressée au consul général
d*Alger, il dévoila les intrigues de cette femme, et alla ju&qii*â
lui attribuer Tintention de chasser d'Oran les reiirésentaritx
des puissances européennes, témoins gênants de ses prélendue^s
exactions.
Quanf aux Cabeza, il trouva Toccasion de leur rendre coup
pour coup.
Le 5 juin 1809, un malfaiteur, échappé du préside de Mélilla,
Juan Andrès Rando, originaire deBujalanze (royaume de Cordouej
et âgé de trente-trois ans, vint se réfugier à Oran; et il parait qu'il
fut amené par quelques juifs de cette ville, notamment par Israèt
Cabeza, à se faire circoncire. Crime capital et digne du dei
supplice ! Aussi fut-il obligé de se cacher, afin d'échapper _
recherches du vice-consul Antonio lliguéro. Celui-ci, ayant appris
que Joseph Cabeza habitait Alméria, ce que, d ailleurs, il ne pou-
vait s'expliquer, vu les lois du pays, il écrivit, le 14 août, à Vi
v^que de cette viîle, le priant de s'emparer de la personne de i
Israélite et de le maintenir en état d*arrestation, comme ol
aussi longtemps que la retraite de Rando n'aurait pas été ré'
par ses coreligionnaires d'Oran. Ainsi menacé, Cabexa jugea
dent de sVloigner.
Un autre adversaire du vice-consul fut Salomon Abulker
par ses patrons» les Bacrî, qui avaient embrassé avec arrleuF
cause des Français, il lui créa beaucoup de dil'ti cultes, surtout
après l'arrivée de l'agent français Négroto.
Enfin, à la suite d'un sinistre commercial, le vice-cuusul #e
brouilla aussi avec son ami de vieille date, Coen Sahnou. Lt*
26 janvier 1811, celui-ci nolisa la pinque marocaine Seba,ci$
taine Kaddour. 11 y embarqua 4,8Û0 fanégues d'orge pour Gîbrali
à la consignation de Moïse Tubiaiia, Ce bâtiment, qui apparteiiailt
en réalité, non à un sujet marocain, mais au vicp-consul à
pagne, associé avec le bey et un tîls de celui-ci, fut abaadoîvn
son équipage au cap Palos, à la suite d'une violente tempétej
là un procès avec Coen Salmon et les fils de la juive Ilanîna,
celui-ci avait intéressés dans son entreprise. Le vice-con^ul,
avait dirigé toute cette afiaire, fut cité devant un tribunal exti
d inaire, présidé par Foîey, agent consulaire d'Angleterre, et
LES ISRAELITES D^ORAN DE M\n A 181S
m
fut condamné, le 29 mars 1812» à indemniser les affréteurs» ainsi
que se» co-propriétaires.
Malgré ces démêlés passagers, il resta rarai des Juifs* Il les
prot^eait chaque fois que roccasion s'en présentait. En 1813, le
gouverneur d'Alméria avait séquestré des marchandises embar-
qua» à bord de la bombarde du patron Joseph Prats, et appar-
it à divers Israélites d'Oran. Ceux-ci étaient accusés de ten-
Jve de contrebande. Le 23 septembre, le vice-consul écrivit en
faveur au gouverneur, et lui démontra que ces négociants.
. de Gibraltar» avaient appareillé pour Oran, et que le mau-^
temps seul les avait forcés de relâcher à Alméria, où ils
valent eu nulle intention d'introduire leurs marchandises en
Afgcr, 1** juin 1886.
ISAAC BloCTÏ,
PIECES JUSTIFICATIVES
MISSION D'iLBON CAEDOSO K
luire du vice-consul d'Oran au cofisul général d* Alger.
\ del corriente fondeo en este Puerto una corbeia inglesa com-
>Un trasporle que trae cién quenlales de polvora para este
, ({ue se ballâ en campotnâ, por cnia razou no se ha desem*
dicba polbora, y como asi mismo cou dicha comision viene
l«do Ebreo, liamado Aron Cardoso^ rey de los Judios de Gi-
iUr, encargado seguo dîce de entregar las car tas que Irae de
^\ r - ,-. en propîa mano a este illustre S*»'* Bey, Han salido
: SU comision encontrandose con ei en el campo dicho
\», ri Lummandanle de la corhela Roman como agenle Ingles
personas oiras de abordo* con comitiba de Moros que los a-
se 5<i]>o de positibo sobre dicha comision pero se crco que
> iratar sobre provisioû de carne para Gibraltar.
Oims, 30 de octobre 1805.
J. IL
' Don Josef Aloàso Orliz, Argcl.
ir«ir fluft baitt, p. 91*
100
liEVlK iWS ÊTVmS JUIVKS
II
HlST<:»mB DE IIAÏ4INA.
1, leitrc du mce-consul (TOran au cofisul général d* Alger,
En suma, be Hegado a maliciaime f[Ut! Sidi Jack Majamet
y una piila (por lai la conocc lodo el pueblo, y aun ea ese) Judiu M
nom brada Janina hao soboraado el Bcy para redamar en favor rie ™
los Franceses, y siiponcr que ha sido rcpresado ul bcrganUii bajo
el liro de canon : el tropel de Negrolo con bajar y snbir a casa del
Bey, el saber que a dicha Janina le hao olrecido mil sequinos por
su travajf>, y ul lima mente el liover veoido de ecbadizo aier a cosa
de las très de la tarde de parte del Bey un hijo de la tal, norabrado
Jusef, diciendome que el Bey esta va resentido coumigo porqii© Ne-
groto havia ido a olreeerle un grande regalo para que biciese la lai
reclaraacion y que yo no bavia ido à hablarle aun sobre el parti-
cular : à que le contexte que no era asurato mio pues savia que 3^0
no estoi encargado del vice consulado logics y por consiguienle qne
nada ténia que hacer en eî parlieular. Todas estas reflcxiones (en un
caso necesario) las manifestara V, a dicho S. llousnl Ingles para el
usû convcnienle.
Uran, 26 de Julio 1810.
S*»^ Don Pedro Ortiz de Zugasli, ArgeL
I
Zeiirû du vice-consul d'Ormi au consul général d'Alger,
sunto ae la represa en question sin que esio se
I ; esta el pueblo de Israël en asguas y sn zagacidadJ
a que et Bey me ha manifestado su encono, y por ■
De résultas de baver tomado yo la medida y cooperado para que
el capitan Josef Lugaro pas-ase en esa con toda brevedad para el
mejor exilo del asunto de la represa en question sin que eslo se
trasiaciese à nadie
no ha parado basta
couëiguiente mis asuntos seran mirados con indifereoeia (ô tal ves
desprecio) en lo subcesivo. Por tanto, y alendiendo à la ineonse-
qnencia que ha nsado, no es mas tiempo de toleraucias, y asi puede
Vd, desde luego actibar a fin de que pagne en dinero 6 grano que
baslante liene, y si Vd. piensa el que se baga alguna oompra sea
por esa via tratando el pagarle tanto de diueru por cada fanega que
se embarque, pues este pagarlo que baee es bacer la forzosa, como
lo ecbo a muchos, y alterar cada dia lus p rectos y derechos de todo,
pues no tlcne limites sn abaricia.
Sirva a Vd, de govieino que este Bey por intrigas de Sidi Jach
Majamet uld el Bey Bram y la consabida Janina (proteclores de
Negroto) que son los que lo goviernau, trabaja [segun el mismo me
ha manifestado) para que eu esta no quede vice consul aî^'ono que
I
LES ISRAELITES D'UIAN DK I7U2 A iSVô lOt
le aponerse a sus barbaries quales son las que acabii de co-
^eler, y que Uevo referidas en la adjimta : y por lo tatito se hacu
ïcesario que el Dey di a Vd. una orden para que no se niescle en
lis asunloSi pues que el Rey me Lieue aqui para atender a los inte-
de Questra Nacion y que no casUgue a cl Arraes que fue a
compauar a el capilan Ingles pues me temo que descargue su bar-
iria contra este iuuocenlc.
Oran. 28 fU Julio dé 1810,
A, II.
S*f Doû Pedro Ortis de ZugasU, ArgeL
3* leiire du vice-consul d'Oran au gomerMur de Malaga.
2«> de Juoio *lo iS13.
^^ Goveruador de la ciudad de Malaga.
Noticioso este Govierno de que se halla en ese puerto el Berganlin
laroquino del Arracz Hai-em que saJiu de esla con un eargamiento
I trigo, llêTando a bordo dos muchachos ebreos de esla, Ex-iga diclio
jvierno que si los taies muchachos se enconlrasen en esa^ V. S. se
rba apremiarlos y lie ta r un pequeno barco que los condueea en
6ia, pues los taies se les acumula ban ïlevado coDsIgo intereses per-
tnccientes a este Govierno subreticiamente-, si vien ios taies salie-
on con destîno para Gibraltar a cuyo Governador ha esciîLo el
ansul Ingles de esla para su apreliension y remision en esta, por
\m cumpromeler la nacion si protegien a semejanle canalla.
Espero de la bondad de V. S» que mirando las consequencias {fu-
[lii'stas en las circunstancias présentes) que puede acarrcarnos el
[«brigar a los dicbos ebreos, los remita con la brevedad posible si se
Dcontrasea en esa, y quando no, darnie aviso de su paradero. para
atisfacer a la Rcgeneia que es la que réclama es Los mucbacbos
omo a nsurpadores de los fondos de su susLancia.
i. Lettre du vice-cotisul dOran au consul général d'Alger.
( >roD, 12 de fietiemliro de 1IS113.
m Pedro Ortiz de Sugasli, Argel.
Despues de mis cartas de 1" de Mayo y Lres de Junio» la quai flna-
I con que el Aga habia salido a la raya de Marruecos en persecu-
ttûû de los mataturcos, siguiendo el orden de sucesos, dire à Vd.
ûmo dicho Aga, despues de algunas ei^caramuzas que tubo con los
lArabes, eu las quales por dos vczes (a no ser el campo de este Bey)
|lo hubieran derrotado, regreso en esla, donde de ûuevo se buscaron
ilguuas talegas, que babian se cusiodiaban en las casas de la familia
[dcl Bei, los Judios y casa del S*^ Sgitcowitcb, protoctor de cl pueblo
I tbreo, de ruyas résultas se encendio de nuevo ci fuego, y bizo que-
im
REVUE DES ÉTITDES JUIVES
inar a el judîo Sadia, que se dice era hijo de el Beî y Janina, y
este aclo d^ quemar îiizo iraer varios Judios, los hlzo amarrar eu
^deman de tirarlos a el fuego, doode ardia su compaiiero, lo quai les
asusto sobre maoera, y confesaron quanlo sabian.
 los poeos dias hlzo sacar el Bei a el que vivo, le desollaran li
cabeza hasta el cuello^dejandoleel pelljjo caido la mlUddecada lado,
la avrieroQ la barriga, hacieudo que le cayere las tripas* y en este
estadu hizo traer a sus inoceules hijos que mirasen aquel espec-
laculo,.,
El pueblo esta contenlo y traoquillo cod ei nuevo Bei. . . .
Gracias a Dios quedo el pueblo ebreo sin sombra, y solo fa lia el
judio Gabeza, que a fuerza de regaloa, ha podido largarse anle^d»
la llegada de el Âga, y asLa eu Âllcaiite, diviiiieudose con uno
porcion de alajas perlenecieotes a los bijos de la quemada ju^lil
Jaoina.
5. LeUfê du consul géfUral d'Espagne à Alger au Ministre des a faire
étrangères à Madrid,
Argel, 16 de Fcbrera de 1815.
* Muy S*»'' inio : El dia cinco del comeote Febrero recibi por viadsfl
Aliçaote la Beal Ordeo que V, E. se smio communîcarme con fedii
16 de Diciembre del aîîo ulUmo. Imedialamenle pase a coramuiieBÎ
a este miuistro que S. M. babia visto cou el mayor disgusto (pw
S. E. el Dey se valia de pretexios para desavenirse con EspeM
despues de tautos aûos de no inlerrumplda amistad; que no obslani
el Rey Nueslro Sefior a pesar de ser su demanda tan fuera de ordcal
para darle uoa prueba irréfragable del aprecio con que mira sus \M
reses» se babia digoado mandar se oOcîase al S*' Erabaxador de tngi
laterra cerca de su Real Persoua afin de que sin perdida de iitm\
lo biciese S, E. el S*^ Govemador de Gibraltar para el arrestoi
Judio que se fugo de Oran en el berganlin Marroquino, tomandoi
declaraciones y precauciones convenientes a su seguridad y a la
los caudales que puedan pcrienecer al govierno de Argel : que
vista do un procéder tao geueroso esperaba que S. E. el Dey coni
dendo la sinceridad de nueslro trato y disposiciones reconciLiadoi
de mi soverano, desistiria de sus ideas hostiles, dando liempo ai
justiQcaciones y aclaraciones que se esperau de las diligencias pi
Ucadas en Gibraltar, parlicipaudoles tambien las actuadas
Allcanle . . .
6. Diclaration des fugitifs d'Oran.
On tbis ihirtentb day of May in tbe year one thousand eight hn
dred and lifteen appeared personally before me Henry Joseph, S
lary public hy Royal Aulhorily, lawfully constituled, admiUed
^^^^d passed at Gibraltar as we said lo serve as ocasioii
itmêy roquire the day, moiith and year first above written.
{$ifi%é en hébreu : ) ^^ipb ^-^riN n:?
noQtiim veritatis:
lé : ) Henry Josbph, Noiarp Public^ Gibraltar.
m
CONVERSION DE RAXDO '.
leUri du vice-consul d'Oran à Vétêque d*Âiména.
Agofilo, 14 do 1809,
f" S^ Obispo de Almcria.
reodome coDslUuido en la obligacion de oiirar cou el moyor
, bicD de los verdaderos cathollcos : sirve la présente a parti-
KS. lîl**** como entre los vurios pasados de MelilJa que con~
Arabes a esta plaza bioo eu 5 de Junio del présente aùo
Mûuo Juan Andres Rando, hijo de Benilo» natural de Baja-
Reyno de Cordoba, de edad de 33 afios, ojos y cabellos oegros,
an poeo rubia, eolor claro y de eslatura baja. El quai dixo
presidfo por 6 aùos por baver ecba utia muerle, y eslando
islnrcarseeD compafiia de otros 25 que remiti eu Carthageua
êû nusmo, este Infeliz ba tt*iiido la debilidad de fugarsc sin
fd dia baya podido inquerir su paradero. Y oy par una
I be sabido que los perttdos Judios (de que babunda este
ID sobornado en termines que se ba liedio uuo do ellos,
lo bau intemado para no ser descubierto* Un ecbo tau
r lao ¥crgonzosD aun eu ire estas gentes solo puede oeasio-
104
f rrroEs àvirm
]a cmdad de /Umeria (do se cua quai pretexto) havila y tieoe ramo
de eamercio el Hebreo Joseph Câbeza, lujo de ît^rael Cabeza, veeino
de esta^ uno de los sobomadores, a el quai V, S. 111"* puede mandar
apremiar cou toda seberidad basta tanto que hagan comparecera
et tal Rando que lo harao en el momento, pues baun quaûdoesle
mal calholico pi^rsisla eo ser Judio, ninguu derecho Uenen esios^
por que el tal Hando haiiendose Ilverlado de la escla\ilad a que
boluntariamente se entregau todos los que se desîertan de Melilla,
ha sido rescatado por mi a nombre de S. M. C. y por consigulente
me deve ser eolregado, si como Cristiano para mandarlo a Espana
segun las ordenes que lengo, y si como Judio para quemarlo y que
flirva de governio para lo subcesivo. Yo tiauu no é écho la recla-
macion a este govieroo hasta tanto que reciva el aviso de ser apre-
mîado cl tal Josef CabcM, con solo el objecio de salvar este bombre,
a qttien si no me dian los renés diehos para su seguridad, seriau
espaces de embenenarlo pues son Judios y basta* Espero que V. S,
m*» U4Î descuidara sobre este particular, iuterin ruego a Diosguanie
su importante vida mucbos aûos.
A. H.
Si, en 1789, Tabbé Grégoire, dans sa Motion en faveur des
Mfs^, dit, en iiarlaot des rabbins» « qu'à Metz ils (les Juils) s en
liassent depuis [ilui>ieors années w, cest qu'en effet» depuis 1785,
1* jilace de grand rabbin, devenue vacante par la mort de Lion
àsser, *?tait restée sans titulaire. Cette asseît langue vacance
KÔIre attribuée au désir qu avait une grande partie de la Gom-
aaté de rompre avec sa tradition, qui voulait que le rabbin
Ile fût pas originaire de Met/, et n'eût dans la ville aucune relation
^fimille. Il y avait à ce moment bon nombre d'hommes savants
«t^ditsdaas Metz, qui avaient été ou les collègues ou les dis-
ciples des deux derniers grands rabbins ; Oury Cahen» Mayer
irieville, Joseph Gougueoheim et Aaron Worms, pour ne citer
* les plus distingués. La mesure» disait-on, ne servait pas à
ad'ehose. Le rabbin étranger pouvait Unir par s'allier à des
utiles messines, comme cela était déjà arrivé. D\m autre côté,
jugeait les aflaires avec deux assesseurs qui étaient toujours
fFV^i OU <l"i y étaient établis depuis longtemps. Le but qu*on
l^fTOfOiait en prenant un rabbin étranger n'était donc pas
Eimiiie on n'arrivait cependant pas à se décider soit à main-
*la tradition, soit à l'abroger, on laissa la vacance se prolon-
indéfljiiment et on institua provisoirement une commission
• TflÉf L vu, p. loa et 204 ; l. VllI, p, 2:i5 ; l. XII, p. 283,
\
lOB
BEVUE DES ETUDES JUIVES
rabbi nique composée des anciens assesseurs du grand rabbin
Cette combinaison est relative dans la lettre d*adhësîon donnée p^
la commission rabbinique, ou tribunal rabbinîque» de Metz pou
Touvrage de rancièn grand rabbin Jacob Reiclier :rpy^ ni3TD r'i^
a^n, qui (ut imprime à Metz, 1780, in4'\ Cette lettre porte en ti%
les mots : T'3 n^rns n'^riit'in S'^s^'^n D'^i'^ci'^n ::''23-:n nsXT
i"-i3 y^''^ C13''-*© nnTnia 3-irr n"n ns*î 7:"ii* Elle est suivie de k
signature des trois assesseurs du grand rabbin, R. Oury Pliubus
Cahen, R. Mayer Chadeville et R. Josepji Gougueniié'im, et»
comme il y est dit, le premier, Pbobus Cahen» était le pr^sidentde
cette commission, en qualité de doyen d'âge et de doyen de fonc-
tions. Cette situation dura longtemps, puisque le rabbin Oury
Cahen lui-même, dans Touvrage minn nsbn, qu'il publia à Metz
en n93(in-foK), ne prend pas la qualité de grand rabbin, tuai»
simplement celle de faisant fonctions de grand rabbin 3-n t'"\
n-îHis?:n Y^i2 p"p "jio l'a'N mp^m î^n'^sn. Il est donc certain que
Oury Cahen ne reçut le titre officiel de grand rabbin qu'après
cette date de 1793.
Il ne faut pas oublier, du reste, (|ue nous sommes arrivés ait
Révolution française, où la situation des Juifs préoccupait le goâ-
vernement \ les corps savants* et, à plus lorte raison, les Juif»
eux-mAmes. Dans ces circonstances, ou comprend qu*on ne se
soit pas hâté de choisir un rabbin. Le mouvement imprimé depuis
quelques années aux études bibliques par Mendelssohn et soû
i^cole n'était pas étranger aux hésitations de la communauté:
au lieu d'un rabbin purement casuiste el talmudiste, on aurait
préféré un hébraïsant qui eût du talent et sut parler la langue
française,
Oury Phubus Cahen, qui fut finalement nommé graml ralibin,
était originaire de Metz. Son père, Eliézer Libermann Cahen, avait
été assesseur Jes grands rabbins Joaatlian Eibescliutz et Samuel
Ilellmann, comme Oury l'avait été lui-même du rabbin Lion
Asser. Bans la préface de son livre ffalacha Berour a, Oury é\i
être le petit-neveu de R, Jacob Cohen Popert, grand rabbifl'î^
Francfort et auteur du recueil de réponses casuistiques couûû
sous le nom de spr*^ ao \
^ Malosherbcs, en 17^2-1783, avait oommé vine commission pour étudii^r U ques-
tion juive.
* La Société ro^'alo des sciences et des aris de MeU. Voir uoire travail dBiï»Ji
M^ue den Études juives y t* 1, p, 83-104, VÉntaHCtpsIion des Jnift de Mets devant U
SorirUdis Sciences et det Arts d« Mett «• n«7 et M, Ra4e**er.
* Francfort, 1782, 2 vol. in-fol.
LE RABBJNAT DE METZ DE 1567 A 1871
107
La Révolution française lut salaéo, par les Juifs de Metz, avec
pne grande joie, les rabbins ne lurent pas les derniers à tumojgner
jur 8alistacUon. Un incident des plus curieux nous en donne la
j^reuve. Lorsqu'en 1792, aprè^ différents revers des armées fran-
lises, on invita tous les hommes à se réunir pour concourir
la défense de la place, on vit arriver un vieillard vénérable dont
Bs traits et le costume indiquaient qu'il appartenait à la religion
jui\e ; c'était le grand rabbin Oury Caben^ qui venait donner à
?s coreligionnaires un noble exemple de patriotisme. Interrogé
ir les cUefs, il dit que lavenement de ce gouvernement juste et
>Iérant était celui que les Juifs attendaient depuis longtemps-
concision du langage hébraïque et la propos de la citation
blique •, is-'ôi^ i:»ï73 imnpo ovn m ^«, frappèrent les assis-
ints «•
* LftmenULtioQB» ii. 16.
> Nous deTons c« renscignemeni â M. Ad» Fraock, de ilostitut, dont le père, pré*
i8Qt à Tincideut, lui avait souTent raconté l^impressioD profoude que cette démarche
Finrtit faite su? les babitatits de la ville et surtout sur les hautes autorités du pays.
Li communauté juive cherchait à concilier le patriotisme avec les obli^ôtiods pres'
criles par la religion. Nous trouvons, cd effet, la pétition suivante adressée au Cou-
Sri] géoénl de in conimuae de Metz. iJiou que h pîèca do suit pas datée, nous
fcroTocB qu*on peut rallnliuer u cette ^poqye (fin 1792); en 1793 ou D^auruit pas pu
tcair le lingape reli^eux qu'où y trouve.
Ao Couseil f^éuéral de la CiOmmunBUté de Metz :
Les citûieos de Metz professant la relligioD juive ont l'houneur de vous exposer :
Qu*A l^aslnnt où la Garde nationale s'est organisée, ils so bodI préseotés non seu-
[letncul pour se faife inscrire, mais cocorc pour demander do paitager avec leurs con*
litujrsbA toute Tac ti vite du service.
La loi les y appelait, un injusto préjugé les ■ repousses, et les exposans so sout
Lia à cette humiliation, résolus d'attendre avec patience quo l'esprit d'tn toléra net?
tDCompalible avec Tamour de la liberté TQt enUërem du l disparu ; Ils seutoieut breo
ifie las progrès da loiéranlisme devaient être rapides sous un gouvernement repu-
fiicain.
Leurs TOQUi Tiennent de s^accomplîr, les citojenâ professant la religion juive
^Tiéon«nt d'être appelés par les sections à s'incorporer dans la fïarde nationale, et ils
'il de répondre à cette in\'itatïon, qui tend toujoura davantage à mcttro en
I ^ principes d'égalité civile.
'^M^>. .. îe c-itoien doit tout à sa patrie, il ddt aussi à sa religion ^ et la loi, eu éU-
Miflaunt la liberté des Cultes, n'a exigé de parsottoe le sacrifice des dogmes qu'il pro-
' ksi9D et des rils qui y font attachés.
llên est un dans la loi des exposans qui entraverait leur service dans la garde na-
ile, si le Conseil général de U commune ne taisait dos dispositions qui fissent
er avec ce service l'exécution de la loi relligieuso des exposons ,
i expQ«BDs s'empreâSûut de dire que le danger do la Patrie porte à leurs yeux le
«inclère de cette néceâsité; ils s'empressent de dire que toutes les fois que le signal
^lUAnDonoe ce danger appellera la généralité des citoleos sous les armes, ou pour
Tétfebtir l'ordre iroublé, ou poor C4:)mbettre les ennemis de la Patrie, on verra les
ftloicM professant la religion juive se montrer dignes et des bienfaits de la loi, et do
UeoaEance des magistrats.
Uaia le service ordinaire de sûreté et do police n^a pas lo même citructâre et il
«&ti« aéecsBairement dans la classe de ces actes civils que la relliglon juive interdit les
mn de sabiL
U» «xposani ne prétendent pas que celle inlerdiotion doive aggraver celle des
im HEVUK UE^ KTUDKS JDIVES
Après la victoire de Valmy (30 septembre 1792), qui avait <^lt^
pour ainsi dire préparée par Sa résistance de Lillt* et par celle,
non moins héroïque, de Thionville» une grande léte fut célébrée
dans la synagogue de Met2. Le vénérable grand rabbin, accompa-
gné du Beth din et du Conseil de la Communauté, alla au devant
des détenseurs de Thionville, les conduisit devant le tabernacle,
accompagné de RolJy, maire de Metz, et, dans un discours chaku-
reux, vanta la bravoure des défenseurs de Thionville, expliqua
que la France avait le droit de compter sur le concours de tous
ses enfants. La communauté juive était dans TenthousiasmeV
C*est pour cette grande fête civique que Moïse Ensheim com-
posa un cantique hébraïque *, qui fut traduit en français par Isaïe
Berr Bing.
Bientôt arrivèrent les mesures violentes de la Révolution.
LVxercice du cultejuif fut défeodu, comme celui de tous les aulPfs
cultes, la synagogue fut fermée, les objets sacrés servant aoî
offices furent tous mis sous scellés : enfin la synagogue fut prise
XK.)ur un parc à bestiaux, comme le prouvent les deux documenls
suivants :
près les a FÎT) des
ilo la Moselle
ol du RhÎD.
DIVISION, 3» REGIMENT, N« 318.
LIBERTÉ, KOALITK, FRATERNITÉ.
Metz, le 13 Brumaire, ran troisième de la République Française
une et indivisible.
autres cHoieos ; ils demandent de feiii|)lir un autre jour TobUgaUon honûrable *{^ii^
n'ftUTOUi pu accomplir leurs jours du tête. . .
Les exposans ne parl^ruul pas de la rif'ueur avec laquelle leur loi leur inlcrdU <\*
prendre part uu culle d'aui"uii»i aulrc relliinon ; c<"tlL* rigueur pourrait présenU:! eacon'
quelques iiicouvc^uieiis si maiiikuuut^ cuuiuiti dans les tcms où il existait une rellifili^''*
douimaole, les uct^s civils éttiicnl ù chaque instant liés avec le cuUe relligieux. <>i
dans tous le» attcs solennels, lu force arniée devait, comma HUtrefois, envirotttier w
lenipii' du Seigneur, ai tous les sernaenls civique* ou les réjuuissaut^es publique*^
vuient êlre précédées d'uu aetc rclligieux.
Mais en moltanl eu pruiiipe la liberté dc£ cultes, muiE en proscrivaul le carac^r*
de ilominatiou si mcumpaUBIe avec la nature des bommuf^eji rendus À k divinit^i i*^
loi, comme la r^iisou, ne voit rien de civil dons les actes relligieux, et rien dereu*'
peux dans les ecles civils, elle a élioiffné Tappareil mriUaire des temples du Dieu^''
paix des prières qui lui sont adressées: aussy les exposans ne doiveot pas apprt^K'Q"
der qu'on contraigne les préceptes auxquels ils doivent fe conformer, ni leur cons^
ciencc qui leur prescrit impéri eus émeut de s*y soumettre. . .
i Archipel uméUUK 18^2, p, 571.
» Cantique composé par le cilojeu Moysc Eusheim à l'occasion de la fêle ç\n^%
eélêLrée à Metz, le 21 octobre l au 1"' de la République, dans le temple des citoy<D»
îsraéhtea. Iit-4* (à Meti^ cliez J.-B. Cotiigaoo, îiDp,'hl»r.), 3 paires do texte hé>
braîque et 4 pages de texte fraoçais*
LK RAUIiïNAT DE METZ DK ÏVa^ A 1871 ÎOJ
riaillot. Directeur de l'Ageace et de la Commission du commerce et
approvisionneineQls de la Hépublique.
I Aujt Citoyens administrateurs du District do Melz.
[j'ai de nouveau recours à vous, citoyens, pour vous inviter à indi-
ler un nouveau local destiné à loger de nouveaux bestiaux qui
rivent journellement des pays conquis.
Le garde du parc peut, dit-il, vous en indiquer un et vous en
rendra compte en vous remettant la présente.
Salut et fralernilé,
GjllLLOT.
^ directeur des domaines nationaux, vil la présente pétition» ob*
iquc les emplacements pour les bestiaux sont au moment de
m8Zi(|aer et il ne voit, quant à présent, qu'une des sinagogucs où on
Durpjît placer des vaches, on pourroit, au besoin, mettre encore des
ftotitons dans celle au-dessus ; c'est diaprés cet avis que les corps
iministratifs verront à se décider.
Melz, le 13 Brumaire, Tau 3 de la République une et indivisible*
Domaine.
Vu de rechef la pétition et les observations ci-dessus, le Conseil,
ides membres pour Tagent national entendu, après en avoir déli-
vre, estime qu'il y a lieu de mettre à la disposition de ragencc les
eux syuagogues des cy-devant juifs de Metz, à charge que Tétat
lictnel en sera constaté par experts convenus entre Tagence et le di-
jiecteur des domaines nationaux, et que les lieux seront rendus de
tnjème à la cessation de la jouissance^ et qu'enfîn le loyer en sera
Ifirbiiri* par les mômes experts. Fait en séance do district, à Melss.
ilr K Brumaire^ Tan 3 de la République Française, une et indi-
Itisîble.
Pour extrait, RfiNAUD,
Le conseil de la Commune, ouï l'agent national, déclare s*en rap-
I porter a la vis du dis trie l cy-dessus.
Melz, le 14 Brumaire, an III.
Adam, secrétaire.
Scaûoe publique du département de la Moselle, du 1 1 Brumaire de
M^î' année.
II
Melz, le 16 Brumaire, Tan trois de la République française une et
lodivisible,
U directeur de l'agence de la commission du Commerce et oppro-
^iâlûQuemuntà de la Bêpublique,
LE RABBIXAT DE METZ DE \mi A 1871
ni
itamment les rabbins, furent ohlig^'^s de la couper, pour ne pas
dénoncés comme tièdes ou comme suspects. IL fallut ne
Iflger de vêtements ou*de linge ni le samedi, ni les jours de
nîii^euse* et se montrer avec des vêtements convenables les
fkT% ée décpUl. Pour faire les prières, on se cachait dans les
'I dans la pièce la plus retirée de Tappartement. On fut
h ^ ransgresser les prescriptions religieuses concernant le
1 ei réclairage; car nul n'aurait voulu se lier aux personnes
i, autrefois, se prAtaient volontiers à faire le feu ou à éteindre
lumières dans les maisons juives. Il paraît unhne qu'un Juif,
lavais plaisant s*il en fût, entrait, le vendredi soir, dans les
i\^m de ses coreligionnaires, pour voir sll ne s'y trouvait
^t quelque luminaire supplémentaire; il Téteignait, s*il en
poyail» et menaçait les gens de les dénoncer. Il était, disait-on,
llticlié à la police, et on tremblait devant lui.
De^ réquisitions de tout genre lurent adressées aux Juifs. Voici
teîilede Tune d'elles :
Comité de surveillance.
haetda Dimancbe 9 Septembre, Tan 4" de la Liberté et le premier
de Tégaliié, à onxe heures du matin («793).
UComilé, sur le rapport fait par les commissaires només pour Tap-
î»^nstônaement de cette ville de la nécessilé de se procurer des
JSf^s moQDoyées pour complelter les achats nécessaires a arrêté
les citoyens de celle ville qui professent la religion de Moïse,
r au cours une somcue*.n assignats pour furmer celle elTec-
igl mille livres eo espèces. Le Comllé s'en rapporte à leur
et a leur patriolisme pour avoir ces fonds avec la plus
économie.
Los membres du Comité de Surveillance,
JoLLT, Gabry l'ainb, F, Lacomîîe.
Par le Comité,
SAiNT-JACQtK, fils, It ucrétairc.
I irrestations assez nombreuses eurent lieu parmi les Uraë-
et nous avons nous-mOme entendu dire par des contempo-
ïque R. Joseph Gouguenlieim, assesseur du grand rabbin, qui
lui-même [dus tard grand rabbin à Metz, Cahen Jacob
mr, Bernard d*Âlsace, et plusieurs autres avaient éiû
prison. La réaction de thermidor (27 et 28 juillet nîM),
f Mirit les portes à tous les prisonniei's, préserva de la mort
Ifô
RKVUK DES Krmî¥S JUIVES
tous ces hommes» qui, d'ailleurs, n*avaient jamais été mis en
ment. Nous ne connaissons ^aère, parmi les Juifs de Metz, q
seule condamnation à mort, et encore non suivie d'effet. C
celle de M. Terqiiem. Son père s\itait absenté à un certain moment,
pour se rendre à Verdun ; il fut dénoncé par un de ses' coreligion-
naires quelque peu renégat, qui s'était fait le pourvoyeur de Jt
police jacobine, et espérait s'enrichir par la saisie des biens de
ses victimes. Terquem fils, prévenu à temps, par des membres un
district, qu'on allait l'arrêter, s'enfuit en Allemagne. Il fut cojî
damné à mort et ses biens confisqués. Il se garda de réclamer
contre l'erreur commise, préférant laisser peser sur lui une ac-
cusation qui n'avait en vu,e que son père. Plus tard, lorsque
le calme revint, le président du district et quelques autres
membres de l'administration municipale ou départementale s'em-
ployèrent en sa faveur. Sa peine fut d'abord commuée en celle
de l'exil, et le séquestre mis sur ses biens fut levé. Quelque
temps après, on obtint pour lui la permission de rentrer en
France *.
Un autre fait, où le grand rabbin Oury Phtîbus Cahen joua un
rôle, est resté dans la mémoire des Israélites messins; nous Tavons
entendu raconter, dans notre jeune âge, au foyer domeslitiue,
comme une espèce de légende. Un soir, dans une réunion de
club des plus fougueuses, on prit la résolution de se rendre le
lendemain dans la synagogue. On se proposait de prendre les
rouleaux en parchemin de la Loi, et de les découper pour en faire
des tambours, des gargousses et autres objets. Trois Israélites,
qui faisaient partie du club, allèrent, dans la nuit, avertir le
grand rabbin, ils se rendirent avec lui dans la synagogue, enle-
vèrent les livres sacrés qui étaient en bon état, et les rempla-
cèrent par d'autres hors d'usage. Ils s'étaient munis des cacbete
qui avaient servi à mettre les scellés et purent remplacer ainsi
les scellés qu'ils avaient brisés pour retirer les rouleaux de
la Loi.
Les membres de la commune du district et du département
n'étaient pas aussi fougueux que ceux des clubs. Grâce àeax»^
malgré les nombreuses demandes des clubs, la synagogue, tout^
demeurant sous séquestre jusqu'au Directoire, ne fut pas ahénée.
La pièce suivante en est la preuve :
' II01M devoDi ces reasci^aerneuU à M. Ten|tiem Olry, ancien pliarmideft ^
ltai| Ifiolof^ut diiliogué, qui, malgré son àfte avancé, fi^cccup« a?ec zèle et acUTili
449 «Aitiogtt* tt du clsisemeDl d'une partie des plus Impariautes de U coUeitiaft di
I «o Moféum d'hiiibire natuielle^ et qui est le tîls du eoadaaiaé à
LE RABBmAT DE METZ DE 1867 A 1871
m
Piris» le g Messidor ao quatrième de la République France une et
iûdivisiJDle.
Le Ministre des Finances aux administrateurs du déparlemeot de
la Moselle*
rilr^çu, citoyens, votre lettre du sept Prairial, rexpédition d^un
iirèlé que vous avez pris le quatre sur la pétition de plusieurs Juifs
deMeU et par lequel vous décidez que leur sinagogue ne sera point
vendue, quant à présent, et que je serai consulté sur la question de
saroir si la Communauté des Juifs de Metz sera assimilée aux autres
Gotps, corporation et communauté, ses biens vendus comme pro-
piiélé nationale» et ses dettes mises à la charge de Ja République-
Ile oe pense qu*approuver. citoyens, le sursis que vous avez pro-
'ïïûûcé.et il doit tenir jusqu'à la décision générale qui a été demandée
Uni pour ce qui concerne les biens alfectés au culte judaïque que
pour ceux attribués au culte protestant.
Xfi Minisire des Finances,
, J. IUmsl ',
Mais, en revanche, les pierres turaulaires du cimetière furent
|wr la plupart enlevées, les unes par des gens qui voulaient
aïoir des moellons sans les payer ; les autres, par le conseil du
tutricl, qui les mit en vente, sur Tinsistance que mettaient cer-
hiûes personnes à réclamer cette mesure et dans la crainte que
son refus ne le fit accuser de tiédeur. Nous donnons à Fappui
l'extrait suivant des délibérations du conseil du district ;
Séance publique du Conseil du district de Metz, du 14 Prairial^ Tan
deux de la République une et indivisible.
Tdde rechef la pétition des Conseillers Michel, tanneurs à Metz,
llUante à obtenir iû à 50 pierres couvertes d'inscriptions hé-
fw^oes, sentant ci-devaot de tombes au cimetière des Juifs» pour
*i» employées à la construction des étuves pour la hongroirie,
J itiendu la difficulté qu'ils éprouvent pour se procurer les maté-
Vêns du directeur des domaines nationaux en data de ce jour
l^onaot qu'il y a lieu d'abandonner les pierres au prix de Teslima-
f Don qui en sera faite par expert.
LfiQiQBeîJ* l'agent national ouï, considérant que rétablissement do
lioagn>îrle est instant et qull importe d'en bâter raccélératioui
le qu'il y a lieu d'abandonner aux exposants les pierres de«
Um sur le pied de restimation qu'en fera le citoyen Blauche-
' /« ftaSMl de Nogftret Gt partie des ÉtaU généraux, de In CoDvention et du Coq*
«2 dii Qaq-Ceaia* 11 fut tppolé« en 17@&, au mimitère des FinaiiceB.
114 mVVB DEg ÉTUDES JUIVES
villo, expert que radmliiiâtratiou nomma â cette Un, à la charge par
les pélUionoaires d'en verser le prix à la caisse de la Kégie na-
Pour extrait des registres,
OoBERT, $$eréiaire.
XV
R. Oury Phdbus Cahen mourut à Metz, le jeudi '20 lyyar 5fi
(8 mai 1806). On a de lui un ouvrage in-lblio, en ht:?breu, im-
primé à Metz, en 1793, sous le titre de rmis hd©. C*est un re-
cueil dliomelies au d'extraits dlioméltes [irononcées à Met2
dellHôà noi.
Quelques jour* après la mort du grand rabbio, î empereur Napo-
léon convoquait à Paris la célèbre assemblée des Israélites, et, plus
tard, le Sanliédrin. Après les délibérations de oea deux aasôin-
hlém et le règlement du lû décembre 1806, il rendit, le 17 mars
1808, un déorat pour rorgaiiisatiou du culte israélite en France, la
création du consistoire et la nomination des rabbinâi.
On comprend que, pendant cette période, le rabbinat de Mets
resta vacant. Les affaires du culte furent confiées aux soins des
assesseurs : Mayer Cliarlevillô et JonepU Gougeunbeim, auxquels
on adjoignit le rabbin Aaron Worms, qui^ professeur à la Yes-
ohiba, étaiti depuis quelque temps déjà, consulté sur toutes
les questions religieuses. Ce ne Tut que le 6 marii 1809 que les
notables, désignés par le gouvernementt se réuniront pour la ■
nomination du grand rabbin et des quatre membres du oonsiS' '
tûire. Cette réunion tut cél^*brée solenneliement à la grande «yna-
gO|?ue, le 7 mars 18011, Les notables proposèrent la pla^e de grand
rabbin à Asser Lion (ou Loevv), âgé de quaranfce-huit ans, fils de
Tancien grand rabbin de Metz Lion Asser, dit Scliaagas-Arié, et
alors rabbin à Wallerstein, en Bavière. Après qu'on eut obtenu
son consentement et un engagement formel de sa part, 11 fut
nommé par vingt voix sur vingt et un votants.
M* Vaubianc, préfet de la Moselle, transmit immédiatement 1%
délibération de l'assemblée des notables au ministre, en raccom*
pagnant d'une lettre fort chaleureuse en faveur du rabbin élu. On
l'avait nommé, disait-ii, parce qu'il était impossible de faire un
meilleur choiî, qu*il savitit plusieurs langues et jouissait d'une
grande et excellente réputation. Unie conâidéraît comme Frau^
I
LE RAWMiiAT m umn m mi a ^m m
lîi, imrca «i^*îl avait demeuré vltigt-deui: ans à Meta, qu*il étaii
fili d*un rabliiD doïit la nominatioEi, saiictioniiée par le roi,
ivait conféré à sea enfants le titre de membre Je la communauté
Lt cboix des notables Cut ratilié par Tempereur» et, à la notiHca^
^Uen que le préiet Ût à Asaer Lion du décret de norainatian, Aaser
fépondit, le 5 mai 1809^ par îa lettre suivante eu il déclarait a&-
ceptar avec ealbousiaime les fonotions auxquellea il était appelé*
Il iQ*edl impossible d'exprimer la joie et rémolion que j'ai eenUea
è U vue dç Textralt du décret impérial que voua avez eu la boulé
ût m'envoyer et où je suis uoramé grand rabbin de la synagogue
4e MeU. Je reverral donc la France, ce Paradis sur la terre ; je
tifTil doDC le reste de mes jours sous les loix les plus sages, sous
ItiSûiiarque le plus admiré, le plus chérî et le plus digne de Fètre,
Quel bontieur pour moi, quel souverain plaisir de me retrouver par-
nitn^a anciens amlâ français si ebers à mon cœur! Je rends mille
Mmi dt tîft^ & l^ Providence pour cet heureux événemenL . *
ne vint cependant pas prendre posse^aion de ion siège.
li €ODSJ«toire central des Israélites français te nomma à la place
restée vacante dans ce consistoire par la mort ile Segré* Mais
k grand duc de Bade, à rimitation de l'empereur Napoléon, avait
convoqué une assemblée de toutes les communautés juives pour
préparer une organisation du cuite juif. Ce conseil, auquel il avait
été demandé un candidat pour les fonctions de* grand rabbin du
pays, avait également fixé son choix sur Asser Lion. Asser opta
potrotita dernière place. Dans les lettres officielles qu'il écrit à ce
Mftt an préfet et au ministre, il allègue, pour expliquer son refus,
l^ppetitiûn formelle de sa femme qui, nt^e dans les provinces rhé-
MAM* ni veut pas las quitter ; il parle de son état de santé, qui n»
Uptmet pas de se déplacer : une opbtbalmie aigul^ Toblige à
iMv daili le pays qu'il habite depuis plus de vingt ans. On peut
tnm, en outre, sans qu'il le dise, qu'il craignait de ne pouvoir,
ai à ^êris^ ni à Metz, suffire aux besoins de sa nombreuse famille,
it êe trouver désorienté et, peut-être, de ne pas y jouir d'une
mndf iniluenct.
Il oooalitolre central, qui avait nommé Asser sans le consuUêfp
[ ItpOQTmit pas se plaindre ; mais le consistoire de Metz pouvait se
frtraloir envers lui d'un engagement formel : le refus du rabbin
* AjiikiTC9 au Ealdifitère èm CuUei. — B^scrve, tiiûssîer Acbt^r Ljos)« '^ Nous
4#fPi aprim^ nos rfiut r . ^ plus BiDcëri^s A M. Mepp, touB-direcieur des
fatal tl 4 IL CUï^p^t i^^'- v^u dea cuHes noa-ca^lkoliquei, pquî TïibbgetaQ^
à
1i6
REVUE DES ETUDES JUIVES
mettait les Israélites ûe Metz dans un certain embarras vis-à-vis
de radministration supérieure. Les difficultés furent levées par
une démarche officielle que fit, auprès de M. le comte Bigot de
Préameneu, ministre ^les cultes de l'empire françaiSi M. Collini,
chargé d'affaires I à Paris, de S. A. R. le grand duc de Bade, Dans
une lettre de M, CoUinij adressée à M* de Préameneu, et datée de
Paris, le 25 août 1809, le grand duc, faisant valoir d'un côté les
relations amicales qui existent entre Tempire français et lui, les
efforts qu'il veut faire, à Texemple de Napoléon, pour relever les
Israélites de ses États, les mérites d'Âsser Lion, qui paraît plus
propre que tout autre à aider à Taccomplissement de cette œuvre,
sollicite Tempereur de laisser Asser Lion s'établir dans le duché
de Bade en qualité de rabbin, et de faire cesser les poursuites que
la communauté juive de Metx avait intentées contre Asser, pour
l'obiiger à remplir ses engagements ^
Cette demande fut accueillie favorablement* Asser écrivit lui-
même une lettre au comte Bigot de Préameneu pour lui expliipier
les motifs qui le forçaient à refuser et la place de grand rabbin de
Metz et celle de grand rabbin du consistoire central. Le ministre
des cultes accepta sa démission, et Asser Lion put se faire ins-
taller définitivement comme grand rabbin à Carlsruhe.
XVI
R, Mayer Charleville, l'assesseur des deux derniers grands rab-
bins, fut nommé en remplacement d'Asser Lion, et sa nomination
fut ratiilée par décret impérial du 16 mars 1810 ; il fut installé, le
4 mai suivant, avec une pompe peu ordinaire. C'était le premier
grand rabbin installé à Metz depuis la nouvelle organisation du
culte israélite en France, Voici en quels termes le Journal
V Empire^ du lundi 14 mai, rapporte cette cérémonie :
Metz, 10 moi.
ae J
En vertu d'un décret Impérial du <6 Mars 1810, qui nomme
M. Mayer Charleville, grand rabbin de la Synagogue de Metz % M. le
* Sifnagùgue^ est reipresaioii employée dana Te règlement organique» Dès les pre-
miers jours, le mol Synagogue souleva des diftkuUéB d'mlerprétalioii, employé qu'il
ét&it plusieura fois avec de» signitica lions lout à fait dliréreotes. Le Consisloire de
Paris et celui de Coblence en aignaïèpcnt les conlrndîc lions au ministèro des Culte»
el au Consistoire cculial. Celui-ci cq donna le défmilion et les dilfércntes acceptions
dans tme leUrc cjui recul l'approbation du Ministre et qui fut imprimée soas ce litre :
I
LE RABDINAT DE HfETZ BE loG7 A 1871
W
prèi
N
Préfet a fait, vendredi dernier, Finstallalion du Consistoire des
Israélites. La garde départementale occupait eu partie renceiute du
aple, M. le Préfet arriva accoinpagûé d'un nombreux cortège, et
iprè9 avoir entendu difTérens morceaux de raiisique, des chants et
une belle prière adressée à l*Ëtre Suprême pour S. M. l'Empereur,
Eit le serment que le grand rabbin et les autres membres du
îtoire prêtèrent sur les livres saints.
^rf Jacob-Goudchaux, notable de la circonscription de Metz,
once un discours,
'abbin Charleville était originaire de Metz % et sa famille, une
us anciennes et des plus honorables de la ville. Il avait fait
les études dans plusieurs (écoles juives de rAllemagne (1752),
notamment dans celle de R. Nethanel Weil, rabbin de toute la Bo-
hême. Il revint à Metz en 1755. Six ans plus tard, il (épousa la fille
âe R. Isaac Coblentz, un des appariteurs jurés de la Communauté,
inpn x^HT\ c?3t3tqui,en 1751, légalisèrent et contresignèrent toutes
les pièces originales qui devaient servir contre le grand rabbin
Jonathan.
Charleville fit partie de l'école talmtidique de Metz, connue sous
h Dom de KlaitSy et y enseigna avec un certain éclat. Il fut Tun
des assesseurs du grand rabbin Lion Asser» et, à la mort de ce
fîemJer, il fit partie du triumvirat rabbinique qui dirigea pendant
|>lusieurs années les affaires religieuses de la communauté, jus-
^u*au moment oii R. Oury Gahen reçut déllnitivement le titre de
pand rabbin. Alors R. Mayer Charleville demeura Tun de ses
arnssetïTs.
I Pendant la Terreur, ayant envoyé ses enfants faire des études
l^ligienses en Allemagne, il eut la douleur de les voir porter sur
la dix-septième liste des émigrés. Tous les certificats produits en
Icsir faveur n'empêchèrent point leurs noms d'être maintenus sur
CItte liste et les biens du père d'être saisis. De nombreuses démar-
dies et pétitions auprès des autorités permirent enfin de les faire
f^renir à Metz, à condition qu'ils se présenteraient chaque jour à
la municipalité pour faire acte de présence et signer sur un
fBgîstre préparé ad hoc.
liêmn/tftar U Cùntâtoire cmtral de* Ura^Uth dû Ttmpiri à divtrtêi çutsiîon*
ipiJn Wi# ^U ^rffpotfu par la S*fnaffOffUû eùniiitorielû de Ûohlentz^ accompagr^éâ da
t ff niStf ifci tt iMfrief d« ta d*tition de S. S. tt Mtniitre dn CuUei. Paris^ d«
ri«é«B«UArd, imprimeur du Consistoire central des Israélites^ 1^09, in-4o
»d«Toiu Im plus gTfiDde partie des leoseigncmenls qui suivent u noire â^tcfil-
• tt «nit, M. Maypt ChorleTille^ rtbHo de Versailles, Homonymo et peUt-
i la fpmiiid-rBt>bia dont nous parloui.
M
!18
REYIÎE DES ÉTUDES ItJIVES
Lorsque le Sanliédrin dut se réunir ^ oïl voulut le porter sur
la Uste des rabbins qui en feraient partie» mais IL dëeîlrtft 6et
honfiPiir à v.nnm de son grand âge (il avait plus de soixante-dix
ans) et insista pour qu'on désignât à sa place R, Aaron Wornis.
Cependant il ne put refllser le poste de grand rabbin. K fut donc
le premier jîrand rabbin installé à Metz depuis le changement sur-
venu dans la situation des Juifs en France.
Son traitement, qui» d*après l'ordonnance, était fixé à trois mille
francs, ne lui fat jamais payé intégralement. Dès les premiers
jours, il s'était engagé à faire abandon de la moitié de cette somme,
qui devait <^'tre affectée à rétribuer les assesseurs. Modeste comme
il Tétait, il trouvait que quinze cents francs de traitement était une
fortune, alors, disait-il, que ses prédécesseurs, des sommités scien-
tifiques qui s'appelaient R. Jonathan et ScUaagas-Arié. n'avaient
Jamais eu que niille francs. 11 mourut le 21 lyyar 5572 (3 mai
1812), laissant après lui une réputation de science et de pro-
bité» comme aussi de charité et de modestie.
La législation nouvelle avait enlevé aux rabbins tout droit de
juridiction; leur situation n'avait plus l'importance d'autrefois, et,
en outre, les membres laïques des Consistoires, tout flers d*un
rôle nouveau pour eux» essayaient quelquefois de diminuer leur
importance. Enfin, te mouvement inauguré par Mendelssobn avait
fait naître dans les communautés une aorte d'antagonisme enlise
les progressistes et les conservateurs. Les rabbins de Metz eurent
à lutter contre ces difiicûltés de la situation nouvelle, et ils
les surmontèrent ordinairement à leur honneur.
R. Joseph Gouguenlieira fut nommé successeur de Mayer Char-
leville par l'assemblée des notables tenue le 21 juillet 1812. 11
avait un concurrent sérieux en R. Aaron Worms, son collègue,
et ne remporta sur lui que d*une voix de majorité (neuf contre
huit). Il était alors âgé de quatre-vingts ans environ, étant tté
avant 1735, Il s*était toujours occupé d'études religieuses et
casuistiques, suivant en cela les traces de son père, R* Loeb
ou Lion Gouguenheim, ^ans intention d'utiliser ses connaissances
religieuses et de devenir un rabbin otTiciel, au sens propre du mot.
Il avait siégé quelquefois dans le tribunal rabbinlque, et, en 1783,
après le décès du grand rabbin Lion Asser, il dut accepter de faire
partie de la commission rabbiAique provisoire dont nous avons
parlé. Il ne voulut recevoir pour ces fonctions aucune rétribu-
tion, sa situalion de fortune le lui pprmettant. Mais lorsque la crise
révolutionnaire lui enleva tout ce qu'il possédait, il dut se résigner
à accepter les émoluments d'une fonction qu'il remplissait avec
tant de zèle et de dévouement. La lettre du 4 août 1812, par
I
I
I
LE ftABBfNAT DE METZ 015 1667 A 1871 (W
f hbqaelle Ib Préfet appuyait auprès ûu. Ministre des CultcB le choix
' hil {iâr rassemblée des notables \ fait le plus gramî t'Joge de son
4sar8ct^r€» de son honorabilité et de son désintéressement.
R. Joseph Gouguenheira ne remplit pas longtemps les fonctions
que le gouvernement lui confia par décret dn 28 décembre 1812 ;
il motATuI environ sept mois après, le 28 Ab 5573 (24 août 1813).
XVII
Le Consistoire de Metz demanda à ne pas être oblipié de pour-
voir Immédiatement à son remplacement, alléguant la nécessité
^e faire des économies pour subvenir à des besoins plus pressants.
Cette demande ayant été agréée, le Consistoire confia officielle-
ttmt llntérim rabhini/^ue à R. Aaron Worras.
S, Aaron Worms était un rabbin d'une science talmudîque
excessivement remarquable, et, f|uoique très orthodoxe, il avait
lies hardiesises qui surprenaient ses contemporains. Il aurait sans
«toute joué un rùle important dans le judaïsme français, sUl avait
ttttoanierla langue française. Nous allons esquisser rapidement
Si Yîe, d*après les renseignements que nous avons relevés dans soû
«tTiJit ouvrage ni« •'-nN?^ [Meorê Or) '.
n naquit lelSàb 55Î4 (7 juillet 1754), à Kaiserslautern, petit
ibge des environs de Sarrelouis *. Le nom de son père était
ham Joseph ou Aherle, comme il le donne continuellement
les acrostiches des poésies placées en léte ou â la Un de chaque
rtie de son ouvrage; celui de sa mère était Ella *. Il était un
ndant du grand rabhin Gerson Oulif, dont nous avons parlé
haut *. Sa famille quitta le pays et alla s'établir en Alsace,
fcftf 1) parle souvent du séjour qull fit dans ce pays pendant âa
Jninesse*, Il avait fait une partie de ses études à Metz, sous les
itiijiices du grand rahbin Lion Asser, et c'est grâce â son mattre
îtrU fut nommé rabbin à Créhange % alors qu'il n'était âgé que de
* kréàtt^ du %lini»tère des Cultes. -^ Héserve, dossier Qougucnheim.
*Crt osTftf^ itt cotnpo&é de fi piHies dont nous âoûnerons plus loin It A^^
^ &M iMilM («s J^oésiee t^ui eommencetit ou Bniseeiil une Avb pirlies de «on
ji mwi MM twxD* cclili do ton pèra et celui de sa tiière. Voir eon *%^7?
m
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vingt-trois ans/Lorsque Lion Asser mourut (1785), on le fit venir
à Metz pour seconder Je conseil rabbiDÎqiie, à qui avait été confiée
la direction lîes atfaires religieuses. Il eut surtout à s'occuper dt
renseignement, qui, depuis le départ de R» Jonathan, déclinait do
plus en plus.
Appelé, en 1806, à faire partie du Grand Sanhédrin, ses lumiêrei
et ses travaux le firent connaître d'une manière fort avantageuse.
et attirèrent sur lui Tattention de ses collègues.
Ses livres ^ écrits en hébreu, prouvent qu'il était un ennemi
acharné des superstitions et de Tignorance. Chaque fois que, dans
le cours de son travail, il se présente une occasion de les com-^
hattre, il la saisit avec empressement. Ainsi, nous le voyons, à
plusieurs reprises, blâmer Tintroduction des Pioutim au milieu
des prières et même dans le service religieux, SUl ne s'élève pas
formellement contre la Kappara^ il sindigne contre ceux qui
cherchent à avoir, pour cette cérémonie, une volaille blanche»
Il crie à la superstition contre Tusage, aujourd*kai encore fort
répandu, démettre à terre, pendant les sept jours de deuil, une
lumière et un vase d'eau, à côté d'une serviette suspendue au mar.
H blâme Fhabitude de jeter dans la synagogue des bonbons le jour
àç^Sbnhai Tara, et de la poussière le jour du neuf Ab. Il
la science exclusive des talmudistes les plus érudits, et mi
combien Tignorance des principes de la langue hébraïque leur'
a fait commettre de fautes et d'erreurs, et comment certains
pîoutîm sont pleins d'incorrections et d'obscurités.
Il s'élève aussi, avec beaucoup de force, contre les nouvelles cou-
tumes qu'on introduit dans le culte juif et dans la casuistique. Il
condamne les jeûnes inutiles, que I*on multiplie depuis quelque
temps, et voudrait voir disparaître cette habitude qui s*est répan-
due de jeûner, pendant Thiver des années embolismiques, le|
des huit semaines qui vont de mn© à tiixn — n"n Q'*^"^'"»©.
Enfin, il poursuit en quelque sorte de sa haine R. Moïse Isseï
(«"wn), Tannotateur du Schoidhan Arouch, qui a mis le judaïsme
allemand sous le joug de toutes les coutumes inventées par to'
rabbins polonais. Chaque fois qu'Aaron Worms parle de semblable»
pratiques, qu'lsserles déclare obligatoires comme un usage établi
^ Miùri'Or^ divisé eu huit parties m-4*, toutes imprimées k McU, mais i
ép(K]iies diiTéreotes : !'• partie, imp. Moïse Maj, 1790, 70 fî.; 2« partie, împ.
chaux Spirtï, 1791» 32 (T.; 3' partie, eans date, 39 if. ; 4* partie y^'Q "îKaj
date, 146 tL; 5" partie. 1763, 44 IH, plus 2 IT* non chitFréfl ; 6* partie,
lyntib, 1822, 192 IÎ.Î 7' partie, "(15 pi imp. Ephraïm Hadamard, 1827, 191 ff,]
*(au L 14U h^ 66 trouve, pour date de k rédactioo, 1 année 1823); 8* pi
SiriDf sans date, 221 d*. [f. 146 d, ee trouve, comme date de rédaction» Tan
LE HARBINAT DE METZ DE 1S67 A 1871
hâte
121
mméraoria!, i
là Pologne et pour ce petit cooi du jucîaïsme où vivait Isserles,
mais ne peut nullement s'appliquer aux Juifs des autres pays.
n manquait à Aaron Worms quelques-unes des qualités qu'on
Toulait trouver alors chez un grand rabbin. On reconnaissait sa
liaute science, mais il ne savait guère le français ; il ne pouvait
pas prêcher; il était homme de cabinet, non homme d'action
eomme il en fallait un pour relever le cuite et le judaïsme.
Les dons qui lui manquaient semblaient, au contraire, réunis,
iitn haut degré, dans un autre Messin, Samuel Netanel Witters-
!i?im, qui, après avoir vécu quelque temps au dehors, était revenu
à Metz, en 1814. Samuel Wittersheim, né à Metz en 1766, d'une
iaiiulle aisée et honorable, avait pu, dès sa jeunesse, étudier à la
toîs l'hébreu et ce qu'on appelait <t le profane ». Après son mariage,
il alla demeurer en Allemagne et en Alsace; il fut, comme tant
d*aEtres, ruiné parla Révolution, et ne vécut plus que de son tra-
rail. Son commerce ramena successivement à résider à Magde-
bOQTget à Cassel. En 1806^ il représenta la Westphalie au Grand-
Sudiédriii, et, plus tard, il fut nommé membre du Consistoire
ioillfte d« Westphalie.
QviOid il revint à Metz, il est probable que beaucoup de per-
pensèrent tout de suite à lui pour le poste de grand rabbin.
lités personnelles, sa réputation d*homme du monde et de
les grandes relations qu'il avait avec les familles les plus
tes de Metz, dont plusieurs même étaient alliées à la
contribuèrent, sans aucun doute, à faire prolonger Tin-
inm; on arriva ainsi jusqu'en 1819, époque où le conseil des
Miblesfut convoqué pour nommer deux membres du Consistoire,
€0 remplacement de deux membres sortants. Les amis deWitters-
profitèrent de cette circonstance pour le faire entrer dans le
ire, non pas comme membre laïque, mais comme second
conformément à Farticle 6 du Règlement organique de 1808,
il à chaque consistoire deux rabbins. Le 20 décembre,
première séance de l'assemblée des notables, on décija
deux membres sortants du Consistoire, l'un serait rem-
srun rabbin, et Samuel Wittersheim fut immédiatement
par dix-huit voix sur dix-neuf votants.
dans ses fonctions de second rabbin et de membre du
ire le 14 a\Til 1820, après ratification royale des élections,
il4^ient immédiatement Vancien^ titre que la loi donnait au pré-
lUenf du Consistoire. De cette situation à celle de grand rabbin,
n'y iTdit qu'an pas. L'année 1820 était arrivée, et la loi exigeait
dorénavant, le grand rabbin eût la connaissance de la langue
[WdeB(
¥
tn
RBVl E DES ETUDES JCTITE»
française. C'était peut-<Hre pour exclure Aaron Worms en rertm
de cette loi et sans avoir l'air de le repousser, qu^on avait si long^
toflips ajourné la iiomination du ^rand-rabbin. Le Consistoire'
sollicita l^autorisatioti de réunir les notables, dieant que les moUf»
qui avaient été invoqués autrefois en fiaveur du rabbinat intén
maire irexistaient plus. Le 7 novembre 1820, 1 assemblée des nù*
tables, à ronauimité, nomma Samuel Witterslieim grand-rabbin^
Pour consoler le pauvre Aaron Worms, elle décida d'en voyei
auprès de lui une commission, chargée de lui « témoigner la r«*
connaissance de l'assemblée pour l'honorable conduite qu'il a tenoi
pendant Texercice de son ministère, et pour les servieea qatlt
rendus à ses coreligionnaires en les encourageant sans œ^se i
remplir leurs devoirs envers la religion, leur patrie et leur soih
verain, et en les exhortant à se livrer aux professions ILbérales^l
l'exercice des arts et métiers a *•
La nomination de Witterslieim fut approuvée le 20 février 18Î1»
et son installation eut lieu le 15 mars suivant, dans le cabinet du
Préfet.
XVllI
Il faut convenir francîiement que Wlttersheftn était plus
qu'AaronWormf? à r(5pondre aux besoins religieux de cette époquf, i
et à développeriez institutions nouvelles que réclamait la situation i
iioiîvelle des Juifs. Dès son entrée dans le Consistoire, il prépan
le projet de transformer Tancienne Veschiba de Metz en école de
théologie qui serait appelée, dans un temps plus ou moins rappro* 1
ché, à devenir la pépinière du rabbinat français. Lors de la réunion j
du coI!èn:e des notables (7 novembre 1820), oii il fut nommé grande]
rabbin, il fit émettre un vœu par lequel on demandait rétablisse*-!
ment d'une « école de théologie pour former les élèves au Rabb
nisme »* Huit jours après, le Consistoire, sur sa demande, se i
en situation de donner un commencement de satisfaction à ee vdstt^
11 nomma une commission chargée d'élaborer un règlement ;
sujet d'une école îalmiidique; il en donna la présidence à Witter
' Archives du minislère des CtîîteP. — Réserve. — Dossfer de la notTîT'^-*''*
M. Witlersheira, — n y avait dans ce dernier pas^^e une allusion à une
leUre jj^istorale, et eu même li'iups circuiaire eonsisLoriaUi qui avait et*;
1R18^ in-4* de 24 pages. Le fjrand rabbia y dcaimil^ en effol^ d'tixcelleuls r
|Mr de nombreux l«tte« bibliques et tmlmudîqtii», eogageaii sei cor^Ugiu^.
•'•doimer aux travaux mamLûifl,
LE RABBINAT DE SIKTZ DK 1*167 A ISTt
123
'beîm. H. Aaron Worms ne fut mi^rae pas appelé à faire partie
Je cette coniniission. Dès le 13 dt^cembre suivant, elle soumiÈ
io Consistoire un projet de règlenïeut, que le Consistoire ap-
prouva dans sa séance du 22 di^cembre. Au commencement de
fann^ 1821, l'école fut ouverte et renseignement en fut confié h
Majer Lazare et Louis Morhange; Samuel Wittersheim
ifiça cette fondation à toutes les communautés du ressort con-
ail de Metz et demanda leur concours. L'établissement ne fut
soiitenu que par les Israélites de la circonscription de
Melz^mais Wittersheira parvint, an bout de quelques années, à y
intéresser le Consistoire central et à faire adopter par le Gouver-
^]i£meal, l'école talmudîque de Metz, comme établissement d'intérêt
^rah
Un arrêté ministériel du 29 août 1829 décide, en effet, qu'une
centrale rabbinique est créée à Metz, et que cette école
I là succe^ion de l'école talmudique. L'entretien en est mis à
llidiiiigede tous les consistoires de France, qui ont le droit d*f
IwToyer des élèves. La direction en fut confiée à M. Lion Mayer
Luihertt gendre du rabbin Aaron Worms, qui avait été d'abord
I dtr^teur de l'école mutuelle Israélite de Metz, et qui» depuis onze
I liu), était à Ja tête de Técole secondaire, annexée, sur sa proposi-
lirô, à celle école mutuelle.
101 eut la satisfaction de voir son ceuvre prospérer, et
i^^it: ^eiiirale rabbinique de France devenir un établissement
BternementâL lorsque la dépense (8,500 francs) en fut mise à
barge de l'État, en même temps que le traitement des rabbins
[n»ar< 1R31). 11 mourut à Metz, le 30 novembre 1831.
il» a composé diverses prières en hébreu et en français
r4^66ulennités publiques. On y voit qu'il écrivait correcteuient
idtox langues. 11 est aussi auteur d*un travail complet et bien
, tit, écrit en langue hébraïque, sur le calendrier juit", avec des
itfsez correctes, pour plusieurs sif'^cles. Cet ouvrage. Imré
^ÊMoh rîr*2 '»-jnBt a été imprimé à Metz chez Joseph Hadamard,
ICI, iîi-l», de 16 pages .
■Urons qu'un mot de rantagonisme latent qui ne cessa
N ' jtrti W'ittersheim et Worms. Ce dernier, qui» pendant
[iptaas d'ùtléritis, avait été chargé de la solution de toutes les
I purement religieuses» demeura investi de ce droit pen-
) la durée du rabbinat de Wittersheim.
Diju une publication (iti-4° piano) faite, le 21 Schebat 558ê
I^JanTier 182ti;, ijour défendre aux Juifs d'acheter de la viande
la lK>uchers Israélites qui ouvraient leur boutique le sa-
1, U algitatore de Wittersheim ne vient qu'en seconde ligne,
1
1
124 REYIIE DES ÉTTOES JOTVE5
aprAs celle de R. Aaron Worms, D'ailleurs, pour la masse
public, Wittersheim fêtait un rabbin de parade, qtii faisait figur
dans les cérémonies et les réceptions officielles» et l'on n'avait pas
grande confiance dans ses décisions talmndiqnes.
Sa mort ramena Worrns aux fonctions dintérimaire. Dès le
14 décembre, le Consistoire le chargea de nouveau de ces fonc-
tions. Il avait alors soixante-dix-sept ans. Enfin» lorsque, six
mois après, rassemblée des notables fut convoquée pour faire
choix d*un nouveau grand-rabbin, Worms fut nommé à runaniraîtôB
On ne songea plus, à ce moment, à se prévaloir contre lui de Fa^
ticle 20 de la loi organique, relatif à la langue française, et on
eembla vouloir effacer les traits d^ingratitude qu'on avait à se re-
procher envers le digne et savant rabbin. On décoaragea imméi
diateraent tous ceux qui aYaient été tentés de poser leur candîdi
ture, en affirmant, à Tavance, que le cboix ne pourrait se port
que sur Worms. S. Cahen, grand-rabbin de Colraar, qui ava
posé sa candidature le 8 juin» la retira le 12 juin, jour de l'élection,
Worms fut nommé à runanimité, et cette nomination fut confir-
mée par ordonnance royale du 17 août 1832. Il mourut à Metz,
le 2 mai 1836, à Tâge de quatre-vingt-deux ans
Par son testament, Worms avait exigé qu'on enterrât avei
lui tous ses papiers, feuilles éparses de ses discours et des travaux
déjà imprimés et publiés. Mais il ne comprit pas dans cette deas
traction un commentaire complet qu'il avait fait sur la Bible et quH
existe encore en manuscrit dans les papiers de la JamilleL.-M. Lam-
bert, de Metz. M
La succession de Worms fut disputée par L.-M. Lambert eP
Mayer Lazare, professeur de Talmud à l'Ecole centrale rabbinique.
La lettre qu'écrivit à cette occasion M* Lambert est instructive
à plus d'un titre ; ,
Melz, le s mai 1836.
A tkonm'aèie Consistoire israélUe de Metz,
Messieurs,
Je ne me sens pas moins iudigoe de mes vertueux aïeux. Je pôs
sède à un degré émineul toutes les connaissances thcologiques né
cessa ires à un Grand Rabbin ; la perfide intrigue cherche â insinue
le Contraire; mais les témoignages multipliés d'hommes compétents
et trois diplômes de docteur de la loi qui m*onl été délivrés par troîa
Grands Rabbios de la France méritent un peu plus de croyance.
Je possède en perreclion la langue bêbraïque, la langue française
et la langue allemande; j'entends parfaitement le cbaldéeu et la
LE HABBINâT de METZ DE 1567 A 1871
125
ffjrnaque; j^enlends passablement Tanglais et Fitalien, et un peu le
latin. Je possède raritlimétique, l'algèbre, la géométrie, rhistoire, la
ftegnpbie et la philosophie. J*ai de bonnes connaissances en phy-
itqae, en histoire naturelle et en physiologie. Les ouvrages que j*ai
publiés en différentes langues, et notamment les éléments de psy-
chologie que j'ai mis au Jour eu <827, ainsi que les cours que je fais
jet que j'ai faits à FEcole centrale rabbinique font foi de ce que
"^ ace*
D'un autre côté, je crois avoir mérité la place que je postule, par
les Dombretix services que j'ai rendus au public. Depuis ma 42'* an-
-I -à dire depuis 12 ans, je m*occupe constamment de l'ius-
Lu la jeunesse. C'est sous mes auspices que récole dlnsiruc-
|û>a mutuelle Israélite de Metz a été établie, et les anciens membres
L comité de cette école doivent se rappeler que ce n'était que sous
auspices que rétablissement de cette institution était possible
'alors. J'ai dirigé cette école pendant onze ans, ainsi que* 1 école
secondaire qui y était annexée. Depuis 6 ans, je suis à la tôtc de
l'école centrale rabbinique qui, dans ce peu de temps, a déjà fourni à
I France des Rabbins instruits et éclairés.
Voici, Messieurs, mes titres; je pourrais eu faire valoir d'autres
are, mais je ne veux pas devoir à la sensibilité ce que je crois
i*èlre dû, selon la stricte justice. J'espère qu'on n'insultera pas
aux mânes de mes pères dans la personne de leur tils, et qu'on
ondera les vues bienveillantes de notre paternel gouvernement,
ne veut pas que la science du Rabbin se borne aux connais*
ances du sacré.
J*ai rhonneur, Messieurs, d'être, avec une considération distiu*
guée, votre dévoué et respectueux serviteur.
L»-M. Lambert.
Là lutte fut si vive entre les partisans de l'un et Fautre candidat
que l'Assemblée des notables, réunie le 2 août 1836, ajourna la
ïïominatioû du grand rabbin. La vacance dura ainsi un an. Dans
l'intervalle plusieurs candidatures nouvelles se produisirent, celles
de MM. Ulmann» rabbin de Lauterbourg, Durkheim, rabbin d'Epi-
nai, et Louis Morhange, bachelier ès-lettres» proresseur et secré-
taire de l'Ecole rabbinique* Mais ils se désistèrent avant rélection
et ce fut M. Lambert qui l'emporta. La nomination fut ratiilêe le
18 décembre 1837 \ il prêta serment entre les mains du préfet le
lî janvier 1838 et fut installé solennellement le 18 du môme
mois.
Mayer Lyon Lambert, ou Wilstadt, était né à Font-Pierre, can-
toû de Faulquemont, département de la Moselle, au mois de mars
l'î87, d*après un acte de notoriété qu'il lit établir en 1822, au mo-
ment de son mariage. Son père, Simon Mayer Lambert, avait été
IM
REVUE DES ETUDES lUrVBS
instituteur à Metz et sVHait retiré à Pont-Pierre, où il exerçait let
fonctions t1e rabbin, pn^ nnntî.
Au moment où M. Lambert était appelé aux fonctions de grand-
rabbin, il avait déjà publié quelques ouvrages dlnëgale valeur.
C'étaient :
1«1815, — Bases des véritables lumières pour Vutilité de <
qui veulent être éclairés ^ sans avoir de prétentions à la sciencâ\
iïi'l2 de 59 pages.
** 1818, — Catéchisme du culte judaïque (en hébreu, en fran»
cals et en allemand); in-16, Metz.
3« 1810* — Abrégé de grammaire hébraïque^ petit ln-8% qui a
eu Uii grand nombre d'éditions et qui a été et est encore un ou-
vrage classique dans les écoles Israélites de France.
4« —, £îémeHls de Psychologie fondés prineipaiemenl surVeîJi
pàrience et Vobservation, précédés de quelques réflexiotis sur i
liaison de Vâme avec le corps et suivis de notes ; in-16.
De plus, le 11 octobre, il avait lancé, en 4 pages iii-4'*, le pros»
pectua d'une nouvelle traduction du Pentateuque, avec notes jus-
liflcativea et explicatives. L'ouvrage devait être publié en cinq li-
vraisons, à 3 francs la livraison. Mais Tauteur ne réalisa pas son
projet.
Les Eléments de Psychologie furent Joints à ses différents bre
vêts de docteur en théologie, pour faire constater ses connais
sauces en langue française, exigées par Tarrété du 15 octobre 1832,
• M, Lambert mourut en I8t>2. Il eut pour successeur M» Lip^
manu Benjamin, qui, originaire de Metz, avait ("ait toutes sed|
études à Técole rabbinique de cette ville. Nommé successivement
directeur de renseignement religieux à Nancy (18^5) et rabbiu à
Pbaisbourg (1847), il occupa le siège rabbinique de sa ville natale
à rage do quarante-quatre ans (1863). Il y exerça ses fonctiongB
religieuses jusqu'après la guerre de 1870. Ne voulant pas perdre"
sa qualité de Français, il quitta ses fonctions et son pays natal L^
gouvernement, voulant rdcompenser ce noble désiutéresseuient, le
noïiiina grand-rabbin de Lille (1872)i où il vient de mourir ù Tâgg
de soixante-sept ans.
Nous avons abrégé les détails biograpliiques des deux derniers'
grands-rabbins^ Certes» leur action religieuse et leur science n'ont-
pas été au-dessous du mérite de leurs prédécesseurs* Mais les TaitM
^qui les concernent sont contemporains et connus de nos lecteurs.
Ils ont terminé dignement cette série de grands rabbins qui, pen-
dant toute la période française, ont occupé avec tant d'illustration
la chaire rabbinique de Metz,
Âu. Cahsn*
an*
lia
ou-
DS*
as-
li-
lon
re^
ii$4
ga
Oa ne possède que très peu de documenta liébreux sur Thistoire
Juifs en Roumanie*. En voici qui ne sont pas sans intérêt,
trouvent sur une raèinp [lirce, portant, à la fin, un sceau
1 celle îi^gende : yrtf^s rrbiiin nD3Dn n^a. avec un « bouciier
I, au milieu, et, au-dessous, la date txn (5497 ^ ITâl).
\ leâ publions en conservant m^me les fautes d'hébreu et d'or-
rapUe qu^elIes contiennent.
Affaire de mng rUuel de S47& [iHù].
[>riqa*eo 1859, il se produisit à Oalatz (Moldavie) une accu-
i de sang qui eut un retentissement européen, tout ie monde
loumanle affirma que c'était la première fois qu'une pareille
Itton trouvait créance dans le pays. On aurait ce[tendant
iterlû même accusation dans la même ville ert 1H44; à
ireit, en 1834 et 1801 ; à Bacau, en 1824; à Niamtz. en 1764,
W16, 1841; à Botosani, en lim, etc., sans compter le»
tqtil ont eu lieu périodiquement à Oraïla* à Giurgiu et même
iti, oh l'on promenait habituellement, vera la Pâque, un
fuin de paille pour exciter et ameuter la population chré*
I contre let Juifs.
I pitis ancienne accusation de ce genre en Roumanie était,
ï C4i jour, celle de 1717, à Onitiîcanl. Celle qui est rap-
iJans notre document est de 1710. Voici le texte du do-
I i ««tifjueS'UQi daDfl les i^inAiiim do Berlad, Botosani, Plâtra, Niamti,
he^« mmiÊ tous ds dtU Uèi réoenU, i^'turiaQ Pimàei de Niamtt a été brûlé
e« IlaptadJt de 1S4S,
128
RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
i
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n^D nxn^ i3"»banbi im&t nipnbi -•'nsiis nb-» np*»b CD^^in» G^ns:i:b
p"* iniN :3incb inias:» tn::) &"^mn^n hy bib^^i nr^'^r; ncrun
i-i'*-is:n3 :-TD?3bNi tizoo rr^n n7:i73r5b .nocn by sn snb ^■•isto
nî3i?aî-î ^b'^1 .to-ir:) ^-to in ce pD linp ib-» ï-in^n nbi ï-rn-^n
w n?:4« D51 n^'/:? ysn nïD» D-'nain br> rx nb hes^i n:?2bî<nb
*infi*bT ainnt) bmiin "^nstisrr i?o Kin pr: m dsi nn^nTarr 1t3 rïis£730
^bpTD nt ''Êt:n3i -^di p ^i:?!! "jb irÈ*-) ^nb^ "^b i:n rrn:?i ^û^nrr»
Mi26«n ,ib^ri *j^^ in::^ c^nn^rr^iD msin-sni n^pirca puitm
nb mp Ti?i ^<1n v^^: m asi mi?3ï3 rî7î3ï23 m^n^isn
np« «b rjDsn £3:11 ib'^n ^b in» Kb^ nsa nn?3Bt ntr:?n© m's.nTt
,y7:N''3b i-'-i^anb *]b^i ib-^n ib inm .'*mïn nCH bDD ms:?»"»
lis:!'» nn nDCTDi isnbio b^? dct ^iin^i '>*nrr b^ nï3» nm nb'^bi
ib^n rtt inpb ù^ixn ynxTs i:ms« bK:^ no« ts-'osn n» -icosn
d^^in^ iDbn -ipiDD . rrr^^STr noïsn n-'a n^na inis''btîm imanai
*ïnD . t3"ia nsna ib-^n tsi i^rsn •'ssb inn? yn-i^n n^ab û-^Tn»
ncsiTor* bN is^i D'aine* ta^^nn-' 117 i^np qDTt ûn^b» ï-rbcs bi'ia
*i?2i^in dts (î ibitût) ibar^^ l'^b^j t&ïiaD •Tî-'n riï73 î^;r^*i^' nb in*'^ "«^^^
»iab (aHba^pnNDj ^bon t'i'^Ètb ncaiisn nbo t*"): .a-i t3 ina-*-» erra
e-'mûyT fâ-^sD bna ^b^Da aïob f'^pEm iNin ns'a .'p2K''3b T'B
&'iTin'»n ,ûmQîtn n^'na dddsi p^-iisn-'d n'^^b Dmî« «■'a^i q-'iiît
^DDH-^b iNi3''i *5nb rinp mSN nb'^b^:^ nNi... dh neobs^DOK^^a ^btsb
mÈ«3£i7:n r» ib i-jE;o''1 ^brn b« Dn:i lab^^i •n'^^^r* ^nmn b« isb-^n
i« nmn ntîwH &.h "^ipnb y7:È<-^;b to'»*c:N -«d^ ib^sn nbD •Dnmi
D31 , «m npi::! kio -^d ini a^aTï rcnn i^pni iwa a''C5«n , iKb ■
bnin nrinD b» imit iN-^a-^i n?2iî3n inpb mi^tin ni33K Tb-rr dk
nbp^ '11 nbiJ» naib ^.sanD nm : n-^csn \r\^i &-'*Tin-*bi , T-»n ^12^ bs
."Ïj:» nm^a rrr-nisa pnat bKian ntt
nctt dmafi* |a pris:'»
.nJs:t!K''5 a^b innê*
Voici le résumé de la pièce :
Le 15 Bissan de l'aB 5470 (3 avril 4710), sous Cantainir^ prince
de Moldavie, un grand '.^âUieur frappa les Juifs.
DEITX ÉPISODES DE LIIISTOIRE DES JUIFS RÛUMALNS 12»
Uy avait dans le monastère de Niamtz un Juif baplisé gui était
^«lereQU prêtre. Pour flatter le chef des prêtres, il engagea quelques
Hehr^tiens à tuer un enfant chrétieu et à accuser les Juifs d'avoir
VissassiDii renfant afin de prendre son sang pour leur Pâque. L'a-
V postât airait pour voisine une v^uve chrétienne, mère d'un fils de
sU à sept ans. Il persuada à la pauvre femme que ce serait un grand
^icte de piété de sacrifier son enfant peur confondre les Juifs et que
Bfe irrand nararéen (Jésus-Christ?) avait ordonné d exterminer les
W ' le livra son enfant sans aucune rémunération, Tapostat le
f là Niamtz \ oii il fut tué par les chrétiens. (Tétait le soir do
j l*aque juive. A l'heure où les Juifs célébraient ^ dans leurs mai-
^ **'>ii5, raiiniversaire de la sortie d'Egypte, on jeta le corps de i*en-
B kntdans la cour de ranôennc synagogue. Le matin, quelques Juifs
^ ([ui allaient au bain virent le cadavre baigné dans le saog. Ils en in-
I formèrent immédiatement le maire de la ville, ils trouvèrent déjà
I auprès de lui Tapostat et d'autres chrétiens. Ceux-ci tombèrent sur
L les Juifs, CD tuèrent cinq, et firent un grand pillage. Le maire in*
toRDâ le parcâlab (préfet) du disirict, qui vint à Niamtz et mit les
Isrs à vingt-deux Juifs, qu'il conduisit à la prison de Piatra *: Une
iéfmtaUon des Juifs de Pialra alla trouver le prince à Jassy ; sur
Tordre du prince, une enquête fut faite, raccusalion fut trouvée
Elusse, la mère de Tenfant avoua îa vérité. Le métropolitain de Jassy
cimdAiima Tapostat à être enfermé toute sa vie dans rhôpital des
tons et les Juifs emprisonnés furent mis en liberté.
II
Reccmsiruciion de la synagogue de Niamtz e?i 1176.
Les Juifo de la Moldavie pouvaient-ils construire des synago-
||?ues eu toute tranquillité, en tout endroit? Les documents nous
faut eocore d»'*laut sur ce sujet, ceux que nous possédons sont
['CoatTadictolres. Le prince D. Cantemir, dans son Ilisioiî^e de
ï^ie*, dit qu'ils pouvaient les construire partout, mais seu-
il en bois ; M. Cogalnitcheaou partage cet avis. Toutefois la
Itridittan des Juifs de Roumanie, confirmée, plus tard, par les
1 J^acrits lies princes régnants, n*esl pas tout à fait d'accord avec
IflKte opinion. On s'opposait principalement à l'édification des sy-
lilgogues dans le voisinage des églises, qui, de tout temps, ont été
tMmibreuses en Moldavie.
' Ctk f«r«H tnppoaer que renfaot n'était pas do cetto Yillo.
* A|m cbef-lifru du district de Niamiz.
i phM€m Diinitrie Cantemir, qui a régné juB<|ti'e[i 1712 en Moldavie, est cotitiii
r éfiiTmin dtfltûigué. On lui doil aussi uou bifloire turque.
T* XJU, H** ai. 9
Wt mVVE DES ÉTUDES iVlYES
La synagogue de Jassy, qu'un voyageur anglais avait remarquée
en 1756; était en pierres ; il en était de même de rancieiine syna
gogiie de Piatra. 11 est à supposer qu'avant le commenceaieiit di
xviir' siècle, les synagogues pouvaient être construites en pierre^
et qu'à partir de ce moment, un revirement eut Heu et qu'on m
permit plus que la construction de synagogues en bois. Le do^
cument publié ci-dessous vient, je le crois, à Tappui de cetll
opinion*
i:ia"ip n^n -nis&t n^:^ bt^ms'' ^^1 brV n?2n ûi''3 dî*3 rî:?cr3 •:''Vprt
m33b isnD bDD nsîîTSNnn ,tsn nbnsKTab rrTî iDnn noiDn n-'rin eri
n»j n"n^ ï*<p-ia jn&«;"»-i5 ^b?ân cjbn^ ,fcnprr nbn b:? nbsnn r^ai
us'^fit n"n i7i«3 "1"'^ lb?:n bN nbcai ,t^'»:3fit73 ir-ûnb -ob p«î:
^b»n ^£)b^ pnnrtbi cp^b , Vt rrc?: Gn--2*^ p pn^"* Vn-s» ^nni
Tb?3 ^0 ne< i!3-iroi ;Q^33î«7D c<bi a-'siJ??: pn n'^sn nx ri52b> 23
abi7 n^îb nb^n £^n3"in i:nn2i D^xr t:-^,n nar?a rrm n-»r^ rnajf
.)^?2N': HD p'Eb ]r^Hnn it3 ï-itrr pnns«n n^'nn ni^D ïiT^ n:z3
.... »rD3sn r^3 nsiDn b© rnis^D b3:6t ffl na::»? i37:nn i:n3«
b«) tonrma iST^nn tsi bib» 'c:"inb cr n^:^ nra;:^ l'bpn mizi
,TijVn r\zzzn n^i
p b»-iï5^ , *-i^:2i3:^Ty73i-i> pna:-» p ^brs: .s^to a-^b rïTnrr
^nPTS p (pour nOBl 1DD . > H-'ltfitpDÔ* pftat'^ p nTabtî .nï53?2
Ce document montre aussi qu'il fallait une autorisation ex-
presse, un rescrit du Prince, pour construire une nouvelle syna-
gogue ; il en était de nn^me quand on voulait reconstruire une
ancienne synagogue ou faire de grosses réparations,
La synagogue dont il est question dans le document s'appelle
encore aujourdliui « Tancienne synagogue », bien qu*elle ait é\Â
démolie en 1848, à cause des réclamations du clergé et des-
moines, et transférée dans un autre endroit* Elle remonte^ sans
aucun doute, au xvii" siècle, la tradition Tattribue au xv* siècle*
La ville de Niamtz renferme, de même que Piatra, les plus an-
ciennes communautés juives de la Moldavie, les historiens et les
pierres turaulaires en font foi,
E* SCHWARZFKLD.
I Un mot lout'-À-raii ilUsiblc,
' Origitiaire du yUIaiço Grumouicscïili, pr^s do Numlx, ,
* Ortgioaire du village Àscutzi diDs le disUici de Nfamii.
BIBLIOGRAPHIE
REVUE BIBLIOGRAPniQOE
j,f ^^ 2» TRIMESTRES 1886
^im UdîfétâAms en ftumfûu qui iviwmf In tiiru h^brûum Mf sonij^aê de Pûfttnr d» livre,
«fi« et tamftmrdi U reumion^ à maint çntiUs nf êoiemt entre ptillemets,)
L*abandance des maliëres noua oblige do rôsumor brièvement^ t^n tCtc de
ïtte KeraCt les ûoljces que nous aarions^ suivant noire habitude i dû placer
i la lutte dcft litri*s des ouvrages. On remarquera d'abord, dans les Hvrcs
lèbnenx, Ui grande producliun de livres par les autcurâ el les imprimeurs
usaleiri. Quoique la plupart dcâ ouvrages de celte provenance n'aient
lût valeur et soient de purs jeux d'esprit» il est pourtant intéressant
îr quelle est l'activité in t<f liée tu elle, môme mal diripéo, des Juifs do
I TerrC'Sainle- Elle s'applique surtout» comme on le remarquera, aux su-
audiques» souvent aussi à la cabbale. Les plus intéressantes de ces
sont les iruduclions en langue vulgaire (arabe, persan) de diverses
pirlieft de la Bible, les homélies, le calendrier de Luncr, et enHn ce recueil
i^ cooLcs en judéo-espagnol intitule El cutnto. Parmi les autres ouvrage»
bi^brvux de celle Uevue, nous signalerons (en suivant Tordre alpbabéticfue)
it« •"•^ ni-îiH, la réimpression du Dbl3^ rmn, le vol. XV des Dikduk^
Sf^ffrim, de Rabbinowicz; le mbsTS tDT^n do liaer et Delilzsch, qui nous
'lonnetit de si bonnes éditions des livres bibliques ; le n"73&ï '*!DJ*a, par
Uerliue? ; le Massa ba' Arab pourrait ôtrc intéressant si l'éditeur j avait
ioiiil les noies qu'il annonce ; les ouvrages de vulgarisation des sefences
physiques et natufelles. tel» que les doux *{Up Ubiy n3TD73 et le ^ytl 'D,
>{ni ne sout pas sans valeur; le Kadmut ha^Tanhuma. Parmi les autres
•AivrAges non spécialement recensés, on remarquera Tédition arabe du
vMri (Al-Ghaaiaril, la bibliographie (si exacte) do rOrienl latin, Télude
I. ilorowitz sur les médecins juif;* de Francfort, l'èdilion des Antiquités
•kJoscpbe, la leçon d'ouverture de M. Maurice Vernes, la traduction du
T^mad de Babjlone (non point parfaite^ mais utile) de Wiinscbê, l'ouvrage
deZizamels sur Léo Llebrauuô.
132 rp:vue des études juives
n"*^Û m-i^N s. L. Rappoporls hebr. Briefe an S. D. Luzzalto (1833-
1860)... hcrausgg. vou Eisig Grabcr; fasc. 3 et 4. Przcmysl, impr. du
Domkapitel, 188G, in-8<^, de la p. 151 à p. 201, plus liste des souscripteurs
(4 p.) et 16 pages d'extraits de journaux contenant des recensions sur
l'œuvre. M. Gr. s'est gardé de reproduire la recension de la Revue.
'^ty*\12 brîN 'O Traité concernant les pratiques religieuses composé de
quatre livres intitules : 1" T"?::! nD-ir72 ; 2° pC7ûrî nmnr ; 3*^ niT^C/^
w^rprî ; 4" D'^*7^*l^b TVy^. Le premier livre est composé d'un texte nommé
1:^173 bni< par Samuel b. Meschullam Gerondi ; d'un commentaire 3''3D
bni<b par Hayyim Abr. Gagin, et d'un autre commentaire bï^NH mr-T»
par Salom. Moïse Haï Gagin Le deuxième livre ne contient que le texte
de Samuel Gerondi. Jérusalem, impr. S. L. Zuckermann, 5646 (1886\
in-4'' de {16)-102 flf. (1«'' livre) + ^î» ^1- ^2" l-)- Nous n'avons pas vu la
suite.
Û'û "^bilN 'O Apologie contre l'accusation du sang par Kohn Zedec. Lon-
dres, libr. Vallentin, 1883, in-8« de 112 p.
Homélie sous formes de roman ou roman sous forme d'homélie ; beaucoup
de loquacité et d'emphase. — D. G.
11ï^î< ITN '0 Petite encyclopédie talmudiquc par ordre alphabétique, avec
renvois aux sources, par Aron Azriel; édité par Abr. Azriel. Jérusalem,
impr. Samuel Lévi Zuckermann, 5646 C1886), in- 8° de 106 ff.
ûbi:^ na'^ni 'O avec T^^72!l niDpn Réimpression du texte de Yedaya Pe-
nini, avec le commentaire TV012 'wlD""! de Moïse b. Mardochée Lévi
Galante, de 3n;ana:^U5, demeurant (fin xviii« siècle?) à mrnao, en
Pologne, édité par Hayyim Lazar Basch, de Marm.-Szigeth. Presbourg,
impr. Lôwy et Alkalay, 1886, in-4" de ix p. et 24 ff.
Celte édition est faite d'après une édition de l'année 1791 ; d'après Ben-
jacob, il y aurait une édition avec ce commentaire faite à Wien en 55C4
(Î804) ; Fûrst indique une édition do Wien, 1791, mais sans la décrire.
L'éditeur actuel ne donne aucun renseignement précis sur l'édition quil
reproduit. On ne voit pas dans la préface de Moïse Galante à quelle époque
son commentaire a été rédigé.
ClDT^ "^33 'O Consultations rabbiniques de Josef Jesua l'^'lî^p fils de David
Abraham. Jérusalem, impr. Zuckermann, 5345 (1885), in-f* de 20 ff.
pnO*^ "^33 'o Homélies, oraisons funèbres, novolles bibliques et talmu-
diques, et consultations rabbiniques par Isaac "^I^'Cpî^. Jérusalem, impr.
Moïse Pérec, Abr. Is. Gagin et Samuel Lévi Zuckermann, 5644 [1884) ;
in-P de 135 + (2) ff.
n'*Dpi iT^nO ."^Np-in. Barkai, Schutzschrift des M. L. Rodkinssohn gcgcn
die iùgenhaft verlâumderischen Angriffe des Keichsraths-Abgeordnelen
Dr. Bloch. L Heft. Wien, chez l'auteur ; Presbourg, impr. Lôwy et Alka-
lay, 1886, in-8° de 56 p.
On avait accusé M Rodk. d'avoir été le collaborateur de Rohling ; il s'en
défend, c'est bien, mais c'est assez, et la publication d'autres fascicules
nous paraît tout à fait superiluc.
iVil^ w"n*7 'o Doresch l'Zion, ZionsFreund, worin i'iber jûd. Colonisation
im hciligen Lande, in 4 Capitel, gesprochen wird, von Ch. Jacob Kremer.
Varsovie, libr. Jacob Sapirstein, 1886, in-8o de 109 p.
*^/*D Variae lectionos in Misclinam et in Talmud babylôDÎ-
.- auctorc Rapbaclo Rabbinovicz. Pars XV, tract Meiiachot,
ildi, impr E. Uuber» 1886, in-8" de 274 p.
'C La hédm (KnT'N) rabba du Zobar, en format de poche.
cm, impr. Solomoa, o(î45 (1885), in-32 de 1R2 ff-
HD^ va npiOS msbn n!:D Recueil de nalakbot, altribué aux
des de Jcbudai Gaon, pubîic, d'après un ms. unique de la Biblio-
ae Bodlèienne d*Oxford, par Léon Scblosberg, avec une lettre-préface
L'J. llolborstam (en hébreu). Vcrsadlcs, impr. Cerf, 1886, in-8**.
L« publtcaUaii des œuvres des Geoiiim, Buccesseurs dtss derniers doc-
teurs ulmudiques appelés St&ouraim, a bit de grands progrès dans lo cou*
rtot do ces dernières années. Cetto ItUërature est repréteEléo : V par des
iHires ou eonsiiltatioiia casuistiques ; 2'' par dea rocueits des règlea ri-
cUdi ou Hâlakhot, Les Coosultalions sont en cours de pubiîcation par
|. le D*^ Joël Miiller, dans le Bet Talmui^ et par notre ami, le conseiller
r&Ut. M. lo D** A. Harkavy, IiibtioLltécaire de Saint-Pétersbourg (voir
•, XII, p, 308', Quant aux Ilolnkhol.qui portent te» djfTérentes déDomï-
tla^QS de mpiDD, ri31^p, ni3?1Dp, etc., et qui, pour la plupart, sont
rédigées» comme les CouBultatîons, eu langue iiramévune, ridiome talmu-
iljque^ on les trouve cil<%s dana plusieurs ouvrages du xi* et du xit' siècle ;
(|ae!tpies-unes ont éU publiées par M. IL-M. Horowiu dans ses opuscules
ml.ltdés C^-IISKI bo Imin. Pour les Recueils de lïalakhot, nn n'eu
eootiaissAit juaqu'à présent que deux : P celui de H, Sîméon ttn'^'^p, inli"
lulé HaUÂkot gtd&lot, publié cinq fois avec et sans commentaire (Si nouS'
M nous trompoos, une édition définitive et critique, d'après le très ancien
ma. du Vatican, est en préparation); 2' celui de R. Jehudaî Gaon, intitulé
np'OC 'n ou lïO rr. c'est M. Steinscbneider qui en fait connaître, pour
b première fois, l'exisletice, Vayoçt trouvé dans un traité anonyme sur
oTJÏ^Sl HtaTûD en arabe, qui doit Otre attribué à Samuel Jumat comme
Ta montré M« tialberstam. Un ms. de ceâ Halakhot a été retrouvé, en
IST3, daos la collection des oiss. de lu Rodléienne, malheureusement il est
laeomplçt. L'origiual de ces Halakhot, d'après les passages que Samuel
Jama eo donne, était écrit ea araméeu ; le ms. d'Oiford eu contient une
traductioQ hébraïque, faite (mais non par Hefez ATouf) pour des com-
maututés qui ne comprenaient pss Faraméen ou ne rentendaîent qu'im-
jAfCiîteaieut. C'est ce ms, que M. Schlosberg vient de publier, presqtiM
diploflDAlîquemeol, m raccompagnant do renvois au Talmud, qui uidcut le
lt«tear à comprendre te fcns de certaines Halakhot, qui semblent avoir
k\A* r^\T'-<ii\^vSy soit par le traducteur, soit par le copiste. La lettre do
ïm retrace l'histoire littéraire de ces ïlalokhot* la découverte et
n du ms., la liste «Us ritutions faites dans certains ouvrages
de ce iriiié. qui justifie ridefUidcatioii de ces Ilalakbot avec celles qui fu-
raal r^uttji»s par l'école A^ Jehudaî Gaon. Celte publicalion montre que
ScnéûQ fin^^p a inséré ces IJttlakhoi dans son recueil et n'a pas lui-
Dilina ftfrvi à cet ouvrajfre comme on le croyait jusqu'à présent. Ce serait
oti in'nfid poiot acquis k Tbistoire des Halmkhot, si mËme on ne trouvait
t de nouveau dans cet ouvrage. — A^ N.
Ï^C Additions nu livre d'Alfasi. par Mescbullain llls de Moïscî
êJudi de Béxîer?*» L mir Hnba Kaniil, édité d'après le m», du baron
' Oùaihurg, avec m\ conuuen taire, intitulé n^ûVwnn min, par Juda
' ^\\ Purin. 1885, t,
Lri rahhiaa du midi dv la France se sont presque exclusivement consa^
«^ a roiupléter les 1îvto& halakhiqurs de R. Isiiac AllaEi et de Maïmo*
^'4^ qui étaient étudiés partout ciû il avait des communuutôs juives. C osl
134 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
pourquoi ces additions ou ces commeutaires avaient, pour ainsi dire, un
caractère local : ils ne se répandaieut guère au-delà de la province qui les
avait vus naître ; c'est aussi pour cette raiscn que les ouvrages des rabbins
de la Provence se sont peu conservés. La bibliographie et la biographie
de quelques-uns de ces rabbins ont été faites, on grande partie, par
M. Grross, et, dans le vingt-septième volume de Histoire littéraire de la
France^ on en trouve une vue d'ensemble. M. Lubetzki aurait mieux fait
de reproduire simplement en hébreu les articles mentionnés ci-dessus sur
MeschuUam de Béziers que de citer les données peu correctes de la pré-
face d'Isaac de Lattes, le jeune, et de Touvrage d'Abraham Zakkuut. 11
n'est nullement prouvé, par exemple, que MeschuUam n'adhéra pas a
la cabbale en général, par le fait qu'il avait, conjointement avec d'autres
rabbins, déclaré le livre Bahir une falsification due à Azriel. Mais il
semble que les rabbins polonais ne peuvent se dispenser d'écrire de lon-
gues préfaces et de commentaires plus étendus que le texte. On pourrait
dire, avec M. Dukes, que, pour eux, le texte est un prétexte aux notes.
M. L., vivant à Paris, aurait pu s'informer, sans difficulté, de la signifi-
cation du nom de !i"ntt"^*l, et il aurait appris que c'est -lllTai, Ramerupt,
ville natale du fameux Jacob Tarn et de son frère Samuel, petit-fils de
Baschi. Dans la première note, a la pageui, il aurait pu mentionner que
n^nabn -^C-n CO ^^<^■• vendit le ms. du rîTabtJn 'O le jeudi 3 ïjy^T
5135 = 1375 à Don tbplDw. Les noms des propriétaires de 5149 sont ef-
facés. — A. N.
ïf'nïl mbbîSI "^^^Onn 'o Novclles talmudiques par Zeeb Wolf Hallévi ;
Jérusalem, impr. M. Péreç, Nahm. Polito et S. L. Zuckermann, 5645
(1885), in-4' de 8 p. et 83 fîf. ; 2*» part., Jérusalem, impr. A. M. Luncz,
5645 (1885), in-4'' do 24 ff. L'autour a lui-môme entouré son texte d'un
commentaire.
dblJ^ïl mpin 'o Sur les règles de Kilaim dans les vignes, les plantes et
l'usage des botes de somme, d'après les casuistes anciens, et diverses
consultations rabbiniques, par Moïse Néhémic Cohanow. Jérusalem,
impr. Joël Moïse Solomon, 5646 (1886), in-16 de 40+20 ff.
Texte avec index et commentaire du mÔme auteur, plus, dans les vingt
dernières pages, des dissertations sur le même sujet par le même.
dbiyb d-^n 'o et 2« part, du Û"^*^n nTD"^» 'o. Explications sur VÉben éz^r,
I)ar Nissim Hayyim. Smyrne, impr. Hayy. Abraham (1886), in-f* de
162 flf.
niba% TÛ!an Quinque Volumina, Canticum Canticorum, Ruth, Threni,
Ecclesiastes, Esther ; Textum masoreticum accuratissime expressit, e
fontibus Masorœ varie illustravil, notis criticis confirmavit S. Baer ;
prœfatus est edendi operis adjutor Franciscus Delitzsch. Leipzig, libr.
Tauchniz, 1886, in-8» de viii-99 p.
ïlbK npn Benedicti de Spinoza Ethica ordine geomelrico demonstrata . . .
Die Ethik (Tugendlehre) des berûbmten jùd. Philosophen Banicb Spi —
noza hebr. ûbersetzt nebst ausfûhrlicher Einleitung und erlâutemderra
Noten, von S. Rubin. Wien, impr. G. Brœg, 1885, in-8«» de lxiv-288 p -
d'^Tinn^ n"7aK "^73^23 Lehrgedicht ûber die Accentc der bibliscbcn Bûch&T-
n"73N nebst Commenter von Joseph b. Kalonymos (in der 2. Haifle des
13. Saculums). Un. M. G. Lewy bcim Einlritt in's Greisenalter. . •
[70 ans] gewidmet von D^ A. Berliner. Berlin, Roscnstein et Hildesbcî-
mer, 1886, in-S*» de 5-6 p.
BIBLIOGIUPHEE
135
M. Bcrliutir « mis en tête de ce poème didactique une étude &\ix rsu-
lipiir, dont Zuny. s'est déjà occupé dons Gt»ch, u. Lit.^ p. tll. D'après
î' . Tautpur est Joseph de Xaulhco, fils de Kalouymos do Neuss
1 . . pclit-fils du nahdan Simsoa, et nttkdan lui-même. lia vécu
i U Iju (iu xTu" silMrle.
r|rnît3 D'^Timn Histoire des Juifs à Jérusalem et dans les autres
Tt!k* de la Terre Sainte depuis l'arrivée de Moïse Nahraanidû à Jéru-
stlcm CD 12G7. Chapitre i"', de 1257 à 14î)2. Titre manque {Jérusalem,
ia6tVfj. io-ir» de 48 p.
ïTtV^nS 'D Abrège en hébreu du D^:''3Dî3 iriM (de Salomon ibn Gabirol)
|iir Samuel b. Joscf Çoref. Jérusalem, impr. Samuel Lcvi ZuckermaDiî
etC*% 5615 (1885\ iii-15 do 20 fl*.
T^ X5 'O, 2r partie. Jérusalem, irapr, Zuckcrmaun, 5646 (1886), in-F de
171 C.
I ttT rreV m^ avec Dbnin-» niD^DT Aonuaîre pour Vannéo 5647 (1886-
T^, par M, Àdelmaon. Jérusalem, impr* Luncz, in-32 de 14-(34)-(20) p.
ConUeoi, outre le caleadrier^ de pelites ûotices but les iQStitutions juives
de Jéru9«leni, le eoomierce et rindustrie, etc., et les calonieâ agticf^les
Imrts de PalcsiiDC.
' STî? ' - "îî3fit?3, V^ fascicule, ReceDsion d'uue grammaire bûbraïque
' i'iiéio soUR le litre de 13? pvsb '^Dn:??^ h Varsovie, V^- Uoium,
• -ô : par Israël Isser b. Moïse Goldblum, Paris, s. impr., 5646
m-8' de 29 p*
M* Gûldbl. est bien âpre dans sa critique, c'est le défaut de la jeu-
nesse. L'ouvrage qu'il ex&miae feroit uu plagiai fait à Moïse Cobeu Rei-
rberaoha, grammaineQ dout M* Goldbl. a une bonue opinion*
'*'?; 'D Discours en rhonneur de Sir Moscs Moiitefiore à roccasîoii
fitiéme année, par Issacîiar Ltiheusûha Pinsker, Jérusalem, impr.
i>. U iiockermanQ. 5645 (1885), in-16 de 16 ff.
K""*ia yC*Z Reîse durcb Europa, pai E, Deinard, Presbourg, impr
l^^wy et Alkalay, 5645 (1885), iD-8^ de 19G-{2) p.
Nous avons déjà décrit cet ouvrage au moment de la publication des
prcmiires reuille?. Tauteur ne presque aucune des qualités qu'il faut t un
t«r^|reur, il n'a pas une préparalioD ecientillque sartisatiie, il ne seil paS'
v^Kî oi comprendre, i\ doone des faits auxquels il assiste les explications
)c« plut rifllcules. et aouveut il ne rapporte de ses excuraîons que des
prtipot de portières. Ce qu'il dit sur la Bussie a plus de valeur, cest uu
fBfê tj^'tX coupait.
: îtC^Î3 Die Tbicrgebjldc (Cbcnibim) îd der Vision des Propheteti
bialt hislorisdi-kritisdi beleiicblol ; in zivei Theilen : L Die Pro-
IV Die Angelologio. Wieu. impr, G. BrOg, 1886, in-ft** de 64 +
fÊ ^ Lm ••conde partie a pour litre C^&tbT:?! 'D^ et, sur le tilre, la
pg«Blëf« partie est datée 5643 (1888) ; la seconde pnriie, 5G44 (1884) ; la
dbio l^tSi^ Me trouve sut la couvcrlure* Le tout est extrait du Schachar,
72 SS1S Ifaê^a ba' Arab, Bomanclli 's travels in Morocco towards tbe
(lite 19, Onturv ; lilth édition, uilb prclaee, notes aud life of tbe
, hy S. M. Scbilter'SziQessy, in Iwo parts, bcbrew and englisb.
136
REVUE DES ETUBES JUIVKS
1. Hebrcw. Text. Cambridge, Deighton ; Londres, Georges BcU; Leipzig»
Brockhaus ; 1886, iu<8«, de C4M2 p.
Olte parlîe Lébraîque ns contient pas la biographie dd l'auteur. Li
relation de voyage ue manque certainement pas d'intérêt, ccpeadant on
y cherchera en vain des iadications précises de statistique sur les Juifs.
I
I
I
•^S^ï^ nniO?3n Dor arme Poet, ein Schauspiel iii einem Aufzuge von August
Kotzebue» nebst Schiller 's Résignation^ ûbertragen in 's UebrâiscLo von
Isidor Brûstiger, ous Zurawo (Galizicn)» gegcnwârtig in Lemberg. Lem-
berg, librairie Jacob Ehrenpreis, in-8* de 56 p. ■
n^*îirp "^DID &ll*^n Uy '^bx^V 'P Proverbes, texte hébreu, avec traduction
judùo-persaiie et un petit commoalaire {béur), par Benj. b. YoLanan
Cohen, de Bokhara. Jcrasalem, imp. A, M. Luncx, 5645 (1885), in-S** de M
y^lTT "^blDTa Recncil de proverbes et dictons traduits des langues étran-
gères et môles de maximes originales^ par Sleinberg. Vilna, libr. Romm,
11885 ?1, iû-S-^de 36(i-xn p-
L'auteur s est elTorcé de 6*en leuir a la langue biblitpip, son elyle est
pur et coulant ; ses réilexions sont qualquefûiâ d'un pédagogue de pro-
fessiou. — ■ U. G.
m^lC* y^lZiSil^ 'D Homélies sur divers sujets (Introduction, les rrmlcs de
Sion, les murs de Jérusalem, les londemenis de la lerrc, les consolations,
la construction de Jérusalem, l'Alliance israôlitc, elc«), par Israël Ben-
jamin Lempert, Jérusalem, impr* Zuckcrmann» 564[> (1885), in-lti de
:îHtr.
K33nttT Nn'^nn pp ûbi:? nrtîTJ Principien der Cbemie , par Benjamin
Scherscbewski. Jérusalem, impr. M, Lnacz, 188t>, i«-8® de24-viit p.
Utile vocabulaire à la fin, disposé par ordre alphabétique.
mn3 n2073 pp Ub^y nsn^ Die descriptive und topographischc Anatomie
des Menschen, par Benjamin Schcrschewski, Jérusalem, impr. A. M.
Luncz, 1886, in-8° de 69 (1) p.
6tt31T «TiK mo La hadra zuUû du Zohar, en format de poche. Jérusalem,
impr* Solomon, 5645 (1885Ï, in-32 de 104 (T.
np^n nmîDCHb mir^bo "10 Prières de pénitence pour la prière matinale,
selon le rite sefardi, avec addition de piuiîm^ de la grande confession,
cxpUcatioii des mots pour les sâlihot et les ùaccaschot^ etc., édité par
Isaac Moïse Mordekhaï Dayyan. Jérusalem, impr. Samuel Lévi Zucker-
mann, 5645 (1885), in-16 de 56 ff.
•m DDIO '0 Espèce de discotirs ou d'homélie sur les devoirs religieux de
la ^GCa et du Maà, par David Cohen Wilner (de Vilna). Jérusalem,
8. impr.» 5645 (1885), in-16 de 70 p,
L*auteur avoue lui-m{^me qu'il a' accorde aucune importance à cctto
élucubratîoti.
ni^^^O avec sous-titre VeïnC^ U^b U^b'p'^^') nai^ y^b?a Apologie du ju-
daïsme, par Eliézer Ccbi Cohen Zweifel. Varsovie, impr. Isaac Gold-
maim, 5645 {1885), in-8" de 310 p.
L'ouvrage paraît avoir fait quelque sensation parmi les Israélites ru^M,
il nWt pas sans valeur, mais, en somme, il se lient dans les routes battues.
I
I
BIBLÎOGRAPMTE
137
^12T 'D liecucil d'homélies sur la Geuoso prôcliécs par Tauleur dans
Lj6ttQ6ase et rédigées par lui à Tâge ûq qualrc^vingls ans, avec additions
par Senior Zalman Meudillowicz. Jérusalem, impr, Abr. Isaoc
l«iia«nlMiitin et Aron Azrit^l Rokeah, 5644 (1884) ; in-8« de 41 + (l) ff.
L'auteur a été à Bombay ; il adresse des remerciements à des personnes
de Londres, Francfort, Amsterdam, d*im cUé; de Calcutta^ Shanghai.
Aden.
Ç* *D L'œil et ses mala^ieSj par Israël Homber^, Odessa, împr.
. SchuHzc, 1886, îo-8*» de 55 p.
Y^ '5- I ' Comraeulairc sur certains passages do Samuel et coiisidé-
lUotu sur Samuel, par Juda b. Yebieï Behak (pïirïm) ; Vilua, iinpr.
I?» RoiDin« 5644 (18841, in-S* de r>8 ff. — ÎI : lulitulô D-'Sn^rT n?:ôï^
ibm, Bxamen des passages bibliques où il est question dos prùtres et
t térites, par le même; Vilna, ibid,, 5645 [1885], in-S* do 64 p.
L'auteur éTidemment n'est pas au courant, il ne connaît ({ue les sources
rabbiaicjfueSt oais il nous a semblé qu^au milieu ûe beaucoup d enranLîilages,
soo étude coQtieol cependant des indications intéressatiics.
''CB*i"5'^D Commenta rzrnn Sepber Jez ira von R. Jehuda b. Barsilai
tott Barcetona (Anfang des xil Jahrlmiiderls), nacîi der emzigen Hand-
icàhn lu Padua zxim ersten Maie brsgg.^ mit EmleHung uud Anmerkun-
|flu« toa S» J* llalberstam, nebst ergânzendeu Noten von Prof. D^ D.
• RutteiAnii. — Berlin, à la Société M'kizc Nirdamim» 1885, in- 8" do
\ xix*354 p* ; dernier volume de la première année de la Société M'kizo
U est superflu de dire que l'tnlroductioQ du savant M. Halberstam est
friM avec soin. Elle contient, entre entres^ la liste des ouvrages et des
ÉÉInirs cit^ dans le livre ; la biographie de l'auteur et la description de
Mt ouTragei ; Tindicalion das auteurs ou des ouvrages qui le citent ou
patient de lut. Reste à savoir n le Ii7r6 est aussi iotéressaol que rauteur,
e*eft uo examen auquel nous no nous livrerons pas aujourd'hui, mais on a
SaTotoûtaireoient un préjugé contre ce genre do littérature.
M. Halberstam nous prie de taire les rectifications suivantes^
P. XV, l. \k : 54 Isann^fT* lisez : 44 DA^n^n ; 1. 22 t n"l '^^SDDl
Y^TXt il paraît «*avoir connu ce dernier que par la citation d^un autre
tauufi L 36 : rNT» lis«z : inbl1?l 1î:T- — P. ïvi, L 27-28: H''nni
tC^^JC-iab t<:i3n:73 D"a a*a T^^. passoge déjà citiS par S, Sttciis
diot p32bn n3D de Bril, vi, 167. On y dit aussi que Isaac b. Abba-
Mari alla également à Barcelone. — P. xvn, h io, ^I^H '^"^im. bsex :
^^r: 'nm, l 35, ÉT^^TS, lisez ; HSITStD. — P. xvm, L 17. jri"» txb,
Bd : scn yn-' »b. — P. XIX, L vu i^nn^n Dip^^ai, lisez ;
If- i^'zTz u> imnîtn Dip^av; 1. 1^, r:aD^S7:i mx, lisez : nii:
M ':^*zy r::3^'j::?3 . i. 35, 'idi D"3?3nrrb ni2 Q^pi, bse^ : cipi
•2 -ni' nensi. nb onp ntt''^ pn^^ "i D373« û"!3?3-inb nî3
D"2^rinb a*'r:?b ib rrn nw-^a ï'h-i, — p. xxi. i. 26, irsbbc*
liÈtt : irrDblD; 1. 38, •'D^D, Usez : tDin*'D?D, — P. xxni. 1. 15, 160 'y,
baes : 106 'y i L 18, 160 *y. lisez : ili6 *y, — P. xxv, l- îi, ffiV^I
î'ii TT£K:iB«':3, lisez : 3P20 T,^ m 'ri 'lS1 l^S&t3&î?:3 o't3 *y^
Sêfmt dei Ètudti juire*. IV, :?"izn ptt^iS'^ip 11 D^nn 121^1^
îtT; L3y, *J1D?T21, hsejt : «irr ^1En:i. — p. XXVI, dern. L 3n3l
n^bxna rmrr 'nn, ajoutez .- 3"7:p '-«o n"u y"yznn u:^ hsi^.—
I», iivm, u 23, nrra pnsbb, lisez : ti5 &*3n?D im^ isnsb
T3bï2. — p. xxis, L 36' Ô""an, lisez : C^:33. — P. xxx, 1. 21, y'^'^0,
fia** • yV'D- — Il f^Biut ajouter aux auteurs qui citent H. J. Barcebat,
adeî Cres cas, qui dit de os U préface de son Or Adonai : llSHfll
138 BEVUE DKS ETUDES JUIVES
ms-neïa •'sib^nalr» '••Jîsn niiri'* n"nrT nîm» ïtsttd
cnmcm Q-^iiKarr mpbn?3nn biii. Ce ikûssage ma èié siga
par M. J. Lcvy de Bresl&u.
'^D'T^IÎD ''^ID 'O Novcllcs talinudiques et bibliques suivis d'une homélie,
Mardocbée Abraham ^h^» ûli de Tobic Hosenlhal £n3*'Vl9* Jérosalfi
s. imp., 5615 (1885), in-16 de 38 tf.
Y^T: "^hd '0 Comraculairc sur le Pcotateuque, F" parUe, Geoèso, fixoi
Lévîlique, par Juda b. Isaie 1^113. Mnnkacs, impr. Pinbas Blayer, 1'
iii^<* de 204 tr.
Drin *'mrs 'o NovôUcs sur le Pentateuqne, par Jacob fii^^tT*3&l, pah
par son fils Aron. Jérusalem, impr. Elbanan Tennenbanm cl Aron Azû
5045 (1885), in-4« de 150 ff. L'auteur est de TaiUelt, au Maroc
rilfitlX Teslameot relig:ieux el moral de Juda b. A&cber et de soo ùé
Jacob, uuleur du Taur, publié par Salomçn Zalman Sebechler, Presboiug
impr. Lôwy et Alkalaj, 5645 (18B5], iD-8'' de 19 p. Extrait du
Tatmud.
Publié dVprès ua ms. du BriUsh Muséum» de Loodres. Les ptèoet
iatéressa&tes pour rbi^toire iatellectuelle et littéraire des Juifs, M* Sel
discute, eolre autree, ao petit problème de chronologie irhn importiot {
la biofçraphie d'Ascbfir h, Yohiel et de son fils Juda*
Voici quelques observations sur le texte et sur les cooséquencesàotol
pour la biographie du Roech f Ascher b. Y'ebiel) et de son âb Juda, U
d'abord corrif^cr certaines lecture» du manuscrit^ qui est tr^ dêfe&tocaii
Page 12, L 23, il est oertaia qu'il faut Lire rY'O eu lieu de ^*''J2. «tUfl
absolumenl hors de doute que c*est en (50)65 = 1305 que le Hoseh est tbb
eu Espagne. — Mâmc page, dermère hgoe^ au lieu de ^n li^ez K^S X^^
= 1321 ; correction prouvée par loul le contexte et par p. 13, l U. -
P, 13. l. 9, au lieu de T^ il faut Tf'b, le nombre est alors 37Û41, w f
est, à une unité près, le total des sommes éouméréeF eu détail plus biuli
TuDiié eu sus est donnée înteaUonDellemeDt, elle a été omi»e dut \
chiUres ronds qui précèdent, mais elle se retrouve plusieurs fois daas
tuile. — /Wo I. 17, le second D^rÉ*73, qui n'a pas dû sens, doit êl
corrifî^é en D'^:?3-|C«, ou bieu eu 'ai = • et 4U •, et alors t9Ut «slbiBfi.
Ihid., L 21. VÎTO est juste, il est commandé par le i^ap qui préc^
— P. 16, dernière ligne, la eorrection T^ïîn pour K"3làn est i^'^.
n'a qu'à faire le total des sommes de la page suiTanU» pour le voir;
leçon indiquée dans la noie 30 est la scute boune. *— P. 17. 1, 3, ilfiQl^BI^
au lieu de n^D* — Ces correciions étant faites, tout est à pea
ordre, et comme Juda dit lui-même que son père asl mort 23
après son arrivée en Espagne, il tlut, avec le Tûkn&im et d'aulrtf,
décidément la mort du Rosch en 5088 (oct. 1327) et nou eo 5081. ifor
qu'une ditiiculte, noire pièce ^arafj dire (j© dis paraît, car ta phrase est
peu étrange) que de la mort du Bosch jusqu'au jour où la pièce fut
(hn novembre 5109 =» 1348], il sVst écoulé T":^ (27) ans, ce qui pia<
bien la mort du Bosch eu 5082 (1321). Mais il faudrait alors admettre
Juda fut rabbin de Tolède pendant tl ans. et son épitaphe [Â^nf Zicu/t
dit bien 21 ans. On ne gagne rien à corriger (p. 12, L 4 en bas! T"3
fl^Dt ^^^ 1& suite montre bien que Juda a fait avce la communauté de Tolh
trois contrats de 10 ans chacun, el qui doivent se diviser ainsi ; un coml
de 10 ans tenu jusqu'à expiration {p. 12, L 2 en bas), un cuntrat de iOi
renouvelé au bout de 9 ans et 10 mois, un contrat de 10 ans, qui avait cet
a Tépoquo où la pièce fut écrite, pendont 7 ans el \ mois ; Lolal, 27 aoft
2 mois, ce qui fait, à un mois près, les 27 ans et trois mots de la p.
Nous tenons donc ce chtlfre 27 pur exact, mais il y a là une lacune.
11 ISUl Bl
ilrtfffM
BIBLIOGIlAPlï[E
139
\|. Sch, a signalée également (aote 1S). Nous supposons qu^oprès les moi&
Vt &C"H (p. 1^. U 4, en bas), juda avalK dit qu'ail avait été engagé par la
rommuuaat^ de Tolède pour 10 ans da vivanl de son pèro (en 1321, d'après
nuusj, pour le suppléer, a cause de sou grand âge, et qu'il y avait inemliî-
itant 21 aus depuis la mort de son père et 27 ans depuis cet angagemeaL
Le iDot n^t; répété après chacun de ces d.eui chiffres {21 et 27) sera causb
de la lacune. Il y a aussi une lacune ou uo lapsus p- 13, l. 10, "Tm
P"^1S'!2nf rien n^a été expliqué antérieurement^ mais Juda dit plus loin
qu'il cctimait ù un maravédis par Jour la dépoosc pour chacun do sesenfanis
(p. ^f 1. 3 cQ Ihls]. cela fait bien, pour 2 ans et 2 mois [p. 13), 800 mara-
irédis, Notîs supposons que le traitement de Juda» d'après le premier con-
trat, Ptail de 3,000 maravédts par an, c"*est ce qui eipliquti le lliTTin de la
p. 13, l. I cl 1. 17. Ajoulone^ cnQn, pour confirmer notre hypothèse (que
Juda eut un premier coutral dtî !U ans), quç Juda se sait gr<3 [p. 12} de
n'avoir touché son iraiLemoul, pour son premier cûntrat, que peodant 2 ans
et 4 moist si «Juda n'avait éié engagé qu'après la mort de son père, son
premier controt aurait duré en tout 2 ans et 7 â H mois (Il oet. 1327 à Juin
•n juillet 1330; de la, 9 ans et 10 mois conduisent à août 1339, p, 12, en
bea, et 13, en haut}, son désintéressement n^aurait donc duré que «^ a G mois,
et il n'y a\ait pas \à de quoi se vimter. Notre hypothèse, suivant laquello
Juda aiiruu louctionné 27 ans, dont 6 ans du vivant da Eon père, n'est pas
r ion avec 1 épi tapfae da Juda, qui ^ui donne 21 ans de lonc-
ti' , i^iphe ne compte pas les 6 anuées pendant lesquelles Juda n'a
été qtie le subsLitttt de son père.
r^ïl ri^Tp iVûUquité da Tauhuma, par Abraham EpsteiD, Tirage h
. fin R*^l Talmud, 5"= année. Prcabourg, impr. LOwy et Alkaîay. 188(î,
Ti-R'' de 111 p.
l^i nVrrp *0 L'Ecclcsîaste, texte et paraphrase arabe par Méir Sasson
Soter. JonisalGm, impr. Samuel Lévi Zuckermann et ses assçciés Nah-
t»eUto et Hexkiol SabbaLt), 5G45 (1885), in-lfj de 18 ff.
ifif^îtT: lî^D^Xip b'»fc< El ctiento maravilloso, prima parLida, caentos
anltguos ea dias de avanie, acoDlccimuntos, milagroBos, que faeroû
iobre U iterra ; acogîdo!ï de Utgares oicrtoa. E tomemos la occaHloa a
lr«sUidarlos «u lengua que lodos lo t^nlendiau, o que vean maravillas
qoe el Dio Uacc al que se eofiosa en El, o tomar doltrina cada uno para
fu aima ; que el Dio aauto no dcjo e no dejara a cl que eti El se avriga.
SI Dlù mos amostro sus mara villas e mos rihama rihmesion (de rbébreu
riàem, avoir pitié) de siempre. Amen. Jéruaaicra, impr. S. L. Zuckor-
Biann, 5646 {1886}, in-ÎS de 320 p.
Le titre est imprimé en cara'itèfds judéo-espagnols, nous ]*aTons trans-
crit en cafftctères latins. L ouvrage est édité (et rédigé ?) par les frères
Abrahiim et Isaac Gagin. Les récits contenus dans le volume sont :
1° El yerno del Rey (histoire do Sabbataï Cohen) ; 2<* La hija do «1 Rey ;
3* El banquir de el Rey ; 4° La mujer que su medio puerpo de srriba
^ figura de cuatropea ; S" La amor firme ; G° Josef de la Reyna ; "• Bostaaai,
fîWp 'O Hoinéliea, oraisons funèbres, novtîlks bibliques et lalmu-
diqfoes par Sabbataï b. llayyim "'aitîpftt, de Couslantinople. Jérusalem,
tmpr. A.br. et la. Gagiu et Samuel Lévi Zuckermann, 5644 (1884} ; in-f"
dâ f2)-69-(2) ff. Voir, plus haut, du môme auteur, pfW •'^a 'O-
ÎTsVna y^^^ n"lP 'O Consultations sur les quatre parties du Tur, par
Abr,^!)nm Wolf FHlnkel, rabbin de pO"iîïTit3T0"'-D, édité par son parent
** -l, de Hisofizow. CracoviL% impr. Josef Fischwr, 1885, in-P ;
d»-. : iles, It} P"* a (4)-43-tl) ff. ; le 2" a 13)-46'(1) ff.
i4r>
HEYUK DES ÉTUDES JUIVES
mTDT U'\:>nr\ û:? D'^n^Uîn n^'û 'O Cantique des Canlîqoics, l<iïLe avec
IraductioD araméounc et une sorte dis paraphrase ou commenlairo arabe,
par laaac b. Moïse Mardochéo Dayjan. Jérusalem, impr. ZuckennaoD,
5045 (1885), in-Ki de 52 S.
"lirîDn "[fiDD 'O contenaDt 65 homélies ou oraisons funèbres, par Salomon
Hazzan, de Safcd. Jérusalem» impr, Samuel Lévi Zuckermaon, 5IH5
(1886) ; in-f^ de 154 ïï.
*^y7 W2^Z 'o Iloraélies sur diverses questions de morale et de religion, et
oraisons fenébres, par Salom* Moïse Haï Gagin, édile par ses fih Abra-
Iiam et Isaac Qajjin. Jéruaalem, impr. Moïse Pérec, Abr. etXs. Gagin, et
S. L. Zuckermaau [1885 ?}, iii-4* de (4)-lOG ff.
^213723 bnn « Le monde en jugement» sacrifice pour l'aide et la paix aux
afnîgés émigranls en Jérusalem »^ par « Rabbincr Moses *. « St-Jcni-
salem, 1*^" janvier 1886 >*, sans impr, ; iu-lS de 112 p.
Œuvre d^UQ missioanaire un peu cmltâ ou qui )ou(! rextltsUoD, Hlle m
composa dft poésies bébmiquos, de cousidérations pseudo-philosophique»,
de jongleries cahalîstîqueâ à raide de cbitlres, et do dialogues sauc^êDus
sur raotisémitisme. Le but, c'est la cotiver?iou des Juifs au protcslantisme.
L'auteur âoli être au service de Tceuvre des missions iiuglaises (v. p. 35).
A la Eu, une espèce de kUre de change (cq bébreu et en français) ïirée sur
Dîcu en faveur dos • éougraats israélitea. •
'^^ly lliab^ IIIDD ny D'*bnn 'D Texte des Psaumes avec TTITS en arabe
d'après RascUi, le Targum et David Kimhi, par Méir Sassoo. Jérusalem,
impr. S. L. Zuckermann, 5645 (1885), tn-16 de 188 ff.
rrbDTïïn '^nn?^ nnan mnbm Histoire de la Société Marhé hascala (pour la
diffusion de Tinstruction) parmi les laracUtes de Russie, depuis âa fon-
dation en 1863 jusqu'en 1685, par Juda (Léon) h. Moïse Hallévi Rosen-
thaL Première partie : Procès -verbaux du conseil de la société, St-Pé-
terabonrg, impr. G. O. Pinnes, 1885. in-8° de xiv-208p-
M. Roseaibal i réuni, dans ces notes, des matériaux très înUSressaDta
pour l'histoire des Juifs en Russie; elles deviendront encore plus précieuses
lorsfju^il publiera fétude d'ensemble quil promet de faire sur lu Société
et à laquelle r«a notes prises au Jour le jour serviront de commentaire. A
la fin du volume^ histoire Gnanciisre de U Société, en tableaux.
^ib 35TÎ352 D^^bin -iip^a nmn m^pn 'd Siebenter Jabresbericht des Krao-
kcn-Uulerstiitzttngsvereins Mtsgab laiaeh fiir das abgclaufene Jabr v.
Nissan, 5615-46, Jérusalem, impr. A. M. LuncsSt 1886, in-8* de IG p,
Adolph (Elerm,). Arcbaiologischo Glosson zur Drgesebichte. Moses.
Herodot. Mytbologiscbes, Thorn, libr. et impr, E, Lambcck, 1886, în-6*
de 11 p.
La note XII (sur Gônôsc 1, 9) cherchô à expliquer par des moïa slave*
les noms de Sem, Cbam, Japhot« Cela est-il sérieux ?
Annuaire des Archives israélites pour Tan du monde 5647. . . administratif,
littéraire, biographique» anecdotique et religieux,.., 3" année; par
IL Prague, Paris, au bureau des Archives isr., s. d. (1886)» in-12 de]
116 p.
L'Annuaire est fait sur k* plan des deux précédents, dont nous avons J
autrefois iudiijué le caractère^ l'exécutiou Lypogruphique est devenue plus
jolie. Outre le calendrier, il contient les articles suivanU : Revue de l'anuri?
BIBLIOGRAPHIE
m
briélite 5615-46 (meilleure que la prt^cédente, il nous semble, mais fiourrait
encore êifo plus aboadaale et plus précise) , — Le gén^^ral I^éopolJ Hugo
et les israéliteB de Thion ville» souvenir du lîlocus de IHli^ISlG. — lia, pro-
cès dans U famille des Ibti-TïbboD, par Isidore Loeb. — L'espnl juil (pro-
verbes). — Sur des Juifs couvertis membres du PsTlemeol de Provence au
ivti* aiàcte, par D. llaguenau (très ioLéressaat). -^ Les tiUeâ nobiliaires
«t les Juifs (on a relevé quelques erreurs daas la liâte ; chez M. Barou
Beoas, le root Baron est nom propre et noa tîas litre nobiliaire). — Stalis-
Ijque. le cbilTr© des israélttes du monde ctilier (d'après notre article Juifs
dans le diclionuaire ^'-éographiquc de Vivien de St-Martin), — Curiosilés
(règlement intérieur du Sanhédrin fraoçais]. — Noms des Israélites ayant
figuré dans le Parlement français.
Buar pcntru IsracUti eu ilustratiuai x on supliment calondaristic pc anul
I 5^1 |ÎM86-8'7) ; 9« anDéc ; rédigé par M< Schwarzfeld. Bacbaresl» imp.
I-Slef. Mibalcscu, 1886, ia-8** de vai-HS p.
Cet Annuaire est digne des meilleurs encouragements ; il Tournit aux
israélttes roumains uuq lecture excellente, et aux études historiques des
oontribuLiOQS qui devieanenl tous les ans plus importantes Voici un extrait
âa la table des matières de cette année : M^ Scbwarzrekl, Bio^rapbio da
Davîctoa Ballv. — L. Saineanu, Les Juifs au moyen ôgo (diverses no-
tices sur des feils connus). — C* Lippe, Exégèse talmudîque. — E-
Schwarzfôldf Massacre des Juifs sous Miehel-le-Brave, de Valachî**, el lo
prtQce AroQ do la Moldavie, 1503-t594. — M. Schwarzfeld, Situation des
Juifs en Roumanie en 1^85 (très bonne revuo bistorique).
iScou (Uaâ'aellûl. Gli Ebrei vcnuti à Livomo, vcrsi, Livourne, impr.
f Coala, 1885. in-g* do âU6 p-
Poème italien très a^éable à lire, contenant, entre autres, des traits
de mœurs amusants et quelques détails bistoriques curieux pour la cbro-
lïitfue.
iiWJtLO. Moses Mcndelssohn, eine Schu^lrcd^, Dans la Einladuagsscîirifl
tader,.- PrûfuDg dor Real- ixnd VolksscUule dcr isr. Gcmciodo zii
Frtûkfurl A< M. FruDcfort, iaipr* Kumpf et Reis, 18SI>^ m-4*' de xiv-
S4p.
Miograpliio dcrOrientlalio, IL 1881, 1882, 1883 [rédigé par M. Ch, Koh-
H Paris, G. Leroux, 1885, in-S^ de 165 p.
Bwïci! (MX Die Elbik in dor Ilalacha ; dans lo « Jahresbcr. dcr Landos-
fïbbinarschalia m Budapest f. d. Schiiljahr 1885-86 ». Budapest, libr. de
rilbemeum, 1886. m-8^ de (4)-96-37 p.
L*éiude de M, Btocb est un travail consciencieux ; il se compose de
quime chapitres, qu'on peut déGuir comme suit : Devoirs envers Dieu
et les hommes» pratiques religieuses, fêtes^ mariage et régime marital,
véracité et vœux, agriculture avec usure et prêts à inlérûts, lo danctuairo et
le roi, les sacrifices, la pureté légale, crimes et délits, le travail, confiance
dans le prochain (créanciers et débiteurs), la justice dans la guerre.
ICassïl ^PuulusL Aus dem Lande des Sonneûaufgangs, Japanische Sagcn
*tt5 ûrigiaaïer Mitlheiluug niedergeschrieben und gedoutet. Voran gebt
*'iio Untersucbung ùber t< Das Zicklcin » aus dor jiid, Passabliturgie,
und aachfolgt ein Seudschrelbea an das Berlincr Tageblatt : « Zur Nalur-
«cscbicUlc der Chuzpe ». Berlin, W. Issleib, 1885. in-S** de iii-lOO p.
M. Cusselfdit des comparaisons et des réflexions Ir^s înslractives sur le
fameux cha.it du chevreau du rituel do la i%|uo, il no s occupe guère
U2 REVUE DES ÉTUDES lUIVES
ni do Tépoquo ni de Tori^ae de la rédacUon hébraJqus. Noos ne sa'
pourquoi it dit que ces deux questions sont liées u celles de la rédaetioa
la haggadé de Pâque en f^éoéral, puisqu^ou est d'accord que la bag§
primitive oa couteoait pas ce moroeau, qui a été ajouié plus tard m
d'autres.
Cassel (Paulus)* Zoroaster, sein Name und seine Zeil, eine eranisf
GIossc. Berlin, libr. S. Calvary, 1886, in*8- de 21 p.
Dans cette cHude, ^1. Cassel njoatre dcg retations très carieuses «ntr»
Perses et ie$> Sëinites et il donne, au movea de Thébreu et de U Bible,
grand oombre d'explicatiûus et d^^étymologies bieu tatéressanlap.
Al-Ch^zaei (Das Bucb) des Abû^-llasan Jeliuda Hallcwî iin ambiscb
Urtext iind in der bubr. Ucbersetzung des Jebuda ibn Tibbon« heraiii^
von Hftrtwig Ilipschfeld. L Hftlfle. Leipiig, Otto Scbtilze, 1886» in-«*
160 p sansTeuilie du titre ni introduction ; la suite, avec les notes, J
rattra bt^ntôt.
CoHNiLL 'Cad Heinrich). Das Buch des Propbeten EzochieL Leipxtg, Ulu
J G. ilinricbs, 1886, in-8" de xii-515 p.
Travail très remarquable par la comparaiaoa qa*a faite l*aateur entre
texte hébreu et les diUére&ts textes de la tradaciioa des Septante, 4t daf
traductions laites sur les Septante (Vêtus latiaa, traductionf copia,
éthiopienne, arméoieDDe, syrienne, arabe, vieiis-elave, les citatioas d(
Pères, etc.), les traducliona d'Aquila, TheodotioQ et Syaimi»que. loi
Targum, U Poacbito, b Vulfçttte. C'est un travail de critique, dont
peut plus ou moins contester les résultats, inaia qui renouyellera rétudeâff
texte d'Eséohiel et où l'auteur a suivi une métbode digne des plui graodf
éloges.
Creslinii si Evreii de un preot cresiin. traducore de Joaer Weissberg. Bu-
charest, impr. Sief, Milialescu, 1î^8(>, in-H^ de 32 p. Ttnltitt ilt; 1'*!-
lomand.
Delitzsch (Friaderich). Prolcgotncna eiuea neueu bebr.-aramiiiscbeû Wôr-l
terbucba zum Allen Tcstameot, Leipzig, libr* Ilinricbs, 1886, io-ê* dfli
viii'2n p.
Ouvrage du plus grand intérêt. En voici la table des matièivs. "^
Ch. L Questions de lormef liste «les noms communs^ des noms propr^i
groupement par familles, etc. — - Ch, JI. L'hébreu dans ses rapports iti
b»a autres langues sémitiques (arabe, araméon, assyrien). ^ Cb. U^
L'imponaiR'c do rassjrieu pour la lexicologie juive (radicaux, mots,
primordiaL révélation de radieuiix hébraïques, autres petits aervîc
par raasyrien]. — Ch. IV. La phonétique sémitique ^lea sifflantes^
double aÏM, les deux M, etc.)* — Ch* V, La théorie des radues,
pe«i de valeur, ses dangers. — Cb. VL Les noms propres hébreux.
Dbutsch (G.). Die S^mbolik in CuUns und Dicbtung bci dcn Hcbràen^
Vorlrag gebaUen. . . am 26. Dec. 1885. Brûnn, Ubf* Ëpstcio, 1886, IQ-I
do22p-
Elk (Julîus). Die jûdîscben Kolonien in Russland, Etilturhisloricbe Siufi
und Bcilrag zur Geschicble der Juden in Russland. Fmncforl^suf-l
MciD» libr, J. KaufmanB, 1886, in-8" de 219 p.
Etude très intéressante et très instructive.
Fidel Fita. Estudios biatoriots. CoUeccion de ariiculos, tome V. Maditi
BÏBLÏOGRAPniE
143
ùopr. Forlancl. l«8o, in-8« de 141 p. ; tome VI, iàid., ihid., 1886, în-8'^
^^^^L M. Fita est infatipraLlâ et toujours 6xe«IkQt. Drins ces nouveaux vo-
^^^^M luBies, il 0, entre autreS| luio étude sur la juiviîno de Madrid cd 1391
^^^^ (p. 7 i 104), et diverses noticÊff sur lesquelles nous revieudrotia prochainô^
^H iB«at* Lo défaut d'espace nous oblige aujourd'hui à nous couieuLer d'an--
^m aanoer ces travaoï.
pKiVDBiiTBAL (J.). Ueber die Théologie des XeDopbaDes ; dans le <t Jahres-
berichl des jûd.*lheoL Semiaars i>, de Breslau. Breslau, împr. Grass
Buliiy \%m, in 8" de 48-xt p.
Xéoophaoe passe pour avoir eu uu6 conception oette du mouAhéisme, et
00 idaûrt «jti'il »oît arrivé à celle uotiou li pore de Dieu. M. Fr, moutre
^ju*d y a «u exegéralioa el eiigouemeut t Xéoophaue croit à la fois à uu
Dten suprême et à l'existeoce de fdusieurs dieux. Il u'est pas le seulf à ce
qu'd paraît, qui ait eu, chez lea Grecs, uue tbéadicéc de ce genre.
îMJDT ^S.)- Geschicbte der Juden in England von deii alteslea
ibiBXU ilirer Verbanniing, ErsterTheil, XL tind XII. JaUrbuiidert.
lerik, libr. RtTseosteiti et Uildosîieimer, 1886, 10-8" de vi-7fî-(2) p.
L'auleur n'a pnâ eu à sa dispositioa de documents inédits, mais il a trèa
tajg;Beusei&eot réuni tout ce qui a éié imprimé «;ur Tbi^loire des Juifîi an-
Itilis» C^€st un bon el utile travaiL Nous ne vojons pas qu'il cile les
ttiirAft af ÂmglcJtwiih histor^, de James Picciotlo.
tmOK» fJ.|. Rcal-Eïicyctopâdie fur Bibel und Talmud... Supplcmeti-
idxar Ablheiluog 1 und II. Leipjtig, ïibr. K, F. Koehler, 1886, iD-B<*
ht fupplémeiiL à la première partie de l'nuvra^e (p, I-IBS) conlienL des
artiele* dans la plupart des lettres de J'alphabcl; l'uulre partie ne conLieut
^uadee articles dana les iettret» A et B.
8nsià3rç (J.J, rabbio à Valencicnnes. Essais sur Torigine du culte cbré-
lj« daua »«« rapports avec le Judaïsme ; suivis d'une Elude sur la tra-
de l'ScclésiaBte par B. Heuau. Paris, libr. Fisohbacber (1886),
*it rir-6g p.
Cûïl^ixtioti d'arliclea parus dans VUnirtifs ùra^Ute* Uauteur est jeune el
•nltfOt^ sa polémique, â notre goût, est iiti peu vïvû, ïnais il se modérera.
E aAÎt Comment ou conduit une étude scieatifîque, il ne lui manque que do
tDolIirurs iitstruments de travail.
FfttsmmiBK (D' liirechj, — Beitraege zur Géographie Palacslinas* BûrUn»
L*É&t^re«8«ot et savant mémoire de M» Hild^heiroer dont nous allons
rtodro compte forme le profrramme du sémineire orthodoxe de Berlin
pour ranné4> s-olaire 1H^5-H6* C'est le second travail sur la géographie du
1»' cette excellenle école. En \mi, M. Berlincr, l'éditeur du
ios. a pi blié un pragramm sur la géographie et l'ethno-
' 'mie d'après le Talmud et le MidraBcb. Le travail do
iiautiJL'res de la Palestine selon la littérature tulmu*
ittifj^w. i, nif (luucaUuti dcs uOiûs des loùalités que donne la Talmud comme
i de la Palestine pour les dîmes el les autres usages religieux est
\ diflSealté presque insurmontable, malgré les trois textes que nous en
dQ«it, tivoirceux du Siiré, de la Tosefla et du Teïmudde Jérusetlem;
i qia^Où tn>tive dans te Yalkut est tiré du Silré. M. 11. dit, avec raison,
I la» travaux sur ce sujet, depuis celui de Heland Jusqu'au n6tr«,
iSiae ; pûOl
\lA Bas k ctitiihha\
SaloToou Siriltû
USiffé, y. H. ar^
éi L—ërw; o^us d'Oxford.
Mil défiactiieux dao» les pu^
Pornr bcilitef 1^ rcdut-
1» Wto du ms. 32 <!u Vaticuir
' Il coLuiioo. ^^''st '':;ina
TO >no ï-cm 1*7-» r^c^s Vz^ -b^^ tp-^THnis mpt i7
mar "ïv^r» ^wr^:: ."rs-n* i cccni -D7 r^rm m p
r: i-^ï^zp ï"*<r^'îi-r t^'Xp «r"«:T rr^^i t<*na3î
~cr— : nr n^i Vîcïzsn
^*r-- : — -T f^ï-TTï r<rc*,::i f^rn^n": Sim r^:"^i r^'O'O
rob'^^TTr. -"t"! ^--- ^-"--: - ^^^•'rsi nn^y ap-ri '•imr'T
"^^T^ï. _© ms, ne sont pas DombreuHit
ftTfic les textes de 1 Aulrc sis. el des éditions de Stfré. M. fl*,
« pÊm tliij niaoB d» «afipo^fff éÊmx scmrcAS difféirentea poar le t«iM ^
SâM-T«Om et ediû de U ToMftA-Talm. de Jéruâalefn. Comme il tA
pfohahWt, d^apfèi ut pif^g» da Talmad de Jérusalem que AL U. a trauf^
qsfl R. Hijji, W gr«ad oa Taîoé, ost l'iateur da passage géographique «i
«{••stîon, ]m texte da La Teaella doit être plus locieD que celui du Si^*^
Lm omitrifwiii du» le texte de ce Urfe soal tellement oombreu&es qaoB
iM Mnil pÊM ea droàl de supputer que le rédacteur du Sifré aurait e$tro^
pié le p«mge géognpluifae d'ane souroe BDCieoDe conservée intacte ditf
le Toeeftiu Noua lirons peu k ajouter aux ideolificatio&s des noms g^ûfitr
p1ii({iiee proposées par M. H. ; quelquefois, elles nous paraissent trop \t^
oleuseâ pour être vraies. Ainsi , la proposition de lire *tD bl^^^ ' ^^ ^
démou *, dë&oizÙDatioa du Strattmii turrù ou Céssrée. ou TJ reapU^
eersit» à cause de si-ruptiles relijipeux, le nom d*Astsrté, est chercbéi %
en effet, on coupe tC^îSTS «n deux mots, il est plus ratiottnel d« lîi*
*Ï3 bli?3, • tour du prince », dénominatioa analogue k reipressioo
Crt3: blJ73 dans une liturgie, et de considérer •^D comme l'équiTaleal
Ç^sr (Césarée)» Toutefois^ nous recommandons aux savants cotnpéteflW
les recherches intéressantes de M. H. à propos de ce nom. Nou^ crciTOBl
superflu de repn>duire ici touteti les îdenlificstions proposées p«r M. II
que nous trouvons, pour la plupart, justifiées, sauf quand elles ^'app^i
trop sur les noms actuels, qui ont subi tant de changements par les Inbi4
((ui y ont été successivement établies, et dont lorlhographe est douU
Il est, par exemple, étrange de traduire HT^^'^yi 6r5'3":p par * les d
lines d^Aitht % quand 50J3'»p n'est pas usité dans le langage talmudiÇ
dans k sens de wlline voûtée. D*aiUeurs, la frontière aurait été trop *
certaine si on TeClt déterminée par une espèce de chaîne de colUûes,
lieu d'une bcalilé. Toutefois, on ne peut pas reprocher à M. H« d*i
téméraire dans ses identifications ; il laisse, au contraire, quelques &<
sans solution, en réfutant toutefois, avec raison, les hjpotbèses de
dëccsseurs. ^ A* iV.
BIBLrOGRAPKIK 145
SiôwrriTïrrjSdiselic Acrtzto in Frank fort a. M. Franc fort-su r-le-Mcin,
lihr. J. KnufinanQ, 188i>, iu-8^ do 40 p.
Lecture publique faîle par Tauleur ; Timprîmé CQiilient àes documenta en
hébreu et un documeol klia ; un des documtjiilâ hébreux se rapporte à
josepb Salomun Dtilmedigo.
Wk3 fpBafle). b&tT^"* "^T^ Chants hébraïques exécutés dans îcs teraples
ooDsistoriâux et au tcmpîo du rite portugais dû Paris^ composés par
Sm. Jonas. Nouvelle édition, PariSt A. Durlacher, 1886, in-4^ de 235 p.
K . Jonas est un compositeur aim6 du public Israélite de Paris* Ses
OftmpositioDB 80Qt simples et larges, elles oot la dignilé qui convient à un
•ertice religieux et elles évitent ce» complications mélodiques et orches-
trtles que Tua aim«it autrefois, mais qui no sont pas de mîso dans un
temple.
PHI (Flavii). Opéra edidit et opparatu crilicf) iostnixit Bouedlctus
Kicse. Vol. IL Antiquitatum lodaicanîm libri vi-x. Berlin, libr. Weid-
maiiâ, 1SS5, iii-8* de viii-3ï>2 p. Le vol. 1 n*a pas encore paru,
làHs [Léon). Le Comité de bienfaisance, rbûpltal, l'orphelinat^ tes cime-
I lièies, aTec çravures et plans. Paris, libr. A. Durlacher, 188tL
M. Kahïi nous foumitf dans ce voluinet un cliBipitre nouveau, et des
pluj iastruclifs, de l'histoire de la communauté Israélite de Paris. Ce vo-
lume a une importance particulit're, parce que le comité de bienfaisance est
une des plus anciennes institutions de la communauté, et une de celles qui
•Qt eu les attributious Us plus étendues, et que<, d'un autre cc'itéi l'histoire
des eimellères eêi Uéa «ux origines mêmes de la communauté et a la biogro*
ptiie àt deux persocnes é^lement remarquables, quoique à des titres dt-
rers, Jacob Rodrigues Péreiro et ce baron de Picquigny nommé Licfmann
Calmer dont noua avons autrefois raconté l'histoire. L'appendice coutiont
daa listes nominatives, le texta d'une ordonnance de 1780 sur les clme-
tièrfs (rtimprcssion), et enio la traduction des épitaphes hébraïques des
aadeas cimetières de la Villetle et de Montrouge, plus, quelques inscrtp-
^aa anciennes du cimetière du Père-La^Chaise.
lUT(Aldolph). Moses Meodelssobn und seine Faniilic. Dresde et Leipzig,
ibr.E* Pierson, 1886 ; in-8^ de (8)-US> p. Zum 100 jûhrigen Todestage
|lkaes Mendelssolin's.
i^(Jotef)« Zqt Jadenfrage, nacli den Aktcn des Prozesses Hohlîng-Bloch.
^Uiptig^ llbr* Julius Kliukhardt, 1886, iû-8« de v-196 p.
Cet ouvrage o fait, en Allemagne et en Autriche, une vive sensation.
L'auteur a montré avec quelle légèreté a procédé le fameux Hohliog, dans
ta polécQÎque contre les Juif;«t. Kohlin^ a, depuis, disparu do la scène, et
pour cause, mais rouvrago do M. Kopp garde toute sa valeur, parce qu'il
tert d'abord dHllustration à la conduite d un des antisémites les plus
farouches et parce qu*il s'y trouve amassé, pour rhiâloiro morale des Juifs,
daa inalériaax considérables.
I (Uîdûre). Un procès dans la famille de» Ïbn-Tibbon, Marseille, 1235-
Puis. impr. Alcan L<Svy, 1886; premiëre édition, tirée à 50 eiem-
i, to-ë* de 18 p. ; deuxième édition, tirée à lÛO exemplaires, iu-S**
p* ^ Petite o&ande à Monsieur le D^ Moritï! Steinschneîder à Too-
do "tO* anniversaire de sa naissance, 30 mars 1886. »
IBaéBêf proM. Corso di grammaiica délia lingua ebraica* Padoue,
. FmieMoo Sacchetto, 168C, iQ«8^ de vit-414 p.
T. Xm, n^ 7&. 10
i4G REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Grammaire hébraïque développée, principalement à Tusage des écoles.
L'auteur a suivi Luzzatto, Gesenius et Ëwald. Ce sont de bonnes
autorités.
Mauldb (R. de). Les Juifs dans les États français du Saint-Siège au moyen
âge ; documents pour servir à l'histoire des Israélites et de la Papauté.
Pans, A. Champion, 1886, in-S^ de 194 p.
Les pp. t à 87 ont paru dans le Bulletin historique et archéologique de
Vaucluse^ 1^^ année, le reste a été publié dans la Revue ^ où les lecteurs
ont pu voir l'intérêt qui s'attache aux études de M. de Maulde. Les
]3p. 1-87 contiennent une étude générale sur la situation des Juifs au
moyen fige dans les Etats pontificaux ; nous ne sommes pas d'accord, sur
certains points, avec M. de Maulde, mais nous rendons hommage à l'éten-
due et à la sagacité de ses recherches.
MORTARA (Marco), N'»b:2'»N "^ÎD^n n"l^T:3 indice alfabelico dei rabbini c
scritori israeliti di cose giudaiche in Italia con richiami bibliograflci c
note illustrât! ve. Padoue, 1886, 4<* (n'est pas dans le commerce).
L'illustre grand rabbin de Mantoue vient de publier une liste presque
complète des rabbins et auteurs juifs d'Italie qui ont écrit en hébreu, avec
des indications bibliographiques et des notes complémentaires tirées des
livres imprimés et manuscrits, fruit d'une lecture assidue de beaucoup
d'années. La brochure est dédiée à la mémoire de ses parents, à Toccasiou
de la 50* année du rabbinat de l'auteur. Pour l'histoire littéraire juive,
rien n'est plus important que de telles listes bien ordonnées et sans encom-
brement de style. En comparant l'ouvrage de Neppi-Ghirondi avec la
monographie de M. Mortara, on ne pourrait qu'dtre étonné de la pa-
tience que l'auteur a dû avoir pour tripler ou quadrupler la liste de ses
prédécesseurs. Les listes des ouvrages que M. M. cite dans le courant de
son travail et qu'on trouve au commencement de la brochure donnera une
idée du travail de l'auteur. Malheureusement, M. M. vit dans une ville
où il n'y a pas une grande bibliothèque, et lui-même n*est pas en état
de se procurer toutes les publications nécessaires pour être complet.
Nous ne voyons pas, par exemple, parmi les ouvrages qu'il cite, les cata-
logues des mss. de Paris, Vienne, Leyde, Leipzig et de beaucoup d'autres
petites collections. Quant aux périodiques, la Monattschrift de Frankel-
Graetz, la Revue des études juives^ la Israelitische Letterbode et le Maggid
ne sont pas exploités. Les BeitrUge de Perles auraient dû être mis à con-
tribution pour Jehiel Nissim de Pise, par exemple, et la Letterhnde pour
David Messer Léon. Pourauoi les lettres d'Obadia da Bertinoro (déplacé
à la page 9 après Bet-El) ne sout-elles pas mentionnées ? Toute la litté-
rature pour et contre les femmes, récemment publiée, est négligée. Pour-
quoi lire David de Rocca Martica. quand la vraie leçon est Rocca Martine,
en France ? Malgré ces petites omissions, nous croyons que le travail de
M. M. servira de base à l'histoire de la littérature rabbinique en Italie,
qui pourra facilement être complétée par l'usage des périodiques et des
catalogues de mss. récemment publiés.
Nous saisissons ici l'occasion de rectifier une erreur qui s'est glissée
dans notre petit compte rendu {Revue^ t. IX, p. 311) de l'article de
M. M., • sur la Genèse et la science, note sur l'âge de l'homme ». Nous y
avons dit que Darwin ne peut être réFuté par des sentences qui se trouvent
dans l'excellent traité d'Abot. M. M. a cru y voir un manque d'équité de
notre part, car nous n'avons pas dit qu'il s'est servi d'auteurs modernes,
comme Uaeckel, Hartmann. Quatrefages et d'autres. Il va de soi qu*un
chercheur comme M. M. ne négligera pas les auteurs éminents qui ont écrit
sur cette question ardente. Ce que nous voulions faire remarquer, c'est que
Tassertion que la Genèso est d'accord avec la science actuelle ne peuf
être prouvée que par les sciences elle»-môme8 ei non par des sentences de
BïBLlOr.RAPinK
147
fi(|i]e «t d*Ahiqti6. M. Gladstone o*t inrnb* fîprnièrement danp la
Teur, dans son articlo qai a paru daas le Ninêtrentk C*utwrï/, pI
ceîa lui a valu ane réponse sévèrft de M. Htiiley, L'auteur de la cosmo'
gonix de la Genèse D*a, selon notre opinion* jamais voulu (aire de la sdence,
paa plus que lauleur de J'Ecclésiaî^te» qui, eu tout cas, est plus récent que
Tailleur de la Genèse, quand il «iit que la terre resta à sa place el que le
ftoleil 9C iè?e el se couche, n*a pensé aux ihéoriea de Galilée et dft Now-
Km. S*ium cuiçuê. Nous croroos qu'il vaudrait raieur laisser la Bible
enseigner la morale éteraelle, et la science la vérité irréfutable. Maimo-
nîde n*a pas beaucoup avancé le judaïame en voulant ineUre d'accord la
Bible et Ariilote. — A. N.
ll'JLLga (Joël]- Bricfe und Responsen in der vorfçconiiisclieii jùd. LUerotur :
duos le IV. Berîctit ûber die Lehranstall f, d. Wisseosch. des Judenlhiims
in Berlin. Berlin, împr. G. Beraatcin, 1886, in-4« de 44 p.
Le savant auteur de cette monographie est bien connu pour son excel-
lente édition du traité de So/érim et la publication des cou fuI ta lions des
Oeooini, ^jui paraissent dans le Bet Talmnà. Son travail actuel, sur les con-
aultatioas rabbiniqucs dans la littérature juivo avant l'époque ûf^B Geonim*
eH ravaat-propos de la préface quM se propose d'écrire pour une édition
complète des œuvres des Geonim. Personne n'est plus compéientqne M, J^
Mûller pour ce travail, qui e^t destiné à combler une grande lacune dans la
littérature rabbinique. L espace restreint que la Rtisue peut accorder à la
blhlîofrrapbîfl ne nôUs permet point d'entrer dans des détails sur les notes
do Toa^rage de M. M.f qui sont remplies de documents curieux. Nous nous
bomerone donc à résumer lu tbèse exposée par lauleur. Après avoir parlé
des pièces épislolaires dans la Bible et pendant le second temple^ M. MùUer
eipUque la raison pour laquelle elles devinrent si rares et disparurent pen-
dant Tépoque talmudique. C/est parce que les Pharisiens craignaient qu'une
ioLerprétation écrite do la loi ne rendît arides les discuBsium d^école. Si les
Ualokha avaient été acceptées en considération de Fautorité du rabbin qui
Tes avait mises par écHu aucune discussion n'eurait plus été possible sur
les s^iijets rituels. Ce n est qu'après que ta discussion des écoles «ut pris
une telle extension qu'il etit été impossible de rarrSter, qu^on commeuça a
rédiger la h>t orale, dont Tenscmble forme la lilt<^rature lalmudique, qui fut
auivie de la littérature des Consultations et des Recueils. Pour l'Agada, qui
n^est que le produit de Timagination do rorateur^ et qui u'a pas de limite;),
les rabbins n'ont pas cru nécessaire de mettre obstacle à sa rédaction. — A,N,
jMuiîjii (Joël). Jûdischo llochsebulCQ, Vortrag. . . (Francrorl-sur-le-MeiDf,
topr. ll.-L. BrOûner, \%B\ in-8'* de 12 p. Timge 5 part des Populâr-
wUs, MonatsblDlter.
5l.Dl05 (TheodorV Untersuchtingen r.m Krilik des Allen Teslamenls.
; feW» P--F, Hoeseler, 3B86, în-8^ do 198 p.
La couverture porte les mots : Nouvelle édition à bon marché» nvais il
nous semble bien que c^est tout simplemcut l'édition de Î><&D avec une cou-
verture récente. Qaoî quM en sotties ouvrages de M. Nôld ont une assez
grande valeur pour qu il soit permis et utile d'en mppeîer le» titres. Les
Onleriiucbungcn comprennent quatre chapitres r 1, La prétendue rédaclion
primitive du Pentateuque ; 'J. Le point d atterrissetnent d« Noé ; 3. Le récit
Den. XIV, pas historique ; ^. La chronologie du temps des Juges*
Menamicnto fonnodo por los procuradores de las aîjamBS hobrcBs perte-
ilKfeQtes al terri torîo do las estadoR de Castllla en ta as^amblea celebruda
ciï Valladolid el ano 143*2. TexLo liebreo rabinico. . . traducido. anolado
^illustrado cou una iolroduccion fiistorica por el doclor Don Francisco
Puraûndez y Gonzalez. Madrid, impr, Fortanet, 1880, in-S" 4<3 115 p.
448 BEVUE DES ÉTITDES JUIVES
Noua avons parlé de celte mlcressantB publicalioii au lomo XII ^ p. 140.
Nous y consacrerons une étude spéciale dans le prochain numéro,
PsANTiK {JaL-ob;. Fermecaloml. , , Crajova» libr. et impr. Pbîiip Lasaî,
ISm, in-8^ de 118 p.
La traduction du titre rouuiaio est : Magiciens^ ilomoustratinu des fntidea
commises à Taide de la lungie et de la prédicLicin depuis Tongino jusqu'à
nos Jours. L'ouvrage contient quelques traits relatifs au Judaïsme. Il est
précédé d'une iotroductioa de M. M. Gaster.
Simon (Joseph). Histoire dus Juifs do Nîmes au moycti ûge. Nlme^» Ul)r<
A. Catilon, 1886, iQ-8^ de 40-xxvi p.
Nous avons annoncé et aualjsé en partie ce travail lors de la publication
des premières feuilles, nous ne pourrions que répéter ce que nous avons
dit de la valeur de celto étude. M. Simon, dans les premières pages^ avait,
comme 11 est naturel, accepté tin peu trop ficilemeot, à notre sens, les
atHirmalions de chrouiqueurs inintelll^eats osi mal rens^îi^aés ; dans la suite
de 800 étude il a montré plus d'indépsudanco. Nous sommes heureux de
Tcn féliciter.
SAr,AMAN-(Cbarles-Keïi5ingtonK Jews as tbcy are, dcuxièrao édition» Londres,
Jibr. Simpkin» Marshall ot C'*. 1885, iu-8'* do xvi-3H p.
ConUeot souvent des notices historiques intéressantes ; par exemple, sur
la prétendue «sure des Juifs [emprunt»^ à Gibrario?), L'ouvrage fo com-
pose des chapitres suivants : 1"^ Cousidératious frénérales ; 'i** Revue de
rhistoire de Témancipation juive do 1830 à 1880; 'J'* Usure; S** La clergé
juif en Angleterre avec reproduction de sermons, prières, catalogue d©
sermons, liste de rabbins anglais; fj** Conversions; G* Sbyloek et ses an-
cêtres ; ioxlts de Fhîsloirû inverse (Chrétien qui veut avoir la chair d'un Juif)
arrivée k Rome oji VùB'S; 7^ Les dernières persécutions des Juifs en Rnssie.
ScHTJLTZE (Martin), Zur Formenlchre d(3S semilischûn Verbs. Wien, libr-
Cari Koiiegen, 1886, ïnS^ de 55 p*
M, Sch. chercbo à e3îp]if|iier l'origine des formes du verbe sémitique; il
emploie la méthode compara Livo et se sert d'exemples lires des langues non
sémitiques. Jl y a beaucoup d'idées daos ce travail, nous ne nous char-
geons pas dû dire si elles sont justes ou nou ; elles nous paraissent quoique
peu aventureuses.
ScHWAHZ (J,-!!.)» Dur Bar-Cochbaischo Aïifstand untcr Hadrian oder der
gnnzUchc Verfalldes jûd. Reichcs. Brùtin, libr. Bernard Epstein, 1885,
in -8*^.
L'auteur a voulu faire un récit populaire, les citations tnlmudiques,
cependant, et les notes, o^y manquent pas, mais cette publication n'a pas
pour but de rien changer aux idées courantes qu'on a sur la guerre de
Bar Gocheba ou sur les iocidents de cette guorrc.
Ver NES (Maurice). Les abus ûa la mélbode coinparaLlvû dans l'histoire des
religions on général, et particulièrement dans l'étude des religions sémi-
tiques. Leçon d'inauguration lîe renseignement des religions sémitiques
faite àrécole pratique des Ilautcs-Étudos. Extrait de la Revue inlernat.
de renseignement, du 15 mai 188G. Paris, libr, Arm. Colin, 1886, iq-S*
de 31 pages.
Waldsck (Oskar)* Deutsehes Gobetbuch iûr die isr. Jugead* Wien, impr.
et libr, Wilh, Kôhler (1886), ia-8^ de no<4) p.
Priûres en allemand, vers et prose; bien faites; très jolie exécution
lypogiephiqae avec cadres en couleurs*
BroLIOGRAPHIK
i\^
kar). Glaiîbens- und PfUchtenlehre fur die isr. Jugend der
gcr- und Mittelschuîen* Wion, impr. ot îibr. îlcrm. Licbor-
mann, 1886, Ïn-S^ de 55 p.
Wkber (Ford.)* Diû Lebren des Talmud qucllenmiissig, systemalisch und
gememversUindlicîi dargoslelU , nticb des Verfssscrs Todo hrsgg, von
Franz Delilzsch und Gcorg Schnederinani), Leipzig, Dorfltug ot Fraoke,
(1886), in-S^ de xxxiv-39a p. Fait parlie des '^ ScUriflca dtis InsLitulum
1 judalciuu » fondé pour la conversion des Juifs.
WKti^L (Alexandre^ Mes romaDS» avec la prôfiicô de Henri lîeinc. Paris,
Iibr. Cohen frères, 1886, 2 vol, in-8" de viii + 47D + 510 p^
On sait que cea pelita romans sont la plupart fort Jolis et quelqyes-iias
toat k fait charmanis. Ëmeraude est bien toucbaute, et Couroune est udo
idjlie Juive pleine do grâce,
[ WÛNSCKK (Aug.). Der babyloniscbe Talmud în sein en baggadischcu Bos-
inndtheilen, wortgetreu ubersctzt und dnrcb Notcn erïâutert } erslcr
Ualbband. Leipzig, Iibr, Otto Scbulzc, IS-Sfî, în-8*» de xvi-5r>2 p.
I ZiMUELS (B.). Léo llebracus, cin jiidiscbcr Pbilosopb der Renaissanco, scia
Lebou und seine Lebren. Breslau, Ubr. WilUelm Koebaer, 1886, in-8'* de
m pages*
Puhlieatiùns poutani sertir à rhistoire du Judaïsme moderne.
tALBEaTî (Conrad). Ludwig Borne (1780-1857). eine biograpbiscb-lilcra-
riscbe Sludie zur Feicr seings hundertjaUrîges GeburLslagos* Leipzig,
Ubr. Otlo Wigand, 1886, in^8^ do 208 p.
3cn (J.*S.). Der nationale Zwist und dio Juden in Oostcrroicb, Wicn»
Iibr- M. GotUieb, 1886, in-8^ de m pages.
îîiiOURÉ (Alphonse). Barreau de Paris. Eloge do Crémicnx» Discours
prononcé le 30 novembre 1885 à rouverlurc de la coufércnco des avocats.
Imprimé aux frais do l'Ordre. Paris, impr. Alcan Lévy, 1885, in-8'' de
45 pages.
Pâ^ucffiLLs (Paul). La question juive en Franco sous le premier Empire,
d*dprès des documents inédits. Paris, Iibr. Rousseau, 1884, in-S* do 78 p.
RiiOBZRG (S.). Zur Sakularfeicr Moses Mendclssobas den 4. Januar 1886.
Vorlrag, 2. Auflage. Tilsit, Iibr. Albert Frauke, 1R8G, iii-8' de 24 p.
iKLUKKlt (Ad.)» Ans dor Zeit. TogcsfrMgen und Tagcsbegebeobcilcn. IL
Scftc, Budapest» impr. Sam. Markus, 1H8G, in-8'' de 1 10 p.
Recueil d'arlîrles od l'on Irouvera, comme dans toutes les aulres publi-
cations de l'auleur, ime foulo do vues iiigj^iiieuiîea el de réllexions origà-
Dal«s. Les principaux chapitres sont : Ln supériorité de la raoo juive au
point de vue raorab — Aime ton prodiaîn comme loi-roCmo, — La théorie
dits nations du prince de Bismarck. — Talmud baptisé. — Album Monte-
fiore. — Le Tolmud au Japon (fables lolmuditîues analogues k des fables
Japonaises). — Uillel, le triomphe du judaïsme moderne,
Kattlo^ des antiquariscben Bûcber-Lagcrs von J. KauITmaun, Ilebraica und
Judaica, Francfort sur-le-Mein, 168G, in 8"* de 00 p.
îm REVUK DES ETUDES JUIVES
Lbfiiaann (Bmil). Die Judeu jeUt und eitisL Bin Beltnig zur Lôsittig dcr
Judeiifrage. Dresde et Leipzig, libr, E. Piersoti» 1880, m-8* de 'Sî p.
BerôliiaLe Mâimer uod Fraueo., Protesl gegen den AnUsemiUsmus, L Senc;
édile par C. S. Grùnlèld, chez M. Waîznerj à WIoil Texte el portruits.
— Nous donuoud cette iudicalioû d'aprèa un prospeclus.
Vurzeicbniss Ton hebr. u. jûd. Bûchera» HandschHnen, ctc.p ans dcr Bi-
hbothek des Uerrtj VeVin Polak« weïche om 17, MAn: 188*5, . ftollen
verateîgert werdeo. Ilaag, Martiaua Ntjbolf, 1H80, m^H"* de 12 p.
Noies et e^iraiis divers.
= Le monde savant a été Justement ému de la découverte cfu'ou a faite
d*UQ manuscrit du Mischné tora de Malmouîde qui se trouve cbei
MM. Hamburger.!^ FrancforUsuMe-Mein, et qu'on dit autographe. Il porte
la signature de Don Isaac Abrabanet, qui l'a possédé et Tarait acheté à
Venise. Il contient des variantes qui ne prouvent rien ni pour ni contre
rautbeuticité. Pour plus de détails, voir cotre autres, les Popular-Wis-
scnschiiilL Monalsbimter, numéro du 1^'^ Juin, et Tarticle de M. Keu-
bauer dtius le Jewish Cbroniele, m 897, du 4 juin 1886, p. 13.
=: Notre collègue M. Hartwig Derenbourg vient de publier, dans la biblio-
thèque de TEcole des langues orientales vivantes, Touvrage suivant
OusÛma ibn Mounkidh, un émir aérien au premier siècle des croisades
il095-llS8) ; â*-' partie, texte arabe de Tautobiographie d'Ousâma publié
d'après le manuscrit de TEscurial* Paris, libr. B. Leroux, 1886, in-d" do
xii-184 p.
==: Nos collègues MM. Joseph et Hartwig Derenbourg ont publié un iiou*
veau travail sur les inscriptions SL^mitiques. 11 a pour tiirc : Les inscrip^
tlons phéniciennes du temple de Seti à Abydos. publiées et traduitet
d*après une copie inédite de Sayce. Paris, libr. Ernest Leroux « 188G, in-8*^
de 23 pages et 4 planches. Tirage à part de la Hevue d'assjriologie ci
d *archéologi e orien taie .
= La Oesterr. Monatsschrifl fur den Orient, numéro du 15 avril 188G, cod-
tienl un article de D. Kaufmanii, intitulé n;^0 '^^ uod der Ordo com-
mendationis animi (p. 80} ; la prière chrétienne serait imitée de la prière»
juive.
= Les Gall. Gel. Anxg., n* 2 de 1886* p. lù et suiv,^ ont une recenaîon,
par D. Kaufmann, do l'ouvrage de M. GOdemano, intitulé Gesch. dfit
Erziehun^iTSwesen u. der Cultur unter d. Juden in Italien.
^ Le Boletin de la Real Academia de la llistoria, de Madrid, tome Mil.
fasc. V, mai 18BG, p. 358 et 31)7, contient deux études des plus intéres<
santés, Tune de M. Francesco Danvila, Tautre de M. P. Femaudez ]
Goazales, sur Vincent Ferrer et îe sac de k juiverie de Valence en ld91«;
= Lm Revista de Gerona, année 10, déc. 1885, n* 12, p. 354, a une t:
mtéressante description, par M. E--C. Girbal, d'un précieux manuscril
biblique (en latin), avec miniatures, qui se trouve à Girone.
= Le dernier volume {nidda et êed^r lokoroi) de la grande et belle éditio]
du Taltnud de la librairie Homm» de Vîlna, vient de paraître (1886)
ISIDORE LOEB.
DmyoGiupîîiK
1B!
^frnsii^ et Alltiemlaii^i. par Zadoc Kaun, graA(]>rabbiu de Piiris. Dûuxièmâ
tèùe. l'ûTis, liLr. A. Durlacher, 1K8ti, in-lH de :i78-{!) p.
Nous avons pris pour règle de ne pas nous occuper ici des ser-
lûons qui se publieul, en assez grand nombre, en France et à
l'étranger, et qui pourraient cepeiidaut prêter quelquefois matière à
das observations instructives* Si nous faisons une exception pour
I l€S Sermons et Allocutions de notre cher Président, M. lo grand-
rabbin Zadoc Kaiint c*est qu'ils la méritent à tous égards pour l'in-
lérèl spécial qu'ils présentent et leur liante valeur. Nous ne dirons
eiu«^ peu de cdose des qualités purement extérieures de ces sermons;
ûous craindrions de déplaire a M. Zadoc Kalm en insistant gur des
question» de forme dans im sujet oii le fond seul lui tient à cœur et
qu'il croirait rabaisser en y mettant des préoccupations mondaines
ou des Tani tés d'auteur. Nous nous conteuterouâ donc de signaler,
dans ce recueil de sermons, l'heureux choix des sujets, l'originalité
des codres dans lesquels se meovent les idées de Toraleur (par
cxempre la Voix de Dieu et le charmant sermon sur les Montagnes
d'isnilflj, Ja disposition irréprochable des plans, l'art enfin avec
lequel, dans un espace de temps assez rigoureusement limité et
qu'an ne saurait prolonger sans blesser les habitudes d'un audi-
l^ire parisien, sont traités, avec leurs développemenlïî logi(|ues» des
sujets que l'on pourrait et que M. Zâdoc Kâhn voudrait sûrement
ttpoiter avec plus d'ampleur. La langue de ces sermons est comme
hd lii^u souple et ferme, elle est à la fois sobre et colorée, précise et
tcaiirc, et donne Tidée de la force unie à nue extrême douceur. Sa
JKxolo a des accents pénétrants qui ont un charme iuOui.
Ce qui frappera tout d'abord, dans ces sermons, tout lecteur
franger au JudaKsme, c'est le ton de rorateur. M. Zadoc Kalin n*est
pli traochant, il ne jette pas de foudres, il ne déclame pas, en
; lyrperîaoles irritées, contre les vices du siècle et la perversité de ce
J oitiiide, il ne menace pas de l'enfer et ne montre pas le diable ; il est,
[iTajit loui, persuasif, ei veut uniquement toucher et convaincre.
par la que ces sermons sont, pour nous et pour les lecteurs de
ile¥ue, si instructifs et si intéressants. Nous ne connaissons
^d# recueil où Ton puisse mieux, ou même aussi bien que dans
fMmioas, apprendre quelle est la pensée intime du Judaïsme et
' dans rùme des Juifs. A notre avis, aucun autre prédicateur
jiii/das temps actuels, même parmi ceux qui sont le plus justement
cÉéètireSf n'a au même degré ce mérite de représeuter exactement et
de réûeur les idées, les sentiments, les sympathies, les joies, les
éaulgPTSt l<^ espérances, les aspirations de la communauté des Juifs
i. La plupart, à notre avis, sont restes tro|» attachés aux
de ia prédication juive du moyen âge ou se sont montrés
M lEfIS DES ÉimES lUIV'KS
trei» seBsibkffsez pméàîs de coovauioii de ce qu'on appelii lélo-
qiiaiee saote. Ds se tifanent tix>ii «o-dessos ou en dehors de leur
lodilûire. IL Zadoe Kelm a, pour le sien, ime sympathie si profoode,
foUl pense et seat coomie loi et arec lui, que tout ce qu*il dit peut
être eompris et rase&U par eenx qui l'écouleot. Tout en se tenaot
SOT ks hauteurs les plus életées de la pensée, il sait ce qui se passe
<ldii5 la pedle léle d^m eailnil qui se pcéseale à rimilatiou reli-
glense, et ee que peol eomprendre de lliéologîe, de philosophie, de
morale on Juif parisien. Son senneo est le Tral sennou juif moderne
et comme im nûroir qui réMchil, en Teimolilissant, le Judaïsme
actuel.
Si Ton y cherebe la théorie religieuse du judaïsme de notre temps
et de DOS paiys, on y CnmTera tout d'abord une religion toute
simple, qui n'exige de Tesprit hnmain aucun sacriûce pénible et qui
se borne à propœcr, pour les graves questions métaphysiques qui
ont tait jusqu'à ee>oiir le tivnnuent de l'humanité, les solutions les
plus acceptables et les plus consolante. Plusieurs fois M. Zadoc
Kahn fait ressortir, arec un sentiment de satisfaction légitime, ce
caractère rationnel du judilsnie et la bonne grâce avec laquelle cette
religion s'accorde avec les découvertes et les progrès de Ja science
moderne. Dieu, la famiUe, la patrie, liiumanité* le monde futur,
voilà les fondements sur lesquels repose rédifîce religieux du Ju-
daïsme et les principes autour desquels se groupent toutes les Idées
proposées par M. Zadoc Kabn à la méditation des lidèles. Ajoutez le
dogme de la révélation, sans lequel il n'y a pas de religion positive,
la conviction, souvent répétée, que la religion juive a contribué lar-
gement au progrès moral de l'humanité, Tattente de cette ère de
paix, d*amour et de fraternité universelle dont ridée est la création
la plus glorieuse des prophètes juifs, et vous aurez un corps de doc-
trine sûrement excellent et une religion toute spirituelle, faite dV
mour, de sacrifice, de dévouement Les pratiques religieuses ne sont
pas oubliées, mais elles sont mises à leur place et à leur rang,
comme un simple instrument d'édification et de sanctification, une
haie (comme Ta dit un ancien docteur) autour de la Loi et non la Loi
même. C'est exactement le contraire de tout ce qui se dit et s'écrit
sur ces questions dans un certain monde et même dans divers
mondes où régnent, contre le Judaïsme et les Juifs» des préjugés in-
vétérés et plus souvent encore un esprit de malveillance et de haine.
Nous voudrions que ces sermons fussent lus par tous les hommes
de bonne foi, ils feraient tomber bien des préventions et des er-
reurs* On dira peut-être que M. Zadoc Kahn et ceux qui Técoutent
avec une satisfaction si manifeste ne sont pas dans la vraie tradition
du judaïsme et qu'ils rinlerprt:"lent à leur fantaisie. N*a-l-on pas vu
récemment, en Allemagne, contester cette déclaration d'une confé*
rence de rabbins que, suivant le précepte du Pentateuque d'aimer
son prochain comme soi-même, les Juifs doivent aimer également
tous les hommes sans distinction de race ni de religion ? Nous n*en-
BÏBLIOGnAPÏIÏE
1S3
ns pas ici dans une querelle de ce genre, on pourrait nous soup-
ronner de faire de Tapolo^je tandis que nous ne voulons que cons-
tater des faits, mais il nous sera permis de dire que c'est une
maOTaise querelle. Pour les théologiens ou les historiens du passé
la qo€stion a son importance, mais nous n'examinerons pas ici ce
^que les Juifs anciens ont dit ou pensé, cous nous occupons du pré-
Hient et nous disons, avec M. Zadoc Kalm : Voilà ce que pensent,
^Hiaeiil et proclament les Juifs de nos jours. Qu'ils soient ou non en
PoontradictioD avec les anciens textes, c'est leur a traire et cela no
regarde personne. Pour ceux qui les considèrent du dehors, il suffit
de savoir ce qu'ils sont» non ce qu'ils pourraient être ou ce qu'on
iwidralt qu*ilâ fussent. Vous êtes faits, dit M, Zodoc Ivahn à ses au*
\ dateurs (nous reproduisons ici ses expressions mûmes), pour la
fettiL, le bien, le devoir ; la religion juive que vous devez pratiquer
est une religion de justice et de chanté; voire Dieu est un Bieu
d*aoiour, de bonté, de miséricorde, il est le père de tous les hommes,
la Providence de toutes les créatures. Aimez la famille, aimez la
patrie, aimez tous les hommes, ne séparez jamais vos inférèts de
ceux de l'humanîté ; ne commettez d'injustice envers personne, soyez
p^robes, honnêtes, loyaux avec tout le monde et en toute circons-
Uûce ; soyez toujours animés d'un esprit de douceur, de mansué-
Uide. de charité, de résignation dans les épreuves si douloureuses
15 envoie la persécution et pardonnez à vos persécuteurs;
..,^_,_i-vous toujours qu'il y a d'autres intérêts que ceux de la
t€rT«, qu*au delà des réalités visibles et grossières il faut désirer
QAbien supérieur, la justice, la vérité, Tamour. Ce judaïsme n*cst
pu celui que rêvent les adversaires des Juifs, leur siège est fait.
hm aux, il est établi que le judaïsme moderne est une religion
yBremant extérieure où la pratique religieuse étouile le sentiment
di la religion et de la morale; que les Juifs sont, dans nos pays,
im étrangers sans patrie ; qu'ils sont exclusifs et haineux envers
Je genre humain, déloyaux dans les relations sociales ou commet'-
cilles, et entin qu ils ne pensent qu^aux biens de la terre et que
'ir^eot est leur seul idéal. Apparemment, ceux qui parlent ainsi
il mieux qno les Juifs eux-mêmes ce qui se passe dans leur
Nous pourrions prolonger ces réflexions et y en ajouter beaucoup
liras. Nous nous bornerons à examiner» pour finir, le caraclèro
]*apotogie juive dans la prédication de M. Zadoc Kahn* On ré-
sans cesse que les Juifs sont orgueilleux, qu'ils se considèrent
ie lé peuple élu et comme supérieurs à tous les autres hommes.
trouTera pas trace de cet orgueil chez M, Zadoc Kahn et, s'il
. Ssf des services que le judaïsme a pu rendre à l'humaniié, c*est
fiarié sans prétentions el pleine de retenue. Il croit que le
hébreu a rempli, dans le monde, une mission providentielle,
ifoe cette mission était de se consacrer à rhumanilé, Jamais il
fait de polémique contre d'autres religions, et cette réserve, qui
1
IM
REVIIE DES ÉTUDES JOÎVES
pourrait servir de modèle ù bien des prédicateurs de toutes les cou
fessiotis. indique rhesî lui comme chez ses auditeurs Tabsence,
ces matières, de tout esprit miULant. Elle devrait bien être imitée |
certains écrivains et journalisies de noire connaissance, qui ne gar*^
dent pas» en ces matières, la mesure commandée par les con?e
nances et le bon goût et feraient beaucoup mieux de laisser di
côté ce genre de questions. Si quelqueTuis M. Zadoc Kahn redres
des erreurs accréditées (par exemple, que la religion des prophète
est la religion d'une tribu ou d'une race^ non la rGligîon de rhuma«
niié ; que le Judaïsme ancien n'aurait pas connu la charité), il le fait
aTec la plus grande modération et en se gardant de prendre le tou
agressif. Il est si loin de tout sentiment de vanité puérile ou exa
gérée, que, sur le caractère des Juifs et leurs bonnes qualités, il]
. ne dit rien qui ne soit généralement admis et ne puisse être dit par
lôuL observateur impartial. Personne ne lui reprochera de vanter^
chez les Juifs, les vertus de famille, les vertus de la femme juive, la
pureté des mœurs, rinêpuisable charité, Tesprit de douceur enver
ceux qui les ont si cruellement persécutés, le respect pour la science
et la HUéralure, laraour de Tinslruction, et, dans un autre ordre d^
faits, le sentiment de l'indépendance, de la liberté, et de la dignit
personnelle, Ténergie du caractère et l*élonnante vitalité morale qt
leur a permis de ne pas s'atTaisser sous le mépris de dix-huit
siècles, enfin, une cerLaine vue optimiste de la vie qui résiste
toutes les épreuves et à toutes les persécutions et sans laquelle lt»|
monde périrait. Lors même que les Juifs n'auraient pas à un même
degré ou à un degré éminent toutes ces qualités ou ces vertus
c'est déjà beaucoup qu'ils aspirent à les posséder et cette ambi--
iioû est toute à leur honneur. En général, une des grandes qua-
lités de ces sermons, et qui frappera tous les lecteurs, c'est 1© tact]
parfait avec lequel M. Zadoc Kaho exprime ses idées. Il est lui-
même une réponse vivante à ceux qui accusent les Juifs d'ôtivi
en tout excessifs et de manquer d'équilibre. G*est un plaisir dô*|
llcat et quelquefois délicieux de voir comme il dit exactement toaij
ce qu'il pense, sans un mol de trop, sans une expression qui sonni)
faux ou qui trahisse la déclamation, et comment il répond à toute*
les tendresses du cœur et aux beaux rêves de l'imagination tout
en donnant satisfaction aux esprits les plus rigoureux. Il possède |
ces qualités à un point où elle apparaît comme un génie naturel]
et un don tout è fait rare. La modération et la mesure qu'il met en 1
toutes choses accroissent la force de sa parole. On seni, dans cçj
qu'il dit, un feu intérieur et une ardeur toujours contenue, on voiij
que ce qu'il éprouve et ne dit pas vaut autant et plus que ce qu'i|
dit. Celle pensée, dont on devine les profondeurs sans les voir, fait]
vibrer tout ce qu'il y a, chez l'homme, de bon, de noble et de poé*|
tique, et, par une sorte de résonnanco morale, éveille dans les cœu
mille échos mystî-rieux.
Isinonifi Lo£0.
BmLKHjHAPïllE
iîss
lu 1>
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^ii<* mf Ihe n^brei^ m»tiii«ir'rlpts Itt f lii» t^<lfll^l.1n Lthrsiry and
t*allr|;« LtlirarleN of iltr«»rcl, includiD^ mss, iti othcr loaf^uuges
r* wnlleu in Hebrew charucters, or iclottnfç to the llebrew liiiifçuaffe or
1 4 tew Saiu»niaa lasti., compUed hy Ad. Neçisaueu, wiLh iorly fac-
rti, ClareiiJoQ Press, 1KS6, in-4* de xxii p. et ll(jH coL Les l'ac-
_ .^^...^ dtDs ua etrion, uut pour tilre t Fftcsimtk-s of Hebrew mantiscripls
• BofUftian Librurjr illuslratinj? lliô viirious forras et' riibbiaical eharacterî^,
traiiscrintioris, by Ad. Nowbnuer. Oxfofd, CUrendon Press, IHSG ; iii-l" de
À d'béliogmvurc ik\ec uutajit de feuiUcU» eontocaul la irBQS-
La putiUcation liu catalogue des maauscnts liébreiix de la bibljo-
r^lièq^ Bodiéieune d*Oxford est un vérilablt? événement dans Thistoire
iilB liUéralure juive, et il est pertiiisde dire, saas craindre de ré-
fiéliêr uû vieux cliché, qu'elle était impatiemmeot aUendue depuis
loctfieaips* Celle attente n'a pasélé trompée. Ce catalogue est un ins-
tmioeDl de travail du plus haut prix pour la ricliesse des matériaux
qu'il cooUeQl et pour ta valeur que leur ont donnée la classiâcatjon
•Cla description de M. Neubauer. IL est bien inutile d'insister ici sur
lis mérites de celte grande collection, commencée au xvu*^ siècle,
«I qui se compose aujourd'hui de quatorze fonds ditïéreots, parmi
Ittfltels ceux de David Oppenheimer, de M.-J. Michael, de Regprio et
.^ Keoaicott ont été acquis de <8iU à 1870. Le catalogue contient
l^M ouméros, dont beaucoup se composent, comme il arrive tou-
dé plusieurs ouvrages. M. Neubauer a classé cette masse
ie d'écrits sous les rubriques suivantes : Bibles avec Iraduc-
^ iHcammentaires, Talmud (halakha et aggada), liturgie, théolo-
, tihjlosophie et morale, massora avec grammaire et lexicographie»
lie, poésie, mathématiques, astronomie, astrologie, magie, cos-
Iphie, médecine, et, eniin, miscellauées (polémique, histoire,
, eic*^. Quelques-unes de ces rubriques se subdivisent en un
lin aombre de chapitres, la plus remarquable de ces subdivisions
leeàlfides œuvres Iiiurgiques, qui ne contient pas moins de qua-
chapitres, où sont compris des rites variés (franco-allemand*
4, italien, Avignon, Carpentras, grec, espagnol-oriental, et au-
. Si ua ne considère daus l'ouvrage de M. Neubauer que ie côté
riiJiai dire extérieur, on sera déjà frappé de rexcellence des me-
<|ii'ài a prises pour le rendre utile et d'uo usage facile. Après
ttabie 4es maliéres et la liste des ouvrages cités, vient la concor-
! des* anciens numéros des divers fonds avec les numéros nou-
La description des ouvrages est suivie de cinq index, qui sont
t 11 qu ' e du catalogue et qui seront, pour les savants,
au- imde que sùr> Ces index comprennent : i^ les
( des auleurs et traducteurs, suivis d'un index spécial indiquant
AaiDS de famiile ; 2" les titres des ouvrages, môles avec un index
iCique» classant les ouvrages par matières; 3'^ les noms des
im* REVOE DES ÉTUDES lïïîVES
copistes, des propriéloires et les témoignages; 4** les noms des cen'
seurs; 5" la liste des noms géographiques. A la fin se trouvent ùi
additions et corrections, qui nous ont paru très intéressantes et qu'i
ne faudra pas manquer de consulter avec soin. Dans la descriptioi
des manuscrits. M. N. s'est montré d*une sobriété exemplaire, il a
ce qu'il lallait dire» sans digressions ni hors-d'œuvre, et a plulô
visé à Texactitude qiïk la vancté des rengeignements. Peu d*hypo
thèses» pou de discussions ou digressions, des doutes discrètement i
diqués» mais un soiu exirèmo de mener à bien la tâche si difficile
si délicatti do ridentification des œuvres et des auteurs. On ne pei
pas dire que la curiosité du lecteur soit toujours satisfaite, mais
suffît qu'elle soit éveillée, et M. Neubauer a le droit de renvoyer li
curieux au manuscrit même. La description des œuvres de liturgii
et de poésie sera principalement remarquée pour Ténorme masse d(
travail qui s'y trouve accumulé dans un espace restreint, et le soil
avec lequel M N. a recueilli ces inlmiment petits. Le catalogue do
liturgie a encore un autre mérite. M. Neubauer y a introduit une
novation importante, l*our chaque rite, il a commencé par décrire
manuscrit modèle, et il a pu ensuite se borner à indiquer, dans h
autres mss., ce qui les distingue du manuscrit pris pour type, CettI
méthode n'a pas seulement pour avantage d'économiser la place, elli
fournit une sorte de tableau synthétique des rites, et permettra do-
rénavant de reconnaître, beaucoup plus facilement qu'on ne pouvail
le faire jusqu'à ce jour, le rite d'un mabzor donné.
Bans un assez grand nombre de numéros, M. N. a donné de cottrti
extraits intéressant Thisloirc littéraire ou Thistoire civile des Juitei
il a très sagement fait de se borner, sur ce point. Il lui eût été facile
d'être un peu plus libéral en renseignements sur ridentiiicaiion
des noms propres de personnes et de lieux; les tables renferment
très souvent, il est vrai, ce que le catalogue ne dit pas sur cette mi-
lière, mais on peut trouver qu'elles sont encore trop laconiques,
M. Neubauer, qui connaît si bien la matière et qui a consacré tout
un travail, couronné par l'Académie des Inscriptions, à la géogra-
phie rabbinique du moyen âge, aurait pu, au courant de la plume,
donner des indications qui, pour un grand nombre de personnes,
eussent été précieuses. Voici quelques remarques sur ce sujet. 11
faudrait bien renoncer une bonne fois à écrire Adereth ou Adderetli
(la table a la bonne leçon) pour Adret; Bongodas pour Bonjudas; Bon-
goa pour Bonjua, Il a été suffisamment démontré, dans la EetuidU
éiudes^ fuites, tome IV (article sur les noms des Juifs de Barcelone)
quelle est la bonne prononciation de ce nora^ Dans ce même article»
on voit qu'on peut hardiment écrire Cabrit au lieu de Qabril, Pier»
pour KT^'D, qu*au lieu de David Rouget on ferait peut-être bieû de
lire Rugat, Abulafeia ou lieu de Abulafia, Afeia au lieu d'Afjya oa
Afia. On nous permettra encore quelques observations. Sur l'ii
dex I : Ilaitam Patir, ne peut-on pas lire plutôt Pater? Au Mm Ai
Joseph ibn Waqqar, il faut, croyons^nous, Uuacar; Jacob n:"îirîïtbp
BIBLïOCRAPrTIE
1ÎS7
ne seniîl-il pas Jacob de Calahorra? M. Nenbauer croit que clans
^Jâcob Levi Mœlu, le mot Mœln peut être MeluD, cest la première
bisque cette hypothiîse est produite et nous ne disons pas qu'elle
De soît pas permise. Nous sommes convaincu que dans Moses
5t3m3 le nom de ville n'est pas Bruxelles, mais désigne une ville
spagDuIe. Ou peut hardiment lire Moses Najcra au lieu de Nogar.
ans Abraham ctxbrj le nom ne serait-il pas Miilhaosen au lieu de
lîillheim, propose par U. N.? — Sur l'index III : '^yho^ à notre avis,
Ésignerait plutôt Laroche : David "ïn^n?: ^ Mercero; si la lecture
Phares Trévot est juste, on aurait peut-être la ville de Trévoux;
pacûb Bungodas est probablement de Saint-Pons ; Saïd iba Yabya
3t de la vallée de la Braa, au Maroc. — Sur Findex IV : il est cu-
Pcux qu'il n*,v ait pas plus de censeurs. — Sur Tindex Y : au lieu de
*^T2D lire Vipn7:/Mercadel, le D appartient au T qui précède;
^^mî5 ou •^inna ne serai t-i! pas Saverdun? — Dans les addi-
uns. il n'est pas toujours facile de savoir où ces additions doivent
lire placées. Voir, par exemple» à la dernière page, David de Bizes,
qu*on ne sait, au juste, où mettre. — Les héliogravures sont très
elles, nous eussions préféré qu'on nous eût donné moins de marges
un plas-graud nombre de reproducllûns. Malgré Tabondance des
aaiériaux réunis dans ces carions et leur importance pour This-
Dire de la paléographie juive, on voit qu'on n'a pas encore là tous
éléments pour faire une histoire même très générale de récri-
are hébraïque. Dans riniroiluction, M. Neubauer a donné une liste
itccUcnte des fac-similés publiés jusqu'à ce jour. Nous y ajoutons
Ile fac-similé d*uue écriture espagnole très jolie et très orij^^inale pu-
liiUê dans la Jievue des Éludes Jums, l. iV» p. 230. En finissanl ces
jnoles^ nous félicitons M. Neubauer d'avoir mené à bien cette œuvre
à laipielle il a donné tant de soins, qui est le résumé d'un travail
colossal, et ou il a montré une science si vaste et si sûre.
Isidore Loeb.
CHRONIQUE
Bxpontiofi juive* — Il s est foriné à Londres, sous la présii|«îDC8 4l
IL F. D. Moccaila, un Comilô qui se propose de faire, au prinieraps
\mi, une exposiiioïi historique aoglf> juive (Ânjïlo-Jewisîi historical
exhibition). Le Comité exécutif est formé des notabililes les plus rr*
marquahit^s d*Angleterre dans la scienceja liltéralure et même U po-
litique, parmi les juifs et les chrétiens. Il romple, entre autres loenj
hres du clergé protestaot» le doyen du chapitre de We^lmioslcr.
L'exposition» mal^é son titre, ne sera pas exclusivement réservéQi
l'Angleterre et recevra des objets relatifs aux Juifs des autres pays.
La liste des objets qui pourront être exposés est longue : chartes,
seiaroé, archives de communautés, autographes, portraits, peintures,
gravures, manuscrits, livres et brochures curieux, cartes, sefer-ioras,
ornements de synagogue, broderies, mobilier, objets divers servant
au culte public ou privé, plans et photographies d'anciennes syna^
gogues, épitaphes» costumes, musique, monnaies, sceaux, cachets,
bagues, bijoux, lampes. Nous sommes persuadé que cette exposiliû||
sera un véritable événement et qu'elle nous réserve les plus grândô|
surprises. Ce sera comme une résurreclion du passé du Jndalisme.
Les personoes qui voudraient y prendre part en prêtant aux orgapi
sateurs les objets curieux qu'elles possèdent, sont priées d'en donnel
connaissance à M. Isidore Loch, 35, rue Trévise, à Paris. Le Comité
d'organisation se charge de tous les frais de transport et d'assurance
Société Meki:É Nirdamim. — La Société vient de terminer la publi-
cation des ouvrages de la première année (voir liertui bibliôgr. de
numéro). Elle anuonce, pour la seconde année, la publication des on
vrages suivants : 1. Suite du Pabad Isaac; 2. fui des Consulutioi
publiées par M. Harkavy; 3. le commentaire de Maïmooide du t
PinrtlD, texte arabe édité pour la première fois, avec le texte hébi
rectifié, par J. Derenbourg; 4. miscelïanées; 5. le ^"^ïînn de Moli
ibn Ezra, édité par M. le baron David de Gùnzbourg,
M, Senior Sacks. — Le M juin dernier, M. Senior Sachs a eéléM
à Paris, le 70** anniversaire de sa naîssance. Nous avons été heuretr
de lui apporter, à cette occasion, nos hommages et celui de beaucou
de ses amis. L'auteur de rarticle publié sur lui, dans le Jttd. Li
ratur-Blatt (n» si, 10 juin 188ti) a raison : on ne rend pas assez jus
tice à la science de M. Sachs et aux services qu'il a rendus à la lit
amoNîQïTE
im
tératare juiFe.Cela vient, eu partie, do ce qu'il a commeDcé beaucoup
de choses sans rien achever ; en pariie aussi dp raboôclance avec
laquelle il développe ses idées et de la richesse des renseignements
qu'il sait grouper autour d*uu fait, qui concourent à l*éclairer, mais
souvent menacent aussi de l*étou(ïer. La suite du Kerem Gbemed, à
peine commencée, est restée en plan ; la Yona, la Téhiyya n'ont eu
qu'un fascicule; les poésies d*Ibn Gabirol ont été faites sur une
t>ase si vaste qu'il était impossible de les achever; le catalogue
Gûnzbourg, si excellent, en est resté à sa troisième feuille. Mais,
dans toutes ces publications, M. Sachs a montré, à côté d'une vaste
érudition, un esprit élevé, profond, sagace et une véritable origina-
lité de pensée. Tl a eu, dans sa carrière littéraire des inspirations
heureuses et des intuitions surprenantes. Ses études de philosophie
juive nous paraissent particulièrement remarquables. î^ous lui sou-
haitons meilleure santé et longue vie.
Dans le prochain numéro nous donnerons une bio-bibliographie
détaillée de M. S. Sachs.
\Jùurmaiis muteanw^ ^ Grande abondance de nouvelles publica-
Oûs :
<.i:^nD n^ii-^-^an» ny^ The Worker's Friend» herausgegeben von
mternazionelen Arbeiter Bildungs Club ; journal mensuel en
^- allemand, paraissant h Londres, imprim. M. Mierovitch;
-4% le numéro a 8 p* à 2 col. ; 1 sh* 6 d. par an ; le n^ i est de
Lil!et tSSS.
1 Tnn n^fitri ih -^Kpns Barkai (Morgenblilze) Samralung fur Wis-
leeûschan, Bildung und Leben, heraust^g. von Michael L. lîodkins-
[Bobn; erscbeint in 12 lleften à 4 i 2 Bo^cn. Le t'^" fascicule de la
l^fllDée porte les mots : Jahr^^anfî 1886. IL Bii*rh (te \*^ « Buch n est
ifcfochure annoncée dans la Bévue bibliographique de ce n'>), L
Bftfl. Wien, <886 ; in-8<» de 46 p, ; prix, 6 IL par an. Nous ne savons si
I teîailéa pani.
1 p3abn The Lebanon ; journal hebdomadaire, en hébreu, publié a
loBilrits par J.-J. Leep-Brill ; ïnA" ; le u** a 4 p. à 2 coL; 10 sh. par
«Ji; e^t la continuation de Laucien Lebanon ; le n^* I de cette suite
est do î juin 1886 et porte l'indication 20° année.
^. n&sia [Mispab] ; journal mensuel hébreu illustré, publié à Saint-
Pétersbourg par Alexandre Levi Zederbaum. Le premier fascicule
^t formé d'une brochure in-8^ de 5 o 6 feuilles (la pagina lion n*est
pa^coatinue, elle recommence presque avec chaque article; il n'y a
[îi^nde plus fâcheux); prix, 2 roubles par an. A commencé à paraltro
▼mmal !îtH*î.
^* yn'Z Zion. Hebraisches Organ zur Befôrderung der bebr. Sprache
und Uteralur, horausgg, von A, -IL Zupnik ; erschcint raonatlich,
Publié à Drohobycz, Oalicie, Le fasc. I a paru en avril 1H86, le fasc.
n» en mai ; in-8<* d« i feuilles le numéro ; 4 Û. par an.
iîiBïipix îrn Die Zukunft, The Future; journal hebdomadaire
judéo-allemand» publié à Londres par K. W. Babbinoif^tcz ; ia-(^, 1©
m\ HEVCE DES ÉTUDES JUIVES
n" a 8 p. à 2 coL; 2 sh, par trimestre. Le n" du 1G juillet 4886 est
marqué vol. lU, W" 3. Ce jouroal est la suite du Polisli Yidel (ii** «,
25 juillet 1884; ïi° 4i et dernier, 2î octobre 1884); la Zukuoft a com
mencê par le n^ 46 (7 nov. 4884) et a tini son 4"*- volume (non chiffré
par le n«* 49-50 du t6 juiu 4885.
7. n^nn b^p ; journal arabe, caractères hébreux, paraissant deux
fois par semaine» ordinairement le mardi et le vendredi, à Alger; pu-
blié par A. Lasry ; gérant, Saadia Amour ; in-f» ; le n« a 4 p. à 3 col
12 fr. par an ; le n'* 1 est du 19 avril 1886,
8. i^ia-'-^x TC'^^-^i t:^n-s, ^'•tzbimThc Ilaschulamit; journal heb*
domadaire en judéo-allemand, publié à Londres ipar J.-J. Leep-Brill);
in-f«*; le n^ a 4 p. a 3 coL; 8 sb* par an. M. Brill a publié, autrefois, à
Mayence, un journal hebdomadaire, en judéo- allemand, intitulé
^bxnc'^n et qui a paru d'abord en 187a» pendant dix -huit semaines
il en a repris la publication (sous le môme titre ?) de janvier 487$
jusqu'en juillet 1881, toujours à Mayence (prix» 8 marcs par an). C©
journaL ayant été interdit en Russie à cette époque, M. Brill a fondé
le journal judéo-allemand n'-'ibicn, qui a paru de janvier à octobre
48ââ (à Saint-Pélcrsbourg?}, puis, a Mayence (en 188â? sûrement ea
4883), et dont la nouvelle suite, indiquée en tête de cette notice, a
commencé de paraitrc à Londres en octobre 1884; M. Brill compta
pour ce journal: 1^ année, 1882; 2° année, 4883; 3» année, 1884
(Londres), etc. Le n" Il de la 5* année est du 12 mars 4886,
9. The Menorah, a monthly Magazine, ollidal organ of Ihe B*û<
B'ritb, edited by Benjamin F. PeixolLo, ex-consul of ihe Unitei
States lo Roumania and France; publié à New-York, voL I, o* I
juillet 4886; in-S*»; le 4«^ n* a 48 p.; i doU. par an.
40. The Jewish Reformer; journal anglais hebdomadaire, in-4%
avec supplément allemand de 4 p,; intitulé Jiïdisches Rerorra-Blatt,
a paru à New-York vers janvier 4886. Les éditeurs du Reformer sonl
K. Kohler, de New -York ; E.-G. llirsch, de Chicago; Adolph MoseSr
de Louisville; le supplément allemand est dirigé par Ilermann Roi
scnthaL Le prospectus avait paru avant janvier \S%6 (American B¥
ènw, voL 27, n» 4 ; Occident^ vol. 13, n** 38)*
11, Uevista israeUta; journal roumain, publié à Bucliarest le 4'
et le 45 de chaque mois ; rédacteur en chef, D*" M. Beck ; iu-8«, le n«
î feuilles ; 20 fn par au ; le n^ 1 est du l»"" février 4886.
12. Zeiischrift fur die Gcschichleder Juden in Deutschland, hl
von Ludwig Geiger. Baud, \, Heft 1, 1886. Publié par la « Histo'
Commission » fondée par le Deutsch.'isr.-Gemcmdebund. Larédactli
esta Berlin, la publication se fait à Brunswick, chez E.-A, Schwi
schke; format in-8^; prix, 8 marcs. Le 4" fascicule a 408 p-
Le Mosé, de Corfou, a cessé de paraître depuis janvier 4886,
Le gmnt,
Israël Lévk
RECHERCHES BIBLIQUES
VIII
COKSIDÉRATIONS SUPPLÉMENTAIRES SUR LE X* CHAPITRE
DE LA GENÈSE (suUe et fin).
VI. — But et signification du chapitre x.
Dès que Ton acquiert la Gonviction que le chapitre x, au Hea de
ooD^tituer un documeDt indépendant et complet en soi, ne fîgure
fu'fen qualité (Kannexe au c lia pi Ire précédent, il n'est plus difficile
I fcse rendre un compte exact de sa composition. Toutes les parti-
[aiiirjléîi qae nons venons de relever perdent leur bizarrerie appa-
et vienn^^nt se grouper dans un ordre parfait, pour former
ileau savant et d'une symétrie remarquable. Au chapitre ix,
et Japhet agissent d*un commun accord pour mettre fin au
Ile causé par Chara- Tous les deux reçoivent la bénédiction
f teof père, qui exprime le désir de les voir réunis à tout jamais
i d'asservir Chanaan, le fils cadet de Cliam* Cette pensée, qui
it deviner le désir de convertir les Japhétites au monothéisme
rt, forme le pivot de tout le récit et se comprend admira-
ti»#*nt 4e la part d'un auteur hébreu, pour lequel les Phéniciens
eut lej« ennemis héréditaires de sa nation et de sa croyance.
1*91 p€ïur di^œontrer la nécessité d'union entre les Sémites et les
Âtos qtt*a été dressé le tableau ethuico-géographique du
ifiitre. où tout est significatif et où rien n'a été négligé pour
i'atti^iition des partis intéressés.
! Llumianité actaetle se divise en trois races remontant aux trois
Koé : Sem, Cham et Japhet. Les Japhétites habitent le
I; lesChamites, le sud; les Sémites, la contrée située dans la
Vmi BmmÊ^ t. XH, p. 3, et tome XIII, p* U
H
IlEVUK DKS ETLDES JLIVES
région moyenne, eomiue pour former un trait d^anion entre eu
Cette distribution équitable, qui semblait de nature à perpétui
la paix et Ja concorde parmi les races humaines, a éié troublé
par la convoitise de deux peuples cliamitiques, naturelleoient ai
di^triment des Sémites. Au sud-est, un descendant de Couscb
Nemrod, gui s>st acquis une y:rand^ célébiité comme clias5»eur,
poussa sa course téméraire jusqu eu Dabyionie, s'empara de plu-
sieurs villes et y fonda une monarchie usurpée. Au sud-ouest, tti
autre fils dé Couscb. Chatjaati, se remlit maître de tout le httora
de la Syrie etd^s territoires adjacents, ile manière à défendre au
Sémites» notamment à Israi^l, tout accès aux territoires des Japhé
tites, aussi bien par mer que par la voie de terre. En un mot,
Cham se montra sur le domaine iiolitique un aussi abominable
nin:j Ti»h (cf. Genèse, XLii, 9*12) * que sur le dtïmauie moral. Cei
envahissements réitérés des Ctiamites sur les territoires apparte-
nant de droit aux Sémites obligèrent plusieurs ^leuples de c^^tl©
dernière race à changer de domicile. L'un d'eux, nommé Assur^
maître légitime de la région située entre le Tigre et TEuphrate, ea
fuyant la tyrannie de Nemrod, alla s'établir au nord, dans FAssj
rie proprement dite. D'autres, comme les fils de Yoctan, se tiaol
à leur courage et à leur nombre, se rendirent dans le sud loiutaio
et s'y établirent à proximité des colonies couschites qui y exis
talent déjè. Longtemps après, un arrière-petil-flla d'Éber, le peuple
hébreu, a effectué sa pérégrination vers le territoire usurpé par
les Chananéens, fort de la promesse divine qui hii en a assuré la
possession. Mais ce peuple, le vrai représentant cUi digne Sem, est
trop faible à lui seul pour réaliser le vœu du vieux patriarche. De
cette fatjun, l'invasion chamitique a tout bouleversé. Les Sémites,
et tout spécialemMUt IsraOL sont, à l'heure qu'il est. désagré-
gés et entourés d'ennemis. Ueureusement pour eux, du côté da
nord, aucun danger ne les menace, car Japhet, fidèle au pactû
familial, ne cherche nullement à molester son frère Sera. Aii
contraire, les circonstances sont telles que la coalition contre
l'usur[iateur maudit semble devenir une nécessité inéluctable poUf
Japliet aussi, car les domaines du chamite Cîianaan toucheni
déjà les siens, et, s'il n'avise pas à temps, il ne tardera pas à ôtr^
dépouillé par l'usurpateur. Une alliance offensive et défensive
entre Sem et Japhet pourra seule, en réalisant la bénédiction du
patriarche, rétablir Féquilibre dans le gouvernement du monde et
perpétuer la paix dans le genre humain.
1 On sail que reipresaion ynStrï mn^^ HÉtn veut dire : espionutr la
fmble, uoD déleaduç, d'un pays, alia de 6 en rendre atiu^.
KECHEHCriKS HIBLIQUES 163
Pour faire partager au jxraml jmbiic ses idées et ses ins|jirations,
la trouvé bon île tracer uu tableau etljïuigrapbique. Les persun-
qui y figurent bont savamment distribues et remplissent
rmottiêiniiement les espaces bien orientas du champ. Au nord, et
ralièlement aux pays s*?mitiques, sont établies, en deux séries,
pi nations japh^tiques, Cimi d'entre elles : Gomer, qui est en
Je la preaiière série, et les quatre autres, qui (orment la
ùhne série» sont resserrées entre la mer et l'EiipIu*ate,
kà-dire à la frontière des possessions cliananéennes. Le ter-
! des derniers Japhétiles contient, en outre, trois colonies
[feouesi de Gomer, de sorte que celui-ci peut également être con-
■AL* voisin des Cîianatréens, En un mot, ces nations
:ont exposées aux ^tteintfs des Chamites envahisseurs.
I Yarwan seul parait à Tabri de letirs attaques à cause de Téloigne-
son territoire héréditaire; or, ce n'est qu'une apparence
se, car les colonies qu'il possède dans la mer Méditerranée
[Ml, non seulement exploitées par le commerce phénicien, mais
ïy 'f'S, d'une manière permafiente, par les Phéniciens,
|M j S n'y prennent garde, ils risquent d'être dépos-
^fiJéi par ces étrangers. Ainsi, Japhet et Sem, également lésés
I leur intérêt et menacés dans leur existence par l'usurpateur
I, doivent combiner toutes leurs forces contre Fennenii
ftemifui. Po«r assui'er leur indépendance et leur prospérité, les
|rieiii Crèress, après avoir asservi le Chaoanéen, coufta-mément
la rerommândation de leur père, se Uoivent partager son
f^js^ tiérilage primitif des Sémites, et rester voisins immédiats.
^ alors i'Iiûte de Sem, et cette alliance, cimentée
iT les tlevoirs sacrés de rhospttalité» durera autant
le soleii,
ViiiUl l'idée k>n(iu mentale que l'auteur du x^ chapitre a voulu
dans sua tableau pruloodémi^nt étudié et divisé en re-
giâtres i^aralleles, à la laç<jn des tableaux phéniciens gravés sur
I» oou|ies de Patestrine, dont rinterprétation, due à M. Cler-
BMii^Oaiiiieau. a été un trait de lumière pour tous ceux qui s'oc-
CBpcMit de rarcliéologie sémitique. C'est l'illustration vivante de
furo |^raphéti(iue mise dans la bouche de Noé : a Qu Élohim
le * JupLet poui' qu'il demeure sous Les tentes de Seai et
[• Qttfllfu'<jO iii»f» le vtrbc nPD [m^ 27) sigmGe • persuiider •, jamais • élargir »
f, itspbqunitt tKîccss&ircroeQt t idéo d'uau usurpaliou au délhmeut do
kc ooBlmn* à toute la ttjacur du mit. U f^'ii'/^i d'une cessiou fjrraideuse
f% ptfi de SeCD-Uraèl d'un torritoire sur le^piel il cro<l dvoir des droits. De tous
e'e«t M« lludde qui ■ lo tuieui &ai»î ceUe aêcessilé ; maUieu-
•idtfUttttiil t«» TyneûB aux Jupliutiles [Die étàlmke UrffescMchtt^
164 REVUE DES ETUDES JUIVES
que Chanaan soit leur esclave (ix, 27) ! » Je me hâte d'ajouter que
notre document, tout en cessant d'être une table généalogique et
traditionnelle, n'en est que plus précieux Unp nomenclature ethni-
que sans arrière-pensée nous eût donné quelques noms de plus,
mais n'eût, en aucun cas, é^ralé en précisinn et en abondance les
renseignements du même ordre que nous fournissent les docu-
ments assyriens, surtout en ce qui concerne les pays du nord. Les
connaissances géographiques étendues sont Tapanage des grandes
nations conquérantes ou des peuples navigateurs. Les Hébreux
n'appartenaient ni aux unes ni auxautres. On ne s'attend donc pas,
de leur part, à de vastes connaissances au sujet des pays éloignés.
Les informations contenues dans le x® chapitre de la Genèse,
môme au point de vue de la géographie pure, dépassent déjà con-
sidérablement notre attente. Mais la véritable importance de ce
document réside dans ce qu'il nous fait connaître le secret politique
et religieux de l'Israël idéal, sa haine inextinguible pour les Phé-
niciens et sa sympathie toujours croissante pour les peuples ja-
phétiques. Rien n'a plus exaspéré les prophètes que les alliances
conclues avec les Sidoniens. Assur et Babel, quoique sémites, en
attendant qu'ils se convertissent, sont vus avec méfiance, tandis
que Cyrus et Alexandre sont sincèrement exaltés comme les élus
de lahwé. Et quand, dans la vision d'Ézéchiel, le terrible japhé-
tite Gog, du pays de Magog, envahit la Palestine messianique, le
prophète a soin de lui assurer une sépulture honorable. Japhet,
môme ennemi, n'est pas haï de Sem-Israël 1
Quand on veut comparer les forces dont disposent les adver-
saires, la disproportion entre Japhet et Sem, d'une part, et Cham,
d'autre part, est également remarquable et de nature à fixer
l'attention des intéressés. Les deux premiers forment ensemble
trente-deux peuples, dont les treize Yoctanides sont trop éloignés
et trop occupés de leur lutte avec les Couschites pour venir au
secours de leurs autres frères sémites dans leur entreprise
cohtre Chanaan ; tandis que Cham compte à lui seul trente et un
peuples, dont vingt-quatre ne manqueront pas d'accourir au se-
cours de leur frère du littoral de la Syrie. Ce qui est plus grave,
c'est que Chanaan est parfaitement de taille à avoir raison, à
lui seul, de ses voisins continentaux. Ceux-ci se composent de
deux nations syro-sémitiques, Aram et Israël, dont la dernière
p. 513 8uiv.), il 8* est privé de la vraie clef du récit tel que le donne le texte tp«di-
tionnel ; le danger de construire sur le sable mouvant des corrections extrêmes ne
se montre nulle part d'une façon aussi instructive que dans l'onvrage de ce savant,
où les arguments les plus justes et les plus sensés sont stérilisés par Thypothèee
relative à la diversité des documents.
EECHERCHES BIBLIQUES IQB
trouve encore en voie de formation, et dix nations japhétites;
r, à ces douze adversaires, les Cliamites peuvent op poser dil-
huit Dations : treize phéniciennes et cinq égyptiennes, toutes ëche-
loQoé* s du sud au nord, le long de la Syrin occidentale. Un état
de c)io9es si menaçant n'est-il pas bien fait pour secouer la tor-
?ur des deux frères précités, aûn de conclure {^alliance mutuelle
lî est pour eux le seul moyen de salut? Ils succomberont inlail-
liblemeut Tun et l'autre, s'ils se bornent à se défendre séparé-
[lent; au contraire, en réunissant leurs forces, ils peuvent espérer
le, la bénédiction de leur père aidant, ils tiniront par terrasser
(^agresseur et le mettre à tout jamais hors d*état de nuire.
Qu'il nous soit permis d'ajouter un mut. L'intelligence exacte
lu but poursuivi par l'auteur éclaire d'un Jour nouveau les la-
aes que nous avons signalées plus haut dans le tableau ethno-
' graphique. Pour conserver intacte 1 idée londamentale concer-
nant la promptitude de tous les Gharaites à agir ensemble contre
Iteurs votsjns inofi'ensifs, l'auteur a dû supprimer trois peuples
(chananéens : les Awim, parce qu ih ont été détruits [)ar leurs
congénères, les Philistins (Deutérononie, ii, 23) ; les Tyri^ns et
|le» Giblîtes parce que, au temps de David et de Salomon, ils
étaient les fidèles alliés dlsraêl et pr^^laienl leur concours pré-
cieux à la construction do temple de lahwé. D'autre pnrt, son
plan déterminé ne comportait pas la ai^^ntion des peuples sémi-
tiques adonnés au brigandage, comme les Amaiécites, ni de ceux
liai ont été exterminés par d'autres Sémites, comme les anciens
liabiianls du mont Sêir ou llorites. Encore moins pouvait-il ac-
corder une place dans son cadre aux races que la croyance
populaire gratifiait d'une origine divine, comme les Anaqim et les
Kafiliaîm. Toutes ces omissions, qui étonneraient de la part d'un
ethnographe pur, s'expliquent le plus naturellement du monde de
Ujèârl d'un artiste dont le souci principal consiste à ne pas troo-
MtT Hiarmonie idéale de son tableau par des groupes discordants
ou seulement superflus.
VII* — Date de sa. rédaction.
Pami les nombreuses questions que la rédaction du Pentateuque
asoulevées dans notre siècle, celles qui se rattachent à la date des
«Ijvers tLcuments qui le com|>osent sont certainement les plus
ditllcilês à résoudre. Le chapitre x, tout en donnant lieu aux
1fi6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mêmes incertitudes, paraît néanmoins, grâce à la moltitade d»
faits niatt^riels quMI contient, être beaucoup plus abordable, sous
ce rapport, que les autres documents, qui se meuvent dans le
domaine des idr^es abstraites et des doctrines. Sans être une des-
cription tout à fait impersonnelle traduisant la géographie telle
qu'elle existait au temps de Tauteur, notre document ne peut pas
non plus s'être trop écarté de la réalité. Au contraire, bien qu'il
eût dressé ostensiblf^ment un Atlas archéolngiqm des premières
époques postdiluviennes, Tauteur a tenu, avant tout, à être com-
pris de ses contemporains, et n'a pu y placer que des entité
géographiques réelles. On peut parfaitement faire abstraction de
ses données relatives à l'origine chamitique des personnifications
teiles que Nemrod, Chanaan et les Couschites d'Arabie; on peut
m»*'me supposer, si l'on veut, que les peuplades chananéennes,
depuis longtemps disparues de la Palestine, aient été ressuscitées
pnr l'auteur pour les besoins de sa cause, je n'y redirai jias a
priori: ce qui est incontestable, selon moi, c'est que les noms
géographiques qu'il donne des peuples non palestiniens, sont
ri'-els et pris au sens propre. L'authenticité de la nomenclature
est attestt^ d'une manière éclatante par les identifications signalées
plus haut et qui comprennent déjà les neuf dixièmes de la liste.
D'autre part, rien ne favorise la pensée que l'auteur ait déguisé,
sous les noachides, des pays et des gouvernements dont la situa-
tion sort entièrement du cadre de son tableau. Je mentionne pour
nvnv^ire cette conjecture, sans savoir si elle a été présentée par
qu»*iqu'un; de nos jours on voit tant fie choses affirmées par
rextn'nie gauche de l'tcole critique, que les hypothèses les plus
graluiJes trouvent leurs défenseurs.
La d;Ue d'un dtvument peut être démontrée soit par des preuves
oxt» heun^s qui constatent sa ni^^'Uti-^n par des écrivains dont la
date est moins douî-use, s<^it |»ar des arguments intérieurs relevant
de ciîwnsîances t^^ii aL\^usent trlîe ou tell»^ époque de l'histoire.
Noîrt^ ivohorche pn\>\îera par îa n^'-me méthiMle. qui est d'ailleurs
1.1 >ouîo i;r.. puisse ivr.iiuire à ui: rt-suitat vraiment scientifique.
\ 1rs (j'jff'Ts fV'"ir:7Mîjp bibliques.
i>mme do.iusto. cotte er.qut*:e n'aura pour objet que les termes
i^piVïAux el o^r^i.-^t. hs:^,3os, Lt-s iK>ms fuî s »nt restés dans l'usage
0 Nuuiuin ,îu ivîîpîe. ^î^^ès \t .S.Mure du o.uior. biblique, comme
\a\x.iu. l'iim, MicrAVîiK C .is.b, etc., nentreront pas en ligne
^>e ,\\»\pio. v^u;i^^l A i\Nr*îr«- r.e s o.rAîJoris, û procédera des écrits leî
nEcnEEnHEîî nîRi joues
167
V'i ' rnosaux ^cn[s pitis anciens. Pour notre compte, nous
n' ' - préft^renre pour aucune des datos su|iposi^es par los crU
tiq;a€9, pourvu qu'elles soient appuyées par des preuves. Je ne
?ejio«î5îçerai rJonc pas» de prinif» abord, Topinion de M. Seinecke,
fi^ rdèjrue la r«?daclion du Pentateuque au lemps des Maccha-
Wes, apr^s celle du livre de Daniel. Ce dernier livre nous servira,
îm contraire, de point de dt'part, et ce n*est que lorsque nous
Mwm^ tait voir rimpossibilile d'adineltre cette date que nous
jn^-^runs à Éz»^clnel qui. pour presque tous les critiques, est
aijli rieur au retour de TexiL Ici, nous nous arrêterons un instant
wrVihadmî.S5ibilit(^ de la datp assi*>n*^e à ce prophète par M. Sei-
' >.«^; puis viendra la com[ïaraison des noms f^f^oirrapiiiques dans
u^ *leux écrits, et» enfin» s'il y a lieu^ notre enqur^te se terminera
prdes renseignements tirés des prophètes plus anciens.
1< Le liTre de Daniel.
livre a été notoi renient corapos*^ pour encourager les fldè]e$
îts par Jndas Macchabi^e à résister aux ordn^s impies d'An-
Kpiphane[ 111*164). Au chapitre xi, 30, lapoc^lyptieien ra-
Rleia itéfense faite à Antiochus par Famiral Popillius Laenas,
inera du snnat romain, de rester en Éfiypte : S'^ij^s n'^^:^ iz îixnn
« des navires ' kittiens viendront contre lui, et il sera bu-
»• Le nom otiis désigne ici FEurope en général e^t Vltalie
tiiif» en particulier. L'expression fi-^rs n^^s aurait passé,
>jirN M, Seinecke, dans le passage, Nombres \xvï, 24, d**»!
*27 ^71 TvCît iï5n 2TO T73, « et des navires (viendront) du
)/iéâP' Kittim er opprimeront Assur et opprimeront Éber >\ qui
rapporterait au mAme événement. M, Seinecke en conclut
W* P*»ntateuqiie n'a «'^té clos qu'au n* siècle avant J.-C,
ilh^ur*»Uî»f*ment, ^L Seinecke, qui se |daint souvent do Vor-
je, est encore tmp orthodoxe. Eu effet, si les noms Assur
Èber déïiignaient ici, par une exception extraordinaire, la
IH I» Judée, la rédaction finale du F^entatetique ne pourrait
inti^neure à l'arrivée de Pompée en Syrie, oii cette province,
( ip» la Judée, fui, pour la première Ibis, soumise aux Ro-
l((BaT. J.-C). Kn critique^, si, Ton veut être sérieux, il fant
ïonptéqu^nt. et une libéralih' de cent ans olVerte à THazazel
^fortlirNfnx^e est vraiment un sacrifice trop douloureux. Donc,
* B m^ fmn\l irr^î^rtnbhble qtifl, su lieu de C*^» iï rai'l- Hre O^^fïi • n**'
168 REVUE DES ETUDES JUIVES
si M. Seinecke s'obstine, et pour cause, à ne pas descendre jusqu'à
Tan 65, il fait lui-môme justice de son argumentation, et nous
pouvons, sans remords, en laissant de côté Toracie obscur qui se
rapporte visiblement à un événement de Tépoque assyrienne *,
tirer de Daniel cette conséquence, qu'au temps des Macchabées,
le nom d-^n?, qui, dans la Genèse, désigne seulement l'iie de
Chypre, a été étendu à l'Europe entière et tout particulièrement à
l'Italie. Un tel élargissement est un fait usuel dans les noms
géographiques, et il en résulte, en outre, que le x* chapitre de la
Genèse est antérieur au livre de Daniel.
2. Le prophète Ézéchiel.
L'authenticité du livre d'Ézéchiel a été tout récemment con-
testée par M. Seinecke, qui y voit une œuvre apocalyptique d'ori-
gine macchabéenne et postérieure au livre de Daniel. Bien que
cette thèse hardie n'ait pas trouvé d'écho dans l'école critique,
nous ne lui opposerons pas une an de non recevoir absolue, et,
en passant les appréciations personnelles très contestables que
M. Seinecke émet sur le style de la prophétie et le caractère de
son auteur, nous nous arrêterons un instant aux quelques argu-
ments dont il appuie ses vues et qui méritent du moins d'être
discutés.
Le premier argument invoque la mention de Noé, Daniel et Job
comme des hommes très justes dans Ézéchiel, xiv, 14-20, et celle
de Daniel seul comme un sage de premier ordre dans Ézéchiel,
xxviii, 4. M. Seinecke n'hésite pas à y voir le héros du livre de
Daniel et en conclut qu'Ézéchiel a connu ce dernier livre. Mais
entre l'homonymie et l'identité la différence est capitale ; c'est une
règle élémentaire en histoire ; dans le cas spécial dont il s'agit, la
différence est certaine, car le Daniel d'Ézéchiel a, comme Noé,
sauvé par sa justice la vie de ses enfants d'une grande catastro-
phe, tandis que le contemporain de Nabuchodonosor n'a pas pu les
sauver, et cela par cette raison excellente qu'il n'en avait jamais
eu. En lisant ses auteurs avec plus d'attention, M. Seinecke se
serait épargné une aussi singulière confusion.
Le second argument est emprunté aux 40 + 390 = 430 jours-
années qu Ézéchiel fait durer les péchés de Juda et d'Israël et qu'il
^ Diaprés ce que je vois, il s'agit d'une entreprise de piraterie dirigée par la flotte
chypriote contre la côte palestino-phénicieone occupée par les Assyriens. Ces sortes
d'expéditions ont dû se répéter plusieurs fois pendant que les Assyriens occupaient
mibtairement la Phénicie et la Phiiistée, ce qui amena les premiers à soumettre l'île
turbulente.
RECHEHCRES BIBLIQUES 169
[îe par des actes symbuliiiuos (iv, 4-17). En diminuant le
abre 430 de 594 593 avant J.-€., qui est la date, parijU-il, (k-
'de la prophétie, ou arrivf», dit M. Seiueckt^, à la date réelle
zéctiiH, savoir à 164-163. Malheureusenjent, co calcul ite sert
heii» car it ne îi'agil pas ici dVxpiatitïn, jtiais, coiiiini^ l annoncent
llrement les versetë 1-3 et 7-8, qne M. Seinecke n'a pas reniar-
9, d4? la durée du siège de J<^rusalem, Ézt^cliiel estnnaît que ce
ge duri^rait 430 jours; d'après II Rois, xxv, 1-4, l'année baby-
loiuenne est restre sous Jérusalem un an, quatre mois et 29 jouï's
tu toul, 514 jours environ; la ville s'est donc défendue environ
W jours de plus qu'il ne le croyait. Cela ne tait rien à Fafïaire;
lu rouira ire, nous y avons la preuve qu'Ézéchiel a écrit son
oracle avant le siège, car un écrivain postérieur et surtout nu
écrivain de Tépoque des Macchabées aurait donné une addition
jjlas exacte.
Viiilà les seuls arguments d'apparence scientifique que j*aie
Irouvéaî dans les vingt pages que M. Seinecke consacre â Ézéchiel.
Li^'jr valeur est minime, mais j'ai peïisé qu'il fallait néanmoins les
r'iijtfr. Les autres considérations de cet auteur forment un amas
coûfu» de réflexions piétistes siii generis et d'altirmations irréflé-
chies* Les premières ne nous intéressent guère; comme exemple
fa RHcoades, Il suffira de mentionner que, pour M Seinecke, le
Gojî d ÉzéchieU qui périt sur la terre d'Israël et y obtient une aé-
pultare, est Anliochus Épiphane, qui meurt en Perse et est enterré
î àiitioche; et cependant É^écliiel aurait vécu après cet événe-
lacnt'. Mais en voilà assez de cette disgression et revenons à
i'ftamen des renseignements que le prophète Ézécliiel peut nous
Ji>mi\r pour lixer la date du chapitre x de la Genèse.
ÉziH:hiel parle volontiers des peuples éloignés, et nous lui dé-
fis une nomenclature géographique très variée. Les chapitres
vu H xxxvui- XXXIX fournisseiit beaucoup de noms que la
range dans la racejaidiétique. On a depuis longtemps re-
'^omi la connexité des deux écrits sous ce rapport, mais on n'est
^|tt ti*ac€ord sur la question de priorité* L*opinion qui lait d'Ézé-
el une des sources du document élohiste est admise par la plu-
td&s critiques modernes. En restreignant le problème au sujet
rapbique seuL je me propose de montrer que cette solution
• peut pas ^tre la vraie.
iPtmii les noms insulaires, on rencontre cns (xxvn, 6), nc^b»
I* 7), t3^ïr:n, c'est-à-dire ; Chypre, Hellas, Espagne* La Genèse
sdeplus o^nn, qui ne revient pas ailleurs. Aucun ordre n'est
« emtààikÊé dm Vùlka Itr^i, II, p. 1-20.
170 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
observé dans Ténumération de ces pays; par quelle inspiration
extraordinaire la Genèse serait-elle parvenue à les classer d'après
leur position gt^ographique et à en faire les fils de Yawan, parenté
sur laquelle* le proph'^te, non seulement ne fournit pas la moindre
indication, mais qu'il exclut formellement en donnante ï^-^mn le
genre féminin? Donc, si emprunt il y a, il serait plus rationnel de
supposer qu'Ézéchiel s*est simplement servi des noms pentateu-
tiques sans se soucier d'imiter la disposition de l'original. Je ferai
toutefois remarquer que l'admission d'une origine littéraire pour
ces noms n'est pas absolunaent nécessaire.
