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Full text of "Revue des études juives"

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HEVUE 


DRS 


ÉTUDES    JUIVES 


VERSAILLES 

CKRF    ET    FILS,    IMPRIMEURS 
•S9,   RUR    DaPLB88I8,    59 


REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 


PUBLICATION  TRIMESTRIELLE 
DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


XOME  TREIZIÈME 


PARIS 

A    I,A   LIBRAIRIE   A.    D[JRLAfiHER 

83"',  RUB    LA  FAYETTE 
1886 


RECHERCHES  BIBLIQUES 


CONSIDÉRATIONS  SUPPLÉMEKTAIRES  SUR   LE  X»  CHAPITRE 
DE   LA   GENÈSE  ^ 


Ainsi  que  ce  titre  Tindique,  les  considérations  gui  suivent  n'ont 
la  prétention  de  refaire  à  nouveau  les  éludes  approfondies 

^nl  le  X*  chapitre  de  la  Genèse  a  été  Fobjet  dans  ces  derniers 
IleSDps.  Lear  but  unique  est  de  mettre  en  relief  certains  points  en- 
Icore  insafflsamment  remarqués  jusqu'à  présent.  En  nous  réfé- 
rant aux  résultats  généraux  déjà  obtenus,  il  nous  sera  possible 
d'alionler  quelques  problèmes  laissés  à  rarrière*plan,  non  parce 
fa*Uâ  sont  dépourvus  d'intérêt,  mais  parce  que  rattention  des  sa- 
?aoto  était  occupée  par  des  questions  plus  urgentes.  Un  document 
aussi  important  que  le  chapitre  dont  il  s'agit  mérite  bien  d'être 
♦  lucide  90U&  tous  les  rapports.  Le  grave  problème  concernant 
l'origine  et  V&ge  des  diverses  compositions  pentateutiques  est  inti- 
i&eiiietit  lié  k  la  solution  exacte  des  multiples  questions  auxquelles 
il  donne  Ueu-  Contribuer  en  quelque  chose  à  une  oîuvre  aussi  utile 
a  toajours  été  pour  moi  un  désir  très  cher;  mais,  pour  échapper  à 
|Vn train ement  que  It^s  recherches  soi-disant  méthodiques  et  à  plan 
d'avance  ne  manquent  jamais  d'exercer  sur  leurs  auteurs, 
j  a.  V  éiijiâi  les  études  détachées  ayant  en  vue  des  questions  déter- 
minées et  sans  connexion  immédiate  entre  elles.  Ces  sortes  de  mo- 
nographies, en  laissant  un  intervalle  entre  les  sujets  traités,  favo- 
risent la  nî0exion  et  permettent  de  corriger  successivement  les 


V«tr  Mmmé,  U  XH,  p.  3. 

L«  témmé  !•  plus  complet  et  le  plus  judicietix  des  opiaions  ccmcemant  ce  vmbIb 
j.»j«!t  1  été  •xpoaé  de  mam  do  tsaîtro  psi  M,  A*  PiUmaoïL  daiïfl  son  Commentaire] 
nr  îm  OanèK,  5«  éditioD,  p.  161^199^ 


REVUE  DES  ETUDES  JUFVTS 

opînimS'feiivenu lires  à  la  lumière  des  faits  nouveaux.  Les  traité^ 
complets  de  critique  biblique  sont»  suivant  moi,  à  l'heure  qu'il  est, 
tout  aussi  prématurés  que  les  gros  traités  de  religion  et  d'archéo- 
logie st^mitiques.  si  incroyablement  multipliés  de  nos  jours.  Il  ne 
faut  jamais  se  lasser  de  le  dire  :  les  études  sémitiques  sont,  ea 
général,  encore  trop  peu  avancées  pour  que  Ton  puisse  déjà  avoir 
une  vue  d'ensemble  sur  la  composition  des  textes  religieux  de 
n'importe  lequel  de  ces  peuples.  Les  textes  si  nombreux  de  la  re- 
ligion assyro-babyUmienne  s'obstinent  à  garder  le  silence  sur  leur 
provenance  et  leur  âge,  et  aucune  intelligence  humaine  n'est  ca- 
pable d'en  soulever  le  voile.  Les  moyens  les  plus  efiîcaces  de  ta 
critique  biblique  :  le  progrès  des  idées  et  les  nuances  du  langage, 
sont  impuissants  à  distinguer  entre  les  compositions  qui  sont  con- 
temporaines de  Sargon  I^""   et  celles  qui  ont  été  rédigées  soas 
Assurlianipal^  et  cependant  ces  règnes  sont  séparés  Tun  de  Tautre 
par  un  intervalle  de  plus  de  trois  raille  ans  t  Tout  cela  changera, 
naturellement,  quand  les  documents  que  le  sol  de  la  Mésopotamie 
recèle  encore  seront  dt'chillrés  et  compris;  mais  jusque-là  Tiii- 
telHgenc©  des  littératures  sémitiques,  y  compris  la  littérature  bi- 
blique, restera  bien  imparfaite.  Cet  état  de  chose  étant  selon  nota 
incontestable,  la  préléreiice  que  nous  accordons  à  la  monographie 
sur  le  livre  n'a  pas  besoin  d'être  justifiée  :  Tune,  résumant  rapi- 
dément  les  résultats  acquis,  concentre  toute  son  énergie  |)Our 
pousser  une  pointe  sur  le  domaine  de  l'inconnu  ;  l'autre,  alourdi  par 
sa  marche  longue  et  inutile  à  travers  un  terrain  bien  exploré,  et 
obligé  de  remplir  son  cadre  n'importe  comment»  devient  diftot 
ampoulé,  pédantesque,  et  tombe  dans  des  redites  TastidieuseSi  à 
tel  point  que,  harassé  de  latigue,  l'auteur  s'arrête  là  où  il  devait 
commencer  son  parcours,  au  plus  grand  détriment  du  lecteur  dé** 
sappointé. 

Les  problèmes  que  nous  nous  proposons  d'étudier  sont  les  sui- 
vants :  méthode  du  classement,  identification  des  noms  ethniques* 
sources  du  document,  rapport  du  chapitre  x  avec  ix,  18-28,  etxi* 
1-9,  caractère  systématique  des  données  concernant  les  Noachid^, 
but  et  signification  du  tableau,  date  de  sa  rédaction.  La  compa- 
raison avec  les  autres  écrits  bibliques,  et  surtout  avec  Kzéchiei, 
formera  la  base  de  nos  recherches  i  les  annales  assyriennes  en 
fourniront  le  cadre  historique. 

L  —  Méthode  du  classement* 
La  division  géographique  la  plus  commode  et  la  plus  naturelle 


RECHERCHES  BIBLIQUES  3 

ontîéme  temps  est,  sans  contredit,  celle  qui  suit  la  direction  des 

quatre  points  cardinaux.  Aussi,  les  documents  de  IVKgypte  et  de  la 

[fiabylonie  contiennent-ils  des  listes  de  peuples  établis  au  sud  ou 

au  nord,  à  l'orient  ou  à  Toccident  du  pays  natif  de  leurs  auteurs* 

L'écrivain  biblique  fait  exception  à  cette  règle  générale.  Il  ne  se 

I  sert  de  la  direction  élémentaire  que  dans  Fénuraération  des  unités 

j  dans  les  séries  ;  sa  division  principale  des  races  humaines  et  des 

[  territoires  qu'elles  occupent  est  déterminée  par  les  trois  ancêtres 

noachides  :  Sem»  Cbam  et  Japhet,  auxquels  il  l^it  remonter  la 

[triple  division  de  ces  races  en  Sémites,  Chamites  et  Japliétites. 

ions  celte  condition  préliminaire,   fauteur  qui  est  Sémite,  corn- 

:  convenablement  sa  description  par  la  race  la  plus  éloignée, 

'  des  Japhétites  ou  peuples  du  nord,  les  Chamites  ou  peuples 

du  sud  viennent  immédiatement  après,  et,  en  dernier  lieu,  sa 

^propre  race,  celle  des  Sémites,  qui  habitent  entre  les  deux. 

Les  peuples  qui  appartiennent  à  chacune  des  trois  races  précé- 
dentes sont  envisagés  comme  les  enfants  des  tils  de  Noé;  les 
Lcolonîes  fondées  par  ces  peuples,  comme  leurs  enfants.  L*ordon- 
I  nanee  observée  dans  les  détails  ressortira  des  considérations  sui- 
Ytnte». 

A.  Les  Japhétites. 

L*auteur  hébreu  fait  venir  de  Japbet  sept  peuples  principaux  : 

îomer»  Magog»  Madaï,  Yawan,  Tubal,  Meschek,  Tiras,  et  sept 

euples  secondaires,  dont  trois  :  Aschkenaz^  Riphat  et  Togarma, 

ont  fils  de  Gomer,  et  les  quatre  autres  :  Elischa,  Tarschisch, 

^tlim  et  Rodanim,  sont  flls  de  Yawan.  Le  caractère  essentielle- 

»eut  géographique  du  tableau  se  fait  reconnaître  au  premier  as- 

ct.  On  constate  également,  sans  hésitation  aucune,  que  les  sept 

ijei*s  noms  contiennent  deux  séries  parallèles  :  Gomer,  Ma- 

og,  Mâdaï  au  nord,  Yawan,  Tubal,  Meschek  et  Tiras  au  sud. 

L'ordonnaiice  de  rénuniération,  en  ce  qui  concerne  les  peuples 

tipaux,  va  de  Touestà  Test;  ainsi,  la  série  septentrionale  corn- 

par  Gomer,  ou  la  Cai»padoce  occidentale,  et  se  termine  par 

Hbidalt.  ou  la  Médie;  pareillt^ment,  la  série  méridionale  prend  son 

L>int  de  départ  à  Yawan,  ou  rionie,  et  procède  à  Tubal  et  à  Mes- 

liek,  c'est-à-dire  aux  Tibarènes  et  aux  Mosches,  qui  sont  des 

euples  orientaux  ;  et,  bien  que  le  dernier  terme  de  celte  série, 

fTirâs,  pré:>enle  encore  matière  à  discussion,  la  direction  géné- 

*itàe  de  roccident  à  rorient  uest  pas   susceptible  du  moindre 

doute. 


4  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Tous  ces  faits  sont  parfaitement  connus  et  admis  par  les  com- 
mentateurs modernes,  et  je  n'y  serais  pas  revenu  si  je  n'avais  pas 
à  relever  chez  ceux-ci  une  certaine  inconséquence  dans  l'applica- 
tion, inconséquence  qui  porte  le  trouble  dans  Tidentification  de 
quelques  noms.  Ainsi,  en  ce  qui  touche  l'emplacement  de  Tiras, 
les  uns  le  cherchent  au  nord  et  y  voient  le  Taurus  (Lenormant), 
les  autres  passent  à  l'ouest  et  y  trouvent  les  Thraces  (Josèphe),  ou 
les  Tyrsènes,  peuple  de  la  mer  d'Egée  connu  dans  l'antiquité  par 
ses  actes  de  piraterie.  Ni  les  unes  ni  les  autres  de  ces  conjectures 
ne  remplissent  la  condition  fondamentale  de  l'ordonnance,  qui  exige 
pour  Tiras  une  position  orientale  relativement  aux  Mosches,  et 
méridionale  relativement  à  la  première  série  des  Japhétites.  Pour 
ce  qui  est  des  peuples  secondaires,  on  croit  généralement  qu'aucun 
ordre  ne  préside  à  leur  énumération  ;  le  contraire  me  paraît  plus 
probable,  et,  si,  pour  les  fils  de  Gomer,  notre  ignorance  topogra- 
phique nous  met  dans  l'impossibilité  d'en  donner  une  preuve  tan- 
gible, nous  sommes  plus  favorisés  par  rapport  aux  fils  de  Yawan, 
qui  se  divisent  visiblement  en  deux  séries  parallèles  et  en  allant 
du  proche  au  lointain  :  à  l'occident  extrême,  Elischa  (Ilellas)  et 
Tarschich  (Espagne)  ;  à  l'occident  voisin,  Kittim  (Chypre)  et  Roda- 
nim  *  (Rhodes).  En  un  mot,  l'ordre  géographique  doit  être  observé 
partout  avec  la  plus  grande  rigueur,  et  toute  identification  qui  s'en 
écarte  doit  être  considérée  comme  nulle  et  non  avenue. 

Mais  ce  ne  sont  pas  là  les  seules  conditions  à  remplir.  D'abord, 
il  paraît  évident  que  ceux  que  l'auteur  représente  comme  issus 
immédiatement  après  le  déluge  et  comme  fondateurs  de  nombreuses 
colonies  sont  des  peuples  sédentaires  et  attachés  à  la  culture  du 
sol.  Les  peuples  nomades  et  sans  culture  sont  ordinairement  assi- 
milés à  des  gens  frappés  d'exil,  soit  par  leur  faute,  soit  par  la  faute 
de  leurs  parents  (Genèse,  iv,  12),  ou  pris  pour  des  nations  très 
récentes  (Hérodote,  iv,  5).  Il  faut  donc  exclure  de  notre  liste  les 
peuples,  comme  les  Scythes  et  les  Cimmériens,  dont  l'état  nomade 
était  resté  le  trait  caractéristique  et  qui,  en  Asie-Mineure  surtout, 
étaient  toujours  regardés  comme  des  étrangers.  Non,  le  généalo- 
giste de  la  Genèse  n'a  dû  penser  qu'aux  peuples  dont  l'établisse- 
ment dans  le  pays  remontait  à  une  haute  antiquité  et  qui  avaient 
ainsi  acquis  le  renom  d'autochthones.  En  deuxième  lieu,  la  dis- 
tinction si  tranchée  que  l'auteur  établit  entre  les  deux  séries  de 
peuples  japhétites  doit  avoir  son  origine  dans  une  démarcation 
plus  décisive  que  la  situation  un  peu  plus  méridionale  de  leur  ter- 

'  Û'^S'lh  pour  d"'p^'n,  d'après  I  Chroniques,  i,  6,  le  texte  samaritain  et  la  version 
des  Septante. 


ItECtmKCHES  BlllUglTIîlS  3 

ïn  effet,  dn  moment  que  chaque  nom  représente  une  con- 
ptiofi  ethnique  renfermant  à  volonté  tous  les  peuples  connus  et 
locoDDUs  d'au-delà,  on  ne  voit  plus  la  nécessité  d'établir  une 
deuxième  série  ethnique  aux  environs  les  plus  proches  de  la  pre- 
inière.  On  alléguera  difficilement  que  ces  deux  séries  de  popula- 
tioûsse  distinguaient  Tune  de  Tautre  par  des  traits  physiques  ou 
moraox.  Les  considérations  linguistiques  ont  encore  moins  pu 
avoir  nne  action  quelconque  sur  Tagencement  de  cette  partie  de  la 
lijle.  Une  telle  diflférence  n*a  probablement  pas  existé,  et  tous  les 
doaiments  qui  nous  restent  de  Tantiquité  font  entrevoir  qu'une 
iBéine  famille  linguistique  dominait  de  la  Cappadoce  aux  frontières 
delà  Syrie.  La  distinction  de  la  deuxième  série  doit  donc  reposer 
sur  un  genre  de  vie  et  d'occupation  particulières  aux  peuples  qui 
en  font  partie,  et,  dès  lors,  la  mise  de  Yawan  en  tête  de  la  série 
détient  an  trait  lumineux  qui  dissipe  Tobscurité  sur  la  raison 
d'être  du  classement.  Après  les  grandes  nations  continentales. 
Tivant  d'agriculture  et  de  conquêtes,  viennent  les  grandes  nations 
maritimes,  adonnées  à  la  navigation  et  vivant  du  commerce.  La 
firV-ce,  avec  ses  nombreuses  colonies,  tient  la  tète  de  ligne;  les 
Tibarènes  et  les  Mosches,  privés  des  moyens  d'expansion  dont 
Yawan,  leur  frère  aine,  dispose  si  merveilleusement,  font  un  com- 
merce plus  restreint,  mais  néanmoins  assez  considérable  pour 
r^poque.  En  troisième  lieu,  enfin,  il  faut  se  pénétrer  de  la  mé- 
thode suivie  pour  le  classement  des  peuples  secondaires,  qui  sont 
aux  peuples  principaux  dans  le  rapport  de  fils  à  parents.  L'auteur 
i&eoalente  de  mentionner  les  tiîs  des  personnages  qui  tiennent  la 
tâte  des  deux  séries,  mais,  par  cela  même  qu'il  leur  donne  la 
çulilf*  de  lils,  se  révèle  la  pensée  d'établir  entre  eux  une  analogie 
étroite  quant  à  leur  situation  et  à  leur  genre  de  vie,  et  le  fait  que 
lei«aianis  de  Yawan  ressemblent  à  leur  père,  en  formant  des  co- 
taiies  maritimes  et  méridionales,  conduit  à  conclure   que  les 
ÇQ&ots  de  Gomer,  constituant  nécessairement  des  colonies  coiiti- 
Beotates,  sont  aussi  groupés  dans  une  direction  méridionale,  no- 
tuunent  au  milieu  des  peuples  de  la  deuxième  série.  Grâce  à  ce 
principe,  on  ne  saura  plus  voir  dans  les  fils  de  Gomer  des  peu- 
ples habitant  soit  l'ouest,  soit  le  nord-est  de  laCappadoce, 

En  résumé,  la  distribution   de  la  race  japhétique,  d'après  la 
GtDèae,  fournit  les  éléments  suivants  : 

Sttr  le  continent,  au  nord,  trois  peuples  principaux  :  Gomer,, 
Xi|Og,Madaï; 

Sorla  o5te  maritime,  au  sud  de  ceux-ci,  quatre  peuples  prin- 
àfàia,  ;  Yawan,  Tubal,  Meschek,  Tiras,  et  trois  colooies  issues 
JiOomer,  savoir  :  Aschkenaz,  Riphat  et  Togarma. 


6  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Sur  mer,  les  colonies  parallèles  issues  de  Yawan,  savoir  :  Elis- 
cha  et  Tarschisch,  à  Textrôme. ouest  ;  Kittim  et  Rodanim,  à  l'orient 
de  ceux-ci. 


B.  Les  Chamites. 

Cette  race  méridionale  compte  quatre  peuples  principaux,  dont 
trois,  Cousch,  Miçraïra  et  Pouth,  sont  établis  en  Afrique  ;  le  qua- 
trième, Chanaan,  est  remonté  au  nord  et  a  occupé  presque  tout  le 
littoral  est  de  la  Méditerranée.  On  y  distingue  également  deux 
séries,  composées  chacune  de  deux  peuples.  La  première  série, 
celle  qui  est  plus  à  Touest,  limitée  par  la  vallée  du  Nil,  contient,  en 
procédant  du  sud  au  nord,  Cousch  et  Miçraïm,  c'est-à-dire  TÉthio- 
pie  et  rÉgypte.  La  deuxième  série,  à  l'orient  de  celle-ci,  mais 
toujours  dans  la  direction  du  sud  au  nord,  comprend,  sur  une  ligne 
presque  droite,  la  côte  africaine  de  la  mer  Rouge,  personnifiée  par 
Pouth,  et  la  côte  asiatique  de  la  Méditerranée,  personnifiée  par 
Chanaan.  Trois  de  ces  peuples  ont  de  nombreuses  colonies.  Cousch 
a  pris  possession  de  cinq  grands  territoires  à  l'est  de  la  mer 
Rouge  :  Saba,  Hawila,  Sabta,  Rama,  Sabteka,  et,  plus  tard,  par 
rintermédiaire  de  Ràma,  de  deux  autres  territoires,  Schaba  et 
Dedan.  Il  y  a  plus,  un  descendant  de  Cousch,  Nemrod,  qui  s'était 
fait  une  renommée  de  chasseur  intrépide,  est  parvenu  jusqu'en 
Babylonie  et,  après  avoir  obligé  Assur  à  quitter  le  pays,  s'est  em- 
paré de  quatre  villes  et  y  a  établi  un  roj^aume  couschite.  Miçraïm 
est  le  père  de  sept  populations  très  nombreuses,  qui,  à  cause  de 
cela,  affectent  la  terminaison  du  pluriel;  ils  se  nomment  Loudim, 
Anamim,  Lehabim,  Naphthouhim,  Patrousim,  Kaslouhim,  Kaph- 
thorim  ;  ces  derniers,  célèbres  pour  avoir  donné  naissance  au 
peuple  des  Philistins,  qui  occupent  le  littoral  de  la  Judée.  Enfin, 
Chanaan  est  le  père  de  deux  grandes  nations,  Sidon,  les  Si- 
doniens  ou  les  Phéniciens  proprement  dits,  et  Ilet,  c'est-à-dire 
les  Hittites  de  la  Haute-Syrie  et  de  la  Palestine.  A  côté  de  ces 
deux  nations  maritimes,  se  sont  établis  les  Phéniciens  continen- 
taux, dont  cinq  peuplades  en  Palestine  :  Jébusi,  Émori,  Girgasi, 
Hiwi,  Phérizzi*,et  cinq  en  Syrie,  savoir:  les  populations  des 
villes  d'Arca,  de  Sin,  d'Arwad,  de  Cémar  et  de  Hamath.  Ce  sont, 
en  tout,  trente  et  un  peuples  chamites,  dont  l'Afrique  est  le  pays 
d'origine. 

*  Notre  texte  n'en  donne  que  12  noms,  mais  il  faut  y  ajouter  celui  du  "^pS»  lequel, 
Umoin  le  verset  xiii,  8,  ne  pouvait  pas  manquer  dans  notre  liste. 


RECnERCQES  BIBTiOUBS 


C.  Les  Sémites. 

Dj  occupent  la  zone  moyenne  entre  les  Japhétites  et  les  Cha- 
^itei,  si  ion  fait  abstraction  des  pointas  que  ces  derniers  ont 
pOQuées  vers  le  nord.  L'ordre  de  lenumération  va  aussi  du  sud 
ao  noni,  mais  la  circonstance  que  les  nations  sémitiques  les  plus 
pwtoDleset  les  plus  anciennes  se  trouvaient  à  Test  a  déterminé 
i'aateur  à  comraencer  par  ce  point  cardinal.  La  série  plus  urten- 
ï  laîe contient  Élara  au  sud,  et  Assur  au  nord,  tous  deux  le  long  du 
f^i^re;  celui-là  confine  à  Tenipire  couschite  de  Nemrod  s'étendant 
etitre  le  Tigre  et  rKuphrate;  celui-ci   touche   les  domaines  du 
lipWtite  MadaL  La  seconde  série  comprend  les  peuples  installés 
f^les  rives  de  TEuplirate,  en  dehors  de  la  Babylonie.  Au  sud, 
auvent  les  territoires  arides  des  tribus  chaldéennes,   per- 
lées sous  le  nom  d'Arphaxad;  au-dessus,  confine  le  terri- 
il  déûni  de  Loud  ;  et,  au  nord-ouest,  la  nation  des  Ara- 
mëens,  qui  occupe  la  Syrie  moyenne.  Cette  nation  a  fondé  quatre 
colonies  au  sud-est  de  la  Palestine  :  Ouç,  Houl,  Geter  et  Mascïi. 
Plostard,  Éber,  petit-tils  d'Arphaxad,  devint  le  grand^père  de  deux 
peuples:  les  Abraharaides,  issus  de  Péleg,  et  les  Yoctanides,  issus 
de  Yoctan.   Ceux-ci  s'établirent  dans  la  péninsule  arabe,  peu- 
plée déjà,  en  partie,  parles  Couschites.  Us  y  forment  treize  tribus 
[fltii  occupent  autant  de  territoires  distincts.  Ce  sont  ;  Almodad, 
lleph,    Hararinawet,  Yérah,  Hadoram,  Oujîal,  Blqla,  Obal, 
a^J,  Schéba,  Ophir,  Ilawiia  et  Yobab.    Ces  établissements 
;  confluent,  au  nord,  à  la  population  araraéenne  de  Mascb  v,  et 
aboutissent  à  Saphar,   port  de  TArabie   méridionale   à  Test  du 
Bidramaout. 


U,  —  Identification  des  noms  ktii^îiques. 

A.  Les  JaphétUes. 

hrmi  les  peuples  continentaux  du  Nord,  Gomer  est  le  plus  occi- 
ICfiM^eiMadaï  le  plus  oriental.  Pour  ce  dernier,  aucun  doute  n'est 


*^  «I  pour  Mtîl^p  noni  àM  dé9eTt  d'Aribie  cbez  les  AssTriens.  Ce  ttotn  ^t 
P'^MliéÇ  ^Bf  Ueoése,  1,  3,  Il  ne  faut  pes  le  coarondre  avec  tC^lZ^  nom  d'une 
P»"flWt  iimiéUta  iUiétm,  xx,  t4  ;  Proverbes,  mxî,  il- 


8  "^  UEVITE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

possible,  c'est  le  nom  universellement  connu  de  la  Médie.  Le  pre* 
mier  prête  au  doute,  non  pas  relativement  à  sa  position  géogra- 
phique, qui  englobe  certainement  tout  Touest  de  rAsie-Mineure, 
mais  par  rapport  à  rorigine  de  son  nom.  Est-ce  le  nom  d'un  pays 
ancien  ou  bien  se  raraène-t-il  aux  Cinim^^riens,  qui  s'étaient,  pen- 
dant un  certain  temps,  rendus  maîtres  de  cette  partie  de  rAsieî 
Voilà  la  seule  question  à  laquelle  il  donne  lieu.  Nous  avons  déjà 
fait  remarquer  plus  haut  le  peu  de  vraisemblance  de  cette  dernièrt 
supposition.  Dans  les  inscriptions  assyriennes,  le  nom  de  Gimir 
s'applique  avec  certitude  à  un  territoire  cappadocien  situé  au- 
dessus  de  la  Ciîicie.  Avant  de  raconter  ses  exploits  dans  ce  pays^ 
Assourahidin  dit  :  <t  Et  Teouschpâ,  le  Gimirien,  le  barbare  dont 
le  site  est  lointain,  sur  le  territoire  du  pays  de  Uoubousehna,  je 
Tai  transpercé  par  les  armes  avec  la  totalité  de  ses  guerriers  *.  • 
Sous  le  règne  d*Asurbanipal,  les  Gimir  envahissent  plusieurs  fols 
la  Lydie  avec  des  chances  diverses.  Pour  se  garantir  de  leurs 
attaques,  Gygès  (Gugu),  roi  de  Lydie,  reconnaît  tout  d'abord  la 
sujîeraineté  assyrienne  et  envoie  à  Ninive  les  deux  chefs  girairiens 
qu'il  retenait  comme  otages.   On  lit  :  «  Gougou,  roi  de  Louddi, 
contrée  maritime  dont  le  site  est  lointain  et  dont  les  rois,  mes 
ancêtres,  n^avaient  jamais  entendu  la  mention  de  son  nom,  mon 
seigneur,  le  dieu  Assour,  lui  révéla,  dans  un  songe,  le  nom  de  ma 
grande  majesté.  Le  jour  même  oii  il  eut  ce  songe,  il  m'envoya 
son  ambassadeur  pour  me  rendre  hommage,..  Depuis  le  jour  qu'il 
accepta  le  joug  de  ma  royauté,  il  soumit  les  Gimiriens,  qui  enva 
*  hissaient  ses  provinces  et  qui  ne  craignaient  ni  mes  ancêtres,  nî 
moi.  Parmi  les  chefs  de  ville  des  Gimiriens  qu'il  avait  pris,  i 
m^nvoya  deux  chefs  de  ville,  chargés  d'entraves  et  de  chaînes  di 
fer,  avec  de  nombreux  présents,  jusqu'en  ma  présence*.  »  L'ex-^ 
pression  :  «  qui  ne  craignaient  ni  mes  ancêtres,  ni  moi  »>,  met  bon 
de  doute  que  les  Gimir  habitaient  leur  contrée  depuis  de  longues 
générations.  L'absence  des  Gimir  dans  les  annales  des  rois  am 
térieurs  prouve  seulement  que  les  Assyriens  n'osaient  pas  let 

»  R.,  I,  45,  6-9  :  û  Tiushpâ  mai  Gimirrâ  çab  (=^  umman]  manda   (var.-rfi»)  êi 
aihûrsKu  rûçu  ash  (=  ina)  iii[=  irçi)  dm  mat  (ou.  sur)  EuhmktM  adi  gimir  çaI 
[=^  umman]  ashu  urassiba  A&n  k>ko  (=  ina  kaki). 

•  Smilh,  AssurbauipaU  p.  54,^5-06,  23  î  Qu[ug)gu  GAL-LV  (=^  shar)  mai  LUà 
nagû  tha  nfbirti  AABBA  {:^  tamii}  sha  GAL-LV-MES  [=  ikarrân^  AU-MBl 
(=  <TÈi)  yfl  la  iihmû  tikri  skumtku,  ntbit  GÂL-LY-utiya  kabii  ash  dir-iti 
skutti)  uskabrinui  an-hi  i=  Askskur]^  att{—  iîu)  banua  ..^ud{=  u)mn  bir-mi  [annin 
tffnurft]  LV  (=  amel)  rakbuiku  [ishpuraana  ikaal  skulmi^a].  ,*  Ulin  Uhbi  um-mi  ^h 
içbatu  mr  GAL-LV-tiga  LV  (Hmirrâ  mudallijiu  un-mbs  (=  ninki)  .-m  ika  ta  ipiaih 
AD-M£6-ya  û  attua.,,  Uitu  lihbi  LV-en-ez-miS  ska  L\ Gimirrâ  ska  ihhudn  2  LV^ 
et'^mti  oâk  çifçi  itkgati  an-àar  (=^  parsiUi]  utammikvia  itti  iamartitku  kabiiti  uakêi 
bila  adi  makriga.  Cf.  ibidem^  p.  71  et  suiv. 


nECHERCHES  BrBLiQLTES  0 

attaquer  ou  qu'ils  avaient  été  repoussés,  et  non  pas  que  les  Giraî- 

iTiens  n'habitaient  pas  encore  îa  Cappadoce-  D'autre  part,  le  titre 

|«  chefs  de  ville  o,  donné  aux  otages  gimiriens,  fait  bien  voir  qu'il 

[•s'agit  d'un  peuple  sédentaire  et  habitant  dans  des  vîltes.  En  attri- 

•  buant  rinvasion  delà  L3^die  aux  Cimmériens,  Hérodote  (I,  15)  a 

confondu  le  terme  asiatique  Gimir  avec  la  dénomination  grecque 

|lttt|icfio(,  qui  s'appliquait  aux  hordes  nomades  venues  de  la  Trans- 

jcaaoasie.  Plusieurs  commentateurs  modernes  ont  admis  de  con- 

I  fiance  cette  identification,  et  lut  ont  donné  une  valeur  historique 

^eJle  ne  mérite  nullement.  Cela  s^accorde  parfaitement  avec  Tu- 

I  constant  des  Arméniens,  qui  nomment  la  Cappadoce  Garnir 

Lagarde)  K 

îtuation  de  Magog  est  déterminée  par  le  fait  même  qu*il  est 

mentionné  entre  la  Cappadoce  {—  Gomer)  et  la  Médie  (Madaï). 

■  11  renferme  tout  le  complexe  de  territoires  qui,  depuis  les  Aché- 

ménides,  a  été  nommé  Arménie,  Cette  appellation  parait  offrir  un 

composé  iranien  Hara-Mimya  *,  «  mont  Minyas  »,  montagne  qui 

donne  aussi  son  nom  à  uji  district  du  pays*  Chez  les  Hébreux,  le 

^nora  de  Magog  n  a  pu  originairement  désigner  qu'une  petite  partie 

la  territoire  arménien»  comme  c*est,  du  reste,  le  cas  de  Gomer 

|etd*autres  dénominations  encore  auxquelles  nous  arriverons  plus 

lloin.  Ceci  étant,  on  ne  s'explique  guère  comment  les  commenta- 

Iteurs  de  nos  jours  peuvent  y  voir  les  Scythes.  Josèphe  a  été,  si  je  ne 

[me  trompe,  le  premier  à  identilier  Magog  avec  la  Scytliie^  et,  à  par- 

Itirde  saint  Jérôme»  cette  ideutihcation  a  été  généralement  admise. 

îlle  ne  repose  cependant  que  sur  une  base  bien  fragile,  à  savoir 

sur  Tassîmilation  purement  exti^rieure  de  Texpédition  apocalypti- 

^quedeOog,  du  pays  de  Magog,  annoncée  par  É>:t^ch]el(ch.  xxxvui, 

itxxxix),  à  rinvasion  des  Scythes  en  Asie  rapportée  par  Héro- 

Idote  (1, 103-105),  laquelle  invasion  serait  arrivée  jusqu*à  Ascalon, 

[en  Philistée.  J'avoue  que  la  réalité  de  cet  événement  ne  me  parait 

[pas  bien  établie  ;  c'est  probablement  un  conte  que  les  prêtres  d'As- 

[câion  ont  inventé  de  toute  pièce  afin  d'étaler  aux  yeux  du  voya- 

[geur  grec  la  toute-puissance  de  leur  déesse  patronale,  Vénus  Ura- 

I nia.  Du  moins,  les  écrits  prophétiques  de  Tépoque  de  Josias  n'en 

montrent  pas  la  moindre  trace.  En  tout  cas,  É/échiel  enregistre 

parmi  les  guerriers  de  Tarmée  envahissante  les  peuples  les  plus 

prcfches  de  la  Syrie,  Gomer,  Tubal,  Meschek,  Togarma,  et  ne  men- 


^  DilimanD,  Genttkt  5*  édlLioa,  p.  171. 

*  Forme  «oalogue  au  sead  Hara^BtmaUi,  L'hébr^^u  ^3?2  représenlo,  sans  oiucua 
<loutie,  U  province  tnDéQÎeone  qui  reafenoe  le  mont  Minyas,  et  nou  les  Mann&  des 
ifl»cnptioiiB  a^yriennes,  dont  le  territoire  était  situé  au  sud  du  lac  da  Van. 


f  0  REV[TE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tionne  m<^me  pas  les  Mèdes  ;  à  plus  forte  raison  n'a-t-il  pas  dû  pe»* 
ser  aux  Scythes.  La  pîus  simple  ri^flexion  nous  commande  donc  de 
voir  dans  Aîapop:  un  district  d* Arménie.  Quant  à  la  question  de 
savoir  de  quel  peuple  les  lli^breux  ont  pu  apprendre  le  nom  de  cette 
province  relativement  éloignée,  tout  nous  lait  supposer  que  les  in- 
termédiaires furent  les  Assyriens,  qui,  déjà  au  xir  siècle  avant 
l'ère  vulpaire,  avaient  subjugué  les  royaumes  iiniiti*opbes  de  li 
haute  Syrie.  Mis  une  fois  sur  cette  piste,  le  nom  de  >^yn  perd  tout 
à  fait  rappareoce  mystérieuse  qui  le  dérobait  à  notre  investigation, 
et  se  montre  à  nous  comme  la  contraction  d'un  terme  géogra- 
phique tri^s  connu  des  assyriologues.  Je  veux  parler  du  nom  qu€ 
Ton  tr:inscrit  comnmnénieiiî  7}Uït-Gani[/ïtm,  «  pays  de  Ganigum  », 
mais  que,  grâce  à  li  confusion  intersyllabique  des  lettres  m  eiw 
dans  la  prononciation  assyrieane,  les  Hébreux  ont  entendu  pro- 
noncer mai-Gawguw.  Df^  cette  forme  correcte,  rendue  en  carac- 
tères hébreux  ij';>r?,  le  n  seul  a  été  élagué  dans  la  bouche  de« 
Israélites,  et  le  reste»  ^Jl?^»  conformément  à  la  phonétique  hé* 
braïque»  a  dû  donner,  en  passant  par  '!\'^*\m,  la  forme  populaire 
3l>^  et  rendre  ainsi  méconnaissable  Torigine  du  mot.  Ajoutons 
que  l'élisfon  du  (  du  terme  mal,  «  pays  n,  dans  les  noms  géogra- 
phiques était  quelquerois  pratiquée  par  les  Assyriens  eux-mêmes, 
témoin  les  dénominations  équivalentes  Mazinnua  et  Zmnua,  dont 
la  première,  quoique  contractée  de  mai-Zamua,  «  pays  de  Za- 
mua  w,  prend  de  nouveau  le  déterminatif  mat^  tt  pays  »,  comme 
8*il  était  un  mot  simple  •  ;  encore  jdus  facilement  que  les  Assyriens, 
les  Hébreux  ont  dû  méoonnallre  la  composition  du  mot  étranger 
aî^^  et  le  regarder  comme  indivisible.  Quant  à  Tefiaceraent  de  la 
voyelle  finale,  elle  se  constate  aussi  dans  des  termes  purement  sé- 
mitiques :  i-iri\  •^r^;  ^i^tx  ûcx  Le  Mat-Gamgonm  fut  conquis  par 
Salmanassar,  en  859  avant  J.-C.,  sur  le  roi  Moutalli,  qui,  devenu 
tributaire  de  FAssyrie,  lut  obligé  de  donner  sa  fille  au  vainqueur. 
Le  monolithe  de  Karkh  relate  cet  événement  de  la  manière  sui- 
vante  *  :  «  Dans  le  mois  d'Iyar,  le  xm*  jour,  je  partis  de  Ninive  et 

*  Cest  de  la  même  façon  que  le  lerritoire  de  la  ville  phémcieatie  de  sVnH  (Jtigw, 
],  31)  a  été  appelé  par  lea  Assyriens  Mahailiàtt^  pour  Mût-Hallihû* 

»  Abu  iDU  ouD  (=  ina  aroA  Airu)  ud  (^:=^iw)  xni-^an  {=êhnîtk'eshr4i]  ta  (=  ultnj 
if  Afi-HA  {7=z  Ninua)  attumusk  a-zîk-hal-mal  (^  nâf  Diijhit)  etebir  met  Bsëûmm 
mtit  Dik[niinu]  attajmlhat  Disii  (^  ana)  tf  La'iafe  sha  Ahuni  tur  {=  mar]  Adim 
(t'jterià...  hhtH  La  la  te  aftutnuith., ,,  ana  er  Butmar^ana  sha  Ahvni  lur  Adini 
aktashad,  ..  Ishtu  er  Burmarana  attamuah  abei-iç-mak-hes  {=  tna  etippi]  dmsk^ 
A-ziK  Kip-fmn-ii  (=  Purot]  etcètr  MaéatH.  Katitzi\p^  mat  Kttmmnkà  ,  ,  anm  §r 
Batburruhbuni  tt*UEA  {iràni)  tka  Ahum  tuh  A'Unt  »ha  oifi-M-uzêU  |=  ntn) 
m4tte  shu  a^îik  ud-kjp-i^uii-kx  aqUrib, , ,  Ta,  if  Matùurruhbutti  attumtnk^  Hfitf 


MCfïËHCHES  BlBLlOtES  fl 

jdpissal  teTIjTO.  Je  travprsai  le  pays  «le  Hasrim  et  de  Dihnoun  et 

Jf  ui^approchai  de  la  ville  de  Lâiatt^  appartenant  à  Ahouni,  fils 

d'A'imi,,.  Je  partis  de  Lâlàté...  etj*arrivai  à  la  ville  de  Bour- 

Marana,  appartenant  à  Ahauni,  Ûh  d*A«lini.  Je  partis  de  Bour- 

llarana  et  Je  passai  fEuphrate  dans  des  barques  faites  de  peau 

d«  nooton*  Je  reçus  le  tribut  de  KataziH  de  Koumraouh  (Gora- 

lDtgèn#)    et  je    ro'approchni    des    possessions  cis-euphratiques 

d'AllDonf,  tlïs  d'Adini,  (notarament)  de  la  ville  de  llathourrouti- 

booDi.^,  J**  partis  de  llatboarroiihbounî  et  je  m'approchai  des 

TilJis  de  Moutalli,  le  Gamgoumien»  Je  reçus  le  tribut  de  Mou- 

lii,  le  QaingouiDien  :  de  l'argent,  de  Tor,  ûcs  bœufs,  des  mou- 

du  vJD,  àln»t  que  sa   fille  avec  sa  riche  dot.  Je  partis  de 

m  et  je  m'approchai    de  Loutibi,   ville  forte  de  Haani 

SiAil  *    •  Celte  description  tri^s  pré^cise  ne  laisse  aucun  doute 

la  situation  géographique  du  Mat-Gamgoum,  qui  condnait 

même  temps  à  la  Commagêne,  aux  posses>;ions  d  Ahouni  de 

la  Uaule  Mésopotamie  et  au  Sama!,  pays  dont  le  site  au  sud  de 

la  ikdif^ne  est  constaté  d  ailleurs  et  avec  certitude.  Plus  tard, 

m  trouve  le  nom  de  Tarhulnra^  roi  de  Mat-Gawgoum,  sur  deux 

U.«te$  de  Iriiutâires  de  Tiglatpiléser ,  entre  Panamraou  de  Sa- 

laat  *  '  -      '    iuial  de  Milid  ou  Mélitène.  La  persistatïce  du  mémo 

|rou[  il  prouve  le  caractère  géographique  et  nous  explique, 

mùm*i  temps,  cooiment  le  Mat-Gamgoum  a  pu  devenir,  pour  les 

iux,  la  personnification  des  multiples  territoires  qui  conipo- 

lê  plateau  arménien  avant  leur  unitication  en  un^  seule 

'ôvîiice.  C'est  de  la  même  façon  que  Je  territoire  des  Alamani  a 

son  nom  à  rAllemagne.  Le  nom  si  compréhensif  de  Tlnde 

notoirement  sa  source  dans  une  dénomination  qui  s'appli- 

twïtuhginai rement  au  territoire  voisin  de  Tlndus. 

Us  peuples  maritimes  sont  représentés  à  lextr^me  ouest  par 

îiwaa.  La  race  grecque  d'Ionie.  L*identirication  est  justilîée  par 

risâcré  dans  tous  les  jiays  d'Orient,  et  non  seulement  de- 

fue  perse,  mais,  au  moins,  depuis  Sargon  II,  qui  appelle 

;  ranée  :  «  mer  Ionienne  »,  et  Tlle  de  Chypre  :  <»  pays 

tt  ianvia^iawna]  n*  Le*;  deux  peuples  qui  suivent,  Tubal 

..tk,  ont  conservé  leurs  noms  jusqu'à  Tépoque  romaine, 

la  forme  de  Tibarénî,  ou  Tibari,  et  Moschr.  L'ordonnance  est 

lajtement  exacte,   mais  je   réserve   pour   plus  loin   la 


^ 


'^êlli  ta  Gamgtmêa  ahittih.  Madntu  tha  Mutalti  er  Ofingumaà  Kv-par 

4-îUsJt,  LV'MtBU  jç-TlN-MEBii  [=kaip(i,  kurûça^al/fi^  çini^  karani)  ihal-tur 

tf  tm  UÂtm  m^dumuêka  mnHU  amhor  (H.  1,  7,  29-41  {  et.  ScUruder,  K.  Q.F., 

ni 

*  I^MiM.1^  X«»  ùnginéi  d§  t'huUire,  U,  2,  p.  2lt-212. 


12  REVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

preuve  que  l'un  et  Fautre  de  ces  peuples  étaient  maîtres  île  la  côte 
maritime  dans  la  partie  est  de  FAsie-Mineure. 

Le  quatrième  et  dernier  nom  de  la  série.  Tiras,  a  donné  lieu 
à  des  discussions  interminables.  J*ai  déjà  dit,  plus  haut,  com- 
bien les  hypothèses  énoncées  jusqu*ici  à  son  sujet  péchaient  par 
la  base.  On  a  cherché  à  droite  et  à  gauche  des  nations  éloK 
gnées,  taudis   que    rëoumération  rigoureusement  géographique 
de   la   liste   exige  impérieusement  que  ce  soit  la  partie  du  W- 
tarai  adjacente  à  la  haute  Syrie.  Une  fois  placée  sur  ce  te^ 
rain,  F  identification  ne  présente  plus  de  difficulté  très  sérieuse* 
En  admettant  une  légère  corruption  de  la  forme  traditionnelle, 
nous  proposons  de  lire  tyrij  Hiras,  au  lieu  de  o^i'^n,   Tiras,  U 
forme  analogue  des  lettres  n  et  n  a  souvent  égaré  les  scribes, 
et  la  constatation  de  la  leçon  vulgaire  dans  la  transcription  %i\^ 
chez  les  Septante  et  Josèphe  est  loin  d'en  garantir  Fauthenticit^. 
Le  district  qui  limite  immédiatement  la  Syrie  est  appelé  chez 
les  géographes  grecs  «  la  Cyrrhestique  w,  Kup^anxTî,  et  j'incline 
à  penser  que  c'est  précisément  le  on'^n  de  la  Genèse.  La  situa- 
tion géographique  y  convient  on  ne  peut  mieux,  car  la  Cyrrhes- 
tique  renfermait  primitivement  le  territoire  maritime  depuis  les 
pyies  dlssus  jusqu'à  l'Antiochide.  Dans  Fintérieur  des   terres, 
cette  province  s*étendait  entre  FAmanus  et  la  Commagène.  J'ai  à 
peine  besoin  de  faire  remarquer  que  le  h  grec  rend  souvent  le  n  se- 
mi  tique  ;  il  suffira  de  citer  le  nom  de  la  Cilicie,  KtXiKtat,  qui  répond' 
à  la  forme  sémitique  ^?n,  le  Ililakku  des  inscriptions  assyriennes, 
Chez  les  Assyriens,  la  Cyrrheslique  maritime  porte  le  nom  de 
Qone  \  plus  anciennement  Oonmani  [Lotz,  TîgL^  col.  v,  10,*78, 82;' 
vr,  24)  ;  la  partie  continentale  est  nommée  MùnçH'^  ;  là  s'élève  le 
mont  Ilaroiisa  (ibidem^  col.  v,  69,  91),  qui  est  vraisemblablement 
l'origine  du  mot  hébréo-grec  on"r:-ït'jpp*oc.  Ajoutons  que  le  nom 
antique  subsiste  encore  dans  la  ville  de  KhoraSy  chef-lieu  du  dis- 
trict. Du  reste»  et  j^nsiste  particulièrement  sur  ce  point  pour  ceux 
qui  hésiteraient  à  admettre  la  petite  correction  que  je  propose, 
quelle  que  soit  l'explication  du  nom  en  question,  elle  ne  peut  rien 
changer  à  la  conception  géographique  que  nous  lui  avons  assignée 
conformément  à  l'esprit  de  Fénumération  biblique. 

Des  colonies  venues  de  Gomer,  une  seule,  Togarma,  a  pu  être 

*■  Ce  district  s'avanceit  au  delà  d'IsÂus  ei  comprenait  une  partie  de  U  CicOia 
maritime  ;  u&  état  de  choses  pareil  a  persisté  jusq;u'à  la  dominalion  romaine 

*  Le  mfîmo  nom  que  celui  de  TÊf^ypla  :  "1X73,  signifiant  *  contrée  formant  fron- 
ti&rc  >  ;  à  lepo^xie  arabe  cetto   même  contrée  était  encore  nomméo   n^inbfit 


RECHERCHES  BIBLTQUES  13 

Dnstatée  jusqu'à  présent  dans  les  documents  assyriens.  C'est  la 
ville  de  Tii-Gari77imou,  située  aux  confins  do  Tabal,  qui  a  été 
prise  et  ruinée  par  Sennachérib.  L*identilication  a  été  proposée 
indépendamment  par  M,  Delitzscli  et  moi,  et  rîen  n'est  Yenu 
depuiâ  rinfirmer.  Ce  nom  est,  de  nouveau,  d'origine  assyrienne, 
lu  moins  quant  à  son  premier  élément  iUf  qui  signifie  «  colline  », 
^nrme  Thébreu  br?.  Malgré  cela,  il  fut  pris  pour  un  vocable 
simple  et  soumis  à  la  contraction  phonétique,  de  façon  qu'en  éla- 
nantie  /,  le  mot  vînt  à  sonner  ntinMn,  Togarma<  La  transcrip- 
tion mâssorétique  est,  comme  on  le  voit,  plus  correcte  que  le 
_eop70îuï  de  la  version  grecque. 

J*aîfait  connaître  précédemment  les  raisons  qui  obligent  à  placer 

colooles  au  milieu  des  territoires  de  la  deuxième  série.  Il  est 

une  impossible  de  s'arrêter  au  rapprocbe ment  essayé  par  plusieurs 

ftvanls  entre  tîsçk  et  'Arjtava,  d'une  part,  entre  nD^^n  et  PTipaç,  de 

lutre,  malgré  Tanalogie  des  sons  *.  Pour  récrivain  liébreu,  Gomer 

Brsonnifie  tout  roccident  de  TAsie-Mineure  jusqu'aux  limites  de 

loaie,  de  même  que  Y^wan  représente  tous  les  peuples  de  TEu- 

}pe.  A  Tinstar  de  Togarma,  les  colonies  sœurs  Aschkenaz  et 

(tiphat  doivent  aussi  ôtre  cherchées  entre  FEuphrate  et  le  mont 

lanus.  Malheureusement,  ces  noms  ne  correspondent  à  rien  de 

que  nous  connaissons  de  la  nomenclature  géographique  de  ces 

mirées.  Néanmoins,  en  abandonnant  ns-in  comme  une  énigme 

asoluble  dans  Tétat  de  nos  connaissances,  nous  ferons  un  premier 

pour  la  classification  de  Tisu:».  Comme  ce  mot  ne  figure,  outre 

i  Genèse,  qu'une  seule  lois,  dans  Jérémie,  li,  27,  la  leçon  masso- 

étique,  bien  qu^elle  fût  déjà  celle  des  traducteurs  grecs,  ne  sau- 

ait  notoirement  prétendre  à  rinfaillîbiiité,  et  elle  devra  laisser 

^lace  au  doute  relativement  à  la  confusion  possible  et  si  souvent 

onstatée  de  lettres  similaires.  Ceci  dit.  je  propose  de  lire  le  nom 

Ten  question  t::t^«»  en  corrigeant  le  :3  en  d.  Il  y  a  là,  si  je  ne  me 

trompe,  'Oiischaaniz,  la  forme  hébraisée  du  nom  d'une  forteresse 

^fiioscliienne  prise  par  Sargon  II,  environ  715  ans  a^^ant  J.-G.  On 

lit  dans  l'inscription  des  Annales  ;  «  Je  conquis  les  vïUes  de  Ilar- 

ouaet  d*Ouscbnanïz,  forteresses  du  pays  de  Qoué,  dont  Mita,  roi 

IdeMouschkou»  s'était  emparé;  j'en  enlevai  les  dépouilles  en  butin, 

\.**J'ai  fait  [la  poursuite  de]  Mita,  dans  son  vaste  territoire,  jus- 

|u'à,..  Harroua  et  Ouschnaniz,  les  forteresses  du  pays  de  Qoué, 

[iont,  depuis  des  jours  reculés,  il  s'était  emparé  dans  sa  prépo- 


'  Voir  DiUmann,   l.  e.,   p,    171-172.  L'idenUûcalion    de   T'D^K  avec  Athgu§^ 
yoisïn  de  Van  (Seyce),  disparaît  devant  cette  considératioa  qu^un  peuple 
lorienUd  ne  peat  pas  figurer  ooiame  muq  colonie  cappadocieime> 


f 4  REVUE  DBS  ÉTDDE^  JDITES 

t?*nce  et  ne  les  avait  jamais  restitut^es  (à  leur  pays)  *  »,  Ainsi, 
Ouscbnaniz  ^tait  situé  au  sud  des  Mosclies  dans  !e  voisinage  é 
rAmaniis,  dans  le  territoire  de  Qoné  ou  de  la  Cjrrliestiqne  ma* 
ritinie;  c'eyt  absolument  le  milieu  qu'il  nous  faut  pour  remjoltr 
les  conditions  imposées  par  le  texte  de  la  Genèse.  Pour  ce  qjii 
est  de  la  l'orme,  on  reconnaîtra  qu'elle  est  aussi  satisfaisante  «fae 
possible,  attendu  que  la  charpente  consonnantique  du  mot  héhm 
n'a  presque  pas  été  entamée  pour  le  besoin  de  ridentification. 

Au  sujet  des  fils  de  Yawan,  entin,  on  peut  admettre  comme  CÊ^ 
taine  ridentité  de  Kittim  et  Hodanim  avec  Cliypre  et  Rhodes.  Les 
deux  îles  plus  éloignées  prélent  encore  au  doute.  La  circonstance 
que,  d'après  Éîsécbiel,  les  lies  Elisclia  (n^'^b»  •»'^Kj  importaient  à 
Tyr  des  étolfes  teintes  de  pourpre  coïncide  très  bien  avec  ce  que 
Ton  sait  du  Péloponèse,  surtout  de  la  Laconie,  qui  abondait  ea 
pourpre;  dans  ce  cas,  nn-be*  pourrait  bien  être  la  forme  pUénfc* 
cienne  de  Hellas  ou  celle  de  la  viile  célèbre  d'Eleusis  en  Attique, 
Tà"»çnri,  ordinairement  assimilé  à  la  ville  de  Tartessus  en  Es- 
pagne, doit  désigner  primitivement  une  île  et  non  pas  un  conti- 
nent. Comme  ce  terme  s'applique  en  même  temps  à  une  pierre 
précieuse,  on  pense  involontairement  à  Tile  de  Sardaigne,  lUi 
donne  son  nom  à  la  gemme  dite  sarda  (cf*  mrdonyx],  sorte  de 
carnéol. 


B.  Les  Chamiies. 


4 


Le  nom  de  Cousch  pour  rÉtbiopie  se  retrouve  notoirement 
chez  les  Assyriens  et  les  Égyptiens,  sous  la  forme  de  Konsou  ou 
Kesh.  Il  désigne  primitivement  le  royaume  de  Napata,  au  sud  de 
rÉgypte,  mais  les  Sémites  Tout  étendu  au  reste  de  TAfrique  et  à 
la  partie  méridionale  de  la  péninsule  arabique  appelée  plus  tard 
Arabie-Heureuse.  Dans  Fusage  des  Hébreux,  la  presqu'île  arabe, 
et  parfois  môme  TArabie-Pétrée,  était  considérée  comme  un  payr 
couscbite.  Les  Kascbschi  du  niord  de  la  Susiane  n*ont  rien  à  voir 
avec  les  Cousch î tes,  et  rien  nlndique  qu'ils  aient  été  connus  en 
Palestine  avaut  i*eïil. 

Des  trois  autres  peuples  principauXi  on  connaît  Mirraïm  ou 
rÉgypte,  et  Cbanaan  ou  la  Phénicie.  ans  seul  demande  à  i^tre 
expliqué.  Placé  parallèlement  à  Couscb  et  sur  la  môme  ligne  que 

^  Harrua    Utkuam[M  kalç^fii]  m^$  Que  tha  Mita  tAsr  mat  Muskki  tktinu  ak^hui 
$kAila$unu  MtkiuU, . .  Mita  nhar  Muskài  imi  nagitku  ropske  adi. ..  iku, , .  ^km 
kunnA  Hfktrna  Vêknanii  kalçûni  mût  Quê  ska  uitu  nme  rugûii  ina  éêntMêtku 
askruik  ui  utirra  (Lenoimaat,  Lu  pHtjmu^  L  c*  p.  Sâl*222J. 


RECBERCHES  BIBLIQUES  15 

H,  ce  nom  ne  peut  mdiquer  que  ie  territoire  marUîme  de  la 
.\ui*M*  et  jnx)bablefiif  lit  auîssi  d'une  partie  de  TÉgypte.  Il  e^st  digne 
de  remarque  que  Tassociatiun  deCousclx  et  de  Poiith  semble  revenir 
iliAs  iês  alUancea  matrimoniales  de  la  famille  d^Amram  :  Moïse 
!   épouâumoe  femme  couschite  (Nombres,  xji,  1),  et  mn  neveu  Elazar 

Et  femme  parmi  lea  lllles  de  Pouth,  V^-^naiQ  ^'^^^f?  (Kxode,  vi»25), 
bneit  souvent  un  éJt^ment  négligeable.  Parmi  les  colonies 
BSdiJtes  d'Ai'abie,  on  identilie  avec  certitude  Saba,  Hawila  et 
Ra'ma,  qui  répondent  respectivement  aux  noms  sabéens  mo,  ^bin 
el  orrin*   Acluellement  le  nom  de  Marifj  (nii^'fz)  a  remplar*^  celui 
fie  Saba,  mais  li  subsiste  une  tribu  qui  porte  le  nom  de  Benl-Saba. 
Khaoalaa  est  le  territoire  qui  s'étend  au  sud  de  Sanaa.  Le  site  de 
Bfighift'l  ^st  donné  dans  une  inscription  de  Ma'in  comme  n'étant 
pM  A>igné  de  cette  ville.  Sabta  est  babituellement  identifié  avec 
Setiabwa  =  rr^sis,  capitale  du  Hadramaout*  mais  sa  mention  dans 
li  TObinage  de  Raghma,  d'une  part*  la  dissemblance  des  deux. 
fcruieit  d'autre  part,  rendent  cette  id^^ntification  très  douteuse. 
Encore  pluj  obscur  est  le  nom  de  Sabteka.  Des  deux  colonies 
de  Raghma,  on  ne  rencontre  dans  les  inscriptions  que 
Xn  comme  nom  propre  ;  »3P  reste  encore  à  trouver, 
Dana  la  légende  relative  à  Tempire  de  Nemrod  en  Babylonie, 
liploiiart  des  noms  sont  d'origine  assyrienne,  les  autres  ont  une 
ibgnioaomie  sémitique  générale*  Le  nom  du  héros  nÎTp?  se  com- 
poietrte  vraisemblablement  de  Namar-udu,  <t  lumière  du  jour  ou 
Il  levant  «,  tandis  que  celui  du  pays,  ^f3i3,  a  une  apparence  bé- 
kilfue   et    semble  contracté    de  iû^■^^'■^5p^  «  Deux-Villes,   ou 
Bipdii*,  contraction  analogue  à  celle  de  branx^  pour  D''>»-n5'|-i» 
tOuatre-Dieux  t.   La  dtMioraination  dualistique  de  la  Babylonie 
fltaii^dans  l'appellation  indtg»^ne  :  mal  Schutue^nm  u  Akkadim, 
•pay»  de  Schumer  et  d'Accad  »,  c'est-à-dire  de  la  basse  et  de  la 
Babylonie.  Le  nom  sémitique  de  FÉgypte,  D;'n3r?:,   signiûe 
Deux-Villes  ou  contrées  »,  et  repose   sur  la  di- 
îisiaii  da  pays  en  haute  et  basse  régions.   Les  quatre  villes  : 
is3.  TJÇ-  **??•  ^*?5  s^^^  orthographiées  dans  les  textes  cuoéi- 
(Mues  :  BatiiUf  Arkit,  ÂkkadUj  KuUani*,  En  Assyrie  (=  mat 
ÂKhÊCkur]^  rro*»?  est  Ninua  ou  Nina  ;  ")■♦:?  nnm  répond  à  une 
tenne  rWêl-erH,  qui  n'est  pas  encore  constatée  avec  cer- 
^=  Kalhu  est  le  nom  de  la  ville  fondée  (f)  par  Salma- 
I**  (Xiii«  siècle)  et  reconstruite  par  Assurnacirpal,  aujour- 


»  mm  art  éofjt  pbonéticiu émeut  duos  H*,  II,  52^  36  é. 


K;  revue  des  études  JITIV^ 

fFliui  îa  ruine  de  Nimroud  ;  enfin,  pn,  situé  entre  Ninive  et  Kalah, 
semLIe  contracté  de  lo"ny,  er-Sin,  «  ville  de  Sin,  et  marquer  aiiiâf 
une  localité  ayant  possédé  un  temple  du  dieu  Sin  (Lunus).  La  chute 
de  Vé  initial  dans  les  noms  composés  se  constate  aussi  dans  La7*su, 
Larsa  ou  Laraam,  qui  est  pour  Eilu-arsu  {—  i^shu),  «  Brillant- 
siège  »,  d*où  r idéogramme  babar-ttmt,  qui  a  le  môme  sens  *, 

L*éntimération  des  territoires  égyptiens  procède  visiblement  du 
sud  au  nord.  La  première  série,  située  à  Touest,  débute  par  OTib» 
nation  souvent  mentionnée  en  compagnie  de  Cousch  ;  puis  vien» 
nent  :  le  nom  énigmatiquedes  t'^^sr, celui  des  D-^nnb,  ailleurs  D'unis, 
les  Libyens  occidentaux,  et  celui  des  o^^nnc^,  au  nord-est  de 
ceux-ci.  La  seconde  série  part  des  D'^onriD,  habitant  le  fa^ns»  le 
nome  Phaturites  dans  la  Tiiébaïde  occidentale,  représentant  U 
haute  Egypte  tout  entière,  et  aboutit»  dans  la  direction  du  nord» 
aux  D^nb::D  et  G-»nnD3,  deux  noms  obscurs  ;  le  dernier  pays,  nte^ 
qualifié  de  ^^k,  a  île  »  (Jérémie,  xlvii,  4),  semble  désigner  la  basse 
Egypte,  surtout  le  Delta  ;  c'est  de  là,  ajoute  l'auteur,  que  les 
D'^roboi  ou  Piiilistins,  sont  sortis  pour  s'établir  sur  le  litloral  pales* 
tinien  ^.  Cette  affirmation  parait  se  confirmer  par  l'autre  nom  des 
Philistins,  savoir  b**n-i3  (I  Samuel,  xxx,  14),  nom  qui  a  l'air  de 
signiOer  «  retranchés,  retirés  a.  11  se  peut  même  que  le  verbe  cVs, 
qui  est  à  la  base  de  n^bD,  le  pays  des  D'^n^^bD,  ait  eu  en  hébreu 
aussi  le  sens  de  «  se  déplacer,  pérégriner,  être  étranger  »,  comme 
c'est  le  cas  de  sbs  en  éthiopien. 

Une  observation  capitale  concernant  cette  liste  a  échappé  à  tûiis 
les  commentateurs  et  a  été  la  source  de  beaucoup  de  tâtonne- 
ments et  d'erreurs.  Sur  les  sept  noms  qu'elle  contient,  deux  seule- 
ment^ n^Dnns  et  D'^r^nb-D'^^V?,  ont  un  cachet  égyptien,  les  cinq 
autres  montrent  une  physionomie  sémitique  indubitable,  et  il  est 
aussi  inutile  d'en  chercher  Torigine  dans  la  langue  égyptienne  qae 
celle  du  nom  général  de  TÉgypte,  D^n^^.  Ce  dernier,  on  le  sait  de- 
puis longtemps,  est  le  duel  d'un  terme  commun  aux  idiomes  de 
Sem  signifiant  :  «  deux  villes  ou  contrées  »  et  faisant  allusion  à  la 
division  en  haute  et  basse  Egypte.  rnâbE  a  déjà  été  expliqué; 
n'ïnD!3  est  également  un  mot  hébreu  d'usage  ordinaire,  signifiant 
<t  linteau,  chapiteau,  faîte  »,  et  pouvant  parfaitement  désigner  nw 
territoire  ^.  Pour  d"^nris3,  sou  analogie  avec  l'hébreu  D'^bnus  (Ge^ 

i  CetlG   origine,  si  évidemment   assyrieQiio,  a  été  méconnue  par  les  accadistes* 
Vojer  Delitzscb^  Pa^ad%s^  p,  223. 

"  Les  mois  D"^niDbD   BÏ3ÎD   1î*3£''  'n**Dfcï   doivent  i^tre   pkcés  après    C^inSD 
le»  phrases  incldeDles  ont  souvent  été  déplacées  par  les  scribes  postérieurs. 

^  Quand  on  envisage  la  vallée  clu  Nil  comme  une  colotme,  le  Delta  présenlo  e 
elTet  une  grande  ressemblance  avec  un  chapiteau  de  fonne  triangulaire. 


RECHERCHES  BIBLIQUES  17 

nèae,  xxx,  8)  est  tellement  frappante  qu'on  n'hésitera  pas  à  y  voir 
un  dérivé  de  nns,  «  ouvrir  i*  *.  L'explication  de  D'«ï3j?  est  donnée 
par  larabe  tDf ,  «  espèce  ovine,  moutons  jj,  et  celle  de  mb  par  les 
racines,  également  arabes,  ib,  «  être  entêté^  obstiné  »,  ou  nb,  «  être 
injQsle,  oppresseur,  rebelle  x>.  D"*nbD3  seul  reste  obscur,  mais  qui 
it  s'il  n'y  a  pas  lieu  d  y  substituer,  d'après  le  x«<ri«ovt£ij4,  ou  plutôt 
r^itfvuin,  ^es  Septante,  un  nom  D^:ibD3,  tiré  de  la  racine  boD?  Enfin, 
ici  un  fait  qui  dissipe  tous  les  doutes  :  les  quatre  fils  de  Miçraïm, 
pV»  C^J?..  û''nnc3,  û*^:ibç3i  sont  de  simples  noms  patronymiques 
s  de  quatre  localités  palestiniennes  :  ib  {Esdras,  ii,  33),  chez 
les  Grecs  Lydda,  aujourd'hui  Luddj  au  sud-est  de  Jaffa  ;  tîr? 
(Josué,  XV,  32;  cf.  Û5?,  I  Chr.,  vi,  58)  ;  nnsa  (Josué,  xv,  9),  près  de 
Jérusalem,  aujourd'hui  Lt/ïa  ,*  "jibos  (Ibidem,  10)*  Un  point  re- 

Emarquable  :  toutes  ces  quatre  localités  sont  situées  dans  le  terri* 
bire  de  Juda  et  sur  la  route  qui  mène  de  Jérusalem  à  la  côte,  cela 
Itclut  toute  pensée  d'une  rencontre  fortuite.  L'auteur  de  la  gé- 
néalogie savait  donc  que  ces  quatre  villes  étaient  peuplées  par  des 
klons  venus  de  certaines  provinces  égyptiennes.  Ll^gypte  avait 
iînsi  en  Palestine  un  grand  peuple,  les  Philistins,  et  quatre  peu- 
plades mineures  de  sa  race  ;  en  tout,  pour  imiter  le  langage  de 
notre  auteur,  cinq  enfants.  Remarquons,  en  passant,  que  rintelli- 
gence  du  vrai  sens  de  ce  passage  rend  indubitable  roriginalité  de 
I  fincidente  D^rnobô  DUîn  i&îi:"«  nï3«,  placée,  bien  entendu,  après 
^fc^-îTiDD-  Celle-ci  a  été  nécessitée  par  cette  circonstance  excep- 
^ftonnelle  que  le  patronymique  o^ntîbD  diflere  matériellement  de 
^|NnQ3,  tandis  que  les  quatre  autres  rappellent  immédiatement  les 
'     noms  de  villes  dont  ils  tirent  leur  origine, 

La  direction  du  sud  au  nord  est  encore  observée  dans  la  liste 
des  peuples  chananéens.  L'auteur  les  divise  également  en  deux 
séries.  A  Touest,  sur  le  bord  de  la  mer,  sont  établies  deux  grandes 
Dations,  les  Sidoniens  (p*»^)  ou  Phéniciens,  et  les  Hittites  (nn)  de 
la  Syrie  septentrionale.  Le  premier  nom  est  celui  de  la  capitale  et 
aaaible  signifier  a  lieu  de  pèche  »  ;  le  second  est  encore  inexpli- 
^Cdl)le,  mais  parait  être  celui  du  dieu  national.  Les  Chananéens 
^Bcontinentaux  comptent  cinq  peuples  principaux  à  partir  du  sud, 
Bflavoir  les  Jébuséens  (^cis-»),  à  Jérusalem  ;  les  Émoréens  (-^ntiû*)  et  les 
"Oergéséens  (■'oani),  sur  les  montagnes  de  Juda  *  et  du  Galaad;  les 
Évéens  ('^in)  et  les  Phérizzéens  ("«ns),  sur  les  mêmes  lieux  jusqu'au 
mont  Hermon;  enfin,  au  nord  du  Liban,  qui  appartient  aux  Sido- 

*  L*expnîS6ion  é^yptieniiti  na-Ptul^  #   ceux  do  Ptah  •,  n'a  jamftifi  été  usilé«  ea 
^uaUlé  àé  terme  géographique!  (DiUmana). 
"  Jûsné,  mv,  !i  ;  au  verset  12,  il  faut  corriger  -^ra  en  û^^bo* 

T.  XÎIl.  w«  î5.  % 


li  REVUE  DES  ÉTUDES  lUIVES 

niens,  succèdent  les  Cliananéens,  qui  peuplent  les  territoires  S!!î- 
vants  :  Arca  (■')5'i«),  Sin  ou  Stan  [""^^o).  Anrad  (^intt)  ou  Aradbtg 
(aujourclliui  Eonad),  C^mar  (^ntii:),  chez  les  Assyrleos  ;  Cimirra 
(aujourd'hui  Sumra)^  etffamat^  sur  l'Oronte  (aujourd'hui  ffarml 
Cette  ville  marquait  la  fronth>re  septentrionale  de  la  PalestiDe 
S0U3  les  règnes  de  David»  de  Salomou  et  de  Jéroboam  IL  L'auteilf 
fait  remarquer  tout  d'abord  que  le.*^  familles  chaoanéennes  se  sort 
dispersées  plus  tard  et  m<^lees  les  unes  aux  autres  (18),  circaiw- 
tance  qui  explique  pourquoi  plusieurs  familles  du  nord  se  ren- 
contrent au  sud  et  vice  versa.  Ensuite,  il  d^^tlnit  les  possessions 
chanan^ennes  en  Palestine,  qui  s'étendaient  parallèlement  à  Sûlon 
jusqu'à  Gaza,  et,  de  là,  sur  la  route  de  Guérar  jusqu'aux  rives 
méridionales  de  la  mer  Morte  (19)  *. 

C.  Les  Sémites. 

Les  noms  des  deux  peuples  orientaux  sont  d'origine  assyrienne. 
û^'^:^  répond  à  Elamtu,  «  pays  haut  »  relativement  à  la  Babylonle, 
qui  est  un  pays  de  plaines.  Au  propre,  ce  nom  désigne  la  partie 
ouest  de  la  Susiane  limitée  par  le  Tigre  et  le  g:oire  persique;les 
habitants  de  ces  régions  étaient  des  Sémites  et  parlaient  un  dia- 
lecte assyrien.  Par  extension,  l'hébreu  ûb*»:?,  comme  Tassyrien 
Elamki,  est  appliqué  à  la  Susiane  entière,  dont  la  partie  orientale* 
où  se  trouvait  la  capitale  iS/^^é'  (hi'^b.  y^'^'à],  avait  une  population  qui 
n'était  ni  sémitique  ni  iranienne  et  qui  s'appelait  elle-même  ^û- 
pirti  ou  Aptrtif  iVoii  les  Grecs  ont  fait  Uà^Mi,  "Ajiapôov.  iiisït  est  un 
nom  géographique  signifiant  «  carrière  ^i  ;  il  est  personnifié,  e«l 
même  temps,  en  un  nom  de  ville  et  en  un  nom  divin.  La  t111« 
d*Assur,  située  sur  la  rive  droite  du  Tigre,  était  la  capitale  du  pays 
avant  la  fondation  de  Ninive,  Notre  auteur  exprime  cette  idée  en 
disant  qu'Assur  construisit  Ninive, 

Dans  mrp|'^.&*,  réléraeiit  T03  représente  visiblement  l'assy 
Kishadu,  «rivage,  bord  »;  l'autre  élément,  t^H,  me  semble  rem 
Tassyrien  arbu  ou  arpUf  <n  dévastation,  aridité  »  ;  le  composé  ^«fj? 
=  arptilpaykishadf  «  aridité  du  rivage  »,  personnifierait  aiûsi 
les  régions  arides  de  la  basse  Ctialdée.  L'idée  de  voir  dans  Ar- 
pbaxad  la  province  de  ^Af^pàTtax^Tiç  est  contredite  par  la  dissimilitude 
des  mots.  La  forme  Appèttay^,  ainsi  que  le  moderne  Albaq,  rappelle 

*  Les  mots  riî^  ^y  [19)  doivent  ôtre  placés  avaQl  n">^:i  ni2ô<3;  au  lieu  de  JtsV 
il  Taut  sans  aucun  doule  lire  ^ItDb  i  c^eat  le  territoire  coatigu  aa  golfe  méridiaoaLi 
^iffibn,  de  la  mer  Mortû  (Josué,  1¥,  l). 


RECHERCHES  BIBLIQUES  n 

plutdt  ranclen  nom  du  pays,  appelé  par  les  Assyriens  EUipî  et 
■prononcé  à  Tiranienne,  avec  raugmentation  du  suffixe  ha,  Arra- 
paka  Une  Yû\e  Arbaha  ou  Arràbha,  signalëe  par  riuelques  assy- 
iolognes,  n'a  pas  existé,  ce  nom  devant  se  lire  Aï^banouni  ou 
irbaroubl,  «  quatre  seigneurs  »,  et  n*a  rien  à  voir  avec  Arrhapa- 
biitîs-AIbaq. 

Sous  la  dénomination  déni  ouib»  il  faut  certainement  entendre 
pays  situé  entre  la  Chaldée  et  la  Syrie,  Le  seul  bo^n  sens  suffit 
Dur  en  exclure  les  Lydiens  de  rAsie-Mineure,  maigre  la  légende 
etalîve  à  Agron,  fils  de  Ninos,  fils  de  Belos,  comme  premier  roi 
Lydie  (Hérodote,  r,  7).  Je  ne  pense  pas  non  plus  que  Lad  soit 
iloabietdes  Ludîm  égyptiens,  comme  je  l'avais  cru  pendant 
quelque  temps.  Peut-être  la  difficulté  de  l'identification  est-elle 
le  seulement  à  une  ancienne  erreur  de  scribe.  Dans  ce  cas,  je 
^poserai  de  corrigernb  en  l'^p.  Amos  dit  que  lahwé  avait  retiré 
les  Philistins  de  Kaphtlior  et  les  Araméens  de  Qîr  (n'^pTa  tiifcïit 
1),  et,  comme  le  premier  événement  est  rapporté  dans  notre 
bapitre,  il  me  paraît  extrêmement  vraisemblable  que  la  patrie 
&s  Araméens  a  dû  également  y  figurer.  La  corruption  de  la  leçon 
rimitive  s'explique  de  la  façon  la  plus  naturelle,  vu  l'analogie  des 
res.  Un  scribe  mit  par  inadvertance  le  trait  annexe  du  p  au- 
us  du  corps  de  la  lettiT,  au  lieu  de  le  mettre  au-dessous,  et 
igea  ainsi  le  p  en  b.  Plus  tard,  la  forme  impossible  ^'O  (ou  nb) 
idû  être  corrigée  en  nib  (ou  *ib),  forme  qui  revient  dans  ce  cha- 
pitre même  iQ-^mb)  et  aussi  chez  d^autres  auteurs.  Cette  conjecture 
|feûd  parfaitement  compte  de  la  mention  d'Aram  après  Qîr.  Sur  la 
Dsition  de  ce  dernier  pays,  voyez  le  n°  IV,  1  de  ces  Recherches  *• 
l  se  pourrait  même  que  le  nom  de  Oir,  «  bitume  »,  comprit  tout 
articulièrement  les  environs  de  Hith,  dont  la  richesse  en  bitume 
6t  aussi  connue  d'Hérodote  (i,  119)  *. 


'  JKm*,  i,  DC,  n*  21,  p.  60-61. 

*  LâS  iôicripiîoii»  cunéiformes  mcntiDonenC  toujours  les  Ar&mé«ns  aux  covirouB 
de  là  Btbyloiite.  Les  Armâya^  ou  Ouvoumai/ir,  vaincus  par  Tif^letpiléscr  1",  dans  la 
hmitfi  MAM^nfliinfr,  «ont  les  babitnnls  du  moût  OurovtTin  (cf.  la  villû  à'Unme  sur  lu 
ba«i  Eapitnilt},  %m  ne  paraiseeut  pas  avoir  été  des  Sémites*  Tous  les  passaf^es  cilés 
par  M.  Didîlisch  {PartuO^^  p.  257-258)  pour  prouver  l'existeuce  dWratoéens  sémites 
ea  Ufsopotfunie  se  rapportent  aux  Araméens  de  k  basse  BabjlonÎG.  Eu  ire  le  Cba- 
borsiat  TEuplinta  s'éteûdEit  le  pays  de  Souki^  dont  les  habitants  parlaient  la  langue 
aimUli|oe  des  Hittites.  Le  eémjtiame  de  cetle  lauj^ue  sen  démoQlr^  daua  un  article 
prûchion.  11  me  parait  certain  que  la  n^"irQ  Q^HÊ*  des  Hébreux  ne  désigne  pas  cette 

eoBtrie,  mils  U  haute  Syrie ^  située  entre  TO roule  et  VEupbrato»  C^eat  aussi  le  cas 
du  Ntkêfûut  des  Egjptieos,  suivact  ropiaion  de  M.  Maspéro* 


m 


îïKVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


IIL  —  Sources  du  document. 


Les  critiques  ne  sont  pas  d'accord  sur  les  sources  de  notre  do- 
cument ;  chacun  des  trois  auteurs  présumés  de  la  Genèse,  A,  B 
et  C,  a  trouvé  un  ou  plusieurs  avocats  pour  lui  en  revendiquer  la 
paternité,  à  Texception  toutelois  des  versets  8  à  12,  que  Ton  con- 
sidère à  runaiiimité  comme  appartenant  à  Fauteur  désigné  par  la 
lettre  C,  celui  de  qui  nous  vient  le  récit  de  la  mésaventure  de 
Noé,  chapitre  ix,  20-27.  MM,  Welïhausen  et  Dillmann  assignent 
encore  à  la  même  source  les  versets  13-19  et  24-30.  L*état  de 
choses  est  ainsi  expliqué  par  M.  Dillmann,  «  Le  rédacteur  de  la 
Genèse  a  composé  le  dixième  chapitre  avec  des  fragments  tirés 
de  A  et  C,  peut-ôlre  aussi  de  B,  notamment  les  versets  8*12;  le 
rédacteur  n'y  a  ajouté  que  le  verset  24^  probablement  aussi  le 
verset  9  ou  la  glose  D'^nobs  —  iq»  (14)  *.  »  Les  raisons  qui  ont* 
déterminé  cette  classification  doivent  être  examinées  avec  la  plus 
grande  impartialité,  et,  si  elles  ne  nous  paraissent  pas  absolument 
convaincantes,  ce  ne  sera  cerfainement  ni  la  conséquence  d*ane 
mauvaise  volonté  de  notre  part,  ni  celle  d'une  manie  incorrigible 
de  contradiction.  Nous  demanderons  simplement  un  supplément 
d'instruction  et  nous  serons  prêt  à  nous  incliner  devant  des 
preuves  plus  solides. 

Examinons  successivement  chacun  des  trois  fragments  attri- 
bués à  C. 

a)  Les  verseis  8-12.  L'accord  de  tous  les  critiques  à  refuser  i 
Tauteur  de  1-7  la  composition  des  quatre  versets  suivants  se  fonde 
sur  trois  raisons  distinctes  et  d'une  valeur  inégale*  D'abord,  rem- 
ploi du  nom  de  mn-^  semble  annoncer  une  source  jéhoviste  ;  en- 
suite, la  forme  ib-j,  au  lieu  de  *î^Vi"»  ^^^»  semble-t-il,  étrangère  à 
Tauteur  élohiste  de  la  généalogie  de  Sem  (xi,  lOsuiv.)  ;  enfin,  la 
mention  d'un  fils  de  Cousch  (Nemrod)  dont  il  n'a  pas  été  question 
auparavant,  et  qui,  au  lieu  d*ètre  un  pays,  apparaît  comme  un 
homme  ayant  fondé  un  empire  oriental,  une  pareille  mention 
semble  sortir  entièrement  des  habitudes  du  généalogiste  et  con* 
venir  plutôt  à  la  source  G.  J'avoue  que  ces  difficultés  sont  beau- 

'  Gmeaist  4*  édition  «  p.  154  ;  la  5*  éi^îtiou,  p.  163  ne  contient  pi uâ  la  mention  de  B. 
Pour  décile  ner  Les  doctimËOts  présumés  Ton  dame  q  taux  de  la  Genèie,  outre  la  rédao- 
tioQ  fiaalG,  je  me  sers,  après  M.  DillmauQ,  des  sî^es  Â^  B,  C.  Les  désignAyaMi 
J|ébi>viste),  Êilobiete)  et  Qfuelle  i=  source),  préconisées  par  M,  Wetlbauscn,'^^ 
pllqueat  une  pétition  de  principe  dont  je  peux  faire  abstraction  pour  le  momenl 


RECTlEBCfrES  BIBLIQUES  ^^^V  21 

coup  moins  graves  qu'elles  n'en  ont  Pair.  L'argumenFïir^  do  nom 
denrrpenl  toute  valeur  «levant  cette  simple  considération  (jue, 
dâji5  ce  qu'il  relate  de  la  profession  primitive  de  Nemrod,  l'au- 
tetirne  fait  que  commenler  un  proverbe  populaire  qui  contient 
précisément  ce  nom  divin.  Dans  un  cas  pareil,  Téloîiiste  le  plus 
oïstJoé n'aurait  pu  agir  autrement' .  C'était  là  une  nécessité  inéluc- 
tiWe  à  laquelle  tout  auteur  un  peu  soucieux  de  la  clarté  aurait 
c^.  Le  second  argumenti  s'appuyant  sur  remploi  du  qal  nb^,  est 
encore  plus  fragile,  car  cette  forme  verbale  est  celle  qui  marque 
l'idée  générale  et  vague  d'origine,  tandis  que  le  îiiphil  ^'^biîi,  expn> 

IoiiDt  ridée  de  fécondation,  est  la  forme  appropriée  à  la  filiation 
généalogique,  et  le  chapitre  x,  de  Taveu  de  tous,  est  bien  éloigné 
de  vouloir  fournir  une  succession  de  naissances  proprement  dites, 
Knlln,  la  mention  de  Nemrod,  fondateur  de  Fempire  babylonien, 
est  parallèle  à  celle  d'Âssur,  fondateur  des  villes  assyriennes  ; 
toutes  deux  s'expliquent  réciproquement.  Qui  osera  affirmer  que 
l'auteur  principal,  ou  A,  devait  pousser  la  rigueur  etlinograpliique 
Jasqu'à  supprimer  le  récit  d'événements  aussi  importants  que 
ma,  de  la  formation  du  premier  empire  du  monde  par  un 
Anoger  et  de  la  fuite  d'Assur  devant  Fusurpateur?  J'ai  prouvé 
ailleurs  que  la  seule  traduction  possible  de  la  phrase  "pÈ^rr  1?3 
•net  K3£^  erm  (11)  est  :  «  de  ce  pays  (=  de  la  Babylonie  usurpée 
parNemrod)  sortit  Assur,  etc.  ».  C'est  pourquoi  on  trouve,  pour 
la  Babylonie,  le  nom  poétique  de  in^3  ynn  (Michée»  y,  5),  «pays 
feNemrod  ».  Ainsi,  les  objections  faites  contre  l'unité  des  versets 
Wi  avec- 1-7  se  réduisent  à  bien  peu  de  chose  et  n'ont  rien  de 
«cuif. 

ti)  Les  versets  13-19.  Contre  le  droit  d'A  sur  ce  passage  on  ne 
prodait  aucun  argument  intrinsèque,  et  Ton  ne  s'appuie  que  sur 
remploi  des  mots  nb^  (13*15),  au  lieu  de -«j^î!  (3),  et  nsèa  (18),  pour 
1TÏÇ3  (5)  **  En  ce  qui  concerne  le  premier  point,  on  oublie  que,  la 
tocendance  de  Miçraïm  étant  relatée  entre  Nemrod(8)  et  Sidon  (15)» 
isQODcés  par  le  verbe  Vî^,  la  même  foxme  verbale  était  exigée  par 
oaiDotif  de  symétrie.  Il  y  a  plus,  la  notice  importante  et  certai- 
nement originelle  a^rcbs  dtJïD  in^*^  itsh  (14)  rendait  impossible  la 
ISmDllIe  D^Xî3  ■»5sn.  La  seconde  objection  aurait  quelque  poids  si 
itt  ?erbes  passifs  Tnca  et  yca  (r,  f^t)  pouvaient  se  remplacer  Tun 

«a  •Uiqxiit  peux  le  moment  la  cpefitton  de  «Yoir  si,  en  c^fTet,  TËlobisIe 
fljsttettic{t}ement  à  l'auge  du  nom  do  nifl'^,  comme  Fadmettent  les  cri- 


^^M^  fl7«ttetti(|t 


i  deweîn  le  mot  n^Mâ, 
tfm  rifli  dft  paiticiilier. 


dans  k  direcLion  de  >  (m .-à -m.  ■  ton  venir 


22 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Fautre  ;  or,  ce  n'est  nullement  le  cas,  car  mes  marque  une  Ȏ* 
para  lion  lente  et  paisible,  tandis  que  yca  exprime  Tidée  d*uiie 

dispersion  involontaire  et  subite,  résultant  d'une  action  exté- 
rieure. Dans  la  phrase  ''3?3Sn  nins^p  i»a  nriKi  (18),  Tauteur  veut 
dire  que,  par  suite  de  dissensions  politiques,  plusieurs  famiUe^ 
chananéennes  ont  été  morcelées  et  se  sont  déplacées  du  sud  au 
nord  et  du  nord  au  sud,  loin  de  leur  demeure  primitive.  Ici,  rem- 
ploi de  ^Tiç?  serait  monstrueux,  puisque  la  formation  des  natio- 
nalités chaoanéennes  est  déjà  mentionnée  dans  ce  qui  précède. 
Cette  idée  du  déplacement  actuel  de  quelques-unes  de  ces  peu- 
plades conduit  rauteur  à  définir  en  ^ros  les  limites  des  Ghana- 
néens  en  Palestine,  en  relevant  surtout  leur  occupation  du  sud 
sur  la  frontière  d'Édora. 

c)  Le  verset  21.  L'auteur  annonce  ici  que  Sem,  qui  est  tout  ï^a^ 
ticulièrement  le  père  des  peuples  qualifiés  de  fils  d'Ét)er,  était 
plus  âgé  que  Japhet*  La  première  donnée  a  pour  but  d'expliquer 
pourquoi  rénumération  des  enfants  d*Éber  sera  dans  la  suite  beau- 
coup plus  développée  que  celle  des  autres  enfants  de  Sem.  Farta 
seconde,  Tauteur  cherche  à  écarter  une  conclusion  erronée  que 
FoD  serait  tenté  de  tirer  de  sa  manière  d'enregistrer  les  descen- 
dants des  trois  fils  de  Noé,  série  dans  laquelle  Sem  se  trouve  men- 
tionné à  la  lîn.  Ces  données  sont  introduites  par  les  mots  tV;;  ui^ 
mn  t2|,  qui,  avec  d*û  "^sai  du  verset  22,  rappellent  la  construction 
des  versets  1  ô  et  2  a^  que  tout  le  monde  assigne  à  A.  Cette  raison 
essentielle  me  semble  devoir  prévaloir  sur  l'opinion  qui  refuse  ce 
verset  à  l'auteur  principal  et  l'attribue  à  G,  L'affirmation  des  cri- 
tiques quune    pareille    introduction   est  étrangère  à  Félohistfi 
repose  sur  un  sentiment  très  contestable.  Au  premier  chapitre  de 
la  Genèse,  cet  auteur  sait  raconter  bien  des  choses  qui  échappent 
à  la  sécheresse  du  généalogiste  ;  de  quel  droit  lui  renie-t-on  la 
faculté  d'émailler  ses  listes  de  quelques  remarques  préparatoires 
quand  la  nécessité  se  présente?  Comme  toutes  les  listes  précé- 
dentes ne  sont  produites  que  pour  montrer  la  place  que  Sem- 
Israël  occupe  parmi  les  races  humaines  ',  les  quelques  mots  doEl 
Fauteur  fait  précéder  la  liste  sémitique  ne  sont  nullement  de  trop 
et,  à  défaut  d'une  preuve  contraire,  nous  pouvons  les  laisser  à 
Tauteur  réputé  élohiste. 

d)  Les  vet^sets  24-30.  A  cet  endroit,  je  contesterai  tout  d'abord 
l'opinion  admise  par  tous  les  critiques  que  le  verset  25  se  plaoaii 
primitivement  après  le  verset  21  dans  le  document  C  ;  Texpres- 
sion  n33»  "«Di  Vd  ne  saurait  être  immédiatement  restreinte  à  r 


DOlmaim»  L  e.,  p«  174. 


BECHEBCHES  BrOUQUES         '^■^■^  23 

M.  Le  T@]^t  25  est  la  suite  naturelle  du  verset  24,  qui,  confor- 
fliénseot  à  XI,  12-14,  place  Éber  à  la  troisième  génération  après 
Arjiliaxad.  Cela  équivaut  à  la  d^^claratioii  que  les  nations  hébraï- 
fUâa,  même  les  plus  anciennes,  comme  les  YoctauiLies,  se  sont 
fomèu  postérieurement  aux  nations  du  bassin  du  Tigre  et  de 
rEufihrate.  Il  ne  8*agit  pas  ici  d*iine  vraie  généalogie,  mais  d'une 
simjile  «ucceî^sion  d^époques  personnifiées,  idée  qui  est  convena- 
bk'oient  indiquée  par  la  l'orme  iV.  Notre  passage  prépare  bien  la 
lible  généalogique  de  xi,  10-17,  caractérisée  par  la  forme  T-^bin, 
ffiii^tl  s'en  faut  de  beaucoup  qu'il  en  soit  une  copie  inutile.  B^aatre 
pari,  il  ii*exist€  pas  Tombre  d'une  contradiction  entre  les  versets 
^H  26*W  ;  lesCouscbites  se  sont  établis  en  Arabie  antérieurement 
•m  Yocfanldes;  de  telle  sorte»  le  nom  de  cis  yn«  (Genèse,  ji,  13) 
eit  toujours  resté  attaché  à  cette  contrée.  La  mention  des  noms 
IDS  (28)  et  rn'^n  ^29^  parmi  les  Sémites,  loin  de  contredire  le  ver- 
»lt7,  traduit  certainement  un  fait  réeL  Pour  nb^^in,  nous  pouvons 
d^l  le  prouver,  puisque,  en  dehors  du  Khaoulan  du  sud,  it  existe 
eucore  aujourd'liui  un  Khaoulan  septentrional,  province  raaritimo 
4oiii  le  chef-lieu  est  Dhahabmi.  Le  refour  des  mêmes  noms  est 
très  A^aent  dans  la  géographie,  sémitique  ou  autre.  Ainsi,  on 
constate  encore  un  troisième  «s^s  tJob,   i,    15)  et  deux   autres 
?^^  (.Genèse,  ir.  11  ;  xxv,  18)  habités  par  les  Ahrahamides  dans 
VÀi^bi»?  du  nord  ;  il  y  a  de  même  deux  I't'ïï,  Tun  couschite  {/ùi- 
im,  I,  7),  l'autre  abrahamide  (lùldem^  xxv,  3),  deux  nnçB  et,  au 
moina,  trois  TTjn  \  etc. 

Outre  ces  discussions  de  détail,  quil  me  soit  encore  permis  d'à- 
tressera  qui  de  droit  une  question  générale,  qui  est  à  mes  yeux 
aadileoiDP  inextricable  :  pourquoi  le  rédacteur  n'a-t-il  pas  inscrit 
dam  la  îiste  des  Japhétites  les  noms  très  nombreux  qui  devaient 
Sgwr^r  chez  €♦  d'après  l*analoj^'ie  des  passages  relatils  aux  deux 
!  races  qu'il  lui  emprunte,  suivant  les  critiques?  11  est  impo,«- 
'  dlmaginer  que  C  n'ait  pas  donné  une  liste  des  peuples  ja- 
phétites, de  ceux  précisément  qu'il  a  déclarés  dignes  d'habiter  les 
l«iiesdeSem  (ix.  21).  En  deuxième  lieu,  il  serait  bon  de  savoir 
;  puarqooi  le  même  rédacteur  aurait  remplacé  ïa  liste  chananéenne 
I  i'k  ptar  celle  de  C.  et,  de  plus,  comment  A  a  pu  éaumérer  les  Érao- 
[n^iis,  les  Girgéséens  et  les  Évéens  sans  employer  le  verbe  i'y^; 
'  croil^oû  sérieusement  qu'il  a  écrit  :  (nDi)  *  im  ^^n^  tirM  ixs  ■'îsi? 


*  L*cacs«unc  vdlo  d'A^ssur  poitott  au*»»!  le  nom  de  Hari'ûmi  ;  puis  viennent  le  Bar- 
0émém  U  U^afioUoiie  tuijcrjeure  et  ic  ]nn  lèrabi<ie,  shué  en  Syrioa  7  journées  de 
»«  fltt  ù^tà  du  iDoal  GaUad. 
U  ml  b^CotfB  que  ni  "0:^1^»  ni  ^Hi  ai  HC  n^  ^^^^  àps  ^^ms  de  pajs;  *11lQÊf 


2i 


HEVUE  DES  ETLTDES  JUIVES 


En  troisième  lien,  enfin,  on  se  demande,  si  les  villes  d'Adnia  ef 
CeboYm  ont  été  ajoutées  par  le  rédacteur,  à  quelle  famille  apf^r- 
tenaient  leurs  habitants  selon  le^deux  documents  pnmitila  AetC, 
ou  bien,  si  ceux-ci  ont  purement  et  simplement  oublié  de  les  ins- 
crire dans  leurs  listes*  Nous  serions  bien  reconnaissant  à  tous 
ceux  qui  voudraient  nous  expliquer  ces  énigmes. 

Notre  résultat  peut  donc  se  résumer  en  quelques  mots  :  autant 
que  nous  voyons»  la  critique  moderne  n'a  pas  encore  prouvé  la 
composition  éclectique  du  chapitre  x,  et,  en  attendant  que  de 
telles  preuves  soient  données,  nous  pouvons  en  toute  conscience 
le  rejî^arder  comme  un  document  unique  au  point  de  vue  spécial 
de  notre  étude  présente,  qui  cherche  à  pénétrer  Tidée  jarénérale  du 
tableau.  Que  le  rédacteur  du  chapitre  x  se  soit  servi  de  traguiecU 
d'écrits  antérieurs  ou  Tail  composé  tout  de  son  chef,  cela  n  enlève 
rien  à  Tunité  de  l'esprit  qu'il  y  a  imprimé.  Ce  qu^il  nous  répugne- 
rait d'admettre,  c*est  la  supposition  que  Tauteur  aurait  fait  luie 
compilation  hétérogène  et  mis  les  pièces  à  tort  et  à  travers,  sans 
tendre  à  un  but  quelconque.  Heureusement»  tout  le  monde  recon- 
naît la  nature  réfléchie  des  œuvres  de  notre  auteur,  et  cela  suffit 
pour  justifier  notre  désir  de  le  comprendre. 


IV.    —  RAPPORT   DU   CIIAPITRE  X  AVEC   IX,  18-28,   ET  XI,    1-9, 

Le  passage  ix,  18-28,  qui  complète  Thistoire  de  Noé,  contient 
notoirement  les  faits  suivants  :  noms  des  trois  fils  sauvés  du  dé- 
luge, plantation  de  !a  vigne,  ébriété  du  patriarche»  conduite  irres- 
pectueuse de  Cham,  conduite  respectueuse  des  deux  autres  frères, 
malédiction  de  Ghana  an,  fils  de  Cham,  bénédiction  de  Sem  et  de 
Japhet,  Je  cite  d'après  le  texte  reçu,  car  la  prétention  de  plusieufs 
critiques  de  substituer,  dans  18  «,  Chanaan  à  Ghani  ne  soutient  pas 
Fexamen.  I)*abord,  une  série  telle  que  Sem,  Japhet,  Chanaan, 
serait  une  combinaison  au  plus  haut  degré  hétérogène,  par  cette 
raison  péreraptoire  que  les  deux  premiers  noms  ne  sont  que  des 
abstractions  idéales,  tandis  que  Chanaan  existe  réellement.  Puis, 
si  Chanaan  figurait  comme  fils  de  Noë  dans  Fun  des  documents 
primitifs,  le  rédacteur  final  n'avait  qu'à  Fintroduire  aussi  dans  v, 

même  ne  fiauraît  €Lre  ideiiUGé  avec  PAmÛr  (?)  des  inscriptioDS  égypiîeanes,  qui  d^ 
signe  un  dietnct  de  la  Sjriû  septeoirionale  et  qui  avait  déjà  disparu  à  l'époque  da 
nouvel  empire  assyrien.  4  moins  qu'on  n'y  voie  ïùtnat  {Gnr^^Imeri-thu,  i  demâuredc 
ses  fines  (as.  iWr=  Uéb>  niT^H)  *,  rappeltaUcu  ordinaii-e  du  royaume  de  ûtmii 
chez  les  Assyriens.  Dans  ce  cas  mâme,  l'égypUen  J.fly»Ar  serait  d'origine  assyhemt 
et  n'aurait  rien  de  couuann  avec  iliébreu  ^lllDfil* 


RECHERCHES  BIBLIQUES  25 

32;  Yi»  10  ;  X,  16  ;  et  qu*à  ajouter  d?  après  ih^  au  verset  15,  après 
lYoir  enlevé  le  moti-^àa.  Ces  corrections  auraient  été  moins  con- 
âiMrables  que  celles  que  lui  attribuent  les  critiques  et  qui  sont  : 
î' radjonction  des  mots  i:»3r)  •'sn  «m  cm,  qui  constituent  18  &  ; 
2*rioserUon  de  ^sx  un  dans  22  a  ;  3*»  le  changement  de  i-'nsb  en 
m»  *;cb  dans  2'2ô.  Les  corrections  de  la  première  espèce  pou- 
[tâientdu  moins  s'excuser  par  la  supposition  de  îa  part  du  rëdac- 
îurqué,  sous  le  nom  de  Cham,  les  sources  avaient  entendu  tout 
particulièrement  Chanaan»  de  même  qu'elles  entendent  Israël 
^sous  le  nom  de  Sem.  Les  corrections  que  lui  attribuent  les  cri- 
tiques sont  de  vrais  faux  en  écriture  publique,  et  d'autant  plus 
nnantes  qu'elles  n^ont  aucun  but  imaginable.  Je  crois  que 
\  Dillroann  a  déjà  abandonné  lui-même  Tidée  que,  par  là,  le  ré- 
dacteur aurait  voulu  faire  participer  tous  les  Cliamites  à  l'acte, 
sinon  à  la  malédiction  de  Chanaan  ;  un  pareil  raffinement  de  ma- 
lice est  tout  à  fait  contraire  au  génie  prophétique  (Nombres» 
ïu  ;  Deutéronome,  xxiii,  8  ;  IsaYe,  xix,  xix,  18-25,  etc.).  D'autre 
^^P^i*^  Tattribution  de  l'action  blâmable  à  Gham,  d'après  le  texte 
^Weçu,  est  nécessaire,  dès  que  Ton  reconnaît,  comme  le  fait  M,  Dill- 
^feâim,  que  Chanaan  est  fils  de  Gliam.  Une  petite  réflexion  nous  y 
^nftmèûe  forcément.  Comme  le  montre  l*expression  y::*'rbR"'i  (20), 
^PKoé  planta  la  vigne  peu  de  temps  après  sa  sortie  de  Farche;  met- 
tons un  an  après  le  déluge.  Ajoutons  trois  ou  quatre  ans  tout 
âu  plus  (Lévitique,  xix,  23-25)  pour  obtenir  un  bon  produit  et  nous 
atteignons  l'an  6,  car,  amateur  du  jus  de  la  treille  comme  il  Té- 
tait, notre  patriarche  aurait  difflcileraent  laissé  pourrir  longtemps 
îes grappes  dorées  sur  leur  cep  natal.  Pendant  ce  temps,  ses  trois 
âiafont  souche  et  lui  donnent  des  petits-enlants^  parmi  lesquels 
les  quatre  fils  de  Chara,  dont  l'un  est  Chanaan.  En  admettant 
même  que  celui-ci  lut  Talné  de  la  nouvelle  génération,  il  était, 
lors  de  l'événement  qui  s'est  passé  dans  la  maison  du  patriarcl*e» 
tia  bambin  de  quatre  ou  cinq  ans  et  n'a  pu,  par  conséquent,  être 
fauteur  du  scandale  et  encore  moins  mériter  la  malédiction  de 
*on  grand-père.  Au  contraire,  Gham  étant  l'auteur  du  méfait,  la 
malédiction  de  Chanaan  est  conforme  aux  habitudes  de  Fantiquité 
punissait  dans  leurs  fils  les  pères  criminels  (Exode,  xx,  5; 
léronorae,  xxviii,  11  ;  Josué,  vi,  26),  et,  ce  qui  nous  étonne, 
t  plutrjt  la  douceur  relative  du  narrateur,  qui  a  restreint  la 
lédiction  à  un  seul  fils  de  Cham,  Que  son  choix  soit  tombé  sur 
Chanaan,  cela  s'explique  par  la  haine  nationale  et  religieuse  que 
parti  monothéiste  a  presque  toujours  nourrie  contre  les  Phé- 
iens  *, 

^  Le  nom  ée  |93^  pour  la   Phéaîcle  em  géaértl  «  subiisté  jusqu'à  Tépoque 


20 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


L'intégrité  du  texte  établie,  nous  passoivs  à  signaler  les  ra|»|>or| 

réciproques  des  deux  pièces,  qui  sont  nombreux  et  essentiels*  £4 

déciaraiit  Cham  le  plus  jeune  de  ses  frères  (24),  l'auteur  uouî*  ap* 

prend  que  ri'*riuNn^raliun  :  Sem,  Cham,  Japhet.  n'exprime  pa^TI^'e 

relatirdes  personnages,  mais  traduit  ce  lait  anormal  et, suivant  lui, 

regrettable  que  la  race  de  Cham,  représentée  par  Chanaan  (18), 

non  seulement  sépare  les  deux  races  de  Sem  et  de  Japhet,  qaeli 

nature  semble  avoir  faites  pour  vivre  Tune  à  côté  de  l'autre,  mail 

s'efforce  de  les  entamer  cliacutie  à  part.  Entre  Sem-Israél  et  lea 

Japliélites  contineutaux  et  maritimes  se  trouve  Cbam,  le  monda 

phénicien.  Les  Phéniciens  pénétraient  même  dans  les  territoires 

de  Japhet  et  de  Sem  et  y  tondaient  des  établissements  parmi- 

nents.  Cette  énuraération  contient  donc  déjà,  pour  ainsi  dire»  Il 

réduction  de  la  description  détaillée  qui  fait  ToLjet  du  chapitres 

et  surtout  des  versets  15-19.  Il  sera  m<'^me  exact  de  dire  que  cette 

idée  se  [irésente  déjà  à  Fesprit  de  l'écrivain  dés  le  chapitre  v, 

32.  Sur  rage  relatif  de  Sem  et  de  Japliet,  la  pièce  ix,  18*21,  noua 

laisse  dans  Tincertitude;  i^ette  lacune  est  comblée  par  x,  21,  qui 

déclare  Sem  fainé  de  Japhet.  Chose  digne  de  remarque  :  Tadleor 

profite  de  la  donnée  de  ix,  *24,  pour  réaliser  une  économie  d'ex 

pression  :  binsn  r\^^  ^nm  pour  bii:in  ps"*i  en  "^n»,  qui  autrement  «ùt 

été  inévitable.  Il  va  sans  dire  que  l'aftirmation  de  ix,  18  b,  décould 

de  x,  6.  L'ex[>ression  n^K^a  appliquée  aux  fils  de  Noé,  au  verset  11, 

19  &,  est  imitée  de  x,  5,  32,  où  elle  est  mieux  en  place,  se  rappor* 

tant  à  leurs  nombreux  descendants.  Pareillement»  la  locution  pré- 

gnante  fn^n  bD  nxsï,  pour  yn»n  bD  nnspîa  naïcn,  tout  en  faisant 

allusion  à  l  événement  mentionné  dans  le  chapitre  xi,  suppose  et 

résume   les  trois  expressions  très  simples  du  chapîtœ  x  :  ^ly^, 

j5,  32),  îi^!::  (18)  et,  tout  spécialement,  yn^n  mbçq  (25).  Ce  dernier 

verbe  n*a  été  choisi  que  pour  rétymologie  de  y^s  ;  le  mot  proprô 

podr  indiquer  la  dispersion  et  l'éparpillement  est  ysa.  Eulin,  k 

terme   sous   entendu,   nnssap,  n'est  qu*une  légère  variante  du 

Dins;573  de  X,  32,  tandis  que  Texpression  y^iHfr  bs  est  répétée 

avec  prédilection  dans  xi,  1,  4;  tout  cela  s'annonce  Lien  comme 

l'œuvre  d'un  seul  auteur. 

Quant  au  chapitre  xi-1-9,  je  regrette  de  devoir  dire  quil  a  euli 
malecban(ie  d'être  méconnu  jtar  prpsque  tous  les  commentateurs» 
lesquels,  se  faisant  l'écho  «le  Texégèse  ancienne,  attribuent  à  TatH 
teur  ridée  que  tout  le  genre  humain  a  participé  à  la  construction 
de  la  tour  de  Babel  et  à  la  confusion  des  langues  qui  s'ensuivit. 


grée  que,  témoin  l'ÎDBcripiîoQ  qui  porte  les  mots  p353  Dfi*  ttDlHb,  «  Laodiei 
tropolo  de  la  Phénicie  •, 


RECITKRCHES  BIBLIQUES 


27 


issues  modernes,  s'é^arant  de  plus  on  plus  sar  cette 
se  sont  lances  dans  les  conjectures  les  plus  hasardées 
rer  la  place  primilive  de  ce  récit,  qui  leur  semblait 
I  contradiction  avec  le  chapitre  x,  où  les  peapl<*s  noa- 
[déjà  installés  dans  leurs  demeures  actuelles  suivant 
ie  leurs  divisions  et  de  leurs  langues»  Pour  démontrer 
I  d'origine  des  deux  documents,  on  invoque,  en  outre, 
f  ÎTDD  (xj»  1)  pour  prb  {X,  5,  20,  31),  et  Tétymologie  du 
iaa  (XK  9).  Or,  tout  cela  change  de  face  quand,  ainsi  que 
>  aussi  clairement  que  possible  Texpression  yiE:  ie  (îx,  4), 
rçoit  qu'il  s*agit  d'un  evf^neraent  i^ostérieur  ù  la  disper- 
tielle  de  l'humanité  et  contre  laquelle  les  constructeurs 
^nt  à  56  prémunir.  L*état  de  choses  est  celui-ci  :  dans  le 
y^quî  est  le  seul  document  consacré  aux  origines  des 
^Kémitiques,  l'auteur  prépare  Thistoire  des  Hébreux  en 
Fie  personnage  d'Éber,  père  commun  des  Hébreux  en  Pâ- 
li des  Yoctanides  en  Arabie  méridionale.  Mais  Téleclion  de 
famille  d*Abrahara  dans  la  race  sémitique  et  la  préfé- 
M  lai  est  accordée  sur  les  autres  descendants  d^Éber  doî- 
»ir  leur  raison  d'être.  Ce  besoin  d'explication  a  produit  le 
la  lourde  BabeL  Par  cet  acte  de  rébellion,  les  Sémites  se 
eut,  dans  leur  ensemble,  aussi* iucapables  que  le'>  deux 
ices  de  recevoir  la  vérité  religieuse  du  monothéisme,  île 
è  Dieu  fut  obligé  d'en  confier  le  dép6t  à  un  seul  individu, 
1  tomba  convenablement  sur  un  descendant  de  Péleg,  dont 

Kifiant  tf  confusion  »»  est  comme  un  cri  de  protesta Hon 
I  coupable  des  constructeurs.  Ceux-ci  sont  natui-elle- 
mites  seuls.  L'idée  de  faire  coopérer  paisiblement  les 
lots  de  Sem  et  de  Japhet  avec  ceux  de  Gham  à  une 
ioinmune  n*a  pas  pu  venir  à  Tesprit  de  notre  auteur. 
nx  Japhétites,  leurs  territoires  se  trouvant  aux  environs 

k mêmes  où  Tarche  s'était  arrêtée  (Genèse,  viii,  4\  ils 
llllement  besoin  de  passer  par  la  Babylonie.  Pour  les 
Fcontraire,  dont  les  possessions  primitives  s'étendaient 
Ives  de  l'Euphrale  et  du  Tigre,  la  position  de  la  Babylonie 
Imandait  delle-méme  comme  point  central  présumabîe  de 
iration.  Les  Sémites,  eux,  pouvaient  pour  le  moins  s'en* 
i  éJU  travail  par  le  jeu  de  mot  d»5  i:b  ncr:  !  L'expression 
^Krerset  1  ne  doit  pas  nous  égarer,  car  elle  e^t  aussi 
f^e  notre  «  tout  le  monde  »,  Voyez,  par  exemple,  ï  Sa- 
i»  Encore  moins  embarrassante  est  la  formule  ■•:&  b5? 
versets  4,  8  et  9,  qui  marque  même  Tidée  d*un  ho- 


28 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


rizon  très  limité  *,  Ici,  rauteur  a  en  vue  les  autres  pays  sémi- 
tiques, en  dehors  de  la  Babylonie. 

Au  récit  de  la  dispersion  des  Sémites,  Técrivain  biblique  a  joint 

l'épisode  de  la  confusion  de  leurs  langues.  Pour  ce  faire,  il  avait 

une  raison  excellente.  Dans  son  tableau,  il  a  dooné  en  parta^ 

aux  Sémites  primidfs  un  espace  très  étroit  relativement  aat 

vastes  régions  habitées  par  les  Chamites  et  les  Japhétites.  Pour  cet 

deux  races,  la  diversité  de  leurs  langues  s'explique  naturellement 

par  la  longue  interruption  de  leurs  communications  mutuelleij 

L'existence  de  diverses  langues  parmi  les  Sémites  est  la  seule (jii 

ne  semble  pas  pouvoir  s'expliquer  d'une  manière  naturelle,  vm 

par  l'ingérence  personnelle  de  la  divinité.  Ceux-ci,  raconte-l-ï 

donc,  avant  d'arriver  dans  leurs  demeures  actuelles,  avaient  se 

journé  sur  la  plaine  de  Sennaar,  qu'ils  ne  voulaient  plus  quitlei^ 

contrairement  à  Tintention  de  Dieu  (Genèse,  j,  28;  ix,  1);  mais  Kl 

construction  de  la  vilie  immense  qui  devait  les  loger  *  et  celle  de  11 

tour  élevée  qui  devait  glorifier  cette  entreprise  de  rébellion  fu! 

entravées  par  la  confosion  miraculeuse  de  la  langue  mère  di 

constructeurs,  qui  ont  été  ainsi  obligés  de  quitter  la  Babyloniei 

de  chercher  des  demeures  séparées.  On  sait  déjà,  par  x,  25,  qq 

révénement  eut  lieu  du  vivant  de  Péleg,  dont  le  nom  y  faitalli 

sion.  Ce  récit,  qui  ne  concerne  que  les  Sémites  seuls,  fournit  aiffl 

une  telle  transition  pour  arriver  à  la  généalogie  d'Éber  et  à 

famille  de  Taré»  La  pièce  appartient  naturellement  à  Fauteur 

IX,  18-x,  témoin  les  termes  ^^id  (xi,  4  =  ix,  19  ;  x,  18;  cf.  23 

bnri  [XI,  6  —  IX,  2€),  L'emploi  du  mot  nca  était  inévitable  à  cauî 

du  verbe  bhn  servant  à  expliquer  le  nom  de  baa  (9)  ;  pob  bba  e 

impossible  en  hébreu.  Quant  au  procédé  des  jeux  de  mot  et  di 

étymologies,  nous  n'y  voyons  aucun  trait  particulier  et  nous  pei 

sons  que  tous  les  auteurs  anciens  en  faisaient  usage  toutes  les  f( 

qu'ils  le  croyaient  nécessaire  ou  seulement  utile.  Enfin,  en  ce  ([ 

concerne  le  classement  des  Sémites,  au  chapitre  x,  31,  à  côtéd 

deux  autres  races,  suivant  leurs  divisions  et  leurs  langues,  cN 

le  résultat  d'une  simple  anticipation  [hyaiéroa  proiéron)  exig 

par  la  symétrie  du  tableau,  et  il  ne  contredit  pas  le  moins 

monde  la  narration  du  chapitre  xi.  Le  procédé  consistant  à  pasa 

des  généralités  aux  détails  a  déjà  été  employé  par  notre  aut< 

dans  IX,  19  b.  qui  se  rapporte  d'avance  aux  chapitres  x  et  xi  | 

ensemble,  et  aucun  critique  n'a  trouvé  à  y  redire  ;  la  notice  x, 


i  Compare!  I  Samuel,  xm,  *6  et  II  Samuel,  svm,  8. 

»  Ce  point  seul  iullGrait  déjà  pour  démontrer  que  l'tuleur  n'aTait  pas  soagi  h 
séjourner  les  JaplaéUtea  et  lea  Chamitëa  sur  la  plaine  de  Sennaar. 


BECriERCHElS  BEBLIQUES         '■■■'  ^^ 

"aussi  naturelle  et  ii*a  certes  rien  qui  puisse  choquer 

\  espriU  les  plus  difficiles. 

L'ensemble  ùe  ces  reclierches  conduit  à  admettre  Tunité  d'esprit 
sinon  Tunité  matérielle  entre  la  composition  des  chapitres  x  et  ix, 
)8-27  â*une  part,  et  celle  du  chapitre  xi-1-9  de  l'autre;  les  trois 
pièces  ont  été  rédigées  par  un  môme  auteur*  Nous  faisons  abstrac- 
liui,  et  pour  cause,  de  l'existence  2 utérieure  que  quelques-unes 
Vies  données  pouvaient  avoir  dans  les  écrits  d'autres  auteurs. 
Quand  on  est  en  présence  d*un  édifice  élevé  par  un  architecte 
liabile,  on  peut  en  étudier  le  plan  tout  en  supposant  que  quelques 
ferres  ou  quelques  pans  de  murs  peuvent  avoir  appartenu  à 
d*autres  constructions- 


^  V.  —  CARACTÈRE  SYSléMATlQUB  DES   DONNÉES   CONCERNANT 
LES  NOACHIDES,   IX,    18 -XI,   1,  9. 


)n  considère  ordinairement  les  données  générales  de  la  Genèse 

*  les  enfants  de  Noé  comme  Témanation  d'une  tradition  antique 

ûeillîe  de  la  bouche  du  peuple.  J'ai  déjà  dit  ailleurs  ce  qu'il 

il  penser  de  cette  fameuse  tradition  populaire,  créée  par  les 

dogiens  pour  le  besoin  de  la  cause,  et  qui  n'a  jamais  existé. 

documents  que  nous  étudions  ne  font  que  confirmer  cette 

ition,  qui  a  paru  à  plusieurs  assez  téméraire*  Il  suffit  d'une 

Btion  tant  soit  peu  soutenue  pour  que  le  caractère  personnel 

[qritéuiatique  de  ces  données  apparaisse  avec  toute  l'évidence 

Sirable.  L'exposé  succinct  qui  suit  apportera,  je  Tes  père,  tous 

i  édaircissements  à  cet  égard. 

la  seule  idée  de  diviser  le  genre  humain  en  trois  races 

si  chacune  un  nom  distinct   est  tout  ce  qui   est  de  plus 

nger  à  Tesprît  populaire.  Les  Grecs,  les  Egyptiens,  les  Assy- 

n*e£Dployaient.  pour  désigner  les  étrangers,  que  l'expression 

Intres  peuples  »,  et,  quand  Foccasion  se  présentait,  ils  disaient 

ffeoples  du  nord,  du  sud,  etc.,  mais  jamais  ils  ne  les  ont  per- 

par  un  nom  général.   Pour  les  Hébreux  aussi,  le  mot 

ôtt  CT?^  suffisait  pour  désigner  les  non  Israélites,  quand  ils 

fTOolaient  pas  mentionner  le  nom  national  ou  géographique  de 

letm.  Or,  les  noms  des  trois  fils  de  Noé  n'ont  rien  de  commun 

Im  dénominations  nationales  ou  les  termes  géographiques 

apflitiennent  au  domaine  populaire,  mais  ils  sont  le  produit 

i  réflexion  avancée,  voire  d'une  sorte  de  philosophie  de  l'his- 


REVlîE  DES  ÉTUDES  JmXVS 

toire  longuement  iïi*'*ditée.  Ils  sont  intimenient  liés  au  récit  qui 
concerna  et  n'ont  pas  d'existence  en  dehors  de  lui.  Corameutiif 
pas  conclure  quUls  ont  été  créés  exprès  par  Fauteur  du  récit «i 
qupstina,  i»arce  qu'ils  exprimaient  bien  sa  pensée?  Cette  oonclo* 
sion  nie  paraît  incontestable,  et  Ton  est  ainsi  conduit  à  prêter  plus 
d^atterition  à  la  forme  du  récit,  qui  découle,  en  réalité,  du  senscâ^ 
ché  de  ces  nom?,  tel  que  l'auteur  Ta  conru.  Comme  nous  sommes 
en  présence  d'un  écrit  religieux,  on  peut  être  sûr  d'avance  queîï 
pensée  qu  Hs  y  revêtent  est  d'ordre  religieux  et  moral  ',  notamment 
avec  une  teinte  de  réprobation  et  de  mécontentement,  car  silei 
fils  de  Noë  avaient  reaM.se  Tidéal  de  la  piété  sans  tache,  Télectioft 
de  la  seule  postérité  d\\brohani  n'aurait  plus  sa  raison  d*êtr€, 
Voilà  sous  quel  jour  on  doit  envisager  les  actes  attribués  à  ciïâ*^ 
cun  des  tils  de  Noé  dans  notre  récit,  et  alors  leurs  noms  s'expli- 
quent d'eux-mêmes.  Commençons  par  Cham,  Le  verset  ix,  22| 
n*indique  pas  simplement  une  action  irréfléchie  et  momentanée, 
mais*  comme  le  prouve  la  locution  1b  nb^  itsk  r»  y^in  auve^ 
set  24,  que  Cham  ajoutait  à  son  récit  des  gestes  ou  des  paroi 
impudiques  pour  se  moquer  de  son  père.  C'était  un  acte  irré" 
vérencieux  ayant  sa  source  dans  une  ardeur  impure  et  chamellei 
et  cela  a  mérité  à  son  auteur  le  sobriquet  de  sn,  «ardeut»,  an 
sens  sexuel  du  mot  (Genèse,  xxx^  38,  39,  41  ;  Isaïe,  lvii,  5;  H(H 
sée,vii,  4,  7).Pour  Japhet,  Tauteur  fait  entrevoir  assez  ciaireraett' 
que  ce  nom  est  l'équivalent,  voire  le  double  du  verbe  ns^  (27), 
bien  qu'au  premier  aspect,  c'est  ns*;  qui  parait  être  le  point  è 
départ  du  jeu  de  mot.  Pour  l'auteur  de  ce  récit,  Japhet  est  la 
que  Dieu  persuadera,  dans  un  avenir  plus  ou  moins  lointain,  de 
devenir  Tbôte  et  l'ami  inséparable  de  Sem.  Le  sens  caché  danl 
le  nom  de  Sem  est  le  seul  qui  ne  se  devine  pas  par  le  récit  de  i: 
18-27,  mais  Tauteur  en  a  réservé  l'explication  pour  xi,  4,  où  i 
Sémites  réunis  sur  la  plaine  de  la  Babylonie  se  concertent  pool 
construire  une  ville  munie  d'une  tour  excessivement  élevée  afll 
d'acquérir  une  renommée  éternelle,  dtd. 

Le  caractère  systématique  et  tendanciel  de  la  disposition  du  ch» 
pitre  x  n'est  pas  moins  frappant.  En  effet,  envisagée  au  point  di 


>  Ceci  expHque  pourquoi  U  n'est  jamais  Tait  mention  dans  la  Uu^ratorê  1 
que   ol    dune   DÔ  Y^^  ^^  d'uue  riS^  V*^^  î  Icipresaioa  On  VHH  ou  QTt  ; 
ne  se  Lronve   que  cbc2   les  poètes  poslérieyrs  à  TcxU   (Psaumes^  ct,   23; 
Lixviii,  51)  dosigaanl  FÈ^ypte.    Dana  I  Cbroniques,  iv,    40,  Dn  désigne 
entière.  Toutes   ces   expressions  reposent  sur  le   récit  de  lu  Genèse  et  n'oat  i 
d^origiQal.  Entre  QH  et  régypUea  Kémi  il  n'y  a  «ncane  coniiexîQn  ;  ce  nom  i 
donné  D3  ;  i'orlbograpbe  copie  Kkémi  n^entre  pai  ai  Mg&d  de  compte. 


m 


RECHERCHES  BÎBLIOUES  9i 

;e  ptirement  gpéagrrapliiquo,  la  nomenclature  des  peuples  apparie- 
nt aux  trois  races  noachidesest  loin  de  garder  les  proportions 
turelles.  On  excusera  facilement  Tauteur  palestinien  do  [lasser 
us  silence  les  peuples  de  TAsie  centrale  et  ïo^^rtiiionale,  fiM'il  [lou- 
•ait  ignorer,  mais  comment  supposer  qu'il  n'ait  pas  connu  les  peu- 
ples importants  de  TAsie-Mineure,  tels  que  les  Lydiens,  les  Cariens, 
Phrygiens  et  les  Lyciens,  peuples  avec  lesquels  les  Pht^niciens 
fi<|aaient  depuis  longtemps?  N  est-il  pas  «étonnant  qu'un  auteur 
qui  connaît  pàrtaitement  TEspagne  ne  mentionne  que  trois  lies 
toute  rétendue  de  la  mer  M (Hii terrante?  Il  me  paraît  impos- 
le  de  penser  que  la  réduction  de  tous  les  peuples  de  TAsie- 
eure  au  seul  Gomer  et  celle  des  fils  de  Yawan  à  quatre  seule- 
ne  soient  pas  voulues  et  préméditt^es  de  la  part  de  Fauteur, 
l  se  montra  excessivement  parcimonieux  dans  r«^numération 
^3  Japhétites.  Les  Sémites  ne  sont  pas  traitt^s  plus  amplement; 
■%  peuples  anciens,  comme  les  Qénites,  les  Horites,  les  Raphaïm 
les  Awim,  qui  sont  souvent  mentionnés  dans  les  autres  docu- 
lents  du  Pentateuque,  n*ont  pas  trouvé  grâce  aux  yeux  de  lau- 
ur/qui  se  tait  également  sur  les  flis  do  trois  peuples  sémitiques 
ne  mentionne  que  les  fils  d'Aram.  Outre  cela,  ii  se  produit  pour 
la  race  sémitique  un  phénomène  bizarre  ;  treize  peuples  en  sont 
iléguës  à  l'extrémité  de  TArabie  méridionale  et  laissés  ainsi  en 
hors  de  leur  habitat  naturel,  au  miîieu  des  Couschiles.  C'est  là, 
M  saurait   s'y  méprendre,  le  contre -coup  de  Tavanceraent 
ré  par  les  treize  peuples  Gbamito-Chananéens  dans  la  région 
oyenne  appartenant  de  droit  aux  Sémites.  Une  pareille  distribu- 
Jû  porte  le  cachet  d'un  arrangement  artiliciel.  Au  sujet  des  Cïia- 
lies,  Tauteur  se  montre  très  abondant  pour  les  fils  de  Micraïm 
3at  il  nomme  huit,  tous  pourvus  de  la  terminaison  du  pluriel 
inime  pour  accentuer  le  grand  nombre  d'individus  qui  coLnpose 
ihaque   peuplade  qu'ils  représentent.  La  mention  du  couschite 
emrod  aux  origines  des  dynasties  babyloniennes  me  semble  aussi 
bir  un  système  personnel,  car  Je  ne  crois  pas  qu1l  y  ait  là  autre 
)se  que  Tinterprétation  arrangée  d'un  proverbe  qui  ne  préci- 
it  pas  l'origine  ethnique  du  héros.  Pareillement,  la  î'açon  dont  il 
les  Chananéens  annonce  un  parti  pris  indubitable,  car,  en 
,e  temps  qu  il  allonge  démesurément  leur  nomenclature,  en 
comptant  comme  ppuples   distincts  trois   villes  insignifiantes  : 
Ârca,  Sin  et  Cemar,  il  passe  sous  silence  la  ville  importante  de 
blos   (bn^J,  Il  y  a  plus,  la  cité  la  plus  célèbre  de  la  Phénicie 
irè»  Sidon,  la  riche  et  puissante  Tyr,  n'y  figure  absolument 
I  Dans  tout  cela,  il  y  a  certainement  et  trop  et  trop  peu; 
une  distribution  si  caprlcieuseï  où,  en  géEéral,  rabondance 


32 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUl\^S 


excessive  de  noms  chamites  s'allie  à  une  pauvreté  extrême  ^ 
noms  appartenant  aux  deox  autres  races,  dont  l'une  est  inéma 
celle  de  Fauteur,  ne  saurait  être  regardée  comme  la  traduction 
naïve  et  impersonnelle  de  faits  purement  géographiques,  Quand 
on  se  rappelle,  enfin,  combien  les  descriptions  géographiques  com- 
posées pour  satisfaire  la  curiosité  désintéressée  que  nous  appelons 
la  science  étaient  étrangères  à  Tantiquité,  on  ne  tardera  \m  à 
soupçonner  que  l'auteur  du  chapitre  x  n'a  pas  fait  de  la  géographie 
pour  elie-mt>me,  mais  qu'il  s'en  est  servi  comme  d'un  moyen  effi- 
cace pour  atteindre  plus  sûrement  le  but  qu'il  poursuit  dans  son 
récit  du  chapitre  ix,  et  que  c*est  pour  cette  tin  qull  a  distribué 
d'une  façon  si  inégale  les  personnages  de  son  tableau. 

Pour  ce  qui  est  du  récit  xi,  1-9,  son  caractère  d'œuvre  person- 
nelle et  systématique  saute  aux  yeux  et  se  passe  de  toute  démoas* 
Iralion.  La  nécessité  d'expliquer  à  la  fois  le  nom  de  Sem  et  la 
diversité  des  langues  sémitiques  oblige  Fauteur  à  recourir  à  un 
événement  merveilleux  s'étant  passé  pendant  la  construction  de 
la  tour  de  Babel  par  les  Sémites  réunis.  La  tour  gigantesque  qui 
devait  perpétuer  la  renommée,  Dip,  des  constructeurs  donne  le 
mot  de  l'énigme  relative  au  nom  de  leur  ancêtre  dis,  et  le  nom 
de  ^33  commémore,  par  un  jeu  étymologique,  la  confusion  mira- 
culeuse de  leurs  langues.  Le  tout  prend  des  allures  dramatiques 
qui  n'ont  rien  de  traditionnel.  Il  va  sans  dire  que  ce  n'est  pas  une 
légende  empruntée  à  la  Babylonie.  Dans  ce  pays»  Taction  blâmée' 
par  notre  auteur  aurait  été  considérée  comme  très  méritoire. 
L'honneur  de  l'invention  de  cette  belle  et  ingénieuse  légende  en 
revient  tout  entier  à  Fëcrivain  hébreu,  et  c'est  un  devoir  pour  la 
critique  de  lui  rendre  ce  qui  lui  appartient. 


J.  Halévy. 


[La  fm  mi  p^^ochain  numéro.) 


LES  PflARISIEiTS  ET  LES  SENS  DO  PECPLE 


(AM-HAAREÇ) 


On  sait»  par  la  Mischna  et  par  d'autres  documents,  qu'il  exis- 
tait,  à  ujie  certaine  époque,  une  forte  antipathie  entre  les  gens  du 
«Qple  (Ani-haareç)  et  les  docteurs  de  la  Loi  ou  les  pharisiens. 
Tout  Je  monde  connaît,  d'après  Taveu  môme  de  R.  Akiba,  la  haine 
ÎDece  célèbre  docteur  portait  aux  pharisiens  dans  sa  jeunesse, 
jlTant  qu*il  fut  initié  aux  étude:^  rabbiniques  et  à  Tépoque  où  il 
■comptait  lui-même  parmi  les  «  gens  du  peuple  »,  Diverses  publi- 
cations récentes,  enive  autres  un  ouvrage  de  M.  F.  RosenthaP, 
ont  montré  quel  intérêt  il  y  aurait  à  préciser  Fépoque  où  cette 
ntipatbie  est  née.  A  notre  avis,  elle  remonte  assez  haut  dans 
bistoire  des  Juifs,  et  ce  serait  une  grave  erreur  de  croire»  avec 
H»  Rosenthal,  qu'elle  date  seulement  de  Tépoque  de  la  prise  de 
Jérusalem  par  les  Romains.  Comme  la  question  est  importante  et 
que  1â  solution  d'un  assez  grand  nombre  de  problèmes  historiques 
et  moraux  en  dépend,  on  nous  permettra  de  Texaminer  ici  d'un 
peu  plus  près. 

11  faut  avant  tout  faire  une  distinction  profonde  entre  le  gros  des 
pharisiens  et  certaines  classes  ou  sociétés  pharisiennes  que  le 
Tâlmud  lui-même,  quoiqu'il  soit  une  oeuvre  purement  pharisienne, 
marque  du  signe  de  la  réprobation.  Les  docteurs  pharisiens  qui 
ont  créé  le  judaïsme  étaient  des  hommes  simples,  naïfs,  vivant 
éûiblement  du  travail  de  leurs  mains,  pratiquant  toutes  les  vertus 
i  humbles  et  travaillant  sincèrement  au  progrès  des  idées  reli- 
iises  et  morales*  La  critique  moderne  a  reconnu  depuis  long- 
ûpsque  ce  n*est  pas  à  eux  que  peuvent  s* adresser  les  impréca- 
ons  furieuses  des  Évangiles,  teUes  qu'on  les  trouve  dans  le 


Tler  êpûkrjfpAiieh$  Bûektr  9U9  dêr  £eit  vnd  ScMe  B,  Akièas^  Letpzi^^  1885; 
ï  ÛÊUê  kmm  du  Si.j*^  o*>  22»  et  dans  Ztitsckr^  fur  mts«n*chafiî,  Theolcgii, 
4iHiigeafold,  i8d6. 

T.  xin,  i&  25*  a 


34 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


k 


chapitre  xxni  de  S.  Mathieu.  Mais  à  qui  s'adressent-elles?  Evj 

demmerit  à  une  classe  de  pharisiens  pour  lesquels  la  religîDii 
nVlait  qu'un  instrument  politique  et  qui,  par  leur  situation  dan* 
Fétat,  étaient  en  mesure  d'abuser  de  leur  iritluence  pour  opprimer 
et  asservir  îe  peuple.  Ce  sont  ces  pharisiens  teints  que  rÉvan^nle 
et  le  Talmud  condamnent  également  et  poursuivent  de  leur  haine 
méritée.  L^Évangile,  qui  est  une  œuvre  éminemment  populaire, 
montre  d*^jà  sulYisamment  que  cette  haine  de  VAm-haaréç  contre 
le  «  pharisien  teint  "  était  antérieure  à  k  destruction  du  temple; 
comme  nous  allons  le  voir,  Josèphe  et  le  Talmud  le  proutent 
également. 

Ces  pharisiens  puissants  et  hypocrites,  qu'il  faut  soigneusement 
distîfïguer  de  la  masse  des  pharisiens,  étaient  depuis  longtemps 
une  force  organisée,  avec  laquelle  il  fallait  compter.  Déjà  à  ra- 
vinement de  Jean  llyrcaîï,  ces  pharisiens  exerçaient  sur  le  peuple 
une  influence  considérable,  Hyrcan,  qui  était  leur  disciple  d^voué|^ 
déploya  tout  son  z*^lê  pour  se  maintenir  clans  leurs  bonnes  grâcei. 
«  car  ils  jouissaient  d'un  tel  crédit  que  le  peuple  ajoutait  fbii 
leurs  paroles,  même  quand  elles  visaient  la  personne  du  prince  oti 
du  grand'prétre  »,  Cependant  llyrcan,  poussée  bout  par  l'un  d*euix, 
nommé  Éléazar,  qui  rengageait  à  se  démettre  de  ses  fonctions 
de  grand-prôtre,  se  sépara  de  leur  parti  et  passa  au  parti  des 
sadducéens^  Dès  lors,  il  persécuta  les  pharisiens  avec  acharne* 
ment*  Il  ne  lui  suffit  pas  d'abolir  les  prescriptions  légales  qu'ils 
avaient  établies,  il  défendit  au  peuple,  sous  peine  de  châtiment»  A{ 
les  observer  *.  «  Je  ferai  remarquer  à  ce  sujet,  dit  Josèphe  dans 
la  suite  de  son  récit  relatif  à  cet  incident,  que  les  pharisien^ 
ont  enseigné  au  peuple  beaucoup  de  lois  qu*ils  connaissaieiilj 
par  tradition  et  que  les  sadducéens  rejettent  ces  lois  parce  qu'ell 
ne  se  trouvent  pas  dans  la  Loi  de  Moïse  ». 

Nous  voyons  ici  que  Jost^phe  lui-même,  le  pharisien  de  cœur 
l'apologiste  ordinaire  du  parti,  ne  peut  s^empécher  de  faire  à  ci 
parti  le  reproche  discret  d'imposer  au  peuple  des  préceptes  étratts 
gersà  la  Loi  de  Moïse  et  de  provoquer  inévitablement  un  schisme 
Nous  voyons  aussi  que  ces  prescriptions  des  pharisiens  avaienl 
reçu  la  sanction  du  prince.  Par  cette  main*niise  sur  le  pouvûtl 
législatif,  ces  pharisiens  avaient  acquis  une  grande  autorité 
pouvaient,  dans  certaines  circonstances^  exercer  une  forte  actioi 
sur  les  masses  populaires. 

La  violente  oppression  qui  pesa  sur  les  pharisiens  depuis 
défection  de  Hyrcan^  et  qui   s'accrut   encore   sous    Alexandf 

»  Ant,  XIII,  1§,  6.  6, 


VPS  PHARÏSÏENS  ET  LES  GENS  OU  PEUPLE 


35 


I  Jatinée»  loin  de  produire  une  action  salutaire  sur  Tesprit  des  chefs 
In  parti,  contribua,  au  contraire,  à  les  corrompre.  On  ne  tarda  pas 
)s'en  apercevoir,  à  la  mort  d'Alexandre  Jannëe,  lorsqu'ils  revin- 

eût  au  pouvoir  avec  Salomé  Alexandra.  Ils  persécutèrent  leurs 

nciens  adversaires  et  exercèrent  sur  eux  de  basses  vengeances  ; 
indis  que  le  royaume  entier  goûtait  enfin  les  douceurs  de  la  paix, 

ux  seuls  étaient  des  fauteurs  de  désordre. 

Le  lecteur  attentif,  qui  sait  lire  entre  les  lignes,  remarquera 
liséraent  le  vif  sentiment  de  blâme  que  Jos^phe  manifeste  impli- 
citement à  IVgard    de  la  conduite  inqualifiable  des  pbarisiens 

evenus  au  pouvoir.  Mais  laissons  parler  notre  historien  :  «  La 
'^ reine  choisit  Ilyrcan  II»  comme  prand-pr^Mre. . .  Elle  laissa  les 
pharisiens  disposer  de  tout  et  commanda  même  au  peuple  de  leur 
Dbt^ir.  Elle  remit  en  vigueur  les  prescriptions  qu'ils  avaient  éta- 
blies naguère,  d'après  d'anciennes  traditions,  et  que  son  beau- 
[p^reHyrcan  avait  abolies.  Ainsi,  elle  n'était  reine  que  de  nom  et 
e*  pharisiens  jouissaient  de  tout  le  pouvoir  que  donne  la  royauté, 
Bs  rappelaient  les  bannis,  délivraient  les  prisonniers  ;  en  un  mot, 

iûe  différaient  en  rien  de  véritables  souverains.  Cependant,  la 
itine  ne  laissait  pas  de  veiller  à  la  sûreté  de  TÉtat.  Elle  rassembla 

lîe  nombreuse  arnaée  de  mercenaires  et  soumit  les  princes  voi- 

Ins,  qui  durent  lui  donner  des  otages.  Dès  lors,  le  pays  entier 

"Jouit  de  la  paix,  mais  les  pharisiens  seuls  n'eurent  pas  de  repos. 

\  assaillirent  la  reine  de  leurs  sollicitations  et  en  obtinrent  Tau- 

risâtion  de  mettre  à  mort  ceux  qui  avaient  conseillé  au  roi, 
on  mari»  de  faire  crucifier  les  huit  cents  pharisiens  *  ». 
i  Ailleurs  Josèphe  s'exprime  en  ces  ternies  *  :  «  Sous  le  gouverne- 

ent  de  Salomé,  la  secte  des  pharisiens,  dont  la  réputation  de 

Hé  et  de  science  dans  l'interprétation  des  lois  était  fort  grande, 
len^a  une  influence  considérable  sur  la  marche  des  atï'aires  de 
Slat.  Salomé,  qui  était  très  pieuse,  leur  laissa  même  une  autorité 
^cessive.  Peu  à  peu,  ils  s'insinuèrent  de  telle  sorte  dans  son  esprit, 
Jl*ds  parvinrent  à  mettre  ta  main  sur  presque  toutes  les  affaires 

i pposcrîTaient  et  rappelaient  qui  bon  leur  semblait;  ilsôtaient 
i rendaient  la  liberté  à  leur  gré,  ils  possédaient  ainsi  tous  les 
|ranlages  de  la  royauté  et  ne  laissaient  en  partage  à  Alexandra 
>  les  dépenses  et  les  soucis  que  donne  le  pouvoir*  La  reine  était 
fïiiUeurs  très  capable  de  diriger  les  grandes  affaires;  elle  con- 
tinua à  rassembler  des  troupes»  jusqu'à  doubler  son  armée.  Elle 
prit  on  grand  nombre  de  soldats  étrangers  à  sa  solde  et«  par  ce 


^ 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


moyen»  elle  se  rendît  noQ  seulement  très  paissante  dans  son 
royaume,  mais  aus^ài  redoutable  aux  princes,  ses  voisins.  Ainii 
cette  reine,  qui  commandait  aux  autres»  se  laissait  dominer  elle* 
même  par  les  pharisiens.  Ceux-ci  tirent  mourir,  entre  autres,  m 
homme,  de  iiaute  distinction,  iiorainé  Diogéne,  qui  avait  été  parfr 
culièrement  aimé  du  roi  Alexandre.  Les  pharisiens  accusaient 
Diogèno  d'avoir  couîseillé  à  ce  prince  de  faire  crucifier  les  huit 
cents.  Ils  poussaient  aussi  la  reine  à  se  débarrasser  de  tous  ceux 
qui  avaient  excité  Alexandre  contre  leur  secte,  et,  comme 
pieuse  princesse  ne  savait  rien  leur  refuser,  ils  faisaient  pénr  qii 
bon  leur  semblait,  n 

Ce  récit,  d'un  partisan  déclaré  des  pharisiens,  a  son  éloquence, 
Les  chefs  des  pharisiens,  et  ici  il  ne  peut  être  question  que  d'eux, 
si  on  s'en  tient  aux  sources,  n'étaient  donc,  lorsqu'ils  avaient  ïi 
pouvoir  en  main»  nullement  aussi  inoflensifs  qu*on  pourrait 
croire.  Les  plaintes  qui  ont  été  élevées  contre  eux  sont  fondées  i 
condition  qu'on  ne  les  applique  pas  à  tous  les  pharisiens,  maisài 
pharisiens  influents  qui  jouaient  un  rôle  dans  l'État,  Ce  n'était  pi 
le  parti  tout  entier  qui  était  corrompu,  c'étaient  uniquement! 
politiciens,  qui,  sous  le  manteau  delà  piété,  cachaient  rhypocrisifl 
la  soif  des  honneurs  et  des  jouissances.  Tels  ils  nous  apparaissea 
à  lepoque  de  leur  plus  grande  puissance  sous  le  règne  d*Alexandn 
Salomé. 

La  nécessité  de  distinguer  entre  pharisiens  et  pharisiens  repojl 
sur  des  preuves  nombreuses.  Écoutons  tout  d'abord,  à  ce  suje 
comment  lennemi  le  plus  acharné  des  pharisiens,  Alexandu 
Jannée,  jugeait,  à  son  lit  de  mort,  le  parti  des  pharisiens 
ce  Lorsque  la  reine,  dit  Jusèphe*,\it  que  son  mari  (Alexandi 
Jannée)  était  à  toute  extrémité  et  qu'il  ne  restait  plus  aucun  esp 
de  guérison,  elle  se  mit  à  gémir  et  à  se  lamenter  de  l'abandon < 
elle  se  voyait  près  de  tomber  avec  ses  enfants,  etelle  dit  au  princi 
Entre  les  mains  de  qui  me  laissez-vous,  moi  et  mes  enfants,  ( 
un  besoin  de  secours  aussi  pressant?  Ne  savez-vous  pas  combû 
rirritation  du  peuple  est  grande  contre  vous?  Alexandre  Ittii 
pondit  que,  si  elle  voulait  suivre  ses  conseils,  elle  conserverait^ 
pouvoir,  pour  elle  et  ses  enfants.  Quand  sa  mort  sera  survenu 
qu'elle  la  cache  à  l'armée,  jusqu'à  ce  que  la  place  (de  Ragah 
soit  prise.  Qu'elle  retourne  ensuite  à  Jérusalem  en  grande  pon 
et  qu'elle  gagne  les  pharisiens,  en  leur  donnant  quelque  autorit 
Par  reconnaissance  pour  ses  faveurs,  les  pharisiens  s'appliquer 
à  lui  concilier  les  bonnes  grâces  du  peuple,  sur  lequel  leur  |iouTG 


LES  PHARISIENS  ET  LES  GENS  DU  PEUPLE 


37 


est  si  grand  qu  ils  lui  font  aimer  et  haïr  qui  est  Fobjet  de  leur  sym- 
j  jathie  ou  de  leur  haine  et  que  leurs  paroles  trouvent  créance, 

ttôme  lorsqu'ils  agissent  par  envie,  Lui-mÔme  s*était  attiré  Taver- 

lion  du  peuple,  parce  qu'il  avait  tenu  les  pharisiens  à  Fécart.  r* 

Ce  passage  de  Josèphe  est  commenté  et  expliqué  par  un  passage 

du  Talmud  qui  porte  le  cachet  d'une  tradition  authentique  *.  On 

lîoit,  en  comparant  les  deux  textes  quels  sont  les  pharisiens  que 

îannée  accusa*  et  qu'il  distingue  lui-même  entre  les  vrais  et  les 

feux  pharisiens,  «  Alexandre  Jannée,  mourant,  fit  à  son  épouse 

i  recommandation  suivante  :  Ne  crains  ni  les  vrais  pharisiens  ni 

eux  qui  ne  sont  pas  pharisiens;  mais  prends  garde  aux  faux 
jfharisiens,  à  ceux  qui  sont  pharisiens  d'apparence,  qui  commet- 

nt  les  vilenies  d'un  Zimri  et  qui  réclament  la  récompense  due  au 

éled'un  Pinchas  hen-Kléazar  », 

On  ne  saurait  parlpr  plus  nettement.  Ces  paroles  du  Talmud 

■fclairent  de  la  manière  la  plus  vivo  la  conduite  d'une  classe  de 

pharisiens  hypocrites  qui  devaient  être  nombreux  et  influents, 

puisque  Jannée  les  trouvait  dangereux  ;  qui,  sous  le  masque  de  la 

i^t^,  cachaient  tous  les  vices^  et  néanmoins  prétendaient  haute- 
lient  à  la  qualité  de  pieux  zélateurs.  Ce  sont  là  les  pharisiens  sur 

squels  rÉvangile  déverse  sa  lave  bouillante.  Dans  le  Talmud, 
jfèstlaméme  indignation,  mais  on  voit  tout  de  suite  à  qui  elle 

adresse.  Ce  sont  ces  mêmes  pharisiens  remuants  et  toujours  oc- 
cupés à  forger  des  intrigues  qui,  dans  VAssomptum  de  Moïse ^ 
sont  appelés  des  hommes  corrompus  et  scélérats,  capables  de  tous 
lea  déguisements,  se  vantant  d'être  des  justes. , . ,  des  gens  qui  se 
cachent  pour  s'adonnera  tous  les  vices,  dont  la  main  et  l'âme  sont 
«oaillées,  qui  ont  toujours  à  la  bouche  ces  mots  orgueilleux  :  Ne 
me  touche  pas  de  peur  de  me  rendre  impur  *. 

Le  passage  du  Talmud,  que  nous  venons  de  citer  n'est  pas  le 
»ul  où  les  pharisiens  honnêtes  s'élèvent  contre  la  classe  des  hy- 
{ïocrites,  des  pharisiens  teints  qui  déshonoraient  à  jamais  le  nom 
da  pnrti;  ces  protestations  ont  été  souvent  répétées  et  elles  répon- 

Dt  parfaitement  au  ton  des  apostrophes  enflammées  de  TEvan- 

^€l  de  TAssomption  de  Moïse.  Dans  leur  lutte  contre  ces  pha- 

fits,  les  pharisiens  honnêtes  parlent  absolument  comme 

:  <^ç  de  rÉvangile  et  l'auteur,  pharisien  aussi,  de  TAs- 

Dption  de  Moïse.  On  n'a  qu'à  relire  le  passage  bien  connu  où  le 
1  énumêre  les  différentes  espèces  du  faux  pharisien  ^,  Il  en 


22    à. 
^  CUapiirû  vu  :    Homîoe«  pesUlentîosi  et   impii,  diccntea  se   esse  juBtos. . . .  bo- 

I  dolofti,  éihi  plaeentes,  fîcti  în  omnibus  fiuts* 
l^a,f2&  ;  fàid,,  jcrus,,  5,  5  ;  Bti'akhot^  jer,,  9,  4;  Ahm  R,  Natan,  cb.  xxxvit. 


%  EBTUE  DES  ÉTUDES  WWES 

compte  jusqu'à  sept  sortes  :  Ceux  qui  portent  leurs  bonnes  œuvres 
fiur  les  f^paules  et  qui  en  tirent  vanité  ;  ceux  qui  marchent  à  pelili 
pas  en  criant  aux  passants  :  «  Attendez-moi,  je  vais  remplir u^ 
devoir  pieux  r»  ;  ceux  qui  se  mettent  la  tête  en  sang,  parce  qu'ils 
ferment  Jes  yeux  en  marchant  pour  ne  pas  regarder  les  leromesj 
ou  qui  prétendent  compenser  leurs  péchés  par-  leurs  bonnes 
vres  ;  ceux  qui  se  vantent  d'avoir  dépensé  leur  fortune  en  œu¥i 
pies,  ou  qui  marchent  le  dos  courbé;  ceux  qui  vont  répétant 
«  Dites  moi  ce  qu'il  me  reste  à  faire»  quelle  faute  j'ai  commij^ej^ 
veux  la  réparer  en  accomplissant  une  bonne  œuvre  »;  ceux  ç< 
agissent  par  crainte  du  châtiment  et  ceux  qui  n'agissent  que  paU 
l'espoir  des  récompenses.  On  le  voit,  c'est  exactement  le  môm 
langage  que  celui  de  l'Évangile,  et,  dans  la  touche  d'un  phami< 
il  ne  peut  s'appliquer  qu'à  de  faux-frères,  désavoués  par  le  parti 
Il  est  impossible  de  contester  la  vérité  de  ces  accusations  dirigée 
contre  le  faux  pharisaïsme,  qui  fut  la  honte  du  pharisaï^^me  vérl 
table,  tel  que  Vont  fait  les  docteurs.  Les  pharisiens  que  rÉvangil 
flagelle  à  bon  droit  ne  sont  nullement  ceux  qui  <t  vivaient  et  moU; 
raient  sous  la  tente  de  la  Loi  ».  Ce  sont  les  faux  dévots,  les  pbi 
risiens  hypocrites,  qui  alïichaient  leur  piété  dans  la  rue,  déployj 
sur  la  place  publique  une  activité  aussi  vive  que  dangereuse, 
jetant  de  la  poudre  aux  yeux,  imposant  au  peuple  de  lûurdi 
charges,  et  qui,  en  amenant  la  masse  si  longtemps  dédaignée 
TAm-haareç  à  secouer  leur  joug  devenu  insupportable»  conl 
buérent  au  développement  du  christianisme.  Ce  sont  ces  mém€ 
pharisiens  qui  se  faisaient  craindre  du  prince  lui-même  et 
surent  toujours  retirer  de  leur  autorité  religieuse  toutes  sorta 
d'avantages  matériels.  C'est  ainsi  que,  sous  le  gouvernement  A 
Salomé,  ils  surent,  comme  nous  l'avons  vu,  accaparer  tous  li 
profits  que  donne  le  pouvoir,  en  laissant  toutes  les  chargera! 
princesse  asservie  par  eux. 

Des  temps  difficiles  vinrent,  pour  les  pharisiens,  quand  legott 
vernement  passa  au  pouvoir  d'Hérode  P''.  Sa  main  de  fer  pesi 
lourdement  sur  leur  nuque.  Toutefois,  il  ne  put  annuler  que  pott 
un  temps  l'influence  de  ce  puissant  parti.  En  général,  le  peupi 
leur  était  très  attaché  ;  ils  intrigUciient  secrètement,  toujours  pr*l 
à  s'élancer  pour  s'emparer  des  rênes  du  gouvernement  qui  toi 
avaient  été  enlevées.  L'oppression  que  le  toi  Hérode  fit  peser 
eux  eut,  coiïime  les  persécutions  de  Jean  ïlyrcan  et  d'Alexandr 
Jannée,  une  influence,  fâcheuse.  On  le  vit  à  Favênement  ifl 
grippa  I*^  Le  faux  pharisaïsme,  quon  croyait  mort,  sYleva  d'u 
bond  à  une  hauteur  imprévue  et  conquit  d'un  seul  coup  tontes 
positions  qu'il  avait  occupées  au  temps  de  sa  prospérité.  Sur 


LES  PHARISIENS  ET  LES  GENS  DU  PEUPLE  30 

'trône  était  assise  riiypocrisie  personnifiée  dans  Agrippa,  qui  fut, 
I  i  notre  aris,  le  pire  des  pharisiens  teints. 

Noos  ne  voulons  nullement  amoindrir  les  services  que  ce  prince 
\  a  rendus  au  judaïsme  de  son  temps,  par  ses  relations  avec  la  cour 
romaine,  mais  cela  ne  nous  empf*chera  pas  di^  le  juger  impartia- 
lenieût.  Nous  ne  pouvons  nous  associer  aux  adulations  des  phari- 
I *iens  revenus  au  pouvoir  avec  lui,  ni  aux  flatteries  d'un  Josèphe, 
[qui  colore  tous  les  actes  d*Agrippa,  quelque  blâmables  qu'ils 
[soient. 

Qu'on  songe  à  ce  spectacle  :  Agrippa,  Uaventurier  débauche* 

[qui  a  vécu  de  la  vie  voluptueuse  de  la  cour  romaine  et  qui,  sur  ce 

[terrain  glissant  et  dangereux,  a  appris  à  fond  Tart  du  mensonge 

et  de  rhypocrisie,  a  obtenu  la  couronne  de  Judée  et  se  présente 

comme  pharisien  l  et  quel  pharisien!  «  A  peine  arrivé  à  Jérusa- 

'  lem,  dit  Josèpbe  *,  il  apporte  des  sacrifices  de  grâce  et  ne  néglige 

aaruiie  prescription  légale  ».  Et  ailleurs  :  «  11  aimait  séjourner  à 

Jérusalem  et  y  restait  fort  longtemps  ;  il  observait  avec  soin  les 

lois  nationales  et  se  montrait,  en  toute  circonstance,  ami  de  la 

îertu.  n  ne  laissait  pas  passer  un  jour  sans  offrir  les  sacrifices 

limcrits  *  », 

Il  poussa  rhumilité  jusqu'à  porter  sur  ses  épaules  le  panier 
[des  prémices,  à  Texemple  de  ses  sujets  venus  en  p^derinage  au 
itemple  ^,  A  la  fête  des  Cabanes  de  Tannée  sabbatique,  lui-même, 
lie  tenant  debout,  lut  le  Deutéronome  au  peuple.  Et,  lorsqu'il  ar* 
Ifiva  au  passage  ainsi  conrii  *  *f  Tu  n'établiras  pas  sur  toi  un  roi 
Mtranger^  tu  prendras  un  roi  d'entre  tes  Irùres  »,  il  se  mit  à  san- 
[floter.  Les  docteurs  lui  crièrent  :  Ne  crains  rien,  roi  Agrippa, 
es  notre  frère,  tu  es  notre  fr^re  !  *  » 

Qu*an  veuille  bien  nous  excuser,  si  nous  nous  méfions  de  ce 
rusque  changement  de  caractère  chez  Agrippa»  et  si  nous  ne  nous 
Dnspas  à  M,  Graetz,  qui,  suivant  le  jugement  porté  sur  ce 
par  Josèphe,  s^écrie  :  «  Agrippa,  le  prince  si  léger,  était 
^venu  un  homme  sérieux  ;  le  courtisan  avait  disparu,  et  à  sa  place 
\y  avait  un  patriote,  un  régent  consciencieux,  qui  savait  ce  qu'il 
raità  la  nation.  En  lui,  le  prince  asmonéen  avait  vaincu  Tliéro- 
m  !  »  Nous  ne  pouvons  nous  associer  à  ce  dithyrambe.  Si,  à  Té- 
Vghppa,  Tétat  général  du  pays  avait  été  aussi  fiorissant 
[Aïo  le  dit  et  que  les  a[*parences  rindiqoaient,  comment 
aerailHl  possible  d*expliquer  que  Jésus  et  ses  disciples  aient  trouvé 


*  Bkturim^  3,  4. 


4tl 


Ft EVITE  DES  ETUDES  JUI^'ES 


dans  les  couches  inférieures  de  la  population,  un  écho  si  puissant 
à  leurs  violentes  iliatribes  dirijïëes  en  premit^re  ligne  contre  te 
pharisaïsrae  ?  Du  reste,  même  en  dehors  des  classes  inférieures 
de  la  population,  îl  y  eut  parmi  les  principaux  pharisiens  d» 
hommes  qui  osèrent  douter  de  la  sincérité  des  sentiments  phari- 
saïques  d'Agrippa,  et  qui  eurent  le  courage  d'exprimer  leur 
opinion*  Josèphe  hii-niôme  est  forcé  d'en  convenir.  En  effet,  il  dit 
textuellement  :  f^  Durant  un  voyage  d'Agrippa  à  Césarée,  un  certain 
Simon  de  Jérusalem,  qui  avait  la  réputation  d*étre  versé  dans  la 
Loi,  eut  Taudace  de  convoquer  une  assemblée  populaire  et  d'ac- 
cuser le  prince  d'impiété,  demandant  qu'on  lui  refusât  l'entrée dtt 
temple,  qui  ne  devait  être  permise  qu*aux  Juifs.  Le  gouverneur  de 
la  ville  écrivit  aussitôt  à  Agrippa,  pour  Faviser  de  cette  harangiie 
séditieuse.  Agrippa  lui  ordonna  de  lui  envoyer  Simon.  Lorsqu'il 
arriva  à  Césarée,  Agrippa  se  trouvait  précisémetit  au  théâtre. 
Il  fit  asseoir  Simon  à  ses  côtés,  et,  au  bout  de  quelques  instauts, 
lui  demanda  de  sa  voix  la  plus  insinuante  :  «  Dis-moi  donc,  Sinroa, 
que  se  passe-t-il  ici  qui  soit  contraire  à  la  Loi?  »  Simon  ne  sut 
rien  répondre  et  demanda  pardon.  Agrippa  lui  pardonna  à  Theure 
même,  car  il  était  d*avis  que  la  générosité  sied  mieux  à  un  prince 
que  la  colère,  et  que  la  clémence  convient  mieux  aux  grands 
que  la  rigueur.  H  renvoj-a  donc  Simon  et  même  il  lui  fit  des 
présents  *.  » 

Il  nous  semble  que  cet  incident  fâcheux,  qui  montre  du  moins 
que  tous  les  Pharisiens  instruits  et  les  classes  populaires  at 
croyaient  pas  si  fermement  à  la  piété  d^Agrippa  que  Josêphe  et 
consorts,  n'a  pas  été  aussi  anodin  qu1l  en  a  Tair,  Car  si  Jôsêj 
se  voit  obligé  de  le  relater  en  sa  qualité  d'historien  ;  si,  d'une  parti 
le  gouverneur  de  la  ville  est  dans  la  nécessité  d*en  aviser  aussitôt 
le  prince;  et  que,  d'autre  part.  Agrippa  n*hésite  pas  à  mander 
auprès  de  lui  le  farouche  pharisien  et  à  déployer  vis-à-vis  del© 
toute  son  éloquence  insinuante,  il  faut  que  Simon  n*ait  pas  été 
seul  à  juger  le  roi  avec  sévérité.  Derrière  Simon,  il  devait  y  ayoiP 
des  masses  populaires  qui  pensaient  comme  lui.  Cela  prouve  que, 
sous  le  gouvernement  d*Agrippa,  si  brillant  à  rextérieur,  il  y  avait 
certaines  couches  de  la  population  qui  étaient  disposées  à  prendre- 
position  contre  le  faux  pharisaïsme,  même  quand  il  siégeait  sur 
le  trùne. 

Dans  le  cours  de  son  règne,  Agrippa    lui-même   nous  rtfvêlt 
combien  son  attachement  au  judaïsme  pharisien  était  peusérieui 
Pour  plaire  aux  pharisiens,    qui  étaient  tout^puissants  sur 


LES  WURISIKNS  ET  LES  GENS  DU  PEUPLE 


^1 


^peuple,  il  avait  feint  d'être  lui-ra^me  pharisien;  de  même,  pour 
phire  aux  Grecs,  il  chercha  à  aHicher  des  sentiments  helléniques. 
Il  érigea,  en  différents  endroits»  des  théâtres,  qu'il  fréquenta  lui- 
mAme  assez  souvent.  «  Parmi  les  nombreuses  constructions  qu'il 
lit  élevpr  dans  plusieurs  villes,  celles  dont  il  dota  Béryte  étaient 
bks  plus  remarquables.  Il  y  fit  faire  un  théâtre  qui  dépassait  en 
p]éî2:ance  et  en  beauté  toutes   les  constructions  similaires.  Il  fit 
Bussi  bâtir,  à  grands  frais,  un  amphithéâtre»  des  bains  et  des 
f  galeries  à  colonnades,  n'épargnant  rien  pour  leur  magnificence. 
Pour  inaugurer  dignement  ces  monuments,  il  déploya  toutes  les 
ources  possibles.  Dans  le  théâtre,  il  organisa  des  spectacles  et 
Bvertissernents  de  toute  sorte.  Il  fit  paraître  sa  générosité,  en 
ant  dans  Tamphithéâtre  un  grand  nombre  de  gladiateurs. 
Pour  donner  à  la  foule  le  plaisir  d'assister  à  un  combat,  il  réunit 
aussi  dans  Tamphitiiéâtre  deux  troupes  de  sept  cents  hommes  qui 
'  devaient  se  battre  ensemble  :  on  avait  rassemblé,  à  cet  eflet^  de 
Joatepart,  des  criminels  auxquels  la  victoire  servirait  de  réhabi- 
litation *  ». 
Le  procédé  était  très  vif,  et  rien  ne  peut  l'atténuer.  En  d'autres 
nps,  de  pareils  incidents  auraient  suffi  à  exciter  vivement  les  es- 
rîts,et  à  amener  les  conséquences  les  plus  graves.  Mais  Agrippa 
oaait  le  pharisien  dévoué  aux  intérêts  du  parti  et  accordait  à 
elui-ci  une  autorité  absolue  ;  aussi  ces  infractions  furent-elles 
Ouvertes  du  voile  de  Tamitié  et  passées  sous  silence.  Les  termes 
ont  se  sert  Josèphe  pour  pallier  cette  conduite  d'Agrippa  sont 
niâc^tifs.  Il  établit  un  parallèle  entre  Hérode,  le  prince  cruel 
taiiti-juif,  et  le  doux  Agrippa,  rami  des  Juifs,  et  il  conclut  en  ces 
Hrmes  :  «  Agrippa,  au  contraire,  était  doux  et  bienveillant  envers 
tout  le  monde.  Sa  libéralité  s'étendait  même  aux  étrangers,  mais 
Kfiiand  il  avait  ainsi  donné  à  ceux-ci  des  preuves  de  sa  grandeur 
|vâme,il  dédommageait  ses  sujets  juifs  en  les  gratifiant  de  marques 
de  sympathie  d'autant  plus  nombreuses.  Ainsi,  il  faisait  volontiers 
un  séjour  prolongé  à  Jérusalem,  observant  fidèlement  les  cou- 
lâmes nationales,  et  il  ne  se  passait  point  de  jour  qu'il  n'offrit  des 
Ecrifices  *,  «  Simon»  qui  voit  presque  clair  dans  le  jeu  d*Agrippa, 
t  gagné  par  ces  bons  procédés  et  se  laisse  tromper. 
Qu'on  ne  nous  jette  pas  Tanathème  à  cause  de  ce  que  nous 
âTQOs  avancé.  Nous  avons  pour  nous  l'opinion  des  pharisiens 
eux-mêmes,  nous  voulons  dire  des  pharisiens  sincères,  qui,  dans 
leur  pieuse  simplicité,  ont  su,  mieux  que  Josèphe,  juger  Agrippa. 


Pï  Anlif,,  XïX,  7,  5, 
>  J«ri>„  XIX,  7,  3. 


42  BEVUE  DES  ÉTUDES  JUiVES 

Le  Taîmud  dit  :  «  Les  docteurs  qui  ont  crié  à  Agrippa  :  Tu  es  notre 
frère,  tu  es  notre  frère  1  ont  commis  une  hypocrisie  qui  devait 
amener  la  décadence  et  la  ruine  du  royaume  ».  » 

Le  pliarisaYsme  teint  était  devenu  d'autant  plus  insupportable 
qu'il  était  soutenu  par  le  roi  lui-même,  ses  abus  devaient  être 
criants,  et  on  comprend  qu'après  la  mort  d'Agrippa,  Toppositioft, 
contre  ce  faux,  pharisaïsme,  dont  Texistence  s'était  traîne 
les  discours  de  Simon,  ait  éclaté  avec  violence  et  engagé  coal 
rtiypocrisie  ofticielle  une  lutte  opiniâtre*  C*est  de  cette  époqiK 
que  datent  les  imprécations  lancées  par  le  porte-parole  de  TAifr 
haaréç,  dans  Mathieu,  et  les  graves  accusations  du  pseudo-Moïafe 
Tous  deux  se  placent  sur  te  terrain  du  vrai  pliarisaï^me:  toui 
deux  sont  encore  des  Juifs  purs,  et  la  lutte  qu'ils  soutiennent «( 
uniquement  dirigée  contre  la  classe  des  pharisiens  (einis»  qa 
sont  aussi  les  adversaires  des  docteurs  du  ïalmud. 

Ceci  nous  ramène  à  ï Assomption  de  Moîse^  dont  nous  avon 
déjà  appliqué  le  passage  le  plus  important  aux  faux  pharisieiw', 
Le  commencement  de  ce  passage,  où  sont  stiguiatisés,  pour  le» 
hypocrisie,  les  hommes  qui  se  disent  être  des  justes,  aétéapplî 
que  par  divers  auteurs  aux  sadduccéens  (dont  le  nom,  coœmeo 
sait,  a  ponr  racine  un  mot  signitiant>î(5?ie(?).  On  se  croyait  oblig 
de  recourir  à  celte  explication  parce  que  l'auteur  de  TAssomptio 
de  Moïse  est  évidemment  un  pharisien,  et  on  ne  comprenait  |>a 
qu'il  pût  attaquer  son  propre  parti.  Mais  le  chapitre  xxui  d 
rÉvangile  de  Mathieu  est  aussi  d*un  [dmrisien  orthodoxe;  il  4i 
formellement  (verset  3)  :  Faites  ce  qu'ils  disent,  mais  ne  faites  ps 
ce  qu'ils  font,  car  leur  conduite  n>st  pas  conforme  à  leur  docIriJK 
Il  approuve  donc  la  doctrine  pharisienne,  mais  il  condamne Ifl 
faux  pharisiens,  et  ce  sont  ceux-là  aussi  que  réi»rouv€  lautei 
pharisien  de  TAssomption  de  Moïse,  Le  mot  àe  justes  désigne  l< 
pharisiens.  Pour  s  en  convaincre,  on  n'a  qu'à  lire  Jos<^pllô 
Antiq*»  XUi,  18,  5,  où  il  est  question  de  la  séparation  de  J< 


^  Et  rep-nabuni  de  bis  bûmîties  pestîlentiosi  et  impii^  dicentes  $t  euê  jmt»  «t 

suscitabunt  irata  atiiinurum  suoruiu  et   erunt  bomines  dolosi,  6tbi  plaecntes,  ticki 

omnibus  suis  et  omiû  hora  dim  amaatQs  eaDvi^ia  devornlores  ^\m ttonan 

commestorcs,  diceoles  se  hcec  facere  prcjpler  misericordiam  eorum  sed  cxtermiiuiuir 
queruli  el  rallaees,  celanles  se  lia  po^sial  cogimsci  ;  impij  in  soelere  plcai  et  miq» 
laie  aJb  orieute  ti<ji|uts  ad  occideniem,  dcceulc^s  bab^himus  di5c:uhi(ioa«s  et  luiunil 
edetiLeâ  et  bibenles  [i]  Uivimus  non  taaquatn  prioLÙpes  erimus  et  matius  eofiuB 
mentes  îmmuuda  bractabunt  til  o&  eofiim  toquelur  inp:enUa,  et  supordtci^ut  :  tu  n 
mi  tantjei'c  ne  int/uintu  mê  m  hco  t/tto  tiat^sor . , . ,  iti  pl»:bern  qua?  strvtîl  iliis,  Cf.O 
gène,  ComtHt,  in  Mnth,^  23,  23,  &q.  :  Simililer  Pbansici  suni  omnes«  qui  justi(ica 
semet  ipsos,  et  dividuul  se  a  ceteris  die  en  tes  :  noîi  mîihi  apprûpiare,  *i«oninm  Mtfki 


LES  PHARISIENS  ET  LES  GENS  DC  PEUPLE 


43 


^ 


Hyrcan  d'avec  le  parti  des  pharisiens,  Hyrcan.  qui  avait  été  le 
disciple  des  pharisiens  et  fort  aimé  d*eux,  leur  tit  un  jour  un  grand 
festiû.».  Quand  il  vit  que  la  Jjonne  clière  les  avait  mis  de  bonne 
Liunear»  il  leur  dit  qu'ils  devaient  bien  savoir  qull  voulait  être 
-^-),  combien  il  sefrorçait  de  faire  ce  qui  plaît  ù  Dieu,  et 
'  a  fait  selon  les  vues  des  pharisiens.  Hyrcan  est  donc  un 

pharisten  dans  l*âme.  Il  parait  avoir  concentré  toute  son  attention 
i  Hre  jttste*  comme  les  pharisiens  le  sont,  suivant  la  règle  de 
conduite  qu  ils  préconisent.  Ainsi,  juste  et  pharisien  sont  deux 
rmes  identiques.  «  Le  discours  de  Hyrcan  provoqua  une  réponse 
'delà  part  d'un  pharisien,  nommé  Eléazar  :  «  Si  tu  es  réeliement 
^^tnie^  c'est-à-dire  si  tu  veux  être  uu  vrai  pliarisien,  il  faut  que  tu 
renonces  aux  fonctions  de  grand-prôtre.  k>  Pour  TAssomption  de 
Mo'i^aussi,  les  pharisiens  sont  les  JusteSy  et  les  faux  pharisiens, 
h$ prétendus  jfistes  (dicentes  se  esse  justos),  qu'elle  îlétrit  comme 
rad^jà  fait  TÉvangile  de  Mathieu.  Le  chapitre  xxiii  de  Mathieu 
est  le  meilleur  commentaire  de  ce  passage  de  TAssomption. 

Aî*rès  la  destruction  du  iem|)le,  la  situalion  religieuse  se  trouve 

modifiée  radicalement;  la  classe  si  puissante  et  si  dépravée  des 

rtsiens  teints  semble  balayée.  Il  ne  resta  que  le  pharisaïsme 

lur,  t^l  qu'il  nous  apparaît  dans  le  Talmud.  Ce  dernier  aurait  pu 

'«er^'conciller  avec  TAm  haaréç,  si,  d'une  part,  la  haine  tradition- 

lelle  entre  eux  n'avait  pas  persisté^  et  si,  d*autre  part,  les  clmny:e' 

lents  qui  s'étaient  opérés  dans  les  idées  de  TAm-haaréç  n'avaient 

ndu  la  réconciliation  impossible.  En  effet,  les  Am-haaréç  avaient 

mné  naissance  à  un  parti  hérétique,  les  MinirHj  les  Nazaréens  et 

fies  Kbionites.  Ils  commentaient  à  renoncer  à  certaines  cérémonies 

'«térieures»  et,  au  lieu  de  combattre  les  faux  pharisiens,  ils  sont 

venus  les  adversaires  du  pharisaïsme  en  général.  Cette  Oliation 

parti  des  Minim  est  attestée,  non  seulement  par  le  caractère 

du  parti  de  Jésus,  qui  se  recrutait  dans  ces  milieux,  mais  encore 

parla  comparaison  la  plus  superticielle  de  notre  passage  de  Ma- 

ieu  avec  les  sources  talmudiques.  Dans  Mathieu,  on  reproche 

X  pharisiens  leur  piété  purement  extérieure  et  leur  préoccupa- 

n  constante  de  jeter  de  la  poudre  aux  yeux  :  «  C'est  pourquoi  ils 

irtent  de  larges  phylactères  et  de  grosses  franges  à  leurs  véte- 

ttts  , .   Ils  donnent  la  dime  de  la  menthe,   de  lanis  et  du 

min —  i>  ;  mais  toutes  ces  cérémonies  sont  encore  considérées 

imme  obligatoires,  ce  sont  des  choses  bonnes  en  soi,  dont  Tabus 

ul  est  condamnable,  et  que  FAm-haaréç  lui-même  est  obligé 

raccompHr.  Après  la  destruction  du  temple,  l'Am-haaréç  n'ac- 

mplit  plus  ces  pratiques.    Les  docteurs  du  Talmud,  à  cette 

que,  déclarent  appartenir  à  la  classe  de  TAra-haaréç  celui  qui 


44  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ne  met  pas  de  phylactères,  qui  ne  porte  pas  de  franges  à  ses  vê- 
tements ou  qui  ne  donne  pas  la  dîme  de  ses  fruits.  L'Am-haaréç 
de  l'Évangile  est  donc  identique  à  celui  du  Talmud,  seulement, 
après  la  destruction  du  Temple,  ce  dernier  commence  à  négliger 
certaines  pratiques  religieuses.  Il  est  assimilé,  par  les  docteurs, 
aux  Minîm,  à  moins  qu'il  ne  se  confonde  avec  eux.  a  Si  nous 
faisions  des  affaires  avec  les  Am-haaréç,  dit  un  docteur,  ils  nous 
tueraient.  »  Et,  d'autre  part,  «  il  est  défendu  de  faire  des  affaires 
avec  les  Minim  »,  et  on  les  croit  capables  d'assassiner  un  docteur 
de  la  loi  *.  Les  Minim  sont  les  Nazaréeyis,  et  on  voit,  par  ce  qui 
précède,  qu'ils  se  confondaient  où  étaient  tout  prêts  de  se  con- 
fondre avec  les  Am-haaréç.  Une  fois  l'Am-haaréç  sur  cette  voie, 
toute  réconciliation  entre  lui  et  le  pharisaïsme  est  impossible.  Il 
devient  lui-même  un  parti,  qui  est  bientôt  en  minorité  dans  le 
peuple,  et  qui,  finalement,  se  sépare  du  Judaïsme. 

Vienne,  juin  1886. 

M.  Friedlander. 


'  Comparez  ensemble  Peçahim^  49  h  ;  Aùoda  Zara^  27  h  et  28  a.  Voir  aussi  Grœtz, 
vol.  IV,  note  11,  l'extrait  de  saint  Jérôme  sur  les  NaMr€9nt  appelés  minim  par  les 
pharisieDS,  et  Epiphane,  Heres^  XXIX. 


ÉTUDES  FAllCHÉOLOGIE  JUIVE 


U  science  du  judaïsme,  qui  a  eu  une  floraison  si  extraordi- 
:  MJredaiis  le  cours  de  ce  siècle,  a  donné  naissance  à  de  nombreux 
Ifiipe*  d'études,  mais  elle  n'a  pas  ahordé  rarchéologie.  C'est,  en 
[  «flbt,  tm  spectacle  de  liante  ironie  de  voir  que  cette  «  ruine  du 
jttiséiî  —  c'est  ainsi  qu'on  appelle  le  judaïsme,  —  monument  vi- 
i  nntde  rantiquité^  ne  se  soit  pas  encore  mis  à  Fétude  de  rarchéo- 
logie. Le  manque  de  matériaux  d'étude  explique  ce  lait,  au  moins 
«0  fiartie,  sinon  entièrement  :  d'autres  peuples  ont  péri,  en  lais- 
litfttâla  postérité  des  témoins  et  des  traces  de  leur  existence;  les 
[ittifsont  perdu  et  laissé  périr  les  monuments  de  leur  passé,  et  ce 
I  iMiteux  qui  ont  survécu*  Chez  les  nations  qui  vivent  tranquille- 
;  iDeQtdans  leur  pays,  de  nombreux  monuments  des  temps  passés, 
I  fa  églises,  des  édifices,  des  statues,  des  inscriptions,  des  cons- 
I  tRictions  de  toutes  sortes  et  même  le  mobilier  d'usage  courant,  se 
I  coaserrent  à  travers  les  siècles,  parviennent  aux  générations  pos- 
[tUeufeset  produisent ,  par  le  contraste,  par  cette  disposition  à 
fliottaiparaison  qui  est  innée  chez  l'homme,  la  science  des  anti- 
!ttHés  nationales.  Cette  continuité  historique  ne  s'est  pas  montrée 
cbezles  Juifs.  Grâce  aux  exils  qu'ils  subirent,  soit  en  masse,  soit 
l^trliellement,  la  main  de  l'histoire  a  effacé,  comme  d  un  coup  d'é- 
P'ïiïgv,  les  annales  de  leur  passé.  Un  peuple  de  conservateurs  qui 
ivajtsans  cesse  à  combattre  contre  les  ennemis  du  moment,  pour 
Bwmtenir  sa  religion,  ses  rites  et  son  culte,  pouvait  rester  indiffé- 
ra la  transmission  de  choses  matérielles,  d'objets  périssables. 
Uou  le  salut  des  vivants  réclamait  toute  la  vigilance  des  bons 
j<sprits,  il  ne  restait  guère  de  temps  ni  de  loisir  pour  s'occuper  de 
jcequi  était  mort  ou  de  ce  qui  allait  s'éteindre.  Les  Juils  man- 
fftuientde  ce  calme  et  de  celte  tranquillité  d'esprit  qui  permettent 
i  ttû  peuple  de  s'occuper  de  ses  antiquités.  Les  conséquences  des 
otâ  historiques  sont  lentes  à  s'effacer,  et  ce  manque  de 
^pocr  leurs  antiquités,  résultat  de  longues  années  de  souf- 
,  n'a  pas  encore  entièrement  disparu  chez  les  Juifs.  L'ar- 


46  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

chéologie  juive,  comme  science  indépendante,  est  encore  un  de 
nos  desiderata,  que  l'avenir  doit  réaliser.  Toutefois,  la  nécessité 
de  créer  et  de  cultiver  cette  science  s'est  manifestée.  Une  série  de 
fouilles,  entreprises  dans  différents  pays,  ont  mis  au  jour  tout  un 
matériel  qui  réclame  des  études  d'ensemble  s'appuyant  sur  les 
données  de  notre  ancienne  littérature  :  c«s  découverte^  sont  dues 
à  rintérôt  que  professent  pour  nos  antiquités  nationales  des  sa- 
vants de  toutes  les  confessions.  La  terre  aussi  commence  à  nous 
ouvrir  ses  entrailles  et  à  laisser  parler  les  pierres,  qui  partout 
fournissent,  pour  Thistoire  et  les  antiquités  des  peuples,  des  élé- 
ments si  riches  et  si  curieux.  En  dehors  de  la  Palestine,  où  Ton 
découvre  des  restes  d'anciennes  synagogues,  toutes  sortes  de  frag- 
ments d'objets  d'art,  des  débris  de  diverses  espèces  d'architecture, 
tant  sacrée  que  profane,  des  monuments  funéraires  et  des  inscrip- 
tions en  grand  nombre,  les  fouilles  pratiquées  dans  les  autres 
pays  qui  furent  le  théâtre  de  notre  histoire  ont  commencé  à  four- 
nir des  matériaux  imprévus  pour  la  connaissance  et  l'étude  de 
nos  antiquités.  En  Europe,  c'est  l'Italie  qui  tient  le  premier  rang 
sous  ce  rapport,  avec  ses  catacombes  de  Rome  et  de  Venosa. 
Ensuite  viennent  l'Asie-Mineure  et  cette  côte  septentrionale  de 
l'Afrique,  si  remarquable  dans  l'histoire  juive  de  tous  les  siècles. 
Comme  les  découvertes  elles-mêmes,  la  science  qui  s'y  rattache 
est  éparse  dans  la  littérature,  il  faudra  en  réunir  tous  les  élé- 
ments, car  la  science  juive  attend  là  une  moisson  que  d'autres  ont 
semée.  Les  savants  juifs  doivent  cet  hommage  à  leur  passé  de 
recueillir  cet  héritage. 

Nous  voudrions  seulement  esquisser  la  tâche  et  montrer  par 
quelques  exemples  ce  qu'il  y  a  d'attrayant  et  d'utile  à  traiter  les 
questions  archéologiques  concernant  les  antiquités  juives,  bien 
que  l'étude  de  ces  découvertes  laisse  subsister  plus  d'énigmes 
qu'elle  ne  donne  de  solutions. 


LA  SYNAGOGUE  DE  IIAMMAM-LIF. 


Le  17  février  1883,  le  capitaine  E.  de  Prudhomme  découvrit  à 
Hammâm-Lif,  en  Tunisie,  dans  le  voisinage  de  Carthage,  le  par- 
quet en  mosaïque  d'une  salle  de  9  m.  de  long  sur  5  m.  25  cte 


ÉTUDES  BTARCHEOUXÎiB  SVIVK  m 

^■.  Cç-*t  un  monument  précieux  pour  rarchéotogte  tant  juîTe 
fOift  ne.  L'explorateur  se  trouvait  en  présence  d^une  nio- 

atfqii-  ^iiu<|iie.  d*uu  dessin  splendide  et  d'une  couieur  éclatante^ 
qui  dut  toal  de  suite  captiver  Tattention  par  son  état  de  parlaite 
C0ftMrvêliOQ  et  par  ses  dimensions  extraordinaires.  En  rexami- 
Bttift  4e  plus  pr^s,  on  découvrit  quelle  était  divisée  en  trois 
clMwpif  inégaux;  le  champ  de  gauche,  fort  large,  et  le  champ  ée 
étoitf^  plus  étroit,  étaient  ornéi»  de  toutes  sortes  de  pjhpim,  d*a* 
nmaux  et  particulièrement  4'oiseaux  ;  le  champ  du  milieu  m^  iolH 
diiiaail  eu  trois  nouveaux  champs,  liont  le  su{iéneiir  reprét^mlaji 
la  mer  avec  des  poissons  et  des  oiseaux  aquatiques  ;  le  cfaaa^ 
ioMrieor  représentait  la  végétation  du  pays  :  des  pelaûeni.  des 
fleurs^  im  ouuple  de  paons  et  un  couple  d'autre  oiseasx  ;  dans  le 
etaap  do  milieu,  ayant  de  chaque  coié  un  chandelier  à  sept  liraiir 
!  trouvait  l'înscription-dédicace  suivante  : 

:5ANCTASINAGOGANARON>ROSA 
LVTEMSVAMANClLLATVAlVLiA 
NAPDESVOPROPIVMTE5ELAVIT  t 

D'Sfrès  la  Revue  archéologique  (188^^  1, 161  j,  on  aurait  déterré 
d^  fragments  de  marbre  et  des  débris  du  cbandeUer  à 
'«epc  brandies. 

Sur  mi  mur  d'une  seconde  salle  plus  petite,  longeant  le  côté 
de  la  mosaïque,  on  découvrit  ensoile  une  aecaade  ina- 


ASTERIVSFILIVSRVS 
TÏCIARCOSINAGOGI 
MARGARITABIDDEIPAR 
TEMPORTICITESSELAVIT 


Dans  tin  trois 
iDOsaîqne,  une  troll 


attenant  an  '•^»*''  large  (gauche)  de  ta 
iption  1 


t<j^>f!g  ^ 


m 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Avant  de  procéder  à  un  examen  plus  approfondi  de  ces  inscrfp- 
tions,  de  nomlireux  indices,  apparaissant  à  première  vue,  indi- 
quent les  uns  une  origine  juive  du  monument,  les  autres  une 
provenance  chrétienne.  Le  bâtiment  est  désigné  comnie  étant 
une  synagogue  »  Tun  des  fondateurs  de  la  mosaïque  est  appelé 
archisynagogus  ;  le  chandelier  à  sept  branches  apparaît  trois  fois, 
comme  le  sceau  du  caractère  juif  de  la  mosaïque;  à  droite  et  i 
gauche  du  chandelier  de  gauche,  là  où  M.  Delattre  a  vu  un  A  et 
un  n,  il  y  a  sans  doute  un  éthrog  et  une  corne»  nouveau  sym* 
bole  juif  *. 

Mais  le  panier  de  pain,  les  poissons,  les  paons  ne  sont-ils  pas 
de  véritables  symboles  chrétiens  qui»  à  eux  seuls»  assigneraient 
au  monument  une  origine  absolument  chrétienne  ?  Basilique  on  ! 
synagogue,  telle  est  la  question.  Des  fouilles  ultérieures,  qui  ont 
mis  à  nu  les  fondements  de  tout  le  bâtiment  (voir  le  plan  dans  la 
Revue  archéologique,  1884,  I»  p*  214),  n'ont  pas  donné  de  solu- 
tion certaine.  Le  plan  horizontal  ne  révèle  nullement  le  caractère 
d'une  église  chrétienne,  comme  M.  Renan  fa  établi  [L  c.}.  Du 
reste,  le  maître  de  larchéologie  chrétienne,  J,-B.  de  Rossi  (Af*ch. 
de  l'Orient  lalin,  U,  452)»  d'accord  avec  les  membres  de  T Acadé- 
mie française»  écarte  Tidée  d'une  basilique  et  désigne  la  construc- 
tion sous  le  nom  de  synagogue. 


U 


Avant  d'examiner  rinscription»  une  première  question  se  pose 
donc,  savoir  :  les  symboles  chrétiens  d'apparence  ont-ils  un  ca- 
ractère si  prononcé  qu'ils  ne  permettent  pas  d'attribuer  au  monu- 
ment une  origine  juive  ?  A  cet  eûfet,  nous  allons  examiner  succes- 


sivement ces  symboles»  y  compris 
prétend  avoir  reconnus. 


TA  et  m,  que  M.  Delattre 


A  et  fl. 


Même  si  ces  deux  signes  s'étaient  trouvés  réellement  sur  la 

et  tuiv.  Voir  la  ligure,  ibidem^  18S4,  pkache  VU-XL  La  photographie  qui  est  re- 
pfoduita  ici  nous  a  élé  dooaée  par  M.  Théodore  Eeiuach,  «lie  est  faiU  diaprés  un 
cLictié  ds  M.  Balagnj. 

^  E«we  anh€ol,,  1SS4,  I,  p.  273,  note  2,  il  est  dit  :  *  Ces  deux  objets  que  Ton 
distingue  bien  sur  l'aquareUe  orîgiimle  ;  *  il  est  impossible  de  les  recotmaitre  sur  k 
photographie. 


CTUDES  irARCIJÊOLOGIE  JUIVE 

saTqne  et  n'avaient  pas  Cité  recoonus  comme  les  symboles  juifs 
?n  connus  de  Vêihrog  et  du  louiab  ou  d'une  corne,  on  n'aurait 
rien  prouvé  en  faveur  do  Torigine  chrétienne  du  monu- 
Bien  que  TApocalypse  rapporte  ces  lettres  au  Christ  {Àpoc 
,8; '21,  6  ;  22, 13),  et  qu^on  s'en  soit  servi  ulEérieureraent  pour  les 
immes  de  Ji^suSi  ce  qui  leur  a  donné  un  caractère  tout  à 
tien,  il  est  évident  que  dans  S*  Jean  elles  forment  un  vëri- 
helléniâme;  comme  Je  Talmud  dit  r^n  ^ri  ^'h^'^iAboda 
rnrae  nous  disons  «  depuis  A  jusqu'à  Z  »,  on  disait, 
,  ^  A  jusqu'à  O.  Aussi,  ces  lettres  se  trouvent  tout 
ellement  dans  les  épitaphes  de  !a  catacomhe  juive  de  Ve- 
K  et  même,  conformément  aux  lois  de  récriture  hébraïque,  l'fl 
511  ve  à  gauche  de  rinscription  ', 


Les  pains. 

Avant  d'examiner  les  prétendus  symboles  chrétiens»  nous  avons 

devoir  de  faire  une  remarque,  c'est  qu'il  faut  voir  si  irn  objet 

^loyé  comme  symbole  dans  une  œuvre  peinte  est  isolé   et 

de  tous  les  caractères  du  symbole,  ou  sll  se  trouve  au 

d'autres  objets,  sans  aucune  signification  propre.  Si  on 

'  des  peintures  ou  des  sculptures  ornant  des  pierres  tu- 

i in  panier  contenant  des  pains  reconnaissables  comme 

\  eucharistiques  à  leurs  entailles  en  croix,  si  ces  pains  se  trou- 

jt  près  d*un  calice  ou  même  de  cinq  ou  sept  pains  indiquant 

Iracle  de  la  multiplication  des  pains,  il  ne  pourrait,  dans  ce 

y  avoir  aucim  doute,  et  Torigine  chrétienne  du  monument  ne 

it  être  contestée  (voir  Kraus,  Realencycloptïdie  det'  chrisiL 

1, 174  et  suiv.).  Le  panier  à  pain  de  notre  mosaïque,  si 

>i8  ce  sont  des  pains  que  te  panier  contient»  se  trouve  sur  le 

in  de  gauche,  au  milieu  de  toutes  sortes  d  oiseaux,  d'ani- 

L,  de  guirlandes  de  plantes,  à  peu  près  comme  les  fruits  peints 

Too  trouve  sur  les  fresques  pompéiennes  et  avec  lesquelles  le 

de  la  mosaïque  a  beaucoup  de  ressemblance.  On  n'y  voit 

les  en  croix,  ni  signes  eucliaristiques.  Le  panier  repré* 

f  n'a  aacnn  caractère  symbolique  et  pourrait  figurer  sur  la  mo- 

'  d'une  s>'nagogue  tout  aussi  bien  que  sur  celle  d'une  église. 

on  trouve  aussi  des  paniers  à  fruits  comme  symboles 


r  dvaas,  J£MP.,  1,  p.  61-62,  où  il  y  a  des  exemples  de  ceUe  manière  d'écrire 
^  tm  tof  àum  numumeata  chrétiens*   Kraus  a  négligé  ici  lûâ  épitaphes  de  la 
I  jttlve  ée  Vanosa.  Gonf.  Âscoli,  hcrisioni  di  antichi  ftpoleh/i  pudaki  del 

F- M. 
T,  XJll,  ^  25.  4 


50  «ÊVUË  bËS  ËîtItïÊS  JmVK5^ 

jiiîfe  sur  lies  moiiiiaies  juives;  ce  sont  probaLIebient  le,^  corbeilles 
dans  lesquelles  ou  portait  triomphalement  au  sanctuaire  les  pré- 
mices, les  Biccourim  (voir  M.  A.  Lev)%  Gesch.  derjûd,  Munsen, 
p.  44,  et  l38,  note  1). 


ÇUftnt  tiux  poissons  (lu'on  Wû  sur  notre  mdsaïquo,  il  es! 
tout  à  remarquer  que  rleii  eu  t^ux  ne  ra[ipelle  ïe  symbole  connu. 
ce  sont  tles  potssons  ûë  forte  taille,  représentas  nageant  dans  W 
mer,  dé  te^rltâbtes  artimaux  marin?*,  et  tion  de  ces  e^^juisses  res- 
semblant à  des  poissons  tiui  doivetit  symboliser  Vix^'^  —  itwJî 
Xpmtç  kûû  yiôî  fftûT^p  (Heuser,  dans  Kraus»  REF.,  h  516  et  suiv.)- 
Mais,  malgré  le  caractère  défini  que  ïe  symbole  des  poissons  a  pris 
dans  Tart  chrétien,  les  tigures  de  poissons  ne  sont  pas  exclues 
des  monuments  juifs,  11  n*est  pas  nécessaire  de  supposer  que  les 
Juifs  connaissaient  exactement  la  signification  du  poisson  comme 
symbole.  La  reproduction  du  poisson  sur  les  monnaies  juives 
est  prouvée  [voir  Madden,  cit(5  dans  la  Gaz,  arch,).  Le  poisson 
représenté  sur  la  pâte  de  verre,  datant  d^Hérodo,  conservée  au 
Cabinet  des  médailles  de  Paris,  doit  signifier  la  p^elie  dans  le  lac 
de  Tibériade  {Gaz,  arcItéoL,  I,  116).  Si  le  caractère  symbolique 
du  poisson  n*étaiti/aj?  encore  connu  à  cette  époque»  il  n  était  pas 
connu  davantage  pins  tard  des  Juifs.  SL  Berenbourg  i7to\  arch,^ 
1883,  1,  221)  a  vu  une  anciPinne  lîible  juive  qui  avait  des  poissons 
parmi  ses  ornements.  Nous  ajouterons  que,  parmi  les  illustrations 
des  douze  signes  du  zodiac] ue  qui  ornent  la  priAre  de  la  rosée  (ba) 
du  Mahzor  de  P;\qae,  soit  dans  les  manuscrits,  soit  dans  les 
Uahzor  imprimés,  il  y  a  deux  petits  poissons  nageant  en  sen^^ 
inverse,  représentant  le  signe  zodiacal  des  poissons.  Nous  pou- 
vons aussi  indiquer  la  reproduction  sculptée  de  deux  poissons  sur 
une  pierre  tumulaire  juive.  Le  cimetière  juif  de  Lemberg,  en  Ga- 
licie,  nods  offre  ce  remarquable  spécimen  (Ben  Chanania,  nnnéf* 
IJC,  p.  213).  Ses  auteurs  nt3  connaissaient  certainement  pas  la  si- 
gnification et  rimportance  que  le  puîsson  avait  un  jour  sur  les 
épitaphes.  Mais  on  peut  aller  plus  loin  et  affirmer  que,  même  aux 
époques  et  aux  lieux  où  îa  signilication  symbolique  des  poissons 
était  reconnue,  on  n*liésitait  pas  à  les  faire  figurer  sur  des  mo- 
numents juifs.  On  n'a  pas  oublié  les  peintures  des  plafonds  de  la 
catacombe  juive  de  la  Vigna  Randaninî,  que  Garfucci  a  repro- 
duilea  la  première  fois  sur  la  planche  489  de  sa  Storia  délia  arte 
ristiana^  et  a  expliquées,  volume  VL  p.  156.  Dans  âeux  chàtnpÈ 


de  ce  plafontl,  situés  l'un  vis-à-vis  de   l'autre, 

îf^îîs  des  reproductions  de  poissons  qui,  au  nombre 

IdeciJjq.  fieroWent  nagei*  gaiement  p^le-rn^^lf»,  et  qui,  par  leur  dls- 

f  leur  petitesse,  rappellent  plutôt  le  symbole  du  poisson 

.a  coutume  de  le  représenter  sur  des  monuments  clirë- 

tlen*.  Ce  plafond»  qui,  soiis  plus  d'un  rapport,  nous  donne  des 

aiw»rruï(  sur  la  culUire  des  arts  cliez  les  Juifs  (Ganicci,  Disserta- 

:imi  archeolûffiche  di  rario  argomcnio.  Il,  114),  prouve  aussi 

^u'onatortde  croire  à  l'emploi  du  symbole  des  poissons  par  les 

I  chrita5  seuls  ». 

Les  Puons. 


Cest  rarchéoIo<,ne  chrétienne  qui  nous  a  habitués  à  consi- 
|(topr  W  paon  comme  un  s3^ml]ole  exclusivement  chrt'^tien  de 
irimni^rtnlit»^  ou  de  la  pénitence  {lUmsTMma\m,MUUurUun(/en  der 
1^  k.  Ceniralœmm.  ziir  Erforsch.  tmd  ErfmiL  der  IJau- 
\^m,.  XYIU,  Vienne,  1813,  p.  18;  Kraus,  REF..  s.  i?.  Pfhu), 
jeté  sur  notre  mosaïque  suOit  pour  y  découvrir  îmmr^- 
un  ancien  motif  de  rniustratiou  murale,  qui  est  Lien 
ifle  toute  siguificatiou  symbolique.  Ainsi,  les  paôiis  nous  ap- 
ent,  par  exemple,  dans  les  paysaj^es  de  la  maison  aux 
H  de  Poiîipeï  (y.  Presulm,  Pompci,  2^^  partie).  Des  ou- 
i^n  mosaïstes  italiens  ont  pu  adopter  aussi  ce  motif  pour  le 
en  mosaïque  de  Ilammâm-Lif.  Adrien  de  Longpériet'  a 
que  le  paon  était  encoîT  employé  en  Orient  durant  le 
M(*n  âg:6  comme  motir  décoratif  {Het,  arch..  n.  sér.,  Xll^ 
•t  Ce  motif  demeura  bieh  rëtherclié,  nn^me  iiour  des  buts 
l>^toe?,  sans  signincation  synlboiique,  et  apparaît  encore  sur 
l^toiniatuhes  #t  des  sculptures  du  vin*  et  du  ix*'  siècles.  On  le 
iRIrotiti»  niAme  sur  un  peigne  d'ivoire,  afTecté  â  l'iisagr^  dôme.'?- 
\H%  qui  e^t  conservé  au  musée  germanique  de  Nuremberg,  et 
^ lequel  se  voit  un  couple  de  paons  qui  boivent  dahs  un  vase 
^er  f,  Kunde  der  deidsch,  VorzeU,  1882,  p.  331). 

II,  mi5me  à  Tépoque  où  le  symbole  du  paon  était  déjà  entré 

^ienlce  de  Tart  chrétien,  les  Juifs  ne  se  sont  pas  abstenus  de 
tiduction  Ugurée  du    paon.  Nous  sommes  encore   obligé 
iFDTér  h  la  Catacorabe  juive  de  la  Vigna  handauini,  oii, 
>i,  on  peut  trouver  la  reproduction  de  plusieurs 
de  la  seconde  voûte  sépulcrale  (voir  Garucci, 


TlLIl'^'tlVl 


biNi^i*  déjà  des  poissotiâ   reprwiuits  sur  les  tnUquités  da  TLtjqb;  vojr* 
àd,  XtryiM.  109,  112.  113,  14^ 


BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tav.  48î>;  W,  Scliultzc,  Die  Katakomben,  p,  88).  Comme  sur 
notre  mosaïque,  qui,  par  la  conception  si  claire  et  la  vivacité  des 
couleurs,  révêle  une  simple  pièce  de  décoration  sans  aucune  pn> 
tention  symbolique,  absolument  comme  sur  les  frestiues  pom* 
péiennes,  où  on  trouve  des  paons  contemplant  au  bord  d'un 
bassin  le  jet  d'eau  jaillissante,  au  milieu  d*autres  oiseaux  et  de 
plantes,  ainsi  il  y  a  sur  le  plafond  du  cubiculum  juif  décrit  par 
Garucci  des  paons  môles  à  d^autres  oiseaux,  et  cela  sans  aucune 
idée  symbolique. 


m 


Ayant  acquis  ainsi,  par  Texamen  des  reproductions  qui  sem- 
bleot  prouver  Torigme  chrétienne  du  monument,  la  certitude 
qu*elles  n'ont  aucun  caractère  symbolique  telles  quelles  sont  re- 
présentées sur  la  mosaïque,  el  qu'en  elles-mêmes  elles  ne  peavent 
être  considérées  comme  chrétiennes,  nous  constatons,  d'autre 
part,  que  la  reproduction  des  objets  indiquant  une  origine  juitc 
présente  une  tendance  si  prononcée  et  une  signification  si  claiit- 
ment  symbolique,  et  ces  symboles  mêmes  ont  si  bien  le  caractère 
juif,  que  ces  images  seules  suffisent  pour  que  nous  déclarions  que 
le  bâtiment  dans  les  fondements  duquel  on  a  trouvé  ce  parquet  en 
mosaïque  est  une  synagogue  ;  qulmporte  que  Vethrog  ^iX^UivH^ 
ou  Vétiwag  et  la  corne  flanquent  un  seul  des  chandeliers  à  sept 
branches  ou  les  deux  *,  en  tout  cas  ce  sont  des  symboles  dont  la 
signification  exclusivement  et  rigoureusement  juive  est  hors  de 
doute.  Il  est  inutile  d^insister  sur  le  caractère  absolument  juif  da 
chandelier  à  sept  branches.  Toutefois  comme  M,  Uaniy  iUCV, 
arch.^  1883, 1,  222)  prétend  que  ce  symbole  se  rencontre  (loel- 
quefois  sur  les  monuments  chrétiens  de  réglise  primitive,  je  dis- 
cuterai cette  question  de  plus  près. 


Le  chandelier  à  sept  branches. 


n  s'agit  tout  d'abord  de  combattre  ici  une  erreur  commise 
par  H.  Guthe  {Zeitschr,  des  denisch.  Palaestitiavef^ebis^  Vni, 
p.  334),  lorsqu'il  prétend  que  les  Juifs  ont  transgressé  une  près- 

*  M,  Rcnaïi,  dans  Re^ut  urcA.,  1884»  1,  273^  dit  de  ces  deux  •  appendices  •  4* 
chandelier  de  droite  :  •  PcuMStre  ne  les  a-t-on  pas  remaripiéB  • . 


ÉTUDES  D'ABCHÉOLOGIE  JUIVE 


113 


crlptîon  talmudîque  en  reproduisant  ainsi,  par  la  sculpture,  le 
chandelier  à  sept  branches  sur  des  monuments.  11  veut  entendre 
par  là  la  défense  de  la  baraita  de  Menahot,  28  &  (cf.  Rosch  hu^ 

KMna^  24  a  ;  Aboda  Zara^  43  û)  de  fabriquer  une  Menora  qui 
rait  une  copie  du  cîiandelier  à  sept  branches  du  sanctuaire. 
Naturellement,  il  s'agit  ici  d'une  menora  employée  comme  objet 
■t*U5age  journalier  :  on  n'y  parle  pas  d*une  reproduction  figurée, 
^^inture  ou  fresque,  soit  en  relief  soit  à  plat.  Les  Juifs  n'ont  donc 
jamais  transgressé  une  défense  traditionnelle  par  l'emploi  du 
cîiandelier  à  sept  branches,  qui  leur  rappelait  ce  qu'il  y  avait  de 

PI      plus  cher  et  de  plus  frappant  dans  Texistence  du  sanctuaire.  Il 
Çaraît  qu'avant  la  destruction  du  temple,  ce  symbole  n'était  pas 
encore  usité,  car  on  ne  le  trouve  pas  sur  les  monnaies  juives  *, 
Sa  reproduction  sur  Tare  de  triomphe  de  Titus  doit  avoir  eu 
quelque  influence  sur  sa  propagation  *.  Le  chandelier  à  sept  bran- 
.  elles,  se  trouvant  ainsi  représenté  sur  le  monument  qui  symboli- 
liûit  la  Judée  vaincue  par  Rome,  est  devenu  en  quelque  sorte  le 
lij'iiikole  officiel  du  judaïsme  en  exil.  Quand  on  le  trouve  sur  une 
|tonib^,  il  montre  d'une  façon  indiscutable  qu'un  Juif  y  repose, 
orome  le  prouvent   clairement  les  catacombes  de  Rome  et  de 
Venoââ.  Mais,  de  môme  que  ce  symbole  a  pris  son  essor  de  Rome, 
lest  Tenu  aussi  directement  de  la  Pak^stineà  travers  la  diaspora, 
[Tandis  qu'en  Occident,  le  chandelier  à  sept  branches  n'apparaît 
dinairement  que  sur  des  tombeaux,  des  épitaphes,  des  lampes 
bérâires,  des  verres  dorés  ou  des  pierres  sculptées,  on  le  voit, 
;  Orient,  sur  des  édifices,  des  colonnes,  des  chapiteaux  comme 
symbole  très   fréquent.  Tantôt  il  est  représenté  en  relief, 
ânttit  simplement  comme  ornement  d'une  surface  (v.   Kraus, 
B^P.,  U,  29G).  Aux  preuves  déjà  connues  viennent  s'ajouter  la 
Oipe  trouvée  par  Lawrence  Oliphant  dans  une  tombe  juive  du 
armel  [Ouartet-ly  Siaiemeni,  1886,  p.  8)  et  les  spécimens  dé- 
ouverts  par  Schumacher  dans  la  région  orientale  du  Jourdain  et 
iii&ont  rc^produits  dans  la  ZeUschr.  des  deutsch.  Palaesîina- 
jFerd/ii',  Vm,  333,  On  ne  peut  encore  citer  aucun  monument 
hrflien  de  l'antiquité  sur  lequel  apparaisse  comme  symbole  le 
bndelier  à  sept  branches.  Si  Mïinter  (SinnMlder,  I,  8G)  déclare 
ue  les  chrétiens  l'avaient  aussi  parmi  leurs  symboles  et  s'il  veut 
^  voir  une  allusion  au  verset  20  du  chap.  xii  de  l'Apocalypse,  la 
aière  affirmation  n'est  pas  prouvée  et  la  dernière  est  inexacte* 


'  Inceptioii  citée  par  Maddcn  est  eiicoro  douteuse.  Voir  Maddeo,  Coins  ûf  tke 
*  C  est  À  cause  de  lui  que  cet  arc  est  désigné  daua  le  MiraHUa  Urbit  MoMa  sûus 


W\  REVUP  DES  ÉTUPPS  jyiVSS 

J.e  passsige  de  l'Épître  aux  Hél)revix,  ix,  2,  n'PSt  pas  u^  pqint 
d'appui  plus  sûr  pour  prcHendre  que  les  chrétiens  attachaient  à  ce 
symbole  une  signification  particulière.  On  considère  comme  étant 
de  provenance  juive  le  sarcophage,  orné  de  sculptures  autrefois 
dorées,  conservé  au  musée  Kircher  de  Rome,  et  cela  à  cause  du 
chandelier  à  sept  branches  (voir  SchuUze,  4rchœologische  Stih 
dien,  p.  264).  De  Rossi  déclare  formellement  que  le  chandelier  à 
sept  branches  est  caractéristique  du  jydaïsme,  et  qi;e  là  où  on  a 
cru  le  trouver  sur  des  monuments  chrétiens,  on  iV  confondu  avec 
le  palmier.  Sur  la  mosaïque  de  la  cathé4rale  de  Novare,  le  cUau- 
delier  apparaît  dans  la  pièce  qui  a  été  l'olyet  d'une  restauration 
moderne  (voir  DuUetino  di  ayxheologia  Q'isliana,  série  III, 
tome  II,  p.  51).  De  Rossi  déclare  également  d'origine  juive  les 
lampes  rouges  en  terre  cuite  de  Chiusi  [ibld.,  tome  YI,  p.  76, 
n.  1)  sur  lesquelles  on  remarque  le  chandelier  à  sept  branches. 
Kraus  {l.  cit.)  résume  Topinion  généralement  admise,  vu  l'état 
actuel  de  la  science,  en  disant  :  «  Jusqu'à  présent  le  chandelier  n  a 
été  rei)résenté  que  sur  des  monuments  juifs  ».  Ou  peut  même  attri- 
buer aux  Juifs  la  présence  du  chandelier  sur  des  monnaies  malio- 
m<^tanes.  Les  graveurs  juifs  au  service  des  califes  éternisaient 
leurs  souvenirs  nationaux  en  les  reproduisant  sur  les  monnaies. 
Comme  il  est  établi  qu'il  y  a  eu  dans  les  premiers  iemps  du  califat 
des  intendants  des  monnaies  qui  étaient  juifs,  il  n'3'  a  aucune  diffi- 
culté de  croire  à  l'origine  juive  de  ces  symboles  sur  les  monnaies 
arabes.  Stickel  (Zeiischr,  der  deuisch.  morgenUùxd,  Gesellsch., 
XL,  p.  85)  a  reproduit  récemment  une  de  ces  monnaies  de  cuivre 
qui  se  trouve  à  léna  (Cf.  IL  Guthe,  L  cit.,  p.  335).  Tandis  que,  dans 
la  synagogue,  le  chandelier  à  sept  branches  demeura  comme  sym- 
bole ou,  tout  au  plus,  fut  employé  comme  ornement  de  surface  ou 
de  relief,  dans  l'Église,  on  le  retrouve,  aux  siècles  suivants,  ser- 
vant à  des  usages  matériels  :  là  aucune  défense  n'en  empêchait 
l'exécution  plastique.  Le  chandelier  du  tabernçicle  et  du  sanctuaire 
à  Jérusalem  fut  pris  comme  modèle  du  candélabre  d'autel  ;  le  re- 
lief de  l'arc  de  Titus  fut  considéré  comme  ujie  copie  si  fidèle  qu'on 
en  reproduisit  exactement,  dans  leurs  plus  mem;s  détails,  les 
figures  d'animaux  qui  se  trouvent  à  la  b^se,  comme  Ta  montré 
Antoine  Springer,  en  1800,  dans  les  Mittheilungen  der  ft.  k.  Cen- 
tralcommissiOH,  V,  31G. 

Peut-être  peut-on  encore  attribuer  une  influence  sur  la  propa- 
gation de  ces  reproductions  à  cette  circonstance  que,  dans  la 
typologie  chrétienne  du  moyen  âge,  le  chçiudelier  à  sept  broches 
désignait  la  vierge  Marie.  Ainsi  dit  le  Spéculum  huniafiœ  sol- 
vaiionis  de  Kremsmùnster  : 


lapropter  'ipsa)  pulchre  eliam  pra'fîgurota  est  in  candelabro  aureo 

jod  lucel)9t  JerUBaletpIs  iji  dômÎQj  tpipplq, 
Super  quod  VU  lampades  ardeqles  âtgbaiii, 
^ua!  VII  opeya  oiisçriçordjiB  ip  Jlairm  figurabant  '. 

Le  cliandelîer  de  bronze  à  sept  branches  qui  se  trouve  dans 
catWdrale  d'Essen  (connu  par  la  reproduction  de  Touvrage 
lus'm  Weerih^  Kunstdenkm.  des  christL  MUietatiers  in  df, 
|;ï<?(Hr,  I,  2,  p.  35,  planche  XXVIII)  date  de  la  tlo  du  i*""  ou  da 
'siècle  de  l'ère  chK*tienne.  Il  y  avait  à  Prague  un  pareil  chan- 
^her,  cjoi  n*existe  plus  maintenant,  ujais  qui  <^tait  dt'*jà  célèbre  en 
l}r)8.  Il  avait  été  pris  à  Milan  coinnio  butin  de  guerre  et  portaiti 
p«!'jà  en  13λ5,  le  nom  de  Chamieiier  satomonîen  (Otte,  Hanâb. 
i'r  christL  KmistarcîL^  I.  p,  KiG,  n.  5,  5"  édlL)*  Au  sujet  de 
ette  appellation,  nous  renvoyons  le  lecteur  aux  observations 
Iciasîiiqties  rVAdrien  de  Lon^p(?rier  sur  TOpus  Salomonis  {Hev, 
l^xh.,  n.  s»^r*,  XJÏ,  350)»  qui  en  fait  un  chef-d'œuvre  artistique. 
Ile  candélabre  de  Téglise  de  Sainte-Marie,  à  Colberg,  portant 
[one  inscnplion  de  Tanni^e  1321,  est  également  la  copie  du  chan- 
I  ilolier  de  Parc  de  Titus  fvoir  Fr.  Ku^ler,  Kteine  Schri/len,  I,  784). 
[Outre  les  imitations  signalée^s  par  Otte  (l.  c,  164  et  sulv,),  on  en 
trouve  d'autres  dans  les  dômes  de  Halberstadt  (Kugler,  /.  c)  et 
lie  Milan  {Aus'm  Weerth,  L  c,  p.  31,  n.  66).  Pour  clore  cet 
[  aperçu  de  Thii^toire  des  reproductions  et  imitations  du  chandelier 
jâ^pt  branches,  nous  mentionnerons  le  Heptalychnos  du  palais 
[«loUyjsancp»  dontConst.  Porphyrogenète  rapporte  qu'on  alhimait 
ÏU'»  lumières  lors  des  processions  solennelïes*  Nous  concluons  de 
[tout  cela  que  la  présence  du  chandelier  à  sept  branches  sur  le 
n  mosaïque  de  Hammam-Lif  caractérise  Fédifice  où  il  fut 
•mnie  un  édilice  juif,  c'est-à-dire  comme  une  synagogue. 


ly 


I  itrobabililé,  que  nous  avons  acquise  par  Texamen  de  la  i^o- 

_We,  d'une  origine  juive  doit  devenir  une  certitude  par  Tew 

loêîides  inscriptions,  du  moins  nous  Tespérons.  D  après  la  di§po- 

[wlioïides  mots,  qui  est  iV'une  clarté  évidente,  cominf  M.  Ren^M  Ta 

i  l't^uvé,  rinscriptiun  du  milieu  du  parquet  de  la  mosaïque  t^st 

f  !*iiwi  courue  : 


m 


REVUE  DES  ÉTUDES  lUlVES 


SANCTA  SINAGOGA  NARON  PRO  SA 
LVTEM  SVAM  ANCILLA  TVA  JVLIA 
NAP  DE  SVO  PROPIVM  TESELAVIT 

Les  nombreuses  fautes  de  grammaire  qui  s'y  trouvent  n'arrê- 
teront pas  ceux  qui  sont  habitués  à  observer  sur  les  épitaphes  des 
époques  de  basse  latiiiit»^*  remploi  défectueux  des  prépositions 
par  rapport  aux  cas.  On  lit  môme  sur  une  antique  inscription 
chrétienne  de  Venise  :  Cuncta  fraternitatem  (Bulletino  di  arch. 
crist.,  1874,  p.  137)»  et  sur  rinscription  d'une  mosaïque  :  DE 
DONVM  {sic}  BEI  FECERVNT  (Rev,  ardu,  n.  s.  XXXfl,  p.  m). 
Pro  avec  Taccusatif,  propium  pour  propritim,  après  de  mù, 
n'aura  donc  plus  rien  de  cl^oquant*  La  proposition,  faite  par  M.  Re* 
nan,  de  voir  dans  propUwi  une  abréviation  du  mot  2)ropi/ta^nw« 
a  déjà  été  rejetée  par  M.  de  Wailly,  comme  «  inadmissible  »  et 
contraire  à  toutes  les  règles  {Rev.  arch.^  1883,  I,  227).  Sans  cott* 
sidérer  que  le  commencement  de  Uinscription  manquerait  de  cons- 
truction et  resterait  en  lair,  le  mot  proposé,  qui  serait  la  traduo 
tion  de  tka^pm  (^u^o^iT^n  ^np)  est  impossible.  De  suo  propium 
(—de  suo  proprio,  comme  sua  pecunia,  propria  pecunia  des ins* 
cri  Citions  romaines  et  le  ex  tûv  Ioûuv  si  fréquent  sur  les  inscriptiODS 
grecques)  signifie  :  »  par  les  propres  moyens  »,  Mais  que  signiflt 
le  P  barré  de  la  S**  ligne?  M.  Boissier  propose  de  lire  prosclytd* 
Quoique  nous  connaissions  par  les  inscriptions  la  manière  de  faire 
ressortir  cette  qualification  après  les  noms  propres  (v*  Scliiirer, 
OesciL  des  jûd.  Volkes  im  Zeiialler  X  C/«.,  II,  567,  noie  292).  ûft 
ne  connaît  pas  encore  de  signe  épigraphique  de  ce  mot.  Môme  i 
Tépoque  la  plus  florissante  de  la  propagande  juive,  les  conversioas 
au  judaïsme  ne  doivent  pas  avoir  été  si  fréquentes  qu'il  ait  fallu 
se  servir  d'une  abréviation  du  mot  prosélyte.  Cest  pour  la  m^M 
raison  que  je  n'ose  pas  penser  au  mot  paéeressa  par  lequel  Ja- 
liana  se  serait  désignée  comme  la  femme  d'un  pater  sytiagoga^i 
c'est»à-dire  comme  mater  symigagœ  {Scliiirer,  p.  520»  note  11% 
La  forme  pateressa,  que  Scliiirer  nlndique  pas,  se  trouve  danal* 
catacombe  de  Venosa  (v.  Ascoli,  p,  50,  note  L,  53),  Dans  cet  eni' 
barras,  il  n'y  aura  rien  d^autre  à  faire  que  de  rappeler  la  forme 
Naritanus  ==  Naronitanus  de  la  troisième  inscription,  quoique  l* 
lettre  R  sur  rinscription  soit  distinctement  différente  de  P,  et  de 
voir  dans  le  P  barré  une  abréviation  de  —  r(onitana)-  M.  Renaa 
a  déjà  voulu  lire  Naronensis,  mais  il  s'est  laissé  arrêter  par 
forme  du  P  barré.  Nous  ne  prendrons  pas  non  plus  Naron  pour  U 
nom  de  la  synagogue,  mais  pour  une  abréviation  de  Tendroit  oi 


ÉTUDES  D^\nCHÉOLOGIE  JUIVE  57 

^synagogue  était  si tuf^e,  coiiformémeiit  à  Schmidt,  Epheme- 
epigraphica,  tome  V  (1884),  p.  537,  note  1222.    Le  texte 
corrigé  en  bon  latin  est  donc  le  suivant  ; 

Saactam  synagogam  Naroûitanam  pro  sa- 

lute  suâ  ancilla  tua  JuUa 

Naronitana  de  suo  proprio  tesselavil. 

J*est-à-dire  :  «  Dans  cette  sainte  synagogue  naronitaine,  ta 
iante  Julia,  la  Naronitaine  a  fait  placer,  à  ses  frais,  pour  le 

salut  de  son  âme»  cette  mosaïque,  » 
La  deuxième  inscription,  qui  se  trouve  sur  le  seuil  qui  conduit 

du  portique  à  la  salle  principale,  se  divise  naturellement  ainsi  : 

ASTERIVS  FILIVS  RVS 
TICI  ARCOSINAGOGI 
MARGARITA  RIDDEI  PAR 
TEM  PORTICI  TESSELAVIT 

Les  noms  n'ont  rien  d'extraordinaire  et  peuvent  être  attribués 

hésitation  à  des  Juifs  (v.  Zunz,  Gesarnm.  Schr.^  II,  22)- 

Larcbosynagogus  est  un  dignitaire  synagogal  bien  connu  :  ceci 

st  attesté  par  de  nombreuses  inscriptions  de  toutes  les  parties  de 

diaspora  (Schtirer,  p.  364),  La  3"  ligne  est  difficile,  M.  Renan 
(/,  c,  162)  dit  :  «  La  3*  ligne  est  une  énigme.  Margaritarius  DLomini] 
Dei  serait  trop  bizarre.  J'avais  pensé  à  Margantar[iil  Jodei,  pour 
Judei,  mais  il  n'est  guère  naturel  qu'un  tel  mot  se  trouve  dans  un 

Isancluaire  juif  j>.  Quant  au  sens  qu'auraient  les  mots  de  Margarita 
kiddei,  comme  Scbïirer  (p.  365,  n.  62  a)  propose  de  lire,  d'après 
I-  Schmidt,  il  est  impossible  de  le  savoir.  La  difficulté  se  résout 
le  la  façon  la  plus  simple,  si  on  considère  le  premier  D  comme 
fabréviation  de  domus.  Nous  nous  bornerons  à  un  seul  exemple 
qui  corrobore  cette  explication.  Sur  une  inscription  de  Patras  se 
trouvent  les  lettres  L  IL  D.  D.,  c*est-à-dire  «  in  honoreni  domus 
tivinae  {Ret\  arch,^  n.  série,  X,  386).  Quoique  sur  les  inscriptions 
Iricâines,  comme  par  exemple,  dans  C.  L  L.,  tome  VIII,  n*^"  2389, 
4192, 10642,  nous  trouvions  domus  dei  dans  le  sens  d'église,  cette 
Inpression,  n'étant  que  la  traduction  de  l'expression  juive  dési- 
mant  primitivement  la  synagogue  'rr  n-'D  ou  D"*nbs  rr^n,  peut  d'au- 
Itâîit  plus  facilement  désigner,  dans  notre  inscription,  un  édifice 
[d origine  juive  que  celui-ci  est  désigné  comme  synagogue  dans 
Ifautre  partie  de  Tinscription.  Si  nous  ne  voulons  pas  admettre  la 
[construction  un  peu  lourde  de  «  domus  dei  partem  portici  »,  nous 


K8  RKVVU  I)ES  £TPQ£S  jU}V^ 

pouvons  aussi  ypir  dans  D  l'abréyiatiQu  de  donu)  pu  (|p^ni,  ce  qui 
signifierait  alors  dans  «  dans  la  ipaison  de  Dieu  y>.  Cotrimecbez 
les  chrétiens,  dans  les  églises,  il  était  d'usage  chez  les  Juifs  de 
perpétuer  le  nom  des  donateurs  par  des  inscriptions  placées  dans 
les  synagogues  (v.  Levy,  Jahrh,  f.  rf.  Gesol^,  d.  Judm^  II,  2T2). 
C'est  surtout  dans  les  mosaïques  que  les  donateurs  avaient  cou- 
tume de  faire  mettre  leur  nom  (voir  Eugène  Mûntz,  Rev.  arch.. 
n.  sér.,  XXXII,  402).  Même  quand  quelqu'un  avait  fait  simplement 
restaurer  une  partie  d*une  mosaïque,  il  y  mettait  son  nom.  Ainsi, 
dans  la  cathédrale  de  Pesaro,  dans  cette-  partie  du  parquet  en 
mosaïque  qui  représente  des  paons,  il  y  a  une  inscription  ainsi 
conçue  :  A  SOLINVS  lOlIlS  (lOHANNIS?)  VRSELLIOS  PAVO- 
NES  FACERE  FECIT  [ih,).  Ainsi,  nous  voyons  par  notre  inscrip- 
tion qu'Astérius,  fils  de  l'archisynagogus  Rusticus,  le  joaillier. 
a  fait  faire  une  partie  de  la  mosaïque. 

La  troisième  inscription  qui  présente  en  apparence  le  même 
texte  sur  deux  colonnes,  avec  une  divergence  à  la  fin,  est  la 
partie  la  plus  difficile  de  l'inscription.  M.  Renan  suppose  que 
ISTRVMENTA  (c'est-à-dire  instrumenta  dans  le  sens  de  'cvxfv:,, 
livres)  signifie  ici  rouleaux  de  la  J^oi  {l,  q.,  ^63).  Faut-il  donc 
croire  que  U  petite  saUe  attenant  à  la  grande  salle,  comme  cela 
arriva  plus  tard  dans  mainte  synagogue,  était  destinée  à  recevoir 
Tarmoire  contenant  les  rouleau^  de  la  loi,  et  que  ceux-ci  étaient 
eux-mêmes  un  cadeau  du  Naronitaniep  de  Tinscription,  dont  le 
nom  hébreu  a  pu  être  ûnTp:^?  Qn  ne  peut  faire  que  des  suppositions 
à  cet  égard. 


Au  point  où  nous  sommes  arrivé,  nous  pourrions,  à  vrai  dire, 
résumer  notre  argumentation  et  dire  que  Texamen  des  caractères 
tant  intérieurs  qu'extérieurs  des  symboles  et  des  inscriptions  n'a 
rien  donné  qui  s'oppose  à  admettre  l'origine  juive  de  ce  monu- 
ment et  à  croire  que  nous  avons,  dans  les  mosaïques  de  Ham- 
mam-Lif,  les  restes  d'une  ancienne  synagogue  juive.  Mais  il  faut 
encore  discuter  l'opinion  qui  veut  y  reconnaître  une  basilique 
de  la  façon  la  plus  certaine.  A  cet  efiet,  nous  traduirons  tex- 
tuellement les  paroles  de  M.  Schiïrer,  qui  a  formulé  cette  opinion 
{L  c,  365,  note  62  a)  :  «  Dans  les  ruines  d'une  antique  basilique 
située  à  Hammaip-el  Enf,  dans  le  voisinage  de  Tunis,  se  trouve 


[TpES  D'ARCHEOLaC)E  ^UIVE  t$9 

'ntion  pu  qn  \\U  eiUro  outras  :  Asten^s  filjus..,  l^e 
^i«^  (lUi  3'y  triiuve  ajouttS  et  qui  ap(>artient  sûrement 
4 la  ioutiation  primitive,  lait  de  l'inscription  une  ifisoriptioii  dire- 
tirno*».  Toutefois  rinflueiice  juive  y  est  sensible  par  la  prt^sence 
<iu  chandelier  à  sept  branches.  «  Évidemment  M.  Schùrer  n'est 
rensdgDé  sur  la  n)osan|ue  que  d'une  manière  superficielle  et 
mexacle.  LVndroit  s'appelle  llammian-Lir;  Tinscription  n'a  pas 
Hé  Injurée  dans  desî  ruines,  mais  sur  un  parquet  de  mosaïque 
KHis  le  sol  ;  ce  n*est  pas  une  seule  inscripUon  où  on  Ht  «  entre 
inlr^f. . .  »,  ce  sont  deux,  ou  plutôt  trois  inscriplions  distinctes  ; 
îln*ya  l^^  de  monogramme  ajouté,  mais  seulement  des  dessins 
H  (tes  1  ; i>ns.  il.  Sclmrer  a  pris  les  trois  inscriptions  impri- 

»i%gi"Li  .  :a  suite  de  l'autre  dans  Ephemeris  epigrapkica.  Y, 
Ul,  |>our  une  seule.  Il  a  éXé  également  induit  en  erreur  par  ce 
qui  y  est  iHt.  page  538,  ilmL^  que  le  monogramme  clirt^tien  -}^ 
tt trouverait  sur  la  mosaïque.  Ce  n'est  pas  le  p  liarré  qui  repré- 
■jHterait  ici  le  prétendu  monogramme  de  la  croix.  En  ce  cas,  Ju- 
%  .  :  *  ;  sacrer  la  mosaïque  au  Christi  et  il  ne  faudrait 
|ia  iiilana;  cejiendant  M.  Scliûrep,  sans  avoir  exa- 

miné de  prè5  las  inscriptions,  dit»  p.  37Q,  n"  84  :  «  L'inscription  de 
"  Kl  Knf,  qui  commence  par  SanctaJuliaNari'onitana)...» 

.e  de  W.  Scliurer,  comme  nous  voyons»  ne  tient  guère 
-  il  n'y  a  guère  d'appui  pour  lui  dans  le  lait  que  les  Mar- 
I-  ^-ne  emploient  synagoga  pour  église  et  que  Ton  ne 
ynagogus  que  chez  les  judéo-clirétiens  lie  la  Pales- 
*  dignitaire  chrétien.  Parmi  les  4Ûii  inscriptions  ayant 
mI  une  origine  chrétienne  que  Karl  Kunstie  a  examim^oSi 
,     î>  le  lorae  VUl  du  Corpus  inscr.  iaim.  (dans  la    Tkeoiog. 
i^mriaisckrift,  07,  p,  58  et  s.,  p.  415),  il  n'y  ei\  a  pas  une  qui 
■tonte  que  les  chrétiens  d'Afrique  se  servaient  des  termes  de  «  syr 
Hjp^  &  et  «  archisynagogus  ^,  Mais,  outre  ces  considérations 
*Soa$-Daus,  en  réalité,  le  droit  de  voir  dans  le  P  harré  le  mo- 
BQgrajiiioe  de  Jésus?  En  etfet,  il  est  indubitable  que  le  mono- 
frBflDine  peut  remplacer,  dans  le  milieu  d'une  phrase,  le  nom  de 
Qai$t\  nous  ne  citerons  à  ce  sujet  que  Texeoiple  qu  on  trouve 
to«  BHileiiHOUi  arck.  cris^.,  1V*j  série,  \o\m  U  p*  lt*5  :  iv  et»  ^ 
|Wii^.  Le  monogramme  pourrait  donc,  dans  notre  inscription, 
fBniplacer  le  vocatif  cnrhte,  mais  d'abord,  il  fii^ut  an(»orter  la 

RPifeque  la  or  crux  moiiogrammatica  »  se  trouve  sous  la  forip^ 
Iréréle  le  P  barré  sur  notre  inscription,  et  si  on  le  trouve  déjà 
«lyoque  à  laquelle  remonte  notre  mosaïque.  Quant  à  tirer  une 
lt4*en  (aveuTflu  monogrs^mme  de  ce  que  <c  tua  «dans  <i  ancella 
I  userait  là  sans  aucun  lien,  cela  ne  se  peut,  car  dans  la  troi- 


^ 


€0 


REVUE  DES  ÉTUDES  ILIVES 


sîème  inscription  il  y  a  «  Servu  tui  w,  sans  qu'il  y  ait  là  un  mono- 
gramme qui  explique  le  <c  tui  ï>.  Dans  les  deux  cas»  il  fautsous- 
en tendre  a  Dieu  ». 


VI 


Nous  pourrions  donc,  sauf  de  nouvelles  preuves  établissant  le 
contraire,  considérer  les  fondements  de  Ilamraâm-Lif  comme  tme 
synagogue  et  voir  dans  cette  magnifique  mosaïque  comme  dans 
les  plafonds  de  la  catacombo  juive  dans  la  Vigna  Randanini  et 
dans  les  spécimens  palestiniens  de  la  sculpture  juive,  un  monu- 
ment précieux  de  Fart  juif.  Sous  le  rapport  architectural  aussi,  le 
plan  de  la  synagogue  de  Hammàm-Lif,  comme  il  a  été  établi  par 
les  fouilles  faites  pour  retrouver  les  murs  de  fondement,  a  une 
certaine  importance.  Les  débats  sur  Torigine  chrétienne  de  la 
basilique  ne  sont  pas  encore  clos  (v.  Kraus,  RE  P. ,  s,  v.).  Il  se  peut 
qu'on  ne  puisse  rien  tirer,  sur  la  question,  de  Torigine  des  basili* 
ques  chrétiennes,  de  cette  assertion  de  la  TosiftaSoacca,  iv,  6^  que 
la  synagogue  d'Alexandrie  ressemblait  à  une  grande  basiliques 
ayant  une  stoa  renfermée  dans  une  autre,  c'est-à-dire  étant  i 
quadruple  nef  ;  mais  la  conformité  des  premières  basiliques  chré- 
tiennes avec  les  synagogues  juives  doit  être  étudiée  de  plus  prèg  _ 
En  1859,  le  professeur  Kreuser  a  voulu  tirer  de  ce  passage  d^H 
Tosifla,  mal  traduit  par  llaneberg  {AbhandLderk,  h.  Cetitralcm^ 
mission,  IV»  88)»  la  preuve  que  les  basiliques  chrétiennes  soot 
issues  des  sjoiagogues.  Weingiirtner  [ibid.^  309  et  suiv.)  a  réfuté 
cette  assertion  en  faisant  observer  avec  raison  que  des  noms  tels 
que  basilique  et  bêma  (niG"^2)  rappellent,  non  des  édiûces  juifs  ou 
chrétiens,  mais  des  édifices  grecs-  Toutefois  AVeingartner  (i6Ki*t 
310)  est  disposé  à  attribuer  certaines  dispositions  des  églises  pri-^ 
mitives  à  Tinfluence  judéo-alexandnne.  Récemment  M,  S.  Rei- 


^  Tosida,  édit.  Zackermandel,  198,  20,  *|i:5&bD'''ï  n*est  pas^  comme  il  est  dit 
lo  glosfitiire,  SitiXt]  aTÔa,  mais  5m>.offTtlî»ov,  mot  formé  comme  TfTpaortio^.  Le  mol  n' 
donc,  pas  uao  corruption  de  dnT>i5  irc&a,  comme  dit  W'eiugttrloer,  ni  Bremblal^e  à 
•  Dinpluston,  cl  évidemment  parent  de  4ii627ço),iç  s  comme  dit  Kreuser-  La  leçott 
1*'t3D^  D'^jSb  1^S20  prouve  tjue  ototo  se  proQODçail  itoi,  La  forme  'J'^^OÎCI*^ 
parait  iiidi4U»îr  que  dans  oittXo  le  i  était  prononcé  comme  con^ane.  La  discuisixa 
sur  la  Iffiduclion  de  D-^13£t3  *^&ÎXT*D  D'^^SD  ?T2  l-^rrC  S'*7i7D,  dans  M%îtk,  ' 
A.  k.  Ctntrûkoinm, ^  \\  11',*,  oii  on  dit  que  D^^JJ^D  peut  se  traduire  par  »  pas  • 
par  «  deux  fuis  *^  tandis  qu^il  bî^uiOie  <  qucli|iietoi5  *,  montre  quelles  erreurs 
peut  commeUre  quand  on  u*â  pas,  pour  traduire  ces  textes  rBbLiaiq[ue8,  une 
ration  sutd&aotc. 


DES  B^ABCHEOLOGIE  JUIVE 


m 


ch,  à  roccasîon  de  rinscription  synagogale  si  importante  àe 
aocée  découTerte  par  lui  {Reime  des  Éludes  juîi^es,  n**  24),,  a 
lité  la  question  des  rapports  entre  Ja  construction  des  anciennes 
i  et  des  synagogues.  Si  on  peut  s'en  rapporter  aux  recherches 
llilessmer  {Mitth,  à.  k.  k.  Centralcomni*,  V,  180),  la  filiation 
des  basiliques  chrétiennes  comme  issues  du  temple  à  hypètre, 
ainsi  que  M.  Reinach  paraît  l'admettre,  serait  impossible,  car  Fes- 
sence  de  la  basilique  %  c*est  précisément  que  la  lumière  n'y  entre 
pas  perpendiculairement  par  îe  plafond  ouvert^  mais  Iat*^ralement 
par  les  fen<}tres  d'une  construction  centrale  dépassant  les  nefs 
latérales.  Mais  quelle  que  soit  la  solution  de  cette  question,  il  est 
certain  qu'il  faut  encore,  pour  la  résoudre  complètement,  la  con- 
Jssance  de  plus  d*un  plan  d'ancienne  synagogue.  Il  est  donc 
oportant  qu'en  outre  des  synagogues  palestiniennes ,  trouvées 
"récemment  par  Oliphant,  Schomaclier  et  d'autres,  dont  on  peut 
reconstituer  le  plan  d'après  les  fondations,  on  ait  trouvé  en  Afri- 
([oe  le  plan  d'un  édifice  que,  selon  toute  vraisemblance,  nous  pou- 
ions  considérer  comme  une  synagogue.  En  tout  cas,  l'archéologie 
Juive  et  l'archéologie  chrétienne  sont  également  intéressées  à  la 
découverte  de  Hammâra-Lif.  Puisse  ce  sol  du  nord  de  l'Afrique  où 
Romains  et  Vandales  ont  détruit  tant  de  synagogues  offrir  d'au- 
^  très  débris  d'antiquités  synagogaies  à  ce  grand  critique  des  temps 
Qodemes  qui  s'appelle  la  pioche. 


Budipost,  21  JQÎn  1886. 


David  Kaupmann, 


*  Voir^  flu  resle,  sur  l'orif^ne  de  lu  baàilique,  Schliemann»  Tirons,  p.  248. 


JOSËLMANN  DE  ROSHÈIM 


Là  HevUèdes  Éttkdes  Juives  a  dëjâ  fconsâcrë  deux  articles  âti 
célèbre  conserTËtettr  alsacien  des  Juifs  d'Allemagne  au  xvi«  siècle  ». 
On  y  trouvera  tout  ce  qui  a  été  publié  jusqu'à  ce  jour  sur  Josel- 
inann  *  et  des  ftlils  nouveaut,  puisés  dans  des  documents  inédits. 
On  nous  permett^a  néanmoins  de  revenii»  sur  ce  sujet  intéressant, 
qtli  est  loin  d'être  épiiisé,  et  de  donner  iôi  lès  résultats  de  re- 
cherches que  nous  avons  faites  sur  Joselraann,  dans  les  archites 
du  département  du  Bas-Rhin,  des  villes  de  St^asbOllrg,  d'Obernai, 
de  Colmar.  En  outre,  nous  avons  eu  la  bonne  fbrtunë  de  consiil- 
ter,  pour  le  même  sujet,  les  archives  de  Wetxlar,  dont  une  partie 
a  été  envoyée  à  Strasbourg ,  en  1883 ,  et  que  hous  devohs  à 
rexcellent  M.  X.  Nessel,  maire  dfe  Hagtienau,  d'avoir  pu  lire, 
quoiqu'elles  ne  soient  pas  encore  classées  ^.  Nous  regrettons  de 
n'avoir  pu  consulter  le  manuscrit  hébreu  de  Joselmann,  qui  se 
trouve  à  Oxford;  c'*;st  une  lacune  qu'un  autre  remplira  à  notre 
place. 


I 

Joselmann,  sa  famil(.e,  sa  nomination  de  Parnos,  procès  au 
sujet  de  son  titre. 

Endingen  et  Lengnau  sont  deux  villages  voisins  en  Suisse.  Ces 
deux  localités,  placées  au  centre  des  villes  de  Zurich,  Brug,  Wn- 
terthùr  et  très  près  de  Zurzach,  qui  avait,  au  moyen  âge,  deux 

»  Isidore  Loeb,  Hevue,  II,  271.  et  V,  93. 

*  Dans  la  France  Israélite,  de  Carmoly,  dans  un  roman  de  M.  Lehmann,  de 
Mayence,  que  nous  aurons  occasion  de  citer  quelquefois,  et  dans  la  Monatuckfift^  di 
Graelz. 

*  Toutes  les  pièces  que  nous  donnerons  en  français  dans  le  récit  sont  traduites  ptf 
nous  de  l'original  allemand. 


lÔSteLSWNN  Mi  lIOSItEÎM 


m 


iTifîf^  fmfë?  annuelles,  t^tfiipnt  flans  une  situation  favorable  ait 
timerce.  Les  juifs  y  lurent  toujours  tolérés,  m^rae  aux  époques 
lu  <?tai(»nt  chassies  des  autres  villes  de  la  Suisse.  C'est  là  saliss 
iite  que  »e  réfugièrent  quelques-uns  des  Israélite^  de  France 
|>u!scis  par  Tédit  de  1395. 

Parmi  les  nouveau-venus  se  trouvait  une  fômille  de  Louhanë 
|r  ^  "  '  '^n  FrancliP-Comtfiî)  *.  La  plus  grande  partie  de  sps 

•nt  tHabii:?  à  Endirigen.  Le  r^ste  de  la  famille  s'était 
feu  Aflèmâgne.  Au  moment  où  commence  cette  hlitoire,  un 
■  'fi  b  rarnilîe,  Jacob  ben  Jehi^^l  Loulians,  était  mé- 

leur  Frédéric  m  *.  Les  Louant  de  la  Suisse,  da- 
îl.  Lehraann  \  pi,  parmi  eux,  Gerson  Ltitibana,  (e  père  de 
ImiirtQ,  ont  dû  ^tre  cbassés  ver»  147Î,  et  s'être  retirés  à  Ober- 
,  f>ii  ils  restèrent  jus(]u'en  141G.  Le  memorbuch  de  NIedernai 
dit  qu'A  cette  époque,  TAlsace  était  infestée  ]iardes  bandes 
[^ijnfédéré?  suisses,  venus  pour  cotnbattre  Charles  le  Té- 
re,  ^itii  n^Kiblièrent  pas  de  maltraiter  et  de  raneonner  les 
y  Roii«  Irflduisons  ce  passage  du  Mémorial  : 

juif*   do  Colmar,   Sélestadt,  Turckbcini,  Kaisersberg,  Am- 
iwlhr  el  Bergheim  furent  presque  tous  massacrés  et  pendus. 
inte^six  p^Tâounes  furent  lorcées  par  des  tortures  de  renier  leur 
quarante  d'entre  elles  revinrent  dans  la  bonne  voie.  D'autres 
Bt  leors  enfants  mourir  en  route,  dans  la  fuite.  Quatre-vingts 
Eies,  des  hommes  considérés,  des  rabblus   distingués,  des 
de  famUle,  des  femmes  et  des  jeunes  filles,  furent  conduites 
un  cbamp  près  de  Culmar,  où  on  les  somma  de  se  convertir 
peine  de  raorL  Le  bourreau  était  déjà  prêt  è  leur  trancber  la 
,  quand  tout  a  coup  parut  le  cbef  de  la  bande,  qui  proposa  de 
*  laisser  la  vie  s'ils  payaient  une  rançon  de  80  Keichsthalers.  Mais 
emire  ctilte  somme  ?  Les  principaux  Israélites  s'étaient  enfuis 
sotiTiT  leur  vie,  et  il  n'y  avait  personne  pour  ractieter  les 
i*ux.  Ib  -"    !        '  rent,  dans  leur  dêttesse,  à  rabbi  Jeboudei 
M^^itc^  M  ouse,  qui  était  protégé  par  le  magistrat  de 

I  fille.  JebcHjfia  l^amsch  s'empressa  de  reunir  tout  ee  qu'il  pou- 
lêd  or,  argent,  objets  précieux,  bijoux,  et  envoya  a  la  bute  soii 
iqUe  itardôchée  racbeter  les  âO  juifs  menijcês  de  mort. 

Juifs  de  la  contrée  s'étaient,  en  1476,   réfugiés  à  la 
•Ff#rre.  Après  le  dépaft  des  Suisses,   TÉlecteur  t*alatîfl 


filf  M^mê  itê  Stiufff  /«M>#i,  YIII,  179«  Dilke  UvtH  de  eommerte  du  xtT*  êHtié^ 

bll«  Meb.  «  <iittis  1«  FrutÈCê  ùraéli/e,  du  qtje   c*esl   Lauhaûs,  en 

s,  Mali  il  c^*  c'est  f»lutôl  d«  la  iTontlâre  que  »oât  veaus  lea  Juifs; 

^Mê^H  JùtittttAmn^  U  1,  p*  3  et  4, 


64 


REVUE  des;  ÉTITDESI  JUIVES 


Philippe  lr?s  prit  sous  sa  protection,  tout  en  les  oblisT:eant  à  payer 
des  impôts  extraordinaires  ^  Colmar,  Tiircktieim,  Sélestadt, 
Obernai  et  Rosheim  tinrent  leurs  portes  fermées  aux  juifs,  et 
la  %ille  de  Colmar  môme  f'4ablit  une  espèce  de  ligue  avec  lefl 
autres  villes  alsaciennes  pour  leur  refuser  le  domicile  ^»  malgré 
les  instances  de  TÉlecteur  ■'" . 

Ce  ne  fut  tju^au  commencement  de  1478  gue  les  juifs  purent  de 
nouveau  s'établir  à  Colmar  et  à  Rosheim.  Gerson  Louhans  alla 
probablement  demeurer  dans  la  deuxième  de  ces  villes*,  qui  est 
près  de  Strasbourg,  où  Gerson  avait  demeuré  auparavant.  La  ville 
d'Obernai  persista,  au  contraire^  à  refuser  le  domicile  aux  juifs 
jusqu'en  1497,  épocjue  à  latioelle  elle  se  rendit  à  une  sommation 
du  roi  Maximilien  K  *,  et  accepta  de  nouveau  de  recevoir  deux  _ 
ménages  de  Biscboffsheim»  I 

Ce  fut  probablement  vers  fan  1478  que  naquit  Joseph,  fils  de 
Gerson  Loulians,  plus  communément  appelé  Joselraann  Rosheim **. 
Son  parent»  Jacob  Louhans,  continuait  à  servir  Tempereur  Fré- 
déric, et  après  la  mort  de  celui-ci,  son  fils^  Tempereur  Maximilien, 

Quand,  en  1503,  ce  dernier  vint  à  Strasbourg,  il  y  vit  Josel- 
mann,  et  nous  supposons  que,  sur  les  instances  de  Jacob  Louhans, 
il  nomma  Joselmann  Parnos  imianhich  '  des  Juifs  de  TEmpire. 
Joselmann  dut,  à  cette  occasion,  prêter  un  serment  de  fidélité  à 
Tempereur  *.  ■ 


u  Mm- 

4 


*  Arch.  du  BaB-Rhio,  C.  78.  (L^Uro,  du  29  déc^ïmbro  t477,  do  FElecteur  u  Em- 
môrich  Ritter,  receveur  de  la  Préfecture  do  Haguenau,) 

»  Ibidem. 

*  Arcli.  do  Colmar,  GG.  Israélites, 
^  LehmaDn,  I,  p.  4. 

*  Arch.  d^Obemai,  BB.  9, 

*  Ce  uom  est  prononcé  ol  écrit  sous  beaucoup  de  formes  dîirércnlcs  (voir  Isid,  Loeb, 
L  c).  Noua  Pons  servirons^  de  préférence,  des  formes  Jûsolmann,  José  lin,  JoneK 

'  Nous  admettons  la  date  do  1503  pour  sa  nominotïon  à  cause  des  preuves  sui- 
Tantes  :  Eu  1535,  JoselmauQ,  appelé  plus  souvent  Jû^eliD,  disait  :  «  Das  Josel  Jud, 
hâtf  dreitng  Jarenn  ian^  hej  "weîlant  K.  M',  auch  bey  jelzt  regicrender  K*  K,  M. 
von  wegen  gemelt  Judisheit,  eia  Oberster  der  Juden,  oborster  rabbi,  bef^hlshaber, 
etc.  (Ane.  Arch.  de  Welïlar,  f.  2Gl5.)  ■  Que  Josel  juif  a  ét^  petvéant  trente  am  le 
cbef  des  juifs,  buf  gouverneur  sous  le  règne  de  feu  Fempereur  et  sous  celui  de 
l'empereur  actuel,  etc»  —  En  1543,  il  écrivait  :  •  So  bin  ich  nun,  als  ein  aller  bey 
den  Jadeu,  vierfzi^  iarm  der  armcn  judenschaft,  ir  vorgenger  gewesen  »*  (Arcb* 
de  Slrasb-,  L  174,  n"  123*  —  G.  U.  P.)  «  J'ai  été,  comme  un  ancien  parmi  les  Juifs, 
!g  président  de  la  pauvre  juiverie  pendant  quarante  ûHi.  ^  ^^  En  1545,  il  s'exprimait 
ainsi:  i  Weilich  nnn  hûy  mertst^  und  iarea  allwegen  was  noir  und  meinen  bruedern 
unpillg,  etc,  *  fArcb.  de  Strasb.,  L  174^  n^-  26,}  *  Parce  que  j'ai  évé  pendant  y uarafi^d 
et  du  nnn/es,  etc.  •  —  En  1553,  il  s'intitulait  :  «  Icb  bin  seit  funfiig  i^iren  verordnet 
und  gesetzt  worden,  etc.  •  (G.-F*  FiEchcr,  Dt  Statu  ludaeorum,  p.  9i).  k  DepuU  H%- 
çuante  am^  je  snia.*,  «  ^  En  15S3,  encore  :  «  Demnecb  ich  micli  èci  funtzig  iarrm^ 
etc.  >  tArcb,  du  Bas-Rbîn,  C.  78),  ^  Voir  plus  loin  :  Plaidoiries  do  1535, 

*  *  Da  kb  vorgcsetzt  und  erwelt  worden^  ein  scbwereD  boben  Eidt  dairiliier  btb 
mûfiten  Ibun  n  (Arcb.  du  Bes-EhiD,  C*  7B,| 


JOSELMANN  DE  liOSHEÏM  ♦tî 

^Qiarles-Qufnt,  à  peine  nommé  empereur,  confirma  Joselmann 

ises  fonctions. 

pjoselmânn  était  souvent  obligé  de  rédiger  des  pièces  officitïlles 

llUemand;  il  lui  fallait,  pour  plus  de  commodité,  un  mot  aile- 

ad  fui  représentât  le  titre  liébreu  que  l'empereur  lui  avait 

bnné  fParnos  umanhick).  Il  prit  te  nom  de  Befehishaber  (corn- 

adant),  d'autres  rappelaient  Regierer  (gouverneur)*  Ce  nom 

fut  si   souvent  donné  qu'il  finit  par  le  prendre  lui-même  et 

•ainsi  ses  lettres  à  Charles-Quint,  sans  que  celui-ci  s'en 

làt.  Cette  habitude   innocente ,  dictée   par  des  nécessités 

iaistratives,  faillit  lai  créer  de  graves  embarras.  Un  magistrat 

'  ou  intolérant»  le  procureur  fiscal  de  Spire,  le  dénonça,  comme 

I  avait  voulu  s'attribuer  une  dignité  presque  royale.  Sous  la  date 

3  juillet  1535,  la  lettre  suivante  fut  adressée  à  Joselin  : 

,  Ghaulks,  par  la  grâce  de  Dieu  élu  empereur  romain  : 
fais  savoir,  Josel,  juif  de  Rosheim,  que  rhonorable  et  savant 
Weidner,  notre  très  fidèle  sujet,  docteur  eu  droit,  procu- 
impiérial  fiscal,  t'a  assigné  devant  noire  chambre  impériale. 
lest  défendu  aux  princes  ecclésiastiques  et  séculiers  de  mécon- 
!  les  droits  de  Tempire  et,  sous  des  peines  et  des  amendes  se-  • 
,de  porter,  sans  une  autorisation  spéciale^  quelle  que  soit  la  per- 
e,  un  faux  titre  quelconque,  soit  secrètement,  soit  ouvertement, 
r,  toi,  plus  que  tout  autre,  tu  dois  observer  ces  lois,  surtout  dans 
i  tamps  difficiles  (où  chaque  mauvais  sujet  se  gratihe  d'un  titre 
^^piyal).  Saos  permission  de  nos  nobles  savants  et  très  fidèles  juges 
iJa  chambre  impériale  et  leurs  assesseurs  dans  ladite  chambre, 
[resplu  à  te  donner  injustement  le  nom  de  Rûgitrer  de  la  Nation 
I  de  Tempire.  Eu  outre,  tu  as,  sur  certains  parchemins,  signé 
Uire,  et  lu  l'en  es  paré  verbalement  eu  te  nommant, 
HEDe  mot  seul  suis  Rêgierer  de  la  Nation  juive,  on  pourrait 
que  tu  "l'en  pares  pour  te  moquer  de  moi  et  me  rabaisser. 
pius,  lu  pourrais  donner  par  là  un  mauvais  exemple  et  servir 
a  d*autre5  qui  encourraient  de  bien  graves  peines. 
pourquoi,  nous  n'avons  pu  nous  empêcher  d'accéder  à  la 
tel  â  ia  supplication  que  nous  a  fixités  le  procureur  et  de  lui 
eitre  de  le  citer  devant  la  chambre  impériale  pour  faire  rendre 
Je  te  prie,  en  conséquence,  comme  je  suis  porté  à  faire  res- 
lous  les  droits,  de  te  rendre  à  cette  assignation.  Tu  pourras 
t  â<  du  mois  prochain  devant  la  chan^bre  impériale,  et  si  ce 
à  il  ii*y  a  pas  séance, ce  sera  pour  celui  qui  suivra  immédiate- 
fin  cas  que  tu  ne  veuilles  venir  toi-même,  fais4oi  remplacer 
il  avoué,  à  qui  tu  donneras  la  procuration,  aân  qu'il  te  repré- 
à  ladite  chambre  *. 

.  de  WeuUr,  F.  2615. 


m 


ItBVlTE  DES  ETIDES  JlUVES 


Cette  assignation  fat  remise  à  Joselin  le  5  juillet  1535.  Joselînsft 
hâta  de  prendre  des  mesures  pouj'  se  d«'^fendre.  Le  1  juillet»  il  en- 
voya à  Christophe  lias,  avocat  et  procureur  impérial  à  Spire, 
qu'il  connaissait  de  longue  date,  sa  procuration  pour  le  repréj 
senter  et  le  défendre.  Wo!%ang  Weidner,  dans  sa  requête,  avait 
demandé  que  Joselin  lût  puni  extraordinairement  et  condamné aui 
dépens  ** 

Ciiristo[die  Plus  adressa  une  plaidoirie  à  la  chambre  imp(jriate 
en  laveur  de  Joselman,  11  y  disait  que  son  client  n'avait  jaiiiai;! 
voulu  abaisser  Sa  Majesté  ou  lui  disputer  son  titre  de  Regierer 
de  la  juiverie.  Il  n'avait  pas  pensé  non  plus  que  par  là  il  donnait 
le  mauvais  exemple. 

Tout  le  monde  sait,  disait  Tavocat  de  Joselin,  que  depuis  trente 
ans  environ,  soil  auprès  de  l'empereur  Maxiinilien.  soit  auprès  de 
Tcmpereur  actuel,  Josel  a  été  nommé  pour  représenter  la  susdite 
juiverie,  tout  le  monde  lui  donne  ce  litre  de  Regierer^  Ainsi,  le  <lil 
Josel,  par  sept  lettres  ou  cerUlicats  ',  et  dont  je  pourrais  vous  sou- 
mettre une  bien  plus  grande  quantité,  vous  fait  voir  que  lescons<Hl- 
•1ers  impériaux,  les  maréchaux  du  régiment  d'Ensisheim,  les  goo* 
veroeurs  de  Bohême,  les  princes  de  l'Allemagne,  les  villes,  clc*« 
l'appellent  chef  suprême  des  juifs,  premier  rabbin  {OhrsUr  MêèSi 
des  juifs,  et  Reffierer,  ce  qui  est  la  môme  chose.  De  môme,  les  viJits 
de  la  haule  et  basse  Alsace,  ainsi  que  les  juifs  de  la  Bohème  et  dl 
toute  rAllemagne,  ne  l'appellent  que  chef  suprême  {OhersUr  dtr 
Juden),  premier  rabbin  et  Rigierer  de  la  nation  juive. 

Il  n'est  pas  possible  non  plus  de  lui  donner  un  autre  titre,  car  : 

!•  Il  y  a  encore  un  Josel  en  Alsace,  qui  s*intilule  Josel  juif  i<pji  €fit 
Pamos  à  Krotzingen),  et  on  pourrait  Itss  confondre  ; 

i*  Josel  a,  du  reste,  été  nomnié  par  toute  la  juiverie  pour  la  re^ 
présenter  aux  diètes  et  partout  ailleurs  comme  leur  chef  suprême 
{ObersUr)  , 

3-  Ensuite,  le  mol  Pamos  umanhicA.  titre  qu'on  lui  a  ofûcielletoeul 
donné,  ne  peut  absolument  pas  se  traduire  autrement  en  boa  aile* 
mand»  Les  savantes  écoles  de  Francfort,  Worms,  Esslingen,  Fried- 
berg,  etc.,  n*ont  pu  trouver  d'autre  terme  ;  • 

4»  EnUn,  il  n*est  jamais  venu  à  l'idée  de  Josel  de  s*enorgueîllif 
de  ce  nom,  encore  moins  d'offenser  Sa  Majesté,  car  elle  sait  qu'ellii 
n'a  pas  de  plus  dévoué  serviteur  que  lui  *. 

Quand  Taffaire  parut,  le  procureur  fiscal  fit  plaider  que  Josell 
pouvait  garder  son  titre  de  «  Pamos  umanhick  »,  du  moment  qui 

«  Ane.  arcfa.  de  WoUlar,  F.  2615, 

*  Nous  rfiprcKliiiftiQS  çtB  scpi  pièces  k  la  fio  Ue  ce  rédL 

*  Ane*  ucli.  dâ  WeUlar,  F.  2$15. 


JOSELMANN  DE  ROSHEIM  tM 

ait  Intraduisible;  qu*il  pouvait  même  signer  en  Lébreu»  ou  enfin 
"prendre  les  dénominations  aUemandes  de  Anwalt,  Befehlsha- 
\m\  Oberster  rabbi,  etc.  ;^  qu'il  ne  saurait  nullement,  pour  s*ex- 
cuser,  dire  qu'il  s'intitulait  «  Regierer  »  parce  que  les  autres 
l'ai*[»eHent  ainsi;  on  ne  peut,  pour  cela,  laire  un  procès  aux 
pnnces.  nVent?.  bonr^imestres,  parce  qu'il  leur  plaît  de  lui  donner 
f  titre». 

^procèi.  ne  linit  qu'à  la  fin  de  l'annexe  1536,  Joselîn  fut  con- 
lux  dépens  et  à  Tabandon  du  titre  de  «  Regierer  ». 


II 


JOSEL   ET  LA   VILLE  D'ObBRNAI. 


le  lîébut  de  sa  carrière  de  Parnos,  Josel  eut  à  prendre  en 
ains  les  intérêts  des  juifs  d'Obernai,  Quoique  rd^sidant  dans  cette 
ille  depuis  1497,  ils  étaii^nt  constamment  en  butte  aux  vexations 
autorités  locales,  malgré  les  représentations  incessantes  du 
'Ml  Jacques  de  Fleckensteiu  et  de  son  successeur,  Gaspard 
.  >nt  ',  Ils  étaient  obliîJ:é^  de  porter  des  signes  distinctîfs, 
les  juifs  étrangers  qui  voulaient  passer  par  la  ville  devaii?nt 
hy^r  cinq  schillings  do  conduite  {Geleit)^.   Lorsque,  en  If^OK, 
fâximilien  revint  à  Strasbouî-g,  le  magistrat  dObernai  en%oya 
pprès  de  lui  le  greftier- syndic  Valentiu  Scholl»  qui  tit  tant  de 
iromesses  à  l'entourage  de  Temperenr.  qu'il  parvint  à  obtenir  un 
riTîlêge  par  lequel  Tempereur  «  considérant  que  les  juifs  d'ôbf^r- 
[nai  ont  été  préjudiciables  et  gênants,  tant  au  conseil  qu'aux 
habitants  et  bourgeois  de  cette  localité,  Obnrnai  et  ses  envi- 
rons, soit  parleurs  prêts  sur  gages,  soit  pard*autres  commerces, 
ce  qui  a  occasionné  beaucoup  de  vols  et  d'autres  crimes,  onionne 
j*kh  communauté  juive  de  cet  endroit  de  sortir  de  la  ville,  avec 
'  tous  ses  biens  meubles,  pour  ne  plus  y  résider,  avec  le  droit. 
'  pour  le  bourgmt^stre  et  le  Conseil  d'Obernai,  de  n*avoir  plus 
besoin,  à  Tavenir,  de  tolérer  dans  la  ville  aucuns  juifs  *.   w  Ce 
Ipmilège  fut  signé  à  Strasbourg,  le  21  mars  1507* 
U  ville  n'usa  pas  immédiatement  de  ce  privilège,  mais  lorsque 


»  Aae.  trch,  de  WeUïar,  F.  2615. 
*  AïthiTci  d'Obcinn,  BB.  9. 


1^  REVUE  DKS  KTUDES  JUIVES 

les  fonctionnaires  de  la  province  voulurent  les  forcer  à  recevoir 
de  nouveaux  juifs,  elle  chassa  ceux  qui  demeuraient  à  Obernai 

Cette  expulsion,  cependant,  tétait  incomplète.  Les  juifs  allèrent 
s'établir  dans  le  voisinage,  principalement  à  Roslieim»  et  ils  ve- 
naient, le  jour»  faire  leurs  affaires  à  Obernai.  Le  magistrat  ni 
pouvait  s*opposer  légalement  à  refuser  le  «  passage  >*  aux  juifs di 
dehors»  il  le  tenta  cependant*  Heureusement  la  ville  n^avait  p; 
encore  payé  les  600  florins  que  Valentiu  Scboll  avait  promii 
comme  indemnité  à  l'empereur.  Elle  espérait  qu'on  oublierait  é 
les  réclamer,  prétendant  même  qu'elle  avait  reçu  gratis  la  leltiH 
patentée  \  et  le  si^isnieister  fut  obligé  de  lui  infliger  une  amenda 
de  600  tlorins  *.  Josel,  sur  ces  entrefaites,  alla  intercéder  auprêi 
de  l'empereur  ^.  Celui-ci  était  trop  occupé  de  ses  chasses,  qui 
conduisaient  tantc^t  à  Brumath,  tantôt  à  Bouxviller  ou  ailleurs, 
pour  prêter  à  Joselin  une  grande  attention.  Cependant  il  lui  pro- 
mit de  ne  pas  consentir  aux  prétentions  dXibernai. 

La  ville  d'Obernai  ne  se  tint  pas  pour  battue,  elle  renouvela 
ses  instances  auprès  de  Tempereur  Maximilien,  lorsque  celui-cli 
en  1516,  vint  à  Strasbourg.  11  avait,  à  plusieurs  reprises,  chari 
Tévéque  Guillaume  de  Ilonstein  de  tâcher  d'aplanir  les  difficultés 
régnant  entre  la  ville  et  les  juifs,  mais  en  vain.  Les  magistraU 
d'Obernai  eurent,  cette  fois,  recours  à  Sébastien  Brandt  *,  de  Stras- 
bourg, lequel  avait  toujours  été  leur  conseiller  intime.  Le  mardi, 
après  la  cantate  de  lâl6  ('22  avril),  il  leur  écrivit  cependant  gu'i 
son  avis,  on  devrait  attendre  le  retour  de  l'empereur  de  Rome, 
où  il  se  rendait  à  cause  de  la  couronne  impériale  '.  Les  magis- 
trats étaient  hésitants,  quand  Maximilien  vint  leur  faire  une 
visite,  le  20  novembre  ^.  Ils  profitèrent  donc  de  son  séjour  dans  la 
ville  pour  lui  soumettre  deux  privilèges  à  signer,  Fun  qui  n'était 
que  la  conJirraatïon  de  celui  de  1507,  Tautre  qui  leur  permettait  de 
ne  plus  laisser  passer  les  juifs  par  la  ville*  Mais  l'empereur  ne  put 
se  résoudre  à  leur  accorder  ce  qu1l  n'avait  encore  concédé  à 
aucune  des  autres  villes  impériales.  Il  se  contenta  simplement  de 
ratifier  leur  ancien  privilège  de  1507  ' . 

La  ville  ne  put  se  résoudre  à  son  échec.  Elle  fit  une  nouvelle 


«  Arch,  d'OlwmflL  BB.  9. 
»  Arch.  d'01>erDai,  BB.  9, 

*  Gjss.  ffù(.  (rOhruai,  l.  l,  p.  3S6. 

*  Fameux  docteur  en  droit,  iiut«iar  du  *  Nairenschill  *.  11  avait,  eo  outre,  t*cni| 
GQ  guisG  de  mémoires,  les  tinuales  do  Slrasbouri^^  (|ul  oui  éié  brûlées  malbeuiousc* 
mettl,  dasâ  caUb  Yîile,  ou  1S10« 

»  Arch.  dOberaai^  BB.  10, 

'■  Ibidem* 


JOSELMANN  DE  R0SIIEL\! 


60 


itÎTe  auprès  de  Charles-Quint,  à  Worms,  en  1520,  mais  lem- 
Bur  se  borna  à  renouveler,  à  la  date  du  16  décembre,  les  let- 
-(latentes  octroyëes  à  la  ville  par  son  grand-père  K 

Igré  le  refus  de  rempereur,  la  ville  d'Obernai  d^^fendait,  à 
'  qull  parait,  !e  passage  aux  juils.  Ceux  de  Rosheim,  venus  la 
plupart  d'Obernai,  la  suppliaient  eu  vain  de  ne  pas  les  considérer 
comiiiedes  (^*tran^ers  *. 

Knflii,  en  1522,  à  la  diète  de  Nuremberg,  où  Josel  sVtait  rendu, 

j;i)arles^Qaint  nomma  une  commission  pour  examiner  la  ques- 

^b.  Josel  adressa  à  cette  commission  une  plainte  qui  porte  ce 

He  *  :  «  Plainte  de  la  juiverie  de  la  préfecture  de  Ilaguenau  contre 

^maîstre  et  le  conseil  d*Obernai  à  la  commission  impériale  qui 

«wst  fiÉunie  récemment  à  Nuremberg*  sur  Tordre  de  l'empereur,  » 

l  y  explique  comment  les  autorités  d'Obernai  sont  arrivées  à 

air  r^it  de  1507,  comment  alors  leç  magistrats  de  cette  ville 

il  plus  permis  à  ses  administrés  même  de  passer  dans  la  ville, 

les  ordres  de  IVoipereur  et  du   bailli  ;  qu'au  prix   de 

sacrifices,  lui,  Josel,  le  président  des  juifs,  fut  envoyé  à 

reprises  différentes  auprès  de  Maximilien  ;   qu'enfin,   les 

jaifs  avaient  demandé  justice  à  la  Diète  de  Wonns,  et  que,  par 

im  arrêt  impérial,  une  commission  fut  plus  tard  nommée,  pour 

ouniner  leurs  griefs.  Il  conclut  en  demandant  la  réintégration 

OOôiplèle  des  juifs  à  Obernai,  et  Fannolation  des  lettres-patentes 

oontraires. 

Le  rapport  de  la  commission  fut  favorable  aux  juifs,  et  Charles- 
QslDt  pria  Rùdiger,  abbé  de  Wissembourg,  d'entendre  les  deux 
lies  et  de  les  mettre  d'accord. 

ger  les  convoqua,  le  28  mars  1524  *,  pour  le 26  avril  suivant, 
ifeld  ,  et  chargea  de   l'arbitrage  Gaspard  île  Morimont. 
ci  parvint  enfin  à  faire  accepter  aux  autorités  d'Obernai 
ipromis  suivant  : 

!•.  Que  les  juifs  sachent  et  prennent  bonne  noie  qu'ils  ne 
irroot  venir  à  Obernai  que  les  jours  de  marché  et  do  foire,  ce 
tear  coûtera  chaque    fois,  par  personne,  six  deniers,  comme 
itsd'enirée. 
f*  Il  ne  leur  est  pas  permis  d'y  passer  la  nuit  ; 

PSi  le  besoin  Texîge  et  qu'il  faille  qu'un  juif  (homme  ou  femme) 
tfsé  la  ville,  sans  devoir  s'y  arrèler,  en  dehors  des  jours  de 
cM,  il  paiera  deux  deniers  ; 

•  Amh.  à*Ohmnmi,  BB.  10. 

\u^.,  m.  tu 


A 


70 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


4*  Aucun  juif  ne  fera  de  prêts  d'argent  en  ville.  Si  nos  bourgeois 
n'en  trouvent  pas  ailleurs^  les  juifs  pourront  leur  bailler  ù  gages 
contre  des  ubjcts  mobiliers.  Mais,  en  ce  cas,  Il  faui  qu'un  temps  soii 
stipulé  par  écrit  pour  là  reprise  de  ces  gages.  Le  délai  expiré»  le  juif 
sera  libre  d*eu  faire  ce  qu'il  voudra; 

5*  A  moins  dy  être  mandé,  un  juif  ne  devra  pas  entrer  dans  li 
maison  d'un  habitant  de  la  localité  ; 

6*»  Si  un  bourgeois  s'adresse  de  son  propre  gré  à  un  juif  pour 
faire  un  emprunt,  les  conditions  précédentes  ne  devront  pas  être 
changées  ; 

1°  Dans  ce  cas  ou  tout  autre,  le  juif  ne  devra  pas  faire  récrit,  sans 
quoi  il  perdra  les  intérêts  de  son  capital  et  paiera  une  amende  d'tm 
florin  ; 

8^  Entiu,  tout  juif  qui  viendra  en  ville  portera,  en  un  endroit 
visible,  soit  un  anneau,  soit  une  marque  quelconque,  qui  le  fasse 
reconnaître  \ 


m 


JOSEL  ET  LA.  VILLE  DE  COLMAB. 

Les  lauriers  du  magistrat  d*Obernai  empêchaient  celui  i^ 
Colraar  de  dormir*  Il  voulut  également  chasser  les  juifs,  En  d^ 
ceiûbre  1507,  il  «?nvoya  un  messager  auprès  de  fempereur  poorU 
prier  de  lui  accorder  l'autorisation  d'expulser  les  juifs*. 

Maitimilien  chargea  Rodolphe  de  Blumeneck  de  se  rendre i 
Colmar  pour  étudier  la  question  sur  place.  Ce  commissaire  trouva 
qu'il  était  difflcile  de  chasser  les  juifs  de  Colmar,  parce  qu'ils  / 
avaient  tous  des  maisons,  et  qull  fallait  au  moins  que  laYillI 
rachetât  ces  propriétés^.  Une  lettre  du  magistrat  de  Colmts 
à  Cypriea  Sernteiaer,  chancelier  de  l'empire,  à  la  date  tlu  l 
avril  1508*,  le  prie  de  ne  pas  s'arrêter  à  cette  difficulté,  atteadi 
que  les  maisons  des  juifs  étaient  de  peu  de  valeur  et  que,  daB 
d'autres  villes,  les  propriétés  des  juifs  n'ont  pas  été  un  obstac 
à  l'expulsion  ".  Josel,  ayant  eu  vent  de  ces  démarches,  se  ren^ 
dans  le  Tyrol,  auprès  de  rempereur,  qui  lui  donna  rendez-voi 

i  Arch.  d'Obcrnai,  BB.  i\, 

*  Arch.  do  Golmur,  OG.  IsraiîUei;  MosBmanii,  Etud,  mr  l«t  Juifk  de  Colmar^  p*i 

*  Ibidem;  Moesmanii^  p.  1^* 

*  Arch.  di5  Colinmr,  GQ,  hraétiiet,  ^-  Le  magistrat  promet^  dans  cette  leilra, 
Seruteiucr  une  ^ratïBcilion  du  cent  (lorins,  6*11  parvient  â  lui  laire  obtcQir  le  prf 
ih^%,  Mos&maiiQ,  p.  td. 


nouvel  an  de  1510,  à  Fribourg  en  Brisgau,  A  son  arrivi^e 
us  rette  dernière  ville,  Josel  dut  attendre  une  audience  jusqu*au 
Janvier.  Ma^timiJien  lui  proposa  d'entendre  les  deux  parties, 
I  (il,  séance  tenante,  écrire  par  Sernteiner,  aux  magistrats  de 
Colmar,  d'envoyer  des  délégués  auprès  de  lui  pour  TatTaire  des 
jtiift^  • 

llkls  le  lendemain,  !*empereur  retourna  dans  le  Tyrol,  rien 
lit  fait.  Les  magistrats  de  Colmar  envoyèrent  alors  un  nouvel 
auprès  de  lui,  à  Inspruck,  et  celui-ci  Unit  par  obtenir  un 
feg»^,  daté  du  "12  janvier  lôlU  *,  d*après  lequel  a  les  bourg- 
tre  et  conseil  de  Colmar  recevaient,  pour  eux  et  leurs  suc- 
JfS,  la  permission  de  chasser,  dans  un  bref  dt'tlai,  les  juifs 
es  qui  demeuraient  dans  la  ville,  et  de  n'Otrc*  plus  jamais 
d'en  recevoir.  Si  l'un  d'eux,  y  elait-il  dit,  veut  y  venir 
faire  un  éclianî^e  ou  s'adonner  au  commerce,  il  sera  obligé 
^  porter  sur  son  vêtement  extérieur  un  cercle  jaune  qui  le  fasse 
attre,  et  de  payer  les  droits  d'entrée  tels  qu'ils  existent  de 
Bmps  ^, 
juifs  reçurent  immédiatement  Tordre  de  quitter  la  ville, 
pn-3  Pâques,  dans  le  courant  de  mai  :  mais  Josel  partit  pour 
Bfrsbourg,  où  se  trouvait  alors  la  cour,  et  parvint,  au  moins,  à 
btenir  un  sursis.  A  la  date  du  25  avril  1510,  les  mots  «  dans  un 
^lai  »  du  privilège  furent  remplacés  par  les  mots  «  jusqu'à 
issaint  *  ^j.  Plus  tard,  sur  les  démarches  de  Josel,  ce  délai 
;  prorogé  jusqu'à  la  Saint-Georges  de  1511,  et,  le  4  avril  1511, 
1  Saint-Georges  de  151*2  •• 
.  ave  difficulté  surgit  pour  la  ville  de  Colmar  dans  Texé- 
û^  la  mesure.  Les'  juifs  avaient,  outre  leur  synagogue,  un 
situé  hors  de  là  ville,  sur  la  route  qui  mène  aujoard'hui 
r  à  Neuf'Brisach,  et  qui  servait  aussi  aux  juifs  des  envi- 
5,  principalement  à  ceux  des  seigneurs  de  Ribeaupterre.  Cettïî 
datait  du  x\^  siècle.  Le  seigneur  de  Ribeaupierre  in- 
Dur  sauvegarder  les  droits  de  ses  juifs  sur  ce  cimetière. 
TiftitMdait  qu'ils  pussent  continuer  à  s'y  rendre  et  à  y  enterrer 
morts.  Cependant  remf»ereur  avait  fait  don  du  cimetière  et 
synagogue  A  son  secrétaire  Jacques  Spiegel,  de  Sélestadt  *  ; 
le  magistratt  craignant  d'encourir  la  colère  de  Guillaume  de 
iQpîerre,  hésitait  à  livrer  ces  immeubles,  Spiegel  s'en  plaignit 

>  Ardu  d«  Colmar,  GO.  lira/îiitt. 
*  /M. 


72  REVUE  DES  ÉTODES  JUIVES 

à  Maximilien»  qui,  le  7  octobre,  de  Constance  en  écrivit  m 
seigneur  ûe  Ribeaupierre  *  ;  mais,  par  une  lettre  du  24  du  méïne 
mois  •,  Guillaume  fit  connaître  à  la  ville  de  Colmar  qai'il  persistait 
dans  sa  résolution. 

L  empereur,  tenant  à  terminer  cette  affaire  épineuse,  pria  les 
autontï5s  de  Colmar,  ainsi  que  Michel  Reutner,  son  bailli  forestier 
(le  2  novembre  1510),  de  s*arranger  avec  les  juifs;  le  conseiller 
impérial  Martin  Sterf  fût  même  envoyé  à  Colmar  pour  cet  objet 
(24  novembre  1510}  ^ .  La  ville  indemnisa  Spiegel  et  se  rendit  ainsi 
propriétaire  des  immeubles  qui  lui  avaient  été  cédés  *  (8  dé- 
cembre 1010),  Elle  finit  aussi  par  indemniser  Guillaume  de  Ri- 
beaupierre. qui  abandonna  les  juifs  à  leur  sort.  A  la  date  flrée 
(Saint-Georges  1512),  ils  durent  quitter  la  ville. 

Ici  se  placent  des  incidents  qui  se  produisirent  à  Colmar* 
Pendant  plusieurs  années,  à  ce  qu'il  semble,  les  juils  expulsés 
purent  venir  à  Colmar  sans  que  le  magistrat  en  prit  ombrage. 
En  1530,  il  s*avisa  de  vouloir  restreindre  leur  commerce.  Il 
envoya,  pour  cet  objet,  un  délégué  auprès  de  l'empereur  Charles- 
Quint,  à  Augsbourg.  Joselin  s*y  trouvait  également,  mais  il  ne  se 
doutait  de  rien.  Le  29  juillet  1530,  la  ville  reçut  des  lettres-patentes, 
par  lesquelles  défense  était  faite  aux  Juifs  de  prêter  aux  habitants 
de  Targent  sur  immeubles  ou  billets;  en  cas  de  contravention, 
la  créance  serait  considérée  comme  nulle,  et  le  capital  perdu  sans 
appel  \ 

Les  juifs  s*adressèrent  à  Josel,  mais  fempereur  était  déjà 
parti,  il  fallait  le  suivre  à  Bruxelles.  Josel  dut  attendre  trois  mois 
dans  celte  ville  avant  de  recevoir  audience.  Il  obtint  enfin  pour 
les  juifs  l'autorisation  de  s'adonner  à  Colmar  au  change  et  bm 
commerce  d'habits.  La  ville  de  Colmar  riposta  (février  1534)  en 
faisant  publier  en  chaire  qu'il  était  défendu  aux  bourgeois,  sous 
peine  de  perdre  leurs  droits,  d'avoir  aucuns  rapports  avec  les 
juifs  ^;  en  outre,  elle  écrivit  à  Josel»  le  19  mars,  une  lettre  dans 
laquelle  elle  produisait  contre  les  juifs  deux  griefs  :  Les  juifs  des 
environs  introduisaient  à  Colmar  des  monnaies  étrangères,  prin- 
cipalement de  Lorraine,  de  manière  que  l'argent  national  sortait 
du  pays  et  était  remplacé  par  d'autre  qui  n'avait  pas  la  même 
valeur.  De  plus,  les  juifs  abusaient  de  la  faculté  qu'on  leur  avait 

t  Afcb.  de  Colmir,  GG.  litaélùu, 

i  Ibidem. 
^  îèidem. 

*  Ibidem, 

*  Arch.  d«  Colmar,  noureau  Livre  rouge,  f*  202. 

*  Mossmian,  p.  21. 


JOSELMANN  UK  HOSHEIM 


7n 


laissée  de  brocanter  de  vieux  habits,  pour  en  vendre  aussi  de 
neufs,  ce  qui  ne  pouvait  être  qu'au  détriment  des  marchands  de 
nouveautés  et  des  tailleurs  de  la  ville  « . 

Joselin  répondit  aux  magistrats  de  Colmar  qu'aussitôt  après  la 
Pique,  il  écrirait  aux  juifs  des  environs  de  Colmar,  à  Wiii^en- 
I  lieim,  Tùrckheim,  Ammerschwiiler,  etc*,  pour  leur  faire,  de  la  part 
[delà  ville,  les  remontrances  nécessaires,  et  pour  les  prier  d'obéir 
I  i  leurs  anciennes  ordonnances**  La  ville  ne  se  tint  pas  pour  sa- 
tisfaite. Lorsque,  en  1541,  Charles-Quint  vint  à  la  Diète,  à  Ratis- 
.  bonoe,  il  y  reçut  des  délégués  de  Colmar,  venant  se  plaindre  des 
I  juifs  des  environs,  qui  faisaient  trop  de  concurrence  aux  mar- 
diajids.  Charles  leur  donna  le  privilège  suivant  : 

Nos  diers  bourgmestre  et  conseil  de  la  ville  impériale  de  Gol^ 

I  mar  soos  ont  exposé  que  noire  gracieux  seigneur  et  maître  Maximi- 

liftOt  de  glorieuse  mémoire,  a  accordé  à  la  bourgeoisie  de  cette  \iUe 

^  k  liberté  qu'aucun  juif  ne  pourrait  plus  jamais  s'établir  dans  ladite 

lilé,  ce   qui,  jusqu'à   ce  jour,  a  aussi   ponctueliemeot  été  ob- 

Mais  ces  juifs  n'ont  pas  manqué  de  choisir  leurs  domiciles 

^imsi  lires  que  possible  de  Colmar,  dans  les  villes,  villages  et  ha- 

fliaaux.  Par  suite,  ils  viennent  aux  foires  annuelles,  semestrielles, 

MMstrielles  el  aux  marchés  hebdomadaires,  et  font  leur  trafic 

pemieîenx,  dans  leur  cité.  De  cette  manière,  il  y  a  double  dom- 

mg^  :  d'alK)rd  les  marcbands  des  environs  ne  viennent  plus  en 

6,  comme  auparavant,  à  cause  de  la  concurrence  des  juifs, 

les  négociants  de  Colmar  souffrent  beaucoup  de  leur  pré- 

'lenee,  qui  lec  empêche  d'avoir  ainsi  la  pleine  jouissance  de  leur 

commerce, 

Us  ]uïi3  font  avec  les  habitants  et  bourgeois  des  affaires  d'argent 

udiciables.   C*est   pourquoi  ils   {les  magistrats)  nous  ont 

i  leur  nom  et  en  celui  de  leurs  administrés,  de  leur  donner 

lin  privilège  les  délivrant  de  cette  plaie, 

PreMot   en   considération  leur   supplique,  nous  avons  accordé 

i  MCordoQS  aux   susdits   bourgmestre  et  conseil  de   la  ville  de 

de  ne  plus  laisser  venir  les  juifs  aux  foires  annuelles, 

elle»,  trimestrielles  et  aux  marchés  hebdomadaires,  avec  ou 

marchandises  à  colporter,  sans  une  autorisation  spéciale  des 

&lrc  et  conseil  de  Colmar,  qui  auront  la  force  et  le  pou- 

'  d'fofUger  au  délinquant  une  peine  convenable  sans  qu'on  puisse 

i  en  empêcher*  —  Ratisbonne,  le  il  avril  I54î  \ 

La  Tîlle  de  Colmar  avait  son  privilège,  les  juifs  obtinrent  le 


\  »  Ai«à.  é^  Colmar,  GG. 
•  AfdL  et  Colmar,  GG.  hrôMlitH, 


74 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


leur,  grâce  à  Joseliii,  qulls  envoyèrent  à  Ratisbonne.  L'empereur 

disait  : 

Les  juifs...  nous  font  savoir  que,  malgré  les  privilèges  qui  léUT 
ont  été  octroyée  par  nous  ot  nos  prédécesseurs»  ils  sont  très  souvent 
lésés  dans  leurs  biens,  ce  qui  leur  fuit  un  dommage  considérable; 
Aussi  nous  ont-ils  prié  de  venir  à  leur  secours  et  de  leur  laisser  iû* 
tacts  les  privilèges  et  libertés  qu'ils  possèdent,  surtout  ceux  quei 
nous  leur  avons  donnés  en  tSsO,  Tua  le  IS  mai,  Taulre  le  \ï  août,! 
la  diète  d'Augsbourg.  Comme  il  n'est  que  juste  de  maintenir  chacuâ 
dans  ses  droits,  et  que  nous  ne  devons  pas  permettre  qu'on  mo- 
leste pour  cela  ccu^  qui  jouissent  de  cos  privilèges,  nous  é^ 
Tùns^  en  vertu  de  notre  pouvoir  d'empereur  romain,  qu'on  laîasi 
tranquilles  les  juifs  demeurant  dans  le  Saint- Empire  et  oos 
autres  pays. 

Et  pour  qu*on  n'en  ignore,  bous  faisons  savoir  par  les  présenlM 
que  la  juiverie  reste  dans  tous  les  droits,  libertés  et  privilèges 
qu'elle  a  eus  d«  nos  prédécesseurs  et  de  nous-même,  et  qu'on 
serve  tous  les  points,  articles  et  paragraphes  qui  y  sont  renfermée 
Qu*aucun  de  nos  sujets  ne  cherche  à  Taire  du  tort  aux  juifîi  diBS 
leurs  biens  ou  leurs  personnes,  mais  les  tolère  et  les  laissé  vaqow 
à  leurs  atlaîres.  Si  quelqu'un  se  permettait  de  leur  prendre  q 
que  ce  soit,  que,  sur  l'instant,  il  soit  contraint  à  la  restitution  à  soi 
propriétaire  légitime.  Que  surtout  on  prenne  note  de  les  laisser 
dans  les  villes,  bourgs  et  hameaux  oii  ils  demeurent  actuellemem, 
et  qu*on  ne  les  empêche  pas,  pour  les  besoins  de  leur  commerce,  de 
parcoorir  les  villes,  foires,  villages  et  hameaux  de  Tempire  et  d^ 
principautés,  soit  par  terre,  soit  sur  l'eau  '.  —  Donné  à  Ratisboime, 
le34mai1S44. 

Efforts  et  papiers  furent  inutiles.  Vers  la  fin  de  l'année  1541,  te 
magistrat  de  Colmar  notifia  à  Josel  qu'il  ne  laisserait  plus  entr^ 
de  juifs  dans  la  ville:  Josel  Ipur  répondit  le  P*"  juin  1542 JWïP 
demander  un  rendez-vous  et  discuter  la  qu^îstîon,  mais  le  3|t^ 
magistrat  lui  répondil  par  un  refus.  Si  Josel  avait  des  conumafii* 
cations  à  faire,  il  pouvait  écrire. 

Toute  sa  vie  Jos^l  eut  à  plaider  ainsi  contre  la  ville  de  Colmar; 
et  ses  successeurs  en  firent  autant  jusqu'en  1572*  A  partir  de  celtfl 
époque,  les  juifj>,  de  guerre  lasse,  se  résignèrent;  ils  ne  rentrèreut 
à  Colmar  qu'à  la  Révolution  française*. 

»  Aich.  de  Colinir,  QG, 

*  Yair,  pour  plus  de  détails,  Mossmatm,  t°  2$  et  buitoiiIi. 


JOSELMANN  DE  ROSHEIM 


75 


IV 


JOSEL   ET  LA   VILLE   DE  STRASBOURG, 


Les  relations  de  Joselin  avec  la  ville  de  Strasbourg  furent  assez 
Nombreuses.  Gomme  il  y  venait  pour  des  questions  relatives  à  ses 
rr  <  ÙQ  chef  (les  juifs,  il  croyait  pouvoir  se  dispenser  de  payer 

L!     .       i'ie  le  magistrat  percevait  de  chaque  juif  qui  entrait  dans 
ville  S  mais  le  magistrat  n'entendait  pas  Feu  exempter;  en  1512, 
poseltn  fut  arrête  pour  récidive  et  condamuM  à  une  amende*. 
Bans  les   années  de  trouble»  où  les  campagnes  n'étaient  pas 
bres,  Strasbourg  servait  gén*^ralement  de  refuge  aux  juifs  des 
ivipons  et  d'une  partie  de  la  province.  En  1534,  TAlsace  ëtait 
ifeslée  de  bandes  rejoignant  Tarmée  française  ou  celle  de  Char- 
s-Quint, Dans  une  lettre  adressi^e  le  3  mai  de  cette  année  *  au 
aagistrat  de  la  ville,  Joselin,  après  avoir  rappelé  que  déjà  une 
titre  fois,  à  Toccasion  «le  troubles  qu'on  craignait  en  Alsace,  et 
ir  des  bruits  de  guerre  qui  s'y  étaient  répandus,  le  Conseil  avait 
lulorisé  les  juifs  à  se  retirer  dans  la  ville,  demanda  la  même 
iveur,  l'Alsace  étant  submergée  d'une  masse  de  troupes  aile- 
aandes  et  les  pauvres  juiïls   étant  obligés  beaucoup    plus  que 
l*aiitres  de  se  procurer  un  abri  pour  se  garantir  du  danger. 

Sa  demande  fut,  plus  tard,  accueillie  lavorablement  et,  après  le 
Dois  de  juin,  Joselin  avec  sa  famille  et  d'autres  juifs  alsaciens 
purent  se  réfugier  à  Strasbourg. 
Joselin  apparaît  aussi  dans  un  grand  nombre  de  questions  reli- 
[ledses  où  la  ville  de  Strasbourg  était  plus  ou  moins  intéressée. 

Un  juif  de  Vingersheim  avait  été  tué  dans  Tliiver  1533-34,  et 
Tiissassin  étart  en  prison.  Son  acquittement  comme  sa  condamna- 
lion  pouvaient  être  également  inquiétants  pour  les  juifs  d'Alsace. 
ûselin  pria  donc  les  autorités  de  Strasbourg  de  terminer  le  procès 
ar  un  arbitrage,  et  s'offrit  de  faire  partie  de  la  commission  ar- 
"Mtrale.  Sa  proi>osition  fut  acceptée  et,  le  21  mai  15*M,  il  reçut  une 
invitation  à  se  rendre  à  Strasbourg,  le  2  juin  suivantj  mardi  de 
la  Trinité,  avec  quelques  membres  de  la  faraille  du  défunt,  pour 


•  Voir  Isidore  Loeb,  dans  Anfiuairû  de  la  Smiiidis  ^iudet  Juiws^  2*  anné^,  {>«  130 
\  tl  fuitautes. 

•  Strobel,  Vaterlândmhtf  Geschiehte,  t.  III,  p.  i95,  • 

•  hKh.  de  Slrtsbff.,  IJ,  1 74,  n*  43. 


mervE  des  études  juives 

nec  ke  wtaes  arbitres  désignés,  en  sa  qualité  de  chii 
L  Ua  aMf-€Qn|oil  lui  fut  délivré  à  cetefTet,  aGn  qn^il  fut 
«Tec  eeUL  qqi  raccompagnaient,  de  payer  tes  droits 
^  g|  ftt*a  fit  ffiter  dans  la  ville  aussi  longtemps  qu'il  serait 
.  Le  pf#vtt  GDorad  Âltbofier,  qui  lui  annonça  cette  dé- 
CMOii^  «lostail  qaû  le  reneraait  du  courage  qu*il  avait  montré 

Les  iMNifgnii  de  Stnatoorf.  en  leur  qualité  de  citoyens  d'une 
TÎlle  libre,  aTmîent  le  privilège  de  ne  dépendre  d*aucune  juridictioa 
élruigtee,  pas  néme  de  la  juridiction  impériale.  Les  privilèges  ou 
ades  de  protedioii  des  juifs  entraient  quelquefois  en  conflit  avec 
cetuL  de  là  ville,  et  le  magistrat  veillait  avec  on  soin  jaloux  â 
conserver  sa  prérogative.  Le  2^  juin  1534,  i)  écrivit  à  Joseljn  poar 
Me  plaindre  que  des  juifs  eussent  eu  recours  à  d'autres  tribimaui 
que  ceux  de  la  ville  et  fflème  au  tribunal  impérial  de  HothweiJ. 
Joselin  adressa,  sur  ce  sujet,  aux  juifs  de  la  province  une  circu- 
laire, datée  de  Strasbourg,  25  juin  1534,  dont  nous  traduisons  id, 
de  rallemand  en  français,  les  principaux  passages  : 

*  A  la  date  du  Î3  juin  1534,  les  seigneurs  de  la  ville  de  Strasbourg 
«0  iont  de  nouveau  plaints  auprès  de  moi  d'un  nommé  Jacob  de 
Sebûpfen,  qui  est  accusé  d'avoir  fait  un  commerce  illicite,  avec  usure. 
Or,  de  par  les  staluls  juifs,  de  pareilles  affaires  \^ous  sont  défendues, 
cl  tl  n'est  permis  à  aucun  juif  ou  juive  de  tromper  son  prochain,  car 
on  ne  doit  recliercber  que  ce  qui  est  nécessaire  pour  vivre,  comme 
eirla  a  été  de  tout  temps. 

f^hocun  doit  aussi  respecter  les  anciennes  libertés,  ne  citer  per- 
muM  que  (lavant  les  juges  ordinaires  et  ne  pas  aller  en  appel  plus 
Mil. 

Me  fondant  sur  ce  qui  précède,  je  me  fais  un  devoir  d'annoncer  à 
UfHM  Ir>i  Juifs  des  deux  sexes,  et  principalement  au  susdit  Jacob,  de 
h**  imn  n'écarter  de  ces  statuts  juifs;  en  d'autres  termes,  que  tout  juif 
^frii  a  un  rh'môie  avec  un  Strasbourgeois,  ou  qui  croit  en  avoir  un, 
«fil  Irr  f|u'tl  luul  qu'il  reste  devant  ses  juges  ordinaires,  comme  nous 
^n¥uiin  ln»l(r(U('\  Si  quelque  juif  se  permet  d'enfreindre  cette  loi, et 
'l'h-'  iim  m^igtM'urs  de  Strasbourg  s'en  plaignent  et  que  moi  ou  la  jm- 
"  n*.  tittun  mi  ijcriuêrious  la  certitude,  qu'il  soit  dès  Tinstant  excom- 
>  ifitiijilit  ;  (pi'aucun  juif  ne  mange  ou  ne  boive  avec  lui,  ni  le 
i.<fi»  ►iii  ïîUïison  ou  ail  des  relations  avec  lui,  mais  qu'il  soit 
•  rMi'ii»  ^•('ipnré  de  la  communauté,  jusqu'au  jour  où  il  aura 
M.  .MiMifiicltou  aux  seigneurs  de  Strasbourg...  Et  pour  que  nous 
^    u^tthA  [ma  fin  défaut,  j'ai,  avec  le  *!oncours  d'autres  juifs,  et  en 

^Mdli,  ili  WulRlir,  F  2<j1Û.  Joseliû  esl  appelé,  dans  I^  pièce,  JEr^tcner  de  k 


JOSELMANN  DK  RÛSUBIM 


77 


ma  qualité  de  gouveroeur  (Regierer)  des  juifs  des  pays  allemands» 
fail  publier  la  présente  ordoonance  munie  de  mon  sceau,  et  prié  hum- 
blement la  ville  de  Strasbourg,  pour  qu'elle  soit  sûre  d'être  obéie,  de 
faire  lire  la  préseate  a  tout  juif  qui  viendra  lui  demaader  un 
tetsser-passer,  et  de  lui  faire  prêter  serment  qu'il  s'y  conformera  K.. 


Malgré  cette  circulaire»  un  nommé  Schmuhl,  d'Espacli,  avait 
encore  cité  un  sieur  Glaus  devant  le  tribunal  de  Rotliweil,  et  une 
femme  Blomell,  de  Hochfelden,  commit  la  même  faute.  La  ville  de 
Strasbourg  ne  manqua  pas  de  s'en  plaindre  auprès  de  Joselin, 
(iui«*enipressa  d'obtenir  le  désistement  de  Schmuhl.  Mais  TafFaire 
Iraîna  en  longueur,  la  cour  de  Rotliweil  détenait  les  pièces  du  pro- 
cès, Schmohl  montra  quelque  hësitatioa  à  remplir  la  promesse  qu'il 
afait  faite  à  Joselin.  Joselin  lui-même  fut  empêché,  par  d'autres 
affaires,  de  donner  à  celle-ci  une  prompte  solution,  et»  malgré  les 
excuses  qu'il  en  fit  au  magistrat  de  Strasbourg,  celui-ci  menaça 
de  défendre  à  tous  les  juifs  rentrée  de  la  ville  et  aux  habitants  ou 
protégés  de  la  ville  d'avoir  aucunes  relations  avec  les  Juifs*  Dans 
San  inquiétude,  Joselin  convoqua  chez  lui  les  préposés  des  juifs  du 
liiUIîage  de  Haguenau»  et  il  délibéra  avec  eux  sur  les  moyens  de 
neltre  fin  à  ces  conflits-  Ils  élaborèrent  une  sorte  de  convention 
entre  la  ville  de  Strasbourg  et  les  juifs,  qui  fut  approuvée  par  le 
sagbtrat  de  la  ville,  et  des  exemplaires  légalisés,  revêtus  du 
acaiii  de  la  ville,  pour  qu'ils  eussent  plus  d*autorité,  en  furent  en- 
voyés dans  chacune  des  communautés  de  la  Basse-Alsace,  à  la 
iateda  18  juillet  1536  ^ 

I^  sceau  de  Joselin  suspendu  à  cette  pièce  était  en  cire  verte,  et 
représente  une  tête  de  taureau  ^, 

JoieUii  avait  aussi  adressé  des  copies  de  cette  pièce  anxparnasim 

lOvé&ldents)  des  communautés  Israélites  de  la  Haute-Alsace,  mais, 

comaie  les  Juifs  de  cette  région  n'avaient  guère  de  relations  avec 

I  StnabaorgeoiSt  ils  iréprouvèrent  point  le  besoin  d'accepter  la 

[  aMnwtian.  Cependant,  en  1542,  quelques  Juifs  delà  Haute-Alsace 

(Hajylm  dlsenach,  David  d'Qberbergheim  et  Joselin  de  Krozingen) 

^VOTHlt demander  à  la  ville,  au  nom  des  juifs  de  la  Haute-Alsace, 

'  dajis  Tespêce  d'alliance  conclue  en  1536.  Le  magistrat 

Btlt,  le  3  juillet  1543,  s'ils  obtenaient  Tassentiment  de  Jo- 

.  Celui-ci  approuva  cette  convention,  il  y  apposa  son  sceau 

^  fit  apposer  celui  de  la  ville  de  Rosheim,  le  11  juillet  1543^. 


Âf^,4m  5trMbg.»  GUP,  L  174,  »•  21- 

*  JW..»^  22  et  24. 

*  Cm  MHM  •  été  publié  par  M,  bîdor«  Loeb,  dans  la  Mt^m^  U  V^  p«  93* 

*  Alcatel Straabg.,  QUP*,  L  174,  n*  23. 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUfV ES 


JosBL,  Luther  et  les  accosattons  contre  les  Juifs. 


L'agitation  que  la  Réforme  religieuse  avait  soulevée  en  Alle- 
magne lut  souvent  dangenmse  pour  les  juifs.  Luther  dans  m 
écrits,  leur  avait  adressé  tantôt  des  paroles  bii^nveîllante^,  tantôt 
de  grossières  injures;  des  princes  protestants  songeaient  à  les 
chasser  de  leurs  États  ;  le  prince  électeur  de  Saxe  avait,  en  1537. 
prononcé  contre  ceux  de  son  pays  un  édit  de  bannissement.  José* 
lin,  dont  les  juifs  de  la  Saxe  avaient  invoqué  le  concours,  résolut 
de  se  rendre  auprès  de  Luther,  dont  Fintluence  pouvait  arrêterez 
persécutions.  11  se  munit  de  lettres  de  recommandation  du  docteur 
Wolf  Capito,  de  8trasbûui;g,  ami  de  Luther,  et  du  mâgii>trat  de  la 
ville  de  Strasbourg.  Voici  d'abord  la  lettre  que  lui  donna  pour 
Luther  le  docteur  Capito  : 

Que  la  grûce  et  la  paix  soient  avec  notre  respectable  père  en  Dieu. 

Joseph,  un  des  plus  pieux  parmi  les  Juifs,  d'après  leur  maaièff 
de  voir,  et  très  grand  savant  *,  que  les  autres  juifs  considèrent  commô 
leur  patron,  non?  a  fait  part  d'une  supplique  qu'il  avait  reçue  de 
Saxe.  Dans  cette  lettre  on  l'informe  que  son  altesse  rÉiecLetii  (Je 
Saxe,  pour  certains  méfaits  commis  par  quelques  vagabonds  qui  ont 
été  publiquement  punis,  d'après  ce  qu'on  dit,  a  été  irrité  à  ce  poiBt 
qu'il  a  manifesté  Tinteutu^n  de  chasser  les  juifs  de  sa  principauté 
et  de  ne  plus  jamais  en  laisser  passer  sur  ses  terres.  Il  doit  mémo 
déjà  avoir  publié  un  édit  d'après  lequel  tout  jtiif  étranger  qu'on  trou- 
verait dans  ses  domaines  encourrait  une  peine  sévère.  Nous  avoua 
peine  à  croire  que  ce  gracieux  électeur  ait  pu  concevoir  une  telle  fo- 
reur contre  ces  pauvres  gens. 

Cependant,  à  la  demande  de  Joseph,  nous  n'avons  pu  lui  refustT 
une  lettre  de  recommandation  pour  toi.  Car  nous  sommes  aussi  de 
son  avis,  ou  que  tu  l'écoutés  toi-même,  ou  que  lu  prennes  connais 
sance  de  sa  pétition;  ensuite,  que,  selon  les  devoirs  de  notre  charge» 
qui  nous  montre  Dieu  comme  Fimage  de  la  plus  haute  misérîcord«| 
tu  prennes  en  mains  Taffaire  des  juifs,  et  que  tu  la  soutiennes  au- 
près de  l'Électeur-  De  celte  manière  ils  verront  que  nous  somm< 
prêts  à  faire  le  bien  non  seulement  aux  étrangers^  mais  même  à 
ennemis. 

^  Qroiier  liULbdtn. 


JOSEtMANN  DE  ROSHEIM 


79 


ecUble  père,  lu  ne  nous  en  voudras  pas  de  ravoir  recora- 
lodé  ce  juif  et  de  le  charger  d*un  si  lourd  fardeau,  car  nous  nUgao- 
i?>  pas  que  tu  as  besoin  de  ton  temps  pour  autre  cbose,  mais  nous 
pr  fil  est  de  notre  devoir  de  porter  secours  aux  malheureux, 

iquoi  nous  nous  fions  a  ta  bonté,  pour  nous  permettre  de 
rîroporiuner  par  de  pareilles  aflaires. 
Je  te  fais  parvenir  une  longue  lettre  par  un  messager  sûr,  ou  par 

d'Augsbourg,  pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  retard. 
Je  rae  recommande  ainsi  que  ma  communauté  à  tes  ordres,  cher 
ère  et  maître.  Butzer,  qui  aujourd'hui  s'en  va  à  Baie  et  qui  connaît 
Kûotenu  de  cette  lettre,  t'envoie  ses  respects,  et  te  prie  de  l'occuper 
rieusemeni  de  cette  a  lia  ire, 
I  Que  Dieu  te  conserve  eu  félicité  à  nous  et  à  tes  serviteurs  K 

Le  magistrat  de  Strasbourg,  après  quelques  hésitations,  avait 
ais,  à  son  tour,  à  Joselin  la  lettre  suivante  : 

Au  duc  Jean -Frédéric,  Électeur  de  Saxe. 

I  Très  gracieux  Seigneur,  ci  inclus,  nous  avons  rhonneur  de  remettre 
isa  Grâce  ducale  copie  de  la  supplique  que  nous  a  adressée  Josell, 
.11  do  Rosheim,  Ce  juif  nous  est  avantageusement  connu  depui 
bagtemps  comme  voisin. 

|.  Depuis  bien  des  années,  nous  le  voyons  soigoer  avec  zèle  et  d'une 
amère  très  honorable  les  intérêts  de  ses  coreligiouoaires,  et  lou- 
eurs, suivant  la  coutume  des  juifs  et  d'après  son  intelligence,  il  se 
[fepose  sur  la  bonté  de  Dieu.  C'est  encore  pour  une  affaire  de  ce 
icure  qu'il  veut  entreprendre  un  voyage  auprès  de  votre  Grâce 
[iacale. 

Goiome,  suivant  les  préceptes  de  saint  Paul,  nous  devons  avoir 

[pitié  de  ces  pauvres  gens  et  leur  porter  secours,  nous  lui  donnons 

)  celte  recommandation,  adressée  à  voire  (iracc  ducale,  pour  la  prier 

de  vouloir  bien  le  laisser  venir  hbremeDl  à  vous  et  d*avoir  Tobïi- 

geaace  d'ccouter  son  rapport. 

Kq  échange  de  vos  bons  procédés,  nous  nous  efforcerons  cons- 
lammcnt  d'être  agréables  à  votre  Grâce  ducale. 
Fait  le  a  mai  <537. 

De  votre  Grâce  ducale,  les  très  humbles  Maître  (meister) 
et  Conseil  de  la  Ville  de  Strasbourg*. 

[ûther  paraît  avoir  refusé  de  voir  Joselin^,  il  se  borna  à  lui 
terire  la  lettre  suivante  : 


»Atch. 


dtf  Stnisb.,G,  U.  P.,  1.  178,  n»  23. 


'  Vot?.  plu3  lûm,  La  leUre  de  Joselin  tu  magistrat  do  StraBbourg^  au  sujet  de  ses 
^i&Ardke»  répokées  auprès  de  Luther, 


^) 


REVUE  DKS  ÊTIIDES  JUIVES 


Mon  cher  Josel,  j'avais  bien  rinlenlion  de  Iravailler  pour  vous  ai] 
près  de  mon  gracieux  seigneur»  et  par  mes  paroles  et  par  mes  écriti 
comme,  du  reste,  je  l'ai  prouvé  par  plusieurs  de  mes  brochur< 
qui  ont  été  utiles  aux  juifs.  Mais  les  vôtres  font  un  si  mauvais  usag 
de  mes  services  et  font  tant  de  choses  que  nous  ne  pouvons  tolérât 
qu'ils  m'ont  fait  perdre  toute  envie  de  plaider  votre  cause  auprà 
des  princes  et  seigneurs.  Car  mon  cœur  a  toujours  été  et  est  encoi 
pour  eux  et  demande  qu'on  les  traite  avec  bonté,  pour  qu*uu  jon] 
ils  arrivent  à  reconnaître  en  notre  Dieu  le  Messie  qu'ils  attendent, 
mais  il  ne  faut  pas  qu'ils  croient  que,  par  mes  bienfaits,  ils  soieol 
fortifies  dans  leur  erreur  et  deviennent  encore  pires  quils  ne  sont', 

On  le  voit,  c'est  Tancienne  théorie  de  réglise  catholique  qui  m 
pire  Luther.  On  veut  Lien  tolérer  les  juifs,  mais  à  condition 
qu'ils  se  convertissent.  S'ils  persistent  dans  ce  que  l'église  appelle 
leur  aveuglement,  ce  méfait  ne  leur  sera  point  pardonné.  Le  refus 
de  Luther  ne  découragea  point  Joselin,  il  essaya  de  fléchir  le 
prince  de  Saxe,  mais  ses  efforts  restèrent  sans  résultat. 

Les  juifs  continuaient  à  être  attaqués  par  les  écrivains  protes- 
tants. C.  Butzer,  ami  de  Capito»  de  Strasbourg,  qui  est  mentionné 
dans  la  lettre  que  Capito  donna  à  Joselin  pour  Luther,  avait  lui- 
môme  publié  une  brochure  contre  les  juifs.  Ces  écrits  faisaient 
sensation,  les  chrétiens  qui  les  lisaient  s'en  entretenaient  avec  les 
juifs  et  les  harcelaient  de  questions,  qui  embarrassaient  ces  pauvres 
gens,  la  plupart  peu  versés  dans  les  études  théologiques,  Joselio, 
pour  venir  à  leur  secours,  écrivit  une  brochure  hébraïque,  qu'il 
envoya  dans  toutes  les  communautés  Israélites  *.  Nous  n^avoos 
pas  le  texte  de  cette  brochure,  mais  en  voici  un  résumé  que  nous 
avons  retrouvé,  dans  une  pièce  allemande,  sur  une  feuille  vo- 
lante manuscrite,  aux  archives  de  Strasbourg'. 

Rémnié  du  Iwret  de  Joselin  à  ses  frères  contre  la  brochure 
de  Buizer. 

1^  Les  juifs  de  n'imporle  quel  pays,  et  en  aucune  occasion,  M 
doivent  engager  de  discussion  religieuse  avec  qui  que  ce  soit. 

2°  Quand  quelqu'un  d'une  autre  croyance  les  provoque  et  les  force, 
pour  ainsi  dire,  à  répondre  à  des  questions  sur  la  religion  des  juifs» 
ils  doivent  se  borner  a  dire  qu'ils  reconnaissent  un  seul  Dieu» 

>  Quand  on  insiste  sur  la  question  d'usure,  ils  doivent  répoudrB 
ceci  :  Dieu  nous  a  permis  de  prendre  des  intérêts  et  des  bénétices 
des  autres,  parce  que  ceux-ci»  a  leur  tour,  nous  font  payer  toutd 

*■  Arch.  dû  SUiisbM  1.  174,  n«  23. 


JOSELMANFf  DE  ROSHHIiM 


81 


lortes  de  droits,  impôts  et  contributions,  et  que  nous  sommes  forcés 
d^  payer  plus  que  n*importe  quel  jjeuple  lixé  dans  on  pays  étranger. 
Qu'on  ne  nous  traite  plus  si  durement,  et  nous  saurons  aussi  agir 
comme  nos  conapatriotes  ;  nous  renoucerons  à  Tusure  avec  un  plaisir 

Nous  ajoutons,  cependant,  que  ceux  des  juifs  qui  prennent  plus 
que  le  taux  légal  sont  des  igoorauts  el  des  insensés  et  ne  sont 
pas  comptés  dans  le  giron  du  judaïsme. 

Les  juifs  ne  doivent  pas  être  orgueilleux»  ils  se  conduiront  hum- 
blement, comme  le  recommande  Dieu  depuis  Adam. 

Lorsque  Texistence  de  cette  brochure  de  Joselin  fut  connue,  on 
répandit  le  bruit  que  Joselin  y  avait  attaqué  et  dénigré  la  religion 
chrétienne,  et  que,  si  elle  était  innocente,  il  raurait  lait  imprimer 
an  lieu  de  la  laisser  manuscrite. 

Pour  répondre  à  ces  accusations,  Joselin  alla  déposer  un 
exemplaire  de  sa  brochure  au  secrétariat  Je  THôtel  de  Ville  de 
Strasbourg,  puis,  sar  le  conseil  du  bourgmestre,  il  adressa  au 
Bagislrat  de  Strasbourg  une  lettre  explicative,  qui  est  des  plus 
intéressantes.  En  voici  la  traduction  : 

Sévères,  nobles^  sérieux,  vénérés,  sages,  gracieux  et  servlables 
adgiieors, 
îles  très  humbles  salutations  à  votre  Grâce. 
Gracieux  Seigneurs,  l'année  dernière,  après  qu'à  Francfort  on  eût 
la;>rimé  et  publié  quelques  brochures  faites  par  divers  prédicateurs 
la  Hesse»  dans  lesquelles  on  cite  aussi  le  nom  de  Monsieur  Mar- 
Eatzer,  qui,  à  deux  reprises  diiïérentes,  comme  chef  de  ces  pré- 
5,  a  fait  de  fâcheuses  sorties  contre  les  Juifs,  j'ai  supporté  ce 
I  avec  beaucoup  de  patience  pour  ma  part. 
Sealement,  les  juifs  de  Hesse  et  d'ailleurs  ont  beaucoup  souffert 
[tu fuite  de  ces  publications,  et  se  sont  plaints  à  mol,  en  me  sup- 
IpliaQt  de  venir  à  leur  secours  eu  leur  donnant  des  conseils;  j*ai 
lilors  écrit  une  brochure  réfutant  article  par  article  {les  accusations 
[podta  contre  les  juifs). 
Gracieux  Seigneurs,  j'ai  aussi  donné  à  mes  frères  en  Israël,  autant 
k  faibles  moyens  et  mon  intelligence  me  le  permettaient,  des 
(|ue  j'ai  tirés  do  la  Sainte  Bible  el  de  riiistoire  des  pro- 
et  par  lesquels  je  leur  disais  de  ne  pas  se  préoccuper  des 
lions  de  Martin  Butsier  ou  autres,  puis  de  ne  discuter  religion 
ifloe  qui  vive,  ni  publiquement,  ni  secrètement,  mais  de  tout 
r.  car  Dieu  ne  nous  envoie  pas  d'adversité,  si  nous  ne  Favons 
lateitée. 

la  susdite  brochure,  je  me  suis  ainsi  donné  la  peine  de  ré- 


q^  le  mot  mur^  sig&lfisf  dans  tout  c»cS,  prêt  à  intérôt, 
T.  XIII,  »•  16.  I 


sa  BEVOE  DES  ÉTUDES  JOTVES 

pondre,  par  des  extrails  de  la  Bible,  à  des  traits  qui  sont  trop  dfree- 
teraenl  dirigés  contre  nous,  et  j'ai  prouvé  notre  innocence.  Mes  frères 
ont  subi,  par  suiie  de  ces  écrits,  des  épreuves  auxquelles  ils  ont 
simplement  répondu,  comme  un  pieux  juif  doit  le  faire,  en  priaotel 
eu  louant  Dieu,  leur  Père  divin. 

Et  pour  que  le  peuple  ne  ripnore  pas  et  sache  que  Dieu  ne  prend 
pas  plaisir  aux  iujustices,  mtiis  à  la  pitié  et  a  la  miséricorde,  fsi 
envoyé  daus  charnue  communauté  (juive!  une  brochure  spéciale  â  ua 
des  hommes  instruits  de  Teodroit,  avec  prière  d'en  lire  le  coolenii 
ù  ses  coreligionnaires,  afin  qu'en  leur  qualité  de  pieux  Israélites,  ils 
se  conduisent  honnêtement  et  honorablement,  dans  la  crainte  de 
Dieu. 

Gracieux  Seigneurs,  do  cotte  roauière  je  me  suis  mis  en  garde 
contre  les  méprisses  de  certains  juifs  ignorants  ou  de  chrélieûs» 
comme  j'avais  à  craindre  qu'il  ne  3*en  produisit  chez  des  gens  qui 
n'ont  aucune  notion  de  ces  saintes  écritures 

EL  pour  couper  court  à  loule  calomnie,  j'ai  l'ait  traduire  cette  petite 
brochure  hébraïque,  par  une  personne  pieuse,  eu  votre  langue,  c'est 
a-dire  en  allemand,  afin  que  les  pens  intelligents  puissent  voir  que 
je  n*ai  ouilement  cherché,  dans  cette  brochure,  à  blesser  ou  à  abais- 
ser qui  que  ce  soit,  mais  à  conlenler  tout  le  monde, 

Gracieux  Seigneurs,  plusieurs  personnes  m'ont  conseillé  de  pu- 
blier cette  brochure,  ce  que  je  ne  puis  faire,  parce  qu*il  y  a  trop 
gens  ignorants.  Mais,  comme  le  conseil  de  Strasbourg  est  composé 
d'hommes  d'une  haute  intelligence,  et  que  je  désire  beaucoup  (pî'iU 
se  convainquent  de  la  fausseté  des  assertions  de  nos  adversaiR'S,  je 
liens  à  leur  soumettre  cet  écrit.  C'est  pourquoi,  Gracieux  Seigneurs, 
j'ai  fait  déposer  celle  brochure  chez  le  secrétaire  municipal.  Vous 
voudrez  bien  approfondir  le  contenu  de  cet  écrit,  discuter  chaque 
phrase  et  cliaquc  mot,  et  vous  persuader  qu'il  ne  contient  absolu-* 
ment  rien  de  blessant  contre  personne. 

Cela  fait,  je  vous  prie.  Messieurs,  de  ne  pas  refuser  de  m'accordftf 
un  ceriifical  conslataul  ce  que  j'avance.  J'espère  que  Votre  Orace 
me  fera  parvenir  cet  écrit- 

Je  n'oublierai,  de  ma  vie,  de  prier  le  Dieu  tout-puissant  pour  li 
sa  nié  de  vos  Grâces  et  pour  une  longue  et  tranquille  gestion  det 
aflaires. 

Veuillez  m'envoyer  votre  gracieuse  réponse  par  uo  messager,  (pif 
se  servira  de  mon  clieval,  que  je  laisse  ici. 
Votre  très  dévoué, 

lôsLÉ,  juif  de  Mosiiim^ 
Btfehlshaber  de  la  nation  Juive  ' 

Joselin   fut.  dans .  une   autre  circonstance,  tenté  d'écrire  uttô 
brochure  pour  la  défense  des  juifs.  Le  pamphlet  de  Luther  inti* 

*  Arcb.  de  StîB^.,  Q.U.P.,  1.  174,  &•  23. 


JOSELMANN  DE  ROSHEIM  8S 

\ê  :  «  Des  juifs  et  de  leurs  mensonges  »,  avait  fait  ^aiide  sen- 
Ition;  on  apprit,  en  1543,  qu'il  allait  publier  un  nouvel  écrit 
>ntre  eux  *.  L^annonce  de  ce  livre  inquiétait  gravement  les 
iif«  iVAiiemagne.  Joselin  se  proposa,  à  son  tour,  de  faire  appel 
l'opinion  publique,  mais  il  demanda  conseil  au  magistrat  de 
Strasbourg,  Voici  la  lettre  qu'il  loi  écrivit  à  ce  sujet  : 

Sévères^  nobles,  savants  et  gracieux  Seigneurs. 
11  y  a  quelque  temps,  je  vous  ai  déjà  entretenus  des  souffrances 
j*eûdiirent  les  juifs  et  votre  humble  serviteur  à  cause  de  certains 
crits-  Or,  il  n'y  a  plus  moyeu  de  vivre  ainsi  :  te  bas  peuple  dii  que 
si  OQ  vole  ou  tue  un  juif,  on  peut,  pour  cela,  obtenir  rabsolutiou. 
parce  que  Martin  Lullier  le  dit  dans  sa  brochure. 
n  y  a  quelques  années  et  du  vivant  de  Capito,  vous  m'avez  promis 
Ide  et  protection.  Vous  avez  môme  alors  fait  défense  à  chacun  de  se 
ire  justice  soi-même. . , 

Maintenant  je  ne  veux  plus  discuter  avec  Martin  Luther,  car, 
«537.  à  la  cour  de  Saxe,  il  eut  Fair  de  se  rendre  à  mes  explica- 
DDS,  et  depuis,  il  s'est  de  nouveau  laissé  exciter  par  des  juifs  Ma- 
elucks*,  et  non  seulement  il  a  de  rechef  prêché  contre  nous,  mais 
Qcore  il  a  fait  imprimer  des  brochures.  Je  me  suis  rendu  jusqu'à 
ept  fois  chez  lui  à  Meïssen  sans  jamais  avoir  pu  être  reçu  par  lui. 
!  n'ai  pu  avoir  de  lui  qu'une  lettre,  que  je  vous  ai  soumise  *. 
Sa  brochure  doit  paraître  dans  le  pays.  Je  viens,  en  conséquence, 
vous  supplier  de  m'aider  de  vos  conseils.  Comme  les  juifs  de  Meïs- 
scQ,  ceux  du  duché  de  Brunschwig,  de  Saxe,  de  Hesse,  sont  tour- 
meniésà  cause  de  Luther,  je  veux  le  confondre,  sans  dire  de  mal  de 
lui  ou  de  ses  écrits,  mais  unitiuement  par  des  explications  tirées 
\tt  l(i  Bible,  des  Prophètes  et  du  Talmud,  Car  j'ai  parcouru  tous  ces 
lims  et  je  n'ai  jamais  trouvé  ce  que  Martin  Luther  y  a  vu. 
Je  vous  soumettrai  d'abord  une  épreuve. 
Ce  41  juillet  <ôlâ*. 

Les  magistrats  furent  d'avis  qu'il  valait  mieux  garder  le  silence 

el  laisser  tomber  dans  l'oubli  toutes  ces  calomnies.  Joselin  se 

rangea  à  leur  opinion ,  maii*  il  voulut  se  rendre  chez  le  prince 

I Landgrave  de  Hesse,  qui  montrait  alors  de  fâcheuses  dispositions 

htiTers  les  juifs,  et  qu**  Joselin  se  flattait  de  pouvoir  apaiser* 

'Danii  une  lettre  écrite  en  septembre  1543,  au  magistrat  de  Stras- 

5*,  Joselin  représente  que   le  prince  Landgrave  de  Hesse 


^  Cal  |«  Vom  Srhem  ffampkûtot  und  mm  ^euhlechfa  Christi, 

•  Cwiri-djriï  baptisés, 

•  €n\  probiiblcmeni  U  îeUre  publiée  plue  haut. 
'  Aîth.  de  Strasbourg,  G,  U.  P.»  1,  174,  a»  23. 

•  M. 


84 


EEVUE  DES  ÉTUDES  ItHVES 


s'est  «  mis  à  tourmenter  mes  pauves  coreligionnaires  en  édict^nt 
certains  articles  qui  sont  cause  que  des  gens  ignorants  harcèlent 
ces  malheureux  sur  Teau,  la  terre»  les  routes»  etc.  Je  ne  veux 
pas  vous  faire  ici  une  trop  longue  description  de  ce  qui  s*y  passe. 
Je  crois  seulement,  d*après  ce  qu'on  m'a  rapporté,  que  son  Excel- 
lence y  est  poussée  par  le  docteur  Martin  Luther,  qui  s*est  laissé 
exciter  par  quelques  juifs  baptisés,  lesquels  nous  ont  calonmiè 
au  moyen  d'infâmes  mensonges  que  je  n'aurais  pas  de  peine  à 
réfuter.  « 

Joselin  ajoutait  que  le  prince  était  versé  dans  les  Écritures, 
qu'il  entendait  volontiers  les  gens  venus  pour  se  défendre  et  qu'il 
espérait,  lui  Joselin,  être  écouté  avec  bienveillance,  si  le  magis- 
trat lui  donnait  une  lettre  de  recommandation  pour  le  prince.  Le 
magistrat  accueillit  sa  demande,  Joselin  se  rendit  en  Hesse,  mais 
nous  ne  connaissons  pas  le  résultat  de  sa  démarche,  et  il  est 
probable  qu'elle  ne  changea  rien  à  la  situation  des  Juifs, 

Eue  ScHEiD* 


LES  ISRAELITES  D'ORAN 


Lax  archives  du  consulat  général  d'Espagne»  à  Alger,  sont 

es  quelques  registres  provenant  éa  vice-consulat  de  cette 

BC8  à  Oran,  et  contenant  des  renseignements  intéressants 

ïlm  Israélites  de  la  même  ville.  Ils  peuvent  se  répartir  en  deux 

La  première,  composée  de  plusieurs  cahiers  non  reliés, 

ne  des  contrats    d'affrètements»   des  procès -verbaux   de 

e,  des  protestations  et  autres  actes  consulaires.  La  seconde 

e,  en  deux  volumes  cartonnés,  est  la  copie  de  la  correspond 

ïdu  vicé-consuL 
Tai  extrait  de  ces  registres  tout  ce  qui  concerne  les  Israélites, 
fées  données  m'ont  servi  à  rédiger  le  présent  travail. 

\  documents  qui  ont  été  à  ma  disposition  vont  de  1800  à  1815. 
i moyen  d*aatres  recherches»  j'ai  pu  remonter  jusqu'à  la  fon- 
Ooo  delà  communauté  d*Oran,  en  1792. 
et  essai  d'histoire  locale  m*a  été  rendu  possible,  grâce  à  robli- 
Dce  de  M.  Je  marquis  de  Gonzalez,  l'excellent  consul  général 
igné  à  Alger,  qui  m'a  permis,  avec  une  parfaite  courtoisie, 
BF  dans  les  archives  confiées  à  sa  garde.  Je  suis  heureux 
avoir  lui  en  exprimer  ici  toute  ma  reconnaissance. 


L  Fondation  de  la  communatUé. 


eommuDauté  moderne  d'Oran  date,  comme  je  viens  de  le 
,  de  1792.  Lorsque  le  bey  Mohamed  el  Kebir  eut  pris  posses- 

I  de  cette  ville,  totalement  évacuée  par  les  Espagnols,  il  songea 
repeupler,  et,  entre  autres  mesures  qu'il  édicta  à  cet  eflèt,  il 

ppeld  iei&  Israélites  de  Mostaganem,  de  Mascara,  de  Nedroma 


.fl  REVUE  DES  ÉTUDES  lUlVES 

et  de  Tleracen.  Il  leur  \  eiidit  à  très  bon  marché  un  vaste  emplace-  ' 
ment,  ou  ils  édifièrent  leurs  demeures,  et  leur  concéda,  à  titre 
gratuit,  aiî  terrain  pour  un  cimetière*  Vente  et  donation  restèreat 
probablement  verbales  jusqu'en  1801,  année  où  elles  furent  con- 
firmées et  mises  par  écrit.  Le  document  qui  en  fait  foi  est  le  véri- 
table acte  de  constitution  de  la  communauté.  En  voici  la  tradcc- 
tion  olïicielle,  telle  qu'elle  existe  dans  les  archives  du  consistoire , 
Israélite  d'Oran*  L'original  est  en  arabe. 

Louange  à  Dieu  seul. 

El  Sid  Mobamed  ben  Osman»  bey  des  provinces  du  Couchant  etdd  ' 
Tlemcen,  après  avoir  conquis  la  ville  d'Orao,  a  vendu  un  empiace-  | 
ment  de  lerraiu,  avec  les  baraques  en  bois  qui  Toccupent,  au  cou- 
chant du  quartier  dit  Reha  ei  Reh  \  longeant  la  grande  rue  jusquâ 
son  extréniilé»  jusqu*a   la  maison  de  Boungab.  En  descendani  du 
côté  du  ravin  et  au  nord  de  ce  môme  ravin,  ce  terrain  arrive  jus-  \ 
qu'aux  jardins  qui  porteni  le  nom  de  Jardins  des  Juifs^  et  remonte 
jusqu'aux  baraques  connues  sous  la  même  désignation,  et  de  là  la  | 
limite  suit  jusqu'au  point  dit  Reha  el  Reh, 

Celte  vente  a  été  faite  aux  trois  Juifs  Ould  Jacob.  Yaon  (Yona)  ben  \ 
Daoud  et  Amram,  lesquels  ont  acheté,  tant  pour  eux  que  pour  leurs  I 
coreligionnaires,  le  terrain  avec  les  baraques  en  bais  qui  roccupenl,  j 
moyennant  le  prix  de  huit  cent  vingt  sultanis  d*Alger  (huit  mille | 
deux  cents  francs),  que  le  vendeur  a  reçus  en  entier  des  acquéreurs,  J 
auxquels  il  fournit  pleine  et  entière  quittance. 

En  conséquence,  les  acquéreurs  sont  devenus  légitimes  proprié- 
taires dudit  terrain,  duquel  ils  disposeront  comme  de  leur  pro|^| 
chose. 

Le  même  bey  a  fait  donation  a  la  communauté  des  Juifs  d^afll 
terrain  situé  dans  la  banlieue  d'Oran  pour  ensevelir  leurs  morts,  CeJ 
terrain  se  trouve  du  côté  de  Sidi  Cbàban. 

Donation  perpétuelle,  éternelle. 

Ont  élé  témoins  de  ce  qui  précède  :  le  vénérable  Ei  Sid  El  Hadj  1 
Méqui  ben  Aïssa,  qui  a  apposé  son  cachet  ci-dessus,  Si  Mohame^ 
ben  Hassan  et  El  Hadj  Ahmed  ben  Hatrab,  témoins  dignes  de  fûi. 

Fait  à  la  date  du  milieu  de  Chaoual,  Tan  douze  cent  quinze  i 
huit  cent  un). 

(Signé  :  )  Abdelkader  bkn  el  Bachir. 

Au  premier  noyau  de  la  communauté  s'adjoignirent  bient<5t  i 
éléments  venus  du  Maroc,  de  Gibraltar  et  d'Alger.  Parmi 
derniers,  je  citerai  les  Coen  Salmon,  les  Lévy  Bram,  les  Abulke 
les  Témim,  Tout   ce   monde,  actif,   intelligent,   aventureux, 
livra  au  commerce,  et  surtout  au  commerce  d*exportation. 

*■  Le  Moulin  à  vent. 


LES  ISBAÊLITES  D'OIUN  m  17l>2  A  1815 


87 


liBons  qui  existaient  naturellement  entre  eux  et  leurs  coreti- 
[ioimaires  tlu  littoral  méditerranéen  tes  y  conviaient.  Parmi  les 
opt^rations  relatées  dans  les  livres  du  vice-consulat,  les  deux  tiers 
au  moins  appartiennent  aux  Israélites;  le  reste  se  partage  entre 
quelques  Maures  et  le  vice-consul  lui-même,  qui  fut  chargé,  à  un 
certain  moment,  d'expédier  du  blé  et  des  chevaux  à  la  junte  in- 
mrrectionnelle  de  Cadix,  Les  articles  qui  formaient  le  principal 
olyetdê^  transactions -étaient  le  bétail  et  les  céréales.  Les  ports 
de  destination  étaient,  entre  autres,  Malaga,  Gartliagône,  Alméria, 
iU^slras  et  surtout  Gibraltar, 

Abordons  maintenant  en  détail  l*bistoire  de  ce  commerce  et  de 

ï  commerçants. 


2.  Activité  commerciale. 


Le  premier  en  date  fut  Yamin  Tolédano.  Au  mois  d'avril  1801, 
Bph  Taurel,  de  Gibraltar,  lui  envoya,  en  consignation,  huit 
ti&ses  de  marchandises,  à  bord  de  la  tartajie marocaine  i/eAr^ai^cfa. 
cai:sseî5  furent  débarquées  par  erreur  à  Malaga.  En  consé- 
lieiice,  le  4  mai,  Toledano,  au  nom  de  Taurel,  Ûl  mettre  Fera- 
Irgo  sia*  la  tartane. 

Toledano  était  le  eorrespondant  de  Joseph  et  Isaac  Israël,  de 

îibraltar.   Il  reçut  en  consignation  la  somme  de  3,300  piastres 

ortes.  afin  qu'il  leur  envoyât  une  cargaison  de  blé  pour  la  même 

ïleur.  Le  brick  la  Susana^  dont  ils  étaient  propriétaires,  atten- 

iit  dans  le  port,  mais  Tolédano  ne  put  faire  le  chargement.  Le 

juin  1801,  le  capitaine  Juan  Guerra  déposa  sa  protestation  en 

rtiidant  responsable  de  tous  les  dommages  que  son  refus  de 

liargpr  pouvait  entraîner  pour  ses  armateurs. 

A  celle  époque,  les  relations  avec  Gibraltar  étaient  fréquentes. 

eph  Taurel  et  Jacob  Serrueha  envoyèrent  souvent  des  car- 

îaiiions  à  Oran.  Outre  Tolédano,  ils  y  avaient  pour  consignataires 

braham  Masias  et  Abendran  (Duran). 

,  L'importante  maison  Bacri  et  Busnach,  d'Alger,  avait   obtenu 
1  Dey  le  monopole  du  commerce  des  cnréales  dans  toute  reten- 
ue de  la  Régence.   Dés  1801,  elle  exerça  son  privilège  dans  te 
portd'Oran-  De  là  naquit  Tincident  suivant.  Le  capitaine  Papi,  de 
jBagûse,  devait  recevoir  un  chargement   de  blé  de  Sidi  Ahmed 
liichau,  qui  ne  fut  pas  en  mesure  de  le  livrer.  En  conséquence, 
Ife  28  novembre  1801,  le  capitaine  déjiosa  une  protestation.  Le 
[lemlemain,  Abraham  de  Moïse  Abudarham,  tbndé  de  pouvoirs  de 
[M\  \limed,  déclara,  pour  excuser  son  maître,  que  le  bey  d'Oran 


fS  BEYXm  DES  ÉTUDES  JUIVES 

avait  fait  défense  à  tous  capitaines  d'embarquer  du  blé  autrement 
que  pour  le  compte  deBusnach. 

Parmi  les  négociants  de  cette  époque,  nous  trouvons  encore 
P!nhas  Beiidaliau,  Moïse  Benamara,  Jacob  Benzaquen,  Joaepli 
Maman,  Abraliam  Saba. 

Un  événement  tragique  et  très  rare  parmi  les  Isralites  d'autre' 
fois  vint  jeter  Fémoi  dans  la  communauté. 

Le  31  juillet  1802,  la  pinque  espagnole  La  Fortuna^  capitaine 
Luis  Alesandro,  sortit  de  Gibraltar  à  destination  de  Malte,  ayant 
à  son  bord,  comme  passager,  un  Israélite  nommé  David  Benhaïm 
(Ven  Jaïn).  Fatiguée  par  les  vents  contraires,  elle  fut  obligée»  Ifi 
6  août, de  se  réfugierau  port  d*Adra.  Là,  on  commença  à  remarquer 
quelque  chose  d'anormal  dans  Tattitude  de  Benhaïm,  qui  paraissait 
préoccupé  de  ses  alïaires  restées  en  souffrance  à  Gibraltar,  eiqû 
se  répandait  en  plaintes  amères  contre  un  de  ses  coreligioniiâir» 
nommé  Cabeza,  Son  état  mental  inspirant  des  inquiétudes,  il  fut 
mis  en  surveillance  dans  une  cabine.  Quoique  le  temps  continuât 
à  être  mauvais,  le  capitaine  remit  à  la  voile  le  même  jour;  mais 
la  navigation  fut  si  pénible  quMl  dut  encore  une  fois  faire  relâche 
aux  îles  Chaffarines.  Il  en  repartit  le  10,  par  un  ciel  clair  et  une 
mer  calme.  Le  15,  à  midi  et  demi»  au  moment  où  Téquipage, 
réuni  sur  le  pont,  achevait  son  repas,  on  vit  Benhaïm  sortir  de  sa 
cabine  et  se  diriger  vers  Tarrière  du  bâtiment*  Tout  à  coup  il  Ôta 
ses  souliers,  monta  sur  le  bastingage,  et,  se  tournant  vers  les 
matelots,  leur  cria  :  «  Adieu,  vous  autres!  »  En  même  temps  il  se 
précipita  dans  les  flots.  Le  capitaine  fît  aussitôt  virer  de  bord  et 
lancer  une  chaloupe;  mais  il  tut  impossible  de  retrouver  le  mal- 
heureux, car  le  vent  était  tellement  vif  que  le  navire  filait  siimillei 
àrheure.  Le  lendemain,  le  capitaine  entra  dans  le  port  d'Oran, 
et»  accompagné  de  son  équipage  et  d^un  autre  passager  nommé 
Kaddour  Adda,  il  alla  faire  sa  déclaration  au  vice-consulat 
d'Espagne. 

Un  commerçant,  qui  était  censal  de  ce  vice -consulat,  figure 
pour  la  première  fois  sous  le  nom  de  Sulaqui  sur  les  registres  ei^ 
Tannée  1803.  Partout  ailleurs  il  est  appelé  Benseria,  mais  il  si] 
invariablement  en  hébreu  ^p«nip  rmn\  Jehuda  Ghouraqui.  Il  aval 
un  frère  nommé  Moïse  ou  Joya,  qui  faidait  dans  ses  affaires,  aiM 
que  son  cousin  David.  Le  rabbin  d'Oran,  Isaac  Chouraqui,  auqu€ 
R-  Salomon  Seror,  d'Alger,  adressa  une  consultation  (Péri  Çaddlk 
rép.  n**  2),  était  peut-être  leur  parent. 

Les  Benséria  eurent  des  débuts  pénibles*  Moïse  alla  s'établir 
Gibraltar,  d  oii  il  ne  revint  quVn  1811.  Juda,  après  quelques  opé 
rations  heureuses,  fut  ruiné  par  Tindélicatesse  d'un  mandatairi 


LES  JSHAELITES  D*0RAN  de  1798  A  I81K 


m 


fc! 


il  confia  au  capitaine  Vicente  Tur  50  bœufs  et  00  mou- 
consignation  de  Pedro  Agustino,  de  Mahon»  Par  crainte 
corsaires  frane;ais»  Tur  vendit  sa  cargaison  à  Pègnon  de  la 
ornera  (Maroc),  et  il  négligea  d'en  remettre  le  produit  à  son  affré* 
UT.  Le  vice-consul  d'Espagne  prit  lait  et  cause  pour  ce  dernier, 
et,  le  31  juillet  1814,  it  écrivit  à  ce  sujet  à  don  Francisco  Moreno, 
gouverneur  de  Mahon.  On  ne  dit  pas  si  Tur  finit  par  payer. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Juda  Benseria  tut  momentanément  éclipsé 
par  d'autres  commerçants,  dont  Igs^  principaux  furent  Joseph 
Cabe^a,  Saloraon  Abulker  et  Salomon  Lévy  Bram. 

Ce  dernier  était  originaire  d'Alger,  Le  13  octobre  1805,  Joseph 
Bacri,  censal  du  consulat  général  d'Espagne,  ayant  été  incarcéré 
par  ordre  de  la  Régence,  Salomon  Lévy  Bram  demanda  à  le  rem- 
ilacer  dans  ce  poste  ;  mais  sa  démarche  échoua,  malgré  la  protec- 
ion  du  Dey  et  celle  de  David  Duran,  chef  de  la  nation  israé- 
te.  En  1810,  nous  le  trouvons  à  Oran.  Juda  Benséria  était  â  son 
rvict?  comme  simple  employé.  Cest  ce  qui  ressort  du  fait  sui- 
ant 

Le  capuaiue  anglais  Lorenzo  Brîgnon,  do  la  barque  Foriuna, 
Tait  été  nolisé  à  Gibraltar  par  Mardoohée  Amar  pour  charger  des 
stiaux  à  Oran,  Par  suite  d'un  retard  du  consignataire  Salomon 
vy  Bram,  le  capitaine  ne  put  embarquer  sa  cargaison,  car  dans 
rintervalle  un  corsaire  algérien  était  arrivé,  avec  ordre  du  dey 
empêcher  tous  les  navires  à  Tancre  de  quitter  le  port.  Le 
19avril,  le  capitaine  dut,  en  conséquence,  faire  ses  réserves  au  nom 
de  son  atlréteur.  Lévy  Bram  répondit  qu'à  la  premi<^re  réquisition 
de  Brigûon,  il  avait  envoyé  son  troupeau  à  l'embarcadère,  sous  la 
condaite  de  son  employé  (criado)  Juda  Benséria,  mais  que  le  port 
était  déjà  fermé  avant  que  ce  dernier  y  arrivât.  Le  10  juin,  le  ca- 
i^itâine  Brignon,  accompagné  de  son  équipage  et  de  son  écrivain 
israéiite,  Abraham  Ximén^s,  cita  devant  le  vice-consul  d'Espagne 
lévy  Bram  et  son  employé,  à  TefTet  d'afflrmer  sous  serment  que 
retard  causé  au  départ  de  La  Fortuna  n*étaLt  pas  de  leur  faute. 
Tous  les  deux  refusèrent  le  serment  par  scrupule  religieux. 

Salomon  Abulker,  qui  est  appelé  Beiger  dans  nos  documents, 
était  également  originaire  d'Alger,  où  û  se  trouvait  le  6  septem- 
bre noO.  A  cette  date  il  faisait  un  envoi  de  numéraire  à  Livourne  ^ . 
Associé  et  correspondant  de  la  puissante  maison  des  Bacri,  il 
était  flxé  à  Oran  dès  1807,  accompagné  d*un  autre  Algérien, 
Cbaloum  Portiiguez,  rabbin  et  commerçant.  Kn  1809,  il  entreprit 
quelques  opérations  de  compte  à  demi  avec  Lévy  Bram. 


'  M.  J,  M.  Haddcy  (A.  Dovoulx),  Liw  d'or,  p.  81. 


90  REVl'E  DES  ETUDES  JUIVES 

Par  la  saite,  surtout  en  1812  et  1813,  Juda  Benséria  reprit  uoe 
grande  importance.  En  une  seule  année,  il  n'expédia  pas  moins     i 
de  douze  cargaisons  de  céréales,  laine  et  bétail. 

A  la  même  époque  florissait  la  famille  Cabeza.  Les  Cabm, 
d'origine  marocaine,  étaient  au  nombre  de  quatre  :  le  père  Israël, 
les  lils  Joseph,  David  et  Salomon.  Joseph  était  établi  à  Alméria, 
d'où  il  tira  sur  son  père  à  Oran  une  lettre  de  change  de  8,321 
réaux,  lettre  de  change  que  le  tiers  porteur,  Juan  Domovitch, 
présenta  le  13  juillet  1809  et  qui  fut  protestée  par  le  motif  que  le 
tiré  n'avait  pas  de  fonds  appartenant  au  tireur. 

Le  séjour  de  Joseph  Cabeza  à  Aimeria  fut  brusquement  inter- 
rompu au  mois  d'août  1809  par  suite  d'un  incident  curieux  que 
nous  relatons  plus  loin.  Revenu  à  Oran,  il  se  livra  à  de  grandes 
entreprises  commerciales  et  fut  pendant  quelque  temps  le  plus 
fort  négociant  de  la  place.  Il  exportait  du  bétail  et  de  la  laine  eo 
Espagne  et  aux  îles  Baléares.  11  eut  parfois  pour  associé  un  de  ses 
parents,  Joseph  Melul,  contador  dubey. 

Les  autres  négociants  que  je  n'ai  pas  occasion  de  citer  ailleurs  et 
dont  les  noms  figurent,  pour  une  raison  ou  pour  une  autre,  sur  les 
registres  consulaires  sont  :  David  Lévy  Balensi,  Samuel  Hassan, 
Joseph  Abuab,  Maklouf  Bénichou,  Baruch  Alaskar,  Abraham 
Kalfon.  Estuqui,  qui  signe  tain»  r|OT^. 

J'ai  relevé  également  les  noms  de  plusieurs  négociants  israélites 
de  (libraltar.  Ce  sont  Juda  Benoliel  Arengo  et  Cie,  Isaac  Ange), 
Abraham  Cîabisson,  Moïse  Tubiana. 

3.  Rôle  politique. 

])(»  bonne  heure  les  Israélites  exercèrent  une  certaine  influence 
dans  les  conseils  du  bey.  Grâce  à  leurs  relations  au  dehors,  ils 
devinrent  ses  aixents  commerciaux  et  quelquefois  diplomatiques. 
Ils  ne  restèrent  i>as  étrangers  aux  affaires  intérieures,  et  ils  furent 
nuMés  aux  intrigues  et  aux  catastrophes  de  cette  époque. 

Mt^nie  avant  la  oonqutMo  d'Oran,  l'un  d'eux,  Mardochée  Darraon, 
fui  riionime  de  rontiance  des  beys  du  Couchant.  Quoique  ce  per- 
s()nnag(»  ne  soit  pas  mentionné  dans  les  registres  du  consulat,  il . 
n\»sl  pas  possible  de  l'omettre  lorsqu'on  parle  de  la  communauté 
d'Oran,  dont  il  fut,  suivant  la  tradition,  l'un  des  fondateurs  et 
l'un  des  membres  les  plus  notables.  Aussi  versé  dans  la  science 
juive  (lue  dans  celle  du  négoce,  il  composa  un  ouvrage  intitulé 
'^^^•,3  -,,.^^^.2  (Propos  de  Mardochée)  et  imprimé  à  Livourne  en 
\1H1.  (l'est  un  recueil  d'explications  homilétiques  sur  des  passages 


LES  ISRAELITES  D'ORAN  DK  1792  A  1815 


01 


lloîsis  de  la  Bible  et  du  Talmud,  Dès  1*772  on  trouve  Darmon  au 

rvice  du  liey  Ibrahim*   11  le  suivit  dans  ses  expéditions.   Des 

a^mentâ  de  son  livre  sont  datés  du  camp  du  bey  aux  bords  de 

îabra.  de  la  Mina,  de  la  Tafna.  En  1783,  il  entreprit  un  voyage 

Conslantiiiople  et  à  Smyrne.  Il  acquit  une  grande  lortune,  et 

litia,  dit-oa,  la  synagogue  qui  est  devenue  depuis  la  synagogue 

[)nsistoriale  d'Oran. 

Son  gendre  Juda  Daraion,  iils  de  son   frère  Messaoud,  était 

rabbin  et  écrivit  une  préface  pour  son  livre.  Un  David  Darmon, 

robablement  aussi  son  parent,  était  en  1810  employé  de  il.  Né- 

toto,  agent  consulaire  de  France. 

La  jeune  communauté  ne  fut  pas  longtemps  exempte  d*é- 
îuves.  En  1805,  un  marabout  rebelle»  s'étant  emparé  de  Mas- 
ra,  en  enchaîna  toute  la  populationjuive  et  la  frappa  de  lourdes 
ftntributions.  A  cette  nouvelle  et  à  celle  de  son  approche,  les 
raélites  d*Oran  songèrent  à  se  xuettre  à  Tabri  de  ses  coups,  et  un 
and  nombre  de  familles  s'embarquèrent  pour  Alger,  oii  elles 
lirriverent  le  11  juin. 

Le  chargé  d'aifaires  du  dey  à  Gibraltar  était  juif.  11  s'appelait 
ron  Cardoso,  et  il  était  en  même  temps  chef  de  la  nation  israélite. 
\Èi)nj,  il  fut  choisi  par  les  Anglais  pour  remplir  une  mission 
Qportante  auprès  .du  bey  d'Oran,  Le  16  octobre  entra  dans  ce 
ort  une  corvette  anglaise  commandée  par  le  capitaine  Roman  et 
lyaut  à  bord  cent  quintaux  de  poudre.  Aron  Cardosu  accompagnait 
convoi  en  qualité  d'ejivoyë  extraordinaire  du  gouvernement 
britannique*  Il  avait  pour  instructions  de  demander  au  bey,  en 
Ifcliange  de  la  poudre,  une  cargaison  de  bestiaux  pour  le  ravitail- 
[bment  de  Gibraltar.  Le  hey  était  alors  absent  :  il  dirigeait  une 
xpédition  contre  les  tribus  rebelles.  Cardoso,  suivi  de  Roman, 
liiriiique  de  cinq  autres  officiers  du  bord  et  protégé  par  une  es- 
[lîorte  d'arabes,  le  joiguit  dans  son  camp.  Sa  négociation  eut  un 
}\én  Huccès,  car  le  5  décembre  il  se  rembarqua  avec  un  convoi 
omposé  de  200  bœufs  et  de  100  moutons. 

Cn  jour,  le  23  mai  1812,  le  bey  confia  à  deux  marchands  is- 
télites,  Ayousch  Benhaïm  et  Chaloum  Karoubi  (Jarrobi),  une 
omme  de  4,000  douros  pour  la  faire  valoir  à  son  compte.  Les 
nands  renvoyèrent  à  Tanger  à  bord  de  la  felouque  algérienne 
^ucUZy  capitaine  Mohamed,  Quelques  mois  après  on  apprit 
bâtiment  avait  été  visité  en  mer  par  le  corsaire  français 
Bla«,  et  le  group  enlevé.  La  Régence  était  alors  en  paix  avec  la 
iîfance  :  aussi,  le  4  août,  les  expéditeurs  dtposèrent-ils  une  pro- 
]tesUlion  au  vice-consulat  d'Espagne  contre  le  corsaire  et  ses  ar- 
1  loaieurs. 


92  EEVUE  DES  ÉTHDES  JUIVES 

Les  genres  de  Napoléon  I«'  eurent  leur  contre-coup  dans  ce 
petit  coiiî  de  TAlrique  et  au  sein  de  la  communauté  juive*  O^lle-cl 
se  divisa  en  deux  partis  :  celui  des  Français  et  celui  de^  alhés 

Pour  les  derniers  s^employaient  notamment  Abraham  Masias, 
un  ami  personnel  de  l'ancien  vice-consul  d^Espagne  Joseph  lli- 
guéro,  et  Salomon  Paciflco,  un  agent  du  bey  Sidi  Mohamed»  por 
le  compte  duquel  il  effectua  divers  payements  à  la  date  du 
21  juillet  1809. 

Mais  les  partisans  de  la  France  étaient  de  beaucoup  les  plttâ 
nombreux  et  les  plus  influents.  Ils  se  groupaient  autour  d'une 
femme  habile  qui  joua  un  rôle  important, 

La  juive  Hanina  (Janina)  *  était  la  favorite  et,  dit-on,  k 
maUresse  du  bey  Mohamed  bou  Kabous.  Elle  aimait  les  Français 
et  ne  négligeait  aucune  occasion  de  les  servir. 

Au  mois  de  juillet  1810,  alors  que  la  France  était  en  guerre  avec 
l'Espagne  et  l'Angleterre  roalisées,  cinq  de  nos  corsaires,  sortis 
d'Alger  et  renforcés  par  cinq  autres  rencontrés  en  route,  entrèrent 
dans  le  portdiPran,  Un  brick  anglais,  capturé  |>ar  les  Français, 
puis  repris  par  les  alliés,  y  était  à  Tancre*  lis  résolurent  de  s'en 
emparer,  et  se  mirent  en  devoir  d'obtenir  du  bey  Tautorisation  de 
le  déclarer  de  bonne  prise,  attendu  qu'il  leur  avait  été  enlevé» 
contrairement  au  droit  des  gens,  dans  les  eaux  d'Oran  et  sous  le 
canon  des  forts.  Hanina  fut  chargée  de  cette  délicate  mission, 
et  aidée  par  Fagent  consulaire  de  France,  Augustin  Négrolo,  ainsi 
que  par  Sidi  el  lladj  Mohamed,  flls  du  bey  Bram  (Ibrahim),  elle 
fut  assez  adroite  pour  la  mener  à  bonne  fin.  Le  28  juillet,  le  brick 
fut  repris  sans  combat  par  nos  corsaires  avec  le  concours  même 
des  gens  du  bey, 

Hanina,  dont  la  faveur  ne  cessa  qu'avec  sa  vie,  eut  une  mort 
tragique.  Son  protecteur,  le  bey  Mohamed  bou  Kabous,  s*éta»t 
révolté  contre  le  gouvernement  d*Alger,  fut  vaincu,  prise!  dé-' 
posé.  Tous  ses  partisans  furent  enveloppés  dans  sa  catastrophe. 
Omar-Agha,  exécuteur  des  ordrt^s  du  dey,  arriva  à  Oran,  et  Ici 
supplices  commencèrent.  Sa  première  victime  fut  llanina.  Cette 
infortunée  périt  dans  les  âammes  avec  son  flls  atné  Joseph  (flft 
mai  1813). 

Après  ce  châtiment,  Tagha  se  mit  à  la  poursuite  des  demieis 
débris  des  bandes  rebelles.  Il  les  atteignit  sur  la  frontière  di 
Maroc,  mais  il  fut  défait  par  elles  dans  deux  rencontres  successive 
et  revint  fut-ieux  à  Cran,  Alors  sa  vengeance  se  tourna  contre  1 
deuxième  tils  de  Hanina,  Sadia,  que  Ton  disait  être  le  fruit  di 

1  Dimiuutir  de  Hihdb. 


LES  ISRAÉLITES  rORAN  DE  17î>2  A  1815 


93 


cette  femme  avec  le  bey  déposé.  Sadia  fut  tiré  do  la 
il  avait  été  jeté,  et,  comme  sa  mère  et  son  frère,  con- 
dâmaé  à  être  brûlé  vif.  Son  bourreau»  dans  Tespoir  d'obtenir  des 
êvélâtions,  traîna  devant  le  bûcher  plusieurs  autres  Israélites  et 
semblant  de  vouloir  les  précipiter  dans  les  flammes  où  leur 
luvre  coreligionnaire  agonisait.  Ils  confessèrent  tout  ce  qu'ils 
ivaient.  Peu  de  jours  après,  le  bey  Mohamed  fut  tué  après  un 
îreux  supplice,  et  ses  trois  tlls  en  bas-âge  étranglés.  Tous  les 
de  Tancien  bey  Osman,  fils  du  conquérant  d*Oran,  Mohamed 
kl  Kébir,  ainsi  qu'un  de  ses  frères,  périrent  également,  et  beao- 
j:oup  de  familles  furent  exilées  à  Médéa.  DariS  la  communauté 
raélite,  en  dehors  de  Hanina  et  des  siens,  personne  ne  souffrit 
f  violence,  grâce  peut-être  à  la  protection  d'un  Européen  nommé 
îitcowitch. 

Cependant  deux  membres  de  la  famille  Cabeza  furent  sérieuse- 
Dent  inquiétés. 

Le  5  mai  1813  David  Cabeza  avait  accepté  du  bey  la  mission 
d*aclieter  à  Carthagène  200  quintaux  de  poudre.  Il  partit  avec 
^'assentiment  des  autorités  espagnoles.  Peu  de  jours  après,  la 
évoUe  du  bey  éclata.  Après  sa  victoire,  le  dey  d'Alger  envoya  à 
la  reclierclie  de  David,  qui  fut  arrêté  et  ramené  à  Oran  ;  mais 
il  parvint  à  prouver  son  innocence  en  établissant  que  la  poudre 
avait  été  achetée  avant  la  révolte,  et,  par  conséquent,  sans  aucune 
easée  d'hostilité  de  sa  part  contre  le  gouvernement  turc. 
Moins  heureux,  son  frère  Joseph,  également  susiiect,  fut  obligé 
Idese  dérobera  la  mort  par  la  fuite.  Grâce  à  de  puissantes  pro- 
jteçUons  obtenues  à  prix  d'argent,  il  réussit  à  s'échapper  avant 
fVarrivée  d'Omar-Agha.  Il  emporta  avec  lui  une  partie  des  bijoux 
appartenant  aux  fils  de  Hanina.  Il  se  réfugia  à  Âlicante,  où  son 
autre  frère  Salomon  était  établi. 

La  vengeance  des  vainqueurs  n'était  pas  encore  assouvie  ;  elle 
1 8'achama  contre  les  descendants  de  Hanina,  Peu  de  jours  avant 
que  la  révolte  de  Bou  Kabous  eût  éclaté,  le  fils  aîné  de  Hanina, 
Joseph,  avait  été  chargé  par  lui  de  mettre  en  vente  plusieurs  car- 
gaisons de  blé  amenées  par  son  ordre  d'Arzew  à  Oran.  Joseph 
acquit  pour  son  propre  compte  celle  qui  était  à  bord  d'un  brick 
marocain  commandé  par  le  raïs  Hacera,  Il  la  dirigea  sur  Gibraltar 
iottsla  conduite  de  son  fils  et  de  son  plus  jeune  frère.  Au  lieu  de 
se  rendre  en  droite  ligne  dans  ce  port,  les  deux  jeunes  gens  relâ- 
chèrent d'abord  à  Malaga,  où  ils  vendirent  leur  blé  en  détail  à 
raison  de  85  réaux  la  fanègue.  Le  produit  de  la  vente  encaissée, 
ils  mirent  à  la  voile  pour  Gibraltar  ;  mais  le  vent  contraire  les 
força  de  rentrer  au  port*  Alors  ils  s'embarquèrent  sur  un  autre 


I  BEMjE  des  ETUDES  JDIVES 

•tell  «XMBttWif^  par  le  raïs  marocain  Muley  Abdesselem,  sur 
l^Mi  Bi  irrfiPèrent  enfin  sains  et  saufs  à  Gibraltar. 
A  feio^  invï>*ti  du  [K>uvoir%  lo  nouveau  bey  Ali  Kara-BargH 
le  brick  et  stu  cargaison  comme  [>ropri4:'*té  de  rttat  elles 
WtÊÊÊ  mnélites  comme  voleurs  des  deniers  publics.  Cette 
léCmitsan?  aucun  fondement,  carie  bâtiment  appartenait 
A  n  lliracaiA  de  Gibraltar  norani^  Vichau,  l'équipage  était  inté- 
composé  de  Marocains,  enlln  le  raïs  Hacem  était  de 
murocaine.  De  plus,  les  autorités  b^ylikales  avaient 
pffMâé  elles-mèaies  à  la  vente  du  blé  dont  cette  cargaison  âvalt 
f^it  partie^  et  elles  en  avaient  perçu  lu  prix,  ainsi  que  le  consta- 
liMit  les  quittances  conservées  par  les  acheteurs  israélites.Ënân, 
•nivmal  te  témoignage  d^un  matelot  de  Téquipage  de  Hjicemjes 
deux  jeunes  parents  de  Uanina  n'avaient  embarqué  avec  eux  ni  ^ 
IM^iKisai  Cùtttm  pouvant  contenir  des  valeurs  dérobées  :  OAj 
kar  arail  to  que  les  bagages  contenant  leurs  bardes. 

Ifilgré  Tinjustice  de  sa  réclamation,  le  bey  n*y  persista 
■ohia^  n  manda  les  consuls  d'Espagne  et  d*Ângleterre  et 
dlugea  d'écrire  respectivement  aux  gouverneurs  de  Malaga  1 
de  Gibraltar,  afin  que,  si  les  fugitifs  étaient  signalés  dans  Tune  oa^ 
l^tttre  de  oes  places,  ils  fussent  immédiatement  appréhendés  au 
n€f»  et  reiiToyé9  à  Oran  sur  un  bateau  affrété  pour  la  circoa§- 
tmot  (Sfi  juin  1813).  Heureusement  un  mois  s'était  déjà  écoall 
leur  départ.  Les  recherches  minutieuses,  ordonnées  par  le 
ir  de  Malaga,  furent  infructueuses*  A  Gibraltar,  oii  ils 
béaient  arrivés  depuis  longtemps,  ils  ne  furent  pas  inquiétés. 
Q«oiqii*ileii  soit,  le  bey.  animé  par  la  hsine  et  par  la  cupidité,  ne 
aiCiltpaa  poor  battu.  11  en  référa  au  dey  d'Alger,  qui  tlt  de  cette 
maetiûo  d'extradition  Tobjet  d*une  négociation  diplomatique  a^eo 
It  cabinet  deliadrid.  Au  mois  de  décembre  1814,  le  ministre  de^i 
i  d*£spagne,  M,  le  duc  de  San  Carlos,  fut  obligé 
*  des  explications  à  son  consul  général  à  Alger,  Pour 
f,  le  9  décembre  1814,  le  he}\  après  s*étre  entendu  avec  les 
et  d'Angleterre  et  avec  divers  notables  deli 
^ommimant^*  écrivit  à  Aron  Cardoso»  son  représentant  à  GibniUar, 
iMiBr  la  priar  d*aider  les  autorités  anglaises  à  recherchir  i^^ 

Cette  newre  ne  produisit  pas  le  résultat  désiré. 
'MiteiiilM-  Le  dey  d^Aïger,  qui  cherchait  un  prétexte  pour  lu. 
*T.  i«n«niiffne.  précisa  sa  réclamation  ;  il  prétendit  que  les  ( 


L*in 


AvM  l*spfig»«t  précisa 

*    \*lites  avaient  enlevé  du  palais  du  bey  quatre  coflfres  rempla 

îf*  uméraire  et  de  bijoux.   En  conséquence,   il    en  exigea  ta 

todou    ou  le  payement  de  trois  cent  mille  douros  en  guise 


LES  ISRAELITES  D*ORAN  DE  1792  A  l«in  m 

W  dédommagement.  En  vain  le  cabinet  de  Madrid  fit-il  observer 
■ëc  raison  qu'il  était  injuste  de  le  mettre  en  cause,  attr-ndu  que 
les  accusés  étaient  sujets  anglais  et  quMIs  s'étaient  réfugiés  à 
'"*^^'fir,  territoire  anglais.  En  vain  produisit-il  une  déclaration 
iique  des  fugitifs  afdrniant  sous  serment  que  If^s  coffres^ 
il||et  dn  Uljge*  ayaient  été  saisis  avant  leur  départ  par  Omar-Agha 
Btdéfiosés  dans  la  maison  du  vice-cou.sul  d*An^leterre.  Le  dey  ne 
mttatriim  entendre,  il  lança  un  ultimatum»  et,  sans  attendre  la 
,  il  îirocéda  pnr  voie  de  rigueur  en  faisant  arrêter  le  "vice- 
d'Ksj^agne  à  Oran,  qui  fut  conduit  à  Al^jer  les  fers  aux 
(icdi,  enfermé  au  bagne  des  esclaves  et  contraint  h  travailler 
tam  le!*  carrières.  Joseph  Cabeza,  revenu  de  son  exil  volontaire 
tu  1814  et  impliqué  dans  laccusation,  subit  le  même  sort  (fé- 
trfer  1815), 

Apr^  une  long:ue  et  pénible  négociation,  après  plusieurs  atter- 
IMJfmeDts  sucxressifs»  TEspagne,  pour  éviter  une  guerre,  dut  sa- 
Mè\ï^  la  raiiacité  algérienne  :  le  l*''  septembre  1815,  le  ministre 
te  affaires  étrangf'^res,  don  Pedro  Cevallos,  qui  avait  remplacé  h* 
\éÊA  de  San  Carlos,  annonça  à  son  consul  à  Als<^r,  don  Pedro 
â^  Zugastî,  que  le  dey  serait  payé  dans  un  délai  d'un  mois* 
fat  clos  un  incident  qui  faillit  détruire  la  bonne  barmonie 
depuis  si    longtemps  entre    TEspagne   et    la    Kégence 


[de  rhistoire  deTîanina  ont  été  puisés  dans  la  cor- 
vice-consul  d'Espagne  :  son  nom  de  famille,  ni 
li'fc  sê*  flls  n*y  est  indiqué.  Mais  il  m'a  été  possible  de  déter- 
ce  dernier  du  moins,  au  moyen  des  registres  des  actes 
lires.  J'ai  été  amené  à  penser  que  ces  buiumes  s*appelaient 
il,  et  voici  les  raisons  qui  me  le  font  supposer. 
im  a  va  que  les  deux  fils  aînés  de  Ilanina  s*appelaient 
,#t  Sadia.  Or,  parmi  les  affréteurs  que  j'ai  relevés  sur 
ae  trouvent  justement  un  Joseph  Melul  et  un  Sadia 

*ioi»«»ph  llelul  était  contador  du  bey,  fonctions  qui  consistaient 
*Hà  estimer  les  monnaies  du  trésor,  et  qui  lui  valurent, 
iieurs  de  nos  documents,  la  qualitication  honorifique  de 
t-il  pas  vraisemblable  que  ce  contador  Joseph  était  le  fils 
iiia«  qui  avait  pu  lui  procurer  cette  place,  grâce  à  la  faveur 
Idile  joui«^it  auprès  du  bey  i 

\Têi  raconté  qu*un  des  frères  Cabeza  faillit  être  enveloppé 
fia  cataiitrophe  qui  engloutit  Hanina  et  ses  tlls.  Il  n*eut  que 
(de  st'enfuir  à  AJicante.  Cette  circonstance  démontre  qu'il 
;  entre  ces  diverses  personnes  des  relations  d'âifaires  et 


% 


REVLE  BES  ÉTUBES  JUIVES 


d'amitié,  peut-être  m^ine  de  parenté.  Or,  des  liens  de  ce 
unissaient  Joseph  Cabeza  et  Joseph  Mêlai  :  dans  deux  contrat* 
d'affrètements  ils  figurent  comme  associés. 

4°  Les  Melul  cessent  d'être  mentionnés  sur  les  registres  du 
consulat  à  partir  de  mai  1813.  Cette  date  coïncide  trop  bieii  avec 
celle  de  la  mort  des  111s  de  Hanina  pour  qu'on  hésite  à  identifier 
ceux-ci  avec  les  Melul. 

5**  Enfin  Tun  des  deux  fugitifs  d*Orân  portait  le  nom  de  Melul, 
ainsi  qu'il  appert  de  l'acte  notarié  reproduit  aux  pièces  justifica- 
tives, II,  6.  Il  tétait  probablement  fils  de  Joseph  et  petit-lils  de 
Hanina.  Celui  qui  s'appelait  Koubi  devait  être  un  frère  utérin  de 
Joseph. 


4.  Rapports  avec  le  vice-consul  d'Espagne. 

Comme  nous  l'avons  vu,  le  commerce  oranais  avait  presque  tous 
ses  débouchés  en  Espagne.  Le  représentant  de  cette  puissance  était 
appelé  journellement  à  intervenir  pour  les  contrats  d'affrètemeot, 
les  passeports,  le  règlement  des  contestations. 

Mais  là  ne  se  bornèrent  pas  les  rapports  des  Israélites  avec  le 
yice-consul  d'Espagne.  Ce  beau  et  noble  pays,  que  le  fanatisme  t 
ruiné,  mais  qui  est  en  voie  de  se  relever  glorieusement  sous  la 
souffle  des  idées  libérales,  mettait  déjà  en  pratique,  à  l'époquô 
dont  nous  nous  occupons,  les  principes  de  la  tolérance  moderne. 
Les  mœurs  étaient  plus  douces  que  les  lois.  Malgré  les  édits  de 
proscription,  divers  Israélites  étaient  domiciliés  dans  les  villes  du 
littoral,  et  les  autorités  fermaient  les  yeux. 

A.  Tétranger,  surtout  dans  les  États  musulmans,  le  gouvfrûi 
ment  espagnol  prenait  volontiers  les  agents  de  ses  consulats  paria 
les  Israélites.  Le  vice-consul  d'Oran  se  servait  d'eux  sans  aucun 
scrupule  de  religion,  et  il  était  servi  par  eux  avec  franchise 
dévouement.  La  lettre  suivante',  adressée  par  Joseph  HiguérO 
à  David  Buran,  consul  général  de  Raguse  et  chef  de  la  natli 
juive  à  Alger,  montre  combien  ces  relations  étaient  devem 
cordiales  : 

Ofta,  lo  i'rmaî  1806. 

Le  25  avril  dernier  j'ai  reçu  la  lettre  de  Votre  Seigneurie,  ainsi  qu 
la  patente  et  la  nominalion  do  vice-consul  de  Raguse»  charge  que 


*  Traduite  d  après  h  minute  espagnole,  conservée  ttux  archives  du  oonsukt  | 
Tal  d  Espagne  à  Al^er» 


LES  ISHAÉLITES  rmUAN  DE  1792  A  iKïiî 


97 


!  avoir  remplie  jusqu^à  présent  à  la  saLisfaciioa  de  tous  les  capi- 
Bcs  de  la  République  et  des  titulaires  successifs  du  Consulat 
ifr^néral,  MM»  Abraham  Bouchara  et  Naflali  Busoadi.  Ces  deroicrs 
iii'avaieot  également  coofié  ces  fonctions,  et,  à  vrai  dire,  je  fus 
péniblement  affecté,  lorsque  le  cliargé  d'affatres  anglais,  M.  Foley, 
répandit  le  bruit  qu'il  avait  été  nommé  vice-consul  de  Raguse,  sans 
que  Ton  eût  daîgoé  me  faire  connaître  les  motifs  de  ma  disgrâce,  car 
aujourd'hui  bonne  renommée  vaut  mieux  qiie   tout.   Je  remercie 

Ee  Seigneurie  de  sa  bienveillance  et  j'espère  qu'elle  sera  satisfaite 
lOi  eo  tout  ce  qui  concerne  mes  fonctions. 
ms  rattenlc  de  vos  ordres,  j'ai  Thonneur  d'être,  de  Voire  Sei- 
irie»  le  fidèle  et  obéissant  serviteur, 

(Siçné  :  )  Joseph  IIiguébo. 

successeur  de  Joseph,  son  frère  Antonio,  ne  fut  pas  en  moins 
termes  avec  les  israélites. 

ic  Coen  Salmon,  négociant  originaire  d'Alger,  eut  occasion 

rendre  service  en  lui  prêtant  une  somme  de  9,245  réaux 

[moDiiaie  algérienne,  sans  vouloir  accepter  ni  intérêts  ni  agio, 

généreux  dont  il  se  loua  fort  dans  une  lettre  au  consul 

1,  en  date  du  7  septembre  1807. 

(Israélites  devinrent  surtout  utiles  au  vice*consul,  lorsque, 

liant  les  années  1808  et  1809,  il  fit  des  achats  de  chevaux  à 

jiour  le  compte  du  gouvernement  insurrectionnel  de  son 

I.  Par  suite  de  l'insécurité  des  mers,  il  se  trouva  plusieurs  fois 

.d'argent.  Son  banquier  fut  alors  Aron  Aniar,  appelé  aussi 

^f renom  de  Djilbon.  Les  sommes  avancées,  qui  étaient  souvent 

fortes,  une  fois  1,025  douros,  une  autre  fois  6,000  piastres, 

ïi  remboursées  par  le  consul  général  d'Alger,  don   Pedro 

;deZugasti,  au  rabbin  Isaac  Abulker,  correspondant  d'Amar 

obablement  son  associé»  Cerabbin,  enveloppé  dans  la  querelle 

ri  et  des  Duran,  eut  la  tête  tranchée,  en  1815,  par  ordre 

13  décembre  1809,  Samuel  Sananès  prêta  au  vice-consul 
douros. 

^l**  décembre  1810,  Moïse  Témira  lui  prêta  1,000  douros,  et 
Ida  même  mois,  200  sequins. 

1  toute  occasion,  Ip  représentant  de  TEspagne  pouvait  compter 
I  coùcourn  des  Israélites.  Un  jour,  en  1809,  il  avait  à  envoyer 

gouvernement  des  dépêches  d'une  grande  importance,  et 

Vin$u  des  autorités  de  la  Régence.  Un  bâtiment,  la  Santa 

capitaine  Juan   Andrès,  affrété  par  Moïse  Benséria,  de 

llar,  se  trouvait  à  Tancre  dans  le  port.  Du  consentement  du 

irgue  Abraham  Coen»  il  renvoya  en  Espagne  avec  les  dé* 


% 


HKVL'K  DES  ETUliLS  JUIVES 


pèches,  tout  en  faisant  accroire  au  bey  que  c'était  pour  y  cher- 
cher une  nourrice  dont  sa  feoime,  sur  le  point  d^accoucher,  avait" 
besoin. 

Cependant  les  Juifs  du  parti  français  lui  étaient  naturellem^rtt 
hostiles.  Il  eut  fort  à  faire  pour  lutter  contre  Tinfluence  préj>OïH 
dérante  de  lïanina,  secondée  par  ses  flls  et  les  frères  Calieza. 
Dans  une  lettre  du  28  juillet  1810,  adressée  au  consul  général 
d*Alger,  il  dévoila  les  intrigues  de  cette  femme,  et  alla  ju&qii*â 
lui  attribuer  Tintention  de  chasser  d'Oran  les  reiirésentaritx 
des  puissances  européennes,  témoins  gênants  de  ses  prélendue^s 
exactions. 

Quanf  aux  Cabeza,  il   trouva  Toccasion  de  leur  rendre  coup 
pour  coup. 

Le  5  juin  1809,  un  malfaiteur,  échappé  du  préside  de  Mélilla, 
Juan  Andrès  Rando,  originaire  deBujalanze  (royaume  de  Cordouej 
et  âgé  de  trente-trois  ans,  vint  se  réfugier  à  Oran;  et  il  parait  qu'il 
fut  amené  par  quelques  juifs  de  cette  ville,  notamment  par  Israèt 
Cabeza,  à  se  faire  circoncire.  Crime  capital  et  digne  du  dei 
supplice  !  Aussi  fut-il  obligé  de  se  cacher,  afin  d'échapper  _ 
recherches  du  vice-consul  Antonio  lliguéro.  Celui-ci,  ayant  appris 
que  Joseph  Cabeza  habitait  Alméria,  ce  que,  d  ailleurs,  il  ne  pou- 
vait s'expliquer,  vu  les  lois  du  pays,  il  écrivit,  le  14  août,  à  Vi 
v^que  de  cette  viîle,  le  priant  de  s'emparer  de  la  personne  de  i 
Israélite  et  de  le  maintenir  en  état  d*arrestation,  comme  ol 
aussi  longtemps  que  la  retraite  de  Rando  n'aurait  pas  été  ré' 
par  ses  coreligionnaires  d'Oran.  Ainsi  menacé,  Cabexa  jugea 
dent  de  sVloigner. 

Un  autre  adversaire  du  vice-consul  fut  Salomon  Abulker 
par  ses  patrons»  les  Bacrî,  qui  avaient  embrassé  avec  arrleuF 
cause  des  Français,  il  lui  créa  beaucoup  de  dil'ti cultes,  surtout 
après  l'arrivée  de  l'agent  français  Négroto. 

Enfin,  à  la  suite  d'un  sinistre  commercial,    le  vice-cuusul  #e 
brouilla  aussi  avec   son  ami   de  vieille  date,    Coen  Sahnou.  Lt* 
26  janvier  1811,  celui-ci  nolisa  la  pinque  marocaine  Seba,ci$ 
taine  Kaddour.  11  y  embarqua  4,8Û0  fanégues  d'orge  pour  Gîbrali 
à  la  consignation  de  Moïse  Tubiaiia,  Ce  bâtiment,  qui  apparteiiailt 
en  réalité,  non  à  un  sujet  marocain,  mais  au  vicp-consul  à 
pagne,  associé  avec  le  bey  et  un  tîls  de  celui-ci,  fut  abaadoîvn 
son  équipage  au  cap  Palos,  à  la  suite  d'une  violente  tempétej 
là  un  procès  avec  Coen  Salmon  et  les  fils  de  la  juive  Ilanîna, 
celui-ci  avait  intéressés  dans  son  entreprise.  Le  vice-con^ul, 
avait  dirigé  toute  cette  afiaire,  fut  cité  devant  un  tribunal  exti 
d inaire,  présidé  par  Foîey,  agent  consulaire  d'Angleterre,  et 


LES  ISRAELITES  D^ORAN  DE  M\n  A  181S 


m 


fut  condamné,  le  29  mars  1812»  à  indemniser  les  affréteurs»  ainsi 
que  se»  co-propriétaires. 

Malgré  ces  démêlés  passagers,  il  resta  rarai  des  Juifs*  Il  les 
prot^eait  chaque  fois  que  roccasion  s'en  présentait.  En  1813,  le 
gouverneur  d'Alméria  avait  séquestré  des  marchandises  embar- 
qua» à  bord  de  la  bombarde  du  patron  Joseph  Prats,  et  appar- 
it  à  divers  Israélites  d'Oran.  Ceux-ci  étaient  accusés  de  ten- 
Jve  de  contrebande.  Le  23  septembre,  le  vice-consul  écrivit  en 
faveur  au  gouverneur,  et  lui  démontra  que  ces  négociants. 
.  de  Gibraltar»  avaient  appareillé  pour  Oran,  et  que  le  mau-^ 
temps  seul  les  avait  forcés  de  relâcher  à  Alméria,  où  ils 
valent  eu  nulle  intention  d'introduire  leurs  marchandises  en 

Afgcr,  1**  juin  1886. 

ISAAC  BloCTÏ, 


PIECES  JUSTIFICATIVES 


MISSION  D'iLBON  CAEDOSO  K 

luire  du  vice-consul  d'Oran  au  cofisul  général  d* Alger. 

\  del  corriente  fondeo  en  este  Puerto  una  corbeia  inglesa  com- 
>Un  trasporle  que  trae  cién  quenlales  de  polvora  para  este 
,  ({ue  se  ballâ  en  campotnâ,  por  cnia  razou  no  se  ha  desem* 
dicba  polbora,  y  como  asi  mismo  cou  dicha  comision  viene 
l«do  Ebreo,  liamado  Aron  Cardoso^  rey  de  los  Judios  de  Gi- 
iUr,  encargado  seguo  dîce  de  entregar  las  car  tas  que  Irae  de 
^\  r        -  ,-.  en  propîa  mano  a  este  illustre  S*»'*  Bey,  Han  salido 
:  SU  comision  encontrandose  con  ei  en  el  campo  dicho 
\»,  ri  Lummandanle  de  la  corhela  Roman  como  agenle  Ingles 
personas  oiras  de  abordo*  con  comitiba  de  Moros  que  los  a- 

se  5<i]>o  de  positibo  sobre  dicha  comision  pero  se  crco  que 
>  iratar  sobre  provisioû  de  carne  para  Gibraltar. 

Oims,  30  de  octobre  1805. 

J.  IL 
'  Don  Josef  Aloàso  Orliz,  Argcl. 

ir«ir  fluft  baitt,  p.  91* 


100 


liEVlK  iWS  ÊTVmS  JUIVKS 


II 


HlST<:»mB  DE  IIAÏ4INA. 


1,  leitrc  du  mce-consul  (TOran  au  cofisul  général  d* Alger, 

En  suma,  be  Hegado  a  maliciaime  f[Ut!  Sidi  Jack  Majamet 

y  una  piila  (por  lai  la  conocc  lodo  el  pueblo,  y  aun  ea  ese)  Judiu  M 
nom  brada  Janina  hao  soboraado  el  Bcy  para  redamar  en  favor  rie  ™ 
los  Franceses,  y  siiponcr  que  ha  sido  rcpresado  ul  bcrganUii  bajo 
el  liro  de  canon  :  el  tropel  de  Negrolo  con  bajar  y  snbir  a  casa  del 
Bey,  el  saber  que  a  dicha  Janina  le  hao  olrecido  mil  sequinos  por 
su  travajf>,  y  ul  lima  mente  el  liover  veoido  de  ecbadizo  aier  a  cosa 
de  las  très  de  la  tarde  de  parte  del  Bey  un  hijo  de  la  tal,  norabrado 
Jusef,  diciendome  que  el  Bey  esta  va  resentido  coumigo  porqii©  Ne- 
groto  havia  ido  a  olreeerle  un  grande  regalo  para  que  biciese  la  lai 
reclaraacion  y  que  yo  no  bavia  ido  à  hablarle  aun  sobre  el  parti- 
cular  :  à  que  le  contexte  que  no  era  asurato  mio  pues  savia  que  3^0 
no  estoi  encargado  del  vice  consulado  logics  y  por  consiguienle  qne 
nada  ténia  que  hacer  en  eî  parlieular.  Todas  estas  reflcxiones  (en  un 
caso  necesario)  las  manifestara  V,  a  dicho  S.  llousnl  Ingles  para  el 
usû  convcnienle. 

Uran,  26  de  Julio  1810. 

S*»^  Don  Pedro  Ortiz  de  Zugasli,  ArgeL 


I 


Zeiirû  du  vice-consul  d'Ormi  au  consul  général  d'Alger, 


sunto  ae   la  represa  en  question   sin  que   esio  se 
I  ;  esta  el  pueblo  de  Israël  en  asguas  y  sn  zagacidadJ 
a  que  et  Bey  me  ha  manifestado  su  encono,  y  por  ■ 


De  résultas  de  baver  tomado  yo  la  medida  y  cooperado  para  que 
el  capitan  Josef  Lugaro  pas-ase  en  esa  con  toda  brevedad  para  el 
mejor  exilo  del  asunto  de  la  represa  en  question  sin  que  eslo  se 
trasiaciese  à  nadie 
no  ha  parado  basta 
couëiguiente  mis  asuntos  seran  mirados  con  indifereoeia  (ô  tal  ves 
desprecio)  en  lo  subcesivo.  Por  tanto,  y  alendiendo  à  la  ineonse- 
qnencia  que  ha  nsado,  no  es  mas  tiempo  de  toleraucias,  y  asi  puede 
Vd,  desde  luego  actibar  a  fin  de  que  pagne  en  dinero  6  grano  que 
baslante  liene,  y  si  Vd.  piensa  el  que  se  baga  alguna  oompra  sea 
por  esa  via  tratando  el  pagarle  tanto  de  diueru  por  cada  fanega  que 
se  embarque,  pues  este  pagarlo  que  baee  es  bacer  la  forzosa,  como 
lo  ecbo  a  muchos,  y  alterar  cada  dia  lus  p rectos  y  derechos  de  todo, 
pues  no  tlcne  limites  sn  abaricia. 

Sirva  a  Vd,  de  govieino  que  este  Bey  por  intrigas  de  Sidi  Jach 
Majamet  uld  el  Bey  Bram  y  la  consabida  Janina  (proteclores  de 
Negroto)  que  son  los  que  lo  goviernau,  trabaja  [segun  el  mismo  me 
ha  manifestado)  para  que  eu  esta  no  quede  vice  consul  aî^'ono  que 


I 


LES  ISRAELITES  D'UIAN  DK  I7U2  A  iSVô  lOt 

le  aponerse  a  sus  barbaries  quales  son  las  que  acabii  de  co- 

^eler,  y  que  Uevo  referidas  en  la  adjimta  :  y  por  lo  tatito  se  hacu 

ïcesario  que  el  Dey  di  a  Vd.  una  orden  para  que  no  se  niescle  en 

lis  asunloSi  pues  que  el  Rey  me  Lieue  aqui  para  atender  a  los  inte- 

de  Questra  Nacion  y  que  no  casUgue  a  cl  Arraes  que  fue  a 

compauar  a  el  capilan  Ingles  pues  me  temo  que  descargue  su  bar- 

iria  contra  este  iuuocenlc. 

Oran.  28  fU  Julio  dé  1810, 

A,  II. 
S*f  Doû  Pedro  Ortis  de  ZugasU,  ArgeL 

3*  leiire  du  vice-consul  d'Oran  au  gomerMur  de  Malaga. 

2«>  de  Juoio  *lo  iS13. 

^^  Goveruador  de  la  ciudad  de  Malaga. 

Noticioso  este  Govierno  de  que  se  halla  en  ese  puerto  el  Berganlin 

laroquino  del  Arracz  Hai-em  que  saJiu  de  esla  con  un  eargamiento 

I  trigo,  llêTando  a  bordo  dos  muchachos  ebreos  de  esla,  Ex-iga  diclio 

jvierno  que  si  los  taies  muchachos  se  enconlrasen  en  esa^  V.  S.  se 

rba  apremiarlos  y  lie  ta r  un  pequeno  barco  que  los  condueea  en 

6ia,  pues  los  taies  se  les  acumula  ban  ïlevado  coDsIgo  intereses  per- 

tnccientes  a  este  Govierno  subreticiamente-,  si  vien  ios  taies  salie- 

on  con  destîno  para  Gibraltar  a  cuyo  Governador  ha  esciîLo  el 

ansul  Ingles  de  esla  para  su  apreliension  y  remision  en  esta,  por 

\m  cumpromeler  la  nacion  si  protegien  a  semejanle  canalla. 

Espero  de  la  bondad  de  V.  S»  que  mirando  las  consequencias  {fu- 

[lii'stas  en  las  circunstancias    présentes)  que   puede  acarrcarnos  el 

[«brigar  a  los  dicbos  ebreos,  los  remita  con  la  brevedad  posible  si  se 

Dcontrasea  en  esa,  y  quando  no,  darnie  aviso  de  su  paradero.  para 

atisfacer  a  la  Rcgeneia  que  es  la  que   réclama  es  Los  mucbacbos 

omo  a  nsurpadores  de  los  fondos  de  su  susLancia. 


i.  Lettre  du  vice-cotisul  dOran  au  consul  général  d'Alger. 

(  >roD,  12  de  fietiemliro  de  1IS113. 

m  Pedro  Ortiz  de  Sugasli,  Argel. 

Despues  de  mis  cartas  de  1"  de  Mayo  y  Lres  de  Junio»  la  quai  flna- 

I  con  que  el  Aga  habia  salido  a  la  raya  de  Marruecos  en  persecu- 

ttûû  de  los  mataturcos,  siguiendo  el  orden  de  sucesos,  dire  à  Vd. 

ûmo  dicho  Aga,  despues  de  algunas  ei^caramuzas  que  tubo  con  los 

lArabes,  eu  las  quales  por  dos  vczes  (a  no  ser  el  campo  de  este  Bey) 

|lo  hubieran  derrotado,  regreso  en  esla,  donde  de  ûuevo  se  buscaron 

ilguuas  talegas,  que  babian  se  cusiodiaban  en  las  casas  de  la  familia 

[dcl  Bei,  los  Judios  y  casa  del  S*^  Sgitcowitcb,  protoctor  de  cl  pueblo 

I  tbreo,  de  ruyas  résultas  se  encendio  de  nuevo  ci  fuego,  y  bizo  que- 


im 


REVUE  DES  ÉTITDES  JUIVES 


inar  a  el  judîo  Sadia,  que  se  dice  era  hijo  de  el  Beî  y  Janina,  y 
este  aclo  d^  quemar  îiizo  iraer  varios  Judios,  los  hlzo  amarrar  eu 
^deman  de  tirarlos  a  el  fuego,  doode  ardia  su  compaiiero,  lo  quai  les 
asusto  sobre  maoera,  y  confesaron  quanlo  sabian. 

  los  poeos  dias  hlzo  sacar  el  Bei  a  el  que  vivo,  le  desollaran  li 
cabeza  hasta  el  cuello^dejandoleel  pelljjo  caido  la  mlUddecada  lado, 
la  avrieroQ  la  barriga,  hacieudo  que  le  cayere  las  tripas*  y  en  este 
estadu  hizo  traer  a  sus  inoceules  hijos  que  mirasen  aquel  espec- 
laculo,., 

El  pueblo  esta  contenlo  y  traoquillo  cod  ei  nuevo  Bei. . . . 

Gracias  a  Dios  quedo  el  pueblo  ebreo  sin  sombra,  y  solo  fa  lia  el 
judio  Gabeza,  que  a  fuerza  de  regaloa,  ha  podido  largarse  anle^d» 
la  llegada  de  el  Âga,  y  asLa  eu  Âllcaiite,  diviiiieudose  con  uno 
porcion  de  alajas  perlenecieotes  a  los  bijos  de  la  quemada  ju^lil 
Jaoina. 

5.  LeUfê  du  consul  géfUral  d'Espagne  à  Alger  au  Ministre  des  a  faire 
étrangères  à  Madrid, 

Argel,  16  de  Fcbrera  de  1815. 

*  Muy  S*»''  inio  :  El  dia  cinco  del  comeote  Febrero  recibi  por  viadsfl 
Aliçaote  la  Beal  Ordeo  que  V,  E.  se  smio  communîcarme  con  fedii 
16  de  Diciembre  del  aîîo  ulUmo.  Imedialamenle  pase  a  coramuiieBÎ 
a  este  miuistro  que  S.  M.  babia  visto  cou  el  mayor  disgusto  (pw 
S.  E.  el  Dey  se  valia  de  pretexios  para  desavenirse  con  EspeM 
despues  de  tautos  aûos  de  no  inlerrumplda  amistad;  que  no  obslani 
el  Rey  Nueslro  Sefior  a  pesar  de  ser  su  demanda  tan  fuera  de  ordcal 
para  darle  uoa  prueba  irréfragable  del  aprecio  con  que  mira  sus  \M 
reses»  se  babia  digoado  mandar  se  oOcîase  al  S*'  Erabaxador  de  tngi 
laterra  cerca  de  su  Real  Persoua  afin  de  que  sin  perdida  de  iitm\ 
lo  biciese  S,  E.  el  S*^  Govemador  de  Gibraltar  para  el  arrestoi 
Judio  que  se  fugo  de  Oran  en  el  berganlin  Marroquino,  tomandoi 
declaraciones  y  precauciones  convenientes  a  su  seguridad  y  a  la 
los  caudales  que  puedan  pcrienecer  al  govierno  de  Argel  :  que 
vista  do  un  procéder  tao  geueroso  esperaba  que  S.  E.  el  Dey  coni 
dendo  la  sinceridad  de  nueslro  trato  y  disposiciones  reconciLiadoi 
de  mi  soverano,  desistiria  de  sus  ideas  hostiles,  dando  liempo  ai 
justiQcaciones  y  aclaraciones  que  se  esperau  de  las  diligencias  pi 
Ucadas  en  Gibraltar,  parlicipaudoles  tambien  las  actuadas 
Allcanle . . . 


6.  Diclaration  des  fugitifs  d'Oran. 

On  tbis  ihirtentb  day  of  May  in  tbe  year  one  thousand  eight  hn 
dred  and  lifteen  appeared  personally  before  me  Henry  Joseph,  S 
lary  public  hy  Royal  Aulhorily,  lawfully  constituled,  admiUed 


^^^^d  passed  at  Gibraltar  as  we  said  lo  serve  as  ocasioii 
itmêy  roquire  the  day,  moiith  and  year  first  above  written. 

{$ifi%é  en  hébreu  :  )    ^^ipb  ^-^riN  n:? 

noQtiim  veritatis: 

lé  :  )    Henry  Josbph,  Noiarp  Public^  Gibraltar. 

m 

CONVERSION  DE  RAXDO  '. 

leUri  du  vice-consul  d'Oran  à  Vétêque  d*Âiména. 

Agofilo,  14  do  1809, 
f"  S^  Obispo  de  Almcria. 

reodome  coDslUuido  en  la  obligacion  de  oiirar  cou  el  moyor 
,  bicD  de  los  verdaderos  cathollcos  :  sirve  la  présente  a  parti- 

KS.  lîl****  como  entre  los  vurios  pasados  de  MelilJa  que  con~ 
Arabes  a  esta  plaza  bioo  eu  5  de  Junio  del  présente  aùo 
Mûuo  Juan  Andres  Rando,  hijo  de  Benilo»  natural  de  Baja- 
Reyno  de  Cordoba,  de  edad  de  33  afios,  ojos  y  cabellos  oegros, 
an  poeo  rubia,  eolor  claro  y  de  eslatura  baja.  El  quai  dixo 
presidfo  por  6  aùos  por  baver  ecba  utia  muerle,  y  eslando 
islnrcarseeD  compafiia  de  otros  25  que  remiti  eu  Carthageua 
êû  nusmo,  este  Infeliz  ba  tt*iiido  la  debilidad  de  fugarsc  sin 

fd  dia  baya  podido  inquerir  su  paradero.  Y  oy  par  una 
I  be  sabido  que  los  perttdos  Judios  (de  que  babunda  este 
ID  sobornado  en  termines  que  se  ba  liedio  uuo  do  ellos, 
lo  bau  intemado  para  no  ser  descubierto*  Un  ecbo  tau 
r  lao  ¥crgonzosD  aun  eu  ire  estas  gentes  solo  puede  oeasio- 


104 


f  rrroEs  àvirm 


]a  cmdad  de  /Umeria  (do  se  cua  quai  pretexto)  havila  y  tieoe  ramo 
de  eamercio  el  Hebreo  Joseph  Câbeza,  lujo  de  ît^rael  Cabeza,  veeino 
de  esta^  uno  de  los  sobomadores,  a  el  quai  V,  S.  111"*  puede  mandar 
apremiar  cou  toda  seberidad  basta  tanto  que  hagan  comparecera 
et  tal  Rando  que  lo  harao  en  el  momento,  pues  baun  quaûdoesle 
mal  calholico  pi^rsisla  eo  ser  Judio,  ninguu  derecho  Uenen  esios^ 
por  que  el  tal  Hando  haiiendose  Ilverlado  de  la  escla\ilad  a  que 
boluntariamente  se  entregau  todos  los  que  se  desîertan  de  Melilla, 
ha  sido  rescatado  por  mi  a  nombre  de  S.  M.  C.  y  por  consigulente 
me  deve  ser  eolregado,  si  como  Cristiano  para  mandarlo  a  Espana 
segun  las  ordenes  que  lengo,  y  si  como  Judio  para  quemarlo  y  que 
flirva  de  governio  para  lo  subcesivo.  Yo  tiauu  no  é  écho  la  recla- 
macion  a  este  govieroo  hasta  tanto  que  reciva  el  aviso  de  ser  apre- 
mîado  cl  tal  Josef  CabcM,  con  solo  el  objecio  de  salvar  este  bombre, 
a  qttien  si  no  me  dian  los  renés  diehos  para  su  seguridad,  seriau 
espaces  de  embenenarlo  pues  son  Judios  y  basta*  Espero  que  V. S, 
m*»  U4Î  descuidara  sobre  este  particular,  iuterin  ruego  a  Diosguanie 
su  importante  vida  mucbos  aûos. 

A.  H. 


Si,  en  1789,  Tabbé  Grégoire,  dans  sa  Motion  en  faveur  des 
Mfs^,  dit,  en  iiarlaot  des  rabbins»  «  qu'à  Metz  ils  (les  Juils)  s  en 
liassent  depuis  [ilui>ieors  années  w,  cest  qu'en  effet»  depuis  1785, 
1*  jilace  de  grand  rabbin,  devenue  vacante  par  la  mort  de  Lion 
àsser,  *?tait  restée  sans   titulaire.  Cette  asseît  langue   vacance 

KÔIre  attribuée  au  désir  qu  avait  une  grande  partie  de  la  Gom- 
aaté  de  rompre  avec  sa  tradition,  qui  voulait  que  le  rabbin 
Ile  fût  pas  originaire  de  Met/,  et  n'eût  dans  la  ville  aucune  relation 
^fimille.  Il  y  avait  à  ce  moment  bon  nombre  d'hommes  savants 
«t^ditsdaas  Metz,  qui  avaient  été  ou  les  collègues  ou  les  dis- 
ciples des  deux  derniers  grands  rabbins  ;  Oury  Cahen»  Mayer 
irieville,  Joseph  Gougueoheim  et  Aaron  Worms,  pour  ne  citer 
*  les  plus  distingués.  La  mesure»  disait-on,  ne  servait  pas  à 
ad'ehose.  Le  rabbin  étranger  pouvait  Unir  par  s'allier  à  des 
utiles  messines,  comme  cela  était  déjà  arrivé.  D\m  autre  côté, 
jugeait  les  aflaires  avec  deux  assesseurs  qui  étaient  toujours 
fFV^i  OU  <l"i  y  étaient  établis  depuis  longtemps.  Le  but  qu*on 
l^fTOfOiait  en  prenant  un  rabbin  étranger  n'était  donc  pas 

Eimiiie  on  n'arrivait  cependant  pas  à  se  décider  soit  à  main- 
*la  tradition,  soit  à  l'abroger,  on  laissa  la  vacance  se  prolon- 
indéfljiiment  et  on  institua  provisoirement  une  commission 

•  TflÉf  L  vu,  p.  loa  et  204  ;  l.  VllI,  p,  2:i5  ;  l.  XII,  p.  283, 


\ 


lOB 


BEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


rabbi nique  composée  des  anciens  assesseurs  du  grand  rabbin 
Cette  combinaison  est  relative  dans  la  lettre  d*adhësîon  donnée  p^ 
la  commission  rabbinique,  ou  tribunal  rabbinîque»  de  Metz  pou 
Touvrage  de  rancièn  grand  rabbin  Jacob  Reiclier  :rpy^  ni3TD  r'i^ 
a^n,  qui  (ut  imprime  à  Metz,  1780,  in4'\  Cette  lettre  porte  en  ti% 
les    mots  :  T'3  n^rns   n'^riit'in  S'^s^'^n  D'^i'^ci'^n  ::''23-:n  nsXT 

i"-i3  y^''^  C13''-*©  nnTnia  3-irr  n"n  ns*î  7:"ii*  Elle  est  suivie  de  k 
signature  des  trois  assesseurs  du  grand  rabbin,  R.  Oury  Pliubus 
Cahen,  R.  Mayer  Chadeville  et  R.  Josepji  Gougueniié'im,  et» 
comme  il  y  est  dit,  le  premier,  Pbobus Cahen» était  le  pr^sidentde 
cette  commission,  en  qualité  de  doyen  d'âge  et  de  doyen  de  fonc- 
tions. Cette  situation  dura  longtemps,  puisque  le  rabbin  Oury 
Cahen  lui-même,  dans  Touvrage  minn  nsbn,  qu'il  publia  à  Metz 
en  n93(in-foK),  ne  prend  pas  la  qualité  de  grand  rabbin,  tuai» 
simplement  celle  de  faisant  fonctions  de  grand  rabbin  3-n  t'"\ 
n-îHis?:n  Y^i2  p"p  "jio  l'a'N  mp^m  î^n'^sn.  Il  est  donc  certain  que 
Oury  Cahen  ne  reçut  le  titre  officiel  de  grand  rabbin  qu'après 
cette  date  de  1793. 

Il  ne  faut  pas  oublier,  du  reste,  (|ue  nous  sommes  arrivés  ait 
Révolution  française,  où  la  situation  des  Juifs  préoccupait  le  goâ- 
vernement  \  les  corps  savants*  et,  à  plus  lorte  raison,  les  Juif» 
eux-mAmes.  Dans  ces  circonstances,  ou  comprend  qu*on  ne  se 
soit  pas  hâté  de  choisir  un  rabbin.  Le  mouvement  imprimé  depuis 
quelques  années  aux  études  bibliques  par  Mendelssohn  et  soû 
i^cole  n'était  pas  étranger  aux  hésitations  de  la  communauté: 
au  lieu  d'un  rabbin  purement  casuiste  el  talmudiste,  on  aurait 
préféré  un  hébraïsant  qui  eût  du  talent  et  sut  parler  la  langue 
française, 

Oury  Phubus  Cahen,  qui  fut  finalement  nommé  graml  ralibin, 
était  originaire  de  Metz.  Son  père,  Eliézer  Libermann  Cahen,  avait 
été  assesseur  Jes  grands  rabbins  Joaatlian  Eibescliutz  et  Samuel 
Ilellmann,  comme  Oury  l'avait  été  lui-même  du  rabbin  Lion 
Asser.  Bans  la  préface  de  son  livre  ffalacha  Berour a,  Oury  é\i 
être  le  petit-neveu  de  R,  Jacob  Cohen  Popert,  grand  rabbifl'î^ 
Francfort  et  auteur  du  recueil  de  réponses  casuistiques  couûû 
sous  le  nom  de  spr*^  ao  \ 

^  Malosherbcs,  en  17^2-1783,  avait  oommé  vine  commission  pour  étudii^r  U  ques- 
tion juive. 

*  La  Société  ro^'alo  des  sciences  et  des  aris  de  MeU.  Voir  uoire  travail  dBiï»Ji 
M^ue  den  Études  juives  y  t*  1,  p,  83-104,  VÉntaHCtpsIion  des  Jnift  de  Mets  devant  U 
SorirUdis  Sciences  et  det  Arts  d«  Mett  «•  n«7  et  M,  Ra4e**er. 

*  Francfort,  1782,  2  vol.  in-fol. 


LE  RABBJNAT  DE  METZ  DE  1567  A  1871 


107 


La  Révolution  française  lut  salaéo,  par  les  Juifs  de  Metz,  avec 
pne  grande  joie,  les  rabbins  ne  lurent  pas  les  derniers  à  tumojgner 
jur  8alistacUon.  Un  incident  des  plus  curieux  nous  en  donne  la 
j^reuve.  Lorsqu'en  1792,  aprè^  différents  revers  des  armées  fran- 
lises,  on   invita  tous  les  hommes  à  se  réunir  pour  concourir 
la  défense  de  la  place,  on  vit  arriver  un  vieillard  vénérable  dont 
Bs  traits  et  le  costume  indiquaient  qu'il  appartenait  à  la  religion 
jui\e  ;  c'était  le  grand  rabbin  Oury  Caben^  qui  venait  donner  à 
?s  coreligionnaires  un  noble  exemple  de  patriotisme.  Interrogé 
ir  les  cUefs,  il  dit  que  lavenement  de  ce  gouvernement  juste  et 
>Iérant  était  celui   que  les  Juifs  attendaient  depuis  longtemps- 
concision  du  langage  hébraïque  et  la  propos  de  la  citation 
blique  •,  is-'ôi^  i:»ï73  imnpo  ovn  m  ^«,  frappèrent  les  assis- 
ints  «• 

*  LftmenULtioQB»  ii.  16. 

>  Nous  deTons  c«  renscignemeni  â  M.  Ad»  Fraock,  de  ilostitut,  dont  le  père,  pré* 

i8Qt  à  Tincideut,  lui  avait  souTent  raconté  l^impressioD  profoude  que  cette  démarche 

Finrtit  faite  su?  les  babitatits  de  la  ville  et  surtout  sur  les  hautes  autorités  du  pays. 

Li  communauté  juive  cherchait  à  concilier  le  patriotisme  avec  les  obli^ôtiods  pres' 

criles  par  la  religion.  Nous  trouvons,  cd  effet,  la  pétition  suivante  adressée  au  Cou- 

Sri]  géoénl  de   in  conimuae  de  Metz.  iJiou  que  h   pîèca   do  suit   pas  datée,  nous 

fcroTocB  qu*on  peut  rallnliuer  u  cette  ^poqye  (fin  1792);  en  1793  ou  D^auruit  pas  pu 

tcair  le  lingape  reli^eux  qu'où  y  trouve. 

Ao  Couseil  f^éuéral  de  la  CiOmmunBUté  de  Metz  : 

Les  citûieos  de  Metz  professant  la  relligioD  juive  ont  l'houneur  de  vous  exposer  : 
Qu*A  l^aslnnt  où  la  Garde  nationale  s'est  organisée,  ils  so  bodI  préseotés  non  seu- 
[letncul  pour  se  faife  inscrire,  mais  cocorc  pour  demander  do  paitager  avec  leurs  con* 
litujrsbA  toute  Tac ti vite  du  service. 
La  loi  les  y  appelait,  un  injusto  préjugé  les  ■  repousses,  et  les  exposans  so  sout 
Lia  à  cette  humiliation,  résolus  d'attendre  avec  patience  quo  l'esprit  d'tn  toléra  net? 
tDCompalible  avec  Tamour  de   la   liberté  TQt  enUërem du l  disparu  ;  Ils  seutoieut  breo 
ifie  las  progrès  da  loiéranlisme  devaient  être  rapides  sous  un  gouvernement  repu- 
fiicain. 

Leurs  TOQUi    Tiennent  de  s^accomplîr,   les  citojenâ    professant  la    religion   juive 
^Tiéon«nt  d'être  appelés  par  les  sections  à  s'incorporer  dans  la  fïarde  nationale,  et  ils 
'il  de  répondre  à  cette  in\'itatïon,  qui  tend  toujoura  davantage  à  mcttro  en 
I  ^  principes  d'égalité  civile. 

'^M^>.  ..  îe  c-itoien  doit  tout  à  sa  patrie,  il  ddt  aussi  à  sa  religion ^  et  la  loi,  eu  éU- 
Miflaunt  la  liberté  des  Cultes,  n'a  exigé  de  parsottoe  le  sacrifice  des  dogmes  qu'il  pro- 
'  ksi9D  et  des  rils  qui  y  font  attachés. 

llên  est  un  dans  la  loi  des  exposans  qui  entraverait  leur  service  dans  la  garde  na- 
ile,  si  le  Conseil  général  de  U  commune  ne  taisait  dos  dispositions  qui  fissent 
er  avec  ce  service  l'exécution  de  la  loi  relligieuso  des  exposons , 
i  expQ«BDs  s'empreâSûut  de  dire  que  le  danger  do  la  Patrie  porte  à  leurs  yeux  le 
«inclère  de  cette  néceâsité;  ils  s'empressent  de  dire  que  toutes  les  fois  que  le  signal 
^lUAnDonoe  ce  danger  appellera  la  généralité  des  citoleos  sous  les  armes,  ou  pour 
Tétfebtir  l'ordre  iroublé,  ou  poor  C4:)mbettre  les  ennemis  de  la  Patrie,  on  verra  les 
ftloicM  professant  la  religion  juive  se  montrer  dignes  et  des  bienfaits  de  la  loi,  et  do 
UeoaEance  des  magistrats. 

Uaia  le  service  ordinaire  de  sûreté  et  do  police  n^a  pas    lo  même  citructâre  et  il 
«&ti«  aéecsBairement  dans  la  classe  de  ces  actes  civils  que  la  relliglon  juive  interdit  les 
mn  de  sabiL 
U»  «xposani   ne   prétendent  pas  que  celle  inlerdiotion  doive  aggraver  celle  des 


im  HEVUK  UE^  KTUDKS  JDIVES 

Après  la  victoire  de  Valmy  (30  septembre  1792),  qui  avait  <^lt^ 
pour  ainsi  dire  préparée  par  Sa  résistance  de  Lillt*  et  par  celle, 
non  moins  héroïque,  de  Thionville»  une  grande  léte  fut  célébrée 
dans  la  synagogue  de  Met2.  Le  vénérable  grand  rabbin,  accompa- 
gné du  Beth  din  et  du  Conseil  de  la  Communauté,  alla  au  devant 
des  détenseurs  de  Thionville,  les  conduisit  devant  le  tabernacle, 
accompagné  de  RolJy,  maire  de  Metz,  et,  dans  un  discours  chaku- 
reux,  vanta  la  bravoure  des  défenseurs  de  Thionville,  expliqua 
que  la  France  avait  le  droit  de  compter  sur  le  concours  de  tous 
ses  enfants.  La  communauté  juive  était  dans  TenthousiasmeV 
C*est  pour  cette  grande  fête  civique  que  Moïse  Ensheim  com- 
posa un  cantique  hébraïque  *,  qui  fut  traduit  en  français  par  Isaïe 
Berr  Bing. 

Bientôt  arrivèrent  les  mesures  violentes  de  la  Révolution. 
LVxercice  du  cultejuif  fut  défeodu,  comme  celui  de  tous  les  aulPfs 
cultes,  la  synagogue  fut  fermée,  les  objets  sacrés  servant  aoî 
offices  furent  tous  mis  sous  scellés  :  enfin  la  synagogue  fut  prise 
XK.)ur  un  parc  à  bestiaux,  comme  le  prouvent  les  deux  documenls 
suivants  : 


près    les    a  FÎT)  des 

ilo  la  Moselle 

ol  du  RhÎD. 


DIVISION,  3»  REGIMENT,  N«  318. 

LIBERTÉ,    KOALITK,    FRATERNITÉ. 


Metz,  le  13  Brumaire,  ran  troisième  de  la  République  Française 
une  et  indivisible. 

autres  cHoieos  ;  ils  demandent  de  feiii|)lir  un  autre  jour  TobUgaUon  honûrable  *{^ii^ 
n'ftUTOUi  pu  accomplir  leurs  jours  du  tête. . . 

Les  exposans  ne  parl^ruul  pas  de  la  rif'ueur  avec  laquelle  leur  loi  leur  inlcrdU  <\* 
prendre  part  uu  culle  d'aui"uii»i  aulrc  relliinon  ;  c<"tlL*  rigueur  pourrait  présenU:!  eacon' 
quelques  iiicouvc^uieiis  si  maiiikuuut^  cuuiuiti  dans  les  tcms  où  il  existait  une  rellifili^''* 
douimaole,  les  uct^s  civils  éttiicnl  ù  chaque  instant  liés  avec  le  cuUe  relligieux.  <>i 
dans  tous  le»  attcs  solennels,  lu  force  arniée  devait,  comma  HUtrefois,  envirotttier  w 
lenipii'  du  Seigneur,  ai  tous  les  sernaenls  civique*  ou  les  réjuuissaut^es  publique*^ 
vuient  êlre  précédées  d'uu  aetc  rclligieux. 

Mais  en  moltanl  eu  pruiiipe  la  liberté  dc£  cultes,  muiE  en  proscrivaul  le  carac^r* 
de  ilominatiou  si  mcumpaUBIe  avec  la  nature  des  bommuf^eji  rendus  À  k  divinit^i  i*^ 
loi,  comme  la  r^iisou,  ne  voit  rien  de  civil  dons  les  actes  relligieux,  et  rien  dereu*' 
peux  dans  les  ecles  civils,  elle  a  élioiffné  Tappareil  mriUaire  des  temples  du  Dieu^'' 
paix  des  prières  qui  lui  sont  adressées:  aussy  les  exposans  ne  doiveot  pas  apprt^K'Q" 
der  qu'on  contraigne  les  préceptes  auxquels  ils  doivent  fe  conformer,  ni  leur  cons^ 
ciencc  qui  leur  prescrit  impéri  eus  émeut  de  s*y  soumettre. . . 

i  Archipel  uméUUK  18^2,  p,  571. 

»  Cantique  composé  par  le  cilojeu  Moysc  Eusheim  à  l'occasion  de  la  fêle  ç\n^% 
eélêLrée  à  Metz,  le  21  octobre  l  au  1"'  de  la  République,  dans  le  temple  des  citoy<D» 
îsraéhtea.  Iit-4*  (à  Meti^  cliez  J.-B.  Cotiigaoo,  îiDp,'hl»r.),  3  paires  do  texte  hé> 
braîque  et  4  pages  de  texte  fraoçais* 


LK  RAUIiïNAT  DE  METZ  DK  ÏVa^  A  1871  ÎOJ 

riaillot.  Directeur  de  l'Ageace  et  de  la  Commission  du  commerce  et 

approvisionneineQls  de  la  Hépublique. 
I  Aujt  Citoyens  administrateurs  du  District  do  Melz. 
[j'ai  de  nouveau  recours  à  vous,  citoyens,  pour  vous  inviter  à  indi- 
ler  un  nouveau  local  destiné  à  loger  de  nouveaux  bestiaux  qui 
rivent  journellement  des  pays  conquis. 
Le  garde  du  parc  peut,  dit-il,  vous  en  indiquer  un  et  vous  en 
rendra  compte  en  vous  remettant  la  présente. 

Salut  et  fralernilé, 

GjllLLOT. 

^  directeur  des  domaines  nationaux,  vil  la  présente  pétition»  ob* 
iquc  les  emplacements  pour  les  bestiaux  sont  au  moment  de 
m8Zi(|aer  et  il  ne  voit,  quant  à  présent,  qu'une  des  sinagogucs  où  on 
Durpjît  placer  des  vaches,  on  pourroit,  au  besoin,  mettre  encore  des 
ftotitons  dans  celle  au-dessus  ;  c'est  diaprés  cet  avis  que  les  corps 
iministratifs  verront  à  se  décider. 
Melz,  le  13  Brumaire,  Tau  3  de  la  République  une  et  indivisible* 

Domaine. 

Vu  de  rechef  la  pétition  et  les  observations  ci-dessus,  le  Conseil, 
ides  membres  pour  Tagent  national  entendu, après  en  avoir  déli- 
vre, estime  qu'il  y  a  lieu  de  mettre  à  la  disposition  de  ragencc  les 
eux  syuagogues  des  cy-devant  juifs  de  Metz,  à  charge  que  Tétat 
lictnel  en  sera  constaté  par  experts  convenus  entre  Tagence  et  le  di- 
jiecteur  des  domaines  nationaux,  et  que  les  lieux  seront  rendus  de 
tnjème  à  la  cessation  de  la  jouissance^  et  qu'enfîn  le  loyer  en  sera 
Ifirbiiri*  par  les  mômes  experts.  Fait  en  séance  do  district,  à  Melss. 
ilr  K  Brumaire^  Tan  3  de  la  République  Française,  une  et  indi- 
Itisîble. 

Pour  extrait,         RfiNAUD, 

Le  conseil  de  la  Commune,  ouï  l'agent  national,  déclare  s*en  rap- 
I  porter  a  la  vis  du  dis  trie  l  cy-dessus. 
Melz,  le  14  Brumaire,  an  III. 

Adam,  secrétaire. 

Scaûoe  publique  du  département  de  la  Moselle,  du  1 1  Brumaire  de 
M^î'  année. 


II 

Melz,  le  16  Brumaire,  Tan  trois  de  la  République  française  une  et 
lodivisible, 

U  directeur  de  l'agence  de  la  commission  du  Commerce  et  oppro- 
^iâlûQuemuntà  de  la  Bêpublique, 


LE  RABBIXAT  DE  METZ  DE  \mi  A  1871 


ni 


itamment  les  rabbins,  furent  ohlig^'^s  de  la  couper,  pour  ne  pas 
dénoncés  comme  tièdes  ou  comme  suspects.   IL  fallut  ne 

Iflger  de  vêtements  ou*de  linge  ni  le  samedi,  ni  les  jours  de 
nîii^euse*  et  se  montrer  avec  des  vêtements  convenables  les 

fkT%  ée  décpUl.  Pour  faire  les  prières,  on  se  cachait  dans  les 
'I  dans  la  pièce  la  plus  retirée  de  Tappartement.  On  fut 

h  ^  ransgresser  les  prescriptions  religieuses  concernant  le 
1  ei  réclairage;  car  nul  n'aurait  voulu  se  lier  aux  personnes 
i,  autrefois,  se  prAtaient  volontiers  à  faire  le  feu  ou  à  éteindre 
lumières  dans  les  maisons  juives.  Il  paraît  unhne  qu'un  Juif, 
lavais  plaisant  s*il  en  fût,  entrait,  le  vendredi  soir,  dans  les 
i\^m  de  ses  coreligionnaires,  pour  voir  sll  ne  s'y  trouvait 

^t  quelque   luminaire   supplémentaire;  il  Téteignait,  s*il  en 

poyail»  et  menaçait  les  gens  de  les  dénoncer.  Il  était,  disait-on, 

llticlié  à  la  police,  et  on  tremblait  devant  lui. 
De^  réquisitions  de  tout  genre  lurent  adressées  aux  Juifs.  Voici 
teîilede  Tune  d'elles  : 

Comité  de  surveillance. 

haetda  Dimancbe  9  Septembre,  Tan  4"  de  la  Liberté  et  le  premier 
de  Tégaliié,  à  onxe  heures  du  matin  («793). 

UComilé,  sur  le  rapport  fait  par  les  commissaires  només  pour  Tap- 
î»^nstônaement  de  cette  ville  de  la  nécessilé  de  se  procurer  des 
JSf^s  moQDoyées  pour  complelter  les  achats  nécessaires  a  arrêté 
les  citoyens  de  celle  ville  qui  professent  la  religion  de  Moïse, 
r  au  cours  une  somcue*.n  assignats  pour  furmer  celle  elTec- 
igl  mille  livres  eo  espèces.  Le  Comllé  s'en  rapporte  à  leur 
et  a  leur  patriolisme  pour  avoir  ces  fonds  avec  la  plus 
économie. 

Los  membres  du  Comité  de  Surveillance, 

JoLLT,  Gabry  l'ainb,  F,  Lacomîîe. 


Par  le  Comité, 
SAiNT-JACQtK,  fils,  It  ucrétairc. 


I  irrestations  assez  nombreuses  eurent  lieu  parmi  les  Uraë- 

et  nous  avons  nous-mOme  entendu  dire  par  des  contempo- 

ïque  R.  Joseph  Gouguenlieim,  assesseur  du  grand  rabbin,  qui 

lui-même  [dus  tard  grand  rabbin  à  Metz,  Cahen  Jacob 

mr,   Bernard  d*Âlsace,  et  plusieurs  autres  avaient  éiû 

prison.  La  réaction  de  thermidor  (27  et  28  juillet  nîM), 

f  Mirit  les  portes  à  tous  les  prisonniei's,  préserva  de  la  mort 


Ifô 


RKVUK  DES  Krmî¥S  JUIVES 


tous  ces  hommes»  qui,  d'ailleurs,  n*avaient  jamais  été  mis  en 
ment.  Nous  ne  connaissons  ^aère,  parmi  les  Juifs  de  Metz,  q 
seule  condamnation  à  mort,  et  encore  non  suivie  d'effet.  C 
celle  de  M.  Terqiiem.  Son  père  s\itait  absenté  à  un  certain  moment, 
pour  se  rendre  à  Verdun  ;  il  fut  dénoncé  par  un  de  ses'  coreligion- 
naires quelque  peu  renégat,  qui  s'était  fait  le  pourvoyeur  de  Jt 
police  jacobine,  et  espérait  s'enrichir  par  la  saisie  des  biens  de 
ses  victimes.  Terquem  fils,  prévenu  à  temps,  par  des  membres  un 
district,  qu'on  allait  l'arrêter,  s'enfuit  en  Allemagne.  Il  fut  cojî 
damné  à  mort  et  ses  biens  confisqués.  Il  se  garda  de  réclamer 
contre  l'erreur  commise,  préférant  laisser  peser  sur  lui  une  ac- 
cusation qui  n'avait  en  vu,e  que  son  père.  Plus  tard,  lorsque 
le   calme   revint,  le   président  du  district   et  quelques   autres 
membres  de  l'administration  municipale  ou  départementale  s'em- 
ployèrent en  sa  faveur.  Sa  peine  fut  d'abord  commuée  en  celle 
de  l'exil,  et  le  séquestre  mis  sur  ses  biens  fut  levé.  Quelque 
temps  après,  on  obtint   pour  lui  la  permission  de  rentrer  en 
France  *. 

Un  autre  fait,  où  le  grand  rabbin  Oury  Phtîbus  Cahen  joua  un 
rôle,  est  resté  dans  la  mémoire  des  Israélites  messins;  nous  Tavons 
entendu  raconter,  dans  notre  jeune  âge,  au  foyer  domeslitiue, 
comme  une  espèce  de  légende.  Un  soir,  dans  une  réunion  de 
club  des  plus  fougueuses,  on  prit  la  résolution  de  se  rendre  le 
lendemain  dans  la  synagogue.  On  se  proposait  de  prendre  les 
rouleaux  en  parchemin  de  la  Loi,  et  de  les  découper  pour  en  faire 
des  tambours,  des  gargousses  et  autres  objets.  Trois  Israélites, 
qui  faisaient  partie  du  club,  allèrent,  dans  la  nuit,  avertir  le 
grand  rabbin,  ils  se  rendirent  avec  lui  dans  la  synagogue,  enle- 
vèrent les  livres  sacrés  qui  étaient  en  bon  état,  et  les  rempla- 
cèrent par  d'autres  hors  d'usage.  Ils  s'étaient  munis  des  cacbete 
qui  avaient  servi  à  mettre  les  scellés  et  purent  remplacer  ainsi 
les  scellés  qu'ils  avaient  brisés  pour  retirer  les  rouleaux  de 
la  Loi. 

Les  membres  de  la  commune  du  district  et  du  département 
n'étaient  pas  aussi  fougueux  que  ceux  des  clubs.  Grâce  àeax»^ 
malgré  les  nombreuses  demandes  des  clubs,  la  synagogue,  tout^ 
demeurant  sous  séquestre  jusqu'au  Directoire,  ne  fut  pas  ahénée. 
La  pièce  suivante  en  est  la  preuve  : 

'  II01M  devoDi  ces  reasci^aerneuU  à  M.  Ten|tiem  Olry,  ancien  pliarmideft  ^ 
ltai|  Ifiolof^ut  diiliogué,  qui,  malgré  son  àfte  avancé,  fi^cccup«  a?ec  zèle  et  acUTili 
449  «Aitiogtt*  tt  du  clsisemeDl  d'une  partie  des  plus  Impariautes  de  U  coUeitiaft  di 
I  «o  Moféum  d'hiiibire  natuielle^  et  qui  est  le  tîls  du  eoadaaiaé  à 


LE  RABBmAT  DE  METZ  DE  1867  A  1871 


m 


Piris»  le  g  Messidor  ao  quatrième  de  la  République  France  une  et 
iûdivisiJDle. 

Le  Ministre  des  Finances  aux  administrateurs  du  déparlemeot  de 
la  Moselle* 

rilr^çu,  citoyens,  votre  lettre  du  sept  Prairial,  rexpédition  d^un 
iirèlé  que  vous  avez  pris  le  quatre  sur  la  pétition  de  plusieurs  Juifs 
deMeU  et  par  lequel  vous  décidez  que  leur  sinagogue  ne  sera  point 
vendue,  quant  à  présent,  et  que  je  serai  consulté  sur  la  question  de 
saroir  si  la  Communauté  des  Juifs  de  Metz  sera  assimilée  aux  autres 
Gotps,  corporation  et  communauté,  ses  biens  vendus  comme  pro- 
piiélé  nationale»  et  ses  dettes  mises  à  la  charge  de  Ja  République- 
Ile  oe  pense  qu*approuver.  citoyens,  le  sursis  que  vous  avez  pro- 
'ïïûûcé.et  il  doit  tenir  jusqu'à  la  décision  générale  qui  a  été  demandée 
Uni  pour  ce  qui  concerne  les  biens  alfectés  au  culte  judaïque  que 
pour  ceux  attribués  au  culte  protestant. 

Xfi  Minisire  des  Finances, 

,  J.  IUmsl  ', 

Mais,  en  revanche,  les  pierres  turaulaires  du  cimetière  furent 
|wr  la  plupart  enlevées,  les  unes  par  des  gens  qui  voulaient 
aïoir  des  moellons  sans  les  payer  ;  les  autres,  par  le  conseil  du 
tutricl,  qui  les  mit  en  vente,  sur  Tinsistance  que  mettaient  cer- 
hiûes  personnes  à  réclamer  cette  mesure  et  dans  la  crainte  que 
son  refus  ne  le  fit  accuser  de  tiédeur.  Nous  donnons  à  Fappui 
l'extrait  suivant  des  délibérations  du  conseil  du  district  ; 

Séance  publique  du  Conseil  du  district  de  Metz,  du  14  Prairial^  Tan 
deux  de  la  République  une  et  indivisible. 

Tdde  rechef  la  pétition  des  Conseillers  Michel,  tanneurs  à  Metz, 

llUante  à  obtenir  iû  à  50  pierres  couvertes    d'inscriptions    hé- 

fw^oes,  sentant  ci-devaot  de  tombes  au  cimetière  des  Juifs»  pour 

*i»  employées  à  la  construction  des  étuves  pour  la  hongroirie, 

J  itiendu  la  difficulté  qu'ils  éprouvent  pour  se  procurer  les  maté- 

Vêns  du  directeur  des  domaines  nationaux  en  data  de  ce  jour 
l^onaot  qu'il  y  a  lieu  d'abandonner  les  pierres  au  prix  de  Teslima- 
f Don  qui  en  sera  faite  par  expert. 

LfiQiQBeîJ*  l'agent  national  ouï,  considérant  que  rétablissement  do 
lioagn>îrle  est  instant  et  qull  importe  d'en  bâter  raccélératioui 
le  qu'il  y  a  lieu  d'abandonner  aux  exposants  les  pierres  de« 
Um  sur  le  pied  de  restimation  qu'en  fera  le  citoyen  Blauche- 


'  /«  ftaSMl  de  Nogftret  Gt  partie  des  ÉtaU  généraux,  de  In  CoDvention  et  du  Coq* 
«2  dii  Qaq-Ceaia*  11  fut  tppolé«  en  17@&,  au  mimitère  des  FinaiiceB. 


114  mVVB  DEg  ÉTUDES  JUIVES 

villo,  expert  que  radmliiiâtratiou  nomma  â  cette  Un,  à  la  charge  par 
les  pélUionoaires  d'en  verser  le  prix  à  la  caisse  de  la  Kégie  na- 

Pour  extrait  des  registres, 

OoBERT,  $$eréiaire. 


XV 


R.  Oury  Phdbus  Cahen  mourut  à  Metz,  le  jeudi  '20  lyyar  5fi 
(8  mai  1806).  On  a  de  lui  un  ouvrage  in-lblio,  en  ht:?breu,   im- 
primé à  Metz,  en  1793,  sous  le  titre  de  rmis  hd©.  C*est  un  re- 
cueil dliomelies   au   d'extraits  dlioméltes    [irononcées   à    Met2 
dellHôà  noi. 

Quelques  jour*  après  la  mort  du  grand  rabbio,  î  empereur  Napo- 
léon convoquait  à  Paris  la  célèbre  assemblée  des  Israélites,  et,  plus 
tard,  le  Sanliédrin.  Après  les  délibérations  de  oea  deux  aasôin- 
hlém  et  le  règlement  du  lû  décembre  1806,  il  rendit,  le  17  mars 
1808,  un  déorat  pour  rorgaiiisatiou  du  culte  israélite  en  France,  la 
création  du  consistoire  et  la  nomination  des  rabbinâi. 

On  comprend  que,  pendant  cette  période,  le  rabbinat  de  Mets 
resta  vacant.  Les  affaires  du  culte  furent  confiées  aux  soins  des 
assesseurs  :  Mayer  Cliarlevillô  et  JonepU  Gougeunbeim,  auxquels 
on  adjoignit  le  rabbin  Aaron  Worms,  qui^  professeur  à  la  Yes- 
ohiba,  étaiti  depuis  quelque  temps  déjà,  consulté  sur  toutes 
les  questions  religieuses.  Ce  ne  Tut  que  le  6  marii  1809  que  les 
notables,  désignés  par  le  gouvernementt  se  réuniront  pour  la  ■ 
nomination  du  grand  rabbin  et  des  quatre  membres  du  oonsiS'  ' 
tûire.  Cette  réunion  tut  cél^*brée  solenneliement  à  la  grande  «yna- 
gO|?ue,  le  7  mars  18011,  Les  notables  proposèrent  la  pla^e  de  grand 
rabbin  à  Asser  Lion  (ou  Loevv),  âgé  de  quaranfce-huit  ans,  fils  de 
Tancien  grand  rabbin  de  Metz  Lion  Asser,  dit  Scliaagas-Arié,  et 
alors  rabbin  à  Wallerstein,  en  Bavière.  Après  qu'on  eut  obtenu 
son  consentement  et  un  engagement  formel  de  sa  part,  11  fut 
nommé  par  vingt  voix  sur  vingt  et  un  votants. 

M*  Vaubianc,  préfet  de  la  Moselle,  transmit  immédiatement  1% 
délibération  de  l'assemblée  des  notables  au  ministre,  en  raccom* 
pagnant  d'une  lettre  fort  chaleureuse  en  faveur  du  rabbin  élu.  On 
l'avait  nommé,  disait-ii,  parce  qu'il  était  impossible  de  faire  un 
meilleur  choiî,  qu*il  savitit  plusieurs  langues  et  jouissait  d'une 
grande  et  excellente  réputation.  Unie  conâidéraît  comme  Frau^ 


I 


LE  RAWMiiAT  m  umn  m  mi  a  ^m  m 

lîi,  imrca  «i^*îl  avait  demeuré  vltigt-deui:  ans  à  Meta,  qu*il  étaii 
fili  d*un  rabliiD  doïit  la  nominatioEi,  saiictioniiée  par  le  roi, 
ivait  conféré  à  sea  enfants  le  titre  de  membre  Je  la  communauté 

Lt  cboix  des  notables  Cut  ratilié  par  Tempereur»  et,  à  la  notiHca^ 

^Uen  que  le  préiet  Ût  à  Asaer  Lion  du  décret  de  norainatian,  Aaser 
fépondit,  le  5  mai  1809^  par  îa  lettre  suivante  eu  il  déclarait  a&- 
ceptar  avec  ealbousiaime  les  fonotions  auxquellea  il  était  appelé* 

Il  iQ*edl  impossible  d'exprimer  la  joie  et  rémolion  que  j'ai  eenUea 
è  U  vue  dç  Textralt  du  décret  impérial  que  voua  avez  eu  la  boulé 
ût  m'envoyer  et  où  je  suis  uoramé  grand  rabbin  de  la  synagogue 
4e  MeU.  Je  reverral  donc  la  France,  ce  Paradis  sur  la  terre  ;  je 
tifTil  doDC  le  reste  de  mes  jours  sous  les  loix  les  plus  sages,  sous 
ItiSûiiarque  le  plus  admiré,  le  plus  chérî  et  le  plus  digne  de  Fètre, 
Quel  bontieur  pour  moi,  quel  souverain  plaisir  de  me  retrouver  par- 
nitn^a  anciens  amlâ  français  si  ebers  à  mon  cœur!  Je  rends  mille 
Mmi  dt  tîft^  &  l^  Providence  pour  cet  heureux  événemenL  .  * 


ne  vint  cependant  pas  prendre  posse^aion  de  ion  siège. 

li  €ODSJ«toire  central  des  Israélites  français  te  nomma  à  la  place 

restée  vacante  dans  ce  consistoire  par  la  mort  ile  Segré*  Mais 

k  grand  duc  de  Bade,  à  rimitation  de  l'empereur  Napoléon,  avait 

convoqué  une  assemblée  de  toutes  les  communautés  juives  pour 

préparer  une  organisation  du  cuite  juif.  Ce  conseil,  auquel  il  avait 

été  demandé  un  candidat  pour  les  fonctions  de*  grand  rabbin  du 

pays,  avait  également  fixé  son  choix  sur  Asser  Lion.  Asser  opta 

potrotita  dernière  place.  Dans  les  lettres  officielles  qu'il  écrit  à  ce 

Mftt  an  préfet  et  au  ministre,  il  allègue,  pour  expliquer  son  refus, 

l^ppetitiûn  formelle  de  sa  femme  qui,  nt^e  dans  les  provinces  rhé- 

MAM*  ni  veut  pas  las  quitter  ;  il  parle  de  son  état  de  santé,  qui  n» 

Uptmet  pas  de  se  déplacer  :  une  opbtbalmie  aigul^  Toblige  à 

iMv  daili  le  pays  qu'il  habite  depuis  plus  de  vingt  ans.  On  peut 

tnm,  en  outre,  sans  qu'il  le  dise,  qu'il  craignait  de  ne  pouvoir, 

ai  à  ^êris^  ni  à  Metz,  suffire  aux  besoins  de  sa  nombreuse  famille, 

it  êe  trouver  désorienté  et,  peut-être,  de  ne  pas  y  jouir  d'une 

mndf  iniluenct. 

Il  oooalitolre  central,  qui  avait  nommé  Asser  sans  le  consuUêfp 
[  ItpOQTmit  pas  se  plaindre  ;  mais  le  consistoire  de  Metz  pouvait  se 
frtraloir  envers  lui  d'un  engagement  formel  :  le  refus  du  rabbin 

*  AjiikiTC9  au   Ealdifitère  èm  CuUei.  —  B^scrve,  tiiûssîer  Acbt^r  Ljos)«  '^   Nous 
4#fPi  aprim^  nos  rfiut  r  .  ^  plus  BiDcëri^s  A  M.  Mepp,  touB-direcieur  des 

fatal  tl  4  IL  CUï^p^t  i^^'-  v^u  dea  cuHes  noa-ca^lkoliquei,  pquî  TïibbgetaQ^ 


à 


1i6 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


mettait  les  Israélites  ûe  Metz  dans  un  certain  embarras  vis-à-vis 
de  radministration  supérieure.  Les  difficultés  furent  levées  par 
une  démarche  officielle  que  fit,  auprès  de  M.  le  comte  Bigot  de 
Préameneu,  ministre  ^les  cultes  de  l'empire  françaiSi  M.  Collini, 
chargé  d'affaires I  à  Paris,  de  S.  A.  R.  le  grand  duc  de  Bade,  Dans 
une  lettre  de  M,  CoUinij  adressée  à  M*  de  Préameneu,  et  datée  de 
Paris,  le  25  août  1809,  le  grand  duc,  faisant  valoir  d'un  côté  les 
relations  amicales  qui  existent  entre  Tempire  français  et  lui,  les 
efforts  qu'il  veut  faire,  à  Texemple  de  Napoléon,  pour  relever  les 
Israélites  de  ses  États,  les  mérites  d'Âsser  Lion,  qui  paraît  plus 
propre  que  tout  autre  à  aider  à  Taccomplissement  de  cette  œuvre, 
sollicite  Tempereur  de  laisser  Asser  Lion  s'établir  dans  le  duché 
de  Bade  en  qualité  de  rabbin,  et  de  faire  cesser  les  poursuites  que 
la  communauté  juive  de  Metx  avait  intentées  contre  Asser,  pour 
l'obiiger  à  remplir  ses  engagements  ^ 

Cette  demande  fut  accueillie  favorablement*  Asser  écrivit  lui- 
même  une  lettre  au  comte  Bigot  de  Préameneu  pour  lui  expliipier 
les  motifs  qui  le  forçaient  à  refuser  et  la  place  de  grand  rabbin  de 
Metz  et  celle  de  grand  rabbin  du  consistoire  central.  Le  ministre 
des  cultes  accepta  sa  démission,  et  Asser  Lion  put  se  faire  ins- 
taller définitivement  comme  grand  rabbin  à  Carlsruhe. 


XVI 


R,  Mayer  Charleville,  l'assesseur  des  deux  derniers  grands  rab- 
bins, fut  nommé  en  remplacement  d'Asser  Lion,  et  sa  nomination 
fut  ratiilée  par  décret  impérial  du  16  mars  1810  ;  il  fut  installé,  le 
4  mai  suivant,  avec  une  pompe  peu  ordinaire.  C'était  le  premier 
grand  rabbin  installé  à  Metz  depuis  la  nouvelle  organisation  du 
culte  israélite  en  France,  Voici  en  quels  termes  le  Journal 
V Empire^  du  lundi  14  mai,  rapporte  cette  cérémonie  : 


Metz,  10  moi. 


ae  J 


En  vertu  d'un  décret  Impérial  du  <6  Mars  1810,  qui  nomme 
M.  Mayer  Charleville,  grand  rabbin  de  la  Synagogue  de  Metz  %  M.  le 

*  Sifnagùgue^  est  reipresaioii  employée  dana  Te  règlement  organique»  Dès  les  pre- 
miers jours,  le  mol  Synagogue  souleva  des  diftkuUéB  d'mlerprétalioii,  employé  qu'il 
ét&it  plusieura  fois  avec  de»  signitica lions  lout  à  fait  dliréreotes.  Le  Consisloire  de 
Paris  et  celui  de  Coblence  en  aignaïèpcnt  les  conlrndîc lions  au  ministèro  des  Culte» 
el  au  Consistoire  cculial.  Celui-ci  cq  donna  le  défmilion  et  les  dilfércntes  acceptions 
dans  tme  leUrc  cjui  recul  l'approbation  du  Ministre  et  qui  fut  imprimée  soas  ce  litre  : 


I 


LE  RABDINAT  DE  HfETZ  BE  loG7  A  1871 


W 


prèi 


N 


Préfet  a  fait,  vendredi  dernier,  Finstallalion  du  Consistoire  des 
Israélites.  La  garde  départementale  occupait  eu  partie  renceiute  du 
aple,  M.  le  Préfet  arriva  accoinpagûé  d'un  nombreux  cortège,  et 
iprè9  avoir  entendu  difTérens  morceaux  de  raiisique,  des  chants  et 
une  belle  prière  adressée  à  l*Ëtre  Suprême  pour  S.  M.  l'Empereur, 

Eit  le  serment  que  le  grand  rabbin  et  les  autres  membres  du 
îtoire  prêtèrent  sur  les  livres  saints. 
^rf  Jacob-Goudchaux,  notable  de  la  circonscription  de  Metz, 
once  un  discours, 
'abbin  Charleville  était  originaire  de  Metz  %  et  sa  famille,  une 
us  anciennes  et  des  plus  honorables  de  la  ville.  Il  avait  fait 
les  études  dans  plusieurs  (écoles  juives  de  rAllemagne  (1752), 
notamment  dans  celle  de  R.  Nethanel  Weil,  rabbin  de  toute  la  Bo- 
hême. Il  revint  à  Metz  en  1755.  Six  ans  plus  tard,  il  (épousa  la  fille 
âe  R.  Isaac  Coblentz,  un  des  appariteurs  jurés  de  la  Communauté, 
inpn  x^HT\  c?3t3tqui,en  1751,  légalisèrent  et  contresignèrent  toutes 
les  pièces  originales  qui  devaient  servir  contre  le  grand  rabbin 
Jonathan. 

Charleville  fit  partie  de  l'école  talmtidique  de  Metz,  connue  sous 
h  Dom  de  KlaitSy  et  y  enseigna  avec  un  certain  éclat.  Il  fut  Tun 
des  assesseurs  du  grand  rabbin  Lion  Asser»  et,  à  la  mort  de  ce 
fîemJer,  il  fit  partie  du  triumvirat  rabbinique  qui  dirigea  pendant 
|>lusieurs  années  les  affaires  religieuses  de  la  communauté,  jus- 
^u*au  moment  oii  R.  Oury  Gahen  reçut  déllnitivement  le  titre  de 
pand  rabbin.  Alors  R.  Mayer  Charleville  demeura  Tun  de  ses 
arnssetïTs. 

I    Pendant  la  Terreur,  ayant  envoyé  ses  enfants  faire  des  études 

l^ligienses  en  Allemagne,  il  eut  la  douleur  de  les  voir  porter  sur 

la  dix-septième  liste  des  émigrés.  Tous  les  certificats  produits  en 

Icsir  faveur  n'empêchèrent  point  leurs  noms  d'être  maintenus  sur 

CItte  liste  et  les  biens  du  père  d'être  saisis.  De  nombreuses  démar- 

dies  et  pétitions  auprès  des  autorités  permirent  enfin  de  les  faire 

f^renir  à  Metz,  à  condition  qu'ils  se  présenteraient  chaque  jour  à 

la  municipalité  pour  faire  acte  de  présence  et  signer  sur  un 

fBgîstre  préparé  ad  hoc. 


liêmn/tftar  U  Cùntâtoire  cmtral  de*  Ura^Uth  dû  Ttmpiri  à  divtrtêi  çutsiîon* 

ipiJn  Wi#  ^U  ^rffpotfu  par  la  S*fnaffOffUû  eùniiitorielû  de  Ûohlentz^  accompagr^éâ  da 

t  ff  niStf  ifci  tt  iMfrief  d«  ta  d*tition  de  S.   S.  tt  Mtniitre  dn  CuUei.  Paris^  d« 

ri«é«B«UArd,  imprimeur  du  Consistoire  central  des  Israélites^  1^09,  in-4o 

»d«Toiu  Im  plus  gTfiDde  partie  des  leoseigncmenls  qui  suivent  u  noire  â^tcfil- 
•  tt  «nit,  M.  Maypt  ChorleTille^  rtbHo  de  Versailles,  Homonymo  et  peUt- 
i  la  fpmiiid-rBt>bia  dont  nous  parloui. 


M 


!18 


REYIÎE  DES  ÉTUDES  ItJIVES 


Lorsque  le  Sanliédrin  dut  se  réunir ^  oïl  voulut  le  porter  sur 
la  Uste  des  rabbins  qui  en  feraient  partie»  mais  IL  dëeîlrtft  6et 

honfiPiir  à  v.nnm  de  son  grand  âge  (il  avait  plus  de  soixante-dix 
ans)  et  insista  pour  qu'on  désignât  à  sa  place  R,  Aaron  Wornis. 

Cependant  il  ne  put  refllser  le  poste  de  grand  rabbin.  K  fut  donc 
le  premier  jîrand  rabbin  installé  à  Metz  depuis  le  changement  sur- 
venu dans  la  situation  des  Juifs  en  France. 

Son  traitement,  qui»  d*après  l'ordonnance,  était  fixé  à  trois  mille 
francs,  ne  lui  fat  jamais  payé  intégralement.  Dès  les  premiers 
jours,  il  s'était  engagé  à  faire  abandon  de  la  moitié  de  cette  somme, 
qui  devait  <^'tre  affectée  à  rétribuer  les  assesseurs.  Modeste  comme 
il  Tétait,  il  trouvait  que  quinze  cents  francs  de  traitement  était  une 
fortune,  alors,  disait-il,  que  ses  prédécesseurs,  des  sommités  scien- 
tifiques qui  s'appelaient  R.  Jonathan  et  ScUaagas-Arié.  n'avaient 
Jamais  eu  que  niille  francs.  11  mourut  le  21  lyyar  5572  (3  mai 
1812),  laissant  après  lui  une  réputation  de  science  et  de  pro- 
bité»  comme  aussi  de  charité  et  de  modestie. 

La  législation  nouvelle  avait  enlevé  aux  rabbins  tout  droit  de 
juridiction;  leur  situation  n'avait  plus  l'importance  d'autrefois,  et, 
en  outre,  les  membres  laïques  des  Consistoires,  tout  flers  d*un 
rôle  nouveau  pour  eux»  essayaient  quelquefois  de  diminuer  leur 
importance.  Enfin,  te  mouvement  inauguré  par  Mendelssobn  avait 
fait  naître  dans  les  communautés  une  aorte  d'antagonisme  enlise 
les  progressistes  et  les  conservateurs.  Les  rabbins  de  Metz  eurent 
à  lutter  contre  ces  difiicûltés  de  la  situation  nouvelle,  et  ils 
les  surmontèrent  ordinairement  à  leur  honneur. 

R.  Joseph  Gouguenlieira  fut  nommé  successeur  de  Mayer  Char- 
leville  par  l'assemblée  des  notables  tenue  le  21  juillet  1812.  11 
avait  un  concurrent  sérieux  en  R.  Aaron  Worms,  son  collègue, 
et  ne  remporta  sur  lui  que  d*une  voix  de  majorité  (neuf  contre 
huit).  Il  était  alors  âgé  de  quatre-vingts  ans  environ,  étant  tté 
avant  1735,  Il  s*était  toujours  occupé  d'études  religieuses  et 
casuistiques,  suivant  en  cela  les  traces  de  son  père,  R*  Loeb 
ou  Lion  Gouguenheim,  ^ans  intention  d'utiliser  ses  connaissances 
religieuses  et  de  devenir  un  rabbin  otTiciel,  au  sens  propre  du  mot. 
Il  avait  siégé  quelquefois  dans  le  tribunal  rabbinlque,  et,  en  1783, 
après  le  décès  du  grand  rabbin  Lion  Asser,  il  dut  accepter  de  faire 
partie  de  la  commission  rabbiAique  provisoire  dont  nous  avons 
parlé.  Il  ne  voulut  recevoir  pour  ces  fonctions  aucune  rétribu- 
tion, sa  situalion  de  fortune  le  lui  pprmettant.  Mais  lorsque  la  crise 
révolutionnaire  lui  enleva  tout  ce  qu'il  possédait,  il  dut  se  résigner 
à  accepter  les  émoluments  d'une  fonction  qu'il  remplissait  avec 
tant  de  zèle  et  de  dévouement.  La  lettre  du  4  août  1812,  par 


I 


I 


I 


LE  ftABBfNAT  DE  METZ  015  1667  A  1871  (W 

f  hbqaelle  Ib  Préfet  appuyait  auprès  ûu.  Ministre  des  CultcB  le  choix 
'  hil  {iâr  rassemblée  des  notables  \  fait  le  plus  gramî  t'Joge  de  son 

4sar8ct^r€»  de  son  honorabilité  et  de  son  désintéressement. 
R.  Joseph  Gouguenheira  ne  remplit  pas  longtemps  les  fonctions 

que  le  gouvernement  lui  confia  par  décret  dn  28  décembre  1812  ; 

il  motATuI  environ  sept  mois  après,  le  28  Ab  5573  (24  août  1813). 


XVII 


Le  Consistoire  de  Metz  demanda  à  ne  pas  être  oblipié  de  pour- 
voir Immédiatement  à  son  remplacement,  alléguant  la  nécessité 
^e  faire  des  économies  pour  subvenir  à  des  besoins  plus  pressants. 
Cette  demande  ayant  été  agréée,  le  Consistoire  confia  officielle- 
ttmt  llntérim  rabhini/^ue  à  R.  Aaron  Worras. 

S,  Aaron  Worms  était    un  rabbin  d'une  science  talmudîque 

excessivement  remarquable,  et,  f|uoique  très  orthodoxe,  il  avait 

lies hardiesises  qui  surprenaient  ses  contemporains.  Il  aurait  sans 

«toute  joué  un  rùle  important  dans  le  judaïsme  français,  sUl  avait 

ttttoanierla  langue  française.  Nous  allons  esquisser  rapidement 

Si  Yîe,  d*après  les  renseignements  que  nous  avons  relevés  dans  soû 

«tTiJit  ouvrage  ni«  •'-nN?^  [Meorê  Or)  '. 

n  naquit  lelSàb  55Î4  (7  juillet  1754),  à  Kaiserslautern,  petit 

ibge  des  environs  de  Sarrelouis  *.  Le  nom  de  son  père  était 

ham  Joseph  ou  Aherle,  comme  il  le  donne  continuellement 

les  acrostiches  des  poésies  placées  en  léte  ou  â  la  Un  de  chaque 

rtie  de  son  ouvrage;  celui  de  sa  mère  était  Ella  *.  Il  était  un 

ndant  du  grand  rabhin  Gerson  Oulif,  dont  nous  avons  parlé 

haut  *.  Sa  famille  quitta  le  pays  et  alla  s'établir  en  Alsace, 

fcftf  1)  parle  souvent  du  séjour  qull  fit  dans  ce  pays  pendant  âa 

Jninesse*,  Il  avait  fait  une  partie  de  ses  études  à  Metz,  sous  les 

itiijiices  du  grand  rahbin  Lion  Asser,  et  c'est  grâce  â  son  mattre 

îtrU  fut  nommé  rabbin  à  Créhange  %  alors  qu'il  n'était  âgé  que  de 


*  kréàtt^  du  %lini»tère  des  Cultes.  -^  Héserve,  dossier  Qougucnheim. 

*Crt  osTftf^  itt  cotnpo&é  de  fi  piHies  dont  nous  âoûnerons  plus  loin  It  A^^ 


^  &M  iMilM  («s  J^oésiee  t^ui   eommencetit  ou   Bniseeiil  une  Avb  pirlies  de  «on 
ji  mwi  MM  twxD*    cclili   do  ton  pèra  et  celui   de  sa  tiière.  Voir  eon    *%^7? 


m 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


vingt-trois  ans/Lorsque  Lion  Asser  mourut  (1785),  on  le  fit  venir 
à  Metz  pour  seconder  Je  conseil  rabbiDÎqiie,  à  qui  avait  été  confiée 
la  direction  lîes  atfaires  religieuses.  Il  eut  surtout  à  s'occuper  dt 
renseignement,  qui,  depuis  le  départ  de  R»  Jonathan,  déclinait  do 
plus  en  plus. 

Appelé,  en  1806,  à  faire  partie  du  Grand  Sanhédrin,  ses  lumiêrei 
et  ses  travaux  le  firent  connaître  d'une  manière  fort  avantageuse. 
et  attirèrent  sur  lui  Tattention  de  ses  collègues. 

Ses  livres  ^  écrits  en  hébreu,  prouvent  qu'il  était  un  ennemi 
acharné  des  superstitions  et  de  Tignorance.  Chaque  fois  que,  dans 
le  cours  de  son  travail,  il  se  présente  une  occasion  de  les  com-^ 
hattre,  il  la  saisit  avec  empressement.  Ainsi,  nous  le  voyons,  à 
plusieurs  reprises,  blâmer  Tintroduction  des  Pioutim  au  milieu 
des  prières  et  même  dans  le  service  religieux,  SUl  ne  s'élève  pas 
formellement  contre  la  Kappara^  il  sindigne  contre  ceux  qui 
cherchent  à  avoir,  pour  cette  cérémonie,  une  volaille  blanche» 
Il  crie  à  la  superstition  contre  Tusage,  aujourd*kai  encore  fort 
répandu,  démettre  à  terre,  pendant  les  sept  jours  de  deuil,  une 
lumière  et  un  vase  d'eau,  à  côté  d'une  serviette  suspendue  au  mar. 
H  blâme  Fhabitude  de  jeter  dans  la  synagogue  des  bonbons  le  jour 
àç^Sbnhai  Tara,  et  de  la  poussière  le  jour  du  neuf  Ab.  Il 
la  science  exclusive  des  talmudistes  les  plus  érudits,  et  mi 
combien  Tignorance  des  principes  de  la  langue  hébraïque  leur' 
a  fait  commettre  de  fautes  et  d'erreurs,  et  comment  certains 
pîoutîm  sont  pleins  d'incorrections  et  d'obscurités. 

Il  s'élève  aussi,  avec  beaucoup  de  force,  contre  les  nouvelles  cou- 
tumes qu'on  introduit  dans  le  culte  juif  et  dans  la  casuistique.  Il 
condamne  les  jeûnes  inutiles,  que  I*on  multiplie  depuis  quelque 
temps,  et  voudrait  voir  disparaître  cette  habitude  qui  s*est  répan- 
due de  jeûner,  pendant  Thiver  des  années  embolismiques,  le| 
des  huit  semaines  qui  vont  de  mn©  à  tiixn  —  n"n  Q'*^"^'"»©. 

Enfin,  il  poursuit  en  quelque  sorte  de  sa  haine  R.  Moïse  Isseï 
(«"wn),  Tannotateur  du  Schoidhan  Arouch,  qui  a  mis  le  judaïsme 
allemand  sous  le  joug  de  toutes  les  coutumes  inventées  par  to' 
rabbins  polonais.  Chaque  fois  qu'Aaron  Worms  parle  de  semblable» 
pratiques,  qu'lsserles  déclare  obligatoires  comme  un  usage  établi 


^  Miùri'Or^  divisé   eu  huit  parties  m-4*,  toutes  imprimées  k  McU,  mais  i 
ép(K]iies  diiTéreotes  :  !'•  partie,  imp.  Moïse  Maj,  1790,  70  fî.;  2«  partie,  împ. 
chaux  Spirtï,  1791»  32  (T.;  3'  partie,  eans  date,  39  if.  ;  4*  partie   y^'Q  "îKaj 
date,   146    tL;    5"    partie.   1763,    44    IH,  plus    2    IT*    non    chitFréfl  ;    6*   partie, 
lyntib,  1822,  192  IÎ.Î    7'  partie,  "(15  pi  imp.    Ephraïm  Hadamard,  1827,  191  ff,] 
*(au  L  14U  h^  66   trouve,  pour  date   de   k  rédactioo,    1  année   1823);  8*   pi 
SiriDf  sans  date,  221    d*.  [f.   146  d,   ee  trouve,  comme  date  de  rédaction»  Tan 


LE  HARBINAT  DE  METZ  DE  1S67  A  1871 


hâte 


121 


mméraoria!,  i 

là  Pologne  et  pour  ce  petit  cooi  du  jucîaïsme  où  vivait  Isserles, 
mais  ne  peut  nullement  s'appliquer  aux  Juifs  des  autres  pays. 

n  manquait  à  Aaron  Worms  quelques-unes  des  qualités  qu'on 
Toulait  trouver  alors  chez  un  grand  rabbin.  On  reconnaissait  sa 
liaute  science,  mais  il  ne  savait  guère  le  français  ;  il  ne  pouvait 
pas  prêcher;  il  était  homme  de  cabinet,  non  homme  d'action 
eomme  il  en  fallait  un  pour  relever  le  cuite  et  le  judaïsme. 

Les  dons  qui  lui  manquaient  semblaient,  au  contraire,  réunis, 

iitn  haut  degré,  dans  un  autre  Messin,  Samuel  Netanel  Witters- 

!i?im,  qui,  après  avoir  vécu  quelque  temps  au  dehors,  était  revenu 

à  Metz,  en  1814.  Samuel  Wittersheim,  né  à  Metz  en  1766,  d'une 

iaiiulle  aisée  et  honorable,  avait  pu,  dès  sa  jeunesse,  étudier  à  la 

toîs  l'hébreu  et  ce  qu'on  appelait  <t  le  profane  ».  Après  son  mariage, 

il  alla  demeurer  en  Allemagne  et  en  Alsace;  il  fut,  comme  tant 

d*aEtres,  ruiné  parla  Révolution,  et  ne  vécut  plus  que  de  son  tra- 

rail.  Son  commerce  ramena  successivement  à  résider  à  Magde- 

bOQTget  à  Cassel.  En  1806^  il  représenta  la  Westphalie  au  Grand- 

Sudiédriii,  et,  plus  tard,  il  fut  nommé  membre  du  Consistoire 

ioillfte  d«  Westphalie. 

QviOid  il  revint  à  Metz,  il  est  probable  que  beaucoup  de  per- 

pensèrent  tout  de  suite  à  lui  pour  le  poste  de  grand  rabbin. 

lités  personnelles,  sa  réputation  d*homme  du  monde  et  de 

les  grandes  relations  qu'il  avait  avec  les  familles  les  plus 

tes  de  Metz,  dont  plusieurs  même  étaient  alliées  à  la 

contribuèrent,  sans  aucun  doute,  à  faire  prolonger  Tin- 

inm;  on   arriva  ainsi  jusqu'en  1819,  époque  où  le  conseil  des 

Miblesfut  convoqué  pour  nommer  deux  membres  du  Consistoire, 

€0  remplacement  de  deux  membres  sortants.  Les  amis  deWitters- 

profitèrent  de  cette  circonstance  pour  le  faire  entrer  dans  le 

ire,  non  pas  comme  membre  laïque,  mais  comme  second 

conformément  à  Farticle  6  du  Règlement  organique  de  1808, 

il  à  chaque  consistoire  deux  rabbins.  Le  20  décembre, 

première  séance  de  l'assemblée  des  notables,  on  décija 

deux  membres  sortants  du  Consistoire,  l'un  serait  rem- 

srun  rabbin,  et  Samuel  Wittersheim  fut  immédiatement 

par  dix-huit  voix  sur  dix-neuf  votants. 

dans  ses  fonctions  de  second  rabbin  et  de  membre  du 
ire  le  14  a\Til  1820,  après  ratification  royale  des  élections, 
il4^ient  immédiatement  Vancien^  titre  que  la  loi  donnait  au  pré- 
lUenf  du  Consistoire.  De  cette  situation  à  celle  de  grand  rabbin, 
n'y  iTdit  qu'an  pas.  L'année  1820  était  arrivée,  et  la  loi  exigeait 
dorénavant,  le  grand  rabbin  eût  la  connaissance  de  la  langue 


[WdeB( 


¥ 


tn 


RBVl  E  DES  ETUDES  JCTITE» 


française.  C'était  peut-<Hre  pour  exclure  Aaron  Worms  en  rertm 
de  cette  loi  et  sans  avoir  l'air  de  le  repousser,  qu^on  avait  si  long^ 

toflips  ajourné  la  iiomination  du  ^rand-rabbin.  Le  Consistoire' 
sollicita  l^autorisatioti  de  réunir  les  notables,  dieant  que  les  moUf» 
qui  avaient  été  invoqués  autrefois  en  fiaveur  du  rabbinat  intén 
maire  irexistaient  plus.  Le  7  novembre  1820, 1  assemblée  des  nù* 
tables,  à  ronauimité,  nomma  Samuel  Witterslieim  grand-rabbin^ 
Pour  consoler  le  pauvre  Aaron  Worms,  elle  décida  d'en voyei 
auprès  de  lui  une  commission,  chargée  de  lui  «  témoigner  la  r«* 
connaissance  de  l'assemblée  pour  l'honorable  conduite  qu'il  a  tenoi 
pendant  Texercice  de  son  ministère,  et  pour  les  servieea  qatlt 
rendus  à  ses  coreligionnaires  en  les  encourageant  sans  œ^se  i 
remplir  leurs  devoirs  envers  la  religion,  leur  patrie  et  leur  soih 
verain,  et  en  les  exhortant  à  se  livrer  aux  professions  ILbérales^l 
l'exercice  des  arts  et  métiers  a  *• 

La  nomination  de  Witterslieim  fut  approuvée  le  20  février  18Î1» 
et  son  installation  eut  lieu  le  15  mars  suivant,  dans  le  cabinet  du 
Préfet. 


XVllI 


Il  faut  convenir  francîiement  que  Wlttersheftn  était  plus 
qu'AaronWormf?  à  r(5pondre  aux  besoins  religieux  de  cette  époquf,  i 
et  à  développeriez  institutions  nouvelles  que  réclamait  la  situation  i 
iioiîvelle  des  Juifs.  Dès  son  entrée  dans  le  Consistoire,  il  prépan 
le  projet  de  transformer  Tancienne  Veschiba  de  Metz  en  école  de 
théologie  qui  serait  appelée,  dans  un  temps  plus  ou  moins  rappro*  1 
ché,  à  devenir  la  pépinière  du  rabbinat  français.  Lors  de  la  réunion  j 
du  coI!èn:e  des  notables  (7  novembre  1820),  oii  il  fut  nommé  grande] 
rabbin,  il  fit  émettre  un  vœu  par  lequel  on  demandait  rétablisse*-! 
ment  d'une  «  école  de  théologie  pour  former  les  élèves  au  Rabb 
nisme  »*  Huit  jours  après,  le  Consistoire,  sur  sa  demande,  se  i 
en  situation  de  donner  un  commencement  de  satisfaction  à  ee  vdstt^ 
11  nomma  une  commission  chargée  d'élaborer  un  règlement  ; 
sujet  d'une  école  îalmiidique;  il  en  donna  la  présidence  à  Witter 


'  Archives  du   minislère  des  CtîîteP.  —  Réserve.  —  Dossfer  de  la  notTîT'^-*''* 
M.  Witlersheira,  —  n  y  avait  dans  ce  dernier  pas^^e  une  allusion  à  une 
leUre  jj^istorale,  et  eu  même  li'iups  circuiaire  eonsisLoriaUi  qui  avait  et*; 
1R18^  in-4*  de  24  pages.  Le  fjrand  rabbia  y  dcaimil^  en  effol^  d'tixcelleuls  r 
|Mr  de  nombreux  l«tte«  bibliques  et  tmlmudîqtii»,  eogageaii  sei  cor^Ugiu^. 
•'•doimer  aux  travaux  mamLûifl, 


LE  RABBINAT  DE  SIKTZ  DK  1*167  A  ISTt 


123 


'beîm.  H.  Aaron  Worms  ne   fut  mi^rae  pas  appelé  à  faire  partie 
Je  cette  coniniission.  Dès  le  13  dt^cembre  suivant,  elle  soumiÈ 
io  Consistoire  un  projet  de  règlenïeut,   que  le  Consistoire  ap- 
prouva dans  sa  séance  du  22  di^cembre.  Au  commencement  de 
fann^  1821,  l'école  fut  ouverte  et  renseignement  en  fut  confié  h 
Majer    Lazare  et  Louis  Morhange;  Samuel  Wittersheim 
ifiça  cette  fondation  à  toutes  les  communautés  du  ressort  con- 
ail  de  Metz  et  demanda  leur  concours.  L'établissement  ne  fut 
soiitenu  que  par  les  Israélites  de  la  circonscription  de 
Melz^mais  Wittersheira  parvint,  an  bout  de  quelques  années,  à  y 
intéresser  le  Consistoire  central  et  à  faire  adopter  par  le  Gouver- 
^]i£meal,  l'école  talmudîque  de  Metz,  comme  établissement  d'intérêt 
^rah 
Un  arrêté  ministériel  du  29  août  1829  décide,  en  effet,  qu'une 
centrale  rabbinique  est  créée  à  Metz,  et  que  cette  école 
I  là  succe^ion  de  l'école  talmudique.  L'entretien  en  est  mis  à 
llidiiiigede  tous  les  consistoires  de  France,  qui  ont  le  droit  d*f 
IwToyer  des  élèves.  La  direction  en  fut  confiée  à  M.  Lion  Mayer 
Luihertt  gendre  du  rabbin  Aaron  Worms,  qui  avait  été  d'abord 
I  dtr^teur  de  l'école  mutuelle  Israélite  de  Metz,  et  qui»  depuis  onze 
I  liu),  était  à  Ja  tête  de  Técole  secondaire,  annexée,  sur  sa  proposi- 
lirô,  à  celle  école  mutuelle. 

101  eut  la  satisfaction  de  voir  son  ceuvre  prospérer,  et 
i^^it:  ^eiiirale  rabbinique  de  France  devenir  un  établissement 
BternementâL  lorsque  la  dépense  (8,500  francs)  en  fut  mise  à 
barge  de  l'État,  en  même  temps  que  le  traitement  des  rabbins 
[n»ar<  1R31).  11  mourut  à  Metz,  le  30  novembre  1831. 

il»  a  composé  diverses  prières  en  hébreu  et  en  français 

r4^66ulennités  publiques.  On  y  voit  qu'il  écrivait  correcteuient 

idtox  langues.  11  est  aussi  auteur  d*un  travail  complet  et  bien 

,  tit,  écrit  en  langue  hébraïque,  sur  le  calendrier  juit",  avec  des 

itfsez  correctes,  pour  plusieurs  sif'^cles.  Cet  ouvrage.  Imré 

^ÊMoh  rîr*2  '»-jnBt  a  été  imprimé  à  Metz  chez  Joseph  Hadamard, 

ICI,  iîi-l»,  de  16  pages . 

■Urons  qu'un  mot  de  rantagonisme  latent  qui  ne  cessa 

N  '  jtrti  W'ittersheim  et  Worms.  Ce  dernier,  qui»  pendant 

[iptaas  d'ùtléritis,  avait  été  chargé  de  la  solution  de  toutes  les 

I  purement  religieuses»  demeura  investi  de  ce  droit  pen- 

)  la  durée  du  rabbinat  de  Wittersheim. 

Diju  une  publication  (iti-4°  piano)  faite,  le  21  Schebat  558ê 

I^JanTier  182ti;,  ijour  défendre  aux  Juifs  d'acheter  de  la  viande 

la  lK>uchers  Israélites  qui  ouvraient  leur  boutique  le  sa- 

1,  U  algitatore  de  Wittersheim  ne  vient  qu'en  seconde  ligne, 


1 


1 


124  REYIIE  DES  ÉTTOES  JOTVE5 

aprAs  celle  de  R.  Aaron  Worms,  D'ailleurs,  pour  la  masse 
public,  Wittersheim  fêtait  un  rabbin  de  parade,  qtii  faisait  figur 
dans  les  cérémonies  et  les  réceptions  officielles»  et  l'on  n'avait  pas 
grande  confiance  dans  ses  décisions  talmndiqnes. 

Sa  mort  ramena  Worrns  aux  fonctions  dintérimaire.  Dès  le 
14  décembre,  le  Consistoire  le  chargea  de  nouveau  de  ces  fonc- 
tions. Il  avait  alors  soixante-dix-sept  ans.  Enfin»  lorsque,  six 
mois  après,  rassemblée  des  notables  fut  convoquée  pour  faire 
choix  d*un  nouveau  grand-rabbin,  Worms  fut  nommé  à  runaniraîtôB 
On  ne  songea  plus,  à  ce  moment,  à  se  prévaloir  contre  lui  de  Fa^ 
ticle  20  de  la  loi  organique,  relatif  à  la  langue  française,  et  on 
eembla  vouloir  effacer  les  traits  d^ingratitude  qu'on  avait  à  se  re- 
procher envers  le  digne  et  savant  rabbin.  On  décoaragea  imméi 
diateraent  tous  ceux  qui  aYaient  été  tentés  de  poser  leur  candîdi 
ture,  en  affirmant,  à  Tavance,  que  le  cboix  ne  pourrait  se  port 
que  sur  Worms.  S.  Cahen,  grand-rabbin  de  Colraar,  qui  ava 
posé  sa  candidature  le  8  juin»  la  retira  le  12  juin,  jour  de  l'élection, 
Worms  fut  nommé  à  runanimité,  et  cette  nomination  fut  confir- 
mée par  ordonnance  royale  du  17  août  1832.  Il  mourut  à  Metz, 
le  2  mai  1836,  à  Tâge  de  quatre-vingt-deux  ans 

Par  son  testament,  Worms  avait  exigé  qu'on  enterrât  avei 
lui  tous  ses  papiers,  feuilles  éparses  de  ses  discours  et  des  travaux 
déjà  imprimés  et  publiés.  Mais  il  ne  comprit  pas  dans  cette  deas 
traction  un  commentaire  complet  qu'il  avait  fait  sur  la  Bible  et  quH 
existe  encore  en  manuscrit  dans  les  papiers  de  la  JamilleL.-M.  Lam- 
bert, de  Metz.  M 

La  succession  de  Worms  fut  disputée  par  L.-M.  Lambert  eP 
Mayer  Lazare,  professeur  de  Talmud  à  l'Ecole  centrale  rabbinique. 
La  lettre  qu'écrivit  à  cette  occasion  M*  Lambert  est  instructive 
à  plus  d'un  titre  ;  , 

Melz,  le  s  mai  1836. 

A  tkonm'aèie  Consistoire  israélUe  de  Metz, 
Messieurs, 

Je  ne  me  sens  pas  moins  iudigoe  de  mes  vertueux  aïeux.  Je  pôs 
sède  à  un  degré  émineul  toutes  les  connaissances  thcologiques  né 
cessa  ires  à  un  Grand  Rabbin  ;  la  perfide  intrigue  cherche  â  insinue 
le  Contraire;  mais  les  témoignages  multipliés  d'hommes  compétents 
et  trois  diplômes  de  docteur  de  la  loi  qui  m*onl  été  délivrés  par  troîa 
Grands  Rabbios  de  la  France  méritent  un  peu  plus  de  croyance. 

Je  possède  en  perreclion  la  langue  bêbraïque,  la  langue  française 
et  la  langue  allemande;  j'entends  parfaitement  le  cbaldéeu  et  la 


LE  HABBINâT  de  METZ  DE  1567  A  1871 


125 


ffjrnaque;  j^enlends  passablement  Tanglais  et  Fitalien,  et  un  peu  le 
latin.  Je  possède  raritlimétique,  l'algèbre,  la  géométrie,  rhistoire,  la 
ftegnpbie  et  la  philosophie.  J*ai  de  bonnes  connaissances  en  phy- 
itqae,  en  histoire  naturelle  et  en  physiologie.  Les  ouvrages  que  j*ai 
publiés  en  différentes  langues,  et  notamment  les  éléments  de  psy- 
chologie que  j'ai  mis  au  Jour  eu  <827,  ainsi  que  les  cours  que  je  fais 
jet  que  j'ai  faits  à  FEcole  centrale  rabbinique  font  foi  de  ce  que 
"^      ace* 

D'un  autre  côté,  je  crois  avoir  mérité  la  place  que  je  postule,  par 
les  Dombretix  services  que  j'ai  rendus  au  public.  Depuis  ma  42'*  an- 
-I -à  dire  depuis  12  ans,  je  m*occupe  constamment  de  l'ius- 
Lu  la  jeunesse.  C'est  sous  mes  auspices  que  récole  dlnsiruc- 
|û>a  mutuelle  Israélite  de  Metz  a  été  établie,  et  les  anciens  membres 
L  comité  de  cette  école  doivent  se  rappeler  que  ce  n'était  que  sous 
auspices  que  rétablissement  de  cette  institution  était  possible 
'alors.  J'ai  dirigé  cette  école  pendant  onze  ans,  ainsi  que*  1  école 
secondaire  qui  y  était  annexée.  Depuis  6  ans,  je  suis  à  la  tôtc  de 
l'école  centrale  rabbinique  qui,  dans  ce  peu  de  temps,  a  déjà  fourni  à 
I  France  des  Rabbins  instruits  et  éclairés. 
Voici,  Messieurs,  mes  titres;  je  pourrais  eu  faire  valoir  d'autres 
are,  mais  je  ne  veux  pas  devoir  à  la  sensibilité  ce  que  je  crois 
i*èlre  dû,  selon  la  stricte  justice.  J'espère  qu'on  n'insultera  pas 
aux  mânes  de  mes  pères  dans  la  personne  de  leur  tils,  et  qu'on 
ondera  les  vues  bienveillantes  de  notre  paternel  gouvernement, 
ne  veut  pas  que  la  science  du  Rabbin  se  borne  aux  connais* 
ances  du  sacré. 

J*ai  rhonneur,  Messieurs,  d'être,  avec  une  considération  distiu* 
guée,  votre  dévoué  et  respectueux  serviteur. 

L»-M.  Lambert. 


Là  lutte  fut  si  vive  entre  les  partisans  de  l'un  et  Fautre  candidat 
que  l'Assemblée  des  notables,  réunie  le  2  août  1836,  ajourna  la 
ïïominatioû  du  grand  rabbin.  La  vacance  dura  ainsi  un  an.  Dans 
l'intervalle  plusieurs  candidatures  nouvelles  se  produisirent,  celles 
de  MM.  Ulmann»  rabbin  de  Lauterbourg,  Durkheim,  rabbin  d'Epi- 
nai,  et  Louis  Morhange,  bachelier  ès-lettres»  proresseur  et  secré- 
taire de  l'Ecole  rabbinique*  Mais  ils  se  désistèrent  avant  rélection 
et  ce  fut  M.  Lambert  qui  l'emporta.  La  nomination  fut  ratiilêe  le 
18  décembre  1837  \  il  prêta  serment  entre  les  mains  du  préfet  le 
lî  janvier  1838  et  fut  installé  solennellement  le  18  du  môme 
mois. 

Mayer  Lyon  Lambert,  ou  Wilstadt,  était  né  à  Font-Pierre,  can- 
toû  de  Faulquemont,  département  de  la  Moselle,  au  mois  de  mars 
l'î87,  d*après  un  acte  de  notoriété  qu'il  lit  établir  en  1822,  au  mo- 
ment de  son  mariage.  Son  père,  Simon  Mayer  Lambert,  avait  été 


IM 


REVUE  DES  ETUDES  lUrVBS 


instituteur  à  Metz  et  sVHait  retiré  à  Pont-Pierre,  où  il  exerçait  let 

fonctions  t1e  rabbin,  pn^  nnntî. 

Au  moment  où  M.  Lambert  était  appelé  aux  fonctions  de  grand- 
rabbin,  il  avait  déjà  publié  quelques  ouvrages  dlnëgale  valeur. 
C'étaient  : 

1«1815,  —  Bases  des  véritables  lumières  pour  Vutilité  de  < 
qui  veulent  être  éclairés  ^  sans  avoir  de  prétentions  à  la  sciencâ\ 
iïi'l2  de  59  pages. 

**  1818,  —  Catéchisme  du  culte  judaïque  (en  hébreu,  en  fran» 
cals  et  en  allemand);  in-16,  Metz. 

3«  1810*  —  Abrégé  de  grammaire  hébraïque^  petit  ln-8%  qui  a 
eu  Uii  grand  nombre  d'éditions  et  qui  a  été  et  est  encore  un  ou- 
vrage classique  dans  les  écoles  Israélites  de  France. 

4«  —,  £îémeHls  de  Psychologie  fondés  prineipaiemenl  surVeîJi 
pàrience  et  Vobservation,  précédés  de  quelques  réflexiotis  sur  i 
liaison  de  Vâme  avec  le  corps  et  suivis  de  notes  ;  in-16. 

De  plus,  le  11  octobre,  il  avait  lancé,  en  4  pages  iii-4'*,  le  pros» 
pectua  d'une  nouvelle  traduction  du  Pentateuque,  avec  notes  jus- 
liflcativea  et  explicatives.  L'ouvrage  devait  être  publié  en  cinq  li- 
vraisons, à  3  francs  la  livraison.  Mais  Tauteur  ne  réalisa  pas  son 
projet. 

Les  Eléments  de  Psychologie  furent  Joints  à  ses  différents  bre 
vêts  de  docteur  en  théologie,  pour  faire  constater  ses  connais 
sauces  en  langue  française,  exigées  par  Tarrété  du  15  octobre  1832, 
•  M,  Lambert  mourut  en   I8t>2.  Il  eut  pour  successeur  M»  Lip^ 
manu  Benjamin,   qui,  originaire  de  Metz,  avait  ("ait  toutes  sed| 
études  à  Técole  rabbinique  de  cette  ville.  Nommé  successivement 
directeur  de  renseignement  religieux  à  Nancy  (18^5)  et  rabbiu  à 
Pbaisbourg  (1847),  il  occupa  le  siège  rabbinique  de  sa  ville  natale 
à  rage  do  quarante-quatre  ans  (1863).  Il  y  exerça  ses  fonctiongB 
religieuses  jusqu'après  la  guerre  de  1870.  Ne  voulant  pas  perdre" 
sa  qualité  de  Français,  il  quitta  ses  fonctions  et  son  pays  natal  L^ 
gouvernement,  voulant  rdcompenser  ce  noble  désiutéresseuient,  le 
noïiiina  grand-rabbin  de  Lille  (1872)i  où  il  vient  de  mourir  ù  Tâgg 
de  soixante-sept  ans. 

Nous  avons  abrégé  les  détails  biograpliiques  des  deux  derniers' 
grands-rabbins^  Certes»  leur  action  religieuse  et  leur  science  n'ont- 
pas  été  au-dessous  du  mérite  de  leurs  prédécesseurs*  Mais  les  TaitM 
^qui  les  concernent  sont  contemporains  et  connus  de  nos  lecteurs. 
Ils  ont  terminé  dignement  cette  série  de  grands  rabbins  qui,  pen- 
dant toute  la  période  française,  ont  occupé  avec  tant  d'illustration 
la  chaire  rabbinique  de  Metz, 

Âu.  Cahsn* 


an* 

lia 

ou- 

DS* 

as- 
li- 
lon 

re^ 

ii$4 


ga 


Oa  ne  possède  que  très  peu  de  documenta  liébreux  sur  Thistoire 
Juifs  en  Roumanie*.  En  voici  qui  ne  sont  pas  sans  intérêt, 
trouvent  sur  une  raèinp  [lirce,  portant,  à  la  fin,  un  sceau 
1  celle  îi^gende  :  yrtf^s  rrbiiin  nD3Dn  n^a.  avec  un  «  bouciier 
I,  au  milieu,  et,  au-dessous,  la  date  txn  (5497  ^  ITâl). 
\  leâ  publions  en  conservant  m^me  les  fautes  d'hébreu  et  d'or- 
rapUe  qu^elIes  contiennent. 


Affaire  de  mng  rUuel  de  S47&  [iHù]. 

[>riqa*eo  1859,  il  se  produisit  à  Oalatz  (Moldavie)  une  accu- 

i  de  sang  qui  eut  un  retentissement  européen,  tout  ie  monde 

loumanle  affirma  que  c'était  la  première  fois  qu'une  pareille 

Itton  trouvait  créance  dans  le  pays.  On  aurait  ce[tendant 

iterlû  même  accusation  dans  la  même  ville  ert  1H44;  à 

ireit,  en  1834  et  1801  ;  à  Bacau,  en  1824;  à  Niamtz.  en  1764, 

W16,  1841;  à  Botosani,  en  lim,  etc.,   sans  compter  le» 

tqtil  ont  eu  lieu  périodiquement  à  Oraïla*  à  Giurgiu  et  même 

iti,  oh  l'on  promenait  habituellement,  vera  la  Pâque,  un 

fuin  de  paille  pour  exciter  et  ameuter  la  population  chré* 

I  contre  let  Juifs. 

I  pitis  ancienne  accusation  de  ce  genre  en  Roumanie  était, 

ï  C4i  jour,  celle  de  1717,  à  Onitiîcanl.  Celle  qui  est  rap- 

iJans  notre  document  est  de  1710.  Voici  le  texte  du  do- 


I  i  ««tifjueS'UQi  daDfl  les  i^inAiiim  do   Berlad,  Botosani,  Plâtra,  Niamti, 
he^«  mmiÊ  tous  ds  dtU  Uèi  réoenU,  i^'turiaQ  Pimàei  de  Niamtt  a  été  brûlé 
e«  IlaptadJt  de  1S4S, 


128 


RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


i 


nt!H  .Tr5?3  in  t^ttsirb  ux:i72  &'-i7:sn  '^hi  b»  cj-^snnb  yen  t^^'^rt 
n^D  nxn^  i3"»banbi  im&t  nipnbi  -•'nsiis  nb-»  np*»b  CD^^in»  G^ns:i:b 
p"*  iniN  :3incb  inias:»  tn::)  &"^mn^n  hy  bib^^i  nr^'^r;  ncrun 
i-i'*-is:n3  :-TD?3bNi  tizoo  rr^n  n7:i73r5b  .nocn  by  sn  snb  ^■•isto 
nî3i?aî-î  ^b'^1  .to-ir:)  ^-to  in  ce  pD  linp  ib-»  ï-in^n  nbi  ï-rn-^n 
w  n?:4«  D51  n^'/:?  ysn  nïD»  D-'nain  br>  rx  nb  hes^i  n:?2bî<nb 
*infi*bT  ainnt)  bmiin  "^nstisrr  i?o  Kin  pr:  m  dsi  nn^nTarr  1t3  rïis£730 
^bpTD  nt  ''Êt:n3i  -^di  p  ^i:?!!  "jb  irÈ*-)  ^nb^  "^b  i:n  rrn:?i  ^û^nrr» 
Mi26«n  ,ib^ri  *j^^  in::^  c^nn^rr^iD  msin-sni  n^pirca  puitm 
nb  mp  Ti?i  ^<1n  v^^:  m  asi  mi?3ï3  rî7î3ï23  m^n^isn 
np«  «b  rjDsn  £3:11  ib'^n  ^b  in»  Kb^  nsa  nn?3Bt  ntr:?n©  m's.nTt 
,y7:N''3b  i-'-i^anb  *]b^i  ib-^n  ib  inm  .'*mïn  nCH  bDD  ms:?»"» 
lis:!'»  nn  nDCTDi  isnbio  b^?  dct  ^iin^i  '>*nrr  b^  nï3»  nm  nb'^bi 
ib^n  rtt  inpb  ù^ixn  ynxTs  i:ms«  bK:^  no«  ts-'osn  n»  -icosn 
d^^in^  iDbn  -ipiDD  .  rrr^^STr  noïsn  n-'a  n^na  inis''btîm  imanai 
*ïnD  .  t3"ia  nsna  ib-^n  tsi  i^rsn  •'ssb  inn?  yn-i^n  n^ab  û-^Tn» 
ncsiTor*  bN  is^i  D'aine*  ta^^nn-'  117  i^np  qDTt  ûn^b»  ï-rbcs  bi'ia 
*i?2i^in  dts  (î  ibitût)  ibar^^  l'^b^j  t&ïiaD  •Tî-'n  riï73  î^;r^*i^'  nb  in*'^  "«^^^ 

»iab  (aHba^pnNDj  ^bon  t'i'^Ètb  ncaiisn  nbo  t*"):  .a-i  t3  ina-*-»  erra 
e-'mûyT  fâ-^sD  bna  ^b^Da  aïob  f'^pEm  iNin  ns'a  .'p2K''3b  T'B 
&'iTin'»n  ,ûmQîtn  n^'na  dddsi  p^-iisn-'d  n'^^b  Dmî«  «■'a^i   q-'iiît 

^DDH-^b  iNi3''i  *5nb  rinp  mSN  nb'^b^:^  nNi...  dh  neobs^DOK^^a  ^btsb 
mÈ«3£i7:n  r»  ib  i-jE;o''1  ^brn  b«  Dn:i  lab^^i  •n'^^^r*  ^nmn  b«  isb-^n 
i«  nmn  ntîwH  &.h  "^ipnb  y7:È<-^;b  to'»*c:N   -«d^  ib^sn  nbD  •Dnmi 
D31  ,  «m  npi::!  kio  -^d  ini  a^aTï  rcnn  i^pni  iwa  a''C5«n  ,  iKb  ■ 
bnin  nrinD  b»  imit  iN-^a-^i   n?2iî3n  inpb  mi^tin  ni33K  Tb-rr  dk 

nbp^  '11  nbiJ»  naib  ^.sanD  nm  :  n-^csn  \r\^i  &-'*Tin-*bi  ,  T-»n  ^12^  bs 

."Ïj:»  nm^a  rrr-nisa  pnat  bKian  ntt 

nctt  dmafi*  |a  pris:'» 
.nJs:t!K''5  a^b  innê* 

Voici  le  résumé  de  la  pièce  : 


Le  15  Bissan  de  l'aB  5470  (3  avril  4710),  sous  Cantainir^  prince 
de  Moldavie,  un  grand  '.^âUieur  frappa  les  Juifs. 


DEITX  ÉPISODES  DE  LIIISTOIRE  DES  JUIFS  RÛUMALNS  12» 

Uy  avait  dans  le  monastère  de  Niamtz  un  Juif  baplisé  gui  était 
^«lereQU  prêtre.  Pour  flatter  le  chef  des  prêtres,  il  engagea  quelques 
Hehr^tiens  à  tuer  un  enfant  chrétieu  et  à  accuser  les  Juifs  d'avoir 
VissassiDii  renfant  afin  de  prendre  son  sang  pour  leur  Pâque.  L'a- 
V postât  airait  pour  voisine  une  v^uve  chrétienne,  mère  d'un  fils  de 
sU  à  sept  ans.  Il  persuada  à  la  pauvre  femme  que  ce  serait  un  grand 
^icte  de  piété  de  sacrifier  son  enfant  peur  confondre  les  Juifs  et  que 
Bfe  irrand  nararéen  (Jésus-Christ?)  avait  ordonné  d  exterminer  les 
W  '  le  livra  son  enfant  sans  aucune  rémunération,  Tapostat  le 

f  là  Niamtz  \  oii  il  fut  tué  par  les  chrétiens.  (Tétait  le  soir  do 

j  l*aque  juive.  A  l'heure  où  les  Juifs  célébraient ^  dans  leurs  mai- 
^  **'>ii5,  raiiniversaire  de  la  sortie  d'Egypte,  on  jeta  le  corps  de  i*en- 
B  kntdans  la  cour  de  ranôennc  synagogue.  Le  matin,  quelques  Juifs 
^  ([ui  allaient  au  bain  virent  le  cadavre  baigné  dans  le  saog.  Ils  en  in- 
I  formèrent  immédiatement  le  maire  de  la  ville,  ils  trouvèrent  déjà 
I  auprès  de  lui  Tapostat  et  d'autres  chrétiens.  Ceux-ci  tombèrent  sur 
L  les  Juifs,  CD  tuèrent  cinq,  et  firent  un  grand  pillage.  Le  maire  in* 
toRDâ  le  parcâlab  (préfet)  du  disirict,  qui  vint  à  Niamtz  et  mit  les 
Isrs  à  vingt-deux  Juifs,  qu'il  conduisit  à  la  prison  de  Piatra  *:  Une 
iéfmtaUon  des  Juifs  de  Pialra  alla  trouver  le  prince  à  Jassy  ;  sur 
Tordre  du  prince,  une  enquête  fut  faite,  raccusalion  fut  trouvée 
Elusse,  la  mère  de  Tenfant  avoua  îa  vérité.  Le  métropolitain  de  Jassy 
cimdAiima  Tapostat  à  être  enfermé  toute  sa  vie  dans  rhôpital  des 
tons  et  les  Juifs  emprisonnés  furent  mis  en  liberté. 


II 


Reccmsiruciion  de  la  synagogue  de  Niamtz  e?i  1176. 

Les  Juifo  de  la  Moldavie  pouvaient-ils  construire  des  synago- 
||?ues  eu  toute  tranquillité,  en  tout  endroit?  Les  documents  nous 
faut  eocore  d»'*laut  sur  ce  sujet,  ceux  que  nous  possédons  sont 
['CoatTadictolres.  Le  prince  D.  Cantemir,  dans  son  Ilisioiî^e  de 
ï^ie*,  dit  qu'ils  pouvaient  les  construire  partout,  mais  seu- 
il en  bois  ;  M.  Cogalnitcheaou  partage  cet  avis.  Toutefois  la 
Itridittan  des  Juifs  de  Roumanie,  confirmée,  plus  tard,  par  les 
1  J^acrits  lies  princes  régnants,  n*esl  pas  tout  à  fait  d'accord  avec 
IflKte  opinion.  On  s'opposait  principalement  à  l'édification  des  sy- 
lilgogues  dans  le  voisinage  des  églises,  qui,  de  tout  temps,  ont  été 
tMmibreuses  en  Moldavie. 


'  Ctk  f«r«H  tnppoaer  que  renfaot  n'était  pas  do  cetto  Yillo. 

*  A|m  cbef-lifru  du  district  de  Niamiz. 

i  phM€m  Diinitrie  Cantemir,  qui  a  régné  juB<|ti'e[i  1712  en   Moldavie,  est  cotitiii 
r  éfiiTmin  dtfltûigué.  On  lui  doil  aussi  uou  bifloire  turque. 

T*  XJU,  H**  ai.  9 


Wt  mVVE  DES  ÉTUDES  iVlYES 

La  synagogue  de  Jassy,  qu'un  voyageur  anglais  avait  remarquée 
en  1756;  était  en  pierres  ;  il  en  était  de  même  de  rancieiine  syna 
gogiie  de  Piatra.  11  est  à  supposer  qu'avant  le  commenceaieiit  di 
xviir'  siècle,  les  synagogues  pouvaient  être  construites  en  pierre^ 
et  qu'à  partir  de  ce  moment,  un  revirement  eut  Heu  et  qu'on  m 
permit  plus  que  la  construction  de  synagogues  en  bois.  Le  do^ 
cument  publié  ci-dessous  vient,  je  le  crois,  à  Tappui  de  cetll 
opinion* 

i:ia"ip  n^n  -nis&t  n^:^  bt^ms''  ^^1  brV  n?2n  ûi''3  dî*3  rî:?cr3  •:''Vprt 

m33b  isnD  bDD  nsîîTSNnn  ,tsn  nbnsKTab  rrTî  iDnn  noiDn  n-'rin  eri 
n»j  n"n^  ï*<p-ia  jn&«;"»-i5  ^b?ân  cjbn^  ,fcnprr  nbn  b:?  nbsnn  r^ai 
us'^fit  n"n  i7i«3  "1"'^  lb?:n  bN  nbcai  ,t^'»:3fit73  ir-ûnb  -ob  p«î: 
^b»n  ^£)b^  pnnrtbi  cp^b  ,  Vt  rrc?:  Gn--2*^  p  pn^"*  Vn-s»  ^nni 

Tb?3  ^0  ne<  i!3-iroi  ;Q^33î«7D  c<bi  a-'siJ??:  pn   n'^sn  nx  ri52b>  23 
abi7  n^îb  nb^n  £^n3"in  i:nn2i  D^xr  t:-^,n  nar?a  rrm  n-»r^  rnajf 
.)^?2N':  HD  p'Eb  ]r^Hnn  it3  ï-itrr  pnns«n  n^'nn  ni^D    ïiT^  n:z3 
....  »rD3sn  r^3  nsiDn  b©  rnis^D  b3:6t  ffl  na::»?  i37:nn  i:n3« 
b«)  tonrma  iST^nn  tsi  bib»  'c:"inb  cr  n^:^  nra;:^  l'bpn  mizi 

,TijVn  r\zzzn  n^i 
p  b»-iï5^  ,  *-i^:2i3:^Ty73i-i>  pna:-»  p  ^brs:  .s^to  a-^b  rïTnrr 

^nPTS    p   (pour  nOBl   1DD   .  >  H-'ltfitpDÔ*    pftat'^   p    nTabtî  .nï53?2 

Ce  document  montre  aussi  qu'il  fallait  une  autorisation  ex- 
presse, un  rescrit  du  Prince,  pour  construire  une  nouvelle  syna- 
gogue ;  il  en  était  de  nn^me  quand  on  voulait  reconstruire  une 
ancienne  synagogue  ou  faire  de  grosses  réparations, 

La  synagogue  dont  il  est  question  dans  le  document  s'appelle 
encore  aujourdliui  «  Tancienne  synagogue  »,  bien  qu*elle  ait  é\Â 
démolie  en  1848,  à  cause  des  réclamations  du  clergé  et  des- 
moines,  et  transférée  dans  un  autre  endroit*  Elle  remonte^  sans 
aucun  doute,  au  xvii"  siècle,  la  tradition  Tattribue  au  xv*  siècle* 
La  ville  de  Niamtz  renferme,  de  même  que  Piatra,  les  plus  an- 
ciennes communautés  juives  de  la  Moldavie,  les  historiens  et  les 
pierres  turaulaires  en  font  foi, 

E*   SCHWARZFKLD. 

I  Un  mot  lout'-À-raii  ilUsiblc, 

'  Origitiaire  du  yUIaiço  Grumouicscïili,  pr^s  do  Numlx,  , 

*  Ortgioaire  du  village  Àscutzi  diDs  le  disUici  de  Nfamii. 


BIBLIOGRAPHIE 


REVUE   BIBLIOGRAPniQOE 

j,f  ^^  2»  TRIMESTRES  1886 


^im  UdîfétâAms  en  ftumfûu  qui  iviwmf  In  tiiru  h^brûum  Mf  sonij^aê  de  Pûfttnr  d»  livre, 
«fi«  et  tamftmrdi  U  reumion^  à  maint  çntiUs  nf  êoiemt  entre  ptillemets,) 


L*abandance  des  maliëres  noua  oblige  do  rôsumor  brièvement^  t^n  tCtc  de 

ïtte  KeraCt  les  ûoljces  que  nous  aarions^  suivant  noire  habitude i  dû  placer 

i  la  lutte  dcft  litri*s  des  ouvrages.    On  remarquera  d'abord,   dans  les  Hvrcs 

lèbnenx,  Ui  grande  producliun  de  livres  par  les  autcurâ  el  les  imprimeurs 

usaleiri.  Quoique  la  plupart  dcâ  ouvrages  de  celte  provenance  n'aient 

lût  valeur  et  soient  de  purs  jeux  d'esprit»  il  est  pourtant  intéressant 

îr  quelle  est  l'activité  in  t<f  liée  tu  elle,  môme  mal  diripéo,   des  Juifs  do 

I  TerrC'Sainle-  Elle  s'applique  surtout»  comme  on  le  remarquera,  aux  su- 

audiques»  souvent  aussi  à  la  cabbale.  Les  plus  intéressantes  de  ces 

sont  les  iruduclions  en  langue  vulgaire  (arabe,  persan)   de  diverses 

pirlieft  de  la  Bible,  les  homélies,  le  calendrier  de  Luncr,  et  enHn  ce  recueil 

i^  cooLcs  en  judéo-espagnol  intitule  El  cutnto.  Parmi  les  autres  ouvrage» 

bi^brvux  de  celle  Uevue,  nous  signalerons  (en  suivant  Tordre  alpbabéticfue) 

it«  •"•^  ni-îiH,   la   réimpression   du  Dbl3^  rmn,  le  vol.  XV  des  Dikduk^ 

Sf^ffrim,   de  Rabbinowicz;  le  mbsTS  tDT^n  do  liaer  et  Delilzsch,  qui  nous 

'lonnetit  de  si  bonnes   éditions  des  livres  bibliques  ;  le  n"73&ï  '*!DJ*a,  par 

Uerliue?  ;   le  Massa  ba'  Arab  pourrait  ôtrc  intéressant  si  l'éditeur  j  avait 

ioiiil  les  noies  qu'il  annonce  ;  les  ouvrages  de  vulgarisation  des  sefences 

physiques  et  natufelles.  tel»  que  les  doux  *{Up  Ubiy  n3TD73  et  le  ^ytl  'D, 

>{ni  ne  sout  pas  sans  valeur;   le  Kadmut  ha^Tanhuma.  Parmi  les  autres 

•AivrAges   non   spécialement   recensés,   on  remarquera   Tédition  arabe  du 

vMri  (Al-Ghaaiaril,  la  bibliographie  (si  exacte)  do  rOrienl  latin,  Télude 

I.  ilorowitz  sur  les  médecins  juif;*  de  Francfort,  l'èdilion  des  Antiquités 

•kJoscpbe,  la  leçon  d'ouverture  de  M.  Maurice  Vernes,   la   traduction   du 

T^mad  de  Babjlone  (non  point  parfaite^  mais  utile)  de  Wiinscbê,  l'ouvrage 

deZizamels  sur  Léo  Llebrauuô. 


132  rp:vue  des  études  juives 

n"*^Û  m-i^N  s.  L.  Rappoporls  hebr.  Briefe  an  S.  D.  Luzzalto  (1833- 
1860)...  hcrausgg.  vou  Eisig  Grabcr;  fasc.  3  et  4.  Przcmysl,  impr.  du 
Domkapitel,  188G,  in-8<^,  de  la  p.  151  à  p.  201,  plus  liste  des  souscripteurs 
(4  p.)  et  16  pages  d'extraits  de  journaux  contenant  des  recensions  sur 
l'œuvre.  M.  Gr.  s'est  gardé  de  reproduire  la  recension  de  la  Revue. 

'^ty*\12  brîN  'O  Traité  concernant  les  pratiques  religieuses  composé  de 
quatre  livres  intitules  :  1"  T"?::!  nD-ir72  ;  2°  pC7ûrî  nmnr  ;  3*^  niT^C/^ 
w^rprî  ;  4"  D'^*7^*l^b  TVy^.  Le  premier  livre  est  composé  d'un  texte  nommé 
1:^173  bni<  par  Samuel  b.  Meschullam  Gerondi  ;  d'un  commentaire  3''3D 
bni<b  par  Hayyim  Abr.  Gagin,  et  d'un  autre  commentaire  bï^NH  mr-T» 
par  Salom.  Moïse  Haï  Gagin  Le  deuxième  livre  ne  contient  que  le  texte 
de  Samuel  Gerondi.  Jérusalem,  impr.  S.  L.  Zuckermann,  5646  (1886\ 
in-4''  de  {16)-102  flf.  (1«''  livre)  +  ^î»  ^1-  ^2"  l-)-  Nous  n'avons  pas  vu  la 
suite. 

Û'û  "^bilN  'O  Apologie  contre  l'accusation  du  sang  par  Kohn  Zedec.  Lon- 
dres, libr.  Vallentin,  1883,  in-8«  de  112  p. 

Homélie  sous  formes  de  roman  ou  roman  sous  forme  d'homélie  ;  beaucoup 
de  loquacité  et  d'emphase.  —   D.  G. 

11ï^î<  ITN  '0  Petite  encyclopédie  talmudiquc  par  ordre  alphabétique,  avec 
renvois  aux  sources,  par  Aron  Azriel;  édité  par  Abr.  Azriel.  Jérusalem, 
impr.  Samuel  Lévi  Zuckermann,  5646  C1886),  in- 8°  de  106  ff. 

ûbi:^  na'^ni  'O  avec  T^^72!l  niDpn  Réimpression  du  texte  de  Yedaya  Pe- 
nini,  avec  le  commentaire  TV012  'wlD""!  de  Moïse  b.  Mardochée  Lévi 
Galante,  de  3n;ana:^U5,  demeurant  (fin  xviii«  siècle?)  à  mrnao,  en 
Pologne,  édité  par  Hayyim  Lazar  Basch,  de  Marm.-Szigeth.  Presbourg, 
impr.  Lôwy  et  Alkalay,  1886,  in-4"  de  ix  p.  et  24  ff. 

Celte  édition  est  faite  d'après  une  édition  de  l'année  1791  ;  d'après  Ben- 
jacob,  il  y  aurait  une  édition  avec  ce  commentaire  faite  à  Wien  en  55C4 
(Î804)  ;  Fûrst  indique  une  édition  do  Wien,  1791,  mais  sans  la  décrire. 
L'éditeur  actuel  ne  donne  aucun  renseignement  précis  sur  l'édition  quil 
reproduit.  On  ne  voit  pas  dans  la  préface  de  Moïse  Galante  à  quelle  époque 
son  commentaire  a  été  rédigé. 

ClDT^  "^33  'O  Consultations  rabbiniques  de  Josef  Jesua  l'^'lî^p  fils  de  David 
Abraham.  Jérusalem,  impr.  Zuckermann,  5345  (1885),  in-f*  de  20  ff. 

pnO*^  "^33  'o  Homélies,  oraisons  funèbres,  novolles  bibliques  et  talmu- 
diques,  et  consultations  rabbiniques  par  Isaac  "^I^'Cpî^.  Jérusalem,  impr. 
Moïse  Pérec,  Abr.  Is.  Gagin  et  Samuel  Lévi  Zuckermann,  5644  [1884)  ; 
in-P  de  135  +  (2)  ff. 

n'*Dpi  iT^nO  ."^Np-in.  Barkai,  Schutzschrift  des  M.  L.  Rodkinssohn  gcgcn 
die  iùgenhaft  verlâumderischen  Angriffe  des  Keichsraths-Abgeordnelen 
Dr.  Bloch.  L  Heft.  Wien,  chez  l'auteur  ;  Presbourg,  impr.  Lôwy  et  Alka- 
lay, 1886,  in-8°  de  56  p. 

On  avait  accusé  M  Rodk.  d'avoir  été  le  collaborateur  de  Rohling  ;  il  s'en 
défend,  c'est  bien,  mais  c'est  assez,  et  la  publication  d'autres  fascicules 
nous  paraît  tout  à  fait  superiluc. 

iVil^  w"n*7  'o  Doresch  l'Zion,  ZionsFreund,  worin  i'iber  jûd.  Colonisation 
im  hciligen  Lande,  in  4  Capitel,  gesprochen  wird,  von  Ch.  Jacob  Kremer. 
Varsovie,  libr.  Jacob  Sapirstein,  1886,  in-8o  de  109  p. 


*^/*D  Variae  lectionos   in  Misclinam  et  in  Talmud  babylôDÎ- 
.-    auctorc    Rapbaclo    Rabbinovicz.    Pars   XV,    tract    Meiiachot, 
ildi,  impr  E.  Uuber»  1886,  in-8"  de  274  p. 

'C    La  hédm  (KnT'N)    rabba  du  Zobar,  en  format  de  poche. 
cm,  impr.  Solomoa,  o(î45  (1885),  in-32  de  1R2  ff- 

HD^  va  npiOS  msbn  n!:D    Recueil   de   nalakbot,    altribué   aux 
des  de  Jcbudai  Gaon,  pubîic,  d'après  un  ms.  unique  de  la  Biblio- 
ae  Bodlèienne  d*Oxford,  par  Léon  Scblosberg,  avec  une  lettre-préface 
L'J.  llolborstam  (en  hébreu).  Vcrsadlcs,  impr.  Cerf,  1886,  in-8**. 

L«  publtcaUaii  des  œuvres  des  Geoiiim,  Buccesseurs  dtss  derniers  doc- 
teurs ulmudiques  appelés  St&ouraim,  a  bit  de  grands  progrès  dans  lo  cou* 
rtot  do  ces  dernières  années.  Cetto  ItUërature  est  repréteEléo  :  V  par  des 
iHires   ou   eonsiiltatioiia    casuistiques  ;  2''  par   dea  rocueits  des  règlea  ri- 

cUdi  ou  Hâlakhot,  Les  Coosultalions  sont  en  cours  de  pubiîcation  par 
|.  le  D*^  Joël  Miiller,  dans  le  Bet  Talmui^  et  par  notre  ami,  le  conseiller 
r&Ut.  M.  lo  D**  A.  Harkavy,  IiibtioLltécaire  de  Saint-Pétersbourg  (voir 
•,  XII,  p,  308',  Quant  aux  Ilolnkhol.qui  portent  te»  djfTérentes  déDomï- 
tla^QS  de  mpiDD,  ri31^p,  ni3?1Dp,  etc.,  et  qui,  pour  la  plupart,  sont 
rédigées»  comme  les  CouBultatîons,  eu  langue  iiramévune,  ridiome  talmu- 
iljque^  on  les  trouve  cil<%s  dana  plusieurs  ouvrages  du  xi*  et  du  xit'  siècle  ; 
(|ae!tpies-unes  ont  éU  publiées  par  M.  IL-M.  Horowiu  dans  ses  opuscules 
ml.ltdés  C^-IISKI  bo  Imin.  Pour  les  Recueils  de  lïalakhot,  nn  n'eu 
eootiaissAit  juaqu'à  présent  que  deux  :  P  celui  de  H,  Sîméon  ttn'^'^p,  inli" 
lulé  HaUÂkot  gtd&lot,  publié  cinq  fois  avec  et  sans  commentaire  (Si  nouS' 
M  nous  trompoos,  une  édition  définitive  et  critique,  d'après  le  très  ancien 
ma.  du  Vatican,  est  en  préparation);  2'  celui  de  R.  Jehudaî  Gaon,  intitulé 
np'OC  'n  ou  lïO  rr.  c'est  M.  Steinscbneider  qui  en  fait  connaître,  pour 
b  première  fois,  l'exisletice,  Vayoçt  trouvé  dans  un  traité  anonyme  sur 
oTJÏ^Sl  HtaTûD  en  arabe,  qui  doit  Otre  attribué  à  Samuel  Jumat  comme 
Ta  montré  M«  tialberstam.  Un  ms.  de  ceâ  Halakhot  a  été  retrouvé,  en 
IST3,  daos  la  collection  des  oiss.  de  lu  Rodléienne,  malheureusement  il  est 
laeomplçt.  L'origiual  de  ces  Halakhot,  d'après  les  passages  que  Samuel 
Jama  eo  donne,  était  écrit  ea  araméeu  ;  le  ms.  d'Oiford  eu  contient  une 
traductioQ  hébraïque,  faite  (mais  non  par  Hefez  ATouf)  pour  des  com- 
maututés  qui  ne  comprenaient  pss  Faraméen  ou  ne  rentendaîent  qu'im- 
jAfCiîteaieut.  C'est  ce  ms,  que  M.  Schlosberg  vient  de  publier,  presqtiM 
diploflDAlîquemeol,  m  raccompagnant  do  renvois  au  Talmud,  qui  uidcut  le 
lt«tear  à  comprendre  te  fcns  de  certaines  Halakhot,  qui  semblent  avoir 
k\A*  r^\T'-<ii\^vSy  soit  par  le  traducteur,  soit  par  le  copiste.  La  lettre  do 
ïm  retrace  l'histoire  littéraire  de  ces  ïlalokhot*  la  découverte  et 
n  du  ms.,  la  liste  «Us  ritutions  faites  dans  certains  ouvrages 
de  ce  iriiié.  qui  justifie  ridefUidcatioii  de  ces  Ilalakbot  avec  celles  qui  fu- 
raal  r^uttji»s  par  l'école  A^  Jehudaî  Gaon.  Celte  publicalion  montre  que 
ScnéûQ  fin^^p  a  inséré  ces  IJttlakhoi  dans  son  recueil  et  n'a  pas  lui- 
Dilina  ftfrvi  à  cet  ouvrajfre  comme  on  le  croyait  jusqu'à  présent.  Ce  serait 
oti  in'nfid  poiot  acquis  k  Tbistoire  des  Halmkhot,  si  mËme  on  ne  trouvait 
t  de  nouveau  dans  cet  ouvrage.  —  A^  N. 

Ï^C  Additions  nu  livre  d'Alfasi.  par  Mescbullain  llls  de  Moïscî 
êJudi  de  Béxîer?*»  L  mir  Hnba  Kaniil,  édité  d'après  le  m»,   du  baron 
'  Oùaihurg,  avec  m\  conuuen taire,  intitulé  n^ûVwnn  min,  par  Juda 
'  ^\\  Purin.  1885,  t, 

Lri  rahhiaa  du  midi  dv  la  France  se  sont  presque  exclusivement  consa^ 
«^  a  roiupléter  les  1îvto&  halakhiqurs  de  R.  Isiiac  AllaEi  et  de  Maïmo* 
^'4^  qui  étaient  étudiés  partout  ciû  il  avait  des  communuutôs  juives.  C  osl 


134  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

pourquoi  ces  additions  ou  ces  commeutaires  avaient,  pour  ainsi  dire,  un 
caractère  local  :  ils  ne  se  répandaieut  guère  au-delà  de  la  province  qui  les 
avait  vus  naître  ;  c'est  aussi  pour  cette  raiscn  que  les  ouvrages  des  rabbins 
de  la  Provence  se  sont  peu  conservés.  La  bibliographie  et  la  biographie 
de  quelques-uns  de  ces  rabbins  ont  été  faites,  on  grande  partie,  par 
M.  Grross,  et,  dans  le  vingt-septième  volume  de  Histoire  littéraire  de  la 
France^  on  en  trouve  une  vue  d'ensemble.  M.  Lubetzki  aurait  mieux  fait 
de  reproduire  simplement  en  hébreu  les  articles  mentionnés  ci-dessus  sur 
MeschuUam  de  Béziers  que  de  citer  les  données  peu  correctes  de  la  pré- 
face d'Isaac  de  Lattes,  le  jeune,  et  de  Touvrage  d'Abraham  Zakkuut.  11 
n'est  nullement  prouvé,  par  exemple,  que  MeschuUam  n'adhéra  pas  a 
la  cabbale  en  général,  par  le  fait  qu'il  avait,  conjointement  avec  d'autres 
rabbins,  déclaré  le  livre  Bahir  une  falsification  due  à  Azriel.  Mais  il 
semble  que  les  rabbins  polonais  ne  peuvent  se  dispenser  d'écrire  de  lon- 
gues préfaces  et  de  commentaires  plus  étendus  que  le  texte.  On  pourrait 
dire,  avec  M.  Dukes,  que,  pour  eux,  le  texte  est  un  prétexte  aux  notes. 
M.  L.,  vivant  à  Paris,  aurait  pu  s'informer,  sans  difficulté,  de  la  signifi- 
cation du  nom  de  !i"ntt"^*l,  et  il  aurait  appris  que  c'est  -lllTai,  Ramerupt, 
ville  natale  du  fameux  Jacob  Tarn  et  de  son  frère  Samuel,  petit-fils  de 
Baschi.  Dans  la  première  note,  a  la  pageui,  il  aurait  pu  mentionner  que 
n^nabn  -^C-n  CO  ^^<^■•  vendit  le  ms.  du  rîTabtJn  'O  le  jeudi  3  ïjy^T 
5135  =  1375  à  Don  tbplDw.  Les  noms  des  propriétaires  de  5149  sont  ef- 
facés. —  A.  N. 

ïf'nïl  mbbîSI  "^^^Onn  'o  Novclles  talmudiques  par  Zeeb  Wolf  Hallévi  ; 
Jérusalem,  impr.  M.  Péreç,  Nahm.  Polito  et  S.  L.  Zuckermann,  5645 
(1885),  in-4'  de  8  p.  et  83  fîf.  ;  2*»  part.,  Jérusalem,  impr.  A.  M.  Luncz, 
5645  (1885),  in-4''  do  24  ff.  L'autour  a  lui-môme  entouré  son  texte  d'un 
commentaire. 

dblJ^ïl  mpin  'o  Sur  les  règles  de  Kilaim  dans  les  vignes,  les  plantes  et 
l'usage  des  botes  de  somme,  d'après  les  casuistes  anciens,  et  diverses 
consultations  rabbiniques,  par  Moïse  Néhémic  Cohanow.  Jérusalem, 
impr.  Joël  Moïse  Solomon,  5646  (1886),  in-16  de  40+20  ff. 

Texte  avec  index  et  commentaire  du  mÔme  auteur,  plus,  dans  les  vingt 
dernières  pages,  des  dissertations  sur  le  même  sujet  par  le  même. 

dbiyb  d-^n  'o  et  2«  part,  du  Û"^*^n  nTD"^»  'o.  Explications  sur  VÉben  éz^r, 
I)ar  Nissim  Hayyim.  Smyrne,  impr.  Hayy.  Abraham  (1886),  in-f*  de 
162  flf. 

niba%  TÛ!an  Quinque  Volumina,  Canticum  Canticorum,  Ruth,  Threni, 
Ecclesiastes,  Esther  ;  Textum  masoreticum  accuratissime  expressit,  e 
fontibus  Masorœ  varie  illustravil,  notis  criticis  confirmavit  S.  Baer  ; 
prœfatus  est  edendi  operis  adjutor  Franciscus  Delitzsch.  Leipzig,  libr. 
Tauchniz,  1886,  in-8»  de  viii-99  p. 

ïlbK  npn  Benedicti  de  Spinoza  Ethica  ordine  geomelrico  demonstrata . . . 
Die  Ethik  (Tugendlehre)  des  berûbmten  jùd.  Philosophen  Banicb  Spi — 
noza  hebr.  ûbersetzt  nebst    ausfûhrlicher  Einleitung  und  erlâutemderra 
Noten,  von  S.  Rubin.  Wien,  impr.  G.  Brœg,  1885,  in-8«»  de  lxiv-288  p  - 

d'^Tinn^  n"7aK  "^73^23  Lehrgedicht  ûber  die  Accentc  der  bibliscbcn  Bûch&T- 
n"73N  nebst  Commenter  von  Joseph  b.  Kalonymos  (in  der  2.  Haifle  des 
13.    Saculums).    Un.    M.    G.  Lewy   bcim  Einlritt  in's   Greisenalter. .  • 
[70  ans]  gewidmet  von  D^  A.  Berliner.  Berlin,  Roscnstein  et  Hildesbcî- 
mer,  1886,  in-S*»  de  5-6  p. 


BIBLIOGIUPHEE 


135 


M.  Bcrliutir  «  mis  en  tête  de  ce  poème  didactique  une  étude  &\ix  rsu- 
lipiir,  dont  Zuny.  s'est  déjà  occupé  dons  Gt»ch,  u.  Lit.^  p.  tll.  D'après 
î'  .  Tautpur  est  Joseph  de  Xaulhco,  fils  de  Kalouymos  do  Neuss 

1  .  .  pclit-fils  du  nahdan  Simsoa,  et  nttkdan  lui-même.  lia  vécu 

i  U  Iju  (iu  xTu"  silMrle. 

r|rnît3  D'^Timn  Histoire  des  Juifs  à  Jérusalem  et  dans  les  autres 
Tt!k*  de  la  Terre  Sainte  depuis  l'arrivée  de  Moïse  Nahraanidû  à  Jéru- 
stlcm  CD  12G7.  Chapitre  i"',  de  1257  à  14î)2.  Titre  manque  {Jérusalem, 
ia6tVfj.  io-ir»  de  48  p. 

ïTtV^nS  'D  Abrège  en  hébreu  du  D^:''3Dî3  iriM  (de  Salomon  ibn  Gabirol) 
|iir  Samuel  b.  Joscf  Çoref.  Jérusalem,  impr.  Samuel  Lcvi  ZuckermaDiî 
etC*%  5615  (1885\  iii-15  do  20  fl*. 

T^  X5  'O,  2r  partie.  Jérusalem,  irapr,  Zuckcrmaun,  5646  (1886),  in-F  de 
171  C. 

I  ttT  rreV  m^  avec  Dbnin-»  niD^DT  Aonuaîre  pour  Vannéo  5647  (1886- 
T^,  par  M,  Àdelmaon.  Jérusalem,  impr*  Luncz,  in-32  de  14-(34)-(20)  p. 

ConUeoi,  outre  le  caleadrier^  de  pelites  ûotices  but  les  iQStitutions  juives 
de  Jéru9«leni,  le  eoomierce  et  rindustrie,  etc.,  et  les  calonieâ  agticf^les 
Imrts  de  PalcsiiDC. 

'  STî?  '  -  "îî3fit?3,  V^  fascicule,  ReceDsion  d'uue  grammaire  bûbraïque 
'  i'iiéio  soUR  le  litre  de  13?  pvsb  '^Dn:??^  h  Varsovie,  V^-  Uoium, 

•  -ô   :  par  Israël  Isser  b.  Moïse  Goldblum,  Paris,  s.   impr.,  5646 

m-8'  de  29  p* 

M*  Gûldbl.  est  bien  âpre  dans  sa  critique,  c'est  le  défaut  de  la  jeu- 
nesse. L'ouvrage  qu'il  ex&miae  feroit  uu  plagiai  fait  à  Moïse  Cobeu  Rei- 
rberaoha,  grammaineQ  dout  M*  Goldbl.  a  une  bonue  opinion* 

'*'?;  'D  Discours  en  rhonneur  de  Sir  Moscs  Moiitefiore  à  roccasîoii 
fitiéme  année,  par  Issacîiar  Ltiheusûha  Pinsker,  Jérusalem,  impr. 
i>.  U  iiockermanQ.  5645  (1885),  in-16  de  16  ff. 

K""*ia  yC*Z  Reîse  durcb    Europa,  pai  E,    Deinard,    Presbourg,    impr 
l^^wy  et  Alkalay,  5645  (1885),  iD-8^  de  19G-{2)  p. 

Nous  avons  déjà  décrit  cet  ouvrage  au  moment  de  la  publication  des 
prcmiires  reuille?.  Tauteur  ne  presque  aucune  des  qualités  qu'il  faut  t  un 
t«r^|reur,  il  n'a  pas  une  préparalioD  ecientillque  sartisatiie,  il  ne  seil  paS' 
v^Kî  oi  comprendre,  i\  doone  des  faits  auxquels  il  assiste  les  explications 
)c«  plut  rifllcules.  et  aouveut  il  ne  rapporte  de  ses  excuraîons  que  des 
prtipot  de  portières.  Ce  qu'il  dit  sur  la  Bussie  a  plus  de  valeur,  cest  uu 
fBfê  tj^'tX  coupait. 

:  îtC^Î3  Die  Tbicrgebjldc  (Cbcnibim)  îd  der  Vision  des  Propheteti 
bialt  hislorisdi-kritisdi  beleiicblol  ;  in  zivei  Theilen  :  L  Die  Pro- 
IV  Die  Angelologio.  Wieu.  impr,  G.  BrOg,  1886,  in-ft**  de  64  + 
fÊ  ^  Lm  ••conde  partie  a  pour  litre  C^&tbT:?!  'D^  et,  sur  le  tilre,  la 
pg«Blëf«  partie  est  datée  5643  (1888)  ;  la  seconde  pnriie,  5G44  (1884)  ;  la 
dbio  l^tSi^  Me  trouve  sut  la  couvcrlure*  Le  tout  est  extrait  du  Schachar, 

72  SS1S  Ifaê^a  ba'  Arab,  Bomanclli  's  travels  in  Morocco  towards  tbe 

(lite  19,  Onturv  ;  lilth  édition,  uilb  prclaee,  notes  aud  life  of  tbe 

,  hy   S.  M.  Scbilter'SziQessy,  in  Iwo  parts,   bcbrew  and  englisb. 


136 


REVUE  DES  ETUBES  JUIVKS 


1.  Hebrcw.  Text.  Cambridge,  Deighton  ;  Londres,  Georges  BcU;  Leipzig» 
Brockhaus  ;  1886,  iu<8«,  de  C4M2  p. 

Olte  parlîe  Lébraîque  ns  contient  pas  la  biographie  dd  l'auteur.  Li 
relation  de  voyage  ue  manque  certainement  pas  d'intérêt,  ccpeadant  on 
y  cherchera  en  vain  des  iadications  précises  de  statistique  sur  les  Juifs. 


I 


I 
I 


•^S^ï^  nniO?3n  Dor  arme  Poet,  ein  Schauspiel  iii  einem  Aufzuge  von  August 
Kotzebue»  nebst  Schiller  's  Résignation^  ûbertragen  in  's  UebrâiscLo  von 
Isidor  Brûstiger,  ous  Zurawo  (Galizicn)»  gegcnwârtig  in  Lemberg.  Lem- 
berg,  librairie  Jacob  Ehrenpreis,  in-8*  de  56  p.  ■ 

n^*îirp  "^DID  &ll*^n  Uy  '^bx^V  'P  Proverbes,  texte  hébreu,  avec  traduction 
judùo-persaiie  et  un  petit  commoalaire  {béur),  par  Benj.  b.  YoLanan 
Cohen,  de  Bokhara.  Jcrasalem,  imp.  A,  M.  Luncx,  5645  (1885),  in-S**  de  M 

y^lTT  "^blDTa  Recncil  de  proverbes  et  dictons  traduits  des  langues  étran- 
gères et  môles  de  maximes  originales^  par  Sleinberg.  Vilna,  libr.  Romm, 
11885  ?1,  iû-S-^de  36(i-xn  p- 

L'auteur  s  est  elTorcé  de  6*en  leuir  a  la  langue  biblitpip,  son  elyle  est 
pur  et  coulant  ;  ses  réilexions  sont  qualquefûiâ  d'un  pédagogue  de  pro- 
fessiou.  — ■  U.    G. 

m^lC*  y^lZiSil^  'D  Homélies  sur  divers  sujets  (Introduction,  les  rrmlcs  de 
Sion,  les  murs  de  Jérusalem,  les  londemenis  de  la  lerrc,  les  consolations, 
la  construction  de  Jérusalem,  l'Alliance  israôlitc,  elc«),  par  Israël  Ben- 
jamin Lempert,    Jérusalem,  impr*   Zuckcrmann»  564[>  (1885),   in-lti  de 

:îHtr. 

K33nttT  Nn'^nn  pp  ûbi:?  nrtîTJ    Principien   der  Cbemie ,   par   Benjamin 
Scherscbewski.  Jérusalem,  impr.  M,  Lnacz,  188t>,  i«-8®  de24-viit  p. 
Utile  vocabulaire  à  la  fin,  disposé  par  ordre  alphabétique. 

mn3  n2073  pp  Ub^y  nsn^  Die  descriptive  und  topographischc  Anatomie 
des  Menschen,  par  Benjamin  Schcrschewski,  Jérusalem,  impr.  A.  M. 
Luncz,  1886,  in-8°  de  69  (1)  p. 

6tt31T  «TiK  mo  La  hadra  zuUû  du  Zohar,  en  format  de  poche.  Jérusalem, 
impr*  Solomon,  5645  (1885Ï,  in-32  de  104  (T. 

np^n  nmîDCHb  mir^bo  "10  Prières  de  pénitence  pour  la  prière  matinale, 
selon  le  rite  sefardi,  avec  addition  de  piuiîm^  de  la  grande  confession, 
cxpUcatioii  des  mots  pour  les  sâlihot  et  les  ùaccaschot^  etc.,  édité  par 
Isaac  Moïse  Mordekhaï  Dayyan.  Jérusalem,  impr.  Samuel  Lévi  Zucker- 
mann,  5645  (1885),  in-16  de  56  ff. 

•m  DDIO  '0  Espèce  de  discotirs  ou  d'homélie  sur  les  devoirs  religieux  de 
la  ^GCa  et  du  Maà,  par  David  Cohen  Wilner  (de  Vilna).  Jérusalem, 
8.  impr.»  5645  (1885),  in-16  de  70  p, 

L*auteur  avoue  lui-m{^me  qu'il  a' accorde  aucune  importance  à  cctto 
élucubratîoti. 

ni^^^O  avec  sous-titre  VeïnC^  U^b  U^b'p'^^')  nai^  y^b?a  Apologie  du  ju- 
daïsme, par  Eliézer  Ccbi  Cohen  Zweifel.  Varsovie,  impr.  Isaac  Gold- 
maim,  5645  {1885),  in-8"  de  310  p. 

L'ouvrage  paraît  avoir  fait  quelque  sensation  parmi  les  Israélites  ru^M, 
il  nWt  pas  sans  valeur,  mais,  en  somme,  il  se  lient  dans  les  routes  battues. 


I 

I 


BIBLÎOGRAPMTE 


137 


^12T  'D  liecucil  d'homélies  sur  la  Geuoso  prôcliécs  par  Tauleur  dans 
Lj6ttQ6ase  et  rédigées  par  lui  à  Tâge  ûq  qualrc^vingls  ans,  avec  additions 
par  Senior  Zalman  Meudillowicz.  Jérusalem,  impr,  Abr.  Isaoc 
l«iia«nlMiitin  et  Aron  Azrit^l  Rokeah,  5644  (1884)  ;  in-8«  de  41  +  (l)  ff. 

L'auteur  a  été  à  Bombay  ;  il  adresse  des  remerciements  à  des  personnes 
de  Londres,  Francfort,  Amsterdam,  d*im  cUé;  de  Calcutta^  Shanghai. 
Aden. 

Ç*  *D  L'œil    et    ses    mala^ieSj    par    Israël   Homber^,   Odessa,    împr. 
.  SchuHzc,  1886,  îo-8*»  de  55  p. 

Y^  '5-  I  '  Comraeulairc  sur  certains  passages  do  Samuel  et  coiisidé- 

lUotu  sur  Samuel,  par  Juda  b.  Yebieï  Behak  (pïirïm)  ;   Vilua,  iinpr. 

I?»  RoiDin«  5644  (18841,   in-S*  de  r>8  ff.  —  ÎI  :   lulitulô   D-'Sn^rT  n?:ôï^ 

ibm,  Bxamen  des  passages  bibliques  où  il  est  question  dos  prùtres  et 

t  térites,  par  le  même;  Vilna,  ibid,,  5645  [1885],  in-S*  do  64  p. 

L'auteur  éTidemment  n'est  pas  au  courant,  il  ne  connaît  ({ue  les  sources 
rabbiaicjfueSt  oais  il  nous  a  semblé  qu^au  milieu  ûe  beaucoup  d  enranLîilages, 
soo  étude  coQtieol  cependant  des  indications  intéressatiics. 

''CB*i"5'^D  Commenta rzrnn  Sepber  Jez ira  von  R.  Jehuda  b.  Barsilai 
tott  Barcetona  (Anfang  des  xil  Jahrlmiiderls),  nacîi  der  emzigen  Hand- 
icàhn  lu  Padua  zxim  ersten  Maie  brsgg.^  mit  EmleHung  uud  Anmerkun- 
|flu«  toa  S»  J*  llalberstam,  nebst  ergânzendeu  Noten  von  Prof.  D^  D. 
•  RutteiAnii.  —  Berlin,  à  la  Société  M'kizc  Nirdamim»  1885,  in- 8"  do 
\  xix*354  p*  ;  dernier  volume  de  la  première  année  de  la  Société  M'kizo 

U  est  superflu  de  dire  que  l'tnlroductioQ  du  savant  M.  Halberstam  est 
friM  avec  soin.  Elle  contient,  entre  entres^  la  liste  des  ouvrages  et  des 
ÉÉInirs  cit^  dans  le  livre  ;  la  biographie  de  l'auteur  et  la  description  de 
Mt  ouTragei  ;  Tindicalion  das  auteurs  ou  des  ouvrages  qui  le  citent  ou 
patient  de  lut.  Reste  à  savoir  n  le  Ii7r6  est  aussi  iotéressaol  que  rauteur, 
e*eft  uo  examen  auquel  nous  no  nous  livrerons  pas  aujourd'hui,  mais  on  a 
SaTotoûtaireoient  un  préjugé  contre  ce  genre  do  littérature. 
M.  Halberstam  nous  prie  de  taire  les  rectifications  suivantes^ 
P.  XV,  l.  \k  :  54  Isann^fT*  lisez  :  44  DA^n^n  ;  1.  22  t  n"l  '^^SDDl 
Y^TXt  il  paraît  «*avoir  connu  ce  dernier  que  par  la  citation  d^un  autre 
tauufi  L  36  :  rNT»  lis«z  :  inbl1?l  1î:T-  —  P.  ïvi,  L  27-28:  H''nni 
tC^^JC-iab  t<:i3n:73  D"a  a*a  T^^.  passoge  déjà  citiS  par  S,  Sttciis 
diot  p32bn  n3D  de  Bril,  vi,  167.  On  y  dit  aussi  que  Isaac  b.  Abba- 
Mari  alla  également  à  Barcelone.  —  P.  xvn,  h  io,  ^I^H  '^"^im.  bsex  : 
^^r:    'nm,  l  35,  ÉT^^TS,   lisez  ;  HSITStD.  —  P.  xvm,  L  17.  jri"»   txb, 

Bd  :  scn  yn-'  »b.  —  P.  XIX,  L  vu  i^nn^n  Dip^^ai,  lisez  ; 

If-  i^'zTz  u>  imnîtn  Dip^av;  1.  1^,  r:aD^S7:i  mx,  lisez  :  nii: 
M  ':^*zy  r::3^'j::?3 .  i.  35,  'idi  D"3?3nrrb  ni2  Q^pi,  bse^  :  cipi 
•2  -ni'  nensi.  nb  onp  ntt''^  pn^^  "i  D373«  û"!3?3-inb  nî3 
D"2^rinb  a*'r:?b  ib  rrn  nw-^a  ï'h-i,  —  p.  xxi.  i.  26,  irsbbc* 

liÈtt  :  irrDblD;  1.  38,  •'D^D,  Usez  :  tDin*'D?D,  —  P.  xxni.  1.  15,  160  'y, 
baes  :  106   'y  i  L   18,  160  *y.  lisez  :    ili6    *y,  —  P.   xxv,  l-   îi,  ffiV^I 

î'ii  TT£K:iB«':3,  lisez  :  3P20  T,^  m  'ri  'lS1  l^S&t3&î?:3  o't3  *y^ 

Sêfmt  dei  Ètudti  juire*.  IV,  :?"izn  ptt^iS'^ip  11  D^nn  121^1^ 
îtT;    L3y,  *J1D?T21,   hsejt   :   «irr    ^1En:i.    —    p.  XXVI,  dern.    L  3n3l 

n^bxna  rmrr  'nn,  ajoutez .-  3"7:p  '-«o  n"u  y"yznn  u:^  hsi^.— 
I»,   iivm,   u   23,  nrra  pnsbb,   lisez  :  ti5  &*3n?D  im^  isnsb 

T3bï2.  —  p.  xxis,  L   36'  Ô""an,  lisez  :   C^:33.  —  P.  xxx,  1.   21,  y'^'^0, 

fia**  •  yV'D-  —  Il   f^Biut  ajouter  aux    auteurs   qui  citent  H.  J.  Barcebat, 

adeî  Cres  cas,  qui  dit  de  os  U  préface  de  son  Or  Adonai   :   llSHfll 


138  BEVUE  DKS  ETUDES  JUIVES 

ms-neïa    •'sib^nalr»  '••Jîsn  niiri'*  n"nrT  nîm»  ïtsttd 
cnmcm  Q-^iiKarr  mpbn?3nn  biii.   Ce  ikûssage   ma  èié  siga 

par  M.  J.  Lcvy  de  Bresl&u. 

'^D'T^IÎD  ''^ID  'O  Novcllcs  talinudiques  et  bibliques  suivis  d'une  homélie, 
Mardocbée  Abraham  ^h^»  ûli  de  Tobic  Hosenlhal  £n3*'Vl9*  Jérosalfi 
s.  imp.,  5615  (1885),  in-16  de  38  tf. 

Y^T:  "^hd  '0  Comraculairc  sur  le  Pcotateuque,  F"  parUe,  Geoèso,  fixoi 
Lévîlique,  par  Juda  b.  Isaie  1^113.  Mnnkacs,  impr.  Pinbas  Blayer,  1' 
iii^<*  de  204  tr. 

Drin  *'mrs  'o  NovôUcs  sur  le  Pentateuqne,  par  Jacob  fii^^tT*3&l,  pah 
par  son  fils  Aron.  Jérusalem,  impr.  Elbanan  Tennenbanm  cl  Aron  Azû 
5045  (1885),  in-4«  de  150  ff.  L'auteur  est  de  TaiUelt,  au  Maroc 

rilfitlX  Teslameot  relig:ieux  el  moral  de  Juda  b.  A&cber  et  de  soo  ùé 
Jacob,  uuleur  du  Taur,  publié  par  Salomçn  Zalman  Sebechler,  Presboiug 
impr.  Lôwy  et  Alkalaj,  5645  (18B5],  iD-8''  de  19  p.  Extrait  du 
Tatmud. 

Publié  dVprès  ua  ms.  du  BriUsh  Muséum»  de  Loodres.  Les  ptèoet 
iatéressa&tes  pour  rbi^toire  iatellectuelle  et  littéraire  des   Juifs,  M*  Sel 
discute,  eolre  autree,  ao  petit  problème  de  chronologie  irhn  importiot  { 
la  biofçraphie  d'Ascbfir  h,  Yohiel  et  de  son  fils  Juda* 

Voici  quelques  observations  sur  le  texte  et  sur  les  cooséquencesàotol 
pour  la  biographie  du  Roech  f  Ascher  b.  Y'ebiel)  et  de  son  âb  Juda,  U 
d'abord  corrif^cr  certaines  lecture»  du  manuscrit^  qui  est  tr^  dêfe&tocaii 
Page  12,  L  23,  il  est  oertaia  qu'il  faut  Lire  rY'O  eu  lieu  de  ^*''J2.  «tUfl 
absolumenl  hors  de  doute  que  c*est  en  (50)65  =  1305  que  le  Hoseh  est  tbb 
eu  Espagne.  —  Mâmc  page,  dermère  hgoe^  au  lieu  de  ^n  li^ez  K^S  X^^ 
=  1321  ;  correction  prouvée  par  loul  le  contexte  et  par  p.  13,  l  U. - 
P,  13.  l.  9,  au  lieu  de  T^  il  faut  Tf'b,  le  nombre  est  alors  37Û41,  w  f 
est,  à  une  unité  près,  le  total  des  sommes  éouméréeF  eu  détail  plus  biuli 
TuDiié  eu  sus  est  donnée  înteaUonDellemeDt,  elle  a  été  omi»e  dut  \ 
chiUres  ronds  qui  précèdent,  mais  elle  se  retrouve  plusieurs  fois  daas 
tuile.  —  /Wo  I.  17,  le  second  D^rÉ*73,  qui  n'a  pas  dû  sens,  doit  êl 
corrifî^é  en  D'^:?3-|C«,  ou  bieu  eu  'ai  =  •  et  4U  •,  et  alors  t9Ut  «slbiBfi. 
Ihid.,  L  21.  VÎTO  est  juste,  il  est  commandé  par  le  i^ap  qui  préc^ 
—  P.  16,  dernière  ligne,  la  eorrection  T^ïîn  pour  K"3làn  est  i^'^. 
n'a  qu'à  faire  le  total  des  sommes  de  la  page  suiTanU»  pour  le  voir; 
leçon  indiquée  dans  la  noie  30  est  la  scute  boune.  *—  P.  17.  1,  3,  ilfiQl^BI^ 
au  lieu  de  n^D*  —  Ces  correciions  étant  faites,  tout  est  à  pea 
ordre,  et  comme  Juda  dit  lui-même  que  son  père  asl  mort  23 
après  son  arrivée  en  Espagne,  il  tlut,  avec  le  Tûkn&im  et  d'aulrtf, 
décidément  la  mort  du  Rosch  en  5088  (oct.  1327)  et  nou  eo  5081.  ifor 
qu'une  ditiiculte,  noire  pièce  ^arafj  dire  (j©  dis  paraît,  car  ta  phrase  est 
peu  étrange)  que  de  la  mort  du  Bosch  jusqu'au  jour  où  la  pièce  fut 
(hn  novembre  5109  =»  1348],  il  sVst  écoulé  T":^  (27)  ans,  ce  qui  pia< 
bien  la  mort  du  Bosch  eu  5082  (1321).  Mais  il  faudrait  alors  admettre 
Juda  fut  rabbin  de  Tolède  pendant  tl  ans.  et  son  épitaphe  [Â^nf  Zicu/t 
dit  bien  21  ans.  On  ne  gagne  rien  à  corriger  (p.  12,  L  4  en  bas!  T"3 
fl^Dt  ^^^  1&  suite  montre  bien  que  Juda  a  fait  avce  la  communauté  de  Tolh 
trois  contrats  de  10  ans  chacun,  el  qui  doivent  se  diviser  ainsi  ;  un  coml 
de  10  ans  tenu  jusqu'à  expiration  {p.  12,  L  2  en  bas),  un  cuntrat  de  iOi 
renouvelé  au  bout  de  9  ans  et  10  mois,  un  contrat  de  10  ans,  qui  avait  cet 
a  Tépoquo  où  la  pièce  fut  écrite,  pendont  7  ans  el  \  mois  ;  Lolal,  27  aoft 
2  mois,  ce  qui  fait,  à  un  mois  près,  les  27  ans  et  trois  mots  de  la  p. 
Nous  tenons  donc  ce  chtlfre  27  pur  exact,  mais  il  y  a  là  une  lacune. 


11  ISUl  Bl 

ilrtfffM 


BIBLIOGIlAPlï[E 


139 


\|.  Sch,  a  signalée  également  (aote  1S).  Nous  supposons  qu^oprès  les  moi& 
Vt  &C"H  (p.  1^.  U  4,  en  bas),  juda  avalK  dit  qu'ail  avait  été  engagé  par  la 
rommuuaat^  de  Tolède  pour  10  ans  da  vivanl  de  son  pèro  (en  1321,  d'après 
nuusj,  pour  le  suppléer,  a  cause  de  sou  grand  âge,  et  qu'il  y  avait  inemliî- 
itant  21  aus  depuis  la  mort  de  son  père  et  27  ans  depuis  cet  angagemeaL 
Le  iDot  n^t;  répété  après  chacun  de  ces  d.eui  chiffres  {21  et  27)  sera  causb 
de  la  lacune.  Il  y  a  aussi  une  lacune  ou  uo  lapsus  p-  13,  l.  10,  "Tm 
P"^1S'!2nf  rien  n^a  été  expliqué  antérieurement^  mais  Juda  dit  plus  loin 
qu'il  cctimait  ù  un  maravédis  par  Jour  la  dépoosc  pour  chacun  do  sesenfanis 
(p.  ^f  1.  3  cQ  Ihls].  cela  fait  bien,  pour  2  ans  et  2  mois  [p.  13),  800  mara- 
irédis,  Notîs  supposons  que  le  traitement  de  Juda»  d'après  le  premier  con- 
trat,  Ptail  de  3,000  maravédts  par  an,  c"*est  ce  qui  eipliquti  le  lliTTin  de  la 
p.  13,  l.  I  cl  1.  17.  Ajoulone^  cnQn,  pour  confirmer  notre  hypothèse  (que 
Juda  eut  un  premier  coutral  dtî  !U  ans),  quç  Juda  se  sait  gr<3  [p.  12}  de 
n'avoir  touché  son  iraiLemoul,  pour  son  premier  cûntrat,  que  peodant  2  ans 
et  4  moist  si  «Juda  n'avait  éié  engagé  qu'après  la  mort  de  son  père,  son 
premier  controt  aurait  duré  en  tout  2  ans  et  7  â  H  mois  (Il  oet.  1327  à  Juin 
•n  juillet  1330;  de  la,  9  ans  et  10  mois  conduisent  à  août  1339,  p,  12,  en 
bea,  et  13,  en  haut},  son  désintéressement  n^aurait  donc  duré  que  «^  a  G  mois, 
et  il  n'y  a\ait  pas  \à  de  quoi  se  vimter.  Notre  hypothèse,  suivant  laquello 
Juda  aiiruu  louctionné  27  ans,  dont  6  ans  du  vivant  da  Eon  père,  n'est  pas 
r  ion  avec  1  épi tapfae  da  Juda,    qui  ^ui    donne   21    ans  de  lonc- 

ti'  ,   i^iphe  ne  compte  pas  les  6  anuées  pendant   lesquelles  Juda  n'a 

été  qtie  le  subsLitttt  de  son  père. 

r^ïl  ri^Tp  iVûUquité  da  Tauhuma,  par  Abraham  EpsteiD,  Tirage  h 
.  fin  R*^l  Talmud,  5"=  année.  Prcabourg,  impr.  LOwy  et  Alkaîay.  188(î, 
Ti-R''  de  111  p. 

l^i  nVrrp  *0  L'Ecclcsîaste,  texte  et  paraphrase  arabe  par  Méir  Sasson 
Soter.  JonisalGm,  impr.  Samuel  Lévi  Zuckermann  et  ses  assçciés  Nah- 
t»eUto  et  Hexkiol  SabbaLt),  5G45  (1885),  in-lfj  de  18  ff. 

ifif^îtT:  lî^D^Xip  b'»fc<  El  ctiento  maravilloso,  prima  parLida,  caentos 
anltguos  ea  dias  de  avanie,  acoDlccimuntos,  milagroBos,  que  faeroû 
iobre  U  iterra  ;  acogîdo!ï  de  Utgares  oicrtoa.  E  tomemos  la  occaHloa  a 
lr«sUidarlos  «u  lengua  que  lodos  lo  t^nlendiau,  o  que  vean  maravillas 
qoe  el  Dio  Uacc  al  que  se  eofiosa  en  El,  o  tomar  doltrina  cada  uno  para 
fu  aima  ;  que  el  Dio  aauto  no  dcjo  e  no  dejara  a  cl  que  eti  El  se  avriga. 
SI  Dlù  mos  amostro  sus  mara villas  e  mos  rihama  rihmesion  (de  rbébreu 
riàem,  avoir  pitié)  de  siempre.  Amen.  Jéruaaicra,  impr.  S.  L.  Zuckor- 
Biann,  5646  {1886},  in-ÎS  de  320  p. 

Le  titre  est  imprimé  en  cara'itèfds  judéo-espagnols,  nous  ]*aTons  trans- 
crit en  cafftctères  latins.  L  ouvrage  est  édité  (et  rédigé  ?)  par  les  frères 
Abrahiim  et  Isaac  Gagin.  Les  récits  contenus  dans  le  volume  sont  : 
1°  El  yerno  del  Rey  (histoire  do  Sabbataï  Cohen)  ;  2<*  La  hija  do  «1  Rey  ; 
3*  El  banquir  de  el  Rey  ;  4°  La  mujer  que  su  medio  puerpo  de  srriba 
^   figura  de  cuatropea  ;  S"  La  amor  firme  ;  G°  Josef  de  la  Reyna  ;  "•  Bostaaai, 

fîWp  'O  Hoinéliea,  oraisons  funèbres,  novtîlks  bibliques  et  lalmu- 
diqfoes  par  Sabbataï  b.  llayyim  "'aitîpftt,  de  Couslantinople.  Jérusalem, 
tmpr.  A.br.  et  la.  Gagiu  et  Samuel  Lévi  Zuckermann,  5644  (1884}  ;  in-f" 
dâ  f2)-69-(2)  ff.  Voir,  plus  haut,  du  môme  auteur,  pfW  •'^a  'O- 

ÎTsVna  y^^^  n"lP  'O  Consultations  sur  les  quatre  parties  du  Tur,  par 
Abr,^!)nm  Wolf  FHlnkel,  rabbin  de  pO"iîïTit3T0"'-D,  édité  par  son  parent 
**  -l,  de  Hisofizow.  CracoviL%  impr.  Josef  Fischwr,  1885,  in-P  ; 

d»-.    :  iles,  It}  P"*  a  (4)-43-tl)  ff.  ;  le  2"  a  13)-46'(1)  ff. 


i4r> 


HEYUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 


mTDT  U'\:>nr\  û:?  D'^n^Uîn  n^'û  'O  Cantique  des  Canlîqoics,  l<iïLe  avec 
IraductioD  araméounc  et  une  sorte  dis  paraphrase  ou  commenlairo  arabe, 
par  laaac  b.  Moïse  Mardochéo  Dayjan.  Jérusalem,  impr.  ZuckennaoD, 
5045  (1885),  in-Ki  de  52  S. 

"lirîDn  "[fiDD  'O  contenaDt  65  homélies  ou  oraisons  funèbres,  par  Salomon 
Hazzan,  de  Safcd.  Jérusalem»  impr,  Samuel  Lévi  Zuckermaon,  5IH5 
(1886)  ;  in-f^  de  154  ïï. 

*^y7  W2^Z  'o  Iloraélies  sur  diverses  questions  de  morale  et  de  religion,  et 
oraisons  fenébres,  par  Salom*  Moïse  Haï  Gagin,  édile  par  ses  fih  Abra- 
Iiam  et  Isaac  Qajjin.  Jéruaalem,  impr.  Moïse  Pérec,  Abr.  etXs.  Gagin,  et 
S.  L.  Zuckermaau  [1885  ?},  iii-4*  de  (4)-lOG  ff. 

^213723  bnn  «  Le  monde  en  jugement»  sacrifice  pour  l'aide  et  la  paix  aux 
afnîgés  émigranls  en  Jérusalem  »^  par  «  Rabbincr  Moses  *.  «  St-Jcni- 
salem,  1*^"  janvier  1886  >*,  sans  impr,  ;  iu-lS  de  112  p. 

Œuvre  d^UQ  missioanaire  un  peu  cmltâ  ou  qui  )ou(!  rextltsUoD,  Hlle  m 
composa  dft  poésies  bébmiquos,  de  cousidérations  pseudo-philosophique», 
de  jongleries  cahalîstîqueâ  à  raide  de  cbitlres,  et  do  dialogues  sauc^êDus 
sur  raotisémitisme.  Le  but,  c'est  la  cotiver?iou  des  Juifs  au  protcslantisme. 
L'auteur  âoli  être  au  service  de  Tceuvre  des  missions  iiuglaises  (v.  p.  35). 
A  la  Eu,  une  espèce  de  kUre  de  change  (cq  bébreu  et  en  français)  ïirée  sur 
Dîcu  en  faveur  dos  •  éougraats  israélitea.  • 

'^^ly  lliab^  IIIDD  ny  D'*bnn  'D  Texte  des  Psaumes  avec  TTITS  en  arabe 
d'après  RascUi,  le  Targum  et  David  Kimhi,  par  Méir  Sassoo.  Jérusalem, 
impr.  S.  L.  Zuckermann,  5645  (1885),  tn-16  de  188  ff. 

rrbDTïïn  '^nn?^  nnan  mnbm  Histoire  de  la  Société  Marhé  hascala  (pour  la 
diffusion  de  Tinstruction)  parmi  les  laracUtes  de  Russie,  depuis  âa  fon- 
dation en  1863  jusqu'en  1685,  par  Juda  (Léon)  h.  Moïse  Hallévi  Rosen- 
thaL  Première  partie  :  Procès -verbaux  du  conseil  de  la  société,  St-Pé- 
terabonrg,  impr.  G.  O.  Pinnes,  1885.  in-8°  de  xiv-208p- 

M.  Roseaibal  i  réuni,  dans  ces  notes,  des  matériaux  très  înUSressaDta 
pour  l'histoire  des  Juifs  en  Russie;  elles  deviendront  encore  plus  précieuses 
lorsfju^il  publiera  fétude  d'ensemble  quil  promet  de  faire  sur  lu  Société 
et  à  laquelle  r«a  notes  prises  au  Jour  le  jour  serviront  de  commentaire.  A 
la  fin  du  volume^  histoire  Gnanciisre  de  U  Société,  en  tableaux. 

^ib  35TÎ352  D^^bin  -iip^a  nmn  m^pn  'd  Siebenter  Jabresbericht  des  Krao- 
kcn-Uulerstiitzttngsvereins  Mtsgab  laiaeh  fiir  das  abgclaufene  Jabr  v. 
Nissan,  5615-46,  Jérusalem,  impr.  A.  M.  LuncsSt  1886,  in-8*  de  IG  p, 

Adolph  (Elerm,).  Arcbaiologischo  Glosson  zur  Drgesebichte.  Moses. 
Herodot.  Mytbologiscbes,  Thorn,  libr.  et  impr,  E,  Lambcck,  1886,  în-6* 
de  11  p. 

La  note  XII  (sur  Gônôsc  1,  9)  cherchô  à  expliquer  par  des  moïa  slave* 
les  noms  de  Sem,  Cbam,  Japhot«  Cela  est-il  sérieux  ? 

Annuaire  des  Archives  israélites  pour  Tan  du  monde  5647. . .  administratif, 
littéraire,  biographique»  anecdotique  et  religieux,..,  3"  année;  par 
IL  Prague,  Paris,  au  bureau  des  Archives  isr.,  s.  d.  (1886)»  in-12  de] 
116  p. 

L'Annuaire  est  fait  sur  k*  plan   des  deux  précédents,  dont  nous  avons  J 
autrefois  iudiijué  le  caractère^    l'exécutiou  Lypogruphique  est  devenue  plus 
jolie.  Outre  le  calendrier,  il  contient  les  articles  suivanU  :  Revue  de  l'anuri? 


BIBLIOGRAPHIE 


m 


briélite  5615-46  (meilleure  que  la  prt^cédente,  il  nous  semble,  mais  fiourrait 
encore  êifo  plus  aboadaale  et  plus  précise) ,  —  Le  gén^^ral  I^éopolJ  Hugo 
et  les  israéliteB  de  Thion ville»  souvenir  du  lîlocus  de  IHli^ISlG.  —  lia,  pro- 
cès dans  U  famille  des  Ibti-TïbboD,  par  Isidore  Loeb.  —  L'espnl  juil  (pro- 
verbes). —  Sur  des  Juifs  couvertis  membres  du  PsTlemeol  de  Provence  au 
ivti*  aiàcte,  par  D.  llaguenau  (très  ioLéressaat).  -^  Les  tiUeâ  nobiliaires 
«t  les  Juifs  (on  a  relevé  quelques  erreurs  daas  la  liâte  ;  chez  M.  Barou 
Beoas,  le  root  Baron  est  nom  propre  et  noa  tîas  litre  nobiliaire).  —  Stalis- 
Ijque.  le  cbilTr©  des  israélttes  du  monde  ctilier  (d'après  notre  article  Juifs 
dans  le  diclionuaire  ^'-éographiquc  de  Vivien  de  St-Martin),  —  Curiosilés 
(règlement  intérieur  du  Sanhédrin  fraoçais].  —  Noms  des  Israélites  ayant 
figuré  dans  le  Parlement  français. 

Buar  pcntru  IsracUti  eu  ilustratiuai  x  on  supliment  calondaristic  pc  anul 
I  5^1  |ÎM86-8'7)  ;  9«  anDéc  ;  rédigé  par  M<  Schwarzfeld.  Bacbaresl»  imp. 
I-Slef.  Mibalcscu,  1886,  ia-8**  de  vai-HS  p. 

Cet  Annuaire  est  digne  des  meilleurs  encouragements  ;  il  Tournit  aux 
israélttes  roumains  uuq  lecture  excellente,  et  aux  études  historiques  des 
oontribuLiOQS  qui  devieanenl  tous  les  ans  plus  importantes  Voici  un  extrait 
âa  la  table  des  matières  de  cette  année  :  M^  Scbwarzrekl,  Bio^rapbio  da 
Davîctoa  Ballv.  —  L.  Saineanu,  Les  Juifs  au  moyen  ôgo  (diverses  no- 
tices sur  des  feils  connus).  —  C*  Lippe,  Exégèse  talmudîque.  —  E- 
Schwarzfôldf  Massacre  des  Juifs  sous  Miehel-le-Brave,  de  Valachî**,  el  lo 
prtQce  AroQ  do  la  Moldavie,  1503-t594.  —  M.  Schwarzfeld,  Situation  des 
Juifs  en  Roumanie  en  1^85  (très  bonne  revuo  bistorique). 

iScou  (Uaâ'aellûl.  Gli  Ebrei  vcnuti  à  Livomo,  vcrsi,  Livourne,  impr. 
f  Coala,  1885.  in-g*  do  âU6  p- 

Poème  italien  très  a^éable  à  lire,  contenant,  entre  autres,  des  traits 
de  mœurs  amusants  et  quelques  détails  bistoriques  curieux  pour  la  cbro- 
lïitfue. 

iiWJtLO.  Moses  Mcndelssohn,  eine  Schu^lrcd^,  Dans  la  Einladuagsscîirifl 
tader,.-  PrûfuDg  dor  Real-  ixnd  VolksscUule  dcr  isr.  Gcmciodo  zii 
Frtûkfurl  A<  M.  FruDcfort,  iaipr*  Kumpf  et  Reis,  18SI>^  m-4*'  de  xiv- 
S4p. 

Miograpliio  dcrOrientlalio,  IL  1881, 1882,  1883  [rédigé  par  M.  Ch,  Koh- 
H  Paris,  G.  Leroux,  1885,  in-S^  de  165  p. 

Bwïci!  (MX  Die  Elbik  in  dor  Ilalacha  ;  dans  lo  «  Jahresbcr.  dcr  Landos- 
fïbbinarschalia  m  Budapest  f.  d.  Schiiljahr  1885-86  ».  Budapest,  libr.  de 
rilbemeum,  1886.  m-8^  de  (4)-96-37  p. 

L*éiude  de  M,  Btocb  est  un  travail  consciencieux  ;  il  se  compose  de 
quime  chapitres,  qu'on  peut  déGuir  comme  suit  :  Devoirs  envers  Dieu 
et  les  hommes»  pratiques  religieuses,  fêtes^  mariage  et  régime  marital, 
véracité  et  vœux,  agriculture  avec  usure  et  prêts  à  inlérûts,  lo  danctuairo  et 
le  roi,  les  sacrifices,  la  pureté  légale,  crimes  et  délits,  le  travail,  confiance 
dans  le  prochain  (créanciers  et  débiteurs),  la  justice  dans  la  guerre. 

ICassïl  ^PuulusL  Aus  dem  Lande  des  Sonneûaufgangs,  Japanische  Sagcn 
*tt5  ûrigiaaïer  Mitlheiluug  niedergeschrieben  und  gedoutet.  Voran  gebt 
*'iio  Untersucbung  ùber  t<  Das  Zicklcin  »  aus  dor  jiid,  Passabliturgie, 
und  aachfolgt  ein  Seudschrelbea  an  das  Berlincr  Tageblatt  :  «  Zur  Nalur- 
«cscbicUlc  der  Chuzpe  ».  Berlin,  W.  Issleib,  1885.  in-S**  de  iii-lOO  p. 

M.  Cusselfdit  des  comparaisons  et  des  réflexions  Ir^s  înslractives  sur  le 
fameux  cha.it    du    chevreau  du    rituel    do  la  i%|uo,  il  no  s  occupe  guère 


U2  REVUE  DES  ÉTUDES  lUIVES 

ni  do  Tépoquo  ni  de  Tori^ae  de  la  rédacUon  hébraJqus.  Noos  ne  sa' 
pourquoi  it  dit  que  ces  deux  questions  sont  liées  u  celles  de  la  rédaetioa 
la  haggadé  de  Pâque  en  f^éoéral,  puisqu^ou  est  d'accord  que  la  bag§ 
primitive  oa  couteoait  pas  ce  moroeau,  qui  a  été  ajouié  plus  tard  m 
d'autres. 

Cassel  (Paulus)*  Zoroaster,  sein  Name  und  seine  Zeil,  eine  eranisf 
GIossc.  Berlin,  libr.  S.  Calvary,  1886,  in*8- de  21  p. 

Dans  cette  cHude,  ^1.  Cassel  njoatre  dcg  retations  très  carieuses  «ntr» 
Perses  et  ie$>  Sëinites  et  il  donne,  au  movea  de  Thébreu  et  de  U  Bible, 
grand  oombre  d'explicatiûus  et  d^^étymologies  bieu  tatéressanlap. 

Al-Ch^zaei   (Das  Bucb)  des  Abû^-llasan  Jeliuda  Hallcwî  iin   ambiscb 
Urtext  iind  in  der  bubr.  Ucbersetzung  des  Jebuda  ibn  Tibbon«  heraiii^ 
von  Hftrtwig  Ilipschfeld.  L  Hftlfle.  Leipiig,  Otto  Scbtilze,  1886»  in-«* 
160  p    sansTeuilie  du  titre  ni  introduction  ;  la  suite,  avec  les  notes,  J 
rattra  bt^ntôt. 

CoHNiLL  'Cad  Heinrich).  Das  Buch  des  Propbeten  EzochieL  Leipxtg,  Ulu 
J   G.  ilinricbs,  1886,  in-8"  de  xii-515  p. 

Travail  très  remarquable  par  la  comparaiaoa  qa*a  faite  l*aateur  entre 
texte  hébreu  et  les  diUére&ts  textes  de  la  tradaciioa  des  Septante,  4t  daf 
traductions  laites  sur  les  Septante  (Vêtus  latiaa,  traductionf  copia, 
éthiopienne,  arméoieDDe,  syrienne,  arabe,  vieiis-elave,  les  citatioas  d( 
Pères,  etc.),  les  traducliona  d'Aquila,  TheodotioQ  et  Syaimi»que.  loi 
Targum,  U  Poacbito,  b  Vulfçttte.  C'est  un  travail  de  critique,  dont 
peut  plus  ou  moins  contester  les  résultats,  inaia  qui  renouyellera  rétudeâff 
texte  d'Eséohiel  et  où  l'auteur  a  suivi  une  métbode  digne  des  plui  graodf 
éloges. 

Creslinii  si  Evreii  de  un  preot  cresiin.  traducore  de  Joaer  Weissberg.  Bu- 
charest,  impr.  Sief,  Milialescu,  1î^8(>,  in-H^  de  32  p.  Ttnltitt  ilt;  1'*!- 
lomand. 

Delitzsch  (Friaderich).  Prolcgotncna  eiuea  neueu  bebr.-aramiiiscbeû  Wôr-l 
terbucba  zum  Allen  Tcstameot,  Leipzig,  libr*  Ilinricbs,  1886,  io-ê*  dfli 
viii'2n  p. 

Ouvrage  du  plus  grand  intérêt.  En  voici  la  table  des  matièivs.  "^ 
Ch.  L  Questions  de  lormef  liste  «les  noms  communs^  des  noms  propr^i 
groupement  par  familles,  etc.  — -  Ch,  JI.  L'hébreu  dans  ses  rapports  iti 
b»a  autres  langues  sémitiques  (arabe,  araméon,  assyrien).  ^  Cb.  U^ 
L'imponaiR'c  do  rassjrieu  pour  la  lexicologie  juive  (radicaux,  mots, 
primordiaL  révélation  de  radieuiix  hébraïques,  autres  petits  aervîc 
par  raasyrien].  —  Ch.  IV.  La  phonétique  sémitique  ^lea  sifflantes^ 
double  aÏM,  les  deux  M,  etc.)*  —  Ch*  V,  La  théorie  des  radues, 
pe«i  de  valeur,  ses  dangers.  —  Cb.  VL  Les  noms  propres  hébreux. 

Dbutsch  (G.).  Die  S^mbolik  in  CuUns  und  Dicbtung  bci  dcn  Hcbràen^ 
Vorlrag  gebaUen. . .  am  26.  Dec.  1885.  Brûnn,  Ubf*  Ëpstcio,  1886,  IQ-I 
do22p- 

Elk  (Julîus).  Die  jûdîscben  Kolonien  in  Russland,  Etilturhisloricbe  Siufi 
und  Bcilrag  zur  Geschicble   der  Juden   in  Russland.   Fmncforl^suf-l 
MciD»  libr,  J.  KaufmanB,  1886,  in-8"  de  219  p. 
Etude  très  intéressante  et  très  instructive. 

Fidel  Fita.  Estudios  biatoriots.  CoUeccion  de  ariiculos,  tome  V.  Maditi 


BÏBLÏOGRAPniE 


143 


ùopr.  Forlancl.  l«8o,  in-8«  de  141  p.  ;   tome  VI,  iàid.,  ihid.,  1886,  în-8'^ 

^^^^L  M.  Fita  est  infatipraLlâ  et  toujours  6xe«IkQt.  Drins  ces  nouveaux  vo- 
^^^^M  luBies,  il  0,  entre  autreS|  luio  étude  sur  la  juiviîno  de  Madrid  cd  1391 
^^^^  (p.  7  i  104),  et  diverses  noticÊff  sur  lesquelles  nous  revieudrotia  prochainô^ 
^H  iB«at*   Lo  défaut  d'espace  nous  oblige  aujourd'hui  à  nous  couieuLer  d'an-- 

^m  aanoer  ces  travaoï. 

pKiVDBiiTBAL  (J.).  Ueber  die  Théologie  des  XeDopbaDes  ;  dans  le  <t  Jahres- 
berichl  des  jûd.*lheoL  Semiaars  i>,  de  Breslau.  Breslau,  împr.  Grass 
Buliiy  \%m,  in  8"  de  48-xt  p. 

Xéoophaoe  passe  pour  avoir  eu  uu6  conception  oette  du  mouAhéisme,  et 
00  idaûrt  «jti'il  »oît  arrivé  à  celle  uotiou  li  pore  de  Dieu.  M.  Fr,  moutre 
^ju*d  y  a  «u  exegéralioa  el  eiigouemeut  t  Xéoophaue  croit  à  la  fois  à  uu 
Dten  suprême  et  à  l'existeoce  de  fdusieurs  dieux.  Il  u'est  pas  le  seulf  à  ce 
qu'd  paraît,  qui  ait  eu,  chez  lea  Grecs,  uue  tbéadicéc  de  ce  genre. 

îMJDT  ^S.)-  Geschicbte  der  Juden   in  England  von  deii  alteslea 
ibiBXU  ilirer  Verbanniing,  ErsterTheil,  XL  tind  XII.  JaUrbuiidert. 
lerik,  libr.  RtTseosteiti  et  Uildosîieimer,  1886,  10-8"  de  vi-7fî-(2)  p. 

L'auleur  n'a  pnâ  eu  à  sa  dispositioa  de  documents  inédits,  mais  il  a  trèa 
tajg;Beusei&eot  réuni  tout  ce  qui  a  éié  imprimé  «;ur  Tbi^loire  des  Juifîi  an- 
Itilis»  C^€st  un  bon  el  utile  travaiL  Nous  ne  vojons  pas  qu'il  cile  les 
ttiirAft  af  ÂmglcJtwiih  histor^,  de  James  Picciotlo. 

tmOK»  fJ.|.  Rcal-Eïicyctopâdie  fur  Bibel  und  Talmud...  Supplcmeti- 
idxar  Ablheiluog  1  und  II.  Leipjtig,  ïibr.  K,  F.  Koehler,  1886,  iD-B<* 

ht  fupplémeiiL  à  la  première  partie  de  l'nuvra^e  (p,  I-IBS)  conlienL  des 
artiele*  dans  la  plupart  des  lettres  de  J'alphabcl;  l'uulre  partie  ne  conLieut 
^uadee  articles  dana  les  iettret»  A  et  B. 

8nsià3rç  (J.J,  rabbio  à  Valencicnnes.  Essais  sur  Torigine  du  culte  cbré- 
lj«  daua  »««  rapports  avec  le  Judaïsme  ;  suivis  d'une  Elude  sur   la   tra- 
de  l'ScclésiaBte  par  B.  Heuau.    Paris,  libr.  Fisohbacber  (1886), 
*it  rir-6g  p. 

Cûïl^ixtioti  d'arliclea  parus  dans  VUnirtifs  ùra^Ute*  Uauteur  est  jeune  el 
•nltfOt^  sa  polémique,  â  notre  goût,  est  iiti  peu  vïvû,  ïnais  il  se  modérera. 
E  aAÎt  Comment  ou  conduit  une  étude  scieatifîque,  il  ne  lui  manque  que  do 
tDolIirurs  iitstruments  de  travail. 

FfttsmmiBK  (D'  liirechj,  —  Beitraege  zur  Géographie  Palacslinas*  BûrUn» 

L*É&t^re«8«ot  et  savant  mémoire  de  M»  Hild^heiroer  dont  nous  allons 

rtodro  compte    forme    le  profrramme   du   sémineire  orthodoxe  de   Berlin 

pour  ranné4>  s-olaire  1H^5-H6*  C'est  le  second  travail  sur  la  géographie  du 

1»'  cette  excellenle  école.  En  \mi,  M.  Berlincr,  l'éditeur  du 

ios.  a   pi  blié   un  pragramm  sur  la  géographie  et  l'ethno- 

'     'mie  d'après  le  Talmud  et  le  MidraBcb.  Le  travail  do 

iiautiJL'res  de  la  Palestine  selon   la  littérature  tulmu* 

ittifj^w.  i,  nif  (luucaUuti  dcs  uOiûs  des  loùalités  que  donne  la  Talmud  comme 

i  de  la  Palestine  pour  les  dîmes  el    les  autres  usages  religieux   est 

\  diflSealté  presque  insurmontable,  malgré  les  trois  textes  que  nous  en 

dQ«it,  tivoirceux  du  Siiré,  de  la  Tosefla  et  du  Teïmudde  Jérusetlem; 

i  qia^Où  tn>tive  dans  te  Yalkut  est  tiré  du  Silré.  M.  11.  dit,  avec  raison, 

I  la»  travaux  sur  ce  sujet,  depuis  celui  de  Heland  Jusqu'au  n6tr«, 


iSiae  ;  pûOl 

\lA  Bas  k  ctitiihha\ 

SaloToou  Siriltû 

USiffé,  y.  H.  ar^ 

éi  L—ërw;   o^us   d'Oxford. 

Mil  défiactiieux  dao»  les  pu^ 

Pornr  bcilitef  1^  rcdut- 

1»    Wto  du   ms.   32   <!u   Vaticuir 

'  Il  coLuiioo.  ^^''st  '':;ina 

TO  >no  ï-cm  1*7-»  r^c^s  Vz^  -b^^  tp-^THnis  mpt  i7 

mar    "ïv^r»   ^wr^::  ."rs-n*  i    cccni   -D7  r^rm  m  p 

r:    i-^ï^zp  ï"*<r^'îi-r  t^'Xp  «r"«:T  rr^^i  t<*na3î 

~cr— :    nr  n^i  Vîcïzsn 

^*r--  : — -T  f^ï-TTï  r<rc*,::i  f^rn^n":  Sim  r^:"^i  r^'O'O 

rob'^^TTr.    -"t"!    ^---    ^-"--:   -    ^^^•'rsi  nn^y  ap-ri  '•imr'T 

"^^T^ï.  _©  ms,  ne  sont    pas  DombreuHit 

ftTfic  les  textes  de  1  Aulrc  sis.  el  des  éditions  de  Stfré.  M.  fl*, 
«  pÊm  tliij  niaoB  d»  «afipo^fff  éÊmx  scmrcAS  difféirentea  poar  le  t«iM  ^ 
SâM-T«Om  et  ediû  de  U  ToMftA-Talm.  de  Jéruâalefn.  Comme  il  tA 
pfohahWt,  d^apfèi  ut  pif^g»  da  Talmad  de  Jérusalem  que  AL  U.  a  trauf^ 
qsfl  R.  Hijji,  W  gr«ad  oa  Taîoé,  ost  l'iateur  da  passage  géographique  «i 
«{••stîon,  ]m  texte  da  La  Teaella  doit  être  plus  locieD  que  celui  du  Si^*^ 
Lm  omitrifwiii  du»  le  texte  de  ce  Urfe  soal  tellement  oombreu&es  qaoB 
iM  Mnil  pÊM  ea  droàl  de  supputer  que  le  rédacteur  du  Sifré  aurait  e$tro^ 
pié  le  p«mge  géognpluifae  d'ane  souroe  BDCieoDe  conservée  intacte  ditf 
le  Toeeftiu  Noua  lirons  peu  k  ajouter  aux  ideolificatio&s  des  noms  g^ûfitr 
p1ii({iiee  proposées  par  M.  H.  ;  quelquefois,  elles  nous  paraissent  trop  \t^ 
oleuseâ  pour  être  vraies.  Ainsi ,  la  proposition  de  lire  *tD  bl^^^  '  ^^  ^ 
démou  *,  dë&oizÙDatioa  du  Strattmii  turrù  ou  Céssrée.  ou  TJ  reapU^ 
eersit»  à  cause  de  si-ruptiles  relijipeux,  le  nom  d*Astsrté,  est  chercbéi  % 
en  effet,  on  coupe  tC^îSTS  «n  deux  mots,  il  est  plus  ratiottnel  d«  lîi* 
*Ï3  bli?3,  •  tour  du  prince  »,  dénominatioa  analogue  k  reipressioo 
Crt3:  blJ73  dans  une  liturgie,  et  de  considérer  •^D  comme  l'équiTaleal 
Ç^sr  (Césarée)»  Toutefois^  nous  recommandons  aux  savants  cotnpéteflW 
les  recherches  intéressantes  de  M.  H.  à  propos  de  ce  nom.  Nou^  crciTOBl 
superflu  de  repn>duire  ici  touteti  les  îdenlificstions  proposées  p«r  M.  II 
que  nous  trouvons,  pour  la  plupart,  justifiées,  sauf  quand  elles  ^'app^i 
trop  sur  les  noms  actuels,  qui  ont  subi  tant  de  changements  par  les  Inbi4 
((ui  y  ont  été  successivement  établies,  et  dont  lorlhographe  est  douU 
Il  est,  par  exemple,  étrange  de  traduire  HT^^'^yi  6r5'3":p  par  *  les  d 
lines  d^Aitht  %  quand  50J3'»p  n'est  pas  usité  dans  le  langage  talmudiÇ 
dans  k  sens  de  wlline  voûtée.  D*aiUeurs,  la  frontière  aurait  été  trop  * 
certaine  si  on  TeClt  déterminée  par  une  espèce  de  chaîne  de  colUûes, 
lieu  d'une  bcalilé.  Toutefois,  on  ne  peut  pas  reprocher  à  M.  H«  d*i 
téméraire  dans  ses  identifications  ;  il  laisse,  au  contraire,  quelques  &< 
sans  solution,  en  réfutant  toutefois,  avec  raison,  les  hjpotbèses  de 
dëccsseurs.  ^  A*  iV. 


BIBLrOGRAPKIK  145 

SiôwrriTïrrjSdiselic  Acrtzto  in  Frank  fort  a.  M.  Franc  fort-su  r-le-Mcin, 
lihr.  J.  KnufinanQ,  188i>,  iu-8^  do  40  p. 

Lecture  publique  faîle  par  Tauleur  ;  Timprîmé  CQiilient  àes  documenta  en 
hébreu  et  un  documeol  klia  ;  un  des  documtjiilâ  hébreux  se  rapporte  à 
josepb  Salomun  Dtilmedigo. 

Wk3  fpBafle).  b&tT^"*  "^T^  Chants  hébraïques  exécutés  dans  îcs  teraples 
ooDsistoriâux  et  au  tcmpîo  du  rite  portugais  dû  Paris^  composés  par 
Sm.  Jonas.  Nouvelle  édition,  PariSt  A.  Durlacher,  1886,  in-4^  de  235  p. 

K .  Jonas  est  un  compositeur  aim6  du  public  Israélite  de  Paris*  Ses 
OftmpositioDB  80Qt  simples  et  larges,  elles  oot  la  dignilé  qui  convient  à  un 
•ertice  religieux  et  elles  évitent  ce»  complications  mélodiques  et  orches- 
trtles  que  Tua  aim«it  autrefois,  mais  qui  no  sont  pas  de  mîso  dans  un 
temple. 

PHI  (Flavii).  Opéra  edidit  et  opparatu  crilicf)  iostnixit  Bouedlctus 
Kicse.  Vol.  IL  Antiquitatum  lodaicanîm  libri  vi-x.  Berlin,  libr.  Weid- 
maiiâ,  1SS5,  iii-8*  de  viii-3ï>2  p.  Le  vol.  1  n*a  pas  encore  paru, 

làHs  [Léon).  Le  Comité  de  bienfaisance,  rbûpltal,  l'orphelinat^  tes  cime- 
I  lièies,  aTec  çravures  et  plans.  Paris,  libr.  A.  Durlacher,  188tL 

M.  Kahïi  nous  foumitf  dans  ce  voluinet  un  cliBipitre  nouveau,  et  des 
pluj  iastruclifs,  de  l'histoire  de  la  communauté  Israélite  de  Paris.  Ce  vo- 
lume a  une  importance  particulit're,  parce  que  le  comité  de  bienfaisance  est 
une  des  plus  anciennes  institutions  de  la  communauté,  et  une  de  celles  qui 
•Qt  eu  les  attributious  Us  plus  étendues,  et  que<,  d'un  autre  cc'itéi  l'histoire 
des  eimellères  eêi  Uéa  «ux  origines  mêmes  de  la  communauté  et  a  la  biogro* 
ptiie  àt  deux  persocnes  é^lement  remarquables,  quoique  à  des  titres  dt- 
rers,  Jacob  Rodrigues  Péreiro  et  ce  baron  de  Picquigny  nommé  Licfmann 
Calmer  dont  noua  avons  autrefois  raconté  l'histoire.  L'appendice  coutiont 
daa  listes  nominatives,  le  texta  d'une  ordonnance  de  1780  sur  les  clme- 
tièrfs  (rtimprcssion),  et  enio  la  traduction  des  épitaphes  hébraïques  des 
aadeas  cimetières  de  la  Villetle  et  de  Montrouge,  plus,  quelques  inscrtp- 
^aa  anciennes  du  cimetière  du  Père-La^Chaise. 

lUT(Aldolph).  Moses  Meodelssobn  und  seine  Faniilic.  Dresde  et  Leipzig, 
ibr.E*  Pierson,  1886  ;  in-8^  de  (8)-US>  p.  Zum  100  jûhrigen  Todestage 
|lkaes  Mendelssolin's. 

i^(Jotef)«  Zqt  Jadenfrage,  nacli  den  Aktcn  des  Prozesses  Hohlîng-Bloch. 
^Uiptig^  llbr*  Julius  Kliukhardt,   1886,  iû-8«  de  v-196  p. 

Cet  ouvrage  o  fait,  en  Allemagne  et  en  Autriche,  une  vive  sensation. 
L'auteur  a  montré  avec  quelle  légèreté  a  procédé  le  fameux  Hohliog,  dans 
ta  polécQÎque  contre  les  Juif;«t.  Kohlin^  a,  depuis,  disparu  do  la  scène,  et 
pour  cause,  mais  rouvrago  do  M.  Kopp  garde  toute  sa  valeur,  parce  qu'il 
tert  d'abord  dHllustration  à  la  conduite  d  un  des  antisémites  les  plus 
farouches  et  parce  qu*il  s'y  trouve  amassé,  pour  rhiâloiro  morale  des  Juifs, 
daa  inalériaax  considérables. 