Plus importants pour l'objet de notre recherche sont les noms
formant groupes. Si l'auteur du chapitre x avait sous les yeux le
n73:^m ndï: d'Ézéchiel, il n'eût jamais fait de nTsrn le père de
OTv:; Ézéchiel, au contraire, n'ayant aucun but ethnographique,
était libre de toute entrave dans l'énumération. Le groupe
Ézéchiel, xxvii, 13, est absolument identique à la seconde série
japhétique, en dehors de on-'n. I?i. la connexité des deux écrits
et la priorité de la Genèse éclatent avec une grande évidence,
et cela d'autant plus que le nom de nÇT^in, qui figure au
verset suivant, tout seul, se trouve mentionné au chapitre x de
la Genèse également un verset après les trois noms précités,
mais associé à tsdc» et non, qu'Ézéchiel ne mentionne pas,
évidemment parce qu'ils n'avaient pas de commerce particulier.
La dernière ombre de doute sur sa déi)endance du Pentateuque
est dissipée par Ézéchiel même dans la descri[)tion des peuples
septentrionaux, à propos de l'expédition de Gog (chap. xxxviii-
xxxix). D^jà la faron dont il annonce le nom de l'envahisseur
des derniers jours atteste qu'il a lu le chapitre x de la Genèse.
En eflet, le membre de phrase :ii5!arî ynN aia^ « Gog du pays de
Magog », dit clairement que :»iii est artificieUement formé de
aia», lequel est un nom géographique réel, mentionné plus loin
par Ézéchiel lui-même (xxxix, 6). La conjecture émise par quel-
ques-uns que ina% aurait été formé de aia tombe devant cette con-
sidération que, si un tel personnage était connu de ses contempo-
rains comme chef des Mosches et des Tibarènes, Ézéchiel se serait
bien gardé de lui assigner une orieine étrangère à ces peuples et
surtout de créer pour lui un pays de fantaisie qui ne jone aucun
rôle dans l'expédi-tion. La vérité est que, pour Ézéchiel, Magog était
un terme significatif et, pour ainsi dire, fatidique, cachant le nom
du dernier ennemi d'Israél. Il reste seulement à s'assurer qu'Ézé-
chiel l'a réellement emprunté à la Genèse. Cette assurance nous
estdonnée par le titre du héros : banni rjcia ^'vn firips, « Prtnce de
BFlCÏÎEÎinïlES BIRUQUES 171
nsch '. Mescftek et Tubal », titrp m les pf^yjiîos formant encfvro
DU[ie sont ériumérés dans im or<1re inverse comimrativpm^^nt à
ÈTS'ï b3ip r-** du ch. XXVII et à o-.^m *Tâ?ni ban ti-' cle la Genèsp .
l^od on fait akslraction de ir. qu'Ezéehiel liésintéresse de Yen-
]t7^pn^ d** Go^, comme il en d^'sinteresse Magog et Madaï, ce
èmxtiw groiijie retourna donne : bann "]ts^ o^^'p. ce qui corres-
pw*d parfaiteraent à b^iri '!;iÉ?3 c»n> à la seule condition que
ZT f^ïi identique avec o*vr. Heureusement la synonymie de
ceHileox ili^sijjçnations gi^ograpliiques est fa<:ile à prouver» car la
tille maritime de ïjîn, ou Rhosns*, est précisément située dans
h pmvince de la <]yrrhesîiqïie que noui* avons, par une s^rie
d'arguments trèsdifli^rents, identifit^e, plus tiaut, avec ti-nP"On'*n*
Atnsi, tandis que la Genèse, en conformité avec re^prit fonda-
(Df-ntal de son tableau, fournit un groupe de trois noms de terri-
toire, E/>*cliiel lait succéder aux deux noms de territoire un nom
de ville, et cette substitution s'explique par la nt^cessité de r'^ntlro
|v)i^ible l'entretien de Gog avec les commerça nts de Tarschisch
(f,13), qui ne peut se taire commodi^nieut que dan.s un port de
ner. Due pareille localité convient aussi pour servir de reudez-
lOQsaux auxiliaires africains (v. 5), lesquels* pour ne pas tra-
wjer la Palestine à leur aller, doivent prendre la voi»* de mer et
débarquer dans un port-
ie croiîf donc que la priorité du document A sur ÉzécUiel de*
m^are un fait acquis, ilnis des observations analogues laites sur
d'auliTs passages du même prophète * s'accordent à faire voir quo
i»P«Q(at'9uque jouissait iléjk d*une autorit<^ tujnsidi'rnble et qu'on
Il regardait comme «Haut rœuvre d'anciens prophètes*. C^tte cu'-
cteUfice jette un jour nouveau sur raftiruiation contenue au
tenol xxxvii, 17, et aiiïsi conçue : « Voici ce que dit le Seigneur
likw**à Gog : certes, c'est de toi que j*ai parlé aux jours anciens,
rfintermédiaire de mes serviteurs» les prophètes dlsra*"d, qui
ph^tt^aient dans les jours antérieurs*» pour t'ameuer contre
m (= Israél) ». Une telles firopiiéiie n'existe pas dans le canon
fcftfiîB; faut'il supposer qu'Ézéchiel se réfère à un texte perdu?
' Ui Scfïlâali», P^< ; Il ptuparl àcn commun ta tours modeineB prennent aufisî'^^^
l^ti mm «thuiqoe, mats son ideattfifation avi»o It province éljmérnnf^ ée Btî sàu
HM^art^ L<Ponp»pt) est imdmisBLble. Voyez Ëb. Sclirader, K. A.T.t^* édilion,
le «UT Eâdnis()afw U £evve de lhîito%rc d^4 rtUfficfu de 18SI.
I a elL (uriueUeroiÊ ni exprimée dans Esdta^, i%, 11-12.
' Li» ft^aCHnn B^Î2*3, «Q lipu dfi 0*^313 Dn~ □'^î:*a. i« m'étonne que ni
^Sfe«n4, Qi M (^orDiU n'aient pensé à celte corroctiou évidenle.
in REVUE DES ETUDES JUIVES
Je ne le pense pas. Ézéchiel mentionne Noé comme un bûmiie
que sa justifie a sauvé d*une grande catastrophe (xiv, U, *20);
nul doute qu'il s'agit du patriarche de la Genèse (cf. Isaïe» uv.8
qui eut l'honneur de cojinauniquer avec lahwé et aussi de pré-
dire l'esclavage de Chanaaii edfectué plus tard par Seni*br>iL
L*idt% lie prendre Noé pour un aiicieu prophète dM '«^
sait par Texemple d'Abraham (Genèse, xv, 1^22); «^ ^'ï^
prêter les mots nv bnKa pTO^i ns-^b ûTïb« nzr* au sens de : t Di0B
persuadera Japhet et celui-ci habitera dans les tentes de
et y voir l'annonce de Tinvasion future de Gog, il n'y
qu*un seul pas à franchir, et Ézéchiel Ta franchi. U a mértiefiîf
une allusion assez claire au verbe rç^ et, par conséquent, Mwm
de rc», dans le second verbe du verset xxxix, 2, car, au lieu dl
yv^-^^x qui n"a aucun sens, il faut certainement lire X?^'
« et je te séduirai (cf. Genèse, ni, 13) », ce qui équivaut à ^Tem.
Bref, l'oracle accueilli par les auteurs prophétiques de la Tort
sur l'événement futur ayant des Japhélites pour acteurs e^tlâ
fonds sur lerfueï a été édifiée la viiiiion relative à l'iux
Gog. Aux abords de Fexil» Tidée primitive du verset en i[
n'avait plus aucune raison d'être : l'ennemi n'était plus Chaoaan,
mais la cruelle Babel ; on était donc obligé d'y mettre une idée
messianique. Sous ce rapport, Ézt^chiel agit excluaiveiuenl en
lettré et jette les premières bases de cette littérature apocalyp-
tique que le tarissement du génie prophétique devait tant favoriser
après le retour de Bahylone.
Pour rendre à ce puint de vue toute la certitude désirable,ie
remarquerai, en outre, que les réminiscences pentateutiques se
manifestant égaleiuent dans les détails concernant la sépulture de
Gog (xxxix, 11'16). Ce chef, ainsi que la multitude qull coin*
mande, sera enterré dans Q^nnrrr '^3, vallée située de l'autre eAté
delà mer Morte et aux eu virons de laquelle se trouve une ville
du nom iatidique n;i?snt « multitude * ». La vallée est consi<léréft
comme un lieu très connu, qui, Tinhumation terminée, changera
son nom actuel en celui de ii:^ ^înq n^> (v. 11, 15), «t Vallée de
la multitude de Gog ». Quand on ajoute que la vallée en question
) Profaablemetit le ^17271 b^Jléix Cantique, vm, 11, lieu de ^igDoblee. On stit qqi
le» ftavîrûQB de la mer Mart« reafertuaiecit défi ousib fertiles^ eulre autres : Co^sr fl
'Eugédi, M. Corutll verra luiinâme combien U leçon 13^?3n 1J2^^ qu*il conjecturf
au Utju de nSI?*!! 1^^ DTlî U3>\ «sL p**" probable; ici ooire texte csl exceilenl;
faut Beulement transporier c** verset apft^s ke verset 11, et (oui devioût clair ; ^5^
nalurellemenl pour Dâ lÈt^pl, <?t î^'inDI, résume la oooeéquence du verbe :|-i3
du verset {trécédeut.
RECHERCHES BIBLIQUES 173
^l clairement d<5finie comme un lieu où il y a âéjk un tom-
'au connu de tout Israël (bx^b^^ -15P Dià ûipï3)» ou peut-être plus
Actement, comme un lieu de renotii * en Israël (n^p dtû Dlpî3
nb^a], on se convainc aussitôt : 1^ que la leçon massorétique
^a?rm doit c**d**r sa place à celle d^^ o'^is^n-'a, vallée célèbre
infermaut le tombeau de Moïse, ainsi qu'il reîîulte de DeuLéro-
ome,xxxiv, 6^ coraj>artiavec xxxij,49, 50, et Nombres, xxxiu, 41;
que la lecture vr-aie de la seconde partie de ce verset est n^ohi
nsjn ni* «^r. « elle [ladite vallée) ferme rentrée (c'est à-dire :
tnd difficile Taccès de la contrée montagneuse) de Abarim * ï>. Le
'and propliète et législateur de TExode, mentionné par Jérémie
XV. Ij et Michée (vu 4). n*a pas pu être iguoré d*Ezécliîel ; cela
de soi, u»ais ta mention formelle du mont devenu célèbre par la
I~ rtde Moïse repose sans doute sur Tétude du Pentateuque, et se
peonveDablenient à CtUé de la mention que fait Michée (vi, 5)
îi station mosaïque de Schittim (D^t:*i), qui suit précisément celle
le'AJjarim ^Nombres. xxv„ 1 ; xxxni, 48, 49 ; Josué, ii, 1 ; m, 1).
h\^, tandis que Michée cite seulement la narration du Penta-
Bïniue dans un but d*édillcalion, Ézécliiei traite ce livre comme
iD document pro[»hétique destiné à révéler, à ceux qui cherchent
rajjjirofondir les secrets de ravenir le plus éloigné. Le cliapi-
tî\i\e la Genèse jouissait aussi de cette vénération. Nous avons
\îU jdus haut de ai:^?^, dont Ézécbiel a déduit son Gog. Ce n'est pas
i «eide attache qui ïy reiie^ Toutes les vraisemblances tendent
lindjqupf qu'en répétant trois fois le mot qd {v. 11, 13, 16J et le
*^rb^ ^27 (w 11, 14, 15) dans la scène de la sépulture, Ézéchiel a
^ sur le» noms des deux personnages les plus célèbres de la
Me jéimliq^ue, nia et na^r, ou, ce qui revient au même, que ces
bttx noms» qui sont réunis dans Genèse x» 21, étaient pour lui
figures prophétiques contenant la prédiction de l'épisode futur
Q II décrit. Je ne crois donc pas exagérer en disant que la singu-
ère Kisiun d'Ézéchiel relative à Gog est le fruit d une exégèse
Ipdique de Genèïie ix et x, combiné, pour le nom de -13^, avec
mont S^n3j. au pied duquel se trouve le sépulcre de Moïse. Il ne
]l«Miiifrtt« dA remarque qu«, parmi les KDcieos, le traducteur copie est le seul
fit tOQiré «a moQi Aàarim du Peotateuque, Hitzig et M. Coruilt Ta ri me lie ut
«•rot, mw leur corrcctiou de K"»rr nnom t*n «"^an TSt 1^0 m «^i leur rejet
fSfH Ht «oui pas në<;e8»aîre($. Ceue pnraHea pour bul de faire comprendre
■Stt de ia r^fçioQ ne se aoucieot ^uère de routa mitier ladite vaikée, parce
\mt B« 1> traTerse pour ae rendre chez eux. J^ajouterai, eu passant, qu'au
U, il faut bre Û^'^S^n b«, «u bcu de D'»n3^n rW,
174 REVUE DES ETUDES JUIVES
parait mécoe pas impossible que ropinion traditionnelle, qui attri-
bue à Moïse la rédaction du Pentateuque, ait déterminé Ézéchiel
à faire enterrer Gog dans ce lieu : le seul hommage digne du graud
prophète de TExode est de le mettre en face de la preuve maté-
rielle qui atteste la véracité de la prophétie qu'il a recueillie et
sanctionnée par soa autorité. Les uvz'Dn et les d'^noio de la Loi,
ces fameux aggadistes qui tiraient des pronostics divinatoires
des passages bibliques interprétés d'une façon typique ou allégo-
rique, n'ont pas attendu, comme on le croit, la constitution de la
Grande Synagogue et du pharisaï^me, ils pullulaient déjà du
temps dfî Jérémie (viii, 8), Ézéchiei est l'un d'eux, et sa prophétie
s*a1imente assez souvent de déductions érudites.
3. Les prophètes antérieurs.
Dans les prophéties qui proviennent du premier Isaïe, contem-
porain d'Ezéchias et de Sennachérib, on trouve peu de noms géo-
graphiques particuliers au document que nous étudions. On voit
néanmoins, parxxiii,6, 10, 12, que ûn;^s et ©■^n étaient alors des
pays phéniciens où les réfugiés de la métropole pouvaient trouver
un asile assuré. La mention de Sodome et de Gomorrhe par
Isaïe (i, 9, 10) et Amos (iv, 11), combinée avec celle de Adma et
Ceboïm par Hosée (xi, 8), se ramène, sinon nécessairement au
chapitre x, sans aucun doute au chapitre xix de la Genèse, qui,
tout le monde ie reconnaît, appartient à Fauteur de x, 15-19, pas-
sage dont ia connexité avec le reste du chapitre a été démontrée
plus haut. La constatation dans Amos, ix, 1 de Torigine caphtho-
réenne des Philistins est, suivant toutes les vraisemblances, em-
pruntée à la Genèse, et non à une prétendue tradition populaire.
L'autre affirmation du même prophète que les Aramëens sont
venus de Qîr nous aide à rétablir dans le texte de la Genèse, x,
22, T^T? au lieu de mb. Peut-être la lin de ce verset portait-elle
primitivement, à la place de û-i«i nnbi, les mots a'iK K^n nr^j>\
N'oublions pas, enfin, le chasseur Nemrod, dont la conquête de
la Babylonie, relatée dans Genèse, x, 8, a dû être connue de
Michée, autrement il n'aurait pas nommé ce pays ^îr? ynç, en op-
position avecnr»DN yn» (Michée, v, 5). Ajoutons que ces deux héros
éponymes de royaumes figurent aussi l'un à côté de l'autre dans
Ézéchiei, xxvii, 23 b. Le nom corrompu *T7abD, qui vient après
Ti©«, doit être simplement corrigé en ^-i7:d * : « Assur (et) Nemrod
> Je reaonoe ainsi à la ra3tiiuUon ^bs, que j'ai proposée denûèrcmenl dans le
Journal atiatigue. ,
► TAssyrie et la Bab>ioiiie) sont tes coiïjmen;aotes (lisez •rf'^rr:^^
^. A.rrAlt>ai>-uous un iiiistaat. Les investi^^aliLUis qui procèdent (Jé-
:)utreut ladabitablemeat iiu'Ezt^chiet considérait déjà les cha-
IX et X de la Genèse sous leur forme actuelle, sans parler
plu&ieuri* autres parties du P^ntateiique, conmie un texte
ttcien et inspiré, contenant des prédicliuns importantes sur l*a-
eair. La rédaction int^^grale de ces textes est donc, en tout cas.
atérîeure au vr' siècle avant l'ère vulgaire. Pour les tenj[»s plus
eoiîéî?, la iittératui-e hébraïque n'oilre, en ce qui concerne les
^aièêtites, que des probabilités, qui, vu Tabsence totale de toute
^ruave contraire, pourraient passer pour des certitudes. Ge|>en-
ant, j'aime mieux me restreindre au résultat tiré de faits tan-
îililest. Du reste, le?* lacunes laissées par ]m auteurs bébreux
mmi liieiitôt comblées par les annales assyriennes, qui remon-
\kni encore plus baut dans Tordre des temps et dont ie téuioi-
\ lie saurait être suspecté un seul moment.
B. Les doaiments cunéifonnes.
Quand on étudie avec quelque attention les noms géograpbi-
Nues qui sont communs à la Genèse et aux documents cunéi-
I formes, on est tout d'abord frappe par le cachet assyrien de
huelques-uns d'entre eux. Nous avons cité plus haut siaiD et
pÇ'Tiin, altérés de Mat-Ganigimi (^ Gawguw) et TUGorim-
ifnon: mstis il est un nom qui, quoique absent du chapitre x Jtgtu-a
idauâie récit du délui:e, que Ton attribue au document A. Je fais
IlliUïiuD au nom de annô< (vin, 4), qui ne revient ostensiblement *
Uuedanii df»* écrits postérieurs à l'exil (Il Rois, xïx, 37 = Isaïe,
[HiviK 38; Jérémie, Li, 27). On serait donc tenté de c*jnciure
Uue l'Éluiii&te appartient à cette époque, sinon à une époque
i*ocore |>lus tardive, et, en etret. quelques critiques tiennent le
hk\\ hébraïque du déluge pour un emprunt babylonien du temps
NeVeid. Une petite circonstance vient toutefois dératiger cette
[timclusion, c'est que la [irononciation babylonienne du nom de
Ipayn en question était Urashthu (Bisoutoun^ XLix, 53, U4; N.R.,
W*|,etBon Urarilm comme en assyrien. La forme Dnn« et l'épi-
* 3* dis i osUn&iblcmeQl • parce que ce nom Efnii'e, en réaUté, diiDS Eitâchiel,
ïtT".i1,ôfi, tu Heu de nb^m ^n» •'52, il »'ftut lire nbm U*^"^» n?:, * MinymR,
^^^\ «t Ciliote • ; TIHÈC «>st àeyà. luuuUuané au v«rsei 8.
' Voit Baokl^ Dit St^^MtnidmimchnftcH^ aux pasftagcâ jjidiqiaéB*
176 REVUE DES ETUDES JUIVES
sode qui le concerne viennent donc forcément de l'époque assy-
rienne. Un autre mot : ^©3 ou D-^ntos, si fréquent chez TÉlobiste,
atteste môme une origine absolument indépendante des sources
assyro-babyloniennes, lesquelles emploient uniquement la forme
Kaldu, forme qui est passée chez tous les autres peuples (XaXfiatoi,
«•^nbD ,1^?D^«^bD). On peut ajouter à cette catégorie le nom hé-
breu de la Babylonie na^arâ, contracté de n:^-3«, « Deux- Villes,
Dipolis », qui est loin d'accuser un caractère d'emprunt, surtout
d'emprunt assyro-babylonien. Môme le nom de d^? ne saurait
venir directement de rassyrien\&/am<t, qui eût donné nçb», mais
doit être l'apanage d'un idiome sémitique qui a conservé le son
du y^ perdu en assyrien. Enfin, le nom de noDsn», quoique s'expli-
quant par l'assyrien, n'était pas en usage chez les Assyro-Baby-
loniens. Autant que j'en peux juger, les noms des principaux
peuples japhétiques semblent parvenus en Palestine par l'inter-
médiaire des Assyriens et non par celle des Babyloniens ; les
noms propres sémitiques, au contraire, ceux de l'Assyro-Ba-
bylonie exceptés, accusent un caractère particulier et semblent
avoir été formés chez quelque peuple plus occidental. L*état
de nos connaissances ne permet pas de préciser davantage,
mais ce résultat suffit parfaitement pour l'objet de nos re-
cherches.
Mais les documents cunéiformes nous livrent encore autre chose
que des leçons linguistiques : ils nous fournissent quelques données,
historiques qui sont de nature à fixer, du moins pour la limite
inférieure, la date de la liste japhétique. Plusieurs savants ont
déjà remarqué que, d'après les inscriptions assyriennes, au
XI* siècle avant J. -G., les Tabal, ou Tibarènes, s'étendaient jus-
qu'à la CiHcie, et les Mouschkou, ou Mosches, jusqu'au nord-est de
Tabal, tandis que, depuis l'époque des Achéménides, les Mosches
habitaient aux sources du Phasis et du Cyrus, et les Tibarènes
la rive orientale du Thermodon, au sud-est de la mer Noire. Ces
deux populations ont donc été repoussées vers le nord soit par les
Assyriens, soit par l'invasion scythique, mais, en tout cas, posté-
rieurement à la rédaction de la liste hébraïque, qui énumère Mes-
chek et Tubal parmi les Japhétites méridionaux (Schrader, De-
litzsch, Lenormant, Dillmann). Le fait démontré par nous que,
pour l'auteur hébreu, Meschek et Tubal sont des nations mari-
times nous aide à préciser davantage. D'après les documents con-
temporains, les Tabal ont été mis en possession de la côte maritime
par suite de l'annexion de la Ciiicie aux domaines de leur roi
Amris, d'abord allié et gendre, puis ennemi de Sargon II ('713
nRCriETlCIÏFS BmUQUKS Ml
iTil J.-Cu L'inscri[)Lioii des Fastes, en racontant la guerre
tttre ce roi, nous donne là-dessus des renseignements expli-
Bs: € Ainris de Tabal, que j'avais lait asseoir sur le trône de
nilU, son père, je lui donnai ma CiWe avec le pays de îlilakki (la
iicje), qui n'avait pas été domaine de ses pères, et j'agrandis
. {iûys. Mais lui, n'observant pas la fidëlitë, envoya ses raessa-
Ërsè Oursa d'Ararat et à MitA, roi des Mosches» qui s'était em-
aréde tues possessions, Aniris, avec la famille des hommes de la
loc de la maison de son père, les chefs de son pays, avec cent de
t chars, je le pris et l'emmenaî eu Assyrie, J'étahUs au milieu
pays les Assyriens, garnison (?) de ma domination* J'ins-
ptuai sur eux un de mes lieutenants comme gouverneur de
ovince, ot je leur imposai tribut et redevance *. » Cet état cessa
featiU, et S^nnachérih trouva la Cilicie dans une indépendance
Dïuplète, qui. malgré les invasions assyriennes, persista sous les
tgnes d'Essarhadon et d'Assurbanipal. La côte seule, réunie par
les rois assyriens à la province maritime -de Qoué, fut admi-
nistrée par un satrape envoyé par la cour de Ninive, La dynastie
bylonionne qui succéda aux Assyriens, vu Tétat de trouble qui
Dait alors en Asie-Mineure, par suite de la formation de Tem-
^mède et de Tinvasion des Gimmériens, n'a certainement rien
pris pour remettre le pied dans cette province éloignée,
: tout porte à croire qu*après la destruction de Ninive, la Cilicie
occupait définitivement le territoire maritime*, tandis que les
^flhal étaient à tout jamais repoussés vep le nord. Sous les
théménides, la Cilicie formait la quatrième satrapie ; morcelée
IWpoque grecque, en plusieurs principautés» elle constituait de
ouveau un royaume uni sous les Romains, Tous ces faits pris
Dsemble nous fôurnissent la preuve la plus évidente que la liste
Éphéliti» a été composée pendant que les Tabal étaient maîtres de
C(!lte cilïcienne, c'est-à-dire avant 113, aiuir-e qui marque ta
liute d'Amris et de rindépendaoce de la Ctlicie. G est la limite
Bfi'rieure. La limite supérieure serait également déterminée,
ifon devait comprendre dans un sens général Taftirmation de
argon II, suivant laquelle la Cilicie n'appartenait pas aux an-
^UVà^l^ Amris TaHià tka iua kuui IluUi alithu Hgkexkihuthu Unti itli mat
uilakki Ui mtçir ahtidfihu ad^linsknma urapphh matin, U àhu la ttaçtr kttti ana
ir»i4 Ï7*'iir/A4 Alîtii iha mut Mtikki sha ehnte miçrit/a ùhtmra abat tkipiUiku, Amris
wUii k%mU nitAttti it> hîr ahithn^ a»karidttuti matuhu ittt C nnrhahaitshu nna mat-
Miitittft hiqoêK^ku, Âihikuftî upatam (?) belutitfa tua tibbi usneshib, Shuparshaf
11= SliifMAipri) yd fiahata tliihun» ashkunma bUta madattu uktn elitkut^,, Compares
lltaiftàuclioiis de MM. Oppcrt et LcnormaûU
'EitcUel cite U Cilicie [Tk^TJJ comme un paya iadépeadanl, rournlasaol des
aeitemire» pour ia jrardo de Tyr (xivn, 11),
T. Xin. H*" 2fl. 1t
178 REVUE DES ETUDES JUIVES
cotres d'Amris, commo signifiant que la Cilicie n'avait jamais fait
autrefois partie de la Tabalène. Dans ce cas, ladite liste ne saurait
remonter au-delà de Tintronisation d'Amris, vers 720 ; mais une
telle interprétation n'est pas inévitable, et la séparation entre la
Cilicie et le Tabal a pu s'être effectuée pendant rétablissement,
par Tiglatpileser lï, en 731 ou '730, de Houlli, père d'Amris, sur le
trône-de Tabal, lequel Houlli était de basse naissance. Ouassarmé,
le roi légitime, détrôné par le monarque assyrien, avait réussie
soumettre à son sceptre le Tabal tout entier ; la Cilicie en faisait
très probablement partie, puisque ce pays ne figure pas dans la
liste des tributaires dressée en 738, où le pays voisin de Qoué est
parfaitement enregistré.
A propos des Mosches, nous possédons également une donnée
mémorable de la même époque. Nous avons cité plus haut le
passage des Annales dans lequel Sargon II raconte avoir enlevé
aux Mosches, en 715 environ, les forteresses de Harroua et
d'Ouschnaniz. situées dans le pays de Qoué, c'est-à-dire sur la côte
maritime de la Cyrrhestiqué. L'expression qui suit le nom de ces
forteresses : « dont, depuis des jours reculés, il s'était emparé dans
sa prépotence et qu'il n'avait jamais relâchées [sha lUiu vmentqnH
ina dananishii ehimu ashriish ni tdirrd) », atteste la longue domi- '
nation des Mosches sur une partie du littoral du golfe issique.
Après avoir longtemps résisté aux armées assyriennes stationnées
au pays de Qoué , qui faisaient de terribles ravages dans son
royaume, Mita se décida à se soumettre et envoya son tribut à
Sargon, lequel était alors occupé à la conquête des provinces ma-
ritimes de la Chaldée. L'inscription des Fastes relate ainsi cet
événement : « Tandis que moi, je réalisai l'anéantissement deBit-
Yakin et la défaite des Arinie (Araméens) et que je faisais briller
mes armes sur le pays de Yadbour, qui touche au pays d'Élam,
mon lieutenant, le gouverneur du pays de Qoué, parcourut tix)is
fois les cantons de Mita, le Moschien. Il alla et détruisit, ruina,
brûla par le feu dix de ses villes, et en enleva un abondant butin.
Et lui. Mita, le Moschien, qui ne s'était soumis à aucun des rois
mes prédécesseurs et n'avait jamais annoncé sa résolution (de se
soumettre), envoya son ambassadeur jusqu'en ma présence sur le
rivage de la mer de l'Orient, pour faire acte de serviteur et porter
un tribut *. » Le texte est encore plus circonstancié : « Tandis que
* L. 149-153. Adi anaku iahdi mat Bit-Yakin il nagap Arimé askshahanuma f{î
mat Yadbiuri sha iti mat Elamti ushamraru kahkiya shupar-skaq [=^ thaqf skipri^ yi
shalath mat Que sha Mita Mnshkâ adi ILl shi nagishu ilpu. IlUkma X alânùkv ibhtn
iggnr ina iJiati iahrup : shallasunu kahittu ishlulam, U shu Mita Muskkâ sha am
sharrdni alik paniya la iknmhuma la ushannu tenshu amira^u sha epish ardniê \
REGUEftCimS BIBLIQUES 179
^ je i^alîsais rant^antissement des Kaldi et des Arimn de la mer
>rient pt que je faisais briller mes armes sur les peuples du
t irÉlam, mon lieutenant, ïe gouverneur du pays de Qcmé, que
flifals insintué dans le pays de.. , sur les contrées de l'Occident,
«tài^Qt j'y avais confié le soin de la population, pMrcourut trois
■ta lefi districts de Mifâ, le Moschien (var. roi des Mosches) : en
Ppti*rrafn. en chars; en terrain difficile, à pieds. 11 alla et leur
^leva 2,000 de leurs soldats [avec leurs effets] de combat et nVn
tesa pas [de reste]. Il coiniuit deux forteresses, protection du
liaîsde Nagi. . . dans les montagnes de difficile accès dont le site
!.. les soldats de sa garde (?), livrant bataille... ses
: ... il leur donna la vie sauve. Il lit prisonnier 2,400
hommes, libres et esclaves de son pays. Pour leurs villes et les villes
ie, il en enleva b^ butin, les détruisit, les ruina et les
^ , '^ l'*?u. Son messager, qui portait la nouvelle du succès..,
^porta devant moi son... dans la ville d'Irniai, qui est sur la
Hftb'ère du pays d'Éîam, et réjouit mon cœur. Et lui Mita, le
^toehien, qui nés était soumis à aucun des rois mes prédécesseurs
'^n'avait pas envoyé (de messager) pour les saluer (mot à mot :
kî ' iider leur pajx), sans jamais annoncer son intention
K lettre, [apprit] Hssue des [vastejs conquêtes qu*Assour
le k'rïind dieu, m'avait fait accomplir sur la mer de l'Orient, ma. . . .
rasement du pays, la captivité de ses hommes, la soiimis[sion
Dupen, roi de Tilraoun, dont [la résidence, comme celle d'un
l, est située] au milieu de la mer [de rOrient, il envoya son
adeur jnsqu]'en [ma présence sur le rivage de la merde
rit'Tït, pour faire acte de servijteur et [porter un tribut] *, w Par
de cet événement, Sargon a pu indiquer comme il suit
lendue de son emjdre du coté du nord : « La grandeur de ses
sa conquis, depuis Haschmar jusqu'à Schimasclipâti, la Médie
ul^^e qui est à Torient, le pays de Namri, le pays d'Ellibi, le
p do Bit-Hambaa, le pays de Parsoua, le pays de Marina, le
Otid'Ourartuu» le pays de Kascbkou, le pays de Tabal jusqu'au
rlJn di^ iLiih tamtim âha çii ihamshi adi mûhrijfa ùhpura, Comparox les tra*
\i\vttn <"t L^norwant.
'i* Kûidk u Arime tha tamtim mai [çit *ham)ihi aêhaA\kà]numii eh
mjé hi^mli uihtmraru kakki^a $hupar-»ha(j (= ihaqe thiprij^a *halath nmt
têkê mm aaf... [tti matâti $kû trié] shams/it ûshkunu^Ha vmû'ru [it]nixKeU ika
Mm»ààd {v^, êk(ir Sfu Aki) itut naguhu adi III, . . [thn]hu ins markaiâti itjli
I (•]«« $àê/nuAtt iib%* illikma II M ç&bij(hit.,. [ç^bi] tahaentkumu ekimikunuttmtt
li Hrét4 (vaTi skar kulçàni\ tuklut mat Natji. . . i»n âkade marçi «Ail rûçu
lia àkm^ma çabi tkuluitttku epùh Utkast,.. hivatûh» ana,,^ ubûilît*
luAi tih m ùfdî uitu malùhu ùklulamma aiâmliiku]nu adi alâni UmvU
J>i(fl<iii» wàkëi [i^]/NP tna iihaii ùkrup aial ikipriâku tha amat.,, sAh
tàm mmtk et /rtni'f âha pat mat MUmti ublûmwta uikalU Ubèi, U êhu Miià
180 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
pays de Mouschkou *. » L'énumération de Tabal avant Mouschkou
confirme le fait signalé plus haut relativement à la possession réa-
lisée par les Mosches du littoral issique, situé au sud-est du rivage
cilicien appartenant aux Tabal. A ravènement de Sennachérib,
cet état changea entièrement de face. Tibarènes et Mosches sont
refoulés vers le nord par les Assyriens, qui prennent possession du
Qoué et de la haute Syrie. Depuis lors, la Cilicie (Hilakku) entre
en scène et défend bravement son indépendance. Il y a cependant
une circonstance qui mérite d*ôtre notée. Tandis que les Tabal
se soutiennent encore au nord, sous les règnes d'Assourahid-
din et d*Assourbanipal , comme un état vassal de TAssyrie , les
Mosches disparaissent des annales guerrières de ces monarques
et ne laissent qu'un faible souvenir dans les listes géographiques
(R. II, 53, 3 b).
Les renseignements demandés aux sources assyriennes peu-
vent donc être résumés en ces mots : le document de la Genèse,
pour lequel les Tibarènes et les Mosches sont "des nations mari-
times, ne saurait être postérieur au règne de Sargon II, où elles
furent repoussées au nord par les Assyriens d'abord, par les
Scythes plus tard. C'est, comme je Tai dit plus haut, la limite
inférieure.
C. Indices intrinsèques,
La comparaison des sources extérieures nous ayant fourni la
certitude que le dixième chapitre de la Genèse, tel qu'il est à
présent, a déjà existé dans la seconde moitié du viii® siècle avant
notre ère, ainsi que plusieurs présomptions favorables pour le faire
remonter au moins jusqu'à la première moitié du même siècle,
époque des prophètes Hosée et Amos, il* est temps d'examiner si
le document lui-même peut nous livrer des indices suffisants soit
pour faire coïncider la limite inférieure avec la limite supérieure,
pour voir en lui un produit» contemporain de ces prophètes, soit
Mushkà sha ana shar[rùni] alik paniya la iknu[shHnta a]na shà'al shulmeshun la ish~
pura[mma la u] sha[nnu icmishu] sha kansha açà ktshitti. . . ti sha Ashshur Un rabû
ushadlimuinnima ina tamii çit shamshi. . , ya hipe mati... nishishu shuknusha sha
Uperi shar l'ilmun xha qabal tamtim [nipih shamshi kima nuni shitkunu narbaçttsMu
ishmema abal shipnshu sha e]p\sh [ardu]ti tt [nàshe bilti ana shide] tamti [sha çit
shamshi a]di [mahriya ùhjmra], Voy. Oppert, Inscr, de Doiir Sarkaya», p. 37;
Lcnormant, /. r., p. 226 et suiv.
* Inscription des barils de terre cuite de Khorsabad, 1. 14-15 : Ishtu Hashmar ad%
Schimashpatti mat Madà ruquti sha çit shamshi mat Namri mat Ellibi mat Bit^
Bamban mat Parsua mat Mannà mat Urarthu mat Kashku mat Taballum adi m«U
Àfuski ikshudu rabûtum çatsv. Voir les auteurs précités.
nKCIlKRCHES BIBLIQUES
161
B^^aîre remonter à une date plus liante encore. Dans les
les qui suivent, nous tâcherons d'exposer d'une façon impar-
le les faits qui nous ont paru de nature à apporter quelque
lève dans ce problC^me ardti, le dernier de ceux que notre
ûde nous a conduit à aborder,
[Deux ordres de faits (ioivent tout particulièrement être pris en
Considération : le silence que fauteur abservîî sur certains pên-
es dont la mention aurait lait bonne figure dans son tableau, et,
i contraire^ la citation de certains autres qui faisaient réellement
artie du rt%eau g^'ographique de son temps. Nous repoussions
récédemment et nous repoussons encore l^idee que l'iécrivain du
chapitre de la Genèse eût mêlé des éléments tlctifs aux en-
^etlintques qu'il inscrit dans son registre des Noacliides. Le
Eu si clairement tracé dans le but unique d'arriver à une
llliance offensive et défensive entre les Sémites et les Japliétites
outre les Chananéeus porte un cachet trop pratique pour qu'il y
ait place pour une géographie imaginaire. Ce principe incontes-
ble n'a été mis de côté que par des critiques qui ne veulent voir
ans le chapitre x qu*un ramassis informe de noms échelonnés
ans aucun but ou dans le but d*une creuse érudition ; ceux-là
eureusement se font la tâciie trop légère pour qu*on les prenne
pu sérieux*.
Mais cet examen de détail ne pourra évidemment servir que
oniroe un moyen efficace de contrôler Texactitude de la ré-
Oïiseà donner à cette question préliminaire que voici : A quelle
pe ridée d'une alliance entre Israël-Sem et les peuples japhé*
Btes» ayant pour but la soumiîssion des Ciiananéens et le partage
^leors territoires entre les alliés, a-t-etie pu être conçue et éla-
or^ par un écrivain hébreu? S'il était possible de fermer les
I^C'Ux sui' les preuves solides qui font remonter la date de notre
cument au vuï** siècle, pour le moins, on aurait pensé un
«tant à voir dans Japhet la îigure imposante d'Alexandre» que
historiens juifs regardent comme ayant été très sympathique
leur nation. La [irise de Tyr et fie Gaza par l'armée de
^a^^'an (Grèce) eut pu inspirer à un [latriote juif le désir de
profiter de la faveur du conquérant pfuv étendre les frontières
|î^ la Palestine du côté de la Phénicie. Mais une telle pensée
l'éTanouit aussitôt que courue; d'une part, Alexandre n'était pas,
* Uae louable exception est fbilû par M. Welllmuscu, chef iuconteslé de Pécole
l|r«l#»f( tu Allçniajrii<>. Ce savant éiuînent, qui a coolnLué lo plus i la défense de
Kf^^tiui lUnliUf» mi dociimout A uno origirie positritiurc k Tcxil, a ItonnêtemeDl
1 Donibre i\e fob que lo chapitre x d« la (3v»i*5c préËcnto ûq séritiuses diflicultés
«
REVUE DES ETUDES JUIVES
en priiicîï>e, hostile aux Pliénicieas, car c'est lui qui rétablit l
royauté de Sidon et d'autres villes phéniciennes ; d'autre p»rt,
règne d*Alexandre a été trop court* et le« agissements poUti(|ui
de ses successeurs en Palestine n'étaient pas de nature à ratta-
cher les Israélites à la nationalité grecque. Il est presque muliJi
d'ajouter que le tableau géographique ne répond i»as du tout i
i état réel de répoque alexandrine* Les mêmes impossibilités s(
présentent quand on jette un coup d'oeil sur Tépoque de Cyr\xs
et, de plus, la Perse n'est même pas mentionnée dans le tableau*
Celui-ci, chargé d'illustrer le projet en question, nous fait ains
remonter non seulement avant lexil, mais aussi avant le scliisma
des dix tribus^ car un tel projet suppose l'unité de la nation hé*
braïque : ni l'une ni l'autre moitié d'Israt^l n'aurait pu concevoir
un projet de cette nature. D'étape en étape, nous arrivons force-
ment au règne de Salomon, époque glorieuse où IsraC?]^ ayant
déposé les armes qu'il maniait si bien au temps de David, cber-
chait des débouchés pour son commerce jusque dans l'Arabie mé-
ridionale, d'une part, et jusqu'à TEuphrate de l'autre. La posses-
sion de la Mante -Syrie était devenue difficile à cause du trop
grand éloignement . Les Chroniques mentionnent même une rébcl-
Hon que Salomun eut à combattre dans la Ilamath<>ae (II, viu,
3,4). C'était le moment propice où quelque prophète a pu carfô*
ser ridée de briser la résistance des Phéniciens en concluant uDe
alliance offensive et défensive avec les peuples japhétiques de
l'Amanus, sous promesse de leur céder les territoires de la Haute-
Syrie jusqu'à Hamath. Le rédacteur de la Genèse, tx-x, revêtit
cette conœption d'une forme narrative et archéologique, suivant
le goût littéraire du temps, et lui donna une place dans le recueil
religieux. Depuis lors, elle dominait tellement la politique (Jw
prophètes que, dans toute la littérature i>osténenre, la frontière
nord de la Palestine ne dépasse jamais l'entrée de Hamalii 1"^?
D^n Kiab); c*est ta un fait important que les données de notre
document éclairent d*un jour aussi vrai que nouveau.
Esquissons, en quelques mots, la situation en Palestine à la mort
de David. Salomon ne parvint à s'afhcmer sur le trône qu'après
avoir étouffé dans le sang les insurrections de ses frères. DanslB
pays, les populations chananéennes vivaient dans une presque ea^
* La rapllité extraordinaire de la mareho d^Alexuadre est très bLeo repi
dans ûutiieL (vin, 5), p]\r l'image d'un hélwT qai, pendant sa coui'se elTréiiée,
d peioc toucher la terre.
* Je sub convaincu qifelle n'ciifflc pas non plus dans BzécMel, xivn, tfl, où, 4'
Ucii de aiE^ TîibT qnD* il faut iiru l^^lDn Tl^l O^riD, ce qui offre une ordon"
nance géographique iirépiodiabie. Ézi3cMel, jlxjlviu» 5, est Jaus lo mAme cas.
RECHERCHES BIBLIQUES \m
' indépendance. Elles possédaient môme plusieurs villes fortes,
m elles pouvaient in([uîi*ter im|mn*'»ment les Israélites des cam-
lirnes environnantes. Ces ilots^ étrangers et hostiles, parsèmes
arae ils étaient sur toute retendue de la Palestine, n'avaient
fts encore renoncé à prendre leur revanche et à soumettre les
jraélites à leur joug avec l'aide de leurs congénères, les Philistins
: les Phéniciens, et ils comptaient surtout sur Fintervention de
Éiîypte. Le jeune roi prévint le danger, d'une part, en renouve-
tkiit ralliance conclue par son père avec Hiram, roi de Tyr, qui
lui fournit les matériaux et les architectes pour la construction
du temple, et auquel il céda, en échange» vingt villes de la
alitée; d*autre part, en donnant en dot à la fille du Pharaon
p'K^pte les villes chananéennes dont il n'avait pas pu s'emparer
ti-méme. Une armée égyptienne réduisit ces villes fortes et les
nnexa au territoire dlsraël. Les autres se soumirent à Salonion
l consentirent ù payer tribut et à faire des corvées» mais elles
5 cessèrent certainement pas de former bande à part et d*espérer
b jours meilleurs, sachant très bien que raniitié de rÊ|j:ypte pour
Ssraôl ne survivrait pas au roi régnant, tandis qu'elles pouvaient
iDut le temps compter sur le concours des Phéniciens, malgré la
tertion momentanée de Tyr. C'est pour conjurer ce péril immi-
entet en vue d'emp<>cher Talliance avec l'Egypte, que les pro-
hètes contemporains firent élaborer leur projet relativement â
oe étroite alliance avec les Japhélites du nord, auxquels Israél
evait CH<ler ses possessions eupbratiques jusqu'à Ilamath, à
i condition, pour* ceux-ci, de réduire en esclavage les Chana-
ns de cette partie de la Syrie. Alors, pensa fauteur du projet,
aélit^s, renforcés des auxiliaires japhétites, se rendront
petit ù petit de la Phiiistée et de la Pbénicie, sauf les
llles amies de Tyr et de Byblos, qui seront reçues dans la natio-
alité juive, mode autorisé par plusieurs précédents, et, de cette
^m, l'Egypte elle-même sera obligée de se tenir tranquille dans
ï frontières et renoncera à faire des conquêtes en Asie, Pour
Itleimtre ce but suprême, on reconnaîtra rindépendance du
l'yaume de Damas, récemment rétabli par Rezon, dont l'intérêt
ati4emique à celui des alliés et qui se rattache à Israël par une
oînmimauté de race et d*ùrigine.
Tel était le projet mûri et élaboré dans l'école prophétique pen-
ant la première moitié du rè^ne de Satomon, probablement
j[tseique temps avant rachèvement du temple et au moment où la
Pottvolle se répandit que le roi allait ofïrir à son allié de Tyr
Wogt villes gaîiléennes* à titre d'indemnité, événement qui semble
*lRois, a, 11.
184 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
avoir précédé son mariage avec la fille de Pharaon. Il se compose
d'une partie théorique et d'une partie technique. La première légi-
time la politique recommandée par le récit ix, 18, 28, renfermant:
l^ la division de Thumanité en trois races sœurs personnifiées par
Sem, Cham et Japhet; 2° le forfait de Cham et la malédiction lancée
par Noé contre Chanaan, réduit à devenir l'esclave de Sem et de
Japhet ; 3« l'accord aussi pieux que touchant de ces deux frères et
la recommandation que leur .fait le patriarche de vivre toujours
ensemble dans une entente parfaite. La seconde partie démontre
l'urgence de réaliser ce plan, par l'exposé, sous forme d'un tableau
ethnographique mêlé de quelques notes historiques, des forces dis-
ponibles de chacune de ces races. Les intéressés devaient y trou-
ver tous les considérants nécessaires pour les éclairer : l'esprit de
conquête de la part des Ghamites, surtout des Chananéo- Phéni-
ciens, leur nombre supérieur relativement à ceux de leurs voi-
sins et leur promptitude à s'assister mutuellement.
Toutes les parties de ce document remarquable s'accordent pour
nous y faire voir un produit de l'époque de Salomon. Le onzième
siècle marquait une profonde décadence pour l'Assyrie, et la for-
mation des royaumes d'Israël et de Damas, dans l'Asie occiden-
tale, en fournit la meilleure preuve*. Les Japhétites avaient déjà le
temps de se rétablir des meurtrissures que Tiglatpileser P' (fin du
xii*' siècle) leur avait infligées, et, comme ils étaient tranquilles du
côté d'Assur, ils pouvaient tourner leur attention du côté de la
Syrie, afin d'agrandir leur territoire avec l'aide de fidèles alliés. Le
projet prophétique leur ofl*rait comme tels Israël et Aram; ils de-
vaient donc se hâter de conclure cette alliance, et cela d'autant
plus qu'ils avaient, depuis des siècles, senti se poser sur eux le bras
lourd des Ilatti-Phéniciens *. Pour le faible royaume de Damas,
cette offre était des plus avantageuses, et son entrée dans la coalition
ne faisait pas lo moindre doute. Le plus difficile était de gagner
l'assentiment de Salomon à une politique aussi hardie. Pour y arri-
ver, le document insiste sur le désir de Noé de voir Sem et Japhet
s'unir contre Ghanaan et sur la certitude que l'Egypte sera, quoi
qu'on fasse, toujours prête à conquérir la Palestine, non seule-
ment afin d'obliger les Ghananéens qui sont dune même race, mais
surtout afin de réclamer la possession de plusieurs villes qui ont
* C. p. Tielc, Bnhylonisch-assyrischc Geschichte, I, p. 1G7. Si, comme il est très
probable, l'abaissement de l'Assyrie était dû alors aux etForls hostiles do la Baby-
lonie, le récit de la Genèse relatif à la fuite d'Assur devant l'usurpateur Nemrod
pourrait bien relleter cet événement.
* Déjà Tiglatpileser l^ meniionne [Lolz, p. 2C) la prise par les Uatti de plusieurs
villes de Schoiibarte, pays voisin de la Commagène.
RECHERCHES BIBLIQUES tSÎS
ti* fond<*os par des colonies (égyptiennes. On sait le reste : le pro-
^t prophétique» qui reposait \isiblenient sur Farrière-pensée de
Imener les races robustes du nord au Dieu d*israël, n'a pas été
goût de Salonion, qui, loin de renoncer à une partie des pays
[ïnquis par son père, songea piutôt à consolider son royaunift
une alliance matrimoniale avec le roi d'Kgj^pte, qui poussa
bonne volonté jusqu'à le mettre en possession des plus fortes
riiles chananéennes, ainsi qu on Ta vu plus haut.
D'autres circonstances encore témoignent en laveur de Tépoque
^«aloîuonîenne. Nous avons di^à relevé l'omission de Tyr et de By-
blos de la nonienclature chananéenne : c'étaient alors des peuples
laniis, des alliés tîdéles et utiles. Le hon accueil fait à la (lotte de
ISalûmon à Ophir et le voyage de la reine de Saba à Jérusalem ex*
[pliqoent adrairableraent bien Forigine hébraïque que la Genèse
iissijîne aux Yoctauides de l'Arabie méridionale, malgré leur site
Itogué, Ainsi, à Tépoque des Macchabées, quand Israël cherchait
mrtûut des alliés, il n'hésita pas à déclarer les Spartiates descen-
ftlaiîtà d'Abraham ; le raisonnement qui y cojuiuit est simple : celui
Iqaiîious est favorable doit avoir un peu de notre sang dans ses
Iveines, Après la mort de Salomon, toutes ces circonstances chan-
[gèreût. Les Chananéens disparurent de la scène politique; en re-
vanche, T>r, devenue hostile a Israël, fit cause commune avec
lÉilom, son ennemi le plus acharné (Amos, i, 9). Les voyages d'O-
phir r^isérent tout-à-coup et ne se renouvelèrent plus. Et, pen-
tlaut qu'en Palestine, Israël se séiïarait en deux royaumes rivaux,
IAmut s'éveilla de son assoupissement, plus terrible que jamais,
Uoumitau même joug les Japhétites et les Phéniciens, et leva déjà
Itmemain mena»;ante sur Arara et Éj^hraïm, qu*il ne devait plus
[licher. Le beau rêve du généalogiste a fait place à un cauclie-
[B»ar affreux : Sem rédui'sant en esclavage tous ses frères, nif'^nic
I î« peuple de lahwé I
Le résultat qui précède a déjà été soupçonné par un savant dont
[J^ regrette de ne pas pouvoir partager toutes les idées* M. Budde
I»lace également la rédacUon du récit de Noé (Genèse, ix, 20-27)
«ousle règne de Salomon ; il assigne aussi à cet auteur, qu'il ap-
, pelle le premier Jéhoviste (J'), la narration de îa tour de Babel. Il
est, à uja connaissance, le premier ûeii conmientateurs modernes
<Iiii ait indiqué In vrai sens de ix, 27 ù, en rappelant la cession faite
Pw Salomon a lliram, roi de Tyr, de vingt villes galiléennes. Mais
M Mt allé trop loin en voulant y voir une allusion à cet événe-
''^^'nt, ce qui Ta conduit à identifier Japhet avec les Phéniciens et
a intjrcelLT entre plusieurs auteurs postérieurs certains versets du
, cîiajutre ik et tout le chapitre x. A notre avis, le seul devoir de
180 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
la critique consiste, non à déchirer le texte reçu en lambeaux
minuscules, afin de les recoudre ensemble dans un ordre différent,
mais à en faciliter Tintelligence en Tépurant des fautes que Ti-
gnorance des scribes y a fait glisser. Somme toute, la critique n'a
pas pour vocation de corriger les légendes anciennes et de les
mettre mieux sur pied, fussent-elles aussi inconséquentes et aussi
mal présentées que possible. Dans notre cas spécial, le texte est
relativement aussi bien conservé que la conception en est claire
et satisfaisante ; c'est une raison de plus pour le respecter.
En terminant, disons un mot sur l'idée religieuse qui est au
fond du document que nous venons d'examiner sous toutes ses
faces. Le seul fait que l'esclavage de Chanaan y est conçu comme
l'expiation d'une malédiction lancée par le patriarche contre Tan-
côtre de ce peuple montre avec évidence combien l'unité du genre
humain, en général, et l'inviolabilité de l'individu, en particulier,
était déjà un dogme sacré dans l'école prophétique. Or, un tel
dogme, dont le Décalogue offre la forme juridique, est reproduit
sous une forme cosmogonique dans le premier chapitre de la Ge-
nèse, d'après lequel Dieu a fait l'homme semblable à lui-même.
Sans cette théorie fondamentale, la réduction d'un peuple en-
nemi et le partage de ses dépouilles n'avaient vraiment pas besoin
d'être excusés ; mais, comme la théorie en question ne se trouve
dans aucun des textes réputés jéhovistes, ne s'en suit-il pas né-
cessairement que le récit élohiste de la création de l'homme
était déjà rédigé et admis dans les cercles prophétiques du temps
de Salomon ?
J. Halévy.
DES JUIFS DE CASTILLE
EN 1432
€OS!PAHÈ AVlvC LES RÈGLEMENTS DES JUIFS DE SICILE
ET D'ALTÏŒS PAYS
mSTOIHË DU RÈGLEMENT DE CASTJLLE*
n* 586 des manuscrits hf'-breux delà Bibliothèque nationale
contient un règlement fait pour radminîstratioa des coininuuautës
Juives de Castille en 1432 et qui est du plus haut int</r(^t.
Ce document a déjà été analystl autrefois par M. Kayserling,
dont on connaît les savantes recberches sur Tiiistoire des Juifs
d'Espagne et du Portugal, et qui a donné de cette pièce une idée
aussi exacte que le permettait, il y a seize ans, Tëtat de la
icience * .
Francisco Fernande^ y Gonzalez, dont le beau-père, le
It^ Amador de los Rios, a écrit une savante Histoire des Juifs
Espagne, et qui a publié, en 1881, une étude très remarquable
sur la situation légale des juifs en Espagne^ vient dlriiprinier,
dans le Boietin de la Real Academia de la Historia, de Madrid, le
Édu règlement de 1432 avec la transcription en caractères
I des parties espagnoles du document, une préface et des
*. Nous nous permettons de féliciter M. Francisco Fernandez
I Oiit*in>nisrk6 G tmeimle- Statut, dans Jahrhuch fur die &nckichti dâf /u-^
dén mmd tl$M Judenthumi^ 4* vol., Leipzig, 186Û, p. 26J> et suivaotes,
■ iÊfitmiioAts jvrifUcai HH ptttUo de hraei m Iom di/hrenteg utadoi de la ptnim-
êmla Ihericai Madrid. tRSL
* Le Urtge a part porte k litre suivant : Ordenamifinta /hrmado por hs procura-
m RE.VUE DES ÉTUDES JUIVES
y Gonzalez de son travail; il a rendu, en le publiant, un service
éminent à la littérature juive. Le texte a encore besoin d*ôtre revu
et corrigé par endroits, M. F. Gonzalez, n'ayant pas eu Toriginal
sous les yeux, n'a pas pu rectifier toutes les fautes que contient sa
copie et dont quelques-unes se trouvent peut-être dans Toriginal.
Le document, tel qu'il est imprimé, présente le plus souvent un
sens satisfaisant, et le nombre de passages encore obscurs n'est
pas très considérable. Si on n'en peut pas faire encore une tra-
duction complète, on peut au moins en tirer beaucoup de rensei-
gnements et de faits intéressants. C'est ce que nous allons faire *.
Notre analyse expliquera plus d'une difficulté du texte et per-
mettra «.'i le rectifier en bien des endroits. Nous avons, du reste,
déjà in.liqué un certain nombre de corrections dans la Revue,
tome XI, p. 278.
Le document est écrit en caractères hébreux et dans une langue
où l'hébreu et l'espagnol se mêlent constamment et forment la
plus singulière mosaïque. Il ne faudrait pas s'imaginer que ce fût
la langue courante des juifs espagnols ; dans la conversation, ils
mettaient sûrement beaucoup moins d'hébreu. Cette langue est
une espèce de langue littéraire, si l'on peut s'exprimer ainsi, c'est
le style de la chancellerie juive, et il ressemble étonnamment, pour
la construction et l'emploi alterné de l'hébreu avec l'espagnol,
au style de ce document alsacien que nous avons publié dans la
deuxième année de V Annuaire de la Société des Éludes juives.
On remarquera qu'on n'y rencontre pas, comme dans la langue des
Juifs allemands et alsaciens, de mots hébreux avec désinence
dores de lût aljamas hebreas perteneeientes al territorio de los estados de Castilla en
la asemblea cdebrada en Valladolid el ano 443i.., Madrid, impr. Fortanet, 1886,
in-8« de 115 p.
^ Pour la littérature des Statuts do Communautés, il faut voir les articles de
M. Steinschneider, dans Eebr. Biblioffraphie, VI (1863), p. 42 ; XVI (1876), p. 32
et 57. Sur nos statuts et les personnages qui y sont nommés, ibid., XVI, p. 28. Le
règlement espagnol publié dans le Çhaluiz, I, 2* édit., p. 22, et des taccanot hakhmé
Castilla (codex Michael, n» 8j9} sont déjà cités par M. Steinschneider. On peut
comparer avec notre règlement les notes instructives de Zunz, Zur Geschickte^
p. 509 à 515; les notices de Gûdemann, Gesch, des Erziekunysrvesen der Juden in
Italien (Wien. 1884), pages 273 et 340 (pour les Juifs de Sicile) ; Kayserling, Ge-
schichte der Juden in Portugal, p. 8 el suiv. ; Amador de Los Kios, Bistoria de los
Judios en J^^pana, tome II, pages 72 et 73; Stobbe, Die Juden in Deutchland^
p. 140 et suiv. ; Revue des Etudes juives, II, 137, où sont nommés des comineros en
1379, à Valence; Ferdinando Lionli, Le magistrature presso gli Ebrei di Sicilia
(Palerme, 1884). — Nous rappelons les Statuts des Juifs d'Avignon (1779) et ceux
des Juifs d'Alsace publics par nous dans TAnnuaire de la Société des Etudes juives
(!'• année. 1881 ; 2« année, 1883) ; la publication des statuts des Juifs d'Avignon en
1558 par M. de Mauldo dans les n°» 14, il), 17, 19-20 de la Revue (recueilli dans son
ouvrage Les Juifs dans les États français du Saint-Siège, Paris, 1886) ; et G. Wolf,
Die alten Statuttn der jodiscken Gemeindcn in Mdhren (Wien, 1880).
RÈGLEMENT DES JUIFS BK CASTILLE EN U32
im
Sgère*.La plus importante curiosité grammaticale qu'on y
5uv^, c'est la formation des temps du verljc, qui se fait très
îtouventpar une combinaison du verbe espagnol 5^£îr (être) avec
le participe présent liëbreu. Par exemple: somos ineiahkenlm
taccanot, pour noifs faisons des laccanoi; que sean rttakabdelhu
pour quUls accepiaii; que seâ.n hobeim^ pour quils fixent.
Le règlement fut fait à Valladolid, Jans la « grande synago-
gue » de la juiverie (ïîni?^) de cette ville, dans les dix derniers
jours de iyyar 5192 (fin avril 1432), et achevé le 1*"* sivan (2 mai).
Il fut convenu qu'il aurait une durée de dix ans.
Les séan(*es dans lesquelles il fut élaboré étaient évidemment
résidées par Don Abraham Benveniste *, médecin du roi Juan II,
[qui avait obtenu du roi une autorisation de faire rédiger et appli-
Iquer ce règlement, M est constamment nommé le « Rab de la
[Cour. ï Don Abraham avaii, d'après le Johasin (êûlL Filîpowskî,
tp,22G, col. 1), obtenu sa nomination de chef des Juifs de Cas-
' tiileen cette même année 143*2, on voit qu'il ne perdit pas de temps
pour organiser les communautés. Il paraît que depuis assez long-
temps on n*avait pas fait de règlement et que le besoin d'en avoir
Un se faisait vivement sentir* Il est possible que depuis la mort viG-
^knleet cruelle de Don Méir Alguadez, médecin du roi Henri III,
iU^ait pas eu de Rab de la Cour ni de chef ofliciel des Juifs ^
I Notre document parle avec les pins vifs sentiments de reconnais-
sance de Don Méir et des services qu'il avait rendus aux Juifs. En
wurenir de ces bienfaits, sa digne vi'Uve Dofia Batseba et sa fille
I>oiîa Luna, veuve de Fhonoré Don Méir ibn Alfakar, sont exemp-
' ti^^ des impôts des Juifs, comme Tavait été Don Méir (p. 82). S'il
[ya?aiteuun autre Rab de la Cour entre lui et Don Abraham, il est
I probable que sa famille aurait joui du même privilège et que notre
r document l'aurait nommé.
Pour faire le règlement, Don Abraham avait ordonné à toutes
lies communautés d'éhre et dïmvoyer à Yalladolid des députés ou
pnid'horames (ïiOMBRES bienos) accrédités et chargés de pleins
pouvoirs fp, 29). Les unes envoyèrent ces députés, d'autres adres-
^renl d^avance à Don Abraham leur assentiment à tout ce que
déciderait rassemblée. Celle-ci était composée de ces députés, de
* Voir cependant tnhâfemen pour mtttrt *» htfem, OrdtnamUnto^ p. 1u'2 ; et sa-
*•«»• M., p, 103, qui noua punit èUt le pluriel de rhébreu ww««, desservant,
*'«c termiuaifûn cspûguole,
* tlttl ce quô signifient sûrement les mots Sn":,38< "^ribil 12? "iDDfttS, P^ 27, 1, 3*
i^^^Sor Don Méir Âlguadcz et Don Abraham lîenvetiiBle, voir Graetz, tome VUl
'<le« matières cl noie i) et Kaysorlin^r, L €,\ sur les Benveniste, voir Sl«iti-
Iw.dan» Hth\ Bibliographie, XV (1875), p. 58.
190 REVUK DES ÉTUDES JUIVES
rabbins venus de diverses villes (en dehors des députés) et de
divers prud'hommes qui avaient accès à la cour. La séance d'ou-
verture paraît avoir eu lieu dans le palais royal, les autres séances
se tinrent probablement dans la synagogue, comme nous l'avons
dit plus haut. La relation historique qui précède le texte du rè-
glement est signée par Isaac Cohen fils de feu Joseph Cohen ibn
Crespin, Baruch fils d'Abraham ibn Sahal.
Le règlement porte alternativement les noms suivants: nTDSorr
[escama, convention), nspn {taccana^j statut), et ordenanza
(ordonnance). 11 est divisé en cinq chapitres: L La religion et
l'étude de la Loi; IL L'élection (îin"«n3) des juges et autres fonc-
tionnaires; IIL Les dénonciateurs; IV. Les impôts et prestations;
V. Les règles somptuaires. En tête, on le voit, se trouve la reli-
gion et ce qu'on n'en sépare jamais, l'étude de la littérature reli-
gieuse ; l'introduction du règlement les met également au premier
rang des préoccupations des communautés. Après le service de
Dieu, elle place le service du roi, et ensuite seulement l'intérêt
des communautés.
IL
ÉTAT DES COMMUNAUTÉS JUIVES DE CASTILLE.
La situation des Juifs de Castille n'était plus ce qu'dle avait été
autrefois. Les graves événements de 1390 avaient porté un coup
funeste au judaïsme espagnol et montré ch qu'il pouvait craindre
de l'avenir. En Castille, la reine-mère Catalina, qui avait eu la
régence durant la minorité de Juan II, s'était montrée fort hostile
aux Juifs et avait fait contre eux des lois empreintes d'un véri-
table esprit de persécution. Noire document constate avec mélan-
colie que les temps sont changés et qu'il y avait autrefois pour les
Juifs plus de repos et de sécurité.
Cette politique intolérante, à laquelle le roi Jean II avait sans
doute mis fin, pour le moment, jointe aux charges si lourdes qui
pesaient sur les Juifs, avait eu les eflfets les plus fâcheux. Les
rédacteurs de nos statuts se font probablement quelque illu-
sion quand ils s'imaginent que tout allait bien autrefois, mais
il est incontestable qu'alors les choses allaient moins bien. Lo
nombre des talmudistes instruits avait diminué, les rabbins et les
1 Teutna dans Ordenamiento, p. 101.
REGLEMENT DES KÎIFS DE CASTILLK EN U32 m
étudiants se faisaient rares, il y avait «l»'s coîïiîriunautés qui n'en
|loss^Malent pas et où il eut été impossible d^^ trouver, pour com-
poser le tribunal local, trois hommes experts dans la loi rabbi-
nique. Beaucoup d'ëcoles primaires (*['an n^a) étaient fermées, et
les enfants privés de toute instrucUon, soit qu'on manquât d'ins-
tituteurs (Tnb?3), soit que les ressources nécessaires pour leur trai-
tement lissent défaut. Dans les petites communautés surtout (il y
m avait qui comptaient moins de vingt et même moins de dix
|rf*res de famille), on ne possédait même pas de s\^ingogue {n'>a
rr.sn) ou de lieu de réunion fixe (log\b). pour prier, et les of-
lices n'étaient pas cél«*brés. Les mœurs publiques et privées se
re^isen talent, naturellement, de cette situation déplorable. Il nV
avait paa de ruse, de fraude ou de violence que Ton n*essay;U
poar se soustraire aux charges communes de Timpôt. Les uns
*e faisaient donner des lettres de franchise par le roi, ou mon-
traient des lettres de franchise dont rautberiticité éltait assez dou-
l*»use:les autres faisaient intervenir, pour se faire exonérer ou
dégrever en partie, des chrétiens iniluents, qui, par leurs ins-
tâûcea pressantes (ers) ou leurs menaces (nTannli arrachaient pour
Ipur protéiîé des faveurs qui leur étaient probablement payées ;
à^% Juifs iniluents intimidaient les taxateurs chargés de la répar-
tition des impôts, ou intriguaient pour faire nommer des taxateurs
complaisants, ou fatiguaient les communautés jusqu'à ce que, de
perre lasse, elles leur eussent accordé des rabais ou des exemp-
tioas. En 1432, les communautés de c^^-iÈtibÈci • et de ;sn':isH-îï<i et
wt»erPdnd nombre de Juifs d'Astorga (p. 80) prétendaient être, par
|*finléj!e royal, entièrement exempts d'impcHs, il arrivait souvent
qtie des Juits quittaient le domaine royal pour s'établir sur des
îerr^ji seigneuriales où on les attirait en promettant et faisant pu-
Wierdes franchises probablement trompeuses. Des injustices ma-
/îi/estes et criantes se faisaient dans la répartition des imp(^ts, on
taxait même ceux qui, légalement, étaient entièrement exonérés
[preuves, orphelins, par exemple), et certaines communautés,
pour se défendre contre tant d'abus, étaient allnes jusqu'à inter-
lire toute réclamation aux parties lésées. Dure loi justifiée par
textes du mal t
Les fonctionnaires de tout genre contribuaient à répandre le
i^sordre dans les communautés. Des rabbins se proruraient des
>mmandationa de la cour pour s*em parer des sièges rabbi-
I^ premier é& ces deux noms Qti prcbablemcnt YaUudarcs, prov. de Som, ou
r«U!eras« pro\% de Léon; Âstorga tst austî dans 9a prov. de Léon. Esl-co que le
uom serait Diulajoz ?
192 REVUE DES ÉTUDES JUU^ES
niques et du traitement qui y était attaché ; d'autres fonction-
naires faisaient de même, il n'y avait pas jusqu'au mohel (officier
de circoncision) et au boucher qui ne cherchassent des protec-
tions chez les chrétiens pour s'imposer (p. Ib), et il est évident
que, sous un pareil régime, les places n'allaient pas toujours aux
plus aptes ou aux plus dignes. Des particuliers se donnaient le
luxe de se passer de certains officiers (mohel, boucher) nommés
par la communauté et en prenaient d'autres pour leur usage privé,
sans doute au détriment des intérêts de la communauté. Des admi-
nistrateurs faisaient prendre à la hâte, sous prétexte d'urgence et
en l'absence de la majorité des memltres de la communauté, des
décisions qui ne plaisaient pas toujours aux communautés, mais
qu'il fallait accepter, parce qu'en les votant on avait obsen-é les
formes sinon l'esprit des règlements. Dans les réunions où Ton
discutait les affaires des communautés, des greffiers peu scrupu-
leux se hâtaient de certifier, dans le protocole, que les mesures
avaient obtenu l'assentiment de l'assemblée*. Le tour se jouait
avec prestesse et sans que les assistants eussent le temps de se
retourner.
Les délateurs et dénonciateurs [mocer et malsin) étaient deve-
nus fort nombreux. On avait de tout temps» pris des précautions
contre cette plaie du judaïsme du moyen âge, mais les auteurs de
nos statuts constatent avec chagrin qu'elles n'ont pas extirpé le
mal et qu'il faut édicter des mesures plus graves encore (I'^^t'^itû
y^^yn Nbi) pour se préserver de ces faux-frères. Le malsin devait
être assez répandu, puisqu'on le trouve fréquemment dans les
statuts accordés aux Juifs par les rois, et que son nom hébreu est
devenu presque un mot espagnol courant. Il ne faudrait pas
s'imaginer que ces malsinim fussent toujours de grands misé-
rables, on était quelquefois malsin à peu de compte, il suffisait de
quelque parole ou de quelque démarche irréfléchie, s'il en résul-
tait quelque action ou poursuite des chrétiens contre un Juif ou
une communauté juive. La punition, dans ce cas, pouvait rester
légère; elle devenait plus grave et pouvait aller jusqu'à la marque
au fer rouge, aux coups de fouet et à la condamnation à mort,
s'il y avait eu véritable délation , faite à mauvaise intention
et dans le but évident de compromettre les Juifs. Cette législa-
tion avait reçu partout la sanction officielle du pouvoir public,
c'est lui qui exécutait la sentence de mort quand elle était pro-
noncée. Dans un temps où la moindre parole imprudente pou-
» Voir un cas pareil daus les consultations de Salomon b. Adret, 3* partie, Li-
vourno, 1778, n« 375.
BÈGLEMENT DES JUIFS DE CASTILLE ES U3ii 1Ô3
mi cr^r les plus graves dangers et amener des explosions
de fanatisme, il ifétait que trop légitime de donner aux Juifs les
irmes nécessaires pour se déiendre contre la calomnie et punir
les traîtres.
Us mœurs privées des Juifs castillans de l'époque n'étaient pas
toujoars meilleures que les mœurs publiques. La famille était
doute restée très pure et le foyer domestique était comme un
;uaire respecté, mais les préliminaires du mariage laissaient
fueliiuefois à désirer. On voyait des hommes user d'intimidation
H de contrainte, avec l'appui ou la complicité de puissants cliré-
fcus, pour épouser de force des femmes, probablentf^nt tle riches
Tfiuves ou lie riches héritières* D'autres entraient par violence,
I 1 ours avec rai>pui des chrétiens, dans les maisonSi poussaient
la main de la feinme convoitée, et sans qu'elle pût se détendre,
lirgent ou le bijou nécessaire pour donner la valeur légale au ma-
«ge, ou lui glissaient rapidement au doigt l*anneau de mariage.
Télail un tour abominable, mais un tel mariage, conforme à la
I? de la loi. passait pour valable, il était donc urgent de
ir^ndre des mesures pour en établir la nullité ^ On ne respectait
lème pas toujours la synagogue : à en juger par les précautions
pnses par nos statuts, il arrivait que deux partis ou deux par-
tculiers y vinssent aux mains. Les statuts donnent une idée de
ce que pouvaient être ces petites batailles : on se donnait des
coups de poing ou des sonOlets, on s*arrachail les cheveux et la
lJrbe,un combattant plus enragé tirait quelquefois une arme, une
pierre ou un couteau, pour frapper son adversaire. Les procès
éUîeut nombreux entre les Juifs ; quand on vit ainsi les uns sur
W autres enfermés dans un étroit espace, les dissentiments et les
^ne% s'accumulent et s'aigrissent. Il avait déjà fallu, pour cal-
B«î la passion des plaideurs, emprunter aux chrétiens une insti-
febOD qui rendait de grands services à cette époque, la trêve
judiciaire. Elle était de droit, quand un des partis la réclamait, et
mmiat: lés Juifs n'avaient rien de semblable dans leurs anciennes
te rabbinique^, ils la réglèrent, par exception, suivant les règles
ftîyales. Il y avait des gens qui paraissent avoir eu pour métier de
awirrir les querelles afin d'en tirer profit. Ils vendaient des con-
leiis fnsjrc "^^ïTab::) aux plaideurs, leur indiquaient des arguments
Jkire valoir devant le tribunal. Il est fort probable que ces juris-
olficieux n*exerçaient i>as avec beaucoup de délicatesse
profession en soi très légitime et très honorable, nos statuts
a^out que du mépris pour cette engeance.
* ïlwm mmftun Analogue k celle de notre règlement est îadiqaét» dins les oonfiuUa-
I ém SAiottOO h, Adiel, 1» |iftnie, rj<» itM^.
196
REVUE DES ETUDES JUIVES
matin ou du soir, ou enOn, si cela m^me ne se pouvait pas, que le
grefiier aille recueillir les votes dans les maisons (p* 93). Dans
les assemblées (JUNTA*) oa votait sans doute souvent (sinon tou-
jours) par oui et non, publiquement, et non par écrit, puisque
notre règlement prévoit le cas où ce que nous appellerions le bu-
reau feindrait d'avoir reçu des assistants une approbation qu*ils
n'auraient pas donnée. Dans certains cas, principalement dans les
questions pécuniaires, il fallait, pour que le vote lut valable, la
majorité numérique et la majorité pécuniaire (des plus imposés ;
p. 55, 89). Pour les règles concernant un impOt, il fallait avoir J
la majorité des votants inscrits sur le vùle des trois dernières]
années plus la majorité des plus imposés pour cet imptU (p. 92),
Les publications de tout genre se faisaient ordinairement dans
la synagogue. Cependant notre règlement parle d'une publicité
plus restreinte donnée à certains actes administratifs dans la rue,
à la porte de la maison de Fintéressé et en présence de certains
témoins (p. 59). ;
IV
LBS OFFICES ET FONCTIONS PUBLIQUES.
Les principaux offices (D^i3ïg) de la communauté sont, d'après
notre règlement, confiés à un certain nombre de fonctionnaires
(oFF[CiALEs, C'Siïï):), qui sont tous nommés directement parla
communauté à Télection (>îi-*-ia) et à la majorité des voix. Quel*
ques-unes de ces fonctions étaient payées, comme, par exemple,
celles de rabbin et sûrement aussi celles des divers officiers d'ordre
inférieur (greffier, fiazsan, eic;; les autres étaient sans doute
gratuites *. Il est probable que divers fonctionnaires payés étaient
engagés pour un certain nombre d'années ^ le mandat des fonc-
tionnaires honorifiques ne durait qu'un an et il était obligatoire.
On pouvait cependant présenter un remplaçant à ia condition qu'il
fut agréé par la communauté.
La première place dans ce corps d' « officiers » appartient
évidemment au rabbin (ddh T^îsbn, nnin y^Diio). Il touche ordi*
< C'est 1b bMpïl ^'Dy'O de plus haut.
> A AvigQOQ f155S], II) grefËer n'était pas payé, le Aasutm PéUit ; le boucher élût
un fermkr d'impÛL (Maulde, arU 47, U, 68).
^ Comme le rabbiD, probibleEieul llDistitulcur, peut-être le haïtan. A Avignon Je
hattan [cbaQtre) était élu ioui les ans (Mauide, art. 62J,
I
RÈGLEMENT DES JUIFS DE CASTILLE EN 1432 1117
SSfëmenl un traiternent fixé par contrat {^n^v, mot qui s'applique
rii bien au contrai qu'au traitement quti y est stipula] ; si on
assigne quelque revenu indirect de la communauté et que ce
rerenu soit notoirement iiisufflsant, !e Rab de la Cour peut ins-
crire d'office, au budget «le la communauté» un supplément de
traitement, La principale fonction du rabbin est de donner et
iépân<]re le haut enseignement religieux, il doit avoir une école
(ns^^) où, à des heures fixes et commodes, il mielde^ le Talmud,
hhalakha et la haggada^ devant les étudiants (D''n-'72bn) ou tout
autre auditeur. Les étudiants, destinés en partie à devenir rab-
kin», sont nourris, quand ils en ont besoin, d'une caisse spéciale
dont nous parlerons plus loin. Lé rabbin seul a sur les membres
4e la communauté une autorité morale : il est chargé de les re-
aettre dans le bon chemin, quand ils s*en écartent, et de leur
lhlr« des remontrances (p, 41). Il n*est pas juge proprement dit,
MM dans un grand nombre de cas les juges doivent prendre
HhaTJs, par exemple quand ils prononcent des amendes ou des
^âtiments corporels pour des délits religieux (p. 52), quand ils
filent punir un étudiant (p. 58)^ ou dans certaines sentences
graves, telles que la punition d'un délateur (p. 64), Texpulsion de
h communauté (p. 64), la confiscation (p. 70), la rupture d'une
Wtô entre plaideurs (67), enfin lautorisation de recourir, dans
certains cas, aux tribunaux clirétiens (p. 62). Lui seul peut abro-
ger le hét^em sous lequel certaines mesures ont été votées par la
Communauté (p. 80 et 84). Dans des cas d'une importance ex-
tfaortlînaîre, tels que ceux de délation, on constitue même un
trihunal spécial, composé d'autant de rabbins et des plus remar-
quables qu*on peut trouver (p. 641.
Après le rabbin et loin derrière lui, viennent, dans l'ordre
ïtîigieux, les fonctionnaires (officiers) suivants :
'L*t>fflciant pn25£ rrVû). Il est chargé, entre autres, de dire la
bénédiction des liançailks fp* 69).
Le boucher (nnta) chargé de tuer les botes selon le rite juif.
. L'instituteur (i^b?:) et son aide (h:di^ c*n, chef de banc}.
Leurs élèves sont les \2-\ ma h'D npx'^n. Le n'^glement or-
donne que, suivant les prescriptions taîmudiques, il y aura
un instituteur par vingt-cinq élèves, et un aide pour toute
fraction inférieure à vingt-cinq. L*enseignement de Técole
8e réduit à l'étude du Pentateuque [piss ou «np^, p. ^0
et 42).
8v m noi^ qiai •igntGa dirt^ faire d«t Uçùnt pnèUfuu^ Toif tiotro Controvtrse
^f»TtkuÊ4 t9us êstni Louk, Paris, 188t» p, 18.
i98 BEVUB DES ETUDES IUI¥86
L'instituteur touchait un traitement payé par les pères des
élèves, et, en outre, on lui donnait, si nous comprenons bien
(p. 40), la nourriture et les vêtements ; Tofficiant (^iazsan) était
sûrement payé par la communauté. Le boucher devait probable-
ment se contenter des bénéfices de la vente de la viande.
Les fonctionnaires les plus importants, après les rabbins,
étaient les juges (tD-^r-»*!), leur fonction s'appelait nir*^^. Chaque
communauté devait avoir un tribunal {^i n^a) *, composé de trois
juges élus (p. 46 et 47), siégeant en un iieu fixe trois fois par se-
maine. Certaines questions pouvaient cependant, à ce qu'il semble,
être décidées par un seul juge (p. 54, 66, 66), à moins que ce juge
ne doive être considéré comme un arbitre. Le mandat des juges
durait un an, et leurs fonctions, à ce qu*il semble, étaient gra-
tuites. Le greffier de la communauté (nc^to), qui compte égale-
ment parmi les officiers (p. 75), était chargé des écritures du tri-
bunal, et un sergent (l'^n rr^a tnro^) portait les sommations et
mandats.
Les autres officiers^ tous annuels et gratuits, étaient :
1° Les d^^ian trésoriers, qui conservaient les sommes disponibles
et faisaient les payements. Ils n'étaient pas chargés du détail des
recouvrements. Ceux-ci se faisaient par le fermier de l'imput
(arendador, p. 36, 37) ou, à défaut de fermier, par les néémanim
dont nous parlerons plus loin.
2® Les û'^3'»'^:?73 (inspecteurs? veedores?), dont la fonction n'est
pas définie par notre pièce, mais qui paraissent avoir eu quelque
pouvoir judiciaire (p. 69), puisqu'on les m^t au môme rang que
les juges.
3« Il y avait aussi, à ce qu'il semble, des « officiers » de Tau-
mône (p. 36).
4° Des POSTURES étaient chargés de taxer le vin (p. 72).
Nous avons vu plus haut que généralement les communautés
n'avaient pas d'administration dirigeante, cependant il y avait des
communautés qui confiaient toute leur administration (todas las
cosAs DEL Kaiial) à des fonctionnaires appelés nn» "^D-x "^finn
(p. 50, 69 et 94), « proviseurs des besoins de la communauté ».
C'est cette même administration qui, à notre avis, s'appelait en-
core '^'^y'n •'ana, les botis de la ville, identiques probablement aux
HOMBREs BUENOS (p. 29, nous traduisons le mot par prud'hommes).
L'avis de trois bofis est nécessaire pour punir les délits reli-
^ Ces tribunaux sont probablement les heàines mentionnés par les auteurs espa-
gools, Amador, U, p. 73 ; Danvila, dam Bêi^i% de l'Académie royale d'Hiatoire de
Madrid, p. 365.
RECLKMKNf m^ timî> Plî CARTtLLK EN 1432 fOO
gfmxip. n), <rt certains cas de délation (|l 64). Nous ne savons
aileii MAYOBBS de la comraunautn (p. 41) d^^si^nent une certaine
dd^<<e iiien définie de membres fie la communauté ou seulement
•Im hommes importants et influents. IVaprès le ilocument espa-
gnol pulïlié par M, Francisco Gonzalez à la suite de notre rô-
glPiQf^iU et qui a été fait pour la communauté de. Tudt^le en 1363
et lé en 1413, vingt mayorales * de cette communauté
i»i irgés de la gouverner en qualité de regidores [p. 102)
•taTiient derrière eux une espèce de conseil composé des adb-
UîiTArvnii (préposés) de la cofnmUnauté^ flu nombre ée quarante-
OtJtff^ e*« fonctionnaires» il y avait des trzjsm néémanim
•\\m\tn^^ du confiance », qui ne faisaient point i>artle di\^ « of-
(ln<Ts », leur fonction n'est [vas un -i;?:, mais un ni;^:«3. Notre
ntinnent n'Indique pas la différence qu*il y a entre I oftlcier et le
«««» mais il résulte d autres textes que les néémwdra étaient
nalremeiit des perce|>teurs rliarf^és de recueillir ou faire re-
iUlIr \p% inip*>ts pour en verser le montant au trésonf*r. Pour
Impôt, on nommait des néémanim spéciaux et leur fonc-
ttmeMAait quand ie recouvrement de Timyiét émit terminé. Ces
is étaient gratuites. H y avait cependant des communautés
letqull aemWe, n affermaient Jamais les fmpdts ; chex elles,
lu ii<^fiMifti>ii étaient probablement des officiers et on en nom-
Hit, iana douta, tous les ans pour Texercioe de rannér». Us
pouvaient souvent être chargés de toutes les opérations flnan-
cièrii de la communauté et il semble même quelquefois qu'ils
iMis et vrais administrateurs de la communauté *. Dans
^fÉgl«i8«nl, les néétnanim sont chargés d*eocaîsser, pour les
ensuite aux trésoriers, les revenus de certains ImfKÏta lo-
ïmAb que ceux du Talmud Tora (p, 37), Les nfnnm»s8air©s
imaoéa |K>ur lairf» notre règlement s*ap[ïel lent également d^3?3«3
(^ tt at SWj. On trouve, d'ailleurs, des nééinanim chargés de
Éttaa aortaadt fonctions temporaires ou extraordiTialre?^ im spë-
ëtbf^ p*r txemple, ceux qu'on nommait pour attester la vall^
Êm êm alatuta votéa par la communauté ^.
' ht^ 30 é» B«ireloQ« (Cofi«tilt. ItBic b, BeMMhot, n» M 4) p«ral«9eiit f ire âuflfii
vif iaf ica m/t^mamm Salomon b* Adret, cootulu, 3» partie, n** 39Î5,
W^ l33ï Le^''P**'^ * toute iju<*slion d*impAt, l'HCBisseiDents, poicracnis, iruprutits), 400,
4CI (S méIfimémimS, 41 r.^ its (né^iuaulm aiitiueb, à iilr« <iWlid«i-$, leur ifmclioVi mi
■s ^39; li« > 1^ Jes percepteurs ci'LnipdisJ. à g d« 1119 siiffouif iU oai i'»ir
4'#0« !•« vmi i>itcura rie k comm^^naulé^ et plocéa tu ipâme rfog ^u^ ies
mmaâmmim éiMt ami« parleroni plut loin.
200 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Les ïT3'»n53rt -^sipri by û-^toit (p. 88) sont probablement les com-
missaires chargés de faire notre règlement.
LE TRIBUNAL, LES AMENDES.
Le tribunal jugeait toutes les affaires entre Juifs. Sa compé-
tence s'étendait sur tous les procès, contestations, réclamations
d'argent ou de dommages-intérêts (pleitos, contiundas, mT-^an,
m3ibn, m^ayin) et, en général, sur tous procès civils nés entre Juifs
(p. 47, 52, 60), sur les procès criminels (mises "^rn) faits aux Juifs
(p. 59 et 60). Pt enfin sur les délits religieux (mn'^nT), qu'il examinait
avec le concours des rabbins (p. 52). Mais il ne pouvait se mêler
ni de la répartition des impôts, ni des statuts réglant la gabelle et
la ferme des revenus de la communauté (p. 55), ni surtout des
questions touchant aux impôts royaux, aux droits fiscaux du roi,
de l'église et du seigneur du lieu (p. 61). Ces questions étaient ré-
servées soit à la communauté, agissant sous la haute surveillance
du Rab de la Cour, soit, en ce qui concerne les droits de la
couronne, de l'Église et des seigneurs, aux juridictions royale,
ecclésiastique et seigneuriale desquelles elles ressortissaient
(p. 61).
Toutes les sentences se faisaient suivant le droit talmudique.
Les Juifs attachaient le plus haut prix à ce privilège d'avoir des
tribunaux à eux. Ils y voyaient beaucoup d'avantages (p. 60) :
d'abord celui d'être jugés suivant leurs lois, puis celui d'adminis-
trer la justice à peu de frais et, peut-être avec plus d'impartialité.
Les juges chrétiens étaient sans doute gens très savants et très
estimables, mais s'ils avaient dû juger les Juifs suivant la loi juive,
ils auraient été souvent bien embarrassés (p. 61), et les procès
juifs les eussent grandement importunés, eux, les seigneurs et les
alcades. Il était strictement défendu, sauf dans les cas indiqués
plus haut, de traduire un Juif devant les tribunaux chrétiens et il
était même interdit à ceux-ci de connaître des procès juifs. Le
Juif qui violait cette défense était traité comme délateur. Cepen-
dant si un Juif était absolument récalcitrant ou contumace avec
persistance (ûb», p. 62; comparez p. 70 et 90), ou s'il ne pouvait
obtenir justice chez les Juifs (p. 62), ou si on lui refusait la trêve
judiciaire qu'il demandait (p. 67), on était bien obligé de lui per-
mettre de recourir aux tribunaux chrétiens.
Kiar
al
RÈGLEMENT DES JITIFS DE CASTILLE EN 1 132 ^1
ige était rt'cusé par le règlement quand il ^tait liii-m(^me
irlie» ou parent ou ami d'une des parties, et il ne pouvait sit^ger
ins ces cas, que si la partie adverse y consentait en remplissant
îa formalité du v^P (acceptation, prise de possession). Q^iand il
était impossible de trouver un juge présumé impartial, la corarau-
naaté était obligée d'en fournir un pris au dehors. Il arrivait
(p, 55) qu'une communauté ne voulait pas recourir à ses propres
^juges, probablement dans des questions qui intéressaient toute la
^■ommunauté et où chacun était plus ou moins partie dans la
^ftause; le Rab de la Cour pouvait, dans ce cas, sur le vote de la
^^ajorité numérique et de la majorité des imposés, nommer, pour
un temps déterminé, un juge étranger. Dans tous les cas, un plai-
ieur ou condamné pouvait déclarer, après la sentence, qu'il fai-
lit appel au Rab de la Cour, qui jugeait en seconde et dernière
distance; le juge était obligé d'y consentir et d'en donner acte,
ciurvu que l'appelant garantit le payement des frais et jurât que
et appel n'était pas une simple mesure dilatoire pour échapper à
i sentence, mais était fait avec l'intention honnête d'obtenir bonne
^justice (p. 56).
Les juges pouvaient prononcer des amende», des peines corpo-
I relies. Les amendes étaient tantôt arbitraires (par exemple, en
cas de non comparution, p. 53), tantôt fixées par le règlement,
oonirae on en verra <les exemples plus loin. Les peines corporelles
sont la prison, sans doute, la flagellation, la marque, la peine de
mort. La prison préventive était permise, mais le juge qui For-
donnait devait donner un mandat écrit, et, sauf dans les procès
pourdéîation et les pro^^ès criminels, infliquer les motits de Far-
restâtion (p, 59), Les parties plaidaient elles-mêmes leurs causes,
il û'y avait point d'avocats, les officieux qui conseillaient les
plaideurs étaient geris suspects et vus de fort mauvais œil ; la
proc*4dure écrite paraît avoir existé autrefois et donné de forts
mauvais résultats, elle avait entretenu la race des hommes d'af-
faires, et, de plus, dégénéré en personnalités de mauvais goût ;
notre règlement la supprime, sauf dans des cas exceptionnels où
fille est admise après autorisation du tribunal (p. 58), On enten-
dait, naturellement, les témoins (p. 58), et le greffier dressait pro-
cès-verbal de leur déposition. Dans certains cas, les^ juges, avant
de prononcer Tarrét, étaient ohligés de prendre l'avis du rabhin»
comïne on Ta vu plus îiaut, et celui de trois personnes prises pdiV-
niiles-i^rn ^si:: (p. 52). Enfin, pour une délation pouvant entraîner
unepf^ine grave, il fallait, comme on Ta déjà vu aussi, un tribunal
spécial composé de rabbins (p, 64). Notre document ne nous dit
P« comment et par qui les sentences étaient exécutées. Le ser-
aae bévue oesërms mw
gent in r^3 irVe dont liocs aTons parié mwwâ peoUMredes coA
lègues chargés de ce soin, peai-ètre aussi rexécatioii étaîMIe
confiée aax fonctionnaires rojaax oo seigneuriaux* Dans Ions kl
cas, la condamnation à mort du maisin était, sur la dewaafc di
Bab de la Cour, exécutée par la justice du roi (p. 69).
Le sy-stème des amendes était très dév^oppé.
Outre les dommages-intérêts et les amcades arbitraire! es lei-
qaels les joges pouvaient condamner les parties eu les prérMii,
le règlement fixe les amendes et dommages suirants :
Amende de 200 maravédis pour désordres à la sTuagogue ; 9ÛD
maraTédis si le cas est graTe 'p. 45/.
Amende de 1 florin 2*rn pour défaut de comparoir derant le JW ^
après sommation de celui-ci ; 2 florins la seconde &*!« \
3 florins la troisième fois «p. 53). '^
Dommage de 1,000 maravédis pour la partie traduite contraire- ^
ment au rè>£lement devant le tribunal chrétien (p. 62).
Amende de 1.000 marav. pour le malsin dans certaiBS cas (p. 6^*
Amende de5.C»0<) maravédis pour quiconque impose, par forneos
menace, le manage à une femme : de 10«000 raaravédis peor
quiconque pénètre de vive force cbez une femme et proSU
de sa surprise pour l'épouser 'p. 6d et 69).
Enfin confiscation partielle des biens de ceux qui ont. par instance,
menace ou mtimidation, nui à des particuliers ou k lacoiQr
munauté ;p. 10).
Les amendes sont généralement versées dans la caisse du TaV
mud T.jra ou de la Bienfaisance ; quelquefois leur juge ou le Ral^
de la C'jur sont cbarj^s d'en désigner ia destination.
Daus un graud nombre de cas, le tribunal peut prononcer rex-"^
communication ^Ji''rc^n et niMnii ces deux mots sont ordinaire-^
ment réunis . Les -rfets de rexcorumunioation sont : cessation de^
relations avec i excommunié, reins d'enterrement, défense de
manger le pain et d-^ boire le v:n de l'excommunié (p. 62) ; son
témoiirnage n'est {^lus a jmis en justice p. 69;.. On ne voit pas si
le TicVt' -; avait toujours tous ces effets, ou si les effets étaient
gradués suivant ia ^rravitê des cas.
Le nom du riialsi:\ qui ne i^urgeait pas sa condamnation était
publié dans le pays, les Juii's t taieat engagés à se séparer de loi,
à ne jKis lui ^vraiettry* de se luarîer avec une juive et à ne plus le
considér^T comme Juif au jviii: de vue religieux, ex cosa santa
vp. tv\ La iHMue de la publicatiou est également prononcée contre
vvlui qui fouraît de faux arguments aux plaideurs.
R^:GLEilEîfT DES IITTFS m CASTHvLK EN 143^
^m
hérem était prononcé par le tribunal ; par exception, le
iment prononce directement et d'uiriet^ le hereoj contre qiu-
ônque recourt sans autorisation aux tribunaux chrtHiens (p, 62/.
Le iribiinai peut prononcer éea chatinieiits corporels (p. M),
indpaiement contrt^ lo raalsin (p, G4), entre autres 100 coups de
^rpe, la marque au fer rouge sur le front, sans parler de Vex-
Blsion et de la condamnation à mort ; celui qui i^pouso une
par surprise peut aussi être condamné en cent coups de
69).
ri»ftut pas confondre avec ce hérem qui est prononcé dans
cas déterminé contre une personne désifcnée, le hérem gênerai
~ët pr'^veniif qui menace d'avance de certaines peines ou d excom-
munication ceux qui manqueraient à certains devoirs ou règle-
nenU et statutâ. Ce hérem préventif était très usit^ en E^^pagne
[it ailleurs et, d'après notre document, on en abusait m»^me
)). Ces hérem étaient prononcés solennellement à la syna-
Otj^eet avant que roii procédât à quelque opération importante,
râgiement de 1432 demande la publication do bérem
et GOOipJet (irzsT -!n?:n onn) à l époque de la nomination
i jajses, pour o^ue rélection pe lasse avec lionueur et probité
fip.iiO) ; [dus, un fiérem pour la répartition dn rimp<H dans la conv
numauté (p, 85), le « hérem des dix malédictions » contre celui
qme&iayerait d'échapper aux impôts. Ce dernier hérem devait
^ive publié tous les ans le samedi de pénit^nr-e (qui est appelé rn^û
aM;2i*, le matin à la synagogue, et après qu'on avait rentré dans
larche le rouleau de la Loi na-^na rvriT\ nsg (p. 90), Enfin, un
lit^rem est prononcé d'avance contre quiconque violera le présent
réglement-
ai
LBS IMPOTS ET LE SYSTEME FISCAL.
Les revenus de la communauté se composent principalement
^'un impôt indirect ou gabelle (alca^aucs) sur la viande de boii-
f-lierieet sur le vin cascher, préparés tous les deux selon le rite
lait C'est de ces deux impôts, en réalité, que vivaient les coramu-
»ia\il4«(p. 881. Un avait J'babitude de les aMermer tous les ans à
îin \ttHRîSDAiif>R, de Jà les noms de ^ rente de la lioucberie » et
* rente iJu vin j>. Il y avait des communautés qui» à l'aide d'éco-
Vf^JKfriit, ju Xil, p. 130.
204
BEVUE DES ETUDES JUIWS
e
i-
nomies faites sur ces rentes ou de dons et legs ou peat-être
concessions royales, avaient acquis ou fait construire des maisons
dont elles percevaient Je loyer. Enfin, partout il y avait des ins-
titutions de bienfaisance ftiî'ipn, nrjînpn. p* 37, 40), qui possédaieni
sans doute un capital lentement amassé^ et qui avaient aussi dei
revenus annuels que Ton pouvait également mettre en ferme
(p. 40), IJ y avait une <ï aumône » î^p":^, entre autres une ff au-
mône pour les Juifs pauvres de la ville r> (p. 45), sûrement aussi une
autre pouj les Juifs de la Palestine, Un tronc de Faumône rrs-îp.
Trpi^ bia est également mentionné (p* 53), Notre règlement cré0;
un impôt nouveau, dit îina, don pour le Talmud Tora. II est de:
tiné à player les rabbins des communautés, à entretenir les étu
diants qui suivent, à la yesiba, les cours du Talmud. CVst un
impôt extraordinaire qui s'ajoute aux impôts antérieurs et qui
est perçu sur la viande de boucherie, sur le vin, les mariages, les
circoncisions et les enterrements. Le tarif est minutieusement
gradué : tant pour une bote de première grandeur, tant pour uqfl
veau, une clièvro, un agneau ;.tant pour le vin vendu au détail, tant
pour le vin en gros, un peu moins pour le vin vendu à des cbri^
tiens (p, 34-35). Les particuliers qui vivent ou auraient des titres
à vivre de « TaïuTiône » sont exempts (p* 36) de ce nouvel impôt. ■
L'établissement de Flmput sur le vin présentait d'assez graves^
difficultés. B'un côté, des chrétiens faisaient concurrence aux pro-
ducteurs ou marchands de vin juifs, en fabriquant eux-mêmes du ■
vin cascher avec le concours d'israélites, et il leur était facile, si]
ces auxiliaires juifs s'y prêtaient, de frauder la rente du vin et de
se soustraire à d^autres impôts (droits» rentes, premias, p. 71) ou
frais qui paraissent avoir pesé sur le vin cascher. D'autre part,
la libre concurrence ne pouvant s*étabhr dans un marché res-
treint par les règles religieuses et les règles fiscales, il fallait éta-
blir une sorte de prix de compensation qui fût à la fois équitable
pour les producteurs et les consommateurs juifs. On nommait à
cet eflTet, tous les ans, dans chaque communauté, deux taxateurs
(posTOREs), dont Tun représentait les' vendeurs, l'autre les ache-
teurs, et qui débattaient ensemble le prix auquel le vin serait
» vendu (p. 72). On ne savait pas trop, à ce qu'il semble (le document
est fortement endommagé en cet endroit), au moins dans le cas oii
le vin se vendrait au prix courant du marché public de la ville,
si rimpôt du vin cascher devait être supporté par le vendeur ou
par Tacheteur La surtaxe du vin pour le Talmud Tora devait être
payée par Tache teur (p. 35).
Les Juifs payaient, naturellement, des impôts au roi, au seigneur
du lieu, aux églises. Ils devaient aussi des prestations diverses. Les
RÈGLEMENT DES JUIFS DE CASTILLE EN 1432 21fô
s*appeUent 012, n^on, pecho, (c'esl^ Fimpôt direct)» piDW,
BDA, HARAVi, M ARA VI DE MONEDos ; les coFvées et prestations
s'appellent rrnnn:?, servigios, pedidos, enpbkstîdos. On avait
tliaiijtude d'aflermer les impôts dus au seigneur du lieu (p. 80),
les impôts royaux étaient perçus directement. Le Rab de la cour
répartissait, sans doute, l'impôt royal entre les communauti^s, et
Kest pour cela qu'il a, entre autres, le titre de RErAHTiDOR (p. 71).
oe fois que la communauté connaissait le montant de la somme
qu'elle devait payer, elle nommait den empadhonadores (p, 84)
■1 ni chargés de dresser le rôle [padron, p. 85), de faire la
K" . jn (pibn) entre les contribuables de la communauté (p- 82),
Ht de fixer la taxe (tasâ, p* 8Ô) de chacun. Cette opération et
Bitlection des empadronadores se renouvelaient tous les ans. Les
P^>i^c:aliers étaient taxés selon leurs biens et leurs aûaires (p. 90);
dias certaines communautés, on divisait la communauté par
classes, et les contribuables de la même classe payaient proba-
' Mment tous le même impôt. Cela s'appelait canama (p. 79). On
«jtque ce dernier mode de perception existait dans les comniu-
mutés du Comtat Venaissin. Notre règlement accorde (p* SS) aux
Teuves et aux orphelins non mariés et aux estropiés une réserve
le quatre cents maravédis exempts d'impôts. Certaines personnes
|CQ communautés étaient, comme on Fa vu plus haut, et par pri-
tilège royal, déchargées de tout impôt. Les communautés pou-
taieal aussi accorder ce privilège, il est clair quelles usaient
IVement de ce droit, car la charge des exemptés retombait sur
h Bolren, Certaines personnes influentes qui ne voulaient pas
Wéï" rimpôt suivant le taux général, ou des contribuables qui
p<HeQdaient avoir des droits plus ou moinsjustiflésàrexemption»
tiussaient par conclure avec la communauté une sorte de contrat
oa d'abonneraent ("'ît;n) qui était tout à leur avantage (p. 78).
t|yaoii les communautés étaient petites, elles étaient ordinaire-
a<nt rattachées, pour le payement de Timpùt, à des communautés
plus importantes du voisinage, avec lesquelles elles formaient
une miité fiscale (p. 38).
YU
iB RAB DE LA COUH^ CHEF D£ LA UIEBABCHIE.
k l^tede toute cette organisation était le Rab de la Cour appelé
twsi iUïQàDOR ou JUEZ MAYûH (p. TIJ, jugG supérieup des Juifs* 11
206 RETOE M» ÉTODES nHVBS
jage en seconde et dernière instance les procès dont il est f^it
appel, et intervient en général dans tous les cas où l'on a besoin
d'une autorité supérieure pour vider un différend. C'est ainsi qu'il
nomme les juges lorsque la communauté ne parvient pas i se
mettre d'accord sur le choix de ces fonctionnaires (p. 50), ou
lorsqu'elle demande d'autres juges que ceux de la ville (p. 55) ;
il Inscrit d'office au budget de la Communauté un crédit pour le
rabbin, si les revenus de celui-ci ne sont pas suffisants (p. S*)),
dispose de l'excédent du revenu du Talmud-Tora (p. 3*7), indique
la destination des grosses amendes prononcées par les tribunaux
locaux (p. 62,68, 69), fixe les règles pour la perception des rentes
et gabelles, si la Communauté ne parvient pas à s'entendre sur
ce sujet (p. 89), vérifie les titres de ceux qui prétendent être
exempts de payer les impôts royaux (p. 87), reprend et annule
les privilèges ou nominations que certains particuliers se sont
l'ait accorder indûment par la Cour (p. 75), juge les réclama-
tions des particuliers et des communautés contre la répartition
des impôts (p. 82, 83, 85), et enfin modifie les rôles de répartition
entre les communautés, quand elles se trouvent chargées injuste-
ment ou à l'excès, mais à la condition qu'il consulte à ce sujet
deux rabbins (p. 83). On a déjà vu plus haut que c'est lui qui pro-
bablement répartit l'impôt entre les communautés, mais nous sup-
posons que cette répartition était plus ou moins traditionnelle ou
bien fut faite une première fois par le Rab d'accord avec les au-
teurs de notre règlement, sans cela le Rab aurait pu aussi modifier
les rôles sans consulter de rabbin. C'est le Rab aussi qui demande
le concours du bras séculier pour l'exécution capitale du délateur
(p. 64) ; enfin, quand quelque chrétien puissant veut extorquer
aux communautés une concession par instance ou menace, on
s'adresse à lui pour que, par son influence à la Cour, il y mette
bon ordre (p. 71).
Nous ne savons combien de temps ce règlement a duré. Il a pu
donner aux Juifs de Castille quelques années de bonne adminis-
tration et d'entente avec le gouvernement jusqu'à l'époque ou le
judaïsme espagnol a péri dans la grande catastrophe de 1492.
VIII
COMPARAISON AVEC LES INSTITUTIONS DE LA SICILE
ET d'autres pays.
Pour rintelligenoe complète de ce règlement, nous ayons jugé
nfcnLEMÊNT DES JLf»!?S lïK CASTILLM EN 1 'tJ2
m
Ute de chercher un cc^Halu nombre do renseignements et de
umis de ct>mj»a raison daui» ks t'tmk& sur ces maMères qui otît
ipdiliées par M. de Maidde, M. Giidemarin, M, F. Lionli et par
Les publications de M. Lioiiti sur rorganisation des Juils de
\ sont toul parliculièrfiffient précieuses pour élucider, dans
} ré^tmûenU diverses questions restées obscures, et le régie*
■Mal fertf à son tour, à expliquer les institutions de Sicile. Calîe
«onparaiaon nous donnera, sur des parties tniportautes de Tor-
gauisatioii des Juifs de Sicile, des vues nouvelles et tout à fait
diflértnle^ de oelle» qui ont été exposéen dans leë saT&iits tra-
.ims dfi IL Lionti et de M. UudomaiHi '.
En comparant les textes, on sera tout d'abord frappé de l'exteii-
leilraordinaire qu'avaient obtenue oertaines pratiques adnii-
ilives qui ë'étaient répandues diez les Juifs en Espagne, dans
hot le sud de la France et eu Sicile.
Une de ces pratiques les plus remarquables est celle du manî^
feitû ou déclaration détaillée des biens de chaque coiUriLuable
pour servir à la r^partitiuu de l'impôt. Les règlements d'Avî-
liaanet de Carpentras en parlent sans cesse, nous avons montré
aitreioij que le manifeste était aus^si en usage dans le Dauphiné
«t^uun l'appelait en bébreu n^im •, Notre règlentent de lAM
H parie pas du manifeste, mais nous savons par d*autres témoins
<u*oo)' recourait en Espagne \ ie manuscrit hébreu que possède
li bibliothèque muoicipale de Perpignan montre que l'usage du
ûâiuîe^ste existait aussi dans cette ville, on trouve même cet
Quige en Allemagne*. A Avii^'non, le proct^dé du manifeste, d'à-
pb le règlement de 155^, alternait tous les ans aveo 1 impôt
* îioQi «v^mt îfldiqQét dAttS ti première noie de ce travail, le liLre des ouYngeg
411. Al tlaïUdtf «t dfi Id. Gademanaf ot U tilro d'un Uavail du U. Lkmii syr \m
I (soiu U}Ui([UtiroDS co travail par la mut MugiAh'aiure^ Qbréviiiiîoy an Litre
f fati pone}. M* Uomi a encore! publié ù part les eitrailii suîviiats de VArckitio
» Èmlt^t^ : 1. Gli Ukrti t la fata di 8, Stc/ano, Piilermc, 18S4 {Arch. *r.,
I S; &cra cité par uous bous la nom de El^rei); — 2. Xa usure pre$so ^ii Sàrei^
, î$èi (Àtek, ftf., Mnaée 9; cité par U*ure]\ — 3, Z Minittri délia reiigioiêê
^mtm gii Jr4rif Si ^iaèit^, P^lermo. tS85 {Ârek, it,^ aoiiée Ul ; cuA par Mtfttstn);
^^ 4« JkifMaawli rtl«#i«i ngli Eér«i di Stciitû^ P{il«rme, 1885 [Arch, il., année 8,
laO: âHâ far I^ocnmtnii]* Notre travail sur le^ Juita d'Afi^^uoii {voir premièFe cota
éÊ ea&lc éludr) »«ra cité par Annuttirt 1 ; le irdsHâme reuuoil dea oonâultatioua de
I h, Adrai, duui iiuiia aurona souveiii b^solu, aéra eilé aoys le mot Adret,
, t. X. p. 242.
• Adfetf a* 3*iC, à Saragosac; le manirËSle est appelé ici nHl^n ; Q* -^30, a Lérida^
1^ kli^ «>u rcgiâUa sur iefjuel qu mecrivail k uiauifeslu tdni appeljâ Op^D i iàid.^
B*^U L^tuia, D" 3^J2 Tolède, ûoa Juuu il d'Âru^^oo, au 1404, ubhge k» Juifs k
Imam «8« «4ii(/rJialfaa pubUque de ce qi'iU posâédoul (F cm. jr Gotualuz^ hiht^^
É, ^« 3^]. Voir aussi Amador^ U, p. i:kS-ia9.
208
REVUE DES ETUDES JUIVES
taxé ; la taxation se retrouve aussi en Espagne ^ en Allemagne*,
elle est le système adopté par notre règlement,
A Avignon et à Carpentras les contribuables tétaient divisés,
selon leur fortune, en trois mains ou grases (classes) ; on a vu
plus haut (S vij qu'un classement pareil se faisait au moins dans
une partie des communautés juives de CastiMe ; on le retrouve en
Sicile, où les membres de la première et plus haute main s'appel-
lent prineipali; ceux de la seconde main, mediocri; ceux de la
troisième et dernière, minitni ou poveri *.
A Avignon et à Carpentras on avait des Auditeurs de comptes,
chargés de vérifier la gestion financière des administrateurs sor-
tant de fonction ; on a en Sicile les Âudiiori dei conii *.
Partout, en Espagne, à Avignon et Carpentras, en Sicile, les
fonctions sont électives et ont généralement une durée d'un an.
Ces ressemblances entre rorganisation des communautés juives
en Espagne, dans le sud de la France et en Sicile, sont frappantes
et nous autorisent à expliquer leurs institutions les unes par lea
autres.
Dans toutes ces communautés, l'origine de tous les pouvoirs, à
peu d'excei^tion près, est le conseil général (ou assemblée géné-
rale) de la communauté, brtpn 1x3^73, C'est ce conseil que dési-
gnent souvent les actes publiés par M, Lîonti. Il peut déléguer
ses pouvoirs / pour la nomination de certains offlciers, soit à
l'administration qu'il a nommée *, soit à des personnes spéciale^
ment chargées de ce mandat «,
Ce droit électoral des communautés était plus ou moins entamé,
en Castille, par les prérogatives du Rab de la Cour; il était en-
tièrement absorbé, en Sicile, par le Juge général et aniversel
(/>ie?/ic/i(?M^, c'est-à-dire "^bbD V""^^), appelé également Rab* de
tous les Juifs du royaume. Le Rab de la Cour ou Juge supé-;
( Âdret, n«* 436 et 437 Lérida ; la taxattou est appelée pOD.
* Têrumat AaddéàeAên, n"» 344, rïD''-lJ et nTQIi:».
" Lianti, Magistrature^ doc. 15, p. 36, Messine 145Î; doc. 21, p. 43, Palermô
Des divisioas du ce genriis existaient parmi k papulnliou chrétienae du Comlal
naissin et même dans le nord de la France. Voir Les ricktf, ptédiêcrei et «tainiffVf
Vesûul, daofi J, Morey, La Chroniç. de VȧU*t de Vesûul^ MoDlbél,, 1886, p» 91
* Ljooti, Mast$tr,^ p. Il, et doc» 15, p. 36 et suiv,, Messine 1462.
* AvigaoD, dans Annuaire 1, p. i74; Maulde, art, 3, et partout en Sicile, où Tadr^
minisLraUon nomme tous les aulres ronctionnairea» Cf. Isaac b* Scbéscbei, n*214
" Lîonti, Magiêtr,^ doc. 12, p. 32, Palermo 1422 (qualre persoûnes cbargées di(
nommer ba/rrori).
' VoirGadem.j p. 275, qui propose bblD )^'^1* n^^Js notre transcription hébraïque
est pluB correcte, elle correspond mieux au terme dienchêUU et. surtout au lermf
ditncaîili qu'on trouve dans Lionti, Maff., doc. 9, p. 25; inquiUli et AtWî/f (Uid^i
doc lU, p. 27 et 28) sont des formes altérées du même mot.
« MaaB, Lionli, i^d,, doc. 10, p. 28 ; J^wd, iàid,, p. 27.
HKr.LiaiENT r»Ks jnts mk <:astilliv es i^^ 2011
ri«ir (Cistille) oi \o Juge genc^ral (Sicile) eUiiont plar/*s à la UHf^
lîplali/^Tarclno admiuL^trntive et nommt'is par le roi. Nous avons
inrquer plus liaut que les fouctious de Rab <le la Cour pa-
.: avoir éb'^ vacantes assez longtemps, après la uiort tie
Mr Alguadez ; la même chose est arrivée en Sicilo. La fouction
Joge gém'Tal fut crt^t^e *^n 1405 nt le jiremier Juge Tut Joseph
Dd$ia *. Après sa mort, la charge resta sans titulaire pendant
pelpe temps, la -charte qui nomme le second Juge général,
l'Bouavoglia, eu 1438, dit formellement que la charge est
et créée de nouveau*. D apn'^s une hypothèse que nous
exposons plus loin, la vacance aurait eu lieu déjà en 1422 ou
<juelque temps auparavant. Le troisième Juge général, Josué Be-
nartuni, fut aussi le dernier : nommé le 30 avril 1440, il ne rem-
phst&ait plus sa (bnclion ou était mort environ un an plus tard.
Sar la demande de toutes les communautés de Sicile, qui suppor-
taienl mal Tautorité du Juge général (Messine ne s'y était jamais^
foumisej et qui aspiraient à ressaisir rindépendance et les droits
électoraux dont elles avaient joui, la cliarge de Juge général,
comme il ressort d'une pièce du 4 septembre 1447, lut aholie pour
lotfjours ^.
A partir de ce moment, toutes les fonctions deviennent de non-
leatt électives, comme elles Tétaient aussi la plupart en Espagne
H en France. Les fonctionnaires élus s'appellent partout E"»~ni:i
Joa 2^n*i3:, quelle que soit d'ailleurs leur fonction. Les Q-^mia,
I^Sto, sont les eletU de Sicile*; les eleili ne forment donc pas,
ae OQ Ta cru. un corps à part, distinct des autres corps énn-
dans les actes, le nom sapplique à tous les fonction-
Dommés à Félection^. Ces mots d'^^nns et eleltl, quand ils
i sont pas autrement délinis, désignent par excellence Tadminis-
ition qui dirige toutes les affaires de la communauté.
Les renseignements précis que nous avons sur les Juifs de la
iècik* et du Comtat Venaissin montrent que cettn administration
lit unique, et réunissait en ses mains le pouvoir délibérant et
pouvoir exécutif. A Avignon, c'est un conseil composé de
« ié^^ doc. ^, p, 23.
• iiéd^ éoe^ H, p. SI». D'après Zunz, Zur Gttch,, p. 5H, rnbolition dole tlu
rwr 1447, ïy^ïiiû LiodU, May,, p. t^^ 1. 7, en bas^ le nom du mois d'ooûi pa-
• Jèmà , p*!l. Diaprés Zuoz, L e., p. 511, co sont eux qu'on oppcikTait aussi
jm^u Voir \m jmnuiûê dans K. y Gooxalez, httttic,^ p. 234. Les ji%r€t étaient lussi
art» f#^it»ila» dABS la France municipale.
• iUâ*, doc, 12, p. 32, les douite eUtH sont des pèoHî doc. 10, p. 3â, W doiis«
\ 0Ottl dlitéfBOU diïs ptotî.
T, Xm. ji*» «<L 14
2t(J REVUE DES ÉTUDES JUIVES
quinze membres en 1558 V, de douze membres en m9* ; les për^
sonnes chargées de Texécutif sont prises dans le conseil môme et _
s'appellent bailofis. II y a généralement trois ballons en fonctions, J
un de chaque main \ mais le conseil en contient six, les trois
autres fonctionnent Tannée suivante (1558) ou remplacent le3_
autres au bout de six mois [n79). ■
En Sicile, le conseil est également composé Je plus souvent de
douze membres, mais le pouvoir exécutif, tout en lui étant très —
étroitement associé et même soumis, est pris hors du conseiL LeaJ
conseillers portent le nom de niaiurenti, maiorenil; les fonction-
naires chargés de rexécutifs^appeUentiiroi^.
Les maioreniU comme nous Tavons dit, sont ordinairement au
nombre de douze*, ils portent les noms de duodecim elecii ou
duodecim^ ioni convi,âuodecim pr obi ^, Les douze anciens (5^--
niores; aussi Senatores et Probi) que les proti doivent toujourâfl
consulter pour administrer la communauté sont évidemment en-
core les maiorenti \ A Messine, suivant le règlement de 1452, les
douze maiorenti étaient prî^ sept dans la première main, trois
dans la seconde et deux dans la troisième*.
Les proti s'appellent aussi eîecU ou depuiaii^ et même sîndics '"
comme les bailons de Carpentras. Leur nombre n'est pas toujour
et partout le même. A Syracuse, en 13G4, il semble qu*il n*y en ail'
eu qu'un *', Mazara en a ^ un ou deux »* », Marsala en a deux, à
ce qu'il semble *= ; Messine, trois** ; Naro, en 1484, paraît n*en pas
avoir du tout, ou ne pas les distinguer des maiorenti, elle désire
t Mftiildo, art. 2. f
■ Ânt^uaire I» p. 170. En réalité, lea quinze de 1558 s<s réduisent anflsi à douse,
plus trois bailûtis supplëmèntaires pour les loaiiifesti»*
• Maulde, art, 2.
^ A M«ZBr& 1403, û vCy a qaa qufitro eUcti (= inajorontn \ i Naro, en 1484, éga-
lement quatre maiorenti, Lionlin, Ma^,^ doc. 14, p« 34» ût Mimi»tri^ dDc. 3, p. 8. Le
mut maîorenti a fou analogue en France ; mayotir, maire, mais le maire français •
le pouvoir exécuUf. Lo nombre de douze, pour les écbôTins ou confeillers, était ex-
tr^memeuL répandu dans toute la France municipale.
' Lionti, Mûgktr,^ doc, 16, p* 36, Marsala 1374. Zunz, L e., p. ël2, oppeUe l»j
probi D'^HIéSD.
" Ihid,, doc. 17, p, 39, Syracuse 1393.
7 7*1^., p. 11 et p, 12.
« Jàid., doc. 15, p. 36.
• Uid., doc. Î2, p. 32, Pûlcrme 1422,
10 Lîonii, Mtniêtri, doc. 3» p. 9, Naro 1484 : protki f«i» Mindkhi, Les eindîcs ntl
ioot di3uc, paa plus que les tletti ou les tmiftretf des fonctionnaires k part, distincts
des proti ou des maiorenti.
" Liottti, Vsttre^ doc. 1, p. 9, La pièce est déjù imprimée dans Qûdemann, p. 33S.
** Lionti, Mûgiâtr,^ doc. 14, année 1403.
" Ibtd,, docv 16, p. 38, année 1374^ et Documinti, p. 7, même année.
** Uid., doc. 15, p. 36, année 1452.
RÈGLEMENT DES JïïlFS DE CASTILLE EN 1432 211
(le six â huit proHou maioreeti ». Si les Juifs de Palerme,
Ï422. prétendent i^ue toutes les communautés juives de Sicile
TAorninent chaque année douze proli *, cette assertion ne paraît
'|kis exacte, puisque nous venons de voir partout des proti au
I ûoaihre de un, deux et trois, et non davantage, et il nous parait
I prtihalïle que leur nombre était généralement de trois, comme
LeeltU des baîlons en fonction à Avignon^. La seule explication
ffu'oii puisse donner de Tassertion des Juils de Palermo, c'est que
k sombre des prot», que 1 on voit encore partout égal ou inférieur
àtrois jusqu*en 1403 et de nouveau en 1452 et en 1484, aura été
modifié par les Juges généraux et porté à douze pendant leur
administration, ou que ce changement aura eu lieu pendant la
ncaoca qui se produisît dans la fonction de Juge général après
la mort du premier Juge, et qui aurait, par conséquent, déjà corn-
meûcé avant 1422. Quoi qu'il en soit, en 1422, les Juifs de Palerme
Aitrent pour eux douze proti, divisés en quatre brigades, dont
chacune exerçait pendant trois mois. Cette organisation qui rap-
pelle, pour Talternance des fonctions, celle d'Avignon, durait
tc&oore à Palerme en 1489*, Il n'est pas impossible qu'elle ait
I tiiité en même temps dans d'autres communautés, mais les
«Xfimples que nous avons donnés plus haut et en particulier celui
dp Messine, année 1452, prouvent qu^eîle n'était pas générale»
Od a déjà dit, peut-être à tort % que les proti se retrouvent en
* E«paj,'ne suus le nom hébreu de v^*^pi73 (niucdamin^ préposés,
l^névôls), mais il est évident que les mayorales de Tudèle*^ sont
[hmatcrenti siciliens. Ce mot est probablement traduit en hébreu
-y ' içnedoUm^ grands), brtpn ^binji *, n^yn ^biis ^ (les
)^ la communauté), et peut-être bnpn -^cs"] ^'^ (les têtes ou
Icfteâde la communauté) et brrpn -'laDs^' (les hommes notables
lim boooréâ de la communauté). Notre règlement de 1432 n'a au-
I de ces noms, mais il connaît les "ims ^d-ix "'Kii (veedof^es?^
gui veillent aux besoins delà communauté) et les ^-^^n ■^aiu (les
de la ville), qui sont probablement les horabres buenos du
règlement, et il résulte, pour nous, des expressions dont se
< LiOAti. Mimùtri, doc. 3, p. 9, année 1484.
* Uonu. MafUir,, doc, 22, p. 32.
« Bt • Carpeslms*
* ikiâ,. doc. 2a. p. 4L
■ Zoaf. i. ^,, p. 50U; U réserre que noue faisons à ce sujet esl jusUfiée plus loin.
* Voir pin* haut, g IV.
* ikàm^ o- 113.
* tUi,, !»•* 3H el 42S ; rmrr! '^bjS (hommes do conseil}, ihid,^ 3g>4.
* iM,, ir 429. Zunz, /. c, p. âi3, lee appelle uncore Q'«3n\Dn*
^ IM,, A- 413.
» iW.» A* 416 ; QoiLsalW Iwac h* S^éBcàst, n» 228, ^Tt^n ^IWù ÏÏ^^^^l*
212 KKVITE DES ETIDES Jt^TVBS
sert Salomon 1». A<lret daris *Hvorsos consultations ', quf» lesmewr-
d^nuV^t les bons, les grands ou fwmmcs de conseil^ les reeûm'en
('r '»3nz "^ïti*:), représentent tous, avec des nuances^ une ^euteK
même administration, clîargt^o de diri|îer et gouverner la com
munaute -. Dans certains emlroits, le^ zehénim (anciens ; en espa-
gnol, viejos, ce sont les Seniores et Saiatores de Sicile) sont
chargés des mômes fonctions avec le concours des « hommes de
conseil * x>.
On pi.^iit conclure de ces indications que la distinction si nette
qui existait en Sicile entre le pouvoir exécutif Iproti) et le corps
délibérant [maiorenti], ou même la différence moins traricliéô
qu'on trouve dans le Comtat Venaissin et à Avignon entre les
bailons et les conseillers, n'existait pas aussi clairement chei
les Juifs d'Espagne. Les mucdamin, que ce soient ou non (tes
pèces de proti, n'étaient obligés de prendre Tavis d'aucun conseil
de même les bons (probablement au nombre de sept}* ; d'un autrd
côté, les grands, anacns^ homtiies de conseil^ formant probable-
ment des corps à effectifs nombreux^ et qu'on est tenté de coffl'
parer aux maiorenti de Sicile, n'avaient pas besoin d'avoir à côti
d'eux des proti pour exécuter leurs décisions. En général» loat(
ces administrations espagnoles cumulent les fonctions des proti <
maiorenti qui* eu Sicile, étaient séparées, mais les unes, corn-
posées probablement de mollis de membres, paraissent plutôl
faites pour l'action et ressembler davantage aux proti, tandis çtii
les autres, composées d'un plus grand nombre de personnes, son
plutôt aptes à délibérer qu'à agir et ressembleraient davantag<
aux maiorenti, mais il n'est pas possible, au moins dans IV^tal
actuel des études, de faire exactement la différence entre les UQ<
et les autres.
Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, le corps diri'
géant de la communauté est souvent désigné par le nom généra
de S'^m-^i, élus" (les eletti de Sicile], On voit quelquefois ces<*^
faire eux-mêmes entre eux une certaine distinction entre l'e^é
cutif et le conseil. Deux des élus de Lérida étaient chargés de
gestion financière sous le contrôle des trois autres (en tout dffl
le môme* les bons, u»* 394
>hitit'' lotit ni2x '*s*s "
* N«3Ô4, 416. 428.
* Adrel. n^HOi, le« rmtrdamin "113^ ''-"X ^Tli:
/il G, cnTrr» bD by isrrs; les ^iv,^»f/« de h co^i^
%huL. ir 428.
* /Airf., n» 394.
* Adret, Coiisultntîons, premitTe partie, n* 617.
* Par exemple, à Tudèlc, quarante-deux addatiUidos,
*"' Voir, enircs autres. Adrot, îi- 4'22. 431, 434, 443. Ltj tnol tté^mami
nuUB lavoûB vu, pouvait «voir jo mfiai© seus.
RÈGLEMENT DES JUIFS DK CASTILLF EN WH 21::'.
irs), on leur avait fixé» pour chaquo d^^pense, un maximum de
IX sous qu'ils ne pouvaient d<i[iasser sans lasîsentîment de leurs
ilègueâ *. Une autre fois, il semble que ce maximum soit imposé
; corps entier des élus de Lérida et qu'ils ne pouvaient le dépas-
' qu'avec le consentement des dix contribuables les plus inipo-
;'. De même à Montpellier, les élus ne peuvent dépenser plus
deux sous sans Tautorisation des cinq des plus imposés •^. Cette
lation d*une partie des élus vis-à-vis de leurs collègues rappelle
[situation des bailons à Avignon et Carpentras vis-à-vis du Con-
lU ou celle des i^rotî de Sicile vis-à-vis des maiorenti*. En
néral, quelque étendus que fussent les x>ouvoirs de toutes ces
linislrations, mucdamiHj bofis^ élus, elles avaient encore der-
^re elles, îe plus souvent et surtout en Espagne, un corps déli-
rant plus nombreux, composé d'une partie de la communauté
de la communauté tout entière, et que les conventions ou de
aples nécessités morales les obligeaient de consulter au moins
lielquefois, dans des cas ^^raves» Même en Sicilo nous voyons les
jlus imposés, sous le nom de prhœîpali, jouer un certain rôle
tm l'administration à côté des raaiorenti \ Ailleurs, on trouve, à
jfôlé des raaiorenti, les bo?ii personi et les boni jfidei'\ On voit
brtbien quà Montpellier les élus ne pouvaient jj^uère prendre de
nmire importante sans consulter les bn-^^rt •<i:3«n (principaux de
la communauté, notables'?) \ et les vini^t mayorales de Tudèle
.ont derrière eux une espèce de conseil composé des adelantados,
i.4ui sont au nouibre de quarante-ileux**. Toutes ces institutions,
ïu restant partout les mêmes dans leurs traits généraux, présen-
aieat donc, selon les temps et l'es lieux, et dans le détail, des va-
hétés infinies.
Le même nom pouvait, du reste, selon les temps et les lieux,
•Adfet, n* iVt, ^72Ti ■'5'"nD "^bli:^ ; les O^H "^bl^rS sont mentionnés au u'416,
"Adfêl, n- 443,
^A Avif^noii (toSS), lé» Uilons ne peuveot pas dépensier pkâ de 10 ioas «nus
VitoriiAtion du conseil (Mualde, ort. 4S) ; à Mt^f^siuc (1452), les proiî ne peu vont
!■( <it*pea5cr plus d*une oucc saits riiulorîâtiUuti des mamreuii (Lioiilî, J/^ryiVrt,
* Liooii, Mngùtt'.^ doc, 12, p. 32. Daus la Frauee muatctpale du moyen ftf^tr, il y
)lt«it oriiiQair«*in«ul, tt côlé du pouvotr «xécutif (maire], un curp» d'échiivins |)pndpfl-
KOirol cbùf^é de ludmiuistraLiûD de la justice, puis ud corps de conscilkrs, cl, der-
^ cui, un corps plus nombreux db pairs. Duua le nord «t dans l'ciâL, lu mut^ici-
«lilé se réduisait suiiveni u nu mairo avec un cousëiI de dauKû élus, ou JuréSt ^^
^^y'mi^ ou conseillera.
* Uiiiu. ihûi,^ p. y, et doc. 12, p. H! ; Dorunifnti, doi% H, p. 19; Im bûHi komini
Mt Mtqutr,, p. 36, peuvent désigner les aduiiriiuLfoU-uis tnix-mOmcs. ,
^ Ofi^^miiiitQ, p. 101 et ini).
214 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
désigner des administrations munies de pouvoirs très àiîlérents,
On en a d^jà eu la preuve pour les néémanitn, cela est vrai aussi,
on Espagne, pour les mucdamin et les bons. Les consultations de
Salomon b. Adret que nous avons citt.^es prouvent que très son*
vent radministration effective de la communauté était confiée îd
à des mucdamin; là» à des bons; or, la consultation '249 dlsaâC
b. Schéschet montre les bons et les mucdamin fonctionnant
simultanément dans la môme communauté, et il semble que les
mucdamin y ment le pouvoir exécutif. Mais d'un autre cAt^, H
nous semble certain que le mot mucdaînin es^t traduit par adêlasI'
TADOS, les deux mots ont te nitoe sens, et, dans la pièce de Tti-
ih^e dont nous avons di^jà plusieurs fois parlé, on voit que la vraie
administration est contrée aux mayo raies, taudis que les adelan-
tados (mucdamin) ne semblent jouer que le nMe effacé de conseil»
Cest pour celte raison que nous avons dit plus baut qu'on a poat*
être eu tort didentifïer les mucdamin avec les proti ^ Lesvifjo^
et les adelaniados figurent aussi simultanément à Valence '.
Nous ajoutons encore quelques mots sur les fonctionnaires juiù
de la Sicile.
Les procuratores (procureurs) ^ sont des personnes chargée
de suivre, auprès des pouvoirs publics, les affaires de la commo»
naulé et de défendre ses întérôls. Il est probable que leur fonction
était le plus souvent permanente et qu'ils comptaient ordinaire-
ment parmi les oflîciers. Syracuse nommait ainsi sîx procu-
reurs * ; à Avignon, on en nommait deux tous les ans». Des pro*
cureurs spéciaux et temporaires pouvaient être nommés pour dôs
cas particuliers».
Les syndics, nous l'avons vu, sont les proti; rien n'empécUail
qu*un syndic fût, surtout dans des cas particuliers, nommé procu-
reur, et comme les syndics connaissaient bien les affaires de la coni';
munauté, il était même naturel qu'on leur donnât la préférence
A Palerme (1416), il y avait un baile juif*, on suppose qm
■ Les ADSiANTADOB, suîvant Amador de los RioB, II, p. 73, jugeaîeni en pr»
mière ioslaiice (au moms dans cerUitieii communautés], et le trîbimal b€t dim n'iniaf
vendl qu'en seconde ÎDElaoce ; les cousult. d'Isaac b. Scbéscbet (u»* 196, 222, 23|
^98, 348f 478] montrant également que les muedamin^ avec lesquels nous avons id
ti£é les ADBLA."fTAi>OS, avaient des pouvoirs Judiciaires.
* Bohim do l'Académie roj. d'Hist., de Madrid, lome VIll (1BS6), p. 359,
» En hêlïrpu, Û^tîllTQ.
* LioDii, Magixtr,^ doc» 17, p. 311, année 15%,
* Miiulde, art, 51.
* Od voit pourtant, dans lea communes chrétiennâa de France, des piocureurs a
semblent tïtre des conBeillera ordinaires. ^
"ï Lionti, Ebrei, p. |2.
* Lionti, Jfa^w/r,, dœ, 18 et 19, p. 39 el 40*
RÈGLEMENT DES JlîIFS DE CASTILLE EN I'i32
^'étêit Tin fonctionnaire chargé d'administrer la justice et (Vexécu-
les arrêts; d'après d'antres, il exerraît la police du fiuartier
!f«.
[Les neuf nommas à Palerme en 1490 ^ ne sont pas des officiers,
me font pas véritablement partie de Torganisrae administratif,
lis ce sont des commissaires uniquement chargés de lever un
if>ôt extraordinaire, c'étaient de véritables nééinamm. Dans
ne circonstance du même genre, les Juifs de Carpentras nom-
rent neuf députés et, comme à Palerme encore, chaque main
ïi appelée à en élire trois ■. k Avignon, en 1558, les taxateurs,
bi ont une fonction analogue, sont également au nombre de
&ufS
En opposition avec tous les officiers qui s'occupaient du tem-
Drel et s'appelaieni, en conséquence, temporales '^^ il y avait,
Sicile, des Juges spirituels chargés, sans doute, de juger les
ue-stîons et transgressions religieuses ; ce sont eux qui pronon-
ent les excommunications décidées par les protiet les maiorenti*.
'AXaroJI y avait ordinairement deux juges spirituels et on voulut,
en 1484, porter leur nombre à quatre'. Dans d'autres commu-
autés, le tribunal spirituel se composait de seize personnes*. Ce
ribunal remplit les fonctions qui, en Castille, étaient dévolues
Oûjointement au rabbin et au tribunal civil ". C'est lui aussi qui
apait des dénonciateurs ^", dont les délits avaient, en Espagne
un certain caractère religieux et se jugeaient avec le con-
f«(mrs du rabbinat.
Du temps des Juges généraux, c'étaient eux qui nommaient tous
,fea officiers, y compris les proti et les maiorenti, mais après que
iWr charge fut abolie, les officiers furent nommés, comme ils
[râvaient été aussi avant la création des Juges généraux, par les
protiet les maiorenti **. Les proti et maiorenti,à leur tour, étaient
Qpmmés, au moins avant la création des Juges généraux, par le
bfâfr., p. 15 ; Gûdeiu., p, 274 ; Ziinx, l, e., p. 514, d'après OioTaoni, p. 125.
•/U., doc. 21, p* 43.
* Àikmma%t*e l, p, 265.
* Mialde, art. a.
* Liootî, MîttUtri, doc. 2, p, 8. '
•Uonli, Magiitr,^ doc. 21, p. 46.
' Lioûli^ Miniitri^ doc. 3, p. 8-9.
' Godèm., p, 277, d'après Giovanni, p^ 136 et 255.
* Voir plus haut, § IV. |
** Le» meîdini de Giovanni saul probablement les mdiini^ dé ooncin leurs, trattros
(OodeiD., p. 277). La tkimisîa (Gûdem., p. 281] cet mainlenant expliquée, il faut lire
^A|Ryi«, sjoa^frae (LioQti, Doeum,^ p« 3J ; la thtara de Lionii, Màm^ p. n^t&t U
'«ft« rouleau du Paotateutiue.
'• LioBti, Magu$r., doc, 11, p. 29 et M; doc. 13, p. 33.
210 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
conseil général de la communauté * . Si déjà en 1422, pendant
la période des Juges généraux, les communautés élisaient elles-
mômes leurs proti», on peut supposer que c'était à l'époque
où, suivant une hypothèse qui nous a déjà servi plus haut, la
charge de Juge général était temporairement vacante. Un chan-
gement dans le mode de nomination de tous les officiers parait
s'être opéré après la suppression des Juges généraux. Les Juifs
de Palerme affirmaient, en 1491, que, dans toutes les commu-
nautés juives de Sicile, les fonctionnaires nouveaux de chaque
année étaient nommés par les fonctionnaires sortants*. Une
coutume pareille existait en Espagne*. Klle paraît être, en Sicile,
postérieure à 1452, puisque, dans cette année, comme on l'a vu
plus haut, la communauté juive de Messine nommait elle-même
les majorenti ; mais il est possible que Messine formait exception,
elle ne s'était pas non plus jamais soumise aux juges généraux^.
Isidore Loeb.
» Magutr, ; pour les proti, doc. 12, p. 32 (M22) ; doc. li, p. 34 (1403) ; pour les.
luoiorciili, doc. 15, p. 36 ('Messine 1452).
» Ibid., doc. 12, p. 32 (Palcrme 1422).
3 Util., doc. 11, p. 30 : li officiait vecchi creano li novû
♦ Adret, n» 422 (Lérida).
* A Naro, 1484, il y a •également un mode élcclorul particulier : les qualro maio-
renti du la communauté sont nommés deux par les oilicicrs juifs et deux par le
secreto du royaume (Lionli, Afiniatri, doc. 3, p. !♦).
IS Slill LA SYSAGOGliE D'UAMllAM EL EP
Par son intéressante étude piibli^^e dans la Revue de juillet-
fseptembro (p. 45-61), M. David Katil'maiiu a rappelé Fattention
sur un monument d'une haute importance, dont la disparition,
ou, pour mieux dire, la dispersion momeatant^e ne saurait ï^tre
I trop regrettée des archéologues. Découverte, comme on sait, au
\ coramencement de 1883, la mosaïque dllamniam el Kn( n'a été
hue, dans son intégrité, que par un seul antiquaire compétent,
I if. Gustave Scldumberger, qui Fa décrite rapidement dans la
Uevue archéologique {IS^3, t, 1, p 157), Bientôt après avoir oc-
I ciipé,à jU8te titre, l'attention de rAcadémie des Inscriptions, elle
l fut Tobjet d'une contestation entre deux personnages qui ji*avaient
fiiTuii ni l'autre le moindre droit de la réclamer; puis on la dé-
tacha maladroitement du sol de 1,'édifke qu'elle ornait et les l'rag-
j Diéats, plus ou moins maltraités, entrèrent dans des caisses où ils
sont peu t-iHre encore. J*ai lieu de croire qu'une partie de la mo-
«^ique est au musée de Saint-Louis à Cartha^e et qu'une autre, la
l»lus importante, se trouve actuellement à Lyon. Il y a donc
i^iuelffae espérance de la voir un Jour reparaître à la lun^ière, ce
qui permettra de conlrnler les lectut es données par les premiers
éiliteurs. A la vérité, toutes les transcriptions de ces textes re-
niontent à celles de M, le capitaîne de PrudUomme, qui n'ont
jamais été soigneusement vériâées, et le seul document directe-
laent inspiré par roriginal est une grande aquarelle à Técbelle^
ujuvre consciencieuse et vraiment méritoire du caporal Picquet,
4"i l'a exécutée sous la direction du capitaine de Prudhomme.
[Mais le capitaine, malgré son zèle pour Tarchéologie, n'est pas
' "n épiprajdiiste, et îe caporal, à ce qu'il semble, ne l'était pas
davantage. Aussi, tout en attribuant Timportance qu'il convient à
l'aijuarelle que j'ai photographiée à Sfax en 1H84 et que M, Kaul-
Iniaima reproduite d'après mon cliché» ne ïaut-il pas perdre de
|v«e<juH les lettres iliùiciles ou de tbrmes peu communes ont pu, de
BETTE DES ÉTTOES JUIVES
te iMlDeafe foi da monde* être remplacées par d*aiïtTes. I>«»
rëlal actuel de la question , je serais disposé à lire MUina
p(aieressa% mais je oe saurais m'eogager dans une discussion â
cet égard, puisque le texte me semble insufilsdmment établi. Je
n*en veux d*aiitre preuve que la seconde partie de la troisième
inscrIpUon, INSTRUMENTA SERV( TUI AMAROM. où le mot
AHAKONI a certainement été lu de tniTers.
Quand on a vécu pendant longtemps a a milieu d*épigraphistes
improTÎsés, qui tous présentent -sérieusement des copies (inscrip-
tions en facrstmiie où chaque raj^ure de la pierre est reproduite,
sauf les rayures importantes qui sontles lettres, on se eoDlormein^'
tincti?ement, en pareille maUène. au précepte du vieil Ëpicliarme ~
MÈfns? irtTtt£v. Je ne discnteral donc pas, à mon tour, les lecturc^s
de M. Kaufmann et me contentemi de signaler à Tattention quel —
ques documents relatifs au même édifice, qui se trouvent depum-
peu de temps entre mes mains*
M. de Prudh(»mme avait annoncé sommairement la découver •-
de fragments de marbre et de débris d*un chandelier à se j:^
hrsLnches [ Rente archéologique, 1883» I, p. 161], Il adressa
rAcad<?niie, en mAme temps qu'une aquarelle de la mosaïque, i
dessin de quatre objets trouvés au lieu des fouilles, deux lamp^
en terre cuite, un chapiteau et un <f fragment du chandelier -
sept branches ». Ces dessins, remis à M. Renan, puis à M. A, Be:
trand, forent jugés trop mauvais pour être publiés dans la Reti^'
archéologique; ils restèrent dans les tiroirs de M» Bertrand, qi^
eut Tobligeance de nous les communiquer tout récemment. C^
sont des dessins à reffei, certainement peu exacts et qui im^
prennent d'intérêt que par suite de la disparition des originau^c^
Mais il faut bien en prendre son parti : en attendant que les dé-*
couvertes dllammam el Enf figurent dans un musée, nous devou
nous résigner à les connaître par le témoignage de ceux qui les
ont vues. Or, quelque imparfaits que soient les dessins du capi-
taine de Pnidhomroe, ils sont rœuvre d'un homme de bonne foi,
incapable d'une mystification : cela suffit pour ne pas les rejeter
dans le barathre des documents à cofistiUer, qui restent inédits
et qu*on ne consul le jamais*
L'une des lampes dessinées par M. de Prudbomme représente
un chien courant et porte la mention suivante : «< Lampe trouvée*
dans la fouille ; au l/'2. L'animal figuré est un slougtd, chien
arabe. » Ce modèle de lampe étant connu et commun, il me semble
suffisant d'en signaler Texistence. L'autre lampe est plus intéres-
sante* Le dessin porte également la mention : a Lampe trouvée
dans les fouilles, au 1/2* ^ J'ai calqué aussi fidèlement que poa-
NOTES SUB LA SYNAGOGUE D'HAMMAM EL KNF 219
sftle le dessin de M. de Priulliomme etje Tai fait reproduire à la
grandear rie rorîginal par la zincof^ravure (flg. 1). Le symbole
repr<*seiit6 sur la lampe est îo chandelier à sept branches, quj
figure, comme Ton sait, sur le^ lampes juives de Ft'poque romaine.
Je suis moins certain que M, Kaufmann que ce symbole n'ait
^/^V^
'n.i,.
0
M
i€W.
Figure 1*
I jamais et*? employé par les cliretiens. Sans vouloir revenir sur
^nt! discussion dont on trouviTa les éléments dans Martijiçny et
Kraase, je rappellerai que le R, P. Delattre, directeur et fondateur
I «in musée de SaîJit-Lnuis à Cartilage, a siprnalé une inscription
trouvée dans cette ville même» au-dessous de laquelle sont repré-
Beotés le chandelier et la palme. L'inscription porte :
VICTORINUS
CESQUET IN PAGE
ET IRENEV..,
Or, la formule CESQUET IN PAGE paraît bien chrétienne et le
I f. Delattre n'a pas tort d'insister, à ce propos, pour qu'on n'aban-
llloane pas sans nouvel examen Topinioii de Bosio, qui ne voyait
^sdans le chandelier un symbole exclusivement judaïque *.
En revendiquant te chandelier paur les Juiî^ seuls, M. Kauf-
* Delattre, Lnmpts ckrétiemtti de Cartha^e, Lyoo, 1880, p. 38. — Il est à re-
l.p«U«t anâ o« ïxft%. irèi coDsciencieueement illustré. Boil aussi peu connu dt-^ ar-
REVUK DES fn-LDES jriVES
tnaitn voit, au contraire, dans le paon et les poismms i
î»> mbûle^ communs aux deux croyances, mais des mottâ dtAko*
ratiou qui n'eut ici rien de symbolique. Je le suivrais difficflMftt
dann cette voie* Les savants auteurs qui unt créé Tardiàdil^
chr^'tienne se sont donm^ beaucoup de mal pour ^t^lir ienss
symbolique de cerlaines représentations, comnie celles da paon et
du Irùvre» que Ton trouve sur les monumenU chrétieas primitib-
Martigny avoue qu'on n'est encore arrive là-des5us à attcmie con-
clusion certaine. Pour moi Je ne puis m'empécher de croire que le
paon et le lièvre symboliques s'explîqup-nt comme le poisson, tj4-Af '
i savoir 'It,îo:*î xpirri^; eîoû ui6ç «jtJTtîp. Il faut se souvenir que lectitis^l
tianisrae primitif est bellénique, et que paon^ lièvre se disent enj
grec «ici;, Xi^^^k *. Dans ces deux mots, on a le^ lettres a et û tanti
juxtaposées, tantùt disposiles sym^^'lriquement autour d'une le
qui forme comme le centre du vocable. Peut-être n'en fallait-ilp^
davantage pour que ces mots devinssent des signes de reconnais
sauce, et que leurs images prissent la valeur de symboles.
Juxtaposition des lettres a et û était certainement recherchée pi
les clirL*tiens. Je reproduis ici le dessin d'une cuiller en argi^i
que j'ai copiée au musée de Mayence [dg. 2j ; elle a été trouva
dans le Palatinat, à Ihener-Hof, mais je ne sais si elle a été àé
publiée '•
Figure 2»
Les lettres CACiJV, ée part et d'autre du chrisme, n'ont aue
sens, à moins qu'on n'y reconnaisse une sorte de crjiïtogramiiï
pour CV AOJi (u es Valpha et l'oméga. Mais j*ai hâte de reveu*
aux croquis du capitaine de Prudhomrae.
Le second dessin, que j'ai c-alqué tidèlement, représente la moi^
tli^ d'un chapiteau en marbre d'ordre composite ; notre gravure
(tlg. 3) le i^produît au douzième de la grandeur naturelle. La se-
ci*nde moitié était intacte, mais M, de Prudhomme s'est contenté
d*inscriresursou dessin : «t L'autre coté identique ». Ce chapiteau
M peut guère être antérieur au iv« siècle après J.-G.
I tios voyelles de Xo^tî»; sont a, u, et les consonnes sont les mêmes que ceUes
* Il nV^u Q^t pos fuit meatjon dans le pelji Vorpmif des oiUkers inscrites (lubtté ^
%i, V^ùUmt litttm les XrUtseAc AmUkttu, p. 37 {Hepnrat-A^rnck hm dtm Pkihh^
.NOTKS SlTIl LA SYSACiOtUIK tniAMMAM KL KSV
M'arrivo au plus important des ilessius jjîétlils de M. de Pru-
homme, celui qui porte la mention : '* P\oA du cltaudelîer à sept
hes »». M. de PrudhoraraG n'a pas irîdiqnf'* Ir matière, mais il
Tîdent, d'après rexucutiou du croquis, que c'est du marbre.
Fifçure 3.
Udeî^in original étant assez elTacé, je ne puis garantir le con*
l tûBràgauche du pivot central {(\^, 4). L'intérêt de ce Iragment me
•lemlile singulièrement augmenté par la comparaison avec un objet
-f^ilHuJ
-1-^^
k.h\j
Fji'urc 4,
^ïMlocne qui se trouve aujourd'hui au Cabinet des Médaiîles à Paris
- 1 Nous Tavons découvert, M. Babelon et moî, au cours des
miut*% pratiquées par nous à Cartha^^e, dans les premiers mois
flè'81. Un dessin en a été publié, avec la relation de nos fouilles,
\ le Bulletin du comité des iravauw historiques (1886, p, 11);
IÎ9 ce recueil, comme tous les recueils officiels, étant très peu
andu, je crois nécessaire de reproduire ici la i^ravure donnée
te Builelin. D'après une mention inscrite sur le dessin de
Prodhorame, le fra piment qu'il a trouvé à Hammam el Enf
il U", 108 de haut; le notre est un peu plus petit, 0"\085, et
Mirgeur atteint 0*",1L II est i^robable que ces deux marbres
tfH lETTE DES LimU ICITB
oât fiûl partie €ot)^ »ak«Mk Cdn 4k Guitage prâBCSte en
ovtre iroift petits teooos à li partie mUiiemsm^ aarfiiés en (oin*
tfUé «itr b gmram, pim «a^tti ne aoBl pas ^mUm pour k speo-
lalBitr foi regarde Foiiiet é^em kaol. Llaacrtplioii gratée sur le
i de Cartkige ii*a pas eaoore élé expllfaée. Le prei&ier
à droite ressemUe i nsdKa, leaBeoad ioalometfi
le fiiatrièiae à «a am : fiianl aux aalres» ils se rapprochent da-
Tantage des fa»es pli<nlcieaa«, ITélaal pas kârateal, je litre
œ mMMHBiiil ans €oojeelares det saïaals spéciaux ; )e puis d*m)-
leon lear garaatir Texactitiide de la i
'i»<W
Ce curieux objet, que nous aTîons publié sans hasarder un^
explication, parait bien déterminé par la découTerte de M. de Pru-
dhomme : c'est un fragment d'un chandelier à sept branche4S^ U
s'fât trouvé dans une grande trancliée avec des lampes chré-
tiennes, des débris de vases et quelques objets phénicien^*
comme le masque peint et le bas-relief en ivoire que nous avon'
publiés {Bulletin, pi. I, p. 28). Il faudrait admettre que dans les
bouleversements dont le sous-sol de Carthage porte partout ^
trace, les restes d'une synagogue juive se sont confondus ay^\
des débris romains..
Je dois encore, pour répondre à une observation peu fondée è
M. Kaufmann {Revue, juillet-octobre» p. 59), ajouter quelques
mots sur la véritable forme du nom de la ville appelée Hammatk
et Lxfà^ns le dialecte tunisien. Je les extrais du second volu
du grand ouvrage de M. Tissot» Géographie de la province ro
maine (C Afrique, dont je prépare actuellement la pubiicatioi
(p. 125) :
« Shaw écrit Eammam-Leef, Peyssonnel Emthelif, Desfon
taines Matnelif, La prononciation locale est effectivement Eatifk
inam-Lifi mais le véritable nom est Hananoin ei-Enf, wêiVl
NOTES SUR LA SYNAGOGUE D HAMMAM EL ENF
223
tles bains du nez» de la pointe i». Ce dernier mot fait allusion à
la saillie très prononcée que dessine» au-dessus des thermes, Vé-
peron du Djebel bou Kourneïn, auquel les indigènes donnent le
nom de Darbet Sidi-Ali, n
M. de Mas-Latrîe a émis, au sujet de Tinscription d'Hammam-
-Enf, une conjecture assez hasardeuse, que je rappellerai ici
aur mémoire ^ II pense que les Berbères orthographiaient le
nom NARONITANVS sous les formes suivantes : GNARONl-
TANVS, GNARITANVS, et GVNmïANVS. Hammam el Enf est
^Identique à la localité romaine dite ad Aqims, que Wilmanns (et
jnon pas Mommsen, comme écrit M. de Mas-Latrie) a crue iden-
jliqoeaux aquœ Gummitanœ {Corpus inscriptionum îaiinajntmf
\t Vllî, p. 132). Pour M, de Mas-Latrie, Gummilanus est une
forme adoucie du berbère GumritmiuSj qui serait identique à
\ MronUanus, La ville de Gummis a été Tun des centres du chris-
tianisme en Tunisie jusqu'à une époque avancée du moyen âge.
M. de Mas-Latrie croit que la mosaïque d'Hammam el Enf est
difétienne, ce qui me semble une première erreur ; et quant à
l'identification de NARON avec GVMMIS, je pense que le pho-
ûetiste le plus intrépide hésiterait à Tadmettri^, La synonymie de
Gummis et d'IIammam el Enf. proposée par Wilmanns, est d'ait-
leuLTs une simple hypothèse ; M. Tissot inclinait à placer cette
^ille plus près de CarpL
Sâlomon Rbinach,
I Mi^Ulrie, BthHotkèfjue d» VÉcoU du Charité, 1B83, p. 72 ; B^^ue ÂrtKéidt)-
TfWp 1883, t, I, p, 234 ; RelaùoM ei commti'cû dû Vàfn^ue ieptmtrionaic^ Paris,
LE MIDBASCH TANHUMA
ET
EXTRAITS DU YÉLAMDÊNU ET DE PETITS MIDRASCHIM
M. Salomon Buber, conseiller à la chambre impf^riale de com-
merce de Lemberg, s'est imposé la tâche très louable et très ardue
de donner des éditions critiques des Midraschim. M. Buber, comme
M. S. J. Ilalberstam, de Bielitz, M. A. Epstein, de Vienne, et le re-
gretté M. Straschum de Vilna, appartient à cette école d'amateurs
de la littérature rabbinique, que leur commerce n'empêche pas
de se vouer aux études. Tels autrefois les docteurs du Talmud :
Akiba, Méïr, Johanan le cordonnier, Isaac le forgeron, et, au
moyen âge, les rabbins, qui, non contents de ne point recevoir de
rémunération pour l'enseignement qu'ils répandaient à profusion
et l'administration des affaires de leur communauté, partageaient -
encore leurs revenus, parfois très modestes, avec leurs disciples.
Tel était le cas, par exemple, de Raschi et de ses disciples, à Ra-
merupt, des rabbins de Paris et des environs, et de ceux de Pro-
vence. Nous pourrions étendre cette liste. Espérons que l'espèce
de ces savant^ désintéressés ne se perdra pas et que la littérature
rabbinique comptera toujours à son service des hommes aussi
distingués. M. Buber, dans cette légion de travailleurs, tient un
rang des plus éminents. On lui devait déjà de nombreux articles
et monographies scientifiques dispersés dans des périodiques
hébreux (entre autres, la collection des passages connus du Mi-
drasch Abhir et du Midrasch Debarim Zuta), des excellentes
éditions d'ouvrages midraschiques, celle de la Pesikta de R. Kahna
(Lyck, 1868), et celle du Lehah Tob, sur la Genèse et TExode, de
Tobia ben Eliézer (Vilna, 1880). Il vient d'acquérir un nouveau
titre à notre reconnaissance en publiant un Midr^asch Tanhnma
différent de celui qui a été imprimé. Comme les précédentes édi-
tions, celle-ci est faite ii Faide de mss.^ au nombre de neuf, appar-
leoant à différentes bibliothèques et inédits josffu'à ce jour. L'ar-
deur de notre auteur ne se ralentit pas et il prépare en ce moment
I Qne édition critique du Midrascli sur Ebtlier et les Psaumes, en se
servant de tous les mss. connus et d*un Midrasch inédit, intitulé
Sélûiel Tob^ de Menabeni ben Salomon, qui fut probablement un
rabbin provenral.
Ce Midrasch Tanhuma, comme Va déjà montré Zuiiz \ est cité
par divers auteurs, tantôt sous le titre de Yelamdénu, tantôt
sOQs celui de Tanhuma. Le texte da Yelamdénu n'a pas encore
été découvert*, mais, comme nous l'avons dit, nous possédons
aujourd'hui deux rédactions différentes du Tanhuma, celle qui
a été "imprimée plusieurs fois et celle de M. Euber. Si les titres
ïeiamdénu et Tanhuma désignent souvent un seul et même ou-
vrage, cela provient probablement de ce que, dans une rédac-
tion^ ce Midrasch commençait par les mots : Yelanidénu ralibénu
(ûu peut-être chaque sidra^ comme dans le n^nîni), et, dans une
antre, par les mots : R, Tanhuma patah, ou darasch^ de môme
que, chez les anciens, le Midrasch Bereschit Rabba porte le nom
àfiBere^chtl de R. Oschia. Mais on verra par la suite que Yelam-
dénu est très souvent le titre d'une rédaction distincte.
Quoi qu'il en soit, fauteur du Tanhuma n'est certainement pas
le docteur de ce nom, qui ny paraît pas très souvent, et il est
iien inutile de consacrer plusieurs pages, comme Ta fait M. Buber,
à le démontrer. Le savant éditeur se donne également beaucoup de
mal pour prouver que, contrairement à ropinion générale, ceMi-
<imsch Tanhuma est antérieur au Tanhuma imprimé et au Yelam-
^h\x, que celui-ci n'en est qu'une deuxième rédaction et celui-là
la fusion de ses deux devanciers. M. Buher montre toujours beau-
Jcoup de tendresse pour les textes qull publie, il veut à toute
prce qu'ils aient le mérite de la plus haute antiquité. Autrefois,
c'était la Pesikta qui était « le plus ancien recueil aggadique » ;
aujourd'hui son amour se reporte sur son dernier-né et c'est ce
ftouveau Tanhuma qui est le plus ancien ouvrage aggadique. Il
Brait même antérieur au Talmud de Babylone, car il cite les
2iakot non suivant le Talmud, mais selon la Mischna et la To-
Bfla. Pour ce qui concerne le Yelamdénu, M. Buber aurait dû
_ Dir que, à en juger par les fragments qui nous en restent, la
langue seule montre qu'il a été écrit avant le Tanhuma ; le Tal-
* Oottêtdùnttî. fortrâ^e, cb. xiu
* Le nu. dâ Cambridge qui porte le nom de YelatudéQa est le Tanhuma. Vo;r
ràuUoduction de M, Buber.
T. XIll, no 20. 15
4V EEVUE DES ÉTUDES JUIVES
niud de Babylone y est cité *• Il est, à notre avis, le plus ancien
des trois textes dont nous parlons en ce moment, et cependant,
selon M. Zunz, il appartient, au plus tôt, à la seconde moitié du
ix« siècle. M* Joël Millier, qui connaît admirablement la litté-
rature des Gaonim, dans son dernier travail*, montre que le
Yelamdénu-TanUuma a utilisé le Talmud de Babylone dans sa
rédaction actuelle, M. Buber va plus loin encore et il veut que les
rédacteurs de Bereschit Habba, de Vayikra Rabba et de la Pesikta
aient puisé à pleines mains dans le Tanhuraa qu*il édite* Force
lui est alors de corriger tous les passages qui ne concordent pas
avec ce texte : c*est le chaos. Lorsque parut l'ouvrage de M. Bu-
ber, en en rendant c^^mpte dans le Jewish Chronicle, je disais qu'à
première vue, ce Midrasch taisait tout Feffet d*un recueil récent,
remontant au plus haut au ix*' siècle* Depuis, MM. Weiss et
Epstein ont apporté des arguments nouveaux et de poids à cette
tlièse et ont prouvé surabondamment que Fauteur de ce Tanliu-
ma s'est servi du Talmud de Babylone et même de Midraschim
beaucoup plus récents \ Si on n'admet pas que ce texte soit une
traduction comme le ^«n 'n, et c'est une hypothèse insoutenable,
on ne peut s'expliquer qu'il soit écrit en néo-hébreu. C'est là un
des caractères des Midraschim postérieurs. En outre, tes formules
i33n m^sb"* et Q''7:Dn isa ^d nous mènent à Tépoque des Sclieeltot
et des consultations des Gaonim.
Si la thèse de M. Theodor* est vraie que ce nouveau Taiibuma
est une collection d'homélies fondée sur le cycle triennal des
lectures sabbatiques, les autorités des écoles de Babylone auraient
certainement passé ce Midrasch sous silence, tandis qu'on en au-
rait fait mention dans le Talmud de Jérusalem, puisque le cycle
de trois ans est palestinien. Si le Midrasch Tanhuma était ancien»
on y aurait rencontré le dicton K:3-)n:n cm?a cn3. Il est probable
que dans Je midi de Fltalie, où on suivait le Talmud de Jérusalem
et non celui de Babylone, on garda le cycle de trois ans jusqu'à
l'époque où le Talmud de Jérusalem y fut supplanté par celui d(
Babylone et, par conséquent, le Tanhuma pourrait être un pro*
duit des écoles de Bari et d'Otrante*
M. Bober, dans le dixième chapitre de sa préface au Taahunl
donne une liste très abondante des auteurs qui citent des passage
du Tanhuma et du Yelamdénu. Elle commence par les noms
AbaïGaon, et des Ilalakhot de Yehoudaï Gaon {sic); il est superit
* Voir, ci-dessous, paragraphes D el E.
* Brit/k M. R^âpomen in dtr vorgtonaUehên Ztit; voyez plus hiut p« 149.
* 3f** Talmud^ t, IV et V.
* MûmUschri/lt, de Frajikel-Groeti, 1885, 1886.
LE MIDHASCH TÂNHUMA 227
Fie dire que ces rabbins ne pouvaiejit pa^s connaître cet ouvrage,
[puisqirn liVtait pas encore né. Peut-être Saadia et Haya Gaon
(en sont-ils serviîj, mais on ne sait pas si Jes consultations qui le
ont croire appartiennent vraiment à ces rabbins, car on a mis au
[compta des Gaonim beaucoup de consultations sur lesquelles ils
l'ont aucun droit. Le premier auteur qui mentionne le Yelamdénu
Ifst R. Nissitn Gaon ; après lui vient R. Nathan de Rome, puis
|Easclii, qui cite souvent le nouveau Tanhuma. C'est au moins ce
que prétend M. Buber, mais M, Epsteîn a montré que plusieurs
des passages que Raschi donne comme lires du Tan huma ne se
trouvent pas dans celui de M. Buber K M. Buber a, il est vrai, ré-
ipoudu avec succès à quelques objections de M. Epstoio, mais le
[fond de Fargumentation contre l*anLiquîté du Tanhuma nen est
[pas ébranla* Nous ajouterons quelques noms à ceux des auteurs
Içui citent le Taohuma i"»t nous reproduirons les passages des écri-
I Tains anonymes qui le mentionnent. En outre^ nous publierons ici
I In ea;^^«;so des extraits inédits du Yelamdénu, dans l'espoir que
^matëriaux pourront un jour servira la reconstitution de ce
isch perdu. Faisons remarquer, à ce propos» qu'il y avait en-
core vers la an du xv siècle des exemplaires du Yelamdénu en
Italie et au Yëmen et qu'au moyen âge, c'était surtout en Itaïie et
€a Provence que ce recueil étaït cité, tandis qu*en Allemagne et
<Um la France du Nord» c'était le Tanhuma.
CITATIONS DU l^LAMDENU.
L — Moïse ibn Thabbon, dans ner^s 'o, ms. d'Oxford, Opp* 241 ;
fcataK 938) 8 TO.
n ©^TD mK3 bc» .■»'^3 y«ia ^y b^mD-» ^•»niD« b^ms*' no^sb
cnK Tn^z^ p^tj: in: n'^^ij nr^T^ ^:t: ^rj-T^ bis rpsn nba n»D
noio ^n^ bj c»-i^7:3 mtî ^:3 ^i^ br û*':?*:^^^ t]D'"'n nrn obi^a
by^ ni:3« •n'^ b;^ D^n?:^ nmaii pna ^i^ b^ è«-iC^d ''i^^n innÊ*"!
• M* Epstein, dans le même article, montre que le Tanhuma imprimé sur l'Exode
a*ett pat la YoUiadéau eaû«r» comme 1« veut 2d* B.» mtis u'eii eit qu'un extniu
m mwm DES ETODES JtJIVES
B, — Israt^l 111s de Joseph Al-Nakawali, de Tolède, dans son
ouvrage de morale mx72n rni3^ (ms. de Ja fiodléîejuie, 0pp. 146;
cataL1312), aul^50a* :
nsntî© D*T« Vbsn*' mbsn rîî3D' '-'an isnTab*» nsTiob"^ lîsn-nsa ironsT
m3«nc s'^^irs nnC7 nri?:'^ i>:d ^:?:ra "13 i«irc^ 'n ■*.:?:&? ♦mcJ
î-rb»! ISO 3 sm:3 pc?2 bo •j*''^i^ ne:? n:i?:-a 1^3 nrix pn';^ '1
nasD -it:iî< p72^D 'n , rrcn nx '•"'' ni^ ^13x2 . -jcon tjiDi nraa
yno-^v *j^-x j-n^T bbcrîoïî n^'tïïsa nm^sc nT^bnn mc^ n:ni33
^"^ ï-r:'i^Hn ^nr^:? bD '«2t:j *!-T-nT230 mi-^bin bs 'ïppsn'^ n?
d'abri t;fi«n?3T:3 n^"ii^Tï: n-iD^ nn^c *7:i3D n?:iK p:??:-^ 'n . ^1^3 '3
:?:^ii3 c^irna n^^pn b^ vz^ tnb:?r\^^ 'p'* ni^ Gi'*^ ^"-^ •5:7*' t7
ir«o D*'^«i n'':sb i^s^nn^CT v^^^^^'^ ^^rrn b»"iïïî^ ba tnbsn
.în&?::n *^:dîd "inbon bs bnpnn pîH
Il est toutefois possible que le signe placé sur le second isTar
indique qu'il faut rayer ce mot ; en ce cas, le passage en question
serait tiré d'un Midrasch anonyme mejitionné souvent par Israôl
II cite plusieurs extraits du Tanlmma, de la Pesikta, et un senl
d'un Kniaî<*î «nsD, que nous reproduirons ailleurs avec les pas-
sages tirés du Midrascli m&* •'rr (qui est identique avec le fameux
Zohar *)i extraits pour la plupart en hébreu*.
C. — Makhir ben Abba Mari, qui, dans le Yalkout sur les
Psaumes (ms. d^Oxford, 0pp. 22, cataL n*» 167 ; la préface en est
imprimée), cite plus de cent foi* le Tanhuma, n'y donne que les
deux extraits suivants du Yelamdénu, Il en cite davantage dans
le Yalkout sur Isaïe et les douze petits Prophètes *.
« M. Schechter {Afcmtuekrift. 1885, p. 114-116 st 234-240) • donné une à
criplion détaillée de ce iss.^ dont une petite partie seulement est imprimée [voy^
SteinBcboeider, Cûiai* Badl.^ cûU 11G2) ; il ne faut pas coofondre cet ouvrage avi
son homonyme, composé par Isaac Afaoab au Âbohab. Ajoutons encore qu'Ephraîm^
un des fils de notre Israd, est mort à Tiemcen en 1442 (Weil, Le Cimttièrt isrûélU%
de TtetHcen, Avignon, tSSt, p. 6|, tandis qu'Israêt fut lirtlté sur le bûcher a Tolèdi
en 1393. Nous reviendrons sur la famille Nakawuh dans un article sur les rabbix
de Magrebf que noua nous proposons de publier ici^ article qui formera un suppléa
ment au travail de M. Âbr. Caheo, inséré dans Les Mémmret ée la sùc. af'ck, de k
provimet dû Coiutmmiime^ Ili67.
^ C'est un fait curieux que, ver* la (la du xiT* siècle, on ne cite pas la nota
Zuhar en Espagne.
* Voir dons la suite de cet article le Yalkoul sur les douxe propbètes.
LE MrDHASCfl TANIiniA ■■■ ^^
?T27' •"SîX!^ 1Û3D ^inb mni23 iD-'btïntJD B?ina«a ?i5T?Db 'i3i
jrtrrîf:s min» i?d*j xnps mwi '-«03 î-r"3pn ib rria^ ttb i^'^n^^Tû
irr-nseb rTr:?5 n^^ » D^^n ib r-rn xb i-'-^n^fi^î nsisp i^b ninî« itzW
»z«r: ;raD y-nb is^'bcrîb "rn^sa n^K*^*:) di'^a ïia («>) naiT^D di^3
iirr -ic;:: ^ms t^m n:* qo3 sn-i^D n^b:^ r-r^s; e^^'rr n^^in dh
^r-rbr r^:a; ■•r':: r*:;inp br iirs3 mD?3''i ^'rs^ '^^i7 '-^ï^td ri^inn
V5 rr^b? iis:3 '•t::*^ noinp b^* ii:3D5 niST^b?: ttirt bn toKi e^-^rr
^«c3 tr>"'b mb'TStî^ nui î-ïann ■»56« tanna» '?dh ^^by n^^iis^
"^^TDr: n^::n -^iD t-nb^ii^s '^miS'i t^bn ^353 -^sk wbi "i^^ niû^inp
b^ :s^^^ i3n:c -i'^n^'ani imn 1,3 ?<rsn 'i biD nm ï-pit:31
F*'J64. ib ^1313 mbït i?33:r m^3?b rîpnia ■'ti br> nïtm ks
ferm ^m^ te*»b nn^^ t^b^^s oib'^a -^td tsnoi tï''73n ^^ina in^bo
rn-sîr n^T -i?2«3iû nb^?ab «m Hsr?:^ 'ïn:3bî3n ntt i^bim 'j^n3:iPi3
Vnjn i^rrn &^nï?j ^b^o î-t:?-id T^btî ^33rr t^nb^ vs -i^^^ ris
PS rrrx sns ^^s^sr^s d''?33 riûn n"3prï b"È« rm^-' ^ir3 'pninn
m*» 'p:3b3 Tn» nic« rr:rr '«5iû nb5»73b nbïïî l'^nabs nb ^-bim
ïTTCTi c*^ nr-it:ï rrr^n m 37 ^^ni r-r?3ip nniiJT bssîs Dnm tj^^
^ -inf ro 1D15 n'^M rrtsi û-'yg "TTrï^n ^nip ""sn N'^nDi û'^si d^is
:Dirîn nft« vb^ ''n^D3 Tibswri nbi^D *mi ûps
D. — Jacob fils de llananel Sikeli (de Sicile), qui, d'après un
iMidrasch du Yémen composé en 1484-92 S se rendit de Damas à
Aden, cite dans son ouvrage aggadiqae sur le Lévitiqiie, intitulé
mrp nirbr (ras. de M, de Gûuzburg, n^ 512), quelques passages
da Yelamdénu'.
• Hs.da la Bodlélenne, n« 2493 du Catalogue.
^ fiitenooft. en pts&iDt, pour Thistoire Huëraire, ces motB de la préface :
ffT^^'^.'ZT nno hy -nnD'û Tibsna ûn^pQ ■'nn&tsi *^n3nD *^3Si
' p »*nps^ "^rcr? hdds D'':3Dnit5ï3i fa^ibii .Tanp ^-nn3 3^jbi373i
I^nrCUn r*^in te trouve e Oiford (Catalo|ïiie, n*' 984, 985,1186), où l'auteur
f^t».»i «Il préjtiot ouvrage. Il est possible que la 4ate 1444 iju^otL trouve dans le
•• 1A4 •• rtj^porU à la composhion d» Votivrapc, et non û In copie, comme le dit ]&
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
î '131 ib-^n •'icb ibip 1P3 -^^'ii 'N3t5 ibip ri?3pb V^''^*' P'^^f n^isn '
II. — Ètbc ''t: dî* n>2i i"p d'^na^ nbm .!^5y»S3 w::nr ^^ cdî
K^anb pi^nj^n «idh ib-^w^ sirsrr is^b:^ nb:?t! ïtam «lanb pisni;
IIL— ip\Db T»b^ 7it5^ •!«« bsTD it* . n33 inT^b-^Tsi rrania
K'^:£iût bco "^Tsib'^n £:b*u^ nrsn ûbtDT^ mrr nni» itnis nrtt sbcn
:'m '1 ^izih'Qir obuî?3 ira«-j sbisia
1
17. — '•'sxb bxr::^ ^^n inri.^ç p:c nxr:: a^:TO n-n^n rrûtrï?
bs b;?i 'iii 'rr ti:&?nn prises 'i2i D-'n^-^ -'s-'-i n-ims^ «"tt d^ïïcz^'
n?3« ij'cs rinSD i^b^ !-TiDtt bbDns;^ ï-rbcn n^n» ï-rcon ts'-^fcs
S-'ïrb nnss nnpbn l^s-'sn r^s-^ian n«i:a nxarî n"2pn ''scb nc?3
bïîTDi r-î^T ba?: prr ^•♦n^D te^'^rn bD it:n t^^^nn p^33 b-'^ïîa
*p^n n"3pn ib iï3« rai b^scn n^D pbin rtnât t»» pn^sbi *ïd5
i^sni np-'j^ iniN nmy •'ïît;^ t^bï« -îi? t>«bT •^b-^soa innpr ^:ô«'5
V. — n-iin Vn iJitj bn» lt:TD n^^n^ ^îst mTs:?b ^-^ *^"r^ f*^)
B'^bTDti n2T mm .n:?i)i bn» i?3Ti rT)D33 im mcrb DTsbisrr narj
HT^b?: min bj- ts-'^yt^cn niT ^nmn .i:?i73 bm» pTD ï-nir bij
&T3b lan^s t^?:b*û q« biD*' ,D^?3bp &cbi min D*Cîb t-i::ntîroj
Ë-'73bïïî nï3 mip br D-^?3borî nai nmn r«T b"n rinin ST^bi '•♦ï^b^l
È''iD:i rîD-'TiD i^::p mip qî< pvz^ Tnn nsism D^SDn rr^-'rs ^"-3
ns^n in'^b ê*:^-*'.^ '^Db in^« bKj?:ir^ 'n t:nï:?: *pViDi r-rm r-.Di:n
î-r73 min b^^ a''7:bDrî nnr rnmp b"n r-icinT; nb v^* ^*^^'' '^^nn
li^îDP iniir\ v\n pr:îi nm tnsirn a'^Don nij-'TzD ts'^r^:: D'^'^b-aJ
rT?3 mip br a^?:bcrr nsi nmn .pi*::T nm rDi:p d^3d:i rrrï-^^oj
n^a min ?r a^'^b-cjn rn^n V'p no7?3n p tpn*' biD^ Dr:^ n^inl
p m-'D r-niPH qx •^isrTsrî p h4^s^ nnî^^tîn p icn-'s s^?:bi:
Dnbb f3?2i *i^bin r^b» !sp3?3 na*»» ms^îon p iDn*»© tib noytîïii
TiD5'72n p t:^7:btD rtiQ n^np'^ -tn» te-^Tab© b"n i^r^rr p rss-»^'
ir-i^D «bi -niîj^n p mip -'br ^^nn n^tt -tJyTrn p «n*» Dnbn tj»
nu z^np'^ nï;« û-'ïsba b"n ncrTsn p K^a^ biD"* noy^an p nttrib
Tcr?3n p mn^D &«b TJj?sn p «"^M nDr?3?T (p) n?3 i3*i'«s D'»?3bT3^
p niir '^bj -^nn 'tH p cnbn qx T^bnnn p t^bx ^^^M "irnl
nu;« te^'^btt^ Vn ï^-^^^ biD*» p ci^Es -nsr^jrr p î-r?2nbi T^binrr
Va niip K'^n-» n^j»?2n p r-rr^nbi î-rnp -^b^ -nrr 'îj» ••"•'b in^'-.p*'
t4''3'' «b nt3J!?3rr p rïîsnb m^si:: d":?n T'binrt p irnbn nDjnon
I
LE MIBBASCH TANHUMA 231
î-Ç2»-j t)^^3 mpbn it) cnbn qn n,crr tiDss mpbn ^îa or:bï3 n73
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riX'Osi tSTprr ^sbs Dnmn&îT G2>n ^sbs Dn^D ';-»3Di^'' û'^:pT m
:nyi!!: bm» hhd b» myr: bnpm 'r^D lûiprr "^abD Dn'":Q D^m
YIL — tv-T'i V^ ^^^ ^''^ ^- D^nbK Ètn-^i n^bn '7:::i mî^b*'
cnrb inrDtî pb^o ûnx ti::nc ii-'d inbn nr-J^i ^îï-'.i 'r^ nn^^a «b»
D^ycnni "^rbi:^^ •^rn?:iD «b abir Vc imb» -^s»*:: •^r&t 'n"'2p'r, ni2H
"DT^^an nt:©'' t^b&ï nre«3 «b n^':) t^cr?:n ■»"■« nr:-::^ T'nn to'^n^o
'Ti^^pt "^in .Y'rj5»« tai» •'sa n^c «b n"3pn aî< mnb l'^r^'b n^sû*^
[îrrr rxon ■'?3'^ ^jd-û bs bèti^o 'n "i?jn 'im ibinn bs &*^bbinb
[<■' bit rTS73 n'^H'^') 'stû npnmVcn ^ib^'O rnt;^ nt* nns?^ n"nprî
^nsB* riio^bi ocbr?: u^ bi-oi^-o t:* ^3:n Q'^^.ai d^n &«b ■'n« -^n
msisa "^b nnmî: '•2N*a ^^^n n^rapn ib *i7:*< nbiL^n ^^2 èc nbo
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b^ nnb '!2» 'prjn tnH ï-tkii nr^i ^b-^zn nN ■'cbp'^3 mn-^in ^K^n
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-^1 nv::nb nr n^^nx ttin r-r7jbc ^''y ib bbinnm ■*""»b on
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232 hevte des études jujves
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t^n imns*:: ^^12 nrrn'cn bs ncn b« n^tîi T'' ''314» •^trb» "i
XÎL — r5!rïi3 rrr« ^"'■^"n:» r^*^37 .r","i:':r: r^-^.^n n"n fr-^i^^'
Q-»:^mi:?:n b^b nnp* J-rnin ^^niSErn r-imn ï-it^î ^'cïa rr-Tïn rrcia
3irDn pbrrc irst-^iD "«sb iks'» V^^ ^^'^ ^^ t-"'? V^*"^^ ^^^
: HT pnp i*'«'*3?2 in*»':: C'^rmxrrr bsb rn» rrrr
nin n» !-ï3v im b"n D-inn^Tj tsna ■':i:î3 bia^ Dipts bna rcv
XIV. — ^3n e*:?: nina H'2'^12 nn^^ dt» bc pns'^n at rrn'' 'o
«?3î3î:'D nn» Dr ^3 p-irn m3-ib is-'i* la-'H b"n în:^ tî'^K n"rn •'ViQ
XV. — b^ ^in l^s is-q: 'i:»t nsïi 0^?3 npbi (im^a ^in&t)
nsbsp'' n£n73 ai ion sn^: inpbi -i^n b;i]05 idd»"i fisrirt
XVL — ■'scb 5»iT^i •'ibs n^'n 'w lùrr^n r3Ki i^a» tr'-î* (î:-^'c:Tp)
iiîsbc ■'3c?3 i?:n?3 inr V3î«'*2 Ki'^nt: pr:a cbirn n-^m n:;îii3 ''^a
^•"«n TnxT 3t« s-JÊtnv2b ûst mxni^: nin^rï ts^'ipr? ^::'^2b rî-in
V"*3^ î^c« o\s t<^N -"b v-"* "^^^ ^"^^ «"11133 'i^3'»^n rîC^Nrr inm
pDD C'^È* tî-'iî b"n rîtî D"K s-^rcs •jhs ^".r, ir-tti -^ï:!» Kirrsa
îs'^^nît nrcna *^5m n^c^^ rii-'n psD ^-^x î-tcn mcy^ iTal
nT3«5 n"D i^-TO sn'^r*:: msnsnsiû t^s V^.^ -^^ ^n\^ 3"i '^n rr^b^
XVIL — 3')r=' Nîirt in.s v^r î-s^bn cnTOn en^Es m':b'»
nbH ^srcb pnr 'n tsca ''«issins 'n l'^b» irî<"p b:D3 irnbi
^"'' nr.s m^^r ni3n p^j^'D 'n^:î« •'i^iïs Dr» iî«b cxi "^nj^itï' en
nrbN TTincîTGi T^n.vbs: 3^nD *|^'*sf> v^^**^ is^dV '^nbi
LE MIDRASCH TANHITMA S93
^ïï p Dn^:p QN rnbiss •'533 rrrr «b^j ^^3 nn^ rrmstt r::?'^
»r:no-' ^st bj inT^SsST vnib^t: D-'?:'.^^ rî:inn '?ûix k-îh pi rnbrn?:
bn: NbK b^^bn: K-ipn btt bî^^bna nzDXiT:^ ...'iNbcs n?2n nizsbc
; nn^nfiti '^rsiH nu *^rm b^Tii^-'b nbn: ln:n im« -"n-s^ ^x?3 6tb«
XIX. — rra«nî: Kbn rrrûo «b cnra ss'»73^:i Tinsi is^ï^b"^
îmnnis ■'b'^bn-! n^r^nn b^bs ûn3?3 «"i m^sis^n È*b«
. B
E. — Ms. d^Oxford, Can. or,, 23 (catalogue, n*»269). Ce ms. est
surtout un commentaire sur Raschi , d'un rabbin provençal.
Outre Abraham ibn Ezra, R. Samuel [ben Mnîr], David Qamlii,
Juda Halévi» Maïraonîde, rauteiir cite le plus souvent des rab-
lîns de son pays, tels que Tauteur du bir^TDNn 'd, Abrabam flls
d'Isâdc de Narbonne {Tn nî<); Mesclmllam fils de Moïse de Bé-
siers, Fauteur dti rîT^bïsnn *o ; Ascber fils de Saiil de Lunel, auteur
da p'umîDrî 'd ; Jabob Anatolio, auteur du i?2b?a ; les commen-
taires de Jonathan Cohen de Lunel, Samuel fils de Gerson de
Bézîers. Nous y relevons deux fois nsiit employé pour la France
a Nord : (l"fol. 142 &) bs tD*^mB3)îi ta^» bDs 'ïd%h hb-i^sd "«ns^^iDi
'*?:bt:'>n"'n ^12 '"^ni^iTa tepT b"ni -^n^: ; 2" (fol. 169 b) ntï^^oir *^njft':si
TE^x -«Tssn vhy nvii nn^n-* npVu in« ds'^a r^sni: ynn^ n^ri
nri*^ wbiû b"-i im3&* nsrnma ir in^s b7 -^13^ bis pbn t^Tû'«TD
: Di3^ nnii:^ nab «b» nnpb siajm •'is n*\vb^ -173^^
L'auteur cite quatre ibis le Tanhoma :
1. Fol. 24 (mnbin îibNJîbN^b^^ ^'^^ ^^^ ^^ ^"^^^ i:ini7:i
rtr-^ b:? prx^ br nrnr^i ^b-'D rri::? iw^cnb "^15 irnrrtb bN:?^ï3"»
3^roi nr^ni beï^^tiTû*^ n»i prias-» rêt ïS-^niKi ""sm b^N ^îd^ 13-ip'' •'fiTi
ns^nn ib nia:nî«rr ^nis n^i D^n:in -^m r^ ^**.?3&ï p"» b^pin-* *^203
: in3ttîn73 bna ^""«i pnii^i b»:??3C^
2. Fol. 37 & fvb» isrn): drx-'i û-^^dn rro^^rt Inpb i^n» î^prai
''!<3£73 »bc ■'bsa ni'^bna ban . M^,i3:ib £=7tsu5 D^ni'isï^ Vt ■'"'>:5*d
C'ir'^ i«b 1^-:: bs^ino rnin^i 'idi ^?:'D rrc?3 be^© fcnxo
' Noos Dc rcproduisonB pas tout le pisaige, car il ne renferme que des citotions
m REWE DES ÉTtTDES JVVrSS
m?^"* b«T pnKi •^n^ a-^nri ^n?2 ^r:r n"?:» "^rTir: ^a b^r^Dî^'* n"«
Tûn'itï '•'D . mnrr mT»D im&nb ans ■»» cbi^ bo 13131 T»3Bb ir»
^a-îÈn ^f^y ^:î:?3 ripTi nt:»© n^n t^ss-ts riinrp n-rirn:' nnsci mn:n
3. Fol.42 (ni?:® nbeti): m?:» n«n "ibisis ûr nxinsn tditîs
ib "i^n^'C t=n72 npm 17:7 bD y:ipi iizT -•bs«n"a'«*ûfi« ix enn *^-is:t3
^^0 bsx Dn72ic n-^cin t^b-» 1:57 by nui qitï cib-sin en td
nnr-j ^rsi iniD'-'bcn nniK'^n nn qionbi D-'i^r: r^jzmb v'iib^fzn bj
ï-n-^Tin 1*7^?^:?- npb »bi d'^iss r-iipbb isidis '^3;::s»3 i^nt Dvn
•>nrrïï3 mnsn h^hd bu3 t» niK'«b -çbcincsi m»-»? ^b'^^i^^ c"''* *^^
rrruî in-^Dn rrpbu: ti^r)i rnir^ b^na ^-ipb yh -ns-^s n-^rro 1::t b^
înisiD 'ô7:i3 b"T snn '^d i^ *bKna^ Va iJ-'Cit:
4. FoL 56 i» (inn^ rra-^n) : "^r-^i i«^ï:3 t<?3in3n ncon sin^i
ï Q^mss 'bWp ^t^yz D'-Db» n2n?3Ci kisi 53ï3
Il cite le m'ttb'^ quarante et une fois :
h FoU 8 tn'^citna)! in^b*» i£S3 3td , î-i^îisd an'^ns "«M^i
tbirn pibns 'j^'p ib '?2S« bnrr iir;: m^ ^dj b^ m-nra nni^^na tti
Sbirn 1^ *im« «^sïinb 3u;n xini nt^pnp b-i::N ■^:î«i l'^bt^rt^-^n nns bna
Dbnrn ^^rtîj bsn tt'H mi'cn ^••pn '[•'babtsTa b!3n bis: çn-^ra ipbn
l'kp cp"! ':o ia-jni •s^b^'ni:?© 1^ -«bD n? ib '?2ifr«i ici-jn VP**
i:?:t: i'^'^"^ î^?3 rp rni'' rrri Nb isnrrcsi irfânrr'i i^k b^n b^
iim Gn?3 inN Dpi msij;^ '':t:3 ié*3î3 17 y-i&î3 ^bci-'û bnn n^ni
n? 5innn eji^ m ncsi ibsn^ ns:ni jninrr E|irrî è<3i in'^an rn«
î fiC2in:n s?3n msi^b nisu idt pbi i^nô* ninp^'i VP r=^^^
2. Fol. 8 b (Ibitlejii) : nî< ir^m ni» '^d mn rp^ """"^ cc^'i
njnicb*' 1S33 Dnn '':npi i2"^^ni in3£?:3 niK n"npr-. ppn
3. Fol, 0 (</>M. et to) : baî* 'i5i snpn î-T^r3*M inb b» aï^rr^i
i2T:;n n^iîa bnx rsrsDi ■^s-'^un a^'n -^n-*! Pi::nD3 3ir^ i:n72b'* nss2
istbc ^7 sr:** nr^tj n-.bns* 1^730 nc^: tsMb n?:x rïb^?i ^^i**
•^T^** n73a n"3pn n?:-*;:: miz^ ^2C ^''•' nir^CT: n« Qr"^73*ci es3 r*'3'»
■^"'« tnri 3inD ^30 b::Kr:c r:ri bisT^n t^^rt r^bt; ir nb^'s^
nb^ns* iicb wb» rrn''^^ v«i 12b ^b£« airrn'^i m^^rr m» rrr? '^d
to^n '»H '^D bNm:^-' b^ b3È*b t^inrr Gvn nriann '►nm n^«ra
n^^pn n^3i2 [ 1 ripiïts . 1:3 b? ^b?:n 3^7: nr«b t^mn ssi-^a
^7j1 :2^?:''n 4-:^3Cb "^m n':c<:T:: bi2?:rî «'•^n »r^^ ^r GS"»*!^ r^r^^z
nnN HT inTsb'' nD03 3inD rs^n sr:r - .■j'^n^rr b? i^^n biz^n
n^i »binî3 r'<-i3D pT2i*nn b^n ♦Cibi73 d-'^inTs nbisiD tu3Sï3
LE BÏÏDBÂSCH TANHÏÏMA 238
•friî rro» .raK:» ïniain n^^nc tioi-» ap:?-^ mibin nVe* '3^3 bnn?^
4. Fol. 10 b (ro) : nisnD:i 'isnub'^n Dnn ^^snp . . , îd ^6« -iniû-<i
n-^nnn 123 abritera nr:n ^212 "oi^ 'i nî3« pnn«i
5. Fol. 15 & C^b Y'Jî "^^^^ *^^^ ^^'^^n m^n&(^ "^eb "ibrinn
rfapn ib *!^n*:î Tï"*3 bi?3^ '^tî^ri ?^?:m dîI-sh dcv ^"^n irnî^b''
^5 b? cn-iD» bns^i i^^.ns* '•irr» riTo .^^:''3i -«ri ^n-v-in rispHi
îTBTD inn bmio t*<s?::i rpnpn i^p:?i ^d« im^b n'^sp-r ib t^-i
ïrrr t^^ 'iroi b^n^s nn» ^^n "^r» ^n-'ns ï-i:n ^:« i-'srn '*ir::a
ibiT^"*; NbK nî:^: «b bi2 Dm::N bi?:3 î-ît!-;
t Fol. 18 <en"»i) : iDirb*^ ^dd:: 'in^ ht^? d^ pNitîs"' ^bi»
îm^mon r« mbrsb ara hd ç-^ mTûj
7. FoL 20 & (fi«-,'>i) : bs&ï • . * t:rï-i3» n.H nos c^nbètm
:?b nnns nr^D ^?2T bs ï-ith in'csrt ]mv n"^K -^srip ^m^b^n
;D''p'^i3Sb «b« noa73 n"3pn l\^ -^^ npDnn?: èï-^h
8. FôL 23 (mb^p nhH) i ^nns '^^:>^y insni pniÊ'^ pT ^^s ^m
^3pn ntb *nD^ rïT;iD -^^b pn:^-^ b*,^ t'3-'.:? ma n^sb iDi?;b^ ncon
nTr-j:n bn:**! vrj in^^ n'sprs "?:&< r:::^ rx ^^.s:û priï-^ ri^niD
î^n2?3 ê«in -«TDb pn^^ rni^ n^r^ «bi ^pr*^
9. Fol. 23 & fpinbtn Sib») : •j-*'* s-rjin n^D iSTOb*^ nDOn mn3
nsTOT^Si br *^D:n93 ri^rro -'sb pp^^'sï^ -^^^ nsr^?^ nn^nn KnnïS
Tnnsb |L '\'zy) r:r :-ij« pHi:"^ nbi;;'.:; ny^n np^j-'b tî-^^iii p^b« "n7 &tbi
2fr bit rnîofit rrpsm D^pn mna Mpn-ib n^^n ~i?3N3 irtb'^5s«''0
ft Y' "^c*^ T'^^ "^'^^ ^^ ^^"^^ T^^^ ''^^^ Tt^TD*^ n:n n7:?îb riDi
■î ^Z2 rr^nn 'n s^n^c s^tr -^-^i:^ ^rj &a?3 ^b npi VHxn b«
*T:b«n ^b ^r^ nsn^T^ b-'nnn mpirm nrib^a^rr ^b o^^ia n?:» isbn
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10. PoL 26 Opjr^ HSi'^nlî "p isnry&t ne? ■'b ^nn t::5î bsi
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's» yrna^Tsm la^^rî nnbcs "^ram ^ïn ni:;** bss *^-'.p"i73aT
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236
REVIÎE DES ETUDES JUIVES;
IL Fol. 26 2> (Ibidem) : b"T t-^N snrs 'ns 'nsi na nnb-^ nnm
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12. Fol, 29 îî (sp^^'» nbc'*!^ : r^:s nb:? mp sp?^ b&e C'^nb» n:3N'«n
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13* Fol. 33 {np?'' a©-*i)î î-rbx r?20 e^bn m?:?^ ncsn mrD
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îibDD ib nnr:^ [ ]r.r^i< rtvy nvnb
14. Fol. 34 b ly?^) * ^P- ^ '^^K i:nab'* nDD3 'irs , iî<nnn n?2b
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15. FoL 35& ()rp7: tt'^Dî ^^snp ■'sm . . , •^'^rti ret ic*i:'» dn
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IG. Fol. 39 (3p7-i "H'ii): drrb rrci3> n"apn tn?:b-» ncda ains
V&^3i d'^babsnn pi n'^i:?»!! &m« rrûi:?! v^xa mbn-'j D*'p''"T3Eb
am d^^n nin tons ini:3 rî^^pm , bfc«n«'' yneib v^''^'^'-^^ ny y*»ïtb I
ds'^mnsp?: sr^nN ^n^'b^m DD^nmsp n&ï nnis ■*:£* n:n 'ra d'^nT^i?
drr^'^m rm Drj3 -^nnn ^3 nnxi b«no"^ n?:!» btî ct^rN ^nîtam •^?:^
nep3 'indi * . . ï-ïd G^sbinb m-si î-r^bs' n:?b r:?2r:3 ims ':o
;V'i "^rK û^LîCtD rïT:;:rK D"^n!s£ti TrbH
17, Fol. 41 b. (niïïïïî nbtti); 'in^ nt)nx73 d-'^an bet-ns-» ■'33
bD t^bn 1S3T3Î3 TU-* D-^3'^ D''^^ «bni Û'*K3 Dl^rT ''Sn 13n?3b-« -.DD3
•î3n5 t^or ntî &i*^.i£7: bi3 ns^^*::^: drtb rr^rr «b &^^ cioro a^^j""
ITa. Fol. 42 b (Ibidem) : mnd ^^^ny is-'H HDîa ^13£?3 ïS'»» Hn-^i
r
LK MIDRASCH TANIICMA 237
ii2 imôt n-'fï n^'^D •'nan na ♦ n-^tbiïs ba ?^b:?3 ^nnr ï3^n ns?3
m'np n7C3 n?3:? nn l'^r^ ^nj diîa bsi3 n^^b^ nnin ns^ nn^rro
18- FoL 45 b (m7:tt5 nbi*"») ; nni?^^ npo --Et '■•© miab'' iDoa bM
îDtDb nns^r^ «bi n?2-»an ^t:
19. Fol. 50 crrr-tû b» N3) : rî-^m ncs n*:::?! n:i ^n^* -iir -^di
b'n nas î-rics^-' n^-^insTzîs bis^ inT^b'* n£)D3 '^^^^ y^-;5«n nnTH^
^fa -T^irQ fc^i n"-*3 r^in ti« i"''3 nsT M73 ^^nxn nnîXD ri'^m
20. Fol, 51 (Ibidem) : 'ir^ Idt . . . nsn^ b^^ m^b ï-r^ni
msîb rr^m 'tid^ nns< T^aa T^a^i isrûb inn m^b'^ naos
N^rra V^nn nn-'^a nt;ib ^^ns: ir«T riDiiDH-i nsnnb nb^n ï-îb^nb
^ înbna nn^sj'*
W 2L FoU 51 i» (nV:33}: anp ^irr mip ^d 'ins i^sitib^ "iBDm
^mDK ;?3a:iû rr:?it3iarî nmip m:?i ûnna^b n"3pn 'î3t<*û -isir?
I:'*TD3 «3 &?b. i^ir ^lasbi •'rsbi ^'b mp^^în B« ^bwnnb
22, Fol. 52 (nbca) ; 'nnD mTsb*» noDsi i » * nc?3 n-^ç-« t«
rrr n-i-'O in nb«i nin-»o moy ib inîDH D'^n bp bK-iïS-^b n"3pn
^n V:? rrzv .:n CTpnn b-^bD a^b ti^n^ n'^tsrt ^nx^^n nsiisKirr
T» *«:td ^î^an br n-^a^bc .betnc-' ■'sai rî'.3^ n^G** t« 'jP
lîTicq nibrrs ^n^i '2® hïî^ '»« n'^j^-'Dn .n«7n m^cn nt* b^n^^
p*» r^'C'c .-ni73«n rx ^"-^ nn Dm ■'"■^b :i"iSin"^ -i3T« tk n-^a^art
bi3 «bni i22n nii ^si mzn r3i:n n-'ia "siTarâ n^r^a ,nD*Tn
\y*Q rîT3bo bu5 p^j^^^'cn .i^a b^' ti'-ip^i rb:? irsss irsa r^bt* i^in
■^■*b VT'O niQTîû 'm CNÊinb T^nrb n-^n^iiî^ ..njjbcb "n24« &^n*^iDn
:d*îi nuâb «bi -^''^b niD^f m«bp3 -«d yn«n bs
23. FoK 54 (nb®i) : nuaa iiidt n«T 3inD nsiab-» n&Da 'ihd
fc*^ï3 Tia-i Dnb tnriD ts^p^iss n:?3-iKï2 inN rsT ^iisin'' '>3t«3 û^pi
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REVUE DES ÉTUDES JÏÏÏTES
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n?jô<:.Ta I3nri3 n'»n CjiD^bt ^cjn nbi ynnb b^'^.i::^ rit c^:r?3 ^x:in''i
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24. FoL 66 b (n?:nnr;, i Dr3-î«?3 t-'bt* mm:? inTib-» nsc:i 'nnD
it:ri nni» ibuii l*«3na n^D nnnj?a-i im:î33 ib nr-ri nn« ppi
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03 rr^j^îj KbK rï73«3 O'^^iiibu: bia n3'^'i'»n ^b «^312 •'îa nr»3 s^isbu;
:nT353n nxis: r*yob'\
24 a, Fol. 68 fNcn ■'3): n^nrD -r^&tT^ n'T^N lïnrb-^ 'sDn sin^ ^Dm
'73«n ïiC'îQb inÈ«"im mrn n2d nnr;^ n"3pn K^xin qk b\3 ^^ni^^a ,
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25. 68 d (Ibidem) : r-iiti:^ s^s ricTo np^i 13^7:^ ^edd shd
tspn ii^^ri^ Hrb-^JZ' ''«rr -nsp i^^'n m^ nc^ n"*rT po^a i?37 qcv
nr-'iin K^n inx?: nn^^nir; ^:ch nn nno i^t:^ p"d hdio 'o?:^
m3n?3 bo ii^H ib -luj^n ts-»*'-iz?3 nn;^:? map ciC!i"> p^n r-n3?3
ï-îb^y 13 3nsi mn^ b::: Dib^: bj i?:ri noT: «3 oib-^as ini^p*::'»
1^23 m» bxi:i n"3pn**r n:?o a^-^sn cjdi^ tiDT« nt:»i nii:i mï3
nPÈ* tix -^b pDDj^n?j mnD ■'3;:n bn-îiiî-^i ^b n3D3??3 m^'SiDm
nbri ti3£ T'a iîDjyi3Ç73 û^-^s n:nJH i«b d»i 3e:i?3 ^?:i::? n» nb^?:
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26. 78^ (-^s^riDrî ava ^n*»!;'; mc.x r^^sn isiTab-* nDD3 31ns
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:3Kiî3 ninua D^a^ffin b3N nj pTs^o'^n
I
I
I
A. Neubauer.
{A suivre,)
■
LE SAC DIS JClïERIES DE ÏALEIE ET M MADfili
EN 1391
Le Boleiin de la Real Academia de la ffisioria, de Madrid,
Itome VIII (l^sc, V, mai 1886, p. 358 et suiv.), contient, sous
[la litre de Et roOo de la Jiideria de Valencia en tùOi, une
étude historique de M. Francisco Danvila sur les déplorables -
événements qui se passèrent dans la juiverie de Valence eu
Btte année 1391, si fatale aux Jnîl's d'Espagne. Le travail de
Danvila, aôcompagué de pièces originales et inédites, sert à,
DmpK^ter et, en partie, à rectifier les relations antérieures
jAmador de los Bios, tome II, p. 3G7 ; Graf tz, tome V'III, 2" éd.,
^. 60, d'après la lettre de Hasdaï Grescas dans l'édition Wiener
lu Schébet Jehuda). Nous en donnons ici une analyse.
C'est le 28 septembre 1238 que la citadelle maure de Valence se
?ûdit à don Jayme I^*" d'Aragon et que les Juifs de cette ville
issérent de la domination musulmane sous celle de rois cliré-
Sens. Le 9 octobre suivant, don Jayme fit son entrée triomphale
Valence, los Maures s'enrèrmèrent dans leurs maisons» les
^uifs seuls, plus disposés à accepter le nouveau régime, vinrent
sa rencontre, ayant à leur tête les chefs [adelaniados] et leurs
Wns, et présentèrent au roi le rouleau de la Loi, Don Jayme
It toujours eu des Juifs à son service comme bailes et tré-
soriers (à Saragosse, les rabbins Abrahem et Bondia ; à Barce-
lone, le rabbin Salomon Vidal et le rabbin Juda, qui fut trésorier
^^1 baile général du royaume ; il eut aussi pour médecin le rabbin
^■osepli Aben Trevi), il accueillit les Juifs de Valence et leur
^■ssîgna, pour leur demeure, un quartier assez vaste* qui corn-
Hnieiiçait au mur d*Aben-Xémi, allait de là au quartier d'Al-
Melik , puis , de ce quai'tier , à la porte de la Exarea (Porte
de la loi); de cette porte, la limite du quartier juif allait jus-
qu'au four d'Aben-Nulid et au mur d'Ibrahim-al-Valenci* Cette
donation était déjà faite, à ce qu'il semble, en 1239| elle fUt
RE\TIE DEï> ETITBIJIS JUIVES
renouvel(5e probablement le 20 octobre 1244 (p. 380 j et con
Hrni<!e le 29 septembre 1273. Le roi statua, en outre, que les Jui/i
de Valenee seraient régis selon le luero et la coutume des Jmfs
de Barcelone.
Ce quartier ne fut pas fermé, il tie devint un ghetto que plus
tard, en 1390, à l'époque où Vincent Ferrer avait déjà commencé
sa funeste propagande contre les Juifs. Aux Cortès réunis à Mon*
zon par Jayme I*^^ en 1390» on proposa de fermer la juiverie de
Valence. Cette mesure ne fut pas sans rencontrer d'assez vives
résistances. Les petits marchands établis à rentrée de la juiverie
et dont les Juifs formaient la clientèle furent les premiers à
réclamer ; la fermeture de la juiverie gênait aussi les chrétiens
établis au N. et au S. de celle-ci, en les obligeant de faire un long
détour pour communiquer entre eux ; les voituriers du Port du
Grao, à qui la juiverie servait de passage ; enfin, les Frères Prê-
cheurs, dont réglise, située dans un angle formé par le mur
-(projeté?) de la juiverie et le mur de la ville, allait être tout à
fait isolée. Leurs plaintes furent inutiles, le Conseil de la ville,
affirmant que les Cortès avaient décidé la fermeture delà juiverie,
la firent entourer d*un mur de trois palmes d'épaisseur et très
élevé. Il fallut protéger les ouvriers contre les perpétuelles atta*
ques de la population, qui dégénérèrent souvent en rixes san-
glantes. Quand le travail fut achevé, on boucha les ouvertures
des maisons juives qui donnaient sur les autres parties de la
ville» et les entrées de la juiverie furent fermées par des portes
munies de barres de fer et de serrures. La principale entrée fut
place de la Figuera (aussi Iliguera), près de Sainte-Tecla, le
mur qui fermait le quartier juif n'était pas continu, tantôt le
mur des maisojis juives placées sur la limite remplaçaient le mur
d'enceinte, tantôt la frontière de la juiverie passait à travers des
maisons dont la moitié faisait partie du quartier juif et Tautre
moitié appartenait aux quartiers chrétiens. Enfin, sous le mur
d'enceinte on avait ménagé, à Taide d'une i^orte en arc, fermée
par une grille en bois, une sortie de la juiverie au Valladar
Viejo (ancien rempart^ Cette ouverture jouera un rôle important
dans le tragique événement de 1391,
Les Juifs de Valence étaient laborieux, ils exerçaient l'indus-
trie et le commerce, on leur attribuait de grandes richesses, les
nobles et les bourgeois aisés enviaient leurs tapis, meubles, véte^
ments et joyaux ; ce qui ne les empêchait pas de recourir, ea
cas de maladie, aux médecins juifs, ou de confier aux savants
juif» Féducation littéraire et scientifique de leurs enfants
L*administration [aljama] composée des Anciens , des Chetr
LE SAC DES JUIVERIES DE VALENCE ET DE MADRID EN l3îH 241
de famille et des Iiedines, appelas ensemble adelaniados, était
^mîquement chargée des affaires économiques des Juifs*, elle n'a-
^ftit point la juridiction, laquelle était confiée an Baile pour les
^Hises entre Juifs et Juifs, à Li justice crimiiieîle pour les causes
P^tre chrétieus et Juifs, au Mustaçaf pour les questions de police
urbaine, de marchés, poids et mesures intéressant la jui varie.
U aljama répartissait et recouvrait, au moyen de ses propres co-
ge4ot'es^ les impt^ts des Juifs, elle avait des procureurs (personeros)
gui la représentaient devant les officiers royaux ou municipaux.
fe de l'organisation religieuse était le Rabbi Mayor, aidé des
ns et de personnes (M. Danviia les appelle cohenim, nous ne
savons s'il a trouvé le mot dans les actes) qui dirigeaient les céré-
monies du Culte, Parmi les Juifs notables que Valence comptait à
cette époque on doit signaler Jaffuda Coffe ( = Juda Cohen) et don
Samuel Abravalla, Le premier fit un prêt à la ville dans le siège
qu*elle soutint, en 1364, contre don Pèdre I*^ de Gastille, et, quand
les forces des assiégés parurent épuisées, il offrit au Conseil d entre-
tenir à ses (Vais cent cavaliers pendant toute la durée de la guerre.
Ce Jaffuda» tîls de Benevistei et son frère Mayraon, avaient été
pillés, à Murviedro, eu novembre 1347, par des bandes de TUnion *
î étaient venues de Yalence et qui avaient assailli la juiverie de
lu^viedro. Les unionistes lui en voulaient de sa fidélité à don
Wre IV. Don Samuel Abravalla était un des Juifs riches de
alence; après les événements de 1391, il fut obligé de se bap-
r, il eut pour parrain le marquis de Lombay, et prit le nom de
Ifonso Femandez de Villanova, d'une localité de Villanova qu'il
'Ssédait dans le marquisat dudit seigneur,
La situation morale et matérielle de la ville de Valence, à cette
oque, était déplorable, La cour était devenue un lieu "de plaisir
tîe dissipation, et son exemple était suivi par le reste de la po-
lulation. Les guerres avec la Castille, les guerres de rUnion et de
"icile avaient accoutumé nobles et bourgeois à la vie libre des
tDps, le schisme do TÉglise avait troublé les consciences. La
lie de Valence était continuellement troublée par les luttes des
mis, on assassinait dans les rues, on pillait les maisons. Les
lobles dépensaient leur fortune en fêtes et se livraient à un luxe
iflréné, dont les pauvres Maures ou d'énormes usures faisaient les
* Î^Mïs ne saviiDS fcî M. Douvila ne su trompe pas en supposntil que c'est précî-
>^n»fnt c<îUe r*îunion Ue louctiorjnaircs ou magistrals qui iormuienl Us udehitdutloB.
tous îcf! cos, los hidineM nous poraisficnt désigner un iribunal juif; qui jugemt
u tnotai 1rs ulTaires roUgjeuses.
' VUnton est une li^uo de la noblesse d'Aragon contre don Pedro l\\ années
l3Cf^», Voir Viclor Balajtucr, Eixtoria rfe Câtahtûti, 2* éàit, toroo V, Madrid,
!<««<'', p. HW 55,
2A2
RE VITE DES ETCIDES JCTR^S
frais, les familles les plus riches se ruinaient i'ollêm
bauclio avait p*''ri»Hré Jiisqne flans les cloîtres des deux seies, l
tables de jeu étaient inisitallées dans les rues et »ur les pldœ^ pi
bliques, le luxe des courtisanes tétait devenu insolent* Valeai
d'un autre cùt^, était le rendez- vous de tous les vagabonda, rul
fians et aventuriers du royaume, ces mauvais garnements dém
ralisaient la population, attaquaient les personnes et les Liens,
n'y avait plus de sécurité ni dans les rues ni dans les maisons, l'«
narchie était complète. Le moindre incident devait suffire, dai
un pareil milieu, pour jeter sur la juiverie toute cette pO[mlati<
pleine de convoitises.
Nous ne raconterons pas ici le détail du sac de la juiverie i
Valence, qui eut lieu le 9 juillet 1391, on en trouvera le récit dai
rouvrajjfê d Aniador de los Rios, et nous nous bornerons à note
les nouveaux renseignements que nous donne M, Danvila, Ûi
sait que le signal de ces violences, qui se répandirent î»ur u
grande partie de TEspagne, fut donné par les habitants de Sévill
excités par Tarcbidiacre de Fernan Martinez. Dès que la nouvell
des désordres de Séville parvint à Valence» les Juifs de cette viUi
demandèrent la protection des autorités, et des mesures éaff*
giqups furent prises [)our maintenir Tordre. Elles furent déjou<
par la méchanceté de quelques garninià, à qui on avait peutrêtn
appris leur rôle. Réunis au nombre de quarante à cinquante sui
la place du Marché, ils prirent une bannière et quelques croix à
bois, et se rendirent en procession à rentrée principale de la Jiiî
varie, place de la Figuera. Leur cortège s'accrut bient^H d'm
foule de mauvais sujets» libérés des galères, entremetteurs et V(
gabouds; ils cherchèrent à pénétrer dans la juiverie en criant
L'archidiacre de Séville va venir vous baptiser l Les Juifâ^en ft
mant A la hâte la porte de la juiverie, emprisonnèrent avec ei
quelques-uns des enfants» dont Tun reçut un coup, et qui se mireil
à crier qu'on les assassinait. Bientîit toute la population se préc
pita vers la juiverie : nobles et bourgeois, membres de Tordre d
Montesa et des ordres mendiants, exempts, chevaliers, noblei
écuyers de bonnes maisons et de la cité, assiégeaient la juivert
Des bandes de soldats enrôlés pour la guerre de Sicile et plâ<
80US le commandement du duc de Monbtanc, don Martin d'Aragi
frère du roi» campaient par hasard sur la place» ils se joignirent
la population. Le duc de Monblanc s'eflbn;a en vain de repoui
les assiégeants*. Cependant la juiverie tenait bon, et les Ju
' DetastfurJii (p. 373], que M. Danvila trodait par d^acordadot^ ne semt-il ]
nom dVû juîf do Valence?
LE SAC DES jrn^KRlRS DK VALENCE ET DE MADRID EN 1391 243
iraîssâîent prêts à se défendre. On essaya d'enfoncor la porte de
iFîgaera, mais on n'y parvint pas. Une d(>s bandes de perturba-
1rs se dirigea vers cette porte en voûte dont nous avons parlé
jltts haut et qui ouvrait sur le vieux rempart, il fut facile d'en
ttfoncer la grille de bois, mais les Juifs repoussèrent énergique-
fcent les assaillants, et» dans la lutte corps à corps qui s^engagea^
i tuèrent un chrétien.
Le corps de ce malheureux fut porté devant la foule, qui rugit
l'indignation. Elle se précipita en masse sur le passage du rem-
art* qui fut forcé, pendant que d'autres pénétraient dans la jui-
lerie par les toits des maisons voisines. Les Juifs, déconcertés par
ette brusque invasion, et inférieurs en nombre, durent succom*
er. La plupart se réfugièrent dans leurs maisons et dans les syna-
ogues; d'autres, armés d'arbalètes, se défendirent derrière les
oloimes qui servaient de péristyle à leurs maisons, « et tombèrent
'îolilefnent î»our la défense de leur foyer. »> Les maisons furent
prises et pillées, les femmes et les jeunes lllles déshonorées, les
|Jai£squi opposaient la moindre résistance, impitoyablement mas-
mrrés. En peu de temps, tout ce que contenait la juiverie fut
[pillé, deux cent trente Juifs (quelques centaines, dit un autre do-
icument) furent tués, et tous les autres obligés de recevoir le bap-
ftéme pour échapper à la mort. Dix ou douze chrétiens avaient
égllÊiueût péri dans la lutte. Un des Juifs qui avaient obtenu la
lie en se convertissant, Jucefî" Abarira (nommé, depuis son bap-
tême, Juan Pérex de San Jaime) raconta, le 21 du même mois,
devant la cour de la justice criminelle, ce qui lui était arrivé. Sa
I maiion avait été assaillie par plas de vingt hommes armés d'épées,
I d^ Wtons, de couteaux, et dont quelques-uns avaient la flgure •
harboaniée de noir et couverte d'un capuchon* Ils vidèrent les
[Cassettes, écritoires et armoires, enlevèrent les obligations que lui
[ameat faites ses débiteurs et dont II estimait le total à plus de
0,000 florins d'or, donnèrent des coups de couteau à son frère
^achor, q^ui avait tiré sur eux avec une arbalète, violentèrent sa
lièce Lisa, femme d'Isaar (probablement Isaac ou l$sakbar) Lobin,
Sober, domestique nourrice de son lils. Juceff lui-même reçut
}ups de bâton sur le bras et derrière les oreilles,
i des meneurs voulut également conduire la foule contre le
artier maure, mais la municipalité s'empara de lui et le iit
?nrl! îiatement. Si on avait agi avec autant d'énergie et
]H , aie en faveur des Juils, de grands malheurs auraient
prévenus, mais les circonstances, probablement, ne le per-
rent pas; les autorités furent surprises par Fémeute, et elles
cuvaient, au débuts comme le fît, du reste, le duc de Monblanc,
RKVITE DES ÉTUDES 3UIVKS
espérer d'apaiser la foule, tandis qu'un acte de vigueur n'aurait fart
que l'exaspérer.
On essaya, au moins, de réparer le mal dans la mesure du pos-
sible. Quatre-vingt-dix à cent émeutiers. pris dans les rangs les
plus élevés aussi bien que parmi le bas peuple, furent jetés m
prison, ordre fut donné de rapporter à l^autorité tous les objet!
et valeurs enlevés aux Juifs, et» afin qu'il n'en échappât rien»
portes de la ville furent fermées. Les objets rapportés rempli
bientôt les églises, il fallut les entasser dans les chambres et cour»
de la maison du Conseil et sur la place voisine, dans les maisons
contiguës â celle du Conseil et dans le palais delà confrérie de
Saint-Jayme, Enfin, les jurés, au nom du Conseil, supplièrent le
roi et son frère le duc de Monblanc de faire poursuivre les cou-
pables par la justice et de les punir comme ils le méritaient.
Ce vœu ne fut pas accompli, malgré les efforts réitérés
Conseil. Les grandes familles de Valence, les CerveîleneSi
Blanes, les Moncadas^ étaient compromis et ils avaient as8ez d'
(luence à la Cour pour traîner le procès en longueur- Le duc de
Monblanc, *le son ct}té, lïréoccupé de son expédition en Sicile»
ajourna la procédure. Une députation du Conseil envoyée à l|
Cour, et chargée de supplier le roi don Juan I*"^ de venir lui-m<
faire justice des coupables, n'obtint qu'une réponse dilatoire.
roi promit de s'occuper du prucès quand il ferait à Valence
voyage qu'il projetait, mais dès le 8 novembre 1392 il env<
du château de Tortose, un décret d'amnistie et de pardon
la plupart des émeuticrs. Il autorisa le Conseil à punir <le mort
et à peîidre cinq des plus coupables qu'on avait emprisonnés;
parmi ceux qui étaient parvenus à s'échapper, le Conseil pou-
vait choisir les vingt les plus coupables, lesquels seraient con-
damnés à TexiL et, si Tun d'eux était pris sur les terres du roi, H
aurait la tête tranchée, s'il était noble, ou serait pendu, s'il était
d'autre condition. On a la liste des vingt coupables désignés par
le Conseil, aucun d'eux n'est noble ; on ne sait si les cinq les plal^
coupables qui étaient en prison lurent exécutés. Lorsque, le 22 ntr
vembre suivant, le roi vint à Valence, tout ce drame sanglani
semblait oublié et la population le reçut avec les plus vives dé^
monstratious de joie.
Lajuiverîe de Valence ne se reconstitua plus, les synagogîK
furent changées en églises et en chapelles, les rues désertes de-
vinrent le reluge ordinaire des femmes de mauvaise vie et di
mairaiteurs. Les Juifs de Valence se répandirent dans le reste di
royaume et il est probable qulls essayèrent, non sans danger, A
revenir à la foi dans laquelle ils étaient nés.
LE SAC DBS JLTI\^ERIES DE VALENCE ET DE MADBID EN 1391 245
On a dit que le fameux Vincent Ferrer, qui fut le principal
auteur de la persécution de 131*1 contre les Juifs d'Espagne, avait
léïé présent au sac de la Juiverie de Valence, et qu'il avait essayé
Ide calmer la foule. M, Danvila n'a trouvé aucune trace de ce
[fait dans les actes et les auteurs qu'il a pu consulter, ni par-
'licalièrement dans le Bréviaire de Valence, i^dition de 1533, cité
I par Amador de los Rios, Une lettre de M. Francisco Fernandez
y Gonzalez, imprimée à la suite de Farticle de M, Banvila, in-
► dique la source où a probablement puisé Âmador : c'est la //is-
\tùr(a de la vida... deL,. San Vicenle Ferrer, de Francisco
[ Diago (Barcelone» 1600, p, 78 et suiv.), ou il est raconté que Vln-
Ferrer bliîma les émeutiers et baptisa lui-même les Juifs de
ace» et que la grande synagogue fut» à cette occasion, con-
[Terlîe en une église dédiée à S. Cristobal. M. F. y Gonz. ajoute
que ce fait de Tintervention de Vincent Ferrer est attesté par Josef
Haccohen et par Hasdaï Crescas, dans sa lettre sur ces événe-
ments, mais cela n'est pas exact, Hasdaï ne dit rien qui rappelle
de loin le rùleqtie Vincent Ferrer aurait joué dans le sac de la
juiverie de Valence» et Joset" Haccohen dit uniquement que Vin-
cent Ferrer, do Valence» fut cause des persécutions de 1391, D'ac-
cord à peu près avec le document de M. Danvila, Hasdaï estime à
kïïi cent cinquante le nombre des Juifs tués à Valence.
On ne savait guère, jusqu'à présent» que les persécutions de 1391
lavaient aussi eu leur contre-coup à Madrid, et, en général» on ne
l^iavait presque rien sur l'histoire des Juifs de Madrid. M. Fidel
Rta» qui vient de publier deux Jiouveaux recueils de ses savants
ravâux {Bstudiûs historicos, tome IV» Madnd» 1885 ; tome V,
fadrfd, 1886), a donné, dans le tome V, p. 77» un article intitulé
la Juderia de Madrid en 1391 u, que nous allons analyser. Des
documents inédits recueillis par M. Fidel Fita, et d'autres notices»
résulte qu'en mars 1343, sous le roi Alphonse XI, il y avait des
Juifs à Parla, à Torrcjon de Velasco, à Polvoranca, villages des
ïvirons de Madrid. La répartition d'impôts faite en 1474 par
îcob Aben Nunez (Amador 111, p, 590 et suiv,) mentionne les Juifs
Madrid et des environs (Ciempozuelos, Pinto, Barajas» Torrejon
Velasco). Le monastère de S. Domingo, de Madrid» avait reçu,
9 janvier 1384, du roi don Juru ¥\ une rente perpétuelle de
rois mille maravédis à percevoir sur riaiîiôt annuel des Juils de
Madrid. Le 3 avril de la même année 1384, don Pedro Gonzalez
Mendoza» à qui le roi don Juan avait cédé en propriété perpé-
lelle tous les revenus de Timpot des Juifs de Madrid» avait lait
m au même monastère de S. Domingo d'une rente de 500 mara-
246 REVUE I^S ÉTUDES JUIVES
védis à percevoir sur cet impôt, sans préjudice de la rente de
300 maravédis qu'il avait déjà antérieurement donnée à ce monas-
tère sur le même impôt des Juifs madrilènes. Ce môme Pedro
Gonzalez de Mendoza avait reçu du roi don Enrique II, le 15
juin 1369, les localités d'Alcavendas, Barajas et Coveiïa, situées
près de Madrid^ avec les terres, vassaux, chrétiens, Maures et
Juifs y demeurant. Le fils de Pedro Gonzalez, nommé Diego
Hurtado de Mendoza, fut, en 1391, un de ceux qui, avec l'arche-
vôque de Tolède, s'étaient plus ou moins ouvertement soulevés
contre le conseil de Régence qui gouvernait en Castille au nom de
Enrique III, fils de Juan P"", et qui, le 2*7 mai, dut s'enfuir rapi-
dement de Madrid avec le roi pour aller s'enfermer à Ségovie. La
situation politique, à Madrid, était si troublée que rien ne pouvait
protéger les Juifs contre un mouvement populaire.
Ce mouvement éclata probablement ici, comme partout, lors-
qu'on apprit le sac de la Juiverie de Séville. On ne connaît pas le
détail des faits ni même leur date exacte, il résulte seulement des
actes découverts par M. Fita que la juiverie de Madrid fut sacca-
gée, pillée, détruite, quelques Juifs mis à mort et tous les autres
obligés de se baptiser. Ici, comme à Valence, le Conseil de la ville
réclama la punition des coupables. Une députation fut même en-
voyée par lui, à cet effet, à Ségovie, auprès du conseil de Régence,
le 6 juillet 1392. Le conseil municipal avait mis en prison quel-
ques-uns des coupables, entre autres Vasco Mexia, mais d'autres
(Ruy Sanchez de Urosco, Lope Ferrandez de Vargas, Diego de
Vargas, Ruy Garcia de la Torre et d'autres) étaient parvenus à
s'échapper, la plupart s'étaient réfugiés dans le voisinage de la
. ville, à Barajas et Alaraeda, dans ces terres de Diego Hurtado que
la libéralité d'Enrique II envers le père de Diego avait soustraites
à la juridiction royale; de là, ils pénétraient tous les jours sur le
territoire de Madrid et bravaient ouvertement la police royale. Le
conseil de'Régence ne parut pas prêter à l'affaire une bien grande
attention, il avait d'autres soucis ; il se borna à confirmer les ar-
restations qui avaient été faites et à permettre au Conseil de la
ville d'arrêter les coupables absents, s'il le pouvait, et de mettre
leurs biens sous séquestre, jusqu'à ce qu'ils fussent jugés. La des-
truction de la juiverie de Madrid atteignit indirectement le chapitre
de S. Domingo, il ne savait plus comment percevoir les 3,000 ma-
ravédis annuels que le roi Juan lui avait assignés sur l'impôt de la
juiverie de Madrid, qui avait disparu avec cette juiverie ; mais, par
actes du 9 avril et du 9 décembre 1394, et du 30 septembre 1401,
le roi Enrique III leur assigna le même revenu sur un autre impôt
de la ville de Madrid. La juiverie de Madrid se reconstitua bientôt,
JM SAC DES JUÎYERIES DE VALENCE ET DE MADRID EN 1391 247
^aiï moins en [»artîe, on en voit la preuve dans rOrdonnance des
Cortés SOT les Juifs faite à Madrid le 21 d*^cerabre 1405, et dans
I Vimpr^t sur !es boutiques réglé par Enriqiie III ïe 15 décembre 1393.
D'ajirè;* une tradition recueillie par Antonio Capman y Montpalau,
dans son Origen historico y eliniologico de las calles de Madrid
Madrid, 1863), les Juifs de Madrid auraient demeuré dans la rue
de Lu Fe, près de Péglise paroissiale de S. Laurent, et c'est là que
sft trouvait la synas^^>jîue* Cette rue aurait porté» jusqu^en 1492,
Ip nom de rue de la Synagogue ou rue de la Juiverie, D'après le
m^me auteur, les Juifs assassinés en 1301 furent mis à mort dans
ta rue de Las Damas, qui est perpendiculaire à la rue de La Fe^
elle roi aurait ordonné de trancher la tête aux assassins.
Plus tard, le nombre des Juifs de Madrid devint probablement
m»t considérable. Par ordre des rois Ferdinand et Isabelle, du
28 mai 1480, !a juiverie, aussi bien que le quartier des Maures,
A Madrid, fut entourée d'un mur, et comme les Juifs étaient
trop pauvres pour payer les frais de cette construction, elle fut
mise à la charge de la municipalité* L*ancîen mur, fait avant 13Ç>1,
<Mi vertu des prescriptions du conseil de Palencia, de 13H8, était-il
I tombé en raines? ou bien la juiverie de 1480 n'était-elle plus sur
(lemAme emplacement? La présence des Juifs à Madrid après 1391
[Btdans tous les cas certaine. Un Rabi Jaco, médecin de la ville,
Ifut autorisé, le 9 novembre 1481, à demeurer en dehors de la
Juiverie, parce que. le ghetto étant fermé la nuit, on n'aurait pas
râppf>ler en cas de besoin, D*autres médecins ou chirui'giens
ttifs étaient employés par le Conseil de la ville (Don Juda et son
maître Zuiema, Rabbi Jacob, peut-être identique avec le pré-
fflent, et son Dis liabbi Josef, entre 1481 et 1489L Les Juifs de
Madrid paraissent avoir pris part, de gré ou de force, aux (êtes
publiques chrétiennes ^ Lorsque, le 22 juin 1480, le Conseil voulut
^lébrer. avec une pompe plus grande, la fête du Corpus, il or-
:>nna, entre autres, que, ce jour, les Maures feraient leurs jeux
danses, et les Juifs leur dause.
IsiOOfkK LO£El.
* El en iiail do inâme eu Siail«.
JOSELMANN DE ROSHEIM
( SUITE ET FIN « )
VI
Dernières années de la vie de Joselmann.
MM. Graetz, Lehmann et Isidore Loeb ont raconté le rôle joué
par Joselin, en 1509 et 1510, dans l'affaire de Pfeffercornet delà
confiscation des livres hébreux, nous .n'y reviendrons pas. Il est
inutile aussi de raconter comment Joselin obtint^de Charles-Quint,
à Innsbruck, le 18 mai 1530, la confirmation de tous les privilège»
des juifs d'Alsace et d'Allemagne, on peut consulter à ce sujet
Limneus, Jura imblica, tome III, p. 301. Enfin, le règlement lait -
par Joselin à Augsbourg le 17 novembre 1530 a été reproduit paT
M. Isidore Loeb dans la Revue, tome II, p. 273.
Le reste de la vie de Joselin fut consacré en grande partie à pro-
téger les juifs contre les édits d'expulsion dont ils furent souveat
menacés et contre des accusations ou des poursuites de différentes^
nature.
En 1541, pour un méfait commis par un juif de Landau et qo*
n'est pas autrement désigné, le magistrat de cette ville voulix*
expulser tous les juifs. Joselin se rendit auprès de Charles-Quia^«
à Ratisbonne, et obtint de lui, le 20 juillet, une lettre adressée *-
Conrad de Rechenberg, sous-bailli du bailliage de Haguenau, 1^
chargeant de former une commission pour examiner la question
et vider le différend *. Mais, à son retour, il se trouva que Conra^
n'était plus bailli, et le premier secrétaire de la ville, n'osât»*
prendre sur lui d'agir à la place de Conrad et ne pouvant obtenî^
des ordres de l'empereur, qui était allé faire une expédition e^
Afrique, demanda, le 10 septembre, des instructions au prino^
Electeur comte palatin 3. Celui-ci négligea de remplacer le sous-
bailli, l'affaire resta en suspens jusqu'à la diète réunie à Spire eiï
1 Voir plus haut, p. G2,
* Ardiivcs du Uas-Uhin, C. 78.
» Ihid. \
JOSELMANN DM ROSHEIM
249
fîM2, en l'absence de l'empereur, par le roi des Romains Ferdl-
I nand, (vour prendre des mesures contre Tinvasion des Turcs.
Josolin se rendit à Spire, et après une attente qui se prolongea
[jusque vers la f^te de Pâque, il obtint de Ferdinand une lettre
pour le sous-bailli tle Haguenau, quel qu'il fùi^ avec recomman-
|dalionde remplacer, en cette affaire, Conrad de Rechenberg. Vers
IllKte de Pentecôte, la question fut réglt^e, le magistrat de Landau
[permit aux juifs de rester dans la ville à condition qu'ils paye-
raient une forte amende.
Joselin se rendit aussi auprès de Charles-Quînt à la diète de
Spire de Tan 1544 pour défendre les juifs d'Augsbourg, contre les-
çueta on avait produit la vieille et absurde accusation d'avoir
employé du sang chrétien pour leur Pâque, Il obtint de Tempereur
ttoacte dont nous traduisons ici quelques passages * :
Kous, Charles V.. ,, faisons savoir que les Juifs.., nous font en-
core représenter comme à plusieurs reprises leurs ennemis les accu-
, leol d'avoir, en certaines occasions, besoin de sang chrétien, que,
^f suite, ils ont de mauvais traitements a subir, sans qu'on ait une
' iculç preuve de ces fausses imputations, et qu'on ajoute simplement
M au dire de gens envieux.
B faut pourtant prendre en considération les explications qu'ont
dotmées, à ce sujet, les papes, nos saints pères, qui, par suite, ont
défeada qu*on y ajoute foi . . .
Spif^, le 3 avril V5ii.
Au mois d*avril 1546, Joselin arrangea une aflaire qu'avait eue
limjiiif de Dangolslieira, nommé Itzig, avec un sieur Clans Kempf
I de Strasbourg».
Dans la mtoe année, la ville de Turcklieira voulait chasser les
juifs. Le 31 mai, Joselin obtint à Ratisboiine, de Cbarles-Quint,
une lettre pour le prince Electeur, qui aplanit les difficultés 3.
DôDs cette même année 1546^ Joselin demanda à Charles-Quint
prt»tection pour les juifs molestés jmr les troupes et les bandes qui
pircouraient U3s routes, avant la bataille livrée aux coalisés de
.'. L'origiïial de sa lettre à Tempereur, reproduite par
jnn (t. II, p. 295), se trouve aux archives de la ville de
âtri&bourg*. Joselin y dit qu'il était alors le Befehlshaber ûe&
|Bl6 depuis quarante et quelques années «.
' ifdilvM du B«ii-Rhii], C. TS.
I * * Viffxiff ntkû lAhreo ».
250 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Le 30 janvier 1548, il obtint, à Augsbourg, une lettre de protec-
tion pour les juifs (Lehmann, II, p. 302).
En 1550, il eut à s'occuper des juifs du seigneur de Ribeaupierre,
qui voulait les expulser de ses terres*. Suivant Aretin', il prit,
en 1551, avec le duc do Bavière, des arrangements pour le pas-
sage des juifs à travers la Bavière, et la môme année, il fit, pour
le môme objet, une convention avec le duc de Wurtemberg
(Lehmann, II, p. 322; comparez, p. 309).
Une affaire du village de Dangolsheim l'occupa activement dans
les trois dernières années de sa vie. En mars 1552, à la suite d'une
querelle entre le gendre d'Itzig, juif de ce village, et le valet de
Diebold Sturst, prévôt de l'endroit, les esprits s'envenimèrent, la
population en vint à souhaiter l'expulsion des juifs et le magistrat
se disposait à la prononcer. D'autres communes alsaciennes se
joignirent à celle de Dangolsheim pour demander au prince palatin
Frédéric l'autorisation de chasser les juifs de leur territoire*. Le
27 janvier 1553, Henri de Fleckenstein, sous-bailli d'Alsace, trans-
mit au prince Frédéric la plainte du magistrat de Dangolsheim.
Le 27 avril, sur la demande du prince, il l'informa que les juifs de
Dangolsheim, qui, à l'origine, ne comptaient que 7 familles, étaient
maintenant au nombre de 11 familles formant un total de 45 per-
sonnes. Après une tentative de conciliation faite par le bailli, le
15 mai 1553, en présence de Joselin et des juifs de Dangolsheim,
Joselin, qui avait cru impossible d'accepter les conditions propo-
sées, adressa à l'Electeur une plainte, datée du 21 mai, mais le
prince n'eut pas égard à cette lettre, et, le 17 juin, il ordonna au
grand bailli de chercher, avec deux arbitres, à liquider les dettes
des habitants de Dangolsheim envers les juifs, et de chasser du
village, dans un délai d'un an, tous les juifs qui ne pourraient pas
produire des certificats d'admission en règle.
La commission lit son rapport le 27 août, et, le 12 septembre,
le prince ordonna l'expulsion des juifs du village. Le bailli leur
donna connaissance de cet ordre le 28 octobre et leur fixa pour
délai la Saint-Georges de l'année 1554.
Joselin adressa une réclamation à la Chambre impériale, et, le
17 janvier 1554, il obtint de Charles-Quint une lettre conciliante
pour le prince Électeur. Celui-ci promit à Josehn de convoquer
les deux parties dans l'espace d'un mois; Joselin dut loi rappeler
cette promesse par lettre du 21 février 1554. Le surlendemain,
» G. F. Fischer, De statu Jud^eorum, p. 91.
* Oesch. dar Judtn in Buiern^ p. 53.
' Ceci et tout ce qui suit est tiré des archives du Bas-Rhin, C. 78.