I  (Uîdûre).  Un  procès  dans  la  famille  de»  Ïbn-Tibbon,  Marseille,  1235- 

Puis.  impr.  Alcan  L<Svy,  1886;  premiëre  édition,  tirée  à  50  eiem- 

i,  to-ë*  de  18  p.  ;  deuxième  édition,  tirée  à  lÛO  exemplaires,  iu-S** 

p*  ^  Petite  o&ande  à  Monsieur  le  D^  Moritï!  Steinschneîder  à  Too- 

do  "tO*  anniversaire  de  sa  naissance,  30  mars  1886.  » 

IBaéBêf  proM.  Corso  di  grammaiica  délia  lingua  ebraica*  Padoue, 
.  FmieMoo  Sacchetto,  168C,  iQ«8^  de  vit-414  p. 
T.  Xm,  n^  7&.  10 


i4G  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Grammaire  hébraïque  développée,  principalement  à  Tusage  des  écoles. 
L'auteur  a  suivi  Luzzatto,  Gesenius  et  Ëwald.  Ce  sont  de  bonnes 
autorités. 

Mauldb  (R.  de).  Les  Juifs  dans  les  États  français  du  Saint-Siège  au  moyen 
âge  ;  documents  pour  servir  à  l'histoire  des  Israélites  et  de  la  Papauté. 
Pans,  A.  Champion,  1886,  in-S^  de  194  p. 

Les  pp.  t  à  87  ont  paru  dans  le  Bulletin  historique  et  archéologique  de 
Vaucluse^  1^^  année,  le  reste  a  été  publié  dans  la  Revue ^  où  les  lecteurs 
ont  pu  voir  l'intérêt  qui  s'attache  aux  études  de  M.  de  Maulde.  Les 
]3p.  1-87  contiennent  une  étude  générale  sur  la  situation  des  Juifs  au 
moyen  fige  dans  les  Etats  pontificaux  ;  nous  ne  sommes  pas  d'accord,  sur 
certains  points,  avec  M.  de  Maulde,  mais  nous  rendons  hommage  à  l'éten- 
due et  à  la  sagacité  de  ses  recherches. 

MORTARA  (Marco),  N'»b:2'»N  "^ÎD^n  n"l^T:3  indice  alfabelico  dei  rabbini  c 
scritori  israeliti  di  cose  giudaiche  in  Italia  con  richiami  bibliograflci  c 
note  illustrât! ve.  Padoue,  1886,  4<*  (n'est  pas  dans  le  commerce). 

L'illustre  grand  rabbin  de  Mantoue  vient  de  publier  une  liste  presque 
complète  des  rabbins  et  auteurs  juifs  d'Italie  qui  ont  écrit  en  hébreu,  avec 
des  indications  bibliographiques  et  des  notes  complémentaires  tirées  des 
livres  imprimés  et  manuscrits,  fruit  d'une  lecture  assidue  de  beaucoup 
d'années.  La  brochure  est  dédiée  à  la  mémoire  de  ses  parents,  à  Toccasiou 
de  la  50*  année  du  rabbinat  de  l'auteur.  Pour  l'histoire  littéraire  juive, 
rien  n'est  plus  important  que  de  telles  listes  bien  ordonnées  et  sans  encom- 
brement de  style.  En  comparant  l'ouvrage  de  Neppi-Ghirondi  avec  la 
monographie  de  M.  Mortara,  on  ne  pourrait  qu'dtre  étonné  de  la  pa- 
tience que  l'auteur  a  dû  avoir  pour  tripler  ou  quadrupler  la  liste  de  ses 
prédécesseurs.  Les  listes  des  ouvrages  que  M.  M.  cite  dans  le  courant  de 
son  travail  et  qu'on  trouve  au  commencement  de  la  brochure  donnera  une 
idée  du  travail  de  l'auteur.  Malheureusement,  M.  M.  vit  dans  une  ville 
où  il  n'y  a  pas  une  grande  bibliothèque,  et  lui-même  n*est  pas  en  état 
de  se  procurer  toutes  les  publications  nécessaires  pour  être  complet. 
Nous  ne  voyons  pas,  par  exemple,  parmi  les  ouvrages  qu'il  cite,  les  cata- 
logues des  mss.  de  Paris,  Vienne,  Leyde,  Leipzig  et  de  beaucoup  d'autres 
petites  collections.  Quant  aux  périodiques,  la  Monattschrift  de  Frankel- 
Graetz,  la  Revue  des  études  juives^  la  Israelitische  Letterbode  et  le  Maggid 
ne  sont  pas  exploités.  Les  BeitrUge  de  Perles  auraient  dû  être  mis  à  con- 
tribution pour  Jehiel  Nissim  de  Pise,  par  exemple,  et  la  Letterhnde  pour 
David  Messer  Léon.  Pourauoi  les  lettres  d'Obadia  da  Bertinoro  (déplacé 
à  la  page  9  après  Bet-El)  ne  sout-elles  pas  mentionnées  ?  Toute  la  litté- 
rature pour  et  contre  les  femmes,  récemment  publiée,  est  négligée.  Pour- 
quoi lire  David  de  Rocca  Martica.  quand  la  vraie  leçon  est  Rocca  Martine, 
en  France  ?  Malgré  ces  petites  omissions,  nous  croyons  que  le  travail  de 
M.  M.  servira  de  base  à  l'histoire  de  la  littérature  rabbinique  en  Italie, 
qui  pourra  facilement  être  complétée  par  l'usage  des  périodiques  et  des 
catalogues  de  mss.  récemment  publiés. 

Nous  saisissons  ici  l'occasion  de  rectifier  une  erreur  qui  s'est  glissée 
dans  notre  petit  compte  rendu  {Revue^  t.  IX,  p.  311)  de  l'article  de 
M.  M.,  •  sur  la  Genèse  et  la  science,  note  sur  l'âge  de  l'homme  ».  Nous  y 
avons  dit  que  Darwin  ne  peut  être  réFuté  par  des  sentences  qui  se  trouvent 
dans  l'excellent  traité  d'Abot.  M.  M.  a  cru  y  voir  un  manque  d'équité  de 
notre  part,  car  nous  n'avons  pas  dit  qu'il  s'est  servi  d'auteurs  modernes, 
comme  Uaeckel,  Hartmann.  Quatrefages  et  d'autres.  Il  va  de  soi  qu*un 
chercheur  comme  M.  M.  ne  négligera  pas  les  auteurs  éminents  qui  ont  écrit 
sur  cette  question  ardente.  Ce  que  nous  voulions  faire  remarquer,  c'est  que 
Tassertion  que  la  Genèso  est  d'accord  avec  la  science  actuelle  ne  peuf 
être  prouvée  que  par  les  sciences  elle»-môme8  ei  non  par  des  sentences  de 


BïBLlOr.RAPinK 


147 


fi(|i]e  «t  d*Ahiqti6.  M.  Gladstone  o*t  inrnb*  fîprnièrement  danp  la 
Teur,  dans  son  articlo  qai  a  paru  daas  le  Ninêtrentk  C*utwrï/,  pI 
ceîa  lui  a  valu  ane  réponse  sévèrft  de  M.  Htiiley,  L'auteur  de  la  cosmo' 
gonix  de  la  Genèse  D*a,  selon  notre  opinion*  jamais  voulu  (aire  de  la  sdence, 
paa  plus  que  lauleur  de  J'Ecclésiaî^te»  qui,  eu  tout  cas,  est  plus  récent  que 
Tailleur  de  la  Genèse,  quand  il  «iit  que  la  terre  resta  à  sa  place  el  que  le 
ftoleil  9C  iè?e  el  se  couche,  n*a  pensé  aux  ihéoriea  de  Galilée  et  dft  Now- 
Km.  S*ium  cuiçuê.  Nous  croroos  qu'il  vaudrait  raieur  laisser  la  Bible 
enseigner  la  morale  éteraelle,  et  la  science  la  vérité  irréfutable.  Maimo- 
nîde  n*a  pas  beaucoup  avancé  le  judaïame  en  voulant  ineUre  d'accord  la 
Bible  et  Ariilote.  —  A.  N. 

ll'JLLga  (Joël]-  Bricfe  und  Responsen  in  der  vorfçconiiisclieii  jùd.  LUerotur  : 
duos  le  IV.  Berîctit  ûber  die  Lehranstall  f,  d.  Wisseosch.  des  Judenlhiims 
in  Berlin.  Berlin,  împr.  G.  Beraatcin,  1886,  in-4«  de  44  p. 

Le  savant  auteur  de  cette  monographie  est  bien  connu  pour  son  excel- 
lente édition  du  traité  de  So/érim  et  la  publication  des  cou  fuI  ta  lions  des 
Oeooini,  ^jui  paraissent  dans  le  Bet  Talmnà.  Son  travail  actuel,  sur  les  con- 
aultatioas  rabbiniqucs  dans  la  littérature  juivo  avant  l'époque  ûf^B  Geonim* 
eH  ravaat-propos  de  la  préface  quM  se  propose  d'écrire  pour  une  édition 
complète  des  œuvres  des  Geonim.  Personne  n'est  plus  compéientqne  M,  J^ 
Mûller  pour  ce  travail,  qui  e^t  destiné  à  combler  une  grande  lacune  dans  la 
littérature  rabbinique.  L  espace  restreint  que  la  Rtisue  peut  accorder  à  la 
blhlîofrrapbîfl  ne  nôUs  permet  point  d'entrer  dans  des  détails  sur  les  notes 
do  Toa^rage  de  M.  M.f  qui  sont  remplies  de  documents  curieux.  Nous  nous 
bomerone  donc  à  résumer  lu  tbèse  exposée  par  lauleur.  Après  avoir  parlé 
des  pièces  épislolaires  dans  la  Bible  et  pendant  le  second  temple^  M.  MùUer 
eipUque  la  raison  pour  laquelle  elles  devinrent  si  rares  et  disparurent  pen- 
dant Tépoque  talmudique.  C/est  parce  que  les  Pharisiens  craignaient  qu'une 
ioLerprétation  écrite  do  la  loi  ne  rendît  arides  les  discuBsium  d^école.  Si  les 
Ualokha  avaient  été  acceptées  en  considération  de  Fautorité  du  rabbin  qui 
Tes  avait  mises  par  écHu  aucune  discussion  n'eurait  plus  été  possible  sur 
les  s^iijets  rituels.  Ce  n  est  qu'après  que  ta  discussion  des  écoles  «ut  pris 
une  telle  extension  qu'il  etit  été  impossible  de  rarrSter,  qu^on  commeuça  a 
rédiger  la  h>t  orale,  dont  Tenscmble  forme  la  lilt<^rature  lalmudique,  qui  fut 
auivie  de  la  littérature  des  Consultations  et  des  Recueils.  Pour  l'Agada,  qui 
n^est  que  le  produit  de  Timagination  do  rorateur^  et  qui  u'a  pas  de  limite;), 
les  rabbins  n'ont  pas  cru  nécessaire  de  mettre  obstacle  à  sa  rédaction. — A,N, 

jMuiîjii  (Joël).  Jûdischo  llochsebulCQ,  Vortrag. . .  (Francrorl-sur-le-MeiDf, 
topr.  ll.-L.  BrOûner,  \%B\  in-8'*  de  12  p.  Timge  5  part  des  Populâr- 
wUs,  MonatsblDlter. 

5l.Dl05  (TheodorV    Untersuchtingen  r.m  Krilik    des  Allen    Teslamenls. 
;  feW»  P--F,  Hoeseler,  3B86,  în-8^  do  198  p. 

La  couverture  porte  les  mots  :  Nouvelle  édition  à  bon  marché»  nvais  il 
nous  semble  bien  que  c^est  tout  simplemcut  l'édition  de  Î><&D  avec  une  cou- 
verture récente.  Qaoî  quM  en  sotties  ouvrages  de  M.  Nôld  ont  une  assez 
grande  valeur  pour  qu  il  soit  permis  et  utile  d'en  mppeîer  le»  titres.  Les 
Onleriiucbungcn  comprennent  quatre  chapitres  r  1,  La  prétendue  rédaclion 
primitive  du  Pentateuque  ;  'J.  Le  point  d  atterrissetnent  d«  Noé  ;  3.  Le  récit 
Den.  XIV,  pas  historique  ;  ^.  La  chronologie  du  temps  des  Juges* 

Menamicnto  fonnodo  por  los  procuradores  de  las  aîjamBS  hobrcBs  perte- 
ilKfeQtes  al  terri torîo  do  las  estadoR  de  Castllla  en  ta  as^amblea  celebruda 
ciï  Valladolid  el  ano  143*2.  TexLo  liebreo  rabinico. . .  traducido.  anolado 
^illustrado  cou  una  iolroduccion  fiistorica  por  el  doclor  Don  Francisco 
Puraûndez  y  Gonzalez.  Madrid,  impr,  Fortanet,  1880,  in-S"  4<3  115  p. 


448  BEVUE  DES  ÉTITDES  JUIVES 

Noua  avons  parlé  de  celte  mlcressantB  publicalioii  au  lomo  XII ^  p.  140. 
Nous  y  consacrerons  une  étude  spéciale  dans  le  prochain  numéro, 

PsANTiK  {JaL-ob;.    Fermecaloml. , ,    Crajova»    libr.  et  impr.  Pbîiip  Lasaî, 
ISm,  in-8^  de  118  p. 

La  traduction  du  titre  rouuiaio  est  :  Magiciens^  ilomoustratinu  des  fntidea 
commises  à  Taide  de  la  lungie  et  de  la  prédicLicin  depuis  Tongino  jusqu'à 
nos  Jours.  L'ouvrage  contient  quelques  traits  relatifs  au  Judaïsme.  Il  est 
précédé  d'une  iotroductioa  de  M.  M.  Gaster. 

Simon  (Joseph).  Histoire  dus  Juifs  do  Nîmes  au   moycti  ûge.  Nlme^»  Ul)r< 
A.  Catilon,  1886,  iQ-8^  de  40-xxvi  p. 

Nous  avons  annoncé  et  aualjsé  en  partie  ce  travail  lors  de  la  publication 
des  premières  feuilles,  nous  ne  pourrions  que  répéter  ce  que  nous  avons 
dit  de  la  valeur  de  celto  étude.  M.  Simon,  dans  les  premières  pages^  avait, 
comme  11  est  naturel,  accepté  tin  peu  trop  ficilemeot,  à  notre  sens,  les 
atHirmalions  de  chrouiqueurs  inintelll^eats  osi  mal  rens^îi^aés  ;  dans  la  suite 
de  800  étude  il  a  montré  plus  d'indépsudanco.  Nous  sommes  heureux  de 
Tcn  féliciter. 

SAr,AMAN-(Cbarles-Keïi5ingtonK  Jews  as  tbcy  are,  dcuxièrao  édition»  Londres, 
Jibr.  Simpkin»  Marshall  ot  C'*.  1885,  iu-8'*  do  xvi-3H  p. 

ConUeot  souvent  des  notices  historiques  intéressantes  ;  par  exemple,  sur 
la  prétendue  «sure  des  Juifs  [emprunt»^  à  Gibrario?),  L'ouvrage  fo  com- 
pose des  chapitres  suivants  :  1"^  Cousidératious  frénérales  ;  'i**  Revue  de 
rhistoire  de  Témancipation  juive  do  1830  à  1880;  'J'*  Usure;  S**  La  clergé 
juif  en  Angleterre  avec  reproduction  de  sermons,  prières,  catalogue  d© 
sermons,  liste  de  rabbins  anglais;  fj**  Conversions;  G*  Sbyloek  et  ses  an- 
cêtres ;  ioxlts  de  Fhîsloirû  inverse  (Chrétien  qui  veut  avoir  la  chair  d'un  Juif) 
arrivée  k  Rome  oji  VùB'S;  7^  Les  dernières  persécutions  des  Juifs  en  Rnssie. 

ScHTJLTZE  (Martin),  Zur  Formenlchre  d(3S  semilischûn  Verbs.  Wien,  libr- 
Cari  Koiiegen,  1886,  ïnS^  de  55  p* 

M,  Sch.  chercbo  à  e3îp]if|iier  l'origine  des  formes  du  verbe  sémitique;  il 
emploie  la  méthode  compara Livo  et  se  sert  d'exemples  lires  des  langues  non 
sémitiques.  Jl  y  a  beaucoup  d'idées  daos  ce  travail,  nous  ne  nous  char- 
geons pas  dû  dire  si  elles  sont  justes  ou  nou  ;  elles  nous  paraissent  quoique 
peu  aventureuses. 

ScHWAHZ  (J,-!!.)»  Dur  Bar-Cochbaischo  Aïifstand  untcr  Hadrian  oder  der 
gnnzUchc  Verfalldes  jûd.  Reichcs.  Brùtin,  libr.  Bernard  Epstein,  1885, 
in -8*^. 

L'auteur  a  voulu  faire  un  récit  populaire,  les  citations  tnlmudiques, 
cependant,  et  les  notes,  o^y  manquent  pas,  mais  cette  publication  n'a  pas 
pour  but  de  rien  changer  aux  idées  courantes  qu'on  a  sur  la  guerre  de 
Bar  Gocheba  ou  sur  les  iocidents  de  cette  guorrc. 

Ver  NES  (Maurice).  Les  abus  ûa  la  mélbode  coinparaLlvû  dans  l'histoire  des 
religions  on  général,  et  particulièrement  dans  l'étude  des  religions  sémi- 
tiques. Leçon  d'inauguration  lîe  renseignement  des  religions  sémitiques 
faite  àrécole  pratique  des  Ilautcs-Étudos.  Extrait  de  la  Revue  inlernat. 
de  renseignement,  du  15  mai  188G.  Paris,  libr,  Arm.  Colin,  1886,  iq-S* 
de  31  pages. 

Waldsck  (Oskar)*  Deutsehes  Gobetbuch  iûr  die  isr.  Jugead*  Wien,  impr. 
et  libr,  Wilh,  Kôhler  (1886),  ia-8^  de  no<4)  p. 

Priûres  en  allemand,  vers  et  prose;  bien  faites;  très  jolie  exécution 
lypogiephiqae  avec  cadres  en  couleurs* 


BroLIOGRAPHIK 


i\^ 


kar).  Glaiîbens-  und  PfUchtenlehre  fur   die  isr.  Jugend  der 
gcr-  und  Mittelschuîen*  Wion,  impr.    ot  îibr.  îlcrm.  Licbor- 
mann,  1886,  Ïn-S^  de  55  p. 

Wkber  (Ford.)*  Diû  Lebren   des  Talmud  qucllenmiissig,  systemalisch  und 

gememversUindlicîi  dargoslelU ,   nticb   des   Verfssscrs   Todo  hrsgg,   von 

Franz  Delilzsch  und  Gcorg  Schnederinani),  Leipzig,  Dorfltug   ot  Fraoke, 

(1886),  in-S^  de  xxxiv-39a  p.  Fait  parlie  des  '^  ScUriflca  dtis  InsLitulum 

1    judalciuu  »  fondé  pour  la  conversion  des  Juifs. 

WKti^L  (Alexandre^  Mes  romaDS»  avec  la  prôfiicô  de  Henri  lîeinc.   Paris, 
Iibr.  Cohen  frères,  1886,  2  vol,  in-8"  de  viii  +  47D  +  510  p^ 

On  sait  que  cea  pelita  romans  sont  la  plupart  fort  Jolis  et  quelqyes-iias 
toat  k  fait  charmanis.  Ëmeraude  est  bien  toucbaute,  et  Couroune  est  udo 
idjlie  Juive  pleine  do  grâce, 

[  WÛNSCKK  (Aug.).  Der  babyloniscbe  Talmud  în  sein  en  baggadischcu  Bos- 
inndtheilen,  wortgetreu  ubersctzt  und  dnrcb  Notcn  erïâutert }  erslcr 
Ualbband.  Leipzig,  Iibr,  Otto  Scbulzc,  IS-Sfî,  în-8*»  de  xvi-5r>2  p. 

I  ZiMUELS  (B.).  Léo  llebracus,  cin  jiidiscbcr  Pbilosopb  der  Renaissanco,  scia 
Lebou  und  seine  Lebren.  Breslau,  Ubr.  WilUelm  Koebaer,  1886,  in-8'*  de 
m  pages* 


Puhlieatiùns  poutani  sertir  à  rhistoire  du  Judaïsme  moderne. 


tALBEaTî  (Conrad).  Ludwig  Borne  (1780-1857).  eine  biograpbiscb-lilcra- 
riscbe  Sludie  zur  Feicr  seings  hundertjaUrîges  GeburLslagos*  Leipzig, 
Ubr.  Otlo  Wigand,  1886,  in^8^  do  208  p. 


3cn  (J.*S.).  Der  nationale  Zwist  und  dio  Juden  in  Oostcrroicb,  Wicn» 
Iibr-  M.  GotUieb,  1886,  in-8^  de  m  pages. 


îîiiOURÉ  (Alphonse).  Barreau  de  Paris.  Eloge  do  Crémicnx»  Discours 
prononcé  le  30  novembre  1885  à  rouverlurc  de  la  coufércnco  des  avocats. 
Imprimé  aux  frais  do  l'Ordre.  Paris,  impr.  Alcan  Lévy,  1885,  in-8''  de 
45  pages. 

Pâ^ucffiLLs  (Paul).   La  question  juive  en   Franco  sous  le  premier  Empire, 
d*dprès  des  documents  inédits.  Paris,  Iibr.  Rousseau,  1884,  in-S*  do  78  p. 

RiiOBZRG  (S.).  Zur  Sakularfeicr  Moses  Mendclssobas  den  4.  Januar  1886. 
Vorlrag,  2.  Auflage.  Tilsit,  Iibr.  Albert  Frauke,  1R8G,  iii-8'  de  24  p. 

iKLUKKlt  (Ad.)»  Ans  dor   Zeit.   TogcsfrMgen   und  Tagcsbegebeobcilcn.    IL 
Scftc,  Budapest»  impr.  Sam.  Markus,  1H8G,  in-8''  de  1 10  p. 

Recueil  d'arlîrles  od  l'on  Irouvera,  comme  dans  toutes  les  aulres  publi- 
cations de  l'auleur,  ime  foulo  do  vues  iiigj^iiieuiîea  el  de  réllexions  origà- 
Dal«s.  Les  principaux  chapitres  sont  :  Ln  supériorité  de  la  raoo  juive  au 
point  de  vue  raorab  —  Aime  ton  prodiaîn  comme  loi-roCmo,  —  La  théorie 
dits  nations  du  prince  de  Bismarck.  —  Talmud  baptisé.  —  Album  Monte- 
fiore.  —  Le  Tolmud  au  Japon  (fables  lolmuditîues  analogues  k  des  fables 
Japonaises).  —  Uillel,  le  triomphe  du  judaïsme  moderne, 

Kattlo^  des  antiquariscben  Bûcber-Lagcrs  von  J.  KauITmaun,  Ilebraica  und 
Judaica,  Francfort  sur-le-Mein,  168G,  in  8"*  de  00  p. 


îm  REVUK  DES  ETUDES  JUIVES 

Lbfiiaann  (Bmil).  Die  Judeu  jeUt  und  eitisL   Bin   Beltnig  zur  Lôsittig  dcr 

Judeiifrage.  Dresde  et  Leipzig,  libr,  E.  Piersoti»  1880,  m-8*  de  'Sî  p. 

BerôliiaLe  Mâimer  uod  Fraueo.,  Protesl  gegen  den  AnUsemiUsmus,  L  Senc; 
édile  par  C.  S.  Grùnlèld,  chez  M.  Waîznerj  à  WIoil  Texte  el  portruits. 
—  Nous  donuoud  cette  iudicalioû  d'aprèa  un  prospeclus. 

Vurzeicbniss  Ton  hebr.  u.  jûd.  Bûchera»  HandschHnen,  ctc.p  ans  dcr  Bi- 
hbothek  des  Uerrtj  VeVin  Polak«  weïche  om  17,  MAn:  188*5,  .  ftollen 
verateîgert  werdeo.  Ilaag,  Martiaua  Ntjbolf,  1H80,  m^H"*  de  12  p. 

Noies  et  e^iraiis  divers. 

=  Le  monde  savant  a  été  Justement  ému  de  la  découverte  cfu'ou  a  faite 
d*UQ  manuscrit  du  Mischné  tora  de  Malmouîde  qui  se  trouve  cbei 
MM.  Hamburger.!^  FrancforUsuMe-Mein,  et  qu'on  dit  autographe.  Il  porte 
la  signature  de  Don  Isaac  Abrabanet,  qui  l'a  possédé  et  Tarait  acheté  à 
Venise.  Il  contient  des  variantes  qui  ne  prouvent  rien  ni  pour  ni  contre 
rautbeuticité.  Pour  plus  de  détails,  voir  cotre  autres,  les  Popular-Wis- 
scnschiiilL  Monalsbimter,  numéro  du  1^'^  Juin,  et  Tarticle  de  M.  Keu- 
bauer  dtius  le  Jewish  Cbroniele,  m  897,  du  4  juin  1886,  p.  13. 

=:  Notre  collègue  M.  Hartwig  Derenbourg  vient  de  publier,  dans  la  biblio- 
thèque de  TEcole  des  langues  orientales  vivantes,  Touvrage  suivant 
OusÛma  ibn  Mounkidh,  un  émir  aérien  au  premier  siècle  des  croisades 
il095-llS8)  ;  â*-'  partie,  texte  arabe  de  Tautobiographie  d'Ousâma  publié 
d'après  le  manuscrit  de  TEscurial*  Paris,  libr.  B.  Leroux,  1886,  in-d"  do 
xii-184  p. 

==:  Nos  collègues  MM.  Joseph  et  Hartwig  Derenbourg  ont  publié  un  iiou* 
veau  travail  sur  les  inscriptions  SL^mitiques.  11  a  pour  tiirc  :  Les  inscrip^ 
tlons  phéniciennes  du  temple  de  Seti  à  Abydos.  publiées  et  traduitet 
d*après  une  copie  inédite  de  Sayce.  Paris,  libr.  Ernest  Leroux  «  188G,  in-8*^ 
de  23  pages  et  4  planches.  Tirage  à  part  de  la  Hevue  d'assjriologie  ci 
d *archéologi  e  orien  taie . 

=  La  Oesterr.  Monatsschrifl  fur  den  Orient,  numéro  du  15  avril  188G,  cod- 
tienl  un  article  de  D.  Kaufmanii,  intitulé  n;^0  '^^  uod  der  Ordo  com- 
mendationis  animi  (p.  80}  ;  la  prière  chrétienne  serait  imitée  de  la  prière» 
juive. 

=  Les  Gall.  Gel.  Anxg.,  n*  2  de  1886*  p.  lù  et  suiv,^  ont  une  recenaîon, 
par  D.  Kaufmann,  do  l'ouvrage  de  M.  GOdemano,  intitulé  Gesch.  dfit 
Erziehun^iTSwesen  u.  der  Cultur  unter  d.  Juden  in  Italien. 

^  Le  Boletin  de  la  Real  Academia  de  la  llistoria,  de  Madrid,  tome  Mil. 
fasc.  V,  mai  18BG,  p.  358  et  31)7,  contient  deux  études  des  plus  intéres< 
santés,  Tune  de  M.  Francesco  Danvila,  Tautre  de  M.  P.  Femaudez  ] 
Goazales,  sur  Vincent  Ferrer  et  îe  sac  de  k  juiverie  de  Valence  en  ld91«; 

=  Lm  Revista  de  Gerona,  année  10,  déc.  1885,  n*  12,  p.  354,   a  une  t: 
mtéressante  description,  par  M.  E--C.  Girbal,   d'un  précieux  manuscril 
biblique  (en  latin),  avec  miniatures,  qui  se  trouve  à  Girone. 

=  Le  dernier  volume  {nidda  et  êed^r  lokoroi)  de  la  grande  et  belle  éditio] 
du  Taltnud  de  la  librairie  Homm»  de  Vîlna,  vient  de  paraître  (1886) 

ISIDORE  LOEB. 


DmyoGiupîîiK 


1B! 


^frnsii^  et  Alltiemlaii^i.  par  Zadoc  Kaun,  graA(]>rabbiu  de  Piiris.  Dûuxièmâ 
tèùe.  l'ûTis,  liLr.  A.  Durlacher,  1K8ti,  in-lH  de  :i78-{!)  p. 


Nous  avons  pris  pour  règle  de  ne  pas  nous  occuper  ici  des  ser- 
lûons  qui  se  publieul,  en  assez  grand  nombre,  en  France  et  à 
l'étranger,  et  qui  pourraient  cepeiidaut  prêter  quelquefois  matière  à 
das  observations  instructives*  Si  nous  faisons  une  exception  pour 
I  l€S  Sermons  et  Allocutions  de  notre  cher  Président,  M.  lo  grand- 
rabbin  Zadoc  Kaiint  c*est  qu'ils  la  méritent  à  tous  égards  pour  l'in- 
lérèl  spécial  qu'ils  présentent  et  leur  liante  valeur.  Nous  ne  dirons 
eiu«^  peu  de  cdose  des  qualités  purement  extérieures  de  ces  sermons; 
ûous  craindrions  de  déplaire  a  M.  Zadoc  Kalm  en  insistant  gur  des 
question»  de  forme  dans  im  sujet  oii  le  fond  seul  lui  tient  à  cœur  et 
qu'il  croirait  rabaisser  en  y  mettant  des  préoccupations  mondaines 
ou  des  Tani tés  d'auteur.  Nous  nous  conteuterouâ  donc  de  signaler, 
dans  ce  recueil  de  sermons,  l'heureux  choix  des  sujets,  l'originalité 
des  codres  dans  lesquels  se  meovent  les  idées  de  Toraleur  (par 
cxempre  la  Voix  de  Dieu  et  le  charmant  sermon  sur  les  Montagnes 
d'isnilflj,  Ja  disposition  irréprochable  des  plans,  l'art  enfin  avec 
lequel,  dans  un  espace  de  temps  assez  rigoureusement  limité  et 
qu'an  ne  saurait  prolonger  sans  blesser  les  habitudes  d'un  audi- 
l^ire  parisien,  sont  traités,  avec  leurs  développemenlïî  logi(|ues»  des 
sujets  que  l'on  pourrait  et  que  M.  Zâdoc  Kâhn  voudrait  sûrement 
ttpoiter  avec  plus  d'ampleur.  La  langue  de  ces  sermons  est  comme 
hd  lii^u  souple  et  ferme,  elle  est  à  la  fois  sobre  et  colorée,  précise  et 
tcaiirc,  et  donne  Tidée  de  la  force  unie  à  nue  extrême  douceur.  Sa 
JKxolo  a  des  accents  pénétrants  qui  ont  un  charme  iuOui. 

Ce  qui  frappera  tout  d'abord,  dans  ces  sermons,  tout  lecteur 
franger  au  JudaKsme,  c'est  le  ton  de  rorateur.  M.  Zadoc  Kalin  n*est 
pli  traochant,  il  ne  jette  pas  de  foudres,  il  ne  déclame  pas,  en 
;  lyrperîaoles  irritées,  contre  les  vices  du  siècle  et  la  perversité  de  ce 
J  oitiiide,  il  ne  menace  pas  de  l'enfer  et  ne  montre  pas  le  diable  ;  il  est, 
[iTajit  loui,  persuasif,  ei  veut  uniquement  toucher  et  convaincre. 
par  la  que  ces  sermons  sont,  pour  nous  et  pour  les  lecteurs  de 
ile¥ue,  si  instructifs  et  si  intéressants.  Nous  ne  connaissons 
^d#  recueil  où  Ton  puisse  mieux,  ou  même  aussi  bien  que  dans 
fMmioas,  apprendre  quelle  est  la  pensée  intime  du  Judaïsme  et 
'  dans  rùme  des  Juifs.  A  notre  avis,  aucun  autre  prédicateur 
jiii/das  temps  actuels,  même  parmi  ceux  qui  sont  le  plus  justement 
cÉéètireSf  n'a  au  même  degré  ce  mérite  de  représeuter  exactement  et 
de  réûeur  les  idées,  les  sentiments,  les  sympathies,  les  joies,  les 
éaulgPTSt  l<^  espérances,  les  aspirations  de  la  communauté  des  Juifs 
i.  La  plupart,  à  notre  avis,  sont  restes  tro|»  attachés  aux 
de  ia  prédication  juive  du  moyen  âge  ou  se  sont  montrés 


M  lEfIS  DES  ÉimES  lUIV'KS 

trei»  seBsibkffsez  pméàîs  de  coovauioii  de  ce  qu'on  appelii  lélo- 
qiiaiee  saote.  Ds  se  tifanent  tix>ii  «o-dessos  ou  en  dehors  de  leur 
lodilûire.  IL  Zadoe  Kelm  a,  pour  le  sien,  ime  sympathie  si  profoode, 
foUl  pense  et  seat  coomie  loi  et  arec  lui,  que  tout  ce  qu*il  dit  peut 
être  eompris  et  rase&U  par  eenx  qui  l'écouleot.  Tout  en  se  tenaot 
SOT  ks  hauteurs  les  plus  életées  de  la  pensée,  il  sait  ce  qui  se  passe 
<ldii5  la  pedle  léle  d^m  eailnil  qui  se  pcéseale  à  rimilatiou  reli- 
glense,  et  ee  que  peol  eomprendre  de  lliéologîe,  de  philosophie,  de 
morale  on  Juif  parisien.  Son  senneo  est  le  Tral  sennou  juif  moderne 
et  comme  im  nûroir  qui  réMchil,  en  Teimolilissant,  le  Judaïsme 
actuel. 

Si  Ton  y  cherebe  la  théorie  religieuse  du  judaïsme  de  notre  temps 
et  de  DOS  paiys,  on  y  CnmTera  tout  d'abord  une  religion  toute 
simple,  qui  n'exige  de  Tesprit  hnmain  aucun  sacriûce  pénible  et  qui 
se  borne  à  propœcr,  pour  les  graves  questions  métaphysiques  qui 
ont  tait  jusqu'à  ee>oiir  le  tivnnuent  de  l'humanité,  les  solutions  les 
plus  acceptables  et  les  plus  consolante.  Plusieurs  fois  M.  Zadoc 
Kahn  fait  ressortir,  arec  un  sentiment  de  satisfaction  légitime,  ce 
caractère  rationnel  du  judilsnie  et  la  bonne  grâce  avec  laquelle  cette 
religion  s'accorde  avec  les  découvertes  et  les  progrès  de  Ja  science 
moderne.  Dieu,  la  famiUe,  la  patrie,  liiumanité*  le  monde  futur, 
voilà  les  fondements  sur  lesquels  repose  rédifîce  religieux  du  Ju- 
daïsme et  les  principes  autour  desquels  se  groupent  toutes  les  Idées 
proposées  par  M.  Zadoc  Kabn  à  la  méditation  des  lidèles.  Ajoutez  le 
dogme  de  la  révélation,  sans  lequel  il  n'y  a  pas  de  religion  positive, 
la  conviction,  souvent  répétée,  que  la  religion  juive  a  contribué  lar- 
gement au  progrès  moral  de  l'humanité,  Tattente  de  cette  ère  de 
paix,  d*amour  et  de  fraternité  universelle  dont  ridée  est  la  création 
la  plus  glorieuse  des  prophètes  juifs,  et  vous  aurez  un  corps  de  doc- 
trine sûrement  excellent  et  une  religion  toute  spirituelle,  faite  dV 
mour,  de  sacrifice,  de  dévouement  Les  pratiques  religieuses  ne  sont 
pas  oubliées,  mais  elles  sont  mises  à  leur  place  et  à  leur  rang, 
comme  un  simple  instrument  d'édification  et  de  sanctification,  une 
haie  (comme  Ta  dit  un  ancien  docteur)  autour  de  la  Loi  et  non  la  Loi 
même.  C'est  exactement  le  contraire  de  tout  ce  qui  se  dit  et  s'écrit 
sur  ces  questions  dans  un  certain  monde  et  même  dans  divers 
mondes  où  régnent,  contre  le  Judaïsme  et  les  Juifs»  des  préjugés  in- 
vétérés et  plus  souvent  encore  un  esprit  de  malveillance  et  de  haine. 

Nous  voudrions  que  ces  sermons  fussent  lus  par  tous  les  hommes 
de  bonne  foi,  ils  feraient  tomber  bien  des  préventions  et  des  er- 
reurs* On  dira  peut-être  que  M.  Zadoc  Kahn  et  ceux  qui  Técoutent 
avec  une  satisfaction  si  manifeste  ne  sont  pas  dans  la  vraie  tradition 
du  judaïsme  et  qu'ils  rinlerprt:"lent  à  leur  fantaisie.  N*a-l-on  pas  vu 
récemment,  en  Allemagne,  contester  cette  déclaration  d'une  confé* 
rence  de  rabbins  que,  suivant  le  précepte  du  Pentateuque  d'aimer 
son  prochain  comme  soi-même,  les  Juifs  doivent  aimer  également 
tous  les  hommes  sans  distinction  de  race  ni  de  religion  ?  Nous  n*en- 


BÏBLIOGnAPÏIÏE 


1S3 


ns  pas  ici  dans  une  querelle  de  ce  genre,  on  pourrait  nous  soup- 
ronner  de  faire  de  Tapolo^je  tandis  que  nous  ne  voulons  que  cons- 
tater des  faits,  mais  il  nous  sera  permis   de   dire  que  c'est  une 
maOTaise  querelle.  Pour  les  théologiens  ou  les  historiens  du  passé 
la  qo€stion  a  son  importance,  mais  nous  n'examinerons  pas  ici  ce 
^que  les  Juifs  anciens  ont  dit  ou  pensé,  cous  nous  occupons  du  pré- 
Hient  et  nous  disons,  avec  M.  Zadoc  Kalm  :  Voilà   ce  que  pensent, 
^Hiaeiil  et  proclament  les  Juifs  de  nos  jours.  Qu'ils  soient  ou  non  en 
PoontradictioD  avec  les  anciens  textes,  c'est  leur  a  traire  et  cela  no 
regarde  personne.  Pour  ceux  qui  les  considèrent  du  dehors,  il  suffit 
de  savoir  ce  qu'ils  sont»  non  ce  qu'ils  pourraient  être  ou  ce  qu'on 
iwidralt  qu*ilâ  fussent.  Vous  êtes  faits,  dit  M,  Zodoc  Ivahn  à  ses  au* 
\     dateurs  (nous  reproduisons  ici   ses  expressions  mûmes),  pour  la 
fettiL,  le  bien,  le  devoir  ;  la  religion  juive  que  vous  devez  pratiquer 
est  une  religion  de  justice  et  de  chanté;  voire  Dieu  est  un  Bieu 
d*aoiour,  de  bonté,  de  miséricorde,  il  est  le  père  de  tous  les  hommes, 
la  Providence  de  toutes  les  créatures.  Aimez  la  famille,  aimez  la 
patrie,  aimez  tous  les  hommes,  ne  séparez  jamais  vos  inférèts  de 
ceux  de  l'humanîté  ;  ne  commettez  d'injustice  envers  personne,  soyez 
p^robes,  honnêtes,  loyaux  avec  tout  le  monde  et  en  toute  circons- 
Uûce  ;  soyez  toujours  animés  d'un  esprit  de  douceur,  de  mansué- 
Uide.  de  charité,  de  résignation  dans  les  épreuves  si  douloureuses 
15  envoie  la  persécution  et  pardonnez  à  vos  persécuteurs; 
..,^_,_i-vous  toujours  qu'il  y  a  d'autres  intérêts  que  ceux  de  la 
t€rT«,  qu*au  delà  des  réalités  visibles  et  grossières  il  faut  désirer 
QAbien  supérieur,  la  justice,  la  vérité,  Tamour.  Ce  judaïsme  n*cst 
pu  celui  que  rêvent  les  adversaires  des  Juifs,  leur  siège  est  fait. 
hm  aux,  il  est  établi  que  le  judaïsme  moderne  est  une  religion 
yBremant  extérieure  où  la  pratique  religieuse  étouile  le  sentiment 
di  la  religion  et  de  la  morale;  que  les  Juifs  sont,  dans  nos  pays, 
im  étrangers  sans  patrie  ;  qu'ils  sont  exclusifs  et  haineux  envers 
Je  genre  humain,  déloyaux  dans  les  relations  sociales  ou  commet'- 
cilles,  et  entin  qu  ils  ne  pensent  qu^aux  biens  de  la  terre  et  que 
'ir^eot  est  leur  seul  idéal.  Apparemment,  ceux  qui  parlent  ainsi 
il  mieux  qno  les  Juifs  eux-mêmes  ce  qui  se  passe  dans  leur 


Nous  pourrions  prolonger  ces  réflexions  et  y  en  ajouter  beaucoup 
liras.  Nous  nous  bornerons  à  examiner»  pour  finir,  le  caraclèro 
]*apotogie  juive  dans  la  prédication  de  M.  Zadoc  Kahn*  On  ré- 
sans  cesse  que  les  Juifs  sont  orgueilleux,  qu'ils  se  considèrent 
ie  lé  peuple  élu  et  comme  supérieurs  à  tous  les  autres  hommes. 
trouTera  pas  trace  de  cet  orgueil  chez  M,  Zadoc  Kahn  et,  s'il 
.  Ssf  des  services  que  le  judaïsme  a  pu  rendre  à  l'humaniié,  c*est 
fiarié  sans  prétentions  el  pleine  de  retenue.  Il  croit  que  le 
hébreu  a  rempli,  dans  le  monde,  une  mission  providentielle, 
ifoe  cette  mission  était  de  se  consacrer  à  rhumanilé,  Jamais  il 
fait  de  polémique  contre  d'autres  religions,  et  cette  réserve,  qui 


1 


IM 


REVIIE  DES  ÉTUDES  JOÎVES 


pourrait  servir  de  modèle  ù  bien  des  prédicateurs  de  toutes  les  cou 
fessiotis.  indique  rhesî  lui  comme  chez  ses  auditeurs  Tabsence, 
ces  matières,  de  tout  esprit  miULant.  Elle  devrait  bien  être  imitée  | 
certains  écrivains  et  journalisies  de  noire  connaissance,  qui  ne  gar*^ 
dent  pas»  en  ces  matières,  la  mesure  commandée  par  les  con?e 
nances  et  le  bon  goût  et   feraient  beaucoup  mieux  de  laisser  di 
côté  ce  genre  de  questions.  Si  quelqueTuis  M.  Zadoc  Kahn  redres 
des  erreurs  accréditées  (par  exemple,  que  la  religion  des  prophète 
est  la  religion  d'une  tribu  ou  d'une  race^  non  la  rGligîon  de  rhuma« 
niié  ;  que  le  Judaïsme  ancien  n'aurait  pas  connu  la  charité),  il  le  fait 
aTec  la  plus  grande  modération  et  en  se  gardant  de  prendre  le  tou 
agressif.  Il  est  si  loin  de  tout  sentiment  de  vanité  puérile  ou  exa 
gérée,  que,  sur  le  caractère  des  Juifs  et  leurs  bonnes  qualités,  il] 
.   ne  dit  rien  qui  ne  soit  généralement  admis  et  ne  puisse  être  dit  par 
lôuL  observateur  impartial.  Personne  ne  lui  reprochera  de  vanter^ 
chez  les  Juifs,  les  vertus  de  famille,  les  vertus  de  la  femme  juive,  la 
pureté  des  mœurs,  rinêpuisable  charité,  Tesprit  de  douceur  enver 
ceux  qui  les  ont  si  cruellement  persécutés,  le  respect  pour  la  science 
et  la  HUéralure,  laraour  de  Tinslruction,  et,  dans  un  autre  ordre  d^ 
faits,  le  sentiment  de  l'indépendance,  de  la  liberté,  et  de  la  dignit 
personnelle,  Ténergie  du  caractère  et  l*élonnante  vitalité  morale  qt 
leur  a  permis  de  ne  pas   s'atTaisser  sous  le  mépris   de  dix-huit 
siècles,  enfin,  une  cerLaine  vue  optimiste  de  la  vie  qui  résiste 
toutes  les  épreuves  et  à  toutes  les  persécutions  et  sans  laquelle  lt»| 
monde  périrait.  Lors  même  que  les  Juifs  n'auraient  pas  à  un  même 
degré  ou  à  un  degré  éminent  toutes  ces  qualités  ou  ces    vertus 
c'est  déjà  beaucoup  qu'ils  aspirent  à  les  posséder  et  cette  ambi-- 
iioû  est  toute  à  leur  honneur.  En  général,  une  des  grandes  qua- 
lités de  ces  sermons,  et  qui  frappera  tous  les  lecteurs,  c'est  1©  tact] 
parfait  avec  lequel  M.  Zadoc  Kaho  exprime  ses  idées.   Il  est  lui- 
même  une  réponse  vivante  à  ceux  qui  accusent  les  Juifs  d'ôtivi 
en  tout  excessifs  et  de  manquer  d'équilibre.  G*est  un  plaisir  dô*| 
llcat  et  quelquefois  délicieux  de  voir  comme  il  dit  exactement  toaij 
ce  qu'il  pense,  sans  un  mol  de  trop,  sans  une  expression  qui  sonni) 
faux  ou  qui  trahisse  la  déclamation,  et  comment  il  répond  à  toute* 
les  tendresses  du  cœur  et  aux  beaux  rêves  de  l'imagination  tout 
en  donnant  satisfaction  aux  esprits  les  plus  rigoureux.   Il  possède | 
ces  qualités  à  un  point  où  elle  apparaît  comme  un  génie  naturel] 
et  un  don  tout  è  fait  rare.  La  modération  et  la  mesure  qu'il  met  en  1 
toutes  choses  accroissent  la  force  de  sa  parole.  On  seni,  dans  cçj 
qu'il  dit,  un  feu  intérieur  et  une  ardeur  toujours  contenue,  on  voiij 
que  ce  qu'il  éprouve  et  ne  dit  pas  vaut  autant  et  plus  que  ce  qu'i| 
dit.  Celle  pensée,  dont  on  devine  les  profondeurs  sans  les  voir,  fait] 
vibrer  tout  ce  qu'il  y  a,  chez  l'homme,  de  bon,  de  noble  et  de  poé*| 
tique,  et,  par  une  sorte  de  résonnanco  morale,  éveille  dans  les  cœu 
mille  échos  mystî-rieux. 

Isinonifi  Lo£0. 


BmLKHjHAPïllE 


iîss 


lu  1> 
witk 


^ii<*  mf  Ihe  n^brei^  m»tiii«ir'rlpts  Itt  f lii»  t^<lfll^l.1n  Lthrsiry  and 

t*allr|;«  LtlirarleN  of  iltr«»rcl,   includiD^    mss,    iti  othcr  loaf^uuges 

r*  wnlleu  in  Hebrew  charucters,  or  iclottnfç  to  the  llebrew   liiiifçuaffe  or 

1  4  tew  Saiu»niaa  lasti.,  compUed  hy  Ad.  Neçisaueu,  wiLh  iorly  fac- 

rti,   ClareiiJoQ    Press,    1KS6,   in-4*   de  xxii  p.   et  ll(jH  coL  Les  l'ac- 

_    .^^...^  dtDs  ua  etrion,  uut  pour  tilre  t  Fftcsimtk-s  of  Hebrew  mantiscripls 

•  BofUftian  Librurjr  illuslratinj?   lliô  viirious  forras  et'  riibbiaical  eharacterî^, 

traiiscrintioris,  by  Ad.  Nowbnuer.   Oxfofd,  CUrendon  Press,  IHSG  ;  iii-l"  de 

À  d'béliogmvurc  ik\ec  uutajit  de  feuiUcU»  eontocaul  la  irBQS- 


La  putiUcation  liu  catalogue  des  maauscnts  liébreiix  de  la  bibljo- 

r^lièq^  Bodiéieune  d*Oxford  est  un  vérilablt?  événement  dans  Thistoire 

iilB  liUéralure  juive,  et  il  est  pertiiisde  dire,  saas  craindre  de  ré- 

fiéliêr  uû  vieux  cliché,  qu'elle   était  impatiemmeot  aUendue  depuis 

loctfieaips*  Celle  attente  n'a  pasélé  trompée.  Ce  catalogue  est  un  ins- 

tmioeDl  de  travail  du  plus  haut  prix  pour  la  ricliesse  des  matériaux 

qu'il  cooUeQl  et  pour  ta  valeur  que  leur  ont  donnée  la  classiâcatjon 

•Cla  description  de  M.  Neubauer.  IL  est  bien  inutile  d'insister  ici  sur 

lis  mérites  de  celte  grande  collection,  commencée  au  xvu*^  siècle, 

«I  qui  se  compose  aujourd'hui  de  quatorze  fonds  ditïéreots,  parmi 

Ittfltels  ceux  de  David  Oppenheimer,  de  M.-J.  Michael,  de  Regprio  et 

.^  Keoaicott  ont  été  acquis  de  <8iU  à   1870.  Le  catalogue  contient 

l^M  ouméros,  dont  beaucoup  se  composent,  comme  il  arrive  tou- 

dé    plusieurs  ouvrages.    M.  Neubauer   a   classé   cette  masse 

ie  d'écrits  sous  les  rubriques  suivantes  :  Bibles  avec  Iraduc- 

^  iHcammentaires,  Talmud  (halakha  et  aggada),  liturgie,  théolo- 

,  tihjlosophie  et  morale,  massora  avec  grammaire  et  lexicographie» 

lie,  poésie,  mathématiques,  astronomie,  astrologie,  magie,  cos- 

Iphie,  médecine,  et,   eniin,  miscellauées  (polémique,  histoire, 

,  eic*^.  Quelques-unes  de  ces  rubriques  se  subdivisent  en  un 

lin  aombre  de  chapitres,  la  plus  remarquable  de  ces  subdivisions 

leeàlfides  œuvres  Iiiurgiques,  qui  ne  contient  pas  moins  de  qua- 

chapitres,  où  sont  compris  des  rites  variés  (franco-allemand* 

4,  italien,  Avignon,  Carpentras,  grec,  espagnol-oriental,  et  au- 

.  Si  ua  ne  considère  daus  l'ouvrage  de  M.  Neubauer  que  ie  côté 

riiJiai  dire  extérieur,  on  sera  déjà  frappé  de  rexcellence  des  me- 

<|ii'ài  a  prises  pour  le  rendre  utile  et  d'uo  usage  facile.  Après 

ttabie  4es  maliéres  et  la  liste  des  ouvrages  cités,  vient  la  concor- 

!  des*  anciens  numéros  des  divers  fonds  avec  les  numéros  nou- 

La  description  des  ouvrages  est  suivie  de  cinq  index,  qui  sont 

t  11  qu  '  e  du  catalogue  et  qui  seront,  pour  les  savants, 

au-  imde  que  sùr>  Ces  index  comprennent  :  i^  les 

(  des  auleurs  et  traducteurs,  suivis  d'un  index  spécial  indiquant 

AaiDS  de  famiile  ;  2"  les  titres  des  ouvrages,  môles  avec  un  index 

iCique»  classant  les  ouvrages  par  matières;  3'^  les  noms  des 


im*  REVOE  DES  ÉTUDES  lïïîVES 

copistes,  des  propriéloires  et  les  témoignages;  4**  les  noms  des  cen' 
seurs;  5"  la  liste  des  noms  géographiques.  A  la  fin  se  trouvent  ùi 
additions  et  corrections,  qui  nous  ont  paru  très  intéressantes  et  qu'i 
ne  faudra  pas  manquer  de  consulter  avec  soin.  Dans  la  descriptioi 
des  manuscrits.  M.  N.  s'est  montré  d*une  sobriété  exemplaire,  il  a 
ce  qu'il  lallait  dire»  sans  digressions  ni  hors-d'œuvre,  et  a  plulô 
visé  à  Texactitude  qiïk  la  vancté  des  rengeignements.  Peu  d*hypo 
thèses»  pou  de  discussions  ou  digressions,  des  doutes  discrètement  i 
diqués»  mais  un  soiu  exirèmo  de  mener  à  bien  la  tâche  si  difficile 
si  délicatti  do  ridentification  des  œuvres  et  des  auteurs.  On  ne  pei 
pas  dire  que  la  curiosité  du  lecteur  soit  toujours  satisfaite,  mais 
suffît  qu'elle  soit  éveillée,  et  M.  Neubauer  a  le  droit  de  renvoyer  li 
curieux  au  manuscrit  même.  La  description  des  œuvres  de  liturgii 
et  de  poésie  sera  principalement  remarquée  pour  Ténorme  masse  d( 
travail  qui  s'y  trouve  accumulé  dans  un  espace  restreint,  et  le  soil 
avec  lequel  M  N.  a  recueilli  ces  inlmiment  petits.  Le  catalogue  do 
liturgie  a  encore  un  autre  mérite.  M.  Neubauer  y  a  introduit  une 
novation  importante,  l*our  chaque  rite,  il  a  commencé  par  décrire 
manuscrit  modèle,  et  il  a  pu  ensuite  se  borner  à  indiquer,  dans  h 
autres  mss.,  ce  qui  les  distingue  du  manuscrit  pris  pour  type,  CettI 
méthode  n'a  pas  seulement  pour  avantage  d'économiser  la  place,  elli 
fournit  une  sorte  de  tableau  synthétique  des  rites,  et  permettra  do- 
rénavant de  reconnaître,  beaucoup  plus  facilement  qu'on  ne  pouvail 
le  faire  jusqu'à  ce  jour,  le  rite  d'un  mabzor  donné. 

Bans  un  assez  grand  nombre  de  numéros,  M.  N.  a  donné  de  cottrti 
extraits  intéressant  Thisloirc  littéraire  ou  Thistoire  civile  des  Juitei 
il  a  très  sagement  fait  de  se  borner,  sur  ce  point.  Il  lui  eût  été  facile 
d'être  un  peu  plus  libéral  en  renseignements  sur  ridentiiicaiion 
des  noms  propres  de  personnes  et  de  lieux;  les  tables  renferment 
très  souvent,  il  est  vrai,  ce  que  le  catalogue  ne  dit  pas  sur  cette  mi- 
lière,  mais  on  peut  trouver  qu'elles  sont  encore  trop  laconiques, 
M.  Neubauer,  qui  connaît  si  bien  la  matière  et  qui  a  consacré  tout 
un  travail,  couronné  par  l'Académie  des  Inscriptions,  à  la  géogra- 
phie rabbinique  du  moyen  âge,  aurait  pu,  au  courant  de  la  plume, 
donner  des  indications  qui,  pour  un  grand  nombre  de  personnes, 
eussent  été  précieuses.  Voici  quelques  remarques  sur  ce  sujet.  11 
faudrait  bien  renoncer  une  bonne  fois  à  écrire  Adereth  ou  Adderetli 
(la  table  a  la  bonne  leçon)  pour  Adret;  Bongodas  pour  Bonjudas;  Bon- 
goa  pour  Bonjua,  Il  a  été  suffisamment  démontré,  dans  la  EetuidU 
éiudes^  fuites,  tome  IV  (article  sur  les  noms  des  Juifs  de  Barcelone) 
quelle  est  la  bonne  prononciation  de  ce  nora^  Dans  ce  même  article» 
on  voit  qu'on  peut  hardiment  écrire  Cabrit  au  lieu  de  Qabril,  Pier» 
pour  KT^'D,  qu*au  lieu  de  David  Rouget  on  ferait  peut-être  bieû  de 
lire  Rugat,  Abulafeia  ou  lieu  de  Abulafia,  Afeia  au  lieu  d'Afjya  oa 
Afia.  On  nous  permettra  encore  quelques  observations.  Sur  l'ii 
dex  I  :  Ilaitam  Patir,  ne  peut-on  pas  lire  plutôt  Pater?  Au  Mm  Ai 
Joseph  ibn  Waqqar,  il  faut,  croyons^nous,  Uuacar;  Jacob  n:"îirîïtbp 


BIBLïOCRAPrTIE 


1ÎS7 


ne  seniîl-il  pas  Jacob  de  Calahorra?  M.  Nenbauer  croit  que  clans 

^Jâcob  Levi  Mœlu,  le  mot  Mœln  peut  être  MeluD,  cest  la  première 

bisque  cette  hypothiîse  est  produite  et  nous  ne  disons  pas  qu'elle 

De  soît  pas  permise.    Nous  sommes    convaincu  que  dans  Moses 

5t3m3  le  nom  de  ville  n'est  pas  Bruxelles,  mais  désigne  une  ville 

spagDuIe.  Ou  peut  hardiment  lire  Moses  Najcra  au  lieu  de  Nogar. 

ans  Abraham  ctxbrj  le  nom  ne  serait-il  pas  Miilhaosen  au  lieu  de 

lîillheim,  propose  par  U.  N.?  —  Sur  l'index  III  :  '^yho^  à  notre  avis, 

Ésignerait  plutôt  Laroche  :  David  "ïn^n?:  ^  Mercero;  si  la  lecture 

Phares  Trévot  est  juste,  on  aurait  peut-être  la  ville  de  Trévoux; 

pacûb  Bungodas  est  probablement  de  Saint-Pons  ;  Saïd  iba  Yabya 

3t  de  la  vallée  de  la  Braa,  au  Maroc.  —  Sur  Findex  IV  :  il  est  cu- 

Pcux  qu'il  n*,v  ait  pas  plus  de  censeurs.  —  Sur  Tindex  Y  :  au  lieu  de 

*^T2D  lire  Vipn7:/Mercadel,  le  D   appartient  au  T  qui  précède; 

^^mî5  ou  •^inna  ne  serai  t-i!  pas  Saverdun?  —  Dans  les  addi- 

uns.  il  n'est  pas  toujours  facile  de  savoir  où  ces  additions  doivent 

lire  placées.  Voir,  par  exemple»  à  la  dernière  page,  David  de  Bizes, 

qu*on  ne  sait,  au  juste,  où  mettre.  —  Les  héliogravures  sont  très 

elles,  nous  eussions  préféré  qu'on  nous  eût  donné  moins  de  marges 

un  plas-graud  nombre  de  reproducllûns.  Malgré  Tabondance  des 

aaiériaux  réunis  dans  ces  carions  et  leur  importance  pour  This- 

Dire  de  la  paléographie  juive,  on  voit  qu'on  n'a  pas  encore  là  tous 

éléments  pour  faire  une  histoire  même  très  générale  de  récri- 

are  hébraïque.  Dans  riniroiluction,  M.  Neubauer  a  donné  une  liste 

itccUcnte  des  fac-similés  publiés  jusqu'à  ce  jour.  Nous  y  ajoutons 

Ile  fac-similé  d*uue  écriture  espagnole  très  jolie  et  très  orij^^inale  pu- 

liiUê  dans  la  Jievue  des  Éludes  Jums,  l.  iV»  p.  230.  En  finissanl  ces 

jnoles^  nous  félicitons  M.  Neubauer  d'avoir  mené  à  bien  cette  œuvre 

à  laipielle  il  a  donné  tant  de  soins,  qui  est  le  résumé  d'un  travail 

colossal,  et  ou  il  a  montré  une  science  si  vaste  et  si  sûre. 


Isidore  Loeb. 


CHRONIQUE 


Bxpontiofi  juive*  —  Il  s  est  foriné  à  Londres,  sous  la  présii|«îDC8  4l 
IL  F.  D.  Moccaila,  un  Comilô  qui  se  propose  de  faire,  au  prinieraps 
\mi,  une  exposiiioïi  historique  aoglf>  juive  (Ânjïlo-Jewisîi  historical 
exhibition).  Le  Comité  exécutif  est  formé  des  notabililes  les  plus  rr* 
marquahit^s  d*Angleterre  dans  la  scienceja  liltéralure  et  même  U  po- 
litique, parmi  les  juifs  et  les  chrétiens.  Il  romple,  entre  autres  loenj 
hres  du  clergé  protestaot»  le  doyen  du  chapitre  de  We^lmioslcr. 
L'exposition»  mal^é  son  titre,  ne  sera  pas  exclusivement  réservéQi 
l'Angleterre  et  recevra  des  objets  relatifs  aux  Juifs  des  autres  pays. 
La  liste  des  objets  qui  pourront  être  exposés  est  longue  :  chartes, 
seiaroé,  archives  de  communautés,  autographes,  portraits,  peintures, 
gravures,  manuscrits,  livres  et  brochures  curieux,  cartes,  sefer-ioras, 
ornements  de  synagogue,  broderies,  mobilier,  objets  divers  servant 
au  culte  public  ou  privé,  plans  et  photographies  d'anciennes  syna^ 
gogues,  épitaphes»  costumes,  musique,  monnaies,  sceaux,  cachets, 
bagues,  bijoux,  lampes.  Nous  sommes  persuadé  que  cette  exposiliû|| 
sera  un  véritable  événement  et  qu'elle  nous  réserve  les  plus  grândô| 
surprises.  Ce  sera  comme  une  résurreclion  du  passé  du  Jndalisme. 
Les  personoes  qui  voudraient  y  prendre  part  en  prêtant  aux  orgapi 
sateurs  les  objets  curieux  qu'elles  possèdent,  sont  priées  d'en  donnel 
connaissance  à  M.  Isidore  Loch,  35,  rue  Trévise,  à  Paris.  Le  Comité 
d'organisation  se  charge  de  tous  les  frais  de  transport  et  d'assurance 

Société  Meki:É  Nirdamim.  —  La  Société  vient  de  terminer  la  publi- 
cation des  ouvrages  de  la  première  année  (voir  liertui  bibliôgr.  de 
numéro).  Elle  anuonce,  pour  la  seconde  année,  la  publication  des  on 
vrages  suivants  :  1.  Suite  du  Pabad  Isaac;  2.  fui  des  Consulutioi 
publiées  par  M.  Harkavy;  3.  le  commentaire  de  Maïmooide  du  t 
PinrtlD,  texte  arabe  édité  pour  la  première  fois,  avec  le  texte  hébi 
rectifié,  par  J.  Derenbourg;  4.  miscelïanées;  5.  le  ^"^ïînn  de  Moli 
ibn  Ezra,  édité  par  M.  le  baron  David  de  Gùnzbourg, 

M,  Senior  Sacks.  —  Le  M  juin  dernier,  M.  Senior  Sachs  a  eéléM 
à  Paris,  le  70**  anniversaire  de  sa  naîssance.  Nous  avons  été  heuretr 
de  lui  apporter,  à  cette  occasion,  nos  hommages  et  celui  de  beaucou 
de  ses  amis.  L'auteur  de  rarticle  publié  sur  lui,  dans  le  Jttd.  Li 
ratur-Blatt  (n»  si,  10  juin  188ti)  a  raison  :  on  ne  rend  pas  assez  jus 
tice  à  la  science  de  M.  Sachs  et  aux  services  qu'il  a  rendus  à  la  lit 


amoNîQïTE 


im 


tératare  juiFe.Cela  vient,  eu  partie,  do  ce  qu'il  a  commeDcé  beaucoup 
de  choses  sans  rien  achever  ;  en  pariie  aussi  dp  raboôclance  avec 
laquelle  il  développe  ses  idées  et  de  la  richesse  des  renseignements 
qu'il  sait  grouper  autour  d*uu  fait,  qui  concourent  à  l*éclairer,  mais 
souvent  menacent  aussi  de  l*étou(ïer.  La  suite  du  Kerem  Gbemed,  à 
peine  commencée,  est  restée  en  plan  ;  la  Yona,  la  Téhiyya  n'ont  eu 
qu'un  fascicule;  les  poésies  d*Ibn  Gabirol  ont  été  faites  sur  une 
t>ase  si  vaste  qu'il  était  impossible  de  les  achever;  le  catalogue 
Gûnzbourg,  si  excellent,  en  est  resté  à  sa  troisième  feuille.  Mais, 
dans  toutes  ces  publications,  M.  Sachs  a  montré,  à  côté  d'une  vaste 
érudition,  un  esprit  élevé,  profond,  sagace  et  une  véritable  origina- 
lité de  pensée.  Tl  a  eu,  dans  sa  carrière  littéraire  des  inspirations 
heureuses  et  des  intuitions  surprenantes.  Ses  études  de  philosophie 
juive  nous  paraissent  particulièrement  remarquables.  î^ous  lui  sou- 
haitons meilleure  santé  et  longue  vie. 

Dans  le  prochain  numéro  nous  donnerons  une  bio-bibliographie 
détaillée  de  M.  S.  Sachs. 

\Jùurmaiis  muteanw^  ^  Grande  abondance  de  nouvelles  publica- 
Oûs  : 

<.i:^nD  n^ii-^-^an»  ny^  The  Worker's  Friend»  herausgegeben  von 

mternazionelen  Arbeiter  Bildungs  Club  ;  journal  mensuel  en 

^- allemand,   paraissant    h   Londres,   imprim.    M.  Mierovitch; 

-4%  le  numéro  a  8  p*  à  2  col.  ;  1  sh*  6  d.  par  an  ;  le  n^  i  est  de 

Lil!et  tSSS. 

1  Tnn  n^fitri  ih  -^Kpns  Barkai  (Morgenblilze)  Samralung  fur  Wis- 

leeûschan,  Bildung  und  Leben,  heraust^g.  von  Michael  L.  lîodkins- 

[Bobn;  erscbeint  in  12  lleften  à  4  i  2  Bo^cn.    Le  t'^"  fascicule  de  la 

l^fllDée  porte  les  mots  :  Jahr^^anfî  1886.  IL  Bii*rh  (te  \*^  «  Buch  n  est 

ifcfochure  annoncée  dans  la  Bévue  bibliographique  de  ce  n'>),  L 

Bftfl.  Wien,  <886  ;  in-8<»  de  46  p,  ;  prix,  6  IL  par  an.  Nous  ne  savons  si 

I  teîailéa  pani. 

1  p3abn  The  Lebanon  ;  journal  hebdomadaire,  en  hébreu,  publié  a 
loBilrits  par  J.-J.  Leep-Brill  ;  ïnA"  ;  le  u**  a  4  p.  à  2  coL;  10  sh.  par 
«Ji;  e^t  la  continuation  de  Laucien  Lebanon  ;  le  n^*  I  de  cette  suite 
est  do  î  juin  1886  et  porte  l'indication  20°  année. 

^.  n&sia  [Mispab]  ;  journal  mensuel  hébreu  illustré,  publié  à  Saint- 
Pétersbourg  par  Alexandre  Levi  Zederbaum.  Le  premier  fascicule 
^t  formé  d'une  brochure  in-8^  de  5  o  6  feuilles  (la  pagina  lion  n*est 
pa^coatinue,  elle  recommence  presque  avec  chaque  article;  il  n'y  a 
[îi^nde  plus  fâcheux);  prix,  2  roubles  par  an.  A  commencé  à  paraltro 
▼mmal  !îtH*î. 

^*  yn'Z  Zion.  Hebraisches  Organ  zur  Befôrderung  der  bebr.  Sprache 
und  Uteralur,  horausgg,  von  A, -IL  Zupnik  ;  erschcint  raonatlich, 
Publié  à  Drohobycz,  Oalicie,  Le  fasc.  I  a  paru  en  avril  1H86,  le  fasc. 
n»  en  mai  ;  in-8<*  d«  i  feuilles  le  numéro  ;  4  Û.  par  an. 

iîiBïipix  îrn  Die  Zukunft,  The  Future;  journal  hebdomadaire 
judéo-allemand»  publié  à  Londres  par  K.  W.  Babbinoif^tcz  ;  ia-(^,  1© 


m\  HEVCE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

n"  a  8  p.  à  2  coL;  2  sh,  par  trimestre.  Le  n"  du  1G  juillet  4886  est 
marqué  vol.  lU,  W"  3.  Ce  jouroal  est  la  suite  du  Polisli  Yidel  (ii**  «, 
25  juillet  1884;  ïi°  4i  et  dernier,  2î   octobre  1884);  la  Zukuoft  a  com 
mencê  par  le  n^  46  (7  nov.  4884)  et  a  tini  son  4"*-  volume  (non  chiffré 
par  le  n«*  49-50  du  t6  juiu  4885. 

7.  n^nn  b^p  ;  journal  arabe,  caractères  hébreux,  paraissant  deux 
fois  par  semaine»  ordinairement  le  mardi  et  le  vendredi,  à  Alger;  pu- 
blié par  A.  Lasry  ;  gérant,  Saadia  Amour  ;  in-f»  ;  le  n«  a  4  p.  à  3  col 
12  fr.  par  an  ;  le  n'*  1  est  du  19  avril  1886, 

8.  i^ia-'-^x  TC'^^-^i  t:^n-s,  ^'•tzbimThc  Ilaschulamit;  journal  heb* 
domadaire  en  judéo-allemand,  publié  à  Londres  ipar  J.-J.  Leep-Brill); 
in-f«*;  le  n^  a  4  p.  a  3  coL;  8  sb*  par  an.  M.  Brill  a  publié,  autrefois,  à 
Mayence,  un  journal  hebdomadaire,  en  judéo- allemand,  intitulé 
^bxnc'^n  et  qui  a  paru  d'abord  en  187a»  pendant  dix -huit  semaines 
il  en  a  repris  la  publication  (sous  le  môme  titre  ?)  de  janvier  487$ 
jusqu'en  juillet  1881,  toujours  à  Mayence  (prix»  8  marcs  par  an).  C© 
journaL  ayant  été  interdit  en  Russie  à  cette  époque,  M.  Brill  a  fondé 
le  journal  judéo-allemand  n'-'ibicn,  qui  a  paru  de  janvier  à  octobre 
48ââ  (à  Saint-Pélcrsbourg?},  puis,  a  Mayence  (en  188â?  sûrement  ea 
4883),  et  dont  la  nouvelle  suite,  indiquée  en  tête  de  cette  notice,  a 
commencé  de  paraitrc  à  Londres  en  octobre  1884;  M.  Brill  compta 
pour  ce  journal:  1^  année,  1882;  2°  année,  4883;  3»  année,  1884 
(Londres),  etc.  Le  n"  Il  de  la  5*  année  est  du  12  mars  4886, 

9.  The  Menorah,  a  monthly  Magazine,  ollidal  organ  of  Ihe  B*û< 
B'ritb,  edited  by  Benjamin  F.  PeixolLo,  ex-consul  of  ihe  Unitei 
States  lo  Roumania  and  France;  publié  à  New-York,  voL  I,  o*  I 
juillet  4886;  in-S*»;  le  4«^  n*  a  48  p.;  i  doU.  par  an. 

40.  The  Jewish  Reformer;  journal  anglais  hebdomadaire,  in-4% 
avec  supplément  allemand  de  4  p,;  intitulé  Jiïdisches  Rerorra-Blatt, 
a  paru  à  New-York  vers  janvier  4886.  Les  éditeurs  du  Reformer  sonl 
K.  Kohler,  de  New -York  ;  E.-G.  llirsch,  de  Chicago;  Adolph  MoseSr 
de  Louisville;  le  supplément  allemand  est  dirigé  par  Ilermann  Roi 
scnthaL  Le  prospectus  avait  paru  avant  janvier  \S%6  (American  B¥ 
ènw,  voL  27,  n»  4  ;  Occident^  vol.  13,  n**  38)* 

11,  Uevista  israeUta;  journal  roumain,  publié  à  Bucliarest  le  4' 
et  le  45  de  chaque  mois  ;  rédacteur  en  chef,  D*"  M.  Beck  ;  iu-8«,  le  n« 
î  feuilles  ;  20  fn  par  au  ;  le  n^  1  est  du  l»""  février  4886. 

12.  Zeiischrift  fur  die  Gcschichleder  Juden  in  Deutschland,  hl 
von  Ludwig  Geiger.  Baud,  \,  Heft  1, 1886.  Publié  par  la  «  Histo' 
Commission  »  fondée  par  le  Deutsch.'isr.-Gemcmdebund.  Larédactli 
esta  Berlin,  la  publication  se  fait  à  Brunswick,  chez  E.-A,  Schwi 
schke;  format  in-8^;  prix,  8  marcs.  Le  4"  fascicule  a  408  p- 

Le  Mosé,  de  Corfou,  a  cessé  de  paraître  depuis  janvier  4886, 


Le  gmnt, 

Israël  Lévk 


RECHERCHES  BIBLIQUES 


VIII 


COKSIDÉRATIONS  SUPPLÉMENTAIRES   SUR   LE  X*  CHAPITRE 

DE  LA  GENÈSE  (suUe  et  fin). 
VI.  —  But  et  signification  du  chapitre  x. 


Dès  que  Ton  acquiert  la  Gonviction  que  le  chapitre  x,  au  Hea  de 

ooD^tituer  un  documeDt  indépendant  et  complet  en  soi,  ne  fîgure 

fu'fen  qualité  (Kannexe  au  c  lia  pi  Ire  précédent,  il  n'est  plus  difficile 

I  fcse  rendre  un  compte  exact  de  sa  composition.  Toutes  les  parti- 

[aiiirjléîi  qae  nons  venons  de  relever  perdent  leur  bizarrerie  appa- 

et  vienn^^nt  se  grouper  dans  un  ordre  parfait,  pour  former 

ileau  savant  et  d'une  symétrie  remarquable.  Au  chapitre  ix, 

et  Japhet  agissent  d*un  commun  accord  pour  mettre  fin  au 

Ile  causé  par  Chara-  Tous  les  deux  reçoivent  la  bénédiction 

f  teof  père,  qui  exprime  le  désir  de  les  voir  réunis  à  tout  jamais 

i  d'asservir  Chanaan,  le  fils  cadet  de  Cliam*  Cette  pensée,  qui 

it  deviner  le  désir  de  convertir  les  Japhétites  au  monothéisme 

rt,  forme  le  pivot  de  tout  le  récit  et  se  comprend  admira- 

ti»#*nt  4e  la  part  d'un  auteur  hébreu,  pour  lequel  les  Phéniciens 

eut  lej«  ennemis  héréditaires  de  sa  nation  et  de  sa  croyance. 

1*91  p€ïur  di^œontrer  la  nécessité  d'union  entre  les  Sémites  et  les 

Âtos  qtt*a  été  dressé  le  tableau  ethuico-géographique  du 

ifiitre.  où  tout  est  significatif  et  où  rien  n'a  été  négligé  pour 

i'atti^iition  des  partis  intéressés. 

!  Llumianité  actaetle  se  divise  en  trois  races  remontant  aux  trois 

Koé  :  Sem,  Cham  et  Japhet.   Les  Japhétites  habitent  le 

I;  lesChamites,  le  sud;  les  Sémites,  la  contrée  située  dans  la 


Vmi  BmmÊ^  t.  XH,  p.  3,  et  tome  XIII,  p*  U 


H 


IlEVUK  DKS  ETLDES  JLIVES 

région  moyenne,  eomiue  pour  former  un  trait  d^anion  entre  eu 
Cette  distribution  équitable,  qui  semblait  de  nature  à  perpétui 
la  paix  et  Ja  concorde  parmi  les  races  humaines,  a  éié  troublé 
par  la  convoitise  de  deux  peuples  cliamitiques,  naturelleoient  ai 
di^triment  des  Sémites.  Au  sud-est,  un  descendant  de  Couscb 
Nemrod,  gui  s>st  acquis  une  y:rand^  célébiité  comme  clias5»eur, 
poussa  sa  course  téméraire  jusqu  eu  Dabyionie,  s'empara  de  plu- 
sieurs villes  et  y  fonda  une  monarchie  usurpée.  Au  sud-ouest,  tti 
autre  fils  dé  Couscb.  Chatjaati,  se  remlit  maître  de  tout  le  httora 
de  la  Syrie  etd^s  territoires  adjacents,  ile  manière  à  défendre  au 
Sémites»  notamment  à  Israi^l,  tout  accès  aux  territoires  des  Japhé 
tites,  aussi  bien  par  mer  que  par  la  voie  de  terre.  En  un  mot, 
Cham  se  montra  sur  le  domaine  iiolitique  un  aussi  abominable 
nin:j  Ti»h  (cf.  Genèse,  XLii,  9*12)  *  que  sur  le  dtïmauie  moral.  Cei 
envahissements  réitérés  des  Ctiamites  sur  les  territoires  apparte- 
nant de  droit  aux  Sémites  obligèrent  plusieurs  ^leuples  de  c^^tl© 
dernière  race  à  changer  de  domicile.  L'un  d'eux,  nommé  Assur^ 
maître  légitime  de  la  région  située  entre  le  Tigre  et  TEuphrate,  ea 
fuyant  la  tyrannie  de  Nemrod,  alla  s'établir  au  nord,  dans  FAssj 
rie  proprement  dite.  D'autres,  comme  les  fils  de  Yoctan,  se  tiaol 
à  leur  courage  et  à  leur  nombre,  se  rendirent  dans  le  sud  loiutaio 
et  s'y  établirent  à  proximité  des  colonies  couschites  qui  y  exis 
talent  déjè.  Longtemps  après,  un  arrière-petil-flla  d'Éber,  le  peuple 
hébreu,  a  effectué  sa  pérégrination  vers  le  territoire  usurpé  par 
les  Chananéens,  fort  de  la  promesse  divine  qui  hii  en  a  assuré  la 
possession.  Mais  ce  peuple,  le  vrai  représentant  cUi  digne  Sem,  est 
trop  faible  à  lui  seul  pour  réaliser  le  vœu  du  vieux  patriarche.  De 
cette  fatjun,  l'invasion  chamitique  a  tout  bouleversé.  Les  Sémites, 
et  tout  spécialemMUt   IsraOL  sont,  à  l'heure  qu'il  est.   désagré- 
gés et  entourés  d'ennemis.  Ueureusement  pour  eux,  du  côté  da 
nord,  aucun  danger  ne  les  menace,  car  Japhet,  fidèle  au  pactû 
familial,  ne  cherche  nullement  à  molester  son  frère  Sera.  Aii 
contraire,  les  circonstances  sont  telles  que  la   coalition  contre 
l'usur[iateur  maudit  semble  devenir  une  nécessité  inéluctable  poUf 
Japliet  aussi,  car  les  domaines  du  chamite  Cîianaan  toucheni 
déjà  les  siens,  et,  s'il  n'avise  pas  à  temps,  il  ne  tardera  pas  à  ôtr^ 
dépouillé  par  l'usurpateur.  Une  alliance  offensive  et  défensive 
entre  Sem  et  Japhet  pourra  seule,  en  réalisant  la  bénédiction  du 
patriarche,  rétablir  Féquilibre  dans  le  gouvernement  du  monde  et 
perpétuer  la  paix  dans  le  genre  humain. 

1  On  sail   que   reipresaion   ynStrï  mn^^  HÉtn   veut   dire  :  espionutr  la 
fmble,  uoD  déleaduç,  d'un  pays,  alia  de  6  en  rendre  atiu^. 


KECHEHCriKS  HIBLIQUES  163 

Pour  faire  partager  au  jxraml  jmbiic  ses  idées  et  ses  ins|jirations, 

la  trouvé  bon  île  tracer  uu  tableau  etljïuigrapbique.  Les  persun- 

qui  y  figurent  bont  savamment  distribues  et  remplissent 

rmottiêiniiement  les  espaces  bien  orientas  du  champ.  Au  nord,  et 

ralièlement  aux  pays  s*?mitiques,  sont  établies,  en  deux  séries, 

pi  nations  japh^tiques,  Cimi  d'entre  elles  :  Gomer,  qui  est  en 

Je  la  preaiière  série,  et  les  quatre  autres,  qui  (orment  la 

ùhne   série»   sont   resserrées  entre   la  mer  et    l'EiipIu*ate, 

kà-dire  à  la  frontière  des  possessions  cliananéennes.  Le  ter- 

!  des  derniers  Japhétiles  contient,  en  outre,  trois  colonies 

[feouesi  de  Gomer,  de  sorte  que  celui-ci  peut  également  être  con- 

■AL*  voisin  des  Cîianatréens,   En   un  mot,  ces  nations 

:ont  exposées  aux ^tteintfs  des  Chamites  envahisseurs. 

I  Yarwan  seul  parait  à  Tabri  de  letirs  attaques  à  cause  de  Téloigne- 

son  territoire  héréditaire;  or,  ce  n'est  qu'une  apparence 

se,  car  les  colonies  qu'il  possède  dans  la  mer  Méditerranée 

[Ml,  non  seulement  exploitées  par  le  commerce  phénicien,  mais 

ïy  'f'S,  d'une  manière  permafiente,  par  les  Phéniciens, 

|M  j  S  n'y  prennent  garde,  ils  risquent  d'être  dépos- 

^fiJéi  par  ces  étrangers.  Ainsi,  Japhet  et  Sem,  également  lésés 

I  leur  intérêt  et  menacés  dans  leur  existence  par  l'usurpateur 

I,  doivent  combiner   toutes  leurs  forces  contre  Fennenii 

ftemifui.  Po«r  assui'er  leur  indépendance  et  leur  prospérité,  les 

|rieiii  Crèress,  après  avoir  asservi  le  Chaoanéen,   coufta-mément 

la  rerommândation  de  leur  père,   se    Uoivent  partager  son 

f^js^  tiérilage  primitif  des  Sémites,  et  rester  voisins  immédiats. 

^   alors  i'Iiûte   de  Sem,  et  cette  alliance,  cimentée 

iT  les  tlevoirs  sacrés  de  rhospttalité»  durera  autant 

le  soleii, 

ViiiUl  l'idée  k>n(iu mentale  que  l'auteur  du  x^  chapitre  a  voulu 

dans  sua  tableau  pruloodémi^nt  étudié  et  divisé  en  re- 

giâtres  i^aralleles,  à  la  laç<jn  des  tableaux  phéniciens  gravés  sur 

I»  oou|ies  de  Patestrine,    dont  rinterprétation,  due  à  M.  Cler- 

BMii^Oaiiiieau.  a  été  un  trait  de  lumière  pour  tous  ceux  qui  s'oc- 

CBpcMit  de  rarcliéologie  sémitique.  C'est  l'illustration  vivante  de 

furo  |^raphéti(iue  mise  dans  la  bouche  de  Noé  :  a  Qu  Élohim 

le  *  JupLet  poui'  qu'il  demeure  sous  Les  tentes  de  Seai  et 


[•  Qttfllfu'<jO  iii»f»  le  vtrbc  nPD  [m^  27)  sigmGe  •  persuiider  •,  jamais  •  élargir  » 
f,  itspbqunitt  tKîccss&ircroeQt  t  idéo  d'uau  usurpaliou  au  délhmeut  do 
kc  ooBlmn*  à  toute  la  ttjacur  du  mit.  U  f^'ii'/^i  d'une  cessiou  fjrraideuse 
f%  ptfi  de  SeCD-Uraèl  d'un  torritoire  sur  le^piel  il  cro<l  dvoir  des  droits.  De  tous 
e'e«t  M«  lludde  qui  ■  lo  tuieui  &ai»î  ceUe  aêcessilé  ;  maUieu- 
•idtfUttttiil  t«»  TyneûB  aux  Jupliutiles  [Die  étàlmke  UrffescMchtt^ 


164  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

que  Chanaan  soit  leur  esclave  (ix,  27)  !  »  Je  me  hâte  d'ajouter  que 
notre  document,  tout  en  cessant  d'être  une  table  généalogique  et 
traditionnelle,  n'en  est  que  plus  précieux  Unp  nomenclature  ethni- 
que sans  arrière-pensée  nous  eût  donné  quelques  noms  de  plus, 
mais  n'eût,  en  aucun  cas,  é^ralé  en  précisinn  et  en  abondance  les 
renseignements  du  même  ordre  que  nous  fournissent  les  docu- 
ments assyriens,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  pays  du  nord.  Les 
connaissances  géographiques  étendues  sont  Tapanage  des  grandes 
nations  conquérantes  ou  des  peuples  navigateurs.  Les  Hébreux 
n'appartenaient  ni  aux  unes  ni  auxautres.  On  ne  s'attend  donc  pas, 
de  leur  part,  à  de  vastes  connaissances  au  sujet  des  pays  éloignés. 
Les  informations  contenues  dans  le  x®  chapitre  de  la  Genèse, 
môme  au  point  de  vue  de  la  géographie  pure,  dépassent  déjà  con- 
sidérablement notre  attente.  Mais  la  véritable  importance  de  ce 
document  réside  dans  ce  qu'il  nous  fait  connaître  le  secret  politique 
et  religieux  de  l'Israël  idéal,  sa  haine  inextinguible  pour  les  Phé- 
niciens et  sa  sympathie  toujours  croissante  pour  les  peuples  ja- 
phétiques.  Rien  n'a  plus  exaspéré  les  prophètes  que  les  alliances 
conclues  avec  les  Sidoniens.  Assur  et  Babel,  quoique  sémites,  en 
attendant  qu'ils  se  convertissent,  sont  vus  avec  méfiance,  tandis 
que  Cyrus  et  Alexandre  sont  sincèrement  exaltés  comme  les  élus 
de  lahwé.  Et  quand,  dans  la  vision  d'Ézéchiel,  le  terrible  japhé- 
tite  Gog,  du  pays  de  Magog,  envahit  la  Palestine  messianique,  le 
prophète  a  soin  de  lui  assurer  une  sépulture  honorable.  Japhet, 
môme  ennemi,  n'est  pas  haï  de  Sem-Israël  1 

Quand  on  veut  comparer  les  forces  dont  disposent  les  adver- 
saires, la  disproportion  entre  Japhet  et  Sem,  d'une  part,  et  Cham, 
d'autre  part,  est  également  remarquable  et  de  nature  à  fixer 
l'attention  des  intéressés.  Les  deux  premiers  forment  ensemble 
trente-deux  peuples,  dont  les  treize  Yoctanides  sont  trop  éloignés 
et  trop  occupés  de  leur  lutte  avec  les  Couschites  pour  venir  au 
secours  de  leurs  autres  frères  sémites  dans  leur  entreprise 
cohtre  Chanaan  ;  tandis  que  Cham  compte  à  lui  seul  trente  et  un 
peuples,  dont  vingt-quatre  ne  manqueront  pas  d'accourir  au  se- 
cours de  leur  frère  du  littoral  de  la  Syrie.  Ce  qui  est  plus  grave, 
c'est  que  Chanaan  est  parfaitement  de  taille  à  avoir  raison,  à 
lui  seul,  de  ses  voisins  continentaux.  Ceux-ci  se  composent  de 
deux  nations  syro-sémitiques,  Aram  et  Israël,  dont  la  dernière 

p.  513  8uiv.),  il  8* est  privé  de  la  vraie  clef  du  récit  tel  que  le  donne  le  texte  tp«di- 
tionnel  ;  le  danger  de  construire  sur  le  sable  mouvant  des  corrections  extrêmes  ne 
se  montre  nulle  part  d'une  façon  aussi  instructive  que  dans  l'onvrage  de  ce  savant, 
où  les  arguments  les  plus  justes  et  les  plus  sensés  sont  stérilisés  par  Thypothèee 
relative  à  la  diversité  des  documents. 


EECHERCHES  BIBLIQUES  IQB 

trouve  encore  en  voie  de  formation,  et  dix  nations  japhétites; 
r,  à  ces  douze  adversaires,  les  Cliamites  peuvent  op poser  dil- 
huit  Dations  :  treize  phéniciennes  et  cinq  égyptiennes,  toutes  ëche- 
loQoé*  s  du  sud  au  nord,  le  long  de  la  Syrin  occidentale.  Un  état 
de  c)io9es  si  menaçant  n'est-il  pas  bien  fait  pour  secouer  la  tor- 
?ur  des  deux  frères  précités,  aûn  de  conclure  {^alliance  mutuelle 
lî  est  pour  eux  le  seul  moyen  de  salut?  Ils  succomberont  inlail- 
liblemeut  Tun  et  l'autre,  s'ils  se  bornent  à  se  défendre  séparé- 
[lent;  au  contraire,  en  réunissant  leurs  forces,  ils  peuvent  espérer 
le,  la  bénédiction  de  leur  père  aidant,  ils  tiniront  par  terrasser 
(^agresseur  et  le  mettre  à  tout  jamais  hors  d*état  de  nuire. 

Qu'il  nous  soit  permis  d'ajouter  un  mut.  L'intelligence  exacte 
lu  but  poursuivi  par  l'auteur  éclaire  d'un  Jour  nouveau  les  la- 
aes  que  nous  avons  signalées  plus  haut  dans  le  tableau  ethno- 
' graphique.  Pour  conserver  intacte  1  idée  londamentale  concer- 
nant la  promptitude  de  tous  les  Gharaites  à  agir  ensemble  contre 
Iteurs  votsjns  inofi'ensifs,  l'auteur  a  dû  supprimer  trois  peuples 
(chananéens  :  les  Awim,  parce  qu  ih  ont  été  détruits  [)ar  leurs 
congénères,  les  Philistins  (Deutérononie,  ii,  23)  ;  les  Tyri^ns  et 
|le»  Giblîtes  parce  que,  au  temps  de  David   et  de  Salomon,  ils 
étaient  les  fidèles  alliés  dlsraêl  et  pr^^laienl  leur  concours  pré- 
cieux à  la  construction  do  temple  de  lahwé.  D'autre  pnrt,  son 
plan  déterminé  ne  comportait  pas  la  ai^^ntion  des  peuples  sémi- 
tiques adonnés  au  brigandage,  comme  les  Amaiécites,  ni  de  ceux 
liai  ont  été  exterminés  par  d'autres  Sémites,  comme  les  anciens 
liabiianls  du  mont  Sêir  ou  llorites.  Encore  moins  pouvait-il  ac- 
corder une  place  dans   son  cadre   aux  races  que  la  croyance 
populaire  gratifiait  d'une  origine  divine,  comme  les  Anaqim  et  les 
Kafiliaîm.  Toutes  ces  omissions,  qui  étonneraient  de  la  part  d'un 
ethnographe  pur,  s'expliquent  le  plus  naturellement  du  monde  de 
Ujèârl  d'un  artiste  dont  le  souci  principal  consiste  à  ne  pas  troo- 
MtT  Hiarmonie  idéale  de  son  tableau  par  des  groupes  discordants 
ou  seulement  superflus. 


VII*  —  Date  de  sa.  rédaction. 


Pami  les  nombreuses  questions  que  la  rédaction  du  Pentateuque 
asoulevées  dans  notre  siècle,  celles  qui  se  rattachent  à  la  date  des 
«Ijvers  tLcuments  qui  le  com|>osent  sont  certainement  les  plus 
ditllcilês  à  résoudre.  Le  chapitre  x,  tout  en  donnant  lieu  aux 


1fi6  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mêmes  incertitudes,  paraît  néanmoins,  grâce  à  la  moltitade  d» 
faits  niatt^riels  quMI  contient,  être  beaucoup  plus  abordable,  sous 
ce  rapport,  que  les  autres  documents,  qui  se  meuvent  dans  le 
domaine  des  idr^es  abstraites  et  des  doctrines.  Sans  être  une  des- 
cription tout  à  fait  impersonnelle  traduisant  la  géographie  telle 
qu'elle  existait  au  temps  de  Tauteur,  notre  document  ne  peut  pas 
non  plus  s'être  trop  écarté  de  la  réalité.  Au  contraire,  bien  qu'il 
eût  dressé  ostensiblf^ment  un  Atlas  archéolngiqm  des  premières 
époques  postdiluviennes,  Tauteur  a  tenu,  avant  tout,  à  être  com- 
pris de  ses  contemporains,  et  n'a  pu  y  placer  que  des  entité 
géographiques  réelles.  On  peut  parfaitement  faire  abstraction  de 
ses  données  relatives  à  l'origine  chamitique  des  personnifications 
teiles  que  Nemrod,  Chanaan  et  les  Couschites  d'Arabie;  on  peut 
m»*'me  supposer,  si  l'on  veut,  que  les  peuplades  chananéennes, 
depuis  longtemps  disparues  de  la  Palestine,  aient  été  ressuscitées 
pnr  l'auteur  pour  les  besoins  de  sa  cause,  je  n'y  redirai  jias  a 
priori:  ce  qui  est  incontestable,  selon  moi,  c'est  que  les  noms 
géographiques  qu'il  donne  des  peuples  non  palestiniens,  sont 
ri'-els  et  pris  au  sens  propre.  L'authenticité  de  la  nomenclature 
est  attestt^  d'une  manière  éclatante  par  les  identifications  signalées 
plus  haut  et  qui  comprennent  déjà  les  neuf  dixièmes  de  la  liste. 
D'autre  part,  rien  ne  favorise  la  pensée  que  l'auteur  ait  déguisé, 
sous  les  noachides,  des  pays  et  des  gouvernements  dont  la  situa- 
tion sort  entièrement  du  cadre  de  son  tableau.  Je  mentionne  pour 
nvnv^ire  cette  conjecture,  sans  savoir  si  elle  a  été  présentée  par 
qu»*iqu'un;  de  nos  jours  on  voit  tant  fie  choses  affirmées  par 
rextn'nie  gauche  de  l'tcole  critique,  que  les  hypothèses  les  plus 
graluiJes  trouvent  leurs  défenseurs. 

La  d;Ue  d'un  dtvument  peut  être  démontrée  soit  par  des  preuves 
oxt»  heun^s  qui  constatent  sa  ni^^'Uti-^n  par  des  écrivains  dont  la 
date  est  moins  douî-use,  s<^it  |»ar  des  arguments  intérieurs  relevant 
de  ciîwnsîances  t^^ii  aL\^usent  trlîe  ou  tell»^  époque  de  l'histoire. 
Noîrt^  ivohorche  pn\>\îera  par  îa  n^'-me  méthiMle.  qui  est  d'ailleurs 
1.1  >ouîo  i;r..  puisse  ivr.iiuire  à  ui:  rt-suitat  vraiment  scientifique. 

\     1rs  (j'jff'Ts  fV'"ir:7Mîjp  bibliques. 

i>mme  do.iusto.  cotte  er.qut*:e  n'aura  pour  objet  que  les  termes 
i^piVïAux  el  o^r^i.-^t.  hs:^,3os,  Lt-s  iK>ms  fuî  s  »nt  restés  dans  l'usage 
0  Nuuiuin  ,îu  ivîîpîe.  ^î^^ès  \t  .S.Mure  du  o.uior.  biblique,  comme 
\a\x.iu.  l'iim,  MicrAVîiK  C  .is.b,  etc.,  nentreront  pas  en  ligne 
^>e  ,\\»\pio.  v^u;i^^l  A  i\Nr*îr«-  r.e  s  o.rAîJoris,  û  procédera  des  écrits  leî 


nEcnEEnHEîî  nîRi joues 


167 


V'i  '    rnosaux  ^cn[s  pitis  anciens.  Pour  notre  compte,  nous 

n'  '  -  préft^renre  pour  aucune  des  datos  su|iposi^es  par  los  crU 

tiq;a€9,  pourvu  qu'elles  soient  appuyées  par  des  preuves.  Je  ne 

?ejio«î5îçerai  rJonc  pas»  de  prinif»  abord,  Topinion  de  M.  Seinecke, 

fi^  rdèjrue  la  r«?daclion  du  Pentateuque  au  lemps  des  Maccha- 

Wes,  apr^s  celle  du  livre  de  Daniel.  Ce  dernier  livre  nous  servira, 

îm  contraire,  de  point  de  dt'part,  et  ce  n*est  que  lorsque  nous 

Mwm^  tait  voir  rimpossibilile  d'adineltre  cette  date  que  nous 

jn^-^runs  à  Éz»^clnel  qui.  pour  presque   tous  les  critiques,  est 

aijli  rieur  au  retour  de  TexiL  Ici,  nous  nous  arrêterons  un  instant 

wrVihadmî.S5ibilit(^  de  la  datp  assi*>n*^e  à  ce  prophète  par  M.  Sei- 

'  >.«^;  puis  viendra  la  com[ïaraison  des  noms  f^f^oirrapiiiques  dans 

u^  *leux  écrits,  et»  enfin»  s'il  y  a  lieu^  notre  enqur^te  se  terminera 

prdes  renseignements  tirés  des  prophètes  plus  anciens. 


1<  Le  liTre  de  Daniel. 

livre  a  été  notoi renient  corapos*^  pour  encourager  les  fldè]e$ 

îts  par  Jndas  Macchabi^e  à  résister  aux  ordn^s  impies  d'An- 

Kpiphane[  111*164).  Au  chapitre  xi,  30,  lapoc^lyptieien  ra- 

Rleia  itéfense  faite  à  Antiochus  par  Famiral  Popillius  Laenas, 

inera  du  snnat  romain,  de  rester  en  Éfiypte  :  S'^ij^s  n'^^:^  iz   îixnn 

«  des  navires  '  kittiens  viendront  contre  lui,  et  il  sera  bu- 

»•  Le  nom  otiis  désigne  ici  FEurope  en  général  e^t  Vltalie 

tiiif»   en    particulier.    L'expression    fi-^rs  n^^s  aurait   passé, 

>jirN  M,  Seinecke,  dans  le  passage,  Nombres  \xvï,  24,  d**»! 

*27  ^71  TvCît   iï5n  2TO  T73,  «  et  des   navires   (viendront)  du 

)/iéâP'  Kittim  er  opprimeront  Assur  et  opprimeront  Éber  >\  qui 

rapporterait    au    mAme  événement.   M,  Seinecke  en  conclut 

W*  P*»ntateuqiie  n'a  «'^té   clos  qu'au   n*  siècle   avant  J.-C, 

ilh^ur*»Uî»f*ment,  ^L  Seinecke,   qui  se  |daint  souvent  do  Vor- 

je,  est  encore  tmp  orthodoxe.  Eu  effet,  si  les  noms  Assur 

Èber  déïiignaient  ici,  par  une  exception  extraordinaire,   la 

IH  I»  Judée,  la  rédaction  finale  du  F^entatetique  ne  pourrait 

inti^neure  à  l'arrivée  de  Pompée  en  Syrie,  oii  cette  province, 

(  ip»  la  Judée,  fui,  pour  la  première  Ibis,  soumise  aux  Ro- 

l((BaT.  J.-C).  Kn  critique^,  si,  Ton  veut  être  sérieux,  il  fant 

ïonptéqu^nt.  et  une  libéralih'  de  cent  ans  olVerte  à  THazazel 

^fortlirNfnx^e  est  vraiment  un  sacrifice  trop  douloureux.  Donc, 


*  B  m^  fmn\l  irr^î^rtnbhble  qtifl,  su   lieu  de  C*^»  iï   rai'l-   Hre  O^^fïi  •  n**' 


168  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

si  M.  Seinecke  s'obstine,  et  pour  cause,  à  ne  pas  descendre  jusqu'à 
Tan  65,  il  fait  lui-môme  justice  de  son  argumentation,  et  nous 
pouvons,  sans  remords,  en  laissant  de  côté  Toracie  obscur  qui  se 
rapporte  visiblement  à  un  événement  de  Tépoque  assyrienne  *, 
tirer  de  Daniel  cette  conséquence,  qu'au  temps  des  Macchabées, 
le  nom  d-^n?,  qui,  dans  la  Genèse,  désigne  seulement  l'iie  de 
Chypre,  a  été  étendu  à  l'Europe  entière  et  tout  particulièrement  à 
l'Italie.  Un  tel  élargissement  est  un  fait  usuel  dans  les  noms 
géographiques,  et  il  en  résulte,  en  outre,  que  le  x*  chapitre  de  la 
Genèse  est  antérieur  au  livre  de  Daniel. 

2.  Le  prophète  Ézéchiel. 

L'authenticité  du  livre  d'Ézéchiel  a  été  tout  récemment  con- 
testée par  M.  Seinecke,  qui  y  voit  une  œuvre  apocalyptique  d'ori- 
gine macchabéenne  et  postérieure  au  livre  de  Daniel.  Bien  que 
cette  thèse  hardie  n'ait  pas  trouvé  d'écho  dans  l'école  critique, 
nous  ne  lui  opposerons  pas  une  an  de  non  recevoir  absolue,  et, 
en  passant  les  appréciations  personnelles  très  contestables  que 
M.  Seinecke  émet  sur  le  style  de  la  prophétie  et  le  caractère  de 
son  auteur,  nous  nous  arrêterons  un  instant  aux  quelques  argu- 
ments dont  il  appuie  ses  vues  et  qui  méritent  du  moins  d'être 
discutés. 

Le  premier  argument  invoque  la  mention  de  Noé,  Daniel  et  Job 
comme  des  hommes  très  justes  dans  Ézéchiel,  xiv,  14-20,  et  celle 
de  Daniel  seul  comme  un  sage  de  premier  ordre  dans  Ézéchiel, 
xxviii,  4.  M.  Seinecke  n'hésite  pas  à  y  voir  le  héros  du  livre  de 
Daniel  et  en  conclut  qu'Ézéchiel  a  connu  ce  dernier  livre.  Mais 
entre  l'homonymie  et  l'identité  la  différence  est  capitale  ;  c'est  une 
règle  élémentaire  en  histoire  ;  dans  le  cas  spécial  dont  il  s'agit,  la 
différence  est  certaine,  car  le  Daniel  d'Ézéchiel  a,  comme  Noé, 
sauvé  par  sa  justice  la  vie  de  ses  enfants  d'une  grande  catastro- 
phe, tandis  que  le  contemporain  de  Nabuchodonosor  n'a  pas  pu  les 
sauver,  et  cela  par  cette  raison  excellente  qu'il  n'en  avait  jamais 
eu.  En  lisant  ses  auteurs  avec  plus  d'attention,  M.  Seinecke  se 
serait  épargné  une  aussi  singulière  confusion. 

Le  second  argument  est  emprunté  aux  40  +  390  =  430  jours- 
années  qu  Ézéchiel  fait  durer  les  péchés  de  Juda  et  d'Israël  et  qu'il 

^  Diaprés  ce  que  je  vois,  il  s'agit  d'une  entreprise  de  piraterie  dirigée  par  la  flotte 
chypriote  contre  la  côte  palestino-phénicieone  occupée  par  les  Assyriens.  Ces  sortes 
d'expéditions  ont  dû  se  répéter  plusieurs  fois  pendant  que  les  Assyriens  occupaient 
mibtairement  la  Phénicie  et  la  Phiiistée,  ce  qui  amena  les  premiers  à  soumettre  l'île 
turbulente. 


RECHEHCRES  BIBLIQUES  169 

[îe  par  des  actes  symbuliiiuos  (iv,  4-17).  En  diminuant  le 
abre  430  de  594  593  avant  J.-€.,  qui  est  la  date,  parijU-il,  (k- 
'de  la  prophétie,  ou  arrivf»,  dit  M.  Seiueckt^,  à  la  date  réelle 
zéctiiH,  savoir  à  164-163.  Malheureusenjent,  co  calcul  ite  sert 
heii»  car  it  ne  îi'agil  pas  ici  dVxpiatitïn,  jtiais,  coiiiini^  l  annoncent 
llrement  les  versetë  1-3  et  7-8,  qne  M.  Seinecke  n'a  pas  reniar- 
9,  d4?  la  durée  du  siège  de  J<^rusalem,  Ézt^cliiel  estnnaît  que  ce 
ge  duri^rait  430 jours;  d'après  II  Rois,  xxv,  1-4,  l'année  baby- 
loiuenne  est  restre  sous  Jérusalem  un  an,  quatre  mois  et  29  jouï's 
tu toul,  514  jours  environ;  la  ville  s'est  donc  défendue  environ 
W jours  de  plus  qu'il  ne  le  croyait.  Cela  ne  tait  rien  à  Fafïaire; 
lu  rouira  ire,  nous  y  avons  la  preuve  qu'Ézéchiel  a  écrit  son 
oracle  avant  le  siège,  car  un  écrivain  postérieur  et  surtout  nu 
écrivain  de  Tépoque  des  Macchabées  aurait  donné  une  addition 
jjlas  exacte. 

Viiilà  les  seuls  arguments  d'apparence  scientifique  que  j*aie 
Irouvéaî  dans  les  vingt  pages  que  M.  Seinecke  consacre  â  Ézéchiel. 
Li^'jr  valeur  est  minime,  mais  j'ai  peïisé  qu'il  fallait  néanmoins  les 
r'iijtfr.  Les  autres  considérations  de  cet  auteur  forment  un  amas 
coûfu»  de  réflexions  piétistes  siii  generis  et  d'altirmations  irréflé- 
chies* Les  premières  ne  nous  intéressent  guère;  comme  exemple 
fa  RHcoades,  Il  suffira  de  mentionner  que,  pour  M  Seinecke,  le 
Gojî  d  ÉzéchieU  qui  périt  sur  la  terre  d'Israël  et  y  obtient  une  aé- 
pultare,  est  Anliochus  Épiphane,  qui  meurt  en  Perse  et  est  enterré 
î  àiitioche;  et  cependant  É^écliiel  aurait  vécu  après  cet  événe- 
lacnt'.  Mais  en  voilà  assez  de  cette  disgression  et  revenons  à 
i'ftamen  des  renseignements  que  le  prophète  Ézécliiel  peut  nous 
Ji>mi\r  pour  lixer  la  date  du  chapitre  x  de  la  Genèse. 
ÉziH:hiel  parle  volontiers  des  peuples  éloignés,  et  nous  lui  dé- 
fis une  nomenclature  géographique  très  variée.  Les  chapitres 
vu  H  xxxvui- XXXIX  fournisseiit  beaucoup  de  noms  que  la 
range  dans  la  racejaidiétique.  On  a  depuis  longtemps  re- 
'^omi  la  connexité  des  deux  écrits  sous  ce  rapport,  mais  on  n'est 
^|tt  ti*ac€ord  sur  la  question  de  priorité*  L*opinion  qui  lait  d'Ézé- 
el  une  des  sources  du  document  élohiste  est  admise  par  la  plu- 
td&s  critiques  modernes.  En  restreignant  le  problème  au  sujet 
rapbique  seuL  je  me  propose  de  montrer  que  cette  solution 
•  peut  pas  ^tre  la  vraie. 
iPtmii  les  noms  insulaires,  on  rencontre  cns  (xxvn,  6),  nc^b» 
I*  7),  t3^ïr:n,  c'est-à-dire  ;  Chypre,  Hellas,  Espagne*  La  Genèse 
sdeplus  o^nn,  qui  ne  revient  pas  ailleurs.  Aucun  ordre  n'est 


«  emtààikÊé  dm  Vùlka  Itr^i,  II,  p.  1-20. 


170  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

observé  dans  Ténumération  de  ces  pays;  par  quelle  inspiration 
extraordinaire  la  Genèse  serait-elle  parvenue  à  les  classer  d'après 
leur  position  gt^ographique  et  à  en  faire  les  fils  de  Yawan,  parenté 
sur  laquelle*  le  proph'^te,  non  seulement  ne  fournit  pas  la  moindre 
indication,  mais  qu'il  exclut  formellement  en  donnante  ï^-^mn  le 
genre  féminin?  Donc,  si  emprunt  il  y  a,  il  serait  plus  rationnel  de 
supposer  qu'Ézéchiel  s*est  simplement  servi  des  noms  pentateu- 
tiques  sans  se  soucier  d'imiter  la  disposition  de  l'original.  Je  ferai 
toutefois  remarquer  que  l'admission  d'une  origine  littéraire  pour 
ces  noms  n'est  pas  absolunaent  nécessaire. 

Plus  importants  pour  l'objet  de  notre  recherche  sont  les  noms 
formant  groupes.  Si  l'auteur  du  chapitre  x  avait  sous  les  yeux  le 
n73:^m  ndï:  d'Ézéchiel,  il  n'eût  jamais  fait  de  nTsrn  le  père  de 
OTv:;  Ézéchiel,  au  contraire,  n'ayant  aucun  but  ethnographique, 
était  libre  de  toute  entrave  dans  l'énumération.  Le  groupe 
Ézéchiel,  xxvii,  13,  est  absolument  identique  à  la  seconde  série 
japhétique,  en  dehors  de  on-'n.  I?i.  la  connexité  des  deux  écrits 
et  la  priorité  de  la  Genèse  éclatent  avec  une  grande  évidence, 
et  cela  d'autant  plus  que  le  nom  de  nÇT^in,  qui  figure  au 
verset  suivant,  tout  seul,  se  trouve  mentionné  au  chapitre  x  de 
la  Genèse  également  un  verset  après  les  trois  noms  précités, 
mais  associé  à  tsdc»  et  non,  qu'Ézéchiel  ne  mentionne  pas, 
évidemment  parce  qu'ils  n'avaient  pas  de  commerce  particulier. 
La  dernière  ombre  de  doute  sur  sa  déi)endance  du  Pentateuque 
est  dissipée  par  Ézéchiel  même  dans  la  descri[)tion  des  peuples 
septentrionaux,  à  propos  de  l'expédition  de  Gog  (chap.  xxxviii- 
xxxix).  D^jà  la  faron  dont  il  annonce  le  nom  de  l'envahisseur 
des  derniers  jours  atteste  qu'il  a  lu  le  chapitre  x  de  la  Genèse. 
En  eflet,  le  membre  de  phrase  :ii5!arî  ynN  aia^  «  Gog  du  pays  de 
Magog  »,  dit  clairement  que  :»iii  est  artificieUement  formé  de 
aia»,  lequel  est  un  nom  géographique  réel,  mentionné  plus  loin 
par  Ézéchiel  lui-même  (xxxix,  6).  La  conjecture  émise  par  quel- 
ques-uns que  ina%  aurait  été  formé  de  aia  tombe  devant  cette  con- 
sidération que,  si  un  tel  personnage  était  connu  de  ses  contempo- 
rains comme  chef  des  Mosches  et  des  Tibarènes,  Ézéchiel  se  serait 
bien  gardé  de  lui  assigner  une  orieine  étrangère  à  ces  peuples  et 
surtout  de  créer  pour  lui  un  pays  de  fantaisie  qui  ne  jone  aucun 
rôle  dans  l'expédi-tion.  La  vérité  est  que,  pour  Ézéchiel,  Magog  était 
un  terme  significatif  et,  pour  ainsi  dire,  fatidique,  cachant  le  nom 
du  dernier  ennemi  d'Israél.  Il  reste  seulement  à  s'assurer  qu'Ézé- 
chiel l'a  réellement  emprunté  à  la  Genèse.  Cette  assurance  nous 
estdonnée  par  le  titre  du  héros  :  banni  rjcia  ^'vn  firips,  «  Prtnce  de 


BFlCÏÎEÎinïlES  BIRUQUES  171 

nsch  '.  Mescftek  et  Tubal  »,  titrp  m  les  pf^yjiîos  formant  encfvro 
DU[ie  sont  ériumérés  dans  im  or<1re  inverse  comimrativpm^^nt  à 
ÈTS'ï  b3ip  r-**  du  ch.  XXVII  et  à  o-.^m  *Tâ?ni  ban  ti-'  cle  la  Genèsp . 
l^od  on  fait  akslraction  de  ir.  qu'Ezéehiel  liésintéresse  de  Yen- 
]t7^pn^  d**  Go^,  comme  il  en  d^'sinteresse  Magog  et  Madaï,  ce 
èmxtiw  groiijie  retourna  donne  :  bann  "]ts^  o^^'p.  ce  qui  corres- 
pw*d  parfaiteraent  à  b^iri  '!;iÉ?3  c»n>  à  la  seule  condition  que 
ZT  f^ïi  identique  avec  o*vr.  Heureusement  la  synonymie  de 
ceHileox  ili^sijjçnations  gi^ograpliiques  est  fa<:ile  à  prouver»  car  la 
tille  maritime  de  ïjîn,  ou  Rhosns*,  est  précisément  située  dans 
h  pmvince  de  la  <]yrrhesîiqïie  que  noui*  avons,  par  une  s^rie 
d'arguments  trèsdifli^rents,  identifit^e,  plus  tiaut,  avec  ti-nP"On'*n* 
Atnsi,  tandis  que  la  Genèse,  en  conformité  avec  re^prit  fonda- 
(Df-ntal  de  son  tableau,  fournit  un  groupe  de  trois  noms  de  terri- 
toire, E/>*cliiel  lait  succéder  aux  deux  noms  de  territoire  un  nom 
de  ville,  et  cette  substitution  s'explique  par  la  nt^cessité  de  r'^ntlro 
|v)i^ible  l'entretien  de  Gog  avec  les  commerça nts  de  Tarschisch 
(f,13),  qui  ne  peut  se  taire  commodi^nieut  que  dan.s  un  port  de 
ner.  Due  pareille  localité  convient  aussi  pour  servir  de  reudez- 
lOQsaux  auxiliaires  africains  (v.  5),  lesquels*  pour  ne  pas  tra- 
wjer  la  Palestine  à  leur  aller,  doivent  prendre  la  voi»*  de  mer  et 
débarquer  dans  un  port- 

ie  croiîf  donc  que  la  priorité  du  document  A  sur  ÉzécUiel  de* 
m^are  un  fait  acquis,  ilnis  des  observations  analogues  laites  sur 
d'auliTs  passages  du  même  prophète  *  s'accordent  à  faire  voir  quo 
i»P«Q(at'9uque  jouissait  iléjk  d*une  autorit<^  tujnsidi'rnble  et  qu'on 
Il  regardait  comme  «Haut  rœuvre  d'anciens  prophètes*.  C^tte  cu'- 
cteUfice  jette  un  jour  nouveau  sur  raftiruiation  contenue  au 
tenol  xxxvii,  17,  et  aiiïsi  conçue  :  «  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur 
likw**à  Gog  :  certes,  c'est  de  toi  que  j*ai  parlé  aux  jours  anciens, 
rfintermédiaire  de  mes  serviteurs»  les  prophètes  dlsra*"d,  qui 
ph^tt^aient  dans  les  jours  antérieurs*»  pour  t'ameuer  contre 
m  (=  Israél)  ».  Une  telles  firopiiéiie  n'existe  pas  dans  le  canon 
fcftfiîB;  faut'il  supposer  qu'Ézéchiel  se  réfère  à  un  texte  perdu? 


'  Ui  Scfïlâali»,  P^<  ;  Il  ptuparl  àcn  commun  ta  tours  modeineB  prennent  aufisî'^^^ 
l^ti  mm  «thuiqoe,  mats  son  ideattfifation  avi»o  It  province  éljmérnnf^  ée  Btî  sàu 
HM^art^ L<Ponp»pt)  est  imdmisBLble.  Voyez  Ëb.  Sclirader,  K.  A.T.t^*  édilion, 

le  «UT  Eâdnis()afw  U  £evve  de  lhîito%rc  d^4  rtUfficfu  de  18SI. 
I        a  elL  (uriueUeroiÊ ni  exprimée  dans  Esdta^,  i%,  11-12. 
'  Li»  ft^aCHnn  B^Î2*3,  «Q  lipu  dfi  0*^313    Dn~   □'^î:*a.  i«  m'étonne  que    ni 
^Sfe«n4,  Qi  M    (^orDiU  n'aient  pensé  à  celte  corroctiou  évidenle. 


in  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Je  ne  le  pense  pas.  Ézéchiel  mentionne  Noé  comme  un  bûmiie 
que  sa  justifie  a  sauvé  d*une  grande  catastrophe  (xiv,  U,  *20); 
nul  doute  qu'il  s'agit  du  patriarche  de  la  Genèse  (cf.  Isaïe»  uv.8 
qui  eut  l'honneur  de  cojinauniquer  avec  lahwé  et  aussi  de  pré- 
dire l'esclavage  de  Chanaaii  edfectué  plus  tard  par  Seni*br>iL 
L*idt%  lie  prendre  Noé  pour  un  aiicieu  prophète  dM  '«^ 

sait  par  Texemple  d'Abraham  (Genèse,  xv,  1^22);  «^  ^'ï^ 

prêter  les  mots  nv  bnKa  pTO^i  ns-^b  ûTïb«  nzr*  au  sens  de  :  t  Di0B 
persuadera  Japhet  et  celui-ci  habitera  dans  les  tentes  de 
et  y  voir  l'annonce  de  Tinvasion  future  de  Gog,  il  n'y 
qu*un  seul  pas  à  franchir,  et  Ézéchiel  Ta  franchi.  U  a  mértiefiîf 
une  allusion  assez  claire  au  verbe  rç^  et,  par  conséquent,  Mwm 
de  rc»,  dans  le  second  verbe  du  verset  xxxix,  2,  car,  au  lieu  dl 
yv^-^^x  qui  n"a  aucun  sens,  il  faut  certainement  lire  X?^' 
«  et  je  te  séduirai  (cf.  Genèse,  ni,  13)  »,  ce  qui  équivaut  à  ^Tem. 
Bref,  l'oracle  accueilli  par  les  auteurs  prophétiques  de  la  Tort 
sur  l'événement  futur  ayant  des  Japhélites  pour  acteurs  e^tlâ 
fonds  sur  lerfueï  a  été  édifiée  la  viiiiion  relative  à  l'iux 
Gog.  Aux  abords  de  Fexil»  Tidée  primitive  du  verset  en  i[ 
n'avait  plus  aucune  raison  d'être  :  l'ennemi  n'était  plus  Chaoaan, 
mais  la  cruelle  Babel  ;  on  était  donc  obligé  d'y  mettre  une  idée 
messianique.  Sous  ce  rapport,  Ézt^chiel  agit  excluaiveiuenl  en 
lettré  et  jette  les  premières  bases  de  cette  littérature  apocalyp- 
tique que  le  tarissement  du  génie  prophétique  devait  tant  favoriser 
après  le  retour  de  Bahylone. 

Pour  rendre  à  ce  puint  de  vue  toute  la  certitude  désirable,ie 
remarquerai,  en  outre,  que  les  réminiscences  pentateutiques  se 
manifestant  égaleiuent  dans  les  détails  concernant  la  sépulture  de 
Gog  (xxxix,  11'16).  Ce  chef,  ainsi  que  la  multitude  qull  coin* 
mande,  sera  enterré  dans  Q^nnrrr '^3,  vallée  située  de  l'autre  eAté 
delà  mer  Morte  et  aux  eu  virons  de  laquelle  se  trouve  une  ville 
du  nom  iatidique  n;i?snt  «  multitude  *  ».  La  vallée  est  consi<léréft 
comme  un  lieu  très  connu,  qui,  Tinhumation  terminée,  changera 
son  nom  actuel  en  celui  de  ii:^  ^înq  n^>  (v.  11,  15),  «t  Vallée  de 
la  multitude  de  Gog  ».  Quand  on  ajoute  que  la  vallée  en  question 

)  Profaablemetit  le  ^17271  b^Jléix  Cantique,  vm,  11,  lieu  de  ^igDoblee.  On  stit  qqi 
le»  ftavîrûQB  de  la  mer  Mart«  reafertuaiecit  défi  ousib  fertiles^  eulre  autres  :  Co^sr  fl 
'Eugédi,  M.  Corutll  verra  luiinâme  combien  U  leçon  13^?3n  1J2^^  qu*il  conjecturf 
au  Utju  de  nSI?*!!  1^^  DTlî  U3>\  «sL  p**"  probable;  ici  ooire  texte  csl  exceilenl; 
faut  Beulement  transporier  c**  verset  apft^s  ke  verset  11,  et  (oui  devioût  clair  ;  ^5^ 
nalurellemenl  pour  Dâ  lÈt^pl,  <?t  î^'inDI,  résume  la  oooeéquence  du  verbe  :|-i3 
du  verset  {trécédeut. 


RECHERCHES  BIBLIQUES  173 

^l  clairement  d<5finie  comme  un  lieu  où  il  y  a  âéjk  un  tom- 
'au  connu  de  tout  Israël  (bx^b^^  -15P  Dià  ûipï3)»  ou  peut-être  plus 
Actement,  comme  un  lieu  de  renotii  *  en  Israël  (n^p  dtû  Dlpî3 
nb^a],  on  se  convainc  aussitôt  :  1^  que  la  leçon  massorétique 
^a?rm  doit  c**d**r  sa  place  à  celle  d^^  o'^is^n-'a,  vallée  célèbre 
infermaut  le  tombeau  de  Moïse,  ainsi  qu'il  reîîulte  de  DeuLéro- 
ome,xxxiv,  6^  coraj>artiavec  xxxij,49,  50,  et  Nombres,  xxxiu,  41; 

que  la  lecture  vr-aie  de  la  seconde  partie  de  ce  verset  est  n^ohi 
nsjn  ni*  «^r.  «  elle  [ladite  vallée)  ferme  rentrée  (c'est  à-dire  : 
tnd  difficile  Taccès  de  la  contrée  montagneuse)  de  Abarim  *  ï>.  Le 
'and  propliète  et  législateur  de  TExode,  mentionné  par  Jérémie 
XV.  Ij  et  Michée  (vu  4).  n*a  pas  pu  être  iguoré  d*Ezécliîel  ;  cela 

de  soi,  u»ais  ta  mention  formelle  du  mont  devenu  célèbre  par  la 

I~  rtde  Moïse  repose  sans  doute  sur  Tétude  du  Pentateuque,  et  se 
peonveDablenient  à  CtUé  de  la  mention  que  fait  Michée  (vi,  5) 
îi  station  mosaïque  de  Schittim  (D^t:*i),  qui  suit  précisément  celle 
le'AJjarim  ^Nombres.  xxv„  1  ;  xxxni,  48,  49  ;  Josué,  ii,  1  ;  m,  1). 
h\^,  tandis  que  Michée  cite  seulement  la  narration  du  Penta- 
Bïniue  dans  un  but  d*édillcalion,  Ézécliiei  traite  ce  livre  comme 
iD  document  pro[»hétique  destiné  à  révéler,  à  ceux  qui  cherchent 

rajjjirofondir  les  secrets  de  ravenir  le  plus  éloigné.  Le  cliapi- 
tî\i\e  la  Genèse  jouissait  aussi  de  cette  vénération.  Nous  avons 

\îU  jdus  haut  de  ai:^?^,  dont  Ézécbiel  a  déduit  son  Gog.  Ce  n'est  pas 
i  «eide  attache  qui  ïy  reiie^  Toutes  les  vraisemblances  tendent 
lindjqupf  qu'en  répétant  trois  fois  le  mot  qd  {v.  11,  13,  16J  et  le 
*^rb^  ^27  (w  11,  14,  15)  dans  la  scène  de  la  sépulture,  Ézéchiel  a 
^  sur  le»  noms  des  deux  personnages  les  plus  célèbres  de  la 
Me  jéimliq^ue,  nia  et  na^r,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  que  ces 
bttx  noms»  qui  sont  réunis  dans  Genèse  x»  21,  étaient  pour  lui 
figures  prophétiques  contenant  la  prédiction  de  l'épisode  futur 
Q  II  décrit.  Je  ne  crois  donc  pas  exagérer  en  disant  que  la  singu- 
ère  Kisiun  d'Ézéchiel  relative  à  Gog  est  le  fruit  d  une  exégèse 
Ipdique  de  Genèïie  ix  et  x,  combiné,  pour  le  nom  de  -13^,  avec 

mont  S^n3j.  au  pied  duquel  se  trouve  le  sépulcre  de  Moïse.  Il  ne 

]l«Miiifrtt«  dA  remarque  qu«,  parmi  les  KDcieos,  le  traducteur  copie  est  le  seul 

fit  tOQiré  «a  moQi   Aàarim  du  Peotateuque,    Hitzig  et  M.  Coruilt  Ta  ri  me  lie  ut 

«•rot,  mw  leur  corrcctiou  de  K"»rr  nnom  t*n  «"^an  TSt  1^0 m  «^i  leur  rejet 

fSfH  Ht  «oui  pas  në<;e8»aîre($.  Ceue  pnraHea  pour  bul  de  faire  comprendre 

■Stt  de  ia  r^fçioQ  ne  se  aoucieot  ^uère  de  routa mitier  ladite  vaikée,  parce 

\mt  B«  1>  traTerse  pour  ae  rendre  chez    eux.  J^ajouterai,  eu  passant,  qu'au 

U,  il  faut  bre  Û^'^S^n  b«,  «u  bcu  de  D'»n3^n  rW, 


174  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

parait  mécoe  pas  impossible  que  ropinion  traditionnelle,  qui  attri- 
bue à  Moïse  la  rédaction  du  Pentateuque,  ait  déterminé  Ézéchiel 
à  faire  enterrer  Gog  dans  ce  lieu  :  le  seul  hommage  digne  du  graud 
prophète  de  TExode  est  de  le  mettre  en  face  de  la  preuve  maté- 
rielle qui  atteste  la  véracité  de  la  prophétie  qu'il  a  recueillie  et 
sanctionnée  par  soa  autorité.  Les  uvz'Dn  et  les  d'^noio  de  la  Loi, 
ces  fameux  aggadistes  qui  tiraient  des  pronostics  divinatoires 
des  passages  bibliques  interprétés  d'une  façon  typique  ou  allégo- 
rique, n'ont  pas  attendu,  comme  on  le  croit,  la  constitution  de  la 
Grande  Synagogue  et  du  pharisaï^me,  ils  pullulaient  déjà  du 
temps  dfî  Jérémie  (viii,  8),  Ézéchiei  est  l'un  d'eux,  et  sa  prophétie 
s*a1imente  assez  souvent  de  déductions  érudites. 

3.  Les  prophètes  antérieurs. 

Dans  les  prophéties  qui  proviennent  du  premier  Isaïe,  contem- 
porain d'Ezéchias  et  de  Sennachérib,  on  trouve  peu  de  noms  géo- 
graphiques particuliers  au  document  que  nous  étudions.  On  voit 
néanmoins,  parxxiii,6, 10, 12,  que  ûn;^s  et  ©■^n  étaient  alors  des 
pays  phéniciens  où  les  réfugiés  de  la  métropole  pouvaient  trouver 
un  asile  assuré.  La  mention  de  Sodome  et  de  Gomorrhe  par 
Isaïe  (i,  9,  10)  et  Amos  (iv,  11),  combinée  avec  celle  de  Adma  et 
Ceboïm  par  Hosée  (xi,  8),  se  ramène,  sinon  nécessairement  au 
chapitre  x,  sans  aucun  doute  au  chapitre  xix  de  la  Genèse,  qui, 
tout  le  monde  ie  reconnaît,  appartient  à  Fauteur  de  x,  15-19,  pas- 
sage dont  ia  connexité  avec  le  reste  du  chapitre  a  été  démontrée 
plus  haut.  La  constatation  dans  Amos,  ix,  1  de  Torigine  caphtho- 
réenne  des  Philistins  est,  suivant  toutes  les  vraisemblances,  em- 
pruntée à  la  Genèse,  et  non  à  une  prétendue  tradition  populaire. 
L'autre  affirmation  du  même  prophète  que  les  Aramëens  sont 
venus  de  Qîr  nous  aide  à  rétablir  dans  le  texte  de  la  Genèse,  x, 
22,  T^T?  au  lieu  de  mb.  Peut-être  la  lin  de  ce  verset  portait-elle 
primitivement,  à  la  place  de  û-i«i  nnbi,  les  mots  a'iK  K^n  nr^j>\ 
N'oublions  pas,  enfin,  le  chasseur  Nemrod,  dont  la  conquête  de 
la  Babylonie,  relatée  dans  Genèse,  x,  8,  a  dû  être  connue  de 
Michée,  autrement  il  n'aurait  pas  nommé  ce  pays  ^îr?  ynç,  en  op- 
position avecnr»DN  yn»  (Michée,  v,  5).  Ajoutons  que  ces  deux  héros 
éponymes  de  royaumes  figurent  aussi  l'un  à  côté  de  l'autre  dans 
Ézéchiei,  xxvii,  23  b.  Le  nom  corrompu  *T7abD,  qui  vient  après 
Ti©«,  doit  être  simplement  corrigé  en  ^-i7:d  *  :  «  Assur  (et)  Nemrod 

>  Je  reaonoe  ainsi  à  la  ra3tiiuUon  ^bs,  que  j'ai  proposée  denûèrcmenl  dans  le 
Journal  atiatigue.  , 


►  TAssyrie  et  la  Bab>ioiiie)  sont  tes  coiïjmen;aotes  (lisez  •rf'^rr:^^ 

^.  A.rrAlt>ai>-uous  un  iiiistaat.  Les  investi^^aliLUis  qui  procèdent  (Jé- 
:)utreut  ladabitablemeat  iiu'Ezt^chiet  considérait  déjà  les  cha- 
IX  et  X  de  la  Genèse  sous  leur  forme  actuelle,  sans  parler 
plu&ieuri*  autres  parties  du  P^ntateiique,  conmie  un  texte 
ttcien  et  inspiré,  contenant  des  prédicliuns  importantes  sur  l*a- 
eair.  La  rédaction  int^^grale  de  ces  textes  est  donc,  en  tout  cas. 
atérîeure  au  vr'  siècle  avant  l'ère  vulgaire.  Pour  les  tenj[»s  plus 
eoiîéî?,  la  iittératui-e  hébraïque  n'oilre,  en  ce  qui  concerne  les 

^aièêtites,  que  des  probabilités,  qui,  vu  Tabsence  totale  de  toute 

^ruave  contraire,  pourraient  passer  pour  des  certitudes.  Ge|>en- 
ant,  j'aime  mieux  me  restreindre  au  résultat  tiré  de  faits  tan- 
îililest.  Du  reste,  le?*  lacunes  laissées  par  ]m  auteurs  bébreux 
mmi  liieiitôt  comblées  par  les  annales  assyriennes,  qui  remon- 

\kni  encore  plus  baut  dans  Tordre  des  temps  et  dont  ie  téuioi- 
\  lie  saurait  être  suspecté  un  seul  moment. 

B.  Les  doaiments  cunéifonnes. 

Quand  on  étudie  avec  quelque  attention  les  noms  géograpbi- 
Nues  qui  sont  communs  à  la  Genèse  et  aux  documents  cunéi- 
I  formes,  on  est  tout  d'abord  frappe  par  le  cachet  assyrien  de 
huelques-uns  d'entre  eux.  Nous  avons  cité  plus  haut  siaiD  et 
pÇ'Tiin,  altérés  de  Mat-Ganigimi  (^  Gawguw)  et  TUGorim- 
ifnon:  mstis  il  est  un  nom  qui,  quoique  absent  du  chapitre  x  Jtgtu-a 
idauâie  récit  du  délui:e,  que  Ton  attribue  au  document  A.  Je  fais 
IlliUïiuD  au  nom  de  annô<  (vin,  4),  qui  ne  revient  ostensiblement  * 
Uuedanii  df»*  écrits  postérieurs  à  l'exil  (Il  Rois,  xïx,  37  =  Isaïe, 
[HiviK  38;  Jérémie,  Li,  27).  On  serait  donc  tenté  de  c*jnciure 
Uue  l'Éluiii&te  appartient  à  cette  époque,  sinon  à  une  époque 
i*ocore  |>lus  tardive,  et,  en  etret.  quelques  critiques  tiennent  le 
hk\\  hébraïque  du  déluge  pour  un  emprunt  babylonien  du  temps 
NeVeid.  Une  petite  circonstance  vient  toutefois  dératiger  cette 
[timclusion,  c'est  que  la  [irononciation  babylonienne  du  nom  de 
Ipayn  en  question  était  Urashthu  (Bisoutoun^  XLix,  53,  U4;  N.R., 
W*|,etBon  Urarilm  comme  en  assyrien.  La  forme  Dnn«  et  l'épi- 

*  3*  dis  i  osUn&iblcmeQl  •  parce  que  ce  nom  Efnii'e,  en  réaUté,  diiDS  Eitâchiel, 
ïtT".i1,ôfi,  tu  Heu  de  nb^m  ^n»  •'52,  il  »'ftut  lire  nbm  U*^"^»  n?:,  *  MinymR, 
^^^\  «t  Ciliote  •  ;  TIHÈC  «>st  àeyà.  luuuUuané  au  v«rsei  8. 

'  Voit  Baokl^  Dit  St^^MtnidmimchnftcH^  aux  pasftagcâ  jjidiqiaéB* 


176  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

sode  qui  le  concerne  viennent  donc  forcément  de  l'époque  assy- 
rienne. Un  autre  mot  :  ^©3  ou  D-^ntos,  si  fréquent  chez  TÉlobiste, 
atteste  môme  une  origine  absolument  indépendante  des  sources 
assyro-babyloniennes,  lesquelles  emploient  uniquement  la  forme 
Kaldu,  forme  qui  est  passée  chez  tous  les  autres  peuples  (XaXfiatoi, 
«•^nbD  ,1^?D^«^bD).  On  peut  ajouter  à  cette  catégorie  le  nom  hé- 
breu de  la  Babylonie  na^arâ,  contracté  de  n:^-3«,  «  Deux- Villes, 
Dipolis  »,  qui  est  loin  d'accuser  un  caractère  d'emprunt,  surtout 
d'emprunt  assyro-babylonien.  Môme  le  nom  de  d^?  ne  saurait 
venir  directement  de  rassyrien\&/am<t,  qui  eût  donné  nçb»,  mais 
doit  être  l'apanage  d'un  idiome  sémitique  qui  a  conservé  le  son 
du  y^  perdu  en  assyrien.  Enfin,  le  nom  de  noDsn»,  quoique  s'expli- 
quant  par  l'assyrien,  n'était  pas  en  usage  chez  les  Assyro-Baby- 
loniens.  Autant  que  j'en  peux  juger,  les  noms  des  principaux 
peuples  japhétiques  semblent  parvenus  en  Palestine  par  l'inter- 
médiaire des  Assyriens  et  non  par  celle  des  Babyloniens  ;  les 
noms  propres  sémitiques,  au  contraire,  ceux  de  l'Assyro-Ba- 
bylonie  exceptés,  accusent  un  caractère  particulier  et  semblent 
avoir  été  formés  chez  quelque  peuple  plus  occidental.  L*état 
de  nos  connaissances  ne  permet  pas  de  préciser  davantage, 
mais  ce  résultat  suffit  parfaitement  pour  l'objet  de  nos  re- 
cherches. 

Mais  les  documents  cunéiformes  nous  livrent  encore  autre  chose 
que  des  leçons  linguistiques  :  ils  nous  fournissent  quelques  données, 
historiques  qui  sont  de  nature  à  fixer,  du  moins  pour  la  limite 
inférieure,  la  date  de  la  liste  japhétique.  Plusieurs  savants  ont 
déjà  remarqué  que,  d'après  les  inscriptions  assyriennes,  au 
XI*  siècle  avant  J. -G.,  les  Tabal,  ou  Tibarènes,  s'étendaient  jus- 
qu'à la  CiHcie,  et  les  Mouschkou,  ou  Mosches,  jusqu'au  nord-est  de 
Tabal,  tandis  que,  depuis  l'époque  des  Achéménides,  les  Mosches 
habitaient  aux  sources  du  Phasis  et  du  Cyrus,  et  les  Tibarènes 
la  rive  orientale  du  Thermodon,  au  sud-est  de  la  mer  Noire.  Ces 
deux  populations  ont  donc  été  repoussées  vers  le  nord  soit  par  les 
Assyriens,  soit  par  l'invasion  scythique,  mais,  en  tout  cas,  posté- 
rieurement à  la  rédaction  de  la  liste  hébraïque,  qui  énumère  Mes- 
chek  et  Tubal  parmi  les  Japhétites  méridionaux  (Schrader,  De- 
litzsch,  Lenormant,  Dillmann).  Le  fait  démontré  par  nous  que, 
pour  l'auteur  hébreu,  Meschek  et  Tubal  sont  des  nations  mari- 
times nous  aide  à  préciser  davantage.  D'après  les  documents  con- 
temporains, les  Tabal  ont  été  mis  en  possession  de  la  côte  maritime 
par  suite  de  l'annexion  de  la  Ciiicie  aux  domaines  de  leur  roi 
Amris,  d'abord  allié  et  gendre,  puis  ennemi  de  Sargon  II  ('713 


nRCriETlCIÏFS  BmUQUKS  Ml 

iTil  J.-Cu  L'inscri[)Lioii  des  Fastes,  en  racontant  la  guerre 
tttre  ce  roi,  nous  donne  là-dessus  des  renseignements  expli- 
Bs:  €  Ainris  de  Tabal,  que  j'avais  lait  asseoir  sur  le  trône  de 
nilU,  son  père,  je  lui  donnai  ma  CiWe  avec  le  pays  de  îlilakki  (la 
iicje),  qui  n'avait  pas  été  domaine  de  ses  pères,  et  j'agrandis 

.  {iûys.  Mais  lui,  n'observant  pas  la  fidëlitë,  envoya  ses  raessa- 
Ërsè  Oursa  d'Ararat  et  à  MitA,  roi  des  Mosches»  qui  s'était  em- 
aréde  tues  possessions,  Aniris,  avec  la  famille  des  hommes  de  la 
loc  de  la  maison  de  son  père,  les  chefs  de  son  pays,  avec  cent  de 

t  chars,  je  le  pris  et  l'emmenaî  eu  Assyrie,  J'étahUs  au  milieu 

pays  les  Assyriens,  garnison  (?)  de  ma  domination*  J'ins- 

ptuai  sur  eux  un  de  mes   lieutenants  comme  gouverneur  de 

ovince,  ot  je  leur  imposai  tribut  et  redevance  *.  »  Cet  état  cessa 
featiU,  et  S^nnachérih  trouva  la  Cilicie  dans  une  indépendance 
Dïuplète,  qui.  malgré  les  invasions  assyriennes,  persista  sous  les 
tgnes  d'Essarhadon  et  d'Assurbanipal.  La  côte  seule,  réunie  par 
les  rois  assyriens  à  la  province  maritime -de  Qoué,  fut  admi- 
nistrée par  un  satrape  envoyé  par  la  cour  de  Ninive,  La  dynastie 

bylonionne  qui  succéda  aux  Assyriens,  vu  Tétat  de  trouble  qui 
Dait  alors  en  Asie-Mineure,  par  suite  de  la  formation  de  Tem- 
^mède  et  de  Tinvasion  des  Gimmériens,  n'a  certainement  rien 
pris  pour  remettre   le  pied  dans  cette  province  éloignée, 

:  tout  porte  à  croire  qu*après  la  destruction  de  Ninive,  la  Cilicie 

occupait  définitivement  le  territoire  maritime*,  tandis  que  les 
^flhal  étaient  à  tout  jamais  repoussés  vep  le  nord.  Sous  les 
théménides,  la  Cilicie  formait  la  quatrième  satrapie  ;  morcelée 
IWpoque  grecque,  en  plusieurs  principautés»  elle  constituait  de 
ouveau  un  royaume  uni  sous  les  Romains,  Tous  ces  faits  pris 
Dsemble  nous  fôurnissent  la  preuve  la  plus  évidente  que  la  liste 
Éphéliti»  a  été  composée  pendant  que  les  Tabal  étaient  maîtres  de 

C(!lte  cilïcienne,  c'est-à-dire  avant  113,  aiuir-e  qui  marque  ta 
liute  d'Amris  et  de  rindépendaoce  de  la  Ctlicie.  G  est  la  limite 
Bfi'rieure.  La  limite  supérieure  serait  également  déterminée, 
ifon  devait  comprendre  dans  un  sens  général  Taftirmation  de 
argon  II,  suivant  laquelle  la  Cilicie  n'appartenait  pas  aux  an- 


^UVà^l^  Amris  TaHià  tka  iua  kuui  IluUi  alithu  Hgkexkihuthu  Unti  itli  mat 
uilakki  Ui  mtçir  ahtidfihu  ad^linsknma  urapphh  matin,  U  àhu  la  ttaçtr  kttti  ana 
ir»i4  Ï7*'iir/A4  Alîtii  iha  mut  Mtikki  sha  ehnte  miçrit/a  ùhtmra  abat  tkipiUiku,  Amris 
wUii  k%mU  nitAttti  it>  hîr  ahithn^  a»karidttuti  matuhu  ittt  C  nnrhahaitshu  nna  mat- 
Miitittft  hiqoêK^ku,  Âihikuftî  upatam  (?)  belutitfa  tua  tibbi  usneshib,  Shuparshaf 
11=  SliifMAipri)  yd  fiahata  tliihun»  ashkunma  bUta  madattu  uktn  elitkut^,,  Compares 
lltaiftàuclioiis  de  MM.  Oppcrt  et  LcnormaûU 

'EitcUel  cite  U    Cilicie  [Tk^TJJ  comme  un  paya  iadépeadanl,   rournlasaol  des 
aeitemire»  pour  ia  jrardo  de  Tyr  (xivn,  11), 

T.  Xin.  H*"  2fl.  1t 


178  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

cotres  d'Amris,  commo  signifiant  que  la  Cilicie  n'avait  jamais  fait 
autrefois  partie  de  la  Tabalène.  Dans  ce  cas,  ladite  liste  ne  saurait 
remonter  au-delà  de  Tintronisation  d'Amris,  vers  720  ;  mais  une 
telle  interprétation  n'est  pas  inévitable,  et  la  séparation  entre  la 
Cilicie  et  le  Tabal  a  pu  s'être  effectuée  pendant  rétablissement, 
par  Tiglatpileser  lï,  en  731  ou  '730,  de  Houlli,  père  d'Amris,  sur  le 
trône-de  Tabal,  lequel  Houlli  était  de  basse  naissance.  Ouassarmé, 
le  roi  légitime,  détrôné  par  le  monarque  assyrien,  avait  réussie 
soumettre  à  son  sceptre  le  Tabal  tout  entier  ;  la  Cilicie  en  faisait 
très  probablement  partie,  puisque  ce  pays  ne  figure  pas  dans  la 
liste  des  tributaires  dressée  en  738,  où  le  pays  voisin  de  Qoué  est 
parfaitement  enregistré. 

A  propos  des  Mosches,  nous  possédons  également  une  donnée 
mémorable  de  la  même  époque.  Nous  avons  cité  plus  haut  le 
passage  des  Annales  dans  lequel  Sargon  II  raconte  avoir  enlevé 
aux  Mosches,  en  715  environ,  les  forteresses  de  Harroua  et 
d'Ouschnaniz.  situées  dans  le  pays  de  Qoué,  c'est-à-dire  sur  la  côte 
maritime  de  la  Cyrrhestiqué.  L'expression  qui  suit  le  nom  de  ces 
forteresses  :  «  dont,  depuis  des  jours  reculés,  il  s'était  emparé  dans 
sa  prépotence  et  qu'il  n'avait  jamais  relâchées  [sha  lUiu  vmentqnH 
ina  dananishii  ehimu  ashriish  ni  tdirrd)  »,  atteste  la  longue  domi-  ' 
nation  des  Mosches  sur  une  partie  du  littoral  du  golfe  issique. 
Après  avoir  longtemps  résisté  aux  armées  assyriennes  stationnées 
au  pays  de  Qoué ,  qui  faisaient  de  terribles  ravages  dans  son 
royaume,  Mita  se  décida  à  se  soumettre  et  envoya  son  tribut  à 
Sargon,  lequel  était  alors  occupé  à  la  conquête  des  provinces  ma- 
ritimes de  la  Chaldée.  L'inscription  des  Fastes  relate  ainsi  cet 
événement  :  «  Tandis  que  moi,  je  réalisai  l'anéantissement  deBit- 
Yakin  et  la  défaite  des  Arinie  (Araméens)  et  que  je  faisais  briller 
mes  armes  sur  le  pays  de  Yadbour,  qui  touche  au  pays  d'Élam, 
mon  lieutenant,  le  gouverneur  du  pays  de  Qoué,  parcourut  tix)is 
fois  les  cantons  de  Mita,  le  Moschien.  Il  alla  et  détruisit,  ruina, 
brûla  par  le  feu  dix  de  ses  villes,  et  en  enleva  un  abondant  butin. 
Et  lui.  Mita,  le  Moschien,  qui  ne  s'était  soumis  à  aucun  des  rois 
mes  prédécesseurs  et  n'avait  jamais  annoncé  sa  résolution  (de  se 
soumettre),  envoya  son  ambassadeur  jusqu'en  ma  présence  sur  le 
rivage  de  la  mer  de  l'Orient,  pour  faire  acte  de  serviteur  et  porter 
un  tribut  *.  »  Le  texte  est  encore  plus  circonstancié  :  «  Tandis  que 

*  L.  149-153.  Adi  anaku  iahdi  mat  Bit-Yakin  il  nagap  Arimé  askshahanuma  f{î 
mat  Yadbiuri  sha  iti  mat  Elamti  ushamraru  kahkiya  shupar-skaq  [=^  thaqf  skipri^  yi 
shalath  mat  Que  sha  Mita  Mnshkâ  adi  ILl  shi  nagishu  ilpu.  IlUkma  X  alânùkv  ibhtn 
iggnr  ina  iJiati  iahrup  :  shallasunu  kahittu  ishlulam,  U  shu  Mita  Muskkâ  sha  am 
sharrdni  alik  paniya  la  iknmhuma  la  ushannu  tenshu  amira^u  sha   epish  ardniê  \ 


REGUEftCimS  BIBLIQUES  179 

^  je  i^alîsais  rant^antissement  des  Kaldi  et  des  Arimn  de  la  mer 

>rient  pt  que  je  faisais  briller  mes  armes  sur  les  peuples  du 

t  irÉlam,  mon  lieutenant,  ïe  gouverneur  du  pays  de  Qcmé,  que 

flifals  insintué  dans  le  pays  de.. ,  sur  les  contrées  de  l'Occident, 

«tài^Qt  j'y  avais  confié  le  soin  de  la  population,  pMrcourut  trois 

■ta  lefi  districts  de  Mifâ,  le  Moschien  (var.  roi  des  Mosches)  :  en 

Ppti*rrafn.  en  chars;  en  terrain  difficile,  à  pieds.  11  alla  et  leur 

^leva  2,000  de  leurs  soldats  [avec  leurs  effets]  de  combat  et  nVn 

tesa  pas  [de  reste].  Il  coiniuit  deux  forteresses,  protection  du 

liaîsde  Nagi. . .  dans  les  montagnes  de  difficile  accès  dont  le  site 

!..  les  soldats  de  sa  garde  (?),  livrant  bataille...  ses 

:     ...   il  leur  donna  la  vie  sauve.  Il  lit  prisonnier  2,400 

hommes,  libres  et  esclaves  de  son  pays.  Pour  leurs  villes  et  les  villes 

ie,  il  en  enleva  b^  butin,  les  détruisit,  les  ruina  et  les 

^       ,       '^  l'*?u.  Son  messager,  qui  portait  la  nouvelle  du  succès.., 

^porta  devant  moi  son...   dans  la  ville  d'Irniai,  qui  est  sur  la 

Hftb'ère  du  pays  d'Éîam,  et  réjouit  mon   cœur.  Et  lui  Mita,  le 

^toehien,  qui  nés  était  soumis  à  aucun  des  rois  mes  prédécesseurs 

'^n'avait  pas  envoyé  (de  messager)  pour  les  saluer  (mot  à  mot  : 

kî    '       iider  leur  pajx),  sans  jamais  annoncer  son  intention 

K  lettre,  [apprit]  Hssue  des  [vastejs  conquêtes  qu*Assour 

le  k'rïind  dieu,  m'avait  fait  accomplir  sur  la  mer  de  l'Orient,  ma. . . . 

rasement  du  pays,  la  captivité  de  ses  hommes,  la  soiimis[sion 

Dupen,  roi  de  Tilraoun,  dont  [la  résidence,  comme  celle  d'un 

l,  est  située]  au  milieu  de  la  mer  [de  rOrient,  il  envoya  son 

adeur  jnsqu]'en   [ma  présence  sur  le  rivage  de  la  merde 

rit'Tït,  pour  faire  acte  de  servijteur  et  [porter  un  tribut]  *,  w  Par 

de  cet   événement,  Sargon  a   pu  indiquer  comme  il  suit 

lendue  de  son  emjdre  du  coté  du  nord  :  «  La  grandeur  de  ses 

sa  conquis,  depuis  Haschmar jusqu'à  Schimasclipâti,  la  Médie 

ul^^e  qui  est  à  Torient,  le  pays  de  Namri,  le  pays  d'Ellibi,  le 

p  do  Bit-Hambaa,  le  pays  de  Parsoua,  le  pays  de  Marina,  le 

Otid'Ourartuu»  le  pays  de  Kascbkou,  le  pays  de  Tabal  jusqu'au 


rlJn  di^  iLiih  tamtim  âha  çii  ihamshi  adi  mûhrijfa  ùhpura,  Comparox  les  tra* 
\i\vttn  <"t  L^norwant. 

'i*  Kûidk  u  Arime  tha  tamtim  mai  [çit  *ham)ihi  aêhaA\kà]numii  eh 

mjé   hi^mli   uihtmraru    kakki^a   $hupar-»ha(j  (=  ihaqe  thiprij^a  *halath    nmt 

têkê  mm  aaf...    [tti   matâti  $kû  trié]  shams/it  ûshkunu^Ha  vmû'ru  [it]nixKeU  ika 

Mm»ààd  {v^,  êk(ir  Sfu  Aki)   itut  naguhu  adi  III, . .    [thn]hu  ins  markaiâti  itjli 

I  (•]««  $àê/nuAtt  iib%*  illikma  II M  ç&bij(hit.,.  [ç^bi]  tahaentkumu  ekimikunuttmtt 

li  Hrét4  (vaTi  skar  kulçàni\  tuklut  mat  Natji. . .  i»n  âkade  marçi  «Ail  rûçu 

lia  àkm^ma   çabi   tkuluitttku    epùh    Utkast,..     hivatûh»   ana,,^     ubûilît* 

luAi  tih  m  ùfdî  uitu   malùhu  ùklulamma  aiâmliiku]nu  adi  alâni  UmvU 

J>i(fl<iii»   wàkëi  [i^]/NP   tna  iihaii  ùkrup  aial  ikipriâku  tha  amat.,,  sAh 

tàm  mmtk  et  /rtni'f  âha  pat  mat  MUmti  ublûmwta  uikalU  Ubèi,    U  êhu  Miià 


180  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


pays  de  Mouschkou  *.  »  L'énumération  de  Tabal  avant  Mouschkou 
confirme  le  fait  signalé  plus  haut  relativement  à  la  possession  réa- 
lisée par  les  Mosches  du  littoral  issique,  situé  au  sud-est  du  rivage 
cilicien  appartenant  aux  Tabal.  A  ravènement  de  Sennachérib, 
cet  état  changea  entièrement  de  face.  Tibarènes  et  Mosches  sont 
refoulés  vers  le  nord  par  les  Assyriens,  qui  prennent  possession  du 
Qoué  et  de  la  haute  Syrie.  Depuis  lors,  la  Cilicie  (Hilakku)  entre 
en  scène  et  défend  bravement  son  indépendance.  Il  y  a  cependant 
une  circonstance  qui  mérite  d*ôtre  notée.  Tandis  que  les  Tabal 
se  soutiennent  encore  au  nord,  sous  les  règnes  d'Assourahid- 
din  et  d*Assourbanipal ,  comme  un  état  vassal  de  TAssyrie ,  les 
Mosches  disparaissent  des  annales  guerrières  de  ces  monarques 
et  ne  laissent  qu'un  faible  souvenir  dans  les  listes  géographiques 
(R.  II,  53,  3  b). 

Les  renseignements  demandés  aux  sources  assyriennes  peu- 
vent donc  être  résumés  en  ces  mots  :  le  document  de  la  Genèse, 
pour  lequel  les  Tibarènes  et  les  Mosches  sont  "des  nations  mari- 
times, ne  saurait  être  postérieur  au  règne  de  Sargon  II,  où  elles 
furent  repoussées  au  nord  par  les  Assyriens  d'abord,  par  les 
Scythes  plus  tard.  C'est,  comme  je  Tai  dit  plus  haut,  la  limite 
inférieure. 

C.  Indices  intrinsèques, 

La  comparaison  des  sources  extérieures  nous  ayant  fourni  la 
certitude  que  le  dixième  chapitre  de  la  Genèse,  tel  qu'il  est  à 
présent,  a  déjà  existé  dans  la  seconde  moitié  du  viii®  siècle  avant 
notre  ère,  ainsi  que  plusieurs  présomptions  favorables  pour  le  faire 
remonter  au  moins  jusqu'à  la  première  moitié  du  même  siècle, 
époque  des  prophètes  Hosée  et  Amos,  il*  est  temps  d'examiner  si 
le  document  lui-même  peut  nous  livrer  des  indices  suffisants  soit 
pour  faire  coïncider  la  limite  inférieure  avec  la  limite  supérieure, 
pour  voir  en  lui  un  produit»  contemporain  de  ces  prophètes,  soit 


Mushkà  sha  ana  shar[rùni]  alik  paniya  la  iknu[shHnta  a]na  shà'al  shulmeshun  la  ish~ 
pura[mma  la  u]  sha[nnu  icmishu]  sha  kansha  açà  ktshitti. . .  ti  sha  Ashshur  Un  rabû 
ushadlimuinnima  ina  tamii  çit  shamshi. . ,  ya  hipe  mati...  nishishu  shuknusha  sha 
Uperi  shar  l'ilmun  xha  qabal  tamtim  [nipih  shamshi  kima  nuni  shitkunu  narbaçttsMu 
ishmema  abal  shipnshu  sha  e]p\sh  [ardu]ti  tt  [nàshe  bilti  ana  shide]  tamti  [sha  çit 
shamshi  a]di  [mahriya  ùhjmra],  Voy.  Oppert,  Inscr,  de  Doiir  Sarkaya»,  p.  37; 
Lcnormant,  /.  r.,  p.  226  et  suiv. 

*  Inscription  des  barils  de  terre  cuite  de  Khorsabad,  1.  14-15  :  Ishtu  Hashmar  ad% 
Schimashpatti  mat  Madà  ruquti  sha  çit  shamshi  mat  Namri  mat  Ellibi  mat  Bit^ 
Bamban  mat  Parsua  mat  Mannà  mat  Urarthu  mat  Kashku  mat  Taballum  adi  m«U 
Àfuski  ikshudu  rabûtum  çatsv.  Voir  les  auteurs  précités. 


nKCIlKRCHES  BIBLIQUES 


161 


B^^aîre  remonter  à  une  date  plus  liante  encore.  Dans  les 
les  qui  suivent,  nous  tâcherons  d'exposer  d'une  façon  impar- 
le les  faits  qui  nous  ont  paru  de  nature  à  apporter  quelque 
lève  dans  ce  problC^me  ardti,  le  dernier  de  ceux  que  notre 
ûde  nous  a  conduit  à  aborder, 

[Deux  ordres  de  faits  (ioivent  tout  particulièrement  être  pris  en 
Considération  :  le  silence  que  fauteur  abservîî  sur  certains  pên- 
es dont  la  mention  aurait  lait  bonne  figure  dans  son  tableau,  et, 
i  contraire^  la  citation  de  certains  autres  qui  faisaient  réellement 
artie  du  rt%eau  g^'ographique  de  son  temps.  Nous  repoussions 
récédemment  et  nous  repoussons  encore  l^idee  que  l'iécrivain  du 
chapitre  de  la  Genèse  eût  mêlé  des  éléments  tlctifs  aux  en- 
^etlintques  qu'il  inscrit  dans  son  registre  des  Noacliides.  Le 
Eu  si  clairement  tracé  dans  le  but  unique  d'arriver  à  une 
llliance  offensive  et  défensive  entre  les  Sémites  et  les  Japliétites 
outre  les  Chananéeus  porte  un  cachet  trop  pratique  pour  qu'il  y 
ait  place  pour  une  géographie  imaginaire.  Ce  principe  incontes- 
ble  n'a  été  mis  de  côté  que  par  des  critiques  qui  ne  veulent  voir 
ans  le  chapitre  x  qu*un  ramassis  informe  de  noms  échelonnés 
ans  aucun  but  ou  dans  le  but  d*une  creuse  érudition  ;  ceux-là 
eureusement  se  font  la  tâciie  trop  légère  pour  qu*on  les  prenne 
pu  sérieux*. 
Mais  cet  examen  de  détail  ne  pourra  évidemment  servir  que 
oniroe  un   moyen  efficace   de   contrôler  Texactitude  de  la  ré- 
Oïiseà  donner  à  cette  question  préliminaire  que  voici  :  A  quelle 
pe  ridée  d'une  alliance  entre  Israël-Sem  et  les  peuples  japhé* 
Btes»  ayant  pour  but  la  soumiîssion  des  Ciiananéens  et  le  partage 
^leors  territoires  entre  les  alliés,  a-t-etie  pu  être  conçue  et  éla- 
or^  par  un  écrivain  hébreu?  S'il  était  possible  de  fermer  les 
I^C'Ux  sui'  les  preuves  solides  qui  font  remonter  la  date  de  notre 
cument  au    vuï**  siècle,   pour   le   moins,  on  aurait   pensé  un 
«tant  à  voir  dans  Japhet  la  îigure  imposante  d'Alexandre»  que 
historiens  juifs  regardent  comme  ayant  été  très  sympathique 
leur  nation.   La  [irise    de  Tyr  et  fie  Gaza  par   l'armée  de 
^a^^'an  (Grèce)  eut  pu  inspirer  à  un  [latriote  juif  le  désir  de 
profiter  de  la  faveur  du  conquérant  pfuv  étendre  les  frontières 
|î^  la  Palestine  du  côté   de   la  Phénicie.  Mais  une  telle  pensée 
l'éTanouit  aussitôt  que  courue;  d'une  part,  Alexandre  n'était  pas, 


*  Uae  louable  exception  est  fbilû  par  M.  Welllmuscu,  chef  iuconteslé  de  Pécole 
l|r«l#»f(  tu  Allçniajrii<>.  Ce  savant  éiuînent,  qui  a  coolnLué  lo  plus  i  la  défense  de 
Kf^^tiui  lUnliUf»  mi  dociimout  A  uno  origirie  positritiurc  k  Tcxil,  a  ItonnêtemeDl 
1  Donibre  i\e  fob  que  lo  chapitre  x  d«  la  (3v»i*5c  préËcnto  ûq  séritiuses  diflicultés 


« 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


en  priiicîï>e,  hostile  aux  Pliénicieas,  car  c'est  lui  qui  rétablit  l 
royauté  de  Sidon  et  d'autres  villes  phéniciennes  ;  d'autre  p»rt, 
règne  d*Alexandre  a  été  trop  court*  et  le«  agissements  poUti(|ui 
de  ses  successeurs  en  Palestine  n'étaient  pas  de  nature  à  ratta- 
cher les  Israélites  à  la  nationalité  grecque.  Il  est  presque  muliJi 
d'ajouter  que  le  tableau  géographique  ne  répond  i»as  du  tout  i 
i  état  réel  de  répoque  alexandrine*  Les  mêmes  impossibilités  s( 
présentent  quand  on  jette  un  coup  d'oeil  sur  Tépoque  de  Cyr\xs 
et,  de  plus,  la  Perse  n'est  même  pas  mentionnée  dans  le  tableau* 
Celui-ci,  chargé  d'illustrer  le  projet  en  question,  nous  fait  ains 
remonter  non  seulement  avant  lexil,  mais  aussi  avant  le  scliisma 
des  dix  tribus^  car  un  tel  projet  suppose  l'unité  de  la  nation  hé* 
braïque  :  ni  l'une  ni  l'autre  moitié  d'Israt^l  n'aurait  pu  concevoir 
un  projet  de  cette  nature.  D'étape  en  étape,  nous  arrivons  force- 
ment au  règne  de  Salomon,  époque  glorieuse  où  IsraC?]^  ayant 
déposé  les  armes  qu'il  maniait  si  bien  au  temps  de  David,  cber- 
chait  des  débouchés  pour  son  commerce  jusque  dans  l'Arabie  mé- 
ridionale, d'une  part,  et  jusqu'à  TEuphrate  de  l'autre.  La  posses- 
sion de  la  Mante -Syrie  était  devenue  difficile  à  cause  du  trop 
grand  éloignement .  Les  Chroniques  mentionnent  même  une  rébcl- 
Hon  que  Salomun  eut  à  combattre  dans  la  Ilamath<>ae  (II,  viu, 
3,4).  C'était  le  moment  propice  où  quelque  prophète  a  pu  carfô* 
ser  ridée  de  briser  la  résistance  des  Phéniciens  en  concluant  uDe 
alliance  offensive  et  défensive  avec  les  peuples  japhétiques  de 
l'Amanus,  sous  promesse  de  leur  céder  les  territoires  de  la  Haute- 
Syrie  jusqu'à  Hamath.  Le  rédacteur  de  la  Genèse,  tx-x,  revêtit 
cette  conœption  d'une  forme  narrative  et  archéologique,  suivant 
le  goût  littéraire  du  temps,  et  lui  donna  une  place  dans  le  recueil 
religieux.  Depuis  lors,  elle  dominait  tellement  la  politique  (Jw 
prophètes  que,  dans  toute  la  littérature  i>osténenre,  la  frontière 
nord  de  la  Palestine  ne  dépasse  jamais  l'entrée  de  Hamalii  1"^? 
D^n  Kiab);  c*est  ta  un  fait  important  que  les  données  de  notre 
document  éclairent  d*un  jour  aussi  vrai  que  nouveau. 

Esquissons,  en  quelques  mots,  la  situation  en  Palestine  à  la  mort 
de  David.  Salomon  ne  parvint  à  s'afhcmer  sur  le  trône  qu'après 
avoir  étouffé  dans  le  sang  les  insurrections  de  ses  frères.  DanslB 
pays,  les  populations  chananéennes  vivaient  dans  une  presque  ea^ 


*  La  rapllité  extraordinaire  de  la  mareho  d^Alexuadre  est  très  bLeo  repi 
dans  ûutiieL  (vin,  5),  p]\r  l'image  d'un  hélwT  qai,  pendant  sa  coui'se  elTréiiée, 
d  peioc  toucher  la  terre. 

*  Je  sub  convaincu  qifelle  n'ciifflc  pas  non  plus  dans  BzécMel,  xivn,  tfl,  où,  4' 
Ucii  de  aiE^  TîibT  qnD*  il  faut  iiru  l^^lDn  Tl^l  O^riD,  ce  qui  offre  une  ordon" 
nance  géographique  iirépiodiabie.  Ézi3cMel,  jlxjlviu»  5,  est  Jaus  lo  mAme  cas. 


RECHERCHES  BIBLIQUES  \m 

'  indépendance.  Elles  possédaient  môme  plusieurs  villes  fortes, 

m  elles  pouvaient  in([uîi*ter  im|mn*'»ment  les  Israélites  des  cam- 

lirnes  environnantes.  Ces  ilots^  étrangers  et  hostiles,  parsèmes 

arae  ils  étaient  sur  toute  retendue  de  la  Palestine,  n'avaient 

fts  encore  renoncé  à  prendre  leur  revanche  et  à  soumettre  les 

jraélites  à  leur  joug  avec  l'aide  de  leurs  congénères,  les  Philistins 

:  les  Phéniciens,  et  ils  comptaient  surtout  sur  Fintervention  de 

Éiîypte.  Le  jeune  roi  prévint  le  danger,  d'une  part,  en  renouve- 

tkiit  ralliance  conclue  par  son  père  avec  Hiram,  roi  de  Tyr,  qui 

lui  fournit  les  matériaux  et  les  architectes  pour  la  construction 

du  temple,  et  auquel  il  céda,  en  échange»  vingt   villes  de  la 

alitée;  d*autre  part,  en  donnant  en  dot  à  la  fille  du  Pharaon 

p'K^pte  les  villes  chananéennes  dont  il  n'avait  pas  pu  s'emparer 

ti-méme.  Une  armée  égyptienne  réduisit  ces  villes  fortes  et  les 

nnexa  au  territoire  dlsraël.  Les  autres  se  soumirent  à  Salonion 

l  consentirent  ù  payer  tribut  et  à  faire  des  corvées»  mais  elles 

5  cessèrent  certainement  pas  de  former  bande  à  part  et  d*espérer 

b  jours  meilleurs,  sachant  très  bien  que  raniitié  de  rÊ|j:ypte  pour 

Ssraôl  ne  survivrait  pas  au  roi  régnant,  tandis  qu'elles  pouvaient 

iDut  le  temps  compter  sur  le  concours  des  Phéniciens,  malgré  la 

tertion  momentanée  de  Tyr.  C'est  pour  conjurer  ce  péril  immi- 

entet  en  vue  d'emp<>cher  Talliance  avec  l'Egypte,  que  les  pro- 

hètes  contemporains  firent  élaborer  leur  projet  relativement  â 

oe  étroite  alliance  avec  les  Japhélites  du  nord,  auxquels  Israél 

evait  CH<ler    ses    possessions    eupbratiques  jusqu'à  Ilamath,  à 

i condition,  pour* ceux-ci,  de  réduire  en  esclavage  les  Chana- 

ns  de  cette  partie  de  la  Syrie.  Alors,  pensa  fauteur  du  projet, 
aélit^s,  renforcés  des  auxiliaires  japhétites,  se  rendront 
petit  ù  petit  de  la  Phiiistée  et  de  la  Pbénicie,  sauf  les 
llles  amies  de  Tyr  et  de  Byblos,  qui  seront  reçues  dans  la  natio- 
alité  juive,  mode  autorisé  par  plusieurs  précédents,  et,  de  cette 
^m,  l'Egypte  elle-même  sera  obligée  de  se  tenir  tranquille  dans 
ï  frontières  et  renoncera  à  faire  des  conquêtes  en  Asie,  Pour 
Itleimtre  ce  but  suprême,  on  reconnaîtra  rindépendance  du 
l'yaume  de  Damas,  récemment  rétabli  par  Rezon,  dont  l'intérêt 
ati4emique  à  celui  des  alliés  et  qui  se  rattache  à  Israël  par  une 
oînmimauté  de  race  et  d*ùrigine. 

Tel  était  le  projet  mûri  et  élaboré  dans  l'école  prophétique  pen- 

ant  la  première  moitié  du  rè^ne   de  Satomon,    probablement 

j[tseique  temps  avant  rachèvement  du  temple  et  au  moment  où  la 

Pottvolle  se  répandit  que  le  roi  allait  ofïrir  à  son  allié  de  Tyr 

Wogt  villes  gaîiléennes*  à  titre  d'indemnité,  événement  qui  semble 

*lRois,  a,  11. 


184  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

avoir  précédé  son  mariage  avec  la  fille  de  Pharaon.  Il  se  compose 
d'une  partie  théorique  et  d'une  partie  technique.  La  première  légi- 
time la  politique  recommandée  par  le  récit  ix,  18, 28,  renfermant: 
l^  la  division  de  Thumanité  en  trois  races  sœurs  personnifiées  par 
Sem,  Cham  et  Japhet;  2°  le  forfait  de  Cham  et  la  malédiction  lancée 
par  Noé  contre  Chanaan,  réduit  à  devenir  l'esclave  de  Sem  et  de 
Japhet  ;  3«  l'accord  aussi  pieux  que  touchant  de  ces  deux  frères  et 
la  recommandation  que  leur  .fait  le  patriarche  de  vivre  toujours 
ensemble  dans  une  entente  parfaite.  La  seconde  partie  démontre 
l'urgence  de  réaliser  ce  plan,  par  l'exposé,  sous  forme  d'un  tableau 
ethnographique  mêlé  de  quelques  notes  historiques,  des  forces  dis- 
ponibles de  chacune  de  ces  races.  Les  intéressés  devaient  y  trou- 
ver tous  les  considérants  nécessaires  pour  les  éclairer  :  l'esprit  de 
conquête  de  la  part  des  Ghamites,  surtout  des  Chananéo- Phéni- 
ciens, leur  nombre  supérieur  relativement  à  ceux  de  leurs  voi- 
sins et  leur  promptitude  à  s'assister  mutuellement. 

Toutes  les  parties  de  ce  document  remarquable  s'accordent  pour 
nous  y  faire  voir  un  produit  de  l'époque  de  Salomon.  Le  onzième 
siècle  marquait  une  profonde  décadence  pour  l'Assyrie,  et  la  for- 
mation des  royaumes  d'Israël  et  de  Damas,  dans  l'Asie  occiden- 
tale, en  fournit  la  meilleure  preuve*.  Les  Japhétites  avaient  déjà  le 
temps  de  se  rétablir  des  meurtrissures  que  Tiglatpileser  P'  (fin  du 
xii*'  siècle)  leur  avait  infligées,  et,  comme  ils  étaient  tranquilles  du 
côté  d'Assur,  ils  pouvaient  tourner  leur  attention  du  côté  de  la 
Syrie,  afin  d'agrandir  leur  territoire  avec  l'aide  de  fidèles  alliés.  Le 
projet  prophétique  leur  ofl*rait  comme  tels  Israël  et  Aram;  ils  de- 
vaient donc  se  hâter  de  conclure  cette  alliance,  et  cela  d'autant 
plus  qu'ils  avaient,  depuis  des  siècles,  senti  se  poser  sur  eux  le  bras 
lourd  des  Ilatti-Phéniciens  *.  Pour  le  faible  royaume  de  Damas, 
cette  offre  était  des  plus  avantageuses,  et  son  entrée  dans  la  coalition 
ne  faisait  pas  lo  moindre  doute.  Le  plus  difficile  était  de  gagner 
l'assentiment  de  Salomon  à  une  politique  aussi  hardie.  Pour  y  arri- 
ver, le  document  insiste  sur  le  désir  de  Noé  de  voir  Sem  et  Japhet 
s'unir  contre  Ghanaan  et  sur  la  certitude  que  l'Egypte  sera,  quoi 
qu'on  fasse,  toujours  prête  à  conquérir  la  Palestine,  non  seule- 
ment afin  d'obliger  les  Ghananéens  qui  sont  dune  même  race,  mais 
surtout  afin  de  réclamer  la  possession  de  plusieurs  villes  qui  ont 


*  C.  p.  Tielc,  Bnhylonisch-assyrischc  Geschichte,  I,  p.  1G7.  Si,  comme  il  est  très 
probable,  l'abaissement  de  l'Assyrie  était  dû  alors  aux  etForls  hostiles  do  la  Baby- 
lonie,  le  récit  de  la  Genèse  relatif  à  la  fuite  d'Assur  devant  l'usurpateur  Nemrod 
pourrait  bien  relleter  cet  événement. 

*  Déjà  Tiglatpileser  l^  meniionne  [Lolz,  p.  2C)  la  prise  par  les  Uatti  de  plusieurs 
villes  de  Schoiibarte,  pays  voisin  de  la  Commagène. 


RECHERCHES  BIBLIQUES  tSÎS 

ti*  fond<*os  par  des  colonies  (égyptiennes.  On  sait  le  reste  :  le  pro- 
^t  prophétique»  qui  reposait  \isiblenient  sur  Farrière-pensée  de 
Imener  les  races  robustes  du  nord  au  Dieu  d*israël,  n'a  pas  été 
goût  de  Salonion,  qui,  loin  de  renoncer  à  une  partie  des  pays 
[ïnquis  par  son  père,  songea  piutôt  à  consolider  son  royaunift 
une  alliance  matrimoniale  avec  le  roi  d'Kgj^pte,  qui  poussa 
bonne  volonté  jusqu'à  le  mettre  en  possession  des  plus  fortes 
riiles  chananéennes,  ainsi  qu  on  Ta  vu  plus  haut. 

D'autres  circonstances  encore  témoignent  en  laveur  de  Tépoque 
^«aloîuonîenne.  Nous  avons  di^à  relevé  l'omission  de  Tyr  et  de  By- 
blos  de  la  nonienclature  chananéenne  :  c'étaient  alors  des  peuples 
laniis,  des  alliés  tîdéles  et  utiles.  Le  hon  accueil  fait  à  la  (lotte  de 
ISalûmon  à  Ophir  et  le  voyage  de  la  reine  de  Saba  à  Jérusalem  ex* 
[pliqoent  adrairableraent  bien  Forigine  hébraïque  que  la  Genèse 
iissijîne  aux  Yoctauides  de  l'Arabie  méridionale,  malgré  leur  site 
Itogué,  Ainsi,  à  Tépoque  des  Macchabées,  quand  Israël  cherchait 
mrtûut  des  alliés,  il  n'hésita  pas  à  déclarer  les  Spartiates  descen- 
ftlaiîtà  d'Abraham  ;  le  raisonnement  qui  y  cojuiuit  est  simple  :  celui 
Iqaiîious  est  favorable  doit  avoir  un  peu  de  notre  sang  dans  ses 
Iveines,  Après  la  mort  de  Salomon,  toutes  ces  circonstances  chan- 
[gèreût.  Les  Chananéens  disparurent  de  la  scène  politique;  en  re- 
vanche, T>r,  devenue  hostile  a  Israël,  fit  cause  commune  avec 
lÉilom,  son  ennemi  le  plus  acharné  (Amos,  i,  9).  Les  voyages  d'O- 
phir  r^isérent  tout-à-coup  et  ne  se  renouvelèrent  plus.  Et,  pen- 
tlaut  qu'en  Palestine,  Israël  se  séiïarait  en  deux  royaumes  rivaux, 
IAmut s'éveilla  de  son  assoupissement,  plus  terrible  que  jamais, 
Uoumitau  même  joug  les  Japhétites  et  les  Phéniciens,  et  leva  déjà 
Itmemain  mena»;ante  sur  Arara  et  Éj^hraïm,  qu*il  ne  devait  plus 
[licher.  Le  beau  rêve  du  généalogiste  a  fait  place  à  un  cauclie- 
[B»ar  affreux  :  Sem  rédui'sant  en  esclavage  tous  ses  frères,  nif'^nic 
I  î«  peuple  de  lahwé  I 

Le  résultat  qui  précède  a  déjà  été  soupçonné  par  un  savant  dont 
[J^  regrette  de  ne  pas  pouvoir  partager  toutes  les  idées*  M.  Budde 
I»lace  également  la  rédacUon  du  récit  de  Noé  (Genèse,  ix,  20-27) 
«ousle  règne  de  Salomon  ;  il  assigne  aussi  à  cet  auteur,  qu'il  ap- 
,  pelle  le  premier  Jéhoviste  (J'),  la  narration  de  îa  tour  de  Babel.  Il 
est,  à  uja  connaissance,  le  premier  ûeii  conmientateurs  modernes 
<Iiii  ait  indiqué  In  vrai  sens  de  ix,  27  ù,  en  rappelant  la  cession  faite 
Pw Salomon  a  lliram,  roi  de  Tyr, de  vingt  villes  galiléennes.  Mais 
M  Mt  allé  trop  loin  en  voulant  y  voir  une  allusion  à  cet  événe- 
''^^'nt,  ce  qui  Ta  conduit  à  identifier  Japhet  avec  les  Phéniciens  et 
a  intjrcelLT  entre  plusieurs  auteurs  postérieurs  certains  versets  du 
,  cîiajutre  ik  et  tout  le  chapitre  x.  A  notre  avis,  le  seul  devoir  de 


180  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

la  critique  consiste,  non  à  déchirer  le  texte  reçu  en  lambeaux 
minuscules,  afin  de  les  recoudre  ensemble  dans  un  ordre  différent, 
mais  à  en  faciliter  Tintelligence  en  Tépurant  des  fautes  que  Ti- 
gnorance  des  scribes  y  a  fait  glisser.  Somme  toute,  la  critique  n'a 
pas  pour  vocation  de  corriger  les  légendes  anciennes  et  de  les 
mettre  mieux  sur  pied,  fussent-elles  aussi  inconséquentes  et  aussi 
mal  présentées  que  possible.  Dans  notre  cas  spécial,  le  texte  est 
relativement  aussi  bien  conservé  que  la  conception  en  est  claire 
et  satisfaisante  ;  c'est  une  raison  de  plus  pour  le  respecter. 

En  terminant,  disons  un  mot  sur  l'idée  religieuse  qui  est  au 
fond  du  document  que  nous  venons  d'examiner  sous  toutes  ses 
faces.  Le  seul  fait  que  l'esclavage  de  Chanaan  y  est  conçu  comme 
l'expiation  d'une  malédiction  lancée  par  le  patriarche  contre  Tan- 
côtre  de  ce  peuple  montre  avec  évidence  combien  l'unité  du  genre 
humain,  en  général,  et  l'inviolabilité  de  l'individu,  en  particulier, 
était  déjà  un  dogme  sacré  dans  l'école  prophétique.  Or,  un  tel 
dogme,  dont  le  Décalogue  offre  la  forme  juridique,  est  reproduit 
sous  une  forme  cosmogonique  dans  le  premier  chapitre  de  la  Ge- 
nèse, d'après  lequel  Dieu  a  fait  l'homme  semblable  à  lui-même. 
Sans  cette  théorie  fondamentale,  la  réduction  d'un  peuple  en- 
nemi et  le  partage  de  ses  dépouilles  n'avaient  vraiment  pas  besoin 
d'être  excusés  ;  mais,  comme  la  théorie  en  question  ne  se  trouve 
dans  aucun  des  textes  réputés  jéhovistes,  ne  s'en  suit-il  pas  né- 
cessairement que  le  récit  élohiste  de  la  création  de  l'homme 
était  déjà  rédigé  et  admis  dans  les  cercles  prophétiques  du  temps 
de  Salomon  ? 

J.  Halévy. 


DES  JUIFS  DE  CASTILLE 


EN  1432 

€OS!PAHÈ  AVlvC  LES  RÈGLEMENTS  DES  JUIFS  DE  SICILE 
ET  D'ALTÏŒS  PAYS 


mSTOIHË  DU   RÈGLEMENT   DE  CASTJLLE* 


n*  586  des  manuscrits  hf'-breux  delà  Bibliothèque  nationale 
contient  un  règlement  fait  pour  radminîstratioa  des  coininuuautës 
Juives  de  Castille  en  1432  et  qui  est  du  plus  haut  int</r(^t. 

Ce  document  a  déjà  été  analystl  autrefois  par  M.  Kayserling, 
dont  on  connaît  les  savantes  recberches  sur  Tiiistoire  des  Juifs 
d'Espagne  et  du  Portugal,  et  qui  a  donné  de  cette  pièce  une  idée 
aussi  exacte  que  le  permettait,  il  y  a  seize  ans,  Tëtat  de  la 
icience  * . 

Francisco  Fernande^  y   Gonzalez,  dont  le  beau-père,  le 
It^  Amador  de  los  Rios,  a  écrit  une  savante  Histoire  des  Juifs 
Espagne,  et  qui  a  publié,  en  1881,  une  étude  très  remarquable 
sur  la  situation  légale  des  juifs  en  Espagne^  vient  dlriiprinier, 
dans  le  Boietin  de  la  Real  Academia  de  la  Historia,  de  Madrid,  le 

Édu  règlement  de  1432  avec  la  transcription  en  caractères 
I  des  parties  espagnoles  du  document,  une  préface  et  des 
*.  Nous  nous  permettons  de  féliciter  M.  Francisco  Fernandez 
I  Oiit*in>nisrk6  G tmeimle- Statut,  dans  Jahrhuch  fur  die  &nckichti  dâf  /u-^ 
dén  mmd  tl$M  Judenthumi^  4*  vol.,  Leipzig,  186Û,  p.  26J>  et  suivaotes, 

■  iÊfitmiioAts  jvrifUcai  HH  ptttUo  de  hraei  m  Iom  di/hrenteg  utadoi  de  la  ptnim- 
êmla  Ihericai  Madrid.  tRSL 

*  Le  Urtge  a  part  porte  k  litre  suivant  :  Ordenamifinta  /hrmado  por  hs  procura- 


m  RE.VUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

y  Gonzalez  de  son  travail;  il  a  rendu,  en  le  publiant,  un  service 
éminent  à  la  littérature  juive.  Le  texte  a  encore  besoin  d*ôtre  revu 
et  corrigé  par  endroits,  M.  F.  Gonzalez,  n'ayant  pas  eu  Toriginal 
sous  les  yeux,  n'a  pas  pu  rectifier  toutes  les  fautes  que  contient  sa 
copie  et  dont  quelques-unes  se  trouvent  peut-être  dans  Toriginal. 
Le  document,  tel  qu'il  est  imprimé,  présente  le  plus  souvent  un 
sens  satisfaisant,  et  le  nombre  de  passages  encore  obscurs  n'est 
pas  très  considérable.  Si  on  n'en  peut  pas  faire  encore  une  tra- 
duction complète,  on  peut  au  moins  en  tirer  beaucoup  de  rensei- 
gnements et  de  faits  intéressants.  C'est  ce  que  nous  allons  faire  *. 
Notre  analyse  expliquera  plus  d'une  difficulté  du  texte  et  per- 
mettra «.'i  le  rectifier  en  bien  des  endroits.  Nous  avons,  du  reste, 
déjà  in.liqué  un  certain  nombre  de  corrections  dans  la  Revue, 
tome  XI,  p.  278. 

Le  document  est  écrit  en  caractères  hébreux  et  dans  une  langue 
où  l'hébreu  et  l'espagnol  se  mêlent  constamment  et  forment  la 
plus  singulière  mosaïque.  Il  ne  faudrait  pas  s'imaginer  que  ce  fût 
la  langue  courante  des  juifs  espagnols  ;  dans  la  conversation,  ils 
mettaient  sûrement  beaucoup  moins  d'hébreu.  Cette  langue  est 
une  espèce  de  langue  littéraire,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  c'est 
le  style  de  la  chancellerie  juive,  et  il  ressemble  étonnamment,  pour 
la  construction  et  l'emploi  alterné  de  l'hébreu  avec  l'espagnol, 
au  style  de  ce  document  alsacien  que  nous  avons  publié  dans  la 
deuxième  année  de  V Annuaire  de  la  Société  des  Éludes  juives. 
On  remarquera  qu'on  n'y  rencontre  pas,  comme  dans  la  langue  des 
Juifs  allemands  et  alsaciens,  de  mots  hébreux  avec  désinence 


dores  de  lût  aljamas  hebreas  perteneeientes  al  territorio  de  los  estados  de  Castilla  en 
la  asemblea  cdebrada  en  Valladolid  el  ano  443i..,  Madrid,  impr.  Fortanet,  1886, 
in-8«  de  115  p. 

^  Pour  la  littérature  des  Statuts  do  Communautés,  il  faut  voir  les  articles  de 
M.  Steinschneider,  dans  Eebr.  Biblioffraphie,  VI  (1863),  p.  42  ;  XVI  (1876),  p.  32 
et  57.  Sur  nos  statuts  et  les  personnages  qui  y  sont  nommés,  ibid.,  XVI,  p.  28.  Le 
règlement  espagnol  publié  dans  le  Çhaluiz,  I,  2*  édit.,  p.  22,  et  des  taccanot  hakhmé 
Castilla  (codex  Michael,  n»  8j9}  sont  déjà  cités  par  M.  Steinschneider.  On  peut 
comparer  avec  notre  règlement  les  notes  instructives  de  Zunz,  Zur  Geschickte^ 
p.  509  à  515;  les  notices  de  Gûdemann,  Gesch,  des  Erziekunysrvesen  der  Juden  in 
Italien  (Wien.  1884),  pages  273  et  340  (pour  les  Juifs  de  Sicile)  ;  Kayserling,  Ge- 
schichte  der  Juden  in  Portugal,  p.  8  el  suiv.  ;  Amador  de  Los  Kios,  Bistoria  de  los 
Judios  en  J^^pana,  tome  II,  pages  72  et  73;  Stobbe,  Die  Juden  in  Deutchland^ 
p.  140  et  suiv.  ;  Revue  des  Etudes  juives,  II,  137,  où  sont  nommés  des  comineros  en 
1379,  à  Valence;  Ferdinando  Lionli,  Le  magistrature  presso  gli  Ebrei  di  Sicilia 
(Palerme,  1884).  —  Nous  rappelons  les  Statuts  des  Juifs  d'Avignon  (1779)  et  ceux 
des  Juifs  d'Alsace  publics  par  nous  dans  TAnnuaire  de  la  Société  des  Etudes  juives 
(!'•  année.  1881  ;  2«  année,  1883)  ;  la  publication  des  statuts  des  Juifs  d'Avignon  en 
1558  par  M.  de  Mauldo  dans  les  n°»  14,  il),  17,  19-20  de  la  Revue  (recueilli  dans  son 
ouvrage  Les  Juifs  dans  les  États  français  du  Saint-Siège,  Paris,  1886)  ;  et  G.  Wolf, 
Die  alten  Statuttn  der  jodiscken  Gemeindcn  in  Mdhren  (Wien,  1880). 


RÈGLEMENT  DES  JUIFS  BK  CASTILLE  EN  U32 


im 


Sgère*.La  plus  importante  curiosité  grammaticale  qu'on  y 
5uv^,  c'est  la  formation  des  temps  du  verljc,  qui  se  fait  très 
îtouventpar  une  combinaison  du  verbe  espagnol  5^£îr  (être)  avec 
le  participe  présent  liëbreu.  Par  exemple:  somos  ineiahkenlm 
taccanot,  pour  noifs  faisons  des  laccanoi;  que  sean  rttakabdelhu 
pour  quUls  accepiaii;  que  seâ.n  hobeim^  pour  quils  fixent. 

Le  règlement  fut  fait  à  Valladolid,  Jans  la  «  grande  synago- 
gue »  de  la  juiverie  (ïîni?^)  de  cette  ville,  dans  les  dix  derniers 
jours  de  iyyar  5192  (fin  avril  1432),  et  achevé  le  1*"*  sivan  (2  mai). 
Il  fut  convenu  qu'il  aurait  une  durée  de  dix  ans. 
Les  séan(*es  dans  lesquelles  il  fut  élaboré  étaient  évidemment 
résidées  par  Don  Abraham  Benveniste  *,  médecin  du  roi  Juan  II, 
[qui  avait  obtenu  du  roi  une  autorisation  de  faire  rédiger  et  appli- 
Iquer  ce  règlement,  M  est  constamment  nommé  le  «  Rab  de  la 
[Cour.  ï  Don  Abraham  avaii,  d'après  le  Johasin  (êûlL  Filîpowskî, 
tp,22G,  col.  1),  obtenu  sa  nomination  de  chef  des  Juifs  de  Cas- 
'  tiileen  cette  même  année  143*2,  on  voit  qu'il  ne  perdit  pas  de  temps 
pour  organiser  les  communautés.  Il  paraît  que  depuis  assez  long- 
temps on  n*avait  pas  fait  de  règlement  et  que  le  besoin  d'en  avoir 
Un  se  faisait  vivement  sentir*  Il  est  possible  que  depuis  la  mort  viG- 
^knleet  cruelle  de  Don  Méir  Alguadez,  médecin  du  roi  Henri  III, 
iU^ait  pas  eu  de  Rab  de  la  Cour  ni  de  chef  ofliciel  des  Juifs  ^ 
I  Notre  document  parle  avec  les  pins  vifs  sentiments  de  reconnais- 
sance de  Don  Méir  et  des  services  qu'il  avait  rendus  aux  Juifs.  En 
wurenir  de  ces  bienfaits,  sa  digne  vi'Uve  Dofia  Batseba  et  sa  fille 
I>oiîa  Luna,  veuve  de  Fhonoré  Don  Méir  ibn  Alfakar,  sont  exemp- 
'  ti^^  des  impôts  des  Juifs,  comme  Tavait  été  Don  Méir  (p.  82).  S'il 
[ya?aiteuun  autre  Rab  de  la  Cour  entre  lui  et  Don  Abraham,  il  est 
I  probable  que  sa  famille  aurait  joui  du  même  privilège  et  que  notre 
r  document  l'aurait  nommé. 

Pour  faire  le  règlement,  Don  Abraham  avait  ordonné  à  toutes 
lies  communautés  d'éhre  et  dïmvoyer  à  Yalladolid  des  députés  ou 
pnid'horames  (ïiOMBRES  bienos)  accrédités  et  chargés  de  pleins 
pouvoirs  fp,  29).  Les  unes  envoyèrent  ces  députés,  d'autres  adres- 
^renl  d^avance  à  Don  Abraham  leur  assentiment  à  tout  ce  que 
déciderait  rassemblée.  Celle-ci  était  composée  de  ces  députés,  de 


*  Voir  cependant  tnhâfemen  pour  mtttrt  *»  htfem,  OrdtnamUnto^  p.  1u'2  ;  et  sa- 
*•«»•  M.,  p,  103,  qui  noua  punit  èUt  le  pluriel  de  rhébreu  ww««,  desservant, 
*'«c  termiuaifûn  cspûguole, 

*  tlttl  ce  quô  signifient  sûrement  les  mots  Sn":,38<  "^ribil  12?  "iDDfttS,  P^  27,  1,  3* 
i^^^Sor  Don  Méir  Âlguadcz  et   Don  Abraham  lîenvetiiBle,  voir  Graetz,  tome  VUl 

'<le«  matières  cl  noie   i)  et  Kaysorlin^r,  L  €,\  sur  les  Benveniste,  voir  Sl«iti- 
Iw.dan»  Hth\  Bibliographie,  XV  (1875),  p.  58. 


190  REVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

rabbins  venus  de  diverses  villes  (en  dehors  des  députés)  et  de 
divers  prud'hommes  qui  avaient  accès  à  la  cour.  La  séance  d'ou- 
verture paraît  avoir  eu  lieu  dans  le  palais  royal,  les  autres  séances 
se  tinrent  probablement  dans  la  synagogue,  comme  nous  l'avons 
dit  plus  haut.  La  relation  historique  qui  précède  le  texte  du  rè- 
glement est  signée  par  Isaac  Cohen  fils  de  feu  Joseph  Cohen  ibn 
Crespin,  Baruch  fils  d'Abraham  ibn  Sahal. 

Le  règlement  porte  alternativement  les  noms  suivants:  nTDSorr 
[escama,  convention),  nspn  {taccana^j  statut),  et  ordenanza 
(ordonnance).  11  est  divisé  en  cinq  chapitres:  L  La  religion  et 
l'étude  de  la  Loi;  IL  L'élection  (îin"«n3)  des  juges  et  autres  fonc- 
tionnaires; IIL  Les  dénonciateurs;  IV.  Les  impôts  et  prestations; 
V.  Les  règles  somptuaires.  En  tête,  on  le  voit,  se  trouve  la  reli- 
gion et  ce  qu'on  n'en  sépare  jamais,  l'étude  de  la  littérature  reli- 
gieuse ;  l'introduction  du  règlement  les  met  également  au  premier 
rang  des  préoccupations  des  communautés.  Après  le  service  de 
Dieu,  elle  place  le  service  du  roi,  et  ensuite  seulement  l'intérêt 
des  communautés. 


IL 

ÉTAT  DES  COMMUNAUTÉS  JUIVES  DE  CASTILLE. 

La  situation  des  Juifs  de  Castille  n'était  plus  ce  qu'dle  avait  été 
autrefois.  Les  graves  événements  de  1390  avaient  porté  un  coup 
funeste  au  judaïsme  espagnol  et  montré  ch  qu'il  pouvait  craindre 
de  l'avenir.  En  Castille,  la  reine-mère  Catalina,  qui  avait  eu  la 
régence  durant  la  minorité  de  Juan  II,  s'était  montrée  fort  hostile 
aux  Juifs  et  avait  fait  contre  eux  des  lois  empreintes  d'un  véri- 
table esprit  de  persécution.  Noire  document  constate  avec  mélan- 
colie que  les  temps  sont  changés  et  qu'il  y  avait  autrefois  pour  les 
Juifs  plus  de  repos  et  de  sécurité. 

Cette  politique  intolérante,  à  laquelle  le  roi  Jean  II  avait  sans 
doute  mis  fin,  pour  le  moment,  jointe  aux  charges  si  lourdes  qui 
pesaient  sur  les  Juifs,  avait  eu  les  eflfets  les  plus  fâcheux.  Les 
rédacteurs  de  nos  statuts  se  font  probablement  quelque  illu- 
sion quand  ils  s'imaginent  que  tout  allait  bien  autrefois,  mais 
il  est  incontestable  qu'alors  les  choses  allaient  moins  bien.  Lo 
nombre  des  talmudistes  instruits  avait  diminué,  les  rabbins  et  les 

1  Teutna  dans  Ordenamiento,  p.  101. 


REGLEMENT  DES  KÎIFS  DE  CASTILLK  EN  U32  m 

étudiants  se  faisaient  rares,  il  y  avait  «l»'s  coîïiîriunautés  qui  n'en 
|loss^Malent  pas  et  où  il  eut  été  impossible  d^^  trouver,  pour  com- 
poser le  tribunal  local,  trois  hommes  experts  dans  la  loi  rabbi- 
nique.  Beaucoup  d'ëcoles  primaires  (*['an  n^a)  étaient  fermées,  et 
les  enfants  privés  de  toute  instrucUon,  soit  qu'on  manquât  d'ins- 
tituteurs (Tnb?3),  soit  que  les  ressources  nécessaires  pour  leur  trai- 
tement lissent  défaut.  Dans  les  petites  communautés  surtout  (il  y 
m  avait  qui  comptaient  moins  de  vingt  et  même  moins  de  dix 
|rf*res  de  famille),  on  ne  possédait  même  pas  de  s\^ingogue  {n'>a 
rr.sn)  ou  de  lieu  de  réunion  fixe  (log\b).  pour  prier,  et  les  of- 
lices  n'étaient  pas  cél«*brés.  Les  mœurs  publiques  et  privées  se 
re^isen talent,  naturellement,  de  cette  situation  déplorable.  Il  nV 
avait  paa  de  ruse,  de  fraude  ou  de  violence  que  Ton  n*essay;U 
poar  se  soustraire  aux  charges  communes  de  Timpôt.  Les  uns 
*e  faisaient  donner  des  lettres  de  franchise  par  le  roi,  ou  mon- 
traient des  lettres  de  franchise  dont  rautberiticité  éltait  assez  dou- 
l*»use:les  autres  faisaient  intervenir,  pour  se  faire  exonérer  ou 
dégrever  en  partie,  des  chrétiens  iniluents,  qui,  par  leurs  ins- 
tâûcea  pressantes  (ers)  ou  leurs  menaces  (nTannli  arrachaient  pour 
Ipur  protéiîé  des  faveurs  qui  leur  étaient  probablement  payées  ; 
à^%  Juifs  iniluents  intimidaient  les  taxateurs  chargés  de  la  répar- 
tition des  impôts,  ou  intriguaient  pour  faire  nommer  des  taxateurs 
complaisants,  ou  fatiguaient  les  communautés  jusqu'à  ce  que,  de 
perre  lasse,  elles  leur  eussent  accordé  des  rabais  ou  des  exemp- 
tioas.  En  1432,  les  communautés  de  c^^-iÈtibÈci •  et  de  ;sn':isH-îï<i  et 
wt»erPdnd  nombre  de  Juifs  d'Astorga  (p.  80)  prétendaient  être,  par 
|*finléj!e  royal,  entièrement  exempts  d'impcHs,  il  arrivait  souvent 
qtie  des  Juits  quittaient  le  domaine  royal  pour  s'établir  sur  des 
îerr^ji  seigneuriales  où  on  les  attirait  en  promettant  et  faisant  pu- 
Wierdes  franchises  probablement  trompeuses.  Des  injustices  ma- 
/îi/estes  et  criantes  se  faisaient  dans  la  répartition  des  imp(^ts,  on 
taxait  même  ceux  qui,  légalement,  étaient  entièrement  exonérés 
[preuves,  orphelins,  par  exemple),  et  certaines  communautés, 
pour  se  défendre  contre  tant  d'abus,  étaient  allnes  jusqu'à  inter- 
lire  toute  réclamation  aux  parties  lésées.  Dure  loi  justifiée  par 
textes  du  mal  t 
Les  fonctionnaires  de  tout  genre  contribuaient  à  répandre  le 
i^sordre  dans  les  communautés.  Des  rabbins  se  proruraient  des 
>mmandationa  de  la  cour  pour  s*em parer  des  sièges  rabbi- 


I^  premier  é&  ces  deux  noms  Qti  prcbablemcnt  YaUudarcs,  prov.  de  Som,  ou 
r«U!eras«  pro\%   de  Léon;  Âstorga  tst  austî  dans  9a   prov.  de  Léon.  Esl-co  que  le 
uom  serait  Diulajoz  ? 


192  REVUE  DES  ÉTUDES  JUU^ES 

niques  et  du  traitement  qui  y  était  attaché  ;  d'autres  fonction- 
naires faisaient  de  même,  il  n'y  avait  pas  jusqu'au  mohel  (officier 
de  circoncision)  et  au  boucher  qui  ne  cherchassent  des  protec- 
tions chez  les  chrétiens  pour  s'imposer  (p.  Ib),  et  il  est  évident 
que,  sous  un  pareil  régime,  les  places  n'allaient  pas  toujours  aux 
plus  aptes  ou  aux  plus  dignes.  Des  particuliers  se  donnaient  le 
luxe  de  se  passer  de  certains  officiers  (mohel,  boucher)  nommés 
par  la  communauté  et  en  prenaient  d'autres  pour  leur  usage  privé, 
sans  doute  au  détriment  des  intérêts  de  la  communauté.  Des  admi- 
nistrateurs faisaient  prendre  à  la  hâte,  sous  prétexte  d'urgence  et 
en  l'absence  de  la  majorité  des  memltres  de  la  communauté,  des 
décisions  qui  ne  plaisaient  pas  toujours  aux  communautés,  mais 
qu'il  fallait  accepter,  parce  qu'en  les  votant  on  avait  obsen-é  les 
formes  sinon  l'esprit  des  règlements.  Dans  les  réunions  où  Ton 
discutait  les  affaires  des  communautés,  des  greffiers  peu  scrupu- 
leux se  hâtaient  de  certifier,  dans  le  protocole,  que  les  mesures 
avaient  obtenu  l'assentiment  de  l'assemblée*.  Le  tour  se  jouait 
avec  prestesse  et  sans  que  les  assistants  eussent  le  temps  de  se 
retourner. 

Les  délateurs  et  dénonciateurs  [mocer  et  malsin)  étaient  deve- 
nus fort  nombreux.  On  avait  de  tout  temps»  pris  des  précautions 
contre  cette  plaie  du  judaïsme  du  moyen  âge,  mais  les  auteurs  de 
nos  statuts  constatent  avec  chagrin  qu'elles  n'ont  pas  extirpé  le 
mal  et  qu'il  faut  édicter  des  mesures  plus  graves  encore  (I'^^t'^itû 
y^^yn  Nbi)  pour  se  préserver  de  ces  faux-frères.  Le  malsin  devait 
être  assez  répandu,  puisqu'on  le  trouve  fréquemment  dans  les 
statuts  accordés  aux  Juifs  par  les  rois,  et  que  son  nom  hébreu  est 
devenu  presque  un  mot  espagnol  courant.  Il  ne  faudrait  pas 
s'imaginer  que  ces  malsinim  fussent  toujours  de  grands  misé- 
rables, on  était  quelquefois  malsin  à  peu  de  compte,  il  suffisait  de 
quelque  parole  ou  de  quelque  démarche  irréfléchie,  s'il  en  résul- 
tait quelque  action  ou  poursuite  des  chrétiens  contre  un  Juif  ou 
une  communauté  juive.  La  punition,  dans  ce  cas,  pouvait  rester 
légère;  elle  devenait  plus  grave  et  pouvait  aller  jusqu'à  la  marque 
au  fer  rouge,  aux  coups  de  fouet  et  à  la  condamnation  à  mort, 
s'il  y  avait  eu  véritable  délation ,  faite  à  mauvaise  intention 
et  dans  le  but  évident  de  compromettre  les  Juifs.  Cette  législa- 
tion avait  reçu  partout  la  sanction  officielle  du  pouvoir  public, 
c'est  lui  qui  exécutait  la  sentence  de  mort  quand  elle  était  pro- 
noncée. Dans  un  temps  où  la  moindre  parole  imprudente  pou- 

»  Voir  un  cas  pareil  daus  les  consultations  de  Salomon  b.  Adret,  3*  partie,  Li- 
vourno,  1778,  n«  375. 


BÈGLEMENT  DES  JUIFS  DE  CASTILLE  ES  U3ii  1Ô3 

mi  cr^r  les  plus  graves  dangers  et  amener  des  explosions 
de  fanatisme,  il  ifétait  que  trop  légitime  de  donner  aux  Juifs  les 
irmes  nécessaires  pour  se  déiendre  contre  la  calomnie  et  punir 
les  traîtres. 

Us  mœurs  privées  des  Juifs  castillans  de  l'époque  n'étaient  pas 
toujoars  meilleures  que  les  mœurs  publiques.  La  famille  était 

doute  restée  très  pure  et  le  foyer  domestique  était  comme  un 

;uaire  respecté,  mais  les  préliminaires  du  mariage  laissaient 
fueliiuefois  à  désirer.  On  voyait  des  hommes  user  d'intimidation 
H  de  contrainte,  avec  l'appui  ou  la  complicité  de  puissants  cliré- 
fcus,  pour  épouser  de  force  des  femmes,  probablentf^nt  tle  riches 
Tfiuves  ou  lie  riches  héritières*  D'autres  entraient  par  violence, 
I    1  ours  avec  rai>pui  des  chrétiens,  dans  les  maisonSi  poussaient 

la  main  de  la  feinme  convoitée,  et  sans  qu'elle  pût  se  détendre, 
lirgent  ou  le  bijou  nécessaire  pour  donner  la  valeur  légale  au  ma- 
«ge,  ou  lui  glissaient  rapidement  au  doigt  l*anneau  de  mariage. 
Télail  un  tour  abominable,  mais  un  tel  mariage,  conforme  à  la 

I?  de  la  loi.  passait  pour  valable,  il  était  donc  urgent  de 

ir^ndre  des  mesures  pour  en  établir  la  nullité  ^  On  ne  respectait 

lème  pas  toujours  la  synagogue  :  à  en  juger  par  les  précautions 

pnses  par  nos  statuts,  il  arrivait  que  deux  partis  ou  deux  par- 

tculiers  y  vinssent  aux  mains.  Les  statuts  donnent  une  idée  de 

ce  que  pouvaient  être  ces  petites  batailles  :  on  se  donnait  des 

coups  de  poing  ou  des  sonOlets,  on  s*arrachail  les  cheveux  et  la 

lJrbe,un  combattant  plus  enragé  tirait  quelquefois  une  arme,  une 

pierre  ou  un  couteau,  pour  frapper  son  adversaire.  Les  procès 

éUîeut  nombreux  entre  les  Juifs  ;  quand  on  vit  ainsi  les  uns  sur 

W  autres  enfermés  dans  un  étroit  espace,  les  dissentiments  et  les 

^ne%  s'accumulent  et  s'aigrissent.  Il  avait  déjà  fallu,  pour  cal- 

B«î  la  passion  des  plaideurs,  emprunter  aux  chrétiens  une  insti- 

febOD  qui  rendait  de  grands  services  à  cette  époque,  la  trêve 

judiciaire.  Elle  était  de  droit,  quand  un  des  partis  la  réclamait,  et 

mmiat:  lés  Juifs  n'avaient  rien  de  semblable  dans  leurs  anciennes 

te  rabbinique^,  ils  la  réglèrent,  par  exception,  suivant  les  règles 

ftîyales.  Il  y  avait  des  gens  qui  paraissent  avoir  eu  pour  métier  de 

awirrir  les  querelles  afin  d'en  tirer  profit.  Ils  vendaient  des  con- 

leiis  fnsjrc  "^^ïTab::)  aux  plaideurs,  leur  indiquaient  des  arguments 

Jkire  valoir  devant  le  tribunal.  Il  est  fort  probable  que  ces  juris- 

olficieux  n*exerçaient  i>as  avec  beaucoup  de  délicatesse 

profession  en  soi  très  légitime  et  très  honorable,  nos  statuts 

a^out  que  du  mépris  pour  cette  engeance. 

*  ïlwm  mmftun  Analogue  k  celle  de  notre  règlement  est  îadiqaét»  dins  les  oonfiuUa- 
I  ém  SAiottOO  h,  Adiel,  1»  |iftnie,  rj<»  itM^. 


196 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


matin  ou  du  soir,  ou  enOn,  si  cela  m^me  ne  se  pouvait  pas,  que  le 
grefiier  aille  recueillir  les  votes  dans  les  maisons  (p*  93).  Dans 
les  assemblées  (JUNTA*)  oa  votait  sans  doute  souvent  (sinon  tou- 
jours) par  oui  et  non,  publiquement,  et  non  par  écrit,  puisque 
notre  règlement  prévoit  le  cas  où  ce  que  nous  appellerions  le  bu- 
reau feindrait  d'avoir  reçu  des  assistants  une  approbation  qu*ils 
n'auraient  pas  donnée.  Dans  certains  cas,  principalement  dans  les 
questions  pécuniaires,  il  fallait,  pour  que  le  vote  lut  valable,  la 
majorité  numérique  et  la  majorité  pécuniaire  (des  plus  imposés  ; 
p.  55,  89).  Pour  les  règles  concernant  un  impOt,  il  fallait  avoir  J 
la  majorité  des  votants  inscrits  sur  le  vùle  des  trois  dernières] 
années  plus  la  majorité  des  plus  imposés  pour  cet  imptU  (p.  92), 

Les  publications  de  tout  genre  se  faisaient  ordinairement  dans 
la  synagogue.  Cependant  notre  règlement  parle  d'une  publicité 
plus  restreinte  donnée  à  certains  actes  administratifs  dans  la  rue, 
à  la  porte  de  la  maison  de  Fintéressé  et  en  présence  de  certains 
témoins  (p.  59).  ; 


IV 


LBS  OFFICES  ET  FONCTIONS  PUBLIQUES. 


Les  principaux  offices  (D^i3ïg)  de  la  communauté  sont,  d'après 
notre  règlement,  confiés  à  un  certain  nombre  de  fonctionnaires 
(oFF[CiALEs,  C'Siïï):),  qui  sont  tous  nommés  directement  parla 
communauté  à  Télection  (>îi-*-ia)  et  à  la  majorité  des  voix.  Quel* 
ques-unes  de  ces  fonctions  étaient  payées,  comme,  par  exemple, 
celles  de  rabbin  et  sûrement  aussi  celles  des  divers  officiers  d'ordre 
inférieur  (greffier,  fiazsan,  eic;;  les  autres  étaient  sans  doute 
gratuites  *.  Il  est  probable  que  divers  fonctionnaires  payés  étaient 
engagés  pour  un  certain  nombre  d'années  ^  le  mandat  des  fonc- 
tionnaires honorifiques  ne  durait  qu'un  an  et  il  était  obligatoire. 
On  pouvait  cependant  présenter  un  remplaçant  à  ia  condition  qu'il 
fut  agréé  par  la  communauté. 

La  première  place  dans  ce  corps  d'  «  officiers  »  appartient 
évidemment  au  rabbin  (ddh  T^îsbn,  nnin  y^Diio).  Il  touche  ordi* 

<  C'est  1b  bMpïl  ^'Dy'O  de  plus  haut. 

>  A  AvigQOQ  f155S],  II)  grefËer  n'était  pas  payé,  le  Aasutm  PéUit  ;  le  boucher  élût 
un  fermkr  d'impÛL  (Maulde,  arU  47,  U,  68). 

^  Comme  le  rabbiD,  probibleEieul  llDistitulcur,  peut-être  le  haïtan.  A  Avignon  Je 
hattan  [cbaQtre)  était  élu  ioui  les  ans  (Mauide,  art.  62J, 


I 


RÈGLEMENT  DES  JUIFS  DE  CASTILLE  EN  1432  1117 

SSfëmenl  un  traiternent  fixé  par  contrat  {^n^v,  mot  qui  s'applique 

rii  bien  au  contrai  qu'au  traitement  quti  y  est  stipula]  ;  si  on 
assigne  quelque  revenu  indirect  de  la  communauté  et  que  ce 
rerenu  soit  notoirement  iiisufflsant,  !e  Rab  de  la  Cour  peut  ins- 
crire d'office,  au  budget  «le  la  communauté»  un  supplément  de 
traitement,  La  principale  fonction  du  rabbin  est  de  donner  et 
iépân<]re  le  haut  enseignement  religieux,  il  doit  avoir  une  école 
(ns^^)  où,  à  des  heures  fixes  et  commodes,  il  mielde^  le  Talmud, 
hhalakha  et  la  haggada^  devant  les  étudiants  (D''n-'72bn)  ou  tout 
autre  auditeur.  Les  étudiants,  destinés  en  partie  à  devenir  rab- 
kin»,  sont  nourris,  quand  ils  en  ont  besoin,  d'une  caisse  spéciale 
dont  nous  parlerons  plus  loin.  Lé  rabbin  seul  a  sur  les  membres 
4e  la  communauté  une  autorité  morale  :  il  est  chargé  de  les  re- 
aettre  dans  le  bon  chemin,  quand  ils  s*en  écartent,  et  de  leur 
lhlr«  des  remontrances  (p,  41).  Il  n*est  pas  juge  proprement  dit, 
MM  dans  un  grand   nombre  de  cas  les  juges  doivent  prendre 
HhaTJs,  par  exemple  quand  ils  prononcent  des  amendes  ou  des 
^âtiments  corporels  pour  des  délits  religieux  (p.  52),  quand  ils 
filent  punir  un  étudiant  (p.  58)^  ou  dans  certaines  sentences 
graves,  telles  que  la  punition  d'un  délateur  (p.  64),  Texpulsion  de 
h  communauté  (p.  64),  la  confiscation  (p.  70),  la  rupture  d'une 
Wtô  entre  plaideurs  (67),  enfin  lautorisation  de  recourir,  dans 
certains  cas,  aux  tribunaux  clirétiens  (p.  62).  Lui  seul  peut  abro- 
ger le  hét^em  sous  lequel  certaines  mesures  ont  été  votées  par  la 
Communauté  (p.  80  et  84).  Dans  des  cas  d'une  importance  ex- 
tfaortlînaîre,  tels  que  ceux  de  délation,  on  constitue  même  un 
trihunal  spécial,  composé  d'autant  de  rabbins  et  des  plus  remar- 
quables qu*on  peut  trouver  (p.  641. 

Après  le  rabbin  et   loin  derrière   lui,  viennent,  dans  l'ordre 
ïtîigieux,  les  fonctionnaires  (officiers)  suivants  : 

'L*t>fflciant  pn25£  rrVû).  Il  est  chargé,  entre  autres,  de  dire  la 

bénédiction  des  liançailks  fp*  69). 
Le  boucher  (nnta)  chargé  de  tuer  les  botes  selon  le  rite  juif. 

.  L'instituteur  (i^b?:)  et  son  aide  (h:di^  c*n,  chef  de  banc}. 
Leurs  élèves  sont  les  \2-\  ma  h'D  npx'^n.  Le  n'^glement  or- 
donne que,  suivant  les  prescriptions  taîmudiques,  il  y  aura 
un  instituteur  par  vingt-cinq  élèves,  et  un  aide  pour  toute 
fraction  inférieure  à  vingt-cinq.  L*enseignement  de  Técole 
8e  réduit  à  l'étude  du  Pentateuque  [piss  ou  «np^,  p.  ^0 
et  42). 

8v  m  noi^  qiai  •igntGa  dirt^  faire  d«t  Uçùnt  pnèUfuu^  Toif  tiotro  Controvtrse 
^f»TtkuÊ4  t9us  êstni  Louk,  Paris,  188t»  p,  18. 


i98  BEVUB  DES  ETUDES  IUI¥86 

L'instituteur  touchait  un  traitement  payé  par  les  pères  des 
élèves,  et,  en  outre,  on  lui  donnait,  si  nous  comprenons  bien 
(p.  40),  la  nourriture  et  les  vêtements  ;  Tofficiant  (^iazsan)  était 
sûrement  payé  par  la  communauté.  Le  boucher  devait  probable- 
ment se  contenter  des  bénéfices  de  la  vente  de  la  viande. 

Les  fonctionnaires  les  plus  importants,  après  les  rabbins, 
étaient  les  juges  (tD-^r-»*!),  leur  fonction  s'appelait  nir*^^.  Chaque 
communauté  devait  avoir  un  tribunal  {^i  n^a)  *,  composé  de  trois 
juges  élus  (p.  46  et  47),  siégeant  en  un  iieu  fixe  trois  fois  par  se- 
maine. Certaines  questions  pouvaient  cependant,  à  ce  qu'il  semble, 
être  décidées  par  un  seul  juge  (p.  54,  66,  66),  à  moins  que  ce  juge 
ne  doive  être  considéré  comme  un  arbitre.  Le  mandat  des  juges 
durait  un  an,  et  leurs  fonctions,  à  ce  qu*il  semble,  étaient  gra- 
tuites. Le  greffier  de  la  communauté  (nc^to),  qui  compte  égale- 
ment parmi  les  officiers  (p.  75),  était  chargé  des  écritures  du  tri- 
bunal, et  un  sergent  (l'^n  rr^a  tnro^)  portait  les  sommations  et 
mandats. 

Les  autres  officiers^  tous  annuels  et  gratuits,  étaient  : 

1°  Les  d^^ian  trésoriers,  qui  conservaient  les  sommes  disponibles 
et  faisaient  les  payements.  Ils  n'étaient  pas  chargés  du  détail  des 
recouvrements.  Ceux-ci  se  faisaient  par  le  fermier  de  l'imput 
(arendador,  p.  36,  37)  ou,  à  défaut  de  fermier,  par  les  néémanim 
dont  nous  parlerons  plus  loin. 

2®  Les  û'^3'»'^:?73  (inspecteurs?  veedores?),  dont  la  fonction  n'est 
pas  définie  par  notre  pièce,  mais  qui  paraissent  avoir  eu  quelque 
pouvoir  judiciaire  (p.  69),  puisqu'on  les  m^t  au  môme  rang  que 
les  juges. 

3«  Il  y  avait  aussi,  à  ce  qu'il  semble,  des  «  officiers  »  de  Tau- 
mône  (p.  36). 

4°  Des  POSTURES  étaient  chargés  de  taxer  le  vin  (p.  72). 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  généralement  les  communautés 
n'avaient  pas  d'administration  dirigeante,  cependant  il  y  avait  des 
communautés  qui  confiaient  toute  leur  administration  (todas  las 
cosAs  DEL  Kaiial)  à  des  fonctionnaires  appelés  nn»  "^D-x  "^finn 
(p.  50,  69  et  94),  «  proviseurs  des  besoins  de  la  communauté  ». 
C'est  cette  même  administration  qui,  à  notre  avis,  s'appelait  en- 
core '^'^y'n  •'ana,  les  botis  de  la  ville,  identiques  probablement  aux 
HOMBREs  BUENOS  (p.  29,  nous  traduisons  le  mot  par  prud'hommes). 
L'avis  de  trois  bofis  est  nécessaire  pour  punir  les  délits  reli- 

^  Ces  tribunaux  sont  probablement  les  heàines  mentionnés  par  les  auteurs  espa- 
gools,  Amador,  U,  p.  73  ;  Danvila,  dam  Bêi^i%  de  l'Académie  royale  d'Hiatoire  de 
Madrid,  p.  365. 


RECLKMKNf  m^  timî>  Plî  CARTtLLK  EN  1432  fOO 

gfmxip.  n),  <rt  certains  cas  de  délation  (|l  64).  Nous  ne  savons 
aileii  MAYOBBS  de  la  comraunautn  (p.  41)  d^^si^nent  une  certaine 
dd^<<e  iiien  définie  de  membres  fie  la  communauté  ou  seulement 
•Im  hommes  importants  et  influents.  IVaprès  le  ilocument  espa- 
gnol pulïlié  par  M,  Francisco  Gonzalez  à  la  suite  de  notre  rô- 
glPiQf^iU  et  qui  a  été  fait  pour  la  communauté  de.  Tudt^le  en  1363 
et  lé  en  1413,  vingt  mayorales  *   de  cette  communauté 

i»i  irgés  de  la  gouverner  en  qualité  de  regidores  [p.  102) 

•taTiient  derrière  eux  une  espèce  de  conseil  composé  des  adb- 
UîiTArvnii  (préposés)  de  la  cofnmUnauté^  flu  nombre  ée  quarante- 

OtJtff^  e*«  fonctionnaires»  il  y   avait  des   trzjsm  néémanim 

•\\m\tn^^  du  confiance  »,  qui  ne  faisaient  point  i>artle  di\^  «  of- 

(ln<Ts  »,  leur  fonction  n'est  [vas  un  -i;?:,  mais  un  ni;^:«3.  Notre 

ntinnent  n'Indique  pas  la  différence  qu*il  y  a  entre  I  oftlcier  et  le 

«««»  mais  il  résulte  d  autres  textes  que  les  néémwdra  étaient 

nalremeiit  des  perce|>teurs  rliarf^és  de  recueillir  ou  faire  re- 

iUlIr  \p%  inip*>ts  pour  en  verser  le  montant  au  trésonf*r.  Pour 

Impôt,  on  nommait  des  néémanim  spéciaux  et  leur  fonc- 

ttmeMAait  quand  ie  recouvrement  de  Timyiét  émit  terminé.  Ces 

is étaient  gratuites.  H  y  avait  cependant  des  communautés 

letqull  aemWe,  n  affermaient  Jamais  les  fmpdts  ;  chex  elles, 

lu  ii<^fiMifti>ii  étaient  probablement  des  officiers  et  on  en  nom- 

Hit,  iana  douta,  tous  les  ans  pour  Texercioe  de  rannér».  Us 

pouvaient  souvent  être  chargés  de  toutes  les  opérations  flnan- 

cièrii  de  la  communauté  et  il  semble  même  quelquefois  qu'ils 

iMis  et  vrais  administrateurs  de  la  communauté  *.  Dans 

^fÉgl«i8«nl,  les  néétnanim  sont  chargés  d*eocaîsser,  pour  les 

ensuite  aux  trésoriers,  les  revenus  de  certains  ImfKÏta  lo- 

ïmAb  que  ceux  du  Talmud  Tora  (p,  37),  Les  nfnnm»s8air©s 

imaoéa  |K>ur  lairf»  notre  règlement  s*ap[ïel lent  également  d^3?3«3 

(^  tt  at  SWj.  On  trouve,  d'ailleurs,  des  nééinanim  chargés  de 

Éttaa  aortaadt  fonctions  temporaires  ou  extraordiTialre?^  im  spë- 

ëtbf^  p*r  txemple,  ceux  qu'on  nommait  pour  attester  la  vall^ 

Êm  êm  alatuta  votéa  par  la  communauté  ^. 


'  ht^  30  é»  B«ireloQ«  (Cofi«tilt.  ItBic  b,  BeMMhot,  n»  M 4)  p«ral«9eiit  f  ire  âuflfii 

vif  iaf  ica  m/t^mamm  Salomon  b*  Adret,  cootulu,  3»  partie,  n**  39Î5, 
W^  l33ï  Le^''P**'^  *  toute  iju<*slion  d*impAt,  l'HCBisseiDents,  poicracnis,  iruprutits),  400, 
4CI  (S  méIfimémimS,  41  r.^  its  (né^iuaulm  aiitiueb,  à  iilr«  <iWlid«i-$,  leur  ifmclioVi  mi 
■s  ^39;  li«  >  1^  Jes  percepteurs  ci'LnipdisJ.  à  g  d«  1119  siiffouif  iU  oai  i'»ir 

4'#0«  !•«  vmi  i>itcura  rie  k  comm^^naulé^  et  plocéa  tu  ipâme  rfog  ^u^  ies 

mmaâmmim  éiMt  ami«  parleroni  plut  loin. 


200  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Les  ïT3'»n53rt  -^sipri  by  û-^toit  (p.  88)  sont  probablement  les  com- 
missaires chargés  de  faire  notre  règlement. 


LE  TRIBUNAL,   LES  AMENDES. 

Le  tribunal  jugeait  toutes  les  affaires  entre  Juifs.  Sa  compé- 
tence s'étendait  sur  tous  les  procès,  contestations,  réclamations 
d'argent  ou  de  dommages-intérêts  (pleitos,  contiundas,  mT-^an, 
m3ibn,  m^ayin)  et,  en  général,  sur  tous  procès  civils  nés  entre  Juifs 
(p.  47, 52,  60),  sur  les  procès  criminels  (mises  "^rn)  faits  aux  Juifs 
(p.  59 et  60).  Pt  enfin  sur  les  délits  religieux  (mn'^nT),  qu'il  examinait 
avec  le  concours  des  rabbins  (p.  52).  Mais  il  ne  pouvait  se  mêler 
ni  de  la  répartition  des  impôts,  ni  des  statuts  réglant  la  gabelle  et 
la  ferme  des  revenus  de  la  communauté  (p.  55),  ni  surtout  des 
questions  touchant  aux  impôts  royaux,  aux  droits  fiscaux  du  roi, 
de  l'église  et  du  seigneur  du  lieu  (p.  61).  Ces  questions  étaient  ré- 
servées soit  à  la  communauté,  agissant  sous  la  haute  surveillance 
du  Rab  de  la  Cour,  soit,  en  ce  qui  concerne  les  droits  de  la 
couronne,  de  l'Église  et  des  seigneurs,  aux  juridictions  royale, 
ecclésiastique  et  seigneuriale  desquelles  elles  ressortissaient 
(p.  61). 

Toutes  les  sentences  se  faisaient  suivant  le  droit  talmudique. 
Les  Juifs  attachaient  le  plus  haut  prix  à  ce  privilège  d'avoir  des 
tribunaux  à  eux.  Ils  y  voyaient  beaucoup  d'avantages  (p.  60)  : 
d'abord  celui  d'être  jugés  suivant  leurs  lois,  puis  celui  d'adminis- 
trer la  justice  à  peu  de  frais  et,  peut-être  avec  plus  d'impartialité. 
Les  juges  chrétiens  étaient  sans  doute  gens  très  savants  et  très 
estimables,  mais  s'ils  avaient  dû  juger  les  Juifs  suivant  la  loi  juive, 
ils  auraient  été  souvent  bien  embarrassés  (p.  61),  et  les  procès 
juifs  les  eussent  grandement  importunés,  eux,  les  seigneurs  et  les 
alcades.  Il  était  strictement  défendu,  sauf  dans  les  cas  indiqués 
plus  haut,  de  traduire  un  Juif  devant  les  tribunaux  chrétiens  et  il 
était  même  interdit  à  ceux-ci  de  connaître  des  procès  juifs.  Le 
Juif  qui  violait  cette  défense  était  traité  comme  délateur.  Cepen- 
dant si  un  Juif  était  absolument  récalcitrant  ou  contumace  avec 
persistance  (ûb»,  p.  62;  comparez  p.  70  et  90),  ou  s'il  ne  pouvait 
obtenir  justice  chez  les  Juifs  (p.  62),  ou  si  on  lui  refusait  la  trêve 
judiciaire  qu'il  demandait  (p.  67),  on  était  bien  obligé  de  lui  per- 
mettre de  recourir  aux  tribunaux  chrétiens. 


Kiar 
al 


RÈGLEMENT  DES  JITIFS  DE  CASTILLE  EN  1 132  ^1 

ige  était  rt'cusé  par  le  règlement  quand  il  ^tait  liii-m(^me 

irlie»  ou  parent  ou  ami  d'une  des  parties,  et  il  ne  pouvait  sit^ger 

ins  ces  cas,  que  si  la  partie  adverse  y  consentait  en    remplissant 

îa  formalité  du  v^P  (acceptation,  prise  de  possession).  Q^iand  il 

était  impossible  de  trouver  un  juge  présumé  impartial,  la  corarau- 

naaté  était  obligée  d'en  fournir  un  pris  au  dehors.  Il  arrivait 

(p,  55)  qu'une  communauté  ne  voulait  pas  recourir  à  ses  propres 

^juges,  probablement  dans  des  questions  qui  intéressaient  toute  la 

^■ommunauté  et  où  chacun  était  plus  ou  moins  partie  dans  la 

^ftause;  le  Rab  de  la  Cour  pouvait,  dans  ce  cas,  sur  le  vote  de  la 

^^ajorité  numérique  et  de  la  majorité  des  imposés,  nommer,  pour 

un  temps  déterminé,  un  juge  étranger.  Dans  tous  les  cas,  un  plai- 

ieur  ou  condamné  pouvait  déclarer,  après  la  sentence,  qu'il  fai- 

lit  appel  au  Rab  de  la  Cour,  qui  jugeait  en  seconde  et  dernière 

distance;  le  juge  était  obligé  d'y  consentir  et  d'en  donner  acte, 

ciurvu  que  l'appelant  garantit  le  payement  des  frais  et  jurât  que 

et  appel  n'était  pas  une  simple  mesure  dilatoire  pour  échapper  à 

i  sentence,  mais  était  fait  avec  l'intention  honnête  d'obtenir  bonne 

^justice  (p.  56). 

Les  juges  pouvaient  prononcer  des  amende»,  des  peines  corpo- 
I  relies.  Les  amendes  étaient  tantôt  arbitraires  (par  exemple,  en 
cas  de  non  comparution,  p.  53),  tantôt  fixées  par  le  règlement, 
oonirae  on  en  verra  <les  exemples  plus  loin.  Les  peines  corporelles 
sont  la  prison,  sans  doute,  la  flagellation,  la  marque,  la  peine  de 
mort.  La  prison  préventive  était  permise,  mais  le  juge  qui  For- 
donnait  devait  donner  un  mandat  écrit,  et,  sauf  dans  les  procès 
pourdéîation  et  les  pro^^ès  criminels,  infliquer  les  motits  de  Far- 
restâtion  (p,  59),  Les  parties  plaidaient  elles-mêmes  leurs  causes, 
il û'y  avait  point  d'avocats,  les  officieux  qui  conseillaient  les 
plaideurs  étaient  geris  suspects  et  vus  de  fort  mauvais  œil  ;  la 
proc*4dure  écrite  paraît  avoir  existé  autrefois  et  donné  de  forts 
mauvais  résultats,  elle  avait  entretenu  la  race  des  hommes  d'af- 
faires, et,  de  plus,  dégénéré  en  personnalités  de  mauvais  goût  ; 
notre  règlement  la  supprime,  sauf  dans  des  cas  exceptionnels  où 
fille  est  admise  après  autorisation  du  tribunal  (p.  58),  On  enten- 
dait, naturellement,  les  témoins  (p.  58),  et  le  greffier  dressait  pro- 
cès-verbal de  leur  déposition.  Dans  certains  cas,  les^  juges,  avant 
de  prononcer  Tarrét,  étaient  ohligés  de  prendre  l'avis  du  rabhin» 
comïne  on  Ta  vu  plus  îiaut,  et  celui  de  trois  personnes  prises  pdiV- 
niiles-i^rn  ^si::  (p.  52).  Enfin,  pour  une  délation  pouvant  entraîner 
unepf^ine  grave,  il  fallait,  comme  on  Ta  déjà  vu  aussi,  un  tribunal 
spécial  composé  de  rabbins  (p,  64).  Notre  document  ne  nous  dit 
P«  comment  et  par  qui  les  sentences  étaient  exécutées.  Le  ser- 


aae  bévue  oesërms  mw 

gent  in  r^3  irVe  dont  liocs  aTons  parié  mwwâ  peoUMredes  coA 
lègues  chargés  de  ce  soin,  peai-ètre  aussi  rexécatioii  étaîMIe 
confiée  aax  fonctionnaires  rojaax  oo  seigneuriaux*  Dans  Ions  kl 
cas,  la  condamnation  à  mort  du  maisin  était,  sur  la  dewaafc  di 
Bab  de  la  Cour,  exécutée  par  la  justice  du  roi  (p.  69). 

Le  sy-stème  des  amendes  était  très  dév^oppé. 

Outre  les  dommages-intérêts  et  les  amcades  arbitraire!  es  lei- 
qaels  les  joges  pouvaient  condamner  les  parties  eu  les  prérMii, 
le  règlement  fixe  les  amendes  et  dommages  suirants  : 

Amende  de  200  maravédis  pour  désordres  à  la  sTuagogue  ;  9ÛD 

maraTédis  si  le  cas  est  graTe  'p.  45/. 
Amende  de  1  florin  2*rn  pour  défaut  de  comparoir  derant  le  JW    ^ 

après  sommation  de  celui-ci  ;  2  florins   la  seconde  &*!«      \ 

3  florins  la  troisième  fois  «p.  53).  '^ 

Dommage  de  1,000  maravédis  pour  la  partie  traduite  contraire-      ^ 

ment  au  rè>£lement  devant  le  tribunal  chrétien  (p.  62). 
Amende  de  1.000  marav.  pour  le  malsin  dans  certaiBS  cas  (p.  6^* 
Amende  de5.C»0<)  maravédis  pour  quiconque  impose,  par  forneos 

menace,  le  manage  à  une  femme  :  de  10«000  raaravédis  peor 

quiconque  pénètre  de  vive  force  cbez  une  femme  et  proSU 

de  sa  surprise  pour  l'épouser  'p.  6d  et  69). 
Enfin  confiscation  partielle  des  biens  de  ceux  qui  ont.  par  instance, 

menace  ou  mtimidation,  nui  à  des  particuliers  ou  k  lacoiQr 

munauté  ;p.  10). 

Les  amendes  sont  généralement  versées  dans  la  caisse  du  TaV 
mud  T.jra  ou  de  la  Bienfaisance  ;  quelquefois  leur  juge  ou  le  Ral^ 
de  la  C'jur  sont  cbarj^s  d'en  désigner  ia  destination. 

Daus  un  graud  nombre  de  cas,  le  tribunal  peut  prononcer  rex-"^ 
communication  ^Ji''rc^n  et  niMnii  ces  deux  mots  sont  ordinaire-^ 
ment  réunis  .  Les  -rfets  de  rexcorumunioation  sont  :  cessation  de^ 
relations  avec  i  excommunié,  reins  d'enterrement,  défense  de 
manger  le  pain  et  d-^  boire  le  v:n  de  l'excommunié  (p.  62)  ;  son 
témoiirnage  n'est  {^lus  a  jmis  en  justice  p.  69;..  On  ne  voit  pas  si 
le  TicVt'  -;  avait  toujours  tous  ces  effets,  ou  si  les  effets  étaient 
gradués  suivant  ia  ^rravitê  des  cas. 

Le  nom  du  riialsi:\  qui  ne  i^urgeait  pas  sa  condamnation  était 
publié  dans  le  pays,  les  Juii's  t  taieat  engagés  à  se  séparer  de  loi, 
à  ne  jKis  lui  ^vraiettry*  de  se  luarîer  avec  une  juive  et  à  ne  plus  le 
considér^T  comme  Juif  au  jviii:  de  vue  religieux,  ex  cosa  santa 
vp.  tv\  La  iHMue  de  la  publicatiou  est  également  prononcée  contre 
vvlui  qui  fouraît  de  faux  arguments  aux  plaideurs. 


R^:GLEilEîfT  DES  IITTFS  m  CASTHvLK  EN  143^ 


^m 


hérem  était  prononcé  par  le  tribunal  ;   par  exception,  le 
iment  prononce  directement  et  d'uiriet^  le  hereoj  contre  qiu- 
ônque  recourt  sans  autorisation  aux  tribunaux  chrtHiens  (p,  62/. 
Le  iribiinai   peut  prononcer  éea  chatinieiits  corporels  (p.  M), 
indpaiement  contrt^  lo  raalsin  (p,  G4),  entre  autres  100  coups  de 
^rpe,  la  marque  au  fer  rouge  sur  le  front,  sans  parler  de  Vex- 
Blsion  et  de  la  condamnation  à  mort  ;  celui  qui  i^pouso  une 
par  surprise  peut  aussi  être  condamné  en  cent  coups  de 
69). 
ri»ftut  pas  confondre  avec  ce  hérem  qui  est  prononcé  dans 
cas  déterminé  contre  une  personne  désifcnée,  le  hérem  gênerai 
~ët  pr'^veniif  qui  menace  d'avance  de  certaines  peines  ou  d  excom- 
munication ceux  qui  manqueraient  à  certains  devoirs  ou  règle- 
nenU  et  statutâ.  Ce  hérem  préventif  était  très  usit^  en  E^^pagne 
[it  ailleurs  et,  d'après  notre  document,  on  en  abusait  m»^me 
)).  Ces  hérem  étaient  prononcés  solennellement  à  la  syna- 
Otj^eet  avant  que  roii  procédât  à  quelque  opération  importante, 
râgiement   de  1432    demande    la   publication    do   bérem 
et  GOOipJet  (irzsT  -!n?:n  onn)  à  l  époque  de  la  nomination 
i  jajses,  pour  o^ue  rélection  pe  lasse  avec  lionueur  et  probité 
fip.iiO)  ;  [dus,  un  fiérem  pour  la  répartition  dn  rimp<H  dans  la  conv 
numauté  (p,  85),  le  «  hérem  des  dix  malédictions  »  contre  celui 
qme&iayerait  d'échapper  aux  impôts.  Ce  dernier  hérem  devait 
^ive  publié  tous  les  ans  le  samedi  de  pénit^nr-e  (qui  est  appelé  rn^û 
aM;2i*,  le  matin  à  la  synagogue,  et  après  qu'on  avait  rentré  dans 
larche  le  rouleau  de  la  Loi  na-^na  rvriT\  nsg  (p.  90),  Enfin,  un 
lit^rem  est  prononcé  d'avance  contre  quiconque  violera  le  présent 
réglement- 


ai 


LBS  IMPOTS   ET  LE  SYSTEME    FISCAL. 


Les  revenus  de  la  communauté  se  composent  principalement 
^'un  impôt  indirect  ou  gabelle  (alca^aucs)  sur  la  viande  de  boii- 
f-lierieet  sur  le  vin  cascher,  préparés  tous  les  deux  selon  le  rite 
lait  C'est  de  ces  deux  impôts,  en  réalité,  que  vivaient  les  coramu- 
»ia\il4«(p.  881.  Un  avait  J'babitude  de  les  aMermer  tous  les  ans  à 
îin  \ttHRîSDAiif>R,  de  Jà  les  noms  de  ^  rente  de  la  lioucberie  »  et 
*  rente  iJu  vin  j>.  Il  y  avait  des  communautés  qui»  à  l'aide  d'éco- 

Vf^JKfriit,  ju  Xil,  p.  130. 


204 


BEVUE  DES  ETUDES  JUIWS 


e 

i- 


nomies  faites  sur  ces  rentes  ou  de  dons  et  legs  ou  peat-être 
concessions  royales,  avaient  acquis  ou  fait  construire  des  maisons 
dont  elles  percevaient  Je  loyer.  Enfin,  partout  il  y  avait  des  ins- 
titutions de  bienfaisance  ftiî'ipn,  nrjînpn.  p*  37,  40),  qui  possédaieni 
sans  doute  un  capital  lentement  amassé^  et  qui  avaient  aussi  dei 
revenus  annuels  que  Ton  pouvait  également  mettre  en  ferme 
(p.  40),  IJ  y  avait  une  <ï  aumône  »  î^p":^,  entre  autres  une  ff  au- 
mône pour  les  Juifs  pauvres  de  la  ville  r>  (p.  45),  sûrement  aussi  une 
autre  pouj  les  Juifs  de  la  Palestine,  Un  tronc  de  Faumône  rrs-îp. 
Trpi^  bia  est  également  mentionné  (p*  53),  Notre  règlement  cré0; 
un  impôt  nouveau,  dit  îina,  don  pour  le  Talmud  Tora.  II  est  de: 
tiné  à  player  les  rabbins  des  communautés,  à  entretenir  les  étu 
diants  qui  suivent,  à  la  yesiba,  les  cours  du  Talmud.  CVst  un 
impôt  extraordinaire  qui  s'ajoute  aux  impôts  antérieurs  et  qui 
est  perçu  sur  la  viande  de  boucherie,  sur  le  vin,  les  mariages,  les 
circoncisions  et  les  enterrements.  Le  tarif  est  minutieusement 
gradué  :  tant  pour  une  bote  de  première  grandeur,  tant  pour  uqfl 
veau,  une  clièvro,  un  agneau  ;.tant  pour  le  vin  vendu  au  détail,  tant 
pour  le  vin  en  gros,  un  peu  moins  pour  le  vin  vendu  à  des  cbri^ 
tiens  (p,  34-35).  Les  particuliers  qui  vivent  ou  auraient  des  titres 
à  vivre  de  «  TaïuTiône  »  sont  exempts  (p*  36)  de  ce  nouvel  impôt.  ■ 

L'établissement  de  Flmput  sur  le  vin  présentait  d'assez  graves^ 
difficultés.  B'un  côté,  des  chrétiens  faisaient  concurrence  aux  pro- 
ducteurs ou  marchands  de  vin  juifs,  en  fabriquant  eux-mêmes  du  ■ 
vin  cascher  avec  le  concours  d'israélites,  et  il  leur  était  facile,  si] 
ces  auxiliaires  juifs  s'y  prêtaient,  de  frauder  la  rente  du  vin  et  de 
se  soustraire  à  d^autres  impôts  (droits»  rentes,  premias,  p.  71)  ou 
frais  qui  paraissent  avoir  pesé  sur  le  vin  cascher.  D'autre  part, 
la  libre  concurrence  ne  pouvant  s*étabhr  dans  un  marché  res- 
treint par  les  règles  religieuses  et  les  règles  fiscales,  il  fallait  éta- 
blir une  sorte  de  prix  de  compensation  qui  fût  à  la  fois  équitable 
pour  les  producteurs  et  les  consommateurs  juifs.  On  nommait  à 
cet  eflTet,  tous  les  ans,  dans  chaque  communauté,  deux  taxateurs 
(posTOREs),  dont  Tun  représentait  les' vendeurs,  l'autre  les  ache- 
teurs, et  qui  débattaient  ensemble  le  prix  auquel  le  vin  serait 
»  vendu  (p.  72).  On  ne  savait  pas  trop,  à  ce  qu'il  semble  (le  document 
est  fortement  endommagé  en  cet  endroit),  au  moins  dans  le  cas  oii 
le  vin  se  vendrait  au  prix  courant  du  marché  public  de  la  ville, 
si  rimpôt  du  vin  cascher  devait  être  supporté  par  le  vendeur  ou 
par  Tacheteur  La  surtaxe  du  vin  pour  le  Talmud  Tora  devait  être 
payée  par  Tache teur  (p.  35). 

Les  Juifs  payaient,  naturellement,  des  impôts  au  roi, au  seigneur 
du  lieu,  aux  églises.  Ils  devaient  aussi  des  prestations  diverses.  Les 


RÈGLEMENT  DES  JUIFS  DE  CASTILLE  EN  1432  21fô 

s*appeUent  012,  n^on,  pecho,  (c'esl^  Fimpôt  direct)»  piDW, 
BDA,  HARAVi,  M  ARA  VI  DE  MONEDos  ;  les  coFvées  et  prestations 
s'appellent  rrnnn:?,  servigios,  pedidos,  enpbkstîdos.  On  avait 
tliaiijtude  d'aflermer  les  impôts  dus  au  seigneur  du  lieu  (p.  80), 
les  impôts  royaux  étaient  perçus  directement.  Le  Rab  de  la  cour 
répartissait,  sans  doute,  l'impôt  royal  entre  les  communauti^s,  et 

Kest  pour  cela  qu'il  a,  entre  autres,  le  titre  de  RErAHTiDOR  (p.  71). 
oe  fois  que  la  communauté  connaissait  le  montant  de  la  somme 
qu'elle  devait  payer,  elle  nommait  den  empadhonadores  (p,  84) 
■1  ni  chargés  de  dresser  le  rôle  [padron,  p.  85),  de  faire  la 

K" .  jn  (pibn)  entre  les  contribuables  de  la  communauté  (p-  82), 

Ht  de  fixer  la  taxe  (tasâ,  p*  8Ô)  de  chacun.  Cette  opération  et 
Bitlection  des  empadronadores  se  renouvelaient  tous  les  ans.  Les 
P^>i^c:aliers  étaient  taxés  selon  leurs  biens  et  leurs  aûaires  (p.  90); 
dias   certaines  communautés,  on  divisait   la  communauté  par 
classes,  et  les  contribuables  de  la  même  classe  payaient  proba- 
'    Mment  tous  le  même  impôt.  Cela  s'appelait  canama  (p.  79).  On 
«jtque  ce  dernier  mode  de  perception  existait  dans  les  comniu- 
mutés  du  Comtat  Venaissin.  Notre  règlement  accorde  (p*  SS)  aux 
Teuves  et  aux  orphelins  non  mariés  et  aux  estropiés  une  réserve 
le  quatre  cents  maravédis  exempts  d'impôts.  Certaines  personnes 
|CQ  communautés  étaient,  comme  on  Fa  vu  plus  haut,  et  par  pri- 
tilège  royal,  déchargées  de  tout  impôt.  Les  communautés  pou- 
taieal  aussi  accorder  ce  privilège,  il  est  clair  quelles  usaient 
IVement  de  ce  droit,  car  la  charge  des  exemptés  retombait  sur 
h  Bolren,  Certaines  personnes  influentes  qui   ne  voulaient  pas 
Wéï"  rimpôt  suivant  le  taux  général,  ou  des  contribuables  qui 
p<HeQdaient  avoir  des  droits  plus  ou  moinsjustiflésàrexemption» 
tiussaient  par  conclure  avec  la  communauté  une  sorte  de  contrat 
oa  d'abonneraent  ("'ît;n)  qui  était  tout  à  leur  avantage  (p.  78). 
t|yaoii  les  communautés  étaient  petites,  elles  étaient  ordinaire- 
a<nt  rattachées,  pour  le  payement  de  Timpùt,  à  des  communautés 
plus  importantes  du  voisinage,   avec  lesquelles  elles  formaient 
une  miité  fiscale  (p.  38). 


YU 


iB  RAB   DE  LA  COUH^  CHEF  D£  LA  UIEBABCHIE. 


k  l^tede  toute  cette  organisation  était  le  Rab  de  la  Cour  appelé 
twsi  iUïQàDOR  ou  JUEZ  MAYûH  (p.  TIJ,  jugG  supérieup  des  Juifs*  11 


206  RETOE  M»  ÉTODES  nHVBS 

jage  en  seconde  et  dernière  instance  les  procès  dont  il  est  f^it 
appel,  et  intervient  en  général  dans  tous  les  cas  où  l'on  a  besoin 
d'une  autorité  supérieure  pour  vider  un  différend.  C'est  ainsi  qu'il 
nomme  les  juges  lorsque  la  communauté  ne  parvient  pas  i  se 
mettre  d'accord  sur  le  choix  de  ces  fonctionnaires  (p.  50),  ou 
lorsqu'elle  demande  d'autres  juges  que  ceux  de  la  ville  (p.  55)  ; 
il  Inscrit  d'office  au  budget  de  la  Communauté  un  crédit  pour  le 
rabbin,  si  les  revenus  de  celui-ci  ne  sont  pas  suffisants  (p.  S*)), 
dispose  de  l'excédent  du  revenu  du  Talmud-Tora  (p.  3*7),  indique 
la  destination  des  grosses  amendes  prononcées  par  les  tribunaux 
locaux  (p.  62,68,  69),  fixe  les  règles  pour  la  perception  des  rentes 
et  gabelles,  si  la  Communauté  ne  parvient  pas  à  s'entendre  sur 
ce  sujet  (p.  89),  vérifie  les  titres  de  ceux  qui  prétendent  être 
exempts  de  payer  les  impôts  royaux  (p.  87),  reprend  et  annule 
les  privilèges  ou  nominations  que  certains  particuliers  se  sont 
l'ait  accorder  indûment  par  la  Cour  (p.  75),  juge  les  réclama- 
tions des  particuliers  et  des  communautés  contre  la  répartition 
des  impôts  (p.  82,  83,  85),  et  enfin  modifie  les  rôles  de  répartition 
entre  les  communautés,  quand  elles  se  trouvent  chargées  injuste- 
ment ou  à  l'excès,  mais  à  la  condition  qu'il  consulte  à  ce  sujet 
deux  rabbins  (p.  83).  On  a  déjà  vu  plus  haut  que  c'est  lui  qui  pro- 
bablement répartit  l'impôt  entre  les  communautés,  mais  nous  sup- 
posons que  cette  répartition  était  plus  ou  moins  traditionnelle  ou 
bien  fut  faite  une  première  fois  par  le  Rab  d'accord  avec  les  au- 
teurs de  notre  règlement,  sans  cela  le  Rab  aurait  pu  aussi  modifier 
les  rôles  sans  consulter  de  rabbin.  C'est  le  Rab  aussi  qui  demande 
le  concours  du  bras  séculier  pour  l'exécution  capitale  du  délateur 
(p.  64)  ;  enfin,  quand  quelque  chrétien  puissant  veut  extorquer 
aux  communautés  une  concession  par  instance  ou  menace,  on 
s'adresse  à  lui  pour  que,  par  son  influence  à  la  Cour,  il  y  mette 
bon  ordre  (p.  71). 

Nous  ne  savons  combien  de  temps  ce  règlement  a  duré.  Il  a  pu 
donner  aux  Juifs  de  Castille  quelques  années  de  bonne  adminis- 
tration et  d'entente  avec  le  gouvernement  jusqu'à  l'époque  ou  le 
judaïsme  espagnol  a  péri  dans  la  grande  catastrophe  de  1492. 

VIII 

COMPARAISON   AVEC  LES  INSTITUTIONS  DE  LA  SICILE 
ET   d'autres   pays. 

Pour  rintelligenoe  complète  de  ce  règlement,  nous  ayons  jugé 


nfcnLEMÊNT  DES  JLf»!?S  lïK  CASTILLM  EN  1  'tJ2 


m 


Ute  de  chercher  un  cc^Halu  nombre  do  renseignements  et  de 

umis  de  ct>mj»a raison  daui»  ks  t'tmk&  sur  ces  maMères  qui  otît 

ipdiliées  par  M.  de  Maidde,  M.  Giidemarin,  M,  F.  Lionli  et  par 

Les  publications  de  M.  Lioiiti  sur  rorganisation  des  Juils  de 

\  sont  toul  parliculièrfiffient  précieuses  pour  élucider,  dans 

}  ré^tmûenU  diverses  questions  restées  obscures,  et  le  régie* 

■Mal  fertf  à  son  tour,  à  expliquer  les  institutions  de  Sicile.  Calîe 

«onparaiaon  nous  donnera,  sur  des  parties  tniportautes  de  Tor- 

gauisatioii  des  Juifs  de  Sicile,  des  vues  nouvelles  et  tout  à  fait 

diflértnle^  de  oelle»  qui  ont  été  exposéen  dans  leë  saT&iits  tra- 

.ims  dfi  IL  Lionti  et  de  M.  UudomaiHi  '. 

En  comparant  les  textes,  on  sera  tout  d'abord  frappé  de  l'exteii- 
leilraordinaire  qu'avaient  obtenue  oertaines  pratiques  adnii- 
ilives  qui  ë'étaient  répandues  diez  les  Juifs  en  Espagne,  dans 
hot  le  sud  de  la  France  et  eu  Sicile. 

Une  de  ces  pratiques  les  plus  remarquables  est  celle  du  manî^ 
feitû  ou  déclaration  détaillée  des  biens  de  chaque  coiUriLuable 
pour  servir  à  la  r^partitiuu  de  l'impôt.  Les  règlements  d'Avî- 
liaanet  de  Carpentras  en  parlent  sans  cesse,  nous  avons  montré 
aitreioij  que  le  manifeste  était  aus^si  en  usage  dans  le  Dauphiné 
«t^uun  l'appelait  en  bébreu  n^im  •,  Notre  règlentent  de  lAM 
H  parie  pas  du  manifeste,  mais  nous  savons  par  d*autres  témoins 
<u*oo)'  recourait  en  Espagne  \  ie  manuscrit  hébreu  que  possède 
li  bibliothèque  muoicipale  de  Perpignan  montre  que  l'usage  du 
ûâiuîe^ste  existait  aussi  dans  cette  ville,  on  trouve  même  cet 
Quige  en  Allemagne*.  A  Avii^'non,  le  proct^dé  du  manifeste,  d'à- 
pb  le  règlement  de  155^,  alternait  tous  les  ans  aveo  1  impôt 


*  îioQi  «v^mt  îfldiqQét  dAttS  ti  première  noie  de  ce  travail,    le    liLre  des   ouYngeg 

411.  Al  tlaïUdtf  «t  dfi  Id.  Gademanaf  ot  U   tilro   d'un  Uavail  du  U.  Lkmii  syr  \m 

I  (soiu  U}Ui([UtiroDS   co  travail   par  la  mut  MugiAh'aiure^  Qbréviiiiîoy  an  Litre 

f  fati  pone}.  M*  Uomi   a   encore!  publié  ù  part  les   eitrailii   suîviiats  de   VArckitio 

»  Èmlt^t^  :  1.  Gli  Ukrti  t  la  fata  di  8,  Stc/ano,   Piilermc,   18S4  {Arch.  *r., 

I  S;  &cra  cité  par  uous  bous  la  nom  de  El^rei);  —  2.  Xa  usure  pre$so  ^ii  Sàrei^ 

,  î$èi  (Àtek,  ftf.,  Mnaée  9;  cité  par  U*ure]\  —  3,  Z  Minittri  délia  reiigioiêê 

^mtm  gii  Jr4rif  Si  ^iaèit^,  P^lermo.  tS85  {Ârek,  it,^  aoiiée  Ul  ;   cuA  par  Mtfttstn); 

^^  4«  JkifMaawli  rtl«#i«i  ngli  Eér«i  di  Stciitû^   P{il«rme,  1885    [Arch,  il.,   année  8, 

laO:  âHâ  far  I^ocnmtnii]*  Notre  travail  sur  le^  Juita  d'Afi^^uoii  {voir  premièFe  cota 

éÊ  ea&lc  éludr)  »«ra  cité  par  Annuttirt  1  ;    le  irdsHâme  reuuoil   dea  oonâultatioua  de 

I  h,  Adrai,  duui  iiuiia  aurona  souveiii  b^solu,  aéra  eilé  aoys  le  mot  Adret, 

,  t.  X.  p.  242. 
•  Adfetf  a*  3*iC,  à  Saragosac;  le  manirËSle  est  appelé  ici  nHl^n  ;  Q*  -^30,  a  Lérida^ 
1^  kli^  «>u  rcgiâUa  sur  iefjuel  qu  mecrivail  k  uiauifeslu  tdni  appeljâ  Op^D  i  iàid.^ 
B*^U  L^tuia,  D"  3^J2  Tolède,  ûoa  Juuu  il  d'Âru^^oo,  au  1404,  ubhge  k»  Juifs  k 
Imam  «8«  «4ii(/rJialfaa  pubUque  de  ce  qi'iU  posâédoul  (F cm.  jr  Gotualuz^  hiht^^ 
É,  ^«  3^].  Voir  aussi  Amador^  U,  p.  i:kS-ia9. 


208 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


taxé  ;  la  taxation  se  retrouve  aussi  en  Espagne  ^  en  Allemagne*, 
elle  est  le  système  adopté  par  notre  règlement, 

A  Avignon  et  à  Carpentras  les  contribuables  tétaient  divisés, 
selon  leur  fortune,  en  trois  mains  ou  grases  (classes)  ;  on  a  vu 
plus  haut  (S  vij  qu'un  classement  pareil  se  faisait  au  moins  dans 
une  partie  des  communautés  juives  de  CastiMe  ;  on  le  retrouve  en 
Sicile,  où  les  membres  de  la  première  et  plus  haute  main  s'appel- 
lent prineipali;  ceux  de  la  seconde  main,  mediocri;  ceux  de  la 
troisième  et  dernière,  minitni  ou  poveri  *. 

A  Avignon  et  à  Carpentras  on  avait  des  Auditeurs  de  comptes, 
chargés  de  vérifier  la  gestion  financière  des  administrateurs  sor- 
tant de  fonction  ;  on  a  en  Sicile  les  Âudiiori  dei  conii  *. 

Partout,  en  Espagne,  à  Avignon  et  Carpentras,  en  Sicile,  les 
fonctions  sont  électives  et  ont  généralement  une  durée  d'un  an. 

Ces  ressemblances  entre  rorganisation  des  communautés  juives 
en  Espagne,  dans  le  sud  de  la  France  et  en  Sicile,  sont  frappantes 
et  nous  autorisent  à  expliquer  leurs  institutions  les  unes  par  lea 
autres. 

Dans  toutes  ces  communautés,  l'origine  de  tous  les  pouvoirs,  à 
peu  d'excei^tion  près,  est  le  conseil  général  (ou  assemblée  géné- 
rale) de  la  communauté,  brtpn  1x3^73,  C'est  ce  conseil  que  dési- 
gnent souvent  les  actes  publiés  par  M,  Lîonti.  Il  peut  déléguer 
ses  pouvoirs  /  pour  la  nomination  de  certains  offlciers,  soit  à 
l'administration  qu'il  a  nommée  *,  soit  à  des  personnes  spéciale^ 
ment  chargées  de  ce  mandat  «, 

Ce  droit  électoral  des  communautés  était  plus  ou  moins  entamé, 
en  Castille,  par  les  prérogatives  du  Rab  de  la  Cour;  il  était  en- 
tièrement  absorbé,  en  Sicile,  par  le  Juge  général  et  aniversel 
(/>ie?/ic/i(?M^,  c'est-à-dire  "^bbD  V""^^),  appelé  également  Rab*  de 
tous  les  Juifs  du  royaume.  Le  Rab  de  la  Cour  ou  Juge  supé-; 


(  Âdret,  n«*  436  et  437  Lérida  ;  la  taxattou  est  appelée  pOD. 

*  Têrumat  AaddéàeAên,  n"»  344,  rïD''-lJ  et  nTQIi:». 
"  Lianti,  Magistrature^  doc.  15,  p.  36,  Messine  145Î;  doc.  21,  p.  43,  Palermô 

Des  divisioas  du  ce  genriis  existaient  parmi  k  papulnliou  chrétienae  du  Comlal 
naissin  et  même  dans  le  nord  de  la  France.  Voir  Les  ricktf,  ptédiêcrei  et  «tainiffVf 
Vesûul,  daofi  J,  Morey,  La  Chroniç.  de  VȧU*t  de  Vesûul^  MoDlbél,,  1886,  p»  91 

*  Ljooti,  Mast$tr,^  p.  Il,  et  doc»  15,  p.  36  et  suiv,,  Messine  1462. 

*  AvigaoD,  dans  Annuaire  1,  p.  i74;  Maulde,  art,  3,  et  partout  en  Sicile,  où  Tadr^ 
minisLraUon  nomme  tous  les  aulres  ronctionnairea»  Cf.  Isaac  b*  Scbéscbei,  n*214 

"  Lîonti,  Magiêtr,^  doc.  12,  p.  32,  Palermo  1422  (qualre  persoûnes  cbargées  di( 
nommer  ba/rrori). 

'  VoirGadem.j  p.  275,  qui  propose  bblD  )^'^1*  n^^Js  notre  transcription  hébraïque 
est  pluB  correcte,  elle  correspond  mieux  au  terme  dienchêUU  et.  surtout  au  lermf 
ditncaîili  qu'on  trouve  dans  Lionti,  Maff.,  doc.  9,  p.  25;  inquiUli  et  AtWî/f  (Uid^i 
doc  lU,  p.  27  et  28)  sont  des  formes  altérées  du  même  mot. 

«  MaaB,  Lionli,  i^d,,  doc.  10,  p.  28  ;  J^wd,  iàid,,  p.  27. 


HKr.LiaiENT  r»Ks  jnts  mk  <:astilliv  es  i^^  2011 

ri«ir  (Cistille)  oi  \o  Juge  genc^ral  (Sicile)  eUiiont  plar/*s  à  la  UHf^ 

lîplali/^Tarclno  admiuL^trntive  et  nommt'is  par  le  roi.  Nous  avons 

inrquer  plus  liaut  que  les  fouctious  de  Rab  <le  la  Cour  pa- 

.:  avoir  éb'^  vacantes  assez  longtemps,  après  la  uiort  tie 

Mr  Alguadez  ;  la  même  chose  est  arrivée  en  Sicilo.  La  fouction 

Joge  gém'Tal  fut  crt^t^e  *^n  1405  nt  le  jiremier  Juge  Tut  Joseph 

Dd$ia  *.  Après  sa  mort,  la  charge  resta  sans  titulaire  pendant 

pelpe  temps,  la  -charte  qui  nomme   le   second  Juge  général, 

l'Bouavoglia,  eu  1438,  dit  formellement  que  la  charge  est 

et  créée  de  nouveau*.  D  apn'^s  une  hypothèse  que  nous 

exposons  plus  loin,  la  vacance  aurait  eu  lieu  déjà  en  1422  ou 

<juelque  temps  auparavant.  Le  troisième  Juge  général,  Josué  Be- 

nartuni,  fut  aussi  le  dernier  :  nommé  le  30  avril  1440,  il  ne  rem- 

phst&ait  plus  sa  (bnclion  ou  était  mort  environ  un  an  plus  tard. 

Sar  la  demande  de  toutes  les  communautés  de  Sicile,  qui  suppor- 

taienl  mal  Tautorité  du  Juge  général  (Messine  ne  s'y  était  jamais^ 

foumisej  et  qui  aspiraient  à  ressaisir  rindépendance  et  les  droits 

électoraux  dont  elles  avaient  joui,  la  cliarge   de  Juge  général, 

comme  il  ressort  d'une  pièce  du  4  septembre  1447,  lut  aholie  pour 

lotfjours  ^. 

A  partir  de  ce  moment,  toutes  les  fonctions  deviennent  de  non- 
leatt  électives,  comme  elles  Tétaient  aussi  la  plupart  en  Espagne 
H  en  France.  Les  fonctionnaires  élus  s'appellent  partout  E"»~ni:i 
Joa  2^n*i3:,  quelle  que  soit  d'ailleurs  leur  fonction.  Les  Q-^mia, 
I^Sto,  sont  les  eletU  de  Sicile*;  les  eleili  ne  forment  donc  pas, 
ae  OQ  Ta  cru.  un  corps  à  part,  distinct  des  autres  corps  énn- 
dans  les  actes,  le  nom  sapplique  à  tous  les  fonction- 
Dommés  à  Félection^.  Ces  mots  d'^^nns  et  eleltl,  quand  ils 
i  sont  pas  autrement  délinis,  désignent  par  excellence  Tadminis- 
ition  qui  dirige  toutes  les  affaires  de  la  communauté. 
Les  renseignements  précis  que  nous  avons  sur  les  Juifs  de  la 
iècik*  et  du  Comtat  Venaissin  montrent  que  cettn  administration 
lit  unique,  et  réunissait  en  ses  mains  le  pouvoir  délibérant  et 
pouvoir  exécutif.  A  Avignon,  c'est  un  conseil  composé  de 


«  ié^^  doc.  ^,  p,  23. 

•  iiéd^   éoe^   H,  p.  SI».  D'après  Zunz,    Zur  Gttch,,  p.  5H,    rnbolition    dole  tlu 
rwr  1447,  ïy^ïiiû  LiodU,  May,,  p.  t^^  1.  7,  en  bas^  le  nom  du  mois  d'ooûi  pa- 

•  Jèmà  ,  p*!l.  Diaprés  Zuoz,  L  e.,  p.  511,  co  sont  eux  qu'on  oppcikTait  aussi 
jm^u  Voir  \m  jmnuiûê  dans  K.  y  Gooxalez,  httttic,^  p.  234.  Les  ji%r€t  étaient  lussi 
art»  f#^it»ila»  dABS  la  France  municipale. 

•  iUâ*,  doc,  12,  p.  32,  les   douite   eUtH  sont  des  pèoHî  doc.  10,  p.  3â,  W  doiis« 
\  0Ottl  dlitéfBOU  diïs  ptotî. 

T,  Xm.  ji*»  «<L  14 


2t(J  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

quinze  membres  en  1558  V,  de  douze  membres  en  m9*  ;  les  për^ 
sonnes  chargées  de  Texécutif  sont  prises  dans  le  conseil  môme  et  _ 
s'appellent  bailofis.  II  y  a  généralement  trois  ballons  en  fonctions,  J 
un  de  chaque  main  \  mais  le  conseil  en  contient  six,  les  trois 
autres    fonctionnent  Tannée  suivante  (1558)  ou  remplacent  le3_ 
autres  au  bout  de  six  mois  [n79).  ■ 

En  Sicile,  le  conseil  est  également  composé  Je  plus  souvent  de 
douze  membres,  mais  le  pouvoir  exécutif,  tout  en  lui  étant  très — 
étroitement  associé  et  même  soumis,  est  pris  hors  du  conseiL  LeaJ 
conseillers  portent  le  nom  de  niaiurenti,  maiorenil;  les  fonction- 
naires chargés  de  rexécutifs^appeUentiiroi^. 

Les  maioreniU  comme  nous  Tavons  dit,  sont  ordinairement  au 
nombre  de  douze*,  ils  portent  les  noms  de  duodecim  elecii  ou 
duodecim^  ioni  convi,âuodecim  pr obi  ^,  Les  douze  anciens  (5^-- 
niores;  aussi  Senatores  et  Probi)  que  les  proti  doivent  toujourâfl 
consulter  pour  administrer  la  communauté  sont  évidemment  en- 
core les  maiorenti  \  A  Messine,  suivant  le  règlement  de  1452,  les 
douze  maiorenti  étaient  prî^  sept  dans  la  première  main,  trois 
dans  la  seconde  et  deux  dans  la  troisième*. 

Les  proti  s'appellent  aussi  eîecU  ou  depuiaii^  et  même  sîndics  '" 
comme  les  bailons  de  Carpentras.  Leur  nombre  n'est  pas  toujour 
et  partout  le  même.  A  Syracuse,  en  13G4,  il  semble  qu*il  n*y  en  ail' 
eu  qu'un  *',  Mazara  en  a  ^  un  ou  deux  »*  »,  Marsala  en  a  deux,  à 
ce  qu'il  semble  *=  ;  Messine, trois**  ;  Naro,  en  1484,  paraît  n*en  pas 
avoir  du  tout,  ou  ne  pas  les  distinguer  des  maiorenti,  elle  désire 

t  Mftiildo,  art.  2.  f 

■  Ânt^uaire  I»  p.  170.  En  réalité,  lea  quinze  de  1558  s<s  réduisent  anflsi  à  douse, 
plus  trois  bailûtis  supplëmèntaires  pour  les  loaiiifesti»* 

•  Maulde,  art,  2. 

^  A  M«ZBr&  1403,  û  vCy  a  qaa  qufitro  eUcti  (=  inajorontn  \  i  Naro,  en  1484,  éga- 
lement quatre  maiorenti,  Lionlin,  Ma^,^  doc.  14,  p«  34»  ût  Mimi»tri^  dDc.  3,  p.  8.  Le 
mut  maîorenti  a  fou  analogue  en  France  ;  mayotir,  maire,  mais  le  maire  français  • 
le  pouvoir  exécuUf.  Lo  nombre  de  douze,  pour  les  écbôTins  ou  confeillers,  était  ex- 
tr^memeuL  répandu  dans  toute  la  France  municipale. 

'  Lionti,  Mûgktr,^  doc,  16,  p*  36,  Marsala  1374.  Zunz,  L  e.,   p.  ël2,  oppeUe  l»j 
probi  D'^HIéSD. 

"  Ihid,,  doc.  17,  p,  39,  Syracuse  1393. 

7  7*1^.,  p.  11  et  p,  12. 

«  Jàid.,  doc.  15,  p.  36. 

•  Uid.,  doc.  Î2,  p.  32,  Pûlcrme  1422, 
10  Lîonii,  Mtniêtri,  doc.  3»  p.  9,  Naro  1484  :  protki  f«i»  Mindkhi,  Les  eindîcs  ntl 

ioot  di3uc,  paa  plus  que  les  tletti  ou  les  tmiftretf  des  fonctionnaires  k  part,  distincts 
des  proti  ou  des  maiorenti. 

"  Liottti,  Vsttre^  doc.  1,  p.  9,  La  pièce  est  déjù  imprimée  dans  Qûdemann,  p.  33S. 

**  Lionti,  Mûgiâtr,^  doc.  14,  année  1403. 

"  Ibtd,,  docv  16,  p.  38,  année  1374^  et  Documinti,  p.  7,  même  année. 

**  Uid.,  doc.  15,  p.  36,  année  1452. 


RÈGLEMENT  DES  JïïlFS  DE  CASTILLE  EN  1432  211 

(le  six  â  huit  proHou  maioreeti  ».  Si  les  Juifs  de  Palerme, 
Ï422.  prétendent  i^ue  toutes  les  communautés  juives  de  Sicile 
TAorninent  chaque  année  douze  proli  *,  cette  assertion  ne  paraît 
'|kis  exacte,  puisque  nous  venons  de  voir  partout  des  proti  au 
I  ûoaihre  de  un,  deux  et  trois,  et  non  davantage,  et  il  nous  parait 
I  prtihalïle  que  leur  nombre  était  généralement  de  trois,  comme 
LeeltU  des  baîlons  en  fonction  à  Avignon^.  La  seule  explication 
ffu'oii  puisse  donner  de  Tassertion  des  Juils  de  Palermo,  c'est  que 
k sombre  des  prot»,  que  1  on  voit  encore  partout  égal  ou  inférieur 
àtrois  jusqu*en  1403  et  de  nouveau  en  1452  et  en  1484,  aura  été 
modifié  par  les  Juges  généraux  et  porté  à  douze  pendant  leur 
administration,  ou  que  ce  changement  aura  eu  lieu  pendant  la 
ncaoca  qui  se  produisît  dans  la  fonction  de  Juge  général  après 
la  mort  du  premier  Juge,  et  qui  aurait,  par  conséquent,  déjà  corn- 
meûcé  avant  1422.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  1422,  les  Juifs  de  Palerme 
Aitrent  pour  eux  douze  proti,  divisés  en  quatre  brigades,  dont 
chacune  exerçait  pendant  trois  mois.  Cette  organisation  qui  rap- 
pelle, pour  Talternance  des  fonctions,   celle   d'Avignon,  durait 
tc&oore  à  Palerme  en  1489*,  Il  n'est  pas  impossible  qu'elle  ait 
I  tiiité  en  même  temps  dans  d'autres  communautés,    mais  les 
«Xfimples  que  nous  avons  donnés  plus  haut  et  en  particulier  celui 
dp  Messine,  année  1452,  prouvent  qu^eîle  n'était  pas  générale» 

Od  a  déjà  dit,  peut-être  à  tort  %  que  les  proti  se  retrouvent  en 
*  E«paj,'ne  suus  le  nom  hébreu  de  v^*^pi73  (niucdamin^  préposés, 
l^névôls),  mais  il  est  évident  que  les  mayorales  de  Tudèle*^  sont 
[hmatcrenti  siciliens.  Ce  mot  est  probablement  traduit  en  hébreu 
-y  '  içnedoUm^  grands),  brtpn  ^binji  *,  n^yn  ^biis  ^  (les 
)^  la  communauté),  et  peut-être  bnpn  -^cs"]  ^'^  (les  têtes  ou 
Icfteâde  la  communauté)  et  brrpn  -'laDs^'  (les  hommes  notables 
lim boooréâ  de  la  communauté).  Notre  règlement  de  1432  n'a  au- 
I  de  ces  noms,  mais  il  connaît  les  "ims  ^d-ix  "'Kii  (veedof^es?^ 
gui  veillent  aux  besoins  delà  communauté)  et  les  ^-^^n  ■^aiu  (les 
de  la  ville),  qui  sont  probablement  les  horabres  buenos  du 
règlement,  et  il  résulte,  pour  nous,  des  expressions  dont  se 


<  LiOAti.  Mimùtri,  doc.  3,  p.  9,  année   1484. 

*  Uonu.  MafUir,,  doc,  22,  p.  32. 
«  Bt  •  Carpeslms* 

*  ikiâ,.  doc.  2a.  p.  4L 

■  Zoaf.  i.  ^,,  p.  50U;  U  réserre  que  noue  faisons  à  ce  sujet  esl  jusUfiée  plus  loin. 

*  Voir  pin*  haut,  g  IV. 

*  ikàm^  o-  113. 

*  tUi,,  !»•*  3H  el  42S  ;  rmrr!  '^bjS  (hommes  do  conseil},  ihid,^  3g>4. 

*  iM,,  ir  429.  Zunz,  /.  c,  p.  âi3,  lee  appelle  uncore  Q'«3n\Dn* 
^  IM,,  A-  413. 
»  iW.»  A*  416  ;  QoiLsalW  Iwac  h*  S^éBcàst,  n»  228,  ^Tt^n  ^IWù  ÏÏ^^^^l* 


212  KKVITE  DES  ETIDES  Jt^TVBS 

sert  Salomon  1».  A<lret  daris  *Hvorsos  consultations  ',  quf» lesmewr- 
d^nuV^t  les  bons,  les  grands  ou  fwmmcs  de  conseil^  les  reeûm'en 
('r  '»3nz  "^ïti*:),  représentent  tous,  avec  des  nuances^  une  ^euteK 
même  administration,  clîargt^o  de  diri|îer  et  gouverner  la  com 
munaute  -.  Dans  certains  emlroits,  le^  zehénim  (anciens  ;  en  espa- 
gnol, viejos,  ce  sont  les  Seniores  et  Saiatores  de  Sicile)  sont 
chargés  des  mômes  fonctions  avec  le  concours  des  «  hommes  de 
conseil  *  x>. 

On  pi.^iit  conclure  de  ces  indications  que  la  distinction  si  nette 
qui  existait  en  Sicile  entre  le  pouvoir  exécutif  Iproti)  et  le  corps 
délibérant  [maiorenti],  ou  même  la  différence  moins  traricliéô 
qu'on  trouve  dans  le  Comtat  Venaissin  et  à  Avignon  entre  les 
bailons  et  les  conseillers,  n'existait  pas  aussi  clairement  chei 
les  Juifs  d'Espagne.  Les  mucdamin,  que  ce  soient  ou  non  (tes 
pèces  de  proti,  n'étaient  obligés  de  prendre  Tavis  d'aucun  conseil 
de  même  les  bons  (probablement  au  nombre  de  sept}*  ;  d'un  autrd 
côté,  les  grands,  anacns^  homtiies  de  conseil^  formant  probable- 
ment des  corps  à  effectifs  nombreux^  et  qu'on  est  tenté  de  coffl' 
parer  aux  maiorenti  de  Sicile,  n'avaient  pas  besoin  d'avoir  à  côti 
d'eux  des  proti  pour  exécuter  leurs  décisions.  En  général»  loat( 
ces  administrations  espagnoles  cumulent  les  fonctions  des  proti  < 
maiorenti  qui*  eu  Sicile,  étaient  séparées,  mais  les  unes,  corn- 
posées  probablement  de  mollis  de  membres,  paraissent  plutôl 
faites  pour  l'action  et  ressembler  davantage  aux  proti,  tandis  çtii 
les  autres,  composées  d'un  plus  grand  nombre  de  personnes,  son 
plutôt  aptes  à  délibérer  qu'à  agir  et  ressembleraient  davantag< 
aux  maiorenti,  mais  il  n'est  pas  possible,  au  moins  dans  IV^tal 
actuel  des  études,  de  faire  exactement  la  différence  entre  les  UQ< 
et  les  autres. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  plus  haut,  le  corps  diri' 
géant  de  la  communauté  est  souvent  désigné  par  le  nom  généra 
de  S'^m-^i,  élus"  (les  eletti  de  Sicile],  On  voit  quelquefois  ces<*^ 
faire  eux-mêmes  entre  eux  une  certaine  distinction  entre  l'e^é 
cutif  et  le  conseil.  Deux  des  élus  de  Lérida  étaient  chargés  de 
gestion  financière  sous  le  contrôle  des  trois  autres  (en  tout  dffl 


le  môme*  les  bons,  u»*  394 

>hitit''  lotit  ni2x  '*s*s  " 


*  N«3Ô4,  416.  428. 

*  Adrel.  n^HOi,  le«  rmtrdamin  "113^  ''-"X    ^Tli: 

/il G,  cnTrr»  bD  by  isrrs;  les  ^iv,^»f/«  de  h  co^i^ 

%huL.  ir  428. 

*  /Airf.,  n»  394. 

*  Adret,  Coiisultntîons,  premitTe  partie,  n*  617. 

*  Par  exemple,  à  Tudèlc,  quarante-deux  addatiUidos, 
*"'  Voir,  enircs  autres.  Adrot,  îi-  4'22.    431,    434,  443.  Ltj   tnol  tté^mami 

nuUB  lavoûB  vu,  pouvait  «voir  jo  mfiai©  seus. 


RÈGLEMENT  DES  JUIFS  DK  CASTILLF  EN  WH  21::'. 

irs),  on  leur  avait  fixé»  pour  chaquo  d^^pense,  un  maximum  de 
IX  sous  qu'ils  ne  pouvaient  d<i[iasser  sans  lasîsentîment  de  leurs 
ilègueâ  *.  Une  autre  fois,  il  semble  que  ce  maximum  soit  imposé 
;  corps  entier  des  élus  de  Lérida  et  qu'ils  ne  pouvaient  le  dépas- 

'  qu'avec  le  consentement  des  dix  contribuables  les  plus  inipo- 
;'.  De  même  à  Montpellier,  les  élus  ne  peuvent  dépenser  plus 

deux  sous  sans  Tautorisation  des  cinq  des  plus  imposés  •^.  Cette 

lation  d*une  partie  des  élus  vis-à-vis  de  leurs  collègues  rappelle 

[situation  des  bailons  à  Avignon  et  Carpentras  vis-à-vis  du  Con- 

lU  ou  celle  des  i^rotî  de  Sicile  vis-à-vis  des  maiorenti*.  En 

néral,  quelque  étendus  que  fussent  les  x>ouvoirs  de  toutes  ces 

linislrations,  mucdamiHj  bofis^  élus,  elles  avaient  encore  der- 
^re  elles,  îe  plus  souvent  et  surtout  en  Espagne,  un  corps  déli- 
rant plus  nombreux,  composé  d'une  partie  de  la  communauté 

de  la  communauté  tout  entière,  et  que  les  conventions  ou  de 

aples  nécessités  morales  les  obligeaient  de  consulter  au  moins 
lielquefois,  dans  des  cas  ^^raves»  Même  en  Sicilo  nous  voyons  les 
jlus  imposés,  sous  le  nom  de  prhœîpali,  jouer  un  certain  rôle 
tm  l'administration  à  côté  des  raaiorenti  \  Ailleurs,  on  trouve,  à 
jfôlé  des  raaiorenti,  les  bo?ii  personi  et  les  boni  jfidei'\  On  voit 
brtbien  quà  Montpellier  les  élus  ne  pouvaient  jj^uère  prendre  de 
nmire  importante  sans  consulter  les  bn-^^rt  •<i:3«n  (principaux  de 
la  communauté,  notables'?)  \  et  les  vini^t  mayorales  de  Tudèle 
.ont  derrière  eux  une  espèce  de  conseil  composé  des  adelantados, 
i.4ui  sont  au  nouibre  de  quarante-ileux**.  Toutes  ces  institutions, 
ïu  restant  partout  les  mêmes  dans  leurs  traits  généraux,  présen- 
aieat  donc,  selon  les  temps  et  l'es  lieux,  et  dans  le  détail,  des  va- 
hétés  infinies. 

Le  même  nom  pouvait,  du  reste,  selon  les  temps  et  les  lieux, 


•Adfet,  n*  iVt,  ^72Ti  ■'5'"nD  "^bli:^  ;  les  O^H  "^bl^rS  sont  mentionnés  au  u'416, 

"Adfêl,  n-  443, 

^A  Avif^noii  (toSS),  lé»  Uilons  ne  peuveot  pas  dépensier  pkâ  de  10  ioas  «nus 
VitoriiAtion  du  conseil  (Mualde,  ort.  4S)  ;  à  Mt^f^siuc  (1452),  les  proiî  ne  peu  vont 
!■(  <it*pea5cr  plus  d*une  oucc   saits  riiulorîâtiUuti   des  mamreuii  (Lioiilî,  J/^ryiVrt, 

*  Liooii,  Mngùtt'.^  doc,  12,  p.  32.  Daus  la  Frauee  muatctpale  du  moyen  ftf^tr,  il  y 
)lt«it  oriiiQair«*in«ul, tt  côlé  du  pouvotr  «xécutif  (maire],  un  curp»  d'échiivins  |)pndpfl- 

KOirol  cbùf^é  de  ludmiuistraLiûD  de  la  justice,  puis  ud  corps  de  conscilkrs,  cl,  der- 
^  cui,  un  corps  plus  nombreux  db  pairs.  Duua  le  nord  «t  dans  l'ciâL,  lu  mut^ici- 
«lilé  se  réduisait  suiiveni  u  nu  mairo  avec  un  cousëiI  de  dauKû  élus,  ou  JuréSt  ^^ 
^^y'mi^  ou  conseillera. 

*  Uiiiu.  ihûi,^  p.  y,  et  doc.  12,  p.  H!  ;  Dorunifnti,  doi%  H,  p.  19;  Im  bûHi  komini 
Mt  Mtqutr,,  p.  36,  peuvent  désigner  les  aduiiriiuLfoU-uis  tnix-mOmcs.    , 

^  Ofi^^miiiitQ,  p.  101  et  ini). 


214  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

désigner  des  administrations  munies  de  pouvoirs  très  àiîlérents, 
On  en  a  d^jà  eu  la  preuve  pour  les  néémanitn,  cela  est  vrai  aussi, 
on  Espagne,  pour  les  mucdamin  et  les  bons.  Les  consultations  de 
Salomon  b.  Adret  que  nous  avons  citt.^es  prouvent  que  très  son* 
vent  radministration  effective  de  la  communauté  était  confiée  îd 
à  des  mucdamin;  là»  à  des  bons;  or,  la  consultation '249  dlsaâC 
b.  Schéschet  montre  les  bons  et  les  mucdamin  fonctionnant 
simultanément  dans  la  môme  communauté,  et  il  semble  que  les 
mucdamin  y  ment  le  pouvoir  exécutif.  Mais  d'un  autre  cAt^,  H 
nous  semble  certain  que  le  mot  mucdaînin  es^t  traduit  par  adêlasI' 
TADOS,  les  deux  mots  ont  te  nitoe  sens,  et,  dans  la  pièce  de  Tti- 
ih^e  dont  nous  avons  di^jà  plusieurs  fois  parlé,  on  voit  que  la  vraie 
administration  est  contrée  aux  mayo raies,  taudis  que  les  adelan- 
tados  (mucdamin)  ne  semblent  jouer  que  le  nMe  effacé  de  conseil» 
Cest  pour  celte  raison  que  nous  avons  dit  plus  baut  qu'on  a  poat* 
être  eu  tort  didentifïer  les  mucdamin  avec  les  proti  ^  Lesvifjo^ 
et  les  adelaniados  figurent  aussi  simultanément  à  Valence  '. 

Nous  ajoutons  encore  quelques  mots  sur  les  fonctionnaires  juiù 
de  la  Sicile. 

Les  procuratores  (procureurs)  ^  sont  des  personnes  chargée 
de  suivre,  auprès  des  pouvoirs  publics,  les  affaires  de  la  commo» 
naulé  et  de  défendre  ses  întérôls.  Il  est  probable  que  leur  fonction 
était  le  plus  souvent  permanente  et  qu'ils  comptaient  ordinaire- 
ment parmi  les  oflîciers.  Syracuse  nommait  ainsi  sîx  procu- 
reurs *  ;  à  Avignon,  on  en  nommait  deux  tous  les  ans».  Des  pro* 
cureurs  spéciaux  et  temporaires  pouvaient  être  nommés  pour  dôs 
cas  particuliers». 

Les  syndics,  nous  l'avons  vu,  sont  les  proti;  rien  n'empécUail 
qu*un  syndic  fût,  surtout  dans  des  cas  particuliers,  nommé  procu- 
reur, et  comme  les  syndics  connaissaient  bien  les  affaires  de  la  coni'; 
munauté,  il  était  même  naturel  qu'on  leur  donnât  la  préférence 

A  Palerme  (1416),  il  y  avait  un  baile  juif*,  on  suppose  qm 

■  Les  ADSiANTADOB,  suîvant  Amador  de  los  RioB,  II,  p.  73,  jugeaîeni  en  pr» 
mière  ioslaiice  (au  moms  dans  cerUitieii  communautés],  et  le  trîbimal  b€t  dim  n'iniaf 
vendl  qu'en  seconde  ÎDElaoce  ;  les  cousult.  d'Isaac  b.  Scbéscbet  (u»*  196,  222,  23| 
^98,  348f  478]  montrant  également  que  les  muedamin^  avec  lesquels  nous  avons  id 
ti£é  les  ADBLA."fTAi>OS,  avaient  des  pouvoirs  Judiciaires. 

*  Bohim  do  l'Académie  roj.  d'Hist.,  de  Madrid,  lome  VIll  (1BS6),  p.  359, 
»  En  hêlïrpu,  Û^tîllTQ. 

*  LioDii,  Magixtr,^  doc»  17,  p.  311,  année  15%, 

*  Miiulde,  art,  51. 

*  Od  voit  pourtant,  dans  lea  communes  chrétiennâa  de  France,  des  piocureurs  a 
semblent  tïtre  des  conBeillera  ordinaires.  ^ 

"ï  Lionti,  Ebrei,  p.  |2. 

*  Lionti,  Jfa^w/r,,  dœ,  18  et  19,  p.  39  el  40* 


RÈGLEMENT  DES  JlîIFS  DE  CASTILLE  EN  I'i32 

^'étêit  Tin  fonctionnaire  chargé  d'administrer  la  justice  et  (Vexécu- 
les  arrêts;  d'après  d'antres,  il  exerraît  la  police  du  fiuartier 
!f«. 

[Les  neuf  nommas  à  Palerme  en  1490  ^  ne  sont  pas  des  officiers, 
me  font  pas  véritablement  partie  de  Torganisrae  administratif, 
lis  ce  sont  des  commissaires  uniquement  chargés  de  lever  un 
if>ôt  extraordinaire,  c'étaient  de  véritables  nééinamm.  Dans 
ne  circonstance  du  même  genre,  les  Juifs  de  Carpentras  nom- 
rent  neuf  députés  et,  comme  à  Palerme  encore,  chaque  main 
ïi  appelée  à  en  élire  trois  ■.  k  Avignon,  en  1558,  les  taxateurs, 
bi  ont  une  fonction  analogue,  sont  également  au  nombre  de 
&ufS 

En  opposition  avec  tous  les  officiers  qui  s'occupaient  du  tem- 

Drel  et  s'appelaieni,  en  conséquence,  temporales '^^  il  y  avait, 

Sicile,  des  Juges  spirituels  chargés,  sans  doute,  de  juger  les 

ue-stîons  et  transgressions  religieuses  ;  ce  sont  eux  qui  pronon- 

ent  les  excommunications  décidées  par  les  protiet  les  maiorenti*. 

'AXaroJI  y  avait  ordinairement  deux  juges  spirituels  et  on  voulut, 

en  1484,  porter  leur  nombre  à  quatre'.  Dans  d'autres  commu- 

autés,  le  tribunal  spirituel  se  composait  de  seize  personnes*.  Ce 

ribunal  remplit   les  fonctions  qui,  en  Castille,  étaient  dévolues 

Oûjointement  au  rabbin  et  au  tribunal  civil  ".  C'est  lui  aussi  qui 

apait  des  dénonciateurs  ^",  dont  les  délits  avaient,  en  Espagne 

un  certain  caractère  religieux  et  se  jugeaient  avec  le  con- 

f«(mrs  du  rabbinat. 

Du  temps  des  Juges  généraux,  c'étaient  eux  qui  nommaient  tous 

,fea  officiers,  y  compris  les  proti  et  les  maiorenti,  mais  après  que 

iWr  charge  fut  abolie,  les  officiers  furent  nommés,  comme  ils 

[râvaient  été  aussi  avant  la  création  des  Juges  généraux,  par  les 

protiet  les  maiorenti  **.  Les  proti  et  maiorenti,à  leur  tour,  étaient 

Qpmmés,  au  moins  avant  la  création  des  Juges  généraux,  par  le 


bfâfr.,  p.  15  ;  Gûdeiu.,  p,  274  ;  Ziinx,  l,  e.,  p.  514,  d'après  OioTaoni,  p.  125. 
•/U.,  doc.  21,  p*  43. 

*  Àikmma%t*e  l,  p,  265. 

*  Mialde,  art.  a. 

*  Liootî,  MîttUtri,  doc.  2,  p,  8.     ' 
•Uonli,  Magiitr,^  doc.  21,  p.  46. 

'  Lioûli^  Miniitri^  doc.  3,  p.  8-9. 

'  Godèm.,  p,  277,  d'après  Giovanni,  p^  136  et  255. 

*  Voir  plus  haut,  §  IV.  | 

**  Le»  meîdini  de  Giovanni  saul  probablement  les  mdiini^  dé ooncin leurs,  trattros 
(OodeiD.,  p.  277).  La  tkimisîa  (Gûdem.,  p.  281]  cet  mainlenant  expliquée,  il  faut  lire 
^A|Ryi«,  sjoa^frae  (LioQti,  Doeum,^  p«  3J  ;  la  thtara  de  Lionii,  Màm^  p.  n^t&t  U 
'«ft«  rouleau  du  Paotateutiue. 

'•  LioBti,  Magu$r.,  doc,  11,  p.  29  et  M;  doc.  13,  p.  33. 


210  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

conseil  général  de  la  communauté  * .  Si  déjà  en  1422,  pendant 
la  période  des  Juges  généraux,  les  communautés  élisaient  elles- 
mômes  leurs  proti»,  on  peut  supposer  que  c'était  à  l'époque 
où,  suivant  une  hypothèse  qui  nous  a  déjà  servi  plus  haut,  la 
charge  de  Juge  général  était  temporairement  vacante.  Un  chan- 
gement dans  le  mode  de  nomination  de  tous  les  officiers  parait 
s'être  opéré  après  la  suppression  des  Juges  généraux.  Les  Juifs 
de  Palerme  affirmaient,  en  1491,  que,  dans  toutes  les  commu- 
nautés juives  de  Sicile,  les  fonctionnaires  nouveaux  de  chaque 
année  étaient  nommés  par  les  fonctionnaires  sortants*.  Une 
coutume  pareille  existait  en  Espagne*.  Klle  paraît  être,  en  Sicile, 
postérieure  à  1452,  puisque,  dans  cette  année,  comme  on  l'a  vu 
plus  haut,  la  communauté  juive  de  Messine  nommait  elle-même 
les  majorenti  ;  mais  il  est  possible  que  Messine  formait  exception, 
elle  ne  s'était  pas  non  plus  jamais  soumise  aux  juges  généraux^. 

Isidore  Loeb. 


»  Magutr,  ;  pour  les  proti,  doc.  12,  p.  32  (M22)  ;    doc.  li,  p.  34  (1403)  ;  pour  les. 
luoiorciili,  doc.  15,  p.  36  ('Messine  1452). 
»  Ibid.,  doc.  12,  p.  32  (Palcrme  1422). 
3  Util.,  doc.  11,  p.  30  :  li  officiait  vecchi  creano  li  novû 

♦  Adret,  n»  422  (Lérida). 

*  A  Naro,  1484,  il  y  a  •également  un  mode  élcclorul  particulier  :  les  qualro  maio- 
renti  du  la  communauté  sont  nommés  deux  par  les  oilicicrs  juifs  et  deux  par  le 
secreto  du  royaume  (Lionli,  Afiniatri,  doc.  3,  p.  !♦). 


IS  Slill  LA  SYSAGOGliE  D'UAMllAM  EL  EP 


Par  son  intéressante  étude  piibli^^e  dans  la  Revue  de  juillet- 
fseptembro  (p.  45-61),  M.  David  Katil'maiiu  a  rappelé  Fattention 
sur  un  monument  d'une  haute  importance,  dont  la  disparition, 
ou,  pour  mieux  dire,  la  dispersion  momeatant^e  ne  saurait  ï^tre 
I  trop  regrettée  des  archéologues.  Découverte,  comme  on  sait,  au 
\  coramencement  de  1883,  la  mosaïque  dllamniam  el  Kn(  n'a  été 
hue,  dans  son  intégrité,  que  par  un  seul  antiquaire  compétent, 
I  if.  Gustave  Scldumberger,  qui  Fa   décrite  rapidement  dans  la 
Uevue  archéologique  {IS^3,  t,  1,  p   157),  Bientôt  après  avoir  oc- 
I  ciipé,à  jU8te  titre,  l'attention  de  rAcadémie  des  Inscriptions,  elle 
l  fut  Tobjet  d'une  contestation  entre  deux  personnages  qui  ji*avaient 
fiiTuii  ni  l'autre  le  moindre  droit  de  la  réclamer;  puis  on  la  dé- 
tacha maladroitement  du  sol  de  1,'édifke  qu'elle  ornait  et  les  l'rag- 
j  Diéats,  plus  ou  moins  maltraités,  entrèrent  dans  des  caisses  où  ils 
sont  peu t-iHre  encore.  J*ai  lieu  de  croire  qu'une  partie  de  la  mo- 
«^ique  est  au  musée  de  Saint-Louis  à  Cartha^e  et  qu'une  autre,  la 
l»lus  importante,  se  trouve  actuellement  à  Lyon.  Il  y  a  donc 

i^iuelffae  espérance  de  la  voir  un  Jour  reparaître  à  la  lun^ière,  ce 
qui  permettra  de  conlrnler  les  lectut  es  données  par  les  premiers 
éiliteurs.  A  la  vérité,  toutes  les  transcriptions  de  ces  textes  re- 
niontent  à  celles  de  M,  le  capitaîne  de  PrudUomme,  qui  n'ont 
jamais  été  soigneusement  vériâées,  et  le  seul  document  directe- 
laent  inspiré  par  roriginal  est  une  grande  aquarelle  à  Técbelle^ 
ujuvre  consciencieuse  et  vraiment  méritoire  du  caporal  Picquet, 
4"i  l'a  exécutée  sous  la  direction  du  capitaine  de  Prudhomme. 
[Mais  le  capitaine,  malgré  son  zèle  pour  Tarchéologie,  n'est  pas 
'  "n  épiprajdiiste,  et  îe  caporal,  à  ce  qu'il  semble,  ne  l'était  pas 
davantage.  Aussi,  tout  en  attribuant  Timportance  qu'il  convient  à 
l'aijuarelle  que  j'ai  photographiée  à  Sfax  en  1H84  et  que  M,  Kaul- 
Iniaima  reproduite  d'après  mon  cliché»  ne  ïaut-il  pas  perdre  de 
|v«e<juH  les  lettres  iliùiciles  ou  de  tbrmes  peu  communes  ont  pu,  de 


BETTE  DES  ÉTTOES  JUIVES 

te  iMlDeafe  foi  da  monde*  être  remplacées  par  d*aiïtTes.  I>«» 
rëlal  actuel  de  la  question ,  je  serais  disposé  à  lire  MUina 
p(aieressa%  mais  je  oe  saurais  m'eogager  dans  une  discussion  â 
cet  égard,  puisque  le  texte  me  semble  insufilsdmment  établi.  Je 
n*en  veux  d*aiitre  preuve  que  la  seconde  partie  de  la  troisième 
inscrIpUon,  INSTRUMENTA  SERV(  TUI  AMAROM.  où  le  mot 
AHAKONI  a  certainement  été  lu  de  tniTers. 

Quand  on  a  vécu  pendant  longtemps  a  a  milieu  d*épigraphistes 
improTÎsés,  qui  tous  présentent -sérieusement  des  copies  (inscrip- 
tions en  facrstmiie  où  chaque  raj^ure  de  la  pierre  est  reproduite, 
sauf  les  rayures  importantes  qui  sontles  lettres, on  se  eoDlormein^' 
tincti?ement,  en  pareille  maUène.  au  précepte  du  vieil  Ëpicliarme  ~ 
MÈfns?  irtTtt£v.  Je  ne  discnteral  donc  pas,  à  mon  tour,  les  lecturc^s 
de  M.  Kaufmann  et  me  contentemi  de  signaler  à  Tattention  quel  — 
ques  documents  relatifs  au  même  édifice,  qui  se  trouvent  depum- 
peu  de  temps  entre  mes  mains* 

M.  de  Prudh(»mme  avait  annoncé  sommairement  la  découver •- 
de  fragments  de  marbre  et  de  débris  d*un  chandelier  à  se  j:^ 
hrsLnches  [  Rente  archéologique,  1883»  I,  p.  161],  Il  adressa 
rAcad<?niie,  en  mAme  temps  qu'une  aquarelle  de  la  mosaïque,  i 
dessin  de  quatre  objets  trouvés  au  lieu  des  fouilles,  deux  lamp^ 
en  terre  cuite,  un  chapiteau  et  un  <f  fragment  du  chandelier  - 
sept  branches  ».  Ces  dessins,  remis  à  M.  Renan,  puis  à  M.  A,  Be: 
trand,  forent  jugés  trop  mauvais  pour  être  publiés  dans  la  Reti^' 
archéologique;  ils  restèrent  dans  les  tiroirs  de  M»  Bertrand,  qi^ 
eut  Tobligeance  de  nous  les  communiquer  tout  récemment.  C^ 
sont  des  dessins  à  reffei,  certainement  peu  exacts  et  qui  im^ 
prennent  d'intérêt  que  par  suite  de  la  disparition  des  originau^c^ 
Mais  il  faut  bien  en  prendre  son  parti  :  en  attendant  que  les  dé-* 
couvertes  dllammam  el  Enf  figurent  dans  un  musée,  nous  devou 
nous  résigner  à  les  connaître  par  le  témoignage  de  ceux  qui  les 
ont  vues.  Or,  quelque  imparfaits  que  soient  les  dessins  du  capi- 
taine de  Pnidhomroe,  ils  sont  rœuvre  d'un  homme  de  bonne  foi, 
incapable  d'une  mystification  :  cela  suffit  pour  ne  pas  les  rejeter 
dans  le  barathre  des  documents  à  cofistiUer,  qui  restent  inédits 
et  qu*on  ne  consul  le  jamais* 

L'une  des  lampes  dessinées  par  M.  de  Prudbomme  représente 
un  chien  courant  et  porte  la  mention  suivante  :  «<  Lampe  trouvée* 
dans  la  fouille  ;  au  l/'2.  L'animal  figuré  est  un  slougtd,  chien 
arabe.  »  Ce  modèle  de  lampe  étant  connu  et  commun,  il  me  semble 
suffisant  d'en  signaler  Texistence.  L'autre  lampe  est  plus  intéres- 
sante* Le  dessin  porte  également  la  mention  :  a  Lampe  trouvée 
dans  les  fouilles,  au  1/2*  ^  J'ai  calqué  aussi  fidèlement  que  poa- 


NOTES  SUB  LA  SYNAGOGUE  D'HAMMAM  EL  KNF  219 

sftle  le  dessin  de  M.  de  Priulliomme  etje  Tai  fait  reproduire  à  la 
grandear  rie  rorîginal  par  la  zincof^ravure  (flg.  1).  Le  symbole 
repr<*seiit6  sur  la  lampe  est  îo  chandelier  à  sept  branches,  quj 
figure,  comme  Ton  sait,  sur  le^  lampes  juives  de  Ft'poque  romaine. 
Je  suis  moins  certain  que  M,  Kaufmann  que  ce  symbole  n'ait 


^/^V^ 


'n.i,. 


0 


M 


i€W. 


Figure  1* 

I  jamais  et*?  employé  par  les  cliretiens.  Sans  vouloir  revenir  sur 
^nt!  discussion  dont  on  trouviTa  les  éléments  dans  Martijiçny  et 
Kraase,  je  rappellerai  que  le  R,  P.  Delattre,  directeur  et  fondateur 

I  «in  musée  de  SaîJit-Lnuis  à  Cartilage,  a  siprnalé  une  inscription 
trouvée  dans  cette  ville  même»  au-dessous  de  laquelle  sont  repré- 
Beotés  le  chandelier  et  la  palme.  L'inscription  porte  : 


VICTORINUS 

CESQUET  IN   PAGE 

ET  IRENEV.., 

Or,  la  formule  CESQUET  IN  PAGE  paraît  bien  chrétienne  et  le 
I  f.  Delattre  n'a  pas  tort  d'insister,  à  ce  propos,  pour  qu'on  n'aban- 
llloane  pas  sans  nouvel  examen  Topinioii  de  Bosio,  qui  ne  voyait 
^sdans  le  chandelier  un  symbole  exclusivement  judaïque  *. 

En  revendiquant  te  chandelier  paur  les  Juiî^  seuls,  M.  Kauf- 

*  Delattre,  Lnmpts  ckrétiemtti  de  Cartha^e,  Lyoo,  1880,  p.  38.  —  Il  est  à  re- 
l.p«U«t  anâ  o«  ïxft%.  irèi  coDsciencieueement  illustré.   Boil  aussi  peu  connu  dt-^  ar- 


REVUK  DES  fn-LDES  jriVES 

tnaitn  voit,  au  contraire,  dans  le  paon  et  les  poismms  i 
î»>  mbûle^  communs  aux  deux  croyances,  mais  des  mottâ  dtAko* 
ratiou  qui  n'eut  ici  rien  de  symbolique.  Je  le  suivrais  difficflMftt 
dann  cette  voie*  Les  savants  auteurs  qui  unt  créé  Tardiàdil^ 
chr^'tienne  se  sont  donm^  beaucoup  de  mal  pour  ^t^lir  ienss 
symbolique  de  cerlaines  représentations,  comnie  celles  da  paon  et 
du  Irùvre»  que  Ton  trouve  sur  les  monumenU  chrétieas  primitib- 
Martigny  avoue  qu'on  n'est  encore  arrive  là-des5us  à  attcmie  con- 
clusion certaine.  Pour  moi  Je  ne  puis  m'empécher  de  croire  que  le 
paon  et  le  lièvre  symboliques  s'explîqup-nt  comme  le  poisson,  tj4-Af  ' 
i  savoir  'It,îo:*î  xpirri^;  eîoû  ui6ç  «jtJTtîp.  Il  faut  se  souvenir  que  lectitis^l 
tianisrae  primitif  est  bellénique,  et  que  paon^  lièvre  se  disent  enj 
grec  «ici;,  Xi^^^k  *.  Dans  ces  deux  mots,  on  a  le^  lettres  a  et  û  tanti 
juxtaposées,  tantùt  disposiles  sym^^'lriquement  autour  d'une  le 
qui  forme  comme  le  centre  du  vocable.  Peut-être  n'en  fallait-ilp^ 
davantage  pour  que  ces  mots  devinssent  des  signes  de  reconnais 
sauce,  et  que  leurs  images  prissent  la  valeur  de  symboles. 
Juxtaposition  des  lettres  a  et  û  était  certainement  recherchée  pi 
les  clirL*tiens.  Je  reproduis  ici  le  dessin  d'une  cuiller  en  argi^i 
que  j'ai  copiée  au  musée  de  Mayence  [dg.  2j  ;  elle  a  été  trouva 
dans  le  Palatinat,  à  Ihener-Hof,  mais  je  ne  sais  si  elle  a  été  àé 
publiée  '• 


Figure  2» 

Les  lettres  CACiJV,  ée  part  et  d'autre  du  chrisme,  n'ont  aue 
sens,  à  moins  qu'on  n'y  reconnaisse  une  sorte  de  crjiïtogramiiï 
pour  CV  AOJi  (u  es  Valpha  et  l'oméga.  Mais  j*ai  hâte  de  reveu* 
aux  croquis  du  capitaine  de  Prudhomrae. 

Le  second  dessin,  que  j'ai  c-alqué  tidèlement,  représente  la  moi^ 
tli^  d'un  chapiteau  en  marbre  d'ordre  composite  ;  notre  gravure 
(tlg.  3)  le  i^produît  au  douzième  de  la  grandeur  naturelle.  La  se- 
ci*nde  moitié  était  intacte,  mais  M,  de  Prudhomme  s'est  contenté 
d*inscriresursou  dessin  :  «t  L'autre  coté  identique  ».  Ce  chapiteau 
M  peut  guère  être  antérieur  au  iv«  siècle  après  J.-G. 

I  tios  voyelles  de  Xo^tî»;  sont  a,  u,  et  les  consonnes  sont  les  mêmes  que  ceUes 

*  Il  nV^u  Q^t  pos  fuit  meatjon  dans  le  pelji  Vorpmif  des  oiUkers  inscrites  (lubtté  ^ 
%i,  V^ùUmt  litttm  les  XrUtseAc  AmUkttu,  p.  37  {Hepnrat-A^rnck  hm  dtm  Pkihh^ 


.NOTKS  SlTIl  LA  SYSACiOtUIK  tniAMMAM  KL  KSV 

M'arrivo  au  plus  important  des  ilessius  jjîétlils  de  M.  de  Pru- 
homme,  celui  qui  porte  la  mention  :  '*  P\oA  du  cltaudelîer  à  sept 
hes  »».  M.  de  PrudhoraraG  n'a  pas  irîdiqnf'*  Ir  matière,  mais  il 
Tîdent,  d'après  rexucutiou  du  croquis,  que  c'est  du  marbre. 


Fifçure  3. 


Udeî^in  original  étant  assez  elTacé,  je  ne  puis  garantir  le  con* 
l  tûBràgauche  du  pivot  central  {(\^,  4).  L'intérêt  de  ce  Iragment  me 
•lemlile  singulièrement  augmenté  par  la  comparaison  avec  un  objet 


-f^ilHuJ 


-1-^^ 


k.h\j 


Fji'urc    4, 


^ïMlocne  qui  se  trouve  aujourd'hui  au  Cabinet  des  Médaiîles  à  Paris 

-    1    Nous  Tavons  découvert,  M.  Babelon  et  moî,  au  cours  des 

miut*%  pratiquées  par  nous  à  Cartha^^e,  dans  les  premiers  mois 

flè'81.  Un  dessin  en  a  été  publié,  avec  la  relation  de  nos  fouilles, 

\  le  Bulletin  du  comité  des  iravauw  historiques  (1886,  p,  11); 

IÎ9  ce  recueil,  comme  tous  les  recueils  officiels,  étant  très  peu 

andu,  je  crois  nécessaire  de  reproduire  ici  la  i^ravure  donnée 

te  Builelin.  D'après  une  mention  inscrite  sur  le  dessin  de 
Prodhorame,  le  fra piment  qu'il  a  trouvé  à  Hammam  el  Enf 

il  U", 108  de  haut;  le  notre  est  un  peu  plus  petit,  0"\085,  et 
Mirgeur  atteint  0*",1L  II  est  i^robable  que  ces  deux  marbres 


tfH  lETTE  DES  LimU  ICITB 

oât  fiûl  partie  €ot)^  »ak«Mk  Cdn  4k  Guitage  prâBCSte  en 
ovtre  iroift  petits  teooos  à  li  partie  mUiiemsm^  aarfiiés  en  (oin* 
tfUé  «itr  b  gmram,  pim  «a^tti  ne  aoBl  pas  ^mUm  pour  k  speo- 
lalBitr  foi  regarde  Foiiiet  é^em  kaol.  Llaacrtplioii  gratée  sur  le 
i  de  Cartkige  ii*a  pas  eaoore  élé  expllfaée.  Le  prei&ier 
à  droite  ressemUe  i  nsdKa,  leaBeoad  ioalometfi 
le  fiiatrièiae  à  «a  am  :  fiianl  aux  aalres»  ils  se  rapprochent  da- 
Tantage  des  fa»es  pli<nlcieaa«,  ITélaal  pas  kârateal,  je  litre 
œ  mMMHBiiil  ans  €oojeelares  det  saïaals  spéciaux  ;  )e  puis  d*m)- 
leon  lear  garaatir  Texactitiide  de  la  i 


'i»<W 


Ce  curieux  objet,  que  nous  aTîons  publié  sans  hasarder  un^ 
explication,  parait  bien  déterminé  par  la  découTerte  de  M.  de  Pru- 
dhomme  :  c'est  un  fragment  d'un  chandelier  à  sept  branche4S^  U 
s'fât  trouvé  dans  une  grande  trancliée  avec  des  lampes  chré- 
tiennes, des  débris  de  vases  et  quelques  objets  phénicien^* 
comme  le  masque  peint  et  le  bas-relief  en  ivoire  que  nous  avon' 
publiés  {Bulletin,  pi.  I,  p.  28).  Il  faudrait  admettre  que  dans  les 
bouleversements  dont  le  sous-sol  de  Carthage  porte  partout  ^ 
trace,  les  restes  d'une  synagogue  juive  se  sont  confondus  ay^\ 
des  débris  romains.. 

Je  dois  encore,  pour  répondre  à  une  observation  peu  fondée  è 
M.  Kaufmann  {Revue,  juillet-octobre»  p.  59),  ajouter  quelques 
mots  sur  la  véritable  forme  du  nom  de  la  ville  appelée  Hammatk 
et  Lxfà^ns  le  dialecte  tunisien.  Je  les  extrais  du  second  volu 
du  grand  ouvrage  de  M.  Tissot»  Géographie  de  la  province  ro 
maine  (C Afrique,  dont  je  prépare  actuellement  la  pubiicatioi 
(p.  125)  : 

«  Shaw  écrit  Eammam-Leef,  Peyssonnel  Emthelif,  Desfon 
taines  Matnelif,  La  prononciation  locale  est  effectivement  Eatifk 
inam-Lifi  mais  le  véritable  nom  est  Hananoin  ei-Enf,  wêiVl 


NOTES  SUR  LA  SYNAGOGUE  D  HAMMAM  EL  ENF 


223 


tles  bains  du  nez»  de  la  pointe  i».  Ce  dernier  mot  fait  allusion  à 
la  saillie  très  prononcée  que  dessine»  au-dessus  des  thermes,  Vé- 
peron  du  Djebel  bou  Kourneïn,  auquel  les  indigènes  donnent  le 
nom  de  Darbet  Sidi-Ali,  n 
M.  de  Mas-Latrîe  a  émis,  au  sujet  de  Tinscription  d'Hammam- 
-Enf,  une  conjecture  assez  hasardeuse,  que  je  rappellerai  ici 
aur  mémoire  ^  II  pense  que  les  Berbères  orthographiaient  le 
nom  NARONITANVS  sous  les  formes  suivantes  :  GNARONl- 
TANVS,  GNARITANVS,  et  GVNmïANVS.  Hammam  el  Enf  est 
^Identique  à  la  localité  romaine  dite  ad  Aqims,  que  Wilmanns  (et 
jnon  pas  Mommsen,  comme  écrit  M.  de  Mas-Latrie)  a  crue  iden- 
jliqoeaux  aquœ  Gummitanœ  {Corpus  inscriptionum  îaiinajntmf 
\t  Vllî,  p.  132).  Pour  M,  de  Mas-Latrie,  Gummilanus  est  une 
forme  adoucie  du  berbère  GumritmiuSj  qui  serait  identique  à 
\  MronUanus,  La  ville  de  Gummis  a  été  Tun  des  centres  du  chris- 
tianisme en  Tunisie  jusqu'à  une  époque  avancée  du  moyen  âge. 
M.  de  Mas-Latrie  croit  que  la  mosaïque  d'Hammam  el  Enf  est 
difétienne,  ce  qui  me  semble  une  première  erreur  ;  et  quant  à 
l'identification  de  NARON  avec  GVMMIS,  je  pense  que  le  pho- 
ûetiste  le  plus  intrépide  hésiterait  à  Tadmettri^,  La  synonymie  de 
Gummis  et  d'IIammam  el  Enf.  proposée  par  Wilmanns,  est  d'ait- 
leuLTs  une  simple  hypothèse  ;  M.  Tissot  inclinait  à  placer  cette 
^ille  plus  près  de  CarpL 

Sâlomon  Rbinach, 


I  Mi^Ulrie,  BthHotkèfjue  d»   VÉcoU  du  Charité,  1B83,  p.  72  ;  B^^ue  ÂrtKéidt)- 
TfWp  1883,  t,  I,  p,  234  ;   RelaùoM  ei  commti'cû  dû  Vàfn^ue  ieptmtrionaic^  Paris, 


LE  MIDBASCH  TANHUMA 


ET 


EXTRAITS  DU  YÉLAMDÊNU  ET  DE   PETITS   MIDRASCHIM 


M.  Salomon  Buber,  conseiller  à  la  chambre  impf^riale  de  com- 
merce de  Lemberg,  s'est  imposé  la  tâche  très  louable  et  très  ardue 
de  donner  des  éditions  critiques  des  Midraschim.  M.  Buber,  comme 
M.  S.  J.  Ilalberstam,  de  Bielitz,  M.  A.  Epstein,  de  Vienne,  et  le  re- 
gretté M.  Straschum  de  Vilna,  appartient  à  cette  école  d'amateurs 
de  la  littérature  rabbinique,  que  leur  commerce  n'empêche  pas 
de  se  vouer  aux  études.  Tels  autrefois  les  docteurs  du  Talmud  : 
Akiba,  Méïr,  Johanan  le  cordonnier,  Isaac  le  forgeron,  et,  au 
moyen  âge,  les  rabbins,  qui,  non  contents  de  ne  point  recevoir  de 
rémunération  pour  l'enseignement  qu'ils  répandaient  à  profusion 
et  l'administration  des  affaires  de  leur  communauté,  partageaient  - 
encore  leurs  revenus,  parfois  très  modestes,  avec  leurs  disciples. 
Tel  était  le  cas,  par  exemple,  de  Raschi  et  de  ses  disciples,  à  Ra- 
merupt,  des  rabbins  de  Paris  et  des  environs,  et  de  ceux  de  Pro- 
vence. Nous  pourrions  étendre  cette  liste.  Espérons  que  l'espèce 
de  ces  savant^ désintéressés  ne  se  perdra  pas  et  que  la  littérature 
rabbinique  comptera  toujours  à  son  service  des  hommes  aussi 
distingués.  M.  Buber,  dans  cette  légion  de  travailleurs,  tient  un 
rang  des  plus  éminents.  On  lui  devait  déjà  de  nombreux  articles 
et  monographies  scientifiques  dispersés  dans  des  périodiques 
hébreux  (entre  autres,  la  collection  des  passages  connus  du  Mi- 
drasch  Abhir  et  du  Midrasch  Debarim  Zuta),  des  excellentes 
éditions  d'ouvrages  midraschiques,  celle  de  la  Pesikta  de  R.  Kahna 
(Lyck,  1868),  et  celle  du  Lehah  Tob,  sur  la  Genèse  et  TExode,  de 
Tobia  ben  Eliézer  (Vilna,  1880).  Il  vient  d'acquérir  un  nouveau 
titre  à  notre  reconnaissance  en  publiant  un  Midr^asch  Tanhnma 
différent  de  celui  qui  a  été  imprimé.  Comme  les  précédentes  édi- 


tions,  celle-ci  est  faite  ii  Faide  de  mss.^  au  nombre  de  neuf,  appar- 
leoant  à  différentes  bibliothèques  et  inédits  josffu'à  ce  jour.  L'ar- 
deur de  notre  auteur  ne  se  ralentit  pas  et  il  prépare  en  ce  moment 
I  Qne  édition  critique  du  Midrascli  sur  Ebtlier  et  les  Psaumes,  en  se 
servant  de  tous  les  mss.  connus  et  d*un  Midrasch  inédit,  intitulé 
Sélûiel  Tob^  de  Menabeni  ben  Salomon,  qui  fut  probablement  un 
rabbin  provenral. 

Ce  Midrasch  Tanhuma,  comme  Va  déjà  montré  Zuiiz  \  est  cité 
par  divers  auteurs,  tantôt  sous  le  titre  de  Yelamdénu,  tantôt 
sOQs  celui  de  Tanhuma.  Le  texte  da  Yelamdénu  n'a  pas  encore 
été  découvert*,  mais,  comme  nous  l'avons  dit,  nous  possédons 
aujourd'hui  deux  rédactions  différentes  du  Tanhuma,  celle  qui 
a  été  "imprimée  plusieurs  fois  et  celle  de  M.  Euber.  Si  les  titres 
ïeiamdénu  et  Tanhuma  désignent  souvent  un  seul  et  même  ou- 
vrage, cela  provient  probablement  de  ce  que,  dans  une  rédac- 
tion^ ce  Midrasch  commençait  par  les  mots  :  Yelanidénu  ralibénu 
(ûu  peut-être  chaque  sidra^  comme  dans  le  n^nîni),  et,  dans  une 
antre,  par  les  mots  :  R,  Tanhuma  patah,  ou  darasch^  de  môme 
que,  chez  les  anciens,  le  Midrasch  Bereschit  Rabba  porte  le  nom 
àfiBere^chtl  de  R.  Oschia.  Mais  on  verra  par  la  suite  que  Yelam- 
dénu est  très  souvent  le  titre  d'une  rédaction  distincte. 

Quoi  qu'il  en  soit,  fauteur  du  Tanhuma  n'est  certainement  pas 

le  docteur  de  ce  nom,   qui  ny  paraît  pas  très  souvent,  et  il  est 

iien  inutile  de  consacrer  plusieurs  pages,  comme  Ta  fait  M.  Buber, 

à  le  démontrer.  Le  savant  éditeur  se  donne  également  beaucoup  de 

mal  pour  prouver  que,  contrairement  à  ropinion  générale,  ceMi- 

<imsch  Tanhuma  est  antérieur  au  Tanhuma  imprimé  et  au  Yelam- 

^h\x,  que  celui-ci  n'en  est  qu'une  deuxième  rédaction  et  celui-là 

la  fusion  de  ses  deux  devanciers.  M.  Buher  montre  toujours  beau- 

Jcoup  de  tendresse  pour  les  textes  qull  publie,  il  veut  à  toute 

prce  qu'ils  aient  le  mérite  de  la  plus  haute  antiquité.  Autrefois, 

c'était  la  Pesikta  qui  était  «  le  plus  ancien  recueil  aggadique  »  ; 

aujourd'hui  son  amour  se  reporte  sur  son  dernier-né  et  c'est  ce 

ftouveau  Tanhuma  qui  est  le  plus  ancien  ouvrage  aggadique.  Il 

Brait  même  antérieur  au  Talmud  de  Babylone,  car  il  cite  les 

2iakot  non  suivant  le  Talmud,  mais  selon  la  Mischna  et  la  To- 

Bfla.  Pour  ce  qui  concerne  le  Yelamdénu,  M.  Buber  aurait  dû 

_  Dir  que,  à  en  juger  par  les  fragments  qui  nous  en  restent,  la 

langue  seule  montre  qu'il  a  été  écrit  avant  le  Tanhuma  ;  le  Tal- 


*  Oottêtdùnttî.  fortrâ^e,  cb.  xiu 

*  Le  nu.   dâ  Cambridge  qui  porte  le  nom   de  YelatudéQa    est  le   Tanhuma.  Vo;r 
ràuUoduction  de  M,  Buber. 

T.  XIll,  no  20.  15 


4V  EEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

niud  de  Babylone  y  est  cité  *•  Il  est,  à  notre  avis,  le  plus  ancien 
des  trois  textes  dont  nous  parlons  en  ce  moment,  et  cependant, 
selon  M.  Zunz,  il  appartient,  au  plus  tôt,  à  la  seconde  moitié  du 
ix«  siècle.  M*  Joël  Millier,  qui  connaît  admirablement  la  litté- 
rature des  Gaonim,  dans  son  dernier  travail*,  montre  que  le 
Yelamdénu-TanUuma  a  utilisé  le  Talmud  de  Babylone  dans  sa 
rédaction  actuelle,  M.  Buber  va  plus  loin  encore  et  il  veut  que  les 
rédacteurs  de  Bereschit  Habba,  de  Vayikra  Rabba  et  de  la  Pesikta 
aient  puisé  à  pleines  mains  dans  le  Tanhuraa  qu*il  édite*  Force 
lui  est  alors  de  corriger  tous  les  passages  qui  ne  concordent  pas 
avec  ce  texte  :  c*est  le  chaos.  Lorsque  parut  l'ouvrage  de  M.  Bu- 
ber, en  en  rendant  c^^mpte  dans  le  Jewish  Chronicle,  je  disais  qu'à 
première  vue,  ce  Midrasch  taisait  tout  Feffet  d*un  recueil  récent, 
remontant  au  plus  haut  au  ix*'  siècle*  Depuis,  MM.  Weiss  et 
Epstein  ont  apporté  des  arguments  nouveaux  et  de  poids  à  cette 
tlièse  et  ont  prouvé  surabondamment  que  Fauteur  de  ce  Tanliu- 
ma  s'est  servi  du  Talmud  de  Babylone  et  même  de  Midraschim 
beaucoup  plus  récents  \  Si  on  n'admet  pas  que  ce  texte  soit  une 
traduction  comme  le  ^«n  'n,  et  c'est  une  hypothèse  insoutenable, 
on  ne  peut  s'expliquer  qu'il  soit  écrit  en  néo-hébreu.  C'est  là  un 
des  caractères  des  Midraschim  postérieurs.  En  outre,  tes  formules 
i33n  m^sb"*  et  Q''7:Dn  isa  ^d  nous  mènent  à  Tépoque  des  Sclieeltot 
et  des  consultations  des  Gaonim. 

Si  la  thèse  de  M.  Theodor*  est  vraie  que  ce  nouveau  Taiibuma 
est  une  collection   d'homélies  fondée  sur  le  cycle  triennal  des 
lectures  sabbatiques,  les  autorités  des  écoles  de  Babylone  auraient 
certainement  passé  ce  Midrasch  sous  silence,  tandis  qu'on  en  au- 
rait fait  mention  dans  le  Talmud  de  Jérusalem,  puisque  le  cycle 
de  trois  ans  est  palestinien.  Si  le  Midrasch  Tanhuma  était  ancien» 
on  y  aurait  rencontré  le  dicton  K:3-)n:n  cm?a  cn3.  Il  est  probable 
que  dans  Je  midi  de  Fltalie,  où  on  suivait  le  Talmud  de  Jérusalem 
et  non  celui  de  Babylone,  on  garda  le  cycle  de  trois  ans  jusqu'à 
l'époque  où  le  Talmud  de  Jérusalem  y  fut  supplanté  par  celui  d( 
Babylone  et,  par  conséquent,  le  Tanhuma  pourrait  être  un  pro* 
duit  des  écoles  de  Bari  et  d'Otrante* 

M.  Bober,  dans  le  dixième  chapitre  de  sa  préface  au  Taahunl 
donne  une  liste  très  abondante  des  auteurs  qui  citent  des  passage 
du  Tanhuma  et  du  Yelamdénu.  Elle  commence  par  les  noms 
AbaïGaon,  et  des  Ilalakhot  de  Yehoudaï  Gaon  {sic);  il  est  superit 


*  Voir,  ci-dessous,  paragraphes  D  el  E. 

*  Brit/k  M.  R^âpomen  in  dtr  vorgtonaUehên  Ztit;  voyez  plus  hiut  p«  149. 

*  3f**  Talmud^  t,  IV  et  V. 

*  MûmUschri/lt,  de  Frajikel-Groeti,  1885,  1886. 


LE  MIDHASCH  TÂNHUMA  227 

Fie  dire  que  ces  rabbins  ne  pouvaiejit  pa^s  connaître  cet  ouvrage, 
[puisqirn  liVtait  pas  encore  né.  Peut-être  Saadia  et  Haya  Gaon 
(en  sont-ils  serviîj,  mais  on  ne  sait  pas  si  Jes  consultations  qui  le 
ont  croire  appartiennent  vraiment  à  ces  rabbins,  car  on  a  mis  au 
[compta  des  Gaonim  beaucoup  de  consultations  sur  lesquelles  ils 
l'ont  aucun  droit.  Le  premier  auteur  qui  mentionne  le  Yelamdénu 
Ifst  R.  Nissitn  Gaon  ;   après  lui  vient  R.  Nathan  de  Rome,  puis 
|Easclii,  qui  cite  souvent  le  nouveau  Tanhuma.  C'est  au  moins  ce 
que  prétend  M.  Buber,  mais  M,  Epsteîn  a  montré  que  plusieurs 
des  passages  que  Raschi  donne   comme  lires  du  Tan  huma  ne  se 
trouvent  pas  dans  celui  de  M.  Buber  K  M.  Buber  a,  il  est  vrai,  ré- 
ipoudu  avec  succès  à  quelques  objections  de  M.  Epstoio,  mais  le 
[fond  de  Fargumentation   contre  l*anLiquîté  du  Tanhuma  nen  est 
[pas  ébranla*  Nous  ajouterons  quelques  noms  à  ceux  des  auteurs 
Içui  citent  le  Taohuma  i"»t  nous  reproduirons  les  passages  des  écri- 
I Tains  anonymes  qui  le  mentionnent.  En  outre^  nous  publierons  ici 
I In  ea;^^«;so  des  extraits  inédits  du  Yelamdénu,  dans  l'espoir  que 
^matëriaux  pourront  un  jour  servira  la  reconstitution  de  ce 
isch  perdu.  Faisons  remarquer,  à  ce  propos»  qu'il  y  avait  en- 
core vers  la  an  du  xv  siècle  des  exemplaires  du  Yelamdénu  en 
Italie  et  au  Yëmen  et  qu'au  moyen  âge,  c'était  surtout  en  Itaïie  et 
€a  Provence  que  ce  recueil  étaït  cité,  tandis  qu*en  Allemagne  et 
<Um  la  France  du  Nord»  c'était  le  Tanhuma. 


CITATIONS  DU  l^LAMDENU. 

L  —  Moïse  ibn  Thabbon,  dans  ner^s  'o,  ms.  d'Oxford,  Opp*  241  ; 
fcataK  938)  8  TO. 

n  ©^TD  mK3   bc»  .■»'^3  y«ia  ^y  b^mD-»  ^•»niD«  b^ms*'  no^sb 

cnK  Tn^z^  p^tj:  in:  n'^^ij  nr^T^  ^:t:   ^rj-T^  bis  rpsn  nba  n»D 

noio  ^n^  bj  c»-i^7:3  mtî  ^:3  ^i^  br  û*':?*:^^^  t]D'"'n  nrn  obi^a 
by^   ni:3«   •n'^  b;^   D^n?:^  nmaii   pna  ^i^  b^  è«-iC^d  ''i^^n  innÊ*"! 

•  M*  Epstein,  dans  le  même  article,  montre  que  le  Tanhuma  imprimé  sur  l'Exode 
a*ett  pat  la  YoUiadéau  eaû«r»  comme  1«  veut  2d*  B.»  mtis  u'eii  eit  qu'un  extniu 


m  mwm  DES  ETODES  JtJIVES 

B,  —  Israt^l  111s  de  Joseph  Al-Nakawali,  de  Tolède,  dans  son 
ouvrage  de  morale  mx72n  rni3^  (ms.  de  Ja  fiodléîejuie,  0pp.  146; 
cataL1312),  aul^50a*  : 

nsntî©  D*T«  Vbsn*'  mbsn  rîî3D'  '-'an  isnTab*»  nsTiob"^  lîsn-nsa  ironsT 

m3«nc  s'^^irs  nnC7  nri?:'^  i>:d  ^:?:ra  "13  i«irc^  'n  ■*.:?:&?  ♦mcJ 

î-rb»!  ISO  3  sm:3  pc?2  bo  •j*''^i^  ne:?  n:i?:-a  1^3  nrix  pn';^  '1 
nasD  -it:iî<  p72^D  'n  ,  rrcn  nx  '•"''  ni^  ^13x2 .  -jcon  tjiDi  nraa 
yno-^v  *j^-x  j-n^T  bbcrîoïî  n^'tïïsa  nm^sc  nT^bnn  mc^  n:ni33 
^"^  ï-r:'i^Hn  ^nr^:?  bD  '«2t:j  *!-T-nT230  mi-^bin  bs  'ïppsn'^  n? 
d'abri  t;fi«n?3T:3  n^"ii^Tï:  n-iD^  nn^c  *7:i3D  n?:iK  p:??:-^  'n  .  ^1^3  '3 
:?:^ii3  c^irna  n^^pn  b^  vz^  tnb:?r\^^  'p'*  ni^  Gi'*^  ^"-^  •5:7*'  t7 
ir«o    D*'^«i   n'':sb   i^s^nn^CT   v^^^^^'^  ^^rrn  b»"iïïî^  ba  tnbsn 

.în&?::n  *^:dîd  "inbon  bs  bnpnn  pîH 

Il  est  toutefois  possible  que  le  signe  placé  sur  le  second  isTar 
indique  qu'il  faut  rayer  ce  mot  ;  en  ce  cas,  le  passage  en  question 
serait  tiré  d'un  Midrasch  anonyme  mejitionné  souvent  par  Israôl 
II  cite  plusieurs  extraits  du  Tanlmma,  de  la  Pesikta,  et  un  senl 
d'un  Kniaî<*î  «nsD,  que  nous  reproduirons  ailleurs  avec  les  pas- 
sages tirés  du  Midrascli  m&*  •'rr  (qui  est  identique  avec  le  fameux 
Zohar  *)i  extraits  pour  la  plupart  en  hébreu*. 

C.  —  Makhir  ben  Abba  Mari,  qui,  dans  le  Yalkout  sur  les 
Psaumes  (ms.  d^Oxford,  0pp.  22,  cataL  n*»  167  ;  la  préface  en  est 
imprimée),  cite  plus  de  cent  foi*  le  Tanhuma,  n'y  donne  que  les 
deux  extraits  suivants  du  Yelamdénu,  Il  en  cite  davantage  dans 
le  Yalkout  sur  Isaïe  et  les  douze  petits  Prophètes  *. 


«  M.  Schechter  {Afcmtuekrift.  1885,  p.  114-116  st  234-240)  •  donné  une  à 
criplion  détaillée  de  ce  iss.^  dont  une  petite  partie  seulement  est  imprimée  [voy^ 
SteinBcboeider,  Cûiai*  Badl.^  cûU  11G2)  ;  il  ne  faut  pas  coofondre  cet  ouvrage  avi 
son  homonyme,  composé  par  Isaac  Afaoab  au  Âbohab.  Ajoutons  encore  qu'Ephraîm^ 
un  des  fils  de  notre  Israd,  est  mort  à  Tiemcen  en  1442  (Weil,  Le  Cimttièrt  isrûélU% 
de  TtetHcen,  Avignon,  tSSt,  p.  6|,  tandis  qu'Israêt  fut  lirtlté  sur  le  bûcher  a  Tolèdi 
en  1393.  Nous  reviendrons  sur  la  famille  Nakawuh  dans  un  article  sur  les  rabbix 
de  Magrebf  que  noua  nous  proposons  de  publier  ici^  article  qui  formera  un  suppléa 
ment  au  travail  de  M.  Âbr.  Caheo,  inséré  dans  Les  Mémmret  ée  la  sùc.  af'ck,  de  k 
provimet  dû  Coiutmmiime^  Ili67. 

^  C'est  un  fait  curieux  que,  ver*  la  (la  du  xiT*  siècle,  on  ne  cite  pas  la  nota 
Zuhar  en  Espagne. 

*  Voir  dons  la  suite  de  cet  article  le  Yalkoul  sur  les  douxe  propbètes. 


LE  MrDHASCfl  TANIiniA  ■■■  ^^ 

?T27'   •"SîX!^   1Û3D  ^inb    mni23   iD-'btïntJD    B?ina«a   ?i5T?Db  'i3i 
jrtrrîf:s  min»  i?d*j   xnps    mwi   '-«03   î-r"3pn  ib  rria^  ttb  i^'^n^^Tû 

irr-nseb  rTr:?5  n^^  »  D^^n  ib  r-rn  xb  i-'-^n^fi^î  nsisp  i^b  ninî«  itzW 

»z«r:  ;raD  y-nb  is^'bcrîb  "rn^sa  n^K*^*:)  di'^a  ïia  («>)  naiT^D  di^3 

iirr    -ic;::   ^ms    t^m  n:*  qo3  sn-i^D  n^b:^  r-r^s;  e^^'rr    n^^in  dh 

^r-rbr   r^:a;  ■•r'::   r*:;inp  br  iirs3  mD?3''i  ^'rs^  '^^i7  '-^ï^td  ri^inn 

V5   rr^b?  iis:3  '•t::*^  noinp  b^*  ii:3D5  niST^b?:   ttirt  bn  toKi   e^-^rr 

^«c3  tr>"'b  mb'TStî^  nui  î-ïann  ■»56«  tanna»  '?dh  ^^by  n^^iis^ 
"^^TDr:  n^::n  -^iD  t-nb^ii^s  '^miS'i  t^bn  ^353  -^sk  wbi  "i^^  niû^inp 
b^  :s^^^   i3n:c    -i'^n^'ani  imn   1,3  ?<rsn    'i  biD    nm    ï-pit:31 

F*'J64.  ib  ^1313  mbït  i?33:r    m^3?b  rîpnia  ■'ti  br>  nïtm  ks 
ferm  ^m^  te*»b  nn^^   t^b^^s   oib'^a  -^td  tsnoi    tï''73n  ^^ina    in^bo 
rn-sîr  n^T  -i?2«3iû  nb^?ab  «m  Hsr?:^  'ïn:3bî3n   ntt  i^bim  'j^n3:iPi3 
Vnjn    i^rrn  &^nï?j  ^b^o  î-t:?-id   T^btî  ^33rr  t^nb^  vs    -i^^^  ris 
PS  rrrx  sns  ^^s^sr^s  d''?33  riûn   n"3prï  b"È«  rm^-'  ^ir3  'pninn 

m*»  'p:3b3  Tn»  nic«  rr:rr    '«5iû  nb5»73b   nbïïî  l'^nabs  nb    ^-bim 
ïTTCTi   c*^  nr-it:ï  rrr^n  m  37  ^^ni  r-r?3ip   nniiJT  bssîs  Dnm  tj^^ 

^  -inf  ro  1D15  n'^M  rrtsi  û-'yg  "TTrï^n  ^nip  ""sn  N'^nDi  û'^si  d^is 
:Dirîn  nft«  vb^  ''n^D3  Tibswri  nbi^D  *mi  ûps 


D.  —  Jacob  fils  de  llananel  Sikeli  (de  Sicile),  qui,  d'après  un 

iMidrasch  du  Yémen  composé  en  1484-92  S  se  rendit  de  Damas  à 

Aden,  cite  dans  son  ouvrage  aggadiqae  sur  le  Lévitiqiie,  intitulé 

mrp  nirbr  (ras.  de  M,  de  Gûuzburg,  n^  512),  quelques  passages 

da  Yelamdénu'. 


•  Hs.da  la  Bodlélenne,  n«  2493  du  Catalogue. 

^  fiitenooft.  en  pts&iDt,  pour  Thistoire  Huëraire,  ces  motB  de  la  préface  : 

ffT^^'^.'ZT  nno  hy  -nnD'û  Tibsna  ûn^pQ  ■'nn&tsi  *^n3nD  *^3Si 

'  p  »*nps^   "^rcr?  hdds  D'':3Dnit5ï3i  fa^ibii  .Tanp  ^-nn3  3^jbi373i 

I^nrCUn  r*^in  te  trouve  e  Oiford  (Catalo|ïiie,  n*' 984,  985,1186),  où  l'auteur 
f^t».»i  «Il  préjtiot  ouvrage.  Il  est  possible  que  la  4ate  1444  iju^otL  trouve  dans  le 
••  1A4  ••  rtj^porU  à  la  composhion  d»  Votivrapc,  et  non  û  In  copie,  comme  le  dit  ]& 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


î  '131  ib-^n  •'icb  ibip  1P3  -^^'ii  'N3t5  ibip  ri?3pb  V^''^*'  P'^^f  n^isn  ' 

II.  —  Ètbc ''t:  dî*  n>2i  i"p  d'^na^  nbm  .!^5y»S3  w::nr  ^^  cdî 
K^anb  pi^nj^n  «idh  ib-^w^  sirsrr  is^b:^  nb:?t!  ïtam   «lanb  pisni; 

IIL—  ip\Db   T»b^  7it5^  •!««  bsTD  it*  .  n33  inT^b-^Tsi  rrania 
K'^:£iût  bco   "^Tsib'^n  £:b*u^   nrsn  ûbtDT^  mrr  nni»  itnis  nrtt  sbcn 

:'m  '1  ^izih'Qir   obuî?3  ira«-j  sbisia 


1 


17.  —  '•'sxb  bxr::^  ^^n  inri.^ç  p:c  nxr::  a^:TO  n-n^n  rrûtrï? 
bs  b;?i  'iii  'rr  ti:&?nn  prises  'i2i  D-'n^-^  -'s-'-i  n-ims^  «"tt  d^ïïcz^' 
n?3«  ij'cs  rinSD  i^b^  !-TiDtt  bbDns;^  ï-rbcn  n^n»  ï-rcon  ts'-^fcs 
S-'ïrb  nnss  nnpbn  l^s-'sn  r^s-^ian  n«i:a  nxarî  n"2pn  ''scb  nc?3 
bïîTDi  r-î^T  ba?:  prr  ^•♦n^D  te^'^rn  bD  it:n  t^^^nn  p^33  b-'^ïîa 
*p^n  n"3pn  ib  iï3«  rai  b^scn  n^D  pbin  rtnât  t»»  pn^sbi  *ïd5 
i^sni  np-'j^  iniN  nmy  •'ïît;^  t^bï«  -îi?  t>«bT  •^b-^soa  innpr  ^:ô«'5 

V.  —  n-iin  Vn  iJitj  bn»  lt:TD  n^^n^  ^îst  mTs:?b  ^-^  *^"r^  f*^) 
B'^bTDti  n2T  mm  .n:?i)i  bn»  i?3Ti  rT)D33  im  mcrb  DTsbisrr  narj 
HT^b?:  min    bj-  ts-'^yt^cn  niT  ^nmn  .i:?i73   bm»   pTD  ï-nir  bij 
&T3b  lan^s  t^?:b*û  q«  biD*'   ,D^?3bp  &cbi  min  D*Cîb  t-i::ntîroj 
Ë-'73bïïî  nï3  mip  br  D-^?3borî  nai  nmn  r«T  b"n  rinin  ST^bi  '•♦ï^b^l 
È''iD:i  rîD-'TiD  i^::p  mip  qî<  pvz^  Tnn  nsism  D^SDn  rr^-'rs  ^"-3 
ns^n  in'^b  ê*:^-*'.^  '^Db  in^«  bKj?:ir^  'n  t:nï:?:  *pViDi  r-rm  r-.Di:n 
î-r73  min  b^^  a''7:bDrî  nnr  rnmp  b"n   r-icinT;  nb  v^*  ^*^^''  '^^nn 
li^îDP  iniir\  v\n  pr:îi  nm  tnsirn  a'^Don  nij-'TzD  ts'^r^::  D'^'^b-aJ 
rT?3  mip  br  a^?:bcrr  nsi  nmn  .pi*::T  nm  rDi:p  d^3d:i  rrrï-^^oj 

n^a  min  ?r  a^'^b-cjn  rn^n  V'p  no7?3n  p  tpn*'  biD^  Dr:^   n^inl 
p  m-'D    r-niPH    qx  •^isrTsrî   p  h4^s^  nnî^^tîn   p  icn-'s  s^?:bi: 
Dnbb  f3?2i   *i^bin  r^b»  !sp3?3  na*»»  ms^îon  p  iDn*»©  tib  noytîïii 
TiD5'72n  p  t:^7:btD   rtiQ   n^np'^  -tn»   te-^Tab©  b"n  i^r^rr  p   rss-»^' 
ir-i^D  «bi  -niîj^n  p  mip    -'br  ^^nn  n^tt  -tJyTrn  p  «n*»  Dnbn  tj» 
nu  z^np'^  nï;«  û-'ïsba  b"n  ncrTsn  p  K^a^  biD"*  noy^an  p  nttrib 
Tcr?3n  p  mn^D  &«b  TJj?sn  p  «"^M  nDr?3?T  (p)  n?3  i3*i'«s  D'»?3bT3^ 
p   niir   '^bj  -^nn  'tH  p  cnbn   qx    T^bnnn  p  t^bx  ^^^M  "irnl 
nu;«  te^'^btt^  Vn    ï^-^^^  biD*»  p   ci^Es  -nsr^jrr  p    î-r?2nbi  T^binrr 
Va  niip  K'^n-»  n^j»?2n  p   r-rr^nbi  î-rnp  -^b^  -nrr  'îj»  ••"•'b   in^'-.p*' 
t4''3''  «b  nt3J!?3rr  p  rïîsnb  m^si::  d":?n  T'binrt  p  irnbn  nDjnon 


I 


LE  MIBBASCH  TANHUMA  231 

î-Ç2»-j  t)^^3  mpbn  it)  cnbn  qn  n,crr  tiDss  mpbn  ^îa  or:bï3  n73 

VL  —  n5£^D  T^-i^D  brîi»  nns  Vn  ïinyn  bnpm  'i:n  ï-ret:   ï3:?''i 
riX'Osi  tSTprr  ^sbs  Dnmn&îT  G2>n  ^sbs  Dn^D   ';-»3Di^''  û'^:pT  m 

:nyi!!:  bm»  hhd  b»  myr:  bnpm  'r^D  lûiprr  "^abD  Dn'":Q  D^m 

YIL  —  tv-T'i  V^  ^^^  ^''^  ^-   D^nbK  Ètn-^i  n^bn  '7:::i  mî^b*' 

cnrb  inrDtî  pb^o  ûnx  ti::nc  ii-'d  inbn  nr-J^i  ^îï-'.i  'r^  nn^^a  «b» 

D^ycnni  "^rbi:^^  •^rn?:iD   «b  abir  Vc   imb»  -^s»*::  •^r&t  'n"'2p'r,  ni2H 

"DT^^an  nt:©''  t^b&ï  nre«3  «b    n^':)  t^cr?:n  ■»"■«  nr:-::^   T'nn   to'^n^o 

'Ti^^pt  "^in  .Y'rj5»«  tai»  •'sa  n^c  «b  n"3pn  aî<  mnb  l'^r^'b  n^sû*^ 

[îrrr  rxon  ■'?3'^  ^jd-û  bs  bèti^o  'n    "i?jn  'im  ibinn  bs   &*^bbinb 

[<■'  bit  rTS73  n'^H'^')   'stû  npnmVcn  ^ib^'O  rnt;^    nt*   nns?^   n"nprî 

^nsB*  riio^bi   ocbr?:    u^  bi-oi^-o  t:*  ^3:n  Q'^^.ai  d^n  &«b  ■'n«  -^n 

msisa    "^b  nnmî:   '•2N*a  ^^^n  n^rapn  ib  *i7:*<  nbiL^n   ^^2    èc   nbo 

rrs^    rr^n  m»    •'^'^    r^^no  bs    n^:«    ï-T*r;n3  'n  ib    ^-\d    ^Pt)%^'> 

^m  *n3^n  Kb  ■'S  ib  n'^B*  '^:?'^3tî!n  "j^n^b  ddd'*!::  D''5i:Rni  nben  cpati 

P3Î3  rTC?3  ri^n  c^ttib^in  ^^t:-»  r^rnc  bs  n?3î*  isbn  'n   r-irn  inn^'n 

'pnsb  rTO73  »-ip  •^rrscn  dvs  ''r;''i  3%ns  qioabi  nbin^  nmD3  r^r'^ub 


VUI.  —  ''zcb  ?-în^n:?n  tn^nsta  ^sb  û"»?3bci  b-*»!  nici  C^r'TCP) 

-1-  r^'sars  tTnsD  nft<  tîts^i  itji»  Nin  ibnbi  nDS?^  ba:^  nnb  i^*:^ 
rsf'C'^b  nc?2  enb  n?:»  b^r  mc;r'?:  br  nt^^i  m^  nd-»  2cr  bant* 
£\yn^r»  Dn«^  m^-s:?  DD^m:i7  b:^  nssb  Dip^n  nst'^.n:!::  i^'in 
*Di  rTC^3  bîni::"'  ini;3&«  •'"^  ^:sb  nnib  ':*^  Qip^n  ''ssb  inst  ï-i57:?C' 
b^  nnb  '!2»  'prjn  tnH  ï-tkii  nr^i  ^b-^zn  nN  ■'cbp'^3  mn-^in  ^K^n 

IX.  —  n7:ïO  na^r:    nt   'i:i-t  -^"-^  nan   mût*  ttin    *   .   .   n^H^i 
3«  iT'^b  rrrr?3  n3C  p-'^  n^b  niur?:  «nD  *i7  lyi^  t*bi  -^j^c^a  no^b 
i!3T3  pTSi'rp  bj  E>4b&«  ■^''rs  ir?:  «b  *^nH  l^n»  l^nsb  rr^û!^  ib 
p^3  -^1-^23  ^nc"^p:■l    '^,c-»   ■*:::b    tn^^^c  -^nnri^i    \s:a    ri"npr7 
vz»  \i^io  ^r'p^D'^  br  nsc  bspi    pn*:)   &ipT3n  ''?*t»"'    t^23*û  inn** 
:-.«  Bt*.n  mT  •''•:?  ib  Nin  ï-id-»  'jtz-'D  prrûi  ^•^^•yo'^  rb:?  b3p?:rî  bs 
-^1  nv::nb  nr  n^^nx  ttin   r-r7jbc  ^''y   ib  bbinnm  ■*""»b  on 
rirr2«*\  2^:  irrcs  "in-r?3  d^«*C3  û-^ps^  ppr*2  q^n-j  û-^p:^  bsb  ^^r^y 
■»:?  ^b  '!ch:  •'rc?3  •'HK  inn&t  ib  n?:x  lo^-'nb  i^^n^î  bîsx  nc!d  ûsss 
^^zrï   ';3  "ïK  ^3  1»  -i^i«   ■'n-''»ni    bns  t3^^ï^  n^2n  pn  mpb  ^:&* 
i^an  CTpn:  &n3T3  y^yzi  ^zJzu  D^bn>  ^^33   ix^tTa:   ri^rr  id^pptû 
;tnnK  cin'»i  ';«3  pP\Di  vnn  rî«  vb^^  pix  pnô«  3?7D\DTa  p^D 


232  hevte  des  études  jujves 

niDD  iTab'*  dino  nn^i  mrD  nn»  n;  13:3  ï-tt   m-ist  \^ï:  •f^tîtsi 

.   .   .  s^'^n»')  'wksï:  nrci  V'*^^  "*^^^''  "'"'^'^  ^^  "^"^  P  ^t'S  t|«t 

î  ,    .   *  inC 

XL  —  nï*ûn  b"n  N'.îtb  bD  '•d«  biD*»  ncn  b»  n^ci   i'»'»  -l'n 
B''5'3nK  i('^:a  Y^  t-^^y^'^i  *i3fflb  •'ts  rï?:^^  nsirjb  -^n^  ttb»  •^icn  v** 

nnin**  '^,  n^r^nns  Nbx  3''"'n  ir^  nr^^:i  bsec  mni^i  Tnnr^a  '-c 
D"x  nsci  b"n  i*»;?:  "j'^nsrr  rt^'o  V"  ^^^  ^^  V^  ^'^=^  -^  T  '^^** 
î-t-inT«3  i-^nsTTï:  i:«':3  bn  Mn-'ï:^  y-^n  b:^  *|b  'n73^b  ';'*'^  Vn  na 
t^n    imns*::  ^^12  nrrn'cn  bs  ncn    b«  n^tîi  T''  ''314»  •^trb»  "i 


XÎL  —  r5!rïi3  rrr«  ^"'■^"n:»  r^*^37  .r","i:':r:  r^-^.^n  n"n  fr-^i^^' 
Q-»:^mi:?:n  b^b  nnp*  J-rnin  ^^niSErn  r-imn  ï-it^î  ^'cïa  rr-Tïn  rrcia 
3irDn  pbrrc    irst-^iD    "«sb    iks'»  V^^  ^^'^    ^^   t-"'?    V^*"^^  ^^^ 

:  HT  pnp   i*'«'*3?2  in*»'::   C'^rmxrrr  bsb  rn»  rrrr 
nin   n»   !-ï3v  im  b"n  D-inn^Tj    tsna    ■':i:î3   bia^    Dipts    bna  rcv 

XIV.  —  ^3n  e*:?:  nina  H'2'^12  nn^^  dt»  bc  pns'^n  at  rrn''  'o 
«?3î3î:'D  nn»  Dr  ^3  p-irn  m3-ib  is-'i*  la-'H  b"n  în:^  tî'^K  n"rn  •'ViQ 


XV.  —  b^  ^in  l^s  is-q:  'i:»t  nsïi  0^?3  npbi  (im^a  ^in&t) 
nsbsp''  n£n73  ai  ion  sn^:  inpbi  -i^n  b;i]05  idd»"i  fisrirt 


XVL  —  ■'scb  5»iT^i  •'ibs  n^'n  'w  lùrr^n  r3Ki  i^a»  tr'-î*  (î:-^'c:Tp) 

iiîsbc  ■'3c?3  i?:n?3  inr  V3î«'*2  Ki'^nt:  pr:a  cbirn  n-^m  n:;îii3  ''^a 
^•"«n  TnxT  3t«  s-JÊtnv2b  ûst  mxni^:  nin^rï  ts^'ipr?  ^::'^2b  rî-in 
V"*3^  î^c«  o\s  t<^N  -"b  v-"*  "^^^  ^"^^  «"11133  'i^3'»^n  rîC^Nrr  inm 
pDD  C'^È*  tî-'iî  b"n  rîtî  D"K  s-^rcs  •jhs  ^".r,  ir-tti  -^ï:!»  Kirrsa 
îs'^^nît  nrcna  *^5m  n^c^^  rii-'n  psD  ^-^x  î-tcn  mcy^  iTal 
nT3«5  n"D  i^-TO  sn'^r*::  msnsnsiû   t^s  V^.^  -^^  ^n\^  3"i  '^n  rr^b^ 

XVIL  —   3')r='  Nîirt  in.s  v^r   î-s^bn  cnTOn    en^Es  m':b'» 
nbH    ^srcb  pnr    'n   tsca  ''«issins  'n  l'^b»  irî<"p   b:D3  irnbi 

^"''  nr.s  m^^r  ni3n  p^j^'D  'n^:î«  •'i^iïs  Dr»  iî«b  cxi  "^nj^itï'  en 
nrbN  TTincîTGi  T^n.vbs:  3^nD  *|^'*sf>  v^^**^  is^dV  '^nbi 


LE  MIDRASCH  TANHITMA  S93 

^ïï  p   Dn^:p  QN  rnbiss  •'533  rrrr  «b^j  ^^3  nn^  rrmstt  r::?'^ 

»r:no-'  ^st  bj  inT^SsST  vnib^t:  D-'?:'.^^  rî:inn  '?ûix  k-îh  pi  rnbrn?: 

bn:  NbK  b^^bn:  K-ipn  btt   bî^^bna  nzDXiT:^   ...'iNbcs  n?2n  nizsbc 

;  nn^nfiti  '^rsiH  nu  *^rm  b^Tii^-'b  nbn:  ln:n  im«  -"n-s^  ^x?3  6tb« 

XIX.  —  rra«nî:  Kbn  rrrûo   «b    cnra   ss'»73^:i  Tinsi  is^ï^b"^ 

îmnnis  ■'b'^bn-!  n^r^nn   b^bs  ûn3?3  «"i  m^sis^n  È*b« 


.      B 


E.  —  Ms.  d^Oxford,  Can.  or,,  23  (catalogue,  n*»269).  Ce  ms.  est 
surtout  un  commentaire  sur  Raschi  ,  d'un  rabbin  provençal. 
Outre  Abraham  ibn  Ezra,  R.  Samuel  [ben  Mnîr],  David  Qamlii, 
Juda  Halévi»  Maïraonîde,  rauteiir  cite  le  plus  souvent  des  rab- 

lîns  de  son  pays,  tels  que  Tauteur  du  bir^TDNn  'd,  Abrabam  flls 
d'Isâdc  de  Narbonne  {Tn  nî<);  Mesclmllam  fils  de  Moïse  de  Bé- 
siers,  Fauteur  dti  rîT^bïsnn  *o  ;  Ascber  fils  de  Saiil  de  Lunel,  auteur 
da  p'umîDrî  'd  ;  Jabob  Anatolio,  auteur  du  i?2b?a  ;  les  commen- 
taires de  Jonathan  Cohen  de  Lunel,  Samuel  fils  de  Gerson  de 
Bézîers.  Nous  y  relevons  deux  fois  nsiit  employé  pour  la  France 

a  Nord  :  (l"fol.  142  &)  bs  tD*^mB3)îi  ta^»  bDs  'ïd%h  hb-i^sd  "«ns^^iDi 
'*?:bt:'>n"'n  ^12  '"^ni^iTa  tepT  b"ni  -^n^:  ;  2"  (fol.  169  b)  ntï^^oir  *^njft':si 
TE^x  -«Tssn  vhy  nvii  nn^n-*  npVu   in«    ds'^a    r^sni:    ynn^  n^ri 

nri*^  wbiû  b"-i  im3&*  nsrnma  ir  in^s  b7  -^13^  bis  pbn  t^Tû'«TD 
:  Di3^  nnii:^  nab  «b»  nnpb  siajm  •'is  n*\vb^  -173^^ 

L'auteur  cite  quatre  ibis  le  Tanhoma  : 

1.  Fol.  24  (mnbin  îibNJîbN^b^^  ^'^^  ^^^  ^^  ^"^^^  i:ini7:i 
rtr-^  b:?  prx^  br  nrnr^i  ^b-'D  rri::?  iw^cnb  "^15  irnrrtb  bN:?^ï3"» 

3^roi  nr^ni  beï^^tiTû*^  n»i  prias-»  rêt  ïS-^niKi  ""sm  b^N  ^îd^  13-ip''  •'fiTi 
ns^nn  ib  nia:nî«rr  ^nis  n^i  D^n:in  -^m  r^  ^**.?3&ï  p"»  b^pin-*  *^203 

:  in3ttîn73  bna  ^""«i  pnii^i  b»:??3C^ 

2.  Fol.  37  &  fvb»  isrn):  drx-'i  û-^^dn  rro^^rt  Inpb  i^n»  î^prai 
''!<3£73  »bc  ■'bsa  ni'^bna  ban  .  M^,i3:ib    £=7tsu5   D^ni'isï^  Vt  ■'"'>:5*d 

C'ir'^  i«b  1^-::  bs^ino   rnin^i   'idi    ^?:'D    rrc?3    be^©  fcnxo 

'  Noos  Dc  rcproduisonB  pas  tout  le  pisaige,  car  il  ne  renferme  que  des  citotions 


m  REWE  DES  ÉTtTDES  JVVrSS 

m?^"*  b«T  pnKi  •^n^  a-^nri  ^n?2  ^r:r  n"?:»  "^rTir:  ^a  b^r^Dî^'*  n"« 
Tûn'itï  '•'D  .  mnrr  mT»D  im&nb  ans  ■»»  cbi^  bo  13131  T»3Bb  ir» 
^a-îÈn  ^f^y  ^:î:?3  ripTi  nt:»©  n^n  t^ss-ts  riinrp  n-rirn:'  nnsci  mn:n 

3.  Fol.42  (ni?:®  nbeti):  m?:»  n«n  "ibisis  ûr  nxinsn  tditîs 

ib  "i^n^'C  t=n72  npm  17:7  bD  y:ipi  iizT  -•bs«n"a'«*ûfi«  ix  enn  *^-is:t3 
^^0  bsx  Dn72ic  n-^cin  t^b-»  1:57  by  nui  qitï  cib-sin  en  td 
nnr-j  ^rsi  iniD'-'bcn  nniK'^n  nn  qionbi  D-'i^r:  r^jzmb  v'iib^fzn  bj 
ï-n-^Tin  1*7^?^:?-  npb  »bi  d'^iss  r-iipbb  isidis  '^3;::s»3  i^nt  Dvn 
•>nrrïï3  mnsn  h^hd  bu3  t»  niK'«b  -çbcincsi  m»-»?  ^b'^^i^^  c"''*  *^^ 
rrruî  in-^Dn  rrpbu:  ti^r)i  rnir^  b^na  ^-ipb  yh  -ns-^s  n-^rro  1::t  b^ 
înisiD  'ô7:i3  b"T  snn  '^d  i^  *bKna^  Va  iJ-'Cit: 

4.  FoL  56  i»  (inn^  rra-^n)  :  "^r-^i  i«^ï:3  t<?3in3n  ncon  sin^i 

ï  Q^mss  'bWp  ^t^yz  D'-Db»  n2n?3Ci  kisi  53ï3 

Il  cite  le  m'ttb'^  quarante  et  une  fois  : 

h  FoU  8  tn'^citna)!  in^b*»  i£S3  3td  ,  î-i^îisd  an'^ns  "«M^i 
tbirn  pibns  'j^'p  ib  '?2S«  bnrr  iir;:  m^  ^dj  b^  m-nra  nni^^na  tti 
Sbirn  1^  *im«  «^sïinb  3u;n  xini  nt^pnp  b-i::N  ■^:î«i  l'^bt^rt^-^n  nns  bna 
Dbnrn  ^^rtîj  bsn  tt'H  mi'cn  ^••pn  '[•'babtsTa  b!3n  bis:  çn-^ra  ipbn 
l'kp  cp"!  ':o  ia-jni  •s^b^'ni:?©  1^  -«bD  n?  ib  '?2ifr«i  ici-jn  VP** 
i:?:t:  i'^'^"^  î^?3  rp  rni''  rrri  Nb  isnrrcsi  irfânrr'i  i^k  b^n  b^ 
iim  Gn?3  inN  Dpi  msij;^  '':t:3  ié*3î3  17  y-i&î3  ^bci-'û  bnn  n^ni 
n?  5innn  eji^  m  ncsi  ibsn^  ns:ni  jninrr  E|irrî  è<3i  in'^an  rn« 
î  fiC2in:n  s?3n  msi^b  nisu  idt  pbi  i^nô*  ninp^'i  VP  r=^^^ 

2.  Fol.  8  b  (Ibitlejii)  :  nî<  ir^m  ni»  '^d  mn  rp^  """"^  cc^'i 

njnicb*'  1S33  Dnn  '':npi  i2"^^ni  in3£?:3  niK  n"npr-.  ppn 

3.  Fol,  0  (</>M.  et  to)  :  baî*  'i5i  snpn  î-T^r3*M  inb  b»  aï^rr^i 

i2T:;n  n^iîa  bnx  rsrsDi  ■^s-'^un  a^'n  -^n-*!  Pi::nD3  3ir^  i:n72b'*  nss2 
istbc  ^7  sr:**  nr^tj  n-.bns*  1^730  nc^:  tsMb  n?:x  rïb^?i  ^^i** 
•^T^**  n73a  n"3pn  n?:-*;::  miz^  ^2C  ^''•'  nir^CT:  n«  Qr"^73*ci  es3  r*'3'» 
■^"'«  tnri  3inD  ^30  b::Kr:c  r:ri  bisT^n  t^^rt  r^bt;  ir  nb^'s^ 
nb^ns*  iicb  wb»  rrn''^^  v«i  12b  ^b£«  airrn'^i  m^^rr  m»  rrr?  '^d 
to^n  '»H  '^D  bNm:^-'  b^  b3È*b  t^inrr  Gvn  nriann  '►nm  n^«ra 
n^^pn  n^3i2  [  1  ripiïts  .  1:3  b?  ^b?:n  3^7:  nr«b  t^mn  ssi-^a 
^7j1  :2^?:''n  4-:^3Cb  "^m  n':c<:T::  bi2?:rî  «'•^n  »r^^  ^r  GS"»*!^  r^r^^z 
nnN  HT  inTsb''  nD03  3inD  rs^n  sr:r  -  .■j'^n^rr  b?  i^^n  biz^n 
n^i  »binî3  r'<-i3D  pT2i*nn  b^n   ♦Cibi73    d-'^inTs   nbisiD  tu3Sï3 


LE  BÏÏDBÂSCH  TANHÏÏMA  238 

•friî  rro»  .raK:»  ïniain  n^^nc  tioi-»  ap:?-^   mibin  nVe*  '3^3  bnn?^ 

4.  Fol.  10  b  (ro)  :  nisnD:i  'isnub'^n  Dnn  ^^snp   .  .  ,  îd  ^6«  -iniû-<i 

n-^nnn  123  abritera  nr:n  ^212   "oi^  'i  nî3«  pnn«i 

5.  Fol.  15  &  C^b  Y'Jî  "^^^^  *^^^  ^^'^^n  m^n&(^  "^eb  "ibrinn 
rfapn  ib  *!^n*:î  Tï"*3  bi?3^   '^tî^ri  ?^?:m  dîI-sh   dcv   ^"^n  irnî^b'' 
^5  b?   cn-iD»   bns^i   i^^.ns*  '•irr»  riTo  .^^:''3i  -«ri  ^n-v-in  rispHi 
îTBTD  inn  bmio  t*<s?::i  rpnpn  i^p:?i  ^d«  im^b  n'^sp-r  ib  t^-i 
ïrrr  t^^  'iroi  b^n^s  nn»  ^^n  "^r»  ^n-'ns  ï-i:n  ^:«  i-'srn  '*ir::a 

ibiT^"*;   NbK  nî:^:  «b  bi2   Dm::N  bi?:3  î-ît!-; 

t  Fol.  18  <en"»i)  :  iDirb*^  ^dd::  'in^  ht^?  d^  pNitîs"'  ^bi» 

îm^mon  r«  mbrsb  ara  hd  ç-^  mTûj 

7.  FoL  20  &  (fi«-,'>i)  :  bs&ï    •    .     *    t:rï-i3»  n.H  nos  c^nbètm 

:?b  nnns    nr^D  ^?2T  bs    ï-ith   in'csrt    ]mv   n"^K  -^srip  ^m^b^n 

;D''p'^i3Sb  «b«  noa73  n"3pn   l\^  -^^  npDnn?:  èï-^h 

8.  FôL  23  (mb^p  nhH)  i   ^nns  '^^:>^y  insni  pniÊ'^  pT  ^^s  ^m 
^3pn  ntb  *nD^  rïT;iD  -^^b  pn:^-^  b*,^  t'3-'.:?  ma  n^sb  iDi?;b^  ncon 
nTr-j:n  bn:**!  vrj  in^^    n'sprs  "?:&<  r:::^   rx  ^^.s:û  priï-^  ri^niD 

î^n2?3  ê«in  -«TDb  pn^^  rni^  n^r^  «bi  ^pr*^ 

9.  Fol.  23  &  fpinbtn  Sib»)  :  •j-*'*  s-rjin  n^D  iSTOb*^  nDOn  mn3 
nsTOT^Si  br  *^D:n93  ri^rro  -'sb  pp^^'sï^  -^^^  nsr^?^  nn^nn  KnnïS 
Tnnsb  |L  '\'zy)  r:r  :-ij«  pHi:"^  nbi;;'.:;  ny^n  np^j-'b  tî-^^iii  p^b«  "n7  &tbi 
2fr  bit  rnîofit  rrpsm  D^pn  mna  Mpn-ib  n^^n  ~i?3N3  irtb'^5s«''0 
ft  Y'  "^c*^  T'^^  "^'^^  ^^  ^^"^^  T^^^  ''^^^  Tt^TD*^  n:n  n7:?îb  riDi 
■î  ^Z2  rr^nn  'n  s^n^c  s^tr  -^-^i:^  ^rj  &a?3  ^b  npi  VHxn  b« 
*T:b«n  ^b  ^r^  nsn^T^  b-'nnn  mpirm  nrib^a^rr  ^b  o^^ia  n?:»  isbn 

:D''?3UJn  ban 

10.  PoL   26   Opjr^  HSi'^nlî  "p  isnry&t  ne?  ■'b  ^nn  t::5î  bsi 

l3X.Trr2prr  p  ap^^  yzrv  n^j  br»  rr-^sni  n*'?:»  i3-ï?3b^  ncon  nini 

's»  yrna^Tsm  la^^rî  nnbcs  "^ram    ^ïn    ni:;**  bss  *^-'.p"i73aT 
rto  Bnbn  by  iït'CM  •^:ét  c«  't:n  i-tc^ncn  b^^  i^'^^^rr  t^h  csnb  -^b 

tSr6n  by  ;\{«  n?:»    ps-n    cnbn  bj   in-^^anrî  «b  ^D'^sb  ii:?  ïspnb 
xbi  'r»  ^irsni  /T3T3?«  e«b  ^d  'y:^  ncs-icn  br  ri«  ^-ir&«  pnm 

:Dnb   TDP2Î3    I^ITI    3TJ?3    P'^l^ 


236 


REVIÎE  DES  ETUDES  JUIVES; 


IL  Fol.  26  2>  (Ibidem)  :  b"T  t-^N  snrs  'ns  'nsi  na  nnb-^  nnm 

^\Ht5  ^cb  -i^T  nnt:»  ^rVnïS  bbsn^  in^ijn  by  acrts  rî^o  ^  '^dk  nsT 
:  d-^nDT  map^n  n«T  nnps  D^n^Tîi  n»  nio:^b  n"nprr  *^3Db  mpp 

12.  Fol,  29  îî  (sp^^'»  nbc'*!^  :  r^:s  nb:?  mp  sp?^  b&e  C'^nb»  n:3N'«n 


bs  ']i:?'':r!    t^b 


2pn  ib  'v^  intDb-*!]  'ins  pi 


.    5» 

tznpî:  imxb  nni^  &i3  ni:::^!  tsiis  sct  bx   n^^a   ï-ibr  Ê*p  ît^s: 
•'n^s  ^pr*  pTn   n''3prT  ib  't]N  t^:nD  -:3  t^i«  -^''Tiî*  &::b  s-n'T:^ 

ï-îb^si  'n?3ip:i  .  nn'^&rr  itj^*  ^i^h  b^  bt^i  in-^2  b^t  •^r^t'^T  t-^to  .  rn::ï5 
■«i?:r»  &^r;bt?   rrrr  an   'r^isc    in?:   i15tû   n^^cat)  p   iïtï:  b«  n-^a 

•^n^»   n&*  i-pcn    '^psn    t'y  .in'^;bca    ïrrpb  inns  nst  nnxo  p-^si 
ninNï5  *in?3bb  .gsid  •'33  ïd*^?:i  ïn!D^DO  »n3^i?3   nvny  '«ib:i  .-iD3n 

13*  Fol.  33  {np?''  a©-*i)î    î-rbx  r?20  e^bn  m?:?^  ncsn    mrD 
nT:Kï3  ï-ï?3ti  û2rs''5  [  ]  îi::^^  m^iib  ntn  dbirn  rsb^K  as^b 

îibDD  ib  nnr:^  [  ]r.r^i<  rtvy  nvnb 

14.  Fol.  34  b  ly?^)  *  ^P- ^  '^^K  i:nab'*  nDD3  'irs  ,  iî<nnn  n?2b 

1*7733^1  bm  nn»    na^iDa  lo^sn  b»  &*'ï*3   &nN   ^"^^12:1  er«  i-^itib 


I 


15.  FoL  35&  ()rp7:  tt'^Dî  ^^snp  ■'sm  .   .   ,  •^'^rti  ret  ic*i:'»  dn 
taip  *dnb  nbiD^  ma  bD  v^*  ip^irr»  m  vpi^  '««  misb'»  iDOa 

rdïi^'bs^   n^^j^n  nîs'^Kiâ  pT  bs  fciTn  J 

IG.  Fol.  39  (3p7-i  "H'ii):   drrb  rrci3>  n"apn  tn?:b-»  ncda  ains 
V&^3i  d'^babsnn  pi   n'^i:?»!!  &m«  rrûi:?!   v^xa  mbn-'j  D*'p''"T3Eb 
am  d^^n  nin  tons  ini:3  rî^^pm  ,  bfc«n«''  yneib  v^''^'^'-^^  ny  y*»ïtb  I 
ds'^mnsp?:  sr^nN  ^n^'b^m  DD^nmsp  n&ï  nnis  ■*:£*  n:n  'ra  d'^nT^i? 

drr^'^m  rm  Drj3  -^nnn  ^3  nnxi  b«no"^  n?:!»  btî  ct^rN  ^nîtam  •^?:^ 

nep3  'indi    *   .   .    ï-ïd   G^sbinb  m-si  î-r^bs'  n:?b  r:?2r:3  ims  ':o 

;V'i  "^rK  û^LîCtD  rïT:;:rK  D"^n!s£ti  TrbH 


17,  Fol.  41  b.  (niïïïïî  nbtti);   'in^  nt)nx73  d-'^an  bet-ns-»  ■'33 

bD    t^bn    1S3T3Î3    TU-*    D-^3'^    D''^^    «bni    Û'*K3     Dl^rT    ''Sn    13n?3b-«    -.DD3 

•î3n5  t^or  ntî  &i*^.i£7:  bi3  ns^^*::^:  drtb  rr^rr  «b  &^^  cioro  a^^j"" 


ITa.  Fol.  42  b  (Ibidem)  :  mnd  ^^^ny  is-'H  HDîa  ^13£?3  ïS'»»  Hn-^i 


r 


LK  MIDRASCH  TANIICMA  237 

ii2  imôt  n-'fï   n^'^D  •'nan   na  ♦  n-^tbiïs  ba  ?^b:?3   ^nnr  ï3^n  ns?3 

m'np  n7C3  n?3:?  nn  l'^r^  ^nj  diîa  bsi3  n^^b^  nnin  ns^  nn^rro 


18-  FoL  45  b  (m7:tt5  nbi*"»)  ;  nni?^^  npo  --Et  '■•©  miab''  iDoa  bM 

îDtDb  nns^r^  «bi  n?2-»an  ^t: 

19.  Fol.  50  crrr-tû  b»  N3)  :  rî-^m  ncs   n*:::?!  n:i  ^n^*  -iir  -^di 
b'n   nas   î-rics^-'  n^-^insTzîs   bis^  inT^b'*   n£)D3   '^^^^    y^-;5«n  nnTH^ 
^fa  -T^irQ  fc^i  n"-*3  r^in  ti«  i"''3   nsT   M73  ^^nxn  nnîXD   ri'^m 

20.  Fol,  51  (Ibidem)  :  'ir^   Idt   .    .    .    nsn^  b^^   m^b   ï-r^ni 
msîb  rr^m  'tid^  nns<  T^aa  T^a^i  isrûb    inn  m^b'^  naos 

N^rra  V^nn  nn-'^a  nt;ib  ^^ns:  ir«T  riDiiDH-i  nsnnb  nb^n  ï-îb^nb 
^  înbna  nn^sj'* 

W  2L  FoU  51  i»  (nV:33}:    anp  ^irr  mip  ^d  'ins  i^sitib^  "iBDm 
^mDK  ;?3a:iû  rr:?it3iarî  nmip  m:?i  ûnna^b  n"3pn  'î3t<*û  -isir? 

I:'*TD3  «3  &?b.  i^ir  ^lasbi  •'rsbi  ^'b  mp^^în  B«  ^bwnnb 
22,  Fol.  52  (nbca)  ;  'nnD  mTsb*»    noDsi   i    »    *   nc?3  n-^ç-«  t« 
rrr  n-i-'O  in  nb«i  nin-»o  moy  ib  inîDH  D'^n   bp    bK-iïS-^b  n"3pn 
^n  V:?  rrzv  .:n  CTpnn  b-^bD  a^b  ti^n^  n'^tsrt  ^nx^^n  nsiisKirr 
T»  *«:td    ^î^an  br  n-^a^bc   .betnc-'    ■'sai  rî'.3^   n^G**  t«  'jP 
lîTicq  nibrrs  ^n^i  '2®  hïî^  '»«  n'^j^-'Dn  .n«7n  m^cn  nt*  b^n^^ 
p*»  r^'C'c  .-ni73«n  rx  ^"-^  nn   Dm  ■'"■^b  :i"iSin"^   -i3T«  tk   n-^a^art 

bi3  «bni  i22n  nii   ^si  mzn  r3i:n  n-'ia  "siTarâ  n^r^a  ,nD*Tn 

\y*Q  rîT3bo  bu5  p^j^^^'cn    .i^a  b^'  ti'-ip^i   rb:?  irsss  irsa  r^bt*  i^in 

■^■*b  VT'O    niQTîû  'm  CNÊinb  T^nrb  n-^n^iiî^  ..njjbcb  "n24«  &^n*^iDn 

:d*îi  nuâb  «bi  -^''^b  niD^f  m«bp3  -«d  yn«n  bs 

23.  FoK  54  (nb®i)  :  nuaa  iiidt  n«T  3inD  nsiab-»  n&Da   'ihd 

fc*^ï3  Tia-i  Dnb  tnriD  ts^p^iss  n:?3-iKï2  inN  rsT  ^iisin''  '>3t«3  û^pi 
'  ^^  iï«  np:?*'  «  rcn  iài  t?:-i  Dnb  pa  ïiusïdi  ap:?-"  .  i^n  Nb  w^mi  rûn 

"îî*^  ap?-»  K-i'»''!  t|iQ3bi  ^-^ma^onn  ^^n-iiauî-i  ^^j  -«d:»  Kn  ii"'2prt 
/f^^'^ncs  n?2K  «b»  *TnBT3    rt^rr  duîn  irn^smiD  Di«  nt:;D''«  .ib  nx^i 

*'^î2KC3  un  »bi  Tsi  ib  ira  nffln  .n«nia3  ^nbDb^sna  pb  n-^sa 


REVUE  DES  ÉTUDES  JÏÏÏTES 

ïn?3  rrnHts  T^ib  yoirr  ^zi^^  &^\r-)  nsûs  i^-idt  în«T  nin^  oï:n 
n?jô<:.Ta  I3nri3  n'»n  CjiD^bt   ^cjn  nbi  ynnb  b^'^.i::^  rit   c^:r?3  ^x:in''i 

■'Dl-l^   toT'l   ai-'  bD31    *T''^^  ^^^  3^"^!^  *^^  2^   ''^^"  ^^  û^   "^"^"^ 

b-irb  fi«c:nïr  nr  npn^b  -i-rs-'^  nr.s  c-^csn  n'^a  -issn  **3Db  "îbnnîa 

:  rm'«  br   b^snb  pT^n^i  bx-îu^n  rmb  bi-:i  nsn  -r^n:^'::  Hb» 

24.  FoL  66  b  (n?:nnr;,  i  Dr3-î«?3  t-'bt*  mm:?  inTib-»  nsc:i  'nnD 

it:ri  nni»  ibuii  l*«3na  n^D  nnnj?a-i  im:î33  ib  nr-ri  nn«  ppi 
r«^,3D  rrn^n  nrwbi  n^n  d^cs  rî*::r?3  "i^-i«  n^^^n^  'n  »  m^^'n''  ij^r^a 
innNn  ï^ir^n-»-  ^^itc  D^ns-j  n^sb  &"»'^nn  pm-n:?i  .rT7s:i5  n^am 
03  rr^j^îj  KbK  rï73«3  O'^^iiibu:  bia  n3'^'i'»n  ^b  «^312  •'îa  nr»3  s^isbu; 

:nT353n  nxis:  r*yob'\ 

24  a,  Fol.  68  fNcn  ■'3):  n^nrD  -r^&tT^  n'T^N  lïnrb-^  'sDn  sin^  ^Dm 
'73«n  ïiC'îQb  inÈ«"im  mrn  n2d  nnr;^  n"3pn  K^xin  qk  b\3   ^^ni^^a , 

îsmpsn  b^  naiTH  bD  isn^  ni  ib 

25.  68  d  (Ibidem)  :  r-iiti:^  s^s  ricTo  np^i  13^7:^  ^edd   shd 

tspn  ii^^ri^  Hrb-^JZ'  ''«rr  -nsp  i^^'n  m^  nc^  n"*rT  po^a  i?37  qcv 
nr-'iin  K^n  inx?:  nn^^nir;  ^:ch  nn  nno  i^t:^  p"d  hdio  'o?:^ 
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:3Kiî3   ninua  D^a^ffin  b3N  nj  pTs^o'^n 


I 


I 


I 


A.  Neubauer. 


{A  suivre,) 


■ 


LE  SAC  DIS  JClïERIES  DE  ÏALEIE  ET  M  MADfili 


EN  1391 


Le  Boleiin  de  la  Real  Academia  de  la   ffisioria,  de  Madrid, 
Itome  VIII  (l^sc,  V,   mai  1886,   p.  358  et  suiv.),  contient,  sous 
[la  litre  de  Et  roOo  de  la  Jiideria   de    Valencia  en  tùOi,  une 
étude  historique   de  M.  Francisco  Danvila  sur   les  déplorables - 
événements  qui  se   passèrent  dans  la  juiverie  de  Valence   eu 
Btte  année  1391,  si  fatale  aux  Jnîl's  d'Espagne.  Le  travail  de 
Danvila,  aôcompagué  de  pièces  originales  et  inédites,  sert  à, 
DmpK^ter  et,   en   partie,   à   rectifier   les   relations   antérieures 
jAmador  de  los  Bios,  tome  II,  p.  3G7  ;   Graf  tz,  tome  V'III,  2"  éd., 
^.  60,  d'après  la  lettre  de  Hasdaï  Grescas  dans  l'édition  Wiener 
lu  Schébet  Jehuda).  Nous  en  donnons  ici  une  analyse. 
C'est  le  28  septembre  1238  que  la  citadelle  maure  de  Valence  se 
?ûdit  à  don  Jayme  I^*"  d'Aragon  et  que  les  Juifs  de  cette  ville 
issérent  de  la  domination  musulmane  sous  celle  de  rois  cliré- 
Sens.  Le  9  octobre  suivant,  don  Jayme  fit  son  entrée  triomphale 
Valence,    los  Maures  s'enrèrmèrent  dans  leurs  maisons»  les 
^uifs  seuls,  plus  disposés  à  accepter  le  nouveau  régime,  vinrent 
sa  rencontre,  ayant  à  leur  tête  les  chefs  [adelaniados]  et  leurs 
Wns,  et  présentèrent  au  roi  le  rouleau  de  la  Loi,  Don  Jayme 
It  toujours  eu  des  Juifs  à  son  service  comme  bailes  et  tré- 
soriers (à  Saragosse,  les  rabbins  Abrahem  et  Bondia  ;  à  Barce- 
lone, le  rabbin  Salomon  Vidal  et  le  rabbin  Juda,  qui  fut  trésorier 
^^1  baile  général  du  royaume  ;  il  eut  aussi  pour  médecin  le  rabbin 
^■osepli  Aben  Trevi),  il  accueillit  les  Juifs  de   Valence  et  leur 
^■ssîgna,  pour  leur  demeure,   un  quartier  assez  vaste*  qui  corn- 
Hnieiiçait  au  mur  d*Aben-Xémi,   allait    de  là  au   quartier  d'Al- 
Melik ,  puis ,  de  ce  quai'tier ,  à   la  porte  de  la  Exarea  (Porte 
de  la  loi);  de  cette  porte,  la  limite  du  quartier  juif  allait  jus- 
qu'au four  d'Aben-Nulid  et  au  mur  d'Ibrahim-al-Valenci*  Cette 
donation  était  déjà  faite,  à  ce  qu'il  semble,  en  1239|  elle  fUt 


RE\TIE  DEï>  ETITBIJIS  JUIVES 

renouvel(5e  probablement  le  20  octobre  1244  (p.  380 j  et  con 
Hrni<!e  le  29  septembre  1273.  Le  roi  statua,  en  outre,  que  les  Jui/i 
de  Valenee  seraient  régis  selon  le  luero  et  la  coutume  des  Jmfs 
de  Barcelone. 

Ce  quartier  ne  fut  pas  fermé,  il  tie  devint  un  ghetto  que  plus 
tard,  en  1390,  à  l'époque  où  Vincent  Ferrer  avait  déjà  commencé 
sa  funeste  propagande  contre  les  Juifs.  Aux  Cortès  réunis  à  Mon* 
zon  par  Jayme  I*^^  en  1390»  on  proposa  de  fermer  la  juiverie  de 
Valence.  Cette  mesure  ne  fut  pas  sans  rencontrer  d'assez  vives 
résistances.  Les  petits  marchands  établis  à  rentrée  de  la  juiverie 
et  dont   les  Juifs  formaient  la  clientèle  furent  les  premiers  à 
réclamer  ;   la  fermeture  de  la  juiverie  gênait  aussi  les  chrétiens 
établis  au  N.  et  au  S.  de  celle-ci,  en  les  obligeant  de  faire  un  long 
détour  pour  communiquer  entre  eux  ;  les  voituriers  du  Port  du 
Grao,  à  qui  la  juiverie  servait  de  passage  ;  enfin,  les  Frères  Prê- 
cheurs, dont  réglise,  située  dans  un  angle  formé  par  le  mur 
-(projeté?)  de  la  juiverie  et  le  mur  de  la  ville,  allait  être  tout  à 
fait  isolée.  Leurs  plaintes  furent  inutiles,  le  Conseil  de  la  ville, 
affirmant  que  les  Cortès  avaient  décidé  la  fermeture  delà  juiverie, 
la  firent  entourer  d*un  mur  de  trois  palmes  d'épaisseur  et  très 
élevé.  Il  fallut  protéger  les  ouvriers  contre  les  perpétuelles  atta* 
ques  de  la  population,  qui  dégénérèrent  souvent  en  rixes  san- 
glantes. Quand  le  travail  fut  achevé,  on  boucha  les  ouvertures 
des  maisons  juives  qui  donnaient  sur  les  autres  parties  de  la 
ville»  et  les  entrées  de  la  juiverie  furent  fermées  par  des  portes 
munies  de  barres  de  fer  et  de  serrures.  La  principale  entrée  fut 
place   de  la  Figuera  (aussi  Iliguera),  près   de  Sainte-Tecla,  le 
mur  qui  fermait  le  quartier  juif  n'était  pas  continu,  tantôt  le 
mur  des  maisojis  juives  placées  sur  la  limite  remplaçaient  le  mur 
d'enceinte,  tantôt  la  frontière  de  la  juiverie  passait  à  travers  des 
maisons  dont  la  moitié  faisait  partie  du  quartier  juif  et  Tautre 
moitié  appartenait  aux  quartiers  chrétiens.  Enfin,  sous  le  mur 
d'enceinte  on  avait  ménagé,  à  Taide  d'une  i^orte  en  arc,  fermée 
par  une  grille  en  bois,   une  sortie  de  la  juiverie  au  Valladar 
Viejo  (ancien  rempart^  Cette  ouverture  jouera  un  rôle  important 
dans  le  tragique  événement  de  1391, 

Les  Juifs  de  Valence  étaient  laborieux,  ils  exerçaient  l'indus- 
trie et  le  commerce,  on  leur  attribuait  de  grandes  richesses,  les 
nobles  et  les  bourgeois  aisés  enviaient  leurs  tapis,  meubles,  véte^ 
ments  et  joyaux  ;  ce  qui  ne  les  empêchait  pas  de  recourir,  ea 
cas  de  maladie,  aux  médecins  juifs,  ou  de  confier  aux  savants 
juif»  Féducation  littéraire  et  scientifique  de  leurs  enfants 

L*administration  [aljama]  composée  des  Anciens ,  des  Chetr 


LE  SAC  DES  JUIVERIES  DE  VALENCE  ET  DE  MADRID  EN  l3îH        241 

de  famille  et  des  Iiedines,  appelas  ensemble  adelaniados,  était 
^mîquement  chargée  des  affaires  économiques  des  Juifs*,  elle  n'a- 
^ftit  point  la  juridiction,  laquelle  était  confiée  an  Baile  pour  les 
^Hises  entre  Juifs  et  Juifs,  à  Li  justice  crimiiieîle  pour  les  causes 
P^tre  chrétieus  et  Juifs,  au  Mustaçaf  pour  les  questions  de  police 
urbaine,  de  marchés,  poids  et  mesures  intéressant  la  jui varie. 
U  aljama  répartissait  et  recouvrait,  au  moyen  de  ses  propres  co- 
ge4ot'es^  les  impt^ts  des  Juifs,  elle  avait  des  procureurs  (personeros) 
gui  la  représentaient  devant  les  officiers  royaux  ou  municipaux. 
fe  de  l'organisation  religieuse  était  le  Rabbi  Mayor,  aidé  des 
ns  et  de  personnes  (M.  Danviia  les  appelle  cohenim,  nous  ne 
savons  s'il  a  trouvé  le  mot  dans  les  actes)  qui  dirigeaient  les  céré- 
monies du  Culte,  Parmi  les  Juifs  notables  que  Valence  comptait  à 
cette  époque  on  doit  signaler  Jaffuda  Coffe  (  =  Juda  Cohen)  et  don 
Samuel  Abravalla,  Le  premier  fit  un  prêt  à  la  ville  dans  le  siège 
qu*elle  soutint,  en  1364,  contre  don  Pèdre  I*^  de  Gastille,  et,  quand 
les  forces  des  assiégés  parurent  épuisées,  il  offrit  au  Conseil  d  entre- 
tenir à  ses  (Vais  cent  cavaliers  pendant  toute  la  durée  de  la  guerre. 
Ce  Jaffuda»  tîls  de  Benevistei  et  son  frère  Mayraon,  avaient  été 
pillés,  à  Murviedro,  eu  novembre  1347,  par  des  bandes  de  TUnion  * 
î  étaient  venues  de  Yalence  et  qui  avaient  assailli  la  juiverie  de 
lu^viedro.  Les  unionistes  lui  en  voulaient  de  sa  fidélité  à  don 
Wre  IV.  Don  Samuel  Abravalla  était  un  des  Juifs  riches  de 
alence;  après  les  événements  de  1391,  il  fut  obligé  de  se  bap- 
r,  il  eut  pour  parrain  le  marquis  de  Lombay,  et  prit  le  nom  de 
Ifonso  Femandez  de  Villanova,  d'une  localité  de  Villanova  qu'il 
'Ssédait  dans  le  marquisat  dudit  seigneur, 
La  situation  morale  et  matérielle  de  la  ville  de  Valence,  à  cette 
oque,  était  déplorable,  La  cour  était  devenue  un  lieu  "de  plaisir 
tîe  dissipation,  et  son  exemple  était  suivi  par  le  reste  de  la  po- 
lulation.  Les  guerres  avec  la  Castille,  les  guerres  de  rUnion  et  de 
"icile  avaient  accoutumé  nobles  et  bourgeois  à  la  vie  libre  des 
tDps,  le  schisme  do  TÉglise  avait  troublé  les  consciences.  La 
lie  de  Valence  était  continuellement  troublée  par  les  luttes  des 
mis,  on  assassinait  dans  les  rues,  on  pillait  les  maisons.  Les 
lobles  dépensaient  leur  fortune  en  fêtes  et  se  livraient  à  un  luxe 
iflréné,  dont  les  pauvres  Maures  ou  d'énormes  usures  faisaient  les 

*  Î^Mïs  ne  saviiDS  fcî  M.  Douvila  ne  su  trompe  pas  en  supposntil  que  c'est  précî- 
>^n»fnt  c<îUe  r*îunion  Ue  louctiorjnaircs  ou  magistrals  qui  iormuienl  Us  udehitdutloB. 
tous  îcf!  cos,  los  hidineM  nous  poraisficnt  désigner  un  iribunal  juif;  qui  jugemt 
u  tnotai  1rs  ulTaires  roUgjeuses. 

'  VUnton  est  une  li^uo  de  la  noblesse  d'Aragon  contre  don  Pedro  l\\  années 
l3Cf^»,  Voir  Viclor  Balajtucr,   Eixtoria  rfe  Câtahtûti,  2*  éàit,  toroo   V,  Madrid, 
!<««<'',  p.  HW  55, 


2A2 


RE  VITE  DES  ETCIDES  JCTR^S 


frais,  les  familles  les  plus  riches  se  ruinaient  i'ollêm 
bauclio  avait  p*''ri»Hré  Jiisqne  flans  les  cloîtres  des  deux  seies,  l 
tables  de  jeu  étaient  inisitallées  dans  les  rues  et  »ur  les  pldœ^  pi 
bliques,  le  luxe  des  courtisanes  tétait  devenu  insolent*  Valeai 
d'un  autre  cùt^,  était  le  rendez- vous  de  tous  les  vagabonda,  rul 
fians  et  aventuriers  du  royaume,  ces  mauvais  garnements  dém 
ralisaient  la  population,  attaquaient  les  personnes  et  les  Liens, 
n'y  avait  plus  de  sécurité  ni  dans  les  rues  ni  dans  les  maisons,  l'« 
narchie  était  complète.  Le  moindre  incident  devait  suffire,  dai 
un  pareil  milieu,  pour  jeter  sur  la  juiverie  toute  cette  pO[mlati< 
pleine  de  convoitises. 

Nous  ne  raconterons  pas  ici  le  détail  du  sac  de  la  juiverie  i 
Valence,  qui  eut  lieu  le  9  juillet  1391,  on  en  trouvera  le  récit  dai 
rouvrajjfê  d  Aniador  de  los  Rios,  et  nous  nous  bornerons  à  note 
les  nouveaux  renseignements  que  nous  donne  M,  Danvila,  Ûi 
sait  que  le  signal  de  ces  violences,  qui  se  répandirent  î»ur  u 
grande  partie  de  TEspagne,  fut  donné  par  les  habitants  de  Sévill 
excités  par  Tarcbidiacre  de  Fernan  Martinez.  Dès  que  la  nouvell 
des  désordres  de  Séville  parvint  à  Valence»  les  Juifs  de  cette  viUi 
demandèrent  la  protection  des  autorités,  et  des  mesures  éaff* 
giqups  furent  prises  [)our  maintenir  Tordre.  Elles  furent  déjou< 
par  la  méchanceté  de  quelques  garninià,  à  qui  on  avait  peutrêtn 
appris  leur  rôle.  Réunis  au  nombre  de  quarante  à  cinquante  sui 
la  place  du  Marché,  ils  prirent  une  bannière  et  quelques  croix  à 
bois,  et  se  rendirent  en  procession  à  rentrée  principale  de  la  Jiiî 
varie,  place  de  la  Figuera.  Leur  cortège  s'accrut  bient^H  d'm 
foule  de  mauvais  sujets»  libérés  des  galères,  entremetteurs  et  V( 
gabouds;  ils  cherchèrent  à  pénétrer  dans  la  juiverie  en  criant 
L'archidiacre  de  Séville  va  venir  vous  baptiser  l  Les  Juifâ^en  ft 
mant  A  la  hâte  la  porte  de  la  juiverie,  emprisonnèrent  avec  ei 
quelques-uns  des  enfants»  dont  Tun  reçut  un  coup,  et  qui  se  mireil 
à  crier  qu'on  les  assassinait.  Bientîit  toute  la  population  se  préc 
pita  vers  la  juiverie  :  nobles  et  bourgeois,  membres  de  Tordre  d 
Montesa  et  des  ordres  mendiants,  exempts,  chevaliers,  noblei 
écuyers  de  bonnes  maisons  et  de  la  cité,  assiégeaient  la  juivert 
Des  bandes  de  soldats  enrôlés  pour  la  guerre  de  Sicile  et  plâ< 
80US  le  commandement  du  duc  de  Monbtanc,  don  Martin  d'Aragi 
frère  du  roi»  campaient  par  hasard  sur  la  place»  ils  se  joignirent 
la  population.  Le  duc  de  Monblanc  s'eflbn;a  en  vain  de  repoui 
les  assiégeants*.  Cependant  la  juiverie  tenait   bon,  et   les  Ju 

'  DetastfurJii  (p.  373],  que  M.  Danvila  trodait  par  d^acordadot^  ne  semt-il  ] 
nom  dVû  juîf  do  Valence? 


LE  SAC  DES  jrn^KRlRS  DK  VALENCE  ET  DE  MADRID  EN  1391        243 

iraîssâîent  prêts  à  se  défendre.  On  essaya  d'enfoncor  la  porte  de 
iFîgaera,  mais  on  n'y  parvint  pas.  Une  d(>s  bandes  de  perturba- 
1rs  se  dirigea  vers  cette  porte  en  voûte  dont  nous  avons  parlé 
jltts  haut  et  qui  ouvrait  sur  le  vieux  rempart,  il  fut  facile  d'en 
ttfoncer  la  grille  de  bois,  mais  les  Juifs  repoussèrent  énergique- 
fcent  les  assaillants,  et»  dans  la  lutte  corps  à  corps  qui  s^engagea^ 
i  tuèrent  un  chrétien. 

Le  corps  de  ce  malheureux  fut  porté  devant  la  foule,  qui  rugit 
l'indignation.  Elle  se  précipita  en  masse  sur  le  passage  du  rem- 
art*  qui  fut  forcé,  pendant  que  d'autres  pénétraient  dans  la  jui- 
lerie  par  les  toits  des  maisons  voisines.  Les  Juifs,  déconcertés  par 
ette  brusque  invasion,  et  inférieurs  en  nombre,  durent  succom* 
er.  La  plupart  se  réfugièrent  dans  leurs  maisons  et  dans  les  syna- 
ogues;  d'autres,  armés  d'arbalètes,  se  défendirent  derrière  les 
oloimes  qui  servaient  de  péristyle  à  leurs  maisons,  «  et  tombèrent 
'îolilefnent  î»our  la  défense  de  leur  foyer.  »>  Les  maisons  furent 
prises  et  pillées,  les  femmes  et  les  jeunes  lllles  déshonorées,  les 
|Jai£squi  opposaient  la  moindre  résistance,  impitoyablement  mas- 
mrrés.  En  peu  de  temps,  tout  ce  que  contenait  la  juiverie  fut 
[pillé,  deux  cent  trente  Juifs  (quelques  centaines,  dit  un  autre  do- 
icument)  furent  tués,  et  tous  les  autres  obligés  de  recevoir  le  bap- 
ftéme  pour  échapper  à  la  mort.  Dix  ou  douze  chrétiens  avaient 
égllÊiueût  péri  dans  la  lutte.  Un  des  Juifs  qui  avaient  obtenu  la 
lie  en  se  convertissant,  Jucefî"  Abarira  (nommé,  depuis  son  bap- 
tême, Juan  Pérex  de  San  Jaime)  raconta,  le  21  du  même  mois, 
devant  la  cour  de  la  justice  criminelle,  ce  qui  lui  était  arrivé.  Sa 
I  maiion  avait  été  assaillie  par  plas  de  vingt  hommes  armés  d'épées, 
I  d^  Wtons,  de  couteaux,  et  dont  quelques-uns  avaient  la  flgure  • 
harboaniée  de  noir  et  couverte  d'un  capuchon*  Ils  vidèrent  les 
[Cassettes,  écritoires  et  armoires,  enlevèrent  les  obligations  que  lui 
[ameat  faites  ses  débiteurs  et  dont  II  estimait  le  total  à  plus  de 
0,000  florins  d'or,  donnèrent  des  coups  de  couteau  à  son  frère 
^achor,  q^ui  avait  tiré  sur  eux  avec  une  arbalète,  violentèrent  sa 
lièce  Lisa,  femme  d'Isaar  (probablement  Isaac  ou  l$sakbar)  Lobin, 
Sober,  domestique  nourrice  de  son  lils.  Juceff  lui-même  reçut 
}ups  de  bâton  sur  le  bras  et  derrière  les  oreilles, 
i  des  meneurs  voulut  également  conduire  la  foule  contre  le 
artier  maure,  mais  la  municipalité  s'empara  de  lui  et  le  iit 
?nrl!  îiatement.  Si  on  avait  agi  avec  autant  d'énergie  et 

]H       ,      aie  en  faveur  des  Juils,  de  grands  malheurs  auraient 
prévenus,  mais  les  circonstances,  probablement,  ne  le  per- 
rent  pas;  les  autorités  furent  surprises  par  Fémeute,  et  elles 
cuvaient,  au  débuts  comme  le  fît,  du  reste,  le  duc  de  Monblanc, 


RKVITE  DES  ÉTUDES  3UIVKS 

espérer  d'apaiser  la  foule,  tandis  qu'un  acte  de  vigueur  n'aurait  fart 
que  l'exaspérer. 

On  essaya,  au  moins,  de  réparer  le  mal  dans  la  mesure  du  pos- 
sible. Quatre-vingt-dix  à  cent  émeutiers.  pris  dans  les  rangs  les 
plus  élevés  aussi  bien  que  parmi  le  bas  peuple,  furent  jetés  m 
prison,  ordre  fut  donné  de  rapporter  à  l^autorité  tous  les  objet! 
et  valeurs  enlevés  aux  Juifs,  et»  afin  qu'il  n'en  échappât  rien» 
portes  de  la  ville  furent  fermées.  Les  objets  rapportés  rempli 
bientôt  les  églises,  il  fallut  les  entasser  dans  les  chambres  et  cour» 
de  la  maison  du  Conseil  et  sur  la  place  voisine,  dans  les  maisons 
contiguës  â  celle  du  Conseil  et  dans  le  palais  delà  confrérie  de 
Saint-Jayme,  Enfin,  les  jurés,  au  nom  du  Conseil,  supplièrent  le 
roi  et  son  frère  le  duc  de  Monblanc  de  faire  poursuivre  les  cou- 
pables par  la  justice  et  de  les  punir  comme  ils  le  méritaient. 

Ce  vœu  ne  fut  pas  accompli,  malgré  les  efforts  réitérés 
Conseil.   Les  grandes  familles  de  Valence,  les  CerveîleneSi 
Blanes,  les  Moncadas^  étaient  compromis  et  ils  avaient  as8ez  d' 
(luence  à  la  Cour  pour  traîner  le  procès  en  longueur-  Le  duc  de 
Monblanc,  *le  son  ct}té,  lïréoccupé  de  son  expédition  en  Sicile» 
ajourna  la  procédure.   Une  députation  du  Conseil  envoyée  à  l| 
Cour,  et  chargée  de  supplier  le  roi  don  Juan  I*"^  de  venir  lui-m< 
faire  justice  des  coupables,  n'obtint  qu'une  réponse  dilatoire. 
roi  promit  de  s'occuper  du  prucès  quand  il  ferait  à  Valence 
voyage  qu'il  projetait,  mais  dès  le  8  novembre  1392  il  env< 
du  château  de  Tortose,  un  décret  d'amnistie  et  de  pardon 
la  plupart  des  émeuticrs.  Il  autorisa  le  Conseil  à  punir  <le  mort 
et  à  peîidre  cinq  des  plus  coupables  qu'on  avait  emprisonnés; 
parmi  ceux  qui  étaient  parvenus  à  s'échapper,  le  Conseil  pou- 
vait choisir  les  vingt  les  plus  coupables,  lesquels  seraient  con- 
damnés à  TexiL  et,  si  Tun  d'eux  était  pris  sur  les  terres  du  roi,  H 
aurait  la  tête  tranchée,  s'il  était  noble,  ou  serait  pendu,  s'il  était 
d'autre  condition.  On  a  la  liste  des  vingt  coupables  désignés  par 
le  Conseil,  aucun  d'eux  n'est  noble  ;  on  ne  sait  si  les  cinq  les  plal^ 
coupables  qui  étaient  en  prison  lurent  exécutés.  Lorsque,  le  22  ntr 
vembre  suivant,  le  roi  vint  à  Valence,  tout  ce  drame  sanglani 
semblait  oublié  et  la  population  le  reçut  avec  les  plus  vives  dé^ 
monstratious  de  joie. 

Lajuiverîe  de  Valence  ne  se  reconstitua  plus,  les  synagogîK 
furent  changées  en  églises  et  en  chapelles,  les  rues  désertes  de- 
vinrent le  reluge  ordinaire  des  femmes  de  mauvaise  vie  et  di 
mairaiteurs.  Les  Juifs  de  Valence  se  répandirent  dans  le  reste  di 
royaume  et  il  est  probable  qulls  essayèrent,  non  sans  danger,  A 
revenir  à  la  foi  dans  laquelle  ils  étaient  nés. 


LE  SAC  DBS  JLTI\^ERIES  DE  VALENCE  ET  DE  MADBID  EN  1391        245 

On  a  dit  que  le  fameux  Vincent  Ferrer,  qui  fut  le  principal 
auteur  de  la  persécution  de  131*1  contre  les  Juifs  d'Espagne,  avait 
léïé  présent  au  sac  de  la  Juiverie  de  Valence,  et  qu'il  avait  essayé 
Ide  calmer  la  foule.   M,  Danvila  n'a  trouvé  aucune  trace  de  ce 
[fait  dans  les  actes  et  les  auteurs  qu'il  a  pu  consulter,  ni  par- 
'licalièrement  dans  le  Bréviaire  de  Valence,  i^dition  de  1533,  cité 
I  par  Amador  de  los  Rios,  Une  lettre  de  M.  Francisco  Fernandez 
y  Gonzalez,  imprimée  à  la  suite  de  Farticle  de  M,  Banvila,  in- 
►  dique  la  source  où  a  probablement  puisé  Âmador  :  c'est  la  //is- 
\tùr(a  de  la  vida...  deL,.  San   Vicenle  Ferrer,  de  Francisco 
[  Diago  (Barcelone»  1600,  p,  78  et  suiv.),  ou  il  est  raconté  que  Vln- 
Ferrer  bliîma  les  émeutiers  et  baptisa  lui-même  les  Juifs  de 
ace»  et  que  la  grande  synagogue  fut»  à  cette  occasion,  con- 
[Terlîe  en  une  église  dédiée  à  S.  Cristobal.  M.  F.  y  Gonz.  ajoute 
que  ce  fait  de  Tintervention  de  Vincent  Ferrer  est  attesté  par  Josef 
Haccohen  et  par  Hasdaï  Crescas,  dans  sa  lettre  sur  ces  événe- 
ments, mais  cela  n'est  pas  exact,  Hasdaï  ne  dit  rien  qui  rappelle 
de  loin  le  rùleqtie  Vincent  Ferrer  aurait  joué  dans  le  sac  de  la 
juiverie  de  Valence»  et  Joset"  Haccohen  dit  uniquement  que  Vin- 
cent Ferrer,  do  Valence»  fut  cause  des  persécutions  de  1391,  D'ac- 
cord à  peu  près  avec  le  document  de  M.  Danvila,  Hasdaï  estime  à 
kïïi  cent  cinquante  le  nombre  des  Juifs  tués  à  Valence. 


On  ne  savait  guère,  jusqu'à  présent»  que  les  persécutions  de  1391 
lavaient  aussi  eu  leur  contre-coup  à  Madrid,  et,  en  général»  on  ne 
l^iavait  presque  rien  sur  l'histoire  des  Juifs  de  Madrid.  M.  Fidel 
Rta»  qui  vient  de  publier  deux  Jiouveaux  recueils  de  ses  savants 
ravâux  {Bstudiûs  historicos,  tome  IV»  Madnd»  1885  ;  tome  V, 
fadrfd,  1886),  a  donné,  dans  le  tome  V,  p.  77»  un  article  intitulé 
la  Juderia  de  Madrid  en  1391  u,  que  nous  allons  analyser.  Des 
documents  inédits  recueillis  par  M.  Fidel  Fita,  et  d'autres  notices» 
résulte  qu'en  mars  1343,  sous  le  roi  Alphonse  XI,  il  y  avait  des 
Juifs  à  Parla,  à  Torrcjon  de  Velasco,  à  Polvoranca,  villages  des 
ïvirons  de  Madrid.  La  répartition  d'impôts  faite  en  1474  par 
îcob  Aben  Nunez  (Amador  111,  p,  590  et  suiv,)  mentionne  les  Juifs 
Madrid  et  des  environs  (Ciempozuelos,  Pinto,  Barajas»  Torrejon 
Velasco).  Le  monastère  de  S.  Domingo,  de  Madrid»  avait  reçu, 
9  janvier  1384,  du  roi  don  Juru  ¥\  une  rente  perpétuelle  de 
rois  mille  maravédis  à  percevoir  sur  riaiîiôt  annuel  des  Juils  de 
Madrid.  Le  3  avril  de  la  même  année  1384,  don  Pedro  Gonzalez 
Mendoza»  à  qui  le  roi  don  Juan  avait  cédé  en  propriété  perpé- 
lelle  tous  les  revenus  de  Timpot  des  Juifs  de  Madrid»  avait  lait 
m  au  même  monastère  de  S.  Domingo  d'une  rente  de  500  mara- 


246  REVUE  I^S  ÉTUDES  JUIVES 

védis  à  percevoir  sur  cet  impôt,  sans  préjudice  de  la  rente  de 
300  maravédis  qu'il  avait  déjà  antérieurement  donnée  à  ce  monas- 
tère sur  le  même  impôt  des  Juifs  madrilènes.  Ce  môme  Pedro 
Gonzalez  de  Mendoza  avait  reçu  du  roi  don  Enrique  II,  le  15 
juin  1369,  les  localités  d'Alcavendas,  Barajas  et  Coveiïa,  situées 
près  de  Madrid^  avec  les  terres,  vassaux,  chrétiens,  Maures  et 
Juifs  y  demeurant.  Le  fils  de  Pedro  Gonzalez,  nommé  Diego 
Hurtado  de  Mendoza,  fut,  en  1391,  un  de  ceux  qui,  avec  l'arche- 
vôque  de  Tolède,  s'étaient  plus  ou  moins  ouvertement  soulevés 
contre  le  conseil  de  Régence  qui  gouvernait  en  Castille  au  nom  de 
Enrique  III,  fils  de  Juan  P"",  et  qui,  le  2*7  mai,  dut  s'enfuir  rapi- 
dement de  Madrid  avec  le  roi  pour  aller  s'enfermer  à  Ségovie.  La 
situation  politique,  à  Madrid,  était  si  troublée  que  rien  ne  pouvait 
protéger  les  Juifs  contre  un  mouvement  populaire. 

Ce  mouvement  éclata  probablement  ici,  comme  partout,  lors- 
qu'on apprit  le  sac  de  la  Juiverie  de  Séville.  On  ne  connaît  pas  le 
détail  des  faits  ni  même  leur  date  exacte,  il  résulte  seulement  des 
actes  découverts  par  M.  Fita  que  la  juiverie  de  Madrid  fut  sacca- 
gée, pillée,  détruite,  quelques  Juifs  mis  à  mort  et  tous  les  autres 
obligés  de  se  baptiser.  Ici,  comme  à  Valence,  le  Conseil  de  la  ville 
réclama  la  punition  des  coupables.  Une  députation  fut  même  en- 
voyée par  lui,  à  cet  effet,  à  Ségovie,  auprès  du  conseil  de  Régence, 
le  6  juillet  1392.  Le  conseil  municipal  avait  mis  en  prison  quel- 
ques-uns des  coupables,  entre  autres  Vasco  Mexia,  mais  d'autres 
(Ruy  Sanchez  de  Urosco,  Lope  Ferrandez  de  Vargas,  Diego  de 
Vargas,  Ruy  Garcia  de  la  Torre  et  d'autres)  étaient  parvenus  à 
s'échapper,  la  plupart  s'étaient  réfugiés  dans  le  voisinage  de  la 
.  ville,  à  Barajas  et  Alaraeda,  dans  ces  terres  de  Diego  Hurtado  que 
la  libéralité  d'Enrique  II  envers  le  père  de  Diego  avait  soustraites 
à  la  juridiction  royale;  de  là,  ils  pénétraient  tous  les  jours  sur  le 
territoire  de  Madrid  et  bravaient  ouvertement  la  police  royale.  Le 
conseil  de'Régence  ne  parut  pas  prêter  à  l'affaire  une  bien  grande 
attention,  il  avait  d'autres  soucis  ;  il  se  borna  à  confirmer  les  ar- 
restations qui  avaient  été  faites  et  à  permettre  au  Conseil  de  la 
ville  d'arrêter  les  coupables  absents,  s'il  le  pouvait,  et  de  mettre 
leurs  biens  sous  séquestre,  jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  jugés.  La  des- 
truction de  la  juiverie  de  Madrid  atteignit  indirectement  le  chapitre 
de  S.  Domingo,  il  ne  savait  plus  comment  percevoir  les  3,000  ma- 
ravédis annuels  que  le  roi  Juan  lui  avait  assignés  sur  l'impôt  de  la 
juiverie  de  Madrid,  qui  avait  disparu  avec  cette  juiverie  ;  mais,  par 
actes  du  9  avril  et  du  9  décembre  1394,  et  du  30  septembre  1401, 
le  roi  Enrique  III  leur  assigna  le  même  revenu  sur  un  autre  impôt 
de  la  ville  de  Madrid.  La  juiverie  de  Madrid  se  reconstitua  bientôt, 


JM  SAC  DES  JUÎYERIES  DE  VALENCE  ET  DE  MADRID  EN  1391        247 

^aiï moins  en  [»artîe,  on  en  voit  la  preuve  dans  rOrdonnance  des 
Cortés  SOT  les  Juifs  faite  à  Madrid  le  21  d*^cerabre  1405,  et  dans 
I  Vimpr^t  sur  !es  boutiques  réglé  par  Enriqiie  III  ïe  15  décembre  1393. 
D'ajirè;*  une  tradition  recueillie  par  Antonio  Capman  y  Montpalau, 
dans  son  Origen  historico  y  eliniologico  de  las  calles  de  Madrid 
Madrid,  1863),  les  Juifs  de  Madrid  auraient  demeuré  dans  la  rue 
de  Lu  Fe,  près  de  Péglise  paroissiale  de  S.  Laurent,  et  c'est  là  que 
sft  trouvait  la  synas^^>jîue*  Cette  rue  aurait  porté»  jusqu^en  1492, 
Ip  nom  de  rue  de  la  Synagogue  ou  rue  de  la  Juiverie,  D'après  le 
m^me  auteur,  les  Juifs  assassinés  en  1301  furent  mis  à  mort  dans 
ta  rue  de  Las  Damas,  qui  est  perpendiculaire  à  la  rue  de  La  Fe^ 
elle  roi  aurait  ordonné  de  trancher  la  tête  aux  assassins. 

Plus  tard,  le  nombre  des  Juifs  de  Madrid  devint  probablement 

m»t  considérable.  Par  ordre  des  rois  Ferdinand  et  Isabelle,  du 

28 mai  1480,  !a  juiverie,  aussi  bien  que  le  quartier  des  Maures, 

A  Madrid,  fut  entourée   d'un  mur,  et   comme  les  Juifs  étaient 

trop  pauvres  pour  payer  les  frais  de  cette  construction,  elle  fut 

mise  à  la  charge  de  la  municipalité*  L*ancîen  mur,  fait  avant  13Ç>1, 

<Mi  vertu  des  prescriptions  du  conseil  de  Palencia,  de  13H8,  était-il 

I  tombé  en  raines?  ou  bien  la  juiverie  de  1480  n'était-elle  plus  sur 

(lemAme  emplacement?  La  présence  des  Juifs  à  Madrid  après  1391 

[Btdans  tous  les  cas  certaine.  Un  Rabi  Jaco,  médecin  de  la  ville, 

Ifut  autorisé,  le  9  novembre  1481,  à  demeurer  en  dehors  de  la 

Juiverie,  parce  que.  le  ghetto  étant  fermé  la  nuit,  on  n'aurait  pas 

râppf>ler  en  cas  de  besoin,  D*autres  médecins  ou  chirui'giens 

ttifs  étaient  employés  par  le  Conseil  de  la  ville  (Don  Juda  et  son 

maître  Zuiema,  Rabbi  Jacob,  peut-être  identique  avec  le  pré- 

fflent,  et  son  Dis  liabbi  Josef,  entre  1481  et  1489L  Les  Juifs  de 

Madrid  paraissent  avoir  pris  part,  de  gré  ou  de  force,  aux  (êtes 

publiques  chrétiennes ^  Lorsque,  le  22 juin  1480,  le  Conseil  voulut 

^lébrer.  avec  une  pompe  plus  grande,  la  fête  du  Corpus,  il  or- 

:>nna,  entre  autres,  que,  ce  jour,  les  Maures  feraient  leurs  jeux 

danses,  et  les  Juifs  leur  dause. 

IsiOOfkK   LO£El. 


*  El  en  iiail  do  inâme  eu  Siail«. 


JOSELMANN  DE  ROSHEIM 

(  SUITE  ET  FIN  «  ) 

VI 

Dernières  années  de  la  vie  de  Joselmann. 

MM.  Graetz,  Lehmann  et  Isidore  Loeb  ont  raconté  le  rôle  joué 
par  Joselin,  en  1509  et  1510,  dans  l'affaire  de  Pfeffercornet  delà 
confiscation  des  livres  hébreux,  nous  .n'y  reviendrons  pas.  Il  est 
inutile  aussi  de  raconter  comment  Joselin  obtint^de  Charles-Quint, 
à  Innsbruck,  le  18  mai  1530,  la  confirmation  de  tous  les  privilège» 
des  juifs  d'Alsace  et  d'Allemagne,  on  peut  consulter  à  ce  sujet 
Limneus,  Jura  imblica,  tome  III,  p.  301.  Enfin,  le  règlement  lait    - 
par  Joselin  à  Augsbourg  le  17  novembre  1530  a  été  reproduit  paT 
M.  Isidore  Loeb  dans  la  Revue,  tome  II,  p.  273. 

Le  reste  de  la  vie  de  Joselin  fut  consacré  en  grande  partie  à  pro- 
téger les  juifs  contre  les  édits  d'expulsion  dont  ils  furent  souveat 
menacés  et  contre  des  accusations  ou  des  poursuites  de  différentes^ 
nature. 

En  1541,  pour  un  méfait  commis  par  un  juif  de  Landau  et  qo* 
n'est  pas  autrement  désigné,  le  magistrat  de  cette  ville  voulix* 
expulser  tous  les  juifs.  Joselin  se  rendit  auprès  de  Charles-Quia^« 
à  Ratisbonne,  et  obtint  de  lui,  le  20  juillet,  une  lettre  adressée  *- 
Conrad  de  Rechenberg,  sous-bailli  du  bailliage  de  Haguenau,  1^ 
chargeant  de  former  une  commission  pour  examiner  la  question 
et  vider  le  différend  *.  Mais,  à  son  retour,  il  se  trouva  que  Conra^ 
n'était  plus  bailli,  et  le  premier  secrétaire  de  la  ville,  n'osât»* 
prendre  sur  lui  d'agir  à  la  place  de  Conrad  et  ne  pouvant  obtenî^ 
des  ordres  de  l'empereur,  qui  était  allé  faire  une  expédition  e^ 
Afrique,  demanda,  le  10  septembre,  des  instructions  au  prino^ 
Electeur  comte  palatin  3.  Celui-ci  négligea  de  remplacer  le  sous- 
bailli,  l'affaire  resta  en  suspens  jusqu'à  la  diète  réunie  à  Spire  eiï 

1  Voir  plus  haut,  p.  G2, 

*  Ardiivcs  du  Uas-Uhin,  C.  78. 

»  Ihid.  \ 


JOSELMANN  DM  ROSHEIM 


249 


fîM2,  en  l'absence  de  l'empereur,  par  le  roi  des  Romains  Ferdl- 
I  nand,  (vour  prendre  des  mesures  contre  Tinvasion  des  Turcs. 
Josolin  se  rendit  à  Spire,  et  après  une  attente  qui  se  prolongea 
[jusque  vers  la  f^te  de  Pâque,  il  obtint  de  Ferdinand  une  lettre 
pour  le  sous-bailli  tle  Haguenau,  quel  qu'il  fùi^  avec  recomman- 
|dalionde  remplacer,  en  cette  affaire,  Conrad  de  Rechenberg.  Vers 
IllKte  de  Pentecôte,  la  question  fut  réglt^e,  le  magistrat  de  Landau 
[permit  aux  juifs  de  rester  dans  la  ville  à  condition  qu'ils  paye- 
raient une  forte  amende. 

Joselin  se  rendit  aussi  auprès  de  Charles-Quînt  à  la  diète  de 
Spire  de  Tan  1544  pour  défendre  les  juifs  d'Augsbourg,  contre  les- 
çueta  on  avait  produit  la  vieille  et  absurde  accusation  d'avoir 
employé  du  sang  chrétien  pour  leur  Pâque,  Il  obtint  de  Tempereur 
ttoacte  dont  nous  traduisons  ici  quelques  passages  *  : 

Kous,  Charles  V.. ,,  faisons  savoir  que  les  Juifs..,  nous  font  en- 
core représenter  comme  à  plusieurs  reprises  leurs  ennemis  les  accu- 
,  leol  d'avoir,  en  certaines  occasions,  besoin  de  sang  chrétien,  que, 
^f  suite,  ils  ont  de  mauvais  traitements  a  subir,  sans  qu'on  ait  une 
'  iculç  preuve  de  ces  fausses  imputations,  et  qu'on  ajoute  simplement 
M  au  dire  de  gens  envieux. 

B  faut  pourtant  prendre  en  considération  les  explications  qu'ont 
dotmées,  à  ce  sujet,  les  papes,  nos  saints  pères,  qui,  par  suite,  ont 
défeada  qu*on  y  ajoute  foi . . . 
Spif^,  le  3  avril  V5ii. 

Au  mois  d*avril  1546,  Joselin  arrangea  une  aflaire  qu'avait  eue 
limjiiif  de  Dangolslieira,  nommé Itzig,  avec  un  sieur  Clans  Kempf 
I  de  Strasbourg». 

Dans  la  mtoe  année,  la  ville  de  Turcklieira  voulait  chasser  les 
juifs.  Le  31  mai,  Joselin  obtint  à  Ratisboiine,  de  Cbarles-Quint, 
une  lettre  pour  le  prince  Electeur,  qui  aplanit  les  difficultés  3. 

DôDs  cette  même  année  1546^  Joselin  demanda  à  Charles-Quint 
prt»tection  pour  les  juifs  molestés  jmr  les  troupes  et  les  bandes  qui 
pircouraient  U3s  routes,  avant  la  bataille  livrée  aux  coalisés  de 
.'.  L'origiïial  de  sa  lettre  à  Tempereur,  reproduite  par 
jnn  (t.  II,  p.  295),  se  trouve  aux  archives  de  la  ville  de 
âtri&bourg*.  Joselin  y  dit  qu'il  était  alors  le  Befehlshaber  ûe& 
|Bl6  depuis  quarante  et  quelques  années  «. 


'  ifdilvM  du  B«ii-Rhii],  C.  TS. 
I  *  *  Viffxiff  ntkû  lAhreo  ». 


250  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Le  30  janvier  1548,  il  obtint,  à  Augsbourg,  une  lettre  de  protec- 
tion pour  les  juifs  (Lehmann,  II,  p.  302). 

En  1550,  il  eut  à  s'occuper  des  juifs  du  seigneur  de  Ribeaupierre, 
qui  voulait  les  expulser  de  ses  terres*.  Suivant  Aretin',  il  prit, 
en  1551,  avec  le  duc  do  Bavière,  des  arrangements  pour  le  pas- 
sage des  juifs  à  travers  la  Bavière,  et  la  môme  année,  il  fit,  pour 
le  môme  objet,  une  convention  avec  le  duc  de  Wurtemberg 
(Lehmann,  II,  p.  322;  comparez,  p.  309). 

Une  affaire  du  village  de  Dangolsheim  l'occupa  activement  dans 
les  trois  dernières  années  de  sa  vie.  En  mars  1552,  à  la  suite  d'une 
querelle  entre  le  gendre  d'Itzig,  juif  de  ce  village,  et  le  valet  de 
Diebold  Sturst,  prévôt  de  l'endroit,  les  esprits  s'envenimèrent,  la 
population  en  vint  à  souhaiter  l'expulsion  des  juifs  et  le  magistrat 
se  disposait  à  la  prononcer.  D'autres  communes  alsaciennes  se 
joignirent  à  celle  de  Dangolsheim  pour  demander  au  prince  palatin 
Frédéric  l'autorisation  de  chasser  les  juifs  de  leur  territoire*.  Le 
27  janvier  1553,  Henri  de  Fleckenstein,  sous-bailli  d'Alsace,  trans- 
mit au  prince  Frédéric  la  plainte  du  magistrat  de  Dangolsheim. 
Le  27  avril,  sur  la  demande  du  prince,  il  l'informa  que  les  juifs  de 
Dangolsheim,  qui,  à  l'origine,  ne  comptaient  que  7  familles,  étaient 
maintenant  au  nombre  de  11  familles  formant  un  total  de  45  per- 
sonnes. Après  une  tentative  de  conciliation  faite  par  le  bailli,  le 
15  mai  1553,  en  présence  de  Joselin  et  des  juifs  de  Dangolsheim, 
Joselin,  qui  avait  cru  impossible  d'accepter  les  conditions  propo- 
sées, adressa  à  l'Electeur  une  plainte,  datée  du  21  mai,  mais  le 
prince  n'eut  pas  égard  à  cette  lettre,  et,  le  17  juin,  il  ordonna  au 
grand  bailli  de  chercher,  avec  deux  arbitres,  à  liquider  les  dettes 
des  habitants  de  Dangolsheim  envers  les  juifs,  et  de  chasser  du 
village,  dans  un  délai  d'un  an,  tous  les  juifs  qui  ne  pourraient  pas 
produire  des  certificats  d'admission  en  règle. 

La  commission  lit  son  rapport  le  27  août,  et,  le  12  septembre, 
le  prince  ordonna  l'expulsion  des  juifs  du  village.  Le  bailli  leur 
donna  connaissance  de  cet  ordre  le  28  octobre  et  leur  fixa  pour 
délai  la  Saint-Georges  de  l'année  1554. 

Joselin  adressa  une  réclamation  à  la  Chambre  impériale,  et,  le 
17  janvier  1554,  il  obtint  de  Charles-Quint  une  lettre  conciliante 
pour  le  prince  Électeur.  Celui-ci  promit  à  Josehn  de  convoquer 
les  deux  parties  dans  l'espace  d'un  mois;  Joselin  dut  loi  rappeler 
cette  promesse  par  lettre  du  21  février  1554.  Le  surlendemain, 

»  G.  F.  Fischer,  De  statu  Jud^eorum,  p.  91. 

*  Oesch.  dar  Judtn  in  Buiern^  p.  53. 

'  Ceci  et  tout  ce  qui  suit  est  tiré  des  archives  du  Bas-Rhin,  C.  78. 


JOSELM ANN  DE  ROSHEIM 


251 


Il  remise  à  Tarbitrage  des  grands  maîtres  d'hrUel 
seiilers  à  ]a  cour  de  Ileidelberg,  Les  parties  lurent  con- 
'^ojaées  devant  eux,  mais  le  prince  Électeur,  après  avoir  lu  leur 
t^pport,  maintint  la  mesure  d'expulsion.  En  vain,  le  4  avril  1554, 
j^Cammunauté  adressa  une  supplique  au  prince,  elle  ne  fut  pas 
I  el,  le  l^  avril  1554,  les  juifs  durent  quitter  Dangolslieim  ^ 
slÎB,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  était  mort  avant  cette 

I  JimtiD  eut,  dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  des  difficultés 
avec  le  magistrat  de  la  ville  de  RosUeim  même,  ou 

n  avait,  à  deux  reprises  différentes,  et  dans  des  circonstances 
fîtes,  rendu  des  services  importants  à  la  ville. 
tCétâjt  d'abord  en   1525,  lors  de  la  guerre  des  paysans.  Les 
aysans  s'étaient  réunis,  au  printemps,  autour  du  couvent  d'Aï- 
iprès  de  Rosbelra,  parce  que  l'abbé  de  ce  couvent  avait  fait 
hnier  un  de  leurs  préilicateurs.  Os  étaient  au  nombre  de 
à  quinze  mille,  conduits  par  Inurs  chefs  Gerber  (ancien 
ar  de  Molsheîm},  Ittel  Jurg,  de  Roslieim,  Pierre  et  Diebold, 
_rdbeim.  Joselin,  dans  la  crainte  que  leurs  troupes  ne  tom- 
ênt  sur  les  juifs,  se  rendit  à  Altorf  et  il  obtînt  des  chefs  une 
>de  recommandation,  en  faveur  des  Juifs,  adressée  aux  autres 
Ides  paysans  de  l'Alsace  et  de  la  Sonabe.  De  retour  à  Rosbeîm 
llinuit  passé,  il  alla  immédiatement  auprès  des  deux  bourg- 
î^Uts  et  les  engagea  à  se  rendre  à  leur  tour  h  Altorf  pt>ur  s'en- 
p^re  avec  les  chefs  et  emp<>cher  que  Rosheim  ne  iVit  pille.  Jean 
M^er.  un  des  bourgmestres,  n'eut  pas  le  courage  de  faire  cette 
tentatïTe»  il  tremblait  de  tous  ses  membres  ;  lautre,  Jacob  Wa- 
!r,ne  se  résolut  à  aller  à  Altor/que  lorsque  Joseliu  eut  consenti 
j(|lCcompagner.  Joselin,  en  sa  présence,  donna,  de  ses  propres 
s,  quatre-vingts  florins  d*or  aux  chefs  des  paysans  et  il  ob- 
d'eux  un  traité  en  forme,   revêtu  des  sceaux  de   Pierre, 
et  Gerber,  et  par  lequel  ceux-ci  s'engageaient  à  res- 
ta ville  de  Rosbeim.  Quand  Joselin  et  Wagner  furent  sur 
In^ute  HUi  les  reconduisait  à  Rosheim,   Wagner  remercia  vi- 
►fflt»iil  Joselin  et  s'écria  dans  un  mouvement  de  reconnaissance  : 
iJaseliu,  toi  et  les  entants  recueillerez  le  fruit  de  ce  bienfaits  w 


^  Qf  «rniial  tBcore  Bvec  U  maKislrat,  4  causa  de  leur  cimetière,  des  relations  et 
ùû  qtâ  ont  été  racontées  eu  partie,  d'après  nos  aotes,  par  M.  Isidore  Loeb 

I  ({Hi  cuit  oit  tiré  des  arcbivcs  du  B.-H*  C.  7S. 
,  du  iiiid  doiuti   kiodcr  solleu  dcsssea  gemesen  ». 


252  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Vingt-Cinq  ans  plus  tard,  Joselin  aida  de  nouveau  la  ville  de 
Rosheim  dans  des  circonstances  difficiles. 

Charles-Quint  avait,  en  1547,  dépossédé  le  prince  Électeur  Jean 
Frédéric  de  Saxe  et  avait  remis  sa  principauté  au  duc  Maurice  de 
Saxe  ;  ce  fut  l'origine  de  guerres  et  de  troubles  qui  duraient  en- 
core en  1550,  et  qui  amenèrent  des  mouvements  de  troupes  en 
Alsace.  La  ville  de  Rosheim  était  dans  les  plus  vives  inquiétudes. 
Joselin  offrit  au  magistrat  d'aller  chercher,  à  Innsbrùck,  des 
lettres  de  protection  de  l'empereur,  et,  dans  le  cas  où,  pendant 
son  absence,  un  des  partisans,  Albert  de  Brandebourg,  dont  le  nom 
répandait  la  terreur,  se  présenterait  à  Rosheim,  on  pourrait,  pen- 
sait-il, lui  payer  une  contribution  de  guerre.  Joselin  offrit  de 
prêter,  pour  cet  objet,  à  la  ville  400  florins  (tout  ce  qu'il  avait  de 
disponible,  à  ce  qu'il  semble),  à  condition  que  les  autres  habitants 
de  la  ville  promissent  par  serment  de  suivre  son  exemple.  Aucun 
d'eux  ne  voulut  s'engager;  Joselin  partit  cependant  pour  Inns- 
brùck, le  cœur  plein  d'inquiétude  pour  sa  famille  et  ses  biens,  qu'il 
laissait  à  Rosheim. 

L'empereur  fuyait  devant  ses  adversaires  ;  quand  Joselin  vint 
à  Innsbrùck,  Charles  V  était  à  Passau.  Joselin  se  disposait  à  se 
rendre  dans  cette  ville  quand  il  apprit  que  la  paix  était  signée. 
Son  voyage,  qu'il  fit  en  grande  partie  à  cheval,  lui  avait  coûté 
plus  de  soixante  florins,  qu'il  ne  réclama  jamais  à  la  ville. 

Joselin  fut  payé  d'ingratitude.  Le  magistrat  de  Rosheim  avait 
limité  le  nombre  des  familles  juives  qui  pouvaient  demeurer  dans 
la  ville  et  l'avait  fixé  à  huit.  Suivant  un  usage  reçu,  on  compre- 
nait dans  la  famille  les  domestiques,  les  employés,  et  tous  ceux 
qui  vivaient  ou  étaient  censés  vivre  dans  le  môme  ménage.  C'est 
grâce  à  cette  fiction  que  David,  le  gendre  de  Joselin,  pouvait  de- 
meurer avec  Joselin  à  Rosheim,  et  que  Joselin  avait  cru  pouvoir 
établir  à  Rosheim  son  fils  Jacob,  sous  le  titre  d'instituteur.  Deux 
autres  familles  avaient  cru  pouvoir  jouir  de  la  môme  tolérance, 
de  sorte  qu'il  y  avait,  vers  1553,  douze  familles  juives  à  Rosheim, 
au  lieu  de  huit.  Grand  scandale  ! 

Joselin  était  à  Ileidelberg,  où  il  faisait,  comme  nous  l'avons  ra- 
conté, des  démarches  en  faveur  des  juifs  de  Dangolsheim,  quand 
le  magistrat  ordonna  aux  quatre  familles  excédantes,  parmi  les- 
quelles celles  du  gendre  et  du  fils  de  Joselin,  de  quitter  la  ville, 
sous  peine  d'une  amende  de  cinq  livres,  monnaie  de  Strasbourg. 
Comme  les  juifs  expulsés  voulurent  attendre  le  retour  de  Joselin, 
le  magistrat,  pour  se  couvrir  de  l'amende  prononcée,  avait  fait 
saisir  chez  eux  des  objets  de  valeur  et  chez  Joselin  môme  une 
coupe  en  argent.  Une  parole  imprudente  du  bourgmestre  excita  la 


JOSELMANN  DE  ROSÏIEIM 


2ÎÎ3 


F|*pfHi!atlon  contre  les  juifs,  il  y  eiittles  vitres  cass*'^es,  êoB  portes 
|infona%s,  la  lerarae,  la  ûlle  et  uuo  petite-fille  de  Joseliii  lurent 
naïades  de  frayeur»  et  obligées  de  (garder  le  lit.  Au  retour  de  José- 
Hïiagistrat  promit  d'apaiser  Fallaire,  mais  ces  désordres  se 
vêlèrent  pendant  une  nuuvfdle  absence  qu'il  fut  obligé  de 
hire,  et  Joselin,  pour  en  finir,  demanda  au  magistrat  de  Ilague- 
Bu  de  juger  comme  arbitre  entre  lui  et  la  ville  de  Rosbeira.  Il 
rivii,  à  ce  sujet,  au  magistrat,  une  lettre  touchante^  que  nous  ré- 
duisons dans  l^appendice.  Le  28  février  1554,  le  magistrat  de 
nau  annonça  à  celui  de  Rosbeim  qu'il  acceptait  d^ôtre  ar- 
;Le  mardi   après  le  dimanche   La?tare   de    la   mi-cariMiie 
[mars  1554),  le  magistrat  de  Rosbeim  répondit  par  une  sorte  de 
Dcation*   Il  était  vrai,  dï.sait-iî,  qull  s'était  passé  bien  des 
ipii  n'eussent  pas  dû  arriver,  mais  les  autorités  en  étaient 
à  fait  innocentes.  Si  des  jeunes  gens  s'étaient  permis  de 
!  pierres  contre  les  maisons  juives^  les  parents  ne  pou- 
Ipas  en  «>tre  responsables.  La  ville  se  donnait  toutes  les 
|du  monde  pour  maintenir  l'ordre»  elle  avait  même  un  garde 
pour  cela,  et  elle  regrettait  que  celui-ci  ne  put  jamais 
la  main  sur  les  coupables.  La  femme  et  les  enfants  de  Jo- 
Itaient  eu  tort  de  se  laisser  effrayer,  et  la  ville  ne  pouvait  pas 
Seber  les   gens  de  la  maison  de  Joselin  de  crier   mordio 
[iQ  meurtre  !  cri  qui  indique  le  [dus  haut  degré  de  frayeur)  :  ils 
liraient  pu  crier  plus  fort  encore  sans  que  cela  prouvât  rien.  Jo- 
Rlia  avait  eu  tort  d*établir  à  Rosbeim  son  fils  Jacob  comme  lus- 
ear,  puisqu'il  y  en  avait  déjà  un,  et  si  Ton  voulait  continuer 
I  pied,  ni  les  habitants  actuels,  ni  Ifurs  arrière-neveux  ne 
Dt  jamais  débarrassés  complètement  des  juifs.  Pour  Unir, 
fe»  magistrats  ne  nient  pas  les  services  rendus  à  la  ville  par 
Jf>^^;liii,  en  toutes  circonstances,  et  les   sacrilîces  d'argent  qu'il 
L*«'^t  imposés  pour  elle,  mais  ses  démarches  en  laveur  de  la  ville 
■it  3Q$$i  protUé  auK  juifs  demeurant  à  Rosbeim  et,  de  plus, 
|fe  '  [juur  le  tout. 

I  M r  de  cette  pièce  que  le  magistrat  de  Rosbeim 

basait  Tarbitrage  qui  lui  était  offert.  Nous  n'avons  pas  pu  savoir 
T«dle  fut  la  suite  de  Cette  affaire. 

\sr%ii\x%i,  en  avril  1554,  1l*s  juifs  de  Dangolsheim  durent  quitter 

Qagi*,  il  i-at  probable  que  Joselin  n'existait  plus.  11  avait  i^endu 

Il  après  avoir  occupé,  pendant  plus  û\iu  demi-siècle, 

Befehishaber  des  juifs,  qu'il  honora  par  ses  V€*rtus 

déTOuement.  Les  fonctions  de  Befehfsluibe?*  furent  parla- 

lui,  entre  deux  personnes,  Aron  de  Rosbeim  et  La;care 

rlxmrg.  Ce  dernier,  au  bas  d'une  pièce  du  II  juillet  1554, 


254  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

écrite  en  faveur  des  juifs  de  Dangolsheim,  se  donne  le  titre  de 
Befehlshaber  de  tous  les  juifs  demeurant  dans  le  bailliage  de 
Haguenau.  Joselin  mourut  probablement  à  Tâge  de  soixante-seize 
ans,  nous  supposons  qu'il  fut  enterré  au  cimetière  de  Rosenweiler. 
Que  sa  mémoire  soit  bénie  1 

Eue  Scheid. 


APPENDICE. 


Dans  le  procès  qui  fut  intenté  à  Joselin,  au  sujet  du  titre  de 
Regierer  et  Befehlshaber  qu'il  avait  pris  ou  que  le  public  lui  avait 
donné,  procès  que  nous  avons  raconté  plus  haut,  l'avocat  de  Jo- 
selin produisit  un  certain  nombre  de  pièces  d'où  il  ressortait  que 
beaucoup  de  personnages  importants  et  officiers  avaient  donné  à 
Joselin  ce  titre  ou  des  titres  analogues.  Nous  avons  retrouvé  quel- 
ques-unes de  ces  pièces  dans  les  anciennes  archives  de  Wetzlar, 
F.  2615,  et  nous  en  donnons  ici  l'analyse  ou  la  traduction.  Ce  sont 
les  no»  I  à  VII  qui  suivent.  Nous  les  accompagnons  (n*»»  VIII  et  IX) 
de  deux  autres  documents. 

I.  Innsbrûck,  25  novembre  4530.  —  Lettre  de  Matbis  Held,  docteur 
en  droit,  conseiller  de  S.  M.  royale  et  impériale,  au  modeste  (beschei- 
den)  Josel,  juif  à  Rosheim,  Parnos  général  des  Juifs.  «  Mon  salut  et 
tout  le  bien  qu'il  souhaite  à  mon  cher  et  modeste  Josel.  »  Le  conseil- 
ler prie  Josel  d'empêcher  que  les  Juifs  (d'Alsace)  citent  les  chrétiens 
devant  le  tribunal  de  Rothweil,  attendu  que  celte  procédure  entraine 
des  frais  trop  considérables.  Si  Joselin  ne  faisait  pas  le  nécessaire,  on 
serait  obligé  de  recourir,  pour  remédier  au  mal,  à  l'autorité  de  TEni- 
pereur.  (On  se  rappelle  que  les  villes  alsaciennes  ne  voulaient  pas 
que,  dans  leurs  procès  avec  les  juifs,  elles  ou  leurs  bourgeois  fas- 
sent soumis  à  la  juridiction  du  tribunal  de  Rothweil.) 

II.  3  décembre  4530.  —  Lettre  du  roi  de  Hongrie  et  de  Bohème, 
nommé  régent  du  Wurtemberg,  à  Josel,  juif  de  ^osh^im,  Regierer 
général  de  la  juiverie.  Joselin  a  demandé  un  sauf-conduit  pour  son 
domestique  Salmon.  Ce  sauf-conduit  lui  est  accordé  ;  mais  Joselin 
doit  faire  renouveler  le  sauf-conduit  qu'il  a  lui  môme.  S'il  en  de- 
mande un  pour  lui  ou  pour  un  des  siens,  il  recevra  toujours  une 
réponse  convenable. 


JOSKLMANN  DE  ROSHËIM 


255 


iïî*  RatJsboDDP*  second  jour  de  la  Pcatecôte  (20  mai)  I53î.  — 
Georges  Wolf  de  Kuppcnheim,  marêeUal  de  carap  du  saint  empire 
romain,  sur  l'ordre  de  S.  M.  I.,  donne  un  sauf-conduit  à  Josel,  juif  de 
Rosbeim,  Oèersier  de  la  nation  juive  des  pays  allemands^  avec  per- 
miâsion  de  rester  au  Keichi^tag  jusqu'à  ca  qu'il  ùil  terminé  ses 
dflûires, 

ï\,  Ensisheim,  ^^  mai  I533-  — a.4L-Z.'L,  Geroltzcck.  bailli,  à  Jo- 
selio,  juif  de  Rosbeim,  qui  est  dit  être  nommé,  par  S.  M.  L.  Oberster 
^âs  Juifs  allemands.  Citation  de  venir  à  Ensisbeim  pour  araires  ur- 
Qles. 

V.  Passeport  dont  voici  la  traduction  : 

»Nôus.  Thun,  seigneur  de  Wurtemberg,  premier  bnrgrave  de 
rTrague,  faisons  savoir  qiio  le  prévoyant  juif,  maitre  Josell  de  Ros- 
IkiQi,  Ohrisi  Rabin  de  la  juiveric  réunie,  porteur  de  la  présente,  a 
I souvent  passé  par  la  Bohème  et  TAllemagne,  et  a  cause  de  son  titre, 
Ittpnur  une  foule  d'autres  olTaires  dont  on  1©  cbarge.  Il  faut  aussi 
f qu'il  traverse  vos  seigneuries  et  vos  domaines. 

levons  prie  donc  tous  en  général,  et  chacun  spécialement,  que 

H\\  sç  présente  que  le  susdit  maitre  Josell  passe  par  votre  pays»  vos 

Wigneuries  ou  vos   villes,  ou  désire  s'y  arrôlcr,  vous  veuillez  le  lui 

Ipprmeitre,  sans  aucun  empêchement  ou  mauvaise  volonté,  et  que 

Touâoe  tolériez  pas  que  d'autres  le  moleslenl.  Je  vous  serais  au 

I  tûQtraire  très  obligé,  si  pour  ses  propres  intéi-éts,  ou  pour  défendre 

ceuîdes  Juifs,  ses  administrés,  vous  vouliez  bien  Técouler,  de  lui 

l^^ôioigoer  autant  de  bienveillance  et  de  bonne  volonté  que  possible, 

*itle  le  laisser  jouir  de  ce  que  nous  vous  demandons.  Je  vouerais 

P<>^rcela  à  chacun  particulièrement  et  à  tous  ensemble  une  bien 

^tc  reconnaissance.  En  foi  de  quoi,  j'ai  ailaché  à  la  présente  mon 

P^pre  sceau.  Donné   en  notre  château,  à  Prague,  le  mardi  après 

Sôim-Luc  (48  octobreX1534.  » 

M,  RottenboursT,  vendredi  après  S.  Yalbourg,  an  1535.  —  Lettre  de 
Sebastien  Stiborn,  burgrave  de  Rottenbourg,  au  modeste  Joselmann, 
juif  deRosbeîm,  Megiûrer  général  de  la  nation  juive,  commençant 
Parles  mois  :  •  Mon  cher  Joselmann  ».  Prière  a  Joselin  de  s'arrêter 
•'û  [irodiâine  occasion  a  Rolieubourg,  pour  régler  un  dilTérend 
^atre  i€s  juifs  Secken  et  Peilen. 

^n.  Sélestadt,  6  juin  1535.  —  Lettre  des  bourgeois  et  conseil  de  la 
^^ïea  Jos<îJ,  juif  de  Rosbeim,  Uigicrer  général  de  la  nation  juive.  Il 
y  4  lieux  mois,  des  marchandises  de  la  valeur  de  200  flor..  ont  été 
^Ife  à  un  bourgeois  de  la  viile  et  mises  en  gages  chez  un  juif  do 
^^^ngersheim,  prés  de  Hochfelden,  Joselin  est  prié  de  s'employer 
P^'^f  ijue  la  marchandise  soit  rendue  à  son  propriétaire  contre 
J^^yement  de  la  somme  prêtée  sur  ce  gage  par  le  juif  de  Win-- 
ftéfiheim. 


230  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

VIII.  Relation  des  persécutions  contre  les  juifs  d'Alsace  en  5237 
(1477)  et  du  rôle  bienfaisant  joué  en  cette  occasion  par  un  juif  de 
Mulhouse. 

C'était  la  guerre  des  Suisses  ;  tous  les  juifs  furent  tués  à  Golmar, 
Sélestadt,  Tiirckheim,  Kaysersberg;  Ammerschwiehr,  Bergheim  et 
environs;  quarante-six  juifs  se  baptisèrent,  dont  quarante  revinrent 
au  judaïsme  ;  beaucoup  s'enfuirent,  des  enfants  moururent  en  route. 
Quatre-vingts  juifs  furent  conduits  dans  un  champ  près  de  Golmar, 
où  le  na'^riDnp  leur  donna  le  choix  entre  le  baptême  et  la  mort. 
On  allait  les  tuer,  quand  un  des  chefs  intervint  et  leur  offrit  la  vie 
pour  une  rançon  de  800  reichsthaler,  payables  le  lendemain.  Où 
trouver  l'argent  ?  il  n'y  avait  pas  de  juifs  dans  la  contrée.  On  en- 
voya en  toute  hâte  auprès  de  Juda  Pamsch  ï37:é<d  min"»,  juif  consi- 
déré de  Mulhouse,  qui  se  hâta  de  réunir  tout  ce  qu'il  possédait  en 
or  et  en  bijoux,  et  fit  délivrer  ces  quatre-vingts  prisonniers  qui, 
sans  lui,  étaient  voués  à  la  mort.  ^D'après  une  copie  faite  sur  le  Me- 
nwràuch  de  Niederhœnheim.) 

IX.  Traduction  de  l'original  allemand  d'une  lettre  (très  intéres- 
sante et  très  touchante)  adressée  par  Joselin  au  magistrat  de  Hague- 
nau  au  sujet  du  différend  qui  s'était  élevé  entre  lui  et  les  villes  de 
Rosheim,  en  4554,  à  cause  de  la  présence,  à  Rosheim,  de  son  fils  et 
de  son  gendre  (voir,  plus  haut,  le  récit  de  cette  affaire).  La  pièce  se 
trouve  aux  archives  du  Bas-Rhin,  G.  78. 

a  Mes  chers  amis,  c'est  poussé  vers  vous,  par  mon  obéissance  et 
ma  haute  opinion  de  votre  sagesse,  que  je  vous  remets  très  humble- 
ment ma  plainte,  pour  vous  faire  voir  ce  que  nous  souffrons  des 
bourgmestre  et  Gonseil  de  Rosheim  : 

»  4»  11  3»^  a  eu  de  graves  faits  en  ce  que  les  bourgeois  et  les  habi- 
tants de  Rosheim  ne  tourmentent  pas  seulement  jour  et  nuit  nos 
coreligionnaires  dans  la  ville,  mais  encore  mettent  à  contribution, 
battent  et  volent  les  juifs  étrangers  qui  y  passent  ou  qui  viennent 
dans  le  voisinage.  De  là,  procès,  condamnation  des  autorités,  et, 
finalement,  transaction  amiable,  grâce  à  mon  intervention  ; 

»  t"  J'ai  remis  alors  une  pétition  aux  honorables  magistrats  de 
Haguenau,  où  je  les  ai  priés  d'en  faire  part  à  leurs  collègues  de 
Rosheim,  et  de  les  faire  venir  devant  Messieurs  les  bourgmestre  et 
Gonseil  de  Haguenau,  afin  de  chercher  à  leur  faire  entendre  raison  ; 
»  3®  Ges  Messieurs  de  Haguenau  se  sont  montrés  très  bienveil- 
lants à  mon  égard,  m'ont  témoigné  beaucoup  de  bonté,  et  ont  dit 
qu'ils  ne  demandaient  pas  mieux  que  d'accepter  l'arbitrage,  si  cela 
convenait  à  la  ville  de  Rosheim.  Gomme  celle-ci  s'en  réjouissait, 
Haguenau  s'est  adjoint  le  bourgmestre  Bartholomée  Botzheim,  le 
greffier-syndic,  maintenant  receveur,  ainsi  que  les  autorités  de 
Sélestadt  et  d'Obernai,  afin  d'arriver  à  la  paix  ; 

»  4<*  Après  cela,  des  bourgeois  ou  fils  de  bourgeois,  sans  égard 
pour  ces  recommandations,  ont  brisé,  le  jour  et  la  nuit,  les  fenêtres 


JO&ELMANN  DE  ROSHFJM 


257 


et  portes  des  maisons  juives,  et  ont  attaqué  les  juifs  étrangers  hors 
delà  viile.  Il  est  même  arrive  que  l'uu  de  ces  deroiers  a  assig^oc  un 
de  SCS  agresseurs  devant  le  tribunal  de  Rothweil,  et  cet  agresseur 
n*était  rien  moins  qu'un  de  nos  premiers  bourgeois  faisant  raainte- 
Bânt  partie  du  Conseil,  Eh  bien!  moi  seul  et  quelques  membres  du 
Conseil,  nous  avons  prié  ce  juif  étrooger  de  ne  pas  laisser  venir  Taf- 
faire  au  rôle,  ei  l'avons  arrangée  pour  environ  quarante  florins  de 
domma  ges-i  n  té  rô  ts  ;  , 

•  o*>  L'année  passée,  quatre  bourgeois  de  la  localité  nous  ont,  la 
nuit,  cassé  volets,  portes  et  fenêtres,  et,  pendant  que  j  étais  absent 
pour  des  alîaires  importantes,  ils  ont  tellement  eiïrayé  ma  femme  et 
mes  enfants,  que  ceux-ci  ont  crié  mordio  et  en  ont  fait  une  grande 
I  maladie.   Et  quel  était  spécialement  le  chef,  le  fauteur  de  ces  dé- 
sordres? Un  garde  de  nuit.  Et  qu'ont  fait  nos  autorités?  Elles  ont 
^puni  les  bourgeois  d'une  livre  Strassburger  Pftmniug  et  de  trois  à 
fe  jours  de  prison,  mais  il  o'a  jamais  été  question  de  nous  dé- 
gager pour  nos  pertes,  frayeurs^  et  pour  la  maladie  de  nos 
femmes  et  enfants; 
»  6*»  La  dite  communauté  (juive)  mérite  que  je  m'occupe  d'elle, 
noi  qui  cours,  pour  des  juifs  étrangers,  dans  tous  les  pays,  devant 
rois  et  empereurs,  dans  les  diètes  et  les  chambres  impériales,  pour  les 
!Îéfeûdre,  Et  je  n  ai  pas  mérité  cet  outrage  de  la  pari  de  la  ville. de 
Itosheim,  car  J'ai  eu  Toccasion  de  donner  à  cette  ville  des  preuves  de 
aon  attaciiemeni,  0 

»  tl  y  avait  alors  environ  quinze  mille  hommes  à  Altorf,  à  un  demi- 
îille  de  la  ville.  C'était  pendant  la  guerre  des  paysans.  Ces  gens 
:>ulaient,  au  début,  mellre  leur  camp  à  Rosheim.  Je  réveillai  la  nuit 
tean  Mayer  et  Jacob  Wagner,  les  deux  bourgmestres,  morts  depuis. 
la  leur  dis,  comme  les  chefs  (des  paysans)  me  Tavaient  confié  en 
ret,  que  le  lendemain  les  conjurés  voulaient  s  établir  à  Rosheim. . . 
ïe  me  rendis  alors  à  Altorf,  auprès  des  chefs  Érasme  Gerber,  Pierre 
et  Diebold  deKordheim,  je  leur  donnai  a  partager,  entre  eux,  quatre- 
vingts  Uorins  d'or;  en  échange,  ils  me  donnèrent  une  lettre  munie 
le  leur  sceau,  par  laquelle  ils  s'engageaient  à  ne  venir  vers  Rosheim 
irec  leurs  bandes  que  lorsque  toutes  les  autres  villes  seraietil  dans 
sur  alliance.  Et  ils  m'ont  tenu  parole.  C'est  alors  que  feu  Jacob 
/"agner,  bourgmestre  qui  m'avait  accompagué  à  Altorf,  rae  dit, 
Iprés  que  j'eus  obtenu  ce  résultat  :  «  Jbeselj  toi  et  tes  enfants,  vous 
DUirez  du  fruit  de  ce  bienfait,  » 
>  7^  Durant  la  dernière  invasion  française,  j'ai  laissé,  sous  la  garde 
autorités  de  Rosheim,  ma  famille  et  ma  fortune,  et  j'ai  dépensé, 
frais  de  voyage,  plus  de  soixante  tlorins  de  ma  poche,  pour  aller  à 
5ck  et  dans  d'autres  villes,  pour  chercher  des  protecteurs  à 
(  ville,  comme  je  l'ai  bien  souvent  fait  pendant  la  vie  de  Tempe- 
reur  Maximilien.  Et  personne  n*a  voulu  croire  que  je  me  risquerais  à 
ces  voyages. 
«  Quand,  à  cette  môme  époque,  le  margrave  llbrecht  s'est  appro- 


T.  XIII,  N*  26. 


If 


258  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

ché  de  notre  pays,  et  que  le  bruit  s'était  répandu  qu'il  demanderait 
à  toutes  les  petites  villes  do  fortes  coutribu lions  de  guerre,  je  me 
suis  rendu  à  THôtel  de  Yiile  et  j'ai  dit  au  Conseil  :  J'ai  chez  moi, 
en  or  et  en  argent,  pour  une  valeur  d'environ  quatre  cents  florins, 
enfermée  dans  un  coffre  en  fer,  je  veux  vous  les  prêter,  à  con- 
dition que  d'autres  bourgeois  aussi  jurent  qu'ils  avanceront  à  la 
ville  ce  qu'ils  possèdent  en  or  et  en  argent,  afin  que,  Si  l'ennemi 
vient  et  réclame  une  contribution  de  guerre ,  nous  puissions  le 
satisfaire. 

»  £h  bien!  je  le  demande,  un  homme  qui  a  de  pareils  titres  à  son 
avoir,  n'a-t-il  pas  le  droit  de  croire  qu'il  doit  trouver  auprès  des  ma- 
gistrats une  certaine  faveur?. . . 

»  8®  Il  y  a  quelques  mois,  ces  mêmes  magistrats,  malgré  nos  trai- 
tés, ont  donné  ordre  à  nos  instituteurs  de  quitter  la  ville,  et,  en  mon 
absence,  ont  fait  des  saisies  chez  moi  et  chez  d'autres.  Ils  ont,  en 
outre,  menacé  les  susdits  d'une  amende  de  cinq  livres  Strassburger 
Pfenning,  si,  dans  l'espace  de  huit  jours,  ils  ne  partaient  pas.  Entre 
temps,  je  suis  revenu  ici,  et  j'ai  comparu  avec  mes  coreligionnaires 
devant  le  Conseil,  je  lui  ai  rappelé  le  traité  que  vous  avez  fait,  leur  ai 
dit  qu'ils  avaient  mal  agi  et  que  nous  voulions  prendre  pour  arbitres, 
ou  le  gracieux  bailli,  ou  votre  haute  sagesse.  Je  les  ai,  en  même 
temps,  priés  de  me  rendre  ma  coupe  en  argent,  sinon  je  me  verrais 
forcé  de  recourir  à  la  justice  de  la  Chambre  impériale,  puisqu'à  mon 
avis,  on  ne  peut  saisir  ni  imposer  personne  injustement,  ni  chasser 
ainsi  l'instituteur.  Ils  m'ont  alors  répondu  qu'ils  voulaient  délibérer 
sur  ce  sujet,  et  qu'ils  me  feraient  part  de  la  décision  prise.  Un  ou 
deux  mois  après,  ils  ont  envoyé  chez  nous;  nous  avons  comparu  et, 
après  avoir  longtemps  attendu,  nous  vîmes  venir  le  bourgmestre 
Wendling  Magnus  qui  nous  dit  de  nous  en  aller,  parce  que  le  magis- 
trat voulait  laisser  reposer  la  question,  que  plus  tard  on  verrait  ce 
qu'il  y  aurait  à  faire; 

»  90  Ensuite,  pour  des  affaires  pressantes  qui  sont  intervenues,  je 
suis  reparti  à  cheval,  on  a  profité  de  mon  absence  pour  faire  venir 
devant  le  Conseil,  le  mardi,  après  le  dimanche  Rerainiscere  (20  fé- 
vrier), Jacob,  l'instituteur,  mon  fils,  ainsi  que  l'autre  instituteur, 
des  veuves,  de  même  que  ma  famille,  et  on  a  dit  aux  instituteurs  de 
partir  de  la  ville,  sous  peine  d'une  amende,  et,  comme  ces  deux  Juifs 
n'ont  pas  voulu  obéir,  les  magistrats  ont  cherché  à  les  faire  sortir 
de  la  ville  par  la  force,  avec  l'aide  de  leurs  valets. 

»  Les  Juifs  ont  supplié  qu'on  attendit  mon  retour.  Les  magistrats 
s'y  sont  refusés,  et  la  nuit  suivante,  déjà,  les  bourgeois  et  habitants 
ont,  de  nouveau,  lancé  des  pierres  contre  nos  maisons  et  contre  nos 
volets,  suivant  leur  habitude. 

>  Est- il  donc  permis  de  nous  molester  ainsi,  nous  qui  sommes 
pourtant  des  hommes  que  Dieu  a  mis  sur  la  terre,  pour  vivre  dans 
tous  les  pays  et  dans  toutes  les  villes,  non  avec  les  bêtes,  mais  parmi 
les  autres  hommes  ?  Nous  sommes  donc  contraints  et  obligés  de  nous 


JOSELMAM  DE  ROSHEIM 


2m 


plaindre  de  la  ville  de  Rosbeim»  de  prier  de  la  punir  et  de  nous  prô- 
ner dans  notre  malheur; 

»  I0<*  Enfin,  pour  terminer,  je  sais  par  moi-même  que  votre  haute 
Sagesse  nous  a  déjà  témoigné,  dans  mainte  affaire,  beaucoup  de 
bonté.  Il  €5t  aussi  avéré  que  votre  haute  Sagesse  s*est  toujours  mon- 
trée parfaitement  juste  envers  tout  chacun,  que  ce  fût  un  juif  ou  un  # 
~  irélieu* 

•  Pour  toutes  ces  raisoDs,  je  veux  m'abstenir  de  déposer  une 
plainte  devant  la  Chambre  impériale,  en  mon  nom  et  en  celui  des 
iils  juifs,  jusqu'à  ce  que,  à  mes  frais,  vous  ayez  fait  parvenir 
supplications  aux  autorités  de  Rosheim,  et  qu'elles  consentent 
â  cesser  leurs  ordres  d'expulsion  et  de  saisie,  en  laissant  chacun 
jouir  en  paix  de  ses  privilèges,  puisa  comparaître  avec  nous,  devant 
vous,  à  Ilaguenau, 

Ces  messieurs  du  Conseil  voudront  bien  fixer,  pour  le  rendez- 
fous,  un  jour  venant  après  les  fêles  de  Pâques,  mais,  si  cela  ne  leur 
Dnvient  pas.  qu'ils  répandent  avant  le  mardi  -de  la  mi  carême,  atin 
lue  nous  sachions  a  quoi  nous  en  tenir. 

î^ous  voulions  seulement  soumettre  nos  plaintes  à  votre  haute 
agesse^  afin  que  ces  Messieurs   de   Rosbeim  vissent  que  nous, 
pauvres  juifs,  nous  ne  tenons  à  leur  faire  ni  frais,  ni  dommage. 

«  Nous  supplions  encore  une  fois  votre  haute  Sagesse  de  ne  pas 
[prendre  notre  longue  épitre  en  mauvaise  part,  et  de  mettre  à  mon 
I  compte  tous  les  frais  de  copie  et  d'expédition. 
»i  Nous  attendons  un  mot  de  réponse. 

•  De  votre  haute  Sagesse  le  très  humble  et  très  obéissant,  Jheskl, 
juif  de  liôsheim,  pour  lui  et  ses  ressortissants  de  Rosheim, 


us  CiRESmÂNIS  ]DIFS  DE  JEiN  BDIW 


Parmi  tous  les  savants  chrétiens  qui,  depuis  la  renaissance  des  \ 
otutles  classiques,  se  sont  adonnés  à  la  littérature  juive,  aucun  n'a 
cultivé  avec  une  prédilection  plus  grande  et  un  succès  plus  écla- 
tant que  Jean  Buxtorf  le  domaine  entier  de  la  science  juive.  Aussi, 
aucun  autre  n'a-l-il  été  honoré  au  môme  degré  par  ses  contempo- 
rains- Les  savants  de  France,  d'Angleterre,  d'Allemagne  et  de 
Hollande  saluèrent  en  lui  le  digne  fils  de  son  illustre  père,  le 
^rand  maître  de  la  langue  et  de  la  littérature  hébraïque.  Ils  lui 
demandaient  des  conseils,  le  priaient  de  recommander  leurs  ou- 
vrages et  lui  dédiaient  leurs  travaux  littéraires.  De  leur  côté,  les 
savants  juifs  des  pays  étrangers,  auxquels  était  parvenu  le  bruit 
de  sa  renommée  ou  qui  avaient  étudié  ses  ouvrages,  ne  laissèrent 
pua  d'entrer  eu  relations  avec  lui  et  de  lui  apporter  leurs  hom- 
mages. Aus>M,  au  nombre  de  ses  amis  et  correspondants,  on  compte 
tlea  Huvants  juifs  de  Constantinople,  dltalie,  d'Allemagne  et  de 
UuUaJtde. 

Jacob  Komau  et  Léon  Siaa,  de  Constantinople,  étaient  en  cor* 
roaiK)adance  avec  lui  ;  leurs  lettres  ont  été  publiées  par  nous  anlé- 
nuurumoat*. 

l'anui  les  rabbins  italiens  de  cette  époque,  Buxtorf  connaissait, 
^an.s  doute  de  nom  seulement,  à  Venise,  R.  Moïse  Zacut  et  R.  Sa- 
muel \boab.  Il  s'étonnait  que  ce  dernier  se  fut  refusé  à  enseigner 
lo  'laluiud  au  jeune  delà  Grange,  tout  en  consentant  à  lire  avec 
hii  lo  Kozari,  comme  le  prouve  sa  lettre  écrite  de  Venise,  àl^ 
dalt?  do  1004.  —  A  Vérone,  il  connaissait  R.  Saùl  Merori*.  — *. 
Maulouo  et  à  Padoue,  il  avait,  comme  il  le  dit  dans  une  lettre 
aiUv.vsi'o  à  Hottinger,  à  la  date  du  7  septembre  1642,  plus  d'un 
uuu  parmi  les  savants  juifs. 

*  i\u  Kl-,  loiuti  VIU,  p.  55  et  suiv. 

*  .imil    Merori,    dont   il  existe   une    rîar»3m  llbtXO    dans    le   Recueil   inUlulé 
*mi;j\»  131»  »**  "71.  approuva  le  nT'^  ''piD  'o,  paru  à  Venise  en  1664. 


LES  CORRESPONDANTS  JUIFS  DE  JEAN  BUXTORF  2Gt 

A  Mantoue,  il  eut  pendant  quelques  ann^^es,  cornine  correspon- 
•^3"^',  Saîomori  Gaï  et  Florio  Porto  Cohen,  deux  hommes  t^ner- 

S  (lui  sont  restés  jusqifà  présent  tout  à  fait  inconnus* 

Oui  était  ce  Salomon  Gaï?  «  A  votre  question  concernant  ma 

Bsion  et  ma  position,  écrivait-il  à  BuxtortV  dans  une  lettre  du 

ffiffibre  1637,  datée  de  Mantoue,  je  répondrai  que  je  suis  Juif 

inee  et  de  religion.  Mes  ancêtres  étaient  au  Sinaïl  Je  ne  suis  ni 

deor»  nî  rabbin,  et  je  ne  possède  aucun  autre  titre  honorifique  : 

I  sais  un  simple  instituteur.  A  la  suite  de  la  guerre»  j'ai  quitté 

iintoue  et  je  me  suis  rendu  à  Bolzano  %  où  je  suis  entré  dans 

^maison  d'un  honnête  et  excellent  homme»  Jacob  Moravia,  en 

lité  lie  précepteur  de  ses  deux  fils,  jeunes  gens  fort  bien 

nés.  Jiy  suis  resté  environ  cinq  ans  et  demi.  Je  suis  âgé  maïjite- 

Dt  de  37  ans.  A  l'âge  de  20  ans,  j'ai  commencé  à  étudier  le  latin, 

kîs,  pendant  mon  séjour  à  Bokano,  je  Tai  oublié  en  grande 

lie,  soit  faute  de  temps  pour  m'en  occuper,  soit  parce  que, 

optant  rester  dans  cette  ville  plus  longtemps,  j*ai  mis  tout  mon 

à  devenir  maître  de  la  langue  allemande,  afin  de  pouvoir 

fier  :  je  suis  parvenu,  en  effet,  à  ce  résultat  que  je  parle 

ague  couramment*.  » 

traduction  latine  que  Buxtorf  fit  du  Guide  des  Égarés  de 

,  et  qui  ne  passa  pas  inaperçue  dans  les  cercles  juifs, 

-   lomon  Gaï  d'étonnement  et  d'admiration,  au  point  qu*il 

llttt  d'écrire  au  fils  de  cet  homme  illustre  (il  attribuait  la  tra- 

Èion  au  père)  une  lettre  d*hommage,  rédigée  en  latin.  Il  lui 

Eodait   en  même  temps  si,  outre  la  traduction    du  More, 

e»  ouvrages  pouvant  lui  servir  pour  ses  études  avaient  été 

[Buxtorf  fut  très  sensible  à  ce  témoignage  d^admiration,  il  y 
ODdit.  à  la  date  du  12  septembre  1637  \  en  envoyant  à  Gaï  sa 
ation  intitulée  :  Diatribe^,  qui  venait  de  paraître;  il  le 
hlit,  en    même  temps,    de    lui    procurer  quelques  ouvrages 

de  fut  la  joie  de  Gaï,  lorsqu^apri^s  beaucoup  de  détours,  la 


>oo  Boxeo,  diku&  le  Tjrol,  vjUt]  célèbre  au  xtii*  siècle  pur  su  foire,  ovaiL 
iwM  cpf&inunanlé  juive,  peu  importauLe,  il  esi  vmi. 

•ns  statuin...  Cetle  leltre  bu  trouve,  uommo  touks  les  autres  que 
Dt  td  pour  lu  preroière  Idis,  dans  la  collectîoa  des  lellrcs  adressées  4 
rf«  eompocée  d«  4  volumes»  que  possède  lu  Biblioili^ifuo  muoicipele  de  liAlo 
Lis» 
fLi  ItUfe  écnir^  en  latin  (G,  I,  :Ji  1),  daieo  dn  Maatotio,  àm  sextn  Augusli  1637^ 

kte  tm«i  :  '  Non  soluin  mihi  uûquum  m  mculcm  vcnissot*..  » 
*  t.*  rtf»iï«e  DO  nous  a  pis  été  couservéc. 
-  pt^tnèê  de  cûmpeni*  §i  facU  ling,  hcbf.  et  chaid.  ;  Bâie,  1037. 


2fi2  REVUE  DES  ÉTUDES  iUIVKS 

lettre  de  Buïtorf  lui  parvint,  et  qu'il  apprit  ainsi  que  le  è^ysM 
qu'il  honoroît  à  un  si  haut  deçré  vivait  *^iioore.  Il  exprima  lon- 
guement .sa  satisfaction  dans  sa  lettre  du  6  novembre  1637,  écrite 
en  latin»  avec  une  introduction  de  dix  lignes  en  hébreu,  et 
adressée  à  Buxtorf*.  Il  y  appelait  son  attention  sur  quelques  oii^ 
vrages  que  Buxtorf»  comme  il  le  supposait,  ne  connaissait  pa^ï 
eîicore  :  par  exemple,  le  n3  nnn,  la  concordance  hébraïque  de 
P.  Marco  MarinoV  11  promit  de  lui  envoyer,  à  la  prochaine  foire 
de  Bolzano,  quelques  livres  intéressants;  quant  au  commentaire 
d'Abravanel  sur  les  prophètes,  qu*il  désirait  avoir,  il  ne  ptouvail, 
à  son  grand  regret,  le  lui  procurer,  ce  livre  étant  devenu  très 
rare.  Il  termine  en  priant  Buxtorf  instamment  de  lui  en\ 
Lexicon  pentagloUon  Heb7\  Chald,  Syriac.  Talraud-R 
ei  Arab.j  de  Valentin  Schindler',  mentionné  dans  le  Diatribe,  et 
de  son  Leooieon  chaldaicum  iabnndicum^  qui  était  sous  pressa 
ce  qui  en  aurait  paru  au  moment  de  la  prochaine  foire  de 
Bolzano.  Jacob  Moravia  était  chargé  de  payer,  au  reçu  des  livres, 
le  prix  fixé  entre  les  mains  du  porteur.  Ces  lexiques  rint^res- 
saient  d'autant  plus  vivement  qu'il  travaillait  lui-même,  en  colla- 
boration avec  un  ecclésiastique*  auquel  il  donnait  des  leçons 
dUiébreu,  à  un  lexique  de  ce  genre  et  qu*il  ne  pouvait  Tachever» 
faute  de  temps.  Il  lui  fallait  consacrer  la  journée  entière  à  son 
enseignement,  et  les  heures  de  la  soirée,  soit  a  des  travaux  pro* 
fanes,  afin  d'assurer  le  pain  de  sa  famille,  soit  à  Tétude  du  Rab 
Alphes,  qui  était  alors  le  sujet  de  conférences  quotidiennes  daii5 
les  Académies. 

Salomon  Gaï  tint  IMèlement  parole.  Le  24  kislev  (11  décembre) 
1637,  il  lui  envoya^  comme  cadeau,  cinq  livres,  accompagnés 
d'une  courte  lettre  hébraïque,  dans  laquelle  il  lui  rappelait  encore' 
une  fuis  les  deux  lexiques  qu*il  désirait.  Il  le  priait  de  lui  expé- 
dier lettres  et  livres  par  Venise,  au  lieu  de  les  envoyer  par  voie  de 
Bolzano  ^ 

Cette  lettre  fut  suivie,  à  la  date  du  8  janvier  1638,  d'une  longue 
épître  en  latin  *^,  dans  laquelle  il  exposée  Buxtorf  qu'il  voudrait 
faire  un  bon  dictionnaire  usuel  hébreu  latin  et  latin*hébreu,  qui 
contiendrait  non  seulement  tous  les  mots  de  rÉcriture-Sainte, 


*  La  lettre  débole  ainsi  :  13  -iibn  bSÎTO  T^ia- 

■  Marco    Marina  ^écut  (|  net  que   temps   à  Bûle.  où  il  exerçait   les  fonctions 
censeur    Sa  concordance  porut  à  Venise  en  1593  ;  Toir  Revue^  L  VIll,  p.  78, 

*  Cum  iVatre  quem  lingmini  hebream  docebam* 

*  G,  I,  351 .  Les  titres  des  ouvraj^es  donnés  en  présent  ne  soot  pas  indiqués, 
«  G,  1,  VS. 


LES  CORRESPONDANTS  JUIFS  DE  JEAN  BUXTORF  263 

(jîs  encore  l«?s  mots  et  tournures  de  la  Mischna,  de  la  Berâïta^ 

sMidraschîm,  da  Guide  des  Égarés  et  du  Yad  Ilaxaka  de  Maï- 
lunjde,  des  Commentaires  de  Raschi  sur  rÉcnture  et  le  Talmud. 

outre,  il  fait  savoir  à  Buxtorf  que  son  ami,  R.  Samuel  Médina 

Venise,  le  fils  du  prrand  rabbin  H.  Semaja  Médina,  de  cette 
ille*,  voulait  vendre  le  Commentaire  d'Abravanel  sur  Jén^mie, 
5«^cbiel  et  les  douze  petits  prophètes,  au  prix  de  six  ducats,  ce 
il  lui  semblait  trop  cher.  Il  renouvelle  encore  une  fois  la  de- 
Bnda  des  lexiques,  de  la  Concordance  parue  en  1632,  et  d'autres 
ivrages  publiés  par  Buxtorf.  Il  ajuule  qu*à  Venise  Samuel  Me- 
aa*  et  à  Boliiano,  Jacob  Moravia  ou  les  marchands  Jacob  Cases 
i  Simon  Fano,  qui  y  viendront  à  la  foire,  recevraient  les  livres  et 

verseraient  le  prix, 
'  Lps  lexiques  arrivèrent  enfin.  Le  20  juin  1638,  Gaï  put  en  accu- 
réception  à  Buxtorf.  Dans  la  raéme  lettre,  écrite  en  hébreu*, 

lui  annonça  aussi  qu1l  lui  envoyait  le  D**3iî3n  o**0T  'o  *,  qui 
vait  pour  auteur  un  célèbre  rabbin  et  cabbalist»^  de  Mantoue, 
iiisi  que  le  Kozari  avec  le  commejitaire  de  Jehuda  Muscato  ** 

i sujet  de  A^zarla  Me-haadomim  (de  Rossi),  que  Gaï  confond  avec 
|lzaria  di  Fano  et  dont  il  fait  un  cabbaliste,  nous  ajjprenons  par 
ette  lettre  qu'il  était  le  maître  du  savant  duc  Ferdinand  ^  et  tenu 
ar  celui-ci  en  grande  estime.  Quant  aux  livres  demandés  par 
Buxtorf,  il  lui  envoya,  outre  le  itsth  •'fiin  ma»**,  que  celui-ci  n'avait 
mm  vu,  les  «  Propos  du  renard  w  ^,  les  commentaires  de 
^'  Uaac  Hacoben  et  R,  Moïse  Alschich  sur  Job  •,  le  ^isnn  'd  ^  de 
S  Aaron  b.  Joseph,  et  le  rrn'']^"'  'o  *''  ;  au  lieu  de  ce  dernier,  il  au- 


^'H.  SeoiAjtf  Médina,  patii-fila  do  R.   Samuel  de  Médina  (D"llDn),  édileur   des 
rch^cux   de  ce  dernier,   parus   â   Manioue  en    1622  ^  sous  la  titre    de 

pt>,  î,  3ia  :  «prc>9  la  formule  de   saiuUtion   "^-im    HTQOTi   '\^'pJ2    J*315    bro 
r^^2  -l^n  b^na,  la   ItUre  commeace  ainsi  :  b^^nb    ipiSS  p'î^b  furfri 

*  r31»l  0^07  '0;  Mantoue,  1623. 
I  *1^oa)AB,  1594. 

I  '  Nous  De  sucliioiis  pas  que  ce  Tait  ait  é\é\  mentionné  nulle  part  ailleurs.  Dans  le 
lipptiii&ent  a  la  biographio  de  De  Kossi,  par  Zudz  {Kerem  //<?«<•</,  V,  Hj2)^  on 
irlt  bioû  des  eoiretiens  que  Avaria  do  Ros«i  eut  avec  de»  savatils  chrélieos;  toute- 
iZurti  [i,  c,  V^,  148)  ignore  que  Buxtorr  cite  De  Huesi  dauâ  la  préface  de  la  tra- 
iBctioû  (lu  Mût^, 

I*    L'ftQt«ur  de  cet  ouvrage  eat  lâaac  b.  Jacob  Obadia  (Vcaise,  1598). 
^  '  C^b^IlD  ■'blD?:  i  Mantoue,  1557. 

*  U  premier  a  été  iiu primé  ù  Conâttatinoplo  on  1&£>5,  lo  dernier  ik  Veoîse,  on 

i  •  Voawe,  leûO. 


264  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

rait  préféré  lui  envoyer  le  ninbNri  nDn^Ta  S  qui  contient,  outre  le 
nn-'at'^  'o  avec  un  commentaire,  beaucoup  d'autres  choses  *. 

Dans  la  maison  de  Salomon  Gaï  habitait  Florio  Porto  ',  fils 
d*un  savant  qui  était  également  professeur  d'hébreu.  C'est  à  lui 
qu'incomba  le  triste  devoir  d'informer  Buxtorf  de  la  mort  de  son 
maître  et  ami,  survenue  au  mois  d'août  1638.  Porto  avait  d'autant 
plus  de  motifs  d'écrire  à  Buxtorf,  que  Gaï  avait  envoyé  à  ce  der- 
nier, quelques  mois  avant  sa  mort,  par  l'intermédiaire  des  négo- 
ciants J.  Paul  Partner  et  Carlo  Farchetti  de  Venise,  plusieurs 
ouvrages  que  Buxtorf  avait  demandés  et  dont  il  n'avait  pas  accusé 
réception.  En  môme  temps,  il  prenait,  disait-il,  la  liberté  de  lui 
demander,  au  nom  de  la  veuve  de  Gaï,  habitant  sa  maison,  de 
compléter  le  Lex^icon  ialmudiciim  qu'il  avait  envoyé  et  qui 
n'allait  qu'à  la  page  1778.  Il  considérerait  cela  comme  une  faveur 
personnelle  très  grande.  Porto  ne  négligea  pas  de  complimenter 
Buxtorf  sur  l'excellence  de  sa  traduction  du  More. 

A  cette  lettre  du  24  décembre  1638  *,  que,  pour  plus  de  sûreté. 
Porto  envoya  à  Bâle  par  différentes  voies,  Buxtorf  répondit  qu'il 
allait  envoyer  les  feuillets  manquants  du  Lexico7i.  A  la  suite  d'une 
lettre  de  rappel  de  Porto  *,  Buxtorf  lui  écrivit  qu'il  les  avait 
envoyés  à  Venise  ^.  Lorsque  les  feuillets  avec  le  titre  et  la  préface 
arrivèrent  enfin,  le  Lexicon  avait  été  égaré  par  la  négligence  de 
la  veuve  de  Gaï,  au  grand  chagrin  de  Porto  ^ 

Comme  précédemment  Gaï,  ainsi  Porto  fut  chargé  par  Buxtorf 
d'acheter  pour  lui  les  livres  hébreux  imprimés  en  Italie.  Le  jeune 
savant,  qui  s'était  procuré  les  ouvrages  de  Buxtorf  et  les  étudiait 
avec  ardeur,  se  mit  volontiers  à  sa  disposition.  Mais,  à  cette 
époque,  les  livres  hébreux  étaient  déjà  devenus  plus  rares  en 
Italie.  Beaucoup  de  personnes  les  étudiaient,  dit  Porto  ;  son  père, 
déjà  mort  en  1640,  avait  été  du  nombre.  Porto  choisit,  dans  la 
riche  bibliothèque  que  son  père  avait  laissée,  les  ouvrages  sui- 
vants qu'il  envoya  à  Buxtorf: 

yù^^"^  ûTSa  , de  Moïse  Abraham  Provenzalo;  Venise,  4596. 
û'û  aiû  ,de  Eliakim  ben  Naphtali  ;  Venise,  4606. 

1  Mantoue,  1558. 

*  (d-«r73-i)  o-^D^rr  'D  n»  n"D3^53b  mbob  "^nanD. 

3  Ses  lettres  latines  étaient  signées  :  Florius  Portus  hebraeus,  ses  lettres  en  hé- 
breu laniD  imbD,  et  quelquefois  «j^Dn  ia*.1D  -."^mbD. 

^  G,  I,  324.  La  lettre  est  en  latin  et  commence  ainsi  :  Quamquam  uondum  libi 
meas  dederim  epistolas  ncquc  adhuc  do  me  nulla  ad  te  pervonerit  notitia 

*  La  lettre  est  datée  du  G  mars  1040  (G,  I,  326). 

*  Lettre  du  28  mars  1640  (G,  1, 332),  où  il  se  réfère  a  une  lettre  de  Buxtorf  du  26  février. 
7  Lettre  du  14  août  1640  (G,  I,  333). 


LES  CORRESPONDANTS  JUJFS  DE  lEAN  BUXTOBF  26» 

"nrt  ^dlssachar  Baerk  Moses  Petahia  ;  Prague,  tG09. 

S'HP^  snb  ,de  Joseph  Taytazak ;  Venise,  4607. 

'im  n^in  ,dt3  Moïse  b.  Jacob  Corduero  ;  Venise,  1588. 
n%t^  nn  ,d'Abraham  ben  Jehiel  Cohen  Porto;  Venise,  iG28. 
I^tmot?  nsiJ  ,deMenahem  Ziou  Porto;  Venise,  1627. 
[Ipr  mK©  ,de  Joseph  b.  Salomon  Ibn  Verga;  Mantoiie,  4593. 
m  ^rnsn  ,de  JebieiMelli;  Manloue,  1623. 

O'^D:?  ,de  Menahem  Azada  di  Fano;  Mantoue,  1623. 
3î3n 'D  ; ,   .   .   .   .  Venise,  1607. 

Bpèrait  pouvoir  lui  envoyer  prodiainenient  :  rr^n^rr  nmatî 

k,  de  Meïr  Angel,  Manloue^   1622,  et  lintt  ab  ,  d'Aaroii    Ibn 

iyiiii,  Venise,  1608.  Quant  au  np*^  "^b^,  il  ne  pouvait  satisfaire  la 

éEQande  de  Buxtorf  avant  de  savoir  lequel  des  ouvrages  portant 

titre  celui-ci  voulait  désigner.  Le  commentaire  d'Âbravanel 

les  prophètes  se  trouvait  bien  dans  la  bibliothèque  de  son 

mais  tellement  défiiiuré  par  la  censure,  qu*il  n'osait  pas  le 

Bl  envoyer.   Quant  au  prix  des  ouvrages  en  question,  il  n'en 

émettait  à  Buxtorf  lui-raéme  du  soin  de  le  fixer  ;  du  reste,  il  était 

lispose  à  prendre  en  échange  ses  propres  ouvrages  *. 

La  correspondance  assez  active  qui  llit  ih^hangëe  entre  Buxtorf 

Porto  *  concerne,  en  grande  partie  des  livres  que  Porto  lui 

vait  procurtjs  ou  demandés.  En  septembre  1640,  il  lui  envoya, 

rinterraétliaire  de  J.  P.  Partner  de  Venise,  le  np^  ''b^,  com- 

eataire  sur  les  prophètes,  de  Samuel  Laniado  (Venise,  ItiUS), 

par  la  voie  de  Bolxano,  le  "inr!»  2b,  qu'il  avait  dc^siré.  Ayant 

a.  dans  un  des  écrits  de  Buxtorf,  beaucoup  d'ouvrages  cités  qui 

}  trouvaient  pas  en  Italie,  Porto  pria  Buxtorf  de  les  lui  pro- 

p,  conformément  à  la  liste  contenue  dans  sa  lettre  du  11  no- 

embre,  et  de  les  lui  expédier,  par  la  voie  la  plus  courte,  savoir  : 

laslilutio  episioiaris,  avec  supplément  ;  Baie,  462U. 

ns^Nn'D  ,daos   la    traduction   latine   de   Paul   Fagius  ; 
Isny,  \iji2. 
îT3-in  rmr»n  'o  ,dG  H.  Abraham  b.  Dior". 

Gyn-z  rinn»  , .  .;  Prague,  !580. 

nra  ^nTaH  ,sur  les  mots  étrangers  du  Zohar;  Prague,  1610. 
-IDC  nrît  »de  Naphtali  Aitschuler  ;  Lublin,  1602. 

ttn*^Z  p  ,daQs   la   traduction    latine    de  Paul    Fagius  ; 
Isny,  4542, 


éa   vr>  TST»    'l^'^bp   'l    Ûl**  (tl^Ul).  La  flu  seule  de  la  leUro  est  en 


(G,  l.  33GJ. 
"      )3,  334. 


DCDt  eo  1^52. 


266  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

1i'^:in?i  ,d6  Moïse  Maimonide,  avec  la  traduction  W  Mine 
de  S.  Mi^Dster;  Bâle,  <527. 
051:^    niD"'bn  ,dans   la    traduction    latine   de    L'Emperei/r, 
Leyde,  4634. 
I'^7a'^23  'n  ni3^C73  ,dans  la    traduction    latine    de    L'Empereor; 
Leyde,  4633. 

3-^13  T'NTa  ,Goncordance ;  Venise,  4  523. 

bD«rr  10173  ,dans  la  traduction  latine  de  Jean  Mercier;  Pa- 
ris, 4559. 
mDn3?ï3n  ^-'iTTa  ,Diclionnaire  de  Philippe  d'Aquin;  Paris,  1629. 

nm  rms,  ,de  David  Gans ;  Prague,  4o»2. 

Yafin  bo  û-^^-^rr  -«nm  ,(rrbapn  'o);  4572. 

tiOD  n-irp  ,dans  la  traduction  latine  de  Jean  Mercier  ;  Pa- 
ris. 4559. 
in  rvn  ,dans  la  traduction  latine  ;  Cologne,  4555. 
miN  -ns^o  .dans  la  traduction   de    P.  Ricci  ;  Augsbourg, 
4516  et 
La  collection  des  écrits  de  Joseph  del  Medigo  *. 

Buxtorf  n'envoya  pas  ces  ouvrages  à  Porto,  dont  deux  lettres 
ultérieures,  du  25  février  et  du  26  mai  1641,  restèrent  sans  ré- 
ponse. A  la  date  du  24  novembre  1641,  il  écrivit  encore  une  fois  à 
Buxtorf.  lui  disant  qu'il^  lui  enverrait  volontiers  le  niT  to,  de 
Menahem  de  Lonzano,  mais  qu'il  n'osait  pas,  n'ayant  pas  reçu  de 
ses  nouvelles  depuis  un  an.  Buxtorf  ne  répondit  pas  davantage. 
Néanmoins,  en  août  1642,  Buxtorf  écrivit  à  Hottinger  de  Zurich, 
que  depuis  longtemps  il  était  sans  nouvelles  de  son  ami  Porto. 
Un  an  plus  tani,  dans  une  lettre  adressée  au  même  Hottinger,  il 
disait  :  «  A  Mantoue,  j'ai  pour  ami  un  juif  nommé  Florio  Porto, 
mais  j'ignore  s'il  vit  encore*.  » 

A  Padoue,  où  il  y  avait  alors  beaucoup  de  Juifs,  même  des 
médecins  très  versés  dans  le  Talmud  et  familiarisés  avec  les 
écrits  des  philosophes,  Buxtorf  était  en  correspondance  épistolaire 
avec  Emanuel  Porto ,  qui  était  i)eut-étre  un  parent  de  Florio 
Porto.  Emanuel  Porto  ou  Mei.ahem  Zion  Porto  Cohen  ^,  comme 
on  rappelait  dans  les  cercles  juifs,  était  un  des  rabbins  les  plus 
instruits  de  son  temps.  Il  était  né  à  Trieste,  vers  la  fin  du 
xvi«  siècle.  En  1627,  il  publia,  à  Venise,  louvrage  déjà  mentionné 

»  L«  lettre  en  hébreu,  avec  le  S^^SC  ll'I^T  y  adhérenl,  se  trouve  G,  I,  330. 

•  Ejro  ibi  Mantuse  t'amilidrem  habeo  judaeum  quemdam  Florio  Porto,  sed  nescio  an 
adhuc  in  vivis  ,Ms.  . 

*  Menahem  Z  .  n,  ivnine  F'orio  «.t  I>aac  Por*  >  Coh'Mi.  le  savant  correspondant  de 
H.  Me-r  Kjl^en.'.'.v  i:t)>«vu,  s^.^-iuknl  -iu  uom  de  c;**E.  mais  nuaemont  a^lID  KD^, 
i.vmme  ie  v:\ii  Lurzalio  {  U ".#**'•  JaAràiêck,  VI.  103.  et  Aulobio^^phia  de  S.-D. 
Luz^atto,  Padova,  1^7S]. 


LES  œnRESPONDANTS  JUÎFS  DE  JEAN  CUXTORF 


267 


impV  ny\^,  et,  en  1636,  à   Padoue,   Touvrage  astronomique  en 

|uatre  parties  :  Porto  astrojiomicOt  dédié  à  Benvenuto  Petazzo, 

eomle    de  San  Servol  CastelnuoYO  »  qui    lut  Tobjet  des  ébges 

jd'lnilréa  ArgoU,  professeur  de  matin^matiques  à  rUniveraité  de 

doue»  et  que  Tomaso  Ercolani  et  Benedetto  Luzzatto,  «  RaLbi 

studente  in  Padova  »,  célébrèrent  en  sonnets  italiens. 

1641,  par  Tentremise  de  Gaspard  Scioppius  et  sur  sa  reconi- 

landation,  Porto,  le  rabbin  de  Padoue,  entra  en  rapports  avec 

Ttorf,  Ce  Sciûppius  ou  Sclioppe,  Allemand  d'origine»  qui  i^tait 

service  des  Jésuites  et  qui  se  Ht  connaître  par  son  pamphlet  : 

aliger  hyperbomilœits^ûivigé  contre  le  savant  de  Leyde,  Joseph 

aliger,  plus  que  par  ses  écrits  mystico-philosophiques,  résida 

mz  longtemps  à  Padoue,  où  il  eut  roccasion  de  faire  la  connais- 

lice  de  Porto.  Le  15  octobre  1641,  il  écrivait  de  Padoue  à  Buxtorf  : 

R.  Ërnanuel  Porto,  un  excellent  homme,  n'hésite  pas  à  m'a- 

!8ser  une  demande  d'autant  plus  qu'il  connaît  ta  bonté,  tonéru- 

litujii  extraordinaire,  qu'il  a  pu  juger  d'ailleurs  en  lisant  ton  traité 

»iT(?dans  mon  Mercurius  *,  où  on  sent  «  ex  ungue  leonern  ».  Je 

lui  al  promis  de  te  le  recommander  dan»  une  de  mes  lettres.  Je  te 

ie  donc  de  te  montrer  complaisant  à  son  égard  et  d'être  persuadé 

If* tu  me  rendras  par  h^  un  grand  service'.  »  Quelques  jours 

ilus  tard,  le  20  octobre,  Porto  écrivit  directement  à  Buxtorfune 

tire  en  ih'brfu  ^,  le  priant  d'examiner  le  manuscrit  qu'il  lui  en- 

'yait  et»  s'il  Tapprouvait,  de  le  remettre  à  un  imprimeur  de  Bâle, 

'«ren  faire  la  puldication.  II  espère  que  l'imprimeur  ou  Téditeur 

f  s^»  refusera  pas  à  publier  ce  travail  qui,  à  cause  de  son  peu 

l'étendue  et  du  sujet  traité,  pouvait  être  d*une  vente  facile.  L'au- 

ura  des  prétentions  modestes  :  il  demande  seulement  que  l'édi- 

'^^  lui  envoie,  immédiatement  après  la  fin  du  travail  d'impres- 

^y  vingf-ciriq  exemplaires  ordinaires  et   un  exemplaire   .^ur 

Papier  impérial,  afin  de  pouvoir  le  remettre  à  temps  au  haut  per- 

''oan^gg  à  qui  Fouvrage  doit  être  dédié.  Enlln,  il  prie  Buxtorf  de 

voiiÏQir  bien  corriger  les  fautes  qui  se  trouveraient  dans  le  manus- 

*^^'t  ^t  se  déclare  prêt  à  lui  rendre,  de  son  côté,  tous  les  services 

^^sibles.  Dans  un  post-sc^iptum,  il  demande  quel  est  le  prix  d'un 

^^^mplaire  du  Talmud,  édition  de  Bâle. 

blercurius  quâdrtlinguis.  avec  la  disserta  Lion  :  Coosilium  uDÎvoTsaîo  de  Uaguas 
i»  iludio  ae  Buxlorr,  BasiL  t637.  Le  Mercumia,  dont  Stcinschueider,  oomm©  U  ' 
U  da&s  le  Manuel  de  la  liué  rat  tire  théorique  et  prati<|ue  de  la  l  ungue  hébraïque 
,,         -  1859),  p.  âÛ,  a«  335,  «e  suit  ncn»  est  le  Mercurius  cité    p.   Ï3U,   n«  ÎS7H,  dont 

*^l«;tty  est  Sc»oppiU8. 

^^E   Biibkii  Emunn**!  Porlo,  vir  oplimue  et  meo  jud'do  di^niesimus» 

HP    U  lettre    d^ïi.ik    ainsi   (Q,  I,  337)   :   ^b    rn-^nSl    "«Sn»    13^73113    "^nr^aO 


268  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Plusieurs  mois  s'écoulèrent  avant  que  Buxtorf  répondît  au  rab- 
bin de  Padoue.  Celui-ci,  fatigué  d'avoir  attendu  si  longtemps,  ré- 
solut d'écrire  une  seconde  lettre,  pour  s'informer  du  sort  de  son 
manuscrit,  disant  que  a  si  les  imprimeurs  de  Bâle  ne  voulaient  pas 
s'en  charger,  il  le  ferait  imprimer  en  Italie  *  ». 

Dans  sa  lettre  du  17  février  1642,  Scioppius  rappela  également  à 
Buxtorf  que  plusieurs  mois  s'étaient  écoulés  depuis  qu'il  lui  avait 
recommandé  Porto  et  que  ce  dernier  attendait  encore  une  réponse. 
«  Comme  tu  as  pu  voir  par  mes  lettres  précédentes,  j'aime  ce 
digne  homme  ;  c'est  pourquoi  je  te  le  recommande  de  nouveau  par 
la  présente  ».  Malgré  cette  nouvelle  recommandation,  Buxtorf  ne 
paraît  pas  s'être  hâté  de  répondre.  A  la  date  du  25  mai  1642,  il 
écrivait  à  Ilottinger  de  Zurich,  qui  avait  reçu,  en  môme  temps 
qu'un  livre  de  médecine,  qu'on  lui  envoyait  de  Padoue,  le  Compen- 
dium  de  la  grammaire  hébraïque  *,  publié  par  Porto,  en  1642,  et 
qui,  par  intérêt  pour  l'auteur,  s'était  informé  auprès  de  Buxtorf  de 
sa  position  et  de  sa  considération  parmi  ses  coreligionnaires  :  «  Je 
ne  sais  rien  d'Emanuel  Porto,  sinon  que  j'ai  reçu  de  lui  une  lettre, 
il  y  a  quelque  temps,  avec  une  dissertation  qu'il  désirait  faire  im- 
primer à  Bâle  ;  il  m'a  été  chaudement  recommandé  par  Gaspard 
Scioppius,  qui  m'a  encore  prié  récemment  de  l'honorer  d'une  ré- 
ponse. Je  n'ai  pu  encore  le  faire,  et  il  n'a  pas  encore  reçu  de  lettre 
de  moi  ^  ». 

La  dissertation  de  Porto,  que  Buxtorf  dut  corriger  sérieuse- 
ment, ne  fut  pas  imprimée  à  Bâle.  Elle  parut  un  an  plus  tard  à 
Padoue  sous  le  titre  de  :  Dipluranologia  gua  duo  sacrœ  scrip- 
iurœoracula  de  regressu  solis  tempore  Ezechxœ  et  immobilitate 
Luminarium  sub  Josue  declaranlur* ,  avec  dédicace  à  l'empereur 
Ferdinand  III.  Comme  le  titre  l'indique  déjà,  elle  traite  du  miracle 
de  Josué  arrêtant  le  soleil.  Cette  question,  soulevée  par  Galilée, 
qui  vécut  quelques  années  à  Padoue,  et  qui  avait  probablement 
amené  Porto  à  traiter  ce  thème,  était  alors  fort  controversée.  La 
dissertation,  écrite  en  langue  italienne,  fut  traduite  par  l'auteur 
lui-même  en  hébreu,  et  Lorenzo  Dalnaki,  originaire  de  Transil- 
vanie,  la  traduisit  en  latin  et  l'enrichit  d'additions  importantes. 

Vis-à-vis  de  Buxtorf,  qui  lui  témoigna  pourtant,  comme  il  fit  à 
bien  d'autres,  très  peu  d'amitié,  Porto  se  montra  toujours  com- 
plaisant. Il  lui  envoya  des  catalogues  d'ouvrages  et  s'occupa  pour 

»  CeUe  lettre  (G,  1,  338)  commence  ainsi  :  Nm3    innTSC^    l^'^^'n    npi:?n    "^rO 

*  Compendium  gvammatica  hehraeœ;  Padoue,  1642. 

3  De  £m.  Porto  quce  scribis  non  aliter  mihi  notus  est. . . 

♦  Padoue,  1643. 


LES  OJRRESPONDANTS  JUIFS  DE  JEAN  BUXTORF 


269 


lui  d'achats  de  livres.  Ainsi,  Jean  Rhodiiis  lui  écrit  de  Padoue,  à 
tadate  du  11  novembre  1644:  «  E.  Porto,  qui  a  dû  partir  pour 
Tenise*,  a  réuni  les  livres  que  tu  as  demandés  et  dont  je  t'ai 
Indiqué  le  prix  récemment  :  il  te  les  enverra  prochainement,  » 

Un  homme  que  Buxtorf  estimait  plus  que  tous  ceux  dont  noua 
avons  parlé,  c'était  Menasse  ben  Israël  ;  toutefois  la  correspon- 
dance de  ce  dernier  avec  lui  ne  nous  est  pas  parvenue.  Il  apprit 
avec  joie  que  Jean  ZoHikofer  de  Saint-Gall,  lors  de  son  séjour  à 
Amsterdam,  dorant  Tété  1655»  avait  eu  un  entretien  avec  le  savant 
Menasse  et  que  celui-ci  lui  avait  fait  cadeau  de  Topuscule,  récem- 
ment paru,  de  Felgenhauer  :  Bonnm  ?iuncium, 

Buxtorf  tenait  en  grande  estime  aussi  un  autre  savant  juif  : 
David  Cohen  de  Lara. 

De  Lara,  né  en  1602.  à  Lisbonne,  ou,  comme  d'autres  prétendent^ 
à  Hambourg,  était  élève  du  rabbin  d'Amsterdam,  Isaac  Usiel,  et 
séjourna  à  Amsterdam  jusqu'au  moment  ou  la  Communauté  de 
Hambourg  rappela  au  poste  de  hacham.  11  mourut  à  Hambourg 
le  10  octobre  1674.  Par  ses  travaux  philologiques  et  lexicogra- 
idiiques,  il  attira  sur  lui  rattention  des  savants  chrétiens  contem- 
porains. Dn  petit  travail  qu  il  publia,  en  1638,  sous  le  titre  m  n'^^ 
intéressa  particulièrement  Buxtorf:  c'était  la  nomenclature  des 
mou  étrangers  usités  dans  Ips  écrits  rabbtniques.  Hottinger 
considère  ce  travail  comme  le  meilleur  qui  ait  jamais  paru  en 
la  nmlière* 

Cet  ouvrage  dédié  à  Jean  Salvius  de  Tullngen,   ambassadeur 

^^^.4ois  auprès  de  Tempereur,  parvint  à  Buxtorf,  par  l'entremise 

*^^  Jean  Tileman  Stella  de  Téry  et  Morimont,  le  chargé  d'aûaires 

^^  cardinal  de  Htchelieu,  Nous  ignorons  comment  le  savant  juif 

"®  Hambourg  entra  en  relations  avec  ces  hauts  personnages.  Ce 

JPi    est  certain,  c'est  que  de  Lara  envoya  à  Paris  vingt  exem- 

rP'<*ire3  de  son  ouvrage.  Dans  une  lettre  de  Stella,  qui  séjourna 

^*^^lqiie  temps  à  Baie,  datée  du  12  octobre  1641,  il  est  dit  :  «  En 

V*^^iKlant,  j'envoie  à  mon  honoré  maître  les  deux  exemplaires  du 

^<?ocico/i  hehraeo  barbaro  de  IL  David  Cohen,  Je  n'ai  pas  encore 

^P  Uris  sî  les  autres  vingt  exemplaires  sont  arrivés  de  Hambourg  à 


Pa 


t^iB.  Dès  que  je  le  saurai,  le  troisième  exemplaire,  dont  Tauteur 


J'^'^^3  fait  hommage,  vous  sera  remis  '.  » 

1^1  n'est  pas  surprenant  que  de  Lara  ait  fait  hommage  de  son 


^  B'iprès  Ghirondi-Nepi,  Totdot  Gtdok  Itraeî,  p.  258,  Porto  était  professeur  sa 
I  ^ï»»ud-Tor<i  de  Venise.  Il  moyrul  à  Padoue  vers  IGfîO.  Voir  la  lettre  d'Istac 
f  C.fttitiriti  à  Th.   UDger,  du  moiâ  d'août  1717,    dana    Oî^r  Nethtnad^    Vienne,  18(>1>, 

*  Voir  siLT  Stella,  M^u*t  t*  VHI,  p.  75  et  auiir.  (Orignal  allemaud.) 


270  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

ouvrage  à  l'homme  qu'il  estimait  tant  comme  savant  et  avec  lequel 
il  était  déjà  à  ce  moment  en  correspondance,  comme  cela  ressort 
d*une  communication  que  Buxtorf  fit  à  Hottinger,  à  la  date  du 
12  juillet  1642  :  «  David  Cohen  de  Lara,  rabbin  à  Hambourg,  d'o- 
rigine espagnole,  a  écrit,  sous  le  titre  de  nm  nod,  un  ouvrage  sur 
les  proverbes  (rabbiniques)  *.  » 

En  novembre  1660,  de  Lara,  que  Théophile  Spizelius,  dans 
une  lettre  adressée  à  Buxtorf,  appelle  le  plus  grand  hébraîsant 
de  son  siècle,  écrivit  une  nouvelle  lettre  au  savant  bâlois.  Le 
19  novembre  1660,  celui-ci  écrit  à  Hottinger  :  a  Hier  j'ai  reçu  une 
lettre  de  David  Cohen  de  Lara,  qui  prépare  la  publication  du  iVo- 
menclalor,  composé  d'après  les  ouvrages  hébreux,  talmudiques  et 
autres,  avec  des  notes  explicatives  en  latin  et  en  espagnol.  11  m'en 
a  envoyé  le  spécimen.  Je  considère  l'ouvrage  comme  très  utile,  et 
je  crois  qu'il  répandra  la  lumière  sur  bien  des  points  obscurs.  » 

Des  lettres  de  de  Lara  à  Buxtorf,  il  ne  nous  est  parvenu  qu'une 
seule,  en  latin,  datée  du  29  avril  1661  :  il  y  rappelle  qu'il  lui 
a  déjà  écrit  deux  fois  sans  avoir  reçu  de  réponse,  ce  qui  n'est  pas 
étonnant  de  la  part  de  Buxtorf.  Il  Texcuse  cependant  à  cause  de 
son  état  de  santé  et  de  ses  nombreuses  occupations.  Il  lui  fait 
savoir  qu'il  met  à  sa  disposition  la  traduction  latine,,  avec  e^xpli- 
cation,  du  poème  d'Aben-Esra  sur  les  lettres  •'irrN*,  et  que  la 
deuxième  partie  de  l'ouvrage  De  convenieniia  vocabulonoii 
ainsi  que  le  grand  Nonienclator  sont  sous  presse.  En  outre,  disait- 
il,  il  préparait  pour  l'impression  d'autres  ouvrages,  auxquels  il  tra- 
vaillait depuis  quarante  ans.  Enfin,  il  le  prie  de  compter  toujours 
sur  sa  complaisance  et  de  lui  envoyer  sa  réponse  par  le  porteur 
de  la  lettre,  le  négociant  portugais  Abraham  Abendana  d'Ams- 
terdam', qui  séjournait  à  Francfort  pendant  la  foire.  Cette  lettre 
de  David  Cohen  de  Lara*  est  ainsi  conçue  : 

Salutem  et  pacem  Vire  Glari"»  in  Domino  precor  simulque  officia 
servi tiorum  meorum  poUiceor. 

Ad  virum  clarissimum  jam  elapsis  temporibus  duas  dedi  litteras, 
in  quibus  et  affectum  ergo  Te,  V.  Cl.,  satis  superque  declaravi  et 
voluntatem  meam  Libres  quosdam  in  lucem  edendi  clare  exposui, 

^  David  Cohen  de  Lara  rabbinus  bamburgensis  natione  bispanus  opus  adagîonun 
(rabbin iconim)  omnium  scripsit  quod  vocavit  ^*i^  fi^D^*  Ce  livre  n'a  jamais  été 
imprimé. 

*  *T1*7  "^"13*7,  ScppUcatio  anigmatis  A,  Etres;  Leyde,  1658. 

*  Cet  Abendana  vivait  encore  lors  de  Tinauguration  de  la  sjmagogue  portugaise 
d'Amsterdam,  en  1675.  Voir  D.  H.  de  Castro,  De  Synagoge  der  Port,  Israël  Qemeente 
te  Amsterdam;  S.  Gravenhage,  1875,  p.  lvi. 

*  G,  I,  358. 


LES  CORRESPONDANTS  JLTFS  DE  JEAN  BUXTORF  271 

hacteaus  dnxius  responsioDem  ex^peclavi,  ssd  nnllam  recepî,  nihil 
miDUs  tanieu  tibi,  V.  Cl.,  uiimîu  cou  louo,  lum  iiuia  auijvi  valelu- 
dîoem  tuam  eiapsis  lemporibuâ  satis  fuisse  mtirmamj  tuiû  quia  ipse 
optime  oovi  variis  occupatiouibus  fuisse  distractum,  quuc  autem 
tertia  vice  ut  mîhi  licet  uti  stylo  lalino.  Significare  volui  aoigmata 
Aben  Hezra  ia  pricfatione  poutateuchi  posila  luei\  exposuisse  cum 
flariïssima  evoliitioue  uoo  vel  altero  exemplari.  Tibi  quoque  grali- 
ticari  possira,  si  Tibi  placeol,  deinde  secundam  eliara  partem  de 
cDOveDieûtiâ  vocabulorum  Dunc  sub  prœlo  el  tandem  eliam  noraen- 
datorem  amplist^inium  ad  methodum  Adriauî  Juuii  insuper  habe- 
rem  muUa  alia  publicauda,  iii  quibus  aunos  XL  laboravi,  quare  To 
Tirum  CJarissimum,  supplex  veueror,  ni  raihi  iuter  tuos  servos  hu- 
miUimos  respoudere  voles,  siQiulque  iadicare  si  qua  ia  re  mea  curia 
supelleac  desideretur,  ïibi,  viro  Clarissirao,  serviie  tolus  desidero. 
Va  le  et  me  luum  senoiai  bumillimum  redama,  dabara  aouo  4661 
die  veneri  29  Aprilis  Amst  Qui  Miteras  mcas  delaturus  est,  is  ipso 
lîtteras  tuas  responsioues  Francofurlo  Abram  Abeodana  mercator 
Lusitanus  mibi  allaturus. 

Humillimus  tuus  servus  *; 

R.   David  Cohen  DE  LaRA, 

L'ouvrage  dont  de  Lara  dit»  dans  cette  lettre,  ce  qiriï  répète 
d'ailleurs  dans  le  titre,  qu'il  y  a  travaillé  quarante  ans,  est  le 
!  TT^'^rio  -ins  '0  ',  ou  Lexicon  tatmudico-rahMnicum^  qu'il  dédia  i\ 
\  Buxtorf  età  d'autres  savants  chrétiens  contemporaius  avec  lesquel^ 
il  ^tait  €^ti  rapports  ppistolaires  ou  en  relations  d'araitie,  corame 
Al'eard  Uclitmanu,  professeur  trbtîbreu  à  Leyde,  et  II  i  la  rie  Prache 
de  Liegnîtz ,  qui  traduisirent  l'un  et  l'autre  le  Behinat  Olam 
(Examen  de  TUnivers),  de  Yedaya  Penini  ^  ;  Jac.  Alting,  professeur 
à  Leyde,  auteur  d'une  grammaire  bébraïque  souvent  imprimée; 
Si^bastien  Schmidt,  né  à  Strasbourg,  qui,  après  avoir  traduit  en 
latin  le  traité  de  Sabbat  et  d'Erubin,  fut  engagé  par  de  Lara  A 
continuer  la  traduction  et  Pexplication  de  la  Mii^cbna  ;  Esdru.s 
Edzardus  de  Hambourg,  avec  lequel  de  Lara  eut  des  rapports  trop 
(V^quents,  dont  sa  renommée  eut  même  à  souffrir,  Kdzardus 
mandait,  déjà  â  la  date  du  25  mars  1663,  à  Buxtorf  que  le  Lexicon 
iaimudico-rabblniaum  du  célèbre  rabbîn  David  Cohen  de  Lara 
s'imprimait  à  Hambourg  au3t  frais  de  Fauteur.  Le  Lexicon  ne  pa- 
rut que  cinq  ans  plus  tard  et  seulement  jusqu*à  la  lettre  i/oii,  bien 

1  L'aJreîïi«  do  celle  le  lire  itsC  i  Qarisstmo  Tîro  Johanoi  Buxtorphio  S.  S.  tbeoI« 
iloctûn  cl  proL  io  Atrad*  mm  BasiUieoGi  D*"  et  Faulor»  sui  honoraEtlo. 

*  Voir  J.  Portes,  i)at} Mi  Cùkên  de  Lara'i  rabbiniiche^  Letskon  Khettr  £kâhumêaA; 
Bresiat^  iÈB», 

»  Le  premier  ea  1640,  Taulre  en  16S0, 


27% 


REVUE  OKS  ETUDES  JIHVES 


qu'Edzardus  eût  afïîrraé  qu'il  ^Hait  terminé  et  prêt  poar  1 
^ion.  Dans  ce  livre,  de  Lara  parle  de  Buxtorf  avec  grai,-   . 
iniration,  disant  qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  savant  non  juif  comtne 
lui  qui  fut  aussi  familiarisé  avec  la  littérature  juive. 

Eu  1660,  les  tn>res  Abendana,  Jacob  et  Isaac,  entrèrent  en  rela- 
tions épistolaires  avec  Buxtorf, 

Nés  en  Espagne,  ils  durent  se  dérober  aux  persécutions  deVlo- 
quisition  et  vinrent  s'établir  à  Hambourg  *.  Jacob,  Talné  des  deux 
frères»  acheva  ses  études  rabbiniques  dans  la  Veschiba  de  Los 
Pintos,  h  Rotterdam,  et,  vers  1655,  il  fut  appelé  comme  ha^hamk 
Amsterdam.  Après  avoir  rempli  pendant  quelque  temps  les  fonc- 
tions de  professeur  à  Hambourg,  Isaac  étudia  la  médecine;  pour 
achever  ses  études,  il  alla  suivre  les  cours  de  l'Université  de 
Leyde,  pendant  Tannée  16CD*.  Vers  cette  époque,  les  deux  frères 
conçurent  le  projet  de  publier^  avec  des  additions  de  Jacob,  le  com- 
mentairQ  sur  rÉcriture  sainte  de  Salomon  ben  Melech,  le  -'sr  V:^% 
qui  était  surtout  très  précieux  au  point  de  vue  grammatical  et  dont 
la  première  édition  était  épuisée.  Mais  les  acheteurs  de  livres  hé- 
breux se  faisaient  rares  à  Amsterdam.  Le  prix  en  était  si  bas  que 
la  bonne  édition  du  Talmud  d*Amsterdam  faite  par  Benbenislese 
vendait  six  impériaux,  et  même  encore  meilleur  marché.  Le  com- 
mentaire d'ALravanel  sur  les  derniers  prophètes,  imprimé  à  Ams- 
terdam, en  1042  ^,  se  trouvait  tout  à  fait  déprécié.  Les  éditeurs,  à 
qui  cet  ouvrage  avait  fait  éprouver  des  pertes  sérieuses,  t^taieot 
forcés  de  le  vendre  à  tout  prix*.  Au  milieu  de  circonstances  pa- 
reilles, les  frères  Abendana  n'eurent  d'autre  ressource  que  de 
faire  imprimer  à  leurs  propres  frais  Touvrage  en  question.  Ds 
comptaient  sur  un  succès  de  vente  auprès  des  savants  chrétiens 
qui  étudiaient  la  littérature  juive.  Pour  couvrir  en  partie  les  frais 
dimpression,  le  hacham  d'Amsterdam  se  décida  à  rechercher  des 
souscripteurs.  Dans  ce  but,  il  se  rendit  en  personne  à  Leydeet  se 
proposa  aussi  de  faire  un  voyage  à  Harlem.  Il  envoya  une  liste  de 
souscription  au  professeur  Hulsius  de  Breda,  avec  lequel  il  se 
trouvait  alors  engagé  dans  une  controverse  théologique;  il  lui 
fixait  le  prix  de  Texemplaire  à  dix  florins,  et,  s'il  pouvait  lui  en 
faire  vendre  un  cent,  il  s'engageait  à  réduire  le  prix  à  cinq  llûrinâ 

'  D'après  Barbosa,  BihL  Lnsit^  II,  469,  les  Âbemkoa  scroietit  nés  ù   tUmbourg 
Toir  cepeadant  la  Jeltre  d^lsaac  Abendaua  du  24  février  1660,   que   nous  donaoDÉ 
ci-après. 

>  Voir  la  lettre  d'Adrien  Pauli  à  BuxCorf,  du  20  féTrier  16G0.  Au  reste,  Ina« 
n'exerça  jamais  la  médecine,  comme  le  remarque  H.  David  Nielo,  dans  uqo  letirs 
adressée  ù  Théophile  Unger  :  ^îs^n  rîT[  5*5  Hi'îwlîi*  pHS^  'n. 

>  Lt)  nom  dâ  Tédileiir  ni  celui  de  l'imprimeur  ne  sii  iroiivenl  sur  le  titre. 
^  Voir  loa  lettres  d'Adricii  Pauli  du  20  lévrier  et  du  3  avril  1660, 


LES  CORRESPONDANTS  JUIFS  DE  JEAN  BUXTORF  273 

emi  *,  Pour  trouver  des  acheteurs  chrétiens,  il  fallait  à  Aben- 
a  des  recommandations  de  quelques  éminents  savants  chré- 
les  frères  Abendana  furent  les  premiers  juifs  qui  firent 
prouver  un  ouvrage  hébreu  par  des  savanls  chrétiens.  Sur  le 
nseiï  des  savants  de  Leyde,  Isaac  Abendana  s'adressa  à  IJuxtorf. 
jeune  théologien,  Adrien  Pauli,  qui   fréquentait  l'Uni verslté 
le  Leyde  et  qui  plus  tard  exerçait  à  Ilamm,  s*oflrrit  à   recom- 
mander à  son  professeur  de  Bàle  Abendana,  qui  le  secondait  dans 
études,  et  à  lui  faire  parvenir  cette  lettre.  Dans  une  lettre  du 
février  1660,  Pauli  exposait  à  Buxtorf  qu'lsaac  Aben'ana,  qui, 
d'après  le  jugement  dliommes  compétents,  était  très  versé  dans  la 
;térature  talrauîdique  et  rabbiniqueet  qui  savait  le  latin,  s'^adres- 
it,  sur  le  conseil  de  ses  amis,  les  savants  de  Leyde,  à  lui,  que  les 
hébraïsantâ  les  pluséminents  considéraient  comme  un  oracle,  pour 
lui  demander  une  approbation  du  ■'dv  bbs».  Il  le  suppliait  avec 
islance  de  répondre  à  Abendana  aussitôt  que  possible,  avant  que 
i-raème  ne   quittât  Leycie,  ou  il  devait  résider  jusqu*au  prin- 
temps. En  même  temps,  il  rinformait   qu'Abendana  avait  Tin- 
tenlion  de  faire  la  réédition  du  commentaire  d'Isaac  Abravanel  sur 
les  premiers  prophètes,  devenu  très  rare,  si  toutefois  il  pouvait 
compter  d'avance  sur  un  certain  nombre  d'acheteurs*. 

kDans  une  lettre  en  hébreu  du  9  adar  1660  (24  février),  Aben* 
lana  exposa  sa  demande  à  Thomme  qui,  suivant  son  expression, 
fouissait  d'une  renommée  universelle  et  dont  les  nombreux  écrits 
Kmoignent  de  la  vaste  érudition.  S  il  a  pris  la  résolution  de  lui 
écrire,  c'est  à  Tinstigation  de  Pauli,  dont  il  ne  tardit  pas  à  faire 
reloge.  Pauli  Tavait  assuré  d'avance  de  sa  haute  bienveillance.  Il 
prend  donc  la  liberté  de  demander  à  Buxtorf  une  recommanda- 
tion en  latin,  pour  l'ouvrage  en  question  se  trouvant  alors  sous 
presse  et  dont  it  lui  envoie  un  feuillet  d*épreiive*  Il  le  [irie  d'attes- 
ter que  cet  ouvrage  peut  être  d'une  grande  utilité  pour  les  sa- 
vants chrétiens,  surtout  pour  ceux  qui  s'occupent  de  Vétude  de  la 
langue  hébraïque. 

Nous  donnons  ci-dessous  textuellement  cette  lettre  doublement 
intéreîsgante,  à  cause  de  Tautobiographie  qu'elle  contient  ^ 

Vm   EXCELLENTISSIME, 


*  Voir  la  sîiième  le  tire  dû  Jacob  Abftndiiia  dans  "^inj?  HlD'^li   Bitpuiatia  €pt»~ 
[tùkfu  ktbraUa  aut  Huitii  cum  Âémdan&z  Lejde,  166^. 

*  MqIiubi  hac  ia  re  ma  juvit  ac  etiam  nuiic  juval* 
'  0,  l,  339. 


I 


  REVUk  DES  feTUDKS  UUVES 

^3  b5i  a'^sa  T,::^"»  ma»  ïto^?3  ^n^30  c^ncc^s  V"*"*  nnr:3  isll^''  '^tr» 
:??:ïïîV  in3i::i  i::h^b  tsi-nbi  ^^:-r  1*^:^  -^nisb  ^tr^-'ifi*  "^^îa  ntb  Enp^a 

hrsn  •'tiTOb  t*bi  "^sîh  Dinr^  -«^  «-i-^>«"i  ain=)bK  ■^n*'  tdï:?:  •'=;  felî^'ï  m^T 
bcï3i  *^:-n«  Gi  ^2  n3-^n  n?D-r  innsmt^n  ■^^n'^i^afr  *i2T;h  pn»n  n:n  J 
D^ni'i'î'a!!  nb?5n  "^iiin  *]^zt-^  2*i3b  -^nnTKnn  n^i  ^rpmnn  yzb  ni^^i'»" 
î3i<i  rt^'*bî3  hmïsns  ''33'^:::nb  "^^^sb  rj-^'^iin  *T»i^  •jionn  hiîjiti  îib» 
^*d?  Y-^*  ~*^**  t^ir^ûc  nnssn  •'siiî*  •'n'^3  •'?:'i  •»:»  "^  in^'b  rts-ina 
■nto:!^  n':^^  Mm  briri  nbsrt  *«?:  n-i^  •*!«  a-'rcn  ^^pb»  'n  rfiti  **D:Bt" 
t:n-'bD33  15b  en  ti-^^-^ix  '•s  p^atTjîl  h^n  -^ss»  H^rtfi  yn»n  1^  i!:s*3C^n 

tï-rr  T:::ï5ît  y^*.»  bï«  i;î<3  rrT  ^zt^  "^  it  t^^-^.^yi  ism&t  û"*d?31  ism» 

ïnbbnn^n  ns-^ts*»  r^Tf^  n-'^rf  b»  -^retta  rr!<-i5-'rT  r^rns  ninbn  ^i*inb  -^aV 
^n  ^n-^  '•nn:n  «b  nt?:  dj  nn  ^rm^a  qi^i  nz-'tiorî  b^pb  t^'^^n  !?c 
*^tr  bbst)  Nnp:n  3i*^nn  nso  d'^biîi  b&«  *>n«3rh3  «sbw  -^b  '^^n^b  y^^ 

rrbi-^  tl'^siKi  ncsnn  n-^b^  1?|0i:  mri  n«T  13*»^  r!?3  D'^yzTn  brb  -^^bs 

nsn  «Lt-i^T  pnp^tn  ''bb-i  o^briDi  n"'b?:D  tx  rnnTzr,  sn:*^  c^rcnpi 
•  m-^">D  ■'bi  tarr^b:?  l'sî^yb  nt:BX  nr»  D^piosn  i^;?:^  fe»  rib^  r:?:r^ 
b'^-îan  ntjn  -^îit»  '^îd  nbn»  p  b!?  nrn  qni  1»-^-^  ^iiî«  ^ï-^^*  *nr8o| 
Hit  nrn  ncort\2'  ^fit  pisnb  'ïri::bn  ml3»  sinsb  n?:ï«i  ion  ^^tr  rîci:??! 
^n  «STOB*  rrim  uiprr  pcb  '»^?2^b^  O'^'^sninn  ^td:?  "^33  b=)b  nb^irVj 
hrn  '^3Tic*b  nnrb  bsix  asti  ^^nsa?  nn.ys  rrn»  ^d:î«i  "^sn»  yr3?a' 
e-'ïs»  rttm  -^sâb  pr  ni  ''^o:!  ^3n:«  -^^ins  iion  *'br  ni^-'  aicnn 
^■^i.t^  bD  »bT:'»i  innbsEn  31*11  isnp  rtft  û-^n^  ni«3in  •'pbîti  Ybizh  ^acjpj 

Qiboi  iî5s 
t3'b  rt5*752«  pHir*^  n^'i-^-^bn  ^nnns 

p"Eb  3"n  dît:;  d^3i?2  i:»i:;  V-'^^ 
3ins  pTDna  •'^  3nD7:n  bj^i  3nDn  br  np^n  n*:;n  ^ïitîï  tn^ïi"  b«" 

*^n3nD  •'tTj  ï^ST^n  b^i  rr^-'nrn  bmb 

Biixtorfse  rendit  au  dâsir  d'Abendarm  avec  unir  rapidité  sut 
lïreiiarite  :  à  peine  quelques  jours  npti^s  la  rï^ception  de  ceit 
lettre,  le  12  mars  1660.  Il  nppfouva  à  ta  l'ois  Tajuvre  entreprise 
et  les  additameiita,  attestant  quo  Touvrage  était  utile,  Don  seule- 
ment aux  juifs,  mais  aux  chrétiens,  à  tous  ceux  qui  cultivent  la 
langue  liëbraYque.  Enïln,  Buxtorf  souhaitait  à  Abetidâna  de  ter- 

*  Dt^puis  nnnn  d'^^lT  ce  pùssogç  ée  relràùvo  texludlement  dahs  llntrod^clion 
de  Jacob  Abeudiiua  au  'iDT'  bbD?3. 


LES  CORRKSl^OKDAÎfTîl  JOrPS  DE  JEAN  BUXTORF  ST5 

Pfteureuserueiit  cet  ouvrage  et  beaucoup  il^autres  encore*. 
Itoff  envoya  sa  n/ponse  ou  plutôt  sa  lettre  de  recomnianda* 
^Udfl  à  Adrien  PauH^  qui  le  remenia,  à  la  date  du  3  avril  1660, 
^aa  nom  d'Abeudana»  de  cette  attestation  lionnriflque,  aioutant 
iqœ  sans  doute  Abeudana  le  remercierait  directement»  quand  U 
inratt  reçu  U  lettre  de  Buxtorf.  «  En  ce  moment,  disait- H,  il  est  à 
[Amsterdam,  pour  y  passer  les  fêtes  de  Pàque,  Dès  son  retour,  je 
[k  mettrai  au  courant  de  tt>ut.  » 

Ce  fut  seulement  le  9  novembre  qu'Abendana  écrivit  sa  lettre 
'*  reroerciemetits  â  Buxtorf,  qui  avait  témoigné  t^nt  de  bien- 
if»*illaiîce  et  dVgards  à  lui  et  à  .sou  ùt^ve.  S*îl  avait  attendu  si  long- 
llernps  i>our  lui  écrire,  c  était  pour  ne  pas  le  troubler  dans  ses 
'  ëtUïN  et»  du  reste,  Il  voulait  attendre  la  lettre  de  Paull  qui,  du- 
rant IVtë,  s'était  rendu  à  Oxford,  en  passant  par  Londres.  Néan- 
iiK)ins  il  priait  Buxtorf  de  lui  envoyer,  outre  rapprobation  dt^jà 
Hçoe,  une  recommandation  plus  explicite  qu'il  placerait  en  tète 
iielouvrage  *.  Cette  fois,  Jacob  Abendana  lui  écrivit  aussi,  dans 
temAme  but,  une  longue  lettre  en  lH%reu,  où  il  lui  disait  que  le 
tnrtail  lui  coûtait  tant  de  peine,  qu'il  lui  fallait  passer  des  nuits, 
tif  u  avait  à  consulter  tous  les  interprètes  de  la  Bible,  les  anciens 
>  modernes,  les  connus  et  les  inconnus  ;  il  avait  choisi  chez 
j  ce  qu'il  y  avait  de  mieux,  en  y  ajoutant  du  siv^i,  de  sorte 
(««  Pou  V  rage,  dont  Tint  pression  était  tenu  i  née  jusr[u*à  la  fin  du 
|llvr»^eJob,  sortirait  des  presses  environ  dans  un  mois'  et  se- 
|fiit4'u$i  tiers  plus  étendu  que  rori^ioaL  II  le  suppliait  avec  ln«- 
Bce  d*eDVoyer   l'approbation   demandée  aussitôt  que   posnible 
4«*il  put  la  faire  imprimer  dans  l'ouvrage  avec  celle  des 
nî^  Leyde  :  il  le  priait  de  la  remettre,  pour  la  faire  par- 
tenif  au  s^eor  Alexandre,  de  la  rue  des  Juifs,  à  Leyde  •* 

l  n»?  vint  ni  laiiprobalion  attendue  ni  réponse  d  aucune  snrte. 

fr>*res  Alietidana  dur»-nt  se  contenter  de  la  recommandation 

atenu^  dans  la  lettre  que  nous  avons  citée  ;  ils  la  placèrent  en 

do  MikiiUl  Yofl  '  avec  les  approbations  des  pmfesseurs  de 

«  C«tl«  iMUt  mi  inf  riaiée  di5t  le  Ifikhiûi^  p.  vi. 
•G.  L34U. 

*  L'oiWTr«g«  DIS    parut   qu'en    déct^mbre   1i)60   ou  Scbcvat  5421,  imprimé  par  llri 
I  »,    Vïifi'îi  tflai^v).  Il  porl«  sur  le  litre  hébreu  la  date  de  n*^rîn  —  ^'^'h  à  tort,  mata 

iK  Commcueement  :   njll   rîTlDH  ni^l^^n   n5^3  DDH  133.   A  It 
t  <^ii»*4«j4Uait  d.  11  Dov.  t66t*,  Jaacûb  Auenda-Na.   L^dn-sse  porte   :    EietjUen- 
wA  eî«T.  Hev*    0.   Dotaiuo  Johaoui  Buxtorlio  S.  S.  Tbeol.  Doclori  nec  non 
,  Sanct.  Prof^flMïn  ton^e  Câl^berrlmo  Basiteam.  Il  existe  nu^sl  h  lu  Bibliothèque 
•MiBDil*  de  Fane,  sous  le  a'  12^9,  deb  Icttrt's  hébmlqucs  de  Jacob  Abeii<ifltiè. 

*  L'iyfiPifciliM  Mt  datée  du  3  •C)i4<pnii>re  1S6ii«    D%i\s  U  d«UKièia«  4dilMio,  Jac. 
Gaèiii  »  e^ieraeul  signe  avec  k^  tiulrcs  proCon»èiirii  de  Lfjdif. 


276  REVUE  DES  ETUDES  JUIVBS 

Leyde,  AJ^raham  Hcydanus,  Jean  Coccejus  et  Aleard  Uchtm 
Dans  ces  circonstances»  les  éditeurs  ne  crurent  pas  devoii 
voyer  le  livre  à  Buxtorf,  de  sorte  que,  en  juillet  1662,  il  ne  Ti 
pas  encore,  ce  qui  étonnait  fort  Samuel  Ândreae,  Mérae  sans 
probation  de  Buxtorf,  le  livre  eut  un  grand  succès  de  vi 
Andreae,  qui  était  on  des  souscripteurs  et  qui  avait  pajri 
exemplaire  quatre  itnp(*riaox,  écrivait  de  Londres  à  Buxti 
la  date  du  15  juillet  1662,  que  le  livre  se  payait  toujours  ei 
trois  impériaux  et  que  D.  Alting  de  Groningue  avait,  à  ce 
plusieurs  exemplaires  à  vendre.  Vingt-trois  ans  après,  une 
velle  édition  de  Mikhlal  avec  le  Léqet-Schiqha  d^Abendam 
nécessaire*  Ce  fut  Jacob  Fidanque  de  Hambourg  qui  s'en  { 
gea  lAmsterdam,  5445).  Ce  fut  lui  aussi  qui,  à  rinstigatic 
Jacob  Abendana,  appelé  à  Londres  comme  hacham,  vers  la  i 
1680,  après  la  mort  de  Josué  de  Silva,  exécuta  ce  que  lesi 
dana  n*avaient  pas  osé  entreprendre  :  la  réédition  du  oom! 
taire  d'Abravanel  sur  les  jiremiers  prophètes. 

Vers  1663,  Isaac  Abendana  se  rendit  à  Cambridge,  où  il  fu 
ployé,  en  même  temps  que  Scialettî,  juif  converti  italien,  à  li 
bliothèque  de  cette  ville,  et  où  il  travailla  à  la  traduction 
Misclina  en  latin  S  Toutefois,  il  mena  ce  travail  si  lentement 
mit  presque  deux  ans  à  terminer  un  Séder,  comme  écrivait  J. 
déric  Mieg,  qui  fut  plus  tard  professeur  dliébreu  à  Fleidelbe 
son  maître  et  précepteur  Buxtorf,  à  la  date  du  28  janvier 
Mieg  acheta  de  Abendana  un  manuscrit  hébreu  contenant  plus 
inediia  de  Yedaya  Penini,  notamment  le  poème  reb»  ^ib», 
chaque  mot  commence  par  un  aleph  *,  et  la  prière,  dont  cH 
mot  contient  un  lamed  et  n'a  aucune  des  lettres  voisines', 
que  la  traduction  espagnole  du  Kozari  de  Jacob  Abendana 
venait  alors  de  paraître. 

Outre  ceux  que  nous  avons  cités,  Buxtorf  comptait  ei 
comme  correspondants  le  savant  Joseph  del  Medigo  im'il  coB 
sait  personnellement  et  qu'il  tenait  en  grande  estime.  De  J( 
del  Medigo,  qui  vécut  à  Francfort*sur-le-Mein  de  1630  (en  fé 
1630,  il  y  reçut  la  visite  du  Danois  Sueningio)  jusqu'en  lti40, 
nous  est  pas  parvenu  de  lettres  adressées  à  Buxtorf.         ^M 

M.  Kayserlino. 


t  Cette   traducUon   se  ImtiYe  en  ms,  à  la  bibUoihbque   de   Cambridge. 
BarboM,  BiSL  luiU..  11.  469  ;  Bariolocci.  Bièl.  £aU,,  lU,  836.  4829. 

*  Imprimé  dans  \e  Ktr^m  Hemtd^  IV,  57. 

*  Cette  priera,  D^l^b^  fi^pD,  &'est  pas  de  Yedaya,  mak  de  son  fils  AJi 
Ella  a  éié  imprimée  à  Uaaioue  en  15A6. 


L 


Boirait  du  Mémoire  de  M.  de  MaiUet  (suite), 

J^.  di  Maillet*  —  Leur  troisième  demande  est  celle  de  ne  payer  le 
(iroit  de  consulat  que  sur  les  nitirchandises  de  sortie  dont  je  viens 
dt parler  et  allèguent  plusieurs  moLifs  de  justice  pour  cela, 

U  Chambre.  —  La  réponse  faille  par  la  Chambre  sur  le  premier 
Wlde  de  ces  demandes  explique  sou  sentinienL  pour  celuy-cî. 
i^.  di  Mailht.  —  La  qualnème  coosisie  en  ce  que  leur  ayant  esté 
'  ïiiia,  par  un  règlement  que  fil  M.  de  Gastines  en  sa  visite  de 
icbelle  en  raonée  1706,  d'acheter  les  jours  de  festes  et  di- 
lOclies,  aussi  bien  qu'aux  Franco is^  à  peine  de  dix  écus  d'amende, 
QiUoxi  a  depuis,  par  une  délihèraiion,  porté  celle  peine  à  500  écus, 
demandent  la  révocation  de  l'une  et  de  Tautre,  parce  qu'ils  ne 
Qt  i*sire  soumis»  a  des  peines  pour  contraventiou  a  des  ohser- 
de  jours  que  leur  Loy  ne  commande  pas;  qu'ils  eu  ont 
d'autres*  et  ceux-cy,  joints  aux  nostres,  fairaient  la  moitié  de  Tan- 
;  qu'Us  ne  donnent  aucun  scandalle  en  travaillant  les  jours  de 
et  dimanches  à  la  différence  des  François,  et  se  réduisent  enân 


«Vat^loMXII,  pttge267. 


REVC  E  DES  ETLDES  . 

à  demantier  qu'au  moias  il  ue  leur  soit  interdit  d'acheter,  que  ^fâ 
diinanches  d*etix  connus  e!  non  c**ux  de  nos  Testes  qu*ils  peuv<?fll 
ignorer.  M,  Péleian,  qui  demande  toujours  que  là  nation  îioiteû' 
tendue,  convient  qu'il  ne  peut  leur  estre  deflendu  les  jours  dekslei 
cl  dimanches  que  les  marchandises  que  les  François  acli^Heal  ct^o- 
curremnieut  avec  eux;  c'est  donc  par  pure  jalou2J6  de  commerce q 
les  Juifs  ont  esté  compris  dans  la  defîense  d'acheter  ces  jours- 
Pi»Lir  moy,  il  ne  me  paroil  pas  qu'il  y  ait  aucune  justice  daoscei 
daffenses,  elles  contiennent,  eu  contraire,  une  injudtice^  ea 
qu'elles  soumettent  un  peuple  qui  s'est  mis  sous  la  protection  di 
Boy  à  certaines  conditions  dont  celle-cy  n'est  pas  du  nombre»  ddi 
contraintes  nuisibles  à  leurs  affaires,  quoy  qu'avantageuses  ao] 
nosires.  Ces  Juifs  peuvent  passer  de  la  protection  du  Roy  a  un 
autre,  qui  ne  leur  manquera  pas,  et  de  chercher  è  les  prîrerdt!  I 
liberté  d'acheter  en  certains  Jours,  parce  qu'il  ne  convient  pas  qu'il 
achettent^  c'est  les  porter  au  dessein  d'abandonner  notre  protedio 
pour  une  autre,  qui  les  gesnera  moins. 

la  Chambre.  —  Le  règlement  de  M.  de  Gastînes  feul  fait  avec  tfm 
naissance  de  cause,  et  M.  de  Maillet  ne  1  explique  pas  comme  il  est 
puisque  ce  règlement  ne  deffend  pas  aux  Juifs  de  travailler  et  veodl 
les  dimanches  et  fesles,  mais  d'achepter  aucunes  marchandises  u 
jours-là,  parce  qu'il  peut  arriver  des  carravanes,  et  que  les  Franco! 
ne  peuvent  rien  achepter  sans  scandale,  les  Juifs  auraient  la  hbcrti 
d'enlever  à  tout  prix  les  marcliandises  qui  leur  conviendraient,  pea 
dant  ce  temps  que  les  François  s'en  abstiendront.  Dailleurs  Ii 
François  ne  pouvant  absolument  rien  achepler  les  jours  de  fesl( 
des  Juifs,  parce  qu'ils  ne  se  servent  que  des  censaux'  juifs»  n'y« 
ayant  pas  d'autres  à  Âlep,  il  est  nécessaire  que  la  police  établie 
ce  sujet  subsiste  pour  tous.  Et  comme  l'expérience  a  fait  cooQOÎtrfl 
que  la  modicité  d'une  amende  de  10  piastres  o'empèchoil  pas  les 
Juifs  de  contrevenir  à  ces  deffenses,  la  Nation  trouva  â  propos 
de  la  porter  à  500  piastres,  parce  qu  on  voyait  que  Tavidité  des  Juift 
les  faisait  passer  sur  tonte  sorte  de  règles,  et  qu'ils  rnynoieQl  !• 
commerce  par  des  achapts  précipités  et  faits  au  pr^udice  de  louli 
une  nation, 

L'on  dira  en  outre  qu'il  n'est  pas  à  craindre  que  les  Juifs  aban? 
donnent  la  protection  du  Roy;  ils  s'y  sont  toujours  trouvés  et  s^ 
trouvent  très  bien,  et  ce  n'est  que  cette  raison  qui  les  y  maia* 
tient,  car  s'ils  étaient  mieux  traitez  ailleurs,  rien  ne  sçauroi 
les  empêcher  d'y  recourir,  parce  qu'ils  entendent  très  bien  leii 
intiTôt. 

D'ailleurs  les  AJiglais  ne  les  recevroient  pas,  sous  quelle  condilii 
que  ce  feut,  et  si  les  Juifs  se  sont  servis  quelquefois  de  leurs  vai 
seaux  en  temps  de  guerre,  c'a  été  parce  qu  ils  faisaient  les  assi 
rwces  à  meilleur  marché.  Mais  ils  trouvent  plus  de  fidélité  et  < 

*  Coorti^rt. 


LES  JUIFS  AVX  ÉCHELLES  DU  LPVAÎJT  ET  EN  BARBARfE  270 

silisfACtiûQ  avec  les  François  qu'avec  cette  nalioa,  et  Us  n'en  di$con- 
ttoiacot  pus. 

Ils  Dc  sçaiirotent  non  plus  se  mettre  sous  la  protection  d^llolaDde, 
jirce  que  celle  ûation  est  presque  toujours  eu  guerre  bvuc  les  Bar- 
biresques  el  qu'elle  n'a  aucun  consul  présaoleraent  à  Alep.  Mais 
quand  elle  en  auroit  un,  cela  ne  couviendroit  jamais  aux  Juifs,  parce 
qu'ils  payeroicnt  un  droit  de  consulat  de  2  pour  cent  sur  le  plus  fort 
dé  leurs  eûects  de  rentrée  ou  de  la  sortie,  3/4  pour  cent  d'entrée 
mr  \r  droit  tie  lanse,  et  un  pour  cent  de  sortie  pour  le  droit  d'ambas- 
çidc»  ce  qui  r«wieni  à  3  et  3/4  pour  ci'nt  en  lr>ut. 

Et  quand  l'Empereur  et  les  Véni liens  auraient  des  consuls  à  Alep, 
comme  ces  puissances  soni  toujours  à  la  veille  de  rompre  avec  le 
Graad  Seigneur,  les  Juifs  ne  penseroîent  jamais  de  se  mètre  sous 
kurs  proleclioùs,  par  la  crainte  où  ils  seroîent  irôîre  faits  esclaves 
elde  perdre  leurs  efîects  lors  de  quelque  rupture. 

La  Chambre  est  donc  du  sentiment  de  laisser  subsister  les  choses 
eo  rétat  qu'elles  sont  établies,  et  de  ne  pas  donner  aux  Juifs  protégés 
plus  de  privilège  qu'aux  François. 

U.dt  Maîllfi'  —  Leur  cinquième  demande  est  qu'il  leur  soit  pef- 

dccompagner  les  consuls  du  Roy  dans  leur  première  entrée 

•  n  el  dans  les  visites  de  cérémonie  qu'ils  fairont  au  Pacha  et 

luCady,  suivant  qu'il  se  pralique  eo  d'autres  échelles  et  une  lettre 

4e  M.  de  Ferriol  *»  enregistrée  dans  la  Chancellerie,  dont  voicy  la 

iQbâtâDce  : 


1  .  A  Péri,  te  n  janvier  n07. 

*  J'ay  Teu  rostre  demande  et  réglé  que  vous  suivriez  M.  la  Consul 
^lib  visite  qu*il  rendra  au  nouveau  Pacha  et  au  uQuveau  Cady\ 
Wfous  lie  pouvez^  pas  prétendre  de  plus  grands  privilèges  que  les 
fcftiûiéggz  da  Coustantinople,  qui  n'accompagnent  TAmbassade^r 
■  qut  dans  les  occasions  que  je  viens  de  citer.  » 

Li  réponse  de  M.  Péleran  est  celle-cy  : 

Il  Le  Om«ul  trouve  qu*on  pourroil.sans  conséquenre,  aecorder  aux 
l^rotcgex  rhouneur  qu'ils  demandent  par  cet  article  et  que  M.  de 
Féftiol  leur  a  accordé;  il  faut  seavoir  pourquoy  la  nation  s*y  op- 
pose et  avoir  tel  esgard  que  de  raison.  » 
Les  raisons  de  la  nation  sont  qu'il  ne  lui  convienl  pas  d  estre 
iK»lée«  en  ces  occasions,  èi  des  Juifs  méprisez  sur  le  pays,  mais  ces 
I^ÛU  M30ez  distinguez  pur  leur  barbe  fa i roui  toujours  en  ces  oc- 
iMoos  QQ  corps  séparé  des  François,  et  je  pense  que  cest  bien 
KniDlDs   qu'on  puisse  leur  donner  pour   l'argent  que   nous  en 
Hérons. 

Eu  Càamhtê.  —  La  Chambre  sait  par  une  longue  expérience  que  ce 
B^i  exposer  Je  Consul  et  la  nation  à  recevoir  un  afront  si  Ton  per- 


ivor  de  France  à  ConsUntinopU. 


REYITE  De  CnUES  mfis 

Bietoit  aux  Joils  d'aeisier  aux  Tiiites  de  cérémonie,  les  Turcs  qui 
ne  soDt  pas  accoutiUDez  «  ces  osages  aeroîeni  indignez  d'uoe  ^«areiUe 
nouveau  II?  et  la  uendroieni  â  méfins.  Cela  aUireroit  des  avaaies  à 
la  nation,  et  si  la  même  chose  a*est  pas  à  craindre  en  d'autres 
échelles  du  Lerant,  c'est  parce  que  les  usagea  sont  des  loys  cbesles 
Turea»  Mais  il  est  très  dangereux  de  vooloir  introduixe  ces  usages 
aux  rîd4|ites  de  la  tranquilUéet  da  bien  des  négocians  d*Alep,  quid^ 
vtendroient  d'ailleurs  très  méprisables  aux  autres  nations  fraaques. 
Il  est  arrivé  lorsque  M  Lemaire  était  Consul  a  Alep  que,  pour  avoir 
Yoalu  changer  la  chapelle  des  R.  P.  Jésuites  d'un  endroit  de  la  ville 
à  un  aulrCt  les  Turcs  firent  une  aC-anie  à  ces  Religieux  qu'ooeut 
bien  de  la  peine  a  aet^ommader  et  qui  leur  en  cousta  et  a  la  uatioQ 
une  somme  considérable. 

M,  de  Maillet.  —  Ils  demandent  en  sixième  lieu  d'estre  toujours 
compris  dans  le  tarif  qui  s'arrestera  avec  le  grand  Douanier,  en 
payant  inxit  part  de  ce  qui  se  donnera  pour  avoir  un  tarifavauiageux. 
Comme  cecy  ne  leur  est  pas  disputé  par  le  Consul  ni  la  nalioa,  û 
st  superflu  d'en  dire  davantage,  mais  je  parlerai  de  cetie  niaiière 
cy -après  par  rapport  à  ta  conduite  des  marchands  frauçois  et  à  11 
faiblesse  des  Consuls  qui  ont  gardé  à  ce  sujet  un  parfait  silence  eu  y 
donnant  les  mains. 

la  Chambre.  —  La  Chambre  consent  à  ce  que  le  Consul  et  la  nation 
ont  trouvé  ô  propos  là-dessus  et  qu*on  fasse  la  répartition  de  cetli 
dounatine  comme  on  Ta  pratiqué  jusqu'à  présant. 

M.  de  Maillet,  —  Enfin,  la  nation  franco ise  ayant  délibéré  de  na- 
cheter  aucune  des  toiles  appellees  d  Antab  ou  de  Ghites,  qii*elles 
n*ayeoi  23  pics,  parce  que  cette  mesure  convient  en  France  a  cei 
quoy  on  les  employé  et  pour  cella  qu'elles  ne  seroient  point  achetées 
sans  eslre  mesurées  et  conveuir  avec  le  vendeur,  qu'en  cas  de  man- 
quement aux  î3  pics  il  luy  sera  déduit  le  double  de  la  valeur  de 
chaque  pic  qui  manquera,  et  cela  a  peine  de  500  piastres  d'ameDde 
contre  ceux  qui  en  achèteront  sans  ces  conditions,  et  la  nation  frao* 
çoise  ayant  soumis  les  Juifs  protégez  â  ces  peines,  ils  demandent  d*«tt 
être  déchargez  sur  7  uu  8  motifs,  dont  les  principaux  sont  rjueces 
toiles  qu*ils  achètent  u'ont  pas  besoin  du  même  aunage  que  a'il^^ 
que  Ton  envoyé  à  Marseille,  quelles  sont  d  une  qualité  iuferKure 
â  celles  que  les  François  achèlent,  puisqu'elles  coûtent  moiu^ 
de  8  et  souvent  40  piastres  par  couriges  qui  sont  composées  de 
ÎO  pièces,  et  cela  est  véritable.  Et  que  les  François  n'achètent  point 
de  toiles  de  Chiles  qui  sont  principalement  celles  que  les  Juifs 
achèlent  pour  l'Italie,  j'ay  vénûé  au  moins  qu'ils  en  achèteul 
très  peu. 

La  Chambre.  —  Il  a  falu  plus  de  20  ans  à  la  nali^jn  d*Alep  pour  faire 
établir  le  bon  ordre  qui  s'observe  à  la  labricatiou  de  ces  toiUes  ©I 
que  les  Juifs  vouloienl  détruire.  Si  celles  de  23  pics  d'aunage  ne  leur 
conviennent  poiut,  il  ialoit  dire  de  quelle  lon*^oeur  doivent  ôlra 
celles  qu'ils  employent,  mais  ce  leur  est  une  subtilité  ordinaire  da 


LES  JUIFS  AUX  ÉCHELLES  DU  LEVANT  ET  EN  BAIlBAIllE  281 

ne  pas  s'expliquer  en  certains  cas»  Cepeûdaat  l*oii  voit  qu'eo  cecy 
leur  veùe  n'est  autre  chose  cfue  d*être  préférés  aux  achapis  par  les 
;;'«?ns  du  pays,  qui,  retenus  par  le  bon  ordre  que  les  François  y  ont 
uns,  voudroient  avoir  la  liberté  de  fdire  ces  toilles  de  Ghiles  et  d'An- 
lab  d'un  aunage  indétermine,  et  ces  Juifs  qui  font  le  débitée  ces 
iDilleries  d  droiture,  comme  les  gens  du  pays,  auroienl,  par  là,  le 
moyen  de  frauder  eux-mêmes  Taunage  de  ces  loilles  par  des  faux 
pics-  El  lorsque  les  François  voudroient  les  faire  mesurer  par  une 
personne  à  ce  préposée»  aiusy  qu'ils  le  pratiquent  aujourd'huy,  les 
Turcs  ne  manqueroienl  de  s'y  oposer,  ou  bien  ils  ne  vendroieut  plus 
qu'aux  Juifs;  ce  qui  fait  voir  de  quelle  conséquence  cela  seroit  pour 
le  commerce  dos  François, 

Il  n'y  a  presqu*aucuae  dilTéreuce  des  teilles  de  Ghiles  et  d'Antab,  à 
moin»  qu'on  ne  vueille  comparer  les  plus  inférieures  des  nues  aux 
meilleures  des  autres.  Cepeudant^les  François  en  acheptent  des  deux 
qualUez  lorsqu'il  leur  convient,  et  s'ils  prennent  plus  souvent  de 
celles  d 'Antab,  c'est  parce  qu'ordinairement  elles  sont  plus  deman- 
dées^ et  qull  s'y  trouve  plus  de  fidélilé  qu'aux  autres. 

M.  de  Maillet  —  Les  raisons  de  la  nation  que  j'ay  consultée  là- 
dessus  ne  sont  que  des  raisous  de  jalouzie  pour  restraindre  d'autant 
plus  et  incommoder  le  commerce  de  ces  protégez,  quoy  qu*ils  n'en 
fassent   aucun  concurremment   avec  eux,    ainsi  que  je  Tay  déjà 
marqué.   Il   convient   donc   que    ces    Juifs   en    fassent    beaucoup, 
puisque    ce  commerce   fait   travailler   des  bastimeuis    françois  et 
donne  a  réchelle  des  droits  considérables,  et  le  moins  qu*on  puisse 
[leur  permettre  est  d'acheter  ces  toiles  dites  Ghiles  du  lieu  oii  on 
fabrique. 
£a  Chamàn,  —  M,  de  MaiJlet  auroit  deu  expliquer  dans  son  Mé- 
01  re  que  les  protégez  fout  en   Italie  le  mènie  commerce  que   les 
rançois  fout  à  droiture  daos  le  Royaume,  puisque,  s'il  a  cousulté  la 
aiton  la-dessus,  elle  lui  aura  prouvé,  que  les  états  manifestes  des 
lûtimens  alaot  en  Italie  et  de  ceux  venant  à  Marseille,  que  les  uns  et 
les  autres  chargent  eu  concurrence  les  toileries  de   toute  sorte,  les 
ires,   soyes,   drogueries,   coIoik   poil  et  chevron    et  généralement 
tout  ce  qu'on  peut  lirer  d'Alep.  Muis  quoy  que,  pour  le  commerce 

Id'entrée,  les  uns  et  les  autres  purtenl  de  la  cochenille,  des  épiceries 
"et  bois  de  teinture,  les  François  portent  encore  les  draps  par  dessus, 
|m  Juifs  et  ceux-cy  les  satins  et  lapis  de  Florence  et  de  Venise  et 
PIpinerceries  que  nous  navous  pas,  ce  qui  rend  presque  égal  le  coin* 
merce  d'entrée  des  uns  et  des  autres.  Il  n'y  a  donc  pas*  de  jalousie 
de  la  part  de  la  nation  lorsqu'elle  demaude  que  les  protégez  soient 
limitez  à  ne  jouir  que  des  privilèges  qu'on  leur  a  cy-devant  accordez, 
et  qu*oa  ne  les  mette  pas  au-dessus  d^elle  parce  que  ce  seroit  ruyner 
totalement  le  commerce  des  sujets  de  Sa  Majesté, 

La  Chambre  auroit  cru  que  M.  de  Maillet  eût  communiqué  les  de-- 
mandes  des  Juifs  à  la  nation  ainsy  qu'il  te  iuy  a  voit  promis,  mais 
il  UQ  l*a  pas  fait,  moins  encore  à  la  Chambre  lorsqu  elle  s'assembla 


282  REVUE  D^  ÉTUDES  JUÏVFS 

avec  Iqy  au  retour  de  sa  visite.  Ce  qui  Ta  empêchée  de  donner 
plutôt  les  deffenses  nécessaires  sur  tant  de  den^andes  extraordi- 
naires que  M.  de  Maillet  semble  consentir  sans  qu'on  sache  pour 
quelles  raisons. 

M.  de  Maillet,  —  Outre  ce  Mémoire,  ils  m'en  présentèrent  un 
second  concernant  trois  nouvelles  demandes  que  je  ne  communi- 
quay  pas  par  écrit  à  M.  Péleran  et  que  je  leus  seulement,  et  voici 
le  précis  : 

Qu'en  cas  que  les  Turcs  leur  fissent  des  demandes  injustes,  comme 
il  arriva  en  4742,  qu'ils  prétendirent  d'eux  le  droit  de  Karaetre, 
qu  ils  n'ont  jamais  payé,  ou  que  sous  quelque  autre  mauvais  pré- 
texte ils  cherchassent  à  les  inquiéter  et  faire  des  avanies,  ils  soient 
protégez,  deffendus  comme  le  sont  en  pareil  cas  les  sujets  du  Roy 
môme,  sans  qu'ils  soient  obligez  de  rien  contribuer  de  leur  bourse 
aux  fraix  qu'il  conviendra  de  faite  pour  leur  dépense,  môme  aux 
préseus  qu'il  faudroil  donner  pour*les  libérer  de  ces  vexations,  les 
droits  qu'ils  payent  estant  pour  cette  môme  protection  et  les  dé- 
penses qu'elle  entraîne.  Et  rapportent  sur  le  même  sujet  une  délibé- 
ration de  la  propre  nation  d'Alep  du  \\  juin  4710,  où  il  fut  convenu 
qu'au  moyen  du  droit  de  consulat  qu'offroit  de  payer  le  capitaine 
d'un  vaisseau  vénitien,  il  seroit  fait,  en  cas  de  besoin,  par  la  nation, 
toutes  les  dépenses  nécessaires  pour  les  deffendre  de  toutes  préten- 
tions et  avanies  de  la  part  des  Turcs  sans  qu'on  pût  rien  prétendre 
pour  la  dépense  nécessaire  au-delà  du  droit  de  2  pour  cent.  Cecy 
certainement  me  paraît  très  juste  et  très  conforme  à  nos  intérêts 
puisqu'en  voulant  soumettre  les  Juifs  protégez  à  de  nouvelles 
sommes  pour  leur  protection,  ce  seroit  vouloir  les  dégoûter  to- 
talement. 

La  Chambre,  —  La  Chambre  est  du  sentiment  que,  moyennant  le 
droit  du  consulat  et  avanies  que  payent  les  protégez,  il  faut  qu'ils 
soient  soutenus  en  toute  occasion  surtout  pour  les  faire  exempter  du 
Karache  (Karaetre).  Mais  il  y  a  deux  choses  à  distinguer,  l'une  que  les 
avanies  particulières  que  la  mauvaise  conduite  des  protégez  et  même 
des  François  leur  attirent,  doivent  être  par  eux  suportées  sans  pou- 
voir être  rejetées  sur  la  nation  suivant  le  Règlement  du  25  dé- 
cembre 1685,  art.  2,  et  l'autre  que  la  protection  ne  doit  être  donnée 
qu'aux  seuls  Juifs  qui  sont  véritablement  marchands,  et  nullement 
à  une  infinité  de  vagabonds  de  celle  nation  qui  n'ont  ni  domicile  ny 
azile  et  qui,  par  mille  bassesses  indignes,  s'attirent  incessemment  des 
insultes  et  mauvais  traitements  de  la  part  des  Turcs,  quoy  qu'ils 
tachent  de  s'en  melre  à  couvert  par  des  habillemens  ou  tout  au 
moins  en  portant  le  chapeau  comme  les  Européens.  Ainsy  en  don- 
nant seulement  protection  aux  marchands  juifs,  il  faudroit  obliger 
les  autres  de  quitter  le  chapeau  parce  que  cette  distinction  ne  con- 
vient pas  à  des  personnes  qui,  par  des  actions  indignes,  avilissent 
l'honneur  de  la  protection  du  Roy. 

M,  dp  Maillet.—  Ils  supplient,  ca  second  lieu,  que  la  môme  protection 


LVS  JUIFS  AUX  ECÏÎ12LLES  DP  LEVANT  KT  EN  BARBARIE 


283 


ordée  à  leur  oation  dans  Téchelle  d*Alep  soit  ecconiée  aux  mêmes 
conditïQDS  a  tous  ceux  des  leurs,  qui  ot^gocieront  dans  les  autres 
échelles  de  Turquie  et  dédnisent  les  avonlages  qu'il  eo  reviendroit 
à  la  bâuuière  du  Roy,  J'ay  parlé  de  cetlû  matière  daus  mes  ob~ 
servatioQs  sur  réchelle  d'Eg^^ple  et  dit  quel  esloit  à  m  sujet  mou 
seplimeut, 

la  Chambre.  —  La  Chambre  ignore  quel  est  le  sentiment  de 
M«  de  Maillet,  laot  à  ce  sujet  que  sur  ce  qu*il  a  observé  sur  Téchelle 
d'Egypte,  mais  elle  prend  la  liberté  de  suplter  le  Conseil  de  consi- 
dérer, s'il  luy  pîaît,  qu  ily  a  des  échelles  en  Levant  où  il  u*a  jamais 
été  accordé  de  protecûon  aux  Juifs,  comme  sooi  celles  de  toute  TE- 
gypiè,  d£  Seyde,  Acre  et  Tripoly  de  Sirîe,  parce  que  les  représen- 
tant des  autres  nations  y  établies  n'accordent  point  celte  protëclir>n 
et  que  les  François  en  l'accordant  partageraitnu  leur  commerce  avec 
les  Juifs  et  s'exposeroient  ainsi  auprès  des  Turcs  aux  événements 
dangereux  d'une  introduclïoo  nouvelle. 

M  de  Maillet.  —  Enfin  ils  demandent  que  les  marchandises  qu'ils 
fairont  charger  aux  costes  de  Syrie  sur  des  bastimens  un  pays  pour 
estre  transportées  d'un  endroit  à  ï  autre  soTent  nuses  sous  la  protec- 
tion du  Roy,  comme  celles  de  ses  propres  snj<*ls,  puisque  ces  nuir- 
diandises  payent  tous  les  droits  auxquels  la  bannière  est  soumise  et 
augmentent  1*^  fret  qu'elle  fait.  C'est-à-dire  que,  dans  les  ordres  que 
le  Boy  donnera  à  son  agent  a  Malle  ou  ailleurs,  pour  empêcher  que 
les  armateurs  ne  se  saisissent  des  marchandises  de  ses  sujets  qui 
seront  dans  ce  ras,  Sa  Majesté  aye  la  bonté  de  comprendre  les  ell'ets 
des  Juifs  d'Italie  qui  sont  à  Alep  sous  l'honneur  de  sa  protection  et 
<loût  les  marchandises  doivent  aussi  estre  réputées  commes  celles 
appartenant  à  ses  sujets.  Il  seroit  avantageux  au  Pavillon  que  cela 
peut  eslrc  et  même  honnorable  pour  nous, 

la  Chambre.  —  Cecy  tireroit  à  conséquence.  Les  marchandises  que 
les  JuiTs  protégez  chargent  quelquefois  sur  des  bùtimens  du  pays 
pour  ôlre  transportées  aux  costes  de  Sirie  sont  d'un  très  petit  objet, 
et,  si  elles  éloienl  en  cas  d'èire  enlevées  par  les  corsaires  de  Malte, 
ces  mêmes  Juifs  accoutumez  a  frauder,  en  toule  occasion, a buserbient 
de  ce  pnvih'ge  et  préleroient  Ée  nom  aux  Turcs  pour  les  mettre  a 
couvert  des  prises  que  les  armateurs  Maltais  ne  cessent  de  faire  sur 
eux.  D'ailleurs  la  protection  du  }ioy  ne  duit  être  accordée  que  sur 
1  échelle  et  sous  son  pavillon, 

M.  de  MnilUt  —  Les  Juifs  me  demandèrent  de  plus  li  liberté  que 
je  leur  accordiiy  de  pouvoir  se  servir  en  Alexandrette  de  telles  per- 
sonnes qu'ils  jugeroient  bon  pour  la  récepliou  el  envoyer  de  leurs 
marchandises»  attendu  qu'il  n'y  a  voit  plus  qu'une  seule  maison 
Imnçoise  ei  quils  ne  peuvent  commi^ttre  aux  seules  mains  d'une 
personne  tous  les  elfets  qu'ils  recevaient  et  envoyaient,  M.  de  Gas- 
Unes  les  avoit  obligés  de  se  servir  des  faclL'urs  irançois,  mais  il  y  en 
avoit  alors  quatre  ou  cinq.  M,  Péleran  convient  de  la  justice  de  les 
remettre  en  Liberté  là-ilessus. 


881  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

la  Chambre.  —  La  Chambre  est  du  sentimeQl  de  M.  de  Maillet,  et 
quand  même  il  y  auroil  plusieurs  Fraoçois  établis  à  Aîeiandrette,  iJ 
doit  eslre  permise  chacun  de  confier  son  bien  à  quy  boa  lui  semble. 
Mais  comme  la  nation  d'AIep  n'a  pas  esté  entendue  sur  le  Mémoire 
présanté  à  M.  de  Maillet  par  les  protégez*  la  Chambre  eslimeroit»  ^^ 
le  Conseil  le  trouvait  a  propos»  que  toutes  ces  raisons  lui  feusseï** 
communiquées  pour  donner  de  plus  grandes  explications,  si  cell^^ 
de  la  Chambre  n'etoient  pas  trouvées  suffisentes. 

Délibéré  à  Marseille,  le  onzième  Janvier  mil  sept  cent  vingt. 

EsTSLLE,  MousTiKR  et  DiKUDÉ,  échevins. 

B1.LTBALLON,  KSMUZikT,  B^MUZAT    et  AlLLAUD,  dépilte^^'' 

A  Toriginal  : 

Enregistré  sur  roriginal»  envoyé  à  Monseigneur  le  P.  Présiden"^ 
du  quatrième  février  audit  an. 

ISNiiED. 


Le  Conseil  dé  Marine  aux  députés  du  commerce  à  Marseille  K 


  Versailles,  le  3  Février  1723. 

Le  s*'  Laugier,   commissaire  de  la  marine  à  Amsterdam  escrit^ 
Messieurs,  qu'un  juif  nommé  Fernandez  Médina,  né  à  Bayonne,  aag^ 
de  30  ans,  ayant  este  choisi  par  les  rabinsde  la  synagogue  portugaise 
d'Amsterdam  pour  estre  envoyé  en  Levant  et  y  étudier  la  langue  éta- 
les livres  des  Hébreux,  les  principaux  marchands  de  sa  nation  ont^ 
fait  solliciter  le  dit  s^  Laugîer  de  demander  ta  permission  pour  le  dit^ 
Médina  de  résider  dans  Tune  des  échelles  sous  la  protection  du  Roy^ 
pendani  tout  le  temps  qui  luy  sera  nécessaire  pour  ces  études,  se 
soumettant  à  touttes  les  charges  et  impositions  auxquelles  la  natioa 
françoîse  pourroit  eslre  sujette  dans  les  lieux  où  il  résidera  sans  y 
faire  aucun  commerce  directement  ni  indirectement.  Le  dit  s^  Lau- 
gier  adjoute  que  par  les  informaiions  qu'il  a  prises,  ce  juif  est 
homme  de  probité  et  de  bonnes  mœurs,  de  même  que  Sara   Bar- 
ba nêle,  sa   femme,  qui  doit  le  suivre.  Il  n*esl  pas  déterminé  sur 
réchelle  de  sa  résidence,  attendant  d'en  faire  le  choix  lorsqu'il  sera 
en  Levant. 

Le  Conseil  a  cru  devoir  vous  faire  pari  de  cette  proposition  aflin 
que  vous  lui  marquiez  s*il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  accorder  la 
permission  demandée. 

L,  A.  de]Boukbon. 


>  Série  AJL,  erl«  22. 


LES  JUIFS  A0X  ÉCHELLES  DU  LEVANT  ET  EN  BARBARIE 


VI 


lettre  de  Mf  le  comte  de  MorviUe,  Ministre  et  Secrétaire  d'État  de  la 
Marine^  à  M^  Us  Esch  et  Députez  de  la  Chambre  de  commerce  à 
Marseille^, 

A  VersaUVes,  le  t2  May  1723. 

Tay  reçu,  Messiears,  vostre  lettre  du  19  du  mois  passé  sur  les 
nouvelles  repréâentalious  des  négoliants  de  Salonique  contre  le  s^  de 
Boiâmoût,  leur  eoosuL  Je  conçois  que  lu  graode  division  qui  est 
«Dlreeux  ne  peut  estre  que  très  préjudiciable  au  bien  du  commerce 
(te  Teschelle,  et  comme  le  sujeL  n'est  que  de  la  protection  que  ce 
cottsul accorde  aux  juifs  qui  y  soutestablis,  et  que  la  nation  prêteud 
ivoiresté  portée  a  un  excès  de  préférences  sur  elle,  j'ay  communiqué 
4  ï.  Le  Bret  tout  ce  qui  a  esté  escrit  de  part  et  d*autre,  pour  avoir 
SôD  avis  sur  ce  qui  pourroit  résulter  des  plaintes  respectives  et  tes 
tem(>érameDts  qu'il  conviendroit  de  preudfe  pour  fixer  celte  protec- 
tioû  de  manière  qu'eu  la  conservauL  aux  juifs  et  aux  estraugers 
Miuralîsez,  ils  ue  puissent  en  abuser  et  oster  aux  vrays  François 
les  avantages  qu'ils  doivent  trouver  daos  leur  négoce.  Par  i  exameu 
<îti«M.  Le  Bret  en  a  fait,  il  n*a  pu  démeslerqut  a  le  tort,  parce  que 
tous  les  faits  sont  contredits,  en  sorte  qu'il  ne  peut  rester  que  des 
présomptions  sur  lesquelles  il  ne  semble  pas  juste  de  former  une 
<feision;  et  sur  le  poiut  principal  qui  est  de  sçavoir  s'il  est  à  propos 
4'06t«r  la  protection  aux  juifs  de  Salonique^  il  observe  qu'il  ne  fau- 
«iToilpas  tomber  dans  riaconvéaieiit  de  forcer  ces  juifs  a  se  meure 
*ous  celle  du  consul  d'Angleterre,  comme  le  s"^  de  Boismont  le  fait 
«ttodre,  et  qu'on  peut  apporter  des  ménagements  convenables  à  la 
prt^îileclîon  que  ledit  s' de  Boismont  doit  avoir  pour  les  François 
et  que  ce  consul  ne  leur  a  pas  apparemment  donnée  jusqu'à  présent 
i  causti  du  peu  d'esgard  qu'ils  ont  marqué  pour  sa  personne  et  son 
caractère,  en  luy  retrancbant  les  honneurs  accouLumez,  tel  que  celuy 
<lciuy  faire  présenter  un  cierge  par  le  député  de  la  nation  dans  les 
cérémonies  accoutumées,  de  raccompagner  chez  les  puissauces  du 
(iys,  et  riûâultant  par  des  mémoires.  Je  tascheray,  autant  qu'il  sera 
possible,  d'esclaircir  le  vray  de  toutte  cette  conduite  et  d'y  appliquer 
le  remède  nécessaire.  Mais,  en  attendant,  il  convient  de  prendre  une 
tisoliitioQ  sur  rarticie  essentiel  qui  cause  la  désunion,  el,  \tKi\xï  cet 
fffiet,  tl  faut  sçavoir  s'il  est  plus  avantageux  au  bien  du  commerce 
en  gi&ûéral  et  à  la  nation  de  Salonique  en  particulier,  d*oster  aux 
juifs  de  cette  eschelle  la  protection  du  consul  de  France  que,  de  les 
y  maioteiitri  et,  dans  ce  dernier  party,  quels  seroient  les  lempéra- 

■  Sén«  AA.  ârt«  24. 


REVUE  DES  ÊTCtîES  IHVES 

meots  et  les  restrictions  propres  à  empescber  que  cette  protection  ne 
fuât  pas  aussy  nuisible  à  la  natioa  qu'elle  Ta  esté  par  le  passerai 
ces  lempéraments  pourronl  es  ire  acceptés  par  ces  juifs  ou  si,  les 
refusant  et  recourant  à  la  prolecltoo  du  codsuI  d'ADgleterre^  cet  In- 
cident ne  peut  pas  eugager  les  juifs  des  auircs  eschelles  a  la  mesme 
soustraction,  quels  Inconvénients  en  peuvent  arriver,  et  quelle  est  la 
différence  de  la  protection  accordée  à  Salonique  de  celle  que  donnent 
les  consuls  françois  dans  les  autres  esebelies.  Il  paraist  par  votre 
lettre  du  19  a^Tii  que  vous  en  souhaitteriez  la  suppression  a 
Salonique,  pendaut  que,  dans  d'autres  que  je  me  suis  fait  rapporler, 
vous  estimez  cette  protection  utile.  Discute»,  je  tous  prie,  celle 
question  dans  uoe  assemblée  de  la  Chambre  et  ra'envoyes  au  plutoet 
la  délibération  qui  y  sera  prise,  sur  laquelle  je  preudray  les  ordits 
ffui  seront  juges  les  plus  convenables  et  voua  informeray  de  eeoi 
que  Je  donneray  en  conséquence. 

Je  suis.  Messieurs»  entièrement  à  vous. 

DS  MORYIIXIt 


VII 


Msiraii  du  ngiiirt  du  DéHhéraiiont  de  la  CkawUre  d$  commim 

dé  MarseilUK 

28  Mai  1723, 

Bureau  extraordinaire  de  la  Chambre  de  commerce  de  cette  villt 
de  Marseille,  tenu  dans  Thôtel  de  ville,  apriês  deue  convocatioa 
léile  à  la  manière  accoutumée»  cejourdhuy  veudredy  vingt  buitiétafi 
may,  mil  sept  cent  vingt  trois»  iroia  heun^s  de  relevée  où  ont  été 
présens  : 

Uessienrs 

Pierre  Remuzat,  Jean  BtpUsie  Safnt*Hirhel,  Luc  Martin  et  Bstienne 
Eemuzat  èchevins»  Charles  Gonsieni,  cunseiller  secrétaire  du  Roy  ^^ 
Henry  Gnmaud  députes,  el  Phitlberl  Arènes  conseiller  de  la  dite 
Chambre, 

, . ,  Ayant  été  fait  lecture  d*uoe  lettre  écritte  à  la  Chambre»  le  douit 
de  ce  mois  par  M"  le  comte  de  Morville,  Ministre  et  Secrétaire  d*ltlAl 
sur  les  divisions  qui  régnent  à  Salonique  entre  le  s'  de  Baismontfl 
les  négocians»  et  pour  sçavoir  s'il  convient  d^isler  aux  juifs  de  cette 
échelle  la  protection  du  consul  ou  de  les  y  maintenir,  sur  laqadlc 
lettre  rassemblée,  ayant  faii  toutes  lee  réflexions  nécessaires,  aariii 
unanimeut  résolu  de  représenter  très  humhtement  que  les  anciens 
consuls  de  Salonique  ne  se  sont  jamais  itlirô  des  plaiuiee  de  la  part 

A  Série  BB,  art.  7. 


LES  IVïh^  AUX  ECHELLES  UU  LEVANT  ET  RiN  BARItARïK  287 

de  la  nation  de  celle  éclieUe  au  sujet  de  la  proteciion  des  Juifs,  ce  qui 
fait  ju|?er(iu*lls  éiolent  en  règle  là-dessus  et  nu'il  ne  se  passoil  rien 
en  cela  de  cuntràïre  au  commerce  des  sujets  du  Rnj, 

Que  cette  proteclion  se  donnant  par  tout  le  Levant  d'une  manière 
uuiforme,  et  aucun  corps  de  nalion  n'en  témoigouoL  aucune  plaiule, 
c'est  une  marque  que  les  autres  consuls  n'abusent  pas  de  leur  auiLu- 
ril*^  eu  ce  poîut,  comme  fait  le  s'  de  Boismonl, 

Qu'il  a  exercé  fort  tranquilement  ses  fonctions  de  consul  pendant 
plusieurs  années  sans  qu'où  iuy  ait  roproché  la  moindre  chose  ny 
qu  il  ait  eu  a  son  tour  aucune  occasion  de  mécontentement  de  ses 
nationnaux.  Ceux  cy  représentant  aujourdbuy  que  leur  cousul  n*en 
demeure  pas  aux  simples  termes  de  la  proteclion  que  1  ou  accorde  aux 
Juifs  dans  tout  le  Levant  et  telle  qu*il  l'accord oU  autres  fois  luy 
même,  uiais  qu'il  est  partial,  qu'il  chagrine  les  François,  qu*jl  ne  les 
écoute  pas  sur  les  di^Féreus  qu'ils  ont  avec  ces  Juifs,  et  qu'il  les  fa- 
vorise dans  leur  commerce  au  préjudice  de  la  nation,  comme  il  a  fait 
eatr'autres  lorsque  les  dèpulez  ont  découvert  des  fraudes  aux  décla- 
raljons  des  marchandises  qu'Us  faisaient  charger  pour  l'étranger, 
MUS  qu'il  ail  fait  subir  aux  contrevenans  les  paines  qu'ils  anroient 
eaeouiîles. 