JOSELM ANN DE ROSHEIM
251
Il remise à Tarbitrage des grands maîtres d'hrUel
seiilers à ]a cour de Ileidelberg, Les parties lurent con-
'^ojaées devant eux, mais le prince Électeur, après avoir lu leur
t^pport, maintint la mesure d'expulsion. En vain, le 4 avril 1554,
j^Cammunauté adressa une supplique au prince, elle ne fut pas
I el, le l^ avril 1554, les juifs durent quitter Dangolslieim ^
slÎB, comme nous le verrons plus loin, était mort avant cette
I JimtiD eut, dans les dernières années de sa vie, des difficultés
avec le magistrat de la ville de RosUeim même, ou
n avait, à deux reprises différentes, et dans des circonstances
fîtes, rendu des services importants à la ville.
tCétâjt d'abord en 1525, lors de la guerre des paysans. Les
aysans s'étaient réunis, au printemps, autour du couvent d'Aï-
iprès de Rosbelra, parce que l'abbé de ce couvent avait fait
hnier un de leurs préilicateurs. Os étaient au nombre de
à quinze mille, conduits par Inurs chefs Gerber (ancien
ar de Molsheîm}, Ittel Jurg, de Roslieim, Pierre et Diebold,
_rdbeim. Joselin, dans la crainte que leurs troupes ne tom-
ênt sur les juifs, se rendit à Altorf et il obtînt des chefs une
>de recommandation, en faveur des Juifs, adressée aux autres
Ides paysans de l'Alsace et de la Sonabe. De retour à Rosbeîm
llinuit passé, il alla immédiatement auprès des deux bourg-
î^Uts et les engagea à se rendre à leur tour h Altorf pt>ur s'en-
p^re avec les chefs et emp<>cher que Rosheim ne iVit pille. Jean
M^er. un des bourgmestres, n'eut pas le courage de faire cette
tentatïTe» il tremblait de tous ses membres ; lautre, Jacob Wa-
!r,ne se résolut à aller à Altor/que lorsque Joseliu eut consenti
j(|lCcompagner. Joselin, en sa présence, donna, de ses propres
s, quatre-vingts florins d*or aux chefs des paysans et il ob-
d'eux un traité en forme, revêtu des sceaux de Pierre,
et Gerber, et par lequel ceux-ci s'engageaient à res-
ta ville de Rosbeim. Quand Joselin et Wagner furent sur
In^ute HUi les reconduisait à Rosheim, Wagner remercia vi-
►fflt»iil Joselin et s'écria dans un mouvement de reconnaissance :
iJaseliu, toi et les entants recueillerez le fruit de ce bienfaits w
^ Qf «rniial tBcore Bvec U maKislrat, 4 causa de leur cimetière, des relations et
ùû qtâ ont été racontées eu partie, d'après nos aotes, par M. Isidore Loeb
I ({Hi cuit oit tiré des arcbivcs du B.-H* C. 7S.
, du iiiid doiuti kiodcr solleu dcsssea gemesen ».
252 REVUE DES ETUDES JUIVES
Vingt-Cinq ans plus tard, Joselin aida de nouveau la ville de
Rosheim dans des circonstances difficiles.
Charles-Quint avait, en 1547, dépossédé le prince Électeur Jean
Frédéric de Saxe et avait remis sa principauté au duc Maurice de
Saxe ; ce fut l'origine de guerres et de troubles qui duraient en-
core en 1550, et qui amenèrent des mouvements de troupes en
Alsace. La ville de Rosheim était dans les plus vives inquiétudes.
Joselin offrit au magistrat d'aller chercher, à Innsbrùck, des
lettres de protection de l'empereur, et, dans le cas où, pendant
son absence, un des partisans, Albert de Brandebourg, dont le nom
répandait la terreur, se présenterait à Rosheim, on pourrait, pen-
sait-il, lui payer une contribution de guerre. Joselin offrit de
prêter, pour cet objet, à la ville 400 florins (tout ce qu'il avait de
disponible, à ce qu'il semble), à condition que les autres habitants
de la ville promissent par serment de suivre son exemple. Aucun
d'eux ne voulut s'engager; Joselin partit cependant pour Inns-
brùck, le cœur plein d'inquiétude pour sa famille et ses biens, qu'il
laissait à Rosheim.
L'empereur fuyait devant ses adversaires ; quand Joselin vint
à Innsbrùck, Charles V était à Passau. Joselin se disposait à se
rendre dans cette ville quand il apprit que la paix était signée.
Son voyage, qu'il fit en grande partie à cheval, lui avait coûté
plus de soixante florins, qu'il ne réclama jamais à la ville.
Joselin fut payé d'ingratitude. Le magistrat de Rosheim avait
limité le nombre des familles juives qui pouvaient demeurer dans
la ville et l'avait fixé à huit. Suivant un usage reçu, on compre-
nait dans la famille les domestiques, les employés, et tous ceux
qui vivaient ou étaient censés vivre dans le môme ménage. C'est
grâce à cette fiction que David, le gendre de Joselin, pouvait de-
meurer avec Joselin à Rosheim, et que Joselin avait cru pouvoir
établir à Rosheim son fils Jacob, sous le titre d'instituteur. Deux
autres familles avaient cru pouvoir jouir de la môme tolérance,
de sorte qu'il y avait, vers 1553, douze familles juives à Rosheim,
au lieu de huit. Grand scandale !
Joselin était à Ileidelberg, où il faisait, comme nous l'avons ra-
conté, des démarches en faveur des juifs de Dangolsheim, quand
le magistrat ordonna aux quatre familles excédantes, parmi les-
quelles celles du gendre et du fils de Joselin, de quitter la ville,
sous peine d'une amende de cinq livres, monnaie de Strasbourg.
Comme les juifs expulsés voulurent attendre le retour de Joselin,
le magistrat, pour se couvrir de l'amende prononcée, avait fait
saisir chez eux des objets de valeur et chez Joselin môme une
coupe en argent. Une parole imprudente du bourgmestre excita la
JOSELMANN DE ROSÏIEIM
2ÎÎ3
F|*pfHi!atlon contre les juifs, il y eiittles vitres cass*'^es, êoB portes
|infona%s, la lerarae, la ûlle et uuo petite-fille de Joseliii lurent
naïades de frayeur» et obligées de (garder le lit. Au retour de José-
Hïiagistrat promit d'apaiser Fallaire, mais ces désordres se
vêlèrent pendant une nuuvfdle absence qu'il fut obligé de
hire, et Joselin, pour en finir, demanda au magistrat de Ilague-
Bu de juger comme arbitre entre lui et la ville de Rosbeira. Il
rivii, à ce sujet, au magistrat, une lettre touchante^ que nous ré-
duisons dans l^appendice. Le 28 février 1554, le magistrat de
nau annonça à celui de Rosbeim qu'il acceptait d^ôtre ar-
;Le mardi après le dimanche La?tare de la mi-cariMiie
[mars 1554), le magistrat de Rosbeim répondit par une sorte de
Dcation* Il était vrai, dï.sait-iî, qull s'était passé bien des
ipii n'eussent pas dû arriver, mais les autorités en étaient
à fait innocentes. Si des jeunes gens s'étaient permis de
! pierres contre les maisons juives^ les parents ne pou-
Ipas en «>tre responsables. La ville se donnait toutes les
|du monde pour maintenir l'ordre» elle avait même un garde
pour cela, et elle regrettait que celui-ci ne put jamais
la main sur les coupables. La femme et les enfants de Jo-
Itaient eu tort de se laisser effrayer, et la ville ne pouvait pas
Seber les gens de la maison de Joselin de crier mordio
[iQ meurtre ! cri qui indique le [dus haut degré de frayeur) : ils
liraient pu crier plus fort encore sans que cela prouvât rien. Jo-
Rlia avait eu tort d*établir à Rosbeim son fils Jacob comme lus-
ear, puisqu'il y en avait déjà un, et si Ton voulait continuer
I pied, ni les habitants actuels, ni Ifurs arrière-neveux ne
Dt jamais débarrassés complètement des juifs. Pour Unir,
fe» magistrats ne nient pas les services rendus à la ville par
Jf>^^;liii, en toutes circonstances, et les sacrilîces d'argent qu'il
L*«'^t imposés pour elle, mais ses démarches en laveur de la ville
■it 3Q$$i protUé auK juifs demeurant à Rosbeim et, de plus,
|fe ' [juur le tout.
I M r de cette pièce que le magistrat de Rosbeim
basait Tarbitrage qui lui était offert. Nous n'avons pas pu savoir
T«dle fut la suite de Cette affaire.
\sr%ii\x%i, en avril 1554, 1l*s juifs de Dangolsheim durent quitter
Qagi*, il i-at probable que Joselin n'existait plus. 11 avait i^endu
Il après avoir occupé, pendant plus û\iu demi-siècle,
Befehishaber des juifs, qu'il honora par ses V€*rtus
déTOuement. Les fonctions de Befehfsluibe?* furent parla-
lui, entre deux personnes, Aron de Rosbeim et La;care
rlxmrg. Ce dernier, au bas d'une pièce du II juillet 1554,
254 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
écrite en faveur des juifs de Dangolsheim, se donne le titre de
Befehlshaber de tous les juifs demeurant dans le bailliage de
Haguenau. Joselin mourut probablement à Tâge de soixante-seize
ans, nous supposons qu'il fut enterré au cimetière de Rosenweiler.
Que sa mémoire soit bénie 1
Eue Scheid.
APPENDICE.
Dans le procès qui fut intenté à Joselin, au sujet du titre de
Regierer et Befehlshaber qu'il avait pris ou que le public lui avait
donné, procès que nous avons raconté plus haut, l'avocat de Jo-
selin produisit un certain nombre de pièces d'où il ressortait que
beaucoup de personnages importants et officiers avaient donné à
Joselin ce titre ou des titres analogues. Nous avons retrouvé quel-
ques-unes de ces pièces dans les anciennes archives de Wetzlar,
F. 2615, et nous en donnons ici l'analyse ou la traduction. Ce sont
les no» I à VII qui suivent. Nous les accompagnons (n*»» VIII et IX)
de deux autres documents.
I. Innsbrûck, 25 novembre 4530. — Lettre de Matbis Held, docteur
en droit, conseiller de S. M. royale et impériale, au modeste (beschei-
den) Josel, juif à Rosheim, Parnos général des Juifs. « Mon salut et
tout le bien qu'il souhaite à mon cher et modeste Josel. » Le conseil-
ler prie Josel d'empêcher que les Juifs (d'Alsace) citent les chrétiens
devant le tribunal de Rothweil, attendu que celte procédure entraine
des frais trop considérables. Si Joselin ne faisait pas le nécessaire, on
serait obligé de recourir, pour remédier au mal, à l'autorité de TEni-
pereur. (On se rappelle que les villes alsaciennes ne voulaient pas
que, dans leurs procès avec les juifs, elles ou leurs bourgeois fas-
sent soumis à la juridiction du tribunal de Rothweil.)
II. 3 décembre 4530. — Lettre du roi de Hongrie et de Bohème,
nommé régent du Wurtemberg, à Josel, juif de ^osh^im, Regierer
général de la juiverie. Joselin a demandé un sauf-conduit pour son
domestique Salmon. Ce sauf-conduit lui est accordé ; mais Joselin
doit faire renouveler le sauf-conduit qu'il a lui môme. S'il en de-
mande un pour lui ou pour un des siens, il recevra toujours une
réponse convenable.
JOSKLMANN DE ROSHËIM
255
iïî* RatJsboDDP* second jour de la Pcatecôte (20 mai) I53î. —
Georges Wolf de Kuppcnheim, marêeUal de carap du saint empire
romain, sur l'ordre de S. M. I., donne un sauf-conduit à Josel, juif de
Rosbeim, Oèersier de la nation juive des pays allemands^ avec per-
miâsion de rester au Keichi^tag jusqu'à ca qu'il ùil terminé ses
dflûires,
ï\, Ensisheim, ^^ mai I533- — a.4L-Z.'L, Geroltzcck. bailli, à Jo-
selio, juif de Rosbeim, qui est dit être nommé, par S. M. L. Oberster
^âs Juifs allemands. Citation de venir à Ensisbeim pour araires ur-
Qles.
V. Passeport dont voici la traduction :
»Nôus. Thun, seigneur de Wurtemberg, premier bnrgrave de
rTrague, faisons savoir qiio le prévoyant juif, maitre Josell de Ros-
IkiQi, Ohrisi Rabin de la juiveric réunie, porteur de la présente, a
I souvent passé par la Bohème et TAllemagne, et a cause de son titre,
Ittpnur une foule d'autres olTaires dont on 1© cbarge. Il faut aussi
f qu'il traverse vos seigneuries et vos domaines.
levons prie donc tous en général, et chacun spécialement, que
H\\ sç présente que le susdit maitre Josell passe par votre pays» vos
Wigneuries ou vos villes, ou désire s'y arrôlcr, vous veuillez le lui
Ipprmeitre, sans aucun empêchement ou mauvaise volonté, et que
Touâoe tolériez pas que d'autres le moleslenl. Je vous serais au
I tûQtraire très obligé, si pour ses propres intéi-éts, ou pour défendre
ceuîdes Juifs, ses administrés, vous vouliez bien Técouler, de lui
l^^ôioigoer autant de bienveillance et de bonne volonté que possible,
*itle le laisser jouir de ce que nous vous demandons. Je vouerais
P<>^rcela à chacun particulièrement et à tous ensemble une bien
^tc reconnaissance. En foi de quoi, j'ai ailaché à la présente mon
P^pre sceau. Donné en notre château, à Prague, le mardi après
Sôim-Luc (48 octobreX1534. »
M, RottenboursT, vendredi après S. Yalbourg, an 1535. — Lettre de
Sebastien Stiborn, burgrave de Rottenbourg, au modeste Joselmann,
juif deRosbeîm, Megiûrer général de la nation juive, commençant
Parles mois : • Mon cher Joselmann ». Prière a Joselin de s'arrêter
•'û [irodiâine occasion a Rolieubourg, pour régler un dilTérend
^atre i€s juifs Secken et Peilen.
^n. Sélestadt, 6 juin 1535. — Lettre des bourgeois et conseil de la
^^ïea Jos<îJ, juif de Rosbeim, Uigicrer général de la nation juive. Il
y 4 lieux mois, des marchandises de la valeur de 200 flor.. ont été
^Ife à un bourgeois de la viile et mises en gages chez un juif do
^^^ngersheim, prés de Hochfelden, Joselin est prié de s'employer
P^'^f ijue la marchandise soit rendue à son propriétaire contre
J^^yement de la somme prêtée sur ce gage par le juif de Win--
ftéfiheim.
230 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VIII. Relation des persécutions contre les juifs d'Alsace en 5237
(1477) et du rôle bienfaisant joué en cette occasion par un juif de
Mulhouse.
C'était la guerre des Suisses ; tous les juifs furent tués à Golmar,
Sélestadt, Tiirckheim, Kaysersberg; Ammerschwiehr, Bergheim et
environs; quarante-six juifs se baptisèrent, dont quarante revinrent
au judaïsme ; beaucoup s'enfuirent, des enfants moururent en route.
Quatre-vingts juifs furent conduits dans un champ près de Golmar,
où le na'^riDnp leur donna le choix entre le baptême et la mort.
On allait les tuer, quand un des chefs intervint et leur offrit la vie
pour une rançon de 800 reichsthaler, payables le lendemain. Où
trouver l'argent ? il n'y avait pas de juifs dans la contrée. On en-
voya en toute hâte auprès de Juda Pamsch ï37:é<d min"», juif consi-
déré de Mulhouse, qui se hâta de réunir tout ce qu'il possédait en
or et en bijoux, et fit délivrer ces quatre-vingts prisonniers qui,
sans lui, étaient voués à la mort. ^D'après une copie faite sur le Me-
nwràuch de Niederhœnheim.)
IX. Traduction de l'original allemand d'une lettre (très intéres-
sante et très touchante) adressée par Joselin au magistrat de Hague-
nau au sujet du différend qui s'était élevé entre lui et les villes de
Rosheim, en 4554, à cause de la présence, à Rosheim, de son fils et
de son gendre (voir, plus haut, le récit de cette affaire). La pièce se
trouve aux archives du Bas-Rhin, G. 78.
a Mes chers amis, c'est poussé vers vous, par mon obéissance et
ma haute opinion de votre sagesse, que je vous remets très humble-
ment ma plainte, pour vous faire voir ce que nous souffrons des
bourgmestre et Gonseil de Rosheim :
» 4» 11 3»^ a eu de graves faits en ce que les bourgeois et les habi-
tants de Rosheim ne tourmentent pas seulement jour et nuit nos
coreligionnaires dans la ville, mais encore mettent à contribution,
battent et volent les juifs étrangers qui y passent ou qui viennent
dans le voisinage. De là, procès, condamnation des autorités, et,
finalement, transaction amiable, grâce à mon intervention ;
» t" J'ai remis alors une pétition aux honorables magistrats de
Haguenau, où je les ai priés d'en faire part à leurs collègues de
Rosheim, et de les faire venir devant Messieurs les bourgmestre et
Gonseil de Haguenau, afin de chercher à leur faire entendre raison ;
» 3® Ges Messieurs de Haguenau se sont montrés très bienveil-
lants à mon égard, m'ont témoigné beaucoup de bonté, et ont dit
qu'ils ne demandaient pas mieux que d'accepter l'arbitrage, si cela
convenait à la ville de Rosheim. Gomme celle-ci s'en réjouissait,
Haguenau s'est adjoint le bourgmestre Bartholomée Botzheim, le
greffier-syndic, maintenant receveur, ainsi que les autorités de
Sélestadt et d'Obernai, afin d'arriver à la paix ;
» 4<* Après cela, des bourgeois ou fils de bourgeois, sans égard
pour ces recommandations, ont brisé, le jour et la nuit, les fenêtres
JO&ELMANN DE ROSHFJM
257
et portes des maisons juives, et ont attaqué les juifs étrangers hors
delà viile. Il est même arrive que l'uu de ces deroiers a assig^oc un
de SCS agresseurs devant le tribunal de Rothweil, et cet agresseur
n*était rien moins qu'un de nos premiers bourgeois faisant raainte-
Bânt partie du Conseil, Eh bien! moi seul et quelques membres du
Conseil, nous avons prié ce juif étrooger de ne pas laisser venir Taf-
faire au rôle, ei l'avons arrangée pour environ quarante florins de
domma ges-i n té rô ts ; ,
• o*> L'année passée, quatre bourgeois de la localité nous ont, la
nuit, cassé volets, portes et fenêtres, et, pendant que j étais absent
pour des alîaires importantes, ils ont tellement eiïrayé ma femme et
mes enfants, que ceux-ci ont crié mordio et en ont fait une grande
I maladie. Et quel était spécialement le chef, le fauteur de ces dé-
sordres? Un garde de nuit. Et qu'ont fait nos autorités? Elles ont
^puni les bourgeois d'une livre Strassburger Pftmniug et de trois à
fe jours de prison, mais il o'a jamais été question de nous dé-
gager pour nos pertes, frayeurs^ et pour la maladie de nos
femmes et enfants;
» 6*» La dite communauté (juive) mérite que je m'occupe d'elle,
noi qui cours, pour des juifs étrangers, dans tous les pays, devant
rois et empereurs, dans les diètes et les chambres impériales, pour les
!Îéfeûdre, Et je n ai pas mérité cet outrage de la pari de la ville. de
Itosheim, car J'ai eu Toccasion de donner à cette ville des preuves de
aon attaciiemeni, 0
» tl y avait alors environ quinze mille hommes à Altorf, à un demi-
îille de la ville. C'était pendant la guerre des paysans. Ces gens
:>ulaient, au début, mellre leur camp à Rosheim. Je réveillai la nuit
tean Mayer et Jacob Wagner, les deux bourgmestres, morts depuis.
la leur dis, comme les chefs (des paysans) me Tavaient confié en
ret, que le lendemain les conjurés voulaient s établir à Rosheim. . .
ïe me rendis alors à Altorf, auprès des chefs Érasme Gerber, Pierre
et Diebold deKordheim, je leur donnai a partager, entre eux, quatre-
vingts Uorins d'or; en échange, ils me donnèrent une lettre munie
le leur sceau, par laquelle ils s'engageaient à ne venir vers Rosheim
irec leurs bandes que lorsque toutes les autres villes seraietil dans
sur alliance. Et ils m'ont tenu parole. C'est alors que feu Jacob
/"agner, bourgmestre qui m'avait accompagué à Altorf, rae dit,
Iprés que j'eus obtenu ce résultat : « Jbeselj toi et tes enfants, vous
DUirez du fruit de ce bienfait, »
> 7^ Durant la dernière invasion française, j'ai laissé, sous la garde
autorités de Rosheim, ma famille et ma fortune, et j'ai dépensé,
frais de voyage, plus de soixante tlorins de ma poche, pour aller à
5ck et dans d'autres villes, pour chercher des protecteurs à
( ville, comme je l'ai bien souvent fait pendant la vie de Tempe-
reur Maximilien. Et personne n*a voulu croire que je me risquerais à
ces voyages.
« Quand, à cette môme époque, le margrave llbrecht s'est appro-
T. XIII, N* 26.
If
258 REVUE DES ETUDES JUIVES
ché de notre pays, et que le bruit s'était répandu qu'il demanderait
à toutes les petites villes do fortes coutribu lions de guerre, je me
suis rendu à THôtel de Yiile et j'ai dit au Conseil : J'ai chez moi,
en or et en argent, pour une valeur d'environ quatre cents florins,
enfermée dans un coffre en fer, je veux vous les prêter, à con-
dition que d'autres bourgeois aussi jurent qu'ils avanceront à la
ville ce qu'ils possèdent en or et en argent, afin que, Si l'ennemi
vient et réclame une contribution de guerre , nous puissions le
satisfaire.
» £h bien! je le demande, un homme qui a de pareils titres à son
avoir, n'a-t-il pas le droit de croire qu'il doit trouver auprès des ma-
gistrats une certaine faveur?. . .
» 8® Il y a quelques mois, ces mêmes magistrats, malgré nos trai-
tés, ont donné ordre à nos instituteurs de quitter la ville, et, en mon
absence, ont fait des saisies chez moi et chez d'autres. Ils ont, en
outre, menacé les susdits d'une amende de cinq livres Strassburger
Pfenning, si, dans l'espace de huit jours, ils ne partaient pas. Entre
temps, je suis revenu ici, et j'ai comparu avec mes coreligionnaires
devant le Conseil, je lui ai rappelé le traité que vous avez fait, leur ai
dit qu'ils avaient mal agi et que nous voulions prendre pour arbitres,
ou le gracieux bailli, ou votre haute sagesse. Je les ai, en même
temps, priés de me rendre ma coupe en argent, sinon je me verrais
forcé de recourir à la justice de la Chambre impériale, puisqu'à mon
avis, on ne peut saisir ni imposer personne injustement, ni chasser
ainsi l'instituteur. Ils m'ont alors répondu qu'ils voulaient délibérer
sur ce sujet, et qu'ils me feraient part de la décision prise. Un ou
deux mois après, ils ont envoyé chez nous; nous avons comparu et,
après avoir longtemps attendu, nous vîmes venir le bourgmestre
Wendling Magnus qui nous dit de nous en aller, parce que le magis-
trat voulait laisser reposer la question, que plus tard on verrait ce
qu'il y aurait à faire;
» 90 Ensuite, pour des affaires pressantes qui sont intervenues, je
suis reparti à cheval, on a profité de mon absence pour faire venir
devant le Conseil, le mardi, après le dimanche Rerainiscere (20 fé-
vrier), Jacob, l'instituteur, mon fils, ainsi que l'autre instituteur,
des veuves, de même que ma famille, et on a dit aux instituteurs de
partir de la ville, sous peine d'une amende, et, comme ces deux Juifs
n'ont pas voulu obéir, les magistrats ont cherché à les faire sortir
de la ville par la force, avec l'aide de leurs valets.
» Les Juifs ont supplié qu'on attendit mon retour. Les magistrats
s'y sont refusés, et la nuit suivante, déjà, les bourgeois et habitants
ont, de nouveau, lancé des pierres contre nos maisons et contre nos
volets, suivant leur habitude.
> Est- il donc permis de nous molester ainsi, nous qui sommes
pourtant des hommes que Dieu a mis sur la terre, pour vivre dans
tous les pays et dans toutes les villes, non avec les bêtes, mais parmi
les autres hommes ? Nous sommes donc contraints et obligés de nous
JOSELMAM DE ROSHEIM
2m
plaindre de la ville de Rosbeim» de prier de la punir et de nous prô-
ner dans notre malheur;
» I0<* Enfin, pour terminer, je sais par moi-même que votre haute
Sagesse nous a déjà témoigné, dans mainte affaire, beaucoup de
bonté. Il €5t aussi avéré que votre haute Sagesse s*est toujours mon-
trée parfaitement juste envers tout chacun, que ce fût un juif ou un #
~ irélieu*
• Pour toutes ces raisoDs, je veux m'abstenir de déposer une
plainte devant la Chambre impériale, en mon nom et en celui des
iils juifs, jusqu'à ce que, à mes frais, vous ayez fait parvenir
supplications aux autorités de Rosheim, et qu'elles consentent
â cesser leurs ordres d'expulsion et de saisie, en laissant chacun
jouir en paix de ses privilèges, puisa comparaître avec nous, devant
vous, à Ilaguenau,
Ces messieurs du Conseil voudront bien fixer, pour le rendez-
fous, un jour venant après les fêles de Pâques, mais, si cela ne leur
Dnvient pas. qu'ils répandent avant le mardi -de la mi carême, atin
lue nous sachions a quoi nous en tenir.
î^ous voulions seulement soumettre nos plaintes à votre haute
agesse^ afin que ces Messieurs de Rosbeim vissent que nous,
pauvres juifs, nous ne tenons à leur faire ni frais, ni dommage.
« Nous supplions encore une fois votre haute Sagesse de ne pas
[prendre notre longue épitre en mauvaise part, et de mettre à mon
I compte tous les frais de copie et d'expédition.
»i Nous attendons un mot de réponse.
• De votre haute Sagesse le très humble et très obéissant, Jheskl,
juif de liôsheim, pour lui et ses ressortissants de Rosheim,
us CiRESmÂNIS ]DIFS DE JEiN BDIW
Parmi tous les savants chrétiens qui, depuis la renaissance des \
otutles classiques, se sont adonnés à la littérature juive, aucun n'a
cultivé avec une prédilection plus grande et un succès plus écla-
tant que Jean Buxtorf le domaine entier de la science juive. Aussi,
aucun autre n'a-l-il été honoré au môme degré par ses contempo-
rains- Les savants de France, d'Angleterre, d'Allemagne et de
Hollande saluèrent en lui le digne fils de son illustre père, le
^rand maître de la langue et de la littérature hébraïque. Ils lui
demandaient des conseils, le priaient de recommander leurs ou-
vrages et lui dédiaient leurs travaux littéraires. De leur côté, les
savants juifs des pays étrangers, auxquels était parvenu le bruit
de sa renommée ou qui avaient étudié ses ouvrages, ne laissèrent
pua d'entrer eu relations avec lui et de lui apporter leurs hom-
mages. Aus>M, au nombre de ses amis et correspondants, on compte
tlea Huvants juifs de Constantinople, dltalie, d'Allemagne et de
UuUaJtde.
Jacob Komau et Léon Siaa, de Constantinople, étaient en cor*
roaiK)adance avec lui ; leurs lettres ont été publiées par nous anlé-
nuurumoat*.
l'anui les rabbins italiens de cette époque, Buxtorf connaissait,
^an.s doute de nom seulement, à Venise, R. Moïse Zacut et R. Sa-
muel \boab. Il s'étonnait que ce dernier se fut refusé à enseigner
lo 'laluiud au jeune delà Grange, tout en consentant à lire avec
hii lo Kozari, comme le prouve sa lettre écrite de Venise, àl^
dalt? do 1004. — A Vérone, il connaissait R. Saùl Merori*. — *.
Maulouo et à Padoue, il avait, comme il le dit dans une lettre
aiUv.vsi'o à Hottinger, à la date du 7 septembre 1642, plus d'un
uuu parmi les savants juifs.
* i\u Kl-, loiuti VIU, p. 55 et suiv.
* .imil Merori, dont il existe une rîar»3m llbtXO dans le Recueil inUlulé
*mi;j\» 131» »** "71. approuva le nT'^ ''piD 'o, paru à Venise en 1664.
LES CORRESPONDANTS JUIFS DE JEAN BUXTORF 2Gt
A Mantoue, il eut pendant quelques ann^^es, cornine correspon-
•^3"^', Saîomori Gaï et Florio Porto Cohen, deux hommes t^ner-
S (lui sont restés jusqifà présent tout à fait inconnus*
Oui était ce Salomon Gaï? « A votre question concernant ma
Bsion et ma position, écrivait-il à BuxtortV dans une lettre du
ffiffibre 1637, datée de Mantoue, je répondrai que je suis Juif
inee et de religion. Mes ancêtres étaient au Sinaïl Je ne suis ni
deor» nî rabbin, et je ne possède aucun autre titre honorifique :
I sais un simple instituteur. A la suite de la guerre» j'ai quitté
iintoue et je me suis rendu à Bolzano % où je suis entré dans
^maison d'un honnête et excellent homme» Jacob Moravia, en
lité lie précepteur de ses deux fils, jeunes gens fort bien
nés. Jiy suis resté environ cinq ans et demi. Je suis âgé maïjite-
Dt de 37 ans. A l'âge de 20 ans, j'ai commencé à étudier le latin,
kîs, pendant mon séjour à Bokano, je Tai oublié en grande
lie, soit faute de temps pour m'en occuper, soit parce que,
optant rester dans cette ville plus longtemps, j*ai mis tout mon
à devenir maître de la langue allemande, afin de pouvoir
fier : je suis parvenu, en effet, à ce résultat que je parle
ague couramment*. »
traduction latine que Buxtorf fit du Guide des Égarés de
, et qui ne passa pas inaperçue dans les cercles juifs,
- lomon Gaï d'étonnement et d'admiration, au point qu*il
llttt d'écrire au fils de cet homme illustre (il attribuait la tra-
Èion au père) une lettre d*hommage, rédigée en latin. Il lui
Eodait en même temps si, outre la traduction du More,
e» ouvrages pouvant lui servir pour ses études avaient été
[Buxtorf fut très sensible à ce témoignage d^admiration, il y
ODdit. à la date du 12 septembre 1637 \ en envoyant à Gaï sa
ation intitulée : Diatribe^, qui venait de paraître; il le
hlit, en même temps, de lui procurer quelques ouvrages
de fut la joie de Gaï, lorsqu^apri^s beaucoup de détours, la
>oo Boxeo, diku& le Tjrol, vjUt] célèbre au xtii* siècle pur su foire, ovaiL
iwM cpf&inunanlé juive, peu importauLe, il esi vmi.
•ns statuin... Cetle leltre bu trouve, uommo touks les autres que
Dt td pour lu preroière Idis, dans la collectîoa des lellrcs adressées 4
rf« eompocée d« 4 volumes» que possède lu Biblioili^ifuo muoicipele de liAlo
Lis»
fLi ItUfe écnir^ en latin (G, I, :Ji 1), daieo dn Maatotio, àm sextn Augusli 1637^
kte tm«i : ' Non soluin mihi uûquum m mculcm vcnissot*.. »
* t.* rtf»iï«e DO nous a pis été couservéc.
- pt^tnèê de cûmpeni* §i facU ling, hcbf. et chaid. ; Bâie, 1037.
2fi2 REVUE DES ÉTUDES iUIVKS
lettre de Buïtorf lui parvint, et qu'il apprit ainsi que le è^ysM
qu'il honoroît à un si haut deçré vivait *^iioore. Il exprima lon-
guement .sa satisfaction dans sa lettre du 6 novembre 1637, écrite
en latin» avec une introduction de dix lignes en hébreu, et
adressée à Buxtorf*. Il y appelait son attention sur quelques oii^
vrages que Buxtorf» comme il le supposait, ne connaissait pa^ï
eîicore : par exemple, le n3 nnn, la concordance hébraïque de
P. Marco MarinoV 11 promit de lui envoyer, à la prochaine foire
de Bolzano, quelques livres intéressants; quant au commentaire
d'Abravanel sur les prophètes, qu*il désirait avoir, il ne ptouvail,
à son grand regret, le lui procurer, ce livre étant devenu très
rare. Il termine en priant Buxtorf instamment de lui en\
Lexicon pentagloUon Heb7\ Chald, Syriac. Talraud-R
ei Arab.j de Valentin Schindler', mentionné dans le Diatribe, et
de son Leooieon chaldaicum iabnndicum^ qui était sous pressa
ce qui en aurait paru au moment de la prochaine foire de
Bolzano. Jacob Moravia était chargé de payer, au reçu des livres,
le prix fixé entre les mains du porteur. Ces lexiques rint^res-
saient d'autant plus vivement qu'il travaillait lui-même, en colla-
boration avec un ecclésiastique* auquel il donnait des leçons
dUiébreu, à un lexique de ce genre et qu*il ne pouvait Tachever»
faute de temps. Il lui fallait consacrer la journée entière à son
enseignement, et les heures de la soirée, soit a des travaux pro*
fanes, afin d'assurer le pain de sa famille, soit à Tétude du Rab
Alphes, qui était alors le sujet de conférences quotidiennes daii5
les Académies.
Salomon Gaï tint IMèlement parole. Le 24 kislev (11 décembre)
1637, il lui envoya^ comme cadeau, cinq livres, accompagnés
d'une courte lettre hébraïque, dans laquelle il lui rappelait encore'
une fuis les deux lexiques qu*il désirait. Il le priait de lui expé-
dier lettres et livres par Venise, au lieu de les envoyer par voie de
Bolzano ^
Cette lettre fut suivie, à la date du 8 janvier 1638, d'une longue
épître en latin *^, dans laquelle il exposée Buxtorf qu'il voudrait
faire un bon dictionnaire usuel hébreu latin et latin*hébreu, qui
contiendrait non seulement tous les mots de rÉcriture-Sainte,
* La lettre débole ainsi : 13 -iibn bSÎTO T^ia-
■ Marco Marina ^écut (| net que temps à Bûle. où il exerçait les fonctions
censeur Sa concordance porut à Venise en 1593 ; Toir Revue^ L VIll, p. 78,
* Cum iVatre quem lingmini hebream docebam*
* G, I, 351 . Les titres des ouvraj^es donnés en présent ne soot pas indiqués,
« G, 1, VS.
LES CORRESPONDANTS JUIFS DE JEAN BUXTORF 263
(jîs encore l«?s mots et tournures de la Mischna, de la Berâïta^
sMidraschîm, da Guide des Égarés et du Yad Ilaxaka de Maï-
lunjde, des Commentaires de Raschi sur rÉcnture et le Talmud.
outre, il fait savoir à Buxtorf que son ami, R. Samuel Médina
Venise, le fils du prrand rabbin H. Semaja Médina, de cette
ille*, voulait vendre le Commentaire d'Abravanel sur Jén^mie,
5«^cbiel et les douze petits prophètes, au prix de six ducats, ce
il lui semblait trop cher. Il renouvelle encore une fois la de-
Bnda des lexiques, de la Concordance parue en 1632, et d'autres
ivrages publiés par Buxtorf. Il ajuule qu*à Venise Samuel Me-
aa* et à Boliiano, Jacob Moravia ou les marchands Jacob Cases
i Simon Fano, qui y viendront à la foire, recevraient les livres et
verseraient le prix,
' Lps lexiques arrivèrent enfin. Le 20 juin 1638, Gaï put en accu-
réception à Buxtorf. Dans la raéme lettre, écrite en hébreu*,
lui annonça aussi qu1l lui envoyait le D**3iî3n o**0T 'o *, qui
vait pour auteur un célèbre rabbin et cabbalist»^ de Mantoue,
iiisi que le Kozari avec le commejitaire de Jehuda Muscato **
i sujet de A^zarla Me-haadomim (de Rossi), que Gaï confond avec
|lzaria di Fano et dont il fait un cabbaliste, nous ajjprenons par
ette lettre qu'il était le maître du savant duc Ferdinand ^ et tenu
ar celui-ci en grande estime. Quant aux livres demandés par
Buxtorf, il lui envoya, outre le itsth •'fiin ma»**, que celui-ci n'avait
mm vu, les « Propos du renard w ^, les commentaires de
^' Uaac Hacoben et R, Moïse Alschich sur Job •, le ^isnn 'd ^ de
S Aaron b. Joseph, et le rrn'']^"' 'o *'' ; au lieu de ce dernier, il au-
^'H. SeoiAjtf Médina, patii-fila do R. Samuel de Médina (D"llDn), édileur des
rch^cux de ce dernier, parus â Manioue en 1622 ^ sous la titre de
pt>, î, 3ia : «prc>9 la formule de saiuUtion "^-im HTQOTi '\^'pJ2 J*315 bro
r^^2 -l^n b^na, la ItUre commeace ainsi : b^^nb ipiSS p'î^b furfri
* r31»l 0^07 '0; Mantoue, 1623.
I *1^oa)AB, 1594.
I ' Nous De sucliioiis pas que ce Tait ait é\é\ mentionné nulle part ailleurs. Dans le
lipptiii&ent a la biographio de De Kossi, par Zudz {Kerem //<?«<•</, V, Hj2)^ on
irlt bioû des eoiretiens que Avaria do Ros«i eut avec de» savatils chrélieos; toute-
iZurti [i, c, V^, 148) ignore que Buxtorr cite De Huesi dauâ la préface de la tra-
iBctioû (lu Mût^,
I* L'ftQt«ur de cet ouvrage eat lâaac b. Jacob Obadia (Vcaise, 1598).
^ ' C^b^IlD ■'blD?: i Mantoue, 1557.
* U premier a été iiu primé ù Conâttatinoplo on 1&£>5, lo dernier ik Veoîse, on
i • Voawe, leûO.
264 REVUE DES ETUDES JUIVES
rait préféré lui envoyer le ninbNri nDn^Ta S qui contient, outre le
nn-'at'^ 'o avec un commentaire, beaucoup d'autres choses *.
Dans la maison de Salomon Gaï habitait Florio Porto ', fils
d*un savant qui était également professeur d'hébreu. C'est à lui
qu'incomba le triste devoir d'informer Buxtorf de la mort de son
maître et ami, survenue au mois d'août 1638. Porto avait d'autant
plus de motifs d'écrire à Buxtorf, que Gaï avait envoyé à ce der-
nier, quelques mois avant sa mort, par l'intermédiaire des négo-
ciants J. Paul Partner et Carlo Farchetti de Venise, plusieurs
ouvrages que Buxtorf avait demandés et dont il n'avait pas accusé
réception. En môme temps, il prenait, disait-il, la liberté de lui
demander, au nom de la veuve de Gaï, habitant sa maison, de
compléter le Lex^icon ialmudiciim qu'il avait envoyé et qui
n'allait qu'à la page 1778. Il considérerait cela comme une faveur
personnelle très grande. Porto ne négligea pas de complimenter
Buxtorf sur l'excellence de sa traduction du More.
A cette lettre du 24 décembre 1638 *, que, pour plus de sûreté.
Porto envoya à Bâle par différentes voies, Buxtorf répondit qu'il
allait envoyer les feuillets manquants du Lexico7i. A la suite d'une
lettre de rappel de Porto *, Buxtorf lui écrivit qu'il les avait
envoyés à Venise ^. Lorsque les feuillets avec le titre et la préface
arrivèrent enfin, le Lexicon avait été égaré par la négligence de
la veuve de Gaï, au grand chagrin de Porto ^
Comme précédemment Gaï, ainsi Porto fut chargé par Buxtorf
d'acheter pour lui les livres hébreux imprimés en Italie. Le jeune
savant, qui s'était procuré les ouvrages de Buxtorf et les étudiait
avec ardeur, se mit volontiers à sa disposition. Mais, à cette
époque, les livres hébreux étaient déjà devenus plus rares en
Italie. Beaucoup de personnes les étudiaient, dit Porto ; son père,
déjà mort en 1640, avait été du nombre. Porto choisit, dans la
riche bibliothèque que son père avait laissée, les ouvrages sui-
vants qu'il envoya à Buxtorf:
yù^^"^ ûTSa , de Moïse Abraham Provenzalo; Venise, 4596.
û'û aiû ,de Eliakim ben Naphtali ; Venise, 4606.
1 Mantoue, 1558.
* (d-«r73-i) o-^D^rr 'D n» n"D3^53b mbob "^nanD.
3 Ses lettres latines étaient signées : Florius Portus hebraeus, ses lettres en hé-
breu laniD imbD, et quelquefois «j^Dn ia*.1D -."^mbD.
^ G, I, 324. La lettre est en latin et commence ainsi : Quamquam uondum libi
meas dederim epistolas ncquc adhuc do me nulla ad te pervonerit notitia
* La lettre est datée du G mars 1040 (G, I, 326).
* Lettre du 28 mars 1640 (G, 1, 332), où il se réfère a une lettre de Buxtorf du 26 février.
7 Lettre du 14 août 1640 (G, I, 333).
LES CORRESPONDANTS JUJFS DE lEAN BUXTOBF 26»
"nrt ^dlssachar Baerk Moses Petahia ; Prague, tG09.
S'HP^ snb ,de Joseph Taytazak ; Venise, 4607.
'im n^in ,dt3 Moïse b. Jacob Corduero ; Venise, 1588.
n%t^ nn ,d'Abraham ben Jehiel Cohen Porto; Venise, iG28.
I^tmot? nsiJ ,deMenahem Ziou Porto; Venise, 1627.
[Ipr mK© ,de Joseph b. Salomon Ibn Verga; Mantoiie, 4593.
m ^rnsn ,de JebieiMelli; Manloue, 1623.
O'^D:? ,de Menahem Azada di Fano; Mantoue, 1623.
3î3n 'D ; , . . . . Venise, 1607.
Bpèrait pouvoir lui envoyer prodiainenient : rr^n^rr nmatî
k, de Meïr Angel, Manloue^ 1622, et lintt ab , d'Aaroii Ibn
iyiiii, Venise, 1608. Quant au np*^ "^b^, il ne pouvait satisfaire la
éEQande de Buxtorf avant de savoir lequel des ouvrages portant
titre celui-ci voulait désigner. Le commentaire d'Âbravanel
les prophètes se trouvait bien dans la bibliothèque de son
mais tellement défiiiuré par la censure, qu*il n'osait pas le
Bl envoyer. Quant au prix des ouvrages en question, il n'en
émettait à Buxtorf lui-raéme du soin de le fixer ; du reste, il était
lispose à prendre en échange ses propres ouvrages *.
La correspondance assez active qui llit ih^hangëe entre Buxtorf
Porto * concerne, en grande partie des livres que Porto lui
vait procurtjs ou demandés. En septembre 1640, il lui envoya,
rinterraétliaire de J. P. Partner de Venise, le np^ ''b^, com-
eataire sur les prophètes, de Samuel Laniado (Venise, ItiUS),
par la voie de Bolxano, le "inr!» 2b, qu'il avait dc^siré. Ayant
a. dans un des écrits de Buxtorf, beaucoup d'ouvrages cités qui
} trouvaient pas en Italie, Porto pria Buxtorf de les lui pro-
p, conformément à la liste contenue dans sa lettre du 11 no-
embre, et de les lui expédier, par la voie la plus courte, savoir :
laslilutio episioiaris, avec supplément ; Baie, 462U.
ns^Nn'D ,daos la traduction latine de Paul Fagius ;
Isny, \iji2.
îT3-in rmr»n 'o ,dG H. Abraham b. Dior".
Gyn-z rinn» , . .; Prague, !580.
nra ^nTaH ,sur les mots étrangers du Zohar; Prague, 1610.
-IDC nrît »de Naphtali Aitschuler ; Lublin, 1602.
ttn*^Z p ,daQs la traduction latine de Paul Fagius ;
Isny, 4542,
éa vr> TST» 'l^'^bp 'l Ûl** (tl^Ul). La flu seule de la leUro est en
(G, l. 33GJ.
" )3, 334.
DCDt eo 1^52.
266 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
1i'^:in?i ,d6 Moïse Maimonide, avec la traduction W Mine
de S. Mi^Dster; Bâle, <527.
051:^ niD"'bn ,dans la traduction latine de L'Emperei/r,
Leyde, 4634.
I'^7a'^23 'n ni3^C73 ,dans la traduction latine de L'Empereor;
Leyde, 4633.
3-^13 T'NTa ,Goncordance ; Venise, 4 523.
bD«rr 10173 ,dans la traduction latine de Jean Mercier; Pa-
ris, 4559.
mDn3?ï3n ^-'iTTa ,Diclionnaire de Philippe d'Aquin; Paris, 1629.
nm rms, ,de David Gans ; Prague, 4o»2.
Yafin bo û-^^-^rr -«nm ,(rrbapn 'o); 4572.
tiOD n-irp ,dans la traduction latine de Jean Mercier ; Pa-
ris. 4559.
in rvn ,dans la traduction latine ; Cologne, 4555.
miN -ns^o .dans la traduction de P. Ricci ; Augsbourg,
4516 et
La collection des écrits de Joseph del Medigo *.
Buxtorf n'envoya pas ces ouvrages à Porto, dont deux lettres
ultérieures, du 25 février et du 26 mai 1641, restèrent sans ré-
ponse. A la date du 24 novembre 1641, il écrivit encore une fois à
Buxtorf. lui disant qu'il^ lui enverrait volontiers le niT to, de
Menahem de Lonzano, mais qu'il n'osait pas, n'ayant pas reçu de
ses nouvelles depuis un an. Buxtorf ne répondit pas davantage.
Néanmoins, en août 1642, Buxtorf écrivit à Hottinger de Zurich,
que depuis longtemps il était sans nouvelles de son ami Porto.
Un an plus tani, dans une lettre adressée au même Hottinger, il
disait : « A Mantoue, j'ai pour ami un juif nommé Florio Porto,
mais j'ignore s'il vit encore*. »
A Padoue, où il y avait alors beaucoup de Juifs, même des
médecins très versés dans le Talmud et familiarisés avec les
écrits des philosophes, Buxtorf était en correspondance épistolaire
avec Emanuel Porto , qui était i)eut-étre un parent de Florio
Porto. Emanuel Porto ou Mei.ahem Zion Porto Cohen ^, comme
on rappelait dans les cercles juifs, était un des rabbins les plus
instruits de son temps. Il était né à Trieste, vers la fin du
xvi« siècle. En 1627, il publia, à Venise, louvrage déjà mentionné
» L« lettre en hébreu, avec le S^^SC ll'I^T y adhérenl, se trouve G, I, 330.
• Ejro ibi Mantuse t'amilidrem habeo judaeum quemdam Florio Porto, sed nescio an
adhuc in vivis ,Ms. .
* Menahem Z . n, ivnine F'orio «.t I>aac Por* > Coh'Mi. le savant correspondant de
H. Me-r Kjl^en.'.'.v i:t)>«vu, s^.^-iuknl -iu uom de c;**E. mais nuaemont a^lID KD^,
i.vmme ie v:\ii Lurzalio { U ".#**'• JaAràiêck, VI. 103. et Aulobio^^phia de S.-D.
Luz^atto, Padova, 1^7S].
LES œnRESPONDANTS JUÎFS DE JEAN CUXTORF
267
impV ny\^, et, en 1636, à Padoue, Touvrage astronomique en
|uatre parties : Porto astrojiomicOt dédié à Benvenuto Petazzo,
eomle de San Servol CastelnuoYO » qui lut Tobjet des ébges
jd'lnilréa ArgoU, professeur de matin^matiques à rUniveraité de
doue» et que Tomaso Ercolani et Benedetto Luzzatto, « RaLbi
studente in Padova », célébrèrent en sonnets italiens.
1641, par Tentremise de Gaspard Scioppius et sur sa reconi-
landation, Porto, le rabbin de Padoue, entra en rapports avec
Ttorf, Ce Sciûppius ou Sclioppe, Allemand d'origine» qui i^tait
service des Jésuites et qui se Ht connaître par son pamphlet :
aliger hyperbomilœits^ûivigé contre le savant de Leyde, Joseph
aliger, plus que par ses écrits mystico-philosophiques, résida
mz longtemps à Padoue, où il eut roccasion de faire la connais-
lice de Porto. Le 15 octobre 1641, il écrivait de Padoue à Buxtorf :
R. Ërnanuel Porto, un excellent homme, n'hésite pas à m'a-
!8ser une demande d'autant plus qu'il connaît ta bonté, tonéru-
litujii extraordinaire, qu'il a pu juger d'ailleurs en lisant ton traité
»iT(?dans mon Mercurius *, où on sent « ex ungue leonern ». Je
lui al promis de te le recommander dan» une de mes lettres. Je te
ie donc de te montrer complaisant à son égard et d'être persuadé
If* tu me rendras par h^ un grand service'. » Quelques jours
ilus tard, le 20 octobre, Porto écrivit directement à Buxtorfune
tire en ih'brfu ^, le priant d'examiner le manuscrit qu'il lui en-
'yait et» s'il Tapprouvait, de le remettre à un imprimeur de Bâle,
'«ren faire la puldication. II espère que l'imprimeur ou Téditeur
f s^» refusera pas à publier ce travail qui, à cause de son peu
l'étendue et du sujet traité, pouvait être d*une vente facile. L'au-
ura des prétentions modestes : il demande seulement que l'édi-
'^^ lui envoie, immédiatement après la fin du travail d'impres-
^y vingf-ciriq exemplaires ordinaires et un exemplaire .^ur
Papier impérial, afin de pouvoir le remettre à temps au haut per-
''oan^gg à qui Fouvrage doit être dédié. Enlln, il prie Buxtorf de
voiiÏQir bien corriger les fautes qui se trouveraient dans le manus-
*^^'t ^t se déclare prêt à lui rendre, de son côté, tous les services
^^sibles. Dans un post-sc^iptum, il demande quel est le prix d'un
^^^mplaire du Talmud, édition de Bâle.
blercurius quâdrtlinguis. avec la disserta Lion : Coosilium uDÎvoTsaîo de Uaguas
i» iludio ae Buxlorr, BasiL t637. Le Mercumia, dont Stcinschueider, oomm© U '
U da&s le Manuel de la liué rat tire théorique et prati<|ue de la l ungue hébraïque
,, - 1859), p. âÛ, a« 335, «e suit ncn» est le Mercurius cité p. Ï3U, n« ÎS7H, dont
*^l«;tty est Sc»oppiU8.
^^E Biibkii Emunn**! Porlo, vir oplimue et meo jud'do di^niesimus»
HP U lettre d^ïi.ik ainsi (Q, I, 337) : ^b rn-^nSl "«Sn» 13^73113 "^nr^aO
268 REVUE DES ETUDES JUIVES
Plusieurs mois s'écoulèrent avant que Buxtorf répondît au rab-
bin de Padoue. Celui-ci, fatigué d'avoir attendu si longtemps, ré-
solut d'écrire une seconde lettre, pour s'informer du sort de son
manuscrit, disant que a si les imprimeurs de Bâle ne voulaient pas
s'en charger, il le ferait imprimer en Italie * ».
Dans sa lettre du 17 février 1642, Scioppius rappela également à
Buxtorf que plusieurs mois s'étaient écoulés depuis qu'il lui avait
recommandé Porto et que ce dernier attendait encore une réponse.
« Comme tu as pu voir par mes lettres précédentes, j'aime ce
digne homme ; c'est pourquoi je te le recommande de nouveau par
la présente ». Malgré cette nouvelle recommandation, Buxtorf ne
paraît pas s'être hâté de répondre. A la date du 25 mai 1642, il
écrivait à Ilottinger de Zurich, qui avait reçu, en môme temps
qu'un livre de médecine, qu'on lui envoyait de Padoue, le Compen-
dium de la grammaire hébraïque *, publié par Porto, en 1642, et
qui, par intérêt pour l'auteur, s'était informé auprès de Buxtorf de
sa position et de sa considération parmi ses coreligionnaires : « Je
ne sais rien d'Emanuel Porto, sinon que j'ai reçu de lui une lettre,
il y a quelque temps, avec une dissertation qu'il désirait faire im-
primer à Bâle ; il m'a été chaudement recommandé par Gaspard
Scioppius, qui m'a encore prié récemment de l'honorer d'une ré-
ponse. Je n'ai pu encore le faire, et il n'a pas encore reçu de lettre
de moi ^ ».
La dissertation de Porto, que Buxtorf dut corriger sérieuse-
ment, ne fut pas imprimée à Bâle. Elle parut un an plus tard à
Padoue sous le titre de : Dipluranologia gua duo sacrœ scrip-
iurœoracula de regressu solis tempore Ezechxœ et immobilitate
Luminarium sub Josue declaranlur* , avec dédicace à l'empereur
Ferdinand III. Comme le titre l'indique déjà, elle traite du miracle
de Josué arrêtant le soleil. Cette question, soulevée par Galilée,
qui vécut quelques années à Padoue, et qui avait probablement
amené Porto à traiter ce thème, était alors fort controversée. La
dissertation, écrite en langue italienne, fut traduite par l'auteur
lui-même en hébreu, et Lorenzo Dalnaki, originaire de Transil-
vanie, la traduisit en latin et l'enrichit d'additions importantes.
Vis-à-vis de Buxtorf, qui lui témoigna pourtant, comme il fit à
bien d'autres, très peu d'amitié, Porto se montra toujours com-
plaisant. Il lui envoya des catalogues d'ouvrages et s'occupa pour
» CeUe lettre (G, 1, 338) commence ainsi : Nm3 innTSC^ l^'^^'n npi:?n "^rO
* Compendium gvammatica hehraeœ; Padoue, 1642.
3 De £m. Porto quce scribis non aliter mihi notus est. . .
♦ Padoue, 1643.
LES OJRRESPONDANTS JUIFS DE JEAN BUXTORF
269
lui d'achats de livres. Ainsi, Jean Rhodiiis lui écrit de Padoue, à
tadate du 11 novembre 1644: « E. Porto, qui a dû partir pour
Tenise*, a réuni les livres que tu as demandés et dont je t'ai
Indiqué le prix récemment : il te les enverra prochainement, »
Un homme que Buxtorf estimait plus que tous ceux dont noua
avons parlé, c'était Menasse ben Israël ; toutefois la correspon-
dance de ce dernier avec lui ne nous est pas parvenue. Il apprit
avec joie que Jean ZoHikofer de Saint-Gall, lors de son séjour à
Amsterdam, dorant Tété 1655» avait eu un entretien avec le savant
Menasse et que celui-ci lui avait fait cadeau de Topuscule, récem-
ment paru, de Felgenhauer : Bonnm ?iuncium,
Buxtorf tenait en grande estime aussi un autre savant juif :
David Cohen de Lara.
De Lara, né en 1602. à Lisbonne, ou, comme d'autres prétendent^
à Hambourg, était élève du rabbin d'Amsterdam, Isaac Usiel, et
séjourna à Amsterdam jusqu'au moment ou la Communauté de
Hambourg rappela au poste de hacham. 11 mourut à Hambourg
le 10 octobre 1674. Par ses travaux philologiques et lexicogra-
idiiques, il attira sur lui rattention des savants chrétiens contem-
porains. Dn petit travail qu il publia, en 1638, sous le titre m n'^^
intéressa particulièrement Buxtorf: c'était la nomenclature des
mou étrangers usités dans Ips écrits rabbtniques. Hottinger
considère ce travail comme le meilleur qui ait jamais paru en
la nmlière*
Cet ouvrage dédié à Jean Salvius de Tullngen, ambassadeur
^^^.4ois auprès de Tempereur, parvint à Buxtorf, par l'entremise
*^^ Jean Tileman Stella de Téry et Morimont, le chargé d'aûaires
^^ cardinal de Htchelieu, Nous ignorons comment le savant juif
"® Hambourg entra en relations avec ces hauts personnages. Ce
JPi est certain, c'est que de Lara envoya à Paris vingt exem-
rP'<*ire3 de son ouvrage. Dans une lettre de Stella, qui séjourna
^*^^lqiie temps à Baie, datée du 12 octobre 1641, il est dit : « En
V*^^iKlant, j'envoie à mon honoré maître les deux exemplaires du
^<?ocico/i hehraeo barbaro de IL David Cohen, Je n'ai pas encore
^P Uris sî les autres vingt exemplaires sont arrivés de Hambourg à
Pa
t^iB. Dès que je le saurai, le troisième exemplaire, dont Tauteur
J'^'^^3 fait hommage, vous sera remis '. »
1^1 n'est pas surprenant que de Lara ait fait hommage de son
^ B'iprès Ghirondi-Nepi, Totdot Gtdok Itraeî, p. 258, Porto était professeur sa
I ^ï»»ud-Tor<i de Venise. Il moyrul à Padoue vers IGfîO. Voir la lettre d'Istac
f C.fttitiriti à Th. UDger, du moiâ d'août 1717, dana Oî^r Nethtnad^ Vienne, 18(>1>,
* Voir siLT Stella, M^u*t t* VHI, p. 75 et auiir. (Orignal allemaud.)
270 REVUE DES ETUDES JUIVES
ouvrage à l'homme qu'il estimait tant comme savant et avec lequel
il était déjà à ce moment en correspondance, comme cela ressort
d*une communication que Buxtorf fit à Hottinger, à la date du
12 juillet 1642 : « David Cohen de Lara, rabbin à Hambourg, d'o-
rigine espagnole, a écrit, sous le titre de nm nod, un ouvrage sur
les proverbes (rabbiniques) *. »
En novembre 1660, de Lara, que Théophile Spizelius, dans
une lettre adressée à Buxtorf, appelle le plus grand hébraîsant
de son siècle, écrivit une nouvelle lettre au savant bâlois. Le
19 novembre 1660, celui-ci écrit à Hottinger : a Hier j'ai reçu une
lettre de David Cohen de Lara, qui prépare la publication du iVo-
menclalor, composé d'après les ouvrages hébreux, talmudiques et
autres, avec des notes explicatives en latin et en espagnol. 11 m'en
a envoyé le spécimen. Je considère l'ouvrage comme très utile, et
je crois qu'il répandra la lumière sur bien des points obscurs. »
Des lettres de de Lara à Buxtorf, il ne nous est parvenu qu'une
seule, en latin, datée du 29 avril 1661 : il y rappelle qu'il lui
a déjà écrit deux fois sans avoir reçu de réponse, ce qui n'est pas
étonnant de la part de Buxtorf. Il Texcuse cependant à cause de
son état de santé et de ses nombreuses occupations. Il lui fait
savoir qu'il met à sa disposition la traduction latine,, avec e^xpli-
cation, du poème d'Aben-Esra sur les lettres •'irrN*, et que la
deuxième partie de l'ouvrage De convenieniia vocabulonoii
ainsi que le grand Nonienclator sont sous presse. En outre, disait-
il, il préparait pour l'impression d'autres ouvrages, auxquels il tra-
vaillait depuis quarante ans. Enfin, il le prie de compter toujours
sur sa complaisance et de lui envoyer sa réponse par le porteur
de la lettre, le négociant portugais Abraham Abendana d'Ams-
terdam', qui séjournait à Francfort pendant la foire. Cette lettre
de David Cohen de Lara* est ainsi conçue :
Salutem et pacem Vire Glari"» in Domino precor simulque officia
servi tiorum meorum poUiceor.
Ad virum clarissimum jam elapsis temporibus duas dedi litteras,
in quibus et affectum ergo Te, V. Cl., satis superque declaravi et
voluntatem meam Libres quosdam in lucem edendi clare exposui,
^ David Cohen de Lara rabbinus bamburgensis natione bispanus opus adagîonun
(rabbin iconim) omnium scripsit quod vocavit ^*i^ fi^D^* Ce livre n'a jamais été
imprimé.
* *T1*7 "^"13*7, ScppUcatio anigmatis A, Etres; Leyde, 1658.
* Cet Abendana vivait encore lors de Tinauguration de la sjmagogue portugaise
d'Amsterdam, en 1675. Voir D. H. de Castro, De Synagoge der Port, Israël Qemeente
te Amsterdam; S. Gravenhage, 1875, p. lvi.
* G, I, 358.
LES CORRESPONDANTS JLTFS DE JEAN BUXTORF 271
hacteaus dnxius responsioDem ex^peclavi, ssd nnllam recepî, nihil
miDUs tanieu tibi, V. Cl., uiimîu cou louo, lum iiuia auijvi valelu-
dîoem tuam eiapsis lemporibuâ satis fuisse mtirmamj tuiû quia ipse
optime oovi variis occupatiouibus fuisse distractum, quuc autem
tertia vice ut mîhi licet uti stylo lalino. Significare volui aoigmata
Aben Hezra ia pricfatione poutateuchi posila luei\ exposuisse cum
flariïssima evoliitioue uoo vel altero exemplari. Tibi quoque grali-
ticari possira, si Tibi placeol, deinde secundam eliara partem de
cDOveDieûtiâ vocabulorum Dunc sub prœlo el tandem eliam noraen-
datorem amplist^inium ad methodum Adriauî Juuii insuper habe-
rem muUa alia publicauda, iii quibus aunos XL laboravi, quare To
Tirum CJarissimum, supplex veueror, ni raihi iuter tuos servos hu-
miUimos respoudere voles, siQiulque iadicare si qua ia re mea curia
supelleac desideretur, ïibi, viro Clarissirao, serviie tolus desidero.
Va le et me luum senoiai bumillimum redama, dabara aouo 4661
die veneri 29 Aprilis Amst Qui Miteras mcas delaturus est, is ipso
lîtteras tuas responsioues Francofurlo Abram Abeodana mercator
Lusitanus mibi allaturus.
Humillimus tuus servus *;
R. David Cohen DE LaRA,
L'ouvrage dont de Lara dit» dans cette lettre, ce qiriï répète
d'ailleurs dans le titre, qu'il y a travaillé quarante ans, est le
! TT^'^rio -ins '0 ', ou Lexicon tatmudico-rahMnicum^ qu'il dédia i\
\ Buxtorf età d'autres savants chrétiens contemporaius avec lesquel^
il ^tait €^ti rapports ppistolaires ou en relations d'araitie, corame
Al'eard Uclitmanu, professeur trbtîbreu à Leyde, et II i la rie Prache
de Liegnîtz , qui traduisirent l'un et l'autre le Behinat Olam
(Examen de TUnivers), de Yedaya Penini ^ ; Jac. Alting, professeur
à Leyde, auteur d'une grammaire bébraïque souvent imprimée;
Si^bastien Schmidt, né à Strasbourg, qui, après avoir traduit en
latin le traité de Sabbat et d'Erubin, fut engagé par de Lara A
continuer la traduction et Pexplication de la Mii^cbna ; Esdru.s
Edzardus de Hambourg, avec lequel de Lara eut des rapports trop
(V^quents, dont sa renommée eut même à souffrir, Kdzardus
mandait, déjà â la date du 25 mars 1663, à Buxtorf que le Lexicon
iaimudico-rabblniaum du célèbre rabbîn David Cohen de Lara
s'imprimait à Hambourg au3t frais de Fauteur. Le Lexicon ne pa-
rut que cinq ans plus tard et seulement jusqu*à la lettre i/oii, bien
1 L'aJreîïi« do celle le lire itsC i Qarisstmo Tîro Johanoi Buxtorphio S. S. tbeoI«
iloctûn cl proL io Atrad* mm BasiUieoGi D*" et Faulor» sui honoraEtlo.
* Voir J. Portes, i)at} Mi Cùkên de Lara'i rabbiniiche^ Letskon Khettr £kâhumêaA;
Bresiat^ iÈB»,
» Le premier ea 1640, Taulre en 16S0,
27%
REVUE OKS ETUDES JIHVES
qu'Edzardus eût afïîrraé qu'il ^Hait terminé et prêt poar 1
^ion. Dans ce livre, de Lara parle de Buxtorf avec grai,- .
iniration, disant qu'il n'y a jamais eu de savant non juif comtne
lui qui fut aussi familiarisé avec la littérature juive.
Eu 1660, les tn>res Abendana, Jacob et Isaac, entrèrent en rela-
tions épistolaires avec Buxtorf,
Nés en Espagne, ils durent se dérober aux persécutions deVlo-
quisition et vinrent s'établir à Hambourg *. Jacob, Talné des deux
frères» acheva ses études rabbiniques dans la Veschiba de Los
Pintos, h Rotterdam, et, vers 1655, il fut appelé comme ha^hamk
Amsterdam. Après avoir rempli pendant quelque temps les fonc-
tions de professeur à Hambourg, Isaac étudia la médecine; pour
achever ses études, il alla suivre les cours de l'Université de
Leyde, pendant Tannée 16CD*. Vers cette époque, les deux frères
conçurent le projet de publier^ avec des additions de Jacob, le com-
mentairQ sur rÉcriture sainte de Salomon ben Melech, le -'sr V:^%
qui était surtout très précieux au point de vue grammatical et dont
la première édition était épuisée. Mais les acheteurs de livres hé-
breux se faisaient rares à Amsterdam. Le prix en était si bas que
la bonne édition du Talmud d*Amsterdam faite par Benbenislese
vendait six impériaux, et même encore meilleur marché. Le com-
mentaire d'ALravanel sur les derniers prophètes, imprimé à Ams-
terdam, en 1042 ^, se trouvait tout à fait déprécié. Les éditeurs, à
qui cet ouvrage avait fait éprouver des pertes sérieuses, t^taieot
forcés de le vendre à tout prix*. Au milieu de circonstances pa-
reilles, les frères Abendana n'eurent d'autre ressource que de
faire imprimer à leurs propres frais Touvrage en question. Ds
comptaient sur un succès de vente auprès des savants chrétiens
qui étudiaient la littérature juive. Pour couvrir en partie les frais
dimpression, le hacham d'Amsterdam se décida à rechercher des
souscripteurs. Dans ce but, il se rendit en personne à Leydeet se
proposa aussi de faire un voyage à Harlem. Il envoya une liste de
souscription au professeur Hulsius de Breda, avec lequel il se
trouvait alors engagé dans une controverse théologique; il lui
fixait le prix de Texemplaire à dix florins, et, s'il pouvait lui en
faire vendre un cent, il s'engageait à réduire le prix à cinq llûrinâ
' D'après Barbosa, BihL Lnsit^ II, 469, les Âbemkoa scroietit nés ù tUmbourg
Toir cepeadant la Jeltre d^lsaac Abendaua du 24 février 1660, que nous donaoDÉ
ci-après.
> Voir la lettre d'Adrien Pauli à BuxCorf, du 20 féTrier 16G0. Au reste, Ina«
n'exerça jamais la médecine, comme le remarque H. David Nielo, dans uqo letirs
adressée ù Théophile Unger : ^îs^n rîT[ 5*5 Hi'îwlîi* pHS^ 'n.
> Lt) nom dâ Tédileiir ni celui de l'imprimeur ne sii iroiivenl sur le titre.
^ Voir loa lettres d'Adricii Pauli du 20 lévrier et du 3 avril 1660,
LES CORRESPONDANTS JUIFS DE JEAN BUXTORF 273
emi *, Pour trouver des acheteurs chrétiens, il fallait à Aben-
a des recommandations de quelques éminents savants chré-
les frères Abendana furent les premiers juifs qui firent
prouver un ouvrage hébreu par des savanls chrétiens. Sur le
nseiï des savants de Leyde, Isaac Abendana s'adressa à IJuxtorf.
jeune théologien, Adrien Pauli, qui fréquentait l'Uni verslté
le Leyde et qui plus tard exerçait à Ilamm, s*oflrrit à recom-
mander à son professeur de Bàle Abendana, qui le secondait dans
études, et à lui faire parvenir cette lettre. Dans une lettre du
février 1660, Pauli exposait à Buxtorf qu'lsaac Aben'ana, qui,
d'après le jugement dliommes compétents, était très versé dans la
;térature talrauîdique et rabbiniqueet qui savait le latin, s'^adres-
it, sur le conseil de ses amis, les savants de Leyde, à lui, que les
hébraïsantâ les pluséminents considéraient comme un oracle, pour
lui demander une approbation du ■'dv bbs». Il le suppliait avec
islance de répondre à Abendana aussitôt que possible, avant que
i-raème ne quittât Leycie, ou il devait résider jusqu*au prin-
temps. En même temps, il rinformait qu'Abendana avait Tin-
tenlion de faire la réédition du commentaire d'Isaac Abravanel sur
les premiers prophètes, devenu très rare, si toutefois il pouvait
compter d'avance sur un certain nombre d'acheteurs*.
kDans une lettre en hébreu du 9 adar 1660 (24 février), Aben*
lana exposa sa demande à Thomme qui, suivant son expression,
fouissait d'une renommée universelle et dont les nombreux écrits
Kmoignent de la vaste érudition. S il a pris la résolution de lui
écrire, c'est à Tinstigation de Pauli, dont il ne tardit pas à faire
reloge. Pauli Tavait assuré d'avance de sa haute bienveillance. Il
prend donc la liberté de demander à Buxtorf une recommanda-
tion en latin, pour l'ouvrage en question se trouvant alors sous
presse et dont it lui envoie un feuillet d*épreiive* Il le [irie d'attes-
ter que cet ouvrage peut être d'une grande utilité pour les sa-
vants chrétiens, surtout pour ceux qui s'occupent de Vétude de la
langue hébraïque.
Nous donnons ci-dessous textuellement cette lettre doublement
intéreîsgante, à cause de Tautobiographie qu'elle contient ^
Vm EXCELLENTISSIME,
* Voir la sîiième le tire dû Jacob Abftndiiia dans "^inj? HlD'^li Bitpuiatia €pt»~
[tùkfu ktbraUa aut Huitii cum Âémdan&z Lejde, 166^.
* MqIiubi hac ia re ma juvit ac etiam nuiic juval*
' 0, l, 339.
I
 REVUk DES feTUDKS UUVES
^3 b5i a'^sa T,::^"» ma» ïto^?3 ^n^30 c^ncc^s V"*"* nnr:3 isll^'' '^tr»
:??:ïïîV in3i::i i::h^b tsi-nbi ^^:-r 1*^:^ -^nisb ^tr^-'ifi* "^^îa ntb Enp^a
hrsn •'tiTOb t*bi "^sîh Dinr^ -«^ «-i-^>«"i ain=)bK ■^n*' tdï:?: •'=; felî^'ï m^T
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D^ni'i'î'a!! nb?5n "^iiin *]^zt-^ 2*i3b -^nnTKnn n^i ^rpmnn yzb ni^^i'»"
î3i<i rt^'*bî3 hmïsns ''33'^:::nb "^^^sb rj-^'^iin *T»i^ •jionn hiîjiti îib»
^*d? Y-^* ~*^** t^ir^ûc nnssn •'siiî* •'n'^3 •'?:'i •»:» "^ in^'b rts-ina
■nto:!^ n':^^ Mm briri nbsrt *«?: n-i^ •*!« a-'rcn ^^pb» 'n rfiti **D:Bt"
t:n-'bD33 15b en ti-^^-^ix '•s p^atTjîl h^n -^ss» H^rtfi yn»n 1^ i!:s*3C^n
tï-rr T:::ï5ît y^*.» bï« i;î<3 rrT ^zt^ "^ it t^^-^.^yi ism&t û"*d?31 ism»
ïnbbnn^n ns-^ts*» r^Tf^ n-'^rf b» -^retta rr!<-i5-'rT r^rns ninbn ^i*inb -^aV
^n ^n-^ '•nn:n «b nt?: dj nn ^rm^a qi^i nz-'tiorî b^pb t^'^^n !?c
*^tr bbst) Nnp:n 3i*^nn nso d'^biîi b&« *>n«3rh3 «sbw -^b '^^n^b y^^
rrbi-^ tl'^siKi ncsnn n-^b^ 1?|0i: mri n«T 13*»^ r!?3 D'^yzTn brb -^^bs
nsn «Lt-i^T pnp^tn ''bb-i o^briDi n"'b?:D tx rnnTzr, sn:*^ c^rcnpi
• m-^">D ■'bi tarr^b:? l'sî^yb nt:BX nr» D^piosn i^;?:^ fe» rib^ r:?:r^
b'^-îan ntjn -^îit» '^îd nbn» p b!? nrn qni 1»-^-^ ^iiî« ^ï-^^* *nr8o|
Hit nrn ncort\2' ^fit pisnb 'ïri::bn ml3» sinsb n?:ï«i ion ^^tr rîci:??!
^n «STOB* rrim uiprr pcb '»^?2^b^ O'^'^sninn ^td:? "^33 b=)b nb^irVj
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Qiboi iî5s
t3'b rt5*752« pHir*^ n^'i-^-^bn ^nnns
p"Eb 3"n dît:; d^3i?2 i:»i:; V-'^^
3ins pTDna •'^ 3nD7:n bj^i 3nDn br np^n n*:;n ^ïitîï tn^ïi" b«"
*^n3nD •'tTj ï^ST^n b^i rr^-'nrn bmb
Biixtorfse rendit au dâsir d'Abendarm avec unir rapidité sut
lïreiiarite : à peine quelques jours npti^s la rï^ception de ceit
lettre, le 12 mars 1660. Il nppfouva à ta l'ois Tajuvre entreprise
et les additameiita, attestant quo Touvrage était utile, Don seule-
ment aux juifs, mais aux chrétiens, à tous ceux qui cultivent la
langue liëbraYque. Enïln, Buxtorf souhaitait à Abetidâna de ter-
* Dt^puis nnnn d'^^lT ce pùssogç ée relràùvo texludlement dahs llntrod^clion
de Jacob Abeudiiua au 'iDT' bbD?3.
LES CORRKSl^OKDAÎfTîl JOrPS DE JEAN BUXTORF ST5
Pfteureuserueiit cet ouvrage et beaucoup il^autres encore*.
Itoff envoya sa n/ponse ou plutôt sa lettre de recomnianda*
^Udfl à Adrien PauH^ qui le remenia, à la date du 3 avril 1660,
^aa nom d'Abeudana» de cette attestation lionnriflque, aioutant
iqœ sans doute Abeudana le remercierait directement» quand U
inratt reçu U lettre de Buxtorf. « En ce moment, disait- H, il est à
[Amsterdam, pour y passer les fêtes de Pàque, Dès son retour, je
[k mettrai au courant de tt>ut. »
Ce fut seulement le 9 novembre qu'Abendana écrivit sa lettre
'* reroerciemetits â Buxtorf, qui avait témoigné t^nt de bien-
if»*illaiîce et dVgards à lui et à .sou ùt^ve. S*îl avait attendu si long-
llernps i>our lui écrire, c était pour ne pas le troubler dans ses
' ëtUïN et» du reste, Il voulait attendre la lettre de Paull qui, du-
rant IVtë, s'était rendu à Oxford, en passant par Londres. Néan-
iiK)ins il priait Buxtorf de lui envoyer, outre rapprobation dt^jà
Hçoe, une recommandation plus explicite qu'il placerait en tète
iielouvrage *. Cette fois, Jacob Abendana lui écrivit aussi, dans
temAme but, une longue lettre en lH%reu, où il lui disait que le
tnrtail lui coûtait tant de peine, qu'il lui fallait passer des nuits,
tif u avait à consulter tous les interprètes de la Bible, les anciens
> modernes, les connus et les inconnus ; il avait choisi chez
j ce qu'il y avait de mieux, en y ajoutant du siv^i, de sorte
(«« Pou V rage, dont Tint pression était tenu i née jusr[u*à la fin du
|llvr»^eJob, sortirait des presses environ dans un mois' et se-
|fiit4'u$i tiers plus étendu que rori^ioaL II le suppliait avec ln«-
Bce d*eDVoyer l'approbation demandée aussitôt que posnible
4«*il put la faire imprimer dans l'ouvrage avec celle des
nî^ Leyde : il le priait de la remettre, pour la faire par-
tenif au s^eor Alexandre, de la rue des Juifs, à Leyde •*
l n»? vint ni laiiprobalion attendue ni réponse d aucune snrte.
fr>*res Alietidana dur»-nt se contenter de la recommandation
atenu^ dans la lettre que nous avons citée ; ils la placèrent en
do MikiiUl Yofl ' avec les approbations des pmfesseurs de
« C«tl« iMUt mi inf riaiée di5t le Ifikhiûi^ p. vi.
•G. L34U.
* L'oiWTr«g« DIS parut qu'en déct^mbre 1i)60 ou Scbcvat 5421, imprimé par llri
I », Vïifi'îi tflai^v). Il porl« sur le litre hébreu la date de n*^rîn — ^'^'h à tort, mata
iK Commcueement : njll rîTlDH ni^l^^n n5^3 DDH 133. A It
t <^ii»*4«j4Uait d. 11 Dov. t66t*, Jaacûb Auenda-Na. L^dn-sse porte : EietjUen-
wA eî«T. Hev* 0. Dotaiuo Johaoui Buxtorlio S. S. Tbeol. Doclori nec non
, Sanct. Prof^flMïn ton^e Câl^berrlmo Basiteam. Il existe nu^sl h lu Bibliothèque
•MiBDil* de Fane, sous le a' 12^9, deb Icttrt's hébmlqucs de Jacob Abeii<ifltiè.
* L'iyfiPifciliM Mt datée du 3 •C)i4<pnii>re 1S6ii« D%i\s U d«UKièia« 4dilMio, Jac.
Gaèiii » e^ieraeul signe avec k^ tiulrcs proCon»èiirii de Lfjdif.
276 REVUE DES ETUDES JUIVBS
Leyde, AJ^raham Hcydanus, Jean Coccejus et Aleard Uchtm
Dans ces circonstances» les éditeurs ne crurent pas devoii
voyer le livre à Buxtorf, de sorte que, en juillet 1662, il ne Ti
pas encore, ce qui étonnait fort Samuel Ândreae, Mérae sans
probation de Buxtorf, le livre eut un grand succès de vi
Andreae, qui était on des souscripteurs et qui avait pajri
exemplaire quatre itnp(*riaox, écrivait de Londres à Buxti
la date du 15 juillet 1662, que le livre se payait toujours ei
trois impériaux et que D. Alting de Groningue avait, à ce
plusieurs exemplaires à vendre. Vingt-trois ans après, une
velle édition de Mikhlal avec le Léqet-Schiqha d^Abendam
nécessaire* Ce fut Jacob Fidanque de Hambourg qui s'en {
gea lAmsterdam, 5445). Ce fut lui aussi qui, à rinstigatic
Jacob Abendana, appelé à Londres comme hacham, vers la i
1680, après la mort de Josué de Silva, exécuta ce que lesi
dana n*avaient pas osé entreprendre : la réédition du oom!
taire d'Abravanel sur les jiremiers prophètes.
Vers 1663, Isaac Abendana se rendit à Cambridge, où il fu
ployé, en même temps que Scialettî, juif converti italien, à li
bliothèque de cette ville, et où il travailla à la traduction
Misclina en latin S Toutefois, il mena ce travail si lentement
mit presque deux ans à terminer un Séder, comme écrivait J.
déric Mieg, qui fut plus tard professeur dliébreu à Fleidelbe
son maître et précepteur Buxtorf, à la date du 28 janvier
Mieg acheta de Abendana un manuscrit hébreu contenant plus
inediia de Yedaya Penini, notamment le poème reb» ^ib»,
chaque mot commence par un aleph *, et la prière, dont cH
mot contient un lamed et n'a aucune des lettres voisines',
que la traduction espagnole du Kozari de Jacob Abendana
venait alors de paraître.
Outre ceux que nous avons cités, Buxtorf comptait ei
comme correspondants le savant Joseph del Medigo im'il coB
sait personnellement et qu'il tenait en grande estime. De J(
del Medigo, qui vécut à Francfort*sur-le-Mein de 1630 (en fé
1630, il y reçut la visite du Danois Sueningio) jusqu'en lti40,
nous est pas parvenu de lettres adressées à Buxtorf. ^M
M. Kayserlino.
t Cette traducUon se ImtiYe en ms, à la bibUoihbque de Cambridge.
BarboM, BiSL luiU.. 11. 469 ; Bariolocci. Bièl. £aU,, lU, 836. 4829.
* Imprimé dans \e Ktr^m Hemtd^ IV, 57.
* Cette priera, D^l^b^ fi^pD, &'est pas de Yedaya, mak de son fils AJi
Ella a éié imprimée à Uaaioue en 15A6.
L
Boirait du Mémoire de M. de MaiUet (suite),
J^. di Maillet* — Leur troisième demande est celle de ne payer le
(iroit de consulat que sur les nitirchandises de sortie dont je viens
dt parler et allèguent plusieurs moLifs de justice pour cela,
U Chambre. — La réponse faille par la Chambre sur le premier
Wlde de ces demandes explique sou sentinienL pour celuy-cî.
i^. di Mailht. — La qualnème coosisie en ce que leur ayant esté
' ïiiia, par un règlement que fil M. de Gastines en sa visite de
icbelle en raonée 1706, d'acheter les jours de festes et di-
lOclies, aussi bien qu'aux Franco is^ à peine de dix écus d'amende,
QiUoxi a depuis, par une délihèraiion, porté celle peine à 500 écus,
demandent la révocation de l'une et de Tautre, parce qu'ils ne
Qt i*sire soumis» a des peines pour contraventiou a des ohser-
de jours que leur Loy ne commande pas; qu'ils eu ont
d'autres* et ceux-cy, joints aux nostres, fairaient la moitié de Tan-
; qu'Us ne donnent aucun scandalle en travaillant les jours de
et dimanches à la différence des François, et se réduisent enân
«Vat^loMXII, pttge267.
REVC E DES ETLDES .
à demantier qu'au moias il ue leur soit interdit d'acheter, que ^fâ
diinanches d*etix connus e! non c**ux de nos Testes qu*ils peuv<?fll
ignorer. M, Péleian, qui demande toujours que là nation îioiteû'
tendue, convient qu'il ne peut leur estre deflendu les jours dekslei
cl dimanches que les marchandises que les François acli^Heal ct^o-
curremnieut avec eux; c'est donc par pure jalou2J6 de commerce q
les Juifs ont esté compris dans la defîense d'acheter ces jours-
Pi»Lir moy, il ne me paroil pas qu'il y ait aucune justice daoscei
daffenses, elles contiennent, eu contraire, une injudtice^ ea
qu'elles soumettent un peuple qui s'est mis sous la protection di
Boy à certaines conditions dont celle-cy n'est pas du nombre» ddi
contraintes nuisibles à leurs affaires, quoy qu'avantageuses ao]
nosires. Ces Juifs peuvent passer de la protection du Roy a un
autre, qui ne leur manquera pas, et de chercher è les prîrerdt! I
liberté d'acheter en certains Jours, parce qu'il ne convient pas qu'il
achettent^ c'est les porter au dessein d'abandonner notre protedio
pour une autre, qui les gesnera moins.
la Chambre. — Le règlement de M. de Gastînes feul fait avec tfm
naissance de cause, et M. de Maillet ne 1 explique pas comme il est
puisque ce règlement ne deffend pas aux Juifs de travailler et veodl
les dimanches et fesles, mais d'achepter aucunes marchandises u
jours-là, parce qu'il peut arriver des carravanes, et que les Franco!
ne peuvent rien achepter sans scandale, les Juifs auraient la hbcrti
d'enlever à tout prix les marcliandises qui leur conviendraient, pea
dant ce temps que les François s'en abstiendront. Dailleurs Ii
François ne pouvant absolument rien achepler les jours de fesl(
des Juifs, parce qu'ils ne se servent que des censaux' juifs» n'y«
ayant pas d'autres à Âlep, il est nécessaire que la police établie
ce sujet subsiste pour tous. Et comme l'expérience a fait cooQOÎtrfl
que la modicité d'une amende de 10 piastres o'empèchoil pas les
Juifs de contrevenir à ces deffenses, la Nation trouva â propos
de la porter à 500 piastres, parce qu on voyait que Tavidité des Juift
les faisait passer sur tonte sorte de règles, et qu'ils rnynoieQl !•
commerce par des achapts précipités et faits au pr^udice de louli
une nation,
L'on dira en outre qu'il n'est pas à craindre que les Juifs aban?
donnent la protection du Roy; ils s'y sont toujours trouvés et s^
trouvent très bien, et ce n'est que cette raison qui les y maia*
tient, car s'ils étaient mieux traitez ailleurs, rien ne sçauroi
les empêcher d'y recourir, parce qu'ils entendent très bien leii
intiTôt.
D'ailleurs les AJiglais ne les recevroient pas, sous quelle condilii
que ce feut, et si les Juifs se sont servis quelquefois de leurs vai
seaux en temps de guerre, c'a été parce qu ils faisaient les assi
rwces à meilleur marché. Mais ils trouvent plus de fidélité et <
* Coorti^rt.
LES JUIFS AVX ÉCHELLES DU LPVAÎJT ET EN BARBARfE 270
silisfACtiûQ avec les François qu'avec cette nalioa, et Us n'en di$con-
ttoiacot pus.
Ils Dc sçaiirotent non plus se mettre sous la protection d^llolaDde,
jirce que celle ûation est presque toujours eu guerre bvuc les Bar-
biresques el qu'elle n'a aucun consul présaoleraent à Alep. Mais
quand elle en auroit un, cela ne couviendroit jamais aux Juifs, parce
qu'ils payeroicnt un droit de consulat de 2 pour cent sur le plus fort
dé leurs eûects de rentrée ou de la sortie, 3/4 pour cent d'entrée
mr \r droit tie lanse, et un pour cent de sortie pour le droit d'ambas-
çidc» ce qui r«wieni à 3 et 3/4 pour ci'nt en lr>ut.
Et quand l'Empereur et les Véni liens auraient des consuls à Alep,
comme ces puissances soni toujours à la veille de rompre avec le
Graad Seigneur, les Juifs ne penseroîent jamais de se mètre sous
kurs proleclioùs, par la crainte où ils seroîent irôîre faits esclaves
elde perdre leurs efîects lors de quelque rupture.
La Chambre est donc du sentiment de laisser subsister les choses
eo rétat qu'elles sont établies, et de ne pas donner aux Juifs protégés
plus de privilège qu'aux François.
U.dt Maîllfi' — Leur cinquième demande est qu'il leur soit pef-
dccompagner les consuls du Roy dans leur première entrée
• n el dans les visites de cérémonie qu'ils fairont au Pacha et
luCady, suivant qu'il se pralique eo d'autres échelles et une lettre
4e M. de Ferriol *» enregistrée dans la Chancellerie, dont voicy la
iQbâtâDce :
1 . A Péri, te n janvier n07.
* J'ay Teu rostre demande et réglé que vous suivriez M. la Consul
^lib visite qu*il rendra au nouveau Pacha et au uQuveau Cady\
Wfous lie pouvez^ pas prétendre de plus grands privilèges que les
fcftiûiéggz da Coustantinople, qui n'accompagnent TAmbassade^r
■ qut dans les occasions que je viens de citer. »
Li réponse de M. Péleran est celle-cy :
Il Le Om«ul trouve qu*on pourroil.sans conséquenre, aecorder aux
l^rotcgex rhouneur qu'ils demandent par cet article et que M. de
Féftiol leur a accordé; il faut seavoir pourquoy la nation s*y op-
pose et avoir tel esgard que de raison. »
Les raisons de la nation sont qu'il ne lui convienl pas d estre
iK»lée« en ces occasions, èi des Juifs méprisez sur le pays, mais ces
I^ÛU M30ez distinguez pur leur barbe fa i roui toujours en ces oc-
iMoos QQ corps séparé des François, et je pense que cest bien
KniDlDs qu'on puisse leur donner pour l'argent que nous en
Hérons.
Eu Càamhtê. — La Chambre sait par une longue expérience que ce
B^i exposer Je Consul et la nation à recevoir un afront si Ton per-
ivor de France à ConsUntinopU.
REYITE De CnUES mfis
Bietoit aux Joils d'aeisier aux Tiiites de cérémonie, les Turcs qui
ne soDt pas accoutiUDez « ces osages aeroîeni indignez d'uoe ^«areiUe
nouveau II? et la uendroieni â méfins. Cela aUireroit des avaaies à
la nation, et si la même chose a*est pas à craindre en d'autres
échelles du Lerant, c'est parce que les usagea sont des loys cbesles
Turea» Mais il est très dangereux de vooloir introduixe ces usages
aux rîd4|ites de la tranquilUéet da bien des négocians d*Alep, quid^
vtendroient d'ailleurs très méprisables aux autres nations fraaques.
Il est arrivé lorsque M Lemaire était Consul a Alep que, pour avoir
Yoalu changer la chapelle des R. P. Jésuites d'un endroit de la ville
à un aulrCt les Turcs firent une aC-anie à ces Religieux qu'ooeut
bien de la peine a aet^ommader et qui leur en cousta et a la uatioQ
une somme considérable.
M, de Maillet. — Ils demandent en sixième lieu d'estre toujours
compris dans le tarif qui s'arrestera avec le grand Douanier, en
payant inxit part de ce qui se donnera pour avoir un tarifavauiageux.
Comme cecy ne leur est pas disputé par le Consul ni la nalioa, û
st superflu d'en dire davantage, mais je parlerai de cetie niaiière
cy -après par rapport à ta conduite des marchands frauçois et à 11
faiblesse des Consuls qui ont gardé à ce sujet un parfait silence eu y
donnant les mains.
la Chambre. — La Chambre consent à ce que le Consul et la nation
ont trouvé ô propos là-dessus et qu*on fasse la répartition de cetli
dounatine comme on Ta pratiqué jusqu'à présant.
M. de Maillet, — Enfin, la nation franco ise ayant délibéré de na-
cheter aucune des toiles appellees d Antab ou de Ghites, qii*elles
n*ayeoi 23 pics, parce que cette mesure convient en France a cei
quoy on les employé et pour cella qu'elles ne seroient point achetées
sans eslre mesurées et conveuir avec le vendeur, qu'en cas de man-
quement aux î3 pics il luy sera déduit le double de la valeur de
chaque pic qui manquera, et cela a peine de 500 piastres d'ameDde
contre ceux qui en achèteront sans ces conditions, et la nation frao*
çoise ayant soumis les Juifs protégez â ces peines, ils demandent d*«tt
être déchargez sur 7 uu 8 motifs, dont les principaux sont rjueces
toiles qu*ils achètent u'ont pas besoin du même aunage que a'il^^
que Ton envoyé à Marseille, quelles sont d une qualité iuferKure
â celles que les François achèlent, puisqu'elles coûtent moiu^
de 8 et souvent 40 piastres par couriges qui sont composées de
ÎO pièces, et cela est véritable. Et que les François n'achètent point
de toiles de Chiles qui sont principalement celles que les Juifs
achèlent pour l'Italie, j'ay vénûé au moins qu'ils en achèteul
très peu.
La Chambre. — Il a falu plus de 20 ans à la nali^jn d*Alep pour faire
établir le bon ordre qui s'observe à la labricatiou de ces toiUes ©I
que les Juifs vouloienl détruire. Si celles de 23 pics d'aunage ne leur
conviennent poiut, il ialoit dire de quelle lon*^oeur doivent ôlra
celles qu'ils employent, mais ce leur est une subtilité ordinaire da
LES JUIFS AUX ÉCHELLES DU LEVANT ET EN BAIlBAIllE 281
ne pas s'expliquer en certains cas» Cepeûdaat l*oii voit qu'eo cecy
leur veùe n'est autre chose cfue d*être préférés aux achapis par les
;;'«?ns du pays, qui, retenus par le bon ordre que les François y ont
uns, voudroient avoir la liberté de fdire ces toilles de Ghiles et d'An-
lab d'un aunage indétermine, et ces Juifs qui font le débitée ces
iDilleries d droiture, comme les gens du pays, auroienl, par là, le
moyen de frauder eux-mêmes Taunage de ces loilles par des faux
pics- El lorsque les François voudroient les faire mesurer par une
personne à ce préposée» aiusy qu'ils le pratiquent aujourd'huy, les
Turcs ne manqueroienl de s'y oposer, ou bien ils ne vendroieut plus
qu'aux Juifs; ce qui fait voir de quelle conséquence cela seroit pour
le commerce dos François,
Il n'y a presqu*aucuae dilTéreuce des teilles de Ghiles et d'Antab, à
moin» qu'on ne vueille comparer les plus inférieures des nues aux
meilleures des autres. Cepeudant^les François en acheptent des deux
qualUez lorsqu'il leur convient, et s'ils prennent plus souvent de
celles d 'Antab, c'est parce qu'ordinairement elles sont plus deman-
dées^ et qull s'y trouve plus de fidélilé qu'aux autres.
M. de Maillet — Les raisons de la nation que j'ay consultée là-
dessus ne sont que des raisous de jalouzie pour restraindre d'autant
plus et incommoder le commerce de ces protégez, quoy qu*ils n'en
fassent aucun concurremment avec eux, ainsi que je Tay déjà
marqué. Il convient donc que ces Juifs en fassent beaucoup,
puisque ce commerce fait travailler des bastimeuis françois et
donne a réchelle des droits considérables, et le moins qu*on puisse
[leur permettre est d'acheter ces toiles dites Ghiles du lieu oii on
fabrique.
£a Chamàn, — M, de MaiJlet auroit deu expliquer dans son Mé-
01 re que les protégez fout en Italie le mènie commerce que les
rançois fout à droiture daos le Royaume, puisque, s'il a cousulté la
aiton la-dessus, elle lui aura prouvé, que les états manifestes des
lûtimens alaot en Italie et de ceux venant à Marseille, que les uns et
les autres chargent eu concurrence les toileries de toute sorte, les
ires, soyes, drogueries, coIoik poil et chevron et généralement
tout ce qu'on peut lirer d'Alep. Muis quoy que, pour le commerce
Id'entrée, les uns et les autres purtenl de la cochenille, des épiceries
"et bois de teinture, les François portent encore les draps par dessus,
|m Juifs et ceux-cy les satins et lapis de Florence et de Venise et
PIpinerceries que nous navous pas, ce qui rend presque égal le coin*
merce d'entrée des uns et des autres. Il n'y a donc pas* de jalousie
de la part de la nation lorsqu'elle demaude que les protégez soient
limitez à ne jouir que des privilèges qu'on leur a cy-devant accordez,
et qu*oa ne les mette pas au-dessus d^elle parce que ce seroit ruyner
totalement le commerce des sujets de Sa Majesté,
La Chambre auroit cru que M. de Maillet eût communiqué les de--
mandes des Juifs à la nation ainsy qu'il te iuy a voit promis, mais
il UQ l*a pas fait, moins encore à la Chambre lorsqu elle s'assembla
282 REVUE D^ ÉTUDES JUÏVFS
avec Iqy au retour de sa visite. Ce qui Ta empêchée de donner
plutôt les deffenses nécessaires sur tant de den^andes extraordi-
naires que M. de Maillet semble consentir sans qu'on sache pour
quelles raisons.
M. de Maillet, — Outre ce Mémoire, ils m'en présentèrent un
second concernant trois nouvelles demandes que je ne communi-
quay pas par écrit à M. Péleran et que je leus seulement, et voici
le précis :
Qu'en cas que les Turcs leur fissent des demandes injustes, comme
il arriva en 4742, qu'ils prétendirent d'eux le droit de Karaetre,
qu ils n'ont jamais payé, ou que sous quelque autre mauvais pré-
texte ils cherchassent à les inquiéter et faire des avanies, ils soient
protégez, deffendus comme le sont en pareil cas les sujets du Roy
môme, sans qu'ils soient obligez de rien contribuer de leur bourse
aux fraix qu'il conviendra de faite pour leur dépense, môme aux
préseus qu'il faudroil donner pour*les libérer de ces vexations, les
droits qu'ils payent estant pour cette môme protection et les dé-
penses qu'elle entraîne. Et rapportent sur le même sujet une délibé-
ration de la propre nation d'Alep du \\ juin 4710, où il fut convenu
qu'au moyen du droit de consulat qu'offroit de payer le capitaine
d'un vaisseau vénitien, il seroit fait, en cas de besoin, par la nation,
toutes les dépenses nécessaires pour les deffendre de toutes préten-
tions et avanies de la part des Turcs sans qu'on pût rien prétendre
pour la dépense nécessaire au-delà du droit de 2 pour cent. Cecy
certainement me paraît très juste et très conforme à nos intérêts
puisqu'en voulant soumettre les Juifs protégez à de nouvelles
sommes pour leur protection, ce seroit vouloir les dégoûter to-
talement.
La Chambre, — La Chambre est du sentiment que, moyennant le
droit du consulat et avanies que payent les protégez, il faut qu'ils
soient soutenus en toute occasion surtout pour les faire exempter du
Karache (Karaetre). Mais il y a deux choses à distinguer, l'une que les
avanies particulières que la mauvaise conduite des protégez et même
des François leur attirent, doivent être par eux suportées sans pou-
voir être rejetées sur la nation suivant le Règlement du 25 dé-
cembre 1685, art. 2, et l'autre que la protection ne doit être donnée
qu'aux seuls Juifs qui sont véritablement marchands, et nullement
à une infinité de vagabonds de celle nation qui n'ont ni domicile ny
azile et qui, par mille bassesses indignes, s'attirent incessemment des
insultes et mauvais traitements de la part des Turcs, quoy qu'ils
tachent de s'en melre à couvert par des habillemens ou tout au
moins en portant le chapeau comme les Européens. Ainsy en don-
nant seulement protection aux marchands juifs, il faudroit obliger
les autres de quitter le chapeau parce que cette distinction ne con-
vient pas à des personnes qui, par des actions indignes, avilissent
l'honneur de la protection du Roy.
M, dp Maillet.— Ils supplient, ca second lieu, que la môme protection
LVS JUIFS AUX ECÏÎ12LLES DP LEVANT KT EN BARBARIE
283
ordée à leur oation dans Téchelle d*Alep soit ecconiée aux mêmes
conditïQDS a tous ceux des leurs, qui ot^gocieront dans les autres
échelles de Turquie et dédnisent les avonlages qu'il eo reviendroit
à la bâuuière du Roy, J'ay parlé de cetlû matière daus mes ob~
servatioQs sur réchelle d'Eg^^ple et dit quel esloit à m sujet mou
seplimeut,
la Chambre. — La Chambre ignore quel est le sentiment de
M« de Maillet, laot à ce sujet que sur ce qu*il a observé sur Téchelle
d'Egypte, mais elle prend la liberté de suplter le Conseil de consi-
dérer, s'il luy pîaît, qu ily a des échelles en Levant où il u*a jamais
été accordé de protecûon aux Juifs, comme sooi celles de toute TE-
gypiè, d£ Seyde, Acre et Tripoly de Sirîe, parce que les représen-
tant des autres nations y établies n'accordent point celte protëclir>n
et que les François en l'accordant partageraitnu leur commerce avec
les Juifs et s'exposeroient ainsi auprès des Turcs aux événements
dangereux d'une introduclïoo nouvelle.
M de Maillet. — Enfin ils demandent que les marchandises qu'ils
fairont charger aux costes de Syrie sur des bastimens un pays pour
estre transportées d'un endroit à ï autre soTent nuses sous la protec-
tion du Roy, comme celles de ses propres snj<*ls, puisque ces nuir-
diandises payent tous les droits auxquels la bannière est soumise et
augmentent 1*^ fret qu'elle fait. C'est-à-dire que, dans les ordres que
le Boy donnera à son agent a Malle ou ailleurs, pour empêcher que
les armateurs ne se saisissent des marchandises de ses sujets qui
seront dans ce ras, Sa Majesté aye la bonté de comprendre les ell'ets
des Juifs d'Italie qui sont à Alep sous l'honneur de sa protection et
<loût les marchandises doivent aussi estre réputées commes celles
appartenant à ses sujets. Il seroit avantageux au Pavillon que cela
peut eslrc et même honnorable pour nous,
la Chambre. — Cecy tireroit à conséquence. Les marchandises que
les JuiTs protégez chargent quelquefois sur des bùtimens du pays
pour ôlre transportées aux costes de Sirie sont d'un très petit objet,
et, si elles éloienl en cas d'èire enlevées par les corsaires de Malte,
ces mêmes Juifs accoutumez a frauder, en toule occasion, a buserbient
de ce pnvih'ge et préleroient Ée nom aux Turcs pour les mettre a
couvert des prises que les armateurs Maltais ne cessent de faire sur
eux. D'ailleurs la protection du }ioy ne duit être accordée que sur
1 échelle et sous son pavillon,
M. de MnilUt — Les Juifs me demandèrent de plus li liberté que
je leur accordiiy de pouvoir se servir en Alexandrette de telles per-
sonnes qu'ils jugeroient bon pour la récepliou el envoyer de leurs
marchandises» attendu qu'il n'y a voit plus qu'une seule maison
Imnçoise ei quils ne peuvent commi^ttre aux seules mains d'une
personne tous les elfets qu'ils recevaient et envoyaient, M. de Gas-
Unes les avoit obligés de se servir des faclL'urs irançois, mais il y en
avoit alors quatre ou cinq. M, Péleran convient de la justice de les
remettre en Liberté là-ilessus.
881 REVUE DES ETUDES JUIVES
la Chambre. — La Chambre est du sentimeQl de M. de Maillet, et
quand même il y auroil plusieurs Fraoçois établis à Aîeiandrette, iJ
doit eslre permise chacun de confier son bien à quy boa lui semble.
Mais comme la nation d'AIep n'a pas esté entendue sur le Mémoire
présanté à M. de Maillet par les protégez* la Chambre eslimeroit» ^^
le Conseil le trouvait a propos» que toutes ces raisons lui feusseï**
communiquées pour donner de plus grandes explications, si cell^^
de la Chambre n'etoient pas trouvées suffisentes.
Délibéré à Marseille, le onzième Janvier mil sept cent vingt.
EsTSLLE, MousTiKR et DiKUDÉ, échevins.
B1.LTBALLON, KSMUZikT, B^MUZAT et AlLLAUD, dépilte^^''
A Toriginal :
Enregistré sur roriginal» envoyé à Monseigneur le P. Présiden"^
du quatrième février audit an.
ISNiiED.
Le Conseil dé Marine aux députés du commerce à Marseille K
 Versailles, le 3 Février 1723.
Le s*' Laugier, commissaire de la marine à Amsterdam escrit^
Messieurs, qu'un juif nommé Fernandez Médina, né à Bayonne, aag^
de 30 ans, ayant este choisi par les rabinsde la synagogue portugaise
d'Amsterdam pour estre envoyé en Levant et y étudier la langue éta-
les livres des Hébreux, les principaux marchands de sa nation ont^
fait solliciter le dit s^ Laugîer de demander ta permission pour le dit^
Médina de résider dans Tune des échelles sous la protection du Roy^
pendani tout le temps qui luy sera nécessaire pour ces études, se
soumettant à touttes les charges et impositions auxquelles la natioa
françoîse pourroit eslre sujette dans les lieux où il résidera sans y
faire aucun commerce directement ni indirectement. Le dit s^ Lau-
gier adjoute que par les informaiions qu'il a prises, ce juif est
homme de probité et de bonnes mœurs, de même que Sara Bar-
ba nêle, sa femme, qui doit le suivre. Il n*esl pas déterminé sur
réchelle de sa résidence, attendant d'en faire le choix lorsqu'il sera
en Levant.
Le Conseil a cru devoir vous faire pari de cette proposition aflin
que vous lui marquiez s*il n'y a aucun inconvénient à accorder la
permission demandée.
L, A. de]Boukbon.
> Série AJL, erl« 22.
LES JUIFS A0X ÉCHELLES DU LEVANT ET EN BARBARIE
VI
lettre de Mf le comte de MorviUe, Ministre et Secrétaire d'État de la
Marine^ à M^ Us Esch et Députez de la Chambre de commerce à
Marseille^,
A VersaUVes, le t2 May 1723.
Tay reçu, Messiears, vostre lettre du 19 du mois passé sur les
nouvelles repréâentalious des négoliants de Salonique contre le s^ de
Boiâmoût, leur eoosuL Je conçois que lu graode division qui est
«Dlreeux ne peut estre que très préjudiciable au bien du commerce
(te Teschelle, et comme le sujeL n'est que de la protection que ce
cottsul accorde aux juifs qui y soutestablis, et que la nation prêteud
ivoiresté portée a un excès de préférences sur elle, j'ay communiqué
4 ï. Le Bret tout ce qui a esté escrit de part et d*autre, pour avoir
SôD avis sur ce qui pourroit résulter des plaintes respectives et tes
tem(>érameDts qu'il conviendroit de preudfe pour fixer celte protec-
tioû de manière qu'eu la conservauL aux juifs et aux estraugers
Miuralîsez, ils ue puissent en abuser et oster aux vrays François
les avantages qu'ils doivent trouver daos leur négoce. Par i exameu
<îti«M. Le Bret en a fait, il n*a pu démeslerqut a le tort, parce que
tous les faits sont contredits, en sorte qu'il ne peut rester que des
présomptions sur lesquelles il ne semble pas juste de former une
<feision; et sur le poiut principal qui est de sçavoir s'il est à propos
4'06t«r la protection aux juifs de Salonique^ il observe qu'il ne fau-
«iToilpas tomber dans riaconvéaieiit de forcer ces juifs a se meure
*ous celle du consul d'Angleterre, comme le s"^ de Boismont le fait
«ttodre, et qu'on peut apporter des ménagements convenables à la
prt^îileclîon que ledit s' de Boismont doit avoir pour les François
et que ce consul ne leur a pas apparemment donnée jusqu'à présent
i causti du peu d'esgard qu'ils ont marqué pour sa personne et son
caractère, en luy retrancbant les honneurs accouLumez, tel que celuy
<lciuy faire présenter un cierge par le député de la nation dans les
cérémonies accoutumées, de raccompagner chez les puissauces du
(iys, et riûâultant par des mémoires. Je tascheray, autant qu'il sera
possible, d'esclaircir le vray de toutte cette conduite et d'y appliquer
le remède nécessaire. Mais, en attendant, il convient de prendre une
tisoliitioQ sur rarticie essentiel qui cause la désunion, el, \tKi\xï cet
fffiet, tl faut sçavoir s'il est plus avantageux au bien du commerce
en gi&ûéral et à la nation de Salonique en particulier, d*oster aux
juifs de cette eschelle la protection du consul de France que, de les
y maioteiitri et, dans ce dernier party, quels seroient les lempéra-
■ Sén« AA. ârt« 24.
REVUE DES ÊTCtîES IHVES
meots et les restrictions propres à empescber que cette protection ne
fuât pas aussy nuisible à la natioa qu'elle Ta esté par le passerai
ces lempéraments pourronl es ire acceptés par ces juifs ou si, les
refusant et recourant à la prolecltoo du codsuI d'ADgleterre^ cet In-
cident ne peut pas eugager les juifs des auircs eschelles a la mesme
soustraction, quels Inconvénients en peuvent arriver, et quelle est la
différence de la protection accordée à Salonique de celle que donnent
les consuls françois dans les autres esebelies. Il paraist par votre
lettre du 19 a^Tii que vous en souhaitteriez la suppression a
Salonique, pendaut que, dans d'autres que je me suis fait rapporler,
vous estimez cette protection utile. Discute», je tous prie, celle
question dans uoe assemblée de la Chambre et ra'envoyes au plutoet
la délibération qui y sera prise, sur laquelle je preudray les ordits
ffui seront juges les plus convenables et voua informeray de eeoi
que Je donneray en conséquence.
Je suis. Messieurs» entièrement à vous.
DS MORYIIXIt
VII
Msiraii du ngiiirt du DéHhéraiiont de la CkawUre d$ commim
dé MarseilUK
28 Mai 1723,
Bureau extraordinaire de la Chambre de commerce de cette villt
de Marseille, tenu dans Thôtel de ville, apriês deue convocatioa
léile à la manière accoutumée» cejourdhuy veudredy vingt buitiétafi
may, mil sept cent vingt trois» iroia heun^s de relevée où ont été
présens :
Uessienrs
Pierre Remuzat, Jean BtpUsie Safnt*Hirhel, Luc Martin et Bstienne
Eemuzat èchevins» Charles Gonsieni, cunseiller secrétaire du Roy ^^
Henry Gnmaud députes, el Phitlberl Arènes conseiller de la dite
Chambre,
, . , Ayant été fait lecture d*uoe lettre écritte à la Chambre» le douit
de ce mois par M" le comte de Morville, Ministre et Secrétaire d*ltlAl
sur les divisions qui régnent à Salonique entre le s' de Baismontfl
les négocians» et pour sçavoir s'il convient d^isler aux juifs de cette
échelle la protection du consul ou de les y maintenir, sur laqadlc
lettre rassemblée, ayant faii toutes lee réflexions nécessaires, aariii
unanimeut résolu de représenter très humhtement que les anciens
consuls de Salonique ne se sont jamais itlirô des plaiuiee de la part
A Série BB, art. 7.
LES IVïh^ AUX ECHELLES UU LEVANT ET RiN BARItARïK 287
de la nation de celle éclieUe au sujet de la proteciion des Juifs, ce qui
fait ju|?er(iu*lls éiolent en règle là-dessus et nu'il ne se passoil rien
en cela de cuntràïre au commerce des sujets du Rnj,
Que cette proteclion se donnant par tout le Levant d'une manière
uuiforme, et aucun corps de nalion n'en témoigouoL aucune plaiule,
c'est une marque que les autres consuls n'abusent pas de leur auiLu-
ril*^ eu ce poîut, comme fait le s' de Boismonl,
Qu'il a exercé fort tranquilement ses fonctions de consul pendant
plusieurs années sans qu'où iuy ait roproché la moindre chose ny
qu il ait eu a son tour aucune occasion de mécontentement de ses
nationnaux. Ceux cy représentant aujourdbuy que leur cousul n*en
demeure pas aux simples termes de la proteclion que 1 ou accorde aux
Juifs dans tout le Levant et telle qu*il l'accord oU autres fois luy
même, uiais qu'il est partial, qu'il chagrine les François, qu*jl ne les
écoute pas sur les di^Féreus qu'ils ont avec ces Juifs, et qu'il les fa-
vorise dans leur commerce au préjudice de la nation, comme il a fait
eatr'autres lorsque les dèpulez ont découvert des fraudes aux décla-
raljons des marchandises qu'Us faisaient charger pour l'étranger,
MUS qu'il ail fait subir aux contrevenans les paines qu'ils anroient
eaeouiîles.
Tels sont les griefs de la nation de Salonique contre le s** de Bois-
rnoût» et s'ils ne sont pas bien prouvés, parce que dans le Levant
TûQ u'en a pas toujours les moyens, du moins laissent-ils des im-
Pfessious peu favorables au uonsui.
Le s*' de Boismont bien loin de s'amauder et faire cesser, par une
'««iUeure conduite, lés plaintes portées contre luy, paroit dans des
*^^sj>osi lions toutes contraires, et il n'y a qu'à faire attention à ce
ÇUi esl raporté dans la lettre du Seigneur Ministre, que ce consul
J^â pas pour les Fran^^ais la prédilection qulî devrait avoir, à
I^Use du peu d'égtird qu'ils ont marqué pour sa personne et son
* raclé re. ^
<Suivent les griefs que le Consul peut avoir contre les Dationaux
que ceux-ci cherchent a expliquer et ô attcuuer).
. Bans tous les cas, c'est au Seigneur Ministre à les en répri-
'^ader, mais cette raison ni les précédentes ne pouvant d'uilleura
^uiblir leur droit, le S' de Boismont n'eu st;auroit tirer aucune
tHlIffication qui puisse Tauthoriser d'avoir marqué plus d'égard
kur les Juifs que pour les Fraucois.
Quant à la question de scavoir ^'ii est plus avantageux au bien du
^*->iiiTuerce el è la nation de Salouiqued*oster aux Juils de cette échelle
M* i>rotcclion du Consul de France que de les y muiutenir, i'assemblée
ré|»cnjd que. si cette protection étoil accordée, comme dans les autres
[feclteUes, la chose ne seroit ny avantageuse ni prejudiciabie au corn-
ïuerce et à la nation, mais que c» CodsuL ayant tait un mauvais
^Sdge de son authurité en méprisant les François el favorisant sans
^ûrne les Juifs, il a mis le commerce de cette écbeilc sur le penchant
RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
de sa rujmèT^ cette raison a déterminé la Chambre ô pTenara
résolution de demaûder comme elle a fait, d'oster la prolectioa aui
Juifs de Salonique. Celle demande ne feul pourtant formée que sur
quelques considérations également importantes, telles que le S^ de
Boismont, ayant été ctiancellier à Livourne, U y avoit contracté des
habitudes et fait des connaissances qui le metoient présentement en
grande relation avec les Juifs dudit pays, liez d'inlérôt et associez
avec ceux de Salonique, que la grande liaison qu*il y a entre ceux-
cy et ce consul le font soupçonner d'être intéressé dans leur com-
merce; que, si cela se trouvoii véritable» il en résulteroit encore un
plus grand abus, puisque ks bâtimens masqués apartenaot aux
Juifs qui viendroienl trafiquer à Salonique trouveroient le consul de
France toujours disposé é les tollérer et même à les favoriser au
préjudice des François; que dansTincertitude où on est, si ce consul
est véritablement coupable de ce dont on le soupçonne, la Chambre
ne pouvant pas demander sa révocation, il faloit, du moins, pour lui
éviter de voir un jour ses pratiques découvertes, qu'elle demaoda
d'osier aux juifs de celle échelle la protection du dit consul de
France, parce qu'il n'y a pas d^autre moyen pour remédier aux^bus
dont on se plaint et pour faire cesser les plaintes réytérées d'une
nation qui voit son commerce détruit et ruyné Cet expédient pa-
roissoii d'autant plus convenable qu'il n'étoit pas à craindre que par
cette raison les Juifs des autres échelles se tirassent de la pro-
tection des consuls de France* puisqu'ils ne la recherchent avec
empressement que parce qu'elle leur est avantageuse et qu'ils
font souvent des présens et des donnalines aux consuls pour s'y
maiulenir.
Les Anglois ne sont pas dans l'usage d'accorder la protection aui
Juifs, et il n y a pas d'exemple que cela soit arrivé. Si le S*^ de Bois-
mont a témoigné que ceux qui sont a Salonique pourroient prendra
ce party, ça été pour tâcher de se maintenir dans les relations qu'il
a avec eux et qu'il faudroit abandonner s'il lui étoit ordonné de
refuser la protection. D'ailleurs» il ne convient pas aux Juifs de se
fier trop aux Anglois^ ils sçavent que leurs marchandises, passant
sur les vaisseaux de celle nation, ne leur sont pas rendues ûdèleiûeûl
et qu*on leur en soustrait toujours quelque partie.
Si bien, que l'assemblée ne jugeant pas qu'il puisse y avoir du
remède pour foire rentrer le S^ de Boismont dans les justes bornes
de n'accorder la protection aux Juifs que de la même manière que
ses confrères la donnent dans les autres échelles, elle prend la liberté
de proposer une alternative également convenable qui est de refuser
la protection aux Juifs de Salonique si le S'' de Boismont y wsti
encore, ou de la laisser subsister en faisant passer ce consul daos
une autre échelle et lui donnant pour successeur celu>' qu'il y doit
relever. Tel étant le sentiment de l'Assemblée.
Ordannance du Roy portant règlenimV mr ce qui doit être observé dans
Iia émîtes de levant et de Barbarie, de la pari des Juifs et autres
Strangers, gui y jouissent de la protection de France,
UH
keUe
m
Db par lb Rot»
Maiesté étant informée des abus qui se commettent dans les
lies de Levant et de Barbarie ao préjudice de ses sujets, par
dilTéreiites manières dont tes consots qu'Elle y entretient font
Jôûir de sa protection les Juifs et autres étrangers auxquels Elle
^al bien raccorder, Elle a estimé à propos de faire une règle uni-
forme pour celle protection, et pour cet efTet Elle a ordonné et or-
dcnme ce qui suit :
^r ÀBTICLE I"^,
Aucun Juif ou autre étranger sujet du Grand Seigneur ou résident
ifaiDsses Étals ne sera reçu sous la protection de France, qu'il ne
r^t demandée et obtenue du Consul et du Corps de la Nation frau-
Hhe assemblée avec lui, lequel Consul ne délivrera ses lettres de
PiteciioQ aux impétrans qu en conséquence des délibérations portant
ipillax seront admis,
IL
Ceux qui se présenteront pour demander au Consul et à la Nation
«semblée la prolection de Sa Majesté donneront une caution sol-
^▼ible pour répoudre de leur conduite et de leurs actions, et, la
S reçue par le Consul de la nation, il en sera fait un acte dans
eeUeria du ConsulaL
lïL
Us Juifs et autres étrangers protégés ne pourront faire aucun
Diuerce de Levant en France directement ni indirectement, à
De de conliscalion de leurs marchandises, des bâlimenls qui les
ïieni aporlées et de trois mille livres d'amende contre le ca-
Rlglcmeat. rendu sous fomtc d'ordonnance royale cl imprimé à Marseille,
prét^t^ à Télude d<; la Chambro par le corps de lu nutioii de Stiionii^jue
\ M séioc« du jeud y douiième décembre mil sept vingt sii, cinq heures de re-
L ordoDn&Dt-e fui promulguée li ^tarly, le 4 février 1127, et élondue à igulcii
I du Levant. — Série HU, arf. 1».
T, XIII, w° 26. . n
290
REVUE UFS ÉTUDES SUIVIES
Fait défense Sa Majesté é tous marcbands passagers, capilaii
et maîtres de vaisseaux et bâtimens frauçois de prêter leurs nom*'
aux protégés et autres étrangers pour faire leur conimerce du Levant
cl de Bîirbarie eo Fraoce, sous les mômes peines de coufiscationdes
marchandises, des bâlimens et de trois mille livres d'amende,
ÎJeiïend pareillemeut Sa Majesté à tous Fraoeois et {étrangers, Té-
sideiis dans te royaume de recevoir aucunes marchandises, denrées
ni autres ellels en quoiqu'ils puissent consister apparteuausaux
étrangers résidens en Levant el en Barbarie et venans desdits pays,
sous les mêmes peines cy-dessus,
YL
Deflend aussi Sa Majesté à toutes personnes résidentes en France,
dVnvoyer aucuns eiïels ui marchandises aux étrangers protégés
qui résident en Levant et en Barbarie, soit pour leur compte oupoor
celui desdits protégés, sous les mêmes peines cy dessus.
VII. '
Aucun Juif ni autres étrangers résidents en Levant et en Barbarie
sous la protection de la France ne pourra recevoir les adresses, d'
commissions des baiimeos el marchandises allant de Fraucc e»
Levant ou en Barbarie, à peine, contre ceux desdiis protégés qui oc .
seront pas sujets du Grand Seigneur, d'être renvoyés dans leurs]
pays par teCoûsul de France en vertu des délibérations de la nalioD *
qui seront prises à cet ellct, et pour les rayas ou sujets du Grand
Seigneur d'être exclus pour toujours de la prolection, et dans runetJ
dans Feutre ras, de confiscation des marchandises qu'on vérifier» [
avoir été ainsi envoyées auxdites adresses*
Vin.
Les capitaines^ maîtres, officiers et passagers des bâtimens dé
mer expédiés en France pour le Leva a t ou pour la Barbarie a*
pourront s'adresser aux protégés résidents ausdiles échelles pour l^
commission, troc ou échange de leurs marchandises ou efi*ets,
peine de quinze cens livres d'amende pour chaque coolraveotion,
IX.
Permet néanmoins Sa Majesté ausdils capitaines, officiers ei
passagers des bâtimens expédiés de France de vendre ausdits pr
tégés les marchandises qu'ils auront portées pour leur compte
d*en acheter ou prendre en échange telles autres marchandises qu'ill
aviseront, à la charge cependant que. par ces ventes, trocs ou achats!
les dits capitaines, officiers cl passagers seront tenus de se servir dl
la ineiiiatîun d'un négociant françois à leur choix, lequel ne pourr
LKS JlTIFïi AUX KCHELLRS DU LF.VANT ET ES BARBAHIK
jPfîf pour eux qu'après eu avoir iiilorméle Cousul el les députés de la
aiioD de réchelle, ni prélaudre que la moitié de la commission
irdjoaire.
Tout capilaiDc ou maître de bàtimeuL qui passera en Levant ou
Barbarie et u'aura pas la cora mission de la cargaison d*entrée et de
i«rtie ni aucune adresse sur l'échelle sera obligé de s'adresser à un
tesnégocians fraoçois faisant corps avec la nation en observant par
tdit négociant ce qui est prescrit parTarlicle précédent.
XL
Majesté que toutes les confiscatious et amendes, s'il y
feront apliquées^ sçavoir, celles encourues dans les écliclles
^tleirant el Barbarie, uu tiers au déoonciateur, uo autre tiers au
Uâchfil des esclaves rraoçois et le tiers restant aux dépenses uatio-
wlesde l'Échelle, et celles encourues en France un tiers, an dénon-
ciateur, un tiers à l'Hôpital Saint-Esprit de Marseille, et Tautre tiers
lia profil de la Chambre de Commerce de la dilc ville.
XIL
Permet Sa Majesté aux Juifs et autres étrangers résidens en
llcvant el en Barbarie de continuer à Fordioaire renvoi de leurs
■Marchandises en Italie et autres pays étrangers, en leurs noms, pour
tir compte, el à l'adresse de leurs amis fraucois ou étrangers
sideos ausdits pays el de se servir pour cet jellet des bâtimens
Iporlantle pavillon de Sa Majesté, sur lesquels les neutres d'Italie et
Itottic sorte d'étraogers pourront aussi charger dans leurs paya
1 WlMçs et chacune des marchandises qu'ils estimeront les adresser à
I kurs correspoodans françois, Juifs et entres étraugers établis en
I Uraat et en Barbarie sous la protection de France.
XIIL
Vôulâol au surplus Sa Majesté qu'il ne soit rien changé aux usages
|<^t coutumes qui peuvent s'observer dans certaines échelles parraport
I *u cérémonial, à la police el aux différentes mauières doul les droits
t «lu Graod Seigneur se payent par les étraugers protégés, enjoint Sa
[J^jeslé au S' Lebret, Conseiller en ses conseils. Premier Président
loieodant de Justice, Police et Fiuauces en Provence et du corn*
de levant, au S** Vicomte d'Andrezel» son ambassadeur ii la
Mlltoniane et aux Consuls des échelles de Levant et de Barbarie,
flaire publier ei enregistrer la présente ordonnance par tout où
OÎD sera et de tenir la main chacun eu droit soi à son exécution.
■ fait a
^arly le
quatrième
février mil sept cent vingt
Sîffné :
sept.
Louis.
L
El plus bas : Phkltpealx.
1
...i REVl-E DES ÉTUDES JUIVES
Pour le Roy,
CoUationné à loriginal par Nous Ecuyer Conseiller dalflï,
Maison-Couronne el de France et de ses Finances.
Siçné : Cornette.
Cardin Lebret. Chevalier. Comte de Selles, Seigneur JiPaJi»
Conseiller du Rov en ses Conseils, Premier Président du Pariejwa
dAix. Intendant de Justice, PoUce el Finances en Provence ciwd
mandant en chef audit pays.
Veu la présente ordonnance du Roy,
Nous ordonnons quelle sera exécutée suivant sa forme et leMB
Fait à Aix. le vingt neuvième mars mil sept cent vingt sept
Siçné : Lebret.
. Par Monseigneur : SiçMé : Theba^ult. A l'Original.
A Marseille, chez la veuve de J. P. Brebîon, imprimeur du Roy-
de Mi:r TEvêque, elc, eic.
IX
Lettre de Monseigneur le comte de Manrepas, Ministre et Secn
dKuit de la Marine à MM. les échetins el députés du Coim
Marseille^.
A Versailles, le 10 Juillet 1m3.
. . . Vous voirrox par l'Extrait, que je joins icy de la réponse
ambassadeur* sur los ivlaircisseraens que je luy avais deman'
sujet de la dit'ticultô qui s'est élevée à Alep entre les négoti
les Juifs protégos, qu'il paroit assez constant que Ton ne fait
même difticullo aux Juifs à Coustautiuople et à Salonique,(
Turcs ne se formalisent point do les voir accompagner les nég
franrois dans les cérémouies ou visites publiques et qu'il im
notre commerce et même aux intérêts particuliers de la Chan
ménager ces Étrangers. Je seray bien aise que vous exami
nouveau la question atiu que si le S' Arasy • n'a pu parvenir
miner cette contestation à lamiable, comme je l'en ay chargé
* Série AA, art. 45.
* M. le comte de Caslellane. ambassadeur à CoQStantinople.
* Consul à Alep.
LES JUIFS AUX KCIIELLES DU r.lîVANT ET KN UAUyAUiE 293
létal de prendre les ordres du Roy et d'ioformer ce coosul des
jïûljoas de Sa Majesté à cet égard. Je suis Messieurs» ealiè-
Dt à TOUS.
Maurepas.
in7 de la lettre de M^ h comte de Casiellane joint à la lettre
précédente.
Lo 1" May ïlk^,
difficulté qui s*est élevée à Alep entre les négociants françoîs et
Juifs protégés n'est pas sans exemple; eu 1738, le S»^ Thomas,
irità M. le marquis de Villeueufve * que. daus la visite qu'il avait
lue à M, le marquis d'Antiû'» il avoit été accompagué, aou seu-
iDt par les uégocians, uiais encore par les Juifs protégés et que
lis lors, ayant eu occasion de faiie une visite au Jano'ssaire Aga
x*cy ayant demandé d'être réinlégrés daus Uusage où ils
^mlrefois de grossir le cortège du Coosul, il le leur avoit
il gré Top position de quelques négociaus, en leur prescri-
pourlant de marcher ù la queue de la Dation. Il donne pour
f desa décision l'exemple des consuls d'Angleterre et d'Hollande
se faisoient accompagner dans les visites de cérémonie par les
qui sont sous leur protection, et llnlérest que nous avious
leurs de ne pas dégoûter ces élranKcrs de celle du roy. M. de
«t'ufve répondit qu'il devoit paroUre indilFérent aux négocions
Sitlouîque que les protégés raccompaguassent dans les visites
rendroit aux officiers du Grand Seigneur dés qu'on les faisoit
ra la queue et que cette condescendance pouvoit produire un
effet en les attachant toujours plus a la protection de l'rance,
ne It'or convient pas de leur dunner prétexte d'abhandoiioer.
r ce qui est de l'usage de Coustauliaople, nous n'avons icy sous
protection que des drogmans à Baral^ qui dans les visites de
lue marchent ù cheval avec lis drogmans frauçois, et dans
Les particulières où l'ombossadeur e<t suivi par la nation^ a
fad» marchant souvent confoudus avec h^s négocions, sans qu'on se
|ioU jamais upperceu que celle condescendance pour ces juifs ait
porté la moindre atteinte à la consiilérolion de notre nation. Je
mg TOUS dissimule ray pas que je suis surpris que la Ghamhre de
SftlPiPerce ail été plus louchéc de la délicalosse des négociaus
B|ep que de riniérest qu'elle a de m^-uager des étrangers qui^
HiiQt sous une autre protection, dimioueioient la perception de
• AinbMiadeur a Coailoutiiiople.
^ Chef d>«c«dTi».
294 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
X
Lettre de M, de Afaurepas^.
A Fontainebleau, le 31 octobre 1744.
. J'ai receu, Messieurs, vos lettres du 46 de ce mois, par Tune
desquelles vous confirmez l'avis que vous m'aviez déjà communiqué
sur la nécessité de laisser le consul d'Alep dans la liberté de ne
point admettre les Juifs protégés dans les visites de cérémonie qu'il
fait en corps de nation. Je luy écris en conformité et je luy recom-
mande de leur procurer d'ailleurs toute la protection pour la seureté
de leurs personnes et ravantage de leur commerce... Je suis, Mes-
sieurs, entièrement à vous.
Maurepas.
1 Série AA, art. 45.
IMENTAIRE DE II. DAVID QAMHI SOR LES PSADMES
,n* 1 (seul hébreu) de la Bibliothèque de Soissons, raen-
ir M. A, Molinier, au Calalogae générai des mss. des
publiques (U 111, p. 72), porte, sur la garde du volume,
saivant : Commeutaria R. David Kimchi in Psalmos et
aria R. Mosis Jllii [Nachmaai] ifu Jobjum*.
nier teuillet, recto, un lit ces mots :
i©Tnb 'Ta-* 5i"5 PT^n ^^^^n ai-^Ki D-'Vnn cr-'^D ht ûb^:-
Tnrp ^3» "imx ^n2DDi [^ 30 uov. 1269) 'r '-J3b 'bi D-'DbK 'n
b nCTs 'n ninb ^^^r. Les noms *rauteurS| omis dans ce
trouvent à {)art (êfe,, verso) : im 'nb û^b^n^a iDin^Dn mt
13 rrot; 'nb ^i^î^^s p^-i^di -^mip.
est contemporain de Moïse Nahmani, mort, comme on
275, et il offre les passages de polémique clirétienne cen-
B tard. Ce commentaire était donc classique dès lors, et
ks étonnant de le* trouver dans le Nord de la France (dans
)thèque où il a échappé par miracle à ia centralisation
Û l'on se reporte au xm^" siècle, à l'époque où les Juifs
nez prospères et où la ville de Soissons avait, comme
Ères, sa « juiverie * w. Notons, à ce propos, qu'en tôte
loirems. de Soissons par Rousseau-Desfontai nés (n^ 4420
Périn de ia même Bibliothèque), il y a un plan assez
M placée ici solre [], ilUsiMes dauB ce manuscrit» ont été reconstitué!
ttxto hébreu.
IlOfâe, âbréffé« de W*W *T'*n6*'> 3^"l? ?lWn^. vise un homme vivant.
i«rtiu, Hiit\ de Soistofit, 1, 4r>1 ; Leroux, I, l{\n-^m, d «près Guiberl dv
U
296 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
informe de la ville antique, et qu'an monument du milieu est inti-
tulé : « Temple des Ivifs ».
Peu de temps avant que nous procédions à Texamen de notre
ms., la Bibliothèque nationale de Paris avait acquis de M. Xavier
de Mavrocordato l'incunable hébreu suivant :
Psaumes, Proverbes et Job ; texte avec points-voyelles, accom-
pagné de commentaires. Daté (à la fin des Psaumes) : Naples,
4 Nissan (5)247 n73T (= 28 mars 1481), pelit-fol., vélin. Dans ce
volume, le texte des Psaumes est commenté par David Qamhi ;
celui des Proverbes par Immanoel de Rome, et Job par Lévi b.
Gerson. Ce volume a le Colophon (achevé d'imprimer) — ce qui
est rare, — et contient les mots b^ nï^b rh^'^ i5T^a 'n ycm
D'^mn^ '0. On voit que M. Steinschneider {Bodleiana^ col. 162,
n*» 1066) avait supposé à tort que la première partie publiée
de cette édition contient les Proverbes, la deuxième Job, et la
troisième les Psaumes.
Moïse Schwab.
UN MANUSCRIT HÉBBJEU DE LA BIBLIOTHÈQUE DE MELUN
Le ms. n^ 14 de la bibliothèque de Melun, écrit en caractère hé-
breu carré du xiv^ siècle, est un in-folio de 338/245™"., compre-
nant 220 feuillets à 2 col. (paginés à l'envers), sur vélin, intitulé :
Breviariiim judaicxim^ . A ce titre, répété sur le plat du volume,
•un ecclésiastique a ajouté : « Ideo diligenter custodiendum w. Ce
ms, provient d'un couvent local « Carmeli Melodunensis », selon
les deux seuls mots non-hébreux de ce ms., inscrits en tète de la
dernière page (marquée fol. 1).
Comme le ms. renferme beaucoup de parties inédites, dont
quelques-unes sont uniques, nous croyons devoir en donner la
description complète *.
1 V. Molinier, Catalogue gén&al des tnss, des bibliothè'jue* publiques de France^
Départements, t. 111, p. 360.
* Grâce à l'obligeance de M. Leroy, archiTiste-conservateur de la bibliothèque de
Melun, nous avons pu examiner ce ms. à loisir.
NOTES KT MELANGES
C'est un MaHzor pour les jours des grandes fêtes de Rosch ha-
tchana et de KiiJpOHr, selon le rite français, texte devenu fort
ître. Il est pourvu de points- voyelles. Les parties du rituel quo*
tidien sont seulement iodiqiules d'une façon sommaire, en carac-
lêres du temps, sMcartant Irgèrement du carré pur. Ou remarque
It forme spéciale de la lettre n privée de rappendicede gauche
Dh(^)^ comme un pendant à Valeph de Fi'critnre dite de Raschi,
pi même, l'abréviation de b&« ou l^ a quelquefois une forme
particulière (t % ). En marge» i! y a parfois un ou deux mots ex-
plicatifs (Vn), d'une écriture postérieure au texte,
iïur le recto du premier feuillett qui avait été laissé en blanc, on
itdes ébauclies de dessins à la plume, entre autres : 1*^ un por-
iten pied d*un juif fà en juger d'après la figure portant une
igue barbe, sans moustache) ; sur la tète est écrit le mot risT* * i
la main gauche, cet homme tient un oiseau (ou une volaiïie) ; b^h-
^Ms de Tépaule, en travers, il y a les mots D'»ir(::^n D^^iSipr^n*
Cne tête seule, avec le mot iiï5?:c 'n.
Passons à rénumération des textes inédits ou du moins que
supposons tels Pour pouvoir les distinguer des pièces im-
iÔ€8, nous avons colla tlonné le présent ms. : 1° avec une
icienne édition du Mahzor {Prague, 1G20, fol,) ; 2** avec la série
plête des Selihot, accompagnée d'une traduction allemande,
S. Baer (éd. Rœdelheira, 1865, in-8«) ; la table alphabétique
en tête de cette édition rend l'examen facile.
De plus, la comparaison avec d'antres mss. a permis de spéci-
1er le rite auquel appartient notre volume, qui a beaucoup d'ana-
logie avec le rite d^origine française nommé a'D'« (Asti, Fossano,
MoDtecalvo), où des Juifs émigrés de France ont apporté leur H^
hrgie au xiv* siècle *.
I^soîr de Rosch ha-schana : deux colonnes et demie de poé-
lies, dont la premif^re, u inlercaler avauL 3n:??3rî '^'«'3» commence .
pir \i^ mois d^:i53 '•31?3&«; le piout de la rîbi«:i {première section
4tt bénédictions dites après le schéma) est iuiilulè l'^lK ^b^
Wnîua *-
|«t matin (nitT') : dons le schemoné'essrê (après moT3\ unt: invoca-
liMl insm U"!» Irépclée à la priiare de Moussu fdn Kippour). Après
Bfltf poésie bti rfic, 11 y a des versets bibliques (nin^D), a Tiustar
• Voir
» Voir
•Ces
W.
ci «prèSp fin du Mouftafûu 2* Jour, la menlioa de co ribbm.
oiM. de la Bcdléienne, n* 2375.
pùéntût qui oat disparu du Mnhtoi' actuel^ so dûaieni judis selon te rîlo
jti*oa lef retrouve djiis les mss. de Paris, Bibliotb. itaU, 6II0, WJ» 61 1.
Lt demifere "T^IÈ* *ïb^ se disait encore à titre de nblî, lo ^' jour de U
du nte lUUen (&« 624 de la H. N.).
HEVUE UES ETUDES JUIVES
des piouUm du Moussaf le même jour, el. de môme, les textes (aujour
d'Uui imprimés) rbfitn et |3K soûl suivis de versets que n'ont pi
ies éditions. — Moussaf : l'^ "j^^bisa CiDinDK (désigné comme rt
précédant iri« (des éditions) lequel est suivi, ainsi que les piè(
subséquentes, de versets aujourd'hui omis; î** *'n"72fi« tftt; 3*
3« soir : ns y^î3« ^h'n et nbsi 3iEa y^u, textes que nous suppi
sons uûiquês» ne les ayant \aLS dans aucun autre ms.
^" matin : On remarque, avant la prière "i^^OTH, la phrase (éditée
depuis) ms:'^ incCT ncns^ ncitî, « le Scbofar retentira en Çarfath
(France) et Safrad (Espagne), et préparera à un nouveau bonheur les
dispersés aux quatre coins du globe », poème signé en acrostiche :
Simon bar Isaac* — Moussaf : ïandis que selon Toffice actuel {im-
primé} nui pioui n'esl récité le 2" jour dans les deux premières sec-
lions, avant la Qedouu/ta, notre ms, contient les textes suivants :
^•'3D : 5*» D^'J'i S"'):n ct»n ; 6" nimirr K^npb nbow ; 7° yn« '^n^a»
i-i'^iê*-'; 8^ d-^-wr^ ^tb^\ eubn, 9^' b» nn» p« [pVro). Pas de n3r:T
t|pin ce jour-'là. Après les versets qui suivent la rm^:?, on lit : r^n
KippQUT. Après la prière du soir (^oï Nidri), pas de nb?^ {de nos
éditions). 11 est recommandé à rofficiaut de ne pas s'écarter de
Tordre des versets à réciter : rmV^ ir3*i n^'ion nCKD b^nn-^n —
niDn Kbi ; la série de versets commence par i-b sp^»"^ r'^3. Le
a meLieur eu ordre », R. Salomon, est Fauteur d'une Seliha, ''nb» ^"^
n&tasn (qui diffère lotalement de celle de nos éditions, malgré la
similitude des premiers et des derniers moLs); â'* nninb D'^inrDts
Tû*7p *; 3^ w^np ^17012 "in:?n* ; i'^niïû^i -ntis b^ba; 5" riT d^he^s dv.
— Kippour malin : Pas de lEiK, Par contre, il y a : 1« «ip'» 'ï'»«;
2^ nn mnnn; 3° iÈ*2«n3 "^"^ nw*. —Moussaf: 4** "rnD&n li^net (un
m*J3-i, comme au \^^ jour d^ R. H* matinl» avant p^7 ^cio lédité) *;
4** (Seliha) ^"''S nîinb niOM* ; 3^ D^ lb TiO« ; 4*' '^nnnEi -^m-n ; '5*» b»
^bnn n^s; 6« insnr m^ Dv. - Minha : 1*» b^^n btî n^nncfit;
2^ niDibn -^B^îa ; 3'^ rrnsK '»n«ip ; 4" ira» "»a« * ; 5* i^'py' rbmn
* Rite catalan, 1" jour de R, H. ai soir de* Kippour (mw. bébr. d« la B. N., à
Paris, û»» 591 -3). — A ta anile se trouve une pièce du rite italieu rïb'^b ^"^nbl
(Voir rass., ibid,, xi«' 600* WÏ4-5, 60^, 61t), mprimée dans l'édilioa d'Amsterdam,
iG42, m-3i.
* Suivie d'une pièce du rite itnlieu t3^ Ï1S£1^* imprimée dans ladite édition,
* A k suite est une Seliha, "j^ *Te(, que lea IsraéHtes du rini Aschkenaïi disent
le 4* jour de pénitence {T\*^*y)^ u*» 90 de k série totale des Seiiiiotà de eu ritei
* Puis nue autre Seliha dite ie 2- jour de pénitence, n* 69 de la ^^n% toUle.
^ Après ce morceau^ yient une Scîiba du rite aUemand dile le k* juur de pénitence,
ii-^ 93, ei unPiiwoiide R, Iseac b. Giat, coasenre bu Moussai de ce jour, Beloo le
nte purlugais.
* k'i ûD lit une Seliha, que Ton retrouve dans no» édition» au Moussaf de ce jour,
n« 125 de la série totale.
NOTES ET MÉLANGES ' H&Q
Vrn \ à la place de noire pib^D ; 3* iiiwi ^bn Q-^'^inH ; 4" rasD
à la ftn du ms., il manque malbeureusement trois ou quatre ff.,
•sorte que nous n'avons ni la date précise de nette copie, ni le
loindu scribe» comme d'ordinaire.
Avant de passer à la journée de Kippour, tbl. 80 a, suc la sf^-
ioadecoloone restée libre» on Ut un acte de vente» eu petite écri-
iiîiîcursive du xv" siècle : « Nous, soussignés, reconnaissons avoir
|lpn<iiiceMali/.or à Jacob bar Elle, pour la valeur de deux florins,
I uionûaie de Savoie, K^^-^isKa \ et nous déclarons celui-ci conipUV
îoeDldf^chargé pour acquit de ladite somme... Ici \ ce dix-sept
Biwanrie l'an (5)236 (= 9 juin Ul^). [Signé :] Moi» Nathanîel aU
^^man, — Moi, Aron tîls de Nahraau, » Les deux signataires,
Idoute frères» auront ainsi liquidé une part de leur pa-
ne,
ce conti*at, fol, 79 a, vient une liste des soixante-quinze
iilot réparties entre les cinq offices du Kippour» savoir : celles
l VÎT ou Kol-Nidré, du matin» de Moussai; de Minha et de
iû fol. 79 b, on lit une prière rimée brPD i^'ûr\ isna, d'une écri-
I bien postérieure au reste ; après Tordre alphabétique, une
èn^ strophe parait contenir la signature en acrosticlie : p'^i 's
'a (torofi). Cette pièce se réfère à la sonnerie du schofar
II donc été écrite pour la fête de R. IL), et fait allusion, par le
eocement, à des persécutions.
Rîttr ne pas nous attarder en route, nous n'avons parlé ni des
i'S (au nombre de neuf}, ni des additions et variantes aux
tim imprimés, encore moins de leurs interversions, etc.
Dierait curieux de savoir comment notre Mahzor est parvenu
' ' irmesdé MeluiL Une communauté juive florissait dans cette
^d xnr et au xiv" siècles. Roulliard * parle des Juifs de Melun
fi dit avoir lu» dans les Archives de Notre-Dame de Melun, une
'^^ de Tan 1311, port;int veïite d'une « maison sise en la cen-
^/i- de l'hopitai S. Jean de Hierusalem, rue de la IvilVerie» iouxte
fil maison qu'on appelle l'eschole aux Juifs. » Il signale aussi la
>ii fort antérieure de cette n Ivifverie »> dans un titre de
• Kiie tUlkn. Voir msfi. de Paris, b» 6€0, 604-5, &09.
• IL Isid^ Lo«b % bien voalu noua lire ce moU ^^H ^Hut ajouier à l'éaumérition
m tfiYcracs lortM de Qontis eu usafu donoéu pgr lui, Revu9^ i. IX, p. 2K.
• rxif oe &*«•! pas dit.
« StMiMfÊ d€ Mêlwt, par SebuL HovtJitra (P. 1628» 4<»1, p, 352-3.
'300 '" llEVrE DKS KTl'DES JUIVES
Philippe-Auguste, de Tau 1206, et dans deux autres de Tan Yl\l
et 1218, gardés aux Archives de Noire-Dame de Melun. Qi'^près
Texil des Juiis do France, en 1306, ce nïs» ait été conlisquéna
profit des religieux de la localité, rien d'étonnant à cela. Mais oii
a-t-il séjourné jusqu'au moment de rétablissement des Cames à
Mehm ? Leur couvent, fondé au milieu du xv siècle seulement,
puis incendié le 20 septembre 1590^ avait une o Bibliothi^que
riche en toutes sortes de bonn livres et en diverses langues' k
Notre ms. a du faire partie de ces « livres » et du petit npml>re
de ceux qui échappèrent à Tincendie.
Moïse Schwab.
UNE LISTE D'ANCIENS LIVRES HEBREUX
CONSERVÉE DANS UN MANOSGRIT DE PARIS
On a reconnu depuis longtemps rimportance que présentent
pour la science les listes des livres du mojen âge qui se trouvent
dans quelques manuscrits. Certains mss, hébreux conUenneivt
également des listes fle ce genre, en assez grand nombre même
pour qu*il soit possible de composer un catalogue considérable
d'anciens ouvrages juifs, comme Ta fait récemment M* G. Becker*,
Comme il est peu probable qu'un travail de ce genre soit entrepris
de lorvgtemps, il me pnralt utile de publier ici la liste des livres
inscrite dans le ms. 893 de Paris, p, 503-4. Ce document mon-
trera, en outre, qu'en s'en rapportant à de simples extraits, on
risque très souvent de se tromper dans ses conjectures*
Dans mon ouvrage : Die Spurcn Al-BaUajtms, p. lt>, j*ai men-
tionné la remarque de Dukes que le ras. « était écrit d'une main
africaine ». Mais il n*est pas impossible, comme Tadmet aussi
M. Neubauer [Revue des Et. J., IX, 215, note 2), que le copiste
du catalogue des livres, un neveu de David d*Estella, soit aussi le
i îbid,, p, 578.
* Catalogi biHiotAfcsrum ai^tifui, Boacae, 1SS5. CF. TarUcIe du CtnUaihîatt^ Fêt
das BiMwiAekiwcsen, U, -6 et eoIt.
NOTES ET MÉLANGES
301
l^TniTsi:
* du ms., et qu'en réalité « la main africaine « soit une main
jâîse* Dans ce cas, la date du ms. serait à peu près déter-
te: selon l'épigraphe du traité d*Alexaiidre d*Âi>ljrodisïas sur
i qu'il contient en hébreu, fe ms. aurait été écrit après 1340.
«ci cette liste :
. . . . t::iD:ii *\^^i2 sthi nbnpi ■'b^:'^ '"^d (2
''"■^ niEim aiD3iD v^^'^ û^:sis2 nm^tî 'Oin^a p
. , . , ^i^n '-17J n-ntti:3 "^d (4
•»:372i«b-T b«T'i '^w^tii b-'Sibi h^^i:*c r**^^ '^■ïfi*"'^ C>
....... ■'DM ^11^1^ dsnrî:^ m:?i
"j»]:?:» ^7zt2 :?tîCî3 m5î**3 (7
• n^taipb (8
. ' ■ * '^■«rnan?: ûn««*Q (9
"ïma pKi D'^-'n "^bjs rn:i« (lo
31:3 Vd'Oi D''5î&ito nso (H
- iTabTD bK'Tii r^^*^^ ^btsoîs nx-^D n^p (12
rtNiDin 1DD
-m^^na nib«ai nc^ '•p^iS (14
l^i^Dp^^O (tîî
-, nnbsfîzn nsD (16
. ^bûïT^^n pn^t^ mmp (17
bfiî'^ns^ (18
. . tîai3 Kb^in 1221^^ '^e«73i ïîHnn nicxn^ [19
. - nmoï^ nnD?3 (ân^
n'^iîbnrT npibm *'3T':frT -«an nî (21
^ 0''«i3 ■►îaî (22
. . 0"fi«?: '^^■'31 (23
... D''ê<?2 '"»I3 (24
- ^-ïiK npn?rt73 o"»^ ii^Dtn (25
* û'^Dnin PT'x (26
. . . mowtjbx 127
Aci les titres des ouvrages manuscrits sur papier :
Çei'El, de notre oncle David d'Estella* C'était sans doute un
ouvrage masso rétique sur les règles à suivre pour copier la
frorà. Cf, le titre d'un ouvrage analogue de Menahem Meïri,
302 - REVUE DES ETUDES JUIVES
noo rr^np, dans le fragment du catalogue de la bibliothèque
Gùnzbourg, de M. S. Sachs, p. 43.
2) Commentaire de Joseph Caspi sur les Proverbes, TEcclé-
siaste et Job. Cf. l'article de M. Steinschneider dans l'Ency-
clopédie d Ersch et Gruber, II, 31, p. 63, note 13 A et B et
note 14.
3) Commentaire de Caspi sur le Môré de Maïraonide, et ouvrage
du même sur les Mystères du Pentatetique. Voir Steinschnei-
der. catal. de Munich, ms. 265*.
4) Commentaire de R. Hanoch sur le Môré (S'agit-il de Hanoch
al-Constantini?).
5) Commentaire sur le Môré de Sen Samiel de Lunel et Maestro
Vidal, c'est-à-dire Moïse de Narbonne, avec des additions de
mon père. Le nom de ûiobn est habituellement corrompiL
dans le mss ; cf. mss. de Munich, n® 243*. Il faut supposer que
le père du copiste a encore publié des travaux en 1362, puis-
que Moïse de Narbonne a seulement achevé en cette année
. son commentaire sur le Môré.
6) Commentaire [probablement d'Ibn Roschd] sur les Catégories,
l'herméneutique, les premières et les dernières Analytiques
d'Aristote.
7) Commentaire moyen [d'Averroës] sur la Physique acroama-
tique d'Aristote.
8) Collectanée.
9) Différentes sentences halachiques.
10) Traité de Kalonymos ben Kalonymos sur les animaux (tra-
duction de l'encyclopédie des frères de la pureté) et le poème
didactique : la pierre de touche.
11) La grammaire [d'ibn Ezra] Moznaïm et la grammaire Sékhel
tob [sans doute de Moïse Kamlii];
12) Partie du commentaire de Son Vidal Salomon (c'est-à-dire
Meïri) sur les Proverbes.
13) Microtechnô et irepi xpbcwv de Galien.
14) Aphorismes de Maïmonide et problèmes d'Aristote. J'ai éga-
lement trouvé cet ouvrage à Genève, M. IL 10 4®. Cf. mss.
de Munich, n» 297^
15) Sous ce monstre, que M. Neubauer a rendu par : Livre du mé-
decin Sarksion par (p. 215), se cache certainement Sera-
pion ; il s'agit ici de l'ouvrage du plus jeune Serapion : liber
S. aggregatus in medicinis simplicibus (Choulant, p. 372). Ce
même ouvrage est désigné sous le nom de '^3iN''DnD dans le
ms. 569 du catalogue de Michael.
XOTES ET MÉLANGES
16) Ce titre désigne sans doute le livre des degrés sur les proprié-
ti% médicinales des plantes. Cf, Steinschneider, caL de Leyde,
p. 377, n'> 14.
17) Le livre des fièvres dMsaac Israéli.
181 Gabriel» comme on peut s*en eonvaincre par cette liste tout
«entière, désigne un ouvrage à part et non pas le traducteur
«les deux ouvrages suivants, nomme le prétend M. Neubauer,
[h 216. Ce nom de bsi-^nsù serait-il peut-être une corruption
de 'bHb'!2^ et désignerait-il le Gaiien hébreu (Voir K^ufmann,
Die Simie, p. 6) ?
l9î La thérapeutique d'Ibn Wâfld et de Maestro Arnaud de Villa-
nova. On voit f|ue Touvrage iVlhn Wadd porte dans ce ms.,
le même titre que dans le ms. de Munich 280^ : Mar*aschot
harosch, et non pas, comme le transcrit M, Steinschneider,
dans Archiv fur paîh. Analomie, XL, 114, de Virchow :
Mereschit harosch. Leclerc, ï, 546, traduit ce titre par :
L'oreiller m édicaL Le litre : liber cervicalis de medicîna a dû
^tre créé par M* Neubauer, p. 215, n* 4, puisqu'il ne se trouve
nulle part. Sur Arnaud = a3:*i«, voir Steinschneider, i. c,
p. 93, n^ 14,
20 La ciel' des mystères (sans doute un livre de médecine)*
-1 Le premier livre du Tesrif d'Al-Zahrawi, intituln : Theorica, et
le deuxième» intitulé : Glassillcation des maladies ou Prac-
lica. Cf. Leclerc, I, 449, M. Neubauer, L C-, n'a pas traduit ces
litres , cette traduction ne me parait cependant présenter au-
cun doute.
'il Le deuxième livre du Cmmn d*[bn Sina.
23i Le quatrième livre du même ouvrage.
Wi Commentaire sur le Canon d'ibn Sina.
fi; Le premier livre d'Ibn Sina traduit de Tédition complète.
Le copiste désigne probablement par Tn« le grand Canon,
pour le bien distinguer du petit Canon (cf. ms. de Munich
220*), qui a élé sans doute considéré par erreur comme un
abrégé du grand. Le nom de Lorki proposé par M. Neubauer '
parait juste comme conjecturet elle est cependant en oppo-
sition avec la leçon du ms. et semble exiger le mot *^pmVn.
1 20) îj^ viatique d'Ibn aUDjeiczar, traduit en hébreu par Moïse ibn
! Tibbon (voir Tarticle <le M. Steinschneider dans Archiv de
Virchow, XXXVH, 363 ss , mss. de Munich, 19J.
fi) Traduction hébr^ïqu** du Man*;ouri d^Ar-Razi.
Les mots nencnn Mibo qui se trouvent au milieu de la ligne
^t |)]H:-cède le n* 13 ne me paraissent pas être le titre d'un ou-
304 REYUR DES ETUDES JUIVES
vrage, mais une rubrique sous laquelle le copiste a placé tous
ouvrages de médecine quMl énumère.
Ce catalogue d'ouvrages d'exégèse, de grammaire, de pbil
phie religieuse et de médecine me paraît donner la liste des li
d'un savant médecin juif, qui a vécu en France, vers la fii
xiv« siècle.
D. Kaufmann.
BIBLIOGRAPHIE
i^iUTtKH (tK Fnedrich). Prolcgoineiia eiiic«i neiieii Iicbriàlseli-xira'
MiiUrlicii lYorlcrlmcIts zum aïlea Testsmenl; Leipzig, J.^C Itinrkh'sche
Ce nouvel ouvrage de M. Delîtzscli, destinu à expliquer la méthode
qu'il dôii mettre en œuvre dans la compositioE de son Diclioouaiie
bèbreu-araméen de rAncien Teâtameut, est proprement nue réédi-
Hau, revue et augmeulée, de son Hehrew Langua^e, que nous avons
/aiicooDaltre aux lecteurs de la lievue dans le n^ 19-20, p. iU, t^}7-
Lcs critiques dont ses comparaisons outrées avec Tassynen
'vaieol été Tobjet ont déLerminc M, Delitzsch a y revenir plus
amplement et a les justifier. L'agrandissement du cadre primitif a
Permis a M. D. d'y ajouter trois nouveaux chapitres, discutant res-
Pectivement la relation de i'hétjreu avec les autres langues sémi-
tiques (ch. Il), les lois du phonétisme sémitique (cli, iv, p, 157-187)»
^ théorie des racines (ch. v, p. 1 «8-11*7), les noms d'hommes eu
hébreu (ch. vï» p. 49S>2I2]. Le chapitre i esquisse le plan du futur
ï^iclioanaire et n'a pas dUntérêt immédiat, mais le plus étendu et
^us&i le plus nourri de tous est le chapitre m, qui traite de Tim-
portance de Tassyrien pour la philologie hébraïque et qui reprend
rtchef tous les mots dont les nouvelles imerprétatious avaient
kcomestees de divers côtés, surtout dans l'arUcle précité de cette
Commençons par le chapitre ii. On connaît mon opinion sur la
• oèc^sité d'accorder à Fassyrien une large place dans les re-
Perches lexicograpbiques de l'hébreu a. Là-dessus je suis partai-
toent d'accord avec M. D. ; mais je me suis élevé contre lidée
d'miroduîre Tassynen a la place de l'arabe et de substituer une idole
iuneBUtre. M. D. s'en défend énergiquemenl et m^accuse d'avoir
eugéré &a pensée* J'admets donc la pureté de ses intentions, mais
)« le prie de recueillir ses souvenirs pour voir si ses multiples
explications par rassyrien de mots dont l'explication par Tarabe
est absolument satisfaisante n'étaient pas de nature è justifier cette
tfUpposiUoQ. Voici, par exemple» le verbe bn:, t conduire, mener,
iunout à labreuvoir i^ au figuré : c pourvoir, soutenir » ; cette signi*
fiealian convient â tous les dix passages qui cootienoent ce mol; puis»
«De est eoniirmée par l'arabe 5n3, <& s'abreuver », brr:», • mener a
T. xm, ■•«. îa
3» RE^tTE I>E5! ÉTTOES ItTÎTES
TabreuToir >. Cept^udant M. D. aime mieui, en înToquant rass^^neo
naâln, traduire brr: par r faire reposer» faire camper, donner du
repos i> iruJUn Imttn, la^tm iassen, HuAe çeien). Les protestalioas
unanimes que cette interpréta tioQ a provoquées démontreront i
M. D. qu'elle ne sUmpose nullement par des raisons intrinsèqtïei
tirées des passages bt Cliques en question. Les raisons v ^s
sont, au contraire, excessivement opposées à une telle s a«
Dans trois passages (Exode, xv, t3; Psaumes, xxxi, 4 ; Isaîe, xio,
10) ^m est en parallélisme avec les verbes nro et am, qui âigoificot
« conduire » ; dans Isaïe,xL, n,bn3^ forme opposition avec fi^C* ipTO,
t il les porte dans son sein » ; dans Isaïe, lï, 48, brrît: est parallèle à
î^T? P'^Ttm, <T qui lui tient la main ». Dans tout cela, pas la moindre
trace de Tidée de repos» pas même dans Psaumes, xxin, 3, où il est
en face de '*33£^an\ o il me fait camper ». Il va sans dire que nVrtsnti
taetb [Genèse, xxxin, U) sipklile i je marcherai lentement •, et non,
comme le veut M. D., < je me reposerai lentement » : pour avancer,
ît faut marcher, si lentement que ce soit. Au verset II Chronique,
xxviir, 15, les mauvais marcheurs sont reconduits montés sur des
ânes, D'^^mrna Cibrm. Enfin, le sens figuré de « soutenir, pourvoir,
procurer le nécessaire a, qui est dans la locution urhn ûbrîn (Ge-
nèse, XLVH, 47). passe à celui de « procurer le bien suprême, li
Iranquiiiité iî, dans II Chronique, xxxii, ti, et devient ainsi syûo-
nyme de rp5n \ mais de là à une vraie équivalence avec le verbe lt)3
la distance est grande et il n'est pas raisonnable de la franchir par
un engouement pour rassyrien. Bans ce cas spécial, le rejet de la
Ira duc lion (jrdinaire appuyée par l'arabe est d'autant plus arbitraire
que, dans les passages connus jusqu^â présent, le verbe «a '«iii* com-
porte seulement le sens de <t coucher i>, non celui de c reposer »i
comme le prouve d'ailleurs Texpression marçish ina murçi ntl i;R.> i^«
*7, 51 à), t malade, il est couché dans la souffrance ».
Eq second lieu, j'ai relevé, non sans quelque étonnemenl, Tabsenc^
totale de raraméen parmi les comparaisons exposées dans HcbreU^
Lanç^açe ; j'ai même osé affirmer que cet idiome est beaucoup plu#'
intimement apparenté à l'hébreu qu'à Tassyrien. M, D, chercha
maintenant à combler la lacune indiquée en donnant une longue
liste de mots hébreux qui se retrouvent en araméen et en assyrien-
Ce n*est pas absolument ce que j*a vais demandé, car la grande simi-
litude des langues sémitiques u*a pas besoin d*ètre prouvée dâ'
nouveau. Le vrai but de celle liste superflue est visiblement d'at-
tirer rattention sur l^assyrieo, ce qui sort passablement du sujet du
chapilre ii, qui est intitulé u hébreu et araméen •. Au paragraphe
suivaut, M. 1>. donne une nouvelle liste de mots communs à rhébreu
et à Tossyrien. Elle a pour but de démontrer, à Topposé de mon
opinion, que, sur le domaine lexicographique en particulier, ces
• D'uprès In loçotj masaorélique, mais, pour tout leclcur impartiil» 3''30TO Ï3bîi3^1
Mt siniplcmeût uao corruptioa de a*^ 30:^3 DH^ Hj^I.
BIBUCKÎBAPHIE
m
lances sont plus iatimemeDl apparentées que ne le sont raraméen
etrhébreu. Comme M, D. veut bien, dans uoe note, me demander la
dtmoostratioû de mon opinion, je suis prôt à le satisfaire, bien qu'il
JD ait toujours semble que la chose était notoire. Je dirai donc que la
ttéritable intimité de deux langues s'atteste par les mois d'usage
ordinaire et quotidien, non par des termes rares ou poétique-* comme
ceux qui composent la majorité de sa liste. Pour se former une
coQvicliOD,on n'a qu'à dépouiller les mots d'un texte araméen quel-
conque, par exemple Daniel» ir, 4-34, et on trouvera dans ces trente
îersets» qui conliennent pourlant de nombreuses répétitions, des
^mots eu très grand nombre qui ne reviennent sous la même forme
avec le même sens qu'en hébreu seul. Ce sont : 313 (dts) .«aba
r:iy ^nïîD ,rî-sn .nz:? ."^ncD ^nbîû .p j\r^ .np-^ ,îr*>c >3p ,a*ip ,^^r:
^ ,iix >::p ,r.:?2 .nnn ,mn cnc) m^^ (n^:^) ,uby > ,r-rn ,n?:» ,ubn
D*p ,27? ,rrrD ^nz^û ,C3H .ca-' /bsi'* ,a^*îO ,QL3nn ,in« ,icd .t^^p
TiXC .nm, n?3 ,)-^ih (tn) ,T.n ,rzh^ ,mrî irrr.\ ,rx:^ri rrrz-^ ,mr
;g >ru ,n3i ,nb5 ,330 .p^^n .rnDi'br .nrj ,n?3-br ,qa:n ,1p3 >Tt«
•»3 ,pr;? ,-ir5 ,']m ,mirî ^nr^s ,«:« r:»J .nrrj. Quant à 1 asson-
ûance extérieure de la phrase, on en aura une idée exacte en com-
parant, par exemple, le verset araméen de Jérémie, x, <l, avec les
versions hébraïque et assyrienne ajoutées ci-après :
Araméen.
.rî?È« H'^zv nnn )m
Eébfiu.
Assyrien,
1» nnbiN isbr;^ i:i::C"^ biH r-^stnijti '^rrc ï: •'sb.^î ni^inapn D»''5
.msN *?:i:5 bcT3 ';nb'^«i
Je crois ces exemples très suffisants et, tout en reconnaissant
'ijue Tassyrien possède de nombreuses expressions et des tours de
Ihrase qui se retrouvent en hébreu, je n'irai pas jusqu'à supposer
>ntre les Chaoauéo- Hébreux et les Babyloniens une cohabition
;>réhistorique plus longue et plus étroite qu*avec les autres peuples
émiliques. Tous les arguments que M. D. produit en faveur de cette
lèse manquent de force probante. Il n'y a pas longtemps, M, D. sou-
kenait mordicus que les légendes relatives aux Oeuves du Paradis,
au Déluge et à la tour de Biibel ont élé empruntées par les Israélites
aux Babyloniens pendant Texil; aujourd'hui, il tourne bride sans
broncher et les quaUfie de « Ëlteste Erinnerungen des Volkes Israël ».
Pourquoi? simplement parce que cela peut servir de chevalet à sa
308 REVUE DES ÉTUDES JÎTÎVES
nouvelle hypothèse ethnographique. Les autres similitodes qii*in-
voque M. D, sool. lantôt des traits de sémitisme général, comme le
parallelismm mtmbrorum dans la poésie et les éléments primitifs
de la mythologie^ tantôt des emprunts d'époques historiques rclali-
vement tardives, tantôt absolument inexactes, comme, par exemple,
rinslitmion du Sabbat, dont il nV a nulle trace ni en Babylonie, ni
chez les Phéniciens. Ceux-ci, môme d'après les auteurs grecs, Q'onI
jamais habité la Babylonie, mais les îles Bahrein, ce qui est bien
différent. En ce qui concerne l'origine des Hébreux, nous devons
une explication à M. Delitzsch, qui nous accuse de lui avoir fausse-
ment et audacieixsement imputé une confiance illimitée dans la lé-
gende rabbioique qui met Abraham aux prises avec Nemrod. M. D.
âfhrme qu'il s'est appuyé sur la tradition commune aux auteur»
jéhoviste et élobiste de la Genèse pour laquelle D'^'içs "sn» est la
ville de Our dans îa Babylonie du sud-ouest, aujourd'hui la mine
de Mugayar. Malheureusement, le savant assyriologue a trop vite
oublié ce qu'il a écrit à ce sujet. Relativement à la notice peiitateu-
tique, il était naguère d'avis qu'elle pouvait bien ne pas être plus
ancienne que l'exil ', et avec cela il lui a carrément refusé le carac-
lère d'une vraie tradition. Quant au point de vue ethnographique, il
a toujours soutenu que les habitants d'Our étaient des non sémites,
des Sumériens, s'il vous plaît, et que ceux-ci étaient restés leîs jus-
qu'au départ des Hébreux» auxquels ils auraient légué leur diea
supérieur I, àevenu plus tard en hébreu ifT' et frirr"». En combinant
ces deux thèses, je me suis demandé d'où pouvaient venir, d*aprë3
M. D., les traits communs entre les Hébreux et les Babyloniens se*
mitiques, qui n'existaient posa Our, ou, pour le moins, n'y jouaient
pas encore un rôle d'initiateurs. Devant une telle énigme, j'ai été
obligé de recourir, toujours pour m'expliquer la pensée de M. De*
litzsch» à la légende rabbinique qui a du moins cet avantage d'éta-
blir un contact immédiat entre deux sémites, car les Couschite*
asiatiques de la Genèse parlent des idiomes sémitiques. Si M, D,
trouve un autre moyen de sortir de l'impasse •, j'y applaudirai des
deux maïQS, mais il reconnaîtra sans peine que je n'ai pas pu rai
sonner autrement,
J. Halévt.
[la miU au prochain numéro.]
» Paradis, p. 9a, 94.
" Après réflexion je vois cjua cela n'eil pas tcut-à-faît impossible. Il suffit d*id».
mettre que le sumérien / s'était d'abord assyrianiié en îau ot qne c'est celle dernièra
ronne qiii a été empruntée par les Hébreui el changée en m'' et mïT^- Dans una
ville qui, suivent M. D., reafermait, dès les temps préhisteriques, trois peuples dis-
iinct&, savoir : Babyloniens sémitiques, Sumériens non sémitiques el Babylonient
hébreux, dans une telle ville^ les emprunts de seconde main n'out rien d extraordi-
naire. J'avoue cependant que si gavais un choii à faire entre celte sin^Uère
ethnographie et la tradition rabbinique de Nemrod, celle-ci me paratlrait, sinon plut
Traiiemblable, du moins plus simple.
BlBLlOGHAPilU:
m
I, ScBcn&ii, Geschfrhte des JiidisehtMi Votkcs im Xeitatter Jesu
Chrt«ii. — Deuxième édilion, revue el aiigmentéej du • Lehrbucli der neutesta-
meotliche ZêitgeschiciiLe *, IP partie. Leipzig^ Iftëti*
Le Manuel de M. Schûrer a éié publié pour la première fois en 1874,
et la meileure preuve de sa valeur, c'es» qu'il a su se maintenir avec
succès à côté d'imporlanls ouvrages IraiLant la même matière, et
qa'uDe seconde édition en est devenue nécessaire. Ce succès est
<i'autaûl plus signiOcatif que le cercle de lecteurs auquel M. Schû-
m pouvait s'adresser était relativement restreint; comme son titre
riadique déjà, le Manuel n'était pas destiné à la classe lettrée en
général, il s'adressait au petit nombre de ceux qui étudieut, et de-
Tiii servir de guide et indiquer les sources à ceux qui veulent faire
des recherches plus approfondies. La nouvelle édition s'adresse au
ffiémt* public et poursuit un but semblable. La seconde partie ac-
lueilement publiée (avant la première) traite de la situation inté-
rieure de la Palestine et du peuple juif à l'époque de Jésus* C'est, en
nfalité, la partie la plus importante de Touvrage.
En même temps que le titre, le livre lui-môme ô été profondément
modifié, sa valeur scientifique a augmeo lé sensiblement. Les im-
portants Essais sur le sacerdoce et le culte du Temple (paragr. 24)»
et sur la littérature judéo-palestinienne et judéo-hellénique (parag. 32
ei33} sont presque entièrement nouveaux. Les divers Essais ont été
modifies suivant les progrès que la science a réalisés dans ces der-
ûîers temps, et creusés plus largement et plus profoudémeot. Les
indications bibliographiques mises en tête de chaque Essai ont été
Dûtablement augmentées, Tautcur a donné plus d'ampleur à Tana-
ljs*5 des sources ainsi qu'aux notes justiticatives placées au bas des
pages et servant à corroborer les diverses théories de détails. Eu un
mot, c'est actuellement un des meilleurs livres du genre» et, sauf
quelques reserves que nous aurions à faire, on pourrait le consi-
dérer comme un grandiose cosmos de la littérature spéciale sur ce
«ujel. Il est vrai que nos réserves portent sur une partie importante
de l'ouvrage, la littérature talmudico-rabbinique. Il semble que
celle-ci n*ait été accessible a Tauteur que dans les rares traductious
kiines et allemandes. C'est à cette connaissance imparfaite et altérée
{ées sources du judaïsme qu'il faut attribuer rinexaciitude desju-
cDts que M. Schiirer a émis en maint endroit sur le judaïsme.
Hte seconde partie de l'ouvrage commence par le paragraphe 22,
I {iftTBgraphes précédents paraîtront dans la première partie.
DttDt te paragraphe '1^, Tauleiir dous dotiiic uue vue d'eascmble fort
QoUe de l'état de ta culture iDtellectuelle du tenps I^etil-être a-l-il comnûa
ici plui d*uûe inéprÎBC ou d'une négligence sur le« rapports du judaïsme
ATec l'bcUéûifitDe. AÎDai, à la page 12, k propos d^Asiarlé, il aurait pu
citer les obsenratious do M. HtléTy, dtns Ja lUtut da ÉiudttjumSt IX»
310 REVUE DES ÉTITDES JUIVES
1S3, Oli lui aurait servi é^alecrent pour expliquer le mot éaîgmiliqu
nrJin^. — a propos de VSSp tp- Vît», oole 77\ il ftlliiît citer la déeoa-
verLe de M. H&lévy du Kos des IduméeEis Hàid,, IX. 16), eiosi que il dii-
sertattoD de Fr. Lenortnont daùa la Gêtette ûrehéolo^içut^ VI, 142. Ptrmi
les philoiophes grecs de la P<ilastine, l'auteur devait ciier aussi DuMrw
de Petra ^Berna/s, (re«- Ahh,, II, 293). O'^in »« signifie pas •wpea;,
comme M. Schûrer le répète, d'après le dicUonDaire de Leçy. A la page U,
l'atiteur devait, dans tous les caa, citer rexceneat^f dissertation de Zuûi
sur les moDDaîes [Zur Gtfci*^ 533). A la page 42, M« S.^ suivaot ea «li
Hambur^er^ a négligé les cBuvres complet ps de Zaat^ o(t se trouY« U
liste complète des Doms grecs portés par les Juifs CZudi, Gu, Schr,, \l^ &j.
EnfÎQ, p. 45f il aurait dQ mentlooner. surtout au point de ^ue de la Ua^s,
rïtiscriptioQ grecque du temple trouvée par Clermoni - Qanueau {Éuu
arehfyioff.^ nouv. sér, t. XXUI (l»72j, p. 2\kl
Le paragraphe 23 cooLieut un lumineux exposé et une étude trli ap-
profondie sur la consLitutiou des villes helléniques et des cités du territoire
Juif propre meoit ditt sur le graud ponliGcat et le grand aanhédriO' Nom
nous borneroD-t à faire remarqtjer qu^en hébreu moderne, ie mol Qinn
(p. t22, note 361] ne signifie pas confirmé^ retonnti, attetU par iùcumi^i
authentique î on emploie, dans ce seaS| le mot £3]|[ï^. Dans Le passage cilé
n:0"»n ^^Dni^a mrn trntD "^^^ l© mot a le sens ordinaire qu'il a àm
le Telmud : signé ou inscfit. Le sens de xign€ répond à la leçon de Mlî*
moDÎde» dans son commentaire de la Mischna^ iy ninil- L*aotrB sen*
est conforme k la version de Raschi, qui n'a pas le mot "îjf [Ci.^^
Vr\T\Tiy notre ouvrage : Vier apokryphuchB Bûeket, page 132, note !).
Le paragraphe 24 traite du sacerdoce et du service du culte dans W
temple. Nous croyons devoir faire les remarques suivantes. Il résulte dfl
k Mischna de lebamoi, VI, 5, citée p. 178, que la défense d'épooser vs
femme stérile (n^31^^Bt) s'applique a tout homme qui est sans eafaats, <
non pas seulement aux prêtres, comme le dît M. Seh. I>e même, au suj<
de radmlssioa d'une fille de prosélyte au mariage avec un prêtre, Teateun
pouvait, outre la Mischna de Btccourim, î^ 5, citer Kiddouschin, IV,
et 7, ainsi que oolf© dissertation sur T\^^y dans U MoHàinckrxft à^ Gfwl*
1881, p. 1<(7. Il résulte de ces textes une opinion tDUl à fait contraire à l
tlièse de M. Sch., qui soutient, à tort, qu'une fille de prosélyte ne pei
épouser un prêtre que si elle est de père payan et de mère juive, or,
Ûlle d'un père juif et dune mère payenne peut épouser an prêtre et Un*'
a, là'dessus, aucune contestation. — P. 18U« L'absence de défauts coroo'
reis ne fait point partie intégrante de la sainteté du prSlre, elle n e
qu'une couditioti extérieure de son admisskm au sacerdoce. — P. ÎOO. f
disant de la dîme des pauvres que, d'après l'usage qui s'introduisit pli
tard, elle s'ajoutait, la troisième année, à la stronde àim^, M. Seh. U
erreur : la dime des pauvres remplaçait la seconde dtme. Mon Titr ap{
kryphiirkê Bûcher^ ItS, contient une explication des passages difûcilea
Tobil, L 7 et 8, et des Jw/if., IV, &, 22. — Pour les qoestiotifi tniill
p. 224, note 210, voir les Imiiiuttonen de Bloch, I. 27, — P« 'ias* Au l\
de r3b3, il faut lire nDriS ; t3''05D73, au lieu de D'^OSrtS. — P, i
L'auteur pouvait mentionner les idées de Lévysohn sur les sacnfioM expi
sées dans le Jatkurun de Eûbak, iU, 4, 5.
Bans les paragraphes 2S à îH, M. Sch, recourt souvent aux sourd
lalmudiques. Ces paragraphes traitent de la connaissance des Ecr
lures ;§ 2o), des pharisiens et des sadducéens i§ t6). de Técole et
la synagogue «§ 27), el de la vie selon la Loi {§ 28). Ici M. Schûn
se révèle comme un maître par la division et rordonoance du sujâ
Néanmoins nous considérons celte partie comme la plus faible
Touvrage, L'impression qui s'en dégage, c'est que l'auteur n'est
BIBLIOGRAPHIE
âif
I
lOTraio qui ïiii est familier. Il est vrai qïïè sirmanque de
e'est seulement au sujet des sources talmudiques qu'il cite,
ous qu'il fait sont celles de Sulirenhusius, Ugolini, Vi-
Buxtorf. Enfin, il commet des inexactiludes et des mé-
prises qui proviennent uniquement de ce qu'il a dû recourir aux
IraductioDS et non aux sources originales. La Real Encyclùpàtîu^ de
Hamburger, a été aussi pour lui une source dlnforma lions qui, plus
[d'une fois, a dû le tromper.
Si M, Scbûrer n'a pas été familiarisé suffisamment avec la litté-
rature juive, il n'a pas su davaûtage rendre iostice à Tesprit du ju-
daïsme. Sans entrer ici dans une discussion sur ce points nous nous
demandons de quel droit la parole d'un pharisien comme Aoligone
deSocho n'est pas considérée par M. Sch. comme Texpression de la
doctrine pharisieuue (p. 3HÛ). Les pratiques religieuses sont un puis-
ant moyen d'éducation populaire, et si les juifs y ont recours, cela
u prouve pas que toute leur religion consiste dans les pratiques.
Kous nous bornons à renvoyer à Weiss, Dût âor, I, i05, 2H et suiv.;
iSifré et autres Midraschim sur Deutéron., vi, li ; â Maïraouide, Ye-
t^'kattora^ 2, i et suiv. Pour M. Schurer, tout, dans le judaïsme,
«st loi, texte impératif, qui exclut toute morale et toute poésie. Mais
le mal loi ne se trouve pas dans toute la littérature juive pour dé-
signer le Penlateuque, et encore moins pour désigner le reste des
Kchmres Saintes, min, la doctrine, l'enseiguemenl, et m3£73, le com-
i&iQdemeDl, le devoir, telles sont l^s dénominations exacles. Le mot
rn.dont rétymologie est encore incertaine, ou bien ne signifie pas
^j, ou D*esl pas un terme liébreu. Ce qui a produit cette méprise
'ie U Schiirer et d'autres savants chrétiens, c'est le mot grec vd(j^,
que les hellénistes juifs ont employé pour rendre le mot Tora, afin
^t se faire comprendre plus facilement des lecteurs païens. Toutefois
« mol lai a si bien perdu, plus tard» chez les Juifs, son sens étymo-
logique et s est si bien identifié avec l'idée de doctrine^ que Ton a
uni par s'en servir pour désigner même les Prophètes et les llagio-
^nphes. En affirmant fp. ^53} que \eé Propbôtes et les Hagiographes
éUient également considérés comme faisant partie de la Loi, M. Schû-
commet une erreur qull aurait pu éviter, s'il avait songé à ses
arques fort justes de la p. 2r>7, tH s'il avait jeté un coup d'œil sur
passage de loma, I, 6, où on énumère les livres d'édification que
grand-prôtre devait lire dans la nuit de Kippoun
Voici qu^lqui^a obscrvalions de délaîl : P. 2LiU. îlb^^i ïlb^tTa si^nifio '
• pièce par piiïce. par sections *, et doq » par baudes ». Vciir. à ce sujet,
K««chï. — F. 2j7, noie K\, M, Schiirer dit : * Au sujet de la Bif^niûi-aliOQ
à^ ^31. Aruch dit, selor» Buxtorf... » ; Arucb ne dit rien, il so borne à
dler tut écrit de Scb©rira où se trouve le terme en question, Scherira
lui-mêma ne L'emploio paa de sa propre autorité, il suppose que c'est un
terme connu, usité. En eflet, il ae trouve déjà dont» le D^KSP *^T0
0'^6fnî3Klî comme Kohut l'a fuit observer dons son Aniti. ^- lôidtm,
noie tSS. La proDoockliou ariméenBe rièifon est dûmeitt conalatt^e et ne peut
guère ^Ire rcjetée *n faveur do la forme défeclueus* ^^pouvt (chti De^
UiiÊch ^^^^?) des Evangiles. — Au eujet de "^an, il fallait citer et corn*
REVITE DES ETUDES JUIVES
parer Rebbites dans AscoU, Isernioni^ p. 01. —* P. $10. £Un3 lifriiib»
l-il * couronne >? Sachs et d'aulres avant lui Tont rapporté aux Tûffiê*
— îèidem. L'expression ^bus rîS'lO e«t traduite à tort par * dffTTji
fiïialemeût être détroite *. — îbulem. rmnDS M2'^':n bs Kr
D^Dn73 oe signifie pas : * celui qui s'occupe trap de commprc*^ ,. vmiis;
» Pus touB ceux qui s'occupent trop... •; D^DTTO = b^DC^ , U sértit
plus conforme au sens général de la phrase da traduire D'^^nTJ par « ta
heureux ». — ^ P. 265. ni3 n'est pas '»u puits, mais une citerne, afOB
n*enduit pas uu puits do chaux. — P. 273, 0"*n910 "'HSTS n?2^»e*o
rapporte pas à la oontradictiou en f^éuéral, mais à Toppûsilioa du siTiat
révolté, du 6*173?: ipT* dont il venait d'fîlre question. Voir le comneiH
luire de la Wischna de Xfaïmonide. — P. 276. Les paroles de rauteoroal
besoin d'être complétées^ pour avoir un sens» par celles de Salomon Mêi*
mon, citées pur Paulus Casscl : « Les Juifs prient de la lôgiquo (j*^
m73 ) et chantent de la métaphysique (bl^"*) •• — ^ P. 318. * Saufrtoct
de pharisiens », pour D^TSTID PID^, n'a pas de setis ; il nV a pu là
d'antithèse, pas plus que dans les mots Qinr J*Cn. l'im/^fV hitn iM*
Si uous comparons ce passage avec jerus. Péah, VII1« 8, et Babi bairt,
IX, l, nous verrons que nous avons là une expression populaire usuellt.
Oo eutendait par D'^OIID nD12 toute sorte de ruse méchante qui prtûd
le masque de la piété et de la légalité pour nuire «a prochain. Las pbiri-
sieufl eux-mêmes voyaient dans ces hypocrisies la plaie de leur pirti,
car leur considération en soulTrait beaucoup. Les faux dévots, comme les
impies rusé»^ étaient réputés également dangereux pour Tordre public et^
par suite, comme un élément de rnino. — P. 31 d, note 8. Dans U Mis-
chna tiu question^ il ne s'agit pas seulement de la rédîmation «iteti
de toutes les espèces de fruits par le hahr, mais aussi de la puteté
lé vi tique.
Dans son Essai sur les Pharisiens et les Sadducéens, M, Schûrer
a fait preuve d'un jugement sûr et a redressé bien des opinioQS
erronées et dépourvues de clarté qui avaient cours à ce sujet II
distingue à bon droit ce qui faisait des pharisiens les représemants
classiques de la direction qu'a prise Israël à Tépoque qui suivit
Pexil, de ce qui les caractérisait plus anciennement « comme parti,
comme constituant une pelite église dans Téglise i». Ils sont les
créateurs du judaïsme par leur attachement strict à la loi religieuse;
ils sont, au contraire, un parti fermé par leur éloiguement pour
rimpureté païenne et Tobservation de la pureté lé\i tique (p. 3^1
L'auteur aurait pu ajouter que l'amour de la Loi est bien Tesseace
et la moelle de la doctrine des pharisiens, tandis que leur répulsion
pour l'impureté devait plutôt accuser leur situation de parti, d'as-
socialion fermée. M. Scliiirer explique le mot D'^iûi"'.© par les isolés,
les séparatistes : cette explication est admise par Geiger, MM, Weiss,
cl Deren bourg, et nous n y contredirons pas, mais la question de
savoir si ce nom a été employé d'abord par les pharisiens eux-
mêmes ou par leurs adversaires ne sera sans doute jamais résolue
Le fait que, dans le Talmud, cette dénomination se trouve si rare-
ment et en grande partie uniquement dans des relations faites par
leurs anciens adversaires, les sadducéens, prouve seulement qu*ô
Pépoque où le pharisaïsme était dominant, le nom du parti aval»
disparu avec le parti lui-même. Le Talmuda-L-il parfois employé
le terme dans un sens fâcheux? nous le nions lormelkment Les
BIBLIOGRAPHIE
313
plaintes formulées <r contre la plaie des pharisiens », contre les pha-
risiens teints (faux), ne visent pas les pharisiens en général. Mais
¥. Schûrer croit que les pharisiens ont aussi formé uoe secte fer-
mée dont les membres sa seraient appelés o^n^ri tout court, La
conclusion que M. Schûrer en tire est aussi neuve que singulière :
Les pharisiens ou habtrim, dit-il, cousidéraient le peuple de la
campagne, le Am-haareç, comme ne faisant pas partie du véritable
Israël et n'ayant pas part aux promesses divines (p. 333). Mais le mot
•«nn'a jamais perdu» même aux époques les plus tardives, le sens
d'association, d*UQion, d'adhésion avec des éléments étrangers, et, par
nséquenl, il ne peut servir à désigner une caste confessionnelle ou
Uonale aussi exclusive que celle que M. Sch, veut voir dans les
iharrsiens. Les textes montrent qu'ici le mot I3n ne signifie pas
< celui qui observe poDCluellement la Loi et noiammeni les lois de
|aiT(!té 0, mais, par opposition au Am-haarer, le nnn est uu homme
4ai observe les lois de la dîme et de la pureté lévilique. Si "inn avait
leseos que M, Schiirer lui attribue, ce mot aurait dû être employé
(Juelquefois comme antithèse de sadducéen. Or, cela n'est jamais
irrivé, et lan n'est emploj^o que comme opposillon à Am-haareç, Le
peuple de la campagne, Am-haareç, d'après le témoignage formel de
Josèphe, était attaché aux pharisiens (Anliq,, VUI, ^0, <i; XVIII,
<, ï) et ennemi des sadducéens. Le Ara-haareç se trouvait donc, du
mains en grande majorité, tout à fait sur le terrain de la légalité
phaHsîenne, et même la prescription concernant la dlme était
ûiHtervée par la plus grande partie du peuple (Sabbat, 43 a), Seule-
fiiCQt, on n'était pas absolument sûr que le Am-haareç donnât tou-
i'Hifs la dime, et c*est ce doute qui a créé les règles du Demaï. Au
^ijjei de rhisloire ultérieure du Am-haareç, voir Vkr apokrypkiscM
Bkktr^ p. i5. Il est certain que, primitivement, il n'y avait entre le
àm-haareç et le I3n qu'une opposition de principe portant sur les
pracriptions de pureté lévitique dans leur application à la vie pro-
hûe. Le Am-haareç ne les observait guère, mais il n'était pas seul
Mes négliger, plus d'un docteur du parti strictement pharisien fai-
Milcomme lui (voir Bekhorot, 30 è). Et c'est pour celte divergeDce
Il peu importante que les pharisiens auraient exclu le peuple de
Il campagne de la véritable communauté d'Isra(?l, et lui auraient
ïtfusô toute participation aux récompenses divines! Mais lobser-
Hwe des prescriptions de pureté lévitique en matière profane»
înpÇ33|^bVJ, n'a jamais été considérée que comme un acte de piété
Toiaotiire, et non comme un commandement obli^^atoire, comme Té-
tait le moindre précepte biblique ou rabbioique. Les preseri plions
tic pureté lévitique» d après la Bible et la tradiliou, ne sont de mise
<|IM pour le cas où l'ou s'approche du Sanctuaire ou des choses
Aiaies. Dans la vie pratique, elles n'avaient (juelque importance
flM pour le prêtre et le nas^ir seuls. Ce sont là des faits counus de
Ions ceux qui sont versés dans le Talmud.
fc'appiieftUoa des prescriptions concernant la pureté lévitique à la
J
314 ^^^H^ BEVUE DES ETUDES JUIVES
vie profane n'a jamais pénétré dans les usages da peuple : elleétaïf
pratiquée seulement dans un cercle fort restreint, dont les phari-
siens faisaient partie, mais nullement partie exclusive, cûioirie
M. Weiss l'a fait observer avec raison {Dor dor, I, H5). Par suile de
l'absLention du peuple, il fallait, pour mettre ces prescriptions à
exécution, qu'il se formât des associations fermées, ninsn, dont les
membres étaient reçus sous condition de certaine?^ formalités, el dé-
signés sous le nom de lan, mciélaire [zt, Bekhorot, 30 a, et Toscfta
Demaï, chap, ii). M, Scbùrer a raison de dire que nan n'est pas iden-
tique à Dsn i^TsVn, car, d'uue part, beaucoup de geus du peuple en-
trèrent dans Tassociatioû, et, d*autre part, il y eut beaucoup de
savants qui refusèrent de se soumettre à Tobservance des lois de
pureté lévi tique en matière profane. La <t vue profonde » que la
théorie de M. Sch* donnerait sur Tidée que les pharisiens se fai-
saient d'eux-mêmes est donc une tue fausse. Le nnn n'est nulle-
ment « celui qui observe la Loi avec ponctualité, en y comprenant
les TTapaddutK tow irpe^^utépcuv o^mais^ comme le dit la Tosefta de Deniaî,
chap- II, celui qui s*en^age à observer les quatre poiûts suivants •
r;73i^n irr" xba nsn m^nb iniK l'''73p"a b*i-i3T njn^K vîj bspnr»
bDiit ytT\'^m^ ynKn dj bs:» rnnna rr^cj?*^ »Vm ynnn srb 3ni^,tî;tti
îTjrTas î^'bin. Tels sont les devoirs de Tassociation» m-ï-'^n ■►nni, qU^
tout Am-haarer était admis à remplir, comme il est dit plus lôiix^
%Hd. Le nan n'est donc pas 1% prochain^ le ccmipatrioté au point d^
vue ethnique ou politique, mais Vassocié, le co-sociétaire^ litre qui M *-
appliqué plus tard aux membres des collèges de docteurs. De mèn3^
que les prémisses, la conclusion de M, Schiirer est inexacte, et il e^
tout a fait faux de dire que, pour les pharisiens, la population A^
la Palestine se divisait en deux catégories : la communauté d'Israe J
c'est-à-dire les D'inan, et le peuple de la campagne (p, 333)« Sous (^
rapport, le pharisaïsme ne formait pas uue ^ église dans l'église ^^
Pe môme, lorsque M. Schiirer dit, iHd,^ note 54, qu'il était très in»-
portant, pour la conscience juive, de savoir qui devait être reconn'^
pour nsn, noos ne pouvons accepter ce jugement. Ce n'est pas pou
la conscience juive en général que cette question avait de l'impor ^
lance, mais uniquement pour ceux qui observaient les prescription—
concernant la pureté lévitique même en matière profane, yhyn •'bs'il^
mr^L^a, et tout au plus encore pour ceux qui approcbaîent souven ^
du Temple ou qui touchaient fréquemment aux choses saintes.
Au sujet de la question traît($o par M. Sch*, p* S55, concertiaot Tan-^
eieuneté do l'usage de fijt«r la bar-roiçva à l'â^e do !3 ans* nou» croyons
trouver une coofîrmaUon dans Josëphe, Ântiq.^ XII* 4, 6. U est probable
que ce n'est pas sans dessem que Josèpbe dit de Hjrcau : èi7e\ SI ùi
Tpt^ectrtexd Itûv. , . Du reste, M* Scharor pouvait rectifier ce qu'il dit îei
par le passage de fa GemûindeverfasBung (Ur Judem in Rom (p. 24)* où il
dit que Tâge de la bar-miçva était de 12 aus. — P. 367» A propos da
tjlre âfi^tmjvdY*^ï^ appliqué à des enfants mineurs, M. Se h. aurait pu
parler de la fonction des lecteurs^ qui pouvait Ôtre confîiSe à des enfanU
même dan» TEglise ; v. \ii Effal-Sncycopladif, de Herzog, 2** édil., yoluma
YIII, p. 521. De lotit temps, même aociennemeut, cala so pratiquait cbei
BlBLrOGRAPHlE
315
le» Juifs. Voir Taséfu Megilla, éà. Zuckennsodet, 4^ 11, et MaïmoDÎde,
Uilkhot tefiU«^ 12, 17. Sur les décisions mioeureff dans lea mnDicïpes
rotnjiias, voir Scharer, Gemeindear/assun^, p, 24. — P. 374, noU» W.
njD'I^'ï «110^53. d'après la remartiue Judicieuse de HirecbftDSon, daos
nin^n mO^?. p. ^O, est y do sjuagogue de Gophna, encijoit aitué dans U
voisinage de Sepphoris, el non • la syoafîogue de la vigne *. — P. 377,
AOie 113. M. Scb, dit que. pour rbistoire du culte synagogal^ il faut coo-
fultet flurtoul l'ouvrage de Zunz : iîifl Ritus dts sptaçôffoUn Gotiex-
iittuUi ; or, il n'est pas du tout question du culte dans cet ouvrage. —
IkUtm. Au sujet du Koddisch et de son ancientipté, outre Farticle re-
mtrfaable de Hamburger, il fallait citer J.4L W^i^^, daBs le Jesehu-
rmn de Kobak, VI, (. 1C5 et s., et le W^bin "11p''n'0 do Laudshulh-
^ P. 379, note Ï20. Les rechercbes savanles de Rapoport dans le niD^brr
th^y de Gabriflt Polak, p. 9 à lï), méritaient d'être mentionnéee.-^ P. 37ff, '
Dôle 130. 11 ne résulte Dullement du texte de Malmonide que le hazzan
appelait les âiJèles à la Tora, ainsi que le porte la version do Vitringa.
Cf. Hiikh. leBlla, Vly 7. Au sujet de la situation du bazzan, il eût été
boD d© consulter l'Aruch de Kobut^ art. 'jifl* ^f» Schûrer aurait évité de
la sorte la grave méprise qy'il commet en comparant les Û^STF! avec les
D'^j^rD (p- '-Ï24). Dans la même note, lobfiervatioQ suivante : » Rascbi et
Bartenora (plus exnctemeot Bertiûoro. v. Zun2, Gts. Sràr,, 1, 177) attes-
tent..* • est bien curieuse. Ces commentateurs^ relativement modernes,
natUttent rien, ils prétendent seulement explicjuer* — P. 3W. L'auteur
a oublié la Haftara du 9 ab et do la soirée de Kippour; v. Megillaf
.11 a ei à. — IhidêMj note 1^» L*auteur n'a pas utilisé Timportaut article
de Rapoport sur la Haftara, dans Ereek Millin, — Ihid.^ note 138. La
répétition textuelle ûû la note 10, page 252, n'cclaircit nullement ce que
1 auteur dit de lVffi/>f 01 des cinq megiUot dans l'office divin. Du reste»
l'exactitude de cette notice^ par égard aux vanantea de Û^IDIO 'î3*
th. 14, est douteuse; voir édition Millier, p. 187, », et p. 201, 70. —
P. SM. Le nombre 1<J des bénédictions de la Teûlli est assurément d'une
épo<{ti6 postérieure, car, mfl^me uprès riatroduction do la 12* béoédic-
liOQ dirigée contre les Minim» le nombre dix-huit fut encore longtemps
usité eo Palestine» et, pour cela^ ou y combinait ensemble la 14" et la
1S^ bénédiction ; voir Tosefta Berakbot, I1I| ù la (in; Jer. Berakhot) 4, 3,
il k« comoientaires, ainsi que Baor, bK"lï3^ mi^:^ HlOt pages 97 et
103. Il semble qu'en Bahylonie seulement le nombre 10 était déjà usité du
temps des premiers Amornîm; voir b&BL Berakbat, 2S h. Du temps de la
Miscbna, la TeGlla ne se composait que de 18 béuédictions. — 1\ 406. Lea
Teûllin sont un signe commémoratif, non un talisman. Ihid,^ note 76. Il
était facile de se faire montrer un mSDS'^ ; Jamais le niEaS'T n>st
appelé ri^b£3 tout court. Dans le Tour Orah Hajyim, ch. 24, on l'appelle
encore y^p 1^^» et daos le Sehulhan Arucb^ in loc., on Tappelle, non pas
n-^ba> mais lap r^hu* — p. 4I0. 1^3î2TÎ3 Ï1t33 1^ est traduit
comme suit : • Combien faut-il de nourriture pour qu'on soit obligé de se
pHpértr à la bénédiction ; • mais *j^T signitic ici invittr* — P. 41 1, note
97. Ao ffujet du jetine du lundi et uu Jeudi, renvoyer u la Lthn dâr smt^tf
ÀfOêUl^ éd, Harnack, p. 2j. — P* 415 ^ La Guemara et les commentaires
ribbbiqoea prou%'«nt, sans réplique^ que, dans la Miflcbna de Nedarim»
tXi If lea adversaires d'EIiéner ne soutiennent pas qu^un vœu ne peut
âUa annulé par respect blial, et, par consé(|U(^nt, on ne peut pas cun-
f\uT« do ce passage que« pour les pbarifien^, la religion est pure alTaire
de forme, sans aucuue piété intérieure. La phru^e finale do la même
Uiscboa prouve déjà le contraire ; "13*13 *lT:y^bH 'nb D"^?33n D"^Tl^T
MQtn T^l» "T^^DS ^b t^rinlDa IÛKI m» V^b XnyQ* Ainsi,
c'est feulement pour les cas oii le vceu ne porte pai» réellement atteinte
an respect dû aux paranla (ordinairemaot la reapcct filial est placé
frea4|Qe au même niveau que le respect dÙ I Dleu^ voir les paroles de
316 REVUE DES ÊTFDES JUIVES
R. Çadoc duut la mÔm« Miscboa) qu'il y a dîseutftion entre H. E!iéz^
el les autres docLaurs. Les docteurs ne Touleat pas que, dans c« aa.s,
on invoque, d'une manière vo^ue el générale, le principe du resp«ct
dû aux parents pour insinuer qu^il pourrait 6lre fftcheuz de voir l9i:&rs
enfants faire des vœux à la Ugère, car» en invoquant ce principe, «a
pourrait faire naître chez le donateur des regrets qu'en réalité il c'a
pas. M. SchQrer ne semble pas avoir compris la signiûcation de flZ^&i
ntsnn» et sa conclusion fausse n'est qu*un exemple de plua de «•■
nombreuses assertions mal fondées et systématiques concernant Ui
docteurs.
Le paragraphe 29 traite desespéraiDces messie aiqxies. Ici, M. Scti^-
rer est à la hauteur de sa tâche. Il est maître de sod sujet, et
son exposition comme ses conclusions ont notre approbation entière.
Il est vrai que là aussi Tauteur se livre parfois à des attaques dé-
tournées contre le judaïsme; par exemple, quand il dit : « De méiD^
que les œuvres de Tisraélite consistent essentiellement dans robser-
vance de la Loi, de même sa foi est essentiellement la foi dans l'a-
venir (449). » Celte phrase est étrange et absolument inintelligible
pour nous qui, en notre qualité dlsraélite, avons la prétention de
savoir quelle est notre foi. Mais M. Schiirer a déjà, à lo page ÎH,
déclaré que noire croyance est dépourvue de toute force vraiment
religieuse» el motivé ce jugement par un raisonnement étrange :
« On ne voyait plus la grâce et la gloire de Dieu dans la vie ter-
restre, mais seulement dans le monde futur, dans la vie céleste. »
Cet exemple montre admirablement comment un homme d*uue in-
telligence remarquable peut parfois se servir à rebours de la loi de
causalité. C'est jusle le contraire de son assertion qui est logique, et,
par conséquent, conforme à ta vérité. C'est précisément la croyance
que la grâce et la gloire de Dieu remplissent en tout temps Tunivers
riiUer qui a amené Israël à la foi inébraulahle en un avenir messia-
nique. La première croyant-c sert de base a la seconde, et la puissance
de la foi messianique atteste seulement réoergie de la croyance fon-
damentale, de la foi en la grâce et la gloire de Dieu. C'est parce que
risraêtile pieux est resté attaché a cette foi aux jours d'épreuve el
de souffrances, où les croyants lièdes tremblent et où les incrédules
désespèrent, qu'il a cherché et trouvé une consolation aux tristesses
du présent dans la foi en Taveoir, en un monde futur. La croyance
dans ia justice et la bonté de Dieu étant pour lui un axiome bien
établi, lo foi dans l'avenir était pour lui une coDclusion nécessaire,
lorsqu'il voyait que Tordre des choses humaines se irouvait en dé-
saccord avec cet axiome. C'est là l'histoire de Ions les martyrs,
P. AW. Si H. llananîa h. Akascbia avait voulu exprimer seulement par
sa flcnlenco co qui, selna M. Scbùrer, forme l^esscDce de )a foi juive, à
.savoir que Dieu a doucu ù Uraël bi^aucoup de prticeptL'9 tt de commande*
metits pour lui procurer ties récompenses abondantes, il aurait dOt dire au
li«u de bK^*i3*^ nfct riDîb. quelque chose comme "ID^ msnnb
bÊ^^^Zî"*?' Le mot ri"13T!> &ignilîo proprement * pHrîfiêt^ rendrt rer-
i%teuj> - par rioflueDce de ses nombreux comirandements. L'eipljcatioa de
Raachi est inBuffisante* et Ni?<%im s'est déjà vu forcé de la compléter en
diaanl «an Obl^31 ntH DblJ'3 DniDT5n* Pwmi les anciens corn-
BlBLrOGRAHHlE
3t7
mêJitAleurs, il faut eocore voir Ma7moaidl«, sur ce paesige^ et Hnaftnet.
cité dans le '^l^iH^^îl 'O. a ï» iàn du comme nt ni re sur Abot. — P. 453,
Dans inoQ ouvrage : Vier opokr. Bûck«f\ p. i):*, note 7, j'ai essayé d'ex-
pliquer commeDt il se fait que R. Aquifaa uie formcllemcat I» retour des
dix tribut, au lieu de se Wner à le déclarer douteux. — P. 458, noie 71,
Id Tauteur a commis un îapsus fiÎDgulîer on disant : • Lo terme lecb nique
osité par lea rabbius pour exprimer celle idée (il s'agit de la réuovation
du moûde au sens eschalologique, Tîa^tyytvca'ùi) est » D^IJ^n d*Tn ' - Ce
terme no se irouve ni daus le Taimud ni dans la liUérature rabbitiique. Il
a été formé très tard par les iraducleurs du moyeu flge^ d'après Tarabe
rWi et ne signifie pas > pnliugénésie % mais ■ création •* par opposition
à • éternilé •» C est évidemrnetil la traduction de Buxtorf ; * iiiuovalio
mundi • qui a ioduit M, Schûrer en erreur , toutefois Buitorf ne cile que
Hambam f*t lycarim. Loin d'avoiri à cet eOetf ïin terme leehaique, la lillé-
rilure rabbinique ne coQDail même pas l'idéo de la palingénésie. Il est
potaible que le terme T13in 0^15^, dans Mecbilla» élit. FrieJman, p, TiûA,
ait ۥ aens, mais il faut voir le commenlKire de Friedman, in laco^
ï- Schûrer consacre un paragraphe spécial aux Esséniees (§ 30).
I rejette le système de Josèplie, qui les place à c6ié. des saddacéens
Jtl'les pharisiens comme troisième arpcai^, et ici il mérite d'être ap-
ffouTé ; en effet, les esséniens ont leur caractère propre et ne for-
'ffl^ot nullement, comme les sadducéeos ot les pharisiens, un parti
politico-religieux spécial. — Le paragraphe suivaoL n° 3^ traite du
judaïsme pendant la dispersion et des prosélytes. C'est un chapitre
irès instructif où M. Sch. fait un remarquabîe usage des matériaux
lûnûombreni relatifs à ce sujet,
Pa^ 192, note 22. Au sujet des iuscriplioas grecques de la Crimée,
il y avait aussi k citer Levy, Jahfbucb fur die Geschicbte der Juden, II,
S7Î ff. — P. 559, note 271. La aignification quon donnait dans les
cercles païens aux lumières du sabbat est très intéressante. Toutefois la
ralioii pour laquelle ou a institué les lumière» du sabbat n'est pas^ comme
M* Schûrer le croit, pour éviter la violation de la défeuso d'ullumcr <lu
feu, mais, comme il est dit expressément dans Sabbat. 13 h et 25 b^ DTO'^
r^3 Ûlbffi, à tauîi i4 la paw de la maiion^ c'est-à-dire à eaust dû lu
M%ntei€ dit jour dû npns. — P. 867, oote 292, ô tqû Pieàpa 2£pùiv qb
signifie pas :, * Simon, fils d'un prosélyte >, car Josèpho u'aurait pas né-
gligé de relever ce point concernant un adversaire qu'il haïssait tant. Je ne
croit pas non plus que la notice de Jo^pphe (B. J.» IV, 9^ J), où il dit de
Simon quMl est originaire de Geraaa (rep«aT,vd<; tô yévo«\ puisse servir de
point d'appui à Topinioa de M. Schûrer. Il y avait une vilta de Gerasa
qui était une ville grecque^ quoique habitée par une nombreuse population
juive, et faisait partie de lu Décapote. Mais uotre Gerasa est cortainemeut
celoi qui est mentionné uo peu avant, IV, 9, 1, et qui était une ville tout À
fait juive (cf. Schûrer, p. 104). Giora est donc simplement une espèce de
jeu de mot sur on nom qui se rencontre fréquemment à €ette époque, Oa-
rm (Sabbat, 13 ft), Qoriom (Gittin, 56 a) et surtout Bofia. Giora pourrait
it» ta méUthèae de Goria. — P, SM, note 2ÎÏ7. TIH \a ^^tt ne si-
gnifie pas : * de In chair vivante *, c^est*à-dire saignante, maïa un morceta
de chair enlevée à un animal vivant.
\ 509. Si M* Schûrer avait vu la disserlalion du Talmud Aboda
I, %ih^ha^ ou, du moins» les commentaires sur ce passage, il
raurdlt pas tenu les dispositions coucernant le 3T3in m pour
um ikéûrU stérile. Ces prescriptions ont certainement un autre sens
Il même une signification essentiellement pratique. Il s*ûgit des
318 REVUE DBS ÉTUDES JUIVES
devoirs de bienveillance, inT^nrib mît», qu*on doit remplir envers le
siDin na. Au sujet de la sig:nifîcation historique et pratique de ces
prescriptions, voir aussi Graetz, Jahresber. des Breslauer Seminars,
4884, p. 48. — P. 574. « La disposition légale obligeant celui qui, par mé-
garde, frappe une femme et la fait avorter à payer une indemnité ne
s'applique pas à une prosélyte. » L'auteur a commis, ce disant, une
forte bévue, qu'il aurait évitée s'il avait lu la Guemara ou du moins
les commentaires sur cette Miscbna. Les mots de la Mischna, Baba
Kama. V, 4, mas nm-^a nx ïinnnnttSSi rmettS nn-^îi qu'il cite, se rap-
portent à ce qui précède rtsn'^b ima byn r^b l"^» ûNi. Si le mari dé-
funt de la prosélyte ou de l'affranchie est lui-môme un prosélyte ou
un affraiQchi, comme cela arrivait le plus souvent, l'indemnité ne se
paye pas, faute d'un héritier autorisé. Au fond, la môme disposition
serait applicable également à une Israélite de naissance dont le
mari défunt aurait été un prosélyte ou un affranchi. Mais, en géné-
ral, il n'y a pas d'exception pour la prosélyte (si elle a un mari, il
touche l'indemnité). — Bid. L'assertion de Bikkurim, I, 4, qu'un
prosélyte ne peut pas appeler les patriarches ses ancêtres est com-
battue et rejetée par le Talmud jerus., in loco.
Les paragraphes 32 et 33 qui traitent de la littérature judéo-pales-
tinienne et judéo-hellénique forment un remarquable couronnement
de l'ouvrage. M. Schûrer exclut les Targumim de sa dissertation,
parce qu'il leur attribue, malgré les excellents arguments de Ber-
liner, une origine plus récente *.
Nos critiques n'ont nullement pour but de diminuer le mérite in-
discutable de M. Schilrer. Nous reconnaissons la haute valeur des
services qu'il vient de rendre à la science et qui dépassent encore
ses services antérieurs déjà très éminents; nos réserves n'ont qu'un
but, c'est d'empôcher que, sous le couvert de son autorité, il ne se
propage des erreurs et des fautes qui passeraient inaperçues.
F. ROSSNTHAL.
^ Je ferai encore observer que le passage de la Mischna de Pesahim^ IV. 9, cité
par M. SchOrer : mNID*^ *^D0 T35 n^pTtl (p- fiW), ne se trouve pas daSs notre
édition de la Mischna du Talmud babylonien et jérusalémite et que le commentaire
de la Mischna de Maïmonide désigne ce passage comme Tosefta.
Le gérant,
Israël Lévi.
TABLE DES MATIERES
ARTICLES DE FOND.
[Bloch (IsaacU Les Juifs d'Oran 8ft
PCahkn (Abr.), Le rabbmat de Metz (/m). f05
Fribdlandkr. Les Ph-arisieas et les gens du peuple . . 33
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Genèse _ _ 1 et i6(
Kjlufmann (Davidl. Études d'archéologie juive 45
K^TSERLiNQ (M.). Les correspoodants juifs de Jeaa Buxtorf. . . . 260
Xjoy.B (Isidore). L Règîemeut des Juifs de GasliUe <87
IL Sac des Juiveries de Valence et de Madrid . . — Î39
^^iEUfiAUEE (àd.). Le Midrascb Tanhuma et extraits du Yelara-
^B dénu et de petits Midrascbim 224
^BtisiNÀCH (Salomon), Notes sur la synagogue dUammara el Enf. 217
^'ScHEiD (Elie). Joselmaoû de Rosheim. , 62 et 248
ScffWAKTZFBLO (E.). Dcux épisodes de Thistoire des Juifs rou-
mains , 1 27
^^^'^^ (Jonas). Les Juifâ protégés français aux échelles du
^H Levant et en Barbarie (fin) . . — 277
Kaufmaîtn (D.). Une liste d^anciens livres hébreux 300
Schwab (Moïse). L Le commentaire de R. David Qamhi sur les
Psaumes .... , . . . 295
II. Uq manuscrit hébreu de la bibliothèque de Meluu . , 2%
NOTES ET MÉLA.NGES,
320 RBYUB DES ÉTUDES JUIVES
BIBLIOGRAPHIE.
Halévy (J.). Prolegomena eines neuen hebraïsch-aramaïschen
Wôrterbuch, par F. Dklitzsch 305
LoBB (Isidore). I. Revue bibliographique, 4«'" et 2« trimestres
4886 434
IL Sermons et allocutions, par Zadoc Kahn 4 51
III. Catalogue of the Hebrew manuscripts in the Bodleiau
Library, par Ad. Neubauer 455
RosENTHAL (F.). Geschichte des jiidischen Volkes im Zeilalter
Jesu Ghristi, par E. Schûrer 309
Chronique 458
Table des matières 349
FIN.
lf«R8AILLB8, IMPRIMERIE CERF ET FILS, RUE DUPLESSI», 59.
if, Loêh dit que la commission berlinoise pour l'histoire des Juifs
en Allemagne propose rechange de son journal avec la Revue.
Cette proposition est adoptée.
Le Conseil élit au nombre des membres de la Société :
MM. Sack, de Saint-Pétersbourg, présenté par MM. Mapou et
Lot^fi ;
le D'' ScHAFFiEE, présenté par MM, Ehlanger et Zadou
Kahn.
Jf. Sthwah fait une communication sur deux manuscrits hébreux,
Jf, Haîévij entretient le Conseil : 1" de la lecture récente des
noiDB Yoseph-el et Yakob~el sur le pjlone de Karnak ; 2** di3s
iiDiii de Magog et de Gomer daos le x"^ chapitre de la Genéâe.
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 188IJ.
PrèfiidmKê de 31* Zadoc Kahn, prèMdmL
lélus membres de la Société :
MM- Eugène d*Eichthal, présenté par MM, Zadoo Kauh et
LoKB ;
ACT. tT COKF*, T. L 7
XC • ACTES ET CONFERENCES
MM. le D'' David Kaufmann, professeur à Budapest, présenté
par MM. Zadoc Kahn et Loeb ;
LÉvYLiER, ancien sous-préfet, présenté par MM. Emmanuel
Weill et Loeb ;
le Rev. SÈCHES, de Ramsgate, présenté par MM. Zadoc
Kahn et Loeb.
Le Conseil ûxe la date de TAssemblée générale au samedi
11 décembre.
M, Halévy fait une communication sur deux noms géojrra-
phiques du Talmud : Phrougita et Démousit,
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1886.
Présidence de M. Zadoc ELahn, président
II est rendu compte de la situation financière qui est satis-
faisante.
M. le Président informe le Conseil que la conférence de T Assem-
blée générale sera faite par M. Albert Cahen, professeur au Collège
Rollin, et aura pour sujet : La prédication juive en France,
Le Conseil décide que Télection du Président se fera en même
temps que celle des membres du Conseil, au début de la séance.
M. Reinach fait une observation sur l'abus des i&jctes hébreux et
autres publiés in extenso et sans traduction dans la Revue,
M. Israël Lévi fait une communication sur la légende de Titus
et la mouche.
M. Halévy explique un verset d'Ezéchiel.
Les secrétaires : Abraham Cauen,
Théodore Reinach.
OUYMGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUUES JUIVES
P«r rAdministration : Jâhrethetieht dis jâd,^theûlôff, SitHÎnars * FiaeHckeVscha'
Siiftung *. Vomn pcht: Uebcf die Théologie des X^nophaues von pfof» D'
J, FreudentbaU — Breslati, imp. Grass liorth, 1H8(j. in-R° de 18*xî p.
Par ic^ édUeurs : JstUNEic (AtL), Dfr jûdisckc Siamm in tiichtjûdiichtfi Sprich-
mêrtirn, I Série, 2" édU. — Wien, Bcrmann cl Altmajan, 1886, in-8* de
42 pages.
Par Vnuleur : Jo^"A (Salotoonc), lirade nttV JJmamta, scf^uilo alla TcriUi Studi
sul (iiiifUisnjo. — Tnesle, impr. Morlerra, tS85, in-fi" de 85 p. Extrait du
Corriire ht'aetili^o.
Par l*édileiLr : Karpeles (Gustav), OcscMchie der jUdi&cKen Literatur, !*■ Liefe-
fung. — BcrUn, Robert Oppeubeim, 1886, io-8' de 64 p.
Par railleur : Lbvi [G. E,), La luce, serinoDo [Curfou, mars 1886],iii-4« de 18 p.
Par l'auteur : Loêvy (Jacob). ZiAri KohtUt venio arabica piûm eompMuit Ihn
Gkijiât, ^ Leyde, Brill, 1884, iii-8* de 32 + 18 p.
Par MM. Lattes : Mùcdlunea Postuma del Dûlt. Màhh. Moiè Latte*, Faecicolo IL
— MilûD, impr. Bcmardoni dl C Rebcschini» 1885, in-S*^ p. 494i9.
Par Fauteur : Molika (Jacob), Annuaire iaatfUte pour l'an nie Sêi€, — Mar-
seille. J. MoUna, [1885].
Par M. Ch. Robert : Motair (Al.), là Muge hlhîiqnt demnt Sa foi, VBcriture et
la uifnce, — Paris, Berche tt Tralja, 188b, in-8*> de 345 p.
Par Vauleur ; Perles (Josepb), Trauerrede an der Bahre des.,. Ahraham
Mersbacher. — Munich, iinpr, Nathûii Isaak, 1885, in-S" de 13 p.
Par l'auteur : Roij«igi:es (Hippolytc). Contes parUieas et philotophiques. — Parie.
Calmanu Lévy, 1886, in^^' do 191 p.
Par Téditcur ; SgoCber (Emil), (reschirhte dt* jûdischtn Volket %m ZeitaUer Jêm
Çkri&ti^ tweile neu bearbcitele Autlage des Lcbrbucbs der ne u lesta me ut-
lichen ZeUgcïcbichte, 11^" Thcil. — Leipzig, J.-C. Hinrichs» 188G, in-8* de
Yt-884 p.
Par Tauteur : SiOtD (Benjamiu), Dat Bach Eioh nebst einem neuen Commcn-
lar, — Baltimore, H. l'\ Siemcra, 1886, 8« de iïii-498 p. (Eu hébreu.)
Par Tauteur : IsRAELSonN (L), Stiituteliî hen Ckofni (rium secHonum jjùsim^
rnm lien Geneiis versio araàicn cum eommentario, ... edîdîl L Israelsohn.
Saint-Pétersbourg, A. ZmserUng, 1886, fe*.
Par l'auléur : CnoTZifflR (Rev. D'?), Zichronoth, or réminiscences oï a student
ofjewisb ibeology, wntlea îa hebrew rbymed prose.,, — Londres, David
Nuit, 1885, tn-8" de xyi-84 p.
XCll ACTES ET GONFËRENCES
Par radministration : Jahreihtrickt der LanievahhintrtcMt %• Budapest /«r
1S85'1SS6, Voran geht ; Die Etkik i» der Ealaeka, tod Prof. M. Blogh. ~
Budapest, impr. de TAlheiuieum, 1S86, iii-8* de 96 + 37 p.
Par l'auteur : Kahn (Zadoc), Sermons et allocutions^ 2* série. — Paris, A. Dar-
lacher, 1886, m-8* de 378 p.
Par Téditeur : KOicxg (Eduard), Beitrâ§9 tum positiven Aufbau der Religioms-
geschiekte Israels, Erslens : Die BUdlosigksit des leptiuten Jnhtcekcultus, —
Leipzig, DOrffling et Franke, 1886, iD-8« de 32 p.
Par l'auteur : Mort ara (Marco), Indice nl/ahetico dei raiHni e scrittori israeliti
di cote giudaicke in Italia, ~ Padoue, impr. F. Sacchetto, 1886, in-4* de
73 pages.
Par M. Perreau : Dalle Bihlioteske Italiane pel dott. A. Berliner Tersiooe dal
tedesco di Pietro Pbrrbau. — Rome, 1874, in-4« de 43 p.
Arehivio ftorico ticiliano. Storia degli Bérei in Sicilia pel Dottor L. Zunz
tradotta dal tedesco da Pietro Pbrabau. — Palerme, 1879, iii-4* de 47 p.
Pbrrbau (Pietro), Intorno al comento ebreo-rahhinico del R. Imuutnuel ben
Salonton sopra la Cantica, — Rome, 1878. iii-4« de 40 p.
Perreau (Pietro), BslasioM intorno al libro di Daniele, — Gorfou, 1879.
10 pages.
— — Perreau (Pietro), Intorno alV opéra Cho90th ha^Letavotk, — Padoue.
1879, 6 p.
Par réditeur : Zimuelb (IV B.), Léo Hebraems, ein jêdiscker Pkilosopk der Be-
naissance. — Breslau, Wilhelm Koebner, 1RS6. iq-8» de 120 p.
(il suipre.)
Le gérant,
Israël Lévi.
VERSAILLES, IMPRIMERIE CERF ET P(LS, ROE DUPLESSIS, 59.
REVUE
DBS
ÉTUDES JUIVES
VERSAILLES
CKRK BT FILS, IMPRIMBURS
50, RUE DaPI.B8818, 59
REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
PUBLICATION TRIMESTRIELLE
DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
TOME QUATORZIÈME
PARIS
A LA LIBRAIRIE A. DURLACHER
SS"", RUK LAFAYETTB*
1887
RECHERCHES BIBLIQUES
IX
CAINITES ET SETIIITES.
Notre dernière recherche ayant été consacrée aux récits de
îenèse, ix, 18-xi, 9, qui se rapportent aux événements subsé-
laents au déluge, il aurait été naturel d'étudier immédiatement la
description du déluge et la vie du patriarche qui en est le héros.
préfère cependant remonter, au préalable, à Genèse» iv*v, qui
iferme deux listes de patriarches antérieurs au déluge. Mes
lecteurs connaissent déjà la raison qui me fait agir de la sorte.
voulu entreprendre des études détachées, afin de mieux
ipper à l'entraînement d'un système prémédité ; je tiens fer-
leut à cette mesure de précaution, et, en faisant abstraction,
lur le moment, du résultat auquel je suis parvenu dans l'étude
cé<iente» je m'apijUquerai à envisager les deux chapitres pré-
îles de la Genèse, d'abord en eux-mêmes, ensuite dans leur rela-
i avec les récits qui les entourent, double opération iuévitable
ar la critirjue du texte. Quand la forme matérielle des récits sera
iquemeiit llxéeje procéderai à Texamea de leur composition ;
investigations sur l'origine et l'âge des documents seront
tnrées pour la fin. Nous avons suivi la même méthode dans
aoire précédent, nous la suivrons ici ; toute autre risquerait
;r la solidité de nos concl usions.
L — Teneur des chapitres iv et v.
i deux chapitres s'occupent de la postérité d'Adam et d*Ève
prés leur exil du paradis. Le chapitre iv raconte les faits sui-
' • Viîr JSC^#*, tome XII, [i. 3, cl lome XIU, p. i a ICI,
T. XIV, N*> 27. t
2 REVUE DES ETUDES JUIVES
vants. Aprf^s cet événement, le couple patriarcal procréa deux
fils, dont Taîné, nommé Caïn, fut cultivateur, et le cadet, nommé
Abel, berger de moutons. Après un certain temps, les deux frères
offrirent chacun un sacrifice à laliwé. Caïn apporta des produits
de la terre, Abel les premiers-nés et les plus gras de ses moutons,
laliwé ayant fait bonne figure à Abel et à son offrande et négligé
Caïn et son offrande, ce dernier se fâcha et en garda rancune
à son frère. En vain, Dieu lui adressa-t-il une légère admonesta-
tion, Caïn, poussé par la jalousie, tua traîtreusement son frère
Abel au milieu des champs, et, quand Dieu lui demanda où était
son frère, il répondit effrontément : <c Je ne sais pas, suis-je le
gardien de mon frère? » Convaincu de fratricide, Caïn fut con-
damné à mener une vie errante dans une région déserte, mais il
eut la vie sauve et reçut la promesse que sa mort serait cruelle-
ment vengée. Caïn, à peine installé dans le désert, construisit une
ville, à laquelle il donna le nom de son fils aîné, Hénoch. Celui-ci
eut pour fils Irad, pour petit-fils Mehuïaël et pour arrière petit-
fils Metusaél, personnages dont Fauteur ne donne que les noms.
La légende est un peu plus nourrie au sujet du fils de MetusaOl, qui
porte le-nom de Lamech. Celui-ci, ayant pris deux femmes, Ada et
Silla, eut de la première deux fils, Yabal, initiateur de ceux qui
habitent dans les tentes et exercent Télève des bestiaux ; Yubal,
initiateur des musiciens. Sa seconde femme lui donna un fils,
Tubal (-Caïn), qui inventa l'art de forger le cuivre et le fer, et
une fille du nom de Naama. Le récit se termine par une courte
allocution que Lamech adressa à ses femmes et dans laquelle il
leur raconta qu il avait tué un homme et un enfant qui lui avaient
fait quelques blessures. Il ajouta que celui qui s'attaquerait à lui
risquerait de subir une peine infiniment plus grande que le meur-
trier éventuel de Caïn.
Le second texte, iv, 25-v, 1-32, donne la lignée des Séthites. Elle
débute par une introduction sommaire relatant la naissance de Seth
après la mort d'Abel, ainsi que celle de son fils Énos, au temps
duquel on a commencé à invoquer le nom de lahwé (iv, 25, 26).
Le reste donne la généalogie des patriarches depuis Adam jus-
qu'au déluge, en marquant leur âge à la naissance du premier fils
et la durée de leur vie. Cette liste porte le titre de Dnx ninbin nco,
a livre de la généalogie d'Adam », et est précédée d'une introduction
(v. 1 et 2) qui rappelle le récit de la création de Thomme (Genèse, i,
26-28). En général, chaque registre patriarcal se termine par le
mot n»"^-!, « et il mourut » ; une exception est faite pour Hénoch
qui est enlevé vivant par Dieu (v. 24). La liste énumère dix pa-
triarches : Adam, Sét, Énos, Caïnan, Mahalalél, Tared, Hénoch,
nixHEnaiKs dibliques 3
1, Lainech, Noé» La naissance de celui-ci est considt^R^e
père Lamecb comme aiinourant une ère nouvelle, oii
l'ijomme trouvera plus de satisfaction et de rémunération dans
lies travaux de la terre (v. 20), La liste s'arrête à la naisj^ance des
|lroistil8de Noe; ce patriarclie était alors âgé de cinq cents ans
IL — État de conservation des textes.
Us deux textes dont nous venons d*esqu isser sommairement
Me sujet renferment certaines expressions qui présentent plus ou
jïDoinsde difficultés d'interprétation. Nous allons les passer en
Jf€Tue ci-après» afin d'en déterminer !a nature et, s'il est possible,
|éf» les aplanir, sans troubler violemment l'économie du texte tra^
ditionnel
Premier texte (iv, 1-24)*
Naissance et occvpalions de Coin et cCAhel (v, 1 et 2J. Le
approchement de T'p et ^n-^jp est un simfde fait d'assonnance
[•^mblable à beaucoup d'autres explications de noms propres.
'L'emploi de dî« pour d7 a pour but d'écarter Tidée de Torigine à
la fois humaine et divine propre à presque tous les héros de Tan-
ti'juiU?; c'est dans la même intention que l'auteur s'est servi de
Trrrau lieu de D*^rïbx. Le là. «û e-ûu des Septante est simplement
)€ résultat d'une négligence analogue à celle qu ou observe au
j^er*et 4, qui a également eso;. La faute manifeste du dernier pas-
[«•ç^moatre bien qu'il serait inexact de corriger le texte hébreu
U'ijtr^s les Septante. — Les expressions ^ï^ï: nrh et n^D^K inr mar-
|futflt bien la différence des métiers choisis par les deux frères,
Sacriftce de Caïn et d'Abel{\.2-i), L*expression vague yp73
jB*r'(cf, I Rois, xvii, 7) indique que les deux sacrifices n'ont pas
? faits en même temps, et, en eûet, les naissances dans le menu
lU précèdent de plusieurs semaines, au moins, la moisson des
céréales* L*auteur ne dit pas que Toflrande apportée par Caïn ait
f ûes s-»n?33, bien que l'expression p3bn?2i i:st3: mn::!?: dont îl
Ittrt au verset 4 aurait dû lui suggérer^ comme contre-poids,
\ie n^nfitn ^id (bs) ri-^CNn:^ (cf. Deutéronome, xxvi, 21» 10). au
H 3. Faut-il attribuer la radiation de r-^a«i au désir que pou-
: avoir les scribes de rendre inférieur le sacrifice de Caïn et
IJDaUTer ainsi sonrejett Ce n'est pas absolument nécessaire.
4 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Au contraire, réflexion faite, on ne tarde pas à voir que l'emploi
du terme rr^tîN-i, qui aurait impliqué l'idée de bonne qualité, était
tout à fait déplacé au sujet des fruits de la terre maudite, qui
étaient maigres et chétifs (m, 1*7-18). Le rejet du sacrifice de
Caïn, qui a donné tant de tablature aux. exégètes, a aussi sa raison
d'être dans cet état de choses. Elle est des plus simples : la terre
ayant été maudite, les fruits de la terre n'ont pas pu être agréés
par lahwé. La locution parallèle inn3?3 bNi bnîi b» et bNi l-^p b»
inn372 donne à penser qu'il s'agit d'une théophanie : Caïn se sentit
blessé de ce que lahwé avait assisté au sacrifice de son frère,
tandis qu'il s'était absenté du sien ; de là sa haine contre ce
dernier.
Avertissement divin et crime de Caïn (v. 6, 7 et 9). La , ques-
tion : « Pourquoi es-tu fâché et pourquoi baisses-tu les yeux * ? »
ne veut pas seulement rappeler à Caïn les inconvénients de la
mauvaise humeur et les suites fâcheuses qu'elle peut avoir (Tuch,
Kuenen et d'autres), mais, conformément au verset 9 et m, 9,
Dieu fait comprendre à Caïn qu'il connaît la trahison que celui-ci
ourdit contre son frère innocent. Caïn ne devait pas voir, dans le
refus de Dieu d'accepter un sacrifice tiré d'un objet maudit, une
injure personnelle et en vouloir à son frère, qui n'en pouvait rien.
Comme Caïn garda le silence, la parole divine continua plus expli-
cite : N'est-ce pas? Si tu veux faire du bien (à quelqu'un), tu lèves
les yeux bien haut ; mais si tu ne veux pas faire du bien, alors la
victime attend à la porte que tu viennes exercer ton pouvoir sur
elle pendant qu'elle te prodigue ses démonstrations d'amitié ^.
L'admonestation insiste notamment sur la vilenie de l'action cri-
minelle méditée par Caïn, qui consiste à trahir un frère qui a pour
lui les sentiments les plus affectueux. C'est le vrai sens de ce
passage difficile. La signification de « victime » que j'attribue à
nNÇjn résulte du participe y^h. « est couché », qui se dit des ani-
maux, surtout du menu bétail. L'animal sous-entendu est, sans
doute, T^^^b <t bouc » ; de là, le genre masculin assigné exception-
nellement à ns^an. Les suffixes de nnpion et i3 se rapportent natu-
rellement à Abel, et non à son symbole n^an (T^^^tî). Le mot nnob
caractérise bien l'animal sacrifié, qui, suivant les rites, est placé à
la porte du sanctuaire ; mais le participe V^i") a été choisi de pré-
férence à nn^yy afin de mieux peindre la confiance de la victime
trahie.
* Mot-à-mot : t ta face ».
• Mot-à-mot : « si tu fais du bien, (il y a) élévatioa (de la face), et si tu ne fais pas
du bien, la victime gît à la porto et a toi est son désir, et toi, tu domines sur elle ».
BECHERCHES BIBLIQUES
Au verset 9, il manque le coraplément direct (ie-)TûN''n; on ignore
ce que Gain dit à AbeL Les Septante^ le t*^xte samaritain et ]e
Targam de Jérusalem ajoutent mcrt risbs. « allons aux champs *>.
Au point de vue de la langue, je préf<^rerais nf^T^ nfijss, car ^Vïi
mïîn ne s'emploie que suivi d'un autre verbe (Genèse, xxvii» 5;
Buth, 11, 2) '. En tout cas, rauthenticité de mtûïi + verbe est ga-
rantie par le membre de phrase qui suit immédiatement : -«m
rr^i^n EPrnn, Pour cette raison, on doif. renoncer définitivement à
la correction de ni2H^i en ■îtstD'^i, « Caïn g:Qetta son frère Abel »•
Si ce verbe y était, on s'attendrait à annb £r.Tn3 '^rr'i, k et quand
ils étaient seuls >k
PimUion de Caïn (v. 9-15). Les versets 9 et 10 sont clairs. Au
-verset 11, 1t3 indique le lieu : « sur la terre i>, de môme que le \p
de m, 15, indique le rang ou le milieu. Caïn, lâche comme tous les
assassins, trouve que son bannissement sur une terre inculte est
un châtiment {\ny comme I Samuel, xxviii, 10; Lamentations,
IV, 6) trop insupportable. Ce qui l*effraie, c'est que, ayant perdu
la protection divine (inoî* *|'':d^i), il peut ôtre tué par le premier
venu, soit par un autre homme de la postérité d'Adam, soit par
une béte féroce habitant le désert (cf. I Rois, xiti, 24), L*allusion
aux bétes est indiquée par ■'Stçb^Vs ; celle qui est relative aux
hommes réside dans nnïi'i, car le verbe 5-in n'a jamais un animal
pour sujet.
CaiH au désert et sa postérité (v* 1C-24V Installé sur la terre
des nomades {iii y^it*), Caïn devint père dllénoch et se mit à
construire une ville, alin d'assurer un refuse à ses enfants. Le
sujet de ''fr'i est Caïn, et cela se comprend facilement : l'établis-
sement d'un domicile est toujours l'affaire du père de famille. La
leçon r.^'PjTzi brri* tç-» est visiblement corrompue; le grec èvaier^vïXc
©xTiv(>Tp<)çwv est un expédient ; r^s'p7p rrspi (Kuenen) ne convient pas
à cause de son sens ordinaire de a acquéreur de bétail i»* Je pro-
pose de lire n:p73 -^hriH nv^ ; les parcs de bestiaux chez les habi-
tants du désert sont mentionnés dans II Chroniques, xiv, 14. Le
verset 22 ne réclame que radjonction de *i2». Le mot vu'b est
probablement une ancienne variante de cnrr, qui, mise d'abord
sur la marge, a fini par entrer dans le texte. Les Septante ne pa-
raissent pas avoir la le mot bD dans leur manuscrit; de là, leur
ffsypoxdîTûç, yfl^tEuc^^ïinn ^Ç3"b. L'élément '[■'p dans -j-^p bDin semble
avoir été ajouté dans le but de distinguer ce Tubaldu Tubal Ja-
phétite (Genèse, x, 2).
' Si je ne me trompe, cette obiervaUon i déjà étd fuil^^ par M* P. tic Lu|.'ardc.
6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Deuxième texte (iv, 25-v, 32).
Introduction. Naissance de Seth et d'Énos (iv, 25, 26). Au ver-
set 25, les Septante ont omis à tort le mot m^^, qui est indispen-
sa})liB pour indiquer la production de la nouvelle branche, et
ajoute, également à tort, le verbe nnni, qui est une copie oiseuse
de IV, 1. Sur D-^^b», voyez plus loin. L'expression «nïi Di, qui a été
conservée dans la version grecque, marque bien Tiraportance du
nouv^au membre de famille. Cette importance consiste, d'après le
texte massorétique, dans l'inauguration du culte de lahwé à cette
époque. Le fond est certainement authentique, mais renonciation
en est trop vague, pour être primitive ; il faut donc lire, en partie
avec les Septante * : mtT^ dï53 «hj?? bnïi m, « celui-ci commença à
invoquer le nom de lahwé ». La leçon massorétique est due, sans
doute, à une école d'aggadistes dont l'hostilité systématique aux
patriarches antédiluviens se fait jour dans plusieurs écrits midras-
cbiques, hostilité qui va jusqu'à considérer l'époque d'Énos comme
souillée par la naissance du paganisme.
Généalogie des Séthiies (v, 1-32). Le texte, consistant en répé-
titions d'une même formule, n'offre pas de difficulté. La forme
piasculine «np'^i (v. 3), pour Nipm (iv, 25), était inévitable à cause
du contexte et ne constitue pas une contradiction. La phrase
û'îSibjsrj n« ^nan ^brirr^i du verset 22 est copiée du verset 24 et
jnise à la place du ^n^^ réglementaire (Dillmann). On y reconnaît la
main d'un scribe hostile qui voyait dans ce patriarche un homme
que Dieu a fait mourir avant qu'il pût tourner au mal. Dans cet
ordre d'idées, Ilénoch n'a marché avec Dieu qu'après la nais-
l^apce de Mathusalem et n'eut pas une jeunesse vertueuse. — Dans
l'exclamation prophétique i37anr nT (v. 29), il n'y a pas une expli-
cation de p3, mais une simple assonnance (Dillmann). La correc-
tion des Septante lan'^r (outo? ôiavaicaùjEi viiiâç), « celui-ci nous procu-
rera du repos », est au fond inexacte, puisque rien dans le récit
ultérieur concernant ce patriarche ne montre la réalisation d'une
telle prévision. En réalité, Noé a apporté au genre humain une
consolation suprême en inaugurant la première réconciliation
entre Dieu et lui (vin, 21 et suiv.). Le travail de la terre sera
toujours pénible, mais, la terre cessant d'être maudite, les culti-
vateurs en retireront un produit rémunérateur, qui les consolera
de leur peine». La prévision de l'amélioration morale de l'homme
' Sur la leçon des Septante, voyez plus loin, p. 21 note.
* M. Dillmann rejette, avec raison, l'opinion émise par quelques savants que les
nECHEnCHES DIBLIQUKS
(Dillmann)dtaitpr^raatur<^e à cftio »^potiiie, puisque la corruption
n'a été propagée pariui Ips St^tliites que longtemps après la nais-
sance de Noé (Genèse» vi, 1-3).
ni, — Composition des textes.
La critique moderne est d'accord pour considc^rer nos deux textes
comme émanant d^auteurs difTè^rents. La liste caïnite est assignée
là l'écrivain iahwéiste, ou C, et la liste séthite au second élohiste,
lou ^. Outre cela, on signale des éléments disparates dans chacun
[des récits, éléments qui en détruisent notablement Funité et en
altèrent la forme primitive. Nos lecteurs ne seront peut-ôtre pas
fâchés de se faire une idée du bien fondé de ces conclusions.
Envisageons d'abord les relations de la pièce iv, 11-24, avec
I celle de 25-26. Ces pièces ne peuvent pas, nous dit-oi^, venir d'un
seul auteur par les raisons suivantes :
!• La généalogie des Caïnites se compose presque des mêmes
rnoms propres que celle des Sotliites ; comment admettre que Is
même écrivain, sans être lié par son modèle, se soit ainî^i répété et
[ait dédoublé une liste unique qu'il avait à sa disposition ?
2° Le récit relatif à Tinvention des arts et métiers, dans 11-24,
[n'a de sens raisonnable que dans la supposition de la continuité
lininterrompue du genre buraain, et, par conséquent, de Tabsence
[il*un déluge universel, tandis que les versets 25 et 2G servent déci-
Jément de transition à rhistoire de Noé et du déluge.
3** D'autre part, on signale une grave contradiction entre 2-16,
où Caïn est nomade, et 17-24, où il est regardé comme construc-
jtcur de ville. Un auteur unique ne se serait pas contredit de la
irte; il aurait, au contraire, s'il eût été en présence de dilTérences
l'dans la tradition orale, cberché à les atténuer dans son récit,
Malbeureuseraent, en admettant la diversité des auteurs, les
diÙlcuUés sont seulement déplacées, mais ne sont nullement apla-
jïiies, car les contradiction^ restent à la charge du dcfrnier rédac-
teur, ce qui est la même chose ou à peu près. Passe encore si
celui-ci s'était toujours borné à mettre côte à côte les passages de
. ses auteurs d*une manière impersonnelle, mais les critiques lui
moU i;7:in5'^ nt fcmknt alltiBioii q la producUon du vin par Noë fGenèse.ix, 20-21),
H ajoule spintuellemeot : ■ Vom Wdn als lieruhij^UDfrîiiniUél ^egcn den fôttUchea
FJuch zti weis&agijn odcr wcis&ajïeu lu iasts^^D^ iï^t àiich nicht Sache àùt bibl.
BchiitUieUer ; wer davou weis&agl, stebi MkLn 2, il ifeschrieben (Z^iff Genftis,
)5- éd., p. MC). *
8 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
attribuent une ingérence extraordinaire dans la transformation
des documents primitifs ; comment donc aurait-il laissé subsister
de telles contradictions dans sa compilation ?
Autre embarras : personne n'a encore réussi, jusqu'à présent, à
déterminer le nombre exact des auteurs du chapitre iv. MM. Well-
hausen et Kuenen voient dans les versets 1, 2& joints immédia-
tement à 16 &-24 * l'œuvre de C (chez eux V) ; plus tard, un auteur
anonyme aurait interpolé 2 a et 3-16 a, et, enfin, un troisième
auteur, /*, aurait ajouté de son chef 25, 26, afin de rattacher le
tout au récit iahwéiste du déluge. M. Budde assigne 25, 26 à /*,
et 2 a, 3-16 a à P, Somme toute : trois auteurs, un rédacteur et un
nombre indéterminé d'obscurs remanieurs pour un texte de vingt-
six lignes 1
On peut toujours faire trois ou quatre petits rideaux d'un
grand rideau qu'on déchire. Ce qui est impossible, c'est d'en
changer Tétofie. Cette impuissance domine aussi la thèse de la
critique dissolvante. Les lambeaux détachés du chapitre iv se
ressemblent les uns aux autres comme deux gouttes d'eau. Les
savants précités le sentent eux-mêmes et se voient obligés de
conserver l'étiquette fondamentale /, qu'ils varient, en l'affu-
blant de numéros d'ordre microscopiques 1, 2, 3; mais, en
agissant ainsi, ils, se contentent d'une illusion optique qui n'ex-
plique rien. M. Dillmann, qui fait cette remarque, ajoute deux
autres arguments dont la justesse saute aux yeux. Il est impos-
sible que l'auteur des chapitres ii et suivants, ou /, qui se préoc-
cupe spécialement de problèmes moraux, ait changé subitement son
plan aux versets 1*7-24 pour n'y signaler que des faits relatifs au
progrès de la civilisation matérielle. Mais voici qui est absolument
décisif : la pièce 1-16 porte plus de marques de son homogénéité
avec C (= /) que celle de 17-24. En dehors de 7 &, qui est tiré de
III, 16, et la mention d'Éden au verset 16, il y a ici l'identité du
but, savoir la constatation de la croissance du péché, ainsi que la
môme finesse du dessin psychologique que celle du chapitre ii-iii.
Il y a aussi les mômes expressions et tours de phrase, par
exemple : ti-^oin ,ib rrnn .no rtiro ,rmi^ ,nniD .isna .-^nbab ,nrN mn»,
et les questions faites par Dieu ; tout cela ne saurait être pris
pour une imitation intentionnelle, mais pour les traits caractéris-
tiques du style de C.
» Ainsi : ma ynN3 3i25'>-i*i'^p TN V?m nrrm ip^n mn n» :^*t> dn^m
< Adam connut sa femme Eve, qui devint enceinte et enfanta Ceïn, et celui-ci habita
dans la terre de Nôd > : Trois sujets différoats dans le même verset sont peu pro-
bables ; puis, le nom de *n3 n'a aucune raison d*Ôtre sans le 'rai ^3 des versets 12
et 14.
BECÏlERCHES BIBLIQUES
Pour sortir de ces graves embarras, M. Dillraann avait jadis pro-
posé le moyen suivant. La pièce relative à Gain serait l'œuvre pro-
pre de t\ tandis que la génf'^alojxie caïoite, appartenant à un autre
écrivain, par exemple, à B, niais déjà connue de C, comme le mon-
tre V, 15 «, y aurait été introiJuile plus tard. Par qui ? C'est difficile
à dire. Dans la quatrième édition, M. Dillraann y voyait la main
du Rédacteur ou /?, lequel aurait aussi poussé en avant le récit de
Caïn, et pratiqué, de plus, quelques interpolations au verset 25.
Bans la cinquième édition, M. Dillmann penche plutôt vers Topi-
lùon de M. Budde, qui, insistant avec raison sur ce que les versets
i7-24 accusent également des traits de parenté indéniables avec les
J»iè€es de C (comme nb'* ,ï«-sn ô5 ,rnK ûwi ; v, 19 avec x, 25), estime
'ftue 6* avait déjà accepté de son niodtMe la généalogie des Caïnites,
nioins dans le ^but de décrire les progrès obtenus dans la civili-
^^^tion, lestjoels sont choses secondaires pour lui, que pour carac-
^ft«^risër le développement du péché, et cela sans se soucier des
^difficultés ressortant du verset 17, On le voit, le résultat est bien
r aigre.
Si, à propos de 1-24, la critique piétine sur place, son désarroi
^'achève par les versets 25 et 26. D'abord on y avait soupçonné
X.me interpolation de R, destinée à servir de transition de la généa-
logie caïnite à celle des Séthites du chapitre v; mais, en consi-
^kdérant que ce but ne motiverait pas 26 &, que C s'intéresse aussi
^^àla marche du culte de lahwé, enfin que C, qui raconte plus loin
rhistoire de Noé, doit déjà avoir lui-môme ménaj^é une transition
au moyen de la lignée séthite fllnpfeld, Weliliausen)^ on recon-
naît que ces versets sont le reste de la généalogie séthite de Ç,
dont les autres membres auraient été omis par le Rédacteur, à
cause du chapitre v. Outre cela, on pourrait supposer tout de
même que les versets 25 et 26 étaient x*rimitivement placés chez
IC avant le verset 1 ; en ce cas, Caïn et Abel ne seraient pas les
premiers fils d*Adam, mais seraient nés quelque temps après.
Cette ordonnance aurait été déplacée par i?, par égard aux versets
J7-24, en même temps qu'il interpolait le mot m:? et le membre de
W
•ase ^"^p ^T^<r% -^s nn&t, dans le verset 25. M. Dillmann, à qui nous
pruntuns cette exposition, fait remarquer que les difficultés
pourraient être plus facilement écartées sur la base de cette hypo-
thèse, mais que» si Ton admet que les versets 17-24 étaient dt'gà ac-
ceptés par C, les inconvénients précités demanderaient à être levés
d'une autre manière. L<^ même savant termine son exposition par
ces mots significatifs : •< La théorie de critique littéraire, capable
! de résoudre toutes les difficultés de ce chapitre d'une façon égale-
ment satisfaisante, n'a pas encore été trouvée jusqu'à présent ».
10 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Enfin, la généalogie séthite du chapitre v ne serait pas non plus
exempte d'interpolations et de remaniements dus au Rédacteur.
M. Budde revendique le verset 24 pour son /*, tandis que M. Dill-
mann insiste, au contraire, sur la triple répétition de û*»ïib«(rt) et
en maintient l'origine élohiste. Le verset 25 est généralement con-
sidéré comme ayant été tiré du document C par le Rédacteur.
Celui-ci aurait changé en môme temps ns n« nbn en "ja nbvn
Tù 173» TN vn'p'^') ; mais la nécessité d'un tel remaniement n'est
pas évidente, car il aurait suffi de commencer le verset 26 par
(^ITablntiK-^i, d'après l'analogie de iv, 1. Tout ce qu'il est permis de
dire, c'est que l'auteur de la généalogie séthîte se rapporte au
récit du chapitre m, 17, mais rien ne prouve que le verset en
question doive son origine à un autre document.
IV. — L'hypothèse unitaire.
Quand une hypothèse scientifique est impuissante à expliquer
la cause des phénomènes qui tombent sous l'observation, il est
légitime, il est môme urgent d'en proposer une autre. Vouloir la
conserver malgré sa nullité, serait faire preuve d'une obstination
aussi improductive que rétrograde, car, en fait do science, cesser
d'avancer, c'est reculer. L'hypothèse documentaire ayant échoué
dans la solution des difficultés de nos textes, nous allons examiner
si l'hypothèse contraire, qui maintient Tunité des sources, ne
serait pas plus heureuse. Bien entendu, il s'agit ici de deux hypo-
thèses également légitimes dont la valeur doit ôtre établie par des
preuves intrinsèques et littéraires. Les considérations extérieures
s'appuyant sur l'autorité d'une école ou sur celle d'une longue tra-
dition n'ont aucune valeur à nos yeux et seront soigneusement
exclues du débat.
Avant d'aller plus loin, il sera opportun de jeter un coup d'oeil
sur la base môme du système dont nous venons de faire ressortir
l'impuissance absolue. D'après l'école critique la plus récente,
l'auteur de la généalogie caïnite, B ou bien /^ tout en enregis-
trant Noé soit comme fils de Lamech, soit comme fils de Yabal
(Budde), aurait suivi une tradition qui ignorait l'épisode du déluge.
En cela, Técrivain, un Israélite du Nord, aurait montré sa con-
naissance du cycle légendaire phénicien, qui se tait également
sur cet épisode. On peut dire, sans hésitation aucune, que c'est là
une supposition toute gratuite. En ce qui concerne la mytho-
logie phénicienne, il est vrai que les maigres extraits fournis par
RECrîERCIIES BIBLIQUES Îl
la littérature grecque existante ne parlent pas an dëltinje, mais
cela ne prouve pas grantrchose. J*ai d^jà fait remarquer ailleurs^
que la tradition diluvienne que Von constate en Grèce n'a pu y
parvenir que par rentremise des Ph<^niciens, chez lesquels elle
liât exister depuis longtemps *, Il y a plus, suivant le témoignage
explicite de Josèphe (Antiquités, chap, m), Hiérôme, Mnazéas
et plusieurs autres auteurs qui ont écrit sur les antiquités des
Phéniciens ont tous parlé du déluge ; cet événement faisait donc
partie intégrante des cycles mythiques de ce peuple. Ceci étant»
riiypothese précitée perd toute vraisemblance et s'écroule d'elle-
même. Non seulement ïe récit du déluge est commun à tous les
Sémites du Nord, mais Fauteur de la généalogie caïnite, en ar-
rêtant sa liste à Lamecli et ses enfants, qui corresponLÎent ma-
nifestement à Laraecli et les noachides contemporains du dé-
luge, fait bien voir que, suivant lui, la race de Caïn était perdue
pour rimmanité et ne laissa pas de descendants; autrement il
n*eût pas manqué d'en faire expressément la remarque à la fin
de son récit, en ajoutant quelque chose comme m:ai O'^sn iT^bi"-!.
L'opinion de M. Budde, diaprés laquelle le récit de la multiplica-
tion des hommes sur la terre (vi, 1 et suiv») se rattacherait immé-
diatement à Thistoire du caïnite Lamech (iv, 24), est, selon moi,
inadmissible : les expressions n^n^n '>:d by et dnb ii;b^ m3D de
VI, 1, sont absolument incompatibles avec ii3 'pN, iv, 16, et avec
la mention des femmes et de la lille de Lamech dans iv, H^et 22.
D'autre part, il est également impossible de considérer Noé comme
Ift fils de Yabal (Buddej : il y a incompatibilité de métier : Yabal
est le père des nomades éleveurs de bestiaux, Noé, au contraire,
est un homme attaché au sol, un agriculteur sédentaire*. Toutes
ces circonstances concourent donc à faire exclure aussi bien Tidée
d'une tradition ignorant !e déluge que les violents remaniements
du texte essayés sur cette base. Le chapitre iv est bien à sa place
oùîl est; il s*âgit seulement de le comprendre et de rechercher si
les difficultés signalées par la critique forcent réellement à lui assi-
gner le caractère d'une compilation hétérogène et d'un amalgame
de pièces incohérentes. Je ne crois pas qu'il faille en arriver à
une telle extrémité.
Commençons notre examen par la difficulté n<» 3. Y a-t-il une
Téritable contradiction entre la condamnation de Caïn à la vie no-
A Vojei Mûam^u d« eriii^jue et d*Aiitairê, p. 7t.
* Je îésùtVQ pour le prochain anicle la preuve que \& nom dû Noé est ip^ëptra-
bWmetii lié 4 là lé^^eailû du clélu^e ci qu'il u^n pus d existence bora d'elle. La
démonstrotiou de ce fail detnunaorttiL des considératiuus qui De peuvent entrer
dans r^lude présente.
p
12 REVITK DES KTTOES KTIVES
made (l-lGi et la considération de celui-ci comme un constructei
de \ille f 17-'24) ? On peut tvipondre carrément : Non» car, en fait,
n>st pas de peuple nomade qui n'ait pas, pour le moins, un centi
fixe autour duquel il gravite, et ou se tiennent des foires péri
diques pour faire échanger les produits de la contrée contre d'aoi
très produits qu'on y importe, L'Arabie, particulièrement, a et
de tout temps un pays de commt^rce et d'écliange, et toute trita
quelque peu notable a son bourg central entouré de palissades oi
de murailles solides, une qaria comme rappellent les Araies-
Les grandes tribus ont plusieurs bourgs échelonnés le long d(
wadis ; de là, un nom comme celui de Wadi el-qurâ, » vallée do!
bourgs », au nord de Médine. La ville que l'auteur du chapitre if
fait construire par Caïa, devenu pfTe de famille, était la sœurdel
qiirâ arabes et nous n*y voyons rien d'extraordinaire. L'imagfi
de tribus nomades sans établissement central ne répond pas à
la réalité des choses et Taoteur hébreu n'a pas pu y songer im
seul instant,
La difficulté n^2 est, quand on la regarde de près, plutôt appa-
rente que réelle. De ce que les Caïnites ont été les inventeurs dé
certains arts, il ne suit nullement qu'ils en aient fait un secrfl
ou un monopole. lï est plus naturel de penser que ces înventloni
se répandirent bientôt parmi les Séthites et passèrent ainsi à riiu*
manité postdiluvienne. Remarquez, au surplus, combien les
inventions que la Genèse assigne aux 01s du Caïnite Laraech sont
faciles à conserver, une fois qu'on en a l'idée. La garde des troû-
peaux, inventée par Yabal, peut se continuer par le premier Teai
sans apprentissage préalable. La fabrication des instruments [iri*
mitifs de la musique orientale, attribuée à Yubal, n'exige pas noi
plus une habileté extraordinaire ; enfin, quant à Fart de travaiiiei
le fer et le cuivre, inventé par Tubal, la Genèse le suppose florii
sant avant le déluge, puisque elle admet comme une chose loutt
naturelle la construction d'une arche colossale qui a réclamé
mise en ceuwe, non seulement de divers instruments de métal, mai
aussi d*une foule d'objets métalliques forgés et indispensables à 1
consolidation du bâtiment. Toutes les vraisemblances se joigaei
donc en laveur de la thèse qui ne sépare pas le récit des CaïoiÈ
de celui du déluge, car, au cas contraire, Tautcur du dernier vé
n'eût pas pu passer sous silence l'invention du métier de forgerè
sans lequel la construction de TArche eût été une entreprise irré
lisable. En un mot^ la difficulté que nous examinons n'existe pf
prement pas dans riiypothése traditionnelle qui regarde la gêné
logie caïnite comme étroitement liée à celle des Sétliites pd
former Fhumanité antédiluvienne
RECHKBaiES RIBLEOIFES
13
APfiYons à la difficulté n*» 1, qui est vraiment sérieuse. Les deux
listes donnent des noms presque identiques ; L'ela est incontes-
* tahle; H est aussi vrai qu'un auteur ne détlouble pas, de propos
ûéïihéTé, une liste unique sans avoir une grave raison d*agir
ainsi; mais, ce qui est moins urgent, c'est de rejeter sur le redac-
lear l'incohérence dont on veut décharger l'auteur. Comment le
Rédacteur de la Genèse a-t-il pu laisser côte à ciHe deux listes qui
s'eicluent Tune Tautre, sans intervenir, suivant son habitude,
\Hm faire disparaître la contradiction, soit en diversifiant les
nanisdes deux listes, soit en supprimant dans la liste caïnite les
trois noms i^^y ,bN-*intî ,bNïîinï3, sur lesquels Tauteur n'apfmrte
aucun fait. Je ne crois pas qu'on puisse invoquer sérieusement
l'éveil de scrupules excessifs dans Tame du Rédacteur en cet en-
droit, car Dieu sait de combien de suppressions sans gêne il était
' 1^, suivant les critiques. En réalité, l'état de choses est pré-
' ut rinverse de ce que ces savants se Timaginent. L*identitë
ou à peu pr^s des deux listes reste une énigme insoluble quand on
îius celles-ci une juxtaposition extérieure due au rédacteur
' a tache consiste uniqueotent à façonner le style et â lisser
Iés sutures des textes afin de donner à la compilation un air
^naité* Que si, au contraire, on se met à la place de l'auteur, le
Hkdoablement de la liste primitive est parfaitement comprélieu-
iilile dès que Ton suppose une cause l'obligeant à agir de la sorte.
Celle cause ne peut raisonnablement être cherchée au dehors,
Mis dans la méthode même de rhistoriographie hébraïque des
; <^s. Or, que voyons-nous? Nous voyons que les narrations
■ U Genèse, quelque diverses qu'elles soient, mettent constani-
^i'Wi en parallèle les lignées secondaires et les lignées principales :
' I to-Chamites et Sémites (x, 1-20 et 21-33 : \\, 10.27), Nacho-
t'^'.^ et .AJ}rahamideâ {xxii, 20, et xxv), tlls d'Ésauet lils de Jacob
•tHivî et XLvi, H-2'î), Toutes ces lignées secondaires, perdues pour
k monothéisme, sont rapidement passées en revue, et Fauteur se
contente de mentionner leur existence dans le but avéré d'en for-
ûierlos ombres de son tableau. Un système aussi conséquent pour
hnitela période postérieure au déluge pouvait-il convenablement
^en défaut pour la période antérieure? L'auteur ne l'a pas cru :
[i préféré l'équilibre à l'inégalité, la régularité à l'exception ; et
i soutiendra qu'il a *?u tort? Une seule difficulté l'embarrassait ;
légende primitive ne connaissait qu'une seule liste, celle de la
Llogie séthite; créer de nouveaux noms pour la liste secon-
était impraticable, force lui fut donc de remplir celle-ci par
I mêmes noms, tantôt laissés intacts, tantôt légèrement modifiés.
S| H obtint la divergence exigée, en intervertissant partielle-
14
REVITE DES ETUDES JUÎTES
ment Tordre dYimmération et en réduisant la liste i sept
lions. Dès lors, il lui a été possible d'offrir dans riiuraauité antéi
luvtenne les types parfaits des deux divisions de riiumanitë kifd
rique : une race adonnée à tous les vices et privée de la léril
religieuse, mais habile dans les arts et les raffinements de la il
sociale, à cùbi d*une race connaissant la vraie religion, possédai!
plus de saints rjue d'artistes, mais inconstante et encline à r0
tomber dans la démoralisation au moment de la tentation: c'est, i
ne pas s*y tromper, Timage anticipée du dualisme persistant eatfl
le monde païen et Israël,
Ce qui précède concerne les grandes lignea de riilstorio^aphll
de la Genèse. Au point de \ue de l'histoire restreinte des No*
chides, le dédoublement de la liste séthite a permis à Tauteur M
rétablir une harmonie remarquaMe dans les événements qui si
sont passés avant et après le déluge* Dans les deux périodes, Ift
situations diverses ne changent pas beaucoup à ragissemenl di
Dieu et des hommes. Comme manifestation de la justice sapr^e
la malédiction divine qui frappe Gain pour avoir tué son frèffl
répond d'avance à la malédiction qui frappe Chanaan par suit!
d'une atteint*? portée à rhonneur paternel. L'atténuation dans M
forme n'enlève rien à Fégalité fondamentale des deux actes, car;
suivant la législation pentateutique, Tinsulte à Tégard despdreiît
est punie de mort (Exode, Xxi, 17). Comme manilestation »le !i
longanimité divine, le signe (m») donné à Caïn abattu fiv, Ih] prt
lude au signe du pacte de conservalion accordé au faible reît
de l'ancien monde (ix, 12-17)* D'autre part, la construction à
la première ville antédiluvienne par un homme voué à la vS
nomade a son contre-poids, à l*époque postdiluvienne, daos U
construction de Babel par des tribus qui devaient vivre séparéei
Chose remarquable, Tétat social se modifie aux deux pérîoiîfl
dans un ordre identique : agriculture (iv, 2 = x, 20) *, vie nomad
temporaire {iv, 16 — xi, 2)> établissement urbain (iv, 17 = xi, 4
dispersion définitive (iv, 20 =xj, 8). Une telle uniformité dans!
description accuse la main d*un même auteur. Quand on ajout(
enfin, que les deux époques débutent Tune et Tautre par des rîtt
sacrJficiaires (iv, 34 ^ vin» 20), cette identité d esprit et de Cdfll
position devient aussi complète que possible ; l'auteur se mB
dans un cercle d'idées restreintes ; il varie un thème unique,
^ J'aî a peine besola de faire remarquer que, mal^<§ Terreur très enfidaée i
certains milieux, le Gcotise considerti l'agriculture comme le seul étal digtitt
rhomme (ii, 16), L'expression îiinsn CPT^na •►H^l (iTi S) fdt Uta Vûi
famille d'Âdom hftbiLaii n'usât dans un« maisou,
nmiERCHES BIBLIQUES 15
Itotîf Tenons d'établir Tunik^ d*auteur pour les deux généalogies
irajjéles de J^iiumanité aiUédiluvîenQe. Nous aTons aussi fait
mirevQir que la priorité appartient à la liste séthite. Ce point
de vue a d'autant plus besoin d'être démontré qu il Ta à rencontre
(le ropinioa générale des critiques qui relèguent toutes les deux
iotlépeadamment à un modèle commun. Cependant, le manque de
k>[^i ' e chronologique déterminant les naissances des per-
soj: ligui^ant fait déjà voir Timportance très secondaire
^ne Tauleur leur attribue ; mais le caractère de doublet que nous
attribuons à la liste caïnite ressortira avec évidence par Texamen
lies noms qu*elle contient. Des deux noms qui ont une forme
identique sur les deux listes, *|::b» par suite de son obscurité
f^tymolo^îque» ne nous apprend raallieureusement pas grand'chose,
mais :;i:n, dont le sens de « initiation >? n'est pas douteux, con-
tient parfaitement au personnage séthite que ses relations avec
'^ ■ _*>s ont initié à tous les secrets de la création, tandis que
iionyme caïaite ne se distingue par aucune action. Parmi
les noms partiellement similaires» i"'p, «t lance? w, est visiblement
nue forme tirée par abréviation du séthite "{rp, qui figure comme
un nom divin dans une inscription sabéenne *. Une transformation
|>4jorative se manifeste dans '^yy, « onagre (=11-^?) », vis-à-vis
<le T% « descente » ou « rose (=Tn ?) ». Les noms bK"'in:D et
i«f!rî3 ont un air forcé en face des sétliites bêtV^n^, « louange de
Weu », et nbcin^a, « homme d*arme ou du champ arrosé (?) * 1». Du
îB3li», Torigine élohiste de ce dernier nom, garantie par le retour
JelWment nbc dans la liste des patriarches postdiluviens (Ge-
e, IX, 12-15), atteste péremptoirement le caractère primitif des
isélhites. Enfin, pour ce qui est des noms caïnites qui n'ont
i de similaires sur la liste des Sétliites, eu laissant de cîité les
lis des femmes qui figurent dans le récit de Lamech et dont
ne reste encore à trouver^, ils donnent lieu à une obser*
IJrp HSnrî^K • l«ur dieu Qaîti&n • .
[Li diitttisiaa de ces noms est réservée à un «rticle procbnts.
Dt k miie en p»îr««t mon «itentmii a éié otUrée sur la ressembliiDco Irfel
■y» qui e&tfite entre les in*i& nome des femme» ctluiiee et ceux àm fomniei
iMtttioaoés dans Ucuèsc, nxxri, 2-3. Le prcmior nom, TTlJt ^t eommun
Tétftt îetUfB ', tes deux sulres ont paraUèlement un scqb analogue. Bq effet»
?TJ3É, ^ism do Î3t* • ombre, ihti »,est un synonyme poétique do bfïk, • tente *,
pmÊi» é\éÊBmk% dt TV^y^hf^H» • itula de U ^ms on du haut lieu ». De mfime
h$^4 • âooùô •, s<£ur do Tubal, n'eit (fu^une varianie de PT^b^. « douce », sœur
llKefatyot. Celte concordance, étant difûeilemeut Tisuvre du hasard, confirme Dotre
piiM vdsIiTê tu e*nctèro faeUee, secondaire et péjoratif des noms caïnitoft. D'autre
■E^ tili sltesltti OMtfi rtvii dos eritiqiiett Tfttitiienitcîté des noms fémlm&s dniii
le ^■■■l HEVUE D£S ETUDES JUIVES
vation ries plus curieuses : tous les quatre noms de cette série
bnn ,bn.^ ^bnv et b^in, se terminent par les deux consonnes Va; 1
première seule varie. Les mots fondamentaux de ce groupe, Cac.
tices et intentionnels» sont, sans contredit, ban, a vapeur» va^
nilé », et bnr, (t courant d'eau ». La première dénominatio
caractérise bien la nature t^pliénière et périssable du personnage*
mais à quoi peut faire allusion la dénomination d'eau courante,
qui ne se justiOe pas par les actes attribués à bnn*»? On ne peut
s'em pocher de penser aux eaux du déluge ou bna^, mot qui se
termine encore parba^ ; l'auteur a donc indiqué par là que le*
Caïnites ont tous péri dans le déluge, et cela achève de confirmer
ridée sur laquelle nous insistions plus haut, à savoir que cette
généalogie ne peut se rattacher à une cosmogonie qui eut ignoré
la légende de ce cataclysme.
En terminant, qu'il me soit permis d'appeler Tattention sur
deux expressions très caractéristiques de nos documents. L'une
est le mot :?^iT^ qui, appliqué à l'homme, n'a d^ans la Genèse que le
sens de descendant, liéritier légitime, apte à perpétuer le nom du
père, à rencontre du 'J3^ qui désigne aussi un fils d'esclave, re-
poussé ou déshérité. Ce fait est important pour rintelligence de
IV, 25, où, même en supprimant les mots pp i>nn ■♦d nns<, comme
le font les critiques, l'allusion à la mort d*Abel n'en reste pas
moins évidente à cause de remploi de mr au lieu de p. Il ear^'-
sulte, en outre, que l'idée de perpétuer la race d'Adam par le meur-
trier Caïn ne s'est même pas présentée à Tesprit de Tauteur* Ceci
enlève toute base à l'opinion qui fait de Noé le tils d'un caïoite,
que ce soit Lamech ou YabaL L'autre remarque concerne l'emploi
absolu de rjT dans v, 1, 29 et iv, 26, qui est parallèle à ri\ (n.
23, IX, 12) et à nbN (ii, 4, vi, 9 passim), et qui atteste l'identité de
l'auteur de ces passages. J'ajoute que la même conclusion ressort
du membre de phrase dit* D'^nbÊ* «i3 nv^ (v, 1), qui coïncide for-
mellement avec Dvz^'Di yntt G^nb» nin'^ ô«n3 uvn de ii, 4^ qui*
d'après les critiques, serait de C. La ressemblance du style s'op-
pose tout à fait à la variété des auteurs admise par les critiques.
Le résultat de ces recherches se résume en peu de mots:
rhypotlièse qui assigne aux textes de la Genèse iv-v, 32 un seul
et môme auteur, non seulement résiste facilement aux difficul-
tés soulevées par la critique» mais est corroborée par des raiaoi
* La dernièrû trace de celle paronomasie se mauifesto dans le récil de la
lioD de la. villes de BabyloDê, où le ouroLtcur joue &ur la tertaiuaisou bl de>b:
qu'il iûLerprùio par bb^ {Genèse, xi» yj.
RECHERCrîES BÎBLÎQÎÎES t7
BoKiples tirées de la nature intrinsèque des rc^cits, pris isolément
oii comparés Vun à Tautre et aux récits avoîsinants* La généalogie
KS^thites a été dédoublée en une généalogie secondaire, celle
Çlîuites, afin d'obtenir, dans riiistoire antédiluvienne, le type
pnéalogies secondaires que l'auteur n'oublie jamais de passer
rapidement en revue dans riiistoire postérieure* C'est un procédé
littéraire qui se soustrait à notre jugement et qu1l nous suffit de
Cûostater.
C
V, — La OÉNÉALOGIE SÉTHITE DAÎ<S ÉzÉCHIEL,
Pour déterminer Tâge des chapitres iv et v delà Crenèse, on n'a
^n jusqu'à présent que la mention de Noé dans Isaïe, liv, 0, et
^Izéchiel, XIV, 14, 20. Cette dernière mention, quoique impliquant
indubitablement le récit du déluge, ne fournit pas le moindre in-
dice (îe Texistence, à Tépoque de ce prophète, d'une liste offlcielle
renfermant les autres noms des patriarches séthites, tels qu'on
te trouve dans le chapitre v de la Genèse. Il y a plus, le texte
Kilt il s*agjt étant généralement attribué au second Élohlste ou A,
cote « gratienne »» qui considère cet auteur comme postérieur
Texil, déclare formellement que notre texte n'a pas pu être
nnud'Ezéchiel, lequel n aurait eu connaissance que du nom de
N*o^, qui se trouvait dans les listes antérieures de B et de C, dont
!<* i^dacteur des chapitres iv et v n'aurait admis que quelques
eaux informes. En face de pareilles incertitudes^ j'ai pensé
^^Talait la peine de rechercher si quelques noms de la liste
utroversée ne se cachaient pas sous une forme plus ou moin.^
[Chez ce prophéte-rabbin, que nous avons a^u, à plusieurs
s, faire de l'exploitation du i^entateuque une spécialité par-
lière parmi ses contemporains. Après de longuets recherches,
|ftuis arrivé à ïa conclusion que l'absence apparente des noms
kfuestion dans Ezéchiel est due au mauvais état de conserva-
Kians lequel son livre nous est parvenu, et qu'il était possible
rétablir les leçons primitives en usant avec circonspection»
Uasans faiblesse, des moyens légitimes de la critique littéraire,
iposé ci-après servira, j'ose Fespérer, à faire naître dans rés-
ides lecteurs la même conviction à cet égard.
^tt cbapitre xiv, 12-23, Ezéchiel se propose de justifier aux
:de ae« compagnons d'exil la destruction totale des habitants
Kânisàlenii à rexception de quelques jeunes gens laissés vivants
jlfoi étalent en voie de rejoindre les autres captifs. Dans sa ha-
T. XIV, m" 27. S
tir REVlîE DES ETUDES lUÎVES
rangue, qui a la forme d*un oracle, il soutient, prerai*^rensi
les JL^rusaléraitains avaient mérité leur sort; secoudement, ([uVj
général, les hommes les plus justes ne sauvent pas par leur mé^
rite leurs enfants coupables; troisièmement, enfin, que Dîea a
sauvé expressément un pc^tit nombre de ces jeunes gens corrom-
pus» adn qu'ils servent à justifier la Providence d'avoir fait périr
leurs parents. Cet oracle peut i^tre appelé « Toraole des trois
Justes » : il est ainsi conçu :
La parole de lahwé s*adressa è moi en disant :
Fils de rbomme, le pays qui commet envers moi des crimes cl
des trabisoQS, je lui fais sentir ma main.
Eq le privant du pain quotidien, de sorte qu'hommes et bêtes pé*
rissent par la famine.
Si dans ce pays se trouvaient ces trois hommes (justes) : N^oê, Da-
niel et Job, ceux-ci (ne) sauveraient (que) leurs propres personnes
par leur justice.
Suit que j'envoie dans ce pays des bêtes féroces, qui le dépeuplent
au point que personne n'ose plus le traverser»
Si ces trois hommes s*y trouvaient, par ma vie, dit labwé, ils ne
sauveraient ni (leurs) fils, ni (leurs) filles ; ils ne sauveraient qu'eux-
mêmes et le pays resterait désert.
Soit que j'envoie Tépée sur ce pays, en disant : ce pays sera par-
couru par lépée, au point d'en faire périr les hommes el les aniawui
domestiques,
Si ces trois hommes (Justes) s'y trouvaient, par ma vie, dit Iab\?êi
ils ne sauveraient ni (leurs) fils, ni (leufs) filles ; ils ne sauveraient
qu'eux-mêmes.
Soit (^nfînl que j'envoie la morlalité dons ce pays et que j'y dé-
verse une vengeance sanglante, au point d'en faire périr les hommes
et les animaux domestiques,
Si Noé, Daniel et Job s'y trouvaient, par ma vie, dit lahwé, s'il*
sauvaient (leurs] fils et (leurs) filles ^ ils ne sauveraient qu'eux-
mêmes.
Or, dit le Seigneur lahwé, c'esi d'autant plus le cas de Jérusalem,
où j'ai envoyé tous les quatre terribles châtiments ensemble : Tépéi^
la famine, les bêtes féroces et la mortalité^ afin d*eû faire périr leS
hommes et les animaux domestiques ;
Il en est échappé, il est vrai» un petit nombre de jeunes gens qu^
Pon a amenés ici : ceux-ci vont bientôt vous rejoindre, vous verre
leurs mœurs el leurs pratiques (détestables), et votre douleur causé
par le mal que j/ai apporté à Jérusalem se calmera aussitôt*
Ils calmeront votre douleur par la vue de leurs mœurs el de îeui
pratiques (détestahles) et vous serez convaincus que je n'ai
exercé induemcDt les sévices que je lui ar infligés» dit le Seigoei
lahwe.
REGHERGIIES BÏBUODES
n
a plus légère attention fait Yoir qu*^ les trois personnages
lomniés dans Toracle étaient uniTerseUement connus par leur
iété extraordinaire. Le pro[>liète ne dit pas quand ils ont vécu et
a quel peuple ils ont appartenu. Les ténèbres s'épaississent d'au-
itant plus que deux sur trois de ces personnages semljlent absolu-
hient inconnus dans l*liïstoire antérieure à Ézécliiel, car leurs
boraonymes bibliques qui sont les héros des livres de Daniel et de
Job sont indubitablement postérieurs à notre prophète. On se con-
lente d'ordinaire d'admettre l'existence d'un cycle de légendes
populaires dans lequel des justes nommés Daniel et Job auraient
Joué un rAle quelconque, mais une telle solution se heurte aux
habitudes constantes d'Éiséchiel, qui consistent à puiser ses ren-
seignements dans des sources exclusivement littéraires et revè-
^^tues d*une autorité sacrée. Du reste, la mention de Noé sulÏÏt déjà
^ftft elle seule pour faire supposer que les deux autres noms ont dû
^"figurer dans un document autorisé.
L D'autre part, rordunnance Noé, Daniel et Job, étant donné
^b*absence des deux derniers personnages de Thistoire dlsrat^l an-
^■térieurement à ravènement de Nabuchodonosor, doit présenter
une énumération ascendante, c'est-à-dire que Daniel et Jub doi-
Tent être antérieurs à Noé et Taire ainsi partie d'une liste de
patriarches plus anciens. Pour rester sur le terrain de Timpar-
tialité absolue, je ferai abstraction de tout ce qui a été exposé
plus haut et Je me placerai au point de vue des critiques qui
admettent trois listes indépendantes, quoique partiellement sem-
blables. Ceci admis, les noms de Daniel et de Job peuvent
a priori avoir figuré tout ^u plus.dans la Usto séthite du Jého-
viste ou C, Usto dont, d'après ces savants, il ne reste dans la
Genèse actuelle que trois versets, savoir, iv, 25, 26, relatifs à
Séth et à Énos, et v, 29, rapportant la naissance de Noé, Mal-
heureusement, outre que cette hypothèse détruirait la similitude
beaucoup plus grande que les critiques eux-mêmes admettent
entre les listes B et C, notre meilleure volonté ne saurait nous
conduire un seul instant à la généalogie jéhoviste. La raison
en est péremptoire : cette généalogie ne donne que les noms des
patriarches et se tait complètement sur leurs autres descendants;
Kzéchiel parle, au contraire, des entants mâles et femelles, h^^n
m^Ti, que ces Justes auraient pu sauver par leur vertu; c'est là
précisément le trait caractéristique de la généalogie du chapitre v
ou A. laquelle répète, après la naissance tîe chaque patriarche, la
formule sacramentelle : msni û-^sa ibi'^i ft II engendra des ûls et
des filles ». A moins d'inventer de toute pièce une seconde géw
Aéalogie C qui eût ressemblé en cette particularité à la généalogie
20
REVUE des; études^ JUIVES
A, on est obligé de conclure que les justes d*Éz{?chiel doiTent se
trouver dans celle-ci et nulle part ailleurs. Nous obtenons ainsi
le mtoe résultat par une voie bien différente de celle que nous
avons exposée plus haut à notre point de vue personnel. Une
telle convergence est, si je ne me trompe, de nature à mettre
notre thèse : Ezéchiel a connu la liste A de Genèse V, à Tabr
d'une fin de non-recevoir trop obstinée.
La base assurée, continuons notre enquête. Pour Ézéchiel, Da-
niel vient, dans Tordre des temps, avant Noé, et Job avant Daniel.
De son côté, la généalogie A offre, à trois générations de distance
avant Noé, le pieux patriarche Hénoch, enlevé vivant parmi les
dieux, et, à trois autres générations en avant, le patriarche Énos,
le pieux initiateur du culte du vrai Dieu* D'autres hommes d'une
piété aussi éminente ne figurent pas dans cette liste ; il s^ensuit
forcément que Daniel et Job chez Ézéchiel répondent respective-
ment aux personnages nommés Ilénoch et Énos par Tauteur bi-
blique. Mais, ce nouveau résultat obtenu, il ne reste qu'à expliquer
Forigine de la diversité matérielle des noms chez les deui au-
leurs ; or, ceux qui savent dans quel état d'altération et de dif-
formité le texte d'Ézéchiel nous est parvenu n'hésiteront pas m
seul moment à reconnaître que les formes bîtn et ar» ne 5ont
que de simples corruptions des formes pentateuUques ^im et
t3i3Èt. En ce qui concerne Téquation ^isn = bK:^, elle s'explique,
sans le moindre effort, par la confusion, si facile dans les ma-
nuscrits de rhébreu carré, entre les deux lettres initiales :n et
21, lorsque le jambage gauche du n devient indistinct. Dans le
même genre d'écriture, le groupe "^i, quand le i, prenant une atli^
tude oblique, se rapproche un peu trop du *], se confond facilement
avec un k. Le reste va de soi, car, en présence d'une forme «7*
le scribe n'a pu qu'y ajouter un b, afin d'obtenir le nom connu
b«n ; mais, fait remarquable, le nom ainsi l'estitué conserve une
forme exceptionnelle par l'absence du •^, tandis que dans les au-
tres livres de la Bible domine Torthographe pleine bfifn, La con-
cordance de nvn et «i2n embrasse déjà au premier aspect la pre-
mière et la troisième lettres ; l'effacement de la base du 3 change
celui-ci en "^ et, arrivé là, le scribe a très naturellement corri]
TûTH en arK, qui était le seul nom possible.
Je viens de parler ici dans la conjecture de corruptions invo-
lontaires, mais je dois faire remarquer que le cas de correction!
intentionnelles n'est nulle part aussi bien en situation que dans
livre d'Ézéciiiel. Il est notoire que ce livre, par suite de ses doC
trines souvent contradictoires à celles du Pentateuque, n'a él
reçu au canon prophétique qu'après bien des vicissitudes et gràc
RECHERCHES BIBLIQUES 21
à une interprétation forc«?e qui l'avait rt'concilié avec la Tora,
Étant resté longtemps d*une canoiiicité douteuse, non seulement
Iles copies en ëtaient faites ayec beaucoup de négligence, mais
bien des corrections systématiques ont pu y être glissées par
ceux mêmes qui travaillaient à le faire accepter. La subtilité rab-
bioique pouvait bien barmoniser les différences de doctrine, elle
était impuissante à rendre sympathiques les personnages aux-
quels la tradition pharisienne était décidément hoslile. Or, chose
! singulière et insuffisamment expliquée, Kopinion des autorités
' talmudiques» écho de celle de l'ancien pîiarisaïsme, est, à quelques
exceptions près, très défavorable aux trois Justes de la généa-
logie séthite.
Le plus maltraité des trois est le patriarche Énos. Les rabbins
le considèrent comme le créateur de Tidolàtrie et le contempteur
acharné du monothéisme. Ils trouvent tout cela dans le verset
Genèse, iv, 36 b, qu'ils traduisent : « alors (au temps d'Énos) a
été profané (c'est-à-dire pris pour une profanation) Tinvocation
[du nom de lahwé^ » Une Aggada ajoute qu'au temps d'Énos,
VOcéan déborda et inonda la troisième partie du coutinent. L'hos-
tilité des rabbins à regard dllénocli n'est pas moins évidente.
Ne pouvant faire de lui un coupable contrairement aux termes
explicites de ia Genèse, ils se donnent toutes les peines possibles
pour en faire un quasi-coupable. Suivant eux, Ilénoch, loin d^avoir
[ été enlevé vivant par les anges, est mort prématurément par la
1 décision divine, afin qu'il ne souillât pas le reste de sa vie par des
[péchés, auxquels il ne penchait que trop. Noé, enfin, ne jouit
^aup^ès des rabbins que d'une estime très médiocre. Ils tirent de
l'expression biblique : « Noé était un juste parlait dans ses géné-
rations (rpn-3, Genèse, vi, 9} », cette conséquence que, s*il avait
vécu à une autre époque, sa piété eût été fort imparfaite relative-
^ ment à celle de ses contemporains.
La cause prépondérante de cette antipathie manifeste à l'en-
droit des patriarches antédiluviens me paraît avoir été le grand
crédit qu'avait, dans certains cercles juifs, même avant la nais-
sance du christianisme, le livre apocr>T)he d'ilénoch, qui renferme
aussi quelques chapitres attribués à ÎS'oé. Les rabbins craignaient
avec raison que le crédit do ce livre, censé antérieur au Déluge,
Ij) 'ébranlât rautorilé de la loi et des prophètes. Peu à peu cette
< âooe est déjà ri ép récita du d s la traduction des SepUnle : o^-roc ^Xirvacv l^txa-
jiMTo^ TQ ôvo(jLa xupiou (to^ 6£o\i) — mm D'iDa K*lpb bjV HT ; aussi k paaégy-
[Tiqué de Josut^,*fils de Sirach, ne mgniioDne-t-il particalièreraeni quu Siîth, Héuoch
Ici Noé parmi le» palnarches antédiluviens (xi.iv, 16, 17 ; xLix, 16).
s» REVtîK DES ET!
appréliension finit par créer dans toutes les «écoles juives, mik
plus particulièrement dans les écoles pharisieniies, un courant
d^opinion contraire à Tautoritf^ de ces patriarches. Animé de
telles convictions, un pieux scribe de la secte pr<^doniinante, qui
possédait Tun des rares manuscrits du livre d'É/<^chiel, a pu
croire bien faire en changeant les noms antipathiques de ^nînel
de tûi^» en betn et it*». Il a ainsi, sans le savoir, roulé une pierre
d*aclioppenient aux exégètes futures. Quand le livre d'ÉzécbieU
été traduit en grec, — ce qui eut probablement lieu après Philoii
d'Alexandrie. quin*y fait aucune allusion» — les corrections intro-
duites par le scribe pharisien étaient déjà un fait accompli, tle là^
la disparition de la leçon primitive dans toutes les versioïkii^
grecques.
Mais* quelle qu'ait été la cause de Taltération subie par les deux
noms mentionnés avec celui de Noé dans Ézéchiel xïv, le ûit'
même quils représentent les patriarches ilénoch et ÉûosdelA'
liste séthîte de la Genèse» v, me paraît d'une vraisemblance *qui
confine à la certitude. Et voici pourquoi : au chapitre ixvni,
Ézéchiel, ens'adressant au prince de Tyr, qui croit être un dieti
(■^5» ^'^ri'-:t^ ou Vît, V. 2» 9 ; cf. 14), prononce ces mots de hauts
ironie : « Certes, tu es plus sage que btwi» les choses cacbéel
ne tolfusquent point (^17373:» wb oino ba) », ou peut-être avec un
léger changement : « tu n'as pas ton pareil parmi la totalité dfii
voyants (^i;3î3:? «b D'^Tin bs *) », Cette raillerie est al
incompréhensible quand on voit dans bttn un savant int^
songes et un révélateur d'événements futurs, à Tinstar de celui qtf
est le héros du livre de Daniel. Le puissant roi de Tyr, inaUredi
commerce le pins vaste du monde, était probablement peu dispos
à exercer le métier peu rémunérateur de devin. Puis, l'idée elte^
môme de dire à quelqu'un qui prétend être un dieu et habiter uM
demeure divine {^r^aé^ w'ttdh nDiî2, v- 2) : a tu te crois plus sâgt
qu*un tel prophète », ne peut avoir de sens que dans le seul cal
oii le prophète visé avait, lui aussi, habité une demeure divi&
sans toutefois avoir des prétentions à être une divinité. Que cet*
M demeure divine » n*est pas une ligure rhétorique, mais uneentii
mythologique réelle, c'est ce qu^Ézéchiel a soin d'annoncer le
même, dans la seconde partie de son oracle rédigée, comme d*OI
rlinaire, sous forme de complainte (nrp) et oii le vaniteux ms
narque est représenté sous l'image d'un dieu, le roi de Tyr
censé habiter TKden du jardin de Dieu (^^'^71 DTïbat p pJ3]
> Cette corractioa me puraît plus vrtisemhlahle c{ue !■ leçon D'^T3Z2*Tn admÎM
M. CornUlu la plae« de Diro b^ (l>as Bucb dos Propheten S&echivl, p. 35ë|.
RECHERCHES BBBLÏQUES 23
oir sous sa garde toutes sortes *lt^ pierres précieuses (pt* bD
ycz'n fnp"*) et lor (ann) ; il est un kéroiib sacré chargé tie pro-
téger ces trésors CjDicn nia)3î: dt^d î^n ) ^ laliwé la placé sur la
montagne sainte (pi-p ntia "^-^nn:*!) ; il est devenu un dieu (£]'»nb«
r-n); il s'est promené au milieu de pierres de feu (dn "^î^n *|ir3
rîbrsrnU Ézécbiel conserve cette comparaison jusqu^au bout. A
cause de ses rapines et de son orgueil, le kéroub (= roi de Tyr)
est déclaré par lahwé trop proi'ane pour habiter le mont divin
(rn:x -in?: ^Vbnm) ; il est chassé du milieu des pierres de feu
(t» -^.2» T*^^ *Tn2«-ï), jeté sur la terre (^i^nrsb^n yn» by) et fina-
lement consumé par son propre feu (*]rbs« «'^n ^^ir?: tûn-«^i&«"i)
et réduit en cendre en présence de nombreux spectateurs (*|**nr3i
•pn bD K^yb ynetn br "iDttb), Après une telle description, aucune
^uivoque n'est plus possible : il s'agit bien d'un être divin, d'un
chérubin habitant rÉden, le jardin de Dieu, et doué d'une nature
dirine. Maintenant est-il imaginable qu'Kzécliiel ait mis en paral-
lèle un être aussi divin avec un prophète ordinaîre, fiit-il même
Tun (les plus frramîs? A plus forte raison, la difficulté est- elle insur-
jpoatable quand on est en préiïence d'un homme absolument in-
Bbnu antérieurement à la captivité de Babylone. Quelques auteurs
©Bt, d est vrai, supposé une légende de Daniel, je ne sais où
^ez les autres peuples sémitiques, comme, par exemple, chez les
■éniciensi mais une telle supposition, d'ailleurs toute gratuite^
■piche trop clairement avec les dispositions religieuses d'Ézéchiel
Pbr que Ton puisse y voir autre chose que l'intensité de l'era-
laiTâs et rimposâibilité de s'en tirer quand on conserve la leçon
» Li lexte hébreu e«t ici irréprochutle ; toul au plus pourra-t-oïi ponctutT nït »u
ai rs*, qui revient cependant en 4'aulres passiiges. Lo groupe RlDTpTJ S^jiB
ïH « doané de la Lablaluro aux commentateurs* En réalité, il oe présenta au-
diïEctilté. Hw^^p (cr, DÇnta) est formé de fiÇft, • oiodrc, sacrt-p *, et signifie
lâi» "» Les kérotiblni étaient d'ordinaire placés dans lo sanctuaire, où ils
t dft kforf ailes Tobjet le plus précieux ei le plus stint du temple, savoir
éû Uhwé. Le litre de gardien et de prolecteur autorisé est Lrbs clairement
îc participe *|^1srt, du verbe 'îSCi * couvrir [avec les ailes) t^ tandis
n de protecteur est exprimée par le nom formé du même verbe : Ï^SD^.
iliotis* modernes de *Tr50?3 par ♦ ta couverture (Deiue Bedeckang:^ dein
waresl du bedeekt * Smend, Cornill) ne convient pas au ooniexle.
TTiHinft fondée oât l'idée émise par M. CorndU auivont laquelle les mois
•^ seraient une addîtiou tondauciello ; *TDlorT est rnSme garanti par le
t * TTOÎ273, d est clair qu'un jntcrpolatcur aurait mis un root usité et
.7,7.:, /î^ôîtivov. Ue plus, un ecriLo postérieur pour lequel la comparaison
Tyr avec le kèroub porlitT du paradis aurait éveillé des scrupules (Gornill)
;>- forte raison gardé do comparer le roi païen au kéroub du saint des
lunt Vtrclic sacrée et restant en contact immédiat svec la divinité,
re de ces roots de la version grecque prouve seulement que les traduclourB
pas oonpris, mais l'authcuticité en demeure inébranlable.
^
BEVUE DES ÉTCDES JUIVES
niassorélique bnn. Au contraire, toutes les difficultés relevées
s'aplanissent d'elles-môraes tjiiand on adopte la leçon *]i:n réta-
blie ci-dessus dans Ézéchiel xiv. Suivant son habitude, Ézéchiel,
agissant en aggadistc érudil, a caractérisé les deux types de sa
comparaison conformément à divers; passages afférents du Pen-
tateuque. La mention de la cohabitation d'IIénoch avec les dieux
dans Genèse, v, 24, lui a fourni le fond de sa comparaison. Il fait
d'abord ressortir la vanité du monarque tyrien en le rapprochant
de la personne d'Enoch. Le contraste entre les deux individus
est des plus saillants. D'un côté, Tillustre patriarche antédiluvien,
quoique parvenu à la suprême sagesse par ses relations conti-
nuelles avec les dieux ou anges, n*a jamais prétendu participer
de la nature divine de ses compagnons. De l'autre c6té, le roi de
Tyr qui, rendu vain par ses richesses, non seulement se croit en
possession d'une sagesse supérieure à celle d'Hénoch, mais, pre-
nant sa petite île pour la demeure divine, ose s'assimiler aux di-
vinîtés. Ensuite, Ézéchiel développe le second terme de compa*
raison et représente ie roi de Tyr sous la figure qu'il s'attribue
lui-m*éme, celle d'un kéroub divin, gardant d'immenses trésors,
ainsi qu'on a vu plus haut. La connexion des deux comparaisons
est ainsi des plus naturelles.
Voilà l'origine de l'idée fondamentale de la description prophé-
tique ; pour ce qui est des détails, on peut, sans le moindre effort,
retrouver la source de la plupart d'entre eux. Ainsi, le site de la
demeure divine au milieu des mers (v. 2) résulte de remplace-
ment du firmament au milieu des eaux {lû^Tzr* ^in3 T^pi) de Ge-
nèse, I, 6 ; la notion de TÉden contenant le jardin d'Élohim (v. 13)
est due à la Genèse, iï-ïu ; et celle du Kéroub gardien (v. 13-14),
à l'Exode, xxv, 20, ou les kéroubim couvrent de leurs ailes Tarclie
sainte. Ce dernier passage exprime Fidée de l'attitude protectrice
parles mots t]mD:DD D^^DDiD, expression qu'Ézéchiel a condensée
en pnon (v. 14 et 16) et dont il a formé le substantif nso» (v. 13),
Le [lassage Genèse, m, 24. n'a rien à y voir, car les kéroubim qui
gardent le chemin de Tarbre de la vie sont postés en dehors du
Jardin du ciHé de Test (li5^-l:ib Dipta). D'autres emprunts au Pen-
tateuque sont : la locution "^«nsn Dr^, analogue à nttiran ût»3
(Genèse, v, 2); l'énumération des pierres précieuses (v. 13} tirée
d'Exode, xxvin. H» 18, 20 *, et le terme rro^nn (v, 14} = tJtpîa, qui
* L'&fGrtualiQD de récole ♦ gralîetino • que l'auteur de FExode, xxvui* 17-20,
serait redovaible à Ezéchiel des Doms de liuit pierres précieyses se souUeol pas
rexamcD. La, les douze pierres étiuméréoâ sost parfailemeal en placo^ puisque cba<)ue
pierre doil être gravée d ua iium do iribu d'Israël ; chex Éatôchiel, 4U contraire.
RECHERCHES BIBUQUES 25
repose sur le précepte d'oindre le tabernacle et son mobilier avec
l'huile odoriférante, Exode, xxx, 22-29. De ces références, trois
se rapportent au Code sacerdotal, une à un texte attribué à C,
deux au document A. Si Ton y -joint celles que j'ai signalées plus
haut dans Ézéchiel, xiv, on aura déjà une jolie somme d'allusions
à des textes que les critiques graflens ont inconsidérément relé-
gués après Texil. Le nombre n*en est pas épuisé d'ailleurs ; je ré-
serve pour le prochain article le relevé de quelques autres em-
prunts faits par Ézéchiel dans les passages que nous étudions, à
la biographie de Noé et au récit du déluge.
J. Halévy. •
la pierres ne figurent que pour la galerie, au titre général de richesses, et sans
empbi ijulividuel. Il y a plus, le mot DÎIT*!, qui traîne maladroitement après les
pleines au verset 13, occupe une place naturelle dans SïiT t3'^^2l)973*de TExode,
xxvm, 20. Méconnaître des faits de cette nature, ce serait renoncer volontairement
tu bon sens littéraire.
MÉLANGES MBBINIQUES
III «
Quelques observations sur le rituel.
Les bénédictions (ni^Dia) dites les Dix-huit forment certaine-
ment une des parties les plus anciennes du Rituel. Le nom môme
de Dix-huit, qui, d'ordinaire, n'est suivi d'aucune autre indication,
témoigne de leur grande notoriété, et ce nom est resté môme
après qu'une dix-neuvième bénédiction y eut été ajoutée *. Il
règne une certaine obscurité sur cette nouvelle venue ; on ne
sait guère quelle était cette dix-neuvième Berakha, ni à quelle
époque elle fut introduite dans la prière. Nous y reviendrons.
Toutes ces bénédictions se terminent par la formule connue :
« Sois loué, Éternel » ; la première Berakha seule commence par
la même eulogie ^, Mais cette formule ne paraît pas avoir été tou-
jours aussi brève. D'après une tradition qui a un certain carac-
tère d'authenticité, dans le temple, bien entendu dans le second
temple, on terminait les Berakhot par les mots : '^Th» 'îi îin» *jina
ûbn:>îi iT'ï ûbn:s^n 1^ bNi^"^ « Sois loué. Éternel, Dieu d'ïsraôl, de
l'éternité à Téternité *. » Si la Mischna, à la fin du traité de Bera-
» Voir tome XII, page 6!i.
* La langue de cette prière est d'une grande correction. En prenant pour base
de la rédaction celle qui se trouve dans le Siddur de Rab Amram Gaon, on n'y
rencontre pas môme le ^ à la place de "^^ ou ■^^^^ {Siddur^ éd. Varsovie, 18*.)
Dans Û-^mTa, il n'y a ni Klîi nnN'û, ni ûr blDDïJ, ni ny blDDO. Toutefois il
ne faudrait pas trop en conclure à TaDcicnneté de cette prière, puisque cette correction
extrOmc'est souvent le caractère des pastiches.
* Toutes les fois qu^une prière se compose de plusieurs Berakhot, la première seule
doit commencer par ... Mnfi< ^Tn3.
* Voyez Yeruschalmi, Taanit,
IIËLANGES RABBtNIQLES ^■■V ^
UlotS Gst bien renseignée, cette formule avait été de bonne heure
abrégée, et les mot« Dbim ly^ en avaient été retranchés, lis ne
furent rétablis que parce que les Minim^ Samaritains ou liéri^-
tiqueg, avaient nié l'autre monde, et qu'on préférait alors répéter
mot û5i^. On se rend diflicilement compte du ra[>port qui existe
Ire cette formule et rexisteuce du temple ; cependant elle s'ac-
irde» d*une part, avec Tappel que les Lévites adressent au peuple
éhémie, ix, 5), d'autre part, avec Teulogie qui termine hi
luxième livre des Psaumes et qui, selon une observation ingé-
ieuse de M. Graetz, t^tail probablement une de ces ftvrmulea
li terminaient le cantique clianté journellement dans le sanc-
luaire'.
Cette courte eulogie fut cependant de nouveau amplifiée : au
mm lie l*Éternel s'ajoutèrent les mots : nbiyn ^bn irnb», « notre
Dieu, roi du monde ». Adoi^tés génératement, les deux derniers
mots de cette formule n'entrèrent pas dans !a prière des Dix-huU,
Le Talraud même a conservé une trace de Thésitation que les
docteurs éprouvaient à placer dans Teulogie les mots <t Roi du
tDoniîe », Il y avait là évidemment une protestation contre le gou-
^eruement oppresseur des Romains. Rab, qui vivait parmi les
Pârthes et qui était même dans rintimité du dernier roi des Aché-
ïiienides» n*exi|2:eait pas la récitation de ces deux mots. K. Yoba-
aan, au contraire, qui habitait la Palestine, entouré des légions
romaines, regardait toute Beraklia comme nulle, si le Roi du
monde n'y était pas mentionné ^ On sait que cette protestation
contre toute domination séculière fut déjà exprimée devant Pom-
|>t-%, pendant la lutte entre les deux frères Macchabées, par une
<J<^putâtion lie Juifs pieux de Jérusalem, qui di^clarèrent que Dieu
^lait seul leur maître et roi *. Le mot ^b^ s© glissa alors dans di-
tôwes parties des Dij)-huU : il se trouve vers la lin de la pre-
ttiU^TB fieraklia, au milieu do la seconde, vers la lin do la sep-*
tiétDfi datis une longue paraphrase, dans la dixième, où réconomie
générale des autres Berakhot» comme nous allons le démontrer,
ihi\m\o tme interpolation *.
f n, 5. Vttjeu Gei|r«r, Kêrem Ckfm«d, V (1S4t), p< i02, ol Lêkréwk d$r Miêchnah,
p. 2; fftèûlmn, Vil [18G5), p. 88. A cea diJlërents endroilfl, on discute s'il faut
îct pftr 1«5 Mini m les Saduoéens ou les Doail^ena, secte 8«iutîiiaitie qui
It «Toir nie égalenieol le monde futur.
« Mi^Mtutkrin, 1872. 481496.
, Amtiquitét juif^H^ XIV, m, 2. Cf. mon^Wfli, p. Wî.
QwêH «ertout dam le rituel de Bés€k'Hmchânàkï{\ï& le mai Y?73 ^^ Vlàéù qu'il ei-
ool péoétré, perce quu Dieu e^l alors représeolé comine assis sur itu Irôue el
k ifitfude. Tous les morceaux inlroduits entre les trois iiremiures et le» iroîi
28 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Le mot ^b» ' n*est pas le seul intrus de ce genre : le mot
SinnKS, « avec amour, » nous parait également avoir été ajouté
postérieurement. Ainsi, vers la an de la première Berakha, la
phrase devait se terminer par i»« i^nb ; dans le isb inm des
fêtes, le mot ïinrr«3 précède la mention de la solennité, et, lorsque
cette solennité tombe un sabbat, le mot nnriMn est encore une fois
répété à la fin *. Il fait double emploi avec listnn dans la phrase
liatna bnpn nn^iNn » ; et il n'est peut-être pas inutile de faire ob-
server, à cette occasion, que ces mots qui sont la répétition oi-
seuse d'une même idée se placent ordinairement Tun avant etPau-
tre après le verbe. Telles sont les phrases i3^n dbna^b ^b»*» T^îon *,
dp-'T an©"^ Nb mn»*.
En détachant des Dix-huit les trois premières et les trois der-
nières bénédictions, qui ont un caractère tout particulier », il nous
reste à examiner les douze ou treize Berakhot qui en forment le
milieu. Elles paraissent avoir toutes le même type ; deux stiches
parallèles et un troisième comme conclusion. Ainsi :
?ira ttJisNb n»b»T n:>n dn^b pin nn« iv
^nnnaj^b nssb» lîmpn ^mnnb nrax nsa-'on v
T^3Db îTOb\DiMai\Dn3 nn^ntri
n53^)OD -^^ 135b» 13b brra laN^n -^d is-^a» isb nbo vi
îin« nbiDi brrra "^d
^7att).i:>»b tiirro i3b«ai isn-^n nn-^m ir53^a îi«n vu
îiriN pm bNia '^^
dernières bénédictions du Schemoné-Esré et qui ne sont récités que pendant cette fête
et le Kippour sont empreiats do la pensée que Dieu seul doit régner sur toutes les
créatures.
» La phrase doit être coupée ainsi : 1»T îltn miTTaîl SH dl"^ n« ïiaîlKa
MîlNa ÎITÎI nnttJîl dr nNI 13mnn. Dans U prière de nm nnn« elle-
môme. le Siddur de Rab Amram porte : »]73Û n» H»yb ISnnb nrPI, en
omettant le mot finîlKÎÎ. — • Y a-t-il dans ce mot une afFirmatiou que, pour les
juifs aussi. Dieu était un Dieu d'araour, contrairement à ce qu'avaient prétendu les
Chrétiens ? Cf. saint Paul dans son Épttre aux Romains,
« Dans la Berakha XVII.
> Plusieurs fois dans la prière du soir et ailleurs, où le mot ^I73n ne doit certai-
nement pas être joint au mot qui précède ; voyez les différentes opinions exposées
par M. S. Baer dans son excellente édition du rituel (Abodat Yisrael, Rôdelheim,
1868, p. 169j.
♦ Dans la Birkat Hahaftarah. Voyez Maiekket Soferim, XIII, 11, et la note de
M. Jo«l MûUer, dans son édition (Leipzig. 1878), p. 184.
^ Ces six Berakhot se récitent tout aussi bien les jours de Sabbat et de fêtes,
et indiquent par là une rédaction plus ancienne que les Berakhot intercalées en-
tre les trois premières et les trois dernières et qui sont réservées aux jours de la
semaine.
MÉLANGES nABBINIQUKS • 29
En considérant ce type comme la forme primitive de toutcîs ces
bénédictions, nous aurons peut-Ôtre un moyen de reconnaître les
interpolations et superfëtations postérieures qui se sont glissées
dans les b<'"nt'fii étions qui ne prt^sentent pas ce type aussi exacte-
ment* Ainsi, dans VIII, les mots nn» iinbfrn "^3 peuvent avoir été
ajoutés pour compléter le verset de Jérémie, xvin, 14 *. Dans IX,
« mots niaïKn ■'5© hy nsnn im et nsiiV nza^i bu inn paraissent
>U€r le même nMe que nc>M ^m?3i nrîi n""^^ et mnsi n'^on
3Î1 l'nmai dans la seconde bénédiction, X répond parfaitement
^^ype» Dans XÏJes mots depuis *]ib?3i jusqu'à D^T^msi, nous
Qs déjà dit, ne sont qu'une longue paraphrase du mot *[bî3.
Voici donc, selon nous, la forme primitive de VIU-X :
n^oîa bzh n?3bo n«iDn rùyir] r:îi5i iï:*'*isin kdisi 'n i3nd-i viir
miDb nnî«')3n ''r?2 bo r\m raxTi riT^n n« "irb? Tna IX
hait Barakliot qui forment les paragraphes IV à XI des
^I^ix-hmt sont des prières pour le peuple d'Israël en général ; les
«luatre bénédictions qui suivent ont un caractère plus spécial : le
l^aragxâphe XII est une malédiction lancée contre les ennemis
'l'kratii ; le paragraphe XIII, une demande de miséricorde pour
J^s chefs du peuple ; le paragraphe XIV sollicite la reconstruction
de Jérusalem, et le paragraphe XV le rétahlissement du trône de
David. Enfin, le numéro XVI forme la conclusion des Berakhot
* précédentes et renferme le vœu que Dieu veuille exaucer les
^prières contenues dans les Berakhot antérieures.
H Les variantes du numéro XII sont teiiement nombreuses * que
H^ docteurs n'ont jamais pu s'accorder pour adopter une rédac-
Hbao définiliva. Au milieu des vicissitudes que présente Thistoire
■ries Juifs dans le dernier siècle avant Fère vulgaire et dans les
«ten siècles suivants, les ennemis d'IsraeFont changé de nom et
* Le trûitiènie phrase éUH peut-filre simplemcnL : fintt ^^&t3 ËCai^ "^D : l^s
iDOts ^T2 btH ont été ajoutés pour lui dotmer plus de forco et de vip^cur. Lorsque
10 biifçiiei TOQt mourir, les mots dont elles &t {"om posent paraisseot s^aQtiblir
mi perdre de leur force primitive, les pursoDoes qui s'en servent encore croient devoir
km éUftf ptf des additions superflues qui sont destinées à faim ressortir davantage
!■ p/mét qu^cm veut exprimer. Les fçens du peuple, qui ne connaissent pas rentière
^Èéê des mots qu'ils emploient, dovionuent verbeux par l'elTort qu^ila pensent devoir
^tepcaer pour se faire comprendre.
* Vojcs ÂMai Yiifûil sur celte Berakba.
30 REVUE DES ETUDES JUIVES
de tendances. C*étaient tantôt les traîtres au milieu du peuple
môme, tantôt les sectateurs du christianisme, tantôt l'empire ro-
main, qui, par ses procurateurs et ses légions, bouleversaient la
Palestine. On reconnaît dans la rédaction actuelle Tancien type
de trois membres qui peuvent s'établir ainsi :
mafii*' 3^ins wu:i -^^n-iy brn mpn "^nn b» D'^5'»«bz3bn xi
in-i!D'» mntt ^ iD-^n-^n» toi
Le premier mot seul fit place à d*'5'^»bi, mot d'un sens fort in-
certain, puisqu'il pouvait désigner toute secte contraire aux Pha-
risiens, ou bien à tî-^n^nc^bi, qui paraît avoir été appliqué plus
spécialement aux baptisés*. L'addition. . . tî-^ntm semble se rap-
porter aux Romains seulement. Après la destruction de Jéru-
salem, lorsque les Chrétiens se séparèrent définitivement de
l'ancien culte, on introduisit probablement tî-^s-^Tabi en tète de la
Berakha, qui prit alors le nom de û'^a'^Taîi n^-ia. On voit dans diffé-
rents passages du Talmud que Gamliel II se préoccupait beaucoup
de la fixation de la formule définitive provoquée par le nouvel
état de choses *. Les hésitations que les docteurs paraissent avoir
éprouvées à ce sujet ont contribué à faire considérer cette Berakha
comme une nouvelle création : on pensait ainsi résoudre la contra-
diction qui existait entre l'ancien nom des Dix-huit et le fait bru-
1 Ces mois 80 trouvent dans le Siddur de Rab Amrarn à la place de tsbs*!.
« Maimonide a pour îi^tOI '^'0'\y bDI les mots Û'^OTîp'^DN bSI, ce qui équi-
vaut à Û"^:?1251 de la Nn'^'^na. Voyez plus loin, p. 32, note 2.
> Berakhôt, 28 b : b^-^i^^^ pi "^scb m^i^n H'"^ -T^ioîi "^bipcn \^yiGO n"n
nmn *|pnb rm-^c û^n c-^ ûibD û-^^rjnb :\"n ûnb nt:» nsn-^n nnoîi hy
Ï-I3 tTpcm îin^^ nnriN rraisb rx:T>t^'\ ppn bt^iîst) '^'ûy CD-^pi^rstn
lînbi^îl NbT m j;23 tub^T Û'^riD . • Nos docteurs enseignent ce qui suit : Siméon
Ilappiqûli mit en ordre les Dix-huit bénédictions en présence de Habban Gamliel, à
Yabné. Habban Gamliel dit aux docteurs : Y a-t-il quelqu^un qui sache arranger
la bénédiction des Saducéens ? Samuel le petit se leva et l'arrangea. L'année sui-
vante, il l'oublia ; il réQéchit pendant quelque temps ; et on ne l'obligea pas pour
cela à cesser son ofiice. *
En examinant ce passage, on voit que Siméon n'a fait qu'établir ^rdre dans lequel
devaient dtre récitées les Berakhot qui n'avaient entre elles aucun lien logique pro-
pre à en déterminer la suite. Cf. Megilla^ 17^. On reconnaît, en outre, que Sa-
muel avait pris pour tâche de donner une forme défmitive (Ipn) à cette bénédic-
tion. Il s'agissait d'abord de mettre des noms en tôle de chaque phrase, ensuite d'y
introduire l'imprécation contre les Romains, les vainqueurs orgueilleux (tI3'^*7T}*
Il n'est pas question pour cette Berakha d'une nouvelle création, bien que les docteurs
l'aient interprété en ce sens. Cette imprécation n'était certes pas sans danger, eu égard
à Pespionnage organisé par les Romains dans les provinces nouvellement conquises
et particulièrement en Judée. Il se peut donc que, pendant un certain temps, oa aiv
été forcé de ne pas réciter en public la douzième Berakha avec l'addition, ou même
de la supprimer tout entière. Ceci ferait comprendre le fait singulier qu'à une
époque postérieure, on ait oublié la formule et que Samuel ait été obligé de rétlé-
cbir tvant de la retrouver dans sa mémoire.
MÉLANGE;; RABBINÏQDES 31
tal qui présentait dix-tiouf Berakliot. Nous serions dispos*^ plutut
à regarder comme une addition nouvelle le paragraphe XIV, qui,
dans tous les cas, n*a pu être introduit dans les Dix-huit qu*aprés
la destruction de Jérusalem. Il est même possible que, pour main-
tenir Tancieii nombre, on ait, au commencement, fait disparaître
le paragraphe XV, en faisant entrer la prière pour le rétablisse-
ment du tri*Jne de David dans celle qoi était consacrée à la recons-
truction de la ville sainte. Une ancienne Baraita, où il est dit
« qu'on fait entrer le trône de Daviid dans D'^bîSin^ rï3"i2 », porte
peut-être la trace de cette tentative hardie qui n'a pas réussi ^
Le paragraphe XIÎl, malgré sa longueur, peut se réduire aux
trois membres habituels ; il faut pour cela eu détacher les mots
D^^natnb^ jusqu'à piin "*n:i, qui forment une sorte de titre qu*ûn
pouvait élargir ou rétrécir : ici encore la même Baraita nous
parle d'un moment où l'on avait introduit la mention des prosé-
lytes dans la Berakha. Les trois membres de cette bénédiction
pourraient être :
^n\53 d^nanan hdb 3na -îsïs im yxïvn i^rr^ û-'pnxn b^ xii
Les mots ûrror n:pbn s^i^, s1is sont anciens, forment le com-
mencement du troisième membre. Quant à n73H3, ce mot est, de
nouveau, une de ces additions qu'on rencontre également dans le
numéro XVIII, après yT:^ n» ibbrr^T *, dans ira^j ifift-)*» (prière du
< Toseiia Serahkoi, IV» 25 : *T533 t2'^7:sn nn?:N\D f^'^^ns tn*03? rr;i?:tD
Vrt)iD bC3 D^r53 br) bbio a^b&î ^jz ^"*b nnnnïï n-^nDTK nnr^r r::i?:D
Û'^bril'» bUÎ3 n^TÎ bni a-^:pT b^::^ Û^iri blSI. Nous avons oorriKê D^'^CinD «'»
^^;^S1B d*apfè« Btrakh^i^ 8 a. Les dix- huit Btirakhol,, qui répondent aux dii-huit
meotioDs du tétragramme du Psaume xxix, uoaacrvtsot le nombre trDdilioDDGl, pârcu
qu'oo ÎDsèfe l'imprécatioa coulre les Q^^T daas U douzième Berakha, la prii^rb pour
1^ prosélytes dans la treizième et parce qu^ou réunit la quinziiïme à la qua-*
torzième. À noire avis, la quinzième Bdrakba fut supprimée lorsiqu'on créa la qua-
torzième, mais la 0^5*^7311 riDia existait déju avant la destruction de Jérusalem
«t foMnalt un pendant à la bénédicUon en friveur des * justes et pieux i qui la suit.
Le^ docteurs qui considéraient l'imprccalion contre les f^SiT^ comme une nouvelle
création soulèvent mâme la question ; mais en réunissant la quinzième Ucrakha à
la quatorzième, il nVa reste que dix-sept? Et ils répondent qu'a?ant cette réunion^
la Birkhûi HammtHÎm avait déjà été étalilie à Jabné, fl"'' ^T^SS ^lb 'T l^N
roy^ m:?3p nas D'3^13 bu nrjna ib m^K To\s rn^y :'3C.
» Le premier membre de cette Berakha se termine par ïlbo. mot qui sa rencnn-
Iré encore ailleurs dons le Kituel, comme dans ceLle Berakha même : 15mT7T
fîbo. el ailleurs, ïibc ^T^iKD'' ^ïl^O "Tlïjî^TT^ , etc. Dans tous ces passages^ il t
la at&s traditionnel de ibub 1 comme le traduit le Targum "J^^b^b. Le SiJdur
de K. Amram donne, dans le f^^^ 112n^ avant Dlbub 13N'*3m, la curieuse .
•ddilîû& suivante : ^3^1 TîbO HÏS i:*î3T7t bw ^l'^nDHl ^J'^îanm î les trois der-
niers mots répoûdeut à peu près à IJI oblJ^b T'an* Us roppeUent le passage du
BEVUE DES ETUDES JUIVES
soir) et aîileûrs* Les paragraphes XIY et XV sont conformes ad
type priraitif, si 1 on enlève à XIV ia phrase relative au <» tn*me de
David ». Enfin, dans X\l, les roots yizrû h» ^D jusqu^à •c^'^cn ne
sont qu'une amplification postérieure de ^?:nTDnnei 'O, qui est le ?^
ritable membre final de la bénédiction * .
Noaa croyons utile également de présenter une observation sur
la formule finale des bénédictions. Nous pensons qu'elle ne s'est
jamais composée que de deux mots, qui ont été surchargés d'ad-
ditions qui manquaient dans la forme prioiîttve. Les cinq premiers
paragraphes, ainsi que VII, IX» XIV et XVI, ont encore leur an-
cienne forme; le numéro VI doit être réduit à mbob naiTzîr,
n<> VIII à t^b^n ftten-^ ; n« X à n'^rm >^3p?o ; n*» XI à od^îd nn^fia ;
n* XIÏ à D^iT ^'•5ST3 ' ; n<» XIII à d^-p^i^V narî:^ ; n*^ XV à rvzT7
Si, d*un côté, ils étendaient ainsi de plus en plus Tancien type
des Berakhot, les docteurs nous ont laissé, d'un autre côté, les
formules dans lesquelles les Dix-huit ont été fortement abrégées;
c'est ce que la Mischna appelle nniû5? nataa V*'^- Nos rituels ont
conservé une de ces courtes formules, commentant par v,ti':%
'[TTk^ 'n, telle qu'elle se trouve dans le Talmud deBerakhot,29a.
Le Talmud de Jérusalem • avait deux formules» Tune» très courte,
dont il donne les six premières Berakhot (IV-IX), représentées
par dix mots, et Tautre, plus longue, qui est d'accord avec la rédao-
tion du Babli, et dont îl ne nous a conservé que les sept autre*
Berakhot (X-XVI). 11 nous manque la fin de la formule la plus
courte, probablement par suite d'une malencontreuse observation
de R, Haggay, qui a égaré le copiste si négligent du Jeruschalnii*
J. Dehenbourq.
Talmud Bftbli S*'Mn, S4 h 'iSl 1^1 T'h'O TX^ "naKSD t21p73 bS, où ccpendint
cbA^ue mot est expliqua à i>Bn.
» On û depuis longlemps observé que le paragraphe XVfl (HX^) jtvîtm%
une coûlradiclioa entre la phrase 'l3T Ï1*7*12^Ï1 TH 2ÏÏÎTÎ et ceUe àt ^80
'1D1 bt^'^D^- La première no peut j avoir été ajoutée qu*aprè» la deîitructba du salic-
luaire. ^ancienne rormuîe émît peut-î^tre ûnbDn31 bî^TÛ"* ^r:r^n liTîVx *rî TÇi^
"|)3^ bïn«^ ma? n^i2T[ lii^-ib "'rrnn pxn^ î^^pn 2nb£:*-in ^x-ia*^ ''ïïsn.
li esl bien entendu que» dans ce cas. les mots '^0^ ■)3'^3"*^ Ha'^Tnri'!* aiiisi <n»
il bénédiction finale, ne sont pas anciens.
« Ou bien C^n-ilN ^31^ » ce qui rappelle les mois ini3-» "«rn^lH 531 , l»»'
dis que Ë^IT ?'^;d?3 n'a été ajouté que lorsque les 0*^*7? ont été ïQlrodiiits dM*
la Berakba,
i Le mot \yp suit d'ordimtire le verbe Gif! et se rapporte, dans tooi ie§
toujours a David ou au Messie, — Nous supposons pour XVU 11375 •^PIRffl
pour XVIII msninn 5ô<* qui se sont maintenus à la fin du l^snT S'^'UTD.
* iTenïAAoi, 8 fl : y\2 ir-'bn Ksn isbNiA "ïsb nbo i:n:îT:Dn.ni:n laraï
Dans la littérature et dans les dogmes, dans la liturgie et dans
rites, en un mot dans la vie de la communauté clirétienne dés
^niîers siècles, rorigine juive du christianisme se révèle avec
le clarté qui ne se retrouvera |dus dans la suite. De môme, en
ice de la mort et par delà les tombeaux, Téglise montrait encore
liens qui la rattachaient au judaïsme, en se servant, pour affir-
te ses convictions les plus sacrées, ses espérances su[>rémes,
^*ttii langage imagé emprunté, en partie, à rAncien-Testament,
ûela nuit des catacombes, qui sont elles-mêmes un emprunt fait
•ui institutions juives, émerge une série de symboles bjblifjues
piimitifs qui deviennent des types fixes et qui se retrouvent, en
^'>robre plus? ou moins grand, dans tous les pays où le christia-
'ïbme se propagea successivement, dans les tombeaux et sur des
pbages, sur des bas-reliefs et des pierres tumulaires, sur des
p6s et des verres à destination l'unéraire. Ces symboles nV*nt
se produire accidentellement, arbitrairement, par le caprice
idifidus isolés; ils forment, au contraire, un cycle bien éla-
stéréotypé, \\n canon supposant une préméditation profonde,
pensée dirigeante, un ensemble complexe de vues qui de-
tiieul être immédiat emenl compréhensibles pour la masse des
Crojniitii, «ans exiger des connaissances scientifiques ou un ba-
gage littéraire.
San:» vouloir prendre parti dans la querelle que Tétude des mo-
lumeutB du christianisme primitif a soulevée entre les deux
T. XIV. F*» î7. s
3/,
REVUE DES ETUDES JUIVES
camps d'all<*goristes, les catholiques et les protestants, on pem
cependant admettre» à priori» que Tobservation et rinterprétâtioi
la plus naturelle et la plus sobre» (évitant les parallèles cach^^ dfl
la littérature, approchera plus près du véritable sens des mona-
nients que l'interprétation reposant sur des hypothèses scient*^
fiques, qui introduit dans les symboles toutes aortes de rapports
d'allusions que les artistes et les premiers croyants ont pu diffici-
lement avoir en vue. Les démonstrations accumulées par l'^^inidi'"
tion de Bosio au sujet de chaque image et de son sens symbolique
d'après la littérature des Pères de TégUse et des poètes cbrétiem^
ont, en partie» le défaut de reposer sur des données plus récenlei
de plusieurs siècles que les monuments qu'elles doivent interpré*
ter. Le parallélisme des types» qui voit dans tout TAncien-Te^ta^
ment, dans ses figures et dans ses événements, un prototype di
Nouveau-Testament, de sorte que chaque trait doit se répète
dans Tun et dans Tautre, parce qu'il est devenu plus tard prédo*
rainant chez les commentateurs, les prédicateurs et, par suite
dans Fart, ne peut, pour cette seule raison, se retrouver dans lêÉ
monuments d'une époque antérieure. La manière dont les iinagef
de rAncion-Testament sont usUées sur les monuments prote«ll
aussi hautement contre celte interprétation ; en eâet* nulle pari
on ne parvient à constater entre ces i ma gas et le symbole ecQ'
prunté au Nouveau-Testament une conformité évidente; au coû?
traire, il y a souvent plusieurs types de l'Ancien-Testameut à c<'»l
d^uo type unique du Nouveau-Testament et vice-versà. Du reste
il est contraire à la loi du développement, qui se révèle dans toati
chose créée et s^ussi dans Fart, que 1 art chrétien, si simple à^sei
débuts, ait adopté régulièrement une dualité de représeiitatioi*
c'est-à-dire la répétition d'un seul et même symbole.
Si, d*un côté, nous devons nous éloigner d'une interprétalic
trop compliquée, trop savante et, par suite, peu ïiaturelle de c^
symboles; d'un autre cùté, il faudra aussi rejeter Tétude par Iro
superficielle, supposant l'absence d'idées, la pure imitation de I
part des artistes et des croyants. Un symbole peut, dans le coui
du temps, s*user, perdre de sa valeur et se réduire à un sigli
sans portée, mais originellement il était Tenveloppe d^me idée,
hiéroglyphe d'une pensive qu'il nous faudra rechercher et doJ
nous ne pouvons négliger la signification. Plus la présence d'imagl
bibliques sur les monuments funéraires des chrétiens primitl
atteste la renonciation aux symboles payens, la lutte et la ruptm
avec l'antique, plus nous serons sûrs d'avoir à leur attribuer
choix raisonné, une origine reposant sur de bonnes raisons,
faudi^a aussi séparer le noyau de i'écorce, la substance du
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TTTMULAIRES
35
le son enveloppe extérieure» Le monstre marin qui engloutit
peut, sur les rnonuraents chrétiens^ être emprunté à des
3intures tout à fait payennes, mais la flgure du propliète n'a rien
ire avec l'antique ; sa présence dans llconographie chrétienne
: avoir un motif démontrable; il ne suffît pas de dire que les
payens avaient^ eux ausî^i, des tigureâ de monstres marins sur ks
^Muonuments runéraires. Si l'enveloppe du symbole est anciennei le
^fcymbole ne perd rien de sa nouveauté, qui demande une explica-
^Bion. L'artiste emprunte les traits de sa peinture à Fépoque où il
^■lit, à son entourage; mais la substance, l'objet qu'il représente»
Hlie vient pas pour cela de son époque, de son milieu. Les symboles
bibliques, malgré leur parenté avec Tantique, ne sont pas des imi-
^■talions ou des continuations de celle-ci ; ils sont quelque chose
^Pie nouveau, qui n'a pas encore existé, qui exige d'autant plus
impérieusement l'explication par lui-même,
La littérature du cliristianisme postérieur et les symboles tumu-
laires de l'antique, voilà les deux sources à Taide desquelles on a
ssayé jusqu'ici d'ex[>liquer le sens des figures bibïiques sur les
monuments du christianisme primitif. Mais n'y a-t-il pas une troi-
sième possibilité, savoir, quMl existait déjà dans le judaïsme
iéme, qui est à vrai dire la souche du christianisme^ un choix
rimagés de TAncien-Testament, un cycle fermé de types qui ont
}u avoir été usités dans la liturgie? L'église ne se conipose-t-elle
as de la réunion de Vecclesia ex gentibiis et de Vecclesia ew
rcumcis^ione, comme llndique déjà Timage si ancienne de
, Sabine sur TAventin, par les deux figures de femmes en prière-
Toutefois, avant de hasarder des vues nouvelles dans une ma-
ière si souvent traitée par de si grands maîtres de l'archéologie
chrétienne, nous réunirons d*abord les symboles de rAncien-Tes-
lament qui se trouvent lo plus Crf^^quemment dans les peintures des
ïtacombes et sur des sarcophages, nous les examinerons et puis
lous rechercherons la source de ce cycle ; enfin, nous traiterons
tommaireraent des descriptions bibliques des monuments funé-
raires plus rares, habituellement dérivés des premiers et aussi
postérieurs quant à Tépoque. Toutefois nous n'avons pas la pré-
?ntion d'épuiser le sujet. Dans l'état actuel de la science, où les
intiquitês chrétiennes de grandes contrées n'ont pas encore été
examinées ni reproduites artistiquement par le dessin ou plus
complètement par la photo^^raphie, en énumérer exactement tous
les emprunts faits à rAncien-Testament et faire la statistique
complète de leur propagation, serait une entreprise sans espoir.
Cependant, même un examen superficiel nous donne, pour servir
à l'édifice de Thiâtoire juive» des matémux qui ont été négligés
90 RÊYIE DES ÉTUDES JITTVKS
lusqu à pr(*sent du côté des Juifs : riiistoire des grand
et des grands r»?cit8 de rEcriture-Sainte eii dehors du cl: ...
synagogue Ibrme, en effet, une partie* et une partie nullement
intérêt, de llii.stoire du judaïsme. LUiistoire de rAncien-T*-!5bua»;Bt
dans l*art est eijcore à écrire; en particulier, son influence sui
rart chrétien primitif tonnera un important chapitre de cet
vrage.
Adam et Eve*
Ce n'est pas seulement « principalement sur des sarcophages
et sur des verres dor^^^s «, comme le prétend Kraus*, que nou
trouvons limage d'Adam et d'Eve. M. Lel'ort* veut» à la vérité
placer dans la deuxième moitié du m* siècle la peinture de
voûte du cubiculuni de S. Agnèse, mais cela n'emp<^che pas ii
croire à leur présence antérieure, dans rornementation des toiQ
beaux chn^tiens. L'iconographie de ce point particulier m^
rilerait une étude à part et nous nous bornerons ici à releva
(luelques rares traits. L'arbre de la connaissance, dans lequi
s'enroule habituellement le serpent, est entre Adam et Eve. Lj
plus souvent Eve est à la gauche du spectateur, par exemple
(îarrucci % 11, tab. 23, 34, 5, 55, 57, G3; parfois elle est aussi àl
droite du spectateur, ainsi dans Garrucci, tab. 53, 64, 95, et sur
précieuse peinture de la catacambe de S. Gennaro à Naples, itfi
tab. %. Le serpent, ayant le plus sauvent la pomme dans I
bouche, se tourne, exactement selon le récit biblique, vers Eve
rarement vers Adam« Le serpent apparaît, au pied de Tarbi
émei*geanl du sol {ib., tab. 55); souvent Tarbre manque auss^
lorsqu'une autre figure remplit l'espace entre Adam et Èv6
comme dans Lefort, p. 49. et Garrucci, t. 67. — Quoique Adam
Eve soient représentés dans leur entier développement, Adâi
n^apparatt que très rarement avec une barbe, comme sur la pein
turede eatacombe dans Garrucci, t. 34, 5, et sur un sarcopbdg
romain, lô., V, t. 318. Eve se montre à nous avec une chevelu!
abondante, bien coitTée; sur les vendes dorés, elle a même d
bracelets et une chaîne de cou {R. E. /». *, I, 18). On songe ici
volontairement à la parole des docteurs, disant que Dieu Tavî
* P.-X. Kr«tts, B9m^^ $êttêrrûmêm^ M rémmàêm Kmimk&mè&m^ 1* éditiôD* p. ^
* Louis Ufort, Étmâê$ mr tu «Msmntsff primitiA dt U ptimiwti cii^itmmê
tt*hf^ Paris, tS«5. p, 46.
* H«llb«b Otmicd» Sim^ éêlts stf frittiêmÊ, iroL 11.
Sm$ ET OmCîNE DES SVilliOLES TlîAfULAlBES 37
lée et coifl'ée, avant de l'amener à A^lam* h'^otd p ^""i '^sm
pirr» mnb rT"3pri njbpa i7:b?a s'biïi r« 'n |n^i n^^m ■'«Ta
^n Cîwb [Berakhol, 61 a). Ceci doit faire cesser rétonnement
(M. Le Blant {Arles, p. vni, note 9; cf. Garrucci, III, p. 123), Il
&t pas possible de Liistmgiier dans ces images si elles présente jit
Itablier Je feuilles de liguier cousu ou tressé. Souvent il appa-
|U comme un épais feston courant autour des reins; parfois on
{voit que la feuille tle figuier. La figure montrant en haut l'arbre
I ayant Fattitnde d'une personne parlant ne tient le tablier que
Bne main; l'autre figure le tient des deux mains. Parfois on voit
Jpomine dans la main d'Eve,
JCette peinture a été souvent reproduite sur les sarco}diages,
titût avec d'autres imat^es, sur la partie antérieure du sarco-
ge, tantiît seule sur les parties latérales. La collection de Gar-
cci, dans le V* volume de son ouvrage monumental, donne des
mpïes fournis par Rome : t. 312, 1, 4, 313, 314, 318, 322, 3(55,
[372. 382, 396, 1» 5, 402; par Milan : t. 328 ; Yelletri : t. 374 ;
^ples : 1.395, 2; Vérone: t. 333; Syracuse: t. 3(>5, 1; Sara-
ï: t. 381; Tolède : t. 369; Madrid : t. 376, 3. L'exemple de
nosque (t. 351) est reproduit plioto}?rapliiquement dans Le
inM, t. 50; cet ouvrage donne, p* 71, 97, 99, 118, 136, 142, d^au-
i exemples provenant de France, auxquels il faut encore ajouter
ot d'Arles •• Le sarcophage de Caliors, dans Le Blant, p. 21, où
bani et Eve sont représentés sans tablier, devant l'arbre de la con-
lissance* est très remarquable. La représentation du sarcophage
I Veîletri, où Adam et Eve se tiennent embrassés, où Eve tend la
oiiie à Adam encore tout nu et où, sur le c<)té, se trouve l'arbre
tpled duquel le serpent se lève vers le couple, tenant une ^igiœ
|ftssaboucbe, mérite aussi notre attention. Evidemment ici Tar-
^a clioîsî le moment qui précéda la chute d'Adam. Sur le sar-
b4g« de Saragosse, l'image d'Adam et Eve est répétée sur
l4tui bas -côtés ; au-dessus de 1 image d'un des cotés, il y a la
ârquable suscrlption : Adan (par un n) et Evva, comme pour
miter roHbographe du texte : njn.
Limage d'Adam et Eve parait aussi avoir trouvé régulièrement
bc*» sur les coupes en verre à destination funéraire. Je citerai
ws exemples qui, par réloignement des lieux de découverte»
Durent la diffusion typique et extraordinaire de ce symbole. La
iid L« Blant^ Lit tareopha^n tKretient dehOauU; Pam, 18^, in-4".
i tt Eve QjiioqueQl dans l'index de cet ouvrage, qu« je cilemi dans ]a suit» de
êÊOB élode iimptvineat £ous le nom de Le Blonl.
' Bdnont Le Uiant, Étndtt sur tes iariùphûf^tt ehr/tient antit/ttes de la tUle
d'ÀrUë; Put*, 1S"8, in'4", Plauche Vf ==i Garrucci, U 3tî6, 3.
38 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
coupe de Podgoritza, en Albanie, contient le dessin le plus cru
et le plus grossier, et porte, du reste, la fausse inscription ABRAM-
ETETEUAM (Cf. le dessin de Le Blant, Arles, t. XXXVI). La pa-
tène en verre de la collection Disch, de Cologne, trouvée au pays
rhénan, a aussi Adam et Eve sur un de ses médaillons de verre
(voy. Jahrbûcher des Vereins der Alterthumsfreunde im Rhein-
lafide\ 36, t. III). La même image se trouve sur un vase en verre
provenant d'une tombe du iv« siècle, d'Abbeville (Aisne); voir Ga-
zette archéologique, IX, 1884, p. 224.
Si, après cet aperçu, nous demandons ce qui a valu à ce sym-
bole sa place régulière sur les monuments funéraires chrétiens,
nous verrons dans la réponse les deux extrêmes de Tinterpré-
tation, Tallégorisme sans frein et le rationalisme aride et sans
idée. La masse de pensées dogmatiques et d'allusions que, d'Arin-
ghi à Heuser (R. E. P., 1, 15), on a cru trouver dans cette naïve
peinture, Schultze» en a prouvé l'invraisemblance et la fausseté.
Mais il est encore beaucoup plus erroné de soutenir que cette
image est empruntée à Tantique, comme Hasenclever l'a sou-
tenu '. Parce que, sur les tombes païennes, il y avait aussi des fi-
gures de serpents, l'emploi de l'image du premier péché ne serait
que la continuation de Tusage payen, comme si le serpent était le
sujet principal et comme si les figures d'Adam et d'Eve qui l'ac-
compagnent n'étaient qu'une addition insignifiante.
Celui qui veut résoudre impartialement cette question ne peut
méconnaître un instant la signification funéraire du symbole. Au
sens de l'Écriture sainte, l'image d'Adam et Eve se trouve sur les
monuments funéraires parce qu'ils ont apporté la mort dans le
monde. Comme dans la liturgie funèbre des Juifs, les paroles de la
Genèse, m, 19 : « Tu es poussière et tu retourneras à la pous-
sière, » empruntées au récit de la première chute, sont pronon-
cées au moment où la tombe commence à se fermer et les mottes
de terre à tomber, ainsi, dans le symbolisme tumulaire des chré-
tiens, l'image de la première chute est devenue le symbole d'un
mutisme éloquent de la mort compréhensible aux esprits les plus
simples, rattachant la destinée de tous les hommes au commen-
cement de la vie humaine sur terre.
Comme développement du symbole original, comme peinture
historique n'ayant besoin d'aucune interprétation, nous trouvons
' Dans la suite, nous désignerons ce recueil par Tabréyietion J. R. H.
« Victor Schultze, Arehaeologische Studien Ûber altchristliche Monumênte ; Vienne,
1880, p. 154 et s.
•Adolphe Hasenclever, Der altchtisUiche Qràbertchmuek \ Brunswick, 1886,
p. 217.
SFINS ET ORÎGÏNE DES SYMBOLES TLTMl LAIHES 39
S tardiveinent et 1res rarement, sur les sarcophaf^es, la cr^alion
WUnm ou trÈve. Heuser, B, E, P., 1, 16, ne cite q\iB le sarco-
if ^ bien coiiiui du musée de Lati-an, reproduit par Garrucci,
395, 2; Kraus, Eoma sotierranea , t. Vîl, et Schuitze, Arch.
Hâien^ t. 22. Toutefois cette ppîoture n*est pas la seule* Si Bour-
inatort de parler deonze peintures de la création d'Eve se trou-
intdans la collection de Latran (Schultze, pag:e 102, note 3), il
;jste cependant d'autres exemples de cettasc^ne. Ainsi, Garrucci
niî< donne, tab. 396, 2, un exemple provenant de Naples, où cet
i^nement est représenté à tèié de la chute, exactement comme
sur le sarcophage de S. Paolo fuori le mure, et, tab. 399, 7, un autre
emple tiré de CampH. M, Le Bîant, p, 80, en ajoute un autre
core où Dieu est repn^âenté modelant le corps d'Adam, emprunt
la création de Thomme par Pnmiétliée dans l'art antique, comme
llze, p. 151, l'a montré. M. Le Blaiit, Arles, p. 12, [>rouve
i^ilans Tart chrétien primitif, les représentations de la Divinité
mdent. Mais les deux figures qui apparaissent habituellement à
de Dieu» à ia création du premier couple humain, ne sont pas
r former la Trinité : Schullze, p. 148 et s,, Ta démontré à
près et y a vu des figures d'anges,
Cest aussi fort tard, et seulement comme développement pré-
idtt hJ«torique du symbole des premiers parents, qu'apparaît
les sarcophages la scène de Gen.» m, 23, où Adam et Eve sont
*8 du paradis. Ordinairement Adam est représenté portant
gerbe, Eve un agneau : ici il ne faut pas ctiercher de symbo-
loe» mais il faut admettre simplement, avec Schultze(p, 157),
\'m a désigné par ces emblèmes Tagri culture et l'élève du bé-
hil.ou^ comme la Bible dit, le travail de la terre, qui sera dé-
lonnais la destinée du genre humain. Rien qu'à Rome, on a trouvé
806 foule de ces peintures; ainsi, par exemple, dans Garrucci,
I»b.3l4, 1 ; 365, 2; 396, 3-4; 402, 6. M. Le Blant, p. 35, cite un
, exemple d*Arles, La figure qui met la main sur l'épaule d'Eve est
incontestablement le Clirist : un sarcophage de Saragosse dans
^^Bflmjcci, t. 381, 2, met cette interprétation hors de doute. Sur
^■|0m desi bas-côtés se trouvent Adara et Eve; d'un côlé, c'est
fllfeène de la chute et on y voit déjà l'agneau et la gerbe à côté
d*Adam et Eve; de l'autre, c'est la scène dp l'exil du paradis. Ici
fljrt enire les deux figures d'Adam et d'Eve, reconnaissables par
n&scription d'Adan et d'Evva, une ligure qui, de la main droite,
tend  Adam la gerbe, de la main gauche tend Fagneau à Eve :
an-Jcssus de sa tète elle porte le monogramme, c'est a-dire qu elle
est désignée clairement et incontestablement comme le Christ,
Sciiultzi: a aussi admis, contrairement à Piper, que la même
40 liEVUE DES ÉTUDES JUIVES
figure, dans la môme scène du sarcophage de S. Paolo, est le
Christ (p. 155, note 2).
L'agneau et la gerbe apparaissent aussi, d'après Gen., iv, 3-4,
dans le sacrifice d*Abel et de Caïn ; dans Tart chrétien primitif,
il n'y a pas d'exemple de la représentation de cette dernière scène,
qui n'a été reproduite que sur quelques sarcophages. Aux trois
exemples cités par Heuser, R. E. P., I, 2, il faut encore ajouter
ceux que donne M. Le Blant, Arles , p. 10, 43. Dans un fragment
de Die, il veut (p. 25) reconnaître le sacrifice d'Abel. La peinture
nous montre Caïn avec la gerbe, Abel avec l'agneau sous le bras,
se présentant devant Dieu, qui apparaît comme un homme barbu,
sur un siège paché par une couverture, et ayant, comme signe de
sa majesté, un escabeau sous les pieds.
Comme un rejeton latéral d'une branche qui dépérît rapide-
ment sans être arrivé à fleurir, cette scène sort du .symbole pri-
mitif et disparait après quelques tentatives. L'art des verres
dorés n'a pas même adopté ce sujet, tellement peu il avait une
place ou une signification vraie dans le canon de l'ornementa-
tion funéraire du christianisme primitif. Toutefois Heuser {l. c.,-.
p. 3), entre autres allusions et allégories disséminées dans less
Pères de l'Église qu'il élève à la hauteur d'interprétations d^
cette scène, a cité celle-ci : que Caïn signifie la Synagogue,
Abel l'Église.
La faute d'Adam et Eve est le symbole original et le seul com-
préhensible de l'art funéraire du christianisme primitif; les
autres tentatives faites pour tirer de Thistoire d'Adam et d'Eve
et de leurs deux fils des scènes pour les monuments funèbres ne
peuvent être considérées que comme des additions au fond du
symbole, visant seulement au titre de peintures historiques et
excluant, par leur nature et leur développement historique, l'in-
terprétation symbolique. Aussi, l'explication de ces peintures ne
peut être que forcée et artificielle. Si Épiphane voit dans ces pa-
roles de la Genèse, iv, 10 « que c'est le sang (et non l'âme) d'Abel
qui crie vers Dieu », une allusion à la résurrection des corps, on
peut accepter cette interprétation. Mais pourquoi y aurait-il pour
cela la même signification dans le fait de roff*rande du sacrifice de
Caïn et d'Abel, où il n'est pas encore question de la mort d'Abel
et encore moisis de cette finesse agadique, comme Heuser le croit
étourdiment? Une peinture historique ne doit pas être prise allé-
goriquement.
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMCLAIRES
4f
Varche de Noé.
Sur les peintures murales, sur les décorations de voûte comme
dans les arcosolia des catacombes, nous trouvons, à une époque
fort ancienne et 1res fréquemment, Noé dans Farche, recevant
la branche d'olivier rap[)ortée par la colombe. A Rome, comme
à Fùnfkirchen S la même scène nous apparaît, 11 est vrai que
M. Lefort (p. Htù) veut attribuer Timage de la catacombe de Domi-
tillaà la lin du u° siècle ; mais de Rossi lui accorde nue plus
haute antiquité (Kraus, R. S.^ 279), et Scliultze tient pour prouvé
(p. 270) que son apparition dans Tart chrétien date du commence-
ment du ii*^ siècle. Je vais risquer une hypothèse qui absout cette
peinture devenue typique chez les artistes du reproche « de man-
quer de tout réalisme historique » (Kraus, ib,, p. 278). OnaTha-
bitude de prendre la petite caisse cubique d'où Noé émerge pour
rarclje, bien que, si on fermait le couvercle, il n'y aurait pas
mez de place pour lui tout seul. Qu'un si petit réceptacle dési-
gne la puissante arche dans laquelle tous les êtres vivants pu-
rent se sauver du déluge, c'est là une hypothèse inadmissible,
DJénjp dans la peinture symbolique. Aussi, j'y vois seulement la
peinture de l'ouverture destinée à donner de la lumière, du nnk
(6en. VI, 16), que les artistes, d'après une interprétation fort juste
«Je ce verset, considéraient comme un cube saillant d'une coudée
ati-dessus de Farche. Avec un sens génial du point le plus essen-
I tl€l, ils ne dessinaient que cette partie de l'arche dont Noé a sou-
levé le couvercle, pour lâcher la colombe. De isl\U il laut que nous
ttous imaginions la grande masse de Tarche enfoncée sous les
flots, d*oil émerge seulement ia lucarne. Originalement nous
^ >oyons toujours sur les dessins l'arclie sur les flots ; rarement
JiOUs voyous» comme dans Garrucci, t. ^4, 52, 62, farcbe sur le
I sommet de la montagne (Gen.^ vm\ 4), et représentée néanmoins
îoujsla forme d'une caisse. Pius tard, lorsque le type s*établit, lé
sens du dessin original ne fut pas maintenu, et c'est ainsi que
l'explique le fait que nous trouvons, dans t. 51, la caisse dans
Ku canot, dans t, 52, reposant sur des pieds, et, dans t* 72, un
fâse rond orné de figures de lions, à la place de rarche. Une vé-
îitâble preuve de la justesse de mon hypothèse est fournie par la
peinture de l'arche dans la Genèse de Vienne (Garrucci, tab. 112,
* Miiih*%Un0tn Htr k, k. CtntraUommiuioK tus* ErAaltung tmd Jir/brschun^ dir
42
mvKm \ws tvimrs jîjîtes
r
3, 4), où les trois étages de Tarcbe sont encore visibles» parce
i[ii'elle n'est pas encore alourdie parlons les animaux, et où la cak<e
h lumière ressemble bien à celle de nos anciennes peintures. La
simplicité du sujet olîrait, du reste, à la liberté de Tartî^
champ très restreint. Le plus souvent le couvercle de la cai
relevé; je le vois aussi t. 27. où Garrucci veut voir un symbole du
vent qui s'éleva ; mon opinion est renforcée par la peintut • ^ '
t. 78. Le signe ressemblant à un gamma grec dirigé vers ta u
qu*on voit sur la caisse désigne la serrure qui, sur la tab. 73,
apparaît distinctement sur le couvercle. Noé« qui est représenté
le plus souvent sans barbe, est tourné à droite, quelquefois aussi
à gauche, pour recevoir la colombe apportant le rameau d*olivier
(t. 14» 27, 31, 43, 51 , 52, 53, 62, 70, 72, 73, 78); la t, 44 seule montr.-
deux colombes volant vers Noé, de deux cotés opposés. Sur !a
t. 43» Noé apparaît nu. D'après rinterprétation habituelle» il fau-
drait reconnaître ici et ailleurs Timage du mort dans la figure de
Noé; il y a même, à sa place, «ne figure de femme, debout dans
Tarche*,
LVmploi du symbole est identique sur les bas-c<5tés ou ciltés lon^
^itudinaux des sarcophages» Sur ceux de Rome, t* 318, 368, SI'*»
384, 1 et 6, 397. 6, et de Milan, t. 328, Tarche est portée par les flots;
sur celui de Milan, la caisse est hexagonale. Sur la t. 377, Noé tiei^^
la colombe dans ses mains, tandis qu ordinairement elle voleseul^
ment à sa rencontre. Le sarcophage de Velletri, t. 374, montre 1^*
traces de la serrure sur la caisse et au couvercle. Sur les saro*^
phages gaulois, il y a ceci de frappant, que le symbole de Taro^
en est entièrement absent*. Du moins M. Le Blant n*a pu en cife^
un seul exemple dans sa collection, La scène peinte sur le sarc^
phage de Trêves, où Ton voit dans l'arche, à côté de Noé»
femme, ses trois fils avec leurs femmes, ainsi que quelques repr^
senlants du règne animal, est remarquable (Garrucci, t. 308, 1.'
LeBiant, t. III, l).
Si à ces témoignages nous ajoutons la reproduction du récit
biblique de Noé qui se voit dans la décoration des églises, comme
à Milan par S. Ambroise, à Saint-Savin (Vienne), nous ooiista*
tons une diffusion de ce symbole qui doit avoir une raison déter
minante. On a cherché, pour expliquer ce symbole si simple, uim
foule d'allusions forcées, et de comparaisons tirées de la littérature,
qu'on trouvera r'^unies chez Heuser (R. E> P., I, 500 , Kraus,
« Gf, SdiulUe, Diê Katak^m^m (Lcipiig, 18S2), p. lui; H&seiicleTet, p. 219,
QOld '2*
* L'exoiBpl« d'Aj'Lcsifas cito Hetuer, R* S. P,, 1,499^ ne se Ltoqvô paM à Vt^lraàl
iniljqué.
^^^ OeiCINE PES SYMBOLES TraiTLAIRES
II?. 5* ,Tîill)i Hetis;!lmaiin dans les MitiheUungen der h. kl ven-
ralcorn mission, XVIII, 151. Si rélasticiié de ce symbole ijermettait
ax savants futur» d'y voir toute espèce de choses, il n'avait as-
^r à rorigine, dans sou extrême simplicité, aucune de ces
liions dues aux découvertes des erudits. La tentative
lite autrefois de rattacher le symbole de l'art chrétien * aux mou-
laies noachiques dWpamée est également insoutenable.
ilasenclever lui-m(^me en convient. Mais, suivant le système qui
fait pousser les arbres d'abord par la cime, il considère (p. 218)
^^^'*ntique ornement de la colombe de paix comme le germe qui a
loïiné naissance à la scène de rarclie <le Noé. Ou ne peut qualifier
fton plus de tentative heureuse celle de Schultze ', cherchant le
ftns évidemment ftméraire du symbole dans l'Arche, le xipwroç des
eptante, parce que Arca signifie aussi cercueil, l'image repré-
sentant ainsi, en quelque sorte» le mort debout dans son cercueil.
Le sens de cercueil ne devient possible que par les traductions :
le texte hébreu rtnn Texclut. De même, le rameau d'olivier n'a rien
à faire avec la formule in pace\ au contraire» l'image de la co-
lombe avec le rameau d'olivier, sur les loculi des catacombes, est
certainement empruntée au symbole de Noé, dont elle s'est sé-
parée-
Considérée au point de vue biblique, sans recourir à aucun ar-
tifice, rimage de l'arche de Noé paraît représenter seulement le
premier exemple historique d'une délivrance miraculeuse par
Dieu. La pensée consolante qui se dégageait pour les premiers
ClMiensde ce symbole, c'était la démonstration fournie par Noé,
(jne, dans la ruine générale, le salut s'obtient par Taide miracu-
leuse de Dieu, Noé, le second père du genre humain, est le syra-
Iwie de la vie dans la mort. C'est pourquoi on n'a pas choisi
t-en-'Ciet, mais le moment ou la colombe apporte le gage de
rli délivrance, le rameau d'olivier qui annonce la vie nouvelle sur
la terre, la renaissance du monde. Cest dans ce sens que l'épUre
anx Hébreux, xi, 6 parle de Noé.
Abraham immolant Isaac*
ï Depuis l'époque la plus reculée, le sacrifice du Moria a été Tob-
fcet d'une grande prédilection dans Tart chrétien. La présence de
Kalte image dans la catacombe de Callîxte prouve à elle seule
•^ * Voif Schidtiê, Dit Katakomèên^ p. 108; Oirrucd, 111, p, 126 ei suiv.
* Jh4 Lûiûk&mhti^, p. 127,D0Le 6 ; ArchacQlûgiàtkû StuditUt p. 'llH,
44 REVUK DES ÉTUDES JUIVES
son antiquité ; M. Lefort, p. 30, la place à la fin du ii« siècle. Je
ne suis pas de Tavis de Schultze (Arch. Studien^ p. 92), qui fait
ressortir qu'elle n'existe que rarement sous forme de fresque.
Garrucci, à lui seul, cite huit exemples tirés des catacombes (tab. 7,
24, 43, 48, 57, 67, 69, 77) ; un cubilicum, dont M. Lefort(p. 75 et s.)
décrit les peintures encore inédites, tire son nom du sacrifice
d'Abraham. Si on examine ces peintures, on reconnaît bien vite
que c'est le père, qui, sans hésiter et volontairement, lève le cou-
teau sur son fils unique, qui a été l'objectif principal des artistes.
Il est la figure la plus saillante et le centre de ration. Aussi
les figures accessoires sont-elles parfois traitées avec un complet
mépris des données bibliques. Isaac apparaît nu et lié, parfois
aussi chargé du bois du sacrifice, non sur l'autel, mais à côté.
Quelquefois le bélier n'a pas de cornes; le buisson où il est em-
pêtré manque; lui-môme est placé entre Abraham et Tautel, ou
derrière l'autel. L'autel, diversement figuré, est représenté déjà
allumé. A la place de la voix de Tange appelant du haut du ciel»
les artistes durent symboliser l'intervention divine par une main
descendant d'en haut. Comme la tradition juive hésitait au sujet
de l'âge d'Isaac, entre deux, cinq et trente-sept ans *, celui-ci
apparaît habituellement sur les images comme un jeune homme,
une fois (t. 77) comme un jeune garçon. Abraham est représenté
sous les vêtements sacerdotaux, c'est aussi un souvenir de la tra-
dition, qui, dans Pirlié di R. Eliézer, ch. xxxi, compare Abraham
au grand-prêtre.
Sur les sarcophages où ces scènes apparaissent souvent, soit
sur les côtés larges, soit sur les bas-côtés, ces peintures donnent
lieu à des constatations remarquables : à Rome elles se trouvent
sur t. 318, 322, 323, 327, 358. 364,2, 367, 384,3, 400,4 ; à Ancône.
t. 326 ; Milan, t. 328 ; Madrid, t. 314, 341 ; Tolède, t. 369 ; Gérone,
t. 374 ; Pise, 364,3 ; Syracuse, t. 365. D'Arles, M. Le Blant nous
donne t. III (p. 5) ; VI (10 cf. G 366) ; VIII (16) ; X (20-22) ; XXI (p. 35
= Garrucci, t. 310); de Toulouse, M. Le Blant nous donne aussi
t. 25 (= G 312) ; de Bagnols, t. 29 (= G 378) ; d'Aix, t. 42 (= G 379) ;
de Narbonne, t. 56 (=z= G 334) ; de Lucq de Béarn, t. 27 ; de Cler-
mont, p. 63 ; de Le Mas d'Aire, t. 26 *, où le couvercle du cercueil
porte cette scène (Cf. aussi Le Blant, p. 49). Le bélier suspendu par
les cornes au buisson, conformément au récit biblique, apparaît
rarement, comme sur le sarcophage du Louvre (Garrucci, t. 324)
> Beer, Ze?Jc» Abraham 's nach Aufassnng der jûdischen Sage; Leipzig, 1859,
p. 64.
* M. Le Blant ne dit pas que Garrucci aussi (t. 301,3) reproduit et discute ce sar-
cophage.
SENS ET OniCîNE WS SYMBOLES TUMULAIRES
^:5
f'i sar le sarcophage (FArles, t* XXI. Par contre» io trait biblique
» représentant Abraham étendant ia main pour immoler (Gen.»
xxji, V, 10 : Drràb) son flls se retrouve partout. Ordinairement,
il Saisit Isaac par les clieveox, tirant sur la t«^te pour dégager
»le cou, avant de lui donner le coup mortel avec le couteau levé.
C'est ainsi que Eplirem le Syrien décrit la scène d'après Timage
<iu*îl a vue (V, Garrucci, III, p. 122, note 1). Sous une forme
t particulièrement émouvante, cette scène est reproduite sur un
chapiteau de la cathédrale de Bâle*, où Isaac, sur le bûcher, la
tête fortement penchée en arrière, attend le couteau, que Tange
Balsit par la pointe. Fidèles au récit biblique, ib., 9, les sarco-
l>hages montrent quelquefois Isaac lié sur TauteL Ce qu'il y a de
frappant, c*est que le sacrifice qui, d'après TÉcriture sainte, n'eut
pas de témoins, se passe en présence de deux ou plusieurs per-
Iponnes. M. Le Blant (Arles, p, x, note 5) cite ce fait comme
Bxeraple des licences prises par les artistes vis-à-vis du récit bi-
Rlîque. S'il n'y avait jamais plus de deux personnes apparaissant
aux c<5tés d'Abraham, comme dans Arles^ t V, VI, dans Rome,
U 384,3, je risquerais riiypothèse que les artistes ont voulu dési-
jgnerles deux jeunes gens (d'après la tradition Ismaël et Élié;£er),
I qui, suivant Gen., xxii, 4, sont restés en arrière; car il est no-
[ toire que, dans cet art, des faits éloignés Ton de l'autre sont sou-
vent rapprochés. En ce cas, Tune de ces personnes, qui vient à la
jîauche d'Abraliam, ne serait pas l'ange, qui devient inutile en pré-
s€ace de la main sortant des nuées : ce serait plutôt Tétonnement
de ceux qui étaient présents par la pensée qu'on aurait voulu
peindre. Mais si nous comprenons bien les monuments, il appa-
raît fiarfois plus de deux personnes comme témoins. Sur deux sar-
cophages, qui, à la vérité, selon M, Le Blant, p. 96, sont dus au
lûéme ciseau, apparaît, t. XXV, XXVIl, une femme parmi les
spectateurs, dans laquelle Garrucci, V, p, 26, voit lUÏglise, M. Le
Bïaat, p. 102, a vu incontestablement juste, en la prenant pour la
1ère d'Isaac, Sara. Je crois que lartiste a voulu donner à la mal-
liflireuse mère qui ne se doutait de rien une part à Faction, tout
â fait comme, dans le Midrasch, Isaac, dans sa dernière allocution
à «on f>ère, parie de sa mère (voir Béer, p. 6t>, note 12S]r ce que
r Juda b* Abbas rend en termes très poétiques dans son Akéda :
■ nncnb iixn ^nj© r? tm::-i "^nD©, p. 61 &). L*œdicula, dans laquelle
Tie bélier apparaît sur les mêmes monuments, a été expliqué par
U, 1-e Blant, p* 103, comme étant due à des considérations pure-
nent décoratives. Cependant il semble que les artistes voulaient
* Voir Cahier, Nom^euux milamga d*anhhiogH : Cutmiiù mystérituics^ p*
1G6.
46 VVHP RKVUE DES ETUDES JUIVES
désigner par là le temple du Moria, qui devait sV4ever un jour
a cette même place où le tiacrilice eut lieu. C'est visiblemeiU le
cas pour la coupe de verre de Trêves*, où il y a une lanj^ue de
leu, à C(Hé de la main do Diru, d'après rinterjn'élatioa de M. Le
Blant, p. 51, note 6, représentant Ja manifeslcUjon de la divinité
qui retient le couteau d*Abraham. C'est t^aleraent comme une al-
lusion au temple futur, que je m'explique les cordes d'arpentage
sur Tautel de la coupe eji verre doré (dans Garrucci» t. lT2,8)où !
Isaacest représenté nu et les jeux bandés : c*est là que les fon-
dements du temple sur le Moria seront délimités un jour avec U
corde d*arpenteur : telle est Texplication que je voudrais donner
ici en opposition avec Garrucci, qui voit là une allusion à la dis-
persion dlsra^l.
Des témoignages de la diffusion extraordinaire de cette scène
sur des peintures nous sont fournis par les pères de TÉglise*,
Grégoire de Nysse parle d*une peinture de cette scène qu*il nV
vait jamais pu regarder sans larmes. La description montre qu'ici
aussi Abraham tenait Isaac par les cheveux (pp. ed,, Paris, J638,
m, p. 476, dans Braun, J. K, IL, 13» 150}, EpUrera relève le môme
trait sur la peinture décrite par lui. L'abbé de Wirenioulli acheta
entre 680 et 686 une image représentant Isaac apportant le bois
pour le bûcher (v* Eugène Mùnt^, Etudes sur l'histoire de la
'peinture cl de Ciconographie chrétienne^ Paris, 1866, p. 22).
Le témoignage le plus remarquable pour la propagation de ces
peintures est, pour moi, cette circonstance, que même la littéra-
ture juive du moyeu ûge en fait mention. Dans une ordonnance,
qui rappelle Tusage anglais étendant la loi de Tobsei'vance du di-
manche jusqu'à la défense de visiter les galeries de peintures et
Iles musées, la Tosifta de SaLhat, ch, xvii, 1 dit: ^bn?:rï arc
t]i« Nbît ^^7 «bi in v-^i^^'^ T*è« ■ tmî«3pvin nnm mni^rr mnn
n'>ê*:pn^'7i l-ibanD^ 1^» bins, <« 11 n'est pas permis de regarder (le
» Oo Wilmowâky, àrekâ^logitckâ FitnUe if* Tner und Vm^thuntj { Trêves, 1873,
* H«Miiolev«r, p. 220. uole 1.
* J« ae ptiia accepter rinltirpTéLalioa donuée jusqu'à présent de ce mot. AvO"-€bXiî>v
D^est pas UD mot, q>^\ une inrentiou étjinolo|3^que désespérée. Preadre le 7 cotntae
uu si^'no conjoQc Ur (Sucbs, B Ht rage. II, 50, noteb4}t cVst 8ftii| esemple. Le nuQt.J
grec elx<t»Vt «{uî t de nombreux durivéï^, en latm icouu, ou îchoDa. dans les elles; <
ilalicîi aucotia, coui, coneltu, eouula (voir Rtvw de l'ait cKrHien^ N. S., l, 2^»?.,j
note i), en arnbe tknim^ iiu plur, Akài^Un, a« dit en sjriatfae »3p1% Peul-ôtre i«
v^ daua MSpl'^l doîL-il €tre considéré comme une exleusiou du son ^ t;otaiiie iiuaj
voyons Jonas iranârormo aw l^iMù»^ {Buihtino di arch. tritt.^ 11, S Il^'4), p. 1;)*i
111, 2 (1877), p. 80). Comp, diurnus et jour et tant d'autres exemples dans Itj
langues romane». l>e mÔme, je m'explifjue la forma |T^3p^ par wotYivoO«.ll o*y a \
dtî T ajouté. Le renvoi del'Afucb de Kohut, IIL 53» à *[^0^:ob'^£3T ne prouva ne
car ce mot relie une larme verbale grecî^ue avae 1 » *^l£9K*
SENS ET ÛRIGINK DES SYMBOLES TUMULAIRES
47
ledi) les inscriptions courant sous les peintures et les sculp-
[tures : ces dernières, û ust mï?me détendu de les regarder les autres
Durs, » R. Salomon b, Izak dit, dans Sabhat, 149a : <i Parfois on
peint sur les murs divers animaux ou diverses images d'horutne ou
(lire b^ iH) d'événements, comnjù, par exemple, la lutte de David et
le Goiiath, et on écrit au-dessous ; ceci représente tel animal, ou
3ci est rimage de cela. » Nathan b. Jeliiel, au contraire, men-
tionne dans son Aruch»5. v. prn, une autre explication : p-i'«'*s?D »"d
n-^^yn -iH'iCi pHit** 17:?: i^^d : « c'est-à-dire il y a de» imaj^es où
sont figurés le sacritice d'isaac et d'autres événements », Donc,
lauteur de cette interprétation savait que ces scènes étaient re-
I produites par la peinture, ce quil n*a pu constater que dans Fart
chrétien *. L'exemple était d'autant plus frappant que dans les
peintures de rAncien-Testament, comme nous le savons parles
églises que Paulinus de Nola fit décorer, il y avait des inscrip-
tions explicatives.
Pour l'observateur non prévenu, il ne sera pas douteux un
[instant que c*est le caracUTé d'Abraham acceptant de sacrifier
son fils, parce qu'il croyait à rinimortalilé de l'âme, et celui d'isaac
si merveilleusement sauvé de la mort qui rendirent cette scène
si propre à des peintures funéraires. Tonte la typique et tout le
symbolisme que les pères de TÉglise appliquèrent, suivant îe clas-
sement de M, Le Blant» p. 101, est inutile et sans but pour Tinter-
prétation de cette scène. Du reste, le sacrilice du Golgotha nVst
pas représenté dans les peintures des premiers siècles ; à quoi bon
alors le prototype, si l'image elle-même manque? C*est donc uni-
riuement la pensée du sépulcre qu'elle évoquait qui a donné à cette
«cène une place dans la série des peintures des monuments; cf.
Schuîtze,' Arch, Studien, p> 93 et suiv. Le manque d'hésitation de
la part d^Abraham à sacrifier son fils a frappé la synagogue
comme TEglise. Les poètes juifs ont cru devoir l*en blâmer (voir
mes obser\atums dans OoUinger Gelehrie Anzeiçeut 1B85, p. 468),
Les pères de l'Église ex|»Hquent cet acte par sa foi robuste en la
résurrection [v. Le Blant, 102» note 6). C'est aussi ce qu'admet
lasenclever {p. 219), qui, pour cette raison, n'aurait pas dû rap-
^peler la possibilité que l'origine de cette scène se rattache aux
1 Oesi linsi qtiWia Kapsali, âe Candie^ savuit que le lion a él^ rcprés«Dlé psr
plj'art chréUen à cause de la vision trE^t'cbiel au cber de Diou, I, 10, et c^est pyur
elle raison qu'il délendit du fuetlre un bas-relief de marbre représcnlant uu lion
'■u -dessus du tabernacle, voir les Consultationt* de Joseph Caro, ^Dl*^ Pp^fit
n» 63 : nvH TiTn^Hiz inwb imôt C"'n''''SEî: û'^'^ismû Ipd rr>-iÈ* nmx ^a»
na5*173at3. Cl. Lôw, Qraphiêche Mt^uisiieH^ 1, 38* Au sujet du lion coosidéré
comme le sjmbole du Christ, voir Kraua, H. £. P., ^ e.
/i8 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
anciennes images du sacrifice dlphigénie. Ce qui prouve combien
rhistoire du sacrifice dlsaac est liée, dans le judaïsme, avec la pen-
sée de l'immortalité, c'est, outre l'Epltre aux Hébreux, xi, 11-19,
la tradition d'après laquelle Isaac serait l'auteur de la finale delà
seconde des Dix-huit bénédictions, car, lorsque son âme, qui s'é-
tait déjà envolée, rentra en lui à la voix libératrice de Fange, il
s'écria : dTan ît^ht: ■•■• !^n« ^nnn « Sois loué. Éternel, qui fais
revivre les morts » {Pirké de R. Eliézer, ch. xxxi ; cf. Béer, p. 69).
Au sens de la tradition juive adoptée par TÉglise, il n'y a donc
pas, pour symboliser la foi dans l'immortalité, de symbole plus
élevé et plus simple que le sacrifice du Moria.
David Kaufmann.
(A suivre.)
NOTES SDR LA PESCHITTO
EDOM ET ROME,
Dans une dissertation intitulée Meleternata PeschUihoniana,
M. Joseph Perles a soidenu la tlièse^ admise aojourdlmi, que la
version syria^^ue de rAncien-Testament appelée PeschlUo a été
faite au u* siècle de notre ère par plusieurs traducteurs Juits qui
suivaient les traditions des écoles de la Palestine, Il a morUré,
par de nombreux exemples tirés du Pentateuqu»:* de cette Yersion
et rapprochf^s des Targoums ^t des Midrascliim, que les change-
ments et les addiiions au texte hébreu étaient mteniioonels et
qu'ils étaient conformes aux interprëtations admises par les doc-
teurs juifs. L*origine juive de la Peschitto établie, on est autorisé
à rechercher dans cette version des vestiges de targouras dis-
parus, et ces recherches peuvent être fructueuses pour Fhistoire
et Texégèse des targounis postérieurs. Le passage de la Peschitto
que nous signalerons ici mérite, à ce titre, d'attirer Fattention des
exégètes; il appartient évidemment à la littérature du premier
siècle de Père chrétienne, quand les Juifs, après le r^gne de Tldu-
mém Ilérode, le vassal dps Romains, prirent Thabitude de dé-
signer Rome par le nom d'Edom* Grâce à cette assimilation de
Rome etd'Kdom, les docteurs juifs pouvaient, en interprétant les
textes sacrés, surtout les livres des Propiïètes, se livrer à des
allusions, en apparence inoffensives, mais qui, en réalité, entre-
tenaiejit le feu de haine qui couvait dans les cœurs des opprimés K
On trouvera dans les lexiques de Buxtorf et de J. Lévy de
nombreuses citations de la littérature postérieure qui montrent
» Vwr GraeU, GisehicAtM dirJudM, 2* éd., IV, p. 17-
T. XIV, »« 27.
50 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
que ridentification de Rome et d'Edom était une règle admise
pour rex(^gèse biblique; nous reproduirons seulement quelques
mots du commencement du commentaire de David Kamchi sur
Obadia, qui formulent clairement cette règle : d''«''n3n inTaîronïïi
inTs» «TZTn b^r w^JZ'^n n^nn^n dti« p-ina « toutes les fois que les
Prophètes ont parlé de la destruction d'Edom à la fi9 des temps,
ils l'ont entendu de Rome ». Après ces mots, Kamchi renvoie à
son commentaire d'Isaïe, 34, 1, où il dit ; n^ar*^ '^niD yn» ainnCD
mba73 b«no"» a lorsque l'empire des chrétiens sera détruit, Israël
sortira de la'captivité ».
Le fragment de targoum que la Peschltto nous a conservé offre
un intérêt tout particulier, d'abord parce qu'il appartient à un
document ancien, et ensuite parce que le verset biblique qu'il tra-
duit servait de base à l'argumentation *qui établissait pour l'exé-
gèse la règle de l'identification de Rome et d'Edom. C'est, en effet,
une loi suivie par les docteurs dans les Talmuds et les Midraschim
de faire découler d'un verset biblique les nouveaux principes
qu'ils formulent ou les usages dialectiques qu'ils consacrent. Dans
le cas dont il est question, il était d'autant plus nécessaire d'in-
voquer l'autorité de la Bible qu'il s'agissait de faire naître dans
les esprits la conviction intime que les calamités prédites contre
Edom avaient été réellement annoncées pour Rome.
Ces considérations préliminaires nous ont paru nécessaires
pour l'intelligence du verset que nous nous proposons d'expli-
quer. Ce verset est le dernier du psaume xii, ainsi conçu dans le
texte hébreu :
: Û1N -^sab nnbT ans
ITT •• î • V v:
Le premier membre de phrase est clair ; quant au second, il est
si peu intelligible que chaque interprète le traduit d'une manière
différente : toi capita, tôt sensics, et on n'est pas d'accord sur son
vrai sens.
La Peschîtto porte :
Tout autour les pervers s'avancent,
comme la hauteur vile des fils d'Edom.
Il est évident que la traduction littérale du second membre
oc comme la hauteur vile des fils d'Edom » ne signifie rien. Les
NOTES Sim LA PESCHïTTO 5i
"omraentateurs syriaques disent qu'il s*agit (i*un haut lieu où les
Edomites avaient construit un temple à leurs idoles et où ils se
livraient aux pratiques obscènes île ridolâtrie*. A Tépoque où
vivaient les auteurs dn la Pescbîtto, on se souciait trop peu de
l'ancienne religion ùen Edomites, pour se croire autorisé à changer
l'hébreu dik "'ss» « fils des hommes », en ûin» -«an, « fila d'Edom ».
Cette substitution était, en effet» voulue, car le texte hébreu ne
comportait pas de variante à cet endroit : toutes les autres ver-
aians ont conservé les mots « fils des hommes ». Il y a là un
changement intentionnel amené par les mots précédents : fei?:n
»5-^î?T s'interprétait dans le sens de «rb-'M ^7311, « Rome Ja Vile »,
et le sens véritable, à peine déguisé, était :
Partout les pervers nous assiègent,
comme nous a assiégés rioique Remet
la ville des Edomites.
^e sens ne pouvait échapper à la génération qui avait subi les
horreurs du siège de Titus et à Tesprit de laquelle était encore
pi^ésente la domination antinationale des Iduméens, Par ce tar-
un s'explique aussi rexprett^ion n^^-^cn ■'Ts^n, a Rome la per-
ti^è >>, deveime courante dans la liitérature juive postérieure,
si Ton rapproche le mot n:?^v^ du mot k"'5'ï3-i de notre verset.
Comment ce targoum s est-il pi-rdu ? La crainte d*^s persécutions
aura conseillé aux Juifs de celle époque de laisser de côte un
texte trop clair pour ne pas être dangereux, et on lui aura subs-
titué le targoum que nous posst^dons et qui disait, pour les initiés,
la même chose, sans être compromettant ; en voici les tenues : ,
. fetTûa "«San pn-irnet Êt2:^?2T KpVr;?D
Tout autour les pervers s'avancent
comme une sangsue qui suce le sang des hommes.
Où les traducteurs ont-ils pris le mot sangsue? Ont-ils vu dans
rhébreu an un synonyme de n^-i, « ver »f Non, la sangsue n'est
ici qu une allusion à la Home insatiable, qui. comme une sangsue,
vivait du sang des Juifs quelle écrasait dimptits, ainsi qu^on
témoigne la littérature du temps, et cette traduction n*est qu'une
paraphrase de l'ancien targoum conservé par la Peschitto.
t Voir lé passage de Bar BaLloul rapporté par M. Pajûe Si&iib daus son Th*
Murm iifirmuij sous U mot UMH*
^2 REVUE DES ÉTUDES WIVES
II
LE FILS DU TOIT.
La Pes( hîtto a encore du monde païen quelques souvenirs que
Ton ne retrcfuve pas ailleurs. L'expression finj» 13, « fils da toit»,
désijrnant le démon lunaire qui, dans la croyance des anciens,
torturait Tépiieptique aux changements de lune, appartient certai-
nement au paganisme ; elle ne so comprend que comme un vestige
du culte astrulatrique, sur lequel rAncien-Testament nous fournit
quelques données. On la trouve dans deux versets de Tévangilede
saint Mathieu, IV, 24, et XVII 15. Dans le premier verset il est
parlé des démoniaques, des épileptiques et des paralytiques, que
Jésus avait la renommée de guérir ; le grec «XtiviaÇoiiivou; qui dé-
signe les épileptiques est traduit en syriaque par finaK nai, « ceux
du fils du toit»; dans le second verset, où il est question d un
père qui conduit son fils épileptique devant Jésus, le grec fc
«XTivid^EToti est rendu dans ia Peschîtto par fina» n? nb nw, « qui»
un fils du toit ». La Yulgate se sert, dans les deux cas, du mot
« lunaticus » ; la version arabe paraphrase : elle traduit dans le
premier cas : « ceux qui sont frappés au commencement des nou-
velles lunes », et, dans le deuxième cas. « qui est frappé au com-
mencement des nouvelles lunes ». On voit que ces versions se ren-
daient parfaitement compte de la valeur du verbe grec «XT.vâ;t3l»;
l'idée exprimée par ce verbe doit également se retrouver dans
rexi)ression syria'jue. En dehors de cette voie, on n'aboutit quï
des hypothèses en Tair, comme celles que proposent les divers
commentateurs syriaques : pour les uns, le démon de IVpileps»
est appelé fils du toit, parce qu il apparaît sur le toit à sa \ictiini
et descend du toit vers elle ; selon d'autres, le possédé était sujél
aux attaques de 1 épilepsie quand il se trouvait sur un toit aloit
il écuniait, tombait et se blessait; une troisième explication voyti
dans ce g«'^nie malfaisant un démon d'un ordre inférieur duot tai
puissance ne s'élevait pas au-dessus du toit *. On comprend que h
* Ces diverses explications onl été recueillies par Bar Bahloul dans scsl leiifl
et roproiluiles pur M. Fayne Smitu dans ton Thesauriia syriueus^ sou> le* =^4* Jrtl
et ^'2. Nous ferons remarquer ici que les mots Cs*'^:;^ "".2 ue aeMgxiirXii j.isais lep
leptique et ne doivent pas être traduits par lunalicus^ comme le lait cco^re ^ Fail
Smith ; ils ne s'appliquent qu'au démon de Tépiiepsie, au démon du luaatk^
NOTliS SUR LA PESCHITTO 53
souvenir des anciennes pratiques religieuses dut â*effacer promp-
tenient de l'esprit des Syriniis chri^tiens. G*est donc une bonne
fortune que de rencontrer dans la Bible des textes fini nous fjer-
mettent de retrouver le sens orijjrioal de cette locution. Les livres
bibliques nous apprennent, en effet, que le culte des astres avait
lieu sur le toit des niaisons; c'était là quV^taieut dresst^s les autels
où on sacrifiait à ces divinités ; c'tHait là, par consi^quent, qu*ha-
bUaient les génies ou démons sidéraux, les esprits qui dans la
croyance des anciens, étaient les hypostases de lelje planète et
leurs messagers auprès des hommes. Le Bar-éggârd, le fils du
toit, est donc le grénie sitléral qui assiste au sacrifice offert sur le
toit à la divinité plan^*taire. Z*^fdianra, i, 5, parle de ceux qui se
prosternent sur les toits devant Tarmée des cieux : û''^nn*i?2rT-P5tn
D'*7:;i*rT »3ïb nisan hy ; Jérémie, xix, 13, mentionne les maisons
sur les toits desquels on sacrifiait à toute Tarmée des cieux :
c?:*in «::x '?bb cn-^rh-V? ^n^p "ick aTan. Les autels qui étaient
sur le tnit de la chambre supérieure d*Achaz, II R.» xxiiu 12,
étaient consacrés au culte des astres, ainsi qu'il résulte du verset 5
du même chapitre comparé avec les versets de Zéphania et de
Jérémîe cités plus haut. On lit dans ce verset : b3?ab D-^ncop^n-nseT
s^^ên «33: bbbn riVT?jbn rrr-bi c?3éb. M. Stade, dans la Zeit--
schrtft fur die AlUestamentUche WLssenschafi^ 1S86, p. 305,
rapproche ingéuîeusement de ces versets un autre verset de Jéré-
mie, xxxii, *29, où il est annoncé que les Chaldéens brûleront avec
la vilie les maisons sur les toits desquelles on sacrifiait à Baal :
.br2b Dn"*rl3ii-b^ nap -iir» û'^i^^^ ï^«t et il en conclut que Baal,
dans ce fiassage, comme dans 11 R., xxiii, 5, est une expression
concrète qui résume en elle toutes les divinités sidérales : le soleil,
la lune, les constellations et toutes les étoiles du firmament.
Ces divinités, comme toutes les divinités du panthéon, avaient
chacune son culte spécial dans une ou plusieurs localités. Le culte
de la Lune parait avoir joui d'une grande faveur suriouten Syrie,
à en juger par les monuments épiirraphiques qui nous Ibot con-
naître des noms d'individus dont le mot rrr»» « lune », est un
des éléments» comme bism-», V, iS*?/ -îe cr?2/?viï^, n" 15» 93, 124;
5tbi3rr,\ id., n«2 ; c«bi::-n-i\ id,, n"» 73 : -^nn^ id., n*^" IG, 30, 68 83 ;
comparer aussi sur les monnaies d'Ëdesse le croissant lunaire
représenté sur la tiare i\^s rois d'Eilesse. Si cet aslre était en
grande vénération chez les Syriens, il est très admissible que Tex-
V. Addai ihe ApoêHct 3, 20, comparé avec Anrient Dù€umentt, 2, 14; Ap(f€rypkal
Arts, â9,9 ; !«!, U ; 221», t9 ; Att, MartjfT, L 73 ; Apkraai., 43, i.
54 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
pression Mr-éggârâ, « fils du toit », qui avait dû s'entendre c
génies sidéraux en (général, ait désigné en Syrie ie génie lunaîr
Dans cotte h3'|)othèse, on comprend que le traducteur ait renc
le grec atXT.vii;eaeai par a avoir un flls du toit >. On ne le cora
prendrait plus, si on voulait rapprocher le syriaque KnsM, a toiti
de Taraméen targoumique M'ni^i'^K, « autel des idoles », quelqui
frappante que soit Tanalogie des mots, car lexpression targou
mique s*applique au culte des idoles en général, et non pas seu-
lement au culte des divinités astrales. Le targoumique etnir» doi
être comparé avec -la'; et njîNi, qui signifient « tumulus », colliw
de sable, et qui, comme hauteurs, convenaient au culte idolà-
trique, conf. Genèse, xxxi, 47, où «mnrro na*^ est pris dansleseni
de monument commémoratif. Si le mot niaxx traduit dans lestar-
goums Thébreu nzrn^ il se rapproche, par son sens primitif, de
l'hébreu nça, et, quoique le tumulus et le toit aient été des lieux
affectés au culte, on ne doit, en aucun cas, dériver Éna*»», « toit»,
de N-nrK, « autel » ; ie premier vient de la racine •^33, « tirer,
allonger », parce qu'en Orient le toit est plat et, d'après la loi mo-
saïque, devait être pourvu d'une balustrade pour éviter les acci-
dents; «mr», « tumulus >, vient, au contraire, d'une racine n»»
qui signifie « amonceler, entasser v.
RUBENS DUVAL.
HISTOIRE DUNE TAILLE
ETÈE SUR LES JDIFS DE PERPIGNAN EN 1413-14i4'
DESCRIPTION DU MANUSCRIT.
Le roanuscrit 6504 de la Bibliothèque municipale de Perpignan
*21 du nouveau catalogue des manuscrits) contient Fliistoire
lïœ taille que s*est ini|*ns«ie en 1413 une communauté juive qui
t sûrement celle de Perpignan.
Cemanufîcrit, écrit en hébreu, se compose de 48 feuillets de
•pier qui se divisent comme suit :
f. la. Espère de cahier des charf^es indiquant la nature et
le but de la taille et les conditions imposées à ceux
qui achèteront la ferme de cette taille.
tj. D^^ux quittarïces dt>nn<^es pHv deux des fermiers de
la taille à leur troisième associé, Issac Salumon Bondit,
chargé de toutes les opérations et de toutes les écritures.
ff. 2 à 42 Couifites personnels de tous les Juifs taillés,
ff. 43 à 46. Journal des sommes perçues par les fermiers et
contenant jour par jour, le détail des sommes perçues
qui ont été inscrites aux comptes individuels.
ff. 47 â.48, Journal détaillé des frais de la taille (écritures»
actes notariés, frais de percepti*m) et des versements
faits par les fermiers pour le compte de la commu-
nauté juive, avec indicatitm, au moins partielle, du par-
tage des bénéfices de la ferme.
On ^ttrrt comparer cette étude avec celle que nous ivons publiée^ bous le lilre
\l>€ms Upra et fommerce du eomnienrement du Xiv» ftétif, dans la Hêtfue de* Studtê
V t. Vm, pp. itiî B 496, t. IX. pp. 21 à SO et 187 à 2i3.
m HEV1TÈ DES ÉTUDES JUIVES
La description des feuillets 2 à 48 n'est pas sans intérêt pour
nUstoire de Tart de la comptaLilîté.
Les feuillets 2 à 42, contenant les comptes personnels deàcoû-
tribuableSt sont arrangés comme suit :
En tête de chaque compte individuel se trouve, en groscarao-
tères, le nom du contribuable et la somme qu'il doit veiner à II
ferme. C'est son d^'biL Les noms des contribuables se suivent
dans Tordre alphabétique, qui n'est pas toujours, il est irai, trti
rigoureusf^ment observé*.
Après le nom» vient une'mention relative à la contribution ver*
sée par le contribuable pour un compromis fait avec Joan de Rive-
saltes et dont nous parlerons plus loin. Ces versements paraissent
avoir été faits antéiieurement à la perception de notre taille, mais
ils sont reportés ici au crédit du contribuable et en déchai-ge (te
son débit pour le montant de sa taille. Tout*^s ces sommes ont été
payées par rintermédiaire de Méir Vidai (ou avancées parluijet
encaissées par Musse Cohen. Puis viennent, en colonne» et àl6ûr
date, les payemnnts successifs faits par le contribuable pour le
montant de sa taille. Les sommes versées, écrites en toutes lettres
ou représentées, suivant rusafre, par des lettres de Talpliâket
hébreu, sont à peu près en colonne, de sorte que raddilion en est
facile. Quand le compte e.st liquidé (crédit égal au débiti, il est
suivi du mot d^biDn ou quelquefois nï:bcn; ce mot manque lorsque
lerompte personnel n'est pas liquidé. Au cours des opérations, les
administrateurs de la communauté ou de la taille (néémanifi^^)
accordent un assez grand nombre de réductions d*tmpdl (i^ ip?5
D'*2i3!«n)» ces réductions sont inscrites dans une seconde cnlonue
à c(3té des sommes versées et portées en compte à VavoLî' ducoû-
tribuable*
La plupart des paces contiennent deux comptes personnels,
quelques-unes en portent davantage.
Au bas de chaque page, le total du nombre de contribuables
portés sur la page et le total de leur débit est certifié par quatre
personnes, qui sont pi^ul-ôtre les néémamm* Ces quatre per-
sonnes sont Méir Vidiil, Benvenist Astruc de Besalu, Issac
Samson et Boniac Bonsenior. Méir Vidal figure déjà, commanous
l'avons vu» dans la perception pour le compromis de Joaa de
Rivesaltes,
Les ff. 48 à 46 sont divisés en deux, trois ou quatre colonnes
* l,e rôfçlempnt d'Avif^non do 1336 prescrit é^alemeiii de lenir les comptes * pi
A B G ». ^lautde, Les Jaifj dais lejt États franchi du Saint-Siège^ Pari«, \
•nt. 4t. 42.
* Voir Hetne, U XIII, p. 199.
HISTOIBE D'UNE TAILLE LEYÈE SDR LES JUIFS DE PERPIGNAN 57
Les colonnes contî^nnent tle petits cliapitres, ayant en tête la date
des versements» et, sous la date, tes noms des contribuables et le
montant de leurs versements ; les sommes sont en lettres de Tal-
phahet hébreu, disposées en colonne. Le total de chaque colonne
est inscrit an bas de la colonne.
Les tt 47 48 ri otfrent rien de particulier au point de vue tech-
nique. Le total de chacune des pages Al a et 47 f? est fait au bas de
la page.
II
CAHIER DES CHARGES POUR LES FRRMIERS DE L*ÏMPOT- ETABLISSE-
MENT DES COMPTES DES CONTRIBUABLES.
Le feuillet la donne sur Thistoire de la taille (07a et ïiaat) les
indications suivantes :
La taille fut décidée par les néémanim, en vertu du pouvoir
qin leur avait été donné par la niajf>rité de TAssenibb^e générale
("173^73) de la communauté, suivant Tacte dressé par Salomon Sa^
]omon« ministre officiant, le mardi 28 novembre 1413,
Le contribuable devait payer, pour chaque livre qu'il possédait^
1 sou 6 deniers. L'état de fortune des contribuables était pris dans
les manifestes (m:?nnn) faits jiar eux en mai 1410. On sait que ces
manifestes sont les déclarations où les contribuables inscrivaient
le détail de leur avoir, iH)ur la répartition proportionnelle des
impôts*.
Le montant de la fortune déclarée dans les manifestes se trouve
écrit, dans fT. 2 à 42, au-dessous du nom de chaque contri-
buable. Cette indication ne se trotive pas sous les noms des per-
sonnes uniquement imposées pour le compromis de Joan de
Rivesaltes,
Le produit de la taille devait être consacré à solder le montant
d'une somme due par la communauté» à la suite de ce compromis
(rrTiSs), à Joan de Hivesaltes; puis, à payer un certain noïnbre de
créanciers juifs et chrétiens de la communauté; et enfin, à un ver-
sement qui devait être fait par la communauté au trésorier {^ii^
"js^cn, probablement Iré^^oner du roi). Nous donnerons plus loin
le tableau de ces dettes et nous montrerons que des changements
* Voir Etvue, U Xlll, p. 207.
m REVUE DES ETUDES JUIVES
furent apportés par Tadministration juive dans la répartition prh
mitive du produit de la taille.
La ferme de la taille fut vendue par adjudication publique. Les
adjudicataires furent (f. 5a) les trois Juifs : En Salomon * Bonsior
Bendit, En Bendit Vidal et Issac Salomon Bendit. Ce dernier^
comme on le voit à chaque page du manuscrit, fut chargé de la
direction des opérations de perception, des payements, de la dis-
tribution du dividende ou bénéfice (mn) de la ferme à ses asso-
ciés. Il est l'auteur de notre manuscrit (voir son nom dans la liste
alphabétique des noms de persgnnes qui suit).
Il fut convenu, d'un côté, que les fermiers verseraient, dans les
délais prescrits, les sommes dues par la communauté, et qulls s'y
engageraient sous peine de prison (rrO"^Dn) et d'otage*. Les reçus
que leur donneraient les créanciers de la communauté seraient
remis par eux à la communauté, sous peine d'une amende de 10 1.,
moitié au trésor du roi (Fernand P»", roi d'Aragon), moitié à la
communauté.
D'un autre côté, la communauté s'engageait envers les fer-
miers à faire annuler tout acte par iequel un contribuable au-
rait obtenu, de quelque fonctionnaire ou personnage que ce fût
(in^n, courtisan), d'être exempté de la taille. Dans le cas où cette
annulation n'aurait pas lieu, le montant de la taille du contri*
buable exempté tomberait à la charge de la communauté.
En outre, les fe;*miers obtenaient le droit de poursuivre (on:i3b)
les contribuables, même les veuves et les femmes en l'absence
de leurs maris, pour le payement des tailles, de les faire mettre
en prison, de prendre leurs biens en gage et de les vendre à leur
profit jusqu'à concurrence de la somme due *.
Une excommunication générale avait été prononcée à la syna-
gogue* contre tous ceux qui chercheraient, par un moyen ou un
autre, à échapper à la nécessité de payer la taille. Le fermier
pouvait, pour les personnes qu'il voulait ou qui l'avaient payé,
^ Nous donnerons partout à ce nom la forme Salomon, quoique nous pensions
qu'on prononçait plulôl Salamon ou Salmon.
• On entend par ce mot rinternement de fonctionnaires ou d'administrateurs, dans
UQ local déterminé, jusqu'à ce qu'ils aient rempli un mandat qui leur est donné par
la communauté. On trouve V otage de personnes choisies pour élire les fonctionnaires,
par exemple dans les Consultations de Salomon b. Adret, 3* partie, n»* 330, 333,
422, 424. À Avignon également les députés sont enfermés jusqu'à ce qu'ils aieut fait
certaines élections ou certains règlements (Annuaire de la Société des Études jnivts^
I, p. 203, art. 2).
3 A Avignon, en 1556, le collecteur des impôts des Juifs peut faire gager et mettre
en prison les contribuables, vendre les gages à l'encan au bout de huit jours, faire
mettre les lemmes en arrêt ^ non en prison. Maulde, articles 40 et 44.
^ On peut voir ce qu'étaient ces excommunications dans A^nuaire^ l, c, p. 1S5.
nCT*OmE D UNE TATLLE LEVÉE SUR LES JUIFS DE PERPIGNAN 50
&r œtte excommunication au nom de la communauté. Pour
personnes jquu au contraire, essayeraient de se soustraire
P*iiiipOt« la communauté s'engageait à les excommunier norai-
tiTi'tQent dans la synagogue le lundi et le jeudi ijours où la
agogue est plus fréquentée, parce qu'un y lit un cliii|jitre
iPviilateuque).
» cahier des charges paraît avoir été écrit avant le 7 décembre
p (la) ; la ferme de la taille fut achetée probablement à cette
R, mais Pacte li'achat ne l'ut dressé que le 10 par le notaire
rnat Fabre (47 ab, en haut, et couverture ûu manuscrit, à Tin-
^eur, en tête du manuscrit) ; la perception commen<;a le 8 ûé~
nbre 1413 (43a), le partage des dividendes entre les fermiers
llieu le IG avril 1414 .!& et 10a), cependant de petits arriérés
eat encore encaissés jusqu au 6 novembre 1414, sans que nous
}amom dire avec certitude comment le partage des bénéfices
pu se faire avant la fin de ropération,
[ie montant du produit de la taille avait été fixé d'avance par
\}U'êmQi}un (f» l^ïj à L. 482.0.0. Pour établir ce chilfre, nous
Nons que les administrateurs ont fait écrire d'avance» dans
itre manuscrit, par le secrétaire de la communauté, le débit des
Qptes individuels et les totaux au bas des pages jiisqu*au
|40&, et y ont fait inscrire en même temps, au crédU de chaque
Utribuable, la somme qu'il avait déjà versée antérieurement
'le compromis de Joan de Rivesaltes et qui devait venir en
Buction des payements à faire pour la taille. C est dans cet état
Us auront livré le manuscrit à Issac Salomon Bendit* Les indi-
ci-dessus, en efïet, ne sont pas» comme le reste du raanus-
la main d'Issac Salomon Bendit, mais de la main qui a
^tie cahier des charges du f'» 1 a. Le total des débits jusqu'au
)b est tout près de L. 482 (il est L. 481.2.8) ; les comptes des
[41 42 ont évidemment été ajoutés plus tard, car les noms
I contribuables portés à ces comptes ne sont pas à leur place
bétique. et, en outre, à partir du f* 41 ^, les quatre signa-
tquj attestent, au bas des pages, le total du débit sont réduites
ux ou manquent tout à fait. Il parait probable que les signa-
font été apposées d'un coup par chaque signataire sur tous
tes feuillets précédents, leur absence partielle ou totale sur les
(eailJ^ts suivants vient de ce que les comptes de ces feuillets ont
ouverts plus tard et on n'aura pas eu le temps de porter
fcompti3sà la sitrnature des néémafihn ou de tous les quatre
2nim, Avec ces comptes nouveaux, le total du débit de
acomptes individuels est de L. 488.7.1.
[esd sûr que c'est à Perpignan et non ailleurs que notre taille
H RCVCK DES ÈTIJMS IdfB
1t été le?^. ToQt d'iibord on TeiTt, teii les lîsles BonuBiiim
qui iOlTent, qu*uii grand oombro iSeooiilribiiaUei««lafigiiiiMI
de localttéfl ToisJnes de Perp ignan, eo dpçi etaadHâ de» Pyré-
n^et. En ootrf^, taodU que Torigtoe des Juifs T«»ai& ûêuiM
îtiïtm est indiqua, on ne trouve pas une eetik fois âam notrt
manuscrit, la mention qu'un contribuable serait de Perpigoas,
ce qtJi ent naturel m la tatlle a été leTéeâ Penâguan, maisaeie
comprendrait pas si elle avait été K»Tée dans une atitre iilk
Tolnine, il eut été impossible qu*an n*j eût pas trouTé on seol
contribuable oripinatre de Perpignan. La viUe de Rivesalte*. dunt
le nom est porté par un des principaux créanciers des Juifs, ♦'st
tout près de Perpifynan. C'est à Perpignan seul, probablement,
que Ton pouvait trouver» comme capitale de celte partie de
l'Aragon, un (unctionnaire de la cour comme Bérenger Riba^qul
port*' le litre de courtiann. Enfin» argument décisif et qui suffirait
à lui 8eul, le notaire qui intervient à chaque instant dans l histoire
de notre taille, Bernard Fabre, est un notaire qui a eier^ à
PerfHifunn en 1414, et M. Vidai, le savant bibliothécaire de la
ville de Perpignan, a même retrouvé dans des papiers qui restent
de ce notaire une note qui parait se rapporter à notre taille.
ni
DESCRIPTION DES OPÉRATIONS ET TABLEAUX JUSTIFICATIFS.
En faisant la déduction des sommes qui avaient déjà été versées
antériêureuient pour le comproinis de Joan de Rive^^alte^, et dont
le totîd, d^après l'adtlitioii que nnus avons faite des comptes iinii-
vidueis» s^ monte à L, 70 J> 0, le produit de la taille devait être
priiuitivement de L. 410.0. Oenviron. La communauté n'avaitpM
besoin de toute celte somme, comme on va le voir, c'est ce ^^
explique les nombreux dégrèvements accordés aux contribuables
au cours des opérations. Ces degré vemeuts sont indiqués daus 1@S
comptes individuels.
Les sommes nécessaires à la communauté se montaient primv
Uvement (tableau I plus loin) à L. 346.10 0; mais, avant que
perception fût achevée, un certain nombre de changejnents
produisirent dans Tétat de la dette, comm<f on le volt par
compara j:son de nos tableaux (tableau 1 et U plus Lom). Le pV
inportant de ces changements consiste dans la disparitii
riiSToiRE xrmv: taillk levke sur les juifs de Perpignan «h
des L. 110.0.0 qui devaient être versées au trésorier royal, et
qui probablement sont remplacées, dans les dépenses effectives
(labL 11), par un payement de L 71. 4. "7 fait au percepteur de la
communauté fpour li compte du trésorier?} et un payement
de L. 58,10 0 fait, sur ordre de la communauté» à En José
Mordècai Salamies et En Saïomon Bonsenior Bendit {4Sa), qui
avaient peut-être avancé cette somme à la communauté pour
payer le trésorier. Avec quelques autres petites augmenta Lions, le
total des sommes à payer pour le compte de la communauté
se monta (tabl. 11) à L. 366.9,1. Ce total se trouve indiqué au
haut des ff. 41 ab et sur la couverture du manuscrit, à Tinténeur.
Les L. 58.10,0 furent finalement payés en trois parts égales
(48^) à En Salomon Bonsior Bendit, à la veuve Salomon Issac
Bendil et à En Vidal Bendit,
Les frais de perception, suivant les calculs que nous avons faits
sur les indications détaillées des ff. 47 et 48, se montèrent à
L, 2,7.10. lis comprennent le salaire donné à des aides, la vente
de?* gages et objets saisis, la conservatinn des gages, la mise en
prison au moins d'un récalcitrant, le payement du notaire ; même
les frais d'encre sont comptés. On trouvera le détail de ces dé-
penses au tablnau ÏV plus loin.
Les payements se tirent assez difficilement, par petits à compte ;
le nombre des gages vendus est considérable, il y eut finale-
ment quelques non*valeurs ou arriérés : ils se montent, d'après
le total que nous en avons lait sur les comptes particuliers ,
ùL.O.n.L
Le bénéfice des fermiers est assez difficile à déterminer avec
une rigueur absolue. l\ parait résulter des imlications réunies
dans notre tableau V qu'il fut de L. 5.11.3 ou plutôt de L. 6,8.4,
Tablbad L — S^i>mmes dtsiinées à être payées, pour le compte de la com-
munauté, mr le produit de la taille (f» 1 a).
Le 15 décembre U13 à MoosiûyorJoaude Hivesaltes. L. 50. U.O
1 24 — — a N'Issac Samsoo et Eu Bonas-
iruc Jaco....-.,, .... <30. 0,0
Le î4 -- -^ à En Samiel Retget -,..... 28.0.0
Le t""- mar.s UI4..., à Messer Joau Masot 5.(0.0
En février — .... à Me.^ser Rauion Esquirat ..... 3. 0,0
— — .... a MoQsinyor Friincès Despoug, 5.40.0
Le !«' — — a Eu BeroaL Esiève.. lî-iÛ.O
Le 15 — — .... au trésorier (royal) MO. o.o
3i6.10JJ
i7l RETTE DES ËTTIMB IFITES
Tableau II. — S^mmeâ e/Teetittmemt payées par les fermiers de la kilU
poMr U compte de la commmmauU d'après les ff. 47 a ^; .
I5déc. Iil3. MoQsÎQ. Joan de Rivesaltes L. 50.0.0
22 — Bn Jacme Catala pour Kd Samlel Roget 28. 46
17janT. 1314 Le percepteur de ia commuuaulé En
Mossé Astruc Cohen 71 . 4.7
S9 — Issac SamsoQ et En Bonaslnic Jaco.. <3(). 0.0
26 — En Beroat Estève U.IO.O
29 — Messer Hamon Esquirat 5.0.0
<9 fév. 1314. MoQsiQ. Juan Masot 5JO.0
49 — Francès Despoug 5.10.0
23 mars 1314 En José MordecaT Salamies el En Salo-
mon Bonsenio^ Bendil 58.10.0
366. 9.<
Tablbau III. — Compte dékiteur des fermiers.
4. Sommes payées antérieurement par les contribua-
bles pour le compromis de Joan de Rivesaltes
et n'entrant pas dans la caisse des fermiers.. L. 70. 60
2. Sommes encaissées 374. 8.2
3. Arriérés 0.17.<
4. Dégrèvements ordonnés par les néémanim 42 <6.<
488. 7.4
Les n°' 1, 3 et 4 de ce tableau ont été obtenus en faisant le total
des indications qui se trouvent, sur ces matières, dans les comptes
individuels; le n<» 2 est le total des totaux partiels qui se trouvent
au bas des pages dans le journal des recettes ff. 43 à 40.
On remarquera que le total de ce compte est égal, à 3 d. près, au
total «les d^^bits, lequel est, comme nous Tavons indiqué plus haut,
L. 488.7.1.
Tableau IV. — Compte créditeur des fermiers.
^ . Frais de perception et divers :
à Ras Sola L. 0.15. iO
Issac Jaco 0. 8. 4
Astruguet 0. 8. 2
Ras Julia 0. 0. 4
Vidal Vivas 0. 5. %
Eu Macip Cohen 0. 0. 4
Encre T^T 0. 0. 2
En Bernât Fabre, notaire 0.9.6
t. 7.<0
HlSTOrnE DTNE TAILLE LEVÉE S^m LES JUIFS DE PERPIGNAN
2, PayemoDls faits pour le compte de la com-
mimaïUé (tableau II) L, 366. d. i
a. Les n»^» < et 4 du labîeau III (U. 2. t
4. Arriérés (D'» 3 du tableau Illj 0.!7. 4
Solde ,,., ë.n, 3
4K8. 7, 4
C3
Dans ce tableau, les ch fifres du n" 1 sont obtenus par Taddition
I des sommes détaillées des lî. 47a^ et48a*
Tableau V. — Bénéfice des fermierg.
Ce bénéflce ne peut être que le solde du tableau précédent, ou
l'iien ce solde augmenté des arriérés (a^4du tableau précédent). Oa
a donc :
Bénéfice..,., L, 5. H. S
ou, en y ajoutant les arriérés , -.. 0.17.1
le bénéfice sera 6. 8.4
Nous supposons qifil faut prendre ne dprnier chiffre (L. 6.8.4);
^il semble bi^^n qulsisac Salomon Bendita payé, le 16 avril 1414»
ses deux associas en leur avançant leur part, et qu'il a ensuite
continué les recouvrements à son profit, au risque de ne pas ren-
trer dans tous les arriérés ou avec la certitude qu'il les encaisNo-
rait, puisqu'il avait le droit de saisie. La part des associés dans le
bénéfice n*a pas été égale, probablement parce qu'ils n*avaient pas
fait les mêmes avances de fonds» et on cornprend, du reste,
qu'Issac Salomon Bendit, qui avait surveillé les opérations, ait eu
une part plus grande que ses associés, surtout s'il a lait, lui aussi,
des avances de lunds. On voit d*une part, au f. 10 ^z, qu'il laisse»
évidemment sur sa jmrt du bénéfice, à la V'' Satumon Issac Ban-
dit (c'était peut-être sa mère), une somme de L. 2.0- IL D'autre
part, on voit au T*» 1 b que, le 16 avril 1414, Issac Salomon Bendit
donne, comme dividende, L. 1.16 0 à Bendit VîdaU et L. L19J1 à
Salomon Bonsior Bendit. Eutin (l\ 48 a) Issac Salomon Bendit, qui
était chargé du recouvrement d'un autre impôt, appelé impôt
des prêts (niîtV^nn ots), avait, le 16 avril» en même temps qu'il
distribuait les dividendes à ses associés, crédité en outre En Sa-
lomon Bonsior Benilit de L. 0.6,0 au compte de cet impôt des
prêts. 11 en résuittjrait que ie bénéfice de notre taille aurait été
réparti comme suit :
64 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Eq Bendit Vidal * L. 4.46. 0
En Salomon Bonsior Bendit 2. 5.41
Issac Salomon Bendit 2.6.5
6. 8. 4
IV
LISTE DBS CONTRIBUABLES ET DES JUIFS DE PERPIGNAN
Cette liste est dressée d*aprës Tordre alphabétique des prénoms
des contribuables. Nous avons adopté, pour la transcription de ces
noms, Torthographe usitée dans la région (par exemple Abram
pour Abraham, Issac pour Isaac, etc.).
M. Vidal, bibliothécaire de la ville de Perpignan, nous a prêté,
pour la lecture correcte des noms et pour beaucoup d'autres pas-
sages de ce travail, le concours de sa vaste et profonde érudition.
Nous lui en exprimons nos meilleurs remerciments*.
On voudra bien se rappeler que le En ou N' qui précède les
noms d'hommes est synonyme de Sieur, Seigneur ; de môme Na
devant les noms de femmes est un reste de dona, dame.
Les signes qui précèdent les noms ont le sens suivant :
O désigne les personnes nommées dans le manuscrit, mais
qui ne paient aucun impôt.
— désigne les personnes qui paient la taille d'après leur ma-
nifeste. A la suite, entre parenthèses, on trouvera tou-
jours le montant du manifeste, en livres, sous, denters.
= désigne les personnes qui sont taxées uniquement pour le
compromis de Joan de Rivesaltes, mais non pour la taille
sur manifeste.
4- désigne les personnes qui paient la taille sur manifeste et
sont, en outre, taxées pour le compromis de Joan de
Rivesaltes.
Les noms, qui ne sont précédés d'aucun signe, se trouvent uni-
quement dans notre liste à titre de renvoi.
Dans les taxes pour le compte de Joan de Rivesaltes, nos signes
ne se rapportent qu à celles qui seront ^versées à partir de l'ouver-
ture des comptes de notre ms., non à celles qui ont déjà été per-
çues antérieurement.
> Les transcriptions incertaines des noms de personnes sont soulignées.
niSTOîRE DTNE TAILI.K LEVÉE SUîl LKS JIT!FS DK PERPinNAN (T»
On remarquera, dans la Visio qui suit, qu'un certain nombre» de
personnes ne paient aucun impùt. Pour quelques-unes de ces per-
sonnes cela s'explique facilement : ce sont des fonctionnaires de
la communauté juive (Diulosal, secrétaire ; Issac Jacob, proba -
I blement buissier ou sergent; Salomon Salomon, officiant et pro-
^Jbablement secrétaire), des aides employés à la perception de î'im-
Hpùt (Astruguet, Issac Jacob, Issac Samson, Macip Coben), des
^Pîbnctionnaîres vérificateurs des comptes (Benvenist Astruc de
Besalu, à moins que sa contribution ne soit comprise dans celle
des Hoirs Astruc de Besalu; Mossé Coben, à moins qu'il ne soit
le même que Mossé Astruc Cohen), et enfin le chef des opérations
de perception, Issac Salomon Bendit. Les autres exemptions sont,
^Bjjsn partie, apparentes et expliquées par les identifications de per-
Hbonnes que nous avons proposées, ou bien elles s'appliquent à de
^pauvres gens qui n'ont pas les moyens de payer Firapot. ou enfin
les personnes qui paraissent en jouir ne demeurent même pas à
Perpignan et ne peuvent pas compter parmi les contribuables.
Abram Azriel, qui, d*après le journal, fait un versement le 18 dé-
V cembre 1413, n'a pas de compte personnel, ce versement se fait
donc pour le compte d*un autre contribuable (son père ou sa mère
^fcreuve) que nous ne pouvons pas autrement désigner.
^^ Nous ferons encore une autre remarque plus importante. On
parle sans cesse de riramense fortune que possédaient les Juifs
au moyen âfire : presque chaque fois qu'on peut vérifier les faits,
on s'aperçoit que c'est pure fable et que la réalité ne correspond
pas du tout à la légende. Les capitalistes juifs des États fran-
çais du Saint-Sit'ge étaient de pauvres diables en comparaison
des banquiers italiens établis dans le pays; la Société des Juifs
de Vesoul dont nous avons étudié Thistoire (voir Deua? livres
^^Le commerce) parait avoir eu constamment besoin du concours
^Êet des prêts des Lombards. L'histoire de notre taille conduit à
des constatations du même genre. Le total du débit des contri-
buables était, à Torigine, de livres 488.7.1, et cette somme (sauf
une petite partie, que nous assimilons, par hypothèse et pour ce
calcul, au reste de la somme) provient d*un impôt de 1 sou 6 de-
niers par livre. La fortune totale des Juifs de Perpignan aurait
donc été de 6,511 livres. Le nombre de familles est d'environ 180»
cela fait 36 à 37 livres par famille ou environ 7 livres par tête.
Ce n'est pas une grosse fortune. On estime que la somme des
fortunes privées, en France, se monte à 210 milliards de francs*,
» Yves (tuyot. Bapport concerûsnt TimpOt sur Je reveau, Paris, 1RS6, p. 208 i
210 (p* 210, m lieu do 215 tÊlUioiiB; il Jaut lire 215 milliards).
T* XIV, H^ 37. 5
ftf, REVUE DES ÉTUDES JUIVES
c'est-à-dire environ 5,500 francs par tôte. Supposons que la
livre, en 1413, à Perpignan, ait valu 20 à 25 francs et que le
pouvoir de Targent ait été à cette époque dix fois ou môme yingt
fois ce qu'il est aujourd'hui ; supposons une dissimulation de
25 pour cent * ; avec toutes ces hypothèses, évidemment exa-
gérées, on n'arrive encore qu'à une moyenne de 4,315 fr. par
tôte, et il ne faut pas oublier que la fortuné des Juifs était grcTée
d'impôts 3, 4, 5 fois (est-ce qu'on sait?) plus lourds que ceuide
nos jours.
Liste des Juifs.
— Femme Abram Esmies Cabri t, 6 a, O^ap «firwxfit û-iaN*,etirDK
N'Abram. — (37.10.0).
O Abram Astruc, 34^, paie pour un autre. Pourrait ôlre Abram fils
d'Astruc de Besalu (voir Astruc de Besalu) et serait par consé-
quent identique à Abram de Besalu.
O Abram Azriel, 43 ^, 48 déc.
— Abram Bendit Cohen, 4>. — (9.7.0).
O Abram de Besalu, paie pour un autre, 32 b; voir Astruc de Besalu
et Abram Astruc.
— Abram du Cailar, tb; N'Abram; paie pour un autre, 35*. -
(36.42.0).
= Abram Cresques tt5ptDnp % Ma; son gendre et sa femme sont
mentionnés, mais sans être nommés.
— Abram Macip Cohen tpOJ2, 5 a. — (30.16.0).
— Abram Méir, 3 b ; Abram Méir de Lodève, 43 a, 44 b, — (72.0.0).
— Abram Rimoe ^1721, 4 b ; 31721, 44 ^, 45 a ; la lecture Rimoc et Ri-
mocb, qui était encore inconnue, est donnée par des pièces la*
tines de Perpignan. — (5.0.0).
— Abram Samuel Gabrit, 3 a. — (9.0.0).
+ Ali Mossé r5a73 ■'bN, 9d. — (1 .0.0).
O Aron Loup, tjib, 4 3^, intermédiaire dans un payement.
— Hoirs Astruc de Besalu, 22 a, 43 b. Ces héritiers paraissent êlr^
Mossé de Besalu, Abram de Besalu, Benvenist de Besalu»
ces deux derniers sont désignés comme frères. — ^<3S.O.O).
— Astruc Bonsior (et Bensenior) iT^ïDaia, l a ; iT'SCra, 44 fl. -
(16.7. V).
— Astruc Cabrit, 3 «. — (3.46.0).
— Femme Astruc Cresques, 6^. — (6.0.0).
— Astruc Gracia (et Gracian), 2 b, 43 b, 45 a ^. — (36.40.0).
— Veuve Astruc Ilayyim, 8 a. Le mot veuve est toujours indiqoi
par l'abréviation 'bN. — (6.0.0).
» Voir Yves Guyot, pages 212 et 216; cf. p. 81.
* Sur le nom de Cabrit, voir I^evue, U IV, p. 71.
HISTOIRE DTNE TAILLE LEVEE SUR LES JUIFS DE PERPIGNAN 67
Kslruc Jos6 -oi*^, 4 a. — (3.0.0).
é
entière d'Aatruc Millau, Zif; 45 eï, Bonaslruc p"»nnttî6t3i3 ; voir
Boaastxuc Jacu. — (7.I5.0K
j^siruguet ::'':iinn^N et la-'snnatrîe, 47 i; il est courtier mono,
■ ilaà; nommé 6 d, 8 //, Il a, 30^, 3t a, 32 1.
Bella nVn, femme de Siilomon de Belcalre, 16 (î; n^as Na Bello,
m in'3 n:, 36^. — (leiJO.o).
— Bendil DeDveûisi ncsisa D'^^ns, 12 a; assiste à un payement,
0 Eu Bendit Vidal bN-T"*-» :3*^^:a;ô<, un des fermiers de Fimpôt» 5a ;
ou paie par son iolermédiatre, c'est-à-dire, sans doute, qu*il
avance de Targent aux contribuables, i \a^2kà; reçoit sa part
du bénéfice de l'impôt, \ S, 48 a. Paraît identique à Vidal Dcndit.
»BeDveaist Aslruc de Besaiu; son nom se trouve au bas de toutes
les pages, comme vérificateur des comptes ; est probablement
identique au suivant
Benvenisl de Besaiu, iî a, est probablement fils d*Aslruc de
Besaiu. Voir le nom précédent et aussi Abram Aslruc et Abram
de Besaiu.
— Veuve Boaz, 7 a ; Boaz de Carcassonno, 44 S. — (9,0-0).
1 -Bouamic Vidal p''?:5i3, 45 a. — (IJO.O).
I — Bonastruc Davi ■'n piimssia, îtb; rayé, est allé demeurer au
village î-^mïî^n •'nn *. — (68.45>0),
-Bonastruc Farrissol brans, Ma; bnil^ns, 44 *. — (21.0,0).
-Banistrac Jaco (= Jacob) ip*', Mb; En Bonastruc 'iXH, t â, 3^,
en qualité de détenteur tp"*Tni3) des biens de la fille d'Astruc
de Millau, par ordre du prévôt (T^po) ; paie pour [prûte à*?)
divers, 6^, \Q à, (9 a, Z9a ; est un des créanciers de la com-
munauté» ia, —(59.0.0).
Boaastruc de Millau, voir Astruc Millau.
' ^J nijia Boniac pN^ïis nNn3i!3, 45rt. — (3.U.0).
' liiiia Davi (=: David) Coben, *4a. — (17.0,0).
X U^mdia de PosquJèrcs, M à. — {3,10.0).
-Veuve Bouet Vidal :2^:i3, lo ^ ; En Bonet Vidal, 17^, 2! ^. —
[63.10.01,
-Boafîl Vidal Ali ^ba b^i^*\ b^^^:i, 13a- — (30,9,0).
- BoQfos d*Avila DIE-12, 1 i à. — ( 18.0.0).
Bùafos Bonmacip Ci^0t:i3, 16 a ; q'^OTan:!, 43 a, — (128.8.0).
Honfos Gresques Alfaquim û'*D5bc«, 12 a; a un fils Jacob demeu-
ram à Laroque, 12 a; a achète un impôt différent du nôtre,
li^m kabilula des villages l'^niCH "^12 ou 'lTS*^rî "^Hl ^oui plusieurs fois
, C« floo( ou bien des Juits dépendant de la coLumuuauté juive à& Perpi-
loif u<e formant une communauté à part, ou plutôt encore des Juifs incorpurés
BftDt à Ia communauté juive de Perpiguan, quoique demeurant (iemporai-
itt ftvec domicile fizej dans les petites îocalittiâ voibiues. Pour ces gens du
tg kttr» dettes 31^n et le perception de leurs Impôts n3:i73» il y a une comp-
i à jMffi, probaUemo&t leaue par noire laiac (12 ^i 41 aj.
IIEVUK DES KTIÎDKS JUIVES
10^, 24 a, 30 fl ; dans la ferme de cet impôt ou d*un autre, If
eu pour associés maître Méir Boael et un autre. 19 ** PafdU
èlre le (ils de Mossé Âlfaquim, Sa a ; Eu BonfûS, 30 a; fait
veudre diex un Jujf après saisie, 32 a. — flOUO.Oj.
= Bonfos Maimou llTj'^Ta, IG&; li73"'''?J, 45^; lT3'»''a, 44a.
— Veuve Boufûîî Pater "sac, 5^; a pour fils Vidal Pater et Boûiac
paie pour Rubea Pater, qui est peut-être son neveu; voir
aussi Samuel Mossé. — (358-10.0).
= Boûfos Roget ' D-^^in et :3'''*ii":, 16 à, fils de Samuel Roget^i^. et36p.
r^ Bonfos Samuel Alfaquim, 1i*, En Bonfos, 5 a; fils demallfe
(= médecin) Samuel Alfaquim c^sbÈi bttiîsa 'c^Hia, M;
achète un impôt avec maître Méir Bonet et un autre, <9^.
:= Bonjuda Alfaquim rî'main et sa femme, M h.
-^ Bopjuda (et Bonjudas) de Carcassonne cni3:i2, 45 ^ ; nTO3i3,43l
— (i JÛ.O),
— Bonjuda (et Bonjudas) Gracian, 13a, 43a, hib\ témoia d'un
payement, f2a. — (6t.0.0).
— Bonlac Bonsior (et Bousenior) m^ir:i3, i'àh, nr2o:i3, kih\ sigue
au bas des pages comme vériticaleur des comptes. ~ («2. <ûû|.
+ Bouiac Samiel h^-^rïO et son lils, 13 b. — (3.0.0).
=::: Bousior (ct Bonsenîor) Barbés T2in&«3, 46 ^ ; C^ana, 43 k.
— Veuve Bonsior (et Bonsenior) Rendit, 5 a, 45 a. — (25.7.0).
— Veuve Bonsior Maîmo My^-o nri:3i3, ib; p^'^'^TD, 43*; voir hm
lehiel. — (7.7.0).
+ Borgesa nKDTnin, vsb\ nc^nin, 43 b, La transcription du ûom
est assurée par des documents latins. — (l .6.0),
Na Clara, voir Mossé Alfaquim.
— Cresques Alfaquim, 33 b, — (7L0,ô).
— Cresques Bendit Cohen, 3ia; témoin d'un payement, U'J "
(18.8.0),
— Cresques Dayoïam, 36 ô; frère de Vidal Dayot, 19*, 3U,W^'
-- (11.9.0).
— Veuve Cresques Ferrer ins, 8 d. — (i.0.0).
O Cresques de Foix, paie pour Bonamic Vidal, 45a-
+ Cresques Loup vçh, 34 b, — (s. 0.0).
— Cresques Macip Cohen, 31 a. — (12. G. 0).
r^ Cresques de Moiilfort, 35 a.
— Cresques Vidas ^ûTi, 33*. — ;i6.4o.O).
— Davi du Cailar, 17 a, 43 *. — (39.10.0).
= Davi Salomon de Foix, 17 *.
+ Davi Samiel Coben, 17 *. — (7,0.0).
+ Veuve Dayot Mossé, 6 * ; voir Astruguet, Bonastruc Jaco, HénocU
Méir. — (12.0.0).
O En Diulosal José bcib^'^l^N, 4 a; a écrit un acte.
^ Ces! la vruie pronondstioD, au moins a Perpigoan, du moi ^"«^în ; ^'Otr Rt%U
I. Xlll, p, 156, où l'ûii petit proposer Hogct au lieu Ue Hu^^^at.
HISTOIRE D UNE TAILLE LEVKE SUIl LES JUIFS DK PERPIGNAN m
an Salamies ï:»"'73bu: 1«"in, i? a. — (Ui .8,0^.
euve Falco (et Fakoa) ibu Yahya Ti^^w ') irbD, 7^i l^^ pD^D
rr-^rr, 44 a. - (iJ3,Q!.
'errer Davi, 32 a ; voir Vidal Ferrer*
^crrer Davi Boomacip, M à ; 44 b, Ferrer Macip. — (77.0.0).
fuédalia Uzzlel, 24 a,
ottioQ lans, fille de Salomon BonsiorBeodit.
Gracian (el Gracia) BaDJuda, 21 a. Est-ce le môme que Bon^uda
L Gracian?
Easdaï des Cortals, 21 à. — (82 J 3.0).
WeuTe Hayyim Benjamin, 8 a. — (2 J2.0).
%ayyim Juda, t\ b. — (34.11 .0).
llénoch Méir, paie pour veuve Dayot Mossé, tJ b.
ft&ac Abraoi Momet :3"^?3*: 'stï pâS**, îS a ; :3^?3i?3» 43 a ; sa femme
Na Sara rnw2, liZ», Morne L parait être uo diraiuutirdc Galo-
oymos (Saige, Les Juifs du Langupdoc, p. 43). — (4,9.0).
'euve Issac (pat"») Ascher. 7 a. — (7.0.0).
isac Bendit, v. Issac Salomon BeudiL
Tcuve Issac Bonlil, S b. Les cliiHVes manquent dans le manuscrit.
umtob (= Bondia) Juda, tib. — (19.0.U).
bmtob de Barbastre, 41 a; rayé, est allé demeurer au village,
lire fCïro, c'est-à-dire médecin) Issac Gabrit, 3^. — (i09.0.0).
ac Gabie (et de Gabie) rr.H-^D^ piç-*, 25a;n.H^3ai,4U. — (19.10.0;,
Bsac lebiel, 7 ô, paie pour Bonsior Maimo.
issac (et Nlssac p^*^;) Jacob, hlab; probablement le môme que
3p:r ;373ï: ps*' Issac Samas (desservant'^) Jacob^ 47 ^ ; reçoit
un salaire pour son concours très fréquent à lu perception do
nmpdt, 48 a ; nommé 7 a, 8 tf, 10 a, 10 a.
isac José, 2:i à ; Issac José Josl\ Ha.
icJuda Davî, nb. — [19.0.0).
iwac Laon pNb, ^6 a, Laon = Léon.
^sac Mossé n3*i:^&« Amnoba, ti a. Le manuel du notai ire Pierre
Vila, de Perpignan, 111 0-1439, cite un Issach Mossé Abnoba,
qui est certainement le même (M. Vidal). — (3.<0.0).
lac Mossé de NMmes.-^ct:^;!, Ua, 47 a. — (26. H. 0),
- I^sac Nalan MordecaL 41 fi.
Msôc SalomoQ Beodil et souvent ïssac lîendit; c'est lui qui.
presque partoul, reçoit les payemeuts pour riiiipôl, 5a ; il est
luî-méme uo des fermiers de PimpÔt, il distribue le dividende
à ses deux coassociés, ^ h, et il tient les écritures de notre
registre : pit** •^sî* « moi Issac >>, 48*; ::^i:2 p^-» ■*:» « moi
Issac Bendit », 48 a ; Disn rsT srsïs Dn:3 n7:'^c p^*^: w, N'Issac
Salomon Bendit, qui a fait les êcriiûresdeceL iiiipùt. » 5 A ; son
nom est encore écrit ps:"*», i7 b, p^*^:*: N'Issac, 47 a, pst'^a, 1 b.
Noire ïssac parait» du reste, faire ^a profession de la ptTcep-
lion des impôts el des rccouvreiueuts des créauces. C'est lui,
a ce qu*il nous semble, qui recouvre Pinipôt dos prèls dont
70 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
nous avons parlé (48 a), qui f^it 1» con^ptabilité (et probable-
ment le recouvrement) de la ferme des impôts achetés par
Bonfos Gresques Alfaquim, qui recouvre les impôts des Juifs
établis dans les villages (voir Bonastruc Davi).
= Issac Salomon Natan, 26 a.
O Issac Samson (N*Issac, \ a), 42 a ; signe au bas de toutes les pages
como^e vérificateur des comptes ; est un des créanciers de la
communauté, \ a ; reçoit argent ou salaire pour son concours
— Issac Vidal, 24^. — (29.10.0).
-i- Jaco (= Jacob) Astruc ip"^, 22 1. — (403.0.0).
— Société (CiintD) de Jaco Astruc et son frère ou ses frères m«, 39 a.
— (452.40.0).
= Jaco José Cabra îTnaNp, 25 h ; ïi^'n^p, 43 Q, ; ïTinp, 45 a.
= Jaco Salomon, 26 a.
— Jaco Salvat taNlbiD, 44 1. — (35.8.0).
— José de Gavaillon, Via, — (48.0.0).
José Gresques de Gabanes, voir Josef de Gabanes.
— Maître José de Géret "^OT^ 't5«», 27 ^, 28 ^ ; père de maître Méir
Bonet. — (43.0.0).
+ José (et En José '^0T^3N) Marti '^û'iTa, 25 h ; demeure dans la maison
de Bonafos d'Avila. — (4.40.0).
— José Méir, 24 a. — (6 . 0 . 0).
O José Mordecai Salamies, paie pour un autre, 9 a ; voir Mordecaî
Salamies ; reçoit une fois une somme importante de la com-
munauté.avec En Salomon Bonsenlor Bendit, 43 a.
— Josef de Blanes, 23 a. — (406.0.0).
— Josef de Gabanes, 23 a ; aussi appelé '^or, 43 a ; José Gresques de
Gabanes, 44 1. — (52.42.0).
= Josef Calot uibp, 26 a ; •^oi*^ José, 44 ô.
— Josef Pater n[:D, 22 1, — (47.0.0).
= Lao de Barbastre, 27 a.
— Lao de Géret, 26 h. — (22.0.0).
— Lao de Mazères, 26 h, 43 a, 44 a; \ysh Laon. — (449.0.0).
O En Macip Gohen fl'^DtîaN, 47 h. Reçoit salaire pour son concours.
— Maître i^^m^) Méir Bonet tî-^ain, 28 ^ ; fils de maître José de Géret;
acbète un impôt avec Bonafos Alfaquim et un autre, 49 *. —
(26.0.0).
= Méir José, 42 a.
— Méir Vidal, 29 a ; aussi bfcn'^i ^^'NTaîN En Méir Vidal ; c'est lui
qui reçoit presque tous les payements faits pour le compro-
mis avec Joan de Rivesaltes et les transmet à MosséGoben;
il signe la vérification des comptes au bas des pages. —
(426.0.0).
Meirona (= Miriam) rraTT^-^Ts, femme de Mordecaî Salamies, 43^ ;
nDin-^-^jaD Na-Meirona. 45 h.
Meironette no'^Din'^tt, 45 *, 46 ^, différente de la précédente; paie
o
I
mSTOlîlE DTNE TAILLE LEVSE SÏÏE LES lUlFS DE PERPIGNAN 71
probablement pour son mari ou une personiiô de sa famille
que nous ne pouvons pas désigner.
Mordecaï de Grpssc, 30^. — (10.12,0).
Femme Mordecaï Salamies C^'^T^b'*», 6 a; a un fils En José, qui est
évidemment José Mordecaï Salamies. — (62,6.0).
Maître Mossé de Géret ncî: "Jra, 28 k, 43 h, 44 a. — (69,0.0).
Biens de Mossé Alfaquim et de sa femme Na Clara m'Kbp3, ^8 a ;
Bonfûs CresquGS Alfaquim est probablement son fils. —
Oo.ii.O).
isé Astruc Cotien» î8 a ; paie pour Cresques Ferrer et autres»
8^, 31 ^» yihx appelé aussi En Mossé Astruc, 31 a, 32 J; est
percepteur nsta (ou U percepteur) de la communauté, 47 a; voir
Musse Cohen. — (105.0. OJ.
Mossé de Besalu, 20 a; voir Astruc de Besalu; paie pour un
autre, 3îJ. ^(8.0.0).
Mossé Cohen, reçoit tous les payements faits à Méir Vidal pour le
compromis de Juan de Kîvesaltes, nommé presque à chaque
page; est-il le même que Mossé Astruc Cojien?
Mossé Dayol, 30^. - [i 7. 4 3.0).
Mossé Hasdaï, 31 a. — (8. 11,0}.
Mossé Jaco Cabra n^sôtp, \\ ^.
Mossé Josef (et José] Mossé, 29 b^ 43 a. — (59. 7.0).
Mossé Josef (et José) Ruben, 29 b, — (28J5.0),
Mossé Juda de la Paille. 27 a, 43 b.
Mossé Laon Cohen, 31 a. — (7.0.0).
Mossé Loup Ciib, 27 a.
Mossé de Palencia, 27 a, 43^.
Mossé Vidal de Caux, 30a. - (9.0.0).
Mossé Vidas ^«"fl, 30a. — (36.0.0).
Fina «ro, femme dTn Salomon de Belcaire, 32 a ; Na-Fina de Bel-
caire nrs:, 44 a. — (0.t4.û;. Nous supposons que ce nom est
un diminutif de Josétine. On pourrait lire Pina^ Péna,
Petite nis^^D de Besalu, 32 b. — (41 ,0.0).
La femme de Rogct rnsno, courtier, 48 a ; reçoit salaire. Est-ce la
même que femme Salves Roget ?
Ruben Pater, 3o<^î Ûls de veuve Vidal Pater et probablement
neveu de veuve Bonfos Pater, 10 a ; En Ruben piÈ«n:K, 10 a. —
(ISO. 0,0).
Salamies de Ni mes, 37 *. — (30.5.0).
Salomon Badoz Talné U^irh biT:» Vi'ra, 42 a; voir Salomon Sa-
lomon Badoz.
Salomon de Barbastre, 38 a; est probablement Salomon Vidal de
Barbastre, 32a. — (1 Oj»]. Il foit une m'^n^ (est caution?)
pour Ferrer Davj, 38 a.
Salomon de Belcaire, 36 è; voir Bella. — (111.10.0).
Salomon Bonsior (et Bonsenior) Beudit, ou encore Salomon Bendtl,
71 BEVUE DES ETUDES JUIVES
36 a ; En SalomoQ n?3bs:È«, Ô a ; uq des fermiers de Timpôt, 5ÎT
reçoit sa part du dividende nrn, Hè, Ma, ii^a[ nommé iltf,
^^a^ \Sb,^i à, ïùà, 37a, comme recevant des payements pour
rimpÔL ou assistant à ces payements; reçoit avec En José
Mordecaï Sala mies un payement important de la commiinaui^»
48 a, - (250,0.0).
^ Veuve Salomon Gatala «bop, fO ^ ; nbtîp, A3 à.
=^ Salomon Davi, 39 ^.
- Salomon Ferrer de Cabanes, 38 a^ i3i^ ; paie pour un autre» 8 è. -
(33,10.0).
— Veuve Salomon Issac Bendit, 40 a ; perçoit une part du dividende
qui parait destinée ù Issac Bendit» ^0 a ; est peut-être la mère
de celui-ci ; a une part des 58 1. 10 s. payés à En José Mor(^ecai
Salomon (=Salamiesl, 48^, — ;i65M0»0)* ,
= Salomon de Mont fort, 10 d.
O Salomon Naci «"»::;:, témoin, 32 a,
— Salomon Rubio VDin, 40 à,
+ Salomon Salomon Badoz y^^^, 37^; p? le jeune, 43 4; vûiiSal.
BûdoK. ~ (7.5.0).
O Salomon Salomon, ministre-officiant im, 4 ai parait ôtre secrétaire
de la communauté. Serail-îL le môme que le précédent?
— Veuve Salomon de Saverdun, 9 a* — (75,0.0).
Salomon Vidal de Barbastre, 32 a ; paie pour un autre ; est cau-
tion ; Toir Saiomon de Barbastre.
— Femme Salves Roget a-^sn "Z^ibv, 9 1 ; :3-»''i-i, 43 à, — (4 *0.0).
O Maître Samiel Alfaquim, caution de veuve Bonsior BendilTS"'
son fils est En Bonfos SamieJ ou Samuel. Sa contribniiuaesl
probablement comprise dans celle de son père.
— Samiel Astruc Bonmacip» 31 a, — (30.0.0).
— Samiel Bendit Cohen, 37 a; les fils de Samiel Cohen, 43 A. -
(7.0.0).
— Veuve Samiel Bonfil ^513 V&*"«îat), 9a. — (30.0.0).
— Samiel Jaco de Nîmes ■•OTs-'n, 39 a. — (20.5.0).
— Samiel de Luuel, 38 b. — (14 J 0.0).
— Samiel Mossé José, 39 ^ ; est peut-être le Samiel Mossé qui pfti<*
pour la veuve Bonfos Paler, 5^, — (55.45.0),
+ Samiel Roget ^^:in, va} à; i^'^-^ain, 44a; '?Kr2c;« En Samiel, Ut
il a ; père de Bonfos Rogel ; est un des créanciers de la coïO-
muuaulé, 4 a. — [4.0.0, plus 25. 0.0).
= Samiel Sescalette, 40 b,
— Samson Issac et son fiis, 38 à ; appelé Issac Samson, 44 ^, a moius
que ce ne soit le nom du tlïs. — (72.0.0).
Sara, femme d'Issac Abram Momet, 44 4.
— Seaitiel Abram Viger <ou Veger) et son fils, 36tf ; 'r*y^^, 3fi
^y^\ 4i à ; le prénom est écrit, 36 a, b«^nt:fira et iKVrc ; 45
b-^riV»:;. — (2i 3.0.01.
z=z Semlob Zaj/yU t\^^^, iO a.
HISTOIRE D'UNE TAJLLE LKVEE î>UR LES JUIFS DE PERPIGNAN 711
Vidal Astruc de Nîmes '►latJ^n. 19 «. — (3*6.0,0).
Vidal Bendit (el En Vidal Beodit et Eu Bendil) cL soa fils. 18 a ;
sa femme, non 3 ïi:i33 Na fionne Boune, 48 à ; il a une part
dans les 58 1. lo s. payés pour compte de la communauté, 48 b.
— (333.5.0).
Vidal Beiivenist, 19 «. — (409.0.01.
Vidal Boûiac pc^'^sin, 41 * ; En Vidal, 9 a. ■■ (34,45.0).
Vidal Dayot, 49 ^ ; frère de Cresques DayoL — (36,44 .0).
Vidal Efraïm, 20*,
Veuve Vidal Ferrer, 5^; son fils est appelé Ferrer, 5^^. — t95.13.0),
Vidal Issac et sa mère Meirona, 42 *.
Vidal Laô de Capestang, 18a. — (7.0.0). %
Vidal Méir de Lodève, ÎO è, 4o è.
Vidal Pater, 18 ô; voir veuve Bonfos Pater. — (10.5.0)»
Veuve Vidal Paler, 40a. — (72.5.0).
Vidai Rimoc Tt?2n, 20 a ; :iiOT, 4i b, — (2.8.0).
Vidal Vives CttT^i ^ 48 ^ ; on paie pour lui, 5 ^ ; il paie pour Vives
du Gailar, 49^; est témoin» 3ta; En Vidal, 47 «; reçoit un
salaire pour garde d'objets en gage, 48a. — (3,0.0).
ViveeBoulil, 20 a. — (0.47.0).
Vives du Gailar, 19 i» ; mis en prison poumon-payement de Tim-
pOt, 47 «. — (25.0.0).
liste des Chrétiens»
point d'interrogation en t&te des noms indique que nous no savoni pas
serrement si Ië persontmge uomtnô était cbréUeu ou juif.)
En Bernai (— Bernard) Antoine, tisseur, 3-ns "^îia:» t::nns&«, 30 a;
En-Bret Antoine î^'^na:»» 14 a, 16 ^'^ 24 a, 32 a, 38 a \ achète une
grande partie des objets saisis ou des gages vendus au proûl
de TimpôL.
|Ed Bernât Estève ■*3'«actï, apuntador (marqueur); créancier delà
communauté, 1 a ; 47 d, ''T'aCkH,
ÏQ Bernai Fabre "^nDS, notaire ; écrit tous les actes relatifs à Timpôt.
Ces actes sont : uae procuration (n«ïï"in) pour la perception
d'une somme d'argent, a a ; des quittances» 47 a b, 48 a ; la liqui-
daiion de la ferme de rimjwt Dm T'ap n::a r^^rrù^ 48 a;
notaire à Perpignan (M. Vidal).
Bérenger Ri bas, fonctionne en qualité de fonctionnaire de la cour
t^aîrr n?3D, parait être banquier, car il a une table (banque)
^nbn, et un payement fait par son entremise est inscrit dans
le livré dans sa banque, 18 a. Son nom est écrit C3"^n ■iar"i^3:%X.
En Pi Borcol blpnis ''d:», \a\ a une banque \Tiy::.
Pi.,, Brab (ou Brau) de Bize oc^ni sttna '^d, 28a, Nous avons
transcrit le mot '"^d par Pi ... , parce que c*est une abréviation
' La prononcioLioa lû<cale est toujours Vives, non Vives.
REVITE DES ÉTUDES tWTU
que DOus na savons pas compléter. Peui-èlre est-ce TSire Piaus,
dont Pi est devenu une abréviation courante, •
Monsinyor Francès Despoug 31E01 û"*C3nfî ''»P115, I ji, créancier de la
communautt' ; 47 ^.
En Jacnie Gatala nbup ■^?:p^ «6 a ; ''72p'^:ît, 47a; achète un gage, 36^;
touche sur autorisation de Samiel Roget, 47 a.
En Joan Dotres (et En Dotres) 0'n:;i^ lKi'':fit, banquier, 4 a ^, fia,
7ab, 10 a, <8 a, 20 à. Il achète la plupart des -i^ idus.
Monsinyor Joan de Rivesaltos 'C'^zha is^-'-n ^Ht^ '^C' . scféan-
ciers de la communauté juive, 4 a ; un compromis mQt a ëv
fait avec lui par les Juifs* Ce Joan (Jean) de Rivesaltes, d'aprè?
une note que nous communique M. Vidal» était, en Ut(.
viguier de Roussillon et Vallespir.
Messer Joan Masot :3">0^ 'jt«T> '\^0V2^ un des créanciers de la comma-
nauté juive, 1 a, 47 J.
Bas Julia nN^^bv yn, reçoit un salaire pour remprisonnemeat de
Vives du Cailar, 47a* Julia signifie Julien; Ras ou Raz signiâe
plaine, et était un nom de famille (M. Vidal).
Messer Ramon Esquirat ::"i"'pc» "Jt^n l'^O'^ïï, un des créanciers de li
communauté, 4 a.
? En-Sola Ras, 8 a, 37^, 38a, 47 a^; le mot Sola ^t écrit ni»iO»r
nbitî et n^ÈtcSK ; Je mot Ras est écrit yn «t y»^ ; aux ff. 3««
et 47 ^ on a Ras Sola ; paie pour veuve Hayyim Benjaœin,»^;
pour Saloraon Salomon Badoz, 37 b» pour Salomon Ferrer àt
Cabanes, ;i8a; reçoit salaire pour son concours pour la per-
ception de rimp6t. Son nom oiïre une certaine difficulté^ car
Sola et Ras sont tous les deux des noms de famille. En outre*
Sola Ras paraît avoir servi de collecteur ; c'est pour cela, etos
doute, qu'il fait souvent des payements pour le compte dWres
personnes, à moins que ce ne soient des avances qu'il (dit aux
contribuables. Dans les deux cas (collecteur ou préteur)* uous
croirions volontiers qu'il était Juif, mais d'un autre côté, ses
noms ne paraissent guère avoir été portés par des Juifs.
tfOtfS PK LOCàLITÉS.
Noua donnons ici la liste alphabétique des noms de localités q\i\
se trouvent dans notre manuscrit. Les transcriptions de Thébrea
sont soulignées. Les noms des personnes qui se trouvent entra
parenthèses, après le nom géographique, désignent les personiicj
de la liste précédente dont le nom est accompagné, dans le ma-i
nuscrit, du nom géographique en question.
HISTOIRE DTNE TAILLE LE\"ÉE SUR LES JCIFS^ DE PERPIGNAN 75
[Avilô (Boâfos). rtb-'sw, iia\ nî<b-3H, il*; nb^-'ni*, ioa; T^b^ii'3^,
U^, est probablemeal une laule. Ville de la Catalogne, Es-
pagne,
Barbdstre (Jomiob, Lao, Salomon, Salomon Vidal), cnn^n'^a, na,
44 a ; n^'jnïî^na, i^ a; H*.£3iïïn-i3, 38 a. Ville de la Catalogne.
Belcairc (Bella, Fina, Salomoo). "'n''«pb'«!2, ^6«; •»-i''*»py3» 30^, 4ifl;
''-T'*»pb3, 32 a ; départ, Aude ; ou Belcaire en Calalogoe.
Besalu (Astruc, Benveniste, Mossé, Petite). pibt«03, 22fl, t9a, 32* ;
pTb03, 43 *, Besaldon. Ville de la Catalogne. — Dans Salomon
b. Adret, ConsulL, 3" partie, û« 17, liibNCia.
Bize (Pi Brab, chrétien), oc^n Sises, 28 a. Un Salomon Davin de Bize
est nommé dans le Calai, des inss. hébreux d'Oxford, de Ad.
Neubauort p- M 67, note de la coL 975. Département de TAude,
Blanes (Josef), Datera, Ua ; 13^:^3, ï%a. Ville de la Catalogne.
iBoreol (Pi Bôrcoll, chrétien); ancienne forme pour Vercol; c*est
Corneilla-del-Vercol, Pyrénées-Orientales.
• Cabanes (Josef, Salomon Ferrer). ï3^33«p, 43*; ï3:N3p, 38 a. Ville de
la Catalogne.
Capestang {Xuï^i Lao). l'^'^Niacap Cabestain, ^8 a, dép. de FHéraull.
Carcassoiine (Bonjiidas). "'ji^pnp, de Garcassonne. 15*; dép. Aude.
Le Cailar ou Le Caylar (Abram, Davi, Vivas). n^b^p, 2*. Ha; nbuîp,
19*, 43*; Cnslar. Le Cailar, dép. du Gard, ou plutôt Le
Caylar, dép. de l'Hérault. Voir Saige, Les Juifs de Languedoc,
' Cavaiilon iJosé). ibmp, 22 a ; nbap, 43 a, 46 a \ dép. Vaucluse,
Caux (Mossé Vidal), yip, 30 a ; dép, Hérault.
Céret (Lao, Méir José, Méir Mossé). a^^-^i:, 28 *, 44 a ; anx, 26 *, 27 *,
à8 * ; Q'^n-'O, 43 * ; dép. Pyrénées-Orientales.
Corials (Hasdai). banipon Hasdaï Descorial, 2**, 43*; dép.
Pyrénées-Orientales. — Le gendre d'Issac bar Scbéschel (voir
ses ConsulL, n^ 4) était des Cortals.
L*Escaletle, voir Sescalctte.
Poix (Cresques, Davi Salomon). ^'^'^^D Foies, 17*; dép. Ariège.
Gabian jlsaac). n&ï-'^:* Uabia ou GaHe, 25 a; dép. Hérault.
Gracia (Bonjudas). nK^an:i, 4i*; nom de famille l&ï-^Dni^ 13a; ville
de la Catalogne.
Grasse (Mordecai). rran:i, 30*; dép. Alpes-Maritimes*
Laroque (Jacob, voir Bonfos Cresques Alfaquiml. KpTib, 12 a; dép,
Hérault ; pourrait être aussi un des nombreux Laroche qui se
trouvent eu France.
Lodève (Abram Méir). ns-^^ib, 43 a, 4i*,
Lunel (Samiel). b'^aii?, 38 * ; dép. Hérault.
MazèresiLao). Ta-)^B«C:a, 26*; a^i-^^ts. 43 a, 44a; Madir€S\ probable-
ment le Mazéres du dép. de l 'Ariège, canton de Saverdun.
f Millau (Astruc). ^Nb^îs, 45 a ; ab^tJ, 3* ; dép, Aveyron ; à moins que
ce ne soit le Milhaud du dép. du Gard.
MoDtfort (Cresques, Salomon). diisj"^^ Monifori, 35 a, 40 a. 46 a, dép,
Aude.
70
KKVUE DES ETUDES JUIVES
Nîmes (Isaac Mossé, Salamies, Samiel Jaco, Vidal Aslruc], Isaac
Mossé de Nemse "'CTm, îi a, il a; i>our les autres» 37^, <U,
La forme Nemse pour Nîmes se trouve dans le Dictionn. topftff.
du Qard, de Germer-Durand.
La roille (Mossé Juda). nb«D? Lapale, 27a ; nbsb, 43^ ; dép. Uéraull
Paleucia iMossé). mtic^T^z, tl a ; nD:'»bs, i:i h ; ville de la Navarre.
Posquières (Èoodia). n-i''pCiD, U ^ ; ^'^^'«7^12, 44 a ; c'est le Vauvtjft
d*ûujûurd*hui, dép* Gard.
Ribas (Eq BéreDger, cbréllen). 'w^^", 18 a ; ville de la Calalogne.
Rivesaltes (Joaa, cbrètkii!. C"'::bs< es-"-!, 4 a, et à presque toutes les
pages; dép. Pyréuées-Orieutales.
Saverduu (Veuve Salomon), nnira^ 9 a ; dép. Ariège ; voir au Calai,
des mss. d'Oxford, p* 4HI-H42, le mot mninr::, que nous
supposons désigner Saverdua ; à la col. 6*71 il est écrit ^"nï^iC.
Voir Retut, L XI IL p. i*j7:
Sescalette (Samiel], KL:''bpCD, 40 b ; serait L'Escalette» commiiue dti
Pèguairoiles, dép. llcrauU ; voir Saige, Les Juifs de Langvi^o
VI
NOMS CATALANS ET HEBREUX DES OBJETS MENTIONNES ET LEUB PRIXH
Tous les objets mentionnés sont des gages vendus par les fer-|
miers de Pirapôt; les prix sont les prix de vente.
Les transcriptions douteuses sont soulignées.
ts'^n» abit (habit) ; abit et un bassin, 1 i (22 a).
Kniîbî* ahiota (est une é La fît; dont nous ne connaissons pas le non
français) ; aloove violelle, \ * (16*).
npiH auca {auque, bocqueton); une auca verte, d* (â< *); usée Î13
n-'itt::!:;-!» ostages (otages), < a,
liê«-'573-':::t* î/i/macion (intimalion, ordre judiciaire), 47*.
m"î£<L3:iDX apuntador (appoinlenr; marqueur)» \ a.
npiDe« opocar (pour apoca ?; quiltance), 4 a,
nn"^^s:2i2« estanyada (étaraée;. Dans les exemples que nous avoDJ
mot, il est employé comme substantif, objet éiamé. Une esten.*]
4*6^ {Mb. mb),
ntro':p''D« assignacio ; au plurieL Dis*^02p'»D*«, K a^ Le mot désigne
un mandat de payement. Il a le même sens dans ChaUts, l^
^ éd., p. Î24.
"nsbpCÈt esciepare, pour specnlare (glace, miroir), 24 a.
mSTOîHE D'UNE TAILLE LKVKE SUR LES JUIFS DK PERPIGNAN 77
:-;:3 burel ^bnin foncé) ; voir yû^j:.
C3:V3 balanses (plateaux <ie balance), 2» 3** (17 i).
•03 bàd (bassin, bassinet, plat); au pluriel, ^rDa. Un bassin» I ■ S'*,
(ii «, I ■* 6'* (29^), 2*8^ (fi b], 3 » 6 <! [iiï), i*(i^, i I ^ 2U, 27 rt,
naU 6*(i9^. 34 ô), 6*8^(39^^), 7»* (30^); bassin?, 7» (38 a),
X-'W bacîna, 4 • (21 a), 2 » 6 ^ (39 *), 3*6^ (28 ^), 4* (25 û), 6 • 6 *^ (H *,
i9 b),\i* {17 a) ; deux bassines, 8 * (il ^).
rr^:''D3 bacînela» 9'» (20^1
rrî3 bacinet, 4-3^ (20 *, 26 Ô).
r3r*3 bréabit, préhabit (pardessus ?). Bréabit et manteau» 2* (13 ^).
-T5'.c ^P3 ;bébreu) pantalon; pantaL usés, 4 • (1t a).
î^^ii goaa {comme le mot suivant?), 3i a,
î^3T3 goaela, (gonelle, tunique); rouge, 4* (15 a, 31*); vcrie dé-
' cliirée, 4 • (17 b): violelte nn«m?3, 2 • (16 b} ; bieue nV^n usée»
Vl^^b); rouge usée rrs^ina, ,'P (16 *) ; bleue nbnn. 5 » (29 ^).
^'ti et quelquefois, mais plus rarement, ns^i, ywjîo, gîpo yupon);
jup. déchiré, 9«* [20 a) ; jupon, 1 * (il a). 1*6^ (S8 *), 2- (41 b) ;
déchire, 2 ' S*« (27 ai; jupon, 3* (27^)» 3" (30 ^) ; jup. noir, I •
(27 a), 2 • (25 d) ; jupon et manteau m3''b:J, 4 •* (il *), 10 * (14 a] ;
jupons déchirés» 4 " 6*^ {^Hb} ; jupon et conque, 9* (4! b).
^^'^3 (hébreu), couverture ou plutôt espèce de manteau. Usé. 8**
113^). ^* (ISdel 40fï), 2" 6* (I0fl);bleunb5n usé. 2*6<*(13^);
bleu, 6 • 6 ** (32 a), 6 * 9 "J (36 b] ; r^m rî73"»b3 couverture-manteau ^
usés a"»:?in:i, 1 • 8^ (26 û), 6 * (37 ^J,
wHb^Ti-^s giroflal (couleur de giroûe), 33 ^.
bupa (houppe); au plur., CDirr, 13^; na*»Dirr houpette, VSa,
Iloupe, 6 * (5 a) ; h. el bassm (plal), 13 "(5 a); h. et gonelle usés,
10» (M*); houpetLe usée, 8'' (15a).
j '^^'^^fitvj (uales (serviettes), 2 » 8 '» (42 a).
' ^^^^Z: lela (toile, nappe), 24 b,
^■^Tc-Mj-^a et ■}^ï3''Ti:: troisor, Croiser (trésor, dans le sens^de trousse,
bourse). 7* (4*), 12" (19 d).
■^a^O trebines (vrilles), 24 a*
^^"O (bébr). Coupe. Une petite coupe d*argent, 7*6^ (28 b),
Ito'? lavador (cuvetle ou fontaine pour se laver*?); L cassé, 5» (13it).
i abréviation pour maistre (maître). Ce litre, chez les Juifs, est
donné aux médecins (fréquent dans notre ms., par exemple,
ÎS b).
abrériation pour mastre, masestre; même sens et même usage
que Je précédent*
î*^iîs monsin, pour monsinyor, 1 a, il b. Nous avons, dans ce qui
précède, toujours transcrii ce mol par Monsinyor, comme s'il
Cèioiit plutôt deux obJeU, couverturo et tDatileao, comme riaclîqtie Tatljectif qui
^ «« ptunoi. Il arriva (^uelquefoîi, i ce qu'il noua tembltt, que récrîvam oublie do
^tit [^ ooDjouctioo.
78 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
était une abréviation ; il faut cependant remar(iUer qu'il se
trouve écrit avec un •; final, comme si on avait prononcé
Âionsin.
^'^0'^)3 messer (messire), 47 à,
m»1^^2 et aNm^a morada, moral, violet.
1^3» manto (manteau) et b-^aa^ mantel (manteau). Mant. noir usé, \ *
(26 a) ; m. déchiré, 1 « (40 a) ; manteau, 4 « 6 <> (20 ^) ; manteau
violet, 5 8 (30 a) ; m. giroflat (couleur girofle), 7 » (33 b) ; m. et
bassin, 7 « 9 «* (23 a], mant., 10 « 9 «* (30 a); mant. burel et cot usé,
10 «(24 a).
Vins naval (du latin navalis? nau, nef, plat?), \ka.
^uia notar (notaire), 48 a.
V^O (hébreu), linge, serviette, deux Y^O et petit morceau de pelisse,
1 «6* (14a).
Vnu'^o citrel ou sitrel (cruche pour Thuile), M h.
îD3'^tt'^D ciment ou siment (mesure de longueur ou fil à plomb ; voir
Boucoiran, Dictionn, des idiomes méridionaux]. Un demi ciment,
trébines. (vrilles) et esclepare, 2 » 8 <* (24 a) ; ciment et bassinet,
5» (24 a).
1T\J2Ô samarra (veste de peau de mouton pour les pâtres), 7» 6* (16 W ;
usée, 8 <* (13^).
bɫ3^ns fornal (fourneau), 16 " (10 a).
biT^-^D payrol (chaudron). Petit payrol et boupe, 2^(24^); petit et
cassé, 1 « (27 a).
îYaND et rr'3D panya (drap), 1 » (40 a), 2 • 6 * (40 ^), 4 • 6 * (9 *) ; panya
et toueles (serviettes), 1 » (20 J), 5 • (13 a).
n^iO^D pelsada ou pe// wa^f a (pelisse) ; plur., ^"^TObB ; 16» 2<*(19*),
1 J 6 « (16 ^); p. déchirées, 1 » (38 a) ; deux pels., 2 ^ 5 » (22 b).
1DU)D pesses, pluriel de pessa (morceau de drap ; signifie aussi ar-
mure), 6 8 (23 à). Si on lisait pesés, le mot signifierait des poids
pour peser,
aip cot (cotte). Cot noir déchiré, 8 * (8 a) ; un demi cot rouge, 4 • 6 **
(40 b) ; cot usé, 5^"in:», 2 » (^^ ^) ; cot usé et sitrel cassé, 2 M^7 ^) ;
cot usé bleu nbsn, 3 « (34 b) ; cot rouge et mantel bleu hbsn,
2 1 (23 b),
H'P'^yp conca (tasse, pot) ; TO'^paip et nt:'T5ip conqueta (petite conque) ;
plur., ttJ-^panp conques. Gonquetle, 1 « 6 «» (35 a), 2» 6* (20^, 34 b),
2 « 8 d (25 ^), 4 » (26 b\ 6 « 4 ^ (26 ^) ; 7 « (21 b) ; conque, 6 « (32 b] ;
conques, 1 Ml " (33 ^) ; conque et bassine, 11 « (19 *), 12 • (41 b) ;
conque bassine (probablement conque et bassine), 1 * 8 • (34 b) ;
conque et deux volumes de Maïmonide bTî3!a 'DIM ^"ido 'a, 1 ^
10» (19 a).
ïDN^'^^p camisas (chemises); chemises et morceau de cuir, 2 » (34 a),
nop et n'ONp caxa (cassette, boite), 2 « 6 ^ (31 b) ; cassette et manteau
n^a-^ba, 8 • 6 d (23 b).
WlÊp ; plur., lOiolDp capuxo, capuxos (capuchon). Capuchon^ 4 » 4*»
(14 ^) ; cap. et gonelle, 10 « (29 ^) ; cap., bassinet et conquette,
HISTOIRE D'UNE TAILLE LEVÉE SUR LES JUIFS DE PERPIGNAN 79
41» (38 a), deux cap. et deux houppes, 44" (43^); capuchon
jupe (probablement capuchon et jupe). 5 » 6 <* (25 a).
bc? capellina, 4 « 6 *» (39 à),
s et po sac ; 8 d (8 a) ; sac et morceau de toile, 2 ■ 6 * (20 b).
i rituel de la fête de Kippur d'^'TiDDn ÛT^ mo en papier et parche-
min, 4 • (30 a) ; 12 Uvres (de littérature juive ?), 4 » 5 * (18 a). Ces
ouvrages et ceux de Maïmonide mentionnés plus haut (v. le
mot conque) furent achetés par En Dotres, quoi qu'il fût
chrétien.
us ajoutons à la liste précédente celle des noms des mois qui se
trouvent dans notre manuscrit : ''^ri, 44 a, 47 a; 'nr:i, 47 a,
jener (janvier) ; n'^iao, 47 ^, febrer (février) ; 0*1)3, 46 a, mars ;
bna», 1 *, 48 a, april (avril) ; '•'NTJ, 46 J, malg ; 'aRW, 4 a, maj
(le trait sur le 3 serait un tilde, non une abréviation (mai) ;
lia, 46 ^ jun (juin) ; 'lûn», 46 ^ ottobre (octobre); '««^ins, 46 *,
novembre ; •ntt^'T, 47 a ; *in»'n'T, 4 a, dedemrôj dedembre (dé-
cembre).
ISIDORB LOBB.
LES JUIFS DE NANTES ET DU PAYS NANTAIS
Il est peu de villes en France où Texistence de rues portant le
nom de rue de la Juiverie, rue des Juifs ou rue Judaïque» n'im-
plique, par ce titre môme et comme une présomption bien natu-
relle, l'existence d'une colonie ou d'une communauté juive à
quelque époque plus ou moins reculée de l'histoire locale.
Nantes, qui possède, parmi ses vieilles rues, une rue de la Jui-
verie, ne fait pas exception à cette règle.
C'est au X® siècle que Camille Mellinet, qui n'en rapporte, du
reste, aucune preuve, croit devoir faire remonter Torigine de la
rue de la Juiverie, qui put être, au début, une concession inté-
rieure de terrain faite à prix d'argent, dans un moment de pénurie
ducale, alors que l'intolérance religieuse parquait dans un quartier
spécial les Juifs qu'avait sans doute attirés Theureuse situation
commerciale de la ville de Nantes ^
Nous les y retrouvons certainement au commencement du
xiiio siècle ; ils avaient alors, selon l'abbé Travers *, l'historien
nantais,' qui renvoie aux titres de Marmoutier rapportés dans les
Preuves de dom Morice ^, un sénéchal et des juges de leur nation
pour leurs affaires, et c'est dans la rue de la Juiverie qu'ils habi-
taient. Y possédaient-ils aussi, comme l'ajoute Travers, une syna-
gogue considérable? Exerçaient-ils une police privative, organisée
d'après leurs lois particulières? Ce serait peut-être aller bien loin
que de l'affirmer par voie de déduction. Aussi bien, les renseigne-
ments fournis par les titres des prieurés situés dans Tévôché de
Nantes sont-ils fort vagues sur ces divers points.
' Mellinet, La Commune et la Milice de Nantes; Nantes, impr. Cam. Mellinet,
sans date, 12 vol., t. I, p. 37.
* Histoire civile^ politique et religieuse de la ville et du comté de Nantes, par Tabbé
Travers ; Nantes, impr. Forest, 3 vol.
' Mémoires pour servir de preuves à Vhistoire ecclésiastique et civile de Bretagne^
tirés des archives de cette province, de celles de France et d'Angleterre, des recueils
de plusieurs sçavans antiquaires et mis en ordre par dom Pierre-Hyacinthe Morice ;
Paris, impr. Ch. Osmont, 1742-46, 3 vol.
LES IDTFS DE NANTES ET DU PAYS NANTAIS 81
T'est d'abord, à la date d'avril 1200, une cliarto de Geoffroi,
ïîgneur d*Âncenis et baîllistre (baillipus) de la terre du viconil<^
Oonge, notiOant les conventions arrêtées entre Guillaume de
lareil ( Willelmus de Maroil) et Prieur de Jorzac, touchant le
atur mariage du flis de celui-ci avec la fille de celui-ià. Guillaume
îonne en mariage à son futur gendre tout ce qu'il a au flef dudit
rieur de Jorzac, à Savenai, au Maz et â Nigrelo, plus tout le fief
! la mère dudit Guillaume, le Champ Clos {campimi clausum), le
thamp Dogres, toute sa dlme de Maroil et deux séterées de terre
la Gorantonère; s'obligeant, s'il ne peut lui livrer ces deux
éterées, à lui en donner deux autres à Mareil même.
En retour» Prieur de Jorzac donna audit Guillaume 50 livres en
irgent, pour l'acquitter de ses dettes envers les Juifs. Si le ma-
[riage projeté ne peut s'exécuter. Prieur gardera, en acquit des
IBO livres, les terres et dîmes susdites» avec interdiction toutefois
de les transporter au prAtre Rouaud, ou â Guillaume Ilarscoôt.
Daniel Iloysel se fait ph'*ge de l'accomplissement de toutes ces
conventions, sauf le mariage; Geoffroi d*Ancenis, de toutes sans
I exception; et il scelle la charte ^
La seconde pièce* est plus intéressante, c'est une charte en
forme de notice contenant quittance pleine et entière donnée au
prit^ur de Donge ' et à ses cautions par deux Juifs, nommés dans
le texte latin de l'acte, Creisson et Bonostru, de Guérande.
L*acte est scellé des sceaux de Triscant, sénéchal des Juifs et
'te deux personnages de cette nation, Jacques de Nantes et Haranc
•leSegré. Geoffroi était alors prieur de Donge.
Celte pièce, signée à Nantes en 1234, le lundi après le dimanche
Uttare^ figure aux archives de la préfecture de la Loire-Infé-
rieure*. En voici le texte :
îîoveriat universi présentes litteras inspecturi quod contenlio fuit
lolcr Gaufridum Priorem* de Donge et Creisson et Bonosiru de
fhjcrrandia *♦ Judeos, quaraquidem finaverunt Laliter quod dicLus
îYior et omnes res predicti prioratus et pleviee remanseruut libère
et immuneâ ab omnibus dehiiis predictorum Judeorum et suorum
Eim in perpetuum et quiptaverunt et in ista quiptatïone in-
runl présentes dominus Guillclmua de Derval, miles, et do-
mtaîre etulyUquo des litres des prieurés de Mflrmoutier. — Prieuré da
, pièce 17, pige 51 , rapporté dans les Pntu^t de Dom Mohce.
_.leB», pièce 19, page 52,
* Donf^es, commune de rarrondisscmetit de Saint-NaziLire.
* Afcbive» de la Loire-lnrérieufe. Cote de rinventairo, H. 133.
* Ooéritido, chef-lieu do canton de Ib Loire- bref ieuro, urroadisMmeat de Saint-
T. XIV, H» 27*
62 UEVUIC DKS KTUDES JUIVES
minus Main, suus lraler« et dominus Bonabes de Hoge, nnles
plurcs alii.
El ut hoc essoL ratum et stabiie ad pelitionem ulriusque
itsle litière sigillale sigiUo Trischaut , seDCScali Judeorum
temporis, et sigiliîs Jacobi de Nanoetis eL Haranc de Segr€\ /a*
deorum.
Daium dîe lune proxima post dominicam qua cantalur WmJi-
ruiulem^ apud Nauoetas, anno domini MCCXXXIV.
Le verso de celte charte donne da môme acte une fonaule
hébraïque, dont voici la reproduction =* :
Voici la transcription et la traduction de cette pièce* :
'ns i^^irr 'm 'int:î''''np nr^Tin 2ic3 nv 'na onso 'n n*îM *^r:Es
ap:^*' ansb n^pnn nsD *7^ nan Vsîa e*'::iTO in^^n r&n ir\*t i^a^
'b"î:T m 'nn3 •[•inK mtn^ '•^*'
Traduction. — Devant nous ont déchê^rgé Pinbas, Ûls de Jom ïob,
dit Cieissoû» et Juda, (ils de Samuel, dit Bonotru, Jolîri, prieur de
Donge. de loule dette et de toute caution, et Tout déchargé* lui et
sa maison [prieuréj de Donge. de toute chose jusqu'à Tannée
^ Rougë, bour^ flitué sur uae élevatioa con&uléralïle, Ira^verté par U rot|l« i
d'Anji^erB à Rennes, chef-lieti de caQtcm de rarrondissemeot de Cbateati
est arrosa par la BruLz.
* 8^ré, cbef-4ieu d'arrondiasément du départ&ment de Maine* eu Loire.
' La reproduction est j^fûndeur nature. La pièce porle te cache I des archifl
départementales de la Lmn>- Inférieure. Les mots D. ilor. Pr. L 8S4. 2, qu
Ifouveoi sur Porifrinal, daivent se lire ainsi : I>om Morice, Preuve», !•' i?oloB
page 8S4, i* co Sonne.
* Par M. Isidore Loeb.
s Ctt mgt a une ligature très curieuse au commencement ; la lecture parall i
LES IVWS DE NANTES ET DIT PAYS NANTAIS 83
Î5) du comput*. [Ont signé) : Jacob fils de Juda, Aroo fils de
Ïtd, ^ue fia mémoire soit bénie \
jiïisi qu'on peut le voir en partie sur le parchemin original,
0 pièce etijit jadis scellée de trois cachets (en cire verte). L'un
?coniplètement dispary, les deux autres n'offrent plus que d'iiisi-
^ntliants l'ragrnents* Suivant les Preuves de dora Monce, Vun de
ces cachets repr^^senUit nne tète de femme, vue de profil, ayant
un bourrelet de cheveux par derrière; c*est celui-là qui n'existe
^iisaujourdUiui. Du second, jl ne reste cju un débris sur le bord
■puel se voient les trois lettres: TES, gui pourraient être les
Inales de NANNETES, C'était, toujours d'après dom Morice, qoi
?.dunne pas les motifs de son appréciation, le cachet de Jacob de
pDtes, avec une croix par où il commençait, et, dans le sceau,
l)out dVpée, Le troisième» qui serait le sceau du sénéchal
SscUant, garde encore pi*ès de la moitié d'une rose à cinq ou six
noms des Juifs désignés dans les deux pièces donnent lieu à
iiieurs observations. On remarquera d'abord que les deux Juifs
inciers portent des noms romans (Creisson, Bonostru) qui
nt pas de rapport avec leurs noms hébreux, et qui sont des
moins DU des noms de famille, Creisson est sans doute l'équi-
eut de Guédalia (Crescent); Bonostru paraît provenir de Bo-
lîlruc. Les témoins, qui, dans la pièce hébraïque, sont Jacoh bar
tft4^ et Aron bar David, portent, daps la pièce latine, les noms
I Nantes et d'Aron de Segré. La date de la pièce latipe
IQmgrs 1235 [1*234 vieux style), ce qui est confirmé
•le millésime de la pièce hébraïtiue*
pest évidemuient .notre pièce latine qui a suggéré <\ l'abbé
lv€?rs ridée gu'i! y avait un sénéchal des Juifs à Nantes, mais
ne prouve que ce sénéchal des Juifs fut juif lui-même. Il est,
.contraire, présumable qu'il ue l'était pas et qu'il devait être
|Éposé, sinon à Tadministration de la communauté juive, du
jjiisaux relations des Juifs avec les étrangers, en homologuant,
ftî quelque sorte, par sa présence et par sa signature les actes par
Iuels les Juifs s'obligeaient envers les iiutres ou obligeaient les
ii$ envers eux.
était une sorte de syndic» comme il existe, dans certaines
îs maritimes, des syndics des gens de mer,
uépin \ rééditant Travers et les historiens jui Tout suivi,
* C«iV4'éire d« toute obligfttîoti couiractée «nvtirs ewt jusqit'À rano^B 4099,
* Cda sigoifie que David était mort.
* A. Omtfpin, BUtetrû dt Nantts; Nantes, ;^birâ «l iyiûi|t, .l£â9« p, m»
8^ REVUE DES ÉTUDES JUIVES
donne à rorgai\isation de la communauté juive d'alors une
importance plus considérable. Non seulement il mentionne Texis-
tence d'une synagogue rue de la Juiverie et le fonctionnement
d'une police privative aux Juifs, mais il ajoute que des règlements
fixaient les heures auxquelles il leur était permis de sortir de
chez eux et ordonné d'y rentrer. Avant lui, Guimar avait parlé
d'une synagogue considérable, d'un tribunal où des juges juifs
prononçaient sur les contestations qui divisaient leurs coreligion-
naires, d'après la loi mosaïque. Il indique môme que Nantes était
un des chefs-lieux du judaïsme en Bretagne *.
Des pièces qui précèdent il résulte qu'il n'était paâ le seal,
puisqu'il y avait des Juifs dans la Loire-Inférieure, à Ancenisoùil
existe, du reste, une rue de la Juiverie, à Guérande, et sur la li-
mite de l'Anjou, à Segré.
Les Juifs se trouvaient être, on Ta vu par les documents qui
précèdent, les créanciers de gens que gênait le fardeau de leurs
dettes. Aussi la croisade prêchée dans le monde chrétien en 1235
par le pape Grégoire IX servit-elle tout naturellement de prétexte
aux seigneurs et aux évêques de Bretagne pour manifester une
fois de plus leurs sentiments hostiles aux Juifs.
Pour porter les fidèles à entrer dans ses vues, le pape Gré-
goire IX avait prorais indulgence plénière à tous ceux qui pren-
draient la croix et favoriseraient l'œuvre de la croisade. Il fit plus,
en mettant sous la protection de Saint-Pierre tous les biens des
croisés et en défendant à tous créanciers, soit juiCs, soit chrétiens,
d'exiger d'eux aucune usure.
Mais les croisés de Bretagne ne s'en tinrent pas là et deman-
dèrent l'expulsion des Juifs de toute la province. Non seulement,
il leur fut défendu de réclamer ce qui leur était dû, mais on les
contraignit môme à rendre les objets, meubles ou effets, qui leur
avaient été remis en nantissement*, ce qui fait* croire, ajoute
Guimar, qu'il y avait dans la démarche des évoques plus d'intérêt
que de zèle pour la religion *.
On ne se contenta pas de procéder à l'expulsion des Juifs, on en
massacra un grand nombre. Le Chronicon Britannicum rapporte
en effet qu'en 1236, aussitôt après les fêtes de Pâques, les Jéro-
solymitains, alors très nombreux, ornés d'une croix sur leurs
vêtements, crurent devoir, avant de partir pour la Terre-Sainte,
1 Michel Guimar, Annales nantaises^ ou abrégé chronologique de rhisloire de
Nantes, depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours ; Nantes, impr. de Tau-
teur, an III de la République, p. 140.