Tels  sont  les  griefs  de  la  nation  de  Salonique  contre  le  s**  de  Bois- 
rnoût»  et  s'ils  ne  sont  pas  bien  prouvés,  parce  que  dans  le  Levant 
TûQ  u'en  a  pas  toujours  les  moyens,  du  moins  laissent-ils  des  im- 
Pfessious  peu  favorables  au  uonsui. 

Le  s*'  de  Boismont  bien  loin  de  s'amauder  et  faire  cesser,  par  une 
'««iUeure  conduite,  lés  plaintes  portées  contre  luy,  paroit  dans  des 
*^^sj>osi lions  toutes  contraires,  et  il  n'y  a  qu'à  faire  attention  à  ce 
ÇUi  esl  raporté  dans  la  lettre  du  Seigneur  Ministre,  que  ce  consul 
J^â  pas  pour  les  Fran^^ais  la  prédilection  qulî  devrait  avoir,  à 
I^Use  du  peu  d'égtird  qu'ils  ont  marqué  pour  sa  personne  et  son 
*  raclé re.  ^ 

<Suivent  les  griefs  que  le  Consul  peut  avoir  contre  les  Dationaux 
que  ceux-ci  cherchent  a  expliquer  et  ô  attcuuer). 

.  Bans  tous  les  cas,  c'est  au  Seigneur  Ministre  à  les  en  répri- 

'^ader,  mais  cette  raison  ni  les  précédentes  ne  pouvant  d'uilleura 

^uiblir  leur  droit,  le  S'  de  Boismont  n'eu  st;auroit  tirer  aucune 

tHlIffication  qui  puisse  Tauthoriser  d'avoir  marqué  plus  d'égard 

kur  les  Juifs  que  pour  les  Fraucois. 

Quant  à  la  question  de  scavoir  ^'ii  est  plus  avantageux  au  bien  du 

^*->iiiTuerce  el  è  la  nation  de  Salouiqued*oster  aux  Juils  de  cette  échelle 

M*   i>rotcclion  du  Consul  de  France  que  de  les  y  muiutenir,  i'assemblée 

ré|»cnjd  que.  si  cette  protection  étoil  accordée,  comme  dans  les  autres 

[feclteUes,  la  chose  ne  seroit  ny  avantageuse  ni  prejudiciabie  au  corn- 

ïuerce  et  à  la  nation,  mais  que  c»  CodsuL  ayant  tait  un  mauvais 

^Sdge  de  son  authurité  en  méprisant  les  François  el  favorisant  sans 

^ûrne  les  Juifs,  il  a  mis  le  commerce  de  cette  écbeilc  sur  le  penchant 


RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  sa  rujmèT^  cette  raison  a  déterminé  la  Chambre  ô  pTenara 
résolution  de  demaûder  comme  elle  a  fait,  d'oster  la  prolectioa  aui 
Juifs  de  Salonique.  Celle  demande  ne  feul  pourtant  formée  que  sur 
quelques  considérations  également  importantes,  telles  que  le  S^  de 
Boismont,  ayant  été  ctiancellier  à  Livourne,  U  y  avoit  contracté  des 
habitudes  et  fait  des  connaissances  qui  le  metoient  présentement  en 
grande  relation  avec  les  Juifs  dudit  pays,  liez  d'inlérôt  et  associez 
avec  ceux  de  Salonique,  que  la  grande  liaison  qu*il  y  a  entre  ceux- 
cy  et  ce  consul  le  font  soupçonner  d'être  intéressé  dans  leur  com- 
merce; que,  si  cela  se  trouvoii  véritable»  il  en  résulteroit  encore  un 
plus  grand  abus,  puisque  ks  bâtimens  masqués  apartenaot  aux 
Juifs  qui  viendroienl  trafiquer  à  Salonique  trouveroient  le  consul  de 
France  toujours  disposé  é  les  tollérer  et  même  à  les  favoriser  au 
préjudice  des  François;  que  dansTincertitude  où  on  est,  si  ce  consul 
est  véritablement  coupable  de  ce  dont  on  le  soupçonne,  la  Chambre 
ne  pouvant  pas  demander  sa  révocation,  il  faloit,  du  moins,  pour  lui 
éviter  de  voir  un  jour  ses  pratiques  découvertes,  qu'elle  demaoda 
d'osier  aux  juifs  de  celle  échelle  la  protection  du  dit  consul  de 
France,  parce  qu'il  n'y  a  pas  d^autre  moyen  pour  remédier  aux^bus 
dont  on  se  plaint  et  pour  faire  cesser  les  plaintes  réytérées  d'une 
nation  qui  voit  son  commerce  détruit  et  ruyné  Cet  expédient  pa- 
roissoii  d'autant  plus  convenable  qu'il  n'étoit  pas  à  craindre  que  par 
cette  raison  les  Juifs  des  autres  échelles  se  tirassent  de  la  pro- 
tection des  consuls  de  France*  puisqu'ils  ne  la  recherchent  avec 
empressement  que  parce  qu'elle  leur  est  avantageuse  et  qu'ils 
font  souvent  des  présens  et  des  donnalines  aux  consuls  pour  s'y 
maiulenir. 

Les  Anglois  ne  sont  pas  dans  l'usage  d'accorder  la  protection  aui 
Juifs,  et  il  n  y  a  pas  d'exemple  que  cela  soit  arrivé.  Si  le  S*^  de  Bois- 
mont  a  témoigné  que  ceux  qui  sont  a  Salonique  pourroient  prendra 
ce  party,  ça  été  pour  tâcher  de  se  maintenir  dans  les  relations  qu'il 
a  avec  eux  et  qu'il  faudroit  abandonner  s'il  lui  étoit  ordonné  de 
refuser  la  protection.  D'ailleurs»  il  ne  convient  pas  aux  Juifs  de  se 
fier  trop  aux  Anglois^  ils  sçavent  que  leurs  marchandises,  passant 
sur  les  vaisseaux  de  celle  nation,  ne  leur  sont  pas  rendues ûdèleiûeûl 
et  qu*on  leur  en  soustrait  toujours  quelque  partie. 

Si  bien,  que  l'assemblée  ne  jugeant  pas  qu'il  puisse  y  avoir  du 
remède  pour  foire  rentrer  le  S^  de  Boismont  dans  les  justes  bornes 
de  n'accorder  la  protection  aux  Juifs  que  de  la  même  manière  que 
ses  confrères  la  donnent  dans  les  autres  échelles,  elle  prend  la  liberté 
de  proposer  une  alternative  également  convenable  qui  est  de  refuser 
la  protection  aux  Juifs  de  Salonique  si  le  S''  de  Boismont  y  wsti 
encore,  ou  de  la  laisser  subsister  en  faisant  passer  ce  consul  daos 
une  autre  échelle  et  lui  donnant  pour  successeur  celu>'  qu'il  y  doit 
relever.  Tel  étant  le  sentiment  de  l'Assemblée. 


Ordannance  du  Roy  portant  règlenimV  mr  ce  qui  doit  être  observé  dans 

Iia  émîtes  de  levant  et  de  Barbarie,  de  la  pari  des  Juifs  et  autres 
Strangers,  gui  y  jouissent  de  la  protection  de  France, 
UH 
keUe 
m 


Db  par  lb  Rot» 


Maiesté  étant  informée  des  abus  qui  se  commettent  dans  les 
lies  de  Levant  et  de  Barbarie  ao  préjudice  de  ses  sujets,  par 
dilTéreiites  manières  dont  tes  consots  qu'Elle  y  entretient  font 
Jôûir  de  sa  protection  les  Juifs  et  autres  étrangers  auxquels  Elle 
^al  bien  raccorder,  Elle  a  estimé  à  propos  de  faire  une  règle  uni- 
forme pour  celle  protection,  et  pour  cet  efTet  Elle  a  ordonné  et  or- 
dcnme  ce  qui  suit  : 

^r  ÀBTICLE  I"^, 

Aucun  Juif  ou  autre  étranger  sujet  du  Grand  Seigneur  ou  résident 
ifaiDsses  Étals  ne  sera  reçu  sous  la  protection  de  France,  qu'il  ne 
r^t  demandée  et  obtenue  du  Consul  et  du  Corps  de  la  Nation  frau- 
Hhe  assemblée  avec  lui,  lequel  Consul  ne  délivrera  ses  lettres  de 
PiteciioQ  aux  impétrans  qu  en  conséquence  des  délibérations  portant 
ipillax  seront  admis, 

IL 

Ceux  qui  se  présenteront  pour  demander  au  Consul  et  à  la  Nation 
«semblée  la  prolection  de  Sa  Majesté  donneront  une  caution  sol- 
^▼ible  pour  répoudre  de  leur  conduite   et  de   leurs  actions,  et,  la 

S  reçue  par  le  Consul  de  la  nation,  il  en  sera  fait  un  acte  dans 
eeUeria  du  ConsulaL 


lïL 


Us  Juifs  et  autres  étrangers  protégés  ne  pourront  faire  aucun 
Diuerce  de  Levant  en  France  directement  ni  indirectement,  à 
De  de  conliscalion  de  leurs  marchandises,  des  bâlimenls  qui  les 
ïieni  aporlées  et  de  trois  mille  livres  d'amende  contre  le   ca- 


Rlglcmeat.  rendu  sous  fomtc  d'ordonnance  royale  cl  imprimé  à  Marseille, 

prét^t^  à  Télude  d<;  la  Chambro  par  le  corps  de  lu  nutioii  de  Stiionii^jue 

\  M  séioc«  du  jeud y  douiième  décembre  mil  sept  vingt  sii,  cinq  heures  de  re- 

L  ordoDn&Dt-e  fui  promulguée  li  ^tarly,  le  4  février  1127,  et  élondue  à  igulcii 

I  du  Levant.  —  Série  HU,  arf.  1». 

T,  XIII,  w°  26.  .  n 


290 


REVUE  UFS  ÉTUDES  SUIVIES 


Fait  défense  Sa  Majesté  é  tous  marcbands  passagers,  capilaii 
et  maîtres  de  vaisseaux  et  bâtimens  frauçois  de  prêter  leurs  nom*' 
aux  protégés  et  autres  étrangers  pour  faire  leur  conimerce  du  Levant 
cl  de  Bîirbarie  eo  Fraoce,  sous  les  mômes  peines  de  coufiscationdes 
marchandises,  des  bâlimens  et  de  trois  mille  livres  d'amende, 

ÎJeiïend  pareillemeut  Sa  Majesté  à  tous  Fraoeois  et  {étrangers,  Té- 
sideiis  dans  te  royaume  de  recevoir  aucunes  marchandises,  denrées 
ni  autres  ellels  en  quoiqu'ils  puissent  consister  apparteuausaux 
étrangers  résidens  en  Levant  el  en  Barbarie  et  venans  desdits  pays, 
sous  les  mêmes  peines  cy-dessus, 

YL 

Deflend  aussi  Sa  Majesté  à  toutes  personnes  résidentes  en  France, 
dVnvoyer  aucuns  eiïels  ui  marchandises  aux  étrangers  protégés 
qui  résident  en  Levant  et  en  Barbarie,  soit  pour  leur  compte  oupoor 
celui  desdits  protégés,  sous  les  mêmes  peines  cy  dessus. 

VII.  ' 

Aucun  Juif  ni  autres  étrangers  résidents  en  Levant  et  en  Barbarie 
sous  la  protection  de  la  France  ne  pourra  recevoir  les  adresses,  d' 
commissions  des  baiimeos  el  marchandises   allant  de    Fraucc  e» 
Levant  ou  en  Barbarie,  à  peine,  contre  ceux  desdiis  protégés  qui  oc . 
seront  pas  sujets  du  Grand  Seigneur,  d'être  renvoyés  dans  leurs] 
pays  par  teCoûsul  de  France  en  vertu  des  délibérations  de  la  nalioD  * 
qui  seront  prises  à  cet  ellct,  et  pour  les  rayas  ou  sujets  du  Grand 
Seigneur  d'être  exclus  pour  toujours  de  la  prolection,  et  dans  runetJ 
dans  Feutre  ras,  de  confiscation  des  marchandises  qu'on  vérifier»  [ 
avoir  été  ainsi  envoyées  auxdites  adresses* 

Vin. 

Les  capitaines^  maîtres,  officiers  et  passagers  des  bâtimens  dé 
mer  expédiés  en  France  pour  le  Leva  a  t  ou  pour  la  Barbarie  a* 
pourront  s'adresser  aux  protégés  résidents  ausdiles  échelles  pour  l^ 
commission,  troc  ou  échange  de  leurs  marchandises  ou  efi*ets, 
peine  de  quinze  cens  livres  d'amende  pour  chaque  coolraveotion, 

IX. 

Permet  néanmoins   Sa   Majesté    ausdils  capitaines,   officiers  ei 
passagers  des  bâtimens  expédiés  de  France  de  vendre  ausdits  pr 
tégés  les  marchandises  qu'ils  auront  portées  pour  leur  compte 
d*en  acheter  ou  prendre  en  échange  telles  autres  marchandises  qu'ill 
aviseront,  à  la  charge  cependant  que.  par  ces  ventes,  trocs  ou  achats! 
les  dits  capitaines,  officiers  cl  passagers  seront  tenus  de  se  servir  dl 
la  ineiiiatîun  d'un  négociant  françois  à  leur  choix,  lequel  ne  pourr 


LKS  JlTIFïi  AUX  KCHELLRS  DU  LF.VANT  ET  ES  BARBAHIK 

jPfîf  pour  eux  qu'après  eu  avoir  iiilorméle  Cousul  el  les  députés  de  la 
aiioD  de  réchelle,  ni  prélaudre  que  la  moitié  de  la  commission 
irdjoaire. 


Tout  capilaiDc  ou  maître  de  bàtimeuL  qui  passera  en  Levant  ou 

Barbarie  et  u'aura  pas  la  cora mission  de  la  cargaison  d*entrée  et  de 

i«rtie  ni  aucune  adresse  sur  l'échelle  sera  obligé  de  s'adresser  à  un 

tesnégocians  fraoçois  faisant  corps  avec  la  nation  en  observant  par 

tdit  négociant  ce  qui  est  prescrit  parTarlicle  précédent. 

XL 

Majesté  que  toutes  les  confiscatious  et  amendes,  s'il  y 
feront  apliquées^  sçavoir,  celles  encourues  dans  les  écliclles 
^tleirant  el  Barbarie,  uu  tiers  au  déoonciateur,  uo  autre  tiers  au 
Uâchfil  des  esclaves  rraoçois  et  le  tiers  restant  aux  dépenses  uatio- 
wlesde  l'Échelle,  et  celles  encourues  en  France  un  tiers,  an  dénon- 
ciateur, un  tiers  à  l'Hôpital  Saint-Esprit  de  Marseille,  et  Tautre  tiers 
lia  profil  de  la  Chambre  de  Commerce  de  la  dilc  ville. 


XIL 
Permet  Sa  Majesté  aux  Juifs  et  autres  étrangers  résidens  en 
llcvant  el  en  Barbarie  de  continuer  à  Fordioaire  renvoi  de  leurs 
■Marchandises  en  Italie  et  autres  pays  étrangers,  en  leurs  noms,  pour 
tir  compte,  el  à  l'adresse  de  leurs  amis  fraucois  ou  étrangers 
sideos  ausdits  pays  el  de  se  servir  pour  cet  jellet  des  bâtimens 
Iporlantle  pavillon  de  Sa  Majesté,  sur  lesquels  les  neutres  d'Italie  et 
Itottic  sorte  d'étraogers  pourront  aussi  charger  dans  leurs  paya 
1  WlMçs  et  chacune  des  marchandises  qu'ils  estimeront  les  adresser  à 
I kurs  correspoodans  françois,  Juifs  et  entres  étraugers  établis  en 
I  Uraat  et  en  Barbarie  sous  la  protection  de  France. 

XIIL 

Vôulâol  au  surplus  Sa  Majesté  qu'il  ne  soit  rien  changé  aux  usages 
|<^t  coutumes  qui  peuvent  s'observer  dans  certaines  échelles  parraport 
I  *u  cérémonial,  à  la  police  el  aux  différentes  mauières  doul  les  droits 
t  «lu  Graod  Seigneur  se  payent  par  les  étraugers  protégés,  enjoint  Sa 
[J^jeslé  au  S'  Lebret,  Conseiller  en  ses  conseils.  Premier  Président 
loieodant  de  Justice,  Police  et  Fiuauces  en  Provence  et  du  corn* 
de  levant,  au  S**  Vicomte  d'Andrezel»  son  ambassadeur  ii  la 
Mlltoniane  et  aux  Consuls  des  échelles  de  Levant  et  de  Barbarie, 
flaire  publier  ei  enregistrer  la  présente  ordonnance  par  tout  où 
OÎD  sera  et  de  tenir  la  main  chacun  eu  droit  soi  à  son  exécution. 


■  fait  a 

^arly  le 

quatrième 

février  mil  sept  cent  vingt 
Sîffné  : 

sept. 
Louis. 

L 

El  plus  bas  :  Phkltpealx. 

1 

...i  REVl-E  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Pour  le  Roy, 

CoUationné  à  loriginal  par  Nous  Ecuyer Conseiller  dalflï, 
Maison-Couronne  el  de  France  et  de  ses  Finances. 

Siçné  :  Cornette. 

Cardin  Lebret.  Chevalier.  Comte  de  Selles,  Seigneur  JiPaJi» 
Conseiller  du  Rov  en  ses  Conseils,  Premier  Président  du  Pariejwa 
dAix.  Intendant  de  Justice,  PoUce  el  Finances  en  Provence  ciwd 
mandant  en  chef  audit  pays. 

Veu  la  présente  ordonnance  du  Roy, 
Nous  ordonnons  quelle  sera  exécutée  suivant  sa  forme  et  leMB 

Fait  à  Aix.  le  vingt  neuvième  mars  mil  sept  cent  vingt  sept 

Siçné  :  Lebret. 

.  Par  Monseigneur  :  SiçMé  :  Theba^ult.  A  l'Original. 

A  Marseille,  chez   la  veuve  de  J.  P.  Brebîon,  imprimeur  du  Roy- 
de  Mi:r  TEvêque,  elc,  eic. 


IX 

Lettre  de  Monseigneur  le  comte  de  Manrepas,  Ministre  et  Secn 
dKuit  de  la  Marine  à  MM.  les  échetins  el  députés  du  Coim 
Marseille^. 

A  Versailles,  le  10  Juillet  1m3. 

. . .  Vous  voirrox  par  l'Extrait,  que  je  joins  icy  de  la  réponse 
ambassadeur*  sur  los  ivlaircisseraens  que  je  luy  avais  deman' 
sujet  de  la  dit'ticultô  qui  s'est  élevée  à  Alep  entre  les  négoti 
les  Juifs  protégos,  qu'il  paroit  assez  constant  que  Ton  ne  fait 
même  difticullo  aux  Juifs  à  Coustautiuople  et  à  Salonique,( 
Turcs  ne  se  formalisent  point  do  les  voir  accompagner  les  nég 
franrois  dans  les  cérémouies  ou  visites  publiques  et  qu'il  im 
notre  commerce  et  même  aux  intérêts  particuliers  de  la  Chan 
ménager  ces  Étrangers.  Je  seray  bien  aise  que  vous  exami 
nouveau  la  question  atiu  que  si  le  S'  Arasy  •  n'a  pu  parvenir 
miner  cette  contestation  à  lamiable,  comme  je  l'en  ay  chargé 


*  Série  AA,  art.  45. 

*  M.  le  comte  de  Caslellane.  ambassadeur  à  CoQStantinople. 

*  Consul  à  Alep. 


LES  JUIFS  AUX  KCIIELLES  DU  r.lîVANT  ET  KN  UAUyAUiE  293 

létal  de  prendre  les  ordres  du  Roy  et  d'ioformer  ce  coosul  des 
jïûljoas  de  Sa  Majesté  à  cet  égard.  Je  suis  Messieurs»  ealiè- 

Dt  à  TOUS. 

Maurepas. 


in7  de  la  lettre  de  M^  h  comte  de  Casiellane  joint  à  la  lettre 
précédente. 


Lo  1"  May  ïlk^, 

difficulté  qui  s*est  élevée  à  Alep  entre  les  négociants  françoîs  et 
Juifs  protégés  n'est  pas  sans  exemple;  eu  1738,  le  S»^  Thomas, 
irità  M.  le  marquis  de  Villeueufve  *  que.  daus  la  visite  qu'il  avait 
lue  à  M,  le  marquis  d'Antiû'»  il  avoit  été  accompagué,  aou  seu- 
iDt  par  les  uégocians,  uiais  encore  par  les  Juifs  protégés  et  que 
lis  lors,  ayant  eu  occasion  de  faiie  une  visite  au  Jano'ssaire  Aga 
x*cy  ayant  demandé  d'être  réinlégrés  daus  Uusage  où  ils 
^mlrefois  de  grossir  le  cortège  du  Coosul,  il  le  leur  avoit 
il  gré  Top  position  de  quelques  négociaus,  en  leur  prescri- 
pourlant  de  marcher  ù  la  queue  de  la  Dation.  Il  donne  pour 
f  desa  décision  l'exemple  des  consuls  d'Angleterre  et  d'Hollande 
se  faisoient  accompagner  dans  les  visites  de  cérémonie  par  les 
qui  sont  sous  leur  protection,  et  llnlérest  que  nous  avious 
leurs  de  ne  pas  dégoûter  ces  élranKcrs  de  celle  du  roy.  M.  de 
«t'ufve  répondit  qu'il  devoit  paroUre  indilFérent  aux  négocions 
Sitlouîque  que  les  protégés  raccompaguassent  dans  les  visites 
rendroit  aux  officiers  du  Grand  Seigneur  dés  qu'on  les  faisoit 
ra  la  queue  et  que  cette  condescendance  pouvoit  produire  un 
effet  en  les  attachant  toujours  plus  a  la  protection  de  l'rance, 
ne  It'or  convient  pas  de  leur  dunner  prétexte  d'abhandoiioer. 
r  ce  qui  est  de  l'usage  de  Coustauliaople,  nous  n'avons  icy  sous 
protection  que  des  drogmans  à  Baral^  qui  dans  les  visites  de 
lue  marchent  ù  cheval  avec  lis  drogmans  frauçois,  et  dans 
Les  particulières  où  l'ombossadeur  e<t  suivi  par  la  nation^  a 
fad»  marchant  souvent  confoudus  avec  h^s  négocions,  sans  qu'on  se 
|ioU  jamais  upperceu  que  celle  condescendance  pour  ces  juifs  ait 
porté  la  moindre  atteinte  à  la  consiilérolion  de  notre  nation.  Je 
mg  TOUS  dissimule ray  pas  que  je  suis  surpris  que  la  Ghamhre  de 
SftlPiPerce  ail  été  plus  louchéc  de  la  délicalosse  des  négociaus 
B|ep  que  de  riniérest  qu'elle  a  de  m^-uager  des  étrangers  qui^ 
HiiQt  sous  une  autre  protection,  dimioueioient  la  perception  de 

•  AinbMiadeur  a  Coailoutiiiople. 
^  Chef  d>«c«dTi». 


294  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

X 

Lettre  de  M,  de  Afaurepas^. 

A  Fontainebleau,  le  31  octobre  1744. 

.  J'ai  receu,  Messieurs,  vos  lettres  du  46  de  ce  mois,  par  Tune 
desquelles  vous  confirmez  l'avis  que  vous  m'aviez  déjà  communiqué 
sur  la  nécessité  de  laisser  le  consul  d'Alep  dans  la  liberté  de  ne 
point  admettre  les  Juifs  protégés  dans  les  visites  de  cérémonie  qu'il 
fait  en  corps  de  nation.  Je  luy  écris  en  conformité  et  je  luy  recom- 
mande de  leur  procurer  d'ailleurs  toute  la  protection  pour  la  seureté 
de  leurs  personnes  et  ravantage  de  leur  commerce...  Je  suis,  Mes- 
sieurs, entièrement  à  vous. 

Maurepas. 

1  Série  AA,  art.  45. 


IMENTAIRE  DE  II.  DAVID  QAMHI  SOR  LES  PSADMES 


,n*  1  (seul  hébreu)  de  la  Bibliothèque  de  Soissons,  raen- 
ir  M.  A,  Molinier,  au  Calalogae  générai  des  mss.  des 
publiques  (U  111,  p.  72),  porte,  sur  la  garde  du  volume, 
saivant  :  Commeutaria  R.  David  Kimchi  in  Psalmos  et 
aria  R.  Mosis  Jllii  [Nachmaai]  ifu  Jobjum*. 
nier  teuillet,  recto,  un  lit  ces  mots  : 

i©Tnb  'Ta-*  5i"5  PT^n  ^^^^n  ai-^Ki  D-'Vnn  cr-'^D  ht  ûb^:- 
Tnrp  ^3»  "imx  ^n2DDi  [^  30  uov.  1269)  'r  '-J3b  'bi  D-'DbK  'n 
b  nCTs  'n  ninb  ^^^r.  Les  noms  *rauteurS|  omis  dans  ce 
trouvent  à  {)art  (êfe,,  verso)  :  im  'nb  û^b^n^a  iDin^Dn  mt 

13  rrot;  'nb  ^i^î^^s  p^-i^di  -^mip. 

est  contemporain  de  Moïse  Nahmani,  mort,  comme  on 
275,  et  il  offre  les  passages  de  polémique  clirétienne  cen- 
B  tard.  Ce  commentaire  était  donc  classique  dès  lors,  et 
ks  étonnant  de  le*  trouver  dans  le  Nord  de  la  France  (dans 
)thèque  où  il  a  échappé  par  miracle  à  ia  centralisation 
Û  l'on  se  reporte  au  xm^"  siècle,  à  l'époque  où  les  Juifs 
nez  prospères  et  où  la  ville  de  Soissons  avait,  comme 
Ères,  sa  «  juiverie  *  w.  Notons,  à  ce  propos,  qu'en  tôte 
loirems.  de  Soissons  par  Rousseau-Desfontai nés  (n^ 4420 
Périn  de  ia  même  Bibliothèque),  il  y  a  un  plan  assez 


M  placée  ici  solre  [],  ilUsiMes  dauB  ce  manuscrit»  ont  été  reconstitué! 
ttxto  hébreu. 

IlOfâe,  âbréffé«  de  W*W  *T'*n6*'>  3^"l?  ?lWn^.  vise  un  homme  vivant. 
i«rtiu,  Hiit\  de  Soistofit,  1,  4r>1  ;  Leroux,  I,  l{\n-^m,  d «près  Guiberl  dv 


U 


296  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

informe  de  la  ville  antique,  et  qu'an  monument  du  milieu  est  inti- 
tulé :  «  Temple  des  Ivifs  ». 

Peu  de  temps  avant  que  nous  procédions  à  Texamen  de  notre 
ms.,  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  avait  acquis  de  M.  Xavier 
de  Mavrocordato  l'incunable  hébreu  suivant  : 

Psaumes,  Proverbes  et  Job  ;  texte  avec  points-voyelles,  accom- 
pagné de  commentaires.  Daté  (à  la  fin  des  Psaumes)  :  Naples, 
4  Nissan  (5)247  n73T  (=  28  mars  1481),  pelit-fol.,  vélin.  Dans  ce 
volume,  le  texte  des  Psaumes  est  commenté  par  David  Qamhi  ; 
celui  des  Proverbes  par  Immanoel  de  Rome,  et  Job  par  Lévi  b. 
Gerson.  Ce  volume  a  le  Colophon  (achevé  d'imprimer)  —  ce  qui 
est  rare,  —  et  contient  les  mots  b^  nï^b  rh^'^  i5T^a  'n  ycm 
D'^mn^  '0.  On  voit  que  M.  Steinschneider  {Bodleiana^  col.  162, 
n*»  1066)  avait  supposé  à  tort  que  la  première  partie  publiée 
de  cette  édition  contient  les  Proverbes,  la  deuxième  Job,  et  la 
troisième  les  Psaumes. 

Moïse  Schwab. 


UN  MANUSCRIT  HÉBBJEU  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  DE  MELUN 


Le  ms.  n^  14  de  la  bibliothèque  de  Melun,  écrit  en  caractère  hé- 
breu carré  du  xiv^  siècle,  est  un  in-folio  de  338/245™".,  compre- 
nant 220  feuillets  à  2  col.  (paginés  à  l'envers),  sur  vélin,  intitulé  : 
Breviariiim  judaicxim^ .  A  ce  titre,  répété  sur  le  plat  du  volume, 
•un  ecclésiastique  a  ajouté  :  «  Ideo  diligenter  custodiendum  w.  Ce 
ms,  provient  d'un  couvent  local  «  Carmeli  Melodunensis  »,  selon 
les  deux  seuls  mots  non-hébreux  de  ce  ms.,  inscrits  en  tète  de  la 
dernière  page  (marquée  fol.  1). 

Comme  le  ms.  renferme  beaucoup  de  parties  inédites,  dont 
quelques-unes  sont  uniques,  nous  croyons  devoir  en  donner  la 
description  complète  *. 


1  V.  Molinier,  Catalogue  gén&al  des  tnss,  des  bibliothè'jue*  publiques  de  France^ 
Départements,  t.  111,  p.  360. 

*  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Leroy,  archiTiste-conservateur  de  la  bibliothèque  de 
Melun,  nous  avons  pu  examiner  ce  ms.  à  loisir. 


NOTES  KT  MELANGES 

C'est  un  MaHzor  pour  les  jours  des  grandes  fêtes  de  Rosch  ha- 
tchana  et  de  KiiJpOHr,  selon  le  rite  français,  texte  devenu  fort 
ître.  Il  est  pourvu  de  points- voyelles.  Les  parties  du  rituel  quo* 
tidien  sont  seulement  iodiqiules  d'une  façon  sommaire,  en  carac- 
lêres  du  temps,  sMcartant  Irgèrement  du  carré  pur.  Ou  remarque 
It  forme  spéciale  de  la  lettre  n  privée  de  rappendicede  gauche 
Dh(^)^  comme  un  pendant  à  Valeph  de  Fi'critnre  dite  de  Raschi, 
pi  même,  l'abréviation  de  b&«  ou  l^  a  quelquefois  une  forme 
particulière  (t  %  ).  En  marge»  i!  y  a  parfois  un  ou  deux  mots  ex- 
plicatifs (Vn),  d'une  écriture  postérieure  au  texte, 
iïur  le  recto  du  premier  feuillett  qui  avait  été  laissé  en  blanc,  on 
itdes  ébauclies  de  dessins  à  la  plume,  entre  autres  :  1*^  un  por- 
iten  pied  d*un  juif  fà  en  juger  d'après  la  figure  portant  une 
igue  barbe,  sans  moustache)  ;  sur  la  tète  est  écrit  le  mot  risT*  *  i 
la  main  gauche,  cet  homme  tient  un  oiseau  (ou  une  volaiïie)  ;  b^h- 
^Ms  de  Tépaule,  en  travers,  il  y  a  les  mots  D'»ir(::^n  D^^iSipr^n* 
Cne  tête  seule,  avec  le  mot  iiï5?:c  'n. 

Passons  à  rénumération  des  textes  inédits  ou  du  moins  que 
supposons  tels  Pour  pouvoir  les  distinguer  des  pièces  im- 
iÔ€8,  nous  avons  colla tlonné  le  présent  ms.  :  1°  avec  une 
icienne  édition  du  Mahzor  {Prague,  1G20,  fol,)  ;  2**  avec  la  série 
plête  des  Selihot,  accompagnée  d'une  traduction  allemande, 
S.  Baer  (éd.  Rœdelheira,  1865,  in-8«)  ;  la  table  alphabétique 
en  tête  de  cette  édition  rend  l'examen  facile. 
De  plus,  la  comparaison  avec  d'antres  mss.  a  permis  de  spéci- 
1er  le  rite  auquel  appartient  notre  volume,  qui  a  beaucoup  d'ana- 
logie avec  le  rite  d^origine  française  nommé  a'D'«  (Asti,  Fossano, 
MoDtecalvo),  où  des  Juifs  émigrés  de  France  ont  apporté  leur  H^ 
hrgie  au  xiv*  siècle  *. 

I^soîr  de  Rosch  ha-schana  :  deux  colonnes  et  demie  de  poé- 
lies, dont  la  premif^re,  u  inlercaler  avauL  3n:??3rî  '^'«'3»  commence  . 
pir  \i^  mois  d^:i53  '•31?3&«;  le  piout  de  la  rîbi«:i  {première  section 
4tt  bénédictions  dites   après  le  schéma)    est   iuiilulè   l'^lK   ^b^ 
Wnîua  *- 

|«t  matin  (nitT')  :  dons  le  schemoné'essrê  (après  moT3\  unt:  invoca- 
liMl  insm  U"!»  Irépclée  à  la  priiare  de  Moussu fdn  Kippour).  Après 
Bfltf  poésie  bti  rfic,  11  y  a  des  versets  bibliques  (nin^D),  a  Tiustar 


•  Voir 
»  Voir 
•Ces 


W. 


ci  «prèSp  fin  du  Mouftafûu  2*  Jour,  la  menlioa  de  co  ribbm. 
oiM.  de  la  Bcdléienne,  n*  2375. 

pùéntût  qui  oat  disparu  du  Mnhtoi'  actuel^  so  dûaieni  judis  selon  te  rîlo 
jti*oa  lef  retrouve  djiis  les  mss.  de  Paris,  Bibliotb.  itaU,  6II0,  WJ»  61 1. 
Lt  demifere  "T^IÈ*  *ïb^  se  disait  encore  à  titre  de  nblî,  lo  ^'  jour  de  U 
du  nte  lUUen  (&«  624  de  la  H.  N.). 


HEVUE  UES  ETUDES  JUIVES 

des  piouUm  du  Moussaf  le  même  jour,  el.  de  môme,  les  textes  (aujour 
d'Uui  imprimés)  rbfitn  et  |3K  soûl  suivis  de  versets  que  n'ont  pi 
ies  éditions.  —  Moussaf  :  l'^  "j^^bisa   CiDinDK  (désigné  comme  rt 
précédant  iri«  (des  éditions)  lequel  est  suivi,  ainsi  que  les  piè( 
subséquentes,  de  versets  aujourd'hui  omis;   î**  *'n"72fi«  tftt;  3* 

3«  soir  :  ns  y^î3«  ^h'n  et  nbsi  3iEa  y^u,  textes  que  nous  suppi 
sons  uûiquês»  ne  les  ayant  \aLS  dans  aucun  autre  ms. 

^"  matin  :  On  remarque,  avant  la  prière  "i^^OTH,  la  phrase  (éditée 
depuis)  ms:'^  incCT  ncns^  ncitî,  «  le  Scbofar  retentira  en  Çarfath 
(France)  et  Safrad  (Espagne),  et  préparera  à  un  nouveau  bonheur  les 
dispersés  aux  quatre  coins  du  globe  »,  poème  signé  en  acrostiche  : 
Simon  bar  Isaac*  —  Moussaf  :  ïandis  que  selon  Toffice  actuel  {im- 
primé} nui  pioui  n'esl  récité  le  2"  jour  dans  les  deux  premières  sec- 
lions,  avant  la  Qedouu/ta,  notre  ms,  contient  les  textes  suivants  : 

^•'3D  :  5*»  D^'J'i  S"'):n  ct»n  ;  6"  nimirr  K^npb  nbow  ;  7°  yn«  '^n^a» 
i-i'^iê*-';  8^  d-^-wr^  ^tb^\  eubn,  9^'  b»  nn»  p«  [pVro).  Pas  de  n3r:T 
t|pin  ce  jour-'là.  Après  les  versets  qui  suivent  la  rm^:?,  on  lit  :  r^n 

KippQUT.  Après  la  prière  du  soir  (^oï  Nidri),  pas  de  nb?^  {de  nos 
éditions).  11  est  recommandé  à  rofficiaut  de  ne  pas  s'écarter  de 
Tordre  des  versets  à  réciter  :  rmV^  ir3*i  n^'ion  nCKD  b^nn-^n — 
niDn  Kbi  ;  la  série  de  versets  commence  par  i-b  sp^»"^  r'^3.  Le 
a  meLieur  eu  ordre  »,  R.  Salomon,  est  Fauteur  d'une  Seliha,  ''nb»  ^"^ 
n&tasn  (qui  diffère  lotalement  de  celle  de  nos  éditions,  malgré  la 
similitude  des  premiers  et  des  derniers  moLs);  â'*  nninb  D'^inrDts 
Tû*7p  *;  3^  w^np  ^17012  "in:?n*  ;  i'^niïû^i  -ntis  b^ba;  5"  riT  d^he^s  dv. 
—  Kippour  malin  :  Pas  de  lEiK,  Par  contre,  il  y  a  :  1«  «ip'»  'ï'»«; 
2^  nn  mnnn;  3°  iÈ*2«n3  "^"^  nw*.  —Moussaf:  4**  "rnD&n  li^net  (un 
m*J3-i,  comme  au  \^^  jour  d^  R.  H*  matinl»  avant  p^7  ^cio  lédité)  *; 
4**  (Seliha)  ^"''S  nîinb  niOM*  ;  3^  D^  lb  TiO«  ;  4*'  '^nnnEi  -^m-n  ;  '5*»  b» 
^bnn  n^s;  6«  insnr  m^  Dv.  -  Minha  :  1*»  b^^n  btî  n^nncfit; 
2^  niDibn  -^B^îa  ;  3'^  rrnsK  '»n«ip  ;  4"  ira»  "»a«  *  ;  5*  i^'py'  rbmn 


*  Rite  catalan,  1"  jour  de  R,  H.  ai  soir  de*  Kippour  (mw.  bébr.  d«  la  B.  N.,  à 
Paris,  û»»  591 -3).  —  A  ta  anile  se  trouve  une  pièce  du  rite  italieu  rïb'^b  ^"^nbl 
(Voir  rass.,  ibid,,  xi«'  600*  WÏ4-5,  60^,  61t),  mprimée  dans  l'édilioa  d'Amsterdam, 
iG42,  m-3i. 

*  Suivie  d'une  pièce  du  rite  itnlieu  t3^  Ï1S£1^*  imprimée  dans  ladite  édition, 

*  A  k  suite  est  une  Seliha,  "j^  *Te(,  que  lea  IsraéHtes  du  rini  Aschkenaïi  disent 
le  4*  jour  de  pénitence  {T\*^*y)^  u*»  90  de  k  série  totale  des  Seiiiiotà  de  eu  ritei 

*  Puis  nue  autre  Seliha  dite  ie  2-  jour  de  pénitence,  n*  69  de  la  ^^n%  toUle. 

^  Après  ce  morceau^  yient  une  Scîiba  du  rite  aUemand  dile  le  k*  juur  de  pénitence, 
ii-^  93,  ei  unPiiwoiide  R,  Iseac  b.  Giat,  coasenre  bu  Moussai  de  ce  jour,  Beloo  le 
nte  purlugais. 

*  k'i  ûD  lit  une  Seliha,  que  Ton  retrouve  dans  no»  édition»  au  Moussaf  de  ce  jour, 
n«  125  de  la  série  totale. 


NOTES  ET  MÉLANGES  '  H&Q 

Vrn  \  à  la  place  de  noire  pib^D  ;  3*  iiiwi  ^bn  Q-^'^inH  ;  4"  rasD 

à  la  ftn  du  ms.,  il  manque  malbeureusement  trois  ou  quatre  ff., 
•sorte  que  nous  n'avons  ni  la  date  précise  de  nette  copie,  ni  le 
loindu scribe»  comme  d'ordinaire. 

Avant  de  passer  à  la  journée  de  Kippour,  tbl.  80  a,  suc  la  sf^- 
ioadecoloone  restée  libre»  on  Ut  un  acte  de  vente»  eu  petite  écri- 
iiîiîcursive  du  xv"  siècle  :  «  Nous,  soussignés,  reconnaissons  avoir 
|lpn<iiiceMali/.or  à  Jacob  bar  Elle,  pour  la  valeur  de  deux  florins, 
I  uionûaie  de  Savoie,  K^^-^isKa  \  et  nous  déclarons  celui-ci  conipUV 
îoeDldf^chargé  pour  acquit  de  ladite  somme...  Ici  \  ce  dix-sept 
Biwanrie  l'an  (5)236  (=  9  juin  Ul^).  [Signé  :]  Moi»  Nathanîel  aU 
^^man,  — Moi,  Aron  tîls  de  Nahraau,  »  Les  deux  signataires, 
Idoute  frères»  auront  ainsi  liquidé   une  part  de  leur  pa- 
ne, 
ce  conti*at,  fol,  79  a,  vient  une  liste  des  soixante-quinze 
iilot  réparties  entre  les  cinq  offices  du  Kippour»  savoir  :  celles 
l  VÎT  ou  Kol-Nidré,  du  matin»   de  Moussai;  de  Minha  et  de 

iû  fol.  79  b,  on  lit  une  prière  rimée  brPD  i^'ûr\  isna,  d'une  écri- 

I  bien  postérieure  au  reste  ;  après  Tordre  alphabétique,  une 
èn^  strophe  parait  contenir  la  signature  en  acrosticlie  :  p'^i  's 

'a  (torofi).  Cette  pièce  se  réfère  à  la  sonnerie  du  schofar 

II  donc  été  écrite  pour  la  fête  de  R.  IL),  et  fait  allusion,  par  le 
eocement,  à  des  persécutions. 

Rîttr  ne  pas  nous  attarder  en  route,  nous  n'avons  parlé  ni  des 
i'S  (au  nombre  de  neuf},  ni  des  additions  et  variantes  aux 
tim  imprimés,  encore  moins  de  leurs  interversions,  etc. 
Dierait  curieux  de  savoir  comment  notre  Mahzor  est  parvenu 
'  '  irmesdé  MeluiL  Une  communauté  juive  florissait  dans  cette 
^d  xnr  et  au  xiv"  siècles.  Roulliard  *  parle  des  Juifs  de  Melun 
fi  dit  avoir  lu»  dans  les  Archives  de  Notre-Dame  de  Melun,  une 
'^^  de  Tan  1311,  port;int  veïite  d'une  «  maison  sise  en  la  cen- 
^/i-  de  l'hopitai  S.  Jean  de  Hierusalem,  rue  de  la  IvilVerie»  iouxte 
fil  maison  qu'on  appelle  l'eschole  aux  Juifs.  »  Il  signale  aussi  la 
>ii  fort  antérieure  de  cette  n  Ivifverie  »>  dans  un  titre  de 

•  Kiie  tUlkn.  Voir  msfi.  de  Paris,  b»  6€0,  604-5,  &09. 

•  IL  Isid^  Lo«b  %  bien   voalu  noua  lire  ce  moU  ^^H  ^Hut  ajouier  à  l'éaumérition 
m  tfiYcracs  lortM  de  Qontis  eu  usafu  donoéu  pgr  lui,  Revu9^  i.  IX,  p.  2K. 

•  rxif  oe  &*«•!  pas  dit. 

«  StMiMfÊ  d€  Mêlwt,  par  SebuL  HovtJitra  (P.  1628»  4<»1,  p,  352-3. 


'300  '"  llEVrE  DKS  KTl'DES  JUIVES 

Philippe-Auguste,  de  Tau  1206,  et  dans  deux  autres  de  Tan  Yl\l 
et  1218,  gardés  aux  Archives  de  Noire-Dame  de  Melun.  Qi'^près 
Texil  des  Juiis  do  France,  en  1306,  ce  nïs»  ait  été  conlisquéna 
profit  des  religieux  de  la  localité,  rien  d'étonnant  à  cela.  Mais  oii 
a-t-il  séjourné  jusqu'au  moment  de  rétablissement  des  Cames  à 
Mehm  ?  Leur  couvent,  fondé  au  milieu  du  xv  siècle  seulement, 
puis  incendié  le  20  septembre  1590^  avait  une  o  Bibliothi^que 
riche  en  toutes  sortes  de  bonn  livres  et  en  diverses  langues'  k 
Notre  ms.  a  du  faire  partie  de  ces  «  livres  »  et  du  petit  npml>re 
de  ceux  qui  échappèrent  à  Tincendie. 

Moïse  Schwab. 


UNE  LISTE  D'ANCIENS  LIVRES  HEBREUX 

CONSERVÉE   DANS    UN    MANOSGRIT  DE  PARIS 


On  a  reconnu  depuis  longtemps  rimportance  que  présentent 
pour  la  science  les  listes  des  livres  du  mojen  âge  qui  se  trouvent 
dans  quelques  manuscrits.  Certains  mss,  hébreux  conUenneivt 
également  des  listes  fle  ce  genre,  en  assez  grand  nombre  même 
pour  qu*il  soit  possible  de  composer  un  catalogue  considérable 
d'anciens  ouvrages  juifs,  comme  Ta  fait  récemment  M*  G.  Becker*, 
Comme  il  est  peu  probable  qu'un  travail  de  ce  genre  soit  entrepris 
de  lorvgtemps,  il  me  pnralt  utile  de  publier  ici  la  liste  des  livres 
inscrite  dans  le  ms.  893  de  Paris,  p,  503-4.  Ce  document  mon- 
trera, en  outre,  qu'en  s'en  rapportant  à  de  simples  extraits,  on 
risque  très  souvent  de  se  tromper  dans  ses  conjectures* 

Dans  mon  ouvrage  :  Die  Spurcn  Al-BaUajtms,  p.  lt>,  j*ai  men- 
tionné la  remarque  de  Dukes  que  le  ras.  «  était  écrit  d'une  main 
africaine  ».  Mais  il  n*est  pas  impossible,  comme  Tadmet  aussi 
M.  Neubauer  [Revue  des  Et.  J.,  IX,  215,  note  2),  que  le  copiste 
du  catalogue  des  livres,  un  neveu  de  David  d*Estella,  soit  aussi  le 

i  îbid,,  p,  578. 

*  Catalogi  biHiotAfcsrum  ai^tifui,  Boacae,  1SS5.  CF.  TarUcIe  du  CtnUaihîatt^  Fêt 
das  BiMwiAekiwcsen,  U,  -6  et  eoIt. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


301 


l^TniTsi: 


*  du  ms.,  et  qu'en  réalité  «  la  main  africaine  «  soit  une  main 
jâîse*  Dans  ce  cas,  la  date  du  ms.  serait  à  peu  près  déter- 
te:  selon  l'épigraphe  du  traité  d*Alexaiidre  d*Âi>ljrodisïas  sur 
i  qu'il  contient  en  hébreu,  fe  ms.  aurait  été  écrit  après  1340. 

«ci  cette  liste  : 


.  .  .  .  t::iD:ii  *\^^i2  sthi  nbnpi  ■'b^:'^  '"^d  (2 
''"■^  niEim  aiD3iD  v^^'^  û^:sis2  nm^tî  'Oin^a  p 
.    ,    .    ,     ^i^n  '-17J  n-ntti:3  "^d  (4 

•»:372i«b-T  b«T'i  '^w^tii  b-'Sibi  h^^i:*c  r**^^  '^■ïfi*"'^  C> 
.......    ■'DM   ^11^1^  dsnrî:^  m:?i 

"j»]:?:»  ^7zt2  :?tîCî3  m5î**3   (7 

• n^taipb    (8 

.    '    ■    * '^■«rnan?:  ûn««*Q    (9 

"ïma  pKi  D'^-'n  "^bjs  rn:i«  (lo 

31:3  Vd'Oi  D''5î&ito  nso  (H 

-    iTabTD  bK'Tii  r^^*^^  ^btsoîs  nx-^D  n^p  (12 
rtNiDin  1DD 

-m^^na  nib«ai  nc^  '•p^iS  (14 

l^i^Dp^^O  (tîî 

-,     nnbsfîzn  nsD  (16 
.   ^bûïT^^n  pn^t^  mmp  (17 

bfiî'^ns^  (18 

.    .     tîai3  Kb^in  1221^^  '^e«73i  ïîHnn  nicxn^  [19 

.    - nmoï^  nnD?3  (ân^ 

n'^iîbnrT  npibm  *'3T':frT  -«an  nî  (21 

^      0''«i3  ■►îaî  (22 

.      .    0"fi«?:  '^^■'31  (23 
...    D''ê<?2   '"»I3  (24 

-  ^-ïiK  npn?rt73  o"»^  ii^Dtn  (25 
*  û'^Dnin  PT'x  (26 
.    .    .    mowtjbx  127 


Aci  les  titres  des  ouvrages  manuscrits  sur  papier  : 

Çei'El,  de  notre  oncle  David  d'Estella*  C'était  sans  doute  un 
ouvrage  masso rétique  sur  les  règles  à  suivre  pour  copier  la 
frorà.  Cf,  le  titre  d'un  ouvrage  analogue  de  Menahem  Meïri, 


302  -  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

noo  rr^np,  dans  le  fragment  du  catalogue  de  la  bibliothèque 
Gùnzbourg,  de  M.  S.  Sachs,  p.  43. 

2)  Commentaire  de  Joseph  Caspi  sur  les  Proverbes,  TEcclé- 
siaste  et  Job.  Cf.  l'article  de  M.  Steinschneider  dans  l'Ency- 
clopédie d  Ersch  et  Gruber,  II,  31,  p.  63,  note  13  A  et  B  et 
note  14. 

3)  Commentaire  de  Caspi  sur  le  Môré  de  Maïraonide,  et  ouvrage 
du  même  sur  les  Mystères  du  Pentatetique.  Voir  Steinschnei- 
der. catal.  de  Munich,  ms.  265*. 

4)  Commentaire  de  R.  Hanoch  sur  le  Môré  (S'agit-il  de  Hanoch 
al-Constantini?). 

5)  Commentaire  sur  le  Môré  de  Sen  Samiel  de  Lunel  et  Maestro 
Vidal,  c'est-à-dire  Moïse  de  Narbonne,  avec  des  additions  de 
mon  père.  Le  nom  de  ûiobn  est  habituellement  corrompiL 
dans  le  mss  ;  cf.  mss.  de  Munich,  n®  243*.  Il  faut  supposer  que 
le  père  du  copiste  a  encore  publié  des  travaux  en  1362,  puis- 
que Moïse  de  Narbonne  a  seulement  achevé  en  cette  année 

.  son  commentaire  sur  le  Môré. 

6)  Commentaire  [probablement  d'Ibn  Roschd]  sur  les  Catégories, 
l'herméneutique,  les  premières  et  les  dernières  Analytiques 
d'Aristote. 

7)  Commentaire  moyen  [d'Averroës]  sur  la  Physique  acroama- 
tique  d'Aristote. 

8)  Collectanée. 

9)  Différentes  sentences  halachiques. 

10)  Traité  de  Kalonymos  ben  Kalonymos  sur  les  animaux  (tra- 
duction de  l'encyclopédie  des  frères  de  la  pureté)  et  le  poème 
didactique  :  la  pierre  de  touche. 

11)  La  grammaire  [d'ibn  Ezra]  Moznaïm  et  la  grammaire  Sékhel 
tob  [sans  doute  de  Moïse  Kamlii]; 

12)  Partie  du  commentaire  de  Son  Vidal  Salomon  (c'est-à-dire 
Meïri)  sur  les  Proverbes. 

13)  Microtechnô  et  irepi  xpbcwv  de  Galien. 

14)  Aphorismes  de  Maïmonide  et  problèmes  d'Aristote.  J'ai  éga- 
lement trouvé  cet  ouvrage  à  Genève,  M.  IL  10  4®.  Cf.  mss. 
de  Munich,  n»  297^ 

15)  Sous  ce  monstre,  que  M.  Neubauer  a  rendu  par  :  Livre  du  mé- 
decin Sarksion  par (p.  215),  se  cache  certainement  Sera- 
pion  ;  il  s'agit  ici  de  l'ouvrage  du  plus  jeune  Serapion  :  liber 
S.  aggregatus  in  medicinis  simplicibus  (Choulant,  p.  372).  Ce 
même  ouvrage  est  désigné  sous  le  nom  de  '^3iN''DnD  dans  le 
ms.  569  du  catalogue  de  Michael. 


XOTES  ET  MÉLANGES 


16)  Ce  titre  désigne  sans  doute  le  livre  des  degrés  sur  les  proprié- 
ti%  médicinales  des  plantes.  Cf,  Steinschneider,  caL  de  Leyde, 
p.  377,  n'>  14. 

17)  Le  livre  des  fièvres  dMsaac  Israéli. 
181  Gabriel»  comme  on  peut  s*en  eonvaincre  par  cette  liste  tout 

«entière,  désigne  un  ouvrage  à  part  et  non  pas  le  traducteur 
«les  deux  ouvrages  suivants,  nomme  le  prétend  M.  Neubauer, 
[h  216.  Ce  nom  de  bsi-^nsù  serait-il  peut-être  une  corruption 
de  'bHb'!2^  et  désignerait-il  le  Gaiien  hébreu  (Voir  K^ufmann, 
Die  Simie,  p.  6)  ? 

l9î  La  thérapeutique  d'Ibn  Wâfld  et  de  Maestro  Arnaud  de  Villa- 
nova.  On  voit  f|ue  Touvrage  iVlhn  Wadd  porte  dans  ce  ms., 
le  même  titre  que  dans  le  ms.  de  Munich  280^  :  Mar*aschot 
harosch,  et  non  pas,  comme  le  transcrit  M,  Steinschneider, 
dans  Archiv  fur  paîh.  Analomie,  XL,  114,  de  Virchow  : 
Mereschit  harosch.  Leclerc,  ï,  546,  traduit  ce  titre  par  : 
L'oreiller  m édicaL  Le  litre  :  liber  cervicalis  de  medicîna  a  dû 
^tre  créé  par  M*  Neubauer,  p.  215,  n*  4,  puisqu'il  ne  se  trouve 
nulle  part.  Sur  Arnaud  =  a3:*i«,  voir  Steinschneider,  i.  c, 
p.  93,  n^  14, 

20  La  ciel' des  mystères  (sans  doute  un  livre  de  médecine)* 

-1  Le  premier  livre  du  Tesrif  d'Al-Zahrawi,  intituln  :  Theorica,  et 
le  deuxième»  intitulé  :  Glassillcation  des  maladies  ou  Prac- 
lica.  Cf.  Leclerc,  I,  449,  M.  Neubauer,  L  C-,  n'a  pas  traduit  ces 
litres ,  cette  traduction  ne  me  parait  cependant  présenter  au- 
cun doute. 

'il  Le  deuxième  livre  du  Cmmn  d*[bn  Sina. 

23i  Le  quatrième  livre  du  même  ouvrage. 

Wi  Commentaire  sur  le  Canon  d'ibn  Sina. 

fi;  Le  premier  livre  d'Ibn  Sina   traduit  de  Tédition  complète. 
Le  copiste  désigne  probablement  par  Tn«  le  grand  Canon, 
pour  le  bien  distinguer  du  petit  Canon  (cf.  ms.  de  Munich 
220*),  qui  a  élé  sans  doute  considéré  par  erreur  comme  un 
abrégé  du  grand.  Le  nom  de  Lorki  proposé  par  M.  Neubauer  ' 
parait  juste  comme  conjecturet  elle  est  cependant  en  oppo- 
sition avec  la  leçon  du  ms.  et  semble  exiger  le  mot  *^pmVn. 
1    20)  îj^  viatique  d'Ibn  aUDjeiczar,  traduit  en  hébreu  par  Moïse  ibn 
!         Tibbon  (voir  Tarticle  <le  M.  Steinschneider  dans  Archiv  de 
Virchow,  XXXVH,  363  ss  ,  mss.  de  Munich,  19J. 
fi)  Traduction  hébr^ïqu**  du  Man*;ouri  d^Ar-Razi. 

Les  mots  nencnn  Mibo  qui  se  trouvent  au  milieu  de  la  ligne 
^t  |)]H:-cède  le  n*  13  ne  me  paraissent  pas  être  le  titre  d'un  ou- 


304  REYUR  DES  ETUDES  JUIVES 

vrage,  mais  une  rubrique  sous  laquelle  le  copiste  a  placé  tous 
ouvrages  de  médecine  quMl  énumère. 

Ce  catalogue  d'ouvrages  d'exégèse,  de  grammaire,  de  pbil 
phie  religieuse  et  de  médecine  me  paraît  donner  la  liste  des  li 
d'un  savant  médecin  juif,  qui  a  vécu  en  France,  vers  la  fii 
xiv«  siècle. 

D.  Kaufmann. 


BIBLIOGRAPHIE 


i^iUTtKH  (tK  Fnedrich).    Prolcgoineiia    eiiic«i    neiieii   Iicbriàlseli-xira' 
MiiUrlicii  lYorlcrlmcIts  zum  aïlea  Testsmenl;  Leipzig,  J.^C  Itinrkh'sche 


Ce  nouvel  ouvrage  de  M.  Delîtzscli,  destinu  à  expliquer  la  méthode 
qu'il dôii  mettre  en  œuvre  dans  la  compositioE  de  son  Diclioouaiie 
bèbreu-araméen  de  rAncien  Teâtameut,  est  proprement  nue  réédi- 
Hau,  revue  et  augmeulée,  de  son  Hehrew  Langua^e,  que  nous  avons 
/aiicooDaltre  aux  lecteurs  de  la  lievue  dans  le  n^  19-20,  p.  iU,  t^}7- 
Lcs  critiques  dont  ses  comparaisons  outrées  avec  Tassynen 
'vaieol  été  Tobjet  ont  déLerminc  M,  Delitzsch  a  y  revenir  plus 
amplement  et  a  les  justifier.  L'agrandissement  du  cadre  primitif  a 
Permis  a  M.  D.  d'y  ajouter  trois  nouveaux  chapitres,  discutant  res- 
Pectivement  la  relation  de  i'hétjreu  avec  les  autres  langues  sémi- 
tiques (ch.  Il),  les  lois  du  phonétisme  sémitique  (cli,  iv,  p,  157-187)» 
^  théorie  des  racines  (ch.  v,  p.  1  «8-11*7),   les  noms  d'hommes  eu 
hébreu  (ch.  vï»  p.  49S>2I2].  Le  chapitre  i  esquisse  le  plan  du  futur 
ï^iclioanaire  et  n'a   pas  dUntérêt  immédiat,  mais  le  plus  étendu  et 
^us&i  le  plus  nourri  de  tous  est  le  chapitre  m,  qui  traite  de  Tim- 
portance  de  Tassyrien  pour  la  philologie  hébraïque  et  qui  reprend 
rtchef  tous  les  mots  dont  les  nouvelles  imerprétatious  avaient 
kcomestees  de  divers  côtés,  surtout  dans  l'arUcle  précité  de  cette 

Commençons  par  le  chapitre  ii.  On  connaît  mon  opinion  sur  la 

•  oèc^sité  d'accorder  à  Fassyrien   une  large  place  dans   les  re- 

Perches  lexicograpbiques  de  l'hébreu  a.  Là-dessus  je  suis  partai- 

toent  d'accord  avec  M.  D.  ;  mais  je  me  suis  élevé  contre  lidée 

d'miroduîre  Tassynen  a  la  place  de  l'arabe  et  de  substituer  une  idole 

iuneBUtre.  M.  D.  s'en  défend  énergiquemenl  et  m^accuse  d'avoir 

eugéré  &a  pensée*  J'admets  donc  la  pureté  de  ses  intentions,  mais 

)«  le  prie  de  recueillir  ses  souvenirs  pour  voir  si  ses   multiples 

explications  par  rassyrien  de  mots  dont  l'explication  par  Tarabe 

est  absolument  satisfaisante  n'étaient  pas  de  nature  è  justifier  cette 

tfUpposiUoQ.  Voici,  par  exemple»  le  verbe  bn:,  t  conduire,  mener, 

iunout  à  labreuvoir  i^  au  figuré  :  c  pourvoir,  soutenir  »  ;  cette  signi* 

fiealian  convient  â  tous  les  dix  passages  qui  cootienoent  ce  mol;  puis» 

«De  est  eoniirmée  par  l'arabe  5n3,  <&  s'abreuver  »,  brr:»,  •  mener  a 

T.  xm,  ■•«.  îa 


3»  RE^tTE  I>E5!  ÉTTOES  ItTÎTES 

TabreuToir  >.  Cept^udant  M.  D.  aime  mieui,  en  înToquant  rass^^neo 
naâln,  traduire  brr:  par  r  faire  reposer»  faire  camper,  donner  du 
repos  i>  iruJUn  Imttn,  la^tm  iassen,  HuAe  çeien).  Les  protestalioas 
unanimes  que  cette  interpréta tioQ  a  provoquées  démontreront  i 
M.  D.  qu'elle  ne  sUmpose  nullement  par  des  raisons  intrinsèqtïei 
tirées  des  passages  bt Cliques  en  question.   Les  raisons  v  ^s 

sont,  au  contraire,  excessivement  opposées  à  une  telle  s  a« 

Dans  trois  passages  (Exode,  xv,  t3;  Psaumes,  xxxi,  4  ;  Isaîe,  xio, 
10)  ^m  est  en  parallélisme  avec  les  verbes  nro  et  am,  qui  âigoificot 
«  conduire  »  ;  dans  Isaïe,xL,  n,bn3^  forme  opposition  avec  fi^C*  ipTO, 
t  il  les  porte  dans  son  sein  »  ;  dans  Isaïe,  lï,  48,  brrît:  est  parallèle  à 
î^T?  P'^Ttm,  <T  qui  lui  tient  la  main  ».  Dans  tout  cela,  pas  la  moindre 
trace  de  Tidée  de  repos»  pas  même  dans  Psaumes,  xxin,  3,  où  il  est 
en  face  de  '*33£^an\  o  il  me  fait  camper  ».  Il  va  sans  dire  que  nVrtsnti 
taetb  [Genèse,  xxxin,  U)  sipklile  i  je  marcherai  lentement  •,  et  non, 
comme  le  veut  M.  D.,  <  je  me  reposerai  lentement  »  :  pour  avancer, 
ît  faut  marcher,  si  lentement  que  ce  soit.  Au  verset  II  Chronique, 
xxviir,  15,  les  mauvais  marcheurs  sont  reconduits  montés  sur  des 
ânes,  D'^^mrna  Cibrm.  Enfin,  le  sens  figuré  de  «  soutenir,  pourvoir, 
procurer  le  nécessaire  a,  qui  est  dans  la  locution  urhn  ûbrîn  (Ge- 
nèse, XLVH,  47).  passe  à  celui  de  «  procurer  le  bien  suprême,  li 
Iranquiiiité  iî,  dans  II  Chronique,  xxxii,  ti,  et  devient  ainsi  syûo- 
nyme  de  rp5n  \  mais  de  là  à  une  vraie  équivalence  avec  le  verbe  lt)3 
la  distance  est  grande  et  il  n'est  pas  raisonnable  de  la  franchir  par 
un  engouement  pour  rassyrien.  Bans  ce  cas  spécial,  le  rejet  de  la 
Ira  duc  lion  (jrdinaire  appuyée  par  l'arabe  est  d'autant  plus  arbitraire 
que,  dans  les  passages  connus  jusqu^â  présent,  le  verbe  «a '«iii*  com- 
porte seulement  le  sens  de  <t  coucher  i>,  non  celui  de  c  reposer  »i 
comme  le  prouve  d'ailleurs  Texpression  marçish  ina  murçi  ntl  i;R.>  i^« 
*7,  51  à),  t  malade,  il  est  couché  dans  la  souffrance  ». 

Eq  second  lieu,  j'ai  relevé,  non  sans  quelque  étonnemenl,  Tabsenc^ 
totale  de  raraméen  parmi  les  comparaisons  exposées  dans  HcbreU^ 
Lanç^açe ;  j'ai  même  osé  affirmer  que  cet  idiome  est  beaucoup  plu#' 
intimement  apparenté  à  l'hébreu  qu'à  Tassyrien.  M,  D,  chercha 
maintenant  à  combler  la  lacune  indiquée  en  donnant  une  longue 
liste  de  mots  hébreux  qui  se  retrouvent  en  araméen  et  en  assyrien- 
Ce  n*est  pas  absolument  ce  que  j*a vais  demandé,  car  la  grande  simi- 
litude des  langues  sémitiques  u*a  pas  besoin  d*ètre  prouvée  dâ' 
nouveau.  Le  vrai  but  de  celle  liste  superflue  est  visiblement  d'at- 
tirer rattention  sur  l^assyrieo,  ce  qui  sort  passablement  du  sujet  du 
chapilre  ii,  qui  est  intitulé  u  hébreu  et  araméen  •.  Au  paragraphe 
suivaut,  M.  1>.  donne  une  nouvelle  liste  de  mots  communs  à  rhébreu 
et  à  Tossyrien.  Elle  a  pour  but  de  démontrer,  à  Topposé  de  mon 
opinion,  que,  sur  le  domaine  lexicographique  en  particulier,  ces 

•  D'uprès  In  loçotj  masaorélique,  mais,  pour  tout  leclcur  impartiil»  3''30TO  Ï3bîi3^1 
Mt  siniplcmeût  uao  corruptioa  de  a*^ 30:^3  DH^  Hj^I. 


BIBUCKÎBAPHIE 


m 


lances  sont  plus  iatimemeDl  apparentées  que  ne  le  sont  raraméen 
etrhébreu.  Comme  M,  D.  veut  bien,  dans  uoe  note,  me  demander  la 
dtmoostratioû  de  mon  opinion,  je  suis  prôt  à  le  satisfaire,  bien  qu'il 
JD  ait  toujours  semble  que  la  chose  était  notoire.  Je  dirai  donc  que  la 

ttéritable  intimité  de  deux  langues  s'atteste  par  les  mois  d'usage 
ordinaire  et  quotidien,  non  par  des  termes  rares  ou  poétique-*  comme 
ceux  qui  composent  la  majorité  de  sa  liste.  Pour  se  former  une 
coQvicliOD,on  n'a  qu'à  dépouiller  les  mots  d'un  texte  araméen  quel- 
conque, par  exemple  Daniel»  ir,  4-34,  et  on  trouvera  dans  ces  trente 
îersets»  qui  conliennent   pourlant  de  nombreuses  répétitions,  des 

^mots  eu  très  grand  nombre  qui  ne  reviennent  sous  la  même  forme 

avec  le  même  sens  qu'en  hébreu  seul.  Ce  sont  :  313  (dts)  .«aba 

r:iy  ^nïîD  ,rî-sn  .nz:?  ."^ncD  ^nbîû  .p  j\r^  .np-^  ,îr*>c  >3p  ,a*ip  ,^^r: 

^  ,iix  >::p  ,r.:?2  .nnn  ,mn  cnc)  m^^  (n^:^)  ,uby  >  ,r-rn  ,n?:»  ,ubn 
D*p  ,27?  ,rrrD  ^nz^û  ,C3H  .ca-'  /bsi'*  ,a^*îO  ,QL3nn  ,in«  ,icd  .t^^p 
TiXC  .nm,  n?3  ,)-^ih  (tn)  ,T.n  ,rzh^  ,mrî  irrr.\  ,rx:^ri  rrrz-^  ,mr 
;g  >ru  ,n3i  ,nb5  ,330  .p^^n  .rnDi'br  .nrj  ,n?3-br  ,qa:n  ,1p3  >Tt« 
•»3  ,pr;?  ,-ir5  ,']m  ,mirî  ^nr^s  ,«:«  r:»J  .nrrj.  Quant  à  1  asson- 
ûance  extérieure  de  la  phrase,  on  en  aura  une  idée  exacte  en  com- 
parant, par  exemple,  le  verset  araméen  de  Jérémie,  x,  <l,  avec  les 
versions  hébraïque  et  assyrienne  ajoutées  ci-après  : 

Araméen. 


.rî?È«  H'^zv  nnn  )m 


Eébfiu. 


Assyrien, 

1»  nnbiN  isbr;^  i:i::C"^  biH  r-^stnijti  '^rrc  ï:  •'sb.^î  ni^inapn  D»''5 

.msN  *?:i:5  bcT3  ';nb'^«i 


Je  crois  ces  exemples  très  suffisants  et,  tout  en  reconnaissant 
'ijue  Tassyrien  possède  de  nombreuses  expressions  et  des  tours  de 
Ihrase  qui  se  retrouvent  en  hébreu,  je  n'irai  pas  jusqu'à  supposer 
>ntre  les  Chaoauéo- Hébreux  et  les  Babyloniens  une  cohabition 
;>réhistorique  plus  longue  et  plus  étroite  qu*avec  les  autres  peuples 
émiliques.  Tous  les  arguments  que  M.  D.  produit  en  faveur  de  cette 
lèse  manquent  de  force  probante.  Il  n'y  a  pas  longtemps,  M,  D.  sou- 
kenait  mordicus  que  les  légendes  relatives  aux  Oeuves  du  Paradis, 
au  Déluge  et  à  la  tour  de  Biibel  ont  élé  empruntées  par  les  Israélites 
aux  Babyloniens  pendant  Texil;  aujourd'hui,  il  tourne  bride  sans 
broncher  et  les  quaUfie  de  «  Ëlteste  Erinnerungen  des  Volkes  Israël  ». 
Pourquoi?  simplement  parce  que  cela  peut  servir  de  chevalet  à  sa 


308  REVUE  DES  ÉTUDES  JÎTÎVES 

nouvelle  hypothèse  ethnographique.  Les  autres  similitodes  qii*in- 
voque  M.  D,  sool.  lantôt  des  traits  de  sémitisme  général,  comme  le 
parallelismm  mtmbrorum  dans  la  poésie  et  les  éléments  primitifs 
de  la  mythologie^  tantôt  des  emprunts  d'époques  historiques  rclali- 
vement  tardives,  tantôt  absolument  inexactes,  comme,  par  exemple, 
rinslitmion  du  Sabbat,  dont  il  nV  a  nulle  trace  ni  en  Babylonie, ni 
chez  les  Phéniciens.  Ceux-ci,  môme  d'après  les  auteurs  grecs,  Q'onI 
jamais  habité  la  Babylonie,  mais  les  îles  Bahrein,  ce  qui  est  bien 
différent.  En  ce  qui  concerne  l'origine  des  Hébreux,  nous  devons 
une  explication  à  M.  Delitzsch,  qui  nous  accuse  de  lui  avoir  fausse- 
ment et  audacieixsement  imputé  une  confiance  illimitée  dans  la  lé- 
gende rabbioique  qui  met  Abraham  aux  prises  avec  Nemrod.  M.  D. 
âfhrme  qu'il  s'est  appuyé  sur  la  tradition  commune  aux  auteur» 
jéhoviste  et  élobiste  de  la  Genèse  pour  laquelle  D'^'içs  "sn»  est  la 
ville  de  Our  dans  îa  Babylonie  du  sud-ouest,  aujourd'hui  la  mine 
de  Mugayar.  Malheureusement,  le  savant  assyriologue  a  trop  vite 
oublié  ce  qu'il  a  écrit  à  ce  sujet.  Relativement  à  la  notice  peiitateu- 
tique,  il  était  naguère  d'avis  qu'elle  pouvait  bien  ne  pas  être  plus 
ancienne  que  l'exil  ',  et  avec  cela  il  lui  a  carrément  refusé  le  carac- 
lère  d'une  vraie  tradition.  Quant  au  point  de  vue  ethnographique,  il 
a  toujours  soutenu  que  les  habitants  d'Our  étaient  des  non  sémites, 
des  Sumériens,  s'il  vous  plaît,  et  que  ceux-ci  étaient  restés  leîs  jus- 
qu'au départ  des  Hébreux»  auxquels  ils  auraient  légué  leur  diea 
supérieur  I,  àevenu  plus  tard  en  hébreu  ifT'  et  frirr"».  En  combinant 
ces  deux  thèses,  je  me  suis  demandé  d'où  pouvaient  venir,  d*aprë3 
M.  D.,  les  traits  communs  entre  les  Hébreux  et  les  Babyloniens  se* 
mitiques,  qui  n'existaient  posa  Our,  ou,  pour  le  moins,  n'y  jouaient 
pas  encore  un  rôle  d'initiateurs.  Devant  une  telle  énigme,  j'ai  été 
obligé  de  recourir,  toujours  pour  m'expliquer  la  pensée  de  M.  De* 
litzsch»  à  la  légende  rabbinique  qui  a  du  moins  cet  avantage  d'éta- 
blir un  contact  immédiat  entre  deux  sémites,  car  les  Couschite* 
asiatiques  de  la  Genèse  parlent  des  idiomes  sémitiques.  Si  M,  D, 
trouve  un  autre  moyen  de  sortir  de  l'impasse  •,  j'y  applaudirai  des 
deux  maïQS,  mais  il  reconnaîtra  sans  peine  que  je  n'ai  pas  pu  rai 
sonner  autrement, 

J.  Halévt. 
[la  miU  au  prochain  numéro.] 


»  Paradis,  p.  9a,  94. 

"  Après  réflexion  je  vois  cjua  cela  n'eil  pas  tcut-à-faît  impossible.  Il  suffit  d*id». 
mettre  que  le  sumérien  /  s'était  d'abord  assyrianiié  en  îau  ot  qne  c'est  celle  dernièra 
ronne  qiii  a  été  empruntée  par  les  Hébreui  el  changée  en  m''  et  mïT^-  Dans  una 
ville  qui,  suivent  M.  D.,  reafermait,  dès  les  temps  préhisteriques,  trois  peuples  dis- 
iinct&,  savoir  :  Babyloniens  sémitiques,  Sumériens  non  sémitiques  el  Babylonient 
hébreux,  dans  une  telle  ville^  les  emprunts  de  seconde  main  n'out  rien  d  extraordi- 
naire. J'avoue  cependant  que  si  gavais  un  choii  à  faire  entre  celte  sin^Uère 
ethnographie  et  la  tradition  rabbinique  de  Nemrod,  celle-ci  me  paratlrait,  sinon  plut 
Traiiemblable,  du  moins  plus  simple. 


BlBLlOGHAPilU: 


m 


I,  ScBcn&ii,  Geschfrhte    des  JiidisehtMi    Votkcs    im   Xeitatter    Jesu 

Chrt«ii.  —  Deuxième  édilion,  revue  el aiigmentéej  du  •  Lehrbucli  der  neutesta- 
meotliche  ZêitgeschiciiLe  *,  IP  partie.  Leipzig^  Iftëti* 


Le  Manuel  de  M.  Schûrer  a  éié  publié  pour  la  première  fois  en  1874, 
et  la  meileure  preuve  de  sa  valeur,  c'es»  qu'il  a  su  se  maintenir  avec 
succès  à  côté  d'imporlanls  ouvrages  IraiLant  la  même  matière,  et 
qa'uDe  seconde  édition  en  est  devenue  nécessaire.  Ce  succès  est 
<i'autaûl  plus  signiOcatif  que  le  cercle  de  lecteurs  auquel  M.  Schû- 
m  pouvait  s'adresser  était  relativement  restreint;  comme  son  titre 
riadique  déjà,  le  Manuel  n'était  pas  destiné  à  la  classe  lettrée  en 
général,  il  s'adressait  au  petit  nombre  de  ceux  qui  étudieut,  et  de- 
Tiii  servir  de  guide  et  indiquer  les  sources  à  ceux  qui  veulent  faire 
des  recherches  plus  approfondies.  La  nouvelle  édition  s'adresse  au 
ffiémt*  public  et  poursuit  un  but  semblable.  La  seconde  partie  ac- 
lueilement  publiée  (avant  la  première)  traite  de  la  situation  inté- 
rieure de  la  Palestine  et  du  peuple  juif  à  l'époque  de  Jésus*  C'est,  en 
nfalité,  la  partie  la  plus  importante  de  Touvrage. 

En  même  temps  que  le  titre,  le  livre  lui-môme  ô  été  profondément 
modifié,  sa  valeur  scientifique  a  augmeo lé  sensiblement.  Les  im- 
portants Essais  sur  le  sacerdoce  et  le  culte  du  Temple  (paragr.  24)» 
et  sur  la  littérature  judéo-palestinienne  et  judéo-hellénique  (parag.  32 
ei33}  sont  presque  entièrement  nouveaux.  Les  divers  Essais  ont  été 
modifies  suivant  les  progrès  que  la  science  a  réalisés  dans  ces  der- 
ûîers  temps,  et  creusés  plus  largement  et  plus  profoudémeot.  Les 
indications  bibliographiques  mises  en  tête  de  chaque  Essai  ont  été 
Dûtablement  augmentées,  Tautcur  a  donné  plus  d'ampleur  à  Tana- 
ljs*5  des  sources  ainsi  qu'aux  notes  justiticatives  placées  au  bas  des 
pages  et  servant  à  corroborer  les  diverses  théories  de  détails.  Eu  un 
mot,  c'est  actuellement  un  des  meilleurs  livres  du  genre»  et,  sauf 
quelques  reserves  que  nous  aurions  à  faire,  on  pourrait  le  consi- 
dérer comme  un  grandiose  cosmos  de  la  littérature  spéciale  sur  ce 
«ujel.  Il  est  vrai  que  nos  réserves  portent  sur  une  partie  importante 
de  l'ouvrage,   la    littérature   talmudico-rabbinique.   Il  semble  que 
celle-ci  n*ait  été  accessible  a  Tauteur  que  dans  les  rares  traductious 
kiines  et  allemandes.  C'est  à  cette  connaissance  imparfaite  et  altérée 
{ées  sources  du  judaïsme  qu'il  faut  attribuer  rinexaciitude  desju- 
cDts  que  M.  Schiirer  a  émis  en  maint  endroit  sur  le  judaïsme. 
Hte  seconde  partie  de  l'ouvrage  commence  par  le  paragraphe  22, 
I  {iftTBgraphes  précédents  paraîtront  dans  la  première  partie. 

DttDt  te  paragraphe  '1^,  Tauleiir  dous  dotiiic  uue  vue  d'eascmble  fort 
QoUe  de  l'état  de  ta  culture  iDtellectuelle  du  tenps  I^etil-être  a-l-il  comnûa 
ici  plui  d*uûe  inéprÎBC  ou  d'une  négligence  sur  le«  rapports  du  judaïsme 
ATec  l'bcUéûifitDe.  AÎDai,  à  la  page  12,  k  propos  d^Asiarlé,  il  aurait  pu 
citer  les  obsenratious  do  M.  HtléTy,  dtns  Ja  lUtut  da  ÉiudttjumSt  IX» 


310  REVUE  DES  ÉTITDES  JUIVES 

1S3,  Oli  lui  aurait  servi  é^alecrent  pour  expliquer  le  mot  éaîgmiliqu 
nrJin^. —  a  propos  de  VSSp  tp-  Vît»,  oole  77\  il  ftlliiît  citer  la  déeoa- 
verLe  de  M.  H&lévy  du  Kos  des  IduméeEis  Hàid,,  IX.  16),  eiosi  que  il  dii- 
sertattoD  de  Fr.  Lenortnont  daùa  la  Gêtette  ûrehéolo^içut^  VI,  142.  Ptrmi 
les  philoiophes  grecs  de  la  P<ilastine,  l'auteur  devait  ciier  aussi  DuMrw 
de  Petra  ^Berna/s,  (re«-  Ahh,,  II,  293).  O'^in  »«  signifie  pas  •wpea;, 
comme  M.  Schûrer  le  répète,  d'après  le  dicUonDaire  de  Leçy.  A  la  page  U, 
l'atiteur  devait,  dans  tous  les  caa,  citer  rexceneat^f  dissertation  de  Zuûi 
sur  les  moDDaîes  [Zur  Gtfci*^  533).  A  la  page  42,  M«  S.^  suivaot  ea  «li 
Hambur^er^  a  négligé  les  cBuvres  complet  ps  de  Zaat^  o(t  se  trouY«  U 
liste  complète  des  Doms  grecs  portés  par  les  Juifs  CZudi,  Gu,  Schr,,  \l^  &j. 
EnfÎQ,  p.  45f  il  aurait  dQ  mentlooner.  surtout  au  point  de  ^ue  de  la  Ua^s, 
rïtiscriptioQ  grecque  du  temple  trouvée  par  Clermoni -  Qanueau  {Éuu 
arehfyioff.^  nouv.  sér,  t.  XXUI  (l»72j,  p.  2\kl 

Le  paragraphe  23  cooLieut  un  lumineux  exposé  et  une  étude  trli  ap- 
profondie sur  la  consLitutiou  des  villes  helléniques  et  des  cités  du  territoire 
Juif  propre meoit  ditt  sur  le  graud  ponliGcat  et  le  grand  aanhédriO'  Nom 
nous  borneroD-t  à  faire  remarqtjer  qu^en  hébreu  moderne,  ie  mol  Qinn 
(p.  t22,  note  361]  ne  signifie  pas  confirmé^  retonnti,  attetU  par  iùcumi^i 
authentique  î  on  emploie,  dans  ce  seaS|  le   mot  £3]|[ï^.  Dans  Le  passage  cilé 

n:0"»n  ^^Dni^a  mrn  trntD  "^^^  l©  mot  a  le  sens  ordinaire  qu'il  a  àm 
le  Telmud  :  signé  ou  inscfit.  Le  sens  de  xign€  répond  à  la  leçon  de  Mlî* 
moDÎde»  dans  son  commentaire  de  la  Mischna^  iy  ninil-  L*aotrB  sen* 
est  conforme  k  la  version  de  Raschi,  qui  n'a  pas  le  mot  "îjf  [Ci.^^ 
Vr\T\Tiy  notre  ouvrage  :   Vier  apokryphuchB  Bûeket,  page  132,  note  !). 

Le  paragraphe  24  traite  du  sacerdoce  et  du  service  du  culte  dans  W 
temple.  Nous  croyons  devoir  faire  les  remarques  suivantes.  Il  résulte  dfl 
k  Mischna  de  lebamoi,  VI,  5,  citée  p.  178,  que  la  défense  d'épooser  vs 
femme  stérile  (n^31^^Bt)  s'applique  a  tout  homme  qui  est  sans  eafaats,  < 
non  pas  seulement  aux  prêtres,  comme  le  dît  M.  Seh.  I>e  même,  au  suj< 
de  radmlssioa  d'une  fille  de  prosélyte  au  mariage  avec  un  prêtre,  Teateun 
pouvait,  outre  la  Mischna  de  Btccourim,  î^  5,  citer  Kiddouschin,  IV, 
et  7,  ainsi  que  oolf©  dissertation  sur  T\^^y  dans  U  MoHàinckrxft  à^  Gfwl* 
1881,  p.  1<(7.  Il  résulte  de  ces  textes  une  opinion  tDUl  à  fait  contraire  à  l 
tlièse  de  M.  Sch.,  qui  soutient,  à  tort,  qu'une  fille  de  prosélyte  ne  pei 
épouser  un  prêtre  que  si  elle  est  de  père  payan  et  de  mère  juive,  or, 
Ûlle  d'un  père  juif  et  dune  mère  payenne  peut  épouser  an  prêtre  et  Un*' 
a,  là'dessus,  aucune  contestation.  —  P.  18U«  L'absence  de  défauts  coroo' 
reis  ne  fait  point  partie  intégrante  de  la  sainteté  du  prSlre,  elle  n  e 
qu'une  couditioti  extérieure  de  son  admisskm  au  sacerdoce.  —  P.  ÎOO.  f 
disant  de  la  dîme  des  pauvres  que,  d'après  l'usage  qui  s'introduisit  pli 
tard,  elle  s'ajoutait,  la  troisième  année,  à  la  stronde  àim^,  M.  Seh.  U 
erreur  :  la  dime  des  pauvres  remplaçait  la  seconde  dtme.  Mon  Titr  ap{ 
kryphiirkê  Bûcher^  ItS,  contient  une  explication  des  passages  difûcilea 
Tobil,  L  7  et  8,  et  des  Jw/if.,  IV,  &,  22.  —  Pour  les  qoestiotifi  tniill 
p.  224,  note  210,  voir  les  Imiiiuttonen  de  Bloch,  I.  27,  —  P«  'ias*  Au  l\ 
de  r3b3,  il  faut  lire  nDriS  ;  t3''05D73,  au  lieu  de  D'^OSrtS.  —  P,  i 
L'auteur  pouvait  mentionner  les  idées  de  Lévysohn  sur  les  sacnfioM  expi 
sées  dans  le  Jatkurun  de  Eûbak,  iU,  4,  5. 

Bans  les  paragraphes  2S  à  îH,  M.  Sch,  recourt  souvent  aux  sourd 
lalmudiques.  Ces  paragraphes  traitent  de  la  connaissance  des  Ecr 
lures  ;§  2o),  des  pharisiens  et  des  sadducéens  i§  t6).  de  Técole  et 
la  synagogue  «§  27),  el  de  la  vie  selon  la  Loi  {§  28).  Ici  M.  Schûn 
se  révèle  comme  un  maître  par  la  division  et  rordonoance  du  sujâ 
Néanmoins  nous  considérons  celte  partie  comme  la  plus  faible 
Touvrage,  L'impression  qui  s'en  dégage,  c'est  que  l'auteur  n'est 


BIBLIOGRAPHIE 


âif 


I 


lOTraio  qui  ïiii  est  familier.  Il  est  vrai  qïïè  sirmanque  de 
e'est  seulement  au  sujet  des  sources  talmudiques  qu'il  cite, 
ous  qu'il  fait  sont  celles  de  Sulirenhusius,  Ugolini,  Vi- 
Buxtorf.  Enfin,  il  commet  des  inexactiludes  et  des  mé- 
prises qui  proviennent  uniquement  de  ce  qu'il  a  dû  recourir  aux 
IraductioDS  et  non  aux  sources  originales.  La  Real  Encyclùpàtîu^  de 
Hamburger,  a  été  aussi  pour  lui  une  source  dlnforma lions  qui,  plus 
[d'une  fois,  a  dû  le  tromper. 

Si  M,  Scbûrer  n'a  pas  été  familiarisé  suffisamment  avec  la  litté- 
rature juive,  il  n'a  pas  su  davaûtage  rendre  iostice  à  Tesprit  du  ju- 
daïsme. Sans  entrer  ici  dans  une  discussion  sur  ce  points  nous  nous 
demandons  de  quel  droit  la  parole  d'un  pharisien  comme  Aoligone 
deSocho  n'est  pas  considérée  par  M.  Sch.  comme  Texpression  de  la 
doctrine  pharisieuue  (p.  3HÛ).  Les  pratiques  religieuses  sont  un  puis- 
ant moyen  d'éducation  populaire,  et  si  les  juifs  y  ont  recours,  cela 
u  prouve  pas  que  toute  leur  religion  consiste  dans  les  pratiques. 
Kous  nous  bornons  à  renvoyer  à  Weiss,  Dût  âor,  I,  i05,  2H  et  suiv.; 
iSifré  et  autres  Midraschim  sur  Deutéron.,  vi,  li  ;  â  Maïraouide,  Ye- 
t^'kattora^  2,  i  et  suiv.  Pour  M.  Schurer,  tout,  dans  le  judaïsme, 
«st  loi,  texte  impératif,  qui  exclut  toute  morale  et  toute  poésie.  Mais 
le  mal  loi  ne  se  trouve  pas  dans  toute  la  littérature  juive  pour  dé- 
signer le  Penlateuque,  et  encore  moins  pour  désigner  le  reste  des 
Kchmres  Saintes,  min,  la  doctrine,  l'enseiguemenl,  et  m3£73,  le  com- 
i&iQdemeDl,  le  devoir,  telles  sont  l^s  dénominations  exacles.  Le  mot 
rn.dont  rétymologie  est  encore  incertaine,  ou  bien  ne  signifie  pas 
^j,  ou  D*esl  pas  un  terme  liébreu.  Ce  qui  a  produit  cette  méprise 
'ie  U  Schiirer  et  d'autres  savants  chrétiens,  c'est  le  mot  grec  vd(j^, 
que  les  hellénistes  juifs  ont  employé  pour  rendre  le  mot  Tora,  afin 
^t  se  faire  comprendre  plus  facilement  des  lecteurs  païens.  Toutefois 
«  mol  lai  a  si  bien  perdu,  plus  tard»  chez  les  Juifs,  son  sens  étymo- 
logique et  s  est  si  bien  identifié  avec  l'idée  de  doctrine^  que  Ton  a 
uni  par  s'en  servir  pour  désigner  même  les  Prophètes  et  les  llagio- 
^nphes.  En  affirmant  fp.  ^53}  que  \eé  Propbôtes  et  les  Hagiographes 
éUient  également  considérés  comme  faisant  partie  de  la  Loi,  M.  Schû- 
commet  une  erreur  qull  aurait  pu  éviter,  s'il  avait  songé  à  ses 
arques  fort  justes  de  la  p.  2r>7,  tH  s'il  avait  jeté  un  coup  d'œil  sur 

passage  de  loma,  I,  6,  où  on  énumère  les  livres  d'édification  que 

grand-prôtre  devait  lire  dans  la  nuit  de  Kippoun 

Voici  qu^lqui^a  obscrvalions  de  délaîl  :  P.  2LiU.  îlb^^i  ïlb^tTa  si^nifio  ' 
•  pièce  par  piiïce.  par  sections  *,  et  doq  »  par  baudes  ».  Vciir.  à  ce  sujet, 
K««chï.  —  F.  2j7,  noie  K\,  M,  Schiirer  dit  :  *  Au  sujet  de  la  Bif^niûi-aliOQ 
à^  ^31.  Aruch  dit,  selor»  Buxtorf...  »  ;  Arucb  ne  dit  rien,  il  so  borne  à 
dler  tut  écrit  de  Scb©rira  où  se  trouve  le  terme  en  question,  Scherira 
lui-mêma  ne  L'emploio  paa  de  sa  propre  autorité,  il  suppose  que  c'est  un 
terme  connu,  usité.  En  eflet,  il  ae  trouve  déjà  dont»  le  D^KSP  *^T0 
0'^6fnî3Klî  comme  Kohut  l'a  fuit  observer  dons  son  Aniti.  ^-  lôidtm, 
noie  tSS.  La  proDoockliou  ariméenBe  rièifon  est  dûmeitt  conalatt^e  et  ne  peut 
guère  ^Ire  rcjetée  *n  faveur  do  la  forme  défeclueus*  ^^pouvt  (chti  De^ 
UiiÊch  ^^^^?)  des  Evangiles.  —  Au  eujet  de  "^an,  il  fallait  citer  et  corn* 


REVITE  DES  ETUDES  JUIVES 

parer  Rebbites  dans  AscoU,  Isernioni^  p.  01.  —*  P.  $10.  £Un3  lifriiib» 
l-il  *  couronne  >?  Sachs  et  d'aulres  avant  lui  Tont  rapporté  aux  Tûffiê* 
—  îèidem.  L'expression  ^bus  rîS'lO  e«t  traduite  à  tort  par  *  dffTTji 
fiïialemeût  être  détroite  *.  —  îbulem.  rmnDS  M2'^':n  bs  Kr 
D^Dn73  oe  signifie  pas  :  *  celui  qui  s'occupe  trap  de  commprc*^  ,.  vmiis; 
»  Pus  touB  ceux  qui  s'occupent  trop...  •;  D^DTTO  =  b^DC^ ,  U  sértit 
plus  conforme  au  sens  général  de  la  phrase  da  traduire  D'^^nTJ  par  «  ta 
heureux  ».  — ^  P.  265.  ni3  n'est  pas  '»u  puits,  mais  une  citerne,  afOB 
n*enduit  pas  uu  puits  do  chaux.  —  P.  273,  0"*n910  "'HSTS  n?2^»e*o 
rapporte  pas  à  la  oontradictiou  en  f^éuéral,  mais  à  Toppûsilioa  du  siTiat 
révolté,  du  6*173?:  ipT*  dont  il  venait  d'fîlre  question.  Voir  le  comneiH 
luire  de  la  Wischna  de  Xfaïmonide.  —  P.  276.  Les  paroles  de  rauteoroal 
besoin  d'être  complétées^  pour  avoir  un  sens»  par  celles  de  Salomon  Mêi* 
mon,  citées  pur  Paulus  Casscl  :  «  Les  Juifs  prient  de  la  lôgiquo  (j*^ 
m73  )  et  chantent  de  la  métaphysique  (bl^"*)  ••  — ^  P.  318.  *  Saufrtoct 
de  pharisiens  »,  pour  D^TSTID  PID^,  n'a  pas  de  setis  ;  il  nV  a  pu  là 
d'antithèse,  pas  plus  que  dans  les  mots  Qinr  J*Cn.  l'im/^fV  hitn  iM* 
Si  uous  comparons  ce  passage  avec  jerus.  Péah,  VII1«  8,  et  Babi  bairt, 
IX,  l,  nous  verrons  que  nous  avons  là  une  expression  populaire  usuellt. 
Oo  eutendait  par  D'^OIID  nD12  toute  sorte  de  ruse  méchante  qui  prtûd 
le  masque  de  la  piété  et  de  la  légalité  pour  nuire  «a  prochain.  Las  pbiri- 
sieufl  eux-mêmes  voyaient  dans  ces  hypocrisies  la  plaie  de  leur  pirti, 
car  leur  considération  en  soulTrait  beaucoup.  Les  faux  dévots,  comme  les 
impies  rusé»^  étaient  réputés  également  dangereux  pour  Tordre  public  et^ 
par  suite,  comme  un  élément  de  rnino.  —  P.  31  d,  note  8.  Dans  U  Mis- 
chna  tiu  question^  il  ne  s'agit  pas  seulement  de  la  rédîmation  «iteti 
de  toutes  les  espèces  de  fruits  par  le  hahr,  mais  aussi  de  la  puteté 
lé  vi  tique. 

Dans  son  Essai  sur  les  Pharisiens  et  les  Sadducéens,  M,  Schûrer 
a  fait  preuve  d'un  jugement  sûr  et  a  redressé  bien  des  opinioQS 
erronées  et  dépourvues  de  clarté  qui  avaient  cours  à  ce  sujet  II 
distingue  à  bon  droit  ce  qui  faisait  des  pharisiens  les  représemants 
classiques  de  la  direction  qu'a  prise  Israël   à  Tépoque  qui  suivit 
Pexil,  de  ce  qui  les  caractérisait  plus  anciennement  «  comme  parti, 
comme  constituant  une  pelite  église  dans  Téglise  i».  Ils  sont  les 
créateurs  du  judaïsme  par  leur  attachement  strict  à  la  loi  religieuse; 
ils  sont,  au  contraire,  un  parti   fermé  par  leur  éloiguement  pour 
rimpureté  païenne  et  Tobservation  de  la  pureté  lé\i tique  (p.  3^1 
L'auteur  aurait  pu  ajouter  que  l'amour  de  la  Loi  est  bien  Tesseace 
et  la  moelle  de  la  doctrine  des  pharisiens,  tandis  que  leur  répulsion 
pour  l'impureté  devait  plutôt  accuser  leur  situation  de  parti,  d'as- 
socialion  fermée.  M.  Scliiirer  explique  le  mot  D'^iûi"'.©  par  les  isolés, 
les  séparatistes  :  cette  explication  est  admise  par  Geiger,  MM,  Weiss, 
cl  Deren bourg,  et  nous  n  y  contredirons  pas,  mais  la  question  de 
savoir  si  ce  nom  a  été  employé  d'abord  par  les  pharisiens  eux- 
mêmes  ou  par  leurs  adversaires  ne  sera  sans  doute  jamais  résolue 
Le  fait  que,  dans  le  Talmud,  cette  dénomination  se  trouve  si  rare- 
ment et  en  grande  partie  uniquement  dans  des  relations  faites  par 
leurs  anciens  adversaires,  les  sadducéens,  prouve  seulement  qu*ô 
Pépoque  où  le  pharisaïsme  était  dominant,  le  nom  du  parti  aval» 
disparu  avec  le  parti  lui-même.  Le  Talmuda-L-il  parfois  employé 
le  terme  dans  un  sens  fâcheux?  nous  le  nions  lormelkment  Les 


BIBLIOGRAPHIE 


313 


plaintes  formulées  <r  contre  la  plaie  des  pharisiens  »,  contre  les  pha- 
risiens teints  (faux),  ne  visent  pas  les  pharisiens  en  général.  Mais 
¥.  Schûrer  croit  que  les  pharisiens  ont  aussi  formé  uoe  secte  fer- 
mée dont  les  membres  sa  seraient  appelés  o^n^ri  tout  court,  La 
conclusion  que  M.  Schûrer  en  tire  est  aussi  neuve  que  singulière  : 
Les  pharisiens  ou   habtrim,  dit-il,  cousidéraient    le  peuple  de  la 
campagne,  le  Am-haareç,  comme  ne  faisant  pas  partie  du  véritable 
Israël  et  n'ayant  pas  part  aux  promesses  divines  (p.  333).  Mais  le  mot 
•«nn'a  jamais  perdu»  même  aux  époques  les  plus  tardives,  le  sens 
d'association,  d*UQion,  d'adhésion  avec  des  éléments  étrangers,  et,  par 
nséquenl,  il  ne  peut  servir  à  désigner  une  caste  confessionnelle  ou 
Uonale  aussi  exclusive  que  celle  que  M.  Sch,  veut  voir  dans  les 
iharrsiens.  Les  textes  montrent  qu'ici  le  mot  I3n  ne  signifie  pas 
<  celui  qui  observe  poDCluellement  la  Loi  et  noiammeni  les  lois  de 
|aiT(!té  0,  mais,  par  opposition  au  Am-haarer,  le  nnn  est  uu  homme 
4ai  observe  les  lois  de  la  dîme  et  de  la  pureté  lévilique.  Si  "inn  avait 
leseos  que  M,  Schiirer  lui  attribue,  ce  mot  aurait  dû  être  employé 
(Juelquefois  comme  antithèse  de  sadducéen.   Or,  cela  n'est  jamais 
irrivé,  et  lan  n'est  emploj^o  que  comme  opposillon  à  Am-haareç,  Le 
peuple  de  la  campagne,  Am-haareç,  d'après  le  témoignage  formel  de 
Josèphe,  était  attaché  aux  pharisiens  (Anliq,,  VUI,  ^0,  <i;  XVIII, 
<,  ï)  et  ennemi  des  sadducéens.  Le  Ara-haareç  se  trouvait  donc,  du 
mains  en  grande  majorité,  tout  à  fait  sur  le  terrain  de  la  légalité 
phaHsîenne,  et   même    la  prescription  concernant    la  dlme  était 
ûiHtervée  par  la  plus  grande  partie  du  peuple  (Sabbat,  43  a),  Seule- 
fiiCQt,  on  n'était  pas  absolument  sûr  que  le  Am-haareç  donnât  tou- 
i'Hifs  la  dime,  et  c*est  ce  doute  qui  a  créé  les  règles  du  Demaï.  Au 
^ijjei  de  rhisloire  ultérieure  du  Am-haareç,  voir  Vkr  apokrypkiscM 
Bkktr^  p.  i5.  Il  est  certain  que,  primitivement,  il  n'y  avait  entre  le 
àm-haareç  et  le  I3n  qu'une  opposition  de  principe  portant  sur  les 
pracriptions  de  pureté  lévitique  dans  leur  application  à  la  vie  pro- 
hûe.  Le  Am-haareç  ne  les  observait  guère,  mais  il  n'était  pas  seul 
Mes  négliger,  plus  d'un  docteur  du  parti  strictement  pharisien  fai- 
Milcomme  lui  (voir  Bekhorot,  30  è).  Et  c'est  pour  celte  divergeDce 
Il  peu  importante  que  les  pharisiens  auraient  exclu  le  peuple  de 
Il  campagne  de  la  véritable  communauté  d'Isra(?l,  et  lui  auraient 
ïtfusô  toute  participation  aux  récompenses  divines!  Mais  lobser- 
Hwe  des    prescriptions  de  pureté  lévitique   en   matière   profane» 
înpÇ33|^bVJ,  n'a  jamais  été  considérée  que  comme  un  acte  de  piété 
Toiaotiire,  et  non  comme  un  commandement  obli^^atoire,  comme  Té- 
tait le  moindre  précepte  biblique  ou  rabbioique.  Les  preseri plions 
tic  pureté  lévitique»  d  après  la  Bible  et  la  tradiliou,  ne  sont  de  mise 
<|IM  pour  le  cas  où  l'ou  s'approche  du  Sanctuaire  ou  des  choses 
Aiaies.  Dans  la  vie  pratique,  elles  n'avaient  (juelque  importance 
flM  pour  le  prêtre  et  le  nas^ir  seuls.  Ce  sont  là  des  faits  counus  de 
Ions  ceux  qui  sont  versés  dans  le  Talmud. 
fc'appiieftUoa  des  prescriptions  concernant  la  pureté  lévitique  à  la 


J 


314  ^^^H^        BEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

vie  profane  n'a  jamais  pénétré  dans  les  usages  da  peuple  :  elleétaïf 
pratiquée  seulement  dans  un  cercle  fort  restreint,  dont  les  phari- 
siens  faisaient  partie,   mais  nullement    partie   exclusive,  cûioirie 
M.  Weiss  l'a  fait  observer  avec  raison  {Dor  dor,  I,  H5).  Par  suile  de 
l'absLention  du  peuple,  il  fallait,  pour  mettre  ces  prescriptions  à 
exécution,  qu'il  se  formât  des  associations  fermées,  ninsn,  dont  les 
membres  étaient  reçus  sous  condition  de  certaine?^  formalités,  el  dé- 
signés sous  le  nom  de  lan,  mciélaire  [zt,  Bekhorot,  30  a,  et  Toscfta 
Demaï,  chap,  ii).  M,  Scbùrer  a  raison  de  dire  que  nan  n'est  pas  iden- 
tique à  Dsn  i^TsVn,  car,  d'uue  part,  beaucoup  de  geus  du  peuple  en- 
trèrent dans  Tassociatioû,  et,  d*autre  part,  il  y  eut  beaucoup  de 
savants  qui  refusèrent  de  se  soumettre  à  Tobservance  des  lois  de 
pureté  lévi tique  en  matière  profane.  La  <t  vue  profonde  »  que  la 
théorie  de  M.  Sch*  donnerait  sur  Tidée  que  les  pharisiens  se  fai- 
saient d'eux-mêmes  est  donc  une  tue  fausse.  Le  nnn  n'est  nulle- 
ment «  celui  qui  observe  la  Loi  avec  ponctualité,  en  y  comprenant 
les  TTapaddutK  tow  irpe^^utépcuv  o^mais^  comme  le  dit  la  Tosefta  de  Deniaî, 
chap-  II,  celui  qui  s*en^age  à  observer  les  quatre  poiûts  suivants  • 
r;73i^n  irr"  xba  nsn  m^nb  iniK  l'''73p"a  b*i-i3T  njn^K  vîj  bspnr» 
bDiit  ytT\'^m^  ynKn  dj  bs:»  rnnna  rr^cj?*^  »Vm  ynnn  srb  3ni^,tî;tti 
îTjrTas  î^'bin.  Tels  sont  les  devoirs  de  Tassociation»  m-ï-'^n  ■►nni,  qU^ 
tout  Am-haarer  était  admis  à  remplir,  comme  il  est  dit  plus  lôiix^ 
%Hd.  Le  nan  n'est  donc  pas  1%  prochain^  le  ccmipatrioté  au  point  d^ 
vue  ethnique  ou  politique,  mais  Vassocié,  le  co-sociétaire^  litre  qui  M  *- 
appliqué  plus  tard  aux  membres  des  collèges  de  docteurs.  De  mèn3^ 
que  les  prémisses,  la  conclusion  de  M,  Schiirer  est  inexacte,  et  il  e^ 
tout  a  fait  faux  de  dire  que,  pour  les  pharisiens,  la  population  A^ 
la  Palestine  se  divisait  en  deux  catégories  :  la  communauté  d'Israe  J 
c'est-à-dire  les  D'inan,  et  le  peuple  de  la  campagne  (p,  333)«  Sous  (^ 
rapport,  le  pharisaïsme  ne  formait  pas  uue  ^  église  dans  l'église  ^^ 
Pe  môme,  lorsque  M.  Schiirer  dit,  iHd,^  note  54,  qu'il  était  très  in»- 
portant,  pour  la  conscience  juive,  de  savoir  qui  devait  être  reconn'^ 
pour  nsn,  noos  ne  pouvons  accepter  ce  jugement.  Ce  n'est  pas  pou 
la  conscience  juive  en  général  que  cette  question  avait  de  l'impor  ^ 
lance,  mais  uniquement  pour  ceux  qui  observaient  les  prescription— 
concernant  la  pureté  lévitique  même  en  matière  profane,  yhyn  •'bs'il^ 
mr^L^a,  et  tout  au  plus  encore  pour  ceux  qui  approcbaîent  souven  ^ 
du  Temple  ou  qui  touchaient  fréquemment  aux  choses  saintes. 

Au  sujet  de  la  question  traît($o  par  M.  Sch*,  p*  S55,  concertiaot  Tan-^ 
eieuneté  do  l'usage  de  fijt«r  la  bar-roiçva  à  l'â^e  do  !3  ans*  nou»  croyons 
trouver  une  coofîrmaUon  dans  Josëphe,  Ântiq.^  XII*  4,  6.  U  est  probable 
que  ce  n'est  pas  sans  dessem  que  Josèpbe  dit  de  Hjrcau  :  èi7e\  SI  ùi 
Tpt^ectrtexd  Itûv. , .  Du  reste,  M*  Scharor  pouvait  rectifier  ce  qu'il  dit  îei 
par  le  passage  de  fa  GemûindeverfasBung  (Ur  Judem  in  Rom  (p.  24)*  où  il 
dit  que  Tâge  de  la  bar-miçva  était  de  12  aus.  —  P.  367»  A  propos  da 
tjlre  âfi^tmjvdY*^ï^  appliqué  à  des  enfants  mineurs,  M.  Se  h.  aurait  pu 
parler  de  la  fonction  des  lecteurs^  qui  pouvait  Ôtre  confîiSe  à  des  enfanU 
même  dan»  TEglise  ;  v.  \ii  Effal-Sncycopladif,  de  Herzog,  2**  édil.,  yoluma 
YIII,  p.  521.  De  lotit  temps,  même  aociennemeut,  cala  so  pratiquait  cbei 


BlBLrOGRAPHlE 


315 


le»  Juifs.  Voir  Taséfu  Megilla,  éà.  Zuckennsodet,  4^  11,  et  MaïmoDÎde, 
Uilkhot  tefiU«^  12,  17.  Sur  les  décisions  mioeureff  dans  lea  mnDicïpes 
rotnjiias,  voir  Scharer,  Gemeindear/assun^,  p,  24.  —  P.  374,  noU»  W. 
njD'I^'ï  «110^53.  d'après  la  remartiue  Judicieuse  de  HirecbftDSon,  daos 
nin^n  mO^?.  p.  ^O,  est  y  do  sjuagogue  de  Gophna,  encijoit  aitué  dans  U 
voisinage  de  Sepphoris,  el  non  •  la  syoafîogue  de  la  vigne  *.  —  P.  377, 
AOie  113.  M.  Scb,  dit  que.  pour  rbistoire  du  culte  synagogal^  il  faut  coo- 
fultet  flurtoul  l'ouvrage  de  Zunz  :  iîifl  Ritus  dts  sptaçôffoUn  Gotiex- 
iittuUi  ;  or,  il  n'est  pas  du  tout  question  du  culte  dans  cet  ouvrage.  — 
IkUtm.  Au  sujet  du  Koddisch  et  de  son  ancientipté,  outre  Farticle  re- 
mtrfaable  de  Hamburger,  il  fallait  citer  J.4L  W^i^^,  daBs  le  Jesehu- 
rmn  de  Kobak,  VI,  (.  1C5  et  s.,  et  le  W^bin  "11p''n'0  do  Laudshulh- 
^  P.  379,  note  Ï20.  Les  rechercbes  savanles  de  Rapoport  dans  le  niD^brr 
th^y  de  Gabriflt  Polak,  p.  9  à  lï),  méritaient  d'être  mentionnéee.-^  P.  37ff,  ' 
Dôle  130.  11  ne  résulte  Dullement  du  texte  de  Malmonide  que  le  hazzan 
appelait  les  âiJèles  à  la  Tora,  ainsi  que  le  porte  la  version  do  Vitringa. 
Cf.  Hiikh.  leBlla,  Vly  7.  Au  sujet  de  la  situation  du  bazzan,  il  eût  été 
boD  d©  consulter  l'Aruch  de  Kobut^  art.  'jifl*  ^f»  Schûrer  aurait  évité  de 
la  sorte  la  grave  méprise  qy'il  commet  en  comparant  les  Û^STF!  avec  les 
D'^j^rD  (p-  '-Ï24).  Dans  la  même  note,  lobfiervatioQ  suivante  :  »  Rascbi  et 
Bartenora  (plus  exnctemeot  Bertiûoro.  v.  Zun2,  Gts.  Sràr,,  1,  177)  attes- 
tent..* •  est  bien  curieuse.  Ces  commentateurs^  relativement  modernes, 
natUttent  rien,  ils  prétendent  seulement  explicjuer*  —  P.  3W.  L'auteur 
a  oublié  la  Haftara  du  9  ab  et  do  la  soirée  de  Kippour;  v.  Megillaf 
.11  a  ei  à.  —  IhidêMj  note  1^»  L*auteur  n'a  pas  utilisé  Timportaut  article 
de  Rapoport  sur  la  Haftara,  dans  Ereek  Millin,  —  Ihid.^  note  138.  La 
répétition  textuelle  ûû  la  note  10,  page  252,  n'cclaircit  nullement  ce  que 
1  auteur  dit  de  lVffi/>f 01  des  cinq  megiUot  dans  l'office  divin.  Du  reste» 
l'exactitude  de  cette  notice^  par  égard  aux  vanantea  de  Û^IDIO  'î3* 
th.  14,  est  douteuse;  voir  édition  Millier,  p.  187,  »,  et  p.  201,  70.  — 
P.  SM.  Le  nombre  1<J  des  bénédictions  de  la  Teûlli  est  assurément  d'une 
épo<{ti6  postérieure,  car,  mfl^me  uprès  riatroduction  do  la  12*  béoédic- 
liOQ  dirigée  contre  les  Minim»  le  nombre  dix-huit  fut  encore  longtemps 
usité  eo  Palestine»  et,  pour  cela^  ou  y  combinait  ensemble  la  14"  et  la 
1S^  bénédiction  ;  voir  Tosefta  Berakbot,  I1I|  ù  la  (in;  Jer.  Berakhot)  4,  3, 
il  k«  comoientaires,  ainsi  que  Baor,  bK"lï3^  mi^:^  HlOt  pages  97  et 
103.  Il  semble  qu'en  Bahylonie  seulement  le  nombre  10  était  déjà  usité  du 
temps  des  premiers  Amornîm;  voir  b&BL  Berakbat,  2S  h.  Du  temps  de  la 
Miscbna,  la  TeGlla  ne  se  composait  que  de  18  béuédictions.  —  1\  406.  Lea 
Teûllin  sont  un  signe  commémoratif,  non  un  talisman.  Ihid,^  note  76.  Il 
était  facile  de  se  faire  montrer  un  mSDS'^  ;  Jamais  le  niEaS'T  n>st 
appelé  ri^b£3  tout  court.  Dans  le  Tour  Orah  Hajyim,  ch.  24,  on  l'appelle 
encore  y^p  1^^»  et  daos  le  Sehulhan  Arucb^  in  loc.,  on  Tappelle,  non  pas 
n-^ba>  mais  lap  r^hu*  —  p.  4I0.  1^3î2TÎ3  Ï1t33  1^  est  traduit 
comme  suit  :  •  Combien  faut-il  de  nourriture  pour  qu'on  soit  obligé  de  se 
pHpértr  à  la  bénédiction  ;  •  mais  *j^T  signitic  ici  invittr*  —  P.  41 1,  note 
97.  Ao  ffujet  du  jetine  du  lundi  et  uu  Jeudi,  renvoyer  u  la  Lthn  dâr  smt^tf 
ÀfOêUl^  éd,  Harnack,  p.  2j.  —  P*  415 ^  La  Guemara  et  les  commentaires 
ribbbiqoea  prou%'«nt,  sans  réplique^  que,  dans  la  Miflcbna  de  Nedarim» 
tXi  If  lea  adversaires  d'EIiéner  ne  soutiennent  pas  qu^un  vœu  ne  peut 
âUa  annulé  par  respect  blial,  et,  par  consé(|U(^nt,  on  ne  peut  pas  cun- 
f\uT«  do  ce  passage  que«  pour  les  pbarifien^,  la  religion  est  pure  alTaire 
de  forme,  sans  aucuue  piété  intérieure.  La  phru^e  finale  do  la  même 
Uiscboa  prouve  déjà  le  contraire  ;  "13*13  *lT:y^bH  'nb  D"^?33n  D"^Tl^T 
MQtn  T^l»  "T^^DS  ^b  t^rinlDa  IÛKI  m»  V^b  XnyQ*  Ainsi, 
c'est  feulement  pour  les  cas  oii  le  vceu  ne  porte  pai»  réellement  atteinte 
an  respect  dû  aux  paranla  (ordinairemaot  la  reapcct  filial  est  placé 
frea4|Qe  au  même  niveau  que  le  respect  dÙ  I  Dleu^  voir  les  paroles  de 


316  REVUE  DES  ÊTFDES  JUIVES 

R.  Çadoc  duut  la  mÔm«  Miscboa)  qu'il  y  a  dîseutftion  entre  H.  E!iéz^ 
el  les  autres  docLaurs.  Les  docteurs  ne  Touleat  pas  que,  dans  c«  aa.s, 
on  invoque,  d'une  manière  vo^ue  el  générale,  le  principe  du  resp«ct 
dû  aux  parents  pour  insinuer  qu^il  pourrait  6lre  fftcheuz  de  voir  l9i:&rs 
enfants  faire  des  vœux  à  la  Ugère,  car»  en  invoquant  ce  principe,  «a 
pourrait  faire  naître  chez  le  donateur  des  regrets  qu'en  réalité  il  c'a 
pas.  M.  SchQrer  ne  semble  pas  avoir  compris  la  signiûcation  de  flZ^&i 
ntsnn»  et  sa  conclusion  fausse  n'est  qu*un  exemple  de  plua  de  «•■ 
nombreuses  assertions  mal  fondées  et  systématiques  concernant  Ui 
docteurs. 

Le  paragraphe  29  traite  desespéraiDces  messie aiqxies.  Ici,  M.  Scti^- 
rer  est  à  la  hauteur  de  sa  tâche.  Il  est  maître  de  sod  sujet,    et 
son  exposition  comme  ses  conclusions  ont  notre  approbation  entière. 
Il  est  vrai  que  là  aussi  Tauteur  se  livre  parfois  à  des  attaques  dé- 
tournées contre  le  judaïsme;  par  exemple,  quand  il  dit  :  «  De  méiD^ 
que  les  œuvres  de  Tisraélite  consistent  essentiellement  dans  robser- 
vance  de  la  Loi,  de  même  sa  foi  est  essentiellement  la  foi  dans  l'a- 
venir (449).  »  Celte  phrase  est  étrange  et  absolument  inintelligible 
pour  nous  qui,  en  notre  qualité  dlsraélite,  avons  la  prétention  de 
savoir  quelle  est  notre  foi.  Mais  M.  Schiirer  a  déjà,  à  lo  page  ÎH, 
déclaré  que  noire  croyance  est  dépourvue  de  toute  force  vraiment 
religieuse»  el  motivé  ce  jugement  par  un  raisonnement  étrange  : 
«  On  ne  voyait  plus  la  grâce  et  la  gloire  de  Dieu  dans  la  vie  ter- 
restre, mais  seulement  dans  le  monde  futur,  dans  la  vie  céleste.  » 
Cet  exemple  montre  admirablement  comment  un  homme  d*uue  in- 
telligence remarquable  peut  parfois  se  servir  à  rebours  de  la  loi  de 
causalité.  C'est  jusle  le  contraire  de  son  assertion  qui  est  logique,  et, 
par  conséquent,  conforme  à  ta  vérité.  C'est  précisément  la  croyance 
que  la  grâce  et  la  gloire  de  Dieu  remplissent  en  tout  temps  Tunivers 
riiUer  qui  a  amené  Israël  à  la  foi  inébraulahle  en  un  avenir  messia- 
nique. La  première  croyant-c  sert  de  base  a  la  seconde,  et  la  puissance 
de  la  foi  messianique  atteste  seulement  réoergie  de  la  croyance  fon- 
damentale, de  la  foi  en  la  grâce  et  la  gloire  de  Dieu.  C'est  parce  que 
risraêtile  pieux  est  resté  attaché  a  cette  foi  aux  jours  d'épreuve  el 
de  souffrances,  où  les  croyants  lièdes  tremblent  et  où  les  incrédules 
désespèrent,  qu'il  a  cherché  et  trouvé  une  consolation  aux  tristesses 
du  présent  dans  la  foi  en  Taveoir,  en  un  monde  futur.  La  croyance 
dans  ia  justice  et  la  bonté  de  Dieu  étant  pour  lui  un  axiome  bien 
établi,  lo  foi  dans  l'avenir  était  pour  lui  une  coDclusion  nécessaire, 
lorsqu'il  voyait  que  Tordre  des  choses  humaines  se  irouvait  en  dé- 
saccord avec  cet  axiome.  C'est  là  l'histoire  de  Ions  les  martyrs, 

P.  AW.  Si  H.  llananîa  h.  Akascbia  avait  voulu  exprimer  seulement  par 
sa  flcnlenco  co  qui,  selna  M.  Scbùrer,  forme  l^esscDce  de  )a  foi  juive,  à 
.savoir  que  Dieu  a  doucu  ù  Uraël  bi^aucoup  de  prticeptL'9  tt  de  commande* 
metits  pour  lui  procurer  ties  récompenses  abondantes,  il  aurait  dOt  dire  au 
li«u  de  bK^*i3*^  nfct  riDîb.  quelque  chose  comme  "ID^  msnnb 
bÊ^^^Zî"*?'  Le  mot  ri"13T!>  &ignilîo  proprement  *  pHrîfiêt^  rendrt  rer- 
i%teuj>  -  par  rioflueDce  de  ses  nombreux  comirandements.  L'eipljcatioa  de 
Raachi  est  inBuffisante*  et  Ni?<%im  s'est  déjà  vu  forcé  de  la  compléter  en 
diaanl  «an   Obl^31   ntH   DblJ'3    DniDT5n*  Pwmi  les   anciens  corn- 


BlBLrOGRAHHlE 


3t7 


mêJitAleurs,  il  faut  eocore  voir  Ma7moaidl«,  sur  ce  paesige^  et  Hnaftnet. 
cité  dans  le  '^l^iH^^îl 'O.  a  ï»  iàn  du  comme nt ni re  sur  Abot.  —  P.  453, 
Dans  inoQ  ouvrage  :  Vier  opokr.  Bûck«f\  p.  i):*,  note  7,  j'ai  essayé  d'ex- 
pliquer commeDt  il  se  fait  que  R.  Aquifaa  uie  formcllemcat  I»  retour  des 
dix  tribut,  au  lieu  de  se  Wner  à  le  déclarer  douteux.  —  P.  458,  noie  71, 
Id  Tauteur  a  commis  un  îapsus  fiÎDgulîer  on  disant  :  •  Lo  terme  lecb nique 
osité  par  lea  rabbius  pour  exprimer  celle  idée  (il  s'agit  de  la  réuovation 
du  moûde  au  sens  eschalologique,  Tîa^tyytvca'ùi)  est  »  D^IJ^n  d*Tn  '  -  Ce 
terme  no  se  irouve  ni  daus  le  Taimud  ni  dans  la  liUérature  rabbitiique.  Il 
a  été  formé  très  tard  par  les  iraducleurs  du  moyeu  flge^  d'après  Tarabe 
rWi  et  ne  signifie  pas  >  pnliugénésie  %  mais  ■  création  •*  par  opposition 
à  •  éternilé  •»  C  est  évidemrnetil  la  traduction  de  Buxtorf  ;  *  iiiuovalio 
mundi  •  qui  a  ioduit  M,  Schûrer  en  erreur ,  toutefois  Buitorf  ne  cile  que 
Hambam  f*t  lycarim.  Loin  d'avoiri  à  cet  eOetf  ïin  terme  leehaique,  la  lillé- 
rilure  rabbinique  ne  coQDail  même  pas  l'idéo  de  la  palingénésie.  Il  est 
potaible  que  le  terme  T13in  0^15^,  dans  Mecbilla»  élit.  FrieJman,  p,  TiûA, 
ait  ۥ  aens,  mais  il  faut  voir  le  commenlKire  de  Friedman,  in  laco^ 

ï-  Schûrer  consacre  un  paragraphe  spécial  aux  Esséniees  (§  30). 

I  rejette  le  système  de  Josèplie,  qui  les  place  à  c6ié.  des  saddacéens 

Jtl'les  pharisiens  comme  troisième  arpcai^,  et  ici  il  mérite  d'être  ap- 

ffouTé  ;  en  effet,  les  esséniens  ont  leur  caractère  propre  et  ne  for- 

'ffl^ot  nullement,  comme  les  sadducéeos  ot  les  pharisiens,  un  parti 

politico-religieux  spécial.  —  Le  paragraphe  suivaoL  n°  3^   traite  du 

judaïsme  pendant  la  dispersion  et  des  prosélytes.  C'est  un  chapitre 

irès  instructif  où  M.  Sch.  fait  un  remarquabîe  usage  des  matériaux 

lûnûombreni  relatifs  à  ce  sujet, 

Pa^  192,  note  22.  Au  sujet  des  iuscriplioas  grecques  de  la  Crimée, 
il  y  avait  aussi  k  citer  Levy,  Jahfbucb  fur  die  Geschicbte  der  Juden,  II, 
S7Î  ff.  —  P.  559,  note  271.  La  aignification  quon  donnait  dans  les 
cercles  païens  aux  lumières  du  sabbat  est  très  intéressante.  Toutefois  la 
ralioii  pour  laquelle  ou  a  institué  les  lumière»  du  sabbat  n'est  pas^  comme 
M*  Schûrer  le  croit,  pour  éviter  la  violation  de  la  défeuso  d'ullumcr  <lu 
feu,  mais,  comme  il  est  dit  expressément  dans  Sabbat.  13  h  et  25  b^  DTO'^ 
r^3  Ûlbffi,  à  tauîi  i4  la  paw  de  la  maiion^  c'est-à-dire  à  eaust  dû  lu 
M%ntei€  dit  jour  dû  npns.  —  P.  867,  oote  292,  ô  tqû  Pieàpa  2£pùiv  qb 
signifie  pas  :,  *  Simon,  fils  d'un  prosélyte  >,  car  Josèpho  u'aurait  pas  né- 
gligé de  relever  ce  point  concernant  un  adversaire  qu'il  haïssait  tant.  Je  ne 
croit  pas  non  plus  que  la  notice  de  Jo^pphe  (B.  J.»  IV,  9^  J),  où  il  dit  de 
Simon  quMl  est  originaire  de  Geraaa  (rep«aT,vd<;  tô  yévo«\  puisse  servir  de 
point  d'appui  à  Topinioa  de  M.  Schûrer.  Il  y  avait  une  vilta  de  Gerasa 
qui  était  une  ville  grecque^  quoique  habitée  par  une  nombreuse  population 
juive,  et  faisait  partie  de  lu  Décapote.  Mais  uotre  Gerasa  est  cortainemeut 
celoi  qui  est  mentionné  uo  peu  avant,  IV,  9,  1,  et  qui  était  une  ville  tout  À 
fait  juive  (cf.  Schûrer,  p.  104).  Giora  est  donc  simplement  une  espèce  de 
jeu  de  mot  sur  on  nom  qui  se  rencontre  fréquemment  à  €ette  époque,  Oa- 
rm  (Sabbat,  13  ft),  Qoriom  (Gittin,  56  a)  et  surtout  Bofia.  Giora  pourrait 
it»  ta  méUthèae  de  Goria.  —  P,  SM,  note  2ÎÏ7.  TIH  \a  ^^tt  ne  si- 
gnifie pas  :  *  de  In  chair  vivante  *,  c^est*à-dire  saignante,  maïa  un  morceta 
de  chair  enlevée  à  un  animal  vivant. 

\  509.  Si  M*  Schûrer  avait  vu  la  disserlalion  du  Talmud  Aboda 
I,  %ih^ha^  ou,  du  moins»  les  commentaires  sur  ce  passage,  il 
raurdlt  pas  tenu  les  dispositions  coucernant  le  3T3in  m  pour 
um  ikéûrU  stérile.  Ces  prescriptions  ont  certainement  un  autre  sens 
Il  même  une  signification  essentiellement  pratique.  Il  s*ûgit  des 


318  REVUE  DBS  ÉTUDES  JUIVES 

devoirs  de  bienveillance,  inT^nrib  mît»,  qu*on  doit  remplir  envers  le 
siDin  na.  Au  sujet  de  la  sig:nifîcation  historique  et  pratique  de  ces 
prescriptions,  voir  aussi  Graetz,  Jahresber.  des  Breslauer  Seminars, 
4884,  p.  48.  —  P.  574.  «  La  disposition  légale  obligeant  celui  qui,  par  mé- 
garde,  frappe  une  femme  et  la  fait  avorter  à  payer  une  indemnité  ne 
s'applique  pas  à  une  prosélyte.  »  L'auteur  a  commis,  ce  disant,  une 
forte  bévue,  qu'il  aurait  évitée  s'il  avait  lu  la  Guemara  ou  du  moins 
les  commentaires  sur  cette  Miscbna.  Les  mots  de  la  Mischna,  Baba 
Kama.  V,  4,  mas  nm-^a  nx  ïinnnnttSSi  rmettS  nn-^îi  qu'il  cite,  se  rap- 
portent à  ce  qui  précède  rtsn'^b  ima  byn  r^b  l"^»  ûNi.  Si  le  mari  dé- 
funt de  la  prosélyte  ou  de  l'affranchie  est  lui-môme  un  prosélyte  ou 
un  affraiQchi,  comme  cela  arrivait  le  plus  souvent,  l'indemnité  ne  se 
paye  pas,  faute  d'un  héritier  autorisé.  Au  fond,  la  môme  disposition 
serait  applicable  également  à  une  Israélite  de  naissance  dont  le 
mari  défunt  aurait  été  un  prosélyte  ou  un  affranchi.  Mais,  en  géné- 
ral, il  n'y  a  pas  d'exception  pour  la  prosélyte  (si  elle  a  un  mari,  il 
touche  l'indemnité).  —  Bid.  L'assertion  de  Bikkurim,  I,  4,  qu'un 
prosélyte  ne  peut  pas  appeler  les  patriarches  ses  ancêtres  est  com- 
battue et  rejetée  par  le  Talmud  jerus.,  in  loco. 

Les  paragraphes  32  et  33  qui  traitent  de  la  littérature  judéo-pales- 
tinienne et  judéo-hellénique  forment  un  remarquable  couronnement 
de  l'ouvrage.  M.  Schûrer  exclut  les  Targumim  de  sa  dissertation, 
parce  qu'il  leur  attribue,  malgré  les  excellents  arguments  de  Ber- 
liner,  une  origine  plus  récente  *. 

Nos  critiques  n'ont  nullement  pour  but  de  diminuer  le  mérite  in- 
discutable de  M.  Schilrer.  Nous  reconnaissons  la  haute  valeur  des 
services  qu'il  vient  de  rendre  à  la  science  et  qui  dépassent  encore 
ses  services  antérieurs  déjà  très  éminents;  nos  réserves  n'ont  qu'un 
but,  c'est  d'empôcher  que,  sous  le  couvert  de  son  autorité,  il  ne  se 
propage  des  erreurs  et  des  fautes  qui  passeraient  inaperçues. 

F.   ROSSNTHAL. 


^  Je  ferai  encore  observer  que  le  passage  de  la  Mischna  de  Pesahim^  IV.  9,  cité 
par  M.  SchOrer  :  mNID*^  *^D0  T35  n^pTtl  (p-  fiW),  ne  se  trouve  pas  daSs  notre 
édition  de  la  Mischna  du  Talmud  babylonien  et  jérusalémite  et  que  le  commentaire 
de  la  Mischna  de  Maïmonide  désigne  ce  passage  comme  Tosefta. 


Le  gérant, 

Israël  Lévi. 


TABLE  DES   MATIERES 


ARTICLES  DE  FOND. 


[Bloch  (IsaacU  Les  Juifs  d'Oran 8ft 

PCahkn  (Abr.),  Le  rabbmat  de  Metz  (/m).  f05 

Fribdlandkr.  Les  Ph-arisieas  et  les  gens  du  peuple . .  33 

Hai^iïvy  (J.).  Recherches  bibliques,  YIIL  Le  chapitre  x  de  la 

Genèse _  _     1  et  i6( 

Kjlufmann  (Davidl.  Études  d'archéologie  juive 45 

K^TSERLiNQ  (M.).  Les  correspoodants  juifs  de  Jeaa  Buxtorf. . . .  260 

Xjoy.B  (Isidore).  L  Règîemeut  des  Juifs  de  GasliUe <87 

IL  Sac  des  Juiveries  de  Valence  et  de  Madrid . .    — Î39 

^^iEUfiAUEE  (àd.).  Le  Midrascb  Tanhuma  et  extraits  du  Yelara- 

^B                  dénu  et  de  petits  Midrascbim 224 

^BtisiNÀCH  (Salomon),  Notes  sur  la  synagogue  dUammara  el  Enf.  217 

^'ScHEiD  (Elie).  Joselmaoû  de  Rosheim. , 62  et  248 

ScffWAKTZFBLO  (E.).  Dcux  épisodes  de  Thistoire  des  Juifs  rou- 
mains  , 1 27 

^^^'^^  (Jonas).   Les  Juifâ  protégés  français  aux  échelles  du 

^H                 Levant  et  en  Barbarie  (fin) . .                                  —  277 

Kaufmaîtn  (D.).  Une  liste  d^anciens  livres  hébreux 300 

Schwab  (Moïse).  L  Le  commentaire  de  R.  David  Qamhi  sur  les 

Psaumes .... , .   . .  295 

II.  Uq  manuscrit  hébreu  de  la  bibliothèque  de  Meluu     . ,  2% 


NOTES  ET  MÉLA.NGES, 


320  RBYUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 


BIBLIOGRAPHIE. 

Halévy  (J.).  Prolegomena  eines  neuen  hebraïsch-aramaïschen 

Wôrterbuch,  par  F.  Dklitzsch 305 

LoBB  (Isidore).  I.  Revue  bibliographique,  4«'"  et  2«  trimestres 

4886 434 

IL  Sermons  et  allocutions,  par  Zadoc  Kahn 4  51 

III.  Catalogue  of  the  Hebrew  manuscripts  in  the  Bodleiau 

Library,  par  Ad.  Neubauer 455 

RosENTHAL  (F.).  Geschichte  des  jiidischen  Volkes  im  Zeilalter 

Jesu  Ghristi,  par  E.  Schûrer 309 

Chronique 458 

Table  des  matières 349 


FIN. 


lf«R8AILLB8,   IMPRIMERIE   CERF   ET   FILS,   RUE   DUPLESSI»,   59. 


if,  Loêh  dit  que  la  commission  berlinoise  pour  l'histoire  des  Juifs 
en  Allemagne  propose  rechange  de  son  journal  avec  la  Revue. 
Cette  proposition  est  adoptée. 

Le  Conseil  élit  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 
MM.  Sack,  de  Saint-Pétersbourg,  présenté  par  MM.  Mapou  et 
Lot^fi  ; 
le  D''  ScHAFFiEE,  présenté  par  MM,  Ehlanger  et  Zadou 
Kahn. 
Jf.  Sthwah  fait  une  communication  sur  deux  manuscrits  hébreux, 
Jf,  Haîévij  entretient   le  Conseil  :    1"  de  la  lecture  récente  des 
noiDB  Yoseph-el  et  Yakob~el  sur  le  pjlone  de  Karnak  ;  2**  di3s 
iiDiii  de  Magog  et  de  Gomer  daos  le  x"^  chapitre  de  la  Genéâe. 


SÉANCE  DU  28  OCTOBRE  188IJ. 
PrèfiidmKê  de  31*  Zadoc  Kahn,  prèMdmL 

lélus  membres  de  la  Société  : 
MM-  Eugène  d*Eichthal,  présenté  par  MM,  Zadoo  Kauh  et 
LoKB  ; 

ACT.  tT  COKF*,  T.  L  7 


XC  •  ACTES  ET  CONFERENCES 

MM.  le  D''  David  Kaufmann,  professeur  à  Budapest,  présenté 
par  MM.  Zadoc  Kahn  et  Loeb  ; 
LÉvYLiER,  ancien  sous-préfet,  présenté  par  MM.  Emmanuel 

Weill  et  Loeb  ; 
le  Rev.  SÈCHES,  de  Ramsgate,  présenté  par  MM.  Zadoc 
Kahn  et  Loeb. 
Le  Conseil  ûxe  la  date   de  TAssemblée   générale   au    samedi 
11  décembre. 

M,  Halévy  fait   une  communication  sur   deux   noms   géojrra- 
phiques  du  Talmud  :  Phrougita  et  Démousit, 


SÉANCE  DU  25  NOVEMBRE  1886. 
Présidence  de  M.  Zadoc  ELahn,  président 

II  est  rendu  compte  de  la  situation  financière  qui  est  satis- 
faisante. 

M.  le  Président  informe  le  Conseil  que  la  conférence  de  T Assem- 
blée générale  sera  faite  par  M.  Albert  Cahen,  professeur  au  Collège 
Rollin,  et  aura  pour  sujet  :  La  prédication  juive  en  France, 

Le  Conseil  décide  que  Télection  du  Président  se  fera  en  même 
temps  que  celle  des  membres  du  Conseil,  au  début  de  la  séance. 

M.  Reinach  fait  une  observation  sur  l'abus  des  i&jctes  hébreux  et 
autres  publiés  in  extenso  et  sans  traduction  dans  la  Revue, 

M.  Israël  Lévi  fait  une  communication  sur  la  légende  de  Titus 
et  la  mouche. 

M.  Halévy  explique  un  verset  d'Ezéchiel. 

Les  secrétaires  :  Abraham  Cauen, 

Théodore  Reinach. 


OUYMGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUUES  JUIVES 


P«r  rAdministration  :  Jâhrethetieht  dis  jâd,^theûlôff,  SitHÎnars  *  FiaeHckeVscha' 
Siiftung  *.  Vomn  pcht:  Uebcf  die  Théologie  des  X^nophaues  von  pfof»  D' 
J,  FreudentbaU  —  Breslati,  imp.  Grass  liorth,  1H8(j.  in-R°  de  18*xî  p. 

Par  ic^  édUeurs  :  JstUNEic  (AtL),  Dfr  jûdisckc  Siamm  in  tiichtjûdiichtfi  Sprich- 
mêrtirn,  I  Série,  2"  édU.  —  Wien,  Bcrmann  cl  Altmajan,  1886,  in-8*  de 
42  pages. 

Par  Vnuleur  :  Jo^"A  (Salotoonc),  lirade  nttV  JJmamta,  scf^uilo  alla  TcriUi  Studi 
sul  (iiiifUisnjo.  —  Tnesle,  impr.  Morlerra,  tS85,  in-fi"  de  85  p.  Extrait  du 
Corriire  ht'aetili^o. 

Par  l*édileiLr  :  Karpeles  (Gustav),  OcscMchie  der  jUdi&cKen  Literatur,  !*■  Liefe- 
fung.  —  BcrUn,  Robert  Oppeubeim,  1886,  io-8'  de  64  p. 

Par  railleur  :  Lbvi  [G.  E,),  La  luce,  serinoDo  [Curfou,  mars  1886],iii-4«  de  18  p. 

Par  l'auteur  :  Loêvy  (Jacob).  ZiAri  KohtUt  venio  arabica  piûm  eompMuit  Ihn 
Gkijiât,  ^  Leyde,  Brill,  1884,  iii-8*  de  32  +  18  p. 

Par  MM.  Lattes  :  Mùcdlunea  Postuma  del  Dûlt.  Màhh.  Moiè  Latte*,  Faecicolo  IL 
—  MilûD,  impr.  Bcmardoni  dl  C  Rebcschini»  1885,  in-S*^  p.  494i9. 

Par  Fauteur  :  Molika  (Jacob),  Annuaire  iaatfUte  pour  l'an  nie  Sêi€,  —  Mar- 
seille. J.  MoUna,  [1885]. 

Par  M.  Ch.  Robert  :  Motair  (Al.),  là  Muge  hlhîiqnt  demnt  Sa  foi,  VBcriture  et 
la  uifnce,  —  Paris,  Berche  tt  Tralja,  188b,  in-8*>  de  345  p. 

Par  Vauleur  ;  Perles  (Josepb),  Trauerrede  an  der  Bahre  des.,.  Ahraham 
Mersbacher.  —  Munich,  iinpr,  Nathûii  Isaak,  1885,  in-S"  de  13  p. 

Par  l'auteur  :  Roij«igi:es  (Hippolytc).  Contes  parUieas  et  philotophiques.  —  Parie. 
Calmanu  Lévy,  1886,  in^^'  do  191  p. 

Par  Téditcur  ;  SgoCber  (Emil),  (reschirhte  dt*  jûdischtn  Volket  %m  ZeitaUer  Jêm 
Çkri&ti^  tweile  neu  bearbcitele  Autlage  des  Lcbrbucbs  der  ne  u  lesta  me  ut- 
lichen  ZeUgcïcbichte,  11^"  Thcil.  —  Leipzig,  J.-C.  Hinrichs»  188G,  in-8*  de 
Yt-884  p. 

Par  Tauteur  :  SiOtD  (Benjamiu),  Dat  Bach  Eioh  nebst  einem  neuen  Commcn- 
lar,  —  Baltimore,  H.  l'\  Siemcra,  1886,  8«  de  iïii-498  p.  (Eu  hébreu.) 

Par  Tauteur  :  IsRAELSonN  (L),  Stiituteliî   hen    Ckofni   (rium  secHonum  jjùsim^ 

rnm  lien  Geneiis  versio   araàicn  cum  eommentario,  ...  edîdîl  L  Israelsohn. 

Saint-Pétersbourg,  A.  ZmserUng,  1886,  fe*. 
Par  l'auléur  :  CnoTZifflR  (Rev.  D'?),  Zichronoth,  or  réminiscences  oï  a  student 

ofjewisb  ibeology,  wntlea  îa  hebrew  rbymed  prose.,,  —  Londres,  David 

Nuit,  1885,  tn-8"  de  xyi-84  p. 


XCll  ACTES  ET  GONFËRENCES 

Par  radministration  :  Jahreihtrickt  der  LanievahhintrtcMt  %•  Budapest  /«r 
1S85'1SS6,  Voran  geht  ;  Die  Etkik  i»  der  Ealaeka,  tod  Prof.  M.  Blogh.  ~ 
Budapest,  impr.  de  TAlheiuieum,  1S86,  iii-8*  de  96  +  37  p. 

Par  l'auteur  :  Kahn  (Zadoc),  Sermons  et  allocutions^  2*  série.  —  Paris,  A.  Dar- 
lacher,  1886,  m-8*  de  378  p. 

Par  Téditeur  :  KOicxg  (Eduard),  Beitrâ§9  tum  positiven  Aufbau  der  Religioms- 
geschiekte  Israels,  Erslens  :  Die  BUdlosigksit  des  leptiuten  Jnhtcekcultus,  — 
Leipzig,  DOrffling  et  Franke,  1886,  iD-8«  de  32  p. 

Par  l'auteur  :  Mort  ara  (Marco),  Indice  nl/ahetico  dei  raiHni  e  scrittori  israeliti 
di  cote  giudaicke  in  Italia,  ~  Padoue,  impr.  F.  Sacchetto,  1886,  in-4*  de 
73  pages. 

Par  M.  Perreau  :  Dalle  Bihlioteske  Italiane  pel  dott.  A.  Berliner  Tersiooe  dal 
tedesco  di  Pietro  Pbrrbau.  —  Rome,  1874,  in-4«  de  43  p. 

Arehivio  ftorico  ticiliano.  Storia  degli  Bérei  in  Sicilia  pel  Dottor  L.  Zunz 

tradotta  dal  tedesco  da  Pietro  Pbrabau.  —  Palerme,  1879,  iii-4*  de  47  p. 

Pbrrbau  (Pietro),  Intorno  al  comento  ebreo-rahhinico  del  R.  Imuutnuel  ben 

Salonton  sopra  la  Cantica,  —  Rome,  1878.  iii-4«  de  40  p. 

Perreau  (Pietro),  BslasioM  intorno  al  libro  di  Daniele,  —  Gorfou,  1879. 

10  pages. 

—  —  Perreau  (Pietro),  Intorno  alV opéra  Cho90th  ha^Letavotk,  —  Padoue. 
1879,  6  p. 

Par  réditeur  :  Zimuelb  (IV  B.),  Léo  Hebraems,  ein  jêdiscker  Pkilosopk  der  Be- 
naissance.  —  Breslau,  Wilhelm  Koebner,  1RS6.  iq-8»  de  120  p. 

(il  suipre.) 


Le  gérant, 

Israël  Lévi. 


VERSAILLES,  IMPRIMERIE  CERF  ET   P(LS,  ROE  DUPLESSIS,  59. 


REVUE 


DBS 


ÉTUDES    JUIVES 


VERSAILLES 

CKRK     BT    FILS,    IMPRIMBURS 
50,  RUE    DaPI.B8818,   59 


REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 


PUBLICATION  TRIMESTRIELLE 
DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


TOME  QUATORZIÈME 


PARIS 

A   LA  LIBRAIRIE   A.    DURLACHER 

SS"",  RUK    LAFAYETTB* 
1887 


RECHERCHES  BIBLIQUES 


IX 


CAINITES  ET  SETIIITES. 


Notre  dernière  recherche  ayant  été  consacrée  aux  récits  de 

îenèse,  ix,  18-xi,  9,  qui  se  rapportent  aux  événements  subsé- 

laents  au  déluge,  il  aurait  été  naturel  d'étudier  immédiatement  la 

description  du  déluge  et  la  vie  du  patriarche  qui  en  est  le  héros. 

préfère  cependant  remonter,  au  préalable,  à  Genèse»  iv*v,  qui 

iferme  deux  listes  de  patriarches  antérieurs  au  déluge.  Mes 

lecteurs  connaissent  déjà  la  raison  qui  me  fait  agir  de  la  sorte. 

voulu  entreprendre  des   études  détachées,  afin  de  mieux 

ipper  à  l'entraînement  d'un  système  prémédité  ;  je  tiens  fer- 

leut  à  cette  mesure  de  précaution,  et,  en  faisant  abstraction, 

lur  le  moment,  du  résultat  auquel  je  suis  parvenu  dans  l'étude 

cé<iente»  je  m'apijUquerai  à  envisager  les  deux  chapitres  pré- 

îles  de  la  Genèse,  d'abord  en  eux-mêmes,  ensuite  dans  leur  rela- 

i  avec  les  récits  qui  les  entourent,  double  opération  iuévitable 

ar  la  critirjue  du  texte.  Quand  la  forme  matérielle  des  récits  sera 

iquemeiit  llxéeje  procéderai  à  Texamea  de  leur  composition  ; 

investigations  sur  l'origine  et  l'âge  des  documents  seront 

tnrées  pour  la  fin.  Nous  avons  suivi  la  même  méthode  dans 

aoire  précédent,  nous  la  suivrons  ici  ;  toute  autre  risquerait 

;r  la  solidité  de  nos  concl usions. 

L  —  Teneur  des  chapitres  iv  et  v. 


i  deux  chapitres  s'occupent  de  la  postérité  d'Adam  et  d*Ève 
prés  leur  exil  du  paradis.  Le  chapitre  iv  raconte  les  faits  sui- 

'  •  Viîr  JSC^#*,  tome  XII,  [i.  3,  cl  lome  XIU,  p.  i  a  ICI, 

T.  XIV,  N*>  27.  t 


2  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

vants.  Aprf^s  cet  événement,  le  couple  patriarcal  procréa  deux 
fils,  dont  Taîné,  nommé  Caïn,  fut  cultivateur,  et  le  cadet,  nommé 
Abel,  berger  de  moutons.  Après  un  certain  temps,  les  deux  frères 
offrirent  chacun  un  sacrifice  à  laliwé.  Caïn  apporta  des  produits 
de  la  terre,  Abel  les  premiers-nés  et  les  plus  gras  de  ses  moutons, 
laliwé  ayant  fait  bonne  figure  à  Abel  et  à  son  offrande  et  négligé 
Caïn  et  son  offrande,  ce  dernier  se  fâcha  et  en  garda  rancune 
à  son  frère.  En  vain,  Dieu  lui  adressa-t-il  une  légère  admonesta- 
tion, Caïn,  poussé  par  la  jalousie,  tua  traîtreusement  son  frère 
Abel  au  milieu  des  champs,  et,  quand  Dieu  lui  demanda  où  était 
son  frère,  il  répondit  effrontément  :  <c  Je  ne  sais  pas,  suis-je  le 
gardien  de  mon  frère?  »  Convaincu  de  fratricide,  Caïn  fut  con- 
damné à  mener  une  vie  errante  dans  une  région  déserte,  mais  il 
eut  la  vie  sauve  et  reçut  la  promesse  que  sa  mort  serait  cruelle- 
ment vengée.  Caïn,  à  peine  installé  dans  le  désert,  construisit  une 
ville,  à  laquelle  il  donna  le  nom  de  son  fils  aîné,  Hénoch.  Celui-ci 
eut  pour  fils  Irad,  pour  petit-fils  Mehuïaël  et  pour  arrière  petit- 
fils  Metusaél,  personnages  dont  Fauteur  ne  donne  que  les  noms. 
La  légende  est  un  peu  plus  nourrie  au  sujet  du  fils  de  MetusaOl,  qui 
porte  le-nom  de  Lamech.  Celui-ci,  ayant  pris  deux  femmes,  Ada  et 
Silla,  eut  de  la  première  deux  fils,  Yabal,  initiateur  de  ceux  qui 
habitent  dans  les  tentes  et  exercent  Télève  des  bestiaux  ;  Yubal, 
initiateur  des  musiciens.  Sa  seconde  femme  lui  donna  un  fils, 
Tubal  (-Caïn),  qui  inventa  l'art  de  forger  le  cuivre  et  le  fer,  et 
une  fille  du  nom  de  Naama.  Le  récit  se  termine  par  une  courte 
allocution  que  Lamech  adressa  à  ses  femmes  et  dans  laquelle  il 
leur  raconta  qu  il  avait  tué  un  homme  et  un  enfant  qui  lui  avaient 
fait  quelques  blessures.  Il  ajouta  que  celui  qui  s'attaquerait  à  lui 
risquerait  de  subir  une  peine  infiniment  plus  grande  que  le  meur- 
trier éventuel  de  Caïn. 

Le  second  texte,  iv,  25-v,  1-32,  donne  la  lignée  des  Séthites.  Elle 
débute  par  une  introduction  sommaire  relatant  la  naissance  de  Seth 
après  la  mort  d'Abel,  ainsi  que  celle  de  son  fils  Énos,  au  temps 
duquel  on  a  commencé  à  invoquer  le  nom  de  lahwé  (iv,  25,  26). 
Le  reste  donne  la  généalogie  des  patriarches  depuis  Adam  jus- 
qu'au déluge,  en  marquant  leur  âge  à  la  naissance  du  premier  fils 
et  la  durée  de  leur  vie.  Cette  liste  porte  le  titre  de  Dnx  ninbin  nco, 
a  livre  de  la  généalogie  d'Adam  »,  et  est  précédée  d'une  introduction 
(v.  1  et  2)  qui  rappelle  le  récit  de  la  création  de  Thomme  (Genèse,  i, 
26-28).  En  général,  chaque  registre  patriarcal  se  termine  par  le 
mot  n»"^-!,  «  et  il  mourut  »  ;  une  exception  est  faite  pour  Hénoch 
qui  est  enlevé  vivant  par  Dieu  (v.  24).  La  liste  énumère  dix  pa- 
triarches :  Adam,  Sét,  Énos,  Caïnan,  Mahalalél,  Tared,  Hénoch, 


nixHEnaiKs  dibliques  3 

1,  Lainech,  Noé»  La  naissance  de  celui-ci  est  considt^R^e 
père  Lamecb  comme  aiinourant  une  ère  nouvelle,  oii 
l'ijomme  trouvera  plus  de  satisfaction  et  de  rémunération  dans 
lies  travaux  de  la  terre  (v.  20),  La  liste  s'arrête  à  la  naisj^ance  des 
|lroistil8de  Noe;  ce  patriarclie  était  alors  âgé  de  cinq  cents  ans 


IL  —  État  de  conservation  des  textes. 

Us  deux  textes  dont  nous  venons  d*esqu  isser  sommairement 
Me  sujet  renferment  certaines  expressions  qui  présentent  plus  ou 
jïDoinsde  difficultés  d'interprétation.  Nous  allons  les  passer  en 
Jf€Tue  ci-après»  afin  d'en  déterminer  !a  nature  et,  s'il  est  possible, 
|éf»  les  aplanir,  sans  troubler  violemment  l'économie  du  texte  tra^ 
ditionnel 


Premier  texte  (iv,  1-24)* 

Naissance  et  occvpalions  de  Coin  et  cCAhel  (v,  1  et  2J.   Le 

approchement  de  T'p  et  ^n-^jp  est  un  simfde  fait  d'assonnance 

[•^mblable  à  beaucoup  d'autres  explications  de  noms  propres. 

'L'emploi  de  dî«  pour  d7  a  pour  but  d'écarter  Tidée  de  Torigine  à 

la  fois  humaine  et  divine  propre  à  presque  tous  les  héros  de  Tan- 

ti'juiU?;  c'est  dans  la  même  intention  que  l'auteur  s'est  servi  de 

Trrrau  lieu  de  D*^rïbx.  Le  là.  «û  e-ûu  des  Septante  est  simplement 

)€  résultat  d'une  négligence  analogue  à  celle  qu  ou  observe  au 

j^er*et  4,  qui  a  également  eso;.  La  faute  manifeste  du  dernier  pas- 

[«•ç^moatre  bien  qu'il  serait  inexact  de  corriger  le  texte  hébreu 

U'ijtr^s  les  Septante.  —  Les  expressions  ^ï^ï:  nrh  et  n^D^K  inr  mar- 

|futflt  bien  la  différence  des  métiers  choisis  par  les  deux  frères, 

Sacriftce  de  Caïn  et  d'Abel{\.2-i),  L*expression  vague  yp73 
jB*r'(cf,  I  Rois,  xvii,  7)  indique  que  les  deux  sacrifices  n'ont  pas 

?  faits  en  même  temps,  et,  en  eûet,  les  naissances  dans  le  menu 

lU  précèdent  de  plusieurs  semaines,  au  moins,  la  moisson  des 
céréales*  L*auteur  ne  dit  pas  que  Toflrande  apportée  par  Caïn  ait 

f  ûes  s-»n?33,  bien  que  l'expression  p3bn?2i  i:st3:  mn::!?:  dont  îl 
Ittrt  au  verset  4  aurait  dû  lui  suggérer^  comme  contre-poids, 

\ie  n^nfitn  ^id  (bs)  ri-^CNn:^  (cf.  Deutéronome,  xxvi,  21»  10).  au 
H  3.  Faut-il  attribuer  la  radiation  de  r-^a«i  au  désir  que  pou- 
:  avoir  les  scribes  de  rendre  inférieur  le  sacrifice  de  Caïn  et 
IJDaUTer  ainsi  sonrejett  Ce  n'est  pas  absolument  nécessaire. 


4  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Au  contraire,  réflexion  faite,  on  ne  tarde  pas  à  voir  que  l'emploi 
du  terme  rr^tîN-i,  qui  aurait  impliqué  l'idée  de  bonne  qualité,  était 
tout  à  fait  déplacé  au  sujet  des  fruits  de  la  terre  maudite,  qui 
étaient  maigres  et  chétifs  (m,  1*7-18).  Le  rejet  du  sacrifice  de 
Caïn,  qui  a  donné  tant  de  tablature  aux.  exégètes,  a  aussi  sa  raison 
d'être  dans  cet  état  de  choses.  Elle  est  des  plus  simples  :  la  terre 
ayant  été  maudite,  les  fruits  de  la  terre  n'ont  pas  pu  être  agréés 
par  lahwé.  La  locution  parallèle  inn3?3  bNi  bnîi  b»  et  bNi  l-^p  b» 
inn372  donne  à  penser  qu'il  s'agit  d'une  théophanie  :  Caïn  se  sentit 
blessé  de  ce  que  lahwé  avait  assisté  au  sacrifice  de  son  frère, 
tandis  qu'il  s'était  absenté  du  sien  ;  de  là  sa  haine  contre  ce 
dernier. 

Avertissement  divin  et  crime  de  Caïn  (v.  6,  7  et  9).  La ,  ques- 
tion :  «  Pourquoi  es-tu  fâché  et  pourquoi  baisses-tu  les  yeux  *  ?  » 
ne  veut  pas  seulement  rappeler  à  Caïn  les  inconvénients  de  la 
mauvaise  humeur  et  les  suites  fâcheuses  qu'elle  peut  avoir  (Tuch, 
Kuenen  et  d'autres),  mais,  conformément  au  verset  9  et  m,  9, 
Dieu  fait  comprendre  à  Caïn  qu'il  connaît  la  trahison  que  celui-ci 
ourdit  contre  son  frère  innocent.  Caïn  ne  devait  pas  voir,  dans  le 
refus  de  Dieu  d'accepter  un  sacrifice  tiré  d'un  objet  maudit,  une 
injure  personnelle  et  en  vouloir  à  son  frère,  qui  n'en  pouvait  rien. 
Comme  Caïn  garda  le  silence,  la  parole  divine  continua  plus  expli- 
cite :  N'est-ce  pas?  Si  tu  veux  faire  du  bien  (à  quelqu'un),  tu  lèves 
les  yeux  bien  haut  ;  mais  si  tu  ne  veux  pas  faire  du  bien,  alors  la 
victime  attend  à  la  porte  que  tu  viennes  exercer  ton  pouvoir  sur 
elle  pendant  qu'elle  te  prodigue  ses  démonstrations  d'amitié  ^. 
L'admonestation  insiste  notamment  sur  la  vilenie  de  l'action  cri- 
minelle méditée  par  Caïn,  qui  consiste  à  trahir  un  frère  qui  a  pour 
lui  les  sentiments  les  plus  affectueux.  C'est  le  vrai  sens  de  ce 
passage  difficile.  La  signification  de  «  victime  »  que  j'attribue  à 
nNÇjn  résulte  du  participe  y^h.  «  est  couché  »,  qui  se  dit  des  ani- 
maux, surtout  du  menu  bétail.  L'animal  sous-entendu  est,  sans 
doute,  T^^^b  <t  bouc  »  ;  de  là,  le  genre  masculin  assigné  exception- 
nellement à  ns^an.  Les  suffixes  de  nnpion  et  i3  se  rapportent  natu- 
rellement à  Abel,  et  non  à  son  symbole  n^an  (T^^^tî).  Le  mot  nnob 
caractérise  bien  l'animal  sacrifié,  qui,  suivant  les  rites,  est  placé  à 
la  porte  du  sanctuaire  ;  mais  le  participe  V^i")  a  été  choisi  de  pré- 
férence à  nn^yy  afin  de  mieux  peindre  la  confiance  de  la  victime 
trahie. 


*  Mot-à-mot  :  t  ta  face  ». 

•  Mot-à-mot  :  «  si  tu  fais  du  bien,  (il  y  a)  élévatioa  (de  la  face),  et  si  tu  ne  fais  pas 
du  bien,  la  victime  gît  à  la  porto  et  a  toi  est  son  désir,  et  toi,  tu  domines  sur  elle  ». 


BECHERCHES  BIBLIQUES 

Au  verset  9, il  manque  le  coraplément  direct  (ie-)TûN''n;  on  ignore 
ce  que  Gain  dit  à  AbeL  Les  Septante^  le  t*^xte  samaritain  et  ]e 
Targam  de  Jérusalem  ajoutent  mcrt  risbs.  «  allons  aux  champs  *>. 
Au  point  de  vue  de  la  langue,  je  préf<^rerais  nf^T^  nfijss,  car  ^Vïi 
mïîn  ne  s'emploie  que  suivi  d'un  autre  verbe  (Genèse,  xxvii»  5; 
Buth,  11,  2)  '.  En  tout  cas,  rauthenticité  de  mtûïi  +  verbe  est  ga- 
rantie par  le  membre  de  phrase  qui  suit  immédiatement  :  -«m 
rr^i^n  EPrnn,  Pour  cette  raison,  on  doif.  renoncer  définitivement  à 
la  correction  de  ni2H^i  en  ■îtstD'^i,  «  Caïn  g:Qetta  son  frère  Abel  »• 
Si  ce  verbe  y  était,  on  s'attendrait  à  annb  £r.Tn3  '^rr'i,  k  et  quand 
ils  étaient  seuls  >k 

PimUion  de  Caïn  (v.  9-15).  Les  versets  9  et  10  sont  clairs.  Au 
-verset  11, 1t3  indique  le  lieu  :  «  sur  la  terre  i>,  de  môme  que  le  \p 
de  m,  15,  indique  le  rang  ou  le  milieu.  Caïn,  lâche  comme  tous  les 
assassins,  trouve  que  son  bannissement  sur  une  terre  inculte  est 
un  châtiment  {\ny  comme  I  Samuel,  xxviii,  10;  Lamentations, 
IV,  6)  trop  insupportable.  Ce  qui  l*effraie,  c'est  que,  ayant  perdu 
la  protection  divine  (inoî*  *|'':d^i),  il  peut  ôtre  tué  par  le  premier 
venu,  soit  par  un  autre  homme  de  la  postérité  d'Adam,  soit  par 
une  béte  féroce  habitant  le  désert  (cf.  I  Rois,  xiti,  24),  L*allusion 
aux  bétes  est  indiquée  par  ■'Stçb^Vs  ;  celle  qui  est  relative  aux 
hommes  réside  dans  nnïi'i,  car  le  verbe  5-in  n'a  jamais  un  animal 
pour  sujet. 

CaiH  au  désert  et  sa  postérité  (v*  1C-24V  Installé  sur  la  terre 
des  nomades  {iii  y^it*),  Caïn  devint  père  dllénoch  et  se  mit  à 
construire  une  ville,  alin  d'assurer  un  refuse  à  ses  enfants.  Le 
sujet  de  ''fr'i  est  Caïn,  et  cela  se  comprend  facilement  :  l'établis- 
sement d'un  domicile  est  toujours  l'affaire  du  père  de  famille.  La 
leçon  r.^'PjTzi  brri*  tç-»  est  visiblement  corrompue;  le  grec  èvaier^vïXc 
©xTiv(>Tp<)çwv  est  un  expédient  ;  r^s'p7p  rrspi  (Kuenen)  ne  convient  pas 
à  cause  de  son  sens  ordinaire  de  a  acquéreur  de  bétail  i»*  Je  pro- 
pose de  lire  n:p73  -^hriH  nv^  ;  les  parcs  de  bestiaux  chez  les  habi- 
tants du  désert  sont  mentionnés  dans  II  Chroniques,  xiv,  14.  Le 
verset  22  ne  réclame  que  radjonction  de  *i2».  Le  mot  vu'b  est 
probablement  une  ancienne  variante  de  cnrr,  qui,  mise  d'abord 
sur  la  marge,  a  fini  par  entrer  dans  le  texte.  Les  Septante  ne  pa- 
raissent pas  avoir  la  le  mot  bD  dans  leur  manuscrit;  de  là,  leur 
ffsypoxdîTûç,  yfl^tEuc^^ïinn  ^Ç3"b.  L'élément  '[■'p  dans  -j-^p  bDin  semble 
avoir  été  ajouté  dans  le  but  de  distinguer  ce  Tubaldu  Tubal  Ja- 
phétite  (Genèse,  x,  2). 

'  Si  je  ne  me  trompe,  cette  obiervaUon  i  déjà  étd  fuil^^  par  M*  P.  tic  Lu|.'ardc. 


6  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Deuxième  texte  (iv,  25-v,  32). 

Introduction.  Naissance  de  Seth  et  d'Énos  (iv,  25,  26).  Au  ver- 
set 25,  les  Septante  ont  omis  à  tort  le  mot  m^^,  qui  est  indispen- 
sa})liB  pour  indiquer  la  production  de  la  nouvelle  branche,  et 
ajoute,  également  à  tort,  le  verbe  nnni,  qui  est  une  copie  oiseuse 
de  IV,  1.  Sur  D-^^b»,  voyez  plus  loin.  L'expression  «nïi  Di,  qui  a  été 
conservée  dans  la  version  grecque,  marque  bien  Tiraportance  du 
nouv^au  membre  de  famille.  Cette  importance  consiste,  d'après  le 
texte  massorétique,  dans  l'inauguration  du  culte  de  lahwé  à  cette 
époque.  Le  fond  est  certainement  authentique,  mais  renonciation 
en  est  trop  vague,  pour  être  primitive  ;  il  faut  donc  lire,  en  partie 
avec  les  Septante  *  :  mtT^  dï53  «hj??  bnïi  m,  «  celui-ci  commença  à 
invoquer  le  nom  de  lahwé  ».  La  leçon  massorétique  est  due,  sans 
doute,  à  une  école  d'aggadistes  dont  l'hostilité  systématique  aux 
patriarches  antédiluviens  se  fait  jour  dans  plusieurs  écrits  midras- 
cbiques,  hostilité  qui  va  jusqu'à  considérer  l'époque  d'Énos  comme 
souillée  par  la  naissance  du  paganisme. 

Généalogie  des  Séthiies  (v,  1-32).  Le  texte,  consistant  en  répé- 
titions d'une  même  formule,  n'offre  pas  de  difficulté.  La  forme 
piasculine  «np'^i  (v.  3),  pour  Nipm  (iv,  25),  était  inévitable  à  cause 
du  contexte  et  ne  constitue  pas  une  contradiction.  La  phrase 
û'îSibjsrj  n«  ^nan  ^brirr^i  du  verset  22  est  copiée  du  verset  24  et 
jnise  à  la  place  du  ^n^^  réglementaire  (Dillmann).  On  y  reconnaît  la 
main  d'un  scribe  hostile  qui  voyait  dans  ce  patriarche  un  homme 
que  Dieu  a  fait  mourir  avant  qu'il  pût  tourner  au  mal.  Dans  cet 
ordre  d'idées,  Ilénoch  n'a  marché  avec  Dieu  qu'après  la  nais- 
l^apce  de  Mathusalem  et  n'eut  pas  une  jeunesse  vertueuse.  —  Dans 
l'exclamation  prophétique  i37anr  nT  (v.  29),  il  n'y  a  pas  une  expli- 
cation de  p3,  mais  une  simple  assonnance  (Dillmann).  La  correc- 
tion des  Septante  lan'^r  (outo?  ôiavaicaùjEi  viiiâç),  «  celui-ci  nous  procu- 
rera du  repos  »,  est  au  fond  inexacte,  puisque  rien  dans  le  récit 
ultérieur  concernant  ce  patriarche  ne  montre  la  réalisation  d'une 
telle  prévision.  En  réalité,  Noé  a  apporté  au  genre  humain  une 
consolation  suprême  en  inaugurant  la  première  réconciliation 
entre  Dieu  et  lui  (vin,  21  et  suiv.).  Le  travail  de  la  terre  sera 
toujours  pénible,  mais,  la  terre  cessant  d'être  maudite,  les  culti- 
vateurs en  retireront  un  produit  rémunérateur,  qui  les  consolera 
de  leur  peine».  La  prévision  de  l'amélioration  morale  de  l'homme 

'  Sur  la  leçon  des  Septante,  voyez  plus  loin,  p.  21  note. 

*  M.  Dillmann  rejette,  avec  raison,  l'opinion  émise  par  quelques  savants  que  les 


nECHEnCHES  DIBLIQUKS 

(Dillmann)dtaitpr^raatur<^e  à  cftio  »^potiiie,  puisque  la  corruption 
n'a  été  propagée  pariui  Ips  St^tliites  que  longtemps  après  la  nais- 
sance de  Noé  (Genèse»  vi,  1-3). 


ni,  —  Composition  des  textes. 


La  critique  moderne  est  d'accord  pour  considc^rer  nos  deux  textes 

comme  émanant  d^auteurs  difTè^rents.  La  liste  caïnite  est  assignée 

là  l'écrivain  iahwéiste,  ou  C,  et  la  liste  séthite  au  second  élohiste, 

lou  ^.  Outre  cela,  on  signale  des  éléments  disparates  dans  chacun 

[des  récits,  éléments  qui  en  détruisent  notablement  Funité  et  en 

altèrent  la  forme  primitive.  Nos  lecteurs  ne  seront  peut-ôtre  pas 

fâchés  de  se  faire  une  idée  du  bien  fondé  de  ces  conclusions. 

Envisageons  d'abord  les  relations  de  la  pièce  iv,  11-24,  avec 
I  celle  de  25-26.  Ces  pièces  ne  peuvent  pas,  nous  dit-oi^,  venir  d'un 
seul  auteur  par  les  raisons  suivantes  : 

!•  La  généalogie  des  Caïnites  se  compose  presque  des  mêmes 
rnoms  propres  que  celle  des  Sotliites  ;  comment  admettre  que  Is 
même  écrivain,  sans  être  lié  par  son  modèle,  se  soit  ainî^i  répété  et 
[ait  dédoublé  une  liste  unique  qu'il  avait  à  sa  disposition  ? 

2°  Le  récit  relatif  à  Tinvention  des  arts  et  métiers,  dans  11-24, 

[n'a  de  sens  raisonnable  que  dans  la  supposition  de  la  continuité 

lininterrompue  du  genre  buraain,  et,  par  conséquent,  de  Tabsence 

[il*un  déluge  universel,  tandis  que  les  versets  25  et  2G  servent  déci- 

Jément  de  transition  à  rhistoire  de  Noé  et  du  déluge. 

3**  D'autre  part,  on  signale  une  grave  contradiction  entre  2-16, 
où  Caïn  est  nomade,  et  17-24,  où  il  est  regardé  comme  construc- 
jtcur  de  ville.  Un  auteur  unique  ne  se  serait  pas  contredit  de  la 
irte;  il  aurait,  au  contraire,  s'il  eût  été  en  présence  de  dilTérences 
l'dans  la  tradition  orale,  cberché  à  les  atténuer  dans  son  récit, 

Malbeureuseraent,  en  admettant  la  diversité  des  auteurs,  les 
diÙlcuUés  sont  seulement  déplacées,  mais  ne  sont  nullement  apla- 
jïiies,  car  les  contradiction^  restent  à  la  charge  du  dcfrnier  rédac- 
teur, ce  qui  est  la  même  chose  ou  à  peu  près.  Passe  encore  si 
celui-ci  s'était  toujours  borné  à  mettre  côte  à  côte  les  passages  de 
.  ses  auteurs  d*une  manière  impersonnelle,  mais  les  critiques  lui 


moU  i;7:in5'^  nt  fcmknt  alltiBioii  q  la  producUon  du  vin  par  Noë  fGenèse.ix,  20-21), 
H  ajoule  spintuellemeot  :  ■  Vom  Wdn  als  lieruhij^UDfrîiiniUél  ^egcn  den  fôttUchea 
FJuch  zti  weis&agijn  odcr  wcis&ajïeu  lu  iasts^^D^  iï^t  àiich  nicht  Sache  àùt  bibl. 
BchiitUieUer  ;  wer  davou  weis&agl,  stebi  MkLn  2,  il  ifeschrieben  (Z^iff  Genftis, 
)5-  éd.,  p.  MC).  * 


8  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

attribuent  une  ingérence  extraordinaire  dans  la  transformation 
des  documents  primitifs  ;  comment  donc  aurait-il  laissé  subsister 
de  telles  contradictions  dans  sa  compilation  ? 

Autre  embarras  :  personne  n'a  encore  réussi,  jusqu'à  présent,  à 
déterminer  le  nombre  exact  des  auteurs  du  chapitre  iv.  MM.  Well- 
hausen  et  Kuenen  voient  dans  les  versets  1,  2&  joints  immédia- 
tement à  16  &-24  *  l'œuvre  de  C  (chez  eux  V)  ;  plus  tard,  un  auteur 
anonyme  aurait  interpolé  2  a  et  3-16  a,  et,  enfin,  un  troisième 
auteur,  /*,  aurait  ajouté  de  son  chef  25, 26,  afin  de  rattacher  le 
tout  au  récit  iahwéiste  du  déluge.  M.  Budde  assigne  25,  26  à  /*, 
et  2  a,  3-16  a  à  P,  Somme  toute  :  trois  auteurs,  un  rédacteur  et  un 
nombre  indéterminé  d'obscurs  remanieurs  pour  un  texte  de  vingt- 
six  lignes  1 

On  peut  toujours  faire  trois  ou  quatre  petits  rideaux  d'un 
grand  rideau  qu'on  déchire.  Ce  qui  est  impossible,  c'est  d'en 
changer  Tétofie.  Cette  impuissance  domine  aussi  la  thèse  de  la 
critique  dissolvante.  Les  lambeaux  détachés  du  chapitre  iv  se 
ressemblent  les  uns  aux  autres  comme  deux  gouttes  d'eau.  Les 
savants  précités  le  sentent  eux-mêmes  et  se  voient  obligés  de 
conserver  l'étiquette  fondamentale  /,  qu'ils  varient,  en  l'affu- 
blant de  numéros  d'ordre  microscopiques  1,  2,  3;  mais,  en 
agissant  ainsi,  ils,  se  contentent  d'une  illusion  optique  qui  n'ex- 
plique rien.  M.  Dillmann,  qui  fait  cette  remarque,  ajoute  deux 
autres  arguments  dont  la  justesse  saute  aux  yeux.  Il  est  impos- 
sible que  l'auteur  des  chapitres  ii  et  suivants,  ou  /,  qui  se  préoc- 
cupe spécialement  de  problèmes  moraux,  ait  changé  subitement  son 
plan  aux  versets  1*7-24  pour  n'y  signaler  que  des  faits  relatifs  au 
progrès  de  la  civilisation  matérielle.  Mais  voici  qui  est  absolument 
décisif  :  la  pièce  1-16  porte  plus  de  marques  de  son  homogénéité 
avec  C  (=  /)  que  celle  de  17-24.  En  dehors  de  7  &,  qui  est  tiré  de 
III,  16,  et  la  mention  d'Éden  au  verset  16,  il  y  a  ici  l'identité  du 
but,  savoir  la  constatation  de  la  croissance  du  péché,  ainsi  que  la 
môme  finesse  du  dessin  psychologique  que  celle  du  chapitre  ii-iii. 
Il  y  a  aussi  les  mômes  expressions  et  tours  de  phrase,  par 
exemple  :  ti-^oin  ,ib  rrnn  .no  rtiro  ,rmi^  ,nniD  .isna  .-^nbab  ,nrN  mn», 
et  les  questions  faites  par  Dieu  ;  tout  cela  ne  saurait  être  pris 
pour  une  imitation  intentionnelle,  mais  pour  les  traits  caractéris- 
tiques du  style  de  C. 

»  Ainsi  :  ma  ynN3  3i25'>-i*i'^p  TN  V?m  nrrm  ip^n  mn  n»  :^*t>  dn^m 

<  Adam  connut  sa  femme  Eve,  qui  devint  enceinte  et  enfanta  Ceïn,  et  celui-ci  habita 
dans  la  terre  de  Nôd  >  :  Trois  sujets  différoats  dans  le  même  verset  sont  peu  pro- 
bables ;  puis,  le  nom  de  *n3  n'a  aucune  raison  d*Ôtre  sans  le  'rai  ^3  des  versets  12 
et  14. 


BECÏlERCHES  BIBLIQUES 

Pour  sortir  de  ces  graves  embarras,  M.  Dillraann  avait  jadis  pro- 
posé le  moyen  suivant.  La  pièce  relative  à  Gain  serait  l'œuvre  pro- 
pre de  t\  tandis  que  la  génf'^alojxie  caïoite,  appartenant  à  un  autre 
écrivain,  par  exemple,  à  B,  niais  déjà  connue  de  C,  comme  le  mon- 
tre V,  15 «,  y  aurait  été  introiJuile  plus  tard.  Par  qui  ?  C'est  difficile 
à  dire.  Dans  la  quatrième  édition,  M.  Dillraann  y  voyait  la  main 
du  Rédacteur  ou  /?,  lequel  aurait  aussi  poussé  en  avant  le  récit  de 
Caïn,  et  pratiqué,  de  plus,  quelques  interpolations  au  verset  25. 
Bans  la  cinquième  édition,  M.  Dillmann  penche  plutôt  vers  Topi- 
lùon  de  M.  Budde,  qui,  insistant  avec  raison  sur  ce  que  les  versets 
i7-24  accusent  également  des  traits  de  parenté  indéniables  avec  les 
J»iè€es  de  C  (comme  nb'*  ,ï«-sn  ô5  ,rnK  ûwi  ;  v,  19  avec  x,  25),  estime 
'ftue  6*  avait  déjà  accepté  de  son  niodtMe  la  généalogie  des  Caïnites, 
nioins  dans  le  ^but  de  décrire  les  progrès  obtenus  dans  la  civili- 
^^^tion,  lestjoels  sont  choses  secondaires  pour  lui,  que  pour  carac- 
^ft«^risër  le  développement  du  péché,  et  cela  sans  se  soucier  des 
^difficultés  ressortant  du  verset  17,  On  le  voit,  le  résultat  est  bien 

r  aigre. 
Si,  à  propos  de  1-24,  la  critique  piétine  sur  place,  son  désarroi 
^'achève  par  les  versets  25  et  26.  D'abord  on  y  avait  soupçonné 
X.me  interpolation  de  R,  destinée  à  servir  de  transition  de  la  généa- 
logie caïnite  à  celle  des  Séthites  du  chapitre  v;  mais,  en  consi- 
^kdérant  que  ce  but  ne  motiverait  pas  26  &,  que  C  s'intéresse  aussi 
^^àla  marche  du  culte  de  lahwé,  enfin  que  C,  qui  raconte  plus  loin 
rhistoire  de  Noé,  doit  déjà  avoir  lui-môme  ménaj^é  une  transition 
au  moyen  de  la  lignée  séthite  fllnpfeld,  Weliliausen)^  on  recon- 
naît que  ces  versets  sont  le  reste  de  la  généalogie  séthite  de  Ç, 
dont  les  autres  membres  auraient  été  omis  par  le  Rédacteur,  à 
cause  du  chapitre  v.  Outre  cela,  on  pourrait  supposer  tout  de 
même  que  les  versets  25  et  26  étaient  x*rimitivement  placés  chez 

IC  avant  le  verset  1  ;  en  ce  cas,  Caïn  et  Abel  ne  seraient  pas  les 
premiers  fils  d*Adam,  mais  seraient  nés  quelque  temps  après. 
Cette  ordonnance  aurait  été  déplacée  par  i?,  par  égard  aux  versets 
J7-24,  en  même  temps  qu'il  interpolait  le  mot  m:?  et  le  membre  de 
W 


•ase  ^"^p  ^T^<r%  -^s  nn&t,  dans  le  verset  25.  M.  Dillmann,  à  qui  nous 


pruntuns  cette  exposition,  fait  remarquer  que  les  difficultés 
pourraient  être  plus  facilement  écartées  sur  la  base  de  cette  hypo- 
thèse, mais  que»  si  Ton  admet  que  les  versets  17-24  étaient  dt'gà  ac- 
ceptés par  C,  les  inconvénients  précités  demanderaient  à  être  levés 
d'une  autre  manière.  L<^  même  savant  termine  son  exposition  par 
ces  mots  significatifs  :  •<  La  théorie  de  critique  littéraire,  capable 
!  de  résoudre  toutes  les  difficultés  de  ce  chapitre  d'une  façon  égale- 
ment satisfaisante,  n'a  pas  encore  été  trouvée  jusqu'à  présent  ». 


10  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Enfin,  la  généalogie  séthite  du  chapitre  v  ne  serait  pas  non  plus 
exempte  d'interpolations  et  de  remaniements  dus  au  Rédacteur. 
M.  Budde  revendique  le  verset  24  pour  son  /*,  tandis  que  M.  Dill- 
mann  insiste,  au  contraire,  sur  la  triple  répétition  de  û*»ïib«(rt)  et 
en  maintient  l'origine  élohiste.  Le  verset  25  est  généralement  con- 
sidéré comme  ayant  été  tiré  du  document  C  par  le  Rédacteur. 
Celui-ci  aurait  changé  en  môme  temps  ns  n«  nbn  en  "ja  nbvn 
Tù  173»  TN  vn'p'^')  ;  mais  la  nécessité  d'un  tel  remaniement  n'est 
pas  évidente,  car  il  aurait  suffi  de  commencer  le  verset  26  par 
(^ITablntiK-^i,  d'après  l'analogie  de  iv,  1.  Tout  ce  qu'il  est  permis  de 
dire,  c'est  que  l'auteur  de  la  généalogie  séthîte  se  rapporte  au 
récit  du  chapitre  m,  17,  mais  rien  ne  prouve  que  le  verset  en 
question  doive  son  origine  à  un  autre  document. 


IV.  —  L'hypothèse  unitaire. 

Quand  une  hypothèse  scientifique  est  impuissante  à  expliquer 
la  cause  des  phénomènes  qui  tombent  sous  l'observation,  il  est 
légitime,  il  est  môme  urgent  d'en  proposer  une  autre.  Vouloir  la 
conserver  malgré  sa  nullité,  serait  faire  preuve  d'une  obstination 
aussi  improductive  que  rétrograde,  car,  en  fait  do  science,  cesser 
d'avancer,  c'est  reculer.  L'hypothèse  documentaire  ayant  échoué 
dans  la  solution  des  difficultés  de  nos  textes,  nous  allons  examiner 
si  l'hypothèse  contraire,  qui  maintient  Tunité  des  sources,  ne 
serait  pas  plus  heureuse.  Bien  entendu,  il  s'agit  ici  de  deux  hypo- 
thèses également  légitimes  dont  la  valeur  doit  ôtre  établie  par  des 
preuves  intrinsèques  et  littéraires.  Les  considérations  extérieures 
s'appuyant  sur  l'autorité  d'une  école  ou  sur  celle  d'une  longue  tra- 
dition n'ont  aucune  valeur  à  nos  yeux  et  seront  soigneusement 
exclues  du  débat. 

Avant  d'aller  plus  loin,  il  sera  opportun  de  jeter  un  coup  d'oeil 
sur  la  base  môme  du  système  dont  nous  venons  de  faire  ressortir 
l'impuissance  absolue.  D'après  l'école  critique  la  plus  récente, 
l'auteur  de  la  généalogie  caïnite,  B  ou  bien  /^  tout  en  enregis- 
trant Noé  soit  comme  fils  de  Lamech,  soit  comme  fils  de  Yabal 
(Budde),  aurait  suivi  une  tradition  qui  ignorait  l'épisode  du  déluge. 
En  cela,  Técrivain,  un  Israélite  du  Nord,  aurait  montré  sa  con- 
naissance du  cycle  légendaire  phénicien,  qui  se  tait  également 
sur  cet  épisode.  On  peut  dire,  sans  hésitation  aucune,  que  c'est  là 
une  supposition  toute  gratuite.  En  ce  qui  concerne  la  mytho- 
logie phénicienne,  il  est  vrai  que  les  maigres  extraits  fournis  par 


RECrîERCIIES  BIBLIQUES  Îl 

la  littérature  grecque  existante  ne  parlent  pas  an  dëltinje,  mais 
cela  ne  prouve  pas  grantrchose.  J*ai  d^jà  fait  remarquer  ailleurs^ 
que  la  tradition  diluvienne  que  Von  constate  en  Grèce  n'a  pu  y 
parvenir  que  par  rentremise  des  Ph<^niciens,  chez  lesquels  elle 
liât  exister  depuis  longtemps  *,  Il  y  a  plus,  suivant  le  témoignage 
explicite  de  Josèphe  (Antiquités,  chap,  m),  Hiérôme,  Mnazéas 
et  plusieurs  autres  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  antiquités  des 
Phéniciens  ont  tous  parlé  du  déluge  ;  cet  événement  faisait  donc 
partie  intégrante  des  cycles  mythiques  de  ce  peuple.  Ceci  étant» 
riiypothese  précitée  perd  toute  vraisemblance  et  s'écroule  d'elle- 
même.  Non  seulement  ïe  récit  du  déluge  est  commun  à  tous  les 
Sémites  du  Nord,  mais  Fauteur  de  la  généalogie  caïnite,  en  ar- 
rêtant sa  liste  à  Lamecli  et  ses  enfants,  qui  corresponLÎent  ma- 
nifestement à  Laraecli  et  les  noachides  contemporains  du  dé- 
luge, fait  bien  voir  que,  suivant  lui,  la  race  de  Caïn  était  perdue 
pour  rimmanité  et  ne  laissa  pas  de  descendants;  autrement  il 
n*eût  pas  manqué  d'en  faire  expressément  la  remarque  à  la  fin 
de  son  récit,  en  ajoutant  quelque  chose  comme  m:ai  O'^sn  iT^bi"-!. 
L'opinion  de  M.  Budde,  diaprés  laquelle  le  récit  de  la  multiplica- 
tion des  hommes  sur  la  terre  (vi,  1  et  suiv»)  se  rattacherait  immé- 
diatement à  Thistoire  du  caïnite  Lamech  (iv,  24),  est,  selon  moi, 
inadmissible  :  les  expressions  n^n^n  '>:d  by  et  dnb  ii;b^  m3D  de 
VI,  1,  sont  absolument  incompatibles  avec  ii3  'pN,  iv,  16,  et  avec 
la  mention  des  femmes  et  de  la  lille  de  Lamech  dans  iv,  H^et  22. 
D'autre  part,  il  est  également  impossible  de  considérer  Noé comme 
Ift  fils  de  Yabal  (Buddej  :  il  y  a  incompatibilité  de  métier  :  Yabal 
est  le  père  des  nomades  éleveurs  de  bestiaux,  Noé,  au  contraire, 
est  un  homme  attaché  au  sol,  un  agriculteur  sédentaire*.  Toutes 
ces  circonstances  concourent  donc  à  faire  exclure  aussi  bien  Tidée 
d'une  tradition  ignorant  !e  déluge  que  les  violents  remaniements 
du  texte  essayés  sur  cette  base.  Le  chapitre  iv  est  bien  à  sa  place 
oùîl  est;  il  s*âgit  seulement  de  le  comprendre  et  de  rechercher  si 
les  difficultés  signalées  par  la  critique  forcent  réellement  à  lui  assi- 
gner le  caractère  d'une  compilation  hétérogène  et  d'un  amalgame 
de  pièces  incohérentes.  Je  ne  crois  pas  qu'il  faille  en  arriver  à 
une  telle  extrémité. 

Commençons  notre  examen   par  la  difficulté  n<»  3.  Y  a-t-il  une 
Téritable  contradiction  entre  la  condamnation  de  Caïn  à  la  vie  no- 


A  Vojei  Mûam^u  d«  eriii^jue  et  d*Aiitairê,  p.  7t. 

*  Je  îésùtVQ  pour  le  prochain  anicle  la  preuve  que  \&  nom  dû  Noé  est  ip^ëptra- 
bWmetii  lié  4  là  lé^^eailû  du  clélu^e  ci  qu'il  u^n  pus  d  existence  bora  d'elle.  La 
démonstrotiou  de  ce  fail  detnunaorttiL  des  considératiuus  qui  De  peuvent  entrer 
dans  r^lude  présente. 


p 


12  REVITK  DES  KTTOES  KTIVES 

made  (l-lGi  et  la  considération  de  celui-ci  comme  un  constructei 
de  \ille  f  17-'24)  ?  On  peut  tvipondre  carrément  :  Non»  car,  en  fait, 
n>st  pas  de  peuple  nomade  qui  n'ait  pas,  pour  le  moins,  un  centi 
fixe  autour  duquel  il  gravite,  et  ou  se  tiennent  des  foires  péri 
diques  pour  faire  échanger  les  produits  de  la  contrée  contre  d'aoi 
très  produits  qu'on  y  importe,  L'Arabie,  particulièrement,  a  et 
de  tout  temps  un  pays  de  commt^rce  et  d'écliange,  et  toute  trita 
quelque  peu  notable  a  son  bourg  central  entouré  de  palissades  oi 
de  murailles  solides,  une  qaria  comme  rappellent  les  Araies- 
Les  grandes  tribus  ont  plusieurs  bourgs  échelonnés  le  long  d( 
wadis  ;  de  là,  un  nom  comme  celui  de  Wadi  el-qurâ,  »  vallée  do! 
bourgs  »,  au  nord  de  Médine.  La  ville  que  l'auteur  du  chapitre  if 
fait  construire  par  Caïa,  devenu  pfTe  de  famille,  était  la  sœurdel 
qiirâ  arabes  et  nous  n*y  voyons  rien  d'extraordinaire.  L'imagfi 
de  tribus  nomades  sans  établissement  central  ne  répond  pas  à 
la  réalité  des  choses  et  Taoteur  hébreu  n'a  pas  pu  y  songer  im 
seul  instant, 

La  difficulté  n^2  est,  quand  on  la  regarde  de  près,  plutôt  appa- 
rente que  réelle.  De  ce  que  les  Caïnites  ont  été  les  inventeurs  dé 
certains  arts,  il  ne  suit  nullement  qu'ils  en  aient  fait  un  secrfl 
ou  un  monopole.  lï  est  plus  naturel  de  penser  que  ces  înventloni 
se  répandirent  bientôt  parmi  les  Séthites  et  passèrent  ainsi  à  riiu* 
manité  postdiluvienne.  Remarquez,  au  surplus,  combien  les 
inventions  que  la  Genèse  assigne  aux  01s  du  Caïnite  Laraech  sont 
faciles  à  conserver,  une  fois  qu'on  en  a  l'idée.  La  garde  des  troû- 
peaux,  inventée  par  Yabal,  peut  se  continuer  par  le  premier  Teai 
sans  apprentissage  préalable.  La  fabrication  des  instruments  [iri* 
mitifs  de  la  musique  orientale,  attribuée  à  Yubal,  n'exige  pas  noi 
plus  une  habileté  extraordinaire  ;  enfin,  quant  à  Fart  de  travaiiiei 
le  fer  et  le  cuivre,  inventé  par  Tubal,  la  Genèse  le  suppose  florii 
sant  avant  le  déluge,  puisque  elle  admet  comme  une  chose  loutt 
naturelle  la  construction  d'une  arche  colossale  qui  a  réclamé 
mise  en  ceuwe,  non  seulement  de  divers  instruments  de  métal,  mai 
aussi  d*une  foule  d'objets  métalliques  forgés  et  indispensables  à  1 
consolidation  du  bâtiment.  Toutes  les  vraisemblances  se  joigaei 
donc  en  laveur  de  la  thèse  qui  ne  sépare  pas  le  récit  des  CaïoiÈ 
de  celui  du  déluge,  car,  au  cas  contraire,  Tautcur  du  dernier  vé 
n'eût  pas  pu  passer  sous  silence  l'invention  du  métier  de  forgerè 
sans  lequel  la  construction  de  TArche  eût  été  une  entreprise  irré 
lisable.  En  un  mot^  la  difficulté  que  nous  examinons  n'existe  pf 
prement  pas  dans  riiypothése  traditionnelle  qui  regarde  la  gêné 
logie  caïnite  comme  étroitement  liée  à  celle  des  Sétliites  pd 
former  Fhumanité  antédiluvienne 


RECHKBaiES  RIBLEOIFES 


13 


APfiYons  à  la  difficulté  n*»  1,  qui  est  vraiment  sérieuse.  Les  deux 
listes  donnent  des  noms  presque  identiques  ;  L'ela  est  incontes- 
*    tahle;  H  est  aussi  vrai  qu'un  auteur  ne  détlouble  pas,  de  propos 
ûéïihéTé,  une  liste  unique  sans  avoir  une  grave  raison  d*agir 
ainsi;  mais,  ce  qui  est  moins  urgent,  c'est  de  rejeter  sur  le  redac- 
lear  l'incohérence  dont  on  veut  décharger  l'auteur.  Comment  le 
Rédacteur  de  la  Genèse  a-t-il  pu  laisser  côte  à  ciHe  deux  listes  qui 
s'eicluent  Tune  Tautre,  sans  intervenir,  suivant  son  habitude, 
\Hm  faire  disparaître  la  contradiction,   soit  en  diversifiant  les 
nanisdes  deux  listes,  soit  en  supprimant  dans  la  liste  caïnite  les 
trois  noms  i^^y  ,bN-*intî  ,bNïîinï3,  sur  lesquels  Tauteur  n'apfmrte 
aucun  fait.  Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  invoquer  sérieusement 
l'éveil  de  scrupules  excessifs  dans  Tame  du  Rédacteur  en  cet  en- 
droit, car  Dieu  sait  de  combien  de  suppressions  sans  gêne  il  était 
'  1^,  suivant  les  critiques.  En  réalité,  l'état  de  choses  est  pré- 
'  ut  rinverse  de  ce  que  ces  savants  se  Timaginent.  L*identitë 
ou  à  peu  pr^s  des  deux  listes  reste  une  énigme  insoluble  quand  on 
îius  celles-ci  une  juxtaposition  extérieure  due  au  rédacteur 
'      a  tache  consiste  uniqueotent  à  façonner  le  style  et  â  lisser 
Iés  sutures  des  textes  afin  de  donner  à  la  compilation  un  air 
^naité*  Que  si,  au  contraire,  on  se  met  à  la  place  de  l'auteur,  le 
Hkdoablement  de  la  liste  primitive  est  parfaitement  comprélieu- 
iilile  dès  que  Ton  suppose  une  cause  l'obligeant  à  agir  de  la  sorte. 
Celle  cause  ne  peut  raisonnablement  être  cherchée  au  dehors, 
Mis  dans  la  méthode  même  de  rhistoriographie  hébraïque  des 
;  <^s.  Or,  que  voyons-nous?  Nous  voyons  que  les  narrations 
■  U  Genèse,  quelque  diverses  qu'elles  soient,  mettent  constani- 
^i'Wi  en  parallèle  les  lignées  secondaires  et  les  lignées  principales  : 
'    I  to-Chamites  et  Sémites  (x,  1-20  et  21-33  :  \\,  10.27),  Nacho- 
t'^'.^  et  .AJ}rahamideâ  {xxii,  20,  et  xxv),  tlls  d'Ésauet  lils  de  Jacob 
•tHivî  et  XLvi,  H-2'î),  Toutes  ces  lignées  secondaires,  perdues  pour 
k monothéisme,  sont  rapidement  passées  en  revue,  et  Fauteur  se 
contente  de  mentionner  leur  existence  dans  le  but  avéré  d'en  for- 
ûierlos  ombres  de  son  tableau.  Un  système  aussi  conséquent  pour 
hnitela  période  postérieure  au  déluge  pouvait-il  convenablement 
^en  défaut  pour  la  période  antérieure?  L'auteur  ne  l'a  pas  cru  : 
[i  préféré  l'équilibre  à  l'inégalité,  la  régularité  à  l'exception  ;  et 
i  soutiendra  qu'il  a  *?u  tort?  Une  seule  difficulté  l'embarrassait  ; 
légende  primitive  ne  connaissait  qu'une  seule  liste,  celle  de  la 
Llogie  séthite;  créer  de  nouveaux  noms  pour  la  liste  secon- 
était  impraticable,  force  lui  fut  donc  de  remplir  celle-ci  par 
I  mêmes  noms,  tantôt  laissés  intacts,  tantôt  légèrement  modifiés. 
S|  H  obtint  la  divergence  exigée,  en  intervertissant  partielle- 


14 


REVITE  DES  ETUDES  JUÎTES 


ment  Tordre  dYimmération  et  en  réduisant  la  liste  i  sept 
lions.  Dès  lors,  il  lui  a  été  possible  d'offrir  dans  riiuraauité  antéi 
luvtenne  les  types  parfaits  des  deux  divisions  de  riiumanitë  kifd 
rique  :  une  race  adonnée  à  tous  les  vices  et  privée  de  la  léril 
religieuse,  mais  habile  dans  les  arts  et  les  raffinements  de  la  il 
sociale,  à  cùbi  d*une  race  connaissant  la  vraie  religion,  possédai! 
plus  de  saints  rjue  d'artistes,  mais  inconstante  et  encline  à  r0 
tomber  dans  la  démoralisation  au  moment  de  la  tentation:  c'est, i 
ne  pas  s*y  tromper,  Timage  anticipée  du  dualisme  persistant  eatfl 
le  monde  païen  et  Israël, 

Ce  qui  précède  concerne  les  grandes  lignea  de  riilstorio^aphll 
de  la  Genèse.  Au  point  de  \ue  de  l'histoire  restreinte  des  No* 
chides,  le  dédoublement  de  la  liste  séthite  a  permis  à  Tauteur  M 
rétablir  une  harmonie  remarquaMe  dans  les  événements  qui  si 
sont  passés  avant  et  après  le  déluge*  Dans  les  deux  périodes,  Ift 
situations  diverses  ne  changent  pas  beaucoup  à  ragissemenl  di 
Dieu  et  des  hommes.  Comme  manifestation  de  la  justice  sapr^e 
la  malédiction  divine  qui  frappe  Gain  pour  avoir  tué  son  frèffl 
répond  d'avance  à  la  malédiction  qui  frappe  Chanaan  par  suit! 
d'une  atteint*?  portée  à  rhonneur  paternel.  L'atténuation  dans  M 
forme  n'enlève  rien  à  Fégalité  fondamentale  des  deux  actes,  car; 
suivant  la  législation  pentateutique,  Tinsulte  à  Tégard  despdreiît 
est  punie  de  mort  (Exode,  Xxi,  17).  Comme  manilestation  »le  !i 
longanimité  divine,  le  signe  (m»)  donné  à  Caïn  abattu  fiv,  Ih]  prt 
lude  au  signe  du  pacte  de  conservalion  accordé  au  faible  reît 
de  l'ancien  monde  (ix,  12-17)*  D'autre  part,  la  construction  à 
la  première  ville  antédiluvienne  par  un  homme  voué  à  la  vS 
nomade  a  son  contre-poids,  à  l*époque  postdiluvienne,  daos  U 
construction  de  Babel  par  des  tribus  qui  devaient  vivre  séparéei 
Chose  remarquable,  Tétat  social  se  modifie  aux  deux  pérîoiîfl 
dans  un  ordre  identique  :  agriculture  (iv,  2  =  x,  20)  *,  vie  nomad 
temporaire  {iv,  16  —  xi,  2)>  établissement  urbain  (iv,  17  =  xi,  4 
dispersion  définitive  (iv,  20  =xj,  8).  Une  telle  uniformité  dans! 
description  accuse  la  main  d*un  même  auteur.  Quand  on  ajout( 
enfin,  que  les  deux  époques  débutent  Tune  et  Tautre  par  des  rîtt 
sacrJficiaires  (iv,  34  ^  vin»  20),  cette  identité  d  esprit  et  de  Cdfll 
position  devient  aussi  complète  que  possible  ;  l'auteur  se  mB 
dans  un  cercle  d'idées  restreintes  ;  il  varie  un  thème  unique, 

^  J'aî  a  peine  besola  de  faire  remarquer  que,  mal^<§  Terreur  très  enfidaée  i 
certains  milieux,  le  Gcotise  considerti  l'agriculture  comme  le  seul  étal  digtitt 
rhomme  (ii,  16),  L'expression  îiinsn  CPT^na  •►H^l  (iTi  S)  fdt  Uta  Vûi 
famille  d'Âdom  hftbiLaii  n'usât  dans  un«  maisou, 


nmiERCHES  BIBLIQUES  15 

Itotîf  Tenons  d'établir  Tunik^  d*auteur  pour  les  deux  généalogies 
irajjéles  de  J^iiumanité  aiUédiluvîenQe.  Nous  aTons  aussi  fait 
mirevQir  que  la  priorité  appartient  à  la  liste  séthite.  Ce  point 
de  vue  a  d'autant  plus  besoin  d'être  démontré  qu  il  Ta  à  rencontre 
(le  ropinioa  générale  des  critiques  qui  relèguent  toutes  les  deux 
iotlépeadamment  à  un  modèle  commun.  Cependant,  le  manque  de 
k>[^i  '  e  chronologique  déterminant  les  naissances  des  per- 
soj:  ligui^ant  fait  déjà  voir  Timportance  très  secondaire 

^ne  Tauleur  leur  attribue  ;  mais  le  caractère  de  doublet  que  nous 
attribuons  à  la  liste  caïnite  ressortira  avec  évidence  par  Texamen 
lies  noms  qu*elle  contient.  Des  deux  noms  qui  ont  une  forme 
identique  sur  les  deux  listes,  *|::b»  par  suite  de  son  obscurité 
f^tymolo^îque»  ne  nous  apprend  raallieureusement  pas  grand'chose, 
mais  :;i:n,  dont  le  sens  de  «  initiation  >?  n'est  pas  douteux,  con- 
tient parfaitement  au  personnage  séthite  que  ses  relations  avec 
'^  ■  _*>s  ont  initié  à  tous  les  secrets  de  la  création,  tandis  que 
iionyme  caïaite  ne  se  distingue  par  aucune  action.  Parmi 
les  noms  partiellement  similaires»  i"'p,  «t  lance?  w,  est  visiblement 
nue  forme  tirée  par  abréviation  du  séthite  "{rp,  qui  figure  comme 
un  nom  divin  dans  une  inscription  sabéenne  *.  Une  transformation 
|>4jorative  se  manifeste  dans  '^yy,  «  onagre  (=11-^?)  »,  vis-à-vis 
<le  T%  «  descente  »  ou  «  rose  (=Tn  ?)  ».  Les  noms  bK"'in:D  et 
i«f!rî3  ont  un  air  forcé  en  face  des  sétliites  bêtV^n^,  «  louange  de 
Weu  »,  et  nbcin^a,  «  homme  d*arme  ou  du  champ  arrosé  (?)  *  1».  Du 
îB3li»,  Torigine  élohiste  de  ce  dernier  nom,  garantie  par  le  retour 
JelWment  nbc  dans  la  liste  des  patriarches  postdiluviens  (Ge- 
e,  IX,  12-15),  atteste  péremptoirement  le  caractère  primitif  des 
isélhites.  Enfin,  pour  ce  qui  est  des  noms  caïnites  qui  n'ont 
i  de  similaires  sur  la  liste  des  Sétliites,  eu  laissant  de  cîité  les 
lis  des  femmes  qui  figurent  dans  le  récit  de  Lamech  et  dont 
ne  reste  encore  à  trouver^,  ils  donnent  lieu  à  une  obser* 


IJrp  HSnrî^K  •  l«ur  dieu  Qaîti&n  • . 

[Li  diitttisiaa  de  ces  noms  est  réservée  à  un  «rticle  procbnts. 

Dt  k  miie  en  p»îr««t  mon  «itentmii  a  éié  otUrée  sur  la  ressembliiDco  Irfel 
■y»  qui  e&tfite  entre  les  in*i&  nome  des  femme»  ctluiiee  et  ceux  àm  fomniei 
iMtttioaoés  dans  Ucuèsc,  nxxri,  2-3.  Le  prcmior  nom,  TTlJt  ^t  eommun 
Tétftt  îetUfB  ',  tes  deux  sulres  ont  paraUèlement  un  scqb  analogue.  Bq  effet» 
?TJ3É,  ^ism  do  Î3t*  •  ombre,  ihti  »,est  un  synonyme  poétique  do  bfïk,  •  tente  *, 
pmÊi»  é\éÊBmk%  dt  TV^y^hf^H»  •  itula  de  U  ^ms  on  du  haut  lieu  ».  De  mfime 
h$^4  •  âooùô  •,  s<£ur  do  Tubal,  n'eit  (fu^une  varianie  de  PT^b^.  «  douce  »,  sœur 
llKefatyot.  Celte  concordance,  étant  difûeilemeut  Tisuvre  du  hasard,  confirme  Dotre 
piiM  vdsIiTê  tu  e*nctèro  faeUee,  secondaire  et  péjoratif  des  noms  caïnitoft.  D'autre 
■E^  tili  sltesltti  OMtfi  rtvii  dos  eritiqiiett  Tfttitiienitcîté  des  noms  fémlm&s  dniii 


le  ^■■■l  HEVUE  D£S  ETUDES  JUIVES 

vation  ries  plus  curieuses  :  tous  les  quatre  noms  de  cette  série 
bnn  ,bn.^  ^bnv  et  b^in,  se  terminent  par  les  deux  consonnes  Va;  1 
première  seule  varie.  Les  mots  fondamentaux  de  ce  groupe,  Cac. 
tices  et  intentionnels»  sont,  sans  contredit,  ban,  a  vapeur»  va^ 
nilé  »,  et  bnr,  (t  courant  d'eau  ».  La  première  dénominatio 
caractérise  bien  la  nature  t^pliénière  et  périssable  du  personnage* 
mais  à  quoi  peut  faire  allusion  la  dénomination  d'eau  courante, 
qui  ne  se  justiOe  pas  par  les  actes  attribués  à  bnn*»?  On  ne  peut 
s'em pocher  de  penser  aux  eaux  du  déluge  ou  bna^,  mot  qui  se 
termine  encore  parba^  ;  l'auteur  a  donc  indiqué  par  là  que  le* 
Caïnites  ont  tous  péri  dans  le  déluge,  et  cela  achève  de  confirmer 
ridée  sur  laquelle  nous  insistions  plus  haut,  à  savoir  que  cette 
généalogie  ne  peut  se  rattacher  à  une  cosmogonie  qui  eut  ignoré 
la  légende  de  ce  cataclysme. 

En  terminant,  qu'il  me  soit  permis  d'appeler  Tattention  sur 
deux  expressions  très  caractéristiques  de  nos  documents.  L'une 
est  le  mot  :?^iT^  qui,  appliqué  à  l'homme,  n'a  d^ans  la  Genèse  que  le 
sens  de  descendant,  liéritier  légitime,  apte  à  perpétuer  le  nom  du 
père,  à  rencontre  du  'J3^  qui  désigne  aussi  un  fils  d'esclave,  re- 
poussé ou  déshérité.  Ce  fait  est  important  pour  rintelligence  de 
IV,  25,  où,  même  en  supprimant  les  mots  pp  i>nn  ■♦d  nns<,  comme 
le  font  les  critiques,  l'allusion  à  la  mort  d*Abel  n'en  reste  pas 
moins  évidente  à  cause  de  remploi  de  mr  au  lieu  de  p.  Il  ear^'- 
sulte,  en  outre,  que  l'idée  de  perpétuer  la  race  d'Adam  par  le  meur- 
trier Caïn  ne  s'est  même  pas  présentée  à  Tesprit  de  Tauteur*  Ceci 
enlève  toute  base  à  l'opinion  qui  fait  de  Noé  le  tils  d'un  caïoite, 
que  ce  soit  Lamech  ou  YabaL  L'autre  remarque  concerne  l'emploi 
absolu  de  rjT  dans  v,  1,  29  et  iv,  26,  qui  est  parallèle  à  ri\  (n. 
23,  IX,  12)  et  à  nbN  (ii,  4,  vi,  9  passim),  et  qui  atteste  l'identité  de 
l'auteur  de  ces  passages.  J'ajoute  que  la  même  conclusion  ressort 
du  membre  de  phrase  dit*  D'^nbÊ*  «i3  nv^  (v,  1),  qui  coïncide  for- 
mellement avec  Dvz^'Di  yntt  G^nb»  nin'^  ô«n3  uvn  de  ii,  4^  qui* 
d'après  les  critiques,  serait  de  C.  La  ressemblance  du  style  s'op- 
pose tout  à  fait  à  la  variété  des  auteurs  admise  par  les  critiques. 

Le  résultat  de  ces  recherches  se  résume  en  peu  de  mots: 
rhypotlièse  qui  assigne  aux  textes  de  la  Genèse  iv-v,  32  un  seul 
et  môme  auteur,  non  seulement  résiste  facilement  aux  difficul- 
tés soulevées  par  la  critique»  mais  est  corroborée  par  des  raiaoi 


*  La  dernièrû  trace  de  celle  paronomasie  se  mauifesto  dans  le  récil  de  la 
lioD  de   la.  villes  de  BabyloDê,  où  le  ouroLtcur  joue  &ur  la  tertaiuaisou  bl   de>b: 
qu'il  iûLerprùio  par  bb^  {Genèse,  xi»  yj. 


RECHERCrîES  BÎBLÎQÎÎES  t7 

BoKiples  tirées  de  la  nature  intrinsèque  des  rc^cits,  pris  isolément 
oii  comparés  Vun  à  Tautre  et  aux  récits  avoîsinants*  La  généalogie 

KS^thites  a  été  dédoublée  en  une  généalogie  secondaire,  celle 
Çlîuites,  afin  d'obtenir,  dans  riiistoire  antédiluvienne,  le  type 
pnéalogies  secondaires  que  l'auteur  n'oublie  jamais  de  passer 
rapidement  en  revue  dans  riiistoire  postérieure*  C'est  un  procédé 
littéraire  qui  se  soustrait  à  notre  jugement  et  qu1l  nous  suffit  de 
Cûostater. 


C 


V,   —  La  OÉNÉALOGIE  SÉTHITE   DAÎ<S   ÉzÉCHIEL, 


Pour  déterminer  Tâge  des  chapitres  iv  et  v  delà  Crenèse,  on  n'a 
^n  jusqu'à  présent  que  la  mention  de  Noé  dans  Isaïe,  liv,  0,  et 
^Izéchiel,  XIV,  14,  20.  Cette  dernière  mention,  quoique  impliquant 
indubitablement  le  récit  du  déluge,  ne  fournit  pas  le  moindre  in- 
dice (îe  Texistence,  à  Tépoque  de  ce  prophète,  d'une  liste  offlcielle 
renfermant  les  autres  noms  des  patriarches  séthites,  tels  qu'on 
te  trouve  dans  le  chapitre  v  de  la  Genèse.  Il  y  a  plus,  le  texte 

Kilt  il  s*agjt  étant  généralement  attribué  au  second  Élohlste  ou  A, 
cote  «  gratienne  »»  qui  considère  cet  auteur  comme  postérieur 
Texil,  déclare  formellement  que  notre  texte  n'a  pas  pu  être 
nnud'Ezéchiel,  lequel  n  aurait  eu  connaissance  que  du  nom  de 
N*o^,  qui  se  trouvait  dans  les  listes  antérieures  de  B  et  de  C,  dont 
!<*  i^dacteur  des  chapitres  iv  et  v  n'aurait  admis  que  quelques 
eaux  informes.  En  face  de  pareilles  incertitudes^  j'ai  pensé 
^^Talait  la  peine  de  rechercher  si  quelques  noms  de  la  liste 
utroversée  ne  se  cachaient  pas  sous  une  forme  plus  ou  moin.^ 
[Chez  ce  prophéte-rabbin,  que  nous  avons  a^u,  à  plusieurs 
s,  faire  de  l'exploitation  du  i^entateuque  une  spécialité  par- 
lière  parmi  ses  contemporains.  Après  de  longuets  recherches, 
|ftuis  arrivé  à  ïa  conclusion  que  l'absence  apparente  des  noms 
kfuestion  dans  Ezéchiel  est  due  au  mauvais  état  de  conserva- 
Kians  lequel  son  livre  nous  est  parvenu,  et  qu'il  était  possible 
rétablir  les  leçons  primitives  en  usant  avec  circonspection» 
Uasans  faiblesse,  des  moyens  légitimes  de  la  critique  littéraire, 
iposé  ci-après  servira,  j'ose  Fespérer,  à  faire  naître  dans  rés- 
ides lecteurs  la  même  conviction  à  cet  égard. 
^tt  cbapitre  xiv,  12-23,  Ezéchiel  se  propose  de  justifier  aux 
:de  ae«  compagnons  d'exil  la  destruction  totale  des  habitants 
Kânisàlenii  à  rexception  de  quelques  jeunes  gens  laissés  vivants 
jlfoi  étalent  en  voie  de  rejoindre  les  autres  captifs.  Dans  sa  ha- 
T.  XIV,  m"  27.  S 


tir  REVlîE  DES  ETUDES  lUÎVES 

rangue,  qui  a  la  forme  d*un  oracle,  il  soutient,  prerai*^rensi 
les  JL^rusaléraitains  avaient  mérité  leur  sort;  secoudement,  ([uVj 
général,  les  hommes  les  plus  justes  ne  sauvent  pas  par  leur  mé^ 
rite  leurs  enfants  coupables;  troisièmement,  enfin,  que  Dîea  a 
sauvé  expressément  un  pc^tit  nombre  de  ces  jeunes  gens  corrom- 
pus»  adn  qu'ils  servent  à  justifier  la  Providence  d'avoir  fait  périr 
leurs  parents.  Cet  oracle  peut  i^tre  appelé  «  Toraole  des  trois 
Justes  »  :  il  est  ainsi  conçu  : 

La  parole  de  lahwé  s*adressa  è  moi  en  disant  : 

Fils  de  rbomme,  le  pays  qui  commet  envers  moi  des  crimes  cl 
des  trabisoQS,  je  lui  fais  sentir  ma  main. 

Eq  le  privant  du  pain  quotidien,  de  sorte  qu'hommes  et  bêtes  pé* 
rissent  par  la  famine. 

Si  dans  ce  pays  se  trouvaient  ces  trois  hommes  (justes)  :  N^oê,  Da- 
niel et  Job,  ceux-ci  (ne)  sauveraient  (que)  leurs  propres  personnes 
par  leur  justice. 

Suit  que  j'envoie  dans  ce  pays  des  bêtes  féroces,  qui  le  dépeuplent 
au  point  que  personne  n'ose  plus  le  traverser» 

Si  ces  trois  hommes  s*y  trouvaient,  par  ma  vie,  dit  labwé,  ils  ne 
sauveraient  ni  (leurs)  fils,  ni  (leurs)  filles  ;  ils  ne  sauveraient  qu'eux- 
mêmes  et  le  pays  resterait  désert. 

Soit  que  j'envoie  Tépée  sur  ce  pays,  en  disant  :  ce  pays  sera  par- 
couru par  lépée,  au  point  d'en  faire  périr  les  hommes  el  les  aniawui 
domestiques, 

Si  ces  trois  hommes  (Justes)  s'y  trouvaient,  par  ma  vie,  dit  Iab\?êi 
ils  ne  sauveraient  ni  (leurs)  fils,  ni  (leufs)  filles  ;  ils  ne  sauveraient 
qu'eux-mêmes. 

Soit  (^nfînl  que  j'envoie  la  morlalité  dons  ce  pays  et  que  j'y  dé- 
verse une  vengeance  sanglante,  au  point  d'en  faire  périr  les  hommes 
et  les  animaux  domestiques, 

Si  Noé,  Daniel  et  Job  s'y  trouvaient,  par  ma  vie,  dit  lahwé,  s'il* 
sauvaient  (leurs]  fils  et  (leurs)  filles  ^  ils  ne  sauveraient  qu'eux- 
mêmes. 

Or,  dit  le  Seigneur  lahwé,  c'esi  d'autant  plus  le  cas  de  Jérusalem, 
où  j'ai  envoyé  tous  les  quatre  terribles  châtiments  ensemble  :  Tépéi^ 
la  famine,  les  bêtes  féroces  et  la  mortalité^  afin  d*eû  faire  périr  leS 
hommes  et  les  animaux  domestiques  ; 

Il  en  est  échappé,  il  est  vrai»  un  petit  nombre  de  jeunes  gens  qu^ 
Pon  a  amenés  ici  :  ceux-ci  vont  bientôt  vous  rejoindre,  vous  verre 
leurs  mœurs  el  leurs  pratiques  (détestables),  et  votre  douleur  causé 
par  le  mal  que  j/ai  apporté  à  Jérusalem  se  calmera  aussitôt* 

Ils  calmeront  votre  douleur  par  la  vue  de  leurs  mœurs  el  de  îeui 
pratiques  (détestahles)  et  vous  serez  convaincus  que  je  n'ai 
exercé  induemcDt  les  sévices  que  je  lui  ar  infligés»  dit  le  Seigoei 
lahwe. 


REGHERGIIES  BÏBUODES 


n 


a  plus  légère  attention  fait  Yoir  qu*^  les  trois  personnages 

lomniés  dans  Toracle  étaient  uniTerseUement  connus  par  leur 

iété  extraordinaire.  Le  pro[>liète  ne  dit  pas  quand  ils  ont  vécu  et 

a  quel  peuple  ils  ont  appartenu.  Les  ténèbres  s'épaississent  d'au- 

itant  plus  que  deux  sur  trois  de  ces  personnages  semljlent  absolu- 
hient  inconnus  dans  l*liïstoire  antérieure  à  Ézécliiel,  car  leurs 
boraonymes  bibliques  qui  sont  les  héros  des  livres  de  Daniel  et  de 
Job  sont  indubitablement  postérieurs  à  notre  prophète.  On  se  con- 
lente  d'ordinaire  d'admettre  l'existence  d'un  cycle  de  légendes 
populaires  dans  lequel  des  justes  nommés  Daniel  et  Job  auraient 
Joué  un  rAle  quelconque,  mais  une  telle  solution  se  heurte  aux 
habitudes  constantes  d'Éiséchiel,  qui  consistent  à  puiser  ses  ren- 
seignements dans  des  sources  exclusivement  littéraires  et  revè- 
^^tues  d*une  autorité  sacrée.  Du  reste,  la  mention  de  Noé  sulÏÏt  déjà 
^ftft  elle  seule  pour  faire  supposer  que  les  deux  autres  noms  ont  dû 
^"figurer  dans  un  document  autorisé. 

L  D'autre  part,  rordunnance  Noé,  Daniel  et  Job,  étant  donné 
^b*absence  des  deux  derniers  personnages  de  Thistoire  dlsrat^l  an- 
^■térieurement  à  ravènement  de  Nabuchodonosor,  doit  présenter 
une  énumération  ascendante,  c'est-à-dire  que  Daniel  et  Jub  doi- 
Tent  être  antérieurs  à  Noé  et  Taire  ainsi  partie  d'une  liste  de 
patriarches  plus  anciens.  Pour  rester  sur  le  terrain  de  Timpar- 
tialité  absolue,  je  ferai  abstraction  de  tout  ce  qui  a  été  exposé 
plus  haut  et  Je  me  placerai  au  point  de  vue  des  critiques  qui 
admettent  trois  listes  indépendantes,  quoique  partiellement  sem- 
blables. Ceci  admis,  les  noms  de  Daniel  et  de  Job  peuvent 
a  priori  avoir  figuré  tout  ^u  plus.dans  la  Usto  séthite  du  Jého- 
viste  ou  C,  Usto  dont,  d'après  ces  savants,  il  ne  reste  dans  la 
Genèse  actuelle  que  trois  versets,  savoir,  iv,  25,  26,  relatifs  à 
Séth  et  à  Énos,  et  v,  29,  rapportant  la  naissance  de  Noé,  Mal- 
heureusement, outre  que  cette  hypothèse  détruirait  la  similitude 
beaucoup  plus  grande  que  les  critiques  eux-mêmes  admettent 
entre  les  listes  B  et  C,  notre  meilleure  volonté  ne  saurait  nous 
conduire  un  seul  instant  à  la  généalogie  jéhoviste.  La  raison 
en  est  péremptoire  :  cette  généalogie  ne  donne  que  les  noms  des 
patriarches  et  se  tait  complètement  sur  leurs  autres  descendants; 
Kzéchiel  parle,  au  contraire,  des  entants  mâles  et  femelles,  h^^n 
m^Ti,  que  ces  Justes  auraient  pu  sauver  par  leur  vertu;  c'est  là 
précisément  le  trait  caractéristique  de  la  généalogie  du  chapitre  v 
ou  A.  laquelle  répète,  après  la  naissance  tîe  chaque  patriarche,  la 
formule  sacramentelle  :  msni  û-^sa  ibi'^i  ft  II  engendra  des  ûls  et 
des  filles  ».  A  moins  d'inventer  de  toute  pièce  une  seconde  géw 
Aéalogie  C  qui  eût  ressemblé  en  cette  particularité  à  la  généalogie 


20 


REVUE  des;  études^  JUIVES 


A,  on  est  obligé  de  conclure  que  les  justes  d*Éz{?chiel  doiTent  se 
trouver  dans  celle-ci  et  nulle  part  ailleurs.  Nous  obtenons  ainsi 
le  mtoe  résultat  par  une  voie  bien  différente  de  celle  que  nous 
avons  exposée  plus  haut  à  notre  point  de  vue  personnel.  Une 
telle  convergence  est,  si  je  ne  me  trompe,  de  nature  à  mettre 
notre  thèse  :  Ezéchiel  a  connu  la  liste  A  de  Genèse  V,  à  Tabr 
d'une  fin  de  non-recevoir  trop  obstinée. 

La  base  assurée,  continuons  notre  enquête.  Pour  Ézéchiel,  Da- 
niel vient,  dans  Tordre  des  temps,  avant  Noé,  et  Job  avant  Daniel. 
De  son  côté,  la  généalogie  A  offre,  à  trois  générations  de  distance 
avant  Noé,  le  pieux  patriarche  Hénoch,  enlevé  vivant  parmi  les 
dieux,  et,  à  trois  autres  générations  en  avant,  le  patriarche  Énos, 
le  pieux  initiateur  du  culte  du  vrai  Dieu*  D'autres  hommes  d'une 
piété  aussi  éminente  ne  figurent  pas  dans  cette  liste  ;  il  s^ensuit 
forcément  que  Daniel  et  Job  chez  Ézéchiel  répondent  respective- 
ment aux  personnages  nommés  Ilénoch  et  Énos  par  Tauteur  bi- 
blique. Mais,  ce  nouveau  résultat  obtenu,  il  ne  reste  qu'à  expliquer 
Forigine  de  la  diversité  matérielle  des  noms  chez  les  deui  au- 
leurs  ;  or,  ceux  qui  savent  dans  quel  état  d'altération  et  de  dif- 
formité le  texte  d'Ézéchiel  nous  est  parvenu  n'hésiteront  pas  m 
seul  moment  à  reconnaître  que  les  formes  bîtn  et  ar»  ne  5ont 
que  de  simples  corruptions  des  formes  pentateuUques  ^im  et 
t3i3Èt.  En  ce  qui  concerne  Téquation  ^isn  =  bK:^,  elle  s'explique, 
sans  le  moindre  effort,  par  la  confusion,  si  facile  dans  les  ma- 
nuscrits de  rhébreu  carré,  entre  les  deux  lettres  initiales  :n  et 
21,  lorsque  le  jambage  gauche  du  n  devient  indistinct.  Dans  le 
même  genre  d'écriture,  le  groupe  "^i,  quand  le  i,  prenant  une  atli^ 
tude  oblique,  se  rapproche  un  peu  trop  du  *],  se  confond  facilement 
avec  un  k.  Le  reste  va  de  soi,  car,  en  présence  d'une  forme  «7* 
le  scribe  n'a  pu  qu'y  ajouter  un  b,  afin  d'obtenir  le  nom  connu 
b«n  ;  mais,  fait  remarquable,  le  nom  ainsi  l'estitué  conserve  une 
forme  exceptionnelle  par  l'absence  du  •^,  tandis  que  dans  les  au- 
tres livres  de  la  Bible  domine  Torthographe  pleine  bfifn,  La  con- 
cordance de  nvn  et  «i2n  embrasse  déjà  au  premier  aspect  la  pre- 
mière et  la  troisième  lettres  ;  l'effacement  de  la  base  du  3  change 
celui-ci  en  "^  et,  arrivé  là,  le  scribe  a  très  naturellement  corri] 
TûTH  en  arK,  qui  était  le  seul  nom  possible. 

Je  viens  de  parler  ici  dans  la  conjecture  de  corruptions  invo- 
lontaires, mais  je  dois  faire  remarquer  que  le  cas  de  correction! 
intentionnelles  n'est  nulle  part  aussi  bien  en  situation  que  dans 
livre  d'Ézéciiiel.  Il  est  notoire  que  ce  livre,  par  suite  de  ses  doC 
trines  souvent  contradictoires  à  celles  du  Pentateuque,  n'a  él 
reçu  au  canon  prophétique  qu'après  bien  des  vicissitudes  et  gràc 


RECHERCHES  BIBLIQUES  21 

à  une  interprétation  forc«?e  qui  l'avait  rt'concilié  avec  la  Tora, 
Étant  resté  longtemps  d*une  canoiiicité  douteuse,  non  seulement 
Iles  copies  en  ëtaient  faites  ayec  beaucoup  de  négligence,  mais 
bien  des  corrections  systématiques   ont  pu  y  être  glissées  par 
ceux  mêmes  qui  travaillaient  à  le  faire  accepter.  La  subtilité  rab- 
bioique  pouvait  bien  barmoniser  les  différences  de  doctrine,  elle 
était  impuissante  à  rendre   sympathiques  les  personnages  aux- 
quels la  tradition  pharisienne  était  décidément  hoslile.  Or,  chose 
!  singulière  et  insuffisamment  expliquée,  Kopinion   des  autorités 
'  talmudiques»  écho  de  celle  de  l'ancien  pîiarisaïsme,  est,  à  quelques 
exceptions  près,  très  défavorable  aux  trois  Justes  de  la  généa- 
logie séthite. 

Le  plus  maltraité  des  trois  est  le  patriarche  Énos.   Les  rabbins 
le  considèrent  comme  le  créateur  de  Tidolàtrie  et  le  contempteur 
acharné  du  monothéisme.  Ils  trouvent  tout  cela  dans  le  verset 
Genèse,  iv,  36  b,  qu'ils  traduisent  :  «  alors  (au  temps  d'Énos)  a 
été  profané  (c'est-à-dire  pris  pour  une  profanation)  Tinvocation 
[du  nom  de  lahwé^  »  Une  Aggada  ajoute  qu'au  temps  d'Énos, 
VOcéan  déborda  et  inonda  la  troisième  partie  du  coutinent.  L'hos- 
tilité des  rabbins  à  regard  dllénocli  n'est  pas  moins  évidente. 
Ne  pouvant  faire  de  lui  un  coupable  contrairement  aux  termes 
explicites  de  ia  Genèse,  ils  se  donnent  toutes  les  peines  possibles 
pour  en  faire  un  quasi-coupable.  Suivant  eux,  Ilénoch,  loin  d^avoir 
[  été  enlevé  vivant  par  les  anges,  est  mort  prématurément  par  la 
1  décision  divine,  afin  qu'il  ne  souillât  pas  le  reste  de  sa  vie  par  des 
[péchés,  auxquels  il  ne  penchait  que  trop.  Noé,  enfin,  ne  jouit 
^aup^ès  des  rabbins  que  d'une  estime  très  médiocre.  Ils  tirent  de 
l'expression  biblique  :  «  Noé  était  un  juste  parlait  dans  ses  géné- 
rations (rpn-3,  Genèse,  vi,  9}  »,  cette  conséquence  que,  s*il  avait 
vécu  à  une  autre  époque,  sa  piété  eût  été  fort  imparfaite  relative- 
^  ment  à  celle  de  ses  contemporains. 

La  cause  prépondérante  de  cette  antipathie  manifeste  à  l'en- 
droit des  patriarches  antédiluviens  me  paraît  avoir  été  le  grand 
crédit  qu'avait,  dans  certains  cercles  juifs,  même  avant  la  nais- 
sance du  christianisme,  le  livre  apocr>T)he  d'ilénoch,  qui  renferme 
aussi  quelques  chapitres  attribués  à  ÎS'oé.  Les  rabbins  craignaient 
avec  raison  que  le  crédit  do  ce  livre,  censé  antérieur  au  Déluge, 
Ij) 'ébranlât  rautorilé  de  la  loi  et  des  prophètes.  Peu  à  peu  cette 


<  âooe  est  déjà  ri ép récita  du d s  la  traduction  des  SepUnle  :  o^-roc  ^Xirvacv  l^txa- 
jiMTo^  TQ  ôvo(jLa  xupiou  (to^  6£o\i)  —  mm  D'iDa  K*lpb  bjV  HT  ;  aussi  k  paaégy- 
[Tiqué  de  Josut^,*fils  de  Sirach,  ne  mgniioDne-t-il  particalièreraeni  quu  Siîth,  Héuoch 
Ici  Noé  parmi  le»  palnarches  antédiluviens  (xi.iv,  16,  17  ;  xLix,  16). 


s»  REVtîK  DES  ET! 

appréliension  finit  par  créer  dans  toutes  les  «écoles  juives,  mik 
plus  particulièrement  dans  les  écoles  pharisieniies,  un  courant 
d^opinion  contraire  à  Tautoritf^  de  ces  patriarches.  Animé  de 
telles  convictions,  un  pieux  scribe  de  la  secte  pr<^doniinante,  qui 
possédait  Tun  des  rares  manuscrits  du  livre  d'É/<^chiel,  a  pu 
croire  bien  faire  en  changeant  les  noms  antipathiques  de  ^nînel 
de  tûi^»  en  betn  et  it*».  Il  a  ainsi,  sans  le  savoir,  roulé  une  pierre 
d*aclioppenient  aux  exégètes  futures.  Quand  le  livre  d'ÉzécbieU 
été  traduit  en  grec,  —  ce  qui  eut  probablement  lieu  après  Philoii 
d'Alexandrie.  quin*y  fait  aucune  allusion»  —  les  corrections  intro- 
duites par  le  scribe  pharisien  étaient  déjà  un  fait  accompli,  tle  là^ 
la  disparition  de  la  leçon  primitive  dans  toutes  les  versioïkii^ 
grecques. 

Mais*  quelle  qu'ait  été  la  cause  de  Taltération  subie  par  les  deux 
noms  mentionnés  avec  celui  de  Noé  dans  Ézéchiel  xïv,  le  ûit' 
même  quils  représentent  les  patriarches  ilénoch  et  ÉûosdelA' 
liste  séthîte  de  la  Genèse»  v,  me  paraît  d'une  vraisemblance *qui 
confine  à  la  certitude.  Et  voici  pourquoi  :  au  chapitre  ixvni, 
Ézéchiel,  ens'adressant  au  prince  de  Tyr,  qui  croit  être  un  dieti 
(■^5»  ^'^ri'-:t^  ou  Vît,  V.  2»  9  ;  cf.  14),  prononce  ces  mots  de  hauts 
ironie  :  «  Certes,  tu  es  plus  sage  que  btwi»  les  choses  cacbéel 
ne  tolfusquent  point  (^17373:»  wb  oino  ba)  »,  ou  peut-être  avec  un 
léger  changement  :  «  tu  n'as  pas  ton  pareil  parmi  la  totalité  dfii 
voyants  (^i;3î3:?  «b  D'^Tin  bs  *)  »,  Cette  raillerie  est  al 
incompréhensible  quand  on  voit  dans  bttn  un  savant  int^ 
songes  et  un  révélateur  d'événements  futurs,  à  Tinstar  de  celui  qtf 
est  le  héros  du  livre  de  Daniel.  Le  puissant  roi  de  Tyr,  inaUredi 
commerce  le  pins  vaste  du  monde,  était  probablement  peu  dispos 
à  exercer  le  métier  peu  rémunérateur  de  devin.  Puis,  l'idée  elte^ 
môme  de  dire  à  quelqu'un  qui  prétend  être  un  dieu  et  habiter  uM 
demeure  divine  {^r^aé^  w'ttdh  nDiî2,  v-  2)  :  a  tu  te  crois  plus  sâgt 
qu*un  tel  prophète  »,  ne  peut  avoir  de  sens  que  dans  le  seul  cal 
oii  le  prophète  visé  avait,  lui  aussi,  habité  une  demeure  divi& 
sans  toutefois  avoir  des  prétentions  à  être  une  divinité.  Que  cet* 
M  demeure  divine  »  n*est  pas  une  ligure  rhétorique,  mais  uneentii 
mythologique  réelle,  c'est  ce  qu^Ézéchiel  a  soin  d'annoncer  le 
même,  dans  la  seconde  partie  de  son  oracle  rédigée,  comme  d*OI 
rlinaire,  sous  forme  de  complainte  (nrp)  et  oii  le  vaniteux  ms 
narque  est  représenté  sous  l'image  d'un  dieu,  le  roi  de  Tyr 
censé  habiter  TKden  du  jardin  de  Dieu  (^^'^71  DTïbat  p  pJ3] 

>  Cette  corractioa  me  puraît  plus  vrtisemhlahle  c{ue  !■  leçon  D'^T3Z2*Tn  admÎM 
M.  CornUlu  la  plae«  de  Diro  b^  (l>as  Bucb  dos  Propheten  S&echivl,  p.  35ë|. 


RECHERCHES  BBBLÏQUES  23 

oir  sous  sa  garde  toutes  sortes  *lt^  pierres  précieuses  (pt*  bD 
ycz'n  fnp"*)  et  lor  (ann)  ;  il  est  un  kéroiib  sacré  chargé  tie  pro- 
téger ces  trésors  CjDicn  nia)3î:  dt^d  î^n )  ^  laliwé  la  placé  sur  la 
montagne  sainte  (pi-p  ntia  "^-^nn:*!)  ;  il  est  devenu  un  dieu  (£]'»nb« 
r-n);  il  s'est  promené  au  milieu  de  pierres  de  feu  (dn  "^î^n  *|ir3 
rîbrsrnU  Ézécbiel  conserve  cette  comparaison  jusqu^au  bout.  A 
cause  de  ses  rapines  et  de  son  orgueil,  le  kéroub  (=  roi  de  Tyr) 
est  déclaré  par  lahwé  trop  proi'ane  pour  habiter  le  mont  divin 
(rn:x  -in?:  ^Vbnm)  ;  il  est  chassé  du  milieu  des  pierres  de  feu 
(t»  -^.2»  T*^^  *Tn2«-ï),  jeté  sur  la  terre  (^i^nrsb^n  yn»  by)  et  fina- 
lement consumé  par  son  propre  feu  (*]rbs«  «'^n  ^^ir?:  tûn-«^i&«"i) 
et  réduit  en  cendre  en  présence  de  nombreux  spectateurs  (*|**nr3i 
•pn  bD  K^yb  ynetn  br  "iDttb),  Après  une  telle  description,  aucune 
^uivoque  n'est  plus  possible  :  il  s'agit  bien  d'un  être  divin,  d'un 
chérubin  habitant  rÉden,  le  jardin  de  Dieu,  et  doué  d'une  nature 
dirine.  Maintenant  est-il  imaginable  qu'Kzécliiel  ait  mis  en  paral- 
lèle un  être  aussi  divin  avec  un  prophète  ordinaîre,  fiit-il  même 
Tun  (les  plus  frramîs?  A  plus  forte  raison,  la  difficulté  est- elle  insur- 
jpoatable  quand  on  est  en  préiïence  d'un  homme  absolument  in- 
Bbnu  antérieurement  à  la  captivité  de  Babylone.  Quelques  auteurs 
©Bt,  d  est  vrai,  supposé  une  légende  de  Daniel,  je  ne  sais  où 
^ez  les  autres  peuples  sémitiques,  comme,  par  exemple,  chez  les 
■éniciensi  mais  une  telle  supposition,  d'ailleurs  toute  gratuite^ 
■piche  trop  clairement  avec  les  dispositions  religieuses  d'Ézéchiel 
Pbr  que  Ton  puisse  y  voir  autre  chose  que  l'intensité  de  l'era- 
laiTâs  et  rimposâibilité  de  s'en  tirer  quand  on  conserve  la  leçon 


»  Li  lexte  hébreu  e«t  ici  irréprochutle  ;  toul  au  plus  pourra-t-oïi  ponctutT  nït  »u 
ai  rs*,  qui  revient  cependant  en  4'aulres  passiiges.  Lo  groupe  RlDTpTJ  S^jiB 
ïH  «  doané  de  la  Lablaluro  aux  commentateurs*  En  réalité,  il  oe  présenta  au- 
diïEctilté.  Hw^^p  (cr,  DÇnta)  est  formé  de  fiÇft,  •  oiodrc,  sacrt-p  *,  et  signifie 
lâi»  "»   Les  kérotiblni  étaient  d'ordinaire   placés  dans  lo  sanctuaire,  où  ils 
t  dft  kforf  ailes  Tobjet  le  plus  précieux   ei  le   plus  stint  du  temple,  savoir 
éû  Uhwé.    Le  litre   de  gardien  et  de  prolecteur  autorisé  est  Lrbs  clairement 
îc  participe  *|^1srt,  du  verbe  'îSCi   *  couvrir  [avec  les  ailes)  t^  tandis 
n  de  protecteur  est  exprimée  par  le  nom  formé  du  même  verbe  :  Ï^SD^. 
iliotis* modernes  de  *Tr50?3  par  ♦  ta  couverture  (Deiue  Bedeckang:^  dein 
waresl  du  bedeekt  *  Smend,   Cornill)  ne   convient  pas  au  ooniexle. 
TTiHinft   fondée  oât  l'idée  émise  par  M.   CorndU   auivont  laquelle  les  mois 
•^  seraient  une  addîtiou  tondauciello  ;  *TDlorT  est  rnSme  garanti  par  le 
t  *  TTOÎ273,  d  est  clair  qu'un  jntcrpolatcur  aurait  mis  un  root  usité  et 
.7,7.:,  /î^ôîtivov.   Ue  plus,  un  ecriLo  postérieur  pour  lequel  la  comparaison 
Tyr  avec  le  kèroub  porlitT  du  paradis  aurait  éveillé  des  scrupules  (Gornill) 
;>-  forte  raison  gardé  do  comparer  le  roi  païen  au  kéroub  du  saint  des 
lunt  Vtrclic  sacrée  et  restant  en  contact  immédiat  svec  la  divinité, 
re  de  ces  roots  de  la  version  grecque  prouve  seulement  que  les  traduclourB 
pas  oonpris,  mais  l'authcuticité  en  demeure  inébranlable. 


^ 


BEVUE  DES  ÉTCDES  JUIVES 


niassorélique  bnn.  Au  contraire,  toutes  les  difficultés  relevées 
s'aplanissent  d'elles-môraes  tjiiand  on  adopte  la  leçon  *]i:n  réta- 
blie ci-dessus  dans  Ézéchiel  xiv.  Suivant  son  habitude,  Ézéchiel, 
agissant  en  aggadistc  érudil,  a  caractérisé  les  deux  types  de  sa 
comparaison  conformément  à  divers;  passages  afférents  du  Pen- 
tateuque.  La  mention  de  la  cohabitation  d'IIénoch  avec  les  dieux 
dans  Genèse,  v,  24,  lui  a  fourni  le  fond  de  sa  comparaison.  Il  fait 
d'abord  ressortir  la  vanité  du  monarque  tyrien  en  le  rapprochant 
de  la  personne  d'Enoch.  Le  contraste  entre  les  deux  individus 
est  des  plus  saillants.  D'un  côté,  Tillustre  patriarche  antédiluvien, 
quoique  parvenu  à  la  suprême  sagesse  par  ses  relations  conti- 
nuelles avec  les  dieux  ou  anges,  n*a  jamais  prétendu  participer 
de  la  nature  divine  de  ses  compagnons.  De  l'autre  c6té,  le  roi  de 
Tyr  qui,  rendu  vain  par  ses  richesses,  non  seulement  se  croit  en 
possession  d'une  sagesse  supérieure  à  celle  d'Hénoch,  mais,  pre- 
nant sa  petite  île  pour  la  demeure  divine,  ose  s'assimiler  aux  di- 
vinîtés.  Ensuite,  Ézéchiel  développe  le  second  terme  de  compa* 
raison  et  représente  ie  roi  de  Tyr  sous  la  figure  qu'il  s'attribue 
lui-m*éme,  celle  d'un  kéroub  divin,  gardant  d'immenses  trésors, 
ainsi  qu'on  a  vu  plus  haut.  La  connexion  des  deux  comparaisons 
est  ainsi  des  plus  naturelles. 

Voilà  l'origine  de  l'idée  fondamentale  de  la  description  prophé- 
tique ;  pour  ce  qui  est  des  détails,  on  peut,  sans  le  moindre  effort, 
retrouver  la  source  de  la  plupart  d'entre  eux.  Ainsi,  le  site  de  la 
demeure  divine  au  milieu  des  mers  (v.  2)  résulte  de  remplace- 
ment du  firmament  au  milieu  des  eaux  {lû^Tzr*  ^in3  T^pi)  de  Ge- 
nèse, I,  6  ;  la  notion  de  TÉden  contenant  le  jardin  d'Élohim  (v.  13) 
est  due  à  la  Genèse,  iï-ïu  ;  et  celle  du  Kéroub  gardien  (v.  13-14), 
à  l'Exode,  xxv,  20,  ou  les  kéroubim  couvrent  de  leurs  ailes  Tarclie 
sainte.  Ce  dernier  passage  exprime  Fidée  de  l'attitude  protectrice 
parles  mots  t]mD:DD  D^^DDiD,  expression  qu'Ézéchiel  a  condensée 
en  pnon  (v.  14  et  16)  et  dont  il  a  formé  le  substantif  nso»  (v.  13), 
Le  [lassage  Genèse,  m,  24.  n'a  rien  à  y  voir,  car  les  kéroubim  qui 
gardent  le  chemin  de  Tarbre  de  la  vie  sont  postés  en  dehors  du 
Jardin  du  ciHé  de  Test  (li5^-l:ib  Dipta).  D'autres  emprunts  au  Pen- 
tateuque  sont  :  la  locution  "^«nsn  Dr^,  analogue  à  nttiran  ût»3 
(Genèse,  v,  2);  l'énumération  des  pierres  précieuses  (v.  13}  tirée 
d'Exode,  xxvin.  H»  18,  20  *,  et  le  terme  rro^nn  (v,  14}  =  tJtpîa,  qui 


*  L'&fGrtualiQD  de  récole  ♦  gralîetino  •  que  l'auteur  de  FExode,  xxvui*  17-20, 
serait  redovaible  à  Ezéchiel  des  Doms  de  liuit  pierres  précieyses  se  souUeol  pas 
rexamcD.  La,  les  douze  pierres  étiuméréoâ  sost  parfailemeal  en  placo^  puisque  cba<)ue 
pierre  doil  être  gravée  d  ua  iium  do  iribu  d'Israël  ;  chex  Éatôchiel,  4U   contraire. 


RECHERCHES  BIBUQUES  25 

repose  sur  le  précepte  d'oindre  le  tabernacle  et  son  mobilier  avec 
l'huile  odoriférante,  Exode,  xxx,  22-29.  De  ces  références,  trois 
se  rapportent  au  Code  sacerdotal,  une  à  un  texte  attribué  à  C, 
deux  au  document  A.  Si  Ton  y -joint  celles  que  j'ai  signalées  plus 
haut  dans  Ézéchiel,  xiv,  on  aura  déjà  une  jolie  somme  d'allusions 
à  des  textes  que  les  critiques  graflens  ont  inconsidérément  relé- 
gués après  Texil.  Le  nombre  n*en  est  pas  épuisé  d'ailleurs  ;  je  ré- 
serve pour  le  prochain  article  le  relevé  de  quelques  autres  em- 
prunts faits  par  Ézéchiel  dans  les  passages  que  nous  étudions,  à 
la  biographie  de  Noé  et  au  récit  du  déluge. 

J.  Halévy.    • 


la  pierres  ne  figurent  que  pour  la  galerie,  au  titre  général  de  richesses,  et  sans 
empbi  ijulividuel.  Il  y  a  plus,  le  mot  DÎIT*!,  qui  traîne  maladroitement  après  les 
pleines  au  verset  13,  occupe  une  place  naturelle  dans  SïiT  t3'^^2l)973*de  TExode, 
xxvm,  20.  Méconnaître  des  faits  de  cette  nature,  ce  serait  renoncer  volontairement 
tu  bon  sens  littéraire. 


MÉLANGES  MBBINIQUES 


III   « 

Quelques  observations  sur  le  rituel. 


Les  bénédictions  (ni^Dia)  dites  les  Dix-huit  forment  certaine- 
ment une  des  parties  les  plus  anciennes  du  Rituel.  Le  nom  môme 
de  Dix-huit,  qui,  d'ordinaire,  n'est  suivi  d'aucune  autre  indication, 
témoigne  de  leur  grande  notoriété,  et  ce  nom  est  resté  môme 
après  qu'une  dix-neuvième  bénédiction  y  eut  été  ajoutée  *.  Il 
règne  une  certaine  obscurité  sur  cette  nouvelle  venue  ;  on  ne 
sait  guère  quelle  était  cette  dix-neuvième  Berakha,  ni  à  quelle 
époque  elle  fut  introduite  dans  la  prière.  Nous  y  reviendrons. 

Toutes  ces  bénédictions  se  terminent  par  la  formule  connue  : 
«  Sois  loué,  Éternel  »  ;  la  première  Berakha  seule  commence  par 
la  même  eulogie  ^,  Mais  cette  formule  ne  paraît  pas  avoir  été  tou- 
jours aussi  brève.  D'après  une  tradition  qui  a  un  certain  carac- 
tère d'authenticité,  dans  le  temple,  bien  entendu  dans  le  second 
temple,  on  terminait  les  Berakhot  par  les  mots  :  '^Th»  'îi  îin»  *jina 
ûbn:>îi  iT'ï  ûbn:s^n  1^  bNi^"^  «  Sois  loué.  Éternel,  Dieu  d'ïsraôl,  de 
l'éternité  à  Téternité  *.  »  Si  la  Mischna,  à  la  fin  du  traité  de  Bera- 

»  Voir  tome  XII,  page  6!i. 

*  La  langue  de  cette  prière  est  d'une  grande  correction.  En  prenant  pour  base 
de  la  rédaction  celle  qui  se  trouve  dans  le  Siddur  de  Rab  Amram  Gaon,  on  n'y 
rencontre  pas  môme  le  ^  à  la  place  de  "^^  ou  ■^^^^  {Siddur^  éd.  Varsovie,  18*.) 
Dans  Û-^mTa,  il  n'y  a  ni  Klîi  nnN'û,  ni  ûr  blDDïJ,  ni  ny  blDDO.  Toutefois  il 
ne  faudrait  pas  trop  en  conclure  à  TaDcicnneté  de  cette  prière,  puisque  cette  correction 
extrOmc'est  souvent  le  caractère  des  pastiches. 

*  Toutes  les  fois  qu^une  prière  se  compose  de  plusieurs  Berakhot,  la  première  seule 
doit  commencer  par  ...  Mnfi<  ^Tn3. 

*  Voyez  Yeruschalmi,  Taanit, 


IIËLANGES  RABBtNIQLES  ^■■V        ^ 

UlotS  Gst  bien  renseignée,  cette  formule  avait  été  de  bonne  heure 
abrégée,  et  les  mot«  Dbim  ly^  en  avaient  été  retranchés,  lis  ne 
furent  rétablis  que  parce  que  les  Minim^  Samaritains  ou  liéri^- 
tiqueg,  avaient  nié  l'autre  monde,  et  qu'on  préférait  alors  répéter 
mot  û5i^.  On  se  rend  diflicilement  compte  du  ra[>port  qui  existe 
Ire  cette  formule  et  rexisteuce  du  temple  ;  cependant  elle  s'ac- 
irde»  d*une  part,  avec  Tappel  que  les  Lévites  adressent  au  peuple 
éhémie,  ix,  5),  d'autre  part,  avec  Teulogie  qui  termine  hi 
luxième  livre  des  Psaumes  et  qui,  selon  une  observation  ingé- 
ieuse  de  M.  Graetz,  t^tail  probablement  une  de  ces  ftvrmulea 
li  terminaient  le  cantique  clianté  journellement  dans  le  sanc- 
luaire'. 

Cette  courte  eulogie  fut  cependant  de  nouveau  amplifiée  :  au 
mm  lie  l*Éternel  s'ajoutèrent  les  mots  :  nbiyn  ^bn  irnb»,  «  notre 
Dieu,  roi  du  monde  ».  Adoi^tés  génératement,  les  deux  derniers 
mots  de  cette  formule  n'entrèrent  pas  dans  !a  prière  des  Dix-huU, 
Le  Talraud  même  a  conservé  une  trace  de  Thésitation  que  les 
docteurs  éprouvaient  à  placer  dans  Teulogie  les  mots  <t  Roi  du 
tDoniîe  »,  Il  y  avait  là  évidemment  une  protestation  contre  le  gou- 
^eruement  oppresseur  des  Romains.  Rab,  qui  vivait  parmi  les 
Pârthes  et  qui  était  même  dans  rintimité  du  dernier  roi  des  Aché- 
ïiienides»  n*exi|2:eait  pas  la  récitation  de  ces  deux  mots.  K.  Yoba- 
aan,  au  contraire,  qui  habitait  la  Palestine,  entouré  des  légions 
romaines,  regardait  toute  Beraklia  comme  nulle,  si  le  Roi  du 
monde  n'y  était  pas  mentionné  ^  On  sait  que  cette  protestation 
contre  toute  domination  séculière  fut  déjà  exprimée  devant  Pom- 
|>t-%,  pendant  la  lutte  entre  les  deux  frères  Macchabées,  par  une 
<J<^putâtion  lie  Juifs  pieux  de  Jérusalem,  qui  di^clarèrent  que  Dieu 
^lait  seul  leur  maître  et  roi  *.  Le  mot  ^b^  s©  glissa  alors  dans  di- 
tôwes  parties  des  Dij)-huU  :  il  se  trouve  vers  la  lin  de  la  pre- 
ttiU^TB  fieraklia,  au  milieu  do  la  seconde,  vers  la  lin  do  la  sep-* 
tiétDfi  datis  une  longue  paraphrase,  dans  la  dixième,  où  réconomie 
générale  des  autres  Berakhot»  comme  nous  allons  le  démontrer, 
ihi\m\o  tme  interpolation  *. 

f  n,  5.  Vttjeu  Gei|r«r,  Kêrem  Ckfm«d,  V  (1S4t),  p<  i02,  ol  Lêkréwk  d$r  Miêchnah, 
p.  2;  fftèûlmn,  Vil  [18G5),  p.  88.  A  cea  diJlërents  endroilfl,  on  discute  s'il  faut 
îct  pftr  1«5  Mini  m  les  Saduoéens  ou  les  Doail^ena,  secte  8«iutîiiaitie  qui 
It  «Toir  nie  égalenieol  le  monde  futur. 
«  Mi^Mtutkrin,  1872.  481496. 

,  Amtiquitét  juif^H^  XIV,    m,  2.  Cf.  mon^Wfli,  p.  Wî. 
QwêH  «ertout  dam  le  rituel  de  Bés€k'Hmchânàkï{\ï&  le  mai  Y?73  ^^  Vlàéù  qu'il  ei- 
ool  péoétré,  perce  quu  Dieu  e^l  alors  représeolé  comine  assis  sur  itu  Irôue  el 
k  ifitfude.  Tous  les  morceaux  inlroduits  entre  les  trois  iiremiures  et  le»  iroîi 


28  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Le  mot  ^b»  '  n*est  pas  le  seul  intrus  de  ce  genre  :  le  mot 
SinnKS,  «  avec  amour,  »  nous  parait  également  avoir  été  ajouté 
postérieurement.  Ainsi,  vers  la  an  de  la  première  Berakha,  la 
phrase  devait  se  terminer  par  i»«  i^nb  ;  dans  le  isb  inm  des 
fêtes,  le  mot  ïinrr«3  précède  la  mention  de  la  solennité,  et,  lorsque 
cette  solennité  tombe  un  sabbat,  le  mot  nnriMn  est  encore  une  fois 
répété  à  la  fin  *.  Il  fait  double  emploi  avec  listnn  dans  la  phrase 
liatna  bnpn  nn^iNn  »  ;  et  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  faire  ob- 
server, à  cette  occasion,  que  ces  mots  qui  sont  la  répétition  oi- 
seuse d'une  même  idée  se  placent  ordinairement  Tun  avant  etPau- 
tre  après  le  verbe.  Telles  sont  les  phrases  i3^n  dbna^b  ^b»*»  T^îon  *, 
dp-'T  an©"^  Nb  mn»*. 

En  détachant  des  Dix-huit  les  trois  premières  et  les  trois  der- 
nières bénédictions,  qui  ont  un  caractère  tout  particulier  »,  il  nous 
reste  à  examiner  les  douze  ou  treize  Berakhot  qui  en  forment  le 
milieu.  Elles  paraissent  avoir  toutes  le  même  type  ;  deux  stiches 
parallèles  et  un  troisième  comme  conclusion.  Ainsi  : 

?ira  ttJisNb  n»b»T  n:>n  dn^b  pin  nn«  iv 

^nnnaj^b  nssb»  lîmpn         ^mnnb  nrax  nsa-'on  v 

T^3Db  îTOb\DiMai\Dn3  nn^ntri 

n53^)OD  -^^  135b»  13b  brra         laN^n  -^d  is-^a»  isb  nbo  vi 

îin«  nbiDi  brrra  "^d 

^7att).i:>»b  tiirro  i3b«ai  isn-^n  nn-^m  ir53^a  îi«n  vu 

îiriN  pm  bNia  '^^ 

dernières  bénédictions  du  Schemoné-Esré  et  qui  ne  sont  récités  que  pendant  cette  fête 
et  le  Kippour  sont  empreiats  do  la  pensée  que  Dieu  seul  doit  régner  sur  toutes  les 
créatures. 

»  La  phrase  doit  être  coupée  ainsi  :  1»T  îltn  miTTaîl  SH  dl"^  n«  ïiaîlKa 
MîlNa  ÎITÎI  nnttJîl  dr  nNI  13mnn.  Dans  U  prière  de  nm  nnn«  elle- 
môme.  le  Siddur  de  Rab  Amram  porte  :  »]73Û  n»  H»yb  ISnnb  nrPI,  en 
omettant  le  mot  finîlKÎÎ.  — •  Y  a-t-il  dans  ce  mot  une  afFirmatiou  que,  pour  les 
juifs  aussi.  Dieu  était  un  Dieu  d'araour,  contrairement  à  ce  qu'avaient  prétendu  les 
Chrétiens  ?  Cf.  saint  Paul  dans  son  Épttre  aux  Romains, 

«  Dans  la  Berakha  XVII. 

>  Plusieurs  fois  dans  la  prière  du  soir  et  ailleurs,  où  le  mot  ^I73n  ne  doit  certai- 
nement pas  être  joint  au  mot  qui  précède  ;  voyez  les  différentes  opinions  exposées 
par  M.  S.  Baer  dans  son  excellente  édition  du  rituel  (Abodat  Yisrael,  Rôdelheim, 
1868,  p.  169j. 

♦  Dans  la  Birkat  Hahaftarah.  Voyez  Maiekket  Soferim,  XIII,  11,  et  la  note  de 
M.  Jo«l  MûUer,  dans  son  édition  (Leipzig.  1878),  p.  184. 

^  Ces  six  Berakhot  se  récitent  tout  aussi  bien  les  jours  de  Sabbat  et  de  fêtes, 
et  indiquent  par  là  une  rédaction  plus  ancienne  que  les  Berakhot  intercalées  en- 
tre les  trois  premières  et  les  trois  dernières  et  qui  sont  réservées  aux  jours  de  la 
semaine. 


MÉLANGES  nABBINIQUKS  •       29 

En  considérant  ce  type  comme  la  forme  primitive  de  toutcîs  ces 
bénédictions,  nous  aurons  peut-Ôtre  un  moyen  de  reconnaître  les 
interpolations  et  superfëtations  postérieures  qui  se  sont  glissées 
dans  les  b<'"nt'fii étions  qui  ne  prt^sentent  pas  ce  type  aussi  exacte- 
ment* Ainsi,  dans  VIII,  les  mots  nn»  iinbfrn  "^3  peuvent  avoir  été 
ajoutés  pour  compléter  le  verset  de  Jérémie,  xvin,  14  *.  Dans  IX, 
«  mots  niaïKn  ■'5©  hy  nsnn  im  et  nsiiV  nza^i  bu  inn  paraissent 
>U€r  le  même  nMe  que  nc>M  ^m?3i  nrîi  n""^^  et  mnsi  n'^on 
3Î1  l'nmai  dans  la  seconde  bénédiction,  X  répond  parfaitement 
^^ype»  Dans  XÏJes  mots  depuis  *]ib?3i  jusqu'à  D^T^msi,  nous 
Qs  déjà  dit,  ne  sont  qu'une  longue  paraphrase  du  mot  *[bî3. 
Voici  donc,  selon  nous,  la  forme  primitive  de  VIU-X  : 

n^oîa  bzh  n?3bo  n«iDn  rùyir]     r:îi5i  iï:*'*isin  kdisi  'n  i3nd-i  viir 

miDb  nnî«')3n  ''r?2  bo  r\m       raxTi  riT^n  n«  "irb?  Tna  IX 

hait  Barakliot  qui  forment  les  paragraphes  IV  à  XI  des 

^I^ix-hmt  sont  des  prières  pour  le  peuple  d'Israël  en  général  ;  les 

«luatre  bénédictions  qui  suivent  ont  un  caractère  plus  spécial  :  le 

l^aragxâphe  XII  est  une  malédiction  lancée  contre  les  ennemis 

'l'kratii  ;  le  paragraphe  XIII,  une  demande  de  miséricorde  pour 

J^s  chefs  du  peuple  ;  le  paragraphe  XIV  sollicite  la  reconstruction 

de  Jérusalem,  et  le  paragraphe  XV  le  rétahlissement  du  trône  de 

David.  Enfin,  le  numéro  XVI  forme  la  conclusion  des  Berakhot 

*  précédentes  et  renferme  le  vœu  que  Dieu  veuille  exaucer  les 

^prières  contenues  dans  les  Berakhot  antérieures. 

H  Les  variantes  du  numéro  XII  sont  teiiement  nombreuses  *  que 

H^  docteurs  n'ont  jamais  pu  s'accorder  pour  adopter  une  rédac- 

Hbao  définiliva.  Au  milieu  des  vicissitudes  que  présente  Thistoire 

■ries  Juifs  dans  le  dernier  siècle  avant  Fère  vulgaire  et  dans  les 

«ten  siècles  suivants,  les  ennemis  d'IsraeFont  changé  de  nom  et 


*  Le  trûitiènie  phrase  éUH  peut-filre  simplemcnL  :  fintt  ^^&t3  ËCai^  "^D  :  l^s 
iDOts  ^T2  btH  ont  été  ajoutés  pour  lui  dotmer  plus  de  forco  et  de  vip^cur.  Lorsque 
10  biifçiiei  TOQt  mourir,  les  mots  dont  elles  &t  {"om posent  paraisseot  s^aQtiblir 
mi  perdre  de  leur  force  primitive,  les  pursoDoes  qui  s'en  servent  encore  croient  devoir 
km  éUftf  ptf  des  additions  superflues  qui  sont  destinées  à  faim  ressortir  davantage 
!■  p/mét  qu^cm  veut  exprimer.  Les  fçens  du  peuple,  qui  ne  connaissent  pas  rentière 
^Èéê  des  mots  qu'ils  emploient,  dovionuent  verbeux  par  l'elTort  qu^ila  pensent  devoir 
^tepcaer  pour  se  faire  comprendre. 
*  Vojcs  ÂMai  Yiifûil  sur  celte  Berakba. 


30  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

de  tendances.  C*étaient  tantôt  les  traîtres  au  milieu  du  peuple 
môme,  tantôt  les  sectateurs  du  christianisme,  tantôt  l'empire  ro- 
main, qui,  par  ses  procurateurs  et  ses  légions,  bouleversaient  la 
Palestine.  On  reconnaît  dans  la  rédaction  actuelle  Tancien  type 
de  trois  membres  qui  peuvent  s'établir  ainsi  : 

mafii*'  3^ins  wu:i  -^^n-iy  brn  mpn  "^nn  b»  D'^5'»«bz3bn  xi 

in-i!D'»  mntt  ^  iD-^n-^n»  toi 

Le  premier  mot  seul  fit  place  à  d*'5'^»bi,  mot  d'un  sens  fort  in- 
certain, puisqu'il  pouvait  désigner  toute  secte  contraire  aux  Pha- 
risiens, ou  bien  à  tî-^n^nc^bi,  qui  paraît  avoir  été  appliqué  plus 
spécialement  aux  baptisés*.  L'addition. . .  tî-^ntm  semble  se  rap- 
porter aux  Romains  seulement.  Après  la  destruction  de  Jéru- 
salem, lorsque  les  Chrétiens  se  séparèrent  définitivement  de 
l'ancien  culte,  on  introduisit  probablement  tî-^s-^Tabi  en  tète  de  la 
Berakha,  qui  prit  alors  le  nom  de  û'^a'^Taîi  n^-ia.  On  voit  dans  diffé- 
rents passages  du  Talmud  que  Gamliel  II  se  préoccupait  beaucoup 
de  la  fixation  de  la  formule  définitive  provoquée  par  le  nouvel 
état  de  choses  *.  Les  hésitations  que  les  docteurs  paraissent  avoir 
éprouvées  à  ce  sujet  ont  contribué  à  faire  considérer  cette  Berakha 
comme  une  nouvelle  création  :  on  pensait  ainsi  résoudre  la  contra- 
diction qui  existait  entre  l'ancien  nom  des  Dix-huit  et  le  fait  bru- 

1  Ces  mois  80  trouvent  dans  le  Siddur  de  Rab  Amrarn  à  la  place  de  tsbs*!. 
«  Maimonide  a  pour  îi^tOI  '^'0'\y   bDI  les  mots  Û'^OTîp'^DN  bSI,  ce  qui  équi- 
vaut à  Û"^:?1251  de  la  Nn'^'^na.    Voyez  plus  loin,  p.  32,  note  2. 

>  Berakhôt,  28  b  :  b^-^i^^^  pi  "^scb  m^i^n  H'"^  -T^ioîi  "^bipcn  \^yiGO  n"n 
nmn  *|pnb  rm-^c  û^n  c-^  ûibD  û-^^rjnb  :\"n  ûnb  nt:»  nsn-^n  nnoîi  hy 
Ï-I3  tTpcm  îin^^  nnriN  rraisb  rx:T>t^'\  ppn  bt^iîst)  '^'ûy  CD-^pi^rstn 

lînbi^îl  NbT  m j;23  tub^T  Û'^riD .  •  Nos  docteurs  enseignent  ce  qui  suit  :  Siméon 
Ilappiqûli  mit  en  ordre  les  Dix-huit  bénédictions  en  présence  de  Habban  Gamliel,  à 
Yabné.  Habban  Gamliel  dit  aux  docteurs  :  Y  a-t-il  quelqu^un  qui  sache  arranger 
la  bénédiction  des  Saducéens  ?  Samuel  le  petit  se  leva  et  l'arrangea.  L'année  sui- 
vante, il  l'oublia  ;  il  réQéchit  pendant  quelque  temps  ;  et  on  ne  l'obligea  pas  pour 
cela  à  cesser  son  ofiice.  * 

En  examinant  ce  passage,  on  voit  que  Siméon  n'a  fait  qu'établir  ^rdre  dans  lequel 
devaient  dtre  récitées  les  Berakhot  qui  n'avaient  entre  elles  aucun  lien  logique  pro- 
pre à  en  déterminer  la  suite.  Cf.  Megilla^  17^.  On  reconnaît,  en  outre,  que  Sa- 
muel avait  pris  pour  tâche  de  donner  une  forme  défmitive  (Ipn)  à  cette  bénédic- 
tion. Il  s'agissait  d'abord  de  mettre  des  noms  en  tôle  de  chaque  phrase,  ensuite  d'y 
introduire  l'imprécation  contre  les  Romains,  les  vainqueurs  orgueilleux  (tI3'^*7T}* 
Il  n'est  pas  question  pour  cette  Berakha  d'une  nouvelle  création,  bien  que  les  docteurs 
l'aient  interprété  en  ce  sens.  Cette  imprécation  n'était  certes  pas  sans  danger,  eu  égard 
à  Pespionnage  organisé  par  les  Romains  dans  les  provinces  nouvellement  conquises 
et  particulièrement  en  Judée.  Il  se  peut  donc  que,  pendant  un  certain  temps,  oa  aiv 
été  forcé  de  ne  pas  réciter  en  public  la  douzième  Berakha  avec  l'addition,  ou  même 
de  la  supprimer  tout  entière.  Ceci  ferait  comprendre  le  fait  singulier  qu'à  une 
époque  postérieure,  on  ait  oublié  la  formule  et  que  Samuel  ait  été  obligé  de  rétlé- 
cbir  tvant  de  la  retrouver  dans  sa  mémoire. 


MÉLANGE;;  RABBINÏQDES  31 

tal  qui  présentait  dix-tiouf  Berakliot.  Nous  serions  dispos*^  plutut 
à  regarder  comme  une  addition  nouvelle  le  paragraphe  XIV,  qui, 
dans  tous  les  cas,  n*a  pu  être  introduit  dans  les  Dix-huit  qu*aprés 
la  destruction  de  Jérusalem.  Il  est  même  possible  que,  pour  main- 
tenir Tancieii  nombre,  on  ait,  au  commencement,  fait  disparaître 
le  paragraphe  XV,  en  faisant  entrer  la  prière  pour  le  rétablisse- 
ment du  tri*Jne  de  David  dans  celle  qoi  était  consacrée  à  la  recons- 
truction de  la  ville  sainte.  Une  ancienne  Baraita,  où  il  est  dit 
«  qu'on  fait  entrer  le  trône  de  Daviid  dans  D'^bîSin^  rï3"i2  »,  porte 
peut-être  la  trace  de  cette  tentative  hardie  qui  n'a  pas  réussi  ^ 
Le  paragraphe  XIÎl,  malgré  sa  longueur,  peut  se  réduire  aux 
trois  membres  habituels  ;  il  faut  pour  cela  eu  détacher  les  mots 
D^^natnb^  jusqu'à  piin  "*n:i,  qui  forment  une  sorte  de  titre  qu*ûn 
pouvait  élargir  ou  rétrécir  :  ici  encore  la  même  Baraita  nous 
parle  d'un  moment  où  l'on  avait  introduit  la  mention  des  prosé- 
lytes dans  la  Berakha.  Les  trois  membres  de  cette  bénédiction 
pourraient  être  : 

^n\53  d^nanan  hdb  3na  -îsïs  im         yxïvn  i^rr^  û-'pnxn  b^  xii 

Les  mots  ûrror  n:pbn  s^i^,  s1is  sont  anciens,  forment  le  com- 
mencement du  troisième  membre.  Quant  à  n73H3,  ce  mot  est,  de 
nouveau,  une  de  ces  additions  qu'on  rencontre  également  dans  le 
numéro  XVIII,  après  yT:^  n»  ibbrr^T  *,  dans  ira^j  ifift-)*»  (prière  du 

<  Toseiia  Serahkoi,  IV»  25  :  *T533  t2'^7:sn  nn?:N\D  f^'^^ns  tn*03?  rr;i?:tD 
Vrt)iD  bC3  D^r53  br)  bbio  a^b&î  ^jz  ^"*b  nnnnïï  n-^nDTK  nnr^r  r::i?:D 

Û'^bril'»  bUÎ3  n^TÎ  bni  a-^:pT  b^::^  Û^iri  blSI.  Nous  avons  oorriKê  D^'^CinD  «'» 
^^;^S1B  d*apfè«  Btrakh^i^  8  a.  Les  dix- huit  Btirakhol,,  qui  répondent  aux  dii-huit 
meotioDs  du  tétragramme  du  Psaume  xxix,  uoaacrvtsot  le  nombre  trDdilioDDGl,  pârcu 
qu'oo  ÎDsèfe  l'imprécatioa  coulre  les  Q^^T  daas  U  douzième  Berakha,  la  prii^rb  pour 
1^  prosélytes  dans  la  treizième  et  parce  qu^ou  réunit  la  quinziiïme  à  la  qua-* 
torzième.  À  noire  avis,  la  quinzième  Bdrakba  fut  supprimée  lorsiqu'on  créa  la  qua- 
torzième, mais  la  0^5*^7311  riDia  existait  déju  avant  la  destruction  de  Jérusalem 
«t  foMnalt  un  pendant  à  la  bénédicUon  en  friveur  des  *  justes  et  pieux  i  qui  la  suit. 
Le^  docteurs  qui  considéraient  l'imprccalion  contre  les  f^SiT^  comme  une  nouvelle 
création  soulèvent  mâme  la  question  ;  mais  en  réunissant  la  quinzième  Ucrakha  à 
la  quatorzième,  il  nVa  reste  que  dix-sept?  Et  ils  répondent  qu'a?ant  cette  réunion^ 
la   Birkhûi  HammtHÎm  avait  déjà    été  étalilie  à  Jabné,   fl"''    ^T^SS    ^lb    'T    l^N 

roy^  m:?3p  nas  D'3^13  bu  nrjna  ib  m^K  To\s  rn^y  :'3C. 

»  Le  premier  membre  de  cette  Berakha  se  termine  par  ïlbo.  mot  qui  sa  rencnn- 
Iré  encore  ailleurs  dons  le  Kituel,  comme  dans  ceLle  Berakha  même  :  15mT7T 
fîbo.  el  ailleurs,  ïibc  ^T^iKD''  ^ïl^O  "Tlïjî^TT^ ,  etc.  Dans  tous  ces  passages^  il  t 
la  at&s  traditionnel  de  ibub  1  comme  le  traduit  le  Targum  "J^^b^b.  Le  SiJdur 
de  K.  Amram  donne,  dans  le  f^^^  112n^  avant  Dlbub  13N'*3m,  la  curieuse  . 
•ddilîû&  suivante  :  ^3^1  TîbO  HÏS  i:*î3T7t  bw  ^l'^nDHl  ^J'^îanm  î  les  trois  der- 
niers mots  répoûdeut  à  peu  près  à  IJI  oblJ^b  T'an*  Us  roppeUent  le  passage  du 


BEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

soir)  et  aîileûrs*  Les  paragraphes  XIY  et  XV  sont  conformes  ad 
type  priraitif,  si  1  on  enlève  à  XIV  ia  phrase  relative  au  <»  tn*me  de 
David  ».  Enfin,  dans  X\l,  les  roots  yizrû  h»  ^D  jusqu^à  •c^'^cn  ne 
sont  qu'une  amplification  postérieure  de  ^?:nTDnnei  'O,  qui  est  le  ?^ 
ritable  membre  final  de  la  bénédiction  * . 

Noaa  croyons  utile  également  de  présenter  une  observation  sur 
la  formule  finale  des  bénédictions.  Nous  pensons  qu'elle  ne  s'est 
jamais  composée  que  de  deux  mots,  qui  ont  été  surchargés  d'ad- 
ditions qui  manquaient  dans  la  forme  prioiîttve.  Les  cinq  premiers 
paragraphes,  ainsi  que  VII,  IX»  XIV  et  XVI,  ont  encore  leur  an- 
cienne forme;  le  numéro  VI  doit  être  réduit  à  mbob  naiTzîr, 
n<>  VIII  à  t^b^n  ftten-^  ;  n«  X  à  n'^rm  >^3p?o  ;  n*»  XI  à  od^îd  nn^fia  ; 
n*  XIÏ  à  D^iT  ^'•5ST3  '  ;  n<»  XIII  à  d^-p^i^V  narî:^  ;  n*^  XV  à  rvzT7 

Si,  d*un  côté,  ils  étendaient  ainsi  de  plus  en  plus  Tancien  type 

des  Berakhot,  les  docteurs  nous  ont  laissé,  d'un  autre  côté,  les 
formules  dans  lesquelles  les  Dix-huit  ont  été  fortement  abrégées; 
c'est  ce  que  la  Mischna  appelle  nniû5?  nataa  V*'^-  Nos  rituels  ont 
conservé  une  de  ces  courtes  formules,  commentant  par  v,ti':% 
'[TTk^  'n,  telle  qu'elle  se  trouve  dans  le  Talmud  deBerakhot,29a. 
Le  Talmud  de  Jérusalem  •  avait  deux  formules»  Tune»  très  courte, 
dont  il  donne  les  six  premières  Berakhot  (IV-IX),  représentées 
par  dix  mots,  et  Tautre,  plus  longue,  qui  est  d'accord  avec  la  rédao- 
tion  du  Babli,  et  dont  îl  ne  nous  a  conservé  que  les  sept  autre* 
Berakhot  (X-XVI).  11  nous  manque  la  fin  de  la  formule  la  plus 
courte,  probablement  par  suite  d'une  malencontreuse  observation 
de  R,  Haggay,  qui  a  égaré  le  copiste  si  négligent  du  Jeruschalnii* 

J.  Dehenbourq. 

Talmud  Bftbli  S*'Mn,  S4  h  'iSl  1^1  T'h'O  TX^  "naKSD  t21p73  bS,  où  ccpendint 
cbA^ue  mot  est  expliqua  à  i>Bn. 

»  On  û  depuis  longlemps  observé  que  le  paragraphe  XVfl  (HX^)  jtvîtm% 
une  coûlradiclioa  entre  la  phrase  'l3T  Ï1*7*12^Ï1  TH  2ÏÏÎTÎ  et  ceUe  àt  ^80 
'1D1  bt^'^D^-  La  première  no  peut  j  avoir  été  ajoutée  qu*aprè»  la  deîitructba  du  salic- 
luaire.  ^ancienne  rormuîe  émît  peut-î^tre  ûnbDn31  bî^TÛ"*  ^r:r^n  liTîVx  *rî  TÇi^ 

"|)3^  bïn«^  ma?  n^i2T[  lii^-ib  "'rrnn  pxn^  î^^pn  2nb£:*-in  ^x-ia*^  ''ïïsn. 

li  esl  bien  entendu   que»  dans    ce  cas.  les  mots  '^0^  ■)3'^3"*^  Ha'^Tnri'!*  aiiisi  <n» 
il  bénédiction  finale,  ne  sont  pas  anciens. 

«  Ou  bien  C^n-ilN  ^31^  »  ce  qui  rappelle  les  mois  ini3-»  "«rn^lH  531 ,  l»»' 
dis  que  Ë^IT  ?'^;d?3  n'a  été  ajouté  que  lorsque  les  0*^*7?  ont  été  ïQlrodiiits  dM* 
la  Berakba, 

i  Le  mot  \yp  suit  d'ordimtire  le  verbe  Gif!  et  se  rapporte,  dans  tooi  ie§ 
toujours  a  David  ou  au  Messie,  —  Nous  supposons  pour  XVU    11375   •^PIRffl 
pour  XVIII  msninn  5ô<*  qui  se  sont  maintenus  à  la  fin  du  l^snT  S'^'UTD. 

*  iTenïAAoi,  8  fl  :  y\2  ir-'bn  Ksn  isbNiA  "ïsb  nbo  i:n:îT:Dn.ni:n  laraï 


Dans  la  littérature  et  dans  les  dogmes,  dans  la  liturgie  et  dans 
rites,  en  un  mot  dans  la  vie  de  la  communauté  clirétienne  dés 
^niîers  siècles,  rorigine  juive  du  christianisme  se  révèle  avec 
le  clarté  qui  ne  se  retrouvera  |dus  dans  la  suite.  De  môme,  en 
ice  de  la  mort  et  par  delà  les  tombeaux,  Téglise  montrait  encore 
liens  qui  la  rattachaient  au  judaïsme,  en  se  servant,  pour  affir- 
te  ses  convictions  les  plus  sacrées,  ses  espérances  su[>rémes, 
^*ttii  langage  imagé  emprunté,  en  partie,  à  rAncien-Testament, 
ûela  nuit  des  catacombes,  qui  sont  elles-mêmes  un  emprunt  fait 
•ui  institutions  juives,  émerge  une  série  de  symboles  bjblifjues 
piimitifs  qui  deviennent  des  types  fixes  et  qui  se  retrouvent,  en 
^'>robre  plus?  ou  moins  grand,  dans  tous  les  pays  où  le  christia- 
'ïbme  se  propagea  successivement,  dans  les  tombeaux  et  sur  des 
pbages,  sur  des  bas-reliefs  et  des  pierres  tumulaires,  sur  des 
p6s  et  des  verres  à  destination  l'unéraire.  Ces  symboles  nV*nt 
se  produire  accidentellement,  arbitrairement,  par  le  caprice 
idifidus  isolés;  ils  forment,  au  contraire,  un  cycle  bien  éla- 
stéréotypé,  \\n  canon  supposant  une  préméditation  profonde, 
pensée  dirigeante,  un  ensemble  complexe  de  vues  qui  de- 
tiieul  être  immédiat emenl  compréhensibles  pour  la  masse  des 
Crojniitii,  «ans  exiger  des  connaissances  scientifiques  ou  un  ba- 
gage littéraire. 

San:»  vouloir  prendre  parti  dans  la  querelle  que  Tétude  des  mo- 
lumeutB  du  christianisme  primitif  a  soulevée  entre   les    deux 
T.  XIV.  F*»  î7.  s 


3/, 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


camps  d'all<*goristes,  les  catholiques  et  les  protestants,  on  pem 
cependant  admettre»  à  priori»  que  Tobservation  et  rinterprétâtioi 
la  plus  naturelle  et  la  plus  sobre»  (évitant  les  parallèles  cach^^  dfl 
la  littérature,  approchera  plus  près  du  véritable  sens  des  mona- 
nients  que  l'interprétation  reposant  sur  des  hypothèses  scient*^ 
fiques,  qui  introduit  dans  les  symboles  toutes  aortes  de  rapports 
d'allusions  que  les  artistes  et  les  premiers  croyants  ont  pu  diffici- 
lement avoir  en  vue.  Les  démonstrations  accumulées  par  l'^^inidi'" 
tion  de  Bosio  au  sujet  de  chaque  image  et  de  son  sens  symbolique 
d'après  la  littérature  des  Pères  de  TégUse  et  des  poètes  cbrétiem^ 
ont,  en  partie»  le  défaut  de  reposer  sur  des  données  plus  récenlei 
de  plusieurs  siècles  que  les  monuments  qu'elles  doivent  interpré* 
ter.  Le  parallélisme  des  types»  qui  voit  dans  tout  TAncien-Te^ta^ 
ment,  dans  ses  figures  et  dans  ses  événements,  un  prototype  di 
Nouveau-Testament,  de  sorte  que  chaque  trait  doit  se  répète 
dans  Tun  et  dans  Tautre,  parce  qu'il  est  devenu  plus  tard  prédo* 
rainant  chez  les  commentateurs,  les  prédicateurs  et,  par  suite 
dans  Fart,  ne  peut,  pour  cette  seule  raison,  se  retrouver  dans  lêÉ 
monuments  d'une  époque  antérieure.  La  manière  dont  les  iinagef 
de  rAncion-Testament  sont  usUées  sur  les  monuments  prote«ll 
aussi  hautement  contre  celte  interprétation  ;  en  eâet*  nulle  pari 
on  ne  parvient  à  constater  entre  ces  i ma gas  et  le  symbole  ecQ' 
prunté  au  Nouveau-Testament  une  conformité  évidente;  au  coû? 
traire,  il  y  a  souvent  plusieurs  types  de  l'Ancien-Testameut  à  c<'»l 
d^uo  type  unique  du  Nouveau-Testament  et  vice-versà.  Du  reste 
il  est  contraire  à  la  loi  du  développement,  qui  se  révèle  dans  toati 
chose  créée  et  s^ussi  dans  Fart,  que  1  art  chrétien,  si  simple  à^sei 
débuts,  ait  adopté  régulièrement  une  dualité  de  représeiitatioi* 
c'est-à-dire  la  répétition  d'un  seul  et  même  symbole. 

Si,  d*un  côté,  nous  devons  nous  éloigner  d'une  interprétalic 
trop  compliquée,  trop  savante  et,  par  suite,  peu  ïiaturelle  de  c^ 
symboles;  d'un  autre  cùté,  il  faudra  aussi  rejeter  Tétude  par  Iro 
superficielle,  supposant  l'absence  d'idées,  la  pure  imitation  de  I 
part  des  artistes  et  des  croyants.  Un  symbole  peut,  dans  le  coui 
du  temps,  s*user,  perdre  de  sa  valeur  et  se  réduire  à  un  sigli 
sans  portée,  mais  originellement  il  était  Tenveloppe  d^me  idée, 
hiéroglyphe  d'une  pensive  qu'il  nous  faudra  rechercher  et  doJ 
nous  ne  pouvons  négliger  la  signification.  Plus  la  présence  d'imagl 
bibliques  sur  les  monuments  funéraires  des  chrétiens  primitl 
atteste  la  renonciation  aux  symboles  payens,  la  lutte  et  la  ruptm 
avec  l'antique,  plus  nous  serons  sûrs  d'avoir  à  leur  attribuer 
choix  raisonné,  une  origine  reposant  sur  de  bonnes  raisons, 
faudi^a  aussi  séparer  le  noyau  de  i'écorce,  la  substance  du 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TTTMULAIRES 


35 


le  son  enveloppe  extérieure»  Le  monstre  marin  qui  engloutit 
peut,  sur  les  rnonuraents  chrétiens^  être  emprunté  à  des 
3intures  tout  à  fait  payennes,  mais  la  flgure  du  propliète  n'a  rien 
ire  avec  l'antique  ;  sa  présence  dans  llconographie  chrétienne 
:  avoir  un  motif  démontrable;  il  ne  suffît  pas  de  dire  que  les 
payens  avaient^  eux  ausî^i,  des  tigureâ  de  monstres  marins  sur  ks 
^Muonuments  runéraires.  Si  l'enveloppe  du  symbole  est  anciennei  le 
^fcymbole  ne  perd  rien  de  sa  nouveauté,  qui  demande  une  explica- 
^Bion.  L'artiste  emprunte  les  traits  de  sa  peinture  à  Fépoque  où  il 
^■lit,  à  son  entourage;  mais  la  substance,  l'objet  qu'il  représente» 
Hlie  vient  pas  pour  cela  de  son  époque,  de  son  milieu.  Les  symboles 
bibliques,  malgré  leur  parenté  avec  Tantique,  ne  sont  pas  des  imi- 
^■talions  ou  des  continuations  de  celle-ci  ;  ils  sont  quelque  chose 
^Pie  nouveau,  qui  n'a  pas  encore  existé,  qui  exige  d'autant  plus 
impérieusement  l'explication  par  lui-même, 

La  littérature  du  cliristianisme  postérieur  et  les  symboles  tumu- 
laires  de  l'antique,  voilà  les  deux  sources  à  Taide  desquelles  on  a 
ssayé  jusqu'ici  d'ex[>liquer  le  sens  des  figures  bibïiques  sur  les 
monuments  du  christianisme  primitif.  Mais  n'y  a-t-il  pas  une  troi- 
sième possibilité,  savoir,  quMl  existait  déjà    dans    le   judaïsme 
iéme,  qui  est  à  vrai  dire  la  souche  du  christianisme^  un  choix 
rimagés  de  TAncien-Testament,  un  cycle  fermé  de  types  qui  ont 
}u  avoir  été  usités  dans  la  liturgie?  L'église  ne  se  conipose-t-elle 
as  de  la  réunion  de  Vecclesia  ex  gentibiis  et  de  Vecclesia  ew 
rcumcis^ione,   comme  llndique  déjà    Timage    si   ancienne   de 
,  Sabine  sur  TAventin,  par  les  deux  figures  de  femmes  en  prière- 
Toutefois,  avant  de  hasarder  des  vues  nouvelles  dans  une  ma- 
ière  si  souvent  traitée  par  de  si  grands  maîtres  de  l'archéologie 
chrétienne,  nous  réunirons  d*abord  les  symboles  de  rAncien-Tes- 
lament  qui  se  trouvent  lo  plus  Crf^^quemment  dans  les  peintures  des 
ïtacombes  et  sur  des  sarcophages,  nous  les  examinerons  et  puis 
lous  rechercherons  la  source  de  ce  cycle  ;  enfin,  nous  traiterons 
tommaireraent  des  descriptions  bibliques  des  monuments  funé- 
raires plus  rares,  habituellement  dérivés  des  premiers  et  aussi 
postérieurs  quant  à  Tépoque.  Toutefois  nous  n'avons  pas  la  pré- 
?ntion  d'épuiser  le  sujet.  Dans  l'état  actuel  de  la  science,  où  les 
intiquitês  chrétiennes  de  grandes  contrées  n'ont  pas  encore  été 
examinées  ni  reproduites  artistiquement  par  le  dessin  ou  plus 
complètement  par  la  photo^^raphie,  en  énumérer  exactement  tous 
les  emprunts  faits  à  rAncien-Testament  et  faire  la  statistique 
complète  de  leur  propagation,  serait  une  entreprise  sans  espoir. 
Cependant,  même  un  examen  superficiel  nous  donne,  pour  servir 
à  l'édifice  de  Thiâtoire  juive»  des  matémux  qui  ont  été  négligés 


90  RÊYIE  DES  ÉTUDES  JITTVKS 

lusqu  à  pr(*sent  du  côté  des  Juifs  :  riiistoire  des  grand 
et  des  grands  r»?cit8  de  rEcriture-Sainte  eii  dehors  du  cl:  ... 
synagogue  Ibrme,  en  effet,  une  partie*  et  une  partie  nullement 
intérêt,  de  llii.stoire  du  judaïsme.  LUiistoire  de  rAncien-T*-!5bua»;Bt 
dans  l*art  est  eijcore  à  écrire;  en  particulier,  son  influence  sui 
rart  chrétien  primitif  tonnera  un  important  chapitre  de  cet 
vrage. 