• Guépin, Hiitoire de Nantes, p. 96.
* Guimar, AnnaUt nantaises, p. 140.
LES JUIFS DE NANTES ET DIT PAYS NANTAIS
85
lire à mort les Juifs dans toote retendue de la Bretagne, de
r Anjou et du Poitou, quoique, dit Tabbé Travers, ils y résidassent
sur Tautorit^ de la loi publique *.
I 11 y avait loin de cet épouvantable massacre aux prescriptions
' de la croisade préchée par le pape Grégoire IX. Les Juil's qui,
ÏHistoire de Bretagne de dom Morice le dit elle-même, n'étaient
œrtainement pas cause des maux que les Sarrasins faisaient
souffrir aux chrétiens d'Orient, n'en lurent pas moins mis à
mort *.
Il en fut toutefois qui échappèrent aux massacres, car il est
fait rnention des Juifs dans un traité passé entre le duc Jean
le Roux et Raoul de Fougères, à Angers, au mois de mars 1239 \
En effet, tandis que Pierre de Dreux c-ombattait en Palestine, le
duc Jean passait avec Raoul de Fougères un traité d'après lequel
il lui accordait sur les Juifs la même juridiction qu'avait déjà
André de Vitré.
Uais il était écrit que les Juifs ne jouiraient jamais d'une
bien longue tranquillité. A la requête des prélats et des barons
bretons, qui prétextaient d'usures criantes alors qu'en réalité, ils
ne visaient qu'à se débarrasser de leurs dettes, le duc Jean rendit,
le 20 avnl 1240, s'il faut en croire les Actes de Bretagne de dom
Morice en 1239, le mardi d'avant Pâques, d'après le texte même
du ducuraeni qui a été conservé *, un édit daté de Ploérrael et qui
donnait aux jiersécuteurs pleine et entière satisfaction.
^Par cet édit, dont roriginal avec sceau est la propriété de
^P Waldeck de la Borderie *, le duc Jean de Bretagne déclarait :
^^<* Qu'il chassait les Juifs de toute la Bretagne et qu'il ne les
souffrirait plus sur ses terres, ni sur celles de ses sujets ;
* CArofitV^fi BritanHicHm e% variis ChroDicoruin frti^tnenlis in velere collectrone
Xûfis. EccLcsiiE NanneteûBiii reperiis ; MCCXXXVl^ Statim po^t Puscbu Crtice eij^aall
twljmiiaiii qui tune tetcpuns muLu cruot, mtorieLcruiit JuduH»& pcr lotam Bni&n-
I, Ândegsviam ei Picuvjâm.
IHd, : MCCXXXIX, ÂJ p«titioaem Episcoporum et Baronum BritanoiiD cjecit
«roaiinefi Dux BnlanaiH} omnos Judasos de Britannia. ^- C'esl à cet massacres qu»
iaiL flliusioa le Vikkuak (ConiroverBc) de Rabbi YeMel de Paris.
* Traile du duc Jeaa i.e Kquï avec Raoul d«3 Foug^èies,
Use eal foriDii pacis factsi iuter Jobanuem CoiuiLem Britaniûas et Hadiîlfum Dami-
ttum Fooger. . .
De Judieis autem coocesait pr^dicLus Cornes (juod usuros essent à temporo priocipii
giterranim. Quantum vero ad jusliliaie dubiiofuiu Jada'oram qua? ipsi Judai sibi
diceot debcri, conccgsit idem Cornes quod praîdictus Hadullus, eatudeia jurisdjclvouem
kttbeai ommno quam babet Domtnu^ VUreiu
Acium apud Ande«, aano pratia- MCCXXXIX, menae Marlio. CMUauds Nantet,
mi*ifi X, eauetle A, fi. ^,
Cetle é»Ui rorrespond tu 10 avrit 1240, nouveau sLylc],
' il a éle œmmuBiqué lo 27 janvier 1879 à la Société des Bibliopbiics breton;,
^âuUiB. L« tesU) laUu est rapporté dans dom Morice.
88 nEvrE ffÈi' tfffll^ rtnVS?
2<> 0«'il abolissait t- ' contractées vis-à-vi
Juifs, ilï^ quelque lïatui' , t ;
3* Que les biens meubles ou imdieubles enga^s pouk» lû afiii
<îè" ces dettes retourneraient ^ttll <i'-' - ou à I+' iUi
excepté ce qui avait ët*5 vendujurirh intà<1escj:
i"" Ou^ îl^ï lie serait reehërehé pôut* là ràWl dèir Juifs
j'iîsqu'à cette heure ;
50 Qu'il empêcherait (Jue fei dettes contractées vîs-â-vîs
Juifs sur les terres de son père ne fussent paji^es ;
6" Et qu'etiftïï il' ferait confiMfeï* sorl t^dît par !e roi «le i-
le duc s'engageait piir serment à obser\^er cette ordoni
toufé ^a vîé, se soumettant, en cas d*iiiflractions, aU5t censnwdi
I^Eglise et' engageant par avartce ses successeurs .n ^
meht. n défendit même de leur rendre hommage â\ ^ U tff
fussent acquittés de ce devoîir, à ta grande satisfaction des préîatf
et des barons, qui naturellement jurèrent aussi, de leUt* côt^, çifili^
ne souffriraient plus les Juifs sur leurs terres *
On voit que, si Grégoire fi, comihe lie, ï*ipporte Basnagé,
réussit â empêcher ces ex^^cutians Barbares suï* certains pôîfltsd^
la chrétienté, il éclioua complètement en Bretagne
Le massacre de 1236, l'expulsion de 1239» il n'en fallait pai'
davantage pour qu'il ne restât plus en Bretagne que le souveairdé
ces créanciers qy on avait supprimés radicalement, de façon à leur
enlever toute envie de réclamer leur dû. Beaucoup se réfugièrent
en Angleterre, où Ils trouvèrent, moyennant finances, un asile
momentané de la part du roi Henri. D*autres s'expatrièrent, à ce
qu'on prétend, en Portugal, d'oii ils devaient revenir plus tard:
d'autres enÛn gagnèrent des régions de France moins inhospi-
talières. Il y en avait à Paris, et il est fait mention d'eux daosua
document de 13B0 aux termes duquel Charles V, roi de France/
avait obligé les Juifs de Paris à payer 6,600 francs au sire*^^
Glisson» connétable de France, en dédommagement des dépense*
avancées par lui pour le paiement des gens d'armes qui aralenl
tenu garnison dans les forteresses de Bretagne avant le lameui
traita de (Tuérande, qui mit fin à la lutte entre Charles de Bloiset
Jean de Mon fort.
y dut même rester quelques Juifs en Bretagne, soit qu'ils
fussent demeurés oubliés en changeant de résidence, soit qu*i
se fussent convertis. Ce qui peut donner quelque crédtt i cel
' Dom Pîerre-UyadnLliû Moriée, UiHàin éttléàiûiUqu4 et ctvHi dé Br^dffm
composée sur les auteurs «st lc« titr«B ûfkginaux ; P&rti, impr. DcbgueUd, 1750*1
in-i*', t vuL; loujtî 1, liv. iV, l73*
LES JÇIFS DE NANTES^ KT nO VA^S NANTAIS
87
ilère apinion, c'est qti*aii cours du xv^' siècle, des mesures
Jeiit prises contre des roturiers que le populaire regardait avec
âne extrême aversion, sous prétexte que c'était un reste de Juifs
tnfectés de la Jèpre. Aucune preuve, d'ailleurs, à rappui de ce
dire, consigné toutefois dans dom Morice *. On nommait caqneux
K» roturiers qui exercafent d'ordinaire le métier de eordier. Des
^Téques» faisant droit aux préventions populaires, ordonnèrent que
les Caqueux se tiendraient aux bas des églises, qu*ils ne se mêle-
raient pas avec le peuple, qu'ils ne baiseraient la paix qu'après
us les autres, qu'ils s'abstiendraient de toucher, sous peine de
Dt sols d amende, aux vases de rautel.
[Le duc François II, cédant à la même conviction et désireux
épargner à ses sujets la contagion de la lèpre, voulut ôter aux
peux tout prétexte de mendier et de fréquenter ainsi les per-
bnnes bien portantes. Aussi leur permit-il, en 147T, d'afTermer les
rres rontigués à leur habitation, de les ensemencer et d'entre-
eair des jardins pour leurs besoins personnels : il réduisit toute-
liileur commerce à la fabrication des cordes de fil et de chanvre,
ii'ils devaient acheter dans des lieux peu fréquentés, et fixa à trois
l„ccst-à-dire à une courte échéance, Ibl durée maximum de
lux- De plus, il conûrmait une ordonnance rendue deux ans
avant, en 1470, et qui enjoignait aux caqueux de |iorter
an endroit apparent de leur c^^stume une marque de drap
ouge ou de couleur voyante.
C'est sans doute cette dernière obhgation imposée aux Juifs au
ours du moyen âge presque partout, même dans les régions où
ï étaient tolérés avec le moins de mal\eillance, qui a pu faire
er qu'il y avait quelque lien entre eux et les roturiers connus
tle nom de caqueux.
Sous retrouvons ce souvenir de la marque distinctive du véte-
fcent de» Jtiifs au moyen âge dans une pièce de vers dont il serait
eal-^tre difficile de préciser rori^ine. Elle fait partie des archives
Dnieipales de Nantes, dont le conservateur, M. S. Praud de la
ollière, a bien voulu rextraire pour nous*, La pif'^ce est assez
Brieuse pour que nous la reproduisions ici. Elle commence par
"quatre vers latins dont le sens est assez obscur et sur lesquels
0003 reviendrons plus loin, La pièce française est incomplète au
eûmniencement et sûrement aussi à la fin» Ce sont les impré-
Lîons d'un débiteur clirétien contre un créancier juiL Le Juif n'a
' PrmÊ9M d« dom Morico, préracA, page xvn.
* BUc te trouve sur udq leuillo détachée, entre deux pages d'un registre des
I d'eulrclois.
88 REVUE DES ETUDES JUIVES
pas été coulant, il sera maudit; s'il avait été libéral, son débiteui
l'aurait porté aux nues :
IN VERBDM.
Hic verba falax fenerat, crédit nichil,
Et créditons fraudât usque perûdus
Inane cordis pectus. 0 socordia verba, nichil
Quod credis ergo credidi.
Contre luy mesme.
Je t'eusse mis en mes vers bien avant,
Juif misérable, et ton nom seullement
Par mes escriptz eut esté mémorable.
Je t'eusse faict de la race honorable
De Benjamin, de Jude et de Levy,
Ou de celuy qui fut jadis ravy
Tout vif au ciel, dedans une charrette,
Amy de Dieu, véritable prophette.
Mes vers, vangeurs du temps et du trépas,
T'eussent rendu ce que tu n*estoys pas.
J'eusse assuré que ceulx de ta lignée,
Lorsque la mort de Jhesus fut signée,
S'estoint cachez, courossez aigrement
De la rigueur de si faulx jugement.
Et que la nuict, pleurant, ils dépendirent
Le corps de Jhesus Christ, au lieu que le vendirent.
Lâche, méchant, plain d'inûdellité,
A rame traistre, au ceur ensenglenté.
Puis ton poil gris et ton visaige blesme
T*eust faict juger issu de Nicodesme,
Ou de Joseph ou de ces Pères Sainctz
Que on voyt grissars en nous eglizes painctz.
Yoyla commant j'eusse masqué ta honte.
Mes de mes vers on eust point faict de conte {compte).
Et, te louant, j'encouroys le dangier
Estre appelle flatteur ou mensongier.
On te congnoist, ton uusure excessive.
Tes faussetez, ton nom, ta rasse juisfve.
Ton ame double et ta fein d'en avoir
Te font congnoistre avant que de te voyr,
Marau, trompeur, masquant ung fainct couraige
De beau samblant et de fardé langaige,
Qui plain de ruse as seullement changé
De tes parans le bonnet orrangé ;
Mais l'avarice et la soifT altérée
De desrober t'est tousjours demeurée.
Le ciel f^sché de ta meschancelé,
LES JUIFS DE 5ANTES ET DU PAYS NANTAIS
*a contre toy par toy raesme incité,
celle fin que ma muse entlaraée
arque ta race a jamais diOamée,
1 ta memoyre et Les faiclz descriez,
ui par ies ans ne seront oublyez,
'our ra'empescber» tu gronde uoe menasse;
ouveau guerrier, doù te vient telle audasse?
ueile fureur t*emust si vivement?
veulx meurtrir I pense au Viel Testament :
eu le detfeat, ne crois pas ton couraige.
\é l vieulx marau» tous ceulx de ton lignaige,
•es plus vailJans et les plus renommez,
Onques une foiz ne se virent armez.
Ce fut alors que ces troupes mutines, •
sevelies dedans leurs brigandinnes,
Suyvant Judas, chetî de leur traisou,
Prindrent Jtiesus faisant sou oraison.
Kncor saint Pierre, entre tous ces gendarmes,
N'ayant sans plus qung cousteau pour ses armes,
Arguillonué du dangier apparant,
Coppa loreille a Marchus, ton parant,
Armé, couvert, couraigeulx a merveille.
Mais aussi toust qu'il cust perdu l'oreille,
Lassehe de ceur, la guerre il mauldisoyt,
Et de ses cris le mont retentissoyt.
Vous aultres Juiffz, vermine de la terre,
Ne naissez pas d'arae chaulde à la guerre.
ipTûus plus beaulx faictz et vous actes guerriers,
"est de bailler, couraigêulx uusuriers,
A cent pour cent, porter faulx tesmoignaige,
Par Iraisons nous pourchasser dommaige.
Ou nous meurtiir comme firent ces JuitTz
Qui de poisson [poison) corrotnprrent les puictz *,
Ce sont vous tours, ce sont, en vous vangences,
Les pisioUelz, les pougnards et les lances.
Perds donc l'espoir de plus m'espouvenler.
Ton ceur vaillant ne me faict point doubler.
Je ne crains point ta meschanle collére,
Le plus grand mal que tu me saroys fere,
Tu me Tas faict, car je t*ai courtysé
nict ou dix jours, puis tu m'as abbusé.
pères graos, plains de raige et envyu,
A Jliesus Gbrisl firent perdre la vye
Sur une croix qu'ilz luy firent porter ;
^télendii ismpotsomifmtml des puîls, por les Juifs, en 1320 et syrtout lora oe
90 IWV0B DIS ÉTOUBS'JUIVISS
Mais tu me veulx tout aultremeât tt^ictef
Et me punir d'une contraire sortâr,
Car tu ne veulx qaucune croix je porte *,•
Et me retiens, d'un couraige obstiné,
Le peu d'argent que mon Roy m'a donné.
Pour mon confort et pour venger la perte
De mes deniers, que par toy j'ay soufferte,
Toutes les foyz que je m'en souviendray,
En ta faveur le papier je prendray,
Prendray la plume et d'une ancre bien noyre
J'obscurcyray ta race et ta mémoire.
Quant a ces vers, ce n'est que te flatter,
Je te veulx bien d'aultre sorte irriter.
Premièrement, je te feray descendre
De Barrabas, celluy qu'on menoit pendre*
Pour ses larrecins ; mais il fut garrenty
Par tes parrens, qui suyvoint son party.
Tu descendrais de ces Julflz détestables
Qui dans le Temple avoynt dressé leurs tables,
Marcbans trompeurs que Jhesus Christ chassa,
Et de courroux leurs tréteaux renversa.
Cette pièce, d'après le caractère de sa langue', ne peut pas être
antérieure au xvi« siècle, et, de plu^, elle est d'un homme du nord
delà France. Mais voici plusieurs difficultés. Au xvi* siècle, il n'y
avait plus de Juifs en France, excepté dans les Etats firançais du
pape. En outre, le chapeau jaune auquel il est fait allusion dans
la pièce n*a jamais été imposé aux Juifs de France, il a été unique-
ment porté, en France, dans les États pontificaux, où il est venu
d'Italie. De plus, l'auteur parle du chapeau jaune comme s'il était
supprimé, cependant il ne l'était encore, à ce que nous croyons, ni
au XVI® ni au xvii® siècle, et, quand il disparut plus tard, il fut
remplacé par une marque. Or, notre poète, quoique écrivant au
XVI* siècle, dit que son usurier ne porte plus le chapeau jaune de
ses ancêtres ou parents, et il est évident qu'il ne porte pas non
plus la marque, sans cela la tirade perdrait tout son se). A moins
de prétendre que le morceau ne soit un simple exercice littéraire
sur un thème de convention, il faut admettre, à ce qu'il nous
semble, que l'usurier ou prétendu usurier est un Juif baptisé des
États pontificaux qui serait venu s'établir en France dans une
région assez voisine du comtat Venaissin pour qu'on y connût le
chapeau jaune. Le passage où il est question du Roy ne permet
guère de supposer (il ne s'y oppose pas absolument) que l'auteur
^ Allusion aux monnaies portant une croix sur l'Une des faces.
LES JUIFS DE NANTES ET DU PAYS NANTAIS 91
\ pièce ait séjourné dans le comtat à l'époque où il eut ses
élés avec le Juif, son créancier. Les vers latins placés en tête
morceau paraissent se moquer de notre auteur, doublement
able comme poète et comme débiteur, et même condamner
erfidie envers le prêteur si durement malmené. ' Dans tous
;as, nous éspérôhë qu'on ne Ciferrf pàb' cèttfe pièce, si évi-
ment fantaisiste, pour prouver que les Juifs prêtaient à
pour cent.
aDtes, novembre 1886.
LÉON Brunschvicg.
[La suite à un prochain numéro).
. LE MIDBASCH TANHUMA
ET
EXTRAITS DU ÏÉLAMDÊNU ET DE PETITS MIDBASCHIM
(FIN*)
CITATIONS DU YELAMDÉNU (suite).
2*7. Fol. 81 & (y'niTy) : mopris d'anal 'a by nnTab*^ noon anna
.ta-^xp^DïTi rrr^m ï-rmaTa î-no:^» in nb^i n"aprt ib rr^nm mota
nrw ib rtfin^ n^apn rr^n n«D^ nb^^to nj?iD3 tx-^d nman mayn
nniattïi ï-no:^^ ï-T"apn ib î-tn-iïio in-^D ptDîDn n» mor^ ^ijon
}niûy rtTa T^Dob î-r^nTa "^aK nn rT"apn ib nîDN ï-t©»* rrb rropra
rro:?! npTïi «dk rrmmD xdn rr^Dinx ©k nsnb ok ib rrfinn n^apn
ta'nîD'iK Dm û-^apïi r-i«)«)'i mn-îDi rtninoD rr^y^aa .rrriDTan ûrtTa
mD73b n"yprz ntnrvD J-ni3îDn nioy^ riTi 'éoid î-noy ^sn ^d ib
•pKa l-irtN bNi î-T«)7a bx '>"'> nTaN-^i n^DéoiD v^^ Hn"^!^ .:?na:«2
tonna rr^apn ib n^K to-^u^nn ©«-i oDb nin ©irm nîDNb ta-^nx^a
l-^DTa to-^xpioa .ntn «Jinn 3^ait«a ib ï-T«nn tonpi î-t»-i ntb iro
n»îDb ib î-TKnm 'j'^Tai ^-^tt ba n"apn iddh »?3:3rï oab î-tti 'do
:bsNn «b nn bna» m
28. Fol. 82 & (^^-^nTn) : rrbi:^ iDiîDb'^a 'ina . . . nbiyb nn«
înbi:^ t-iK^pD ^Db n"apnb ïibiy Kbx ïiDîDTa ta^^ia s-r«na ba l-«
:ivb:? Nimo rf'apnb nbi:^ «"^mD
29. Fol. 84 (Ibidem) : iDTOb*^ nDoa 1:^3D "pK b» nsan -^d
n:^n73 nrpbîob no pK 'do rrpib yn^n ût» -^aa ii:?a «b» ripib
ntDfio •'D n73iN r^in pi niTab-^i t-iT^nan nsn-^o •^na ï-ra "^atoi*^
: ban "^aoT^ mTab pnx ynsb ^^ddoîd
> Voir lome XIU, page 224.
LE MIDRASCH TANHïïMA 93
"SfT Fol. 88 f^-^ntri: ntcs sm^ .M?:n 31T 3iTn ^i> î-nrxi
•}nT»b r^OD mria ta"';^^ nii'n:^ cbuj hy is-^mn-i 1:10 ^d is'rïab'»
im-^b rij'ffia n^abi .nan npbinsT nbnDi rnss nin'^nT ir^Tz: br
Ti'*ypr^ '7:6* nï3«b -no^^: nr^bi ,n3^an n3?C3 5nap^ pTûno "«Db
înï3C5 Q-Tîb^ 13 ^'^nsi friîHin di« ht ab^7 bo 1^3 nn^D «-^rr
V^3» nbn * n^ï: ni npbirr m^cn '^sb pn '^"nn bD ;DDin m«
no^^n ^p^72 mrt*nîDs j^di-» n'"oxi tabi^ V:î nbn ïHHri: «'«n
■l"^! *js nnxT nrnfiin -«^d b^ n» rrp'Uîm yn^n in ïiby*^ t-'k-i
^3pn '!2« v^^ î^*^^ *rî?3i«rr 1^3 idî* dikh d-isn r» D'*rrb« '^"■»
im m«n m^n m *|D-»Ta '■^nsn fvjîïtnn di» b*^ itdt nsD'ca tt-^n
rnb nDSP^'D ma mT3ïï;n ni^i ^Dizîniû n3"'''nri73 «"^n '^nm "ists"»
31. Fol. 89 [r\M2 ''in») : T^n-'sr: i5H nn •'SM isnïïb"' hdo^ '^dd
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34. Fol. 115 (N1D3): pioo isTOb-" nDoa 'ina> T»V« me •»''■» eiûi
ÎM REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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35. FûL 135 [pba] : isTOb^ nssa '^p2 « nrn prn n» <p nifit
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36. FoL 136 (pbajî is^ijob-" idq^ . * » ni3J^ '»"'» *^«bia ïjon^ ■
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LE MIDRASCH TANUUMA 95
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40. Fol. 174 (n'unit: Dn«n nns rimia Tobo lûTOb'» nppn 3irD
:imn3 rnô«i •'ro nn b;^ 11733?^^ rn.x a'^nstTsîs •iî*X''^p 'n"'2pn Dnb
1«tD anî:j» m^ i^-^sb b^n^*» T^nb» nb» i-i73Ki mbt:n **rDa Dn^J?
r<bN p32?b pïïîb l^Ni ^"13^3 nnm:; ^tib nbbp mb^ rnpn n^ni
î^l-'inin "^a niin nriN û» rrbbp ^3 -iij:?n in'^anb -i?3iô«n ^viîb
P éL ÂJa fin : -IB03 nnrp 'i>i D**">72 "pna -^î^aa iitîn map^»!
ppinti npbn dus ■'^ ib rn-^awn en*»! niDKrû innsia ynetb natinsïî
:rmîi? ■''"' npna: d? '•idhi «n-n tibse
F Voici encore deux passages du Yelanidéiiu, tirés des manus-
crits d'Oxlbrd :
I F. — Ms. Opp, 314 (Catalogue, 541), fol. 20 : p»-ia izisyai
t*^n .imsr nsbn ivwip bÈ^-ç:-» bD rm:: teTUTan itjn-» :?n©^
♦ c^nDio . npcbn ^3^1^73 nsbn 'j-^^TSibi v^^'i® '^^^^ frrTra
jnn •'rp ^^2)2 p-'Nan I3'':!pn ni^n .on '•331 ïsipn mna isi^mcrj
naw-'a nt bD tms?3
G. -- Ms, 0pp. 3n (Catalogue, 692), fol 213 : i3i?3b- 'n5i«
s^3ô« ^3115 ûj mm'^n^ï: n^« irai i:n73b^ to-^nmn nbx '\ï:naai
nna ia\< nrr"»n-> «b irman iVQ ^^ «ribrab fcnnnit: t^nni:: intî
MANUSGBITS DU MUSÉE BRITANNIQUE'
(P^r Makhirf]
IL ITaW. df7(^4;
J. PoL 1 a : nai^ ainan * . * 'nai ib-n ■•seb ibip ina '►''■*i
i^tîTia-i aan iî:j m"^ b«-iC''b nnnn imb n"aprr «acD rmn pTsa
1* fiîo\)3 devQûâ cas txlraiia à M. SohecliLer. '
m REVUE DES ÊTimES JUIVES
là^ ^rs *"^ îfi . . ib-n -^î^V ibip ^rs '^"■'i ^^n rmnn m |l,
V^Tt ^5cb T^TTr 1^1^ ib-'n *:Bb i-^sbnrr^ W'^y^.rt ^bm "è^ ^
m ^Vtï ^bV nbip ^r: ^'-n eTi , • r^^n» pnar^ t^ir**^ zr-r:crt
îS^-'^^csTï CT3 v^a nDTb -id na^tjrn ^ntim nsncn b^^^ jm
r^-^^ *Vbmc 'it:'!» rir» f^^a^ T*:£b s^rmi: S'^r "tsdi t^
btn^ r« •l'^rro rrro'^ -nira nmt) s-^-rrrn D'rr^b rTi î*2« W
ac^ iTîsb ^nrt V^in •^:*':> is:t) tsr^bVrr: r^r Tr*rn 'Cth wn
^■ïiBn rtyOT ^r: ns^bîi in'^n nir^' izct: f -en '^-r» aero "fra
n^rt nrs rmDir fcn*' 'n**t;5' E^rrrs D'rrr rrr r-:rD^ w3 "cî
3b«2 anco a^'^ettsn l'^m 23e *::«:r barrc^ br srrrnrj piîs
Tr:V? jTtrc:'^ ttojz 'n -2'ï ne» Vs "^x:^ rxT'iz'db rr^y r^rp?^
rvjxr "^'^lîrs rr^tr^c ^b rin r-iTDrr ^DatVïn •^n^ d^^ts C'itw
^R5ô« rsT» ^^r» r*rrt: î'^r:^ sr x^^^ ^-'^ z^r^i^ ^"zz Ti^ ^
aittC c;? nr^ bit-c^b STcr fir:a C'^it *'r:'^b *^«c-! rrrx 7^*27:^ ^
na Q^jrc 2t'» b::!s -rra i^mr^i nrvïrrV vrzy t^r-rprr e^tt^
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Wl V»:;'*b 'îSiV^r: ^br: nnpb^ "^rc ^-rr^b^za *^:: br n'rrb -t:,t3
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LE MIDRASCH TANIHMA
1»7
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sr5 ^cns D^n n:2?:b ^sns cn:n cn:b ^sr;3 r;i:7:n -^nb ^2r!:i
^tb înnpn tsai niîso nbNn pi .1^3? ï-iiKni ^"^ yns*n b^
(1 Fol. 53^ ; i;3 im&* e^'^.p ntbi .biian m ic:? n» H-ip'^T
P3 rtm Dbi^rr n»nD ^•Bbi p^^iDa o^^jt^nb i-^D'':n5:D »b&t ,bnân
njcn*:: ^Db nm Dbira bn-ie-'b rî"3prT ^?2« .b'n:în ib tnp
no ■':ït Trrb ban roDianî: rrr » Tisb^s birî''3!Di ib '■•s'^;n?3 nir?
jB? *n ûisTsb ir^ nna a''?**ï5i7a ibjri 'ro rDDi3P72 ''m^b^si i3î:!3
irïDib?3rr 'nb rrmm
^8* Foi; 55 a : p "[ir-^tî 'n i?:» 'nai -'"'« T««3*?3 ibi:i n?3 n'^ct
i^hs rrca-'^ ^ibi> p\m s-^a nibiia Dna nrna ^b ^'* ^ilr^•>
Dnb V** Hi33^b D^30 Dm» ib?^ att ô'^a nib-ra ir»T m:;^'»^
iTTTn a-'b ^r^ nsi-'i a-'^^n anb X"^ a-^b ncn^^o imft« mn'' am
n ':ï3 n'^ni ni2:2"»b nbs» :iifn d-tî b2< inib^::m r:rp p« •»Nt:''n
:naa"«rî bit nsi^ p» «p'^i nb '^"'*
56 b : ^hrt abirn riî« ^aaa ^va en» ^b73 cis'^n'î»
nb« TU» iT^Pta ^SwH ©pa^ ibo p::bD ^rab inb 172N '*72inb
•^bn in^rai in^na naV^ Ê<b r*î^ b"« abi^n p&* tiCsd
yst ^'snnb -im' bH-io** n» nbam "ûiprn n''a a-'nnrîi in^a
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10. Fol. 07^ : H2:i-T ^Dts^a*? rpnitrrb ï«-i?jn D!?e3:n -':5< îtDb:: -ixcVn
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''b r-r:3n F**b nns pn d^-^::-i ^?;t2b r^."*3 rsisn nnètn ^'"^ *^^k ït3 ~
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'tt»3\3 'i"'37!3 n^Tiiiîn mcjb 13'*»'' n"3pn ur,b a^o bn^TD iïî:^t ia?3i '
'••^a^n ^Pi.H ib^DtH -izD-» î<b "î^^irii* ini ^^nb» 'n nt: b^T^S"^ nnrn
♦ nibobo bs» istiaD c^"*?:: nsn^^n v*^'^^ P*"** Gbi3?n ^t: Cz-n^s:
bD i3iï:b Gn?a inô« v^^ f^'-'^ ÊsniDiob bsbn nbas m-i3 t^^n
tM'-.as pirb3 1D1 ciipn tiab '(■^nania vn iiï3«nn "iiobnrs , in-an _
ipbnDi m-»-i2n ipbn :?nn n^"» ■'".y nin nbis^a n"3pn nn^ abirn
ini« "inniri PHN tins ^bis 'j'^iirT: «sn sbi^r^ t«b&* p^b û'^^^^icb
'131 nc3 sbiD Ninpb nmii ncis D''?^:^ bêt ^di3n tk -d nîsîco^
îbsnc^^n Dt>irn 113 jd b^aîn
19. Fol. 145 a : m?aifc«n te''3?ni'« rn V?« -'ib p jcin^ n"»
V^^'itaG» ^'Sïî V'^*'^^'^ ^^^' rp*!*^ miaiNn bn-r::*^ msir b'^npao
■jifit^î l^-^T «bi letarr wbizji nninn n» iiûo^ïî ^'td nn&ti TnH ^dV
SN*:) ni5:nrî it: im&î T'b::!?^ -n^ t<bî< bnn^^ nx T'n?:*»:??^ ni73i«n
b::!i3 n-^zt} i.Nb^ ns^b:? p br n^X3\:: npib ib^ cbi:?n b=î iî<::rr'
n'.3?jb n"3pn b"K , yn«n ^"^1:1 bs irnTs isnnnm ^^tiva v^^ lî^^lB
qod ^nbn t&î "irurn ttb .D^nr -^r-i::! C'^^cn yn ^o nn^xn nnx
p i5"73a «bi É<-ip iTL^ND '^n'^i -.?3«ro S3Pt< rr:i? •»:•*« iHiînn dk::? .
:'î3iai 5|DD ""nbfiç %nN iitî^n «b -,?ûN3 ^::b .:?i3':3» e«bi iK-ip"!!
20. Fol. IbTb : «bo *^i3 Dniâ< n^sa ntab û^'Dinn net nnpb brm
^^^ LE !il|DrtASCM TANIÎUMA ^^^^ t<^
r
1^^ 73 w* «»< y^
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î-'ri^i -inD3 DiK v^''=i^-3 HÈttiû n^j'm q-ïn
21. Fol. 459 ?> : ^4?3^n:D */'« ,D^2crï ncm isbi np^^sn ^"^ •]?
n"*» .ns^s^rn o'»TD'«'»3nT3 i!fit T^ssb npis t:-'*:2i:^ i3tti3 nron ib^'Sït
.to-'ss nuia i:b ^c^ irc^^tsa rz-^'û^^Jz i^scs r;:?i::3 ib-'c» n^T^ns
pbnm nbirDHi ^"^in ^m: ni'^î-'nnb inr:: ^ms dtn cbi:?3ia :m33
*"n::?:ni b^rr im» i^ini r-rtîibtt'î y^icn -""^b ii"-2'p'ni .misa irr
t^-^'crzrm ina n?3n"ini m',D:??j nns* «b^* cpa?: irNi n?:^:^^: e<im
mrj !-!bin;i ncnn c^ -i^^iït nnrp 'n . '?di3i npi^n ••"'' ^b ■'in
^1 :p nan m72C nbô*3i .npis^n -^"^ Y^ ''''^ Drî'':5b :ynp fi-'m
^P 22. FoK 19Uk T^^n dt«?3 isb ^i« n'7J« im» ni;:^b ibD'^ Kbi
^nt;c3 rînns ns^^nst qor ''.3« ntîND cidi'^ ri^i nnrin m-'?: nîb "^nw
-iP'ï&tina nrirrî '•^i •inn ût' nn ï^b^?: ^73 V"^'^ n"3pn nî3i:^u:D
nbna: m htst .n?:^! n^^s rn&t br •»m sn^n '':«n*^ «b ■'d n73K3\3
nnw bj nnin biD n:?CEn ni:?2rî pnr:? :?',nnb ^n^^OD l'^n» v:d?d
I. — Ms. de la Bibl. Keg. Hebr., 16û, fol. U8b : nbsn -ns::i
: rt:n nb'^Dna e"*Tit)n mD-in
K. — Ilarl. 269, foL 87 &, à la marge {M. Buber, comra, de ro)
♦ , . nin-^n;^ ïîb^ b:? b"T irrr^an i3C -jd laiT^b-» nDD3
L. — Makliir, sur Isaïe, ms. de Leyde Scaliger, 1 *.
Par les mots suivants de la préface, on voit que Makliir a com-
3sé un Yalhid sur plusieurs livres bibliqui^s. Il y dit : ^12^
■fanb -rX3pn ...n"nbT ''-i73K2« '13 qDr 'n sin p n^37^ 'na
, piDcn b3»i iT^-ipra br p-*» [ ] bs ^nanDi mn^iîrsi m^arnî^n
|n:2pb -«D :2ipb^ *i5on 'r^npi t^d ""Db r-infi< ^*3r2^:b '^i«-in
ts-^5 t>*pss-in ribD-p," t^^'i'^n xn^ ï-Tr.:;?:n 1^ •cmtin i?d im«
r« D''br ib« C^'-icira %n-rD t^b n\2'K "^.sn "^nrer? îstb »r<ns-^Di
..Tiba-» •'DD "ncr '•-^iPi b.spîrr rî^^:^,'' ^bt::?2i
1 Nous saisissons ici roceafiiuti de reroercier l«s autorités de la BîblioU]è<)ue de
eyde, et spédaUment M. de Goeje, du prôL do ce ms. qu'ils ont bien voulu fflin» a
BtbUolJiè(^ue BodléiiiDric.
* he cotnpiliitciir citti ccpeodanl d'autres sources. Voir la description do c<ï ms. par
M. Sleinsclmcidcr iCattttofjus cotitcum îlebracorum B\hL Ac, Luijduno-Bat^vitie »
^8S8, p. 34 7p8ï^s0.
* il est p{>s6iblu i|uu le* Ytiikut sur les douze propbèl«8 doul nous ovous donoô
102 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
L'acte de vente * qu'on trouve à la première feuille montre
gue Makhir a composé son Yalkut avant Tannée 1415. Nous re-
produisons in extenso cet acte, parce qu'il se rapporte à la Pro-
vence. Le voici :
rabT «tt-^'^pi «n-nû [sic) iXTh^ "n^M^ ïTûTab h^rfrm ^5H rrtna
•j-» tobarbi I3n NttrTa snr» nTïr^b vi^Ti >nRt:tt5nb ^ib*ii rrèi5«nb
nb^Tîn b» cD-ipb'^îi * vn'^yn rrm n»on ■^riDtau? mn» han] mîi
«Dîm ab moa] ts-^^cn ta"»5tD 'i^ra ÇD5t3"»^p \spionp '••«C'^h» \n
n^n^i piDpDi pTrr bD» nn)3«5b ■'by^ îrtytDi» «b^ oish «b in»w
j-rby^n '{"''Tf 'T''=> *^''!T^ t^'sbi [rr^^stth r^na ib t^^ab bsr ^m
^n73nm "^rar:} Jnisrbi ï-nenb^ t^y^y^ nstîn op«np -nca^^Hn!
b-'Dibn l-^-n pnaf^ û'^'^pi n-^ntî bsrr ï-rr^sr-^b ■^uîtdîi tibnrr oneb
.Vrb
Le nom de in&btn iwr^ (d'une main beaucoup plus récente) se
trouve également sur la première feuille.
1. Fol. 9 : ny-^pn yyo ns^orr ««n ïit .nbip inî '»'^n •ns-nab"»
nsn^îi bip73 V'^"^^'^ i'^:^T3»TT» tortis b^nu)*' nb^ i^n -^sob .nsio
1"- tDV b-n:* -^3 .D'^moarr ara v*'^ tnnDtb -^ns ï-ian«n3 '(••nnnr*-
VnnnD ta-^nt] •^nsoi D'^'^n ncQ lac t^'niBtDîi D'»'' îit •n«<î3 Mrn^^
Q'^nis^n nrb rracti ï:«n Y'^'o d*^»*^ rn«5^ n.5îin«5 ittiM n« "prr^ ^
na^D rnnaiir di*^ ii^^^rr ûi*» rnt '^""» n»«"« nnsisn «d isb ^d nnsi ^
to-^D^ûS caD-^Nan "i-^n*^ gn 'yo bfi^ntî"^ b«5 torpmsiy i-^ab): rf'apr: '^
innDT l-^iTûbt:^ ta'^ONbTsrr ib» irrsn^ *7«t) a^^ ■'a •wab-» abca "^
piota .'nan inan rr^ia^ orr» di^y "^t) .inan ^»ni oixo^ -^d .«im ^
t'TûiJ "«^ •'b •'i» ^^
2. Fol. 17 : ^':r\12h'^ .toîib «ï5n bxi «"^{t bDtJ'^i dT» mD"»n
l'^ttnin vrr m^Dinn rr^sD isan isTOb*^ . b^n^-» •'îa is^n n» txov •'a ^
toTN rwi nns insi"^ 'n û^a apy*^ 'n 'idi îi3)0i ï-tîû bDa b^no'^ ^^ ^
■^awat IDN"! '3U5 bNTû'^ ibN ton» n^j-^i .ûnb e*<on bNi «•'« bD«''i#^^
TN» 'T'5^ np» ^"^Nïn rtu5» m c^n batû-^T .ton» d'TN -^rr^y^^i^ \vcsi^s^
des extraits plus haut (voir ci-dessus, p. 95) soit de notre Makhir. En effet, d'après
des informations de M. Schechter, ce ms. est copié sur un autre qui était défec -^^
tueux; les lacunes y sont indiquées par Johanan Sarakosi [Revue^ t. IX. p. 327) C^
lequel, par conséquent, en est le copiste et non le compilateur.
> Cet acte y est écrit deux fois ; le second est endommagé à la fin (à partir àm^ .^^
bT^ïl !• 8). Les mots entre (] se trouvent seulement dans Je second, tandis qu'-^cL-»
VSA'^'^M (1. 8) ne se lit que dans le premier.
« Dans le premier, îiT pour les trois mots. •
' Voir ci-dessus, p. 95, n" i.
k
LE MIBRASCÎI TAXHirMA
103
ïxnc^ "Il cjn r-.» t-^ïtîP •'^ .&nb ts(\:în .anb t^cn bwT -^zn
n»i ^3 •'"■'b ï-n^CK oniob^ .onfi^n t-nnsa noi piocD ^ly
7D"^i n::»:i:î tz'^n b:? •'îni . 'lai s^rb n^n*' n-^i:::! to^^nx^n
?a rT«3 . nN:i ni<:i ^^^ "^''^b ï^n^^cï* , a^n b^? -i^r-^Nsn , û'«nb«n
:n"n n»; bD
3. FoL 36 : mob'a lïn^b*' . , » lîT^tir Y-'^î^ m?3 rsïîn
»n V?*! ::^^-"^ rp "'•^-T ns^ V? l'^'^'in r:::^;r nizmb tppTD
2*rz in-'Tjz /131 i^'-^n p no"^! nT-iroi sans ^^d^i ?n?:^jtn
pn tsîb'» n^nxb i-qs? in-^om ^b^ n'^mu n^n rr?:^*t am»
!:3 cnb ni:«i cniï« bxts n^^in r^'^b ppr^ nn« ûr .rrnnb ppn
b r:"3pn cnb 'rat r^r^n-* iin^n ntrin snb l'i?:^* D-'pDir Srx
4« ïv'2-'i ^^ T:Db n^::pnbi ^b?3b '^^^^b ^^^'"^ ^&*- V"^ ^'^^'^
fp^ ''^y rr:i^ï5 nm inr)n lîT^nT^ mntï ws-^i n^apnb nnT7:n
13: s^ "'r' n-ijpnb irpT7 ^b r<b ib n^i* . n^iriD "^nn© Dbi3^
q:»ri t?2 «rbr?: "^d cnp^:n V- 1- ^^' G^'ûinp^sn p-nsï
rnn jpn: n:^^ rsmnn nnxT^s nnnî nnrxn &"»:n3n cy id5»t3i
p«^b bnn: t*<irî dsi .b-^^ iïsj nni» b? y?3 n^j a-'sc ^b'^n
:n?:nHb 173353? n'^p^m n-nnn 112 b:3T:3 ib û*i5 "^rz ^"-^ i:?55
4^Fol. 40: îi"PT 13^:33^3 * » . Q-^nï:n v^ '^w '•^^ ï^^^'i
3n ,'151 aiS7 •'is 'in:nî3 *tn^ an ■'^ ib^in "^sob ib^p ira ^"-«i
iM in-i"' bîtn^s-'b nnnn ^r^b n"3pn «21:53 s-riin ^in?:^ i^n^
irrjTn ph ip3 Pibipn n» "jprsTû û'^p-iin mbnp •^rr^n n««3iD ibip
|ni ib"»n '^ssb ibip p3 '^"'^n «''t .i^n ^^ssb ibip ^ns -^'^n ni2ï«3'.3
i'"» t:;» .»inm * . . imniQ an ^0 .^^nna . . . n3ï:rf tsîn
r«aan n^''t3cb n^-'a^ i72'^nprrï3 b^m^'» "ib« mit« 'n 2\2a ixsin
P^iï^ nrv G'^p'^ix D^binriî ^"r?3bb .5»?3U33i nD3»3 ■^"■» -121 ms«
[liî^i -'Sîôt o^roï: È<:3-j 'C^^K ^D n^j':)-» -^^sta n^'cn ^b :^nr pt^?^
^Hen npK itj3u?3 î-i"3prr ib -i?3ît . yoT "^53» &-'pçï) im?3î3 0*
S^su ^«rïï r^ iipi n?:*)» nPi« bîim:;^b g\'"DU ^t?:a ©^ monb
^i HD yii . nci:-! Tr''3i û-^sn^orT p inx -«bi* t|7'"i na ^•'pd ntj
B^:?3a nn^ . naim b;?^ npb D'^npbToa ^» i^? b^^ :?-in ^''^b *!?ab«
ï^bis brs nirsi mbmn m&« bi:3-*b ^xb?:.n ^b^^ r^^npb?^ ^Pioa
t^b nn» ir3T r:^:c rnpbtî c^^'^m nm msn pbmrs pet bi:3"»b
^wr [u 95, 1, ligne 1,
h^h
ItlîVllE hES ETIDES JUIVES
p^r-j t:? ^-tnsi nri*c bj^ ••î^nDU b:? m ras r7:n
rî:n: D^npb?3 -^ncn «bw ii'^a bi::-*b qn^n bir»" t^ïbr: r'^m mt^
en:: c^ii? -'rn irrrnr t»?^ 3-î ■'d •'in ,pir3 t<bi rT^:^C'' •♦s bj
•'D-':^ :rpu3?2i i:3n ncTi ^7:1^ rr-n pna:^ 'n nTîK ,'n c» na "^ayni
*^i?ibb t Tzjfiïn 3^pcm -s?:î<:\:3 y^.^n rrpncti «•'-i n^Kn rrmîtn -^t^t
icsm bin^n ncb bc:: apr" pT nn',2n '^DitbrTa nm^ D^p-^i^ D-'bn;^;
inin-^bcb inbffli D^D.xb:^ nt:ntt bc3 ^n3t1^**D^^ lè^ «•«« paan 'se
5. Fui. 46 : ■i:T2b'' , , , 3*i3Tb ••"■» pi-^s'^ Ninn cm mm
tn^rû '^. i7:r ^bm i;a-i nn&t nbci V"i^p'- ^^^'^ Dir:i:i:N3 rro^is
n3iC73i ï-T«: "rnx p^^b pr73t3 'n Ci;^ r-rxn bin;*- r^"»-^ '-jt 1:3
l^?:i:::2 r-î?:= nitn «-'"'n 'n ib nxnK D'^n?::? bc m''> j-'its nusn
: * inaa v**^ û'^iin b^ pioon 'nsi ic^ bis D^bs^
6. FoL 49 ô : ptt:?n t^b ,n:n7:b*^ .a:?m ï^u:p2 na nari
imnxn-^n 'î^^ni: sn« -ra^cî ^mi icj^d r^b /iai tiDs ^nb» tî*-
"i?:nnb nnv p br ni:ê«ri:3 irT'msn"'b p^^^^ imbj ni<2 naiz^rrcs
^D rT»m 'n7:N:ï3 im*n%H-!<5 î-ibbptî "jn^br nna rms^msoDi 'lii
n^^c^n br rti^i^n i^:ms rnr i^bc* '1:11 izbi::: bbpi ti^pnm aj^v»
p:i^i rrx * 'i:»i &*:îai t^rjN rij'-n::^ dis ni^is* nn pD nr-in bj^T
;î«np» '»"» Dcai «^:oM
7. Fol. 78 Zi : . i:nï3b-» ', t^nss ^-^nxio rt^m r^^nn ^i-a
0*^^:32 ibra:! mmb» 1^3:? icj^ n^^iH nranxTû tr« n^n nr-:o,
fci« p n72«r,i3 ûn^n .rnim ^b'^ t^ni^i r-rr*iDT -i^naiaci smnj
t=^c:a bra:'*a l^;pi ♦'^^^ bx n^4*m ^ab na;^ p-' ns: n-'ADb m»»]
T^risb'crT y7« b:? ^p5»d^ by "^Piz^^n nnis ^^s^a ^ab nas -iisfico'
.^a li-n^T-i •rar^^b ,^^ nnKnb ,*[a m^nb -i-^nns m^db^ "^scb
p-'brb rr:iN a:? t?:^ bj nbrK a^na-r nib^ 1^:3:3^ n^y n:^naia3
naiTsb imb^in -ib nur n73 .nnin biN-:: b« ^« nai n^apn ib nr«j
^b pmna 6<a*;52?n ir«:ia n^snaD a'::r -snb-^aKm 'smabîaa stimc i^j
nT3«:P p:rD in^n^ niî:na Ti3 -i?j&tra iniK pbria'i pabinn n)3r;a'
mnc riv n^nc n^b an- -an:» aabi n«T bs brn .ca innnn t^b
«^731-» D^pbi a%naT m'-nbi nr^nDb bra: crm obirn'ba br Y^'s
rnb» "j^^r ncrc ps?:' d^t* .n-^bzss t^'*?:Tab ■'rr nstiiaia: f^x,
T» Y-'^^ ■Jinnii:-'! mmi ■'Ta i«a in^r* j-^^im n?a ""-inK-ï a'^nDiJ
ib 1^?:^ mb» iniNCri:: ^b?:b nnnc^T nn:3 .&mbÈ< *|b72n rro]
f^cipn UTp r^atî ti^rc ra*:: nn&ib mNi:*' «d m?» nn«ï: ^bib»l
n?:i«r:3 d^*c:d brara p:?:i *mbs* i^-^r -cjt t^in "^a nrî5 n^D»
* Vgir ci-deisouîi, p. 11)5, ii" 8.
LIi miDHASCH TAiNm'MA
Dn:D^ r:iy Vinv n«T '1:11 an» b-^n T^b^? nb:? c^d^tt noipnb •'rr^T
in« 13T3^ ^:r?3 i=nDb2i .f i:ii:^a t<b.H G^:2ec ^^mp -^nn bt«
"12 -^s^n '•"" nî3N m:^ n7:Nr^ tt'^css b:?3:iD y^^iz nrns .D''Db72n
-1DT M"»rro y^tn *\t:i2 , v3^"iî* n-*2 t^-^^i:^ ^b?: rnsn î-i^^ns pn
^^•^asn ^31 i nc&<n csn: r-^.&< rnsi è<"id t-rnpro iTCiïJ' n» j^^dt
^H :Tn*'T::5^ ^^sôti •'m»'» "^b n72«:T2 mb« i7:x:r
^ 8. Fol. 81 : nmn ti^vi .nin?:^ ♦nn;^ v^*^ Q'^i^n bs
I rnsc ■»K]£nî3a "^13 b'j n:n by b-'innb in?: ■i:n-i -iiTjb"» . rr?:'«-ia£t3
rtTib ns*a "^iixi^n ■'la bu3 n:n b:? b-^nanb niD« la-rrian isa *|d
''lî btD ^-13 b^ i-'iDîs rin« cn KbtS ^17 s^bi .rrssib^tî naa fi*b
pN3 t^^-îsn b:: s-^noi db::b ii^z r^irr ib&«D ^i:n niD^y nPN
* 3iSTb 'n pnnic^ piSECi '^di r^:?pb t^3D oir^areo rroyj: ♦ nss
9. Fol. 92 b : ,^n^::i:i f^^'w r<-!i3 'n b^n n^et n^
'P^'isn •n'^Dcn p dï< p7:-'0 n"7iH . û"^-^?:^ ^^^napn ^<3 bî* . i^nwb'^
r-^H Dnb T»brP3 mis-»:? rf'npn n73 istb&« y^^b r-ri^inn Vmnp cnc
V^'^^'s^ 0^**2 "t:^ i^iîni 'î'«b:b:inî: t3m ibbn nmsD onb nt::i7i ynwn
b^ mn tnn in"i- n"3pn bxn-^2"' )^sb ♦[^j'^^î^c p-»3i b^ni::'* "pfetb
i
»in «b» Knp^ *£^pb u*^! nî2&< Dn-'-'m &D3 ^mn ■'ppai 73 nnsci
V^ns '7:é*:ï: n?2*c: Dnn ^pid n"3pn bnic^ y^-nb v^'*^^ bïtû p-^sD
Il înD s^rbirîb mm n^br D5»b ntsca
I 10. FuL 97 : on:D n"7:« ,i3-î^b-' .'idi ipi^: i:?î3b yun ■*'"'
y^Dnet r^b ^d n?:«3TD n-^nn -'-^nb yen n'spn rx f^^n "^^ irrr^n
fîn nvin-i ^-rnet :fU3n )^Dn b» «b -«d n^i» t^in pi .n'en m7:3
p^'nscnb n''nprf y^n ntj^i s^ann m^n fisnx ::n u^ron ^"^ D»: ^:ïs«
^^Y^ ^^^ . H"*!»""! rrmn b^is"' ipn^ prb ysn ■'"■i n?:«r*3 Y'^mD
^Bhts Brrb:? o^-id t^in n-»:sb yo-^J^Dtî'i y«mn m^'inno lîsTai:)
^^••ssb b'-niD "ïmai pidt ï:n^br i^sb-^Tij nnb ni3^:D uîpn?: no^ir n"3pn
I b^m nb nboîti npns: ;::pn?D dsîsts ïini C'^H i«i;?:n t«' ifctm
^ :pnrT cn^br nrbb
" IL Fol. 107 6 : n-^nbôt ^i?:^^ *in?ab^ /^:J^ M^y -m D^pîs
rpT3 nrstr;: îit2 D-^-^p:
: cbc TDfi*b72 rï:ri mzz
Fol, 125 fc> : wibp:N .iniab'' /iût c*d: riTsb •*"'i n?afi« hd
• Voir ci-ûcb6u«, p. 1114, c' r»,
106 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
yT^b "p^^ ^^»3sb t-i-nno mc^b «pn>3 ■'D» ib n^« nmi oi3"nn»
bD nb nt3N mu53^b ^n-^ïi ^n ^bïsnb ûp3?3 '':ni tnTnnn nr\
i (lacune) n«in rrnwD i<»îWpnD
13. Fol. 130 : 1^ e*<5S .1:172^ .'iai iNst to-^mONb n?a«b
br n^NStû "^ODS n^iD):?: î-tô^-^^-iî! -r^nn bbonTa mrr î-ra-^nn lins ro
ï^n n-T^T:» ns nsb n"3pn ib n?2N . ^^b» T»on ?:3 bben*^ n»T
pT «in n«:r un» ittb^'^'j w înTH nao^n lia r<:n p<bo •'SDba
D'niDNb -.73«b .-ibaïi ^ona n«Kbi ins: DniDfitb niofiib -im« rrrr)-
'rn:z^ ^"ina dbnjïi«5 îiy;33;a rwb rrû^n «•^ron^ i"mo« vîto .isx
n"2pïi pDijr e^n-» t^btt) ïT^am îTr^nob pptnb &T«b -nD« la-nmi
nnata ••std wa t^biD ns? t|OT^ rra^ ^si nain kiïti dbnj^n ^amna
tn5«5 »an ssntsa ■^nti'^» ta-^sa "«ju) nbi'' tjorbn ia«30 inc«b ppTS
ûbirb «a icdîn noinn^ss i"i73ba iDsai nona 112H aT^K pi • arnn
V5ai HD e^^a-^i n»«:o na-^nb oraisrss ro ric:^ ^di .rrorT: ïnbi
173 e*<5t ïi"apîi "ib ittN t^af^Cd"! ."inx T^sa •^«31 -inCNi "JD nnxi
n: inoM» i^b rinfii i«m .^^aa "^021 T^aai ^nuîfin nn« na-^nn
i«as d"^moNb n^Nb . iNa: n-^moNb n^oNb n"nrT î-iaTorr û-^ttcnTa vDai
jmTsnarr ib« ibarr ^c^na -.^«bi .na-^n^i i?a ik^ ï-nptîn «"^t:nî3
:'n5i la-n iid ûnb n72« tts niDi^m îTTttT)
M. — Ms. de Gùnzburg, fol. 265 (notes sur le Pentateuque) :
«55ra btû !-iD"^n:>7:a (Exode, 11, 12) mi'dti î-TTsa a-^nîD iSTTsb-^a bas
rrn"^^ a'^-'HO îir» ïiNn ht: -^nT^Ni nd-^n"! im^ nN N-^atiïn pnti ba:r:
ncNiann ïini3îi tnipr^ tn^'û 'a» «•«« n©N b? e^ao "^sb '»-iat73ïi î-tt
it)*^» Pû»a »b« nntni ^-w
Espérons que ces extraits du Yelamd<5nu seront complétés par
les savants qui ont à leur disposition d'autres mss. Les mss. de
Paris, alitant que nous avons pu voir, n'en offrent point du tout. Il
est dommage que le ms. de niar^ïi '0 de la bibliothèque de feu
M. Crémieux, à Aix, en Provence*, soit pour le moment Introu-
vable. Nous nous rappelons y avoir vu, à la marge, des extraits
du Tanhuma et du Yelamdénu; Le ms. n<> 399 de la bibliothèque
royale de Dresde *, qui renferme une espèce de commentaire sur
le Pentateuque et surtout sur le commentaire d'Abraham ibn Ezra,
> Voir Hammaggîd, 1S.75, p. 6.
' Voir le Catalogue de M. Fleischer (Leipzig, 1831, p. 67). Ce ms. fut copié pai —
Isaac ben Abraham Navaro (l*ia3, que M. Kleischer rend par Nebro), 6ni le 2 kisiev—
5104 = 1343 à NS'^'^baip (probablement Cobilhana ou Covilhana,dans la province des»
Beira en Portugal). M. Kaufmann se propose d'en donner une description détaillée.^
m MIORASCH TA>IHlîM\ 101
flti*?»>nrs passafres du Tanhiima et riu Ypbmi1*^nn, que nous
irions pas le temps ♦le relever. Il esi in tituba minn ''cnTn, et
lué à nia 13 fisaac). Disons encore que les tables que
î Buber donne, dans sa savante profane, des passages du Tan-
liuma et du Yelanidr^nu ahH dans le Arukh et le Yalkut Schimoni,
faciliteront beaucoup les investi fjatipns sur le Yeîanidénu. Cette
partie de la pr^far^e est excellente et ne laisse rien à di'^sirer. En
autre, l'index des noms propres c\UH dans le texte de rédition de
M fiubêr est tr<^s tilile. Qunnt au commentaire pour le texte m^me»
tst Tait sur le mud*He des t^ditions de la Pesikta et du Lekaîi
. M. Uuber sait, mieux «[ue personne, £aire de bonnes Militions,
n'épargne aucun effort |K)ur arriver au but qu'il s*est proposé.
EXTRAITS DE PETITS MIDRASCIIIM.
cDisn «nTO
Il semble que» de mi^me que le Yelamdt^na et le Thanliuma
différent entre enx que par leur rédaction, de même le T2n*î7û
et le iTTTm * sont, au fond, le même texte. Celui-ci coni-
nce, en eïTet, par la Sidrâ i«3, où la halaklia du •^-'^rîrni (sur
^llîn et nos) nranque dans le ms, de Mimieh. La Sidrâ un est
H«*e î<implement ^z>^n dans la Massora (i^d. Ginsburi?, lettre d,
ft'40l). Dans les lïtn 'rr (*''d. Srhlosberpr), p. 13'3,ou lit encore : n^^-i
8^Hi3ic ^^ ts-'i^'n y^H?^ ^T 'jins-'Tb tssb ï-îTn. KnOn, dans des
homélies arabes, ma, d'Oxford Hun t. 410 (Catalogue, 1003), on
Hl: csrm nr-^s bx hd n*cnD, et dans un antre ms. (Hunt., 134,
Catalogue, loô8) : nriD bu t«n"< Dscn na-^D. D'après Ténuméra-
liftndes passn^^ès du llaselikem et du Wehizïjir, on pourrait peut-
''tiv innifMhirpr que les rabbins IVanco-ailema mis citaient gt^né-
T'I^ii tilt W'eiiizïiir, tandis qu'en Esjïapne et en Orient on citait
'*' aïk'tTie Midrasch sous le nom de Hasclikem. Voici les extraits
'î' Hanclikem que nous avons trouvés eu plus de ceux qu'a don-
Dan« le Menorat baramaor d*Isra^l an-Nakawah *.
i fol. 9 : inp'^i bw-io-» '•23 b» nni XDT:i7t \ïJ-iniûn irons^
♦Nan tabirbi nirî Dbiyn ■'b b"n ^^b •^73«3tî3 ûiyîQ b^ nn'i^D ^b
* Vwf Zunf, Bfhr, Bièl,^ VllI, p, 2fl j U préface de M. Froimann à soo édîtion
^^ ^4i»Ur, et rarliclede M. Btiber, tlaus Kt^oU //nf«è«i»ON« X, p> 1.
•VWji»!^, U \Ui, p. 'im
10S RKVUK DÈS ETUDES JUIVKS
î(voipni?3D. -l'^nTm» fol. 786) Ètnn ûbi^bi rrin Dbixa rromn
2. Fol. 16 : Titab U5p2t3 nnc^ 'na n-C33^?3 D5t:n c*i^t33 i:i'^^^i
n"t< , ^T::n nn^^a nn»b bnw nvnnb ^-i:2i:''i vcds^d i-t^ etb^ "na
l'^oaa by D'^nnnb -^wc-i dtk Y^ m^ab d« ni3i î-ï-int:? p iT:?b«t
nsirr: b^ onnb ^^^n di« Kn*«a an-^nnb niatm bp
3. FûL 138 ^ : O'O^n rirban l^t::^ ^m drcn -^nn^s^ "^d-i5i
rnn« rri-rn innn itîr !-r73 s-^-nDôtrî n"'23 iissm y?^n ii3sr
npnb ,V"^'i^Nn m^an nxc:: t^bx mz t<b sn?: nnt* *n"b i«3;'»i
^-^DEb ï-rn^n n^^nn dt" ncp Dbir::o nt^i^^ ib ' n"3« Y-'^n lîtx^
n"3pn "i7^.y ^d , nnb ni3ir'-*3« m: imaa T^n-sn .nnna £<b rrab
i"iTnï3 SUD DDb nbia %n"'Tn nsicna ennin t^b rîT^b t:5''jcnb
:'lz>^ n^^'bDri
4. FoK 181 : vb:? nns nns 'n n::©:^:^ ts^on DniT^a •jî-'onsi
&V2 n^m n?2«2C n"^nrr3£3 p?2iDrî i^m:3 dvd miup D^'^n prix*» '"«
e^:*i3j:r! nm toin 3i nn ria-i in::D:T3D nr?-'-::»*' n:2s:D cr b"n
,nîb nî rnsinxn it'sd m:nj5 n'nn:?7ûb . ikdo:: nsp^b -«"«b Dibj^n
^3Dî3 nnaafb rrs:n p^b nn riT bo ni3D •^ssis ni2?b rrirn Kb ht
bîtTir-' r:Dn ib n):» pht n:^ n?2Ni nn» "n-i:? &tD .m ba m^o
13:? nbnn ma^-» '^?3 nit-iN;:: ir ma:^» «b -^73î« ,rîî nw ht pinDia
•^s'Hj im« b;o lo-oi rr\a Vîd:"! nbnn «nn an na «an bio 1:11»
'^na'^b imî< qn^,?:' rr^niis ^cb no c: ni«-ib -^lôtn rt^n t^bc ■»:d:q
nsD Gt^-: ba373 ib:? c^^v;^^ ^u pirr iniwS tan'^br nrD .-^«an
aD'jn .nrrc?: r^an naon niD tminb nb-^esn mpi n»p nirnbia
nnD Sin-^T 'n "i::sr^D .'^p:! p^m \:;d3 i^bû« waa ht^ici cï3 manr
î-r^fiDrc nbi; ■•aï v^-xi Mîb-^i n-in "ir:'a \ns< pDD •»mx rb?
•'"lo^p nmn inax 'n -ilidscd ♦r-rnrnb?: ^bs niaK **:> nb «i^^aîc
nan in::D:t:D .-:;» ^mD:^ ^an?: bo i2sa "oi^ 'n n::i:raa ^n^rn
a^u^bfi* "13 pns:"' 'n n^jircD *iTb it nns minar?: ipC3 rjov a-n
1^ nna nT t<:i;7Dn a-i -i::55ï;d ♦rr^naaa Nni«-inn^ n^Tno ^2nn3
-i^DSOD tiTb nt bpnn mnaj?3 ipn: t^ani -'"'aî« "i::s:pd ,^*'t:cn
n73PD p^n^ b:? ic«i ■tJ''3n Cn?:n p2D îni« •j-'b? nrD r^*;^an
; Q'^Ts^D mb-^b aic^ ms^
5. Foh 19G : ^o*ii in**2pT^ '•,i:i«c r;:?ca n"-n *C"n'^a p-^onsi
bT^nDi i7jnp?2?: man Nai ni:?a5n im;:J3T n-^^nr^ lay-^.r: *|Tîbfi« ^'•'
HTanD -^D i?ii2 rT>ï?as: •»"■• ^b72n gk: ''3» "^n n?3û<:\a t*^"»?2D0iit:;
LK MlîinAr;CÏI TAN II FM A
im
bD ^n?3r îs-^nir :^^3^ n^nXTD f-iî<?:ï *;^n»a:in tû» i^?:Tau:si
rrn^m anZ73^ «^s:nnt5 -^x^ D^ t*4bN pD:^ »b i-it]«i i?3ip73t3 in«
Brî"3pr7 m^'i rrr^cn VTn bxnc ba nrprn iitb?:n:i n::7CT nîn''
.D*ïxn ^nb in: ir-itîm ^^''^b û'-^o n^'T^cr, rr"spn nrw •^ro nïi bj
wbo ef-na ■'3m .«••niob -î^it» e«bï3 -^7211 -^33 b^? nno Y-'^^ ^^"^
rmnrî 'ïr3c::i 'i^t ■'"'»b nvTû H'^'^'cr, r-Z'^^pn n'f:» *]3 .^?3inb ib^'*
br •»"-^ iVT ^^73**:^ n::i:'b ^^•^■' a^svb:? ".^îti H'^^r^r, nbun bîms^b
rbr rïTûTjT i^K3t3 rîb:^?ab ibs^ ts-'smnm nnn ;D«n by ■'S'^d nrr
î * û^fïbKn bK
Les autres passages qui s'y trouvent sont imprimt^s dans plu*
sieurs éditioas du n^Dn n''C«-i d'Elie de Vidas (voir Zunz, /* c.)»
Voici quelques passaj^es du Midrasch Abkliîr qu'on peut ajou-
&r à ceux qu'a réunis M. Buber et qu'il a extraits dti Yalkut
:hiraoni*. Ceux que nous donnons se trouvent, pour la plu-
îrt, dans un commentaire raystique sur le Pentateuque, en ms*
à Oxford (0pp. 202, CataL, 944), dû à un petit-fils de Samuel
^e Spire :
1. Page 150 : n-^Tasm t^n'i» rtns:^ '•'d '^s '?:p T^^b tans t^bi
iît^-»o an^fi* nnrîia b:? n'^3sb ntjns nn-^r^ Hb p'iir , r^nw 'l'^b nrnn
* •jraimn bsp ^^b ,nn3 «bT inn ,D-»PT:)-'bD yntts ibsai ypn nnp
2. P, 151 : mnp •'s n::3b toa-'bir? "]r)b ♦ e^in mp ^s n"t
b»nï]'-* 'nDT vb» û^snip D^nbî* ib.nicî* 'hdi bÈtniD-'b '"pr* mn
3. P, 159 : n-^rr iiûb s-ds ^hid .tors^nn» ^•Ds ù^nx?: mm
4. P. 223 : nn'^Di: * nnsi; . Hrnstz:! m::-*ôDn 3-ib n"5t , nnsis
:V33£< ïînTOD .nK3 «-^n n^^a i«"5t idi: .miNsn
. 226 : Trr'' n"t * ^m^r-n in^n ï-r«^3 in-»i . mr*' im
•îm nm'^T «"n .inba im nt>p «mm mcj^a .«T^in^nn .ûûn
* Voir l'^D'», n'^rîTm, f'Jl. 23 (I ^,
t Dins Hûiehmhûr, année XI. il en a éié fait un tirage a paît, en 18â3,
110 REVUE DES ÉTUDES lUlYES
îfbrp
6. P. 379 : ab na-i^a î-TTai-in oms V«^ • "^^b nsa^'' éTi
•^D .nDC 'pa"i .riDcb- t-iTai-^na p i-^îra rra î-ia'rsrT nxnn nV«
nana bai . a-n^ bci . msanpb maîjb brj 1»^ nrwa mrrr 'i
tbptîT T^saxa nn^itns
7. Ms. Opp. 393 (Catal., 2199c) : au mot *\inv •pruf» na pm-» 'n
Nnc3 pna:-> na pm-» 'n T^s-n» no« «om 'oa n'-^'D'n» crraa nres
bna-» "^S"»» nb n7:wN '^'zy î-i^do n:iT nm» ib mTsxc n^oa i-:»
r<bK nn» rrcîNi û'^c::^ "îc t^ina «b ^^zb^yb îi"apn rwnaoa rrai
T^Ni nb n72N ^b mnm» ■'ski iDann» ^b m»» oena napsi tt
t-n"«n^ "^ib-^an D"«)3T ra">D;a m^n n»5 tn^m nbTTsn r.y^'n ne»
: îT'b» r73ï3 Nbi '-lai û^kh un ^dtû nri» rTipTi
A la marge du Midrasch llaggadol du Yémen (Ms. d'Oxford,
Catalogue, 2338;, et dans la liste de Jacob Roman {Isr, Leiler-
hodCj XII, pass.), ce Midrasli est surnommé n'^siax •
8. Musée Br. Or. 1307, fol. 88 b : lamwa T\b^y t-!«T ra
: msa-ipn •'aab lo-m, (sic) tsd»
Ms. 0pp. 317 (Catalogue, 629) fol. 311 h : ti;'^D:D n c-» nrna
baa nbir-'i cm-ia nd-'NT ar::73 'm 't Nb"i insb D"«D:a ce 'tto
û-Dpn -iba-:: r-.acm b-.nn -^r"^ 'rû rr-i-a -.rix inx t]:a ari c"''
rjra?: n-^nan ■i2-'-»m ri^-^-w :>i<n'w-» i*^7:«-^"i irnrn !-i"3pr: "^2^^^
TiTix-"! "j^n^n ri:a \nr:: bj^nc^ rc:a ts"^n -.t 1:75:0 mn"»?:! pî^* j
1. Ms. d'Oxford. 0pp. 392 (Catalogue, 2199 &), à l'article ^n::::^^-
ivTi «bo bna ina i:nT»b ib nn-rr rnx na îi:3*.d lab c-nr:^
ï-i-'r: rnwN"! i^a n-'n •^jrb^îT -^Nsircn rû irab iron-ipr abira rrs""^
nn-^mbaa n^rcm a-'m-n "i^a nn.N «ai nrinb^a mer: rr^n «im \^^
nr*:: r-mxn riba anniî •^:Ea rr^by e*<nab ria:nn rrnn -^sa r?"*^
n^xrc a*:s b;a r-n^-^-^a trrb "ixia-^ r<7:o n-iT73 ->-;nb i-^ci:?: î^"^'
nr« nasn nns aina p «b 'j:n"i'«b i-it:» 'lai D'^-inn bx -^rT k^^
■^-in ^"':3 n^^ncT nn» •'Da rcbc-i "^sn lîm-^ *ib i^n 'nai ansa r:^*
br fa: ï-t::^"' n"nprr;a ■':n n::ai:a G-::aa a""» n::a ncr c-^^
: y-iNi û-^a» rmy 'n W^
LK MïDRASCÎt TANHUMA
I
2. CânTôrTr (Catalogue, 1104), fol. 124 b (ComraeiUaire sur
■jiiiVc ir'tnnci') *»"^3bp ^^n^ w-p n-'T** n5:fi<b rs^b nrî< ^-i^ir^o
vrnn idid •6<b^j'o rrî^cc n"»rb r^jirî ,n^7b '^^xn ^bin rr^n inx
(0:3 *nj izn'» «?o mn-^m m-rr '■'sbp ^nb r^npn Y^ '-^'^
-bn-^
Ms- du Musée Britaimique, Or. 1307, fol. 86ft : -^bhi: ©•inrsi
miî/:? y^DH rnin'^w '^ripr m^,3 nb isirrc rugira *i7:n '•îisb isn-T
non n'»?3 nnsT^n nbnr ']''7:n î-T:n n?2Hb nttnb n>i Tnn nn373n
nb-i^ n»T ^?2 nrît rmrr nmx n^ia p-'Si n^'b-^i: r;m;'Gb« "^i^n
-r^r, 'n r-.&tîs iii n?:x n^b^i c*iSn nî:«53i n^i p b"n -,2-7:277 p
Ms. d'Oxfonl, Mich. 491 (Catalogue, 1317), fol. 123 i? (Commen-
taire sur vniyTz du second jour de hdd) : ''s» Èf;?::! 'ûm::3
'•nnrfltr nn irix ^y-'sn -^nbn -î''?:sç ïtnï* '•«< »nb-»brt mxnn 'n -it:** riD
mb rnx z^D^b^TT ^.h^'z::^ rr^n p^:3 i":: *^^^t n\T» ns tn-i^wb
r=n-,3îtb 'pn "^t:» nrc nmxa nb^^b nn^by pbrm dc 'ns rî:^ 'id
^nab ynis -"SKD T*^n n-^rb^ ni'i-inn nb'^bn nnstn^ *^^ n^a'» rrne«
Voici les renvois des passages de Yelamdénu qu'on trouve dans
Tautres Midraschira et ailleurs. Nous devons ce travail à Tobli-
l^eauce de M. S. Schechter. La lettre T, induiue le Taïdiuma
'imprimé plusieurs fois; 1\ B. le Tanliuma de M. Buber, qui so
-trouve peut-être aussi dans T.
A, T. B., III, p. 36 a ; voir aussi 34 è.
B, T., KH'i, § \ ; voir aussi T, B., I, p. 41 b.
C, i. T., ^b -^b, § 2 ; voir 1\ B., imm, p. «ô t.
C, 3. Voir T., nv^^tna, § 1,
IK 1. T, B., III, p. i b.
D, IL Voir T. B., III, p. 3*.
D, IIL Voir a-'snD nnin, p. i-'i b.
D, IV. Voir Vayikra rabba, ch. vu,
U, V, Voir D^snD nmn. is, n^o,
D, VIL Voir Vayikra rabba, sec. 2 ; T,, ^Trzxè, g§ 2, 3 ; T. B.,
IIL p. 29a.
D, VIIL Voir U'^^ro r\^ir\, ^r^TO, et T. B., III, p. 12^.
t Lt pftSitgo «nirâ croche ti ait du comm«aUteur.
Ii2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
D, IX. Voir O-^anD nnin, ibidem.
D, X. Ibidem, m73 -^nn», n"d.
D, XL /Wrf^m ■'rtîO et Talm. B , Keriiot, fol. 43 ^.
D, XII. 3"n ,:?mii3
D, XIII. Voir Talm. B., iTm/i)/, fol. 28 b.
D, XIV. D"n ,3?m^7a, et Talm. B., Nidda, fol. 44 a.
D, XV. Talm. B., Toma. fol. 48 a.
D, XVI. Ibidem, Kidduschin, ff. 30 b et 34 fl.
D, XVII. T. B., II, p. 25 a.
D. XVIII. Voir T. B., III, p. 49 b et 50.
D, XIX. Talm. B., Taanit, fol. 2î b.
E, 4. nnn r^nna, ch. 67, 8.
E, 2. Voir Yalkut, "^m, 459.
E, 3. T. B., II, p. 64 b,
E, 4. Voir Sifré (éd. Friedmano), fol. 60 b, et Tali
Synhedrin, fol. 48 a, ^v^rh^.
E, 4. T., n''0^n3, § 9, 40 ; D-^asc^a, § 4 3.
E. t. T., n'^ONia, §40.
E, 3. T., n3,§o.
E, 4. T. B.,I, p. 15*.
E, 5. T., ^b ^b,§47.
E, 6. T., N-l-n, § 8.
E, 7. T., ibidem, §20.
E, 8*. T., n-nbin, § 8.
E, 9. T., i*irfm,§10.
E, 40. T., NSt-^n. § 3.
E, 44. T., ibidem, §8.
E, 12. T.jHbtJ'^n, §8.
E, 4 3. T., nû-'l, §8.
E, 44. T., 'JTPtD, § 8.
E, 45. T., ibidem, % 40.
E, 46. T. B., I, p. 407*.
E, 17. T., nwû, § 3.
E, 47a. T., ibidem. S 9-
E, 48. T., ibidem, § 40.
E, 49. T., N3,§40.
E, 20. T., ibidem, § 44.
E, 24. T., nbûn, § 1.
E, 22. T., ibidem, § 40.
E, 23. T., ibidem, §28.
E, 24. T., n^-inn, § 5, et T. B., II, p. 46 a,
E, 24 a. T. B., II, p. 54*.
E, 25. T., nb«3, § 2.
E, 29. T. B., m, p. 25 *.
E, 30. T. B., I, p. 44a.
E, 26. T. B., III, p. 31 *.
E, 27. T. B., III, p. 41*.
LE MIDRASCH TANHUMA 113
E, 28. T. B.,III. p.7«.
E, 31. T. B., m, p. 33^.
E, 32. T., mssn, § 3.
E, 33. T..NCn -^3, §9.
E. 34. T. B., IV, Ma.
K, 35. T. B.,IV, p. 68 a.
E, 36. T. B., IV, p. 69 ^ et 70 a.
E, 37. T., On3D, § 8.
E, 38. T., Û-^M^TD, §7.
E, 39. T. B., V, p. 22 a.
E, 40. T. B., V. p. 25a.
F. T., inn\ § 4.
H, 1. T., nblD-^l, §3.
H, 2. T. B., II, p. -15^.
H, 3. T.,Û'^aD^», §18.
H, 4. T., N-T^l, § 6.
H, 5. T., ^-)n^ § 43.
H, 6. T., iHdem, § 42.
H, 7. T., nbo-^l. § 8.
H, 8. T., ao-^n, § 3.
II, 9. T., rr^ofina, § 7.
H. 14. T. B., V, p. 28^.
H. 42. T., m, § 3. Voir T. B., III, p. 21 a.
H, 13. T. B., V, p. 27*.
H, 14. T., inn\§16.
H, 15. T. B., II, p. 45*.
H, 17. T., riTSi-in, § 9, et T. B., II, p. 47 à.
H, 18. T. B., I, p. 28*.
H, 19. T. B.,III, p. 55 a.
H, 20. T., Ni:-«1, § 12.
H, 21. T., Nisn "^D, §14.
H, 22. T., t:m, § 5.
I. T., mr'^î, §9.
L. Ms. Leyde.
1. T., mc-^n, §2.
2. T., Ncn -«D, § 1 , et Pesihta R^bbathi (éd. Friedmann, p. 33 a).
3. T., nD, § 13.
4. T., nb;3->i, §2.
5. T.,3;s'^"i, §3.
6. T., i-)n\ §16.
7. T., N-INI, § 9.
9. T. B., II, p. 107*. •
10. T., NnwN\ §8.
11. ï-^-^m, § 6.
12. T. B., II, p. 41 a.
13. T. B., I, p. 21 *.
A. Neubaubb.
T. XIV, no 27. t
NOTES ET MÉLANGES
KALIKA BEN MALKA
Ben Jacob, dans son Otsar Hasepharim, cite, d'après le Schem
Hagnedolim d'Azulaï, un ouvrage du rabbin Kalifa ben Malka
intitulé -^pDT sjiD *. Fùrst donne cet ouvrage comme inédit. Il con-
tient un commentaire du rituel, et des poésies dont quelques-unes
ont trait à des aventures personnelles de Tauteur. M. Abraham
Ankaoua, ancien rabbin de Mascara, actuellement retiré à Oran,
en possède un exemplaire, qu'il a bien voulu me communiquer :
qu'il reçoive ici mes remerciements. Ce manuscrit, format in-32,
est couvert de ratures, de corrections et de notes, où il est beau-
coup question, pour les comparaisons du texte et les variantes,
d*un -nm): imprimé par Athias à Amsterdam. Ce petit livre, dont
l'analyse détaillée n'apprendrait rien d'intéressant, renferme ce-
pendant quelques indications biographiques et historiques, que
nous réunissons ici.
L'auteur s'appela Moïse Kalifa ben Malka : c'est le nom sous
lecjuel le roi, dit-il, lui adressa une lettre. Il naquit à Safi ou Asfî
(Maroc), et il devait posséder de la fortune, car il parle de ses
vêtements d'or et de soie. Par sa mère, il descendait des n-^a D'^nb
•^ttî-i^an, sans doute la famille du célèbre auteur du ûbiy nrna.
Orphelin de bonne heure, il profita de son indépendance pour
voyager : il parcourut tout le Maroc, entrant chez les grands et
les princes, partout bien accueilli. Il étudia à Fez sous le rabbin
* Pour la facilité des recherches, je crois devoir signaler une petite 'inadvertance
d'Azulaï. Dans la première partie du Schem, sous la rubrique Kalifa ben MaULa, en
renvoyant pour le livre à la deuxième partie, il TappcUe "^psi Dp. On ne le trou-
vera pas à 00 mot| mais bien à celui de fi|3.
NOTES ET MKLANCES llî^
Jehuda ben Attar* et sous son successeur, Samuel Sarfati*.
^^âtis cette yille, il Yît un manuscrit, oh iHait consignée iTiis-
^Hoire de Texil d'Espagne. Penrlant !b cours de ses pér^^grina-
^Kions, il fit connaissance avec deux portes» R. Moïse Zabaro et
^^R. Abraham ben Attar, qui composôrent des niî^p, Tun à Fez,
l'autre à Maroc.
Fatigué de voyager, effrayé peut-être des dangers auxquels il
s*eîposait, car un jour un cavalier maure, le rencontrant seul sur
, la route, voulut le tuer, il retourna à Safi, sa ville natale, où il
Bcontinua ses études sous le rabbin Joseph Bueno de Mescuta et où
^1! eut pour condisciples Abraham Ibu Mussa et Jacob Abensur.
Le premier se fit un nom comme commentateur de plusieurs
traités du Talmud ^ et le second, après avoir été dayau à Mé-
iquinez, devint collègue, puis successeur do R. Jehuda ben Attar
^^ Poète et grammairien, casuiste et polémiste, Kalifa ben Malka
composa, outre le ^pï-i vp, un ouvrage de controverse religieuse
qu'il intitula 3ian -jn *. Mais il n'eut jamais le bonheur d'être
îdacé à la tête d'une communauté ; il dit : «b iki: nrinb i^d»
•♦rr:in- Il paraît aussi qu*il perdit sa fortune, car il raconte qu'un
liomme» le voyant un jour dans le besoin, lui offrit de l'argent,
(qu'il refusa. D'un autre côté, il (ni obligé de s'adresser à un riche
Mécène pour faire imprimer son mai y^, et ce livre ne fut pas
publié parce que ce protecteur ne put ou ne voulut pas tenir sa
promesse.
I Kalifa ne resta pas longtemps en repos à Safl. S'étant attiré la
polère du gouverneur, il fut obligé de s'enfuir et se réfugia à Aga-
dir, forteresse au bord de la mer. En 1T28, la peste dévasta cette
ville. Elle fit de grands ravages parmi les Juifs. L'auteur perdit
en un même jour sa femme Débora et sa fille Estrella.
En 1737, une autre calamité frappa la communauté d^Agadir.
;n marabout, venu d'en deçà des monts Tazalant, se leva et
* Célèbre rtbhïTi, q\ii composa un trotnmeninire inédit ïmr h Midrûich Rabba et
ofvt Aialaî raconte qu'il opér» deâ miracles do bod vivant et sprès sa mort* l\ signa
BU gr«Qd nombre de rè^lemcnts^ tHlSpn, applicables a la comtnimaulé de Foi ci
ecueitlis par M. le Tohhin A, Ankaout dans son 1730 d"l3 (Livourne, ÎSG31). U
Courut enlre 5492 (tT32), date de «on dernier rèplemcnl, H îi495 (1735)i dal« du
ireinier ^oe Ton trouve si^né par «on «uccesseur Jacob Abensur,
* Son nom s<j trouve sur plusieurs des règlements de Fez à la «uile de celui de
\, Jehuda ben AUar (Kérem Hémer, tome II, p, 24 ft et sqq.l. I) est Tauleur du
bfi*1?3TS ^p"t)32t recoeil contenant un commentaire apologëlique de Easohi et de
Xachmantde et des éclairciasements SUT divers traités du Talmud (Amsterdam, 5476)t
* Azuiaï, tmè pùce,
* Kérem Hémer, tome II , page 27 « el passim.
* et* Âxuiaîf iub VQC9»
116 REVUE DES ETUDES JUIVES
troubla le pays de Sous en disant qu*il connaissait un moyen mi-
raculeux de dessécher la mer et de se rendre sans danger dans la
terre des chrétiens. Personne ne pourrait lui résister. Par le
souffle de sa bouche, il ferait tomber les murailles des villes. Il
invita les croyants à se joindre à lui : des milliers de fanatiques
obéirent à son appel. Imitateur inconscient des croisés du moyen
âge, il commença par brûler toutes les synagogues du Sous. Celle
d*Agadir fut incendiée le 6 iyyar 5497 (1 mai 1737). Le 4 juin sui-
vant, le marabout, maître de toute la région, se proclama sultan
et flxa sa résidence à Tarudant. Il n*y régna pas une année. Ses
serviteurs, gagnés à prix d*argent, le mirent à mort en avril
1738 », et quelques jours après, les Juifs d'Agadir, s'étant enten-
dus avec les cadis de Maroc, obtinrent Tautorisation de rebâtir
leur synagogue. A cette occasion Ealifa ben Malka composa on
cantique.
A quelque temps de là il échappa, ainsi que tous ses coreligion-
naires, à un grave danger. Un traître se trouva parmi eux, qui
les accusa devant le roi d'avoir volé le trésor public. Ils se discul-
pèrent, non sans peine, et le calomniateur, pour sauver sa tête,
fut obligé d'apostasier.
Alger, 7 janvier 18S7.
ISAAG BlOCK.
UN PERMIS DE RÉSIDENCE
Voici un document de famille qui peut offrir quelque intérêt
aux curieux du passé. Mon grand-père paternel, Gabriel Bloch,
rabbin, était originaire de JunghoHz, commune du Haut-Rhin,
célèbre par son antique cimetière qui servait de sépulture à de
nombreuses communautés de la région. Vers la fin du siècle der-
nier, il habitait, en môme temps que d'autres coreligionnaires, la
petite ville de Soultz, qui était à une distance de deux kilomètres
et qui dépendait à cette époque de Tévôché de Strasbourg. Le
* Les histoires du Maroc, que j'ai pu consulter, ne font pas mention de ce seule-
Tement.
NOTES ET MÈLANGKS 117
24 février 1783, il obtint du prince-évéque cardinal de Rohan
l'autorisation d'établir son domicile définitif à Soullz.
IsAAC BlOCH.
LoiTis Rknk Edouard, Prince de Rohan, par la grâce de Dieu,
Cardinal de la Sainte Église Homaine» Évôi^ne et Prince de Strasbourg*
Landgrave d'Alsace, Priuce-ÉtaL d'Kinpire, grand Aumônier de
France, Commundeur de Tordre du Saint-Esprit, elc. à Tous ceux
qui ces préi»enles Lettres verront, Salut.
Sçavoir faisons que, sur la requèle présentée par Gabriel Bloch 1«
jeune juif de uoLre ville tiObcrsoultz teudaotà ce qu'il nous pUit le
recevoir en notre protection et luy permettre de demeurer dans les
Terres de nôtre Évêché, nous avons permis et permeltons audit
Gabriel Bloch de demeurer avec sa famille en nôtre dite ville d'Ober-
sou Hz» a cbarge par lu^^ d'y vivre conformément aux ordonnances et
règlements eoocernant les juifs et de payer annuel lement de quartier
eo quartier à cotre recette de TObermundat de Houffach le droit do
protection, qui nous est dû, à peine de nullité des présentes, que
nous nous réservons expressément de révoquer toutes fois etquantes,
qu'il nous plaira. Mandons a nos amis et féaux les gens tenants le
cunseil de la Régence et à nos ehers et féaux les Officiers de la cham*
bre des comptes de notre Évôche de teuir» chocnns en ce qui les con-
cerne, la main à l'exécution de ces présentes. En foy de quoy nous
y avons fait mettre nôtre sceau, les avons signé (sic) de nôtre main et
fait contresigner par nôtre conseiller intime et secrétaire de nos
commandements. Donné en nôtre Palais à Pans le vingt-quatr* jour
du mois de février de Tannée mil sept cent quatre vingt trois.
[Siçné :] Le card, p. dk Rohan
ISiffné a% bas de la page :)
Par sou Altesse Séréuissime Emineulissime»
Râmond de Gjuibonmeres*
BIBLIOGRAPHIE
KETIE BIBLIO&KiPEIQDB
{Loi indications en finançais qui suivent les titres kébrtuœ ne sont pas de Fauteur du liffre,
mais de l'auteur de la recensions à moins qu'elles ne soient entre guillemets,)
n^n m'^ riK bmsM 'D Homélies et sermons, 2* partie, par Abraham Pa-
laggi. Smyrne, impr. Abrah. Pontremoli, année Dinn (1886), in-P de
173 S.
ti^bn> b'^^IK '0 Novelles talmudico -philosophiques par Isaao Jacob fils
de Salomon Neftali Reines DJ^3*^n. Wilna, impr. Juda Leib Upmann,
6647 (1887), in-f» de iv-188 p.
{1*^0»^ Annuaire Israélite publié par Nahum Sokoloff ; ^ aimée. VarsoTie,
5647 (1887), in-8» de 926 p.
Cet annuaire devient tous les ans meilleur et nous en suivon» le déve-
loppement avec beaucoup d'intérêt. La pagination est maintenant sans
défaut^,; dans la table des matières, nous conseillons d'indiquer la place des
gravures. Nous signalons les articles suivants : Statistique du nombre des
Juifs, p. 9 ; Revue historique de Tannée, p. 49 ; Proverbes et dictons re-
cueillis dans la littérature juive du moyen âge, par D. Cahana, p. 125 ;
Las taccanot des Juifs de Castille en 1342 (revu et augmenté dans le nu-
méro 26 de la Revue des Etudes juives) ^ par Isidore Loeb, p. 133 ; Hai Graoo,
par A. H. Weiss, p. 148 ; L'enseignement chez les Caraïtcs, par Gode-
mann, p. 160 ; Moïse de Narbonue, p. 174 ; Les Juifs dans les proverbes
non juifs, par Ad. Jellinek, p. 177 ; Taccanot de la société Jesibat StUom
de 5349, par D. Kaufmann ; Sur les apocryphes, par J. Reifmann, p. 243 ;
Les hébralsants chrétiens, p. 267 ; Samuel et la médecine, p. 287 ; Anti-
quités juives de Prague [les illustrations n'ont pas grande valeur), p. 292.
Û'^att)'^ bji d'^ttîin Feuilles publiées par A. Harkavy, de Saint-Pétersbourg ;
nP^ 1 et 2 (1886), p. 12 + 20, in-S**, s. titre, n. 1. n. d. Extraits du journal
Dans le numéro 1, M. H. annonce qu'il a découvert les mss. suivants
de Saadia : La traduction arabe du Pentateuque, copiée su x^ siècle ; divers
passages des Commentaires sur le Pentateuque ; une partie des Commen-
tairas sur les premiers Prophètes, sur les Psaumes ; une partie de Tintro-
duction au IlS^iKH 'O ; des consultations rabbiniques, des règles de mé-
BIBLIQGBAPUJE
m
bodulfigie UlmudiqyB, ua Sédtr tamMlm wawwmlmt uns traduction du
^ibin 'û- "" M- Harkftvy a aussi trouvé des ouvrages ou des partiea
d'ouvrages de Samuel b. llofoi, do Haja GaoQ (son diclionuaire, des coo-
suliatioDa), des cousuUatioua des Guéauiiïi, (C^mak, A.mraED| NabschoOi
ItiUttl, Scherira, Nissim, Hif), de Samuel Huniia^d, de Jona ibo DjaDali,
d*AU b, Israfil (ua commaataire arabe sur Samuel), de Juda ibn Balam^
d^lsaac b» iDltî'' (études prammnticulef; eu arabe), d'Abrabnm b. Baron et
d'autres. Une partie de ces dérnuvert^s était d^]à cotinue par les publira-
tioas antérieures de M. Harkavy, et qiielqueâ-'uaes de Ges oauvres ont
même été éditées soit par M* H.^ soit par d'autres. Gomme spéciman,
M. U. donne un extrait du Commeniaire des Psaumes de Josef iba Sa-
tAoas, deui élégiea. Tune de Joda Halle vit Tautre peut-étrfl de sa fille.
Pliis viennent i Etude sur les expulsions des Juifs eu Husaie en M^^^
tSOâ ; dee poésies et des noies très iotéreafianles sur Tbistoire des Juifs
en Egypte.
^Î3n Din '0 ou eacore fD''1373È*::^) m3« yy conlenani la biographie
I MoUe Sofùr, d*Akibu Eg*ir et d'Abraham Samuel Uenjarain Sofer, par
iomoD Sofcr (dit encore S. Scbreiber), rabbin à BtirA.^gs2ûaZp Pacs,
tpr. Uaat Leib Roseabaum, 5547 (1887), iq- 8^ de 5i5-;2) ff,
Jm TTDT2 ^'^n 'o Biographie do Sir Moses Moutefiore et de son épouse
Im^jpEzra Beuveoiate (p. 2 du titre). Jéruflalem^ impr. S.-L. Zuc-
PBIPi646 (1886), iU'S^ de 88 p.
lO*' nD:D Biographies juives, par C.-L Finn. Varsovie, impr. Efraïm
fluxuritler et NeRall Gansai 1886, In-B".
Le premier fascicule couiieot quatre-vlngl» pages. L'ouvrage doit nonter
nir U biographie de tous tes israebtes retoarf^uables à partir de l'époque dtis
Guéonim. U est dispostS par ordre alphabétique et imprimé en caractères
bébreu-cerré, sur deux colounee. L'auteur estime qu*il formera environ cent
feuilles, on vingt livraisons de cinq feuilles.
ICT r»03D Annuaire publié par Saul Pinhas Rabblnowlcz ; l*"** année,
iirsovie» 1886, in— 1" de ui-l 126-68-214 cuL, plus tin calendrior; nom*
peuBég illuatrations dans le texte.
Matériellement ci^t annuaire est très supérieur au E^^Oit (voir plus haut),
mais il lui est encore inféneur pour la vaieur des travaux qu'il contient. La
création d'un annuaire de cette étendue est trop difljcile pour qu^elie puisse
réofistr dès la premiâre fois. Il y a là, entre autres, un article de Wolf
JabeZy c* 8V 152, où sont entassées toutes les vieilleries et friperies de la
littérature, prises daus le tas, sans ordre et sans choix. La revue littéraire,
6. 159 a 'i88, est également faîte au hasard et saos discernement. Purmi les
travaux plus sérieux nous aignalercins une lecture de A. Harltavy sur Juda
Hallévi (col. 49V, diverses étud(*s talmudiqucs (col. 2ai>-400), des étude»
sur la BiluaLion des Juifs de diverses villes de Russie, à Tripoli, à Home ;
sur rhistuire de diverses sociétés juives (coL 699-Si^S); sur divers sujets
littéraires (col. HS\1 el suivantes) ; de très intéressantes études d'archéologie
(oive^ probablement ce qu'il y a de meilleur et de plus intéressant dans cet
énorme volume, par Abr. Toonebaum (coL lOO et suivantt^s). La partie
fuivanie (col. 1-éél couiieutt «ntre autres, un commentaire inédit d'EUe
Wiloa sur la Tora, et uue MeplU de Samuel le Petit, de Kowdo» sur
Vhisloire d^5 Juifs de cette ville. La partie euivaute (col. 1-2UK iutitulée
MGoude partie, a surtout pour but de donner au lecteur des reusaignementa
pratiques. Elle contient des notices statistiques et autres, et aussi un re-
ceu^vmeot dot Juifs (col. 113). Noua uo saurions assez engager Téditeur à
dauuer^ dans les volumes suivants, une paginatioci continue du commence-
ment u la fin du volume et à renoncer aussi à son texte en petite caractères,
121 U£XV& DES ÉTUDES JtlîVB^
JThbtH ^IKtO « Le Utt^ des Parterres fleuris, grammaire liâifili^iie m iiaèe
d*ÂJxm*l Waljd U«rvmD ihn Djanah, publiée par Josepfa DereabomS' •
Puis, lilir. Vievif « 1886. iik^ de lxu -388 p. ; 66* fkacieulc de la EUOiCh
tbéqiie d« rÉoole des Haiitoa-Éiudes.
Cti imporcant ei •dmirable ouTrage du ptus grand de nm ^namtààtm
}ml» Mt cûoBtt^ «o gras* ptr U tiaduction hébral({ue rie iode tk» Tièbaa.
fmhUto fttitr»fai« par Goldberi^. mùi outre qu'ime tradactioa ot nalJIMi
rorî§iBal« rédàtioti bébr«î<|ue a le défaut d'être ^souvent obscur», leaiayi-
enl copié par Galdbergr était assez défectueux et réditeor j a probaycofoi
ajouté plat d*Bae faute. Grftce au savant travail de If. Dcneboar;.
ToMivre d*Ibn Djauali est maintenaul restituée ei readaa acctrtèb «
public. U&e excelleuie introduetiou, louuie d« tous les reesaîgBcaaitf ii»'
gTapbiijuea, bibiiograpbic|ttes et bistoriques, prépare ie lecteur a riatËÎl%Eon
de ce bel ouTrage, qui. avec lea Opuscules lilbu Djtoab, publié» tBlr»-
fois par ^M. J. et 11. Derenbourg, et le dictiODUaire da mAne ailBtr
pubtié par ]d. Ad. Neubauer, forme ud édifice ecicutifîque des planait
quabiaa. Celte éditîoa de ia grammaire contient, p. XVNLXIV, catU^b
des passages bîbtiques ciléa dans Idoq stos) )*ouvrage. M. W. Bada*
été le collaborateur Ue M. Doranbourg pour celte édilîoo , ei M. D«aihwt|
fait remarquer (p. Xll) que sou oom figurerait «ur le uire, si le f^gianaU
de i'Ëcole des H eûtes -Études Tavait permis.
•
C|Dtt13n '0 Recueil d'articles publiés par la Société pour la
. rinstruction parmi les Israélites russes, comme supplémeul h
C|^0«. Varsovie, impr, Isaac Goldmanu, 1886, in-8* de n-34 p.
Les articles conteuus dans ce Tolume sont : 1. La géiiéraâflB ^
Meassefim ; 2. Royautés juives après la destruction du temple (Harcoebé^
bas, Hssiaa! et Uauilal, l'empire de la reine Hélène) ; 3, Les Jmfe dwi l*
presqulle arabique (ju&qn'au temps de Mahomet)» 4 Les Jmfs (tsciw
eu Perse ; 5. Les chants sibyllin» (3*, Â* et 5'} traduits en Ters bébrtof i
$. Dne mischoa de R. Juda, le médecin, ^V^^^fit TDOT^i conseils d*bji^'
pour Is nourriture, sous forme de paslicbo de la Miachna (par un éenft^
do DOS jours) ; 7, Traduction en vers hébreux du Juda UalléTt de Bear%
Heme* Tous ces articles sont des travaux de vulgarisation.
KiaiT y*l» *j-n nDDtt Der talmudische Tractai Derech Ereat Sulla mïî**
Haedschrifteu und selteueD Âusgabeii mil Puralleleu uud Vananteo 1^*"
tiscL bearbeitel, ûbersetzl und eriaulcrt, von D"* A.-J, Tawrogi. Mt^S^'
berg, impr. Erlatis, 1885. m*8® de vti-52 p.
D^^rsjn ^®3?W Geschîcbte des Aberglaubens bei bUcu Vôlkern, mit beso*^'
derem Hiablicke auf das jùd* Volk, par S. Rubiu. Wieu, impr, Gôof^o
Brôg, 1887, iD-8^ de 282 p. j
Voici un résumé très abrégé de la table des matières. I. Visîoos, ytr^l
logie, diviDstions eu tous genres ; 2. An^ea, diables, déinoos» espflt^^ ^
3. Chercheurs de trésors, son-iers; 4. Pierre philo^phale, i&icfocosn* ^
corps itiertes vivifiés; 5. MédecinSf ooujurauoos, amuIetteSi exoroisMU^I
A. Àlagie ; 7. Divers. 1
ÎTO©5 lî Mischnaiot enlbalteud aile Perakim welche der AofaugsbuchsUt^
laut alef-àéi georduet siud (c*esl-à^diru coutenaDt 22 cbapitres où l«a iûb^
titres soûl disposées dans l'ordre {>lpliabétique). mit p"Ttb grainmali'-'* "j
Uscher Punctatîon uud Zeiclieu . . , rem douûicb doulscbeu UeberseUoûM
HlfiLIOGllAHîrE
ujid hebr. ErkHSrung pn3 C|r Ci^i'^D, par J. Goscinuyf Jérusalem, libr*
Goscmny, 5645 (1885), m-16 de (â)-44-(2) ff.
Li detcriptiou slIemBade ci-dê&sus se Irouve ea caractâres hâbreux sut
1a quatrième puge de lu couverture.
*:nO« pb3ï3 h y i^nsm ^^nsc Sammlung agadischer Commentare zum
Bûche Ester; onthâU : Midrasch Abba Gorion, Midrasch Poaim Acbc-
rim^ Midrasch Lekacli Tob, nach HaDdschriflcn herausgg., mit kritiscbea
Notcn, ErklûrUDgen und einor Einleilung versiîhea, von Salomon Buber.
Wilna, impr, et libr. Romm, 1886, in-8*» de xiv-112 p.
Le premier de ces Midraschim, autrefois édit^ par M. Jelliaek, esL re-
produit par M. Buber d'après (juatre mavtuiscrils* Sou iulrôduction au
Midr;.scli Paaim Ahtîriui, donl M. Jeilitiek s* est égalemeuL occupé^ est asflesi
curieuse pour la conipâraisoa des procédés littéraires emplujr^B par les co-
pistes des mas. DûDS riidroducliun k la troisième aggada de ce petit re-
cueil, \f. B. a réuni tuua les pussoi^'^s du JalkuL sur le livre d'Esther qui
se trouvent dan» F Abba Gurioû, le Pauiia Ahérim et le Talmud de Uegilla,
et y a joiat un index détaillé.
îssrr nsns nai h:f rtitcn arr) pians Excmpiar episioi» respoDsi iu qua
de conceplione Aramaica libelli ropudji ut iapud Judaeos) m usii est»
eique propiiiquis ooijiiullis rcbus agilur, auctore Aron Friednaann. WicO|
impr. KnôptlDiachcr, 1886, in-8° de 40 p.
Ëtiide iatéressanie sur diverses questions concernant le texte araméen do
la lettre de divorce, î'btstoire du texlfi, rorthographe, les règles qui pré-
sident a sa rédaction, etc.
biriTt H"^BlDlb''En nmp Ilistoria phlloBopbisB receDtioris ; Gescbiclile
der neuerD Philosophie, von Fabius Mieses. Leipzig, libr* Moritz Schîlfer,
1887; iû-B*» de viij*159-(l) p.
^ijn^TD-i c^'-^DO r»73^Cn Katalog von R, N. Rabinowicz, Mûnchen (1886), iii-8'>
de xn-l32 p., conteuaDt 117| plus 27, plus 4828 uumuros.
|tî5Dn ûp^n **ba*û '0 Rituel des pratiques juives, par Cidkiyya h* Abra-
haiu, de la famille dei Mansi, de Home, édité par Salomou Buber. Wilna,
iinpr, et libr, Romm, 1886, in-8'' de 42-408 p.
On ne possédait jusqu'à présent qy^un extrait de cet ouvrage précieux,
M. Buber rend de nouveau un grand service à la littérature juive en le
publiant en entier (la seconde partit? de l'ouvrage sors publiée plua tard par
M, Buber) . Cette édition est accompagoee dVue préface où M. B* a réuni
de nombreux et utîbs renseignemeoLs sur Fauteur et «a fâmiUle, sur lus
rabbins et les ouvrages cités ou utiliséi) sur les rapports entre v^ li%TQ
et le Êt'»;n • Ce dernier chapitra de la préface est particulièrement inte-
^*t1K "H^D 'o Considérations de toute espèce, à préLeuttons philoso-
phiques, sur rhisloire et la religion juives, sur les pratiques religieuses,
etc., par Isaac JacMïb Reines. Wîlna, tinpr. Juda Leib Lipmaun, 5646
(1886), lD-8'» de vi-90 p.
Adi^R (Marcus N.). The Temple of Jérusalem. A paper read beforo the
Jews* Collège Literary Society, january 8., 1887, with a report of Iha
reraorks of Major-geueral 8ir Charles Warrcu. Loudres, bureau du Jewîsh
Chrouîcle, 1887, ln-8" de 18 p. '
Cette cotiféienco, qui a pour objc^t la description du templo dllérodc,
etti priticipslcueut ii)térei;sauli3 pur la cumpsraiâon ou lu réiiuioo d'uti cer-
122 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tain nombrt de légendes juives et arabes concernant la temple* 11. le
major général Sir Charles Warren y a joint des explications où on lira
avec plaisir ses souvenirs personnels et un certain nombre d'obserratioDS
qu*il a faites dans le cours de ses célèbres explorations en Palestine.
Amberley (Viscount', . Tlie case of tlic Jcws in Ihe malter of tbe founder cl
Christianity ; extracted from bis work « An analysis of religions Bclief » ;
with inlroductory préface by H. Guedalla. Londres, impr. Darling, 1887,
in-8» de 53 p.
La conclusion est : < Les chefs des Juifs ne sont pas si blâmables qu'on
Ta admis généralement, dans l'exécution de Jésus de Naxaretb. Jugés
d'après les principes de la morale universelle, ils eurent certainement tort ;
mais d'après les principes de leur religion» ils eurent non moins certaine-
ment raison. *
Baltzer (J.-P.). Ilebriîisebe Scbulgrammatik fQr Gymnasien, 2. verbes-
serle u. vermehrte Auûage. Stuttgart, llbr. J.-B. Metzler, 1886, in-8* de
xii-185 p.
Beck (M.). Invetatura religiunei Mosaice pentru usul junimel Israélite. Bu-
cbarest, libr. L. Steinberg ; in-8<' de 96-(3) p.
Berlin (N.). Reality in Fiction, salyrical description of life and manners
amougst tbe foreign Jews in Great Britain. Londres, impr. Rabinowicz,
1886, in-8« de 40 p.
En judëo-allemand, avec titre en caractères bébreux : Die ^iN«taa Welt
(Obyn 3^n73K fiPl) oder eine Reise in Géhinnom.
Bbruner (a.). Profcssor Paul de Lagarde nacb seiner Natur gezeiclmet.
Berlin, libr. Julius Benzian, 1887, in-8^ de 32 p.
Si quelqu'un avait le droit de répondre aux attaques de M. da Lagarde
(voir ce nom. plus loin), c'est assurément M. Berlin er, qui n a jamais at-
taqué personne et s'est acquis à juste titre, par son caractère aussi bien
que par ses travaux, les meilleures sympathies du monde savant. M. de
L. tombe sur lui ù bras raccourcis, on ne sait pourquoi, sans rime ni
raison. M. Berliner croit savoir d'où vient cette rancune, le public appré-
ciera et on verra de quel côté seront les rieurs. La lettre de M. da L.
(qui s'appelait autrefois Paul Boettirher] trouvée dans les papiers des Tui-
leries [publiée dans l'Allemagne aux Tuileries, par Henry £k>rdier, Paris,
1872) est faite pour égayer le sujet. On y voit qu'il y a un temps pour être
de vertu farouche (et alors on (ait la leçon aux autres), et un temps pour
se montrer plus accommodant.
Bible (La), traduction nouvelle d'après les textes bébreu et grec, par
E. Ledrain. Tome premier. Les Juges, I et U Samuel, I Rois. Paris,
Alph. Lemerre, 1886, in-8° de x-325 p.
La publication entière formera dix tomes ; les deux premiers tomes
coutiendront les livres historiques ; les tomes 3 et 4, les livres législatifs ;
les tomes 5 et 6, les œuvres morales et lyriques ; le tome 7, les propbètas ;
les tomes 8 et 9, le Nouveau -Testament ; le tome 10, une Étude critique.
Bloch (J.-S.). Aus der Vcrgangenbeit in die Gegenwart; social und lite-
rarhistorische Essays. Wieu, libr. Hugo Engel, 1886, in-8* de 258 p.
Contient, entre autres, une Élude sur le Nathan de Lessing, et une
étude sur Jean Bodin, que M. Bloch considère comme un précurseur de
Lessing.
Blum (Hans). Aus dem allen Pitaval. Franzôsische Recbls-- und Cultur-
BIBLIOGRAPHIE
123
r«usddDTageu Ludwig's des XUL, XIV, und XV., auggewiiliU imd
luleri; 1. Band ; Leipzig* libr. G.-F. WiQler, 1885, m-S" de xxiii-
P. 223 à tSO» Las Jutfs de Metx, d'après PitavaU vol. X7tn, p. m et
^ Coattent principalemeut l'histoire dta Huphael Lévi. A la p. 249,
explique oommeDl Taccusalioa a pu iiTct, d*uiie lettre écrite eu
aUeioand et eu caractères cursifs par RaphuCl Lévi, une appareucc
(à9 preuve que les JuilB auruieot, ea réalité, ^u au muïns que Ique chose
reofaut cbrétieD disparu. Rap-ti&éi Lévi avait écrit, do sa prisoQi
qu'il nvjyt entendu que reoluut étuit retrouvé CjljlDa). et que» par consé*
queal, soq inuoceoctf serait reconnue. Les ititerprètea, par malvelUaDce ou
uiùUf voulurent lire dans ce passage que Teufiuit avait été garotté (1121!22^)
par les Juiia. M. Blum moutre que lea deux mots ruproduils ici en carac-
lÂrea hébreux out à peu près la mfime pbysioQQOQje dans récriture cursive
judéo*aHeinaDde. Mais cette i^xplicatiou paléographique est superflue : on
trouve coQsUmmenti dans les msa., Le 3 employé pour le /" ou le « allô-
mancls, qui ont le même sou, et Raphaël Lévi, qui ue devait pus ôUe biou
fort en orthographe allemande, a pu fort bien écrire *J13^3^ duna le aena
de • trouvé •,
p (Abraliaa))« Le rab binai de Metz peudaDt la période française (1567*
11). Extrait de la Revue des Éludes juives, tomes Vil à XllL Paris,
^. A. Durlacher, 1886, iu-8^ de 91 p.
Il (J.-H 0, Dem hebraisch-phônizîscben Sprachzweige angeliôrige Lehu-
irter in hierogliphischeB und bieratischeD Tcxteu. Leipzig, libr. Breil-
ft et Hàrtel, 1886. iu-8^ de 130 p.
IKL (Paulus^. Zûpbnal Paneah. .fîgyptlsche Deutuugen. Erstes Frag-
nU Dem Wiener Orieiitalencongress gewidmet, Berlin, libr. W*-ll.
M, 1880, ln-8^ de U p.
^ Cette publication contient des hypothèses au moins iDgéaiauaes. Il y a
tongti«cDp6 que M. Ca^sel a identifié n37D «v^ l« phénix; daua n3CÏ il
voit Scb ot Nut, qui sout le père et la mère des dieux, la source du moude ^
ils produisent Tœuf d'où sort le phénix. Lci nom donné par Pharaon ii Jo-
ieph «i|taifierait que le Temps et te Chaos (Seb et Nul) out donué naïasauce
è la lutnière (Ph<^nix), Cela rappellerait le récit de la création dans le Pou-
tat^nque. -^ Làiw reprt5âeute pour les Ej:ypU«ii3 le typhoti du désert et,
I ptr iUiiet le dieu du mal. C'est pour cela que. dans des représeutalious pro-
bablemeni origiuaires d'Egypte, Jésus « une léte d'âne. Ou pourrait ajouter
1 que c'est peut- être pour celu que, suivant les payeus, les Juifs auraient
adoré un âne. La déesse qui cbaase Typhoti, pour les Egyptiens, c^eat la
d4ii«e Bubaslis, â lôte do chat, soit no a^S (an grec Phœhé), nom qu'on
fCOtouverail dans le nDD^CTS et, en partie, dans le HD^ID^ de la Btble. —
I Le uom du dieu soleire égyptien Ha (Phra, avec rarticle), dont l'œil voit
Ltôttt, ^ retrouverait dans le verbe hébreu nî*"l'
I (David), Sloria degl' israeliti dalle Origiui fine alla monarcbia,
bodo le fontî biblicbe criticamenle esposU, Milan, libr. Ulrico lloepli,
pp 40-8'' de crii-41G p. En têle : Biblioteca scieoliflco-lctleraria.
C«fl un ouvrage fait avec soin, l'auteur s chercha k le mettre au courant
das travaux exégétiques et il a traité le sujet avec circonspection.
|. Hebraica, Judaica, Orientalia; librairie Jakob W. Pascbelcs.
1887, iri-8" de 81 p,
llog. Hebraica und Judaieu ; libr. Wilbebn Koebuer, k Breslau
îl, iu-g* du 70 p.
124 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Chipiez (Ch.) et Perrot (G.)- Restitution du temple de Jérusalem diaprés
Ëzéchiel. Dans Revue générale de rarchitecture et des travaux publics,
publiée à Paris, 46<' année^ 1885, 42^ vol. de la collection générale,
5« série, vol. 12, n<>« 7 et 8, p. 151 à 167 et 194 à 233.
Cet article peut être considéré comme un résumé (anticipé) de la confé-
rence faite, sur ce sujet, par M. Perrot, à la Société des Etudes Juives, et
de la description du temple faite par le même auteur dans son Hittoirt de
l'art dans V antiquité, tome IV (Paris, Hachette, 1887, p. 121.479). Ce
travail contient vingt figures dans le texte et trois planches hors texte.
Cronbagh (Siegmond, dit S. NoUy). Âus dcm Notizbuch des Onkel Jonas,
Humoresken aus dem jûd. Lehen ; 8. Auflage. Berlin, libr. Siegfr. Cron-
bach, 1887, in.l2 de (iv)-160 p.
DiENBR (Karl). Libanon, Grundlinien der physichcn Géographie und Géo-
logie von Mittel-Syrien ; mit einer geologischen Karte. scchs Lichtdruck-
bildern und sechzehn Teztabbildungen. Wien, libr. Alfred Hôlder, 1886,
in-8«» do x-412 p.
Edersheim (Alfred). History of Judah and Israël from the Birth of Solomon
to the reign of Ahab. (Londres), Religions tract society, s. d., in-8** de
xii-197-(4) p.
EiCHTHAL (Gustave d'). Mélanges de critique biblique. Le texte primitif du
premier récit de la création ; le Deutérouome ; le nom et le caractère du
dieu dlsraël lahveh. Paris, libr. Hachelte, 1886, in-8^ de iii-402 p.
Un de nos collaborateurs rendra compte, dans le prochain numéro, de cet
ouvrage posthume de notre regretté ami, M. G. d'Eichthal, qui s'était
consacré, avec un si grand et si noble amoui de la science, à Tétude de ces
graves problèmes d'exégèse biblique.
Einstein (Berlbold). R. Josef Kara und sein Commentar zu Kohelet, aus
dcm Ms. 104 des jûd.-tbeolog. Seminars zu Breslau zum 1. Maie her-
ausggb. Berlin, libr. Ad. Mampe, 1886, in-8» de 60 + 45 p. Tirage à
part du Magazin, de Berliner.
L'étude qui accompagne le texte contient les chapitres suivants : 1. Josef
Kara, sa généalogie ; 2. Le nom et la famille Kara ; 3. Epoque où il a
vécu ; ses relations avec Raschi et Samuel b. Méir ; 4. Ses commentaires;
5. Son exégèse ; 6. Son commentaire de Cohélet ; 7. Les mots français dans
ce commentaire.
FiNSLER (Rudolf). Darslellung und Kritik der Ansicbt Wellbausens von
Gescbicbte und Religion des Alten Testaments. Zurich, impr. et libr.
Fr. Schulthess, 1887, in-8*> de 91 p. Tirage à part des Verhandlungen
der asketisch. Gcscllsch. in Zurich.
Friedebero (M.). Bildcr von der Ostgrenze. Studien und Skizzen. Tilsitt,
libr. J. Mikssas ; Leipzig, libr. R. Fricse, 1886, in-8* de iv-92 p.
P. 29 à 57 : Die Juden in Litauen seit dem 14. Jahrhundert. Cette revue de
l'histoire des Juifs de Lithuanie paraît être faite d'après Graetz et Ber^
schadski (qui sont cités), et d'après Thistoire des Juifs de Pologne, de Stem-
berg. Nous n'y avons pas vu la trace de recherclies personnelles et, en cer-
tains endroits, l'auteur se montre mal informé ; par exemple dans la note
de la page 56, qui est purement de la polémique passionnée et aveugle.
Friedlandfr (M.-H.). Geschichtsbilder aus der nachtalmudischen Zeit ;
von Moses Mcndolssohn bis auf die Gogenwart ; 4. Theil. Briinn, libr.
Bernh. Epstein, 1887, in-8*» de (iv)-156 p.
lendclf^obn, Cerf-Beer, Fiiftado^ JacobfiOÎin, Breidenbachi Mqtcus
Ben^dict, Akiba Eger. Moses Sofer, Aron Kornleld, Moses MojitpHore»
Crémîeus. Rappopart, Z\iùt, Jost, Gt»<^U, Lux^atto, Ootrlenlhot, Mann-
beimer, Jellin«'k, ûeiger. Mirsi;h| Fraukcli Philippsoa, Mtitik, Dukes,
SleitiBcbneiJer, L, Lôw, S. Szauto, Zîpser. G. WoU. Le choix des noms
Ç5l pnéralemeni judicieux ^seuf les iDcuuesjj mais les eïjjels sont a peine
efOeurés,
Prit* (Jobauiies). A us anliker WellanschaijuDg. Die Entwîcklung des
JÛdbclieti und griechischen Volkcs zum MouollieiainuB nacli de» Deucs-
fm ForscUungeQ. Ilagen i. W., libr- Hiset, 1886, m-*?* do vi-»3iî p.
L^ouvrage «e compose d'une introduction (étude sur les ihdories religieuses
cbÉi Tiele, Lippert» Spencer, Seidel, Ebrard, Stendo, ScbeUing. Deliï,
Max Mûlier.' el de trois iivros intituli^s : Le peuple juif (hitiloire religieuiso
depuis les patriarcbea Ju&t]u'au retour de l'exil) ^ lo inonde grec (religion de
la naUire. ctiltii d*Apollon, lea mystères, Socrate. Pluioni Arislote» philo-
soph«^ de Cjr^naïque, Epicnri&as, Cyniques, Sloîcieps) j la Palestiae après
U cooquâte d'Alexandre. Il ne nous semble pas que Touvrage conUeune des
recherches bien personnelles.
del Pentateuco. No la. Rotnc^
, p« 341 à 355 des RendîcoDli
e fllolog.,
OlDi (Ignaxio). Di una Tersione persmna
Impr. de TAcad. dei Liccei, 1885, m-8*
ddla R. Accademia dei Liticci^ classe di Se* mor., slor,
liea&ce du 17 mai 1885,
Fragment d'une iraduclion pera^ne dû Pentaleuque, diaprés ud maous-
crît du Vatican. NL Guidi supposa qne celle traduction est aul^rieure k celle
de Tawus, et que celui*ci s'en est servi.
ttlacUtcn ùber das Jûdiach-diuelle Schlachtcn. S. L n. d. (1886), in-P de
I S9 p. sar tS coL
Trèa iûléressanle collectiou do consultations sur la ichêhitHy par les aom-
nûtés 9CΫiitiliq|ue8 de tous les pays.
Aîs^cK (Adolf). Die Aposleîlchrc «ad die jûdisclien beiden Woge. Lcip-
%lihr. Hinricha, 188<i, iD-8" de 59 p.
L'auteur «rriTo (p. 27) aux conclusions suivanleB : • Il existait, dans te
premier siècle de l'ère chrétienne, une instrucUon pour bs prosélytes, inti-
lulée • Les deux roulea % ^^ rédigée par des Juifs. Elle est contenue, avec
de Fortes interpolations, dans le» chapitres I à 3 ou à G de la Didachè
(ÂposleUebre), Les deux roules sont le chemin de la vie (les préceptes m^^-
rtux et religieux) et le chemin de la mort (les péché»;. Cette instruction tut
adoplée par les obrétieus. qui Remployèrent comme sermon de baptême.
Aprèi Tépoque apostolique, Tiuieur de la lettre de Barnabe l'a iticorporéo
dans cette lettre sans y ajouter grand^chose* C'est plus tard seulemeot
qu'elle reçut le litre de • Buseignt^ment des douze Apûiies *, et qu'on y
ajouta un |;raud nombre de morceaux d'origine cfarétieaue. M. H. croit que,
•eoa la forme qu'elle a actuelleiuent, U date de sa rédaction tomba entre les
•onées 7U à 16^^
^û««RBiii (M.). BihliothecaSamarilaaa. UL Die Samarîlanischo Liturgie,
*'ûc Autrwahl der wichtigsleû Texte, ia der hobr* QoadratschriR aus dou
**^ dea Briliab Muséums und uodereu Bibliotheken ligg. ; 2, Ileft.
^P*ig» Ubr. OUo Scbulze, 1887, in-B^ p. il7 à 13<3.
Jim (Jttlina), Die rituelle Circumcisioa im Licbte der antiscptiscbcD
Chirur|ie, mil BenickaicbtigunK dur reJigiOseii Vorschriftun. Liîipïig»
^•Cluatav Fock, 188t>, iri-8' dii ^15 p.
!L>' lirVTT DEFi ETITMF JL'^^Lr
Ih?"'.!**!-»: : riVFioi'j-'Juuv e; m^'àicaif- « cmiBai» lonr m *«» ^
...-.pv . ! '- i. I. ■-■... iLiiu- F.rzjii«i'.:in^" "^«n .-.lii'i'iaffl. 3«nraB*|
u- ^'•..■ ■•• !■ ;'-rîi-.in il-, .•iufîj-isiiiii n^- "V iiii-î«:;"-rii - îjfl. 3»i
y- i;:. «.■■ j •■-■:■.-. -j;:- îio::ivii» tiif* » ïriueuts- . • .^-mycr. iiir i
.1a -••"!" '•■.• .M*v-- ;iM .lUUdl'^n. ai. HUdrtSBk j'irui1il*'nilW JM,Mf>
.", ■• !.::. TS^C" *— t: riini i- ;i«*hriricnie* rmmi» usas ï^ bo^
jiiiu!- .•ci-.~ ..J ■ ii I'Uau-m::, ]«*<*■. ii*-J' ut .?— ÏÏS 1.
l^'-'i- -l- ::!..■::: !».• - "r.-L» Ii:i"i rf^- lieliiin .liinnircn. :»3 ■**■
'■••..11. i :. ■..■ -il ;■:.!-. vi. ••ùi'i-ji !'-.-<îUii:ii-aniià?iziriî. l2h-'^= =^
i. ■.:..•'•; i-'.:- ;•'. !•••!:!«. iii'v î. ■h-jIi.-iuii. t?: HiiQgHTifmHr l**î---
il' 4* • i» -• ' .• ■ •"• .ci'.îii»* îia-c*.
'...1.» •"■".■■•..': py-] nw* ■■■: i' air-^ ' «■nitfftT hà» *tr VWBÊ^
*::■■■ .«: i.iii"U' h. i »?■• lu- «ut imaurtioi ul CTt. "à^iwtW
if.t •■i'ii» •.'«"u ••;;■;! e=: xi.::- r iii' -an i- nrismii mit a ctuneu'i^^^
•■ • : ".; . : :ip- .::i' . i— u»*- i*. i»riiii'iîj«- on» j usante- x!" >*■
t- • T ■:..;.:. i lu. -u:-.: k -l "*' m-'ini nriiiiil:vt fr-7i«3jiuu-c» i»
•■ ■ . • ■ ■ ■■nTviiii ♦': :.-«" S"'.:*- s« ypiir.-
J . : .' ■: ■ ■•. '..■ .1 ' in.îi.uMii:'' if!rn*-liii ai- l*Er» . ^ :«rii 1*
.".■.'■ '■^ '.» ' ■■■'•- ;: ' ;.-::' :.L*iiilNlirjil.iqU'.î*- tii Ut V^.'rv^tUOt, 1»*
' !.' ;■••*.»■■• '. . .'. ■' 1. ■•►.:.. •■ii-!^ ii;»T. I»ur:Maijer. I***'T. a-j^ w -■•?•
^-. i: Lu'.A. t •M'-ur.f t »"rrr*:. iiunt- un* buih sm mimurn**
•• '.» ,f '■ r:. ai'.: un m» isrbf'.ii- at J'urif àeiiu:? OLfilii f^'^e**
• ï .-•■ I-. :!,,;■ . c;v ..i-:.ui:i*'aii sit»:i».. Tnis :'^=ï •*
■■ ■•■' ■ ■■ ' • Ti iiL.ï.eij:* î M." «.*?* "lin :i«»r- iiri.aiiiTer " anMiii!-*^ vif*
■ ' • ■ : : ; ••■:— -i* :.i»î.:..:!!lu"!i •?: ;iï cUH~»tt n: u-*
•'■ ;'i'i: •- ■■- - • Ti -■.-•]• sfu-nr, j~î i J. iJ^
.■■.■...■ 1 T- — . m- «>; ^.....«..,, . ,ç T,-c-~ r*». i::*- '^
j : 'i • ■ ' .1 ]'••■;<■•• ■".•:• i.:pn;f d^ js-i-.h»:'»* fTr-.'«
• • •' i -.!•'•■ ' :■ >: ;i":.: ii .i«»srm:'".in'. ■■• m-*--'?^
• ■ ' '■* * :■»■■ ■ ■ .—".••. ■« {:::■«•'. saiiF r:riiiJiT?r *^ *!'-'■'*
■ ■ ' • '■-» - •• • ■::.: •■:.-*- "' ti::rriiv!i!»' M Î-l::: i " '-^
' '•• * i--.i:i- . ».i :■ .-I'— !»iiî:* . i-rrnfii[t:i"' « r:'i'"'
'■ ■ -♦..'■.;■• «■ ,■■*■■ «i :?;-H*";!'""- :l "i»iiiXlrt'li""^3'": * •*
• ■■ ' •■ :; - • •■ • t • • «â --..t ;î.i:*— .;:•:■• i»ï. "".«i; :ir»Tiir's ■!? 1- ■'*
: . ■■ .|-. t- . - fc ' •• :i 11 *::■»■: ■ 'i^în-ni*':- *ii ?»:«:•< ::; := ^"^
••■;■' ■■• I « ' "••iJVï. * ;--i-- ;:< ■.* J'BTlr TU» !' iL"* :L" '»"^-'
i' ■ :-"r.- l', : ■ S;;- r :;'.:. H".-'--:. :".t ■.. t .-"i'rv '.srii* ." :;!'-."■: iJ»:' = ■■
'■ ■ ! • ' • - ^'. ,. c;i:--r :.v.-.L-> ..:■: •'-•.■es* i; .'iif:' — ■
■• •■ ^ .'/* ;.
!• i t/-. :■ I'. ,. Il ^' i,'/;z »! Ahri-* <:»• îl-i^t L»t:i- i:t»l J" :.nrir:..'«'i:': -'■'
'. ,1. ]-• i;.//;/. i.M I' '.. *A' . K'COi. !•<<'». IL-*'' ?*■ î**: T .
' '.i.iiij.i ■./.!- (,iiji«: ^' 5 «i ,';.«*• irt. xLb.r M.Lf jibrbdifiber îniir « "««p-:**
•— i.'jJi.: .
BlBLlOfiRAPKlE
m
iCls* Krstens : Die BildloaigkeH des legUtmeîi Jahwecnltus. Leipzig,
itig et Fraukc, 1886, in-8* de 32 p. Tirage ii part de Zlscbr. f. kirchL
iii. uud kircbl. Lebeo.
Wc (A..!- Hisloriscb-krilische Einleitung in die Bûcher des alion
llmnents, hinsicbtlicb jfrrer EnslcbuDg und Sammlung ; aulorisîrle
lUcbe Aû8gabe von Th. Weber. Ersler Theil, ersles SlCick, zweitea
R. Leipzig, libr. Ollo Scbulze, 1S8G, in-8«, p. 97 à 192.
BDE [Paul de], fîrinnertinge» an Friedrich Hfickort. Lipman Zunz uDd
lie Verelirer. A us dem 2. Baode dor « Mittijelluugcu *> besonders abge-
l|^. Gœtliague, libr. Dietericb, 188(^, iu 8^ de p. 82 à p. 16^.
^H M. L. Tecben a publié^ en 1è84. à GœtiiDgiie^ une élude (descnptÎTt^)
^Bsur deux mnouscritâ de Mtthtùr qui se Lrouvedt dans cetto ville. Ce lia-
^Htrail a éLé soumis^ cûmme disBertBiiua ioaugurale, ù rUuiverâilé de Gœi-
^Hltngiie, qui l'a IrouTé salisfaisanl. «t paraît h voir nommé Fâtiteur chargé
^Hde cours pour rensetgaerneot de Thébreu (p. tOH). Or. Iû di<isertaLiûQ cou-
^Hlonait beaucoup de fautes (graves ou non« ce nest pas la^aire], notre
^K collabora leur M. David Kaufroann et d'aulros après lui les oot raie-
^HYi^s. M, Paul de La^arde a vu, dans uos critiques, uoe attjique injuste
r «iinlre lui-même et contre l'Université de Gœtlinguei et il y répond en
faisant, avec Bon impétuosité ordin&iref une charge furieuse contre les
auteurs des receosionB matsotinautes, et contre le judaisrac tout entier,
probablement complice d'un ai grand forfait 11 noua sera permis, avec tout
le reapact que nous avons jiour la science de M de Lagarde. de ne pas
prendre tout à fait au sérieux et à la lettre ces vitupératiunâ où il y a au*
tant d*exceulricité '|ub de passion, et Je regrelier qu'un homme qtii mé-
~lte tani de conaidératiou pour aes travaux ae livro à des «mportements
fmk dignes de lui. Asaurémcnt, n nous avions fecen«é VouTrage do
^Tecben (nous ne le connaissions pt^s). nous nous serions motilré itj-
fulgcot pour h*s foutes qu'il peut contenir et nous aurions estinté surtout^
hfiz lui, IVtFort qu'il a fait pour s'initvf^r à la littérature syuagogale ou
i^soétiqne des Jtiifs du moyeu ùge. Le ton sur lequel il a parlé de Zunz
était prûvoeant) on ne peut le cacbert il devait étonuor chez iiii bomme au
Ikout du compte inexpérimenté dans la matière, et nous ne peusons pas quo
II. de Lagarde veuille justifier toutes les mauvitiseH plaiaaoterJes du pas^
sage de M. Tecben qu'il cite . p. lue, 1, 1 à h)- Si M. Tecben et M. de L.
\e boriiaiezït a regrotler que Zunz n^ait pus fait ceriains travaux et index
^Qi teraieiU des plus uides pour la lecture de ses proprets ouvrages et
jour rmtellif^euce de La littérature juive du moyen ftge» tout lo monde
pourrait s'associer à leurs regrets^ TOais Zunz a fourni les matériaux, et il
aafBt presque du trrivaîl diligetit d'un écolier pour remplir, à laide des
ouvrages mfimea de Zunz^ une grande partie au moins des lacunes quoi)
a a)gnali(^es. M. de Lagarde s'amuse des traductions de Zunz, mais il
sût été juste de faire remarquer que ces traductions sont rimées, et qu'elles
pouvaient pas avuir, par conséquent, une précision scientilique. Noua
ft^avona évidemment aucune compétence pour apprécier les questions de
êtyle soulevées dans cette polémique, mais il cous sembla que le fityle ite
Zunz, dans sa limpidité et sa séréuïté, n'est pas sans valeur et soutiendrait
peut-être la cumparaison avec des styles ploa colorés^ il est vrai, mais plus
troQblee aussi, La vérité^ en somme, est la plus forte et elle ûuit par triom-
pher, chez M, de L. et à son bonneur, sur la passion. Il termine en reu *
daoi à peu près justice k Zunz. en reconnûissant au moins quelques-uns et
même la plupart de ses vrtiis mérites. On pourrait être, sur beaucoup de
ehoaas, d acocfrd tree luîi si l'éloge était, dans son étude, distribué aussi
bbératement que le hlâoia et les regrets. Il nous semble aussi que M> de L.
(ait porl«*r le débat sur des thèses que personne ne soutient . Nous diou—
tous qu'il y ait, comme il paraH la supposer^ beaucoup de Juifs en All^
128 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
magne qui prcnuent Zudz pour un grand poète ou qui admirent indistinc-
tement toutes les poésies juives du moyen âge. M. de L. exagère.
Lederer (Ph.). ban bl2) îTriTabn Lehrbuch zum Sclbslunterricht im baby-
loûischen Talmud. Ausgewahltc Musterstûcke aus dem Talmud mit mô-
glicbst sinn- und wortgelrcuer Uebersetzung des Textes und des Com-
mentarsRaschi, mit sprecblicbcn und sacblicben Erlâuterungen und mit
einer Binleitung in deu babyl. Talmud verseben; II. Heft. Presbourg,
impr. Lôwy et Alkalay, 1887. in-8<> de 104 p.
LBHMA.NN (Emil). Aus alten Acten. Bilder aus der EnstebuDgsgescbicbte
der isr. Religionsgemeinde zu Dresden. Dresde, libr. Cari TrittmanD,
1886, in-8o de xvi-77 p.
Contient les chapitres suivants : 1. L'ancien cimetière; 2. Enseignement
et élection des Anciens ; 3. Procureurs des Juifs ; 4. Les caisses pour
malades; 5. Election de rabbins; 6. Une société de lecture; 7. Le dépôt de
la caisse de la communauté; 8. Plainte contre les Anciens; 9. La maison
commune; 10. Echos de la révolution de juillet; 11. La synagogue;
12. Echos de la révolution de février ; 13. Berthold Auerbacb et la circon-
cision.
Ligne (Le prince de). Mémoire sur les Juifs. Tirage à part de la Rerue
rétrospective, in-8o, p. 25 à 41 (année 1886 ?), n« 50.
Levt (J.). Neubebr&iscbes und cbaldâiscbes Wôrterbucb ûber die Talmu-
dim und Midrascbim ; 20® fascicule, p. 337 à 448 du 4® volume. Leipzig,
libr. Brockbaift, 1886.
LiPSius (R.-A.). Theologiscber Jabresbericbt. 5. Band, entbaltend die Lite-
. Tatur des Jabres 1885. Leipzig, libr. Georg Reicbbardt, in-8<' de x-566 p.
Excellent répertoire; assez nombreuses notices sur le Judaïsme et la
'science juive.
LiPSius (R.-A.). Die Pilatus* Acten kritiscb untersucbt. Neue vermebrtc
Ausgabe. Kiel, libr. G.-F. Haeseler, 1886, in-8» de (2H5 p.
Mahler (Eduard). Bibliscbe Cbronologie und Zeitrecbnung der Hebr&er.
Wien, libr. Cari Konegen, 1887, in-8» de xiv-204 p.
L'ouvrage est divisé en deux (plutôt trois) parties : 1. Chronologie
biblique ; 2. Calendrier des Hébreux et des Juifs ; 3. Tables pour le calen-
drier actuel. La première partie est de pure fantaisie, Tauteur cherche
sérieusement la date des éclipses solaires qui ont produit les ténèbres
d'Egypte, l'obscurité qui a entouré ralliance d'Abraham, la nuit qui vient
au-devant de Jacob quand il sort de Beerséba, Tarrêt du soleil sur Tordre
de Josué. Ce sont des naïvetés un peu fortes. Dans l'exposition du calen-
drier biblique, l'auteur est très loin d'avoir utilisé toutes les données de
la Bible; c'est un chapitre des plus incomplets. Son exposition du calen-
drier juif actuel est probablement exacte. Les tables partent de l'année 4Û<t6
(1306) et vont jusqu'à l'année 3909 ou 3910. Elles sont faites uniquement
d'après le système de Schram, qtii sert purement pour la vérification dans
les Tables du calendrier que nous avons publiées. Les autres tables ne
sont pas mauvaises, mais elles délaient la matière sans grand profit et elles
sont loin de fournir tous les renseignements qu'on pourrait désirer.
MA.RX (Gustav). Jûdiscbes Fremdenrecht; antisemitiscbe Polemik und jù-
discb Apologetik; kritiscbe Biatter fur Antisemiten und Judeu. Carl-
srub et Leipzig, libr. H. Routher, 1886, in-8® do 80 p. Publication de
rinstitutum judaicum (pour la conversion des Juifs).
RiRLianRApnîE
129
TifBgft à purl, augmenta, tin journal Knthanfl^ première année. So
rftppoTle principolemeDl à la pulémiquo sur le Schulhin Anikli,
Marx (Giïslav). Die Tolunp- tJngl3ubigjcr nach lalmudisch-rabbmîsrheni
Kccht. Leipzig, libr- Dorifliog et Krankc, 1885. iu-8<* de 48 p. N'* G de
rjnsUtutum judaicum.
.MéMAt?<t (rabbê). La connaissance des temps évangéliqucs. Sens, chez Tau-
leur; Paris, libr. calholique internat., Rome, libr, Spithover, 1886, iii-8**
de xvi-543 p.
Cet ouvrage est une seconde Mitioa, remaniée et agraudie, des Eludes
cbroDolof^ques du nifime auteur, parues en 1gS7. Toule personne qui lira cp
livre sera frappée de U sincérité sdenlifîqHe et de la probité avec Inquelle
M. Afémain cherche la solution des diilérenls prohlèmea qu'il est amené ù
étudier. Ou Terra aussi comment la science cbronologiqtie, mauiée avec la
compétence et le tact de M. Tabbé Mémain, éclaire les questions histo-
riques, y sert de guide et d^ÎDStruinent crilîque. Aux lecteurs dij cette
Jlevnf nous signalons spécialement les chapitres suivant». Première partie
chap. m, les Juifs au temps de Jésus-Christ; chap. iv, les deui calemirier*
jïiiJs (le calendrier julien suivi par eux. et le calendrier hébraïque).
Deuxième partie : chap. i, époqtie de la mort dllérode (conclusion :
* Jésus-Christ est né quatre ans au moins avant l'ère chrétienne* •) ;
chap. Il, le recensement général de Quiriaus. Troisième partie : chap. t
à tv, dates de la prédication do Jésus- Christ. Septième partie : Restitution
du calendrier hébraïque au temps de Jésus- Christ ; le calendrier luni-
solaire des Juifs modernes (excellente exposition des principes et des r&gles
do ce calendrier); l'astronomie chei; les Iléhreux ; restitution du calendrier
hébraïque «u temps de Jésus-Christ. Dans les Notes complémentaires, on
trouvera une foule de quesliotis qui intéressent Thistoire jyive : jour de la
nomination et de la mort d'H^rode, Ilérode le Télrarque. llérode Agrippa,
la Pftque de Tan 29, la règle de B&du et Adu., les tékuphot» ctc, Lo sujet
est veste el traité avec une application qui mérite le respect et inspira la
sympathie. Dans un prochain numéro, nous examiaerons quelques-unes
des thèses de Tautcur,
MÛLLEH (Joell, Die jùdiscbe Moral im ersten nacbtalmudiscbcn Zeitallor.
Vorlrag, . . Francforl-sur-îe-Mein, inipr. H.-L. Bronuer, 188f>, in-S** de
13 p. Eslrajt des Popiil. wisscuscb. MonatsblîlUer.
MfJNz 'Isak). Ueber die jûdiscben Aertzte îni MittelaUer. Berlin, libr.
Drieaner, 1887.
Nkustadt (Louis), Slammtafeln der von Liebmacn Scbwarïscbild in Frank-
furt a. M, (155î>-l5[M) abslammendcn Familien, atif Gnintl derUrknnden»
Akten tind Rcgisler des Stadt^rchivs uud des GemeindcBiireaus^ srjwie
von Mitlbelluugen ans der Fatiiilic. Als manuscripl gedruckl. Francfort'
SsuHe-Mein, impr. Kuropf cL Reis, lî^<î, in-i"* de 8 p, et 18 IL contenant
20 tableaux.
Les tableaux généalogiques dressés par M. N. «ont un remarquable
I répertoire de noms et de dates. Eiles formeront un très uiûe instrument
de précision pour rhislotre des Juifs de Francfort et de la région.
Olitzki (MarcuH). Flavius Josephus und dic llalaeha. Kratcr Theil, Einleî-
liing, die Opfer. Berlin, impr» Ilsîkowski ; Francfûrt, Ubr. Kauffmann ;
Leipzig, libr. Otto Scbulze, 1885, in-8<> de 58 ff.
Oppkhkeim (Moritz), Bilder ans dem aUjûdiscben Familienïeben nach Ori-
gÎDalgeiniUden, mit Einfiibrung und Erlaûteriingen von D' Leopold Stein.
Francrorl-sur-lo'Mciii, libr. lleiïirîch Keller, 188G, iïi-f'\
T. XIV, T^"" 27. i»
-130 REVUE DES ETUDES JUIVES
Oatlines of Jcwisli History from B. G. 586 to C. E. 1885 ^th ihree maps,
by the aûtor of « A.bout the Jews since Bible times », revised by
M. Vriediander. Londres, libr. Longmans, Green et G**, 1886, in-8® de
xxiv-343 p.
Perreau (Pietro). Gli Ebrei in Inghillerra nel secolo xi e xii. Estratto del
Gorriere israelitico. Trieste, impr. Morterra, 188*7, m-8* de 15 p.
D*aprè8 TouTrage de S. Goldschmidt recensé dans un numéro précédent
de W Revue,
Pfleidbrbr (Edmund). Die Philosophie des Ueraklit von Ephesas im Lichte
der Mysterienidee, nebst einem Anhang ûber heraklitische Einflûsse im
alltestamentl. Kohelet und besonders im Bûche der Wcisheit, sowie in
dor ersten christl. Literatur. Bcrliu, libr. Georg Reimer, 1886, iii-8* de
ix-884 p.
RosiM (David). Reime und Gedichto des Abraham ibn Edra, Hefl II ; dans
Jahresbericht des jûd.-theolog. Seminare, de Breslau. Broslau, impr.
SchotUaender, 1.887, in-S^ de 100-x p.
ScHiLLBR-SziNESST (S.-M.). St. Paul from â Jewish point of view ; dans
Bxpositor, Londres, numéro de novembre 1886, p. 321 k 335. Le mfime
numéro contient un article de Marcus Dods, intitulé : The Book of Zecha-
riah, 7. National Revival.
Samublis BEN Ghofni trium sectionum posteriorum libri Genesis vcrsio
arabica cum commentario e ms. cod. biblioth. public, imper. Petropolit.
nunc primum edidit I. Israolsohn. Saint'-Pétersbourg, libr. A. Zinserling,
1886, in-8»dexri-184p.
BCHEID (Elle). Histoire de Rabbi Joselmann de Rosheim (1478-1554). Ex-
traite de la Revue des Études juives. Paris, libr. A. Durlacher, 1886,
in-8» de 34 p.
Seffer (G.'H.). Elcmentarbuch der hebr. Sprache, cine Grammatîk fur
AnRlnger, mit eingeschaltcten systemalisch geordneten Uebcrsetzungs-
und andern Uebungsstûckcn, eincm Anhange von zusammenhàngenden
Lesestûcken und dcn nôthigen Wortregistcrn, zunâchst zum Gebrauch
auf Gymnasien. 8. Auflage, besorgt von F. Scbald. Leipzig, Friedr.
Brandstelter, 1886, in-8*> de xiv-376 p.
Bmend (Rudolf) et Socin (Albert). Die Inschrift des Kônigs Mesa von Moab
fCir Akademischo Vorlesungen. Fribourg en Brisgau, libr. J.-G.-B. Mohri
1886 ; texte, in-8o de 35 p. ; atlas, contenant 1 feuillet.
Le texte comprend udc introduction historique, la description matérielle
du monument, la transcription et la traduction du texte de la stèle, des
observations critiques, un lexique alphabétique des mots et des noms.
L'atlas comprend une planche donnant une copie théorique (non un fac-
similé) du texte.
Steinschneider (Moritzl. Euklid bel den Arabem, eine bibliographischc
Skizze. Extrait de la Ztschr. f. Mathem. und Physik, XXXI, 3 (1886 ?),
in-8% p. 81 à 110.
P. 85 mentionne des traductions hébraïques des Eléments, d'Euclide;
p. 93, passage sur une traduction de Moïse ibn Tibbon; p. 101, mention
de traductions hébraïques de l'Optique ; ei patsi/Ht autres mentiomi de ce
genre.
BIBLIOGRAPHIE
131
^SCHNEIDER (M.)* JCldiâclic Gcschiclite von der ZerstôruDg Jerusalcras
tftis zur GegeDwart, dans le JabresbericM de Mûller, Berlin . 188G, p» i 33
1 52,
Rapport sur les travaux d^hîstoird juive en 1t$fôf trè» îaLéreuant^ avec
addiiiûns et corrêclious sauveul exoelleutes,
(Ludwig), ^ïVl3n *^*nT3^ odcr die Vorschrifleu der Thora welcbe
ael ÎD der Zcrstréuutig zu beobaclitk^n bat. Ein Lehrbucb der Religiou
ir Schule und Famille ; 2, vernjebrLe uuû verbesaerlc Audage. FraBC-
Drt-surk-MeiD, libr. J. Kauf&uanû, 188G, iii*8^ de xvKlK30<J p,
i^cac (Uerm,-L.). Grammaire hébraïque avec paradigmeç, exereices de
ecluro, cbrestomalbie et indice bibliographique ; Iraduil de Tallemand
par AdI^-J. Uaumtjartncr, Carlsruli et Leipzig, libr. II. Reulher; Paris»
'libr. Maisonneuve et Cb. Leclerc ; Genève, ILbr. Slapelmohr» 188t), iii-8''
de xi;i;-171-79 p. Collectioo Porla linguarum orieiitalium. de IL Pe-
iermaùD.
SzoLD (Benjamin). Das Bach Hîob nebst cinem ncueû CommenLar. Balti-
more, 1886» iu-8* de 3LXH-4Û8 p,
Talmad (Le) de Jérusalem traduit pour la première fûis^ par Moïse Schwab,
Tome IX, traités Guitin (fm), Nazlr, QîddQuschiu. Paria, libr. Maison-
neuve, 188*7, in-8« de iv-299 p.
VKRîiES (Maurice). L'hîsloirc des'religionsi son espril, sa méthode, ses di-
vjfiioDS, &on enseignement en France et à Tôtranger. Paris, libr. Ernest
Leroux. 1887, in-18 de 211 p.
Cet ouvrago de noire savant ami et collègue contioQt les chttpitrea auî-
vanta : 1* Objet, esprit et méthode de rhistoire des religions ; 2. Dl^s divi-
8Î008 de l'bistoîre religieuse ou du claasemeDt des religions ; H. Les abus de
la méthode comparativo dans rbiatoire de» religions en général et particu*
lièremeat dans î étude des religions sémitiquea; 4. Lliistoire d^ religions
aux différents degrés de renseignement public ; quelle plaue il convient de
lui faire î les numéros 5 a 7 et lappendtce contieunent divers artictea sûr la
même question ou des questions analogues. Ce qui nous intéressie aurtout
ici, c'est le numéro 3 [a été aussi tiré a part^ chez E. Leroux). La critique
faite, dans ce chapitre, par M. Vemee, des méthodes employées actuelle-
ment dans les éludes d'histoire religieuse nous parait excellente. Sans doute,
il ne faut pas proscrire les méthodes compurativiîS, mais il faut s'en servir
avec infiniment de drconspectioa et de réserve. M. Yernes montre sur quak
points la méthode est en défaut : elle attribue aux religions des origines
purement fictives et que les documents historiques no foot pas connciître ;
elle classe les religions suivant un système de rates qui est lui«m6me sujet
à caution, car les racca no sont pas la même chose que les langues, et on
les ctaeso surtout par les langues, et lea religions no sout pas absolumisDt
«olidairvs des races. Les Français sont surtout Celtea et Germains, et ils
parlent latin '; Iob Indo-Ëuropéeoa d'Europe ont adopté une religion d^ori-
gine sémitique. On a cherché, pour divers groupes religieux^ une religion-
mère sur laquelle tous les renaeigaements font défaut. Enho, on a cherché,
pour les cultes et les croyances religienses , des clés ^ des expUcations natu-
ralistest météorologiques « astronomiques, qui se aoot finalement montrées
incomplètes et inefficaces. Les clés ni les passe-partuut n'allaient à toutes
les aerrures* Pour les religions sémitiques, et la religion juive en particu-
lier, M. Yer&es combat^ comme peu fondée scientiiiquementi l'hypothèse
du polythéisme primitif des Juifs. 11 ue croit pas non plus que les historiens
qui ont voulu chercher Torigiue du Judaïsme en Assyrie et qui ont fini pr
nmcoatier, duis ce pays* des Acddiens do race tourtnieuaej soient arri*
121 REVUE DES ETUDES JUIVES
vé?. SUT c« point, à un résaltat qui puisse, aujourd'hui , prendre place dans
la tcieDce. Ce qu'on a de mieux i faire provisoirement, c'est d'étudier le
Jndaisme en lui-même, c*est le' plus sûr.
VnNES (MaunceV La science des religions et Tislamisme, deux confé-
rences faites le 19 et le 26 mars 1886 à TËcole des Hautes-Études, sec-
t^^Q dos sciences religieuses. Paris, libr. Ernest Leroux, 1886, in-18 de
SO?.
ViscHïR Eberhard). Die Offenbarung Johannis, eine jûdiscbe Apokaljpse
12 christlicber Bearbeitung; mit einem Nachwort von Adolf Hamack.
Leiszùr. Ubr. J. C. Henricbs, 1886, in-8* de 137 p. ; dans la collection
î:i:i;uleo : Texte und Untersucbungen zur Gescb. der altcbristl. Literal.
r:a O. t. Gerbardt und Ad. Hamack: 2« vol., fasc. 3.
Laaienr xent prourer que TApocalyse de saint Jean est, en grande
partie, l'cBaTre d*un Juif qui a été remaniée et, en partie, interprétée pir
un chiéiten. Cest une étude des plus intéressantes.
WrNTER iJacob^. Die Stellung der Sklaven bel den Juden in rochtlicber
und gesellscbaftUcber Beziehung nach talmudischcn Quellen. Inaugural-
l>is5erUtion. Halle (impr. Tb. Scbatzkv, Breslau), 1886, in-B^ de 66 p.
Contient les diTisions suivantes : A. L'esclave hébreu, origine, durée,
nature de son esclavage; B. L'esclave payen : l'esclave comme propriAé.
reedave comme personne, le mariage des esclaves, la situation sociale de
Tesdave. Boa travail.
\VvN;<ecHB August^. Der babjl. Talmud in seinen baggadiscben Bestand-
thotlen wortgetreu ûbersetzt . . . ; zweiter Halbband, erste Abtbeilaog.
L«ftpxi^« Ubr. Otto Scbulze, 1887, in-8« de viii-378 p.
Wotrr ^L.\ Uumoreskeu ans dem jûdiscben Yolkslcben. Berlin, libr.
S. Cronbacb. 1887, in-12 de 85 p.
IVtits récits assez intéressants. La date de 1887, qui se trouve sur un
c«rn> de papier collé sur le titre, n'est peut-être pas exacte.
Périodiques.
2\2 ••X^ 0«ar T*k (supplément hébreu du Magazin fur die Wissen-
^olurt dt*s Judouthums'i. 1885. = = N** 4. La Légende du roi Arthus. —
l^, KJiufkuann : Une poésie de Dunasch b. Tamin, d*aprës le ms. 18 de
IWrliu. - Leone Luzzatto : Une escama de Venise 1636. — Note» cxé-
«^^ù^uos intKlites de R. Jcsaia. — J. Reifmann : Sur le Timn 1^0. —
J» Keîftnann : Gloses sur le Û'^T'^on 'O. = = 1886. N» 3. CommenUire
do J<>$^ph Kara sur rBcclésiastc, publié d'après un ms. du Séminaire de
Brv^^Uu.
vr:Vr r'^a Betli Talaïad (Wien, mensuel). 50 année. = = N« 1. Fried-
m«nn : Los manusctits des Pesiktot. — Abr. Epstein : L'antiquité du
TAuhuma. — Jacob Reifmann : Extraits de son ouvrage sur l'Aracb.
-■: - . N* 2, Weiss : Le Midrasch Tanhuma. — Friedmann, suite. —
Kpsloin« suite, — Jacob Reifmann : Gloses sur Raschi. — Abr. Danon *-
Mol;uij:t»s midrasch iqu es. = = N® 3. Weiss, suite. — Friedmann, suite.
OauoiK suite. — Abr. Epstein : Notes diverses. = = N' 4. Weiss,
S
BlliLlOGHArmE
133
3n. — RcifmanD, suile' — N. BrûU : Noies diverses. — RoifinanD : Noies
liir le Targiïui Jcrusalmi, — DaiiOD, fin, — Epstcm, suite. — Kéiliuaiio :
*Èoleâ sur le Tar^i^um» elc. == N** 5. Rcifmaniï : Noie sur uq passage du
raobutoâ, — OppeDbeim : Notico biographique iiur IL José ba-Golili. —
Abr. KpstcÎD : ^nn "^21 «"nTFi; — Les noms du Messie fils de David,
^i^ :=; N» 6. Friedmanu : Derascba pour la section de Zakhor, -- Oppca-
beîm, suite* — N. Brûll : Sur l'arllcle précédent d*Epstciii. — Josef
IColicn : Noies sur lu Talmud et le MidraacU. ^ RcifmaDo : Notes sur le
ffargum JerusalniL ^- Joeî WùUer ; CousuUations rabbiiiicjues (suite).
fc:= =: N** 7. FriedmaïQU : Derascba sur la section Parah, — Friedmaiia :
pur les altératioQs dans le texte des Midrascbini, — A, Epsteiu : Lus
tioniB du Messie. — Benjamin Yeheskel : Tablti des fautes des mots
arabes qui se trouYeut daus le coinmeut. de Saadia i^uv Toliorot imprimé
dans lé Koùer maa4é yedé guemUm, Berlin, 5GlfJ. — Joël Muller : Consul-
Nlations rabbiuiques.
t
na Burtcitl, MorgenbiUxe (Wicii, mensuel). V^ année, IL Bucb* = =
n*^ 1. Meir Kobn Bistntz : ^rD et Dnr: npi5^. — ^L B. Goldmauu : Les
quatre semaines entre les fâles de Purim et de Pûque à Lida. — Baer-
uiann : Notice biograpbique, Salomon Maïmon. (La suite de ce journal
o'a. pas paru.)
^n a
^^niOBn Hatiilsdéronah {Francfort-sur-le-Mein, mensuel ; paraît irrcf^'u-
^Wérement). P^ année, 1885-1880. =^ = N^* 1 et 2, Cbajim IIirb.cbensoiiQ :
^B>rdre et divisions des traités miscbuiques et talniudiques et des plus
^Kclèbres ouvrages rabbiniqnes. — Cb. llirscbeusobn : 6"^"l^*Cn npbn?^»
^K)ivisiou des sujets (r;:2''C, «""SnD» etc.) traités dans le Talmud. — Bt!r-
liner : Coutributiotia h rintroductiou au Talmud- — Un manuscrit d'ibu
IBalam : Les verbes hébreux dérives de subslanlifs. — J. Hildesheimer
bl S. Horowilz r Notes sur des passBg43S lalmudiques. ;-^ = N*'*3i5t4.
th, Hirscbensobn, îlildesheimer cl Berliner, suite- — D- itoffmanu : Les
passages défectueux de la Mischna. — J. Schur, L. Hosenlha!, IL -IL
Bcbônfeld, IL-J. Taporower ; Notes sur des passages lalmudiques, —
H*-J. Jafle : Concordance tplmudiquo. ^ = N* 5. Ch- llirschcnsûhu,
D. Hoffmaon, IL-J. Taporower» H,-J. Jatîé, suite, :^ =^ N** G. Ch. llir-
scbensohn, Hoffmann, suite. -— Cb, llirsckcnsohn : Manuscrits hébreux
de la Paleslino. = == N* 7, Hirscbensolin : .Manuscrits liéhreux de la
_PalestiDe, Ehen hmchnham, de Pï*"'5 p« "'"l. — Ilildesheimer, Sch5nfcld,
flilo. — Séfer ha-kcblim d*Elie Halevi, élève d'isoac Larapronli. = ;^^
'8. Cb. Hirschensohn : Ordre de la Mischna, suite, — Du Scbofur
&nné le Hoscbana rahba. = z= N^ 0. 3"ii:^ «""bD n?3K par Ilirscheusobn
lï^ 10). — Eben haschoham, suite. — Sainuel Salom. Biarski : Notes
Jïûudiques. — D. Hoirmauu : Sur l'^^irilT 0"'ir. — Séfer ha-kcluliui,
iiito. = =2 N" 10. llirschensohn : Ordre de la Mischna, -- Biarski,
. — Scfer ba-keîalim, suite. == N** 11^ nous manque. =:= N** 12.
élace du Séfer Matté Aron, de l'auteur du Ha v val Valr. — Jacob Mar-
Dchée llïrscbensobn : Synonymes talmudiques.
t73rî (Saint-Pétershourg» mensuel). î'«* année. = == N" 2. Josué Levin-
obn : Jugements des Juifs sur les autres peuples (suite). — Seher-
cbewski : Sur le "•bbn 'D. — A. Harkavy : Notes sur des mss, bébieux
1 Saml'Pétersbourg. = =^ N*» 'à David Kaufmann : Biographie dWbra-
ham ibn Uaud, — Lewiaobu : Additions à sa Zoologie du Talmud. —
134 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
S. Z. Sacher : Sur la méthode suivie par R. Aschi dans la rédaction dn
Talmud. = = N® 4. Isaac Sobel : Spinosa et son école.
1V3t Zlon (Drohobycz, mensuel). P* année, n® 1. Senior Sachs : Notes
exégétiques. — Salomon Buber : Gloses sur la grammaire d*Blie Bahur.
Sal. Buber, suite. (La suite de ce journal n*a pas paru.)
nniSÏ^ Haselmeluip, Die Horgenrothe (Wien, périodicité non indiquée).
12® année. =. = N<> 12. W. Schur : Voyages de Salomon Rinmann, de
Cochin, suite. — Rubin : Séfer hamalakim, fin.
ArehiTes Israélites (Paris, hebdomadaire). 47® année. 1886. = = N^ 2.
Rabbinowicz : Le jargon juif, à propos du Sephatk Jehudith de Â. Har-
kavy. = := N" 16. D. Haguenau : Les précurseurs de l'émancipation juire
au XVIII** siècle, conférence. = = N" 21. E. Schwarzfeld : La natalité
comparée chez les Roumains et chez les Juifs. = = N* 29. Une colonie
israélite agricole au Caucase. — Dr. Is. Grégory d*Ârbella : Les Juifs de
l'Yémen.
Jûdlselie Centralblatt (Pisek, trimestriel), 5* année, 1886.s==No 1.
Grunwald : Gesch. der Juden in Bôhmen, suite. — M. Eisler : Ibn Dand
und sein Buch Die erhabene Religion. — Eine beachtenswerthe Va-
riante in En Jakob. — Die Fremdwôrter im Aruch. — Zur Btymologic
der Worte "*nD73 und Hanif. = = N« 2. Grunwald : José ben Jochanan
aus Jérusalem, der Begrûndcr des Essâismus. — FriedlSnder : R. Âron
Kornfcld. — Rubin : Miscellen (sur la racine *70n). — Léop. Risler :
1. Rectification ciner corrupten Targ.-Jerusch.-Stelle ; 2. Rectification
ciner corrupten Aruch-Stelle. — Samuel Lippmann : Zur Geschichte der
jùdischen Cultusgemeinde Teplitz in Bôhmen. — Grunwald : Gesch.
der Juden in Bôhmen, suite.
The Jewish Chronlele (Londres, hebdomadaire). == N^ 875. Ad. Neu-
bauer : The introduction of the square characters in Biblical mss. ; suite
dans le n® 878. = = N® 879. Alcharizi (communication de J. Friedlânder
à la Jews* Collège Literary Society). =;= N* 884. Gaster : The Apoca-
lypse of Abraham. == N<* 892. Ad. Neubauer : Jcwish literary glea-
nings. Progress of midrashic literature. = = N® §94. S. Singer : Jose-
phus against Apion ; suite dans le numéro 895. = = N» 897. Ad. Neu-
bauer : Jewish literary gleanings. Maimonide's autograph of the Mish-
nah Torah. = = N® 898. Claude G. Montefiore ; Jewish prosélytes in
olden times ; suite dans les n<>^ 899 à 902. = = N« 900. Ad. Neubauer :
Compendium of halakhot. = = N^ 907 et suivants. Isidore Uarris :
Targum Onkelos. = = N<> 912. Is. Harria : Aida to the Study of Rab-
binic and Chaldaic =: = N**" 920 et 921. Ad. Neubauer : Secla amang
the Jews. — N9 921. Joseph Jacobs : Aaron son of the Devil (document
de Colchester et dessin) . = = N® 925. Ad. Neubauer : The expulsion
firom Spain (sur une chronique juive écrite par R. Salomon de bw^'^ona
pour faire suite à celle d*Abraham b. David et découverte en Orient
par M. Harkavy. — Abrahams : The rod of Moses and ita legendary
story.
Comptes rendiM des séances de rAcadémie des Inserlptloms et
Belle^L- Lettres (Paris, trimestriel); 4° série. == Tome XIII (1885).
Léon Ilcuzcy : Un gisement de diorite, à propos des statues chaldéennes.
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BIBLIOGRAPHIE
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d'H<5l>roii. — ScUefer : Rapport sur la commun ic a Lion de M. Lodoulx
relaliTo au plan du haratn d'IIêbron. — Hiaiit : Lettre sur celte môme
communication. — Salomon Reiiiach : Note sur une synagogue grecque
à Phocéo. — Gaston Boissier : Note sur un passage des Annales de
Tacite, XV, 44 (relatif h la première persécution contre les Chrétiens). —
■Jpli. Berger : Note sur trois cents nouveaux ex-voto de Carlhago. — ^ M. do
nogûé : Note sur une inscription bilingue di? Tello- — Pb» Berger : Rap-
port sur quelques inscriptions araméennea inédites ou imparlaitemeDt
im<îuttes du Dritish-Museum. — Heuzejr : L'architecture chaldéenue
d'après les dôcouyertes de XL de Sarzec.
fke Anttrlraii He1ir«w (New-York, hcbdoroodairo). VoL 25, ^ = N* 1.
Alex. Kohut : Tbe Jewish Womaii ; a slndy of Ihc lalmudic Epocb (fin).
= ^= N*» 2, Alex. Kohul : Tbe Talmud ; suite dans les n'^* 3 à 7. = =
N* 6- Alex* KohuL : A Midrash on Ihc Conversion of the Chazars. =^ =
K*» 8. Alex. Kobut : Superstition; suite dans les n*" î) fe 12. ^ =: Vol.
J, n* 2. Alex. Kohut : Talmudic Apborisms, suite dans les n*'* 3, 4, G
tll, = = N^ 4. Morris Jastrow : Tbe Bible in tbe Lîgbt of Modem Cri-
licism; suite dans n" 5, ^ c= N° 6. Jews in tbe Sahara désert. = =^
|y 7. Tbe Jc^s of lierai. — Tbe Florentine Gbelto. = = N*" 10,11,12,
fcenry Pheïps : Sbylock vs. Antonio. = = N" 13. Alex. Kobut : Wit,
■nmor and anecdote in Talmud und Midrash ; suite dans les n^ 1 à 5 du
^l 21.
Wêïï l«raelit (Mayence, bi-hebdomadairo). 27» année» 188Ô. = ^:i N^ 60.
KCriel Acosta im Urtheil einea Zeitgeuosaeii.
JeM*1ittPitii (Hanovre, hebdomadaire). 19* année ; nouvelle série. 4'' année,
188G. == N° 6, Ans der Amslerdamer Gemeinde 1795-1812 (suite de la
r 5» aimée-, se continue dans n°» 8, 10, 11. 13, Ifi, 17, 19, 21, 23, 25, 29).
:=:N" 7. Das Preuss. Judenedikl vom IL Mftrz 1812 (suite dans n"" 8,
^ U à 14). — Zur Frage des banfigeren Vorkommeus von Taubstunimeu
den Joden. ^ = N*^ 8. Die Juden in Jemen. r=: = N** 9. Juden in
iicT Wîjste Sahara. = — N° IL Die Zabi der Juden. — = N«» 24 et 25.
rdie Juden in Russisch Cenlrul-Asien.
kl AAl»tiqiic (Paris)* 8* série, tome VT, 1885, = == N'' 3, novem-
lifHléeembrc 1885. J. Halévy : Note sur l'origine de récriture perse.
li>««llMl«rlie L*tt«rlKMle (Amsterdam, trimestriel). IP année, 1885-8^^
^=2^ trimentre. Ad. Neubauer : Zur Krauenliteratur (p, 62). — Ad.
tofciiitr : Gcdafja ibn Jachja's Commcntar zu mnût "^pns ; voir XI, p. 1
f^ $8), — Ad. Neubauer : Joseph ben Elieser ha-Sefardi (p. 72). —
W. Neubauer : Zwei Empfehluugsbriefe der Londoner Gemeinden fur
j^aiool und Bruns (p, 82). — Ad, Neubauer : ri::?TDin, Siziîischer
»t|>. 86}. — Zur Frauenlileratur (p. 88)* — A. N. : Sonet aul Men-
[ 4aI|iohn von Isaac Reggio. — M. Roesl : Het verhaal van een Heis door
D^ Sroot Gedecite van Europa, etc. (suite de la p. 38; va jusqu'à
.144).
Litlor]itUF>Blatt (Magdebourg, hebdomadaire). 15* année,
= =^ N** L Mo<*cs Meudclssidiii untl dus Judenthum isuile dans
H H). — J. Goldschïuidt'Wcilburg ; Warum Lessing zum « Na-
tbaû .. tlueu Juden oahm. = = N*> 2, Kroner : BiJbliaches und Talmu-
136 liKVUE DES ETUDES JUIVES
dis^cbes in wellUchen deutschen DichtUDgen. = = N^d. MaxWôinberg:
Warum inan Moses Mendclssohn den dcutschcD Socrates nannte (suile
daus n"** 4 et 5). — Ein palriotisches Gcdicht von Moscs Mcndolssohn.
— M. Lôwy : Sprachlichcs zur jûd. Elhik (suile dans u*** 4 à 6). = =
N^ 8. G. Deutsch : Zur Textkritik in Raschi*8 Pentateuch-Commcnlar.
= = N® 10. J- Herzfcider : War Gôlhc ein Antisemit ? — L. Coben :
Datuin Berlcbtigungen zu Dr. Zunz « Zur Gescb. u. Litter. » (suite dans
u*»* 11, 20). = = N® 11. Artbur S. Wcissmann : Der 68. Psalm, hislo-
riscb-kritiscb eriautert (suite dans n®« 12 et 15). = = N*> 13. Moritz Stein-
scbncider : Eiue litterar-bistoriscbe Sktzze (suite dans n® 14). = =:
N^M7-18. Ignatz Kaufmann : Proben aus âltcrcn bcbrâischen Werken
(suile dans n° 19). — L. Coben : Zur Kalenderkunde. = = N** 19.
Kroner : Btwas aus der bebr. Synonymik. = = N® 20. Artbur S. Wciss-
mann : Der 72. Psalm (suite dans n»* 21, 22). — N. S. Rens : Nocb
ciumal Ben Pâtura. = = N* 21. Die gescbicbtlicbe und mylhologiscbe
Simson. = ^ N^ 22. L. Coben : Aus alten Kalendem (suite au n^ 23).
= =: N^ 23. J. Kobn : Die Spracben-Conccssion in der Miacbnazeit (suite
dans no* 24, 27, 28). = = N« 24. Senior Sacbs. = = N« 25. Blumcn-
slein : Franz Liszt und die Juden. — J. Kobn : ni*l73K7a rn«3:^3 Eiu
exegetiscber Essay (suile dans n® 26). = = N** 26. Metz : Aus der Zeit
der Scbutz- und Geleit-Briefe (suite dans n® 27). — Ein Privilegium des
Kôuigs Jan Sobieski 111. fur die Juden in Jariczow. = := N® 28. Benzion
Bebrehd : Prûfung und Beurtbeilung der Weissmann*scben Erklâruog
des Psalm 68 (suite dans n^^ 29 et 30). — L. Coben : Daten-Berichli-
gungen. ===: N® 29. Pbarao*s Haus in Tabpanbes. — M. Baum : Bibli-
scbes und Talmudiscbcs in weltlicben deutscben Dicbtungen. = ==
- N° 30. Kroner : Tricesima Sabbata des lloraz und Scbabbat baggadol.
= = N<» 31. Goldscbmidt-Weilburg : Ein Pendant zur Natban- Fabel
von den 3 Ringen. — M. Krakauer : Die Bedeutung der Mischnah Abolb
V, 1 ff. — Die Kircbenvâter in ibrem Verbaltniss zur talmudiscbcn Lit-
icratur und insbesondere zur Hagada (suite dans n^ 33). =z = N^ 32.
Kroner : Das Hifil be-emir. = = N« 34. Sbakespearo und soin Ende.
— Ed. Reuss : Zum Psalm 68.
Hagazin fiir die ^¥lssenschafl des «IndenChuvis (Berlin, trimestriel).
12" année, 1885. z= = N® 4. S. Goldsçbmidt : Gescbicbte der Juden ia
Eugland im XI. und XII. Jahrhuudert. — M. Slcinscbneider : Einc medi-
ciniscbe bebrâiscbe llandscbrifl. — Abrabam Josua Josse : Beilrftge zur
Gescbicble der Amoraim. = = i3« année, 1886, n» 1. M. Lcmer : Die
aileslen Miscbna- Gompositionen. — S. Goldsçbmidt, suile. — D. Hoff-
mann : Lexicograpbische Nolizen. = = N° 2. Hermann Deutsch : Die
Spnicbc Salomo's (suile). — S. Goldsçbmidt, suite. = = N® 3. Aus der
valikaniscben Handscbrifl von Abrabam bon Asriels Macbsorcommentar.
— Bernhard Ziemlicb : Das Macbsor Nùrnberg (tin), -r D. Hoffmann :
Die Baraila ûber die vier Sôbne. = = N® 4. Bcrtbold Einstein :
R. Josef Kara und ;sein Commentar zu Kobelet.
■'opuliir wlsscnschafllichc Monaisbltitter (Francfort-sur-le-Mcin, men-
suel). 6*» année, 1886. = = N*' 1 nous manque. = = N'* 3. J. Wiesncr :
Rom und die Rumer vom Standpunkle des Talmud und der Midrascbim
(suite dans n"^ 4 et 6). == N° 4. Steckelmacber : Ueber die MSicenilât
in der jûdiscben Gescbicble (suile dans n*** 7, 8). — Eiu zeilgem&sscs
Bucb. = = N" 5. S. Gclbbaus : Eiu jiidiscber Minncsanger (suite dans
BJBLJOGRAFHIE
137
- M. Scbwah : Eiu iiiibckaimler Brief MetitîelsHohn't;. =; =:
N" 6, Ephraim bci* Tamar» u'm bis julzl uiibekaiinler Kabbiuer iq Frank-
liirl a. M. BUS dera olfteu JabrbuTJdert. := = N^ 1. Simou Scherbel : Die
jùdiscbe Aerstle iû der Gescbichle des Judewtums. — J* Eik : Die Eul-
wickluug dcr CivUisaUoti *jntcr der russfstibeD Jnden, := = N^ 8.
N\ Heine : Salomon Fnedliliuler, oîii Inihvorslorbeïier Ktimpler iTir Ku-
lorm ïm Judenlume, = = N"^ 9, Jocl Millier : Die jiidische Morol im
crsleu uachtftlmudiiîchcii Zeilaller. — A. Lfjwil ; Die Uuiversilât Ba.sel
(1584) ûber deu Taloiud* =^ = N** lU» Das Koltjitîre*Gcbet in seiuep Ge-
scbichle, Enlwicklung u. BcdeuUitig, — J. Mûllcr : Die jùd. Moral. —
A, Lôwit I Kircbenvûler u. cbrisU. gelebrle ùber Taimudistcn u, d*
Talmud. =: =^ N»* 11. J. M. Josl u. «cine Frennde. — Ad. Waldauer :
Lililb* — Ein Brief Mayerbeers vom 18. Miirit 1B4L — Ad. Kurrein : Die
sociale Fra^^e im Judeutlmoie. ^ ^^ N" 12. Rien h noter.
Mialtischrift fiar fàeiirlilelitiï und IVi&seiiJit^haft des tladeulliiiiiis
(KroloscbiiJ, meosuel). îîâ" anuée, 188li. := := N' 1. GracU : Die Ausle-
^uiïg uûj der bïstoriscbc IJinlergrund der Weissagutig in Jesaia Ka]».
24-27. — H. Gfoss : Eliezeit b- Joël halevi (KuiLe; On dans ir 2), —
David Kaufmann : Juda b- AlÛn ans Tibenas. := = N** 2. 1\ F. Frankl :
Gcdeukredc auf Moses Mendelssobu. — Graetz : Eine eigeiithûmlicbe
jmite griechiscbe Peiitatouch-Ueberselzung, mit latigeru ZusâUeu. = =
pl* 3. Graelz : Eioe Strafmassregel gegcn dio Lcviten — Ein Wort îibcr
das jûdiscbô Gcbet (suite dans n^ 4). = = N*^ 4. Joël : Leislung des
Advoctttcn Dr. Kopp iin l*rozesse Kobling- Blucb. — Phiiipp Bloch :
Siudieii zur Aggada (iiuile). = r= N** 5. Diô ullerneueste Bibelkritik,
Wellbausen-Renan (suivie dans u* 6)» — Xenopbaiies, dcr angeblichu
jcrlrcler des Monotbeismus nu 1er tien griechiscbeu Pbiîosopheu, —
|> TUoodor : Die Mtdra^chim miui Uenlaleucb nnd dcr dreijaîirigc palilsli-
cusiscbe Cyclus (suite ; ge coutmue dans n"* 6 et 7). — H. Graetit : Zur
libd-Exegese (suite dans n**" 6 et 8). — J. Perles: Notîz N::r'^.n07.
: = N<'6. Hûchmulli : Einigô Bemcrkungeii zu, licrrn Epsleins Abhaii-
luïig : Ein von Tilus «ach Rem gebracblcr Pentaleucb- Godeit und
ciuc Varianlcu» = =^ N" 7. Giaelx : Der Abschhiss des Kauona des
ilco Teslamenls und die Differenz voh kuuoîiisehen und extrakanoni-
iBûcberu naeb Josephus und Tahnad. — Scbreiuer : Zur Cliarakli^-
Nlk R Samuel b. Chofni 's und R. liai 's. = =i N** 8. Giaelz : Die
SluUuug dcr kleiuusiatiscbcu Juden unLer dcr RumerbeiTscbafL ^- Zeit-
iiriU fur die Gcscbicbte der Juden in Deutschland, = =^ K^XK Graelz :
SramiD. u, masoret. SLudien zur lleilig. Schrift. — Philipp Blocb : Stu-
làk'B tuT Aggada (suite) - — J. Tbeodor : Die Midrascbim zum PcDlatcuch
|iii}il tJer dreîjâhrige paliistini^cbe Cyclus (suile). — Graetz : Die llcrr-
*^iiBfi <Je3 Cbristentbnnis durcb GonstantiDs Bekebrung* r= = N. 10* Der
pistoriche Hiolergrund und die Abfassuugazcit des Bucbes Kslber und
^Cf Ursprung des Purim-Festes. — Tbeodor, suile. ^^ z^ N*» 11. Der
iiulomcbe Hintergrund, etc. — GracLz : Znr Bibel-Excgeae, suite. —
"■ Kaufmann : Notiz (sur les chartes bebraiques de Spire, dans Alfred
^ilgwd, Die Urkuudcii der Sladt Speier). ^ = N° 12. Der historicbe
Umi^rgrund, etc. — Graetz : Zur Bibel-Eiegesc (suite;. — Tbeodor,
Nlliirlie HonaliMiirlirirt (supplément do la Jiidiscbe Presse, Berlin,
fINïUiuelJ, 18dU. =^ = N"* K Schôlieu zum Penlaleuch (suite dans n*» 2;.
138 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
— Tietz : Literarische Anzeige. = = N* 2. J. Hildedieimor ; Versueh xar
Erkiarung der Mischnajoth Edujolh I, 3-6. — Simon Hock : Notizen.
= = N» 3. E. Baneth : Was bedeutet Knttro im Kaddischgebeko ? —
Jacobson : Eine schwierige nisDinSloUo. — E. Banoth : Bemerkun-
gen (comment, de Maïmonide sur Middot XI, 5). — E. Baneth : Noliz. —
H. Tietz : Bemerkung (les deux textes du décalogue, Ex. XX et Deut. V).
= =r: N« 4. Die Fragen im « Ma-nischtannah ». — Missverstandene Wort-
spiele (Sabb. 19 a ; Hullin 45 a, 46 a). — Sal. Schûck : Was bedeutet
MPTanS im Kaddischgebeto. — Bemerkung (Piout de Sabbat baggadol).
== = N** 5. M. Olitzki : Flavius Josephus' Berichte ùber vorgekommene
rituelle und judicielle F&lle [suite dans n^ 7). — Jacobson : Ueber das
Kaddischgebet. = = N<^ 6. Karl Lenz : Zigeuner und Juden, eine cultur-
bistorisçhe Skizze. — J. Nobel : Perlen aus Bibel, Talmud und Midrasch.
— Abschluss der Roram'schen Talmud-Ausgabo. = = N® 7. Bemer-
kung (comment, de Maïmonide, Middot Ii; 5). — E. Baneth : Nachbe*
merkung.
Die IVeuzelc (Wicn, hebdomadaire). 26<^ année, 1886. = = N^ 5. Betheili-
gung der Heiden am Gultus zu Jérusalem. = = N® 6. Opfer von Nicht-
juden. = == N^ 7. Friediander : Zur Frpge der Seelenfeier. == N<* 13.
Ad. Hertzka : Ueber den Umgang der Juden mit den Chriaten. — Sig-
mund Mayer : Der Reichtum der Juden (suite dans n® 14). = = N<> 14.
A. L. Ldvy : Moritz Steinschneider. — S. Schechter : Maimonides Milde
und Gtoistfrciheit in seincn Gutachtcn (suite* dans n°* 15 et 18). = =
N^ 15. Gustav Karpeles : Leopold Zunz.
Palefitine Exploration Fond, Qnartely Statement (Londres, trimes-
triel). 1886. = = Janvier. Laurence Oliphant : Excavations on Garmel.
— Clermont-Ganneau : Segor, Gomorrah, and Sodom. — Selah Merrill :
Récent discoveries at Jérusalem. — Herr Ilanauer : Khurbet *Orma. —
W.-F. Birch : Notes. 1. Acra; 2. The Castle of Zion. — A Catechism of
Ihe Druse Religion. — Greville Chcster : Phœnician Gems. — K. Flecker :
Note on the valley Zephathah at Mareshah. — Willian Allan ; Note on
the Dead Sea Water. — HuU : W. Dawson*s Egypt and Syria and
tbeir physical features in relation to Bible History. — Bundary between
Judah and Benjamin. — Yoma, or the Day of Atonement. = = Avril
1886. A.-II. Sayce et Selah Merrill : On somo uewley found Inscriptions.
— Laurence Oliphant : New Discoveries. — Çaptain Couder : Notes on
« Across Jordan ». — G. Schick : The Aqueducts at Siloam. — The He-
rodian Temple, according to tfhe treatise Middoth and Josephus. — Zoar
and the Doomed « Ciliés of the Plain ». — Yoma, suite. — Tamid, or
the Continuai Service. = = Juillet 1886. Ilaytcr Lewis : Notes from
Jérusalem. — William Simpson et A. -G. Weld : Stone Doors. — Hull :
On Ihe Jordan and the gulf of Akabah. — E. Flecker : On the VallSy of
Zephathah. — W. F. Birch : Zion, the City of David. — Conrad Shick :
Newly discovered Rock- eut Tombs. = = Octobre 1886. Notes by Capt.
Couder : 1. Bronze vase from Nablus ; 2. Twenty one years work ; 3. Ko-
kaba. — List of identifications by Capt. Condor. — Schumacher : Across
the Jordan. — Schumacher : Rescarches in Southern Palestine. — Ara-
bie Naines. — Second Aqueduet to the Pool of Siloam. — 11. G. Tom-
kius : Galh and ils Worthies. — Tammuz, Lakhmu, Ashôra, Sutekh. —
The second Wall of Jérusalem. — Tamid or the continuai service (suite).
— Middoth or the Measurements of the Temple.
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dans D** 4). := = N*^ 27. J. Nobol : Arbeit und Lohn, nach biblisch^
talmudischcn Gesetze (suite dans n**" 28 à 31). z— =^ Ko 21, Die Emigra-
tion der russischen Jaden und ibre Ursacben.
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== = N* 3. Cauza emancipnreî Israelililor : Mémorial rep. B.
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= -=^ N° 6. lar stattstica* — Cauza umauciprireï Israelililor. — « Evriîîï
tu Homania >î, de Joan M, Bujoreanu. =^ = N" 8. NoUte priviLoare la cî-
mitirui din Honian. ==: ^ N^ U. Cauza emaDCLp:!iniî Israelitor : Indigenâtiil
trcspins. =: =: N^ 10, Date statistice. =^ ==: N" 11. Date statistiue. —
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Kçpnos. A propos d'une nouvelle méthode en mylbologie comparée. —
Pb,-Ed. Fnucaux ; Un mémoire espagnol sur le NirvAna bouddhique. —
lïevue des livres. Etienne Coqucrel : Précis de rhistoirù de l'E^Use
d'Occident pendant le moven âge, de Ch. Schraidt ; Jean Réville : Ein-
leitung in das Ncue Testament, de IL-J- HoUzmann. ^===7** année,
1188(5. Tome XIU, n** 1, Janvier-février. Cb. Ploîx : Mythologie et Folklo-
rismô. Les mythes de Kronos et de Psyché. — L, Fcer : De l'importance
des actes de la p'mséo dans le bouddhisme. ==: = N* 2, mars-avril 1886.
C. ImbaoU-Huarl : Kouan-Ti» le dieu de la jfuerre cbcz les Chinois. —
Jean Révjllo : De la complexité des mythes et des légendes, à propos
des récentes controverses sur la mélhodo en mythologie comparée. —
A. Lang : Folk-Loreet Mythologie. — Revue des livres. G. Bonet-Maury :
11 Christ ianismo primitivo, do B. Labanca ; Essais de mythologie et de
philologie comparée, do Van den Gheyn. = =: N* 3, mai-juin 1886*
Albert Révilie : L'empereur JtiHen. — Hartwig Derenbourg : La science
des religions et rislamisme, deux conféreDccs faites à Touverture du
»courft sur « rislamismo et les Religions do T Arabie ^, à TEcolo dos
Haalos- Etudes. — A. Kuenen : L'œuvre d'Esdras. — Revue des livres.
Sylvain Lévi : Eludes sur les mœurs religieuses et sociales de rExtrÔmo-
Orient, d'Alfred Lyall ; Georges Lafaye ; La religion à Rome sous
les S6vérc«, de Jean Ré ville ; Die Composition des Hexatuucbs, de
J. Wellhausen. =^^T année, togmo XIV, d" 1, juillet-août 188G. Albert
r ^ôville : L'empereur Julien, suite. — E. Leféburc : L'étude de la religion
i égyptienne. — Ignaz Goldziher : Le sacrilice do la chevelure chez les
Aral»es. *— J» Dût Lin : La croyance à rimmorlalilé de l'âme chez les an-
feiens Irlandais. — B* de Pressensé : La religion cbaldeo-ossyrienne* —
» Goblet dM vie lia : Les institutions ecclésiasiiques d'Herbert Spencer et
[l'évolution du sentiment religieux. =^ ^: N" 2, sepicmbrti-oclobre 188G.
A. Réviile, suite. — J. Ilalévy : Le code sacerdotal pendant Texil- — L.
\ Milloué : Le septième congrès iotcroalional des Orientalistes. =:^^N» 3,
l' novembre^écembre 188i5. Ed. Montet : La religion dt to théâtre en Perse.
1^0 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
Hvgyar-Zsldo Szenibe (Budapest, 10 numéros par an). = = 3* année
1886. J. Goidziher : Abulwalid. — M. Kayscrling : Pour le centième an-'
uivcrsairo de la mort de Molsc Mendclssohn. — H. Bloch : Origine de
doux accusations contre les Juifs dans Tantiquité. — S. Kohn : Les
Sabbataricns, leur histoire, leur dogmatique et leur littérature. ^
B. Vajda : Israël Nagara. — D. Kaufmann : Sur Dculéron. 23,19. — Le
môme : La tôte d'âne, histoire d'une ancienne calomnie. — M. Bech :
Sur Hosée, 8,7. — H. Bloch : Une trouvaille intéressante. — S. Szanto :
Notes sur l'histoire des Juifs en Hongrie, 1790-1840. — W. Bâcher:
Revue littéraire de Texégëse biblique et de. la science juive en 1885. —
La situation des Juifs en Roumanie depuis le congrès de Berlin de 1878.
JL'Univepii Israélite (Paris, bimensuel). 41« année, 1885-1886. == N« 7.
S. Ghiron : Un problème massorétique. = = N° 10. M. Schwab : Un
problème massorétique. — La Marseillaise et les fables de Lafontaine
[et la Bible]. = = N® 12. Haim Bidjarano : Encore le problème massoré-
tique. = = N" 20. Moïse Schwab : Un recueil italien inédit.
Il VessUio israelltico (Casal-Monferrat, mensuel) . 33^ année, 1885. = =
N<^ 12. G. L. Modona : Una poesia inedita di Manoello. = = 34* année,
1886, n® 2. P. Perreau : Intorno alla città di Pithom risorta. — F. Servi :
Mcdici ebrei in Roma nel sec. XVI. — 11 nome dei mesi ebraici (Extrait
dair Archivio di lett. bibl.). = = N® 3. O^ialcl^c secolo addietro : Bando
del 1714. = = N® 6. F. Servi : Medici ebrei in Roma nel secolo XVL —
A. Pellegriui : Iscrizione cartaginese del museo di Treviso. = = N" 7.
Leone Luzzatto : Stampa ebraica a Venczia.
The «lewNh World (Londres, hebdomadaire), 1886. = = N*» 683. Al-
fred S. Schillcr-Szinessy : Voltaire and the Jews.
Zcllschrlfl der deutschen morgenlandlseheii Geselisehafft. (Leipzig,
trimestriel). 39» vol., 1885. = = 4<» fascicule. M. Grûnbaum : Ueber
Schem hammephorasch als Nachbildun^ eines aramâischen Ausdrucks
und liber sprachliche Nachbildungen ûberhaupt. = = 40* vol., 1886.
N" 2. M. Grûnbaum : Anmerkungen zu « Ueber Schem hammephorasch ».
= = N* 3. D. Kaufmann : Das Wôrterbuch Menachem ibn Saruk's nach
Codex Bem 200 (très importantes additions et corrections au texte im-
primé). — M. Heidenheim : Die neue Ausgabe der Vers. Samarit. zur
Gènes i s.
Zeltsehrifl des deutsehen Palaestlna-Vereins (Leipzig, trimestriel).
8« vol., 1885. = = 2« fascicule. G. Gatt : Industrielles aus Gaza. —
M. Grûnbaum : Einige Parallclen zu dem Aufeatze « Beiti-Sge zur
Kenntniss der aberglaubischen Gebrauchc in Syrien » (Z. D. P. V.
VII, 79). — F. Spicss : Die Lagc von Taricheae. — J. Gildcmcisler :
Die Stadt Salamias bei Autoninus Placcntinus. — L. Anderlind : Der
Eiufluss der Gebirgswaldungcn im nôrdlichen Palftslina auf die Verme-
hrung der wasserigcn Nicderschlâge daselbst. — J. Gildemeialor : Bei-
Iràge zur Païasliuakunde aus arabischen Quellen, V. = = 4° fascicule.
H. Guthc : Die zwcilc Mauer Jerusalems und die Bautcn Constantins am
heiligen Grabe, mit Bcitragen O. Schick's. — A. Socin : Bericht ûber
neue Erscheinungen auf dem Gebicte der Palàstinaliteratur 1884. = =
9^ vol., 1886, P>* fascicule. Léo Anderlind : Ackerbau und Thierzuclit in
Syrien, insbcsondcre in Païastina. — G. Schick : Die ueu aufgefunde-
uen Felseugrabcr ucbcn der Jcremias- Grotte bei Jérusalem. = = 2® fas-
niBiJOGnApnir.
rîciilc, A. Frei : Beobficbhinpen vom Sca (icnczarcib. — Fritz Noetlmg ;
MeîDO Reise im Ostjordai] lande jiiDd in Syrien im Sommer 1885. = N* 3-4,
G. Scbitmachor : Dor Dscbolan, znm 1. Mîile aufgciiommen imd bc-
scbricbÊfu
Zeiiitelirin riir die iiltte^tsimenllichc Wl^sen^rlinft (Gîûssen, semos-
Iriel). = = Anuée 1886, P'' stimcstrc. Meyer ; Dcr Slamrn Jacob iind
die Entstebuiig der israelitiscben Stûmmc. — Kautsîsch : Die ursprûDg-
ïiche Bedeutiing des Namena mN33£ mn*' . — Pick : Die Toselta- Ci-
tato Uïid der hebraiscUo Text. — Budde : Gcn. III, 17; V. 59; VJIl 21.
Kampbausen : Philister imd Hebrùer ziir Zeit Davîdj. — Ans BriefeD
J. Dorenbourg*s vom 5* u. 10. Augiist 1885 (^720), — Pick : TexU
VariaDtaD aus Mocbilla uiid Sifrô. — Slado : Miscellen : Mich, II, 4; Die
verraeinllicbe KoDigin des lîimracls ; Der Ilfipel dcr Vorbaulc, Jos, V;
*ï Auf Jeraandcs Kniccn gebaren % Gen. XXX, 3 ; L, 23 ; Iliob ITI,
12, und C5?3^N Exod. 1, IG; ADmerktingcn zu Kun. XV-XXI. = = 2« se-
laestrc. Bactgen^ BcscbreLbung der syhcbea Hdacbr. « Sacbau 131 ». —
Altscbfîllor: Einigc Icxlkritiscbe BemcrkuDgcn %um A. T* — Scbrcincr :
Zur Gescb. der Ausprache des llebrâiscbeû. — Kaulzscb : Miscelïcn. —
Stade : Das vermeiutlichc aparaHisch-assyrische Aequivaïent der rsbî3
S-'rïan, Jen, Vil, 44.
Zeltftrlirlft fiir dte fioschlelite rior «luilcii iii DctiUrlilaiid (Braun-
scbwcig, Irimcstriclj. T"* vo!., 188(5. = =^ N^ L Jakob Auerbach : Meu*
delssobn und das Judonlbum. — Franz îÇïunckcr : Mcndclssobn und die
dculscbe Lileratur* — H. lloeniger : Zur Gescbicble dcr Judcn im frûbern
Miltelalter, — J, Aronius : Ein golaufter Jude als Biscbof von Metiî» —
llarry lireâslau : Judcn und Mongolen 124L — Morilz Sleînscbncidcr :
llebmiscbo Drucke in Deutschland. =^ :^ N<^ 2. Bricro von, an und ùber
»Mondel88obn, mitgelbcilt von L. Geiger und H. M. Werncr, — K. IIoo-
iiiger : Zur Gcî^cbichlo der Judcn DeutscbUnd.^ hn MiUelaîler (Cologne).
— n. Brcsslau : Diplomalische Erlaulerungen zu dcn Judenprivi légion
Ileinrischs ÎV. — J. Krakauer : Die Konfiskation der bebr. Sebnften in
IFrankfurt a. M, in den Jabrcu 1509-1510, — G. Wolf : Zur Gesdiichie
der Juden iu Oesterreicb. — L, Ncustadt : Die Bedeutuug der jiid. Gc-
meinde in Frankfurt a. M, seil dem XVL Jabrhundert. — L* Luwensteiu :
Memorbûcber. — MonU Sleru : Kleine Beitrage xur deutschen Uescb.
ans jild. Quellen. = N** 3* 0, Slobbe : Die Judcnprivilegien Ileiurichs IV.
^ fQr Spider u. fiir Worms, — \lonit Stern : Heilrage zur Gcscb, der Juden
K dm Bodcnsee und in seiner Umgebung, — G. Wolf : Zur Gcsch. d. Juden
™ in Ocsterreicb* — Ein Brief Moscr Mondelssobns und sccb^i Briefe David
Friodlânders, mitgelb, von L. Geiger. — h, Lôwensleiu : Memorbilcber.
— Morilz Sterii : Ein Copialbucb dcr jud. Gciueinde zu Worms, —
M. Sleinscbueider : Hcbr. Drucke in DfiutscLland. — M. Grùnwald : Zur
Gesch. d. Juden in Jungbunzlan.
Allgemolnc Z^itnng ile« Judenihams (Leipzig, bcbdomadaire). 50" an-
née, 188G» =-= = N*^ *)> Cari Diener : Bergfabrlen im Libanort und AnLi-
^libanon. = =:^ N** 8, Die kosmorciigioscn Bezichuiigcn bei Jesaias II
(suite dans n'" 9 et 20)* = = N*' 24. Ein ScbriasUick aus dem Jabrc
lOlL = := N** 27. Die porlugicsichen und dtMil*^cbon Jtîdcn în Ainster-
dnm (en 1795 ot 18U). := := N^ 32. E. Nenmann : Zur Slatistik dcr Judon
iu Ungarii,
142 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Publications pouvant servir à Vhistoire du Judaïsme moderne.
Ebrei in Roman ia si in aile State. Bucharest, impr. moderne, 1886, in-8*
de 97 p. Édité par M. I. G. Yalentineanu, directeur du journal la Ké-
forme (Compte rendu de rinlerpellation de Tantisémite Ghcrgbel au
sénat ; la date n*cst pas indiquée).
Frankenstein (Kuno). Bevôlkerung und Hausindustrie im Kreise Schmal-
kaden seit Anfang dièses Jahrhunderts. Tubingue, libr. Laupp, 1887, in-8^
de xi-254-(l) p. ; 2^ vol. des Beitrâge zur Goscb. der Bevôlke^. in
Deutscbl., de J. Noumann.
P. 121 à 133, quelques notices sur les Juifs.
Freund (Leonhard). Studien und Streifzûge auf social wissenscbaflHcben,
juristiscben und culturhistorischcn Gebieten ; S* fascicule. Leipzig, libr.
K. Fr. Pfau, 1886, in-8o de 144 p.
Contient, entre autres : p. 3G, morale du travail dans l* Ancien-TesUmeni ;
, p. 45-52, Stocker, SchmoUer, etc. ; p. 53 et suivantes, sur Ed. Lasker;
Lasker et SchmoUer; Lasker et Lassalle.
Jacobs (Joseph). The comparative distribution of Jewish ability. Londres,
libr. Harrison, 1886, in-8% p. 351 à 879 du Journal of the Anthrop. Insli-
tute, février 1886.
L'auteur a fait, le relevé des hommes célèbres ou distingués que le Ju-
daïsme a produits, de 1765 à 1885, dans les arts, les lettres, les sciences, la
politique, le commerce et l'industrie, etc. A la p. 363, Tauteur a fait un ta-
bleau comparatif des aptitudes Juives et chrétiennes. Ce tableau prouverait,
si on pouvait le prendre pour autre chose qu*une simple ébauche, que les
Juifs sont supérieurs comme antiquaires, médecins, négociants, métapby- •
siciens, musiciens, sculpteurs, philologues, économistes, mathématiciens
(et physiciens et chimistes?), etc.,. . . acteurs. Ils sont ou seraient infé-
rieurs dans Tagriculture, les beaux-arts, la littérature, la science reli-
gieuse, le génie civil, la législation, la guerre, la marine, la politique.
Mais qui ne voit que ce sont là des carrières qui leur étaient encore fer*
mées longtemps après 1775, dont Taccès est encore bien difficile pour eux
aujourd'hui et qu'il leur faudra encore un long apprentissage pour s^assi-
miler tout ce que les populations chrétiennes d'Europe savent par tradi-
tion et comme par héritage.
Jabrbucb (Statistiscbes) des deutscb-israelitisoben Gemeindebundes, 1887.
Berlin, impr. J.-S. Preuss, in-8° de (2)-62 p.
Très utile statistique des communSutés juives, avec détails sur les admi-
nistrations et les fonctionnaires.
[Kalisch]. In Memoriam. Rev. D*" Isidor Kaliscb of Newark, New Jersey.
1886 ; in.8» de 65 p. et, en lôte, portrait gravé sur cuivre. (Description
des obsèques, oraison funèbre, etc.)
Kauoer (Gustave-A.). Une église judéo-chrétienne en Bessarabie. Docu-
ments relatifs à sa formation, publiés par M. le prof. Dclitzscby traduits
et accompagnés d*une notice historique et de Texamen du caractère
scripluraire de ce mouvement. Lausanne, libr. G. Bridel, 1885, in-18 de
xix-152 p.
BIDLIMIUPHIE
443
C'est rhîatoire de ce Habbînûwicz ({ui « été rtcoQtéc^ en son temps» p«r
icms tes journaux poUliques.
tossiG (Alfred). Malerialen zur SUListik des jûdischeo Stammcs. Wlen,
hbr. Cari Konegen, 1887, iû-S*» de (2>U2 p.
Ces matériaux conststent ea reaseigQemeQts sur le nombre des JuKs,
leur état eocial et économique dans îe^ dilTércDtes pnrties du monde. L'au-
teur n'a pas «tt à ea disposition les ouTr&gea qu'il faut pour ud travail de
ce genre, «1 see renseiguemeats sont k la Toîs iutompleLs, arnérés et quel-
quefoû même inexacte. L'auteur va jusqu^â recueillir et reproduire Eéheu-
sèment le& enfantillages et hs inventions de la presse la plus mal informée
et la plus dépourvue de sens critique.
kKTTWGEs (Alcïandcr voû). "Was hcisst cbrisUicb-soclal? Leipzig, libr.
Buacker et Humblot, 1886, m-8« de 82 p.
»AUD (Léonce). La FraDce n'est pas juive; 4** édit. ; Paris, libr. Morot
et Chuit, 1886, m-12 de xviîi-352 p.
Réponse à la France Juive, de Dr umon t. L'auleur a écrit ce livre d*uu
trait, à la campagne, sans avoir h sa disposition aucun instrument de re-
cherches. Mais sa longue expérience des aiîaires, sa conaaiasance du
monde officiel, ecclésiastique et lai(|ue, dont il a pu voir le personael sous
lea divers régîmes qui ont gouverné la France, lui ont périma d'écrtre« sur
la question juive, un livre intéressant et instructif. C'est la réponse d'un
honodte homme, révolté par ces excitations à la persécution religieuse la
moins déguisée, et qui est prémuni, par le simple bon sens, contre les dé*
damationa foUes et «iîoléea de la France Juive. M* Kejnaud ne déclame
pas, le tonde sa polémique est justement ce qu'il fallait, celui d'un galnnt
homme qui sait se contenir et se modérer. A quoi bon prendre au sérieux
grosses charges et est-il bien sur que Tauteur y croie lui-même?
!lle« sont ai énormes que bien souvent elles ont Fair d'une simple fumis-
terie.
loHLPS (Gerhard). Quid ûoiri ex Africa ? CaBsel, libr. Tb. Fiscbcr, 188G.
in-8» de vn-288 p.
P. 9Ù à 100, le nombre des Juifs ea Afrique.
Stuack (Hennann-L.). ticrr Adolf Stocker, cbrisLliclie Liebo nnd Wahrbaf-
tigkeit. 2*^ ôdition ; Carlsrub el Leipzig, libr. H. Reulbcr, 1880, in-8» de
îv-100 p.
WWLL (Alexandre). La France calboHqnc, réponse à « La France juive ».
Nouvelle êdiliou avec une nouvelle Héponsc au dernier libelle de Dru-
mont. Paris, libr. Denlu. iû-8» de (4)-G4 p.
Werthkimer (Josef Rilter von). Gesinnungstûcbligkeit des jQdicben Stam-
inés in bumanor imd alaatlicber Beziehung, und dessen LeislungBl!lbig>
keit auf allen Gebieten des menscbHchen Wissens und Kônuens. Wien^
libr. Alfred Holder, 1886, in-8- de v-57 p.
Bxcellenl recueil de réilexions, d'observations et de fait*. Il se divise en
trois parties; la première est intitulée i Amour de rhumatiité dans les doc*
trines du judaïsme et dans les actes des Juifs [contient» entre autres, le
récit des actes de charité des Juifs envers les protestants expulsés de SaU-
Hourg en nsj) ; la seconde partie est intitulée : Services rendus par les
Juifs (4 rhumanité, dans les sciences» les arts» Tindustrie, etc.^
REVIK DES KÎVWS JHVES
Kotes et extraits divers.
= M. llarlwiir Dorenbour^ a publié, dans la IntematioDalc Zcitschrift fur
aUsemeine Sprdchwissenschaft, de F. Techner, une «c Esquisse biogra-
phique * de Silvostre do Sacv 3* toK, l'* moitié, Leipzig, 1886, in-S*
do xxxYiii p.\ arec un beau portrait de SiW. de Sacy. Cette élude sera
lue avec le plus grand intén^t non seulement par les arabisants, mais
par ceux qui,, comme nous, se bornent à prendre intérêt, du dehors, à
rhistoiro delà littérature et do la grammaire arabes. Elle est écrite co
français.
= Signalons deux articles do M. Ad. Neubauer, dans le Guardian. L'an,
dans le numéro du 14 juillet 1886. est une critique des plus intéres-
santes de la Mjsp}rtik publiée par C--D. Ginsburg ; Tautrc, dans le nu-
méro du n ferrier 1886, a pour titre : Hebrew Translations of the New- .
Testament, et traite des traductions modernes faites à Tusage des Joib
ot pour leur conTorsion.
= R"* D*" H . Adler : Tbe statistices of moralitr ; réponse à un article de la
Fortnij^htly Heview concernant la statistique criminelle des Juifs (réim-
primée dans Jewisb World, n* du 7 jaurier 188T>-
= D. Kaufmacn : Misoollana postuma del Dott. Rabb. Mosè Lattes; daos
Gôtt. gel. Anz., 1SS5, n* 30. p. 832.
= G. Perrot : Une ciTîUsation retrouTée, les Héiêens» leur écriture et leur
art ; dans Revue des Deux-Mondes, 3* période, tonte "ÎS, n* da 15 juillet
1SS6. p. 301 à 342.
= Dans lEspri: russe ion russe', sept. IS^^. p. 15:2-140. c=^ étode sur le
Talmud. de Vladimir SMoviod. qui a fjii: sensation en R^issle.
= .\. E. Boreîy : Histoire de la rille du Harre e: de sc;i arcien xoc^^r^
ment ; le Havre, libr. Lepelletier. 1SN>-S:. Dirs !e :rcie :::.?.«! ^
suivantes, quelques rensei-naemenîs sur les Julls d- Hivr? îc:»Hearill'
Louis XIV. Louis XV et Louis XVL Ou ne Tru.i:: ras IaIsjî»» àesac^'
les Jui:s au Havre, co^ oxoor:::us fur>?i:: fi:;<:<. if* •':!_:> irrcniles^
•:pii rondirxDî «io ^rauds services .lu c.sisier'i^e îriz-rais ±ii?f!i: ?»• ^
liapliser pour ob'.ouir les droils de K"'urreois:e.
r= Dans sa Deulsolio Gosch:oL:e Lu neunieh.-;»;-! Jiirû.:izKr*:- :^r*:^*'
2- edit.. Loipzir. KS-'. M. Heiurich t:u Tr--.sclli i t ri-IÎ ^^
petit chapitre concemaul les Jui's. Mez ielsscu^r. 5»rm*i, Hiaiî.^**^'
d'avance dans quel esprl: l'autour peu: p*rler ie res •icnTxa&.
= Bjîeîiu delà Real Acadeuiia de Lis:orla ie Viir.i. ^^oni VZI. 5*5^'"
cule III, mars ISSô, p. it^? : Tes'.aruen; du rri Alpircd»; ^Sl. K C^
tille, du « décenabre 1204. Eutre au;re< d*;s^-si;::i:c3w à* r-a :rà:£ï^'
p. 234 que la reine ei sou f.ls Ferui-i rj.-*!!; a <ua MLnaisMTJ: ^ *'
Avcmar = Iba Omar la souiuie ie 12,. M. zro-ra-î-.'-iiiî^ T-turBi"* t ^
deite fis !*<.•») maravedis lus par le r:L a Ijjajrix-j* ti dîo. '- ^^
avaieL: -iv^a éie remboursés. Les î2.'»J u:iriT«.î::s >.'^>Uini:s xa^^^tii -^^
pavés, >eiou cc testameni. par a-c:.u:p:es a^jl^l^î:* îw Î.. iHii iiuci"^**» *^^
BÎIUJOGRAPIÎÏE
\^rJ
pefCCfoîf sar les revenus de lu courontie à Tohuie. Il n'est pua quesUon
tlu payement d'intér(?ls. Ce fait avail déjà elé indiqué par Araador de los
, Hios (U I, p. 346), mais le BoleUa nous donne le texte môme du ies-
I tament.
Esludios Hisloricos, collecciou de Arliculos escrilos y publtcadas pcr
cl R.-P. Fidel Fita. Madrid, impr. Fortanet, 1886, ui-8* de 2l>a p. Con-
tient, entre autres, îe savant iravail (analyse par nous dans celle Revue)
intitulé « La Judcria de Madrid eu 13U1 *.
= La Revis ta de Gcrona, numéro de mai 1886 (année XI, numéro 5),
p. 129, contitjut un article de M. E.-C. Girbal sur une niezouza qui a été
irouvée & Girone dans îc mur de la maison n" 15 de la rue de la Forsa,
qui était aulrcfois la rue des Juifs de Girone.
= <s Old Jewish fauiilies in England >^, par M* Lucien Wolf, dans Leisure
Pllour» juillet et août 18H(3, avec portraits* L'article conlient quelques
exagérations, faciles à commettre en un pareil sujet*
M. Lucien Wolf préparc un ouvrage eu deux voluraos sous le titre de
•« Old Jewish Families in England », avec illustrations.
Tlic iate Habbi Kalisch [Istdor Kaliacb, dô Kratoschin, né 181G, mort
^11 mai 1B86], dans Frank Leslies illustralcd Sunday Magazine, août
1886, p. 177 ; avec portrait.
Lo Juif de Lubarlow, [nouvelle] de Ad, Szymauski, trad. par C. Cour-
•xiëre, dans Revue britannique, 6g» année, n** 12, dec. 1886, p* 3G2 à 372.
— Jolie et insiructivc élude de M. H. Derenbourg, intitulée : La science
des religions et rislamisimeH, deux conférences faites le lU et le 26 mars
1883 à l'Ecole des Ilautes-ELudes, section des sciences religieuses. Paris,
libr. Ernest Leroux, 1886, in-18 de 1I5 p.
^ CHaoNigUB DKs journaux. Liste do journaux nouveaux :
1* The Menorab, a Monihly Magazine, oftlcial organ of tlie B'ne B'rilb,
edited by Benjamin F, Peixotto. — Publié à New-York. Le n^ 1 du voK 1
LkcsI daté de juillet 1886; le vol. Il commence avec janvier 1887 ; format
^Hfn^8'*, sur Ires beau papier ; 2 dollars par an. Depuis le l'"" janvier 1887
^■(voK II, u* 1), la Menorah a un supplément allemand, broché k part, et
^■intitulé : Beîlagè. Die Menorab, Mouatsschrifl, oftîziclles Organ 0. 0.
^B B* B. ; Rédacteur, Benjamiu F. Peixotto.
V a, Serubabel, Orgao fur die Inleressen des jûdiscbeu Volkes- — Chez
Wiïly Bambus, à Berlin, in-4'' à 2 coL, allemand en caractt^res latins ; le
n** 1 de la première année est du 29 septembre 1HB6 ; 1 marc par tri-
meatre. Ce journal parait vouloir se consacrer spécialement à la coloni-
^^aation de la Palestine par les Juifs.
^B 3. La Vigie Israélite b&nil}^ "yCQ, paraissant (à Orau) tous les mer-
credis et vendredis, — l*ubHé par Joseph Djian. Le journal est k la fois
français et arabe (arube eu caractères hébreux). Le numéro a 4 p. à 3 col.
Le a** 126, deuxième aanèe. est daté du 5 doc. 188tK Prix, 1(J fr. par an.
^^ 4, Le Réveil d'Israël (Techtjatb J Israël V, feuille mensuel le. — Publiée
^Bpar Gustave A. Kruger, pasteur à Gaubert ; iii-8^ de 16 p. par numéro ;
^■prix, fr* 1 .75 par ati. Pour la couvcraion des Juifs. Le n** 1 de la première
année est de juillet 1886.
T. XIV, N^ 'i7.
n
140 REVUE DES ETUDES JUIVES
5. MM. F. Sam cnskie et Eisig Gr&ber, de Jaroslaw, annoncent (pUs
veulent fonder, sous le titre de ninsoM n^lM n'^S (Jûd. litertriflche Mi-
gazin) un annuaire hébreu qui devra paraître pour la première fois lo
mois de mars 1887. Prix, 3 florins.
C. M. Isaac Salomon Fucbs annonce qu'il veut fonder à Berlin nnjoiu^
nal hébreu, mensuel, principalement scientifique, sous le titre debttTR;
prix, 10 marcs par an.
7. M. Fred. M. Ilyman annonce qu'il fera paraître le 4 mars, à ym*
chester,un journal (hebdomadaire?) intitulé The Jewish Record, a Joonul
devoted to thc Intcrcsts of the Prfvincial Jewish Commonauties.
Le 'pbT: de St-Pélersbourg est devenu quotidien depuis 1886(?!;il
l'est en 1887 ; prix, 10 roubles par an. Ce môme journal publie une fcaiiie
judéo-allomandc, hebdomadaire, intitulée C35<b20pbKD OJC^TT^; prix,
5 roubles par an.
La ÏTl^D^ de Varsovie est devenue quotidienne (sauf le samedi) à partir
du 1/12 avril 188C. Elle a aussi agrandi son format. Prix, 8 roubles
par an .
• M. Brill, rédacteur de la Sulamith et du Libanon, publiés par loi à LoO'
dres, est décédé le 12 novembre 1886. Ces deux journaux ont cessé de
paraître.
Le Schachar, de Vienne, parait avoir également cessé de paraître.
Le **.nrîl bip a cessé de paraître. Son dernier numéro est du 7 no*
vembre 1886 (n* 48 de la collection).
Isidore Loeb.
Delitzscii (IV Friedrich). Prole^^mena eiaefi neaea hebrâlîiefc-»'**
iiiiii«»chea WurlerbnchA zum alten Testament; Lcipzîfr,
J.-C Hinrichs, lSi>6.
( SUITE * '
En troisième lieu, j'ai dénoncé la hâte inconsidérée que plasieurs
assyriologues melleul à la comparaison de mots hébreux et de mois
assyriens, sans mémo s'élre assurés, au préalable, de la signification
précise do ces derniers. Jai tout spécialement appelé Tattention sur
Tabus qu'ils fout des idéogrammes, lesquels, d'après eux, ne soûl
même pas d'origine sémitique. A cet effet, j'ai donné une longue lisW
de mots expliqués dans le Helreic Linguage, M. D. cherche mainte-
nant à répondre à mes objections. Dans l'intérêt de la lexicographie^
• Voir lomc XIII. j^i^e 30o.
HIBUOGRAPllIE ^^^H^H 147
ébraïqne, je le snîTrai pas à pas, co accompapoant ses argumeola-
ODs en abrégé de queltpies observalions substaEtieUes.
bj^, c baDQière» drapeau, marque de distinction des troupes ï>, pro-
ie verbe hyj, a porter ou lever la bannière ou le drapeau )j : t^2
il^nbH {Psaume, xx, 6), « au oom de notre Dieu nous porterons
bannière » ; r!3n« '^by nbsT iCanlique, ii, 4), « levez sur moi la
annière de Tamour » ; rïsm^ bin [iàid., v, iO), ■ distingué, remar-
qué par sa beauté au milieu de dix mille (personnes) a. Comme
l^arabe bsT signifie « enduire, couvrir d'un glacis » et même « dorer,
argenter », on peut supposer avec vraisemblance que le V^n est, au
propre, la perche enduite d'un glacis brillant, M. D, aime mieux com-
parer rassyrien «tf^yaMi qui signifie, selon lui, « voir, regarder »., 11
traduit, par conséquent, les deux phrases précitées : v Nous regarde-
rons (avec contiaûce) vers le nom de notre Dieu *, et « regardé (avec
admiration) par dix raille (personnes) »; malheureusement» cas expres-
sions ne sont pas hébraïques : môtoe L'^:^ n^^ est un monstre que
le passage de Miebée, vu, 7, ne justifie point; pareillement, une forme
comme ^''Np i^in^, pour dire c aimé de quelqu'un '^, n'est pas vrai-
semblable dans le style de ce livre, on s'attend à nasnb bisn. M, D.
se tait sur la leçon évidente nbs'n pour -slrsn dans Cantique, n, 4,
parce qu'elle ne fait pas son affaire ; c*est habile, passons. Mais, Tas-
rien daffah^ slgniVie-i-il * voir, regarder? » J'en ai douté précé-
mmentelj'en doute encore; et voici mes raisons. L'expression
dâçil panua s'emploie toujours de vassaux éloignés, jamais de per-
I Bonnes qui sont en présence du roi et pouvant le voir et le regarder
m leur aise. Sennachérib raconte que les Babyloniens avaient mis sur
la trône un homme indigue iana la shimatishu), et belui mat Skumeri
\i Akhadi ushadçiU panushu * lui ont remis la royauté de Sumer et
l'Accad ^, et noo^ probablement, m ils ont fait regarder sa face à la
loyaulé de Sumer et Accad >k Assurbanipal dit : zanan (écrit zanin)
fShrêtishun uskadgilu panûa, cela ne peut signifier que : « ils m'ont
cou6é la coostruction de leurs sanctuaires ï>; la traduction : « ils
ont fait voir ma face à la construction de leurs sanctuaires » offre
un non-sens! évident. Dans R. iv, 68, 27^, suiv., la tatakil, « ne te
nfies pas aux hommes a, est complété par : mutuh inâka ana âshi^
guîanni^ v dirige tes yeux vers moi et remets- toi â moi «, mol à
ot : a prends-moi pour point de repère ou de direction *. Le sens
ana dagalu kisMiat nUhi ne diffère guère de aria shuieshur nUhi,
pour gouverner ou diriger les peuples j. La phrase ana pan narka-
H maHia u utumanaUa la adgul veut dire : « je ne me suis confié
i en mes nombreux chars ni en mes guerriers» » Jusqu^à présent,
je ne vois pas la nécessité de traduire dagalu par v. voir, regarder -*.
L'équivalence de ce verbe avec cuppû = nsi: confirme le sens de
« enduire d'un glacis brillant » propre au 75^ arabe, mais il n'en suit
pas qu'il signifie en même temps a voi*r, regarder ». Ainsi, D33 (::''3rî),
« regarder », n'exprime en assyrien que ridée de « briller ^. En ara-
^)ar
148 REVUK DES ÉTUDES JUIVES
méen, «ban esl une perche fourchue, et telle doit avoir été la banuiëre
primitive. M. D. emprunte « un tesson ^ au dictionnaire néo-hé-
braïque de Lévy, qui, contre les lois phonétiques, identifie ce mot
avec le grec SixeXXa; Tarabe bN4n, « fleuve qui se répand et couvre le
terrain », en atteste Torigine sémitique. La même idée parait aussi
au fond de Taraméen «bjpn (néo-héb. b]5n), « palmier », arbre qui
ressemble à une tige se terminant en fourche, comparez Tar. bpi,
.« vergue ». Le nom du Tigre : talm. nb^n, syr. nbpi, ass. Idiglat,
héb. bpnn, sam. bpnn, tiré son origine de deux racines apparentées,
peut-être de bpn seul, en.su^posant en nb^n Técho de la prononcia-
tion babylonienne ^ En tout cas, Tidée de a voir » supposée par M. D.
pour ban est loin d'être prouvée.
bnr. Cette racine forme deux groupes de noms. D'une part, se pla-
cent rhébréo-araméen bat. «bat bat. a ordure, fumier », b^ar (ar.)
e parcelle, brin », et Téthiopieu bnr a rouille » ; d'autre part, l'hé-
breu b^nt, a demeure », Taraméen Kb'^st, « couverture, enveloppe [d'un
livre) », et l'arabe b'^ar (b''?5t), « panier en sparte pour transporter
les fardeaux à dos d'âne ». L'idée fondamentale de la racine, on le
reconnaît sans difûculté, est celle de couvrir, et c'est pour cette rai-
son que nous avons rejeté l'opinion de Guyard, partagée par M. D.,
qui traduit l'hébreu "^sbnT*^, au lieu de c il s'établira, demeurera près
de moi », par a il m'exaltera, m'honorera », en invoquant l'assyrien
zabalu, qui signifierait m lever, élever ». J'ai contesté et je conteste
encore cetle affirmation que rien ne justitie, du moins dans les pas-
sages qui me sont connus. Dans R. II, 45, 45, 47, ina ^abal rama*
nishu... suluppê imandad semble signifier : a de son rapport ou
produit il mesurera (ou payera) des dattes ». Le nom zabalu forme
l'idéogramme za-balam = viihirlu (R. iv, 20, 21-22), c produit ». Le
passage R. iv, 45, 40^, donne ina zumrishu lizzablutna^ e que la
déesse se transporte dans son corps ». Le titre zabil kudurri parait
être : « qui déplace les limites ou frontières » ; d'après Jensen :
« apportant des cadeaux ». Je ne m'explique pas comment M. D. a
pu y trouver l'idée d'élévation. L'idéogramme il qui rend le mot
zabalu n'a rien à voir ici : d'abord parce que, si le sumérien existe,
comme le soutient encore M. D., il appartient à une langue non sé-
mitique ; puis, parce que ledit idéogramme rend aussi le verbe
nashû, « porter ». Enfin, la traduction de zubbulu sha irii (R. v, 42,
42 ab) par « lever la poitrine » est d'autant plus risquée que lô der-
nier mot de cette phrase, écrit gab^ est aussi a la bouche {ibidem^
54 fl^) »; qui sait s'il ne s'agit pas de l'expression « porter la pa-
role » ?
nnn«. Une racine nn« qui serait synonyme de naa, « égorger »,
n'existe pas en assyrien. Le mot nabbahu (R., ir, 23, 9) doit même se
Mt^nathbahu (communication de M. Strassmaier) ; quant au mot
^ Il ne faut pas oublier cependant que l'idéo^rammo du Tigre bav^ttg-gar répond à
ihubuy t brillant » , ce qui conduit à la racine ^y\»
milLlOGRAHIlE
m
lnlii^ DU philôt apuhu, (R. IV, 61, 8 ,a), il r(?poDd a l'hébreu fiD''.
rrier, gémir », et signifie « cri, gémissement 'K
Le rapprochement eotre Théhreu D"^!^ et Tarabe i:£^ r ce qui est
iOutraire », reste ioaHaquable; c'est aussi très probablemeDt le sens
le TassyrieD caddu: celui de « piège -» que lui attribue M. B. n'est
•ppuyé par aucun argument convaincant.
Le mol pb^an, traduit ordinairemeot par w lys >s était jadis pour
M. D. i' la tige du roseau ^, d'après la don née assyrienne fiabaciîlatn
^hhih% sha qanate. Impliquant ainsi la supposition que lubshu si-
gûifle < tige <». Celait expliquer Hnconnu par Tincoonu. Aujour-
d'hui, M. D. se contente devoir dans nbsînrjune plante quelconque
\%t noie 2), mais les Septante et Luther qu'il cite ont, du moins,
ûot *i Qeur » v»^"*^» Bbtme) ; il est moins croyable que la belle Su-
|lilt% au risque de perdre Ta va nia ^e di^ la f modestie » (Beschtidcn'
)que M.D. lui impose, se soil^ comparée à une plante quelconque,
s'être comparée à la « rose » dans la première partie du ver-
lEn tout cas, ]e haàaçUlafu assyrien n'éclaire pas le nVii^n hé-
D, et cela est fesse ntiel.
Oiirasô^M. D. a rappelé Tassyrien shahaîhu, <' frapper, égorger,
ri>llo beat, to slay, lo kill). J'ai révoqué en doute ce sens, parce
le mot ishahUiu (R. iv, 16, 9^, 27, 51 b) est rendu par l'idèo-
nme oi oi, qui signiile û ordinaire « changer de place »; j'ai sur-
it aie que TassyrTen skibthM signifie à la fois a sceptre et massacre »
pler and slaugbter). A cela M. Ih répond que Tidéogramme men-
ue a aussi quelquefois le sens de « tuer p. En croyant me contre-
^le savant assyriologue ne fait qu'expliquer pourquoi j*ai ajouté
ferbe « d^ordinaire i> ; mais croit- il vraiment qu'il faille se fonder
sur l'un des sens les plus rares d'un idéogramme qui, d'après lui,
n'est même pas d'origine sémitique, pour donner au verbe assyrien
signification qui ne va pas du tout au contexte? En etîet, dans
^ 27, il s'agit des démons qui enlèvent [mhelu) les femmes (1. 8*
hassent les pères et les liis de leur famille (L 10-M, 12-U\ arra-
lit [uihelu^ ubarru] les colombes de leurs volières, les moineaux
^hirondelles de leurs nids; ici. pas de trace de massacre, mais
tléparation violente ; ce sera aussi le cas de la phrase alpi ishaà-
ll| iméri ishabbithu, qu'on traduira : ti ils dispersent les bœufs,
dispersent les brebis », J'ignore où M. 1). a trouvé pour Taraméeu
*fck^ le sens de v frapper» battre », Dans la Mischna» sàâèatà Qsi
«yaonyme de hasêk, « séparer les fils île la chaîne d'un tissu w. C'est
précisément le sens du shabaiàu assyrien, verbe mis souvent en
parallélisme Bvccnapaçu, « disperser * == héb. nâphaç, « se séparer,
||A$perscr », Quand M. D. traduit napaçn par a broyer, assommer»
■r (7»erschlageu, erscblagen, ir«dlen\ « il oublie que ce scus^ pure-
Hl mitaphoriqne, n'est iirnpre qu'il la seconde forme verbale ou
{■ {wiGiffificu, Asurn,, u. lU, etc.) ; c'est aussi le cas de Tliébreu
\aifpee, Ëufm, je citerai le passage de R., v, 4, lKi-96, où M. D, trouve
^50 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
le mot shibihu, a massacre », -et moi shipthu, « châtiment >. Il |M)Tte :
SiUi tur mesh KA-dingir-^ra-ki 0 V-DV-a-ki ud-kip-nun-ki ska ina
shipthi (shiàlhi) shakbiti ù niprieti ishetûni riemu arshiskunuH balaih
• napishtiskunu àqbi kirib KA-dingir-ra-ki usheshibshunuii. « Le reste
des fils (= habitants) de Babylone, de Kouti et de Sipar qui croupis-
saient dans la peine, la souffrance et la misère, j'eus pitié d'eux, je
leur accordai la vie et je les établis à Babylone. » Gomme on le voit,
il s'agit non d'hommes massacrés, mais de gens vivants tombés
dans la misère. Pour le sens, la lecture skipthu = héb. shephathim,
« peines », est irréprochable, mais, bien que l'orthographe shapatu
(avec /atr),» pour « juger », ne soit pas tout à fait prouvée par le seul
passage indiqué par M. D., la lecture shibtài peut se défendre, le sens
en sera alors celui de Thébreu shêbeth, a. verge », au figuré : c coup,
* menace, danger » ; celui de « massacre » (Todtschlag, Blutbad) restera
toujours exclu.
L'idée émise par M. D. de rapprocher Ifi^k, « menu bétail », de
l'assyrien çenu^ « bon », se heurte à une difficulté insurmontable :
ce mot assyrien coïncide visiblement avec Thébréo-araméen l'^ç
Mn^^^, (( dattier, palmier », et l'arabe ^Tl^ a rejeton de palmier », le
palmier étant pour les orientaux l'arbre bon (cf. Genèse, m, 6;
II Rois, m, 49, 25) par excellence. Nous avons dans le mot assyrien
précité un dérivé de n35L, et non l^ir, ou plutôt "[kS = aram. t»^. Ce
fait étymologique laisse intacte l'appellation arabe du menu bé^il
Û73 et le syriaque Knn7, qui contiennent plutôt la notion générale de
a bien, possession », que celle de « la bonté ou de la douceur y^ propre
à ce bétail, comme le veut M. D.
Sur inn M. D. ne donne rien de nouveau ; mes objections restent
donc debout. Sa traduction de tahtena gimir lâniha par : a elle protège
tous tes côtés » (schûtzte aile daine Seiten) ne repose sur rien ; je
préfère, jusqu'à preuve contraire, la traduction : a elle a fortifié tout
ton corps (mot à mot : <f. tous tes côtés ») *. Naturellement « fortifier »
est « starken », non « befestigen », ainsi que feint de le croire M. D. (9.
note 4), lequel se tait habilement sur Texpression hatin enshi, e. for-
tifiant les faibles », où il n'y a pas trace de l'idée de protection
(Schutz).
Pour expliquer le sémitique septentrional nii), «n®, sharrUy « roi,
prince », M. D. crée exprès un verbe assyrien shararu, « briller, se
lever, rayonner », qui ne se trouve nulle part. Le fait que les noms
sharûru et shirru (type du phonème shir) signifient « éclat, splen-
deur » ne décide rien au sujet du verbe, qui peut siguifier toute
autre chose.
Sur la non-existence d'un verbe assyrien shadû, « s'élever, être
haut », supposé par M. D. afin d'en tirer le nom divin '«•TO, voyez
Zeitschrift fUr Keilschrififorschung, II, November 4885, p. 105-407.
* Il iaui néanmoins faire remarquer que lânu est synonyme de bunanu « corps *.
jtîiuJor.RAPmE
151
[ïtir établir rexistence du verbe assyrien shadadu, u aimer »>,
l>. produit le mot nmhaddu, <• aimé )> ; il a seulemenl oublié de
ûuver la lecture qu'il admet. Il faut probableroenl Mv^nanmddn,
[fctle verbe madadu est rendu dans les syllabaires par 1© signe ram
5DTn\ qui signifie « aimer ^. L'hébreu ïTnii ne doit pas de néces-
f\é être séparé du mol mischnaïtique homophone, qui signifie
! ûrmoire, collïe «.
Ce que M. D. dit à propos de Thébreu a"*Vrfï, o faire honte />, est
our moi un mystère impénétrable. Dans le texte (p. 99), il main-
«ni que c*est un synonyme de b'^p /^j5n, « peu considérer (gering
Chiens parvi estimare, viUpenderâ >» ; dans la note 3, il aiimet Topl-
liûû de M. Zimmern, qui donne au verbe assyrien ktdlumn le sens
tt* faire voir ->. Faisons remarquer, par parenthèse, qme ma tiaduc-
POD de ce verbe par <* mettre à nu •' s*en rapproche déjà considéra-
blement, car une chose n'est visible que lorsqu'elle se présente à nu,
IDS un autre objet qui le couvre (cf. irhy, « découvrir, faire voir *») ;
nais si le irerbe assyrien signifie m voir j, comment Thébreu S^^b^rr
«ul-il signifier c peu considérer -> (gering achten)? C'est le cas de
iecrier avec les rabbins : D-'"'n D-^nr» ■'nn^ ib&*i Vrt? !
Bù expliquant le verbe mK, if maudire », par fidée primitive de
nier, bannir *» (binden» bannen), M. D. donne Tétymologie du mot
lîtemand « Bann », non celle du verbe hébreu. Les termes assyriens
irm \$ka iplri), ** oiseleur », et irritu^ a piège >, dont la racine est dou-
'teuse, n'impliquent pas pour araru le sens de <i lier ». Aucun nom
» piège : n2i ncn, Dnn, yfz'^n, etc. ne contient la notion de *t lier u ;
an ne signifie jamais « tendre un piège •>. Uéthiopien arara^
'cooper (la moisson] i) — héb. lap, natp, i' retraûcher ^, se rappro-
liebien mieux de la signification hébraïque,
Jtî désespère de comprendre le raisonnement de M. D. au sujet de
En assyrien, on trouve bâbu sàadillu, t' porte vaste ou large »,
^Hrptum shadiUu^ « la terre vaste », ce qui suppose un verbe sha-
'a^i, «être vaste, large ». En aramécn, bro signifie « persuader,
[léiittire t. Pour tout esprit non prévenu» ces deux significations
ft'oùirien de commun. M. D. trouve toutefois moyen declairer Fara-
Ifcéen par Tassy rien. B'abord, il introduit subrepticement à côté de
Mètre lûrge » {weii sein] la variante < être largement ouvert « {weU
rlïo/nef sein), et il obtient ainsi un synonyme de nnSj synonyme, à
fK>atour,de nnc, dont vient nrs, u séduire, persuader ». En admel-
jUnt, UQ instant» îa traduction du mot assyrien, la comparaison
|dem«urerait encore absolument arbitraire, car R*ns n'exprime ja-
jails ridée de persuasion, ni nnD celle d'être large ou vaste, pas
Oéliae dans Genèse, ix, 27. Mais Tédifice léger sï'croule de fond en
^roble quand ou substitue au mot de coalrebande nns le verbe
•ï^iltî pour t, être large », savoir nm, auquel la conception de per-
suasiou ou séduction est toujours restée étrangère.
^^ M. D, a-t-il trouvé la u malheureuse étymoiogie «^ [miH'âchlich€
BilfÊÊSiùçii] lie rr'^K qu'il m'attribue et d'après laquelle ce mot au
rtltsignilié primitivement r mère, d*où mère de Teau, tuyau, d'û<
avaui--bras-iuyau, d'où coudée » (Mutter, dann Mutter des Was^er?,
Mokr€, ddinn Vorderarm als R*^hre, daim Elle, p. <û8, note 2)y tJi
coup d*c&tl jeté sur la Retué, n"" il, p. 63-64» lui eût appris que, stiii
vaut ma conjecture, n^x désigoe primitivement une sorte de maacbft
tubulair^ permcllant occasiounellement e le passage des iiquid€f
accumulés dans l'objet auquel il se rattache », et que le type na-
turel de la rîr» était le roseau, la canne, mp^, mol qui désigoe aussi
ravaot bras (Job, xxxi, iâ), en éthiopien nÇH. M. D« joint a sa « mal-
heureuse découverte » {unçlûckHchê Erfindung) une . .jm
prouve qu'il n'étudie pas le talmud : lo sens de tube ^our
nre« résulte des passages cités à la page susmentionnée de la Bitm,
y y ajoute la locution réaliste *i'»na?:i ni^eta mi». Je ferai remarquer
finalement qu'en traduisant (HO, note i) le lalmudique tî-nm «in::»
par a boite dti moulin à main [Biichse der Handmâhle) o, M. D. a mé-
connu le sens de (""* ?^ z^nn) ro^sn, qui ue signifie pas ici <• n^i-
pient J. mais ^ poignée, raanche ». Il va sans dire que n^cw rlïït
(Isaïe, Vf, 4] désignent les pivots des poteaux, qui tournent dans le
creux du seuil (comparez : q?. a tasse i», Exode, xii, It,pns$im\^
non M> les fondements solides des seuils (die festen Gruudiagen der
Schwellen] ^ ; dans ce cas la maison tout entière aurait été ébranlée.