Adam  et  Eve* 

Ce  n'est  pas  seulement  «  principalement  sur  des  sarcophages 
et  sur  des  verres  dor^^^s  «,  comme  le  prétend  Kraus*,  que  nou 
trouvons  limage  d'Adam  et  d'Eve.  M.  Lel'ort*  veut»  à  la  vérité 
placer  dans  la  deuxième  moitié  du  m*  siècle  la  peinture  de 
voûte  du  cubiculuni  de  S.  Agnèse,  mais  cela  n'emp<^che  pas  ii 
croire  à  leur  présence  antérieure,  dans  rornementation  des  toiQ 
beaux  chn^tiens.  L'iconographie  de  ce  point  particulier  m^ 
rilerait  une  étude  à  part  et  nous  nous  bornerons  ici  à  releva 
(luelques  rares  traits.  L'arbre  de  la  connaissance,  dans  lequi 
s'enroule  habituellement  le  serpent,  est  entre  Adam  et  Eve.  Lj 
plus  souvent  Eve  est  à  la  gauche  du  spectateur,  par  exemple 
(îarrucci  %  11,  tab.  23,  34,  5,  55,  57,  G3;  parfois  elle  est  aussi  àl 
droite  du  spectateur,  ainsi  dans  Garrucci,  tab.  53,  64,  95,  et  sur 
précieuse  peinture  de  la  catacambe  de  S.  Gennaro  à  Naples,  itfi 
tab.  %.  Le  serpent,  ayant  le  plus  sauvent  la  pomme  dans  I 
bouche,  se  tourne,  exactement  selon  le  récit  biblique,  vers  Eve 
rarement  vers  Adam«  Le  serpent  apparaît,  au  pied  de  Tarbi 
émei*geanl  du  sol  {ib.,  tab.  55);  souvent  Tarbre  manque  auss^ 
lorsqu'une  autre  figure  remplit  l'espace  entre  Adam  et  Èv6 
comme  dans  Lefort,  p.  49.  et  Garrucci,  t.  67.  —  Quoique  Adam 
Eve  soient  représentés  dans  leur  entier  développement,  Adâi 
n^apparatt  que  très  rarement  avec  une  barbe,  comme  sur  la  pein 
turede  eatacombe  dans  Garrucci,  t.  34,  5,  et  sur  un  sarcopbdg 
romain,  lô.,  V,  t.  318.  Eve  se  montre  à  nous  avec  une  chevelu! 
abondante,  bien  coitTée;  sur  les  vendes  dorés,  elle  a  même  d 
bracelets  et  une  chaîne  de  cou  {R.  E.  /».  *,  I,  18).  On  songe  ici 
volontairement  à  la  parole  des  docteurs,  disant  que  Dieu  Tavî 


*  P.-X.  Kr«tts,  B9m^^  $êttêrrûmêm^  M  rémmàêm  Kmimk&mè&m^  1*  éditiôD*  p.  ^ 

*  Louis  Ufort,  Étmâê$  mr  tu  «Msmntsff  primitiA  dt  U  ptimiwti  cii^itmmê 
tt*hf^  Paris,  tS«5.  p,  46. 

*  H«llb«b  Otmicd»  Sim^  éêlts  stf  frittiêmÊ,  iroL  11. 


Sm$  ET  OmCîNE  DES  SVilliOLES  TlîAfULAlBES  37 

lée  et  coifl'ée,  avant  de  l'amener  à  A^lam*  h'^otd  p  ^""i  '^sm 
pirr»  mnb   rT"3pri    njbpa   i7:b?a  s'biïi  r«  'n   |n^i  n^^m  ■'«Ta 

^n  Cîwb  [Berakhol,  61  a).  Ceci  doit  faire  cesser  rétonnement 
(M.  Le  Blant  {Arles,  p.  vni,  note  9;  cf.  Garrucci,  III,  p.  123),  Il 
&t  pas  possible  de  Liistmgiier  dans  ces  images  si  elles  présente jit 
Itablier  Je  feuilles  de  liguier  cousu  ou  tressé.  Souvent  il  appa- 
|U  comme  un  épais  feston  courant  autour  des  reins;  parfois  on 
{voit  que  la  feuille  tle  figuier.  La  figure  montrant  en  haut  l'arbre 
I ayant  Fattitnde  d'une  personne  parlant  ne  tient  le  tablier  que 
Bne  main;  l'autre  figure  le  tient  des  deux  mains.  Parfois  on  voit 
Jpomine  dans  la  main  d'Eve, 

JCette  peinture  a  été  souvent  reproduite  sur  les  sarco}diages, 
titût  avec  d'autres  imat^es,  sur  la  partie  antérieure  du  sarco- 

ge,  tantiît  seule  sur  les  parties  latérales.  La  collection  de  Gar- 
cci,  dans  le  V*  volume  de  son  ouvrage  monumental,  donne  des 
mpïes  fournis  par  Rome  :  t.  312,  1,  4,  313,  314,  318,  322,  3(55, 
[372.  382,  396,  1»  5,  402;  par  Milan  :  t.  328  ;  Yelletri  :  t.  374  ; 
^ples  :  1.395,  2;  Vérone:  t.  333;  Syracuse:  t.  3(>5,  1;  Sara- 

ï:  t.  381;  Tolède  :  t.  369;  Madrid  :  t.  376,  3.  L'exemple  de 

nosque  (t.  351)  est  reproduit  plioto}?rapliiquement  dans  Le 
inM,  t.  50;  cet  ouvrage  donne,  p*  71,  97,  99,  118, 136,  142,  d^au- 

i  exemples  provenant  de  France,  auxquels  il  faut  encore  ajouter 
ot  d'Arles  ••  Le  sarcophage  de  Caliors,  dans  Le  Blant,  p.  21,  où 
bani  et  Eve  sont  représentés  sans  tablier,  devant  l'arbre  de  la  con- 
lissance*  est  très  remarquable.  La  représentation  du  sarcophage 
I  Veîletri,  où  Adam  et  Eve  se  tiennent  embrassés,  où  Eve  tend  la 

oiiie  à  Adam  encore  tout  nu  et  où,  sur  le  c<)té,  se  trouve  l'arbre 
tpled  duquel  le  serpent  se  lève  vers  le  couple,  tenant  une  ^igiœ 
|ftssaboucbe,  mérite  aussi  notre  attention.  Evidemment  ici  Tar- 

^a  clioîsî  le  moment  qui  précéda  la  chute  d'Adam.  Sur  le  sar- 

b4g«  de  Saragosse,  l'image  d'Adam  et  Eve  est  répétée  sur 
l4tui  bas -côtés  ;  au-dessus  de  1  image  d'un  des  cotés,  il  y  a  la 

ârquable  suscrlption  :  Adan  (par  un  n)  et  Evva,  comme  pour 
miter  roHbographe  du  texte  :  njn. 
Limage  d'Adam  et  Eve  parait  aussi  avoir  trouvé  régulièrement 
bc*»  sur  les  coupes  en  verre  à  destination  funéraire.  Je  citerai 
ws  exemples  qui,  par  réloignement  des  lieux  de  découverte» 
Durent  la  diffusion  typique  et  extraordinaire  de  ce  symbole.  La 


iid  L«  Blant^  Lit  tareopha^n  tKretient  dehOauU;   Pam,  18^,  in-4". 
i  tt  Eve  QjiioqueQl  dans  l'index  de  cet  ouvrage,  qu«  je  cilemi  dans  ]a  suit»  de 
êÊOB  élode  iimptvineat  £ous  le  nom  de  Le  Blonl. 

'  Bdnont  Le    Uiant,  Étndtt   sur  tes    iariùphûf^tt    ehr/tient  antit/ttes    de    la  tUle 
d'ÀrUë;  Put*,  1S"8,  in'4",  Plauche  Vf  ==i  Garrucci,  U  3tî6,  3. 


38  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

coupe  de  Podgoritza,  en  Albanie,  contient  le  dessin  le  plus  cru 
et  le  plus  grossier,  et  porte,  du  reste,  la  fausse  inscription  ABRAM- 
ETETEUAM  (Cf.  le  dessin  de  Le  Blant,  Arles,  t.  XXXVI).  La  pa- 
tène en  verre  de  la  collection  Disch,  de  Cologne,  trouvée  au  pays 
rhénan,  a  aussi  Adam  et  Eve  sur  un  de  ses  médaillons  de  verre 
(voy.  Jahrbûcher  des  Vereins  der  Alterthumsfreunde  im  Rhein- 
lafide\  36,  t.  III).  La  même  image  se  trouve  sur  un  vase  en  verre 
provenant  d'une  tombe  du  iv«  siècle,  d'Abbeville  (Aisne);  voir  Ga- 
zette archéologique,  IX,  1884,  p.  224. 

Si,  après  cet  aperçu,  nous  demandons  ce  qui  a  valu  à  ce  sym- 
bole sa  place  régulière  sur  les  monuments  funéraires  chrétiens, 
nous  verrons  dans  la  réponse  les  deux  extrêmes  de  Tinterpré- 
tation,  Tallégorisme  sans  frein  et  le  rationalisme  aride  et  sans 
idée.  La  masse  de  pensées  dogmatiques  et  d'allusions  que,  d'Arin- 
ghi  à  Heuser  (R.  E.  P.,  1, 15),  on  a  cru  trouver  dans  cette  naïve 
peinture,  Schultze»  en  a  prouvé  l'invraisemblance  et  la  fausseté. 
Mais  il  est  encore  beaucoup  plus  erroné  de  soutenir  que  cette 
image  est  empruntée  à  Tantique,  comme  Hasenclever  l'a  sou- 
tenu '.  Parce  que,  sur  les  tombes  païennes,  il  y  avait  aussi  des  fi- 
gures de  serpents,  l'emploi  de  l'image  du  premier  péché  ne  serait 
que  la  continuation  de  Tusage  payen,  comme  si  le  serpent  était  le 
sujet  principal  et  comme  si  les  figures  d'Adam  et  d'Eve  qui  l'ac- 
compagnent n'étaient  qu'une  addition  insignifiante. 

Celui  qui  veut  résoudre  impartialement  cette  question  ne  peut 
méconnaître  un  instant  la  signification  funéraire  du  symbole.  Au 
sens  de  l'Écriture  sainte,  l'image  d'Adam  et  Eve  se  trouve  sur  les 
monuments  funéraires  parce  qu'ils  ont  apporté  la  mort  dans  le 
monde.  Comme  dans  la  liturgie  funèbre  des  Juifs,  les  paroles  de  la 
Genèse,  m,  19  :  «  Tu  es  poussière  et  tu  retourneras  à  la  pous- 
sière, »  empruntées  au  récit  de  la  première  chute,  sont  pronon- 
cées au  moment  où  la  tombe  commence  à  se  fermer  et  les  mottes 
de  terre  à  tomber,  ainsi,  dans  le  symbolisme  tumulaire  des  chré- 
tiens, l'image  de  la  première  chute  est  devenue  le  symbole  d'un 
mutisme  éloquent  de  la  mort  compréhensible  aux  esprits  les  plus 
simples,  rattachant  la  destinée  de  tous  les  hommes  au  commen- 
cement de  la  vie  humaine  sur  terre. 

Comme  développement  du  symbole  original,  comme  peinture 
historique  n'ayant  besoin  d'aucune  interprétation,  nous  trouvons 

'  Dans  la  suite,  nous  désignerons  ce  recueil  par  Tabréyietion  J.  R.  H. 

«  Victor  Schultze,  Arehaeologische  Studien  Ûber  altchristliche  Monumênte  ;  Vienne, 
1880,  p.  154  et  s. 

•Adolphe  Hasenclever,  Der  altchtisUiche  Qràbertchmuek  \  Brunswick,  1886, 
p.  217. 


SFINS  ET  ORÎGÏNE  DES  SYMBOLES  TLTMl  LAIHES  39 

S  tardiveinent  et  1res  rarement,  sur  les  sarcophaf^es,  la  cr^alion 

WUnm  ou  trÈve.  Heuser,  B,  E,  P.,  1,  16,  ne  cite  q\iB  le  sarco- 

if ^  bien  coiiiui  du  musée  de  Lati-an,  reproduit  par  Garrucci, 

395,  2;  Kraus,  Eoma  sotierranea ,  t.  Vîl,  et  Schuitze,  Arch. 

Hâien^  t.  22.  Toutefois  cette  ppîoture  n*est  pas  la  seule*  Si  Bour- 

inatort  de  parler  deonze  peintures  de  la  création  d'Eve  se  trou- 

intdans  la  collection  de  Latran  (Schultze,  pag:e  102,  note  3),  il 

;jste cependant  d'autres  exemples  de  cettasc^ne.  Ainsi,  Garrucci 

niî<  donne,  tab.  396,  2,  un  exemple  provenant  de  Naples,  où  cet 

i^nement  est  représenté  à  tèié  de  la  chute,  exactement  comme 

sur  le  sarcophage  de  S.  Paolo  fuori  le  mure,  et,  tab.  399, 7,  un  autre 

emple  tiré  de  CampH.  M,  Le  Bîant,  p,  80,  en  ajoute  un  autre 

core  où  Dieu  est  repn^âenté  modelant  le  corps  d'Adam,  emprunt 

la  création  de  Thomme  par  Pnmiétliée  dans  l'art  antique,  comme 

llze,  p.  151,   l'a  montré.  M.  Le  Blaiit,  Arles,  p.  12,  [>rouve 

i^ilans  Tart  chrétien  primitif,  les  représentations  de  la  Divinité 

mdent.  Mais  les  deux  figures  qui  apparaissent  habituellement  à 

de  Dieu»  à  ia  création  du  premier  couple  humain,  ne  sont  pas 

r  former  la  Trinité  :  Schullze,  p.  148  et  s,,  Ta  démontré  à 

près  et  y  a  vu  des  figures  d'anges, 

Cest  aussi  fort  tard,  et  seulement  comme  développement  pré- 

idtt  hJ«torique  du  symbole  des  premiers  parents,  qu'apparaît 

les  sarcophages  la  scène  de  Gen.»  m,  23,  où  Adam  et  Eve  sont 

*8  du  paradis.  Ordinairement  Adam  est  représenté  portant 

gerbe,  Eve  un  agneau  :  ici  il  ne  faut  pas  ctiercher  de  symbo- 

loe»  mais  il  faut  admettre  simplement,  avec  Schultze(p,  157), 

\'m  a  désigné  par  ces  emblèmes  Tagri culture  et  l'élève  du  bé- 

hil.ou^  comme  la  Bible  dit,  le  travail  de  la  terre,  qui  sera  dé- 

lonnais  la  destinée  du  genre  humain.  Rien  qu'à  Rome,  on  a  trouvé 

806  foule  de  ces  peintures;  ainsi,  par  exemple,  dans  Garrucci, 

I»b.3l4,  1  ;  365,  2;  396,  3-4;  402,  6.  M.  Le  Blant,  p.  35,  cite  un 

,    exemple  d*Arles,  La  figure  qui  met  la  main  sur  l'épaule  d'Eve  est 

incontestablement  le  Clirist  :  un  sarcophage  de  Saragosse  dans 

^^Bflmjcci,  t.  381,  2,  met  cette  interprétation  hors  de  doute.  Sur 

^■|0m  desi  bas-côtés  se  trouvent  Adara  et  Eve;  d'un  côlé,  c'est 

fllfeène  de  la  chute  et  on  y  voit  déjà  l'agneau  et  la  gerbe  à  côté 

d*Adam  et  Eve;  de  l'autre,  c'est  la  scène  dp  l'exil  du  paradis.  Ici 

fljrt  enire  les  deux  figures  d'Adam  et  d'Eve,  reconnaissables  par 

n&scription  d'Adan  et  d'Evva,  une  ligure  qui,  de  la  main  droite, 

tend  Â  Adam  la  gerbe,  de  la  main  gauche  tend  Fagneau  à  Eve  : 

an-Jcssus  de  sa  tète  elle  porte  le  monogramme,  c'est  a-dire  qu  elle 

est  désignée  clairement  et  incontestablement  comme  le  Christ, 

Sciiultzi:  a  aussi  admis,  contrairement  à  Piper,  que  la   même 


40  liEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

figure,  dans  la  môme  scène  du  sarcophage  de  S.  Paolo,  est  le 
Christ  (p.  155,  note  2). 

L'agneau  et  la  gerbe  apparaissent  aussi,  d'après  Gen.,  iv,  3-4, 
dans  le  sacrifice  d*Abel  et  de  Caïn  ;  dans  Tart  chrétien  primitif, 
il  n'y  a  pas  d'exemple  de  la  représentation  de  cette  dernière  scène, 
qui  n'a  été  reproduite  que  sur  quelques  sarcophages.  Aux  trois 
exemples  cités  par  Heuser,  R.  E.  P.,  I,  2,  il  faut  encore  ajouter 
ceux  que  donne  M.  Le  Blant,  Arles ,  p.  10,  43.  Dans  un  fragment 
de  Die,  il  veut  (p.  25)  reconnaître  le  sacrifice  d'Abel.  La  peinture 
nous  montre  Caïn  avec  la  gerbe,  Abel  avec  l'agneau  sous  le  bras, 
se  présentant  devant  Dieu,  qui  apparaît  comme  un  homme  barbu, 
sur  un  siège  paché  par  une  couverture,  et  ayant,  comme  signe  de 
sa  majesté,  un  escabeau  sous  les  pieds. 

Comme  un  rejeton  latéral  d'une  branche  qui  dépérît  rapide- 
ment sans  être  arrivé  à  fleurir,  cette  scène  sort  du  .symbole  pri- 
mitif et   disparait  après  quelques  tentatives.  L'art  des  verres 
dorés  n'a  pas  même  adopté  ce  sujet,  tellement  peu  il  avait  une 
place  ou  une  signification  vraie  dans  le  canon  de  l'ornementa- 
tion funéraire  du  christianisme  primitif.  Toutefois  Heuser  {l.  c.,-. 
p.  3),  entre  autres  allusions  et  allégories  disséminées  dans  less 
Pères  de  l'Église  qu'il  élève  à  la  hauteur  d'interprétations  d^ 
cette  scène,  a  cité  celle-ci  :  que  Caïn  signifie  la  Synagogue, 
Abel  l'Église. 

La  faute  d'Adam  et  Eve  est  le  symbole  original  et  le  seul  com- 
préhensible de  l'art  funéraire  du  christianisme  primitif;  les 
autres  tentatives  faites  pour  tirer  de  Thistoire  d'Adam  et  d'Eve 
et  de  leurs  deux  fils  des  scènes  pour  les  monuments  funèbres  ne 
peuvent  être  considérées  que  comme  des  additions  au  fond  du 
symbole,  visant  seulement  au  titre  de  peintures  historiques  et 
excluant,  par  leur  nature  et  leur  développement  historique,  l'in- 
terprétation symbolique.  Aussi,  l'explication  de  ces  peintures  ne 
peut  être  que  forcée  et  artificielle.  Si  Épiphane  voit  dans  ces  pa- 
roles de  la  Genèse,  iv,  10  «  que  c'est  le  sang  (et  non  l'âme)  d'Abel 
qui  crie  vers  Dieu  »,  une  allusion  à  la  résurrection  des  corps,  on 
peut  accepter  cette  interprétation.  Mais  pourquoi  y  aurait-il  pour 
cela  la  même  signification  dans  le  fait  de  roff*rande  du  sacrifice  de 
Caïn  et  d'Abel,  où  il  n'est  pas  encore  question  de  la  mort  d'Abel 
et  encore  moisis  de  cette  finesse  agadique,  comme  Heuser  le  croit 
étourdiment?  Une  peinture  historique  ne  doit  pas  être  prise  allé- 
goriquement. 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMCLAIRES 


4f 


Varche  de  Noé. 


Sur  les  peintures  murales,  sur  les  décorations  de  voûte  comme 
dans  les  arcosolia  des  catacombes,  nous  trouvons,  à  une  époque 
fort  ancienne  et  1res  fréquemment,  Noé  dans  Farche,  recevant 
la  branche  d'olivier  rap[)ortée  par  la  colombe.  A  Rome,  comme 
à  Fùnfkirchen  S  la  même  scène  nous  apparaît,  11  est  vrai  que 
M.  Lefort  (p.  Htù)  veut  attribuer  Timage  de  la  catacombe  de  Domi- 
tillaà  la  lin  du  u°  siècle  ;  mais  de  Rossi  lui  accorde  nue  plus 
haute  antiquité  (Kraus,  R.  S.^  279),  et  Scliultze  tient  pour  prouvé 
(p.  270)  que  son  apparition  dans  Tart  chrétien  date  du  commence- 
ment du  ii*^  siècle.  Je  vais  risquer  une  hypothèse  qui  absout  cette 
peinture  devenue  typique  chez  les  artistes  du  reproche  «  de  man- 
quer de  tout  réalisme  historique  »  (Kraus,  ib,,  p.  278).  OnaTha- 
bitude  de  prendre  la  petite  caisse  cubique  d'où  Noé  émerge  pour 
rarclje,  bien  que,  si  on  fermait  le  couvercle,  il  n'y  aurait  pas 
mez  de  place  pour  lui  tout  seul.  Qu'un  si  petit  réceptacle  dési- 
gne la  puissante  arche  dans  laquelle  tous  les  êtres  vivants  pu- 
rent se  sauver  du  déluge,  c'est  là  une  hypothèse  inadmissible, 
DJénjp  dans  la  peinture  symbolique.  Aussi,  j'y  vois  seulement  la 
peinture  de  l'ouverture  destinée  à  donner  de  la  lumière,  du  nnk 
(6en.  VI,  16),  que  les  artistes,  d'après  une  interprétation  fort  juste 
«Je  ce  verset,  considéraient  comme  un  cube  saillant  d'une  coudée 
ati-dessus  de  Farche.  Avec  un  sens  génial  du  point  le  plus  essen- 

I  tl€l,  ils  ne  dessinaient  que  cette  partie  de  l'arche  dont  Noé  a  sou- 
levé le  couvercle,  pour  lâcher  la  colombe.  De  isl\U  il  laut  que  nous 
ttous  imaginions  la  grande  masse  de  Tarche  enfoncée  sous  les 
flots,  d*oil    émerge  seulement  ia   lucarne.    Originalement  nous 

^  >oyons  toujours  sur  les  dessins  l'arclie  sur  les  flots  ;  rarement 
JiOUs  voyous»  comme  dans  Garrucci,  t.  ^4,  52,  62,  farcbe  sur  le 

I  sommet  de  la  montagne  (Gen.^  vm\  4),  et  représentée  néanmoins 
îoujsla  forme  d'une  caisse.  Pius  tard,  lorsque  le  type  s*établit,  lé 
sens  du  dessin  original  ne   fut  pas  maintenu,  et  c'est  ainsi  que 

l'explique  le  fait  que  nous  trouvons,  dans  t.  51,  la  caisse  dans 

Ku  canot,  dans  t,  52,  reposant  sur  des  pieds,  et,  dans  t*  72,  un 
fâse  rond  orné  de  figures  de  lions,  à  la  place  de  rarche.  Une  vé- 
îitâble  preuve  de  la  justesse  de  mon  hypothèse  est  fournie  par  la 
peinture  de  l'arche  dans  la  Genèse  de  Vienne  (Garrucci,  tab.  112, 

*  Miiih*%Un0tn  Htr  k,  k.  CtntraUommiuioK  tus*  ErAaltung  tmd  Jir/brschun^  dir 


42 


mvKm  \ws  tvimrs  jîjîtes 


r 


3,  4),  où  les  trois  étages  de  Tarcbe  sont  encore  visibles»  parce 
i[ii'elle  n'est  pas  encore  alourdie  parlons  les  animaux,  et  où  la  cak<e 
h  lumière  ressemble  bien  à  celle  de  nos  anciennes  peintures. La 
simplicité  du  sujet  olîrait,  du  reste,  à  la  liberté  de  Tartî^ 
champ  très  restreint.  Le  plus  souvent  le  couvercle  de  la  cai 
relevé;  je  le  vois  aussi  t.  27.  où  Garrucci  veut  voir  un  symbole  du 
vent  qui  s'éleva  ;  mon  opinion  est  renforcée  par  la  peintut  •  ^  ' 
t.  78.  Le  signe  ressemblant  à  un  gamma  grec  dirigé  vers  ta  u 
qu*on  voit  sur  la  caisse  désigne  la  serrure  qui,  sur  la  tab.  73, 
apparaît  distinctement  sur  le  couvercle.  Noé«  qui  est  représenté 
le  plus  souvent  sans  barbe,  est  tourné  à  droite,  quelquefois  aussi 
à  gauche,  pour  recevoir  la  colombe  apportant  le  rameau  d*olivier 
(t.  14»  27,  31, 43,  51 ,  52,  53,  62,  70,  72,  73,  78);  la  t,  44  seule  montr.- 
deux  colombes  volant  vers  Noé,  de  deux  cotés  opposés.  Sur  !a 
t.  43»  Noé  apparaît  nu.  D'après  rinterprétation  habituelle»  il  fau- 
drait reconnaître  ici  et  ailleurs  Timage  du  mort  dans  la  figure  de 
Noé;  il  y  a  même,  à  sa  place,  «ne  figure  de  femme,  debout  dans 
Tarche*, 

LVmploi  du  symbole  est  identique  sur  les  bas-c<5tés  ou  ciltés  lon^ 
^itudinaux  des  sarcophages»  Sur  ceux  de  Rome,  t*  318,  368,  SI'*» 
384, 1  et  6, 397. 6,  et  de  Milan,  t.  328,  Tarche  est  portée  par  les  flots; 
sur  celui  de  Milan,  la  caisse  est  hexagonale.  Sur  la  t.  377,  Noé  tiei^^ 
la  colombe  dans  ses  mains,  tandis  qu  ordinairement  elle  voleseul^ 
ment  à  sa  rencontre.  Le  sarcophage  de  Velletri,  t.  374,  montre  1^* 
traces  de  la  serrure  sur  la  caisse  et  au  couvercle.  Sur  les  saro*^ 
phages  gaulois,  il  y  a  ceci  de  frappant,  que  le  symbole  de  Taro^ 
en  est  entièrement  absent*.  Du  moins  M.  Le  Blant  n*a  pu  en  cife^ 
un  seul  exemple  dans  sa  collection,  La  scène  peinte  sur  le  sarc^ 
phage  de  Trêves,  où  Ton  voit  dans  l'arche,  à  côté  de  Noé» 
femme,  ses  trois  fils  avec  leurs  femmes,  ainsi  que  quelques  repr^ 
senlants  du  règne  animal,  est  remarquable  (Garrucci,  t.  308,  1.' 
LeBiant,  t.  III,  l). 

Si  à  ces  témoignages  nous  ajoutons  la  reproduction  du  récit 
biblique  de  Noé  qui  se  voit  dans  la  décoration  des  églises,  comme 
à  Milan  par  S.  Ambroise,  à  Saint-Savin  (Vienne),  nous  ooiista* 
tons  une  diffusion  de  ce  symbole  qui  doit  avoir  une  raison  déter 
minante.  On  a  cherché,  pour  expliquer  ce  symbole  si  simple,  uim 
foule  d'allusions  forcées,  et  de  comparaisons  tirées  de  la  littérature, 
qu'on  trouvera  r'^unies  chez  Heuser  (R.  E>  P.,  I,  500  ,  Kraus, 

«  Gf,  SdiulUe,  Diê  Katak^m^m  (Lcipiig,  18S2),  p.    lui;   H&seiicleTet,  p.  219, 
QOld  '2* 
*  L'exoiBpl«  d'Aj'Lcsifas  cito  Hetuer,  R*  S.  P,,  1,499^  ne  se  Ltoqvô  paM  à  Vt^lraàl 

iniljqué. 


^^^       OeiCINE  PES  SYMBOLES  TraiTLAIRES 

II?.  5*  ,Tîill)i  Hetis;!lmaiin  dans  les  MitiheUungen  der  h.  kl  ven- 

ralcorn mission,  XVIII,  151.  Si  rélasticiié  de  ce  symbole  ijermettait 
ax  savants  futur»  d'y  voir  toute  espèce  de  choses,  il  n'avait  as- 
^r  à  rorigine,  dans  sou  extrême  simplicité,  aucune  de  ces 
liions  dues  aux  découvertes  des  erudits.  La  tentative 
lite  autrefois  de  rattacher  le  symbole  de  l'art  chrétien  *  aux  mou- 
laies  noachiques  dWpamée  est  également  insoutenable. 

ilasenclever  lui-m(^me  en  convient.  Mais,  suivant  le  système  qui 
fait  pousser  les  arbres  d'abord  par  la  cime,  il  considère  (p.  218) 
^^^'*ntique  ornement  de  la  colombe  de  paix  comme  le  germe  qui  a 
loïiné  naissance  à  la  scène  de  rarclie  <le  Noé.  Ou  ne  peut  qualifier 
fton  plus  de  tentative  heureuse  celle  de  Schultze  ',  cherchant  le 
ftns  évidemment  ftméraire  du  symbole  dans  l'Arche,  le  xipwroç  des 
eptante,  parce  que  Arca  signifie  aussi  cercueil,  l'image  repré- 
sentant ainsi,  en  quelque  sorte»  le  mort  debout  dans  son  cercueil. 
Le  sens  de  cercueil  ne  devient  possible  que  par  les  traductions  : 
le  texte  hébreu  rtnn  Texclut.  De  même,  le  rameau  d'olivier  n'a  rien 
à  faire  avec  la  formule  in  pace\  au  contraire»  l'image  de  la  co- 
lombe avec  le  rameau  d'olivier,  sur  les  loculi  des  catacombes,  est 
certainement  empruntée  au  symbole  de  Noé,  dont  elle  s'est  sé- 
parée- 

Considérée  au  point  de  vue  biblique,  sans  recourir  à  aucun  ar- 
tifice, rimage  de  l'arche  de  Noé  paraît  représenter  seulement  le 
premier  exemple  historique  d'une  délivrance  miraculeuse  par 
Dieu.  La  pensée  consolante  qui  se  dégageait  pour  les  premiers 
ClMiensde  ce  symbole,  c'était  la  démonstration  fournie  par  Noé, 
(jne,  dans  la  ruine  générale,  le  salut  s'obtient  par  Taide  miracu- 
leuse de  Dieu,  Noé,  le  second  père  du  genre  humain,  est  le  syra- 
Iwie  de  la  vie  dans  la  mort.  C'est  pourquoi  on  n'a  pas  choisi 
t-en-'Ciet,  mais  le  moment  ou  la  colombe  apporte  le  gage  de 
rli délivrance,  le  rameau  d'olivier  qui  annonce  la  vie  nouvelle  sur 
la  terre,  la  renaissance  du  monde.  Cest  dans  ce  sens  que  l'épUre 
anx  Hébreux,  xi,  6  parle  de  Noé. 


Abraham  immolant  Isaac* 


ï  Depuis  l'époque  la  plus  reculée,  le  sacrifice  du  Moria  a  été  Tob- 
fcet  d'une  grande  prédilection  dans  Tart  chrétien.  La  présence  de 
Kalte  image  dans  la  catacombe  de  Callîxte  prouve  à  elle  seule 

•^  *  Voif  Schidtiê,  Dit  Katakomèên^  p.  108;  Oirrucd,  111,  p,  126  ei  suiv. 
*  Jh4  Lûiûk&mhti^,  p.  127,D0Le  6  ;  ArchacQlûgiàtkû  StuditUt  p.  'llH, 


44  REVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

son  antiquité  ;  M.  Lefort,  p.  30,  la  place  à  la  fin  du  ii«  siècle.  Je 
ne  suis  pas  de  Tavis  de  Schultze  (Arch.  Studien^  p.  92),  qui  fait 
ressortir  qu'elle  n'existe  que  rarement  sous  forme  de  fresque. 
Garrucci,  à  lui  seul,  cite  huit  exemples  tirés  des  catacombes  (tab.  7, 
24,  43, 48,  57,  67,  69,  77)  ;  un  cubilicum,  dont  M.  Lefort(p.  75  et  s.) 
décrit  les  peintures  encore  inédites,  tire  son  nom  du  sacrifice 
d'Abraham.  Si  on  examine  ces  peintures,  on  reconnaît  bien  vite 
que  c'est  le  père,  qui,  sans  hésiter  et  volontairement,  lève  le  cou- 
teau sur  son  fils  unique,  qui  a  été  l'objectif  principal  des  artistes. 
Il  est  la  figure  la  plus  saillante  et  le  centre  de  ration.  Aussi 
les  figures  accessoires  sont-elles  parfois  traitées  avec  un  complet 
mépris  des  données  bibliques.  Isaac  apparaît  nu  et  lié,  parfois 
aussi  chargé  du  bois  du  sacrifice,  non  sur  l'autel,  mais  à  côté. 
Quelquefois  le  bélier  n'a  pas  de  cornes;  le  buisson  où  il  est  em- 
pêtré manque;  lui-môme  est  placé  entre  Abraham  et  Tautel,  ou 
derrière  l'autel.  L'autel,  diversement  figuré,  est  représenté  déjà 
allumé.  A  la  place  de  la  voix  de  Tange  appelant  du  haut  du  ciel» 
les  artistes  durent  symboliser  l'intervention  divine  par  une  main 
descendant  d'en  haut.  Comme  la  tradition  juive  hésitait  au  sujet 
de  l'âge  d'Isaac,  entre  deux,  cinq  et  trente-sept  ans  *,  celui-ci 
apparaît  habituellement  sur  les  images  comme  un  jeune  homme, 
une  fois  (t.  77)  comme  un  jeune  garçon.  Abraham  est  représenté 
sous  les  vêtements  sacerdotaux,  c'est  aussi  un  souvenir  de  la  tra- 
dition, qui,  dans  Pirlié  di  R.  Eliézer,  ch.  xxxi,  compare  Abraham 
au  grand-prêtre. 

Sur  les  sarcophages  où  ces  scènes  apparaissent  souvent,  soit 
sur  les  côtés  larges,  soit  sur  les  bas-côtés,  ces  peintures  donnent 
lieu  à  des  constatations  remarquables  :  à  Rome  elles  se  trouvent 
sur  t.  318,  322,  323,  327,  358.  364,2,  367,  384,3,  400,4  ;  à  Ancône. 
t.  326  ;  Milan,  t.  328  ;  Madrid,  t.  314,  341  ;  Tolède,  t.  369  ;  Gérone, 
t.  374  ;  Pise,  364,3  ;  Syracuse,  t.  365.  D'Arles,  M.  Le  Blant  nous 
donne  t.  III  (p.  5)  ;  VI  (10  cf.  G  366)  ;  VIII  (16)  ;  X  (20-22)  ;  XXI  (p.  35 
=  Garrucci,  t.  310);  de  Toulouse,  M.  Le  Blant  nous  donne  aussi 
t.  25  (=  G  312)  ;  de  Bagnols,  t.  29  (=  G  378)  ;  d'Aix,  t.  42 (=  G  379)  ; 
de  Narbonne,  t.  56  (=z=  G  334)  ;  de  Lucq  de  Béarn,  t.  27  ;  de  Cler- 
mont,  p.  63  ;  de  Le  Mas  d'Aire,  t.  26  *,  où  le  couvercle  du  cercueil 
porte  cette  scène  (Cf.  aussi  Le  Blant,  p.  49).  Le  bélier  suspendu  par 
les  cornes  au  buisson,  conformément  au  récit  biblique,  apparaît 
rarement,  comme  sur  le  sarcophage  du  Louvre  (Garrucci,  t.  324) 

>  Beer,  Ze?Jc»  Abraham  's  nach  Aufassnng  der  jûdischen  Sage;  Leipzig,  1859, 
p.  64. 

*  M.  Le  Blant  ne  dit  pas  que  Garrucci  aussi  (t.  301,3)  reproduit  et  discute  ce  sar- 
cophage. 


SENS  ET  OniCîNE  WS  SYMBOLES  TUMULAIRES 


^:5 


f'i  sar  le  sarcophage  (FArles,  t*  XXI.  Par  contre»  io  trait  biblique 

»  représentant  Abraham  étendant  ia  main  pour  immoler  (Gen.» 
xxji,  V,  10  :  Drràb)  son  flls  se  retrouve  partout.  Ordinairement, 
il   Saisit  Isaac  par  les  clieveox,  tirant  sur  la  t«^te  pour  dégager 

»le  cou,  avant  de  lui  donner  le  coup  mortel  avec  le  couteau  levé. 
C'est  ainsi  que  Eplirem  le  Syrien  décrit  la  scène  d'après  Timage 
<iu*îl  a  vue  (V,  Garrucci,  III,   p.  122,  note  1).  Sous  une  forme 

t particulièrement  émouvante,  cette  scène  est  reproduite  sur  un 
chapiteau  de  la  cathédrale  de  Bâle*,  où  Isaac,  sur  le  bûcher,  la 
tête  fortement  penchée  en  arrière,  attend  le  couteau,  que  Tange 
Balsit  par  la  pointe.  Fidèles  au  récit  biblique,  ib.,  9,  les  sarco- 
l>hages  montrent  quelquefois  Isaac  lié  sur  TauteL  Ce  qu'il  y  a  de 
frappant,  c*est  que  le  sacrifice  qui,  d'après  TÉcriture  sainte,  n'eut 
pas  de  témoins,  se  passe  en  présence  de  deux  ou  plusieurs  per- 
Iponnes.  M.  Le  Blant  (Arles,  p,  x,  note  5)  cite  ce  fait  comme 
Bxeraple  des  licences  prises  par  les  artistes  vis-à-vis  du  récit  bi- 
Rlîque.  S'il  n'y  avait  jamais  plus  de  deux  personnes  apparaissant 
aux  c<5tés  d'Abraham,  comme  dans  Arles^  t  V,  VI,  dans  Rome, 
U  384,3,  je  risquerais  riiypothèse  que  les  artistes  ont  voulu  dési- 
jgnerles  deux  jeunes  gens  (d'après  la  tradition  Ismaël  et  Élié;£er), 
I  qui,  suivant  Gen.,  xxii,  4,  sont  restés  en  arrière;  car  il  est  no- 
[  toire  que,  dans  cet  art,  des  faits  éloignés  Ton  de  l'autre  sont  sou- 
vent rapprochés.  En  ce  cas,  Tune  de  ces  personnes,  qui  vient  à  la 
jîauche  d'Abraliam,  ne  serait  pas  l'ange,  qui  devient  inutile  en  pré- 
s€ace  de  la  main  sortant  des  nuées  :  ce  serait  plutôt  Tétonnement 
de  ceux  qui  étaient  présents  par  la  pensée  qu'on  aurait  voulu 
peindre.  Mais  si  nous  comprenons  bien  les  monuments,  il  appa- 
raît fiarfois  plus  de  deux  personnes  comme  témoins.  Sur  deux  sar- 
cophages, qui,  à  la  vérité,  selon  M,  Le  Blant,  p.  96,  sont  dus  au 
lûéme  ciseau,  apparaît,  t.  XXV,  XXVIl,  une  femme  parmi  les 
spectateurs,  dans  laquelle  Garrucci,  V,  p,  26,  voit  lUÏglise,  M.  Le 
Bïaat,  p.  102,  a  vu  incontestablement  juste,  en  la  prenant  pour  la 
1ère  d'Isaac,  Sara.  Je  crois  que  lartiste  a  voulu  donner  à  la  mal- 
liflireuse  mère  qui  ne  se  doutait  de  rien  une  part  à  Faction,  tout 
â  fait  comme,  dans  le  Midrasch,  Isaac,  dans  sa  dernière  allocution 
à  «on  f>ère,  parie  de  sa  mère  (voir  Béer,  p.  6t>,  note  12S]r  ce  que 
r     Juda  b*  Abbas  rend  en  termes  très  poétiques  dans  son  Akéda  : 
■  nncnb  iixn  ^nj©  r?  tm::-i  "^nD©,  p.  61  &).  L*œdicula,  dans  laquelle 
Tie  bélier  apparaît  sur  les  mêmes  monuments,  a  été  expliqué  par 
U,  1-e  Blant,  p*  103,  comme  étant  due  à  des  considérations  pure- 
nent  décoratives.  Cependant  il  semble  que  les  artistes  voulaient 


*  Voir  Cahier,  Nom^euux  milamga  d*anhhiogH  :  Cutmiiù  mystérituics^  p* 


1G6. 


46  VVHP  RKVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

désigner  par  là  le  temple  du  Moria,  qui  devait  sV4ever  un  jour 
a  cette  même  place  où  le  tiacrilice  eut  lieu.  C'est  visiblemeiU  le 
cas  pour  la  coupe  de  verre  de  Trêves*,  où  il  y  a  une  lanj^ue  de 
leu,  à  C(Hé  de  la  main  do  Diru,  d'après  rinterjn'élatioa  de  M.  Le 
Blant,  p.  51,  note  6,  représentant  Ja  manifeslcUjon  de  la  divinité 
qui  retient  le  couteau  d*Abraham.  C'est  t^aleraent  comme  une  al- 
lusion au  temple  futur,  que  je  m'explique  les  cordes  d'arpentage 
sur  Tautel  de  la  coupe  eji  verre  doré  (dans  Garrucci»  t.  lT2,8)où  ! 
Isaacest  représenté  nu  et  les  jeux  bandés  :  c*est  là  que  les  fon- 
dements du  temple  sur  le  Moria  seront  délimités  un  jour  avec  U 
corde  d*arpenteur  :  telle  est  Texplication  que  je  voudrais  donner 
ici  en  opposition  avec  Garrucci,  qui  voit  là  une  allusion  à  la  dis- 
persion dlsra^l. 

Des  témoignages  de  la  diffusion  extraordinaire  de  cette  scène 
sur  des  peintures  nous  sont  fournis  par  les  pères  de  TÉglise*, 
Grégoire  de  Nysse  parle  d*une  peinture  de  cette  scène  qu*il  nV 
vait  jamais  pu  regarder  sans  larmes.  La  description  montre  qu'ici 
aussi  Abraham  tenait  Isaac  par  les  cheveux  (pp.  ed,,  Paris,  J638, 
m,  p.  476,  dans  Braun,  J.  K,  IL,  13»  150},  EpUrera  relève  le  môme 
trait  sur  la  peinture  décrite  par  lui.  L'abbé  de  Wirenioulli  acheta 
entre  680  et  686  une  image  représentant  Isaac  apportant  le  bois 
pour  le  bûcher  (v*  Eugène  Mùnt^,  Etudes  sur  l'histoire  de  la 
'peinture  cl  de  Ciconographie  chrétienne^  Paris,  1866,  p.  22). 

Le  témoignage  le  plus  remarquable  pour  la  propagation  de  ces 
peintures  est,  pour  moi,  cette  circonstance,  que  même  la  littéra- 
ture juive  du  moyeu  ûge  en  fait  mention.  Dans  une  ordonnance, 
qui  rappelle  Tusage  anglais  étendant  la  loi  de  Tobsei'vance  du  di- 
manche jusqu'à  la  défense  de  visiter  les  galeries  de  peintures  et 
Iles  musées,  la  Tosifta  de  SaLhat,  ch,  xvii,  1  dit:  ^bn?:rï  arc 
t]i«  Nbît  ^^7  «bi  in  v-^i^^'^  T*è«  ■  tmî«3pvin  nnm  mni^rr  mnn 
n'>ê*:pn^'7i  l-ibanD^   1^»  bins,  <«  11  n'est  pas  permis  de  regarder  (le 


»  Oo  Wilmowâky,   àrekâ^logitckâ  FitnUe  if*  Tner  und  Vm^thuntj  {  Trêves,  1873, 

*  H«Miiolev«r,  p.  220.  uole  1. 

*  J«  ae  ptiia  accepter  rinltirpTéLalioa  donuée  jusqu'à  présent  de  ce  mot.  AvO"-€bXiî>v 
D^est  pas  UD  mot,  q>^\  une  inrentiou  étjinolo|3^que  désespérée.  Preadre  le  7  cotntae 
uu  si^'no  conjoQc  Ur  (Sucbs,  B  Ht  rage.  II,  50,  noteb4}t  cVst  8ftii|  esemple.  Le  nuQt.J 
grec  elx<t»Vt  «{uî  t  de  nombreux  durivéï^,  en  latm  icouu,  ou  îchoDa.  dans  les  elles;  < 
ilalicîi  aucotia,  coui,  coneltu,  eouula  (voir  Rtvw  de  l'ait  cKrHien^  N.  S.,  l,  2^»?.,j 
note  i),  en  arnbe  tknim^  iiu  plur,  Akài^Un,  a«  dit  en  sjriatfae  »3p1%  Peul-ôtre  i« 
v^  daua  MSpl'^l  doîL-il  €tre  considéré  comme  une  exleusiou  du  son  ^  t;otaiiie  iiuaj 
voyons  Jonas  iranârormo  aw  l^iMù»^  {Buihtino  di  arch.  tritt.^  11,  S  Il^'4),  p.  1;)*i 
111,  2  (1877),  p.  80).  Comp,  diurnus  et  jour  et  tant  d'autres  exemples  dans  Itj 
langues  romane».  l>e  mÔme,  je  m'explifjue  la  forma  |T^3p^  par  wotYivoO«.ll  o*y  a  \ 
dtî  T  ajouté.  Le  renvoi  del'Afucb  de  Kohut,  IIL  53»  à  *[^0^:ob'^£3T  ne  prouva  ne 
car  ce  mot  relie  une  larme  verbale  grecî^ue  avae  1  »  *^l£9K* 


SENS  ET  ÛRIGINK  DES  SYMBOLES  TUMULAIRES 


47 


ledi)  les  inscriptions  courant  sous  les  peintures  et  les  sculp- 
[tures  :  ces  dernières,  û  ust  mï?me  détendu  de  les  regarder  les  autres 
Durs,  »  R.  Salomon  b,  Izak  dit,  dans  Sabhat,  149a  :  <i  Parfois  on 
peint  sur  les  murs  divers  animaux  ou  diverses  images  d'horutne  ou 
(lire  b^  iH)  d'événements,  comnjù,  par  exemple,  la  lutte  de  David  et 
le  Goiiath,  et  on  écrit  au-dessous  ;  ceci  représente  tel  animal,  ou 
3ci  est  rimage  de  cela.  »  Nathan  b.  Jeliiel,  au  contraire,  men- 
tionne dans  son  Aruch»5.  v.  prn,  une  autre  explication  :  p-i'«'*s?D  »"d 
n-^^yn  -iH'iCi  pHit**  17:?:  i^^d  :  «  c'est-à-dire  il  y  a  de»  imaj^es  où 
sont  figurés  le  sacritice  d'isaac  et  d'autres  événements  »,  Donc, 
lauteur  de  cette  interprétation  savait  que  ces  scènes  étaient  re- 

I produites  par  la  peinture,  ce  quil  n*a  pu  constater  que  dans  Fart 
chrétien  *.  L'exemple  était  d'autant  plus  frappant  que  dans  les 
peintures  de  rAncien-Testament,  comme  nous  le  savons  parles 
églises  que  Paulinus  de  Nola  fit  décorer,  il  y  avait  des  inscrip- 
tions explicatives. 

Pour  l'observateur  non  prévenu,  il  ne  sera  pas  douteux  un 
[instant  que  c*est  le  caracUTé  d'Abraham  acceptant  de  sacrifier 
son  fils,  parce  qu'il  croyait  à  rinimortalilé  de  l'âme,  et  celui  d'isaac 
si  merveilleusement  sauvé  de  la  mort  qui  rendirent  cette  scène 
si  propre  à  des  peintures  funéraires.  Tonte  la  typique  et  tout  le 
symbolisme  que  les  pères  de  TÉglise  appliquèrent,  suivant  îe  clas- 
sement de  M,  Le  Blant»  p.  101,  est  inutile  et  sans  but  pour  Tinter- 
prétation  de  cette  scène.  Du  reste,  le  sacrilice  du  Golgotha  nVst 
pas  représenté  dans  les  peintures  des  premiers  siècles  ;  à  quoi  bon 
alors  le  prototype,  si  l'image  elle-même  manque?  C*est  donc  uni- 

riuement  la  pensée  du  sépulcre  qu'elle  évoquait  qui  a  donné  à  cette 
«cène  une  place  dans  la  série  des  peintures  des  monuments;  cf. 
Schuîtze,'  Arch,  Studien,  p>  93  et  suiv.  Le  manque  d'hésitation  de 
la  part  d^Abraham  à  sacrifier  son  fils  a  frappé  la  synagogue 
comme  TEglise.  Les  poètes  juifs  ont  cru  devoir  l*en  blâmer  (voir 
mes  obser\atums  dans  OoUinger  Gelehrie  Anzeiçeut  1B85,  p.  468), 
Les  pères  de  l'Église  ex|»Hquent  cet  acte  par  sa  foi  robuste  en  la 
résurrection  [v.  Le  Blant,  102»  note  6).  C'est  aussi  ce  qu'admet 
lasenclever  {p.  219),  qui,  pour  cette  raison,  n'aurait  pas  dû  rap- 
^peler  la  possibilité  que  l'origine  de  cette  scène  se  rattache  aux 


1  Oesi  linsi   qtiWia  Kapsali,  âe  Candie^  savuit  que  le  lion  a  él^  rcprés«Dlé  psr 

plj'art  chréUen  à  cause  de   la  vision  trE^t'cbiel  au  cber  de  Diou,  I,  10,  et  c^est  pyur 

elle    raison  qu'il  délendit  du   fuetlre   un  bas-relief  de   marbre  représcnlant  uu  lion 

'■u -dessus  du   tabernacle,   voir  les    Consultationt*    de  Joseph   Caro,   ^Dl*^    Pp^fit 

n»  63  :  nvH  TiTn^Hiz  inwb  imôt  C"'n''''SEî:  û'^'^ismû  Ipd  rr>-iÈ*  nmx  ^a» 

na5*173at3.  Cl.   Lôw,   Qraphiêche    Mt^uisiieH^  1,    38*  Au  sujet  du   lion  coosidéré 
comme  le  sjmbole  du  Christ,  voir  Kraua,  H.  £.  P.,  ^  e. 


/i8  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

anciennes  images  du  sacrifice  dlphigénie.  Ce  qui  prouve  combien 
rhistoire  du  sacrifice  dlsaac  est  liée,  dans  le  judaïsme,  avec  la  pen- 
sée de  l'immortalité,  c'est,  outre  l'Epltre  aux  Hébreux,  xi,  11-19, 
la  tradition  d'après  laquelle  Isaac  serait  l'auteur  de  la  finale  delà 
seconde  des  Dix-huit  bénédictions,  car,  lorsque  son  âme,  qui  s'é- 
tait déjà  envolée,  rentra  en  lui  à  la  voix  libératrice  de  Fange,  il 
s'écria  :  dTan  ît^ht:  ■•■•  !^n«  ^nnn  «  Sois  loué.  Éternel,  qui  fais 
revivre  les  morts  »  {Pirké  de  R.  Eliézer,  ch.  xxxi  ;  cf.  Béer,  p.  69). 
Au  sens  de  la  tradition  juive  adoptée  par  TÉglise,  il  n'y  a  donc 
pas,  pour  symboliser  la  foi  dans  l'immortalité,  de  symbole  plus 
élevé  et  plus  simple  que  le  sacrifice  du  Moria. 

David  Kaufmann. 

(A  suivre.) 


NOTES  SDR  LA  PESCHITTO 


EDOM  ET   ROME, 


Dans  une  dissertation  intitulée  Meleternata  PeschUihoniana, 
M.  Joseph  Perles  a  soidenu  la  tlièse^  admise  aojourdlmi,  que  la 
version  syria^^ue  de  rAncien-Testament  appelée  PeschlUo  a  été 
faite  au  u*  siècle  de  notre  ère  par  plusieurs  traducteurs  Juits  qui 
suivaient  les  traditions  des  écoles  de  la  Palestine,  Il  a  morUré, 
par  de  nombreux  exemples  tirés  du  Pentateuqu»:*  de  cette  Yersion 
et  rapprochf^s  des  Targoums  ^t  des  Midrascliim,  que  les  change- 
ments et  les  addiiions  au  texte  hébreu  étaient  mteniioonels  et 
qu'ils  étaient  conformes  aux  interprëtations  admises  par  les  doc- 
teurs juifs.  L*origine  juive  de  la  Peschitto  établie,  on  est  autorisé 
à  rechercher  dans  cette  version  des  vestiges  de  targouras  dis- 
parus, et  ces  recherches  peuvent  être  fructueuses  pour  Fhistoire 
et  Texégèse  des  targounis  postérieurs.  Le  passage  de  la  Peschitto 
que  nous  signalerons  ici  mérite,  à  ce  titre,  d'attirer  Fattention  des 
exégètes;  il  appartient  évidemment  à  la  littérature  du  premier 
siècle  de  Père  chrétienne,  quand  les  Juifs,  après  le  r^gne  de  Tldu- 
mém  Ilérode,  le  vassal  dps  Romains,  prirent  Thabitude  de  dé- 
signer Rome  par  le  nom  d'Edom*  Grâce  à  cette  assimilation  de 
Rome  etd'Kdom,  les  docteurs  juifs  pouvaient,  en  interprétant  les 
textes  sacrés,  surtout  les  livres  des  Propiïètes,  se  livrer  à  des 
allusions,  en  apparence  inoffensives,  mais  qui,  en  réalité,  entre- 
tenaiejit  le  feu  de  haine  qui  couvait  dans  les  cœurs  des  opprimés  K 

On  trouvera  dans  les  lexiques  de  Buxtorf  et  de  J.  Lévy  de 
nombreuses  citations  de  la  littérature  postérieure  qui  montrent 


»  Vwr  GraeU,  GisehicAtM  dirJudM,  2*  éd.,  IV,  p.  17- 
T.  XIV,  »«  27. 


50  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

que  ridentification  de  Rome  et  d'Edom  était  une  règle  admise 
pour  rex(^gèse  biblique;  nous  reproduirons  seulement  quelques 
mots  du  commencement  du  commentaire  de  David  Kamchi  sur 
Obadia,  qui  formulent  clairement  cette  règle  :  d''«''n3n  inTaîronïïi 
inTs»  «TZTn  b^r  w^JZ'^n  n^nn^n  dti«  p-ina  «  toutes  les  fois  que  les 
Prophètes  ont  parlé  de  la  destruction  d'Edom  à  la  fi9  des  temps, 
ils  l'ont  entendu  de  Rome  ».  Après  ces  mots,  Kamchi  renvoie  à 
son  commentaire  d'Isaïe,  34,  1,  où  il  dit  ;  n^ar*^  '^niD  yn»  ainnCD 
mba73  b«no"»  a  lorsque  l'empire  des  chrétiens  sera  détruit,  Israël 
sortira  de  la'captivité  ». 

Le  fragment  de  targoum  que  la  Peschltto  nous  a  conservé  offre 
un  intérêt  tout  particulier,  d'abord  parce  qu'il  appartient  à  un 
document  ancien,  et  ensuite  parce  que  le  verset  biblique  qu'il  tra- 
duit servait  de  base  à  l'argumentation  *qui  établissait  pour  l'exé- 
gèse la  règle  de  l'identification  de  Rome  et  d'Edom.  C'est,  en  effet, 
une  loi  suivie  par  les  docteurs  dans  les  Talmuds  et  les  Midraschim 
de  faire  découler  d'un  verset  biblique  les  nouveaux  principes 
qu'ils  formulent  ou  les  usages  dialectiques  qu'ils  consacrent.  Dans 
le  cas  dont  il  est  question,  il  était  d'autant  plus  nécessaire  d'in- 
voquer l'autorité  de  la  Bible  qu'il  s'agissait  de  faire  naître  dans 
les  esprits  la  conviction  intime  que  les  calamités  prédites  contre 
Edom  avaient  été  réellement  annoncées  pour  Rome. 

Ces  considérations  préliminaires  nous  ont  paru  nécessaires 
pour  l'intelligence  du  verset  que  nous  nous  proposons  d'expli- 
quer. Ce  verset  est  le  dernier  du  psaume  xii,  ainsi  conçu  dans  le 
texte  hébreu  : 

:  Û1N  -^sab  nnbT  ans 

ITT       ••  î  •  V       v: 

Le  premier  membre  de  phrase  est  clair  ;  quant  au  second,  il  est 
si  peu  intelligible  que  chaque  interprète  le  traduit  d'une  manière 
différente  :  toi  capita,  tôt  sensics,  et  on  n'est  pas  d'accord  sur  son 
vrai  sens. 

La  Peschîtto  porte  : 

Tout  autour  les  pervers  s'avancent, 
comme  la  hauteur  vile  des  fils  d'Edom. 

Il  est  évident  que  la  traduction  littérale  du  second  membre 
oc  comme  la  hauteur  vile  des  fils  d'Edom  »  ne  signifie  rien.  Les 


NOTES  Sim  LA  PESCHïTTO  5i 

"omraentateurs  syriaques  disent  qu'il  s*agit  (i*un  haut  lieu  où  les 
Edomites  avaient  construit  un  temple  à  leurs  idoles  et  où  ils  se 
livraient  aux  pratiques  obscènes  île  ridolâtrie*.  A  Tépoque  où 
vivaient  les  auteurs  dn  la  Pescbîtto,  on  se  souciait  trop  peu  de 
l'ancienne  religion  ùen  Edomites,  pour  se  croire  autorisé  à  changer 
l'hébreu  dik  "'ss»  «  fils  des  hommes  »,  en  ûin»  -«an,  «  fila  d'Edom  ». 
Cette  substitution  était,  en  effet»  voulue,  car  le  texte  hébreu  ne 
comportait  pas  de  variante  à  cet  endroit  :  toutes  les  autres  ver- 
aians  ont  conservé  les  mots  «  fils  des  hommes  ».  Il  y  a  là  un 
changement  intentionnel  amené  par  les  mots  précédents  :  fei?:n 
»5-^î?T  s'interprétait  dans  le  sens  de  «rb-'M  ^7311,  «  Rome  Ja  Vile  », 
et  le  sens  véritable,  à  peine  déguisé,  était  : 

Partout  les  pervers  nous  assiègent, 
comme  nous  a  assiégés  rioique  Remet 
la  ville  des  Edomites. 

^e  sens  ne  pouvait  échapper  à  la  génération  qui  avait  subi  les 
horreurs  du  siège  de  Titus  et  à  Tesprit  de  laquelle  était  encore 
pi^ésente  la  domination  antinationale  des  Iduméens,  Par  ce  tar- 

un  s'explique  aussi  rexprett^ion  n^^-^cn  ■'Ts^n,  a  Rome  la  per- 
ti^è  >>,  deveime  courante  dans  la  liitérature  juive  postérieure, 
si  Ton  rapproche  le  mot  n:?^v^  du  mot  k"'5'ï3-i  de  notre  verset. 

Comment  ce  targoum  s  est-il  pi-rdu  ?  La  crainte  d*^s  persécutions 
aura  conseillé  aux  Juifs  de  celle  époque  de  laisser  de  côte  un 
texte  trop  clair  pour  ne  pas  être  dangereux,  et  on  lui  aura  subs- 
titué le  targoum  que  nous  posst^dons  et  qui  disait,  pour  les  initiés, 
la  même  chose,  sans  être  compromettant  ;  en  voici  les  tenues  :  , 

.  fetTûa  "«San  pn-irnet  Êt2:^?2T  KpVr;?D 

Tout  autour  les  pervers  s'avancent 

comme  une  sangsue  qui  suce  le  sang  des  hommes. 

Où  les  traducteurs  ont-ils  pris  le  mot  sangsue?  Ont-ils  vu  dans 
rhébreu  an  un  synonyme  de  n^-i,  «  ver  »f  Non,  la  sangsue  n'est 
ici  qu  une  allusion  à  la  Home  insatiable,  qui.  comme  une  sangsue, 
vivait  du  sang  des  Juifs  quelle  écrasait  dimptits,  ainsi  qu^on 
témoigne  la  littérature  du  temps,  et  cette  traduction  n*est  qu'une 
paraphrase  de  l'ancien  targoum  conservé  par  la  Peschitto. 

t  Voir  lé  passage  de  Bar  BaLloul  rapporté  par  M.  Pajûe  Si&iib  daus  son  Th* 
Murm  iifirmuij  sous  U  mot  UMH* 


^2  REVUE  DES  ÉTUDES  WIVES 


II 


LE  FILS    DU   TOIT. 


La  Pes(  hîtto  a  encore  du  monde  païen  quelques  souvenirs  que 
Ton  ne  retrcfuve  pas  ailleurs.  L'expression  finj»  13,  «  fils  da  toit», 
désijrnant  le  démon  lunaire  qui,  dans  la  croyance  des  anciens, 
torturait  Tépiieptique  aux  changements  de  lune,  appartient  certai- 
nement au  paganisme  ;  elle  ne  so  comprend  que  comme  un  vestige 
du  culte  astrulatrique,  sur  lequel  rAncien-Testament  nous  fournit 
quelques  données.  On  la  trouve  dans  deux  versets  de  Tévangilede 
saint  Mathieu,  IV,  24,  et  XVII   15.   Dans  le  premier  verset  il  est 
parlé  des  démoniaques,  des  épileptiques  et  des  paralytiques,  que 
Jésus  avait  la  renommée  de  guérir  ;   le  grec  «XtiviaÇoiiivou;  qui  dé- 
signe les  épileptiques  est  traduit  en  syriaque  par  finaK  nai,  «  ceux 
du  fils  du  toit»;  dans  le  second  verset,  où  il  est  question  d  un 
père  qui  conduit  son  fils  épileptique  devant  Jésus,  le  grec  fc 
«XTivid^EToti  est  rendu  dans  ia  Peschîtto  par  fina»  n?  nb  nw,  «  qui» 
un  fils  du  toit  ».  La  Yulgate  se  sert,  dans  les  deux  cas,  du  mot 
«  lunaticus  »  ;  la  version  arabe  paraphrase  :  elle  traduit  dans  le 
premier  cas  :  «  ceux  qui  sont  frappés  au  commencement  des  nou- 
velles lunes  »,  et,  dans  le  deuxième  cas.  «  qui  est  frappé  au  com- 
mencement des  nouvelles  lunes  ».  On  voit  que  ces  versions  se  ren- 
daient parfaitement  compte  de  la  valeur  du  verbe  grec  «XT.vâ;t3l»; 
l'idée  exprimée  par  ce  verbe  doit  également  se  retrouver  dans 
rexi)ression  syria'jue.  En  dehors  de  cette  voie,  on  n'aboutit  quï 
des  hypothèses  en  Tair,  comme  celles  que  proposent  les  divers 
commentateurs  syriaques  :  pour  les  uns,  le  démon  de  IVpileps» 
est  appelé  fils  du  toit,  parce  qu  il  apparaît  sur  le  toit  à  sa  \ictiini 
et  descend  du  toit  vers  elle  ;  selon  d'autres,  le  possédé  était  sujél 
aux  attaques  de  1  épilepsie  quand  il  se  trouvait  sur  un  toit  aloit 
il  écuniait,  tombait  et  se  blessait;  une  troisième  explication  voyti 
dans  ce  g«'^nie  malfaisant  un  démon  d'un  ordre  inférieur  duot  tai 
puissance  ne  s'élevait  pas  au-dessus  du  toit  *.  On  comprend  que  h 

*  Ces  diverses  explications  onl  été  recueillies  par  Bar  Bahloul  dans  scsl  leiifl 
et  roproiluiles  pur  M.  Fayne  Smitu  dans  ton  Thesauriia  syriueus^  sou>  le*  =^4*  Jrtl 
et  ^'2.  Nous  ferons  remarquer  ici  que  les  mots  Cs*'^:;^  "".2  ue  aeMgxiirXii  j.isais  lep 
leptique  et  ne  doivent  pas  être  traduits  par  lunalicus^  comme  le  lait  cco^re  ^  Fail 
Smith  ;  ils  ne  s'appliquent  qu'au   démon  de  Tépiiepsie,  au    démon  du  luaatk^ 


NOTliS  SUR  LA  PESCHITTO  53 

souvenir  des  anciennes  pratiques  religieuses  dut  â*effacer  promp- 
tenient  de  l'esprit  des  Syriniis  chri^tiens.  G*est  donc  une  bonne 
fortune  que  de  rencontrer  dans  la  Bible  des  textes  fini  nous  fjer- 
mettent  de  retrouver  le  sens  orijjrioal  de  cette  locution.  Les  livres 
bibliques  nous  apprennent,  en  effet,  que  le  culte  des  astres  avait 
lieu  sur  le  toit  des  niaisons;  c'était  là  quV^taieut  dresst^s  les  autels 
où  on  sacrifiait  à  ces  divinités  ;  c'tHait  là,  par  consi^quent,  qu*ha- 
bUaient  les  génies  ou  démons  sidéraux,  les  esprits  qui  dans  la 
croyance  des  anciens,  étaient  les  hypostases  de  lelje  planète  et 
leurs  messagers  auprès  des  hommes.  Le  Bar-éggârd,  le  fils  du 
toit,  est  donc  le  grénie  sitléral  qui  assiste  au  sacrifice  offert  sur  le 
toit  à  la  divinité  plan^*taire.  Z*^fdianra,  i,  5,  parle  de  ceux  qui  se 
prosternent  sur  les  toits  devant  Tarmée  des  cieux  :  û''^nn*i?2rT-P5tn 
D'*7:;i*rT  »3ïb  nisan  hy  ;  Jérémie,  xix,  13,  mentionne  les  maisons 
sur  les  toits  desquels  on  sacrifiait  à  toute  Tarmée  des  cieux  : 
c?:*in  «::x  '?bb  cn-^rh-V?  ^n^p  "ick  aTan.  Les  autels  qui  étaient 
sur  le  tnit  de  la  chambre  supérieure  d*Achaz,  II  R.»  xxiiu  12, 
étaient  consacrés  au  culte  des  astres,  ainsi  qu'il  résulte  du  verset  5 
du  même  chapitre  comparé  avec  les  versets  de  Zéphania  et  de 
Jérémîe  cités  plus  haut.  On  lit  dans  ce  verset  :  b3?ab  D-^ncop^n-nseT 
s^^ên  «33:  bbbn  riVT?jbn  rrr-bi  c?3éb.  M.  Stade,  dans  la  Zeit-- 
schrtft  fur  die  AlUestamentUche  WLssenschafi^  1S86,  p.  305, 
rapproche  ingéuîeusement  de  ces  versets  un  autre  verset  de  Jéré- 
mie,  xxxii,  *29,  où  il  est  annoncé  que  les  Chaldéens  brûleront  avec 
la  vilie  les  maisons  sur  les  toits  desquelles  on  sacrifiait  à  Baal  : 
.br2b  Dn"*rl3ii-b^  nap  -iir»  û'^i^^^  ï^«t  et  il  en  conclut  que  Baal, 
dans  ce  fiassage,  comme  dans  11  R.,  xxiii,  5,  est  une  expression 
concrète  qui  résume  en  elle  toutes  les  divinités  sidérales  :  le  soleil, 
la  lune,  les  constellations  et  toutes  les  étoiles  du  firmament. 

Ces  divinités,  comme  toutes  les  divinités  du  panthéon,  avaient 
chacune  son  culte  spécial  dans  une  ou  plusieurs  localités.  Le  culte 
de  la  Lune  parait  avoir  joui  d'une  grande  faveur  suriouten  Syrie, 
à  en  juger  par  les  monuments  épiirraphiques  qui  nous  Ibot  con- 
naître des  noms  d'individus  dont  le  mot  rrr»»  «  lune  »,  est  un 
des  éléments»  comme  bism-»,  V,  iS*?/ -îe  cr?2/?viï^,  n"  15»  93,  124; 
5tbi3rr,\  id.,  n«2  ;  c«bi::-n-i\  id,,  n"»  73  :  -^nn^  id.,  n*^"  IG,  30,  68  83  ; 
comparer  aussi  sur  les  monnaies  d'Ëdesse  le  croissant  lunaire 
représenté  sur  la  tiare  i\^s  rois  d'Eilesse.  Si  cet  aslre  était  en 
grande  vénération  chez  les  Syriens,  il  est  très  admissible  que  Tex- 


V.  Addai  ihe  ApoêHct  3,  20,  comparé  avec  Anrient  Dù€umentt,  2,  14;    Ap(f€rypkal 
Arts,  â9,9  ;  !«!,  U  ;  221»,  t9  ;  Att,  MartjfT,  L  73  ;  Apkraai.,  43,  i. 


54  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

pression  Mr-éggârâ,  «  fils  du  toit  »,  qui  avait  dû  s'entendre  c 
génies  sidéraux  en  (général,  ait  désigné  en  Syrie  ie  génie  lunaîr 
Dans  cotte  h3'|)othèse,  on  comprend  que  le  traducteur  ait  renc 
le  grec  atXT.vii;eaeai  par  a  avoir  un  flls  du  toit  >.  On  ne  le  cora 
prendrait  plus,  si  on  voulait  rapprocher  le  syriaque  KnsM,  a  toiti 
de  Taraméen  targoumique  M'ni^i'^K,  «  autel  des  idoles  »,  quelqui 
frappante  que  soit  Tanalogie  des  mots,  car  lexpression  targou 
mique  s*applique  au  culte  des  idoles  en  général,  et  non  pas  seu- 
lement au  culte  des  divinités  astrales.  Le  targoumique  etnir»  doi 
être  comparé  avec  -la';  et  njîNi,  qui  signifient  «  tumulus  »,  colliw 
de  sable,  et  qui,  comme  hauteurs,  convenaient  au  culte  idolà- 
trique,  conf.  Genèse,  xxxi,  47,  où  «mnrro  na*^  est  pris  dansleseni 
de  monument  commémoratif.  Si  le  mot  niaxx  traduit  dans  lestar- 
goums  Thébreu  nzrn^  il  se  rapproche,  par  son  sens  primitif,  de 
l'hébreu  nça,  et,  quoique  le  tumulus  et  le  toit  aient  été  des  lieux 
affectés  au  culte,  on  ne  doit,  en  aucun  cas,  dériver  Éna*»»,  «  toit», 
de  N-nrK,  «  autel  »  ;  ie  premier  vient  de  la  racine  •^33,  «  tirer, 
allonger  »,  parce  qu'en  Orient  le  toit  est  plat  et,  d'après  la  loi  mo- 
saïque, devait  être  pourvu  d'une  balustrade  pour  éviter  les  acci- 
dents; «mr»,  «  tumulus  >,  vient,  au  contraire,  d'une  racine n»» 
qui  signifie  «  amonceler,  entasser  v. 

RUBENS  DUVAL. 


HISTOIRE  DUNE  TAILLE 


ETÈE  SUR  LES  JDIFS  DE  PERPIGNAN  EN  1413-14i4' 


DESCRIPTION    DU    MANUSCRIT. 


Le  roanuscrit  6504  de  la  Bibliothèque  municipale  de  Perpignan 
*21  du  nouveau  catalogue  des  manuscrits)  contient  Fliistoire 
lïœ  taille  que  s*est  ini|*ns«ie  en  1413  une  communauté  juive  qui 
t  sûrement  celle  de  Perpignan. 

Cemanufîcrit,  écrit  en  hébreu,  se  compose  de  48  feuillets  de 
•pier  qui  se  divisent  comme  suit  : 

f.  la.  Espère  de  cahier  des  charf^es  indiquant  la  nature  et 
le  but  de  la  taille  et  les  conditions  imposées  à  ceux 
qui  achèteront  la  ferme  de  cette  taille. 
tj.  D^^ux  quittarïces  dt>nn<^es  pHv  deux  des  fermiers  de 
la  taille  à  leur  troisième  associé,  Issac  Salumon  Bondit, 
chargé  de  toutes  les  opérations  et  de  toutes  les  écritures. 

ff.  2  à  42    Couifites  personnels  de  tous  les  Juifs  taillés, 

ff.  43  à  46.  Journal  des  sommes  perçues  par  les  fermiers  et 
contenant  jour  par  jour,  le  détail  des  sommes  perçues 
qui  ont  été  inscrites  aux  comptes  individuels. 

ff.  47  â.48,  Journal  détaillé  des  frais  de  la  taille  (écritures» 
actes  notariés,  frais  de  percepti*m)  et  des  versements 
faits  par  les  fermiers  pour  le  compte  de  la  commu- 
nauté juive,  avec  indicatitm,  au  moins  partielle,  du  par- 
tage des  bénéfices  de  la  ferme. 

On  ^ttrrt  comparer  cette  étude  avec  celle  que  nous  ivons  publiée^  bous  le  lilre 
\l>€ms  Upra  et  fommerce  du  eomnienrement  du  Xiv»  ftétif,  dans  la  Hêtfue  de*  Studtê 
V  t.  Vm,  pp.  itiî  B  496,  t.  IX.  pp.  21  à  SO  et  187  à  2i3. 


m  HEV1TÈ  DES  ÉTUDES  JUIVES 

La  description  des  feuillets  2  à  48  n'est  pas  sans  intérêt  pour 
nUstoire  de  Tart  de  la  comptaLilîté. 

Les  feuillets  2  à  42,  contenant  les  comptes  personnels  deàcoû- 
tribuableSt  sont  arrangés  comme  suit  : 

En  tête  de  chaque  compte  individuel  se  trouve,  en  groscarao- 
tères,  le  nom  du  contribuable  et  la  somme  qu'il  doit  veiner  à  II 
ferme.  C'est  son  d^'biL  Les  noms  des  contribuables  se  suivent 
dans  Tordre  alphabétique,  qui  n'est  pas  toujours,  il  est  irai,  trti 
rigoureusf^ment  observé*. 

Après  le  nom»  vient  une'mention  relative  à  la  contribution  ver* 
sée  par  le  contribuable  pour  un  compromis  fait  avec  Joan  de  Rive- 
saltes  et  dont  nous  parlerons  plus  loin.  Ces  versements  paraissent 
avoir  été  faits  antéiieurement  à  la  perception  de  notre  taille,  mais 
ils  sont  reportés  ici  au  crédit  du  contribuable  et  en  déchai-ge  (te 
son  débit  pour  le  montant  de  sa  taille.  Tout*^s  ces  sommes  ont  été 
payées  par  rintermédiaire  de  Méir  Vidai  (ou  avancées  parluijet 
encaissées  par  Musse  Cohen.  Puis  viennent,  en  colonne»  et  àl6ûr 
date,  les  payemnnts  successifs  faits  par  le  contribuable  pour  le 
montant  de  sa  taille.  Les  sommes  versées,  écrites  en  toutes  lettres 
ou  représentées,  suivant  rusafre,  par  des  lettres  de  Talpliâket 
hébreu,  sont  à  peu  près  en  colonne,  de  sorte  que  raddilion  en  est 
facile.  Quand  le  compte  e.st  liquidé  (crédit  égal  au  débiti,  il  est 
suivi  du  mot  d^biDn  ou  quelquefois  nï:bcn;  ce  mot  manque  lorsque 
lerompte  personnel  n'est  pas  liquidé.  Au  cours  des  opérations,  les 
administrateurs  de  la  communauté  ou  de  la  taille  (néémanifi^^) 
accordent  un  assez  grand  nombre  de  réductions  d*tmpdl  (i^  ip?5 
D'*2i3!«n)»  ces  réductions  sont  inscrites  dans  une  seconde  cnlonue 
à  c(3té  des  sommes  versées  et  portées  en  compte  à  VavoLî'  ducoû- 
tribuable* 

La  plupart  des  paces  contiennent  deux  comptes  personnels, 
quelques-unes  en  portent  davantage. 

Au  bas  de  chaque  page,  le  total  du  nombre  de  contribuables 
portés  sur  la  page  et  le  total  de  leur  débit  est  certifié  par  quatre 
personnes,  qui  sont  pi^ul-ôtre  les  néémamm*  Ces  quatre  per- 
sonnes sont  Méir  Vidiil,  Benvenist  Astruc  de  Besalu,  Issac 
Samson  et  Boniac  Bonsenior.  Méir  Vidal  figure  déjà,  commanous 
l'avons  vu»  dans  la  perception  pour  le  compromis  de  Joaa  de 
Rivesaltes, 

Les  ff.  48  à  46  sont  divisés  en  deux,  trois  ou  quatre  colonnes 

*  l,e  rôfçlempnt  d'Avif^non  do   1336  prescrit  é^alemeiii  de  lenir  les  comptes  *  pi 
A  B  G  ».  ^lautde,  Les  Jaifj  dais  lejt  États  franchi  du  Saint-Siège^   Pari«,   \ 

•nt.  4t.  42. 

*  Voir  Hetne,  U  XIII,  p.  199. 


HISTOIBE  D'UNE  TAILLE  LEYÈE  SDR  LES  JUIFS  DE  PERPIGNAN        57 

Les  colonnes  contî^nnent  tle  petits  cliapitres,  ayant  en  tête  la  date 
des  versements»  et,  sous  la  date,  tes  noms  des  contribuables  et  le 
montant  de  leurs  versements  ;  les  sommes  sont  en  lettres  de  Tal- 
phahet  hébreu,  disposées  en  colonne.  Le  total  de  chaque  colonne 
est  inscrit  an  bas  de  la  colonne. 

Les  tt  47  48  ri  otfrent  rien  de  particulier  au  point  de  vue  tech- 
nique. Le  total  de  chacune  des  pages  Al  a  et  47  f?  est  fait  au  bas  de 
la  page. 


II 


CAHIER   DES  CHARGES    POUR  LES  FRRMIERS    DE    L*ÏMPOT-    ETABLISSE- 
MENT  DES   COMPTES    DES    CONTRIBUABLES. 


Le  feuillet  la  donne  sur  Thistoire  de  la  taille  (07a  et  ïiaat)  les 
indications  suivantes  : 

La  taille  fut  décidée  par  les  néémanim,  en  vertu  du  pouvoir 
qin  leur  avait  été  donné  par  la  niajf>rité  de  TAssenibb^e  générale 
("173^73)  de  la  communauté,  suivant  Tacte  dressé  par  Salomon  Sa^ 
]omon«  ministre  officiant,  le  mardi  28  novembre  1413, 

Le  contribuable  devait  payer,  pour  chaque  livre  qu'il  possédait^ 
1  sou  6  deniers.  L'état  de  fortune  des  contribuables  était  pris  dans 
les  manifestes  (m:?nnn)  faits  jiar  eux  en  mai  1410.  On  sait  que  ces 
manifestes  sont  les  déclarations  où  les  contribuables  inscrivaient 
le  détail  de  leur  avoir,  iH)ur  la  répartition  proportionnelle  des 
impôts*. 

Le  montant  de  la  fortune  déclarée  dans  les  manifestes  se  trouve 
écrit,  dans  fT.  2  à  42,  au-dessous  du  nom  de  chaque  contri- 
buable. Cette  indication  ne  se  trotive  pas  sous  les  noms  des  per- 
sonnes uniquement  imposées  pour  le  compromis  de  Joan  de 
Rivesaltes, 

Le  produit  de  la  taille  devait  être  consacré  à  solder  le  montant 
d'une  somme  due  par  la  communauté»  à  la  suite  de  ce  compromis 
(rrTiSs),  à  Joan  de  Hivesaltes;  puis,  à  payer  un  certain  noïnbre  de 
créanciers  juifs  et  chrétiens  de  la  communauté;  et  enfin,  à  un  ver- 
sement qui  devait  être  fait  par  la  communauté  au  trésorier  {^ii^ 
"js^cn,  probablement  Iré^^oner  du  roi).  Nous  donnerons  plus  loin 
le  tableau  de  ces  dettes  et  nous  montrerons  que  des  changements 


*  Voir  Etvue,  U  Xlll,  p.  207. 


m  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

furent  apportés  par  Tadministration  juive  dans  la  répartition  prh 
mitive  du  produit  de  la  taille. 

La  ferme  de  la  taille  fut  vendue  par  adjudication  publique.  Les 
adjudicataires  furent  (f.  5a)  les  trois  Juifs  :  En  Salomon  *  Bonsior 
Bendit,  En  Bendit  Vidal  et  Issac  Salomon  Bendit.  Ce  dernier^ 
comme  on  le  voit  à  chaque  page  du  manuscrit,  fut  chargé  de  la 
direction  des  opérations  de  perception,  des  payements,  de  la  dis- 
tribution du  dividende  ou  bénéfice  (mn)  de  la  ferme  à  ses  asso- 
ciés. Il  est  l'auteur  de  notre  manuscrit  (voir  son  nom  dans  la  liste 
alphabétique  des  noms  de  persgnnes  qui  suit). 

Il  fut  convenu,  d'un  côté,  que  les  fermiers  verseraient,  dans  les 
délais  prescrits,  les  sommes  dues  par  la  communauté,  et  qulls  s'y 
engageraient  sous  peine  de  prison  (rrO"^Dn)  et  d'otage*.  Les  reçus 
que  leur  donneraient  les  créanciers  de  la  communauté  seraient 
remis  par  eux  à  la  communauté,  sous  peine  d'une  amende  de  10  1., 
moitié  au  trésor  du  roi  (Fernand  P»",  roi  d'Aragon),  moitié  à  la 
communauté. 

D'un  autre  côté,  la  communauté  s'engageait  envers  les  fer- 
miers à  faire  annuler  tout  acte  par  iequel  un  contribuable  au- 
rait obtenu,  de  quelque  fonctionnaire  ou  personnage  que  ce  fût 
(in^n,  courtisan),  d'être  exempté  de  la  taille.  Dans  le  cas  où  cette 
annulation  n'aurait  pas  lieu,  le  montant  de  la  taille  du  contri* 
buable  exempté  tomberait  à  la  charge  de  la  communauté. 

En  outre,  les  fe;*miers  obtenaient  le  droit  de  poursuivre  (on:i3b) 
les  contribuables,  même  les  veuves  et  les  femmes  en  l'absence 
de  leurs  maris,  pour  le  payement  des  tailles,  de  les  faire  mettre 
en  prison,  de  prendre  leurs  biens  en  gage  et  de  les  vendre  à  leur 
profit  jusqu'à  concurrence  de  la  somme  due  *. 

Une  excommunication  générale  avait  été  prononcée  à  la  syna- 
gogue* contre  tous  ceux  qui  chercheraient,  par  un  moyen  ou  un 
autre,  à  échapper  à  la  nécessité  de  payer  la  taille.  Le  fermier 
pouvait,  pour  les  personnes  qu'il  voulait  ou  qui  l'avaient  payé, 

^  Nous  donnerons  partout  à  ce  nom  la  forme  Salomon,  quoique  nous  pensions 
qu'on  prononçait  plulôl  Salamon  ou  Salmon. 

•  On  entend  par  ce  mot  rinternement  de  fonctionnaires  ou  d'administrateurs,  dans 
UQ  local  déterminé,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  rempli  un  mandat  qui  leur  est  donné  par 
la  communauté.  On  trouve  V otage  de  personnes  choisies  pour  élire  les  fonctionnaires, 
par  exemple  dans  les  Consultations  de  Salomon  b.  Adret,  3*  partie,  n»*  330,  333, 
422,  424.  À  Avignon  également  les  députés  sont  enfermés  jusqu'à  ce  qu'ils  aieut  fait 
certaines  élections  ou  certains  règlements  (Annuaire  de  la  Société  des  Études  jnivts^ 
I,  p.  203,  art.  2). 

3  A  Avignon,  en  1556,  le  collecteur  des  impôts  des  Juifs  peut  faire  gager  et  mettre 
en  prison  les  contribuables,  vendre  les  gages  à  l'encan  au  bout  de  huit  jours,  faire 
mettre  les  lemmes  en  arrêt ^  non  en  prison.  Maulde,  articles  40  et  44. 

^  On  peut  voir  ce  qu'étaient  ces  excommunications  dans  A^nuaire^  l,  c,  p.  1S5. 


nCT*OmE  D  UNE  TATLLE  LEVÉE  SUR  LES  JUIFS  DE  PERPIGNAN       50 

&r  œtte  excommunication  au  nom  de  la  communauté.  Pour 

personnes  jquu  au  contraire,  essayeraient  de  se  soustraire 

P*iiiipOt«  la  communauté  s'engageait  à  les  excommunier  norai- 

tiTi'tQent  dans  la  synagogue  le  lundi  et  le  jeudi  ijours  où  la 

agogue  est  plus  fréquentée,   parce  qu'un  y    lit  un  cliii|jitre 
iPviilateuque). 

»  cahier  des  charges  paraît  avoir  été  écrit  avant  le  7  décembre 

p  (la)  ;  la  ferme  de  la  taille  fut  achetée  probablement  à  cette 

R,  mais  Pacte  li'achat  ne  l'ut  dressé  que  le  10  par  le  notaire 

rnat  Fabre  (47  ab,  en  haut,  et  couverture  ûu  manuscrit,  à  Tin- 

^eur,  en  tête  du  manuscrit)  ;  la  perception  commen<;a  le  8  ûé~ 

nbre  1413  (43a),  le  partage  des  dividendes  entre  les  fermiers 

llieu  le  IG  avril  1414  .!&  et  10a),  cependant  de  petits  arriérés 

eat  encore  encaissés  jusqu  au  6  novembre  1414,  sans  que  nous 

}amom  dire  avec  certitude  comment  le  partage  des  bénéfices 

pu  se  faire  avant  la  fin  de  ropération, 

[ie  montant  du  produit  de  la  taille  avait  été  fixé  d'avance  par 
\}U'êmQi}un  (f»  l^ïj  à  L.  482.0.0.  Pour  établir  ce  chilfre,  nous 
Nons  que  les  administrateurs  ont  fait  écrire  d'avance»  dans 
itre  manuscrit,  par  le  secrétaire  de  la  communauté,  le  débit  des 
Qptes  individuels  et  les  totaux  au  bas  des  pages  jiisqu*au 
|40&,  et  y  ont  fait  inscrire  en  même  temps,  au  crédU  de  chaque 
Utribuable,  la  somme  qu'il  avait  déjà  versée  antérieurement 

'le  compromis  de  Joan  de  Rivesaltes  et  qui  devait  venir  en 

Buction  des  payements  à  faire  pour  la  taille.  C  est  dans  cet  état 

Us  auront  livré  le  manuscrit  à  Issac  Salomon  Bendit*  Les  indi- 

ci-dessus,  en  efïet,  ne  sont  pas»  comme  le  reste  du  raanus- 

la  main  d'Issac  Salomon  Bendit,  mais  de  la  main  qui  a 

^tie  cahier  des  charges  du  f'»  1  a.  Le  total  des  débits  jusqu'au 

)b  est  tout  près  de  L.  482  (il  est  L.  481.2.8)  ;  les  comptes  des 

[41  42  ont  évidemment  été  ajoutés  plus  tard,  car  les  noms 

I  contribuables  portés  à  ces  comptes  ne  sont  pas  à  leur  place 

bétique.  et,  en  outre,  à  partir  du  f*  41  ^,  les  quatre  signa- 

tquj  attestent,  au  bas  des  pages,  le  total  du  débit  sont  réduites 

ux  ou  manquent  tout  à  fait.  Il  parait  probable  que  les  signa- 

font  été  apposées  d'un  coup  par  chaque  signataire  sur  tous 
tes  feuillets  précédents,  leur  absence  partielle  ou  totale  sur  les 
(eailJ^ts  suivants  vient  de  ce  que  les  comptes  de  ces  feuillets  ont 

ouverts  plus  tard  et  on  n'aura  pas  eu  le  temps  de  porter 
fcompti3sà  la  sitrnature  des  néémafihn  ou  de  tous  les  quatre 

2nim,  Avec  ces  comptes  nouveaux,  le  total  du  débit  de 
acomptes  individuels  est  de  L.  488.7.1. 
[esd  sûr  que  c'est  à  Perpignan  et  non  ailleurs  que  notre  taille 


H  RCVCK  DES  ÈTIJMS  IdfB 

1t  été  le?^.  ToQt  d'iibord  on  TeiTt,  teii  les  lîsles  BonuBiiim 
qui  iOlTent,  qu*uii  grand  oombro  iSeooiilribiiaUei««lafigiiiiMI 
de  localttéfl  ToisJnes  de  Perp ignan,  eo  dpçi  etaadHâ  de»  Pyré- 
n^et.  En  ootrf^,  taodU  que  Torigtoe  des  Juifs  T«»ai&  ûêuiM 
îtiïtm  est  indiqua,  on  ne  trouve  pas  une  eetik  fois  âam  notrt 
manuscrit,  la  mention  qu'un  contribuable  serait  de  Perpigoas, 
ce  qtJi  ent  naturel  m  la  tatlle  a  été  leTéeâ  Penâguan,  maisaeie 
comprendrait  pas  si  elle  avait  été  K»Tée  dans  une  atitre  iilk 
Tolnine,  il  eut  été  impossible  qu*an  n*j  eût  pas  trouTé  on  seol 
contribuable  oripinatre  de  Perpignan.  La  viUe  de  Rivesalte*.  dunt 
le  nom  est  porté  par  un  des  principaux  créanciers  des  Juifs,  ♦'st 
tout  près  de  Perpifynan.  C'est  à  Perpignan  seul,  probablement, 
que  Ton  pouvait  trouver»  comme  capitale  de  celte  partie  de 
l'Aragon,  un  (unctionnaire  de  la  cour  comme  Bérenger  Riba^qul 
port*'  le  litre  de  courtiann.  Enfin»  argument  décisif  et  qui  suffirait 
à  lui  8eul,  le  notaire  qui  intervient  à  chaque  instant  dans  l  histoire 
de  notre  taille,  Bernard  Fabre,  est  un  notaire  qui  a  eier^  à 
PerfHifunn  en  1414,  et  M.  Vidai,  le  savant  bibliothécaire  de  la 
ville  de  Perpignan,  a  même  retrouvé  dans  des  papiers  qui  restent 
de  ce  notaire  une  note  qui  parait  se  rapporter  à  notre  taille. 


ni 


DESCRIPTION   DES  OPÉRATIONS  ET  TABLEAUX  JUSTIFICATIFS. 


En  faisant  la  déduction  des  sommes  qui  avaient  déjà  été  versées 
antériêureuient  pour  le  comproinis  de  Joan  de  Rive^^alte^,  et  dont 
le  totîd,  d^après  l'adtlitioii  que  nnus  avons  faite  des  comptes  iinii- 
vidueis»  s^  monte  à  L,  70  J>  0,  le  produit  de  la  taille  devait  être 
priiuitivement  de  L.  410.0. Oenviron.  La  communauté  n'avaitpM 
besoin  de  toute  celte  somme,  comme  on  va  le  voir,  c'est  ce  ^^ 
explique  les  nombreux  dégrèvements  accordés  aux  contribuables 
au  cours  des  opérations.  Ces  degré vemeuts  sont  indiqués  daus  1@S 
comptes  individuels. 

Les  sommes  nécessaires  à  la  communauté  se  montaient  primv 
Uvement  (tableau  I  plus  loin)  à  L.  346.10  0;  mais,  avant  que 
perception  fût  achevée,  un  certain  nombre  de  changejnents 
produisirent  dans  Tétat  de  la  dette,  comm<f  on  le  volt  par 
compara j:son  de  nos  tableaux  (tableau  1  et  U  plus  Lom).  Le  pV 
inportant   de    ces    changements   consiste    dans  la  disparitii 


riiSToiRE  xrmv:  taillk  levke  sur  les  juifs  de  Perpignan     «h 

des  L.  110.0.0  qui  devaient  être  versées  au  trésorier  royal,  et 
qui  probablement  sont  remplacées,  dans  les  dépenses  effectives 
(labL  11),  par  un  payement  de  L  71. 4. "7  fait  au  percepteur  de  la 
communauté  fpour  li  compte  du  trésorier?}  et  un  payement 
de  L.  58,10  0  fait,  sur  ordre  de  la  communauté»  à  En  José 
Mordècai  Salamies  et  En  Saïomon  Bonsenior  Bendit  {4Sa),  qui 
avaient  peut-être  avancé  cette  somme  à  la  communauté  pour 
payer  le  trésorier.  Avec  quelques  autres  petites  augmenta  Lions,  le 
total  des  sommes  à  payer  pour  le  compte  de  la  communauté 
se  monta  (tabl.  11)  à  L.  366.9,1.  Ce  total  se  trouve  indiqué  au 
haut  des  ff.  41  ab  et  sur  la  couverture  du  manuscrit,  à  Tinténeur. 
Les  L.  58.10,0  furent  finalement  payés  en  trois  parts  égales 
(48^)  à  En  Salomon  Bonsior  Bendit,  à  la  veuve  Salomon  Issac 
Bendil  et  à  En  Vidal  Bendit, 

Les  frais  de  perception,  suivant  les  calculs  que  nous  avons  faits 
sur  les  indications  détaillées  des  ff.  47  et  48,  se  montèrent  à 
L,  2,7.10.  lis  comprennent  le  salaire  donné  à  des  aides,  la  vente 
de?*  gages  et  objets  saisis,  la  conservatinn  des  gages,  la  mise  en 
prison  au  moins  d'un  récalcitrant,  le  payement  du  notaire  ;  même 
les  frais  d'encre  sont  comptés.  On  trouvera  le  détail  de  ces  dé- 
penses au  tablnau  ÏV  plus  loin. 

Les  payements  se  tirent  assez  difficilement,  par  petits  à  compte  ; 
le  nombre  des  gages  vendus  est  considérable,  il  y  eut  finale- 
ment quelques  non*valeurs  ou  arriérés  :  ils  se  montent,  d'après 
le  total  que  nous  en  avons  lait  sur  les  comptes  particuliers , 
ùL.O.n.L 

Le  bénéfice  des  fermiers  est  assez  difficile  à  déterminer  avec 
une  rigueur  absolue.  l\  parait  résulter  des  imlications  réunies 
dans  notre  tableau  V  qu'il  fut  de  L.  5.11.3  ou  plutôt  de  L.  6,8.4, 


Tablbad  L  —  S^i>mmes  dtsiinées  à  être  payées,  pour  le  compte  de  la  com- 
munauté, mr  le  produit  de  la  taille  (f»  1  a). 

Le  15  décembre  U13  à  MoosiûyorJoaude  Hivesaltes.  L.    50.  U.O 
1  24         —         —    a  N'Issac  Samsoo  et  Eu  Bonas- 

iruc  Jaco....-.,, ....  <30.  0,0 

Le  î4         --          -^    à  En  Samiel  Retget -,.....  28.0.0 

Le  t""- mar.s  UI4...,  à  Messer  Joau  Masot 5.(0.0 

En  février      —  ....  à  Me.^ser  Rauion  Esquirat .....  3.  0,0 

—             —  ....  a  MoQsinyor  Friincès  Despoug,  5.40.0 

Le  !«'  —         — a  Eu  BeroaL  Esiève.. lî-iÛ.O 

Le  15  —        —  ....  au  trésorier  (royal) MO.  o.o 

3i6.10JJ 


i7l  RETTE  DES  ËTTIMB  IFITES 

Tableau  II.  —  S^mmeâ  e/Teetittmemt  payées  par  les  fermiers  de  la  kilU 
poMr  U  compte  de  la  commmmauU  d'après  les  ff.  47  a  ^; . 

I5déc.  Iil3.  MoQsÎQ.  Joan  de  Rivesaltes L.    50.0.0 

22  —        Bn  Jacme  Catala  pour  Kd  Samlel  Roget        28.  46 
17janT.  1314  Le  percepteur  de  ia  commuuaulé  En 

Mossé  Astruc  Cohen 71 .  4.7 

S9         —         Issac  SamsoQ  et  En  Bonaslnic  Jaco..  <3().  0.0 

26         —         En  Beroat  Estève U.IO.O 

29         —         Messer  Hamon  Esquirat 5.0.0 

<9  fév.  1314.  MoQsiQ.  Juan  Masot 5JO.0 

49         —         Francès  Despoug 5.10.0 

23  mars  1314  En  José  MordecaT  Salamies  el  En  Salo- 

mon  Bonsenio^  Bendil 58.10.0 

366.  9.< 

Tablbau  III.  —  Compte  dékiteur  des  fermiers. 

4.  Sommes  payées  antérieurement  par  les  contribua- 
bles pour  le  compromis  de  Joan  de  Rivesaltes 
et  n'entrant  pas  dans  la  caisse  des  fermiers..  L.    70.  60 

2.  Sommes  encaissées 374.  8.2 

3.  Arriérés 0.17.< 

4.  Dégrèvements  ordonnés  par  les  néémanim 42  <6.< 

488.  7.4 

Les  n°'  1,  3  et  4  de  ce  tableau  ont  été  obtenus  en  faisant  le  total 
des  indications  qui  se  trouvent,  sur  ces  matières,  dans  les  comptes 
individuels;  le  n<»  2  est  le  total  des  totaux  partiels  qui  se  trouvent 
au  bas  des  pages  dans  le  journal  des  recettes  ff.  43  à  40. 

On  remarquera  que  le  total  de  ce  compte  est  égal,  à  3 d. près, au 
total  «les  d^^bits,  lequel  est,  comme  nous  Tavons  indiqué  plus  haut, 
L.  488.7.1. 

Tableau  IV.  —  Compte  créditeur  des  fermiers. 

^ .  Frais  de  perception  et  divers  : 

à  Ras  Sola L.    0.15. iO 

Issac  Jaco 0.  8.  4 

Astruguet 0.  8.  2 

Ras  Julia 0.  0.  4 

Vidal  Vivas 0.  5.  % 

Eu  Macip  Cohen 0.  0.  4 

Encre  T^T 0.  0.  2 

En  Bernât  Fabre,  notaire 0.9.6 

t.  7.<0 


HlSTOrnE  DTNE  TAILLE  LEVÉE  S^m  LES  JUIFS  DE  PERPIGNAN 

2,  PayemoDls  faits  pour  le  compte  de  la  com- 

mimaïUé  (tableau  II) L,  366.  d.  i 

a.  Les  n»^»  <  et  4  du  labîeau  III (U.  2.  t 

4.  Arriérés  (D'»  3  du  tableau  Illj 0.!7.  4 

Solde ,,., ë.n,  3 

4K8.  7,  4 


C3 


Dans  ce  tableau,  les  ch fifres  du  n"  1  sont  obtenus  par  Taddition 
I  des  sommes  détaillées  des  lî.  47a^  et48a* 


Tableau  V.  —  Bénéfice  des  fermierg. 

Ce  bénéflce  ne  peut  être  que  le  solde  du  tableau  précédent,  ou 

l'iien  ce  solde  augmenté  des  arriérés  (a^4du  tableau  précédent).  Oa 
a  donc  : 

Bénéfice..,., L,  5. H. S 

ou,  en  y  ajoutant  les  arriérés  ,  -.. 0.17.1 

le  bénéfice  sera 6.  8.4 


Nous  supposons  qifil  faut  prendre  ne  dprnier  chiffre  (L.  6.8.4); 
^il  semble  bi^^n  qulsisac  Salomon  Bendita  payé,  le  16  avril  1414» 
ses  deux  associas  en  leur  avançant  leur  part,  et  qu'il  a  ensuite 
continué  les  recouvrements  à  son  profit,  au  risque  de  ne  pas  ren- 
trer dans  tous  les  arriérés  ou  avec  la  certitude  qu'il  les  encaisNo- 
rait,  puisqu'il  avait  le  droit  de  saisie.  La  part  des  associés  dans  le 
bénéfice  n*a  pas  été  égale,  probablement  parce  qu'ils  n*avaient  pas 
fait  les  mêmes  avances  de  fonds»  et  on  cornprend,  du  reste, 
qu'Issac  Salomon  Bendit,  qui  avait  surveillé  les  opérations,  ait  eu 
une  part  plus  grande  que  ses  associés,  surtout  s'il  a  lait,  lui  aussi, 
des  avances  de  lunds.  On  voit  d*une  part,  au  f.  10  ^z,  qu'il  laisse» 
évidemment  sur  sa  jmrt  du  bénéfice,  à  la  V''  Satumon  Issac  Ban- 
dit (c'était  peut-être  sa  mère),  une  somme  de  L.  2.0- IL  D'autre 
part,  on  voit  au  T*»  1  b  que,  le  16  avril  1414,  Issac  Salomon  Bendit 
donne,  comme  dividende,  L.  1.16  0  à  Bendit  VîdaU  et  L.  L19J1  à 
Salomon  Bonsior  Bendit.  Eutin  (l\  48  a)  Issac  Salomon  Bendit,  qui 
était  chargé  du  recouvrement  d'un  autre  impôt,  appelé  impôt 
des  prêts  (niîtV^nn  ots),  avait,  le  16  avril»  en  même  temps  qu'il 
distribuait  les  dividendes  à  ses  associés,  crédité  en  outre  En  Sa- 
lomon Bonsior  Benilit  de  L.  0.6,0  au  compte  de  cet  impôt  des 
prêts.  11  en  résuittjrait  que  ie  bénéfice  de  notre  taille  aurait  été 
réparti  comme  suit  : 


64  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Eq  Bendit  Vidal * L.  4.46.  0 

En  Salomon  Bonsior  Bendit 2.  5.41 

Issac  Salomon  Bendit 2.6.5 


6.  8.  4 


IV 

LISTE  DBS  CONTRIBUABLES  ET  DES  JUIFS  DE  PERPIGNAN 

Cette  liste  est  dressée  d*aprës  Tordre  alphabétique  des  prénoms 
des  contribuables.  Nous  avons  adopté,  pour  la  transcription  de  ces 
noms,  Torthographe  usitée  dans  la  région  (par  exemple  Abram 
pour  Abraham,  Issac  pour  Isaac,  etc.). 

M.  Vidal,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Perpignan,  nous  a  prêté, 
pour  la  lecture  correcte  des  noms  et  pour  beaucoup  d'autres  pas- 
sages de  ce  travail,  le  concours  de  sa  vaste  et  profonde  érudition. 
Nous  lui  en  exprimons  nos  meilleurs  remerciments*. 

On  voudra  bien  se  rappeler  que  le  En  ou  N'  qui  précède  les 
noms  d'hommes  est  synonyme  de  Sieur,  Seigneur  ;  de  môme  Na 
devant  les  noms  de  femmes  est  un  reste  de  dona,  dame. 

Les  signes  qui  précèdent  les  noms  ont  le  sens  suivant  : 

O  désigne  les  personnes  nommées  dans  le  manuscrit,  mais 
qui  ne  paient  aucun  impôt. 

—  désigne  les  personnes  qui  paient  la  taille  d'après  leur  ma- 
nifeste. A  la  suite,  entre  parenthèses,  on  trouvera  tou- 
jours le  montant  du  manifeste,  en  livres,  sous,  denters. 

=  désigne  les  personnes  qui  sont  taxées  uniquement  pour  le 
compromis  de  Joan  de  Rivesaltes,  mais  non  pour  la  taille 
sur  manifeste. 

4-  désigne  les  personnes  qui  paient  la  taille  sur  manifeste  et 
sont,  en  outre,  taxées  pour  le  compromis  de  Joan  de 
Rivesaltes. 

Les  noms,  qui  ne  sont  précédés  d'aucun  signe,  se  trouvent  uni- 
quement dans  notre  liste  à  titre  de  renvoi. 

Dans  les  taxes  pour  le  compte  de  Joan  de  Rivesaltes,  nos  signes 
ne  se  rapportent  qu  à  celles  qui  seront  ^versées  à  partir  de  l'ouver- 
ture des  comptes  de  notre  ms.,  non  à  celles  qui  ont  déjà  été  per- 
çues antérieurement. 

>  Les  transcriptions  incertaines  des  noms  de  personnes  sont  soulignées. 


niSTOîRE  DTNE  TAILI.K  LEVÉE  SUîl  LKS  JIT!FS  DK  PERPinNAN       (T» 


On  remarquera,  dans  la  Visio  qui  suit,  qu'un  certain  nombre»  de 
personnes  ne  paient  aucun  impùt.  Pour  quelques-unes  de  ces  per- 
sonnes cela  s'explique  facilement  :  ce  sont  des  fonctionnaires  de 
la  communauté  juive  (Diulosal,  secrétaire  ;  Issac  Jacob,  proba - 
I      blement  buissier  ou  sergent;  Salomon  Salomon,  officiant  et  pro- 
^Jbablement  secrétaire),  des  aides  employés  à  la  perception  de  î'im- 
Hpùt  (Astruguet,  Issac  Jacob,  Issac  Samson,  Macip  Coben),  des 
^Pîbnctionnaîres   vérificateurs  des  comptes  (Benvenist  Astruc  de 
Besalu,  à  moins  que  sa  contribution  ne  soit  comprise  dans  celle 
des  Hoirs  Astruc  de  Besalu;  Mossé  Coben,  à  moins  qu'il  ne  soit 
le  même  que  Mossé  Astruc  Cohen),  et  enfin  le  chef  des  opérations 
de  perception,  Issac  Salomon  Bendit.  Les  autres  exemptions  sont, 
^Bjjsn  partie,  apparentes  et  expliquées  par  les  identifications  de  per- 
Hbonnes  que  nous  avons  proposées,  ou  bien  elles  s'appliquent  à  de 
^pauvres  gens  qui  n'ont  pas  les  moyens  de  payer  Firapot.  ou  enfin 
les  personnes  qui  paraissent  en  jouir  ne  demeurent  même  pas  à 
Perpignan  et  ne  peuvent  pas  compter  parmi  les  contribuables. 
Abram  Azriel,  qui,  d*après  le  journal,  fait  un  versement  le  18  dé- 
V  cembre  1413,  n'a  pas  de  compte  personnel,  ce  versement  se  fait 
donc  pour  le  compte  d*un  autre  contribuable  (son  père  ou  sa  mère 
^fcreuve)  que  nous  ne  pouvons  pas  autrement  désigner. 
^^    Nous  ferons  encore  une  autre  remarque  plus  importante.  On 
parle  sans  cesse  de  riramense  fortune  que  possédaient  les  Juifs 
au  moyen  âfire  :  presque  chaque  fois  qu'on  peut  vérifier  les  faits, 
on  s'aperçoit  que  c'est  pure  fable  et  que  la  réalité  ne  correspond 
pas  du  tout  à  la  légende.  Les  capitalistes  juifs  des  États  fran- 
çais du  Saint-Sit'ge  étaient  de  pauvres  diables  en  comparaison 
des  banquiers  italiens  établis  dans  le  pays;  la  Société  des  Juifs 
de  Vesoul  dont  nous  avons  étudié  Thistoire  (voir  Deua?  livres 
^^Le  commerce)  parait  avoir  eu  constamment  besoin  du  concours 
^Êet  des  prêts  des  Lombards.  L'histoire  de  notre  taille  conduit  à 
des  constatations  du  même  genre.  Le  total  du  débit  des  contri- 
buables était,  à  Torigine,  de  livres  488.7.1,  et  cette  somme  (sauf 
une  petite  partie,  que  nous  assimilons,  par  hypothèse  et  pour  ce 
calcul,  au  reste  de  la  somme)  provient  d*un  impôt  de  1  sou  6  de- 
niers par  livre.  La  fortune  totale  des  Juifs  de  Perpignan  aurait 
donc  été  de  6,511  livres.  Le  nombre  de  familles  est  d'environ  180» 
cela  fait  36  à  37  livres  par  famille  ou  environ  7  livres  par   tête. 
Ce  n'est  pas  une  grosse  fortune.  On  estime  que  la  somme  des 
fortunes  privées,  en  France,  se  monte  à  210  milliards  de  francs*, 


»  Yves  (tuyot.  Bapport  concerûsnt  TimpOt  sur  Je   reveau,  Paris,  1RS6,  p.  208  i 
210  (p*  210,  m  lieu  do  215  tÊlUioiiB;  il  Jaut  lire  215  milliards). 

T*  XIV,  H^  37.  5 


ftf,  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

c'est-à-dire  environ  5,500  francs  par  tôte.  Supposons  que  la 
livre,  en  1413,  à  Perpignan,  ait  valu  20  à  25  francs  et  que  le 
pouvoir  de  Targent  ait  été  à  cette  époque  dix  fois  ou  môme  yingt 
fois  ce  qu'il  est  aujourd'hui  ;  supposons  une  dissimulation  de 
25  pour  cent  *  ;  avec  toutes  ces  hypothèses,  évidemment  exa- 
gérées, on  n'arrive  encore  qu'à  une  moyenne  de  4,315  fr.  par 
tôte,  et  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  fortuné  des  Juifs  était  grcTée 
d'impôts  3,  4,  5  fois  (est-ce  qu'on  sait?)  plus  lourds  que  ceuide 
nos  jours. 

Liste  des  Juifs. 

—  Femme  Abram  Esmies  Cabri t,  6  a,  O^ap  «firwxfit  û-iaN*,etirDK 

N'Abram.  —  (37.10.0). 

O  Abram  Astruc,  34^,  paie  pour  un  autre.  Pourrait  ôlre  Abram  fils 
d'Astruc  de  Besalu  (voir  Astruc  de  Besalu)  et  serait  par  consé- 
quent identique  à  Abram  de  Besalu. 

O  Abram  Azriel,  43  ^,  48  déc. 

—  Abram  Bendit  Cohen,  4>.  —  (9.7.0). 

O  Abram  de  Besalu,  paie  pour  un  autre,  32  b;  voir  Astruc  de  Besalu 
et  Abram  Astruc. 

—  Abram  du  Cailar,  tb;  N'Abram;  paie  pour  un  autre,  35*. - 

(36.42.0). 
=  Abram  Cresques  tt5ptDnp  %  Ma;  son  gendre  et  sa  femme  sont 
mentionnés,  mais  sans  être  nommés. 

—  Abram  Macip  Cohen  tpOJ2,  5  a.  —  (30.16.0). 

—  Abram  Méir,  3  b  ;  Abram  Méir  de  Lodève,  43  a,  44  b,  —  (72.0.0). 

—  Abram  Rimoe  ^1721,  4  b  ;  31721,  44  ^,  45  a  ;  la  lecture  Rimoc  et  Ri- 

mocb,  qui  était  encore  inconnue,  est  donnée  par  des  pièces  la* 
tines  de  Perpignan.  —  (5.0.0). 

—  Abram  Samuel  Gabrit,  3  a.  —  (9.0.0). 
+  Ali  Mossé  r5a73  ■'bN,  9d.  —  (1 .0.0). 

O  Aron  Loup,  tjib,  4  3^,  intermédiaire  dans  un  payement. 

—  Hoirs  Astruc  de  Besalu,  22  a,  43  b.  Ces  héritiers  paraissent  êlr^ 

Mossé    de  Besalu,   Abram  de  Besalu,  Benvenist  de  Besalu» 
ces  deux  derniers  sont  désignés  comme  frères.  —  ^<3S.O.O). 

—  Astruc  Bonsior  (et   Bensenior)  iT^ïDaia,  l  a  ;   iT'SCra,  44  fl.  - 

(16.7. V). 

—  Astruc  Cabrit,  3  «.  — (3.46.0). 

—  Femme  Astruc  Cresques,  6^.  —  (6.0.0). 

—  Astruc  Gracia  (et  Gracian),  2  b,  43  b,  45  a  ^.  —  (36.40.0). 

—  Veuve  Astruc  Ilayyim,  8  a.  Le  mot  veuve  est  toujours  indiqoi 

par  l'abréviation  'bN.  —  (6.0.0). 

»  Voir  Yves  Guyot,  pages  212  et  216;  cf.  p.  81. 
*  Sur  le  nom  de  Cabrit,  voir  I^evue,  U  IV,  p.  71. 


HISTOIRE  DTNE  TAILLE  LEVEE  SUR  LES  JUIFS  DE  PERPIGNAN       67 


Kslruc  Jos6  -oi*^,  4  a.  —  (3.0.0). 
é 


entière  d'Aatruc  Millau,  Zif;  45  eï,  Bonaslruc  p"»nnttî6t3i3  ;  voir 
Boaastxuc  Jacu.  —  (7.I5.0K 
j^siruguet  ::'':iinn^N  et  la-'snnatrîe,  47  i;  il  est  courtier  mono, 
■    ilaà;  nommé  6  d,  8  //,  Il  a,  30^,  3t  a,  32 1. 
Bella  nVn,  femme  de  Siilomon  de  Belcalre,  16  (î;  n^as  Na  Bello, 
m    in'3  n:,  36^.  —  (leiJO.o). 
—  Bendil   DeDveûisi  ncsisa  D'^^ns,  12  a;  assiste  à  un  payement, 

0  Eu  Bendit  Vidal  bN-T"*-»  :3*^^:a;ô<,  un  des  fermiers  de  Fimpôt»  5a  ; 

ou  paie  par  son  iolermédiatre,  c'est-à-dire,  sans  doute,  qu*il 
avance  de  Targent  aux  contribuables,  i  \a^2kà;  reçoit  sa  part 
du  bénéfice  de  l'impôt,  \  S,  48  a.  Paraît  identique  à  Vidal  Dcndit. 

»BeDveaist  Aslruc  de  Besaiu;  son  nom  se  trouve  au  bas  de  toutes 
les  pages,  comme  vérificateur  des  comptes  ;  est  probablement 
identique  au  suivant 
Benvenisl  de  Besaiu,  iî  a,  est  probablement  fils  d*Aslruc  de 
Besaiu.  Voir  le  nom  précédent  et  aussi  Abram  Aslruc  et  Abram 
de  Besaiu. 

—  Veuve  Boaz,  7  a  ;  Boaz  de  Carcassonno,  44  S.  —  (9,0-0). 

1  -Bouamic  Vidal  p''?:5i3, 45  a.  —  (IJO.O). 

I  —  Bonastruc  Davi  ■'n  piimssia,  îtb;  rayé,  est  allé  demeurer  au 
village  î-^mïî^n  •'nn  *.  —  (68.45>0), 

-Bonastruc  Farrissol  brans,  Ma;  bnil^ns,  44  *.  —  (21.0,0). 

-Banistrac  Jaco  (=  Jacob)  ip*',  Mb;  En  Bonastruc  'iXH,  t  â,  3^, 
en  qualité  de  détenteur  tp"*Tni3)  des  biens  de  la  fille  d'Astruc 
de  Millau,  par  ordre  du  prévôt  (T^po)  ;  paie  pour  [prûte  à*?) 
divers,  6^,  \Q  à,  (9  a,  Z9a  ;  est  un  des  créanciers  de  la  com- 
munauté» ia,  —(59.0.0). 
Boaastruc  de  Millau,  voir  Astruc  Millau. 

'  ^J  nijia  Boniac  pN^ïis  nNn3i!3, 45rt.  —  (3.U.0). 

'     liiiia  Davi  (=:  David)  Coben,  *4a.  —  (17.0,0). 

X  U^mdia  de  PosquJèrcs,  M  à.  —  {3,10.0). 

-Veuve  Bouet  Vidal  :2^:i3,   lo  ^  ;   En  Bonet  Vidal,   17^,  2!  ^. — 
[63.10.01, 

-Boafîl  Vidal  Ali  ^ba  b^i^*\  b^^^:i,  13a-  —  (30,9,0). 

-  BoQfos  d*Avila  DIE-12,  1  i  à.  —  (  18.0.0). 
Bùafos  Bonmacip  Ci^0t:i3,  16  a  ;  q'^OTan:!,  43  a,  —  (128.8.0). 
Honfos  Gresques  Alfaquim  û'*D5bc«,  12 a;  a  un  fils  Jacob  demeu- 

ram  à  Laroque,  12  a;  a  achète  un  impôt  différent  du  nôtre, 

li^m  kabilula  des  villages  l'^niCH  "^12  ou  'lTS*^rî  "^Hl  ^oui  plusieurs  fois 
,  C«  floo(  ou  bien  des  Juits  dépendant  de  la  coLumuuauté  juive  à&  Perpi- 
loif  u<e  formant  une  communauté  à  part,  ou  plutôt  encore  des  Juifs  incorpurés 
BftDt  à  Ia  communauté  juive  de  Perpiguan,  quoique  demeurant  (iemporai- 
itt  ftvec  domicile  fizej  dans  les  petites  îocalittiâ  voibiues.  Pour  ces  gens  du 
tg  kttr»  dettes  31^n  et  le  perception  de  leurs  Impôts  n3:i73»  il  y  a  une  comp- 
i  à  jMffi,  probaUemo&t  leaue  par  noire  laiac  (12  ^i  41  aj. 


IIEVUK  DES  KTIÎDKS  JUIVES 

10^,  24  a,  30  fl  ;  dans  la  ferme  de  cet  impôt  ou  d*un  autre,  If 
eu  pour  associés  maître  Méir  Boael  et  un  autre.  19  **  PafdU 
èlre  le  (ils  de  Mossé  Âlfaquim,  Sa  a  ;  Eu  BonfûS,  30  a;  fait 
veudre  diex  un  Jujf  après  saisie,  32  a.  —  flOUO.Oj. 
=  Bonfos  Maimou  llTj'^Ta,  IG&;  li73"'''?J,  45^;  lT3'»''a,  44a. 

—  Veuve  Boufûîî  Pater  "sac,  5^;  a  pour  fils  Vidal  Pater  et  Boûiac 

paie  pour  Rubea  Pater,  qui  est  peut-être  son  neveu;  voir 

aussi  Samuel  Mossé.  —  (358-10.0). 
=  Boûfos  Roget  '  D-^^in  et  :3'''*ii":,  16  à,  fils  de  Samuel  Roget^i^.  et36p. 
r^  Bonfos  Samuel  Alfaquim,  1i*,  En  Bonfos,  5  a;  fils  demallfe 

(=  médecin)    Samuel   Alfaquim   c^sbÈi   bttiîsa    'c^Hia,  M; 

achète  un  impôt  avec  maître  Méir  Bonet  et  un  autre,  <9^. 
:=  Bonjuda  Alfaquim  rî'main  et  sa  femme,  M  h. 
-^  Bopjuda  (et  Bonjudas)  de  Carcassonne  cni3:i2, 45 ^  ;  nTO3i3,43l 

—  (i  JÛ.O), 

—  Bonjuda    (et   Bonjudas)  Gracian,  13a,   43a,  hib\    témoia  d'un 

payement,  f2a.  —  (6t.0.0). 

—  Bonlac  Bonsior  (et  Bousenior)  m^ir:i3,  i'àh,  nr2o:i3,  kih\  sigue 

au  bas  des  pages  comme  vériticaleur  des  comptes.  ~ («2. <ûû|. 
+  Bouiac  Samiel  h^-^rïO  et  son  lils,  13  b.  —  (3.0.0). 
=:::  Bousior  (ct  Bonsenîor)  Barbés  T2in&«3,  46  ^  ;  C^ana,  43  k. 

—  Veuve  Bonsior  (et  Bonsenior)  Rendit,  5  a,  45  a.  —  (25.7.0). 

—  Veuve  Bonsior  Maîmo  My^-o  nri:3i3,  ib;  p^'^'^TD,  43*;  voir  hm 

lehiel.  —  (7.7.0). 
+  Borgesa  nKDTnin,  vsb\  nc^nin,  43  b,  La  transcription  du  ûom 
est  assurée  par  des  documents  latins.  —  (l  .6.0), 
Na  Clara,  voir  Mossé  Alfaquim. 

—  Cresques  Alfaquim,  33  b,  —  (7L0,ô). 

—  Cresques  Bendit  Cohen,  3ia;  témoin  d'un  payement,  U'J  " 

(18.8.0), 

—  Cresques  Dayoïam,  36  ô;  frère  de  Vidal  Dayot,  19*,  3U,W^' 

--  (11.9.0). 

—  Veuve  Cresques  Ferrer  ins,  8  d.  —  (i.0.0). 
O  Cresques  de  Foix,  paie  pour  Bonamic  Vidal,  45a- 
+  Cresques  Loup  vçh,  34  b,  —  (s. 0.0). 

—  Cresques  Macip  Cohen,  31  a.  —  (12. G. 0). 
r^  Cresques  de  Moiilfort,  35  a. 

—  Cresques  Vidas  ^ûTi,  33*.  —  ;i6.4o.O). 

—  Davi  du  Cailar,  17  a,  43  *.  —  (39.10.0). 
=  Davi  Salomon  de  Foix,  17  *. 
+  Davi  Samiel  Coben,  17  *.  —  (7,0.0). 
+  Veuve  Dayot  Mossé,  6  *  ;  voir  Astruguet,  Bonastruc  Jaco,  HénocU 

Méir.  —  (12.0.0). 
O  En  Diulosal  José  bcib^'^l^N,  4  a;  a  écrit  un  acte. 

^  Ces!  la  vruie  pronondstioD,  au  moins  a  Perpigoan,  du  moi  ^"«^în  ;  ^'Otr  Rt%U 
I.  Xlll,  p,  156,  où  l'ûii  petit  proposer  Hogct  au  lieu  Ue  Hu^^^at. 


HISTOIRE  D  UNE  TAILLE  LEVKE  SUIl  LES  JUIFS  DK  PERPIGNAN       m 


an  Salamies  ï:»"'73bu:  1«"in,  i?  a.  —  (Ui  .8,0^. 

euve  Falco  (et  Fakoa)  ibu  Yahya  Ti^^w  ')  irbD,  7^i  l^^  pD^D 
rr-^rr,  44  a.  -  (iJ3,Q!. 

'errer  Davi,  32  a  ;  voir  Vidal  Ferrer* 

^crrer  Davi  Boomacip,  M  à  ;  44  b,  Ferrer  Macip.  —  (77.0.0). 

fuédalia  Uzzlel,  24  a, 

ottioQ  lans,  fille  de  Salomon  BonsiorBeodit. 
Gracian  (el  Gracia)  BaDJuda,  21  a.  Est-ce  le  môme  que  Bon^uda 
L    Gracian? 

Easdaï  des  Cortals,  21  à.  —  (82  J 3.0). 
WeuTe  Hayyim  Benjamin,  8  a.  —  (2  J2.0). 
%ayyim  Juda,  t\  b.  —  (34.11 .0). 
llénoch  Méir,  paie  pour  veuve  Dayot  Mossé,  tJ  b. 

ft&ac  Abraoi  Momet  :3"^?3*:  'stï  pâS**,  îS  a  ;  :3^?3i?3»  43  a  ;  sa  femme 
Na  Sara  rnw2,  liZ»,  Morne L  parait  être  uo  diraiuutirdc  Galo- 
oymos  (Saige,  Les  Juifs  du  Langupdoc,  p.  43).  —  (4,9.0). 

'euve  Issac  (pat"»)  Ascher.  7  a.  —  (7.0.0). 

isac  Bendit,  v.  Issac  Salomon  BeudiL 

Tcuve  Issac  Bonlil,  S  b.  Les  cliiHVes  manquent  dans  le  manuscrit. 

umtob  (=  Bondia)  Juda,  tib.  —  (19.0.U). 

bmtob  de  Barbastre,  41  a;  rayé,  est  allé  demeurer  au  village, 
lire  fCïro,  c'est-à-dire  médecin)  Issac  Gabrit,  3^.  —  (i09.0.0). 
ac  Gabie  (et  de  Gabie)  rr.H-^D^  piç-*,  25a;n.H^3ai,4U.  —  (19.10.0;, 

Bsac  lebiel,  7  ô,  paie  pour  Bonsior  Maimo. 

issac  (et  Nlssac  p^*^;)  Jacob,  hlab;  probablement  le  môme  que 
3p:r  ;373ï:  ps*'  Issac  Samas  (desservant'^)  Jacob^  47  ^  ;  reçoit 
un  salaire  pour  son  concours  très  fréquent  à  lu  perception  do 
nmpdt,  48  a  ;  nommé  7  a,  8  tf,  10  a,  10  a. 

isac  José,  2:i  à  ;  Issac  José  Josl\  Ha. 
icJuda  Davî,  nb.  —  [19.0.0). 

iwac  Laon  pNb,  ^6  a,  Laon  =  Léon. 

^sac  Mossé  n3*i:^&«  Amnoba,  ti  a.  Le  manuel  du  notai  ire  Pierre 
Vila,  de  Perpignan,  111 0-1439,  cite  un  Issach  Mossé  Abnoba, 
qui  est  certainement  le  même  (M.  Vidal).  —  (3.<0.0). 
lac  Mossé  de  NMmes.-^ct:^;!,  Ua,  47 a.  —  (26. H. 0), 
-  I^sac  Nalan  MordecaL  41  fi. 

Msôc  SalomoQ  Beodil  et  souvent  ïssac  lîendit;  c'est  lui  qui. 
presque  partoul,  reçoit  les  payemeuts  pour  riiiipôl,  5a  ;  il  est 
luî-méme  uo  des  fermiers  de  PimpÔt,  il  distribue  le  dividende 
à  ses  deux  coassociés,  ^  h,  et  il  tient  les  écritures  de  notre 
registre  :  pit**  •^sî*  «  moi  Issac  >>,  48*;  ::^i:2  p^-»  ■*:»  «  moi 
Issac  Bendit  »,  48  a  ;  Disn  rsT  srsïs  Dn:3  n7:'^c  p^*^:  w,  N'Issac 
Salomon  Bendit,  qui  a  fait  les  êcriiûresdeceL  iiiipùt.  »  5  A  ;  son 
nom  est  encore  écrit  ps:"*»,  i7  b,  p^*^:*:  N'Issac,  47  a,  pst'^a,  1  b. 
Noire  ïssac  parait»  du  reste,  faire  ^a  profession  de  la  ptTcep- 
lion  des  impôts  el  des  rccouvreiueuts  des  créauces.  C'est  lui, 
a   ce  qu*il  nous  semble,  qui  recouvre  Pinipôt  dos  prèls  dont 


70  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

nous  avons  parlé  (48  a),  qui  f^it  1»  con^ptabilité  (et  probable- 
ment le  recouvrement)  de  la  ferme  des  impôts  achetés  par 
Bonfos  Gresques  Alfaquim,  qui  recouvre  les  impôts  des  Juifs 
établis  dans  les  villages  (voir  Bonastruc  Davi). 

=  Issac  Salomon  Natan,  26  a. 

O  Issac  Samson  (N*Issac,  \  a),  42  a  ;  signe  au  bas  de  toutes  les  pages 
como^e  vérificateur  des  comptes  ;  est  un  des  créanciers  de  la 
communauté,  \  a  ;  reçoit  argent  ou  salaire  pour  son  concours 

—  Issac  Vidal,  24^.  —  (29.10.0). 

-i-  Jaco  (=  Jacob)  Astruc  ip"^,  22 1.  —  (403.0.0). 

—  Société  (CiintD)  de  Jaco  Astruc  et  son  frère  ou  ses  frères  m«,  39  a. 

—  (452.40.0). 
=  Jaco  José  Cabra  îTnaNp,  25  h  ;  ïi^'n^p,  43  Q,  ;  ïTinp,  45  a. 
=  Jaco  Salomon,  26  a. 

—  Jaco  Salvat  taNlbiD,  44 1.  —  (35.8.0). 

—  José  de  Gavaillon,  Via,  —  (48.0.0). 

José  Gresques  de  Gabanes,  voir  Josef  de  Gabanes. 

—  Maître  José  de  Géret  "^OT^  't5«»,  27  ^,  28  ^  ;  père  de  maître  Méir 

Bonet.  —  (43.0.0). 
+  José  (et  En  José  '^0T^3N)  Marti  '^û'iTa,  25  h  ;  demeure  dans  la  maison 
de  Bonafos  d'Avila.  —  (4.40.0). 

—  José  Méir,  24  a.  —  (6 . 0 . 0). 

O  José  Mordecai  Salamies,  paie  pour  un  autre,  9  a  ;  voir  Mordecaî 
Salamies  ;  reçoit  une  fois  une  somme  importante  de  la  com- 
munauté.avec  En  Salomon  Bonsenlor  Bendit,  43  a. 

—  Josef  de  Blanes,  23  a.  —  (406.0.0). 

—  Josef  de  Gabanes,  23  a  ;  aussi  appelé  '^or,  43  a  ;  José  Gresques  de 

Gabanes,  44 1.  —  (52.42.0). 
=  Josef  Calot  uibp,  26  a  ;  •^oi*^  José,  44  ô. 

—  Josef  Pater  n[:D,  22 1,  —  (47.0.0). 
=  Lao  de  Barbastre,  27  a. 

—  Lao  de  Géret,  26  h.  —  (22.0.0). 

—  Lao  de  Mazères,  26  h,  43 a,  44  a;  \ysh  Laon.  —  (449.0.0). 

O  En  Macip  Gohen  fl'^DtîaN,  47  h.  Reçoit  salaire  pour  son  concours. 

—  Maître  i^^m^)  Méir  Bonet  tî-^ain,  28  ^  ;  fils  de  maître  José  de  Géret; 

acbète  un  impôt  avec  Bonafos  Alfaquim  et  un  autre,  49  *.  — 
(26.0.0). 
=  Méir  José,  42  a. 

—  Méir  Vidal,  29  a  ;  aussi  bfcn'^i  ^^'NTaîN  En  Méir  Vidal  ;  c'est  lui 

qui  reçoit  presque  tous  les  payements  faits  pour  le  compro- 
mis avec  Joan  de  Rivesaltes  et  les  transmet  à  MosséGoben; 
il  signe  la  vérification  des  comptes  au  bas  des  pages.  — 
(426.0.0). 

Meirona  (=  Miriam)  rraTT^-^Ts,  femme  de  Mordecaî  Salamies,  43^  ; 
nDin-^-^jaD  Na-Meirona.  45  h. 

Meironette  no'^Din'^tt,  45  *,  46  ^,  différente  de  la  précédente;  paie 


o 

I 


mSTOlîlE  DTNE  TAILLE  LEVSE  SÏÏE  LES  lUlFS  DE  PERPIGNAN       71 

probablement  pour  son  mari  ou  une  personiiô  de  sa  famille 
que  nous  ne  pouvons  pas  désigner. 

Mordecaï  de  Grpssc,  30^.  —  (10.12,0). 

Femme  Mordecaï  Salamies  C^'^T^b'*»,  6  a;  a  un  fils  En  José,  qui  est 
évidemment  José  Mordecaï  Salamies.  —  (62,6.0). 

Maître  Mossé  de  Géret  ncî:  "Jra,  28  k,  43  h,  44  a.  —  (69,0.0). 

Biens  de  Mossé  Alfaquim  et  de  sa  femme  Na  Clara  m'Kbp3,  ^8  a  ; 
Bonfûs  CresquGS  Alfaquim  est  probablement  son  fils.  — 
Oo.ii.O). 

isé  Astruc  Cotien»  î8  a  ;  paie  pour  Cresques  Ferrer  et  autres» 
8^,  31  ^»  yihx  appelé  aussi  En  Mossé  Astruc,  31  a,  32  J;  est 
percepteur  nsta  (ou  U  percepteur)  de  la  communauté,  47  a;  voir 
Musse  Cohen.  —  (105.0. OJ. 

Mossé  de  Besalu,  20  a;  voir  Astruc  de  Besalu;  paie  pour  un 
autre,  3îJ.  ^(8.0.0). 

Mossé  Cohen,  reçoit  tous  les  payements  faits  à  Méir  Vidal  pour  le 
compromis  de  Juan  de  Kîvesaltes,  nommé  presque  à  chaque 
page;  est-il  le  même  que  Mossé  Astruc  Cojien? 

Mossé  Dayol,  30^.  -  [i 7. 4 3.0). 

Mossé  Hasdaï,  31  a.  —  (8. 11,0}. 

Mossé  Jaco  Cabra  n^sôtp,  \\  ^. 

Mossé  Josef  (et  José]  Mossé,  29  b^  43  a.  —  (59. 7.0). 

Mossé  Josef  (et  José)  Ruben,  29  b,  —  (28J5.0), 

Mossé  Juda  de  la  Paille.  27  a,  43  b. 

Mossé  Laon  Cohen,  31  a.  —  (7.0.0). 

Mossé  Loup  Ciib,  27  a. 

Mossé  de  Palencia,  27  a,  43^. 

Mossé  Vidal  de  Caux,  30a.  -  (9.0.0). 

Mossé  Vidas  ^«"fl,  30a.  —  (36.0.0). 

Fina  «ro,  femme  dTn  Salomon  de  Belcaire,  32  a  ;  Na-Fina  de  Bel- 
caire  nrs:,  44  a.  —  (0.t4.û;.  Nous  supposons  que  ce  nom  est 
un  diminutif  de  Josétine.  On  pourrait  lire  Pina^  Péna, 

Petite  nis^^D  de  Besalu,  32  b.  —  (41 ,0.0). 

La  femme  de  Rogct  rnsno,  courtier,  48  a  ;  reçoit  salaire.  Est-ce  la 
même  que  femme  Salves  Roget  ? 

Ruben  Pater,  3o<^î  Ûls  de  veuve  Vidal  Pater  et  probablement 
neveu  de  veuve  Bonfos  Pater,  10  a  ;  En  Ruben  piÈ«n:K,  10  a.  — 
(ISO. 0,0). 

Salamies  de  Ni  mes,  37  *.  —  (30.5.0). 

Salomon  Badoz  Talné  U^irh  biT:»  Vi'ra,  42  a;  voir  Salomon  Sa- 
lomon Badoz. 

Salomon  de  Barbastre,  38  a;  est  probablement  Salomon  Vidal  de 
Barbastre,  32a.  —  (1  Oj»].  Il  foit  une  m'^n^  (est  caution?) 
pour  Ferrer  Davj,  38  a. 

Salomon  de  Belcaire,  36  è;  voir  Bella.  —  (111.10.0). 

Salomon  Bonsior  (et  Bonsenior)  Beudit,  ou  encore  Salomon  Bendtl, 


71  BEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

36  a  ;  En  SalomoQ  n?3bs:È«,  Ô  a  ;  uq  des  fermiers  de  Timpôt,  5ÎT 
reçoit  sa  part  du  dividende  nrn,  Hè,  Ma,  ii^a[  nommé iltf, 
^^a^  \Sb,^i  à,  ïùà,  37a,  comme  recevant  des  payements  pour 
rimpÔL  ou  assistant  à  ces  payements;  reçoit  avec  En  José 
Mordecaï  Sala  mies  un  payement  important  de  la  commiinaui^» 
48  a,  -  (250,0.0). 

^  Veuve  Salomon  Gatala  «bop,  fO  ^  ;  nbtîp,  A3  à. 

=^  Salomon  Davi,  39  ^. 

-  Salomon  Ferrer  de  Cabanes,  38  a^  i3i^  ;  paie  pour  un  autre»  8  è.  - 
(33,10.0). 

—  Veuve  Salomon  Issac  Bendit,  40  a  ;  perçoit  une  part  du  dividende 

qui  parait  destinée  ù  Issac  Bendit»  ^0  a  ;  est  peut-être  la  mère 
de  celui-ci  ;  a  une  part  des  58  1.  10  s.  payés  à  En  José  Mor(^ecai 
Salomon  (=Salamiesl,  48^,  —  ;i65M0»0)*    , 

=  Salomon  de  Mont  fort,  10  d. 

O  Salomon  Naci  «"»::;:,  témoin,  32  a, 

—  Salomon  Rubio  VDin,  40  à, 

+  Salomon  Salomon  Badoz  y^^^,  37^;  p?  le  jeune,  43  4;  vûiiSal. 

BûdoK.  ~  (7.5.0). 
O  Salomon  Salomon,  ministre-officiant  im,  4  ai  parait  ôtre secrétaire 

de  la  communauté.  Serail-îL  le  môme  que  le  précédent? 

—  Veuve  Salomon  de  Saverdun,  9  a*  —  (75,0.0). 

Salomon  Vidal  de  Barbastre,  32  a  ;  paie  pour  un  autre  ;  est  cau- 
tion ;  Toir  Saiomon  de  Barbastre. 

—  Femme  Salves  Roget  a-^sn  "Z^ibv,  9 1  ;  :3-»''i-i,  43  à,  —  (4  *0.0). 

O  Maître  Samiel  Alfaquim,  caution  de  veuve  Bonsior  BendilTS"' 
son  fils  est  En  Bonfos  SamieJ  ou  Samuel.  Sa  contribniiuaesl 
probablement  comprise  dans  celle  de  son  père. 

—  Samiel  Astruc  Bonmacip»  31  a,  —  (30.0.0). 

—  Samiel  Bendit  Cohen,  37  a;  les  fils  de  Samiel  Cohen,  43  A.  - 

(7.0.0). 

—  Veuve  Samiel  Bonfil  ^513  V&*"«îat),  9a.  —  (30.0.0). 

—  Samiel  Jaco  de  Nîmes  ■•OTs-'n,  39  a.  —  (20.5.0). 

—  Samiel  de  Luuel,  38  b.  —  (14  J 0.0). 

—  Samiel  Mossé  José,  39  ^  ;  est  peut-être  le  Samiel  Mossé  qui  pfti<* 

pour  la  veuve  Bonfos  Paler,  5^,  —  (55.45.0), 
+  Samiel  Roget  ^^:in,  va} à;  i^'^-^ain,  44a;  '?Kr2c;«  En  Samiel,  Ut 

il  a  ;  père  de  Bonfos  Rogel  ;  est  un  des  créanciers  de  la  coïO- 

muuaulé,  4  a.  —  [4.0.0,  plus  25. 0.0). 
=  Samiel  Sescalette,  40  b, 

—  Samson  Issac  et  son  fiis,  38  à  ;  appelé  Issac  Samson,  44  ^,  a  moius 

que  ce  ne  soit  le  nom  du  tlïs.  —  (72.0.0). 
Sara,  femme  d'Issac  Abram  Momet,  44  4. 

—  Seaitiel  Abram  Viger   <ou   Veger)  et  son   fils,  36tf  ;  'r*y^^,  3fi 

^y^\  4i  à  ;  le  prénom  est  écrit,  36  a,  b«^nt:fira  et  iKVrc  ;  45 
b-^riV»:;.  —  (2i  3.0.01. 
z=z  Semlob  Zaj/yU  t\^^^,  iO  a. 


HISTOIRE  D'UNE  TAJLLE  LKVEE  î>UR  LES  JUIFS  DE  PERPIGNAN       711 

Vidal  Astruc  de  Nîmes  '►latJ^n.  19 «.  —  (3*6.0,0). 

Vidal  Bendit  (el  En  Vidal  Beodit  et  Eu  Bendil)  cL  soa  fils.  18  a  ; 
sa  femme,  non 3  ïi:i33  Na  fionne  Boune,  48  à  ;  il  a  une  part 
dans  les  58 1.  lo  s.  payés  pour  compte  de  la  communauté,  48  b. 
—  (333.5.0). 

Vidal  Beiivenist,  19 «.  —  (409.0.01. 

Vidal  Boûiac  pc^'^sin,  41  *  ;  En  Vidal,  9  a.  ■■  (34,45.0). 

Vidal  Dayot,  49  ^  ;  frère  de  Cresques  DayoL  —  (36,44 .0). 

Vidal  Efraïm,  20*, 

Veuve  Vidal  Ferrer,  5^;  son  fils  est  appelé  Ferrer,  5^^.  —  t95.13.0), 

Vidal  Issac  et  sa  mère  Meirona,  42  *. 

Vidal  Laô  de  Capestang,  18a.  —  (7.0.0).  % 

Vidal  Méir  de  Lodève,  ÎO  è,  4o  è. 

Vidal  Pater,  18  ô;  voir  veuve  Bonfos  Pater.  —  (10.5.0)» 

Veuve  Vidal  Paler,  40a.  —  (72.5.0). 

Vidai  Rimoc  Tt?2n,  20  a  ;  :iiOT,  4i  b,  —  (2.8.0). 

Vidal  Vives  CttT^i  ^  48  ^  ;  on  paie  pour  lui,  5  ^  ;  il  paie  pour  Vives 
du  Gailar,  49^;  est  témoin»  3ta;  En  Vidal,  47 «;  reçoit  un 
salaire  pour  garde  d'objets  en  gage,  48a.  —  (3,0.0). 

ViveeBoulil,  20  a.  —  (0.47.0). 

Vives  du  Gailar,  19  i»  ;  mis  en  prison  poumon-payement  de  Tim- 
pOt,  47  «.  —  (25.0.0). 

liste  des  Chrétiens» 

point  d'interrogation  en  t&te  des  noms  indique  que  nous  no  savoni  pas 
serrement  si  Ië  persontmge  uomtnô  était  cbréUeu  ou  juif.) 

En  Bernai  (— Bernard)  Antoine,  tisseur,  3-ns  "^îia:»  t::nns&«,  30  a; 
En-Bret  Antoine  î^'^na:»»  14  a,  16  ^'^  24  a,  32  a,  38  a  \  achète  une 
grande  partie  des  objets  saisis  ou  des  gages  vendus  au  proûl 
de  TimpôL. 
|Ed  Bernât  Estève  ■*3'«actï,  apuntador  (marqueur);  créancier  delà 
communauté,  1  a  ;  47  d,  ''T'aCkH, 
ÏQ  Bernai  Fabre  "^nDS,  notaire  ;  écrit  tous  les  actes  relatifs  à  Timpôt. 
Ces  actes  sont  :  uae  procuration  (n«ïï"in)  pour  la  perception 
d'une  somme  d'argent,  a  a  ;  des  quittances»  47  a  b,  48  a  ;  la  liqui- 
daiion  de  la   ferme  de  rimjwt  Dm  T'ap  n::a  r^^rrù^  48  a; 
notaire  à  Perpignan  (M.  Vidal). 
Bérenger  Ri  bas,  fonctionne  en  qualité  de  fonctionnaire  de  la  cour 
t^aîrr  n?3D,  parait  être  banquier,  car  il  a  une  table  (banque) 
^nbn,  et  un  payement  fait  par  son  entremise  est  inscrit  dans 
le  livré  dans  sa  banque,  18  a.  Son  nom  est  écrit  C3"^n  ■iar"i^3:%X. 
En  Pi  Borcol  blpnis  ''d:»,  \a\  a  une  banque  \Tiy::. 
Pi.,,  Brab  (ou  Brau)  de  Bize  oc^ni  sttna  '^d,  28a,  Nous  avons 
transcrit  le  mot  '"^d  par  Pi ... ,  parce  que  c*est  une  abréviation 


'  La  prononcioLioa  lû<cale  est  toujours  Vives,  non  Vives. 


REVITE  DES  ÉTUDES  tWTU 

que  DOus  na  savons  pas  compléter.  Peui-èlre  est-ce  TSire  Piaus, 
dont  Pi  est  devenu  une  abréviation  courante,     • 

Monsinyor  Francès  Despoug  31E01  û"*C3nfî  ''»P115,  I  ji,  créancier  de  la 
communautt'  ;  47  ^. 

En  Jacnie  Gatala  nbup  ■^?:p^  «6  a  ;  ''72p'^:ît,  47a;  achète  un  gage,  36^; 
touche  sur  autorisation  de  Samiel  Roget,  47  a. 

En  Joan  Dotres  (et  En  Dotres)  0'n:;i^  lKi'':fit,  banquier,  4  a ^,  fia, 
7ab,  10  a,  <8  a,  20  à.  Il  achète  la  plupart  des  -i^  idus. 

Monsinyor  Joan  de  Rivesaltos  'C'^zha  is^-'-n  ^Ht^  '^C'  .  scféan- 

ciers  de  la  communauté  juive,  4  a  ;  un  compromis  mQt  a  ëv 
fait  avec  lui  par  les  Juifs*  Ce  Joan  (Jean)  de  Rivesaltes,  d'aprè? 
une  note  que  nous  communique  M.  Vidal»  était,  en  Ut(. 
viguier  de  Roussillon  et  Vallespir. 

Messer  Joan  Masot  :3">0^  'jt«T>  '\^0V2^  un  des  créanciers  de  la  comma- 
nauté  juive,  1  a,  47  J. 

Bas  Julia  nN^^bv  yn,  reçoit  un  salaire  pour  remprisonnemeat  de 
Vives  du  Cailar,  47a*  Julia  signifie  Julien;  Ras  ou  Raz  signiâe 
plaine,  et  était  un  nom  de  famille  (M.  Vidal). 

Messer  Ramon  Esquirat  ::"i"'pc»  "Jt^n  l'^O'^ïï,  un  des  créanciers  de  li 
communauté,  4  a. 

?  En-Sola  Ras,  8  a,  37^,  38a,  47 a^;  le  mot  Sola  ^t  écrit  ni»iO»r 
nbitî  et  n^ÈtcSK  ;  Je  mot  Ras  est  écrit  yn  «t  y»^  ;  aux  ff.  3«« 
et  47  ^  on  a  Ras  Sola  ;  paie  pour  veuve  Hayyim  Benjaœin,»^; 
pour  Saloraon  Salomon  Badoz,  37  b»  pour  Salomon  Ferrer  àt 
Cabanes,  ;i8a;  reçoit  salaire  pour  son  concours  pour  la  per- 
ception de  rimp6t.  Son  nom  oiïre  une  certaine  difficulté^  car 
Sola  et  Ras  sont  tous  les  deux  des  noms  de  famille.  En  outre* 
Sola  Ras  paraît  avoir  servi  de  collecteur  ;  c'est  pour  cela,  etos 
doute,  qu'il  fait  souvent  des  payements  pour  le  compte  dWres 
personnes,  à  moins  que  ce  ne  soient  des  avances  qu'il  (dit  aux 
contribuables.  Dans  les  deux  cas  (collecteur  ou  préteur)*  uous 
croirions  volontiers  qu'il  était  Juif,  mais  d'un  autre  côté,  ses 
noms  ne  paraissent  guère  avoir  été  portés  par  des  Juifs. 


tfOtfS  PK  LOCàLITÉS. 

Noua  donnons  ici  la  liste  alphabétique  des  noms  de  localités  q\i\ 
se  trouvent  dans  notre  manuscrit.  Les  transcriptions  de  Thébrea 
sont  soulignées.  Les  noms  des  personnes  qui  se  trouvent  entra 
parenthèses,  après  le  nom  géographique,  désignent  les  personiicj 
de  la  liste  précédente  dont  le  nom  est  accompagné,  dans  le  ma-i 
nuscrit,  du  nom  géographique  en  question. 


HISTOIRE  DTNE  TAILLE  LE\"ÉE  SUR  LES  JCIFS^  DE  PERPIGNAN       75 

[Avilô  (Boâfos).  rtb-'sw,  iia\  nî<b-3H,  il*;  nb^-'ni*,  ioa;  T^b^ii'3^, 
U^,  est  probablemeal  une  laule.  Ville  de  la  Catalogne,  Es- 
pagne, 

Barbdstre  (Jomiob,  Lao,  Salomon,  Salomon  Vidal),  cnn^n'^a,  na, 
44  a  ;  n^'jnïî^na,  i^  a;  H*.£3iïïn-i3,  38  a.  Ville  de  la  Catalogne. 

Belcairc  (Bella,  Fina,  Salomoo).  "'n''«pb'«!2,  ^6«;  •»-i''*»py3»  30^,  4ifl; 
''-T'*»pb3,  32  a  ;  départ,  Aude  ;  ou  Belcaire  en  Calalogoe. 

Besalu  (Astruc,  Benveniste,  Mossé,  Petite).  pibt«03,  22fl,  t9a,  32*  ; 
pTb03,  43  *,  Besaldon.  Ville  de  la  Catalogne.  —  Dans  Salomon 
b.  Adret,  ConsulL,  3"  partie,  û«  17,  liibNCia. 

Bize  (Pi  Brab,  chrétien),  oc^n  Sises,  28  a.  Un  Salomon  Davin  de  Bize 
est  nommé  dans  le  Calai,  des  inss.  hébreux  d'Oxford,  de  Ad. 
Neubauort  p-  M 67,  note  de  la  coL  975.  Département  de  TAude, 

Blanes  (Josef),  Datera,  Ua  ;  13^:^3,  ï%a.  Ville  de  la  Catalogne. 
iBoreol  (Pi  Bôrcoll,  chrétien);  ancienne  forme  pour  Vercol;  c*est 

Corneilla-del-Vercol,  Pyrénées-Orientales. 
•  Cabanes  (Josef,  Salomon  Ferrer).  ï3^33«p,  43*;  ï3:N3p,  38  a.  Ville  de 
la  Catalogne. 

Capestang  {Xuï^i  Lao).  l'^'^Niacap  Cabestain,  ^8  a,  dép.  de  FHéraull. 

Carcassoiine  (Bonjiidas).  "'ji^pnp,  de  Garcassonne.  15*;  dép.  Aude. 

Le  Cailar  ou  Le  Caylar  (Abram,  Davi,  Vivas).  n^b^p,  2*.  Ha;  nbuîp, 
19*,  43*;   Cnslar.  Le  Cailar,  dép.  du  Gard,  ou  plutôt   Le 
Caylar,  dép.  de  l'Hérault.  Voir  Saige,  Les  Juifs  de  Languedoc, 
'  Cavaiilon  iJosé).  ibmp,  22  a  ;  nbap,  43  a,  46  a  \  dép.  Vaucluse, 

Caux  (Mossé  Vidal),  yip,  30  a  ;  dép,  Hérault. 

Céret  (Lao,  Méir  José,  Méir  Mossé).  a^^-^i:,  28  *,  44  a  ;  anx,  26  *,  27  *, 
à8  *  ;  Q'^n-'O,  43  *  ;  dép.  Pyrénées-Orientales. 
Corials  (Hasdai).  banipon  Hasdaï  Descorial,  2**,  43*;  dép. 
Pyrénées-Orientales.  —  Le  gendre  d'Issac  bar  Scbéschel  (voir 
ses  ConsulL,  n^  4)  était  des  Cortals. 

L*Escaletle,  voir  Sescalctte. 

Poix  (Cresques,  Davi  Salomon).  ^'^'^^D  Foies,  17*;  dép.  Ariège. 

Gabian  jlsaac).  n&ï-'^:*  Uabia  ou  GaHe,  25 a;  dép.  Hérault. 

Gracia  (Bonjudas).  nK^an:i,  4i*;  nom  de  famille  l&ï-^Dni^  13a;  ville 
de  la  Catalogne. 

Grasse  (Mordecai).  rran:i,  30*;  dép.  Alpes-Maritimes* 

Laroque  (Jacob,  voir  Bonfos  Cresques  Alfaquiml.  KpTib,  12  a;  dép, 
Hérault  ;  pourrait  être  aussi  un  des  nombreux  Laroche  qui  se 
trouvent  eu  France. 

Lodève  (Abram  Méir).  ns-^^ib,  43  a,  4i*, 

Lunel  (Samiel).  b'^aii?,  38  *  ;  dép.  Hérault. 

MazèresiLao).  Ta-)^B«C:a,  26*;  a^i-^^ts.  43  a,  44a;  Madir€S\  probable- 
ment le  Mazéres  du  dép.  de  l 'Ariège,  canton  de  Saverdun. 
f  Millau  (Astruc).  ^Nb^îs,  45 a  ;  ab^tJ,  3*  ;  dép,  Aveyron  ;  à  moins  que 
ce  ne  soit  le  Milhaud  du  dép.  du  Gard. 

MoDtfort  (Cresques,  Salomon).  diisj"^^  Monifori,  35  a,  40  a.  46  a,  dép, 
Aude. 


70 


KKVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Nîmes  (Isaac  Mossé,  Salamies,  Samiel  Jaco,  Vidal  Aslruc],  Isaac 
Mossé  de  Nemse  "'CTm,  îi  a,  il  a;  i>our  les  autres»  37^,  <U, 
La  forme  Nemse  pour  Nîmes  se  trouve  dans  le  Dictionn.  topftff. 
du  Qard,  de  Germer-Durand. 

La  roille  (Mossé  Juda).  nb«D?  Lapale,  27a  ;  nbsb,  43^ ;  dép.  Uéraull 

Paleucia  iMossé).  mtic^T^z,  tl  a  ;  nD:'»bs,  i:i  h  ;  ville  de  la  Navarre. 

Posquières  (Èoodia).  n-i''pCiD,  U  ^  ;  ^'^^'«7^12,  44  a  ;  c'est  le  Vauvtjft 
d*ûujûurd*hui,  dép*  Gard. 

Ribas  (Eq  BéreDger,  cbréllen).  'w^^",  18  a  ;  ville  de  la  Calalogne. 

Rivesaltes  (Joaa,  cbrètkii!.  C"'::bs<  es-"-!,  4  a,  et  à  presque  toutes  les 
pages;  dép.  Pyréuées-Orieutales. 

Saverduu  (Veuve  Salomon),  nnira^  9  a  ;  dép.  Ariège  ;  voir  au  Calai, 
des  mss.  d'Oxford,  p*  4HI-H42,  le  mot  mninr::,  que  nous 
supposons  désigner  Saverdua  ;  à  la  col.  6*71  il  est  écrit  ^"nï^iC. 
Voir  Retut,  L  XI IL  p.  i*j7: 

Sescalette  (Samiel],  KL:''bpCD,  40  b  ;  serait  L'Escalette»  commiiue  dti 
Pèguairoiles,  dép.  llcrauU  ;  voir  Saige,  Les  Juifs  de  Langvi^o 


VI 


NOMS  CATALANS  ET  HEBREUX  DES  OBJETS  MENTIONNES  ET  LEUB  PRIXH 


Tous  les  objets  mentionnés  sont  des  gages  vendus  par  les  fer-| 

miers  de  Pirapôt;  les  prix  sont  les  prix  de  vente. 
Les  transcriptions  douteuses  sont  soulignées. 


ts'^n»  abit  (habit)  ;  abit  et  un  bassin,  1  i  (22  a). 

Kniîbî*  ahiota  (est  une  é  La  fît;  dont  nous  ne  connaissons  pas  le  non 

français)  ;  aloove  violelle,  \  *  (16*). 
npiH  auca  {auque,  bocqueton);  une  auca  verte,  d*  (â<  *);  usée  Î13 

n-'itt::!:;-!»  ostages  (otages),  <  a, 

liê«-'573-':::t*  î/i/macion  (intimalion,  ordre  judiciaire),  47*. 

m"î£<L3:iDX  apuntador  (appoinlenr;  marqueur)»  \  a. 

npiDe«  opocar  (pour  apoca  ?;  quiltance),  4  a, 

nn"^^s:2i2«  estanyada  (étaraée;.  Dans  les  exemples  que  nous  avoDJ 

mot,  il  est  employé  comme  substantif,  objet  éiamé.  Une  esten.*] 

4*6^  {Mb.  mb), 
ntro':p''D«  assignacio  ;  au  plurieL  Dis*^02p'»D*«,  K  a^  Le  mot  désigne 

un  mandat  de  payement.  Il  a  le  même  sens  dans  ChaUts,  l^ 

^  éd.,  p.  Î24. 
"nsbpCÈt  esciepare,  pour  specnlare  (glace,  miroir),  24  a. 


mSTOîHE  D'UNE  TAILLE  LKVKE  SUR  LES  JUIFS  DK  PERPIGNAN       77 

:-;:3  burel  ^bnin  foncé)  ;  voir  yû^j:. 

C3:V3 balanses  (plateaux <ie  balance),  2»  3**  (17 i). 

•03  bàd  (bassin,  bassinet,  plat);  au  pluriel,  ^rDa.  Un  bassin»  I  ■  S'*, 
(ii  «,  I  ■*  6'*  (29^),  2*8^  (fi  b],  3  »  6  <!  [iiï),  i*(i^,  i  I  ^  2U,  27  rt, 
naU  6*(i9^.  34 ô),  6*8^(39^^),  7»*  (30^);  bassin?,  7»  (38 a), 

X-'W  bacîna,  4  •  (21  a),  2  »  6  ^  (39  *),  3*6^  (28  ^),  4*  (25  û),  6  •  6  *^  (H  *, 

i9 b),\i*  {17  a)  ;  deux  bassines,  8  *  (il  ^). 
rr^:''D3  bacînela»  9'»  (20^1 
rrî3  bacinet,  4-3^  (20  *,  26  Ô). 

r3r*3  bréabit,  préhabit  (pardessus  ?).  Bréabit  et  manteau»  2*  (13  ^). 
-T5'.c  ^P3  ;bébreu)  pantalon;  pantaL  usés,  4  •  (1t  a). 
î^^ii  goaa  {comme  le  mot  suivant?),  3i  a, 

î^3T3  goaela,  (gonelle,   tunique);  rouge,  4*  (15  a,  31*);  vcrie  dé- 
'      cliirée,  4  •  (17  b):  violelte  nn«m?3,  2  •  (16  b}  ;  bieue  nV^n  usée» 
Vl^^b);  rouge  usée  rrs^ina,  ,'P  (16  *)  ;  bleue  nbnn.  5  »  (29  ^). 
^'ti  et  quelquefois,  mais  plus  rarement,  ns^i,  ywjîo,  gîpo  yupon); 
jup.  déchiré,  9«*  [20  a)  ;  jupon,  1  *  (il  a).  1*6^  (S8  *),  2-  (41  b)  ; 
déchire,  2  '  S*«  (27  ai;  jupon,  3*  (27^)»  3"  (30  ^)  ;  jup.  noir,   I  • 
(27  a),  2  •  (25  d)  ;  jupon  et  manteau  m3''b:J,  4  •*  (il  *),  10  *  (14  a]  ; 
jupons  déchirés»  4  "  6*^  {^Hb}  ;  jupon  et  conque,  9*  (4!  b). 
^^'^3  (hébreu),  couverture  ou  plutôt  espèce  de  manteau.  Usé.  8** 
113^).  ^*  (ISdel  40fï),  2"  6*  (I0fl);bleunb5n  usé.  2*6<*(13^); 
bleu,  6 •  6 **  (32 a),  6  *  9  "J  (36  b]  ;  r^m  rî73"»b3  couverture-manteau  ^ 
usés  a"»:?in:i,  1  •  8^  (26 û),  6  *  (37  ^J, 
wHb^Ti-^s  giroflal  (couleur  de  giroûe),  33  ^. 

bupa  (houppe);  au  plur.,  CDirr,  13^;  na*»Dirr  houpette,  VSa, 
Iloupe,  6  *  (5  a)  ;  h.  el  bassm  (plal),  13  "(5  a);  h.  et  gonelle  usés, 
10»  (M*);  houpetLe  usée,  8''  (15a). 
j  '^^'^^fitvj  (uales  (serviettes),  2  »  8  '»  (42  a). 
'  ^^^^Z:  lela  (toile,  nappe),  24  b, 

^■^Tc-Mj-^a  et  ■}^ï3''Ti::  troisor,  Croiser  (trésor,  dans  le  sens^de  trousse, 
bourse).  7*  (4*),  12"  (19  d). 
■^a^O  trebines  (vrilles),  24  a* 
^^"O  (bébr).  Coupe.  Une  petite  coupe  d*argent,  7*6^  (28  b), 

Ito'?  lavador  (cuvetle  ou  fontaine  pour  se  laver*?);  L  cassé,  5»  (13it). 
i  abréviation  pour  maistre  (maître).  Ce  litre,  chez  les  Juifs,  est 
donné  aux  médecins  (fréquent  dans  notre  ms.,  par  exemple, 
ÎS  b). 

abrériation  pour  mastre,  masestre;  même  sens  et  même  usage 
que  Je  précédent* 

î*^iîs  monsin,  pour  monsinyor,  1  a,  il  b.  Nous  avons,  dans  ce  qui 
précède,  toujours  transcrii  ce  mol  par  Monsinyor,  comme  s'il 

Cèioiit  plutôt  deux  obJeU,  couverturo  et  tDatileao,  comme  riaclîqtie  Tatljectif  qui 
^  ««  ptunoi.  Il  arriva  (^uelquefoîi,  i  ce  qu'il  noua  tembltt,  que  récrîvam  oublie  do 
^tit  [^  ooDjouctioo. 


78  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

était  une  abréviation  ;  il  faut  cependant  remar(iUer  qu'il  se 
trouve  écrit  avec  un  •;  final,  comme  si  on  avait  prononcé 
Âionsin. 

^'^0'^)3  messer  (messire),  47  à, 

m»1^^2  et  aNm^a  morada,  moral,  violet. 

1^3»  manto  (manteau)  et  b-^aa^  mantel  (manteau).  Mant.  noir  usé,  \  * 
(26  a)  ;  m.  déchiré,  1  «  (40  a)  ;  manteau,  4  «  6  <>  (20  ^)  ;  manteau 
violet,  5  8  (30  a)  ;  m.  giroflat  (couleur  girofle),  7  »  (33  b)  ;  m.  et 
bassin,  7  «  9  «*  (23  a],  mant.,  10  «  9  «*  (30  a);  mant.  burel  et  cot  usé, 
10  «(24  a). 

Vins  naval  (du  latin  navalis?  nau,  nef,  plat?),  \ka. 

^uia  notar  (notaire),  48  a. 

V^O  (hébreu),  linge,  serviette,  deux  Y^O  et  petit  morceau  de  pelisse, 

1  «6*  (14a). 

Vnu'^o  citrel  ou  sitrel  (cruche  pour  Thuile),  M  h. 

îD3'^tt'^D  ciment  ou  siment  (mesure  de  longueur  ou  fil  à  plomb  ;  voir 

Boucoiran,  Dictionn,  des  idiomes  méridionaux].  Un  demi  ciment, 

trébines.  (vrilles)  et  esclepare,  2  »  8  <*  (24  a)  ;  ciment  et  bassinet, 

5»  (24  a). 
1T\J2Ô  samarra  (veste  de  peau  de  mouton  pour  les  pâtres),  7»  6*  (16  W  ; 

usée,  8  <*  (13^). 
bɫ3^ns  fornal  (fourneau),  16  "  (10  a). 
biT^-^D  payrol  (chaudron).  Petit  payrol  et  boupe,  2^(24^);  petit  et 

cassé,  1  «  (27  a). 
îYaND  et  rr'3D  panya  (drap),  1  »  (40  a),  2  •  6  *  (40  ^),  4  •  6  *  (9  *)  ;  panya 

et  toueles  (serviettes),  1  »  (20  J),  5  •  (13  a). 
n^iO^D  pelsada  ou  pe// wa^f a  (pelisse)  ;  plur.,  ^"^TObB  ;  16»  2<*(19*), 

1 J  6  «  (16  ^);  p.  déchirées,  1  »  (38  a)  ;  deux  pels.,  2  ^  5  »  (22  b). 
1DU)D  pesses,  pluriel  de  pessa  (morceau  de  drap  ;  signifie  aussi  ar- 
mure), 6  8  (23  à).  Si  on  lisait  pesés,  le  mot  signifierait  des  poids 

pour  peser, 
aip  cot  (cotte).  Cot  noir  déchiré,  8  *  (8  a)  ;  un  demi  cot  rouge,  4  •  6  ** 

(40  b)  ;  cot  usé,  5^"in:»,  2  »  (^^  ^)  ;  cot  usé  et  sitrel  cassé,  2  M^7  ^)  ; 

cot  usé  bleu  nbsn,  3  «  (34  b)  ;  cot  rouge  et  mantel  bleu  hbsn, 

2  1  (23  b), 

H'P'^yp  conca  (tasse,  pot)  ;  TO'^paip  et  nt:'T5ip  conqueta  (petite  conque)  ; 

plur.,  ttJ-^panp  conques.  Gonquetle,  1  «  6  «»  (35  a),  2»  6*  (20^,  34  b), 

2  «  8  d  (25  ^),  4  »  (26  b\  6  «  4  ^  (26  ^)  ;  7  «  (21  b)  ;  conque,  6  «  (32  b]  ; 

conques,  1  Ml  "  (33  ^)  ;  conque  et  bassine,  11  «  (19  *),  12  •  (41  b)  ; 

conque  bassine  (probablement  conque  et  bassine),  1  *  8  •  (34  b)  ; 

conque  et  deux  volumes  de  Maïmonide  bTî3!a  'DIM  ^"ido  'a,  1  ^ 

10»  (19  a). 
ïDN^'^^p  camisas  (chemises);  chemises  et  morceau  de  cuir,  2  »  (34  a), 
nop  et  n'ONp  caxa  (cassette,  boite),  2  «  6  ^  (31  b)  ;  cassette  et  manteau 

n^a-^ba,  8  •  6  d  (23  b). 
WlÊp  ;  plur.,  lOiolDp  capuxo,  capuxos  (capuchon).  Capuchon^  4  »  4*» 

(14  ^)  ;  cap.  et  gonelle,  10  «  (29  ^)  ;  cap.,  bassinet  et  conquette, 


HISTOIRE  D'UNE  TAILLE  LEVÉE  SUR  LES  JUIFS  DE  PERPIGNAN        79 

41»  (38  a),  deux  cap.  et  deux  houppes,  44"  (43^);  capuchon 
jupe  (probablement  capuchon  et  jupe).  5  »  6  <*  (25  a). 

bc?  capellina,  4  «  6  *»  (39  à), 

s  et  po  sac  ;  8  d  (8  a)  ;  sac  et  morceau  de  toile,  2  ■  6  *  (20  b). 

i  rituel  de  la  fête  de  Kippur  d'^'TiDDn  ÛT^  mo  en  papier  et  parche- 
min, 4  •  (30  a)  ;  12  Uvres  (de  littérature  juive  ?),  4  »  5  *  (18  a).  Ces 
ouvrages  et  ceux  de  Maïmonide  mentionnés  plus  haut  (v.  le 
mot  conque)  furent  achetés  par  En  Dotres,  quoi  qu'il  fût 
chrétien. 

us  ajoutons  à  la  liste  précédente  celle  des  noms  des  mois  qui  se 
trouvent  dans  notre  manuscrit  :  ''^ri,  44  a,  47  a;  'nr:i,  47  a, 
jener  (janvier)  ;  n'^iao,  47  ^,  febrer  (février)  ;  0*1)3,  46  a,  mars  ; 
bna»,  1  *,  48  a,  april  (avril)  ;  '•'NTJ,  46  J,  malg  ;  'aRW,  4  a,  maj 
(le  trait  sur  le  3  serait  un  tilde,  non  une  abréviation  (mai)  ; 
lia,  46 ^  jun (juin) ; 'lûn»,  46 ^  ottobre  (octobre);  '««^ins,  46 *, 
novembre  ;  •ntt^'T,  47  a  ;  *in»'n'T,  4  a,  dedemrôj  dedembre  (dé- 
cembre). 

ISIDORB  LOBB. 


LES  JUIFS  DE  NANTES  ET  DU  PAYS  NANTAIS 


Il  est  peu  de  villes  en  France  où  Texistence  de  rues  portant  le 
nom  de  rue  de  la  Juiverie,  rue  des  Juifs  ou  rue  Judaïque»  n'im- 
plique, par  ce  titre  môme  et  comme  une  présomption  bien  natu- 
relle, l'existence  d'une  colonie  ou  d'une  communauté  juive  à 
quelque  époque  plus  ou  moins  reculée  de  l'histoire  locale. 

Nantes,  qui  possède,  parmi  ses  vieilles  rues,  une  rue  de  la  Jui- 
verie, ne  fait  pas  exception  à  cette  règle. 

C'est  au  X®  siècle  que  Camille  Mellinet,  qui  n'en  rapporte,  du 
reste,  aucune  preuve,  croit  devoir  faire  remonter  Torigine  de  la 
rue  de  la  Juiverie,  qui  put  être,  au  début,  une  concession  inté- 
rieure de  terrain  faite  à  prix  d'argent,  dans  un  moment  de  pénurie 
ducale,  alors  que  l'intolérance  religieuse  parquait  dans  un  quartier 
spécial  les  Juifs  qu'avait  sans  doute  attirés  Theureuse  situation 
commerciale  de  la  ville  de  Nantes  ^ 

Nous  les  y  retrouvons  certainement  au  commencement  du 
xiiio  siècle  ;  ils  avaient  alors,  selon  l'abbé  Travers  *,  l'historien 
nantais,' qui  renvoie  aux  titres  de  Marmoutier  rapportés  dans  les 
Preuves  de  dom  Morice  ^,  un  sénéchal  et  des  juges  de  leur  nation 
pour  leurs  affaires,  et  c'est  dans  la  rue  de  la  Juiverie  qu'ils  habi- 
taient. Y  possédaient-ils  aussi,  comme  l'ajoute  Travers,  une  syna- 
gogue considérable?  Exerçaient-ils  une  police  privative,  organisée 
d'après  leurs  lois  particulières?  Ce  serait  peut-être  aller  bien  loin 
que  de  l'affirmer  par  voie  de  déduction.  Aussi  bien,  les  renseigne- 
ments fournis  par  les  titres  des  prieurés  situés  dans  Tévôché  de 
Nantes  sont-ils  fort  vagues  sur  ces  divers  points. 

'  Mellinet,  La  Commune  et  la  Milice  de  Nantes;  Nantes,  impr.  Cam.  Mellinet, 
sans  date,  12  vol.,  t.  I,  p.  37. 

*  Histoire  civile^  politique  et  religieuse  de  la  ville  et  du  comté  de  Nantes,  par  Tabbé 
Travers  ;  Nantes,  impr.  Forest,  3  vol. 

'  Mémoires  pour  servir  de  preuves  à  Vhistoire  ecclésiastique  et  civile  de  Bretagne^ 
tirés  des  archives  de  cette  province,  de  celles  de  France  et  d'Angleterre,  des  recueils 
de  plusieurs  sçavans  antiquaires  et  mis  en  ordre  par  dom  Pierre-Hyacinthe  Morice  ; 
Paris,  impr.  Ch.  Osmont,  1742-46,  3  vol. 


LES  IDTFS  DE  NANTES  ET  DU  PAYS  NANTAIS  81 

T'est  d'abord,  à  la  date  d'avril  1200,  une  cliarto  de  Geoffroi, 

ïîgneur  d*Âncenis  et  baîllistre  (baillipus)  de  la  terre  du  viconil<^ 

Oonge,  notiOant  les  conventions  arrêtées  entre  Guillaume  de 

lareil  (  Willelmus  de  Maroil)  et  Prieur  de  Jorzac,  touchant  le 

atur  mariage  du  flis  de  celui-ci  avec  la  fille  de  celui-ià.  Guillaume 

îonne  en  mariage  à  son  futur  gendre  tout  ce  qu'il  a  au  flef  dudit 

rieur  de  Jorzac,  à  Savenai,  au  Maz  et  â  Nigrelo,  plus  tout  le  fief 

!  la  mère  dudit  Guillaume,  le  Champ  Clos  {campimi  clausum),  le 

thamp  Dogres,  toute  sa  dlme  de  Maroil  et  deux  séterées  de  terre 

la  Gorantonère;  s'obligeant,  s'il  ne  peut  lui  livrer  ces  deux 

éterées,  à  lui  en  donner  deux  autres  à  Mareil  même. 

En  retour»  Prieur  de  Jorzac  donna  audit  Guillaume  50  livres  en 

irgent,  pour  l'acquitter  de  ses  dettes  envers  les  Juifs.  Si  le  ma- 

[riage  projeté  ne  peut  s'exécuter.  Prieur  gardera,  en  acquit  des 

IBO  livres,  les  terres  et  dîmes  susdites»  avec  interdiction  toutefois 

de  les  transporter  au  prAtre  Rouaud,  ou  â  Guillaume  Ilarscoôt. 

Daniel  Iloysel  se  fait  ph'*ge  de  l'accomplissement  de  toutes  ces 

conventions,  sauf  le  mariage;  Geoffroi  d*Ancenis,  de  toutes  sans 

I exception;  et  il  scelle  la  charte ^ 

La  seconde  pièce*  est  plus  intéressante,  c'est  une  charte  en 
forme  de  notice  contenant  quittance  pleine  et  entière  donnée  au 
prit^ur  de  Donge  '  et  à  ses  cautions  par  deux  Juifs,  nommés  dans 
le  texte  latin  de  l'acte,  Creisson  et  Bonostru,  de  Guérande. 

L*acte  est  scellé  des  sceaux  de  Triscant,  sénéchal  des  Juifs  et 
'te deux  personnages  de  cette  nation,  Jacques  de  Nantes  et  Haranc 
•leSegré.  Geoffroi  était  alors  prieur  de  Donge. 

Celte  pièce,  signée  à  Nantes  en  1234,  le  lundi  après  le  dimanche 
Uttare^  figure  aux  archives  de  la  préfecture  de  la  Loire-Infé- 
rieure*.  En  voici  le  texte  : 

îîoveriat  universi  présentes  litteras  inspecturi  quod  contenlio  fuit 
lolcr  Gaufridum  Priorem*  de  Donge  et  Creisson  et  Bonosiru  de 
fhjcrrandia  *♦  Judeos,  quaraquidem  finaverunt  Laliter  quod  dicLus 
îYior  et  omnes  res  predicti  prioratus  et  pleviee  remanseruut  libère 
et  immuneâ  ab  omnibus  dehiiis  predictorum  Judeorum  et  suorum 

Eim  in  perpetuum  et  quiptaverunt  et  in  ista  quiptatïone  in- 
runl  présentes  dominus  Guillclmua  de  Derval,  miles,  et  do- 
mtaîre  etulyUquo    des  litres   des  prieurés  de    Mflrmoutier.   —  Prieuré  da 
,  pièce  17,  pige  51 ,  rapporté  dans  les  Pntu^t  de  Dom  Mohce. 
_.leB»,  pièce  19,  page  52, 

*  Donf^es,  commune  de  rarrondisscmetit  de  Saint-NaziLire. 

*  Afcbive»  de  la  Loire-lnrérieufe.  Cote  de  rinventairo,  H.  133. 

*  Ooéritido,  chef-lieu  do  canton  de  Ib  Loire- bref ieuro,  urroadisMmeat  de  Saint- 


T.  XIV,  H»  27* 


62  UEVUIC  DKS  KTUDES  JUIVES 

minus  Main,  suus  lraler«  et  dominus  Bonabes  de  Hoge,  nnles 
plurcs  alii. 

El  ut  hoc  essoL  ratum  et  stabiie  ad   pelitionem  ulriusque 
itsle  litière  sigillale   sigiUo  Trischaut ,   seDCScali    Judeorum 
temporis,  et  sigiliîs  Jacobi  de  Nanoetis  eL  Haranc  de  Segr€\  /a* 
deorum. 

Daium  dîe  lune  proxima  post  dominicam  qua  cantalur  WmJi- 
ruiulem^  apud  Nauoetas,  anno  domini  MCCXXXIV. 

Le  verso  de  celte  charte  donne  da  môme  acte  une  fonaule 
hébraïque,  dont  voici  la  reproduction  =*  : 


Voici  la  transcription  et  la  traduction  de  cette  pièce*  : 

'ns  i^^irr  'm  'int:î''''np  nr^Tin  2ic3  nv  'na  onso  'n  n*îM  *^r:Es 

ap:^*'  ansb  n^pnn  nsD  *7^  nan  Vsîa  e*'::iTO  in^^n  r&n  ir\*t  i^a^ 

'b"î:T  m  'nn3  •[•inK  mtn^  '•^*' 

Traduction.  —  Devant  nous  ont  déchê^rgé  Pinbas,  Ûls  de  Jom  ïob, 
dit  Cieissoû»  et  Juda,  (ils  de  Samuel,  dit  Bonotru,  Jolîri,  prieur  de 
Donge.  de  loule  dette  et  de  toute  caution,  et  Tout  déchargé*  lui  et 
sa  maison  [prieuréj  de  Donge.  de  toute  chose  jusqu'à  Tannée 


^  Rougë,  bour^  flitué  sur  uae  élevatioa  con&uléralïle,  Ira^verté  par  U  rot|l«  i 
d'Anji^erB  à  Rennes,  chef-lieti  de   caQtcm   de  rarrondissemeot   de   Cbateati 
est  arrosa  par  la  BruLz. 

*  8^ré,  cbef-4ieu  d'arrondiasément  du  départ&ment  de  Maine*  eu  Loire. 
'  La   reproduction   est  j^fûndeur   nature.   La   pièce   porle   te   cache I  des  archifl 

départementales    de  la   Lmn>- Inférieure.  Les  mots   D.   ilor.    Pr.    L  8S4.  2,  qu 
Ifouveoi  sur   Porifrinal,  daivent  se  lire  ainsi  :  I>om  Morice,   Preuve»,  !•'  i?oloB 
page  8S4,  i*  co Sonne. 

*  Par  M.  Isidore  Loeb. 
s  Ctt  mgt  a  une  ligature  très  curieuse  au  commencement  ;  la  lecture  parall  i 


LES  IVWS  DE  NANTES  ET  DIT  PAYS  NANTAIS  83 

Î5)  du  comput*.    [Ont  signé)  :  Jacob  fils  de  Juda,  Aroo  fils  de 

Ïtd,  ^ue  fia  mémoire  soit  bénie  \ 
jiïisi  qu'on  peut  le  voir  en  partie  sur  le  parchemin  original, 
0  pièce  etijit  jadis  scellée  de  trois  cachets  (en  cire  verte).  L'un 
?coniplètement  dispary,  les  deux  autres  n'offrent  plus  que  d'iiisi- 
^ntliants  l'ragrnents*  Suivant  les  Preuves  de  dora  Monce,  Vun  de 
ces  cachets  repr^^senUit  nne  tète  de  femme,  vue  de  profil,  ayant 
un  bourrelet  de  cheveux  par  derrière;  c*est  celui-là  qui  n'existe 
^iisaujourdUiui.  Du  second,  jl  ne  reste  cju  un  débris  sur  le  bord 
■puel  se  voient  les  trois  lettres:  TES,  gui  pourraient  être  les 
Inales  de  NANNETES,  C'était,  toujours  d'après  dom  Morice,  qoi 
?.dunne  pas  les  motifs  de  son  appréciation,  le  cachet  de  Jacob  de 
pDtes,  avec  une  croix  par  où  il  commençait,  et,  dans  le  sceau, 
l)out  dVpée,  Le  troisième»  qui  serait  le  sceau  du  sénéchal 
SscUant,  garde  encore  pi*ès  de  la  moitié  d'une  rose  à  cinq  ou  six 


noms  des  Juifs  désignés  dans  les  deux  pièces  donnent  lieu  à 
iiieurs  observations.  On  remarquera  d'abord  que  les  deux  Juifs 
inciers  portent  des  noms  romans  (Creisson,  Bonostru)  qui 
nt  pas  de  rapport  avec  leurs  noms  hébreux,  et  qui  sont  des 
moins  DU  des  noms  de  famille,  Creisson  est  sans  doute  l'équi- 
eut  de  Guédalia  (Crescent);  Bonostru  paraît  provenir  de  Bo- 
lîlruc.  Les  témoins,  qui,  dans  la  pièce  hébraïque,  sont  Jacoh  bar 
tft4^  et  Aron  bar  David,  portent,  daps  la  pièce  latine,  les  noms 
I  Nantes  et  d'Aron  de  Segré.  La  date  de  la  pièce  latipe 
IQmgrs  1235  [1*234  vieux  style),  ce  qui  est  confirmé 
•le millésime  de  la  pièce  hébraïtiue* 

pest  évidemuient  .notre  pièce  latine  qui  a  suggéré  <\  l'abbé 
lv€?rs  ridée  gu'i!  y  avait  un  sénéchal  des  Juifs  à  Nantes,  mais 
ne  prouve  que  ce  sénéchal  des  Juifs  fut  juif  lui-même.  Il  est, 
.contraire,  présumable  qu'il  ue  l'était  pas  et  qu'il  devait  être 
|Éposé,  sinon  à  Tadministration  de  la  communauté  juive,  du 
jjiisaux  relations  des  Juifs  avec  les  étrangers,  en  homologuant, 
ftî  quelque  sorte,  par  sa  présence  et  par  sa  signature  les  actes  par 

Iuels  les  Juifs  s'obligeaient  envers  les  iiutres  ou  obligeaient  les 
ii$  envers  eux. 
était  une  sorte  de  syndic»  comme  il  existe,  dans  certaines 
îs  maritimes,  des  syndics  des  gens  de  mer, 
uépin  \  rééditant  Travers  et  les  historiens  jui  Tout  suivi, 

*  C«iV4'éire  d«  toute  obligfttîoti  couiractée  «nvtirs  ewt  jusqit'À  rano^B  4099, 

*  Cda  sigoifie  que  David  était  mort. 

*  A.  Omtfpin,  BUtetrû  dt  Nantts;  Nantes, ;^birâ  «l  iyiûi|t,  .l£â9«  p,  m» 


8^  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

donne  à  rorgai\isation  de  la  communauté  juive  d'alors  une 
importance  plus  considérable.  Non  seulement  il  mentionne  Texis- 
tence  d'une  synagogue  rue  de  la  Juiverie  et  le  fonctionnement 
d'une  police  privative  aux  Juifs,  mais  il  ajoute  que  des  règlements 
fixaient  les  heures  auxquelles  il  leur  était  permis  de  sortir  de 
chez  eux  et  ordonné  d'y  rentrer.  Avant  lui,  Guimar  avait  parlé 
d'une  synagogue  considérable,  d'un  tribunal  où  des  juges  juifs 
prononçaient  sur  les  contestations  qui  divisaient  leurs  coreligion- 
naires, d'après  la  loi  mosaïque.  Il  indique  môme  que  Nantes  était 
un  des  chefs-lieux  du  judaïsme  en  Bretagne  *. 

Des  pièces  qui  précèdent  il  résulte  qu'il  n'était  paâ  le  seal, 
puisqu'il  y  avait  des  Juifs  dans  la  Loire-Inférieure,  à  Ancenisoùil 
existe,  du  reste,  une  rue  de  la  Juiverie,  à  Guérande,  et  sur  la  li- 
mite de  l'Anjou,  à  Segré. 

Les  Juifs  se  trouvaient  être,  on  Ta  vu  par  les  documents  qui 
précèdent,  les  créanciers  de  gens  que  gênait  le  fardeau  de  leurs 
dettes.  Aussi  la  croisade  prêchée  dans  le  monde  chrétien  en  1235 
par  le  pape  Grégoire  IX  servit-elle  tout  naturellement  de  prétexte 
aux  seigneurs  et  aux  évêques  de  Bretagne  pour  manifester  une 
fois  de  plus  leurs  sentiments  hostiles  aux  Juifs. 

Pour  porter  les  fidèles  à  entrer  dans  ses  vues,  le  pape  Gré- 
goire IX  avait  prorais  indulgence  plénière  à  tous  ceux  qui  pren- 
draient la  croix  et  favoriseraient  l'œuvre  de  la  croisade.  Il  fit  plus, 
en  mettant  sous  la  protection  de  Saint-Pierre  tous  les  biens  des 
croisés  et  en  défendant  à  tous  créanciers,  soit  juiCs,  soit  chrétiens, 
d'exiger  d'eux  aucune  usure. 

Mais  les  croisés  de  Bretagne  ne  s'en  tinrent  pas  là  et  deman- 
dèrent l'expulsion  des  Juifs  de  toute  la  province.  Non  seulement, 
il  leur  fut  défendu  de  réclamer  ce  qui  leur  était  dû,  mais  on  les 
contraignit  môme  à  rendre  les  objets,  meubles  ou  effets,  qui  leur 
avaient  été  remis  en  nantissement*,  ce  qui  fait* croire,  ajoute 
Guimar,  qu'il  y  avait  dans  la  démarche  des  évoques  plus  d'intérêt 
que  de  zèle  pour  la  religion  *. 

On  ne  se  contenta  pas  de  procéder  à  l'expulsion  des  Juifs,  on  en 
massacra  un  grand  nombre.  Le  Chronicon  Britannicum  rapporte 
en  effet  qu'en  1236,  aussitôt  après  les  fêtes  de  Pâques,  les  Jéro- 
solymitains,  alors  très  nombreux,  ornés  d'une  croix  sur  leurs 
vêtements,  crurent  devoir,  avant  de  partir  pour  la  Terre-Sainte, 

1  Michel  Guimar,  Annales  nantaises^  ou  abrégé  chronologique  de  rhisloire  de 
Nantes,  depuis  les  temps  les  plus  anciens  jusqu'à  nos  jours  ;  Nantes,  impr.  de  Tau- 
teur,  an  III  de  la  République,  p.  140. 

•  Guépin,  Hiitoire  de  Nantes,  p.  96. 

*  Guimar,  AnnaUt  nantaises,  p.  140. 


LES  JUIFS  DE  NANTES  ET  DIT  PAYS  NANTAIS 


85 


lire  à  mort  les  Juifs  dans  toote  retendue  de  la  Bretagne,  de 
r Anjou  et  du  Poitou,  quoique,  dit  Tabbé  Travers,  ils  y  résidassent 
sur  Tautorit^  de  la  loi  publique  *. 

I  11  y  avait  loin  de  cet  épouvantable  massacre  aux  prescriptions 
'  de  la  croisade  préchée  par  le  pape  Grégoire  IX.  Les  Juil's  qui, 
ÏHistoire  de  Bretagne  de  dom  Morice  le  dit  elle-même,  n'étaient 
œrtainement  pas  cause  des  maux  que  les  Sarrasins  faisaient 
souffrir  aux  chrétiens  d'Orient,  n'en  lurent  pas  moins  mis  à 
mort  *. 

Il  en  fut  toutefois  qui  échappèrent  aux  massacres,  car  il  est 
fait  rnention  des  Juifs  dans  un  traité  passé  entre  le  duc  Jean 
le  Roux  et  Raoul  de  Fougères,  à  Angers,  au  mois  de  mars  1239  \ 
En  effet,  tandis  que  Pierre  de  Dreux  c-ombattait  en  Palestine,  le 
duc  Jean  passait  avec  Raoul  de  Fougères  un  traité  d'après  lequel 
il  lui  accordait  sur  les  Juifs  la  même  juridiction  qu'avait  déjà 
André  de  Vitré. 

Uais   il  était  écrit  que   les  Juifs  ne  jouiraient  jamais  d'une 

bien  longue  tranquillité.  A  la  requête  des  prélats  et  des  barons 

bretons,  qui  prétextaient  d'usures  criantes  alors  qu'en  réalité,  ils 

ne  visaient  qu'à  se  débarrasser  de  leurs  dettes,  le  duc  Jean  rendit, 

le  20  avnl  1240,  s'il  faut  en  croire  les  Actes  de  Bretagne  de  dom 

Morice  en  1239,  le  mardi  d'avant  Pâques,  d'après  le  texte  même 

du  ducuraeni  qui  a  été  conservé  *,  un  édit  daté  de  Ploérrael  et  qui 

donnait  aux  jiersécuteurs  pleine  et  entière  satisfaction. 

^Par  cet  édit,   dont  roriginal  avec  sceau  est  la  propriété  de 

^P  Waldeck  de  la  Borderie  *,  le  duc  Jean  de  Bretagne  déclarait  : 

^^<*  Qu'il  chassait  les  Juifs  de  toute  la  Bretagne  et  qu'il  ne  les 

souffrirait  plus  sur  ses  terres,  ni  sur  celles  de  ses  sujets  ; 


*  CArofitV^fi  BritanHicHm  e%  variis  ChroDicoruin  frti^tnenlis  in  velere  collectrone 
Xûfis.  EccLcsiiE  NanneteûBiii  reperiis  ;  MCCXXXVl^  Statim  po^t  Puscbu  Crtice  eij^aall 

twljmiiaiii  qui  tune  tetcpuns  muLu  cruot,  mtorieLcruiit  JuduH»&  pcr  lotam  Bni&n- 
I,  Ândegsviam  ei  Picuvjâm. 
IHd,  :  MCCXXXIX,   ÂJ   p«titioaem  Episcoporum  et  Baronum  BritanoiiD  cjecit 
«roaiinefi  Dux  BnlanaiH}  omnos  Judasos  de  Britannia.   ^-   C'esl  à  cet  massacres  qu» 
iaiL  flliusioa  le  Vikkuak  (ConiroverBc)  de  Rabbi  YeMel  de  Paris. 

*  Traile  du  duc  Jeaa  i.e  Kquï  avec  Raoul  d«3  Foug^èies, 

Use  eal  foriDii  pacis  factsi  iuter  Jobanuem  CoiuiLem  Britaniûas  et  Hadiîlfum  Dami- 
ttum  Fooger. . . 

De  Judieis  autem  coocesait  pr^dicLus  Cornes  (juod  usuros  essent  à  temporo  priocipii 
giterranim.  Quantum  vero  ad  jusliliaie  dubiiofuiu  Jada'oram  qua?  ipsi  Judai  sibi 
diceot  debcri,  conccgsit  idem  Cornes  quod  praîdictus  Hadullus,  eatudeia  jurisdjclvouem 
kttbeai  ommno  quam  babet  Domtnu^  VUreiu 

Acium  apud  Ande«,  aano  pratia-  MCCXXXIX,  menae  Marlio.  CMUauds  Nantet, 
mi*ifi  X,  eauetle  A,  fi.  ^, 

Cetle  é»Ui  rorrespond  tu  10  avrit  1240,  nouveau  sLylc], 
'  il  a  éle  œmmuBiqué  lo  27  janvier  1879  à  la   Société  des   Bibliopbiics  breton;, 
^âuUiB.  L«  tesU)  laUu  est  rapporté  dans  dom  Morice. 


88  nEvrE  ffÈi'  tfffll^  rtnVS? 

2<>  0«'il  abolissait  t-  '  contractées  vis-à-vi 

Juifs,  ilï^  quelque  lïatui'    ,  t  ; 

3*  Que  les  biens  meubles  ou  imdieubles  enga^s  pouk»  lû  afiii 
<îè"  ces  dettes  retourneraient  ^ttll  <i'-'       -  ou  à  I+'  iUi 

excepté  ce  qui  avait  ët*5  vendujurirh    intà<1escj: 

i""  Ou^  îl^ï  lie  serait  reehërehé  pôut*  là  ràWl  dèir  Juifs 
j'iîsqu'à  cette  heure  ; 

50  Qu'il  empêcherait  (Jue  fei  dettes  contractées  vîs-â-vîs 
Juifs  sur  les  terres  de  son  père  ne  fussent  paji^es  ; 

6"  Et  qu'etiftïï  il'  ferait  confiMfeï*  sorl  t^dît  par  !e  roi  «le  i- 

le  duc  s'engageait  piir  serment  à  obser\^er  cette  ordoni 
toufé  ^a  vîé,  se  soumettant,  en  cas  d*iiiflractions,  aU5t  censnwdi 
I^Eglise  et'  engageant  par  avartce  ses  successeurs  .n  ^ 

meht.  n  défendit  même  de  leur  rendre  hommage  â\  ^  U  tff 
fussent  acquittés  de  ce  devoîir,  à  ta  grande  satisfaction  des  préîatf 
et  des  barons,  qui  naturellement  jurèrent  aussi,  de  leUt*  côt^,  çifili^ 
ne  souffriraient  plus  les  Juifs  sur  leurs  terres  * 

On  voit  que,  si  Grégoire  fi,  comihe  lie,  ï*ipporte  Basnagé, 
réussit  â  empêcher  ces  ex^^cutians  Barbares  suï*  certains  pôîfltsd^ 
la  chrétienté,  il  éclioua  complètement  en  Bretagne 

Le  massacre  de  1236,  l'expulsion  de  1239»  il  n'en  fallait  pai' 
davantage  pour  qu'il  ne  restât  plus  en  Bretagne  que  le  souveairdé 
ces  créanciers  qy  on  avait  supprimés  radicalement,  de  façon  à  leur 
enlever  toute  envie  de  réclamer  leur  dû.  Beaucoup  se  réfugièrent 
en  Angleterre,  où  Ils  trouvèrent,  moyennant  finances,  un  asile 
momentané  de  la  part  du  roi  Henri.  D*autres  s'expatrièrent,  à  ce 
qu'on  prétend,  en  Portugal,  d'oii  ils  devaient  revenir  plus  tard: 
d'autres  enÛn  gagnèrent  des  régions  de  France  moins  inhospi- 
talières. Il  y  en  avait  à  Paris,  et  il  est  fait  mention  d'eux  daosua 
document  de  13B0  aux  termes  duquel  Charles  V,  roi  de  France/ 
avait  obligé  les  Juifs  de  Paris  à  payer  6,600  francs  au  sire*^^ 
Glisson»  connétable  de  France,  en  dédommagement  des  dépense* 
avancées  par  lui  pour  le  paiement  des  gens  d'armes  qui  aralenl 
tenu  garnison  dans  les  forteresses  de  Bretagne  avant  le  lameui 
traita  de  (Tuérande,  qui  mit  fin  à  la  lutte  entre  Charles  de  Bloiset 
Jean  de  Mon  fort. 

y  dut  même  rester  quelques  Juifs  en  Bretagne,  soit  qu'ils 
fussent  demeurés  oubliés  en  changeant  de  résidence,  soit  qu*i 
se  fussent  convertis.  Ce  qui  peut  donner  quelque  crédtt  i  cel 

'  Dom  Pîerre-UyadnLliû  Moriée,  UiHàin  éttléàiûiUqu4   et  ctvHi  dé  Br^dffm 
composée  sur  les  auteurs  «st  lc«  titr«B  ûfkginaux  ;  P&rti,  impr.  DcbgueUd,  1750*1 
in-i*',  t  vuL;  loujtî  1,  liv.  iV,  l73* 


LES  JÇIFS  DE  NANTES^  KT  nO  VA^S  NANTAIS 


87 


ilère  apinion,  c'est  qti*aii  cours  du  xv^'  siècle,  des  mesures 
Jeiit  prises  contre  des  roturiers  que  le  populaire  regardait  avec 
âne  extrême  aversion,  sous  prétexte  que  c'était  un  reste  de  Juifs 
tnfectés  de  la  Jèpre.  Aucune  preuve,  d'ailleurs,  à  rappui  de  ce 
dire,  consigné  toutefois  dans  dom  Morice  *.  On  nommait  caqneux 
K»  roturiers  qui  exercafent  d'ordinaire  le  métier  de  eordier.  Des 
^Téques»  faisant  droit  aux  préventions  populaires,  ordonnèrent  que 
les  Caqueux  se  tiendraient  aux  bas  des  églises,  qu*ils  ne  se  mêle- 
raient pas  avec  le  peuple,  qu'ils  ne  baiseraient  la  paix  qu'après 
us  les  autres,  qu'ils  s'abstiendraient  de  toucher,  sous  peine  de 
Dt  sols  d  amende,  aux  vases  de  rautel. 

[Le  duc  François  II,  cédant  à  la  même  conviction  et  désireux 

épargner  à  ses  sujets  la  contagion  de  la  lèpre,  voulut  ôter  aux 

peux  tout  prétexte  de  mendier  et  de  fréquenter  ainsi  les  per- 

bnnes  bien  portantes.  Aussi  leur  permit-il,  en  147T,  d'afTermer  les 

rres  rontigués  à  leur  habitation,  de  les  ensemencer  et  d'entre- 

eair  des  jardins  pour  leurs  besoins  personnels  :  il  réduisit  toute- 

liileur  commerce  à  la  fabrication  des  cordes  de  fil  et  de  chanvre, 

ii'ils  devaient  acheter  dans  des  lieux  peu  fréquentés,  et  fixa  à  trois 

l„ccst-à-dire  à  une  courte  échéance,  Ibl  durée  maximum  de 

lux-  De  plus,  il  conûrmait  une  ordonnance  rendue  deux  ans 

avant,  en  1470,  et  qui  enjoignait  aux  caqueux  de  |iorter 

an  endroit  apparent  de  leur  c^^stume  une  marque  de  drap 

ouge  ou  de  couleur  voyante. 

C'est  sans  doute  cette  dernière  obhgation  imposée  aux  Juifs  au 

ours  du  moyen  âge  presque  partout,  même  dans  les  régions  où 

ï étaient  tolérés  avec  le  moins  de  mal\eillance,  qui  a  pu  faire 

er  qu'il  y  avait  quelque  lien  entre  eux  et  les  roturiers  connus 

tle  nom  de  caqueux. 

Sous  retrouvons  ce  souvenir  de  la  marque  distinctive  du  véte- 
fcent  de»  Jtiifs  au  moyen  âge  dans  une  pièce  de  vers  dont  il  serait 
eal-^tre  difficile  de  préciser  rori^ine.  Elle  fait  partie  des  archives 
Dnieipales  de  Nantes,  dont  le  conservateur,  M.  S.  Praud  de  la 
ollière,  a  bien  voulu  rextraire  pour  nous*,  La  pif'^ce  est  assez 
Brieuse  pour  que  nous  la  reproduisions  ici.  Elle  commence  par 
"quatre  vers  latins  dont  le  sens  est  assez  obscur  et  sur  lesquels 
0003  reviendrons  plus  loin,  La  pièce  française  est  incomplète  au 
eûmniencement  et  sûrement  aussi  à  la  fin»  Ce  sont  les  impré- 
Lîons  d'un  débiteur  clirétien  contre  un  créancier  juiL  Le  Juif  n'a 


'  PrmÊ9M  d«  dom  Morico,  préracA,  page  xvn. 

*  BUc  te  trouve  sur  udq  leuillo  détachée,  entre  deux  pages  d'un  registre  des 
I  d'eulrclois. 


88  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

pas  été  coulant,  il  sera  maudit;  s'il  avait  été  libéral,  son  débiteui 
l'aurait  porté  aux  nues  : 

IN  VERBDM. 

Hic  verba  falax  fenerat,  crédit  nichil, 
Et  créditons  fraudât  usque  perûdus 
Inane  cordis  pectus.  0  socordia  verba,  nichil 
Quod  credis  ergo  credidi. 

Contre  luy  mesme. 
Je  t'eusse  mis  en  mes  vers  bien  avant, 
Juif  misérable,  et  ton  nom  seullement 
Par  mes  escriptz  eut  esté  mémorable. 
Je  t'eusse  faict  de  la  race  honorable 
De  Benjamin,  de  Jude  et  de  Levy, 
Ou  de  celuy  qui  fut  jadis  ravy 
Tout  vif  au  ciel,  dedans  une  charrette, 
Amy  de  Dieu,  véritable  prophette. 
Mes  vers,  vangeurs  du  temps  et  du  trépas, 
T'eussent  rendu  ce  que  tu  n*estoys  pas. 
J'eusse  assuré  que  ceulx  de  ta  lignée, 
Lorsque  la  mort  de  Jhesus  fut  signée, 
S'estoint  cachez,  courossez  aigrement 
De  la  rigueur  de  si  faulx  jugement. 
Et  que  la  nuict,  pleurant,  ils  dépendirent 
Le  corps  de  Jhesus  Christ,  au  lieu  que  le  vendirent. 
Lâche,  méchant,  plain  d'inûdellité, 
A  rame  traistre,  au  ceur  ensenglenté. 
Puis  ton  poil  gris  et  ton  visaige  blesme 
T*eust  faict  juger  issu  de  Nicodesme, 
Ou  de  Joseph  ou  de  ces  Pères  Sainctz 
Que  on  voyt  grissars  en  nous  eglizes  painctz. 
Yoyla  commant  j'eusse  masqué  ta  honte. 
Mes  de  mes  vers  on  eust  point  faict  de  conte  {compte). 
Et,  te  louant,  j'encouroys  le  dangier 
Estre  appelle  flatteur  ou  mensongier. 
On  te  congnoist,  ton  uusure  excessive. 
Tes  faussetez,  ton  nom,  ta  rasse  juisfve. 
Ton  ame  double  et  ta  fein  d'en  avoir 
Te  font  congnoistre  avant  que  de  te  voyr, 
Marau,  trompeur,  masquant  ung  fainct  couraige 
De  beau  samblant  et  de  fardé  langaige, 
Qui  plain  de  ruse  as  seullement  changé 
De  tes  parans  le  bonnet  orrangé  ; 
Mais  l'avarice  et  la  soifT  altérée 
De  desrober  t'est  tousjours  demeurée. 
Le  ciel  f^sché  de  ta  meschancelé, 


LES  JUIFS  DE  5ANTES  ET  DU  PAYS  NANTAIS 

*a  contre  toy  par  toy  raesme  incité, 
celle  fin  que  ma  muse  entlaraée 

arque  ta  race  a  jamais  diOamée, 

1  ta  memoyre  et  Les  faiclz  descriez, 

ui  par  ies  ans  ne  seront  oublyez, 

'our  ra'empescber»  tu  gronde  uoe  menasse; 

ouveau  guerrier,  doù  te  vient  telle  audasse? 

ueile  fureur  t*emust  si  vivement? 

veulx  meurtrir  I  pense  au  Viel  Testament  : 
eu  le  detfeat,  ne  crois  pas  ton  couraige. 

\é  l  vieulx  marau»  tous  ceulx  de  ton  lignaige, 

•es  plus  vailJans  et  les  plus  renommez, 
Onques  une  foiz  ne  se  virent  armez. 
Ce  fut  alors  que  ces  troupes  mutines,  • 

sevelies  dedans  leurs  brigandinnes, 
Suyvant  Judas,  chetî  de  leur  traisou, 
Prindrent  Jtiesus  faisant  sou  oraison. 
Kncor  saint  Pierre,  entre  tous  ces  gendarmes, 
N'ayant  sans  plus  qung  cousteau  pour  ses  armes, 
Arguillonué  du  dangier  apparant, 
Coppa  loreille  a  Marchus,  ton  parant, 
Armé,  couvert,  couraigeulx  a  merveille. 
Mais  aussi  toust  qu'il  cust  perdu  l'oreille, 
Lassehe  de  ceur,  la  guerre  il  mauldisoyt, 
Et  de  ses  cris  le  mont  retentissoyt. 
Vous  aultres  Juiffz,  vermine  de  la  terre, 
Ne  naissez  pas  d'arae  chaulde  à  la  guerre. 
ipTûus  plus  beaulx  faictz  et  vous  actes  guerriers, 

"est  de  bailler,  couraigêulx  uusuriers, 
A  cent  pour  cent,  porter  faulx  tesmoignaige, 
Par  Iraisons  nous  pourchasser  dommaige. 
Ou  nous  meurtiir  comme  firent  ces  JuitTz 
Qui  de  poisson  [poison)  corrotnprrent  les  puictz  *, 
Ce  sont  vous  tours,  ce  sont,  en  vous  vangences, 
Les  pisioUelz,  les  pougnards  et  les  lances. 
Perds  donc  l'espoir  de  plus  m'espouvenler. 
Ton  ceur  vaillant  ne  me  faict  point  doubler. 
Je  ne  crains  point  ta  meschanle  collére, 
Le  plus  grand  mal  que  tu  me  saroys  fere, 
Tu  me  Tas  faict,  car  je  t*ai  courtysé 

nict  ou  dix  jours,  puis  tu  m'as  abbusé. 
pères  graos,  plains  de  raige  et  envyu, 
A  Jliesus  Gbrisl  firent  perdre  la  vye 
Sur  une  croix  qu'ilz  luy  firent  porter  ; 


^télendii  ismpotsomifmtml  des  puîls,  por  les  Juifs,  en  1320  et  syrtout  lora  oe 


90  IWV0B  DIS  ÉTOUBS'JUIVISS 

Mais  tu  me  veulx  tout  aultremeât  tt^ictef 
Et  me  punir  d'une  contraire  sortâr, 
Car  tu  ne  veulx  qaucune  croix  je  porte  *,• 
Et  me  retiens,  d'un  couraige  obstiné, 
Le  peu  d'argent  que  mon  Roy  m'a  donné. 
Pour  mon  confort  et  pour  venger  la  perte 
De  mes  deniers,  que  par  toy  j'ay  soufferte, 
Toutes  les  foyz  que  je  m'en  souviendray, 
En  ta  faveur  le  papier  je  prendray, 
Prendray  la  plume  et  d'une  ancre  bien  noyre 
J'obscurcyray  ta  race  et  ta  mémoire. 
Quant  a  ces  vers,  ce  n'est  que  te  flatter, 
Je  te  veulx  bien  d'aultre  sorte  irriter. 
Premièrement,  je  te  feray  descendre 
De  Barrabas,  celluy  qu'on  menoit  pendre* 
Pour  ses  larrecins  ;  mais  il  fut  garrenty 
Par  tes  parrens,  qui  suyvoint  son  party. 
Tu  descendrais  de  ces  Julflz  détestables 
Qui  dans  le  Temple  avoynt  dressé  leurs  tables, 
Marcbans  trompeurs  que  Jhesus  Christ  chassa, 
Et  de  courroux  leurs  tréteaux  renversa. 

Cette  pièce,  d'après  le  caractère  de  sa  langue',  ne  peut  pas  être 
antérieure  au  xvi«  siècle,  et,  de  plu^,  elle  est  d'un  homme  du  nord 
delà  France.  Mais  voici  plusieurs  difficultés.  Au  xvi*  siècle,  il  n'y 
avait  plus  de  Juifs  en  France,  excepté  dans  les  Etats  firançais  du 
pape.  En  outre,  le  chapeau  jaune  auquel  il  est  fait  allusion  dans 
la  pièce  n*a  jamais  été  imposé  aux  Juifs  de  France,  il  a  été  unique- 
ment porté,  en  France,  dans  les  États  pontificaux,  où  il  est  venu 
d'Italie.  De  plus,  l'auteur  parle  du  chapeau  jaune  comme  s'il  était 
supprimé,  cependant  il  ne  l'était  encore,  à  ce  que  nous  croyons,  ni 
au  XVI®  ni  au  xvii®  siècle,  et,  quand  il  disparut  plus  tard,  il  fut 
remplacé  par  une  marque.  Or,  notre  poète,  quoique  écrivant  au 
XVI*  siècle,  dit  que  son  usurier  ne  porte  plus  le  chapeau  jaune  de 
ses  ancêtres  ou  parents,  et  il  est  évident  qu'il  ne  porte  pas  non 
plus  la  marque,  sans  cela  la  tirade  perdrait  tout  son  se).  A  moins 
de  prétendre  que  le  morceau  ne  soit  un  simple  exercice  littéraire 
sur  un  thème  de  convention,  il  faut  admettre,  à  ce  qu'il  nous 
semble,  que  l'usurier  ou  prétendu  usurier  est  un  Juif  baptisé  des 
États  pontificaux  qui  serait  venu  s'établir  en  France  dans  une 
région  assez  voisine  du  comtat  Venaissin  pour  qu'on  y  connût  le 
chapeau  jaune.  Le  passage  où  il  est  question  du  Roy  ne  permet 
guère  de  supposer  (il  ne  s'y  oppose  pas  absolument)  que  l'auteur 

^  Allusion  aux  monnaies  portant  une  croix  sur  l'Une  des  faces. 


LES  JUIFS  DE  NANTES  ET  DU  PAYS  NANTAIS  91 

\  pièce  ait  séjourné  dans  le  comtat  à  l'époque  où  il  eut  ses 
élés  avec  le  Juif,  son  créancier.  Les  vers  latins  placés  en  tête 
morceau  paraissent  se  moquer  de  notre  auteur,  doublement 
able  comme  poète  et  comme  débiteur,  et  même  condamner 
erfidie  envers  le  prêteur  si  durement  malmené.  '  Dans  tous 
;as,  nous  éspérôhë  qu'on  ne  Ciferrf  pàb'  cèttfe  pièce,  si  évi- 
ment  fantaisiste,  pour  prouver  que  les  Juifs  prêtaient  à 
pour  cent. 

aDtes,  novembre  1886. 

LÉON  Brunschvicg. 
[La  suite  à  un  prochain  numéro). 


.  LE  MIDBASCH  TANHUMA 

ET 

EXTRAITS  DU  ÏÉLAMDÊNU  ET  DE  PETITS  MIDBASCHIM 

(FIN*) 

CITATIONS  DU   YELAMDÉNU  (suite). 

2*7.  Fol.  81  &  (y'niTy)  :  mopris  d'anal  'a  by  nnTab*^  noon  anna 
.ta-^xp^DïTi  rrr^m  ï-rmaTa  î-no:^»  in  nb^i  n"aprt  ib  rr^nm  mota 
nrw  ib  rtfin^  n^apn  rr^n  n«D^  nb^^to  nj?iD3  tx-^d  nman  mayn 
nniattïi  ï-no:^^  ï-T"apn  ib  î-tn-iïio  in-^D  ptDîDn  n»  mor^  ^ijon 
}niûy  rtTa  T^Dob  î-r^nTa  "^aK  nn  rT"apn  ib  nîDN  ï-t©»*  rrb  rropra 
rro:?!  npTïi  «dk  rrmmD  xdn  rr^Dinx  ©k  nsnb  ok  ib  rrfinn  n^apn 
ta'nîD'iK  Dm  û-^apïi  r-i«)«)'i  mn-îDi  rtninoD  rr^y^aa  .rrriDTan  ûrtTa 
mD73b  n"yprz  ntnrvD  J-ni3îDn  nioy^  riTi  'éoid  î-noy  ^sn  ^d  ib 
•pKa  l-irtN  bNi  î-T«)7a  bx  '>"'>  nTaN-^i  n^DéoiD  v^^  Hn"^!^  .:?na:«2 
tonna  rr^apn  ib  n^K  to-^u^nn  ©«-i  oDb  nin  ©irm  nîDNb  ta-^nx^a 
l-^DTa  to-^xpioa  .ntn  «Jinn  3^ait«a  ib  ï-T«nn  tonpi  î-t»-i  ntb  iro 
n»îDb  ib  î-TKnm  'j'^Tai  ^-^tt   ba  n"apn  iddh  »?3:3rï  oab  î-tti  'do 

:bsNn  «b  nn  bna»  m 

28.  Fol.  82  &  (^^-^nTn)  :   rrbi:^  iDiîDb'^a  'ina    .    .    .   nbiyb  nn« 
înbi:^  t-iK^pD  ^Db  n"apnb  ïibiy  Kbx  ïiDîDTa  ta^^ia  s-r«na  ba  l-« 

:ivb:?  Nimo  rf'apnb  nbi:^  «"^mD 

29.  Fol.  84  (Ibidem)  :  iDTOb*^   nDoa  1:^3D   "pK  b»   nsan   -^d 

n:^n73  nrpbîob   no  pK  'do  rrpib  yn^n  ût»  -^aa  ii:?a  «b»  ripib 
ntDfio    •'D  n73iN    r^in  pi    niTab-^i  t-iT^nan    nsn-^o  •^na  ï-ra  "^atoi*^ 

:  ban  "^aoT^  mTab  pnx  ynsb  ^^ddoîd 

>  Voir  lome  XIU,  page  224. 


LE  MIDRASCH  TANHïïMA  93 

"SfT  Fol.  88  f^-^ntri:  ntcs  sm^  .M?:n  31T  3iTn  ^i>  î-nrxi 
•}nT»b  r^OD  mria  ta"';^^  nii'n:^  cbuj  hy  is-^mn-i  1:10  ^d  is'rïab'» 
im-^b  rij'ffia  n^abi  .nan  npbinsT  nbnDi  rnss  nin'^nT  ir^Tz:  br 
Ti'*ypr^  '7:6*  nï3«b  -no^^:  nr^bi  ,n3^an  n3?C3  5nap^  pTûno  "«Db 
înï3C5  Q-Tîb^  13  ^'^nsi  friîHin  di«  ht  ab^7  bo  1^3  nn^D  «-^rr 
V^3»  nbn  *  n^ï:  ni  npbirr  m^cn  '^sb  pn  '^"nn  bD  ;DDin  m« 
no^^n  ^p^72  mrt*nîDs  j^di-»  n'"oxi  tabi^  V:î  nbn  ïHHri:   «'«n 

■l"^!   *js  nnxT  nrnfiin  -«^d  b^  n»  rrp'Uîm  yn^n  in    ïiby*^  t-'k-i 

^3pn   '!2«  v^^  î^*^^   *rî?3i«rr  1^3   idî*  dikh  d-isn  r»  D'*rrb«  '^"■» 

im  m«n  m^n  m  *|D-»Ta  '■^nsn  fvjîïtnn   di»  b*^   itdt  nsD'ca   tt-^n 

rnb  nDSP^'D  ma  mT3ïï;n  ni^i  ^Dizîniû  n3"'''nri73  «"^n  '^nm  "ists"» 
31.  Fol.  89  [r\M2  ''in»)  :  T^n-'sr:  i5H  nn  •'SM  isnïïb"'  hdo^  '^dd 
D"^nnDDn   Di-^rs  c*^*Da  ^-^bu  Kb«   Q^^msarr  Di^a  inns<  ■'sn  b'û  inn^a 

m-\DD?2    S'^p^Hxn  nn"*?3^:>  i^d^i  tss^bj^    ncs^    ^-rtn   tei^3   •'s   '3td 

-I3p3  s^bx^  V'3"'33  yntîn  133  .insirT'n  b^^tt:  nniQi^j  n»  in3p">i  '3iû 

B     ip  "^inH  yic*b  û''nbK  nn3>-»i  y^y^Ti  ms:  nï3«  ito:''«i  rs»  v^y 

H  32,  Fol.  OT  b  hir:H}  :  mn:n  p-^binb  to''!^■'*^^:  tii  *j&t^n  'm 
■n-^n   •'3N  ï^'^ansn  po  tts^sn  n"ïi«   dnrr  ^"^rp  tîîm  anj^n  sn^^  bD3 

Hh  rnH  DJD  ninx  nsp  ^7  na^nts  nn-rr  «b  n:':3n  rwna  nni» 
û^srDn  p3  «r:n  n"73«  a-^sis  O'^anDri  ib-^nnn  v^'^^J  Q'^nTn  nar 
rm^rru  n?D?3  nnp  npib-T  nm3?3n  •^ntt^tîi  isiptjn  rr^an  ■»rT*''rr  '*35« 
i^N3  «bi  mô*t'b  p-^rD  -in»3  ^Db  d"*d3  fT.a3??3  nïtn  n3'*::rï  mi2->  b^ 
^myan  ip-^bin  naizsa  nn^*  d^^d  n"3pn  nw«  ^3  rtî^bi  niro^b  mnd 
fh  bs3  mnsîan  bn«  -nx^ab  n^PD  it  n-«T  piû  T'P"'^'^'^  t'H  '^Db 
ID01  nains  et-^n  ^s  rr^nD  ^T  ûnn  '>dk3   «b  '"cb  p3^-ip73  T^n  on 

tmiEP   nn«i   npiDS  i3i?2b^ 

33.  FoK  108  b  (^30  nannaj  :  niTaip?3  rsTOJ^D  r?  i3^?3b'']  nDoa  sinD 
1^13»  un*'  U3S3   t3^5^3ï5a  'w  Q^^tib   imn^a    Tne*  b^TiD**  I3t3 
«ira   nmsD  0Dnn?3   betna"'    '^sa    iTo-'n    '3*J5   in^'bj^a  nnNi   D^ni£?3b 

<i6tT  e-^npon  Uî?3in3  te'^3TDT  tia?3  lab    ana^n  ^bin   tjbK  r-n»?3 
pa  aipc'^i  B\sbaD  Dips*»!  '30  biNTû   •^tt'^s  to-^a^]!  y-iKn  pibna 

Tnxi  iH^^  s-^:3«ai  ûn?3  mm  mu  bsn   ia«  boa    ptaa    in»   pTaa 
^br:n  b«  arn  *TpM    idoto   tn«  a&ti*^  nn  in'*!  nïïfcc^    111  "«îa^a 

rab  n-»nrb  nnsn  Nia-'n  3?a-i«  in«a  bnpn   bd  ':tz:  k-itj  ^i2^n  in«i 
în3ia  '*i"*  bj»  ïKsrn  nsma^n  ':td 

34.  Fol.  115  (N1D3):  pioo  isTOb-"  nDoa  'ina>  T»V«  me  •»''■»  eiûi 


ÎM  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

&■•:£  «tsi   «V  t::»  -i7:i«   ins  'npDi  ^*'b^«  i^so  '*''■'  hto"^  ntsi»  Tnx 
bfiniD^b  bnx  «*::•'  c^V  ob^j^n  m?:iï*b  fr<bfît  ^c^  É»b  r\n7  t*Q^   ç« 

ib   ©^   bitna'»?:  -^ir  &-r»  s^sd  ■'^   d*«uîi3    ^Èt^rn   C3^3s  ûrrb   t^i^: 
D"^b3n«i  obs  D^2Ci'^  Dm  in«  noD  bai:  «ini  D^^sa  RUJTgn  i«  n^an»  ^ 
^3î*  t]N  m:y3t»i  nb^ôti  Vn?^ist^   v^^^^'^*'    ^^y^'C    Dre«i  'OS  ^n^» 
iDiiic  ^b  D©"»i  T'b»  i^:d  v-.  ji^^  pnjp  çrife  |i«»^3 

35.  FûL  135   [pba]  :  isTOb^  nssa  '^p2  «  nrn  prn  n»  <p  nifit 
:n:»nn  n«  n-iiHp  ni«::j    Èt;'îi^p  dhp  ;3bab  b_pi«  •'biç*  mît  .'kp  i 
:f*Tr  mn  v:î:  isiTab-^  ^.cdp  snns  .  -jniaîp  inan  ip.^  n»  '•n7'n  -pJ 
D-'nn^  rnï3  ■'cb  «n^nîp  mn  :îî<i::  Dr  Dnbnb  .lin^o  v^''3p  htcm 
•jDb  3«"H2   ^b  ^1»  B-^bïîinn  iits.n^   p  b^^  *bbpb  i-^dni   Djba  -î2;3 

36.  FoL  136  (pbajî  is^ijob-"  idq^   .    *   »   ni3J^  '»"'»  *^«bia  ïjon^       ■ 
inènn  nn»  •^:7i'»o   ib  n»'^^  e«b\D  •rr   '■*?3Jd  niisbir  n-jipb   -k-j   nr 
■iD-iib   ^b-'i  innir^^j  nD  fma^  '^:î3''D  "{««bîjt»    nôtnn  crb^    'nVro 
b««  T\in  nnnanb  iin«n  n»  03?ba  '!|'»t  ainp  iiïï»!  DipTsa   ^"rrîoj 
rr^n  ^wbTsn  tiniset  b\»  v:d  bbpb  ?^bin  nn««  T'K  cc^bsb   ^«Viaj 
^ntî  fTVi::p  **n  iï<  bN:??3u:-'  "^^n  bbpb  ^b-^b  n^ii  Ninc  inbs  ninpj 
?-ïT?D  -in:i  '"înDi  -^ran   mpr^    3?*^;inîûDi    .iDmb    ^bn  tss'bai   •ots^aj 
bbpb  ^bnn  nr&t  ]ià  D^bsb  ib  '?:«t  5"i  ^KbT^n  fb  bwia  nit:  n'^ii  ' 
b'iD   n^^^T  bbpb    ^bin  ^^n    îtiniD   nino  rr^n   '^«btin  pn^^  hiD  ma 
5»c  -^a-^bia  Qipttb  j?''5rru53i   .iDinb   ^bn  GJbai  ^WJ:  laniJi  wji 
«^r:  «b    ^pr-"  V:3  rsa  bbpb  ib  '7:»  ^birr  nr&<   v^    D^^bnb  ^etbwrrl 
rro;b  ^-n  pî*  'inDi  bun^D-^  bbpb  Y-^i*  ^^  '*^"ï''^   '^''^ï*  biz^^    orra  1 
i:'!?^^''  nsD3  'iP3  '»r5S3n  ponn  osnrb*'  noDs  ainD  *^3  bK?jci  i-»^**! 
^"'^1^1   nnaTû  «tn   it  mn^jn»  np->Dn   im  «bïïs  nn^  mai©  t'^'^a 

37.  FoL  139  b  lon:i3j  î  ncoa  'iod   .  ,  ♦  pDC»  nn  msia  nnp'^i 
nin''7:TD  ''b;^  m-n?3m  nibp  T^pin  •'b  n**n  nn^^îsT  ipn  "im  pn  •pTCb'»! 
nb5:?n  by  i;n3T  ^ii&^rr  nb:?T3:D  niJ^::b  *idio*o  ^i^-'n  n'^npn   ib  n?3tii 
Tiï  iHD-'i  iD73Db  «TJ  anp  :rnnn?:  nitin  lanps  n^i«3  pnNn  nbr^^ 
by  n-nb  -in^i  i-^ip  ^i^t  nbi7  n^abn  maçsio  '^scp  bcn  bj?  D'^nbnn 
•^b  vn  m-<''72T  h-iî:h  nbi  n"3pn  nb  n73N  e^Tjn  yne  ■'''•^  -j^nD  niz«M 
P|nDa  ûmbj'  i::Tpn  miaj  ^d  t^s  nb  rinp  "^labi  nn^sb  t<tbi  "J^pnï 

î^DTa^D  imsTom  j^b  p  ^w  ynD  np«i  ^mn  >Tinn  iwp^ 

38.  Fol.'14*ï  b  {Dnann  nbê*j;   rrnDin  p*»n  ^t  la-ïpb-'  ncoa  'ins 
rre-'n  1^  nai»  pm^  'n   rrbbp  nj  nî:N  bNi5:iDT  riet^n  *iy  ^12»  ^i] 
nn^s  p  tb  n7:Èt'»i  inïin^a  b%HU5  si»  •ïh-'I   iiD^n  nni<  K-ip73  *;nï:b\stj 

i-yi"i;>g>  rr»^^  ,n|i  >iKp  ^p^i  "inpi  nxv^ïartj 


LE  MIDRASCH  TANUUMA  95 

'm'^nsrr  p^n  m:3b  .*;bt3  T*br  a'^rîn  2it:  nrs:a  ^b'-   m:?3b  .ipbizT 
zra  mm  n::»:^  pb?3r   bu5  i^ir  nn^nb  .mip-js  •'b  rcpi  n73»:o 

40.  Fol.  174  (n'unit:  Dn«n  nns  rimia  Tobo  lûTOb'»  nppn  3irD 
:imn3  rnô«i  •'ro  nn  b;^  11733?^^  rn.x  a'^nstTsîs  •iî*X''^p  'n"'2pn  Dnb 

1«tD  anî:j»  m^  i^-^sb  b^n^*»  T^nb»  nb»  i-i73Ki  mbt:n  **rDa  Dn^J? 

r<bN  p32?b  pïïîb  l^Ni  ^"13^3  nnm:;  ^tib  nbbp  mb^   rnpn    n^ni 

î^l-'inin  "^a  niin  nriN  û»  rrbbp  ^3  -iij:?n  in'^anb  -i?3iô«n  ^viîb 

P  éL  ÂJa  fin  :  -IB03   nnrp   'i>i   D**">72    "pna  -^î^aa  iitîn  map^»! 

ppinti  npbn   dus  ■'^  ib  rn-^awn  en*»!  niDKrû  innsia  ynetb  natinsïî 

:rmîi?  ■''"'  npna:  d?  '•idhi   «n-n  tibse 

F    Voici  encore  deux  passages  du  Yelanidéiiu,  tirés  des  manus- 
crits d'Oxlbrd  : 

I    F.  —  Ms.  Opp,  314  (Catalogue,  541),  fol.  20  :  p»-ia  izisyai 
t*^n  .imsr    nsbn   ivwip  bÈ^-ç:-»  bD  rm::  teTUTan  itjn-»  :?n©^ 
♦  c^nDio  .  npcbn    ^3^1^73    nsbn   'j-^^TSibi    v^^'i®   '^^^^  frrTra 

jnn  •'rp  ^^2)2  p-'Nan  I3'':!pn  ni^n  .on   '•331  ïsipn  mna  isi^mcrj 

naw-'a  nt  bD  tms?3 

G.  --  Ms,  0pp.  3n  (Catalogue,  692),  fol    213  :    i3i?3b-  'n5i« 
s^3ô«  ^3115  ûj  mm'^n^ï:   n^«  irai  i:n73b^  to-^nmn  nbx  '\ï:naai 
nna  ia\<  nrr"»n->  «b  irman  iVQ  ^^  «ribrab  fcnnnit:  t^nni::  intî 


MANUSGBITS  DU  MUSÉE   BRITANNIQUE' 


(P^r  Makhirf] 

IL  ITaW.  df7(^4; 

J.   PoL  1  a  :  nai^  ainan   *  .  *  'nai   ib-n  ■•seb  ibip  ina  '►''■*i 
i^tîTia-i  aan  iî:j  m"^  b«-iC''b  nnnn  imb  n"aprr  «acD  rmn  pTsa 

1*  fiîo\)3  devQûâ  cas  txlraiia  à  M.  SohecliLer.  ' 


m  REVUE  DES  ÊTimES  JUIVES 

là^  ^rs  *"^  îfi  .  .  ib-n  -^î^V  ibip  ^rs  '^"■'i  ^^n  rmnn  m  |l, 
V^Tt  ^5cb   T^TTr  1^1^  ib-'n  *:Bb   i-^sbnrr^   W'^y^.rt  ^bm  "è^  ^ 

m  ^Vtï  ^bV  nbip  ^r:  ^'-n  eTi   ,   •   r^^n»  pnar^  t^ir**^  zr-r:crt 

îS^-'^^csTï  CT3  v^a  nDTb  -id  na^tjrn  ^ntim  nsncn  b^^^  jm 

r^-^^  *Vbmc  'it:'!»  rir»  f^^a^  T*:£b  s^rmi:  S'^r  "tsdi  t^ 
btn^  r«  •l'^rro  rrro'^  -nira  nmt)  s-^-rrrn  D'rr^b  rTi  î*2«  W 
ac^  iTîsb  ^nrt  V^in  •^:*':>  is:t)  tsr^bVrr:  r^r  Tr*rn  'Cth  wn 
^■ïiBn  rtyOT  ^r:  ns^bîi  in'^n  nir^'  izct:  f -en  '^-r»  aero  "fra 
n^rt  nrs  rmDir  fcn*'  'n**t;5'  E^rrrs  D'rrr  rrr  r-:rD^  w3  "cî 
3b«2   anco  a^'^ettsn  l'^m  23e  *::«:r  barrc^  br  srrrnrj  piîs 

Tr:V?  jTtrc:'^  ttojz  'n  -2'ï  ne»  Vs  "^x:^  rxT'iz'db  rr^y  r^rp?^ 
rvjxr  "^'^lîrs  rr^tr^c  ^b  rin  r-iTDrr  ^DatVïn  •^n^  d^^ts  C'itw 
^R5ô«  rsT»  ^^r»  r*rrt:  î'^r:^  sr  x^^^  ^-'^  z^r^i^  ^"zz  Ti^  ^ 
aittC  c;?  nr^  bit-c^b  STcr  fir:a  C'^it  *'r:'^b  *^«c-!  rrrx  7^*27:^  ^ 
na  Q^jrc  2t'»  b::!s  -rra  i^mr^i  nrvïrrV  vrzy  t^r-rprr  e^tt^ 
^  Vo  îTD  >*^  f-îr:^^  -T-^n'  m^c^rrr  *•:  tttx  "bsi  r^r-»'  :s 
Wl  V»:;'*b  'îSiV^r:  ^br:  nnpb^  "^rc  ^-rr^b^za  *^::  br  n'rrb  -t:,t3 
r^f^  irs^ï  nbro  rmfit  Vc^b  ^r-nx  ï^nprt;  ba:  î-rrr  nbnr 
by  ji^"*  -*r*cr  rrrc'»  ^d  br  rr:rr  nbr^^r  r*:*  bsr-  i^rs  T^' 
nbm  TTpb  C'^npb'ça  s^-î**  -r:»  z-rt-z  ^^:z  zj-  tp^  "^««^  -^  "• 
f^  ?nyxr  "^  b^  ir:  G^T^b?:  -m  ï^V»  ro"»b  tpr  Vo^  »is 
ll'*f'*iaÊrt  rtb»  1*51  ^r^r  ::-r:  z*s:r  --^  *^:rra  n»?:  3"  "o  ,7^ 
01:1  ny^p^  -it^c^  c^ninr-^^  ex  r-n^rzz  rrs^a  «X't:  rir-ît  p 
\a&  ^^  jpcm  "râi^  nmn  rrsr:  rm  prar  'n  ^cn  •'ïr 
l^îBbb  «»n  ^pwvt  -m»»  y-^fi«2  TTprcr  arm   rar:  fïTrc)  nr»^ 

:r-rrï  'zwb?:^  2'7*n3£  s^brrsi 

9k  fW*  Il  >  :  •^tM  t-thn   ^ix  *K3  îatpr  bt^  nt^b»  *-t    -tmb 
r«wn«  n^b!5  ^1323  -ïctt  ni3t  "M  &*rpt  bn  -^Tir  2ir:CT  wma 
^■^^  a^tpmn  p  ^"«^  na  bsrt:^?  rr-^i:-   p^^rrr  "2-ra  3« 
w^^^  arwi  ^fen  •en  ri2î3  crrb^  ^^I^  ::--g:m  .^^ttrîti  1 

Iumvo  men  mat  bsi  crm  mwn  trat  b^V  rrrr  rr^ipri  mr 


LE  MIDRASCH  TANIHMA 


1»7 


5nnet  ^-^ji-im   rj^*;^-»  ^:nb  y^"^"^  ^^^  Q^i  s^-  ^sr:  rt^n  bicbcn 

wa   H310  noi«t5  m«s  'iri  :iir  ne*  sa   id'^i*'^  '-'pbfi*  -»"•'  in-^i  'sts 

3TD  n?3  m«n  cnrûNn  rn  C'^sapa   'i?:«n  t^bi  r:rb  i:n3i 

Fol.  21  a  :  p^  -'?:''a  b^'^x:^  ixnn  ,  c^'^ri*  v'^  ne:*''  t^b  -^d 

fS,  Fol.  28  ^  :  bis*"  1^3^-^   1'^^=»   ■"*<    1^-=^   V^^^   ^--'    '*■"> 

ix  ';cnsn  v:):?^  V'n  n?3'  3"K  ï3ê*3  1713  inm  b"n  rrir:  ic^rs 

^  a«*j  n^^iN  13  î^^r^  .riicisb  î-sbis'ia  nx)  iTîen  r^x  *[3ï3b 

nat  p:D73  i:»  -^-jn  i«bN  «m  Nb  ^n^D  rnis:ii  hd  i:r5  '^^  --si  c^^.*^ 

::?iî2T:3b  nbi^^  n?2   iTttrr  pn  nacb  i^ni^3?3 

.FoK35a  :  fnnct  nsn  ï-jbNn  Q-nain  td  r*»  o"-»bK  "isti 
Dn  b^  rrr&t  rnnî«  t^23  rïD-i?:i  ns?:  nn^^  i-tDs  n'^nTDn  n^i:^ 

5ib«  nrn:?  *j'::'(n  «msi  -iit*  •",^1^'  Dt-ni  ihki  pss:^  ^rr«  sn^^tjs 

nB7b  "^Brin  iD?  anNb   nm  -îcr  nns  raa  nb»  bs  jn   tn^n 

em  -ir*)»  «tnn  mbnn  rr?3  nnbnrb  ipnb  irî?3  .  nn^b^  npnb  ^sirr 

rtb  ^£jn:  ^n  T-a  D''?:b  ^eh:i  cin  nm  .mb  niit'»^  nCN  a"»?:n  b^ 

sr5  ^cns  D^n  n:2?:b  ^sns  cn:n  cn:b  ^sr;3  r;i:7:n  -^nb   ^2r!:i 

^tb  înnpn  tsai  niîso  nbNn  pi  .1^3?  ï-iiKni  ^"^  yns*n  b^ 

(1  Fol.  53^  ;  i;3  im&*  e^'^.p  ntbi  .biian  m  ic:?  n»   H-ip'^T 
P3  rtm  Dbi^rr  n»nD  ^•Bbi  p^^iDa   o^^jt^nb  i-^D'':n5:D   »b&t  ,bnân 
njcn*::  ^Db  nm  Dbira   bn-ie-'b  rî"3prT  ^?2«  .b'n:în   ib  tnp 

no  ■':ït  Trrb  ban  roDianî:  rrr »  Tisb^s  birî''3!Di  ib  '■•s'^;n?3  nir? 
jB?  *n  ûisTsb  ir^  nna  a''?**ï5i7a  ibjri  'ro  rDDi3P72  ''m^b^si  i3î:!3 

irïDib?3rr  'nb  rrmm 

^8* Foi;  55  a  :  p  "[ir-^tî  'n  i?:»  'nai  -'"'«  T««3*?3  ibi:i  n?3  n'^ct 

i^hs  rrca-'^    ^ibi>  p\m  s-^a  nibiia  Dna  nrna  ^b  ^'*  ^ilr^•> 

Dnb  V**  Hi33^b  D^30  Dm»  ib?^  att  ô'^a  nib-ra  ir»T  m:;^'»^ 

iTTTn  a-'b  ^r^  nsi-'i   a-'^^n  anb  X"^  a-^b   ncn^^o  imft«  mn''  am 

n  ':ï3  n'^ni  ni2:2"»b  nbs»  :iifn  d-tî  b2<  inib^::m  r:rp  p«  •»Nt:''n 

:naa"«rî  bit  nsi^  p»  «p'^i  nb  '^"'* 

56  b  :  ^hrt  abirn  riî«  ^aaa  ^va  en»  ^b73  cis'^n'î» 
nb«  TU»  iT^Pta  ^SwH  ©pa^  ibo  p::bD  ^rab  inb  172N  '*72inb 
•^bn  in^rai  in^na  naV^  Ê<b  r*î^  b"«  abi^n  p&*  tiCsd 
yst  ^'snnb  -im'  bH-io**   n»  nbam  "ûiprn  n''a  a-'nnrîi  in^a 


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^  •     «  .     •«    ta^         ta      ,«         .^  .      .«       .    I         II.  I      14     ^    . 

^*  .         ■      .     I  tata         Ni...!  ^       I  '2  »     -• 

"""Z—     N»a.  •  •  à    •    .  »  I*  r*  T".j»  |"ta   z^"*^x 

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LE  MïDRASCH  TANriUMA 


99 


«an  mïiai  d- 


p-'Tat   in 


ibû*  ûi«  t^isn  rnizî:?  s**n'^?3   nann  nD 


[ 

tin  wrîTi  tsibc  ''iD   rT-'pis:  mb:iV  n^:s'^   rmbi  nbsm   a-i^priu 

I  v  n5t3  nmfii  "jTan  b333  *[min3  ists^'i  ne  b:?30  on?:  nnDn',2?3 

qîn   *n7:a  sn-'br  mn  nbi  -{t  «:i  diisï  «b  ûnn  niabo   «b 

-abrn  ivs:   '^in  i?2»;'a  rrc7a    bo    ibsn  v**''"'  T^  rPTa7:n 

'  ^  mbT'D  tvx  nn  •'mai  ^bin  d^pdt  ,  p-^m-iT^iat    *\^^j2i  UMi^n 

C»  •-'b3::r   D':3  bna  i:?  nctni   ,"[?275  nxx  nr«   %-irDO  maa 
vb  V^i7  cn?:i  nbiB<>n   nbnnj:  cc?iï3  ^n^::bb  T'3'»ik  tjD^  •»'"» 

IS.  FoL  73  ù  :  55^  r7''2pn  n'T'TnrT::  ntibTs  «a  "^rs^a  ^"-^  n7:«'^i 
-i::î«r::  nibspi  bxic-»  bi:»  î^*ni:5  i:?  nibsp  t^bi  mîsiKn  bD 
jnttD  'iH"-  :^'^Din   .  n-ijoa  û'^rci^  iniz)  io:r   ■'Da  ibô*  i^b  t':?^;:^ 

|n^:b  ix-^Dpn  Tnir\n  rx  bapb  lïn  itba  n«mi3  ivria  «5-'i:i  nn-*i 
bs  ^"^  ^M*,-^  incî    ûnp?3D    s'^nDi   ^"1^^^   ^^  2^2   -insb  N"nD 

m:3b  î*<n  'iDT  rTsnai  E|X3  ^p'^cj^t  ^?:«:ï5  nain  nst  posn 

rnninn  r»  ^i^t3b  1:^1 

[li  FoL  04  a  :  ^-iir  '^ns*  irorn  nb  tiOD  '►nbst  pc:^n  «b  a^is 

un  ^nmarr^b  ^'^las^  an^br  nî«a  naïa-cs  5n^niN*i''3  i-'Ci;?  dtk  "'îa 
SI  ipbn   l'^^    M::na  ^d    inn?::s73b   nzip"^    irinnb  nar  p   b3^ 

Brw  bn«  .ni?;?7ib  n:Di  rnb»ai  n^by^a  bbpi  'Cji^prm  a:^n^  ^'D 

&i  îto»  rn^fir:-»  oia  n^«  Tn  p:D  nj-in  bjT  nanun  b^  r^^i^r: 

^'•^  avî*  ^725«  pT  t*^npî«  •^"'^  DcaT   hi:?:k   ps'^i  nnst  «np»  ■>"■* 

tT^ic  r-n:3  b:?i  nan:3   rn?3    b:?  iniaîs  •*''•«   t3*:3  *'n'»  npb  •^"-'1 

:»nbDM  pn 

I&  Pol.  95  b  :  mû^  irK  beno'-b  n^apn  iT:t«  nî:inn  -«b  inp^'i 
N^  w  nbei^  n:n    a^nD  n»  n^n  laba  DD^'b^    fi<bs«  nis^.»  br 

'  Ht  13  iï:cs  n-iC  «b  r-ïbsi:!?  n;n  n-m  insiioèta  p^-i^i  na  iCDS 
fW  rm  r^bi  sbiyn  ba  by  ini»  n"apn  l'^b^n  lii^^a  nassiana^ 
^»5  s'*ar?:i  ^Tzs^ra  ira::  n-'m  ia  r^D3  nno"»  nb  -î7:j<:u3  ipbna 
^  laD  rrrvo  "^cb  -^a  "^cds  nnc^  t^bi  ^b'^  ^-**  '^'^iHi  m'^nan 
~\r^  p  n"apn  «an  abi:?b  n^n-*  in;i?3&4a  p-^iin  .laïas  t^ips 
^ym  B^ix?:73  oanN  •*pb«5  -"ski  im:ï:iâ<  p  ineii  ins*  ba  aïKn 


10.  Fol.  07^  :  H2:i-T  ^Dts^a*?  rpnitrrb  ï«-i?jn  D!?e3:n  -':5<  îtDb::  -ixcVn 

"jnT^n  nso?3  irrrn  np^ia^  ^in  nui»  p*iin  T^b:?  '-n^i  nn^n  rns"*»  'i:t 

n.  Fol.  100?/ :  n-'nn  r-t535  wbo  nr  v^™  "i^  bttitt^  '-»  n?:» 

'iiib  'T^K'^ta  Êt-^nsn  13b  '?2"ist  n"npn  pia  t»:?31  »  nsitî'^a  nian  nbvn  ■ 
''b  r-r:3n   F**b  nns  pn   d^-^::-i  ^?;t2b  r^."*3  rsisn   nnètn  ^'"^  *^^k  ït3    ~ 
-ib«rn  rr^jb  r-î^'sn  nis^  «in  T'Sibn?^  ït^i-r:  ^n  û«  *^d   r-i-^nn  m 
rnnn    piTT  i^p^::n  b^nis*^  ^72^b  snpîa  ■'n^tîi  *:?3x:o  inria  nr« 

^7   rr:ûb  *rî"È«b   ns"»  n^n   ]DVJ:n  r|N  ^b»  sbun  czoana   t3npî:r; 
an'^bmï*  *]inb  i^i^nn  niann  x^yi^^v  n"iH  n-Tî  pc^n  tipin  »biD  ■ 
"]?::?   natîa   rr^rrîto    pets  ^b    n*c:^  rr^îtsb    n"3pn  ib   n^»   ^D'^tb 
ÎTD    -^33  b^«    iDin3    ^i2*:;o   rnî«p:2    •':»a    p^bt<  m:^    p<bi   .isnna 

n^att  yx^n  bss  ^?::o  -t^^tn  n?D  isni'iî*  •'"^  ï3-:inn*"i3  niT'i  d-^rrbiyn 
r*"ypr,  snb  "irî<  z^t:*:;^  «rtnïs  *jn3'i^  «in  p  a-^ran  b:^  ^i^n  -mn 
B^ia*'  p"»n?3  mb&*  pipsn  nTSN  "^b  ann?:N'û  i7:d  ntîir  ^5«i3  dd-^t: 
nbnna  ^Nn  r,Hbi3  inbnni  nmn  n^?3pn  no^  nbs  pNs  nn?-  ainpi 
t<nn  pmD  m  b"ûî  .'p.xn  nft*bt3  mbnn  3"nï*i  iim  a^?:i2rT  no3^ 
;  'i:ii  'n  n«  nbbn  nttfiOD  nbnn  y*i«n  b:?  "jms  nin  ca-^ba  ' 

18.  Fol.  nia  :  ni^p  ^s"^»  nn;?i  m»  •tsnia  nxa''  «b  nnji 
'tt»3\3  'i"'37!3  n^Tiiiîn  mcjb  13'*»''  n"3pn  ur,b  a^o  bn^TD  iïî:^t  ia?3i  ' 
'••^a^n  ^Pi.H  ib^DtH  -izD-»  î<b  "î^^irii*  ini  ^^nb»  'n  nt:  b^T^S"^  nnrn 
♦  nibobo  bs»  istiaD  c^"*?::   nsn^^n    v*^'^^  P*"**    Gbi3?n  ^t:    Cz-n^s: 
bD  i3iï:b    Gn?a   inô«  v^^  f^'-'^  ÊsniDiob  bsbn  nbas  m-i3  t^^n 
tM'-.as    pirb3  1D1  ciipn    tiab  '(■^nania  vn  iiï3«nn  "iiobnrs ,  in-an  _ 
ipbnDi  m-»-i2n  ipbn    :?nn  n^"»  ■'".y  nin  nbis^a   n"3pn  nn^  abirn 
ini«   "inniri  PHN  tins  ^bis   'j'^iirT:   «sn   sbi^r^  t«b&*  p^b   û'^^^^icb 
'131  nc3  sbiD  Ninpb    nmii  ncis   D''?^:^  bêt  ^di3n   tk  -d  nîsîco^ 

îbsnc^^n  Dt>irn  113 jd  b^aîn 

19.  Fol.  145  a  :  m?aifc«n  te''3?ni'«   rn  V?«  -'ib  p  jcin^  n"» 

V^^'itaG»  ^'Sïî  V'^*'^^'^  ^^^'  rp*!*^  miaiNn  bn-r::*^  msir  b'^npao 
■jifit^î  l^-^T  «bi  letarr  wbizji  nninn  n»  iiûo^ïî  ^'td  nn&ti  TnH  ^dV 
SN*:)  ni5:nrî  it:  im&î  T'b::!?^  -n^  t<bî<  bnn^^  nx  T'n?:*»:??^  ni73i«n 
b::!i3  n-^zt}  i.Nb^  ns^b:?  p  br  n^X3\::  npib  ib^  cbi:?n  b=î  iî<::rr' 
n'.3?jb  n"3pn  b"K  ,  yn«n  ^"^1:1  bs  irnTs  isnnnm  ^^tiva  v^^  lî^^lB 
qod  ^nbn  t&î  "irurn  ttb  .D^nr  -^r-i::!  C'^^cn  yn  ^o  nn^xn  nnx 
p  i5"73a  «bi  É<-ip  iTL^ND  '^n'^i  -.?3«ro  S3Pt<  rr:i?  •»:•*«  iHiînn  dk::?  . 
:'î3iai  5|DD  ""nbfiç  %nN  iitî^n  «b  -,?ûN3  ^::b  .:?i3':3»  e«bi  iK-ip"!! 

20.  Fol.  IbTb  :  «bo  *^i3  Dniâ<  n^sa  ntab  û^'Dinn  net  nnpb  brm 


^^^  LE  !il|DrtASCM  TANIÎUMA  ^^^^  t<^ 

r 


1^^  73    w*  «»<    y^ 


N 


î-'ri^i  -inD3  DiK  v^''=i^-3  HÈttiû  n^j'm  q-ïn 

21.  Fol. 459 ?>  :  ^4?3^n:D  */'«  ,D^2crï  ncm  isbi  np^^sn  ^"^  •]? 
n"*»  .ns^s^rn  o'»TD'«'»3nT3  i!fit  T^ssb  npis  t:-'*:2i:^  i3tti3  nron  ib^'Sït 
.to-'ss  nuia  i:b  ^c^  irc^^tsa  rz-^'û^^Jz  i^scs  r;:?i::3  ib-'c»  n^T^ns 
pbnm  nbirDHi  ^"^in  ^m:  ni'^î-'nnb  inr::  ^ms  dtn  cbi:?3ia  :m33 
*"n::?:ni  b^rr  im»  i^ini  r-rtîibtt'î  y^icn  -""^b  ii"-2'p'ni  .misa  irr 
t^-^'crzrm  ina  n?3n"ini  m',D:??j  nns*  «b^*  cpa?:  irNi  n?:^:^^:  e<im 
mrj   !-!bin;i  ncnn  c^  -i^^iït   nnrp  'n   .  '?di3i  npi^n  ••"''  ^b  ■'in 

^1         :p  nan  m72C  nbô*3i  .npis^n  -^"^  Y^  ''''^  Drî'':5b  :ynp  fi-'m 

^P   22.  FoK  19Uk  T^^n  dt«?3  isb  ^i«  n'7J«  im»  ni;:^b  ibD'^  Kbi 

^nt;c3  rînns  ns^^nst  qor  ''.3«  ntîND  cidi'^  ri^i  nnrin  m-'?:  nîb  "^nw 
-iP'ï&tina  nrirrî  '•^i  •inn  ût'  nn  ï^b^?:  ^73  V"^'^  n"3pn  nî3i:^u:D 
nbna:  m  htst  .n?:^!  n^^s  rn&t  br  •»m  sn^n  '':«n*^  «b  ■'d  n73K3\3 
nnw  bj  nnin  biD  n:?CEn  ni:?2rî  pnr:?  :?',nnb  ^n^^OD  l'^n»  v:d?d 

I.  —  Ms.  de  la  Bibl.  Keg.  Hebr.,  16û,  fol.  U8b  :  nbsn  -ns::i 

:  rt:n  nb'^Dna  e"*Tit)n  mD-in 

K.  —  Ilarl.  269,  foL  87  &,  à  la  marge  {M.  Buber,  comra,  de  ro) 

♦   ,   .   nin-^n;^  ïîb^  b:?  b"T  irrr^an  i3C  -jd  laiT^b-»  nDD3 

L.  —  Makliir,  sur  Isaïe,  ms.  de  Leyde  Scaliger,  1  *. 
Par  les  mots  suivants  de  la  préface,  on  voit  que  Makliir  a  com- 
3sé  un   Yalhid  sur  plusieurs  livres   bibliqui^s.  Il  y  dit  :   ^12^ 

■fanb    -rX3pn    ...n"nbT  ''-i73K2«  '13    qDr    'n   sin    p    n^37^  'na 
,     piDcn  b3»i   iT^-ipra  br   p-*»    [  ]    bs    ^nanDi  mn^iîrsi    m^arnî^n 

|n:2pb    -«D   :2ipb^    *i5on   'r^npi    t^d    ""Db    r-infi<    ^*3r2^:b   '^i«-in 
ts-^5  t>*pss-in  ribD-p,"  t^^'i'^n  xn^  ï-Tr.:;?:n   1^  •cmtin  i?d  im« 
r«  D''br  ib«  C^'-icira  %n-rD  t^b  n\2'K  "^.sn  "^nrer?  îstb  »r<ns-^Di 
..Tiba-»  •'DD  "ncr  '•-^iPi  b.spîrr  rî^^:^,''  ^bt::?2i 
1  Nous  saisissons  ici  roceafiiuti   de  reroercier  l«s  autorités  de  la  BîblioU]è<)ue   de 
eyde,  et  spédaUment  M.  de  Goeje,  du  prôL  do  ce  ms.  qu'ils  ont  bien  voulu  fflin»  a 
BtbUolJiè(^ue  BodléiiiDric. 
*  he  cotnpiliitciir  citti  ccpeodanl  d'autres  sources.  Voir  la  description  do  c<ï  ms.  par 
M.    Sleinsclmcidcr  iCattttofjus   cotitcum   îlebracorum  B\hL   Ac,  Luijduno-Bat^vitie » 
^8S8,  p.  34  7p8ï^s0. 

*  il  est  p{>s6iblu  i|uu  le*  Ytiikut  sur  les   douze  propbèl«8  doul  nous  ovous  donoô 


102  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

L'acte  de  vente  *  qu'on  trouve  à  la  première  feuille  montre 
gue  Makhir  a  composé  son  Yalkut  avant  Tannée  1415.  Nous  re- 
produisons in  extenso  cet  acte,  parce  qu'il  se  rapporte  à  la  Pro- 
vence. Le  voici  : 

rabT  «tt-^'^pi  «n-nû  [sic)  iXTh^  "n^M^  ïTûTab  h^rfrm  ^5H  rrtna 
•j-»  tobarbi  I3n  NttrTa  snr»  nTïr^b  vi^Ti  >nRt:tt5nb  ^ib*ii  rrèi5«nb 
nb^Tîn  b»  cD-ipb'^îi  *  vn'^yn  rrm  n»on  ■^riDtau?  mn»  han]  mîi 
«Dîm  ab  moa]  ts-^^cn  ta"»5tD  'i^ra  ÇD5t3"»^p  \spionp  '••«C'^h»  \n 
n^n^i  piDpDi  pTrr  bD»  nn)3«5b  ■'by^  îrtytDi»  «b^  oish  «b  in»w 
j-rby^n  '{"''Tf  'T''=>  *^''!T^  t^'sbi  [rr^^stth  r^na  ib  t^^ab  bsr  ^m 
^n73nm   "^rar:}  Jnisrbi    ï-nenb^   t^y^y^  nstîn  op«np  -nca^^Hn! 

b-'Dibn   l-^-n    pnaf^   û'^'^pi    n-^ntî    bsrr    ï-rr^sr-^b    ■^uîtdîi   tibnrr  oneb 

.Vrb 

Le  nom  de  in&btn  iwr^  (d'une  main  beaucoup  plus  récente)  se 
trouve  également  sur  la  première  feuille. 

1.  Fol.  9  :  ny-^pn  yyo  ns^orr  ««n  ïit  .nbip  inî  '»'^n  •ns-nab"» 
nsn^îi  bip73  V'^"^^'^  i'^:^T3»TT»  tortis  b^nu)*'    nb^   i^n  -^sob  .nsio 
1"-  tDV  b-n:*  -^3  .D'^moarr  ara  v*'^  tnnDtb  -^ns  ï-ian«n3  '(••nnnr*- 
VnnnD  ta-^nt]  •^nsoi  D'^'^n  ncQ  lac  t^'niBtDîi  D'»''   îit  •n«<î3  Mrn^^ 
Q'^nis^n  nrb  rracti  ï:«n  Y'^'o  d*^»*^  rn«5^  n.5îin«5  ittiM  n«  "prr^    ^ 

na^D  rnnaiir  di*^  ii^^^rr  ûi*»  rnt  '^""»  n»«"«  nnsisn  «d  isb  ^d  nnsi  ^ 
to-^D^ûS  caD-^Nan  "i-^n*^  gn  'yo   bfi^ntî"^  b«5    torpmsiy  i-^ab):  rf'apr:   '^ 
innDT  l-^iTûbt:^    ta'^ONbTsrr    ib»    irrsn^   *7«t)    a^^  ■'a   •wab-»   abca    "^ 
piota  .'nan  inan  rr^ia^  orr»  di^y  "^t)  .inan  ^»ni  oixo^  -^d  .«im     ^ 

t'TûiJ  "«^  •'b  •'i»    ^^ 

2.  Fol.  17  :   ^':r\12h'^  .toîib  «ï5n  bxi    «"^{t   bDtJ'^i  dT»  mD"»n 
l'^ttnin  vrr  m^Dinn  rr^sD  isan  isTOb*^  .  b^n^-»  •'îa  is^n  n»  txov  •'a  ^ 
toTN  rwi  nns  insi"^  'n  û^a  apy*^  'n  'idi  îi3)0i  ï-tîû  bDa  b^no'^  ^^  ^ 
■^awat  IDN"!  '3U5  bNTû'^  ibN  ton»    n^j-^i  .ûnb  e*<on  bNi   «•'«  bD«''i#^^ 
TN»   'T'5^  np»  ^"^Nïn  rtu5»  m  c^n  batû-^T  .ton»  d'TN  -^rr^y^^i^  \vcsi^s^ 


des  extraits  plus  haut  (voir  ci-dessus,  p.  95)  soit  de  notre  Makhir.  En  effet,  d'après 

des  informations  de  M.  Schechter,  ce  ms.   est  copié  sur  un  autre  qui  était  défec -^^ 

tueux;  les  lacunes  y   sont  indiquées   par  Johanan  Sarakosi  [Revue^  t.  IX.  p.  327)     C^ 
lequel,  par  conséquent,  en  est  le  copiste  et  non  le  compilateur. 

>  Cet  acte  y  est  écrit  deux  fois  ;  le  second  est  endommagé  à  la  fin  (à  partir  àm^  .^^ 
bT^ïl  !•  8).  Les  mots  entre  (]  se  trouvent  seulement  dans  Je  second,  tandis  qu'-^cL-» 
VSA'^'^M  (1.  8)  ne  se  lit  que  dans  le  premier. 

«  Dans  le  premier,  îiT  pour  les  trois  mots.  • 

'  Voir  ci-dessus,  p.  95,  n"  i. 


k 


LE  MIBRASCÎI  TAXHirMA 


103 


ïxnc^  "Il  cjn  r-.»  t-^ïtîP  •'^  .&nb  ts(\:în  .anb  t^cn  bwT    -^zn 
n»i  ^3  •'"■'b  ï-n^CK  oniob^    .onfi^n  t-nnsa  noi  piocD  ^ly 

7D"^i  n::»:i:î  tz'^n  b:?  •'îni  .  'lai  s^rb    n^n*'  n-^i:::!  to^^nx^n 
?a  rT«3    .  nN:i   ni<:i  ^^^  "^''^b  ï^n^^cï*  ,  a^n  b^?  -i^r-^Nsn  ,  û'«nb«n 

:n"n   n»;   bD 

3.  FoL  36  :  mob'a  lïn^b*'    .    ,    »    lîT^tir    Y-'^î^    m?3    rsïîn 
»n  V?*!  ::^^-"^  rp  "'•^-T  ns^  V?  l'^'^'in  r:::^;r  nizmb  tppTD 

2*rz  in-'Tjz  /131  i^'-^n  p  no"^!  nT-iroi  sans  ^^d^i  ?n?:^jtn 
pn  tsîb'»  n^nxb  i-qs?  in-^om  ^b^  n'^mu  n^n  rr?:^*t  am» 
!:3  cnb  ni:«i  cniï«  bxts  n^^in  r^'^b  ppr^    nn«  ûr   .rrnnb  ppn 

b  r:"3pn  cnb  'rat  r^r^n-*  iin^n  ntrin  snb  l'i?:^*  D-'pDir  Srx 

4«  ïv'2-'i    ^^    T:Db    n^::pnbi  ^b?3b   '^^^^b  ^^^'"^   ^&*-   V"^  ^'^^'^ 

fp^  ''^y  rr:i^ï5   nm   inr)n  lîT^nT^  mntï  ws-^i  n^apnb  nnT7:n 

13:  s^  "'r'  n-ijpnb  irpT7  ^b    r<b  ib    n^i*  .  n^iriD  "^nn©  Dbi3^ 

q:»ri  t?2  «rbr?:  "^d  cnp^:n   V-    1-   ^^'    G^'ûinp^sn   p-nsï 

rnn  jpn:  n:^^  rsmnn  nnxT^s  nnnî  nnrxn  &"»:n3n  cy  id5»t3i 

p«^b  bnn:  t*<irî  dsi  .b-^^  iïsj  nni»  b?  y?3  n^j  a-'sc  ^b'^n 

:n?:nHb  173353?  n'^p^m  n-nnn  112  b:3T:3   ib  û*i5  "^rz  ^"-^  i:?55 

4^Fol.  40:  îi"PT  13^:33^3    *    »    .    Q-^nï:n  v^  '^w  '•^^  ï^^^'i 
3n  ,'151    aiS7  •'is   'in:nî3  *tn^  an  ■'^  ib^in  "^sob  ib^p  ira  ^"-«i 
iM  in-i"'  bîtn^s-'b  nnnn  ^r^b  n"3pn  «21:53  s-riin  ^in?:^  i^n^ 

irrjTn  ph  ip3  Pibipn  n»  "jprsTû  û'^p-iin  mbnp  •^rr^n   n««3iD  ibip 

|ni  ib"»n  '^ssb  ibip  p3  '^"'^n  «''t  .i^n  ^^ssb  ibip  ^ns  -^'^n  ni2ï«3'.3 

i'"»  t:;»   .»inm    *    .   .    imniQ   an  ^0   .^^nna    .   .   .   n3ï:rf  tsîn 

r«aan  n^''t3cb  n^-'a^   i72'^nprrï3  b^m^'»  "ib«  mit«  'n  2\2a  ixsin 

P^iï^  nrv  G'^p'^ix  D^binriî  ^"r?3bb   .5»?3U33i  nD3»3   ■^"■»  -121  ms« 

[liî^i  -'Sîôt  o^roï:  È<:3-j  'C^^K  ^D  n^j':)-»  -^^sta  n^'cn  ^b  :^nr  pt^?^ 

^Hen  npK  itj3u?3  î-i"3prr  ib  -i?3ît  .  yoT  "^53»    &-'pçï)  im?3î3  0* 

S^su  ^«rïï  r^  iipi  n?:*)»    nPi«  bîim:;^b  g\'"DU   ^t?:a  ©^  monb 

^i  HD  yii  .  nci:-!  Tr''3i  û-^sn^orT  p  inx  -«bi*  t|7'"i  na  ^•'pd  ntj 

B^:?3a  nn^  .  naim  b;?^  npb  D'^npbToa  ^»  i^?  b^^  :?-in  ^''^b  *!?ab« 

ï^bis  brs  nirsi  mbmn  m&«  bi:3-*b   ^xb?:.n  ^b^^  r^^npb?^  ^Pioa 

t^b  nn»  ir3T  r:^:c  rnpbtî  c^^'^m  nm  msn   pbmrs  pet  bi:3"»b 


^wr  [u  95,  1,  ligne  1, 


h^h 


ItlîVllE  hES  ETIDES  JUIVES 

p^r-j  t:?  ^-tnsi  nri*c  bj^   ••î^nDU  b:?  m  ras  r7:n 


rî:n:  D^npb?3  -^ncn  «bw  ii'^a  bi::-*b  qn^n  bir»"  t^ïbr:  r'^m  mt^ 
en::  c^ii?  -'rn  irrrnr  t»?^  3-î  ■'d  •'in  ,pir3    t<bi  rT^:^C''  •♦s  bj 

•'D-':^  :rpu3?2i  i:3n  ncTi  ^7:1^  rr-n  pna:^  'n  nTîK  ,'n  c»  na  "^ayni 
*^i?ibb  t  Tzjfiïn  3^pcm  -s?:î<:\:3  y^.^n  rrpncti  «•'-i  n^Kn  rrmîtn  -^t^t 
icsm  bin^n  ncb  bc::  apr"  pT  nn',2n  '^DitbrTa  nm^  D^p-^i^  D-'bn;^; 
inin-^bcb  inbffli  D^D.xb:^  nt:ntt  bc3  ^n3t1^**D^^  lè^  «•««  paan  'se 

5.  Fui.  46  :  ■i:T2b''   ,  ,   ,   3*i3Tb  ••"■»  pi-^s'^  Ninn  cm  mm 
tn^rû  '^.  i7:r  ^bm  i;a-i  nn&t  nbci  V"i^p'-  ^^^'^  Dir:i:i:N3  rro^is 
n3iC73i   ï-T«:  "rnx  p^^b   pr73t3  'n    Ci;^  r-rxn  bin;*-    r^"»-^  '-jt  1:3 
l^?:i:::2    r-î?:=  nitn    «-'"'n   'n   ib  nxnK  D'^n?::?    bc    m''>  j-'its  nusn 

:  *  inaa  v**^  û'^iin  b^  pioon  'nsi  ic^  bis  D^bs^ 

6.  FoL  49  ô  :  ptt:?n  t^b    ,n:n7:b*^   .a:?m   ï^u:p2   na  nari 

imnxn-^n  'î^^ni:  sn«  -ra^cî  ^mi  icj^d  r^b  /iai  tiDs  ^nb»  tî*- 
"i?:nnb  nnv  p  br  ni:ê«ri:3  irT'msn"'b  p^^^^  imbj  ni<2  naiz^rrcs 
^D  rT»m  'n7:N:ï3  im*n%H-!<5  î-ibbptî  "jn^br  nna  rms^msoDi  'lii 
n^^c^n  br  rti^i^n  i^:ms  rnr  i^bc*  '1:11  izbi:::  bbpi  ti^pnm  aj^v» 
p:i^i  rrx  *  'i:»i  &*:îai  t^rjN  rij'-n::^  dis  ni^is*  nn  pD  nr-in  bj^T 

;î«np»  '»"»  Dcai  «^:oM 

7.  Fol.  78  Zi  :  . i:nï3b-» ',  t^nss  ^-^nxio  rt^m  r^^nn  ^i-a 
0*^^:32  ibra:!  mmb»  1^3:?  icj^  n^^iH  nranxTû  tr«  n^n  nr-:o, 
fci«  p  n72«r,i3  ûn^n  .rnim  ^b'^  t^ni^i  r-rr*iDT  -i^naiaci  smnj 
t=^c:a  bra:'*a  l^;pi  ♦'^^^  bx  n^4*m  ^ab  na;^  p-'  ns:  n-'ADb  m»»] 
T^risb'crT  y7«  b:?  ^p5»d^  by  "^Piz^^n  nnis  ^^s^a  ^ab  nas  -iisfico' 
.^a  li-n^T-i  •rar^^b   ,^^    nnKnb  ,*[a   m^nb    -i-^nns  m^db^    "^scb 

p-'brb  rr:iN  a:?  t?:^  bj  nbrK  a^na-r  nib^  1^:3:3^  n^y  n:^naia3 
naiTsb  imb^in  -ib  nur  n73   .nnin  biN-::  b«  ^«  nai  n^apn  ib  nr«j 
^b  pmna  6<a*;52?n  ir«:ia  n^snaD  a'::r  -snb-^aKm  'smabîaa  stimc   i^j 

nT3«:P  p:rD  in^n^  niî:na  Ti3  -i?j&tra   iniK  pbria'i  pabinn  n)3r;a' 
mnc  riv  n^nc  n^b  an-  -an:»  aabi  n«T  bs  brn  .ca  innnn  t^b 

«^731-»  D^pbi  a%naT  m'-nbi  nr^nDb  bra:  crm  obirn'ba  br  Y^'s 
rnb»  "j^^r  ncrc  ps?:'  d^t*  .n-^bzss  t^'*?:Tab  ■'rr  nstiiaia:  f^x, 
T»  Y-'^^  ■Jinnii:-'!  mmi  ■'Ta  i«a  in^r*  j-^^im  n?a  ""-inK-ï  a'^nDiJ 
ib  1^?:^  mb»  iniNCri::  ^b?:b  nnnc^T  nn:3  .&mbÈ<  *|b72n  rro] 
f^cipn  UTp  r^atî  ti^rc  ra*::  nn&ib  mNi:*'  «d  m?»  nn«ï:  ^bib»l 
n?:i«r:3  d^*c:d  brara  p:?:i  *mbs*  i^-^r  -cjt  t^in  "^a  nrî5  n^D» 


*  Vgir  ci-deisouîi,  p.  11)5,  ii"  8. 


LIi  miDHASCH  TAiNm'MA 

Dn:D^  r:iy  Vinv  n«T  '1:11  an»  b-^n  T^b^?  nb:?  c^d^tt  noipnb  •'rr^T 

in«    13T3^    ^:r?3   i=nDb2i    .f  i:ii:^a    t<b.H    G^:2ec   ^^mp  -^nn  bt« 

"12  -^s^n  '•""  nî3N  m:^  n7:Nr^  tt'^css  b:?3:iD  y^^iz  nrns  .D''Db72n 
-1DT   M"»rro  y^tn  *\t:i2   ,  v3^"iî*  n-*2   t^-^^i:^   ^b?:    rnsn    î-i^^ns    pn 
^^•^asn   ^31  i  nc&<n  csn:  r-^.&<  rnsi  è<"id  t-rnpro  iTCiïJ'  n»   j^^dt 

^H  :Tn*'T::5^  ^^sôti  •'m»'»  "^b  n72«:T2  mb«  i7:x:r 

^    8.    Fol.  81   :   nmn    ti^vi    .nin?:^    ♦nn;^    v^*^    Q'^i^n   bs 

I      rnsc   ■»K]£nî3a  "^13    b'j  n:n  by    b-'innb    in?:   ■i:n-i   -iiTjb"»  .  rr?:'«-ia£t3 

rtTib  ns*a  "^iixi^n  ■'la  bu3   n:n  b:?    b-^nanb  niD«   la-rrian  isa    *|d 

''lî  btD   ^-13  b^  i-'iDîs  rin«  cn  KbtS  ^17  s^bi  .rrssib^tî  naa  fi*b 

pN3    t^^-îsn    b::  s-^noi  db::b  ii^z   r^irr    ib&«D    ^i:n   niD^y  nPN 

*  3iSTb  'n  pnnic^  piSECi  '^di   r^:?pb  t^3D  oir^areo  rroyj:  ♦  nss 

9.  Fol.  92  b  :   ,^n^::i:i    f^^'w    r<-!i3    'n    b^n   n^et    n^ 

'P^'isn  •n'^Dcn  p  dï<  p7:-'0  n"7iH  .  û"^-^?:^  ^^^napn   ^<3  bî*  .  i^nwb'^ 

r-^H  Dnb  T»brP3  mis-»:?  rf'npn  n73  istb&«  y^^b  r-ri^inn  Vmnp  cnc 

V^'^^'s^  0^**2  "t:^  i^iîni   'î'«b:b:inî:  t3m  ibbn  nmsD  onb  nt::i7i  ynwn 

b^  mn  tnn  in"i-  n"3pn  bxn-^2"'  )^sb  ♦[^j'^^î^c   p-»3i  b^ni::'*  "pfetb 


i 


»in  «b»  Knp^  *£^pb  u*^!  nî2&<  Dn-'-'m   &D3  ^mn  ■'ppai  73   nnsci 
V^ns  '7:é*:ï:  n?2*c:  Dnn  ^pid  n"3pn  bnic^  y^-nb  v^'*^^  bïtû  p-^sD 

Il  înD  s^rbirîb  mm  n^br  D5»b  ntsca 

I  10.  FuL  97  :  on:D  n"7:«  ,i3-î^b-'  .'idi  ipi^:  i:?î3b  yun  ■*'"' 
y^Dnet  r^b  ^d  n?:«3TD  n-^nn  -'-^nb  yen  n'spn  rx  f^^n  "^^  irrr^n 
fîn  nvin-i  ^-rnet  :fU3n  )^Dn  b»  «b  -«d  n^i»  t^in  pi  .n'en  m7:3 
p^'nscnb  n''nprf  y^n  ntj^i  s^ann  m^n  fisnx  ::n  u^ron  ^"^  D»:  ^:ïs« 
^^Y^  ^^^  .  H"*!»""!  rrmn  b^is"'  ipn^  prb  ysn  ■'"■i  n?:«r*3  Y'^mD 
^Bhts  Brrb:?  o^-id  t^in  n-»:sb  yo-^J^Dtî'i  y«mn  m^'inno  lîsTai:) 
^^••ssb  b'-niD  "ïmai  pidt  ï:n^br  i^sb-^Tij  nnb  ni3^:D  uîpn?:  no^ir  n"3pn 

I      b^m   nb  nboîti   npns:  ;::pn?D   dsîsts  ïini   C'^H  i«i;?:n  t«'  ifctm 
^  :pnrT  cn^br  nrbb 

"    IL   Fol.  107  6   :  n-^nbôt  ^i?:^^  *in?ab^  /^:J^  M^y  -m  D^pîs 


rpT3  nrstr;:   îit2  D-^-^p: 


:  cbc  TDfi*b72  rï:ri  mzz 


Fol,  125  fc>  :  wibp:N  .iniab''  /iût  c*d:  riTsb  •*"'i  n?afi«  hd 


•  Voir  ci-ûcb6u«,  p.  1114,  c'  r», 


106  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

yT^b  "p^^  ^^»3sb  t-i-nno   mc^b  «pn>3  ■'D»  ib  n^«  nmi  oi3"nn» 
bD  nb  nt3N  mu53^b   ^n-^ïi  ^n  ^bïsnb   ûp3?3    '':ni  tnTnnn  nr\ 

i  (lacune)  n«in  rrnwD  i<»îWpnD 

13.  Fol.  130  :  1^   e*<5S   .1:172^    .'iai    iNst    to-^mONb    n?a«b 

br  n^NStû  "^ODS  n^iD):?:  î-tô^-^^-iî!  -r^nn   bbonTa  mrr  î-ra-^nn  lins  ro 
ï^n  n-T^T:»  ns  nsb   n"3pn  ib   n?2N  .  ^^b»  T»on   ?:3  bben*^  n»T 
pT  «in  n«:r  un»  ittb^'^'j  w  înTH  nao^n  lia  r<:n  p<bo  •'SDba 
D'niDNb  -.73«b  .-ibaïi  ^ona  n«Kbi  ins:  DniDfitb  niofiib  -im«  rrrr)- 
'rn:z^  ^"ina  dbnjïi«5  îiy;33;a  rwb  rrû^n  «•^ron^  i"mo«  vîto  .isx 
n"2pïi  pDijr  e^n-»  t^btt)  ïT^am  îTr^nob  pptnb  &T«b  -nD«  la-nmi 
nnata  ••std  wa  t^biD  ns?  t|OT^  rra^  ^si  nain  kiïti  dbnj^n  ^amna 
tn5«5  »an  ssntsa  ■^nti'^»  ta-^sa  "«ju)  nbi''  tjorbn  ia«30  inc«b  ppTS 
ûbirb  «a  icdîn  noinn^ss  i"i73ba  iDsai  nona  112H  aT^K  pi  •  arnn 
V5ai  HD  e^^a-^i  n»«:o  na-^nb  oraisrss  ro  ric:^  ^di  .rrorT:  ïnbi 
173  e*<5t  ïi"apîi   "ib  ittN  t^af^Cd"!   ."inx  T^sa    •^«31   -inCNi  "JD  nnxi 
n:  inoM»  i^b  rinfii   i«m  .^^aa  "^021  T^aai    ^nuîfin  nn«  na-^nn 
i«as  d"^moNb  n^Nb  .  iNa:  n-^moNb  n^oNb  n"nrT  î-iaTorr  û-^ttcnTa  vDai 
jmTsnarr  ib«  ibarr  ^c^na  -.^«bi  .na-^n^i  i?a  ik^  ï-nptîn  «"^t:nî3 
:'n5i  la-n  iid  ûnb  n72«  tts  niDi^m  îTTttT) 

M.  —  Ms.  de  Gùnzburg,  fol.  265  (notes  sur  le  Pentateuque)  : 

«55ra  btû  !-iD"^n:>7:a  (Exode,  11,  12)  mi'dti  î-TTsa  a-^nîD  iSTTsb-^a  bas 
rrn"^^  a'^-'HO  îir»  ïiNn  ht:  -^nT^Ni  nd-^n"!  im^  nN  N-^atiïn  pnti  ba:r: 
ncNiann  ïini3îi  tnipr^  tn^'û  'a»  «•««  n©N  b?  e^ao  "^sb  '»-iat73ïi  î-tt 

it)*^»  Pû»a  »b«  nntni  ^-w 

Espérons  que  ces  extraits  du  Yelamd<5nu  seront  complétés  par 
les  savants  qui  ont  à  leur  disposition  d'autres  mss.  Les  mss.  de 
Paris,  alitant  que  nous  avons  pu  voir,  n'en  offrent  point  du  tout.  Il 
est  dommage  que  le  ms.  de  niar^ïi  '0  de  la  bibliothèque  de  feu 
M.  Crémieux,  à  Aix,  en  Provence*,  soit  pour  le  moment  Introu- 
vable. Nous  nous  rappelons  y  avoir  vu,  à  la  marge,  des  extraits 
du  Tanhuma  et  du  Yelamdénu;  Le  ms.  n<>  399  de  la  bibliothèque 
royale  de  Dresde  *,  qui  renferme  une  espèce  de  commentaire  sur 
le  Pentateuque  et  surtout  sur  le  commentaire  d'Abraham  ibn  Ezra, 


>  Voir  Hammaggîd,  1S.75,  p.  6. 

'  Voir  le  Catalogue  de  M.  Fleischer  (Leipzig,  1831,  p.  67).  Ce  ms.  fut  copié  pai — 
Isaac  ben  Abraham  Navaro  (l*ia3,  que  M.  Kleischer  rend  par  Nebro),  6ni  le  2  kisiev— 
5104  =  1343  à  NS'^'^baip  (probablement  Cobilhana  ou  Covilhana,dans  la  province  des» 
Beira  en  Portugal).  M.  Kaufmann  se  propose  d'en  donner  une  description  détaillée.^ 


m  MIORASCH  TA>IHlîM\  101 

flti*?»>nrs  passafres  du  Tanhiima  et  riu  Ypbmi1*^nn,  que  nous 
irions  pas  le  temps  ♦le  relever.  Il  esi  in  tituba  minn  ''cnTn,  et 
lué  à  nia  13  fisaac).  Disons  encore  que  les  tables  que 
î  Buber  donne,  dans  sa  savante  profane,  des  passages  du  Tan- 
liuma  et  du  Yelanidr^nu  ahH  dans  le  Arukh  et  le  Yalkut  Schimoni, 
faciliteront  beaucoup  les  investi fjatipns  sur  le  Yeîanidénu.  Cette 
partie  de  la  pr^far^e  est  excellente  et  ne  laisse  rien  à  di'^sirer.  En 
autre,  l'index  des  noms  propres  c\UH  dans  le  texte  de  rédition  de 
M  fiubêr  est  tr<^s  tilile.  Qunnt  au  commentaire  pour  le  texte  m^me» 
tst  Tait  sur  le  mud*He  des  t^ditions  de  la  Pesikta  et  du  Lekaîi 
.  M.  Uuber  sait,  mieux  «[ue  personne,  £aire  de  bonnes  Militions, 
n'épargne  aucun  effort  |K)ur  arriver  au  but  qu'il  s*est  proposé. 


EXTRAITS  DE  PETITS  MIDRASCIIIM. 


cDisn  «nTO 


Il  semble  que»  de  mi^me  que  le  Yelamdt^na  et  le  Thanliuma 
différent  entre  enx  que  par  leur  rédaction,  de  même  le  T2n*î7û 
et  le  iTTTm  *  sont,  au  fond,  le  même  texte.  Celui-ci  coni- 
nce,  en  eïTet,  par  la  Sidrâ  i«3,  où  la  halaklia  du  •^-'^rîrni  (sur 
^llîn  et  nos)  nranque  dans  le  ms,  de  Mimieh.  La  Sidrâ  un  est 
H«*e  î<implement  ^z>^n  dans  la  Massora  (i^d.  Ginsburi?,  lettre  d, 
ft'40l).  Dans  les  lïtn  'rr  (*''d.  Srhlosberpr),  p.  13'3,ou  lit  encore  :  n^^-i 

8^Hi3ic  ^^  ts-'i^'n  y^H?^  ^T  'jins-'Tb  tssb  ï-îTn.  KnOn,  dans  des 
homélies  arabes,  ma,  d'Oxford  Hun  t.  410  (Catalogue,  1003),  on 
Hl:  csrm  nr-^s  bx  hd  n*cnD,  et  dans  un  antre  ms.  (Hunt.,  134, 
Catalogue,  loô8)  :  nriD  bu  t«n"<  Dscn  na-^D.  D'après  Ténuméra- 
liftndes  passn^^ès  du  llaselikem  et  du  Wehizïjir,  on  pourrait  peut- 
''tiv  innifMhirpr  que  les  rabbins  IVanco-ailema  mis  citaient  gt^né- 
T'I^ii  tilt  W'eiiizïiir,  tandis  qu'en  Esjïapne  et  en  Orient  on  citait 
'*' aïk'tTie  Midrasch  sous  le  nom  de  Hasclikem.  Voici  les  extraits 
'î'  Hanclikem  que  nous  avons  trouvés  eu  plus  de  ceux  qu'a  don- 

Dan«  le  Menorat  baramaor  d*Isra^l  an-Nakawah  *. 

i  fol.  9  :  inp'^i  bw-io-»  '•23  b»   nni   XDT:i7t  \ïJ-iniûn   irons^ 
♦Nan  tabirbi  nirî  Dbiyn  ■'b  b"n  ^^b  •^73«3tî3  ûiyîQ  b^  nn'i^D   ^b 

*  Vwf  Zunf,  Bfhr,  Bièl,^  VllI,  p,  2fl  j  U  préface  de  M.  Froimann  à  soo  édîtion 
^^  ^4i»Ur,  et  rarliclede  M.  Btiber,  tlaus  Kt^oU  //nf«è«i»ON«  X,  p>  1. 
•VWji»!^,  U  \Ui,  p. 'im 


10S  RKVUK  DÈS  ETUDES  JUIVKS 

î(voipni?3D. -l'^nTm»  fol.  786)  Ètnn  ûbi^bi  rrin  Dbixa  rromn 

2.  Fol.  16  :  Titab  U5p2t3  nnc^  'na  n-C33^?3  D5t:n  c*i^t33  i:i'^^^i 

n"t<  ,  ^T::n  nn^^a  nn»b  bnw  nvnnb  ^-i:2i:''i  vcds^d  i-t^  etb^  "na 

l'^oaa  by  D'^nnnb  -^wc-i   dtk  Y^  m^ab  d«  ni3i  î-ï-int:?  p  iT:?b«t 

nsirr:  b^  onnb  ^^^n  di«  Kn*«a  an-^nnb  niatm  bp 

3.  FûL  138  ^  :  O'O^n  rirban  l^t::^  ^m  drcn  -^nn^s^  "^d-i5i 

rnn«  rri-rn  innn  itîr  !-r73  s-^-nDôtrî  n"'23  iissm  y?^n  ii3sr 
npnb   ,V"^'i^Nn  m^an  nxc::    t^bx  mz  t<b  sn?:   nnt*  *n"b   i«3;'»i 

^-^DEb  ï-rn^n  n^^nn  dt"  ncp  Dbir::o  nt^i^^  ib  '  n"3«  Y-'^n  lîtx^ 
n"3pn  "i7^.y  ^d  ,  nnb  ni3ir'-*3«  m:  imaa  T^n-sn  .nnna  £<b  rrab 
i"iTnï3   SUD  DDb  nbia  %n"'Tn  nsicna  ennin  t^b  rîT^b  t:5''jcnb 

:'lz>^  n^^'bDri 

4.  FoK  181  :  vb:?  nns  nns  'n  n::©:^:^  ts^on  DniT^a  •jî-'onsi 
&V2  n^m    n?2«2C  n"^nrr3£3  p?2iDrî  i^m:3  dvd  miup  D^'^n  prix*»  '"« 

e^:*i3j:r!  nm  toin  3i  nn  ria-i  in::D:T3D  nr?-'-::»*'  n:2s:D  cr  b"n 
,nîb  nî  rnsinxn  it'sd  m:nj5  n'nn:?7ûb .  ikdo::  nsp^b  -«"«b  Dibj^n 
^3Dî3  nnaafb  rrs:n  p^b  nn  riT  bo  ni3D  •^ssis  ni2?b  rrirn  Kb  ht 
bîtTir-'  r:Dn  ib  n):»  pht  n:^  n?2Ni  nn»  "n-i:?  &tD  .m  ba  m^o 
13:?  nbnn  ma^-»  '^?3  nit-iN;::  ir  ma:^»  «b  -^73î«  ,rîî  nw  ht  pinDia 
•^s'Hj  im«  b;o  lo-oi  rr\a  Vîd:"!  nbnn  «nn  an  na  «an  bio  1:11» 
'^na'^b  imî<  qn^,?:'  rr^niis  ^cb  no  c:  ni«-ib  -^lôtn  rt^n  t^bc  ■»:d:q 
nsD  Gt^-:  ba373  ib:?  c^^v;^^  ^u  pirr  iniwS  tan'^br  nrD  .-^«an 
aD'jn  .nrrc?:  r^an  naon  niD  tminb  nb-^esn  mpi  n»p  nirnbia 
nnD  Sin-^T  'n  "i::sr^D  .'^p:!  p^m  \:;d3  i^bû«  waa  ht^ici  cï3  manr 
î-r^fiDrc  nbi;  ■•aï  v^-xi  Mîb-^i  n-in  "ir:'a  \ns<  pDD  •»mx  rb? 
•'"lo^p  nmn  inax  'n  -ilidscd  ♦r-rnrnb?:  ^bs  niaK  **:>  nb  «i^^aîc 
nan  in::D:t:D  .-:;»  ^mD:^  ^an?:  bo  i2sa  "oi^  'n  n::i:raa  ^n^rn 
a^u^bfi*  "13  pns:"'  'n  n^jircD  *iTb  it  nns  minar?:  ipC3  rjov  a-n 
1^  nna  nT  t<:i;7Dn  a-i  -i::55ï;d  ♦rr^naaa  Nni«-inn^  n^Tno  ^2nn3 
-i^DSOD  tiTb  nt  bpnn  mnaj?3  ipn:  t^ani  -'"'aî«  "i::s:pd  ,^*'t:cn 
n73PD    p^n^   b:?   ic«i  ■tJ''3n   Cn?:n   p2D  îni«   •j-'b?  nrD  r^*;^an 

;  Q'^Ts^D  mb-^b  aic^  ms^ 

5.  Foh  19G  :  ^o*ii  in**2pT^  '•,i:i«c  r;:?ca  n"-n  *C"n'^a  p-^onsi 

bT^nDi  i7jnp?2?:  man  Nai  ni:?a5n  im;:J3T  n-^^nr^  lay-^.r:  *|Tîbfi«  ^'•' 
HTanD  -^D  i?ii2    rT>ï?as:  •»"■•  ^b72n  gk:  ''3»  "^n   n?3û<:\a  t*^"»?2D0iit:; 


LK  MlîinAr;CÏI  TAN  II  FM  A 


im 


bD  ^n?3r   îs-^nir    :^^3^    n^nXTD    f-iî<?:ï    *;^n»a:in   tû»    i^?:Tau:si 
rrn^m  anZ73^  «^s:nnt5  -^x^   D^  t*4bN  pD:^  »b  i-it]«i   i?3ip73t3  in« 

Brî"3pr7  m^'i  rrr^cn  VTn  bxnc  ba  nrprn  iitb?:n:i  n::7CT  nîn'' 
.D*ïxn  ^nb  in:  ir-itîm  ^^''^b  û'-^o  n^'T^cr,  rr"spn  nrw  •^ro  nïi  bj 
wbo  ef-na  ■'3m  .«••niob  -î^it»  e«bï3  -^7211  -^33  b^?  nno  Y-'^^  ^^"^ 
rmnrî  'ïr3c::i  'i^t  ■'"'»b  nvTû  H'^'^'cr,  r-Z'^^pn  n'f:»  *]3  .^?3inb  ib^'* 
br  •»"-^  iVT  ^^73**:^  n::i:'b  ^^•^■'  a^svb:?  ".^îti  H'^^r^r,  nbun  bîms^b 

rbr  rïTûTjT  i^K3t3  rîb:^?ab  ibs^  ts-'smnm  nnn  ;D«n  by  ■'S'^d  nrr 
î  *  û^fïbKn  bK 
Les  autres  passages  qui  s'y  trouvent  sont  imprimt^s  dans  plu* 
sieurs  éditioas  du  n^Dn  n''C«-i  d'Elie  de  Vidas  (voir  Zunz,  /*  c.)» 


Voici  quelques  passaj^es  du  Midrasch  Abkliîr  qu'on  peut  ajou- 

&r  à  ceux  qu'a  réunis  M.  Buber  et  qu'il  a  extraits  dti  Yalkut 

:hiraoni*.  Ceux  que  nous  donnons  se  trouvent,  pour  la  plu- 

îrt,  dans  un  commentaire  raystique  sur  le  Pentateuque,  en  ms* 

à  Oxford  (0pp.  202,  CataL,  944),  dû  à  un  petit-fils  de  Samuel 

^e  Spire  : 

1.  Page  150  :  n-^Tasm  t^n'i»  rtns:^  '•'d  '^s  '?:p  T^^b  tans  t^bi 
iît^-»o  an^fi*  nnrîia  b:?  n'^3sb  ntjns  nn-^r^  Hb  p'iir  ,  r^nw  'l'^b  nrnn 
*  •jraimn  bsp  ^^b  ,nn3  «bT  inn  ,D-»PT:)-'bD  yntts  ibsai  ypn  nnp 

2.  P,  151  :  mnp  •'s  n::3b   toa-'bir?  "]r)b  ♦  e^in  mp    ^s  n"t 

b»nï]'-*  'nDT  vb»  û^snip  D^nbî*  ib.nicî*  'hdi  bÈtniD-'b  '"pr*  mn 

3.  P,  159  :  n-^rr  iiûb  s-ds   ^hid   .tors^nn»  ^•Ds  ù^nx?:   mm 

4.  P.  223  :  nn'^Di:  *  nnsi;  .  Hrnstz:!  m::-*ôDn  3-ib  n"5t  ,  nnsis 
:V33£<  ïînTOD  .nK3  «-^n  n^^a  i«"5t  idi:  .miNsn 

.  226  :  Trr''   n"t   *  ^m^r-n    in^n   ï-r«^3   in-»i  .  mr*'   im 
•îm  nm'^T  «"n  .inba  im  nt>p  «mm  mcj^a  .«T^in^nn  .ûûn 


*  Voir  l'^D'»,  n'^rîTm,  f'Jl.  23  (I  ^, 

t  Dins  Hûiehmhûr,  année  XI.  il  en  a  éié  fait  un  tirage  a  paît,  en  18â3, 


110  REVUE  DES  ÉTUDES  lUlYES 

îfbrp 

6.  P.  379  :  ab    na-i^a    î-TTai-in    oms    V«^   •  "^^b    nsa^''   éTi 
•^D   .nDC  'pa"i  .riDcb-  t-iTai-^na  p  i-^îra  rra  î-ia'rsrT  nxnn  nV« 
nana  bai  .  a-n^  bci  .  msanpb  maîjb  brj  1»^  nrwa  mrrr  'i 

tbptîT  T^saxa  nn^itns 

7.  Ms.  Opp.  393  (Catal.,  2199c)  :  au  mot  *\inv  •pruf»  na  pm-»  'n 
Nnc3  pna:->  na  pm-»  'n  T^s-n»  no«  «om  'oa  n'-^'D'n»  crraa  nres 
bna-»  "^S"»»  nb  n7:wN  '^'zy  î-i^do  n:iT  nm»  ib  mTsxc  n^oa  i-:» 
r<bK  nn»  rrcîNi  û'^c::^  "îc  t^ina  «b  ^^zb^yb  îi"apn  rwnaoa  rrai 
T^Ni  nb  n72N  ^b  mnm»  ■'ski  iDann»  ^b  m»»  oena  napsi  tt 
t-n"«n^  "^ib-^an  D"«)3T  ra">D;a  m^n  n»5  tn^m  nbTTsn  r.y^'n  ne» 

:  îT'b»  r73ï3  Nbi  '-lai  û^kh  un  ^dtû  nri»  rTipTi 

A  la  marge  du  Midrasch  llaggadol  du  Yémen  (Ms.  d'Oxford, 
Catalogue,  2338;,  et  dans  la  liste  de  Jacob  Roman  {Isr,  Leiler- 
hodCj  XII,  pass.),  ce  Midrasli  est  surnommé  n'^siax  • 

8.  Musée  Br.  Or.  1307,  fol.  88  b  :  lamwa    T\b^y    t-!«T  ra 

:  msa-ipn  •'aab  lo-m,  (sic)  tsd» 

Ms.  0pp.  317  (Catalogue,  629)  fol.  311  h  :  ti;'^D:D   n   c-»  nrna 
baa  nbir-'i  cm-ia    nd-'NT  ar::73  'm  't  Nb"i  insb  D"«D:a  ce  'tto 
û-Dpn  -iba-::  r-.acm  b-.nn  -^r"^  'rû  rr-i-a  -.rix  inx  t]:a  ari  c"'' 
rjra?:    n-^nan   ■i2-'-»m    ri^-^-w    :>i<n'w-»    i*^7:«-^"i    irnrn    !-i"3pr:  "^2^^^ 
TiTix-"!  "j^n^n  ri:a  \nr::  bj^nc^  rc:a  ts"^n  -.t  1:75:0  mn"»?:!  pî^*     j 

1.  Ms.  d'Oxford.  0pp.  392  (Catalogue,  2199 &),  à  l'article  ^n::::^^- 

ivTi  «bo  bna  ina  i:nT»b  ib  nn-rr  rnx  na  îi:3*.d  lab  c-nr:^ 
ï-i-'r:  rnwN"!  i^a  n-'n  •^jrb^îT  -^Nsircn  rû  irab  iron-ipr  abira  rrs""^ 
nn-^mbaa  n^rcm  a-'m-n  "i^a  nn.N  «ai  nrinb^a  mer:  rr^n  «im  \^^ 
nr*::  r-mxn  riba  anniî  •^:Ea  rr^by  e*<nab  ria:nn  rrnn  -^sa  r?"*^ 
n^xrc  a*:s  b;a  r-n^-^-^a  trrb  "ixia-^  r<7:o  n-iT73   ->-;nb   i-^ci:?:  î^"^' 
nr«  nasn  nns  aina  p  «b  'j:n"i'«b  i-it:»  'lai  D'^-inn  bx  -^rT  k^^ 
■^-in  ^"':3  n^^ncT  nn»  •'Da  rcbc-i  "^sn  lîm-^  *ib  i^n  'nai  ansa  r:^* 
br   fa:  ï-t::^"'  n"nprr;a  ■':n  n::ai:a  G-::aa    a""»  n::a   ncr  c-^^ 

:  y-iNi  û-^a»  rmy  'n  W^ 


LK  MïDRASCÎt  TANHUMA 


I 


2.  CânTôrTr  (Catalogue,  1104),  fol.   124  b  (ComraeiUaire  sur 

■jiiiVc   ir'tnnci')  *»"^3bp  ^^n^    w-p  n-'T**  n5:fi<b  rs^b   nrî<  ^-i^ir^o 
vrnn  idid  •6<b^j'o  rrî^cc  n"»rb  r^jirî   ,n^7b  '^^xn  ^bin  rr^n  inx 

(0:3  *nj  izn'»  «?o  mn-^m  m-rr  '■'sbp  ^nb  r^npn  Y^  '-^'^ 


-bn-^ 


Ms-  du  Musée  Britaimique,  Or.  1307,  fol.  86ft  :  -^bhi:  ©•inrsi 
miî/:?  y^DH  rnin'^w  '^ripr  m^,3  nb  isirrc   rugira  *i7:n  '•îisb  isn-T 
non  n'»?3  nnsT^n  nbnr  ']''7:n  î-T:n  n?2Hb  nttnb  n>i  Tnn  nn373n 
nb-i^  n»T  ^?2  nrît  rmrr   nmx  n^ia   p-'Si  n^'b-^i:  r;m;'Gb«  "^i^n 
-r^r,  'n  r-.&tîs  iii  n?:x  n^b^i  c*iSn  nî:«53i  n^i  p  b"n  -,2-7:277  p 

Ms.  d'Oxfonl,  Mich.  491  (Catalogue,  1317),  fol.  123  i?  (Commen- 
taire sur  vniyTz  du  second  jour  de  hdd)  :  ''s»  Èf;?::!  'ûm::3 
'•nnrfltr  nn  irix  ^y-'sn  -^nbn -î''?:sç  ïtnï*  '•«<  »nb-»brt  mxnn  'n  -it:**  riD 
mb  rnx  z^D^b^TT  ^.h^'z::^  rr^n  p^:3  i"::  *^^^t  n\T»  ns  tn-i^wb 

r=n-,3îtb  'pn  "^t:»  nrc  nmxa  nb^^b  nn^by  pbrm  dc  'ns  rî:^  'id 
^nab  ynis  -"SKD  T*^n  n-^rb^  ni'i-inn  nb'^bn  nnstn^  *^^  n^a'»  rrne« 


Voici  les  renvois  des  passages  de  Yelamdénu  qu'on  trouve  dans 
Tautres  Midraschira  et  ailleurs.  Nous  devons  ce  travail  à  Tobli- 
l^eauce  de  M.  S.  Schechter.   La  lettre  T,  induiue  le  Taïdiuma 

'imprimé  plusieurs  fois;  1\  B.  le  Tanliuma  de  M.  Buber,  qui  so 

-trouve  peut-être  aussi  dans  T. 


A,  T.  B.,  III,  p.  36  a  ;  voir  aussi  34  è. 

B,  T.,  KH'i,  §  \  ;  voir  aussi  T,  B.,  I,  p.  41  b. 

C,  i.  T.,  ^b  -^b,  §  2  ;  voir  1\  B.,  imm,  p.  «ô  t. 

C,  3.  Voir  T.,  nv^^tna,  §  1, 
IK  1.  T,  B.,  III,  p.  i  b. 

D,  IL  Voir  T.  B.,  III,  p.  3*. 
D,  IIL  Voir  a-'snD  nnin,  p.  i-'i  b. 
D,  IV.  Voir  Vayikra  rabba,  ch.  vu, 
U,  V,  Voir  D^snD  nmn.  is,  n^o, 

D,  VIL  Voir  Vayikra  rabba,  sec.  2  ;  T,,  ^Trzxè,  g§  2,  3  ;  T.  B., 

IIL  p.  29a. 
D,  VIIL  Voir  U'^^ro  r\^ir\,  ^r^TO,  et  T.  B.,  III,  p.  12^. 


t  Lt  pftSitgo  «nirâ  croche ti  ait  du  comm«aUteur. 


Ii2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

D,  IX.  Voir  O-^anD  nnin,  ibidem. 

D,  X.  Ibidem,  m73  -^nn»,  n"d. 

D,  XL  /Wrf^m  ■'rtîO  et  Talm.  B  ,  Keriiot,  fol.  43  ^. 

D,  XII.  3"n  ,:?mii3 

D,  XIII.  Voir  Talm.  B.,  iTm/i)/,  fol.  28  b. 

D,  XIV.  D"n  ,3?m^7a,  et  Talm.  B.,  Nidda,  fol.  44  a. 

D,  XV.  Talm.  B.,  Toma.  fol.  48  a. 

D,  XVI.  Ibidem,  Kidduschin,  ff.  30  b  et  34  fl. 

D,  XVII.  T.  B.,  II,  p.  25  a. 

D.  XVIII.  Voir  T.  B.,  III,  p.  49  b  et  50. 

D,  XIX.  Talm.  B.,  Taanit,  fol.  2î  b. 

E,  4.  nnn  r^nna,  ch.  67,  8. 
E,  2.  Voir  Yalkut,  "^m,  459. 
E,  3.  T.  B.,  II,  p.  64  b, 

E,  4.  Voir  Sifré  (éd.  Friedmano),  fol.  60  b,  et  Tali 

Synhedrin,  fol.  48  a,  ^v^rh^. 
E,  4.  T.,  n''0^n3,  §  9, 40  ;  D-^asc^a,  §  4  3. 
E.  t.  T.,  n'^ONia,  §40. 
E,  3.  T.,  n3,§o. 
E,  4.  T.  B.,I,  p.  15*. 
E,  5.  T.,  ^b  ^b,§47. 
E,  6.  T.,  N-l-n,  §  8. 
E,  7.  T.,  ibidem,  §20. 
E,  8*.  T.,  n-nbin,  §  8. 
E,  9.  T.,  i*irfm,§10. 
E,  40.  T.,  NSt-^n.  §  3. 
E,  44.  T.,  ibidem,  §8. 
E,  12.  T.jHbtJ'^n,  §8. 
E,  4  3.  T.,  nû-'l,  §8. 
E,  44.  T., 'JTPtD,  §  8. 
E,  45.  T.,  ibidem,  %  40. 
E,  46.  T.  B.,  I,  p.  407*. 
E,  17.  T.,  nwû,  §  3. 
E,  47a.  T.,  ibidem.  S  9- 
E,  48.  T.,  ibidem,  §  40. 
E,  49.  T.,  N3,§40. 
E,  20.  T.,  ibidem,  §  44. 
E,  24.  T.,  nbûn,  §  1. 
E,  22.  T.,  ibidem,  §  40. 
E,  23.  T.,  ibidem,  §28. 
E,  24.  T.,  n^-inn,  §  5,  et  T.  B.,  II,  p.  46  a, 
E,  24  a.  T.  B.,  II,  p.  54*. 
E,  25.  T.,  nb«3,  §  2. 
E,  29.  T.  B.,  m,  p.  25  *. 
E,  30.  T.  B.,  I,  p.  44a. 
E,  26.  T.  B.,  III,  p.  31  *. 
E,  27.  T.  B.,  III,  p.  41*. 


LE  MIDRASCH  TANHUMA  113 

E,  28.  T.  B.,III.  p.7«. 

E,  31.  T.  B.,  m,  p.  33^. 

E,  32.  T.,  mssn,  §  3. 

E,  33.  T..NCn  -^3,  §9. 

E.  34.  T.  B.,  IV,  Ma. 

K,  35.  T.  B.,IV,  p.  68  a. 

E,  36.  T.  B.,  IV,  p.  69  ^  et  70  a. 

E,  37.  T.,  On3D,  §  8. 

E,  38.  T.,  Û-^M^TD,  §7. 

E,  39.  T.  B.,  V,  p.  22  a. 

E,  40.  T.  B.,  V.  p.  25a. 

F.  T.,  inn\  §  4. 

H,  1.  T.,  nblD-^l,  §3. 

H,  2.  T.  B.,  II,  p. -15^. 

H,  3.  T.,Û'^aD^»,  §18. 

H,  4.  T.,  N-T^l,  §  6. 

H,  5.  T.,  ^-)n^  §  43. 

H,  6.  T.,  iHdem,  §  42. 

H,  7.  T.,  nbo-^l.  §  8. 

H,  8.  T.,  ao-^n,  §  3. 

II,  9.  T.,  rr^ofina,  §  7. 

H.  14.  T.  B.,  V,  p.  28^. 

H.  42.  T.,  m,  §  3.  Voir  T.  B.,  III,  p.  21  a. 

H,  13.  T.  B.,  V,  p.  27*. 

H,  14.  T.,  inn\§16. 

H,  15.  T.  B.,  II,  p.  45*. 

H,  17.  T.,  riTSi-in,  §  9,  et  T.  B.,  II,  p.  47  à. 

H,  18.  T.  B.,  I,  p.  28*. 

H,  19.  T.  B.,III,  p.  55  a. 

H,  20.  T.,  Ni:-«1,  §  12. 

H,  21.  T.,  Nisn  "^D,  §14. 

H,  22.  T.,  t:m,  §  5. 

I.  T.,  mr'^î,  §9. 

L.  Ms.  Leyde. 

1.  T.,  mc-^n,  §2. 

2.  T.,  Ncn  -«D,  §  1 ,  et  Pesihta  R^bbathi  (éd.  Friedmann,  p.  33 a). 

3.  T.,  nD,  §  13. 

4.  T.,  nb;3->i,  §2. 

5.  T.,3;s'^"i,  §3. 

6.  T.,  i-)n\  §16. 

7.  T.,  N-INI,  §  9. 

9.  T.  B.,  II,  p.  107*.  • 

10.  T.,  NnwN\  §8. 

11.  ï-^-^m,  §  6. 

12.  T.  B.,  II,  p.  41  a. 

13.  T.  B.,  I,  p.  21  *. 

A.  Neubaubb. 

T.  XIV,  no  27.  t 


NOTES  ET  MÉLANGES 


KALIKA  BEN  MALKA 


Ben  Jacob,  dans  son  Otsar  Hasepharim,  cite,  d'après  le  Schem 
Hagnedolim  d'Azulaï,  un  ouvrage  du  rabbin  Kalifa  ben  Malka 
intitulé  -^pDT  sjiD  *.  Fùrst  donne  cet  ouvrage  comme  inédit.  Il  con- 
tient un  commentaire  du  rituel,  et  des  poésies  dont  quelques-unes 
ont  trait  à  des  aventures  personnelles  de  Tauteur.  M.  Abraham 
Ankaoua,  ancien  rabbin  de  Mascara,  actuellement  retiré  à  Oran, 
en  possède  un  exemplaire,  qu'il  a  bien  voulu  me  communiquer  : 
qu'il  reçoive  ici  mes  remerciements.  Ce  manuscrit,  format  in-32, 
est  couvert  de  ratures,  de  corrections  et  de  notes,  où  il  est  beau- 
coup question,  pour  les  comparaisons  du  texte  et  les  variantes, 
d*un  -nm):  imprimé  par  Athias  à  Amsterdam.  Ce  petit  livre,  dont 
l'analyse  détaillée  n'apprendrait  rien  d'intéressant,  renferme  ce- 
pendant quelques  indications  biographiques  et  historiques,  que 
nous  réunissons  ici. 

L'auteur  s'appela  Moïse  Kalifa  ben  Malka  :  c'est  le  nom  sous 
lecjuel  le  roi,  dit-il,  lui  adressa  une  lettre.  Il  naquit  à  Safi  ou  Asfî 
(Maroc),  et  il  devait  posséder  de  la  fortune,  car  il  parle  de  ses 
vêtements  d'or  et  de  soie.  Par  sa  mère,  il  descendait  des  n-^a  D'^nb 
•^ttî-i^an,  sans  doute  la  famille  du  célèbre  auteur  du  ûbiy  nrna. 
Orphelin  de  bonne  heure,  il  profita  de  son  indépendance  pour 
voyager  :  il  parcourut  tout  le  Maroc,  entrant  chez  les  grands  et 
les  princes,  partout  bien  accueilli.  Il  étudia  à  Fez  sous  le  rabbin 

*  Pour  la  facilité  des  recherches,  je  crois  devoir  signaler  une  petite  'inadvertance 
d'Azulaï.  Dans  la  première  partie  du  Schem,  sous  la  rubrique  Kalifa  ben  MaULa,  en 
renvoyant  pour  le  livre  à  la  deuxième  partie,  il  TappcUe  "^psi  Dp.  On  ne  le  trou- 
vera pas  à  00  mot|  mais  bien  à  celui  de  fi|3. 


NOTES  ET  MKLANCES  llî^ 

Jehuda  ben  Attar*  et  sous  son  successeur,  Samuel  Sarfati*. 
^^âtis  cette  yille,  il  Yît  un  manuscrit,  oh  iHait  consignée  iTiis- 
^Hoire  de  Texil  d'Espagne.  Penrlant  !b  cours  de  ses  pér^^grina- 
^Kions,  il  fit  connaissance  avec  deux  portes»  R.  Moïse  Zabaro  et 
^^R.  Abraham  ben  Attar,  qui  composôrent  des  niî^p,  Tun  à  Fez, 

l'autre  à  Maroc. 
Fatigué  de  voyager,  effrayé  peut-être  des  dangers  auxquels  il 

s*eîposait,  car  un  jour  un  cavalier  maure,  le  rencontrant  seul  sur 
,  la  route,  voulut  le  tuer,  il  retourna  à  Safi,  sa  ville  natale,  où  il 
Bcontinua  ses  études  sous  le  rabbin  Joseph  Bueno  de  Mescuta  et  où 
^1!  eut  pour  condisciples  Abraham  Ibu  Mussa  et  Jacob  Abensur. 

Le  premier  se  fit  un   nom  comme   commentateur  de  plusieurs 

traités  du  Talmud  ^  et  le  second,  après  avoir  été  dayau  à  Mé- 
iquinez,  devint  collègue,  puis  successeur  do  R.  Jehuda  ben  Attar 

^^  Poète  et  grammairien,  casuiste  et  polémiste,  Kalifa  ben  Malka 
composa,  outre  le  ^pï-i  vp,  un  ouvrage  de  controverse  religieuse 
qu'il  intitula  3ian  -jn  *.  Mais  il  n'eut  jamais  le  bonheur  d'être 
îdacé  à  la  tête  d'une  communauté  ;  il  dit  :  «b  iki:  nrinb  i^d» 
•♦rr:in-  Il  paraît  aussi  qu*il  perdit  sa  fortune,  car  il  raconte  qu'un 
liomme»  le  voyant  un  jour  dans  le  besoin,  lui  offrit  de  l'argent, 

(qu'il  refusa.  D'un  autre  côté,  il  (ni  obligé  de  s'adresser  à  un  riche 
Mécène  pour  faire  imprimer  son  mai  y^,  et  ce  livre  ne  fut  pas 
publié  parce  que  ce  protecteur  ne  put  ou  ne  voulut  pas  tenir  sa 
promesse. 
I  Kalifa  ne  resta  pas  longtemps  en  repos  à  Safl.  S'étant  attiré  la 
polère  du  gouverneur,  il  fut  obligé  de  s'enfuir  et  se  réfugia  à  Aga- 
dir, forteresse  au  bord  de  la  mer.  En  1T28,  la  peste  dévasta  cette 
ville.  Elle  fit  de  grands  ravages  parmi  les  Juifs.  L'auteur  perdit 
en  un  même  jour  sa  femme  Débora  et  sa  fille  Estrella. 

En  1737,  une  autre  calamité  frappa  la  communauté  d^Agadir. 
;n  marabout,  venu  d'en  deçà  des  monts   Tazalant,  se  leva  et 


*  Célèbre  rtbhïTi,  q\ii  composa  un  trotnmeninire  inédit  ïmr  h  Midrûich  Rabba  et 
ofvt  Aialaî  raconte  qu'il  opér»  deâ  miracles  do  bod  vivant  et  sprès  sa  mort*  l\  signa 

BU  gr«Qd  nombre  de  rè^lemcnts^  tHlSpn,  applicables  a  la  comtnimaulé  de  Foi  ci 
ecueitlis  par  M.  le  Tohhin  A,  Ankaout  dans  son  1730  d"l3  (Livourne,  ÎSG31).  U 
Courut  enlre  5492  (tT32),  date  de  «on  dernier  rèplemcnl,  H  îi495  (1735)i  dal«  du 
ireinier  ^oe  Ton  trouve  si^né  par  «on  «uccesseur  Jacob  Abensur, 

*  Son  nom  s<j  trouve  sur  plusieurs  des  règlements  de  Fez  à  la  «uile  de  celui  de 
\,  Jehuda  ben  AUar  (Kérem  Hémer,  tome  II,  p,  24  ft  et  sqq.l.  I)  est  Tauleur  du 
bfi*1?3TS  ^p"t)32t  recoeil  contenant  un  commentaire  apologëlique  de  Easohi  et  de 
Xachmantde  et  des  éclairciasements  SUT  divers  traités  du  Talmud  (Amsterdam,  5476)t 

*  Azuiaï,  tmè  pùce, 

*  Kérem  Hémer,  tome  II ,  page  27  «  el  passim. 

*  et*  Âxuiaîf  iub  VQC9» 


116  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

troubla  le  pays  de  Sous  en  disant  qu*il  connaissait  un  moyen  mi- 
raculeux de  dessécher  la  mer  et  de  se  rendre  sans  danger  dans  la 
terre  des  chrétiens.  Personne  ne  pourrait  lui  résister.  Par  le 
souffle  de  sa  bouche,  il  ferait  tomber  les  murailles  des  villes.  Il 
invita  les  croyants  à  se  joindre  à  lui  :  des  milliers  de  fanatiques 
obéirent  à  son  appel.  Imitateur  inconscient  des  croisés  du  moyen 
âge,  il  commença  par  brûler  toutes  les  synagogues  du  Sous.  Celle 
d*Agadir  fut  incendiée  le  6  iyyar  5497  (1  mai  1737).  Le  4  juin  sui- 
vant, le  marabout,  maître  de  toute  la  région,  se  proclama  sultan 
et  flxa  sa  résidence  à  Tarudant.  Il  n*y  régna  pas  une  année.  Ses 
serviteurs,  gagnés  à  prix  d*argent,  le  mirent  à  mort  en  avril 
1738  »,  et  quelques  jours  après,  les  Juifs  d'Agadir,  s'étant  enten- 
dus avec  les  cadis  de  Maroc,  obtinrent  Tautorisation  de  rebâtir 
leur  synagogue.  A  cette  occasion  Ealifa  ben  Malka  composa  on 
cantique. 

A  quelque  temps  de  là  il  échappa,  ainsi  que  tous  ses  coreligion- 
naires,  à  un  grave  danger.  Un  traître  se  trouva  parmi  eux,  qui 
les  accusa  devant  le  roi  d'avoir  volé  le  trésor  public.  Ils  se  discul- 
pèrent, non  sans  peine,  et  le  calomniateur,  pour  sauver  sa  tête, 
fut  obligé  d'apostasier. 

Alger,  7  janvier  18S7. 

ISAAG  BlOCK. 


UN  PERMIS  DE  RÉSIDENCE 


Voici  un  document  de  famille  qui  peut  offrir  quelque  intérêt 
aux  curieux  du  passé.  Mon  grand-père  paternel,  Gabriel  Bloch, 
rabbin,  était  originaire  de  JunghoHz,  commune  du  Haut-Rhin, 
célèbre  par  son  antique  cimetière  qui  servait  de  sépulture  à  de 
nombreuses  communautés  de  la  région.  Vers  la  fin  du  siècle  der- 
nier, il  habitait,  en  môme  temps  que  d'autres  coreligionnaires,  la 
petite  ville  de  Soultz,  qui  était  à  une  distance  de  deux  kilomètres 
et  qui  dépendait  à  cette  époque  de  Tévôché  de  Strasbourg.  Le 

*  Les  histoires  du  Maroc,  que  j'ai  pu  consulter,  ne  font  pas  mention  de  ce  seule- 
Tement. 


NOTES  ET  MÈLANGKS  117 

24  février  1783,  il  obtint  du  prince-évéque  cardinal  de  Rohan 
l'autorisation  d'établir  son  domicile  définitif  à  Soullz. 

IsAAC   BlOCH. 


LoiTis  Rknk  Edouard,  Prince  de  Rohan,  par  la  grâce  de  Dieu, 
Cardinal  de  la  Sainte  Église  Homaine»  Évôi^ne  et  Prince  de  Strasbourg* 
Landgrave  d'Alsace,  Priuce-ÉtaL  d'Kinpire,  grand  Aumônier  de 
France,  Commundeur  de  Tordre  du  Saint-Esprit,  elc.  à  Tous  ceux 
qui  ces  préi»enles  Lettres  verront,  Salut. 

Sçavoir  faisons  que,  sur  la  requèle  présentée  par  Gabriel  Bloch  1« 
jeune  juif  de  uoLre  ville  tiObcrsoultz  teudaotà  ce  qu'il  nous  pUit  le 
recevoir  en  notre  protection  et  luy  permettre  de  demeurer  dans  les 
Terres  de  nôtre  Évêché,  nous  avons  permis  et  permeltons  audit 
Gabriel  Bloch  de  demeurer  avec  sa  famille  en  nôtre  dite  ville  d'Ober- 
sou  Hz»  a  cbarge  par  lu^^  d'y  vivre  conformément  aux  ordonnances  et 
règlements  eoocernant  les  juifs  et  de  payer  annuel lement  de  quartier 
eo  quartier  à  cotre  recette  de  TObermundat  de  Houffach  le  droit  do 
protection,  qui  nous  est  dû,  à  peine  de  nullité  des  présentes,  que 
nous  nous  réservons  expressément  de  révoquer  toutes  fois  etquantes, 
qu'il  nous  plaira.  Mandons  a  nos  amis  et  féaux  les  gens  tenants  le 
cunseil  de  la  Régence  et  à  nos  ehers  et  féaux  les  Officiers  de  la  cham* 
bre  des  comptes  de  notre  Évôche  de  teuir»  chocnns  en  ce  qui  les  con- 
cerne, la  main  à  l'exécution  de  ces  présentes.  En  foy  de  quoy  nous 
y  avons  fait  mettre  nôtre  sceau,  les  avons  signé  (sic)  de  nôtre  main  et 
fait  contresigner  par  nôtre  conseiller  intime  et  secrétaire  de  nos 
commandements.  Donné  en  nôtre  Palais  à  Pans  le  vingt-quatr*  jour 
du  mois  de  février  de  Tannée  mil  sept  cent  quatre  vingt  trois. 

[Siçné  :]  Le  card,  p.  dk  Rohan 

ISiffné  a%  bas  de  la  page  :) 

Par  sou  Altesse  Séréuissime  Emineulissime» 
Râmond  de  Gjuibonmeres* 


BIBLIOGRAPHIE 


KETIE   BIBLIO&KiPEIQDB 


{Loi  indications  en  finançais  qui  suivent  les  titres  kébrtuœ  ne  sont  pas  de  Fauteur  du  liffre, 
mais  de  l'auteur  de  la  recensions  à  moins  qu'elles  ne  soient  entre  guillemets,) 


n^n  m'^  riK  bmsM  'D  Homélies  et  sermons,  2*  partie,  par  Abraham  Pa- 
laggi.  Smyrne,  impr.  Abrah.  Pontremoli,  année  Dinn  (1886),  in-P  de 
173  S. 

ti^bn>  b'^^IK  '0  Novelles  talmudico -philosophiques  par  Isaao  Jacob  fils 
de  Salomon  Neftali  Reines  DJ^3*^n.  Wilna,  impr.  Juda  Leib  Upmann, 
6647  (1887),  in-f»  de  iv-188  p. 

{1*^0»^  Annuaire  Israélite  publié  par  Nahum  Sokoloff  ;  ^  aimée.  VarsoTie, 
5647  (1887),  in-8»  de  926  p. 

Cet  annuaire  devient  tous  les  ans  meilleur  et  nous  en  suivon»  le  déve- 
loppement avec  beaucoup  d'intérêt.  La  pagination  est  maintenant  sans 
défaut^,;  dans  la  table  des  matières,  nous  conseillons  d'indiquer  la  place  des 
gravures.  Nous  signalons  les  articles  suivants  :  Statistique  du  nombre  des 
Juifs,  p.  9  ;  Revue  historique  de  Tannée,  p.  49  ;  Proverbes  et  dictons  re- 
cueillis dans  la  littérature  juive  du  moyen  âge,  par  D.  Cahana,  p.  125  ; 
Las  taccanot  des  Juifs  de  Castille  en  1342  (revu  et  augmenté  dans  le  nu- 
méro 26  de  la  Revue  des  Etudes  juives) ^  par  Isidore  Loeb,  p.  133  ;  Hai  Graoo, 
par  A.  H.  Weiss,  p.  148  ;  L'enseignement  chez  les  Caraïtcs,  par  Gode- 
mann,  p.  160  ;  Moïse  de  Narbonue,  p.  174  ;  Les  Juifs  dans  les  proverbes 
non  juifs,  par  Ad.  Jellinek,  p.  177  ;  Taccanot  de  la  société  Jesibat  StUom 
de  5349,  par  D.  Kaufmann  ;  Sur  les  apocryphes,  par  J.  Reifmann,  p.  243  ; 
Les  hébralsants  chrétiens,  p.  267  ;  Samuel  et  la  médecine,  p.  287  ;  Anti- 
quités juives  de  Prague  [les  illustrations  n'ont  pas  grande  valeur),   p.  292. 

Û'^att)'^  bji  d'^ttîin  Feuilles  publiées  par  A.  Harkavy,  de  Saint-Pétersbourg  ; 
nP^  1  et  2  (1886),  p.  12  +  20,  in-S**,  s.  titre,  n.  1.  n.  d.  Extraits  du  journal 

Dans  le  numéro  1,  M.  H.  annonce  qu'il  a  découvert  les  mss.  suivants 
de  Saadia  :  La  traduction  arabe  du  Pentateuque,  copiée  su  x^  siècle  ;  divers 
passages  des  Commentaires  sur  le  Pentateuque  ;  une  partie  des  Commen- 
tairas  sur  les  premiers  Prophètes,  sur  les  Psaumes  ;  une  partie  de  Tintro- 
duction  au  IlS^iKH  'O  ;  des  consultations  rabbiniques,  des  règles  de  mé- 


BIBLIQGBAPUJE 


m 


bodulfigie  UlmudiqyB,  ua  Sédtr  tamMlm  wawwmlmt  uns  traduction  du 
^ibin  'û-  ""  M-  Harkftvy  a  aussi  trouvé  des  ouvrages  ou  des  partiea 
d'ouvrages  de  Samuel  b.  llofoi,  do  Haja  GaoQ  (son  diclionuaire,  des  coo- 
suliatioDa),  des  cousuUatioua  des  Guéauiiïi,  (C^mak,  A.mraED|  NabschoOi 
ItiUttl,  Scherira,  Nissim,  Hif),  de  Samuel  Huniia^d,  de  Jona  ibo  DjaDali, 
d*AU  b,  Israfil  (ua  commaataire  arabe  sur  Samuel),  de  Juda  ibn  Balam^ 
d^lsaac  b»  iDltî''  (études  prammnticulef;  eu  arabe),  d'Abrabnm  b.  Baron  et 
d'autres.  Une  partie  de  ces  dérnuvert^s  était  d^]à  cotinue  par  les  publira- 
tioas  antérieures  de  M.  Harkavy,  et  qiielqueâ-'uaes  de  Ges  oauvres  ont 
même  été  éditées  soit  par  M*  H.^  soit  par  d'autres.  Gomme  spéciman, 
M.  U.  donne  un  extrait  du  Commeniaire  des  Psaumes  de  Josef  iba  Sa- 
tAoas,  deui  élégiea.  Tune  de  Joda  Halle  vit  Tautre  peut-étrfl  de  sa  fille. 
Pliis  viennent  i  Etude  sur  les  expulsions  des  Juifs  eu  Husaie  en  M^^^ 
tSOâ  ;  dee  poésies  et  des  noies  très  iotéreafianles  sur  Tbistoire  des  Juifs 
en  Egypte. 

^Î3n  Din  '0  ou  eacore  fD''1373È*::^)  m3«  yy  conlenani  la  biographie 
I  MoUe  Sofùr,  d*Akibu  Eg*ir  et  d'Abraham  Samuel  Uenjarain  Sofer,  par 
iomoD  Sofcr  (dit  encore  S.  Scbreiber),  rabbin  à  BtirA.^gs2ûaZp  Pacs, 
tpr.  Uaat  Leib  Roseabaum,  5547  (1887),  iq- 8^  de  5i5-;2)  ff, 

Jm  TTDT2  ^'^n  'o  Biographie  do  Sir  Moses  Moutefiore  et  de  son  épouse 
Im^jpEzra  Beuveoiate  (p.  2  du  titre).  Jéruflalem^  impr.  S.-L.  Zuc- 
PBIPi646  (1886),  iU'S^  de  88  p. 

lO*'  nD:D  Biographies  juives,  par  C.-L  Finn.  Varsovie,  impr.  Efraïm 
fluxuritler  et  NeRall  Gansai  1886,  In-B". 

Le  premier  fascicule  couiieot  quatre-vlngl»  pages.  L'ouvrage  doit  nonter 
nir  U  biographie  de  tous  tes  israebtes  retoarf^uables  à  partir  de  l'époque  dtis 
Guéonim.  U  est  dispostS  par  ordre  alphabétique  et  imprimé  en  caractères 
bébreu-cerré,  sur  deux  colounee.  L'auteur  estime  qu*il  formera  environ  cent 
feuilles,  on  vingt  livraisons  de  cinq  feuilles. 

ICT  r»03D  Annuaire  publié  par  Saul  Pinhas  Rabblnowlcz  ;  l*"**  année, 
iirsovie»  1886,  in— 1"  de  ui-l  126-68-214  cuL,  plus  tin  calendrior;  nom* 
peuBég  illuatrations  dans  le  texte. 

Matériellement  ci^t  annuaire  est  très  supérieur  au  E^^Oit  (voir  plus  haut), 
mais  il  lui  est  encore  inféneur  pour  la  vaieur  des  travaux  qu'il  contient.  La 
création  d'un  annuaire  de  cette  étendue  est  trop  difljcile  pour  qu^elie  puisse 
réofistr  dès  la  premiâre  fois.  Il  y  a  là,  entre  autres,  un  article  de  Wolf 
JabeZy  c*  8V  152,  où  sont  entassées  toutes  les  vieilleries  et  friperies  de  la 
littérature,  prises  daus  le  tas,  sans  ordre  et  sans  choix.  La  revue  littéraire, 
6.  159  a  'i88,  est  également  faîte  au  hasard  et  saos  discernement.  Purmi  les 
travaux  plus  sérieux  nous  aignalercins  une  lecture  de  A.  Harltavy  sur  Juda 
Hallévi  (col.  49V,  diverses  étud(*s  talmudiqucs  (col.  2ai>-400),  des  étude» 
sur  la  BiluaLion  des  Juifs  de  diverses  villes  de  Russie,  à  Tripoli,  à  Home  ; 
sur  rhistuire  de  diverses  sociétés  juives  (coL  699-Si^S);  sur  divers  sujets 
littéraires  (col.  HS\1  el  suivantes)  ;  de  très  intéressantes  études  d'archéologie 
(oive^  probablement  ce  qu'il  y  a  de  meilleur  et  de  plus  intéressant  dans  cet 
énorme  volume,  par  Abr.  Toonebaum  (coL  lOO  et  suivantt^s).  La  partie 
fuivanie  (col.  1-éél  couiieutt  «ntre  autres,  un  commentaire  inédit  d'EUe 
Wiloa  sur  la  Tora,  et  uue  MeplU  de  Samuel  le  Petit,  de  Kowdo»  sur 
Vhisloire  d^5  Juifs  de  cette  ville.  La  partie  euivaute  (col.  1-2UK  iutitulée 
MGoude  partie,  a  surtout  pour  but  de  donner  au  lecteur  des  reusaignementa 
pratiques.  Elle  contient  des  notices  statistiques  et  autres,  et  aussi  un  re- 
ceu^vmeot  dot  Juifs  (col.  113).  Noua  uo  saurions  assez  engager  Téditeur  à 
dauuer^  dans  les  volumes  suivants,  une  paginatioci  continue  du  commence- 
ment u  la  fin  du  volume  et  à  renoncer  aussi  à  son  texte  en  petite  caractères, 


121  U£XV&  DES  ÉTUDES  JtlîVB^ 

JThbtH  ^IKtO  «  Le  Utt^  des  Parterres  fleuris,  grammaire  liâifili^iie  m  iiaèe 
d*ÂJxm*l  Waljd  U«rvmD  ihn  Djanah,  publiée  par  Josepfa  DereabomS'  • 
Puis,  lilir.  Vievif  «  1886.  iik^  de  lxu -388  p.  ;  66*  fkacieulc  de  la  EUOiCh 
tbéqiie  d«  rÉoole  des  Haiitoa-Éiudes. 

Cti  imporcant  ei  •dmirable  ouTrage  du  ptus  grand  de  nm  ^namtààtm 
}ml»  Mt  cûoBtt^  «o  gras*  ptr  U  tiaduction  hébral({ue  rie  iode  tk»  Tièbaa. 
fmhUto  fttitr»fai«  par  Goldberi^.  mùi  outre  qu'ime  tradactioa  ot  nalJIMi 
rorî§iBal«  rédàtioti  bébr«î<|ue  a  le  défaut  d'être  ^souvent  obscur»,  leaiayi- 
enl  copié  par  Galdbergr  était  assez  défectueux  et  réditeor  j  a  probaycofoi 
ajouté  plat  d*Bae  faute.  Grftce  au  savant  travail  de  If.  Dcneboar;. 
ToMivre  d*Ibn  Djauali  est  maintenaul  restituée  ei  readaa  acctrtèb  « 
public.  U&e  excelleuie  introduetiou,  louuie  d«  tous  les  reesaîgBcaaitf  ii»' 
gTapbiijuea,  bibiiograpbic|ttes  et  bistoriques,  prépare  ie  lecteur  a  riatËÎl%Eon 
de  ce  bel  ouTrage,  qui.  avec  lea  Opuscules  lilbu  Djtoab,  publié»  tBlr»- 
fois  par  ^M.  J.  et  11.  Derenbourg,  et  le  dictiODUaire  da  mAne  ailBtr 
pubtié  par  ]d.  Ad.  Neubauer,  forme  ud  édifice  ecicutifîque  des  planait 
quabiaa.  Celte  éditîoa  de  ia  grammaire  contient,  p.  XVNLXIV,  catU^b 
des  passages  bîbtiques  ciléa  dans  Idoq  stos)  )*ouvrage.  M.  W.  Bada* 
été  le  collaborateur  Ue  M.  Doranbourg  pour  celte  édilîoo ,  ei  M.  D«aihwt| 
fait  remarquer  (p.  Xll)  que  sou  oom  figurerait  «ur  le  uire,  si  le  f^gianaU 
de  i'Ëcole  des  H  eûtes -Études  Tavait  permis. 

• 

C|Dtt13n  '0  Recueil  d'articles  publiés  par  la  Société  pour  la 
.  rinstruction  parmi  les  Israélites  russes,  comme  supplémeul  h 
C|^0«.  Varsovie,  impr,  Isaac  Goldmanu,  1886,  in-8*  de  n-34  p. 

Les  articles  conteuus  dans  ce  Tolume  sont  :  1.  La  géiiéraâflB  ^ 
Meassefim  ;  2.  Royautés  juives  après  la  destruction  du  temple  (Harcoebé^ 
bas,  Hssiaa!  et  Uauilal,  l'empire  de  la  reine  Hélène)  ;  3,  Les  Jmfe  dwi  l* 
presqulle  arabique  (ju&qn'au  temps  de  Mahomet)»  4  Les  Jmfs  (tsciw 
eu  Perse  ;  5.  Les  chants  sibyllin»  (3*,  Â*  et  5'}  traduits  en  Ters  bébrtof  i 
$.  Dne  mischoa  de  R.  Juda,  le  médecin,  ^V^^^fit  TDOT^i  conseils  d*bji^' 
pour  Is  nourriture,  sous  forme  de  paslicbo  de  la  Miachna  (par  un  éenft^ 
do  DOS  jours)  ;  7,  Traduction  en  vers  hébreux  du  Juda  UalléTt  de  Bear% 
Heme*  Tous  ces  articles  sont  des  travaux  de  vulgarisation. 

KiaiT  y*l»  *j-n  nDDtt  Der  talmudische  Tractai  Derech  Ereat  Sulla  mïî** 
Haedschrifteu  und  selteueD  Âusgabeii  mil  Puralleleu  uud  Vananteo  1^*" 
tiscL  bearbeitel,  ûbersetzl  und  eriaulcrt,  von  D"*  A.-J,  Tawrogi.  Mt^S^' 
berg,  impr.  Erlatis,  1885.  m*8®  de  vti-52  p. 

D^^rsjn  ^®3?W  Geschîcbte  des  Aberglaubens  bei  bUcu  Vôlkern,  mit  beso*^' 
derem  Hiablicke  auf  das  jùd*  Volk,  par  S.  Rubiu.  Wieu,  impr,  Gôof^o 
Brôg,  1887,  iD-8^  de  282  p.  j 

Voici  un  résumé  très  abrégé  de  la  table  des  matières.  I.  Visîoos,  ytr^l 
logie,  diviDstions  eu  tous  genres  ;  2.  An^ea,  diables,  déinoos»  espflt^^  ^ 
3.  Chercheurs  de  trésors,  son-iers;  4.  Pierre  philo^phale,  i&icfocosn*  ^ 
corps  itiertes  vivifiés;  5.  MédecinSf  ooujurauoos,  amuIetteSi  exoroisMU^I 
A.  Àlagie  ;  7.  Divers.  1 

ÎTO©5  lî  Mischnaiot  enlbalteud  aile  Perakim  welche  der  AofaugsbuchsUt^ 
laut  alef-àéi  georduet  siud  (c*esl-à^diru  coutenaDt  22  cbapitres  où  l«a  iûb^ 
titres  soûl  disposées  dans  l'ordre  {>lpliabétique).  mit  p"Ttb  grainmali'-'*  "j 
Uscher  Punctatîon  uud  Zeiclieu . . ,  rem  douûicb  doulscbeu  UeberseUoûM 


HlfiLIOGllAHîrE 

ujid  hebr.  ErkHSrung  pn3  C|r  Ci^i'^D,  par  J.  Goscinuyf  Jérusalem,  libr* 
Goscmny,  5645  (1885),  m-16  de  (â)-44-(2)  ff. 

Li  detcriptiou  slIemBade  ci-dê&sus  se  Irouve  ea  caractâres  hâbreux  sut 
1a  quatrième  puge  de  lu  couverture. 

*:nO«  pb3ï3  h  y  i^nsm  ^^nsc  Sammlung  agadischer  Commentare  zum 
Bûche  Ester;  onthâU  :  Midrasch  Abba  Gorion,  Midrasch  Poaim  Acbc- 
rim^  Midrasch  Lekacli  Tob,  nach  HaDdschriflcn  herausgg.,  mit  kritiscbea 
Notcn,  ErklûrUDgen  und  einor  Einleilung  versiîhea,  von  Salomon  Buber. 
Wilna,  impr,  et  libr.  Romm,  1886,  in-8*»  de  xiv-112  p. 

Le  premier  de  ces  Midraschim,  autrefois  édit^  par  M.  Jelliaek,  esL  re- 
produit par  M.  Buber  d'après  (juatre  mavtuiscrils*  Sou  iulrôduction  au 
Midr;.scli  Paaim  Ahtîriui,  donl  M.  Jeilitiek  s* est  égalemeuL  occupé^  est  asflesi 
curieuse  pour  la  conipâraisoa  des  procédés  littéraires  emplujr^B  par  les  co- 
pistes des  mas.  DûDS  riidroducliun  k  la  troisième  aggada  de  ce  petit  re- 
cueil, \f.  B.  a  réuni  tuua  les  pussoi^'^s  du  JalkuL  sur  le  livre  d'Esther  qui 
se  trouvent  dan»  F  Abba  Gurioû,  le  Pauiia  Ahérim  et  le  Talmud  de  Uegilla, 
et  y  a  joiat  un  index  détaillé. 

îssrr  nsns  nai  h:f  rtitcn  arr)  pians  Excmpiar  episioi»  respoDsi  iu  qua 
de  conceplione  Aramaica  libelli  ropudji  ut  iapud  Judaeos)  m  usii  est» 
eique  propiiiquis  ooijiiullis  rcbus  agilur,  auctore  Aron  Friednaann.  WicO| 
impr.  KnôptlDiachcr,  1886,  in-8°  de  40  p. 

Ëtiide  iatéressanie  sur  diverses  questions  concernant  le  texte  araméen  do 
la  lettre  de  divorce,  î'btstoire  du  texlfi,  rorthographe,  les  règles  qui  pré- 
sident a  sa  rédaction,  etc. 

biriTt  H"^BlDlb''En  nmp  Ilistoria  phlloBopbisB  receDtioris  ;  Gescbiclile 
der  neuerD  Philosophie,  von  Fabius  Mieses.  Leipzig,  libr*  Moritz  Schîlfer, 
1887;  iû-B*»  de  viij*159-(l)  p. 

^ijn^TD-i  c^'-^DO  r»73^Cn  Katalog  von  R,  N.  Rabinowicz,  Mûnchen  (1886),  iii-8'> 
de  xn-l32  p.,  conteuaDt  117|  plus  27,  plus  4828  uumuros. 

|tî5Dn  ûp^n  **ba*û  '0  Rituel  des  pratiques  juives,  par  Cidkiyya  h*  Abra- 
haiu,  de  la  famille  dei  Mansi,  de  Home,  édité  par  Salomou  Buber.  Wilna, 
iinpr,  et  libr,  Romm,  1886,  in-8''  de  42-408  p. 

On  ne  possédait  jusqu'à  présent  qy^un  extrait  de  cet  ouvrage  précieux, 
M.  Buber  rend  de  nouveau  un  grand  service  à  la  littérature  juive  en  le 
publiant  en  entier  (la  seconde  partit?  de  l'ouvrage  sors  publiée  plua  tard  par 
M,  Buber) .  Cette  édition  est  accompagoee  dVue  préface  où  M.  B*  a  réuni 
de  nombreux  et  utîbs  renseignemeoLs  sur  Fauteur  et  «a  fâmiUle,  sur  lus 
rabbins  et  les  ouvrages  cités  ou  utiliséi)  sur  les  rapports  entre  v^  li%TQ 
et  le  Êt'»;n  •  Ce  dernier  chapitra  de  la   préface  est  particulièrement  inte- 


^*t1K  "H^D  'o  Considérations  de  toute  espèce,  à  préLeuttons  philoso- 
phiques, sur  rhisloire  et  la  religion  juives,  sur  les  pratiques  religieuses, 
etc.,  par  Isaac  JacMïb  Reines.  Wîlna,  tinpr.  Juda  Leib  Lipmaun,  5646 
(1886),  lD-8'»  de  vi-90  p. 

Adi^R  (Marcus  N.).  The  Temple  of  Jérusalem.  A  paper  read  beforo  the 
Jews*  Collège  Literary  Society,  january  8.,  1887,  with  a  report  of  Iha 
reraorks  of  Major-geueral  8ir  Charles  Warrcu.  Loudres,  bureau  du  Jewîsh 
Chrouîcle,  1887,  ln-8"  de  18  p.  ' 

Cette  cotiféienco,  qui  a  pour  objc^t  la  description    du   templo   dllérodc, 
etti  priticipslcueut  ii)térei;sauli3  pur  la  cumpsraiâon  ou  lu  réiiuioo  d'uti  cer- 


122  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tain  nombrt  de  légendes  juives  et  arabes  concernant  la  temple*  11.  le 
major  général  Sir  Charles  Warren  y  a  joint  des  explications  où  on  lira 
avec  plaisir  ses  souvenirs  personnels  et  un  certain  nombre  d'obserratioDS 
qu*il  a  faites  dans  le  cours  de  ses  célèbres  explorations  en  Palestine. 

Amberley  (Viscount', .  Tlie  case  of  tlic  Jcws  in  Ihe  malter  of  tbe  founder  cl 
Christianity  ;  extracted  from  bis  work  «  An  analysis  of  religions  Bclief  »  ; 
with  inlroductory  préface  by  H.  Guedalla.  Londres,  impr.  Darling,  1887, 
in-8»  de  53  p. 

La  conclusion  est  :  <  Les  chefs  des  Juifs  ne  sont  pas  si  blâmables  qu'on 
Ta  admis  généralement,  dans  l'exécution  de  Jésus  de  Naxaretb.  Jugés 
d'après  les  principes  de  la  morale  universelle,  ils  eurent  certainement  tort  ; 
mais  d'après  les  principes  de  leur  religion»  ils  eurent  non  moins  certaine- 
ment  raison.  * 

Baltzer  (J.-P.).  Ilebriîisebe  Scbulgrammatik  fQr  Gymnasien,  2.  verbes- 
serle  u.  vermehrte  Auûage.  Stuttgart,  llbr.  J.-B.  Metzler,  1886,  in-8*  de 
xii-185  p. 

Beck  (M.).  Invetatura  religiunei  Mosaice  pentru  usul  junimel  Israélite.  Bu- 
cbarest,  libr.  L.  Steinberg  ;  in-8<'  de  96-(3)  p. 

Berlin  (N.).  Reality  in  Fiction,  salyrical  description  of  life  and  manners 
amougst  tbe  foreign  Jews  in  Great  Britain.  Londres,  impr.  Rabinowicz, 
1886,  in-8«  de  40  p. 

En  judëo-allemand,  avec  titre  en  caractères  bébreux  :  Die  ^iN«taa  Welt 
(Obyn  3^n73K  fiPl)  oder  eine  Reise  in  Géhinnom. 

Bbruner  (a.).  Profcssor  Paul  de  Lagarde  nacb  seiner  Natur  gezeiclmet. 
Berlin,  libr.  Julius  Benzian,  1887,  in-8^  de  32  p. 

Si  quelqu'un  avait  le  droit  de  répondre  aux  attaques  de  M.  da  Lagarde 
(voir  ce  nom.  plus  loin),  c'est  assurément  M.  Berlin er,  qui  n  a  jamais  at- 
taqué personne  et  s'est  acquis  à  juste  titre,  par  son  caractère  aussi  bien 
que  par  ses  travaux,  les  meilleures  sympathies  du  monde  savant.  M.  de 
L.  tombe  sur  lui  ù  bras  raccourcis,  on  ne  sait  pourquoi,  sans  rime  ni 
raison.  M.  Berliner  croit  savoir  d'où  vient  cette  rancune,  le  public  appré- 
ciera et  on  verra  de  quel  côté  seront  les  rieurs.  La  lettre  de  M.  da  L. 
(qui  s'appelait  autrefois  Paul  Boettirher]  trouvée  dans  les  papiers  des  Tui- 
leries [publiée  dans  l'Allemagne  aux  Tuileries,  par  Henry  £k>rdier,  Paris, 
1872)  est  faite  pour  égayer  le  sujet.  On  y  voit  qu'il  y  a  un  temps  pour  être 
de  vertu  farouche  (et  alors  on  (ait  la  leçon  aux  autres),  et  un  temps  pour 
se  montrer  plus  accommodant. 

Bible  (La),  traduction  nouvelle  d'après  les  textes  bébreu  et  grec,  par 
E.  Ledrain.  Tome  premier.  Les  Juges,  I  et  U  Samuel,  I  Rois.  Paris, 
Alph.  Lemerre,  1886,  in-8°  de  x-325  p. 

La  publication  entière  formera  dix  tomes  ;  les  deux  premiers  tomes 
coutiendront  les  livres  historiques  ;  les  tomes  3  et  4,  les  livres  législatifs  ; 
les  tomes  5  et  6,  les  œuvres  morales  et  lyriques  ;  le  tome  7,  les  propbètas  ; 
les  tomes  8  et  9,  le  Nouveau -Testament  ;  le  tome  10,  une  Étude  critique. 

Bloch  (J.-S.).  Aus  der  Vcrgangenbeit  in  die  Gegenwart;  social  und  lite- 
rarhistorische  Essays.  Wieu,  libr.  Hugo  Engel,  1886,  in-8*  de  258  p. 

Contient,  entre  autres,  une  Élude  sur  le  Nathan  de  Lessing,  et  une 
étude  sur  Jean  Bodin,  que  M.  Bloch  considère  comme  un  précurseur  de 
Lessing. 

Blum  (Hans).  Aus  dem  allen   Pitaval.  Franzôsische  Recbls--  und  Cultur- 


BIBLIOGRAPHIE 


123 


r«usddDTageu  Ludwig's  des  XUL,  XIV,  und  XV.,  auggewiiliU  imd 
luleri;  1.   Band  ;   Leipzig*  libr.   G.-F.  WiQler,  1885,  m-S"  de  xxiii- 

P.  223  à  tSO»  Las  Jutfs  de  Metx,  d'après  PitavaU  vol.  X7tn,  p.  m  et 
^  Coattent  principalemeut  l'histoire  dta  Huphael  Lévi.  A  la  p.  249, 
explique  oommeDl  Taccusalioa  a  pu  iiTct,  d*uiie  lettre  écrite  eu 
aUeioand  et  eu  caractères  cursifs  par  RaphuCl  Lévi,  une  appareucc 
(à9  preuve  que  les  JuilB  auruieot,  ea  réalité,  ^u  au  muïns  que  Ique  chose 
reofaut  cbrétieD  disparu.  Rap-ti&éi  Lévi  avait  écrit,  do  sa  prisoQi 
qu'il  nvjyt  entendu  que  reoluut  étuit  retrouvé  CjljlDa).  et  que»  par  consé* 
queal,  soq  inuoceoctf  serait  reconnue.  Les  ititerprètea,  par  malvelUaDce  ou 
uiùUf  voulurent  lire  dans  ce  passage  que  Teufiuit  avait  été  garotté  (1121!22^) 
par  les  Juiia.  M.  Blum  moutre  que  lea  deux  mots  ruproduils  ici  en  carac- 
lÂrea  hébreux  out  à  peu  près  la  mfime  pbysioQQOQje  dans  récriture  cursive 
judéo*aHeinaDde.  Mais  cette  i^xplicatiou  paléographique  est  superflue  :  on 
trouve  coQsUmmenti  dans  les  msa.,  Le  3  employé  pour  le  /"  ou  le  «  allô- 
mancls,  qui  ont  le  même  sou,  et  Raphaël  Lévi,  qui  ue  devait  pus  ôUe  biou 
fort  en  orthographe  allemande,  a  pu  fort  bien  écrire  *J13^3^  duna  le  aena 
de  •  trouvé  •, 

p  (Abraliaa))«  Le  rab binai  de  Metz  peudaDt  la  période  française  (1567* 
11).  Extrait  de  la  Revue  des  Éludes  juives,  tomes  Vil  à  XllL  Paris, 
^.  A.  Durlacher,  1886,  iu-8^  de  91  p. 

Il  (J.-H 0,  Dem  hebraisch-phônizîscben  Sprachzweige  angeliôrige  Lehu- 
irter  in  hierogliphischeB  und  bieratischeD  Tcxteu.  Leipzig,  libr.  Breil- 
ft  et  Hàrtel,  1886.  iu-8^  de  130  p. 

IKL  (Paulus^.  Zûpbnal  Paneah.   .fîgyptlsche  Deutuugen.  Erstes  Frag- 

nU  Dem  Wiener  Orieiitalencongress  gewidmet,   Berlin,  libr.  W*-ll. 

M,  1880,  ln-8^  de  U  p. 

^  Cette  publication  contient  des  hypothèses  au  moins  iDgéaiauaes.  Il  y  a 

tongti«cDp6  que  M.  Ca^sel  a  identifié  n37D  «v^  l«  phénix;  daua  n3CÏ  il 
voit  Scb  ot  Nut,  qui  sout  le  père  et  la  mère  des  dieux,  la  source  du  moude  ^ 
ils  produisent  Tœuf  d'où  sort  le  phénix.  Lci  nom  donné  par  Pharaon  ii  Jo- 
ieph  «i|taifierait  que  le  Temps  et  te  Chaos  (Seb  et  Nul)  out  donué  naïasauce 
è  la  lutnière  (Ph<^nix),  Cela  rappellerait  le  récit  de  la  création  dans  le  Pou- 
tat^nque.  -^  Làiw  reprt5âeute  pour  les  Ej:ypU«ii3  le  typhoti  du  désert  et, 

I  ptr  iUiiet  le  dieu  du  mal.  C'est  pour  cela  que.  dans  des  représeutalious  pro- 
bablemeni  origiuaires  d'Egypte,  Jésus  «  une  léte  d'âne.  Ou  pourrait  ajouter 

1  que  c'est  peut- être  pour  celu  que,  suivant  les  payeus,  les  Juifs  auraient 
adoré  un  âne.  La  déesse  qui  cbaase  Typhoti,  pour  les  Egyptiens,  c^eat  la 
d4ii«e  Bubaslis,  â  lôte  do  chat,  soit  no a^S  (an  grec  Phœhé),  nom  qu'on 
fCOtouverail  dans  le  nDD^CTS  et,  en  partie,  dans  le  HD^ID^  de  la  Btble.  — 

I       Le  uom  du  dieu  soleire  égyptien  Ha  (Phra,  avec  rarticle),  dont  l'œil  voit 

Ltôttt,  ^  retrouverait  dans  le  verbe  hébreu  nî*"l' 
I  (David),  Sloria  degl'  israeliti  dalle  Origiui  fine   alla  monarcbia, 
bodo  le  fontî  biblicbe  criticamenle  esposU,  Milan,  libr.  Ulrico  lloepli, 
pp  40-8''  de  crii-41G  p.  En  têle  :  Biblioteca  scieoliflco-lctleraria. 

C«fl  un  ouvrage  fait  avec  soin,  l'auteur  s  chercha  k  le  mettre  au  courant 
das  travaux  exégétiques  et  il  a  traité  le  sujet  avec  circonspection. 

|.  Hebraica,  Judaica,  Orientalia;  librairie  Jakob  W.  Pascbelcs. 
1887,  iri-8"  de  81  p, 

llog.    Hebraica  und  Judaieu  ;   libr.  Wilbebn  Koebuer,  k  Breslau 
îl,  iu-g*  du  70  p. 


124  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Chipiez  (Ch.)  et  Perrot  (G.)-  Restitution  du  temple  de  Jérusalem  diaprés 
Ëzéchiel.  Dans  Revue  générale  de  rarchitecture  et  des  travaux  publics, 
publiée  à  Paris,  46<'  année^  1885,  42^  vol.  de  la  collection  générale, 
5«  série,  vol.  12,  n<>«  7  et  8,  p.  151  à  167  et  194  à  233. 

Cet  article  peut  être  considéré  comme  un  résumé  (anticipé)  de  la  confé- 
rence faite,  sur  ce  sujet,  par  M.  Perrot,  à  la  Société  des  Etudes  Juives,  et 
de  la  description  du  temple  faite  par  le  même  auteur  dans  son  Hittoirt  de 
l'art  dans  V antiquité,  tome  IV  (Paris,  Hachette,  1887,  p.  121.479).  Ce 
travail  contient  vingt  figures  dans  le  texte  et  trois  planches  hors  texte. 

Cronbagh  (Siegmond,  dit  S.  NoUy).  Âus  dcm  Notizbuch  des  Onkel  Jonas, 
Humoresken  aus  dem  jûd.  Lehen  ;  8.  Auflage.  Berlin,  libr.  Siegfr.  Cron- 
bach,  1887,  in.l2  de  (iv)-160  p. 

DiENBR  (Karl).  Libanon,  Grundlinien  der  physichcn  Géographie  und  Géo- 
logie von  Mittel-Syrien  ;  mit  einer  geologischen  Karte.  scchs  Lichtdruck- 
bildern  und  sechzehn  Teztabbildungen.  Wien,  libr.  Alfred  Hôlder,  1886, 
in-8«»  do  x-412  p. 

Edersheim  (Alfred).  History  of  Judah  and  Israël  from  the  Birth  of  Solomon 
to  the  reign  of  Ahab.  (Londres),  Religions  tract  society,  s.  d.,  in-8**  de 
xii-197-(4)  p. 

EiCHTHAL  (Gustave  d').  Mélanges  de  critique  biblique.  Le  texte  primitif  du 
premier  récit  de  la  création  ;  le  Deutérouome  ;  le  nom  et  le  caractère  du 
dieu  dlsraël  lahveh.  Paris,  libr.  Hachelte,  1886,  in-8^  de  iii-402  p. 

Un  de  nos  collaborateurs  rendra  compte,  dans  le  prochain  numéro,  de  cet 
ouvrage  posthume  de  notre  regretté  ami,  M.  G.  d'Eichthal,  qui  s'était 
consacré,  avec  un  si  grand  et  si  noble  amoui  de  la  science,  à  Tétude  de  ces 
graves  problèmes  d'exégèse  biblique. 

Einstein  (Berlbold).  R.  Josef  Kara  und  sein  Commentar  zu  Kohelet,  aus 
dcm  Ms.  104  des  jûd.-tbeolog.  Seminars  zu  Breslau  zum  1.  Maie  her- 
ausggb.  Berlin,  libr.  Ad.  Mampe,  1886,  in-8»  de  60  +  45  p.  Tirage  à 
part  du  Magazin,  de  Berliner. 

L'étude  qui  accompagne  le  texte  contient  les  chapitres  suivants  :  1.  Josef 
Kara,  sa  généalogie  ;  2.  Le  nom  et  la  famille  Kara  ;  3.  Epoque  où  il  a 
vécu  ;  ses  relations  avec  Raschi  et  Samuel  b.  Méir  ;  4.  Ses  commentaires; 
5.  Son  exégèse  ;  6.  Son  commentaire  de  Cohélet  ;  7.  Les  mots  français  dans 
ce  commentaire. 

FiNSLER  (Rudolf).  Darslellung  und  Kritik  der  Ansicbt  Wellbausens  von 
Gescbicbte  und  Religion  des  Alten  Testaments.  Zurich,  impr.  et  libr. 
Fr.  Schulthess,  1887,  in-8*>  de  91  p.  Tirage  à  part  des  Verhandlungen 
der  asketisch.  Gcscllsch.  in  Zurich. 

Friedebero  (M.).  Bildcr  von  der  Ostgrenze.  Studien  und  Skizzen.  Tilsitt, 
libr.  J.  Mikssas  ;  Leipzig,  libr.  R.  Fricse,  1886,  in-8*  de  iv-92  p. 

P.  29  à  57  :  Die  Juden  in  Litauen  seit  dem  14.  Jahrhundert.  Cette  revue  de 
l'histoire  des  Juifs  de  Lithuanie  paraît  être  faite  d'après  Graetz  et  Ber^ 
schadski  (qui  sont  cités),  et  d'après  Thistoire  des  Juifs  de  Pologne,  de  Stem- 
berg.  Nous  n'y  avons  pas  vu  la  trace  de  recherclies  personnelles  et,  en  cer- 
tains endroits,  l'auteur  se  montre  mal  informé  ;  par  exemple  dans  la  note 
de  la  page  56,  qui  est  purement  de  la  polémique  passionnée  et  aveugle. 

Friedlandfr  (M.-H.).  Geschichtsbilder  aus  der  nachtalmudischen  Zeit  ; 
von  Moses  Mcndolssohn  bis  auf  die  Gogenwart  ;  4.  Theil.  Briinn,  libr. 
Bernh.  Epstein,  1887,  in-8*»  de  (iv)-156  p. 


lendclf^obn,  Cerf-Beer,  Fiiftado^  JacobfiOÎin,  Breidenbachi  Mqtcus 
Ben^dict,  Akiba  Eger.  Moses  Sofer,  Aron  Kornleld,  Moses  MojitpHore» 
Crémîeus.  Rappopart,  Z\iùt,  Jost,  Gt»<^U,  Lux^atto,  Ootrlenlhot,  Mann- 
beimer,  Jellin«'k,  ûeiger.  Mirsi;h|  Fraukcli  Philippsoa,  Mtitik,  Dukes, 
SleitiBcbneiJer,  L,  Lôw,  S.  Szauto,  Zîpser.  G.  WoU.  Le  choix  des  noms 
Ç5l  pnéralemeni  judicieux  ^seuf  les  iDcuuesjj  mais  les  eïjjels  sont  a  peine 
efOeurés, 

Prit*  (Jobauiies).    A  us  anliker   WellanschaijuDg.  Die    Entwîcklung    des 
JÛdbclieti  und  griechischen  Volkcs  zum  MouollieiainuB  nacli  de»  Deucs- 

fm  ForscUungeQ.  Ilagen  i.  W.,  libr-  Hiset,  1886,  m-*?*  do  vi-»3iî  p. 
L^ouvrage  «e  compose  d'une  introduction  (étude  sur  les  ihdories  religieuses 
cbÉi  Tiele,  Lippert»  Spencer,  Seidel,  Ebrard,  Stendo,  ScbeUing.  Deliï, 
Max  Mûlier.'  el  de  trois  iivros  intituli^s  :  Le  peuple  juif  (hitiloire  religieuiso 
depuis  les  patriarcbea  Ju&t]u'au  retour  de  l'exil)  ^  lo  inonde  grec  (religion  de 
la  naUire.  ctiltii  d*Apollon,  lea  mystères,  Socrate.  Pluioni  Arislote»  philo- 
soph«^  de  Cjr^naïque,  Epicnri&as,  Cyniques,  Sloîcieps)  j  la  Palestiae  après 
U  cooquâte  d'Alexandre.  Il  ne  nous  semble  pas  que  Touvrage  conUeune  des 
recherches  bien  personnelles. 


del  Pentateuco.  No  la.  Rotnc^ 

,  p«  341  à  355  des  RendîcoDli 

e  fllolog., 


OlDi  (Ignaxio).   Di  una  Tersione  persmna 
Impr.   de  TAcad.   dei   Liccei,   1885,  m-8* 
ddla  R.    Accademia  dei  Liticci^   classe  di    Se*   mor.,   slor, 
liea&ce  du  17  mai  1885, 

Fragment  d'une  iraduclion  pera^ne  dû  Pentaleuque,  diaprés  ud  maous- 
crît  du  Vatican.  NL  Guidi  supposa  qne  celle  traduction  est  aul^rieure  k  celle 
de  Tawus,  et  que  celui*ci  s'en  est  servi. 

ttlacUtcn  ùber  das  Jûdiach-diuelle  Schlachtcn.  S.  L  n.  d.  (1886),  in-P  de 
I  S9  p.  sar  tS  coL 

Trèa  iûléressanle  collectiou  do  consultations  sur  la  ichêhitHy  par  les  aom- 
nûtés  9CΫiitiliq|ue8  de  tous  les  pays. 

Aîs^cK  (Adolf).  Die  Aposleîlchrc  «ad  die  jûdisclien  beiden  Woge.  Lcip- 
%lihr.  Hinricha,  188<i,  iD-8"  de  59  p. 

L'auteur  «rriTo  (p.  27)  aux  conclusions  suivanleB  :  •  Il  existait,  dans  te 
premier  siècle  de  l'ère  chrétienne,  une  instrucUon  pour  bs  prosélytes,  inti- 
lulée  •  Les  deux  roulea  %  ^^  rédigée  par  des  Juifs.  Elle  est  contenue,  avec 
de  Fortes  interpolations,  dans  le»  chapitres  I  à  3  ou  à  G  de  la  Didachè 
(ÂposleUebre),  Les  deux  roules  sont  le  chemin  de  la  vie  (les  préceptes  m^^- 
rtux  et  religieux)  et  le  chemin  de  la  mort  (les  péché»;.  Cette  instruction  tut 
adoplée  par  les  obrétieus.  qui  Remployèrent  comme  sermon  de  baptême. 
Aprèi  Tépoque  apostolique,  Tiuieur  de  la  lettre  de  Barnabe  l'a  iticorporéo 
dans  cette  lettre  sans  y  ajouter  grand^chose*  C'est  plus  tard  seulemeot 
qu'elle  reçut  le  litre  de  •  Buseignt^ment  des  douze  Apûiies  *,  et  qu'on  y 
ajouta  un  |;raud  nombre  de  morceaux  d'origine  cfarétieaue.  M.  H.  croit  que, 
•eoa  la  forme  qu'elle  a  actuelleiuent,  U  date  de  sa  rédaction  tomba  entre  les 
•onées  7U  à  16^^ 

^û««RBiii  (M.).  BihliothecaSamarilaaa.  UL  Die  Samarîlanischo  Liturgie, 
*'ûc  Autrwahl  der  wichtigsleû  Texte,  ia  der  hobr*  QoadratschriR  aus  dou 
**^  dea  Briliab  Muséums  und  uodereu  Bibliotheken  ligg.  ;  2,  Ileft. 
^P*ig»  Ubr.  OUo  Scbulze,  1887,  in-B^  p.  il7  à  13<3. 

Jim  (Jttlina),  Die  rituelle  Circumcisioa  im  Licbte  der  antiscptiscbcD 
Chirur|ie,  mil  BenickaicbtigunK  dur  reJigiOseii  Vorschriftun.  Liîipïig» 
^•Cluatav  Fock,  188t>,  iri-8'  dii  ^15  p. 


!L>'  lirVTT  DEFi  ETITMF  JL'^^Lr 

Ih?"'.!**!-»:   :  riVFioi'j-'Juuv  e;  m^'àicaif-  «  cmiBai»  lonr  m  *«» ^ 

...-.pv     .  ! '-     i.    I.  ■-■... iLiiu-    F.rzjii«i'.:in^"  "^«n    .-.lii'i'iaffl.  3«nraB*| 

u-     ^'•..■   ■••     !■   ;'-rîi-.in     il-,    .•iufîj-isiiiii    n^-  "V  iiii-î«:;"-rii  -  îjfl.  3»i 
y-    i;:.     «.■■  j •■-■:■.-.  -j;:-    îio::ivii»  tiif*   »  ïriueuts- .    •    .^-mycr.  iiir  i 

.1a -••"!"  '•■.•         .M*v--    ;iM    .lUUdl'^n.      ai.   HUdrtSBk    j'irui1il*'nilW  JM,Mf> 

.",  ■•        !.::.         TS^C"  *— t:      riini  i-  ;i«*hriricnie*  rmmi»  usas  ï^  bo^ 

jiiiu!-        .•ci-.~    ..J  ■    ii    I'Uau-m::,  ]«*<*■.    ii*-J'  ut    .?— ÏÏS  1. 

l^'-'i-     -l- ::!..■:::      !».•    -   "r.-L»   Ii:i"i    rf^-  lieliiin  .liinnircn.  :»3  ■**■ 

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'...1.»    •"■".■■•..':     py-]    nw*     ■■■:     i' air-^    '  «■nitfftT      hà»  *tr  VWBÊ^ 
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if.t  •■i'ii»  •.'«"u ••;;■;!  e=:  xi.::-  r  iii'  -an  i-     nrismii   mit  a  ctuneu'i^^^ 
•■  •    :  ".;     .   :  :ip-   .::i'    .  i—    u»*-    i*.  i»riiii'iîj«-    on»    j usante-  x!"  >*■ 

t-  •    T     ■:..;.:.       i    lu.     -u:-.:  k  -l  "*' m-'ini   nriiiiil:vt    fr-7i«3jiuu-c»  i» 
•■    ■  .  •   ■  ■    ■■nTviiii   ♦':   :.-«"  S"'.:*-  s«  ypiir.- 

J  .     :      .'  ■:  ■  ■•.  '..■   .1  '  in.îi.uMii:''  if!rn*-liii  ai- l*Er»  .  ^  :«rii  1* 

.".■.'■  '■^   '.»    '     ■■■'•-     ;:  '     ;.-::'      :.L*iiilNlirjil.iqU'.î*-     tii     Ut    V^.'rv^tUOt,  1»* 

'  !.'  ;■••*.»■■•   '.  .   .'.  ■'     1. ■•►.:..  •■ii-!^    ii;»T.  I»ur:Maijer.   I***'T.  a-j^  w -■•?• 

^-.    i:    Lu'.A.  t   •M'-ur.f  t  »"rrr*:.  iiunt-  un*  buih  sm  mimurn** 

••    '.»    ,f    '■  r:.  ai'.:  un  m»    isrbf'.ii-   at  J'urif  àeiiu:?  OLfilii  f^'^e** 

•  ï      .-•■   I-.    :!,,;■  .    c;v     ..i-:.ui:i*'aii  sit»:i»..        Tnis  :'^=ï  •* 

■■  ■•■' ■     ■■    '   •    Ti  iiL.ï.eij:*   î  M."  «.*?*  "lin  :i«»r-  iiri.aiiiTer  "   anMiii!-*^  vif* 

■    '  •  ■  :      :    ;        ••■:—    -i*    :.i»î.:..:!!lu"!i  •?:  ;iï   cUH~»tt  n:    u-* 

•'■   ;'i'i:  •-  ■■-  -   •    Ti -■.-•]•      sfu-nr,     j~î   i   J.    iJ^ 

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••■;■'       ■■•        I  «    '     "••iJVï.    *    ;--i--     ;:<     ■.*    J'BTlr    TU»     !'  iL"*    :L"       '»"^-' 

i' ■       :-"r.-      l',    :  ■       S;;-  r  :;'.:.  H".-'--:.    :".t    ■..  t    .-"i'rv  '.srii*    ."  :;!'-."■:    iJ»:' =  ■■ 
'■         ■       !    •     '  •     -   ^'.   ,.  c;i:--r    :.v.-.L->    ..:■:     •'-•.■es*  i;   .'iif:'  — ■ 

■•    •■     ^     .'/*  ;. 

!•  i     t/-.  :■    I'.  ,.  Il    ^' i,'/;z  »!  Ahri-*  <:»•  îl-i^t    L»t:i-    i:t»l  J"  :.nrir:..'«'i:': -'■' 

'.  ,1.     ]-•  i;.//;/.  i.M     I'      '..    *A' .    K'COi.   !•<<'».  IL-*''    ?*■  î**:  T  . 

'  '.i.iiij.i  ■./.!-  (,iiji«:  ^' 5 «i ,';.«*•  irt.  xLb.r  M.Lf  jibrbdifiber  îniir  «  "««p-:** 

•—   i.'jJi.:  . 


BlBLlOfiRAPKlE 


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iCls*  Krstens  :  Die  BildloaigkeH  des  legUtmeîi  Jahwecnltus.  Leipzig, 
itig  et  Fraukc,  1886,  in-8*  de  32  p.  Tirage  ii  part  de  Zlscbr.  f.  kirchL 
iii.  uud  kircbl.  Lebeo. 

Wc  (A..!-  Hisloriscb-krilische  Einleitung  in  die  Bûcher  des  alion 
llmnents,  hinsicbtlicb  jfrrer  EnslcbuDg  und  Sammlung  ;  aulorisîrle 
lUcbe  Aû8gabe  von  Th.  Weber.  Ersler  Theil,  ersles  SlCick,  zweitea 
R.  Leipzig,  libr.  Ollo  Scbulze,  1S8G,  in-8«,  p.  97  à  192. 

BDE  [Paul  de],  fîrinnertinge»  an  Friedrich  Hfickort.  Lipman  Zunz  uDd 
lie  Verelirer.  A  us  dem  2.  Baode  dor  «  Mittijelluugcu  *>  besonders  abge- 
l|^.  Gœtliague,  libr.  Dietericb,  188(^,   iu  8^  de  p.  82  à  p.  16^. 

^H  M.  L.  Tecben  a  publié^  en  1è84.  à  GœtiiDgiie^  une  élude  (descnptÎTt^) 
^Bsur  deux  mnouscritâ  de  Mtthtùr  qui  se  Lrouvedt  dans  cetto  ville.  Ce  lia- 
^Htrail  a  éLé  soumis^  cûmme  disBertBiiua  ioaugurale,  ù  rUuiverâilé  de  Gœi- 
^Hltngiie,  qui  l'a  IrouTé  salisfaisanl.  «t  paraît  h  voir  nommé  Fâtiteur  chargé 
^Hde  cours  pour  rensetgaerneot  de  Thébreu  (p.  tOH).  Or.  Iû  di<isertaLiûQ  cou- 
^Hlonait  beaucoup  de  fautes  (graves  ou  non«  ce  nest  pas  la^aire],  notre 
^K  collabora  leur  M.  David  Kaufroann  et  d'aulros  après  lui  les  oot  raie- 
^HYi^s.  M,  Paul  de  La^arde  a  vu,  dans  uos  critiques,  uoe  attjique  injuste 
r  «iinlre  lui-même  et  contre  l'Université  de  Gœtlinguei  et  il  y  répond  en 
faisant,  avec  Bon  impétuosité  ordin&iref  une  charge  furieuse  contre  les 
auteurs  des  receosionB  matsotinautes,  et  contre  le  judaisrac  tout  entier, 
probablement  complice  d'un  ai  grand  forfait  11  noua  sera  permis,  avec  tout 
le  reapact  que  nous  avons  jiour  la  science  de  M  de  Lagarde.  de  ne  pas 
prendre  tout  à  fait  au  sérieux  et  à  la  lettre  ces  vitupératiunâ  où  il  y  a  au* 
tant  d*exceulricité  '|ub  de  passion,  et  Je  regrelier  qu'un  homme  qtii  mé- 
~lte  tani  de  conaidératiou  pour  aes  travaux  ae  livro  à  des  «mportements 
fmk  dignes  de  lui.  Asaurémcnt,  n  nous  avions  fecen«é  VouTrage  do 
^Tecben  (nous  ne  le  connaissions  pt^s).  nous  nous  serions  motilré  itj- 
fulgcot  pour  h*s  foutes  qu'il  peut  contenir  et  nous  aurions  estinté  surtout^ 
hfiz  lui,  IVtFort  qu'il  a  fait  pour  s'initvf^r  à  la  littérature  syuagogale  ou 
i^soétiqne  des  Jtiifs  du  moyeu  ùge.  Le  ton  sur  lequel  il  a  parlé  de  Zunz 
était  prûvoeant)  on  ne  peut  le  cacbert  il  devait  étonuor  chez  iiii  bomme  au 
Ikout  du  compte  inexpérimenté  dans  la  matière,  et  nous  ne  peusons  pas  quo 
II.  de  Lagarde  veuille  justifier  toutes  les  mauvitiseH  plaiaaoterJes  du  pas^ 
sage  de  M.  Tecben  qu'il  cite  .  p.  lue,  1,  1  à  h)-  Si  M.  Tecben  et  M.  de  L. 
\e  boriiaiezït  a  regrotler  que  Zunz  n^ait  pus  fait  ceriains  travaux  et  index 
^Qi  teraieiU  des  plus  uides  pour  la  lecture  de  ses  proprets  ouvrages  et 
jour  rmtellif^euce  de  La  littérature  juive  du  moyen  ftge»  tout  lo  monde 
pourrait  s'associer  à  leurs  regrets^  TOais  Zunz  a  fourni  les  matériaux,  et  il 
aafBt  presque  du  trrivaîl  diligetit  d'un  écolier  pour  remplir,  à  laide  des 
ouvrages  mfimea  de  Zunz^  une  grande  partie  au  moins  des  lacunes  quoi) 
a  a)gnali(^es.  M.  de  Lagarde  s'amuse  des  traductions  de  Zunz,  mais  il 
sût  été  juste  de  faire  remarquer  que  ces  traductions  sont  rimées,  et  qu'elles 
pouvaient  pas  avuir,  par  conséquent,  une  précision  scientilique.  Noua 
ft^avona  évidemment  aucune  compétence  pour  apprécier  les  questions  de 
êtyle  soulevées  dans  cette  polémique,  mais  il  cous  sembla  que  le  fityle  ite 
Zunz,  dans  sa  limpidité  et  sa  séréuïté,  n'est  pas  sans  valeur  et  soutiendrait 
peut-être  la  cumparaison  avec  des  styles  ploa  colorés^  il  est  vrai,  mais  plus 
troQblee  aussi,  La  vérité^  en  somme,  est  la  plus  forte  et  elle  ûuit  par  triom- 
pher, chez  M,  de  L.  et  à  son  bonneur,  sur  la  passion.  Il  termine  en  reu  * 
daoi  à  peu  près  justice  k  Zunz.  en  reconnûissant  au  moins  quelques-uns  et 
même  la  plupart  de  ses  vrtiis  mérites.  On  pourrait  être,  sur  beaucoup  de 
ehoaas,  d  acocfrd  tree  luîi  si  l'éloge  était,  dans  son  étude,  distribué  aussi 
bbératement  que  le  hlâoia  et  les  regrets.  Il  nous  semble  aussi  que  M>  de  L. 
(ait  porl«*r  le  débat  sur  des  thèses  que  personne  ne  soutient .  Nous  diou— 
tous  qu'il  y  ait,  comme  il  paraH  la  supposer^  beaucoup  de  Juifs  en  All^ 


128  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

magne  qui  prcnuent  Zudz  pour  un  grand  poète  ou  qui  admirent  indistinc- 
tement toutes  les  poésies  juives  du  moyen  âge.  M.  de  L.  exagère. 

Lederer  (Ph.).  ban  bl2)  îTriTabn  Lehrbuch  zum  Sclbslunterricht  im  baby- 
loûischen  Talmud.  Ausgewahltc  Musterstûcke  aus  dem  Talmud  mit  mô- 
glicbst  sinn-  und  wortgelrcuer  Uebersetzung  des  Textes  und  des  Com- 
mentarsRaschi,  mit  sprecblicbcn  und  sacblicben  Erlâuterungen  und  mit 
einer  Binleitung  in  deu  babyl.  Talmud  verseben;  II.  Heft.  Presbourg, 
impr.  Lôwy  et  Alkalay,  1887.  in-8<>  de  104  p. 

LBHMA.NN  (Emil).  Aus  alten  Acten.  Bilder  aus  der  EnstebuDgsgescbicbte 
der  isr.  Religionsgemeinde  zu  Dresden.  Dresde,  libr.  Cari  TrittmanD, 
1886,  in-8o  de  xvi-77  p. 

Contient  les  chapitres  suivants  :  1.  L'ancien  cimetière;  2.  Enseignement 
et  élection  des  Anciens  ;  3.  Procureurs  des  Juifs  ;  4.  Les  caisses  pour 
malades;  5.  Election  de  rabbins;  6.  Une  société  de  lecture;  7.  Le  dépôt  de 
la  caisse  de  la  communauté;  8.  Plainte  contre  les  Anciens;  9.  La  maison 
commune;  10.  Echos  de  la  révolution  de  juillet;  11.  La  synagogue; 
12.  Echos  de  la  révolution  de  février  ;  13.  Berthold  Auerbacb  et  la  circon- 
cision. 

Ligne  (Le  prince  de).  Mémoire  sur  les  Juifs.  Tirage  à  part  de  la  Rerue 
rétrospective,  in-8o,  p.  25  à  41  (année  1886  ?),  n«  50. 

Levt  (J.).  Neubebr&iscbes  und  cbaldâiscbes  Wôrterbucb  ûber  die  Talmu- 
dim  und  Midrascbim  ;  20®  fascicule,  p.  337  à  448  du  4®  volume.  Leipzig, 
libr.  Brockbaift,  1886. 

LiPSius  (R.-A.).  Theologiscber  Jabresbericbt.  5.  Band,  entbaltend  die  Lite- 
.    Tatur  des  Jabres  1885.  Leipzig,  libr.  Georg  Reicbbardt,  in-8<'  de  x-566  p. 

Excellent  répertoire;  assez  nombreuses  notices  sur  le  Judaïsme  et  la 
'science  juive. 

LiPSius  (R.-A.).  Die  Pilatus* Acten  kritiscb  untersucbt.  Neue  vermebrtc 
Ausgabe.  Kiel,  libr.  G.-F.  Haeseler,  1886,  in-8»  de  (2H5  p. 

Mahler  (Eduard).  Bibliscbe  Cbronologie  und  Zeitrecbnung  der  Hebr&er. 
Wien,  libr.  Cari  Konegen,  1887,  in-8»  de  xiv-204  p. 

L'ouvrage  est  divisé  en  deux  (plutôt  trois)  parties  :  1.  Chronologie 
biblique  ;  2.  Calendrier  des  Hébreux  et  des  Juifs  ;  3.  Tables  pour  le  calen- 
drier actuel.  La  première  partie  est  de  pure  fantaisie,  Tauteur  cherche 
sérieusement  la  date  des  éclipses  solaires  qui  ont  produit  les  ténèbres 
d'Egypte,  l'obscurité  qui  a  entouré  ralliance  d'Abraham,  la  nuit  qui  vient 
au-devant  de  Jacob  quand  il  sort  de  Beerséba,  Tarrêt  du  soleil  sur  Tordre 
de  Josué.  Ce  sont  des  naïvetés  un  peu  fortes.  Dans  l'exposition  du  calen- 
drier biblique,  l'auteur  est  très  loin  d'avoir  utilisé  toutes  les  données  de 
la  Bible;  c'est  un  chapitre  des  plus  incomplets.  Son  exposition  du  calen- 
drier juif  actuel  est  probablement  exacte.  Les  tables  partent  de  l'année  4Û<t6 
(1306)  et  vont  jusqu'à  l'année  3909  ou  3910.  Elles  sont  faites  uniquement 
d'après  le  système  de  Schram,  qtii  sert  purement  pour  la  vérification  dans 
les  Tables  du  calendrier  que  nous  avons  publiées.  Les  autres  tables  ne 
sont  pas  mauvaises,  mais  elles  délaient  la  matière  sans  grand  profit  et  elles 
sont  loin  de  fournir  tous  les  renseignements  qu'on  pourrait  désirer. 

MA.RX  (Gustav).  Jûdiscbes  Fremdenrecht;  antisemitiscbe  Polemik  und  jù- 
discb  Apologetik;  kritiscbe  Biatter  fur  Antisemiten  und  Judeu.  Carl- 
srub  et  Leipzig,  libr.  H.  Routher,  1886,  in-8®  do  80  p.  Publication  de 
rinstitutum  judaicum  (pour  la  conversion  des  Juifs). 


RiRLianRApnîE 


129 


TifBgft   à    purl,    augmenta,    tin    journal    Knthanfl^   première   année.  So 
rftppoTle  principolemeDl  à  la  pulémiquo  sur  le  Schulhin  Anikli, 

Marx  (Giïslav).  Die  Tolunp-  tJngl3ubigjcr  nach  lalmudisch-rabbmîsrheni 
Kccht.  Leipzig,  libr-  Dorifliog  et  Krankc,  1885.  iu-8<*  de  48  p.  N'*  G  de 
rjnsUtutum  judaicum. 

.MéMAt?<t  (rabbê).  La  connaissance  des  temps  évangéliqucs.  Sens,  chez  Tau- 
leur;  Paris,  libr.  calholique  internat.,  Rome,  libr,  Spithover,  1886,  iii-8** 
de  xvi-543  p. 

Cet  ouvrage  est  une  seconde  Mitioa,  remaniée  et  agraudie,  des  Eludes 
cbroDolof^ques  du  nifime  auteur,  parues  en  1gS7.  Toule  personne  qui  lira  cp 
livre  sera  frappée  de  U  sincérité  sdenlifîqHe  et  de  la  probité  avec  Inquelle 
M.  Afémain  cherche  la  solution  des  diilérenls  prohlèmea  qu'il  est  amené  ù 
étudier.  Ou  Terra  aussi  comment  la  science  cbronologiqtie,  mauiée  avec  la 
compétence  et  le  tact  de  M.  Tabbé  Mémain,  éclaire  les  questions  histo- 
riques, y  sert  de  guide  et  d^ÎDStruinent  crilîque.  Aux  lecteurs  dij  cette 
Jlevnf  nous  signalons  spécialement  les  chapitres  suivant».  Première  partie 
chap.  m,  les  Juifs  au  temps  de  Jésus-Christ;  chap.  iv,  les  deui  calemirier* 
jïiiJs  (le  calendrier  julien  suivi  par  eux.  et  le  calendrier  hébraïque). 
Deuxième  partie  :  chap.  i,  époqtie  de  la  mort  dllérode  (conclusion  : 
*  Jésus-Christ  est  né  quatre  ans  au  moins  avant  l'ère  chrétienne*  •)  ; 
chap.  Il,  le  recensement  général  de  Quiriaus.  Troisième  partie  :  chap.  t 
à  tv,  dates  de  la  prédication  do  Jésus- Christ.  Septième  partie  :  Restitution 
du  calendrier  hébraïque  au  temps  de  Jésus- Christ  ;  le  calendrier  luni- 
solaire  des  Juifs  modernes  (excellente  exposition  des  principes  et  des  r&gles 
do  ce  calendrier);  l'astronomie  chei;  les  Iléhreux  ;  restitution  du  calendrier 
hébraïque  «u  temps  de  Jésus-Christ.  Dans  les  Notes  complémentaires,  on 
trouvera  une  foule  de  quesliotis  qui  intéressent  Thistoire  jyive  :  jour  de  la 
nomination  et  de  la  mort  d'H^rode,  Ilérode  le  Télrarque.  llérode  Agrippa, 
la  Pftque  de  Tan  29,  la  règle  de  B&du  et  Adu.,  les  tékuphot»  ctc,  Lo  sujet 
est  veste  el  traité  avec  une  application  qui  mérite  le  respect  et  inspira  la 
sympathie.  Dans  un  prochain  numéro,  nous  examiaerons  quelques-unes 
des  thèses  de  Tautcur, 

MÛLLEH  (Joell,  Die  jùdiscbe  Moral  im  ersten  nacbtalmudiscbcn  Zeitallor. 
Vorlrag,  . .  Francforl-sur-îe-Mein,  inipr.  H.-L.  Bronuer,  188f>,  in-S**  de 
13  p.  Eslrajt  des  Popiil.  wisscuscb.  MonatsblîlUer. 

MfJNz  'Isak).  Ueber  die  jûdiscben  Aertzte  îni  MittelaUer.  Berlin,  libr. 
Drieaner,  1887. 

Nkustadt  (Louis),  Slammtafeln  der  von  Liebmacn  Scbwarïscbild  in  Frank- 
furt  a.  M,  (155î>-l5[M)  abslammendcn  Familien,  atif  Gnintl  derUrknnden» 
Akten  tind  Rcgisler  des  Stadt^rchivs  uud  des  GemeindcBiireaus^  srjwie 
von  Mitlbelluugen  ans  der  Fatiiilic.  Als  manuscripl  gedruckl.  Francfort' 

SsuHe-Mein,  impr.  Kuropf  cL  Reis,  lî^<î,   in-i"*  de  8  p,  et  18  IL  contenant 
20  tableaux. 
Les  tableaux  généalogiques  dressés  par   M.    N.   «ont  un   remarquable 
I  répertoire   de   noms  et  de  dates.   Eiles  formeront  un  très  uiûe  instrument 

de  précision  pour  rhislotre  des  Juifs  de  Francfort  et  de  la  région. 
Olitzki  (MarcuH).  Flavius  Josephus  und  dic  llalaeha.  Kratcr  Theil,  Einleî- 
liing,  die  Opfer.    Berlin,   impr»  Ilsîkowski  ;    Francfûrt,  Ubr.  Kauffmann  ; 
Leipzig,  libr.  Otto  Scbulze,  1885,  in-8<>  de  58  ff. 

Oppkhkeim  (Moritz),  Bilder  ans  dem  aUjûdiscben  Familienïeben  nach  Ori- 
gÎDalgeiniUden,  mit  Einfiibrung  und  Erlaûteriingen  von  D'  Leopold  Stein. 
Francrorl-sur-lo'Mciii,  libr.  lleiïirîch  Keller,  188G,  iïi-f'\ 

T.  XIV,  T^""  27.  i» 


-130  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Oatlines  of  Jcwisli  History  from  B.  G.  586  to  C.  E.  1885  ^th  ihree  maps, 
by  the  aûtor  of  «  A.bout  the  Jews  since  Bible  times  »,  revised  by 
M.  Vriediander.  Londres,  libr.  Longmans,  Green  et  G**,  1886,  in-8®  de 
xxiv-343  p. 

Perreau  (Pietro).  Gli  Ebrei  in  Inghillerra  nel  secolo  xi  e  xii.  Estratto  del 
Gorriere  israelitico.  Trieste,  impr.  Morterra,  188*7,  m-8*  de  15  p. 

D*aprè8  TouTrage  de  S.  Goldschmidt  recensé  dans  un  numéro  précédent 
de  W  Revue, 

Pfleidbrbr  (Edmund).  Die  Philosophie  des  Ueraklit  von  Ephesas  im  Lichte 
der  Mysterienidee,  nebst  einem  Anhang  ûber  heraklitische  Einflûsse  im 
alltestamentl.  Kohelet  und  besonders  im  Bûche  der  Wcisheit,  sowie  in 
dor  ersten  christl.  Literatur.  Bcrliu,  libr.  Georg  Reimer,  1886,  iii-8*  de 
ix-884  p. 

RosiM  (David).  Reime  und  Gedichto  des  Abraham  ibn  Edra,  Hefl  II  ;  dans 
Jahresbericht  des  jûd.-theolog.  Seminare,  de  Breslau.  Broslau,  impr. 
SchotUaender,  1.887,  in-S^  de  100-x  p. 

ScHiLLBR-SziNESST  (S.-M.).  St.  Paul  from  â  Jewish  point  of  view  ;  dans 
Bxpositor,  Londres,  numéro  de  novembre  1886,  p.  321  k  335.  Le  mfime 
numéro  contient  un  article  de  Marcus  Dods,  intitulé  :  The  Book  of  Zecha- 
riah,  7.  National  Revival. 

Samublis  BEN  Ghofni  trium  sectionum  posteriorum  libri  Genesis  vcrsio 
arabica  cum  commentario  e  ms.  cod.  biblioth.  public,  imper.  Petropolit. 
nunc  primum  edidit  I.  Israolsohn.  Saint'-Pétersbourg,  libr.  A.  Zinserling, 
1886,  in-8»dexri-184p. 

BCHEID  (Elle).  Histoire  de  Rabbi  Joselmann  de  Rosheim  (1478-1554).  Ex- 
traite de  la  Revue  des  Études  juives.  Paris,  libr.  A.  Durlacher,  1886, 
in-8»  de  34  p. 

Seffer  (G.'H.).  Elcmentarbuch  der  hebr.  Sprache,  cine  Grammatîk  fur 
AnRlnger,  mit  eingeschaltcten  systemalisch  geordneten  Uebcrsetzungs- 
und  andern  Uebungsstûckcn,  eincm  Anhange  von  zusammenhàngenden 
Lesestûcken  und  dcn  nôthigen  Wortregistcrn,  zunâchst  zum  Gebrauch 
auf  Gymnasien.  8.  Auflage,  besorgt  von  F.  Scbald.  Leipzig,  Friedr. 
Brandstelter,  1886,  in-8*>  de  xiv-376  p. 

Bmend  (Rudolf)  et  Socin  (Albert).  Die  Inschrift  des  Kônigs  Mesa  von  Moab 
fCir  Akademischo  Vorlesungen.  Fribourg  en  Brisgau,  libr.  J.-G.-B.  Mohri 
1886  ;  texte,  in-8o  de  35  p.  ;  atlas,  contenant  1  feuillet. 

Le  texte  comprend  udc  introduction  historique,  la  description  matérielle 
du  monument,  la  transcription  et  la  traduction  du  texte  de  la  stèle,  des 
observations  critiques,  un  lexique  alphabétique  des  mots  et  des  noms. 
L'atlas  comprend  une  planche  donnant  une  copie  théorique  (non  un  fac- 
similé)  du  texte. 

Steinschneider  (Moritzl.  Euklid  bel  den  Arabem,  eine  bibliographischc 
Skizze.  Extrait  de  la  Ztschr.  f.  Mathem.  und  Physik,  XXXI,  3  (1886  ?), 
in-8%  p.  81  à  110. 

P.  85  mentionne  des  traductions  hébraïques  des  Eléments,  d'Euclide; 
p.  93,  passage  sur  une  traduction  de  Moïse  ibn  Tibbon;  p.  101,  mention 
de  traductions  hébraïques  de  l'Optique  ;  ei  patsi/Ht  autres  mentiomi  de  ce 
genre. 


BIBLIOGRAPHIE 


131 


^SCHNEIDER  (M.)*  JCldiâclic  Gcschiclite  von  der  ZerstôruDg  Jerusalcras 
tftis  zur  GegeDwart,  dans  le  JabresbericM  de  Mûller,  Berlin .  188G,  p»  i  33 
1  52, 

Rapport  sur  les  travaux  d^hîstoird  juive  en  1t$fôf  trè»  îaLéreuant^  avec 
addiiiûns  et  corrêclious  sauveul  exoelleutes, 

(Ludwig),  ^ïVl3n  *^*nT3^    odcr  die    Vorschrifleu  der  Thora  welcbe 
ael  ÎD  der  Zcrstréuutig  zu  beobaclitk^n  bat.  Ein  Lehrbucb  der  Religiou 
ir  Schule  und  Famille  ;  2,  vernjebrLe  uuû  verbesaerlc  Audage.  FraBC- 
Drt-surk-MeiD,  libr.  J.  Kauf&uanû,  188G,  iii*8^  de  xvKlK30<J  p, 

i^cac  (Uerm,-L.).  Grammaire  hébraïque  avec  paradigmeç,  exereices  de 
ecluro,  cbrestomalbie  et  indice  bibliographique  ;  Iraduil  de  Tallemand 
par  AdI^-J.  Uaumtjartncr,  Carlsruli  et  Leipzig,  libr.  II.  Reulher;  Paris» 
'libr.  Maisonneuve  et  Cb.  Leclerc  ;  Genève,  ILbr.  Slapelmohr»  188t),  iii-8'' 
de  xi;i;-171-79  p.  Collectioo  Porla  linguarum  orieiitalium.  de  IL  Pe- 
iermaùD. 

SzoLD  (Benjamin).  Das  Bach  Hîob  nebst  cinem  ncueû  CommenLar.  Balti- 
more, 1886»  iu-8*  de  3LXH-4Û8  p, 

Talmad  (Le)  de  Jérusalem  traduit  pour  la  première  fûis^  par  Moïse  Schwab, 
Tome  IX,  traités  Guitin  (fm),  Nazlr,  QîddQuschiu.  Paria,  libr.  Maison- 
neuve,  188*7,  in-8«  de  iv-299  p. 

VKRîiES  (Maurice).  L'hîsloirc  des'religionsi  son  espril,  sa  méthode,  ses  di- 
vjfiioDS,  &on  enseignement  en  France  et  à  Tôtranger.  Paris,  libr.  Ernest 
Leroux.  1887,  in-18  de  211  p. 

Cet  ouvrago  de  noire  savant  ami  et  collègue  contioQt  les  chttpitrea  auî- 

vanta  :  1*  Objet,  esprit  et  méthode  de  rhistoire  des  religions  ;  2.  Dl^s  divi- 
8Î008  de  l'bistoîre  religieuse  ou  du  claasemeDt  des  religions  ;  H.  Les  abus  de 
la  méthode  comparativo  dans  rbiatoire  de»  religions  en  général  et  particu* 
lièremeat  dans  î  étude  des  religions  sémitiquea;  4.  Lliistoire  d^  religions 
aux  différents  degrés  de  renseignement  public  ;  quelle  plaue  il  convient  de 
lui  faire  î  les  numéros  5  a  7  et  lappendtce  contieunent  divers  artictea  sûr  la 
même  question  ou  des  questions  analogues.  Ce  qui  nous  intéressie  aurtout 
ici,  c'est  le  numéro  3  [a  été  aussi  tiré  a  part^  chez  E.  Leroux).  La  critique 
faite,  dans  ce  chapitre,  par  M.  Vemee,  des  méthodes  employées  actuelle- 
ment dans  les  éludes  d'histoire  religieuse  nous  parait  excellente.  Sans  doute, 
il  ne  faut  pas  proscrire  les  méthodes  compurativiîS,  mais  il  faut  s'en  servir 
avec  infiniment  de  drconspectioa  et  de  réserve.  M.  Yernes  montre  sur  quak 
points  la  méthode  est  en  défaut  :  elle  attribue  aux  religions  des  origines 
purement  fictives  et  que  les  documents  historiques  no  foot  pas  connciître  ; 
elle  classe  les  religions  suivant  un  système  de  rates  qui  est  lui«m6me  sujet 
à  caution,  car  les  racca  no  sont  pas  la  même  chose  que  les  langues,  et  on 
les  ctaeso  surtout  par  les  langues,  et  lea  religions  no  sout  pas  absolumisDt 
«olidairvs  des  races.  Les  Français  sont  surtout  Celtea  et  Germains,  et  ils 
parlent  latin  ';  Iob  Indo-Ëuropéeoa  d'Europe  ont  adopté  une  religion  d^ori- 
gine  sémitique.  On  a  cherché,  pour  divers  groupes  religieux^  une  religion- 
mère  sur  laquelle  tous  les  renaeigaements  font  défaut.  Enho,  on  a  cherché, 
pour  les  cultes  et  les  croyances  religienses ,  des  clés ^  des  expUcations  natu- 
ralistest  météorologiques  «  astronomiques,  qui  se  aoot  finalement  montrées 
incomplètes  et  inefficaces.  Les  clés  ni  les  passe-partuut  n'allaient  à  toutes 
les  aerrures*  Pour  les  religions  sémitiques,  et  la  religion  juive  en  particu- 
lier, M.  Yer&es  combat^  comme  peu  fondée  scientiiiquementi  l'hypothèse 
du  polythéisme  primitif  des  Juifs.  11  ue  croit  pas  non  plus  que  les  historiens 
qui  ont  voulu  chercher  Torigiue  du  Judaïsme  en  Assyrie  et  qui  ont  fini  pr 
nmcoatier,  duis  ce  pays*  des  Acddiens  do  race  tourtnieuaej  soient  arri* 


121  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

vé?.  SUT  c«  point,  à  un  résaltat  qui  puisse,  aujourd'hui ,  prendre  place  dans 
la  tcieDce.  Ce  qu'on  a  de  mieux  i  faire  provisoirement,  c'est  d'étudier  le 
Jndaisme  en  lui-même,  c*est  le' plus  sûr. 

VnNES  (MaunceV  La  science  des  religions  et  Tislamisme,  deux  confé- 
rences faites  le  19  et  le  26  mars  1886  à  TËcole  des  Hautes-Études,  sec- 
t^^Q  dos  sciences  religieuses.  Paris,  libr.  Ernest  Leroux,  1886,  in-18  de 
SO?. 

ViscHïR  Eberhard).  Die  Offenbarung  Johannis,  eine  jûdiscbe  Apokaljpse 
12  christlicber  Bearbeitung;  mit  einem  Nachwort  von  Adolf  Hamack. 
Leiszùr.  Ubr.  J.  C.  Henricbs,  1886,  in-8*  de  137  p.  ;  dans  la  collection 
î:i:i;uleo  :  Texte  und  Untersucbungen  zur  Gescb.  der  altcbristl.  Literal. 
r:a  O.  t.  Gerbardt  und  Ad.  Hamack:  2«  vol.,  fasc.  3. 

Laaienr  xent  prourer  que  TApocalyse  de  saint  Jean  est,  en  grande 
partie,  l'cBaTre  d*un  Juif  qui  a  été  remaniée  et,  en  partie,  interprétée  pir 
un  chiéiten.  Cest  une  étude  des  plus  intéressantes. 

WrNTER  iJacob^.  Die  Stellung  der  Sklaven  bel  den  Juden  in  rochtlicber 
und  gesellscbaftUcber  Beziehung  nach  talmudischcn  Quellen.  Inaugural- 
l>is5erUtion.  Halle  (impr.  Tb.  Scbatzkv,  Breslau),  1886,  in-B^  de  66  p. 

Contient  les  diTisions  suivantes  :  A.  L'esclave  hébreu,  origine,  durée, 
nature  de  son  esclavage;  B.  L'esclave  payen  :  l'esclave  comme  propriAé. 
reedave  comme  personne,  le  mariage  des  esclaves,  la  situation  sociale  de 
Tesdave.  Boa  travail. 

\VvN;<ecHB  August^.  Der  babjl.  Talmud  in  seinen  baggadiscben  Bestand- 
thotlen  wortgetreu  ûbersetzt . . .  ;  zweiter  Halbband,  erste  Abtbeilaog. 
L«ftpxi^«  Ubr.  Otto  Scbulze,  1887,  in-8«  de  viii-378  p. 

Wotrr  ^L.\  Uumoreskeu  ans  dem  jûdiscben  Yolkslcben.  Berlin,  libr. 
S.  Cronbacb.  1887,  in-12  de  85  p. 

IVtits  récits  assez  intéressants.  La  date  de  1887,  qui  se  trouve  sur  un 
c«rn>  de  papier  collé  sur  le  titre,  n'est  peut-être  pas  exacte. 


Périodiques. 


2\2  ••X^  0«ar  T*k  (supplément  hébreu  du  Magazin  fur  die  Wissen- 
^olurt  dt*s  Judouthums'i.  1885.  =  =  N**  4.  La  Légende  du  roi  Arthus.  — 
l^,  KJiufkuann  :  Une  poésie  de  Dunasch  b.  Tamin,  d*aprës  le  ms.  18  de 
IWrliu.  -  Leone  Luzzatto  :  Une  escama  de  Venise  1636.  —  Note»  cxé- 
«^^ù^uos  intKlites  de  R.  Jcsaia.  —  J.  Reifmann  :  Sur  le  Timn  1^0.  — 
J»  Keîftnann  :  Gloses  sur  le  Û'^T'^on  'O.  =  =  1886.  N»  3.  CommenUire 
do  J<>$^ph  Kara  sur  rBcclésiastc,  publié  d'après  un  ms.  du  Séminaire  de 
Brv^^Uu. 

vr:Vr  r'^a  Betli  Talaïad  (Wien,  mensuel).  50  année.  =  =  N«  1.  Fried- 
m«nn  :  Los  manusctits  des  Pesiktot.  —  Abr.  Epstein  :  L'antiquité  du 
TAuhuma.  —  Jacob  Reifmann  :  Extraits  de  son  ouvrage  sur  l'Aracb. 
-■:  -  .  N*  2,  Weiss  :  Le  Midrasch  Tanhuma.  —  Friedmann,  suite.  — 
Kpsloin«  suite,  —  Jacob  Reifmann  :  Gloses  sur  Raschi.  —  Abr.  Danon  *- 
Mol;uij:t»s  midrasch iqu es.  =  =  N®  3.  Weiss,  suite.  —  Friedmann,  suite. 
OauoiK  suite.  —  Abr.  Epstein  :  Notes  diverses.  =  =  N'  4.  Weiss, 


S 


BlliLlOGHArmE 


133 


3n.  —  RcifmanD,  suile'  —  N.  BrûU  :  Noies  diverses.  —  RoifinanD  :  Noies 
liir  le  Targiïui  Jcrusalmi,  —  DaiiOD,  fin,  —  Epstcm,  suite.  —  Kéiliuaiio  : 
*Èoleâ  sur  le  Tar^i^um»  elc.  ==  N**  5.  Rcifmaniï  :  Noie  sur  uq  passage  du 
raobutoâ,  —  OppeDbeim  :  Notico  biographique  iiur  IL  José  ba-Golili.  — 
Abr.  KpstcÎD  :  ^nn  "^21  «"nTFi;  —  Les  noms  du  Messie  fils  de  David, 
^i^  :=;  N»  6.  Friedmanu  :  Derascba  pour  la  section  de  Zakhor,  --  Oppca- 
beîm,  suite*  —  N.  Brûll  :    Sur  l'arllcle  précédent  d*Epstciii.  —  Josef 

IColicn  :  Noies  sur  lu  Talmud  et  le  MidraacU.  ^  RcifmaDo  :  Notes  sur  le 
ffargum  JerusalniL  ^-  Joeî  WùUer  ;  CousuUations  rabbiiiicjues  (suite). 
fc:=  =:  N**  7.  FriedmaïQU  :  Derascba  sur  la  section  Parah,  —  Friedmaiia  : 
pur  les  altératioQs  dans  le  texte  des  Midrascbini,  —  A,  Epsteiu  :  Lus 
tioniB  du  Messie.  —  Benjamin  Yeheskel  :  Tablti  des  fautes  des  mots 
arabes  qui  se  trouYeut  daus  le  coinmeut.  de  Saadia  i^uv  Toliorot  imprimé 
dans  lé  Koùer  maa4é  yedé  guemUm,  Berlin,  5GlfJ.  —  Joël  Muller  :  Consul- 
Nlations  rabbiuiques. 
t 


na  Burtcitl,  MorgenbiUxe  (Wicii,  mensuel).  V^  année,  IL  Bucb*  =  = 
n*^  1.  Meir  Kobn  Bistntz  :  ^rD  et  Dnr:  npi5^.  —  ^L  B.  Goldmauu  :  Les 
quatre  semaines  entre  les  fâles  de  Purim  et  de  Pûque  à  Lida.  —  Baer- 
uiann  :  Notice  biograpbique,  Salomon  Maïmon.  (La  suite  de  ce  journal 
o'a.  pas  paru.) 


^n  a 

^^niOBn  Hatiilsdéronah  {Francfort-sur-le-Mein,  mensuel  ;  paraît  irrcf^'u- 
^Wérement).  P^  année,  1885-1880.  =^  =  N^*  1  et  2,  Cbajim  IIirb.cbensoiiQ  : 
^B>rdre  et  divisions  des  traités  miscbuiques  et  talniudiques  et  des  plus 
^Kclèbres  ouvrages  rabbiniqnes.  —  Cb.  llirscbeusobn  :  6"^"l^*Cn  npbn?^» 
^K)ivisiou  des  sujets  (r;:2''C,  «""SnD»  etc.)  traités  dans  le  Talmud.  —  Bt!r- 
liner  :  Coutributiotia  h  rintroductiou  au  Talmud-  —  Un  manuscrit  d'ibu 

IBalam  :  Les  verbes  hébreux  dérives  de  subslanlifs.  —  J.  Hildesheimer 
bl  S.  Horowilz  r  Notes  sur  des  passBg43S  lalmudiques.  ;-^  =  N*'*3i5t4. 
th,  Hirscbensobn,  îlildesheimer  cl  Berliner,  suite-  —  D-  itoffmanu  :  Les 
passages  défectueux  de  la  Mischna.  —  J.  Schur,  L.  Hosenlha!,  IL -IL 
Bcbônfeld,  IL-J.  Taporower  ;  Notes  sur  des  passages  lalmudiques,  — 
H*-J.  Jafle  :  Concordance  tplmudiquo.  ^  =  N*  5.  Ch-  llirschcnsûhu, 
D.  Hoffmaon,  IL-J.  Taporower»  H,-J.  Jatîé,  suite,  :^  =^  N**  G.  Ch.  llir- 
scbensohn,  Hoffmann,  suite.  -—  Cb,  llirsckcnsohn  :  Manuscrits  hébreux 
de  la  Paleslino.  =  ==  N*  7,  Hirscbensolin  :  .Manuscrits  liéhreux  de  la 
_PalestiDe,  Ehen  hmchnham,  de  Pï*"'5  p«  "'"l.  —  Ilildesheimer,  Sch5nfcld, 
flilo.  —  Séfer  ha-kcblim  d*Elie  Halevi,  élève  d'isoac  Larapronli.  =  ;^^ 
'8.  Cb.  Hirschensohn  :  Ordre  de  la  Mischna,  suite,  —  Du  Scbofur 
&nné  le  Hoscbana  rahba.  =  z=  N^  0.  3"ii:^  «""bD  n?3K  par  Ilirscheusobn 
lï^  10).  —  Eben  haschoham,  suite.  —  Sainuel  Salom.  Biarski  :  Notes 
Jïûudiques.  —  D.  Hoirmauu  :  Sur  l'^^irilT  0"'ir.  —  Séfer  ha-kcluliui, 
iiito.  =  =2  N"  10.  llirschensohn  :  Ordre  de  la  Mischna,  --  Biarski, 
.  —  Scfer  ba-keîalim,  suite.  ==  N**  11^  nous  manque.  =:=  N**  12. 
élace  du  Séfer  Matté  Aron,  de  l'auteur  du  Ha v val  Valr.  —  Jacob  Mar- 
Dchée  llïrscbensobn  :  Synonymes  talmudiques. 

t73rî  (Saint-Pétershourg»  mensuel).  î'«*  année.  =  ==  N"  2.  Josué  Levin- 
obn  :  Jugements  des  Juifs  sur  les  autres  peuples  (suite).  —  Seher- 
cbewski  :  Sur  le  "•bbn  'D.  —  A.  Harkavy  :  Notes  sur  des  mss,  bébieux 
1  Saml'Pétersbourg.  =  =^  N*»  'à  David  Kaufmann  :  Biographie  dWbra- 
ham  ibn  Uaud,  —  Lewiaobu  :   Additions  à  sa  Zoologie  du  Talmud.  — 


134  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

S.  Z.  Sacher  :  Sur  la  méthode  suivie  par  R.  Aschi  dans  la  rédaction  dn 
Talmud.  =  =  N®  4.  Isaac  Sobel  :  Spinosa  et  son  école. 

1V3t  Zlon  (Drohobycz,  mensuel).  P*  année,  n®  1.  Senior  Sachs  :  Notes 
exégétiques.  —  Salomon  Buber  :  Gloses  sur  la  grammaire  d*Blie  Bahur. 
Sal.  Buber,  suite.  (La  suite  de  ce  journal  n*a  pas  paru.) 

nniSÏ^  Haselmeluip,  Die  Horgenrothe  (Wien,  périodicité  non  indiquée). 
12®  année.  =.  =  N<>  12.  W.  Schur  :  Voyages  de  Salomon  Rinmann,  de 
Cochin,  suite.  —  Rubin  :  Séfer  hamalakim,  fin. 

ArehiTes  Israélites  (Paris,  hebdomadaire).  47®  année.  1886.  =  =  N^  2. 
Rabbinowicz  :  Le  jargon  juif,  à  propos  du  Sephatk  Jehudith  de  Â.  Har- 
kavy.  =  :=  N"  16.  D.  Haguenau  :  Les  précurseurs  de  l'émancipation  juire 
au  XVIII**  siècle,  conférence.  =  =  N"  21.  E.  Schwarzfeld  :  La  natalité 
comparée  chez  les  Roumains  et  chez  les  Juifs.  =  =  N*  29.  Une  colonie 
israélite  agricole  au  Caucase.  —  Dr.  Is.  Grégory  d*Ârbella  :  Les  Juifs  de 
l'Yémen. 


Jûdlselie  Centralblatt  (Pisek,  trimestriel),  5* année,  1886.s==No  1. 
Grunwald  :  Gesch.  der  Juden  in  Bôhmen,  suite.  —  M.  Eisler  :  Ibn  Dand 
und  sein  Buch  Die  erhabene  Religion.  —  Eine  beachtenswerthe  Va- 
riante in  En  Jakob.  —  Die  Fremdwôrter  im  Aruch.  —  Zur  Btymologic 
der  Worte  "*nD73  und  Hanif.  =  =  N«  2.  Grunwald  :  José  ben  Jochanan 
aus  Jérusalem,  der  Begrûndcr  des  Essâismus.  —  FriedlSnder  :  R.  Âron 
Kornfcld.  —  Rubin  :  Miscellen  (sur  la  racine  *70n).  —  Léop.  Risler  : 
1.  Rectification  ciner  corrupten  Targ.-Jerusch.-Stelle  ;  2.  Rectification 
ciner  corrupten  Aruch-Stelle.  —  Samuel  Lippmann  :  Zur  Geschichte  der 
jùdischen  Cultusgemeinde  Teplitz  in  Bôhmen.  —  Grunwald  :  Gesch. 
der  Juden  in  Bôhmen,  suite. 

The  Jewish  Chronlele  (Londres,  hebdomadaire).  ==  N^  875.  Ad.  Neu- 
bauer  :  The  introduction  of  the  square  characters  in  Biblical  mss.  ;  suite 
dans  le  n®  878.  =  =  N®  879.  Alcharizi  (communication  de  J.  Friedlânder 
à  la  Jews*  Collège  Literary  Society).  =;=  N*  884.  Gaster  :  The  Apoca- 
lypse of  Abraham.  ==  N<*  892.  Ad.  Neubauer  :  Jcwish  literary  glea- 
nings.  Progress  of  midrashic  literature.  =  =  N®  §94.  S.  Singer  :  Jose- 
phus  against  Apion  ;  suite  dans  le  numéro  895.  =  =  N»  897.  Ad.  Neu- 
bauer :  Jewish  literary  gleanings.  Maimonide's  autograph  of  the  Mish- 
nah  Torah.  =  =  N®  898.  Claude  G.  Montefiore  ;  Jewish  prosélytes  in 
olden  times  ;  suite  dans  les  n<>^  899  à  902.  =  =  N«  900.  Ad.  Neubauer  : 
Compendium  of  halakhot.  =  =  N^  907  et  suivants.  Isidore  Uarris  : 
Targum  Onkelos.  =  =  N<>  912.  Is.  Harria  :  Aida  to  the  Study  of  Rab- 
binic  and  Chaldaic  =:  =  N**"  920  et  921.  Ad.  Neubauer  :  Secla  amang 
the  Jews.  —  N9  921.  Joseph  Jacobs  :  Aaron  son  of  the  Devil  (document 
de  Colchester  et  dessin) .  =  =  N®  925.  Ad.  Neubauer  :  The  expulsion 
firom  Spain  (sur  une  chronique  juive  écrite  par  R.  Salomon  de  bw^'^ona 
pour  faire  suite  à  celle  d*Abraham  b.  David  et  découverte  en  Orient 
par  M.  Harkavy.  — Abrahams  :  The  rod  of  Moses  and  ita  legendary 
story. 

Comptes  rendiM  des  séances  de  rAcadémie  des  Inserlptloms  et 
Belle^L- Lettres  (Paris,  trimestriel);  4°  série.  ==  Tome  XIII  (1885). 
Léon  Ilcuzcy  :  Un  gisement  de  diorite,  à  propos  des  statues  chaldéennes. 
^  Edmond  Le  Blant  :  Le  Christianisme  aux  yeux  des  païens.  =  = 


BIBLIOGRAPHIE 

Toxna  XÎV  (1886).  Lcdouli  :  Notu  oxplicalivc  d'ua  pian  de  la  laosqiiéo 
d'H<5l>roii.  —  ScUefer  :  Rapport  sur  la  commun  ic  a  Lion  de  M.  Lodoulx 
relaliTo  au  plan  du  haratn  d'IIêbron.  —  Hiaiit  :  Lettre  sur  celte  môme 
communication.  —  Salomon  Reiiiach  :  Note  sur  une  synagogue  grecque 
à  Phocéo.  —  Gaston  Boissier  :  Note  sur  un  passage  des  Annales  de 
Tacite,  XV,  44  (relatif  h  la  première  persécution  contre  les  Chrétiens).  — 
■Jpli.  Berger  :  Note  sur  trois  cents  nouveaux  ex-voto  de  Carlhago.  — ^  M.  do 
nogûé  :  Note  sur  une  inscription  bilingue  di?  Tello-  —  Pb»  Berger  :  Rap- 
port sur  quelques  inscriptions  araméennea  inédites  ou  imparlaitemeDt 
im<îuttes  du  Dritish-Museum.  —  Heuzejr  :  L'architecture  chaldéenue 
d'après  les  dôcouyertes  de  XL  de  Sarzec. 

fke  Anttrlraii  He1ir«w  (New-York,  hcbdoroodairo).  VoL  25,  ^  =  N*  1. 

Alex.  Kohut  :  Tbe  Jewish  Womaii  ;  a  slndy  of  Ihc  lalmudic  Epocb  (fin). 
=  ^=  N*»  2,  Alex.  Kohul  :  Tbe  Talmud  ;  suite  dans  les  n'^*  3  à  7.  =  = 
N*  6-  Alex*  KohuL  :  A  Midrash  on  Ihc  Conversion  of  the  Chazars.  =^  = 

K*»  8.  Alex.  Kobut  :  Superstition;  suite  dans  les  n*"  î)  fe  12.  ^  =:  Vol. 
J,  n*  2.  Alex.  Kohut  :  Talmudic  Apborisms,  suite  dans  les  n*'*  3,  4,  G 
tll,  =  =  N^  4.  Morris  Jastrow  :  Tbe  Bible  in  tbe  Lîgbt  of  Modem  Cri- 
licism;  suite  dans  n"  5,  ^  c=  N°  6.  Jews  in  tbe  Sahara  désert.  =  =^ 
|y  7.  Tbe  Jc^s  of  lierai.  —  Tbe  Florentine  Gbelto.  =  =  N*"  10,11,12, 
fcenry  Pheïps  :  Sbylock  vs.  Antonio.  =  =  N"  13.  Alex.  Kobut  :  Wit, 
■nmor  and  anecdote  in  Talmud  und  Midrash  ;  suite  dans  les  n^  1  à  5  du 
^l  21. 

Wêïï  l«raelit  (Mayence,  bi-hebdomadairo).  27»  année»  188Ô.  =  ^:i  N^  60. 
KCriel  Acosta  im  Urtheil  einea  Zeitgeuosaeii. 

JeM*1ittPitii  (Hanovre,  hebdomadaire).  19*  année  ;  nouvelle  série.  4'' année, 
188G.  ==  N°  6,  Ans  der  Amslerdamer  Gemeinde  1795-1812  (suite  de  la 
r  5»  aimée-,  se  continue  dans  n°»  8,  10,  11.  13,  Ifi,  17,  19,  21,  23,  25,  29). 
:=:N"  7.  Das  Preuss.  Judenedikl  vom  IL  Mftrz  1812  (suite  dans  n""  8, 
^  U  à  14).  —  Zur  Frage  des  banfigeren  Vorkommeus  von  Taubstunimeu 
den  Joden.  ^  =  N*^  8.  Die  Juden  in   Jemen.  r=:  =  N**  9.  Juden  in 
iicT  Wîjste  Sahara.  =  —  N°  IL  Die  Zabi  der  Juden.  —  =  N«»  24  et  25. 
rdie  Juden  in  Russisch  Cenlrul-Asien. 

kl  AAl»tiqiic  (Paris)*  8*  série,  tome  VT,  1885,  =  ==  N''  3,  novem- 

lifHléeembrc  1885.  J.  Halévy  :  Note  sur  l'origine  de  récriture  perse. 

li>««llMl«rlie  L*tt«rlKMle  (Amsterdam,  trimestriel).  IP  année,  1885-8^^ 
^=2^  trimentre.  Ad.  Neubauer  :  Zur  Krauenliteratur  (p,  62).  —  Ad. 
tofciiitr  :  Gcdafja  ibn  Jachja's  Commcntar  zu  mnût  "^pns  ;  voir  XI,  p.  1 
f^  $8),  —  Ad.  Neubauer  :  Joseph  ben  Elieser  ha-Sefardi  (p.  72).  — 
W.  Neubauer  :  Zwei  Empfehluugsbriefe  der  Londoner  Gemeinden  fur 
j^aiool  und  Bruns  (p,  82).  —  Ad,  Neubauer  :  ri::?TDin,  Siziîischer 
»t|>.  86}.  —  Zur  Frauenlileratur  (p.  88)*  —  A.  N.  :  Sonet  aul  Men- 
[  4aI|iohn  von  Isaac  Reggio.  —  M.  Roesl  :  Het  verhaal  van  een  Heis  door 
D^  Sroot  Gedecite  van  Europa,  etc.  (suite  de  la  p.  38;  va  jusqu'à 
.144). 

Litlor]itUF>Blatt    (Magdebourg,    hebdomadaire).    15*  année, 

=  =^  N**  L  Mo<*cs  Meudclssidiii   untl   dus  Judenthum   isuile  dans 

H  H).  —  J.  Goldschïuidt'Wcilburg  ;  Warum   Lessing  zum  «  Na- 

tbaû  ..  tlueu  Juden  oahm.  =  =  N*>  2,  Kroner  :  BiJbliaches  und  Talmu- 


136  liKVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

dis^cbes  in  wellUchen  deutschen  DichtUDgen.  =  =  N^d.  MaxWôinberg: 
Warum  inan  Moses  Mendclssohn  den  dcutschcD  Socrates  nannte  (suile 
daus  n"**  4  et  5).  —  Ein  palriotisches  Gcdicht  von  Moscs  Mcndolssohn. 
—  M.  Lôwy  :  Sprachlichcs  zur  jûd.  Elhik  (suile  dans  u***  4  à  6).  =  = 
N^  8.  G.  Deutsch  :  Zur  Textkritik  in  Raschi*8  Pentateuch-Commcnlar. 
=  =  N®  10.  J-  Herzfcider  :  War  Gôlhc  ein  Antisemit  ?  —  L.  Coben  : 
Datuin  Berlcbtigungen  zu  Dr.  Zunz  «  Zur  Gescb.  u.  Litter.  »  (suite  dans 
u*»*  11,  20).  =  =  N®  11.  Artbur  S.  Wcissmann  :  Der  68.  Psalm,  hislo- 
riscb-kritiscb  eriautert  (suite  dans  n®«  12  et  15).  =  =  N*>  13.  Moritz  Stein- 
scbncider  :  Eiue  litterar-bistoriscbe  Sktzze   (suite  dans  n®   14).  =  =: 
N^M7-18.  Ignatz  Kaufmann  :  Proben  aus  âltcrcn  bcbrâischen  Werken 
(suile  dans  n°  19).  —  L.  Coben  :  Zur  Kalenderkunde.  =  =  N**  19. 
Kroner  :  Btwas  aus  der  bebr.  Synonymik.  =  =  N®  20.  Artbur  S.  Wciss- 
mann :  Der  72.  Psalm  (suite  dans  n»*  21,  22).  —  N.   S.  Rens  :  Nocb 
ciumal  Ben  Pâtura.  =  =  N*  21.  Die  gescbicbtlicbe  und  mylhologiscbe 
Simson.  =  ^  N^  22.  L.  Coben  :  Aus  alten  Kalendem  (suite  au  n^  23). 
=  =:  N^  23.  J.  Kobn  :  Die  Spracben-Conccssion  in  der  Miacbnazeit  (suite 
dans  no*  24,  27,  28).  =  =  N«  24.   Senior  Sacbs.  =  =  N«  25.  Blumcn- 
slein  :  Franz  Liszt  und  die  Juden.  —  J.  Kobn  :  ni*l73K7a  rn«3:^3  Eiu 
exegetiscber  Essay  (suile  dans  n®  26).  =  =  N**  26.  Metz  :  Aus  der  Zeit 
der  Scbutz-  und  Geleit-Briefe  (suite  dans  n®  27).  —  Ein  Privilegium  des 
Kôuigs  Jan  Sobieski  111.  fur  die  Juden  in  Jariczow.  =  :=  N®  28.  Benzion 
Bebrehd  :  Prûfung  und  Beurtbeilung  der  Weissmann*scben  Erklâruog 
des  Psalm  68  (suite  dans  n^^  29  et  30).  —  L.  Coben  :  Daten-Berichli- 
gungen.  ===:  N®  29.  Pbarao*s  Haus  in  Tabpanbes.  —  M.  Baum  :  Bibli- 
scbes  und    Talmudiscbcs   in  weltlicben  deutscben  Dicbtungen.  =  == 
-    N°  30.  Kroner  :  Tricesima  Sabbata  des  lloraz  und  Scbabbat  baggadol. 
=  =  N<»  31.  Goldscbmidt-Weilburg  :  Ein  Pendant  zur  Natban-  Fabel 
von  den  3  Ringen.  —  M.  Krakauer  :  Die  Bedeutung  der  Mischnah  Abolb 
V,  1  ff.  —  Die  Kircbenvâter  in  ibrem  Verbaltniss  zur  talmudiscbcn  Lit- 
icratur  und  insbesondere  zur  Hagada  (suite  dans  n^  33).  =z  =  N^  32. 
Kroner  :  Das  Hifil  be-emir.  =  =  N«  34.  Sbakespearo  und  soin  Ende. 

—  Ed.  Reuss  :  Zum  Psalm  68. 

Hagazin  fiir  die  ^¥lssenschafl  des  «IndenChuvis  (Berlin,  trimestriel). 
12"  année,  1885.  z=  =  N®  4.  S.  Goldsçbmidt  :  Gescbicbte  der  Juden  ia 
Eugland  im  XI.  und  XII.  Jahrhuudert.  —  M.  Slcinscbneider  :  Einc  medi- 
ciniscbe  bebrâiscbe  llandscbrifl.  —  Abrabam  Josua  Josse  :  Beilrftge  zur 
Gescbicble  der  Amoraim.  =  =  i3«  année,  1886,  n»  1.  M.  Lcmer  :  Die 
aileslen  Miscbna-  Gompositionen.  —  S.  Goldsçbmidt,  suile.  —  D.  Hoff- 
mann :  Lexicograpbische  Nolizen.  =  =  N°  2.  Hermann  Deutsch  :  Die 
Spnicbc  Salomo's  (suile).  —  S.  Goldsçbmidt,  suite.  =  =  N®  3.  Aus  der 
valikaniscben  Handscbrifl  von  Abrabam  bon  Asriels  Macbsorcommentar. 

—  Bernhard  Ziemlicb  :  Das  Macbsor  Nùrnberg  (tin),  -r  D.  Hoffmann  : 
Die  Baraila  ûber  die  vier  Sôbne.  =  =  N®  4.  Bcrtbold  Einstein  : 
R.  Josef  Kara  und  ;sein  Commentar  zu  Kobelet. 

■'opuliir  wlsscnschafllichc  Monaisbltitter  (Francfort-sur-le-Mcin,  men- 
suel). 6*»  année,  1886.  =  =  N*'  1  nous  manque.  =  =  N'*  3.  J.  Wiesncr  : 
Rom  und  die  Rumer  vom  Standpunkle  des  Talmud  und  der  Midrascbim 
(suite  dans  n"^  4  et  6).  ==  N°  4.  Steckelmacber  :  Ueber  die  MSicenilât 
in  der  jûdiscben  Gescbicble  (suile  dans  n***  7,  8).  —  Eiu  zeilgem&sscs 
Bucb.  =  =  N"  5.  S.  Gclbbaus  :  Eiu  jiidiscber  Minncsanger  (suite  dans 


BJBLJOGRAFHIE 


137 


-  M.  Scbwah  :  Eiu  iiiibckaimler  Brief  MetitîelsHohn't;.  =;  =: 
N"  6,  Ephraim  bci*  Tamar»  u'm  bis  julzl  uiibekaiinler  Kabbiuer  iq  Frank- 
liirl  a.  M.  BUS  dera  olfteu  JabrbuTJdert.  :=  =  N^  1.  Simou  Scherbel  :  Die 
jùdiscbe  Aerstle  iû  der  Gescbichle  des  Judewtums.  —  J*  Eik  :  Die  Eul- 
wickluug  dcr  CivUisaUoti  *jntcr  der  russfstibeD  Jnden,  :=  =  N^  8. 
N\  Heine  :  Salomon  Fnedliliuler,  oîii  Inihvorslorbeïier  Ktimpler  iTir  Ku- 
lorm  ïm  Judenlume,  =  =  N"^  9,  Jocl  Millier  :  Die  jiidische  Morol  im 
crsleu  uachtftlmudiiîchcii  Zeilaller.  —  A.  Lfjwil  ;  Die  Uuiversilât  Ba.sel 
(1584)  ûber  deu  Taloiud*  =^  =  N**  lU»  Das  Koltjitîre*Gcbet  in  seiuep  Ge- 
scbichle,  Enlwicklung  u.  BcdeuUitig,  —  J.  Mûllcr  :  Die  jùd.  Moral.  — 
A,  Lôwit  I  Kircbenvûler  u.  cbrisU.  gelebrle  ùber  Taimudistcn  u,  d* 
Talmud.  =:  =^  N»*  11.  J.  M.  Josl  u.  «cine  Frennde.  —  Ad.  Waldauer  : 
Lililb*  — Ein  Brief  Mayerbeers  vom  18.  Miirit  1B4L  —  Ad.  Kurrein  :  Die 
sociale  Fra^^e  im  Judeutlmoie.  ^  ^^  N"  12.  Rien  h  noter. 

Mialtischrift  fiar  fàeiirlilelitiï  und  IVi&seiiJit^haft  des  tladeulliiiiiis 

(KroloscbiiJ,  meosuel).  îîâ"  anuée,  188li.  :=  :=  N'  1.  GracU  :  Die  Ausle- 
^uiïg  uûj  der  bïstoriscbc  IJinlergrund  der  Weissagutig  in  Jesaia  Ka]». 
24-27.  —  H.  Gfoss  :  Eliezeit  b-  Joël  halevi  (KuiLe;  On  dans  ir  2),  — 
David  Kaufmann  :  Juda  b-  AlÛn  ans  Tibenas.  :=  =  N**  2.  1\  F.  Frankl  : 
Gcdeukredc  auf  Moses  Mendelssobu.  —  Graetz  :  Eine  eigeiithûmlicbe 
jmite  griechiscbe  Peiitatouch-Ueberselzung,  mit  latigeru  ZusâUeu.  =  = 
pl*  3.  Graelz  :  Eioe  Strafmassregel  gegcn  dio  Lcviten  —  Ein  Wort  îibcr 
das  jûdiscbô  Gcbet  (suite  dans  n^  4).  =  =  N*^  4.  Joël  :  Leislung  des 
Advoctttcn  Dr.  Kopp  iin  l*rozesse  Kobling-  Blucb.  —  Phiiipp  Bloch  : 
Siudieii  zur  Aggada  (iiuile).  =  r=  N**  5.  Diô  ullerneueste  Bibelkritik, 
Wellbausen-Renan  (suivie  dans  u*  6)»  —  Xenopbaiies,  dcr  angeblichu 
jcrlrcler  des  Monotbeismus  nu  1er  tien  griechiscbeu  Pbiîosopheu,  — 
|>  TUoodor  :  Die  Mtdra^chim  miui  Uenlaleucb  nnd  dcr  dreijaîirigc  palilsli- 
cusiscbe  Cyclus  (suite  ;  ge  coutmue  dans  n"*  6  et  7).  —  H.  Graetit  :  Zur 
libd-Exegese  (suite  dans  n**"  6  et  8). —  J.  Perles:  Notîz  N::r'^.n07. 
:  =  N<'6.  Hûchmulli  :  Einigô  Bemcrkungeii  zu,  licrrn  Epsleins  Abhaii- 
luïig  :  Ein  von  Tilus  «ach  Rem  gebracblcr  Pentaleucb-  Godeit  und 
ciuc  Varianlcu»  =  =^  N"  7.  Giaelx  :  Der  Abschhiss  des  Kauona  des 
ilco  Teslamenls  und  die  Differenz  voh  kuuoîiisehen  und  extrakanoni- 
iBûcberu  naeb  Josephus  und  Tahnad.  —  Scbreiuer  :  Zur  Cliarakli^- 
Nlk  R  Samuel  b.  Chofni  's  und  R.  liai  's.  =  =i  N**  8.  Giaelz  :  Die 
SluUuug  dcr  kleiuusiatiscbcu  Juden  unLer  dcr  RumerbeiTscbafL  ^-  Zeit- 
iiriU  fur  die  Gcscbicbte  der  Juden  in  Deutschland,  =  =^  K^XK  Graelz  : 
SramiD.  u,  masoret.  SLudien  zur  lleilig.  Schrift.  —  Philipp  Blocb  :  Stu- 
làk'B  tuT  Aggada  (suite) -  —  J.  Tbeodor  :  Die  Midrascbim  zum  PcDlatcuch 
|iii}il  tJer  dreîjâhrige  paliistini^cbe  Cyclus  (suile).  —  Graetz  :  Die  llcrr- 
*^iiBfi  <Je3  Cbristentbnnis  durcb  GonstantiDs  Bekebrung*  r=  =  N.  10*  Der 
pistoriche  Hiolergrund  und  die  Abfassuugazcit  des  Bucbes  Kslber  und 
^Cf  Ursprung  des  Purim-Festes.  —  Tbeodor,  suile.  ^^  z^  N*»  11.  Der 
iiulomcbe  Hintergrund,  etc.  —  GracLz  :  Znr  Bibel-Excgeae,  suite.  — 
"■  Kaufmann  :  Notiz  (sur  les  chartes  bebraiques  de  Spire,  dans  Alfred 
^ilgwd,  Die  Urkuudcii  der  Sladt  Speier).  ^  =  N°  12.  Der  historicbe 
Umi^rgrund,    etc.  —  Graetz  :   Zur  Bibel-Eiegesc  (suite;.  —  Tbeodor, 


Nlliirlie  HonaliMiirlirirt  (supplément  do  la  Jiidiscbe  Presse,  Berlin, 
fINïUiuelJ,  18dU.  =^  =  N"*  K  Schôlieu  zum  Penlaleuch  (suite  dans  n*»  2;. 


138  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

—  Tietz  :  Literarische  Anzeige.  =  =  N*  2.  J.  Hildedieimor  ;  Versueh  xar 
Erkiarung  der  Mischnajoth  Edujolh  I,  3-6.  —  Simon  Hock  :  Notizen. 
=  =  N»  3.  E.  Baneth  :  Was  bedeutet  Knttro  im  Kaddischgebeko ? — 
Jacobson  :  Eine  schwierige  nisDinSloUo.  —  E.  Banoth  :  Bemerkun- 
gen  (comment,  de  Maïmonide  sur  Middot  XI,  5).  — E.  Baneth  :  Noliz.  — 
H.  Tietz  :  Bemerkung  (les  deux  textes  du  décalogue,  Ex.  XX  et  Deut.  V). 
=  =r:  N«  4.  Die  Fragen  im  «  Ma-nischtannah  ».  —  Missverstandene  Wort- 
spiele  (Sabb.  19  a  ;  Hullin  45  a,  46  a).  —  Sal.  Schûck  :  Was  bedeutet 
MPTanS  im  Kaddischgebeto.  —  Bemerkung  (Piout  de  Sabbat  baggadol). 
==  =  N**  5.  M.  Olitzki  :  Flavius  Josephus'  Berichte  ùber  vorgekommene 
rituelle  und  judicielle  F&lle  [suite  dans  n^  7).  —  Jacobson  :  Ueber  das 
Kaddischgebet.  =  =  N<^  6.  Karl  Lenz  :  Zigeuner  und  Juden,  eine  cultur- 
bistorisçhe  Skizze.  — J.  Nobel  :  Perlen  aus  Bibel,  Talmud  und  Midrasch. 

—  Abschluss  der  Roram'schen  Talmud-Ausgabo.  =  =  N®  7.  Bemer- 
kung (comment,  de  Maïmonide,  Middot  Ii;  5).  —  E.  Baneth  :  Nachbe* 
merkung. 

Die  IVeuzelc  (Wicn,  hebdomadaire).  26<^  année,  1886.  =  =  N^  5.  Betheili- 
gung  der  Heiden  am  Gultus  zu  Jérusalem.  =  =  N®  6.  Opfer  von  Nicht- 
juden.  =  ==  N^  7.  Friediander  :  Zur  Frpge  der  Seelenfeier.  ==  N<*  13. 
Ad.  Hertzka  :  Ueber  den  Umgang  der  Juden  mit  den  Chriaten.  —  Sig- 
mund  Mayer  :  Der  Reichtum  der  Juden  (suite  dans  n®  14).  =  =  N<>  14. 
A.  L.  Ldvy  :  Moritz  Steinschneider.  —  S.  Schechter  :  Maimonides  Milde 
und  Gtoistfrciheit  in  seincn  Gutachtcn  (suite*  dans  n°*  15  et  18).  =  = 
N^  15.  Gustav  Karpeles  :  Leopold  Zunz. 

Palefitine  Exploration  Fond,  Qnartely  Statement  (Londres,  trimes- 
triel). 1886.  =  =  Janvier.  Laurence  Oliphant  :  Excavations  on  Garmel. 

—  Clermont-Ganneau  :  Segor,  Gomorrah,  and  Sodom.  —  Selah  Merrill  : 
Récent  discoveries  at  Jérusalem.  —  Herr  Ilanauer  :  Khurbet  *Orma.  — 
W.-F.  Birch  :  Notes.  1.  Acra;  2.  The  Castle  of  Zion.  —  A  Catechism  of 
Ihe  Druse  Religion.  —  Greville  Chcster  :  Phœnician  Gems.  —  K.  Flecker  : 
Note  on  the  valley  Zephathah  at  Mareshah.  —  Willian  Allan  ;  Note  on 
the  Dead  Sea  Water.  —  HuU  :  W.  Dawson*s  Egypt  and  Syria  and 
tbeir  physical  features  in  relation  to  Bible  History.  —  Bundary  between 
Judah  and  Benjamin.  —  Yoma,  or  the  Day  of  Atonement.  =  =  Avril 
1886.  A.-II.  Sayce  et  Selah  Merrill  :  On  somo  uewley  found  Inscriptions. 

—  Laurence  Oliphant  :  New  Discoveries.  —  Çaptain  Couder  :  Notes  on 
«  Across  Jordan  ».  —  G.  Schick  :  The  Aqueducts  at  Siloam.  —  The  He- 
rodian  Temple,  according  to  tfhe  treatise  Middoth  and  Josephus.  —  Zoar 
and  the  Doomed  «  Ciliés  of  the  Plain  ».  —  Yoma,  suite.  —  Tamid,  or 
the  Continuai  Service.  =  =  Juillet  1886.  Ilaytcr  Lewis  :  Notes  from 
Jérusalem.  —  William  Simpson  et  A. -G.  Weld  :  Stone  Doors.  —  Hull  : 
On  Ihe  Jordan  and  the  gulf  of  Akabah.  —  E.  Flecker  :  On  the  VallSy  of 
Zephathah.  —  W.  F.  Birch  :  Zion,  the  City  of  David.  —  Conrad  Shick  : 
Newly  discovered  Rock-  eut  Tombs.  =  =  Octobre  1886.  Notes  by  Capt. 
Couder  :  1.  Bronze  vase  from  Nablus  ;  2.  Twenty  one  years  work  ;  3.  Ko- 
kaba.  —  List  of  identifications  by  Capt.  Condor.  —  Schumacher  :  Across 
the  Jordan.  —  Schumacher  :  Rescarches  in  Southern  Palestine.  —  Ara- 
bie Naines.  —  Second  Aqueduet  to  the  Pool  of  Siloam.  —  11.  G.  Tom- 
kius  :  Galh  and  ils  Worthies.  —  Tammuz,  Lakhmu,  Ashôra,  Sutekh.  — 
The  second  Wall  of  Jérusalem.  —  Tamid  or  the  continuai  service  (suite). 

—  Middoth  or  the  Measurements  of  the  Temple. 


BIBLIOGRAPHIE 


130 


He  «ludlselie  Preise  (Berlin,  hebdomadaire).  17*"  a^nêc,  \88(j,  =  ^  N**  % 
A.  Bcriincr  :  Die  Dlteç^tc  und  zugleicU  jiingstt;  jûdischc  Gemoiodc  (suite 
dans  D**  4).  :=  =  N*^  27.  J.  Nobol  :  Arbeit  und  Lohn,  nach  biblisch^ 
talmudischcn  Gesetze  (suite  dans  n**"  28  à  31).  z—  =^  Ko  21,  Die  Emigra- 
tion der  russischen  Jaden  und  ibre  Ursacben. 

evUla  liraellil<«a  (Bucarest,   bi-mênsuol)*  l"""  année,  1886*  =r  =  N»  l , 

IStatistica,   o  arniil  în  contra  E^^reilor.  —  Dnamidisi  :  Cauxa  emanci paroi 

Blitilor.  :^  ^  N*  2.  AdolC  Stem  :  Naturalizarea  mica.  —  Dnamidisi, 

==  =  N*  3.  Cauza   emancipnreî  Israelililor  :    Mémorial   rep.  B. 

Boerescu.  Legile  restrictive  din   1880-1885.  ==:;  N*»  4.  A.  Stem,  suite. 

=  -=^  N°  6.  lar  stattstica*  —  Cauza  umauciprireï  Israelililor.  —  «  Evriîîï 

tu  Homania  >î,  de  Joan  M,  Bujoreanu.  =^  =  N"  8.  NoUte  priviLoare  la  cî- 

mitirui  din  Honian.  ==:  ^  N^  U.  Cauza  emaDCLp:!iniî  Israelitor  :  Indigenâtiil 

trcspins.  =:  =:  N^   10,  Date  statistice.  =^  ==:  N"  11.  Date  statistiue.  — 

I Cauza  emanciparei  UraelUilor.  —   Uo    document  istoric.  =  =  N**  13. 

l  Ccitrimunicurilo  <ï  Societatei  Istorice  Juliu  Barascb  »  ;  fragmente  din  Rûs- 

'ponse  :  L  Un  act  de  îa   1552;  Ih  Un  ûcl  do  la  1596;  III,  Un  oct  delà 

1605;  rV.  On  act  de  la  1790. 

Bcvne  d©    l'biftfoire  de»  reti^lonf!  (Paris,  bimestriel),  B*^  année.  =:  = 

ITomc  XII,  n'^  3,  novembre-décembre  1885.  C.-P.  Tiele  :  Le  Mythe  de 
Kçpnos.  A  propos  d'une  nouvelle  méthode  en  mylbologie  comparée.  — 
Pb,-Ed.  Fnucaux  ;  Un  mémoire  espagnol  sur  le  NirvAna  bouddhique.  — 
lïevue  des  livres.  Etienne  Coqucrel  :  Précis  de  rhistoirù  de  l'E^Use 
d'Occident  pendant  le  moven  âge,  de  Ch.  Schraidt  ;  Jean  Réville  :  Ein- 
leitung  in  das   Ncue  Testament,   de  IL-J-  HoUzmann.  ^===7**  année, 

1188(5.  Tome  XIU,  n**  1,  Janvier-février.  Cb.  Ploîx  :  Mythologie  et  Folklo- 
rismô.  Les  mythes  de  Kronos  et  de  Psyché.  —  L,  Fcer  :  De  l'importance 
des  actes  de  la  p'mséo  dans  le  bouddhisme.  ==:  =  N*  2,  mars-avril  1886. 
C.  ImbaoU-Huarl  :  Kouan-Ti»  le  dieu  de  la  jfuerre  cbcz  les  Chinois.  — 
Jean  Révjllo  :  De  la  complexité  des  mythes  et  des  légendes,  à  propos 
des  récentes  controverses  sur  la  mélhodo  en  mythologie  comparée.  — 
A.  Lang  :  Folk-Loreet  Mythologie.  —  Revue  des  livres.  G.  Bonet-Maury  : 
11  Christ ianismo  primitivo,  do  B.  Labanca  ;  Essais  de  mythologie  et  de 
philologie  comparée,  do  Van  den  Gheyn.  =  =:  N*  3,  mai-juin  1886* 
Albert  Révilie  :  L'empereur  JtiHen.  —  Hartwig  Derenbourg  :  La  science 
des   religions  et  rislamisme,  deux   conféreDccs  faites  à  Touverture  du 

»courft  sur  «  rislamismo  et  les  Religions  do  T Arabie  ^,  à  TEcolo  dos 
Haalos- Etudes.  —  A.  Kuenen  :  L'œuvre  d'Esdras.  —  Revue  des  livres. 
Sylvain  Lévi  :  Eludes  sur  les  mœurs  religieuses  et  sociales  de  rExtrÔmo- 
Orient,  d'Alfred  Lyall  ;  Georges  Lafaye  ;  La  religion  à  Rome  sous 
les  S6vérc«,    de    Jean   Ré  ville  ;    Die    Composition   des   Hexatuucbs,   de 

J.  Wellhausen.  =^^T  année,  togmo  XIV,  d"  1,  juillet-août  188G.  Albert 

r  ^ôville  :  L'empereur  Julien,  suite.  —  E.  Leféburc  :  L'étude  de  la  religion 
i  égyptienne.  —  Ignaz  Goldziher  :  Le  sacrilice  do  la  chevelure  chez  les 
Aral»es.  *—  J»  Dût  Lin  :  La  croyance  à  rimmorlalilé  de  l'âme  chez  les  an- 
feiens  Irlandais.  —  B*  de  Pressensé  :  La  religion  cbaldeo-ossyrienne*  — 
»  Goblet  dM  vie  lia  :  Les  institutions  ecclésiasiiques  d'Herbert  Spencer  et 
[l'évolution  du  sentiment  religieux.  =^  ^:  N"  2,  sepicmbrti-oclobre  188G. 
A.  Réviile,  suite.  —  J.  Ilalévy  :  Le  code  sacerdotal  pendant  Texil-  —  L. 
\  Milloué  :  Le  septième  congrès  iotcroalional  des  Orientalistes.  =:^^N»  3, 
l' novembre^écembre  188i5.  Ed.  Montet  :  La  religion  dt  to  théâtre  en  Perse. 


1^0  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Hvgyar-Zsldo  Szenibe  (Budapest,  10  numéros  par  an).  =  =  3*  année 
1886.  J.  Goidziher  :  Abulwalid.  —  M.  Kayscrling  :  Pour  le  centième  an-' 
uivcrsairo  de  la  mort  de  Molsc  Mendclssohn.  —  H.  Bloch  :  Origine  de 
doux  accusations  contre  les  Juifs  dans  Tantiquité.  —  S.  Kohn  :  Les 
Sabbataricns,  leur  histoire,  leur  dogmatique  et  leur  littérature.  ^ 
B.  Vajda  :  Israël  Nagara.  —  D.  Kaufmann  :  Sur  Dculéron.  23,19.  —  Le 
môme  :  La  tôte  d'âne,  histoire  d'une  ancienne  calomnie.  —  M.  Bech  : 
Sur  Hosée,  8,7.  —  H.  Bloch  :  Une  trouvaille  intéressante.  —  S.  Szanto  : 
Notes  sur  l'histoire  des  Juifs  en  Hongrie,  1790-1840.  —  W.  Bâcher: 
Revue  littéraire  de  Texégëse  biblique  et  de. la  science  juive  en  1885.  — 
La  situation  des  Juifs  en  Roumanie  depuis  le  congrès  de  Berlin  de  1878. 

JL'Univepii  Israélite  (Paris,  bimensuel).  41«  année,  1885-1886.  ==  N«  7. 
S.  Ghiron  :  Un  problème  massorétique.  =  =  N°  10.  M.  Schwab  :  Un 
problème  massorétique.  —  La  Marseillaise  et  les  fables  de  Lafontaine 
[et  la  Bible].  =  =  N®  12.  Haim  Bidjarano  :  Encore  le  problème  massoré- 
tique. =  =  N"  20.  Moïse  Schwab  :  Un  recueil  italien  inédit. 

Il  VessUio  israelltico  (Casal-Monferrat,  mensuel) .  33^  année,  1885.  =  = 
N<^  12.  G.  L.  Modona  :  Una  poesia  inedita  di  Manoello.  =  =  34*  année, 
1886,  n®  2.  P.  Perreau  :  Intorno  alla  città  di  Pithom  risorta.  —  F.  Servi  : 
Mcdici  ebrei  in  Roma  nel  sec.  XVI.  —  11  nome  dei  mesi  ebraici  (Extrait 
dair  Archivio  di  lett.  bibl.).  =  =  N®  3.  O^ialcl^c  secolo  addietro  :  Bando 
del  1714.  =  =  N®  6.  F.  Servi  :  Medici  ebrei  in  Roma  nel  secolo  XVL  — 
A.  Pellegriui  :  Iscrizione  cartaginese  del  museo  di  Treviso.  =  =  N"  7. 
Leone  Luzzatto  :  Stampa  ebraica  a  Venczia. 

The  «lewNh  World  (Londres,  hebdomadaire),  1886.  =  =  N*»  683.  Al- 
fred S.  Schillcr-Szinessy  :  Voltaire  and  the  Jews. 

Zcllschrlfl  der  deutschen  morgenlandlseheii  Geselisehafft.  (Leipzig, 
trimestriel).  39»  vol.,  1885.  =  =  4<»  fascicule.  M.  Grûnbaum  :  Ueber 
Schem  hammephorasch  als  Nachbildun^  eines  aramâischen  Ausdrucks 
und  liber  sprachliche  Nachbildungen  ûberhaupt.  =  =  40*  vol.,  1886. 
N"  2.  M.  Grûnbaum  :  Anmerkungen  zu  «  Ueber  Schem  hammephorasch  ». 
=  =  N*  3.  D.  Kaufmann  :  Das  Wôrterbuch  Menachem  ibn  Saruk's  nach 
Codex  Bem  200  (très  importantes  additions  et  corrections  au  texte  im- 
primé). —  M.  Heidenheim  :  Die  neue  Ausgabe  der  Vers.  Samarit.  zur 
Gènes  i  s. 

Zeltsehrifl  des  deutsehen  Palaestlna-Vereins  (Leipzig,  trimestriel). 
8«  vol.,  1885.  =  =  2«  fascicule.  G.  Gatt  :  Industrielles  aus  Gaza.  — 
M.  Grûnbaum  :  Einige  Parallclen  zu  dem  Aufeatze  «  Beiti-Sge  zur 
Kenntniss  der  aberglaubischen  Gebrauchc  in  Syrien  »  (Z.  D.  P.  V. 
VII,  79).  —  F.  Spicss  :  Die  Lagc  von  Taricheae.  —  J.  Gildcmcisler  : 
Die  Stadt  Salamias  bei  Autoninus  Placcntinus.  —  L.  Anderlind  :  Der 
Eiufluss  der  Gebirgswaldungcn  im  nôrdlichen  Palftslina  auf  die  Verme- 
hrung  der  wasserigcn  Nicderschlâge  daselbst.  —  J.  Gildemeialor  :  Bei- 
Iràge  zur  Païasliuakunde  aus  arabischen  Quellen,  V.  =  =  4°  fascicule. 
H.  Guthc  :  Die  zwcilc  Mauer  Jerusalems  und  die  Bautcn  Constantins  am 
heiligen  Grabe,  mit  Bcitragen  O.  Schick's.  —  A.  Socin  :  Bericht  ûber 
neue  Erscheinungen  auf  dem  Gebicte  der  Palàstinaliteratur  1884.  =  = 
9^  vol.,  1886,  P>*  fascicule.  Léo  Anderlind  :  Ackerbau  und  Thierzuclit  in 
Syrien,  insbcsondcre  in  Païastina.  —  G.  Schick  :  Die  ueu  aufgefunde- 
uen  Felseugrabcr  ucbcn  der  Jcremias-  Grotte  bei  Jérusalem.  =  =  2®  fas- 


niBiJOGnApnir. 

rîciilc,  A.  Frei  :  Beobficbhinpen  vom  Sca  (icnczarcib.  —  Fritz  Noetlmg  ; 
MeîDO  Reise  im  Ostjordai] lande  jiiDd  in  Syrien  im  Sommer  1885.  =  N*  3-4, 
G.  Scbitmachor  :  Dor  Dscbolan,  znm  1.  Mîile  aufgciiommen  imd  bc- 
scbricbÊfu 

Zeiiitelirin  riir  die  iiltte^tsimenllichc  Wl^sen^rlinft  (Gîûssen,  semos- 
Iriel).  =  =  Anuée  1886,  P''  stimcstrc.  Meyer  ;  Dcr  Slamrn  Jacob  iind 
die  Entstebuiig  der  israelitiscben  Stûmmc.  —  Kautsîsch  :  Die  ursprûDg- 
ïiche  Bedeutiing  des  Namena  mN33£  mn*' .  —  Pick  :  Die  Toselta-  Ci- 
tato  Uïid  der  hebraiscUo  Text.  —  Budde  :  Gcn.  III,  17;  V.  59;  VJIl  21. 
Kampbausen  :  Philister  imd  Hebrùer  ziir  Zeit  Davîdj.  —  Ans  BriefeD 
J.  Dorenbourg*s  vom  5*  u.  10.  Augiist  1885  (^720),  —  Pick  :  TexU 
VariaDtaD  aus  Mocbilla  uiid  Sifrô.  —  Slado  :  Miscellen  :  Mich,  II,  4;  Die 
verraeinllicbe  KoDigin  des  lîimracls  ;  Der  Ilfipel  dcr  Vorbaulc,  Jos,  V; 
*ï  Auf  Jeraandcs  Kniccn  gebaren  %  Gen.  XXX,  3  ;  L,  23  ;  Iliob  ITI, 
12,  und  C5?3^N  Exod.  1,  IG;  ADmerktingcn  zu  Kun.  XV-XXI.  =  =  2«  se- 
laestrc.  Bactgen^  BcscbreLbung  der  syhcbea  Hdacbr.  «  Sacbau  131  ».  — 
Altscbfîllor:  Einigc  Icxlkritiscbe  BemcrkuDgcn  %um  A.  T*  —  Scbrcincr  : 
Zur  Gescb.  der  Ausprache  des  llebrâiscbeû.  —  Kaulzscb  :  Miscelïcn.  — 
Stade  :  Das  vermeiutlichc  aparaHisch-assyrische  Aequivaïent  der  rsbî3 
S-'rïan,  Jen,  Vil,  44. 

Zeltftrlirlft  fiir  dte  fioschlelite  rior  «luilcii  iii  DctiUrlilaiid  (Braun- 
scbwcig,  Irimcstriclj.  T"*  vo!.,  188(5.  =  =^  N^  L  Jakob  Auerbach  :  Meu* 
delssobn  und  das  Judonlbum.  —  Franz  îÇïunckcr  :  Mcndclssobn  und  die 
dculscbe  Lileratur* —  H.  lloeniger  :  Zur  Gescbicble  dcr  Judcn  im  frûbern 
Miltelalter,  —  J,  Aronius  :  Ein  golaufter  Jude  als  Biscbof  von  Metiî»  — 
llarry  lireâslau  :  Judcn  und  Mongolen  124L — Morilz  Sleînscbncidcr  : 
llebmiscbo  Drucke  in  Deutschland.  =^  :^  N<^  2.  Bricro  von,  an  und  ùber 

»Mondel88obn,  mitgelbcilt  von  L.  Geiger  und  H.  M.  Werncr,  —  K.  IIoo- 
iiiger  :  Zur  Gcî^cbichlo  der  Judcn  DeutscbUnd.^  hn  MiUelaîler  (Cologne). 

—  n.  Brcsslau  :  Diplomalische  Erlaulerungen  zu  dcn  Judenprivi légion 
Ileinrischs  ÎV.  —  J.  Krakauer  :  Die  Konfiskation  der  bebr.  Sebnften  in 

IFrankfurt  a.  M,  in  den  Jabrcu  1509-1510,  —  G.  Wolf  :  Zur  Gesdiichie 
der  Juden  iu  Oesterreicb.  —  L,  Ncustadt  :  Die  Bedeutuug  der  jiid.  Gc- 
meinde  in  Frankfurt  a.  M,  seil  dem  XVL  Jabrhundert.  —  L*  Luwensteiu  : 
Memorbûcber.  —  MonU  Sleru  :  Kleine  Beitrage  xur  deutschen  Uescb. 
ans  jild.  Quellen.  =  N**  3*  0,  Slobbe  :  Die  Judcnprivilegien  Ileiurichs  IV. 
^  fQr  Spider  u.  fiir  Worms,  —  \lonit  Stern  :  Heilrage  zur  Gcscb,  der  Juden 
K  dm  Bodcnsee  und  in  seiner  Umgebung,  —  G.  Wolf  :  Zur  Gcsch.  d.  Juden 
™   in  Ocsterreicb*  —  Ein  Brief  Moscr  Mondelssobns  und  sccb^i  Briefe  David 
Friodlânders,  mitgelb,  von  L.  Geiger.  —  h,  Lôwensleiu  :  Memorbilcber. 

—  Morilz  Sterii  :  Ein  Copialbucb  dcr  jud.  Gciueinde  zu  Worms,  — 
M.  Sleinscbueider  :  Hcbr.  Drucke  in  DfiutscLland.  —  M.  Grùnwald  :  Zur 
Gesch.  d.  Juden  in  Jungbunzlan. 

Allgemolnc  Z^itnng  ile«  Judenihams  (Leipzig,  bcbdomadaire).  50"  an- 
née,  188G»  =-=  =  N*^  *)>  Cari  Diener  :   Bergfabrlen  im  Libanort  und  AnLi- 

^libanon.  =  =:^  N**  8,  Die  kosmorciigioscn  Bezichuiigcn  bei  Jesaias  II 
(suite  dans  n'"  9  et  20)*  =  =  N*'  24.  Ein  ScbriasUick  aus  dem  Jabrc 
lOlL  =  :=  N**  27.  Die  porlugicsichen  und  dtMil*^cbon  Jtîdcn  în  Ainster- 
dnm  (en  1795  ot  18U).  :=  :=  N^  32.  E.  Nenmann  :  Zur  Slatistik  dcr  Judon 
iu  Ungarii, 


142  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


Publications  pouvant  servir  à  Vhistoire  du  Judaïsme  moderne. 


Ebrei  in  Roman ia  si  in  aile  State.  Bucharest,  impr.  moderne,  1886,  in-8* 
de  97  p.  Édité  par  M.  I.  G.  Yalentineanu,  directeur  du  journal  la  Ké- 
forme  (Compte  rendu  de  rinlerpellation  de  Tantisémite  Ghcrgbel  au 
sénat  ;  la  date  n*cst  pas  indiquée). 

Frankenstein  (Kuno).  Bevôlkerung  und  Hausindustrie  im  Kreise  Schmal- 
kaden  seit  Anfang  dièses  Jahrhunderts.  Tubingue,  libr.  Laupp,  1887,  in-8^ 
de  xi-254-(l)  p.  ;  2^  vol.  des  Beitrâge  zur  Goscb.  der  Bevôlke^.  in 
Deutscbl.,  de  J.  Noumann. 

P.  121  à  133,  quelques  notices  sur  les  Juifs. 

Freund  (Leonhard).  Studien  und  Streifzûge  auf  social wissenscbaflHcben, 
juristiscben  und  culturhistorischcn  Gebieten  ;  S*  fascicule.  Leipzig,  libr. 
K.  Fr.  Pfau,  1886,  in-8o  de  144  p. 

Contient,  entre  autres  :  p.  3G,  morale  du  travail  dans  l* Ancien-TesUmeni  ; 
,  p.  45-52,  Stocker,  SchmoUer,  etc.  ;  p.  53  et  suivantes,  sur  Ed.  Lasker; 

Lasker  et  SchmoUer;  Lasker  et  Lassalle. 

Jacobs  (Joseph).  The  comparative  distribution  of  Jewish  ability.  Londres, 
libr.  Harrison,  1886,  in-8%  p.  351  à  879  du  Journal  of  the  Anthrop.  Insli- 
tute,  février  1886. 

L'auteur  a  fait,  le  relevé  des  hommes  célèbres  ou  distingués  que  le  Ju- 
daïsme a  produits,  de  1765  à  1885,  dans  les  arts,  les  lettres,  les  sciences,  la 
politique,  le  commerce  et  l'industrie,  etc.  A  la  p.  363,  Tauteur  a  fait  un  ta- 
bleau comparatif  des  aptitudes  Juives  et  chrétiennes.  Ce  tableau  prouverait, 
si  on  pouvait  le  prendre  pour  autre  chose  qu*une  simple  ébauche,  que  les 
Juifs  sont  supérieurs  comme  antiquaires,  médecins,  négociants,  métapby-  • 
siciens,  musiciens,  sculpteurs,  philologues,  économistes,  mathématiciens 
(et  physiciens  et  chimistes?),  etc.,. . .  acteurs.  Ils  sont  ou  seraient  infé- 
rieurs dans  Tagriculture,  les  beaux-arts,  la  littérature,  la  science  reli- 
gieuse, le  génie  civil,  la  législation,  la  guerre,  la  marine,  la  politique. 
Mais  qui  ne  voit  que  ce  sont  là  des  carrières  qui  leur  étaient  encore  fer* 
mées  longtemps  après  1775,  dont  Taccès  est  encore  bien  difficile  pour  eux 
aujourd'hui  et  qu'il  leur  faudra  encore  un  long  apprentissage  pour  s^assi- 
miler  tout  ce  que  les  populations  chrétiennes  d'Europe  savent  par  tradi- 
tion et  comme  par  héritage. 

Jabrbucb  (Statistiscbes)  des  deutscb-israelitisoben  Gemeindebundes,  1887. 
Berlin,  impr.  J.-S.  Preuss,  in-8°  de  (2)-62  p. 

Très  utile  statistique  des  communSutés  juives,  avec  détails  sur  les  admi- 
nistrations et  les  fonctionnaires. 

[Kalisch].  In  Memoriam.  Rev.  D*"  Isidor  Kaliscb  of  Newark,  New  Jersey. 
1886  ;  in.8»  de  65  p.  et,  en  lôte,  portrait  gravé  sur  cuivre.  (Description 
des  obsèques,  oraison  funèbre,  etc.) 

Kauoer  (Gustave-A.).  Une  église  judéo-chrétienne  en  Bessarabie.  Docu- 
ments relatifs  à  sa  formation,  publiés  par  M.  le  prof.  Dclitzscby  traduits 
et  accompagnés  d*une  notice  historique  et  de  Texamen  du  caractère 
scripluraire  de  ce  mouvement.  Lausanne,  libr.  G.  Bridel,  1885,  in-18  de 
xix-152  p. 


BIDLIMIUPHIE 


443 


C'est  rhîatoire  de  ce  Habbînûwicz  ({ui  «  été  rtcoQtéc^  en  son  temps»  p«r 
icms  tes  journaux  poUliques. 

tossiG  (Alfred).  Malerialen  zur  SUListik  des  jûdischeo  Stammcs.  Wlen, 
hbr.  Cari  Konegen,  1887,  iû-S*»  de  (2>U2  p. 

Ces  matériaux  conststent  ea  reaseigQemeQts  sur  le  nombre  des  JuKs, 
leur  état  eocial  et  économique  dans  îe^  dilTércDtes  pnrties  du  monde.  L'au- 
teur n'a  pas  «tt  à  ea  disposition  les  ouTr&gea  qu'il  faut  pour  ud  travail  de 
ce  genre,  «1  see  renseiguemeats  sont  k  la  Toîs  iutompleLs,  arnérés  et  quel- 
quefoû  même  inexacte.  L'auteur  va  jusqu^â  recueillir  et  reproduire  Eéheu- 
sèment  le&  enfantillages  et  hs  inventions  de  la  presse  la  plus  mal  informée 
et  la  plus  dépourvue  de  sens  critique. 

kKTTWGEs  (Alcïandcr  voû).  "Was  hcisst  cbrisUicb-soclal?  Leipzig,  libr. 
Buacker  et  Humblot,  1886,  m-8«  de  82  p. 

»AUD  (Léonce).  La  FraDce  n'est  pas  juive;  4**  édit. ;  Paris,  libr.  Morot 
et  Chuit,  1886,  m-12  de  xviîi-352  p. 

Réponse  à  la  France  Juive,  de  Dr umon t.  L'auleur  a  écrit  ce  livre  d*uu 
trait,  à  la  campagne,  sans  avoir  h  sa  disposition  aucun  instrument  de  re- 
cherches. Mais  sa  longue  expérience  des  aiîaires,  sa  conaaiasance  du 
monde  officiel,  ecclésiastique  et  lai(|ue,  dont  il  a  pu  voir  le  personael  sous 
lea  divers  régîmes  qui  ont  gouverné  la  France,  lui  ont  périma  d'écrtre«  sur 
la  question  juive,  un  livre  intéressant  et  instructif.  C'est  la  réponse  d'un 
honodte  homme,  révolté  par  ces  excitations  à  la  persécution  religieuse  la 
moins  déguisée,  et  qui  est  prémuni,  par  le  simple  bon  sens,  contre  les  dé* 
damationa  foUes  et  «iîoléea  de  la  France  Juive.  M*  Kejnaud  ne  déclame 
pas,  le  tonde  sa  polémique  est  justement  ce  qu'il  fallait,  celui  d'un  galnnt 
homme  qui  sait  se  contenir  et  se  modérer.  A  quoi  bon  prendre  au  sérieux 
grosses  charges  et   est-il  bien   sur  que   Tauteur  y  croie  lui-même? 

!lle«  sont  ai  énormes  que  bien  souvent  elles  ont  Fair  d'une  simple  fumis- 
terie. 

loHLPS  (Gerhard).  Quid  ûoiri  ex  Africa  ?  CaBsel,  libr.  Tb.  Fiscbcr,  188G. 
in-8»  de  vn-288  p. 

P.  9Ù  à  100,  le  nombre  des  Juifs  ea  Afrique. 

Stuack  (Hennann-L.).  ticrr  Adolf  Stocker,  cbrisLliclie  Liebo  nnd  Wahrbaf- 
tigkeit.  2*^  ôdition  ;  Carlsrub  el  Leipzig,  libr.  H.  Reulbcr,  1880,  in-8»  de 
îv-100  p. 

WWLL  (Alexandre).  La  France  calboHqnc,  réponse  à  «  La  France  juive  ». 
Nouvelle  êdiliou  avec  une  nouvelle  Héponsc  au  dernier  libelle  de  Dru- 
mont.  Paris,  libr.  Denlu.  iû-8»  de  (4)-G4  p. 

Werthkimer  (Josef  Rilter  von).  Gesinnungstûcbligkeit  des  jQdicben  Stam- 
inés in  bumanor  imd  alaatlicber  Beziehung,  und  dessen  LeislungBl!lbig> 
keit  auf  allen  Gebieten  des  menscbHchen  Wissens  und  Kônuens.  Wien^ 
libr.  Alfred  Holder,  1886,  in-8-  de  v-57  p. 

Bxcellenl  recueil  de  réilexions,  d'observations  et  de  fait*.  Il  se  divise  en 
trois  parties;  la  première  est  intitulée  i  Amour  de  rhumatiité  dans  les  doc* 
trines  du  judaïsme  et  dans  les  actes  des  Juifs  [contient»  entre  autres,  le 
récit  des  actes  de  charité  des  Juifs  envers  les  protestants  expulsés  de  SaU- 
Hourg  en  nsj)  ;  la  seconde  partie  est  intitulée  :  Services  rendus  par  les 
Juifs  (4  rhumanité,  dans  les  sciences»  les  arts»  Tindustrie,  etc.^ 


REVIK  DES  KÎVWS  JHVES 


Kotes  et  extraits  divers. 


=  M.  llarlwiir  Dorenbour^  a  publié,  dans  la  IntematioDalc  Zcitschrift  fur 
aUsemeine  Sprdchwissenschaft,  de  F.  Techner,  une  «c  Esquisse  biogra- 
phique *  de  Silvostre  do  Sacv  3*  toK,  l'*  moitié,  Leipzig,  1886,  in-S* 
do  xxxYiii  p.\  arec  un  beau  portrait  de  SiW.  de  Sacy.  Cette  élude  sera 
lue  avec  le  plus  grand  intén^t  non  seulement  par  les  arabisants,  mais 
par  ceux  qui,,  comme  nous,  se  bornent  à  prendre  intérêt,  du  dehors,  à 
rhistoiro  delà  littérature  et  do  la  grammaire  arabes.  Elle  est  écrite co 
français. 

=  Signalons  deux  articles  do  M.  Ad.  Neubauer,  dans  le  Guardian.  L'an, 
dans  le  numéro  du  14  juillet  1886.  est  une  critique  des  plus  intéres- 
santes de  la  Mjsp}rtik  publiée  par  C--D.  Ginsburg  ;  Tautrc,  dans  le  nu- 
méro du  n  ferrier  1886,  a  pour  titre  :  Hebrew  Translations  of  the  New-  . 
Testament,  et  traite  des  traductions  modernes  faites  à  Tusage  des  Joib 
ot  pour  leur  conTorsion. 

=  R"*  D*"  H .  Adler  :  Tbe  statistices  of  moralitr  ;  réponse  à  un  article  de  la 
Fortnij^htly  Heview  concernant  la  statistique  criminelle  des  Juifs  (réim- 
primée dans  Jewisb  World,  n*  du  7  jaurier  188T>- 

=  D.  Kaufmacn  :  Misoollana  postuma  del  Dott.  Rabb.  Mosè  Lattes;  daos 
Gôtt.  gel.  Anz.,  1SS5,  n*  30.  p.  832. 

=  G.  Perrot  :  Une  ciTîUsation  retrouTée,  les  Héiêens»  leur  écriture  et  leur 
art  ;  dans  Revue  des  Deux-Mondes,  3*  période,  tonte  "ÎS,  n*  da  15  juillet 
1SS6.  p.  301  à  342. 

=  Dans  lEspri:  russe  ion  russe',  sept.  IS^^.  p.  15:2-140.  c=^  étode  sur  le 
Talmud.  de  Vladimir  SMoviod.  qui  a  fjii:  sensation  en  R^issle. 

=  .\.  E.  Boreîy  :  Histoire  de  la  rille  du  Harre  e:  de  sc;i  arcien  xoc^^r^ 
ment  ;  le  Havre,  libr.  Lepelletier.  1SN>-S:.  Dirs  !e  :rcie  :::.?.«!  ^ 
suivantes,  quelques  rensei-naemenîs  sur  les  Julls  d-  Hivr?  îc:»Hearill' 
Louis  XIV.  Louis  XV  et  Louis  XVL  Ou  ne  Tru.i::  ras  IaIsjî»»  àesac^' 
les  Jui:s  au  Havre,  co^  oxoor:::us  fur>?i::  fi:;<:<.  if*  •':!_:>  irrcniles^ 
•:pii  rondirxDî  «io  ^rauds  services  .lu  c.sisier'i^e  îriz-rais  ±ii?f!i:  ?»•  ^ 
liapliser  pour  ob'.ouir  les  droils  de  K"'urreois:e. 

r=  Dans  sa  Deulsolio  Gosch:oL:e  Lu  neunieh.-;»;-!  Jiirû.:izKr*:-  :^r*:^*' 
2-  edit..  Loipzir.  KS-'.  M.  Heiurich  t:u  Tr--.sclli  i  t  ri-IÎ  ^^ 
petit  chapitre  concemaul  les  Jui's.  Mez  ielsscu^r.  5»rm*i,  Hiaiî.^**^' 
d'avance  dans  quel  esprl:  l'autour  peu:  p*rler  ie  res  •icnTxa&. 

=  Bjîeîiu  delà  Real  Acadeuiia  de  Lis:orla  ie  Viir.i.  ^^oni  VZI.  5*5^'" 
cule  III,  mars  ISSô,  p.  it^?  :  Tes'.aruen;  du  rri  Alpircd»;  ^Sl.  K  C^ 
tille,  du  «  décenabre  1204.  Eutre  au;re<  d*;s^-si;::i:c3w  à*  r-a  :rà:£ï^' 
p.  234  que  la  reine  ei  sou  f.ls  Ferui-i  rj.-*!!;  a  <ua  MLnaisMTJ:  ^  *' 
Avcmar  =  Iba  Omar  la  souiuie  ie  12,. M.  zro-ra-î-.'-iiiî^  T-turBi"*  t  ^ 
deite  fis  !*<.•»)  maravedis  lus  par  le  r:L  a  Ijjajrix-j*  ti  dîo.  '-  ^^ 
avaieL:  -iv^a  éie  remboursés.  Les  î2.'»J  u:iriT«.î::s  >.'^>Uini:s  xa^^^tii  -^^ 
pavés,  >eiou  cc  testameni.  par  a-c:.u:p:es  a^jl^l^î:*  îw  Î..  iHii  iiuci"^**» *^^ 


BÎIUJOGRAPIÎÏE 


\^rJ 


pefCCfoîf  sar  les  revenus  de  lu  courontie  à  Tohuie.  Il   n'est  pua  quesUon 
tlu  payement  d'intér(?ls.  Ce  fait  avail  déjà  elé  indiqué  par  Araador  de  los 

,  Hios  (U  I,  p.  346),  mais  le  BoleUa  nous   donne  le  texte  môme  du  ies- 

I  tament. 

Esludios  Hisloricos,  collecciou  de  Arliculos  escrilos  y  publtcadas  pcr 
cl  R.-P.  Fidel  Fita.  Madrid,  impr.  Fortanet,  1886,  ui-8*  de  2l>a  p.  Con- 
tient, entre  autres,  îe  savant  iravail  (analyse  par  nous  dans  celle  Revue) 
intitulé  «  La  Judcria  de  Madrid  eu  13U1  *. 

=  La  Revis  ta  de  Gcrona,  numéro  de  mai  1886  (année  XI,  numéro  5), 
p.  129,  contitjut  un  article  de  M.  E.-C.  Girbal  sur  une  niezouza  qui  a  été 
irouvée  &  Girone  dans  îc  mur  de  la  maison  n"  15  de  la  rue  de  la  Forsa, 
qui  était  aulrcfois  la  rue  des  Juifs  de  Girone. 

=  <s  Old  Jewish  fauiilies  in  England  >^,  par  M*  Lucien  Wolf,  dans  Leisure 

Pllour»  juillet  et  août  18H(3,   avec  portraits*  L'article  conlient  quelques 
exagérations,  faciles  à  commettre  en  un  pareil  sujet* 


M.  Lucien  Wolf  préparc  un  ouvrage  eu  deux  voluraos  sous  le  titre  de 
•«  Old  Jewish  Families  in  England  »,  avec  illustrations. 


Tlic  iate  Habbi  Kalisch  [Istdor  Kaliacb,   dô  Kratoschin,  né  181G,  mort 
^11   mai  1B86],  dans  Frank   Leslies  illustralcd  Sunday  Magazine,  août 
1886,  p.  177  ;  avec  portrait. 

Lo  Juif  de  Lubarlow,  [nouvelle]  de  Ad,  Szymauski,  trad.  par  C.  Cour- 
•xiëre,  dans  Revue  britannique,  6g»  année,  n**  12,  dec.  1886,  p*  3G2  à  372. 

—  Jolie  et  insiructivc  élude  de  M.  H.  Derenbourg,  intitulée  :  La  science 
des  religions  et  rislamisimeH,  deux  conférences  faites  le  lU  et  le  26  mars 
1883  à  l'Ecole  des  Ilautes-ELudes,  section  des  sciences  religieuses.  Paris, 
libr.  Ernest  Leroux,  1886,  in-18  de  1I5  p. 

^  CHaoNigUB  DKs  journaux.  Liste  do  journaux  nouveaux  : 

1*  The  Menorab,  a  Monihly  Magazine,  oftlcial  organ  of  tlie  B'ne  B'rilb, 
edited  by  Benjamin  F,  Peixotto.  —  Publié  à  New-York.  Le  n^  1  du  voK  1 
LkcsI  daté  de  juillet  1886;  le  vol.  Il  commence  avec  janvier  1887  ;  format 
^Hfn^8'*,  sur  Ires  beau  papier  ;  2  dollars  par  an.  Depuis  le  l'""  janvier  1887 
^■(voK  II,  u*  1),  la  Menorah  a  un  supplément  allemand,  broché  k  part,  et 
^■intitulé  :  Beîlagè.  Die  Menorab,  Mouatsschrifl,  oftîziclles  Organ  0.  0. 
^B  B*  B.  ;  Rédacteur,  Benjamiu  F.  Peixotto. 

V      a,  Serubabel,  Orgao  fur  die  Inleressen  des  jûdiscbeu  Volkes-  —  Chez 

Wiïly  Bambus,  à  Berlin,  in-4''  à  2  coL,  allemand  en  caractt^res  latins  ;  le 

n**  1  de  la  première  année  est  du  29  septembre  1HB6  ;  1    marc  par   tri- 

meatre.  Ce  journal  parait  vouloir  se  consacrer  spécialement  à  la  coloni- 

^^aation  de  la  Palestine  par  les  Juifs. 

^B     3.  La  Vigie  Israélite  b&nil}^  "yCQ,  paraissant  (à  Orau)  tous  les   mer- 
credis et  vendredis,  —  l*ubHé  par  Joseph  Djian.  Le  journal  est  k  la  fois 
français  et  arabe  (arube  eu  caractères  hébreux).  Le  numéro  a  4  p.  à  3  col. 
Le  a**  126,  deuxième  aanèe.  est  daté  du  5  doc.  188tK  Prix,  1(J  fr.  par  an. 
^^     4,  Le  Réveil  d'Israël  (Techtjatb  J  Israël  V,  feuille  mensuel  le.  —  Publiée 
^Bpar  Gustave  A.  Kruger,  pasteur  à  Gaubert  ;  iii-8^  de  16  p.  par  numéro  ; 
^■prix,  fr*  1 .75  par  ati.  Pour  la  couvcraion  des  Juifs.  Le  n**  1  de  la  première 
année  est  de  juillet  1886. 


T.  XIV,  N^  'i7. 


n 


140  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

5.  MM.  F.  Sam  cnskie  et  Eisig  Gr&ber,  de  Jaroslaw,  annoncent  (pUs 
veulent  fonder,  sous  le  titre  de  ninsoM  n^lM  n'^S  (Jûd.  litertriflche Mi- 
gazin)  un  annuaire  hébreu  qui  devra  paraître  pour  la  première  fois  lo 
mois  de  mars  1887.  Prix,  3  florins. 

C.  M.  Isaac  Salomon  Fucbs  annonce  qu'il  veut  fonder  à  Berlin  nnjoiu^ 
nal  hébreu,  mensuel,  principalement  scientifique,  sous  le  titre  debttTR; 
prix,  10  marcs  par  an. 

7.  M.  Fred.  M.  Ilyman  annonce  qu'il  fera  paraître  le  4  mars,  à  ym* 
chester,un  journal  (hebdomadaire?)  intitulé  The  Jewish  Record,  a  Joonul 
devoted  to  thc  Intcrcsts  of  the  Prfvincial  Jewish  Commonauties. 

Le  'pbT:  de  St-Pélersbourg  est  devenu  quotidien  depuis  1886(?!;il 
l'est  en  1887  ;  prix,  10  roubles  par  an.  Ce  môme  journal  publie  une  fcaiiie 
judéo-allomandc,  hebdomadaire,  intitulée  C35<b20pbKD  OJC^TT^;  prix, 
5  roubles  par  an. 

La  ÏTl^D^  de  Varsovie  est  devenue  quotidienne  (sauf  le  samedi)  à  partir 
du  1/12  avril  188C.  Elle  a  aussi  agrandi  son  format.  Prix,  8  roubles 
par  an . 

•  M.  Brill,  rédacteur  de  la  Sulamith  et  du  Libanon,  publiés  par  loi  à  LoO' 
dres,  est  décédé  le  12  novembre  1886.  Ces  deux  journaux  ont  cessé  de 
paraître. 

Le  Schachar,  de  Vienne,  parait  avoir  également  cessé  de  paraître. 

Le  **.nrîl  bip  a  cessé  de  paraître.  Son  dernier  numéro  est  du  7  no* 
vembre  1886  (n*  48  de  la  collection). 

Isidore  Loeb. 


Delitzscii   (IV   Friedrich).    Prole^^mena    eiaefi   neaea    hebrâlîiefc-»'** 
iiiiii«»chea  WurlerbnchA  zum  alten  Testament;   Lcipzîfr, 
J.-C  Hinrichs,  lSi>6. 

(  SUITE  *  ' 

En  troisième  lieu,  j'ai  dénoncé  la  hâte  inconsidérée  que  plasieurs 
assyriologues  melleul  à  la  comparaison  de  mots  hébreux  et  de  mois 
assyriens,  sans  mémo  s'élre  assurés,  au  préalable,  de  la  signification 
précise  do  ces  derniers.  Jai  tout  spécialement  appelé  Tattention  sur 
Tabus  qu'ils  fout  des  idéogrammes,  lesquels,  d'après  eux,  ne  soûl 
même  pas  d'origine  sémitique.  A  cet  effet,  j'ai  donné  une  longue  lisW 
de  mots  expliqués  dans  le  Helreic  Linguage,  M.  D.  cherche  mainte- 
nant à  répondre  à  mes  objections.  Dans  l'intérêt  de  la  lexicographie^ 

•  Voir  lomc  XIII.  j^i^e  30o. 


HIBUOGRAPllIE  ^^^H^H  147 

ébraïqne,  je  le  snîTrai  pas  à  pas,  co  accompapoant  ses  argumeola- 
ODs  en  abrégé  de  queltpies  observalions  substaEtieUes. 
bj^,  c  baDQière»  drapeau,  marque  de  distinction  des  troupes  ï>,  pro- 
ie verbe  hyj,  a  porter  ou  lever  la  bannière  ou  le  drapeau  )j  :  t^2 
il^nbH  {Psaume,  xx,  6),  «  au  oom  de  notre  Dieu  nous  porterons 
bannière  »  ;  r!3n«  '^by  nbsT  iCanlique,  ii,  4),  «  levez  sur  moi  la 
annière  de  Tamour  »  ;  rïsm^  bin  [iàid.,  v,  iO),  ■  distingué,  remar- 
qué par  sa  beauté  au  milieu  de  dix  mille  (personnes)  a.  Comme 
l^arabe  bsT  signifie  «  enduire,  couvrir  d'un  glacis  »  et  même  «  dorer, 
argenter  »,  on  peut  supposer  avec  vraisemblance  que  le  V^n  est,  au 
propre,  la  perche  enduite  d'un  glacis  brillant,  M.  D,  aime  mieux  com- 
parer rassyrien  «tf^yaMi  qui  signifie,  selon  lui,  «  voir,  regarder  »., 11 
traduit,  par  conséquent,  les  deux  phrases  précitées  :  v  Nous  regarde- 
rons (avec  contiaûce)  vers  le  nom  de  notre  Dieu  *,  et  «  regardé  (avec 
admiration)  par  dix  raille  (personnes)  »;  malheureusement»  cas  expres- 
sions ne  sont  pas  hébraïques  :  môtoe  L'^:^  n^^  est  un  monstre  que 
le  passage  de  Miebée,  vu,  7,  ne  justifie  point;  pareillement,  une  forme 
comme  ^''Np  i^in^,  pour  dire  c  aimé  de  quelqu'un  '^,  n'est  pas  vrai- 
semblable dans  le  style  de  ce  livre,  on  s'attend  à  nasnb  bisn.  M,  D. 
se  tait  sur  la  leçon  évidente  nbs'n   pour  -slrsn  dans  Cantique,  n,  4, 
parce  qu'elle  ne  fait  pas  son  affaire  ;  c*est  habile,  passons.  Mais,  Tas- 
rien  daffah^  slgniVie-i-il  *  voir,  regarder?  »  J'en  ai  douté  précé- 
mmentelj'en  doute  encore;  et  voici  mes  raisons.  L'expression 
dâçil  panua  s'emploie  toujours  de  vassaux  éloignés,  jamais  de  per- 

I Bonnes  qui  sont  en  présence  du  roi  et  pouvant  le  voir  et  le  regarder 
m  leur  aise.  Sennachérib  raconte  que  les  Babyloniens  avaient  mis  sur 
la  trône  un  homme  indigue  iana  la  shimatishu),  et  belui  mat  Skumeri 
\i  Akhadi  ushadçiU  panushu  *  lui  ont  remis  la  royauté  de  Sumer  et 
l'Accad  ^,  et  noo^  probablement,  m  ils  ont  fait  regarder  sa  face  à  la 
loyaulé  de  Sumer  et  Accad  >k  Assurbanipal  dit  :  zanan  (écrit  zanin) 
fShrêtishun  uskadgilu  panûa,  cela  ne  peut  signifier  que  :  «  ils  m'ont 
cou6é  la  coostruction  de  leurs  sanctuaires  ï>;  la  traduction  :  «  ils 
ont  fait  voir  ma  face  à  la  construction  de  leurs  sanctuaires  »  offre 
un  non-sens!  évident.  Dans  R.  iv,  68,  27^,  suiv.,  la  tatakil,  «  ne  te 
nfies  pas  aux  hommes  a,  est  complété  par  :  mutuh  inâka  ana  âshi^ 
guîanni^  v  dirige  tes  yeux  vers  moi  et  remets- toi  â  moi  «,  mol  à 
ot  :  a  prends-moi  pour  point  de  repère  ou  de  direction  *.  Le  sens 
ana  dagalu  kisMiat  nUhi  ne  diffère  guère  de  aria  shuieshur  nUhi, 
pour  gouverner  ou  diriger  les  peuples  j.  La  phrase  ana  pan  narka- 
H  maHia  u  utumanaUa  la  adgul  veut  dire  :  «  je  ne  me  suis  confié 
i  en  mes  nombreux  chars  ni  en  mes  guerriers»  »  Jusqu^à  présent, 
je  ne  vois  pas  la  nécessité  de  traduire  dagalu  par  v.  voir,  regarder  -*. 
L'équivalence  de  ce  verbe  avec  cuppû  =  nsi:  confirme  le  sens  de 
«  enduire  d'un  glacis  brillant  »  propre  au  75^  arabe,  mais  il  n'en  suit 
pas  qu'il  signifie  en  même  temps  a  voi*r,  regarder  ».  Ainsi,  D33  (::''3rî), 
«  regarder  »,  n'exprime  en  assyrien  que  ridée  de  «  briller  ^.  En  ara- 


^)ar 


148  REVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

méen,  «ban  esl  une  perche  fourchue,  et  telle  doit  avoir  été  la  banuiëre 
primitive.  M.  D.  emprunte  «  un  tesson  ^  au  dictionnaire  néo-hé- 
braïque  de  Lévy,  qui,  contre  les  lois  phonétiques,  identifie  ce  mot 
avec  le  grec  SixeXXa;  Tarabe  bN4n,  «  fleuve  qui  se  répand  et  couvre  le 
terrain  »,  en  atteste  Torigine  sémitique.  La  même  idée  parait  aussi 
au  fond  de  Taraméen  «bjpn  (néo-héb.  b]5n),  «  palmier  »,  arbre  qui 
ressemble  à  une  tige  se  terminant  en  fourche,  comparez  Tar.  bpi, 
.«  vergue  ».  Le  nom  du  Tigre  :  talm.  nb^n,  syr.  nbpi,  ass.  Idiglat, 
héb.  bpnn,  sam.  bpnn,  tiré  son  origine  de  deux  racines  apparentées, 
peut-être  de  bpn  seul,  en.su^posant  en  nb^n  Técho  de  la  prononcia- 
tion babylonienne  ^  En  tout  cas,  Tidée  de  a  voir  »  supposée  par  M.  D. 
pour  ban  est  loin  d'être  prouvée. 

bnr.  Cette  racine  forme  deux  groupes  de  noms.  D'une  part,  se  pla- 
cent rhébréo-araméen  bat.  «bat  bat.  a  ordure,  fumier  »,  b^ar  (ar.) 
e  parcelle,  brin  »,  et  Téthiopieu  bnr  a  rouille  »  ;  d'autre  part,  l'hé- 
breu b^nt,  a  demeure  »,  Taraméen  Kb'^st,  «  couverture,  enveloppe  [d'un 
livre)  »,  et  l'arabe  b'^ar  (b''?5t),  «  panier  en  sparte  pour  transporter 
les  fardeaux  à  dos  d'âne  ».  L'idée  fondamentale  de  la  racine,  on  le 
reconnaît  sans  difûculté,  est  celle  de  couvrir,  et  c'est  pour  cette  rai- 
son que  nous  avons  rejeté  l'opinion  de  Guyard,  partagée  par  M.  D., 
qui  traduit  l'hébreu  "^sbnT*^,  au  lieu  de  c  il  s'établira,  demeurera  près 
de  moi  »,  par  a  il  m'exaltera,  m'honorera  »,  en  invoquant  l'assyrien 
zabalu,  qui  signifierait  m  lever,  élever  ».  J'ai  contesté  et  je  conteste 
encore  cetle  affirmation  que  rien  ne  justitie,  du  moins  dans  les  pas- 
sages qui  me  sont  connus.  Dans  R.  II,  45,  45,  47,  ina  ^abal  rama* 
nishu...  suluppê  imandad  semble  signifier  :  a  de  son  rapport  ou 
produit  il  mesurera  (ou  payera)  des  dattes  ».  Le  nom  zabalu  forme 
l'idéogramme  za-balam  =  viihirlu  (R.  iv,  20,  21-22),  c  produit  ».  Le 
passage  R.  iv,  45,  40^,  donne  ina  zumrishu  lizzablutna^  e  que  la 
déesse  se  transporte  dans  son  corps  ».  Le  titre  zabil  kudurri  parait 
être  :  «  qui  déplace  les  limites  ou  frontières  »  ;  d'après  Jensen  : 
«  apportant  des  cadeaux  ».  Je  ne  m'explique  pas  comment  M.  D.  a 
pu  y  trouver  l'idée  d'élévation.  L'idéogramme  il  qui  rend  le  mot 
zabalu  n'a  rien  à  voir  ici  :  d'abord  parce  que,  si  le  sumérien  existe, 
comme  le  soutient  encore  M.  D.,  il  appartient  à  une  langue  non  sé- 
mitique ;  puis,  parce  que  ledit  idéogramme  rend  aussi  le  verbe 
nashû,  «  porter  ».  Enfin,  la  traduction  de  zubbulu  sha  irii  (R.  v,  42, 
42  ab)  par  «  lever  la  poitrine  »  est  d'autant  plus  risquée  que  lô  der- 
nier mot  de  cette  phrase,  écrit  gab^  est  aussi  a  la  bouche  {ibidem^ 
54  fl^)  »;  qui  sait  s'il  ne  s'agit  pas  de  l'expression  «  porter  la  pa- 
role »  ? 

nnn«.  Une  racine  nn«  qui  serait  synonyme  de  naa,  «  égorger  », 
n'existe  pas  en  assyrien.  Le  mot  nabbahu  (R.,  ir,  23,  9)  doit  même  se 
Mt^nathbahu  (communication  de  M.  Strassmaier)  ;  quant  au   mot 

^  Il  ne  faut  pas  oublier  cependant  que  l'idéo^rammo  du  Tigre  bav^ttg-gar  répond  à 
ihubuy  t  brillant  » ,  ce  qui  conduit  à  la  racine  ^y\» 


milLlOGRAHIlE 


m 


lnlii^  DU  philôt  apuhu,  (R.  IV,  61,  8  ,a),  il  r(?poDd  a  l'hébreu  fiD''. 
rrier,  gémir  »,  et  signifie  «  cri,  gémissement  'K 
Le  rapprochement  eotre  Théhreu  D"^!^  et  Tarabe  i:£^  r  ce  qui  est 
iOutraire  »,  reste  ioaHaquable;  c'est  aussi  très  probablemeDt  le  sens 
le  TassyrieD  caddu:  celui  de  «  piège  -»  que  lui  attribue  M.  B.  n'est 
•ppuyé  par  aucun  argument  convaincant. 

Le  mol  pb^an,  traduit  ordinairemeot  par  w  lys  >s  était  jadis  pour 
M.  D.  i'  la  tige  du  roseau  ^,  d'après  la  don  née  assyrienne  fiabaciîlatn 
^hhih%  sha  qanate.  Impliquant  ainsi  la  supposition  que  lubshu  si- 
gûifle  <  tige  <».  Celait  expliquer  Hnconnu  par  Tincoonu.  Aujour- 
d'hui, M.  D.  se  contente  devoir  dans  nbsînrjune  plante  quelconque 
\%t  noie  2),  mais  les  Septante  et  Luther  qu'il  cite  ont,  du  moins, 
ûot  *i  Qeur  »  v»^"*^»  Bbtme)  ;  il  est  moins  croyable  que  la  belle  Su- 
|lilt%  au  risque  de  perdre  Ta  va  nia  ^e  di^  la  f  modestie  »  (Beschtidcn' 
)que  M.D.  lui  impose,  se  soil^ comparée  à  une  plante  quelconque, 
s'être  comparée  à  la  «  rose  »  dans  la  première  partie  du  ver- 
lEn  tout  cas,  ]e  haàaçUlafu  assyrien  n'éclaire  pas  le  nVii^n  hé- 
D,  et  cela  est  fesse ntiel. 

Oiirasô^M.  D.  a  rappelé  Tassyrien  shahaîhu,  <'  frapper,  égorger, 
ri>llo  beat,  to  slay,  lo  kill).  J'ai  révoqué  en  doute  ce  sens,  parce 
le  mot  ishahUiu  (R.  iv,  16,  9^,  27,  51  b)  est  rendu  par  l'idèo- 
nme  oi  oi,  qui  signiile  û ordinaire  «  changer  de  place  »;  j'ai  sur- 
it aie  que  TassyrTen  skibthM  signifie  à  la  fois  a  sceptre  et  massacre  » 
pler  and  slaugbter).  A  cela  M.  Ih  répond  que  Tidéogramme  men- 
ue a  aussi  quelquefois  le  sens  de  «  tuer  p.  En  croyant  me  contre- 
^le  savant  assyriologue  ne  fait  qu'expliquer  pourquoi  j*ai  ajouté 
ferbe  «  d^ordinaire  i>  ;  mais  croit- il  vraiment  qu'il  faille  se  fonder 
sur  l'un  des  sens  les  plus  rares  d'un  idéogramme  qui,  d'après  lui, 
n'est  même  pas  d'origine  sémitique,  pour  donner  au  verbe  assyrien 
signification  qui  ne  va  pas  du  tout  au  contexte?  En  etîet,  dans 
^  27,  il  s'agit  des  démons  qui  enlèvent  [mhelu)  les  femmes  (1.  8* 
hassent  les  pères  et  les  liis  de  leur  famille  (L  10-M,  12-U\  arra- 
lit  [uihelu^  ubarru]  les  colombes  de  leurs  volières,  les  moineaux 
^hirondelles  de  leurs  nids;  ici.  pas  de  trace  de  massacre,  mais 

tléparation  violente  ;  ce  sera  aussi  le  cas  de  la  phrase  alpi  ishaà- 
ll|  iméri  ishabbithu,  qu'on  traduira  :  ti  ils  dispersent  les  bœufs, 
dispersent  les  brebis  »,  J'ignore  où  M.  1).  a  trouvé  pour  Taraméeu 
*fck^  le  sens  de  v  frapper»  battre  »,  Dans  la  Mischna»  sàâèatà  Qsi 
«yaonyme  de  hasêk,  «  séparer  les  fils  île  la  chaîne  d'un  tissu  w.  C'est 
précisément  le  sens  du  shabaiàu  assyrien,  verbe  mis  souvent  en 
parallélisme  Bvccnapaçu,  «  disperser  *  ==  héb.  nâphaç,  «  se  séparer, 
||A$perscr  »,  Quand  M.  D.  traduit  napaçn  par  a  broyer,  assommer» 
■r  (7»erschlageu,  erscblagen,  ir«dlen\  «  il  oublie  que  ce  scus^  pure- 
Hl  mitaphoriqne,  n'est  iirnpre  qu'il  la  seconde  forme  verbale  ou 
{■  {wiGiffificu,  Asurn,,  u.  lU,  etc.)  ;  c'est  aussi  le  cas  de  Tliébreu 
\aifpee,  Ëufm,  je  citerai  le  passage  de  R.,  v,  4,  lKi-96,  où  M.  D,  trouve 


^50  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

le  mot  shibihu,  a  massacre  »,  -et  moi  shipthu,  «  châtiment  >.  Il  |M)Tte  : 
SiUi  tur  mesh  KA-dingir-^ra-ki  0  V-DV-a-ki  ud-kip-nun-ki  ska  ina 
shipthi  (shiàlhi)  shakbiti  ù  niprieti  ishetûni  riemu  arshiskunuH  balaih 

•  napishtiskunu  àqbi  kirib  KA-dingir-ra-ki  usheshibshunuii.  «  Le  reste 
des  fils  (=  habitants)  de  Babylone,  de  Kouti  et  de  Sipar  qui  croupis- 
saient dans  la  peine,  la  souffrance  et  la  misère,  j'eus  pitié  d'eux,  je 
leur  accordai  la  vie  et  je  les  établis  à  Babylone.  »  Gomme  on  le  voit, 
il  s'agit  non  d'hommes  massacrés,  mais  de  gens  vivants  tombés 
dans  la  misère.  Pour  le  sens,  la  lecture  skipthu  =  héb.  shephathim, 
«  peines  »,  est  irréprochable,  mais,  bien  que  l'orthographe  shapatu 
(avec  /atr),» pour  «  juger  »,  ne  soit  pas  tout  à  fait  prouvée  par  le  seul 
passage  indiqué  par  M.  D.,  la  lecture  shibtài  peut  se  défendre,  le  sens 
en  sera  alors  celui  de  Thébreu  shêbeth,  a.  verge  »,  au  figuré  :  c  coup, 

*  menace,  danger  »  ;  celui  de  «  massacre  »  (Todtschlag,  Blutbad)  restera 
toujours  exclu. 

L'idée  émise  par  M.  D.  de  rapprocher  Ifi^k,  «  menu  bétail  »,  de 
l'assyrien  çenu^  «  bon  »,  se  heurte  à  une  difficulté  insurmontable  : 
ce  mot  assyrien  coïncide  visiblement  avec  Thébréo-araméen  l'^ç 
Mn^^^,  ((  dattier,  palmier  »,  et  l'arabe  ^Tl^  a  rejeton  de  palmier  »,  le 
palmier  étant  pour  les  orientaux  l'arbre  bon  (cf.  Genèse,  m,  6; 
II  Rois,  m,  49,  25)  par  excellence.  Nous  avons  dans  le  mot  assyrien 
précité  un  dérivé  de  n35L,  et  non  l^ir,  ou  plutôt  "[kS  =  aram.  t»^.  Ce 
fait  étymologique  laisse  intacte  l'appellation  arabe  du  menu  bé^il 
Û73  et  le  syriaque  Knn7,  qui  contiennent  plutôt  la  notion  générale  de 
a  bien,  possession  »,  que  celle  de  «  la  bonté  ou  de  la  douceur  y^  propre 
à  ce  bétail,  comme  le  veut  M.  D. 

Sur  inn  M.  D.  ne  donne  rien  de  nouveau  ;  mes  objections  restent 
donc  debout.  Sa  traduction  de  tahtena  gimir  lâniha  par  :  a  elle  protège 
tous  tes  côtés  »  (schûtzte  aile  daine  Seiten)  ne  repose  sur  rien  ;  je 
préfère,  jusqu'à  preuve  contraire,  la  traduction  :  a  elle  a  fortifié  tout 
ton  corps  (mot  à  mot  :  <f.  tous  tes  côtés  »)  *.  Naturellement  «  fortifier  » 
est  «  starken  »,  non  «  befestigen  »,  ainsi  que  feint  de  le  croire  M.  D.  (9. 
note  4),  lequel  se  tait  habilement  sur  Texpression  hatin  enshi,  e.  for- 
tifiant les  faibles  »,  où  il  n'y  a  pas  trace  de  l'idée  de  protection 
(Schutz). 

Pour  expliquer  le  sémitique  septentrional  nii),  «n®,  sharrUy  «  roi, 
prince  »,  M.  D.  crée  exprès  un  verbe  assyrien  shararu,  «  briller,  se 
lever,  rayonner  »,  qui  ne  se  trouve  nulle  part.  Le  fait  que  les  noms 
sharûru  et  shirru  (type  du  phonème  shir)  signifient  «  éclat,  splen- 
deur »  ne  décide  rien  au  sujet  du  verbe,  qui  peut  siguifier  toute 
autre  chose. 

Sur  la  non-existence  d'un  verbe  assyrien  shadû,  «  s'élever,  être 
haut  »,  supposé  par  M.  D.  afin  d'en  tirer  le  nom  divin  '«•TO,  voyez 
Zeitschrift  fUr  Keilschrififorschung,  II,  November  4885,  p.  105-407. 

*  Il  iaui  néanmoins  faire  remarquer  que  lânu  est  synonyme  de  bunanu  «  corps  *. 


jtîiuJor.RAPmE 


151 


[ïtir  établir  rexistence  du  verbe  assyrien  shadadu,  u  aimer  »>, 

l>.  produit  le  mot  nmhaddu,  <•  aimé  )>  ;  il  a  seulemenl  oublié  de 

ûuver  la  lecture  qu'il  admet.  Il  faut  probableroenl  Mv^nanmddn, 

[fctle  verbe  madadu  est  rendu  dans  les  syllabaires  par  1©  signe  ram 

5DTn\  qui  signifie  «  aimer  ^.  L'hébreu  ïTnii  ne  doit  pas  de  néces- 

f\é  être  séparé  du   mol  mischnaïtique  homophone,   qui   signifie 

!  ûrmoire,  collïe  «. 

Ce  que  M.  D.  dit  à  propos  de  Thébreu  a"*Vrfï,  o  faire  honte  />,  est 
our  moi  un  mystère  impénétrable.  Dans  le  texte  (p.  99),  il  main- 
«ni  que  c*est  un  synonyme  de  b'^p  /^j5n,  «  peu  considérer   (gering 
Chiens  parvi  estimare,  viUpenderâ  >»  ;  dans  la  note  3,  il  aiimet  Topl- 
liûû  de  M.  Zimmern,  qui  donne  au  verbe  assyrien  ktdlumn  le  sens 
tt*  faire  voir  ->.  Faisons  remarquer,  par  parenthèse,  qme  ma  tiaduc- 
POD  de  ce  verbe  par  <*  mettre  à  nu  •'  s*en  rapproche  déjà  considéra- 
blement, car  une  chose  n'est  visible  que  lorsqu'elle  se  présente  à  nu, 
IDS  un  autre  objet  qui  le  couvre  (cf.  irhy,  «  découvrir,  faire  voir  *»)  ; 
nais  si  le  irerbe  assyrien  signifie  m  voir  j,  comment  Thébreu  S^^b^rr 
«ul-il  signifier  c  peu  considérer  ->  (gering  achten)?  C'est  le  cas  de 
iecrier  avec  les  rabbins  :  D-'"'n  D-^nr»  ■'nn^  ib&*i  Vrt?  ! 
Bù  expliquant  le  verbe  mK,  if  maudire  »,  par  fidée  primitive  de 
nier,  bannir  *»  (binden»  bannen),  M.  D.  donne  Tétymologie  du  mot 
lîtemand  «  Bann  »,  non  celle  du  verbe  hébreu.  Les  termes  assyriens 
irm  \$ka  iplri),  **  oiseleur  »,  et  irritu^  a  piège  >,  dont  la  racine  est  dou- 
'teuse,  n'impliquent  pas  pour  araru  le  sens  de  <i  lier  ».  Aucun  nom 
»  piège  :  n2i  ncn,  Dnn,  yfz'^n,  etc.  ne  contient  la  notion  de  *t  lier  u  ; 
an  ne  signifie  jamais  «   tendre  un   piège   •>.  Uéthiopien  arara^ 
'cooper  (la  moisson]  i)  —  héb.  lap,  natp,  i'  retraûcher  ^,  se  rappro- 
liebien  mieux  de  la  signification  hébraïque, 

Jtî  désespère  de  comprendre  le  raisonnement  de  M.  D.  au  sujet  de 

En  assyrien,  on  trouve  bâbu  sàadillu,  t'  porte  vaste  ou  large  », 

^Hrptum  shadiUu^  «  la  terre  vaste  »,  ce  qui  suppose  un  verbe  sha- 

'a^i,  «être  vaste,  large  ».  En  aramécn,  bro  signifie  «  persuader, 

[léiittire  t.  Pour   tout  esprit  non  prévenu»  ces  deux  significations 

ft'oùirien  de  commun.  M.  D.  trouve  toutefois  moyen  declairer  Fara- 

Ifcéen par  Tassy rien.  B'abord,  il  introduit  subrepticement  à  côté  de 

Mètre  lûrge  »  {weii  sein]  la  variante  <  être  largement  ouvert  «  {weU 

rlïo/nef  sein),  et  il  obtient  ainsi  un  synonyme  de  nnSj  synonyme,  à 

fK>atour,de  nnc,  dont  vient  nrs,  u  séduire,  persuader  ».  En  admel- 

jUnt,  UQ  instant»  îa  traduction  du  mot  assyrien,  la  comparaison 

|dem«urerait  encore  absolument  arbitraire,  car  R*ns   n'exprime  ja- 

jails  ridée  de  persuasion,  ni  nnD  celle  d'être  large  ou  vaste,  pas 

Oéliae  dans  Genèse,  ix,  27.  Mais  Tédifice  léger  sï'croule  de  fond  en 

^roble  quand  ou  substitue  au  mot  de  coalrebande  nns  le  verbe 

•ï^iltî  pour  t,  être  large  »,  savoir  nm,  auquel  la  conception  de  per- 

suasiou  ou  séduction  est  toujours  restée  étrangère. 

^^  M.  D,  a-t-il  trouvé  la  u  malheureuse  étymoiogie  «^  [miH'âchlich€ 


BilfÊÊSiùçii]  lie  rr'^K  qu'il  m'attribue  et  d'après  laquelle  ce  mot  au 
rtltsignilié  primitivement  r  mère,  d*où  mère  de  Teau,  tuyau,  d'û< 
avaui--bras-iuyau,  d'où  coudée  »  (Mutter,  dann  Mutter  des  Was^er?, 
Mokr€,  ddinn  Vorderarm  als  R*^hre,  daim   Elle,  p.   <û8,  note  2)y  tJi 
coup  d*c&tl  jeté  sur  la  Retué,  n""  il,  p.  63-64»  lui  eût  appris  que,  stiii 
vaut  ma  conjecture,  n^x  désigoe  primitivement  une  sorte  de  maacbft 
tubulair^  permcllant  occasiounellement  e  le  passage  des  iiquid€f 
accumulés  dans  l'objet  auquel  il  se  rattache  »,  et  que  le  type  na- 
turel de  la  rîr»  était  le  roseau,  la  canne,  mp^,  mol  qui  désigoe  aussi 
ravaot  bras  (Job,  xxxi,  iâ),  en  éthiopien  nÇH.  M.  D«  joint  a  sa  «  mal- 
heureuse découverte  »  {unçlûckHchê  Erfindung)  une  .  .jm 
prouve  qu'il  n'étudie  pas  le  talmud  :   lo  sens  de  tube               ^our 
nre«  résulte  des  passages  cités  à  la  page  susmentionnée  de  la  Bitm, 
y  y  ajoute  la  locution  réaliste  *i'»na?:i  ni^eta  mi».  Je  ferai  remarquer 
finalement  qu'en  traduisant  (HO,  note  i)  le  lalmudique  tî-nm  «in::» 
par  a  boite  dti  moulin  à  main  [Biichse  der  Handmâhle)  o,  M.  D.  a  mé- 
connu le  sens  de  (""*  ?^  z^nn)  ro^sn,  qui  ue  signifie  pas  ici  <•  n^i- 
pient  J.  mais  ^  poignée,  raanche  ».  Il  va  sans  dire  que  n^cw  rlïït 
(Isaïe,  Vf,  4]  désignent  les  pivots  des  poteaux,  qui  tournent  dans  le 
creux  du  seuil  (comparez  :  q?.  a  tasse  i»,  Exode,  xii,  It,pns$im\^ 
non  M>  les  fondements  solides  des  seuils  (die  festen  Gruudiagen  der 
Schwellen]  ^  ;  dans  ce  cas  la  maison  tout  entière  aurait  été  ébranlée. 
Au  sujet  des  mots  «m  et  mii»if  j'ai  dit  :  M.  D.  aurait  bien  fattde 
nous  donner  les  passages  où  ils  comportent  le  sens  de  *  boite, 
caisse  »  qu'il  leur  assigne  ;  je  n*en  connais  que  celui  de  cèdre.  M.  D, 
répond  :  «  Halévy  a  probablement  déjà  puisé  les  renseignements  né- 
cessaires a  la  page  «i,  note  2»  des  Babylonische  Busspsalmen  de  M.Ziffl- 
mern  (Halévy  hat  inzwischen  wohl  a  us  Zimmern's  Babyionischen 
Busspsalmen  S,  6,  Anra.  2,  die  nOtbige  Belehrung  geschrtpfi)  •,  J*8i 
\%^  regret  de  constater  que  cette  source  de  salut  ne  m'a  fourni  qu'un 
tllet  d'informations  U^^^lt^tirung)  beaucoup  trop  mince  pour  apaiser 
ma  soif  de  critique.  Voici  ce  que  nous  y  apprenons  :  ridéogramtDC 
—  M.  D.  a  oublié  de  nous  dire  s'il  est  accadien  ou  summérien  —  <lût 
les  Assyriens  rendent  par  eru  et  êfinnu^  se  compose  de  ab^  ^  ftinne- 
lure »,  (Umschliessung)4-  w,  «  trou, enfoncement  •*  iLoch,  Vertiefuogh 
ce  qui  rappelle  Tidêe  de  <•  vase,  récipient  »,  et  remploi  decesip*? 
comme  uu  nom  de  métal  repose  sur  un  abus  de  la  part  a  des  k^T 
riens  ».  Ceux-ci  doivent  bien  déplorer  la  matecbance  qui  les  a  empê- 
chés de  corriger  leur  style  accadien  au  moyen  d'une  étude  approfondie 
(grtïndlicbe  Belehrung]  à  l'Université  de  Leipzig.  Quant  à  moi,  peusaot 
que  les  scribes  assyriens  u'élaienl  pas  obligés  de  connaître  lacotn 
po*«iliûn  du  signe  non  sémitique,  si  non  sémitique  il  y  a,  je  lais^ 
ridéiJgraratne  de  côté,  et  je  continue  toujours  à  demander  un  teîW 
assyrien  pour  preuve  de  la  signification  avancée  par  M.  D.  Le  ffl<'^ 
^t-n,  daus  l\.,  V,  i7,  !6-i7,  à  eu  juger  par  l'expression  eru  dannu  (IT)» 
dci^ilEne  l'airain  et  nullement   <r  uuv  boite  ou  une  caisse  de  bois  ' 


nmiinr.nApmE 


iS3 


ennnu^  le  rappel  à  R.,  v,  41-43  ab,  n*ù  nunme  valeur. Cette  liste 
!lque  ridéograinme  is-manu  par  erinnu  et  shigarn,  ce  qui  ne  veut 
pas  dire  que  ces  mots  sont  synonymes  ;  au  contraire»  l'existence 
ffun  autre  idéogramme  pour  le.  premier  (L  41)  en  indique  assez  la 
ditTérence.  En  un  mol,  M.  D.  fera  bien  de  donner  des  preuves  plus 
convaincantes;  nous  sorairies  prêt  û  nous  incliner,  ainsi  qu*à  ad- 
ctlre  contre  le  témoignage  de  l'hébreu  \y^  son  affirmation,  non 
encore  juslitiée»  d'après  laquelle  erinnu  serait  dérivé  de  iTU, 
M.  D.  ayant  déclaré  que  l'hébreu  nbs  c  fiancée  <»,  vu  Tassyrien 
îlâiu  avec  un  a  long,  ne  pouvait  venir  de  b^i,  mais  de  «Vd,  a  en- 
fermer j>,  je  lui  ai  opposé  Thébreu  nbibD,  m  mariage  *».  é^  i'araméea 
^b^,  ft  marier  ».  J'ai  ajouté  qu'il  a  été  induit  en  erreur  par  Tidéo- 
groinme  K-GI-A,  dont  Télément  GI  a,  entre  autres, le  sens  d'  «  enfer- 
cr  tt,  A  présent  M.  D,  semble  reconnaître  le  bien  fondé  de  mon 
bjection,  sans  toutefois  me  citer,  et  en  atténuant  sa  première  néga- 
tion, il  donne  ce  bon  conseil  :  c  II  vaudrait  tout  de  môme  la  peine  de 
I rechercher  si  le  mot  hébréo-araméen  pour  t<  fiancée  ^>  ne  doit  son  ap- 
parence d'être  un  dérivé  de  bbD  qu'à  TefTacement  de  la  consonne 
Icrminale  tt  (Kf  scheint  doch  sebr  prûfenswerth  ob  nicht  das  heb. 
Bram.  Wort  fur  w  Drout  ^'  erst  durch  Absdileifung  des  Auslauts 
bcheinbar  zu  einem  Dérivât  von  bbs  gewarden  sei  »)♦  Voilà  une. 
bien  lourde  besogne  pour  les  sémitisants  dans  le  seul  but  de  juslitler 
la  mise  de  trop  d'un  a  par  un  scribe  assyrien  1  La  non-valeur  des 
rébus  idéographiques  pour  réiymologic  est  maintenant  concédée 
avec  quelque  réserve  x>ar  M.  D*,  mais  le  pourquoi  de  la  réserve  n'est 
pas  donné  ;  c'est  simplement  un  moyen  commode,  trop  commode 
même,  a  Taide  duquel  on  peut  donner  auK  innovations  les  plus  in- 
vraisemblables l'air  d'une  vérité  traditionnelle  et  autorisée. 

L*abus  de  l'analyse  idéographique  avait  encore  conduit  M.  D,  à 

interpréter  l'hébreu  X>^^  lOenése,  xlj,  43)  par  Tassyrien  abarakku^ 

qu'il  traduit  par  ^f  le  père  du  roi  >^  (ihe  faiher  of  the  king)*  A  Tappui 

de  son  dire,  il  avait  cité  deux  proverbes  suméro-assy riens  :  Nadmm 

sha  sharri  ihuhM  sha  shaké  «  La  libéralité  du  roi  cause  la  libéralité 

^Kciu  magnat  i^  (The  liberality  of  the  king  ensures  the  liberality  uf  tlio 

^Bniagnatej,et  Nadanu  sha  shari'e  dmnmuqu  sha  abarakki  (in  su  merlan  : 

^BSmA  lugalâkiishafjashêafiit)  ^  La  libéralité  du  roi  cause  la  libéralité 

^Vde  Tabbarakku  '»  (The  liberality  of  the  king  ensures  the  benevolence 

of  the  abarakku)./Il  ajoutait  :  «  un  équivalent  exact  du  proverbe 

anglais  «  Like  master,  like  man  (u  tel  maître»  tel  valet  »)  >^  Aussi,  le 

I      féminin   abarakkattt  est-il  a[ïpliqué  aux  déesses  comme  adminis- 

^fciraleurs  suprêmes  du  temple  (an  exact  équivalent  of  the  Engîish 

^Bproverb  *.  Like  master  like  man  *>.  Also  the  féminine  abavakkaiu  is 

^KppLied  to  goddesses  as  the  highest  administra  tors  of  the  sanctuary). 

^^în  me  rapportant  à  ce  passage  j'ai  fait  la  remarque  suivante:  la 

comparaison  de  "^"^^N  avec  abarahku,  qui  signifierait  v  father  of  the 

king  *,  repose  sur  une  lecture  erronée  :  ce  mot  assyrien  n'existe 


lî>/i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

absolument  pas  ».  Tout  lecteur  attentif  aurait  corrigé  du  premier 
coup  le  lapsus  «  lecture  »  en  «  combinaison  »  ;  il  aurait  aussi  com- 
pris tout  de  suite  que  ma  négation  concernait  l'existence  du   mol 
composéy  non  du  mot  abarakku  considéré  comme  un  vocable  simple 
et  dont  j'avais  Texemplc  sous  les  yeux.  Les  paroles  de  M.  D.  :  Ha- 
lévy  sollte  sich  hûten  durch  derlei  erdichtete  Behauptungen  den 
wissenschaftlichen  Character  seiner  Kritiken  zu  gefâhrden  »  par-, 
tent  donc  d'un  très  bon  cœur  et  je  me  prête  volontiers  à  reprendre 
mon  a  Machtwort  »  et  à  rendre  bommage  à  la  vérité  (und  gebe 
dann  der  Wahrbeit  die  Ehre)  en  reconnaissant  —  ce  que  je  n*ai 
jamais  pu. nier  —  que  les  formes   abarakku,  aharakkatu  existent 
réellement  ^  Mais  cela  dit,  l'analyse  de  abarakku  par  abarakku, 
«  father  of  Ibe  king  »,  préconisée  par  M.  D.,  sur  la  foi  de  l'idéo- 
gramme, est  à  la  fois  arbitraire  et  inexacte  ;  arbitraire,  par  cette 
double  raison  que  ni  l'origine  non  sumérienne  de  Tidéogramme  ni 
le  sens  do  roi  pour  rakku  ne  sont  prouvés  ;  inexacte,   par  cette 
raison  péremptoire  que  la  forme  aba-rakkat  serait  tout  au  plus  «  le 
père  de  la  reine  »,  mais  ne  pourrait  jamais  qualifier  les  déesses; 
il  faudrait  pour  cela  ummu-rakku^  a  mère  du  roi  ».  Du  reste,  la  tra- 
duction des  proverbes  donnée  par  M.   D.  est  entièrement  man- 
quée  :  Nadânu  $ha  sharri  tubbû  sha  skaqê^  signifie  :  «  Donner  con- 
vient au  roi,  faire  du  bien  convient  aux  grands  >»,  et  non  :  c  Tbe 
liberality  of  tbe  king  ensures   tbe  liberality  of  tbe  magna  te  »  ;  de 
même  :  Nadânu  ska  sharri  dummugu  sha  abarakku  est  :  c  Donner 
convient  au  roi,  être  doux   convient  au  serviteur  [?she=  magru 
«  serviteur  »),  non  :  «  Tbe  liberality  of  tbe  king  ensures  the  bene- 
volence  of  the  grand  tizier  ».  Le  titre  de  la  déesse  de  Karak,  abrak- 
^a/«,  serait  ainsi  l'équivalent  de  ardatu  qui,  malgré  son  sens  primitif 
de  a  servante  »,  a  souvent  ie  sens  de  a.  Dame  »,  amélioration  de  con- 
ception qui  a  rarement  lieu  pour  le  masculin  ardu.  En  un  mot  :  la 
comparaison  de  l^^!^^  avec  abarakku,  outre  l'inconvénient  de   ren- 
contrer le  terme   assyrien  dans   la  boucbe  de  hérauts  égyptiens 
(Schrader),  a  celui  de  supposer  une  signification   que  les   textes 
connus  jusqu'à  présent  ne  justifient  pas. 

Enfin,  un  mot  à  propos  de  l'hébreu  bNip,queM.D.  compare  avec 
l'assyrien  shuâlu,  «  pays  du  tombeau  ».  Malheureusement,  cette 
orthographe  appartient  en  propre  à  mon  savant  adversaire  ;  les 
textes  donnent  shu-er,  groupe  qui,  s'il  est  phonétique,  se  lira  shur^ei, 
s'il  est  idéographique,  sa  lecture  reste  inconnue.  Il  n'a  nullement  l'air 
d'une  forme  hybride  moitié  phonétique  et  moitié  idéographique. 
Jusqu'à  meilleure  preuve,  nous  hésiterons  à  admettre  ce  mot  as- 
syrien. 

Passons  maintenant  à  un  autre  domaine  en  litige  entre  M.  D.et  moi, 

'  Sans  pourtant  décider  en  faveur  du  caractère  primitif  du  ^,  car  la  confusion  àt 
b  el  p  est  fréquente  dans  les  inscriptions,  et  la  possibilité  de  ramener  ce  mot  à  la 
racine  *T"îD  reste  entière. 


UIBLÏQGRAHIIE  155 

aTa  question  de  savoir  si  le  n  assyrien  est  le  n  kk  dur  des  Arabes. 

AL  U.  raffirme,  en  posant  en  règle  générale  que  le  n  doux  se  perd  en 

assyrien.  Je  conteste  i'exactilude  de  celle  conclusion:  1**  parce  que 

rassyrien  appartient  au  groupe  des  langues  sémitiques  septenlrio- 

nales«  qui,  a  eu  juger  par  les  transcriptions  greciiues,  ne  paraissent 

pas  avoir  possédé  lo  /ch  dur;  2"*  parce  que  le  seus  du  mit  assyrien 

diflëre  considérablemeut  du  mol  arabe  compare  ;  2°  parce  que,  dans 

plusieurs  mots  assyrieQS,  le  n  radical  répond  à  un  n  doux,  même  en 

srabe.  J'ai  cité,  a  cet  etlet,  les  mots  akadat,  pathatU  palahu,  raàaça^ 

ihinu,  mahmH^habibUj  hazamt^  kakavut,  maiaàu,  inhu,  maîahu;i"y 

si  ajouté  iic,  parce  que  j'aurais  pu  mettre  encore  :  mmhaku^  hasasUy 

iskahu,  tiahadUy  mahrashu  et  bien  d'autres  mots  que  M.  D.  discute 

laiûlenant  lui-môme.  C'est  là  un  ensemble  qui  n'est  certainement 

las  è  dedaiguer,  mais  M.  D.  aime  mieux  déclarer  que  la  plupart  de 

s  exemples  sont  faux.  Voyons  comment  il  justifie  sou  ariirmatïon  ; 

«  L'assyrien  habihii  signifie  tout  autre  chose  que  Tarabe  habib, 

ami,  amant  ii.  Je  le  sais  aussi  bien  que  M,  D.»  mais  signîfle-t-il  la 

ème  chose  que  l'arabe  kkabba  y  voilà  ce  que  mon  adversaire  a 

ublïé  de  prouver.  L'arabe  écarté,  la  transcription  avec  h  doux  s'im- 

ose  par  le  caractère  général  des  idiomes  septentrionaux,  qui  ignorent 

M  dur, 

«  Le  sens  de  haçanu,  «  fortifier  p,  est  plus  sûr,  il  ne  faut  donc  pas 
le  rapprocher  deV^mbe  haçona  »»,  soit,  mais  est-ce  là  une  raison  pour 
transcrire  kkaçanu  et  pour  créer  ainsi  une  racine  qui  n'existe  même 
las  en  arabe?* 

«  Pour  que  Tarabe  falaha  passât  en  assyrien  de  Tidée  de  «  fendre, 
sillonner,  cultiver  la  terre  »»  à  celle  de  a  rendre  uu  culte,  adorer, 
craindre  »,  il  faudrait  supposer  un  long  développement  linguistique  ; 

Iifonc  il  vaut  mieux  rapprocher  Tarabe  falakha  n.  Le  malheur  veut 
bue  le  sens  de  cette  racine  ne  convienne  pa^  du  tout  à  l'idée  du  culte 
propret  au  verbe  septentrional  ;  on  fera  donc  bien  de  conserverie 
h  doux. 
«  L'arabe  ne  peut  pas  décider  sur  la  nature  du  h  de  rassyrien 
muiuh,  puisqu'il  possède  deux  racines  équivalentes  :  mataka  et  ma- 
fjtkka  ».  M.  D.  a  pu  ajouter  que  ces  racines  ont  un  sens  très  dilTérent 
du  mot  assyrien,  lequel  concorde  parfaitement  avec  Thébreu  mâtah. 
Voila  une  excellente  raison,  je  pense,  pour  se  conlormer  à  la  pro- 
^bionciation  hébraïque  et  conserver  le  son  doux. 
^V  c  Le  mot  gihinu  signidant  *  ûcelle  *>  n'a  rien  de  commun  avec  la 
'  racine  arabe  gahana  ».  Cela  est  possible,  mais,  du  moins,  elle  existe, 
I  tandis  qu'une  racine  gakhana  n'existe  nulle  part;  faut-il  la  créer 
I       exprès  pour  les  besoins  de  la  cause  ? 

^H  V  Le  verbe  rahaçu,  <  inonder  n,  semble  bien  proche  de  rhébreu 
^mraàac,  «  laver  >),  et  de  l'arabo-éthiopien  raàoda,  raheç.a,  **.  laver, 
^Buer  rt  ;  mais,  en  face  de  l'assyrien  rakhaçu^  m  inonder  rf,  il  est  pro- 
^^able  que  la  racine  arabe  dont  la  signilicalion  est  déjà  si  alTaiblie, 
a  subi  un  atlaiblissement  phonétique  dans  sa  forme  />.  Le  cercle 


15>  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

vicieux  de  ce  raisonnement  n'a  pas  besoin  d*être  relevé.  D'abord  on 
décrète  la  forme  rakhaçu^  puis  on  corrige  les  correspondants  arabe 
et  étbiopien,  qui  ont  le  tort  de  ne  pas  s'y  conformer. 

«  Inhu^  «  soupir  »,  est  bien  l'arabe  w^=  béb.  ânah^  mais  ce  sont 
visiblement  des  onomatopées  ».  Puisque  M.  D.  a,  parait-il,  des 
a^ccointances  préhistoriques  remontant  à  l'origine  dû  parler  sémi- 
tique, nous  admettons  l'onomatopée  ;  seulement  nous  serions  cu- 
rieux de  savoir  pourquoi  les  Assyriens  ont  soupiré  autrement  que 
tous  leurs  autres  frères  attristés  ? 

<'  Le  terme  malahu,  «  matelot,  marin  »,  n'a  pas  sa  place  ici  ».  Le 
mot  de  cette  énigme  nous  est  donné  dans  la  note  :  c'est  parce  que 
l'arabe  mallah  peut  bien  être  emprunté  à  l'araméen,  et,  dans  ce 
cas,  le  h  attesterait  seulement  la  prononciation  douce  du  het  ara- 
méen  au  moment  de  l'emprunt.  Ainsi,  une  simple  conjecture  suf- 
fit à  M.  D.  pour  écarter  les  faits  qui  contredisent  sa  théorie.  Il 
ajoute  :  «  L'hébreu  mallah  remonte  peut-être,  lui  aussi,  au  baby- 
lonien malakhu  (mallakhu),  «  saunier,  matelot,  marinier  ï>.  En  aucun 
cas,  mallah  n'a  quelque  chose  de  commun  avec  melah,  milh^  «  sel  », 
étant  donné  que  ces  mots  ne  signifient  jamais  c.  fiot  salé  »  (SalzQuth], 
et,  comme  la  navigation  babylonienne  sur  les  fleuves  et  canaux  pré- 
cède la  navigation  sur  mer^  le  mieux  sera  d'assigner  à  malah  le 
sens  de  «  ramer  ».  Ce  raisonnement  bizarre  commence,  comme  on 
le  voit,  par  supposer  dubitativement  l'origine  araméenne  du  mot 
arabe  et  l'origine  babylonienne  du  mot  hébreu;  puis,  ces  conjec- 
tures devenues  des  certitudes,  on  s'y  appuie  pour  séparer  mallah 
de  melah,  u  sel  »,  en  donnant  à  la  racine  malakha  un  sens  qui  n'existe 
pas  môme  en  arabe  !  Il  n'y  a  que  les  fausses  théories  qui  nécessi- 
tent des  efTorls  aussi  désespérés.  Le  fond  môme  de  l'argifment  ne 
soutient  d'ailleurs  pas  l'examen,  car  les  marais  salants  abondent 
en  Babylonie,  et,  de  plu^,  le  nom.  hébreu  yam  hammelah,  a  mer  de 
sel  »,  de  la  mer  Morte,  fait,  sans  aucun  doute,  allusion  au  goût 
excessivement  salé  de  ses  eaux.  Le  double  sens  de  «  saunifer  »  et 
de  «  matelot  »  propre  à  l'arabe  mallah  atteste,  en  outre,  que  la  véri- 
table navigation  a  débuté  par  la  recherche  du  sel  marin.  Le  côté 
piquant  de  l'aiïaire,  c'est  que  M.  D.  supprime  tacitement  son  affir- 
mation première,  qui  a  été  la  seule  cause  de  ma  contradiction. 
Dans  Hebrew  Language,  M.  D.  a  tiré  le  sémitique  mallah  du  sumérien 
mâ'lah,  «  vaisseau  allant  »;  dans  son  présent  mémoire,  il  y  substitue 
une  racine  sémitique  malakk,  «  ramer  »";  d'où  vient  ce  revirement 
soudain  en  faveur  du  sémitisme,  M.  D.  aurait  dû  le  dire  à  ses  lec- 
teurs, que  cette  contradiction  ne  manquera  pas  de  mettre  dans  un 
grand  embarras.  Enfin,  comme  M.  D.  écrit  aussi  pour  les  assyrio- 
logues,  ii  aurait  dû  leur  dire  ce  qu'il  pense  actuellement  du  sumé- 
rien mâ-lah;  est-ce  un  emprunt  fait  aux  Sémites,  ou  bien  une  forme 
artificielle  du  genre  de  ces  rébus  malencontreux  qui  menacent 
d'exiler  les  Sumériens  au  pays  des  chimères? 

Somme  toute,  pour  se  débarrasser  de  huit  exemples  parmi  ceux 


BIBLIOGRAPHIE 


157 


ii€  je  lui  ai  signalés,  le  nouveau  lexicographe  hébreu  met  eu  œuvre 
ioe  jolie  cuUeclion  d'argumeals  des  plus  singuliers  et  tombe  (iaus 
^arbitraire  le  plus  efTréaé.  Tout  en  invoquant  l'arabe,  il  crée  des 
Racines  qui  n'y  existeot  pas  ou  qui  n'y  tint  pas  le  même  sens. 
D'autres  l'ois,  il  corrige   les  formes  existantes  par  l'unique  raison 

ju'elles  ne  font  pas  son  allaire.  Et  quand  lout  cela  ne  suitit  pas,  il 

BCourt  il  la  devinaiiou  ei  émet  des  oracles  sur  l'origine  des  mots  et 
pes  idées.  Voilà  le  procède  par  lequel  M.  D.  s'autorise  à  stigmatiser 

es  exemples  du  qualiûcatir  de  <*  faux  »,  Les  autres,  grùce  à  un  re- 

aords  tardif,  sont  touchés  dans  la  suite  ou  rejetês  dans  les  notes. 

ihadat-ahadat  ne  signifierait  pas  «  les  uns  les  autres  *>,  mais,  peut- 
fcire,  a  troupes-troupes  »  ;  Târabe  hassa^  «  sentir,  apercevoir  »,  est 
affaibli  de  Maj?^«,  bien  que  ce  verbe  ait  un  sens  loul  différent; 

fiakazu  et  hakamu  sont  transcrits  par  kh  malgré  le  témoignage  de 
|*arabe  ;  le  reste  est  passé  sous  silence  :  Tarabe  masaha^  «  mesurer  », 
ferait  formé  de  tnassâk,  v.  géomètre  »,  mot  qui  serait  emprunté  à 
raramét-n,  v  c'est  pourquoi  on  n'est  pas  autorisé  à  dépouilUr  l'équi- 
valent  assyrien  de  son  M  »  / 

Comme  la  différence  du  point  de  vue  en  discussion  se  rapporte  à 
une  question  de  principe  qui  peut  iniUier  sur  la  recûnstruetion  de 
la  langue  primitive  des  Sémites,  il  ne  sera  peut-être  pas  superflu 
de  coordonner  ci -a  près  quelques-uns  des  mots  assyriens  dont  le  sens 

aïncide  avec  les  laciues  à  n  doux  dans  les  autres  idiomes  appa- 

BUtêâ. 


I     Akadai^ahadat,  v.  les  uns  —  tes  autres  «  ;  r.  sémitique  commune  : 

^B  in&t,  f  un  », 

^Biff^^tt,  «  soupirer,  gémir  k  héb.  ns»  ;  ar.  n&«3. 

^^ffmt^u,  ft  or  i»  ;  héb,  ynn  ;  héb,  f  nn,  u  soigner  ^  ;  ar.  ^in,  ^  soigner, 

1^  convoiter  ». 

SahahUt  «  jeter  par  terre,  traîner  >;  héb*-ar.  anD. 

HarbUy  M  épée  »;  héb.  snn;  ar.  n^^iHi  <^  javelot,  l'er  de  lance  «», 

Zabahu,  "égorger  »;  héb,  nsT  ;  ar,  nsT» 

Haçanu,  ^  fortifier,  consolider  -s  ar.  ixn. 

Mashahu,  v  mesurer  »  ;  aram,  nc?^  ;  ar.  nD?a* 

2alaÂu,  sala/iu,  c  asperger,  laver  «  ;  àram.  nbt,  *t  asperger,  goutter  * 

ar,  nbT  <c  goutter  ». 
MakaçUy  t'  frapper,  Ueraper»;  héb.  yni2  ;  ar.  yn?j,  ^  lisser,  épurer  a, 
Mahazu,  «  place,  contrée  »  ;  héb*  Tin?3  ;  aram.  ^J'vm  ;  ar,  Tinx^2,  t-  es- 
pace, intervalle  », 
^^mMasoiu,  V  savoir,  comprendre  .>  ;   béb.  pest.  CCn,  u  sentir,  prendre 
^P  en  considération  <>  ;  ar.  sn^  t^  être  ému,  sentir,  connaître  j>. 

fHashaîu,  «  briser  i>;  héb.  bon,  >Dn,  «  briser,  ronger  ^:  ar.  bon,  ^^  trier, 
rejeter  », 
Nahbaiu^  «  corde  -s  héb,  ar,  ban,  bnn. 


158  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Hii^bu,  <'.  espèce,  produit  »  ;  ar.  nm^  a  groupe,  parti  »  ;  étb.  atti, 
«  peuple  ». 

Thabahu,  «  immoler  »;  héb.  aram.  nna.  L'arabe  fina  signifie  a  cuire, 
faire  bouillir  ». 

Mashthahu,  «  place  large  »  ;  béb.  aram.  nao,  naD. 

Earûy  «  creuser  »;  ar.  -^nn»  «  décroître,  diminuer  ».  L'arabe  ^nn  signi- 
fie «  fienter  ». 

àfalahu,  «  marinier,  »  héb.  aram.  ar.  rk'n,  n«^5. 

Eakâmu,  «  savoir,  comprendre  »  ;  héb.,  aram.,  ar.  û^n. 

Hatana,  «  renforcer,  fortifier  »  ;  ar.  inn,  «  être  intense,  soutenu, 
allié  »  ;  béb.  inn,  «  fiancé  »  ;  inn,  «  devenir,  parent  ». 

Palahu,  c  craindre,  servir,  adorer  »  ;  aram.  nbo,  «  travailler,  labourer, 
servir  »  ;  héb.,  ar.  nbo,  «  labourer  i>. 

Hashahu,  «  désirer,  aimer  v);  aram  n^an.  N'existe  pas  ailleurs. 

Dahadtiy  «  abonder  »  ;  aram.  'rm.  N'existe  pas  ailleurs. 

Earashu^  «  labourer  »  ;  héb.  «nn;  ar.  nnn. 

Hazanu,  «  officier,  fonctionnaire  »;  héb.,  aram.  "[Tn^  «  gardien,  qui 
soigne  les  aflaires  de  la  ville  ou  de  la  communauté  »  ;  ar.,  étb. 
Itn,  «  être  soucieux,  affligé  ». 

Sarimtu,  «  épouse  »  ;  ar.  ûnn,  «  être  interdit  ».  —  L'ar.  ûnn  est  €  dé- 
coudre, percer  ». 

Rahaçu^  «  inonder  »;  héb.  «y^nn,  «  laver  »;  ar.,  éth.  yrn»  «  laver, 
suer  ».  L'arabe  yfin  signifie  «  diminuer  de  prix,  être  à  bon 
marché,  être  vil  ». 

Pashahu,  «  se  reposer,  être  tranquille  »  ;  ar.  nOD,  «  donner  de  l'es- 
pace, du  temps,  toute  facilité  »  ;  étb.  NTOp^  «  joie  ^. 

naâtUy  «  vie  »;  héb.  aram.  ïa^-^n,  l'^'^n,  ar.  rTS-^rii  éth.  nrn. 

Nahlu,  «  étroit,  torrent  »  ;  héb.  bm,  «  torrent,  rivière  qui  n'a  pas  d'eau 
permanente  »  ;  cf.  ar.  bn5,  «  amaigrir  ».  —  L'ar.  brô  est  «  pal- 
mier ». 

Nuhshu,  «  abondance,  bonheur  »  ;  ar.  sna,  «  mauvaise  chance  »  (anti- 
thèse). —  L'ar.  ons  est  «  piquer,  percer  ». 

Ashuhu,  «  espèce  de  cèdre  »  ;  aram.  «mo«.  N'existe  pas  ailleurs. 

Lahantu  =  çaâhu,  «  qui  crie,  nom  d'oiseau  »,  ar.  inb,  a  son,  chant, 
mélodie  ».  —  inb  sign.  «  puer  ». 

ÇaâhUj  <f.  crier  »;  béb.,  aram.  ms:.  N'existe  pas  avec  ce  sens  en 
arabe. 

Shahâlu,  a  tirer  »  ;  aram.  bno  ;  ar.  ftbNno»  «  limçille,  rebut  ». 

Ouhlu,  m  objet  brillant,  carboucle  ?  »  héb.  bn:i,  «  braise  ».  Manque  en 
arabe. 

Kirhu^  a  citadelle,  forteresse  »  ;  aram.  n^D  «  être  fort  ».  —  L'arabe 
n"i5  signifie  a  faire  affluer  ». 

Dalâhu,  «  troubler  »;  héb.  aram.  nb^r.  —  L'arabe  nbn  signifie  «  être 
trop  obèse  ». 

Shamhu^  a  vert,  frais  »  ;  héb.  XPSf^^  ^  réjouissant  ». 


BrBLÎOGRAPIIIE 


s'épanouîr,  rayonner  », 


•tffir,  tf  objet  brillant  >»  ;  ara  m.  bnt , 
N  existe  pas  avec  ce  sens  eo  arabe. 

BiffuUu,  «  prospérité,  abondance  •)  ;  étb,  bn^n,  «  misère,  perle  »  (ao- 
ti  thèse). 

Hndû,  a  se  réjouir  ->  ;  héb,  aram,  mn,  f*"in. 

Bipu^  tt  eiracement,  destructioD  »;  ar.  "'sn,  u  user,  émousser  »> 

HurtÂu,  «  montagne  boisée  »  ;  héb.  '^Snn, 

Skdraku^  a  augmenter,  agrandir  )>;  héb.  nns^  «  prolongement  15  ;  ar. 
me,  tî  élargir,  dilater  >. 

Tkakû,  a  toucher,  renverser  ■>  ;  ar.  "^n::,  «  étendre  à  plat  ». 

Kappûhu,  il  forgeron  ->;  héb.  aram.  ncx  «TO3;  ar.  nns:,  «  souffle  *►. 

PiUlu^  V  commandant,  gouverneur  )^  ;  ar.  ''ins ,  e  sens,  obser- 
va lion  fl. 

Saharu,  ^  entourer,  retourner  )>  ;  aram.  nno,  t'  entourer  »;  liéb.  imo» 
t  marchand  ambulant  jd.  Kn  ar.  -^no  signiQe  «.i  se  moquer, 
railler  »  *. 


îl  est  inutile  d'allonger  davantage  celle  liste.  Voilà  cinquante  ra- 
tines dont  le  n  doux  ne  s'est  pas  perdu  en  assyrien.  Je  les  ai  enre- 
eistrces  au  fur  et  a  mesurti  qu'elles  se  préseniaient  â  ma  mémoire, 
sans  avoir  fait  de  recherches  syslémaliques.  De  ces  racines,  les 
unes  sont  particulières  à  des  langues  du  nord  et  n'existent  pas  en 
arabe  avec  un  sens  analogue,  les  autres  onl,  même  en  arabe,  un  n 
<îoui  et,  sll  arrive  parfois  que  les  deux  formes  avec  n  doux  et 
TTontuû  sens  identique  ou  très  rapproché,  il  n'y  a  aucune  raison 
«l'abandonner  le  premier  en  faveur  du  second,  contrairement  au  ca- 
ractère général  du  groupe  dont  Tassyrien  fait  partie.  A  ces  conditions, 
O0113  accepterons  les  comparaisons  enlrc  Tassyrion  et  rarabe  à  pro- 
iKJsdu  n,  Celles  que  nous  donne  M.  D.  ne  sont  entourées  d'aucune 
précaution.  Ainsi,  parmi  les  mois  à  n  dur,  il  compie  napalm^  kaianu, 
*fiAtff«,  bien  qu'en  arabe  il  y  ail  Ti^x  inn  et  yn?:  à  côté  de  ns3, 
î^n.  pTTa;  de  même  l'assyrien  andkti,  i'  reposer  »,  répond  mieux  à 
i'iiébreu  m^  qu'à  l'arabe  ni3  ;  enfin,  thabahu  est  Thébreu  nnza,  ^*  égor- 
gtr  1,  et  non  Tarabe  ns::ï  «  faire  la  cuisine  ».  B^autre  part,  les 
exemples  où  le  n  doux  disparaît  en  assyrien  sont  loin  d'être  aussi 
oomhreux  qu'on  se  Timagine  V  Dans  le  petit  nombre  quenumère 
M.  0.  il  y  en  a  dont  rorigine  est  très  douteuse»  comme  abâshu^  igaru 
(=  aram.  6«-i5^fi«  ?),  annu^  (=  anunu,  u  garde?  >0  ;  d'autres  font  queU 
^cfojs  reparaître  le  n  ;  on  a  ainsi  patû  et  pathati  de  nns,  Mû  et 


»  D^ftutres  radoes  et  mots  Je  ce  genre  se  pressent  sous  ma  pliinjo  corom©  DHil 
"li^X^n  (u'csislfl  t>as  en  nribe)  ,nTn  ,pin  ,KU3n  .CIH  .nCH  ,UT\b  ,bnD  .Hlp  pIc 

ûtm  dernière  racinis  forme   rhébréo^ssyrieii  nip  (h^ie,  hXî,  i)  guAu  {— çuku)^ 

fm^  0é  «  corde,  lien  >. 

t  Jv  crois  que  le  nombre  de  ces  racines  aUmnià  peine  k  vinglaina  ;  Ce  ne  toot 
dOC  pi«  ceicai  excepUonnelB  qui  doivont  coastiluer  la  règle, 


ICO  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

zaàahu  de  nnr  ;  ru' tu,  «  soufûe  »  (=  mn),  s'écrit  presque  toujours aiec 
le  signe  qui  marque  Thiatus.  En  tout  cas,  la  perte  de  la  gutturale 
douce  dans  quelques  mots  assyriens  est  la  conséquence  de  la  perte 
complète  des  lettres  K,  rr,  7  ;  cette  dernière,  môme  quand  elle  cor- 
respond au  y  (gbaïn)  arabe.  L'assyrien  est,  sous  ce  rapport,  la  sœur 
du  mandaïte  et  des  langues  néo-araméennes  ;  ce  n*est  pas  de  ces 
Idiomes  phonétiquement  si  usés  que  nous  peut  venir  la  lumière  sur 
la  phonétique  primitive  des  langues  séùiitiques. 

N'en  déplaise  à  M.  D.,  la  question  de  la  gutturale  assyrienne  n'est 
pas  résolue  par  ses  remarques,  et  encore  moins  celle  qui  concerne 
l'originalité  du  kh  dur  dans  la  langue-mère  des  Sémites.  Jusqu'alors, 
l'introduction  du  kà  en  assyrien,  sous  prétexte  que  cet  idiome  nous 
a  conservé  la  forme  primitive  à  cet  égard,  non  seulement  est  injusti- 
fiable et  détruit  Tharmonie  des  langues  du  nord,  mais  elle  fausse  la 
recherche  des  significations  en  séparant  d'autorité  des  racines  iden- 
tiques et  en  créant  des  racines  qui  n'ont  jamais  existé.  L'emploi 
du  A  doux  ne  préjuge  rien,  conservons-le  *. 

J.  Halévt. 


*  M.  Delilzsch  a  bien  voulu  m'annoncer  dans  sa  dernière  lettre  qoe  son  dictioo- 
naire  assyrien  est  pt^nétré  d^un  esprit  fortement  antisumérien,  thèse  à  laquelle  U  vic- 
toire lui  semble  Ôlre  finalement  réservée.  Cet  aveu  du  savant  assyriologae  met  ôa 
désormais  a  la  discussion  sur  Totigin*;  des  idéogrammes  et  sur  leur  valeur  poor 
Tétymologie  des  mots  assyriens.  C'est  un  résultat  très  satisfaisant  qui  permet  d^espérer 
que,  sur  le  terrain  des  autres  questions  soulevées  par  la  critique  précédente,  um 
réconciliation  de  nos  vues  n'est  pas  impossible.  Je  compte,  du  reste,  revenir,  dans  une 
autre  revue,  aux  Prolegomena  de  M.  D.,  afin  de  relever  les  nombreux  faits  d'un 
très  haut  intérêt  pour  la  philologie  sémitique  que  je  n'ai  pas  pu  faire  entrer  dans  le 
cadre  de  cet  article. 


Israël  Liivi. 


VBhSÂiLLES)   IMPIUUEUIE  CERF  ET  FILP,   RUE  DUPLESSIS,   ÛD. 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


DB   LÀ 


SOCIÉTÉ  DES   ÉTUDES   JUIVES 


DEUXIÈME    ANNÉE 

(8*  ANNéB  DB  LA  SOCIÉTÉ) 

1887 


ACT.   BT  Q01«F.,   T.  1. 


LA 

PRÉDICATION  JUIVE   CONTEMPORAINE 

EN  FRANGE 

CONFÉRENCE  FAITE  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Par  M.  Albert  CAHEN 

Profeàëctir  de  rhétorique  «a  collège  Rotlio. 


Mbsdambs,  Messieurs, 

De  qaelqiié  reconnaissance  que  je  me  sente  pénétré  à  Tégard  de 
la  Société  des  ÉUules  juives  et  de  son  éminent  président,  M.  le  grand 
rabbin  Zadoc  Kahn,  ce  n^est  pas  sans  appréhension  que  je  me  Suis 
assis  ce  soir  à  cette  place,  d*oii  vous  avez  entendu  parler  tant  de 
causeurs  charmants,  tant  de  personnages  illustres,  les  maîtres  de 
la  science,  de  la  pensée,  de  l'éloquence  contemporaines.  Du  moins 
désiré-je,  dés  Tabord,  prévenir  un  malentendu  que  je  redoute.  Je 
serais  fâché  que  le  titre  lin  peu  austère  sous  lequel  cette  conférence 
a  été  annoncée  vous  laissait  croire  que  vous  allez  assister,  ce  soir,  à 
uno  véritable  et  savante  leçon.  Faire  des  leçons,  c'est  un  peu  mon 
métier,  je  le  sais;  non  pas  toutefois  devant  un  auditoire  comme 
celui-ci  ;  car  je  n'ai  pas  encore  accoutumé  de  parler  en  docteur  dans 
une  assemblée  où  ce  sont  les  disciples  qui  tiennent  la  férule,  tandis 


XCVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

que  le  professeur  tout  seul  est  exposé  aux  mauvais  points.  Au  reste, 
pour  discuter  avec  compétence  de  la  prédication  juive  contempo- 
raine en  France,  il  faudrait  ctro  sans  doute  un  érudit  théologien  :  je 
ne  suis  ni  théologien,  ni  savant.  Simple  ûdôle,  profane  même,  si 
l'on  veut,  confondu  dans  la  foule,  j'ai  entendu  beaucoup  de  sermons 
juifs;  grâce  à  l'inépuisable  obligeance  de  M.  Zadoc  Kahn,  de  M.  Isi- 
dore Loeb,  de  M.  Israël  Lévi,  j'en  ai  lu  davantage  encore  :  j'ai 
voulu,  pour  ma  propre  satisfaction,  essayer  de  noter  les  enseigne- 
ments généraux  qui  sô  dégageaient  de  tous  ces  discours,  ainsi  que 
les  traits  précis  qui  leur  sont  communs  et  par  lesquels  la  prédication 
juive  parîdt  se  caractériser;  et  c'est  le  résultat  de  ce  modeste  tra- 
vail que  je  vous  apporte  ce  soir. 

Le  public  nourrit  généralement  d'assez  fortes  préventions  contre 
l'éloquence  religieuse.  Tandis  que  les  autres  œuvres  littéraires 
diffèrent  entre  elles  suivant  le  temps  où  elles  ont  paru,  le  pays  qui 
les  a  vues  naître,  le  génie  des  auteurs  qui  les  ont  produites,  on 
affecte  de  croire  qu'un  sermon  ressemble  nécessairement  à  tous  les 
sermons,  que,  forcés  de  développer  toigours  les  mêmes  thèmes,  les 
prédicateurs  ne  se  distinguent  que  par  les  mérites  de  l'expression, 
et  qu'ils  restent  tous,  comme  on  .l'a  dit  de  l'un  d'eux,  des  diseurs 
plus  ou  moins  sublimes  de  vérités  ordinaires.  On  connaît  la  jolie 
boutade  que  M.  Emile  Augier  prête  à  son  Giboyer*. 

M"*®  DE  La  Vibuxtour.  —  Le  P.  Vernier  a  été  admirable  ce  matin.  Y 
étiez-vous,  M.  de  Vrillière? 

Lk  comtb  de  Vrillière.  —  Je  n'ai  pas  pu  entrer. . . 

M™<*  DE  La  Vieuxtouh.  —  Vous  avez  perdu.  Il  a  eu  sur  la  charilé  des 
pensées  si  touchantes,  si  nouvelles  I 

GiBOYER,  à  patt,  —  A-t-il  dit  qu'il  ne  faut  pas  la  faire  ? 

Eh  !  non  sans  doute,  le  P.  Vernier  n'a  pas  dit  quïl  ne  fallût  pas 
faire  la  charité.  Mais  si  le  P.  Vernier  est  un  grand  orateur,  c'est 
par  dos  raisons  que  lui  seul  pouvait  trouver,  ou  auxquelles  les  gens 
de  son  temps  et  ceux  qui  part&gent  sa  foi  seuls  pouvaient  s'inté- 
resser, qu'il  a  essayé  de  faire  comprendre  comment  et  pourquoi  il 
nous  faut  aider,  servir,  aimer  les  misérables  ;  c'est  par  des  argu- 

*  Lo  fils  de  Qiboyer,  IV,  6. 


ICOI 


mantâ  tîrôâ  ou  desoti  expérîencd  perron nelle  dô  la  misera  Ixuinaine, 
<m  du  speetade  des  infortunes  lamentables  qui  afliigent  la  société 
moderno,  ou  des  nobles  prck^cctipations  dont  ne  peuvent  s'emp^cber 
dVHre  tourmentées  les  âmes  les  plus  généreuses  de  notre  temps  ;  ou 
bien,  dédaignant,  de  parti  pris,  toutes  les  raisons  humaines,  tous  les 
arguments  de  la  pbilosophie,  c'est,  à  Texeraple  de  Bossuet,  de  la 
contemplation  même  du  mjstôro  de  la  croix,  de  la  vie  et  de  la 
passion  do  Jésus-Cbrist,  Dieu  des  pauvres,  qu'il  a  voulu  déduire 
tous  DOS  devoirs  envers  les  pauvres.  La  vérité,  en  effet,  c*est  qu'à 
l'égal  des  autres  genres,   à  l'égal  de  la  poésie  dramatique  ou  do 
l'éloquence  politique,    Téloquence  religieuse,  qui  s'adresêo  à  un 
public  sans  cesse  renouvelé,  pour  lui  parler  en  face  de  ses  devoirs 
ou  de  ses  intérêts  souverains,  se  modifie,  suivant  les  époques,  les 
circonstances,   les  mouvements  de  Topinion,  les  sentiments   des 
auditeurs.  L'histoire  de  la  chaire  française  le  prouverait  au  besoin, 
uelle  diflérence,  tonte  idée  de  comparaison  entre  les  talents  étant 
d*aillent*s  écartée,  quelle  différence  entre  les  sermons  d'un  orateur 
du  xvir  siècle  et  ceux  des  plus  grands  prédicateurs  du  xix"  1  Dog- 
matique avec  Bossuet,  la  prédication  catholique  devient  morale  avec 
loin'daloue,  philosophique  avec  MasslUon  et  les  meilleurs  orateurs 
ligieux  du  x^^I^^  siècle,  raisonnable  et  raisonneuse  avec  M,  do 
rajssinous,  romantique  et  lyrique  avec  le  P.  Lacordaire;  les  dîs- 
lussions  mêmes  de  Téconomie  politique  ne  Tout  pas,  de  nos  jours, 
aissée  indifférente.  Est-il  possible,  dès  lors,  que  la  prédication  juive 
Contemporaine  ne  se  distingue  pas,  elle  aussi,  par  quelques  carac- 
tères propres,  et  que  ces  caractères  ne  nous  apparaissent  pas  clai- 
ment,  si  nous  étudions  tour  à  tour  la  forme  at  le  fond  des  discours 
le  nos  rabbins? 

Ce  n*est  pas  à  dire  toutefois  qu'on  ne  puisse  d'abord  retrouver 
chm  nos  orateurs  ces  qualités  essentielles,  fondamentales,  sans 
lesquelles  il  n'j  a  ni  orateur,  ni  écrivain  :  la  netteté  du  plan  et  de  la 
composition,  Tordre,  la  solidité,  l'abondance  de  Targumentation.  Je 
^orrais  citer,  par  exemple,  tel  sermon  sur  la  Fin  d  k$  Œuvres  't 
dans  lequel  Toratour,  après  avoir  établi,  par  des  citations  nom- 


*  Zadoc  K«Ud,  SêrmoHë  e$  aUoeutioiu^  1^  léri©,  p.  U3. 


XCVIH  ACTES  ET  œNFÉREHCEB 

breuses,  indiscutables,  que,  suivant  la  doctrine .  constante  du  ju- 
daïsme, la  foi  ne  saurait  suffire  sans  les  œuvres,  que  même  «  Tétude 
et  la  connaissance  de  la  loi  ne  sont  pas  Tessentiel,  mais  que  c*est 
Faction,  »  montre,  par  une  fine  analyse,  quelles  conséquences  se 
déduisent  de  ce  principe  :  la  préférence  accordée  à  la  charité  active 
sur  un  ascétisme  stérile;  la  tolérance  pour  les  doctrines,  puisque 
c'est  à  ses  œuvres  qu'on  doit  juger  l'homme  et  que  Dieu  le  ju- 
gera ;  la  pureté  d'une  mwale  où  tout  est  pondéré,  mesuré,  et  qui 
ne  donne  pas  dans  les  exagérations  périlleuses  du  mysticisme  ;  la 
rigidité  enfin  de  la  conscience  juive,  qui  ne  peut  se  décider  à 
fournir  aux  actes  blâmables  la  facile  excuse  de  la  direction  d'inten- 
tion. Et  toutes  ces  conséquences,  incessamment  rattachées  au  prin- 
cipe dont  elles  découlent,  amènent  elles-mêmes,  en  forme  de  conclu- 
sion, cette  règle  pratique  :  «  Ne  nous  contentons  pas  d*une  foi 
inerte,  agissons  :  car  le  mérite  de  l'homme  est  surtout  dans  les 
œuvres.  » 

Même  finesse  et  même  solidité  dans  l'argumentation  par  laquelle 
l'orateur  se  propose  do  justifier  la  prière*,  cet  acte  religieux  dont 
rincrédulité  a  tant  de  fois  essayé  de  prouver  Finanité.  Tous  les  ins- 
tincts de  notre  être,  dit  l'orateur,  nous  poussent  à  la  prière.  —  Ins- 
tincts aveugles  !  répondent  les  incrédules.  Car  pensez-vous  que  votre 
prière  puisse  faire  modifier  à  Dieu  ses  décrets  éternels  ?  —  Et  qui 
donc,  reprend  l'orateur,  <f  qui  donc  oserait  marquer  des  limites  à  la 
bonté,  comme  à  la  puissance  de  Dieu  ?  Qui  aurait  la  prétention  de 
soumettre  à  la  mesure  de  son  jugement  borné  l'Être,  qui,  par  sa 
nature  môme  et  sa  perfection,  échappe  à  toute  mesure?  » 

Mais  il  y  a  plus.  Quand  il  serait  vrai  que  la  prière  n'a  pas  la  puis- 
sance de  modifier  on  notre  faveur  le  cours  des  choses,  la  prière  n'en 
serait  pas  moins  utile  et  nécessaire.  Soit  :  Dieu  n'a  pas  besoin  de 
nos  prières  ou  de  nos  actions  de  grâces  pour  discerner  ce  qu'il  doit 
faire  ou  se  payer  de  ce  qu'il  a  fait  ;  mais  nous  en  avons  besoin  : 
car,  comme  la  prière  seule,  on  nous  arrachant  aux  préoccupations 
tristes  et  vulgaires  de  la  vie  terrestre,  nous  élève  tous,  humbles  et 
puissants,  jusi^u'à  Dieu,  comme  par  elle  seule  nous  lui  parlons,  nous 

'  Zadoc  Kahn,  Sermons  et  allocutions,  2^  série,  p.  39. 


im 
^H   rai 


LA  PREDICATION  JlîlVE  CONTEMPORAINE   EN  FRANCE        XGIX 

nnu8  confions  à  lui,  en  elle  seule  îïous  trouvons,  pour  notre  lassi- 
tude, notre  faiblesse,  notre  douleur  ou  notre  désespoir ,  refuge^ 
appui,  eonsolation,  réconfort.  Que  répoiidre  à  une  argumentation 
qui  retourne  ainsi  la  question,  et  qui,  après  avoir  réfuté  une  pre- 
mière fois  lobjection,  veut  bien  feindre  cependant  d'en  admettre  la 
validité I  afin  de  lui  opposer  une  réponse  plus  décisive  encore  que  la 
première? 

Mais,  si  rargumentation  d*un  sermon  peut  être  forte,  elle  doit,  du 
moins,  être  bornée  dans  ses  développements,  Tattention  d'auditeurs 
bienveillants  sans  doute,  mais  souvent  légers  et  médiocrement  pré- 
parés aux  méditations  austères,  risqnant  de  se  lasser  trop  tôt*  La 
lot^o  pastorale,  qu'on  lit  à  loisir,  peut  B^épandre  avec  plus  d'abon- 
dance, et  je  me  voudrais  mal  de  n*en  pas  citer  Ici  au  moins  une, 
que  j'extrais  du  Recnnl  âe  lettres  pastorales  et  ih  discours  irinaugm-a- 
thn  de  M.  Klein,  grand  rabbin  de  Co!mar%  recueil  que  je  qualifie- 
rais de  magistral,  si  Ton  en  pouvait  élaguer  quelques  redondances 
faire  disparaître  quelques  germanismes,  11  est  impossible  qu'on 
soit  pas  frappé,  en  la  lisant,  comme  je  l'ai  été  moi-même,  de 
rampleur  et  de  la  ilnease  d'une  dialectique  qui  no  se  soucie  pas  de 
reprendre  à  son  service  les  arguments  trop  faciles  d'une  métaphy- 
sique élémentaire. 

Il  s'agit  ici,  en  elTet,  d'une  démonstration  de  la  Providence»  et 
tout  do  suite  la  preuve  téléologique,  la  preuve  tirée  de  Tordre  de 
runîvei*s  et  des  causes  finales,  se  présente  à  l'esprit  de  récrivain 
sacré  :  mais  il  Técarte  aussitôt,  pensant  qu'il  appartient  peut-être 
au  philosophe  de  la  développer,  pour  réfuter  Tathéisme,  mais  qu'elle 
ne  saurait  suffire  au  prédicateur  instruisant  ses  frères  au  nom  de  la 
foi.  Sur  quoi  va-t-il  donc  appuyer  sa  croyance  à  Tintervention  de 
la  puissance  divine  dans  les  afiaires  humaines?  Hardiment,  sur  les 
miracles. 

Mais  on  refuse,  au  nom  de  la  raison  et  de  l'expérience»  d'admettre 
lauthenticité  des  miracles  attestés  par  rÉcriture.  Eh  bien  I  accor- 
dons cause  gagnée  à  Tincrédulité,  ou  plutôt  ne  nous  occupons  pas 
de  eea  miracles  qu'elle  conteste  :  mais  il  en  est  un  au  moins  dont 


Gobiiâr,  im. 


ACTES  ET  CONFERENCES 


les  effets  durent  encore  ;  un  miracle  permanent,  qui  continue  de 
s'accomplir  sous  nos  yeux  :  c*est  Texistence  même  et  la  perpétuité 
dlsraël. 

Qu'on  se  demande,  en  effet,  si  c'est  une  œuvre  humaine,  non  pas 
de  donner  à  un  peuple  une  constitution,  mais  de  créer,  à  un  moment 
précis,  cette  constitution  de  toutes  pièces,  et  de  la  créer,  dès  Fori- 
ginë,  immuable,  quoique  les  constitutions  paraissent  aux  hommes 
n*ayoir  ordinairement  quelque  chance  de  durée  que  lorsqu'elles  sont 
l'œuvre  du  temps,  comme  les  mœurs  mômes  des  peuples,  et  que  le 
temps  peut  incessamment  les  modifier. 

Or,  Israël,  au  sortir  de  Tesclavage  et  d'une  abjection  profonde, 
Israël  tout  entier  dominé  par  les  appétits  sensuels  et  grossiers, 
Israël,  peuple  dur  à  manier,  reçoit  une  constitt^on  qui  est  en  con- 
tradiction non  seulement  avec  sa  nature,  mais  avec  toute  la  nature, 
toutes  les  lois  fatales,  tous  les  instincts  brutaux  de  la  nature,  une 
constitution  qui  est  devenue  le  code  des  sociétés  modernes,  et  qui 
prêche  Tamour  du  prochain,  la  charité,  la  tolérance,  le  respect  de  la 
dignité  humaine,  l'égalité.  Tordre,  la  liberté,  et  t^us  ces  principes 
qu'Israël  devait  conserver  au  monde,  mais  que  le  monde  ne  devait 
reconnaître  que  trois  mille  ans  plus  tard  ;  et  ainsi,  en  môme  temps 
que  la  destinée  d'Israël  est  fixée,  l'avenir  du  monde  est  prédit 
trente  siècles  à  l'avance. 

Ici  la  démonstration,  qui,  vous  vous  le  rappelez,  avait  commencé 
par  faire  la  part  la  plus  large  possible  à  l'opinion  de  l'adversaire, 
pourrait  paraître  enfin  terminée.  Mais  non  :  l'écrivain  redoute 
encore  de  nouvelles  olyections  et  leur  oppose  par  avance  des  ar- 
guments multiples. 

On  discute,  dit -on,  sur  la  date  à  laquelle  cette  constitution 
d'Israël  a  pu  être  rédigée  :  mais  qu'aura-t-on  gagné,  si  l'on  prouve, 
en  admettant  qu'on  y  puisse  arriver,  qu'elle  a  précédé  de  vingt-cinq 
siècles,  et  non  de  trente,  l'avènement  dans  les  sociétés  modernes 
des  principes  qu'elle  proclame  ? 

On  objecte  encore  que  cotte  constitution,  prétendue  divine,  oblige 
Israël  à  bien  des  pratiques  mesquines,  qui  ne  méritent  pas  que  Dieu 
s'intéresse  à  les  voir  accomplies.  —  Mais  d'abord  qui  donc  est  juge 
de  ce  qui  est  digne  ou  indigne  de  la  majesté  divine?  —  Qui  donc, 


LA  PRÉDICATÎON  JUIVE  CONTEMPORAINE  EN  FRANCE 


Cl 


I 


» 


I 


eniuitfj  nierait  l'utUité  de  ces  pratiquer»  dont  les  unes^  nous  rappe- 
lant des  souvenirs  historiques,  servent  par  là  de  soutiens  au  dogme 
lui-iaéAiei  tandis  que  les  autres  habituent  notre  corps  à  souffrir  les 
privations  de  toute  sorte  et  nous  font  plus  forts  pour  les  jours 
d*épreuve  (rhistoiro  de  nos  aïeux  Fa  prouvé'i  ?  —  Enfin,  prenons 
giurde  que  discuter  sur  une  seule  des  prescriptions  divines,  c'est 
ébranler  les  autres,  et  qu*il  faut  ou  le:4  accepter  toutes,  car  toutes 
émanent  de  la  mt^me  autorité^  ou  les  rejeter  toutes»  même  celles  qui 
protègent  et  assurent  Tordre  de  la  société  tout  entière. 

La  conclusion  de  cette  ample  argumentation  est  facile  à  déduire  : 
nous  ne  pouvons  nier  qii'i!  n^y  ait  quelque  cîiose  de  miraculeux  dans 
la  destinée  d' Israël  et  dans  la  loi  dont  il  a  été  le  dépositaire  ;  il  faut 
donc  avouer  qu'une  force  supérieure,  providentielle,  intervient  dans 
les  affaires  du  monde. 

Mais  il  ne  peut  nous  suffire  de  montrer  que  nos  meilleurs  pré- 
dicateurs no  sont  pas  inférieurs  aux  grands  orateurs  chrétiens  dans 
Tari  de  composer  un  discours,  d'ordonner  un  développement,  de 
nourrir  une  démonstration  d'arg:uments  solides  et  hiea  liés  :  nous 
n*avons  pas  promis  de  faire  voir  seulement  qu'ils  sont  égaux^  mais 
i)u'ild  8ont  différents. 

A  vrai  dire,  leur  originalité  se  montre  déjà  dans  le  développe- 
ment do  certains  thèmes  communs  aux  prédicatem^s  de  toutes  les 
religions,  Tutilité  de  la  donleur  par  exemple.  On  sait  que  dans  son 
beau  sermon  mtr  fa.Protidenre^  prêché  en  l(i52\  Bossuet  n'a,  en 
réalité,  trait*3  que  de  cette  question  de  loxistence  du  mal  dans  le 
monde  et  de  la  répartition^  injuste  on  apparence,  des  biens  et  dos 
maux.  Après  avoir  réfuté  les  théories  d'une  philosophie  orgueilleuse, 
qtii  s'obstine  à  nier  que  le  sage  soit  sensible  à  la  donleur,  et  les  dis- 
cours d'une  aveugle  superstition,  (|ui  veut  toujours  voir,  dans  Je 
malheur  dont  un  homme  est  frappé,  une  marque  de  la  réprobation 
ÎTine,  Bossuet  se  réfugie,  pour  convaincre  les  incrédules,  au  fort 
même  de  robjoction  que  les  incrédules  lui  présentent  :  oui,  dit-il,  lo 
mal  existe  sur  la  terre  ot  les  hommes  vertueux  sont  souvent  mal- 

r  '  J«  nô  rippelle  ici  qiiû  pour  mémoire  que  nous  avods  deux  sermoRS  do  Bot- 
Kooi  ^#-  ta  Prtfvûience,  c^ont  Flarjucl  et  linndiir  ont  rétaliU  les  dates  longtemps 
jAéeofioues,  Vun  prêché  à  Dijon  t>D  t65G,  l'autre  au  Louvre  en  \U2, 


eu  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

heureux  ;  mais  le  dogme  du  jugement  dernier  nous  fait  comprendre 
la  raison  de  cette  espèce  de  désordre  :  car  qui  dit  jugement,  fait 
entendre  un  discernement;  or  il  ne  peut  y  avoir  discernement  que 
s'il  y  a  eu  d'abord  mélange  ;  et  voilà  pourquoi  les  bons  et  les  mé- 
chants, qui  seront  distingués  plus  tard,  doivent  d'abord  être  confon- 
dus, et  pourquoi  les  biens  et  les  maux  paraissent  se  répartir  sur  la 
terre  sans  règle  et  sans  loi. 

Il  semble  qu'à  cette  démonstration  si  forte,  il  ne  reste  rien  à 
ajouter.  L'orateur  juif  y  ajoute  cependant,  et,  après  avoir,  lui  aussi, 
justifié  les  tristesses  du  présent  par  les  espérances  de  l'avenir,  il 
veut  trouver  dans  notre  vie  terrestre  elle-même  un  nouveau  motif 
de  croire  à  l'utilité  et  à  la  nécessité  de  la  douleur,  et  j'ose  dire  un 
motif  où  se  révèle  la  tendresse  naturelle  du  cœur  de  l'Israélite  : 
c'est  par  la  douleur  que  nous  apprenons  à  être  bons  et  compa- 
tissants : 

Pareille  à  cette  verge  miraculeuse  du  grand  prophète,  qui.  d*an  ro- 
cher nu  et  aride,  tira  des  flots  d*une  eau  limpide  et  bienfaisanle,  elle 
fait  jaillir  do  notre  sein  des  sources  inépuisables  de  pitié,  de  sympathie, 
de  charité.  Rien  ne  rend  sensible  aux  malheurs  d*autrui  comme  d*avoir 
souffert  soi-même.  C*est  là  cette  communauté  de  souffrances  dont  parle 
le  poète  en  termes  si  touchants,  et  qui  a  tant  d'empire  sur  les  nobles 
dmes.  Notre  divine  Thora  en  a  bien  compris  la  puissance,  elle  qui  ne 
cesse  de  rappeler  à  Israël  ses  commencements  difficiles  et  les  rudes 
épreuves  qui  ont  affligé  sa  jeune  nationalité,  dans  Tunique  but  de  lai 
apprendre  à  devenir  doux  et  humain,  et  à  entourer  tous  les  êtres,  surtout 
les  faibles  et  les  malheureux,  d'un  amour  généreux  et  d^une  sollicitude 
infatigable.  Presque  toutes  nos  prescriptions  de  charité  publique  ou 
privée,  nos  lois  de  protection  en  faveur  des  déshérités  de  la  terre,  sont 
accompagnées  do  ces  mots  :  «  Souviens-toi  que  tu  as  été  esclave  en 
»  Egypte.  »  Et  à  vrai  dire,  aucun  autre  commentaire,  aucun  autre  ex- 
posé de  motifs  ne  pourrait  être  plus  expressif,  ni  prétendre  à  plus  d'au- 
torité ».     . 

Combien  d'autres  exemples  ne  trouverions-nous  pas  de  ces  déve- 
loppements dont  le  thème  est  connu,  mais  que  l'orateur  juif  renou- 
velle en  les  soutenant  d'un  sentiment  original,  personnel.  C'est  ainsi 
que  tous  les  orateurs  ont  parlé  de  la  douceur  du  mot  de  patrie  : 


'  Zadoc  Kahn,  Sermons  et  allocutionSy  t'®  série,  p.  89-90. 


LA  PRÉBÎCATION  JIIVR  CONTEMPORAINE  EN  FRANCE 


Gif 


mais  l'orateur  juif  la  ressent  plus  qua  tout  autre  :  les  Juifs  ont  été 
si  longtemps  privés  de  patrie  *  1 

Mais  j'ai  îiàte  d'arriver  à  ce  qui  fait,  par  dessus  tout,  lo  ca- 
ractère propre  dû  la  prédication  juive»  j*en tends  de  la  prédication 
juive  la  plus  récente,  de  la  prédication  contemporaine.  Car  il  faut 
bien  Tavouer  :  lea  premiers  rabbins  du  xix^'  siècle  qui  ont  dû  parler 
en  français,  sans  règles,  sans  tradition,  ont  fait  ce  que  font  tous  les 
débutants  :  ils  ont  imité  les  seuls  modèles  qu'ils  eussent  soua  les 
yeuac,  c'est-à-dire  les  grands  orateurs  chrétiens  du  xvn^  siècle.  On 
retix)uverait  aisément  des  traces  curieuses  de  cette  imitation. 
,JDans  un  passage  de  son  célèbre  Lennon  pour  la  fête  de  thpi* 
w,  Fèneion  fait  une  description  ivù^  animée  de  la  vio  et  des 
ardeurs  des  néophytes  chrétiens  du  Nouveau-Monde  : 


jeux 
H  reivo 

le 


Lt,  Oû  court  pour  baiser  les  pieds  d'un  prêtre  quand  il  passe  ;  là,  ou 
recueille  avec  soin,  avec  un  cœur  affamé  et  atide,  jusqu'aux  moindres 

Iparcelltîs  de  la  parole  de  Dieu  qui  sort  de  sa  boucbe.  Là,  on  attend  avec 
mipalteuce,  pendant  toute  la  semaine,  le  jour  du  Seigneur,  où  tous  les 
irèreSy  dans  un  gaiut  repos,  se  donnent  tcudromeui  le  baiser  do  paix, 
n'cliint  tous  ensemble  qu'un  cœur  et  qu'une  ùmG,  Là,  ou  soupire  après 
Ja  joie  des  assemblées,  après  ks  chants  des  louanges  de  Dieu^  après 
le  sacré  festin  de  l'Agneau*  Là»  on  croit  voir  encore  les  travaux,  les 
vajage«,  les  dangers  des  apOtres,  avec  la  ferveur  des  Églises  nais- 
santes. 


Le  développement  continue  encore  assez  lon^empa,  se  reprenant 
eesâo  à  cet  adverbe  làj  mis  en  tète  do  chaque  plirase  :  raccont 
811  e«t  d'ailleurs  chaleureux  ;  mais  le  dessin  en  semblei^a  pout-otro 
un  peu  facile  :  il  ne  pouvait  manquer  d'étro  imité,  et  je  ne  m'étonne 
pfti  beaucoup  de  trouver  datis  un  sermon  juif,  vieux  déjà  de  près  de 
Inota-cinq  ans,  une  page  qui  rappelle  de  très  près  celle  do  Fénelon, 
L'arateur  parle  de  la  célébration  du  Sabbath,  au  temps  de  nos  aïeux, 
dans  fos  lieux  consacrés  au  culte  : 

Là,  dit-il»  on  venait  renouveler  celle  force  morale,  ce  courage  et  ces 
QCnts  d'abnégation  qui  faisaient  Bupportcr^  pour  la  gloire  de  Dieu 
i  la  religion,  toutes  les  épreuves  et  toutes  les  âoutlrances.  Là  on  ve 

•  Ztdoc  Kihu,  Sermùnâ  et  atloeudonst  1T««ériiî|  p*  245. 