Au sujet des mots «m et mii»if j'ai dit : M. D. aurait bien fattde
nous donner les passages où ils comportent le sens de * boite,
caisse » qu'il leur assigne ; je n*en connais que celui de cèdre. M. D,
répond : « Halévy a probablement déjà puisé les renseignements né-
cessaires a la page «i, note 2» des Babylonische Busspsalmen de M.Ziffl-
mern (Halévy hat inzwischen wohl a us Zimmern's Babyionischen
Busspsalmen S, 6, Anra. 2, die nOtbige Belehrung geschrtpfi) •, J*8i
\%^ regret de constater que cette source de salut ne m'a fourni qu'un
tllet d'informations U^^^lt^tirung) beaucoup trop mince pour apaiser
ma soif de critique. Voici ce que nous y apprenons : ridéogramtDC
— M. D. a oublié de nous dire s'il est accadien ou summérien — <lût
les Assyriens rendent par eru et êfinnu^ se compose de ab^ ^ ftinne-
lure », (Umschliessung)4- w, « trou, enfoncement •* iLoch, Vertiefuogh
ce qui rappelle Tidêe de <• vase, récipient », et remploi decesip*?
comme uu nom de métal repose sur un abus de la part a des k^T
riens ». Ceux-ci doivent bien déplorer la matecbance qui les a empê-
chés de corriger leur style accadien au moyen d'une étude approfondie
(grtïndlicbe Belehrung] à l'Université de Leipzig. Quant à moi, peusaot
que les scribes assyriens u'élaienl pas obligés de connaître lacotn
po*«iliûn du signe non sémitique, si non sémitique il y a, je lais^
ridéiJgraratne de côté, et je continue toujours à demander un teîW
assyrien pour preuve de la signification avancée par M. D. Le ffl<'^
^t-n, daus l\., V, i7, !6-i7, à eu juger par l'expression eru dannu (IT)»
dci^ilEne l'airain et nullement <r uuv boite ou une caisse de bois '
nmiinr.nApmE
iS3
ennnu^ le rappel à R., v, 41-43 ab, n*ù nunme valeur. Cette liste
!lque ridéograinme is-manu par erinnu et shigarn, ce qui ne veut
pas dire que ces mots sont synonymes ; au contraire» l'existence
ffun autre idéogramme pour le. premier (L 41) en indique assez la
ditTérence. En un mol, M. D. fera bien de donner des preuves plus
convaincantes; nous sorairies prêt û nous incliner, ainsi qu*à ad-
ctlre contre le témoignage de l'hébreu \y^ son affirmation, non
encore juslitiée» d'après laquelle erinnu serait dérivé de iTU,
M. D. ayant déclaré que l'hébreu nbs c fiancée <», vu Tassyrien
îlâiu avec un a long, ne pouvait venir de b^i, mais de «Vd, a en-
fermer j>, je lui ai opposé Thébreu nbibD, m mariage *». é^ i'araméea
^b^, ft marier ». J'ai ajouté qu'il a été induit en erreur par Tidéo-
groinme K-GI-A, dont Télément GI a, entre autres, le sens d' « enfer-
cr tt, A présent M. D, semble reconnaître le bien fondé de mon
bjection, sans toutefois me citer, et en atténuant sa première néga-
tion, il donne ce bon conseil : c II vaudrait tout de môme la peine de
I rechercher si le mot hébréo-araméen pour t< fiancée ^> ne doit son ap-
parence d'être un dérivé de bbD qu'à TefTacement de la consonne
Icrminale tt (Kf scheint doch sebr prûfenswerth ob nicht das heb.
Bram. Wort fur w Drout ^' erst durch Absdileifung des Auslauts
bcheinbar zu einem Dérivât von bbs gewarden sei »)♦ Voilà une.
bien lourde besogne pour les sémitisants dans le seul but de juslitler
la mise de trop d'un a par un scribe assyrien 1 La non-valeur des
rébus idéographiques pour réiymologic est maintenant concédée
avec quelque réserve x>ar M. D*, mais le pourquoi de la réserve n'est
pas donné ; c'est simplement un moyen commode, trop commode
même, a Taide duquel on peut donner auK innovations les plus in-
vraisemblables l'air d'une vérité traditionnelle et autorisée.
L*abus de l'analyse idéographique avait encore conduit M. D, à
interpréter l'hébreu X>^^ lOenése, xlj, 43) par Tassyrien abarakku^
qu'il traduit par ^f le père du roi >^ (ihe faiher of the king)* A Tappui
de son dire, il avait cité deux proverbes suméro-assy riens : Nadmm
sha sharri ihuhM sha shaké « La libéralité du roi cause la libéralité
^Kciu magnat i^ (The liberality of the king ensures the liberality uf tlio
^Bniagnatej,et Nadanu sha shari'e dmnmuqu sha abarakki (in su merlan :
^BSmA lugalâkiishafjashêafiit) ^ La libéralité du roi cause la libéralité
^Vde Tabbarakku '» (The liberality of the king ensures the benevolence
of the abarakku)./Il ajoutait : « un équivalent exact du proverbe
anglais « Like master, like man (u tel maître» tel valet ») >^ Aussi, le
I féminin abarakkattt est-il a[ïpliqué aux déesses comme adminis-
^fciraleurs suprêmes du temple (an exact équivalent of the Engîish
^Bproverb *. Like master like man *>. Also the féminine abavakkaiu is
^KppLied to goddesses as the highest administra tors of the sanctuary).
^^în me rapportant à ce passage j'ai fait la remarque suivante: la
comparaison de "^"^^N avec abarahku, qui signifierait v father of the
king *, repose sur une lecture erronée : ce mot assyrien n'existe
lî>/i REVUE DES ÉTUDES JUIVES
absolument pas ». Tout lecteur attentif aurait corrigé du premier
coup le lapsus « lecture » en « combinaison » ; il aurait aussi com-
pris tout de suite que ma négation concernait l'existence du mol
composéy non du mot abarakku considéré comme un vocable simple
et dont j'avais Texemplc sous les yeux. Les paroles de M. D. : Ha-
lévy sollte sich hûten durch derlei erdichtete Behauptungen den
wissenschaftlichen Character seiner Kritiken zu gefâhrden » par-,
tent donc d'un très bon cœur et je me prête volontiers à reprendre
mon a Machtwort » et à rendre bommage à la vérité (und gebe
dann der Wahrbeit die Ehre) en reconnaissant — ce que je n*ai
jamais pu. nier — que les formes abarakku, aharakkatu existent
réellement ^ Mais cela dit, l'analyse de abarakku par abarakku,
« father of Ibe king », préconisée par M. D., sur la foi de l'idéo-
gramme, est à la fois arbitraire et inexacte ; arbitraire, par cette
double raison que ni l'origine non sumérienne de Tidéogramme ni
le sens do roi pour rakku ne sont prouvés ; inexacte, par cette
raison péremptoire que la forme aba-rakkat serait tout au plus « le
père de la reine », mais ne pourrait jamais qualifier les déesses;
il faudrait pour cela ummu-rakku^ a mère du roi ». Du reste, la tra-
duction des proverbes donnée par M. D. est entièrement man-
quée : Nadânu $ha sharri tubbû sha skaqê^ signifie : « Donner con-
vient au roi, faire du bien convient aux grands >», et non : c Tbe
liberality of tbe king ensures tbe liberality of tbe magna te » ; de
même : Nadânu ska sharri dummugu sha abarakku est : c Donner
convient au roi, être doux convient au serviteur [?she= magru
« serviteur »), non : « Tbe liberality of tbe king ensures the bene-
volence of the grand tizier ». Le titre de la déesse de Karak, abrak-
^a/«, serait ainsi l'équivalent de ardatu qui, malgré son sens primitif
de a servante », a souvent ie sens de a. Dame », amélioration de con-
ception qui a rarement lieu pour le masculin ardu. En un mot : la
comparaison de l^^!^^ avec abarakku, outre l'inconvénient de ren-
contrer le terme assyrien dans la boucbe de hérauts égyptiens
(Schrader), a celui de supposer une signification que les textes
connus jusqu'à présent ne justifient pas.
Enfin, un mot à propos de l'hébreu bNip,queM.D. compare avec
l'assyrien shuâlu, « pays du tombeau ». Malheureusement, cette
orthographe appartient en propre à mon savant adversaire ; les
textes donnent shu-er, groupe qui, s'il est phonétique, se lira shur^ei,
s'il est idéographique, sa lecture reste inconnue. Il n'a nullement l'air
d'une forme hybride moitié phonétique et moitié idéographique.
Jusqu'à meilleure preuve, nous hésiterons à admettre ce mot as-
syrien.
Passons maintenant à un autre domaine en litige entre M. D.et moi,
' Sans pourtant décider en faveur du caractère primitif du ^, car la confusion àt
b el p est fréquente dans les inscriptions, et la possibilité de ramener ce mot à la
racine *T"îD reste entière.
UIBLÏQGRAHIIE 155
aTa question de savoir si le n assyrien est le n kk dur des Arabes.
AL U. raffirme, en posant en règle générale que le n doux se perd en
assyrien. Je conteste i'exactilude de celle conclusion: 1** parce que
rassyrien appartient au groupe des langues sémitiques septenlrio-
nales« qui, a eu juger par les transcriptions greciiues, ne paraissent
pas avoir possédé lo /ch dur; 2"* parce que le seus du mit assyrien
diflëre considérablemeut du mol arabe compare ; 2° parce que, dans
plusieurs mots assyrieQS, le n radical répond à un n doux, même en
srabe. J'ai cité, a cet etlet, les mots akadat, pathatU palahu, raàaça^
ihinu, mahmH^habibUj hazamt^ kakavut, maiaàu, inhu, maîahu;i"y
si ajouté iic, parce que j'aurais pu mettre encore : mmhaku^ hasasUy
iskahu, tiahadUy mahrashu et bien d'autres mots que M. D. discute
laiûlenant lui-môme. C'est là un ensemble qui n'est certainement
las è dedaiguer, mais M. D. aime mieux déclarer que la plupart de
s exemples sont faux. Voyons comment il justifie sou ariirmatïon ;
« L'assyrien habihii signifie tout autre chose que Tarabe habib,
ami, amant ii. Je le sais aussi bien que M, D.» mais signîfle-t-il la
ème chose que l'arabe kkabba y voilà ce que mon adversaire a
ublïé de prouver. L'arabe écarté, la transcription avec h doux s'im-
ose par le caractère général des idiomes septentrionaux, qui ignorent
M dur,
« Le sens de haçanu, « fortifier p, est plus sûr, il ne faut donc pas
le rapprocher deV^mbe haçona »», soit, mais est-ce là une raison pour
transcrire kkaçanu et pour créer ainsi une racine qui n'existe même
las en arabe?*
« Pour que Tarabe falaha passât en assyrien de Tidée de « fendre,
sillonner, cultiver la terre »» à celle de a rendre uu culte, adorer,
craindre », il faudrait supposer un long développement linguistique ;
Iifonc il vaut mieux rapprocher Tarabe falakha n. Le malheur veut
bue le sens de cette racine ne convienne pa^ du tout à l'idée du culte
propret au verbe septentrional ; on fera donc bien de conserverie
h doux.
« L'arabe ne peut pas décider sur la nature du h de rassyrien
muiuh, puisqu'il possède deux racines équivalentes : mataka et ma-
fjtkka ». M. D. a pu ajouter que ces racines ont un sens très dilTérent
du mot assyrien, lequel concorde parfaitement avec Thébreu mâtah.
Voila une excellente raison, je pense, pour se conlormer à la pro-
^bionciation hébraïque et conserver le son doux.
^V c Le mot gihinu signidant * ûcelle *> n'a rien de commun avec la
' racine arabe gahana ». Cela est possible, mais, du moins, elle existe,
I tandis qu'une racine gakhana n'existe nulle part; faut-il la créer
I exprès pour les besoins de la cause ?
^H V Le verbe rahaçu, < inonder n, semble bien proche de rhébreu
^mraàac, « laver >), et de l'arabo-éthiopien raàoda, raheç.a, **. laver,
^Buer rt ; mais, en face de l'assyrien rakhaçu^ m inonder rf, il est pro-
^^able que la racine arabe dont la signilicalion est déjà si alTaiblie,
a subi un atlaiblissement phonétique dans sa forme />. Le cercle
15> REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vicieux de ce raisonnement n'a pas besoin d*être relevé. D'abord on
décrète la forme rakhaçu^ puis on corrige les correspondants arabe
et étbiopien, qui ont le tort de ne pas s'y conformer.
« Inhu^ « soupir », est bien l'arabe w^= béb. ânah^ mais ce sont
visiblement des onomatopées ». Puisque M. D. a, parait-il, des
a^ccointances préhistoriques remontant à l'origine dû parler sémi-
tique, nous admettons l'onomatopée ; seulement nous serions cu-
rieux de savoir pourquoi les Assyriens ont soupiré autrement que
tous leurs autres frères attristés ?
<' Le terme malahu, « matelot, marin », n'a pas sa place ici ». Le
mot de cette énigme nous est donné dans la note : c'est parce que
l'arabe mallah peut bien être emprunté à l'araméen, et, dans ce
cas, le h attesterait seulement la prononciation douce du het ara-
méen au moment de l'emprunt. Ainsi, une simple conjecture suf-
fit à M. D. pour écarter les faits qui contredisent sa théorie. Il
ajoute : « L'hébreu mallah remonte peut-être, lui aussi, au baby-
lonien malakhu (mallakhu), « saunier, matelot, marinier ï>. En aucun
cas, mallah n'a quelque chose de commun avec melah, milh^ « sel »,
étant donné que ces mots ne signifient jamais c. fiot salé » (SalzQuth],
et, comme la navigation babylonienne sur les fleuves et canaux pré-
cède la navigation sur mer^ le mieux sera d'assigner à malah le
sens de « ramer ». Ce raisonnement bizarre commence, comme on
le voit, par supposer dubitativement l'origine araméenne du mot
arabe et l'origine babylonienne du mot hébreu; puis, ces conjec-
tures devenues des certitudes, on s'y appuie pour séparer mallah
de melah, u sel », en donnant à la racine malakha un sens qui n'existe
pas môme en arabe ! Il n'y a que les fausses théories qui nécessi-
tent des efTorls aussi désespérés. Le fond môme de l'argifment ne
soutient d'ailleurs pas l'examen, car les marais salants abondent
en Babylonie, et, de plu^, le nom. hébreu yam hammelah, a mer de
sel », de la mer Morte, fait, sans aucun doute, allusion au goût
excessivement salé de ses eaux. Le double sens de « saunifer » et
de « matelot » propre à l'arabe mallah atteste, en outre, que la véri-
table navigation a débuté par la recherche du sel marin. Le côté
piquant de l'aiïaire, c'est que M. D. supprime tacitement son affir-
mation première, qui a été la seule cause de ma contradiction.
Dans Hebrew Language, M. D. a tiré le sémitique mallah du sumérien
mâ'lah, « vaisseau allant »; dans son présent mémoire, il y substitue
une racine sémitique malakk, « ramer »"; d'où vient ce revirement
soudain en faveur du sémitisme, M. D. aurait dû le dire à ses lec-
teurs, que cette contradiction ne manquera pas de mettre dans un
grand embarras. Enfin, comme M. D. écrit aussi pour les assyrio-
logues, ii aurait dû leur dire ce qu'il pense actuellement du sumé-
rien mâ-lah; est-ce un emprunt fait aux Sémites, ou bien une forme
artificielle du genre de ces rébus malencontreux qui menacent
d'exiler les Sumériens au pays des chimères?
Somme toute, pour se débarrasser de huit exemples parmi ceux
BIBLIOGRAPHIE
157
ii€ je lui ai signalés, le nouveau lexicographe hébreu met eu œuvre
ioe jolie cuUeclion d'argumeals des plus singuliers et tombe (iaus
^arbitraire le plus efTréaé. Tout en invoquant l'arabe, il crée des
Racines qui n'y existeot pas ou qui n'y tint pas le même sens.
D'autres l'ois, il corrige les formes existantes par l'unique raison
ju'elles ne font pas son allaire. Et quand lout cela ne suitit pas, il
BCourt il la devinaiiou ei émet des oracles sur l'origine des mots et
pes idées. Voilà le procède par lequel M. D. s'autorise à stigmatiser
es exemples du qualiûcatir de <* faux », Les autres, grùce à un re-
aords tardif, sont touchés dans la suite ou rejetês dans les notes.
ihadat-ahadat ne signifierait pas « les uns les autres *>, mais, peut-
fcire, a troupes-troupes » ; Târabe hassa^ « sentir, apercevoir », est
affaibli de Maj?^«, bien que ce verbe ait un sens loul différent;
fiakazu et hakamu sont transcrits par kh malgré le témoignage de
|*arabe ; le reste est passé sous silence : Tarabe masaha^ « mesurer »,
ferait formé de tnassâk, v. géomètre », mot qui serait emprunté à
raramét-n, v c'est pourquoi on n'est pas autorisé à dépouilUr l'équi-
valent assyrien de son M » /
Comme la différence du point de vue en discussion se rapporte à
une question de principe qui peut iniUier sur la recûnstruetion de
la langue primitive des Sémites, il ne sera peut-être pas superflu
de coordonner ci -a près quelques-uns des mots assyriens dont le sens
aïncide avec les laciues à n doux dans les autres idiomes appa-
BUtêâ.
I Akadai^ahadat, v. les uns — tes autres « ; r. sémitique commune :
^B in&t, f un »,
^Biff^^tt, « soupirer, gémir k héb. ns» ; ar. n&«3.
^^ffmt^u, ft or i» ; héb, ynn ; héb, f nn, u soigner ^ ; ar. ^in, ^ soigner,
1^ convoiter ».
SahahUt « jeter par terre, traîner >; héb*-ar. anD.
HarbUy M épée »; héb. snn; ar. n^^iHi <^ javelot, l'er de lance «»,
Zabahu, "égorger »; héb, nsT ; ar, nsT»
Haçanu, ^ fortifier, consolider -s ar. ixn.
Mashahu, v mesurer » ; aram, nc?^ ; ar. nD?a*
2alaÂu, sala/iu, c asperger, laver « ; àram. nbt, *t asperger, goutter *
ar, nbT <c goutter ».
MakaçUy t' frapper, Ueraper»; héb. yni2 ; ar. yn?j, ^ lisser, épurer a,
Mahazu, « place, contrée » ; héb* Tin?3 ; aram. ^J'vm ; ar, Tinx^2, t- es-
pace, intervalle »,
^^mMasoiu, V savoir, comprendre .> ; béb. pest. CCn, u sentir, prendre
^P en considération <> ; ar. sn^ t^ être ému, sentir, connaître j>.
fHashaîu, « briser i>; héb. bon, >Dn, « briser, ronger ^: ar. bon, ^^ trier,
rejeter »,
Nahbaiu^ « corde -s héb, ar, ban, bnn.
158 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Hii^bu, <'. espèce, produit » ; ar. nm^ a groupe, parti » ; étb. atti,
« peuple ».
Thabahu, « immoler »; héb. aram. nna. L'arabe fina signifie a cuire,
faire bouillir ».
Mashthahu, « place large » ; béb. aram. nao, naD.
Earûy « creuser »; ar. -^nn» « décroître, diminuer ». L'arabe ^nn signi-
fie « fienter ».
àfalahu, « marinier, » héb. aram. ar. rk'n, n«^5.
Eakâmu, « savoir, comprendre » ; héb., aram., ar. û^n.
Hatana, « renforcer, fortifier » ; ar. inn, « être intense, soutenu,
allié » ; béb. inn, « fiancé » ; inn, « devenir, parent ».
Palahu, c craindre, servir, adorer » ; aram. nbo, « travailler, labourer,
servir » ; héb., ar. nbo, « labourer i>.
Hashahu, « désirer, aimer v); aram n^an. N'existe pas ailleurs.
Dahadtiy « abonder » ; aram. 'rm. N'existe pas ailleurs.
Earashu^ « labourer » ; héb. «nn; ar. nnn.
Hazanu, « officier, fonctionnaire »; héb., aram. "[Tn^ « gardien, qui
soigne les aflaires de la ville ou de la communauté » ; ar., étb.
Itn, « être soucieux, affligé ».
Sarimtu, « épouse » ; ar. ûnn, « être interdit ». — L'ar. ûnn est € dé-
coudre, percer ».
Rahaçu^ « inonder »; héb. «y^nn, « laver »; ar., éth. yrn» « laver,
suer ». L'arabe yfin signifie « diminuer de prix, être à bon
marché, être vil ».
Pashahu, « se reposer, être tranquille » ; ar. nOD, « donner de l'es-
pace, du temps, toute facilité » ; étb. NTOp^ « joie ^.
naâtUy « vie »; héb. aram. ïa^-^n, l'^'^n, ar. rTS-^rii éth. nrn.
Nahlu, « étroit, torrent » ; héb. bm, « torrent, rivière qui n'a pas d'eau
permanente » ; cf. ar. bn5, « amaigrir ». — L'ar. brô est « pal-
mier ».
Nuhshu, « abondance, bonheur » ; ar. sna, « mauvaise chance » (anti-
thèse). — L'ar. ons est « piquer, percer ».
Ashuhu, « espèce de cèdre » ; aram. «mo«. N'existe pas ailleurs.
Lahantu = çaâhu, « qui crie, nom d'oiseau », ar. inb, a son, chant,
mélodie ». — inb sign. « puer ».
ÇaâhUj <f. crier »; béb., aram. ms:. N'existe pas avec ce sens en
arabe.
Shahâlu, a tirer » ; aram. bno ; ar. ftbNno» « limçille, rebut ».
Ouhlu, m objet brillant, carboucle ? » héb. bn:i, « braise ». Manque en
arabe.
Kirhu^ a citadelle, forteresse » ; aram. n^D « être fort ». — L'arabe
n"i5 signifie a faire affluer ».
Dalâhu, « troubler »; héb. aram. nb^r. — L'arabe nbn signifie « être
trop obèse ».
Shamhu^ a vert, frais » ; héb. XPSf^^ ^ réjouissant ».
BrBLÎOGRAPIIIE
s'épanouîr, rayonner »,
•tffir, tf objet brillant >» ; ara m. bnt ,
N existe pas avec ce sens eo arabe.
BiffuUu, « prospérité, abondance •) ; étb, bn^n, « misère, perle » (ao-
ti thèse).
Hndû, a se réjouir -> ; héb, aram, mn, f*"in.
Bipu^ tt eiracement, destructioD »; ar. "'sn, u user, émousser »>
HurtÂu, « montagne boisée » ; héb. '^Snn,
Skdraku^ a augmenter, agrandir )>; héb. nns^ « prolongement 15 ; ar.
me, tî élargir, dilater >.
Tkakû, a toucher, renverser ■> ; ar. "^n::, « étendre à plat ».
Kappûhu, il forgeron ->; héb. aram. ncx «TO3; ar. nns:, « souffle *►.
PiUlu^ V commandant, gouverneur )^ ; ar. ''ins , e sens, obser-
va lion fl.
Saharu, ^ entourer, retourner )> ; aram. nno, t' entourer »; liéb. imo»
t marchand ambulant jd. Kn ar. -^no signiQe «.i se moquer,
railler » *.
îl est inutile d'allonger davantage celle liste. Voilà cinquante ra-
tines dont le n doux ne s'est pas perdu en assyrien. Je les ai enre-
eistrces au fur et a mesurti qu'elles se préseniaient â ma mémoire,
sans avoir fait de recherches syslémaliques. De ces racines, les
unes sont particulières à des langues du nord et n'existent pas en
arabe avec un sens analogue, les autres onl, même en arabe, un n
<îoui et, sll arrive parfois que les deux formes avec n doux et
TTontuû sens identique ou très rapproché, il n'y a aucune raison
«l'abandonner le premier en faveur du second, contrairement au ca-
ractère général du groupe dont Tassyrien fait partie. A ces conditions,
O0113 accepterons les comparaisons enlrc Tassyrion et rarabe à pro-
iKJsdu n, Celles que nous donne M. D. ne sont entourées d'aucune
précaution. Ainsi, parmi les mois à n dur, il compie napalm^ kaianu,
*fiAtff«, bien qu'en arabe il y ail Ti^x inn et yn?: à côté de ns3,
î^n. pTTa; de même l'assyrien andkti, i' reposer », répond mieux à
i'iiébreu m^ qu'à l'arabe ni3 ; enfin, thabahu est Thébreu nnza, ^* égor-
gtr 1, et non Tarabe ns::ï « faire la cuisine ». B^autre part, les
exemples où le n doux disparaît en assyrien sont loin d'être aussi
oomhreux qu'on se Timagine V Dans le petit nombre quenumère
M. 0. il y en a dont rorigine est très douteuse» comme abâshu^ igaru
(= aram. 6«-i5^fi« ?), annu^ (= anunu, u garde? >0 ; d'autres font queU
^cfojs reparaître le n ; on a ainsi patû et pathati de nns, Mû et
» D^ftutres radoes et mots Je ce genre se pressent sous ma pliinjo corom© DHil
"li^X^n (u'csislfl t>as en nribe) ,nTn ,pin ,KU3n .CIH .nCH ,UT\b ,bnD .Hlp pIc
ûtm dernière racinis forme rhébréo^ssyrieii nip (h^ie, hXî, i) guAu {— çuku)^
fm^ 0é « corde, lien >.
t Jv crois que le nombre de ces racines aUmnià peine k vinglaina ; Ce ne toot
dOC pi« ceicai excepUonnelB qui doivont coastiluer la règle,
ICO REVUE DES ETUDES JUIVES
zaàahu de nnr ; ru' tu, « soufûe » (= mn), s'écrit presque toujours aiec
le signe qui marque Thiatus. En tout cas, la perte de la gutturale
douce dans quelques mots assyriens est la conséquence de la perte
complète des lettres K, rr, 7 ; cette dernière, môme quand elle cor-
respond au y (gbaïn) arabe. L'assyrien est, sous ce rapport, la sœur
du mandaïte et des langues néo-araméennes ; ce n*est pas de ces
Idiomes phonétiquement si usés que nous peut venir la lumière sur
la phonétique primitive des langues séùiitiques.
N'en déplaise à M. D., la question de la gutturale assyrienne n'est
pas résolue par ses remarques, et encore moins celle qui concerne
l'originalité du kh dur dans la langue-mère des Sémites. Jusqu'alors,
l'introduction du kà en assyrien, sous prétexte que cet idiome nous
a conservé la forme primitive à cet égard, non seulement est injusti-
fiable et détruit Tharmonie des langues du nord, mais elle fausse la
recherche des significations en séparant d'autorité des racines iden-
tiques et en créant des racines qui n'ont jamais existé. L'emploi
du A doux ne préjuge rien, conservons-le *.
J. Halévt.
* M. Delilzsch a bien voulu m'annoncer dans sa dernière lettre qoe son dictioo-
naire assyrien est pt^nétré d^un esprit fortement antisumérien, thèse à laquelle U vic-
toire lui semble Ôlre finalement réservée. Cet aveu du savant assyriologae met ôa
désormais a la discussion sur Totigin*; des idéogrammes et sur leur valeur poor
Tétymologie des mots assyriens. C'est un résultat très satisfaisant qui permet d^espérer
que, sur le terrain des autres questions soulevées par la critique précédente, um
réconciliation de nos vues n'est pas impossible. Je compte, du reste, revenir, dans une
autre revue, aux Prolegomena de M. D., afin de relever les nombreux faits d'un
très haut intérêt pour la philologie sémitique que je n'ai pas pu faire entrer dans le
cadre de cet article.
Israël Liivi.
VBhSÂiLLES) IMPIUUEUIE CERF ET FILP, RUE DUPLESSIS, ÛD.
ACTES ET CONFÉRENCES
DB LÀ
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
DEUXIÈME ANNÉE
(8* ANNéB DB LA SOCIÉTÉ)
1887
ACT. BT Q01«F., T. 1.
LA
PRÉDICATION JUIVE CONTEMPORAINE
EN FRANGE
CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
Par M. Albert CAHEN
Profeàëctir de rhétorique «a collège Rotlio.
Mbsdambs, Messieurs,
De qaelqiié reconnaissance que je me sente pénétré à Tégard de
la Société des ÉUules juives et de son éminent président, M. le grand
rabbin Zadoc Kahn, ce n^est pas sans appréhension que je me Suis
assis ce soir à cette place, d*oii vous avez entendu parler tant de
causeurs charmants, tant de personnages illustres, les maîtres de
la science, de la pensée, de l'éloquence contemporaines. Du moins
désiré-je, dés Tabord, prévenir un malentendu que je redoute. Je
serais fâché que le titre lin peu austère sous lequel cette conférence
a été annoncée vous laissait croire que vous allez assister, ce soir, à
uno véritable et savante leçon. Faire des leçons, c'est un peu mon
métier, je le sais; non pas toutefois devant un auditoire comme
celui-ci ; car je n'ai pas encore accoutumé de parler en docteur dans
une assemblée où ce sont les disciples qui tiennent la férule, tandis
XCVI ACTES ET CONFÉRENCES
que le professeur tout seul est exposé aux mauvais points. Au reste,
pour discuter avec compétence de la prédication juive contempo-
raine en France, il faudrait ctro sans doute un érudit théologien : je
ne suis ni théologien, ni savant. Simple ûdôle, profane même, si
l'on veut, confondu dans la foule, j'ai entendu beaucoup de sermons
juifs; grâce à l'inépuisable obligeance de M. Zadoc Kahn, de M. Isi-
dore Loeb, de M. Israël Lévi, j'en ai lu davantage encore : j'ai
voulu, pour ma propre satisfaction, essayer de noter les enseigne-
ments généraux qui sô dégageaient de tous ces discours, ainsi que
les traits précis qui leur sont communs et par lesquels la prédication
juive parîdt se caractériser; et c'est le résultat de ce modeste tra-
vail que je vous apporte ce soir.
Le public nourrit généralement d'assez fortes préventions contre
l'éloquence religieuse. Tandis que les autres œuvres littéraires
diffèrent entre elles suivant le temps où elles ont paru, le pays qui
les a vues naître, le génie des auteurs qui les ont produites, on
affecte de croire qu'un sermon ressemble nécessairement à tous les
sermons, que, forcés de développer toigours les mêmes thèmes, les
prédicateurs ne se distinguent que par les mérites de l'expression,
et qu'ils restent tous, comme on .l'a dit de l'un d'eux, des diseurs
plus ou moins sublimes de vérités ordinaires. On connaît la jolie
boutade que M. Emile Augier prête à son Giboyer*.
M"*® DE La Vibuxtour. — Le P. Vernier a été admirable ce matin. Y
étiez-vous, M. de Vrillière?
Lk comtb de Vrillière. — Je n'ai pas pu entrer. . .
M™<* DE La Vieuxtouh. — Vous avez perdu. Il a eu sur la charilé des
pensées si touchantes, si nouvelles I
GiBOYER, à patt, — A-t-il dit qu'il ne faut pas la faire ?
Eh ! non sans doute, le P. Vernier n'a pas dit quïl ne fallût pas
faire la charité. Mais si le P. Vernier est un grand orateur, c'est
par dos raisons que lui seul pouvait trouver, ou auxquelles les gens
de son temps et ceux qui part&gent sa foi seuls pouvaient s'inté-
resser, qu'il a essayé de faire comprendre comment et pourquoi il
nous faut aider, servir, aimer les misérables ; c'est par des argu-
* Lo fils de Qiboyer, IV, 6.
ICOI
mantâ tîrôâ ou desoti expérîencd perron nelle dô la misera Ixuinaine,
<m du speetade des infortunes lamentables qui afliigent la société
moderno, ou des nobles prck^cctipations dont ne peuvent s'emp^cber
dVHre tourmentées les âmes les plus généreuses de notre temps ; ou
bien, dédaignant, de parti pris, toutes les raisons humaines, tous les
arguments de la pbilosophie, c'est, à Texeraple de Bossuet, de la
contemplation même du mjstôro de la croix, de la vie et de la
passion do Jésus-Cbrist, Dieu des pauvres, qu'il a voulu déduire
tous DOS devoirs envers les pauvres. La vérité, en effet, c*est qu'à
l'égal des autres genres, à l'égal de la poésie dramatique ou do
l'éloquence politique, Téloquence religieuse, qui s'adresêo à un
public sans cesse renouvelé, pour lui parler en face de ses devoirs
ou de ses intérêts souverains, se modifie, suivant les époques, les
circonstances, les mouvements de Topinion, les sentiments des
auditeurs. L'histoire de la chaire française le prouverait au besoin,
uelle diflérence, tonte idée de comparaison entre les talents étant
d*aillent*s écartée, quelle différence entre les sermons d'un orateur
du xvir siècle et ceux des plus grands prédicateurs du xix" 1 Dog-
matique avec Bossuet, la prédication catholique devient morale avec
loin'daloue, philosophique avec MasslUon et les meilleurs orateurs
ligieux du x^^I^^ siècle, raisonnable et raisonneuse avec M, do
rajssinous, romantique et lyrique avec le P. Lacordaire; les dîs-
lussions mêmes de Téconomie politique ne Tout pas, de nos jours,
aissée indifférente. Est-il possible, dès lors, que la prédication juive
Contemporaine ne se distingue pas, elle aussi, par quelques carac-
tères propres, et que ces caractères ne nous apparaissent pas clai-
ment, si nous étudions tour à tour la forme at le fond des discours
le nos rabbins?
Ce n*est pas à dire toutefois qu'on ne puisse d'abord retrouver
chm nos orateurs ces qualités essentielles, fondamentales, sans
lesquelles il n'j a ni orateur, ni écrivain : la netteté du plan et de la
composition, Tordre, la solidité, l'abondance de Targumentation. Je
^orrais citer, par exemple, tel sermon sur la Fin d k$ Œuvres 't
dans lequel Toratour, après avoir établi, par des citations nom-
* Zadoc K«Ud, SêrmoHë e$ aUoeutioiu^ 1^ léri©, p. U3.
XCVIH ACTES ET œNFÉREHCEB
breuses, indiscutables, que, suivant la doctrine . constante du ju-
daïsme, la foi ne saurait suffire sans les œuvres, que même « Tétude
et la connaissance de la loi ne sont pas Tessentiel, mais que c*est
Faction, » montre, par une fine analyse, quelles conséquences se
déduisent de ce principe : la préférence accordée à la charité active
sur un ascétisme stérile; la tolérance pour les doctrines, puisque
c'est à ses œuvres qu'on doit juger l'homme et que Dieu le ju-
gera ; la pureté d'une mwale où tout est pondéré, mesuré, et qui
ne donne pas dans les exagérations périlleuses du mysticisme ; la
rigidité enfin de la conscience juive, qui ne peut se décider à
fournir aux actes blâmables la facile excuse de la direction d'inten-
tion. Et toutes ces conséquences, incessamment rattachées au prin-
cipe dont elles découlent, amènent elles-mêmes, en forme de conclu-
sion, cette règle pratique : « Ne nous contentons pas d*une foi
inerte, agissons : car le mérite de l'homme est surtout dans les
œuvres. »
Même finesse et même solidité dans l'argumentation par laquelle
l'orateur se propose do justifier la prière*, cet acte religieux dont
rincrédulité a tant de fois essayé de prouver Finanité. Tous les ins-
tincts de notre être, dit l'orateur, nous poussent à la prière. — Ins-
tincts aveugles ! répondent les incrédules. Car pensez-vous que votre
prière puisse faire modifier à Dieu ses décrets éternels ? — Et qui
donc, reprend l'orateur, <f qui donc oserait marquer des limites à la
bonté, comme à la puissance de Dieu ? Qui aurait la prétention de
soumettre à la mesure de son jugement borné l'Être, qui, par sa
nature môme et sa perfection, échappe à toute mesure? »
Mais il y a plus. Quand il serait vrai que la prière n'a pas la puis-
sance de modifier on notre faveur le cours des choses, la prière n'en
serait pas moins utile et nécessaire. Soit : Dieu n'a pas besoin de
nos prières ou de nos actions de grâces pour discerner ce qu'il doit
faire ou se payer de ce qu'il a fait ; mais nous en avons besoin :
car, comme la prière seule, on nous arrachant aux préoccupations
tristes et vulgaires de la vie terrestre, nous élève tous, humbles et
puissants, jusi^u'à Dieu, comme par elle seule nous lui parlons, nous
' Zadoc Kahn, Sermons et allocutions, 2^ série, p. 39.
im
^H rai
LA PREDICATION JlîlVE CONTEMPORAINE EN FRANCE XGIX
nnu8 confions à lui, en elle seule îïous trouvons, pour notre lassi-
tude, notre faiblesse, notre douleur ou notre désespoir , refuge^
appui, eonsolation, réconfort. Que répoiidre à une argumentation
qui retourne ainsi la question, et qui, après avoir réfuté une pre-
mière fois lobjection, veut bien feindre cependant d'en admettre la
validité I afin de lui opposer une réponse plus décisive encore que la
première?
Mais, si rargumentation d*un sermon peut être forte, elle doit, du
moins, être bornée dans ses développements, Tattention d'auditeurs
bienveillants sans doute, mais souvent légers et médiocrement pré-
parés aux méditations austères, risqnant de se lasser trop tôt* La
lot^o pastorale, qu'on lit à loisir, peut B^épandre avec plus d'abon-
dance, et je me voudrais mal de n*en pas citer Ici au moins une,
que j'extrais du Recnnl âe lettres pastorales et ih discours irinaugm-a-
thn de M. Klein, grand rabbin de Co!mar% recueil que je qualifie-
rais de magistral, si Ton en pouvait élaguer quelques redondances
faire disparaître quelques germanismes, 11 est impossible qu'on
soit pas frappé, en la lisant, comme je l'ai été moi-même, de
rampleur et de la ilnease d'une dialectique qui no se soucie pas de
reprendre à son service les arguments trop faciles d'une métaphy-
sique élémentaire.
Il s'agit ici, en elTet, d'une démonstration de la Providence» et
tout do suite la preuve téléologique, la preuve tirée de Tordre de
runîvei*s et des causes finales, se présente à l'esprit de récrivain
sacré : mais il Técarte aussitôt, pensant qu'il appartient peut-être
au philosophe de la développer, pour réfuter Tathéisme, mais qu'elle
ne saurait suffire au prédicateur instruisant ses frères au nom de la
foi. Sur quoi va-t-il donc appuyer sa croyance à Tintervention de
la puissance divine dans les afiaires humaines? Hardiment, sur les
miracles.
Mais on refuse, au nom de la raison et de l'expérience» d'admettre
lauthenticité des miracles attestés par rÉcriture. Eh bien I accor-
dons cause gagnée à Tincrédulité, ou plutôt ne nous occupons pas
de eea miracles qu'elle conteste : mais il en est un au moins dont
Gobiiâr, im.
ACTES ET CONFERENCES
les effets durent encore ; un miracle permanent, qui continue de
s'accomplir sous nos yeux : c*est Texistence même et la perpétuité
dlsraël.
Qu'on se demande, en effet, si c'est une œuvre humaine, non pas
de donner à un peuple une constitution, mais de créer, à un moment
précis, cette constitution de toutes pièces, et de la créer, dès Fori-
ginë, immuable, quoique les constitutions paraissent aux hommes
n*ayoir ordinairement quelque chance de durée que lorsqu'elles sont
l'œuvre du temps, comme les mœurs mômes des peuples, et que le
temps peut incessamment les modifier.
Or, Israël, au sortir de Tesclavage et d'une abjection profonde,
Israël tout entier dominé par les appétits sensuels et grossiers,
Israël, peuple dur à manier, reçoit une constitt^on qui est en con-
tradiction non seulement avec sa nature, mais avec toute la nature,
toutes les lois fatales, tous les instincts brutaux de la nature, une
constitution qui est devenue le code des sociétés modernes, et qui
prêche Tamour du prochain, la charité, la tolérance, le respect de la
dignité humaine, l'égalité. Tordre, la liberté, et t^us ces principes
qu'Israël devait conserver au monde, mais que le monde ne devait
reconnaître que trois mille ans plus tard ; et ainsi, en môme temps
que la destinée d'Israël est fixée, l'avenir du monde est prédit
trente siècles à l'avance.
Ici la démonstration, qui, vous vous le rappelez, avait commencé
par faire la part la plus large possible à l'opinion de l'adversaire,
pourrait paraître enfin terminée. Mais non : l'écrivain redoute
encore de nouvelles olyections et leur oppose par avance des ar-
guments multiples.
On discute, dit -on, sur la date à laquelle cette constitution
d'Israël a pu être rédigée : mais qu'aura-t-on gagné, si l'on prouve,
en admettant qu'on y puisse arriver, qu'elle a précédé de vingt-cinq
siècles, et non de trente, l'avènement dans les sociétés modernes
des principes qu'elle proclame ?
On objecte encore que cotte constitution, prétendue divine, oblige
Israël à bien des pratiques mesquines, qui ne méritent pas que Dieu
s'intéresse à les voir accomplies. — Mais d'abord qui donc est juge
de ce qui est digne ou indigne de la majesté divine? — Qui donc,
LA PRÉDICATÎON JUIVE CONTEMPORAINE EN FRANCE
Cl
I
»
I
eniuitfj nierait l'utUité de ces pratiquer» dont les unes^ nous rappe-
lant des souvenirs historiques, servent par là de soutiens au dogme
lui-iaéAiei tandis que les autres habituent notre corps à souffrir les
privations de toute sorte et nous font plus forts pour les jours
d*épreuve (rhistoiro de nos aïeux Fa prouvé'i ? — Enfin, prenons
giurde que discuter sur une seule des prescriptions divines, c'est
ébranler les autres, et qu*il faut ou le:4 accepter toutes, car toutes
émanent de la mt^me autorité^ ou les rejeter toutes» même celles qui
protègent et assurent Tordre de la société tout entière.
La conclusion de cette ample argumentation est facile à déduire :
nous ne pouvons nier qii'i! n^y ait quelque cîiose de miraculeux dans
la destinée d' Israël et dans la loi dont il a été le dépositaire ; il faut
donc avouer qu'une force supérieure, providentielle, intervient dans
les affaires du monde.
Mais il ne peut nous suffire de montrer que nos meilleurs pré-
dicateurs no sont pas inférieurs aux grands orateurs chrétiens dans
Tari de composer un discours, d'ordonner un développement, de
nourrir une démonstration d'arg:uments solides et hiea liés : nous
n*avons pas promis de faire voir seulement qu'ils sont égaux^ mais
i)u'ild 8ont différents.
A vrai dire, leur originalité se montre déjà dans le développe-
ment do certains thèmes communs aux prédicatem^s de toutes les
religions, Tutilité de la donleur par exemple. On sait que dans son
beau sermon mtr fa.Protidenre^ prêché en l(i52\ Bossuet n'a, en
réalité, trait*3 que de cette question de loxistence du mal dans le
monde et de la répartition^ injuste on apparence, des biens et dos
maux. Après avoir réfuté les théories d'une philosophie orgueilleuse,
qtii s'obstine à nier que le sage soit sensible à la donleur, et les dis-
cours d'une aveugle superstition, (|ui veut toujours voir, dans Je
malheur dont un homme est frappé, une marque de la réprobation
ÎTine, Bossuet se réfugie, pour convaincre les incrédules, au fort
même de robjoction que les incrédules lui présentent : oui, dit-il, lo
mal existe sur la terre ot les hommes vertueux sont souvent mal-
r ' J« nô rippelle ici qiiû pour mémoire que nous avods deux sermoRS do Bot-
Kooi ^#- ta Prtfvûience, c^ont Flarjucl et linndiir ont rétaliU les dates longtemps
jAéeofioues, Vun prêché à Dijon t>D t65G, l'autre au Louvre en \U2,
eu ACTES ET CONFÉRENCES
heureux ; mais le dogme du jugement dernier nous fait comprendre
la raison de cette espèce de désordre : car qui dit jugement, fait
entendre un discernement; or il ne peut y avoir discernement que
s'il y a eu d'abord mélange ; et voilà pourquoi les bons et les mé-
chants, qui seront distingués plus tard, doivent d'abord être confon-
dus, et pourquoi les biens et les maux paraissent se répartir sur la
terre sans règle et sans loi.
Il semble qu'à cette démonstration si forte, il ne reste rien à
ajouter. L'orateur juif y ajoute cependant, et, après avoir, lui aussi,
justifié les tristesses du présent par les espérances de l'avenir, il
veut trouver dans notre vie terrestre elle-même un nouveau motif
de croire à l'utilité et à la nécessité de la douleur, et j'ose dire un
motif où se révèle la tendresse naturelle du cœur de l'Israélite :
c'est par la douleur que nous apprenons à être bons et compa-
tissants :
Pareille à cette verge miraculeuse du grand prophète, qui. d*an ro-
cher nu et aride, tira des flots d*une eau limpide et bienfaisanle, elle
fait jaillir do notre sein des sources inépuisables de pitié, de sympathie,
de charité. Rien ne rend sensible aux malheurs d*autrui comme d*avoir
souffert soi-même. C*est là cette communauté de souffrances dont parle
le poète en termes si touchants, et qui a tant d'empire sur les nobles
dmes. Notre divine Thora en a bien compris la puissance, elle qui ne
cesse de rappeler à Israël ses commencements difficiles et les rudes
épreuves qui ont affligé sa jeune nationalité, dans Tunique but de lai
apprendre à devenir doux et humain, et à entourer tous les êtres, surtout
les faibles et les malheureux, d'un amour généreux et d^une sollicitude
infatigable. Presque toutes nos prescriptions de charité publique ou
privée, nos lois de protection en faveur des déshérités de la terre, sont
accompagnées do ces mots : « Souviens-toi que tu as été esclave en
» Egypte. » Et à vrai dire, aucun autre commentaire, aucun autre ex-
posé de motifs ne pourrait être plus expressif, ni prétendre à plus d'au-
torité ». .
Combien d'autres exemples ne trouverions-nous pas de ces déve-
loppements dont le thème est connu, mais que l'orateur juif renou-
velle en les soutenant d'un sentiment original, personnel. C'est ainsi
que tous les orateurs ont parlé de la douceur du mot de patrie :
' Zadoc Kahn, Sermons et allocutionSy t'® série, p. 89-90.
LA PRÉBÎCATION JIIVR CONTEMPORAINE EN FRANCE
Gif
mais l'orateur juif la ressent plus qua tout autre : les Juifs ont été
si longtemps privés de patrie * 1
Mais j'ai îiàte d'arriver à ce qui fait, par dessus tout, lo ca-
ractère propre dû la prédication juive» j*en tends de la prédication
juive la plus récente, de la prédication contemporaine. Car il faut
bien Tavouer : lea premiers rabbins du xix^' siècle qui ont dû parler
en français, sans règles, sans tradition, ont fait ce que font tous les
débutants : ils ont imité les seuls modèles qu'ils eussent soua les
yeuac, c'est-à-dire les grands orateurs chrétiens du xvn^ siècle. On
retix)uverait aisément des traces curieuses de cette imitation.
,JDans un passage de son célèbre Lennon pour la fête de thpi*
w, Fèneion fait une description ivù^ animée de la vio et des
ardeurs des néophytes chrétiens du Nouveau-Monde :
jeux
H reivo
le
Lt, Oû court pour baiser les pieds d'un prêtre quand il passe ; là, ou
recueille avec soin, avec un cœur affamé et atide, jusqu'aux moindres
Iparcelltîs de la parole de Dieu qui sort de sa boucbe. Là, on attend avec
mipalteuce, pendant toute la semaine, le jour du Seigneur, où tous les
irèreSy dans un gaiut repos, se donnent tcudromeui le baiser do paix,
n'cliint tous ensemble qu'un cœur et qu'une ùmG, Là, ou soupire après
Ja joie des assemblées, après ks chants des louanges de Dieu^ après
le sacré festin de l'Agneau* Là» on croit voir encore les travaux, les
vajage«, les dangers des apOtres, avec la ferveur des Églises nais-
santes.
Le développement continue encore assez lon^empa, se reprenant
eesâo à cet adverbe làj mis en tète do chaque plirase : raccont
811 e«t d'ailleurs chaleureux ; mais le dessin en semblei^a pout-otro
un peu facile : il ne pouvait manquer d'étro imité, et je ne m'étonne
pfti beaucoup de trouver datis un sermon juif, vieux déjà de près de
Inota-cinq ans, une page qui rappelle de très près celle do Fénelon,
L'arateur parle de la célébration du Sabbath, au temps de nos aïeux,
dans fos lieux consacrés au culte :
Là, dit-il» on venait renouveler celle force morale, ce courage et ces
QCnts d'abnégation qui faisaient Bupportcr^ pour la gloire de Dieu
i la religion, toutes les épreuves et toutes les âoutlrances. Là on ve
• Ztdoc Kihu, Sermùnâ et atloeudonst 1T««ériiî| p* 245.
CIV ACTES ET œNFERENCES
naît remercier des succès et des salisfaclions de la semaine l'auteur de
toute bénédiction et de toute félicité. Là on prenait la résolution de ne
pas user de toutes les faveurs du ciel pour assouvir les besoins égoïstes
et les appétits grossiers de Thomme charnel. . . Là. . . la famille Israélite
venait se retremper djins la pratique de toutes les vertus domestiques. . .
Là les parents Israélites puisaient dans la conscience de leurs devoirs
et de leur mission la force de diriger leur famille dans la voie du bien. . .
Là aussi les enfants de tout âge venaient apprendre à ne pas suivre le
torrent destructeur de la légèreté et de la dissipation. .. ; là ils appre-
naient à respecter les enseignements de leurs pères ^ . .
Je n'insiste pas : Timitation est évidente; ou, si Ton veut, il est
évident que Torateur, dont je viens de citer un fragment, a dû se
proposer pour modèles les amples développements des prédicateurs
dû XVII® siècle et chercher à recueillir et à s'approprier leurs pro-
cédés.
Mais à mesure que le judaïsme français s'éloigna des premières
années de son affranchissement et que les rabbins prirent davantage
conscience de leurs forces et de leur talent, on comprit mieux Tin-
conséquence d'un syëtème qui, sans tenir compte de la différence
profonde des auditoires, cherchait à emprunter aux Massillon, aux
Fénelon, aux Bossuet, leur langue, leurs tours, leur manière. Déjà
en 1855, dans une suite de courageux articles *, M. Wogue se plai-
gnait que les enseignements de nos prédicateurs fussent trop peu
précis et leur langue trop peu familière : il demandait instamment
à nos rabbins de prononcer des sermons vraiment juifs. C'est préci-
sément là la tâche que se sont imposée les prédicateurs Israélites du
dernier tiers de ce siècle ; c'est l'honneur de quelques-uns d'entre
eux d'y avoir réussi.
Sans entrer dans l'étude particulière de leurs œuvres, je veux
du moins signaler un petit nombre de leurs procédés habituels, ceux
qui donnent enfin à la prédication juive un caractère séduisant d'o-
riginalité.
On conçoit d'abord que l'histoire des Israélites, soit avant, soit
depuis la dispersion, si variée, si pleine de faits et d'enseignements,
* D. Marx, Sermon sur le culte public, Bordeaux, 1853.
* Parus dans le journal Le Lien d'Israël, Mulhouse, 1855- 1856.
LA PREDICATION JUIVIC CONTKMhîRAINl-: KN KRANCE
cv
ait fourni à nos orateurs la matière de plus d*un développement .
Ils se plaisent à évoquer le souvenir de quelques scènes suWimea ou
touchantes de la vie juive dans Tautiquité ou pendant le moyen âge.
Cù^t ici le tableau grandiose des cérémonies de Kippour dans la
sanctuaire ancien :
L'heure soleunclle a sonné ; c^cal le dixième jour du septième mots ;
c'est le jour des Expiatîozis. Le peuple hébreu remplit tes suiols par*
tiques, et le chef suprûaio du cuUc, le grand pontife officie en poraonnc.
Entouré des anciens de la tribu saccrdulale, il oHpc les oblations et les
sacrifices prescrits, et se dirige vers le Lieu» saint entre tous» où sont
déposées les Tables de la Loi« Dès qu'il y a pénétré, il sort de sa bouche
une prière instante» une confession publique; il prie pour lui-même,
pour les siens» pour les chefs, pour le peuple tout entier; lui» le pre^
mier de tous par la saintelo, par le mérite» par la dignité» il avoue hau*
tement les fautes qu'il a pu commettre ; il se fait rinlcrprèle du repenlir
de tous» et. pour tous, aussi bien que pour lui-mOme, îl demande le
pardon du Ciel : « Grflcc^ Soigneur, s*écriait- il» le front prosterné sur les
dalles sacrées; nous avons péché; nous avons transgressé tes volontés
saintes ; nous avons été 4)cn'ers» moi» ma maison et loat tou peuple
Israël» Pardonne-nous les transgressions dont nous nous sommes rendus
coupables» pardonne-nous» ainsi que le promet ta loi. » Les prêtres et le
peuple, réunis dans le parvis du Temple, s'agenouillaient à leur tour,
après avoir entendu Tin vocation du puuLife» et s'écriaient : « Béni soii
à jamais le nom du Roi glorieux des mondes ^ »
Là, nous entrons, avec nos aïeux, dans ces temples du moyen
Age, où leur âme s*épanouissait, où leur courage se retrempait, au
sortir des épreuves^ des tristesses et des humiliations :
Au deliors la.liatac s*acharnait contre eux; dans leurs temples, ils
se sentaient réchauffés par les rayons de Tamour, Au dehors» ils n^en-
tendaient que menaces» malédictions, railleries insultantes; dans leurs
temples» Dieu parlai! k leur cœur poar les consoler et !cs soutenir.
Au dehors» ils étalent obligés de se faire humbles et petits ; dans leurs
lemples. Us se relevaient avec fierté, confiants dans la bonté de leur
cause» pénétrés de la grandeur de leur mission. Ah 1 quelles brûlantes
luvûcatioDB s'échappaient de leur ûme pendant ces heures bénies où ils
se sentatûnt prés de Dieul Comme ils savaient exhaler leur douleur dans
Afltnic, Snirtiiem *ur U judaUm, p. 77.
GVl
ACTES ET œNFÉRENCKS
CCS poigaantcs Selickoth, qvl mtenUt comme udc plaLnlc éierQcUe, «t
qaî nous arrachent encore des larmes aujourd'hui \ Gomme ils sor-
taiont de là animés d'one nouvelle énergie poor aUronter de nouveaux
dangers M
Au même titre que les récits de Thistoire, les légendes pleusâs de*
valent solliciter Tattention de noa prt^dicateurs» On sait t[uerimajn'
nation d'Israël a déployé une fécondité extraordinaire dans Xinnu-
tion dos contes édifiants, ot l'on ne s^étonnera pas que les oratôtinî
religieux aient puisé à pleines mains dans cet inépuisable tr^^r,
pensant avec raison gue ces belles histoires, si caractéristiniwâ, nû
manqueraient pas de piquer la curiositéMe leurs auditeurs ou de ré-
veiller chez eux ces souvenirs d'enfance, toujours si cbârs au eootfj
de riiomme,
Si Pmu d'Ane m'ôtail conté,
J'y prendrais un plaisir exirdme.
Les légendes juives ont sur Peau (rAne bien des avant
Beaucoup moins compliquées que le vieux conte, elles sont beaa-
coup plus morales ot plus instructives. Ce ne sont point des fées rn
dicules ou fi'i voles qui j remplissent les premiers rùles ; c'est Dietl
les anges, les patriarches : le merveilleux est U d*une incomparable
grandeur. Mais toutes ces histoires ne sont pas merveilleases ; beau-
coup mettent en scène des hommes ; — des rabbins, des sages» je le
veux ;- -T- quoi qu'il en soit^ des hommes, qui, comme nous, sont
heureux ou malheureux, comme nous souffrent ou espèrent « aux fai-
blesses desquels nous pouvons compatir, sans qu'il nous soit permis
do récuser l'excmplo de leurs vertus. Et comme ces personnages
sont vivants ! vivants comme toutes les créations de rimaginatlon
populaire. Ici les exemples abondent; mais je ne veux citer qu'une
seule de ces histoires, une des plus touchantes que nos prédicateurs
nous aient racontées : elle est bien célèbrOf mais j'espère que ceux
mêmes d'entre vous pour qui cette citation ne sera pas nouvelle, ne
Ten tendront pas cependant encore une fois saiMi fkàmr.
Un samedi qae Habbl Méir enseiguait k lot à më dteolfte, ses tient
' Zadoc Katiaj Strmtm H aUoeutiam, \^ tém^ p» lui.
LA PREDICATION JUIVE CONTEMPORAINE EN FHANCE
CVIJ
k
eufanls mouraient à la maiscQ attemts d'un mal subit. Beruria, la pieusd
femme de Rabbi Mcir, no voulant pas troubler, pour son mari. la sain*
tetô du jour du Sabbat, prit les cadavres des doux enfants, les déposa
dans une pièce reliréc do son appartement; puis, composant son visap*
et dôvûrant ses larmes, elle attendit son mari. Il revint à TUoure de midi
et demanda : « Où sont les enfants i — Tu les verras plus tard, répondii
Deniria ; prends ton repas et va rejoindre tes disciples. » Rabbl Méii
repartit et oo rentra qu'à la miit. Il demanda une seconde fois: ^ Ou soiil
les enfants "? — Tu les verras tout à Tboure, répondit Beruria ; récite»
en attendant, la prière de Habdala ^. Quand il eut récité cotte prière,
'Bâinria s'approcha de lui et lui dit : « Maître» j^al une quesiion à t*a-
dresser. Il y a quelques années, un Uaœœe, que sus affaires forcèrent à
3'cxpatrier, me confia deux pierres pr^ienses d'une 1res grande valeur
Il est revenu et il me réclame le dépôt qu'il a remis naguère entre mes
mains. Suis-je tenue de le lui rendre? — Peux-tu bien m'adresser une
pareille question f s'écria Rabbi Méir. Ne sais-tu pas qu'un dépôt n'est
pas une propriété ? j» Il eut à p^ino prononcé ces mots que Beruria le
prit par ta main, le conduisit dans ta cbambre où étaient étendus les
cadavres des deux enlants, et, enlevant le drap qui les rocouvraît, elle
dit ; « Voilà aussi deux pierres précieuses» deux trésors que le Sei-
gneur nous avait confiés. Il nous tes redemande aujourd'hui. Souviens-
toi des paroles que tu as prononcées tout à l*heure : un déprtt n*est pas
propriété, » Rabbi Meir baissa la tâte; des larmes silencieuses cou-
lèrent le long de ses joues ; puis, réievant ses regards vers le ciel, il ré-
cita les paroles de Job : rÉternel a danné, l'Éternel a repris : que le
nom de rÉterael soil béni * l
Enfin, Tun des caractèrds enoore qui contribuent à donner aux
sermons dos rabbins leur phjsionomie propre, c'est la familiarité du
ton, do roTtpressîon, des peintures. Songeons, en effet» que Taudi-
toire auquel s'adressent nos rabbins e^t très diliërent de celui devant
lequel les prédicateurs catholiques parlent le plus souvent. CeuxH:i
ont à instruire des aiulitenrs très nombreux ot dont ils ne peuvent
connaitiHî un peu t'a niiliôre ment qu'une très fait>le partie ; de la,
presque toujours, pour eux, la nécessité des enseignements généraux
et du stjie soutenu. Tous les membres, au contraire, de la petite
.communauté qui se pres&e autour du rabbin lui sont connus ; les
randes communautés elles-mêmes ne sont encot^ qu'une minorité
restreinte et distincte au naiiieu des fiots de population dans lesquels
^ Oté par M. Isaac Lévj, Sloga fk^iàrt de Létin Tré/bintt, Tetiml, 1974*
CVIfï
ACTES l'T CONFERENCES
oLles sont noyées ; ajoutez à cela le petit nombre des réglons dont
sont originaires la plupai't des familles juives ô*ançaisoâ de notre
temps, et vous comprendriez que le rabbin, parlant a des gensdaat
îl connaît et lo nom, et la famille, et rorigine, et le caractère, et
les mijuurs, et fesprit, et la fortune, puisse prononcer, sous y nom
de sermons, de véritables et charmantes homélies, au sens étjmo-
logique et familier du mot. Quand M. Isidore Loeb, pai' exemple,
dans un sermon mtr h^ devoirs ekii jieHfes communautés ^, qu'il a peut-
lïtre oublié aujourd'hui, mais que j'ai trouvé^ pour ma part^ biâiw
du plaisir à relire, faisait, devant des audîteur-s provinciaux, ûa
tabloau des vanités et des rivalités mesquines qui sont le tléau de^
petites villes, avec une verve digne de La Bruyère et de Picard,
tempérée cependant par un grand esprit de charité, ce n*était pas à
tout le monde, aux inconnus, aux premiers venus, que son discours
s*adressaît, mais expressément à ceux qui devaient l'entendre, et
c*étaient de leurs affaires, de leurs intérêts, de leurs travers, non
des intérêts ou des travers généraux de rhumanitê (jue roraleur les
entretenait. Quand le grand-rabbin de Paris, la plus grande com-
munauté de la France cependant, parle, dans un de ses sermons, de^
jeunes gens « instruits, éclairés, appliqués avec passion à Toeuvre
de la science, des lettres, des arts, de llndustrie, » qui ne sont pas
cependant brouillés avec lo judaïsme, avec ses doctrines et ses pra*
tiques : ta J'en connais, dit-il, et vous an connaissez aussi qui ont un
savoir étendu, un talent incontesté, une haute situation, le droit
d'avoir toutes les ambitions, et qLii ont conservé la loi de leurs
jeunes années, «lui savent ce qu'ils doivent au culte de leurs pères,
et sur lesquels la religion peut compter comme sur son meilleur ap-
pui* ; » ce n'est pas là un mouvement oratoire, un vain artifice de
ri lé torique, mais T expression m (5 me de la vérité ; car il n'est pas un
seul des membres de la communauté à qui s'adressait Torateur, qui
n'eût pu, en même temps que lui, nommer par leur nom ces jeunds
genSj célèbres dès Técole, savants, modestes, respectueux, dont il
proposait l'exemple à Timitation de tous.
^ Swmom^ Saiot-Ëtteane, IBâO»
' Zadoo K«lm, Sirm^M et aikeutianSf 2* série ; Lq jmméiâi ùrû4lit$ ei te
jttdéUmt,
LA PBEWCATION JUIVE CONTEMPORAINE EN FRANCE ^ÎX
Autre milieu, autre tableau, toujours du genre intime. L'orateur
parle des bienfaits de Finstruction à d'humbles familles juives, as-
semblées pour voir diatribuer des prix à leurs enfants ^ et, voulant
montrer que le judaïsme a de tout temps favorisé l'instructiou popu-
laire, il fait appel à la mémoire de ses auditeurs :
f Hoportons-nous, dit-il^ do cinquante ans en arrière. Pout-âtre quel-
ques-uns d'entre vous. Messieurs» ont encore vu ce qu^on appelai L alors
le Héder. On a beaucoup ri de ces modes les établissemcDiSf mois je vous
assure qu*ils valaient beaucoup mieux que leur réputatioii. Chaque com-
munaulê, si pauvre, si p^^tite qu'elle put être, avait à cœur d'avoir son
Eédtr ; et là, dans une chambre nue, de aiisérable apparence, et qui sou-
L^enl n'avait pour tout mobilier qu'une table boitease et quelques chaises
[«alropiees, on apprenait d'abord à Uro et à écrire, ce qui, pour le mo-
Imenl, paraît ôtre le comble de l'instruction élémentaire ; mais en appre*
sait aussi à approfondir TÉcriture Sainte, ou étudiait la Bible et ses
commentaires; on traduisait les prières du rituel. A cette époque, un
Israélite qui ne savait ni lire ni écrire était une espèce de pbénonjène
curieux, et celui qui ne savait que cela, s'attirait infaîlliblèmeul le nom,
toujours si redouté chez nous, de am-haaretz^ d'ignorant ^
Le tableau ne vouâ paraît-il pas d'une aimable et piquante fami*
liarité? Il n'est pas jusqu^à ces vieux mots hébraïques dont l'emploi
i ne soit comme un lien de plus entre Torateur et les vieillards de son *
rjLuditoire, débris d*une époque plus éloignée de nous encore par ses
mœurs que par le temps qui nous en sépara, et ou les Israélites, du
moins les plus humbles, les moins mêlés au grand courant du monde,
s'exprimaient en hébreu (un hébreu farci d*allomatid) plus couram-
ment et plus volontiers qu'en français. Pour moi, il me semble que
je vois toutes ces vieilles figures s'animer et sourire à cette évoca-
tion du passé, tous ces grands-pères hocher la tête comme pour
montrer à Torateur qu'ils le comprennent et qti'ils le goûtent, et
se répéter Fun à Fautre, à leur maaièrOj dans leur langage, avec
aoins de tinesse sans doute que Sophie Arnould, mais avec autant
^de sincérité, le fameux mot de la cantatrice : « Ahl le bon temps,
que celui oii nous étions si malheureux l »
Ce caractère de familiarité, qu'on remarque dans la prédication
' Zadoc Kaho» Sermom tt aU^t^iQns a4re4s€4 à hjemeiSi ùra€tite,
ACT» ET CONF., T. ï. î>
ex ACTES ET CONFÉRENCES
juive, s^explique, nous Tavons dit, par le petit nombre des fidèles
auxquels s'adresse le prédicateur. Mais il faut encore teinir compte
de Timportance quo les Israélites ont toigours attachée à Tidéo de
famUle : c'est comme une grande famille que le prédicateur veut à
dessein considérer la communauté qu'il est chargé d'instruire, et ce
sont ainsi ses sentiments, sentiments qu'on trouve au fond de toute
&me juive, qui exercent tout d'abord une influence sur la forme do
ses sermons. Il est donc temps maintenant de pénétrer plus avant
dans notre étude et d'examiner do plus près les idées et les sen-
timents mêmes dont sont nourris les discours de nos orateurs.
Non que je veuille précisément insister sur cette idée de la (a-
mille, qui tient une telle place dans la prédication juive ; car les
vertus de la famille juive sont presque proverbiales et les plus mal-
intentionnés n'ont jamais essayé d'élever sur ce point la moindre
contestation. Mais n'est-il pas au moins un membre de la famille,
une personne, sur le rôle de laquelle il serait bon de savoir quelle
est, en définitive, l'opinion des rabbins et des prédicateurs : la mère,
la femme i
Combien de fois a t-on reproché au judaïsme son prétendu mépris
de la femme ! Et, à prendre certains aphorismes à la lettre, il est
certain qu'on on trouvera plus d'un qui semblera donner raison aux
détracteui's do parti pris. Eh ! oui, jo lo sais, parmi les quatre sortes
d'hommes qui échapperont à l'enfer, lo Talmud dit qu'il faut ranger
ceux qui ont eu une mauvaise femme * . — Sur dix mesures de ba-
vardage qui ont été départies au genre humain, dit encore lo Tal-
mud, les femmes en ont pris neuf pour elles *. — Enfin, pour qu'on
ne me reproche pas de rien laisser dans l'ombre, voici une dernière
citation qui, sans doute, paraîtra en résumer beaucoup d'autres :
« Lorsque Dieu, dit le Midrasch*, se fut décidé à créer la première
femme, il se dit : « Quelle partie du corps d'Adam vais-je employer
» pour former la femme"? Je ne veux pas la former de l'œil, pour
» qu'elle n'ait pas les yeux hautains; ni de l'oreille, de peur qu'elle
i> ne devienne trop curieuse ; ni de la bouche, pour qu'elle ne soit pas
* Schuhl. Sentencfs tt proverbes du Télmud $t du MidfûtcA, 1270.
* /</,, ibid., 1180.
' Ih., ihid . 250.
LA PH£D1CATL0N JUIVE COiNTËU PO RAINE £N FHANC1£
CXI
» trop bavarde; ni du pîôd, pour rouelle n'aîme pas trop à courir :
je vais la former d'une côte, une deis parties du curps lei plus
cachées, et, de cette manière, elle sera portée à riiumilité. » —
Eh bien ! malgré toutes co^ pn^cautions, la femme a préciâément
iiûus les défauts tiue le Créateur tenait à éloigner d'elle. »
i On pourrait ainsi accumuler bien des sentences du Talmud et du
liidrâïjch aàseîs pou favorables aux femmes. Mais, messieurs, c'est
Ici fe cas de se rappeler le mot de Pascal sur Platon et sur Aristote :
« On ne s'imagine, dit-iî, Platon et Âristoto qu'avec do grandes robes
de pédants. C'étaient des gens honnêtes et comme les autres, riant
Éavec leurs amis, et quand ils se sont divertis à faire leurs Lms et
loKœ Poliiique, ils Ton fait en se jouant *, n J'inclinerais assez à croire
. qu'on en peut dire autant dos docteurs du Talmud, et f]ue, comme
rindi(pie quelque part M. Loeb *, il ne suffit pas de lire ou d^ontendro
Ètûut sèchement des passages tels que ceux que nous avons cités,,
ludrait voir auési le jeu des pbysiononaies, le sourire qui devait
ompagner ces traits d'esprit ou de satire et qui montraient bien
que de telles boutades étaient pure plaisanterie et que ce jour-là Fé-
ole était d'humeur folâtre. Non, en elFet, nous ne devons pas prendre
BS attaques dos talmudistes contre les femmes plus au sérieux quo
I amusants propos de no^ vieux conteurs français et des auteurs
Dmiquea de tous les temps et de tous le* paye. Car, en regard de
ces malignes indications, on peut placer trente, cinquante maximes
^ûoê méme^ talmudistes; cette fois tout à l'honneur dei femmes. 11
faut, disent-ils, aimer, honorer, reàpector, consulter sa femme, se
^Mbaisser, si elle est petite, pour écouter ses conseils K Gloire suprême
^Penfin : « C*est, disait Rabbi Akiba, par le mérite des femmes justes
(qui étaient en ce temps-là. que les Israélites ont été sauvés en
Egypte. » Mais, ici encore, une seule citation suffira : car c'est d'a-
près les livres diacres qu'en prononçant Té loge funèbre d*ime femmo
Illustre dont on déplorait ce soir même ici la mort, l'orateur corn-
Iposait le portrait suivant de la femme juive :
» Ed. IlaVBt, t. I, p, 83.
' Recuf d<s Etudes jums^ u'* 18, p. 3U7.
' Schuhl, StmUnm «i ps-overàts du TaliHttJ eé du Mêdt-mch, 4i, 171, Uù, &71^
974, eic.
CXII ACTES ET CONFÉRENCES
La femme, telle que la connall la liltéralure du judaïsme, est Tappui
de son époux ; elle est la couronne de celui dont elle porte le nom et
partage la destinée ; Dieu ne saurait faire à Thomme un don plus pré-
cieux, car avec elle la bénédiction pénètre dans la famille. Sa sagesse
établit la maison sur des fondements sûrs et inébranlables. Aussi, son
époux met-il toute sa confiance en elle, car il sait que son bonheur et
son honneur sont entre de bonnes mains. Plus encore que lui, elle Teille
à l'éducation de ses enfants, elle sème dans leur âme tous les grands et
bons sentiments, et le Sage ne perd pas une occasion de leur prêcher
une soumission tendre et constante à une autorité aussi douce et aussi
sacrée.
Si dévouée qu'elle soit au bien-ôtre de sa famille, elle sait que le
monde ne s'arrête pas aux limites de son foyer, elle pense à tous ceux
qui sont dans la peine, son cœur s'émeut de pitié et sa main 8*ouvre
comme d'elle-même. Si elle a le cœur bon et compatissant, elle a aussi
l'esprit élevé, et de ses lèvres coule un enseignement plein de sagesse,
de grâce et de douceur.
Elle suit ainsi sa voie, remplissant dans toute son étendue la mission
que Dieu a confiée à la femme, répandant joie, contentement, paix et
bonheur autour d'elle. C'est que ses vertus tirent leur origine d'an sen-
timent supérieur, qui est la source féconde de ce qui est grand et beau,
le sentiment religieux, la foi en Dieu. C'est pourquoi son époux est fier
de la voir à ses côtés ; ses enfants à l'envi proclament ses louanges, et,
le parfum de sa légitime renommée se répandant bien au-delà de son
foyer, tous reconnaissent et admirent la beauté de son âme, la noblesse
de son cœur et la distinction de son caractère '.
Je voudrais, messieurs, pouvoir ainsi passer en revue les différents
sujets traités par nos prédicateurs, afin do donner par là une idée
de leur doctrine, aussi complète que possible. Mais le temps m'est
mesuré, et peut-être n'emporteriez-vous pas une impression bien
nette de ces multiples et trop rapides indications. J'arriverai pluâ
sûrement à mon but en essayant de vous montrer quels sont les
caractères les plus frappants de cette doctrine.
J'en signalerai deux : la simplicité et la modération.
Quel que soit, en effet, le nombre des dogmes que la théologie juive
peut avoir établis, il n'en est guère qu'un seul que nos prédicateurs
s'attachent à enseigner, parce que, do ce dogme seul, tous les devoirs
* Zadoc Kahu, Oraison funèbre ds M*^^ la baronne James de Rothichild^ douai-
rière, prououcée le 9 septembre 18S6.
LA PREDICATION JUT\T CONTEMPORAmE EN FRANCE CXflï
w
des hommes découlent nattirelleraent : « Il existe un Dieu» un, saint,
créateur thi monde, ayant fait riiomme à son image, » Et de là se
éduit pour nous robîigatjon d*airoer les hommes comme nous ai-
mons Dieu, à la ressemblance duquel ils ont été créés ; de les res-
pecter, comme nous nous respectons nous-mêmes, puisque nous
'ommefi tous frères, nés du même père ; de là, la nécessité de cet
esprit de tolérance, qu'on croit oue vertu moderne» mais que nos
vieux rabbins avaient déjà glorifié : car quelle plus belle leçon de
tolérance que cet admirable et poétique apologue dii Midraseh ?
Israël venait d'échapper h la perséculion égypUenno. Il n*avait pas
seulement réussi à briser les fors de Tesclavage; un obstacle épouvan-
table a'étatt dressé devarH lu! ; les flots lui avaient barré le passage :
mais kl avait vaincu jusqu'aux élémculs et traversé la mer Rouge à pieds
SCC5. Kt les anges, amis de noire peuple, s'étaient réjouis dans les cieux
élevés î ils se préparaient, pour célébrer cette merveilleuse victoire, à
intonner un chant de triomphe ; mais Dieu les en empêcha en leur di-
sant : « Eh quoi ! toute une nation e^t aujourd'hui plongée dans le
deuil ; elle pleure non-sculcment la mort de ses premiers nés, mais en-
core celle de ses pJus illustres guerriers, dont tes cadavres sont semés
sur les bords de la mer Rouge ; TÉgypte est dans la désolation ; et vous
voudriez chanter ! Non, non, cette victoire m'a coûté trop cher ; pleurez
avec moi la perle de mes enfants égarés '. »
D'ailleurs, comment Israël ne respecterait-il pas cette liberté de
penser, qu'il a, pour lui-même, achetée du plus pur de son sang? Ou
comment ses soutTrances ne lui auraient-elles pas enseigné le prix
de la charité ?
Oui, en effet, la charité est bien une vertu Israélite, qu'on l'admire
dans ses mouvements les plus chaleureux ou dans son zèle le pltis
intelligent : quelle ardeur plus généreuse et plus délicate iiue colle
qui ne se contente pas d'épargner au pauvre les horreurs de la faim,
mais qui ne croit pas avoir assez tait pour lui, si elle ne rassocieaux
f fêtes des riches '? Quelle libéralité plus clairvoyante que celle qui
ne veut pas seulement venir en aide aux malheureux, mais prévenir
e malheur, et permettre à celui quelle secourt de se passer plus
* Cité par M* Alffod Lévy, La FraUmiti humaine^ itrmon. Dijoo, 1870,
' Zadoe K»lm, iSVnwww tt alheutwmt, I"* aérie, p. M.
CXiV ACTES ET CONFERENCES
tard du secours d'autrui * ? Car c'est là la vraie marque de la charité
juive : elle ne se défend pas, mais elle ne se contente pas d*étre
enthousiaste ; c'est le sentiment qui la fait naître, mais c'est la rai-
son qui la dirige, et les œuvres qu'elle crée sont durables, parce
qu'elles sont le résultat d'efforts patients et réfléchis : les sociétés de
secours mutuels ', les écoles professionnelles étaient connues dans le
judaïsme bien avant que le monde moderne s'avisÂt de les inventer.
Enfln, la charité juive, très ardente et très perspicace, est, elle
aussi, empreinte.de cet esprit de tempérament, de pondération, de
modération, qui est au fond de tout le judaïsme et qui fait le second
caractère de sa prédication.
Certes, il y a dans le judaïsme moderne, comme dans toutes les
communions religieuses, comme dans toutes les sectes politiques,
delix partis extrêmes : l'un se défiant de toutes les innovations ;
l'autre, au gré duquel on ne va jamais ni trop vite ni trop loin ; l'un
qui ci»Qit voir l'idéal dans le passé et qui regrette de s'en éloigner,
l'autre qui le pressent dans l'avenir et voudrait l'atteindre d'un seul
effort. Mais ce qui est vraiment remarquable, c'est que ceux qui
parlent au nom de la religion juive et qui sont revêtus de son auto-
rité ne se soient jamais laissés gagner ni à l'une ni à l'autre de ces
doctrines excessives et que les enseignements de ces théologiens
estent toujours modérés, sages, raisonnables, humains, prudents.
: Regrettez les veiius et la foi du passé ; mais ayez confiance dans
l'avenir et jugez équitablement le temps présent ; — ne vous con-
tentez pas de jouir inconsidérément de la vie ; mais ne la consumes
pas dans la contemplation de la mort ; — soyez humbles devant Dieu ;
mais, en vous préservant de l'orgueil, gardez qu'un trop vif senti-
ment de votre faiblesse ne vous conduise à un stérile désespoir ;
— fuyez l'excès enfin, même daps la dévotion ; » ce sont là, je le
répète, les leçons du bon sens et celles de la prédication juive :
voilà ce qu'elle enseigne aux timorés ; voici pour les révolution-
naires : « Les pratiques extérieures sont d'une importance secon-
daire, soit ; mais quand penserez- vous à Dieu, si vous les suppri-
mez, et quelle religion a jamais pu se passer d'un culte par lequel
• Isoac Lévy, Sermons, Paris, 1875.
' Astruc, Entretiens sur le judaïsme, p. 222.
LA PRÉDICATION JUIVE COOTEMPORAINE EN FRANCE CXV
elle se manifeste? — Les œtiTres sont supérieures à la foi, on nona
le dit souvent. Alors, qu'importe !a foi ? l*cBUvre est bonne, il suffît.
Ecoutez : c'est la foi qui produit les œuvres; la foi est la racine^ si
les oeuvres sont Tarbre et les fruits. »
C'est la doctrine du juste milieu ; et, tout en la vantant, je sais
bien quels en peuvent (ître les péril:s. Car, à se maintenir toujours*
danâ les bornes do la raison, à se défier de tout ce qui paraît ex-
cessif, ne risque-t-on pas d'appauvrir réloquencereîig^ieuse? Où re-
trouverons-nous dans ces discours si sa^es, quelque chose de ce feu
véhément dont semblait dévorée Tàrae d\in Lacordaire? Ah! mes-
sieurs, n*allez pas croire que le prédicateur juif, pour sage et rai-
sonnable que soit sa doctrine, ne trouve pas, lui aussi, dans Tardeur
de sa foi, le secret des mouvements sublimes ! Mais il a cette bonne
fortune que la foi ne l'inspire pas même toute seule, et que les sou-
venirs encore de l'histoire de son peuple peuvent exalter son Ame
et développer en lui des sentiments d*unQ incomparable grandeur.
Je n'en veux pour témoin que cette dernière citation. Uorateur ré-
pond à ceux qui accusent les Juifs de ne jamais s'être dévoués h la
propagation de la vérité religieuse :
Quand cent mille Juifs, dit-il, moutèrent sur les b&chcrs en s*é-
criant : « Écoule, Israël, rÉlemel, noire Dieu, TÉternel esl tjd ; » quanti
cent mille Juifs subirent le supplice de la faim, le suppîice de l'escla-
vage, plutôt que d'apostasier ; quand cent mille JutCâ, chassés, spoliés et
arrivant presque nus dans des pays étrangers, n'avaient rien de plus
pressé que d'élever des maisoDs pour prier Dieu et des écoles pour étii-
dier la Loi ; en préseoco de teUes manifestations, de telles prédications,
a-UûB le droit de nous contesler noire titre de pontifes et de nous dire :
« Qû'âvcz-vous fait pour la foi t >> Ali 1 vous qui avez déchiré lu sein de
votre mère, laissez-nous ce légitime orgueil de nous appeler Mamk^
eket Kohanim, royaume de pontifes ! Nous n'avons pa« envoyé nos rois-
ôionnairos dans le monde î Nous avons été tous des missionnaires; nous
sommes allés tous vers les nations, et, avec le burin que nous avions
trempé dans notre propre sang, nous avons gravé dans leur ccDur la Loi
du Dieu un, la loi de justice et d'amour.
Cet admiraiïlo pa^^sage, comparable, suivant moi^ a tous \m plus
beaux mouvements des orateurs religieux les plu^ renom mes, beau*
coup d*eotro vous, messieurs, ont conscience de ne pas rentendre
CXVI ACTES ET CONFÉRENCES
ce soir pour la première fois : je Textrais, en effet, d'un sermon qui
fut prononcé à Paris , le premier jour de Rosch Rasehana 5625
(l^*" octobre 1864), par M. le grand -rabbin Isidor *.
L'étude que nous venons d'achever, mesdames et messieurs, ne
vous aura pas paru, je l'espère, tout à fait indigne d'intérêt. Nous
avons vu comment les prédicateurs juifs de notre temps, se préoc-
cupant d'abord de composer fortement et solidement leurs discours,
en ont renouvelé la forme par des procédés originaux, et comment
les arguments nouveaux, les souvenirs empruntés à l'histoire, des
Juifs, les légendes du Midrasch ont nourri ces sermons, ou plutôt
ces véritables homélies. Passant de la forme au fond, nousavonsre-
connu le double caractère de la doctrine préchée par nos rabbins, el
toujours j'ai tenu à me renfermer dans les limites d'une étude pure-
ment littéraire. Est-ce ma faute, à moi, «i, en parlant de la prédica-
tion juive, j'ai dû faire passer devant vos yeux les admirables pT^
ceptes dont elle s'est inspirée, les nobles enseignements qu'elle no"^^
distribue, et opposer ainsi, malgré moi, et par la force même ^^^
choses, la plus victorieuse des réponses à des attaques auxquelles ^
n'avais pas dessoin de faire seulement allusion?
* Notre prosélytisme, sermon, Paris.
RAPPORT
SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
PENDANT L^ANNÉE 1886
Lr A L^lSSEMliLÈE GÉNÉftAtE DU 11 DÉCEMBRE IBRii
Par m. Théodohk REINACH» secrétaibe
^
Mesdames, Messieurs,
S'il est vrai que les peuples heuretix soient les seuls qui n'aient
pas d'histoire, les études d'histoire juive ne sont pas encore près do
chômer faute do matière, La soulïrance, suivant le mot d*un de nos
docteurs du moyen âge, est comme le lot naturel, F apanage propre
de la race Israélite. Elle en a si bien conscience que, pendant les
courts intervalles de répit que lui ont laissés les persécutions, elle
a trop souvent employé ses forces à se déchirer elle-même. Bref, on
ne sait ce qui doit plus étonner : ou la multiplicité des épreuves
qu elle a suhies, ou le mélau^re singulier de fortitude et de souplesse
grâce auquel elle les a traversées sans perdre ni son originalité, ni
sa foi, ni cette espèce d*optimisHie mélancolique qui fait le fond de
sa nature aiorale.
' Ce rapport comprend les travaux publiés tutégralcmeot ou achevés dans les
n^* 23 à 26 ( lomea XJl et XIIÎ ) du lu Etvite et rïcs AcUx, Les articles encore
iQCûmplels &oi]t rés«rvt*â puur le prochain rapport.
CXVIII ACTES ET CONFÉRENCES
Toutefois, on se tromperait grandement si Ton réduisait Thistoire
du judaïsme à un long martyrologue. A travers tant de vicissitudes,
le peuple juif n'a jamais cessé de remplir sa mission historique et de
poursuivre son évolution naturelle. Cette mission, c'est la propa-
gation et le maintien des principes du monothéisme pur ; cette évo-
lution, c'est le passage graduel de Fétat de groupe ethnique, de
nation, à celui de groupe religieux, de confession. Voilà les deux
faits, les deux ûls inséparables qui rattachent les uns aux autres les
différents épisodes de
Cette ample tragédie à cent actes divers
Et dont la scène est Tunlvers.
Cette remarque a son importance.
Pour qu'une histoire puisse devenir un objet de science véritable,
il lui faut une certaine unité : vous voyez que l'histoire juive la
possède.
Pour qu'elle puisse devenir une œuvre d'art, il faut qu'à cette
unité fondamentale se superpose la plus grande variété possible
dans le détail. A cet égard aussi, nous ne sommes que trop bien
partagés. La période biblique présente, tantôt dans une succes-
sion grandiose, tantôt dans un mélange saisissant, l'idjlle, l'ode et
l'épopée. L'histoire du second temple est un long drame qui se dé-
noue sur les ruines fumantes de Jérusalem. Enfin, les destinées du
judaïsme après sa dispersion, s'il leur manque l'éclat que donnent
la liberté et la gloire, empruntent un intérêt toiyourajiouveau aux
milieux divers où nos aïeux ont vécu , aux physionqmies diverses
qui en sont résultées, enfin aux services qu'ils ont rendus et aux
récompenses qu'ils en ont reçues .
Ainsi, Messieurs, l'ignorance ou la malveillance seules peuvent
taxer l'histoire juive de monotonie. Pour s'en convaincre, il suffit
de soulever un instant le voile dont une érudition trop discrète la
recouvre. Chaque année, un cicérone — toiyours le même, hélas! —
vous convie à pénétrer avec lui dans ce sanctuaire, si riche, mais
si mal éclairé. Cette année encore, l'indulgente confiance de mes
collègues m'a maintenu dans dos fonctions qui risquent de devenir
perpétuelles. Pour ma part, j'ose à peine m'en plaindre, car le pays
RAPPORT SUR LKS PUBLIC AT10KS DK LA SOCIÉTÉ
CXIX
OÙ le VOUS conduis a beau ne pas chauler, il est si grand et si varié
dans âes aspects que je n'ai pas encore eu le temps de m*y ennuyer.
Par malheur, j'ai »|uelquo lieu rîe craindre que votre impression ne
soit paa la môme ; et c'est pourquoi j'ai tenu à vous dire ^ dès le
[début, que c'est au* guide, et non à la contrée, qu'il faudra vous
[en prendre.
Ce n'est pas seulement pour me conformer i\ Tordre chronologique
que cette année, comme la précédente, je commencerai la revue
Éde nos travaux par ceux de M. Joseph Ilalévy; c'est encore pou
adresser, sans pUis tarder, un remercîment î^iricère au plus fécond^
au plus hardi de nos collaborateurs. Au plus fécond : car, pour notre
cher président du comité des publications, M. Isidore Loeb, ce n'est
pas, à proprcmont parler, un collaborateur de la Rêvue, mm^ la
Rmue elle-même. Au plus hardi : car si M. Ilalévy n'a pas, comme
^ftil s*en défend, lesprît de contradiction, il faut avouer, du moins»
qu^ilesiun contradicteur plein d'esprit. Après s*étre assimilé, avec
une men'eilleuse facilité, les ressources et les procédés de l'érudi-
Ition contemporaine, toutes les finesses de la linguistique, toutes les
libertés de rexé|?é!?e, toutes les audaces de la critique verbale, il
retourne, en quelque sorte, ces armes contre ceux qui lui ont appris
Sa s'en servir, et il y joint d'ém inentes qualités d'écrivain et de
dialecticien qu*il n*a pu apprendre de personne, 'ïrH avancé parla
méthode, mais souvent très. . , . réactionnaire par le fond des idées,
M, Halévy confond parfois ses adversaires et les embarrasse tou-
jôui'g. ÂÎOi's même qu*il n^apporte pas une de ces biiUantes décou-
vertes qui font avancer ia science, il présente des objections qui
■r^mpéchent de s'endormir. 11 dérange la quiétude do la routine, il
Sforanle, en se jouant, les théories qui paraissent le p!us solidement
établies* BAties sur le sable, elles s'écroulent; biUies sur le roc» elles
doivent, pour résister à ses assauts, s'étayer de preuves nouvelles
ou soumettre les anciennes à une minutieuse vérilication. Ainsi, soit
CXX ACTES ET CONFERENCES
qu'il construise, soit qu*il démolisse, soit qu'il éprouve, M. Halévy
sert toujours également les intérêts et les progrès de la science.
Rappelons maintenant quelques-uns des sujets sur lesquels ce
redoutable jouteur a exercé cette année sa verve. Voici d'abord un
long mémoire, dont TAcadémie a eu la primeur, sur le chapitre x de
la Genèse, le fameux tableau géographique ou ethnographique qui a
fait couler déjà tant de flots d'encre *. Bien peu des interprétations
courantes, même de celles qui ont rallié la presque unanimité des
savants, ont trouvé grâce devant la critique de M. Halévy. Ainsi,
pour m'en tenir aux peuples japhétiques, les noms de (}omer, de
Magog, d'Aschkenaz, ne représentent pas pour lui les nations
fameuses des Cimmériens, des Lydiens, des Phrygiens, mais un
canton de la Cappadoce, une province de l'Arménie, une forteresse
du pays des Mosques. Combien accepteront ces nouveautés trou-
blantes? Combien souscriront à la fois aux corrections radicales que
M. Halévy apporte à certains noms et au respect inattendu qu'il
professe pour tel verset, généralement regardé comme interpolé?
Je n'essaierai pas de le prévoir, mais, en tout cas, on devra, à
l'avenir, accorder une attention sérieuse" à l'idée fondamentale de
ce mémoire : à savoir , que le chapitre x de la Oenèse est par
excellence une œuvre de tendance, datant peut-être du siècle de
Salomon, dont le but est de réaliser une alliance politique entre
Isracl-Sem et les peuples japhétiques de l' Asie-Mineure et des îles
pour écraser l'ennemi commun, le Cananéen, le descendant de
Cham le maudit.
Dans le mémoire que je viens d'analyser, M. Halévy est arrivé à
conclure, contrairement à l'opinion qui prévaut en Allemagne, que
la rédaction du chapitre x de la Genèse est antérieure au prophète
Ëzéchiel et, par conséquent, au retour de la captivité. Dans une autre
étude, consacrée au prophète Osée, il exprime des vues analogues
sur l'ensemble de la législation mosaïque -. Il se refuse à voir en
elle, avec les exégètes les plus marquants de notre temps, l'œuvre
* J. Halévy, Recherches hibUques^ n° 8. Considérations supplémentaire* sur U
X'* chapitre de la Genèse, XIII, 1 et 201.
* J. Halévy, Recherches bibliq»es<, n° G. Le témoignage d^Sosée sur la religion
du royaume d'Israël, XI î, :{.
RAPPOHT SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
CXXl
tanJîve des prophètes et tle leiîrs successeurs immédiats. Suivant
lui, longtemps avant Osée, le plus ancien prophète i^sraélite dont
Fœuvre nous soit parvenue» la plupart des prescriptions religieuses
du mosaïsme étaient déjà formulées. Plusieurs, ^comme celles qui
|Bont relatives à l'adoration des idoles ou au culte des dieux étran-
gers, existaient si bien qu'on les violait, et c'est contre cette infrac-
Ilion aux lois anciennes que fulminent les prophètes d'Israël. Ils ae
Sont pas, comme on le répète^ des révolutionnaires, ni même des
réformateurs du culte primitif. Ils sont les champions do la tradition,
les défenseurs du bon vieux temps centime des innovations perni-
cieu966| introduites & l'exemple des peuples étrangers. L'orthodoxie
la plus scrupuleuse ne trouverait rien à reprendre à ces conclusions,
qui auraient semblé banales il y a cinquante ans, mais qui, à Theure
actuelle, sont pour ainsi dire hardies à force de prudence* Elles
sont d'autant plus remarquables quelles nous viennent de la plume
d'un écrivain ijul ne nous a pas habitués â un respect superstitieux
pour la tradition massorétique ou autre * ,
II
A la période proprement hébraïque de Thistoiro juive succède la
période des dominations étrangères — Perses, Hellènes, Romains — ►
qui se prolonge jusqifâ raehevement du Talmud, Nous retrouvons
lici notre cher collègue et ancien président, M, Joseph Derenbourg:,
qui, avec sa sûreté de méthode ordinaire a rectifié une leçon fautive
.do la Mischna et fixé le sens d*une racine hébraïque *.
' Du m6me auteur : XIL 3, Heeketches èiMitfuei, n^ 5, Lit ciiatiùHS é'^n^
eteni ekanti datis l* Htmateu^ue (correctious impur tante si aux peâsHges suivauls :
^Nomhrti^ XXI, 14-18; 27-30; Jotfi€, X* \t, U). — XIL 107, Deux inscriptions
phénteiêHHéS rifémmfnt décûttveries (Tyr et Masoub). — XIl, 111, Â'ncore um mot
Uf i'ifiicriptîùH de Tettna (qu&lques lectures noavoUes). •-^ XII, 15 1, Comple-
rTCodu de Eutujp^. NahatùùcA* Insehri/'ttn. |M. IIal(?vy per&isto à voir daus U
Dabatécu un dialecte araméou, inllucocé seulemeot par lariibe.)
* Joseph Dereukiurg, Mélanges rahèintçitea^ XIl, G5. (11 »*ti^U du passage
Yaéaïm^ IV, 1>2, el du seuâ de b lacme Kaba.)
CXXU ACTES ET CONFÉRENCES
M. Friedlânder s'est efforoé d^expliquer Torigine des sentiments
d*animosité réciproque entre pharisiens et gens du peuple (am-haarêç)
qui éclatent dans tant de passages du Talmud ^ Il la trouve dans la
juste impopularité des pharisiens ternis de Tépoque du second
temple, politiciens égoïstes sous le manteau de la dévotion la plus
exagérée. M. Friedlânder reproduit les divers témoignage» épars
dans Josèphe et dans les apocryphes qui attestent l'importance de
cette secte, à laquelle seule conviennent et s'adressent les railleries
de TEvangile. La haine qui s'attachait aux pharisiens teints s'é-
tendit de proche en proche aux pharisiens sincères ; après la chute
du temple et la disparition des politiciens, elle se perpétua, s'accrut
même, par suite du relâchement progressif des pratiques cérémo-
nielles dans les couches inférieures de la population. Une pareille
transposition de sentiments n'est pas un fait sans analogues dans
l'histoire. N'est-ce pas ainsi que Molière, en bafouant les Précieuses
ridkuUsy a donné le coup de grâce aux vraies Précieuses^ qu'il ne
visait pas ? N'est-ce pas ainsi que Pascal, entraîné par sa fougue
de sectaire, a enveloppé dans une même condamnation les théori-
ciens du probabilisme et les émules de saint François Xavier * ?
Les recherches talmudiques ont été un peu négligées cette année ;
en revanche, le domaine, ordinairement si délaissé, de l'archéologie
juive nous a valu plusieurs travaux instructifs. Vous n'avez pas
oublié la belle conférence de M. Georges Perrot sur le temple de
Salomon : nous regrettons de n'avoir pu en faire figurer le texte
dans nos colonnes, mais peut-être une publication plus importante
viendra-t-elle bientôt atténuer ces regrets. C'est aussi d'architec-
ture religieuse que nous entretiennent MM. Kauûnann et Salomon
. Eeinach dans leurs notices sur les découvertes récentes en Afrique
et en Asie-Mineure ^, D'après une inscription de Phocée, la syna-
gogue de l'époque gréco-romaine se serait composée — tiu moins en
* M. Friedlftader, Les Pharisiens et Us gens du peuple, XllI, 33.
' Rapprochez, sur le sujet traité par M. Friedlftodef, les obserratioDS â«
M. RoseDthal dans son compte-fendu très nourri du Manuel de SehQrer, XIH,
309 et suiv.
* David Kaufmann, Btïules d'archéologie juive, n? \, La sgnagogu$ da^ Bmm-
mam Lif, XIII, 46. — Salomou Reinach, Note sur la spnagagut i'Bmsmmm
Enfy XIII, 301. — Une nouvelle synagogue grecque à Phocée, XII, 236.
RAPPORT SUR LES PUBUCATIONS DE LA SOCIETE CXXIÎI
 Datolie — d'un satietuaire fermé et d'un préau entouré de colon-
dés : c*e&t â peu près le type de la maison romaine, c*est peiit-
âlre celui des premières basiliques chrétiennes. On entrevoit là une
âliatîoa intéreasante que des dt^couvertes uHérieureii réuâg^irent mm
doute â élucider. — A lîanjmam Lif, près de Tunie, on a décou-
vert mieux *]u'uue inscriptioa : toute une moBaïque, qui faisait partie
du pavé d'une synagcf^^ue. Les premiers commentateurs avaient cru
y voir un mélange bizarre de symboles juifs et chrétiens. Mieux
informés, MM- Kaufmann et 8. Heinach montrent qu'il n'en est
rien. Les prétendus ï?ymboles ciirétiens se ramènent a des motils de
décoration banale ; au contraire les emblèmes juils, — elktog, corne
d*abondance, chandelier à sept branches, — sont aussi décisifs que
possible, et les inscriptions* en mauvais latin qui le^ accompagnent
achèvent de lever tous les doutes sur Le caractère du monument.
Quel dommage qu'on ait laissé se perdre ou se disperser cette ines-
timable clique! Elle aurait tenu la plaee d'honneur dans le musée
d antifjuités juives^ qui est le complèoient nécessaire de la salle hé-
braïque du Louvre !
111
)ans rhistoirc du jiidaïsnn3 médiéval ot moderne» nous conti-
nuons â mottre au premier ran|? les travaux relatifs au judaïsme
fraTiçais, avec ses annexes : Alsace-Lorraine» Comlat-Venaissin,
Algérie. Cette année, les annexes ont pris toute la place. M. Ahra-
ham Cahen a terminé son hi8toit*e du rabbinat de Met^, pendant la
période française — cVst-à-dire de 1567, époque où quatre familles
juives obtiennent du maréchal de VieilleTille Tautorisation de 8*éta-
blir d^ns la ^^ande forteresse lorraine, jusqu'en 1871 *. Avec les do-
cuments dont il disposait, M. Cahen aurait pu écrire une histoire
complète des Juifs messins, pareille a Fétude si nourrie que M. Loeb
Abrahftm Cahen, Le rahhinat du MeU pendant U péHodi ft^nç^iêe (IStfT*-
1971^, Vît, 103 et 204 ; VUÎ, 2S5 ; XII, 2BS'; XHI, 10$.
CXXJV
ACTES ET CONF£RtvNC£S
est en train de consacrer aux Juifs de Carpentras, Par un excès île
modestie, l'auteur a préféré circonscrire son sujet dans les limites
plus étroites d'une histoire rabbin ique. Celle qu'il nous donne est
bien plus complète et plus exacte que les maigres notices de Ter*
quem et de Carraolj, Depuis Isaac Lévy jusqu'à ce Bei\jamin Lip-
mann, qui vient de mourir grand-rabbin de Lille, ou Favait conduit
son touchant attachement à la patrie française, M. Cahen énumère
tous les grands-rabbins qui se sont succédé sur le siège de Met£, il
reconstitue leur biographie, il donne l'indicatien de leurs œuvres.
L'étude valait la peine d'être faite ; la vertu et le savoir talmu-
dique semblent avoir été de tradition chez les rabbins de Metz ;
quant au patriotisme, il est de plus fraîche date : car jusqu'à la Ré-
volution la communauté choisissait toujours ses rabbins à l'étran-
ger, dans l'espoir un peu chimérique que, dégagée de toute intluence
de famille ou de coterie, leur autorité morale serait plus grande, —
Oserai-je cependant avouer que j'ai trouvé moins d'intérêt au por*
trait de tous ces braver talmudisies allemands et polonais, un peu
oubliés aujourd'hui, — sauf peut-être, le moins recommandable, Jo-
nathan Eibeschtitz — que dans les échappées, heureusement fré-
quentes, de l'auteur sur l'histoire générale de la communauté ?
Rien n'est plus instructif que le tableau des restrictions successives
apportées par l'autorité française à la juridiction des rabbins. Cette
juridiction, bornée, dès le principe, aux malïères civiles et de police,
et aux contestations de juif à juif, avait son fondement légal dans
une ordonnance rendue par le duc de La Valette en 1024, et con-
firmée par Louis XIV en 1657. Kncore à la fin du xvu« siècle, le
chancelier de JFrance déclare formellement que cette juridiction
n'est pas seulement facultative pour les juifs de Metz, mais obliga-
toire et exclusive de toute autre. Dès 1709 cependant, le Parlement
de Metz, jaloux d'étendre la sphère de sa compétence, commence
à accepter les procès civils entre juifs; il ne reconnaît plus aux dé-
cisions rabbiniques que la valeur de sentences arbitrales, qui ne
lient même pas les parties en cause. En 1743, nouveau progrès : le
Parlement fait rédiger à son usage un résumé du droit civil talmu-
dique qu'il applique désormais aux contestations entre israélites qui
lui sont soumises. Puis, en 1759, les rabbins sont dépouillés du droit
RAPPORT Srn LKS PUBLÏCATIONS HE LA SOCÏKTK
cxxv
f excommunication dont ils faisaient libéralement usage contre
Icelles de leurs ouaillcB qui osaient recourir à des tribunaux chré-
[ tiens. Enfin, après un éphémère retour de faveur au début du règne
do Louis XVI, la juridiction civile des rabbins disparaît à jamais
dans la tourmente de 1792. Le juif, devenu citoyen français, n'a
plus désormais d'autres juges ni d'autres lois que Ja généralité des
citojens français.
Llmportant Mémoire de M, Cahen ne doit pas me faire oublier
des travaux do moindre étendue, mais tout aussi solides. Nous de-
vons à M. Scheid quelques traits nouveaux de la biographie de .îosel-
mann deRosheim, ce rabbin alsacien bien connu de nos lecteurs qui
fut pendant toute la première moitié du xvi» siècle la providence
visible de ses coreligionnaires conti'e la jalousie des villes libres et
l'avidité des princes de l'Empire '. Un épisode curieux de cet apos-
tolat de cinquante ans, c'est la polémique de Joselmann avec les
théologiens protestants. Ceux-ci, emboîtant le pas derrière Luther,
L faisaient pleuvoir sur les malheureux israélîtes de lourdes épi-
' grammes et les abandonnaient d'une façon fort peu évaDgéliquo à
la rapacité de leurs persécuteurs. Lorsque Josel voulut soUiciter fin-
Itercession de Luther en faveur des juifs saxons menacés de l'exil, le
grand réformateur refusa de recevoir Thumble rabbin et se contenta
de lui répondre qu'il ne voulait aucun mal auxjuif^, pourvu qu'ils se
tissent cïirétiens.' Josel prit noblement sa revanche quelques années
plus tard en écrivant^ en faveur de ses coreligionnaires, un Mémoire
dont M, Scheid a retrouvé Tanaljse dans les archives alsaciennes.
Par la modération des idées et la fermeté du ton, ces pages font
pressentir le Socrate juif, Moïse Mendelssohn.
Avec MM. WevI et Bloch nous abordons Thistoire du judaïsme
en pajs musulman, sans quitter tout à fait le judaïsme français*,
[Le premier a extrait des archives de la Chambre de Commerce
de Marseille une série de documents relatifs aux négociants
juifs on Barbarie et dans les échelles du Levant soua les règnes de
' ÊUe Scheid, Joailmattn de Eosheint, XJIl, t»2 et 213.
* JoQus Wey!, Let Jnift ptûtfgét français aux Fchetteê da Icv&tit et tA Bat-
Harie aous Ut rê^Hes 4$ Louit XIV tt Louix X\\ XII, îir«7 ; XUI, 277. — IsawJ
^Bloch, lui Itméiitts d^Or&n, de 4lSt à tSië^ XIll, »5.
ACT. ET COSF., T. 1. 10
CXXVl ACTES ET œNFÊRENCES
Louis XIV et do Louis XV. Quelques-uns de ces négociants avaient
obtenu, presque par surprise, la protection diplomatique delà France
pour leurs biens et pour leurs personnes. Malgn^ la vivo opposition
dos marchands chrétiens de Marseille, qui accusaient les Juifs de dé-
tourner le trafic vers les ports italiens, ce bénéfice fut maintenu et
progressivement étendu à un plus grand nombre de familles. On
obéissait- d'abord à un motif fiscal, les Juifs protégés payaat on.
droit de consulat de 2 pour 100 sur leurs marchandises; plufl'tar<l
on s'inspira surtout du désir de ne pas jeter les Israélites dans la-s
bras d-une puissance rivale de la France. Cette sage politique «»
porté ses fruits. Elle a valu au judaïsme levantin une protecti(>»
efficace dans mainte circonstance , et à la France une clientèX^
reconnaissante, qui est aujourd'hui l'un des soutiens de son influene<3
économique et morale en Orient.
M. Bloch s'est occupé des origines de la communauté d'Orao -
Cette communauté ne date que de l'époque où la domination mus^il'
mane remplaça à Oran la domination espagnole. Créée en 1*39*2»
organisée officiellement en 1801, elle compta bientôt des comfl^^^'
çants actifs et des diplomates volontaires qui jouèrent parfois ^^
rôle curieux dans les intrigues de l'époque napoléonienne. Ily ®^
dès lors dans cette population aujourd'hui française des partis*^*
dévoués de la France, une femme entre autres, la belle Hani^^^*
maîtresse d'un bey d'Oran, qui, après avoir rendu à notre diplomô-^^^
des services signalés, périt sur le bûcher, en 1813, enveloppée a"^^
ses fils dans la disgrâce do son protecteur.
Signalons encore dans le domaine du judaïsme oriental une nO^^
où M. Schreiner a réuni les principaux renseignements fournis S^^
les Juifs des derniers temps du gaonat (x® siècle) par Al Berùni, ^^
plus exact et le mieux infopmé des historiens arabes sur ce sujet ',*
puis le récit de la plus ancienne accusation de sang rituel portée
contre les Juifs do Roumanie (à Niamtz, en Moldavie, Tan niO*).
Elle a pour auteur un jeune savant dont le nom seul nous rappelle
* Martin Schreiner, Les Juifs dans Âl'Beruni, Xll, 258.
* E. Schwarzfeld, Deux épisodes de l'histoire des Juifs roumains, XIII, 127.
(Le second épisode est relatif à la reconstruclion de la synagogue de NiamU
en 1770.'^
RAPPORT Sim LES PXTBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ CXKVU
que i'èro des tribulations n'est pas dose pour les Israélites rou-
miiins : M. Schwawfeltî, Vue des journalistes expulsés récemment
de Bucharest.
Il me reste A mentionner deux articles sur le judaït^me espagnol.
lia sont dus ï^ M. Loeb, l'interprète attitré des fureteura d archiyes
d'outre Pyrénées, mais un interprète qui a toujours beaucoup à
iif^r aux découvertes qu*il rapporte. Cette année, il nous donne
l récit, plein de détails lugubrement curieux, du sac des juiveries
de Valence et de Madrid en 1391, et une étude approfondie d'un
règlement des Juifs de CastiUe en 1432*. Ce dernier document,
rédigé sous l'inspiration d'Abraham Benveniste, médecin du roi
Jean II, présente, maltj^é quelques lacunes et quelques obscurités,
un tableau très completi très animé de la vie et de Forganisation
communautés castillanes, cinquante ans avant leur ruine.
Loeb Ta commenté avec sa sagacité ordinaire et Fa rapproché
des dispositions analogues qui se rencontrent dans les statuts de
I Sicile et du Comtat Venaissin.
IV
L'histoire de la littérature juive a perdu cette année son véné-
rable fondateur» Léopold Zunz, dont le montle savant venait de
célébrer avec éclat le iW anniversaire. Le doyen des études juives
I a eu, avant do mourir, la satisfaction on parcourant le volume
^m publié eu son honneur do voir qull laissait des disciples et des
^H aiTiére-disciples dignes de lui et de son fi.^uvre. Mais les successeurs
^H de Zunz, comme les successeurs d'Alexandre, ont dû, sous peina de
^^ succomber à la tàcho, se pai-tager le vaste empire que le maître em-
^. brassait d'un coup d'a^il. La parole fest désormais aux spécialistes ;
^B chacun s^astreint à cultiver un champ étroit pour Texploiter plus à
^Rfond. Je retrouve cette année dans uotre recueil la plupart des
^^ noms que je saluais Tan passé, et je les retrouve occupés de recher-
' Isidore Loeb^ £d sae dts juiveriet de Vatence et de Madrid tfi fJil, KIII,
m. -^ Règîmtni des Juifs de CastilU en U8f, XUI^ iai.
€XXVIII
ai:tes et conférences
ches du même genre. C'est M. Israël Lévi, fidèle à ses goùtâpour
la littérature légendaire, qui noua réTéle rorigioe hébraï([U(t d'uji
coHte latin du mojen âge, le Vof/af/fi tVAhxandre au ParadU *. C'«t
M. Neubauer, Tinfatigable bibliographe, l auteur de ce magistral
catalogue des manu^rits hébraïques d'Oxford *, qui, revenant à ses
premières amours, complote peu â peu ses listes de rabbins prowa-
raux-*, M. Bâcher, toujours à laffùt de grammaires et jie gram-
mairiens, nous signale un glossateur inédit de Joseph Kinihi, d&as
la personne de Moïse Nakdan ou le Ponctuateur, auteur bien comiii
du xin« siècle *, Enfin M. Schwab continue à nous montrer qu'i^
y a de Tinédit mt^me dans les imprimés, et que des « docameût^
humains » curieux se cachent jusque sous la garde des vieux io"
cun allés *.
De cette revue rapide, tirons hors de pair la briilanie hypolhêsfi
de M, Joseph Dcrenbourg sur le nom et l'origine du plu3 ancieo *^
plus célèbre auteur do poésies synagogales «, le Kalirî, improi^i'^
ment nommé Kalir, M* Berenbourg, en s'appujant sur des indi^î*^
étymologiques, épigrapbiques et historiques, croit que le Kaliri s'^F
pelait en réalité Eléazar, fils de Jacob Celer, et qu'il vivait *
Portiis, le port do Rome, au commencement du vut* siècle.
Un des chapitres de nos études les plus importants pour Thisto**^
générale est le tableau des relations des rabbins juifs avec ti^
pnnces, des Mécènes ou des érudits chrétiens. Plus d*uae ft?*^^
c est par la voie de la curiosité que la tolérance a fait son chetf»^*'*
' Israël Lévi, L« voyage d* AUamndre au Paradù, XII, 117*
' Compta rendu par M* Loeb, XIU, Î55.
^ Neubmer, Dùcutmntt médits» n^ IS. lErlraits des r«cueiU de c^stitsiique ^
SalomoQ ben Adret, Sous le ^ ÏI M, Neubauer donne des déteils inédiu sur l'
famille de Méir de HuiUeubourg.) Voir dans io même ordre d'idées la Uste d'afi'
ciens livres hébreuit do ms 8»J do Paria (xrv* tiècle}, publiée par M, D. K.«uf*
maun (XIM. 30U\
^ W. Bacber, M0U9 Bû-N^ké&n gl&staliur de la tj* ammaite d4 Joitpk KimM^
XII. 73.
^ Mube Schu'ab, Une page de complahilUi de iSîS à fSSi^ et Um émamêèlê ài-
breu^ XII, Itd et iVl, — Le commentaire de David Eimki mr lei Pi^umuê (m», ik
la bibUotbèqiî** do Sojssons, xtii" siècle, renferroaat aa«ïi le commentaire d«
Nachmamde sur Job), XUI, 2U5* — Un manmerii kéhnu dt la hihhotkê^Bt dt
Melun (Àfahzor du rite français reafeniuiut des poésien inédites), XJII, 297.
^ Joseph Dereiibourg, Blatûr le Piiian^ XII, 298,
RAPPORT SUR LES PURLlCATIONS DE LA SOCIÉTÉ CXXIX
datiâ les âmes, surtout à répoque, où, suivant le mot de Luther, la
connaissance de Thébreu était regardée comme partie inté^^ante
de la religion. Ajoutons que le pi*ofesseur d'hébreu était souvent
doublé d'un médecin, de sorte que le salut du corps conspirait avec
celui de l'âme pour ménager au juif savant un accueil favorable,
M, Perles a relevé des détails nouveaux sur les docteurs juifs qui
vivaient à Florence, dans Teatonrage de Laurent le Magnifique :
Jean Alemanuo, le maître d'hébreu de Pie de la Mirandole; Elie del
Medigo, l'ami de Marsile Ficia '.M. Mortara a publié une lettre
d'un duc de Mantoue donnant la généalogie des Portaleoai, cette fa-
miUe qui, en deux siècles, a fourni dix médecins plus ou moins émi-
nents ■. M, Kajserling noua présente une nouvelle série de corres-
pondants de Jean Buxtorf le lils, le premier héV)raÏ3ant chrétien du
XVîi« siècle, qui jouissait d'une telle autorité que les rabbins eux-
mêmes sellicitaient de loin son approbation pour leurs écrits \ Enfin,
MM. Dukas et Tamizey de Larroque ont édité une suite de lettres
E, adressées à Peiresc — le procureur général de la littérature, sîiivaiit
rexpression de Bayle^ — par Saloinon Azubi*. Ce personnage, qui
a laissé onze volumes de sermons manuscrits, appartenait, d'après
une ingénieuse hypothèse de M» Loeb, à une famille d'origine fran-
çaise, émigréô en Turquie : son nom rappelle, en effet, celui iVfftjaope,
BOUS lequel les rabbins désignaient la ville d'Orange, Né dans lu
dernier ouart du xvi" siècle, à Sofia ou à Constantînople, Azubi
retourna, on ne sait ni pourquoi ni comment, dans le pays de ses
aïeux* 11 devint rabbin de Carpentrai, connut Pïantavit^ le jésuite
Kircher, Peiresc, auquel il fournit des tables astronomiques, des
inédailles, des livres et des faits divers. Sur le tard, il émigra en
Italie, où il séjourna successivement en Piémont, à Livourne et à
* Joseph Perles, Lês sacants juifà à FiorêHûû à Cipoqm de L^unni de Midicis^
(Xli, 344.
* Merco Mortars, JJn important doeumtni tur U famtlU dts PorUUone^ XII,
ll'J. Du même auteur ; haae Cardato ti Samuel Àiot^bf XII, 301 (Lettres inltS>
reeseoies de Cardoso, savant marrane du xvii^ siècle, au célèbre ràbbm de
[ VcoîaeL
* M. KayaerhDgTi ^' eornsiiOMdants jmfn d^ Je»» Bnuftorf^ XUI, 22L
^ Jules Dukas &i Tamizey du Laroque, L^ttfes inédites écrites à Peinte par
ISakmoti Asi^H, rabitim de CarpetUras^ XI, M et *;5'1 ; Xll, 95*
CXXX ACTES ET CONFÉRENCES
Florence. C*était, comne dit Peiresc, un « bonhomme n, médiocre
antiquaire mais prédicateur infatigable, et qui méritait d'être tiré de
Toubli.
J*ai achevé la table des matières raisonnée de la Bévue, Elle ne
donne pas cependant une idée complète de notre activité littéraire
pendant l'année qui vient de s'écouler. Nous avons, il est vrai, re-
noncé à la publication de ï Annuaire. Par son format exigu, par ses
dimensions sans cesse décroissantes, il jetait conomie une défayear
sur nos tentatives de vulgarisation. Et puis, en nous voyant consa-
crer un recueil spécial aux articles « lisibles », plusieurs s'étaient
imaginé que la Eevue était décidément réservée aux articles qu^on
ne lit pas. Nous avons voulu couper court à cette équivoque, mm le
Conseil, en supprimant un rouage superflu, n'a pas entendu primer
ses souscripteurs d'une seule feuille d'impression utile. Les articles
de fond, genre Atinuaire, paraissent désormais dans le corps de la
Revue, qu'ils parsèment de fraîches oasis, dépourvues de caractères
carrés. Quant aux Actes et conférences de la Société, ils forment un
supplément qui paraît avec chaque numéro de la Eemie et dans le
môme format qu'elle. C'est là que vous avez retrouvé M. Franck
qui, l'année dernière, à pareille date, vous a tenus sous le charme
pendant une heure, en plaidant les circonstances atténuantes en
faveur de ce pauvre serpent, tant calomnié, et do son éternelle com-
plice * . C'est là que vous avez de nouveau souUgné do vos 'sourires
la piquante succession des types du juif au théâtre que M. Abraham
Dreyfus avait fait défiler sous vos yeux -.
Quelques-uns de nos lecteurs reprochaient à nos annuaires de ne
pas renfermer de calendrier. C'est encore une lacune que nous te-
nions à combler ; nous avons fait grandement les choses, puisque
nous l'avons comblée jusqu'à l'an 3000 i Les Tableaux du calendrier
* Ad. Franck, Le péché originel et la femme d'après le récit de la Genèic,
Actes, I, V.
* Abr. Dreyfus, Le juif au théâtre, Actes, 1, l.
RAPPORT Stm LES prDHCATIO?ÎS DE LA S^OCIÉTÉ CSXKl
^de M. Isidore Loeb, — tin magnifique volume in-4*» publié souâ
1 au&pices de la Société, — peuvent» en effet» servir aussi bien à )a
[construction future des almanachs, qu'à ridentiiication rëtrospectivo
dates juives avec les dates chrétiennes eorrespondantes. C'était
y\ïére un labeur dos plus pénibles, ou les plus attentifs pouvaient
[se tromper. J'en puis parler en connaissance de cause : il m'est ar-
rivé un jour d'employer deux heures de temps et quatre pages de
I calcul pour retrouver une seule date — encore n'étais-je pas bien sur
[du résultat I — Avec le livre de M, Loeb^ ce travail do bénédictiu
[devient un jeu d enfants, il existait dêjA des tables du même ^enre,
elles avaient le double tort d'ctru imprimées sans soin et de
ir au lecteur d'autre garantie que la conscieuce présumée du
Fi^alcuLat^ar. Notre excellent imprimeur, M. Cerf, a su parer au pre-
fauer inconvénient , quant au second. M, Loeb a eu llieui^ôuso idée
' de donner, autre le résultat brut, les moyens de le coatrùlor presque
instantanément, Dans le compte rendu vraiment trop modeste qu'il
iHotiii a fait hii-méme do son volume, notre eolliNgue n'a voulu lui
Iftltribaeir que ce dernier mérite. 11 me sera bien permis d'^outor
ine ces quelques pages représentent en réalité de longs mois de tra-
I et des scrupules inûms — cela soit dit sans aucun jeu de mots. Là
incorOt comme dans ces notices bibliojsrraphiques si complètes tiu'il
>RtinU6 a nous prodiguer sans compter, M, Isidore Loeb, on assu-
mant de gaieté de cœur les tâches les plus ingriites^ nous laisse
fdans rinc4)rUtudç si nous devons plus admirer son érudition, sa
^patience ou son rare désintéi'essement scientiiîque *.
VI
J'ai déjà txop retardé. Messieurs, le raomoat impatiemment
(kttendu ou vous allez untondi'o notre jeune ot éloquejit confêren-
r; il va vous entretenir d'un thème aussi alléchant pour les assi-
i de DOS temples, heureux de rafraîchir leurs souvenirs, que pour
• Isidore Lo«b, Bêfue bihliotjrapkiqut, XH. 121 i-l JOO ; XIII, 13K Du ra^me t
' readu Ats Serinons et aliocuiiont de y. Zadoc KAhin Xlll. U»i.
CXXXII ACTES ET CONFÉRENCES
les fidèles — à domicile, désireux de compléter leur instruction.
Laissez-moi cependant, avant de me rasseoir, vous rappeler les
paroles par lesquelles je terminais Tannée dernière : ce En éclairant
le passé du judaïsme, disais-je, nos érudits travaillent, même sans
le vouloir, à sa réhabilitation. Le procès est engagé depuis vingt
siècles, il n*est pas encore gagné partout. » Je ne pensais pas, hélas !
si bien dire. L'antisémitisme, qu'on pouvait croire jnort dans notre
beau pays de France, tâche de relever la tête. Un pamphlétaire —
dirai-je bien lourd ou bien léger? — a sonné un coup de trombone,
et le voici presque étonné de son prodigieux succès. Ce succès est
éphémère, je veux le croire ; il n'en est pas moins un symptôme
inquiétant. J'estime trop le goût de mes compatriotes pour Tattri-
buer au mérite littéraire de Toeuvre ; il ne reste donc, pour l'ex-
pliquer, que la malveillance cachée de quelques-uns, la curiosité
malsaine du grand nombre ; c'est déjà beaucoup, c'est trop.
Le judaïsme français a fait à ce livre la réponse qu'il méritait :
le silence du dédain. Pourtant le dédain ne doit pas aller jusqu'à
rindifférence, et j'estime que nous avons une double leçon à ap-
prendre de ce nouvel émule des Âpion et des Eisenmenger. — L'une
est générale : elle regarde notre conduite à tous. Comme il n'y a pas
de fîimée sans feu, ainsi, dans ce tissu d'accusations mensongères,
il doit s'être égaré quelques vérités qui leur donnent créance. Ta*
chons d'enlever désormais tout prétexte à la calomnie ; interro-
geons notre conscience, redoublons de prudence et de sévérité. Nous
ne sommes point parfaits, personne ne l'est, et nous ne devons être,
à tout prendre, ni meilleurs ni pires queies autres. Mais nous avons
été si longtemps soumis à un régime d'exception que nos défauts,
comme nos qualités, ont aussi quelque chose d'exceptionnel et at-
tirent, par conséquent, davantage l'attention. Minorité religieuse,
nouveaux venus dans la famille française, par cela même nous
sommes plus exposés à la jalousie et à la critique. Soyons donc à
nous-mêmes, à nos actes, à nos paroles, nos censeurs les plus exi-
geants. Ne nous endormons pas sur les progrès accomplis, ne nous
contentons même pas d'avoir du talent et du succès, car c'est là,
par excellence, la pâture do l'envie. Que tous nos commerçants
soient probes, tous nos millionnaires simples et charitables, tous
RAPPORT SirR LKS PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ CXXXll!
nos saTanta modestes, tous nos journalistes patriotes et désinté-
ressés. Par dessus tout, évitons de nous dénigrer les uns les autres
en détail ; car, de quel droit, a^^rés cela, nous plaindra qu'on nous
dénigre collectivement?
L'autre conseil s'adresse plus particulièrement à nos collabora-
teurs. J'ai été frappé, en lisant le pamphlet en question, quo Fau-
teur, qui a tiint lu, ne connaisse pas la Rj^ruf ^des ÉfuJfsJmres. Du
moins, il ne la cite que de seconde main, et on commettant d'otrangos
bévues. Il n'y aurait là que demi-mal si les lecteurs étaient mieux
éclairés que raiiteur, s'ils étaient à m(5me de rectilior les erreurs
historiques dont son livre fourmille et qui forment, pour ainsi dire,
les prémisses de ses odieuses conclusions . Mais il est trop clair que
ces moyens do contrôle manquent, que les travaux do nos historiens,
qui jettent un jour si instructif, parfois si nouveau, sur notre passé
méconpu, sont, pour la plupart des lecteurs, lettre close. A ([ui la
faute ? Au public, direz-vous, à sa pai^sse. Peut-être bien n'ost-il
pas le seul coupable. On est paresseux de bien des manières, soît
eu ne cherchant pas à sHnstruîre, soit en ne faisant pas tout ce ([ull
faut pour instruire les autres. Tâchons, à l'avenir, de ne plus mettre
notre lumière sous le boisseau. Que nos stjlistos cultivent un peu
plus Thébreu et nos hébraïsants le stylo, et le public, mieux informé,
rira d'un auteur qui cherche les dix tribus d'Israël parmi los juifs
do Paris, ou qui répète sérieusement la fable de la grande conspi-
ration des Juifs et des lépreux au moyen •âge.
Je soumets. Messieurs, ces quelques observations à votre sagesse.
J'espère qu'elles ne paraîtront pas déplacées. Notre société a beau
être spécialement consacrée au passé du judaïsme, elle ne peut s'in-
terdire de jeter de temps â autre un coup d'œil sur son présent et
sur son avenir. Dans son ensemble, le présent nous console des
tristesses du passé ; faisons des vœux pour que Tavenir efface à son
tour les iuquiétudes de Theure présente. Puisse le centenaire pro-
chain de rémancipation rehgieuse, qui est en mémo temps celui de
l'émancipation politique, n'être pas souiUé par ces appoîs haiiieux
à la guerre sociide et rencontrer tous les Français unis dans une
même pensée de concorde, de reconnaissance et do fratornitc !
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
SÉANCE DU H DÉCEMBRE 18«6.
PriaUlence de M. Zadoc KAHN, président.
M. lo PRÉSIDENT ouvre la séance en ces termes :
Mesdames, Messieurs,
Ce n'est pas la première fois que j'ai l'honneur de présider l'As-
semblée générale de la Société des Études juives. En maintes cir-
constances J'ai dû prendre la place du président en exercice; retenu
loin do nous par une cauSe où une autre. Ce soir, c'est pour mon
compte que je remplis mon office, en qualité de président élu par
vos bienveillants suffrages ; mais, soit comme président d'occasion,
soit comme président titulaire, je crois connaître les devoirs qui
s'imposent à celui qui occupe le fauteuil pendant cette réunion an-
nuelle.
Son premier ot pnncipal devoir, qui heureusement ne coûte pas
de grands efforts, c'est d'être court, aussi court que possible. Le
programme de notre séance est passablement chargé et, de plus, je
l'espère, fort intéressant. Vous entendrez le rapport financier- de
notre excellent trésorier ; vous entendrez le rapport littéraire de
notre savant et éloquent secrétaire, M. Théodore Reinach, et vous
savez, par l'expérience des années précédentes, avec quel plaisir et
ASSEMllLKE GENERALE DU 1t DECEMBRE 188*^ CXXXV
quel profit noua écoutons chaque fois son mâ;?i8tml exposé. Eufln,
QQ Boii\ uotia serons favorisés d'une cooférance qu'on de nos jeu nos
profosseurs de rUniTorsité a bien voulu se charger de faire sur un
sujet qui ne manquo m de nouveauté ni tïe piquant. Toute parole
inutile dite par lo président ressembleraii donc 4 une maladresse et
presque à uno impolitesse.
Toutefois, jo dois vous tenir nu petit discours; car il est eonve-
nabld qu'un président, entrant nouvellement en fonctions^ remercie
I ceux qui, en lui accordant leurs siifrra«^eSf lui ont donné un tômoi-
I irna^çfo flatteur de leur confiance. Ce devoir, il m'est doux de le rem-
plir, mais un mot suflit pour cela : je vous exprime, Messieurs, ma
i sincère i^econnaissance. et, en outre, je vous promets d'apporter à
mes fonctions tout le soin et tout le dévouement dont je suis ca-
pable.
Il est indiqué aussi que le nouveau président adresse un compli-
ment au président sortant. Ici j'aurais beaucoup à dii*e, car mon
prédécesseur n'est autre que M. J. Derenbour^, membre de l'Ins-
• titut de France, qui non seulement a dirige la Société de-* Études
Ijuivos pendant les deux années réglementaires, mais qui, dés le pre-
i inier jour, a pris une part brillante aux travaux et aux publications
I lie la Société. Dans sa belle et forte vieillesse, il donne des leçons
kde jeunesse aux plus jeunes, des leçons d'activité aux plus laborieux
jet des leçons de science et d'érudition sagace et pénétrante aux
phw savants. Ce sera toujours un honneur pour notre Société de
[pouvoir inscrire le nom de M. J, Derenbourg sur la liste de ses an-
] ciens préaident*.
J'ai le devoir ensuite de vous présenter notre jeune conférencier,
>M. Albert Cahen, et de le remercier en votre nom d'iavoir répondu
ravec an si aimable empressement ù. notre appeL Son mérite est
d*auiant plus grand que, par suite de la reprise tardive de nos
I séances, nous n'avons pu solliciter 3on concours qu'au dernier mo-
oent, M. Cahen aurait eu le droit d'alléguer lo manque de temps
our décliner notre invitation ou pour nous ajourner à plus tard.
Jette considération ne Ta pas arrêté, 11 saura vous prouver d'ail-
lleurs, par sa conférence, que lo temps ne fait rien à Tatlairo.
M. Caben vous pariera do la prédication juive eu France. Je suis
CXXXVI ACTES ET CONFÉRENCES
comme on dit, trop orfèvre pour me permettre une appréciation sur
le choix de ce sujet ; mais vous penserez comme moi qu'il est juste
que les prédicateurs, qui usent sans cesse du privilège de blâmer,
de critiquer, de morigéner, sans que personne puisse répliquer, s'en-
tendent aussi dire une fois leurs vérités. Si on leur fait passer un
mauvais quart d'heure, ils n'auront que ce qu'ils méritent.
Messieurs, une tradition qui remonte à la fondation de notre So-
ciété et à laquelle nous sommes très attachés, veut que dans nos
Assemblées générales il soit fait mention des sociétaires que la mort
nous a enlevés au cours de Tannée. Nous avons malheureusement
subi des pertes cruelles depuis notre dernière réunion, et longue,
beaucoup trop longue est notre liste uécrologique. Nous avons eu la
douleur de perdre deux de nos membres fondateurs : M"*^ la baronne
James do Rothschild, qui avait témoigné à notre œuvre une sym-
pathie toute particulière et bien naturelle, car la Société des Études
juives était, pour cette grande bienfaitrice du judaïsme, comme une
création de famillo à laquelle resteront toujours liés le nom et le
souvenir de notre premier président, le regretté James-Edouard de
Rothschild ; M. Marc Lévj-Crémieux qui, dès les premiers temps de
notre existence, nous a fait un don généreux de mille francs. Nous
avons à déplorer, en outre, la disparition de nos chers collègues
S. Beaucaire, Bernard Cahen, Ernest David, Gustave d'Eichthal,
Alexandre Lange, Gersam Léon, Lipmann, grand-rabbin de Lille,
Merzbacher de Munich, Myrtil Erager et N.-Ph. Sander. Beaucoup
de ces amis disparus mériteraient mieux qu*une simple mention,
car ils n'étaient pas seulement pour nous des souscripteurs, mais
encore des prédécesseurs et des modèles dans le labeur scientifique.
Nous garderohs à tous un fidèle et reconnaissant souvenir.
S'il est vrai, Mesdames et Messieurs, que des vides douloureux
se sont produits dans nos rangs, nous avons aussi, grâce à Dieu,
fait de précieuses acquisitions. La liste que publie notre Revue
. dans chacun de ses numéros vous a déjà appris le nom de nos nou-
veaux collègues. Je ne ferai aucune énumération, mais je dirai que
le Conseil a accueilli avec une grande satisfaction et un sentiment
de fierté des adhésions qui sont un honneur pour la Société.
En somme, malgré les pertes éprouvées et certaines défections
ASSEMBLEE GENERALE DU H DÉCEMBRE t88ti
CXXXVÎl
^H volontaires et peu justiiîôes^ nous avons fait pltiiôt des progrès pen-
^M dant rannéd qui viant de s'écouler, La situation do notre Société
^^ peut être considérée comme prospère. Le rapport financier vous
montrera que nous ne connaissons p<is la grande plaie des budg:et3,
la plaie du déficit; le rapport littéraire vous fera connaître une fois
de plus Timportance et la variété de nos publications . Le Conseil
n*a qn*un désir : justifier la <?ontiance que vous avez placée en lui»
en assurant de mieux en mieux le succès d'une œuvre qui n'est pas
seulenteat la sienne, mais qui vous appartient à tous, car tous vous
avez entendu donner votre appui à une œuvre de science élevée et
désintéressée. Nous comptons déjà plus de six années d'existence,
et ce n'est pas commettre le péché d'orgueil de dire que ces six an-
nées n'auront pas été stériles pour le progrès de la science juive ni
pour r honneur du judaïsme franeais.
M, Théodore Rbinach, secrétaire , lit le rapport sur les publi-
cations de la Société pendant l'année 188.>1886 (Voir plus haut»
p. CTXVll).
M, Erlanger, imsorirr, rend compte, comme suit, de ia situation
financière de la Société à la fin de l'exercice 1886 :
Mesdames et MESsiEUits,
Lorsque je me suis permis, l'année passée, de donner a mon rap-
port un aspect rassurant, j'éprauvais une certaine crainte. Cette
note rassurante no pourrait-elle nous porter malheur, en relroidis-
sant le zèle de ceux qui s'intéressent t notre leuvro ?
Heureusement rien de semblable n'est arrivé. Nos finances ont
continué k être prospères.
Est-ce à dire que nous sommes devenus plus riches? Ce n*est
cortes pas le cas, et les chitos <iue je vais vous lire, dans un mo-
ment, me donneraient un démenti formel, si j'osais l'avancer; mais
nous avons pu, dans le courant de Tannée, faire paraître, outre les
quatre numéros de la Itevue^ la publication des actes et conférences,
et distribuer, à tous les Sociétaires qui en ont fait la demande, les
CXXXVIIl ACTES ET CONFÉRENCES
Tables du Calendrier juif de M. Loeb, travail aussi considérable
qu'important, et dont il ne m'appartient pas de faire Téloge ici.
8ans ces publications supplémentaires notre exercice se solderait
par un sensible excédent, que nous aurions pu porter en augmenta-
tion de capital. Vous savez que j'ai mis jusque maintenant toute
mon ambition à maintenir ce capital intact et à Taugmenter seule-
ment de ses intérêts.
Il faut qu'à cette occasion je vous fasse une confession. Votre
trésorier est loin d'être un trésorier parfait. Il lui manque, pour
Tétre, la qualité essentielle. Il ne défend pas assez son trésor; il
n'a pas la férocité que comporteraient ses fonctions. Quand il s'agit
d'une publication bonne et utile, il est le premier à lever la main
au lieu d'être le dernier. Il pense que l'argent placé en travaux
scientifiques, en produits intellectuels, rapporte plus que n'importe
quelle valeur achetée à la Bourse.
A-t-il raison, a-t-il tort? Le concours empressé que vous voudrez
bien nous prêter, la propagande sérieuse que vous voudrez bien
faire pour nous, seront pour lui la meilleure réponse. — Mais il est
temps d'arriver à nos chifires.
ASSEMBLEE GÉNÉRALE DU il DÉCEMBRE 188C CXXXIX
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CXL ACTES ET CONFERENCES
Vous voyez, Mesdames et Messieurs, que je n'ai rien exagéré.
Notre situation financière est bonne, sans ôtre brillante. Le terrain
que notre Société exploite est riche. Loin de s'épuiser il devient
plus fécond à mesure qu'on le travaille. L'activité de nos savants
collaborateurs ne nous fera, certes, pas défaut. Avec votre précieux
concours, la Société des Études juives peut envisager l'avenir sans
crainte et saura tenir toutes les promesses qu'elle a faites.
M. Albert Cahen, professeur agrégé au collège Rollin, fait une
conférence sur la Prédication juive en ^ra;iee (Voir plus haut,p.xcv).
Il est donné connaissance du résultat du scrutin pour l'élection
de huit Membres du Conseil. Sont élus :
MM. Léopold Cerf, ancien élève de l'École normale supérieure,
libraire-éditeur, membre sortant;
James Darmesteter^ professeur au Collège de France, direc-
teur à l'École des H^autes-Études, membre sortant ;
Joseph Derenbourg, membre de Tlnstitut, directeur à l'École
des Hautes-Études, membre sortant ;
Joseph Halévy, professeur à l'École des Hautes -Études,
membre sortant ;
Louis Leven, membre sortant;
Michel Mater, rabbin adjoint au Grand Rabbin de Paris,
membre sortant ;
Moïse Schwab, sous-bibliothécaire de la Bibliothèque natio-
nale, membre sortant ;
Trénel, Grand Rabbin, directeur du Séminaire Israélite de
France, membre sortant.
L'Assemblée nomme au scrutin secret, à l'uaanimité des votants,
M. le Grand Rabbin Zadoc Kahn, président sortant, président de
la Société pour l'année 1887.
M. Emile Leven propose à l'Assemblée de voter des remercie-
ments au Conseil pour l'activité ot le dévouement dont il continue
à faire preuve pour la prospérité de la Société .
Cette proposition est adoptée.
VERSAILLES, IMPRIMERIE CBRP ET FILS, ROB DUPLESSIS, 59.
m im DE CISTILLE ET ll'ES
AU MOYEN AGE
ANCIENNE INTERPRéTATîON DES DOCUMENTS.
Tous les historiens se sont servis, pour (évaluer le nombre des
.Juifs qui ont demeuré en Espagne au moyen Age, de trois docu-
It^niMtts qui paraissent fournir tous les él»5mejits nécessaires pour
flaire le calcuL Ce sont :
1* Un Résnnié du rùle des irapiHs payés au roi par les Juifs de
jCaslïlie à la tin du xiir siècle \ Ce Résumé a été fait en i'Im, et
lia perception de Timpùt a dû commencer en fi^vrier 1291 % Le rule
jfju'il contient a remplacé, à {>artir de cette dernière date, un rôle
Ide Tolède fait sept ans auparavant, en 1284, (ïn appelle ce rôle
|de 1291 RAle de lluele, parce qu'on suppose qu*H a été dressé dans
I cette ville*;
2^ Une pièci* de 1291 qui indique remploi fait par le roi de
tipùt payé par les Juifs de Castille, On prend ^Généralement
pièce pour un complément ou une amplillcation de ia pièce
[précédente * ;
• CcUe pïèce» publiée d'ibord par Asso et Manuel, dans leur I^iseorto $oire ti
MÊifdù y condition de los Jnétùs tu Jim/inuaf a été rectiliëe d'après rorigioal par
I Av^ftor de las Kios, et publit^c d'abord par lui dans ses Kstudiûs sof>re iûs Jndios
fé» B^fiâSiti, Mfldrid, iH4S, p. 40; puis daos soa Hûioria de hi Judios de StpaHa,
ladnd. 1ST6, lome H, p. 53 et suit,
■ Aœâdor^ Hittarta^ 11, 59, évidemment d'après H, 531. Ri^sto cependant à sivoir
r'<«t bien \à ïe sens des premières lignes du documenl p. 531.
• %i. Pnndsco Fernandez y Gonzales, dans ses Imiftiicionei jHridieaâ del pUiéh
d€ Jtriut (Mttdrid, 1881), dit que ce nom ne convient |ias ou document (p, 175).
• t*ubiièc pour !• première fois pnr Araador, //<*/., IL 531.
T. XIV, x« 28. M
162 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
3° Un rôle des Juifs de Castille de 1474 ».
Voici comment on a interprété ces documents :
Les Juifs, dit-on, payaient un impôt de 30 deniers par tête, en
souvenir des 30 deniers pour lesquels Jésus fut vendu, et, à la fin
du xiii^ siècle, 30 deniers valaient 3 maravédis. Les deux pièces
de 1290-91 contiennent le détail des impôts dus par chacune des
communautés juives sous deux rubriques : servicio (aide) et
encahezamiento (capitation). On s*est naturellement dit que cet
impôt de capitation devait représenter les 30 deniers (ou 3 mara-
védis) dus par chaque Juif. Or, d'après le Résumé (1290), le total
de cet impôt est de 2,584,855 maravédis * ; en prenant le tiers,
on a le nombre de Juifs vivant en Castille en 1290. Cela ferait
861,618 âmes.
Tous ceux qui, en reproduisant ou en utilisant ces pièces de
1 290-9 P, ont cherché à en tirer le nombre des contribuables,
ont calculé de la sorte.
M. Graetz a fait le môme usage du document de 1474. Le total
de rimpôt détaillé dans la pièce est de 450,300 maravédis,
M. Graetz en conclut que cette somme représente l'impôt de
150,000 Juifs*. 11 en résulterait que, de 1290 à 1474, la popula-
tion juive, en Castille, malgré de nouvelles acquisitions de terri-
toires, aurait subi Ténorme diminution de cinq sixièmes.
Depuis longtemps nous ne croyons pas à ces calculs, et nous
avons, à maintes reprises, entretenu de nos doutes notre savant
ami M. Fidel Fita, de Madrid. Pour répondre à toutes les ques-
tions que soulève Texamen de nos documents ^, il faudrait, avant
tout, en avoir le texte entier, avec les préambules ou autres pas-
sages peut-être omis. Il faudrait s'assurer également que le docu-
ment de 1291 est bien une amplification de celui de 1290. On peut
en douter, car les chilïres ne sont pas toujours d'accord et cer-
taines provinces indiquées en 1290 manquent en 1291 ®. Il faudrait
* Dans Amador, Histot'ia, III, îiOO ; résumé ibid., p. 171. Dans ce résumé, il lau
lire, pour Ségovie, 19,0o0 ; de sorte que le total est 450,300, non 451,000. La pièce
est reproduite partiellement dans Lindo, History of the Jetvs in Spain^ Londres,
1848, p. 242.
* Amador, Historia^ II, p. 58, compte, par erreur, 2,564,855.
* Amador, /. c. ; Jost, Gesch. der hracliten^ t. VI, p. 381 ; Encyclopédie Erscii
et Gruber, article Judcn^ p. 214; Lindo, /. c, p. 109; Graetz, Oach, rf. Juden,
2-édit., t. VII, p. 55.
* Graeiz, ibid.^ 2* édit., t. VIII, p. 223. Amador fait, pour cette pièce, un calcul
différent. Nous y reviendrons plus loin.
* Les titres donnés aux pièces par Amador sont-ils dans les originaux? N'a-l-il
rien omis? Les indications maravédis au haut des colonnes sont-elles de lui ou non?
* Quelques-unt's des différences peuvent venir de fautes de copie (p. ex., PalencU,
23,800 m. en 1290 ; 33,800 en 1291) ou de changements faits, après coup, dans It
répartition.
LE NOMBUb: DlilS JUIFS DE CASTILLE ET D'ESPAGNE 163
avoir le passage où il est question du rôle de Tolède de 1284,
expliquer la mention de rôles ou r^^partitioiis de Iluete et de To-
lède qui se trouve dans riiitrodnction et dans divers passages du
rûie de 1291. M. Fidt'l Fita se propose d'étudier ces diverses ques-
tions diaprés les originaux. Nous donnons ici un certain nombre
d'observations qui pourront le guider dans ses recherches et con-
tribuer à élucider la question.
Ce qui a, tout d'abord, fait naître nos doutes, c'est qu'il nous
semblait irapossil>ie de croire que la Castille, qui» au xv* siècle
Bncore, ne comptait que 6 ou 7 raillions dliabitants \ ait pu, à la
în du xni" siôcîe, renlermer plus de 860,000 Juifs. Ce chiffre nous
paraissait énorme. D'où seraient venus tant de Juils et comment
les aurait'On su[qjortés à une éiioque où les haines religieuses
Tétaient si fortes? En y regardant de plus pr«^s, le fait devient
autrement incroyable. L*impôt de 1*290-91 devait être uniquement
}nyé, à ce qu'on nous assure, par les hommes établis âgés de
jlus de \ingt ans, exception faite des femmes, des enfants, et
BÛrement aussi des indigents*. Le chitlre de 861,618 représen-
terait des familles» et il faudrait le multiplier par un coefflcient
aour trouver !e nombre d'âmes contenues dans ces familles. Si
[ron calcule, d'après un traité de statistique bien connu ^ le
nombre de personnes de moins de vingt ans contenues générale-
ment dans une population donnée, on trouve, en faisant la
loj^enne de seize différents pays, qu'il y a, sur 10,000 âme.s,
1,596 (en chiffres ronds 4,600) personnes de moins de vingt ans ;
estent 5,4ro personnes au-dessus de vingt ans, et, en suiiposant
jue le nombre des femmes soit égal à celui des hommes (il est or-
^dinairement un peu supérieur), cela fait 2,700 hommes âgés de
plus de vingt ans sur 10,000 âmes. Le rapport de 2,700 à 10,000
îtant suî)érieur à 3,5, on restera au-dessous de la vérité si, pour
■bbtenir le chiffre de la population juive de- la Castille en 1290-91,
on multiphe 861,618 par 3,5. Il faudrait donc admettre qu'à cette
époque ia population juive dfi Castille ait été de plus de 3 millions
rames I C'est absolument impossible et cette interprétation des
pièces de 1290-91 ne mérite pas d'être discutée.
» Pr€6cûU, Butor}/ ûf the feign of Ferdinand and /*a^«7«, Londres, 1838^ II, 234
1,500,000 fttUï ou 6,750,000 amesj.
• Amador, fftstûr,, 11, 58. Nous ue savons cotnmcnt Amador a fdt pour oublier
sitiltt ceito règle dans sou calcul de la popultUou Juive.
Kolii, Hifiuâtich der vtrghichtnden StatiUih^ Leipzig, 1619, p. 482.
m
mnm ws fjmf^ imvRs
II
ESSAI n'UNK INTEBPRéTATÎOK N0UV8LLE*
M. Fklel Fita Jious a mis sur la voie d*une autre interprétatiou
qui contient <;ertainement une grande part de vérité^ mais qui, on
Ir^ verra taut à l'heure» ne liunue pas encore la vraie solalioii th
probl*-Mne. 11 nous a lait remarquer que les chiffres provenant ^^
rimpût lies 31) deniers ou 3 maravédis doivent être divisibles par 3,
et que, dans les rtMes de 1290-91» les chiffres de Vaide reraplissenl
seuls cette condition*. Eu vf^rilîant chaque somme dAtaill^t^i o»
trouve» dans Vaide^ sur 41 nombres, 4 seulement (ceux de Villa-
nueva, Miranda, Logrofio et Séguvie) qui ne sont pas divisibles pir
3» et ces exceptions peuvent t'^tre attribuées à des fautes de copie
lïaas b*s nombres de la capilation, au contraire» sur 72 sommes,
il n'y en a que 23 qui sont divisibles par 3, c'est-à-dire presque
exactement la proportion de 1 .sur 3 que Ton doit trouver dans
toute série de nombres qui ne sont pas influences par le chiffre 3,
On peut en conclure que c'est Vaide et non la capUation^ul
dans les rôles de 1290-91, représente Tirapôt des 30 deniers
Une autre consiileration peut conduire à la même conclusion
Pour un certain nombre d'archevêchés et d'évôchés, entre autres
pour Tarchevêch»! ût* Tol^^de» le rAle dit Résumé de 1290 ne con-
tient pas iVaide, mais seulement la capUalion. D ou vient cette la-
cune ? Lindo raconte » qu'à la prise de Tolède par le roi Alphonse,
en 1085. les Juifs de cette ville demandèrent à être exemptes de
Timpôt des 30 deniers payés au roi par les autres Juifs de Cas-"
tillç, et on peut supposer que cette demande fut accueillie
môme exemption fut peut-être accordée à d'autres communauté
juives. Elle existait encore au xv« siècle pour celle de Tolède
Elle Capsali raconte ^ que la reine Isabelle» Tépouse de Ferdinand
s'étonna un jour que les Juifs de Tudèle ne payassent pas Timpd
1 M. FrtQcisco Fernande^ y Gonïnles» dans ses In^tvtueioMt, p. 306, ob}eel
-eo(Llro rinterprétalioB qu'où ^cut donner uu document de 1414, que les nombril»
BOuL pis divisibles par trois, mais ceUe ohjecûon n est pas fooiés^ Une iiiftp«ctl(
mi^me Eiuper£cielle de ce documeut montre que les nombres y sont doands en ciùflin
ronds, on y a omis ies centaines» diiaiues et unilés ; les rôies de 1290-91, au
bruire, douaenl exactement lea centsiiics, les diïuioes et leu utiilés.
-» l%khuùm icKonim , Pudt>ue, \m\\, p, (iH.
r
'» ,
LE NOMimE DKS JUIFS DE CASTILLE ET D'ESPAli.NK m
f deniers (Élie met fVtJit), sueldos, sous), on lui dit f|iM? les
ide cette ville en étaient exemptés parce que leurs ancêtres
le faisaient point partie tle ceux qyi tleiiieuraieiit en Palestine à
iVpoque du second tenij^ie et ii'a%'aient, par conséquent, pris au-
cune part à la vente de Jésus, dont cet impôt était un souvenir * ;
reine considérant cette exception pour une otVense (pour qui ?),
supprima en supprimant Timpùt des 30 deniers dans tout le
jyaunie. 11 est vrai qu*au comnn^ficement du xiv« siècle il semble
|ue les Juifs de Tolède aient été obligés de payer les 30 deniers,
'c'est ce qui résulterait d*mî passa^^e d'une consultation du Rosch ^
( As<;her b. JeliielJ» mais Texemption accordée d'abonl a pu f>tre
abolie plus tard* Les lacunes dans la liste des aUles de notre rôle
de l'2*K) ne s'expliquent que par cette exemption et elles nous con-
^lirruenl dans l'opinion que c'est bien Vmde qui représente Tiinpôt
B^es 30 deniers.
^ Essayons de calcub-^r, au moyen de cette donnée, le nombre des
Juifs de Castilie en 129u. il serait facile de remplir les lacunes du
I Résumé si i*imp6t de la capifalion était proportionnel à celui i\e^
30 deniers, mais il ne Test pas, la proportion de la capitation i\
Taide change d'une ville à Tautre, tout en restant généralement
«iajis de certaine.s limites qui varient entre 1 et 5, en chiffres
ronds* A défaut d'autre procédé, nous prendrons, dans le calcul
ifui va suivre, la moyenne de ce rapport. Le Résumé, d'après
ÏHistoria d'Amador, donne, pour l'impôt payé par les Juifs, les
résultats suivants :
Tatdl de Taide 2 1 « . i90 maravédis.
Capilation sans aide., .,. 1.786.976 —
Capîlatiûii en sus de raide . * . . 797.879 —
~ Total 3.80^,:u:» maravédis.
Sr Ton représente par x le chiffre de faide qui manque, on a la
projK>rtion suivante:
X __ 21 G > 490
4.786.970 " 797.879'
* Le»Jutfi de Tolède avaient prodtiU exactemcal le même argumcQl. Il étitl in*
Bé atiMi, à roccttsiciD. par diverses cornai uuatiléiii juives cTAIIemagoe quand eUea
d«ient u Hte exemplées du tiers dûuicr» ét|uî valent àe& 30 ilfiniers espa^tiela.
-^ On p4tal Ms dematider ai HUq Capeuli oe met pokU, par eir^ur, Tudèle au heu de
* S«e coosullat, édit.. Venise, 1552, p. 13 ; cité par Cas&el, Ëncyclop, Erscti et
Qrciber, L r., p* 2i4, note 22.
168 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
cet impôt de 1474 sont assez embarrassantes. Il dit ' qu'à cette
époque chaque Juif payait, pour Je service et demi-service en-
semble, 45 maravédis (non deniers), et que le maravédis valait 16
deniers (non plus 10 deniers). Si chaque chef de famille payait
45 maravédis, le nombre des familles juives de cette époque, en
Castille, aurait été de 10,000 environ*, formant 40.000 âmes, ou, si
Ton veut, 50,000 âmes. Il ne serait pas du tout impossible que ce
fût le chiffre véritable, mais il serait étonnant que Timpôt des
30 deniers eût été augmenté dans une si forte proportion. Si, au
contraire, Amador a mis par erreur 45 maravédis au lieu de 45 de-
niers, le maravédis étant à 16 deniers, le nombre des familles
juives serait de 160,000, chiffre qui nous paraît aussi extravagant
que ceux que nous avons trouvés précédemment.
Si Ton s'arrête au chiffre de 50,000 âmes, qui nous paraît un peu
faible, mais qui est cependant admissible, il ne faudrait pas en
conclure, comme l'ont fait Amador. M. Graetz et d'autres, que de-
puis 1290 la population juive de Castille avait beaucoup diminué.
Oui, il n'est que trop vrai, les massacres de 1320-21 (pastoureaux),
la peste noire en 1348, les massacres et les conversions forcées des
années 1391 à 1415, sous l'action de Vincent Ferrer, de l'anti-pape
Benoit XIII et de la reine Caialina, ont dû faire subir à la popula-
tion juive de Castille des pertes considérables, mais l'imagination
est aisément portée à lès exagérer, on ne peut surtout pas assassi-
ner et baptiser tant de gens, il y a des limites matérielles à la rage
des meurtriers et des convertisseurs, et l'accroissement naturel de
la population juive (c'est-à-dire l'excédent des naissances sur les
décès), accumulé depuis près de deux siècles, a dû compenser en
grande partie les pertes. 11 ne faut donc pas nous parler d'une di-
minution de la moitié ou des cinq sixièmes. 11 y a eu, évidemment,
beaucoup de Juifs tués et baptisés, mais il y a eu surtout, à partir
de 1391, une persécution légale qui a ruiné les Juifs et les a réduits
à la misère. C'est là qu'il faudra chercher principalement l'expli-
cation de la réduction des impôts des Juifs, si cette réduction est
véritable. Jusqu'à présent, elle n'est pas encore prouvée.
M. Fidel Fita, dans un travail sur les Juifs de Ségovie dont
nous avons déjà parlé plus haut 3, nous fournit quelques données
sens de Tordonnance de 1442, inenlionnéo en note, n'est pas indiqué. Nous ne sa-
vons si M. Feroandez y Gonzales {Instit.^ p. 30G, note 1) a vu cette ordonnance ou
a tout simplement interprété les indications d'Âmador.
> L, f., p. 170 et 171.
■ Amador, p. 171, arrive à un chilFre de 12,000 familles, nous no savons comment.
* BoUtin^ 1886, p. 344 et suiv«; les chiffres dont nous allons nous servir se trou
vent pages 369 à 371.
LE NOMBRE DES JITJFS DE CASTFLLE ET IfESPAGNE im
que !*on voudrait utilise^rpoiir j^Uicitîer la question qui nous oc-
CUive, mais qui soulèventi à leur tour, des dillicult'^s provisoire-
ment inso]ublf*s. Dans Févêclié {Je S«*govie on avait pris riiabitude
àe vendre à un fermier l'impôt des 30 deniers. Pendant les années
1^23 à 1404, ia ville de Sepulveda, qui fait partie lîe cet êvêcini,
percevait pour cette ferme» une somme allant de 143 à 301 niara-
"védis par an. Le produit de Firapôt devait être un peu supérieur
â cette somme, puisqu'il devait eynii>rendre, outre le prix de la
ferme, les frais de perception et le bénéfice des fermiers. Mettons
que le produit ait iH(^ de 320 ou 330 marav*^dis *, Or, dans le do-
cunmnt de 12^0, Taide (les 30 deniers) de Sejmlveda se moule à
5,U4(t maravf^dis. La ilifférence est énorme et on se dematide com-
ment on peut concilier ces deux ciiiOVes. La diftc^rence des dates
n'est pas assez t^rande pour qu'on puisse supposer un grand clian-
jievki dans le chilfre de la i>opulal!cn juive et dans la valeur un
'^aravédis. On pourrait supposer aussi qtie Je prix payé par les
fermiers est utuquement ii<unn' à titre d'iiomniage et ne repré-
sente nullement la valeur de Timpot ; certains détails îjuiiqués par
M. Fita, diaprés les documents, justideraient cette hypothèse (il
y a des villes, entre autres Ségovie, où l'impôt est quelquefois
aflermé kun jn'ix qui semble dérisoire), mais si elle était vraie,
on ne voit pas pourquoi le chiffre de la ferme varie d\ine année à
l*autre. La seule explication ]iossible nous paraît être celle que
nous avons déjà su^^gérée plus haut : c*est que les clnfTres du do-
cument de 1290"*Jl représentent rimpôt de plusieurs années,
IV
GRITIQUK DES HYPOTHESES PRECEDENTKS. — LES RECENSEMENTS
DES JUIFS EN GÉNÉRAL.
I
Voici les raisons qui nous ont fait rejeter les chiffres élevés
ju'on propose pour Tévaluation du nombre des Juifs de la
ijiUlle.
Tout d'abord, rinjay:ination des écrivaijis chrétiens a beaucoup
0^XBg^ré le nombre des Juifs aussi bien que leur fortune, et les his-
toriens juifs de notre époque ont trop longtemps réjiété docilement
* D«g« 1« perception de rîmpôt 'le P^rpi^naii que nous avons éindié (précédent
soméro de l« RttHf)^ les fmiâ et lienèliceB se rnooLcot tout au plus à deui pour cent.
170
REVCE DES ETUDES JUIVES
OU naïvement ces exagérations* Les chroniqueurs juifs conteia-
poraîns étaient souvent mal renseignés^ ils évaluaient au jugév^t
Von sait que ces évaluations sont toujours 2, 3, et 4 fois
fortes. Il ne faut donc pas croire sans preuves ce qu'on rai
du chiifre élevé de la population juive dEspagne. Toutes les tm
qu*on peut, au moins dans les pays romans et en Espagne niètne,
i.%nitnjler les chiffres, on s*aperçoit que gt^néralement les commu-
nautés juives ne sont pas très populeuses et ne forment pas de
bien grandes agglomérations. En voici quelques preuves.
 Paris» ou Ton s'attendrait pourtant à trouver une commuMUlé
juive importante, la population juive, en 1296 et 1291, se compo*
sait, en tout, de 82 chels de famille^ Celle de Carpentras, entre
les années 127'7 et 1600» varie entre 12 et 119 chefs de famille;
même en 1142, à l'époque où elle atteint son plus grand dévelop-
pement, elle est de 168 familles ou 152 âmes*. A Avignon, eu
1358, il y a 210 familles juives \ et en 1570» diaprés une note ma-
nuscrite recueillie par nous dans Fornery, ce cliiffre n'avait guère
varié, j)uisqu'il était d'environ 800 Ames. Â Marseille, en août
1492, il n y a, à ce qu'il semhk% que 15 juifs adultes présents dans
la ville* et le nombre des absents ne peut pas avoir été bien sapé-
rieur à ce chilTre*. Le nombre des cheîs de famille juifs de Tré-
voux, f*n 1429, est de 15 ^ celui des chefs de famille juifs de six
villc^s du Dauï)hinét on 1390, parait être en tout de 24, quoiqu'il
ait souvent été, à n'eu pas douter, supérieur à ce chiffre*'. A Per-
pignan, en 1413-14, suivant Télude que nous avons publit^e%ily
avaitj au plus, 180 chefs de famille juifs. Le plus fort chiffre que
nous ayons trouvé, pour le moyen âge, dans les limites de la
France actuelle, est celui de la population juive d*A.ix en 1341 :
elle comptait 203 feux formant un total de 1207 personnes*.
Si de la France nous passons en Espagne, nous constatons le
même phénom(>ne : petites communautés, en général. Une liste do
1383, à la vérité i»artielle, mais contenant cependant, à ce que
nous croyons, les noms d'un grand nombre de Juifs de la commu-
nauté, compte â Barcelone 65 chefs de famille ®. Une autre liste,
de la même ville, datée de 1391, énumère les Juifs de Barcelone
' Le rôh deg Juif» de Paiù^ Jietue, 1, 63.
» Histoire dts Juifs de Car pendras. Bévue ^ XI l, 190,
^ Do Mauldt?, Lf* Juif» dans les Éifiis français du Saini-SUgi^ Piirîs, 188^, p. 5*
* Un eontoi d'cxiliM d'Espagne^ Mt^ue^ IX, 67.
^ RetHf^ X, 35,
^' Prudhomme, Lei Juifs en Daupkimé^ GrenoMe, 1B83, p. 10(1,
■ Rt^ue^ L XIV, p. 65,
' D\ipfès une piècu inédiie de« Arclùves déparlem. des Boucbes-du RhÔoc.
» R'fvue, IV, «2,
LK NOMBRK DES JUIFS DE CASTJLLE KT IVESPACNK 171
^ qui, SOUS la pression des iléplorables événements de cette année,
s'étaient baptisés : ils sont» en tout, 135 chefs cJe faraille ou adultes,
I soit 450 (ou 520) âmes * ; si Ton y ajoute les 250 personnes (chiffre
I peut-être exagéré) tuées dès le début rie Témeute (d*après le récit
[de Hasdaï Crescas *), environ 100 personnes tuées probablement
lors de Tattaque du château où les Juifs s*étaient réfugiés (d'après
Je même récit), et environ 50 peri$onnes qui parvinrent à s'enfuir,
[ou obtient en tout 855 (ou 915) Ames, A Palma, en cette même an**
liiée 1391, on dit que* 300 Juifs furent tués et que les autres furent
obligés de se bapti.ser, que 800 se réfugièrent dans le château royal
(où ils furent préservés) et que les autres se baptisèrent ^. Nous
avons la liste nominative de ces Juifs baptisés» elle se trouve
dans l'étude de M. Quadrado que nous analysons dans le pré-
[sent numéro de la Hevue, et elle se monte, au maximum, à
111 chefs de famille ou adultes, soit 388 ou 444 personnes, cela
ferait, au maximum (et si le chiiTre des 800 réfugiés n'est pas exa-
géré), 1,540 personnes, VaJence aurait compté, à cette époque,
1,000 Juifs \ Il est vrai qu'à Séville, en cette même année, Ilasdaï
ICrescas évalue la population juive à 6,000 ou ^/OOO âmes, mais il
était loin de Séville et peut-être mal renseigné*. On dit quon y
tua, dans l'émeute de 1391, plus de 4,000 Juifs, ce qui nous parait
absolument impossible^. Nous avons peine à croire aussi au mas-
sacre de 2,000 Juil^, en cette année, à Cordoue^ On dit qu'à Va-
lence il en périt quelques centaines, à Lérida 'ÎS \ A Toiède, de
11358 à 13G0, il y aurait eu 12,000 Juifs, mais on avance ce chiffre
sans preuves^. Nous ne savons si les listes deManresa, pour les
années 1294-1302, publiées dans cette Reime **', sont complètes et
nous autorisent à dire que la ville n'a pas contenu, à cette époque,
plus de 45 familles juives* La ville de Malaga, prise sur les
Maures en 1406, aurait, à cette époque, contenu 1,000 Juifs *' .
Tudèle, qui autrefois aurait eu 600 familles juives, n'en avait
Iqxie 270 en 1366, et 200 en 1386**. En 1360, après la peste noire,
fil est vrai, on ne trouva, dans toute ia Navarre, Tudèle comprise,
' Ib%d., p. !iî!î.
* Dans Sehévet Jthuéa, irad. Wiener, p. 261 (hébr. p. 129}.
^ Ibtd, et lUvue, IV, 38 et 39 -, AK»dor, HUtoria, II, 398.
* Bckêeet Jehuda^ trad. Wiener, l. c,
i Ihié,, p, 260.
^ Amidor, i^ùtorU, 11, 358*
' ibid.^ p. 362.
• md., p. 298, note.
• Ibîd,, p, 236.
" T. V. p, 287,
)i Capsali, lÀkkutim, p. 65.
»• Amador, BùtûrU, II, 285 ; Lindo, p. 168.
m IlKVUii DES ETUDES 3(nVKî%
que 423 famiibs juives (89 à Estelle, IH à Falces, 1 à LavvHh
10 à Pèralta, 25 à Sangùesa, et 10 à Tafalla «). M. Fidel Fita nm
a donné autrefois la liste nominative des Juifs de Talavera eo
1477 " ; elle se monte à U»8 contribuables. A Castelloii de Plana,
enfln, en 1450, il y avait 31 familles juives^. Voici enfin quelques
cliitTres concernant les Ôiiïts de Sicile et empruntt^s à IVludede
Ziinz sur les Juifs de cette île* : Mestsine» vers 1170, 200 âmes,
180 familles en 1453; Castrogiovanni, vers 1400, 16 feux ou 80 fa-
milles ; Tra|iaiii, 200 âmes en 1439; San Marco, ^50 iime^ en 1492.
On estimait que toute la population juive de Sicile, eu 1492, se
montait à 100;000 âmes, répandues dans environ 50 local it<?s* Ltï!^
cbiflTreg di^laillés ci-dessus autorisent probablement à réduire leur
nombre à 20,0U0 ou 3Û,UU0 au plus.
Voici d'autres rliiflres, qui ne sont pas empruntés, comme la
plupart des prrH'^denls, à des recejjsenieuts pn^cis et qui doivent,
jiour cette raison, être consid(5r*% souvent conînie suspects d'ex»-
ji:érâtion. Ceux de Benjamin de Tudêle f 1100-73) sont générale-
nient niodt^rés. On les trouvera ici '\ nous avertissons seulement
i]u*il comiïte par tt Juifs », c*est-à-dire, eu appareiice, par âmes,
mais que ses cbiffres paraissent représenter des cliefs de famille:
LuiieK environ 300 Juifs; Posqulères, 4tJ (ou 40(i d'après une aw-
tro version] ; Bourg Saint-Gilîes. 100 ; Arles, 200 ; Marseille, 30(1;
Gênes. 2; Pise, 2; Lucques, 40; Home, 200; Capuue, 300; Ve-
nise, eu 1152 (Graetz), 1,300 ùmes ; Naples, 500 Juifs :Sal^rne, 600;
Amalli, 20; Bénêvent, 200; Melli, 200: Ascoli, 40; Trani, 20U;
Tarente, 300: Brindisi» 10; Otrante, 500; Messine, 200; Pa-
lerme, 1,500 environ. A Tolède, au xir siècle, il y aurait eu 12,000
Juifs ^, mais c*est probablement une exagération ".
> Amtdor, ibtd. ; cf. Kayserling, Die Judin in Nûwwtû, p. 45 et stiiv* M* K«rs,
encore, Leran, 4 i^am.; Moureal, 14 fam.; Vtana* 45 fiiiD.; Pimpciune, probablemed
22t> fam*
* Datis ses Dnîo^ epi^roficn f kittomos de 2*alavtra de U Mnnû, Màilhd, 1Bi^<
p. 7i.
3 D'aprtfs l'élude analysi^c pat nous dans le précédent numéro,
* Dans son Zitv Qe^ehichte utid Litcratur, pa^es 505, 507, iîOS,
* Comparei Ornetz, t. VI, 2" éd., p. 222 à 227 et 262.
« Ibid,, p. 207. A Blois, en 1171, it y ataiI 4Q Juils {Smek h^èê^hkê, tnà
Wiener, p. 29), Nous ejoulons quelques chiffres tirés de Graelz. !« édilion . Palertoi
\ersU90, HîîO familles (t. VUJ, p. 260); VcDise el Home, un xvi» çiéclc, chaciiJ
do 1 ,Û<i() k 2,U(iJ) Juifs ; Menioue, 1 ,844 Juifs (IX, 500) : Home, 200 pères d« f^mini
fin XVI" fi.^cle (ÏX, ,"03), Amst^^rrlam, v^rslGiO. 40n familles porlupaisea (IX, 503)
IJatnbonrp, ir,V2. innirr-n l'U) udulles poriu-rois, û c© qu'il semble ^X, 18J ; XJantoyt
XVI" siM«!, no<> û 1,000 Juifs (\. -iK) ; Vcnisi». xvji» sièf'ie, fi.OOO Juifs (X, 145)
Auislerdom, eu 1l>71, 4,000 fairillcs porlUL'aist'S (X, 2^7; î l'squc, ÇomoL, 3» purtîi
ii« 21, dit qn'ti rirenaHr, m 1288, Il y aurait eu 1,500 maisons juives; Sekthei J^
' Voici quelques chllfrea coDcernaot les connu un au tés juÎTes de r Allemagne. El
IJC NOMBUK ÏÏFS JUIFï> BK CAïiTILî.E KT P^ESPAGNE
17:)
RECHERCHE SUR LE NOMBRE DES JUIFS EXPULSÉS d'eSPAONE.
Le problème dont nous nous occupons est «^troitf^ment lié ati
[iroblèrne suivant : Quel est le nombre des Juifs expulsés d'Es-
^af^ne en 1492 ?
Les récits qu'on a de cette expulsion sont d'une insuffisance
{criante. Il est incroyable que, sur cet év^^nement qui fut d'une si
rande importance pour It's Juifs et pour l'Espap^ne» nous ne pos-
Hons que les renseignements les plusi vagues et les jtlus confus.
Les chroniqueurs juifs, trop peu renseignés pour le retracer dans
son ensemble, se bornent à en raconter quelques épisodes émou-
vants ; les historiens et chroniqueurs espagnols font à peu près
de iD^me. Le récit le idus circonstancié qui parait en avoir été
, fait est celui de Bernaldez, curé de los Paiacios, dans sa Croniea
ide ios Rei/es Catoiicos *, mais cet ouvrage est encore inédit et les
[extraits qu'en donnent les auteurs, d'après le manuscrit, sont, eu
ce qui concerne le nombre des Juifs émigrés, peu ii*accord entre
1 eux et même contradictoires.
La plus grande divergence règne, entre les écrivains etchroni-
^queurs, daris Févaluation du nombre de Juifs exilés par Tédit de
^BjMS iprcmit^re croisade?], \\ y aurait eu 800 Juifs tués à Worms et plus de 1 ,;iOa à
^BSi^euc« (GrseU, ihid,^ p. 95, 961^ mais, d'uprês une étudie 4] ne prépare M. MoriU
Slem (ÂJiokklen t, Gcsch. fier JufioiO, on n'a pu rtlever à "Worms, en UJ9(*, <jue
les 3I0C0* ou rmdicatioQ de 43 î persoimes au p|ys« Eu IS^iS, le uombro des Juif:» de
SmsliotirK aurait été d'environ 2,(KJ0 ; il y eu aurait eu 3,0M0 a Erfurt, ti,OOÛ do Lues
à lli]ri<tice, 400 Juifs en tout à Worms (Gractz, loiue VLI, 2" edit,^ pa^es 37].
^372, 375). A Cûlofrnc, le nombre tic maisons possédées fet probabkmeut habitées)
tout par les JuilX avant 1349, était de iiS (Weyden, Uesck, d, Judtn in Kûîn^
fÇrie. Î8&7, p. 330). Avant l'etpuisiou de I'241, Francfort-sur-Mein coniptiiit
îuiTs [lamilles juives?), chillro qui ne fut plus atteint, dans catto ville, peudynl
! la moycû Ige [Ztifkr.far die Qtuk. d, Juden in DeuUeKlaué^ I, 291, d'après
BOelier» DU BtPôlkcruntf 90» Frkf, a, ,1/...» Tubinguo, 1886). Ajoulang qu'à York,
en 1190, on dit cju'on lua oOO Juds (Graetz, V, 2*édii., p. 247)» et qu'à Londres, eu
1241, U y aurait eu 'i.OfyO lamilles juives [Em^k habhakha, trad, Wiener, p. 41). —
Bû 1338, Nureaberg avait 212 aJultes jtiirs, hommes et Cummes (Ziemlicb, Mofhtor
NÉrmhwrg. Berlin, 1886, p. 8, d'après Walier).
* O'tfirès la Dibliographie easuUBUc de yidatgo, son Bul&rta de lot Rey9$ Câto-
} «ursil été imprimée a Grenade en 1850, mal» nous n'avons pas pu en voir
i%xeiDfilatre« el agus uous demuDduns si «et ouvrage n'est pas identique à la Cra*
hiftoneas rjut s'occupent des Juifs ne parlent que de sa Crowica manus-
174
REVUE DES ETUDES JUIVES
Ferdinand et Isabelle (1492) » : 170,000 familles ou 800,000 km
(Mariana), 600,000 âmes (Yahya)» 5(»0,U00 (Luzzatta), plus k
420,000 (Aboab;, 400,000 (Zurita), 300,000 (AbravaneP). 180,000
à 170,000, ou 105,000 ou 90,000 (Amador, Estiidios ; La Fuenle,
Prescott ; Bernaldez, invoqut^ en témoignage par tous ces histo-
riens) ; 35,000 familles (Bernaldez, dans Pr**scôlt, II, 148 ; y. Ersdi
et Gr.» p. 225) ^ 15,000 à 16,000 familles (Benialdez» d'après deux
Juifs baptisés, dans Prescott, II, 234). La m^me incertitnde règne
Hur le nombre des Juifs expulsés qui auraient pénétré en Portugal.
JosefHaccohen les estime à 60O familles ; Samuel Csque, à 1,60')
maisons ; Goes, à 2,000 maisons ou 200,000 âmes ; Abraham
Zaccuto, i plus de 120,000 âmes*. Sur les données de Bernaldez>
les écrivains qui le citent ne sont pas d*accord * : les uns donneiil
un total de 93,000 ùmes; les autres de 105,000 âmes; d autres
parlent de 93,000 ou 10o,000 familles ; d'autres enfin (Amador)
considèrent ces chiffres c^mme représentant le total des Juife
expulsés de Castille et d'Aragon, quoique les indications de Ber-
naldez paraissent bien indiquer (d'après les citations qu^oneâ i)
qu'il compte ici uniquement les Juifs qui sont venus en Portugil
des provinces espagnoles limitrophes *.
Que peut-on tirer de pareilles indications? Rien du tout Noos
croyons, dans tous les cas» qu il faut accorder la préférence aux
» VoirGraeti, Getth,^ VIII, !• édiU, p. 340; Encyclopédie Erscli t\ Qmhef.if:
p. 226 ; Aroador, Situdm, p. 208; Bittûrta, ill, 316; Prescott, Histpr^, eU,, Il,î£1)
& 234; Lindo. /. c, p. 2S5 et suiv.
* M. GrieU a ncoiîplé do préférence le chiffre do 30(),OCiO, pour les raison» 9ûr
vanles : 1- Abravauel, à lilre do financier et d'homme pratique, dcvnii êlft tiien tD-
formé; 2* le document de 1474 (dont nous avons parlé plu* bttui] indique It préK&ee
de 1?{U,0<KI Juits en Ca^iitle t rArafron et la Navarre ensemble devaient en ivoitt
peu pr^s aulant, ce qiji lail 300.000, comme le dit Abruv^anel, A quoi tl faut ré-
ponrire : 4* quoique financier. Abravauel paraU n'être pas bien nu coujjdI. ce qo^l
raconte de rexpu!,siiOD est bien superûciel ; *> on o vu plus haut que l*inierprattliiM
donnée du document de 1474 est très iTicerlaiui; ; 3** la supef6eie de l'Arap.^u eliic U
Navarre étant environ le liers de celle do la Caslilïe, il n'y a pae de raison |>diir^ue
ces deux pays aient eu autant de Juifs que la Castille ; le^ communautés Juifti
semblent y avoir été, au contraire, plus petites et moins nombreui^es reUtiveioB^
qu'en C^e tille. Prescott (11, 234) rapporte qu'on supposait (à tort ou à mtsoDJ qt>«^
CasLille contenait les 5/G des Juifs d*EËpague.
* Amador, Hûtorta^ III, 316 (note), dit que d^aprës BeTnaldes ii y tunîl ett IB
Castille 30,000 familles juives et 6,000 en Aragon^ ou ensemble 160,000 iBiat l^i3
par famiUe].
^ Voir la traduction allemajide de VEmtk haàbakha^ de Josef HaccoLen, par V!'»'
ner, p. 68, et les notes 237 et 240 ; Graeti, VI U, p. 357 ; Tokasim, ediL Fihjnïwski,
p. 227; Capsali, Mkutim tihomm^ p. 74; à la p. 76, Capsali fait partir 60,000 iui»
espagnol» du Purtugal.
5 Amador, Siîudtnx, p. 208 ; Lindo, p. 287 ; GraeU, VH!, 357-358.
* Dans les 30,(JOO du pays de Sararjonte, dont parle Amador (^ r,), il y a pToU*
blement une faute; nous supposons qiril faut lire Zamora iti lieu deSaragosse.
LE NOMBRE DES JUIFS DK CASTfLLE ET D^ESPAGNE
i':\
cliiflVes les moins élevés, et qui varient, pour le nombre des
^€xJiés de Castille et trAragon, entre 15,000 à 16,000 et 30,000 fa-
^BEDines, ce qui ferait, à quatre personnes par famillei 60,000 à
^Bl20.000 âmes. Le chiffre de 120,000 âmes est encore hien élevé.
^" A-l'Oïi siutisauimMiit r^^lléchi, on adoptant ces gros chiffres, à
rimpossïbilité matérielle du d*''placemeiit et de rémigralion de
200,000 ou môme de 100.000 personnes, partant en ra^me temps,
à une époque où les routes étaient souvent mauvaises, et les
moyens de transport par terre et par mer assez médiocres? Que
Ton pense au trouble et aux désordres d'un pareil exode, aux
difficultés de locomotion, d'alimentation, d embarquement, L'édit
«l'expulsion avait été signé le 31 mars 1492, renouvelé ou plutiH
publié à son de trompe un avril», et le délai accordé allait jus-
^qu'au 31 juillet ou h'* août. Les Juifs ne partirent guère avant
Texpiration du délai, ils espéraient fléchir le roi, ils avaient à ré-
gler leurs alfaires avec le trésor public et les conseils munici-
paux, à payer leurs créanciers et se faire payer de leurs débiteurs,
vendre leurs immeubles et leurs meubles encombrants. Le délai
|uatre mois n'était pas de trop pour liquider toutes ces ques-
ils d'intérêt et on peut supposer que le départ ne se fit qu'au
Idernier moment, avec tous les embarras et tout le désordre d'un
royage précipité. Il est môme probable et presque certain que les
opérations d'embarquement durèrent plusieurs jours *. Les écri-
vains juifs onL par un sentiment naturel, fait coïncider le départ
[général avec le jour du 9 ab ("2 août), anniversaire de la prise d«?
I Jérusalem, mais il est certain pour nous que le départ n'a pas été
simultané et que des retards se sont produits fatalement.il n'est
Idonc pas nécessaire de supposer qu'un délai d'un ou de lîeux jours
Je plus ait été accordé aux Juifs sur leur prière*. Même dans
l'hypothèse de départs successifs, quoique assez rapprochés les
ans des autres, un pareil exode, efïectué dans de trop p:randes
proportions, nous parait impossible. Les exilés seraient morts de
Ifaim en route* et n'auruient pas trouvé, dans les ports, devais-
'seaux suffisants pour les transporter-
* Voir Graoïz. VIII, 2* éèH., p, 332.
* Le convoi de 118 Juils ttrui^^onais qui fut amené à Marseille (Mevue, X, GG) y
arriva probablcraetil vers le 19 ou 20 noOt^ le cafiitaioe qui avait cftpturé ces Juifs se
nit t!Q rclalîoDS avec la communauté Juivo cio Marseille le 21 août ; le 24 août, ua
IponYoi dVxilés arrive a Naplos (Witucr, /, e., partie hébr,, p. 17), ces conçois p« li-
ai BVOÎT erré quelquo temps sur mer, mais ils peuvent au&si GLre partis d BBpu|(tie
If là durée du voyage pour aller d'Ëëpagne à Marseille ou À Naptes o*«st
Dgue.
» Graetz, VIII, 2* édil., p, 339.
^ Cela est, eu ell'ct, arrive eu partie. Voir ToAimn el lUUts*
17(» RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
On nous dit, il est vrai, que le roi avait fait préparer des vais-
seaux et que Tappât du gain avait attiré dans les ports beau-
coup de navires venus de tous pays, Biscaye, Catalogne, Castille,
Gênes et Venise, aussi nombreux que le sable de la mer*, mais,
en y regardant de plus près, on voit qu'il faut en rabattre. Le roi
Ferdinand avait réuni, sous les ordres de Pedro Cabron, à Port-
Maria et à Gibraltar, une petite flotte de vingt-cinq bateaux à
voiles pour conduire les exilés à Oran ; les dix-sept bateaux- qui
prennent les exilés à Carthagène puis à Maiaga font partie de cette
flotte, ils sont commandés par le môme capitaine Cabron'. Ces
dix-sept bateaux sont probablement les mêmes que les seize ba-
teaux qui, suivant Josef Haccohen ^, partent le vendredi 10 ab
(3 aojjit) de Carthagène avec les exilés juifs à bord. Nous ne savons
si les neuf bateaux qui amènent des exilés à Naples* font aussi
partie de cette flotte. Il est vrai qu'on nous dit qu'il y a eu des
départs sur d'autres points, à Valence, Barcelone et autres ports
de l'Aragon et de la Catalogne ". On nomme encore les ports sui-
vants : Cadix, Tortose, Saragosse, Santander et Laredo». La
contenance des vaisseaux de transport ou le nombre de Juifs dont
ils se chargeaient ne devait pas être considérable. Le convoi de
Juifs aragonais amené à Marseille n'était que de 118 personnes \
un bateau partant plus tard de Lisbonne contient 250 Juifs •, Cap-
sali parle de 60,000 Juifs transportés sur 120 vaisseaux partant
du Portugal " et Capsali est fort porté à exagérer. Bref, si Ton tient
uniquement compte des indications précises et non de celles qui
sont plutôt de pure rhétorique, l'impression qu'on reçoit est que
le nombre des transports et des transportés ne fut pas très élevé.
Cette impression est confirmée par les renseignements qu'on a
sur la destination des convois d'expulsés. Au Maroc, ils allèrent à
Fez, où on leur construisit d'abord des baraques' hors de la ville,
ce qui n'indique pas que leur nombre fût bien grand *". Plus tard,
on les reçut dans le quartier juif, qui était grand, mais non ilii-
* Wiener, /, c, partie hébr., p. 16.
* Lindo, p. 288, à rectifier par Amador, Historia, III, p. 345. Le récit d*Ainado:
est fait d'après Beraaldez ; il dit que la ilotte de Cabrun ne com]yiait que vingt ha<
teaux, dont trois périrent dans une tempCte, reste dix-scpl.
> Wiener, /. c, p. 06.
* Lindo, p. 291.
5 Lindo, p. 288.
« Amador, Historia^ III, p. 315.
7 Jtevue, IX, 66.
8 Graetz, VIII, 2» édiU, p. 364.
y lAkkMtim^ p. 76.
>« Sur ces Juifs arrivant a Fez, voir Capsali, /. c„ p. 75 à 78; Verga, Sehevei Je-
huda, u» 53.
LE NOMBRE DES JUIFS DE CASTiLLE ET D^ESPAGKE
177
mit^. A Arzilla, on en baptisa on certain nombre (la ville appar-
tenait au Portugal), les autres finirent par se rendre à Fez ;
un certain nombre de Juifs vinrent aussi â Saleh, et c'est tout
pour ce pays *. Les seules villes de l'Algérie actuelle où abordè-
rent les expulsés sont Oran, Alger et Bougie*, Ou nous dit bien
qu'ils vinrent à Oran sur des milliers de vaisseaux (Capsali), mais
ici encore on les logea dans des baraques, ce qui n'indique pas
que leur nombre fût immense, et on peut supposer qu'il ne fut pas
plus ^rand à Alger et à Bougie. La Tnpolitaine, TEgyple ne sont
pas mentionut^es comme refuge des expulsés, un seul auteur men-
tionne TAsie^. Un grand nombre de Juifs vinrent probablement
déjà dès ce moment dans la Turquie d'Europe, quoique nos chro-
niqueurs n*en parlent pas avec le développement que mériterait
leur établissement dans ce pays*; d'autres vinrent en Grèce, à
Corfou, à Candie. En Italie, ils ne purent s*établir que dans le
royaume de Naples (d'où ils furent chassés en 1508), dans TÉtat
pontifical et à Pise. Ce n'est pas la peine de parler de ceux qui
vinrent en Provence et jusqu*à Avignon *, ils étaient sûrement en
petit nombre. Nous ne savons si le nombre de ceux qui se réfu-
gièrent, par voie de terre, en Portugal et dans la Navarre fut
^^ -véritablement considérable. Nous avons peine à croire que la Na-
^rvarre ail pu, comme on 1 assure, recev<iir 1*2;Û00 émigrés juifs.
f Pour le Portugal, les renseignements sont conlradictoires : plus
^H de GOO familles et même beaucoup plus, selon les uns; la plupart
^■des exilés de Castille, selon les autres^. Comme ces réfugiés fu-
^■rent la plupart obligés de quitter le Portugal au bout de six à
^■buit mois et qu'on ne voit pas que de grands efforts aient été
^P faits pour les transporter ailleurs ni que leur exode ait produit
une grande sensation, on peut conjecturer qu'ils étaient au plus
de quelques milliers de personnes.
* Sur ÂrzilU, voir Lindo, p. 288; CapsaU, /. e. ; sur Satéb. v. Llodo, 290;
fVtrgB, û-55. Alc4zar csl nommé dans Àbo«b, Nomolo^ia, 2« partie, chap. xxvii, «t
daùi ce manuacnt de Abraham h, Salomoa de Turrutiet (voir Bulettn de la re&l
Aead. dû Bist.^ 1S87, p. 245) récemmcat découvert.
> Liodo, p. 288; Zaccuto, édiu Filip., p. tll\ Capuli^ daoa Wiener, trud. sllem,
de Joâtil' Haccobeo, parue bébr., p. 15.
* Jôsef HaccobcD, Wiener, l. e., p» 66.
* Zacxuio, l, e., p. 227; Verga, a* Ô7 ; Capsali, dans Wieiicr, p. 20,
« Wiener, 67-68 ; 74 ; JUpué, L c,
* Wi«D«r, 68, 69 ; Verga, n» 58 ; Zaccuio, édiU Filip., p. 227.
T. XIV, H"* 28.
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UNE SOLUTION ArPROXlMATIYS*
Il existe un moyen, è ce qnll nous semble, de se rendre eompte»
approximativement, du chiffre de la population juive de U Cti*
tille ou plutôt de TEspagne entière, y compris le Portugal, en 1491.
Nous allons e^âsayer de le montrer.
On sait que les Juifs furent également chassés de la NaTirreeii
1498; du Portugal, en 1496 ; on connaît le« p^ys et les localités ot
vivent aujourdlvui les descendants de tous ces Juifs expolfésjls
ont même conservé, la plupart, la langue de leurs ancêtres et il
n*est pas absolument impossible de les recenser. Il faudra seule-
ment se rappeler que ces populations juives actuelles contienneût
également les descendants des Juifs expulsés de la Sardijpe, de
la Sicile et des lies Majorque et Minorque *.
Voici comment nous calculons.
La population juive de la Castille et de TAragon expulsée «
14^ peut se diviser comme suit :
A. Juifs qui se baptisèrent pour rester en Espagne ou qui se bap-
tisèrent après avoir passé dans le Portugal* Le nombre de ces Juifs
fut assez considérable. Capsali nous apprend que des milliers de
Juifs, même parmi ceux qui s'étalent disposés à partir ou atalenl
déjà commencé le voyage, furent effrayés par les difflcultésellei
souffrances de la route, et 11 y avait réellement de quoi reculer.
D'autres se baptisèrent à leur arrivée en Portugal, pour ne pas»
voir enlever leurs enfants, ou plus tard. En 1498, la plupart M
Juits de Navarre, pour rester dans le pays, se tirent chnrtiens'*
Un très grand nombre de Juifs espagnols et portugais furent, pltts
tard et à diverses reprises, baptisés dans le Portugal *.
B. Ceux qui moururent des soulfrances du voyage, du maûqnfi
de nourriture et d'asile, de maladie, ou par naufrage. Leur nombw
doit égaiement être considérable. C'était une année de famlue;U
peste, en outre, s'était répandue parmi les pauvres Juifs aocaklés
« Zaccuto, édil, Filip., p. 2Î7 ; Vergi, n* 5L
* Cip&ali, Likkut., p. 72 à 74 ; Kayserting. Dit Juden tu Na^tara^ p. tOS*
> Capulî, Ukk., p. 84, 87 ; GraeU, VUl/2* ëéît., p. 372 à 374 Voir lufl^
ternes à Mulaga, Amador, Eut., lU, 345; GraeLz, VIII, 364; • GêOM,
D* 56 ; à ÂiiiUi, Capsali, p. 82 i beaucoup se firent maiulmiuis à Fez, CtpGtlî«i
p. 1%
LE NOMBRE DES IIIF8 M CA8TILLR ET D'ESPAGNE
m
de maux et de soufiTrances , ils Tapparti^rent ou en furent attaqués
à Gènes, à Naples, au Maroc, en Alg^^riV), et c'est en partie par
^ peur de la contagion qu*on les logea souvent hors des villes où ils
furent accueillis*. Trois de« vaisseaux commandé* par Cahron
disparurent *» et lU ne furent probablement pas les seuls. Nous
pourrions ajouter encore beaucoup de traits au tableau.
C. Les survivants. Nous croyons qu il n'est pas impossible d*en
dét»^rminer le nombre avec une approximation satisfaisante, mais,
pour y arriver, il faudra prendre un assez long détour.
» Voici comment nous allons opérer.
f Nous commencerons par cliercher quel peut être le nombre
total des Juifs d'origine hispano-portugaise (y compris la Sicile,
la Sardai*<ne, le royaume de Nafiles, Majorque et Minorquè) qui se
répandirent en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique, en
1492 et dans les années suivantes. Nous comprendrons dans ce
^nombre, à côté des expulsés, les Juifs qui, après avoir été bap-
Htisés de force et avoir demeuré, pemianl un temps plus ou moins
^Blong, dans les pays de domination hispano-portutraise, s*en écliap-
^■pèrent peu à peu pour aller rejoindre leurs coreligionnaires dans
de» pays plus tolérants et retourner au judaïsme. Quand nous
aurons trouvé le chiffre que nous cherchons, il sera facile de dé-
E terminer approximativement le nombre des Juifs de CastiUe et
h'Aragon.
On sait que la plupart des Juifs actuels de Ifl Turquie d'Europe
et une partie importante de ceux de la Turquie d'Asie (sur la côte
!èt dans le voisinage) sont les descendants des Juifs hispano-portu-
gais. Dans la Turquie d'Europe et dans diverses communautés de
la Turquie d'Asie, k nombre de ces immigrants a été si considé-
rable, qu'ils ont absorbé les anciennes communautés juives dtyâ
établies dans le pays et les ont transformées en communautés ju-
déo-espagnoles, L*espagnol du xv* siècle est encore aujourd'hui la
langue des Juifs de ces communautt^s. '
En Afrique (Egypte, Tripolitaine» Tunisie, Algérie, Maroc), les
^immigrants juifs n'ont pas conservé la langue espagnole, c'est une
^Hreuve, à ce qu'il semble, que leur nombre a été relativement
^Kaouis considérable. Au Maroc, l'espagnol est encore en usage
P^ans certaines communautés voisines de l'Espagne,
En France (Bayonne, Bordeaux, Paris), en Italie, en Belgique et
■ * Peiti ft faroiti^, Zacctiln, f, ^ p. 227; CeptâU, dan* Wiener, p. 16, 19 i
Orself , VUI, 353 ; irriTtitit ëlTucDée et mouUQU à Artillo, à Fez, à Napics, CBpftilî,
p, 76, 78. 79; CUip«aU dius Wifioer, p* \û.
> Aiaudor, Uitior., Ul» 345,
REVITE DES ÊTPDES JUIVES
en Hollande, à Hambourg» dans le Danemark, en Suède, en Ncff-
vège, en Angleterre (Londres) et en Amérique, il existe encore dei
traces visibles de Fi m migration de» Juifs hispano-port;.
France, à Londrec>, à Hambourg, à Amsterdam et en \i v„
Âmt^rique» ils forment des commonaat^sà part, qu'on appeliecom-
munantés portugaises. Encore au dernier siècle» et avant r**maD-
cipation des Juifs français, la langue adminbtrative de ces Juifs,
en France, *^tait le portugais* On a des circulaires de Jacob Ro-
drigues Pereîre, de Paris, écrites (xvni* siècle) t^ans cette langae
aux communautés sœurs du dnliors. Une grande partie de là litLé-
rature primitive des Juifs de Hollande est en portugais.
Nous prendrons pour principe, dans tout le calcul qui va suivr?,
que le nombre des Juifs qui ont immigré dans ces |»ays, eaM9i
et iiâus la suite^ s*est au moins doublé aujourd*liui par accroisse-
ment naturel, cest-à-dire par suite de l'excès des naissance* sur
les décès. On trouvera que cette proportion est des plus mo*
dérées K
Nous faisons remarquer aussi une fois pour toutes que nom
prendrons toujours, dans la suite, pour ré\aluation des iminH
grants liispano-portugais, des chiffres très élevés et m^me forte-
ment exa^Hh'és, alin de donner plus de force à notre hypothèse.
De plus, on voudra bien se souvenir, en lisant les considéra*
lions qui vont suivre, que dans l'évaluation du nombre de Jmf«
hispano-portugais établis dans les pays méiii terra néens nous c^œ-
pi;enons à la lois Ips Juifs chassés ou partis d'Espagne en U91 et
les exilés de 14^2, ii'aj^ant aucun moyen de les calculer à part
11 en résulte que, pour les Juils de Castille en 149'2, le etiiffre
auquel nous nous arrêtons finalement est plutùt exagéré que
trop faible.
Nous abordons maintenant le calcul du nombre des immi-
grants :
L Turquie d^Europe avec la Bulgarie» la Rouraélie, la Rouma-
nie, la Serbie, la Grèce et les îles. Nous avons dojà dit qu'en Tor-
quîe d'Europe, les anciennes communautés juives sont devenues
espagnoles après rimmigration, et, quoique cette trajisforniatiaQ
* M. Maurice Block, dins ton Ttaiti tkéùtriqut tt pratiqué de HnUttvfw, 2* «éiU
Ptrifl, 1886, p. 429, i donné un luble^u de Tac croisse m eut mojeo aonuel ^mésn^
de Ib populouon de§ pays européens. Sur 40 coefticieuU qu'il donne, pour ics di\ef*
pays et pour diverses époquo», il n'y en a qu'un seul f Hongrie, 1830-60) qui soitiaf*'
rieur ù celui que nous adoptoiiB. et ou doit évulemmetii le considérer cocume le pr^
duit d*ufi ucodent» Tous lei> autreB sont considérablement supérieurs a celui que aoui
adopLous pour les Jutfa. Leur nioyeune est i, 11079$, le coet^cient que nous adopUot
et d après lequel le nombre des Juifs exilée 6« semit dotiblé &u bout de !ï95 an» (<
1492 à ISâl) est seulemeat 1,00t4.
LE NOMBRE DES JUIFS OE CASTILLE ET D^ESPAGNE 18!
iisse être attribuée, en partie au moins, au prestige exercé par
Juifs espagnols et à leur plus haute culture autaut qu'à leur
^and nonibre, nous admettrons cefieudant qu1ls ont Torm*^ bleu-
ies ^/lO de la population juive. Le nombre actuel de touy les
kîfs liisipano-portugais de ces r^^gions est auiouid'hui au plus de
,000 âmes; retranchez le 1/10, reste 90,000 âmes; le nombre
des immifîrants, en 1492 et pius tard, sera donc la moitié, soit
1,000 âmes * .
Nous admettons, pour les mêmes raisons, que le nombre des
imigrants dans la Turquie d'Asie a été également de 45,000 âmes,
koîque ce chiffre nous paraisse très élevé,
|3. En Egypte et dans la Tripolitaine U ne semble pas qu'il dé-
pure aujourd'hui beaucoup de Juifs d'origine hispano-portu*
lise. La population juive de ces deux pays est d'ailleurs assez
^tite, environ 10,000 âmes ensemble. Admettons que ces deux
lys aient reçu, en 1492. environ 2,000 immigrants.
|4. L'Algérie compte aujourd'hui environ 40,000 Juifs, il y a
Betques années, elle en avait 35,000, Ces Juifs ne parlent pas
espagnol, mais, comme on sait que les Juifs hispano-portugais se
i>nt eu partie réfugiés dans ce pays, on peut admettre que le
nombre de ces immigrants a été de 5,000 à 8,000, mettons môme
),000 âmes*.
^5. On admet aujourd'hui que le nombre des Juifs marocains e.^t,
maximum, de 50,000 ara es. Ils ont, la plupart, le caractère
|t n est citir qu'en réduiftant à 10,000 âmes le oombre des Juifs tadigèoes de la
brquie d^Euroyte, nous nous arrâtoBS à im ihiifre si boa qu'il n'n pour lui aucune
eisblaDC«. Si l'on couiple ïe oombr*^ des familles juives indi^'èoes de ces régions
iprès révilualioû de Benjamin de Tu'lèle (qui pourtaui est loin d énumérer lonies
eommunauiës ; résumé dane GraeU, \\ 2* édit., p. 20^], on trouve uo tolal de
^ familles, soit au minimum 25,000 Ames. De même et pour Un roêmes rolaons
\ chiffre des }mh iodigèneif que nous admettons pour la Turquie d*Asie est beau-
coup trop faible (Graelz, ibid^^ p, 264).
s La Isâle électorale du Consistoire Israélite d'Âtger, que Dotre ami M. Isaac Bloch
t bien voum dépouiller pour nous, contient D92 noms, dont 205 seulement t^nl
•ipagnols; ii on admet que sur les 787 autres noma^ qui sont araties, saut 15 noms
#aropé«ns^ il j en a égalament 205 qui Timnent de rËspafFue arabi», le corps élec-^
toral iaraéiiie d'Alger se divieera en 5H2 électeurs d'origine locale ou européenne, et
I électeurs d'orîffinc hispano-portugaise, ce qui conlirmR noire hypothèse» — II y
■ratt, do reste, a ce qu'il semble, un moyen de reconntiilri; irt-s exaciedîeot les Juifs
t indigènes do ceux qui Tït^nnent d^Espagne ou du Porlugal. Ces ilt-rniers
> ooiiaervé certaines pratiques religieusea auxquelles il est fai ile de les reconnaître.
les appelait porteurs de capucbe ou de béret [Aipvt, kipr&n), tandis que *fs iiidi-
nr* s'appela it- ni porteurs de mrban {miçn//et). Voir Abrah, Cahe«» Les Juifï danM
êfrifw êeptentriomaU, p. 84. M. Iébsc Blocb, praud-rablùn d Alpjer, nous fait en-
remarqoer que les Juifs indigènes, d'après ie Bit JeÂuda^ 112 A et 113 A. s'appe-
Uient l^b^C- Le Ribasch, colkuU, 107, vers ta fin, dit bien que la plupart des
Joifs de k Tilic d*Atger (?), de son temps, venaient de Majorque, mais cela ne prouve
ne a ni pour l'Algec actuel ni pour l' Alger ie en général . *
192 REVUE DES ETUDES JUIVES
arabd. Admettons cependant que 30,000 d*entre eux seraient d*<Mrî-
gine hispano portugaise, cela ferait 15,000 immigrants en 1493;
mettons-en 20,CK)0, pour faire bonne mesure.
6. En France, il y a environ 6,000 Juifs portugais, soit 3,000
immigrants en 1492 et dans la suite.
7. L*]talie a aujourd'hui 36,000 Juifs ; on admettra bien que la
moitié au moins sont indigènes ; restent 18,000 Juifs d*origine his-
pano-portugaise, soit 9,000 immigrants.
8. Nous croyons adopter un très gros chiffre (peut-être beau-
coup trop élevé) en admettant que les Juifs hispano-portugais ac-
tuels de Hollande, Belgique, Hambourg, Danemark, Suède, Nor-
vège, Angleterre, descendent de 25,000 immigrants.
9. Admettons encore 5,000 immigrants pour TAmérique.
Si nous récapitulons ces chiffres, nous obtenons, pour le total
des Juifs expulsés et émigrés :
Turquie d'Europe et d'Asie {u*>' 4 et 2) 90,000
Egypte et Tripolitaine (n® 3) t,000
Algérie (n«> 4) 40,000
Maroc (n*» 5) 20.000
France et Italie (n«» 6 et 7) 42,000
Hollande, etc. (n« 8) 25,OoO
Amérique (n« 9) : 5,000
Ajoutons divers 4,000
465,000
A ce chiffre, il faut ajouter les Juifs baptisés restés en Espagne
et en Portugal et ceux qui moururent dans le terrible exode de
1492, par naufrage, famine, peste, maladie, etc. Nous admettrons
révaiuation suivante :
Émigrés (chiffre ci-dessus) 465,000
Baptisés 50,000
Morts 20,000
Total 235,000
Supposons que le nombre des Juifs du Portugal, avant Timmi-
gration des Juifs espagnols et portugais, en 1492, ait été de 10,000
âmes* ; qu*en Sicile, il y ait eu en tout 20,000 Juifs (on a vu plus
haut qu'on les évaluait à 100,000) ; qu'en Navarre, à Majorque,
^ On estimait à 20,000 ceux qui furent réunit à Lisbonne en 1497 ; Toir Qrneis,
t. VIII, 2« édit., p. ^74.
LE NOMBRE DES JUIFS DE CASTILLE ET D'ESPAGNE 183
lorgue, etc., il y en ait eu 15,000 ; ceîa fait en tout 45,000. Re-
mchons ce chiffre du total des 235,000 îl reste, pour les Juifs de
jlstille et de Navarre, en 1492. un total de 190,000 âmes.
Ldfiiettons enfin que le sixième seulement de ce chiffre revienne
la Navarre, il reste pour les Juifs de la CastiUe (avec ses dépen-
aces, entre autres les provinces du sud» Andalousie, Grenade,
.), environ 160,000 âmes.
[Nous croyons que ce chiffre est un maximum et qu'en réalité
nombre des Juifs de Castille a été beaucoup moins considë*
île.
[On peut admettre que deux siècles auparavant (1290), le nom-
des Juifë de Castille a été à peu près le même, et que leur ac-
Mssement naturel pendant deux siècles, qui aurait été d'environ
1,000 âmes *, a été compensé et dévoré par la peste, les massa-
ea, les baptêmes forcés et autres fléaux qui ne leur ont pas
inqaé.
Isidore Loep.
L« eo«f&ci«Qt 1 .001 1> fatiueoup liop ftible évidemmeiit, aurtout pour tci Juifidt
I pays, porteraii à 207,500 ftinej, en deux eièclea, une populttioQ de 160,000 imM*
LES ESSÉNIENS
Les opinions sur Tessénisme sont aujourd'hui plus embrouillées
que jamais; depuis Dâhne, Gfôrer et Baur, qui étaient sur la
bonne voie, non seulement la question n'a pas fait de progrès,
mais il s'est même produit un recul considérable et on s'est engagé
dans une fausse direction. On veut absolument expliquer l'esse-
nisme par le pharisaïsme, et on s'obstine à n'y voir aucune in-
fluence étrangère, même celle qui saute aux yeux.
Des circonstances extérieures, mais qui, à première vue, parais-
' sent très importantes, viennent à l'appui de cette méthode. Le
Talmud ne connaît pas d'Esséniens tels que Josèphe et Philon les
dépeignent ; par suite, on prétend que les relations de ces écri-
vains doivent renfermer au moins de l'exagération, et on ne veut
les considérer comme des sources historiques, qu'en tant qu'elles
offrent des points d'appui pour établir Torigine pharisienne de
l'essénisme ; mais tous leurs autres renseignements sur les Essé-
niens sont rejetés comme exagérés^ou erronés, ou même falsifiés.
Une bonne part de responsabilité dans le désarroi qui règne au
sujet des Esséniens appartient aux savants juifs, qui veulent ex-
pliquer Torigine de Tessénisme à Taide du Talmud, tandis que le
Talmud ne se doutait même pas de l'existence de cet Ordre. Par
suite, les Esséniens ont été dépouillés de leur caractère propre,
on en a fait simplement des Pharisiens à haute dose, des hasi-
déens, des naziréens à vie, des hémérobaptistes, seules variétés
d'Esséniens connues par le Talmud, mais qui n'ont aucune des
vues philosophiques élevées attribuées aux Esséniens par Jo-
sèphe et Philon. Évidemment Josèphe et Philon ont rêvé. Mais
s'il en était ainsi, si le silence du Talmud constituait une preuve
si forte, comment expliquer l'admiration nullement feinte que
LES ESSÉXIENS
m
prodiguaient âûx Esséniens arais et ennemis» grmïagetpetits, et,
ce qui est surtout important, des lioinmes qui avaient reçu la plus
haute éducation grecque, qu'ils fessent juifs ou païens? Des hasi-
déens juifs comnie ceux que le Talmad dépeint, même s'ils avaient
^formé un Ordre professant le plus noble coramunbme^ n'auraient
^■imais attiré Tattention et obtenu la considération d'écrivains
^païens qui n'avaient aucune sympathie pour le juJaïsrae. « Même
Pline, le Romain sceptique, témoigne de la sympathie et de Finté-
rét, quand il dépeint les fatigués du monde, qui ont surmonté
quelque peu les misères humaines qu*il ressentait lui-raéme si
profondément*.» Si donc le Talmud ignore les Esséniens, si
nous les connaissons uniquement par les écrivains juifs Josèphe
et Philon, qui ont écrit en grec, et par Técrivain romain Pline,
n*est-on pas amené à admettre que les Esséniens de la Pales-
tine étaient des Juifs pariant grec, élevés à l'école de la sagesse
alexandrine, condamnés, en raison raéme de leur langue et de
I leur éducation, à vivre à Técart et sans être compris de leurs co-
fcprelïgionn aires, réduits à suivre leur propre voie? Déjà Azaria de
^Bossi avait la notion exacte que les Essénîens étaient des Jnits
parlant grec*.
Cette opinion est d'autant plus fondée, qu'elle permet non seu-
lement de comprendre le silence du Talmud, mais encore d'expli-
quer les principales particularités de Tessénisme. En effet» Tes-
sénisme ne pourra jamais s'expliquer par le pharisaïsme, mais
^plutut par le judaïsme alexandrin, dont il s'efforce de réaliser les
^^héories. La dialectique la plus serrée ne pourra jamais réussir à
p expliquer, en rattachant ïessénisme au judaïsme pharisien, sa
rupture avec le culte des sacrilices, le reji't de la croyance à la
résurrection et le célibat quUl pratiquait. Lucius a montré clai-
rement oij mènent les tentatives de ce genre faites dans ces der-
^^iers temps, Hilgenfeld lui-même, qui, précéilemraent, avait fait
^fetous les efforts possibles pour établir que Fessénisme est sorti du
^judaïsme pur et plus particulièrement du mouvement apocalyp-
tique, a eu îa bonne foi de reconnaître finalement que cette ex-
plication était insuffisante. Aussi, invoquait-il de plus en plus le
l^rsisme et même le boudhisrae ^*
* Keim, Ge*ehûhtê Je$u «on Natanth^ I, p. 298,
* Mtùr tnat/im^ Ili^ éd. Mantoiie, p, 32, W est vrai que l'ault^ur s'e^t aussi laissa
induire «û erreur par \e silence du Talmuiï, ijui ramena a émeUfiï Topinioa, reprisa
depuis par Herïleld, Oeichickle dur Judin, 111^ p. 374, 397 et s., qu« les Bœtlioti-
sieus sont les Q^séQi«ns,
> DiejQdiiche Apok^lyptik^ 1857; ZêiUthrifi fUr mnen^ch^^liehe TAeolttffie, 1858,
p. 116 «t a.; 1850, p. 358 et s, ; 1867, p* 97 et s. ; 1868, p. 07 et s., p. 343 «l s. ;
ia71, p. 80 ei a.; 1882, p. 257 el s.; KHt$rgmhkhts^ p, 95 el s.
îm
BEVUE DES ETUDES JUIVES
Lucius procède tout autrement. Il offre de démontrer que <
critique est autorisée à ch**rcher la solution du problème de Tea*]
séoisme sur le terrain du judaïsme pur, sana avoir recours à aa«
cune influence étrangère*. » D'après lui, les Essénienâ seraient
sortis tout .simplement de la secte des hasidéenSf qui» à répoift
de la lutte contre les Syriens, lorsque le culte du temple et des
sacrifices se trouva interrompu pendant plusieurs années et ftat
profané ensuite par des prêtres illégitimes, se seraient tout à fait
détournés du culte des sacrifices*. Dès lors, toutes les particularités
dé cet Ordre s'expliqueraient d'elles-mêmes. Le Talmud offre dô.
nombreux parallèles entre les E.ssénieua et le Judaïsme pharisien,
et là où il nous abandonne (rejet du culte des sacrificeg et ps>cbo»j
logie professée par les Esséniens), les apocalypses, le livre d*Hé*i
noch et d*autres \iennent à notre aide. 11 est regrettable que cet
éditice de Tessénisme basidéen s'écroule en un clin d*cBil quand
nous apprenons que, «on seideînent les hasuiéens n*ant Jamaîf^
rompu avec le temple f 7ïiais qu^iis accueillaient avec joie lotUes
les occasions d^aptiorter des sacrifices^.
Par contre^ tout esprit non prévenu et tant soit peu familiarisé]
avec la littérature taimudique sera forcé de reconnaître, en lisantj
attentivement les relations de Josèphe et de Pbilon, que Tessé-j
nisme n'a pu sortir du judaïsme pharisien, que des facteurs étran-l
gers ont concouru h le produire, les mêmes qui ont donné naîs*j
sance au judaïsme alexandrin.
Quant au silence si diversement commenté du Talmud, noxjs ne^
voyons pas pourquoi celui-ci aurait dû mentionner plutôt le5 Essé*'
niens que le judaïsme alexandrin et son illustre représentant,
Pbilon, ou que le mouvement religieux si puissant provoqué en
Palestine par Jean-Baptiste, dont Josèphe et les É\^angiles ont une
si haute idée. Or le Talmud ne dit pas un mot de tous c^s farts.fl
Et pourquoi? parce qulls se déroulaient sur un terrain Intellec-™
tuellement éloigné pour lui, quoique roatëriellement très proche,
un terrain où dominaient la langue et la science grecques tant ab-
horrées, où existait» principalement dans les couches inférieures —
de la population méprisées et évitées par les docteurs, une classél^
de juifs dont les idées relijiinuses ne pouvaient se rattacher aa
pharisaïsme, pas plus que celles du judaïsme alexandrin, La
langue grecque, qui, depuis les glorieuses victoires des Maccha-
bées, avait été fortement discréditée et combattue par le parti
1 Der Mitânitmnif p. 64*
* /Aii., p. lÛU
1 Nedarim, ID a ; TMt/ta ifidétim, p, %% de réditioii Zuck«Tmia<IU
LB8 888ÉN1EMS 1^7
bwmBni^ avait formé un mur de séparation impossible à fran-
Ir entre les Pharisiens d'une part, et, d'autre (jart, le» couches
^pulaires hêllt^nisantes et la grande niasse de VAm-haareç, qui
lil bien aise de secouer le fardeau pesant des obligations reli-
iuses prescrites par les Pharisiens et qui liaïssait ce puissant
^rti, autant quil en était haï. C^^tait ta' le public de langue
Bcque auquel s'adressèrent aussi Jésus et ses apôtres; c'étaient
If les brebis é^aréeê de la maison d'Israël » qui formèrent la
iche du christianisme primitif ; c*est iiussi la preuve que nous
jrnit la litte^rature du Nouveau-ïestament entièrement rédigée
Jangue grecque.
Quelle que sort la rareté des sources historiques que nous possé-
^ns pour établir Fusage courant qu'on faisait, en Palestine, de
1» langue grecque pendant les derniers siècles avant Tère chré^
^nne, il est certain toutefois qu elle était devenue peu à peu la
>ode langue populaire. Les successeurs d'Aîexandrele-Grand
paient si bien hellénisé la Judée, que llifilîénisme pénétra jusque
is le temple et inonda tout le pays* Si les victoires des itaccha-^
BS détruisirent le puissant parti des hellénisants et refoulèrent
Pteraent la civilisation grecque, elles ne purent plus déraciner
[langue grecque, quoique les classes élevées s'en détournassent
iaigneusement et cherchassent à s*en écarter complètement.
Ime le Talmud est forcé d'avouer que ia Judée parle deux lan-
BS et qu'il faut aussi bien tenir compte de la langue grecque que
la langue hébraïque '*
.Une remarque faite par Josèphe, à la *ln des Antiquités, au
|et de sa connaissance de la langue grecque, vient à Tappui de
pe opinion que la langue grecque était proscrite par les classes
l'geaotes» c'est-à-dire par les cercles des docteurs et des Phari-
is, et que, par contre, elle était familière à la foule. Ce passage
^ Josèphe est ainsi conru : « Arrivé à la fin de mon ouvrage, je
lis affirmer avec certitude que nul autre, qu'il fut juif ou non»
n*en aurait pu rendre le contenu en grec avec la même fidélité. Car,
tniéme que mes compatriotes me rendent le témoignage que je
«uis distingué dans les connaissances de notre pays, de même,
Je me suis ramilîarisë avec la langue grecque et j'en ai étudié à
MMid le* rf'^fs, quoique les mœurs <le mon pays ne me permet-
^Bt pas de la parler couramment. En effpt, chf*z nmis on n'estime
Hi ceux qui comprennent plusieurs langues, qui visent à Télé-
Bé maint «odrotlde la Judée, les Juiis ne purtftient i|ue le grec* Cf. Franckdi /n*
188 REVITE DES KTUDKS JUIVES
gance dans l*expression, parce que cet art est considéré cqmtoele
bien commun» non seulement des hommes libres, mais aussi dei
esclaves. *>
Ce que JosApbe indique ici avec réserve est clairement énoncé
par le Talmud, qui rapporte que l'excommunication fut lancée, à
différentes reprises, contre ceux qui cultivaient la langue grecque,
ce qui montre-bien quelles profondes racines celle-ci avait prises
en Judée, malgré les victoires des Macchabt^es. C'est ainsi qu'au
moment où la guerre entre llyrcan II et Aristobule II <?tait immi*
nente, environ vers Tan 64 avant Tère chrétienne, une impréca-
tion fut prononcée contre ceux qui donneraient à leurs enfâuts
Téducation grecque *. Si le Talmud fait observer que cette di^fense
vise seulement la science grecque et nullement la langue grecque,
cela veut dire simplement que ^elle-ci était si répandue qu*on ne
pouvait pas penser a la proscrire* Un siècle plus tard, au milieu
de la lutte désespi^rée contre Rome, la m<'»me dt^fenseest répété^'»
ce qui prouve combien» à l'époque même de la naissance duchri?-
tianisnîe, la philosophie grecque, ou plut<!it le judéo*alexaiidri*
nisme, avec ses produits extrêmes, dominait les esprit;*. Même dan*
la maison de R. Gamaliel, dont Paul tétait un disciple*, sur mille
jeune» gens, il y en avait cinq cents qui apprenaient ia philosophie
grecque*.
M. Schiirer montre, par une foule de mots grecs qui ont reçu
droit de cité dans la Mischnai combien rinfluence de rhellénbïme
s était fait sentir fortement dans tous les sens. Toutefois» il croit
qu'il n'est pas prouvé {>ar là que la langue grecque fût familière
à rhomme du peuple. « En réalité, dit-il, il faut admettre que les
classes inférieures en Palestine, si elles nignoraient pas It» grec,
n'en avaient qu\me connaissance insuflisaute. Lorsque Japto
Paul voulut parler au peuple de Jérusalem, il se servit de la lan-
gue h'%raïque (araméenne) *. »
Largument n'est pas sans réplique. Les Actes font ressortir ici
1 Baba Kfimmû, B2 ^, 83 <i; Mtnnkot, U 5; M^^ 4dl. C>»t donc à tort qut L«l-
lerbeek, Di^ tient çÉtameHtltrhe LeMe^vife^ 1, p. 133, sciutient t que c'est s«utemaKf
dans les derniers lemps do Téut juit, lur&que Tuus meDAçait déjà Jérusalem, (^
les gouvcrnaDls d'alors édiclèrent la loî^ qui u ^ié n^produite par le Tilmud, néïeft'
daut aux phre» de lamdl^s de fairti éuidier le ^rec a leurs eurants *• Les toutoi
Ulttiudit^ues ciLées ici prouvenl t^ue déjà en laa 64 aTaol Tère chréùetine Ihntei^
éLaii lancé conire Télude de la science grecque.
* Actes dti Ap*, XIII.
* $ot^, 49 h* n eBt Yraî que le fait est donné comin« exceplionnel et justifia pu
relations de R. Qamaliel avec la oïur.
^ Geiehkhte dtt jQdneheH Volàcs^ li, p, 26 et s. ; p, 42 ei s.
LES ESSÈNIENS
189
que Paul a parlé « en hébreu ^ » C'était donc une exception. Paul
avait cette foîs de bonnes raisons pour s'adresser au peuple en
Ïreu. Ses compagiion.s Tavaient averti, en disant : « Ils ont été
venus contre toi que tu enseignes à tous lea juifs qui sont
mî les gentils d'abandonner Moïse, leur disant de ne pas cir-
concire leurs enfants et de ne pas vivre selon ses institutions *. *
fiul dut donc commencer par aiûrmer à cette foule qui Taltaquait
ec furie qu'il était juif; or, il n'y avait pas de meilleur moyen
ur cela que de parler hébreu I « Je suis un Juif », leur cria-l'il»
soulignant fortement les mots, et son discours ht^breu vint con-
lînner cette assertion d'une façon irréfutable; effectivement, il
^Atint ainsi le succès désiré, car, « quand il parla en bébreu, ils
^■vinrent plus tranquilles^ » Paul parla donc cette fois en hébreu,
^pn parce que le peuple ne comprenait pas le grec, mais parce
^B*îl voulait dissiper tous les doutes au sujet de son origine juive.
^PSi nous ajoutons encore que tout le cbristianisme apostolique
ne possède pas un seul monument en langue juive et n'en a ja-
mais possédé (quoiqu'on nous parle encore quelquefois d'un ori-
al hébreu de l'Évangile de Mathieu, qui n'est, en réalité, qu'une
sion de cet #v,angile en hébreu), il est hors de doute qu'au
ur de la Judée, la langue grecque était familière aux classes
pulaires de la Palestine, autrement la propagation si rapide du
istianisme en Palestine eût ^té impossible.
Mais revenons à l'essénisme. Nous savons quelle puissance
iellénisme avait acquise en Judée à l'époque des Macchabées ;
nous savons, en outre, qu'auparavant déjà, la Septante en est une
preuve, le judaïsme alHxandrin se sentait attiré vers riiellénisme
par une force irrésistible. On a déjà fait la remarque aussi qu'il
■étcjit produit de bonne heure un échange d'idées 1res actif entre
^Bexandrie et la Judée. Enfin, c'est un fait que les Tobiades im-
^prtèrent rbellénisme d'Alexandrie en Judée, sous sa forme la
Hus dégénérée, il est vrai. Nous sommes donc autorisés à penser
^u'en Judée aussi et dans le domaine religieux» Ihellénisme a dû
porter d'aussi bons fruits qu'à Alexandrie, et, si ses effets y ont
M|é moins visibles, c'est que cette culture étrangère, qui arrivait
^KAlexandrie pleine de toutes ses séductions, y produisit des con-
séquences funestes, suites d'une importation mal préparée. Mais
OD nous parle toujours uniquement des mauvais résultats de
rbelléaisme en Palestine. L'hellénisme, qui, à Àlexaudrie, avait
^E Aetfê dti Apâtnt^ xu, 40 ; xxti, 2.
^ md., xti, 21.
190 REVUB DBS KTUDE8 JUIVES
produit de si grandes et belles choses à côté de mainte scorie,
n'aurait-il donc laissé en Judée que des traces de dévastation et
pas une seule œuvre utile ^ ? Nous sommes convaincu qu'il y eut
là aussi des hellénisants, fût ce en petit nombre, qui eurent des
vues honnêtes et qui continuèrent, en Palestine, le mouvement
religieux commencé par le judaïsme alexandrin. Si on n'en parle
pas, c'est qu'après les enivrants succès des Macchabées, où on sévit
contre tout ce qui était grec, ils durent se tenir à Técart. A notre
avis, ce groupe d'hommes ou cette communauté qui professait et
cultivait rhellénisme pur tel qu'il s'était développé à Alexandrie
et qui formait, en quelque sorte, une lie grecque au milieu du ju*
daïsme de l'époque post-macchabéenne, devint la mère de VesU^
nisme : c'est d'elle que sortit peu à peu l'Ordre des Esséniens. Au
milieu d'une société hostile, à qui toute culture grecque était en
horreur, la communauté dut, pour échapper aux persécutions,
envelopper dans un secret impénétrable des doctrines qu'on pro-
fessait librement à Alexandrie.
Cela détermina la séparation absolue de la petite société et la
création de l'Ordre des Esséniens avec toutes ses particularités.
Cet isolement obligé, l'observance rigoureuse d9 coutume* reli-
gieuses faites pour frapper l'esprit, la profonde obscurité qui en-
tourait leur doctrine, et enfin le respect que la foule professait
pour eux, parce qu'ils avaient la réputation de posséder le don
prophétique, expliquent pourquoi les Esséniens furent tolérés par
les Pharisiens au pouvoir, malgré l'excommunication prononcée
par les Pharisiens contre ceux qui cultivaient la science grecque.
Du reste, ils n'arrivèrent en contact avec les Esséniens qu'au
commencement de l'ère chrétienne, lorsque Jean-Baptiste ouvrit
la lutte contre le pharisaïsme dégénéré.
Ce qui montre déjà que l'essénisme était, en Palestine, un pro-
duit exotique, nullement lié au pharisaïsme, c'est le fait que Jo-
sèphe se vit contraint, en parlant des Esséniens, de déclarer
expressément qu'ils étaient « juifs de naissance* ». Cependant on
veut s'appuyer sur la relation de cet historien concernant l'essé-
nisme pour établir que cet Ordre nest autre chose qu'une secte
> M. Freudenthal, dans son ÂUœander Polyhiêtor^ professe des Tuet anslo^es
aux nôtres au sujet de ^hellénisme palestinien à Tépoque des luttes des Macchabées :
« Que cette époque, dit-il, ait produit, à côté d^hellénisants professant ouvertement
des sentiments antinationaux et allant tout droit au paganisme, comme Jason, Mé-
nélas et Alcime, des hommes qui, malgré leur connaissance de la littérature grecque
et leur prédilection pour les études grecques, restaient attachés avec une fidélité in-
vincible à leur nation et à leur religion, cela ressort des fragmoAtt d*jBupolemus
ainsi que d'autres indices •. (p. 128}.
« BelL Jud., II, 8, 2.
LES BSSBNIENS 191
ûiée du pliarisaïsme. On a surtout pris lliabitude d'£tjouter
lucoup plus d'ïraportatice à la relation de Josèphe qu*À celle
Pbilon, sous le prétexte que celle-là trahit, par sa précision,
16 connaissance plas intime de cet Ordres qui vivait et agissait,
reste» dans le pays natal de récrivain. Or. Josèphe n*est précis
Ei€ là où il décrit des laits exti^rieurs, tandis que» sur le caractère
l*es5éuisaie, il ne sait rien que de très superficiel. Il s'étend
^eo complaisance sur le côté formel de TÛrdrei se perd dans les
ftaiUi toute vue plus profonde de la vie intérieure de l'essénisme
Il bii.sant défaut* Sans doute, il a été pendant trois ans, au désert,
^disciple des Ësséniens, mais il iVy acquit rien de plus que la
ilture grecque dont il avait besoin, et il n'y chercha, d'ailleurs,
su de plus. Il ne put donc pas pénétrer au fond de la doctrine
rOrdre» car» lor:>qull eut terminé son noviciat de trois ans, au
ItDut duquel le sanctuaire de TOrdre devait s'ouvrir pour lui, et
qu'il eut « atteint son but », il retourna à Jérusalem, pour se con-
sacrer à la vie publique» et devint, malgré son admiration exaltée
pour Tessénisme, un adepte des pharisiens '. Il voulait faire sa
carrière. On chercherait donc vainement chez lui des renseigne-
^^ents sur la partie ésotérique de ressénisme*. 11 est vrai qu on ne
^Tt»$aie guère, car on a refusé de parti-pris à Tessénisme toute pro-
lundeur philosophique ^, et on s'est appuyé pour cela sur Josèphe,
il, dans sa relation, ne se promène qu'à la surface. 11 faut noter,
reste, que très souvent on attache une importance extraordi-
liaire à des paroles de Josèphe où se trahît quelque négligence de
l^écrivain*, tandis que des passages très précis, mais qui naontrent
t Viimt chop« ti*
* HAus''«tb, NtiàteUé Zeitgt$ckichtêf I, p, iil, préUod que t Josèphe, tout en
ftot, coioine uovice, pr6tè un serment tfriiblt: de ne jatikâiïi IraLîr eus ËËcrets, Q*a
Éptndtttit pd9 pu 86 retenir de les fuiie cunualirt?, au muins par blIissioDS et sous-
àlfodue *. KQii-&eiileiiioDt cette te^^ertion n s lucun londement sérieux, hibia il res-
''iort du récit de Josèpbo quil n'a Jamais prêtd U sermeot cssénieu et qu'il n'a pas
été inhié aux mystères de TeBsénisme.
' Uûe Keufeuée exception est feite ici ausei par M. Schûrer, <]tii résume son jupt--
iDfiil sur lef^énifima en le consîd tarant comme une dotitrine séparée du JudaUme
proprement dit, qui ae serait furmée, au u* siècle avant l ère cbrétienoe. suut des iu-
dneaces fçrecqiies, en vue de réaliser un idi^ul de vie qui se rapproche du pvlhàgo-
tiiOM, tout «O cooierraiit les priniiipes londameataux du judaïsme [he. cit., p. 492)*
* CTcat aÎDii qu^on a voulu taire des Ësséûiens des adorateurs du soleil^ parce
qua Joaèpliv (B^ J.^ Il, S* 5) dit d'edx : • Leur piélé envers Dieu est ardente, cef,
«%«oi la iavrr du soteU, ils ne parU&t jamais ie choses prulanes. Us Lui adressent
c^xlmaas pfii-res établies par leurs aticêtrea, comme s ils deniandaient aoti laver. •
jS«aa cotspter que ce serait un non-sons de vouloir prouver la ptéié dti Ksséoietia
iAVeis Dieu eu en tmsaut des adorateurs du soîeii, un Juif eamms Josèpbe^ qui
Aoatre le plus graad enthousiasme pour cet Ordriïf aurait en soin, pour iiieiia§;er les
Bcséniens^ de se pas parler du culte du soleil, mémo si et culte avait existé cbes eux,
H daat toui les cms n'aurait pas pu mentioniier ce culte avee éloge. Au f urplus, le
194 REVrE DES ÉTUDES JUIVES
La psychologie essf^nienne vient inconlesUblement aussi d'A-
lexandrie. Ce n'est pas Philon (on aurait pu le soupçonn»T et
prêter aux E^séniens les opinions de son (^cole) qui en reoé
com|ite, mais Jo>èphe, et cela en termes si pn*cis et si nets qu'ils
ne peuvf-nt être »^lu'if*s : « Ch»^z les Esséniens existe la croyance
que les rorps sont périssables, que leur substance sera la proie
de la corruption, et que les âmes sont immortelles, étenipllement
vivantes. Sorties de iVtlier le plus pur • pour être enfermées dans
le corps comme dans une prison, qu:m'l leurs liens terrestres sont
tombés, elles retournent avec joie vers les hauteurs, heureuses
d'avoir échappé à leur buigue servitude. »
Josèphe a parlé ici conformément à la vérité, et, sur ce point,
il pouvait d'ailleurs être bien ren-ei«rné. Cette doctrine n'était
pas un de ces mystères auxquels il Le fût pas initié : on la divul-
guait et proclamait, parce qu'elle formait le principal attrait de
Tessénisme pour les milieux les plus éloignés. C'est cette tlifk)rie
des Esséniens sur l'àme. dit formellement Josèphe, qui saisit et
retient, comme par un pouvoir magique, tous ceux qui ont goûté
une fois à la sagesse de cet Ordre*.
Que ces deux doctrines, celle de la préexistence de l'âme et
celle de la réprobation de la chair, qui conduisit à Tascétisme
essénien, aient formé les bases de l'alexandrinisme juif, nous
n'avons pas besoin de le démontrer, pas plus que le fait, également
bien connu, qun la doctrine essénienneau sujet de Dieu, source du
bien et non du mal, est empruntée à l'alexandnnisme juif ^.
Nous passons maintenant à la doctrine secrète de iVssénisme.
Les Esséniens en ont possédé une*, importée d'Alexandrie, cela
est aftirnié par Josèphe, qui ne put qu'en soupi;onner le contenu,
et cela e.^t rapporté j»ar Philon, qui connais>ait à fond leur doc-
trine. C'est ainsi que le premier raconte que les Esséniens se
rendaient tous les j^iurs. vers midi, après le bain de purifica-
tion, dans une maison s^H'ciale ^, où les prolanes n'étaient pas
admis comme on s'apf»roclie «iu sanctuaire; ils se rendaient ensuite
puriliés à la salle à manger. Au repas du soir, auquel prenaient
part des frères du dehors arrivés dans l'intervalle, aucun cri
ni aucun désordre ne profanait la maison, mais chacun cédait la
' Cf. Phi'on. Lt^ alUg., I, p. 110. éd. Mang. : f, lï ç'jx^, aïOipiô; i^rtv àrôssaffjis
•tlov. D. Dt Concuf,%iC€Htta^ II, 356.
•^.y,ii, «, 11.
• Q-od 0M«. pruh. lib., II, 458 : to râvirwv ub 4>aftwv alttov xxxoO 6è ^ffify^
^fttd(ttV CtVflB TO ^stov.
* ce Uiigenfeld, Die jûd. Ajfokal., p. 112.
LES ESSENIENS I^HH" ^^
auran pu croître sur If» terrain du iiharis^me. Par contre,
lias IV, par son tem|;le hâli en Egypte, déjà vers Tan ItiO avant
chrétienne, avait fait â 3a théorie du sanctuaire unique une
cht' qui devint toujours plus large et qui pr^^para, dans le ju-
Mue alexandrin, malgré son attarheiuent à Jérusalem, le relâ-
lient dans le culte des sacrirlces. Que la TondatLoa d'un temple
\»ôssible en Egvpte surtout» et de ai bonne tieure, cela montre
iflîsamment quelles opinions religieuses avanc^^es les Juifs d'à-
Dni profe saient déjà. Jusèphe encore s'écrie solennellement : « Il
a un temple unique pour le Dieu unique, . 11 est commun à
DUS» comme Dieu est commun pour tous * ».
Ûr, nous voyons que les Juifs d'Egypte, près d*un siècle et demi
iTant Josè|ihe, pensaient autremeut et beaucoup plus librement
arces matières. En Judée, le culte des sacrifices retî-'Urit de
nouveau après les victoires des Macchabées; il fut de plus eo
plus mis à Parrière-plan à Âlexaridrie et, à sa place, vint le culte
livln ^puré par rallégorie. 11 est très significatif et tout à lait
<k)nforrae à l'esprit du judaïsme alexandrin que les savants juifs
lappeiésà Alexandrie pour traduire le Pentateuque disent au roi
Hue la |«lus grande gloire de Thoujme est dljonorer Dieu, non par
ides présents et des sacrifices, mais par la pureté du cœur et par
Icuie [lieuse soumission à la volonté divine*. De mèuie, Pluion mon-
tre, à diff^irentes reprises, que lejuilaïsrae alexandrin avait depuis
lûngtem|>s rejeté le culte des sacrilices, en le traduisant en allé-
gorip, et ne le laissait subsister que parce que, au point de vue
M**lional, le temple était un centre consacré : « Si quelqu'un est
|pi"UX et juste, le sacrilke aura de letïel, même si la %'jande du sa-
Icriflceest biùlée, même si on nen apporte pas du tout. Le meil-
[I^ur sacrifice nVst autre chose que la pi*^té d'une âme dévouée à
B, dont les sentiments de reconnaissance subsistent éternels
Hi'ffaçables près de Dieu, et durent aussi longtemps que le
[•ôleil, la lune et tout Tunivers ^ »
I ne peut donc être surpretiaot que Philon dise des Esséniens :
adorent Dieu de la manière la ijIus convenable, sans lui
[offrir des sacrifices d'animaux, mais ils s'etforceut de sanctifier
[leurîj sentinjents * »; et Josèplie : « Ils euvoient bien Ws ofïran<les
fau temple^ mais n'offrent pas de sacrifices, parce qu'ils croient
{Krsiéder de meilleurs moyens de [lurilication '. »
< Contra Âpionem, 11« 23 : lU vsà< iv6; Itou.
* Utiite d^iasl^e, duui Josèptie, 11, 124, édh. îiavercamp.
* Philon. De 9tta Ifwiw, H, p. 151 ; cf. i?* ndim., Il, 2iû,
* Pbiluo^ Qttod owi». pfoè, liô^^ II, +57,
I Josèphc, Ânt,, XVIil, 1, '^,
T. XIV, «« 2U.
IVQ R£VU£ DEâ £TCD£S JUIVES
Mais comment pouvaiect-ils s'occuper de ces mystères « en tout
temps », puisque la journée entière était consacrée au tratail
manuel * ? Evidemment le repas servait à ce but : là. selon Jo-
sèphe, hu tenait d^s conversatinrts »aintes, chacun cédait la parole
à Tautre à son tour, et c est cela qui produisait sur les assistants
du dehors l'impression de quelque chose de mystérieux.
Si les raéiiilations philosophiques sur hi<-u et la création, l'étude
de réthique, avec les lois des aricétres {lour guides, au moyen
de l allégorie, forment le centre et le véritable objet du repas pris
en continua, alors la haute importance qu*on a attribuée à celuKi
s'explique, alors on compr^id aussi comment il se fit que les
tyrans les plus cruels, les plus rusés et les plus perfides ne firent
aucun utal aux Esséntens, mais les reconnurent, par coosidé-
ranon pour leurs hautes vertus, comme indépendants, comme des
hommes naturellement libres, « vantant leurs repas en cooh
muo *. »>
Une interprétation très claire du repas essénien est fournie par
la description faite, dans le De vUa coniemf*iaitva, du repas pns
en cumiiiun par les Thérapeuces. Même s'il n'a jamais existt^de
Ttjérapeutes, fauteur a toujours connu à fond l'essénisme et, par
cela même, il a le droit d'être entendu quand il s'agit déjuger ce
dernier.
Mais il ne doit nullement paraître surprenant que le Pales*
tinien Jo>èphe cousidérât comme un profond mystère ce (ju**
TAlexandrin Fhilon *-xposait ouverieraeni et sans crainte* Car
nou» savons que la doctrine prêch*% à Alexandrie au grand jour
était un m} stère en Judée et ne pouvait être enseignée queiîâus
un cercle très restreint dînitiés *. Philun ne sait rien de cet<^
rible serment qui oblig- ait les Esséniens à ne communiquera
personne les doctrines de l'Ordre autn^ment quV>n ne les avait
reçues, à conserver samteraent les livres de la secte * et les noms
des anges* Pour Josèplie, l'angélologie, qui, au fond, notait autre
chose que la doctrine alexandrine des forces divines mtermé-
diuireSf était un mystère*
* B. J,, 11, 8, 5.
» Quod omn. prot^ ïtà.^ H, p. 469 : àSovriçaOtûv ta a«j*ffkTiai| xtX.
^ Utiite (lociriQG becràte des ËJï&euietis iruiiaDl de Dteu et de U création du mondili
ttvail même iruuvé accès datii» le^ écoles phiinbieones, ordinniremeoi leroiéei Uermé*
Uqut^tut.MiL Déjà &OUS iahauaa b. Zdkkai, cVsi-à-dire environ soixauU'dii aos tpr^
l'ère chrtiiieaae, elle occupuii rortemeui quelques doct* ure, qui firent de IVtude du
irtuaté tnermàa et du ntnasi &«>$*( hti un uji^'^iii^ft^ reduulaJ'Ie, rappeUni &iikjjulière-
meut la niaUun de Jo^èphe sur la maliô-e \B, J., II, 8, 5J* Cf* licftfeid, lil, p, 4iUj
cl fcuiv.; Bdiuburj^'er, Htal-Entytl.^ p. tX)l ei ^uiT,
* ii% avaii^nt pum ct^s ii^ns deâ so;iiâ tout paiticulierB, Jos.» B* /*, U, 8, Ù,
LES ESSÉNIENS W
T] est tout à fait hors de doute que bs Ess<5niena s*occapaient
paucoup des « forces intermédiaires ». S'ils considéraient Dieu
comme la cause de tout bien et non du mal, et la matii^re» au con-
traire, comme mauvaise et nii^pn sable, ils devaenl n*^cessairemt*nt
admettre des forces intermt^diaiTes entre Dieu et la matière. Or,
tus savons par Josèphe qu'ils avaient une angélologie à laquelle
attachaient beaucoup d'importance Main ces an^es, que |iou-
rent ils 01 re pour eux, sinon les forces înlerraédiarre^ entre
Dieu et le monde • ? l.a r^flexirm philosophique, joint*^ à une
Këculation guidée par rimagination, a accompli son œuvre de
composition sur rang^luïogie dans le sein du judaïsme ijlexan-
drîn. Les anges y avaient éi^ d'abord des perstmîies ou des mes-
sagers divins ayant apparence humaine; ils devinrent ensuite des
forces incorporelles et animées, qui réalisent le bien Ch*^z Philon,
la théorie des anges est en rapport évident a ver celle du Logos.
Les anges s a[»pellent et sont des « logni », des idées qui tmt une
certaine réalité, en tant qu'elles ont pour but de servir d'intermé-
diaires entre i*ordre spirituel et supérieur du monde et le monde
inférieur *.
Quoique nous puissions admettre que les Essénîens connaissaient
aussi la doctrine du Lojïos, puisque, pour le juiiaïsnie alexanorin,
i$ anges sont ideutiqu'^s aux forces intermédiaires divines et aux
çôi *p nous ne voudrions pas 1 aifirmer, parce que les preuves
rectes de cette assertion font déCauL Mais que la thf^one des
rc*'s interm*^(iiaîres jouât un grand rOle chez eux, cela est
autant plus c^^rtain que 1 auteur du De tita coniemplativa le
€<)nstate en termes lbrm*ds. En effet, il dit des Tlif^ra^ieutes : « lis
«Dnt toujours si pénétrés de la divinité, que, même dans leurs
^priges. la beauté des forces divines est la seule image qui leur
apparaît ** «
La petite ha^he qui était remise à chaque novice trahit aussi
i origine alexandrine de ressénisme. Quelle idt^e ce symbole dé-
lit il représenter pour eux? Bellermann et Dâhue la prennent
>jr un synibide de ractivité et du travail ^. Nous croyons, que.
ms ce symbolp, il y avait un autr»^ sens moif>s éloijrné, mais
autant plus profond, il semble déjà ressortir du récit de Josèpbo
• Jritàphe no«9 dit quMs ronpêrvaii'nl rciipcupemMït les noms tics an(Z'«. Or lo
oom de G«l»nel, qui esi k tr>*ilia€lioo littérale (ie Svvv^i; Qeoû, luati^ue déjà qu'iU
COoaAi«s«i«nl Irs forcf* iurermô'liuifes divines,
» Lipf'u^. d^os le Bfàelieâeô'o» de Schenkeï, voL 11, p. t15,
• Cf* Gfrorer, I, p. 146 et 173 ; II, p. 318. Philon» De Cktruè., l, p» 130 ; àrr^Hî»
« Phiioo, II. p. 475.
> Beliermaon, Nofhrkhtem iui dm Alttrth., p, 2S; DAhno, I« p* 493,
m HEVITE Des ÉTUDES JUIY^
goe la hachette devait symboliser rabstînencei q\ii ^t)itt V^^
que le travail, la carar4*^rist»qQe de TOrdre, qui en ^tait i ^^r^pre*
ment pnrîpr l'àm»* '* Si quetqu'un veut, dit Joîièplje à r *
entrer dans I Ordre il oest pas admis tout de suite, mais il
encore rester un an hi»rs de la soci<^té, en se soumettant touU^l<w* i
à sa Riani^re 'Je vivre. On lui doïine une bacbette, un tablier et
un vèlera»*nt blanc. Si, tians cette période de tçmps, il a donné A^fi
preuves i*atfs(inence, il peut »'ap|irocher plus pr^s de l'ordre *♦
Comme le novice doit, dès la première année de son novicialt
s'occuper tuut particultèrf ment d'abstinence pour se rapproch»'r
de 1 Ordre d uu degr^» n'est-il pas probable que 1b symbuk mif
souî* les yeux par ie fait de la remise de la hacliette vise la pra-
tique de l'abstiîH-nce ^i de la têmpéranoe?Maisà quoi bon recourir
à (les supposition* là où nous avons un soi ferme sous les pieds,
atten<iu que le jud^^o alexandrinisme nous donne Texplication la
plus topique de ce symbole t Ecoutons à ce siyel Pbilon lui-même^
Nous qui sommes liés au cnrps^ sommes-nous en état de reoon*
cer aux besoins corporels? Et de quelle manière cela sei^it4t po^
sible? Qu'on remarque ceci : Le léçisiaieur sacré prescrit é cear
qui soni domines par \rs besoins corporels comment ils doivent se
eorileuler du nécessaire. D*abord il djt : lu dois avoir une plae ai
dehors du camv»'. Camp stgniûe ici venu, où rérae doit élever
sa tente. Mais la sagesse ue peut légner dans le même eutroit qua
les beî^oins et les jodissances corporels. C'est à ce sujet qu*iie»l dil
plus loin : • El tu dois l'y reu<tre. p Pourquoi? parce que {'imtt
tant qu'elle rci^ide près de la sagesse et habile dans sa demeure, ae
peut jouir de choses corporeUes. Car la elie trouve une nourniurc
divine dans les connaissances en faveur desquelles elle renonce à
la chair G est seulement lorsque Tâme est sortie de la %^ertu qui.
doit en former, pour ain-si dire, la charpente sa* rée, quelle se
tourne vers la substance, qui alourdit et écrase le corps. Mais com-
ment doit-elle se servir de la subsianee? • Tu porteras un pic a t*
ceinture avec leriuel lu creuseras*. » C'est la sa^e^se (Logos) q^i
creuse pour découvrir la passion, la reieter et s'en <iébarrat-ser Non*
devons, en etfei, tenir les passions serrées comme dans une çeioluns
et ne pas leur laisser leur libre développement CVsi pourpioi, sui*
vaut le commandement de rÉcriiure, nous devons, quand elles passent
* Us fuient (c*e9t «In si que Josèphe commence sa reUlîoa sur Us
if, /,, II, H, îj les jnui»sBiic«s Mtjsweîles'comaio des vices et pluccnl i« verttt •
la i^mpiTunc^ et la résjstaoce «ux passions.
» S. /., 11. 8.7,
* Deutéronnmc. xxm, 13.
* Les Essèmeas se servaietil de ràÇivdpiov {^%<i\lç). qu'on leur remettait Ion de
leur réceptioa, dios l« m^me but qu'on se servait ici du pic, ou inw^\^ç.
LES ESSÉNIETTS 199
lissage est appelé Paque), Dous ceiQcire les reins*, ç*est-à-(iire
\h\uer les passious Le i>ic, cVst la sagesse', qui doit suivre
ut la pas;*ïon, pour empêcher ses écarts. De celte manière, nous
CQtiUn ferons du 7iécessai7'e et fions no as aès tiendrons du superflu,
repas, nous apportons la sagesse comme une urm^' deftnim,
^tte coLisommeroQs pas trop de nourriture et nous n'arriverons
h réhrîéié. Car la sagesse rélrènera el refoulera le ehoc impé-
(lu désir. . . « Tu creuseras avec le pic d, cela veui dire : tu
luvriras^ à l*aîde de la sagesse, la nature de chaque désir, du
iger el du boire, tu la crwuseras pour recunnaîire ce qui sY
ive de vrai Alors tu apprendras que le bien ne réside dans
De de ces choses, mais utuquemeni dans ie nécessaire el Tindis-
lahle L*Ècrilure dit ensuite : « Tu recouvriras tes déjections* »
biea ! U ûine, applique la sagesse à tomes choses rie façon a
frir, à obscurcir el a cacher loutes les déjoctions de la chair et de
ssioQ ; car ce qui n'est pas conforme a la sagesse est hideux,
une tout ce qui est conforme a la sagesse est beau. Celui qui a
fision des plaisirs marche sur le ventre; Xhnmme parfait, eu
traire, purifie tout le corps; celui qui fst dans la roie du per^
kfnmjnent purifie ses entrailles ; celui qui débute seulement dans
vûïe sort quand le besoin corporel le presse, enipiirtauL la
>e, qui est appelée symboLiquemeut pic*, pour meure un frein
1 passions *.
est indubitable que rexplication de notre s3^mbo]e donuf^e par
On <?tait aussi celle des Ksséniens, et il nous parait smgulier
jn l'ait n»*fîliî?^% si compIrMement. Celui qui deniaiittHÎt à être
dans Tordre df^s Esseniens devait, en vivant, pendant toute
aDn**e. au dehors de resséuisme, donner des preuves d'absii-
ïe. On lui remnitait, bir^qu'il se présentait, une hachette qui,
^ S(ui usa^p journal ipr, symbolisait une idée plus haute. Il est
que Josèptie ne sait rien de |>lus précis à ce sujet : il iVavait
pénétré dans les profondeurs de lessënisrae. Par contre,
on nous a|»prend que la haclif^tte devait servir au itébuiant
me défensive contre les passions ; elle devait symholiser la
ise, à i aide df* laquelle on doit transp*»rcer la passion et
ligner; enfin, elle apprend à ne jouir que des cl>oses corpo-
6s les plus néceïtsaires à la vie, et h fuir lont superflu. « Le
litdint, di^il, doit être armé de la sagesse, apfjelée symbolique-'
it pfc, pour réfréner les passions, »» Kt rette interpn'tation
Userait pas les Essénious? Au surplus, Philun parle ici d'une
5t<»dA. xu, 11«
%. Âiteg,^ I, p. 117 el Buiv.
200 REVUE DES ÉTUDES JUTVÇS
classe particulière d*bommes visant à la perfection et y distingue
trois degrés, comme Josèpbe distingue trois degrés chez les Essé-
niens ^ De même que celui-ci prétend que la hachette est remise
au débutant qui a besoin- de devenir zélé pour Tabstinence et la
tempérance, ainsi Philon met entre les mams de « celui qui
débute dans le perfectionnement » le pic, symbole de la sagesse.
Cependant nous ne voulons pas affirmer pour cela que Pbilon
dépeint ici les Esséniens palestiniens, mais que, sans doute à
Alexandrie aussi, toute une classe d hommes pratiquaient la règle
des Esséniens. sans former un Ordre fermé. .
Le judaïsme alexandrin était donc, selon notre opinion, déjà
implanté en Judée avant les guerres des Macchabnes, sans ce-
pendant former une société fermée. Du reste, à ce moment, il
n*avait aucune raison de s'isoler, il «^tait aussi libre qu'on pouvait
r être à Alexandrie. C'est seulement après les victoires des Mac-
chabées que les circonstances nouvelles le forcèrent à se mettre
à 1 écart et à former un Ordre. Cela explique aussi pourquoi
Philon, quoique Tessénisme lût un produit alexandrin, quoique,
dans son entourage même, il y eût de nombreux individus ayant
adopté les princip^^s et la manière de vivre de cet Ordre, ne parle
cependant que d'Esséniens palestiniens. Comme secle strictement
fermée et bien organisée, lOrdre avait sa patrie en Palestine. Et,
s'il y avait en Egypte des colonies de Thérapeutes, qui, par leur
extérieur, se distinguaient, comme les Esséniens palestiniens, des
autres juifs par diverses particularités, le lien religieux qui les
rattachait à la nation s'était si bien relâché chez eux, comme nous
l'avons déjà fait observer, sous linfluence de la philosophie étran-
gère, qu'un Juif nationaliste, comme Philon, devait se détourner
d'eux avec humeur et se sentir attiré avec d*autant plus de force
vers les Esséniens, qui, en dehors de leur philosophie, pratiquaient
strictement les cérémonies mosaïques.
1 Josëphc, B. J., II, 8. 7, parle de celui qui demande à être reçu dans TOrdre
(6 CY)Xb)v) et qui a pour principale tflche de fournir des preuves de temp^ran(*e ; il
recevait une hachette (à^tvàptov (txqOii;': par contre, Philon dit de celui qui débutêit
dans $on perfectionnement (6 apri àji^x^t^^oc Tcai^eûeoOai) qu'il était muni du icdioo^o^,
symbolisant la ffaffesse. A celui y»i monte 4' un deg>é [7rpooio)v tTT^ov) chez Joï>è he,
correspond, chez Philoo, celui qui progresse (ô Trpoxôirrcov] , qui e^t parvenu lui aussi
à un haut de^^ré d'abstinence. Ëniin. le troisième dfgré. seion Josèphe, Vkomtletè* (&;
el; tàv 5p.iXov eyxi.nvCTai), correspond au téXeio; de Philon, qui a remporte la pius
graiule victoire posiole sur la sen-ualité. Si Tinierprétalion de Philon reproduite ici
était aussi celle des Esséniens, cela montre — ce qui eft d'ailleurs e^'alement coa>
testé aujourd'hui ^^ quel développement Tallégorie avait pris chez les Esséniens.
LES ESSKNÏENS
201
u
I
C*est un fait recaTiiiu que rOrdre des Esséniens exerçait une
attraction extraordinaire sur toutes les classes de la société. Ce
devait ^tre un aspect imposant que le spectacle de ces htrmnif's,
qui avaient passif la journée presque entière au travail dans les
chami'S ou aiJleors, consacraru leurs heures de repos à la sancti-
fication et se plonp:eant dans d*^ profondes méditations sur Dieu et
le monde. Leur étonnant système île la communauté des biens, le
inyst*^re qui les eiitouiait» l>>prit de t>ropli^tie dont on les croyait
env*^loppés. leur doctrine psychologique, qui, selon le témoignage
de Josèphe, avait tant de succès, leurs repas communs tant vantés,
régdiité et la fraternité précitées et mises en pratique, leur con-
■ tînence poussée à I extrême, leur horreur du serment, leur zélé
à réprimer toutes les passions, leur connaissance de la nature
ainsi que des vertus médicinales des plantes et des pierres, tout
Ic**Ia ne contribua pas peu à auiîmenter leur consiîJération et était
propre à inspirer l'adnd ration et l'imilatton. A ces éléments d'at-
traction venait encore s'ajouter le fait qu'ils vivaient souvent loin
lies vjIIps, dan 3 la campagne, dans dos solitudi^s provoquant au
recueillement intHlle-tuel, où des troupes entièn s de gens de
bien qui se sentaient mal à Taise au milieu des vices des Mlles
venaient à eux *. S'ils n entraient pas tous dans leur Or«Ire, ils
adoptaient, du moins, leur doÉ'trine et leurs idées, et les propa-
geaient. Pbilon et Josèphe fournissent à ce sujet le meilleur
■ témoignage, car tous deux sont pleins d enthousiasme pour les
Esséniens et cheri-hentà intéresser Tunivers entier à leurs doc-
trines, sans avoir été eux-mêmes membres de cet Ordre. Au sur-
■ plus, lés Esséniens s'occupaient de IVducatîon de la jeunesse,
car José plie raconte qu'ils dédaijj^n aient le mariage, mais qu*ils
adoptaient des enfants pour leur inculquer leur doctrine*. Il
dit encore ailleurs que lui-même, pendant son adolescence, il
avait vécu sous la direction d'un certain Banus, qui vivait au
Idé^iert, portait des vêtements d ecttrces fl'arbres, se nourrissait de
fruits sauvages et se baignait l'réquemment dans Feau froide pen-
' Pline, ffiât, ndt.^ V, 17 : • la dicm ex sequo conveDarym turba renascitur lirgo
fre<{a«aLibus quua vita fessos ad mores eoruin Jormuic tlucUbus agit.* . Tam fecuoda
L|IliA |ie, BasaaU) aliorum vit» pcBDÎteQiia esU ■
» J. /,, II, S, 2.
202 REVU^ INS6 ËTUBES JUIVES
dant le jour et la nuit '. Qu'on juge donc quelle action la doctrine
ess^^nienne devait exercer. Si Josèphnet Pliilon sont d'accord jK)ur
évaluer le nombre total des Essf^niens à 4000, il en est de cela
corarpe de Tassertion de Josèphe estimant que le parti pharsien
sous Ilérode V[ comptait seulf^ment 6 000 membres *. Il est pos-
sible que, comme parti fermé, il ne com[)tât que 6,000 hommes,
mais les partisans qui suivaient aveuglément leur direction de-
vaient être innombrables. De même, à côté des 4,000 membres de
l'Ordre d PS Esséniens, il devait y avoir des milliers d'Esséniens,
comme Philon le dit expressément en un autre passage *.
Qu'est devenue cette doctrine qui avait de si profondes racines
et avait sur le terrain religieux une action si forte et si féconde?
A-telle vraiment, comme on est volontiers tenté de le croirp, fait
long feu après un rapide essor et s'est-elle évanouie sans laisser
de traces ?
Si on lit attentivf'ment et impartialement les relations de Phi-
lon et de Josèphe sur les Ess»^nif^ns et les alluî^ions faites à ce
sujet par Ihs pères <le TÉglise, on reconnaîtra ensuite, en exami-
nant les écrits du Nouveau-Testament, que le christianisme pri-
mitif était profondément pénétré des doctrines esséniennes et qn^il
est né sur le terrain formé et si bien cultivé par les Esséniens. On
voit alors, d'une part, les rapports existants entre Tessénismeet
le christianisme, et, d'autre part, les efforts faits par l'Église, ar-
. rivée à la conscience de sa mission universelle, pour s'émanciper
de Tessénisme, rejeter celui-ci à Tarrière-plan et le réduire aa
silence, et on ne peut plus nier la connexité du christianisme et de
Pessénisme. Eusèbe*, Thistorion de l'Église, dans ses explic^itions
sur le tliérapeutisme, montre combien les fils qui rattachaient le
christianisme primitii'à l'esséni^me étaient visibles et tangibles.
Toutefois ses préventions ne lui permirent d'expliquer ce phéno-
mène qu'en admettant que le tliérapeutisme est sorti du cbristia-
nisme, et ce système a été ado[)té par les docteurs de l'Église qui
lui ont succédé On pourrait ohj'^cter, il est vrai, que IVcrit sur
les Tlif'Tapt^ut^^s est peut -être un ouvrage chrétien postérieur,
mais même en coiHy»darit ce point, nullement démontré et sans
doutf» indémontrable, cela ne change rien au lait qu Eusèbe trouve
des ressemblances incontestables entre l'essénisme et le chnstia-
* Vita. ch. II.
* Ant., XVII, 2, 4.
^ Apu'i Eust'be, Prfppar. étang,, VIII, 11. C'est ainsi seulemeiit que s'explique
cette évaluation des Esséniens a des myriades, en présence du chiffre indiqué
de 4000.
^ Hist, Eccl, II, 17.
203
fr^t dps aîlu-
Sl LKS KSSKNÏENS
pisme. Car ce qui. dan»? cH onvra^fe, lui par?
pions claires et incontestables au christianisme u concorde le plus
jouvent îivec c^ qix^ Philtm et JosAphe disent île rascétisme et
de la communauië des biens cliez les Esséniens. Les rnla lions
d*Epi[)hane ciinceroant c** sujet ne sont pas moins pnV:ises,
quoique («kis embrouillées. Cent ainsi qu'il dit une fois des Na-
aréens « que pen<îaût un certain teiuf^s» avant d*avoîr éi6 ap-
elés chrétiens à Anti*iclie, ils s'appelaieïit Jesseens» sans doute
e Jessé, le |>ère de David, ou peut-être même de Jésus, dont
étaient les disciplos. Qu'on relise à ce sujet ce que Phiïon
des Jpsséens, nom sous lequel il désigne les chr*5tîens :
omm»* ces nazari^ens, juifs de race, qui observaient la Loi et
a circoncision, avaient entendu le nom de Jésus, ils ne tardé*
I rent pas à croire en lui- ., * ». Ce passage» quelque obscur qu'il
^boit, montre du murns qu'É[)ipliane avait une vague notion des
^vapports qui existaient entre l'essénisme et le cliristianisme pri-
Kitir.
r Les écrits du Nouveau-Testament nous apportent une preuve
^^Qtrement concluante que toutes ce.s indications plus ou moins
^pagues donnt'es, par hasard, par les docteurs de l'Église sur la
parenté du clirisljanisme primitif avec Tes^énisme. La cc*nimu-
taut^ des biens et le mépris des choses terrestres qui existaient
ans la communauté des premiers apôtres, les repas pris en com-
lun, les saintes assemble es du Sabbat, où les frères se réunis-
ïient pour « rompre le pain », les guérisons de malades, les aspi-
îtions à Textase proplji'lïque tout ce a s'accorde si bien avec ce
»jUe nous savons de lessénisme, qu'on peut regarder comme in-
dubitable que Tun i»rocède de Taotre *.
Le cliristianisnje primitif, à notre avis, a été rhéritier de l'es-
SénUme. La partii^ populaire et pratique eu a' été adoptée par
» Ma€t., XXIX.
* Qu*oQ EOQffe seulement aux passsf^cs suivants de rEvan^ito ei des Actcfi des
apAtr^ : • Ne vou» amurscz pa« des lP>Bors sur l* lcrr«s ou tes vers et la rouille
dévûnnt toal..,, mais amassez- vou ^ des trésors dans le ciel.., ; ne eoyin't pas ea
peine pûur votre vie de ce qut] vous niau^rrcfï ou de ce que vous boirei ; ni pour
Totre e*)fps de quoi vous serez vôius » (Maih*, vi, 19, 20, 25). * Ne prenez ni or, ni
ftrgent„ ni mooDaie dans vos ccinlircs, ni sac p<mr e vova^re • (cf. Jos.. B* J , II,
8, I). • ni deux habita, ni gouLiers > f\iHib.. x, 1 et s.) « Si tu veux être pa^faiit
Teoâi ce que tu as et donne-le aux pauvres et tu auraa un Irésordens le ciel *
fHtih , itx, 1\ ; Luc. xn. 'i^\ * Et tous ceux qui étaient devenus d^'Ei crojaals
dlaient eni^i^tuble dans un même lieu el av^ii^nl totttti thntet enmmvn^s, lis vendaient
leurs hifos et leurs possessions et en distribuaient l« prix a tous, selon le besoin que
chacun ru avait t (Actes, ii^ 44 et s.l. « La oiuKilude de ceux qui evaii'nt vtu d «^tait
qu^UD cccur et qu'une flme, ei personne ne disait que ce qu il iiossédail Ihi k lui en
pariiculier. mais tout ét«u commun entre eux.., » (Actes, iv, 32 et s. ; cf. Eusèbe,
H. E., II, 17}. Voir Delauaay, Motntt tt SièifUet, p. ïîS cl a.
204 REVUE DES ETUDES JUIVES
rÉglise orthodoxe, qui la développa à sa mode et Tenrichit da
dogme, depuis longtemps cher au judaïsme palestinien, de la ré-
surrection de la chair, tandis que l^Église hérétique 4éveloppa la
partie mystique traitant de Dieu, de la création et des forces
divines intermédiaires, et donna naissance au gnosticisme.
Cependant il ne faut pas s'imaginer qu'il existât un abtme in-
franchissable entre Tessénisme, en apparence ennemi du monde,
et le christianisme visant à la vie active. Qu'on ne croie pas non
plus que tous ceux qui professaient les principes de Tesséniarae
étaient de savants mystiques. Aussi bien que les Phar isiens n'é-
taient pas tous des docteurs de la loi, ainsi les Esséniens ne sont
pas tous des pnilosophfs. Quant à Paversion des Esséniens poar
le monde, il ne faut pas la prendre à la lettre non plus, l'Ordre
lui-même ne le prenait pas ainsi. Josèphe lui-même ne dit-il pas
qu'après l'accomplissement de son noviciat, l'Essénien nouvel-
lement reçu dans Tordre, avant d'être admis au repas commun,
devait jurer «d'observer la fidélité envers tous, surtout envers
l'autorité, car personne ne possède Va'toriié sans qu'elle lai
soit conférée par Dieu * »? De plus, il devait promettre, « au cas
où il arriverait lui-même au pouvoir, de ne pas en abuser,
de ne pas chercher à surpasser ses subordonnés par l'éclat des
vêtements ou de la parure ». Nous savons aussi, par Philon, que
les Esséniens étaient instruits non seulement dans la piété, la
sainteté et la justice, mais encore dans l'administration des affaires
domestiques et publiques *. Si les Esséniens devaient passer toute
leur vie loin du monde, pourquoi leur fallait il jurer de ne jamais
abuser de leur pouvoir, et pourquoi les instruisait-on en poli-
tique?
D'autres mesures en vigueur chez les Esséniens indiquent qu'ils
n'avaient pas une si forte aversion du monde qu'il semble tout
d'abord, et qu'au contraire ils avaient de fréquents contacts
avec la société, en vue de la propagande de leur doctrine. « Ils
n'habitent pas une seule ville, dit Josèphe, mais il y en a beau-
* B. J,t I, 7. 11 est clair que par • ceux qui commandent » on ne veut pas
parler ici des chefs des Esséniens, comme quelques-uns le prétendent (cf. Lucius,
Der JissenUmus, p. 51 j : il n'y avait pas de chefs dans l'ordre. Les passades pa-
rallèles nous montrent clairement qu'on dés ^naii ici les chefs temporels. Ainsi le
pseudo-Sa-omon. V 1, 2. 3 : 'EvwTtaaaôe otxpaxoùvre; . . . ôti èSodri Tcapi toû Kvpiou
^ xpâtYiii; Op,ïv xtX... Dans l'Epitre aux Romains, xin, 1 : où yâp i<rriv èÇouffts
e( \iii ànà 6eoO De môme dans Jean, xx. 11, il est question, comme dans tous ces
passa;;es, de Pautorilé temporelle. Nous avons ici encore une doctrine du judéo-
alexaudrinisme reprise par les Esséniens et acceptée par le Nouveau -Testameut. —
Cette opinion des Esséniens sur Tauiorité nous explique aussi pourquoi ils ont été .
épargnés par les tyrans les plus cruels.
* Quod omn. proh. lih., II, 458.
LES ESSÉNIENS
iip dans chaque ville, et les confrères venant du dehors trou-
ât chez eux maison ouverte. Ils entrent chez ceux quUls
liaient jamais vus auparavant comme chez leurs amîs les plus
'ls ïi'em]jortent donc en vo>age que des armes pour se
contre les voleurs*. » 11 ressort churement de ce texte
fils al aient souvent en voyage et qu'ils pouvaient voyager coni-
|toent et lacilement. Quel pouvait <>tre le but de ces voyages,
la propagande? La littéraiure judéo-alexandrine mcuitre
tt»*l zèle ardent animait (également Ws juifs lielléidsants pour
onveriir le monde à leur mosaïsme philosophique. Du reste»
fjtileur du De vita contehiidativa nous donne un commentaire
net de ces voyages des Ksséniens : « On trouve ces hommes,
lit-ildes tliérapeutf^s, dans toules les contrées, évidemment afin
lie les Grecs et les Barbares puissent aussi recevoir en partage
Bbieo suprême •. »
Ce que nous savons, d'autre part, des Esséniens montre qu*il y
fyaii parmi eux des classes int^galement soumises aux sévères
gleâ de l'Ordre* On nous parle, d'un côté, d*Ess^niejjs habitant
villes ^, et, d'autre part, d'Esséniens les fuyant à cause des
lices qui y régnaient» cherchant la solitude des campagnes et
Btablissant leur demeure dans les villages ou dans le dé^^ert** Il
«tqupslion aussi d'une classe d'R^séniens rejetant coniplètemt^nt
[le mariage*, et d'une autre quj Tadmettaii ^* ; d\jne communauté
•aériieune dont les membres étaient des hommes *rûge, a Tabri
Mes oragHS de la vie et des passions, chez le^^quels il H\t/ avait ni
l^fifjiit ni jewte homme'' ^ et, ailleurs, d'une autre classe d'Essé-
JBienuqui adoptaient des eniards en bas*àge et les élevaient selon
tirs [anticipes * ; d'un côté, enfin, on nous assure que Tordre des
Kiiîiéiiiens comptait en tout quatre mille membres**, et, d'un autre
|c<Hé, qu'il y en avait des myi-iades '"*.
TotitM» ces contradictions apparentes disparaissent aussitôt
Iflo'otj accepte l hypothèse de Texistence de nombr^^ux Esséniens à
[côté de rOrdre même et moins liés à ses règles. Il est indubitable
• FkilOD, éd, MaDfrin, 11, 474.
» Joi.. S y.. Il, 8. 4 ; Philoû, apud Eus., Prap. ev,, VUl, Xt ; éâ. Maog., 11, 632.
•PMoo Quod omn, proh, Itb,. n, i57; PUiie, V, 17.
• Jo«.. B J,, U. 8, 2 ; Ant,, XVUl, 1, 5 ; FbiloD, apud BuS., Pr^fp. ev., VUl,
fi ; Plmo, '. f.
• Jo»„ B.J,, II. 8, 13.
I ' PhiloQ, «(juJ Eus.. Pr^p. e«., Vlll, M,
|»Jo». ^./., 11. S, 2,
• PhàloB^ îiu&d om», prob, UK, U, 457; Jo»., Ani,^ XVIU, 1, 5.
t« PtuUn^ tp. Eus,, l4Ci €tt.
2*16 REVUE t>ES ÉTl'DES lUlVES
qu'il y eut uno quantité (î*Ess^h»ens vivant dans les villes et â^'niAr^
qui vivaient loin du iimndt^ menant au (l<^s<-rl une vie de ^-oi^
tairos et d*a$CiHes, entourés d*unp troupe dp disciples avides d'sps
prendr**et «lui, comme Josèptie, passaient trois ans de noVicW
Tous ces disciples ne devenaient pas des Esséiiiens, mai^^, en mémi
temps que IVducation grecque, il^i y puisaient les id^^es et les ha-
bitudes des Esséniens ils les importaient dans la vie pratique, <'t
les répandaient ainsi au loin. C'est aux Ess^'^niens de ct-tteespèctf
qu'appartenaient Jean-Baptiste et Banus, le maître tïeJos^phe,
Nul, jjarmi les E^st^niens, n*a su (aire p^^n^trer les doctrines «lé!
l'Ordre dans les masses et échauffer les esprits jusqu'à Tenlhou-
siasme comme Jean -Baptiste, qui eni^eignait sur les bords di
Jourdain. Il était devenu, en qut-lque sorte, l'Ëlie du Messie qti
allait venir, le christianisme sVst édifié sur ses épaules puissantes.
Et si ce robuste support s'atfaissa peu à peu sous ta masse écn^
^ santé de Tédiflce ecclésiasiique et se ré<iuisit à une simple pierre
dédaign«r^e par les maçons, on ne parvint cependant pas à Técartef
tout à (ait* car un examen impartial des sources montre que Je«in
Baptinte, quoique TEglisp le regardât avec dédain, a été ia piêrré
angulaire de cette coasiruction monumentale.
En réalité, Jean d été fort injustement mis h Técârt Céstld
qui avait remué les esprits comme nul autre avant lui, si hkn
qu'ils ne purent plus recouvrer le repos ; hii qui avait préparé
tous les cœui's à recevoir la doctrine de Mt>ïse et des prophètes
épurée dans le creuset essénîen, parée d'une grâce nouvelle et
d'un attrait puissant *. On n'avait qu'à continuer son (feuvrepour
produire une grande révolution religieuse*, et lorsque là semence
semée par lui commence à produire ses épis, Jean est mis k IVcart
et peu à peu diminué ( Le mouvement religieux provoqué par lui
fut cependant si puissant et si durable qu*il obscurcit pendant
longtemps Tarlion de Jésus; cela ressort ciair^ement du récit de
Joséphe', qui parle avec beaucoup d'admiration de l'œuvré ^e
Jean-Baptiste, et qui ne semble pas se douter de l'etistenee de
Jésus. Cependant jdus lard Taclion de Jean lut refirésentée comme
une sorte de préface au christianisme, son baptême fut coiisuiéré
comme insullisant *^ on ne tint plus autrement compté de lui, i
» Jos., ^. /,,II, s, 11,
* Marc cammencfl elîeelivemeDt son Év&iifrile en disani q.ue c'était Jean i^i 4<mil
k prcuiière impulsion puis^anie pour U 1oru«auou du chrbUutii&fiie. Il dil : « C '
ett i^ eommeHcement dt l évanpU de Jéâus-Chriil* le fiis de Dieu. . . C tsl U toii
quelqu'un qu) eue daus le dés^rl : préparez le cbetsm du Seigneur.. * • Jeon él
au désert, ri hapU£«u et prêchait le hapiêroe de metHence. •
» Aat., XVm, 5, 2.
♦ Ep. AUX Hébr., yi, 12.
it têân\t â ^itÈ titi simple lémoin eïl faveur d? J^stts et on prit à
Ipltre ce qu il ù\i modestf-meiit de !ui*méine : <i 11 faut qu'il
KJésUs) croisse et qu** je diminue * n.
Cet effort à pr* setiler les travaux préparatoires de Jean avec
^s conloars f-(faces et aussi vagues qwe po&sible est déjà visible
, d«lis le quatrième évangile. Il se cotiïprend, sans doute, si on
Iionge que le ctiristiatït.srne, cherchant à s'êniaiicipèr peu à pea
du judaïsme, devait trouver gênant qu*on lui rappelât toujours
que lessi'^iusme avait été son seul parrain et que celui-ci lavait
nourri et forlifl*^ de son sâu^ Jean se rattachait au judaïsme,
e'est-à-dire au.judaïsrne essénien» rien dans son caractère et dans
won oeuvre ne trahissait la moindre intention de sVn écarter*
Et c'est ce juif encore tout dévoué à l'ancien état fie choses
qui devait avuir donné une impulsion si puissante à la fondn-
Uon de la nouvelle Alliance î* Jamais 1 II ne pouvait donc être
qu'un précurseur et rien de phi?. Il avait eu un pres.sentiment
— c'est le seul mérite qu oji lui recunnalt — de la si-lemleur
qui viendrait bientôt après lui, il n'était pas la splendeur elle-
même.
IEn vain, les disci|des de Jean» qui le prenaient pour le Messie,
lui et non Jésus', et qui totigtemps encore après 5a mort lui
conservèrent une fidc^Hlé inébranlable, protf'stArHnt-ils contre
cette conception qui ravalait leur maître; en vain ili* invoiîuèrent
le mouvement baptismal commencé par Jean et suivi d'un succès
si imprévu, mouvement par* lequel Jésus lui-même se laissa
porter^; le quati-ième évat>|^éliste, tlont le ctrr stianisme est déjà
ptus avancé que celui du premier évangéliste, prétendait en savoir
^plus lonîT quVux à ce sujet. Sa relafion, au fond, n est qu'une po-
Hlémique contre les disci}des de Jean encore gAnailts à ce mo-
Hment'là; elle est ainsi conçue: « Il y eut un homme qui fut envoyé
^ de Dieu et s'appelait Jean. Il mut pour être témoin^ pour rendre
témoignage de lumière, afin que tous crusst^nt en lui. H -a était
\ pas bii même la lumière, nviis il était enroyé pour rendre ié^
mohjnage de la lumière.,- Et c'est ici le témoignage que Jean
I rendit, lorsque les Juils envoyèrent de Jérusalem des sacrilica-
leurs et des lévites pour lui demander : qui es-tu f 11 le cunîessa
et ne le desavoua pas: je ne suis point le Christ. Qu'es-tu donc,
lui demandèreni-Us? Ks-tu Élief Et \\ dit : je ne le suis point. ,.
t Je suis la voix de celui qui crie dans le désert, . Ensuite Jésus
A Jeio, m, 30.
ILuc, lu, 15; Clémeot» Meeogn., I, Si, €0,
[ J««tt, ui, 22 et 8.
uvtr£ DES finîtes jchtes
rt ses disciples Tinrent en Judée : il y demeura avec eux et j bap-
tisait. Et Jesn hapttsâit aus^i à Énou, près 4e Salim« parce (lu'il
y avait là beaucoup deau et qu'on y Tenait pour être l>apUaé;
car Jean n*avdit pas encore été mis en prison Or une diâi-uta
sVIeva entre les disciples de Jean et le4$ Juifs Inucbant ta purv
ficatîon. et ih dirent à Je^n : « Maître celui qui était avec loiaa-
delà du Jourdain, auquel tu as rendu témoignage, le voili qui
baptise et tous vont à lui », Jt-an leur répondit : m Pemonnene
peut rien prendre, s'U ne lui a été donné du ciel •. i> Wis-
mémes vous m*éles témoins que j*ai dit que ce n'est pas moi qui
suis le Christ, mais que j'ai été envoyé devant lui.*. « Il faut quû
croisse et que je diminue. Celui qui vient d'en haut est au dessus
de tous *. »
Après ces observations préliminaires, voyons le portrait que
Joàèphe nous (ait de Jean Baptiste, comparons le avec celui que
nous donne le premier évangéliste et avec ce que les Actesides
apôtres disent de l'effet aussi fort que durable du mouveniéiit
ba{itismâl et nous aurons ainsi la double conviction que Tactiao
inaugurée par Jean a été vraunenl grandiose et quea cïutrv Ak
est sortie dti fleuve de ressénisme,
Josèphe raconte la défaite que le roi de TArabie Pétrte avait
infligée d Hérode Anti(jas. et il ajoute : « Beaucoup d^eutre lesiuifs
voyaient dans la ruine de Varm^^e hérodi^nne un acte de la Pro-
vidence, qui infl geaît à Hérode le juste cliâtiment de la mort de
Jean-Baptiste Kn effet, Hérode avait tait mettre à m<»rl cet liocnme
de bien, qui engageait aussi les Juifs à être zHés pour la vrrtu^à
pratiquer la justice envers leurs seinbl^ibies^ la piéfé efwets
I/nu, et, ainsi jjréparés. à venir au baptême» car alors le baptême
sera agreable^à Dieu, parce qui )s ne le pratiqueront pas en vue
de la rémission *im pé**ht's — leur âme étant déjà sanctifi*^e par
une vie cunlurme à la justice — , mais en vue de la sanclific^lioa
du corps. Comme de toutes parts la fimle venait à lui — ses dis-
cours provoquaient une vive émotion —, Hérode commença à
craindre que l'éloquence entraînante de celui qui exerçait une
inliuence si puissante sur les hommes n'amenât facilement une
émeute. H jugea donc plus habile de s*en débarrasser avant
qu'il eût tenté quelque chose, plutôt que d'avoir à regretter sou
indéciîiion, si une révolution éclatait- Sur ce soupçon dHérode,
Jean fut arrêté et envoyé à la forteresse déji mentionnée de Mt-
chéruus, où il lut décapité. Les Juifs eurent la conviction que là
I C est uue sentence esséDiËUQei, comme dous Tavons vu.
LES ESSENIËNS
)m
*înort de cet homme fut la cause de la catastrophe qui roridit sur
i^armée, Dieu étant irrité contre Hérode *♦ w
H Cette relation ne laisse rien à désirer en fait de clarté. Jean est
^nlacé ici en pleine lumière, on y rend entièrement justice à sa
Punissante personnalité, à ia force persuasive, émouvante et entraî-
nante de sa parole, sans ombre d une glorification inicniionneUe,
Hais c'est aussi comme un vérilable Essênien que Jean nous ap-
paraît ici : « Il est un excellent homme qui engageait aussi les
Juifs à être très zélés pour la vertu, à pratiquer la justice en^
vers les hommes, ta piété envers Dieu. » Si on compare à cela
ce que Philon dit, en termes courts et précis, sur le canon moral
des Esséniens, l'essénisrae de Jean sera irréfutahleraent établi.
Diaprés Philon *, a les Esséniens sont instruits dans la sainteté,
dans la piété et la justice, ils examinent toutes choses à l'aide da
cette triple règle : si elles répondent à Vamour pour Dieu, à
Vamour de la vertu, à Vamour du prochain, » C'est avec cette
triple devise essénienne que nous voyons Jean enseignant et en-
flammant le peuple.
Ce qui atteste tout aussi clairement Tessénisme de Jean, c'est
Teflort qu'il fit pour rendre au baptême son sens primitif, qui»
avec l'expansion dé Tessénisme, s'était altéré, et pour faire com-
prendre qu'il n'était agréable à Dieu qu'après que le néophyte
<i avait sanctifié préalablement son âme par une vie conforme à
la justice».
Le portrait de Josèphe est complété par celui de Mathieu :
t En ce temps-là, Jean-Baptiste vint et prêcha dans le désert
Je la Judée disant : Amendez-vous car le royaume des cieux est
croche '. C'est celui do ut le prophète Isaïe a parlé en disant : La
loix de celui qui crie dans le désert dit ; Préparez le chemin du
eigneur, aplanissez ses sentiers. Or, ce Jean avait un habit de
liîs de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins, et il
le se nourrissait que de sauterelles et de miel sauvage. Alors ceux
^de Jérusalem, de toute la Judée et de toutes les contrées voisines
du Jourdain venaient à lui et se faisaient baptiser, confessant
rurs fautes^... En ce temps-là, Hérode le Tétrarque entendit
• AU.. XVUl. 5. 2.
■ QiÊod omn, pmb, tih,, II» p. 458.
* U e»l di^oe d« remarque <]ue Matliieu, iv, 17, prête à Jésus U même psroU, ce
l|tti pfouTcimÛ qu'eu début l'acùon de Jt'sus r€£s<:mblau à collo dv Jeaa-Biptî&Le tt
itÊÊk COOSidérée comme lelle. ^w l'iïet, à lu uouvelk de reiécutiuu de Jeeu^ Jésui
pTMid la faite (Malh.* xiv, 12^ 13 ; cf. %bid.^ 1, 2), eu qui prouve BuHUammont qu'en
wm qualité de parlisan et de coUabomleur de Jeaa Biiplislei il éveil à cxaiadie le
giÉae tort.
« U&th., m, 1 et 8. ; cf. Mire, vi, M o( s, ; Luc, m, 1^« 20.
210 REVUE DES ETUPES JUIVES
ce qu*on publiait de Jésus. Et il dit à ses serviteurs : Ce^t Jea»
Bai»tiste, il est ressuscita? des morli!, c'est pour cela qu'i^
choses* Car H''*ro<le avait fait jireiulre Jean et l'avait îV
mettre en (>mon, au sujet d Ht^rodias, femme 4e PlUlippe |t|
frère, parce qu>? Jean dirait à Hérode : Il ne t'e^t pas pertnU
ravoir pour femme*. »
Si Jos^pho nous présente Jean-Baptiste agissant coipme un E$-
sénien, Mathieu nous le montre ausiji avec le c«) '
La vie aîiutHiqae de Jean, comme le premier éva; ,
en traits fort concis, était celle de beaucoup d^Bs^énieus de C9ttt
époque* C'est exactement ainsi que Josèphe dépeint son loaitre
Banus. i^a suite de la relation ih Mathieu où il est dit une « ct'ui:^
de la ville de Jérusalem » de toute la Judée et des pays voisins da
Jourdain accouraient vers Jean » s'accorde entièrement avec ce
ijue rhitilorien juif dit à ce sujet» et fournit la prêu>e de lagraude
importance du mouvement provoqué par Jean-Baptiste, Lesdeui
documents ne ditlerent qu'au sujet de Tincarcérationet de IVxé-
cutiou de Jean-Baptiste, Josi^phe croit qu'Hérode s'est débarrassé
de Jean, uniquement par crainte que le mouvement loiyours grau-
dissant dont il était Tauteur, s'il n'était enrayé, ne i^enversât
Tordre de choses établi ; tandis que levangéliste est porté à croire
que Jean s'est attiré sa ruine par le courage avec lequel \l ûéttit
Tadultère d Hérode.
Cette dernière relation, qui attribue l'exécution de Jean-Bâpti^te
plutôt à ia vengeance qu'à la crainte^ diminue naturellement t'm-
portance que Josèphe attache au mouvement johanniqae» Mi*>^
si la version de Mathieu est la vraie, si, par suite, Ilérotle né
voulait atteindre que la personne de Jean devenu gênant par açîî
récriniijiations, et non le mouvement provoqué par lui« pour<j\jgj
Jésus prit-il donc la fuite à la nouvelle de Texécution de Jean'î
Assurément Jean était un Essénien, bien qu'il ne soit -ihk
de prouver quil ait appartenu a 1 Ordre, U fut le i . lul
ouvrit, avec un succès sans exemple, Taccès de la dgçtrin^ e*sé-
nienne à la loule, et il contribua plus que tout autre au triompha
de la devise de Tessénisme : « H faut conquérir par toute réaergie
possible l'adhésion à la vertu'. » C*est avec cette devise qu'il livra
Tassaut au royaume céleste, pour que désormais chacun y pû^
entrer. f< Depuis le temps de Jean-Baptiste» dit Jéàu«*, »elon Ma*
thieu* Je royaume des cieux est forcé et les violents le ravis^At.'
> Mtth., XIV, iX
» M«lh., %vm, \, îî.
A Mtib,, 11, 12.
LES ÇSSÉNIENS 211
gt dans Luc ' : « La loi et les prophètes ont proi>liétist^ jusqu'à
Itein et, depuis ce temps-là, te royaume de Dieu est annonct* par
Mb évangélistes et chacun y pénètre par /brce, *>
VQuoI d'étonnâut (ionc que le mouveiiiefit baptismal de Jean ait
été durable? Il l*a été en réalité, et cela est prouvé» non seulement
par la polémique dirigée dans le quatrième évangile contre les
partisans du baptême de Jean, mais encore i>ar les Actes des
ôtres qui nous aiqïreunent que, vingt-cinq ans après la mort de
bus, Il y avait eucore des confréries de bapti^nie, non dans des
ins retirés et perdus, mais dans de grandes villes bien fréquen-
es, qui restaient fidèles au baptême et à la doctrine de Jean, qui
•avaient encore rien su de Jésus, ou, $Mls en avaient entendu
arler, ne voulaient pas le reconnaître comrpe le Clirist, et qui
'avaient pas la moindre notion iruii baptême spirUiieL II y avait
core là un vastn champ à conquérir pour le christianisme
ulinien. Ce passage des Actes étant fort instructif, nous allons
I reproduire ici : c^ En ce temps là vint à Éphèse un Juif nommé
,po)loa, natif d'Alexandrie, homme éloquept et puissant dans
s Écritures. Il était instruit dans la voie du Seigneur, mais
'avait connaissance que du ba[*tème de Jean, Il commença à
téclier hardiment dans la synagogue; quand Aquila et PriscilU
eurent entendu, ils renmienèrent et l'instruisirent jjIus exacte-
Inent de la voie de Dieu. , . Pendatit qu'Apollos était à Corintlie,
Paul parcourait les provinces supérieures et vint à Ephèse, où
■ alla trouver les disciples (d'Apollos) et leur dit : Avez-vous reçu
Tè Saint-Esprit, lorsque vous êtes devenus des croyants? Ils lui
répondirent : nous n'avons pas même ouï dire qu'il y ait un Saint-
tsprit* Et il leur dit : de quel bap terne avez-vous donc été bap-
sés*? lis répondirent : du baptême de Jean. Ators Paul leur dit :
Jeati a baptisé du baptême de la repentance en disant au peuple
.'ils devaient croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dira en
qui est le Christ, , . ■ »
si un juif alexandrin, Apollos, « homme éloquent, puissant
s rÊcritura ^T pai courait les contrées et les mers en qualité
disciple de Jean, en préchant et en enflammant les esprits,
pandant <i avec un zèle anlent » la doctrine de Jean-Baptiste,
i gagnant des partisans, longtemps après la mort de Jé^us, dont
Ignorait faction. Il fallut qu'à Ephèse, les pauliniens Aquila et
Priscilla lui enseignassent plus exactement les voies du Sei-
ur. Cet exemple est pris entre beaucoup d'autres, parce que cet
> Âciei de» «pdu>e0, ivm, 24-2
; llx, X'MK
REVUE DES ETUDES JUIVES
Âpollos est devenu plus tard une des plus paissantes coIoddi
christianisme paaliaien. Mais combien n'y avait-il pas de cea
ciples de^ Ësséniens qui, ne s'étant pas ralliés comme ApoUosâtt^
paulinisme, n'ont pas été mentionnés par les écrivains chréliens
et qui parcouraient alors le monde aussi loin que la langue grecque
était parlée, en prêchant la doctrine essénîenne 1
Dans la classe des Esséniens encore purs de tout contact arec
le christianisme, du genre de Jean-Baptiste» il faut ranger saas
doute aussi l'auteur du II* poème sibyllin *, composé environ vers
Tan 80 après Jésus-Christ, et sa pieuse communauté, qui reje-
taient le culte des sacrifices, annonçaient rapproche du Jugement
du monde, prêchaient la pénitence et recommandaient les bains
purillants du baptême *.
Pour terminer cette étude, nous examinerons encore briève-
ment la question de savoir si Tessénisme nourrissait aussi dans
son sein la croyance au Messie. On Ta souvent supposé, sans en
apporter de preuves directes. Mais, si Jean était un partisan de
ressénisrae, la question est facilement résolue. Jean- Baptiste, ayant
été pris lui-même pour le Messie et ayant annoncé ta venue pro-
chaine du Messie, fait demandera Jésus du tond de sa prison: « Es-
tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ^t»
Jésus, prémunissant ses disciples contre les faux prophètes et les
taux messies qui viendront, ajoute : Si on vous dit qu'il est dans
le âéaert, n'y allex point, dans la chambre, ne le croyez point* ».
Nous avons ici uiie allusion très claire, soit aux solitaires esséniens
en général qui habitaient le désert, soit à Jean en parlicolier.
Jésus donne lui-mêiue rexplicatîon de cette allusion en un autre
droit où il s*adresse à la foule accourant auprès de Jean*Bapliste,
en ces termes pleins de reproches : < Qu'êtes-vous allés voir au
désert? Voulez-vous voir un roseau agité par le vent? Mais en-
core qu'êtes-vous allés voir? Était-ce un homme vêtu d*habits
précieux? Un prophète? Oui, vous dis-je et plus qu*un pro-
phète ^, »
Mais un autre passage, rarement invoqué, corrobore Topi-
nion qui attribue aux Esséniens la prédication de la croyance au
Messie. Philon vante la liberté vraie et indomptable à laquelle
* Cf. Ewald, Etutekung, Inhait ^nd WertA der iihj/iUcken Bû€kt^ ; Qouiiigue,
1858, p. 46 «l B. ; DeJaunay, MoiM* et SU^itet^ p, 375 et 8. ; Freudenthnl, AUmmm'
der PaitfAtitnr,, p. 129.
« Orae. SihylL. IV* vol., vers 27-30 ; 172-179, 164-169.
* Muib., xr, 3 ; Luc, vu, 19 j cf. Matbi, xvi, 13 ei a. î Marc, vui, 27.
* Malh,, xiiv, 2Û.
* Math., XI, 7-tt>,
LES ESSÉNtENS
ïai3
les Essénietis s'étaient élevés, et dit à ce sujet* « Cela parut clai-
rement lorsqu'il y eut en ces contrées beaucoup de potentats
difllérant de caractère et de manière d*agir. Les uns s'efforc^Vrent
de dépasser en sauvagerie les bétes féroces, ne négligeant aucune
cruauté» sacrifiant leurs sujets par bandes ou les dépeçant vivants,
à la manière des bouchers, membre par membre, ne s'arrètant que
lorsque la justice divine régnant sur les choses humaines eut sus-
pendu sur leur tète le même destin. D'autres tournèrent leur folie
et leur extravagance vers un autre genre de perversité, ils devin-
rent d'une aigreur indicible, parlant doucereusement et montrant,
sous le masque d'une parole mielleuse» un caractère violent, Hat-
tant à la manière des chiens venimeux; ils causèrent des souf-
frances incurables et laissèrent dans les villes, comme monuments
de leur impiété et de leur haine du genre humain, le sort inou-
bliable de leurs victimes. Mais aucun, ni parmi les plus cruels, ni
parmi les perfides et les hypocrites, ne put faire du mal à la com-
munauté des Esséniens ou des saints; désarmés par la droiture
vertueuse de ces hommes, tous les reconnurent comme des hommes
indépendants et de nature libre '. »
Comment concilier cette assertion avec la relation suivante de
I Josèphe? « Ils méprisaient, dit-il au sujet des Esséniens, la douleur
et la dominaient par leur force d'âme; une mort honorable était
pour eux préférable à la vie. Dans la guerre contre les Romains,
iU ont affirmé la force de leurs sentiments. On les vissa et on les
étendit sur le chevalet de torture, on broya et brûla leurs raem*
jbres ; cependant, malgré remploi de tous les instruments de sup-
ipUce, on ne put leur arracher un blasphème contre le Législateur,
i pas même les forcer de manger un mets défendu» leur imposer une
f flatterie envers leurs bourreaux ou leur faire verser une larme,
fils riaient au milieu des souffrances, raillant ceux qui les met-
taient à la torture, quittant joyeusement la vie, comme un bien
[qai leur serait rendu*. »
Que pouvaient donc avoir fait ces saints si doux, aimant la
paix par dessus tout, pour avoir été persécutés si cruellement et
si inhumainement pendant la guerre contre les Romains? Josèphe
passe sous silence la cause de cette perséculion, elle ne rentrait
pas dans son système. Toutefois elle n*est pas difficile à dnviner :
/<fj Esséniens fureyd persécutés à cause de leur participation à
ia guerre.
Là lutte désespérée contre Rome fut entreprise principale-
« QuU ûmn. prah, iiè,^ II, (Sîl.
21*4 IIKVUE DKS ftîlTbKS lUÏVES
raenl parce qu'on comptait en toute confiance sur riritefvèîitiôn
divine, sur rapparition du Messie : ^^ Ce qui poussa te plus Jes
Juifs à la révolte, dit Josèphe» cVbît un oracle à double sens de
leurs écritures sacrées : eu ce jour il sortira un homme dès fron-
tières de la Judée et il dominera le monde*, » Ces espérances
messianiques existaient dfgà de bonne heure dans le peuple. D^jà
à l'époque du second triumvirat, on attendait Papparition èiï
Messie. La sibylle publiait alors cet oracle : « Mais si Rome
domine aussi un jour FEgypte, alors apparaîtra pàrtol les homnies
le plus grand r<^gne du roi immortel; il viendra un pHnce sacré
{ay^K dvaO qui dominera à toute éternité toutes les cotitrées de U
La domination sans frein des procurateufs des vingt dernîAres
années avant la chute de la Judf% avait surexcité au plus haut
degré l'attente messianique et précipita finalement le malheureui
peuple juif dans la lutte jtériîleuse contre Rome. C'est à cette
lutte que les Esséniens prirent part, et de leurs rangs sortit un
reraarqoable capitaine *Xomment cela se fit-il"? Les mêmes Ëssé-
niens qui prêchaient Tamour de lliumanilé» que Josèphe vante
comme ** les serviteurs de la paix * », qui avaient une telle horreur
de la guerre que, chez eux, Philon le fait ressortir, il n'y avait pas
moyen de trouver ni un artisan fabriquant des flèches, des lances,
des épées, des casques, des cuirasses ou des boucliers, ni un armu-
rier, ni un fabricant de matériel de guerre * : ces mêmes Ësséniens
oubîiejit subitement leurs doctrines de fraternité et se précipitent
tête baissée dans une lutte meurtnèfel Y a-l-ii pour cette cohlra-
diction une autre explication que celle-ci : les Ësséniens étaient
l^récisément convaincus que le jugement du monde était proche,
que leur Messie attendu si ardemment allait apparaître f
Cependant le Messie ne vuït pas. Malgré leur vaillance îndomp
table, malgré leur héroïsme, les Juifs furent complètement écrasés
dans la catastrophe de Tan 10. Quelle imporlauce pouvait donô
avoir, en présence du million de Juifs tombés dans cette lutte
* B> J., VI, 5, 4; cf. Tocît*, SitL, V, 13 t Phribus pefsaasîo întiti l&U^ii^
sâDftrdotum literis contînen, oo ipso tempore iott m valêâci^rëi. vtrrtni pPof«etj««^
JudsE rôrutn polirenler. , . SuéLone, Vetpû^.^ch, iv : Pc rcreboerai oriente toio veUii
cl coasiaus opiaio, esse io fntis, ut eo Umpore JtitîaNi profecli rerum pottrenttir. Id.,
... Judîi^i ad 8C Irtheiites rcbellarutiL
1 Orac. Sibyll.. lit. 4tl~5(} ; cL ilt, e7{2'G5S : * Alors Dieu enverra ém ^M di
soleil [an^ V^eXiolo] uu priur.e qtii mettra Uu é toule guerre sur J« terre, dfiruistnl
les uns el ^ardaDt fidelilé aux autres. Touterois» îl ti ^accomplira pas koul ceÎÉ suittnl
sa propre inspiratioo, mais en exécution de la irolonlé du |^tid i>i«u. •
» JoB-,5./., U.20, I; 111,2, !.
* B. J.. II, 8. 6.
' Qitod ûmn, prûà, Ub.^ II, p. hftl.
LES ËSSÉMENS St»
Msespér^o, le petit groupe d'Esséniens, qui comprenait à peine
1,000 hommes et qui Subissait les persécutions san^îlantes des Ro-
lains? Aussi leur Ordrt» sombra -t il dans cette terrible défaite.
Iftis Tessénisme survécut aux Essi^uiens, il sinfiltra dans le plia*
fsalsme et imprégna de son esprit le christianisme primitiT
Pour conduire, ilisona que. pour nous» Tessénisme, loin d'avoir
Wld un fruit du judaïsme pharisien, fut, au contraire, considéré et
oc^ndamn^ par le pharisaïsme comme un produit (huinemment Iié-
^ rétique. Les Kss(?niens étaient liérétiques dans leur croyance re-
Blative au tera|»le, où ils refusaient d'offrir des sa^rillces, et leur
■liérésie était |ilus accentuée que Celle des Sadducéens» lesquels
^a imettaieat, au moins, qu*^ le temple était le centre du culte et
de la nationalité juive et se soumettaient, quand i!s étaient revêtus
de dignités politiques, aux décisions des Pharisiens*. Ils étaient
hérétiques dans leur croyance relative à la résurrection : « Ils
Bafflrment, dit Josèphe, que les corps disparaissent*, j» Or, d'après
le Tahnud, quiconque nie la résurrection n'a point part à la vie
future ^ Ils étaient enûn hérétiques, parce qu'ils croyaient que
9t Dieu est la cause du bien, mais non la cause du mal *. » Leur
célibat était également contraire à la doctrine pharlsienne. Aussi
nous ne comprenons pas comment on arrive à concilier entre elles
Blés différences si prononcées qui séparent le pharisaïsme de Tessé-
" Bisme.
Si Ton veut à toute force découvrir dans le Talmud une allu-
sion aux Esséniens, on ne peut la trouver que dans ïe mot de
rm Hizonim », ces externes hérétiques « qui suivaient len pres-
criptions bibliques, mais ne tenaient nul compte de la tradition*, »
Nous savons par le Talmud que cette secte a existé. Et, certes, les
Esséniens étaient, dans l'acception la plus large du terme, des
Hizonim, des externes. Par suite de leur aversion pour le culte
des sacrifices, ils étaient exclus du temple, et, de plus, le sys-
■ tèrae qu'ils avaient adopté pour interpréter la Loi" avait quelque
cliose d'étrange et s^éloignait de la méthode pharisienne. Tout les
désignait donc pour être qualifiés de ce nom d'eaHerHeSy personnes
en dehors du judaïsme, et l'opinion qu'ils professaient au sujet du
i Antiç,, XVlllJ, 4.
« B. J., II, 8, 11,
• S^hédnn, 90».
* Les Irrités de Megilla, 25 a, el 3erakK4)i^ 33 h, combatteot celle dœlrine ptr les
* Uvv, Niitkêbr, «. ehaU. WârterhHch, lU, p. 46.
• Mtfillû, 24 h, D'^:nsnn ^nn* Cf. Ketue éei Études jumt, t. lU, p, 280.
EEVtE MB ÉTOBIDfB
et jrar mÊaUre de livra m siipAÉre et A origiiiale, €t ^
d iMr falaprétaiiott wSUgon^m de la loi et leon j
eooeepUoQS afitlfiieide la dîTiiiité et de la créalicMi*. Aussi, mal*
gré BOi^ Où est mené i npposer qme let déieues édiclé» ooatre
ka UvrBM êSEiérîeun^ pomraieiit bieii avoir été dirigées contre les |
écrits, têmu secrets plus tard, des BaaéiDeiis.
D semble probalde que c'est leur ezdiisioii do temple qm a iitl I
doimer aux Bsséaieiis le nom de Hiii»iiiii« nom ifue les traita «
earactérialifaea de Tordre essénien expliquent mieux qae
divenes inlerprétatîoas proposé» jusqu'à ce jour. De même i
les PbarisîeQs ont été ainsi appelés parce qu'ils nvsieot à Técart
de la foule, de même les Esséiûeiis ont été appelés Hu:oiiim, eaacdif
(£ifr«|tfvotj ^, parce qu*Us étaient exdus du temple. L*ex{dicatioo que
naus proposons pour le terme de Hizonîm nous paraît* an point
de vue étymologique, au moins aussi juste que Tliy'pothése,
admise généralement aojourd'hui, que le mot A'Essênien Aétin
du mot Bassidim.
Frieduender*
* L« doctrine secrète des Fwi^nipiirr sur k diTimlé et 1a eréatiaft préoecopâit d^
vtv«iDcQi te« docteurs i Tépo^ue de JobsMB ben Zakksî, ils Is ooundémiettl ooiUM
trèt dsagef«use. Oa seit qoe les docieors recommandsieot de se monUer très pmar
dsQl su sujet de celle docirioe, et il ue semble pis douteux que les coiioepttaii
«•séntenDes oot été déclarées héréLiques. Quand Josus ben Hsns&is dit « Ben T
nJdilsiit sur le création : ym^û È«7:iT p X^S, • Ben Zoma est eœors i
c*est-i-dire cbex les ilixooim, les kétfttfuu (cf. Joël, BlUki im, dû RdU
1, p. 163, et Bscher, Du Aggada dtr Tan.,, p. 427}, û fait cerUmernsnl i
aux £s&énieDf , qui avaient des conceplions tontes particaUères sur la créitîoo.
* DmXTtn D'**1B0. Sanhédrîft^ 90 d et passim.
SENS ET ORIGINE
DES
SYMBOLES TUMULAIRES DE L'ANCIEN -TESTAMENT
DANS L'ART CHRETIEN PRIMITIF
(suite* )
Le passade de la mer Ronge, la pluie de cailles, la manne,
la grappe de raisin, la colonne de nuée.
La concision presque hiéroglyphique et la simplicité des sym-
boles que nous avons observés jiiisqu'à présent contractent avec
une sct^ne que, à cause de son étendue et des soins compliqués
exigés de Tartiste, Ton ne s*attendait pas à trouver dans le canon
de Tart chrétien selon rAncien-Testaraent : le passage des Juifs à
travers la mer Rouge *. Toutefois, Bosio et Aringhi attestent avoir
TU cette scène parmi les peintures des catacombes (v. Kraus»
R, S., 288), mais aucune de ces reproductions n'a été conservée,
de sorte que nous ne connaissons cette scène que par des reliefs
de sarcophages ou d'anciennes mosaïques. Ce qui prouve Fanti-
quité de son admission dans le canon, c'est le fait de sa diffusion
dans diverses contrées. De Rome, Garruccî nous donne une série
d'exemples, t. 308, 5, 309, 3, 358, 1, 366, auxquels M, Le Blant,
p. 13, en ajoute deux nouvelles, de Spalato en Dalmatie, t. 309, de
Pise, t. 364, 3. Chez les sculpteurs de pierre de la Gaule, cette
scène jouit d'une véritable prédilection. M. Le Blant a étudié (p. 16,
50, 51, 54, 55, 56, 67) les exemples fournis par Arles et ceux du
reste de la Gaule (p. 13, 109, 116, deux sarcophages, 139, 146).
Cette scène est répétée comme une tradition stéréotypée. Nous
L 1 Voir plys hiut, p. 33.
W * tlarrucd, i. XXII, 2, veut voir dans la peinlaro délTuile do S. Domililb (L«-
fort, p. 1\] les Juifs se préparant à quitter TEgypte et leur marche à travers le dé-
••rtf mii« il n'j « à cela aucun fondemeul.
%iB
REVUK hes études imvES
voyons Tarmée ég>'ptienne, sur des chariots et des chevai
sortant liabîluelîenient par la parte d'une vill^. Pharaon,
iiaissahie à sa lance et à son bouclier, apparaît sur tine biga^^^
des chevaux cabrés; la mer Tait irruption et caromence à englouti
les Ég) ptieuîî, tuais Moîse se lient sur le bord, le bâton à la nm
devant les Israi^lites sauvV's, qui conduisent des enfants et qui cou-
teniplent ran«5aritisseïnent de leurs ennemis; Miriam * entonneil
avec le tambourin, le chaut de triomphe; à Textrémit*^ de i
utie flamme sur le chapiteau d'une colonne indique la c^
feu du camp juif. Sur le sarcophage d'Arles» t VIII^ Je vois, dànl
les roues roulant sur les flots, rîllustration d*Exode, xïv,25, Lea
clievaux et les cavaliers tombant dans îa mer, la t^te en avant,
peigîient le vers du chant de victoire, xv, L Sous le char de Pha-
raon apparaît ordinairement, sur les monuments, une figure re*
connaissable à sa rame ainsi qu*à divers autres attributs comroa
le dieu de la mer; de même, dans le voisinage des portes de la
ville» il y a parfois deux figures l«-*minines reposant sur le soî,
portant des vases ou des urnes et qui sont interprétées comme tlerf
symboles de la terre ou des divinités fluviales. Je crois qu'on a
généralement oublié qu'ici c'était le ps. cxïv, 2, que les artistes
voulaiHut symboliser et que c'est la retraite de la mer et du Jo^^
dain, décomposé, suivant l'ancien système, en ses deux souitw
qu'on a représentée ici par ces trois figures. C'est donc la
scène qui joue un si grand nMe dans riconogra[)hîe du baptême dé
Jésus, où, par allusion du ps. cxiv au baptême, trois figures ser*
vent de témoius, lorsque Jean baptise Jésus dans le Jourdain*
On prétend que« sur le tambourin que Miriam tient à la main, sul^
le fameux sarcophage de Metz (Garrucci, t. 395, 11), il y avait 14
monojiramme chrétien f*; mais M, Le Blant, p. 13, note % fail
remarquer que du moins, sur la photographie, il n'a pu en déoou*
vrir la trace.
La comparaison de cette peinture avec ses imitations posW*
rieures dans les manuscrits juifs est très remarquable pour le ei
ractère stéré«.Hypé de certaines traditions artistiques. C'est ainsi
que je trouve 1p passage de la mer Rouge comme illustration «u
commencement du Piout ni© •^stn© T^r^^ de Stniéon b, Isak, dans
Tofflce du matin du septième jour de Pâque, 'dans mon MabaoT
^ A cAMte de li aîn^ulirité du fait, je cilerai 1i qucsibo fedulevéê par Éitêtbe^»
danf Si description du EtarcopliagP de Spatato [Jahbuch dtr k. k, Cenlrnlfcmmm^^
V (ISdl), p. 233J, si, dans la noble K^ure de Minam qui est ornée d'un baadeioîrt»»*
taî, i ce bandeau reprfttnft tes T^phillim {iir\ dont ronirine esi fixée à celte époque*.
* Voir Sinygowsky, îkonoffr&phU dtr Tavfr Vhruti. Seule li fepréseotâlioi àâ
(leuvei au moven de figures de lemmes présent© d^s dilBcultés.
SENS ET OhlÔfNÈ DÈS SYMBOLES tuMULAlRES 2W
manuscrit du rite allemand du xv* siècle. Les chariots de guerre,
les armes, les drapeaux, les boucliers sur chacun desquels at>pa-
Iraissent iWs armes, sont empruntes à Ti^poque; les Juifs portent
^es chapeaux pointus, mais la disposition géiit^rale est la même;
les Juîts, ayant à leur t»He Moïse portant son bâton, les femmes
^Eous la conduite de Miriam, qui joue du tambourin, pour accom-
pagner le chant, se sont retournés pour contempler la mer qui se
précipite sur les Égyptiens* Les clievaux se cabrent; le chariot,
sur lequel se jettent les flots, a les roues de derrière qui se sou-
lèvent ; seul, Pharaoiî semble s'échapper, les Égyptiens dispa*
raissent dans les flots. Les Juifs ont exactement la même forme
de toiles pendues à leur cou et renfermant la pâte, Ex,, xii, 34,
[fliie nous voj*ons sur les sarcophages.
ITne amplification de la scène de la sortie d'Égj'pte se trouve
parfois sur les sarcophages, qui reproduisent les miracles de la
marche h travers le désert. C'est ainsi que nous voyons sur les
côtés longitudinaux du sarcophage d'Aix [Garrucci, t. 308; Le
lànt, Arles, p. 504) Pharaon sommant Moïse et Aaron de quitter
TÉgypte (Ex., xu, 31-2) et la plnie de cailles (Ex., xvi, 13|. Celte
dernière scène est aussi reproduite à part sur un sarcophage de
Pîse, comme sur la mosaïque de S. Marie Majeure et sur un cou-
irercle de sarcophage d'Avignon [Le Blant, p. 1161.
ïl est impossible de distinguer par les peintures existantes si la
iTécolte delà marine, qui est une continuation du miracle précé-
dent, a été reproduite dans les catacombes. Les pains rassemblés
dans quatre ou sept boisseaux, dans Garrucci, t. 20,4, ont été pris,
par Botlari, et ceux de la t. 24, par Âringhi, pour de la manne ;
toutefois, ils ne sont qu\ine image de la multiplication miracu-
Jease des pains opérée par Jésus, Sur la t. 59,2» où Garrucci voit
iVec certitude la chute de la manne, cette opinion n'est nullement
hors de doute. Le fait que la manne, qui est représentée sous
forme de flocons de neige, est recueillie tombant dans les pans des
vêlements, ne répond pas auX données bibliques- Kraus qui, dans
Jî. S,, 293, et R. E. P., 111, 358, voit, comme de Rossi, dans cette
peinture Timage de la mdnue, ne semble connaître aucune repro-
;ductfon de ce fait sur les sarcophages, puisqu'il rejette 1 interpré-
tation de Martigny des deux bas-reliefs qui se trouvent sur des
earcopbages de Marseille, et recunnaU, dans les prétendus \aseâ
de manne, les urnes de Cana, comme le fout d'ailleurs aussi Gar-
rucci, V, p. 56, et M. Le Blant, p. 39. Toutefois, il y a sur un sar^-
cophage du musée de Latran que Scliultze a reproduit dans se$
Catacombes, p. 1%, une scène de la récolte de la manne. Dent
^^pefsonnes étendues par terre doivent symboliser Tempressement^
220
RETÏÏE DES ÉTUDES JUIVES
mis à recueillir le pain céleste. Il est vrai que cette interprétation
n'est pas à Fabri du doute.
Le relief du sarcophage de Marseille (Garracci, t. 332, 1) repré-
sentant deux hommes portant sur une perche une grappe de
raisin, reproduit la scène de Norab., xuu 24. M. Le Blant, p. 39^
note 4, a montré fexistence du même motif sur des lampes afri
caines H Ta discuté récemment (Mélanges d'archéoloçie et (This*
taire, VI (1886), p. 238).
Par analogie avec ces symboles en partie mal interprétés, je
parlerai ici d*une erreur commise au sujet de la colonne de nuée,
que De Rossi a voulu voir sur un fragment de verre trouvé à
Rome [BulleUino di archeologia cristiana, IV, 3 (I8S4-1885)»
p, 93). Un certain nombre dliorames, rangés par groupes de deui»
ei dont sept seuiement se voient, parce que le verre est brisé à cet
endroit, se tiennent la t<^te fortement rejetée en arrière et regar-
dant fiévreusement en Tair, fixant une apparition indiquée par
six lignes de vagues* De Rossi voit ici les Israélites du désert et la
colonne de nuée. Llrapossibilité de cette interprétation saute aai
yeux. D'abord comment la colonne de nuée peut-elle être repré-
sentée par des lignes ? Du reste, celle-ci était une apparition quo-
tidienne qu*il n'y avait pas lieu de contempler avec tant d*étonne-
ment. Eiifln, comment reconnaître dans r^s personnages repré-
sentes avec une ressemblance voulue, que leur groupement par
deux désigne évidemment comme des saints en extase, les Israé-
lites du désert? Je m*expUque la scène simplement comme le
symbole du miracle de la Pentecôte de la descente de l'esprit saint
dont les Actes des Apôtres, 2, 3, disent : « Kt ils virent des langues
séparées qui étaient comme de feu et qui se posèrent sur chacan
â*eux ». Pour représenter cette apparition sur cet espace étroiti
Tartiste a rassemblé les figures deux par deux sur le verre, et»
correspondant aux six groupes, a représenté dans les airs six
langues de feu, sous la forme de lignes de vagues apparaissant
dans l'espace, vers lesquelles les assistants surpris lèvent les
yeux. Le groupement des scènes de TAncten et du Nouveau-Tes*
tament n'a rien qui doive étonner sur les monuments chrétiens
primitifs. Peut-être la disposition sur le verre» que trois lign
très visibles séparent en deux parties, une partie supérieure et
une partie inférieure, était-elle conçue de manière que la partie
supérieure portât les scènes tirées de TAncien-Testament, commi
le sacrifice d'Isaac, Daniel dans la fosse aux lions, et la partie iû^
férieure des scènes du Nouveau-Testament, comme le miracle A\
la Pentecôte.
De toute rhistoire de la sortie d^Égypte et de la marche à tra-
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMULAIRES
221
vers le d<^sert, le seul véritable symbole qui se maintieot» c'est la
délivrance d'Israël au passage de la mer Rouge, le miracle tle
Moïse fendant et refermant la mer, Comme les sarcophages ne
représentent aucun sujet qui n*ait été employé dans les peintures
des catacombes, nous pourrions déjà, sans autre témoignage,
idinettre Tantiquilé de ce symbole dans le canon de Tart chrétien
primitif. Mais qu'est-ce qui lui a valu d'y être admis? Que ce fut
un véritable motif déterminant, mais non un symbolisme obscur,
1 même un allégorisme si éloigné de la pensée des artistes an-
eîens, nous sommes d'autant plus autorisés à le supposer que la
complication de cette scène, la masse de ses figures, contrastant
avec la brièveté ordinaire et la simplicité des symboles courants
du christianisme primitif, s'opposaient à cette admission. Pour les
artistes des sarcophages v, ce sujet pouvait avoir de Tattrait, parce
que, comme les antiques sujets de la chasse de Méléagre, il offrait
à Tart chrétien un motif de riches développements, mais ce point
de vue ne peut avoir été déterminant pour le choix et Tadoptiou
du sujet. C'est pourquoi il semble, qu'ici aussi, c'est le miracle qui
est la raison pour laquelle une scène si compliquée a été choisie
pour des peintures funéraires. Là où il s'agissait de présenter à
l'esprit des croyants le miracle de la résurrection dans sa vérité,
le grand miracle de i'histoire de la formation d'Israël en peuple, le
passage de la mer Rouge ne pouvait manquer. De même qu'il
acquit une haute signification dans la liturgie juive, où on le lit
chaque jour datis la prière du matin, de même il se trouve dans
Tart chrétien primitif parmi les miracles de rAncien-Testamerit
qui forent représentés pour symboliser la merveilleuse toute*
puissance de Dieu. Nous le trouverions beaucoup plus fréquem-
ment. si la difficulté du sujet n'en avait rendu la reproduction rare.
Moïse faisant sortir de Veau du Horeb.
^ L'image représentant Moïse faisant sortir de Teau du rocher
du Horeb en le frappant de sa verge (Ex., xvii, 6) est peut-être,
^parmi les symboles empruntés par l'art chrétien primitif à l'An-
Vcien-Testametit, celui que cet art a le plus répandu. Cet épisode
peut être considéré comme le noyau du symbole proprement dit,
auquel vinrent se joindre ensuite d'autres faits de la vie de Moïse;
qui le prouve, c est Qli^ les peintures des catacombes repré-
*:
funboiuii du ThiAse btccbit^ue.
171, trouve d&at cet peinturée lec mouTeaeoU
m REYUÇ PÇS ÊTlîOES JUIVES
sentent preaque çxclqsivemept cettQ sc^ae unique. Nqu^ Ty trou-
vons d^jà au !!• sièQle (Lefort, 20), çt elle eat répétée wr iQ» mon,
les voûtes et les arcosolies, Avec upe véritable QonciMQQ sjrmiKH
lique, on ne représenre que Moïse 9veç la verge, et Te^u jaUUg$aAt
miraculeusement en abondance du rqçber- La verge, qui ^ tfMTinine
en pointe, touche par son ei^tréinité le rocher, qui lui est p^pen-
diculaire. Au pied, on voit une (ois, t. 3Qi un drbre- MQïse. r^|ir0-
sente compile un jeune homme sans barbe, ne peut iJoUQ p48 ôtre
pris pour le Christs Garrucci cite les exemples suivants tir^^des
catacombes : t. 7, 9, }8, 20,35, QÙ U tête de UPÏse e^t eptQur^
d'un bandeau, 30, 32. 33, 40, 44, 4*7, 4». 5Q, 5i, &3, 5&, 57 (4ew
fois), 61, 63, 65, 69,70, 71, 13, 81, 82, 83, 9J, Qn peut yair ici
très clairement comment d>utres scènes de I4 vie 4^ Mo^^ s^i^t
venues s'ajouter à ceUe-ci ; ainsi, t. 18, 4*1 Moï^e e$l n^prôienté
dt^nouant ses sandales, tandis qu'à côté, il frappe le roc^^^r ; t. 61,
ces deux scènes sont représentées $ur une voûte, se (gisant Gica
Vune à l'autre ; t. 57, sur une ^rcosolie, |i çaucbe, }^o\^ frappe
le rocher, et, à droite, il reçoit un rouleau des nuées. Il est 4oilc
peu vraisemblable que la figure isolée t, 31 design^ Mû^a dé^
nouant ses sandales, ou que la 0gure de t^ 49 repr^seAt^ Muise
recevant la Loi.
Tandis que dans les catacombes on n'a ropréfienté qu'une aeule
fois le peuple buvant Teau du roçber, sou9 la forme d'un jeua^
bomme (t. 18), la scèqe s'agrandit sur le^ sarcopbages : la peuple
est représenté par un ou deux hommes qu'à leur burette cylint
drique on reconnaît pour des Juifs ; il n'est pas rare de trouver en-
core deux autres spectateurs, qui, suivant Ej,, ^viii 5, représentent
les vieillards accompagnant Moïse. Ce développement du sym))QlQ
correspond l'admission, dans le cycle des peinture? sur sarco^
phages, de la scène précédant immédiatement celle de l'eau jaillis-
sant du rocher, c'est-à-dire le soulèvement du peuple. La foule
révoltée contre Moïse (Ex., xvii, 2) est représentée comme suit:
deux hommes, reconnaissables comme juifs à leurs barettes», en-
tourent et pressent Moïse. Le nombre des monuments sur lesquels
on trouve les deux événements ou, du moins, le miracle de T^u
jaillissant d'un rocher près du Horeb est immense. Garrucci cite,
pour Rome seulement, les exemples suivants : t, 314; 315,1 ; 318,1 i
> Scl^ultze, p. 170, combat l'opinion dç Dç Rossi, qii^i voi( d^ni u^e dai fierai
Moïse, et dans Tauire saint Pierre.
* SchuUie, Àrck. Studi$n, p. 167 et miv., comblât l'opinion de ceux qui Teulcol
substituer Jésus a Moïse.
s Cf. SchuUze, ibid,^ p. 167 ; p. 173, ligna 2, au lieu de Gen., 17, 5, Ure Exode,
17,5,
SENS ET QHIGINE PES SYMBOLES ÏUMULAIRES m
0. 1 ; 3Î3 (ici le buveur d'e^u n^a p^s le type juif) ; t. 358, 350»
H, 364, a§5 (plu» clairement chez SclmlUe, Arch* Sludien, t. 22)»
56= t. 317, rappelant les catacombes par la naïveté de la repro-
|uctioo, 367 iiiir trois sarcupliay^îa liitléreiits, où sur Fun d eux
(oïse est représenté, coinme t- 374,3, dénouant ses sandËilea ;
na,2 j 374,3; 375, l ; 376 ; 377 ; 378; 379 ; 380 ; 382; 385 ; de Girone,
, cite t. 3t3, 318, 4 ; de Madrid, 314, 6 ; de Milan, 315,3 ; de Pise,
364, 3; de Saragosse, t. 379; de Campli, t, Wi^ 7. Parfois on voit
lussi Moïse recevant la Loi de la main de Dieu ; Home, t. 320^ 1 ;
^7; 358; 364; 366 i AncOne, 326; Milan, 328 ; sur le sarcophage
lu Louvre, t. 324. M. Le Blant 4 publié dans ses Mélanges d ar-
chéologie et d'Histoire, 1885, V, L 5, p, 245-6, un sarcophage de
(loiTio où est représentée la scène de Moïse recevant la Loi et
lyant à côté de lui quelqu'un qui est sans doute Josué, la sci^tie
|u rocher près du Iloreb et celle de la révolte du peuple. Je négïi-
3rai les autres exemples cités par Garrucci et tirés de France,
?qvoyant à ce sujet au travail de M, Le Blant» qui décrit et étudie
Bs scènes p. 15, 27. 31, 49, m, 6Û, 72,84, 107, 126, 133, 136,
DDime il a d*aillears commenté celles d*Arles, p. 3, note 7, 13, 22*
'27, 28, 36. Moïse recevant Ja Loi se trouve à Arles» d'après M. Le
I filant, p, 10, li^t 35 ; dans le reste de la Gaule, d'après M. Lo
BJant, p. 17, 40, 144, 155. La scène où Moïse est représenté ùtant
les sandales est décrite par M, Le Blant, p. 111, 114 et 133, Le mi-
jpacle de la sourca du lloreb reste donc aussi le sujet principal sur
tes sarcophages, La (Igure de Moïse ^ diUére ici de celle des cata-
combes par la longueur de la verge et parce que Moïse tient dans
la main gauche un rouleau ; c'est ainsi que dans Tart chrétien de
répoque postérieure on caractérisait les prophètes.
En examinant la question de savoir à quelle circonstance les
scènes de Moïse doivent leur admission dans le canon funéraire
de Tart chrétien, on peut négliger les scènes du buisson ardent et
(e Moïse sur le Sinaï ; le miracle de la source du lloreb s'est
lllirnié comme 4e symbole le plus ancien, La scène de Moïse du
ioreb, atnsi reçue dans ce canon, pouvait et devait, grâce au dé-^
feloppenient de l'art, d(»nner naissance à des représentations d'au-
res laits miraculeux de la vie du prophète, mais, au iond, quelle
lison a rendu cette scène propre à servir d'image funéraire ou
^de symbole? Un coup d'œil jeté iiur les peintures des catacombes
IttOntre que l*eau jaillissant avec une lurce irrésistible du rocher,
* La théohe du type de &aiQt Pierre se retrouvaDl dani le Moïse ii êié réfulée
par âchuUze, p. t6'J-n2« llasenclever, p, ti5 et suîv,, a simplemenl répété hs ar-
gumeoU da Scbulizu.
224
REVUE DES ETUDES JllVES
au coiitact de la verge, forme le mira(^Ie, le centre de la scène i
devait frapper aussitôt les yeux du spectateur. De même que les
miracles de Jésus ne trouvèrent place dans les peintures tom-
bales que parce que la toute-puissance divine, qui est la base de
la croyance à la résurrection, s'y maniTeste, ainsi le miracle de
la source jaillissant du rocher doit être considéré uniquement
comme le symbole de la toute-puissance divine opérant des pro-
diges. Schultze {Arch. Studien, p. 1*7) a rais ce point hors de con-
teste, et Hasenclever» p, 214» n'était nullement fondé, surtout en
ce qui concerne le miracle du rocher» à admettre un rapport t\^o- i
logique. Cette scène n'a nullement, comme le croit Kraus {R. S.M
284), de rapport intime avec la résurrection de Lazare, avec la-
quelle elle se trouve habituellement, M. Le Blant (Arles^ p. Xlil,
note 2, et p. 36) a démontré péremptoirement que c'est grâce à des
considérations décoratives et purement artistiques que ces deux
scènes sont placées ordinairement comme pendants aux extrémités
des sarcophages. Elles n*ont pas plus de liaison entre elles que le
miracle de la source du Horeb avec Adam et Eve, images que l'on
trouve aussi se taisant face dans les peintures des catacombes, par
exemple t. 53, 55. Il ne faut pas perdre non plus de vue cette cir-
constance que le miracle du Horeb est, en même temps, l'exemple
le plus remarquable de la puissance de la prière, Moïse, pressé par
le peuple altéré (Ex., xvii, 4), ayant invoqué le secours de Dieu.
Dans les prières pour la pluie et dans celles qu'on appelle hoscba-
not, la poésie synagogale mentionne aussi Moïse faisant sortir leauj
du rocher et parle de sa prière exaucée par Dieu.
David et Goliath.
Boslo prétend avoir vu fréquemment David dans les peintures]
des catacombeç, mais on croit aujourd'hui que son image nej
s'y trouve, au contraire, que très rarement. Si le jeune homme 1
tenant une fronde dans sa main droite mise à nu et qui est peint
sur le plafond de S. Domitiïle représente bien I Sam., xvu, 40
(Garrucci» t. *25), la présence de David dans les peintures de cata-
combes dès la fin du ii" siècle serait prouvée (Letort, p. 26) ; ce-
pendant Schultze» Die Katahomben, p« 105, a fait suivre d'un
point d'interrogation l'explicalion de cette image comme étant 1
4 David avec la fronde ». IJ'après M. Le Blant, p. 35, 5, on aurait
découvert, en 1882, à Kome, un second exempte de cette repré-
sentation. On aurait laissé de côté le géant, et le jeune héros seul»]
armé de la fronde, apparaîtrait sur les images.
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TLIMI'LAIRES 225
Les sarcopbages montrent ici, comme dliabitude, un dévelop-
Bment de cette scène, en opposant le g<^ant puissamment armé
|u jeune David, en donnant toutefois aux deux combattants la
a^me taille (Le Blant, Arles, p. viii, note 8]. C'est ainsi qu'on
voit aussi sur le couvercle d'un sarcophage à Ancône, Gar-
^ucj:^!, t. 320, 1, et plus fri^quemment sur les monuments de la
Gaule que M. Le Blaot a décrits, p. 17, 21, 22, 35. Sur le sarco-
^phage, aujourd'hui perdu, de Marseille (p. 35) qui n'a été cori-
^Krvé que par un dessin de Peiresc, la scène est encore agrandie
Bat on voit Daviii présentant la télé de Goliath à Saûl. J'ai montre
plus haut (p* 41), par la citation de R. Salomon b. Isak, que rem-
ploi de ce sujet dans Tart était aussi connu des Juifs.
Ce qui montre combien les explications ordinaires sont insuffi-
santes pour démontrer remploi d'une figure de TAncien Testament
Idans Tart chrétien primiLif, c*est Fexptication si fréquente qui
croit trouver Samson emportant les portes de Gaza sur une image
[qui représente, en réalité, le paralytique guéri et emportant son
trabat sur ses épaules. G*est ainsi que Dùntzcr a méconnu égale-
jïïient la présence de cette scène sur le verre doré de Cokïgne
(/. if. //., 42(1861), p, 173) et a voulu y voir Samson^ opinion déjà
I réfutée par M. Le Blant {Arles, p. 7, note 4) et Ileuser (/?, E, P.,
H, 715). Le type de Samson devra donc, malgré Martigny, être
Ixayé provisoirement du nombre des figures de rAncien-Testament
(représentées par fart chrétien primitif.
L'admission de David dans les peintures funéraires s'explique,
pour les interprètes non prévenus, simplement parce que la vic-
toire du jeujie homme sans armes sur le géant si bien armé est un
miracle, une preuve de la toute-puissance divine, semblable aux
autres miracles empruntés à TAncien-Testament.
L'ascension d'Elie, Elisée.
H Déjà dans les catacombes*, nous trouvons, dans la lunette
^d*une arcosolie de S. Domitille (Garrucci, t. 31), une représen-
tation df* Tascension du prophète Elle (cf, Garrucci, II, p, 61). Le
Iprophète est debout sur le quadrige, dont les quatre chevaux des-
Isinent vivement leur mouvement vers en haut, et jette son man*
[teau à Elisée, qui le suit du regard. Garrucci a cru, d*après Tana-
\ des sarcophages, reconnaître dans la figure placée à droite
* Krius, R. S.^ p. 29t, tfÛnae h. tori que cette scène oe se trouTe représoDléo
• i}ii« sor des bae* retieffl ■ .
T- XIV, K*> 28. 15
228 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Garrucci, t. 374, 3, appartiennent à Tarrière-plan et forment les
spectateurs des miracles de Jésus. Même si la tête est barbue,
cela n'empécbe pas de voir dans cette figure un ange, comme
Schultze lui-même l'a prouvé, p. 150, par de nombreux exemples.
On ne peut méconnaître un instant la signification purement
funéraire de cette scène. Comme le chapitre xxxvii d'Ézécbiel
était pris pour la Haftara du sabbat de la fête de Pàque, ce cha-*
pitre était connu dans TÉglise par la lecture régulière qui en était
faite, d'après le témoignage de saint Jérôme, sur ce passage.
omtîium ecclesiariim leclione celebrata. Le symbolisme de cette
scène est si clair et peut si peu être remplacé par un autre
exemple biblique, que la question se pose impérieusement de sa-
voir pourquoi le symbole propre de la résurrection, la véritable
preuve classique de Timmortalité, est inconnu de Tart chrétien
primitif et ne se trouve pas dans les catacombes et si peu sur les
sarcophages.
Jonas,
C'est le prophète Jonas qui, parmi tous les symboles chrétiens
de TAncien-Testaraent, a été le plus souvent représenté. C'est as-
surément la partie la plus ancienne du canon de l'art funéraire,
comme cela ressort déjà de ce fait que, dans les cinq plus an-
ciennes cryptes funéraires de la catacombe de Callixte, cette
peinture se retrouve quatre fois. Les images de Jonas ornaient
sans doute déjà les catacombes au i^*" siècle; M. Lefort, p. 17, les
fait remonter seulement à la première moitié du ii® siècle. L'his-
toire de Jonas a fourni aux artistes un cycle de quatre images :
1° Jonas jeté à la mer et englouti ; 2° sa délivrance miraculeuse
de la gueule du monstre marin ; 3° Jonas heureux à Tombre du
feuillage ; 4^* le prophète triste et brûlé par le soleil. Un examen
attentif des. monuments nous obligera à considérer comme fond
original du symbole la jscène de Jonas englouti et rendu par le
monstre marin. Cependant, dès que le cycle eut pris le caractère
d'une tradition artistique bien établie, les quatre scènes paraissent
avoir été traitées sur le même pied et chacune semble avoir repré-
senté, même seule, le symbole de Jonas. C'est ainsi que nous
voyons seulement, dans les reproductions de Garrucci, t. 72,
Jonas englouti ; t. 77, Jonas rejeté par le monstre, t. 16, 35,1, 41,
44, 50, 03, 71,1, la lonnelle; t. 2,'2, le prophète attristé sous la
tonnelle. Là où l'espace le permettait, comme parfois sur les
yoùtes des cubicula et des arcosolies, le cycle est représenté de
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMUL AIRES
1Î29
lanière que les <juatre images entourent Timage centraîe tlu
n pasteur; ainsi sur t, 35,2, 54, 19. Il y a deux et trais scènes
6, 8, 9, 22, 27, 51, 56, 62, ti6, ^76, 78, 83. La firemière repré-
te le vaisseau, qui paribis est garni de mâts et de voilure,
lais est figuré dliabitude sous forme d'un canot. L'éfioipage est
g-uré tout au plus par trois personnes. Sur t, 6 et 9, Jonas, con-
aireiuent au récit biblique, se jette lui-même à la mer; ailleurs
e prophi^te est toujours jeté à la mer par un matelot ou deux, la
télé la première et les mains tendues en avant. Dans le voisinage
u vaisseau, le monstre marin guette; ceîui-ci, en sa qualité
ranimai fabuleux, est emprunté aux antiques représentations de
rUippiicampus ; ou bien, il vient saisir, de sa gueule ouverte, le
roplièle, tout près du bord du canot; dans ce cas, les passages
e Jonas, i, 15 et n, 1, sont amalgamés artistiquement. Sur la
[deuxième image, le monstre marin jette Jonas sur la cùte, qui est
diquée souvent par une coiliiie. De même que, dans la première
icène, le proidiète apparaît ayant les mains déjà prises dans la
^gueule du monstre, il apparaît ici la partie inférieure du corps
encore engagée ; mais le corps redressé indique Félan qu'il va
-recevoir. Les artistes des catacombes ont dessiné la tonnelle
lexaclement d'après le récit biblique, de sorte que la tonnelle
■irrangée par 1h prophète lui-même, suivant Jouas, iv,5, apparaît
découverte du Kikayon, l'arbre miraculeux que Dieu étendit au-
liessus. Par les fruits de forme oblongue pendant en grappes
nhondantes à travers le feuillage, on peut reconnaître que les
lirtîstes voyaient dans le Kikayon, à rexemple des Septante et de
IVltala, le 3eo>.oxuvftoç, cucurbita; c'est pour cette raison que la
tonnelle est désignée habituellement sous le nom de tonnelle de
citrouiller. Sur les images, les fruits pendent de toute part,
comme Théodore de Mopsuestia Fa observé au sujet du Kikayon
(v, Garrucci, III, p, 133). Il est incompréhensible que S. JéjVime,
pourjustifier sa traduction île Kikayon liarhedent, lierre, ait pu
•e référer, corâme le dit Rudnus, aux peintures des catacombes
(v. Kraus, /?. 5., 281], où la forme et Tabondance des fruits
cacurbïtacés est manifeste. Ordinairement le prophète apparaît
couché sous la tonnelle, le bras droit entourant sa tète ; sur t. 63,
il ai le bras gauche autour de la tète. On ne peut distinguer dans
les peintures s'il dort, La tonnelle desséchée, qui forme la qoa-
trième scène, est reconnaissable, dans la plupart des cas, au i)elit
nombre de feuilles ; souvent on ne voit que Téchafaudage dénudé
delà tonnelle, sans aucun abri de verdure. Le prophète repose;
quelquefois aussi, par exemple t. 35, 54, (>2, il est assis. Parfois il
repose sans tonnelle, exposé entièrement aux rayons brûlants du
230 liEVUE DES ÉTUDES JUIVES
soleil. 11 est toujours représenté nu ; la t. 27, où il est habillé et
où le soleil ardent est indiqué par une véritable auréole, est
d'autant plus frappante.
Les images de Jonas ne se trouvent pas seulement dans les cata-
combes de Rome et de Fùnfkirchen, elles se rencontrent aussi, en
très grand nombre, dans les sculptures des sarcophages, dans les
pays les plus divers. Elles sont placées de préférence sur les
reliefs de face, sur les côtés et sur le couvercle. Rome seule, dans
Garrucci, fournit les exemples suivants: t. 301,2,3,4,5; 307,1 ;
31(3,4; 320,1 ; 357 ; 359,1 ; 367,3 ; 383,3 ; 384,3,4,6; 385,4 ; 396.11 ;
397,5,10-12; 400,10; 402,3; Pérouse, t. 321,4 ; Velletri, 374,4;
Florence, 383,4 ; Osimo,t. 384,7 ; Alger, t. 385,5. Sous le buste du
défunt, qu'on appelle imago clypeata, les scènes de Thistoire de
Jonas ai)paraisseut sur des sarcophages de Rome, Marseille et
Pise (t. 357, 359,1). A cause du peu d'espace, le symbole y est
tellement resserré, que Ton voit, à côté de la gueule du monstre
marin, la tonnelle où repose le prophète, déjà rejeté sur le rivage.
Les exemples d'Arles sont étudiés par M. Le Blant, p. 11, 35, et
ceux du reste de la Gaule, p. 40, 48, 66, 73, 92, 99, 116. Les
images des sarcophages se distinguent à peine de celles des cata-
combes ; tout au i)lus peut-on faire observer que, dans les images
des sarcophages, la tonnelle manque et que Tarbre merveilleux
étend seul son ombre sur le proi)hète, parfois endormi. Peut-être
est-ce la difficulté technique qui a exigé cette dérogation. Le
monstre marin, avec les contorsions puissantes de son corps
gigantesque et hideux, est représenté pkis fidèlement selon
l'antique tradition. Par les feuilles et les fruits, le Kikayon des
sarcoi)hages ressemble à celui des catacombes; une seule fois il
paraît être rendu par un lierre. La règle établie par M. Allard et
adoptée par M. Mùntz (Etudes, p. 13;, que la date des monuments
où le Kikayon apparaît sous forme de lierre, d'après le terme
employé par la Vulgate, est postérieure à cette version de la
Bible (384j, est donc de pure fantaisie, attendu qu'il n'existe pas
de monument de ce genre et que les « plusieurs sarcophages des
Gaules » qui doivent <Hre dans ce cas sont encore à trouver.
La diffusion tout à fait extraordinaire du symbole de Jonas,
dans l'art chrétien est attestée par des mosaïques, des verres
dorés et même des ustensiles de ménage qui en ont été décorés.
La coupe de verre de Podgoritza porte trois scènes de ce cycle.
Les matelots en prière n'ont rien qui doive étonner; leur attitude,
les mains levées vers le ciel, traduit fidèlement le récit biblique,
Jonas, 1, 5, 14. Cette scène est reproduite de la même façon dans
les catacombes et sur les sarcophages (v. Le Blant, p. 92,5-7 et
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMIILAIHES 231
Schultze, Arcfi. StudieHi p. 83). Le monstre marin est repré-
senté tleiix fois, une fois avec Jonas dans la gueule, la secnade
devant la toiiTielle sous laquelle il a rejeté le prophète- La suscrip-
tîon est inléressante ;
DIVNANDEVENT
REQUETILIBERATUSEST
ff Jona de ventre ceti liberatus est » (cf. Bulletino di arcJieo-
logia cristiana, ii, 5, (1874), p. 155, et m, 2, (1878). p. 80 et s,).
La iiiènie peinture est répartie en quatre mildaîllons sur la coupe
de verre de Cologne, /. R. H.^ 36, 136, de la collection Disch ; les
sct'nes de Jonas englouti et rejeté existent seules sur la seconde
coupe de verre de Cologne que Dijntzer a décrite {J, R. ff*,42,
170), La colombe que Ton voit ici volant vers le vaisseau n'a nulle-
ment besoin de signifier Farclie. De ce que Jonas est placé sous
rarclio» on ne peut pas en conclure, comme le fait Dùutzer, qu'il
iteîste un lien entre ces symboles. Ils ont été simplement très rap-
prochés l'un de Tautre, parce que la place manquait sur cet espace
si étroit. De mCme il n'est pas du tout sûr que M, Le Blant,
p, ÏOii, note 7, ait raison de reconnaître, sur le sarco|diage de
Lucq de Béarn, Jonas figurant comme symbole stéréotypé de la
résurrection, dans la figure qui est couch(*e sur les aediculae de
Lazare et du bélier d'Abraliam, placés l'un à droite, Tautre à
gauche. Une figure de bronze trouvée à Bonn qui porte un corps
d'homme barbu, dans lattitude de la prit*»re, sortant de la gueule
d'un monstre marin, a été ex[ilif|uée par Bellermann, /. R, E,,
33,4» 244, comme étant le prophète Jonas.
Les interprétations que ce symbole a reçues sont aussi nom-
breuses que ses représentations. Un fouillis d'explications a
pousse autour de son sens originellement si simple. Mme Félicie
d'Ayzac prétend, dans un fragment posthume sur Jonas {Revue
de iart chrétien, XXIX, Xy), que « Tinténtion de ces sculpteurs a
été surtout d exprimer les divers sens, allégorique^ anagogique et
tropologique de l'épisode mis en scène. » Or, les artistes des sar-
cophages ont emprunté simplement leur sujet aux peintures dos
catacombes, qui, elles, sont plus anciennes que toutes les inter-
prétations que les prédicateurs et les pères de rÉglisey ont mises
et que Bosio et autres onténumérées. Ces naïfs peintres ignoraient
probablement toutes les interprétations savantes qu'on a pu leur
prêter; même le passage de Mathieu, xii, 40, où Jésus compare
son séjour de trois jours sous terre avant sa résurrection à celui
de Jouas dans le ventre du monstre marin, ne peut servir à Tinter-
232 REVTE DES ÉTUDES ItJIV^
prétation de cette image. Cette résurrection eUe-méme manqnaal
dans le c}xle des peintures funéraires de Tart * i pi
comment son prétendu symbole aurait-il pu p^u i
présentation si fréquente? Schutze, que les ioterprétatlom Mi
archéologues romains cités par loi, p* 76, ne satisfont pas, s*e<t
livré à une tentative que Kraus, R. B. P., I, 70» qualifie de
V conception généralement accueillie avec gaîté », ce qui A*m*
p<>che pas Has^^nclever^ p, 213, de la trouver « heureuse k
Schuitze [>ârt de cette opinion que « le récit biblique ne donne {»is
la moindre indication qui puisse servir de point d*appui à des
recherches » (p* 7î>) et que le sujet, « dans la forme ou il se pré-
sente à nous, ne peut être concilié avec le récit du livre de Jonai t
(p. 81). L'une et l'autre assertion est erronée. Dans le tk\i
biblique, Jonas est le héros de toute une série de miracles qui,
comme tels, étaient déjà propres à ilgurer dans le cycle de^ pein-
tures funéraires, La reproduction artistique de ces scèneîî est
également conciliable avec le récit btblique. Schultze cherche
d*une manière arbitraire et insoutenable le noyau du cycle entier
dans la scène de Jonas reposant. Si le calcul de Mme d'Ayzacqui
énumère plus de 20 peintures de Jonas reposant sous la tonnelle
et plus de 40 autres représentant Jonas rejeté de la gueule
du monstre marin, est contestable, on ne peut du moins aftirmer
en aucune faron que la première scène se trouve plus fréquem-
ment peinte. Dans Jonas reposant, dit Schultze, p. 79, on a sym-
bolisé le repos dans le sommeil de la mort, rdvsicsskdbi, qnietar^,
dormire *©nià5«i et même Tin pace des inscriptions turaulaire:?. U
figure du prophète reposant lui rappelle celle d*Endyjiiion en-
dormi. Scliultze n'ose pas décider (p* 82) si celle-ci a seulement
influencé le symbole, ou si, en géaéral, toute la peinture e.^l em-
pruntée à Tantique, tandis que Hasenclever, p*213, écarte même
le doute, en soutenant que TEndyinion endormi est «^ ranïHjue
prototype d^ la ii^'ure île Jouas reposant sous la tonnelle de ci-
trouiller. » Mais si vraiment les anciens artistes avaient voula
symboliser Fimagedu sommeil de mort, le récit biblique de Joua»
leur otfrait uu sujet plus rapi^roché et plus saisissant, savoif te
prophète que le v. 5 du chap. i nous montre profondément en-
dormi dans la cale du vaisseau au milieu de la tempête, sur une
mer en rnrie.
Il est d'autant plus remarquable de trouver une interprétation si
désespérée chez Schultze, qu'il compte lui-même, avec raisoniàU
p 7, la délivrance de Jonas du ventre du poisson parmi \^
preuves et les garanties de la résurrection future, pai'mi l^s
miracles de l'Ancien Testament, Il cite môme, ib,^ le témoignage
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMULAIRES 238
du Y* livre des Constitutiones apostolorum (in« siècle), ou, parmi
tous les miracles de TAncien et du Nouveau-Testament on parle
aussi de Jonas en ces termes : 'o t6v 'icoviv «isi Tptwv f.jupwv Cwvr* *ai
évByelpai.
^ Comme c*est le symbole de la délivrance d'une mort certaine
H^i a lait admettre Noé dans Tarclie et le sacrifice dlsaac dans In
^Kycle des peintures funéraires, de môme» pour Jonas, c'est sur-
^Bout sa délivrance miracuieuse de la mort qm lui valut Tad mis-
sion dans le canon de rornementation funéraire du christianisme
^prîmilif. Le monstre avalant et rejetant le prophète, le pro-
^^hète englouti et rejeté, voilà le fond de la peinture, auquel
vint se joindre le miracle d'un toit de feuillage né avec la ra-
pidité de réclair et non moins rapidement desséché, qui était
peut-être le symbole très facile à comprendre de la Iragilité de ce
monde.
Jol}.
Un homme solitaire, couvert de vêtements misérables, assis sur
un quartier de rocher, qu^on trouve représenté un petit nombre
de Ibis dans les catacombes, est regardé souvent comme désignaJit
Job. Il est vrai que la figure juvénile ne correspond guère à l'idée
que nous avons l'habitude de nous faire du malheureux martyr.
J,ï parait que les exemples cités par Garrucci, t, 31, 40, où le
Bsson avec lequel le personnage semble se gratter le pied droit,
st la traduction du passage de Job, n, 8, ne représentent pas
fob pour Bottari [v, Garrucci, II, p. 37), puisqu'il déclare ne pas
bonnaître de peinture de ce héros biblique dans les catacombes.
)'ai»rés M. Lei'ort, p. i^6, cette peinture, si toutefois elle repré-
sente Job, datp du cnmmencemenc du ni« siècle.
Sur les bas-reliefs des sarcopliages, Ja présence de Job est hors
îe, doute. Le martyr, harbu, est assis sur un tas de cendres ; devant
lui se trouvent un ami et sa femme, qui lui tend la nourriture sur
un bâton et se bouche le nez pour se préserver de son contact et
de son haleine (Job, xix, 17), C'est ainsi que la scène nous appa-
raît sur le fameux sarcophage du préfet romain Jutiius Bassus de
Tan 359 (Garrucci, t, 322,2). Sur lt5 iVagment de Bre&cia, t. 323,3,
on distingue, à C(Ué de la femmt;, deux amis, S'écartant du récit
biblique, le dessin de Peiresc de Reims montre Job assis sur un
pliant ;Le Blant, 18, et Arles, p. IX; Garrucci, t, 341.1); devant
lui se tiennent sa femme et un ami; sur un autre dessin de Pei-
234 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
resc, dont M. Le Blant a parlé, Arles \ p. 64, la femïne de Job est
seule.
Comme nous le voyons, c'est fort tard et très rarement que Job
apparaît sur les monuments funéraires. Qu est-ce qui a valu à
cette scène son admission parmi les symboles funéraires? Hasen-
clever, p. 221, élude la solution de cette question, en contestant la
présence de Job sur les peintures des catacombes et en les prenant
pour les portraits des défunts; en fait de sarcophages, il ne semble
connaître que celui de Junius Bassus. Toutefois, comme le por-
trait de Job sur les sarcophages est rare, mais nullement isolé,
et comme il représente indubitablement le martyr de l'Ancien-
Testament, sa présence dans les catacombes est vraisemblable
à priori et a besoin d'explication. M. Le Blant Ta donnée en 1860
{Revue arclwologiqiœ, juillet), en rappelant que Job, grâce à ses
paroles (Job, xix, 25-26) : « Scio quod redemptor meus vivit et in
novissimo die de terra surrecturus sum : et rursus circumdabor
pelle mea et in carne mea videbo Deum meum », est devenu dans
réglise le héraut principal de la croyance à la résurrection et que
ce passage a été employé pour des épitaphes pour la mi^me raison;
cf. Kraus, R, S., 288. Rappelons encore une autre phrase de Job, r,
22 : a L'Éternel a donné, TÉternel a repris, que le nom de l'Éter-
nel soit béni », qui est arrivée à une si haute signification dans le
rituel funéraire juif, qu'il constitue la véritable formule de la sou-
mission aux desseins impénétrables de Dieu (i'«in p'n:ft)..Malgré
tant d'idées funéraires qui se rattachent au nom de Job, son por-
trait n'étant pas devenu un symbolebien répandu dans Tornemen-
tation funéraire chrétienne, il y a lieu de se demander pourquoi
Job apijaraît si rarement dans le canon de l'art chrétien primitif
plutôt que de demander pourquoi il y a été admis. Sur le sarco-
phage de Lyon, il est représenté comme le prédicateur du dogme
de la résurrection, comme un prophète, avec le rouleau à la main.
Ilanania, Mlsael, Azarxa,
Déjà dans les catacombes, nous trouvons le portrait des trois
jeunes frens héroïques résistant à Tordre de Nabuchodonosor d'a-
dorer ridule dor, conlormément au récit de Daniel, m, 15 et s.
Cette idole est représentée ici, sur une colonne, comme un buste
* Kraus, R, F. P., 1,62, suivant Tindex de cet ouvrage prétend que M. Le Blant
a ctudip les représentations de Job sur les sarcophages, p. xxxvi et 11, 63. Or, le
dernier passage seul parle de Job.
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUM CLAIRES 235
d'enipereiir (Garruccî, t. 35,2), trait que M. Le Blant a expliqué,
p. 43*. Ce[)entlant la scène où les jeunes gens, en punition de leur
désobéissance, sont jetés dans la fournaise est plus iVéquente.
Couforniément au récit biblique, on représente habituellement les
jeunes gens liabiUés à Torieutale avec le bonnet phrygien; sur les
t. 24 et 04 seules ils apparaissent sans coiflure; sur t. (îH, où les
flammes se rejoignent par-dessus leurs têtes* comme un arc de feuil-
lage, ils sont tout à fait nus. Ordinairement , la fournaise est un grand
fourneau de forge auquel on a adapté une embouchure, comme
ilans t. 81, ou rleux, comme t. 89, ou trois, comme t, 71 et 82 2 et
même quatre, comme t. 24; les flammes s*en élèvent et entourent
les jeunes gens à droite et à gauche. Sur la t 62, on ne voit que
la partie supérieure de la fournaise où se tiennent les jeunes gens,
mais celle-ci ne représente nuliemeut, comme le croit Heuscr,
R. E, P.t I. 78, un sarcophage ouvert. T. 64 et 77, les jeunes
gens sont représentés sans fournaise, ils sont i?euloment environ-
nés de llammes. Comme, dans cette dernière peinture, la colombe
avec le rameau d'olivier symbolise le secours divin' que les jeunes
gens reçoivent^ ainsi, t. 82,1, on voit, parmi les trois jeunes geris
dans la fournaise, apparaître une quatrième ligure qui est repré-
sentée sans coiffure et qui doit évidemment symboliser Tango,
la quatrième figure dont Nabuchodonosor dit, avec surprise.
Dan., 111,25, qu'elle a Tapparence d'un tils de Dieu. T. 71/J, le
cbâufleur est aussi représenté portant du bols au feu, La eata-
combe de Fùnlkirchen a aussi la scène des trois jeunes gens dans
la fournaise.
tSur les sarcophages, cette scène prend un caractère stéréotypé,
î fourneau porte trois embouchures; les (lammes en sortent
sous forme de langues ; les jeunes gens portent le bonnet phry-
-gien; les avant-bras levés pour la prière, les mains tendues. C'est
ainsi que la scène est reproduite régulièrement sur les sarco-
phages romains, Garruccî, t. 314,3; 318,2; 320,1; 334,2; 382,4;
384,1; 379,2,6,7; 403,0; 404,3; ainsi que sur ceux de Mauosque
et Toulouse, t. 351,3 et 397,1. Un exemple dWrles est rapporté
par M. Le Blant, p. 55; ceux du reste de la Gaule sont traités
par lui p. lô, 33, 93, 118, 128, 142 et 147. Le chauffeur se
trouve sur des sarcophages romains, t. 397>6,7 ; sur des sarco-
phages gaulois, chez Le Blant, p* 128 ; p, 93, 118, il y a un
chatiffeur à chaque enté du tuurneau. Sur le sarcophage de Rome
397,2, If! btiste impérial, placé devant la fournaise, indique la
ï* Ceci détruit U supposition de Hcusor, 7Î. Ji. P., I, 76.
M Co&Utiiremetàt il eu que dit Ueuser, if>id>, p. 7J.
236 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
scène précédant le supplice ; t. 334,2 indique la scène qui a suivi
lorsque Nabuchodonosor ordonne aux jeunes gens de quitter la
fournaise. Dan., m, 36 : Tun en est déjà sorti, on voit apparaître
encore dans la fournaise l'ange et les deux autres jeunes gens, et
en môme temps on voit la scène précédente représentant Nabu-
chodonosor et sa statue*. Cette dernière scène, le refus d'adorer
la statue, est souvent reproduite seule sur des sarcophages gau-
lois, comme le démontrent les exemples d'Arles, Le Blant, p. 16, 43,
et ceux du reste de la Gaule, ibid., p. 11, 51, 93 et 120.
Sur le bas-relief de Bonn (/. R. J7., 13,151 et s.), la scène est
reproduite comme sur les sarcophages. La position des mains des
jeunes gens et leur attitude sur la coupe de verre de Cologne
{ib,, 42,171) sont dignes de remarque. Comme sur la fameuse
statue de Berlin de l'enfant en prière, les bras des trois jeunes
gens sont levés, celui du milieu est tourné vers les spectateurs,
les deux autres sont toucnés vers les côtés, tous trois sont nus,
contrairement au texte biblique. Les quatre flammes indiquées en
rouge et or sont empruntées aux peintures des sarcophages. Sur
la patène de Podgoritza, il n'y a ni feu ni fournaise, elle ne porte
que les trois jeunes gens, habillés mais sans coiffure, dans l'atti-
tude de la prière, avec l'inscription circulaire : TRISPVERIDEI-
GNECAMI [= très pueri de igné camini].
Dans les Mélanges d'archéologie et d'histoire, V (1885), p. 102,
M. Le Blant, pour expliquer le passage d'Aboda Zara 18*, où ses
disciples crient à R. Ilanina b. Teradion, le martyr, quand il est
sur le bûcher : cxn [^n] ODtDm t^d nno nnx C]» : « ouvre la bouche
pour que le feu y pénètre », a renvoyé à plusieurs passages de la
littérature de TÉglise où <c l'absorption de la flamme » amène la
mort des martyrs. Aussi, Chrysostome trouve que le miracle des
trois jeunes gens dans la fournaise consiste en ce qu'ils pouvaient
ouvrir la bouche sans mourir. Il ne semble pas que les artistes des
peintures et des bas-reliefs se soient servis de ce trait, car, bien
que la position des mains désigne que les jeunes gens sont en
prière, on ne peut pas soutenir qu'ils sont représentés sur les mo-
numents la bouche ouverte pour parler ou pour chanter des
louanges. L'interprétation d'une lampe où on prétend voir la
représentation d'un instrument musical dans la main de l'un des
jeunes gens est donc difficilement exacte.
Il est démontré, par sa fréquence môme, que la scène de la
fournaise était le noyau de cette représentation. L'épisode du
refus d'adorer la statue a été ajouté, parce qu'il précède immédia-
' 1 Cf. Le Blant, Arle», p. 44, noie 1 et 2.
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMCLAIRES 237
ient et était le prétexte et le motif du martyre ; il doit être
sidéré comme le développement du symbole ori^^inaL
est indubitable que c'est la délivrance miraculeuse d'une
^rt certaine dans la fournaise qui a valu à ce lait sa place dans
neroentation funéraire chrétienne* Qu'aux <*poques de persé-
tion religieuse, cette peinture, qui, parelle-mt^me, symbolisait la
Dyaiïce à la résurrection, ait pris une signiûcation toute parti-
îière, on peut le concéder sans hésitation, quoique ce ne fût
b'un point accidentel et que ce ne soit pas cela qui a déterminé
Tadinission de cette peinture dans le cycle des peintures chré-
tiennes. Déjà dans les Constitutions apostoliques, 5,7, on fait res-
sortir le miracle do cette délivrance : zoU Tpst; iratSac u xa^i^^j pap-j-
)Uwi«c. M, Le Blant* p. 33, montre combien le souvenir des trois
jeunes gens était répandu dans le monde chrétien, par ce fait
qu'à Alexandrie, ils avaient un temple spécial qui portait le nom
de iRfpcïreTTic, mot ayant la forme d'un barbarisme et qui s'ex-
plique par Tarticle copte m et les mots grecs rpstç iîa:Se<. 11 est vrai
que, sur les monuments, la scène est plus ancienne que la mention
qui en est faite jjar les auteurs ecclésiastiques; cependant sa si-
gnificahon peut être la même, car il y a peu de symboles plus
propres à représenter la résurrection que cette scène de)'Ancien-
Testament.
I..,..„...„„„ ,_
BirouYant dans les catacombes est celui de Daniel dans la fosse
TO lions, ou plus exactement parmi les lions, car la fosse n*est
indiquée tju'une fois, Garrucci, t. 53; cependant elle ne doit pas
^'re considérée, comme le soutient Ileuser, R. E, P., 1, 344,
^^îRme un « réceptacle à forme de sarcophage », La peinture la
plus ancienne de celle scène, qui se voit dans la catacombe de
S* Dornitille et qui vraisemblablement est du \^^ siècle {Lefort^
P' l3; Kraus, j?. S., p, 80 ; Garrucci, t. 19) est remarquable, parce
lue Daniel y est représenté habillé. On ne le voit plus ainsi que
dans les catacombes de Naples (Schultze, Die Katahomhni, p. 3<»5),
^tlâ il porte même le bonnet phrygien. Dans les catacombes ro*
lûaiues, Hmage est répétée d'une manier*^ presque stéréotypée,
L 16, 23. 25, 31, 32, 43, 51, 55, 62, 64, 61, 10, 71, 72, 73, 82. Da-
ïiel est toujours nu, et le corps est celui d*un jeune homme dans
'attitude de la prière» les bras levés, et non en forme de croix,
oinrae le croit Kraus, /. c, 282, A ses pieds sont couchés deux
Daniel dans la fosse aux lions.
238 REVUE DES ETUDES JUIVES
lions, jamais davantage, évidemment domptés, bien que la puis-
sance de leurs crocs les montre redoutables. Dans le livre apo-
cryphe du Dragon de Bel, dans le texte de la Vulgate, xiv, 31, il
est dit qu'il y avait sept lions dans la fosse, mais les peintures des
catacombes se montrent sur ce point indépendantes des apo-
cryphes.
Les sarcophages sont d'accord avec les peintures sur ces points :
Daniel est toujours nu, les avant-bras sont levés de la môme
façon, et il n'y a jamais plus de deux lions sur les bas-reliefs. Il y
a des exemples à Aix, t. 301,3, où deux oliviers forment Tarrière-
plan ; Mantoue, t. 320,2; Rome, t. 358,1, 359,1; Velietri, t. 374,4.
On ne voit Daniel habillé, coiffé du bonnet phrygien et vêtu à la
persane, que sur un sarcophage, à Ravenne, t. 332,3 (cf. Kraus,
R. iS., 282, note 2). Sur des sarcophages postérieurs, la scène est
agrandie, d'après les descriptions des apocryphes (Dan., xiv, 32
etsuiv.). A côté de Daniel, apparaît parfois une figure, celle du
prophète Habacuc, qui lui apporte des vivres, comme sur le sar-
cophage de Brescia, t. 323,2 ; à Rome t. 348,1 358,3 ; nous le
voyons plus souvent entouré de deux figures, dans Tune des-
quelles, malgré sa barbe, il faut voir l'ange qui accompagne Ha-
bacuc, dans l'autre, celui-ci est représenté avec le plat de provi-
sions, comme à Rome, t. 322,2; 365,2; 367,1,2, où la scène est
placée sous Vimago clypeala ; 368,2 ; 398,4 ; à Pise, t. 364,3. M. Le
Blanta étudié, p. 11, 16, 35, les exemples d'Arles, ceux du reste
de la Gaule, p. 15, 55, 56, 81, 83, 99. 103, 118, 137, 148. M. Le
Blant voit un développement de la scène dans l'arrivée du roi près
de la fosse, suivant Dan., vi, 20 dans deux peintures, p. 15 et
103 ^ Daniel n'apparaît habillé que sïir t. 15 (p. 5(3), comme sur
les agrafes mérovingiennes, et couvert d'un pardessus (t. 23,
p. 81).
Les vases en verre présentent de remanjuables variations de
cette représentation, objet de tant de prédilection dans Tart chré-
tien. L'écuelle de Podjjjoritza montre Daniel habillé, toutefois sans
coiffure, dans l'attitude de la prière, entre deux lions, avec la sus-
cription DANIEL DE LA.CO LEONIS (se. liberatus). Sur la patène
en verre de Cologne, Duntzer veut reconnaître, devant la peinture
des trois jeunes gens dans la fournaise, la scène où Habacuc sai-
sit Daniel par le sommet de la tête (Dan., xiv, 35). Daniel lui-
même apparaît ici, les bras étendus, en habit de dessous, entre
quatre lions. Peut-être en voyait-on aussi quatre, deux de chaque
« C'est ainsi que Braun a compris la figure à côté de Daniel sur le relief de bronie
de Bonn, /. R. if., 13, 152, note 4.
SS ET ORIGINE DES SYMIJOLllS TIH
2^9
sur le fameux verre que De Rossi {JiHUeUino di arch. crist.,
IV \ 3, p, 89 et s,) a décrit. Ici le lacun leonum est devenu Tarn-
pUitlit^itre, les lions furieux sont repr^^seutês l'un au dessus de
l'autre, prenant U-ur élan. On ne vuit pa^ Daniel lui-m^me, mais
seulement an coin de récliafaudage (pulpitum) sur lequel il se
trouvait* A traver^^ les airs, on voit voler Habacuc, qu*un anse
invisible conduit auprès de DanîeL Sur récuelle de la collection
Disch (y. R. ^.,36, 126 ; 42,1"<>. note 9}, les médaillons dorés
sont trop pf^tits pour contenir la scène de Daniel avec les lions^
aussi un médaillou porte le lion et Tautre Daniel en prière.
La signification de cette scène dans rornementation funéraire
du christianisme primilirne peut être douteuse. Gomme la scène
des trois jeunes gens dans la fournaise a passé du récit biblique
daûs le canon de Tart funéraire à cause de leur délivrance mira-
culeuse, ainsi Daniel sauvé de la fosse aux lions du même livre
biblique y a été admis (v. Scliultze, A?xh. Studiot, p. 17), L'opi-
nion de Ilasenclever *, p. 214, qui soutient que lorsque Daniel fut
représenté dans la catacombe de S. Doujittlle, les autres « imi-
tèrent cette peinture sans y réil»/cbir davantayie j), est donc à n^-
jeter. Il est inutile de cbercher des réminiscences de Tantiquité,
là où la relation avec la Bible est véritablement claire, La nudité
dfi Daniel, n'étant pas exclue par le récit biblique, est certainement
due au prototype romain des <t condamnés aux lions ».
Tobie, Suzanne, Daniel. ,
Quoique les scènes tirées des apocryphes de rAncien-Testaraent
n'aient laissé que peu de traces dans Tart funéraire du christia-
nisme primitif, je veux pourtant les rassembler ici, parce qu'elles
nous permettent de faire les mêmes constatations que les symboles
de rAncien-Testament.
C'est ainsi que nous trouvons, assez rarement, il est vrai, parmi
les peintures des catacumbes^ le jeune Tobie tenant ïe poisson à
la main, par conséquent lors de sa déUvrauce miraculeuse près du
Tigre (Tobie, vi, 5) ; ctiez Garrucci, t. 27, il apparaît Jiu, le bâton
de yoyageur à la main gauche, tenant, de la main drojte, le poisson
frétillant ;sur t. 68, on le voit ayant un tablier autour des reins,
Is, pour le reste, dans la même attitude que ci-dessus; à coté
' îbtd,^ Dole 2. Au lieu de Heuaerj il faut lire DiiaUcr} au lieu de p. 1G8, Hre
p. 170.
' iksondever n'a pQ3 vu ijue dAûS DaQ., xiv, 31, U usi i^ueslioa dd sept Uoos.
4^ l-i » îr:«rT» »:a ^^ci ±wftt Tj^rti Tobîe, tu 1}. Sor t U
«a ir zii Serx s.^rSi*r> r^:ji.»>:i : T^ftôï cfiraré eC ûJtnnt sigDe i
Taii^. 4 • z>:^a»rai c>i. -^in^t iKi:} > &œt^. tdoat la dhinîtéeit
r^9r*-s*r!Ltr*T «nr Tj^m*. _ *^ aifrîL*:é sar te poissom et Tobie
4a -t4 ZL.:'i:n-: à i-ia T.::i:aipt:d ^rÎKSCe te pccssoQ qu'il a pris.
Et. i-r-iir* i*?-* irm^j -tir^ *£ fiz. sar^jcç-feige de Vérone sur
Hsiaz* i-r T:b.-e' -•* i*r tr>^T* z^z^ ^^ztr s^ te sarcopbage d'Aire
[Gamx.. :. 311.3 : 1^ 3Li:i:. :. ^. Çr. ». note 7 , où il retireda
L r<^v,r: «i-r Yiz^.r-zrr »» «ex-rziplr* traité* pnfoédemnwnt que
c>*î ^r-ileziriit Ir =1 :ra !> d-r Li c«rl:TTa:ice de Tobie, et non le
p»jii.s:::. iar.* Ir-r:>rl : n t ::: criiiairrffi-rnt ïine allasioa an Christ,
qz,M a ■i-rtrrnii'ir .'a - iptivn ce tetre î*:^^e. Oa n'a donc pas besoin
â^zi^rT^ aTe-: Hi^ei. rlev-er. p. -iâLiL !a pnrsenoe de limage de
Tobie «ian* 1-^ rai» roaiipEr* et ti"ir.:er7»rêter «rette peintnre, évidem-
in&nt biblique, cooixe une allzîsion à la profession da défunt
enterré en cet er :rc :t.
La priser. ?e xâi.s les cata*xc:be$ de Hmage de Suzanne con-
damnée à mort e: saTi^^e ;«ar l'aiterrention de Daniel est attestée
explicitement p^r une siiscnption : on la trouTe dans rarcosolie
de la catacoxbe Pretextate Gamicci. L 39,2 , sous forme d'agneau
entre deux ]cop> : au-dessus de Tagceau. il v a Finscription:
So^anna; au-ôessTis d'un des loups : Seniorîs '=senîoresj. M.Le-
{'jtX place cetîA j.e:r.ture 'p. 8*"*' aa rv* siècle ; Tattribution à
Suzanr.r de T'rLaje ■:•? t. 53 -, ou ur.e n^nre de femme apparaît
eri*re -îe^x arirrs. à :*:•=• «ie chacun desquels il y a an homme qui
gaeît^. «ici: ^:re oer.a:n-r:irr.t exacte. M. Lefort, p. 58 sipale
dan- îa caiariLbe de S. A^nvs une image encore inédile ayant
cette s> .1-. q.:i a ô-rné s:n nom au cubiculum de Suzanne.
M. L^ Blani a re::nnu la scène sur un sarcophage d'Arles, p.2o;
on y voit les deux ;uje< amenés devant Daniel, et Suzanne à côté
d'eux ; sur le ménie moriUment. séparée de cette première scène,
Suzanne au jardin entre deux arbres, derrière lesquels les
vieillards guettent, lisant un volume. Un sarcophage que Millin
a si^rnal»^ à Carpentras. sur lequel devait se trouver Suzanne
entre les vieillards, n'a pu être retrouvé par M. Le Blant, p. 26.
Lf- serpent qui veut dévorer les jeunes oiseaux d'un nid d'arbre et
où Martigny et Heuser. R. E. P., Il, 801, ont vu une allusion à
Suzanne, n'a rien de commun avec celle-ci : c'est un ornement
* Krau5, i?. S., '292. croit, à tort, que Suxiune ne se trouve représentée qu'une
fois sur des peintures.
SENS ET OBIGINE DES SYMBOLES TUMULAIRES
241
comme M, Le Biant l'a démontré, p. 46, 41, 135. Sur un
âge de Narbonne (Le Blant, p. 132), on voit les vieillards
ieoés de force devant le juge» Suzanne en prière et Daniel éten-
fit la main vers elle.
fc*écuellede Porlgoritza* qui porte, au-dessus d'une femme dans
■itude de la prière, la suscription : Sosanna de faïso crimine
m liberata), prouve que rinterprélalion qui l'ait de Suzanne le
pibole de FEglise persécutée ne répond pas au sens naturel des
ûnuments chrétiens primitifs ; îa délivrance niiraculeuîie de
^usation fausse pesant sur Suzanne et de la mort qui la
iliacait, voilà ce qui rendit cette scène propre à figurer dans
irnementatioti funéraire du christianisme primitif.
Sur le sarcopliage de Narbonne, Daniel est représenté en même
mps quand il empoisonne le dragon de Babjlone (Dan., xiv, 26),
la scène de Daniel échappé miraculeusement à la mort dans la
Eaux lions, qui est le fond de cette peinture, s'est ajouté un
miracle de Daniel, la mort du dragon adoré comme une
. A la vérité, cette scène ne se trouve que fort tard dans la
flpture des sarcophages. C'est ainsi qu^elle existe sur un isarco-
geàMantoue, Garrucci, t. 320/2 ; et sur quatre sarcophages
ries. Le Blant, p* IK 13, 21, 42, Rome et Vérone fournissent
issi des exemples de cette scène ; voir R. E. P*, 1, 342.
L'écuelle de verre trouvée à Abbeville, dans une tombe du
•siècle, porte, en quelque sorte, la preuve épigraphique établis-
int que les emprunts de certaines scènes de l'histoire de Daniel
ils aux apocryphes sont venus simplement s'ajouter au fond
> la scène de TAncien-Testament, de Daniel dans la fosse aux
>iis; en effet, à cûté d'Adam et d'Eve, on y voit simplement le
rcle de Daniel, c'est-à-dire, Daniel entre les lions, Suzanne et
aDiel avec le dragon (v. Gazette archéologique, IX (1884),
224 et s. .
Nous n'avons donc pas besoin de chercher un sens symbolique
la scène de Daniel avec le dragon et de lui trouver une signillca-
3tii funéraire, car elle n'est que le développement de la première
iie de Daniel, et, pour tout dire en un mot, elle n'appartient pas
nombre des peintures symboliques, mais elle lait partie des
itures historiques de Fart chrétien primitif.
fine des symboles fimér aires tirés de tAncien-Tesiamerit,
Si nous faisons abstraction de l'image d*Adam et Eve, image
méraire la plus naturelle et n'ayant besoin d'aucune motiva-
T. XIV, s^ 28. î«
242 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tion, et si nous jetons un coup d'œil d'ensemble sur la série des
symboles empruntés à TAncien-Testament par romementation
funéraire du christianisme primitif, de ceux, du moins, qui .ne
sont ni isolés, ni douteux, mais qui se trouvent fréquemment
et bien nettement sur les ornements, voici les types que nous
constatons :
Noé dans Tarche,
Le sacrifice d'isaac par Abraham,
La source miraculeuse de Moïse,
Le passage d'Israël à travers la mer Rouge,
L'ascension d'Élie,
La délivrance de Jonas,
Les trois jeunes gens dans la fournaise,
Daniel dans la fosse aux lions.
Autant la signification de chacun de ces symboles sur les
tombes est claire, autant la solution devient difficile, quand on les
considère comme un tout, comme un cycle Bien fermé et qu'on
recherche le motif de ce choix. L'opinion de quelques archéo-
logues prétendant qu'une règle hiératique a guidé la main des
artistes et que ceux-ci ont travaillé d'après la direction des
prêtres préposés aux cœmeteries (Kraus, R. E, P., I, 159) ne
repose sur aucune preuve (v. Hasenclever, p. 239) et ne résou-
drait pas le problème, parce qu'alors les motifs de ce choix ré-
tléchi et intentionnel deviendraient tout à fait impénétrables. Mais,
si ce n'est pas un corps constitué, un collège de prêtres, qui a
imposé ces motifs aux artistes et qui a imaginé pour eux cette
série de peintures, comment expliquer le nombre si faible de
types qui arrivèrent à une diffusion si grande et à une représen-
tation presque stéréotypée 1 On ne pourrait prétendre qu'il ne se
trouvait pas, dans toute l'Écriture -Sainte, de symboles funé-
raires plus appropriés, plus clairs, plus indispensables que ceux-ci.
Schultze fait remarquer, au contraire [Arch, Stud^en, p. 7;, que
ce « cycle nettement délimité n'emprunte et ne garde que peu de
chose de la matière fournie par l'Écriture-Sainte, et ce qu'il
emprunte est généralement peu propre au but recherché ou, du
moins, d'une manière très restreinte ». Hasenclever dit, p. *21 :
« On ne voit pas bien pourquoi on n'a pas choisi d'autres sujets
qui étaient assurément plus propres à servir pour l'ornementation
des tombeaux >^ et, p. 213 : « Ce qui a engagé les chrétiensà
choisir parmi les nombreuses histoires miraculeuses de la Bible,
précisément la délivrance de Daniel, le miracle de la source de
SENS ET OHIGWt: DES SYMBOLES TCM CLAIRES
243
Moïse et la conservation des trois jeunes gens dans la fournaise»
JDn ne peut guère le savoir avec certitude ». Il est impossible de
reconnaître dans les types représentés un choix reposant sur une
étude réelle de la Bible et conçu dans un certain but. Si, par
exemple, la pensée de représenter la croyance à la résurrection
était prise pour motif dirigeant de ce choix, comment pourrait-on
alors expliquer que Job se trouve si rarement et que la vision de
la résurrection d*Ézéchiel soit totalement absente pai*mi les pein-
tures des catacombes, qui sont pourtant les documents les plus
anciens de Tart funéraire chrétien* Heuser dit, R. E. P,, I, 472 :
] % La vision d'Ézéchiel, in rnedio campiy qui erat plentis ossWtiS
|(Ézéchiel, xxxvii, 1) deyait imlurellement se présenter dans la
, grande nécropole des catacombes comme limage de la résurrec-
I lion générale des morts. « Il est donc incompréhensible qu'elle
apparaisse si tard sur quelques rares sarcophages, et nous somnjes
I forcés de croire que ce motif était étranger aux peintres des ca-
tacombes, que, par suite, tous leurs types ne provenaient pas
d'un choix raisonné fmt dans rÉcriture-Sainte. Pourquoi ne trou-
vons-nous aucune reproduction du miracle de la résurrection
accompli par le prophète Elisée sur le fils de la Sunamlte [M Rois,
JV, 33 et s.)'? Le problème devient encore plus insolubie si, a\ec
les archéologues romains, on voit, dans les symboles de TAncien-
I Testament, des hiéroglyphes indiquant certains dogmes. Si Teu-
charistic devait déjà être représentée dans les catacombes, pour-
I quoi n'y trouve-t-on pas Fimage de Melchisédec (Gen., xiv, 18),
dansiequel TÉglise voit le plus aTicien représentant de ce dogme,
et qui apparaît*, en effet, fréquemment sur des mosaïques et des
peintures, qu'on se représente si intimement liées à rEucharistie
qae la lunula du Saint-Sacrement est désignée sous le nom de
Melchisédec ? Le petit nombre et le choix des types de rAncien-
Testament sont particulièrement remarquables et dilTiciles à
iexpHquer, lorsqu'on les compare avec les scènes de FAncien-
Testament représentées sur les mosaïques et par la peinture ec-
clésiastique postérieure. Sur les mosaïques de Sainte-Marie-
Majeure, à Rome, sur lesquelles le pape Sixte 111 a fait repré-
*senter Thistoire dlaraOl, Thistoire biblique d'Abraham à Josué
seule est décrite en quarante scènes. M. Mùntz (Études, p. 2d)
I remarque, avec raison, que l'apparition de la Vulgate en Tan 384
a influé considérablement sur ce choix des peintures bibliques.
La reproduction artistique de sujets de TAncien- Testament ,
1 elle s^appuie bien sur rÉcriture-Sainte, embrasse d*une
' V.^y, Kraus, M, E, P., Il, ^ml
W* REVUE DES ETUDES JUIVES
manière uniforme tout le domaine biblique, et, inversement, un
art qui se borne à peu de types, dans le choix desquels on ne
ilécouvre aucun principe, ne peut s'appuyer sur rÉcriture-Sainte
même.
De même, il est impossible d'expliquer le nombre et le choix des
scènes de l'Ancien-Testament dans Tart funéraire du christia-
nisme primitif par ce motif que ces scènes sont reproduites dans
le Nouveau -Testament. A vrai dire, la tentative a été faite, no-
tamment par Braun, qui, dans /. R. H.^ 13, 164, ^'exprime ainsi :
« La raison pour laquelle ces images de TAncien-Testament ont
été si souvent reproduites se trouve dans le x® chapitre de TÉ-
pître aux Hébreux, qui avait, pour Tar liste chrétien, la môme
importance spéciale que pour le théologien chrétien, et qui, pour
l'histoire de Tart du christianisme primitif, mérite une consi-
dération particulière, qu'elle n'a pas encore obtenue jusqu'à pré-
î>ent. » •
On veut parler ici du xi« chapitre, où sont évoquées les figures
dupasse dont i)arle l'Ancien-Testament, pour en faire des témoins
classiques des miracles de la ^(«nç. de la foi, et parmi lesquelles on
donne môme une place à Rahab, *Paàp -h icdpvrj (v. 31). Un coup d'œil
jeté sur les sujets qui sont cités dans ce chapitre et qui ont été *
réellement traités montre combien ce document a peu contribué à
fournir des matériaux à l'art chrétien primitif. Où trouve-t-on,
dans l'ornementation chrétienne primitive, une trace d'une image
(le Jacob mourant (v. 21) bénissant ses deux pelits-flls Manassé
et Ephraïm? Où y a-t-il une trace de Joseph prenant, avant sa
mort, des dispositions pour l'ensevelissement de ses restes (v. 22,
ou de Moïse exposé sur le Nil, que ses parents avaient caché pen-
dant trois mois contre l'ordre du tyran égyptien (v. 23) ? Et pour-
tant les deux premiers sujets étaient éminemment propres à ser-
vir de symboles funéraires, si les artistes les avaient connus. D'ail-
leurs, les pères de. l'Église n'ont-ils pas interprété dans le sens
chrétien la manière dont Jacob bénit ses petits-fils (Gen., xlvui,
14)! L'image de Moïse qui, lors de la sortie d'Egypte, emporta
les ossements de Joseph (Ex., xiii, 19), n'était-elle pas un symbole
tumulaire d'une signification saisissante, qui se recommandait aux.
artistes, si réellement ils s'étaient inspirés du xi® chapitre de
l'Épître aux Hébreux ? Si l'opinion de Braun est déjà ébranlée
par le peu d'emprunts fait par l'art à ce document, elle sera tout
à fait réfutée si nous considérons combien l'art a représenté de
sujets qui manquent totalement dans ce document. Le fait que
Jonas. les trois jeunes gens et Daniel, c'est-à-dire les types prin-
cipaux et les plus répandus de l'ornementation funéraire, n'y sont
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES irMULAlRES 2IÎÎ
pas m^m#> nommas, prc>u\e presque à lui seul que l'observation
de Braun est insoutenable.
S'il nous est donc impossible de trouver, soit un motif détermi-
ant dans le choix de ces type^;, soit un document littéraire qtn
n aurait C'UI: la source, nous ne devons pas, par désespoir, re-
urir à Texplication la plus impossible, au hasard. Nous avons
, par l'examen des cas isolés, ce qu'il faut penser de la tf^utative
e faire dériver de l'antiquité ces types de TAncien-Testament; un
amen d'ensemble montre complètement Tinanité d'une entre-
ise qui consisterait à présenter un cycle de peintures de TAn-
en -Testament bien fermé et évidemment arrêté datts la pensée
mine le résultat accidentel d'un dëvelopperaent reposant sur des
ocuments payens. Plus la diffLision de ces symboles et leur con-
cision hiéroglyphique nous forcent à croire que les artistes de-
'aient compter être compris généralement, plus la question s'im-
ose de savoir pourquoi précisément ces ima^^es ont été employées
et à quoi on reconnaît qu'elles convenaient sp*^ciiïlement au but
s artistes. Ce choix n'ayant pu être fait ni par nne autorité,
i par une convention entre les artistes, il ne nous reste qu'à ad-
I inetlre que ce choix n'était plus nécessaire, parce qu'il avait déjà
HItë fait, parce que ces types de rAncien-Testament avaient déjà
^■lé choisis antérieurement, comme étant propres à des buts dé-
^^rminés, et que ces types avaient pris dans l'opinion publique ce
caractère, si bien que l'art n'avait qu'à s en emparer pour pouvoir
présenter aux croyants un canon achevé d'images de TAucien-
Testaraent. Mais oii existait ce choix, où était ce canon qui n'a-
vait qu'à se laisser traduire dans la langue de Tart ? Je réponds :
€Uins la liturgie juive.
Comme nous le dit la Mischna de Tanit, h, l, les jours de
jeûne public, quand on portait dans la rue l'arche sacrée et qu'on
y répandait des cendres, comme sur les têtes des dignitaires supé-
rieurs de la communauté, on insérait dans les Dix-huit bénédic-
tions, ou Tefilla, entre la T" et la 8* bénédiction, six autres prières
dont les finales sont expressément indiquées. Dans le morceau
tiré du Moussafde la fête du Nouvel-An et récité en cette circons-
tance, il est fait mention de Noé et d'Abraham comme ayant reçu
de Dieu des témoi^ïnages d'une prédilection extraordinaire : *( Tu
t'es souvenu avec amour de Noé, et tu Tas assisté de ton salut et
de ta miséricorde, lorsque tu envoyas les eaux du déluge, pour
faire périr les créatures à cause de leur impiété », Avant la finale
de la 7* bénédiction, dans laquelle on insère aussi des formules de
prière, on dit en pareille occasion : nm?3ïn inn onnsK ntt n^rc ^?:
rrrn ditî nDrp:^si bnpn t^x:^i Dsnx î-;2J^ K^.rr « Que celui qui a
2^ REVUE DES ÉTUDES JUIVES
exauce Abraham sur le mont Moria vous exauce et écoote ^
cri de d«^tresse en ce jour ». Dans le même sens on dit à la to*
six intercalations :
4) C-» by irnn» r« r^ro -^n Celui qui a exaucé nos pères ïwès ^^1
rjiD Mer Rouge,
2) Vsbsa y'::^rr — — — Josué à GuilgaU
3) rîCi:-:2 bxn*:c — __ _ Samuel à Mitzpa^
4) b-:*rrî *r:2 rrrVx — ._ _ Elie au Carmel,
:i) rr^nr: •'y?:*: nri'» — — — Jonas dans le lex^tre
de la baleine,
6* i:3 îT:bc rsn mi — — — DavidetSalomon^s*'
^Vs-j^-j^^ fils, à Jérusatea.
Quels que fussent le contenu et Tordre des versets bibliques *
des formules de prière récités avant et dans ces intercalations 'J
ressort, du moins, avec certitude des paroles obscures de la Mischa»
que ce sont des types tirés de rÉcriture-Sainte, des témoins clas-
siques de secours miraculeux obtenus par des prières, qui (nA
formé le principal contenu de la liturgie des jours de jeûne et les
finales des bénédictions additionnelles.
A la véritt^ il faut faire un bond assez grand pour sauter de ces
textes de la Mischna aux gaonim de la Babylonie, mais si nous
songeons au caractère toujours conservateur du culte divin en |
général, et, en particulier, de la liturgie du jeûne, canonisée par 1
la Mischna. nous n'hrsiterons ]»as à nous servir des indications
dos iiaonini M.ir Sar Sohal-.^m et Solierira sur la manière dont la
célébration publique des jeûnes était orjranisée dans les académies
babyloniennes, pour tXî'Iiqiier t-t c-.«mpléter la Mischna. Dans la
coiie.^tîon des réponses des <:aonim rrr:i m-zr. Jérusalem, 1863,
160. r.ous trouv.^r.s c tte indîc.'îîi'>n de Mar Sar S^halom : -:^3n
•rzx r^T-rsV r^rrrr ^rrr •rzx '::r — 2*s rrVc • Après la " bé-
nedivtion ro:ï:::a:.t d.x : Exauce-nous, ô notre Pt-re, comme tu as
exauc-^ Abr.ihanî, viau:e-nous *. La réponse explicite du Gaon
S.*lier:ra a la o 0!r. m .::.:" r.îé de Fez îMif.. n-" 161 ' prouTe que c'était
là le vîvi'Ut ■'.' -^ v.x or.v.svis connues du riniel de la pénitence, et
^l',"i ■■; « M^t.i ■ •»»••» «««««■ «»«»^%* «»«««■ ««^««B «»«^v •»••• ••%»«^« ^<— ^*'*.
V i.V ^< ■ V. ^k i V • .w • •• • ^. • • m^ m m^ » ^ «^ • • a' « k^ ' ••* •
••«■•^^ «»«■ ^M»»»*»» «»»,■ «Mi«aM«»«MB akW^ «»«^^ ■ I ^^^^ **^ »»^ fc — ■— MkSMW. '*»•
Nrr't sr'vc Lo:::;.:-:.î o:ni:.:v:.:r ains: : Exauce-nous. 0 notre
V'riw cxar.oe-nous ; • \ar.;-^uous. C- notre roi, exauce-nous; comme
SKNS ET ORIGINK DTC S SYMBOLES TITULAIRES W
tu as exaucé notre père Abraliam sur le mont Moria, exauce-nous;
et la communauté répète mot par mot ». Ces oraisons de notre
rituel de jeune dataient donc de l'époque de la Mischjia, Zunz aussi,
Riius, p. 130, déclare qu'il y a depuis la Mischiia une liturgie
prescrite pour les jeûnes qui fut quelque peu augmentée à Tépoque
des gaonim. Ces deux ofaooim ont considéré ces oraisons comme
étant si connues, qu'ils ne se crurent obligés que d'en indiquer les
premiers mots. Pour nous, Tabsence de renseignements plus précis
est d'autant plus regrettable, que la forme du texte, en apparence
la plus ancienne, dans le Siddoar du Gaon Amram [Varsovie,
1865), II, Kïs, n'est pas d'Amram, mais une addition postérieure.
Le texte du deuxième morceau» qui nous intéresse seul ici, a subi
dans les divers rites juifs de nombreux cbangements, des suppres-
sions et des additions ; même la forme des oraisons a subi une
transformation complète. Dans la plupart des rituels, elle est
conçue comme suit : ^:;:r^ mn r^^'^^'KiT^ nn^ D^nsNb r^^yv ■'t: « Que
celui qui a exaucé Abraham sur le Moria nous exauce ». Elle est
donc uniformément mise à la troisième personne d'après le schéma
^iirr*' 4«Tn • • ' ' rTî3?ï3 ^. Le rituel de la Romagne el le Malisor
^■romain portent rancienne forme originelle de la deu3uèrae per-
Bsonne tr^r • • * * n^'s^cs, qui est aussi indiquée par le dtsd
^■rT':2^o de Sar Schalom et de Scherira. Dans le Mahsor espagnol
^Kt, de même, dans le Siddour de R. Amram, !-;::?d ''iz est devenu
^V|^^«^ , . . . ^^y^ Comme il n'est question ici que des ty^ies de
la Bible cités dans ces oraisons, je vais les énumérer tels qu'ils
H Be trouvent dans le rituel des jeûnes allemand (— A), dans le
"Mahsor d'Avignon (= Av), dans le Mahsor romain (^ R), dans le
Mahsor sefardi (éd, Venise, 1544, f. 280 = S), dans le rituel de la
Romagne (==^ P), dans le rite de Tripoli (n^^sn ^nrJD, éd, Venise,
11721, f. 7** =T), et enfin pi^ie-mèle dans le Siddour d*Amran
(= Am), ce qui montrera en même temps que ces oraisons se
suivent dans un ordre très différent *.
[ I En partie d'après les conmuDieaUons de mon aini S.-J. HalhersUin, de Bîe>
litî i dans son îisnat ntfW inanupcrit, Tordre de succe«»iûft eti acmbJablQ à celui
du Mahsor aUcmand ; aeulemcnL Mûîse et Âaron sont réunis et on y coimpie Ëlie et
Ezra. Voir aussi ces oraisona amplifiées dans les colïections des prières pour les
cimelières, par cxeœplQ daaa le *iydb 712^13 C^rajiçfort-Bur-Meiû, 1726), f. 54 i
21^ REVLE DES tTUDES JUIVES
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J'ai fait cette (.^numération dans le but de montrer que nous ne
pouvoUvS plus reconstituer le texte original de cette prière ^^
jeune. Comme la diversité de succession dans les différents rites
et surtout les noms de Gédéon, Elie, Ezra, Mathatias, Hasmonai
et enfin lloni, le tourneur de cercles (voir Tanit. 23 a\ qui u'aP'
parait qu'une fois, le prouvent, le nombre des types n'est nullement
ivstè identique, mais a subi des modifications et des additions-
Dans les temps anciens, ce texte a été évidemment plus court»
quoiqu'il soit difficile d'établir quels sont les noms qui sont venus
SKNS KT OKIGINE DKS SYMBOLES TUMlLAllïKS
24»
s'ajouter à ceux qui étaient reçus primitivemeriL II suffit de savoir
qu'une liste des typeii de l'Ancieri-Testameut dressée pour îa li-
turgie existait dans îa synagogue» liste que nous possédons encore
aujourd'hui sous une ("orme si altérée, que nous ne pouvons rien
dire de sa forme oriîîineMe. Que serait-ce donc si Tart chrétien
primitif s'était servi de ce canon pour ses peintures funéraires, s*il
fallait chercher là une réponse à Ja question dp savoir pourquoi
précisément quelques types sont arrivés à une diffusion si extraor-
dinaire, tandis que d autres n oui pas été reproduits? Il est inutile
de s'arrêter à ce fait que beaucoup de types de ces oraisons ont été
laissés de côté par les artistes, mais il faut voir combien de ces
types ont été reproduits. On ne contestera pas sérieusement si nous
soutenons que nous avons perdu un f?rand nombre de types repro-
duits dans les catacombes par suite d'ébouleraents, de Taction des
éléments et du temps, que beaucoup d'autres attendent encore leur
interprétation exacte et que d'autres encore viendront au jour par
suite d'heureuses découvertes. Je pourrais invoquer le fait que llo^^io
a reconnu dans les catacombes Timage de Joseph en prison (n. 4),
que M. Le Blant èroit reconnaître Ezra sur des sarcoidiaces '
(j4rto% p. 6, 41), mais, au fond, il n'est pas nécessaire que tous
les types aient été adoptés par les artistes et surtout ceux qui, ou
bien n'avaient pas dlmportance générale et saillante, ou qui ne
servaient pas de centre à une scène qui pouvait cMre représentée
artistiquement par quelques traits qui le feraient reconnaître de
tous. Du reste, aucune des explications tentées jusqu'à présent
n'a pu justifier Tabsence de certains ty[>es ; ainsi, par exemple,
Heuser, R. E P., II, 74, trouve que l'absence de Joseph sur les
monuments est une vraie énigme. Si notre canon peut nous expli-
quer les types utilisés dans Tart, cela suffit; et il importe peu que
les types omis ou non encore découverts ne s'y trouvent i^as
originellement, ou que, pour une raison intime ou technique, ils
n'aient pas été reproduits par l'art. Or noire canon nous rend eflec-
tiveraentce service, 11 est vrai que, sans faire intervenir une in-
fluence étrangère, on comprend que Noé dans l'arche et le sacrifice
d'Isaac aient été j^eprésentés comme symboles dans l'art primitif
chrétien, mais leur reproduction sur les anciennes tombes cîiré-
tiennes et leur diffusion s'explique cependajit d'une manière plus
satisfaisante par le fait qu'ils étaient connus par la liturgie juive
comme les types les plus anciens et les plus respectables de J'inter-
< Cl. aii?si Le Blint, p. 25 (t. Vlï, t = GarruLxi, h llïU/i}. Girrucci, t, 3^3*4.3,
cita utt exemple de la même tcèoe, venanl de Home, où elle est placée £0 us Tituagu
cljpeate.
2î$0 REVUE DES ETUDES JUIVES
vention miraculeuse de Dieu. Si Ton ne veut pas admettre cette
influence de la liturgie juive sur l'art chrétien primitif, comment
expliquer alors que les artistes en soient venus à l'idée de repré-
senter sur des tombes la délivrance dlsraël au passage de la Mer
Rouge? Cette scène a été représentée, parce que l'oraison rr^TD •'a
im:^"^ Nin C11D d"^ by is-^maNb « que celui qui a exaucé nos ancêtres
près de la Mer Rouge nous exauce » était connue, et c'est ainsi
que s'explique la représentation de cette scène dans l'art chrétien
primitif. N'est-il pas dit dans l'Exode, xiv, 10 : bNi»*^ '^sn ip:^n
'n b» a les enfants d'Israël crièrent vers Dieu », ce qui constitue
la base biblique de ce type de l'intervention miraculeuse de Dieu
obtenue par la prière (cf. Tanit, 16 b) ? Comment le miracle de la
source du Horeb serait-il le seul des nombreux miracles de Moïse
qui a été représenté, si ce miracle n'était pas le seul qui ait été
rapporté par la liturgie? On dit de Moïse, Ex., xvii, 4 : rrïJTa py^in
"n b»y qu'il a invoqué Dieu près du rocher de Horeb, c'est pour-
quoi ce miracle obtenu par la prière a été admis dans la liturgie, et
on en a fait cette formule de prière iss:?"^ «in anns n«73b m^^o ^^
« Que celui qui a exaucé Moïse au Horeb nous exauce ». Je trouve
ici dans l'art chrétien primitif un témoignage précieux pour l'an-
cienneté de cette leçon spéciale du rite allemand et pour son exac-
titude. L'explication la plus précieuse, la clé du problème, la scia-
tion de l'énigme, pourquoi précisément Jonas, les trois jeunes
gens et Daniel sont-ils arrivés à une situation si prépondérante
parmi les peintures funéraires, pourquoi, parmi tous les miracles
de l'Ancien-Testament, a-t-on trouvé ceux-ci dignes de cette pré-
férence, nous la devons à cette idée de l'influence de la liturgie
juive sur l'art funéraire du christianisme primitif. L'ancienne
prière des jours de pénitence donne la réponse non douteuse.
Ti^'^'n ^yw2 nsT^b ns^^u: "^73 Que celui qui a entendu Jonas dans le
ventre de la baleine — nous exauce;
ïT^-iTTi bii'O'^12 îi^Dsnb ïi5T^ "^73 Que celui qui a exaucé Hananya, Mis-
'ù3Nn l'wnD ^inn chael et Azaria dans la fournaise;
riT^-iN n'ï^n bN"^D^b ^riyc vz Que celui qui a exaucé Daniel dans la
fosse aux lions.
Toutes les versions, par leur concordance, attestent l'existence
primitive de ces trois types dans l'ancienne prière des jours de
pénitence, et le témoignage de l'art chrétien primitif vient, de son
côté, témoigner qu'ils ont appartenu, dès le principe, à la liturgie,
et qu'ils ont passé de la synagogue à l'Eglise.
Dans l'intervalle qui s'écoule entre la Mischna et les décisions
SEPeS ET ORÎOmE DES SYMBOLES TUMULAmES
mî
Bs gaonim nous voyons ainsi entrer un l/mioin Inattendu, Fart
chrétien primitif avec son cnnon de peintures de rAncien-Testa-
iineiit, qui nous apporte la preuve qu'elle a trouvé dans ]*oraison
de nsro "^t, Mi Schéana, de Fancienne liturgie juive des Jeûnes et
[jours de pénitence, les types et les exemples les plus importants
: de prières exaucées et de délivrances providentielles obtenues par
des prières et qu'elle les a utilisées pour son but spécial.
M. Le Blant était déjà dans !a bonne voie en déclarant que c'est
à une source littéraire quVjnt été empruntés les types de TAncien*
Testament représentés par le symbolisme funéraire chrétien. Il a
découvert que dans ce qu'on nomme « ordo eonimendationîs ani-
Imae w, qui, selon le bréviaire romain, est récité auprès des mou-
' raiîts, les mêmes types apparaissent (Arles^ p. xxi et s* ; Revue
archéologique, "N. S., 38, (1879), 229). Après deux stropties de
début de sens général, on y lit :
Libéra, Domine, animam ejus sicul liberasli :
Eooeh et Eliam de communi morte mundi ;
Noe de diluvio ;
Abrobam de lîr Cbalda^orum ;
Job de passionibus suis ;
Isaac de bostia ei de manu patris sui AbrabïP ;
Lût de Sodomis et de llarama îgnis ;
Moysen de manu Pharaonis refais jEgyptiorum ;
Danielem de lacu leonum ;
Très pucros de camino ignis ardentis [=eim'ip^ tni: lîr» en^b,
Dan., ni» S3 ; n* i7l et de manu régis iniqui ;
Suzannam de falso crimiue ;
David de manu régis Saul et de manu Goliath ;
Petrum et Paulum de carceribus ;
IX si eut beatissimam Theclara virgioem et martyrem luam de
[jcissimis lorraentis liberasti, sic liberare digneris animam bujus
"Servi sui et lecum facias in bonis congaudere cœlestibus*
Quelle est l'ancienneté de c^iordo dans réglise?M. Le Blant
fp. xxvh) a réussi à le retrouver dans un manuscrit du ix*» siècle,
mais il ne doute pas qu'il ne remonte aux premiers siècles de
Tère cbrétienne. Dans la Oesieï^eichische Monatsschrifl fur den
Orient, 1860, p, 80^ dans un article intitulé n^ro ^tz et le Ordo com»
mendationis animi, j'aî entrepris de prouver qu'ici la liturgie juive
avait influé sur la liturgie chrétienne. Comme dans celle-là» les
oraisons sont précédées d'une litanie is"*;:? ira» 'js'^:^, << exauce-
nous, 6 notre père, exauce -nous j>, FOrdo est précédé d*une prière
dlntrod action où l'invocation Kyrie eleison, Cbriste eleison est
auî-*,! I" pl'j^ ar.cj«fn UxU* o*- la f -rs-L-* irr!xnL!r:«^ r&^tutrc
r-:r5 o-j r-:?rr. Mai's q-jo; qu'il en *-:■.: âr-î rsTç-rr^ se Ji pnére
rhr<''li«'iifj<' avirc la jm^re juivf, il e*^i k^ ra* n^ >-xû àxtséCre
\tr^*>.i'uU' a la p'-n»-^*: ^1"?' anciens arû<** ci--^i>eL* scg* lacfome
|;liiH rappror 11 /'*• #|ij rituel juif I^ doc:;iri^rt r-ir r*r M L* Kut
ii>xpJiqu<f pîJH /:^r qu'il faut exi»liqa'=-r, ie^ iv^pr* i=â zi.^ MAadus
«lu <:;jnon «l'f lornornen talion funéraire ne s'v trc-^rr»z: précisa
HM^nt \tii^. Ainsi on n^f mentionne pas le fia5<^zç flsrir^I atriveR
la nu'V MouK's '•! M. Le Hiant est forcé d'inTCiqaer i-r f* : ?. m
qu#* !<• psauriH* <:xiv : iyi exitn Israël est chanté a-i ect-»rreffient5.
MniN, outn* qui* 1<'h pHaum^'S xiv, xxxi, ci. jouent un r.'><iiiisla
liturul^' fiUH'Tain* snnK avoir donné naissance poar ce:a a des
NyinholrN (cf. llaH(*|irl(;ver, p. "78 et 93), il faut noter que. (iansre
pNiiiinit* <;xiv, il est question de la sortie d'Efrypte et que sorles
HMMiUMH'nts on n'pr<^.s(M)te exclusivement le i^assage de la mer
HdiiKi*, (|ui irest pas identique avec la sortie. Quant au miracle
de lii N()un*.e du lloreb, M. Le Blant a dû renoncer à expliquer sa
pnVHenci» par la litur^rie et adopter le procédé d'interprétation
MynilMdlqu^ nucpiel il reste ordinairement étranger. Ce qui est
parlhMillèri'UHMit frappant, eest le fait que le plus fréquent elle
plus alnii^ de tous les types de l'Ancion-Testament manque dans
et»t onto : Jouas n'y est pas nommé. Aussi, pour expliquer la pré-
Heure de ('i»tle nnai:e sur les monuments, M. Le Blant est forc"^
d'rtNoir retours h \\\\ aulri* ordo, aux constitutions apostoliques et
au\ iictit M.M ('.r'înH : la liluririe juive montre d'une manière iniu-
luLiMt* \\\w U' \\ pt* d«» JiMias a. dtV le début, fait partie des oraisons.
Makie r»'N diùliMillt\>i el quoique tous les motifs indiqués dans l^
d\vuuhMil trxuue par M le niant n'aient pas été employés dan^
\i\\{. %' 1^1 .r.;îM. par exemple, qu'il n'existe pas de preuve de 1^
piv>e'.u'«^ vi'Kuevh v^u de l.o;h sur les monuments funéraires, 1^
diVv^uN* vie .îe M le Hlar.t a t Ce admise par la science. Je n^
mî*:*; .^*';-;^'. m: x;\:e '/aj p:\ l\\::v^:i vîo IV Kossi. de Springer {BeriMt^
. Ni>*
VÎv. v'> ' ^: V .î<v\ .^l :>>' . ;^ 4 • t : vie F. X. Kraus, R, E. P .
W *S •.<-■"' *;-•' '^ ' ■ ' '-' '^:".:- :.:'t'".*.o contient est indéniable.
"'.< ^ '.' .-> ô'.,V; ; ;.-> s;,r >.,>.< s",: •:. l.os c?r.>tatations q :e nou>
\o*/ -> ,•/ .< 'V >*■/ -v ;';;-: X ,':v;,:>rrî-* ^:•? M. Le Btant et noib
*-,*v; .'•: ,• ,. -, Vvî> ;'" A*":'-*; :". s.i:'.> .::-.::e a.iss:. i:ous rap-
*\v ■/ I . ■ '.stN ;; < .^ ,
a It-TViv ;u:v^ 5i;r h
SENS ET ORIGINE DES SYMBOLES TUMULAIRES 253
romains, peut-être en partie judéo-chrétiens, aujourd'hui surtout
que par suite de la découverte de Bryennios de \ Enseignement
des douze apôtres, nous sommes arrivés à savoir que des produits
juifs, comme le catéchisme des deux chemins *, qui ont péri dans
la littérature juive et qui ont été oubliés, ont été adoptés dans la
jeune communauté chrétienne, développés et conservés. Dans la
littérature et la liturgie, la dépendance de TEglise nouvelle vis-à-
vis de Tantique synagogue devient de plus en plus certaine ; en art
aussi, je crois avoir apporté ici la preuve d*une influence de Tune
sur l'autre.
Budapest, 28 novembre 1886.
David Kaufmann. .
> Taylor, The seaehing of the sifulve apostles (Cambridge, 1886], et Haroack, Di$
. Apottellehre und dU beiden jûdUehen Wege^ p. 27 et s. (Cf. aussi les recherches les
plus récentes de la critique allemande sur le noyau hébreu de l'apocalypse (par
exemple. Stade, Zeitschrift fur die alltestamentliche Wissenschaff ; 1887, i.j
NOTES m niOlRË DES J0IF8 EN ESPÂGl
Les savants d'Espagne et à leur tête M. Fidel Fita, qui conduit
le chœur, continuent à nous donner d'instructifs et excellents tra-
vaux sur l'histoire des Juifs dans leur pays.
LA JUIVERIB DE SÉQOVIE.
Voici d'abord une étude de M. Fidel Fi ta sur les Juifs de Sé-
govie *. Elle contient dix numéros, la plupart avec des pièces iné-
dites ou rectifiées d'après les originaux. Nous donnons ici l'analyse
de ces pièces.
1. Procès-verbal fait à Ségovie, le 29 octobre 1481, par l'écri-
vain public de la ville, concernant la création d'un quartier juif
séparé du reste de la ville. La création de ce ghetto avait été or-
donnée par les rois catholiques (Ferdinand et Isabelle) dans toute
l'Espagne, et réglée, pour les villes et territoires d'Avila et de Sé-
govie, par un ordre royal daté de Calatayud le 24 avril de la même
année 1481. La lettre royale, dont le texte est communiqué par le
secrétaire, ordonnait que, pour plaire à Dieu et pour l'honneur de
la sainte religion catholique, les Juifs et les Maures n'eussent plus
dorénavant, dans toute l'étendue du royaume, le droit de demeu-
rer ailleurs que dans des. quartiers séparés, elle leur accordait
deux ans pour créer et organiser ces quartiers, construire ou
approprier des synagogues ou des mosquées, aliéner les anciennes,
si elles se trouvaient en dehors du quartier qui allait leur être
* La Juderia de Segovia^ Doeuntenios ineditos^ dans Boletin de la Iteal Acadtmia
de la Eiitoria, t. IX, pages 270, 344, 4G0 (lascicules IV, V. VI), Madrid, oct., nov.
et déc, 1886.
_ NOTES SUR L^HISTOIRE DES JUIFS EN ESPAGÎfE 2S8Î
«?, Les maisons possédcîes antérieurement par les chrétiens
le nouveau quartier juif (levaient ôtre vendues aux Juils à
ix fixé par deux arbitres, Fun chrétien, l'autre juif. Le con-
municipal de S*igovie n'avait pas perdu de temps. Au mois
;>bre» il avait déjà préparé le plan et tout l'état des travaux à
pour créer une juiverie, et notre pièce contient précisément
tat détaillé, dont le secrétaire donna lecture aux rejirésen-
des Juifs, ce 21) octobre 148L La pièce énumère toutes les
qd seront occupées par les Juifs (elle ne leur donne pas
ms, mais indique les aboutissants), la plupart auront doré-
int, pour en bien marquer la limite, une entrée rétrécie au
m d'un pilier en maçonnerie, qui sera élevé, aux frais des
r, à rent^roit où îa rue s'ouvre sur les quartiers des chrétiens.
cours ou places partagées, par le conseil, entre les chrétiens
te Juifs seront fermées, à la frontière de la juiverie, par un
'construit aux frais des riverains juifs* Les portes des mai-
I juives ouvrant sur les quartiers chrétiens seront murées
fermées, et les fenêtres qui sont dans les mêmes conditions
Mît murées jusqu'à hauteur convenahle, pour empêcher les re-
pns entre les Juifs et les chrétiens du dehors. Des mesures
logues sont prises au sujet des portes et fenêtres des chrétiens
pnt sur la future juiverie. La pièce nomme un certain nombre
Juifs administrateurs ou représentants de la communauté, et
propriétaires de maisons.
i Mention, dans un titre de propriété de l'hôpital de Saint-
rit, fait le 17 novemhre 1460, du cimetière ou ossuaire des
* de Ségovie, fonsario de los Judios, et des rochers {penas)
Hême ossuaire. Il était situé sur la côte rocheuse (peilaî dite
mrd'hui Cuesia de los Iloyos, située en face du quartier juif
éparée de ceïui-ci par le ruisseau Cîamores. On l'appelait
i Prado Sanio jusqu'en 18^7. M. Fidel Fita est arrivé à y
) faire des fouilles dont nous parlerons plus loin.
Déjà, à une autre époque, les Juifs de Ségovie avaient été
Ws, comme ceux du reste du royaume, de s'enfermer dans un
ilier séparé. C'était, pour la première fois, à ce qu'il semble,
112, en suite d'un ordre de la régente Catalrna (au nom de son
'uan II) daté de Valladolid, 2 janvier, et exécuté promptement
;ovie. Le conseil municipal avait, à cette occasion, pris pour
uvelle juiverie un certain terrain appartenant au raonas-
Sainte-Marie de la Miséricorde (Merced), En échange de
irrain, le monastère demanda au roi la synagogue située près
monastère, dans la rue de la Almuzara, et que les Juifs
sans doute dû abandonner parce quelle* n'était pas dans
256 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
i*enceinte de lajuiverie. Cette demande fat accueillie par la reine,
l'acte dé concession fut signé à Valladolid le 16 octobre 1412 et
confirmé par une lettre du roi datée de Valladolid, 12 avril 1413.
Des notes ajoutées par M. Fidel Fita il résulte que les Juifs de
Ségovie avaient, antérieurement à 1412, et comme beaucoup
d'autres communautés juives, une grande et une petite syna-
gogue. C'est la petite synagogue de la rue de la Âlmuzara qui
fut donnée aux religieux de Marie de la Miséricorde, et, suivant
la promesse qu'ils en avaient donnée, ils en firent un hôpital. La
grande synagogue fut également enlevée aux Juifs ou aliénée par
eux, en 1412 sans aucun doute, et probablement aussi parce qu'elle
n'était pas située dans le nouveau quartier juif. Elle fut transfor-
mée, comme il résulte de pièces de l'an 1419, en VIglesia ntiova,
qui, à partir de 1450, devint l'église du Corpus Christi. Cette
grande synagogue est un beau monument. « Elle a, nous écrit
M. Fidel Fita, fe style de Sainte-Marie la Blanche de Tolède. Les
beaux arcs en fer à cheval reposent sur de grands chapiteaux où
la pomme de pin et la grenade se déploient, sur leurs tiges mainte-
nant masquées (par un badigeon). Rien de plus ravissant qae
les arcs gracieux de 3eux galeries qui surmontent les nefs laté-
rales et qui étaient probablement réservées aux femmes. C'est
dommage que l'œil de l'artiste ou de l'historien ne puisse y péné-
trer (dans ces galeries ?), car c'est un couvent de Franciscains,
seulement accessible aux évêques et aux rois. Je voudrais seule-
ment obtenir la permission d'enlever la croûte qui recouvre les
deux longues lignes d'inscriptions qui se trouvent en haut, sous
la toiture du temple, et dont j'ai cru apercevoir les traits à tra-
vers la couche de chaux ou de mortier qui les recouvre et qui, je
l'espère, les a préservées de la dévastation ». Sur les deux côtés
de la nef, dans la partie supérieure, M. Fidel Fita a vu sculptés
un lion et un château.
4. Analyse des passages relatifs aux Juifs dans le Livre de l'In-
tendance (lihro de la Mayordomia) du chapitre de la cathédrale
de Ségovie. Ce livre énumère les Juifs demeurant dans des mai-
sons appartenant au chapitre et lui payant un droit ou loyer. La
grande synagogue y est encore mentionnée en 1412. Il semble
résulter de ces listes que dès 1432 (et peut-être auparavant)
les Juifs n'étaient plus exclusivement renfermés dans le ghetto de
1412 et qu'ils s'étaient de nouveau répandus dans la ville. Il est
probable qu'après la mort de la régente Catalina (1419), qui fut
une des grandes ennemies des Juifs, on commença bientôt à ne
plus observer les mesures qu'elle avait prises contre eux, et son
fils lui-même donna l'exemple d'une réaction libérale en leur
mrvs SUR LniSTomK dks juifs m i%spa(înk
2ri7
ir^ur. L'annt^o 1432, tout partïculièremfiiit,parnU avoir ^t(^ pro-
Ëour les Juifs de Castille, puisque c>st en cette aniK^e, comme
^u dans im num»^*ro jïrécédtMit <1e la Revue\ qu'ils purent
..v-Jiveaii ofîianiser leurs <^nnrîmunaut^s et nommer un Rat> de la
dont la Ibactiou (jtalt restée lonjïtemps vacante, sans «îoiite
lite du mauvais vouloir de Gatalina. Ce livre de Tlntendance
re aussi, parla diminution oo la disparition d'un assez grand
brede Juifs aprAs 1391, que les Juifs de Ségo vie» contrai re-
à ce qu'on pensait, n'ont pas (échappé à la grande persécu-
que Vincent Ferrer avait déchaînée contre les Juifs d'Es-
Kie.
: Saite de l'analyse du livre de l'Intendance, avec beaucoup
oms de Juifs, comme dans le numéro précédent. En 1455, le
iOûverti Alonzo de Spina s'établit à Ségovie et y fonde, dans un
laUis cédé parle roi, le couvent de Saint-Antoine. Il est Tauteup
le ce Fortaiilîutn fidei qui a répandu tant de tiaine et de men-
Dges sur le comf>te des Juifs. Gnimenares, Thistorien de la ville
égovie, raconte, dans un chapitre manuscrit de son œuvre,
Iment, en 1468. des Juifs de Sépulvéda, à Unstigation de leur
bin Saloumn Pichon % auraient tué un enfant chrétien pendant
emaine sainte, et furent punis de mort ou d'autres supplices.
st clair quil n'y a pas un mot de vrai dans Taccusation pro-
! contre les Juifs et qui porte, comme toutes les autres de ce
^re. tous les caractères de la légende.
La raort de Méir Alguadez, d'après le texte (rectifié d'après
Imanuscrit?) du ForlalUium fîdei. Voir Crvsdlz, t VIlï, 2* édit.,
\%. C'est à la suite de cet événement que, si l'oji en croit
xode Spina, la grande synagogue de Ségovie fut changée en
.Resté à savoir si cela est exact; nous avons vu plus haut
île nom de Corpus Chrisîi, qui ferait allusion à rhostieache-
l et profanée par don Méir, ne fut pas porté primitivement par
fnagoguR convertie eu église.
Piôces de 1321, 1328 et 1333 relatives à un procès entre les
dominicains et doux Juifs de Ségovie. Les frères doniini-
I avaient, entre autres, reru du roi le droit exclusif d'exercer
[courtage à Ségovie et ces deux Juifs prétendaient également
rcer cette fonction.
Histoire de l'impôt de trente deniers par personne {de qua-
170 ans et au-dessus) payé par les Juifs de Ségovie (comme du
stede la Castille) à i*évêché,\ en souvenir de la raort de N.-S.-
articU Bur le Righmtnt etet Jmfk de Castilte^ t. Xill, p, 187.
I nom sifcoiâe pigeon -, en hébreu ifona.
T. XIV, «« 28. 17
258 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Jésus-Christ. » Le montant de la ferme de cet impôt, pour Se-
(^ovie et Tévêclié de Ségovie, est indiqué pour les années 1323 à
1327 et 1345 à 1404; puis pour Tannée 1412.
9. Histoire d'une juive Marisaltos (ou Maria Saltos), de Ségovie,
accusée injustement et condamnée à mort, puis sauvée par l'inter-
vention de la Vierge, qu'elle implore en promettant de se bap-
tiser. Nombreux documents inédits.
10. Pièces inédites d'un procès poursuivi par l'Inquisition en
1490 et 1491, à Ségovie et à Avila, contre un certain nombre de
Juifs accusés d'avoir tué, dans la semaine de Pâques, un enfant
chrétien de La Guardia, et d'avoir acheté une hostie pour la pro-
faner. Cette histoire est, du reste, déjà racontée de la Hisiorm
del Santo Nino de La Guardia^ de Martinez Moreno (?• édit., Ma-
drid, 1866). Nous relevons quelques détails curieux. L'inquisition
parait avoir eu à son service des religieux (peut-être des Juifs
baptisés) qui se déguisaient en rabbins pour surprendre les
secrets et aveux des Juifs qu'elle avait emprisonnés, ils sa-
vaient parler hébreu ou au moins baragouiner quelques mots h^
breux. Cette comédie fut jouée dans le procès raconté par nos
pièces, elles contiennent quelques mots hébreux échangés entre
un des Juifs et le prétendu rabbin qui l'interroge : nahar -ur3,
enfant, garçon ; mita est nn*^», mise à mort; gefe est une faute
d'écriture ou de lecture pour trefe, irefa no^-io, viande légale-
ment défendue ; enfin, le otohays, odohays, qui serait une dési-
gnation injurieuse pour Jésus, est le ©•^«n ini«, « cet homme
qu'on sait », qui, déjà dans le Talmud, désigne discrètement Jésus.
Les procès-verbaux rapportent quelques détails plaisants. Un des
Juifs impliqués dans le procès avait acheté un mouton pour la
Pàque et l'avait trouvé ieréfa. Il demanda à un autre Juif ce
qu'un Hébreu, en sortant d'Egypte, aurait fait de son agneau
pascal en pareil cas? — La loi de la jugulation n'existait }»as
encore, répond 1 autre. Le même Juif, qui parait être un scep-
tique, dit à un autre : Je suis content de te voir, tu vas me dii'e
quand sera voire Pàque, car depuis que David (un Juif de La
Guardia) est mort, je ne sais plus ces choses-là. — Nos pauvres
Juifs poursuivis par ilnquisition furent bel et bien exécutés, sans
aucune autre preuve que leurs aveux, arrachés sûrement par
torture *.
» V. Amador, III, 318.
NOTES SUR LlltSTOmE DES JUIFS EN ESPAGNE
289
II
LB CIMETIÈRE DES JUIFS DE SÉOOYIE.
Ice aux encouragements de M. Fidel Fita, MM. Joaquin
^ria Castellarnau et Jésus Griiida ont étudie de plus près Tan-
cimetière des Juifs de Sëgovie dont il est question plus haut
[çuiesi situé, comme nous l'avons dit, sur la Cuesta de tos
Les fouilles et recherches quils ont faites ont donn«^ Heu
de» résultats intéressants '. Les tourbes sont creusées dans le
^de la montagne, elles ont généralement la forme trapézoïdale
direction de Toccident à l'orient. Dans toutes on a trouvé
squelettes intacts, regardant vers Forient et ayant souvent
bras croisés sur la poitrine. Le plan d'un certain nombre de
nhes a ceci de particulier qu*il se resserre en haut, de façon à
Jsiner la tiHe et les épaules *, A côté des tombes, MM. J.-M,
^st, et Jes, Grinda ont trouvé deux grandes grottes communi-
ant entre elles et taillées également dans la roche. Ce ne sont
|ls des caveaux, on n'y a découvert que des ossements épars,
lis point de tombes. D'après Colmenares, c'est dans ces grottes
se seraient réfugiés les Juifs de Ségovie en 1492, ai^rès que
hiélai fixé pour Je départ des Juifs d'Espagne fut passé, et de là
auraient adressé au roi la prière de leur accorder^ un plus
Bg délai. Beaucoup d'entre eux moururent dans ces refuges;
autres se baptisèrent et c*est de là que viendrait le nom de
fado santo que cet emplacement porta pendant iongtemps.
III
LES JUIFS DE MAJORQUE EN 1391.
Jose-Maria Q^ïadrado a consacré une étude excellente à la
iverie de Majorque [Palma) en cette funeste année 131*1 \ Beau-
1 B&Utin^ etc., tome IK. ftsc. iV, oct. 1886, p. 265.
^ Voir les deus planches qui nccoropagneût Particlf} qoo uoua iDalysous.
• BùUim, tu.^ L IX. fasc, IV, p. 294. Voir, pour les évéii«mei»iâ do &liJorque,
eu. Vm, 2« éd., p. 6U.
ru IIT'IH 3I& mMS JUIVES
- -'-"^i- 'Lki ...:- i Ai u-^'tfiirf ^ il Valence pour MToirMi
...>..: N^ r ru.au X iuiîiiics ae sait pas oobmiIUI^
..- --. •
^ .. : - .- \. lluui>i r iinnxsifr des Juib de VorriBirai
V..- -- *• ^> -••- u-^iu" ^nuirjSRSft en 1391, grke i ru
.-. "^ .-.'^•r .rr ,u.4i.aiiiart* i/isfccx et parce que !
. .. .- L.- .. -^ .1^^ 4' A viiiL-!*. K. Clïabret donneurleiJ
.r A.." :-..'' .. -"- ••;i:*^t ^^UMHiçxieBeDts. Leploai
:^ - r:..r . ...r ..^. .;i2iSiii.!i 111 • LUi I d* AxagMi, dilée 4e IM* K
• ^•.-;:. ^ -'. ?...:• r^ ..lu.i* àr Murviedro. Le DOBhill|
-•. - .. . --:.-. .-. ^.^ .;;.*i. 'su^ ofTenu conaidénUe. U i
- -z ."- .r rr ^- j*i>r .v i-*ii> ioirjf&s coreUgioiuuini, îltai|
4»^ . . .• *- ..r^r^-- -.a rrs-f Tiiatger, boire, Wre '
1 - > ....,-. :.:: ii-i:;t- kui^t^. ji.ii^ fiae les ancieM cliittil
?^-. ,- . ..:-:. ...r.- iir- iî> .uiiîj ic jf* Juifs coiiTertiiikiMh]
-:.- . ... rirv i:iii .ij_rpf ;î7rfl«MïWa ou autre Ttt-i
Ut-:. . :>-,; ;u.- "uii.orf avec une rouelledetal]
....:• .••::r- ••: r-jiîi.'if-iLrqae la portentlcilfflkî
..r.: - .- i-ir^iit 1 ii.i'îfr 5:ar la poitrine du lifr
utTi; s..- - ./ - ..;• .-i w -iH ji»*a ^"tls sont Juib. Btli^l
î^ i.'»*.:'.>r^»"i:î«s .rriis^
' .> . :- ...*>> I iî-> ^u- liïï ii2i--sîrationsjuiYese
.-.:«•! :. :. ■ -.. . : :;-i : j^r^ j.'*.:»:..r js^ le règlement <
^A -.-- . ^'^. \ - X yii*' ■ y.TA • ziontre qtfàce
j •; .1: a .!. .. - .- Sv? If fCi.: administrée ]
." ^J
.•:u-:'c rcç ,iieà ^ilei>iito(to
*j: .; :'ï > .: : «i^, :.'. • > .ïjr»:> Ja^^iL-'s *.
. .^^ ;::.:J»M A i.; .' i^i» fi^ùes de !
NOTES SL:R L'HISTOIHE DES JL'IFS EN ESPAGNE 263
publiée antf^rieureniefit par M* Fidel Fila* montre
en 1400 radmitustratiûii des Juifs de Caslellon li'Am-
1116 se composait, comme la plupart des administrations
5 avons étudiées, de douze conseillers (cinq de la pre-
m ou classe^ quatre de ta seconde, trois de la troisième).
Mes dou2e conseillers, il y avait trois secrétaires, trois
Pde comptes et un clavaire. D'autres oftîciers pouvaient
sis par les secrf^taires dans le conseil ou en dehors.
les Actes de vente originaires d'Espagne que nous avons
lans le tome X de îa Revue [p. 108 et suiv*} donnent
alques renseignements sur la matière. Uacte de 1352,
18, montre, à Girone, des néémanim préposés (û^nnî])
et n'ayant probablement pas d'autre fonction. L'acte
contraire, p. 118 et saiv., de la même année 13ry2,
\d^& néémanim administrateurs de la communauté et
liguer qu'ils sont juste au nombre do quatre (c'est ce que
Irticle iw-néémanini]. Un *lu res niV-juanini est aussi
^ur rimpôtt ce qui prouve qu^ou pouvait être Tun et
^té de ces quatre nêéinanim^ il y avait un corps de
iores (^r\'p7\ '^z^iyi D^^npstîD û'»t:;:» V'Dn ns). Gela
mble trente personnes, chillVe qu*on retrouve ailleurs,
ous Tavons montré -. Ces pièces prouvent aussi que le
léémanim, comme nous l'avons dit, est donné tantôt aux
laires temporaires chargés du recouvrement d'un impôt
tantôt aux fonctionnaires chargés du recouvrement des
irdinaires, tantôt aux administrateurs généraux de la
lut^.
Ke des nééNianôn nous parait claire maintenant. Les
; ont été d*abord <les hommes de confiance (de là leur
ces en dehors de la hiérarchie administrative (c'est*à-
lehors des olïiciers D'^5iî2î3) et chargés uniquement de, la
m d'un impôt extraordinaire. Leur fonction finissait
impôt était liquidé. Plus tard, des néémanim furent
toujours en dehors des ofliciers) de la fonction per ma-
in ueiïej de la perception de tous les revenus et impôts
nmunauté et iis devinrent ainsi, peu à peu, des ofûcfers
In, comme la question des revenus et impôts était de la
importance pour les communautés et primait tous les
sliabitua à donner le nom de néémanim aux per-
\SHudiui Hittofkot, L. [U. Madrid, 1885, p. t; reproduit «ulrctoîs
DQi en t392| oD cite aussi {es Ireoie du eoosoil des Juifa, Rê^uê^ IV, 62*
264 REVUE DES ETUDES JUIVES
sonnes composant Tadministration générale de la communauté.
Il est probable, cependant, qu'on ne leur donnait ce nom que dans
le cas où, en dehors des autres questions, ils surveillaient aussi
celle des revenus et impôts.
Kayserling, Die Jiideti in Navarra, p. ^5, dit qu'en Navarre
l'administration juive se composait ordinairement de 20 regidores
plus 2 adelaniados ; il traduit ce dernier mot par &-»«)Mn.
VI
PLAN DB LA JUIVERIE DE VALENCE EN I39I.
Nous avons, dans un précédent numéro (t. XIII, p. 239), raconté
le sac de la juiverie de Valence en 1391 d'après un excellent
travail de M. Francesco Danvila. Nous donnons ci-dessous (fig. I
et II) le plan de la juiverie de Valence. 11 est assez intéressant
par lui-môme et il permet de suivre plus exactement les différents
actes du drame de 1391. Nous exprimons toute notre reconnais-
sance à M. Danvila, qui a bien voulu nous fournir, avec une
bonne grâce dont nous sommes très touché, tous les dessins et
éléments nécessaires pour dresser ce plan.
La figure I donne le plan sommaire de la ville de Valence,
d'après un plan plus détaillé, et dressé à une plus haute échelle,
qui se trouve dans le Resimien hisiorial de la fundacion y anti-
guedad de Vaie^icia, par Pascual Esclapes de Guillo (Valence,
1*738, in-4®). Ce plan n'est que la réduction, assez inexacte, à ce
qu'il paraît, d'un plan de Valence dressé par le P. Thomas Vin-
cent Fosca et dont M. Danvila a bien voulu nous donner une
copie d'après une gravure réduite faite en 1704. C'est le plan le
plus ancien qu'on ait de la ville de Valence.
La fig. II reproduit le plan de la juiverie de 1391, d'après le
plan de Fosca.
Voici la description détaillée de chacune de ces figures.
Figure I. Plan sommaire de Valence en 159L
La ligne aa représente l'ancien mur de la ville qui fut construit (ou
qui existait déjà) en 1238, année de la conquête de la ville par
le roi Jacques I«f d'Aragon.
La ligne bb représente un mur d'enceinte nouveau, achevé en 1357.
Ce mur élait devenu nécessaire parce que la ville s'était con-
NOTES SUR L'HISTOIRE DES JUIFS EN ESPAGNE ÎIGI>
266 REVUE DES ETUDES JUIVES
sidérablement agrandie. Nous avons omis de marquer, dans
ces deux murs, les porles nombreuses qui y étaient percées,
sauf les deux portes voisines de la juiverie.
La ligne ce représente la rivière Furia ou Guadalaviar.
A. désigne le quartier juif; il existait déjà sur le même emplace-
ment en 4238, adossé, comme on le voit, à Tancien mur de la
ville.
B. désigne le quartier maure, lequel, en 4238 ou peu de temps après,
fut transféré, comme on le voit, en dehors de Tenceinte de
Tancienne ville.
C. désigne le cimetière juif, situé hors de Tancienne ville, mais ren-
fermé dans Tenceinie du second mur. Sur le terrain s'élève
aujourd'hui le monastère de Santa Gatalina de Sena.
D. Porte dans le second mur d'enceinte, près du cimetière des Juifs.
Elle avait reçu, à cause le ce voisinage, le nom de Puerta de les
Judios.
E. Porte de la Mer (Puerta del Mar), par où Ton sortait pour se
rendre au port du Grao.
4 . Grande synagogue.
2. Couvent de S. Domingue des Frères Prédicateurs.
3. Place de S. Domingue.
4. Maison où est né Vincent Ferrer.
5. Place de la Figuera.
Nota. Toute la partie du plan restée vide, dans l'enceinte des deux
murs, doit être supposée couverte de maisons, rues et places.
Le dessin des maisons et rues de la Juiverie et à Test de la
juiverie est un dessin sommaire ; il a uniquement pour but
de montrer quel était, à peu près, l'emplacement de la maison
où est né Vincent Ferrer et le chemin (tracé par un pointillé)
que les voiturlers venant du port du Grao suivaient, avant
que la juiverie fût fermée et transformée en ghetto, pour se
rendre du port dans l'intérieur de la ville. On voit que ce
chemin passait par la Porte de la Mer et par la grande rue
transversale de la Juiverie, devant la grande synagogue, et
débouchait ensuite sur la placé de la Figuera.
Figure IL Plan détaillé de la Juiverie,
Le contour de la Juiverie est marqué par un trait gras et con-
tinué, là où le trait gras s'arrête, par un pointillé. Le tracé poin-
tillé de l'angle N. E. est, à ce que nous croyons, hypothétique. Les
maisons ou pâtés de maisons C, D sont postérieurs à 1391, et le
carré de langle N. 0. parait aussi être plus moderne. Dans tout
le reste du plan, il est probable qu'on a l'état des rues et des
maisons de 1391.
NOTES SVH L'illSTOlRE DES JTIFS EN ESPAGNE
26T
A, Graude synagogue, devenue couvent du Saiûl-Cnslobal.
B. Peiite syoagogue, devenue chaiieUe de la Nouvelle-Grôix.
, C. Maisons plus moderûes où depuis a clc élevée l Uoiversité.
I D. GonsUucUon plus moderne formant te collège du Patriarche.
Porte (ancienne) de En Esplugues.
— (ancieDoe) de la Exarea.
— principale de la Jnivorie.
Place de la Fignera, aujourd'hui couvent de Sainte-Tèele. ,
I* — de la Olivere, aujourd'hui de Comedias.
^UK, — du Patriarche.
^L. — de Villarasa.
aa. Bue du Mila^ro.
èè, — Trinque te de Caballeros.
ce, — de la CuUerela,
»4d. — Uoiversidad.
ee* — des Pobres Esludiautes.
ff, — Horno de les Rates.
Igff, — des Libreros.
hà, — de Gardona.
If. — Luis Vives.
EL — des Avellanas.
mfn. Grande rue transversale de la Juiverie» par otj venaient, de
i Test» les charretiers du port du Grao, après avoir passé Ja
I Porte de la Mer.
On peut se rendre compte» d'après ces plans, de la valeur des
objections qui furent faites par les chrétiens contre la fermeture
*de la Juiverie*. Les voituriers; venant du port, ne pouvant plus
passer par la rue mm (flg. Il)» étaient obligés de faire un détour
pour se rendre au centre de la ville ; les Frères Prêcheurs, de
leur côté, se voyaient couper les communications avec Test et le
nord-est de la ville ; enfin les habitants placés au nord et au sud
de la Juiverie ne pouvaient plus correspondre directement en-
semble.
Le Valladar Viejo (ancien égout ') courait au moins à Test de la
Juiverie, sous le mur d*enceinte, entre les portes E et F. C*est
dans Tégout même, à ce qu*îl semble, que s'ouvrait la porte grillée
par laquelle les émeuliers de 1391 émirent accès dans la Juiverie.
Le combat sanglant que se livrèrent, à cet endroit, les chrétiens
et les Jnlfs ^ eut lieu dans lobscurité de cet égout.
M* Danvila estioie que la population juive de Valence, en 1391 »
• Eituê, l. XULp, 240.
* Corriger ihtH,^ p. 24iï, \, 9 co rfimoDt&nt, et p, 243, 1. 4. Efficer aug&i la nota au
ift do la page 242, tjui, d'après m <]Ucnûus dit M. Dativilu^ n^est pas juâtiâée.
» IHd., p. 243.
268 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
était à peu près de 15,000 âmes, mais ce chiffre, emprunté sans
doute à des autorités respectables, eSt probablement beaucoup
trop élevé. En général, on s'est appuyé, pour fixer le chiffre de la
population juive en Espagne, sur un document de 1290 (répar-
tition du Huete) qui a été mal interprété par tous les historiens;
il en est résulté quMls ont adopté, pour la population juive en
Espagne, des chiffres fabuleux. Nous montrons dans ce numéro ce
qu'il y a de ridiculement exagéré dans ces évaluations.
VII
TJN SCKAU JUIF.
M. Fidel Fita vient de nous envoyer l'empreinte d'un sceau
appartenant à M. Gago, de Séville. Nous en donnons ici la re-
production.
Le nom de Tancien propriétaire du sceau étant composé de
douze lettres, on Ta divisé en groupes de trois lettres placés aux
quatre côtés du sceau. Nous ne savons si cette disposition a déjà
été remarquée sur d'autres sceaux. Elle donne à la légende un cer-
tam air cabbalistique qui a sûrement été recherché par le graveur.
La légende doit se lire comme suit :
(ABRAHAM BaR SAADIAH)
Nous ne savons au juste ce que représente le dessin qui est au
centre du sceau.
A Toccasion de ce sceau, nous soumettons à nos lecteurs un
petit problt^me. Nous avons vu un sceau qui parait assez moderne
et dont le dessin central représente un bœuf ou taureau. Au-dessus
de ce dessin, en une seule liîzne, se trouve la légende suivante
(lecture tout à lait sûre) : •wrîDnswX'». Que signifie cette légende?
Isidore Loeb.
LE TRAITÉ I)E PARA PONCTUÉ
La bibliothèque d'OxfonI possède un très heBn manuscrit conte-
lant le texte arabe du Pêntsch Hammisch^ia de Maimonide '•
Ze manuscrit est» en outre, très ancien, car ti a *Hé revu et cor-
rigé d'aprè.s loriginal raèrae que Maïuionide a écrit, comme Vin-
IdiQue une note en arabe placée à la fin de etiaque volume. Or,
[lians ce manuscrit» plusieurs traités, entre autres celui de Para,
I que nous a%^ous pu examiner, ont tout le texte de la Misclina
[pourvu de.points-voyeiles. Il en est de même de tous les mots
hi'breux qui se trouvent dans le coramentarre. Le zèle du ponc-
I tuateur Ta m^me quelquelbiK entraîné jiîsqu*à ponctuer des mots
(arabes, qu'il aura pris sans doute ponr derhébren. Ainsi, il écrit
\X9r\_, pour xoa'ahia (I, le)*; Q'^K^tbi*, pour aVêlim (4c); D^rri,
pour wahadama (III, 9 c), et r^^P^ pc»ur qawtaim (IX, 4 c)* Cette
ponctuation est probablement de la môme main qui a calligraphié
le texte, ou de très peu postérieure, car lys corrections faites
d'après l*origïnal portent tout aussi bien sur les points-voyelles
[que sur les consonnes.
Cette ponctuation, qid, en général, est conforme à la gram-
|iûaire, offre cependant certaines particularités intéressantes.
lAssurément le ponctuateur n*était pas très instruit et il n'a pas
^ toujours compris son texte; aussi commet-il quelques bévues
1 caractéristiques : il écrit cpi (IV, 3), pour 'à-pn; pj73 (V, 2c|»
[pour Y7J2 ; nû-^s (IX, 4), pour îita^'ça (quVil écrit ensuite correc-
tement) ; npn^ (t>j, pour a^n- Mais, justement parce que celui qui a
r mis les poiuts-voyelleg n'était pas un savant, nous avons ra%^an-
ilage de n'avoir point affaire à un esprit systématique et nous
pouvons être surs d'avoir le calque fidèle de la prononciation de
* Le minuBcrit esl composa dû pluiieurs volumes ; celui dont il a^Bgil ici est là
W 2^9 du G«LBlogiiG dfi M. Néubauer.
* Nous iodiquoEiB ainsi le chapitre et lo paragrsphe ; Is leUre c dësigoe le com-
, ventaire.
270 REVUE DES ETUDES JUIVES
la Mischna dans te pays d*où est tiré le manuscrit, très probable-
ment le Yémen.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est la confusion perpétuelle entre
le segôl et le paiah *. Il est peu probable quMl y ait là quelque
rapport avec la ponctuation babylonienne, et, d'ailleurs, la ponc-
tuation du manuscrit est si inconséquente, que ce rapport serait
difficile à préciser. Il vaut mieux attribuer à une prononciation
vulgaire cette confusion de Va et de 1'^. Les seuls cas où l'on
puisse établir une règle sont les suivants :
Le segôl est remplacé constamment par le paiah : 1« Devant le
dâgêsch, écrit ou omis. Aussi le ponctuateur écrit-il toujours d,
pour ç, sauf une fois, T'jobô (XII, 3), et devant les pronoms ir^n,
«•^n et in, où il ponctue « •. Il écrit aussi Nbgt, pour fiiVç. et, de
môme, «l^fo*; (III, 5 c), naç-^n (10 c), îij»» (IV, 1 c), riaçt (VI, i c),
njnTpé^ô (^7), etc., auxquels il faut ajouter les mots tels que ttoç
(I, 3 c), iDim (II, 1), nn» (III, 4 c). où le dâgésch est latent.
2® Devant une gutturale qui, selon notre ponctuation, aurait un
hatèf, exemple : îibs^rj (II, 2), pour nbjrr; •n^N? (W, 8 c), bb«b
(IV, 3), etc. 3<» Il est ordinairement remplacé par paiah devant un
schevâ quiescent, comme nb^? (1, 1), «nçoin (3 c), ai'»'Trr (4 c),
Mjn? (II, le), int:naa, ^nDç? (III, 2 c), «nry, etc. Cependant on
trouve aussi nbi^ ^I, 1), et môme nbpti (VII, 4 c), pour nbp».
Autrement, le segôi est tantôt remplacé par le patah et tantôt
conservé, selon le caprice du copiste. Ainsi, pour le segôl au milieu
du mot, on voit : nT5•>b^t (I, 1 c), nro^ (c), b^Db (3), hdd (4 c), etc.,
à côté de pdo^ (en titre), nT:?-'bwN{ (I, 1), bns (III, 5 c), etc. ; et, à la
fin du mot : nn3nr?pn (II, 1), ûrrn (c), ûrinr. (III, le), "jn-^aa, nç», bnn
(V, 3), nno (Vlll, 3c), à côté de in-^aa (III, 2), ban. -içn (5c), -tto
(VIII, 5c), etc. La même inconséquence s'observe pour les mots
terminés en n^, comme nî<"i;ç (111,2), nr (4c), ïianç (10 c), nbr,
etc., à côté de nr (lll, 2c), rvQyi (VII, 4c), nç)::iD*(lX,4), etc. *
Le segôly inversement, remplace aussi le paiah, surtout avec
les gutturales fortes n et 3> ; exemples : nosni^ (1, 4), nnjb? (II, 1),
brb (III, 1), nnxb (2c), n^ô (Te), nr^a (VII, 4c), etc. Cependant
on trouve aussi nn» (11, 1 c), nno^îi (III, 1 c), nbp_ (XI, 9 c). û?d
(XII, 4 c), etc. Autrement, la substitution du segôl au patah est
assez capricieuse : û^mt (I, 4), t)» (III, 3 c), ncnto (9 c), nçib, etc.,
à côté de cjn (I, 2), ûçn (4), nonipb (III, 9c),'n5ib (IV, 4). L'ar-
1 Cf. J. Derenbourg, Manuel du UtUur, p. 203 «t miiT.
* Gomme Eccl., ii, 22, et m, 18.
LE TBAÎTÊ OK PARA PONCTrÉ f7î
Scl^ même a quelquefois le segùl au Heu du patah : D^ç^ (IV, 4),
Bnlpa (XI, 4c). ro^rt (XII, 11).
Un autre clian^ement de voyelle presque constant, c'est la
ibstitution du /?a^a/£ au qamê^, dans la terminaison prominale
k- Ainsi l^'^npn (I, 4 c), i;\Nta (II, 1), x^p^^y (5). iç^î^'^^^ ^^^^ î ^^
[lême le raot \\ « â nous »s en clial<li!en (II!, 8), et comme parti-
cipe de *pb (V» 1 c). Les seuls mots où le qamès soit resté, sont
■j3'»*i;5n (L 4), p.c» et f^ (V, 1 c}. Le patah est aussi pour le qaTnés
^ans »^n (II, a) et -\12^ (X, 1 c).
Les autres voyelles se confondent rarement ; le scrê est rem-
placé par le hirèq dans nns-»"i'çb (111, le), pour nnDnôb *• ^k^'^
5(4), nç-^n {III, 10 c|, i»our *|b"> ^3?rn ; inversement, le hiràq est
lis pour le 5ê?'c^ dans n^w-j (11, 1), 'y^y^ù (5). Le seçôl est mis
pour Je hiréq dans ni^^jn (V, 7c), pour r;^]?Tsn ; vniaci (VllL 10c),
>ur iP4tS£3» peut-être aussi dans rr.nn (IV, 1 c). Le segùl est mis
pour le 3érê dans "ibr^?, pour nbr'>:b (III, 6c). Enfin, le ponctua-
Itear a écrit Drni?D JL Ici, pour Dnmi?a (qu'il écrit aussi avec
Ifamés) ; ^n'iyyj2 et ^nirt: (III ^ 6 c), pour "^atyîo et 31773 * ; et rib^z-^
(XII), pour nbisv
Notons aussi que le mot n^* qui, par hasard, ne se rencontre
dans notre traité que devant des gutturales, est toujours ponctué
■rro ; exemples : ^i^sbrr na (1, 1), 157 m (II, 3), pourra:? n?3 ; mn rra
"{XI, 1), pour «in n?:.
Le copiste l'ait rarement usage du haief, qui est d'ordinaire
remplacé par le simple schevâ. Ainsi il écrit nT^J*^)» [1, 1), iô"iç«.
LriVnx (lU, 5 c), pour ntr-'bst, c-ir», nibn»^ Si des mots commen-
^çant ainsi par une gutturale avec schevà sont précédés des parti-
[cQles a, n. ç, b, qui, diaprés notre prononciation, changeraient le
Ischevât'U voyelle, c'est la gutturale qui prend une voyelle et la
[particule garde le schevd : Exemple : û'^^snD robrn- Le halef
^pendant se trouve çà et là et est môme parfois remplacé par une
royelle : D^^jsm (1, 1;, ^:h, ri-^.nxb (c) ", D^'ion. "«nn, niSK, Dcet, ^b'»!:»*
[11,3), cs^b^ (III, 1 c), %-ii3-»Dn, nbrw. nibn** (2 c), et ni^n&i (V, 1 c),
T^n« (III, Gj, nrnna ^8 cj, ninni. D^bs» (VIII, 3cJ. rJ''?^ (^» ^)'
feic*
* A moifiâ d6 dittiogoer MB''*l'i, l'action de brtler, du billique nSHlD, chcwe
.brûlée.
* CeUe leciuro commo bofal est plus togii^ue que la prononciation ordintire
jnSjîa, car à TacUr oa dit î Sxùjyà ^'nyT\*
* Faula pour nilHÊtb.
272 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Le dâgêsch est très rarement marqué, sauf dans le Haf; cepen-
dant il se trouve dans quelques mots : nn» (I, !)• :?Jîi3îarT, nbn (c),
ain (II, 5 c), N3n (III, 1 c), n-j?, ns-? (5 c), niTO (IV, 2 c), Mjri. etc.
Quelquefois il se trouve à tort : ia N^i*^? (I, I). Le mappiq n*est
jamais écrit.
Lorsqu'un alef est quiescent au milieu du mot, il a toujours un
schevâj exemples : •^nt? (I, 1), nx^n (4).
La conjonction vav garde tantôt le scher^â devant les lettres
labiales, ainsi ny^irroi (II, 1), Vî?"! (^H. 1)» '^"'?'l (^)» ^^c-» tantôt le
change en u : nnçîi (1, 1), nnçTpîi (III, 1 c), l^riz^i etc.
Au point de vue grammatical, on remarque que le ponctua-
teur met très volontiers l'article, surtout avec la préposition D ;
exemples : ia K^i-^D (I, 1), îibnp?b (4c), rîÇ"»?? (XI, 3), n^T? (c),
HD dç3 (XII, 1), et avec bç, ponctué bâ, qu'il joint toujours au
substantif : "jn^bé (III, 2), d-'bnnbâ, banbô, etc. Cependant il
écrit rnsibô (I, 2 c), "jnbbiD (V, 1 c), îiTjnnbô (à côté de riNanbç).
Le qamès est' conservé, et avec raison, dans les participes et
les adjectifs verbaux, lorsqu'ils ont un complément attributif. Ainsi
d'anal noîinç (IV, 1), nb->3^t3 a-^^n (4 c) ; comparez d*»? n^ri i^iran
(XI, 9). Le participe n'est pas mis à l'état construit, parce qu'il
conserve la force du verbe.
Au Hitpael, la troisième personne masculin singulier du passé a
toujours un patah à la dernière syllabe ; exemples : SBnopn (III, 7),
TDtijîri? (V, 8), lii^n? (XII, 2) * ; de la même façon xb^n? a un qamès.
Au futui* il y a toujours le sêrè : a'^^nn'i (IV, 4c), vi7.j5n';i (VI, le),
•j-iiDn*^. (XII, 3). * ""'' ••--
Les verbes en n et en n ont la troisième personne du féminin du
passé au nifal ponctuée d'un séré : dn?::^?^ (V, 3 c), nbra (IV, 1).
Il en est de même au participe féminin : n^np? (III, 1), r-gyi (IV, 1).
Remarquons enfin que le ponctuateur tient compte de la pause;
il écrit nïiça:-! (III, 2 c), ^ib^j (XI, 7), etc.
En outre de ces phénomènes grammaticaux, il est intéressant
de voir comment sont ponctués certains mots usités seulement
dans la Mischna. Nous commençons par ceux qui nous paraissent
ponctués avec exactitude : n'>^bô (L 1), '•^nn, "rj^, ûno, onD (c) ',
DÉj, mois (3 c), 1X3 (4 c). it (IF, 1 c), idît (3), pluriel ri:pn (IV, 4 c),
in-^b-j (II, 3), bl3o, 5iT5 (5 c), 150 (IIl', I) à l'absolu, -'nDo'(c), rr-in?
» Au passé du Piel il y a un aéré : *i')pp (IV, 2), ^TÛ'^bn (4 c).
« Une fois ono (I, 1).
LE TRAITt: DE PARA PONCTOÊ 273
c), îrn^m (% nivjna, yyn (10), bioç (substantiQ. ^aim ^p_ (IV,
te)» r^inn-j (V, 2), nçD« -'Kid (YI, 1)«, n^-^nn (VII, 1). nisboD (c),
flara^r^Çtî^ (VIII, 3), n-'onn (11;, onntï (X, I), tj-i^:. cito (c),
l'^nçDa (5 c), n^^7(6), 'jbnb (c), = Ijtî^ '• Quelques autres roots
léntent une attention toute spéciale : \° û"*'?^^ (Vî, 4 c), que Ton
Irononce dliabitude à tort D^bziH. Le manuscrit n'a jamais de vav
lans ce mot. C'est le pluriel régulier de bs«, comme û'»mn de
>jn; 2^ '«ï^rj^t* (VIII, 4 c) et «n^ng (XI, 2 c), ou le qmiiès sous le
*5C^ est nécessaire ; le patah sous le bêt de «rr^nn est également
Bxact, car» eu syriaque, radjectif tiré de nn^ dehors, est -^nn. La
ranscription juste de «nnn est donc baroylo ou harâyiâ^ mais
non bordytà ; S** les pluriels ninria (VIIÏ, 4) et niHtjD (VII, 3 c),
ie nr\r,t2 et n**?:^- On est si accoutumé à lire taharùt et iuni'Ôt,
pour Tabsolu comme pour le construit, que Ton B^i, à première
i^ne, choqué de voir ninna et ni«t3^, et cependant ces formes
•ont tout à fait justifiées. De môme que "toïs fait au pluriel mriDti
®t rpw. ninJ3i il est logique que rsnrja et n^t?ay aient un pluriel
analogue, aussi bien que np^a a le pluriel î3"»lî^3, comme ^-ïz fait
ïs^jip et nsD, û'nçD. De fait, nous trouvons dans la Bible pour le
pluriel de r\^^r\ ninnn (Job, m, 14), et de nVnj' nib-iT (Ji^sué,
, T * T TTJ ^ Tir T-t \ '
Y^ 3), pour nib-ï5;. Le mot niïiDn (Prov., i, 20; ix, 1 ; kxiv, 7),
Rui par lui-m^me est ass^z bigarre', ne suffit pas à prouver que
Ile type nîJD ou nb^D ait le pluriel nlbro ou nîbs'D. Donc ni*ina
l^t riNt::p i^ont, ou, tout au moins, peuvent être parfaitement
[exacts. Toutefois, le ponctuateur, qui écrit 1n-;na3 (Vlll, 1), met
partout nnn^ et nnn;: ; tl est donc possible que, pour lui, niinzp
*oif le pluriel de n*.r:y, et ceci prouverait que notre prononcia-
Uon vulgaire tahiirâ remonte assez liant. Dans tous les cas, il
feiit transcrire le titre du traité mnna : Tehârùt ; 4"^ î^D-'n (X, 1 c]
comme infinitif hifil de did, employé substantivement. Ceci mon-
trerait que dans les formes b^srt, n^iDn. *T?on, inri le segôl n*est
[jtts une faute, comme le croit M. S. Béer*.
Pour une série d'autres mots la ponctuation du manuscrit ne
parait pas exacte : 'n i^a-i) *, mé (I, Ij et «igâ (II, I c), pour ntii^i
|1nç:?ia (I, 1), pour nn!;3|;ip, nin^ri pour nlansi ; vT.P,^ ^' ^) ^*
* Totr S. Béer, it^<M/«f Tiiftnl, p. 37, noie.
• Nolou* ici que nip^^ • tantôt 1© ^«^'^^ [V", C;, laatôt le ^«i»^» î rrjp^Ç (VIII, 8).
* Il «it considéré cotnme Biogalieri Prov,, ix, 1,
* Ahodai Turael^ p. 51, aote.
i V. t^,, p. 53, note. ^
T. XIV, w* ». 18 •
274 REVUE DBI ÉTUDl» lf»V£9
rn|> (III, ac) compares à ty.'^p^ (ÎIÏ, 4)* ; çno)o (piatM rnçta);
ni-iajf {III, 2) pour riiy^ = "'^"^?^?' 9^??? t^^^' ^) P^" Tl^î*?'
l-'p^nan (6) pour ^pn^n ; rn (9) pour ^-tï = -jri ; ■n'^ôa (III, 10) et
Yn-vD (XI, 9) pour "n^tpa et n*n^ « ; T»aît>n (IV, 2) pour ï^anwî
«in^-jCVn, 1), '?5293'}, 'ïj^Tas-j pour ^»^»?^^. etc.'; nVg?3 (IX, 5c) et
n^]^5 pour rtpç (rîbi5», VII, 4c) ; '^anDai (X, 3) pour ''arM^ ; rw
(4 c) = nnwr pour n*iTJ de rnj^ *, rtî*^^ (XII, 4) pour rrô^ et
îi^twtt (10) pour "ip*]??».
Nous nous dispensons d*énumérer une quantité de petites fautes
qui n'offrent, aucun intérêt. Nous nous contenterons d'en noter
une qui revient fréquemment, c'est l'emploi du qatnès au lieu dil
paiah ou du acheva au passé du nil'al ou du bofal^ même là où il
n'y a pas de pause itô? (Il, 3), nfn|>? (III, 9), hiçbriM (V, 5 c),
VçDj (VII, 3), ^boB?, nnaiïTO.
Le traité de Para contient uii certain nombre de mots rares
ou étrangers, pour la prononciation desquels notre manuscrit
donnerait des renseignements utiles, si Ton pouvait se fier à sa
ponctuation ; mais, comme les contradictions et les bizarreries ne
manquent pas, on ne peut y accorder qu'une confiance modérée.
Voici la liste de ces mots :
ojbo (I, 3) expliqué par cj abc (c), nûJ'j *\t)ù et K»j^ nano (c),
n033 (II, 2) et nojî (c), nbia\ yyû (III, 8) et a^p; "jî^aTS (III, 11 c),
et iraTg (XI, 1)5, rrn-'î?. (V, 3), orà-inj» (4), et DrA"|138 Wi
bçK (X, 4), nrççbnD (VII, 9), oi72ip (X, 1), o^r:p_bp^, n-'tCîtsn (2),
Y^h et ';-»?b (6), n-»bnD an^ (XI, 1), T'çnTjî'j (^) et vç^na (c), bnn:?rî
(XII, 8), ^anbô cna et' ïjn-.bç (c),'hy22f, bçj^ (9)*,*Vr^' ^r'W
ûnrp (10), DTO et ûTO (c), ûi:2?:nM.
Il se trouve «également dans Para quelques noms propres dont
la ponctuation mérite d'être remarquée. D'abord dbc^n"; (III, 2) ;
le hb'èq entre le lamed et le mem a-t-il été simplement omis, ou
a-t-on prononcé quelque part ûVi^ny? L^absence du yod indique-
rait plutôt la prononciation ûbcinr Les autres noms sont : •'b'^bar:
(I, 2), nyna (II, 5), baa (III, 2) corrigé en baa, •^j-»? qrpbjji (5)*,
* Dans Daniel, viii, 6, 7, on trouve Û''5np et T^31p.
* Dans le commentaire "^^l^ca.
* Ces mots sont ponctués comme "IESjI (Deul., xxi, 8).
* A moins que Mnt:? ne suive le modèle de ÏT1Ï3T, r1î^>.
* Dans nos textes "[T^ aiTK.
* Pour '^5'';?in'«bN (Esdras, tiii, 4).
LK THAITÊ DE FAÏIA POîICTVE 27S
Sfijrçia ■'sarfi et -^ait;? (c), n?3*î (VI!^ 6), oiroçç» {VIII, 9 c),
ir^ ilOj^ Ni-B. ^tts-^T. o;|o (11), rnria lï, 1 cj, ^çnn (XI, 10),
rà\xii, 10)'^ri'. " '"
Les quelques citations chaldéennes sont asseï bien ponctuées :
lMri''bn vibyy (L le)*, '^niDOJ^ Cp"») '^^^''^ipi k:^'^« nii:i (11, 2c)*,
irV-p nsD3^ (IIl, 3 c) *, ■»nn3^ti èn-^b (il ni^D^ *, (\b) }h h^ctj rrin
Itrt»!^^ îinÈ<nb^ (9c) *. Les citations liébraïques tirées de la Bible
MRt (lonctuées dans le même esprit que le reste : b« rtrk Drin:i
^^bfit (III, le)', i^i^ bnw nnoTo^i f2 c) », ■«■* m^ nrn ûi''3 rriâa? -ni«!3
PiTO^». ^V] fai^ b? nn^D^î (6c)*o, cin3 nb^ bip (X, le)**, etc.
Pour terminer, nous donnons le premier chapitre du traité de
*ara, tel qu'il est ponctué dans le manuscrit.
r T ï T -
I , ^i ». t - I- '-^ * *. , _ 4_ _ ^ * ^, ^_ j ^^
Iltb ypin^ i ::&« bDDn «bià -l'rràn «?3â nb ra^nri: V^'à «bs* nspT
llîTO -^nytiis "T3 onb -i;2« n-nàbis tiTDbn n?3 ib îi'nîaî* n^ïibâ «bK %nj^72iD
I tt «i-f '- ?T -t -tl' T- T ÏT -r* T— 'i-T
[tpîx nnttç l^rt^s ninrab n-*'^^b6 T-^tçH npiô* linçtt '•:» -^î*]^ ^a n^K
hjnnn np« iTsiK û» td-idn ■•:« ■•nt^ p n?:« ans *^r5'î2*i n=) onb n7D«
•p "rnb n'3H n.HDb -iba? rriiTsiit) ib i-îî:ê« apb çj^tùtd d-^d 73i;?2n n-^s^
nbn i3 r« 3pb nbé?^ np« "i^S« o» ^-dn \ht3^ la nî3« nno t:?^^
t- ■" '-'^ T- f ■" ' "Ti 3 "v -T t i -I-T
I -înbn ir::3^t3 riNob nbr n3iî2iiT3 n73i« nn.^-i^
T- T>.: Tl- Tt T l • '■ I--'ï
r«i3nb npn npa p •^îtà non 'se û'^dd '•53 ens n?3iN ■^b'^ban ■>o1'» h
I tmxz3 éiùn "«sa^ unifie ^aa m nwlH h^^kto t ©bé "^sa n^t ri» ûT^sm
• bbrr m troa^e Juges, xu, t3.
« Sabbat, il «,
• Daniel, IV, 11.
• Geoèae, xxiv, 20.
• JSiSû, 33 ^.
• Lév,, vut, 33,
• /!., 34.
i^ pMum03, XLi, 4.
1* LéT., XXVI, 36.
276 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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•»r»œrr dra p-^nprr d» û-nob© di^'a am rrfccbm d-^Viô di-^îa d'n«a
,••«- -»T»»«* • •» |l- T«TT •! • •-!
riKbm -^rTati dr» d-^nœd nocm nb^iom nldan nîanai. d-niD d'nrâ
TITT|^**l • •••« »»-« ••«•• — I »— t*« «Tl •-«
M. 'Lambert.
NOTES SUR LA PESCHITTO
III'
LE SEUADAR.
En dehors du Cantique des Cantiques, ii, 13 et 15, viii 13, où le
njot hébreu n^ïso est conservé par la Peschîtto» ce mot se trouve
encore dans la version syriaque, dans isaïe, xvii, 11, où rhébreu
■•^ÎDikfcn *j?ç:? BP3 est traduit par : nn^ap pi&3 ?r3"«3^ni «tdi'*^ cf au
jour ou tu la planteras [la vigne), son semâdar sortira »» Quel est
*e sens exact de semâdar? On le traduit ordinairement par « fleur
d^ la vigne w. Cependant Abou-lwalid et David Kamchi ont con-
fié ce sens^ comme le remarque Gesenius, qui» dans son The-
^au^fis heùrœns, sous le mot -in^D , rapporte les passage^^ des
<l^ux docteurs relatifs à cette question. Ceux-ci croyaient que le
^mâdar était, non pas la fleur de la vigne, mais Tembryon du
frï^U, le grain petit et dur qui se forme après la floraison de la
k ^î^tie et qui précède de quelques jours le verjus ou le grain du
Jï^isin gonflé des sucs de la plante qui n'est pas encore arrivé à
^maturité. Cette distinction entre le petit grain et le gros grain de
r^isiû ne semble pas consacrée par Tusage ; elle avait été suggérée
*^x savants rabbins par deux textes auxquels elle convient par-
f^itemefït, en apparence du moins. L'un de ces textes est le tar*
gOum dlsaïe, xvui, 5, qui traduit par ii^o l'hébreu nat? ; or, à
cet endroit, 1© mot ny? parait se rapporter à un état de la grappe
iaiermédiaire entre la fleur et le verjus. Le second texte est en-
core plus explicite ; dans le traité Orla, i, l» de la Miscbna, Rabbi
Jo«é applique au semâdar certaine probibitionp parce que c'est un
■ Voir le précédent uumérg do la Eemt4, p. 49,
278 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
fruit : 'nt KntTtt -^dd): mOK •Ti^oM ntJiK -^ot» "^an. Mais Gesenius
rejette cette interprétation comme contraire au verset de Gant,
vil, 13 : mtDan nno iDJin nmo û» = Peschîtto : «nsi n^^io t»
«nn^o ipD3i. Les verbes rrrriD et nnc en hébreu, n^ns et npea en
syriaque, ne peuvent s'entendre que d*un bouton, d*une jeune
grappe ou d*una flëut» ; en fiuciln cas ils ne peuvent s'ai^liquer à
un fruit déjà noué. Dans le verset de ia Peschîtto, Isaïe, xvii, 11,
cité plus haut, nous retrouvons la même expression : pics
Néanmoins la thèse d'Abou-lwalid et de David Kamchi a été re-
prise dernièrement par un maître qui fait autorité dans les études
bibliques. La Zeilschrift fur die alttestamentliche Wissenschaft
a publié, année 1885, p. 304-308, et année 1886, p. 98-99, des
lettres de M. J. Derenbourg, qui interprète de la même manière
que ces docteurs l'hébreu »5;3 et le targoumique nn730 d'Isaïe,
XVIII, 5. Il écrit : « Il me semblerait qu'il s'agit du verjus ou de
la grappe qui apparaît aussitôt après la floraison de la vigne.
Ce verjus est d'abord petit et dur; puis I03 sucs y pénètrent
et alors il devient un b>:ânD3, un verjiis ipùrissant.pr** En
tous cas, le nnno ne désigne pas un état avant la fleur, le JM>ur-
geon, car la Mischnà considère le ni^b comme un frbit 4éji
formé •^•lè, ce qui ne peut cependant avoir lieu avant la floraison. »
Il termine par ceà mots : « Là queàtlOh eât difflclle, 'mais ^^yQ^ est
un mot moderne et lëâ* âiitëui's dés paragraphes de là Hiscbnâ
avaient conscience de Sa signification; ce qui ne concorde pas
avec ce qu'ils disent du nn720 manque de base ^ »
Cette phrase laisserait supposer que l'auteur dé là lettre rie
s'est pas souvenu que nn^D esi biblique et àe trouve dans trois
versets du Cantique des Cantiques. Si, comme il sehible, son ex-
plication est indépendante de celle de Abou-lw^lîd et Kàmchî, là
rencontre de ces maîtres ê^t d'un grand poidà en favèpr de lehr
thèse.
Cependant la question paraît recevoir du gi^'ec une Solution con-
traire. Le grec correspondant à rhébreU-ârâihéén nH^ô est oivdivlii :
la version de Symraaque traduit n-içç fa^3Dâîin, Càht. 11, 11, par ui
1 Mir ^itl es schemen, als ob es sich uni den Hêrlin]g, oder das Bettteiibllsdiïl,
^'elches gleich nach dem Bnde der plaihe an dçr Q^be flieh Mtfft, h«feMt. Difllir
HerliDg ist anfangs klein und hart ; daoD drlugt die Peucbligkeil bineJp, und dann
wird er ein b73:i ^03. dû rôifender Hepliîig. . . JcKiénfallB ist ITOÔ tiit*t Wtl ^il*-
taod #0r dar BlûUie, die Scheine, dean die MjscbDah beir>ebliel dai n*Tt9b m^M
als eiue Frucht '^"C, was doch wobl nicht yor der Blatbo s^\X b^ben )(fQ|i. « % lii\/^
Sache ist schwierig ; aber es isl m?aO e»n sp&les Wdrl, und àïe Verï. ider Ikfi^*
nahparagraphen haiten ein Bewustscin seiner Bedeutung und was nicht zu dem
stimmt, was sie von n^T^O sagen, bai keioep Bodan. »
MÛTES SVR U PESCamO il9
\t£w à^itOia^ii oivdviii. Dans le lexique de Bar Babloul, oivdve^ mt tou->'
[jours traduit par fi*^^^:^; en voici quelques exemples ; ■»n'*3i*«
lîpWî n^na-r «73^3^ »^.&o ifi^sn K-nï:D (oivaveti) « J'œnantiie est le
l^màdra, c est-à-dire, le fruit de la vigne sauvage quî fleurit »;
lt^-'3i atnTTjD (oivivOti) DT-^riN t* rœnanthe est le «eniAdra de la
yigne ; » kh^d r'»r:'iî* Nni^jo i^3n (oivoç otviv^jvoc) o-'Iitis:!!* o-iJ^»
er^nqi Hn'^oi « le vin d*œnaiithe se fait avec les semàdra, c'est-à-
dire» avec les fleurs de Ja vigne sauvage », Ces passages, qui sont
reproduits dans le Thésaurus syriacus de M. Payne Smilli, suf-^
Ifisentà montrer que les médecins syriaques connaissaient encore
^ïe seraâdra, qu'ils identifient avec IWav^ des Grecs. D'un autre
côté, c*est par IVtude des œuvres de Dioscoride, de Galien et de
Paul d'Egine qu'ils s'étaient lamiliarises avec la tenninoïugie de
la médecine grecque ; c*est donc dans ces œuvres que nous devons
chercher le sens exact de roivGtvfhi. Dioscoride dit, t. I, p. 687, éd,
Spren^^el : "Aii-rctXoç àyota, Sim^-Vj ^ 7ip «tjTn; o«i irfpKiC^t rî^v cTopu^f^Vi
B»«i fiéXfiitv» x«i ffTUTTTixifi, « La vigne sauvage est de deux espèce» :
~ l'une n^ mûrît pas son raisin, mais elle conduit l'œnanthe jusqu'à
la floraison; Tautre va jusqu'à la maturité, elle donne de petits
grains noirs et astringents; » p. 690 : oivdvîij xa\sitit 6 xT\<i dyptaç
I èuXitiTûvraç xai Çtipufvovwtç iiti ^ôov{qu iv tnn^. a Ou appelle œnantlie le
B fruit de la viorne sauvage, lorsqu'elle fleurît. Elle doit macérer
I flans un vase d'argile non enduit de poix, après avoir (?té cueil-
1 lie et dessëcln^e à Tombre sur un ling^; t p, 715: 6 «* otvdvetvoç
^H pi£Tp7i,T#iV yX£'jxot>ç, 'îcp&ç fiiié'paç \ , eîtx 6LU%i(Taç diioQou, Uoitl ^\ rpè; dtùvfav
^f ô^^li/au^ dvopïÇfav, xqAuxoùc xai ^^«vTspixo6ç. « Levîu d 'œnantlie se pré-
pape de la maniï^re suivante : Prenez deux mines de fleurs séchées
de vigne sauvage couverte de mousse ; mettez-les dans un tonneau
ée vin doux ; apn\s trente jours, clariHez et laissez reposer. Il agit
contre Tatoniede l'estomac, le manque d'appétit, le flux de ventre
^m et la dj^senterie. » Gallen est aussi explii^îte ; craignant qu'on ne
B se méprenne sur le sens de rœnantfïe, U dît, t, XIll, p. 120, éd.
Kïîhll : otvdvBT,ç, o'tm fi*àvo[Jui^ttf t^ tôïv dvptwv djixéXav Mo^ f, èx6XdTn;|Aa ^
^îç ivlt^iv è| o5 TOic "^liÉpatç ■*! ffTflï^w^i^ Riverai* « ....de r<pnanthe ; jc
norome ainsi la fleur des vignes sauvages ou la grappe avec les
fleurons, de [at|nr-ll*^ se forme le raisin, jdus tard. » Ainsi, suivant
Dioscoriile et Ualien, rœnantho, qui sert à taire un vin aromatique
ou pharmaceutique, est la grappe de raisin, sortie de la bourre et
munie de ses fleurons,* au moment où elle commence à fleurir.
Suivant ces médeciins, le vin devait t:ître préparé avec la grappe
280 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de la vigne sauvage ; d'autres préféraient la grappe de la vigne
cultivée et surtout de la vigne de treille. On lit dans les Geoponica,
éd. Niclas, 1. Y, ch. xu, p. 420 : \vcxiw t^v olvdv«i)v dhcb t^c -V^ oTvw
fc^6^c dji^Aou, xoil dic6 ttî^ ^p^9 p^^^^ ^ ^*^ ^< d^adcvSf (tiSoc. Xiivctd»
M xapdi xbv xaip6v toO dv6ou;, tûv pOTpu(i>v 8-nXa8-^ &çatpou|JLévc0v iv oxt^ xad Tfi
dv6ct xaOap<û xcpafjif^ i{i6^7)0^i iici^^Tcc^» ofvou e0c68ouc icaVouoO xod è^nrixoû x6
t<Tov. a On recueille Toenanthe sur la vigne qui donne du raisin
sucré et sur la vigne sauvage, surtout sur la vigne de treille. On
la recueille à l'époque de la floraison, c'est-à-dire qu'on coupe les
grappes et qu'on les fait sécher; puis, après avoir jeté la fleur
dans un vase pur (non enduit de poix), on verse en quantité égale
du vin aromatique et cuit; » 1. VII, ch. xx, p. 508 : KcX -h 6MA^
lidXioToi ii dhr6 tcûv dvadcvSpd&ov «apà t^v xaipbv xoO dvêouc XT^ç^cloa xa\ e'|ft^r,9rîoK,
tùcieTi t6v oPwov «oieï. « L'œnanthe, surtôuif celle qui est cueillie des
vignes de treille, au moment de la floraison, jetée dans le vin, le
rend odorant. » Ces derniers mots relatifs à la qualité odorante
de la fleur de vigne, font songer au Cantique des Cantiques, ii,
13 : rrn nsnj nnço û^^pj^T « les vignes en fleur ont répandu
de l'odeur », et à la traduction de Symmaque : èiwcvoaXfvewi- 1»
ohdvdKi pour l'hébreu ni^à'^ipNn ■♦p^iDÇO, Cant., ii, 5. Après cet ex-
posé, on comprendra facilement la définition que donne Bar Bah-
loul du semâdra : ^-.kt n«pD nn« ûnsb» nfi<pD. «ann sa firnTao
•KTanD -^biaS"! firintt) «ripo tîdt n5 « semâdrô : dans un manus-
» crit, fleurs, en arabe faqqâh el-Karm; suivant un autre,
» faqqâh ; suivant le livre du Paradis, ce sont les fleurs qui com-
» mencent à s'ouvrir et les grappes de la vigne. » V. Thésaurus
syr.y s. V.
Il résulte de ces citations que l'œnanthe, ou le semâdar, s'en-
tendait de la grappe de la vigne au moment de la floraison. Niclas,
à propos du premier passage des Geoponica cité plus haut, donne
en note des extraits de Pline, de Paul d'Égine, d'IIesycbius et de
Suidas, qui tous portent la môme explication. Il nous reste à mon-
trer comment ce sens du semâdar peut s'accorder avec les textes
du Targoum et du Talmud qui ont suggéré à de savants maîtres
une autre interprétation. Le texte hébreu d'Isaïe, xviii, 5 : -ûnD
ïiçp rt^rî;» -lobn nnç signifie : <t au moment où la fleur est complè-
tement formée et où Toenanthe va devenir du verjus parfait ».
Dans la pensée de l'auteur, le verjus succède immédiatement à la
fleur de la vigne et il n'est pas nécessaire de supposer un état
intermédiaire ; le parallélisme explique la présence des deux
synonymes rriç et ny? dans le môme verset. Quant au targoum,
il s'écarte visiblement de l'original, il traduit ainsi : «b «sb-»»
se
NOTES SUR LA PESCH!TTO 28Î
n*î?30 îT^S'^tt Hno^s*) * Nfns, ce qui peut signifier : « l'arbre ne fleurit
pas et le verjus devient de i œnantlie », c*est-à-dire, le verjus
ne mûrit pas et n'est bon. comme iVenanthe» qu'à faire le vin
pharmaceutique que les Grecs appellent dji^ixirriç otvoç (Diosc, I»
700), Mais nous ne voulons pas garantir ce sens forcé ; le texte
ne devient pas» du reste, plus clair dans l'hypothèse qui considère
rœndnthe comme le premier fruit de la vigne qui précède le
verjus; car, dans ce cas même, on ne peut dire que le verjus
devient de Fœnanthe, Quant à la traduction de Levy dans son
Chaldaîsches WJrterbuch : « die aufkeimende Frucht, von der
» die Blùthe hervorbricht », c'est un non-sens. En fait» le traduc*
teur n'a pas compris foriginal ; il a pensé que nns-QPD signiliait
K lorsque la fleur périt » et que nss tz'^t^'* bm noz^ se traduisait
par « et que le verjus parfait devient la fleur », et il a traduit ser-
vilement. Quant au passage de la Mischna, Orla,l, 1» tl ne pré-
sente aucune difficulté ; les textes cités plus haut ont montré que
fœnanlhe, qui est par elle-même une fleur, était traitée par les
nciens comme un fruit; les auteurs syriaques et grecs rappel-
lent tantôt fleur : Nnps, «nan, <iv*oç, et tantôt fruit : tnKD. K«p«<ic. Les
Docteurs juits la rangeaient éi^alement parmi les premiers pro-
I duits de la vigne : les feu il 1*^, les bourgeons, les sucs de la sève ;
^Bb^DA V2^ a^'Db'ibm û'^brn; Rabbi José, considérant que l'œnanthe et
Hfe verjus servaient tous deux à faire une espèce de vin (obiveivoç oîvo;»
Bd|if«xtTii«otvoç], était d'avis que la prohibition qui frappait le verjus
devait s*étendre à lœnantlie, c'est ainsi, que le commentaire dit :
mo« finntî pbin Y^ nsnaa baei ^-sûn rr*rp 1373730 mcn «in nu^D.
I Enfin le passage de Gittin, m, 8. que Gesenius avait bien expliqué
Bpt que M, J, Derenhourg rappelle, est bien conforme à Tinterpré-
^tation que nous avons exposée» car tous les viticulteurs savent
que c'est surtout au moment de la floraison de la vigne que le vin
travaille. Ce passage est ainsi connu : « à trois époques on examine
le vin : lorsque le vent d est souffle à la tîn de la fête des Taber-
nacles, lorsque la vigne pousse le semàdar et lorsque les sucs
s'accumulent dans le verjus* « 11 s'agit de vérifler, à l'un de ces
^^oments, si le vin ne devient pas malade.
^P Tant de lignes pour Texplication d'un seul mot pourront iHre
^taxées de longueurs; mais l'importance du sujet et Tautorité des
maîtres qui ont déjà traité de la question rendaient ces dévelop-
pements nécessaires, Rubens Duval.
^
IM Miqraoik ^tdûhtk, éà, de Varsovie, uni la mauvaUo leçon ttn*l&|<b ; le
féminin fctmD avec td tDasctilin KSb'^M fi'expUque parce quUl a'igit de la vigne, c'est
une coQEtmcUoQ ad itfUtim, .
ACCUSATION DE MEURTRE RITUEL
jPOaTÉE CONTRE LES JDIFS DE FRANCFORT AU XVI*^ SIÈCLE
La bibliothèque municipale d'Amsterdam possède un Tolume
formé du d-^sa v^'s (Venise, 1553), du nba^a noD (Crémone, 1566) et
de quelques manuscrits d'un réel intérêt. Le premier de ces ma-
huscrits est relatif à Thistoire des Juifs en Alsace, lorsqu*éc1ata la
guerre entre Charles-Qulnt et le prince électeur Maurice de Saxe
(1552) ; en outre, il décrit en détail la situation des Juifs à Franc-
fort-sur-le-Meln et à Schweinfurt au moment oh ces villes étaient
assiégées par rélecteur Maurice de Saxe et le margrave Albrecht
Àlcibiade de Brandebourg-Kulmbach.' Le second manuscrit ren-
ferme des pièces importantes touchant la confiscation des ouvrages
juifs qui fut opérée à Francfort-sur-le-Mein par Jean Pfefferkom,
en 1509 et en 1510. Ces deux manuscrits ont été publiés, le prenaier
par M. Jellinek, dans son recueil de sermons (volume II), le se-
cond par M. Graetz, dans la Moiatsschrift fur Geschichte tind
Wlssenschaft desJudenihtims, t. XXIV, 1875. Nous publions ici le
troisième manuscrit, encore inédit, qui comprend quatre pages;
il est facilement lisible et est visiblement Toeuvre du copiste du
manuscrit n® 1 *.
Ces quatre pages nous racontent Thistoire d'une accusation de
sang portée contre les Juifs de Francfort. Il n'y a pas à douter
qu'il ne s'agisse de cette ville, puisqu'il est question de Thôtel de
ville « le Rœmer ». Reste donc à déterminer la date de Tévéne-
ment. Un point de repère est fourni par les noms que le manuscrit
donne dos chefs du conseil municipal (bourgmestres), Christophel
Louis Volker et Daniel Bràumann. Tous deux, comme le montre
le relevé des listes des bourgmestres , étaient bourgmestres à
* C'est M. Rocst qui, dans son Catalogue des Hebraica et Judaica do la biblio-
thèque L. Kosenlbal à Amslerdara, a fait connaître ces trois manuscrits pour la pre-
mière foià. CVst aussi à son obligeance que je dois d'avoir pu utiliser le mniuscrit.
— 6a remarque, que ce manuscrit date de la deuxième moitié du xvi* eiècle, eft,
comme on le verra par la suite, inexacte.
^^Rtï
ACCUSATION DE MEURTRB RITUEL PORTÉE CONTRE LES JUIFS 289
ncfort en 1593, La suite eut toute donnée : le « Urgycîiteiibuch »
redes aveux] tle cette année nous transmet le procès-Terbal de
i'aMditioiî de TaccuBé, et la senteîice est rapportée par le « liTre
r es bourgmestres pour Tann^^e 1593. v
_ De cette façon la relation hébraïque est exDliquée et complétée
perla relation allemande.
On nous permettra d^ajouter quelques mots d'introduction pour
e¥ijli<|uer ce qui suit. Le personnaj^e principal de riiistoire est un
li0mme absolument dépourvu de moralité, un Juil\ Abraham, de
Liiblia. U laisi^e en plan femme et enfants» va en Allemagne, (ina-
Itm^fit à Francfort, qui alor^ déjà était connu pour ses Jiyfs riches
Id eompatîsf^antâ. Là» il séjourne avee Tintention déclarée de ne
hflourner dan» m patrie qu'apn^ avoir aniassé, par la mendicité,
cinquante guiden^dans Te^poir qu'une fois en possession de cette
icmflie, « il sera considéré dans la pauvre Pologne comme un
iM^name riche ». Mais la ié^^èreté de sa conduite choqtie les Juifs»
(Ui,(railleurs, ne voietit pas du tout la nécessité de lui donner une
lui«i grosse somme : il ne reçoit donc en tout qu'un gulden et
émï. Les vaines tentatives qu'il fait pour obtenir plus d'argent
leiB^pArent toujours davantage i il veut tirer vengeance de ces
•vires et leur jouer uu tour « qui leur donnera du til à retordis ».
Il m hâte d'accomplir son plan. Il eache dans là synagogue une
ierriiie remplie de sang et menace les Juifs de faire passer ce
Mngpour du sang chrétien, ^u'on considère quelles conséquences
|K>uvflit avoir une telle accusation portée par un Juif coîilre ses
eoreligionnairesl Les bourgmestres, comme le mouti*e Tinterro-
lltoire» n'étaient pas convaincus de finanité de Faecusation! Les
•ces mirent la conimunauté dan» le plus grand trouble- U
lierait» avant tout, d'arriver à connaître l'endroit où il avait
Ile plat. Il le révéla dès qu'on eut fait luire k ses yeux la
iN&me qu'il ambitionnait. Mais, aussitôt que les chefs de la com-
ifiuuautë «-urent découvert la terrine, ils informèrent le cortseil
Aumeipal du projet de îeur coreHgionnaire et le firent arrêter 11
^* 4e soi que les deux interrogatoires qu'il subit montrèrent la
complète innocence des Juifs. Le prévenu fut banni pour toujours
du territoire de la ville de Francfort. Il chercha à cimtinuer son
Tolède délateur contre les Juifs à Prague et à Cracovie, mais là
êUMi ians aucun succès. Malheureusefnent ici nous sommes rë-
àtilM à la relation hébraïque seule, qui est très défectueuae.
rm oip?33 ib n73«n pinitD ©"■» b5''«33 c^wn ^y:^^
J*iu:3'*i n^-rn api3-*i b":n zypy^ Ynn bv i72ip?3 rrrr pT03 i^îpsn
Un ib n:n^*Di b":n nTj-'bfi* n^na isibïD n''3 b« ■^y« ib '^'cm tît
REVUE DES ETTOES JOTVES
tonn i»D 13KS:?: to:* "«s nî:*^rr Q^p^om to-'mni ipis-^u t*^3**3
rnaa bbm bNis t-^i c^n'^p^'b y^i^r^ ssi ^'''^ b:?''b2 ^D'^fitn T'^ts^r
Van "l'aE"^ bînp ■•Kiiii isbn ^^d nn« •ni:? ^^sb na^-ix n^^Dn v*< ""'
•^sïîn fcTDn ^Kr^^ins .b'^an njn inEtn ts© n^N &-»2in^rï ^can b»:
*iCî* 3^-in nï3y72rr bs n» nnb ins'^oi npb'ina rimb b^siric'np Vî
ts'-si-'.-^yn qzDn inb-:3 t» »&t rr»b?3n r-sn-^^pn fcr;b i«nm rrs^î
^•'^«bc i^affio 'in» n3?a b:f^hn tJ-^nn ^bpia f*»» -la-rn :?to p
''^n!ai:^n ibxc-j TOon'û n?2rî3?3 ût ib t^^^pnb rn^rjiîb ::rD ib irn
bD3 iDn^ 3'^^m Dirr d:? nips^b nxn'> n?2 bj^b^ r^'Ècn nît in-^aD
tnn 'iSpan pbi d-'^iT» m^iN'^sip B'^^^nosn is-'cpaia ^b^nt3 -p-n
i^îBO ib^rr fennin bs toa .i"»©:^ t>îin totic* t-njr'n'îpn 7i3xb
nnî:«i b^an û^K^an in» d^^Tr^^^n ©enfi inbo n-^boD ^''d 'i dvd
S-rïî:?ï5 nia bsi Qin ir^rno ts"^ by-^b^ \s^ft<n rmrrsD T*» zni
nj?D ib nsn^'iiî -'^s emn-rr b-^nanb mnD ntm vr:? ^:d:3 rra?
B''3nn^;?rr ^33 ï-niiian mnaisa rbj hny ba» •imet pn©b rw-n
inii;:D i^bos t"3 '> Ci^n ^"n^^ .D^'npc nib'^b:? un nib-b:?:! bso
nTa-^in t^-ip^n nii'»:?n m.'^Di rmr:i ,-innDn n^373 r-î"-r* ns-»^:!
B<3"' &6t3 ,£2m3p:m 1^3^ itïDb 11:? f^^^ t^bo r^^''b^3£:pn ^in
'\yn'ai .ajins p"pb i»3?: rr^^nn irmb ^b^^ -"n»i ,inî« *inT:-o
t5 ,a^.i2p:m p"p ne ï-tt:::?':: mn rrcjrn i-N 5K-id p^p •♦c^h-
D^nri'^rï nniODm ibKD D'iia^nra bis o-^-inn o"'* b^^'^ba cxrr^ -yroz^
niTmis b:?^bn t^s-^KH nm id nn» .*ibxrp ci h^^-.pîn anba r^s^n
n,:?nn n^mb ^^-^m .inmtsD ib«n D'^imn ^d bri c-^j-trï v-^3*t!3
E3"^ï3iP5 bu D-^nn n2i ntînpn r-rt^Tipn innïta eai •ipanp p^pb
fc'»05'?Dfii û'^nsin D^j^i ,:iNnD p"pm c-nspm p"p tn^ --ma i:3D
^ï3E3T i;a3 riDso i:? ynb &'^72i nss: Qnb ib tinî taDt ^n^'iirm
■'^"î-jDr D«ï2 /■^rinisDn bi«\:î côb ^'^r-'t* :3'*am rr^nn lonnis -^iTTr
B'':?iDn ,n73»3 rri byi ,-i3D ^r^*:;rc r-i?3 bsia nm-'i im-» rrcr»
ibetn Q'^nsin -^s bs-i pb ,G^-inn Drn û^rp:^ btï •»nn''La *b'îii
bD 113»'' p .r73i ^bnni n:i:n73 n^!-î^ 17 nmrrsm im^cc p<b
Alors le vaurien — que son nom soit effacé — se plaça à distancé
et il lui(?) dil ; Cherchez en cet endroit, dans une fente» sous la
place* du susmentionné Jacob, Onche-rcha la chose*, et on la trou*
» Lisez m'^TQ'^tD.
^ Dans la sjDagogue.
* La lerrino pleine do sang.
ACCUSATION DE MEURTRE RITUEL PORTÉE CONTRE LES JUIFS 285
va. Alors il lui coramaûda d'aller dans soa auberge, dauis la maison
dudiLEUézer; là, on lui dcaoerait tout ce dont il aurait besoin.
Alors ils (?) envoyèreal immédiatement» pour la troisième fois, un
autre messager à mon beau-père à Biogen. pour dire de chercher
soigneusement dans les trous et les fentes; car nous avions trouvé
là^raème le saog que le vaurien y avait caché ; on devait aussi faire
savoir à Akiba Ris qu*il û*avait dès lors pas besoin de profaner le
sabbat. le danger étant déjà passé. Là-dessus, les notables (Gaboim)
de la communauté se rendirent chez les chefs du conseil municipal ^
Daniel Bràumann et Ghristophel Louis Viilker, rapportèrent la ma-
chination traniée contre les juifs et montrèrent la terrine remplie de
sang. Les conseillers envoyèrent alors dans la maison de Tauber-
giste Eliézer Wirt deux huissiers, qui le conduisirent en prison (le
faux accusateur). Dans rintervalle, on apprit aussi que le scélérat
avait donné de Targent à un garçon appelé Plazer ("i"«XKbD)\ pour
qu'il lui apportât du sang d'une bôte tuée. Interrogé par les gens qui
rentouraient sur ce qu'il voulait faire de ce sang, le scélérat répondit
que, partout où il allait, les paysans lui demandaient des cartes (à
jouer) rouges; qu'en conséquence, il cherchait toujours à se procu-
rer du sang, pour les teindre en rouge (Esaii était aussi rouge) '*
Le conseil en fut aussi informé par les chefs de la communauté. Le
vendredi 23 kisiev, les chefs du coQseil convoquèrent les membres
notables de la communauté et leur annoncèrent que le scélérat leur
avait avoué que c'était lui qui avait placé là le sang. Il invoquait
comme motif de son crime sa pauvreté. Il avait espéré inspirer, par
son accusation, une telle terreur à ses coreligionnaires qu'ils achè-
teraient très cher son silence. Alors il affirma devant le conseil,
par le serment le plus énergique, que son accusation était pur
mensonge.
Le mardi suivant (27 kisiev), il fut mis en liberté ; auparavant il
avait dû jurer à la cbancelterie de Fhôlel de ville, qui est appelé « le
Rômer », de ne revenir jamais à Francfort ; en cas de flagrant délit,
conseil le menaçait de la peine de mort.
Ensuite il s© mit en route pour Prague, Cette communauté avait
'déjà auparavant reçu la nouvelle de son projet infâme; elle apprit
aussi que le scélérat proférait des menaces du même genre contre
elle. Aussi le mit-on dans la prison appelée Ketzlen (Kàtziein)S Mais,
comme il promit de renoncer à sa mauvaise conduite, on le remit
en liberté. Alors il continua son méchant chemin vers Cracovie. Et
dans cette sainte communauté il proféra également des menaces
(contre ses coreligionnaires), comme auparavant à Francfort et à
Prague. A cause de ces propos et des actes dont il se rendait cou-
* Les doux bourgmeslfca de FrtQcforL
* Ou Baiser, pour BnUbistr»
* Addition du narrateur.
* Ou ftaii quo lei Juif» do Prague aTiiest alors leur propre jundiciion ; de môdie
, Cracotie.
216 wsfm DBS iruMs luivn
pable, les Juifo de Tendroit le jetèrent auisi dans leur pri80D« dtlisla
rue des Juifs, et le soumireDt à un régime sévère *. — Mais comme
il deviut malade, ils le firent sortir de prison et le mirent dans U
Beih Hachoref *. Interrogé s'il cesserait de se mal conduire, il ré-
pliqua : je TOUS donne le conseil de ne pas me lâcher, car, si tous
me lâchez, je ferai bien pis que je n*ai fait jusqu*ici. (Il est dit: « Les
criminels ne se repentent pas, même aux portes de Tenfer. ») 8ur
ce propos, on le retint prisonnier jusqu'à ce qu'il derint de plus en
plus faiblOf et finalement mourut. Ainsi périssent tous les ennemis
de Dieu; mais que ceux qui l'aiment égalent en force le soMl levant 1
Amen | que ce soit la volonté divine 1
KaA(2AU|uu
Voici le procès-verbal des deux interrogatoires et rordpnoance
d'expulsion dont nous levons parlé. Nous les faisons précéder
d'une courte analyse.
ÙRGYCItTEîï BtJCtt VIÎÎ) PEINLICHE APSSAGB«
DE ANNIS UPXCII, MDXGIII, MDXCIV.
Fol. 432^. — 434 a.
Premier interrogatoire.
Abraham, de Lublin (son signalement est écrit à la marge), a été interrogé par le«
bourgmestres le 5 décembre 1593. Il ressort de cet interrogatoire qu'il t été AttM
pont s'être mal comporté envers les Juifft, qui ne lui avaient pas donné beaucoup
4'argent. Il avait parlé de se tuer et de jouer un mauvais tour aux Juifs, il sa m-
pent de ce qu'il a dit. — On lui demande ce qu'il a fait à la synagogue ? — Bien. —
Mais le pot rempli de sang? — Les Juifs l'avaient Tait saigner et il voulait montrer
le sang aux autorités. Puis, pressé, il avoue quMl i pris le MU(c thet un sacriflcslear
pour accuser les Juifs de Tavoir battu. — N'était-es pas pour faire accuser les Juifs
de se servir de sang chrétien ? — Non, car les Juifs ne s'en servent pas ; il voulait
accuser les Juifs d'avoir versé son sang, parce quHls ne lui avaient donné quVa
gulden et desni, au lieu de cinquante qu'il espérait, ce qui l'aurait rendu riche en
Pologne.
Abraham Jud von Lûblin ausz dem land su Polu < ein linge Persoa
mil schwarlzem barth, seiner Antzaig nach 36 Jar ait, hai dabeim
Weib UQd Kinder, ein armer tropf, so sieh der almosen nehret »,
Jst Miiwachens den 8 X bris Anno 4593 vf dem Bornheimer ihurm
vor bede herrn Bûrgermeister gelassen vnd gefragt worden, warumb
er zu haflt kommen.
* Littéralement : ils lui donnèrent le pain do n^i9^r« et l'aiiu d'opproesâonp
* Une chambre qu'on pouvait chaufier (?']
ACCUSATION m MEURTRE HIÎI^EL PORTÉE mSTWK LES JUIFS S§f
Anl. : Er bab sich nii wol gegen den Juden alhje verhallen, die-
eil sy Une nit vil gestcurt, welches iae venlrossea, siûieiamal sy
icbe iei\d se^'eD. inmasseQ er dann eiEeti schlageQ wOlicn. Er sey
im Mendie zur Biichszen zur herberg gelegen.
Q *: Was Hr zu Mendlin oder ûudreo Judea gesagl, alserwider
hioweg ziehcD wOilen.
AdI. :Wûsle sichs Dit zu erindern.
Q, : Wûrumb Er zu Meudliu gesagl, Er well sich selbsleo vm-
briogeo.
Aot. : Ja, welL sich ehe selbsten zu lod scblagen, ehe er wider
»ii disen Judeu alhîa eiDkommen wolte, dan sy sleurlcD einem
kaum ein balbcii gulden; so sey er ein armer MaQn, dem der tod
nUtzer dan das leben sey,
Q. :, Wle er das gemainet, daz er sy belrowet ein Spi[ anlzU-
^uricbtea, daz sy aile dormit zu IbuD babeo sollen.
^m Ant. : Er wuste es boy dem AUmechiigeD GoU nit^ ob ers ge^
^■redi; zu dem« waDn ers gleich geredt belle, was er iuea Ibuti kdnle,
^^bab aucb ausz zorn gesagL Hr welte eineti todscblageo, begere es
' darumb ûlt zu tbun.
Q. : Ub er auch îiio der Judeû Scbul alhie gewesen.
Aût. : Ja,
Q. : Was er darin versleckea wollen.
AqI. : Er wûssle Ton nicbls.
Q. : dieweil er von uicbls wissen wolte, was er mit dem dÔpUa
mit blut machea wolleu, so bey ime fuoden worden.
Ant : Die Juden haben ine also geschlagen das ime die Nasea
escbweisi, hab Er das Blut also vfgefangeD vnd zum zeugoisz de?
berkeit weiszeo wiiUen.
Docbalszman ime ernstlicber zusprach sagt Ër, Ër babe in d«f
'Judeogasseû beym Schecber gefasi vod damit lûr die Oberkeît
;gebû| auch clageu wollen, dasz ioe die Judcu also gescblageu. Vnd
^Icbeâ bcit'urt Er bey OoLt dem Allmecbtigen zum dfriermal, dasz
eskeiuer andern mainuug gescheben.
Q. : Warurab er dan das bludt in der Juden Scbul gesteilet.
AdL : Habs wider aida abbolen wollen vnd braucben wie oben
erzelet,
Q. : Ob er nit fûrgeben wôllen, dasz es Ctiristeu blud sey
ginienmol mon die Juden bezûchtige, dasz sie Christen blut baben
Hiûsszen.
Ant. r 0 nain; wcr das glauben wolte, dasz sey oit, oder woU
dasz aeiu blul mûsle also vergosseu werden uud soUe Got ein don-
ner in lue scblagcn waû es auders were. Zu dem sey es mit einen
juogern Juden, so in irem Spital sey, zu beweiszeo [dasz] def
selbe das blut ios Scbecbers baus gelasset, dan dersclb bab das
dopflein vodergebalten. Sagte darbey, er belle bey Gotl im sin
* QoKfitio.
288 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
gehabt sy die Juden vmb Gelt zu brlngen vnd vorzugeben, das
blut were von Jme kommen, dieweil sy Jne also ze scblagen vnd
wenig gesteuret gehabt.
Q. : Ob Dit wahr, dasz er sagen wôUen es sel Gbristen blut.
Ant. : Nain, hab es auch sein lebenlang nit gehôret, dasz die Ju-
den Christenblut haben mûsszen. Beteurt auch solches zum aller
bôchsten, dasz ers weder im Land zu Polen noch sonsten jemals
gehôrt, wUste auch nit, was sy darmit ihun solten, oder Gott solte
ine strafifen; dasz er disen falsch brauchen vnd die Juden beclagen
wÔUen, dasz sy ine blutrti[n]stig geschlagen, were ausz armut und
zorn beschehen, weil sy Jme mer nit dann gesteurt hetten 4 4/2 fl.
und were kein armer land, dan das land zu Polen, da ailes wolfeyl
zu bekommen, allein sey kein gelt darinnen, Yermainet wan er
ein il. 50 hett môgen hie ausszen erbetteln, Er wolte drinen ein rei-
cher herr geachtet werden. daruffman Jne zu disem mal widerver-
wahren lassen.
* Fol. 438* — 439^.
Deuxième interrogatoire.
Lundi 1 7 décembre 1 593, deTant le plus Jeune bourgmestre. On fait saToir ao Juif
que ses explicalions n'ont pas paru satisfaisantes. Il répond qu'il affirme qu'il voulait
accuser les Juifs de Pavoir fait saigner. — Pourquoi ? — Parce quHla lui avaient trop
peu donné.— N'a-til pas voulu les faire accuser de verser le sang chrétien? — Jamais
il n'a eu une pareille pensée. — Il paraît qu'il aurait joué gros jeu, 12 florins. d'un
coup? — Réponse : C'est faux, il n'a jamais eu à jouer une pareille somme. — N'a-t-il
pas dit qu'il jouerait aux Juifs un tour qui les embarrasserait fort ? Oui, il avait dit
qu'il ferait un malheur, mais il voulait seulement les accuser de Tavoir battu. —
Mais on ne les aurait pas condamnés pour fi peu de chose ! — Réponse : Il n*a pas
réfléchi tant que cela. — Il affirme par serment, à diverses reprises, qu'il n'a pas eu
d'autre intention à propos du sang. On le ramène en prison, d'où il demande à être
délivré.
Abraham Jud von Liiblin ausz dem Land zu Polen ist Montags
den 47. X bris 1593 nachmittag vf dem Bornheimer thurn vor
herrn Ghristoff Ludwig Vôlker jùDgern Bûrgermeister gelassen und
ime vorgehalten worden dasz ein erb. rad mit seiner nechstgilanen
entschuldigung nit zufrieden sey, sondern beuolhen hab aigentlich
Yon ime zu uernemen zu was fûrhaben Er das tôplin mit dem blut
in der Juden Sinagog geselzt.
Ant. : Bey Got zu nichts anderst dann dasz er sy hab wollen
vmb gelt brlngen. vnd betzûchtigen dasz sie ine also blutrûstig
geschlagen vnd dasz das blut von imekommen sey. Jst ime wider-
sagt worden, warumb Er sy betzûchtigen wôUen da sie ine doch nit
geschlagen.
Ant. : darumb dasz Er sy vmb gelt brichte, dieweil sy Jme so
wenig gesteuret.
Q. : Ob er nit àusgeben wollen, dasz es Christenblut sey vnd die
Juden Christenblut zu irem Vorhaben haben mùssen.
AOCUSAtrON DE MEïïHTRE RITUEL PORTÉE COOTRE LES lUlFS
ÂBt. : Nain vor Gott dem allmechtigeo bab seiu Lebenlaiig dise
gedanckea nit gehatol, zu dem kaL^Jote er riU wissea was die Juden
mit Ghristeubiiit IhUQ soUeû. Jsl ime angezëigt worden, es geben
die Judt^Q von ime ausz, dasz er ztmblich gebrast (sLark gepraszl)
vnd gespiiei wie er dann eioinal i^ 11. vff eio sesz (Sitz) verspitet,
AdI. : Er hab sein lebeulaog nit 12 fl. zu uerspileû gebabt, vil
Wéniger getban vad mag Er leiden dasz sy ime den ort nenoelen
dasz es gescbeheu i?eiû soUe ; es sey aber die îautere vnwarbeit
^^vnd ailes ime zii laidi voo ineo ausgeben.
^fe Q. : Ob er sicb oit veroemen lasseo, wo sy die Judeu ime oit mer
^nteura wolten, Er iaen eîa solcb spil enricblea woUe, dasz sy in
^Pgrosz Yogemach dardurch kommen soltea.
p An t. : Ja, habs zum schulraeister gesagt, Er solte sy erinnern dasz
sy Jhie mer sieurteo oder er woll Jneo eio voglûck aDSlellen» vnd
dadurch anderst nicbis verstaoden als dasz er vorgebeti wôUao, sy
hettea ine bluirùstig gescblageu; Jst ime angezëigt wordcD, waa
I Er sy glelch desszen beziichtigeij so belle er ime ja nicbis in seinen
^^Eiuizen geiragen, so wùrde aucb ein Rad inea derwegen kein straiï
^Kbgefordert.
^P An t. : Da bett er Dicbts nacbgefraget, wan ime gleîcb nicbts
^^zuekommeQ, wan niir sy die Juden daromb bergeûommea worden
w^erein] vnd woll ime aucb kein bedencken macbeo, wan Er sy
vmb Er vnd got briogen kCiate, dieweil sy so gro^ze vnbarmbertzig-
keit an imegevbet, vnd alsz er zum Olî'teromal gefragt worden, was
er mit dem Blul machen wôllen, vnd Er sein vorige antzaig idesmais
mit beffiigstem beleoren widerbolet, bat man ine wider verwahren
lasseo, pait (bat) gantz Utiissig dasz man ine der langwirigen ge*
fengnusz dermalemest wider erledigen wOlle.
Bilrgermùsierhûch de A^ i59ù
Dimiags den 48 Dscemàris Afino iù^5 :
Extrait du livre des bourgmestres de Francfort,
11, 18 décembre 1593, Vu les inlerrogatoires du juif Abraham de LubUn, et Ki
s, doQt Le cooseil a délibéré. '
Ordonue qu'il sera mis en hhGtié et jurera de ïi« plus reveuir dans la ville et iou
«rritoire, sous peiae d'ôlre QOjé.
•
Als Abraham Jud vonLiîblin vf der Judischeit albie femer aucîag
weiter zu red gestelt, aucb sein entscbuidigung zu Kalb verleszen
w or den :
Soll mann ine der ha^t erledigen vnd die Stalt uod deren gepieth
be^ siraf erirmcUnSy sein lebenlang verschweren lasszen.
T. XIV, K" 2». ^»
3IBLI0GRAPHIB
HEYDB BIBLIO&RAPHIQDB
( Ui indicaUcnt en f^amçsii qui SMivem Ut iitres k^reu^ n$ aotUpat de r«ifliir ifttMi
mais de l'auteur de la recensions à moins qu'elles ne soient entre quiUmMh}
\. OuvrOffj^s hébreux.
Û*'»»!^ mnn« ou nb-ïSrt •^O»»»-! D'^a^lD?» '^MW} *0 de Ju4a k* Sau-
mon Cohen, publié d'après un ms. par JacOb b. Ëiie Spiro ot Josef
Hirech y\y^b de UeseciU. Varsovie, impr. Lcbeoâohn, 1^6, in-S* ^^
24 p.
Sur l'auteur, Juda b. Salomon Coheo, de Tolède, xiii* siècle, on p«i'
voir Wolf, Bibl.hebr., iomea 1 et 111, n^ 730, et le catal. des ms8. hébr. <i«
Levde, par Sleiuschneider, p. 54. Ce petit txailé est de raslrologie puw-
Cl" SteiuschQ., Catal. BodL, col 1308.
mnoon "IXIfi^ rr^n. \nnuaire publié par Eisig Graber ; l*"* année. Pr^^*
mysl, iinpr. Zupnik, Knoiler et Hammerschmidt, iu-H'* de xxii-81 p.
Contient les articles suivants : 1. Lettre de S. Munk sur lei aoà^
grammairiens juifs ; 2. Petit poème sur le Séfer Yecira, avec DOtefi <^
S . D . Luzzatto. publié d'après le ms. bébr. 243 octavo de Berlini par ^'
Kautmann ; 3. Noms d'hommes et d(^s de géographie, lettre de J- Fûrsii
4. Une note de E. Carmoly sur une édition du Schem haggedoiim;
5. Abréviations surtout à la suite des noms de personnes, par L. Zunii
6. Fables romaines dans le Talraud et le Midrasch (Pefcenius Niger, Vi-
lerius Dioclélieu, Conslautiu et Gallus), par H. Graelz ; 7. ConsultttioB
de Maïinouide sur les instrun^ents de musique, texte arabe et traductioi
hébraïque par Abraham Scbmiedl ; 8. Notes sur le chant et la musique
extraites de Saadia, de Jacob b. Hayjim, dlsaïe b. Isaac, par M. Stem*
Schneider ; 9. nDw C 'mX Biographie d'Issakhar Cohen, auteur de Mat-
tciiot Kehunna, par Jacob ReiTmann ; 10. Biographie d'Aron Worms, de
Metz, parN. Brull (Aroa Worms était un rabbin d'un grand savoir et qui
méritait d être connu. A la p. 21, note 6, il faut probablement lire Kaysers*
lauternh H. nan nCD Explication de 9u mots de la Bible, par Saadii,
BJBUÛGRAPHIE
29«
publié par L, Duckee, d'après uu ws. d'Oxford (hébr. u^ 573, Huritni|çioii}
et réimpriiné par S. Buber, avec Dotes el correctious ; Vi et 13. Divers;
14. Nolei sur la grammaire hébraïque, par Abr. Schmiedl (pluriel brisé,
participe passée nom purlitif, les temps des verbes); 15. Notes sur lo Séfer
h^'htHftukk^ par Seljg Cohen Lautcrbach; t<>. Notes sur Micha, par
Moise Lévi Ehreoreicb ,- 17 et U, Divers.
hTT Dorasch Ziou, Ueisebescbreîbuug nach dem Heiligen Lande voe
bi Simuba aus Solsitz ia Galizico, im Jabre 5524-1763, neu ûb6r-
tkt uud liera usgegeben von CbaiDi EL HaasdortT. Jcrusulom, impr.
B Goscinny (1887), in-S' do (2) 60 p.
D'après la bibliographie de Beujacob, s* ««, oe voyage en Terre^Sainie
a déjà été imprimé, au siècle dernier, à Grodoo, sous le litre de n^fTM
iVaCt uo eu trouve des eitraîts dûuE le D'^bïîTI'^ TOn* avec indicauoïi
des sources. Lu nouvelle éditiou est probablemeat ideulique À raucieDûe,
que je ne connais pas, mais il est facile de se coavaiocre, par la lecture de
la nouvelle éJîtion et les extraits de Fancienue da&s Bihhai Jerufainim,
i|ue Toauvre est en partie uu plagiât ci qu'elle a beaucoup emprunté au
çaralte Samuel b. David, dont rilinéraire a été imprimé par Qurland»
dans sas Gimti Israël^ 1^^ fascicule, Lyck« 18&S (on en a souvent repro-
duit dee frogmenls). Dans notre \y^^ CII^t lea pages 35, L 7, à p. 40, L 4»
répondent à Qtns^^ p. 12, l. 3 jusqu'à p. 22, L B en remontant; de mêtue,
p. r»3. L 10 à p. 55, i. 2, du Doresch répondent à p» 5. 1, S jusqu'à p. 8, 1. U
du Gins/. Le plagiaire abrège quelquefois;, mais aouvol^t il copie textuelle-
ment, quelquelt>iB il est obligé de chaDger Toriginal a cauHe des opinions ca-
raîles de l'auteur. Ainsi il met les Juifs en généraU lu oîi l'original a les ra^*
"Utnit^s ; Samuel parle d'une tour construite au Caire par les Caraîtea pour
observer la nouvelle lune el fixer, par suite, le coinmeiicemetit du moi» (on
sait que les CaraïLes^ nWl pas de caiendricr lixe comme les rabbanîtes};
la plagiaire, qui ne peut pas laisser passer cette notii^e^ change la lune
Tn^ eu "fl"^. et la tour sert à voir le Jourdaiu ! Le plugiaire efface
auâsi nalurellement lea millésimes, mais il est si maladroit, qu'il laiaae
ftubsiatar ia meution de la naissance du sultau Ibrabtm [Dùreuh^ p. %%)^
qui a régué en 1540-48 (le voyage de Samuel est de \Wl\^ landia que notre
H. Simha a fait aon voyage en 17(jI (non 1763, comme il est dit sur le
titre). Maintenant on comprend aussi une singularité du voyage du
B. Sunba : Quoiqu'il vienne à Jéruï^alem par le nord (il a été d abord en
Galilée), il y entre par la porte du sud (porto de ilébroa), uniquemeat
perce que Samuel est venu par le sud et que le Boreîtk le copie machiua-
iameat. Pour la même raison, le Donseh parle uue seconde lots de Safed
(p, 44)1 qu'il a déjà longueineot décrite plus haut. A l'aide de cette nouvelle
édition, on pourra corriger le texte de Gnrland, par eiemple, remplir les
lacunes p. U, 15 et 17 de Gurlaud el chaugar le r''*nD de p. IJJ en
1^^*113 11 nous parait probable ^u^ R. Simha a donné à sou livre le titre
de bnnîD'' y^K ■'IISO qu'on trouve à la bu et qui convient bien mieux
a Vuuvrage, si ou en sépare les morceaux empruntés à R. Samuel. Ce
n*est atos doute pas R» Simba» mais son premier éditeur, qui a commis le
plagiat Icf. p. 8, où il y a des adaitiona du maatik), nour grossir le vo-
lume et le rendre plus tntéressatU. C est lui aans doute aussi qui a
ebaagé le titre de Touvrage de R. Simhan 11 est curieux que la nouvel
éditeur n ait pas rafjpelé le titre de la 1^ édition. Au lieu de Solailz (lieu
d'otiiiEiut de R. Simha indicjué par l'éditeur nouveau), il faut probablement
tire ZalosG. — Baoid âwoasa», de Copenhague.
111 'O Dcraachol sur la Bible et le Taliuud par Uélr Htracb Will-
ir, rabbiu de Siimbor, avec Notes D'^'^n "^ID de Uiiyyim Knoller.
iv»U îttipr» Zupuik, Kaoller et Hauimorscbinidt, 5647 (1887j, iii-8^
106 ff.
292 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
D'^31U)finb inn^T Studlen und Mittheilungen aus der k. ôffenUichen Biblio-
thck zu Si. Petersburg. Vierter Theil : Responsen der Greoaim (animeisl
aus dem X.-XI. Jahrhundert) nebst Anmerkungen und Einlcituug tod
A. Harkavy. Berlin, impr. Itzkowski, 1886, in-S^, p. 201 à 328. Publié
par la Société M'kize Nirdamim.
Nous attendoDS la ûd de rintroduction de cette très intéressante publi-
cation, qui présente un grand nombre de difficultés. M. Htrkavy nous eo
dounera la solution.
"I^lbrin Wissenschaftlicbe Abbandlungen ûbor jûdiscbe Gescbicbte, Lite-
ratur und Altertbumskunde, von O. H. Scborr; 12. Jabrgang. Wien, impr.
Knôpûmacher, 1887, in-S» de 128(2) p.
Table des matières : 1. Explications de mots, dans Tancienne littéra-
ture rabbinique, par des étymologies tirées de langues étrangères (215 na-
méros) et explications qui paraissent reposer sur des étymologies de ce
genre (37 numéros); 2. Diverses notes talmudiques (27 numéros); 3. Etude
sur Taohuma-Yelamdenu et sur l'édition récente de S. Buber, expli-
cations des mots étrangers , étymologies; 4. Sur le Lékab Tob, édit.
Buber; 5. Halakhot gedolot, Hal. pesukot, keguot; Hal. de Jehadaî
gaon et Halakbot gedolot d'Espagne ; 6 et 7. Critique du ni33 n^3
niDbïl?! publié par M. L. Horwitx, de Francfort ; 8. Traduction nou-
▼elle inédite de Tintroduction de Maîmonide au chapitre pbn ; 9, Oerascht
inédite du Ramban ; 10. Introduction inédite du D'^TaV^rT ^T'O d'ItsK
ibn Latif.
Nît-^amST: lîrT'bN na n-^N^a 'nb Û-^nnn Hebraische Poeslen des Mfeir ben
Ella aus Norwich (circa 1300) aus einer Uandscbrifl in der Vaticana, hgg.
u. erl&utert von A. Berliner. Londres, libr. David NuU, 1887, in-f^ de
12 p.
Dans rintroduction, M. B. décrit le très curieux et très volumineux ms.
D? 402 de la Vaticane, qui contient ces poésies didactiques de Méir de
Norwich. M. Berliner donne également quelques notes sur l'auteur. Celui-
ci jouait de racrostiche avec une rare virtuosité.
Dbtt)in^ Jérusalem, Jabrbucb zur Befdrderung einer wissenschaftlicb gc-
nauea Kenntniss des jetzigen und des alten Pal&stlnas, brsgg. . . von
A. -M. Luncz. II. Jahrgang, 5647-1887. Jérusalem, impr. et libr. de l'au-
teur, 1887, in-8° de (14)-96-180-(6) p.
Partie hébrdigue : 1 . Histoire des Israélites en Palestine, depuis le Ram-
ban (1267) jusqu'en )492, par Luncz ; 2. Limites de Ja Terre-Sainte et de It
Syrie, par Méir Friedmanu ; 3. Les sept voyages de sir Moses Montefiore
en Palestine, par Luncz ; 4. Trois lettres de Palestine, écrites par Simsoa
Back p3 en 1582-3, communiquées par D. Kaufmann ; une consultation
sur Tunion dans la communauté, de Tan 1624, et trois lettres des Aske-
nazim de Jérusalem, des années 1757, 1763, 176S, par Luncz ; 5. Notes
bibliques et talmudiques, par Jehiel Michel Pinnes ; 6. Situation de la Pa-
lestine dans les cinq dernières années, par Luncz. = Partie allemande :
1. Cbaifa un4 Carmel, par Laurence Oliphant; 2. Gilgal, par C. Schick;
3. Die Vôgel Paldstinas. par Selah Merrill ; 4. Moab, par C. Schick ;
5. Neue Eutdeckungen in Jérusalem, par Selah Merrill {a. Die Zwetta
Mauer ; b. Gr&ber beim Damascusthor) ; 6. Zur Geschischte der bebr.
Typographie (Die hebr. Presse in Safed), par A. Berliner ; 7. Die sanit&reo
VerhâUnisse Jérusalem 's nebst statist. Bericht des Freih. Hothschild'schen
Ilospitals vom Jahre 1886, par le D** Schwarz ; 8. Hospitftler u. Kranken-
asyle Jerusalems ; 9. Schulen und Erziehungsanstalten der verschie-
BIBLlOGH.APHIt
388
enen NatioD^o und Confessionea zu Jcruselem ; 10. Export nnà impart
Jahre 188(1 ; 11. SchitTverkehr in JilTa 1SS6.
r"l3fi* nSCTQ Abolh de Rabbi Natbao hujus libri receDsîones
CûIJalas TBriis apud bibliolhecas et piiblicas et privatas codicibui
du Salomon Scbechler. Vknoe (Autriclieî, 1887, in-4".
Le traité <)e morale conau sous le oom d'Âbol, proverbes et Benleoees des
p^res (de la Misrhna)^ dont les Juifs ont l'Iiabitude de lire, eo été, un cfaa-
pitre, tous les samedis, existe sous une autre forme, différetite de celle de la
Miscbot et plus étendue^ qu**!)!! aîtribue k Kabbi NflUmn, le coutemporajn
du rédacteur de la Mi^cbua. Nous verrons ptue loin que cette ampliGcation
ne peut dater que du viii*^ siècle au plue bauU tscdis qud H. Nalhao vécut à
la Eu du deuxième siècle. Pour faire mieux accueillir use nouvelle créattou
bltérsire, ou \m Honciait autrefois comme auteur un personuage counu et vé-
néré. C'est ce qu ou il, à Tépoque du secoud lemple, pourlEcclésieste, qui
fut reçu sous fégido de S.ilomon; c'est ce qui arriva aussi pur le 7/i«ya,
qu'on ât eulrer comme autlieutique parmi les Midraschim anciens* en lattri-
buant au propbète Elie. Inutile de rappeler les livrcii cabbaliatiques le Bakif
et le Zokar, qu^ori Et passer ^ous le uom des docteurs de la Mi^choa, Par
conséquent, il serait oiseux de cherclier le uom de Nathan comm^ auteur
de uolre compilation parmi les noms des rabbins du moyen âge. Tout ce
que nous savons, c'est que notre traité est cité pour sÛr par le Artitkh
1x1^ siècle}, et peut-Ôtre déjà par Nissim Gaon de Kairouau ^^x*^ siècle.. Les
deux premiers chapitres de rexcellente préliace de M. Schecbier traitent
de ces questions avec beaucoup d'érudition et de sagacité. Une autre par-
ticularj|« de notre traité est assez remarquabk, c'est que nous en possé^
dons deux rédactions dilTérenles : fuue, impnmée plusieurs fois dans les
éditions du Talmiid de Babylone et séparément, avec ou sans commen-
Uire ; Taulre, celle que publie pour la première (îis, à l'aide de mss.,
M. Scfaccbtcr, en colonnes parallÈles, avec Tautre rédaction. Cette bonne
méthode permi t de ht rendre compte facilemeuL dea différences et des arldi-
lînns des deux textes. Ce n'est pas Tunique traité rabbinique dont ou
connaît «insi deux compositions ; un grand tiombra d^ouvrages répandus
ont subi cette altération. Prenons, par exemple, l époque qui suit immé-
diatement la clûiure du Talmud i nous trouvons le Mîdrasch Tanbuma qui
existe soLis une autre rédaction portant le nom de Yelamdénu {voy. Revuêp
l. XIV, p. nn\, puis le Dlïîûn pt le -i"*nTm {tàttleml^lcs Halaciot ff«thlût
dont une rédaction est eapagnole et Fauire frauçaise (celle-ci est l'œuvre
de Jo<4eph Tob Etem ou Bon itlst; la lettre du fameux Scherira adressée aux
ribhius de Kairouan (\^oir M. Halberstam, dana le pj^bn 113D» X, p. 7
posa.). On s'explique aisément celte deuxième rédaction ; elle est l*<BUTre
d'un rabbin qui a modifié son texte, unique à ses yeux, pour l'usage de son
école et qui a ainsi fait de ce nouveau texte la version autorisée pour un pays
entier. De notre traité nous avons égalemeul une rédaction espagnole et una
rédactiott française. ^I. Scbecbter, dana les nombreuses et minuiieuaes notes
qu'il a mises sous les deux textes, a donné toutes les références des deux
versions. Le cinquième chapitré de sapréfai^e traite des relalionsde ces deux
TéraioDS entre elles; dana les chapitres suivan ta, le savant auteur étudie tes
rapports de notre traité avec celui d'Aboth, qui, d'après quelques «•'
vanta, était originairement plus étendu que le texte actuel et dont une
partie de ce qui est perdu se trouvait dans TAbolb de R. Nathan. Si
celle hypothèse était juste, la vraie rédactior» d*Abolh aérait d'une époque
postérieure au Talmud. Buppf»siliou que M. Sch. béaile, avec rtisoD, k ad*
mettre. Dans les dernierB chapitres do sa préface, M» Sch. étiumère les
i&sa. et lea commentaires dont il s'est servi pour aon travail critique. IIk
lont nombreux et pris dans diverses bibliothèques publiques et privées. Jl
De serait pas trop de dire que M. Sch. a épuisé la matière quant aux mas.
qu'on coGoait préaen terne ni. Son édition d'Abolh de R. Nathao restera li
296 HEVUE DES ÉTUDES JUIVES
pna:-^ nno.
nDtD'^ ■'bOTa Aphorismen fur 's praktische Leben, Geist und Herz, von
S. S. Hurwitz. Varsovie, impr. Goldmanp, 1887, iii-8* de 48 p.
Vingt- sept chapitres formant un recueil de sentences morales, conseils
moraux et religieux.
Ï^731^D ID « Ner Neschama, Michnaies ». Recueil d'un certain nombre de
Mischniyot , rangées par ordre alphabétique de la lettre initiale de
chaque Miscbna, avec texte vocalisé, commentaire intitulé rïïlD Vp KbQ,
traduction allemande en caractères bébr. et notes en allemand caract.
hébr. , par J. Qoscinny. Jérusalem, impr. Goscinny, petit in-8^ de
(2)-44-{2) ff.
mntia n*lO « Commentaire de Malmonide sur la Miscbnab Seder Tohorot
publié pour la première fois en arabe et accompagné d*une traduction
hébraïque, par J. Derenbourg. » Berlin, impr. Itzkowski, 1886. in-8® de
160 p. Publié par la Société M*kize Nirdamim.
Cette première livraison contient l'introduction de Malmonide et son
commentaire sur Kélim. M. Derenbourg a fait une nouvelle traduction
hébraïque du texte arabe, et a rendu intelligible une foule de passages
dont le sens avait échappé au traducteur ou a été altéré par les copistes.
Ce travail remarquable fait le plus grand honneur à Térudition et à It
perspicacité éprouvée de Vauteur . C'est à partir de ce jour seulement que
le commentaire de Malmonide est véritablement publié et peut servir aux
recherches scientifiques.
j^^tSïl "^nnSD Exposé populaire de diverses nottons scientifiques (Histoire
naturelle, anthropologie, géographie, etc.); suivi de yn» OîaTplD 1ÎDK1D
Géologie, météorologie, âges préhistoriques, etc. ; par Nébémie Baer
Hoffmann. Varsovie, impr. Isaac Goldmann . 5647 (1887), in-8<* de
184 + 48 p.
NnT^NT ■'nBO Collection d*Aggada et de Midrascbim publiée par Salomon
Buber. Wilna, 1886, 8«.
M. Buber est vraiment infatigable. A peine avions -nous achevé notre
compte rendu de son édition du Tanhuma (voir Revue, t. XJII, p. 224 et
t. XIV, p. 92) que nous avons reçu celle des Halakhot (voir plus loin,
(p. 298), et voici qu'il nous faut maintenant annoncer le présent ouvrage.
C'est une collection de Midrascbim composés sur le livre d'Esther : 1* le
Midrasch Abba Gorion ; 2^ un Midrasch sans titre ; 3^ celui de Tobia b.
Eliczer. intitulé Lékah Tob ou Pesikta Zoutrata, dont M. B. a déjà publié,
eu 1880 le texte qui roule sur la Genèse et TExode. Le premier de ces
Midrascbim emprunte son nom aux premiers mots de ce traité : « Abba
Gorion ou Ourion de Saîda dit.. . * On sait que le Midrasch Bereschit
Habha s'appelle de la même façon : Midrasch de R. Oschia, à cause du
début : « H. Oschia. dit. . . > La date de composition de ce Midrasch est
inconnue, mais il était antérieur au Midrasch rabba sur Esther, qui l'a uti-
lisé, et probablement aussi à Haschi, qui Ta connu ; par conséquent, il a su»
rement été écrit avant le xi* siècle. M. B. en publie le texte d'après cinq
manuscrits d'Oxford, de Londres et de Parme ; aussi cette édition est-elle
beaucoup plus complète que celle de M. Jellinek, qui s'était servi seuleînent
du ms. de Hambourg. — Le deuxième Midrasch a été composé après celui
d'Abba Gorion, et avant le xiii^ siècle, puisque Tauteur du Yalkout les
BIBLIOGRAPHIE
ÎÏÏ7
cil€ déjà Vnn et l'autre, — Quant à la date du Lékah Tob^ ell« nû&t pas
douteuEt*, puisqu'on sait eia€t4?inenL l'époque de son auteur. Ce Midrasch
est publié par M. Buber peur la première foie. Diaons* ea pasMut. que t«
MidfBSch dtj môme aulenr Bur Riilh vient d'être publié âvec un commen-
UÎTC étendu, trop Entendu peut-être, par M. Seckel Bamberper ; iîous en
reparlerons quaod l'introduction Blleroande aura paru. XL Bitber, comme
dans nés précédentes éditions, donne U liste des passaffes des deux pre-
miers Alidraf^cbim qui se trouvent dans le Yalkout. Quant aux commcn-
Isires^ ils eignalent leB paESage;» analogues ou semblableis des autres
Midrascbim cL expliquent les termes non sémitiques du texte. Sous peu,
M, B. publiera une érUiicn critique du Midrasch sur les Psaumes, d'après
tous les msa. qui en existent. Il serait a soubaiter que le savant auteur
employât sa patience et sa vaste érudition à rédition critique des deux
plus iiuciennes parties du Midrascb Habba^ sur la Genèse el le Lévilique ;
les mas. de Paris et du Musée Britannique devront surtout être mis à
contribution dans ce but. — N'otïblions pas de remercier m les eicellenta
îropriroeurs de Wilna, MM. Romm^ qui ont déjà rendu tant de services à
la liltérsture rabbînique« particulièrement par leur belle édition du Talmud
de Babylone, et qui se proposent de publier les Miqraot Gedolot ave-c un
irraiid nombre de commentaires inédits. — A* N-
^ÏSirr» 'D St^n psr*r: 'O Tarschisch des Moses iba Esra, zum erslen Maie
bL'rau.sgff. vou David Gnnzburg. Berlin, publié par la Société M'kize Nir-
damim. 1886, in -8' de 91 p.
Texte voealisé, avec index biblique. Dans un procbain fascicule, M. D*
G. donnera une étude sur ce poème, ses commentateurs et continua leurs ;
plus une analyse de l'introduction arabe et tiue étude sur la versifica-
tion hébraïque. On peut attendre de lui que ce travail sert des plus
intéressante.
r^3£^ irrs d'Isaac Lanipronli, lettre V. Berlin, éûïiè parla Société « M'kize
Nirdamim », 188tî, in-8" de 184 ff.
3*!£3 TTph OIH'^D Lekach Tob (Pesikta sutrata' eln agadischer Kommentar zu
Megillat Rulb vod Rabbi Tobia ben Elieser, zum eraten Malc brsgg.
ûacb emer Hdscbr. der Miîncbtiîier Hof- uud Slautstibliotbok, mit Ver-
gteicbuQgder belr< Hdss. atis den Bibltolbeken in Oxford, Londou (Har-
Iteo], Cambridge, Wicn (JellÎDek),Pélersbourg, Parma und RomCCasaData
iu> AogeUcai, mit Conimentar versebvn, von Seckel Bamberger. Francforl-
sur^Mein, libr. J, Kautoami ; Majence, impr. LehmaDn, 1887» iû-8* do
11-52 p.
L^autêur innôace ïiae introduction ea allemand qui dsTra ptriltTA plus
lard. Son commentaire est très étendu et indique les sources.
itjbH mipB 'D Novellcs talmuditjues sur le Orah hayyim, F* partie, par
Baieel Blazar Halltivi ibn I3i;3, précédée d*uue oraisou futièbre do Tau-
ieur, par Naliman ia"';33, Jérusalem, impr, S.-L. Zuckermann, 5617
(1887). in-f» do (r))-130 ff.
* br Y^V Sammelbarid klciiicr Beîlrâge aus HandsclirîfleD. Jihrgaog II,
l*^>-r>646; Berlin, Société M'kize Nirdamim, 1886, iii-8» de XVI-8SÏ +
rvf-29 4- 18 + 5(1) p.
Contient : J. Le •^XSS^fii DllblP analyse plus loin; 2, p ^n
V^p^ dlbo Sina« avec commentaire de son élève Ibn Zila, traduit en
hébreu par li. Moïse (le nom du père matique), édité pour la première
29S REVUE DES ÉTUDES JUIVES
fois ptr Datid Kaufmann ; 3. Notes et additioas diverses aux publications
de la première année, tous le titre de d'^nBDS ; 4. Additions au tn*Y<Q
ÎTTlTDÎl tDIpîÛ de la 1** année> par M. Steiaechueider, et notes par Da-
vid Kaufmann.
1TW'3»n«t) lî:3"'Nnp b-^» El cuento marayiUoso, segunda partida, cuentos
antiguos, ...(voir Berne, XIII, p. 139). Jérusalem, itopr. S.-L. Zucker-
mann, 5646 (1886), in-8« de 184 p.
Entièrement consacré à la suite de Thistoire de Bostanal*
ûbttîîl apbïl "^bsU) Ouvrage rituélique, par Sédécias, fils d'Abraham le
médecin, publié, avec uue préface et des notes, par Salomon Buber.
Wilna, impr. Romm, 1887, in-8^
La collection de Halakhot faite par Sédécias est la plus importante de
toutes celles qui virent le jour en Italie, après les deux Isaîe de Trani. A
Rome étaient venues s'établir, avec la famille de Tauteur de TArukh,
les écoles du midi de l'Italie, de Bari, de Trani» de Siponte, etc.
C'est là que Sédécias composa cet ouvrage dans la seconde moitié
du XIII*' siècle. Sa famille s'était de tout temps occupée de littérature.
Son père, Abraham, était médecin, oomme Itti-mftme. 11 cite souvent des
décisions rituéliques de son grand-père Benjamin et de plusieurs de ses
cousins. Ce Benjamin est généralement considéré comme Tauteur des
gloses sur Raschi qui se trouvent en ms. à Berlin, et peut-être des gloses
bibliques signées 3'm'T (Voir cependant l'article de M. J.-II. Matthews,
Israël. Letterbode, IV, p. 1 et suiv.). Un autre Benjamin a annoté le
Séfer Haggalui de Joseph Kimhi, qui va paraître prochainement dans les
publications des Mekitzé Nirdamim. On s'accorde généralement à croire
que Sédécias, comme l'auteur de l'Arukh, appartient i la famille iii
Mansi (0*^133^71) ; cependant il ne signe jamais 133^Sl. En outre, dans le
passage suivant, qui se trouve dans le prétendu second volume de sOn
ouvrage (ms. d'Oxford, n*» 657 fol. 16) : bVTTV n'^!! '^3'ïKi maiOPai
•^riNi:^ y^r'T N73T1 \12, il ne dit pas que la famille de Tauteur de
l'Arukh était ausbi la sienne. On ne sait pas encore non plus si Sédécias
a désigné comme second volume du Sichibbolé Halléket la partie de son ou-
vrage qui traite des autres règles rituéliques que celles que contiennent
le volume publié par M. B. C'est l'opinion de M. B. et nous-même, dans
notre Catalogue (n^* 657, 658), nous en avons parlé dans le mfime sens.
Cependant, dans cette prétendue seconde partie, l'auteur dit (fin du § 7) :
an:D pi î:pbrt -^bnu) néon iTn-'Mm rmaiiDn -^narD -in::n
mi3*I?1 bjïa... • J'ai déjà donné les réponses et les preuves dans le
Séfer Schibbolé Halléket. . ., * termes qui n'indiquent pas que ce soit là la
première partie de son ouvrage. Cette partie n'est pas moins importante
• que celle qu'a publiée M. B. ; espérons qu'elle verra bientôt le jour. —
Ces collections de Ilalakhot ont une double valeur : elles peuvent servir à
ceux qui étudient encore les décisions rituéliques, et à l'histoire littéraire
des rabbins du moyen âge. Nous nous bornerons à examiner cette publi-
cation à ce dernier point de vue. M. B. nous a d'ailleurs facilité la tAche
en joignant à la description des mss. dont il s'est servi et à la biographie
de l'auteur et de sa famille une liste des rabbins et des ouvrages cités
dans le texte qu'il publie et dans l'autre partie, que possède M. Halbers-
tam. Quelques-uns de ces noms seront éclairés par leur comparaison avec
ceux que donnent certains mss. que M. B. n'a pas eu à sa disposition.
Ainsi, il est certain qu'Abraham 61s de Joseph, de la famille des "^^3
IID"^^ n'est autre qu'Abraham de la famille Pcvsaro ('jl^'^lD est une alté-
ration manifeste de Tlf^D), car le ms. d'Oxford a, au § 102, Abraham
de Pesaro et, au § 93, Abraham fils de Joseph, sans autre indication. —
Pour Abraham fils de Hijya, de Hatisbonne, le ms. d'Oxford n'a pas
mBLlOGRArfllE
m»
le
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I
fflol 3"5^STD3''^m!3« Pour le nom suivant, il o'a |»9 b^liin, et lu loca-
lité est orlho^raphiée ^iilT 1115^5^^"»^ • Il neat pas douteux qu'il faille
lire partout Eliéïer, ût^ Vérone et non de Verdun ; car il n'y o pas
de rabbin de Verdun portant ce nom, et le nos, d'Oxford a constamuieut
ÏI3T^^1 — Nous ne croyona pas que Tohie de Bour^o^ue soit le
inAme que Tobie de Vienne (dans le D^uphioé ; il faut écrire Katî'^S
et non H2*'11. qui Hé*j^e la capitale de TAulriche^ . — Pourrjuoi
M, B. ne donne- t-i( pas la transeripiiou de ^bnttt Arlos, et de
151^. Joigny, puisqu'il id^Dtifio les autres nçms de 'opbUi^? — Joseph
Ibn Pelât est un rabbin de Nurbunne. — Jacob de ^"^TTO ou ïî^'^inîS
(eVst ajnsi cp'il faut lire) est, en etTei, Jacob de Marvè^e ou de Mar-
^éph, en Provence, et non e]e Vivier» comme le fait croire la lev'On
Cn''lV>> voir Histoire littfrmrt di la France, t, XX Vil, p. 447. — Sur
laaac de Siponte il fd liait citer farticle de M« OrosSi da,ng le Magazin de
Berliner. — Isaac mïlpCI^ (c8 dernier mot manque dans le ms. d'Ox-
ford) de flongrie est probablement fsaac fils de Joseph, Josko étant un
diminutif de Joseph, comme b^lTl**/ Josefel, nom qui s'est glissé par
erreur dans la liste géographique de notre Catalogue. — Sur Isaac Dor-
bel, voir un long passage dana le Âguda^ Israël. Letterbode, VIII.
p. 131. — *^Kb'^p u^exist© pas, on trouve seulement "^^"^Tl^ — Samuvl de
Jinî3Ût comme on lit d'ailleurs aussi dans le ms. d Oxford, «loit être
corrigé en Samupl de :i1':):n . Ramrupl; c'est Samuel liU de Méir, le
frère de R. Tam. — Ces meuucs observalious n'enlèvent rîtu la la valeur
des notes rJe M. Buber sur les autours et les ouvragée^ notes qui suni
exeetlentos. Tout au plus lui repro( herons-nous ses abr^^viaiintis fréquentes,
qui parfois peuvent dérouter le lecteur peu versé en ces mstières. Comment
deviner, par exemple, que Z3'^'3?3rr 3*in. (note 53) désigne Moïse fils de
Joseph Trani ? — A k suite de ces chapitres vient la bibliographie du
Scllibbolé Halléket imprimé et écourté, ainsi que du Tanya qui est l'a-
brégé de no4rfi ouvrage, M. B. corrige, à ce propos, evec raison, une
fâuta répandue dans toutes l'is bibliographies et histoires juives et même
dans Texcelktit ouvrage de M. Oûdemenu iBrziehuogsv^esen in Italien»
p. Î!W) touchftnt la date de la composition du Tauya* Celle de UU qu'on
lui assigne d'ordinaire est fondée sur la souscription da rédition de Man-
laue, qui indique la deto de Vimprestton et où. volontairement ou non, les
centaines fient omises dans 5074. En réalitf, il faudrait 52T4, comme Tin-
dique la valeur numérique des lettres du mol iTcnil' En tout cas^ le
Tanya n'a pu avoir été composé eprès te xir" siècle* puisque le mai
d^Oxford do col ouvrage (n° 1057) a été copié en t4l4^ M. B, suppose que
'Tauteur en est Jehiel fils de Yekouticl Ëls de Benftmin le médecin, sSQi
appuyer sa conjecture sur des raisons plausibles. Ce uom de Yehiel est
mentionné par Ibn YehiU| m&is il y a eu beaucoup do rabbins de ce nom,
tn outre, qui prouva que Ibn Vahia était bien renseigné ? Quant à un
Iroisième ouvrage de Sédécias, intitulé CDlHi rnD3??3 ou D^Dlpb qui se
trouvera Et à Oxfr^rd, nous avons déjà dit à M. H. ce L|u*il faut t*n penser.
Ce ms. est simplement un autre abrégé du Scbibbolé ïlalléket où se trou-
vent quelques défisioîis du temps des Gaonim, comme dans Touvrage
dé S^décias. — Les Halakhot sont publié» par M. B- sini aucun 00m-
mentaire. c'est h meilleur système qu'on puisse suivre pour ces sortes
d'ouvrages. — En somme, nous félicilon» vivement le savant éditeur
de cette cDuvro de Aa/<ii(Aa, autant que l'éditeur des OQvrages d'aggada.
— A. N.
te^ÈI nilbin '0 ^< Le BomaD d'Alexandre, texte hébretï anonyme, pu-
iié pour la première lois avec une inlroductian et des uotea criliques
ir Israël Lévi, » Paris, libr. Durlucbt'r, 1887, iti-8« de xvi-82 p.
Tirage à part du VDp de la Société ^'kize Nirdamim. L'introduction
p de M . Israël Lévi e^t un excellent morceau de critique, qui se distingue
•
i
V
BIBLIOGRAPHIE
m\
2. Ouvrages en langues modernes.
d Jowish Hisloflcal Exhibition (Cûtttlogiie of). 18^87. Royal Albert
îi; and of supplemeatary Exhibilions beld at tlie |»ublic Hccord Office,
tlJsb Muséum, South Keusiui^loD Muséum. Londres, impr. William
Pf^B, 1887 ; in-S» tic xxvi 208 p.
Ce cslalo^ue donne utie idée cumplèLe de cette exposition, qÛl est le
première de ce genre et qui est dtgae d'être vue el étudiée pour lea
œuvres d'art qu'elle cODlieut et les reoseignomeots liistoriques qu^elIe
peut fouruir. Le catalogue coulient le^ chapitres suivants ; t. Reliques
historiques; 2. Art religieux jsyuagogue, maison, etc.); 3. Anttquiléa ;
4<r Moanaiefl et médailles; 5. Ëxpof^iûou supplémentaire au Record -OFli ce,
au Brilifih Muséum, au South Keasington Muséum. Chaque cbapitro
est précédé d' intéressa nies introduciions. Noua signalonB, en couraDl,
el pour doDiter une idée de rimpurtance de cette exposition, quelques-
UDee des pièces remarquables. Un plat de brouze avec luEcription hé-
hraîquc de Josef h. Yehiel (n** l)» deux sceaux {a*** 12 et f3\ une
pièce inédite de Colchesier Î267, avec portrait ou caricature d'Aaron
filius DiaboU (n^ 14, par M. Joseph Jacobs) ; caricature d^Isaac de Nor-
wich et autres (u^ t5]« rôles, Shetarot, quittances, etc*« antérieurs a Tex-
pubiOQ de l'îM {n^* 16 à 52D); plans et dessins de synagogues k Sidney,
Melhûurne, Kimherlevj (u"* 549 à 552), livres d'Eseamot dataul de 1664
{n^ 5101, une série entière conaacrée à sir Moses Monlefiore (n'»* 650 à 6»ft),
des autographes (de Grâce Aguilar. entre autres] , des armoires (u^ 763), des
piièces historiques cûucernant l 'émancipation des Juifs anglais (n^* ?1)9, 800,
ini; part de 1649)^ une très belle colieclion d'imprimés concernant ce sujet
•t ayant appartenu au feu Rev. A.-L. Green (n*^* 821-824), âw exem-
plaires de Journaux Israélites rares (n"* 83i à 841 1 ; une collection d'ouvrages
hébreux imprimés à Londres depuis 1707 (n^* S7ti'fl93lr une collection d'ob-
jets provenant de Béni-Israttl et autres Juifs de llnde (n'^'' d<i5 a 041] ;
une très belle collection de portraits, dont la mention est souvent iiccodci-
pagoée, dans le catalogue, d't^xcel lentes notices biographiques (Manassé.
b. Israël. n"*»47 k S5U; David Nieio, n^ 954 a; Baron d'Aguilsr, n* ff77 ;
Benjamin Goldsmid, n^ 090 ; Samuel Montelîore, u^ 919S a ; Isaac Disraeli,
n*' 1t»31-1&3< ; divers portraits de la famille de Rothschild, n»* 103<i, 1054,
10ft6-10d8, Um, 1103, ÏL05, 1115, MM, tl19 ; sir Francis OoLdsmid. n"^ 1089;
Emaouel Deutsch. u^ 1112); une irèa belle collection de portraits et
'QTurea d'Alfred Newmann, parmi lesquels de curieuses caricatures, dont
le 1777 el une de 1794 [u"* 1 .'18 1237), et mâuje les portraits de Moïse,
David et de Salomou. Noua ne disons rien de la classe 2, conaacrée
au matériel du culte, si ce n'est qu'elle contient, entre autres, de nom-
hreu» objets de le belle colieclion de M. Strauss, de Paria (u**' 1901 à
20a0), et de M. R. D, Sassoon (n*»» 203! à 20tt5V La classe 3 est formée par
une collection de mfjiiuacnts hébreux qui ii*a pas précisément d'intérêt par*
ticulivr, par une série d'ouvrages upparieuDut au duc de Crawford et Bal«
carres, parmi lesquels beaucoup d'ouvrages samaritains ; puis par des
aéries d'imprimés (souvent avec illu^itraiiona), d'inscriptions hébraïques,
d'objets recueillis par le Palestine Exploration Fund» de sceaux. La série
dea niounaies juives, à laquelle M. Léopold Hamburger, de Francfort,
M. John Evans et d'autres ont prêté leur concours, est véritablement riche
(tt** 2301 a 26IH) tt serait à elle seul© sufSaaute pour attirer & ceUe expo-
sition les curieux, les archéolognea et les historiens.
1 Bmj
3Qi REVUE im truoes juives
Annuaire israélitc pour Tannée 5648 de la création du monde. . . par Jacob
Molina. Marseille, chez l'auteur (1887), in-S*» de 40 p.
P. 32. Acte de l'achat du cimetière des Juifs. Cet acte, dressé devant
notaire, le 5 décembre I78S, constate qtMi Salomon de Silva et Mardochée
Chay Darmon, Juifs du royaume d'Espagne et résidents à Marseille, ont
acheté de la maison de la Trinité Rédemption des captifs, par acte da
15 octobre précédent, un terrain situé au terroir de Marseille, quartier du
Rouét, et qu'ils paient aujourd'hui 1,200 livres formaal on des termM dii
prix d'achat. Un autre terme fut payé le 20 janvier ITtô. O Uwraia servit
de cimetière aux Juifs jusqu'au 15 frimaire an XIII, époque où, étajit devooa
insuffisant, il fut remplacé par un cimetière plus vaste acheté dans te voi-
sinage par J. Costa et Tama. — Ibid., p. 34. Acte espagnol du St oc-
' tobre 1783, fait par la communauté, et constatant que la préeédente acqui*
sitioB a été faite pour U somme de 2,400 livres tournois, pfan 440 livres
6 sous pour droits du Roi et frais. Pour réunir cette somme, on avait créé
une quête appelée N$àûba du Bêt ahû^im [iWi-Aayyi>ii), et Isaque Coen Ntr
(Naar ?) de Candie et Joseph Raphaël Sedaha (S^étJut ?) avaient été
chargée de rencaisser. La nedahe n'ayant paa donné toute la somme néces-
saire, le resta fut pris dans la caisse de la communauté. Le docttment porte
la liste des donateurs avec la somms donnée par chacun d'eux. Voici les
noms de ces donateurs, dans l'ordre où ikà se suivent dans le document,
feclifiés par nous d'après des communications qu'i( bien voula nous faire
M. Molina et dont nous le remercions :
NQtik dâla Nedabà de Bet^ahaim de K[aàal] Kladosck] de ÂUrtelU.
Daniel Rigaud, Sabatou Constantin! de Canea, Salamon Roget, Joseph
Raphaël Sedaha, Isaque Costa, Mordohai Hai Darmon, Semuel Brudo,
Jacob Gozlan, Eplraîm Duran, Jeossuah Bismot, Mordohai Desegni,
Vidal de Cavaillon, Pélice de la Vida, Manuel R Foa, Blondin, Biniamin
Ariàs, Samaria Salom, Joseph Montefiore, Moeé Gbmri, Abudaram, Sa-
muel Abudaram, Mosé Israël, M osé Daninos, Jacob Dan, Aboab, Huxiel,
Isaque Coen de Kandia, Haim Qignah, Isaque Attias. Jeudi e Simhon
Lahmi, Biuiarain Boccarra, Jacob Lumbroso, Samuel Hai de Paz, Sala-
mon Hai Benbaron, Jeossuah Canzino, Miscel Graveur, Manoah et Salamon
Coen, Abram Âbenatar et Comp., Joseph Semama, Salamon de Silra,
Mosé Serusi, Sebi bar Jacob, Carcasona d'Avignon, Jacob Castro, Jacob
Vita Coen, Raphaël Pilosof, Moisé Dias Santillana.
[Catalogue]. Verzeichniss des anliquarischen Bûcherlagers von Joseph Jo-
lowic?, in Posen; Judaica und Hebraica; n<» 916. Posen, 1887, in-S" de
42 p., 1221 no».
Erckert (R. von). Der Kaukasus und seine Vôlker. Leipzig, libr. Paul
Frohberg, IBS'?, in-8«>.
L'auteur connaît le Caucase pour y avoir séjourné deux ans ; ce n'est
peut-êire pas beaucoup pour bien connaître celte région où tant de
races diverses sont juxtaposées, mdlées, croisées et confondues, mais il a
évidemment bien utilisé ce court séjour pour recueillir un très grand nombre
de faits des plus instructifs. P. 131, il mentionne des Juifs (il suppose que
c étaient peut -êlre des Khazars) qui auraient combattu avec d*autres dans
les bordes avec lesquelles un certain MamaT avait, après 1380, envahi le
Caucase, et qui vivaient en nomades sur le Volga. — M. E. trouve que le
type juif e^t très répandu parmi les Tschetschnas établis à Test et au
nord-ouest du Caucase (p. 138), surtout parmi ceux des classes supérieures
et dirigeantes; ils ont aussi le même accent que les Juifs (p. 139). —
P. 191. A Madschalis, il y a beaucoup de Juifs, qui vivent comme le reste
du peuple, mais ils parlent le tat. — P. 277. Les Andis, qui demeurent, au
BIULIOGRAPHÏÊ
au»
nombre de 3f,0CH), deas Vouest du Dagbesiêû, r«iMi&l>lei]t étoQo&mmeat
aux Juifs. priQCÎp«l«tDeDt ceui d'Audi el de Bollu S'ils veitakol à Var'
aoTie dans \e9 TôiemenU poriéfl par les Juif^ de c«tle ville, oa les coiJou-
dreil sûrement »vec des Juifs. Cf, p, 2ai et ^83. — P- 2^'S eï guiv. Sur La
jner CâspièuQû Be irouveut les Talars, les Eoytzuke (autre îmee latare),
Ifia Tais ûl les Talyschs. tous deux de rece irauietinfj^ et beaucoup de Juifs.
Les Tat£ (au nombre de SO.OtMJj oui le type juif très proQoucé, (m les con^
sidère comme Jiilfâ et leur langue eet appelée laugue juive, mais M< E«
croit qu'ils sont nn mélauge de Perses et d'Arméniens. Les Juifs (p. 298)
du Caucase soDt au oombrâ de 30^000 (si toutefois Tauleur ne ^e trompe
pa&; J* Tscbami donne des cbiffres plua élevés)» M. E. en a tu a Kouba,
Madscb&lis et dans le territoire de KoiibaD. Leur type est cepeudaut ré-
pandu daua tout le Caucase, eioepté chei les Tcberkesses et les Ossètes.
M. B. suppose que le vrai type juif est le type dolicépbale (petite largeur
de la i£te par rapport à la longueur) des Juifs dits espagnols ; le type
brftchycéphalc, au contraire, qui est celui d©» JuifiJ russes, serait venu
d'Afrique eu Asie avec la grande immigration des bracbycépbatea, et de là,
il aérait venu en Russie, vers le vt" siècle ou plua tôt, et plua tard en
Allemegae. Les Juife de ce type ne seraient pas de race sémitique* Daos
le Ceucase, ces Juifs se seraient perdus peu à peu parmi les autres races,
ce qui expliquerait le caractère bracbjrcéf^kbale de ces races ^ priaelpalemeiit
des Qrousesi Lesgkes et Tscbetscbnes. Les Juifs actuels du Caucase y
seraient venus plus lard, vers tlflO, de Jérusalem et Bagdad^ avec les
Perses ; d'après d'autres, il en serait déjà venu auparavaut, au vni^ ou
IX* siècle» qui s'établirent ou nord de Derbeod, et vinrent seulement au
zvi^ siècle a Madscbalis Ou sait, du reste, qu^à Anape, Kertsch et Olbia,
ou a trouvé des mscTiptions grecques faites par des Juifd et des iuscrip-
tiens de synagogues qui vont du i*' siècle avant l'ère cbréLiénne Jusqu'au
ni® siècle aprèa l'ère chrétienne. — P. 300* Les Koumyks, mir la mer
Morte, au nord, au nombre de a3»tM)0, sont, d après M E., des daaceadaDts
des Kbazars, branche des Huns, probablem^^'ut tatare ou ouro-altulque. —
P. 335. Type juif très répandu parmi les Géorgiens ou Grouses, qui forment
nue race à part, probablement dilîérente des indo-européens. — P> 34$*
Le nombre des Juifs dea monta gués du Caucase est de 20.00Ô à 10, 000 ^ —
P. 3t)2, 3fût, 3ti3, M. E. revient sur le type juif, si répandu surtout chez
les Lesgbcs et tes Tscbetschtias, et raltribue ù un mélange de sang juif.
^ P 370 et suiv., Tauteur donne diverses mensuratioua autbropologiques*
tl arrive à celte conclusion (p. 377) que, d'après ^ei meosuraiiouSf
et pour le classement des types nobles, les Arméniens viendraient en l6te
de tous les peuples caucasiques, puis après eux les Juifs , ai un ne consi-
dère que la largeur de la face et celle du uez^ qui sont des marques très
exactes du type noble, les Juifs vieunent eu tête, puis seule meut les
Arméniens.
RANKL (P,'F.). Beitnlge zur Lilloralurgeschichle der Karfter ; 1, Nach-
ricbt liber das arabiscïic Original des Miîhtnwi José! al- Bosirs ; 2. Cha-
raktcrislik des karaischen UeberseLztjrs Tobija batiTmaatik ; 3. Anbang.
— Uans 5. BerlcbL ùber die Lebranslalt f. d. Wissenscbaft des Juden-
Ibums io Berlin. Berîin, împr. J. Berostein, 1887, iii-4*.
Le Mubtawi est uu ouvrage de philosophie conforme à la doctrine arabe
des Mu>aztltid et écrit par le caralte Josef al Basir au commencement du
XI** siècle. La traduction hébraïque (m73"^^: 'p) est sûrement, d après
M. FrankU de Tobija bammaatik^ Les trois ou plutôt tea quatre derniers
chapitres de l'ouvrage ont été traduits Itii» libreroeni par Tobija, maïs ils
sont de Joset al Bat^ir (contrairement à ce quou a préleudti quelquefois). Ce
Tubijû app^irteoait au groupe do Carallc^ qui s'était formé, k Jér\iSBlei£l, au
commoDcement du xi^ siècle, autinir de Je^cbuu b. Juda. Cette petite école
travailla avec une ardeur et une hâte extraordinaires à It propagaude de la
304 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
doctrine caralte, c'est pour cela que les traductions en hébrea ({a'elle a
produites sont généralement de qualité inférieure, ellee sentent la préci-
pitation, M. Frankl croit mdme que souvent elles fcflrmaient un àimple mot-
à-mot interlinéaire. — Dans TAppendice, M. Fr. donne les titres des
chapitres de Mahtawi.
FuRRER (Konrud). Die hebraische Sprache als Sprache der Bibel. Zurich,
impr. et libr. Fr. Schulthess, 1887, in-8* de 26 p.
On jugera de Tintérfit de ce petit travail par quelques données que nous
y puisons. L*hébreu a 30 expressions pour désigner les hauteurs, 5 noms
pour la vallée, 15 noms pour le désert, 10 mots pour < souffrir de la séche-
resse ou de la soif >, tous ces mots sont des souvenirs des régions où les
Hébreux ont demeuré. On s'explique de même, par Thistoire des mœurs,
Tétat social, les croyances religieuses, qu'on trouve, dans Thébreu biblique:
24 mots pour Tidée de s*éteudre et se. multiplier (nombreux enfaou),
27 mots pour l'idée de fixer les limites (les frontières du champ du petit
cultivateur), 10 mots pour désigner les ronces (qui pullulaient dans les
champs) . 17 noms pour désigner les sources, nuits, citernes, éUngs, canaux
(tant l'eau est précieuse et rare dans le pays). Les Hébreux étaient grands
chasseurs, de la 24 mots pour désigner les rets et filets. Le commerce était
très peu développé chez eux, donner, troquer et vendre sont synonymes,
le négociant s'appelle Phénicien. Les 28 mots qui désignent la richesse
montrent- que la fortune se présentait à eux comme un bien acquis avec
trop de peine et peu enviable. Cette étude eet pleine d^observàtions de ce
geure.
Gastbr (M.). Jewish Folk- Lore in the Middle Ages. Londres, bureau du
Jewish Ghronicle, 1887, in-8<> de 14 p. Lecture faite le 26 déc. 1886
devant la Jews' Collège Literary Society.
La lecture de M. G. commence par des considérations générales sur
rhistoire de la légende populaire des Juifs. La légende de Salomoo et
d'Asmodée a fait le tour du monde (Inde, Aogleterre, Allemagne, Italie,
Russie) ; la littérature juive a une Divine Comédie (voyage aux enfers et
paradis), un type du Marchand de Venise, des Miracles de Virgile ; la
« Disciplina Clericalis >, qui a inspiré les troubadours en France et les
Novellistes en Italie, a été composée par un Juif baptisé. Les fables du
Pantscha-Tantrs, la vie du Bouddha, ont été traduits en hébreu ; la
légende d'Alexandre le Grand a été très répandue parmi les Juifs. Un
grand nombre de légendes» populaires se retrouvent dans la littérature'
judéo-allemande, qui a été écrite spécialement pour les femmes et qu'on a
trop longtemps dédaignée.
GOLDHAMMER (Leopold). Die Psychologie Mendclssohn's aus den Quellen
dargestellt und kritisch beleuchtet. Wien, libr. Lippe, 1886, in-8^ de
(1).76 p.
Voici la table des matières de cet ouvrage : 1 . Des rapports (objectifs
et subjectifs) d'une idée ; 2. Plaisir et douleur ; 3. Sensations mêlées ;
4. Les affections ; 5. Théories psychologico-estbétiques ; 6. Désirs ; 7. Ju-
gement du désir ; 8. Habitude et habileté ; 9. L'état de veille, le som-
meil, le rdve ; 10. Psychologie rationnelle. — 2* psrtie. 1. Mendelssoho et
Platon ; 2. M. et les matérialistes anglais ; 3. M. et Leibnitx*Wolff ; 4. M.
et Lessing ; 5. L'empire sur les passions ; 6. M. et Kent.
Jacobs (Joseph). Jehuda Halevi, poet and pilgrim. A Paper read before
tbe Jewâ' Collège Literary Society, marcb 13., 1887. Londres, bureau du
Jewish Chronicle, 1887, in-8» de 17 p.
BIBLIOGRAPHIE
3m
pw (M,)' A DicUoûDary of Ihe Tarpuniiii]» (he Talmod Babli and Ye-
llmi and ihe Midrashic Literature, Pari 1. Londres, lihr. Tiûbner;
York» libi". G. -P. Putnam's Sons, 1886, in 4^ de (2]-96 p.
Une étude sera postérieureaienl cimsacTée à cet ouvrage du savant
M. Jastrow, Ca premier jat>cicule s'ftrrdle tu mot KD'^^DOdt
iANN (David). Paul de Lagarde^a jùdische Geîebrpamkeit, eine Erwie-
ing, Leipzig, iibr. Otto Scbulze, 1887» m-S»* de 53 p.
Nous avons ruconté, dans le précédent uuméro. p< 1^2 et 127. la quttre.lrj
faite par M. de Lagarde à M- B^rliuer^ à M^ Kaufmann et aucre», purée
qu'ds s« sonl perrai» de trouver des lautes fet les fautes tes plus graves)
daos l'élude d un MaKsor^ p»r M. L. Techen, approuvée par Tuni-
▼ersité de Goetun|fue, oit professe M, de Lagarde, et parce quMls ont
trouvé inanvaisea les sorties de M. Terhen et de M. de Lag. contre
L. ZuDz. A uûtre avis. M* de Lag*, en p«rUcnlier, n'avail pas su rester ni
sur le terrain oi daos le ton de ta d(!^cuf-&iou scientiliqiie ef il avait traits-
formé sa polémique eo pugilat. M. Kaufmann ne le suit pas sur ce terrain*
il se borne à montrer, dans cette savante étude* les nombreuses fautes et
inadvertances commises par NL de Lug. dans sa critique de;* poètes litur-
priques juifs du mujeu à\:e, des érnis et des traduelious allemandes de
ZuDz M» de Lag* n'a pas craint d'iosuller aux souiïrances des Juifs du
moyen &ge, il répond par des raïUeries à un écrivais juif qui se plaint que
les chrétiens déterrent les corps des Juifs. « EtoienUre des ■ Leichanlle—
derer •, rlea anattimistes, desCzermacs? « M- Kaufm. prouve que cette
profanstiou ep corametuit véritflhiemeyt. — \L de Lag, allègue que son
mépris pour Zuuz vient, en partie, de ce que Zuur n'a pas dnnué de iraduc-
tioos de KaUr. dUbn Oabirol,, de Hanzi ; M. K. montre qn il en a donné
de Kalir et d'ibn Gabirol, et que, s'il ifen a pas riouné de Hir»zif c'est
qu'on n'a de lui cfu'uu seu.e pièce liturgique^ — M. de L, s*amu«ie de ca
que Zunz aurait lilé» pwrmi les géographes juifs, un jésuitf Texeira, qui
n'était pas juif^ M. K. motilre que Tcieira pouvait bien être juif, que des
auteurs chrétiens l'ont dit et que Zuua cite ses autorités. — Un p<»ème,
dit M. de L. . est attribué par Zuuz à uu * Joseph ■, tandis que Zuux lui-
même Ta attribué ailleurs a Elasar b, Kaiir; M. de Lug. a^ par terreur,
pris la signature d^un poème pour le litre du poème suivant^ ce qui u'in-
dique prédsémeiii pas qu'il ait lu avec quelque attenlioi» l'auteur qu'il cri-
tique si amèrement- — L)au8 racrostiehc d'un poème de Juda liadévi^
M- de L. trouve î-fbin^, et immédialement il fait la découveiie qu'il
niAoqoe deux %-er8 après irT^ pour faire TTl^Tl*^' et que les deux verscom-
meoçant par Th ^OQ* iulervertis pour ^rii après quoi il manque deux ver»
commençant par ^1 pour laire •'^rTÏ Et ni le grand Znut. ni le grand
BerUner n*out lait cette découverte ! Tout simplement parce que, d ^autres
l'avaient dé|B moutré, au iieu de nblH^* il y a niin^ -^ Et les traduc-
tions de M, de L., où il prétend corriger Zunz î DwiP, l'-ur intérieur, leur
ccBur» devient chez lui * parmi eux • \ d lit ^3 pour p> lJ2iy l»<îur mî2:?,
aans s'apercevoir des fautes d'impressiou ; \\ prend ^3i^ ont, ma aouf-
franofl, pour at&ni, mou pécbé ; et ainsi de suite. — M de Lag. a autre-
fois publié les Makames de Harizi sans se doiiuer aucune peine pour et a—
blir un texte correct ; ai les hommes qu'il altaque avaient agi do cetle
façon, il n'aurait sûrement pas manqu»? d'en faire un thème à déclama-
tiûna. — - Kn ^ommej il est clair que M> de L. a, pour ne pas dire piuSy
grandement dépaaté la mesure, et il serait digne de lui de le reconoaUre. •*
L,). Historisch-kritische Einletlung în die Bûcher des Alten
ulâ hinsichlltcb ibrer Enlstelmug und Samnihiti^. Autoricjstirl**
tche Ausgabe Voti TU. Webcr, Ersler Tboil, ersles Slùck* drittea
Leipzig, libr. Otto Schtike, 1881, in*8'^ p. i-viti, et 193 à 328,
T. XIV, R<* 28. 20
3<1G REVUE DES ÉTUDES JUIVES
LâvY (Simou). Moïse, Jésus et Mahomet ou les trois grandes religions sé-
mitiques. Paris, libr. Maisonneuve ; Bordeaux, libr. Ferai, 1867, in-S^ de
xiii-454 (1) p.
Cei ouvrage est publié par la famille àe feu M. Lévy, grand rabbin de
Bordeaux, mais il a été achevé et imprimé du vivant de Tauleur 11 sert
lu avec beaucoup d'intérêt par les personnes qui voudront y cherchar
une apologie de la relijrion juive et des arguments en faveur du Judaïsme.
On y trouvera, à l'appui des thèses iiouteuues par M. L., un appareil
scientifique qui, tout restreint qu'il soit, peut encore servir à dirifrer les
recherches, surtout celles de personnes qui ne sont pas initiées aai études
rabbiniques. L'ouvrage se divise en deux parties. Première pmrtie .* 1. Ce
qui est en question; 2. Dieu et son immatérialité; 3. Dieu juste et bon ;
4. La Providence; 5. La riignité humaine; 6. Destinée humaine ; Messie;
7, 8 et 9. Immortalité de Tâme, Vie future, Résurrection ; 10. La morale,
Devoirs envers Dieu; 11. Devoirs de l'homme envers lui-même. —
Deuxième partie : 12. Devoirs de l'homme envers son prochain (famille,
patrie, humanité).
LiBBLEiN (J.). Handel und Schiflahrt auf dcm rothen Meere In alten Zeiten.
nach iigyptischeu Quellen. Leipzig, libr. I.-C. UiDrichs, 1886, iu-8* de
150 p.
M. L. rencontre dans les documents égyptiens un pays de Pun, qni se
trouve des deux cMés du détroit de Bab-el-Mandeb, au sud de la mer
Bouge et qui était habité par un peuple très commerçant. U croit que les
Pun pourraient bien être aussi les Pani des Védas- Ces Pun ne seraient
autres, d'après lui. que les Puni ou Phéniciens, qui seraient originaires de
ces régions. La couleur de leur peau était rouge, comme celle des Ë.:rvp-
tiens, de sorte que les Phéniciens seraient un peuple hamitique qui aurait
plus tard adopté une langue sémiiique. Les Pun avaient créé plusieurs
routes commerciales, entre autres, une route qui, après avoir rencontré la
mer Bouge, s*eu^ageait dans le petit golfe Élauitique, et de là, à travers
le pays d'Ëdom et la Palestine, transportaient en Â.sie-Mineare, en Baby-
lonie et Assyrie, les marchandises tirées de l'Inde et de TA-frique. Une
colonie de ces Pun se serait établie en pays d'Edom et de là viendrait
que. d'après la Bible, Esaii est roup« (couleur de la peau des Pun). Lors-
que Salomoii, avec le concours de Hiram, organisa des expéditions mari-
times parlant du golfe Elunitiqiie, il ne tit pas autre chose, diaprés M. L.,
que de soumettre à un tribut les caravanes commerciales des Pun édo-
mites, qu'il avait soumis, et <le les aider en leur fournissant des hommes
pour les seconder et les protéger. C'est ce qui explique pourquoi il n'est
pas fait mention des produits qu'il donne en échange de ceux qu'il reçoit.
Le pays d Ofir serait «loue sit^ié dans ces régions de la route du Bab-el-
Mandeb, et M. L. croit qu'il serait plutôt sur la côte africaine que sur la
côte asiatique. Les expéditions attribuées à Sulomon rapportaient d Oâr de
l'or, de l'argent, des pierres préci«'uses, do l'ivoire, des singes, toutos
choses qu'on trouve eu Afrique. Seulement, il faut les chercher loin, dans
l'intérieur des terres, et c'est pourquoi les expéditions duraient près de
trois ans Les paons et les bois de sandal rapportés également de ces
voyages venaient de l'Inde, il est vrai, mais ils étaient apportés par les
négociants sur la côte d'Atrique, où les vaisseaux de Salomon les pre-
naient au retour. M. L. termine en proposant d'identifier Ofir avec le
pays des yt/cr-Dankali, sur la côio africaine de la mer Bouge.
^iPPE (Ch.-D.). Bibliographisches Lexicon der gesammten jiidischcn Lite-
ratur der Gegenwart mil Einschluss der Schriilen ûber Juden und Ju-
denllium ; Achtjahriger Bûcher- und Zeitschrifleu-Calalog (1880-1887)...
ncbst Adress- Anzeiger... Zweiter Band, 1. Lieferung. Wicn, libr. Lippe,
1887, in-8% p. 1 à 96. Conlient les lettres A à H. •
BIBLIOGRAPIIIE
:m
f\UïMONiDs]. Hygiène iaroélile, Priocipe? de la santé phjiique cl morale
do l'homme, pur Arab Mnuclii ben Mimoun iMaïronoide), Traduction
frttnçaisu par M. Carcousse, direoti-nr de l'école du Talmud Thorn dWl-
ger, avec la collaboration ei les annotations du D*^ E -L. Hortb*,'raDd*. .
el une introduction par M. llouel Alger, libr. Ruïï, 1887, in-S" de ni-
51 p. A la an, table analytique des matières.
Mbi^ls iM -J ). Clara da* gelcbrte Madchen oder der Antiserailismns,
Zeitf'emâlde in vier Akteu. Zloczow, impr* O, ZucUermandel» ISS"?. in-S"
de 138 (2) p.
Comédie en prose» suivi* de poési*»9 en alIeiDand el en frauçaiSi et quel
français t et, probableràent a usai, quel «llemauci I
MossÉ (Benjamin}. Le Judaïsme ou Tcxposé historique et lovai de la dor-
trine, de la morale et dea mœurs des i«>ra<SHles. Paria, libr. Marpon ci
Flamraaricn, 1887, in-S* de 267 p.
Bxposé bomiléliqua et populaire d'im certain nombre dp questions juives ;
Apoaloltl d'Israël; le Mo^alsm^, son pnssé, son pr^'icnt, sod avcûtr; le
Déc«lugu(! ; te Schéma; apiritualisme juiT; la sortie d E^yptf! et le» prin^
cip<«s du judalame ; le Jii<Hjî4nie et les principes moriornef^ liberté. égalit4î,
rraieruité; respect des parants; culte da (byer; rôle de ta mèfe; lostruction
d« la fomme; bygièae iaraéiiio ; posilivisme Israélite; le secret de la vie;
U culta des morts.
MuMZ (Isak). Ueber die jûdtscben Aerzte im Mlttelalter. Berlin, libr.
M. Dfiesner, 1887, in-8»d© vi-72 p.
Recueil de lectures aur le» médecins juifs. Outre les ouvrages connus *!**
WCtstenfeld» rie Cormolj (et de Leclerc ?), M. Mant/ a uiilisé des reosei-
gtiements paiféa a des sources diverses, principalemeut sur les médeem»
juifs d'AUeroafiCQc* Sou élude n'e^t pas complète et no veut paa l'Otrei msia
éIIa peut §li-s consultée avec profit.
êftli.)- Pie scmitischen Sprachen, cine Skizze. Leipzig, T -O, Wei-
gel, 1887, in-8* de 54 p.
M. N iaclîae a croire que la parenté des langues sémitiques avec les
languas bamiti<9 indiquerait que les aémites sont originaires de TÂfrique,
mais il ne combat pas tbHolum^ot ropinioo d'après laquelle ils viendraient
de l'Arabie. En revanche il ne croit pas qu'ils puissent venir du voisiaage
de VArménie ou du bi&s Euphrate. IL admet, avec beaucoup de savants,
la division eu Inngues B^miLiques du nord (bëbréo-phépicifn araméen, assy*
rien) et langues sémitiques du sud (arabe et éthiopien, avec le sabien.
gaei. ambarite et autres d»alectes). Il serait puéril de chc-cher jV rf'cons-
iruire la langue sémitique primitive d'où sont sorties le<: différentes langues
sémitiques, mais l'hébreu pourrait, encore plutôt que toute autre langue se-
mtlique, servir k celta reconstruction ^ même plutôt que Tarabe, qui a con-
servé, d est vrai, la richesse vocalique ai ratModsoca des formes de U
langue primitive, mais qui a aussi créé, par simple analogie et coirme dans
un moule, beaucoup de formes artiGdelles. Si on peut supposer que la
langue sémitique et celles d ^autres peuples sont issues de La même langue
que Findo éuropéeu, leur séparation e^t si aucieune» qti il est impossible an-^
Jûurd'hui de trouver les liens qui les unissent, et tous les elforts fait jusqu'à
ce jour pour montrer la parenté des langues sémitiques avec les laogtjes
indo-européennes sont considérés par M..N. comme sléhlea.
Ohzbsko (Elise). Histoire d'un juif, tradtiit du polonais par Ladislos Mie-
kiewicz. Porii^, libr. Loui;^ Weatbauser, 1887, in-18 de xl-320 p.
306 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
PozNANSKi (Adolf). Ueber die roligionsphilosophischen Anschauungen des
Flavius Josephus. Breslau, impr. Schatzkj, 1887, in -8* de 41 p.
1. Dieu ; 2. la ProTidence ; 2 bts. Dieu dans ses rapports ayiâc le peuple
d'Israël ; 3. La Nécessité ou Fatalité ; 4. Angvs et démons ; 5. La pro-
phétie ; 6. Anthropologie ; 7. Le Messie ; 8. L allégorie ; 0. La morale.
Rtssbl (Victor). Untersuchiingeo ûber die Textgestalt und die Echtheil det
Bûches Micha. Leipzig, libr S. liirzel, 1887, in-8' de viii-284 p.
SCHBCHTER (S.)- Habbi NachmaD Krochmal aud the « Perplexities of the
Times ». Londres, bureau du Jewish Cbrdnicle, 1887, in-8<* de 15 p.
Lecture publique faite le 23 janvier 1887.
ScHEiD (Élie). Histoire des Juifs d'Alsace. Paris, libr. A. Durlacher, 1887,
in-8« de 424 p.
Les lecteurs de la Revue connaissent M. Scheid pour ses intéressantes
études sur les Juifs de Haguenau et sur le fameux Joselmann, de Ro9heim.
Daus Touvrage que M. Sch. nous doune aujourd'hui, il a réuni tous les do-
cuments qu'il a trouves et recueillis sur les Juifs d'Alsace dans les archives
d'un grand nombi'e de villes et de villages, et il les a reliés et expliqués
perdes renhoignements puisés dans un certain nombre d'ouvrages consacrés
a 1 histoire de l'Alsoce. Nous voyons principalement utilisées les Archives
de Strasbourg, de Cuimar. de Séiestadt, d'Obernai, de Mulhouse, de Rouf-
fach, de Muuster, de Haguenau, de Saverne et celles de Wetzlar actuelle^
ment à Stiasbourg. Le nombre de faits, de dates et de noms réunis par
M. Sch. est considérable, son livre est uue chronique où Ton trouvera de
nombreux matériaux amassés par un homme laborieux, dévoué à sa tâche
et à sou œuvre. Un historien de profession aurait probablement suivi un
autre ordre que Tordre chronologique, mieux utilisé les ouvrages d'écri-
vains antérieurs, écarté beaucoup de détails secondaires ou insignifiants,
mais nous ne nous arrêtons point à ces questions de plan et de méthode,
nous sommes recounaissauts à M. Scheid de nous avoir fourni une si
riche collection «le documenis. Uo seul point mérite d'ôtre signalé aux
lecteurs : la manière duut M. Scheid présente et juge les faits et les
hommes est des plus ^iDt•è^es, mais dans un grand nombre de cas elle pro-
cède de vues Irè^ Kicomplètes et de conceptions un peu primitives. 11 taut
dire que presque à chaque pHge il y aurait à corriger, redresser remanier et
retoucher les expressions et les (açons de parler, tant elles sont inexactes
et presque à côté de la vérité. Mais cette réserve faite, nous nous empres-
sons de téliciter Vl. Sch. de nous avoir donné ce vaste répertoire, et s'il y
avait joint uue table analytique ou au moins une table des matières un peu
détaillée qui permît de se retrouver et de trouver promptement ce qu'on
veut dans cet amas de faits, son ouvrage serait encore beaucoup plus utile.
11 se divise en deux parties, les Juifs d'Alsace avant la conquête française,
les Juifs d Alsace après la conquête. A la siiite, se trouvent deux chapitres
consacrés, l'un à l'histoire des synagogues, 1 autre à celle des cimetières
juifs en Alsace Enfin, a la Gn du volume (p. 32U à 424), se trouvent du-
quanle-six pièces justificatives, probablement toutes inédites, toutes en
allemand, et qui ne sont pas la partie la moins utile de cet utile et ioté-
resAvnt ouvrage.
Steinschneidkr (M ). Zur Literatur der hebrâischen Palaeographie (Neu-
baucr 's Facsimiics). Tirage à part du Centralblatt f. Bibliothekwesen t,
p. 155 à 1G5.
Notes sur des fac-similés d'écriture hébraïque, qui complètent la liste du
catalogue des mss. hébr. d'Oxford, de M. Ad. Neubauer.
BIBUOGRAPHIE 309
Vernbs (Maurice). Une nouvelle hypothèse sur la composition et Torigine
du Deuteronome ; Examen des vues de M. G. d'Eichihal. Paris, libr.
E. Leroux, 1887, in-8' de 53 p.
Nous prions notre ami et collègue M. Vernes de vouloir bien nous per-
mettre d'ajourupr au prochain numéro l'examen de son intéressante étude,
que nous analyserons ici en même temps que l'ouvrage du regretté
G. d'Richthal.
ZiEMLiGH (Bernhard^. Das Machsor Nùmberg, ein Beitrag zur Erforschung
des Kit us und der Conimenlarlitiiralur des deutschen Machsor. Berlin,
libr. Ad. Mampe, 1886. iu-8» du 76 p.
Ce b'^au Mahzor, qui se compose de 517 ff. de 50 centim. de haut et qui
a déjà été signalé par Wûlfer,a été écrit on 1331 pour un R. Josua b. Isaac.
M. Zieml. ne croit pas que le MHhzor a't été écrit à Nnrfmberg. ni que
son premier propriétaire soit de Nuremberg, ni qu il y ait, comme on l'a
supposé à cause de ce Mahzor, un rue de Nuremberg. En r:^alité, ce Mahzor
unique a un rite à part, qui se rapproche du nte poiono -allemand, sans se
confondre avec lui. Le commentaire dont il est accompagné a été comparé
par M. Z. avec plusieurs commentaires analogues (mss.), il a également
ses particularités Parmi les commentateurs cités, il y a un grand nombre
de rabbins frunçais, R-schi. ses contemporains et. successeurs L'étude de
M. Zi< mlich offre beaucoup de renseignements sur l'histoire littéraire des
anciens rabbins et sur la littérature liturgique.
3. Publications pouvant servir à Vhistoire du Judaïsme moderne.
Jahrbuch (Statistisches) der Deutsch- Israelitischen Gemeindebundes, 1887.
Berlin, impr. J.-S. Preuss (1887), in-8° de 2-62 p.
Très utile publication, faite avec le plus grand soin. Elle contient la
liste des communautés juives allemandes, rangées par provinces, et indique
le plus souvent le nombre des ftmes, les noms des ronctionnaires et des
administrateurs. A la suite se trouvent des index alphabétiques des lieux
et des personnes et le 'texte d'ordonnances oificielles les dates manquent
quelquefois) concernant les Juifs publiées, d'après les pièces datées, eu
1884, 1885 et 1886.
Lazarus 'M.). An die deutschen Juden ; 3. Auflage. Berlin, libr. Walter et
Apolant, 1887. in-8'' de 30 p.
Lehmann (Emil) Die Juden jetzt und einst, ein Beitrag zur Losung der
Judenfrage. 2« édit. Dresde et Leipzig, libr. E. Pierson, 1887, in-8® de
39 p.
MiJNz (L.l. Religiose Zeitfragen. Berlin, libr. M. Driesner, 1887, in-8® de
110 p. (Recueil de Sermons.)
4. Notes et extraits divers.
= Nous aurions dû annoncer depuis longtemps la création; à Bucbarest,
no lŒVUE DES ETUDES JUIVES
d*UDe sociélé israélite qui a pour litre « Société historique Jules B«-
rascb », et qui a pour objet de réunir et publier des matériaux relatif à
rhistoire et à la littérature des israéliles de Roumanie. Cette société
existe depuis juin 1886 ivote des statuts), plusieurs des documents
qu*elle a recueillis ont éié publiés dans la Betn&ta isr,^ de Bucbarest.
Nous la félicilons de Tidée qui a présidé à sa formation et de son action
scientifique, qui sera sûrement utile.
= Nous ne sommes pas les premiers, non plus, il s*eu faut, pour annoncer
que M. le D^ Gûdemann a été choisi (et qu*il a pleinement mérité de
rotrc) par la direclion des MotmmetUa Oennania pœdagogica^ publiés par
M. Karl Kehrbacb, pour faire, dans cette collection, Tbistoire de la péda-
gogie juive.
'-^ Notre cher collègue M. U. Derenbourg a publié les deux études sui-
vantes : 1« Ousâma ibn Mounkidh, un émir syrien au4)romicr siècle des
croisades (1095-1 188> : Note sur quelques mots de la langue des Francs
au xii^' siècle d'après Tautobiographie d*OusAma ibn Mounkidh. Paris,
1887, in-8" de 17 p. — 2** Ousâma poète, notice inédite tirée de la Kba-
rîdat al Kasr, par ImOd ad Din al Kâtib (1125-1201). Paris, impr. natio-
nale, s. d. (1887) ; p. 115 à 155, in-8^.
— La Savonnerie Marseillaise, par le D' L. Barthélémy (Marseille, 1883,
extrait de la Hevue de Marseille, in-8<* de 22 p.). Le premier initiateur
dans la fabrication du savon à Marseille est le juif Crescas Davin, sabo-
fierius, de 1371 à 1404 ; il eut pour successeur son fils Salomon Davin,
qu*on trouve cité comme savonnier jusqu'en 1418. Ils paraissent avoir
sUccombé à la concurrence que leur fit le savon de Ga^te.Le premier
« maître savonnier » chrétien de Marseille apparaît en 1431, il ne fit pas
non plus de brillantes aflaircs. Cette introduction de Tart de la savon-
nerie à Marseille par des Juifs est un fait très curieux et nous savons
gré à M. le D"" B. de l'avoir mis en lumière.
= Un épisode historique de l'église Saint-Martin de Marseille, par le D"^
L. Barthélémy <, Marseille, 1882, extrait de la Hevue de Marseille et de
Provence, in-8'* de 26 p.). 11 arrivait souvent, au xV siècle, que des
chrétiens attiraient, par des cajoleries et des friandises, des enfants juifs
qui vaguaient dans le quartier juif situé près de l'église Saint-Martin et
les faisaient baptiser subrepticement. Le 7 août 1481, une dame chré-
iicnno fit baptiser de la sorte une jeune fille juive à l'église de Saint-
Martin, et quelques années auparavant un garçon juif avait été enlevé de
môme. Sur la plainte do Salomon Botarcl et de Baron de Castres, dé-
putes dos Juifs de Marseille (en 1481), le roi Kené fit fermer le baptisièrc
de Saint- Martin et obligea les chrétiens de la paroisse à faire baptiser
leurs enfants en l'église Saint-Jacques de la Corrigerie. Les Juifs dédom-
magèrent le clergé de Saint-Martin de la perte qu'il subissait par celle
mesure en lui payant une pension annuelle. Mais le roi Charles Vlll, et
api es lui le roi Louis XII, par ses ordonnances du 23 mai 1500 et du
31 juillet 1501, chassèrent les Juifs de Provence. Ceux des Juifs qui se
convertirent pour rester dans le pays prétendirent garder les synagogues,
cimetières et écoles des anciennes communautés juives, mais le roi
s'empara de ces biens par lettre patente du 28 mars 1503. Les nouveaux-
convertis cessèrent de payer la rente annuelle des Juifs à Téglise Saint-
mBLlOGRAPillB 3tl
MartîD, elle 11 novembre 1592 le baptistère de cette église fut réoQTert,
cessante causa, ceuare débei effectué,
=: Notre excellent ami, M. Jonas Weyl, grand rabbin do Marseille, a trouvé
uae petite brochure iu^S*^ do 15 p. conteoant un uoëme burlesque eu
provençal c» intitulé ; Le Testament d'un Juif de lu ville de Garpcn-
tras ?N L'auieur se moque des terreurs d'on pauvre Juif blessé par ce
*■- pillard de Coloumbln >*, La pièce est itrobabïement de la fia du
xYiu* siècle.
- Nous devons à robligeance de M. V. Blum, du Havre, une noie sur les
Juifs du Havre tirée de V Histoire de la ville du Havre et de son ancien ffow
veniement, par A.-E. Borely ^le Havre» 1880-1881 , tome III, p. 441 et
suiv. En 1714 (Louis XÏV> et en 1776 , Louis XVi), les écbevins sont in-
lormés que le séjour sur tcrriloàre français fst détendu aux Juiia Cepen-
<lnnt il V avait à celle époque (1776) au Havre deux familles juives, dont
tes chels étaient des négociants et ariua leurs important», les Homberg,
baptisés depuis peu, el les Lollemanti ; on leur avâii accordé des lettres
do ualuraliaalî'>n Depu».s 1759, Louis XV avait accorde la môuie favcurà
six familles juives du Cnmlat êlohîie.s au Havre?)» Les lettres de natura-
li^yation de septembre 1775 accordées à Léoo, Gerson et Éliézer Homberg
frères et à Joncph Lallemund. orij-'inaires d'Allemagne, mentionnaient
que leur aïeul avait, depuis près de 50 uns, établi Sun commerce au
Havre, et qu'il* s étaient rendus utiles à l Etat en trouvant le moyen de
faire venir du Nord en France, dans les lemps tes plus périlleux, les ma*
turcs et bois de construction nécessaire» à la marine ; qull« avaient su
donner à leurs navires une forme avantageuse pour naviguer dans le
Nord; qulls envoyaient, en outre, six navires b Samt-Douiingue et dans
la Martinique; qu'ils avuicQl importe dei^ blés en temps de disette, déve^
luppé la p^cbe sur la côte» formé de nombreux matelots. Joseph Lallc-
mHud, né à Hambourg, ayant obtenu des lettres de oaturalisattOQ. de-
manda au magistrat de devenit ciloyen du Havre; sa demande fut d'ainrd
rejetée, parce qu'il était juif sur la proposition d'un Pierre ^hclieL juif
baptisé) ; mais te roi obli|j;ea lu ville du Havre d'accueillir la demande de
Lallemand.
= Nous croyons savoir que M- Ad. Neubauer a été invité, par les rédac-
teurs de i Htsioire littéraire de la France, à continuer, pour un prochain
volume, ses recherches sur les Rabbins français*
- Article très intéressant sur rétablissement des Juifs aux États-Unis
d^Amérlque, par Isaac Murkess» dans Tbe Mail and Express, de New-
York, 2Û février 1887.
= Boletin de la Real Academia de Historia, tome IX (Madrid, 1887), —
Fascicule 2. février^ p. 85» Lettre du cardinal arcbevôque D. Pedro Gon-
zalez de Menduza, d'après le ms. Dd. 59 de la blbliotli. nationale de
Madrid, adressée aux doyens et chapitre de la S. égîise de Tolède. La
¥ grande synagogue >» de Tulède, lors de l'expulsion des Juifs, avait été
d<iunée par le roi à Tordre des chevaliers de Ctilalrava, pour la trana-
former en église, el ils demandaieut rauiorisaliou de la consacrer. Mais
elle leur fut disputée par le chapitre de Téglisc de S, Tome, dans ïa pa-
roisse duquel elle était située. La lettre do D. Pedro Gonzalez de Meadoza
demande des informations -, rautorisation de consacrer la synagogue est
312 REVUE DES ETUDES JUIVES
ajournée. M. Fidel Fita, qui publie cette pièce, croit qu'elle est de I4d4.
— Fascicule 4. avril, p. 245 M. Harkavy a découvert une chronique
hébraïque d'un Abraham tîls de Salomon, de bN^anno, contemporain
de Tcxpulsion des Juifs en Espagne, et qui raconte cette expulsion. Le
ms. a été acheté par la Bodléienne, et M. Ad Neubauer le publiera pro-
chainement. D'après le Boletin la localité V6rû1"ik3 est Torruliel 'c -è-d.
Torre de Uliel\ dans le territoire d'Uliel. cercle de Hequena, province de
Valence — Ibid., p. 257 Au N. de Tolède, sur la route de Madrid, est
Tcrmitage de S Roque, bn y a trouvé des fragments de pierres tumu-
laircs hébraïques et arabes, ce qui fait supposer que les cimetières juif
et arabe étaient par là. Le fragment d'inscription hébraïque est sans im-
portance.
= M. Fidel Fita a trouvé une intéressante inscription hébraïque dans une
synagogue de Séville ; il la publiera prochainement. A Xerez de la Fron-
lera, nous dil-il, « j'ai copié de Toriginal la répartition du quartier juif
lors de la conquête de cette ville par Alphonse X, en 1264, c'est très
beau. J'ai visité le quartier juif de cette ville et le cimetière juif, mais je
n'y ai rien découvert. »
= Le Comité de l'Exposition historique juive de Londres a organisé un
certain nombre de conférences pour les mois de mai. juin et juillet. Ce
sont les conférences suivantes : Joseph Jacobs, La juiverie de Londres en
1290 (5 mai) ; Lucien Wolf, Cinquante années de progrès ihraélite en
Augleierre (12 mai' ; Francis L. Cohen, naissance et développement du
chaut synagogal (16 mai) ; Walter Hye. La persécution des Juifs 26 mai];
A. Loewy, Littérature juive en Angleterre ^2 juin); C. Gross, L'échiquier
des Juifs d'Angleterre au moyen âge (9 juin) ; H. Graetz, Considérations
'sur l'histoire des Juifs en Angleteri'e (16 juin ; Gaster, Sources juires
de la légen le d'Arthur (23 juin) : H. Adler, Les grands-rabbins d*An~
gletorre (30 juin) ; S. Singer, Les œuvres d éducation de la communauté
juive d'Angleterre (4 juillet).
= Le môme Comité se propose de publier, si on souscrit pour un nombre
suffisant d'exemplaires, les ouvrages suivants : 1. Hebrew shetarot of
Mnylush Jews, 1190-1290, par M. D. Davis; environ 400 p. ; 2. Biblioiheca
Anylo-Judaica, bibliographie de Ihistoire des Juifs anglais, par J Jacobs
et L. Wolf; environ 240 p.; 3. Exhibition Papers, contenant les confé-
rences laites à l'Exposition ; environ 200 p. La souscription est d'une
guinée pour chacun des trois volumes.
= La Commission historique pour l'histoire des Juifs en Allemagne (Ber-
lin ; Prof. H. Bresslau, président) va entreprendre deux séries «le publi-
cations. La première est intitulée Regesten zur Geschichte der Juden in
Dcutschland, contenant des Regestes conc«rnant les Juifs d'Allemagne jus-
qu'en l'an 1273 Elle sera publiée en fascicules de 6 à 8 feuilles in-4*,
chez Leonhard Simion, à Berlin. La seconde sera intitulée Quellen zur
Geschichte der Juden in Deutschlfind, et sera publiée, chez le môme éditeur,
en volumes de 15 à 30 feuilles in-8". Le premier volume donnera le Ju~
denschrembuch des archives municipales de Cologne. Prix, 40 pf. pour
chaL[ue feuille des Hegesten^ 50 pf. pour chaque feuille des Quellen^ ou,
ensemble, 20 marcs par an.
= M. Francesco Alvino, do Florence, dans un prospectus daté de mars
BIBLIOGRAPSUE
3i:î
1887, ODDonce qu*il veut publier un ouvrage intîlulé / Calendafi^ où se-
ront étudies les calendriers de lous îes peuples ci de louiez les églises, y
compris le calendrier juif, i/ouvrage compretadrail environ 00 lascieules
à 10 ceulimes le tjuonîro ou ïe fascicule 1^1 mdiculion n'esl pus Irè» elairel.
On peut souscrire d'avance (via délia Fortessjsa^ ir 3» Kloreucc) au prix
de 5 livres ilal, pour tout 1 uuvrage,
= Dans te Guardian , en février. Recension de A. N. sur la seconde édition
de la traduction hébraïque du N. Testameot par la Société des missions ;
si^ale les nombreuses erretirs de celte traduction.
= Academj, de Londres. — 7 mars. M. Nèubauer avait, en manière de
plaisanterie, inséré dans les Notes and Que nés du 2il janvier 1887» des
^tiotes étymologiques d'oii il ressortait que les dis tribus juives étaient
blicH eo Au|rlclerre- Ex uni pie : Edinbourg vient dEdeu ; Eboracum
forki de Eber, etc. Celait pour se moquer avec raison des etymologies
fantaisistes qu'on propose tous les jours. M N. constaie» à sa confu.-^ioQ,
que Tarticle a été pria au sérieux par des journaux anglais et américains.
— 23 avril. Note de M. Ad. Neubauer sur un article de M. E. RenaOt
publie daus le Jouruai des Savants^ sur un passage de la stèle de Muab.
= AlbenîBum, de Londres. — 12 février 1887. Ad. Neubauer, A Rouma-
nian (aies (documenl de Ntanij:, 15'î8 ; nous avons pu eouslater que le
^_ document porte des sceaux hébraïques avec le taureau moldave et le
^H croissant, qui sont une preuve de son aulbontictté'.. — 9 avril* Laurenc6
^B Olipbanl, Haifa or Haïf in modern Palestine. — R. R. Sbarpe, Anplo-
^P Jewisb liislorial Exhibition (entre autres, une bistolre de sang rituel de
^^ 121678, à Londres). — 23 avril. Tbe Moabite slone, à propos de la
publication de M Lœwy (voir, plus loin, p. 315)» par A. N. — 30 avril.
■ A. Neubauer, Mnses Mendelssohn's Lclter (eu hébreu, datée de Berlin ^
lyyar 5541' to Bishop Robert Lowth. — 14 mai. Réplique de M. Lœvy,
^ On a répandu, il y a quelques mois, un imprimé annonçant la publica-
tion d'une traduction allemande du « Schulcbau-arukb v. La circulaire
avait des allures mystêrlousus Elle émanait dune prétendue société
appelée « Theolopumeuon '>, qui aurait pour président le D*" Joh von
Pavly, et le futur éditeur s'appelait Siephan Miirugg. « chef du Bureau
|iiali<inal ^, à Bille. Le prix de l'ouvrafte devait être de 100 marcs. La cir-
culaire étail datée de Bâle, janvier 1887 Elle était accompagnée d'un
« Spécimen » de la future taduetion. Renseignements pris, on a conslalé
que M. Marugg est simplement un employé de librairie, inslrunutu
innocent d'une manœuvre antisémitique. On prétend que le D"" Paviy
^_ existe et qu il est au service de la reine de Roumanie ; nou3 ne savons
^kaî le renseignement est exact, mais il est clair qu'une publication
^■^ pareille, cutreprise de cette façon, ne peut présenter aucun caractère
ficienti6que.
5, Chronique des Journaux.
z Liite des nouveaux journaux. Outre le ninsD n'^S n^l&t cl le "p^H
mentionnés dans la Revue bibliographique^ ont paru :
314 REVUE DES ETUDES JUIVES
1. n^^a-^-^rirSK ns^rb"^*^?! n:^n Der Heiliger ADzeiger, Monatsbericht «ûr
das wabrhalte JudeDthum aus aile SUidlc {sic^ und Colonicen des heiligen
Landes ûber uDsere dort ansâssige Brûder und Scbwestern '.le sous litre
est en caractères bébreux^. — Journal mensuel en judéo allemand, carac-
tères bebraîques, public à Jérusalem ; administration : J. Goscionj
et C'* ; format petit in -4** à 2 col. Le n** 1 a 12 paires, il n'est pas daté,
mais il doit ôire d'avril 1887. Prix : 7 fr. par an. Nous ne savons si les
numéros suivants ont paru.
2. "-loy la (en russe, Rodnoe); journal mensuel bébreu, publié à Saint-
Pétersbourg depuis le 1®"" janvier 1887 par Juda Leib Kanlor, signe aussi
L.-O. Kantor ; supplément au Dl^n. Format in 8** de 5 feuilles par nu-
méro. Prix, 4 roubles par an. Contient des articles de vulgarisation scien-
tifique. Le n" 1 contient cependaîit un article de M Harkavj (p 27- .sur le
N*^bnN d'une inscription syriaque ncstorienne découverte en 1885 et
expliqué par M. Chwolson. M. H. croit que K^bnK est le "'bn, dragon, de
la littérature hébraïque.
3. &vn (en russe Dieu) ; journal bcbreu quotidien en bébreu, publié à
Saint-Pétersbourg par L.-O. Kantor; format in-f^, 3 col. par page. A
commencé de paraître le 31 janvier 188(5 ; le n® 1 de la 2° année est du
1/13 janvier 1887. Prix, 10 roubles avec le Ben-ammi (n** précédent).
4. Tbe Jewisb Exponent; journal anglais hebdomadaire «paraît le ven-
dredi), publié à Philadelphie par Melvin-G. Windstock, Henry S. Morais,
et Charles Hoffmann, format in-4" de 3 col. par page; le n* 2 du l***" vol.
est daté du 22 avril 1887. Prix 3 doll. par an.
5. L'Echo de l'Orient, de S. Carmellm ; ce journal français, en partie
consacré aux questions juives, a inopinément reparu à Paris, avec les
indications suivantes : VI*" série, 1'® année ; n»» 6, 15 mars 1887 ; n9 7 (et
dernier, M. C. étant décédé), 15 mars 1887. A la suite du titre, se trou-
vent les indications suivantes : « Journal inlernalional politique, litté-
raire, artistique, financier et commercial, suite de la Concordia de Buda-
pest et de l'Echo danubien, de Bucarest, fondé en 1865. Parait le l*"^ et
le 15 de chaque mois. »
(3. The Jcwish Record, a Chronicle of evenls al home and abroad of
■* intcrest to the Jews. — Journal anglais hebdomadaire, publié à Man-
chester ; in-f°, le numéro a 4 p. à 4 col la page. Le n<* 1 est daté (comme
nous l'avions annoncé dans le précédent numéro) du 4 mars 1887. Prix :
C) s. G d. par an.
= L'ancien journal judéo-allemand intitulé « Drohobiczer Zeitung », dirigé
par A. Zuporik, est devenu la 52i:2-'-^s:-cbrn:fi<r: n?S:-'nNrîN-TT « Droho-
byczer llaudels- Zeitung ». Rien u'esl change, du reste dans la rédaction,
la périodicité (hebdomadaire), le ft)rmat, le prix, etc.
= Contrairement à ce que nous avions supposé, la r"^72bTû. de Londres,
continue de paraître.
Isidore Loeb.
HLBLIOGHAPHIE
m
■^Lôwv (Uev. A.], Tbe aporrypluil etmrarler of tbc MwaMte f^toue. Wilh
^m Noire siècle se distinglie par des découvertes archéologiques qui
changeDt la face de Tliistoire des peuples orientaux. Maint roi assy-
ro- babylonien ou égyptico d'il y a quatre ou cinq mille ans nous
I esl acluelïemenl mieux conno que certains monarques du moyen
■'fige en Europe. La stèle de Mèscbu» roi de M^ab, trouvée sur les
ruines de Tancieu Dibôn, nous iniUe aux mêlées sanglantes qui se
sont produites au ix« siècle avant l'ère vvilgaire entre la dynastie
omride d*lsra?l et le petit peuple transj'ïrdanique des Moabiies. Le
roi Méscha, que le livre des Rois mentionne, en passant, comme un
i vassal ayant payé un lourd tribut annuel a Acliabet sVlant révolté
^wprès la mort de celuî-ei (Il Rois, tn, i), nous raconte lui-même^
^"dans un hébreu presque classique, les péripéties les plus circons-
tanciées de sa révolte et célèi^re les nombreuses victoires qu'il a
remportées giir tous se^ adversaires» Mais une telle renommée ne
racquiert pas sans soulever le scepticisme des uns, les protestations
(des autres. Il n*est donc pas étonnant que, dès son apparition, le
Célèbre monument moabile ait provoqué des rumeurs sourdes mais
Brsist;jnles, qui lui reniaient loute aulheniicilé. La nouvelle édition
de rinscripiioQ de Mèscha par MM. Smend et Socin, suivie immé-
diatement des observattoos critiques de MM. Renan et Glermonl'-
Ganoeau, a fourni, en même temps, une bonne occasion aux scep-
tiques et aux protestataires de donn*»r un corps â leurs doléances.
^ftll. A. Lô\vy,si avantafîeusement connu dans Torienlalisnie anglais,
^■s'est ft*it riûlerprète de la critique négative. Suivant M. Lôwy. Tîns-
^Beription a été gravée sur Fan tique stèle par un faus^^aire moderne,
^^ plus ou moins complice de ceux qui ont fabriqué les poteries raoa-
^^lïiles et le manuscrit pseudo-archciïque du Deuléronume. Le faus-
^HBlre se serait trahi par diverses incorrections au point de vue de
rortbogiaphe et du slyle hébraïque: il aurait même employé des
^^ loculions qui sont pariiculières aux langues eurojjéonnes. Ou voit
^tque les arguments de M. Lôwy sont presque tous d'ordre lioRuis-
" tique, qui peuvent avoir leur importance comme preuves addition-
nelles, mais qui s'efTacent presque entièremtînt devant les considéra-
tions paléographiques, qui priment tout le reste. Or, la paléographie
d été tout à fait oubliée par M. Lowy ; il ne se donne même pas la
316 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
peine de nous (]ire à quel monument phénicien le faussaire aurait
emprunté le caractère archaïque dans lequel il a gravé rinscription,
sans doute dans le but de rehausser la valeur de son factura. Ce
n'est certainement ni ' Tinscription d'Eschmounazar, ni celles de
Marseille, de Carthage et de Chypre, seules connues avant 4870, qui
auraient pu lui révéler les formes antiques qu'aucun orientaliste ne
connaissait alors. Cela suffit pour mettre l'aulhenlicité du document
moabite au-dessus de tout doute. Mais, en récusant la conclusion du
savant hébraïsant. disons que sa critique littéraire mérite de fixer
notre attention et que, sans être partout d'une exactitude rigou-
reuse, elle contribuera considérablement au progrès de Tioterpré-
tation, soit en aidant à élaguer quelques lectures hâtives, soit en
provoquant des réflexions sur des points restés obscurs jusqu'au-
jourd'hui.
Je laisserai de côté l'affirmation un peu trop absolue de M. Lôwy,
suivant laquelle le dialecte des Moabiles était ininteligible pour les
Hébreux; cela ne résulte pas de Néhémie, xiii» 24, 25, passage qui
ne parle que du dialecte asdodéen, lequel était, en effet, un patois
araméen. Je me bornerai aux choses de grammaire hébraïque, qui i
ne manquent pas d'un certain intérêt.
P. 223. — Le soupçon émis contre la forme "^îN est peu fondé : un
faussaire 9e serait plutôt servi des formes hébraïques "^-ifit et '^:8. -
P. 234. — L'existence, chez les Moabites, de noms composés avec le
nom divin C^r est prouvée par le nom K a-mu-su-na-ad-bi = ZT.zr.'^
mentioDDé daus un texte assyr.en — P. i3ô. — M L. eût mieux tait
de lai>ser a ré'X)ie panaryaniste le soin d'expliquer rc*^ par le persan
mesch. — P. 236. — - La séparation du "* voyelle du mot ^rz""-, eu lèt«
de la li^rne 2. a son \ arailèle dans la mise du "^ de ^'^rzy en tète ^^
la lisue et ne c(>n>tuue pas une irrecrularitê. — La construction
• • • "j:^* • • * "ZN a pour but de marquer la suite immédiate desdeui
persouiiaçres et leur difîérence politique. — P. 237. — pnt rt-^
pour rxTr: r^^iT\ est un trait remarquable d'archaïsme et se retrouve
en phénicien. — rrrr^ est un quartier de Dibori ei nullement la ville
de Kerah, qui s'orthographie """D. Avec ctda disparait la difficulté
soulevée par M. L. en ce qui concerne la situation de la stèle. —
L'auteur criticjue, avec raison, la leçon rc: 'y^'^i\ adoptée par
MM. Smend et Socin, mais il a tort d'aftirmer que la paronomasie
^:rrr: ^r est une imitation de Matthieu, i. 21 : des jeux de mots sem-
blables pullulent dans la littérature hébraïque. — P. 238. — J'ai quel-
que peine à imaginer que "^2 suivi de ^r"» ne puisse signifier u car •>.
En hébreu pur. il est vrai» on aurait omis la conjonction dans ce cas
Osaïe, XL, î, passim . Au sens de « que », la construction * * * Ti • • • -3
BIBLIOGRAPHIE
317
st 1res fréquente en hébreu, et l'on sait que la transition de « que »
[ < cur j se constate aussi dans les autres laugues sémitiques. Gom-
irez i'araroéen *î et Tetbiopieu DQî*. Rien n'empêche, du reste» de
raduire ce passage : * Et j'ai fait celte bama en l'honneor de Ghe-
aoscli quand îl m'a sauvé de tous les rois et quand il m*a vengé de
[^usmes eunerais « L'expression \H3*iD br?3 ^^rwnn a son parallèle dans
Itj rrPN-! ''2''i«3 de P^tiumes, cxviu, a, mais n*en dérive pas : un
fuitateurauraU ùcrit ''S-'in bsn ^y^y nNirr. Par "•KSD, Mèscha eulend
» euuemîs de toute espèce et non pas seulemeut ses adversaires
%\XT les champs de bataille- L'emploi de ce terme est très correct. —
' lie t|:N'^ n'est pas sûr ; rongioul portait probable ment q2**Dn. —
I ïnot^?:^a U. 6, <0), « en mes jours », veut dire qu'à ra%^èneraeût
Ide Mèst'ha, le roi d'Israël se proposait de coniinuer la politique vexa-
lloire de son père. — ût?r ibôjî 13N bfi<na"^i (L 7, 4-7) ne saurait être
rantiptirase de ©7:^ zr m^fi* (Nombres, xxï, 29) : un imitateur au-
[raii écrit nbi^b isît rr\rr^ ds^i. — Le n de Nmrjîû l 8, 2),- fût-il éty-
|inologiquemeut iu correct^ ne satirait être dû a un scribe moderne,
lequel aurait plutôt gravé la forme biblique «nn-^î:. — P, 239. — Je
lac puis pas admettre la restitution n:a ^tt ''s:m n?:'* (L 8» 5-8); la
placune resie irrémédiable. — La répétition de ^11^3 (1. \\, 3) accentue
l eacore les mérites de Mèscha, — On traduit à tort niD» (9» 9) par
|« citerne », c*esl, sans aucun doute, un arbre sacré de Tespèce cèdre;
[ûr. xmc», ass. asàuhu, a cèdre fémiuiu ». Comparez r» iKrjK tD^^'^i
jîiHTPKrî (F Rois, xvr, 33). — Les formes arabes de couleur comme
[*Pî^,Dnrbn jn» constituent des archaïsmes remarquables et s'cx-
[pbqiieût par le voisinage du dialecte mixte des NabaLéens. Un faus-
Jre moderne ne les aurait pas adopiées. — P, î40. — ^pïlM U^r*
I fierait iijcorrecl eu bébreu; M, L. le remarque avec raison, mais, si
M*eiistetjce de 72 se veriliait, il faudrait Tacc^^pter malgré nous. —
y^\l <2, iî est contracté de vy^»% analogue à rr^M ^rr^niD et n*a rien
[* ^oir avec le nom de nnn =r^rT — L'hypothèse d'après laquelle le
l^cribe aurait ajouté au nom de "m un n gratuit est trop étrange ;
I ^)f insistons pas. La vérité est que le sens de mn b&t-j&e nous est
'HcoQnu — P. îil. ^ nnrtTS n'est nullement Macàaerus, qui s'écrit
^i:a, mais une ville moabite située entre rArnou et le Jabboc, — La
[ coutume de iratiier les ennemis devant les dieux est attestée par les
f textes assyriens, qui emploient aussi le verbe 3nD dans ce sens* —
[lacotiSiruction b:7 mx u'est pas usitée en hébreu, mais elle n*est
B!i pour cela laut'Vje daus le dialecte de Moab. C'est aussi le cas de
rSTi 7p373 (1, lis, r*. 6), qui serait en hébrru biblique nncn rnb:^73.
sorl*îS de variatious de dialecte a dialecte n'uDl rien d*exlraor-
jie. — P. 242, — Le retour sporadique du D pour "J dans ûinasn
:n8 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
et tabD est en lui-môme aussi peu singulier que les hésitations ana-
logues dans plusieurs passages bibliques. — La combinaison nno:^
0733 n'est pas encore bien claire, mais son authenticité ne soufire
pas de doute : un moderne aurait écrit rinno^. — En faisant abstrae-
tion de la prononciation antique du tétragramme, il est évident que
le scribe moabite devait accepter Torthographe hébraïque mn^ Les
scrupules de M. L. sont bien outrés. — P. 243. — Le sens de î^3 icn
•^n n?:nnbnn est clair : le roi d'Israël avait pris Yahaç pour base de
ses attaques contre Môscha. Il faut lire îTmpb nnns^n p^s ^ivn,
€ et j'ai fait tailler les pierres de taille pour construire Korha v. —
P. 244. — Lire également «n onrr "^D, « qui était détruit ». — Je ne
trouve rien d'étrange dans l'omission du "^ suffixe dans n:?î:ï:îa —
Le verbe by t]D"^ est fréquent en hébreu, et l'on n'a nullement besoin
d'aller le chercher dans l'inscription d'Eschmounazar.
En un mot, l'authenticité de la célèbre inscription de Dibon n'est
pas ébranlée par la critique de M. Lôwy, mais le savant hébraïsanl
a, par ses pbservations incisives, servi la cause de l'interprétation.
Qu'il en reçoive nos remercie mentst
J. Halévy.
Le gérant,
Israël Lkvi.
TABLE DES MATIERES
ARTICLES DE FOND.
Brunschwico (Léon). Les Juifs de Nantes et du pays nantais. . 80
Dbrbnbouro (J.]. Mélanges rabbiniques. IIL Quelques obser-
vations sur le rituel 26
DuvAL (Rubens). Notes sur la Peschilto 49 et 277
FRiSDLiBNDER. Les Esséniens i 84
Halkvt (J.). Recherches bibliques. IX. Caïnites et Séthites \
Kaufmann (David). Sens et origine des symboles tumulaires de
l'Ancien-Testament dans l'art chréiien primitif... 33 et 217
Kracauer. Accusation de meurtre rituel portée contre les
Juifs de Francfort au xvi« siècle 282
Lambert (M.). Le traité de Para ponctué 269
LoBB (Isidore). Histoire d'une taille levée sur les Juifs de Per-
pignan en 1413-1414 55
II. Le nombre des Juifs de Gastille et d'Espagne au
moyen âge 161
III. Notes sur l'histoire des Juifs en Espagne 254
Nbubauer (Ad.). Le Midrasch-Tanhuma (fin) 92
NOTES ET MÉLANGES.
Bloch (Isaac). I. Kalifa ben Malka 414
IL Un permis de résidence 416
320 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
BIBLIOGRAPHIE.
Halévy (J.). Prolegomena eines neuen hebrtLisch-aramikischen
Wôrterbuch, par F. DBLITZ^CH (fin) U6
II. The apocryphal character of the Moabite Stone, par
Rev. A. LôvY 345
LoBB (Isidore). Revue bibliographique 4 4 8 et 290
FIN.
YKRSAJLLBS, IMPRIMERIE CERF ET FILS, RUE DOPLBSSIS, S9.
SECTES JUIYES DE LA 6ALICIE
CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES Jim^S
LE 29 JANVIER 1887
Par m. SACHER-MASOCH
Présideyice de M. Zadoc KAHN, jyrèsident.
M. le PRÉSIDENT ouvre la séance en ces termes :
Mesdamrs, Messieurs,
Le Conseil d'administration de la Société des Études juives con-
sidère comme une bonne fortune d'avoir pu vous inviter à une
conférence de M. Sacher-Masoch. Dès que nous avons connu son
arrivée à Paris, nous nous sommes mis en campagne pour obtenir
son concours, et vous voyez par sa présence au milieu de nous que
nos démarches ont été couronnées de succès.
M. Sacher-Masoch, quoique étranger, n'est pas un inconnu pour
nous. Nous avons lu les charmants récits du conteur : il nous sera
bien agréable d'entendre le conférencier. M. Sacher-Masoch a tou-
jours professé une grande affection pour la France et pour tout ce
ACT. ET CONP., T. I. 41
CXLII ACTES ET CONFÉRENCES
qui vient d'elle. Cela explique Taimable accueil qu'il a fait à nos
ouvertures.
C'est la première fois que M. Sacher-Masoch parlera en public la
langue de notre pays. Il n'aborde pas, sans quelque appréhension,
cette tâche si nouvelle pour lui, mais l'événement montrera que ses
craintes ne sont pas justifiées. D'ailleurs, s'il devait par moments
éprouver quelque léger embarras, ce serait une raison de plus poar
nous de lui être reconnaissants.
11 se propose de vous entretenir des mœurs et des idées juives en
Qalicie, que ses contes ont déjà mises en lumière avec un art si cap-
tivant et une sympathie si marquée. Il aime les Juifs et il ne s'en
cache pas : c'est peut-être qu'il les connaît. Personne n'a su, mieux
que lui, pénétrer dans ces humbles demeures qui cachent, à côté de
tant de pauvreté matérielle, tant de richesses morales et de si nobles
vertus do famille, ni lire avec plus de sagacité dans ces intelligences
un peu embrumées, mais où fermente sans cesse l'amour du pro-
grès et un désir instinctif de lumière et de vérité. Vous aurez grand
plaisir à suivre l'étude de M. Sacher-Masoch, et, d'avance, je le
remercie en votre nom.
M. Sacher-Masoch répond :
Mesdames et Messieurs,
En prenant ici la parole, je vous prie de vouloir bien m*ac-
cordcr toute votre bienveillance et de ne pas être trop sévères
pour moi si je m'exprime devant vous dans un mauvais français.
L'amabilité française est si grande que j'ai dû céder devant elle
et répondre à l'invitation que m'a faite le comité des études
juives, d'autant plus volontiers que je suis très fier de prendre la
parole à une place où se sont fait entendre des hommes éminents
comme M. Renan et tant d'autres personnalités marquantes de la
France.
Je vous prie de me suivre sur un terrain un peu difficile, dans une
question encore bien obscure, je veux dire dans l'étude des sectes
SECTES jmTES DE LA GALICIE
CXLÎIl
Juives, Je laisserai de côté les sectes ancienne», comme les Samari-
tiks, les Bellémstes, les Essénlens» les Saducéena, les Pharisiens,
les Zohariateâ et les Sabatiens, pour ne vous entretenir que des
•eeies q«i existent encore aujourd'hui en Gralide et y jouent un
gm&drôle.
Je ne tous parlerai que des Hassidim, on Bogtiens, et des
Kamites.
La secte des Hassidim, comme Tindique son nom, est une des
plus exaltées. En effet, le mot hébreu hasmd signiiîe, comme nous
dirions, faire en religrion plus qull ne tant» s'exalter, dépasser ce
Hul est ordonné par le rite. Sous le nom de Hnmd, on désigne
l'homme qui, non seulement suit, d'une raanièm rigoureuse» les
Fescriptions de sa religion, mais qui, de plus, par un amour ex-
cessif pour la divinité, fait encore plus et s'interdit même les choses
qui sont permises.
Voici ce que les Hassidim actuels de Galicie racontent sur les
*%iiîe5 de leur secte :
li existait, disent- il s, beaucoup d'individus de cette secte aux
P^nsieri temps de l'histoire des Israélites, et leur nombre aurait
^ encore plus grand au mojen âge. Ils étaient constamment en
pHères. Pour obtenir le pardon de leurs péchés, ils jeûnaient, pa^i-
^*ient les veilles et se mortiliaient. Ils ne mangeaient jamais de
^aude ; ils s'interdisaient même l'usage de tout aliment provenant
d ttn être vivant : beurre, œufs, mieL
Ils portaient un cilico dont Tétolie rugueuse leur blessait la chair,
•^r c'était le seul vêtement qui couvrît leur coi-ps. En hiver, au
n»ilieu des froids les plus rigoureux, ils se jetaient dans l'eau gla-
kddsfleuTôâ. Leur vie n'était qu'un pèlerinage continuel d*un lîou
I autre : ils ne séjournaient jamais plus d'une nuit dans le méuie
etwlpoit Ils s'abstenaient souvent pendant trois jours da toute
ftoorriture et de toute boisson et poussaient même ce jeûne parfois
"" jttîjqu'â huit jours. En hiver, ils se roulait^nt dans la neige, et en été
$nt les épines. Ils ne voulaient pas, autant que possible, que la
Dort les surprit dans leur demeure, ils préféraient qu'elle les enle-
alora qu'ils se trouvaient au milieu des champs, dans la cam-
^ne. La plupail d'entre eux se livraient à l'étude de la Kabbalah,
CXLIV ACTES ET œNFERENCES
la science mystérieuse et mystique des sectes juives. Ils croyaient
qu'ils ne pouvaient arriver à pénétrer les mystères de la Kabba-
lah qu'en fustigeant leur propre corps ; c'est ainsi qu'ils croyaient
pouvoir entrer en communication avec les anges, les esprits et Dieu
lui-même. Beaucoup d'entre eux mouraient des suites des tortures
corporelles qu'ils s'infligeaient ; d'autres devenaient complètement
fous. Ces pratiques, si elles ne sont pas aussi anciennes qu'on le dit,
étaient probablement répandues depuis longtemps parmi les juifs
galiciens.
Un homme vint, vers la moitié du dix-huitième siècle, qui pensa
que les adeptes de la secte pouvaient arriver au but qu'ils poursui-
vaient d'une manière à la fois plus douce et plus commode, et sans
tourments. U enseigna que la vraie manière de plaire à Dieu était
de se perdre dans l'être divin, et que, pour y arriver, il fallait que
rhomme se concentrât en lui-même et se livrât à la contemplation
de Dieu. Il fit comprendre que ce n'étaient ni les privations, ni
les tourments de toutes sortes que l'on s'infligeait, qui pouvaient
prédisposer l'âme à cet état de béatitude ; au contraire, ce n*est
que par la satisfaction des besoins non défendus, quand le corps et
l'esprit jouissent de leur état naturel, que l'âme peut s'élancer
vers la divinité et s'y trouve mieux rattachée. Il permit même que
les adeptes se livrassent aux plaisirs naturels et licites, mais non à
la débauche.
Le seul moment où l'homme, pour contempler Dieu, doit s'élever
au-dessus de la nature, ne peut être que celui delà prière. Passé
cet instant, l'homme doit vivre de sa vie naturelle et prendre sa
part de la gaîté et du plaisir qui peuvent s'oflrir à lui.
Plus tard encore, les adeptes ne se contentèrent pas de s'absorber
en Dieu pendant le temps de la prière, ils abdiquèrent toute vo-
lonté devant les chefs religieux de la secte, voyant en eux les re-
présentants de la divinité et respectant chaque mot de ces chefs
comme un oracle.
Le fondateur de cette doctrine, qui eut bientôt de nombreux
adhérents, vivait en 1750, dans la petite ville de Tlussty, dans le
cercle de Czortkov en Galicie, et se nommait Israël Baalschem.
Bientôt une légende fantastique se forma autour de lui. On la ra-
SECTES JDfVES DE LA GALICIE
CXT.V
conte daos un livre paru en 1814, à Berdiscbev. Ce lÎYre se nommo
Schivchû Habischi. Israôl Baalschem lui-môme a laissé un livre qui
coûtient sa tloctriiie» le Séfer Hamidoi, li\Te de morale.
Baalscîiem fut nommé par ses adeptes le Jiesrht^ ce qui veut dire :
' rhomme capable de faire des choses merveilleuses. Ses adeptes
se nommaient les Iksehlkm. Les exemplaires du livre qui conte-
sa doctrine étaient toujours de petit format, de manière qu*on
pftt le porter constamment dans sa poche et le consulter quand
I on TOîilait. Les rabbins avaient beau s*évertuer à montrer Tin-
vraisemblanco de la doctrine de Baalsckmi, l'adepte continuait
à la .sni\Te, malj^ré îes anathémes que les rabbins lançaient contre
lui ; elle se répandit très vite dans la Pologne, la Russie, la Hon-
grie, la Moldavie et la Valachie. La léj^ende raconte que la mère
du BesM avait cent ans lorsc^u'il naquit et son pore plus en-
Ieore, et qu\i Tâge de dix-huit ans il étrau*?la un démon qui vou-
lait entrer dans la maison de son père. Baahchem, lui-même, ra-
conte que parfois son âme quittait son corps pour entrer dans les
régions des esprits et prendre part au grand conseil du sénat cé-
leste, Dans ces régions, chaque nation, disait-il, a un esprit ou génie
qui la protège auprès de la divinité. Il raconte que son àme vit un
jour le génie russe lutter avec le génie turc pour le jeter à terre, et
il crut voir que le génie russe allait succomber sous reffort de celui
tdes Turcs. Mais, comme le Bescht voulait la victoire des Russes
qui traitaient mieux les Juifs» il aida, par ses prières, le génie des
Busses et celui-ci resta victorieux. Peu de temps après, la gueiTe
éclatait entre les Russes et les Turcs, et ces derniers étaient, en
effet, complètement défaits.
Espérons qu'en pareil cas, la France trouvera, elle aussi, son
BêuhL
On attribuait aussi au Bmehi le pouvoir de guérir les malades,
de rendre la vue aux aveugles et la vie aux morts, 11 pouvait aussi
retirer de Tenter les âmes humaines et les faire sortir du corps des
animaux, où les fait vojager la doctrine fantastique de la mé-
, tempsjchose.
On comprendra facilement le succès do cette doctrine à cause de
son côté merveilleux, d'autant plus qu'elle naquit au temps des
CXLVl ACTES ET (XKHFfiRENGfiS
Cagliostro et autres mystificateurs qui, à cette époque, trompaient
la foule en se jouant de sa naïveté et de sa crédulité.
Personne, après la mort de ce grand pontife de la superstition,
n'aurait pu le remplacer. Beaucoup, parmi ceux qui Tentouraient
et suivaient sa doctrine, voulurent prendre sa place et se répan-
dirent en Pologne et en Russie. Ils se nommaient tous comme lui,
Zadik, le pieux, le juste. Aujourd'hui, il existe plus de cent Zadik,
c'est-à-dire plus de cent papes juifs. Chacun d'eux possède dans son
cercle une autorité parfaite. Ils ne reçoivent pas d'émoluments,
mais les nombreux et riches présents qui leur sont offerts leur
permettent de laisser en mourant à leurs successeurs une fortune
assez élevée.
Les dogmes principaux des Hassidim sont : aveugle croyance
on Dieu et obéissance parfaite aux ordonnances du Zadik. Conune
celui-ci est le représentant de Dieu, il n'est pas permis de douter
de son autorité. Le Zadik peut remettre tous les péchés, le Hassid
doit l'aimer, le louer, lui faire des présents et même lui procurer
tous les plaisirs.
Afin que la critique ne puisse s'exercer, toutes les sciencda, toutes
les connaissances, quelles qu'elles soient, sont interdites au Has-
sid. D'ailleurs, à quoi pourrait servir cette instruction, puisque le
Zadik est éclaire par Dieu, qu'il sait tout ce qui passe au ciel et
sur la terre? Aussi est-ce à lui seul que doit s'adresser le Hassid
pour tout connaître. Si la prière que fait le Zadik en faveur d'un
de ses clients reste inutile, c'est que le démon Satan est inter-
venu et en a détruit l'efficacité. Dans ce cas, le Zadik cherche à
l'emporter sur Satan et à le battre par la ruse. Dans ce but, il
n'adresse plus la prière à Dieu directement, car il sait que Satan
la guette pour l'intercepter. Que fait-il alors ? Il glisse subrep-
ticement son vœu dans une conversation qu'il a avec quelqu'un
et ou il est question de choses tout à fait indifférentes. Satan ne
s'aperçoit de rien. Mais Dieu a compris le Zadik et exauce son
vœu. Ce qui fait que le rusé Satan est battu par le plus rusé
Zadik.
Le soir du ^bbai, les Hassidim se réunissent chez le Zadik,
comme pour y faire une sorte de pique-nique. Pour éviter des
SECTES XmVES DK LA GALTCtE
CXLVII
I lonpi
ifmBen au Zadik, chacun ap{)ort6 sa nourriture et m loiâson. Ils
froment cela stJmla«rh scifda, ou lo troisième repas. Pendant la
[réunion, le Zadik repose sur sou divan, tandis rju'autour de lui se
I trouvent «es Hassidim, assis à la turt^ue» comme des esclaves.
.D'autres sout appuyés contre lo mur, et tuud, religieusement, écou-
Ht le« paroles qu'il prononce. Le Zadik cherctie toujours à pro-
pr la réunion le plus possilde, en voici la cause :
U'api'és les cabbalistes, une béatitude complète règne, pendant
1 le Eâl)bat, dans les régions célestes, et cette béatitude unit eu
' même teiDps que le sabbat. De plus, pendant toute la durée du
, sabbat, Teûfer se repose et les Ames qui y séjournent sont dé-
livrées de tous les tourments. Aussi, pour prolonger le bonheur
djifti les cieux et donner un plus long répit aux âmes malheureuses
^Uiae trouvent en enfer, le Zadîk fait tout potir prolon^^or la réu-
«ioa du sabbat et le plaisir dos Ilas^idim ; ot le ciel doit suivre son
exemple. Dans ces assemblées, on a coutume de chanter des chants
cabbalistiques, toujours sur un uir très gai. Un de ces cantiques,
ïiout l'auteur est Isaac Luria, est ainsi conçu :
tt Les enfants du palais qui oui peur de voir leZeir Anphin (c'est
i« microcosme) doivent venir ici où le roi est présent dans celui qui
ttt son image» Réjouissez- vous tous dans cette assemblée, au milieu
Je laquelle il y a des anges ailés, — Voyez cette assemblée où
^ueun des esprits impurs ne peut pénétrer. Ils sont exclus, il ne leur
•<l pas permis d'entrer, à ces cliiens insolents. »
L absence des esprits impurs est loin d empocher l'assemblée de
l'aipBUTer de vin, de miel et d eau-de-vie. Le Zadik, lui-même,
^ joyeux, laisse briller son esprit et éclater sa bonne humeur.
Soiirent, chacun des assistants lui donne un verset de la Bible à
Commenter, et le Zadik improvise un sermon où tous ces versets se
««trouvent.
Tandis que le juif talraudiste cherche dans la Sainte-Ecriture le
1909 exact et la véritable signitication du mot, les llassidim, tout
so contj*aire, attaclient au mot un caractère myi>térieux et ne
Iroieiit dans le texte qu'un voile impénétrable cachant le secret
1 4irln. Leur exégèse est â la fois pénétrante, fantastique et parfois
rre. Par exemple, le Tahuud dit : il vaut mieux ècorcher publi-
CXLVIII ACTES ET CONFERENCES
quement une charogne (nebéla) que d'importuner les gens par ses
doléances. Les Talmudistes prennent cette parole au propre. Ils
disent : Tout travail, même le plus répugnant, vaut mieux que la
mendicité. Les Hassidim s'attachent «à une autre signification da
mot 7iebéla. D'après eux, le mot indique une chose tombée d'une
grande hauteur, et voici leur explication : a Tu dois ôter le voile
dés mots qui sont tombés du ciel, et ensuite tu n'as plus besoin du
secours des hommes, car tu dois faire tout par toi-même. »
En priant, le Hassid doit frapper des mains, sauter en l'air
tout droit, et retomber sur place en criant à haute voix la prière
qu'il récite ; son corps se meut alors d'une manière convulsive. Peu
lui importe qu'on se moque de lui. Comme pour l'étudiant alle-
mand, celui qui n'est pas étudiant est un philistin ou un épicier,
pour le Hassid, celui qui n'est pas de sa secte, est un prostek, c'est-
à-dire un niais.
La tombe du Zadik est un sanctuaire, où les Hassidim se rendent
en pèlerinage, comme les Mahométans à la tombe du Prophète.
J'ai vu à Zloczov, le mausolée d'un de ces Zadik ; la clef restait
entre les mains de ses petits-enfants, de sorte que, pour le visiter,
il fallait payer une entrée. Celui qui n'avait pas d'argent donnait
soit une mesure de blé, soit une peau de renard ou de martre, soit
un poulet vivant.
Le second dogme des Hassidim, c'est la réunion avec Dieu.
L'àme, pour eux, étant une émanation de la divinité, l'hommo doit
tout faire pour se réunir à l'Être suprême.
Pour atteindre ce but, il doit faire, par instants, abstraction de
sa nature corporelle, son âme et son esprit doivent s'absorber dans
la contemplation de la Divinité. L'extase à laquelle ils arrivent est
considérée par eux comme l'avant-goût de la béatitude céleste.
Ils s'efforcent de parvenir à cet état extatique en récitant des mots
cabbalistiques et les noms de Dieu et des anges.
Le troisième dogme, c'est azzoïit, ce qui veut dire que le Hassid
s'attribue un courage et une volonté allant jusqu'à l'insolence et
à l'aiTogance. 11 doit efl'rayer ceux qui ont d'autres idées, d'autres
croyances que lui ; avant chaque cérémonie religieuse, il prononce
la prière suivante : « Pour réunir le saint (qu'il soit loué) et sa
SECTES JUIVES 0E LA GALICIE
(TXLIX
»r/i€fhmfht la gloire de Dieu, et pour réunir les noms da lah et
de Vah^ les doux moitiés du tétragramiue lah-Veh, je suis prôt à
accomplir le comoiandement suivant o. Pourtant ils suivent les
mêmes commandements que les Israélites, à moins que la kabbalah
et le Zadik ne leur commandent autre chose.
C'était en 1857, j'étais allé avec mon oncle voir le Zadik Lieb-
mann de Sadagora. J*eus rocca^iori d'observer et d'étudier cet
homme merveilleux, ainsi que les Hassidim. Mon oncle était
médecin et très sceptique. 11 croyait cependant jusqu'à un certain
point aux qualités .extraordinaires du Zadik, et il prenait partout
8on parti,
Sadagôra était, dans ce temps» une petite vOle habitée seulement
par des Juifs et des Arméniens. Des rues étroites, pleines d'ordures,
avec des coins sombres, jamais éclairés par un rayon de soleil. De
petites maisons en bois» blanchies au plùtre, couvertes d'un toit en
bois également. Dans lesi rues, de pauvres juifs, en manches de
chemise, une petite boucle de cheveux de chaque côté du front, la
barbe longue. Des iommes, vêtues do robes vertes, aux ligures d'un
teint verdàire, soulTreteuses, tenant leurs enfants dans les bras et
oous regardant d'un air soupçonneux : voilà Sadagôra.
Au milieu de la petite ville, une grande place, où se trouve la
maison du Zadik. Maison de bois, ayant un étage, aufiuel on par--
vient au moyen d'un escalier situé à Textérieur de la maison.
Devant cette demeure se trouvait une foulo de gens. Le plus grand
calme régnait, on n'entendait que quelques chuchotements» Des
voitures de toutes sortes étaient arrêtées, des traîneaux avec de
riches couvertures de fourrures, des buiM, ainsi que Ton nomme
chez nous les petites voitures juives que recouvre une toile, en
forme de tente ; on voyait aussi quelques véhicules de paysans
contenant de la paille pour se coucher et attelés de deux ou trois
petits chevaux maigres, ces chevaux, dont uïi voyageur francaii du
XViii* siècle disait : en Pologne, les paysans attellent de grands
chiens* A la porte du sanctuaire, dix ou douze jeunes gens montaient
la garde. C'ét^iient de beaux hommes, vêtus de longs cafetans de
n noir. Leur vimge encore imberbe montrait une santé floris-
ite ; on remarquait naturellemeul les deux inévitables boucles de
CL ACTES ET CONFÉRENCES
cheyeux, et ils avaient 8ur la tête des kalpaks de fouirures. Ils
jetaient sur les gens qui entouraient la maison des regards où
perçait une certaine ironie.
On nous laissa entrer aussitôt, et un jeune Hassid fut notre guide.
Nous montâmes Tescalier et, ayant traversé Tantichambre, nous
entrâmes dans une grande pièce où se trouvaient réunies les dames
de la maison, c'étaient la femme et la belle-âlle du Zadik, ses filles
et ses nièces.
Je me croyais dans le harem du sultan à Constantinople. Toutes
ces femmes étaient belles ou, du moins, jolies. Toutes nous regar-
daient d'une façon mi-étonnée, mi-souriante, avec leurs grands
yeux noirs si veloutés. Toutes étaient habillées de robes d'intérieur
en soie et de longs cafetans de soie et de velours, garnis et dou-
blés de splendides fourrures. On voyait là du velours et de la soie
de toutes les couleurs et toutes les sortes de fourrures. De la soie
jaune et rose, du velours vert, rouge et bleu, du petit gris, l'her-
mine, la martre et la zibeline.
Les femmes mariées portaient autour du front de larges ban-
deaux garnis de bijoux, les jeunes filles avaient les tresses par-
semées de perles.
Encore une antichambre, encore des gardiens à la porte. Cette
fois ce sont des hommes à barbe grise, c'est la vieille garde du
Zadik I
On souleva devant nous une lourde portière, et nous pénétrâmes
dans une grande pièce, où se trouvait le Zadik pour recevoir les
solliciteurs.
Juste en face de l'entrée de la pièce était un vieux divan turc,
sur lequel était étendu le Zadik. Près de lui, une petite table sur
laquelle se trouvait un livre avec reliure en cuir. Contre les murs,
il y avait quelques chaises, une petite armoire, et un poêle où pé-
tillait un bon feu. C'était tout l'aménagement.
Le Zadik était un homme petit, ses cheveux étaient tout blancs
ainsi que sa longue barbe ; sa physionomie respirait à la fois la
douceur et l'intelligence, ses yeux bleus avaient un je ne saisi quoi
qui laissait à l'observateur la liberté de faire bien des réflexions,
ils indiquaient un esprit pénétrant, une volonté ferme, le fanatisme,
la bonté, la douceur, la gaîté, Uronia. Ils reflétaient, en un mot,
tout ce que l'esprit de rhomme peut contenir de plus tliverà.
Le Zadik nom iit, en g^uise de sahit, un signe delà main, mais
sans 86 lever. L'un des Hassidim appro^^ha des chaises, pendant
qu'uQ autre allumait la îuika^ la pipe du Zadik.
Aussitôt les gardiens (juittèrent la chambre, et nous restâmes
geuls de%arit cet homme extraordinaire.
Mon oncle lui dit d'abord que j'avais entendu parler bien souvent
de lui, même â Vienne^ et ajouta que j'avais le plus grand désir de
Tentendre donner ses conseils â ceux qui venaient le solliciter.
Mon oncle le pria donc, s'il le voulait bien, défaire entrer ceux
qui attendaient, car, dit-iJ, il voulait que mon incrédulité fût vain-
cue. Le Zadik me regarda on souriant. « Vous i^tes bien curieux
jeune homme, me dit- il, mais je vais contenter votre cïiriositu. »
Il sonna. Les gardiens se précipitèrent, le Zadik leur ordonna
de faire entrer ceux qui voulaient le consulter, et il ajouta que
ces personnes no devaient entrer que par dix à la fois.
L'étude que je pouvais faire sur ceux qui venaient consulter le
Zadik m'intéreââa beaucoup. Tous entraient avec beaucoup de
respect, de considération, et saluaient le Zadik d'un air plein de
^ dévotion, restant toujours debout près de la porte,
Voici d'abord un Juif ricbe, 11 est vêtu d'une pelisse et tient
entre ses bras son enfant malade, qui jette des cris terribles.
Un autre est vêtu d'un talar rapiécé en maints endroits, et laisse
échapper des -soupirs a fondre l'àme. Un ti*oisième, grand gaillard,
[babillé richement, la âgure rou^e et luisante comme une pleine
lune; deux paysans dans leurs peaux de mouton, une arménienne,
un soldat en uniforme bianc^ un mènoniie^ un colon allemand et une
jeune femme, jolie et timide, habillée en juive, se cachant derrière
les autres.
Le premier qui se présenta au Zadik lut celui qui tenait dans
ses bras Tenfant malade. Le Zadik prit Tenfant, aussitôt celui-ci se
calma^ ne criant plus du tout, 11 lui sou0la sur le visage, l'eflloura
de ses mains, et, après avoir prononcé une prière, rendit l'enfant
â son père. J'appris plus tard que Tenfent était vraiment guéri.
Le grand gaillard à la mine si fioriâsante dit qu'il ne pouvait
CLII ACTES ET CONFERENCES
plus dormir, parce que chaque nuit l'esprit de son père défunt
venait le tourmenter. A qui la faute? s'écria le Zadik. A toi-même !
ton père t'a recommandé, à sa mort, de payer 500 ducats à Sa-
lomon Tabac, auquel il les devait et qui n'avait pas de pièces pour
le prouver. Eh bien ! tu ne les as pas payés, et c'est pour cela que
ton père vient la nuit, afin de te le rappeler. Il faut payer ces
500 ducats, ensuite tu auras le repos et la tranquillité.
A ce moment, le Zadik aperçut la jolie femme qui se dérobait aux
regards. Il lui fit signe d'approcher, après avoir ordonné aux assis-
tants de s'éloigner.
^Quand elle eut pris place auprès de lui, il lui dit : « Pourquoi
ces habits juifs ? Je sais cependant que tu es chrétienne et que tu es
une femme noble. » C'était, en effet, une comtesse polonaise. Le
rouge lui monta à la figure et elle demanda à parler seule au
Zadik. Celui-ci tendit son oreille, et la jeune femme lui murmura
son secret.
Nous nous aperçûmes qu'elle fut contente du conseil qu'elle
reçut, car, en partant, elle «déposa un riche présent sur la petite
table, tandis qu'un sourire joyeux effleurait ses lèvres.
Ce fut au tour de mon oncle de solliciter le conseil d'usage. Deux
juifs s'étaient battus. Abel Oignon avait appelé Isaac Bischorko
Amharez^ c'est-à-dire « ignorant », et Bischorko avait frappé ru-
dement le brave Oignon. Par suite de ce mauvais traitement,
Oignon était devenu absolument muet, muet comme une carpe.
Sa famille avait porté plainte devant lo tribunal, et on avait charçé
mon oncle, qui était médecin, d'examiner le blessé. Il était triste
que le malheureux Oignon fût devenu muet ; d'autant plus triste
que Bischorko était un très honnête homme et pouvait être puni
sévèrement.
Le Zadik se mit à rire. « Abel Oignon n'est pas muet, il joue la
comédie : ne vous laissez donc pas tromper par lui. Je les connais
tous les deux. Oignon n'est autre chose qu'un vaurien, et Bischorko
est un honnête homme. Il faut le secourir. » Lo Zadik donna à
mon oncle un conseil qui lui plut beaucoup, car mon oncle aimait à
plaisanter. Nous nous rendîmes, en conséquence, dans la ville de
Snyatin pour trouver Oignon. 11 était au lit, entouré de sa famille
SKCTES JUIVES DK LA GALICrE
CLIII
désolée. Mon oncle s assit près de lui et commença à Tinterroger,
«t Aiusi, Bisehorko, cette canaille, t'a battu ? >*
Oignon lit signe que oui, en inclinant la tête.
it 11 t'a bien battu ? »
Oig-non inclina deux fois îa tôte.
« Il t*a même battu à ce jmint que tu as perdu tout usage de la
parole. >?
Cette fois, il inclina trois fois la tête.
« Rien à faire, dit mon oncle. Bischorko recevra une terrible pu-
» nition, 11 en sera pour une année de prison. Cependant, il faut
I î» examiner davantage. Allons ! montre-moi ta langue, •
Oignon la montra.
« Maintenant donne-moi ton pouls. »
Oignon tendit la main, et mon oncle compta les pulsations. Il
, régnait dans la cbambro un calme solennel, qiian^ tout â coup
Oignon se redressa subitement dans son lit, se mit sur son séant,
en mugissant comme un taureau furieux.
Mon oncle avait suivi le conseil du Zadik, et, pendant qu'il comp-
tait les pulsations, avait piqué notre muet avec une longue épingle.
ù Ah ! s'écria moa oncle, je vois que tu n'es pas muet. Tu as
mtîme un© très belle voix. Cnltive-la, mon garçon, qui sait» TOpéra
rouvrira peut-être ses portes ? n
Ainsi se termina F histoire. Oignon recouvra la parole, qu'il n'a-
vait pas perdue, et Biscliorko fut sauvé !
Tout ce que je viens de raconter des Hassidim doit faire sur un
public instruit et sceptique, Fimpression de contes bleus. Je le com-
prends parfaitement. Mais ce ne sont pas dea contes, ce sont des
faits, et je vais tûcher de vous en donner rexplication.
Comment une secte » ayant des coutumes si mystérieuses, si fan-
f tastiques, a-t-elle pu se développer en Galicie et peut-elle même
^exister encore aujourd'hui? Ces Ilassidim sontr-ils des na'ifa ou
f des trompeurs? Ni les tins ni les autres.
Je me suis toujours appliqué dans mes romans à expliquer
l'homme, sa manière de penser, de sentir et d'agir, non seulement
par la psjcîiologië, mais surtout par la nature au milieu ûe laquelle
îcu, la nature enfin qui Ta pro-
iquelle
grand
CLIV ACTES ET œNFÉRKNOSS
(luit, comme la« plante, comme Târbre, comme FaBimal. J'ai Tonlu
Texpliquer en même temps par les milieux, les cîreoiistances, les
conditions dans lesquelles il vit. C'est la méthode que j'emploierai
aussi pour les Hassidim. Pour les comprendre, il ftiut connaître le
pays où ils vivent, il faut connaître la Qfilicie. Figurez-vott», un
instant, ces plaines sans limites, que le printemps transforme en un
large et long tapis de verdure, que Tété couvre de longs épis dorés,
et où le triste hiver vient ensuite jeter son blanc manteau de neige.
Quand le vent comm^ance à souffler sur cet immense plaine, agitant
comme des vagues, aujourd'hui les jeunes pousses, demain les longs
épis, et, plus tard, les flocons de beige, cette plaine fait la même
impression sur l'homme que la mer sans bornes se perdant dans
le lointain.
Vous savez que le marin, qui passe sa vie sur ce désert humide,
devient laconique, sévère et triste. La plaine galicienne produit les
mêmes effets.
L'homme, devant cette solitude, éprouve le sentiment de l'infini
et rentre en lui-même.
Voici maintenant les petites villes dans lesquellee d^neurent les
Juifs polonais. Les rues sont sombres, les maisons tristes, les
chambres étroites, rarement visitées par le soleil. Dans ces petites
pièces, vivent parfois deux, trois, quatre familles, semblables aux
souris retirées dans de petits trous.
Imaginez-vous dans cette solitude, loin du monde, loin de la ci-
vilisation, loin du chemin de fer et du télégraphe, enfermé dans une
cellule, mélancolique, un homme à l'esprit vigoureux, ajant l'ar-
dent désir de chercher la vérité, de connaître le monde, de percer le
secret de la création, ayant une fantaisie ardente et un cœur pas-
sionné, enterré vivant, pour ainsi dire, dans Ce réduit, ainsi qu'un
prisonnier, ou une plante serrée dans un herbier; ne possédant
d'autre source d'instruction que sa Kabbalah ou son Talmud, et vous
comprendrez que ses aspirations le poussent à méditer constam-
ment, qu'il devienne un rêveur, un exalté, et croie entendre la voix
de Dieu, voir des anges et des démons. Non, les Hassidim ne sont
point des trompeurs, ils sont tous des Hamlet ou des Faust. Il ne
faut donc pas s'étonner qu'ils deviennent à moitié fous.
SECTES jrrvES de la gaijcie .
CLV
Mais assez parler des Hassîdiai, Je vais tous entretenir mttîtite-
naut de la seconde secte qui existe en Galieie, cJes Karaïten,
Les Karaites m'intéressent, avant tout, à un point de vue
spécial* Vous savez que les antisémites do Berlin ont déclaré, à
diverses reprises, que ce n est pas la croyance juive qu'ils atta-
quent, mais la race juive à laquelle ils attribuent certains défaut».
Mais où se trouve la race juive pure? En Pologne "l elle est forte-
ment mêlée d*éléments slaves. A Test t elle n'est pure que chez les
Karaïtes,
Bien que les Karaïtes se conforment à une tradition religrieuse»
ils veulent, avant tout» stiivi'c la loi de Moïse, comme lauraient
suivie lea Juifs du temps des Jugts et des Hois.
Les Karaïtes, comme Tindique leur nom, sont ceux qui ne recon-
naissent que la loi écrite, contrairement aux Mekubalim, qui, eux,
reconnaissent, en outre, la tradition, c'est-à-dire le Talmud.
Les Karaïtes n'obeîissent qu'aux commandements de la Sainte-
Écriture. Ils s*appellent aussi Zadikim, les justes. Us prétendent
qu'ils existaient déjA avant la destruction du temple. Ceux d'aujour-
d'iiui ne rejettent pas tonte tradition, seulement ils voient dans la
tradition les enseignements d'hommes savants, mais non les tH)ro-
mandement^ de Dieu. Ils maintiennent les paroles de la Sainte-Écri-
ture : « Tout ce que je vous commande aujourd'hui, observez-le
strictement. N'y ajoutez, ni n'en retranchez rien, »
La tradition des Karaïtes est la suivante : Moïse reçut de Dieu
même, sur le mont Sinaï, la loi sacrée et la donra à Josué, Josué
la transmit à Pinlias; elle parvint ensuite à Simon, qui lui-même
la passa à son élève Antigonus. Celui-ci dit : « Il ne faut pas servir
Dieu par crainte d'une punition ou dans l'espoir d*une récompense,
mais seulement par amour. Il faut exercer la vertu pour elle-
même. »
Dans la lutte entre \m Karaïtes et les Rabbanites, ces derniers
restèrent vainqueurs. On persécuta les Karaïtes, qui s'enfuirent en
Egypte et dans les déserts de TArabie. Plus tard, nous les reti*ou-
vons en Espagne, où le roi Alphonse les persécuta,^ parce qu'ils
étaient accusés d'être des Badducéens, c'est-A-dire des négateurs de
rimmortalito de l'ûrae et de la résurrectioB des morts. C'était une
CLVl ^ ACTES ET CONFÉRENCES
erreur, les Karaïtes n'étant pas des Sadducéens et croyant à la vie
éternelle.
Maïmonide dit d'eux : « Les Karaïtes qui vivent au Caire et en
divers lieux de la terre sainte sont dignes qu'on les honore ». Au
contraire, il dit des Sadducéens : « Il est permis de manger d'un
animal tué par un apostat, mais non de celui qui est égorgé par un
Sadducéen. » ♦
Il y a eu parmi les Karaïtes des hommes savants qui nous ont
laissé des œuvres diverses.
Beschizki nous explique les idées des Karaïtes d'une façon très
claire. « Là où la raison et la révélation sont d'accord, dit-il, nous
acceptons la raison comme guide, et, avec cette lumière, pour ainsi
dire, doublée, nous marchons vers notre but. Mais, dès que la raison
nous fait douter de la révélation et n'est plus d'accord avec elle,
bien que toutes deux soient des lumières divines, il faut s'en tenir
strictement à la révélation. Car, si la raison était sufftsante, la
révélation eût été superflue. C'est pour cela que la révélation s'est
faite miraculeusement, pour prouver aux hommes leur origine
divine. »
Les Karaïtes rejettent tous les commandements qui ne sont pas
contenus dans la Sainte-Ecriture. L'homme ne doit s'abstenir que
des choses défendues expressément par la Bible. S'il fait des excès
de zèle, il ne peut s'attendre à aucune récompense. Le roi Salomon
lui-même a dit qu'il ne faut pas exagérer la piété. Les Karaïtes
croient qu'il n'est pas permis de réfléchir sur les bases fonda-
mentales de la religion. Beschizki dit : « Il ne convient pas de se
demander s'il existe un Dieu, s'il y a une révélation, et de discuter
d'autres questions semblables ».
Quant au divorce, ils s'en tiennent strictement aux paroles de
Moïse : « Quand l'homme trouvera une chose honteuse chez sa
femme, il lui écrira une lettre de divorce et lui fera quitter la
maison. » Les Karaïtes ne permettent le divorce que quand il y a
eu adultère de la part de la femme.
Il existait, du reste, en Pologne, avant l'introduction du mariage
civil, une secte qui permettait à l'homme de chasser sa femme
quand celle-ci avait mis trop de sel dans la soupe.
SECTES JUIVES OE LA GALICiE
CLVIl
LaiaapUdds de toi des Karaït^s siont les suivants :
H P Tous les corps célastas, avec tout ce qu'ils contiennent, ont
été créés.
2** Le Créateur de toutes ces clioses n*est pas créé.
I 3** Il est seul et sans pareil*
B 4° Il a envoyé son serriteur Moïse.
5» Il a publié, par Tintermédiaire de Moïse^ une loi absolument
■parfaite.
6« Chacun doit comprendre la langue et le coniEientaire de
la loi.
1"^ L'esprit de Dieu a inspiré aussi les autres prophètes.
8° Dieu, au jour de la justice, réveillera les morts.
9^ Dieu récompensera chacun selon ses œuvres.
l(j" Dieu n'a pas abandonné son peuple dans la captivité, bien
qu'il l'ait puni; aussi faut^il attendre chaque jour que le Messie,
B Mb de David, apporte la délivrance.
Plus tard, on ajouta quelques articles : '
11*' Dieu est incorporel, il n'a ni passions ni qualités corporelles*
2"=* On ne doit adorer que Dieu, et aucun autre être.
2^ 11 n'y a pas d^autre loi divine que la loi de Moïse.
4» On no doit ni ajouter, ni retrancher rien à la lot de Moïse.
5^ Dieu connaît les mauvaises pensées comme les mauvaises ac-
tions et lei punit de la même manière.
Les Karaïtes croient à l'immortalité de l'âme, à la récompense
dans le ciel, a la punition dans les enfers; mais ils rejettent la
1 croyance à la transmigration des âmes et no croient pas au diable
B ni aux démous.
^Ê Voici leur morale :
H L'àme est vivankj au point de vue moral, quand elle évite tou-
jours le mal et fait toujours le bien.
L'âme est saim^ quand elle sait distinguer le bien du mal et
quand elle a la volonté de ne faire que le bien.
Elle est malath^ quand elle ne sait pas distinguer le bien du mal.
Elle est morte f si elle fait le mal, en sachant qu*elle le fait, et
quand elle persiste dans les péchés à ce point qu'il n'est plus possible
de la sauver.
ACT, BT CONF», T. 1. i%
avili ACTES ET GONFÉR»(C$S
Leur sentence la plus importante e8t : ce Si tu ^e peux pas faire
ce que tu veux, tu dois vouloir ce que tu peux ».
D'après eux, le Messie n*aura pas besoin de réveiller les morta
ou de faire d*autres miracles, mais il réunira le peuple dispersé
d'Israël, rebâtira le temple de Jérusalem et réts^tlira 1^ loi pure
de Moïse.
La vie des Earaïtes est des plus vertueuses. }ls sont très sobres ;
ils disent : Celui qui mange et boit plus qu'il ne faut pour satisfÎEMre
sa faûn et sa soif, comme un animal, celui qui dépense plus qu'il ne
doit en vêtements pour se garantir des intempéries, mérite d'être
lapidé.
Ils prient le matin et le soir 4 genoux, ou debout, la tête baissée,
parce que celui qui prie doit être devant son Seigneur ainsi qu*iin
esclave.
U n'est pas permis de prononcer les prières dans upe langue autre
que la langue hébraïque.
Leurs synagogues, qu'ils nomment Kenssm, sont de jolis édifiées,
toiyours très proprement entretenus.
Le jour du Sabbat, iU lisent un passage du Pentateuque ainsi
qu^un autre passage des prophètes. Ils n'ont ni TephUin, ni Zizil. Us
célèbrent le Sabbat d'une manière très rigoureuse et, en Orient, ils
n'allument pas de feu, même quand il fait très frpid.
£n Galicie, où les froids sont très durs, ils ne pourraient rester
sans feu ; ils laissent aux chrétiens le soin de l'allumer.
Ils n'observent pas les rites relatifs à la jugulation des animaux.
Us se contentent de ne pas manger de viandes provenant d'animaux
malades.
Ils attachent une valeur toute spéciale aux xix^ et xx^ cha-
pitres du Lévitique, qui défendent d'adorer des idoles et qui con-
tiennent les commandements moraux de la vie de famille et de
la vie civile.
Ils sont très honnêtes dans leur conduite, et très chastes et pu-
diques dans leurs paroles et leurs actions.
Au moment de la bénédiction nuptiale, les époux se jurent mu-
tuellement une fidélité et une union éternelles; l'infidélité de la part
de la femme peut rompre le mariage.
SECTES JUIVES DE LA GALICIE
eux
On trouYe les Karaïtes, aujourd'hui ©ncorô, eu Orient, à Alep, à
Coostantinople, ea Tartarie, en Egjpte, en Crimée et chez nous,
en Galicie,
En Galiciô, ïh vivent principalement dans les villes suivantes :
Luzk^ litûicz^ Trozk, Krosny-Ostro, ainsi que dans quelques vil-
D'après le dernier recen&ementi leur nombre en Galicle s'élève
Ià 40,000
Les Karaïtes galiciens que j'ai visités à Krosny-Ostro prétendent
que le commerce d'objets que Ton n'a pas produits soi-même n'est
pas permis. Us se livrent à fag^ri culture, Us sont bateliers, artisans
et ils ne vendent que les produits de leur agriculture et de leurs
métiers. Ils font le commerce en gros des céréales ei des bestiaux.
Leur costume n'e^t pas celui des autres juifs polonais, ils portent le
I costume Peiit-Russien. Leur langage n est pas l'allemand corrompu
des auti'es juifs polonais, qu'on appelle le jargon juif. C'est un
composé d'hébreu et de tartare, mats ils parlent aussi bien le polo-
nais et le petit russieo. Leur cimetière, que j'ai vu, à Krosnj-Ûstro
doit rappeler la vallée de Jûsapbnt* Il donne une impression forte
Bet touchante. C'est un petit bois enfoncé dans une profondeur^ au
milieu de collines, garnies de vieux arbres, dont les rameaux for-
ment un épais toit de verdure au-dessus du cimetière. En arrivant à
la porte, on se creirait en plein Orient, Çà et là, émergent de la
verdure ^luelques tombes de pierre blanche se dressant vei^ le ciel
grisâtre. On aperçoit des femmes, vêtues de longs cafetans et enve-
loppées dans leur long; vuile blaac^ ainsi que des spectres ; elles
■prient et déposent des iîeurs sur les tombes.
Les maisons des Karaïtes sont gi'andes et très bien tenues i La
femme et les enfants occupent la plus grande partie do Tapparte-
ment. Dans chaque maison, on trouve une copie de la Sainte -E cri-
K|ure, car chaque Earaïto a pour devoir de copier, au moins une fois
dans sa vie, le Pentateuque.
Les Karaïtes sont très considérés par ceux qui n*appar tiennent
pas à leur confession. La parole d'un Karaïte est sacrée,
On s'est toujours beaucoup intéressé aux Karaïtes. Charles XI,
fi^oi de Suède, envoya en Pologne, en 1690, le professeur de langue
CLX ACTKS ET œNFÉRENCES
hébraïque d'Upsala, Perringer von Lilienblatt, pour étudier les Ka-
raïtes et leur acheter quelques-uns de leurs livres et de leurs ma-
nuscrits.
Jakob Trikland, professeur (i Leyde, écrivit, en 1698, une lettre
aux Earaïtes de la Pologne, en leur adressant quelques questions.
Un Karaïte savant, Mardochée ben Nissa, de Krosnj-Ostro, en Ga-
licie, lui répondit dans un livre intitulé Dod Mardochée. Ce livre fut
imprimé in-folio à Constantinople, et parut à Leipsick, en 1714,
avec une traduction latine de Wolf. Le comte Tadée Zaki a pu-
blié une étude très profonde sur les Karaites de Pologne et dit qu*il
est impossible de connaître Tépoque à laquelle ils émigrèrent en
Pologne.
Ils reçurent les premiers privilèges du roi Sigismond I^, à Luzk,
en Yolhjnie ; plus tard, d'Etienne Bathory, dans la ville de Halicz,
en Galicie. Yitold, grand duc de Lithuanie, ât entrer au xin« siècle
383 familles karaïtes de la Crimée à Trozki, et Easimir Jagelon
leur accorda de grands privilèges en 1441.
Le comte de Zaki igoute : « Il est prouvé par des documents
que, depuis quatre siècles, aucun Karaïte n*a été puni par la justice
en Pologne. »
Le même hommage leur est, du reste, rendu par la statistique
'autrichienne.
Les Karaïtes rejettent la pratique du serment, le code autrichien
leur permet de donner simplement une poignée de mains aux juges,
à la place du serment. Cette simple poignée de mains d'un Karaïte
vaut mieux que le serment prononcé par d'autres.
Comme le Karaïte ne veut pas verser le sang, il était exempt
autrefois du service militaire. Depuis que le service est obligatoire,
on leur a permis de faire le service dans le corps des ambulances ;
ce que d'ailleurs ils font avec plaisir. Ainsi le Karaïte qui ne dé-
chargerait pas son fusil sur le champ de ])ataille et se laisserait
tuer tranquillement, se jettera au milieu du feu pour secourir les
blessés.
Permettez, maintenant, Mesdames et Messieurs, qu'avant de finir
cette courte étude, que peut-être vous aurez trouvée trop longue,
le romancier vous rapporte une histoire qui vous fera comprendre
SKCTE^ jmVBS D1-: LA GALICIE
CLXI
toat à fait le caractère ôt Tesprit du Karaïte. Ce n'est pas une his*
toife faîte à plaisir, c*est un fait que je tiens de mon père.
Le comte Agenor Kracinaki s'était marié à une jeune baronne
Vodizka* Ainsi que l'avait souhaité la jeune femme, les jeunes ma-
riés n araient point entrepris de vojage de noces, mais s'étaient
installéâ dans le château retiré du comte, où la comtesse, dès te
î«^mier jour, suivant la vieille coutume polonaise, s'empara du
trousseau de clefs et prit la direction de la maison.
I^ lendemain, la jeune femme entra dans la chambre de son
Jwu-iea lui disant : « Il y a à la porte un homme très curieux qui
4 la physionomie d'un juif et paraît être un paysan galicien, si
j'en juge par sa stature et son costume. Il demande à te parler. »
Le comte se mit à rire. « Mais oui! c*eât mon facteur; c*e8t un
jïiif, mais un Karaïte, et ceux-ci sont de véritables paysans, s'ha-
"'llant comme des paysans, »
l^ans chaque maison seigneuriale de Galicie, on a un homme,
Ainsi appelé facteur, qui iait toutes les affaires et qui est toujours un
''^"- La plupart de ces facteurs juifs sont très fidèles et très hon-
^ws; ce sont les amis et conseillers de la maison. Cet emploi
souvent d'une génération à Tautre.
La comtesse fit entrer le Karaïte. Il se nommait Abel. C'était un
ftotQujg gi's^xifi et fort, ayant à peu prés soixante ans. Ses cheveux
*a barbe étaient grisonnants; la figure était honnête et ouverte. Il
*rtAit pas les deux boucles des autres juifs polonais Jl était vêtu
0 nos paysans, avec ses bottes montantes, son pantalon bout-
ât aox genoux ; son habit long, de gros drap, était serré à la taille
^^ uoe ceinture de cuir non travaillé ; sa tête était couverte d'un
"^onet en peau de mouton noir.
La comtesse se familiarisa bientôt avec lui et lui demanda à visi*
^îeamaison. Quand son mari la mena chez Aboi, elle fut étonnée
^trouver un intérieur confortable et un si bon ameublement. Elle
'wt encore plus surprise quand eUe vit la manière dont il soignait
l«s femmes de sa famille, sa vieille raère^ sa femme et sa sœur*
Le comte vécut heureux plusieurs années avec sa femme, qui lui
dojiDa deux enfants. Mais un jour éclata la terrible révolution de
ifiiô. Le comte avait été entraîné dans la conspiration de la no-
CLXU
ACTES ET COSFRREXCES
blesse polonaise. Comme il aTaît été officier aiiirefois,
nommé commandant d'un département, et il prit part activement
aux préparatits de rinsnrrectiofi. On fixa le commencement de la
révolution au 18 février.
Le comte ne voulut pas apprendre à sa femme oe qui se prépara tt-
U l'envoya avec ses enfants en Hongrie, quel^iues jours auïMàr*-
vant.
Quand elle fut partie, il se contla à son YÎenx facteur Abel. U i^^
dit : « Il peut se faire que la révolution n'ait pas de succès et cf^ô
mes biens «oient confisqués. En prévision de ce fait Je te donne tout
ce que j*ai en argent comptant, tu le frarderaa fidèlement, et, si c»
malheur arrive, tu le donneras à ma femme. »
Abel donna sa parole, et le comte lui remit 80,000 floiîns, c*ft^^'
à-dire W0,0O0 francs.
Le 18 février, la révolution éclatait. La noblesse, les emploj'^^»
les serviteurs des seigneurs prirent les armes, mais les payfg*^^
restèrent fidèles à Fempereur d'Autriche et répondirent par XM^ '*^
contre-révolution. Les corps des insurgés étaient dispersés parte -^J^-
Quand ce fut fini, des bandes de paysans parcoururent la camp^*"*^
brûlant les maisons des seig-neors et massacrant tous ceux qni 1b!»'^-
tombaient sous la main.
Le comte Kracinski se sauva à Cracorie, seul endroit où la
lution restait victorieuse* De la, une petite armée polonaise eai
en Galicie et rencontra Benedeck, alors colonel, et plni tar* "**
en 1B6G, général en chef, On se battit à Gdov ; les Polonais ftirei^^
défaits et le comte Kracinski trouva la mort sur le ebamp de b — *^
taille.
Aussitôt Tordre rétabli, la jeune veuve revint avec ses enfants ^^
ne trouva plus que les ruines de son château.
Elle était assise sur un tas de pierres noircies par rinisendie» s^^
jeux étaient noyés dans le vague, et elle tenait sa tête appuv^^
dans ses mains. Elle ne trouvait pas d'issue à sa terrible situation.
Tout lui semblait perdu, quand elle entendit des pas qui appro-
chaient. Elle aperçut Abel. 11 salua la comtesse et resta devant elle,
semblant partager son émotion et sa tristesse. Ils restèrent ain^i
longtemps sans s^adresser la parole.
SECTES JUIVES DE LA GALICIE
CLXIll
Enfin, la comtesse rompit ie silence : f< 0 Abeî, mon pauvre mari,
le père de mes enfants est mort ; notre demeure est détruite, et pas
nu sou ! Il ne nous reste d'autre ressource que d'aller mendier, moi
et mes enfants !
rt Comment ? s'écria Abel.
n Je ne puis» sans argent, songer à rétablir ce que l'on a détruit,
et mon mari ne nous a rien laissé, rien, absolument rien 1 n
Abel se redressa. Un doux sourire illumina son beau et sévère
Tisage. Il glissa sa main sous son grossier vêtement et en tira un
grand portefeuille rouge, n Vous n'avez pas besoin de mendier, dit-il,
vous n*étes pas pauvre, comtesse, No*is rebâtirons la maison* Voici
Fargent que m'a c^onfîé Monsieur le comte », et il donna à la com-
tesse le portefeuille contenant les '^00,000 francs,
I La comtesse, interdite, le regarda un instant. Tout d'abord, eUe
ne comprit pas ce grand caractère. Mais ensuite, les yeux pleins de
larmes, elle se jeta dans les bras du vieux Karaïte» qui la reçut
comme un patriarche,
I Abel conduisit ensuite la comtesse et les enfants dans sa maison,
la priant de rester cbez lui, jusqu'à ce que le petit cb^teau fût
rebâti .
Il mit grande hâte à trouver les ouvriers nécessaires. Le lende-
main même, on commençait â enlever les décombres, à apporter
les briques et îes poutres, à préparer le plâtre, et cent bras tra-
vaillaient avec ardeur pour faire sortir de ces ruines un notivel
' édifice.
Le vendredi suivant, au commencement du sabbat, Abel s'habilla
avec un soin tout particulier. Il s'avaneait vers la sjnaguogue avec
une dignité où se mêlait quelque Ûerté. Il entra la tête haute dans
le temple de Dieu, où, au-dessus de la porte, se trouvaient ces
mots :
I « C'est la porte de Jéliovah , les justes seuls peuvent la
franchir. »
LA SYRIE
AVANT L'INVASION DES HRBREUX
FAPRÉS LES MONUMENTS ÉGYPTIENS
CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES LE 26 MARS 1887
Par m. MASPERO, membre de lInstitut.
Présidence de M. Zadoc KAHN, président.
M. le PRÉSIDENT ouvre la séance en ces termes :
Mesdames et Messieurs,
11 y a quelques semaines, la Société des Études juives vous a fa i
faire un voyage en Galicie ; ce soir, nous vous convions à un
voyage un peu plus lointain, à un voyage en Egypte, sous la con-
duite d'un guide excellent, que vous pouvez suivre en toute con-
fiance.
M. Maspero connaît TÉgypte et ses monuments comme s'il les
avait faits. Il semble avoir dérobé aux magiciens de la vieille
Egypte, dont notre Bible vante Thabileté, Tart de deviner les
secrets les mieux gardés, et de faire rendre à la terre des trésors
qu'elle cache depuis des milliers d'années. Il a ainsi continué et
complété avec éclat l'œuvre brillamment commencée par d'illustres
prédécesseurs, ajouté au renom scientifique de la France et procuré
à notre pays une gloire qui ne coûte pas aussi cher, sous aucun
LA SYHIE AVANT L INVASION DES IIEBREIX
GLXV
rapport» que d'autres gloires, mais qui n*en vaut pas moins pour
cela.
Messieurs, je ne me donnerai pas le ridicule de taire i' éloge do
M. Maspero, de ses travaux et de ses découvertes. Un savant
comme lui, dont la réputation est universelle, n'a que faire de com-
pliments venant d*un profane comme moi. Je me borne dono sim-
plement â lui exprimer, au nom de la Société des Études j\ïives, au
nom du conseil de direction de cette Société, no^ chaleureux
remerciements pour Taccueil aimable qu*il a bien voulu faire û
notre invitation ; puis, â lui assurer que nous conserverons de cette
, réunion un sou^^enir reconnaissant, et je me permets d'ajouter : une
Ipromesse pour l'avenir.
if. Mnsjifiro Téponà :
Mksdamks, Messieuhs,
Lo voyage auquel vous avez été conviés par votre vénérable
[président est de ceux que vous n'auriez pu entreprendre au com-
mencement du siècle, avec aussi grande assurance dy réussir que
nous avons aujourd'hui. La Bible traite avant tout de ce qui
f regarde le peuple hébreu, ses variations religieuses, ses fortunes
idiversûj. Lorsque les chances de Thistoiro l'obligent à mentionner
les tribus syriennes avec lesquelles les Juges et les Rois sont entrés
en rapport, elle le fait sèchement et coname â regret : on avait eu
trop souvent â se plaindre d'elles pour que le sujet tût agréable, et
d'ailleurs on les connaissait assez bien pour qu'il no fût pas néces-
saire de décrire à grand détail leurs m/ipurs et leur religion. Les
liiècles écoulés, la plupart d entre elles disparurent, celles qui subsis-
taient perdirent le souvenir de leur passé ou n en conservèrent qu'une
mémoire confuse, mêlée de récits fabuleux : il ne leur resta bientôt
[plus que des tratlitions recueillies de seconde main par les Grecs,
lou des renseignements épars dans le Pentateuque, dans le livre
des Juges, dans les livres des Rois, et Dieu sait si les écrivains
modernes en ont regretta souvent la brièveté. La renaissance de
l'antiquité égyptienne et le déchiflrement des hiéroglyphes ont mis
CLXVC ACTES ET CONFERENCES
à notre disposition des documents nouveaux. Du jour où Champd-
lion lut, sur un mur du temple d*Amon à Karnak, le nom du Pha-
raon Shishaq et des villes de Juda enlevées à Roboam, les savants
s'ingénièrent à réunir, à interpréter, à commenter les passages
d^inscriptions, les scènes d*offi*andes, les tableaux de sièges et de
batailles, où ils croyaient reconnaître un peuple syrien ou une divi-
nité syrienne^ Le premier enthousiasme les emporta si loin qu'ils
déchiffrèrent, sur des papyrus du temps de Ramsès II, le nom des
Hébreux esclaves et condamnés à mouler la brique *, un récit égyp-
tien de l'Exode, ou, du moins, les impressions d*un scribe sur les
circonstances merveilleuses qui accompagnèrent cet événement •,
des détails inédits sur la vie de Moïse au désert et sur les stèles
à double entente qu'il aurait dressées dans un temple païen '.
Aucune de ces découvertes n'a tenu devant la critique. Ce n'est
pas le peuple hébreu lui-môme que les monuments égyptiens nous
apprennent à mieux connaître : c'est le pays qu'il habita, sa popula-
tion, ses villes, sa religion, ce sont les tribus au milieu desquelles il
vint s'établir quand il quitta le désert d'Arabie, et contre lesquelles
il lutta péniblement, sans réussir à conserver son indépendance.
Les relations commencèrent de bonne heure entre l'Egypte et la
Syrie. Les deux pays étaient si voisins l'un de l'autre, ils avaient
tant de produits et de richesses à échanger, qu'un courant de com-
merce et d'invasions réciproques s'établit naturellement entre eux,
dès le temps des premières dynasties. Si haut que nous remontions
dans le passé, nous voyons les Pharaons franchir l'isthme étroit qui
les séparait de TAsie. Ils n'allaient pas d'abord bien loin : les mines
* Chal)as, Les Hébreux en Egypte, dans les Mélanges Egyptoiogigues, l. I,
p. 42-54 ; Ramsès et Pithom, dans les Mélanges Egyptologiques, t. II, p. 108-165;
Recherches pour servir à l'histoire de la X/X® dynastie et spécialement à celle des
temps de l' Exode ^ p. 99, sqq.
' Heath, The Exodus Papy ri, Londres, 1855, in-8<^.
' Lauth, M oses der Hebr<rerf narh twei agyptischen Papyrus^Urkunden i«
hieratischfr Schti/ïart, Munich, 1868, in- S° ; Moses-'Hosersyphos-Salthus, Le-
viteS'Aharon ftater, Ztphorah-Debariah conjux, Miriam-Bellet soror^ Bliskeka-
Slizebat fratria, ex monumento Inferioris jEgypti per iptum Motem abhinc amnos
MMMDC dedicato nunc primum in lucem protrawit Fr,~J. Lauth. Strasbourg,
1879, gr. in-8<>.
LA SYRIE AVAXT LINVASION DES HÉBREUX
CLXVU
de cuivre et de turquoise du Sinaï les arrêtaient en route. Ils y
létablirent de véritables colonies, groupées sur le versant occidental
de la péninsule sinaïiique» autour de lacs artificiels ofi venait s'ac-
cumuler l'eau des plaies et des sources. Les Bédouins épars dans le
voisinage se faisaient parfois conducteurs de caravanes et allaient
chercher au-delà du désert les produits de la Bjrie et de la Chaldée,
quHls rapportaient ensuite aux bords du NiL Parfois rinstinct sau-
vage reprenait le dessus : ils saisissaient la première occasion favo-
I rable et se ruaient sur les bourgs des mineurs. Pharaon accourait
avec ses bandes aguerries et leur infligeait de rudes leçons : Sno-
frou, Khéops, les princes de la v« dynastie, ceux de la xn** ont
gravé, sur les rochers de Ouady Magharah et des vallées environ-
nantes, des tableaux comméraoratifs de ces victoires. La vie des
nomades nous est connue en détails par un roman écrit vers lo
vingtième siècle avant notre ère. C'est un genre d'ouvrage qu*on
ne s'attend guère à rencontrer si tôt, mais les Egyptiens d*autrefois
aimaient les histoires autant pour le moins que les Egyptiens d*à
présent, et une bonne partie de leur littérature pourrait figurer
sans désavantage au recueil des Mille êf tme iVî/n'Av. Le conte dont
je parle a pour héros un grand seigneur du nom de Sinoithit. Obligé
de fttir le camp d'Ousirtasen I"^ il se sauve au désert, seul et sans
armes, « Alors la soif s'abattit et s'élança sur moi : je râlai, mon
» gosier se contracta, je me disais déjà : « C*est le goût de la
» mort », quand je relevai mon cœur, je rassemblai mes forces, j*en*
D tendais la voix îolntaïne des troupeaux, 'j Le berger le recueille,
lui donne de Teau et un lait : de tribu en tribu, il arrive au pays
d'Edima [Edùm), gagne la faveur du sheikh Amîansbi, qui lui donne
en mariage rainée de ses filles et s'acquiert par ses exploits la
renommée et les richesses d*un grand chef de guerre. Tant de for-
tune n'était pas sans soulever la jalousie des indigènes, a Un brave
vint me défier dans ma tente : c'était un héros qui n'avait pas de
I» seconds, car il le^ avait tous écrasés. Il disait : « Que Binouhit
*» se batte avec moi, car il ne m'a pas encore vaincu ; » et il so
>» flattait de prendre mes bestiaux à l'intention de sa tribiu »
Sinouhit accepte le défi et se prépare à la lutte. « Je bandai mon
rc, je dégageai mes flècheSj je donnai du jeu à mon poignard, je
CLXVlll ACTES ET œNFEBEiNCES
» fourbis mes armes. A l*aube, le pajs de Tonou accourut ; il arait
» réuni ses tribus, convoqué tous les pays étrangers qui dépen-
» daient de lui, il désirait ce combat. Chaque cœur brûlait pour moi,
» hommes et femmes poussaient des « Ah ! », car tout cœur était
» anxieux à mon sujet, et ils disaient : « Est-ce que c^est un autre
» brave qui va combattre avec lui ? Voici, l'adversaire a un bou-
» clier, une hache d'armes, une brassée de javelines ». Quand je
» fus sorti et qu*il eut paru, je détournai de moi ses traits. Gomme
» pas un seul ne portait, il fondit sur moi, et alors je déchargeai
v. mon arc contre lui. Quand mon trait s*enfonça dans son cou, il
» s'écria, il s'abattit sur le nez : je lui fis tomber sa lance, je pous-
» sai mon cri de victoire sur son dos^ ». Les Madianites et les
Amalécites que les enfants d'Israël rencontrèrent au désert devaient
ressembler singulièrement aux amis de Sinouhit. Descendez le
cours des âges, prenez les romans arabes, celui d'Antar ou celui
d'Abou-Zeït, et vous y trouverez les incidents et les mœurs décrites
. dans le conte égyptien : l'exilé qui arrive à la cour d'un sheikh
puissant et finit par épouser sa fille, la provocation, la lutte. De
nos jours encore, les choses se passent à peu près de même. Ces
aventures, vues de loin, ont un air de grandeur et de poésie qui
séduit l'Européen, et, l'imagination aidant, le transporte dans un
monde d'apparence plus héroïque et plus noble que le nôtre. Qui
veut conserver cette impression fera bien de ne pas regarder de
trop près les choses et les hommes du désert. Le héros est brave,
si l'on veut, mais féroce et traître : il ne vit que pour la bataille
et le pillage, pour le pillage surtout. L'héroïne traverse quelquefois,
dans sa première jeunesse, une période de beauté éclatante, mais
elle se flétrit bientôt et se change en une mégère criarde, stupide et
malpropre. Que voulez- vous? Le sol est pauvre, la vie est dure et
précaire, les conditions d'existence n'ont point changé depuis les
temps les plus anciens : au fusil et à l'islam près, le Bédouin de
nos jours est le même que le Bédouin de Sinouhit.
Des siècles s'écoulèrent avant que les Pharaons songeassent à
lancer leurs armées au-delà du Sinaï : enfin, vers le dix-neuvième
Maspcro, Les Contes populaires de VBgypte ancienne, p. 106-115.
LA SYBIE AVANT L'INVASION DES HEBtlEl X
CLXLX
fiiécle avant Tère chrétienne, les pnoces de la xvm* dynastie, après
avoir chassé les Hjksos du Delta, les poursuivii»ent en Sjrie.
Tlioutmos I" poussa des reconnaissances jusqu'à FEuphrate; son
s, Thoutinos 111. plaça la contrée entière sous la suzeraineté de
Egypte, 11 ne faut point se représenter une conquête analogue à la
conquête romaine, ni un empire organisé comme le fut plus tard
celui des Césars, mais des courses rapides, des razzias perpétuelles
entremêlées de quelques grandes batailles, des sièges, des escar-
mouches, des pillages de villes. Les bandes égyptiennes, bien (ïis-
*^ipl]nées et irigoureiisement commandées, n'avaient pas ti^op de
peine à triompher en rase campagne, mais le pays était couvert
d'innombrables forteresses quelles s^iisaient â prendi^ d'année
*o année. Chacune d^elles avait son chef, indépendant du voisin
^t tributaire de Pharaon , mais tributaire mécontent et toujours
P^^t à la révolte, lï ne se passait guère de mois que Tun d eux
^® refusât de payer le tribut : Pharaon accourait, le détrônait,
^^ tuait quelquefois et le remplaçait par son fils. Le fils recom-
^^ôfiçait bientôt, et son fils après lui, sans que Tinsuccès de ces
**^l>€lhons les empochât de se reproduire à la première occasion.
V*-^ et là, quelques garnisons égyptiennes établies à demeure,
tlaphia, à Gaza, peut-être à Mageddo, surveillaient les routes
-^«ilégiques les plus importantes. Chaque changement de règne,
r^aque révolution de palais, chaque minorité a Thébes entraînait en
j3^rie un soulèvement général étoulfé plus ou moins promptement.
•^ Thoutmos 111 à Amenhotpou II, d*Amenhotpou 11 à Khou-
^iaten, a llarmhabi, à »Séti h\ à Ramsès 11, â Ramsès 111, la
*^tte se perpétua pendant près de six siècles, jusqu'au jour où TE-
%3rpte, épuisée par ses victoires mêmes, renonça aux guerres exté-
^urûs et rentra dans ses anciennes liûiites. Les monuments sont
Sofarea de noms qu'on puisse appliquer aux peuples qui habitaient
alors entre le désert et l'Euphrate. Les Egyptiens avaient pour
leurs ennemis un mépris bien caractérisé : ils ne partaient jamais
d'eux sans les gratiâer d'une épîthèie ignominieuse, le vii^ t abattu.
I Us lea partageaient en deux grandes classas : les nomades, qu^ils
appelaient SiitiaUf les Archers, ou tShmoti, les pillards, les séden-
taires qu'ils quahtiaient de Jlmifiou^ laboureurs. Tous ensemble
CLXX ACTES ET CONFÉRENCES
formaient la race des Amous ^ et habitaient le Routonou, divisé en
deux répons, le Routonou supérieur et le Routonou inférieur.
Kharou parait s*étre appliqué à la côte entière, Kaô à la Phénicie
méridien alû, Zabi à la Phénicie septentrionale, Asi à Tile de Chypre,
Qiti au littor^J cilicien. Les nombreuses peuplades qui se parta-
geaient ce vaste territoire ne sont dénombrées nulle part; les
textes nous apprennent seulement, comme par hasard, que des
Amorrhéens dominaient dans la vallée moyenne de FOronta et que
les Khiti étaient maîtres du Naharanna, le pays des deux rivières,
entre TOronte et TËuphrate. Nous sommes mieux renseignés sur les
villes, grâee à la vanité de Thoutmos III et de Ramsès II. Gaza,
Ascalon, Guérar, Guézer, Lôd, Ono, Joppé, Mageddo existaient
déjà. Damas à l'est commandait le désert ; Qodshou, la sainte, bar-
rait la vallée de l'Oronte ; les cités phéniciennes, Ako, Typ, Sdon,
Gebel, Simyre, Arad, étaient riches et populeuses. Karkemish, Alep,
Batnse sont mentionnées à plusieurs reprises, et, bien loin vers
Test, la grande silhouette de Babylone se dessine vaguement à Tko*
rizon. Tout ce que nous entrevoyons à travers les lacunes de Thia-
toire nous donne Tidée d'une population nombreuse, turbulents et
riche. La langue, autant qu'on peut en juger parles noms d*hommes
et de lieux qui sont parvenus jusqu'à nous, est un rameau détaché
du tronc sémitique, plus voisine du Phénicien au sud, de l'Assyrien
au nord. Le type des personnages représentés sur les monuments
est également sémitique. Les Philistins font exception à cette règle ;
mais ils n'apparurent que sur le tard, et ne s'établirent en Syrie
qu'au temps de Ramsès III. Quant aux Khiti, s'ils étaient de race
mixte, à l'origine, l'élément sémitique l'emporta chez eux prompte-
ment. Les noms de leurs rois, Khitisarou, Morousarou, le dwi
Khiti est roi, h dieu Môrou est roi, sont purement sémitiques, et il
n'y en a guère parnai ceux des particuliers qu'on ne puisse rame-
ner à la même origine.
L'unité de religion répondait à l'unité de race : les mêmes dieux
et les mêmes déesses étaient adorés d'un bout du pays à l'autre.
Plusieurs d'entre eux nous sont connuô surtout par les noms
* Cf. ÛS', populus.
LA STBIK AVANT L1NVAS10N DES HÉBREUX
CLXXÏ
I
d'iomiues ou de villes, ainsi Dou (El], Morou, Khiti et Khaloupou,
I^ héros éponymes du pajs de Kliiti et de la ville d'Alep, D autres
avaient été adoptés pai- les Egyptiens et recevaient un culte public
^ Memphis ou à Thébes, Baal, Astarté, Anati, ResUpiiou. Les seules
t^présentiitions que nous possédîoui de leur figure, pour les époques
lei plus aacienues, ont été découvertes sur des stèles hiérogjy-
pliiques. Hesbpliou et Baal sont des dieux belliqueux ; deboot, le
casque en tête, ïh brandissent la lance et le bouclier. Astarté et
Anati, les deux déesses n qui conçoiveât sans ce:>sô et jamais n'en-
fantent i>, ne sont pas toujours guerrières. L* Astarté de Qodshou, la
ville sainte des Amorrhéens et des KhiU, était une niûîtresse d'amour
et de volupté : on la voit, au cintre des stèles, nue, la fleur à la main,
droite sur un lion passant. Chaque cité avait soo couple, son mé-
nage de divinités, a ses dieux combattants et ses dieux femmes j,
doat beaucoup sont énumérés à la an du traité conclu entre
Ramsès II et le prince de Khiti, Les documents sont rares, les ren-
seiguemeats qu'ils fournissent maigre? et incomplets : ils sufiisent
pourtant â nous montrer que les Hébreux, en arrivant dans Ja
S^rie, y trouvèrent âorissants les mêmes pratiques et les mêmes
cultes contre lesquels les plus éloquents de leurs prophètes durent
plas tard élever si souvent la voix. Les 4startés phéniciennes
avaient exercé leurs séductions sur les conquérants égyptiens avant
de les prodiguer aux enfants d Israël, et Pt^ai^aon n'avait pas cru se
déshonorer en se comparant au dieu des nations vaincues, a « Baal
dans sa fureur )». Les Syriens, de leur cûté, ne se firent pas faute
d emprunttjr à leurs vainqueurs quelques-unes de leurs divinités.
Oikiâ et son ministre Thot obtinrent droit do cité en Phénicie,
et leur légende se mêla de façon tellement intime à la légende
de Byblos, qull est impossible de Ten détacher aujourd'hui. Cet
échange de dieux ne se lit pas sans qu'il j efit entre les deux races
échange d'idées et de mots. L^s idées» nous ne pouvons guère en
suivre la trace, et c'est fâcheux ; il aurait été curieux de connaître
quelle part revient â la pensée égyptienne dans le développement
ûe certains mythes phéniciens qui se répandirent chez les Grecs,
©t pai' les Grecs, dans le reste de Thumanité. Les mots se lais-
sûiit surprendre plus aisément. Il s'en glissa un grand nombre
CLXXir ACTES ET CONFÉRENCES
dans la langue qu*on parlait à la cour des Pharaons thébains ;
certains manuscrits de Tépoque des Ramessides en sont tellement
remplis qu'on est presque tenté de les croire écrits par des gens
d'origine syrienne. Je ne doute pas qu*il en fût de même à la cour
des princes phéniciens et des rois de Khiti et qu'on trouvât dans
les ouvrages de leurs scribes beaucoup de mots empruntés à l'égyp-
tien ; mais ces ouvrages, où sont- ils aujourd'hui? Tout ce qu'on en
peut dire, c'est qu'ils étaient rédigés en deux systèmes d'écriture
différents. Celui dont se servaient surtout les Khiti et les peuples
de la Syrie du nord soumis à leur domination est encore mal
connu ; les rares inscriptions qui nous en ont été conservées nous
montrent des hiéroglyphes qui ne ressemblent en rien aux hiéro-
glyphes de l'Egypte. L'autre, en usage chez les Phéniciens, dérive,
au contraire, de récriture égyptienne et a donné naissance à presque
tous les alphabets connus du monde entier. Le prince de Khiti avait
auprès de sa personne un historiographe chargé de rédiger le récit
de ses exploits. Nous rencontrons dans un traité de médecine égyp-
tienne des recettes empruntées à un écrivain de Byblos, et nous
savons qu'U y avait dans les sanctuaires de Phénicie des livres de
théologie. Chose curieuse, le seul monument de cette époque an-
cienne qu'on puisse attribuer avec quelque certitude à un scribe
syrien est un instrument diplomatique, le traité conclu entre Ram-
sès II et Khitisarou, prince de Khiti, encore ne nous est-il parvenu
qu'en traduction égyptienne. Le reste a péri sans retour.
La culture intellectuelle parait avoir été l'apanage des deux
peuples principaux, Phéniciens et Khiti : la civilisation matérielle
était à peu près égale sur tous les points du pays. — Sans doute,
aucun des objets qu'on fabriquait alors à Damas, à Tyr, à Alep,
à Karkémish, ne nous a été conservé directement ; mais les re-
gistres des administrations égyptiennes nous donnent de longues
listes d'objets importés de Syrie au bord du Nil, et les tableaux des
temples et des tombeaux nous montrent les ûgures d'une partie de
ces objets et le costume des gens qui les apportaient au vainqueur.
Ce sont d'abord les produits naturels du sol. L'Egypte est peu
boisée : le Liban lui envoyait ses bois d'ornement et de construction,
le cyprès, le cèdre, le chône, le sapin. Alep avait des marais salants.
LA STÏilE AVANT L'EVASION DES Jit^DHEUX
OLXXIIE
Tyr ses pêcheries, la Pliéuicie efiLière sea vins rtniges et dorés, ses
toiles, ses Jainagos. L^orlt'vierie et la bijouterie, Fart du potier et
dd rémailleur étaient très avancés et produisaiôût de véritables
chefs-d'œuvre. De nos jours, ia frappe des moïiiiaies absorbe uoe
quantité de métaux précieux couâidérablo. Les aiicieus peuples
«l'Oriôut, qui ne connaissaient point Tuisage de la monnaie et pro-
cédaient par voie d'échange dans leurs relations commerciales,
employaient l*or, l'argent et le vermeil à des travaux que nous ne
pratiquons plus guère aujourd'hui. Au lieu de les garder en lingots,
ils les tranatormaieut en vases de ligures variéod et de dimensions
<*Xiravagantes. C'étaient des surtout de table représentant des bois
do palmiers, des chasses à la girafe et au singe, de larges coupes
Ciâ^Jéôs, prototypes de ces coupes en argent do travail phénicien
^ii'on découvre dans beaucoup de localités lointaines du monde an-
tique, des cratères portés sur les épaules d'esclaves ou de prison-
oiof g. On les voit représentés à côté des vases de fabrication égyp-
^'ôtine, dans les tombes thébaines de la xvuï"» dynastie, et ils ne le
Je Ui* cèdent en rien ni pour Téléfianee du galbe, ni pour la richesse
I 0^ l'ornementation, ni pour la délicatesse du dessin. Les gens qui
H ^^ <,nt conçu Tidée et les ont exécutés étaient des artistes aussi ha-
H ''^J^css ei aussi raffinés que les orfèvres de Thôbes et de Memphis. Dne
^^ll« profusion d'argenterie suppose, au moins cliez les classes su-
l*^ **ieure8,de8 habitudes de luxe général. Mobilier, tentures, maisons,
j^^'diûs, tout le matériel de la vie journalière nous est malheureu-
ô^OQent peu connu. Quelques kuteuils sculptés, quelques coussins
"**K>dés et peints, portés en pompe dans les processions triomphales,
H^>^^ des formes identiques à celles des fauteuils et des coussins
^*S'^*puens. Le costume des nobles et des princes est incontestable-
'^^ttl plus somptueux que celui des oftieiers qui entouraient Pha-
'^^On. Le pagne est rayé, brodé, bordé de franges multicolores, les
■ rol^jj longues sont décorées d'enroulements, de feuillages, de
" ^Slii'es humaines, et s'allument de teintes vives. Les Phéniciens
P^^^haient déjà la pourpre et connaissaient le secret d'en extraire
^^n tons éclatants que l'antiquité entière admira. En cela, du
^oîus, les Syriens étaient les livaux et peut^tro les maîtres des
*^^'ptiens,
ACT* WT €0MP., T. ï. Il
CLXXIV ACTES ET œNFÉRENCES
Le commerce entre les deux nations se faisait principalement
par caravanes nombreuses, mais il n*étâit pas rare de rencontrer
des marchands isolés ou voyageant par petites troupes. On entre-
tient, en général, des idées assez fausses sur la prétendue immobilité
des nations anciennes et notamment des Égyptiens. Lola d*étre ca-
saniers, les gens d*autrefois recherchaient les aventures autant et
plus peut-être que nos contemporains. Les fellahs* sont sans cesse
en mouvement aux bords du Nil, et TÉgypte actuelle est envahie
par les domestiques et par les drogmans syriens. Les Thébains de la
xviii^' dynastie et des dynasties suivantes enseignaient les dialectes
cananéens à leurs enfants, et cette éducation les préparait, soit au
service ofûciel, soit au commerce lointain. Sans doute, les dangers
qui les attendaient dans leurs courses étaient des plus sérieux.
Entre la frontière d'Egypte et Gaza, les Sittiou étaient toigours
prêts au pillage. La route était à peu près sûre entre Gaza et Joppé,
mais entre Joppé, Ako et Mageddo s'étendait une immense fbrét
dont les croisés de Richard Cœur-de-Lion traversèrent Tépaisseur,
avant d'arriver au champ de bataille d'Arsouf. On cheminait sous
bois, Tare prêt à jouer, et le danger redoublait à franchir les défilés
du Carmel. « Toi cependant, tu es seul, sans guide, sans troupe à
» ta suite, et tu ne trouves pas de montagnard qui t'indique la di-
» rection que tu dois prendre ; aussi l'angoisse s'empare de toi, tes
]> cheveux se dressent sur ta tête, ton àme passe tout entière dans
D ta main, car la route est pleine de roches et de galets, sans pas-
» sage frayé, obstruée de houx, de ronces, d'aloès, le précipice d'un
» côté, la montagne abrupte de l'autre. Tandis que tu chemines,
» ton char cahote sans cesse, ton cheval s'ébroue au moindre choc;
» s'il se jette brusquement de côté, ton timon est jeté avec lui, les
» rênes sont arrachées violemment de ta main, et on tombe ; si,
» tandis que tu pousses droit devant toi, le cheval arrache le timon
» au plus étroit du sentier, il n'y pas moyen de le rattacher, et tu
» ne peux le rajuster, le joug reste en sa place, et le cheval s'alour-
» dit à le porter. Ton cœur se lasse enfin, tu te mets à galoper,
» mais le ciel est sans nuage, tu as soif, l'ennemi est derrière toi,
» tu as peur, et dès qu'une branche épineuse d'acacia te happe au
» passage, tu te jettes de côté, ton cheval se blesse, tu es précipité
LA SYHIE AVANT i/LNVASlON DKS IIKUIIEUX
flI.XXV
, terre, et tu te meurtriâ à grand doulûur * . k» Au passage du
Liliao, les Bédouins sont en embuscade ; les hyènes et les ours rôdent
autour du carapoment pour enlever les chevaux. Aucun de ces périls
ne rebuiait le voyag^eur : les marchandises cahotées^, menacées,
défendues jour après jour, finissaient par arriver à destination. La
voie de mer, plus difflcile encore, si ron songe à ce qu'ctaiont les
bateaux de Tépoque, n'était pas moins fréquentée. Les Hottes char-
gées des denrées de TEgypte cinglaient vers les ports de Syrie, et
les escadres phéniciennes, remontant le NU, venaient se décharger
à Tanis et dans les villes du Delta, peut-être à Memphis, C'était un
va et vient perpétuel Les produits de TAsie centrale, ceux mêmes
de TEurope boréale, Fambre et l'étain, passaient de main en main
jusque dans les Imxars des cités syriennes et do là s'embarquaient
pour r Egypte. Le pays de Chanaan était comme un vaste entrepôt
où l'Afrique se l'encontrait avec TEurope et TAsie, Riche par
le sol même, il augmentait encore sa richesse par Hiabileté de
ses artisans ei îa hardiesse de ses matelots. Comment s^étonner
s'il suffit aux pillages réguliers que FÉgypte lui itidigea pendant
des siècles.
I Son organisation militaire n*était pas, on cfret, à la hauteur do
son industrie, et ne lui permettait pas de défendre efficacement ce
qu'il savait si bien gagner. Non que la vaillance ou Tcsprit mili-
taire lui fissent défaut : ses peuples étaient toujours en guerre l'un
contre Fautre, et, par conséquent, s'entendaient aussi bien que per-
sonne au maniement des armes. Mais l'émiettement de leurs forces
les condamnait à la défaite en présence de Fétranger. En vain leurs
chefs, oubliant leurs discordes pour un jnoment^ se liguaient afin de
résister a^Fennomi commun ; leurs contingents, sans cohésion, sans
unité de commandement, ne tenaient pas devant les régiments com-
pacts et bien dirigés des Égyptiens, mérae inférieurs en nombre.
Les Khîti seuls pouvaient mettre en ligne des masses profondes :
ils balancèrent plus d'une fois la victoire, et obligeront Eamscs 11
a les traiter d'égal à égal. B*ils étaient' parvenus à rallier autour
d'eux toutes les tribus du nord et du contre et â former un état
' Papynài Ânastati^ J, pi. xxiix, l. 7; pi. xxv, l. 2.
CLXXVI ACTES KT CONFÉRENCES
puissant, peut-être la Syrie aurait-elle été en état do conserver
son indépendance contre TÉgypte d'abord, et, plus tard, contre
l'Assyrie. Ils n'y réussirent pas, non plus que les princes d'Israël
ou les rois de Damas, et la Syrie, divisée contre elle-même, fut,
dès lors, ce qu'elle est toujours restée depuis, une proie que l'A-
frique disputa à l'Asie.
Ceci n'est qu'une esquisse jetée à grands traits : le temps m'au-
rait manqué pour la préciser davantage et pour en faire ressortir le
détail. J'espère pourtant l'avoir tracée assez nette pour vous indi-
quer ce que les monuments égyptiens peuvent apporter de rensei-
gnements nouveaux aux historiens de la race juive. Grâce à eux,
les peuples aux dépens desquels les enfants dlsraêl se conquirent
une patrie, revivent à nos yeux : nous voyons leurs traits. leurs
costumes, leurs armes, nous apprenons à connaître leur religion et
leurs mœurs, nous commençons à comprendre quelle part leur re-
vient dans le développement du peuple hébreu , et, par l'intermé-
diaire du peuple hébreu, dans le développement de notre civilisation.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL
SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE 1886.
Présidence de M. Zadoc Eahn, président.
Le Conseil vote des remerciements à M. Albert Cahen pour la
conférence qu'il a faite à l'Assemblée générale.
3/. Reinmh annonce que M. Maspéro veut bien faire une confé-
rence dans le courant du mois de mars. Elle aura pour sujet : Les
Asiaiiqws sur hs monuments égyptiens,
M. le Président rend compte d'une démarche qu'il a faite auprès
de M. Sacher-Masoch qui consent, en principe, à faire également
une conférence.
L'ordre du jour appelle la discussion sur un projet de travaux
collectifs à entreprendre parla Société.
M. Vernes développe une proposition tendant à la publication d'un
Recueil des livres apocryphes et deutéro-canoniques, traduits en
français et précédés d'introductions.
3f, n. Reinach ne croit pas qu'il soit utile de rééditer des ou-
vrages qui figurent déjà dans la Bible de Reuss, par exemple. Il
propose la publication d'un recueil des textes des auteurs grecs et
latins (païens) relatifs aux Juifs.
M, Israël Létn propose une traduction de la partie aggadique du
Talmud. M. Ilalévy appuie cette proposition.
Il est procédé à l'élection du Bureau.
Sont élus :
Vire-prèsidnits : MM. IIalévy et Loeb :
Secrétaires : MM. Abr. Cahen et Th. Reinach ;
Trésorier : M. Erlanger.
CLXXVIll ACTES ET CONFÉRENCES
Sont nommés membres du Comité de publication et d'adminis-
tration :
MM. AsTRuc, Oppert,
H. Derenboubg, Schwab,
Ephraïm, Vernes.
Le Bureau est donc ainsi constitué pour Tannée 1887 :
Président : M. Zadoc Eahn ;
Vic^'présidents : MM. lÎALévret Loeb ;
Trésorier : M. Eblanger ;
Secrétaires : MM. Abraham Cahen et Théodore Reinach.
Le Comité de publication se compose de MM. Zadoc ELahn,
Halévt, Loeb, Erlanoer, Abr. Cahen et Th. Reinach, membres
du Bureau, et de MM. Astruc, IL Derenbouro, Ephbaïm, Op-
pert, Schwab et Vernes.
SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1887.
Présideiire de M. Halévt, t^ice-président ,
Le Conseil vote des remerciements à M. Sacher-Mmoch pour sa
conférence.
La conférence de M. Masjïèio est fixée au samedi 26 mars.
M, Hartwig Derenhourg est désigné pour accompagner le confé-
rencier à la salle des séances.
M, Reinarh fera sa conférence dans la dernière semaine d'avril.
Sont admis au nombre des membres de la Société :
MM. Henri Stein, présenté par MM. Paul Meteb et Isidore Lokb :
Charles Lévi, présenté par MM. Isidore Loeb et Zadoc Kahn.
M. H(ifèvJ/fïi\i une communication sur le proverbe de « la paille
et de la poutre ».
mOCES- VERBAUX DBS SEANCE DT œX:>Elt CUXIX
SËANCE DU 31 MARS 1887.
Fri$idÊmu êB M. Halbvt, vkê^priridmt.
Le Conseil vote des remerciements à M. Maspéro pour la
Conférence qu'il a faite à la Société des Études juives.
Le Conseil décide qu*à Tavenir il sera établi une différence, pour
la distribution des honoraires, entre les artcles et les Uxies publiés
dans la Revus. Ces derniers ne donneront droit aux auteurs qu*à
une rétribution de trois firancs par page.
Le Conseil accepte rechange de la Revu$ des Études juives avec
les publications de TÉcole des Hautes-Études, le Journal Asiatique
et le Bulletin du cercle Saint-Simon.
Sont élus membres de la Société :
MM. Kaun (Koschel),deBahia (Brésil), présenté par mm. Zadoc
Kahn et Israël Lévi;
MoDONA (Leonello), bibliothécaire à la Bibliothèque de
Parme, présenté par MM. Zadoc Kahn et Israël Lévi ;
Sylvain-Lévi, maître de conférences à l'Ecole des Hautes-
Études, présenté par MM. Halévt et Isidore Lobb.
M, Halèvy fait une communication sur h nom des Scythes, et sur
la ville de Kalno dans Amos.
if. Th. Reinach présente quelques observations sur la premiôro
de ces communications.
Les secrétaires : AJi)raham Cahbn,
Théodore Rbinaoh.
ODYRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
Par M. le Grand-UabbiD Bloch : La Charitable iiraéUu d^ Alger, Compte rendu
de Texercice 1886. Alger, impr. Jouroo, 18S7, in-8* de 35 p.
CLXXr OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
Par raflmÎDistration : Fiulhkl (P.- F.). Beitrâge «nr Liiteralurgesckickie dtr
Karâ€r,'\, Nachricht ûber das arabische OrigiDal des Mublawi Josef al-
Basirs ; 2. Cbaraklcristik des karftischeD Uebersetzers Tobija hammaaiik ;
3. Anbang. » Dans 5. Bericht ûber die LehransUll f. d. Wissenschaft des
Judenibums in Berlin. Berlin, impr. J. Bernstein, 1887, in-4*.
Par Tauteur : ILâbxi (Léon). Hutoire de la communauté israélit$ de Paru;
4* partie : Les Sociétét de iecoun mutuels, pkilamtkropi'^ueM et de prévoyance,
avec une préface d'Isidore Loeb. Paris, libr. Durlacber, 1887, in-18 de
175 p.
Par Pédileur : Karpblbs (Elias). Sabèathr-Eeden far die ùraelitiscke Jugend ûbef
aile Wochênabsehnitte dee Sckuljakres, Breslau, liJbr. Preuss et Jûnger 1887,
in-8" de (6)-160 p.
Par Tauteur : Lippe (Cb.-D.)* Bibliograpkiechet Lemeon der geeamnUen jûdiscken
Literatur der Oegentoart mit Einschluss der Scbriften ûber Juden und Ju-
dentbum; Acbtjfthriger Bûcher- und Zeitschrifleu-CaUlog (1880-1887)...
nebst Adress- AnzeiKer... Zweiter Band. 1. Lieferung. Wien, libr. Lippe,
1887, in-8% p. 1 à 96. Contient les lettres A à H.
Par lauteur : Modo.va (Leonello). Di una edizionedeï Sidduf Tefillotk in lingua
volgare e tipi ebraiei. Casai, impr. Pane, 1887, in-8<» de 11 p. Extrait du
Vessillo israelitico.
Par Tauteur : Modona (Leonello). Sara Copie Sullam^ sonctti editi ed incditi.
Bologue, Société4ypogr., 1887, in-8* de 50 p.
Par Tauteur : Pbrreâu (Pielro). Gli Ebrei in Ingkilterra nel tecolo xi e xii.
Estratto del Corriere isnelitico. Trieste, impr. Morterra, 1887, in-8« de
15 p.
Par l'auteur : Robert (Charles). La non-universalité du déluge. Extrait de U
Revue des Questions scientifiques. Paris, libr. Berche et Tralin, 1887, in-S»
de 101 p.
Par l'auteur : Robin (Dàvid). Meime und Gediehte des Abraham ibn Xsra, Ileftll;
dans Jahresbericbt des jUd. tbeolog. Seminars, de Breslau. Bresluu, impr.
Schottlaender, 1887, in-8» de 100-x p.
Par l'éditeur : Samoelis ben Cuofni trium seetionum posteriorum libri Oenesii
versio arabica cum commentario e ms. cod. biblioth. public, imper. Petro-
polit, nunc primum edidit I. Israelsohu. Saiut-Pétersbourg, libr. A. Zioser-
ling. 1886, in-8'» de xiil84 p.
Par Téditeur: Strace (Hcrm.-L.). Grammaire hébraïque avec paradigmes, exer-
cices de lectures, chrestomatbie et indice bibliographique ; traduit de Talle-
mand par Ant.-J. Baumgartner. Carlspuh et Leipzig, libr. U. Reuther;
Paris, libr. Maisonneuve et Ch. Leclerc; Genève, libr. Stapelmohr, 1886,
in-8» de xi(iJ-171-79 p. Collection Porta linguarum oricnUlium, do H. Pc-
termaun.
Par l'éditaur : Wi.nter (Jacob). Die Sttllung der Sklaven bei den Juden in reck-
tlicher und gesellschaftUcher Beziehung nach ialmudiscken Quellen. Inau-
gural- Dissertation. Halle (impr. Th. Schatzky, Breslau\ 1886, in-8» de
66 p.
Le gérant,
Israël Lévi.
VERSAILLES, IMPRIMERIE CERF ET FILS, RUE DUPLB8SI8, 59.
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