CIV  ACTES  ET  œNFERENCES 

naît  remercier  des  succès  et  des  salisfaclions  de  la  semaine  l'auteur  de 
toute  bénédiction  et  de  toute  félicité.  Là  on  prenait  la  résolution  de  ne 
pas  user  de  toutes  les  faveurs  du  ciel  pour  assouvir  les  besoins  égoïstes 
et  les  appétits  grossiers  de  Thomme  charnel. . .  Là. . .  la  famille  Israélite 
venait  se  retremper  djins  la  pratique  de  toutes  les  vertus  domestiques. . . 
Là  les  parents  Israélites  puisaient  dans  la  conscience  de  leurs  devoirs 
et  de  leur  mission  la  force  de  diriger  leur  famille  dans  la  voie  du  bien. . . 
Là  aussi  les  enfants  de  tout  âge  venaient  apprendre  à  ne  pas  suivre  le 
torrent  destructeur  de  la  légèreté  et  de  la  dissipation. ..  ;  là  ils  appre- 
naient à  respecter  les  enseignements  de  leurs  pères  ^ . . 

Je  n'insiste  pas  :  Timitation  est  évidente;  ou,  si  Ton  veut,  il  est 
évident  que  Torateur,  dont  je  viens  de  citer  un  fragment,  a  dû  se 
proposer  pour  modèles  les  amples  développements  des  prédicateurs 
dû  XVII®  siècle  et  chercher  à  recueillir  et  à  s'approprier  leurs  pro- 
cédés. 

Mais  à  mesure  que  le  judaïsme  français  s'éloigna  des  premières 
années  de  son  affranchissement  et  que  les  rabbins  prirent  davantage 
conscience  de  leurs  forces  et  de  leur  talent,  on  comprit  mieux  Tin- 
conséquence  d'un  syëtème  qui,  sans  tenir  compte  de  la  différence 
profonde  des  auditoires,  cherchait  à  emprunter  aux  Massillon,  aux 
Fénelon,  aux  Bossuet,  leur  langue,  leurs  tours,  leur  manière.  Déjà 
en  1855,  dans  une  suite  de  courageux  articles  *,  M.  Wogue  se  plai- 
gnait que  les  enseignements  de  nos  prédicateurs  fussent  trop  peu 
précis  et  leur  langue  trop  peu  familière  :  il  demandait  instamment 
à  nos  rabbins  de  prononcer  des  sermons  vraiment  juifs.  C'est  préci- 
sément là  la  tâche  que  se  sont  imposée  les  prédicateurs  Israélites  du 
dernier  tiers  de  ce  siècle  ;  c'est  l'honneur  de  quelques-uns  d'entre 
eux  d'y  avoir  réussi. 

Sans  entrer  dans  l'étude  particulière  de  leurs  œuvres,  je  veux 
du  moins  signaler  un  petit  nombre  de  leurs  procédés  habituels,  ceux 
qui  donnent  enfin  à  la  prédication  juive  un  caractère  séduisant  d'o- 
riginalité. 

On  conçoit  d'abord  que  l'histoire  des  Israélites,  soit  avant,  soit 
depuis  la  dispersion,  si  variée,  si  pleine  de  faits  et  d'enseignements, 

*  D.  Marx,  Sermon  sur  le  culte  public,  Bordeaux,  1853. 

*  Parus  dans  le  journal  Le  Lien  d'Israël,  Mulhouse,  1855-  1856. 


LA  PREDICATION  JUIVIC  CONTKMhîRAINl-:  KN  KRANCE 


cv 


ait  fourni  à  nos  orateurs  la  matière  de  plus  d*un  développement . 
Ils  se  plaisent  à  évoquer  le  souvenir  de  quelques  scènes  suWimea  ou 
touchantes  de  la  vie  juive  dans  Tautiquité  ou  pendant  le  moyen  âge. 
Cù^t  ici  le  tableau  grandiose  des  cérémonies  de  Kippour  dans  la 
sanctuaire  ancien  : 

L'heure  soleunclle  a  sonné  ;  c^cal  le  dixième  jour  du  septième  mots  ; 
c'est  le  jour  des  Expiatîozis.  Le  peuple  hébreu  remplit  tes  suiols  par* 
tiques,  et  le  chef  suprûaio  du  cuUc,  le  grand  pontife  officie  en  poraonnc. 
Entouré  des  anciens  de  la  tribu  saccrdulale,  il  oHpc  les  oblations  et  les 
sacrifices  prescrits,  et  se  dirige  vers  le  Lieu»  saint  entre  tous»  où  sont 
déposées  les  Tables  de  la  Loi«  Dès  qu'il  y  a  pénétré,  il  sort  de  sa  bouche 
une  prière  instante»  une  confession  publique;  il  prie  pour  lui-même, 
pour  les  siens»  pour  les  chefs,  pour  le  peuple  tout  entier;  lui»  le  pre^ 
mier  de  tous  par  la  saintelo,  par  le  mérite»  par  la  dignité»  il  avoue  hau* 
tement  les  fautes  qu'il  a  pu  commettre  ;  il  se  fait  rinlcrprèle  du  repenlir 
de  tous»  et.  pour  tous,  aussi  bien  que  pour  lui-mOme,  îl  demande  le 
pardon  du  Ciel  :  «  Grflcc^  Soigneur,  s*écriait- il»  le  front  prosterné  sur  les 
dalles  sacrées;  nous  avons  péché;  nous  avons  transgressé  tes  volontés 
saintes  ;  nous  avons  été  4)cn'ers»  moi»  ma  maison  et  loat  tou  peuple 
Israël»  Pardonne-nous  les  transgressions  dont  nous  nous  sommes  rendus 
coupables»  pardonne-nous»  ainsi  que  le  promet  ta  loi.  »  Les  prêtres  et  le 
peuple,  réunis  dans  le  parvis  du  Temple,  s'agenouillaient  à  leur  tour, 
après  avoir  entendu  Tin  vocation  du  puuLife»  et  s'écriaient  :  «  Béni  soii 
à  jamais  le  nom  du  Roi  glorieux  des  mondes  ^  » 

Là,  nous  entrons,  avec  nos  aïeux,  dans  ces  temples  du  moyen 
Age,  où  leur  âme  s*épanouissait,  où  leur  courage  se  retrempait,  au 
sortir  des  épreuves^  des  tristesses  et  des  humiliations  : 

Au  deliors  la.liatac  s*acharnait  contre  eux;  dans  leurs  temples,  ils 
se  sentaient  réchauffés  par  les  rayons  de  Tamour,  Au  dehors»  ils  n^en- 
tendaient  que  menaces»  malédictions,  railleries  insultantes;  dans  leurs 
temples»  Dieu  parlai!  k  leur  cœur  poar  les  consoler  et  !cs  soutenir. 
Au  dehors»  ils  étalent  obligés  de  se  faire  humbles  et  petits  ;  dans  leurs 
lemples.  Us  se  relevaient  avec  fierté,  confiants  dans  la  bonté  de  leur 
cause»  pénétrés  de  la  grandeur  de  leur  mission.  Ah  1  quelles  brûlantes 
luvûcatioDB  s'échappaient  de  leur  ûme  pendant  ces  heures  bénies  où  ils 
se  sentatûnt  prés  de  Dieul  Comme  ils  savaient  exhaler  leur  douleur  dans 


Afltnic,  Snirtiiem  *ur  U  judaUm,  p.  77. 


GVl 


ACTES  ET  œNFÉRENCKS 


CCS  poigaantcs  Selickoth,  qvl  mtenUt  comme  udc  plaLnlc  éierQcUe,  «t 
qaî  nous  arrachent  encore  des  larmes  aujourd'hui  \  Gomme  ils  sor- 
taiont  de  là  animés  d'one  nouvelle  énergie  poor  aUronter  de  nouveaux 
dangers  M 

Au  même  titre  que  les  récits  de  Thistoire,  les  légendes  pleusâs  de* 
valent  solliciter  Tattention  de  noa  prt^dicateurs»  On  sait  t[uerimajn' 
nation  d'Israël  a  déployé  une  fécondité  extraordinaire  dans  Xinnu- 
tion  dos  contes  édifiants,  ot  l'on  ne  s^étonnera  pas  que  les  oratôtinî 
religieux  aient  puisé  à  pleines  mains  dans  cet  inépuisable  tr^^r, 
pensant  avec  raison  gue  ces  belles  histoires,  si  caractéristiniwâ,  nû 
manqueraient  pas  de  piquer  la  curiositéMe  leurs  auditeurs  ou  de  ré- 
veiller chez  eux  ces  souvenirs  d'enfance,  toujours  si  cbârs  au  eootfj 
de  riiomme, 

Si  Pmu  d'Ane  m'ôtail  conté, 
J'y  prendrais  un  plaisir  exirdme. 

Les  légendes  juives  ont  sur  Peau  (rAne  bien  des  avant 
Beaucoup  moins  compliquées  que  le  vieux  conte,  elles  sont  beaa- 
coup  plus  morales  ot  plus  instructives.  Ce  ne  sont  point  des  fées  rn 
dicules  ou  fi'i voles  qui  j  remplissent  les  premiers  rùles  ;  c'est  Dietl 
les  anges,  les  patriarches  :  le  merveilleux  est  U  d*une  incomparable 
grandeur.  Mais  toutes  ces  histoires  ne  sont  pas  merveilleases  ;  beau- 
coup mettent  en  scène  des  hommes  ;  —  des  rabbins,  des  sages»  je  le 
veux  ;-  -T-  quoi  qu'il  en  soit^  des  hommes,  qui,  comme  nous,  sont 
heureux  ou  malheureux,  comme  nous  souffrent  ou  espèrent  «  aux  fai- 
blesses desquels  nous  pouvons  compatir,  sans  qu'il  nous  soit  permis 
do  récuser  l'excmplo  de  leurs  vertus.  Et  comme  ces  personnages 
sont  vivants  !  vivants  comme  toutes  les  créations  de  rimaginatlon 
populaire.  Ici  les  exemples  abondent;  mais  je  ne  veux  citer  qu'une 
seule  de  ces  histoires,  une  des  plus  touchantes  que  nos  prédicateurs 
nous  aient  racontées  :  elle  est  bien  célèbrOf  mais  j'espère  que  ceux 
mêmes  d'entre  vous  pour  qui  cette  citation  ne  sera  pas  nouvelle,  ne 
Ten tendront  pas  cependant  encore  une  fois  saiMi  fkàmr. 


Un  samedi  qae  Habbl  Méir  enseiguait  k  lot  à  më  dteolfte,  ses  tient 

'  Zadoc  Katiaj  Strmtm  H  aUoeutiam,  \^  tém^  p»  lui. 


LA  PREDICATION  JUIVE  CONTEMPORAINE  EN  FHANCE 


CVIJ 


k 


eufanls  mouraient  à  la  maiscQ  attemts  d'un  mal  subit.  Beruria,  la  pieusd 
femme  de  Rabbi  Mcir,  no  voulant  pas  troubler,  pour  son  mari.  la  sain* 
tetô  du  jour  du  Sabbat,  prit  les  cadavres  des  doux  enfants,  les  déposa 
dans  une  pièce  reliréc  do  son  appartement;  puis,  composant  son  visap* 
et  dôvûrant  ses  larmes,  elle  attendit  son  mari.  Il  revint  à  TUoure  de  midi 
et  demanda  :  «  Où  sont  les  enfants  i  —  Tu  les  verras  plus  tard,  répondii 
Deniria  ;  prends  ton  repas  et  va  rejoindre  tes  disciples.  »  Rabbl  Méii 
repartit  et  oo  rentra  qu'à  la  miit.  Il  demanda  une  seconde  fois:  ^  Ou  soiil 
les  enfants  "?  —  Tu  les  verras  tout  à  Tboure,  répondit  Beruria  ;  récite» 
en  attendant,  la  prière  de  Habdala  ^.  Quand  il  eut  récité  cotte  prière, 
'Bâinria  s'approcha  de  lui  et  lui  dit  :  «  Maître»  j^al  une  quesiion  à  t*a- 
dresser.  Il  y  a  quelques  années,  un  Uaœœe,  que  sus  affaires  forcèrent  à 
3'cxpatrier,  me  confia  deux  pierres  pr^ienses  d'une  1res  grande  valeur 
Il  est  revenu  et  il  me  réclame  le  dépôt  qu'il  a  remis  naguère  entre  mes 
mains.  Suis-je  tenue  de  le  lui  rendre? —  Peux-tu  bien  m'adresser  une 
pareille  question  f  s'écria  Rabbi  Méir.  Ne  sais-tu  pas  qu'un  dépôt  n'est 
pas  une  propriété  ?  j»  Il  eut  à  p^ino  prononcé  ces  mots  que  Beruria  le 
prit  par  ta  main,  le  conduisit  dans  ta  cbambre  où  étaient  étendus  les 
cadavres  des  deux  enlants,  et,  enlevant  le  drap  qui  les  rocouvraît,  elle 
dit  ;  «  Voilà  aussi  deux  pierres  précieuses»  deux  trésors  que  le  Sei- 
gneur nous  avait  confiés.  Il  nous  tes  redemande  aujourd'hui.  Souviens- 
toi  des  paroles  que  tu  as  prononcées  tout  à  l*heure  :  un  déprtt  n*est  pas 
propriété,  »  Rabbi  Meir  baissa  la  tâte;  des  larmes  silencieuses  cou- 
lèrent le  long  de  ses  joues  ;  puis,  réievant  ses  regards  vers  le  ciel,  il  ré- 
cita les  paroles  de  Job  :  rÉternel  a  danné,  l'Éternel  a  repris  :  que  le 
nom  de  rÉterael  soil  béni  *  l 


Enfin,  Tun  des  caractèrds  enoore  qui  contribuent  à  donner  aux 
sermons  dos  rabbins  leur  phjsionomie  propre,  c'est  la  familiarité  du 
ton,  do  roTtpressîon,  des  peintures.  Songeons,  en  effet»  que  Taudi- 
toire  auquel  s'adressent  nos  rabbins  e^t  très  diliërent  de  celui  devant 
lequel  les  prédicateurs  catholiques  parlent  le  plus  souvent.  CeuxH:i 
ont  à  instruire  des  aiulitenrs  très  nombreux  ot  dont  ils  ne  peuvent 
connaitiHî  un  peu  t'a niiliôre ment  qu'une  très  fait>le  partie  ;  de  la, 
presque  toujours,  pour  eux,  la  nécessité  des  enseignements  généraux 
et  du  stjie  soutenu.  Tous  les  membres,  au  contraire,  de  la  petite 
.communauté  qui  se  pres&e  autour  du  rabbin  lui  sont  connus  ;  les 
randes  communautés  elles-mêmes  ne  sont  encot^  qu'une  minorité 
restreinte  et  distincte  au  naiiieu  des  fiots  de  population  dans  lesquels 


^  Oté  par  M.  Isaac  Lévj,  Sloga  fk^iàrt  de  Létin  Tré/bintt,  Tetiml,  1974* 


CVIfï 


ACTES  l'T  CONFERENCES 


oLles  sont  noyées  ;  ajoutez  à  cela  le  petit  nombre  des  réglons  dont 
sont  originaires  la  plupai't  des  familles  juives  ô*ançaisoâ  de  notre 
temps,  et  vous  comprendriez  que  le  rabbin,  parlant  a  des  gensdaat 
îl  connaît  et  lo  nom,  et  la  famille,  et  rorigine,  et  le  caractère,  et 
les  mijuurs,  et  fesprit,  et  la  fortune,  puisse  prononcer,  sous  y  nom 
de  sermons,  de  véritables  et  charmantes  homélies,  au  sens  étjmo- 
logique  et  familier  du  mot.  Quand  M.  Isidore  Loeb,  pai'  exemple, 
dans  un  sermon  mtr  h^  devoirs  ekii  jieHfes  communautés  ^,  qu'il  a  peut- 
lïtre  oublié  aujourd'hui,  mais  que  j'ai  trouvé^  pour  ma  part^  biâiw 
du  plaisir  à  relire,  faisait,  devant  des  audîteur-s  provinciaux,  ûa 
tabloau  des  vanités  et  des  rivalités  mesquines  qui  sont  le  tléau  de^ 
petites  villes,  avec  une  verve  digne  de  La  Bruyère  et  de  Picard, 
tempérée  cependant  par  un  grand  esprit  de  charité,  ce  n*était  pas  à 
tout  le  monde,  aux  inconnus,  aux  premiers  venus,  que  son  discours 
s*adressaît,  mais  expressément  à  ceux  qui  devaient  l'entendre,  et 
c*étaient  de  leurs  affaires,  de  leurs  intérêts,  de  leurs  travers,  non 
des  intérêts  ou  des  travers  généraux  de  rhumanitê  (jue  roraleur  les 
entretenait.  Quand  le  grand-rabbin  de  Paris,  la  plus  grande  com- 
munauté de  la  France  cependant,  parle,  dans  un  de  ses  sermons, de^ 
jeunes  gens  «  instruits,  éclairés,  appliqués  avec  passion  à  Toeuvre 
de  la  science,  des  lettres,  des  arts,  de  llndustrie,  »  qui  ne  sont  pas 
cependant  brouillés  avec  lo  judaïsme,  avec  ses  doctrines  et  ses  pra* 
tiques  :  ta  J'en  connais,  dit-il,  et  vous  an  connaissez  aussi  qui  ont  un 
savoir  étendu,  un  talent  incontesté,  une  haute  situation,  le  droit 
d'avoir  toutes  les  ambitions,  et  qLii   ont  conservé  la  loi  de  leurs 
jeunes  années,  «lui  savent  ce  qu'ils  doivent  au  culte  de  leurs  pères, 
et  sur  lesquels  la  religion  peut  compter  comme  sur  son  meilleur  ap- 
pui* ;  »  ce  n'est  pas  là  un  mouvement  oratoire,  un  vain  artifice  de 
ri  lé  torique,  mais  T  expression  m  (5  me  de  la  vérité  ;  car  il  n'est  pas  un 
seul  des  membres  de  la  communauté  à  qui  s'adressait  Torateur,  qui 
n'eût  pu,  en  même  temps  que  lui,  nommer  par  leur  nom  ces  jeunds 
genSj  célèbres  dès  Técole,  savants,  modestes,  respectueux,  dont  il 
proposait  l'exemple  à  Timitation  de  tous. 


^  Swmom^  Saiot-Ëtteane,  IBâO» 
'  Zadoo  K«lm,  Sirm^M  et  aikeutianSf  2*  série  ;  Lq  jmméiâi  ùrû4lit$  ei    te 
jttdéUmt, 


LA  PBEWCATION  JUIVE  CONTEMPORAINE  EN  FRANCE  ^ÎX 


Autre  milieu,  autre  tableau,  toujours  du  genre  intime.  L'orateur 
parle  des  bienfaits  de  Finstruction  à  d'humbles  familles  juives,  as- 
semblées pour  voir  diatribuer  des  prix  à  leurs  enfants ^  et,  voulant 
montrer  que  le  judaïsme  a  de  tout  temps  favorisé  l'instructiou  popu- 
laire, il  fait  appel  à  la  mémoire  de  ses  auditeurs  : 

f     Hoportons-nous,  dit-il^  do  cinquante  ans  en  arrière.  Pout-âtre  quel- 
ques-uns d'entre  vous.  Messieurs»  ont  encore  vu  ce  qu^on  appelai L  alors 
le  Héder.  On  a  beaucoup  ri  de  ces  modes  les  établissemcDiSf  mois  je  vous 
assure  qu*ils  valaient  beaucoup  mieux  que  leur  réputatioii.  Chaque  com- 
munaulê,  si  pauvre,  si  p^^tite  qu'elle  put  être,  avait  à  cœur  d'avoir  son 
Eédtr  ;  et  là,  dans  une  chambre  nue,  de  aiisérable  apparence,  et  qui  sou- 
L^enl  n'avait  pour  tout  mobilier  qu'une  table  boitease  et  quelques  chaises 
[«alropiees,  on  apprenait  d'abord  à  Uro  et  à  écrire,  ce  qui,  pour  le  mo- 
Imenl,  paraît  ôtre  le  comble  de  l'instruction  élémentaire  ;  mais  en  appre* 
sait  aussi  à  approfondir  TÉcriture  Sainte,  ou  étudiait  la  Bible  et  ses 
commentaires;  on  traduisait  les  prières  du  rituel.  A  cette  époque,  un 
Israélite  qui  ne  savait  ni  lire  ni  écrire  était  une  espèce  de  pbénonjène 
curieux,  et  celui  qui  ne  savait  que  cela,  s'attirait  infaîlliblèmeul  le  nom, 
toujours  si  redouté  chez  nous,  de  am-haaretz^  d'ignorant  ^ 

Le  tableau  ne  vouâ  paraît-il  pas  d'une  aimable  et  piquante  fami* 
liarité?  Il  n'est  pas  jusqu^à  ces  vieux  mots  hébraïques  dont  l'emploi 
i  ne  soit  comme  un  lien  de  plus  entre  Torateur  et  les  vieillards  de  son  * 
rjLuditoire,  débris  d*une  époque  plus  éloignée  de  nous  encore  par  ses 
mœurs  que  par  le  temps  qui  nous  en  sépara,  et  ou  les  Israélites,  du 
moins  les  plus  humbles,  les  moins  mêlés  au  grand  courant  du  monde, 
s'exprimaient  en  hébreu  (un  hébreu  farci  d*allomatid)  plus  couram- 
ment et  plus  volontiers  qu'en  français.  Pour  moi,  il  me  semble  que 
je  vois  toutes  ces  vieilles  figures  s'animer  et  sourire  à  cette  évoca- 
tion du  passé,  tous  ces  grands-pères  hocher  la  tête  comme  pour 
montrer  à  Torateur  qu'ils  le  comprennent  et  qti'ils  le  goûtent,  et 
se  répéter  Fun  à  Fautre,  à  leur  maaièrOj  dans  leur  langage,  avec 
aoins  de  tinesse  sans  doute  que  Sophie  Arnould,  mais  avec  autant 
^de  sincérité,  le  fameux  mot  de  la  cantatrice  :  «  Ahl  le  bon  temps, 
que  celui  oii  nous  étions  si  malheureux  l  » 

Ce  caractère  de  familiarité,  qu'on  remarque  dans  la  prédication 

'  Zadoc  Kaho»  Sermom  tt  aU^t^iQns  a4re4s€4  à  hjemeiSi  ùra€tite, 

ACT»    ET    CONF.,    T.   ï.  î> 


ex  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

juive,  s^explique,  nous  Tavons  dit,  par  le  petit  nombre  des  fidèles 
auxquels  s'adresse  le  prédicateur.  Mais  il  faut  encore  teinir  compte 
de  Timportance  quo  les  Israélites  ont  toigours  attachée  à  Tidéo  de 
famUle  :  c'est  comme  une  grande  famille  que  le  prédicateur  veut  à 
dessein  considérer  la  communauté  qu'il  est  chargé  d'instruire,  et  ce 
sont  ainsi  ses  sentiments,  sentiments  qu'on  trouve  au  fond  de  toute 
&me  juive,  qui  exercent  tout  d'abord  une  influence  sur  la  forme  do 
ses  sermons.  Il  est  donc  temps  maintenant  de  pénétrer  plus  avant 
dans  notre  étude  et  d'examiner  do  plus  près  les  idées  et  les  sen- 
timents mêmes  dont  sont  nourris  les  discours  de  nos  orateurs. 

Non  que  je  veuille  précisément  insister  sur  cette  idée  de  la  (a- 
mille,  qui  tient  une  telle  place  dans  la  prédication  juive  ;  car  les 
vertus  de  la  famille  juive  sont  presque  proverbiales  et  les  plus  mal- 
intentionnés n'ont  jamais  essayé  d'élever  sur  ce  point  la  moindre 
contestation.  Mais  n'est-il  pas  au  moins  un  membre  de  la  famille, 
une  personne,  sur  le  rôle  de  laquelle  il  serait  bon  de  savoir  quelle 
est,  en  définitive,  l'opinion  des  rabbins  et  des  prédicateurs  :  la  mère, 
la  femme  i 

Combien  de  fois  a  t-on  reproché  au  judaïsme  son  prétendu  mépris 
de  la  femme  !  Et,  à  prendre  certains  aphorismes  à  la  lettre,  il  est 
certain  qu'on  on  trouvera  plus  d'un  qui  semblera  donner  raison  aux 
détracteui's  do  parti  pris.  Eh  !  oui,  jo  lo  sais,  parmi  les  quatre  sortes 
d'hommes  qui  échapperont  à  l'enfer,  lo  Talmud  dit  qu'il  faut  ranger 
ceux  qui  ont  eu  une  mauvaise  femme  * .  —  Sur  dix  mesures  de  ba- 
vardage qui  ont  été  départies  au  genre  humain,  dit  encore  lo  Tal- 
mud, les  femmes  en  ont  pris  neuf  pour  elles  *.  —  Enfin,  pour  qu'on 
ne  me  reproche  pas  de  rien  laisser  dans  l'ombre,  voici  une  dernière 
citation  qui,  sans  doute,  paraîtra  en  résumer  beaucoup  d'autres  : 
«  Lorsque  Dieu,  dit  le  Midrasch*,  se  fut  décidé  à  créer  la  première 
femme,  il  se  dit  :  «  Quelle  partie  du  corps  d'Adam  vais-je  employer 
»  pour  former  la  femme"?  Je  ne  veux  pas  la  former  de  l'œil,  pour 
»  qu'elle  n'ait  pas  les  yeux  hautains;  ni  de  l'oreille,  de  peur  qu'elle 
i>  ne  devienne  trop  curieuse  ;  ni  de  la  bouche,  pour  qu'elle  ne  soit  pas 

*  Schuhl.  Sentencfs  tt  proverbes  du  Télmud  $t  du  MidfûtcA,  1270. 

*  /</,,  ibid.,  1180. 
'   Ih.,  ihid  .  250. 


LA  PH£D1CATL0N  JUIVE  COiNTËU  PO  RAINE  £N  FHANC1£ 


CXI 


»  trop  bavarde;  ni  du  pîôd,  pour  rouelle  n'aîme  pas  trop  à  courir  : 
je  vais  la  former  d'une  côte,  une  deis  parties  du  curps  lei  plus 
cachées,  et,  de  cette  manière,  elle  sera  portée  à  riiumilité.  »  — 

Eh  bien  !  malgré  toutes  co^  pn^cautions,  la  femme  a  préciâément 

iiûus  les  défauts  tiue  le  Créateur  tenait  à  éloigner  d'elle.  » 
i  On  pourrait  ainsi  accumuler  bien  des  sentences  du  Talmud  et  du 
liidrâïjch  aàseîs  pou  favorables  aux  femmes.  Mais,  messieurs,  c'est 
Ici  fe  cas  de  se  rappeler  le  mot  de  Pascal  sur  Platon  et  sur  Aristote  : 
«  On  ne  s'imagine,  dit-iî, Platon  et  Âristoto  qu'avec  do  grandes  robes 
de  pédants.  C'étaient  des  gens  honnêtes  et  comme  les  autres,  riant 
Éavec  leurs  amis,  et  quand  ils  se  sont  divertis  à  faire  leurs  Lms  et 
loKœ  Poliiique,  ils  Ton  fait  en  se  jouant  *,  n  J'inclinerais  assez  à  croire 
.  qu'on  en  peut  dire  autant  dos  docteurs  du  Talmud,  et  f]ue,  comme 
rindi(pie  quelque  part  M.  Loeb  *,  il  ne  suffit  pas  de  lire  ou  d^ontendro 

Ètûut  sèchement  des  passages  tels  que  ceux  que  nous  avons  cités,, 
ludrait  voir  auési  le  jeu  des  pbysiononaies,  le  sourire  qui  devait 
ompagner  ces  traits  d'esprit  ou  de  satire  et  qui  montraient  bien 

que  de  telles  boutades  étaient  pure  plaisanterie  et  que  ce  jour-là  Fé- 

ole  était  d'humeur  folâtre.  Non,  en  elFet,  nous  ne  devons  pas  prendre 

BS  attaques  dos  talmudistes  contre  les  femmes  plus  au  sérieux  quo 

I  amusants  propos  de  no^  vieux  conteurs  français  et  des  auteurs 

Dmiquea  de  tous  les  temps  et  de  tous  le*  paye.  Car,  en  regard  de 

ces  malignes  indications,  on  peut  placer  trente,  cinquante  maximes 

^ûoê  méme^  talmudistes;  cette  fois  tout  à  l'honneur  dei  femmes.  11 

faut,  disent-ils,  aimer,  honorer,  reàpector,  consulter  sa  femme,  se 

^Mbaisser,  si  elle  est  petite,  pour  écouter  ses  conseils  K  Gloire  suprême 

^Penfin  :  «  C*est,  disait  Rabbi  Akiba,  par  le  mérite  des  femmes  justes 

(qui  étaient  en  ce  temps-là.  que  les  Israélites  ont  été  sauvés  en 
Egypte.  »  Mais,  ici  encore,  une  seule  citation  suffira  :  car  c'est  d'a- 
près les  livres  diacres  qu'en  prononçant  Té  loge  funèbre  d*ime  femmo 
Illustre  dont  on  déplorait  ce  soir  même  ici  la  mort,  l'orateur  corn- 
Iposait  le  portrait  suivant  de  la  femme  juive  : 
»  Ed.  IlaVBt,  t.  I,  p,  83. 
'  Recuf  d<s  Etudes  jums^  u'*  18,  p.  3U7. 

'  Schuhl,  StmUnm  «i  ps-overàts  du  TaliHttJ  eé  du  Mêdt-mch,  4i,  171,  Uù,  &71^ 
974,  eic. 


CXII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

La  femme,  telle  que  la  connall  la  liltéralure  du  judaïsme,  est  Tappui 
de  son  époux  ;  elle  est  la  couronne  de  celui  dont  elle  porte  le  nom  et 
partage  la  destinée  ;  Dieu  ne  saurait  faire  à  Thomme  un  don  plus  pré- 
cieux, car  avec  elle  la  bénédiction  pénètre  dans  la  famille.  Sa  sagesse 
établit  la  maison  sur  des  fondements  sûrs  et  inébranlables.  Aussi,  son 
époux  met-il  toute  sa  confiance  en  elle,  car  il  sait  que  son  bonheur  et 
son  honneur  sont  entre  de  bonnes  mains.  Plus  encore  que  lui,  elle  Teille 
à  l'éducation  de  ses  enfants,  elle  sème  dans  leur  âme  tous  les  grands  et 
bons  sentiments,  et  le  Sage  ne  perd  pas  une  occasion  de  leur  prêcher 
une  soumission  tendre  et  constante  à  une  autorité  aussi  douce  et  aussi 
sacrée. 

Si  dévouée  qu'elle  soit  au  bien-ôtre  de  sa  famille,  elle  sait  que  le 
monde  ne  s'arrête  pas  aux  limites  de  son  foyer,  elle  pense  à  tous  ceux 
qui  sont  dans  la  peine,  son  cœur  s'émeut  de  pitié  et  sa  main  8*ouvre 
comme  d'elle-même.  Si  elle  a  le  cœur  bon  et  compatissant,  elle  a  aussi 
l'esprit  élevé,  et  de  ses  lèvres  coule  un  enseignement  plein  de  sagesse, 
de  grâce  et  de  douceur. 

Elle  suit  ainsi  sa  voie,  remplissant  dans  toute  son  étendue  la  mission 
que  Dieu  a  confiée  à  la  femme,  répandant  joie,  contentement,  paix  et 
bonheur  autour  d'elle.  C'est  que  ses  vertus  tirent  leur  origine  d'an  sen- 
timent supérieur,  qui  est  la  source  féconde  de  ce  qui  est  grand  et  beau, 
le  sentiment  religieux,  la  foi  en  Dieu.  C'est  pourquoi  son  époux  est  fier 
de  la  voir  à  ses  côtés  ;  ses  enfants  à  l'envi  proclament  ses  louanges,  et, 
le  parfum  de  sa  légitime  renommée  se  répandant  bien  au-delà  de  son 
foyer,  tous  reconnaissent  et  admirent  la  beauté  de  son  âme,  la  noblesse 
de  son  cœur  et  la  distinction  de  son  caractère  '. 

Je  voudrais,  messieurs,  pouvoir  ainsi  passer  en  revue  les  différents 
sujets  traités  par  nos  prédicateurs,  afin  do  donner  par  là  une  idée 
de  leur  doctrine,  aussi  complète  que  possible.  Mais  le  temps  m'est 
mesuré,  et  peut-être  n'emporteriez-vous  pas  une  impression  bien 
nette  de  ces  multiples  et  trop  rapides  indications.  J'arriverai  pluâ 
sûrement  à  mon  but  en  essayant  de  vous  montrer  quels  sont  les 
caractères  les  plus  frappants  de  cette  doctrine. 

J'en  signalerai  deux  :  la  simplicité  et  la  modération. 

Quel  que  soit,  en  effet,  le  nombre  des  dogmes  que  la  théologie  juive 
peut  avoir  établis,  il  n'en  est  guère  qu'un  seul  que  nos  prédicateurs 
s'attachent  à  enseigner,  parce  que,  do  ce  dogme  seul,  tous  les  devoirs 

*  Zadoc  Kahu,  Oraison  funèbre  ds  M*^^  la  baronne  James  de  Rothichild^  douai- 
rière, prououcée  le  9  septembre  18S6. 


LA  PREDICATION  JUT\T  CONTEMPORAmE  EN  FRANCE        CXflï 


w 


des  hommes  découlent  nattirelleraent  :  «  Il  existe  un  Dieu»  un,  saint, 
créateur  thi  monde,  ayant  fait  riiomme  à  son  image,  »  Et  de  là  se 

éduit  pour  nous  robîigatjon  d*airoer  les  hommes  comme  nous  ai- 
mons Dieu,  à  la  ressemblance  duquel  ils  ont  été  créés  ;  de  les  res- 
pecter, comme  nous  nous  respectons  nous-mêmes,  puisque  nous 

'ommefi  tous  frères,  nés  du  même  père  ;  de  là,  la  nécessité  de  cet 
esprit  de  tolérance,  qu'on  croit  oue  vertu  moderne»  mais  que  nos 
vieux  rabbins  avaient  déjà  glorifié  :  car  quelle  plus  belle  leçon  de 
tolérance  que  cet  admirable  et  poétique  apologue  dii  Midraseh  ? 

Israël  venait  d'échapper  h  la  perséculion  égypUenno.  Il  n*avait  pas 
seulement  réussi  à  briser  les  fors  de  Tesclavage;  un  obstacle  épouvan- 
table a'étatt  dressé  devarH  lu!  ;  les  flots  lui  avaient  barré  le  passage  : 
mais  kl  avait  vaincu  jusqu'aux  élémculs  et  traversé  la  mer  Rouge  à  pieds 
SCC5.  Kt  les  anges,  amis  de  noire  peuple,  s'étaient  réjouis  dans  les  cieux 
élevés  î  ils  se  préparaient,  pour  célébrer  cette  merveilleuse  victoire,  à 
intonner  un  chant  de  triomphe  ;  mais  Dieu  les  en  empêcha  en  leur  di- 
sant :  «  Eh  quoi  !  toute  une  nation  e^t  aujourd'hui  plongée  dans  le 
deuil  ;  elle  pleure  non-sculcment  la  mort  de  ses  premiers  nés,  mais  en- 
core celle  de  ses  pJus  illustres  guerriers,  dont  tes  cadavres  sont  semés 
sur  les  bords  de  la  mer  Rouge  ;  TÉgypte  est  dans  la  désolation  ;  et  vous 
voudriez  chanter  !  Non,  non,  cette  victoire  m'a  coûté  trop  cher  ;  pleurez 
avec  moi  la  perle  de  mes  enfants  égarés  '.  » 


D'ailleurs,  comment  Israël  ne  respecterait-il  pas  cette  liberté  de 
penser,  qu'il  a,  pour  lui-même,  achetée  du  plus  pur  de  son  sang?  Ou 
comment  ses  soutTrances  ne  lui  auraient-elles  pas  enseigné  le  prix 
de  la  charité  ? 

Oui,  en  effet,  la  charité  est  bien  une  vertu  Israélite,  qu'on  l'admire 
dans  ses  mouvements  les  plus  chaleureux  ou  dans  son  zèle  le  pltis 
intelligent  :  quelle  ardeur  plus  généreuse  et  plus  délicate  iiue  colle 
qui  ne  se  contente  pas  d'épargner  au  pauvre  les  horreurs  de  la  faim, 
mais  qui  ne  croit  pas  avoir  assez  tait  pour  lui,  si  elle  ne  rassocieaux 
f  fêtes  des  riches  '?  Quelle  libéralité  plus  clairvoyante  que  celle  qui 
ne  veut  pas  seulement  venir  en  aide  aux  malheureux,  mais  prévenir 
e malheur,  et  permettre  à  celui  quelle  secourt  de  se  passer  plus 

*  Cité  par  M*  Alffod  Lévy,  La  FraUmiti  humaine^  itrmon.  Dijoo,  1870, 
'  Zadoe  K»lm,  iSVnwww  tt  alheutwmt,  I"*  aérie,  p.  M. 


CXiV  ACTES  ET  CONFERENCES 


tard  du  secours  d'autrui  *  ?  Car  c'est  là  la  vraie  marque  de  la  charité 
juive  :  elle  ne  se  défend  pas,  mais  elle  ne  se  contente  pas  d*étre 
enthousiaste  ;  c'est  le  sentiment  qui  la  fait  naître,  mais  c'est  la  rai- 
son qui  la  dirige,  et  les  œuvres  qu'elle  crée  sont  durables,  parce 
qu'elles  sont  le  résultat  d'efforts  patients  et  réfléchis  :  les  sociétés  de 
secours  mutuels  ',  les  écoles  professionnelles  étaient  connues  dans  le 
judaïsme  bien  avant  que  le  monde  moderne  s'avisÂt  de  les  inventer. 
Enfln,  la  charité  juive,  très  ardente  et  très  perspicace,  est,  elle 
aussi,  empreinte.de  cet  esprit  de  tempérament,  de  pondération,  de 
modération,  qui  est  au  fond  de  tout  le  judaïsme  et  qui  fait  le  second 
caractère  de  sa  prédication. 

Certes,  il  y  a  dans  le  judaïsme  moderne,  comme  dans  toutes  les 
communions  religieuses,  comme  dans  toutes  les  sectes  politiques, 
delix  partis  extrêmes  :  l'un  se  défiant  de  toutes  les  innovations  ; 
l'autre,  au  gré  duquel  on  ne  va  jamais  ni  trop  vite  ni  trop  loin  ;  l'un 
qui  ci»Qit  voir  l'idéal  dans  le  passé  et  qui  regrette  de  s'en  éloigner, 
l'autre  qui  le  pressent  dans  l'avenir  et  voudrait  l'atteindre  d'un  seul 
effort.  Mais  ce  qui  est  vraiment  remarquable,  c'est  que  ceux  qui 
parlent  au  nom  de  la  religion  juive  et  qui  sont  revêtus  de  son  auto- 
rité ne  se  soient  jamais  laissés  gagner  ni  à  l'une  ni  à  l'autre  de  ces 
doctrines  excessives  et  que  les  enseignements  de  ces  théologiens 

estent  toujours  modérés,  sages,  raisonnables,  humains,  prudents. 

:  Regrettez  les  veiius  et  la  foi  du  passé  ;  mais  ayez  confiance  dans 
l'avenir  et  jugez  équitablement  le  temps  présent  ;  —  ne  vous  con- 
tentez pas  de  jouir  inconsidérément  de  la  vie  ;  mais  ne  la  consumes 
pas  dans  la  contemplation  de  la  mort  ;  —  soyez  humbles  devant  Dieu  ; 
mais,  en  vous  préservant  de  l'orgueil,  gardez  qu'un  trop  vif  senti- 
ment de  votre  faiblesse  ne  vous  conduise  à  un  stérile  désespoir  ; 
—  fuyez  l'excès  enfin,  même  daps  la  dévotion  ;  »  ce  sont  là,  je  le 
répète,  les  leçons  du  bon  sens  et  celles  de  la  prédication  juive  : 
voilà  ce  qu'elle  enseigne  aux  timorés  ;  voici  pour  les  révolution- 
naires :  «  Les  pratiques  extérieures  sont  d'une  importance  secon- 
daire, soit  ;  mais  quand  penserez- vous  à  Dieu,  si  vous  les  suppri- 
mez, et  quelle  religion  a  jamais  pu  se  passer  d'un  culte  par  lequel 

•  Isoac  Lévy,  Sermons,  Paris,  1875. 

'  Astruc,  Entretiens  sur  le  judaïsme,  p.  222. 


LA  PRÉDICATION  JUIVE  COOTEMPORAINE  EN  FRANCE         CXV 


elle  se  manifeste?  —  Les  œtiTres  sont  supérieures  à  la  foi,  on  nona 
le  dit  souvent.  Alors,  qu'importe  !a  foi  ?  l*cBUvre  est  bonne,  il  suffît. 
Ecoutez  :  c'est  la  foi  qui  produit  les  œuvres;  la  foi  est  la  racine^  si 
les  oeuvres  sont  Tarbre  et  les  fruits.  » 

C'est  la  doctrine  du  juste  milieu  ;  et,  tout  en  la  vantant,  je  sais 
bien  quels  en  peuvent  (ître  les  péril:s.  Car,  à  se  maintenir  toujours* 
danâ  les  bornes  do  la  raison,  à  se  défier  de  tout  ce  qui  paraît  ex- 
cessif, ne  risque-t-on  pas  d'appauvrir  réloquencereîig^ieuse?  Où  re- 
trouverons-nous dans  ces  discours  si  sa^es,  quelque  chose  de  ce  feu 
véhément  dont  semblait  dévorée  Tàrae  d\in  Lacordaire?  Ah!  mes- 
sieurs, n*allez  pas  croire  que  le  prédicateur  juif,  pour  sage  et  rai- 
sonnable que  soit  sa  doctrine,  ne  trouve  pas,  lui  aussi,  dans  Tardeur 
de  sa  foi,  le  secret  des  mouvements  sublimes  !  Mais  il  a  cette  bonne 
fortune  que  la  foi  ne  l'inspire  pas  même  toute  seule,  et  que  les  sou- 
venirs encore  de  l'histoire  de  son  peuple  peuvent  exalter  son  Ame 
et  développer  en  lui  des  sentiments  d*unQ  incomparable  grandeur. 
Je  n'en  veux  pour  témoin  que  cette  dernière  citation.  Uorateur  ré- 
pond à  ceux  qui  accusent  les  Juifs  de  ne  jamais  s'être  dévoués  h  la 
propagation  de  la  vérité  religieuse  : 

Quand  cent  mille  Juifs,  dit-il,  moutèrent  sur  les  b&chcrs  en  s*é- 
criant  :  «  Écoule,  Israël,  rÉlemel,  noire  Dieu,  TÉternel  esl  tjd  ;  »  quanti 
cent  mille  Juifs  subirent  le  supplice  de  la  faim,  le  suppîice  de  l'escla- 
vage,  plutôt  que  d'apostasier  ;  quand  cent  mille  JutCâ,  chassés,  spoliés  et 
arrivant  presque  nus  dans  des  pays  étrangers,  n'avaient  rien  de  plus 
pressé  que  d'élever  des  maisoDs  pour  prier  Dieu  et  des  écoles  pour  étii- 
dier  la  Loi  ;  en  préseoco  de  teUes  manifestations,  de  telles  prédications, 
a-UûB  le  droit  de  nous  contesler  noire  titre  de  pontifes  et  de  nous  dire  : 
«  Qû'âvcz-vous  fait  pour  la  foi  t  >>  Ali  1  vous  qui  avez  déchiré  lu  sein  de 
votre  mère,  laissez-nous  ce  légitime  orgueil  de  nous  appeler  Mamk^ 
eket  Kohanim,  royaume  de  pontifes  !  Nous  n'avons  pa«  envoyé  nos  rois- 
ôionnairos  dans  le  monde  î  Nous  avons  été  tous  des  missionnaires;  nous 
sommes  allés  tous  vers  les  nations,  et,  avec  le  burin  que  nous  avions 
trempé  dans  notre  propre  sang,  nous  avons  gravé  dans  leur  ccDur  la  Loi 
du  Dieu  un,  la  loi  de  justice  et  d'amour. 

Cet  admiraiïlo  pa^^sage,  comparable,  suivant  moi^  a  tous  \m  plus 
beaux  mouvements  des  orateurs  religieux  les  plu^  renom  mes,  beau* 
coup  d*eotro  vous,  messieurs,  ont  conscience  de  ne  pas  rentendre 


CXVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

ce  soir  pour  la  première  fois  :  je  Textrais,  en  effet,  d'un  sermon  qui 
fut  prononcé  à  Paris ,  le  premier  jour  de  Rosch  Rasehana  5625 
(l^*"  octobre  1864),  par  M.  le  grand -rabbin  Isidor  *. 

L'étude  que  nous  venons  d'achever,  mesdames  et  messieurs,  ne 
vous  aura  pas  paru,  je  l'espère,  tout  à  fait  indigne  d'intérêt.  Nous 
avons  vu  comment  les  prédicateurs  juifs  de  notre  temps,  se  préoc- 
cupant d'abord  de  composer  fortement  et  solidement  leurs  discours, 
en  ont  renouvelé  la  forme  par  des  procédés  originaux,  et  comment 
les  arguments  nouveaux,  les  souvenirs  empruntés  à  l'histoire,  des 
Juifs,  les  légendes  du  Midrasch  ont  nourri  ces  sermons,  ou  plutôt 
ces  véritables  homélies.  Passant  de  la  forme  au  fond,  nousavonsre- 
connu  le  double  caractère  de  la  doctrine  préchée  par  nos  rabbins,  el 
toujours  j'ai  tenu  à  me  renfermer  dans  les  limites  d'une  étude  pure- 
ment littéraire.  Est-ce  ma  faute,  à  moi,  «i,  en  parlant  de  la  prédica- 
tion juive,  j'ai  dû  faire  passer  devant  vos  yeux  les  admirables  pT^ 
ceptes  dont  elle  s'est  inspirée,  les  nobles  enseignements  qu'elle  no"^^ 
distribue,  et  opposer  ainsi,  malgré  moi,  et  par  la  force  même  ^^^ 
choses,  la  plus  victorieuse  des  réponses  à  des  attaques  auxquelles    ^ 
n'avais  pas  dessoin  de  faire  seulement  allusion? 

*  Notre  prosélytisme,  sermon,  Paris. 


RAPPORT 


SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

PENDANT  L^ANNÉE  1886 

Lr  A  L^lSSEMliLÈE  GÉNÉftAtE  DU  11  DÉCEMBRE  IBRii 
Par  m.  Théodohk  REINACH»  secrétaibe 


^ 


Mesdames,  Messieurs, 

S'il  est  vrai  que  les  peuples  heuretix  soient  les  seuls  qui  n'aient 
pas  d'histoire,  les  études  d'histoire  juive  ne  sont  pas  encore  près  do 
chômer  faute  do  matière,  La  soulïrance,  suivant  le  mot  d*un  de  nos 
docteurs  du  moyen  âge,  est  comme  le  lot  naturel,  F  apanage  propre 
de  la  race  Israélite.  Elle  en  a  si  bien  conscience  que,  pendant  les 
courts  intervalles  de  répit  que  lui  ont  laissés  les  persécutions,  elle 
a  trop  souvent  employé  ses  forces  à  se  déchirer  elle-même.  Bref,  on 
ne  sait  ce  qui  doit  plus  étonner  :  ou  la  multiplicité  des  épreuves 
qu  elle  a  suhies,  ou  le  mélau^re  singulier  de  fortitude  et  de  souplesse 
grâce  auquel  elle  les  a  traversées  sans  perdre  ni  son  originalité,  ni 
sa  foi,  ni  cette  espèce  d*optimisHie  mélancolique  qui  fait  le  fond  de 
sa  nature  aiorale. 

'  Ce  rapport  comprend  les  travaux  publiés  tutégralcmeot  ou  achevés  dans  les 
n^*  23  à  26  (  lomea  XJl  et  XIIÎ  )  du  lu  Etvite  et  rïcs  AcUx,  Les  articles  encore 
iQCûmplels  &oi]t  rés«rvt*â  puur  le  prochain  rapport. 


CXVIII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Toutefois,  on  se  tromperait  grandement  si  Ton  réduisait  Thistoire 
du  judaïsme  à  un  long  martyrologue.  A  travers  tant  de  vicissitudes, 
le  peuple  juif  n'a  jamais  cessé  de  remplir  sa  mission  historique  et  de 
poursuivre  son  évolution  naturelle.  Cette  mission,  c'est  la  propa- 
gation et  le  maintien  des  principes  du  monothéisme  pur  ;  cette  évo- 
lution, c'est  le  passage  graduel  de  Fétat  de  groupe  ethnique,  de 
nation,  à  celui  de  groupe  religieux,  de  confession.  Voilà  les  deux 
faits,  les  deux  ûls  inséparables  qui  rattachent  les  uns  aux  autres  les 
différents  épisodes  de 

Cette  ample  tragédie  à  cent  actes  divers 
Et  dont  la  scène  est  Tunlvers. 

Cette  remarque  a  son  importance. 

Pour  qu'une  histoire  puisse  devenir  un  objet  de  science  véritable, 
il  lui  faut  une  certaine  unité  :  vous  voyez  que  l'histoire  juive  la 
possède. 

Pour  qu'elle  puisse  devenir  une  œuvre  d'art,  il  faut  qu'à  cette 
unité  fondamentale  se  superpose  la  plus  grande  variété  possible 
dans  le  détail.  A  cet  égard  aussi,  nous  ne  sommes  que  trop  bien 
partagés.  La  période  biblique  présente,  tantôt  dans  une  succes- 
sion grandiose,  tantôt  dans  un  mélange  saisissant,  l'idjlle,  l'ode  et 
l'épopée.  L'histoire  du  second  temple  est  un  long  drame  qui  se  dé- 
noue sur  les  ruines  fumantes  de  Jérusalem.  Enfin,  les  destinées  du 
judaïsme  après  sa  dispersion,  s'il  leur  manque  l'éclat  que  donnent 
la  liberté  et  la  gloire,  empruntent  un  intérêt  toiyourajiouveau  aux 
milieux  divers  où  nos  aïeux  ont  vécu ,  aux  physionqmies  diverses 
qui  en  sont  résultées,  enfin  aux  services  qu'ils  ont  rendus  et  aux 
récompenses  qu'ils  en  ont  reçues . 

Ainsi,  Messieurs,  l'ignorance  ou  la  malveillance  seules  peuvent 
taxer  l'histoire  juive  de  monotonie.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit 
de  soulever  un  instant  le  voile  dont  une  érudition  trop  discrète  la 
recouvre.  Chaque  année,  un  cicérone —  toiyours  le  même,  hélas!  — 
vous  convie  à  pénétrer  avec  lui  dans  ce  sanctuaire,  si  riche,  mais 
si  mal  éclairé.  Cette  année  encore,  l'indulgente  confiance  de  mes 
collègues  m'a  maintenu  dans  dos  fonctions  qui  risquent  de  devenir 
perpétuelles.  Pour  ma  part,  j'ose  à  peine  m'en  plaindre,  car  le  pays 


RAPPORT  SUR  LKS  PUBLIC AT10KS  DK  LA  SOCIÉTÉ 


CXIX 


OÙ  le  VOUS  conduis  a  beau  ne  pas  chauler,  il  est  si  grand  et  si  varié 
dans  âes  aspects  que  je  n'ai  pas  encore  eu  le  temps  de  m*y  ennuyer. 
Par  malheur,  j'ai  »|uelquo  lieu  rîe  craindre  que  votre  impression  ne 
soit  paa  la   môme  ;  et  c'est  pourquoi  j'ai   tenu  à  vous  dire ^  dès   le 

[début,  que  c'est  au*  guide,  et  non  à  la  contrée,  qu'il  faudra  vous 

[en  prendre. 


Ce  n'est  pas  seulement  pour  me  conformer  i\  Tordre  chronologique 
que  cette  année,  comme  la  précédente,  je  commencerai  la  revue 

Éde  nos  travaux  par  ceux  de  M.  Joseph  Ilalévy;  c'est  encore  pou 
adresser,  sans  pUis  tarder,  un  remercîment  î^iricère  au  plus  fécond^ 
au  plus  hardi  de  nos  collaborateurs.  Au  plus  fécond  :  car,  pour  notre 
cher  président  du  comité  des  publications,  M.  Isidore  Loeb,  ce  n'est 
pas,  à  proprcmont  parler,  un  collaborateur  de  la  Rêvue,  mm^  la 
Rmue  elle-même.  Au  plus  hardi  :  car  si  M.  Ilalévy  n'a  pas,  comme 
^ftil  s*en  défend,  lesprît  de  contradiction,  il  faut  avouer,  du  moins» 
qu^ilesiun  contradicteur  plein  d'esprit.  Après  s*étre  assimilé,  avec 
une  men'eilleuse  facilité,  les  ressources  et  les  procédés  de  l'érudi- 

Ition  contemporaine,  toutes  les  finesses  de  la  linguistique,  toutes  les 
libertés  de  rexé|?é!?e,  toutes  les  audaces  de  la  critique  verbale,  il 
retourne,  en  quelque  sorte,  ces  armes  contre  ceux  qui  lui  ont  appris 
Sa  s'en  servir,  et  il  y  joint  d'ém inentes  qualités  d'écrivain  et  de 
dialecticien  qu*il  n*a  pu  apprendre  de  personne,  'ïrH  avancé  parla 
méthode,  mais  souvent  très. . , .  réactionnaire  par  le  fond  des  idées, 
M,  Halévy  confond  parfois  ses  adversaires  et  les  embarrasse  tou- 
jôui'g.  ÂÎOi's  même  qu*il  n^apporte  pas  une  de  ces  biiUantes  décou- 
vertes qui  font  avancer  ia  science,  il  présente  des  objections  qui 
■r^mpéchent  de  s'endormir.  11  dérange  la  quiétude  do  la  routine,  il 
Sforanle,  en  se  jouant,  les  théories  qui  paraissent  le  p!us  solidement 
établies*  BAties  sur  le  sable,  elles  s'écroulent;  biUies  sur  le  roc»  elles 
doivent,  pour  résister  à  ses  assauts,  s'étayer  de  preuves  nouvelles 
ou  soumettre  les  anciennes  à  une  minutieuse  vérilication.  Ainsi,  soit 


CXX  ACTES  ET  CONFERENCES 

qu'il  construise,  soit  qu*il  démolisse,  soit  qu'il  éprouve,  M.  Halévy 
sert  toujours  également  les  intérêts  et  les  progrès  de  la  science. 

Rappelons  maintenant  quelques-uns  des  sujets  sur  lesquels  ce 
redoutable  jouteur  a  exercé  cette  année  sa  verve.  Voici  d'abord  un 
long  mémoire,  dont  TAcadémie  a  eu  la  primeur,  sur  le  chapitre  x  de 
la  Genèse,  le  fameux  tableau  géographique  ou  ethnographique  qui  a 
fait  couler  déjà  tant  de  flots  d'encre  *.  Bien  peu  des  interprétations 
courantes,  même  de  celles  qui  ont  rallié  la  presque  unanimité  des 
savants,  ont  trouvé  grâce  devant  la  critique  de  M.  Halévy.  Ainsi, 
pour  m'en  tenir  aux  peuples  japhétiques,  les  noms  de  (}omer,  de 
Magog,  d'Aschkenaz,  ne  représentent  pas  pour  lui  les  nations 
fameuses  des  Cimmériens,  des  Lydiens,  des  Phrygiens,  mais  un 
canton  de  la  Cappadoce,  une  province  de  l'Arménie,  une  forteresse 
du  pays  des  Mosques.  Combien  accepteront  ces  nouveautés  trou- 
blantes? Combien  souscriront  à  la  fois  aux  corrections  radicales  que 
M.  Halévy  apporte  à  certains  noms  et  au  respect  inattendu  qu'il 
professe  pour  tel  verset,  généralement  regardé  comme  interpolé? 
Je  n'essaierai  pas  de  le  prévoir,  mais,  en  tout  cas,  on  devra,  à 
l'avenir,  accorder  une  attention  sérieuse"  à  l'idée  fondamentale  de 
ce  mémoire  :  à  savoir ,  que  le  chapitre  x  de  la  Oenèse  est  par 
excellence  une  œuvre  de  tendance,  datant  peut-être  du  siècle  de 
Salomon,  dont  le  but  est  de  réaliser  une  alliance  politique  entre 
Isracl-Sem  et  les  peuples  japhétiques  de  l' Asie-Mineure  et  des  îles 
pour  écraser  l'ennemi  commun,  le  Cananéen,  le  descendant  de 
Cham  le  maudit. 

Dans  le  mémoire  que  je  viens  d'analyser,  M.  Halévy  est  arrivé  à 
conclure,  contrairement  à  l'opinion  qui  prévaut  en  Allemagne,  que 
la  rédaction  du  chapitre  x  de  la  Genèse  est  antérieure  au  prophète 
Ëzéchiel  et,  par  conséquent,  au  retour  de  la  captivité.  Dans  une  autre 
étude,  consacrée  au  prophète  Osée,  il  exprime  des  vues  analogues 
sur  l'ensemble  de  la  législation  mosaïque  -.  Il  se  refuse  à  voir  en 
elle,  avec  les  exégètes  les  plus  marquants  de  notre  temps,  l'œuvre 

*  J.  Halévy,  Recherches  hibUques^  n°  8.  Considérations  supplémentaire*  sur  U 
X'*  chapitre  de  la  Genèse,  XIII,  1  et  201. 

*  J.  Halévy,  Recherches  bibliq»es<,  n°  G.  Le  témoignage  d^Sosée  sur  la  religion 
du  royaume  d'Israël,  XI î,  :{. 


RAPPOHT  SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CXXl 


tanJîve  des  prophètes  et  tle  leiîrs  successeurs  immédiats.  Suivant 
lui,  longtemps  avant  Osée,  le  plus  ancien  prophète  i^sraélite  dont 
Fœuvre  nous  soit  parvenue»  la  plupart  des  prescriptions  religieuses 
du  mosaïsme  étaient  déjà  formulées.  Plusieurs,  ^comme  celles  qui 
|Bont  relatives  à  l'adoration  des  idoles  ou  au  culte  des  dieux  étran- 
gers, existaient  si  bien  qu'on  les  violait,  et  c'est  contre  cette  infrac- 
Ilion  aux  lois  anciennes  que  fulminent  les  prophètes  d'Israël.  Ils  ae 
Sont  pas,  comme  on  le  répète^  des  révolutionnaires,  ni  même  des 
réformateurs  du  culte  primitif.  Ils  sont  les  champions  do  la  tradition, 
les  défenseurs  du  bon  vieux  temps  centime  des  innovations  perni- 
cieu966|  introduites  &  l'exemple  des  peuples  étrangers.  L'orthodoxie 
la  plus  scrupuleuse  ne  trouverait  rien  à  reprendre  à  ces  conclusions, 
qui  auraient  semblé  banales  il  y  a  cinquante  ans,  mais  qui,  à  Theure 
actuelle,  sont  pour  ainsi  dire  hardies  à  force  de  prudence*  Elles 
sont  d'autant  plus  remarquables  quelles  nous  viennent  de  la  plume 
d'un  écrivain  ijul  ne  nous  a  pas  habitués  â  un  respect  superstitieux 
pour  la  tradition  massorétique  ou  autre  * , 


II 


A  la  période  proprement  hébraïque  de  Thistoiro  juive  succède  la 
période  des  dominations  étrangères  —  Perses,  Hellènes,  Romains  — ► 
qui  se  prolonge  jusqifâ  raehevement  du  Talmud,  Nous  retrouvons 

lici  notre  cher  collègue  et  ancien  président,  M,  Joseph  Derenbourg:, 
qui,  avec  sa  sûreté  de  méthode  ordinaire  a  rectifié  une  leçon  fautive 

.do  la  Mischna  et  fixé  le  sens  d*une  racine  hébraïque  *. 


'  Du   m6me  auteur  :  XIL  3,  Heeketches  èiMitfuei,  n^  5,   Lit  ciiatiùHS  é'^n^ 

eteni  ekanti  datis  l*  Htmateu^ue  (correctious  impur  tante  si  aux  peâsHges  suivauls  : 

^Nomhrti^  XXI,  14-18;  27-30;  Jotfi€,  X*  \t,  U).  —  XIL  107,  Deux  inscriptions 

phénteiêHHéS  rifémmfnt  décûttveries  (Tyr  et  Masoub).  —  XIl,  111,  Â'ncore  um  mot 

Uf  i'ifiicriptîùH  de  Tettna  (qu&lques    lectures   noavoUes).  •-^  XII,  15 1,  Comple- 

rTCodu  de   Eutujp^.   NahatùùcA*  Insehri/'ttn.    |M.  IIal(?vy  per&isto  à  voir  daus  U 

Dabatécu  un  dialecte  araméou,  inllucocé  seulemeot  par  lariibe.) 

*  Joseph   Dereukiurg,  Mélanges  rahèintçitea^    XIl,  G5.  (11  »*ti^U  du  passage 
Yaéaïm^  IV,  1>2,  el  du  seuâ  de  b  lacme  Kaba.) 


CXXU  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

M.  Friedlânder  s'est  efforoé  d^expliquer  Torigine  des  sentiments 
d*animosité  réciproque  entre  pharisiens  et  gens  du  peuple  (am-haarêç) 
qui  éclatent  dans  tant  de  passages  du  Talmud  ^  Il  la  trouve  dans  la 
juste  impopularité  des  pharisiens  ternis  de  Tépoque  du  second 
temple,  politiciens  égoïstes  sous  le  manteau  de  la  dévotion  la  plus 
exagérée.  M.  Friedlânder  reproduit  les  divers  témoignage»  épars 
dans  Josèphe  et  dans  les  apocryphes  qui  attestent  l'importance  de 
cette  secte,  à  laquelle  seule  conviennent  et  s'adressent  les  railleries 
de  TEvangile.  La  haine  qui  s'attachait  aux  pharisiens  teints  s'é- 
tendit de  proche  en  proche  aux  pharisiens  sincères  ;  après  la  chute 
du  temple  et  la  disparition  des  politiciens,  elle  se  perpétua,  s'accrut 
même,  par  suite  du  relâchement  progressif  des  pratiques  cérémo- 
nielles  dans  les  couches  inférieures  de  la  population.  Une  pareille 
transposition  de  sentiments  n'est  pas  un  fait  sans  analogues  dans 
l'histoire.  N'est-ce  pas  ainsi  que  Molière,  en  bafouant  les  Précieuses 
ridkuUsy  a  donné  le  coup  de  grâce  aux  vraies  Précieuses^  qu'il  ne 
visait  pas  ?  N'est-ce  pas  ainsi  que  Pascal,  entraîné  par  sa  fougue 
de  sectaire,  a  enveloppé  dans  une  même  condamnation  les  théori- 
ciens du  probabilisme  et  les  émules  de  saint  François  Xavier  *  ? 

Les  recherches  talmudiques  ont  été  un  peu  négligées  cette  année  ; 
en  revanche,  le  domaine,  ordinairement  si  délaissé,  de  l'archéologie 
juive  nous  a  valu  plusieurs  travaux  instructifs.  Vous  n'avez  pas 
oublié  la  belle  conférence  de  M.  Georges  Perrot  sur  le  temple  de 
Salomon  :  nous  regrettons  de  n'avoir  pu  en  faire  figurer  le  texte 
dans  nos  colonnes,  mais  peut-être  une  publication  plus  importante 
viendra-t-elle  bientôt  atténuer  ces  regrets.  C'est  aussi  d'architec- 
ture religieuse  que  nous  entretiennent  MM.  Kauûnann  et  Salomon 
.  Eeinach  dans  leurs  notices  sur  les  découvertes  récentes  en  Afrique 
et  en  Asie-Mineure  ^,  D'après  une  inscription  de  Phocée,  la  syna- 
gogue de  l'époque  gréco-romaine  se  serait  composée  —  tiu  moins  en 

*  M.  Friedlftader,  Les  Pharisiens  et  Us  gens  du  peuple,  XllI,  33. 

'  Rapprochez,  sur  le  sujet  traité  par  M.  Friedlftodef,  les  obserratioDS  â« 
M.  RoseDthal  dans  son  compte-fendu  très  nourri  du  Manuel  de  SehQrer,  XIH, 
309  et  suiv. 

*  David  Kaufmann,  Btïules  d'archéologie  juive,  n?  \,  La  sgnagogu$  da^  Bmm- 
mam  Lif,  XIII,  46.  —  Salomou  Reinach,  Note  sur  la  spnagagut  i'Bmsmmm 
Enfy  XIII,  301.  —  Une  nouvelle  synagogue  grecque  à  Phocée,  XII,  236. 


RAPPORT  SUR  LES  PUBUCATIONS  DE  LA  SOCIETE        CXXIÎI 


  Datolie  —  d'un  satietuaire  fermé  et  d'un  préau  entouré  de  colon- 
dés  :  c*e&t  â  peu  près  le  type  de  la  maison  romaine,  c*est  peiit- 
âlre  celui  des  premières  basiliques  chrétiennes.  On  entrevoit  là  une 
âliatîoa  intéreasante  que  des  dt^couvertes  uHérieureii  réuâg^irent  mm 
doute  â  élucider.  —  A  lîanjmam  Lif,  près  de  Tunie,  on  a  décou- 
vert mieux  *]u'uue  inscriptioa  :  toute  une  moBaïque,  qui  faisait  partie 
du  pavé  d'une  synagcf^^ue.  Les  premiers  commentateurs  avaient  cru 
y  voir  un  mélange  bizarre  de  symboles  juifs  et  chrétiens.  Mieux 
informés,  MM-  Kaufmann  et  8.  Heinach  montrent  qu'il  n'en  est 
rien.  Les  prétendus  ï?ymboles  ciirétiens  se  ramènent  a  des  motils  de 
décoration  banale  ;  au  contraire  les  emblèmes  juils,  —  elktog,  corne 
d*abondance,  chandelier  à  sept  branches,  —  sont  aussi  décisifs  que 
possible,  et  les  inscriptions*  en  mauvais  latin  qui  le^  accompagnent 
achèvent  de  lever  tous  les  doutes  sur  Le  caractère  du  monument. 
Quel  dommage  qu'on  ait  laissé  se  perdre  ou  se  disperser  cette  ines- 
timable clique!  Elle  aurait  tenu  la  plaee  d'honneur  dans  le  musée 
d  antifjuités  juives^  qui  est  le  complèoient  nécessaire  de  la  salle  hé- 
braïque du  Louvre  ! 


111 


)ans  rhistoirc  du  jiidaïsnn3  médiéval  ot  moderne»  nous  conti- 
nuons â  mottre  au  premier  ran|?  les  travaux  relatifs  au  judaïsme 
fraTiçais,  avec  ses  annexes  :  Alsace-Lorraine»  Comlat-Venaissin, 
Algérie.  Cette  année,  les  annexes  ont  pris  toute  la  place.  M.  Ahra- 
ham  Cahen  a  terminé  son  hi8toit*e  du  rabbinat  de  Met^,  pendant  la 
période  française  —  cVst-à-dire  de  1567,  époque  où  quatre  familles 
juives  obtiennent  du  maréchal  de  VieilleTille  Tautorisation  de  8*éta- 
blir  d^ns  la  ^^ande  forteresse  lorraine,  jusqu'en  1871  *.  Avec  les  do- 
cuments dont  il  disposait,  M.  Cahen  aurait  pu  écrire  une  histoire 
complète  des  Juifs  messins,  pareille  a  Fétude  si  nourrie  que  M.  Loeb 


Abrahftm  Cahen,  Le  rahhinat  du   MeU  pendant  U  péHodi  ft^nç^iêe  (IStfT*- 
1971^,  Vît,  103  et  204  ;  VUÎ,  2S5  ;  XII,  2BS';  XHI,  10$. 


CXXJV 


ACTES  ET  CONF£RtvNC£S 


est  en  train  de  consacrer  aux  Juifs  de  Carpentras,  Par  un  excès  île 
modestie,  l'auteur  a  préféré  circonscrire  son  sujet  dans  les  limites 
plus  étroites  d'une  histoire  rabbin ique.  Celle  qu'il  nous  donne  est 
bien  plus  complète  et  plus  exacte  que  les  maigres  notices  de  Ter* 
quem  et  de  Carraolj,  Depuis  Isaac  Lévy  jusqu'à  ce  Bei\jamin  Lip- 
mann,  qui  vient  de  mourir  grand-rabbin  de  Lille,  ou  Favait  conduit 
son  touchant  attachement  à  la  patrie  française,  M.  Cahen  énumère 
tous  les  grands-rabbins  qui  se  sont  succédé  sur  le  siège  de  Met£,  il 
reconstitue  leur  biographie,  il  donne  l'indicatien  de  leurs  œuvres. 
L'étude  valait  la  peine  d'être  faite  ;  la  vertu  et  le  savoir  talmu- 
dique  semblent  avoir  été  de  tradition  chez  les  rabbins  de  Metz  ; 
quant  au  patriotisme,  il  est  de  plus  fraîche  date  :  car  jusqu'à  la  Ré- 
volution la  communauté  choisissait  toujours  ses  rabbins  à  l'étran- 
ger, dans  l'espoir  un  peu  chimérique  que,  dégagée  de  toute  intluence 
de  famille  ou  de  coterie,  leur  autorité  morale  serait  plus  grande,  — 
Oserai-je  cependant  avouer  que  j'ai  trouvé  moins  d'intérêt  au  por* 
trait  de  tous  ces  braver  talmudisies  allemands  et  polonais,  un  peu 
oubliés  aujourd'hui,  —  sauf  peut-être,  le  moins  recommandable,  Jo- 
nathan Eibeschtitz  —  que  dans  les  échappées,  heureusement  fré- 
quentes, de  l'auteur  sur  l'histoire  générale  de  la  communauté  ? 

Rien  n'est  plus  instructif  que  le  tableau  des  restrictions  successives 
apportées  par  l'autorité  française  à  la  juridiction  des  rabbins.  Cette 
juridiction,  bornée,  dès  le  principe,  aux  malïères  civiles  et  de  police, 
et  aux  contestations  de  juif  à  juif,  avait  son  fondement  légal  dans 
une  ordonnance  rendue  par  le  duc  de  La  Valette  en  1024,  et  con- 
firmée par  Louis  XIV  en  1657.  Kncore  à  la  fin  du  xvu«  siècle,  le 
chancelier  de  JFrance  déclare  formellement  que  cette  juridiction 
n'est  pas  seulement  facultative  pour  les  juifs  de  Metz,  mais  obliga- 
toire et  exclusive  de  toute  autre.  Dès  1709  cependant,  le  Parlement 
de  Metz,  jaloux  d'étendre  la  sphère  de  sa  compétence,  commence 
à  accepter  les  procès  civils  entre  juifs;  il  ne  reconnaît  plus  aux  dé- 
cisions rabbiniques  que  la  valeur  de  sentences  arbitrales,  qui  ne 
lient  même  pas  les  parties  en  cause.  En  1743,  nouveau  progrès  :  le 
Parlement  fait  rédiger  à  son  usage  un  résumé  du  droit  civil  talmu- 
dique  qu'il  applique  désormais  aux  contestations  entre  israélites  qui 
lui  sont  soumises.  Puis,  en  1759,  les  rabbins  sont  dépouillés  du  droit 


RAPPORT  Srn  LKS  PUBLÏCATIONS  HE  LA  SOCÏKTK 


cxxv 


f excommunication  dont  ils  faisaient  libéralement  usage  contre 
Icelles  de  leurs  ouaillcB  qui  osaient  recourir  à  des  tribunaux  chré- 
[ tiens.  Enfin,  après  un  éphémère  retour  de  faveur  au  début  du  règne 
do  Louis  XVI,  la  juridiction  civile  des  rabbins  disparaît  à  jamais 
dans  la  tourmente  de  1792.  Le  juif,  devenu  citoyen  français,  n'a 
plus  désormais  d'autres  juges  ni  d'autres  lois  que  Ja  généralité  des 
citojens  français. 

Llmportant  Mémoire  de  M,  Cahen  ne  doit  pas  me  faire  oublier 
des  travaux  do  moindre  étendue,  mais  tout  aussi  solides.  Nous  de- 
vons à  M.  Scheid  quelques  traits  nouveaux  de  la  biographie  de  .îosel- 
mann  deRosheim,  ce  rabbin  alsacien  bien  connu  de  nos  lecteurs  qui 
fut  pendant  toute  la  première  moitié  du  xvi»  siècle  la  providence 
visible  de  ses  coreligionnaires  conti'e  la  jalousie  des  villes  libres  et 
l'avidité  des  princes  de  l'Empire  '.  Un  épisode  curieux  de  cet  apos- 
tolat de  cinquante  ans,  c'est  la  polémique  de  Joselmann  avec  les 
théologiens  protestants.  Ceux-ci,  emboîtant  le  pas  derrière  Luther, 
L  faisaient  pleuvoir  sur  les  malheureux  israélîtes  de  lourdes  épi- 
'  grammes  et  les  abandonnaient  d'une  façon  fort  peu  évaDgéliquo  à 
la  rapacité  de  leurs  persécuteurs.  Lorsque  Josel  voulut  soUiciter  fin- 
Itercession  de  Luther  en  faveur  des  juifs  saxons  menacés  de  l'exil,  le 
grand  réformateur  refusa  de  recevoir  Thumble  rabbin  et  se  contenta 
de  lui  répondre  qu'il  ne  voulait  aucun  mal  auxjuif^,  pourvu  qu'ils  se 
tissent  cïirétiens.' Josel  prit  noblement  sa  revanche  quelques  années 
plus  tard  en  écrivant^  en  faveur  de  ses  coreligionnaires,  un  Mémoire 
dont  M,  Scheid  a  retrouvé  Tanaljse  dans  les  archives  alsaciennes. 
Par  la  modération  des  idées  et  la  fermeté  du  ton,  ces  pages  font 
pressentir  le  Socrate  juif,  Moïse  Mendelssohn. 

Avec  MM.  WevI  et  Bloch  nous  abordons  Thistoire  du  judaïsme 

en  pajs  musulman,  sans  quitter  tout  à  fait  le  judaïsme  français*, 

[Le  premier  a  extrait  des  archives  de  la  Chambre  de  Commerce 

de  Marseille    une   série    de   documents    relatifs   aux    négociants 

juifs  on  Barbarie  et  dans  les  échelles  du  Levant  soua  les  règnes  de 


'  ÊUe  Scheid,  Joailmattn  de  Eosheint,  XJIl,  t»2  et  213. 

*  JoQus  Wey!,  Let  Jnift  ptûtfgét  français  aux  Fchetteê  da  Icv&tit  et  tA  Bat- 
Harie  aous  Ut  rê^Hes  4$  Louit  XIV  tt  Louix  X\\  XII,  îir«7  ;  XUI,  277.  —  IsawJ 
^Bloch,  lui  Itméiitts  d^Or&n,  de  4lSt  à  tSië^  XIll,  »5. 

ACT.  ET  COSF.,    T.   1.  10 


CXXVl  ACTES  ET  œNFÊRENCES 

Louis  XIV  et  do  Louis  XV.  Quelques-uns  de  ces  négociants  avaient 
obtenu,  presque  par  surprise,  la  protection  diplomatique  delà  France 
pour  leurs  biens  et  pour  leurs  personnes.  Malgn^  la  vivo  opposition 
dos  marchands  chrétiens  de  Marseille,  qui  accusaient  les  Juifs  de  dé- 
tourner le  trafic  vers  les  ports  italiens,  ce  bénéfice  fut  maintenu  et 
progressivement  étendu  à  un  plus  grand  nombre  de  familles.  On 
obéissait-  d'abord  à  un  motif  fiscal,  les  Juifs  protégés  payaat  on. 
droit  de  consulat  de  2  pour  100  sur  leurs  marchandises;  plufl'tar<l 
on  s'inspira  surtout  du  désir  de  ne  pas  jeter  les  Israélites  dans  la-s 
bras  d-une  puissance  rivale  de  la  France.  Cette  sage  politique  «» 
porté  ses  fruits.  Elle  a  valu  au  judaïsme  levantin  une  protecti(>» 
efficace  dans  mainte  circonstance ,  et  à  la  France  une  clientèX^ 
reconnaissante,  qui  est  aujourd'hui  l'un  des  soutiens  de  son  influene<3 
économique  et  morale  en  Orient. 

M.  Bloch  s'est  occupé  des  origines  de  la  communauté  d'Orao  - 
Cette  communauté  ne  date  que  de  l'époque  où  la  domination  mus^il' 
mane  remplaça  à  Oran  la  domination  espagnole.  Créée  en  1*39*2» 
organisée  officiellement  en  1801,  elle  compta  bientôt  des  comfl^^^' 
çants  actifs  et  des  diplomates  volontaires  qui  jouèrent  parfois  ^^ 
rôle  curieux  dans  les  intrigues  de  l'époque  napoléonienne.  Ily  ®^ 
dès  lors  dans  cette  population  aujourd'hui  française  des  partis*^* 
dévoués  de  la  France,  une  femme  entre  autres,  la  belle  Hani^^^* 
maîtresse  d'un  bey  d'Oran, qui, après  avoir  rendu  à  notre  diplomô-^^^ 
des  services  signalés,  périt  sur  le  bûcher,  en  1813,  enveloppée  a"^^ 
ses  fils  dans  la  disgrâce  do  son  protecteur. 

Signalons  encore  dans  le  domaine  du  judaïsme  oriental  une  nO^^ 
où  M.  Schreiner  a  réuni  les  principaux  renseignements  fournis  S^^ 
les  Juifs  des  derniers  temps  du  gaonat  (x®  siècle)  par  Al  Berùni,  ^^ 
plus  exact  et  le  mieux  infopmé  des  historiens  arabes  sur  ce  sujet  ',* 
puis  le  récit  de  la  plus  ancienne  accusation  de  sang  rituel  portée 
contre  les  Juifs  do  Roumanie  (à  Niamtz,  en  Moldavie,  Tan  niO*). 
Elle  a  pour  auteur  un  jeune  savant  dont  le  nom  seul  nous  rappelle 

*  Martin  Schreiner,  Les  Juifs  dans  Âl'Beruni,  Xll,  258. 

*  E.  Schwarzfeld,  Deux  épisodes  de  l'histoire  des  Juifs  roumains,  XIII,  127. 
(Le  second  épisode  est  relatif  à  la  reconstruclion  de  la  synagogue  de  NiamU 

en  1770.'^ 


RAPPORT  Sim  LES  PXTBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ       CXKVU 


que  i'èro  des  tribulations  n'est  pas  dose  pour  les  Israélites  rou- 
miiins  :  M.  Schwawfeltî,  Vue  des  journalistes  expulsés  récemment 
de  Bucharest. 

Il  me  reste  A  mentionner  deux  articles  sur  le  judaït^me  espagnol. 
lia  sont  dus  ï^  M.  Loeb,  l'interprète  attitré  des  fureteura  d  archiyes 
d'outre  Pyrénées,  mais  un  interprète  qui  a  toujours  beaucoup  à 
iif^r  aux  découvertes  qu*il  rapporte.  Cette  année,  il  nous  donne 
l  récit,  plein  de  détails  lugubrement  curieux,  du  sac  des  juiveries 
de  Valence  et  de  Madrid  en  1391,  et  une  étude  approfondie  d'un 
règlement  des  Juifs  de  CastiUe  en  1432*.  Ce  dernier  document, 
rédigé  sous  l'inspiration  d'Abraham  Benveniste,  médecin  du  roi 
Jean  II,  présente,  maltj^é  quelques  lacunes  et  quelques  obscurités, 
un  tableau  très  completi  très  animé  de  la  vie  et  de  Forganisation 
communautés  castillanes,  cinquante  ans  avant  leur  ruine. 
Loeb  Ta  commenté  avec  sa  sagacité  ordinaire  et  Fa  rapproché 
des  dispositions  analogues  qui  se  rencontrent  dans  les  statuts  de 
I  Sicile  et  du  Comtat  Venaissin. 


IV 


L'histoire  de  la  littérature  juive  a  perdu  cette  année  son  véné- 
rable fondateur»  Léopold  Zunz,  dont  le  montle  savant  venait  de 
célébrer  avec  éclat  le  iW  anniversaire.  Le  doyen  des  études  juives 
I  a  eu,  avant  do  mourir,  la  satisfaction  on  parcourant  le  volume 
^m  publié  eu  son  honneur  do  voir  qull  laissait  des  disciples  et  des 
^H  aiTiére-disciples  dignes  de  lui  et  de  son  fi.^uvre.  Mais  les  successeurs 
^H  de  Zunz,  comme  les  successeurs  d'Alexandre,  ont  dû,  sous  peina  de 
^^  succomber  à  la  tàcho,  se  pai-tager  le  vaste  empire  que  le  maître  em- 
^.  brassait  d'un  coup  d'a^il.  La  parole  fest  désormais  aux  spécialistes  ; 
^B  chacun  s^astreint  à  cultiver  un  champ  étroit  pour  Texploiter  plus  à 
^Rfond.  Je  retrouve  cette  année  dans  uotre  recueil  la  plupart  des 
^^  noms  que  je  saluais  Tan  passé,  et  je  les  retrouve  occupés  de  recher- 

'   Isidore  Loeb^  £d  sae  dts  juiveriet  de  Vatence  et  de  Madrid  tfi  fJil,  KIII, 
m.  -^  Règîmtni  des  Juifs  de  CastilU  en  U8f,  XUI^  iai. 


€XXVIII 


ai:tes  et  conférences 


ches  du  même  genre.  C'est  M.  Israël  Lévi,  fidèle  à  ses  goùtâpour 
la  littérature  légendaire,  qui  noua  réTéle  rorigioe  hébraï([U(t  d'uji 
coHte  latin  du  mojen  âge,  le  Vof/af/fi  tVAhxandre  au  ParadU  *.  C'«t 
M.  Neubauer,  Tinfatigable  bibliographe,  l  auteur  de  ce  magistral 
catalogue  des  manu^rits  hébraïques  d'Oxford  *,  qui,  revenant  à  ses 
premières  amours,  complote  peu  â  peu  ses  listes  de  rabbins  prowa- 
raux-*,  M.  Bâcher,  toujours  à  laffùt  de  grammaires  et  jie  gram- 
mairiens, nous  signale  un  glossateur  inédit  de  Joseph  Kinihi,  d&as 
la  personne  de  Moïse  Nakdan  ou  le  Ponctuateur,  auteur  bien  comiii 
du  xin«  siècle  *,   Enfin  M.  Schwab  continue  à  nous  montrer  qu'i^ 
y  a  de  Tinédit  mt^me  dans  les  imprimés,  et  que  des  «  docameût^ 
humains  »  curieux  se  cachent  jusque  sous  la  garde  des  vieux  io" 
cun allés  *. 

De  cette  revue  rapide,  tirons  hors  de  pair  la  briilanie  hypolhêsfi 
de  M,  Joseph  Dcrenbourg  sur  le  nom  et  l'origine  du  plu3  ancieo  *^ 
plus  célèbre  auteur  do  poésies  synagogales  «,  le  Kalirî,  improi^i'^ 
ment  nommé  Kalir,  M*  Berenbourg,  en  s'appujant  sur  des  indi^î*^ 
étymologiques,  épigrapbiques  et  historiques,  croit  que  le  Kaliri  s'^F 
pelait  en  réalité  Eléazar,  fils  de  Jacob  Celer,  et  qu'il  vivait  * 
Portiis,  le  port  do  Rome,  au  commencement  du  vut*  siècle. 

Un  des  chapitres  de  nos  études  les  plus  importants  pour  Thisto**^ 
générale  est  le  tableau  des  relations  des  rabbins  juifs  avec  ti^ 
pnnces,  des  Mécènes  ou  des  érudits  chrétiens.  Plus  d*uae  ft?*^^ 
c  est  par  la  voie  de  la  curiosité  que  la  tolérance  a  fait  son  chetf»^*'* 

'  Israël  Lévi,  L«  voyage  d* AUamndre  au  Paradù,  XII,  117* 

'  Compta  rendu  par  M*  Loeb,  XIU,  Î55. 

^  Neubmer,  Dùcutmntt  médits»  n^  IS.  lErlraits  des  r«cueiU  de  c^stitsiique  ^ 
SalomoQ  ben  Adret,  Sous  le  ^  ÏI   M,  Neubauer  donne  des  déteils  inédiu  sur  l' 
famille  de  Méir  de  HuiUeubourg.)  Voir  dans  io  même  ordre  d'idées  la  Uste  d'afi' 
ciens  livres  hébreuit  do  ms  8»J  do  Paria  (xrv*  tiècle},  publiée  par  M,  D.  K.«uf* 
maun  (XIM.  30U\ 

^  W.  Bacber,  M0U9  Bû-N^ké&n  gl&staliur  de  la  tj*  ammaite  d4  Joitpk  KimM^ 
XII.  73. 

^  Mube  Schu'ab,  Une  page  de  complahilUi  de  iSîS  à  fSSi^  et  Um  émamêèlê  ài- 
breu^  XII,  Itd  et  iVl, —  Le  commentaire  de  David  Eimki  mr  lei  Pi^umuê  (m»,  ik 
la  bibUotbèqiî**  do  Sojssons,  xtii"  siècle,  renferroaat  aa«ïi  le  commentaire  d« 
Nachmamde  sur  Job),  XUI,  2U5*  —  Un  manmerii  kéhnu  dt  la  hihhotkê^Bt  dt 
Melun  (Àfahzor  du  rite  français  reafeniuiut  des  poésien  inédites),  XJII,  297. 

^  Joseph  Dereiibourg,  Blatûr  le  Piiian^  XII,  298, 


RAPPORT  SUR  LES  PURLlCATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ         CXXIX 


datiâ  les  âmes,  surtout  à  répoque,  où,  suivant  le  mot  de  Luther,  la 
connaissance  de  Thébreu  était  regardée  comme  partie  inté^^ante 
de  la  religion.  Ajoutons  que  le  pi*ofesseur  d'hébreu  était  souvent 
doublé  d'un  médecin,  de  sorte  que  le  salut  du  corps  conspirait  avec 
celui  de  l'âme  pour  ménager  au  juif  savant  un  accueil  favorable, 
M,  Perles  a  relevé  des  détails  nouveaux  sur  les  docteurs  juifs  qui 
vivaient  à  Florence,  dans  Teatonrage  de  Laurent  le  Magnifique  : 
Jean  Alemanuo,  le  maître  d'hébreu  de  Pie  de  la  Mirandole;  Elie  del 
Medigo,  l'ami  de  Marsile  Ficia  '.M.  Mortara  a  publié  une  lettre 
d'un  duc  de  Mantoue  donnant  la  généalogie  des  Portaleoai,  cette  fa- 
miUe  qui,  en  deux  siècles,  a  fourni  dix  médecins  plus  ou  moins  émi- 
nents  ■.  M,  Kajserling  noua  présente  une  nouvelle  série  de  corres- 
pondants de  Jean  Buxtorf  le  lils,  le  premier  héV)raÏ3ant  chrétien  du 
XVîi«  siècle,  qui  jouissait  d'une  telle  autorité  que  les  rabbins  eux- 
mêmes  sellicitaient  de  loin  son  approbation  pour  leurs  écrits  \  Enfin, 
MM.  Dukas  et  Tamizey  de  Larroque  ont  édité  une  suite  de  lettres 

E, adressées  à  Peiresc  —  le  procureur  général  de  la  littérature,  sîiivaiit 
rexpression  de  Bayle^ —  par  Saloinon  Azubi*.  Ce  personnage,  qui 
a  laissé  onze  volumes  de  sermons  manuscrits,  appartenait,  d'après 
une  ingénieuse  hypothèse  de  M»  Loeb,  à  une  famille  d'origine  fran- 
çaise, émigréô  en  Turquie  :  son  nom  rappelle,  en  effet,  celui  iVfftjaope, 
BOUS  lequel  les  rabbins  désignaient  la  ville  d'Orange,  Né  dans  lu 
dernier  ouart  du  xvi"  siècle,  à  Sofia  ou  à  Constantînople,  Azubi 
retourna,  on  ne  sait  ni  pourquoi  ni  comment,  dans  le  pays  de  ses 
aïeux*  11  devint  rabbin  de  Carpentrai,  connut  Pïantavit^  le  jésuite 
Kircher,  Peiresc,  auquel  il  fournit  des  tables  astronomiques,  des 
inédailles,  des  livres  et  des  faits  divers.  Sur  le  tard,  il  émigra  en 
Italie,  où  il  séjourna  successivement  en  Piémont,  à  Livourne  et  à 


*  Joseph  Perles,  Lês  sacants  juifà  à  FiorêHûû  à  Cipoqm  de  L^unni  de  Midicis^ 
(Xli,  344. 

*  Merco  Mortars,  JJn  important  doeumtni  tur  U  famtlU  dts  PorUUone^  XII, 
ll'J.  Du  même  auteur  ;  haae  Cardato  ti  Samuel  Àiot^bf  XII,  301  (Lettres  inltS> 
reeseoies  de   Cardoso,    savant  marrane  du   xvii^  siècle,  au   célèbre  ràbbm  de 

[  VcoîaeL 

*  M.  KayaerhDgTi  ^'  eornsiiOMdants  jmfn  d^  Je»»  Bnuftorf^  XUI,  22L 
^  Jules  Dukas  &i  Tamizey  du  Laroque,  L^ttfes  inédites  écrites  à  Peinte  par 

ISakmoti  Asi^H,  rabitim  de  CarpetUras^  XI,  M  et  *;5'1  ;  Xll,  95* 


CXXX  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Florence.  C*était,  comne  dit  Peiresc,  un  «  bonhomme  n,  médiocre 
antiquaire  mais  prédicateur  infatigable,  et  qui  méritait  d'être  tiré  de 
Toubli. 


J*ai  achevé  la  table  des  matières  raisonnée  de  la  Bévue,  Elle  ne 
donne  pas  cependant  une  idée  complète  de  notre  activité  littéraire 
pendant  l'année  qui  vient  de  s'écouler.  Nous  avons,  il  est  vrai,  re- 
noncé à  la  publication  de  ï Annuaire.  Par  son  format  exigu,  par  ses 
dimensions  sans  cesse  décroissantes,  il  jetait  conomie  une  défayear 
sur  nos  tentatives  de  vulgarisation.  Et  puis,  en  nous  voyant  consa- 
crer un  recueil  spécial  aux  articles  «  lisibles  »,  plusieurs  s'étaient 
imaginé  que  la  Eevue  était  décidément  réservée  aux  articles  qu^on 
ne  lit  pas.  Nous  avons  voulu  couper  court  à  cette  équivoque,  mm  le 
Conseil,  en  supprimant  un  rouage  superflu,  n'a  pas  entendu  primer 
ses  souscripteurs  d'une  seule  feuille  d'impression  utile.  Les  articles 
de  fond,  genre  Atinuaire,  paraissent  désormais  dans  le  corps  de  la 
Revue,  qu'ils  parsèment  de  fraîches  oasis,  dépourvues  de  caractères 
carrés.  Quant  aux  Actes  et  conférences  de  la  Société,  ils  forment  un 
supplément  qui  paraît  avec  chaque  numéro  de  la  Eemie  et  dans  le 
môme  format  qu'elle.  C'est  là  que  vous  avez  retrouvé  M.  Franck 
qui,  l'année  dernière,  à  pareille  date,  vous  a  tenus  sous  le  charme 
pendant  une  heure,  en  plaidant  les  circonstances  atténuantes  en 
faveur  de  ce  pauvre  serpent,  tant  calomnié,  et  do  son  éternelle  com- 
plice * .  C'est  là  que  vous  avez  de  nouveau  souUgné  do  vos  'sourires 
la  piquante  succession  des  types  du  juif  au  théâtre  que  M.  Abraham 
Dreyfus  avait  fait  défiler  sous  vos  yeux  -. 

Quelques-uns  de  nos  lecteurs  reprochaient  à  nos  annuaires  de  ne 
pas  renfermer  de  calendrier.  C'est  encore  une  lacune  que  nous  te- 
nions à  combler  ;  nous  avons  fait  grandement  les  choses,  puisque 
nous  l'avons  comblée  jusqu'à  l'an  3000  i  Les  Tableaux  du  calendrier 

*  Ad.  Franck,  Le  péché  originel  et  la  femme  d'après  le  récit  de  la  Genèic, 
Actes,  I,  V. 

*  Abr.  Dreyfus,   Le  juif  au  théâtre,  Actes,  1,  l. 


RAPPORT  Stm  LES  prDHCATIO?ÎS  DE  LA  S^OCIÉTÉ        CSXKl 

^de  M.  Isidore  Loeb,  —  tin  magnifique  volume  in-4*»  publié  souâ 
1  au&pices  de  la  Société,  —  peuvent»  en  effet»  servir  aussi  bien  à  )a 
[construction  future  des  almanachs,  qu'à  ridentiiication  rëtrospectivo 
dates  juives  avec  les  dates  chrétiennes  eorrespondantes.  C'était 
y\ïére  un  labeur  dos  plus  pénibles,  ou  les  plus  attentifs  pouvaient 
[se  tromper.  J'en  puis  parler  en  connaissance  de  cause  :  il  m'est  ar- 
rivé un  jour  d'employer  deux  heures  de  temps  et  quatre  pages  de 
I  calcul  pour  retrouver  une  seule  date  —  encore  n'étais-je  pas  bien  sur 
[du  résultat  I  —  Avec  le  livre  de  M,  Loeb^  ce  travail  do  bénédictiu 
[devient  un  jeu  d  enfants,  il  existait  dêjA  des  tables  du  même  ^enre, 
elles  avaient  le  double  tort  d'ctru  imprimées  sans  soin  et  de 
ir  au  lecteur  d'autre  garantie  que  la  conscieuce  présumée  du 
Fi^alcuLat^ar.  Notre  excellent  imprimeur,  M.  Cerf,  a  su  parer  au  pre- 
fauer  inconvénient  ,  quant  au  second.  M,  Loeb  a  eu  llieui^ôuso  idée 
'  de  donner,  autre  le  résultat  brut,  les  moyens  de  le  coatrùlor  presque 
instantanément,  Dans  le  compte  rendu  vraiment  trop  modeste  qu'il 
iHotiii  a  fait  hii-méme  do  son  volume,  notre  eolliNgue  n'a  voulu  lui 
Iftltribaeir  que  ce  dernier  mérite.  11  me  sera  bien  permis  d'^outor 
ine  ces  quelques  pages  représentent  en  réalité  de  longs  mois  de  tra- 
I  et  des  scrupules  inûms  —  cela  soit  dit  sans  aucun  jeu  de  mots.  Là 
incorOt  comme  dans  ces  notices  bibliojsrraphiques  si  complètes  tiu'il 
>RtinU6  a  nous  prodiguer  sans  compter,  M,  Isidore  Loeb,  on  assu- 
mant de  gaieté  de  cœur  les  tâches  les  plus  ingriites^   nous  laisse 
fdans  rinc4)rUtudç  si  nous  devons  plus  admirer  son  érudition,  sa 
^patience  ou  son  rare  désintéi'essement  scientiiîque  *. 


VI 


J'ai   déjà  txop  retardé.  Messieurs,  le    raomoat  impatiemment 
(kttendu  ou  vous  allez  untondi'o  notre  jeune  ot  éloquejit  confêren- 
r;  il  va  vous  entretenir  d'un  thème  aussi  alléchant  pour  les  assi- 
i  de  DOS  temples,  heureux  de  rafraîchir  leurs  souvenirs,  que  pour 


•  Isidore  Lo«b,  Bêfue  bihliotjrapkiqut,  XH.  121  i-l  JOO  ;  XIII,  13K  Du  ra^me  t 
'  readu  Ats  Serinons  et  aliocuiiont  de  y.  Zadoc  KAhin  Xlll.  U»i. 


CXXXII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

les  fidèles  —  à  domicile,  désireux  de  compléter  leur  instruction. 
Laissez-moi  cependant,  avant  de  me  rasseoir,  vous  rappeler  les 
paroles  par  lesquelles  je  terminais  Tannée  dernière  :  ce  En  éclairant 
le  passé  du  judaïsme,  disais-je,  nos  érudits  travaillent,  même  sans 
le  vouloir,  à  sa  réhabilitation.  Le  procès  est  engagé  depuis  vingt 
siècles,  il  n*est  pas  encore  gagné  partout.  »  Je  ne  pensais  pas,  hélas  ! 
si  bien  dire.  L'antisémitisme,  qu'on  pouvait  croire  jnort  dans  notre 
beau  pays  de  France,  tâche  de  relever  la  tête.  Un  pamphlétaire  — 
dirai-je  bien  lourd  ou  bien  léger?  —  a  sonné  un  coup  de  trombone, 
et  le  voici  presque  étonné  de  son  prodigieux  succès.  Ce  succès  est 
éphémère,  je  veux  le  croire  ;  il  n'en  est  pas  moins  un  symptôme 
inquiétant.  J'estime  trop  le  goût  de  mes  compatriotes  pour  Tattri- 
buer  au  mérite  littéraire  de  Toeuvre  ;  il  ne  reste  donc,  pour  l'ex- 
pliquer, que  la  malveillance  cachée  de  quelques-uns,  la  curiosité 
malsaine  du  grand  nombre  ;  c'est  déjà  beaucoup,  c'est  trop. 

Le  judaïsme  français  a  fait  à  ce  livre  la  réponse  qu'il  méritait  : 
le  silence  du  dédain.  Pourtant  le  dédain  ne  doit  pas  aller  jusqu'à 
rindifférence,  et  j'estime  que  nous  avons  une  double  leçon  à  ap- 
prendre de  ce  nouvel  émule  des  Âpion  et  des  Eisenmenger. —  L'une 
est  générale  :  elle  regarde  notre  conduite  à  tous.  Comme  il  n'y  a  pas 
de  fîimée  sans  feu,  ainsi,  dans  ce  tissu  d'accusations  mensongères, 
il  doit  s'être  égaré  quelques  vérités  qui  leur  donnent  créance.  Ta* 
chons  d'enlever  désormais  tout  prétexte  à  la  calomnie  ;  interro- 
geons notre  conscience,  redoublons  de  prudence  et  de  sévérité.  Nous 
ne  sommes  point  parfaits,  personne  ne  l'est,  et  nous  ne  devons  être, 
à  tout  prendre,  ni  meilleurs  ni  pires  queies  autres.  Mais  nous  avons 
été  si  longtemps  soumis  à  un  régime  d'exception  que  nos  défauts, 
comme  nos  qualités,  ont  aussi  quelque  chose  d'exceptionnel  et  at- 
tirent, par  conséquent,  davantage  l'attention.  Minorité  religieuse, 
nouveaux  venus  dans  la  famille  française,  par  cela  même  nous 
sommes  plus  exposés  à  la  jalousie  et  à  la  critique.  Soyons  donc  à 
nous-mêmes,  à  nos  actes,  à  nos  paroles,  nos  censeurs  les  plus  exi- 
geants. Ne  nous  endormons  pas  sur  les  progrès  accomplis,  ne  nous 
contentons  même  pas  d'avoir  du  talent  et  du  succès,  car  c'est  là, 
par  excellence,  la  pâture  do  l'envie.  Que  tous  nos  commerçants 
soient  probes,  tous  nos  millionnaires  simples  et  charitables,  tous 


RAPPORT  SirR  LKS  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ      CXXXll! 


nos  saTanta  modestes,  tous  nos  journalistes  patriotes  et  désinté- 
ressés. Par  dessus  tout,  évitons  de  nous  dénigrer  les  uns  les  autres 
en  détail  ;  car,  de  quel  droit,  a^^rés  cela,  nous  plaindra  qu'on  nous 
dénigre  collectivement? 

L'autre  conseil  s'adresse  plus  particulièrement  à  nos  collabora- 
teurs. J'ai  été  frappé,  en  lisant  le  pamphlet  en  question,  quo  Fau- 
teur, qui  a  tiint  lu,  ne  connaisse  pas  la  Rj^ruf  ^des  ÉfuJfsJmres.  Du 
moins,  il  ne  la  cite  que  de  seconde  main,  et  on  commettant  d'otrangos 
bévues.  Il  n'y  aurait  là  que  demi-mal  si  les  lecteurs  étaient  mieux 
éclairés  que  raiiteur,  s'ils  étaient  à  m(5me  de  rectilior  les  erreurs 
historiques  dont  son  livre  fourmille  et  qui  forment,  pour  ainsi  dire, 
les  prémisses  de  ses  odieuses  conclusions .  Mais  il  est  trop  clair  que 
ces  moyens  do  contrôle  manquent,  que  les  travaux  do  nos  historiens, 
qui  jettent  un  jour  si  instructif,  parfois  si  nouveau,  sur  notre  passé 
méconpu,  sont,  pour  la  plupart  des  lecteurs,  lettre  close.  A  ([ui  la 
faute  ?  Au  public,  direz-vous,  à  sa  pai^sse.  Peut-être  bien  n'ost-il 
pas  le  seul  coupable.  On  est  paresseux  de  bien  des  manières,  soît 
eu  ne  cherchant  pas  à  sHnstruîre,  soit  en  ne  faisant  pas  tout  ce  ([ull 
faut  pour  instruire  les  autres.  Tâchons,  à  l'avenir,  de  ne  plus  mettre 
notre  lumière  sous  le  boisseau.  Que  nos  stjlistos  cultivent  un  peu 
plus  Thébreu  et  nos  hébraïsants  le  stylo,  et  le  public,  mieux  informé, 
rira  d'un  auteur  qui  cherche  les  dix  tribus  d'Israël  parmi  los  juifs 
do  Paris,  ou  qui  répète  sérieusement  la  fable  de  la  grande  conspi- 
ration des  Juifs  et  des  lépreux  au  moyen  •âge. 

Je  soumets.  Messieurs,  ces  quelques  observations  à  votre  sagesse. 
J'espère  qu'elles  ne  paraîtront  pas  déplacées.  Notre  société  a  beau 
être  spécialement  consacrée  au  passé  du  judaïsme,  elle  ne  peut  s'in- 
terdire de  jeter  de  temps  â  autre  un  coup  d'œil  sur  son  présent  et 
sur  son  avenir.  Dans  son  ensemble,  le  présent  nous  console  des 
tristesses  du  passé  ;  faisons  des  vœux  pour  que  Tavenir  efface  à  son 
tour  les  iuquiétudes  de  Theure  présente.  Puisse  le  centenaire  pro- 
chain de  rémancipation  rehgieuse,  qui  est  en  mémo  temps  celui  de 
l'émancipation  politique,  n'être  pas  souiUé  par  ces  appoîs  haiiieux 
à  la  guerre  sociide  et  rencontrer  tous  les  Français  unis  dans  une 
même  pensée  de  concorde,  de  reconnaissance  et  do  fratornitc  ! 


ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE 


SÉANCE  DU   H  DÉCEMBRE  18«6. 

PriaUlence  de  M.  Zadoc   KAHN,  président. 

M.  lo  PRÉSIDENT  ouvre  la  séance  en  ces  termes  : 

Mesdames,  Messieurs, 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  j'ai  l'honneur  de  présider  l'As- 
semblée générale  de  la  Société  des  Études  juives.  En  maintes  cir- 
constances J'ai  dû  prendre  la  place  du  président  en  exercice;  retenu 
loin  do  nous  par  une  cauSe  où  une  autre.  Ce  soir,  c'est  pour  mon 
compte  que  je  remplis  mon  office,  en  qualité  de  président  élu  par 
vos  bienveillants  suffrages  ;  mais,  soit  comme  président  d'occasion, 
soit  comme  président  titulaire,  je  crois  connaître  les  devoirs  qui 
s'imposent  à  celui  qui  occupe  le  fauteuil  pendant  cette  réunion  an- 
nuelle. 

Son  premier  ot  pnncipal  devoir,  qui  heureusement  ne  coûte  pas 
de  grands  efforts,  c'est  d'être  court,  aussi  court  que  possible.  Le 
programme  de  notre  séance  est  passablement  chargé  et,  de  plus,  je 
l'espère,  fort  intéressant.  Vous  entendrez  le  rapport  financier-  de 
notre  excellent  trésorier  ;  vous  entendrez  le  rapport  littéraire  de 
notre  savant  et  éloquent  secrétaire,  M.  Théodore  Reinach,  et  vous 
savez,  par  l'expérience  des  années  précédentes,  avec  quel  plaisir  et 


ASSEMllLKE  GENERALE  DU  1t  DECEMBRE  188*^  CXXXV 


quel  profit  noua  écoutons  chaque  fois  son  mâ;?i8tml  exposé.  Eufln, 
QQ  Boii\  uotia  serons  favorisés  d'une  cooférance  qu'on  de  nos  jeu  nos 
profosseurs  de  rUniTorsité  a  bien  voulu  se  charger  de  faire  sur  un 
sujet  qui  ne  manquo  m  de  nouveauté  ni  tïe  piquant.  Toute  parole 
inutile  dite  par  lo  président  ressembleraii  donc  4  une  maladresse  et 
presque  à  uno  impolitesse. 

Toutefois,  jo  dois  vous  tenir  nu  petit  discours;  car  il  est  eonve- 
nabld  qu'un  président,  entrant  nouvellement  en  fonctions^  remercie 
I  ceux  qui,  en  lui  accordant  leurs  siifrra«^eSf  lui  ont  donné  un  tômoi- 
I  irna^çfo  flatteur  de  leur  confiance.  Ce  devoir,  il  m'est  doux  de  le  rem- 
plir, mais  un  mot  suflit  pour  cela  :  je  vous  exprime,  Messieurs,  ma 
i  sincère  i^econnaissance.  et,  en  outre,  je  vous  promets  d'apporter  à 
mes  fonctions  tout  le  soin  et  tout  le  dévouement  dont  je  suis  ca- 
pable. 

Il  est  indiqué  aussi  que  le  nouveau  président  adresse  un  compli- 
ment au  président  sortant.  Ici  j'aurais  beaucoup  à  dii*e,  car  mon 
prédécesseur  n'est  autre  que  M.  J.  Derenbour^,  membre  de  l'Ins- 
•  titut  de  France,  qui  non  seulement  a  dirige  la  Société  de-*  Études 
Ijuivos  pendant  les  deux  années  réglementaires,  mais  qui,  dés  le  pre- 
i  inier  jour,  a  pris  une  part  brillante  aux  travaux  et  aux  publications 
I  lie  la  Société.  Dans  sa  belle  et  forte  vieillesse,  il  donne  des  leçons 
kde  jeunesse  aux  plus  jeunes,  des  leçons  d'activité  aux  plus  laborieux 
jet  des  leçons  de  science  et  d'érudition  sagace  et  pénétrante  aux 
phw  savants.  Ce  sera  toujours  un  honneur  pour  notre  Société  de 
[pouvoir  inscrire  le  nom  de  M.  J,  Derenbourg  sur  la  liste  de  ses  an- 
]  ciens  préaident*. 

J'ai  le  devoir  ensuite  de  vous  présenter  notre  jeune  conférencier, 

>M.  Albert  Cahen,  et  de  le  remercier  en  votre  nom  d'iavoir  répondu 

ravec  an  si  aimable  empressement  ù.  notre  appeL  Son  mérite  est 

d*auiant  plus  grand  que,  par  suite  de  la  reprise  tardive  de  nos 

I  séances,  nous  n'avons  pu  solliciter  3on  concours  qu'au  dernier  mo- 

oent,  M.  Cahen  aurait  eu  le  droit  d'alléguer  lo  manque  de  temps 

our  décliner  notre  invitation  ou  pour  nous  ajourner  à  plus  tard. 

Jette  considération  ne  Ta  pas  arrêté,  11  saura  vous  prouver  d'ail- 

lleurs,  par  sa  conférence,  que  lo  temps  ne  fait  rien  à  Tatlairo. 

M.  Caben  vous  pariera  do  la  prédication  juive  eu  France.  Je  suis 


CXXXVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

comme  on  dit,  trop  orfèvre  pour  me  permettre  une  appréciation  sur 
le  choix  de  ce  sujet  ;  mais  vous  penserez  comme  moi  qu'il  est  juste 
que  les  prédicateurs,  qui  usent  sans  cesse  du  privilège  de  blâmer, 
de  critiquer,  de  morigéner,  sans  que  personne  puisse  répliquer,  s'en- 
tendent aussi  dire  une  fois  leurs  vérités.  Si  on  leur  fait  passer  un 
mauvais  quart  d'heure,  ils  n'auront  que  ce  qu'ils  méritent. 

Messieurs,  une  tradition  qui  remonte  à  la  fondation  de  notre  So- 
ciété et  à  laquelle  nous  sommes  très  attachés,  veut  que  dans  nos 
Assemblées  générales  il  soit  fait  mention  des  sociétaires  que  la  mort 
nous  a  enlevés  au  cours  de  Tannée.  Nous  avons  malheureusement 
subi  des  pertes  cruelles  depuis  notre  dernière  réunion,  et  longue, 
beaucoup  trop  longue  est  notre  liste  uécrologique.  Nous  avons  eu  la 
douleur  de  perdre  deux  de  nos  membres  fondateurs  :  M"*^  la  baronne 
James  do  Rothschild,  qui  avait  témoigné  à  notre  œuvre  une  sym- 
pathie toute  particulière  et  bien  naturelle,  car  la  Société  des  Études 
juives  était,  pour  cette  grande  bienfaitrice  du  judaïsme,  comme  une 
création  de  famillo  à  laquelle  resteront  toujours  liés  le  nom  et  le 
souvenir  de  notre  premier  président,  le  regretté  James-Edouard  de 
Rothschild  ;  M.  Marc  Lévj-Crémieux  qui,  dès  les  premiers  temps  de 
notre  existence,  nous  a  fait  un  don  généreux  de  mille  francs.  Nous 
avons  à  déplorer,  en  outre,  la  disparition  de  nos  chers  collègues 
S.  Beaucaire,  Bernard  Cahen,  Ernest  David,  Gustave  d'Eichthal, 
Alexandre  Lange,  Gersam  Léon,  Lipmann,  grand-rabbin  de  Lille, 
Merzbacher  de  Munich,  Myrtil  Erager  et  N.-Ph.  Sander.  Beaucoup 
de  ces  amis  disparus  mériteraient  mieux  qu*une  simple  mention, 
car  ils  n'étaient  pas  seulement  pour  nous  des  souscripteurs,  mais 
encore  des  prédécesseurs  et  des  modèles  dans  le  labeur  scientifique. 
Nous  garderohs  à  tous  un  fidèle  et  reconnaissant  souvenir. 

S'il  est  vrai,  Mesdames  et  Messieurs,  que  des  vides  douloureux 
se  sont  produits  dans  nos  rangs,  nous  avons  aussi,  grâce  à  Dieu, 
fait  de  précieuses  acquisitions.  La  liste  que  publie  notre  Revue 
.  dans  chacun  de  ses  numéros  vous  a  déjà  appris  le  nom  de  nos  nou- 
veaux collègues.  Je  ne  ferai  aucune  énumération,  mais  je  dirai  que 
le  Conseil  a  accueilli  avec  une  grande  satisfaction  et  un  sentiment 
de  fierté  des  adhésions  qui  sont  un  honneur  pour  la  Société. 

En  somme,  malgré  les  pertes  éprouvées  et  certaines  défections 


ASSEMBLEE  GENERALE  DU  H  DÉCEMBRE  t88ti 


CXXXVÎl 


^H  volontaires  et  peu  justiiîôes^ nous  avons  fait  pltiiôt  des  progrès  pen- 
^M  dant  rannéd  qui  viant  de  s'écouler,  La  situation  do  notre  Société 
^^  peut  être  considérée  comme  prospère.  Le  rapport  financier  vous 
montrera  que  nous  ne  connaissons  p<is  la  grande  plaie  des  budg:et3, 
la  plaie  du  déficit;  le  rapport  littéraire  vous  fera  connaître  une  fois 
de  plus  Timportance  et  la  variété  de  nos  publications .  Le  Conseil 
n*a  qn*un  désir  :  justifier  la  <?ontiance  que  vous  avez  placée  en  lui» 
en  assurant  de  mieux  en  mieux  le  succès  d'une  œuvre  qui  n'est  pas 
seulenteat  la  sienne,  mais  qui  vous  appartient  à  tous,  car  tous  vous 
avez  entendu  donner  votre  appui  à  une  œuvre  de  science  élevée  et 
désintéressée.  Nous  comptons  déjà  plus  de  six  années  d'existence, 
et  ce  n'est  pas  commettre  le  péché  d'orgueil  de  dire  que  ces  six  an- 
nées n'auront  pas  été  stériles  pour  le  progrès  de  la  science  juive  ni 
pour  r honneur  du  judaïsme  franeais. 


M,  Théodore  Rbinach,  secrétaire ,  lit  le  rapport  sur  les  publi- 
cations de  la  Société  pendant  l'année  188.>1886  (Voir  plus  haut» 

p.  CTXVll). 


M,  Erlanger,  imsorirr,  rend  compte,  comme  suit,  de  ia  situation 
financière  de  la  Société  à  la  fin  de  l'exercice  1886  : 

Mesdames  et  MESsiEUits, 

Lorsque  je  me  suis  permis,  l'année  passée,  de  donner  a  mon  rap- 
port un  aspect  rassurant,  j'éprauvais  une  certaine  crainte.  Cette 
note  rassurante  no  pourrait-elle  nous  porter  malheur,  en  relroidis- 
sant  le  zèle  de  ceux  qui  s'intéressent  t  notre  leuvro ? 

Heureusement  rien  de  semblable  n'est  arrivé.  Nos  finances  ont 
continué  k  être  prospères. 

Est-ce  à  dire  que  nous  sommes  devenus  plus  riches?  Ce  n*est 
cortes  pas  le  cas,  et  les  chitos  <iue  je  vais  vous  lire,  dans  un  mo- 
ment, me  donneraient  un  démenti  formel,  si  j'osais  l'avancer;  mais 
nous  avons  pu,  dans  le  courant  de  Tannée,  faire  paraître,  outre  les 
quatre  numéros  de  la  Itevue^  la  publication  des  actes  et  conférences, 
et  distribuer,  à  tous  les  Sociétaires  qui  en  ont  fait  la  demande,  les 


CXXXVIIl  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Tables  du  Calendrier  juif  de  M.  Loeb,  travail  aussi  considérable 
qu'important,  et  dont  il  ne  m'appartient  pas  de  faire  Téloge  ici. 

8ans  ces  publications  supplémentaires  notre  exercice  se  solderait 
par  un  sensible  excédent,  que  nous  aurions  pu  porter  en  augmenta- 
tion de  capital.  Vous  savez  que  j'ai  mis  jusque  maintenant  toute 
mon  ambition  à  maintenir  ce  capital  intact  et  à  Taugmenter  seule- 
ment de  ses  intérêts. 

Il  faut  qu'à  cette  occasion  je  vous  fasse  une  confession.  Votre 
trésorier  est  loin  d'être  un  trésorier  parfait.  Il  lui  manque,  pour 
Tétre,  la  qualité  essentielle.  Il  ne  défend  pas  assez  son  trésor;  il 
n'a  pas  la  férocité  que  comporteraient  ses  fonctions.  Quand  il  s'agit 
d'une  publication  bonne  et  utile,  il  est  le  premier  à  lever  la  main 
au  lieu  d'être  le  dernier.  Il  pense  que  l'argent  placé  en  travaux 
scientifiques,  en  produits  intellectuels,  rapporte  plus  que  n'importe 
quelle  valeur  achetée  à  la  Bourse. 

A-t-il  raison,  a-t-il  tort?  Le  concours  empressé  que  vous  voudrez 
bien  nous  prêter,  la  propagande  sérieuse  que  vous  voudrez  bien 
faire  pour  nous,  seront  pour  lui  la  meilleure  réponse.  —  Mais  il  est 
temps  d'arriver  à  nos  chifires. 


ASSEMBLEE  GÉNÉRALE  DU  il  DÉCEMBRE  188C  CXXXIX 


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CXL  ACTES  ET  CONFERENCES 

Vous  voyez,  Mesdames  et  Messieurs,  que  je  n'ai  rien  exagéré. 
Notre  situation  financière  est  bonne,  sans  ôtre  brillante.  Le  terrain 
que  notre  Société  exploite  est  riche.  Loin  de  s'épuiser  il  devient 
plus  fécond  à  mesure  qu'on  le  travaille.  L'activité  de  nos  savants 
collaborateurs  ne  nous  fera,  certes,  pas  défaut.  Avec  votre  précieux 
concours,  la  Société  des  Études  juives  peut  envisager  l'avenir  sans 
crainte  et  saura  tenir  toutes  les  promesses  qu'elle  a  faites. 

M.  Albert  Cahen,  professeur  agrégé  au  collège  Rollin,  fait  une 
conférence  sur  la  Prédication  juive  en  ^ra;iee  (Voir  plus  haut,p.xcv). 

Il  est  donné  connaissance  du  résultat  du  scrutin  pour  l'élection 
de  huit  Membres  du  Conseil.  Sont  élus  : 

MM.  Léopold  Cerf,  ancien  élève  de  l'École  normale  supérieure, 
libraire-éditeur,  membre  sortant; 

James  Darmesteter^  professeur  au  Collège  de  France,  direc- 
teur à  l'École  des  H^autes-Études,  membre  sortant  ; 

Joseph  Derenbourg,  membre  de  Tlnstitut,  directeur  à  l'École 
des  Hautes-Études,  membre  sortant  ; 

Joseph  Halévy,  professeur  à  l'École  des  Hautes -Études, 
membre  sortant  ; 

Louis  Leven,  membre  sortant; 

Michel  Mater,  rabbin  adjoint  au  Grand  Rabbin  de  Paris, 
membre  sortant  ; 

Moïse  Schwab,  sous-bibliothécaire  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, membre  sortant  ; 

Trénel,  Grand  Rabbin,  directeur  du  Séminaire  Israélite  de 
France,  membre  sortant. 

L'Assemblée  nomme  au  scrutin  secret,  à  l'uaanimité  des  votants, 
M.  le  Grand  Rabbin  Zadoc  Kahn,  président  sortant,  président  de 
la  Société  pour  l'année  1887. 

M.  Emile  Leven  propose  à  l'Assemblée  de  voter  des  remercie- 
ments au  Conseil  pour  l'activité  ot  le  dévouement  dont  il  continue 
à  faire  preuve  pour  la  prospérité  de  la  Société . 

Cette  proposition  est  adoptée. 

VERSAILLES,  IMPRIMERIE  CBRP  ET   FILS,  ROB   DUPLESSIS,  59. 


m  im  DE  CISTILLE  ET  ll'ES 


AU  MOYEN  AGE 


ANCIENNE   INTERPRéTATîON    DES   DOCUMENTS. 


Tous  les  historiens  se  sont  servis,  pour  (évaluer  le  nombre  des 
.Juifs  qui  ont  demeuré  en  Espagne  au  moyen  Age,  de  trois  docu- 
It^niMtts  qui  paraissent  fournir  tous  les  él»5mejits  nécessaires  pour 
flaire  le  calcuL  Ce  sont  : 

1*  Un  Résnnié  du  rùle  des  irapiHs  payés  au  roi  par  les  Juifs  de 
jCaslïlie  à  la  tin  du  xiir  siècle  \  Ce  Résumé  a  été  fait  en  i'Im,  et 
lia  perception  de  Timpùt  a  dû  commencer  en  fi^vrier  1291  %  Le  rule 
jfju'il  contient  a  remplacé,  à  {>artir  de  cette  dernière  date,  un  rôle 
Ide  Tolède  fait  sept  ans  auparavant,  en  1284,  (ïn  appelle  ce  rôle 
|de  1291  RAle  de  lluele,  parce  qu'on  suppose  qu*H  a  été  dressé  dans 
I cette  ville*; 

2^  Une  pièci*  de  1291  qui  indique  remploi  fait  par  le  roi  de 

tipùt  payé  par  les  Juifs  de  Castille,  On  prend  ^Généralement 
pièce  pour  un  complément  ou  une  amplillcation  de  ia  pièce 
[précédente  *  ; 

•  CcUe  pïèce»  publiée  d'ibord  par  Asso  et  Manuel,  dans  leur  I^iseorto  $oire  ti 
MÊifdù  y  condition  de  los  Jnétùs  tu  Jim/inuaf  a  été  rectiliëe  d'après  rorigioal  par 
I  Av^ftor  de  las  Kios,  et  publit^c  d'abord  par  lui  dans  ses  Kstudiûs  sof>re  iûs  Jndios 
fé»   B^fiâSiti,  Mfldrid,  iH4S,  p.    40;  puis  daos  soa  Hûioria  de  hi  Judios  de  StpaHa, 

ladnd.  1ST6,  lome  H,  p.  53  et  suit, 
■  Aœâdor^  Hittarta^  11,  59,  évidemment  d'après  H,  531.  Ri^sto  cependant  à  sivoir 
r'<«t  bien  \à  ïe  sens  des  premières  lignes  du  documenl  p.  531. 

•  %i.  Pnndsco  Fernandez  y  Gonzales,  dans  ses  Imiftiicionei  jHridieaâ  del  pUiéh 
d€  Jtriut  (Mttdrid,  1881),  dit  que  ce  nom  ne  convient  |ias  ou  document  (p,  175). 

•  t*ubiièc  pour  !•  première  fois  pnr  Araador,  //<*/.,  IL  531. 
T.  XIV,  x«  28.  M 


162  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

3°  Un  rôle  des  Juifs  de  Castille  de  1474  ». 

Voici  comment  on  a  interprété  ces  documents  : 

Les  Juifs,  dit-on,  payaient  un  impôt  de  30  deniers  par  tête,  en 
souvenir  des  30  deniers  pour  lesquels  Jésus  fut  vendu,  et,  à  la  fin 
du  xiii^  siècle,  30  deniers  valaient  3  maravédis.  Les  deux  pièces 
de  1290-91  contiennent  le  détail  des  impôts  dus  par  chacune  des 
communautés  juives  sous  deux  rubriques  :  servicio  (aide)  et 
encahezamiento  (capitation).  On  s*est  naturellement  dit  que  cet 
impôt  de  capitation  devait  représenter  les  30  deniers  (ou  3  mara- 
védis) dus  par  chaque  Juif.  Or,  d'après  le  Résumé  (1290),  le  total 
de  cet  impôt  est  de  2,584,855  maravédis  *  ;  en  prenant  le  tiers, 
on  a  le  nombre  de  Juifs  vivant  en  Castille  en  1290.  Cela  ferait 
861,618  âmes. 

Tous  ceux  qui,  en  reproduisant  ou  en  utilisant  ces  pièces  de 
1 290-9  P,  ont  cherché  à  en  tirer  le  nombre  des  contribuables, 
ont  calculé  de  la  sorte. 

M.  Graetz  a  fait  le  môme  usage  du  document  de  1474.  Le  total 
de  rimpôt  détaillé  dans  la  pièce  est  de  450,300  maravédis, 
M.  Graetz  en  conclut  que  cette  somme  représente  l'impôt  de 
150,000  Juifs*.  11  en  résulterait  que,  de  1290  à  1474,  la  popula- 
tion juive,  en  Castille,  malgré  de  nouvelles  acquisitions  de  terri- 
toires, aurait  subi  Ténorme  diminution  de  cinq  sixièmes. 

Depuis  longtemps  nous  ne  croyons  pas  à  ces  calculs,  et  nous 
avons,  à  maintes  reprises,  entretenu  de  nos  doutes  notre  savant 
ami  M.  Fidel  Fita,  de  Madrid.  Pour  répondre  à  toutes  les  ques- 
tions que  soulève  Texamen  de  nos  documents  ^,  il  faudrait,  avant 
tout,  en  avoir  le  texte  entier,  avec  les  préambules  ou  autres  pas- 
sages peut-être  omis.  Il  faudrait  s'assurer  également  que  le  docu- 
ment de  1291  est  bien  une  amplification  de  celui  de  1290.  On  peut 
en  douter,  car  les  chilïres  ne  sont  pas  toujours  d'accord  et  cer- 
taines provinces  indiquées  en  1290  manquent  en  1291  ®.  Il  faudrait 

*  Dans  Amador,  Histot'ia,  III,  îiOO  ;  résumé  ibid.,  p.  171.  Dans  ce  résumé,  il  lau 
lire,  pour  Ségovie,  19,0o0  ;  de  sorte  que  le  total  est  450,300,  non  451,000.  La  pièce 
est  reproduite  partiellement  dans  Lindo,  History  of  the  Jetvs  in  Spain^  Londres, 
1848,  p.  242. 

*  Amador,  Historia^  II,  p.  58,  compte,  par  erreur,  2,564,855. 

*  Amador,  /.  c.  ;  Jost,  Gesch.  der  hracliten^  t.  VI,  p.  381  ;  Encyclopédie  Erscii 
et  Gruber,  article  Judcn^  p.  214;  Lindo,  /.  c,  p.  109;  Graetz,  Oach,  rf.  Juden, 
2-édit.,  t.  VII,  p.  55. 

*  Graeiz,  ibid.^  2*  édit.,  t.  VIII,  p.  223.  Amador  fait,  pour  cette  pièce,  un  calcul 
différent.  Nous  y  reviendrons  plus  loin. 

*  Les  titres  donnés  aux  pièces  par  Amador  sont-ils  dans  les  originaux?  N'a-l-il 
rien  omis?  Les  indications  maravédis  au  haut  des  colonnes  sont-elles  de  lui  ou  non? 

*  Quelques-unt's  des  différences  peuvent  venir  de  fautes  de  copie  (p.  ex.,  PalencU, 
23,800  m.  en  1290  ;  33,800  en  1291)  ou  de  changements  faits,  après  coup,  dans  It 
répartition. 


LE  NOMBUb:  DlilS  JUIFS  DE  CASTILLE  ET  D'ESPAGNE  163 

avoir  le  passage  où  il  est  question  du  rôle  de  Tolède  de  1284, 
expliquer  la  mention  de  rôles  ou  r^^partitioiis  de  Iluete  et  de  To- 
lède qui  se  trouve  dans  riiitrodnction  et  dans  divers  passages  du 
rûie  de  1291.  M.  Fidt'l  Fita  se  propose  d'étudier  ces  diverses  ques- 
tions diaprés  les  originaux.  Nous  donnons  ici  un  certain  nombre 
d'observations  qui  pourront  le  guider  dans  ses  recherches  et  con- 
tribuer à  élucider  la  question. 

Ce  qui  a,  tout  d'abord,  fait  naître  nos  doutes,  c'est  qu'il  nous 
semblait  irapossil>ie  de  croire  que  la  Castille,  qui»  au  xv*  siècle 
Bncore,  ne  comptait  que  6  ou  7  raillions  dliabitants  \  ait  pu,  à  la 
în  du  xni"  siôcîe,  renlermer  plus  de  860,000  Juifs.  Ce  chiffre  nous 
paraissait  énorme.  D'où  seraient  venus  tant  de  Juils  et  comment 
les  aurait'On  su[qjortés  à  une  éiioque  où  les  haines  religieuses 

Tétaient  si  fortes?  En  y  regardant  de  plus  pr«^s,  le  fait  devient 
autrement  incroyable.  L*impôt  de  1*290-91  devait  être  uniquement 
}nyé,  à  ce  qu'on  nous  assure,  par  les  hommes  établis  âgés  de 
jlus  de  \ingt  ans,  exception  faite  des  femmes,  des  enfants,  et 
BÛrement  aussi  des  indigents*.  Le  chitlre  de  861,618  représen- 
terait des  familles»  et  il  faudrait  le  multiplier  par  un  coefflcient 
aour  trouver  !e  nombre  d'âmes  contenues  dans  ces  familles.  Si 

[ron  calcule,  d'après  un  traité  de  statistique  bien  connu  ^  le 
nombre  de  personnes  de  moins  de  vingt  ans  contenues  générale- 
ment dans  une  population  donnée,  on  trouve,  en  faisant  la 
loj^enne  de  seize  différents  pays,  qu'il  y  a,  sur  10,000  âme.s, 
1,596  (en  chiffres  ronds  4,600)  personnes  de  moins  de  vingt  ans  ; 
estent  5,4ro  personnes  au-dessus  de  vingt  ans,  et,  en  suiiposant 
jue  le  nombre  des  femmes  soit  égal  à  celui  des  hommes  (il  est  or- 

^dinairement  un  peu  supérieur),  cela  fait  2,700  hommes  âgés  de 
plus  de  vingt  ans  sur  10,000  âmes.  Le  rapport  de  2,700  à  10,000 
îtant  suî)érieur  à  3,5,  on  restera  au-dessous  de  la  vérité  si,  pour 

■bbtenir  le  chiffre  de  la  population  juive  de- la  Castille  en  1290-91, 
on  multiphe  861,618  par  3,5.  Il  faudrait  donc  admettre  qu'à  cette 
époque  ia  population  juive  dfi  Castille  ait  été  de  plus  de  3  millions 
rames  I  C'est  absolument  impossible  et  cette  interprétation  des 
pièces  de  1290-91  ne  mérite  pas  d'être  discutée. 


»  Pr€6cûU,  Butor}/  ûf  the  feign  of  Ferdinand  and  /*a^«7«,  Londres,  1838^  II,  234 
1,500,000  fttUï  ou  6,750,000  amesj. 
•  Amador,  fftstûr,,  11,  58.  Nous  ue  savons  cotnmcnt  Amador  a    fdt  pour  oublier 
sitiltt  ceito  règle  dans  sou  calcul  de  la  popultUou  Juive. 
Kolii,  Hifiuâtich  der  vtrghichtnden  StatiUih^  Leipzig,  1619,  p.  482. 


m 


mnm  ws  fjmf^  imvRs 


II 


ESSAI   n'UNK    INTEBPRéTATÎOK  N0UV8LLE* 


M.  Fklel  Fita  Jious  a  mis  sur  la  voie  d*une  autre  interprétatiou 
qui  contient  <;ertainement  une  grande  part  de  vérité^  mais  qui,  on 
Ir^  verra  taut  à  l'heure»  ne  liunue  pas  encore  la  vraie  solalioii  th 
probl*-Mne.  11  nous  a  lait  remarquer  que  les  chiffres  provenant ^^ 
rimpût  lies  31)  deniers  ou  3  maravédis  doivent  être  divisibles  par  3, 
et  que,  dans  les  rtMes  de  1290-91»  les  chiffres  de  Vaide  reraplissenl 
seuls  cette  condition*.  Eu  vf^rilîant  chaque  somme  dAtaill^t^i o» 
trouve»  dans  Vaide^  sur  41  nombres,  4  seulement  (ceux  de  Villa- 
nueva,  Miranda,  Logrofio  et  Séguvie)  qui  ne  sont  pas  divisibles  pir 
3»  et  ces  exceptions  peuvent  t'^tre  attribuées  à  des  fautes  de  copie 
lïaas  b*s  nombres  de  la  capilation,  au  contraire»  sur  72  sommes, 
il  n'y  en  a  que  23  qui  sont  divisibles  par  3,  c'est-à-dire  presque 
exactement  la  proportion  de  1  .sur  3  que  Ton  doit  trouver  dans 
toute  série  de  nombres  qui  ne  sont  pas  influences  par  le  chiffre  3, 
On  peut  en  conclure  que  c'est  Vaide  et  non  la  capUation^ul 
dans  les  rôles  de  1290-91,  représente  Tirapôt  des  30  deniers 

Une  autre  consiileration  peut  conduire  à  la  même  conclusion 
Pour  un  certain  nombre  d'archevêchés  et  d'évôchés,  entre  autres 
pour  Tarchevêch»!  ût*  Tol^^de»  le  rAle  dit  Résumé  de  1290  ne  con- 
tient pas  iVaide,  mais  seulement  la  capUalion.  D  ou  vient  cette  la- 
cune ?  Lindo  raconte  »  qu'à  la  prise  de  Tolède  par  le  roi  Alphonse, 
en  1085.  les  Juifs  de  cette  ville  demandèrent  à  être  exemptes  de 
Timpôt  des  30  deniers  payés  au  roi  par  les  autres  Juifs  de  Cas-" 
tillç,  et  on  peut  supposer  que  cette  demande  fut  accueillie 
môme  exemption  fut  peut-être  accordée  à  d'autres  communauté 
juives.  Elle  existait  encore  au  xv«  siècle  pour  celle  de  Tolède 
Elle  Capsali  raconte  ^  que  la  reine  Isabelle»  Tépouse  de  Ferdinand 
s'étonna  un  jour  que  les  Juifs  de  Tudèle  ne  payassent  pas  Timpd 

1  M.  FrtQcisco  Fernande^  y  Gonïnles»  dans  ses  In^tvtueioMt,  p.  306,  ob}eel 
-eo(Llro  rinterprétalioB  qu'où  ^cut  donner  uu  document  de  1414,  que  les  nombril» 
BOuL  pis  divisibles  par  trois,  mais  ceUe  ohjecûon  n  est  pas  fooiés^  Une  iiiftp«ctl( 
mi^me  Eiuper£cielle  de  ce  documeut  montre  que  les  nombres  y  sont  doands  en  ciùflin 
ronds,  on  y  a  omis  ies  centaines»  diiaiues  et  unilés  ;  les  rôies  de  1290-91,  au 
bruire,  douaenl  exactement  lea  centsiiics,  les  diïuioes  et  leu  utiilés. 

-»  l%khuùm  icKonim ,  Pudt>ue,  \m\\,  p,  (iH. 


r 


'» , 


LE  NOMimE  DKS  JUIFS  DE  CASTILLE  ET  D'ESPAli.NK  m 

f  deniers  (Élie  met  fVtJit),  sueldos,  sous),  on  lui  dit  f|iM?  les 
ide  cette  ville  en  étaient  exemptés  parce  que  leurs  ancêtres 
le  faisaient  point  partie  tle  ceux  qyi  tleiiieuraieiit  en  Palestine  à 
iVpoque  du  second  tenij^ie  et  ii'a%'aient,  par  conséquent,  pris  au- 
cune part  à  la  vente  de  Jésus,  dont  cet  impôt  était  un  souvenir  *  ; 
reine  considérant  cette  exception  pour  une  otVense  (pour  qui  ?), 
supprima  en  supprimant  Timpùt  des  30  deniers  dans  tout  le 
jyaunie.  11  est  vrai  qu*au  comnn^ficement  du  xiv«  siècle  il  semble 
|ue  les  Juifs  de  Tolède  aient  été  obligés  de  payer  les  30  deniers, 
'c'est  ce  qui  résulterait  d*mî  passa^^e  d'une  consultation  du  Rosch  ^ 
(  As<;her  b.  JeliielJ»  mais  Texemption  accordée  d'abonl  a  pu  f>tre 
abolie  plus  tard*  Les  lacunes  dans  la  liste  des  aUles  de  notre  rôle 
de  l'2*K)  ne  s'expliquent  que  par  cette  exemption  et  elles  nous  con- 
^lirruenl  dans  l'opinion  que  c'est  bien  Vmde  qui  représente  Tiinpôt 
B^es  30  deniers. 

^     Essayons  de  calcub-^r,  au  moyen  de  cette  donnée,  le  nombre  des 
Juifs  de  Castilie  en  129u.  il  serait  facile  de  remplir  les  lacunes  du 

I Résumé  si  i*imp6t  de  la  capifalion  était  proportionnel  à  celui  i\e^ 
30  deniers,  mais  il  ne  Test  pas,  la  proportion  de  la  capitation  i\ 
Taide  change  d'une  ville  à  Tautre,  tout  en  restant  généralement 
«iajis  de  certaine.s  limites  qui  varient  entre  1  et  5,  en  chiffres 
ronds*  A  défaut  d'autre  procédé,  nous  prendrons,  dans  le  calcul 
ifui  va  suivre,  la  moyenne  de  ce  rapport.  Le  Résumé,  d'après 
ÏHistoria  d'Amador,  donne,  pour  l'impôt  payé  par  les  Juifs,  les 
résultats  suivants  : 
Tatdl  de  Taide 2 1 « .  i90  maravédis. 

Capilation  sans  aide., .,.    1.786.976         — 

Capîlatiûii  en  sus  de  raide .  * . .        797.879         — 

~  Total 3.80^,:u:»  maravédis. 


Sr  Ton  représente  par  x  le  chiffre  de  faide  qui  manque,  on  a  la 
projK>rtion  suivante: 

X  __  21 G  >  490 

4.786.970  "  797.879' 


*  Le»Jutfi  de  Tolède  avaient  prodtiU  exactemcal  le  même  argumcQl.  Il  étitl  in* 
Bé  atiMi,  à  roccttsiciD.  par  diverses  cornai uuatiléiii  juives  cTAIIemagoe  quand  eUea 

d«ient  u  Hte  exemplées  du  tiers  dûuicr»  ét|uî valent  àe&  30  ilfiniers  espa^tiela. 
-^  On  p4tal  Ms  dematider  ai  HUq  Capeuli  oe  met  pokU,  par  eir^ur,  Tudèle  au  heu  de 

*  S«e  coosullat,  édit..  Venise,  1552,  p.  13  ;  cité  par  Cas&el,  Ëncyclop,  Erscti  et 
Qrciber,  L  r.,  p*  2i4,  note  22. 


168  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

cet  impôt  de  1474  sont  assez  embarrassantes.  Il  dit  '  qu'à  cette 
époque  chaque  Juif  payait,  pour  Je  service  et  demi-service  en- 
semble, 45  maravédis  (non  deniers),  et  que  le  maravédis  valait  16 
deniers  (non  plus  10  deniers).  Si  chaque  chef  de  famille  payait 
45  maravédis,  le  nombre  des  familles  juives  de  cette  époque,  en 
Castille,  aurait  été  de  10,000  environ*,  formant  40.000  âmes,  ou,  si 
Ton  veut,  50,000  âmes.  Il  ne  serait  pas  du  tout  impossible  que  ce 
fût  le  chiffre  véritable,  mais  il  serait  étonnant  que  Timpôt  des 
30  deniers  eût  été  augmenté  dans  une  si  forte  proportion.  Si,  au 
contraire,  Amador  a  mis  par  erreur  45  maravédis  au  lieu  de  45  de- 
niers, le  maravédis  étant  à  16  deniers,  le  nombre  des  familles 
juives  serait  de  160,000,  chiffre  qui  nous  paraît  aussi  extravagant 
que  ceux  que  nous  avons  trouvés  précédemment. 

Si  Ton  s'arrête  au  chiffre  de  50,000  âmes,  qui  nous  paraît  un  peu 
faible,  mais  qui  est  cependant  admissible,  il  ne  faudrait  pas  en 
conclure,  comme  l'ont  fait  Amador.  M.  Graetz  et  d'autres,  que  de- 
puis 1290  la  population  juive  de  Castille  avait  beaucoup  diminué. 
Oui,  il  n'est  que  trop  vrai,  les  massacres  de  1320-21  (pastoureaux), 
la  peste  noire  en  1348,  les  massacres  et  les  conversions  forcées  des 
années  1391  à  1415,  sous  l'action  de  Vincent  Ferrer,  de  l'anti-pape 
Benoit  XIII  et  de  la  reine  Caialina,  ont  dû  faire  subir  à  la  popula- 
tion juive  de  Castille  des  pertes  considérables,  mais  l'imagination 
est  aisément  portée  à  lès  exagérer,  on  ne  peut  surtout  pas  assassi- 
ner et  baptiser  tant  de  gens,  il  y  a  des  limites  matérielles  à  la  rage 
des  meurtriers  et  des  convertisseurs,  et  l'accroissement  naturel  de 
la  population  juive  (c'est-à-dire  l'excédent  des  naissances  sur  les 
décès),  accumulé  depuis  près  de  deux  siècles,  a  dû  compenser  en 
grande  partie  les  pertes.  11  ne  faut  donc  pas  nous  parler  d'une  di- 
minution de  la  moitié  ou  des  cinq  sixièmes.  11  y  a  eu,  évidemment, 
beaucoup  de  Juifs  tués  et  baptisés,  mais  il  y  a  eu  surtout,  à  partir 
de  1391,  une  persécution  légale  qui  a  ruiné  les  Juifs  et  les  a  réduits 
à  la  misère.  C'est  là  qu'il  faudra  chercher  principalement  l'expli- 
cation de  la  réduction  des  impôts  des  Juifs,  si  cette  réduction  est 
véritable.  Jusqu'à  présent,  elle  n'est  pas  encore  prouvée. 

M.  Fidel  Fita,  dans  un  travail  sur  les  Juifs  de  Ségovie  dont 
nous  avons  déjà  parlé  plus  haut  3,  nous  fournit  quelques  données 


sens  de  Tordonnance  de  1442,  inenlionnéo  en  note,  n'est  pas  indiqué.  Nous  ne  sa- 
vons si  M.  Feroandez  y  Gonzales  {Instit.^  p.  30G,  note  1)  a  vu  cette  ordonnance  ou 
a  tout  simplement  interprété  les  indications  d'Âmador. 

>  L,  f.,  p.  170  et  171. 

■  Amador,  p.  171,  arrive  à  un  chilFre  de  12,000  familles,  nous  no  savons  comment. 

*  BoUtin^  1886,  p.  344  et  suiv«;  les  chiffres  dont  nous  allons  nous  servir  se  trou 
vent  pages  369  à  371. 


LE  NOMBRE  DES  JITJFS  DE  CASTFLLE  ET  IfESPAGNE  im 

que  !*on  voudrait  utilise^rpoiir  j^Uicitîer  la  question  qui  nous  oc- 
CUive,  mais  qui  soulèventi  à  leur  tour,  des  dillicult'^s  provisoire- 
ment inso]ublf*s.  Dans  Févêclié  {Je  S«*govie  on  avait  pris  riiabitude 
àe  vendre  à  un  fermier  l'impôt  des  30  deniers.  Pendant  les  années 
1^23  à  1404,  ia  ville  de  Sepulveda,  qui  fait  partie  lîe  cet  êvêcini, 
percevait  pour  cette  ferme»  une  somme  allant  de  143  à  301  niara- 
"védis  par  an.  Le  produit  de  Firapôt  devait  être  un  peu  supérieur 
â  cette  somme,  puisqu'il  devait  eynii>rendre,  outre  le  prix  de  la 
ferme,  les  frais  de  perception  et  le  bénéfice  des  fermiers.  Mettons 
que  le  produit  ait  iH(^  de  320  ou  330  marav*^dis  *,  Or,  dans  le  do- 
cunmnt  de  12^0,  Taide  (les  30  deniers)  de  Sejmlveda  se  moule  à 
5,U4(t  maravf^dis.  La  ilifférence  est  énorme  et  on  se  dematide  com- 
ment on  peut  concilier  ces  deux  ciiiOVes.  La  diftc^rence  des  dates 
n'est  pas  assez  t^rande  pour  qu'on  puisse  supposer  un  grand  clian- 
jievki  dans  le  chilfre  de  la  i>opulal!cn  juive  et  dans  la  valeur  un 
'^aravédis.  On  pourrait  supposer  aussi  qtie  Je  prix  payé  par  les 
fermiers  est  utuquement  ii<unn'  à  titre  d'iiomniage  et  ne  repré- 
sente nullement  la  valeur  de  Timpot  ;  certains  détails  îjuiiqués  par 
M.  Fita,  diaprés  les  documents,  justideraient  cette  hypothèse  (il 
y  a  des  villes,  entre  autres  Ségovie,  où  l'impôt  est  quelquefois 
aflermé  kun  jn'ix  qui  semble  dérisoire),  mais  si  elle  était  vraie, 
on  ne  voit  pas  pourquoi  le  chiffre  de  la  ferme  varie  d\ine  année  à 
l*autre.  La  seule  explication  ]iossible  nous  paraît  être  celle  que 
nous  avons  déjà  su^^gérée  plus  haut  :  c*est  que  les  clnfTres  du  do- 
cument de  1290"*Jl  représentent  rimpôt  de  plusieurs  années, 


IV 


GRITIQUK  DES  HYPOTHESES  PRECEDENTKS.  —  LES  RECENSEMENTS 
DES  JUIFS  EN  GÉNÉRAL. 


I 


Voici  les  raisons  qui  nous  ont  fait  rejeter  les  chiffres  élevés 
ju'on   propose   pour   Tévaluation  du   nombre  des   Juifs    de   la 

ijiUlle. 

Tout  d'abord,  rinjay:ination  des  écrivaijis  chrétiens  a  beaucoup 
0^XBg^ré  le  nombre  des  Juifs  aussi  bien  que  leur  fortune,  et  les  his- 
toriens  juifs  de  notre  époque  ont  trop  longtemps  réjiété  docilement 

*  D«g«  1«  perception  de  rîmpôt  'le  P^rpi^naii  que  nous  avons  éindié  (précédent 
soméro  de  l«  RttHf)^  les  fmiâ  et  lienèliceB  se  rnooLcot  tout  au  plus  à  deui  pour  cent. 


170 


REVCE  DES  ETUDES  JUIVES 


OU  naïvement  ces  exagérations*  Les  chroniqueurs  juifs  conteia- 
poraîns  étaient  souvent  mal  renseignés^  ils  évaluaient  au  jugév^t 
Von  sait  que  ces  évaluations  sont  toujours  2,  3,  et  4  fois 
fortes.  Il  ne  faut  donc  pas  croire  sans  preuves  ce  qu'on  rai 
du  chiifre  élevé  de  la  population  juive  dEspagne.  Toutes  les  tm 
qu*on  peut,  au  moins  dans  les  pays  romans  et  en  Espagne  niètne, 
i.%nitnjler  les  chiffres,  on  s*aperçoit  que  gt^néralement  les  commu- 
nautés juives  ne  sont  pas  très  populeuses  et  ne  forment  pas  de 
bien  grandes  agglomérations.  En  voici  quelques  preuves. 

  Paris»  ou  Ton  s'attendrait  pourtant  à  trouver  une  commuMUlé 
juive  importante,  la  population  juive,  en  1296  et  1291,  se  compo* 
sait,  en  tout,  de  82  chels  de  famille^  Celle  de  Carpentras,  entre 
les  années  127'7  et  1600»  varie  entre  12  et  119  chefs  de  famille; 
même  en  1142,  à  l'époque  où  elle  atteint  son  plus  grand  dévelop- 
pement, elle  est  de  168  familles  ou  152  âmes*.   A  Avignon,  eu 
1358,  il  y  a  210  familles  juives  \  et  en  1570»  diaprés  une  note  ma- 
nuscrite recueillie  par  nous  dans  Fornery,  ce  cliiffre  n'avait  guère 
varié,  j)uisqu'il  était  d'environ  800  Ames.  Â  Marseille,  en  août 
1492,  il  n  y  a,  à  ce  qu'il  semhk%  que  15  juifs  adultes  présents  dans 
la  ville*  et  le  nombre  des  absents  ne  peut  pas  avoir  été  bien  sapé- 
rieur  à  ce  chilTre*.  Le  nombre  des  cheîs  de  famille  juifs  de  Tré- 
voux, f*n  1429,  est  de  15  ^  celui  des  chefs  de  famille  juifs  de  six 
villc^s  du  Dauï)hinét  on  1390,  parait  être  en  tout  de  24,  quoiqu'il 
ait  souvent  été,  à  n'eu  pas  douter,  supérieur  à  ce  chiffre*'.  A  Per- 
pignan, en  1413-14,  suivant  Télude  que  nous  avons  publit^e%ily 
avaitj  au  plus,  180  chefs  de  famille  juifs.  Le  plus  fort  chiffre  que 
nous  ayons  trouvé,  pour  le  moyen  âge,  dans  les  limites  de  la 
France  actuelle,  est  celui  de  la  population  juive  d*A.ix  en  1341  : 
elle  comptait 203  feux  formant  un  total  de  1207  personnes*. 

Si  de  la  France  nous  passons  en  Espagne,  nous  constatons  le 
même  phénom(>ne  :  petites  communautés,  en  général.  Une  liste  do 
1383,  à  la  vérité  i»artielle,  mais  contenant  cependant,  à  ce  que 
nous  croyons,  les  noms  d'un  grand  nombre  de  Juifs  de  la  commu- 
nauté, compte  â  Barcelone  65  chefs  de  famille  ®.  Une  autre  liste, 
de  la  même  ville,  datée  de  1391,  énumère  les  Juifs  de  Barcelone 

'  Le  rôh  deg  Juif»  de  Paiù^  Jietue,  1,  63. 

»  Histoire  dts  Juifs  de  Car  pendras.  Bévue  ^  XI  l,  190, 

^  Do  Mauldt?,  Lf*  Juif»  dans  les  Éifiis  français  du  Saini-SUgi^  Piirîs,  188^,  p.  5* 

*  Un  eontoi  d'cxiliM  d'Espagne^  Mt^ue^  IX,  67. 

^  RetHf^  X,  35, 

^'  Prudhomme,  Lei  Juifs  en  Daupkimé^  GrenoMe,  1B83,  p.  10(1, 

■  Rt^ue^  L  XIV,  p.  65, 

'  D\ipfès  une  piècu  inédiie  de«  Arclùves  déparlem.  des  Boucbes-du  RhÔoc. 

»  R'fvue,  IV,  «2, 


LK  NOMBRK  DES  JUIFS  DE  CASTJLLE  KT  IVESPACNK  171 

^  qui,  SOUS  la  pression  des  iléplorables  événements  de  cette  année, 
s'étaient  baptisés  :  ils  sont»  en  tout,  135  chefs  cJe  faraille  ou  adultes, 
I  soit  450  (ou  520)  âmes  *  ;  si  Ton  y  ajoute  les  250  personnes  (chiffre 
I  peut-être  exagéré)  tuées  dès  le  début  rie  Témeute  (d*après  le  récit 
[de  Hasdaï  Crescas  *),  environ  100  personnes  tuées  probablement 
lors  de  Tattaque  du  château  où  les  Juifs  s*étaient  réfugiés  (d'après 
Je  même  récit),  et  environ  50  peri$onnes  qui  parvinrent  à  s'enfuir, 
[ou  obtient  en  tout  855  (ou  915)  Ames,  A  Palma,  en  cette  même  an** 
liiée  1391,  on  dit  que*  300  Juifs  furent  tués  et  que  les  autres  furent 
obligés  de  se  bapti.ser,  que  800  se  réfugièrent  dans  le  château  royal 
(où  ils  furent  préservés)  et  que  les  autres  se  baptisèrent  ^.  Nous 
avons  la  liste  nominative  de  ces  Juifs  baptisés»  elle  se  trouve 
dans  l'étude  de  M.  Quadrado  que  nous  analysons  dans  le  pré- 
[sent  numéro  de  la  Hevue,  et  elle  se  monte,   au  maximum,  à 
111  chefs  de  famille  ou  adultes,  soit  388  ou  444  personnes,  cela 
ferait,  au  maximum  (et  si  le  chiiTre  des  800  réfugiés  n'est  pas  exa- 
géré), 1,540  personnes,  VaJence  aurait  compté,  à  cette  époque, 
1,000  Juifs  \  Il  est  vrai  qu'à  Séville,  en  cette  même  année,  Ilasdaï 

ICrescas  évalue  la  population  juive  à  6,000  ou  ^/OOO  âmes,  mais  il 
était  loin  de  Séville  et  peut-être  mal  renseigné*.  On  dit  quon  y 
tua,  dans  l'émeute  de  1391,  plus  de  4,000  Juifs,  ce  qui  nous  parait 
absolument  impossible^.  Nous  avons  peine  à  croire  aussi  au  mas- 
sacre de  2,000  Juil^,  en  cette  année,  à  Cordoue^  On  dit  qu'à  Va- 
lence il  en  périt  quelques  centaines,  à  Lérida  'ÎS  \  A  Toiède,  de 
11358  à  13G0,  il  y  aurait  eu  12,000  Juifs,  mais  on  avance  ce  chiffre 
sans  preuves^.  Nous  ne  savons  si  les  listes  deManresa,  pour  les 
années  1294-1302,  publiées  dans  cette  Reime  **',  sont  complètes  et 
nous  autorisent  à  dire  que  la  ville  n'a  pas  contenu,  à  cette  époque, 
plus  de  45  familles  juives*  La  ville  de  Malaga,  prise  sur  les 
Maures  en  1406,  aurait,  à  cette  époque,  contenu  1,000  Juifs  *' . 
Tudèle,  qui  autrefois  aurait  eu  600  familles  juives,  n'en  avait 
Iqxie  270  en  1366,  et  200  en  1386**.  En  1360,  après  la  peste  noire, 
fil  est  vrai,  on  ne  trouva,  dans  toute  ia  Navarre,  Tudèle  comprise, 


'   Ib%d.,  p.  !iî!î. 

*  Dans  Sehévet  Jthuéa,  irad.  Wiener,  p.  261  (hébr.  p.  129}. 
^  Ibtd,  et  lUvue,  IV,  38  et  39  -,  AK»dor,  HUtoria,  II,  398. 

*  Bckêeet  Jehuda^  trad.  Wiener,  l.  c, 
i  Ihié,,  p,  260. 

^  Amidor,  i^ùtorU,  11,  358* 
'  ibid.^  p.  362. 

•  md.,  p.  298,  note. 

•  Ibîd,,  p,  236. 
"  T.  V.  p,  287, 

)i  Capsali,  lÀkkutim,  p.  65. 

»•  Amador,  BùtûrU,  II,  285  ;  Lindo,  p.  168. 


m  IlKVUii  DES  ETUDES  3(nVKî% 

que  423  famiibs  juives  (89  à  Estelle,  IH  à  Falces,  1  à  LavvHh 
10  à  Pèralta,  25  à  Sangùesa,  et  10  à  Tafalla  «).  M.  Fidel  Fita  nm 
a  donné  autrefois  la  liste  nominative  des  Juifs  de  Talavera  eo 
1477  "  ;  elle  se  monte  à  U»8  contribuables.  A  Castelloii  de  Plana, 
enfln,  en  1450,  il  y  avait  31  familles  juives^.  Voici  enfin  quelques 
cliitTres  concernant  les  Ôiiïts  de  Sicile  et  empruntt^s  à  IVludede 
Ziinz  sur  les  Juifs  de  cette  île*  :  Mestsine»  vers  1170,  200  âmes, 
180  familles  en  1453;  Castrogiovanni,  vers  1400,  16  feux  ou  80  fa- 
milles ;  Tra|iaiii,  200  âmes  en  1439;  San  Marco,  ^50  iime^  en  1492. 
On  estimait  que  toute  la  population  juive  de  Sicile,  eu  1492,  se 
montait  à  100;000  âmes,  répandues  dans  environ  50  local it<?s*  Ltï!^ 
cbiflTreg  di^laillés  ci-dessus  autorisent  probablement  à  réduire  leur 
nombre  à  20,0U0  ou  3Û,UU0  au  plus. 

Voici  d'autres  rliiflres,  qui  ne  sont  pas  empruntés,  comme  la 
plupart  des  prrH'^denls,  à  des  recejjsenieuts  pn^cis  et  qui  doivent, 
jiour  cette  raison,  être  consid(5r*%  souvent  conînie  suspects  d'ex»- 
ji:érâtion.  Ceux  de  Benjamin  de  Tudêle  f  1100-73)  sont  générale- 
nient  niodt^rés.  On  les  trouvera  ici  '\  nous  avertissons  seulement 
i]u*il  comiïte  par  tt  Juifs  »,  c*est-à-dire,  eu  appareiice,  par  âmes, 
mais  que  ses  cbiffres  paraissent  représenter  des  cliefs  de  famille: 
LuiieK  environ  300  Juifs;  Posqulères,  4tJ  (ou  40(i  d'après  une  aw- 
tro  version]  ;  Bourg  Saint-Gilîes.  100  ;  Arles,  200  ;  Marseille,  30(1; 
Gênes.  2;  Pise,  2;  Lucques,  40;  Home,  200;  Capuue,  300;  Ve- 
nise, eu  1152  (Graetz),  1,300  ùmes  ;  Naples,  500  Juifs :Sal^rne,  600; 
Amalli,  20;  Bénêvent,  200;  Melli,  200:  Ascoli,  40;  Trani,  20U; 
Tarente,  300:  Brindisi»  10;  Otrante,  500;  Messine,  200;  Pa- 
lerme,  1,500  environ.  A  Tolède,  au  xir  siècle,  il  y  aurait  eu  12,000 
Juifs  ^,  mais  c*est  probablement  une  exagération  ". 

>  Amtdor,  ibtd.  ;  cf.  Kayserling,  Die  Judin  in  Nûwwtû,  p.  45  et  stiiv*  M*  K«rs, 
encore,  Leran,  4  i^am.;  Moureal,  14  fam.;  Vtana*  45  fiiiD.;  Pimpciune,  probablemed 
22t>  fam* 

*  Datis  ses  Dnîo^  epi^roficn  f  kittomos  de  2*alavtra  de  U  Mnnû,  Màilhd,  1Bi^< 

p.    7i. 

3  D'aprtfs  l'élude  analysi^c  pat  nous  dans  le  précédent  numéro, 

*  Dans  son  Zitv  Qe^ehichte  utid  Litcratur,  pa^es  505,  507,  iîOS, 

*  Comparei  Ornetz,  t.  VI,  2"  éd.,  p.  222  à  227  et  262. 
«  Ibid,,    p.  207.  A  Blois,   en  1171,  it  y  ataiI  4Q  Juils  {Smek  h^èê^hkê,    tnà 

Wiener,  p.  29),  Nous  ejoulons  quelques  chiffres  tirés  de  Graelz.  !«  édilion  .  Palertoi 
\ersU90,  HîîO  familles  (t.  VUJ,  p.  260);  VcDise  el  Home,  un  xvi»  çiéclc,  chaciiJ 
do  1  ,Û<i()  k  2,U(iJ)  Juifs  ;  Menioue,  1 ,844  Juifs  (IX,  500)  :  Home,  200  pères  d«  f^mini 
fin  XVI"  fi.^cle  (ÏX,  ,"03),  Amst^^rrlam,  v^rslGiO.  40n  familles  porlupaisea  (IX,  503) 
IJatnbonrp,  ir,V2.  innirr-n  l'U)  udulles  poriu-rois,  û  c©  qu'il  semble  ^X,  18J  ;  XJantoyt 
XVI"  siM«!,  no<>  û  1,000  Juifs  (\.  -iK)  ;  Vcnisi».  xvji»  sièf'ie,  fi.OOO  Juifs  (X,  145) 
Auislerdom,  eu  1l>71,  4,000  fairillcs  porlUL'aist'S  (X,  2^7;  î  l'squc,  ÇomoL,  3»  purtîi 
ii«  21,  dit  qn'ti   rirenaHr,  m  1288,  Il  y  aurait  eu  1,500  maisons  juives;  Sekthei  J^ 

'  Voici  quelques  chllfrea  coDcernaot  les  connu  un  au  tés  juÎTes  de  r  Allemagne.  El 


IJC  NOMBUK  ÏÏFS  JUIFï>  BK  CAïiTILî.E  KT  P^ESPAGNE 


17:) 


RECHERCHE  SUR   LE   NOMBRE   DES  JUIFS   EXPULSÉS  d'eSPAONE. 


Le  problème  dont  nous  nous  occupons  est  «^troitf^ment  lié  ati 
[iroblèrne  suivant  :  Quel  est  le  nombre  des  Juifs  expulsés  d'Es- 
^af^ne  en  1492  ? 
Les  récits  qu'on  a  de  cette  expulsion  sont  d'une   insuffisance 
{criante.  Il  est  incroyable  que,  sur  cet  év^^nement  qui  fut  d'une  si 
rande  importance  pour  It's  Juifs  et  pour  l'Espap^ne»  nous  ne  pos- 
Hons  que  les  renseignements  les  plusi  vagues  et  les  jtlus  confus. 
Les  chroniqueurs  juifs,  trop  peu  renseignés  pour  le  retracer  dans 
son  ensemble,  se  bornent  à  en  raconter  quelques  épisodes  émou- 
vants ;  les  historiens  et  chroniqueurs  espagnols  font  à  peu  près 
de  iD^me.  Le  récit  le  idus  circonstancié  qui  parait  en  avoir  été 
,  fait  est  celui  de  Bernaldez,  curé  de  los  Paiacios,  dans  sa  Croniea 
ide  ios  Rei/es  Catoiicos  *,  mais  cet  ouvrage  est  encore  inédit  et  les 
[extraits  qu'en  donnent  les  auteurs,  d'après  le  manuscrit,  sont,  eu 
ce  qui  concerne  le  nombre  des  Juifs  émigrés,  peu  ii*accord  entre 
1  eux  et  même  contradictoires. 

La  plus  grande  divergence  règne,  entre  les  écrivains  etchroni- 
^queurs,  daris  Févaluation  du  nombre  de  Juifs  exilés  par  Tédit  de 

^BjMS  iprcmit^re  croisade?],  \\  y  aurait  eu  800  Juifs  tués  à  Worms  et  plus  de  1  ,;iOa  à 

^BSi^euc«  (GrseU,  ihid,^  p.  95,  961^  mais,  d'uprês  une  étudie  4] ne  prépare  M.  MoriU 

Slem  (ÂJiokklen  t,  Gcsch.  fier  JufioiO,  on   n'a  pu  rtlever  à  "Worms,  en  UJ9(*,  <jue 

les  3I0C0*  ou  rmdicatioQ  de  43  î  persoimes  au  p|ys«  Eu  IS^iS,  le  uombro  des  Juif:»  de 

SmsliotirK  aurait  été  d'environ  2,(KJ0  ;  il  y  eu  aurait  eu  3,0M0  a  Erfurt,  ti,OOÛ  do  Lues 

à  lli]ri<tice,  400  Juifs  en   tout  à  Worms    (Gractz,    loiue   VLI,    2"  edit,^    pa^es   37]. 

^372,  375).  A  Cûlofrnc,  le  nombre  tic  maisons  possédées  fet  probabkmeut  habitées) 

tout  par  les  JuilX  avant  1349,  était  de  iiS  (Weyden,  Uesck,  d,  Judtn  in  Kûîn^ 

fÇrie.   Î8&7,  p.   330).    Avant  l'etpuisiou    de  I'241,  Francfort-sur-Mein  coniptiiit 

îuiTs  [lamilles juives?),  chillro  qui  ne  fut  plus  atteint,   dans  catto   ville,  peudynl 

!  la  moycû  Ige  [Ztifkr.far  die  Qtuk.  d,  Juden  in  DeuUeKlaué^  I,  291,  d'après 

BOelier»  DU  BtPôlkcruntf  90»  Frkf,  a,  ,1/...»  Tubinguo,  1886).  Ajoulang  qu'à  York, 

en  1190,  on   dit  cju'on  lua  oOO  Juds  (Graetz,  V,  2*édii.,  p.  247)»  et  qu'à  Londres,  eu 

1241,  U  y  aurait  eu  'i.OfyO  lamilles  juives  [Em^k  habhakha,  trad,  Wiener,  p.  41).  — 

Bû  1338,  Nureaberg  avait  212  aJultes  jtiirs,  hommes  et  Cummes  (Ziemlicb,  Mofhtor 

NÉrmhwrg.  Berlin,  1886,  p.  8,  d'après  Walier). 

*  O'tfirès  la  Dibliographie  easuUBUc  de  yidatgo,  son  Bul&rta  de  lot  Rey9$  Câto- 

}  «ursil  été  imprimée  a   Grenade  en   1850,  mal»  nous  n'avons  pas   pu  en    voir 

i%xeiDfilatre«  el  agus  uous  demuDduns  si  «et  ouvrage  n'est  pas  identique  à  la  Cra* 

hiftoneas  rjut  s'occupent  des  Juifs  ne  parlent  que  de  sa  Crowica  manus- 


174 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Ferdinand  et  Isabelle  (1492)  »  :  170,000  familles  ou  800,000  km 
(Mariana),  600,000  âmes  (Yahya)»  5(»0,U00  (Luzzatta),  plus  k 
420,000  (Aboab;,  400,000  (Zurita),  300,000  (AbravaneP).  180,000 
à  170,000,  ou  105,000  ou  90,000  (Amador,  Estiidios  ;  La  Fuenle, 
Prescott  ;  Bernaldez,  invoqut^  en  témoignage  par  tous  ces  histo- 
riens) ;  35,000  familles  (Bernaldez,  dans  Pr**scôlt,  II,  148  ;  y.  Ersdi 
et  Gr.»  p.  225)  ^  15,000  à  16,000  familles  (Benialdez»  d'après  deux 
Juifs  baptisés,  dans  Prescott,  II,  234).  La  m^me  incertitnde  règne 
Hur  le  nombre  des  Juifs  expulsés  qui  auraient  pénétré  en  Portugal. 
JosefHaccohen  les  estime  à  60O  familles  ;  Samuel  Csque,  à  1,60') 
maisons  ;  Goes,  à  2,000  maisons  ou  200,000  âmes  ;  Abraham 
Zaccuto,  i  plus  de  120,000  âmes*.  Sur  les  données  de  Bernaldez> 
les  écrivains  qui  le  citent  ne  sont  pas  d*accord  *  :  les  uns  donneiil 
un  total  de  93,000  ùmes;  les  autres  de  105,000  âmes;  d autres 
parlent  de  93,000  ou  10o,000  familles  ;  d'autres  enfin  (Amador) 
considèrent  ces  chiffres  c^mme  représentant  le  total  des  Juife 
expulsés  de  Castille  et  d'Aragon,  quoique  les  indications  de  Ber- 
naldez  paraissent  bien  indiquer  (d'après  les  citations  qu^oneâ  i) 
qu'il  compte  ici  uniquement  les  Juifs  qui  sont  venus  en  Portugil 
des  provinces  espagnoles  limitrophes  *. 

Que  peut-on  tirer  de  pareilles  indications?  Rien  du  tout  Noos 
croyons,  dans  tous  les  cas»  qu  il  faut  accorder  la  préférence  aux 


»  VoirGraeti,  Getth,^  VIII,  !•  édiU,  p.  340;  Encyclopédie  Erscli  t\  Qmhef.if: 
p.  226  ;  Aroador,  Situdm,  p.  208;  Bittûrta,  ill,  316;  Prescott,  Histpr^,  eU,,  Il,î£1) 
&  234;  Lindo.  /.  c,  p.  2S5  et  suiv. 

*  M.  GrieU  a  ncoiîplé  do  préférence  le  chiffre  do  30(),OCiO,  pour  les  raison»  9ûr 
vanles  :  1-  Abravauel,  à  lilre  do  financier  et  d'homme  pratique,  dcvnii  êlft  tiien  tD- 
formé;  2*  le  document  de  1474  (dont  nous  avons  parlé  plu*  bttui]  indique  It  préK&ee 
de  1?{U,0<KI  Juits  en  Ca^iitle  t  rArafron  et  la  Navarre  ensemble  devaient  en  ivoitt 
peu  pr^s  aulant,  ce  qiji  lail  300.000,  comme  le  dit  Abruv^anel,  A  quoi  tl  faut  ré- 
ponrire  :  4*  quoique  financier.  Abravauel  paraU  n'être  pas  bien  nu  coujjdI.  ce  qo^l 
raconte  de  rexpu!,siiOD  est  bien  superûciel  ;  *>  on  o  vu  plus  haut  que  l*inierprattliiM 
donnée  du  document  de  1474  est  très  iTicerlaiui;  ;  3**  la  supef6eie  de  l'Arap.^u  eliic  U 
Navarre  étant  environ  le  liers  de  celle  do  la  Caslilïe,  il  n'y  a  pae  de  raison  |>diir^ue 
ces  deux  pays  aient  eu  autant  de  Juifs  que  la  Castille  ;  le^  communautés  Juifti 
semblent  y  avoir  été,  au  contraire,  plus  petites  et  moins  nombreui^es  reUtiveioB^ 
qu'en  C^e tille.  Prescott  (11,  234)  rapporte  qu'on  supposait  (à  tort  ou  à  mtsoDJ  qt>«^ 
CasLille  contenait  les  5/G  des  Juifs  d*EËpague. 

*  Amador,  Hûtorta^  III,  316  (note),  dit  que  d^aprës  BeTnaldes  ii  y  tunîl  ett  IB 
Castille  30,000  familles  juives  et  6,000  en  Aragon^  ou  ensemble  160,000  iBiat  l^i3 
par  famiUe]. 

^  Voir  la  traduction  allemajide  de  VEmtk  haàbakha^  de  Josef  HaccoLen,  par  V!'»' 
ner,  p.  68,  et  les  notes  237  et  240  ;  Graeti,  VI U,  p.  357  ;  Tokasim,  ediL  Fihjnïwski, 
p.  227;  Capsali,  Mkutim  tihomm^  p.  74;  à  la  p.  76,  Capsali  fait  partir  60,000  iui» 
espagnol»  du  Purtugal. 

5  Amador,  Siîudtnx,  p.  208  ;  Lindo,  p.  287  ;  GraeU,  VH!,  357-358. 

*  Dans  les  30,(JOO  du  pays  de  Sararjonte,  dont  parle  Amador  (^  r,),  il  y  a  pToU* 
blement  une  faute;  nous  supposons  qiril  faut  lire  Zamora  iti  lieu  deSaragosse. 


LE  NOMBRE  DES  JUIFS  DK  CASTfLLE  ET  D^ESPAGNE 


i':\ 


cliiflVes  les  moins  élevés,  et  qui  varient,  pour  le  nombre  des 
^€xJiés  de  Castille  et  trAragon,  entre  15,000  à  16,000  et  30,000  fa- 
^BEDines,  ce  qui  ferait,  à  quatre  personnes  par  famillei  60,000  à 
^Bl20.000  âmes.  Le  chiffre  de  120,000  âmes  est  encore  hien  élevé. 
^"  A-l'Oïi  siutisauimMiit  r^^lléchi,   on  adoptant  ces  gros  chiffres,  à 
rimpossïbilité  matérielle  du  d*''placemeiit  et  de  rémigralion  de 
200,000  ou  môme  de  100.000  personnes,  partant  en  ra^me  temps, 
à  une  époque  où  les  routes  étaient  souvent  mauvaises,  et  les 
moyens  de  transport  par  terre  et  par  mer  assez  médiocres?  Que 
Ton  pense  au  trouble  et  aux  désordres  d'un  pareil  exode,  aux 
difficultés  de  locomotion,  d'alimentation,  d  embarquement,  L'édit 
«l'expulsion  avait  été  signé  le  31  mars  1492,  renouvelé  ou  plutiH 
publié  à  son  de  trompe  un  avril»,  et  le  délai  accordé  allait  jus- 
^qu'au  31  juillet  ou  h'*  août.   Les  Juifs  ne  partirent  guère  avant 
Texpiration  du  délai,  ils  espéraient  fléchir  le  roi,  ils  avaient  à  ré- 
gler leurs  alfaires  avec  le  trésor  public  et  les  conseils  munici- 
paux, à  payer  leurs  créanciers  et  se  faire  payer  de  leurs  débiteurs, 
vendre  leurs  immeubles  et  leurs  meubles  encombrants.  Le  délai 
|uatre  mois  n'était  pas  de  trop  pour  liquider  toutes  ces  ques- 
ils  d'intérêt  et  on  peut  supposer  que  le  départ  ne  se  fit  qu'au 
Idernier  moment,  avec  tous  les  embarras  et  tout  le  désordre  d'un 
royage  précipité.  Il  est  môme  probable  et  presque  certain  que  les 
opérations  d'embarquement  durèrent  plusieurs  jours  *.  Les  écri- 
vains juifs  onL  par  un  sentiment  naturel,  fait  coïncider  le  départ 
[général  avec  le  jour  du  9  ab  ("2  août),  anniversaire  de  la  prise  d«? 
I Jérusalem,  mais  il  est  certain  pour  nous  que  le  départ  n'a  pas  été 
simultané  et  que  des  retards  se  sont  produits  fatalement.il  n'est 
Idonc  pas  nécessaire  de  supposer  qu'un  délai  d'un  ou  de  lîeux  jours 
Je  plus  ait  été  accordé  aux  Juifs  sur  leur  prière*.  Même  dans 
l'hypothèse  de  départs  successifs,  quoique  assez  rapprochés  les 
ans  des  autres,  un  pareil  exode,  efïectué  dans  de  trop  p:randes 
proportions,  nous  parait  impossible.  Les  exilés  seraient  morts  de 
Ifaim  en  route*  et  n'auruient  pas  trouvé,  dans  les  ports,  devais- 
'seaux  suffisants  pour  les  transporter- 


*  Voir  Graoïz.  VIII,  2*  éèH.,  p,  332. 

*  Le  convoi  de  118  Juils  ttrui^^onais  qui  fut  amené  à  Marseille  (Mevue,  X,  GG)  y 
arriva  probablcraetil  vers  le  19  ou  20  noOt^  le  cafiitaioe  qui  avait  cftpturé  ces  Juifs  se 

nit  t!Q  rclalîoDS  avec  la  communauté  Juivo  cio  Marseille  le  21  août  ;  le  24  août,  ua 
IponYoi  dVxilés  arrive  a  Naplos  (Witucr,  /,  e.,  partie  hébr,,  p.  17),  ces  conçois  p«  li- 
ai BVOÎT  erré  quelquo  temps  sur  mer,  mais  ils  peuvent  au&si  GLre  partis  d  BBpu|(tie 
If  là  durée  du  voyage  pour  aller  d'Ëëpagne  à  Marseille  ou  À  Naptes  o*«st 
Dgue. 

»  Graetz,  VIII,  2*  édil.,  p,  339. 
^  Cela  est,  eu  ell'ct,  arrive  eu  partie.  Voir  ToAimn  el  lUUts* 


17(»  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

On  nous  dit,  il  est  vrai,  que  le  roi  avait  fait  préparer  des  vais- 
seaux et  que  Tappât  du  gain  avait  attiré  dans  les  ports  beau- 
coup de  navires  venus  de  tous  pays,  Biscaye,  Catalogne,  Castille, 
Gênes  et  Venise,  aussi  nombreux  que  le  sable  de  la  mer*,  mais, 
en  y  regardant  de  plus  près,  on  voit  qu'il  faut  en  rabattre.  Le  roi 
Ferdinand  avait  réuni,  sous  les  ordres  de  Pedro  Cabron,  à  Port- 
Maria  et  à  Gibraltar,  une  petite  flotte  de  vingt-cinq  bateaux  à 
voiles  pour  conduire  les  exilés  à  Oran  ;  les  dix-sept  bateaux- qui 
prennent  les  exilés  à  Carthagène  puis  à  Maiaga  font  partie  de  cette 
flotte,  ils  sont  commandés  par  le  môme  capitaine  Cabron'.  Ces 
dix-sept  bateaux  sont  probablement  les  mêmes  que  les  seize  ba- 
teaux qui,  suivant  Josef  Haccohen  ^,  partent  le  vendredi  10  ab 
(3  aojjit)  de  Carthagène  avec  les  exilés  juifs  à  bord.  Nous  ne  savons 
si  les  neuf  bateaux  qui  amènent  des  exilés  à  Naples*  font  aussi 
partie  de  cette  flotte.  Il  est  vrai  qu'on  nous  dit  qu'il  y  a  eu  des 
départs  sur  d'autres  points,  à  Valence,  Barcelone  et  autres  ports 
de  l'Aragon  et  de  la  Catalogne  ".  On  nomme  encore  les  ports  sui- 
vants :  Cadix,  Tortose,  Saragosse,  Santander  et  Laredo».  La 
contenance  des  vaisseaux  de  transport  ou  le  nombre  de  Juifs  dont 
ils  se  chargeaient  ne  devait  pas  être  considérable.  Le  convoi  de 
Juifs  aragonais  amené  à  Marseille  n'était  que  de  118  personnes  \ 
un  bateau  partant  plus  tard  de  Lisbonne  contient  250  Juifs  •,  Cap- 
sali  parle  de  60,000  Juifs  transportés  sur  120  vaisseaux  partant 
du  Portugal  "  et  Capsali  est  fort  porté  à  exagérer.  Bref,  si  Ton  tient 
uniquement  compte  des  indications  précises  et  non  de  celles  qui 
sont  plutôt  de  pure  rhétorique,  l'impression  qu'on  reçoit  est  que 
le  nombre  des  transports  et  des  transportés  ne  fut  pas  très  élevé. 

Cette  impression  est  confirmée  par  les  renseignements  qu'on  a 
sur  la  destination  des  convois  d'expulsés.  Au  Maroc,  ils  allèrent  à 
Fez,  où  on  leur  construisit  d'abord  des  baraques' hors  de  la  ville, 
ce  qui  n'indique  pas  que  leur  nombre  fût  bien  grand  *".  Plus  tard, 
on  les  reçut  dans  le  quartier  juif,  qui  était  grand,  mais  non  ilii- 

*  Wiener,  /,  c,  partie  hébr.,  p.  16. 

*  Lindo,  p.  288,  à  rectifier  par  Amador,  Historia,  III,  p.  345.  Le  récit  d*Ainado: 
est  fait  d'après  Beraaldez  ;  il  dit  que  la  ilotte  de  Cabrun  ne  com]yiait  que  vingt  ha< 
teaux,  dont  trois  périrent  dans  une  tempCte,  reste  dix-scpl. 

>  Wiener,  /.  c,  p.  06. 

*  Lindo,  p.  291. 
5  Lindo,  p.  288. 

«  Amador,  Historia^  III,  p.  315. 

7  Jtevue,  IX,  66. 

8  Graetz,  VIII,  2»  édiU,  p.  364. 
y  lAkkMtim^  p.  76. 

>«  Sur  ces  Juifs  arrivant  a  Fez,  voir  Capsali,  /.  c„  p.  75  à  78;  Verga,  Sehevei  Je- 
huda,  u»  53. 


LE  NOMBRE  DES  JUIFS  DE  CASTiLLE  ET  D^ESPAGKE 


177 


mit^.  A  Arzilla,  on  en  baptisa  on  certain  nombre  (la  ville  appar- 
tenait au  Portugal),  les  autres  finirent  par  se  rendre  à  Fez  ; 
un  certain  nombre  de  Juifs  vinrent  aussi  â  Saleh,  et  c'est  tout 
pour  ce  pays  *.  Les  seules  villes  de  l'Algérie  actuelle  où  abordè- 
rent les  expulsés  sont  Oran,  Alger  et  Bougie*,  Ou  nous  dit  bien 
qu'ils  vinrent  à  Oran  sur  des  milliers  de  vaisseaux  (Capsali),  mais 
ici  encore  on  les  logea  dans  des  baraques,  ce  qui  n'indique  pas 
que  leur  nombre  fût  immense,  et  on  peut  supposer  qu'il  ne  fut  pas 
plus  ^rand  à  Alger  et  à  Bougie.  La  Tnpolitaine,  TEgyple  ne  sont 
pas  mentionut^es  comme  refuge  des  expulsés,  un  seul  auteur  men- 
tionne TAsie^.  Un  grand  nombre  de  Juifs  vinrent  probablement 
déjà  dès  ce  moment  dans  la  Turquie  d'Europe,  quoique  nos  chro- 
niqueurs n*en  parlent  pas  avec  le  développement  que  mériterait 
leur  établissement  dans  ce  pays*;  d'autres  vinrent  en  Grèce,  à 
Corfou,  à  Candie.  En  Italie,  ils  ne  purent  s*établir  que  dans  le 
royaume  de  Naples  (d'où  ils  furent  chassés  en  1508),  dans  TÉtat 
pontifical  et  à  Pise.  Ce  n'est  pas  la  peine  de  parler  de  ceux  qui 
vinrent  en  Provence  et  jusqu*à  Avignon  *,  ils  étaient  sûrement  en 
petit  nombre.  Nous  ne  savons  si  le  nombre  de  ceux  qui  se  réfu- 
gièrent, par  voie  de  terre,  en  Portugal  et  dans  la  Navarre  fut 
^^ -véritablement  considérable.  Nous  avons  peine  à  croire  que  la  Na- 
^rvarre  ail  pu,  comme  on  1  assure,  recev<iir  1*2;Û00  émigrés  juifs. 
f  Pour  le  Portugal,  les  renseignements  sont  conlradictoires  :  plus 
^H  de  GOO  familles  et  même  beaucoup  plus,  selon  les  uns;  la  plupart 
^■des  exilés  de  Castille,  selon  les  autres^.  Comme  ces  réfugiés  fu- 
^■rent  la  plupart  obligés  de  quitter  le  Portugal  au  bout  de  six  à 
^■buit  mois  et  qu'on  ne  voit  pas  que  de  grands  efforts  aient  été 
^P  faits  pour  les  transporter  ailleurs  ni  que  leur  exode  ait  produit 
une  grande  sensation,  on  peut  conjecturer  qu'ils  étaient  au  plus 
de  quelques  milliers  de  personnes. 

*  Sur  ÂrzilU,   voir  Lindo,  p.   288;  CapsaU,  /.  e.  ;   sur  Satéb.  v.  Llodo,  290; 
fVtrgB,  û-55.  Alc4zar  csl  nommé  dans  Àbo«b,  Nomolo^ia,  2«  partie,  chap.  xxvii,  «t 

daùi  ce  manuacnt  de  Abraham  h,    Salomoa   de  Turrutiet   (voir  Bulettn  de  la  re&l 
Aead.  dû  Bist.^  1S87,  p.  245)  récemmcat  découvert. 

>  Liodo,  p.  288;  Zaccuto,  édiu  Filip.,  p.  tll\  Capuli^  daoa  Wiener,  trud.  sllem, 
de  Joâtil' Haccobeo,  parue  bébr.,  p.  15. 

*  Jôsef  HaccobcD,  Wiener,  l.  e.,  p»  66. 

*  Zacxuio,  l,  e.,  p.  227;  Verga,  a*  Ô7  ;  Capsali,  dans  Wieiicr,  p.  20, 
«  Wiener,  67-68  ;  74  ;  JUpué,  L  c, 

*  Wi«D«r,  68,  69  ;  Verga,  n»  58  ;  Zaccuio,  édiU  Filip.,  p.  227. 


T.  XIV,  H"*  28. 


U 


m 


heyds  0K8  Ètmet" 


Tl 


UNE   SOLUTION   ArPROXlMATIYS* 


Il  existe  un  moyen,  è  ce  qnll  nous  semble,  de  se  rendre  eompte» 
approximativement,  du  chiffre  de  la  population  juive  de  U  Cti* 
tille  ou  plutôt  de  TEspagne  entière,  y  compris  le  Portugal,  en  1491. 
Nous  allons  e^âsayer  de  le  montrer. 

On  sait  que  les  Juifs  furent  également  chassés  de  la  NaTirreeii 
1498;  du  Portugal,  en  1496  ;  on  connaît  le«  p^ys  et  les  localités  ot 
vivent  aujourdlvui  les  descendants  de  tous  ces  Juifs  expolfésjls 
ont  même  conservé,  la  plupart,  la  langue  de  leurs  ancêtres  et  il 
n*est  pas  absolument  impossible  de  les  recenser.  Il  faudra  seule- 
ment se  rappeler  que  ces  populations  juives  actuelles  contienneût 
également  les  descendants  des  Juifs  expulsés  de  la  Sardijpe,  de 
la  Sicile  et  des  lies  Majorque  et  Minorque  *. 

Voici  comment  nous  calculons. 

La  population  juive  de  la  Castille  et  de  TAragon  expulsée  « 
14^  peut  se  diviser  comme  suit  : 

A.  Juifs  qui  se  baptisèrent  pour  rester  en  Espagne  ou  qui  se  bap- 
tisèrent après  avoir  passé  dans  le  Portugal*  Le  nombre  de  ces  Juifs 
fut  assez  considérable.  Capsali  nous  apprend  que  des  milliers  de 
Juifs,  même  parmi  ceux  qui  s'étalent  disposés  à  partir  ou  atalenl 
déjà  commencé  le  voyage,  furent  effrayés  par  les  difflcultésellei 
souffrances  de  la  route,  et  11  y  avait  réellement  de  quoi  reculer. 
D'autres  se  baptisèrent  à  leur  arrivée  en  Portugal,  pour  ne  pas» 
voir  enlever  leurs  enfants,  ou  plus  tard.  En  1498,  la  plupart  M 
Juits  de  Navarre,  pour  rester  dans  le  pays,  se  tirent  chnrtiens'* 
Un  très  grand  nombre  de  Juifs  espagnols  et  portugais  furent,  pltts 
tard  et  à  diverses  reprises,  baptisés  dans  le  Portugal  *. 

B.  Ceux  qui  moururent  des  soulfrances  du  voyage,  du  maûqnfi 
de  nourriture  et  d'asile,  de  maladie,  ou  par  naufrage.  Leur  nombw 
doit  égaiement  être  considérable.  C'était  une  année  de  famlue;U 
peste,  en  outre,  s'était  répandue  parmi  les  pauvres  Juifs  aocaklés 

«  Zaccuto,  édil,  Filip.,  p.  2Î7  ;  Vergi,  n*  5L 

*  Cip&ali,  Likkut.,  p.  72  à  74  ;  Kayserting.  Dit  Juden  tu  Na^tara^  p.  tOS* 
>  Capulî,  Ukk.,  p.  84,  87  ;  GraeU,  VUl/2*  ëéît.,  p.  372  à  374    Voir  lufl^ 
ternes   à  Mulaga,   Amador,   Eut.,  lU,  345;   GraeLz,    VIII,  364;   •  GêOM, 
D*  56  ;  à  ÂiiiUi,  Capsali,  p.  82  i  beaucoup  se  firent  maiulmiuis  à  Fez,  CtpGtlî«i 
p.  1% 


LE  NOMBRE  DES  IIIF8  M  CA8TILLR  ET  D'ESPAGNE 


m 


de  maux  et  de  soufiTrances  ,  ils  Tapparti^rent  ou  en  furent  attaqués 
à  Gènes,  à  Naples,  au  Maroc,  en  Alg^^riV),  et  c'est  en  partie  par 
^  peur  de  la  contagion  qu*on  les  logea  souvent  hors  des  villes  où  ils 
furent  accueillis*.  Trois  de«  vaisseaux  commandé*  par  Cahron 
disparurent  *»  et  lU  ne  furent  probablement  pas  les  seuls.  Nous 
pourrions  ajouter  encore  beaucoup  de  traits  au  tableau. 

C.  Les  survivants.  Nous  croyons  qu  il  n'est  pas  impossible  d*en 
dét»^rminer  le  nombre  avec  une  approximation  satisfaisante,  mais, 
pour  y  arriver,  il  faudra  prendre  un  assez  long  détour. 

»    Voici  comment  nous  allons  opérer. 
f   Nous  commencerons  par  cliercher  quel  peut  être  le  nombre 
total  des  Juifs  d'origine  hispano-portugaise  (y  compris  la  Sicile, 
la  Sardai*<ne,  le  royaume  de  Nafiles,  Majorque  et  Minorquè)  qui  se 
répandirent  en  Europe,  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amérique,  en 
1492  et  dans  les  années  suivantes.  Nous  comprendrons  dans  ce 
^nombre,  à  côté  des  expulsés,  les  Juifs  qui,  après  avoir  été  bap- 
Htisés  de  force  et  avoir  demeuré,  pemianl  un  temps  plus  ou  moins 
^Blong,  dans  les  pays  de  domination  hispano-portutraise,  s*en  écliap- 
^■pèrent  peu  à  peu  pour  aller  rejoindre  leurs  coreligionnaires  dans 
de»  pays  plus  tolérants  et  retourner  au  judaïsme.  Quand  nous 
aurons  trouvé  le  chiffre  que  nous  cherchons,  il  sera  facile  de  dé- 

E terminer  approximativement  le  nombre  des  Juifs  de  CastiUe  et 
h'Aragon. 
On  sait  que  la  plupart  des  Juifs  actuels  de  Ifl  Turquie  d'Europe 
et  une  partie  importante  de  ceux  de  la  Turquie  d'Asie  (sur  la  côte 
!èt  dans  le  voisinage)  sont  les  descendants  des  Juifs  hispano-portu- 
gais. Dans  la  Turquie  d'Europe  et  dans  diverses  communautés  de 
la  Turquie  d'Asie,  k  nombre  de  ces  immigrants  a  été  si  considé- 
rable, qu'ils  ont  absorbé  les  anciennes  communautés  juives  dtyâ 
établies  dans  le  pays  et  les  ont  transformées  en  communautés  ju- 
déo-espagnoles, L*espagnol  du  xv*  siècle  est  encore  aujourd'hui  la 
langue  des  Juifs  de  ces  communautt^s.  ' 
En  Afrique  (Egypte,  Tripolitaine»  Tunisie,  Algérie,  Maroc),  les 
^immigrants  juifs  n'ont  pas  conservé  la  langue  espagnole,  c'est  une 
^Hreuve,  à  ce  qu'il  semble,  que  leur  nombre  a  été  relativement 
^Kaouis  considérable.  Au  Maroc,  l'espagnol  est  encore  en  usage 
P^ans  certaines  communautés  voisines  de  l'Espagne, 

En  France  (Bayonne,  Bordeaux,  Paris),  en  Italie,  en  Belgique  et 


■    *  Peiti  ft  faroiti^,  Zacctiln,   f,   ^  p.  227;  CeptâU,   dan*  Wiener,  p.   16,    19  i 
Orself ,  VUI,  353  ;  irriTtitit  ëlTucDée  et  mouUQU  à  Artillo,  à  Fez,  à  Napics,    CBpftilî, 
p,  76,  78.  79;  CUip«aU  dius  Wifioer,  p*  \û. 
>  Aiaudor,  Uitior.,  Ul»  345, 


REVITE  DES  ÊTPDES  JUIVES 

en  Hollande,  à  Hambourg»  dans  le  Danemark,  en  Suède,  en  Ncff- 
vège,  en  Angleterre  (Londres)  et  en  Amérique,  il  existe  encore  dei 
traces  visibles  de  Fi  m  migration  de»  Juifs  hispano-port;. 

France,  à  Londrec>,  à  Hambourg,  à  Amsterdam  et  en  \i v„ 

Âmt^rique»  ils  forment  des  commonaat^sà  part,  qu'on  appeliecom- 
munantés  portugaises.  Encore  au  dernier  siècle»  et  avant  r**maD- 
cipation  des  Juifs  français,  la  langue  adminbtrative  de  ces  Juifs, 
en  France,  *^tait  le  portugais*  On  a  des  circulaires  de  Jacob  Ro- 
drigues  Pereîre,  de  Paris,  écrites  (xvni*  siècle)  t^ans  cette  langae 
aux  communautés  sœurs  du  dnliors.  Une  grande  partie  de  là  litLé- 
rature  primitive  des  Juifs  de  Hollande  est  en  portugais. 

Nous  prendrons  pour  principe,  dans  tout  le  calcul  qui  va  suivr?, 
que  le  nombre  des  Juifs  qui  ont  immigré  dans  ces  |»ays,  eaM9i 
et  iiâus  la  suite^  s*est  au  moins  doublé  aujourd*liui  par  accroisse- 
ment naturel,  cest-à-dire  par  suite  de  l'excès  des  naissance*  sur 
les  décès.  On  trouvera  que  cette  proportion  est  des  plus  mo* 
dérées  K 

Nous  faisons  remarquer  aussi  une  fois  pour  toutes  que  nom 
prendrons  toujours,  dans  la  suite,  pour  ré\aluation  des  iminH 
grants  liispano-portugais,  des  chiffres  très  élevés  et  m^me  forte- 
ment exa^Hh'és,  alin  de  donner  plus  de  force  à  notre  hypothèse. 

De  plus,  on  voudra  bien  se  souvenir,  en  lisant  les  considéra* 
lions  qui  vont  suivre,  que  dans  l'évaluation  du  nombre  de  Jmf« 
hispano-portugais  établis  dans  les  pays  méiii terra néens  nous  c^œ- 
pi;enons  à  la  lois  Ips  Juifs  chassés  ou  partis  d'Espagne  en  U91  et 
les  exilés  de  14^2,  ii'aj^ant  aucun  moyen  de  les  calculer  à  part 
11  en  résulte  que,  pour  les  Juils  de  Castille  en  149'2,  le  etiiffre 
auquel  nous  nous  arrêtons  finalement  est  plutùt  exagéré  que 
trop  faible. 

Nous  abordons  maintenant  le  calcul  du  nombre  des  immi- 
grants : 

L  Turquie  d^Europe  avec  la  Bulgarie»  la  Rouraélie,  la  Rouma- 
nie, la  Serbie,  la  Grèce  et  les  îles.  Nous  avons  dojà  dit  qu'en  Tor- 
quîe  d'Europe,  les  anciennes  communautés  juives  sont  devenues 
espagnoles  après  rimmigration,  et,  quoique  cette  trajisforniatiaQ 

*  M.  Maurice  Block,  dins  ton  Ttaiti  tkéùtriqut  tt  pratiqué  de  HnUttvfw,  2*  «éiU 
Ptrifl,  1886,  p.  429,  i  donné  un  luble^u  de  Tac  croisse  m  eut  mojeo  aonuel  ^mésn^ 
de  Ib  populouon  de§  pays  européens.  Sur  40  coefticieuU  qu'il  donne,  pour  ics  di\ef* 
pays  et  pour  diverses  époquo»,  il  n'y  en  a  qu'un  seul  f Hongrie,  1830-60)  qui  soitiaf*' 
rieur  ù  celui  que  nous  adoptoiiB.  et  ou  doit  évulemmetii  le  considérer  cocume  le  pr^ 
duit  d*ufi  ucodent»  Tous  lei>  autreB  sont  considérablement  supérieurs  a  celui  que  aoui 
adopLous  pour  les  Jutfa.  Leur  nioyeune  est  i, 11079$,  le  coet^cient  que  nous  adopUot 
et  d  après  lequel  le  nombre  des  Juifs  exilée  6«  semit  dotiblé  &u  bout  de  !ï95  an»  (< 
1492  à  ISâl)  est  seulemeat  1,00t4. 


LE  NOMBRE  DES  JUIFS  OE  CASTILLE  ET  D^ESPAGNE  18! 

iisse  être  attribuée,  en  partie  au  moins,  au  prestige  exercé  par 
Juifs  espagnols  et  à  leur  plus  haute  culture  autaut  qu'à  leur 
^and  nonibre,  nous  admettrons  cefieudant  qu1ls  ont  Torm*^  bleu- 
ies ^/lO  de  la  population  juive.  Le  nombre  actuel  de  touy  les 
kîfs  liisipano-portugais  de  ces  r^^gions  est  auiouid'hui  au  plus  de 
,000  âmes;  retranchez  le  1/10,  reste  90,000  âmes;   le  nombre 
des  immifîrants,  en  1492  et  pius  tard,  sera  donc  la  moitié,  soit 
1,000  âmes  * . 

Nous  admettons,  pour  les  mêmes  raisons,  que  le  nombre  des 
imigrants  dans  la  Turquie  d'Asie  a  été  également  de  45,000  âmes, 
koîque  ce  chiffre  nous  paraisse  très  élevé, 

|3.  En  Egypte  et  dans  la  Tripolitaine  U  ne  semble  pas  qu'il  dé- 
pure aujourd'hui  beaucoup  de  Juifs  d'origine  hispano-portu* 
lise.  La  population  juive  de  ces  deux  pays  est  d'ailleurs  assez 
^tite,  environ  10,000  âmes  ensemble.  Admettons  que  ces  deux 
lys  aient  reçu,  en  1492.  environ  2,000  immigrants. 
|4.  L'Algérie  compte  aujourd'hui  environ  40,000  Juifs,  il  y  a 
Betques  années,  elle  en  avait  35,000,  Ces  Juifs  ne  parlent  pas 
espagnol,  mais,  comme  on  sait  que  les  Juifs  hispano-portugais  se 
i>nt  eu  partie  réfugiés  dans  ce  pays,  on  peut  admettre  que  le 
nombre  de  ces  immigrants  a  été  de  5,000  à  8,000,  mettons  môme 
),000  âmes*. 

^5.  On  admet  aujourd'hui  que  le  nombre  des  Juifs  marocains  e.^t, 
maximum,  de  50,000  ara  es.  Ils  ont,  la  plupart,  le  caractère 

|t  n  est  citir  qu'en  réduiftant  à  10,000  âmes  le  oombre  des  Juifs  tadigèoes  de  la 
brquie  d^Euroyte,  nous  nous  arrâtoBS  à  im  ihiifre  si  boa  qu'il  n'n  pour  lui  aucune 
eisblaDC«.  Si  l'on  couiple  ïe  oombr*^  des  familles  juives  indi^'èoes  de  ces  régions 
iprès  révilualioû  de   Benjamin  de  Tu'lèle  (qui  pourtaui  est  loin  d  énumérer  lonies 
eommunauiës ;   résumé  dane  GraeU,  \\  2*  édit.,  p.  20^],  on  trouve  uo  tolal  de 
^  familles,  soit  au  minimum  25,000  Ames.  De  même  et  pour  Un  roêmes  rolaons 
\  chiffre  des  }mh  iodigèneif  que  nous  admettons  pour  la  Turquie  d*Asie  est  beau- 
coup trop  faible  (Graelz,  ibid^^  p,  264). 

s  La  Isâle  électorale  du  Consistoire  Israélite  d'Âtger,  que  Dotre  ami  M.  Isaac  Bloch 
t  bien  voum  dépouiller  pour  nous,  contient  D92  noms,  dont  205  seulement  t^nl 
•ipagnols;  ii  on  admet  que  sur  les  787  autres  noma^  qui  sont  araties,  saut  15  noms 
#aropé«ns^  il  j  en  a  égalament  205  qui  Timnent  de  rËspafFue  arabi»,  le  corps  élec-^ 
toral  iaraéiiie  d'Alger  se  divieera  en  5H2  électeurs  d'origine  locale  ou  européenne,  et 
I  électeurs  d'orîffinc  hispano-portugaise,  ce  qui  conlirmR  noire  hypothèse»  —  II  y 
■ratt,  do  reste,  a  ce  qu'il  semble,  un  moyen  de  reconntiilri;  irt-s  exaciedîeot  les  Juifs 
t  indigènes  do  ceux  qui  Tït^nnent  d^Espagne  ou  du  Porlugal.  Ces  ilt-rniers 
>  ooiiaervé  certaines  pratiques  religieusea  auxquelles  il  est  fai  ile  de  les  reconnaître. 
les  appelait  porteurs  de  capucbe  ou  de  béret  [Aipvt,  kipr&n),  tandis  que  *fs  iiidi- 
nr*  s'appela it- ni  porteurs  de  mrban  {miçn//et).  Voir  Abrah,  Cahe«»  Les  Juifï  danM 
êfrifw  êeptentriomaU,  p.  84.  M.  Iébsc  Blocb,  praud-rablùn  d  Alpjer,  nous  fait  en- 
remarqoer  que  les  Juifs  indigènes,  d'après  ie  Bit  JeÂuda^  112  A  et  113  A.  s'appe- 
Uient  l^b^C-  Le  Ribasch,  colkuU,  107,  vers  ta  fin,  dit  bien  que  la  plupart  des 
Joifs  de  k  Tilic  d*Atger  (?),  de  son  temps,  venaient  de  Majorque,  mais  cela  ne  prouve 
ne  a  ni  pour  l'Algec  actuel  ni  pour  l' Alger  ie  en  général .  * 


192  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

arabd.  Admettons  cependant  que  30,000  d*entre  eux  seraient  d*<Mrî- 
gine  hispano  portugaise,  cela  ferait  15,000  immigrants  en  1493; 
mettons-en  20,CK)0,  pour  faire  bonne  mesure. 

6.  En  France,  il  y  a  environ  6,000  Juifs  portugais,  soit  3,000 
immigrants  en  1492  et  dans  la  suite. 

7.  L*]talie  a  aujourd'hui  36,000  Juifs  ;  on  admettra  bien  que  la 
moitié  au  moins  sont  indigènes  ;  restent  18,000  Juifs  d*origine  his- 
pano-portugaise, soit  9,000  immigrants. 

8.  Nous  croyons  adopter  un  très  gros  chiffre  (peut-être  beau- 
coup trop  élevé)  en  admettant  que  les  Juifs  hispano-portugais  ac- 
tuels de  Hollande,  Belgique,  Hambourg,  Danemark,  Suède,  Nor- 
vège, Angleterre,  descendent  de  25,000  immigrants. 

9.  Admettons  encore  5,000  immigrants  pour  TAmérique. 

Si  nous  récapitulons  ces  chiffres,  nous  obtenons,  pour  le  total 
des  Juifs  expulsés  et  émigrés  : 

Turquie  d'Europe  et  d'Asie  {u*>'  4  et  2) 90,000 

Egypte  et  Tripolitaine  (n®  3) t,000 

Algérie  (n«>  4) 40,000 

Maroc  (n*»  5) 20.000 

France  et  Italie  (n«»  6  et  7) 42,000 

Hollande,  etc.  (n«  8) 25,OoO 

Amérique  (n«  9) : 5,000 

Ajoutons  divers 4,000 

465,000 

A  ce  chiffre,  il  faut  ajouter  les  Juifs  baptisés  restés  en  Espagne 
et  en  Portugal  et  ceux  qui  moururent  dans  le  terrible  exode  de 
1492,  par  naufrage,  famine,  peste,  maladie,  etc.  Nous  admettrons 
révaiuation  suivante  : 

Émigrés  (chiffre  ci-dessus) 465,000 

Baptisés 50,000 

Morts 20,000 

Total 235,000 


Supposons  que  le  nombre  des  Juifs  du  Portugal,  avant  Timmi- 
gration  des  Juifs  espagnols  et  portugais,  en  1492,  ait  été  de  10,000 
âmes*  ;  qu*en  Sicile,  il  y  ait  eu  en  tout  20,000  Juifs  (on  a  vu  plus 
haut  qu'on  les  évaluait  à  100,000)  ;  qu'en  Navarre,  à  Majorque, 

^  On  estimait  à  20,000  ceux  qui  furent  réunit  à  Lisbonne  en  1497  ;  Toir  Qrneis, 
t.  VIII,  2«  édit.,  p.  ^74. 


LE  NOMBRE  DES  JUIFS  DE  CASTILLE  ET  D'ESPAGNE  183 

lorgue,  etc.,  il  y  en  ait  eu  15,000  ;  ceîa  fait  en  tout  45,000.  Re- 
mchons  ce  chiffre  du  total  des  235,000  îl  reste,  pour  les  Juifs  de 
jlstille  et  de  Navarre,  en  1492.  un  total  de  190,000  âmes. 

Ldfiiettons  enfin  que  le  sixième  seulement  de  ce  chiffre  revienne 
la  Navarre,  il  reste  pour  les  Juifs  de  la  CastiUe  (avec  ses  dépen- 

aces,  entre  autres  les  provinces  du  sud»  Andalousie,  Grenade, 

.),  environ  160,000  âmes. 
[Nous  croyons  que  ce  chiffre  est  un  maximum  et  qu'en  réalité 

nombre  des  Juifs  de  Castille  a  été  beaucoup  moins  considë* 
île. 
[On  peut  admettre  que  deux  siècles  auparavant  (1290),  le  nom- 
des  Juifë  de  Castille  a  été  à  peu  près  le  même,  et  que  leur  ac- 
Mssement  naturel  pendant  deux  siècles,  qui  aurait  été  d'environ 
1,000  âmes  *,  a  été  compensé  et  dévoré  par  la  peste,  les  massa- 
ea,  les  baptêmes  forcés  et  autres  fléaux  qui  ne  leur  ont  pas 
inqaé. 

Isidore  Loep. 


L«  eo«f&ci«Qt  1 .001 1>  fatiueoup  liop  ftible  évidemmeiit,  aurtout  pour  tci  Juifidt 
I  pays,  porteraii  à  207,500  ftinej,  en  deux  eièclea,  une  populttioQ  de  160,000  imM* 


LES  ESSÉNIENS 


Les  opinions  sur  Tessénisme  sont  aujourd'hui  plus  embrouillées 
que  jamais;  depuis  Dâhne,  Gfôrer  et  Baur,  qui  étaient  sur  la 
bonne  voie,  non  seulement  la  question  n'a  pas  fait  de  progrès, 
mais  il  s'est  même  produit  un  recul  considérable  et  on  s'est  engagé 
dans  une  fausse  direction.  On  veut  absolument  expliquer  l'esse- 
nisme  par  le  pharisaïsme,  et  on  s'obstine  à  n'y  voir  aucune  in- 
fluence étrangère,  même  celle  qui  saute  aux  yeux. 

Des  circonstances  extérieures,  mais  qui,  à  première  vue,  parais- 
'  sent  très  importantes,  viennent  à  l'appui  de  cette  méthode.  Le 
Talmud  ne  connaît  pas  d'Esséniens  tels  que  Josèphe  et  Philon  les 
dépeignent  ;  par  suite,  on  prétend  que  les  relations  de  ces  écri- 
vains doivent  renfermer  au  moins  de  l'exagération,  et  on  ne  veut 
les  considérer  comme  des  sources  historiques,  qu'en  tant  qu'elles 
offrent  des  points  d'appui  pour  établir  Torigine  pharisienne  de 
l'essénisme  ;  mais  tous  leurs  autres  renseignements  sur  les  Essé- 
niens  sont  rejetés  comme  exagérés^ou  erronés,  ou  même  falsifiés. 
Une  bonne  part  de  responsabilité  dans  le  désarroi  qui  règne  au 
sujet  des  Esséniens  appartient  aux  savants  juifs,  qui  veulent  ex- 
pliquer Torigine  de  Tessénisme  à  Taide  du  Talmud,  tandis  que  le 
Talmud  ne  se  doutait  même  pas  de  l'existence  de  cet  Ordre.  Par 
suite,  les  Esséniens  ont  été  dépouillés  de  leur  caractère  propre, 
on  en  a  fait  simplement  des  Pharisiens  à  haute  dose,  des  hasi- 
déens,  des  naziréens  à  vie,  des  hémérobaptistes,  seules  variétés 
d'Esséniens  connues  par  le  Talmud,  mais  qui  n'ont  aucune  des 
vues  philosophiques  élevées  attribuées  aux  Esséniens  par  Jo- 
sèphe et  Philon.  Évidemment  Josèphe  et  Philon  ont  rêvé.  Mais 
s'il  en  était  ainsi,  si  le  silence  du  Talmud  constituait  une  preuve 
si  forte,  comment  expliquer  l'admiration  nullement  feinte  que 


LES  ESSÉXIENS 


m 


prodiguaient  âûx  Esséniens  arais  et  ennemis»  grmïagetpetits,  et, 
ce  qui  est  surtout  important,  des  lioinmes  qui  avaient  reçu  la  plus 
haute  éducation  grecque,  qu'ils  fessent  juifs  ou  païens?  Des  hasi- 
déens  juifs  comnie  ceux  que  le  Talmad  dépeint,  même  s'ils  avaient 
^formé  un  Ordre  professant  le  plus  noble  coramunbme^  n'auraient 
^■imais  attiré  Tattention  et  obtenu  la  considération  d'écrivains 
^païens  qui  n'avaient  aucune  sympathie  pour  le  juJaïsrae.  «  Même 
Pline,  le  Romain  sceptique,  témoigne  de  la  sympathie  et  de  Finté- 
rét,  quand  il  dépeint  les  fatigués  du  monde,  qui  ont  surmonté 
quelque  peu  les  misères  humaines  qu*il  ressentait  lui-raéme  si 
profondément*.»  Si  donc  le  Talmud  ignore  les  Esséniens,  si 
nous  les  connaissons  uniquement  par  les  écrivains  juifs  Josèphe 
et  Philon,  qui  ont  écrit  en  grec,  et  par  Técrivain  romain  Pline, 
n*est-on  pas  amené  à  admettre  que  les  Esséniens  de  la  Pales- 
tine étaient  des  Juifs  pariant  grec,  élevés  à  l'école  de  la  sagesse 
alexandrine,  condamnés,  en  raison  raéme  de  leur  langue  et  de 
I      leur  éducation,  à  vivre  à  Técart  et  sans  être  compris  de  leurs  co- 
fcprelïgionn aires,  réduits  à  suivre  leur  propre  voie?  Déjà  Azaria  de 
^Bossi  avait  la  notion  exacte  que  les  Essénîens  étaient  des  Jnits 
parlant  grec*. 

Cette  opinion  est  d'autant  plus  fondée,  qu'elle  permet  non  seu- 
lement de  comprendre  le  silence  du  Talmud,  mais  encore  d'expli- 
quer les  principales  particularités  de  Tessénisme.  En  effet»  Tes- 
sénisme  ne  pourra  jamais  s'expliquer  par  le  pharisaïsme,  mais 
^plutut  par  le  judaïsme  alexandrin,  dont  il  s'efforce  de  réaliser  les 
^^héories.  La  dialectique  la  plus  serrée  ne  pourra  jamais  réussir  à 
p     expliquer,  en  rattachant  ïessénisme  au  judaïsme  pharisien,  sa 
rupture  avec  le  culte  des  sacrilices,  le  reji't  de  la  croyance  à  la 
résurrection  et  le  célibat  quUl  pratiquait.  Lucius  a  montré  clai- 
rement oij  mènent  les  tentatives  de  ce  genre  faites  dans  ces  der- 
^^iers  temps,  Hilgenfeld  lui-même,  qui,  précéilemraent,  avait  fait 
^fetous  les  efforts  possibles  pour  établir  que  Fessénisme  est  sorti  du 
^judaïsme  pur  et  plus  particulièrement  du  mouvement  apocalyp- 
tique, a  eu  îa  bonne  foi  de  reconnaître  finalement  que  cette  ex- 
plication était  insuffisante.  Aussi,  invoquait-il  de  plus  en  plus  le 
l^rsisme  et  même  le  boudhisrae  ^* 

*  Keim,  Ge*ehûhtê  Je$u  «on  Natanth^  I,  p.  298, 

*  Mtùr  tnat/im^  Ili^  éd.  Mantoiie,  p,  32,  W  est  vrai  que  l'ault^ur  s'e^t  aussi  laissa 
induire  «û  erreur  par  \e  silence  du  Talmuiï,  ijui  ramena  a  émeUfiï  Topinioa,  reprisa 
depuis  par  Herïleld,  Oeichickle  dur  Judin,  111^  p.  374,  397  et  s.,  qu«  les  Bœtlioti- 
sieus  sont  les  Q^séQi«ns, 

>  DiejQdiiche  Apok^lyptik^  1857;  ZêiUthrifi  fUr  mnen^ch^^liehe  TAeolttffie,  1858, 
p.  116  «t  a.;  1850,  p.  358  et  s,  ;  1867,  p*  97  et  s.  ;  1868,  p.  07  et  s.,  p.  343  «l  s.  ; 
ia71,  p.  80  ei  a.;  1882,  p.  257  el  s.;  KHt$rgmhkhts^  p,  95  el  s. 


îm 


BEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Lucius  procède  tout  autrement.  Il  offre  de  démontrer  que  < 
critique  est  autorisée  à  ch**rcher  la  solution  du  problème  de  Tea*] 
séoisme  sur  le  terrain  du  judaïsme  pur,  sana  avoir  recours  à  aa« 
cune  influence  étrangère*.  »  D'après  lui,  les  Essénienâ  seraient 
sortis  tout  .simplement  de  la  secte  des  hasidéenSf  qui»  à  répoift 
de  la  lutte  contre  les  Syriens,  lorsque  le  culte  du  temple  et  des 
sacrifices  se  trouva  interrompu  pendant   plusieurs  années  et  ftat 
profané  ensuite  par  des  prêtres  illégitimes,  se  seraient  tout  à  fait 
détournés  du  culte  des  sacrifices*.  Dès  lors,  toutes  les  particularités 
dé  cet  Ordre  s'expliqueraient  d'elles-mêmes.  Le  Talmud  offre  dô. 
nombreux  parallèles  entre  les  E.ssénieua  et  le  Judaïsme  pharisien, 
et  là  où  il  nous  abandonne  (rejet  du  culte  des  sacrificeg  et  ps>cbo»j 
logie  professée  par  les  Esséniens),  les  apocalypses,  le  livre  d*Hé*i 
noch  et  d*autres  \iennent  à  notre  aide.  11  est  regrettable  que  cet 
éditice  de  Tessénisme  basidéen  s'écroule  en  un  clin  d*cBil  quand 
nous  apprenons  que,  «on  seideînent  les  hasuiéens  n*ant  Jamaîf^ 
rompu  avec  le  temple f  7ïiais  qu^iis  accueillaient  avec  joie  lotUes 
les  occasions  d^aptiorter  des  sacrifices^. 

Par  contre^  tout  esprit  non  prévenu  et  tant  soit  peu  familiarisé] 
avec  la  littérature  taimudique  sera  forcé  de  reconnaître,  en  lisantj 
attentivement  les  relations  de  Josèphe  et  de  Pbilon,  que  Tessé-j 
nisme  n'a  pu  sortir  du  judaïsme  pharisien,  que  des  facteurs  étran-l 
gers  ont  concouru  h  le  produire,  les  mêmes  qui  ont  donné  naîs*j 
sance  au  judaïsme  alexandrin. 

Quant  au  silence  si  diversement  commenté  du  Talmud,  noxjs  ne^ 
voyons  pas  pourquoi  celui-ci  aurait  dû  mentionner  plutôt  le5  Essé*' 
niens  que  le  judaïsme  alexandrin  et  son  illustre  représentant, 
Pbilon,  ou  que  le  mouvement  religieux  si  puissant  provoqué  en 
Palestine  par  Jean-Baptiste,  dont  Josèphe  et  les  É\^angiles  ont  une 
si  haute  idée.  Or  le  Talmud  ne  dit  pas  un  mot  de  tous  c^s  farts.fl 
Et  pourquoi?  parce  qulls  se  déroulaient  sur  un  terrain  Intellec-™ 
tuellement  éloigné  pour  lui,  quoique  roatëriellement  très  proche, 
un  terrain  où  dominaient  la  langue  et  la  science  grecques  tant  ab- 
horrées, où  existait»  principalement  dans  les  couches  inférieures  — 
de  la  population  méprisées  et  évitées  par  les  docteurs,  une  classél^ 
de  juifs  dont  les  idées  relijiinuses  ne  pouvaient  se  rattacher  aa 
pharisaïsme,  pas  plus  que  celles   du  judaïsme    alexandrin,   La 
langue  grecque,  qui,  depuis  les  glorieuses  victoires  des  Maccha- 
bées, avait  été  fortement  discréditée  et  combattue  par  le  parti 


1  Der  Mitânitmnif  p.  64* 

*  /Aii.,  p.  lÛU 

1  Nedarim,  ID  a  ;  TMt/ta  ifidétim,  p,  %%  de  réditioii  Zuck«Tmia<IU 


LB8  888ÉN1EMS  1^7 

bwmBni^  avait  formé  un  mur  de  séparation  impossible  à  fran- 

Ir  entre  les  Pharisiens  d'une  part,  et,  d'autre  (jart,  le»  couches 

^pulaires  hêllt^nisantes  et  la  grande  niasse  de  VAm-haareç,  qui 

lil  bien  aise  de  secouer  le  fardeau  pesant  des  obligations  reli- 

iuses  prescrites  par  les  Pharisiens  et  qui  liaïssait  ce  puissant 

^rti,  autant  quil  en  était  haï.  C^^tait  ta'  le   public  de  langue 

Bcque  auquel  s'adressèrent  aussi  Jésus  et  ses  apôtres;  c'étaient 

If  les  brebis  é^aréeê  de  la  maison  d'Israël  »  qui  formèrent  la 

iche  du  christianisme  primitif  ;  c*est  iiussi  la  preuve  que  nous 

jrnit  la  litte^rature  du  Nouveau-ïestament  entièrement  rédigée 

Jangue  grecque. 

Quelle  que  sort  la  rareté  des  sources  historiques  que  nous  possé- 
^ns  pour  établir  Fusage  courant  qu'on  faisait,  en  Palestine,  de 
1» langue  grecque  pendant  les  derniers  siècles  avant  Tère  chré^ 
^nne,  il  est  certain  toutefois  qu  elle  était  devenue  peu  à  peu  la 
>ode  langue  populaire.  Les  successeurs  d'Aîexandrele-Grand 
paient  si  bien  hellénisé  la  Judée,  que  llifilîénisme  pénétra  jusque 
is  le  temple  et  inonda  tout  le  pays*  Si  les  victoires  des  itaccha-^ 
BS  détruisirent  le  puissant  parti  des  hellénisants  et  refoulèrent 
Pteraent  la  civilisation  grecque,  elles  ne  purent  plus  déraciner 
[langue  grecque,  quoique  les  classes  élevées  s'en  détournassent 
iaigneusement  et  cherchassent  à  s*en  écarter  complètement. 
Ime  le  Talmud  est  forcé  d'avouer  que  ia  Judée  parle  deux  lan- 
BS  et  qu'il  faut  aussi  bien  tenir  compte  de  la  langue  grecque  que 
la  langue  hébraïque '* 
.Une  remarque  faite  par  Josèphe,  à  la  *ln  des  Antiquités,  au 
|et  de  sa  connaissance  de  la  langue  grecque,  vient  à  Tappui  de 
pe  opinion  que  la  langue  grecque  était  proscrite  par  les  classes 
l'geaotes»  c'est-à-dire  par  les  cercles  des  docteurs  et  des  Phari- 
is,  et  que,  par  contre,  elle  était  familière  à  la  foule.  Ce  passage 
^  Josèphe  est  ainsi  conru  :  «  Arrivé  à  la  fin  de  mon  ouvrage,  je 
lis  affirmer  avec  certitude  que  nul  autre,  qu'il  fut  juif  ou  non» 
n*en  aurait  pu  rendre  le  contenu  en  grec  avec  la  même  fidélité.  Car, 

tniéme  que  mes  compatriotes  me  rendent  le  témoignage  que  je 
«uis  distingué  dans  les  connaissances  de  notre  pays,  de  même, 
Je  me  suis  ramilîarisë  avec  la  langue  grecque  et  j'en  ai  étudié  à 
MMid  le*  rf'^fs,  quoique  les  mœurs  <le  mon  pays  ne  me  permet- 
^Bt  pas  de  la  parler  couramment.  En  effpt,  chf*z  nmis  on  n'estime 
Hi  ceux  qui  comprennent  plusieurs  langues,  qui  visent  à  Télé- 

Bé  maint  «odrotlde  la  Judée,  les  Juiis  ne  purtftient  i|ue  le  grec*  Cf.  Franckdi  /n* 


188  REVITE  DES  KTUDKS  JUIVES 

gance  dans  l*expression,  parce  que  cet  art  est  considéré  cqmtoele 
bien  commun»  non  seulement  des  hommes  libres,  mais  aussi  dei 
esclaves.  *> 

Ce  que  JosApbe  indique  ici  avec  réserve  est  clairement  énoncé 
par  le  Talmud,  qui  rapporte  que  l'excommunication  fut  lancée, à 
différentes  reprises,  contre  ceux  qui  cultivaient  la  langue  grecque, 
ce  qui  montre-bien  quelles  profondes  racines  celle-ci  avait  prises 
en  Judée,  malgré  les  victoires  des  Macchabt^es.  C'est  ainsi  qu'au 
moment  où  la  guerre  entre  llyrcan  II  et  Aristobule  II  <?tait  immi* 
nente,  environ  vers  Tan  64  avant  Tère  chrétienne,  une  impréca- 
tion fut  prononcée  contre  ceux  qui  donneraient  à  leurs  enfâuts 
Téducation  grecque  *.  Si  le  Talmud  fait  observer  que  cette  di^fense 
vise  seulement  la  science  grecque  et  nullement  la  langue  grecque, 
cela  veut  dire  simplement  que  ^elle-ci  était  si  répandue  qu*on  ne 
pouvait  pas  penser  a  la  proscrire*  Un  siècle  plus  tard,  au  milieu 
de  la  lutte  désespi^rée  contre  Rome,  la  m<'»me  dt^fenseest  répété^'» 
ce  qui  prouve  combien»  à  l'époque  même  de  la  naissance  duchri?- 
tianisnîe,  la  philosophie  grecque,  ou  plut<!it  le  judéo*alexaiidri* 
nisme,  avec  ses  produits  extrêmes,  dominait  les  esprit;*.  Même  dan* 
la  maison  de  R.  Gamaliel,  dont  Paul  tétait  un  disciple*,  sur  mille 
jeune»  gens,  il  y  en  avait  cinq  cents  qui  apprenaient  ia  philosophie 
grecque*. 

M.  Schiirer  montre,  par  une  foule  de  mots  grecs  qui  ont  reçu 
droit  de  cité  dans  la  Mischnai  combien  rinfluence  de  rhellénbïme 
s  était  fait  sentir  fortement  dans  tous  les  sens.  Toutefois»  il  croit 
qu'il  n'est  pas  prouvé  {>ar  là  que  la  langue  grecque  fût  familière 
à  rhomme  du  peuple.  «  En  réalité,  dit-il,  il  faut  admettre  que  les 
classes  inférieures  en  Palestine,  si  elles  nignoraient  pas  It»  grec, 
n'en  avaient  qu\me  connaissance  insuflisaute.  Lorsque  Japto 
Paul  voulut  parler  au  peuple  de  Jérusalem,  il  se  servit  de  la  lan- 
gue h'%raïque  (araméenne)  *.  » 

Largument  n'est  pas  sans  réplique.  Les  Actes  font  ressortir  ici 


1  Baba  Kfimmû,  B2  ^,  83  <i;  Mtnnkot,  U  5;  M^^  4dl.  C>»t  donc  à  tort  qut  L«l- 
lerbeek,  Di^  tient çÉtameHtltrhe  LeMe^vife^  1,  p.  133,  sciutient  t  que  c'est  s«utemaKf 
dans  les  derniers  lemps  do  Téut  juit,  lur&que  Tuus  meDAçait  déjà  Jérusalem,  (^ 
les  gouvcrnaDls  d'alors  édiclèrent  la  loî^  qui  u  ^ié  n^produite  par  le  Tilmud,  néïeft' 
daut  aux  phre»  de  lamdl^s  de  fairti  éuidier  le  ^rec  a  leurs  eurants  *•  Les  toutoi 
Ulttiudit^ues  ciLées  ici  prouvenl  t^ue  déjà  en  laa  64  aTaol  Tère  chréùetine  Ihntei^ 
éLaii  lancé  conire  Télude  de  la  science  grecque. 

*  Actes  dti  Ap*,  XIII. 

*  $ot^,  49  h*  n  eBt  Yraî  que  le  fait  est  donné  comin«  exceplionnel  et  justifia  pu 
relations  de  R.  Qamaliel  avec  la  oïur. 

^  Geiehkhte  dtt  jQdneheH  Volàcs^  li,  p,  26  et  s.  ;  p,  42  ei  s. 


LES  ESSÈNIENS 


189 


que  Paul  a  parlé  «  en  hébreu  ^  »  C'était  donc  une  exception.  Paul 
avait  cette  foîs  de  bonnes  raisons  pour  s'adresser  au  peuple  en 

Ïreu.  Ses  compagiion.s  Tavaient  averti,  en  disant  :  «  Ils  ont  été 
venus  contre  toi  que  tu  enseignes  à  tous  lea  juifs  qui  sont 
mî  les  gentils  d'abandonner  Moïse,  leur  disant  de  ne  pas  cir- 
concire leurs  enfants  et  de  ne  pas  vivre  selon  ses  institutions  *.  * 
fiul  dut  donc  commencer  par  aiûrmer  à  cette  foule  qui  Taltaquait 
ec  furie  qu'il  était  juif;  or,  il  n'y  avait  pas  de  meilleur  moyen 
ur  cela  que  de  parler  hébreu  I  «  Je  suis  un  Juif  »,  leur  cria-l'il» 
soulignant  fortement  les  mots,  et  son  discours  ht^breu  vint  con- 
lînner  cette  assertion  d'une  façon  irréfutable;  effectivement,  il 
^Atint  ainsi  le  succès  désiré,  car,  «  quand  il  parla  en  bébreu,  ils 
^■vinrent  plus  tranquilles^  »  Paul  parla  donc  cette  fois  en  hébreu, 
^pn  parce  que  le  peuple  ne  comprenait  pas  le  grec,  mais  parce 
^B*îl  voulait  dissiper  tous  les  doutes  au  sujet  de  son  origine  juive. 
^PSi  nous  ajoutons  encore  que  tout  le  cbristianisme  apostolique 
ne  possède  pas  un  seul  monument  en  langue  juive  et  n'en  a  ja- 
mais possédé  (quoiqu'on  nous  parle  encore  quelquefois  d'un  ori- 
al  hébreu  de  l'Évangile  de  Mathieu,  qui  n'est,  en  réalité,  qu'une 
sion  de  cet  #v,angile  en  hébreu),  il  est  hors  de  doute  qu'au 
ur  de  la  Judée,  la  langue  grecque  était  familière  aux  classes 
pulaires  de  la  Palestine,  autrement  la  propagation  si  rapide  du 

istianisme  en  Palestine  eût  ^té  impossible. 
Mais  revenons  à   l'essénisme.   Nous   savons  quelle  puissance 
iellénisme  avait  acquise  en  Judée  à  l'époque  des  Macchabées  ; 
nous  savons,  en  outre,  qu'auparavant  déjà,  la  Septante  en  est  une 
preuve,  le  judaïsme  alHxandrin  se  sentait  attiré  vers  riiellénisme 
par  une  force  irrésistible.  On  a  déjà  fait  la  remarque  aussi  qu'il 
■étcjit  produit  de  bonne  heure  un  échange  d'idées  1res  actif  entre 
^Bexandrie  et  la  Judée.  Enfin,  c'est  un  fait  que  les  Tobiades  im- 
^prtèrent  rbellénisme  d'Alexandrie  en  Judée,  sous  sa  forme  la 
Hus  dégénérée,  il  est  vrai.  Nous  sommes  donc  autorisés  à  penser 
^u'en  Judée  aussi  et  dans  le  domaine  religieux»  Ihellénisme  a  dû 
porter  d'aussi  bons  fruits  qu'à  Alexandrie,  et,  si  ses  effets  y  ont 
M|é  moins  visibles,  c'est  que  cette  culture  étrangère,  qui  arrivait 
^KAlexandrie  pleine  de  toutes  ses  séductions,  y  produisit  des  con- 
séquences funestes,  suites  d'une  importation  mal  préparée.  Mais 
OD  nous  parle  toujours   uniquement  des    mauvais  résultats  de 
rbelléaisme  en  Palestine.  L'hellénisme,  qui,  à  Àlexaudrie,  avait 

^E  Aetfê  dti  Apâtnt^  xu,  40  ;  xxti,  2. 
^  md.,  xti,  21. 


190  REVUB  DBS  KTUDE8  JUIVES 

produit  de  si  grandes  et  belles  choses  à  côté  de  mainte  scorie, 
n'aurait-il  donc  laissé  en  Judée  que  des  traces  de  dévastation  et 
pas  une  seule  œuvre  utile  ^  ?  Nous  sommes  convaincu  qu'il  y  eut 
là  aussi  des  hellénisants,  fût  ce  en  petit  nombre,  qui  eurent  des 
vues  honnêtes  et  qui  continuèrent,  en  Palestine,  le  mouvement 
religieux  commencé  par  le  judaïsme  alexandrin.  Si  on  n'en  parle 
pas,  c'est  qu'après  les  enivrants  succès  des  Macchabées,  où  on  sévit 
contre  tout  ce  qui  était  grec,  ils  durent  se  tenir  à  Técart.  A  notre 
avis,  ce  groupe  d'hommes  ou  cette  communauté  qui  professait  et 
cultivait  rhellénisme  pur  tel  qu'il  s'était  développé  à  Alexandrie 
et  qui  formait,  en  quelque  sorte,  une  lie  grecque  au  milieu  du  ju* 
daïsme  de  l'époque  post-macchabéenne,  devint  la  mère  de  VesU^ 
nisme  :  c'est  d'elle  que  sortit  peu  à  peu  l'Ordre  des  Esséniens.  Au 
milieu  d'une  société  hostile,  à  qui  toute  culture  grecque  était  en 
horreur,  la  communauté  dut,  pour  échapper  aux  persécutions, 
envelopper  dans  un  secret  impénétrable  des  doctrines  qu'on  pro- 
fessait librement  à  Alexandrie. 

Cela  détermina  la  séparation  absolue  de  la  petite  société  et  la 
création  de  l'Ordre  des  Esséniens  avec  toutes  ses  particularités. 
Cet  isolement  obligé,  l'observance  rigoureuse  d9  coutume*  reli- 
gieuses faites  pour  frapper  l'esprit,  la  profonde  obscurité  qui  en- 
tourait  leur  doctrine,  et  enfin  le  respect  que  la  foule  professait 
pour  eux,  parce  qu'ils  avaient  la  réputation  de  posséder  le  don 
prophétique,  expliquent  pourquoi  les  Esséniens  furent  tolérés  par 
les  Pharisiens  au  pouvoir,  malgré  l'excommunication  prononcée 
par  les  Pharisiens  contre  ceux  qui  cultivaient  la  science  grecque. 
Du  reste,  ils  n'arrivèrent  en  contact  avec  les  Esséniens  qu'au 
commencement  de  l'ère  chrétienne,  lorsque  Jean-Baptiste  ouvrit 
la  lutte  contre  le  pharisaïsme  dégénéré. 

Ce  qui  montre  déjà  que  l'essénisme  était,  en  Palestine,  un  pro- 
duit exotique,  nullement  lié  au  pharisaïsme,  c'est  le  fait  que  Jo- 
sèphe  se  vit  contraint,  en  parlant  des  Esséniens,  de  déclarer 
expressément  qu'ils  étaient  «  juifs  de  naissance*  ».  Cependant  on 
veut  s'appuyer  sur  la  relation  de  cet  historien  concernant  l'essé- 
nisme pour  établir  que  cet  Ordre  nest  autre  chose  qu'une  secte 

>  M.  Freudenthal,  dans  son  ÂUœander  Polyhiêtor^  professe  des  Tuet  anslo^es 
aux  nôtres  au  sujet  de  ^hellénisme  palestinien  à  Tépoque  des  luttes  des  Macchabées  : 
«  Que  cette  époque,  dit-il,  ait  produit,  à  côté  d^hellénisants  professant  ouvertement 
des  sentiments  antinationaux  et  allant  tout  droit  au  paganisme,  comme  Jason,  Mé- 
nélas  et  Alcime,  des  hommes  qui,  malgré  leur  connaissance  de  la  littérature  grecque 
et  leur  prédilection  pour  les  études  grecques,  restaient  attachés  avec  une  fidélité  in- 
vincible à  leur  nation  et  à  leur  religion,  cela  ressort  des  fragmoAtt  d*jBupolemus 
ainsi  que  d'autres  indices  •.  (p.  128}. 

«  BelL  Jud.,  II,  8,  2. 


LES  BSSBNIENS  191 

ûiée  du  pliarisaïsme.  On  a  surtout  pris  lliabitude  d'£tjouter 
lucoup  plus  d'ïraportatice  à  la  relation  de  Josèphe  qu*À  celle 
Pbilon,  sous  le  prétexte  que  celle-là  trahit,  par  sa  précision, 
16  connaissance  plas  intime  de  cet  Ordres  qui  vivait  et  agissait, 
reste»  dans  le  pays  natal  de  récrivain.  Or.  Josèphe  n*est  précis 
Ei€  là  où  il  décrit  des  laits  exti^rieurs,  tandis  que»  sur  le  caractère 
l*es5éuisaie,  il  ne  sait  rien  que  de  très  superficiel.  Il  s'étend 
^eo  complaisance  sur  le  côté  formel  de  TÛrdrei  se  perd  dans  les 
ftaiUi  toute  vue  plus  profonde  de  la  vie  intérieure  de  l'essénisme 
Il  bii.sant  défaut*  Sans  doute,  il  a  été  pendant  trois  ans,  au  désert, 
^disciple  des  Ësséniens,  mais  il  iVy  acquit  rien  de  plus  que  la 
ilture  grecque  dont  il  avait  besoin,  et  il  n'y  chercha,  d'ailleurs, 
su  de  plus.  Il  ne  put  donc  pas  pénétrer  au  fond  de  la  doctrine 
rOrdre»  car»  lor:>qull  eut  terminé  son  noviciat  de  trois  ans,  au 
ItDut  duquel  le  sanctuaire  de  TOrdre  devait  s'ouvrir  pour  lui,  et 
qu'il  eut  «  atteint  son  but  »,  il  retourna  à  Jérusalem,  pour  se  con- 
sacrer à  la  vie  publique»  et  devint,  malgré  son  admiration  exaltée 
pour  Tessénisme,  un  adepte  des  pharisiens '.  Il  voulait  faire  sa 
carrière.  On  chercherait  donc  vainement  chez  lui  des  renseigne- 
^^ents  sur  la  partie  ésotérique  de  ressénisme*.  11  est  vrai  qu  on  ne 
^Tt»$aie  guère,  car  on  a  refusé  de  parti-pris  à  Tessénisme  toute  pro- 
lundeur  philosophique  ^,  et  on  s'est  appuyé  pour  cela  sur  Josèphe, 
il,  dans  sa  relation,  ne  se  promène  qu'à  la  surface.  11  faut  noter, 
reste,  que  très  souvent  on  attache  une  importance  extraordi- 
liaire  à  des  paroles  de  Josèphe  où  se  trahît  quelque  négligence  de 
l^écrivain*,  tandis  que  des  passages  très  précis,  mais  qui  naontrent 


t  Viimt  chop«  ti* 

*  HAus''«tb,  NtiàteUé  Zeitgt$ckichtêf  I,  p,  iil,  préUod  que  t  Josèphe,   tout  en 
ftot,  coioine  uovice,  pr6tè  un  serment  tfriiblt:  de  ne  jatikâiïi  IraLîr  eus  ËËcrets,  Q*a 

Éptndtttit  pd9  pu  86  retenir  de  les   fuiie  cunualirt?,  au  muins  par  blIissioDS  et  sous- 
àlfodue  *.  KQii-&eiileiiioDt  cette  te^^ertion  n  s  lucun  londement  sérieux,  hibia  il  res- 
''iort  du  récit  de  Josèpbo  quil  n'a  Jamais  prêtd  U  sermeot  cssénieu  et  qu'il  n'a  pas 
été  inhié  aux  mystères  de  TeBsénisme. 

'  Uûe  Keufeuée  exception  est  feite  ici  ausei  par  M.  Schûrer,  <]tii  résume  son  jupt-- 
iDfiil  sur  lef^énifima  en  le  consîd tarant  comme  une  dotitrine  séparée  du  JudaUme 
proprement  dit,  qui  ae  serait  furmée,  au  u*  siècle  avant  l  ère  cbrétienoe.  suut  des  iu- 
dneaces  fçrecqiies,  en  vue  de  réaliser  un  idi^ul  de  vie  qui  se  rapproche  du  pvlhàgo- 
tiiOM,  tout  «O  cooierraiit  les  priniiipes  londameataux  du  judaïsme  [he.  cit.,  p.  492)* 

*  CTcat  aÎDii  qu^on  a  voulu  taire  des  Ësséûiens  des  adorateurs  du  soleil^  parce 
qua  Joaèpliv  (B^  J.^  Il,  S*  5)  dit  d'edx  :  •  Leur  piélé  envers  Dieu  est  ardente,  cef, 
«%«oi  la  iavrr  du  soteU,  ils  ne  parU&t  jamais  ie  choses  prulanes.  Us  Lui  adressent 
c^xlmaas  pfii-res  établies  par  leurs  aticêtrea,  comme  s  ils  deniandaient  aoti  laver.  • 
jS«aa  cotspter  que  ce  serait  un  non-sons  de  vouloir  prouver  la  ptéié  dti  Ksséoietia 
iAVeis  Dieu  eu  en  tmsaut  des  adorateurs  du  soîeii,  un  Juif  eamms  Josèpbe^  qui 
Aoatre  le  plus  graad  enthousiasme  pour  cet  Ordriïf  aurait  en  soin,  pour  iiieiia§;er  les 
Bcséniens^  de  se  pas  parler  du  culte  du  soleil,  mémo  si  et  culte  avait  existé  cbes  eux, 
H  daat  toui  les  cms  n'aurait  pas  pu  mentioniier  ce  culte  avee  éloge.  Au  f  urplus,  le 


194  REVrE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

La  psychologie  essf^nienne  vient  inconlesUblement  aussi  d'A- 
lexandrie. Ce  n'est  pas  Philon  (on  aurait  pu  le  soupçonn»T  et 
prêter  aux  E^séniens  les  opinions  de  son  (^cole)  qui  en  reoé 
com|ite,  mais  Jo>èphe,  et  cela  en  termes  si  pn*cis  et  si  nets  qu'ils 
ne  peuvf-nt  être  »^lu'if*s  :  «  Ch»^z  les  Esséniens  existe  la  croyance 
que  les  rorps  sont  périssables,  que  leur  substance  sera  la  proie 
de  la  corruption,  et  que  les  âmes  sont  immortelles,  étenipllement 
vivantes.  Sorties  de  iVtlier  le  plus  pur  •  pour  être  enfermées  dans 
le  corps  comme  dans  une  prison,  qu:m'l  leurs  liens  terrestres  sont 
tombés,  elles  retournent  avec  joie  vers  les  hauteurs,  heureuses 
d'avoir  échappé  à  leur  buigue  servitude.  » 

Josèphe  a  parlé  ici  conformément  à  la  vérité,  et,  sur  ce  point, 
il  pouvait  d'ailleurs  être  bien  ren-ei«rné.  Cette  doctrine  n'était 
pas  un  de  ces  mystères  auxquels  il  Le  fût  pas  initié  :  on  la  divul- 
guait et  proclamait,  parce  qu'elle  formait  le  principal  attrait  de 
Tessénisme  pour  les  milieux  les  plus  éloignés.  C'est  cette  tlifk)rie 
des  Esséniens  sur  l'àme.  dit  formellement  Josèphe,  qui  saisit  et 
retient,  comme  par  un  pouvoir  magique,  tous  ceux  qui  ont  goûté 
une  fois  à  la  sagesse  de  cet  Ordre*. 

Que  ces  deux  doctrines,  celle  de  la  préexistence  de  l'âme  et 
celle  de  la  réprobation  de  la  chair,  qui  conduisit  à  Tascétisme 
essénien,  aient  formé  les  bases  de  l'alexandrinisme  juif,  nous 
n'avons  pas  besoin  de  le  démontrer,  pas  plus  que  le  fait,  également 
bien  connu,  qun  la  doctrine  essénienneau  sujet  de  Dieu,  source  du 
bien  et  non  du  mal,  est  empruntée  à  l'alexandnnisme  juif  ^. 

Nous  passons  maintenant  à  la  doctrine  secrète  de  iVssénisme. 
Les  Esséniens  en  ont  possédé  une*,  importée  d'Alexandrie,  cela 
est  aftirnié  par  Josèphe,  qui  ne  put  qu'en  soupi;onner  le  contenu, 
et  cela  e.^t  rapporté  j»ar  Philon,  qui  connais>ait  à  fond  leur  doc- 
trine. C'est  ainsi  que  le  premier  raconte  que  les  Esséniens  se 
rendaient  tous  les  j^iurs.  vers  midi,  après  le  bain  de  purifica- 
tion, dans  une  maison  s^H'ciale  ^,  où  les  prolanes  n'étaient  pas 
admis  comme  on  s'apf»roclie  «iu  sanctuaire;  ils  se  rendaient  ensuite 
puriliés  à  la  salle  à  manger.  Au  repas  du  soir,  auquel  prenaient 
part  des  frères  du  dehors  arrivés  dans  l'intervalle,  aucun  cri 
ni  aucun  désordre  ne  profanait  la  maison,  mais  chacun  cédait  la 

'  Cf.  Phi'on.  Lt^  alUg.,  I,  p.  110.  éd.  Mang.  :  f,  lï  ç'jx^,  aïOipiô;  i^rtv  àrôssaffjis 
•tlov.  D.  Dt  Concuf,%iC€Htta^  II,  356. 

•^.y,ii,  «,  11. 

•  Q-od  0M«.  pruh.  lib.,  II,  458  :  to  râvirwv  ub  4>aftwv  alttov   xxxoO   6è  ^ffify^ 

^fttd(ttV  CtVflB  TO  ^stov. 

*  ce  Uiigenfeld,  Die  jûd.  Ajfokal.,  p.  112. 


LES  ESSENIENS  I^HH"        ^^ 

auran  pu  croître  sur  If»  terrain  du  iiharis^me.  Par  contre, 
lias  IV,  par  son  tem|;le  hâli  en  Egypte,  déjà  vers  Tan  ItiO  avant 
chrétienne,  avait  fait  â  3a  théorie  du  sanctuaire  unique  une 
cht'  qui  devint  toujours  plus  large  et  qui  pr^^para,  dans  le  ju- 
Mue  alexandrin,  malgré  son  attarheiuent  à  Jérusalem,  le  relâ- 
lient  dans  le  culte  des  sacrirlces.  Que  la  TondatLoa  d'un  temple 
\»ôssible  en  Egvpte  surtout»  et  de  ai  bonne  tieure,  cela  montre 
iflîsamment  quelles  opinions  religieuses  avanc^^es  les  Juifs  d'à- 
Dni  profe  saient  déjà.  Jusèphe  encore  s'écrie  solennellement  :  «  Il 

a  un  temple  unique  pour  le  Dieu  unique,  . 11  est  commun  à 

DUS»  comme  Dieu  est  commun  pour  tous  *  ». 
Ûr,  nous  voyons  que  les  Juifs  d'Egypte,  près  d*un  siècle  et  demi 
iTant  Josè|ihe,  pensaient  autremeut  et  beaucoup  plus  librement 
arces  matières.  En  Judée,  le  culte  des  sacrifices  retî-'Urit  de 
nouveau  après  les  victoires  des  Macchabées;  il  fut  de  plus  eo 
plus  mis  à  Parrière-plan  à  Âlexaridrie  et,  à  sa  place,  vint  le  culte 
livln  ^puré  par  rallégorie.  11  est  très  significatif  et  tout  à  lait 
<k)nforrae  à  l'esprit  du  judaïsme  alexandrin  que  les  savants  juifs 
lappeiésà  Alexandrie  pour  traduire  le  Pentateuque  disent  au  roi 
Hue  la  |«lus  grande  gloire  de  Thoujme  est  dljonorer  Dieu,  non  par 
ides  présents  et  des  sacrifices,  mais  par  la  pureté  du  cœur  et  par 
Icuie  [lieuse  soumission  à  la  volonté  divine*.  De  mèuie,  Pluion  mon- 
tre, à  diff^irentes  reprises,  que  lejuilaïsrae  alexandrin  avait  depuis 
lûngtem|>s  rejeté  le  culte  des  sacrilices,  en  le  traduisant  en  allé- 
gorip,  et  ne  le  laissait  subsister  que  parce  que,  au  point  de  vue 
M**lional,  le  temple  était  un  centre  consacré  :  «  Si  quelqu'un  est 
|pi"UX  et  juste,  le  sacrilke  aura  de  letïel,  même  si  la  %'jande  du  sa- 
Icriflceest  biùlée,  même  si  on  nen  apporte  pas  du  tout.  Le  meil- 
[I^ur  sacrifice  nVst  autre  chose  que  la  pi*^té  d'une  âme  dévouée  à 
B,  dont  les  sentiments  de  reconnaissance  subsistent  éternels 
Hi'ffaçables  près  de  Dieu,   et  durent  aussi  longtemps  que  le 
[•ôleil,  la  lune  et  tout  Tunivers  ^  » 

I  ne  peut  donc  être  surpretiaot  que  Philon  dise  des  Esséniens  : 
adorent  Dieu  de  la  manière  la  ijIus  convenable,  sans  lui 
[offrir  des  sacrifices  d'animaux,  mais  ils  s'etforceut  de  sanctifier 
[leurîj  sentinjents  *  »;  et  Josèplie  :  «  Ils  euvoient  bien  Ws  ofïran<les 
fau  temple^  mais  n'offrent  pas  de  sacrifices,  parce  qu'ils  croient 
{Krsiéder  de  meilleurs  moyens  de  [lurilication  '.  » 


<  Contra  Âpionem,  11«  23  :  lU  vsà<  iv6;  Itou. 

*  Utiite  d^iasl^e,  duui  Josèptie,  11,  124,  édh.  îiavercamp. 

*  Philon.  De  9tta  Ifwiw,  H,  p.  151  ;  cf.  i?*  ndim.,  Il,  2iû, 

*  Pbiluo^  Qttod  owi».  pfoè,  liô^^  II,  +57, 
I  Josèphc,  Ânt,,  XVIil,  1,  '^, 

T.  XIV,  ««  2U. 


IVQ  R£VU£  DEâ  £TCD£S  JUIVES 

Mais  comment  pouvaiect-ils  s'occuper  de  ces  mystères  «  en  tout 
temps  »,  puisque  la  journée  entière  était  consacrée  au  tratail 
manuel  *  ?  Evidemment  le  repas  servait  à  ce  but  :  là.  selon  Jo- 
sèphe,  hu  tenait  d^s  conversatinrts  »aintes,  chacun  cédait  la  parole 
à  Tautre  à  son  tour,  et  c  est  cela  qui  produisait  sur  les  assistants 
du  dehors  l'impression  de  quelque  chose  de  mystérieux. 

Si  les  raéiiilations  philosophiques  sur  hi<-u  et  la  création,  l'étude 
de  réthique,  avec  les  lois  des  aricétres  {lour  guides,  au  moyen 
de  l  allégorie,  forment  le  centre  et  le  véritable  objet  du  repas  pris 
en  continua,  alors  la  haute  importance  qu*on  a  attribuée  à  celuKi 
s'explique,  alors  on  compr^id  aussi  comment  il  se  fit  que  les 
tyrans  les  plus  cruels,  les  plus  rusés  et  les  plus  perfides  ne  firent 
aucun  utal  aux  Esséntens,  mais  les  reconnurent,  par  coosidé- 
ranon  pour  leurs  hautes  vertus,  comme  indépendants,  comme  des 
hommes  naturellement  libres,  «  vantant  leurs  repas  en  cooh 
muo  *.  »> 

Une  interprétation  très  claire  du  repas  essénien  est  fournie  par 
la  description  faite,  dans  le  De  vUa  coniemf*iaitva,  du  repas  pns 
en  cumiiiun  par  les  Thérapeuces.  Même  s'il  n'a  jamais  existt^de 
Ttjérapeutes,  fauteur  a  toujours  connu  à  fond  l'essénisme  et,  par 
cela  même,  il  a  le  droit  d'être  entendu  quand  il  s'agit  déjuger  ce 
dernier. 

Mais  il  ne  doit  nullement  paraître  surprenant  que  le  Pales* 
tinien  Jo>èphe  cousidérât  comme  un  profond  mystère  ce  (ju** 
TAlexandrin  Fhilon  *-xposait  ouverieraeni  et  sans  crainte*  Car 
nou»  savons  que  la  doctrine  prêch*%  à  Alexandrie  au  grand  jour 
était  un  m}  stère  en  Judée  et  ne  pouvait  être  enseignée  queiîâus 
un  cercle  très  restreint  dînitiés  *.  Philun  ne  sait  rien  de  cet<^ 
rible  serment  qui  oblig- ait  les  Esséniens  à  ne  communiquera 
personne  les  doctrines  de  l'Ordre  autn^ment  quV>n  ne  les  avait 
reçues,  à  conserver  samteraent  les  livres  de  la  secte  *  et  les  noms 
des  anges*  Pour  Josèplie,  l'angélologie,  qui,  au  fond,  notait  autre 
chose  que  la  doctrine  alexandrine  des  forces  divines  mtermé- 
diuireSf  était  un  mystère* 


*  B.  J,,  11,  8,  5. 

»  Quod  omn.  prot^  ïtà.^  H,  p.  469  :  àSovriçaOtûv  ta  a«j*ffkTiai|  xtX. 
^  Utiite  (lociriQG  becràte  des  ËJï&euietis  iruiiaDl  de  Dteu  et  de  U  création  du  mondili 

ttvail  même  iruuvé  accès  datii»  le^  écoles  phiinbieones,  ordinniremeoi  leroiéei  Uermé* 
Uqut^tut.MiL  Déjà  &OUS  iahauaa  b.  Zdkkai,  cVsi-à-dire  environ  soixauU'dii  aos  tpr^ 
l'ère  chrtiiieaae,  elle  occupuii  rortemeui  quelques  doct*  ure,  qui  firent  de  IVtude  du 
irtuaté  tnermàa  et  du  ntnasi  &«>$*( hti  un  uji^'^iii^ft^  reduulaJ'Ie,  rappeUni  &iikjjulière- 
meut  la  niaUun  de  Jo^èphe  sur  la  maliô-e  \B,  J.,  II,  8,  5J*  Cf*  licftfeid,  lil,  p,  4iUj 
cl  fcuiv.;  Bdiuburj^'er,  Htal-Entytl.^  p.  tX)l  ei  ^uiT, 

*  ii%  avaii^nt  pum  ct^s  ii^ns  deâ  so;iiâ  tout  paiticulierB,  Jos.»  B*  /*,  U,  8,  Ù, 


LES  ESSÉNIENS  W 

T]  est  tout  à  fait  hors  de  doute  que  bs  Ess<5niena  s*occapaient 
paucoup  des  «  forces  intermédiaires  ».  S'ils  considéraient  Dieu 
comme  la  cause  de  tout  bien  et  non  du  mal,  et  la  matii^re»  au  con- 
traire, comme  mauvaise  et  nii^pn  sable,  ils  devaenl  n*^cessairemt*nt 
admettre  des  forces  intermt^diaiTes  entre  Dieu  et  la  matière.  Or, 

tus  savons  par  Josèphe  qu'ils  avaient  une  angélologie  à  laquelle 
attachaient  beaucoup  d'importance  Main  ces  an^es,  que  |iou- 
rent  ils  01  re  pour  eux,  sinon  les  forces  înlerraédiarre^  entre 
Dieu  et  le  monde  •  ?   l.a  r^flexirm  philosophique,  joint*^  à  une 

Këculation  guidée  par  rimagination,  a  accompli  son  œuvre  de 
composition  sur  rang^luïogie  dans  le  sein  du  judaïsme  ijlexan- 
drîn.  Les  anges  y  avaient  éi^  d'abord  des  perstmîies  ou  des  mes- 
sagers divins  ayant  apparence  humaine;  ils  devinrent  ensuite  des 
forces  incorporelles  et  animées,  qui  réalisent  le  bien  Ch*^z  Philon, 
la  théorie  des  anges  est  en  rapport  évident  a  ver  celle  du  Logos. 
Les  anges  s  a[»pellent  et  sont  des  «  logni  »,  des  idées  qui  tmt  une 
certaine  réalité,  en  tant  qu'elles  ont  pour  but  de  servir  d'intermé- 
diaires entre  i*ordre  spirituel  et  supérieur  du  monde  et  le  monde 
inférieur  *. 

Quoique  nous  puissions  admettre  que  les  Essénîens  connaissaient 
aussi  la  doctrine  du  Lojïos,  puisque,  pour  le  juiiaïsnie  alexanorin, 

i$  anges  sont  ideutiqu'^s  aux  forces  intermédiaires  divines  et  aux 
çôi  *p  nous  ne  voudrions  pas  1  aifirmer,  parce  que  les  preuves 
rectes  de  cette  assertion  font  déCauL  Mais  que  la  thf^one  des 
rc*'s  interm*^(iiaîres  jouât  un  grand   rOle   chez  eux,  cela  est 
autant  plus  c^^rtain  que  1  auteur  du  De  tita  coniemplativa  le 
€<)nstate  en  termes  lbrm*ds.  En  effet,  il  dit  des  Tlif^ra^ieutes  :  «  lis 
«Dnt  toujours  si  pénétrés  de  la  divinité,  que,  même  dans  leurs 
^priges.  la  beauté  des  forces  divines  est  la  seule  image  qui  leur 
apparaît  **  « 

La  petite  ha^he  qui  était  remise  à  chaque  novice  trahit  aussi 

i origine  alexandrine  de  ressénisme.  Quelle  idt^e  ce  symbole  dé- 
lit il  représenter  pour  eux?  Bellermann  et  Dâhue  la  prennent 
>jr  un  synibide  de  ractivité  et  du  travail  ^.  Nous  croyons,  que. 
ms  ce  symbolp,  il  y  avait  un  autr»^  sens  moif>s  éloijrné,  mais 
autant  plus  profond,  il  semble  déjà  ressortir  du  récit  de  Josèpbo 

•  Jritàphe  no«9  dit  quMs  ronpêrvaii'nl  rciipcupemMït  les  noms  tics  an(Z'«.  Or  lo 
oom  de  G«l»nel,  qui  esi  k  tr>*ilia€lioo  littérale  (ie  Svvv^i;  Qeoû,  luati^ue  déjà  qu'iU 
COoaAi«s«i«nl  Irs  forcf*  iurermô'liuifes  divines, 

»  Lipf'u^.  d^os  le  Bfàelieâeô'o»  de  Schenkeï,  voL  11,  p.  t15, 

•  Cf*  Gfrorer,  I,  p.  146  et  173  ;  II,  p.  318.  Philon»  De  Cktruè.,  l,  p»  130  ;  àrr^Hî» 

«  Phiioo,  II.  p.  475. 

>  Beliermaon,  Nofhrkhtem  iui  dm  Alttrth.,  p,  2S;  DAhno,  I«  p*  493, 


m  HEVITE  Des  ÉTUDES  JUIY^ 

goe  la  hachette  devait  symboliser  rabstînencei  q\ii  ^t)itt  V^^ 
que  le  travail,  la  carar4*^rist»qQe  de  TOrdre,  qui  en  ^tait  i  ^^r^pre* 
ment  pnrîpr  l'àm»*  '*  Si  quetqu'un  veut,  dit  Joîièplje  à  r       * 
entrer  dans  I  Ordre  il  oest  pas  admis  tout  de  suite,  mais  il 
encore  rester  un  an  hi»rs  de  la  soci<^té,  en  se  soumettant  touU^l<w*  i 
à  sa  Riani^re 'Je  vivre.  On  lui  doïine  une  bacbette,  un  tablier  et 
un  vèlera»*nt  blanc.  Si,  tians  cette  période  de  tçmps,  il  a  donné  A^fi 
preuves  i*atfs(inence,  il  peut  »'ap|irocher  plus  pr^s  de  l'ordre *♦ 
Comme  le  novice  doit,  dès  la  première  année  de  son  novicialt 
s'occuper  tuut  particultèrf ment  d'abstinence  pour  se  rapproch»'r 
de  1  Ordre  d  uu  degr^»  n'est-il  pas  probable  que  1b  symbuk  mif 
souî*  les  yeux  par  ie  fait  de  la  remise  de  la  hacliette  vise  la  pra- 
tique de  l'abstiîH-nce  ^i  de  la  têmpéranoe?Maisà  quoi  bon  recourir 
à  (les  supposition*  là  où  nous  avons  un  soi  ferme  sous  les  pieds, 
atten<iu  que  le  jud^^o  alexandrinisme  nous  donne  Texplication  la 
plus  topique  de  ce  symbole  t  Ecoutons  à  ce  siyel  Pbilon  lui-même^ 

Nous  qui  sommes  liés  au  cnrps^  sommes-nous  en  état  de  reoon* 
cer  aux  besoins  corporels?  Et  de  quelle  manière  cela  sei^it4t  po^ 
sible?  Qu'on  remarque  ceci  :  Le  léçisiaieur  sacré  prescrit  é  cear 
qui  soni  domines  par  \rs  besoins  corporels  comment  ils  doivent  se 
eorileuler  du  nécessaire.  D*abord  il  djt  :  lu  dois  avoir  une  plae  ai 
dehors  du  camv»'.  Camp  stgniûe  ici  venu,  où  rérae  doit  élever 
sa  tente.  Mais  la  sagesse  ue  peut  légner  dans  le  même  eutroit  qua 
les  beî^oins  et  les  jodissances  corporels.  C'est  à  ce  sujet  qu*iie»l  dil 
plus  loin  :  •  El  tu  dois  l'y  reu<tre.  p  Pourquoi?  parce  que  {'imtt 
tant  qu'elle  rci^ide  près  de  la  sagesse  et  habile  dans  sa  demeure,  ae 
peut  jouir  de  choses  corporeUes.  Car  la  elie  trouve  une  nourniurc 
divine  dans  les  connaissances  en  faveur  desquelles  elle  renonce  à 
la  chair  G  est  seulement  lorsque  Tâme  est  sortie  de  la  %^ertu  qui. 
doit  en  former,  pour  ain-si  dire,  la  charpente  sa*  rée,  quelle  se 
tourne  vers  la  substance,  qui  alourdit  et  écrase  le  corps.  Mais  com- 
ment doit-elle  se  servir  de  la  subsianee?  •  Tu  porteras  un  pic  a  t* 
ceinture  avec  leriuel  lu  creuseras*.  »  C'est  la  sa^e^se  (Logos)  q^i 
creuse  pour  découvrir  la  passion,  la  reieter  et  s'en  <iébarrat-ser  Non* 
devons,  en  etfei,  tenir  les  passions  serrées  comme  dans  une  çeioluns 
et  ne  pas  leur  laisser  leur  libre  développement  CVsi  pourpioi,  sui* 
vaut  le  commandement  de  rÉcriiure,  nous  devons,  quand  elles  passent 


*  Us  fuient  (c*e9t  «In si  que  Josèphe  commence  sa   reUlîoa  sur   Us 
if,  /,,  II,  H,  îj  les  jnui»sBiic«s  Mtjsweîles'comaio  des  vices  et  pluccnl  i«  verttt  • 
la  i^mpiTunc^  et  la  résjstaoce  «ux  passions. 

»  S.  /.,  11.  8.7, 

*  Deutéronnmc.  xxm,  13. 

*  Les  Essèmeas  se  servaietil  de  ràÇivdpiov  {^%<i\lç).  qu'on  leur  remettait  Ion  de 
leur  réceptioa,  dios  l«  m^me  but  qu'on  se  servait  ici  du  pic,  ou  inw^\^ç. 


LES  ESSÉNIETTS  199 

lissage  est  appelé  Paque),  Dous  ceiQcire  les  reins*,  ç*est-à-(iire 
\h\uer  les  passious    Le   i>ic,  cVst  la   sagesse',  qui  doit  suivre 

ut  la  pas;*ïon,  pour  empêcher  ses  écarts.  De  celte  manière,  nous 

CQtiUn  ferons  du  7iécessai7'e  et  fions  no  as  aès  tiendrons  du  superflu, 
repas,  nous  apportons  la  sagesse  comme  une  urm^'  deftnim, 

^tte  coLisommeroQs  pas  trop  de  nourriture  et  nous  n'arriverons 
h  réhrîéié.  Car  la  sagesse  rélrènera  el  refoulera  le  ehoc  impé- 
(lu  désir. . .  «  Tu  creuseras  avec  le  pic  d,  cela  veui  dire  :  tu 
luvriras^  à  l*aîde  de  la  sagesse,  la  nature  de  chaque  désir,  du 
iger  el  du  boire,  tu  la  crwuseras  pour  recunnaîire  ce  qui  sY 
ive  de  vrai    Alors  tu  apprendras   que   le   bien  ne   réside  dans 

De  de  ces  choses,  mais  utuquemeni  dans  ie  nécessaire  el  Tindis- 
lahle   L*Ècrilure  dit  ensuite  :  «  Tu  recouvriras  tes  déjections*  » 

biea  !  U  ûine,  applique  la  sagesse  à  tomes  choses  rie  façon  a 
frir,  à  obscurcir  el  a  cacher  loutes  les  déjoctions  de  la  chair  et  de 

ssioQ  ;  car  ce  qui  n'est  pas  conforme  a  la  sagesse  est  hideux, 
une  tout  ce  qui  est  conforme  a  la  sagesse  est  beau.  Celui  qui  a 

fision  des  plaisirs  marche  sur  le  ventre;  Xhnmme  parfait,  eu 
traire,  purifie  tout  le  corps;  celui  qui  fst  dans  la  roie  du  per^ 
kfnmjnent  purifie  ses  entrailles  ;  celui  qui  débute  seulement  dans 
vûïe  sort  quand  le  besoin  corporel  le  presse,  enipiirtauL  la 
>e,  qui  est  appelée  symboLiquemeut  pic*,  pour  meure  un  frein 
1  passions  *. 

est  indubitable  que  rexplication  de  notre  s3^mbo]e  donuf^e  par 
On  <?tait  aussi  celle  des  Ksséniens,  et  il  nous  parait  smgulier 
jn  l'ait  n»*fîliî?^%  si  compIrMement.  Celui  qui  deniaiittHÎt  à  être 

dans  Tordre  df^s  Esseniens  devait,  en  vivant,  pendant  toute 
aDn**e.  au  dehors  de  resséuisme,  donner  des  preuves  d'absii- 
ïe.  On  lui  remnitait,  bir^qu'il  se  présentait,  une  hachette  qui, 
^  S(ui  usa^p  journal ipr,  symbolisait  une  idée  plus  haute.  Il  est 

que  Josèptie  ne  sait  rien  de  |>lus  précis  à  ce  sujet  :  il  iVavait 

pénétré  dans  les  profondeurs  de  lessënisrae.  Par  contre, 
on  nous  a|»prend  que  la  haclif^tte  devait  servir  au  itébuiant 
me  défensive  contre  les  passions  ;  elle  devait  symholiser  la 

ise,  à  i  aide  df*  laquelle  on  doit  transp*»rcer  la  passion  et 
ligner;  enfin,  elle  apprend  à  ne  jouir  que  des  cl>oses  corpo- 
6s  les  plus  néceïtsaires  à  la  vie,  et  h  fuir  lont  superflu.  «  Le 
litdint,  di^il,  doit  être  armé  de  la  sagesse,  apfjelée  symbolique-' 
it  pfc,  pour  réfréner  les  passions,  »»  Kt  rette  interpn'tation 
Userait  pas  les  Essénious?  Au  surplus,  Philun  parle  ici  d'une 

5t<»dA.  xu,  11« 

%.  Âiteg,^  I,  p.  117  el  Buiv. 


200  REVUE  DES  ÉTUDES  JUTVÇS 

classe  particulière  d*bommes  visant  à  la  perfection  et  y  distingue 
trois  degrés,  comme  Josèpbe  distingue  trois  degrés  chez  les  Essé- 
niens  ^  De  même  que  celui-ci  prétend  que  la  hachette  est  remise 
au  débutant  qui  a  besoin-  de  devenir  zélé  pour  Tabstinence  et  la 
tempérance,  ainsi  Philon  met  entre  les  mams  de  «  celui  qui 
débute  dans  le  perfectionnement  »  le  pic,  symbole  de  la  sagesse. 
Cependant  nous  ne  voulons  pas  affirmer  pour  cela  que  Pbilon 
dépeint  ici  les  Esséniens  palestiniens,  mais  que,  sans  doute  à 
Alexandrie  aussi,  toute  une  classe  d  hommes  pratiquaient  la  règle 
des  Esséniens.  sans  former  un  Ordre  fermé.     . 

Le  judaïsme  alexandrin  était  donc,  selon  notre  opinion,  déjà 
implanté  en  Judée  avant  les  guerres  des  Macchabnes,  sans  ce- 
pendant former  une  société  fermée.  Du  reste,  à  ce  moment,  il 
n*avait  aucune  raison  de  s'isoler,  il  «^tait  aussi  libre  qu'on  pouvait 
r être  à  Alexandrie.  C'est  seulement  après  les  victoires  des  Mac- 
chabées que  les  circonstances  nouvelles  le  forcèrent  à  se  mettre 
à  1  écart  et  à  former  un  Ordre.  Cela  explique  aussi  pourquoi 
Philon,  quoique  Tessénisme  lût  un  produit  alexandrin,  quoique, 
dans  son  entourage  même,  il  y  eût  de  nombreux  individus  ayant 
adopté  les  princip^^s  et  la  manière  de  vivre  de  cet  Ordre,  ne  parle 
cependant  que  d'Esséniens  palestiniens.  Comme  secle  strictement 
fermée  et  bien  organisée,  lOrdre  avait  sa  patrie  en  Palestine.  Et, 
s'il  y  avait  en  Egypte  des  colonies  de  Thérapeutes,  qui,  par  leur 
extérieur,  se  distinguaient,  comme  les  Esséniens  palestiniens,  des 
autres  juifs  par  diverses  particularités,  le  lien  religieux  qui  les 
rattachait  à  la  nation  s'était  si  bien  relâché  chez  eux,  comme  nous 
l'avons  déjà  fait  observer,  sous  linfluence  de  la  philosophie  étran- 
gère, qu'un  Juif  nationaliste,  comme  Philon,  devait  se  détourner 
d'eux  avec  humeur  et  se  sentir  attiré  avec  d*autant  plus  de  force 
vers  les  Esséniens,  qui,  en  dehors  de  leur  philosophie,  pratiquaient 
strictement  les  cérémonies  mosaïques. 

1  Josëphc,  B.  J.,  II,  8.  7,  parle  de  celui  qui  demande  à  être  reçu  dans  TOrdre 
(6  CY)Xb)v)  et  qui  a  pour  principale  tflche  de  fournir  des  preuves  de  temp^ran(*e  ;  il 
recevait  une  hachette  (à^tvàptov  (txqOii;':  par  contre,  Philon  dit  de  celui  qui  débutêit 
dans  $on  perfectionnement  (6  apri  àji^x^t^^oc  Tcai^eûeoOai)  qu'il  était  muni  du  icdioo^o^, 
symbolisant  la  ffaffesse.  A  celui  y»i  monte  4' un  deg>é  [7rpooio)v  tTT^ov)  chez  Joï>è  he, 
correspond,  chez  Philoo,  celui  qui  progresse  (ô  Trpoxôirrcov] ,  qui  e^t  parvenu  lui  aussi 
à  un  haut  de^^ré  d'abstinence.  Ëniin.  le  troisième  dfgré.  seion  Josèphe,  Vkomtletè*  (&; 
el;  tàv  5p.iXov  eyxi.nvCTai),  correspond  au  téXeio;  de  Philon,  qui  a  remporte  la  pius 
graiule  victoire  posiole  sur  la  sen-ualité.  Si  Tinierprétalion  de  Philon  reproduite  ici 
était  aussi  celle  des  Esséniens,  cela  montre  —  ce  qui  eft  d'ailleurs  e^'alement  coa> 
testé  aujourd'hui  ^^  quel  développement  Tallégorie  avait  pris  chez  les  Esséniens. 


LES  ESSKNÏENS 


201 


u 


I 


C*est  un  fait  recaTiiiu  que  rOrdre  des  Esséniens  exerçait  une 
attraction  extraordinaire  sur  toutes  les  classes  de  la  société.  Ce 
devait  ^tre  un  aspect  imposant  que  le  spectacle  de  ces  htrmnif's, 
qui  avaient  passif  la  journée  presque  entière  au  travail  dans  les 
chami'S  ou  aiJleors,  consacraru  leurs  heures  de  repos  à  la  sancti- 
fication et  se  plonp:eant  dans  d*^  profondes  méditations  sur  Dieu  et 
le  monde.  Leur  étonnant  système  île  la  communauté  des  biens,  le 
inyst*^re  qui  les  eiitouiait»  l>>prit  de  t>ropli^tie  dont  on  les  croyait 
env*^loppés.  leur  doctrine  psychologique,  qui,  selon  le  témoignage 
de  Josèphe,  avait  tant  de  succès,  leurs  repas  communs  tant  vantés, 
régdiité  et  la  fraternité  précitées  et  mises  en  pratique,  leur  con- 

■  tînence  poussée  à  I  extrême,  leur  horreur  du  serment,  leur  zélé 
à  réprimer  toutes  les  passions,  leur  connaissance  de  la  nature 
ainsi  que  des  vertus  médicinales  des  plantes  et  des  pierres,  tout 

Ic**Ia  ne  contribua  pas  peu  à  auiîmenter  leur  consiîJération  et  était 
propre  à  inspirer  l'adnd ration  et  l'imilatton.  A  ces  éléments  d'at- 
traction venait  encore  s'ajouter  le  fait  qu'ils  vivaient  souvent  loin 
lies  vjIIps,  dan 3  la  campagne,  dans  dos  solitudi^s  provoquant  au 
recueillement  intHlle-tuel,  où  des  troupes  entièn  s  de  gens  de 
bien  qui  se  sentaient  mal  à  Taise  au  milieu  des  vices  des  Mlles 
venaient  à  eux  *.  S'ils  n  entraient  pas  tous  dans  leur  Or«Ire,  ils 
adoptaient,  du  moins,  leur  doÉ'trine  et  leurs  idées,  et  les  propa- 
geaient. Pbilon  et  Josèphe  fournissent  à  ce  sujet  le  meilleur 
■  témoignage,  car  tous  deux  sont  pleins  d  enthousiasme  pour  les 
Esséniens  et  cheri-hentà  intéresser  Tunivers  entier  à  leurs  doc- 
trines, sans  avoir  été  eux-mêmes  membres  de  cet  Ordre.  Au  sur- 
■  plus,  lés  Esséniens  s'occupaient  de  IVducatîon  de  la  jeunesse, 
car  José  plie  raconte  qu'ils  dédaijj^n  aient  le  mariage,  mais  qu*ils 
adoptaient  des  enfants  pour  leur  inculquer  leur  doctrine*.  Il 
dit  encore  ailleurs  que  lui-même,  pendant  son  adolescence,  il 
avait  vécu  sous  la  direction  d'un  certain  Banus,  qui  vivait  au 

Idé^iert,  portait  des  vêtements  d  ecttrces  fl'arbres,  se  nourrissait  de 
fruits  sauvages  et  se  baignait  l'réquemment  dans  Feau  froide  pen- 

'  Pline,  ffiât,  ndt.^  V,  17  :  •  la  dicm  ex  sequo  conveDarym    turba  renascitur  lirgo 
fre<{a«aLibus  quua  vita  fessos  ad  mores  eoruin  Jormuic  tlucUbus  agit.* .    Tam  fecuoda 
L|IliA  |ie,  BasaaU)  aliorum  vit»  pcBDÎteQiia  esU   ■ 

»  J. /,,  II,  S,  2.  


202  REVU^  INS6  ËTUBES  JUIVES 

dant  le  jour  et  la  nuit  '.  Qu'on  juge  donc  quelle  action  la  doctrine 
ess^^nienne  devait  exercer.  Si  Josèphnet  Pliilon  sont  d'accord  jK)ur 
évaluer  le  nombre  total  des  Essf^niens  à  4000,  il  en  est  de  cela 
corarpe  de  Tassertion  de  Josèphe  estimant  que  le  parti  pharsien 
sous  Ilérode  V[  comptait  seulf^ment  6  000  membres  *.  Il  est  pos- 
sible que,  comme  parti  fermé,  il  ne  com[)tât  que  6,000  hommes, 
mais  les  partisans  qui  suivaient  aveuglément  leur  direction  de- 
vaient être  innombrables.  De  même,  à  côté  des  4,000  membres  de 
l'Ordre  d PS  Esséniens,  il  devait  y  avoir  des  milliers  d'Esséniens, 
comme  Philon  le  dit  expressément  en  un  autre  passage  *. 

Qu'est  devenue  cette  doctrine  qui  avait  de  si  profondes  racines 
et  avait  sur  le  terrain  religieux  une  action  si  forte  et  si  féconde? 
A-telle  vraiment,  comme  on  est  volontiers  tenté  de  le  croirp,  fait 
long  feu  après  un  rapide  essor  et  s'est-elle  évanouie  sans  laisser 
de  traces  ? 

Si  on  lit  attentivf'ment  et  impartialement  les  relations  de  Phi- 
lon et  de  Josèphe  sur  les  Ess»^nif^ns  et  les  alluî^ions  faites  à  ce 
sujet  par  Ihs  pères  <le  TÉglise,  on  reconnaîtra  ensuite,  en  exami- 
nant les  écrits  du  Nouveau-Testament,  que  le  christianisme  pri- 
mitif était  profondément  pénétré  des  doctrines  esséniennes  et  qn^il 
est  né  sur  le  terrain  formé  et  si  bien  cultivé  par  les  Esséniens.  On 
voit  alors,  d'une  part,  les  rapports  existants  entre  Tessénismeet 
le  christianisme,  et,  d'autre  part,  les  efforts  faits  par  l'Église,  ar- 
.  rivée  à  la  conscience  de  sa  mission  universelle,  pour  s'émanciper 
de  Tessénisme,  rejeter  celui-ci  à  Tarrière-plan  et  le  réduire  aa 
silence,  et  on  ne  peut  plus  nier  la  connexité  du  christianisme  et  de 
Pessénisme.  Eusèbe*,  Thistorion  de  l'Église,  dans  ses  explic^itions 
sur  le  tliérapeutisme,  montre  combien  les  fils  qui  rattachaient  le 
christianisme  primitii'à  l'esséni^me  étaient  visibles  et  tangibles. 
Toutefois  ses  préventions  ne  lui  permirent  d'expliquer  ce  phéno- 
mène qu'en  admettant  que  le  tliérapeutisme  est  sorti  du  cbristia- 
nisme,  et  ce  système  a  été  ado[)té  par  les  docteurs  de  l'Église  qui 
lui  ont  succédé  On  pourrait  ohj'^cter,  il  est  vrai,  que  IVcrit  sur 
les  Tlif'Tapt^ut^^s  est  peut -être  un  ouvrage  chrétien  postérieur, 
mais  même  en  coiHy»darit  ce  point,  nullement  démontré  et  sans 
doutf»  indémontrable,  cela  ne  change  rien  au  lait  qu  Eusèbe  trouve 
des  ressemblances  incontestables  entre  l'essénisme  et  le  chnstia- 


*  Vita.  ch.  II. 

*  Ant.,  XVII,  2,  4. 

^  Apu'i  Eust'be,  Prfppar.  étang,,  VIII,  11.  C'est  ainsi  seulemeiit  que  s'explique 
cette  évaluation  des  Esséniens  a  des  myriades,  en  présence  du  chiffre  indiqué 
de  4000. 

^  Hist,  Eccl,  II,  17. 


203 


fr^t  dps  aîlu- 


Sl  LKS  KSSKNÏENS 

pisme.  Car  ce  qui.  dan»?  cH  onvra^fe,  lui  par? 
pions  claires  et  incontestables  au  christianisme  u  concorde  le  plus 
jouvent  îivec  c^  qix^  Philtm  et  JosAphe  disent  île  rascétisme  et 
de  la  communauië  des  biens  cliez  les  Esséniens.  Les  rnla lions 
d*Epi[)hane  ciinceroant  c**  sujet  ne  sont  pas  moins  pnV:ises, 
quoique  («kis  embrouillées.  Cent  ainsi  qu'il  dit  une  fois  des  Na- 
aréens  «  que  pen<îaût  un  certain  teiuf^s»  avant  d*avoîr  éi6  ap- 
elés  chrétiens  à  Anti*iclie,  ils  s'appelaieïit  Jesseens»  sans  doute 
e  Jessé,  le  |>ère  de  David,  ou  peut-être  même  de  Jésus,  dont 
étaient  les  disciplos.  Qu'on  relise  à  ce  sujet  ce  que  Phiïon 
des  Jpsséens,  nom  sous  lequel  il  désigne  les  chr*5tîens  : 
omm»*  ces  nazari^ens,  juifs  de  race,  qui  observaient  la  Loi  et 
a  circoncision,  avaient  entendu  le  nom  de  Jésus,  ils  ne  tardé* 
I  rent  pas  à  croire  en  lui- .,  *  ».  Ce  passage»  quelque  obscur  qu'il 
^boit,  montre  du  murns  qu'É[)ipliane  avait  une  vague  notion  des 
^vapports  qui  existaient  entre  l'essénisme  et  le  cliristianisme  pri- 

Kitir. 

r         Les  écrits  du  Nouveau-Testament  nous  apportent  une  preuve 

^^Qtrement  concluante  que  toutes  ce.s  indications  plus  ou  moins 

^pagues  donnt'es,  par  hasard,  par  les  docteurs  de  l'Église  sur  la 

parenté  du  clirisljanisme  primitif  avec  Tes^énisme.  La  cc*nimu- 

taut^  des  biens  et  le  mépris  des  choses  terrestres  qui  existaient 
ans  la  communauté  des  premiers  apôtres,  les  repas  pris  en  com- 
lun,  les  saintes  assemble  es  du  Sabbat,  où  les  frères  se  réunis- 
ïient  pour  «  rompre  le  pain  »,  les  guérisons  de  malades,  les  aspi- 
îtions  à  Textase  proplji'lïque  tout  ce  a  s'accorde  si  bien  avec  ce 
»jUe  nous  savons  de  lessénisme,  qu'on  peut  regarder  comme  in- 
dubitable que  Tun  i»rocède  de  Taotre  *. 

Le  cliristianisnje  primitif,  à  notre  avis,  a  été  rhéritier  de  l'es- 
SénUme.  La  partii^  populaire  et  pratique  eu  a' été  adoptée  par 

»  Ma€t.,  XXIX. 

*  Qu*oQ  EOQffe  seulement  aux  passsf^cs  suivants  de  rEvan^ito  ei  des  Actcfi  des 
apAtr^  :  •  Ne  vou»  amurscz  pa«  des  lP>Bors  sur  l*  lcrr«s  ou  tes  vers  et  la  rouille 
dévûnnt  toal..,,  mais  amassez- vou ^  des  trésors  dans  le  ciel..,  ;  ne  eoyin't  pas  ea 
peine  pûur  votre  vie  de  ce  qut]  vous  niau^rrcfï  ou  de  ce  que  vous  boirei  ;  ni  pour 
Totre  e*)fps  de  quoi  vous  serez  vôius  »  (Maih*,  vi,  19,  20,  25).  *  Ne  prenez  ni  or,  ni 
ftrgent„  ni  mooDaie  dans  vos  ccinlircs,  ni  sac  p<mr  e  vova^re  •  (cf.  Jos..  B*  J  ,  II, 
8,  I).  •  ni  deux  habita,  ni  gouLiers  >  f\iHib..  x,  1  et  s.)  «  Si  tu  veux  être  pa^faiit 
Teoâi  ce  que  tu  as  et  donne-le  aux  pauvres  et  tu  auraa  un  Irésordens  le  ciel  * 
fHtih  ,  itx,  1\  ;  Luc.  xn.  'i^\  *  Et  tous  ceux  qui  étaient  devenus  d^'Ei  crojaals 
dlaient  eni^i^tuble  dans  un  même  lieu  el  av^ii^nl  totttti  thntet  enmmvn^s,  lis  vendaient 
leurs  hifos  et  leurs  possessions  et  en  distribuaient  l«  prix  a  tous,  selon  le  besoin  que 
chacun  ru  avait  t  (Actes,  ii^  44  et  s.l.  «  La  oiuKilude  de  ceux  qui  evaii'nt  vtu  d  «^tait 
qu^UD  cccur  et  qu'une  flme,  ei  personne  ne  disait  que  ce  qu  il  iiossédail  Ihi  k  lui  en 
pariiculier.  mais  tout  ét«u  commun  entre  eux..,  »  (Actes,  iv,  32  et  s.  ;  cf.  Eusèbe, 
H.  E.,  II,  17}.  Voir  Delauaay,  Motntt  tt  SièifUet,  p.  ïîS  cl  a. 


204  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

rÉglise  orthodoxe,  qui  la  développa  à  sa  mode  et  Tenrichit  da 
dogme,  depuis  longtemps  cher  au  judaïsme  palestinien,  de  la  ré- 
surrection de  la  chair,  tandis  que  l^Église  hérétique  4éveloppa  la 
partie  mystique  traitant  de  Dieu,  de  la  création  et  des  forces 
divines  intermédiaires,  et  donna  naissance  au  gnosticisme. 

Cependant  il  ne  faut  pas  s'imaginer  qu'il  existât  un  abtme  in- 
franchissable entre  Tessénisme,  en  apparence  ennemi  du  monde, 
et  le  christianisme  visant  à  la  vie  active.  Qu'on  ne  croie  pas  non 
plus  que  tous  ceux  qui  professaient  les  principes  de  Tesséniarae 
étaient  de  savants  mystiques.  Aussi  bien  que  les  Phar  isiens  n'é- 
taient pas  tous  des  docteurs  de  la  loi,  ainsi  les  Esséniens  ne  sont 
pas  tous  des  pnilosophfs.  Quant  à  Paversion  des  Esséniens  poar 
le  monde,  il  ne  faut  pas  la  prendre  à  la  lettre  non  plus,  l'Ordre 
lui-même  ne  le  prenait  pas  ainsi.  Josèphe  lui-même  ne  dit-il  pas 
qu'après  l'accomplissement  de  son  noviciat,  l'Essénien  nouvel- 
lement reçu  dans  Tordre,  avant  d'être  admis  au  repas  commun, 
devait  jurer  «d'observer  la  fidélité  envers  tous,  surtout  envers 
l'autorité,  car  personne  ne  possède  Va'toriié  sans  qu'elle  lai 
soit  conférée  par  Dieu  *  »?  De  plus,  il  devait  promettre,  «  au  cas 
où  il  arriverait  lui-même  au  pouvoir,  de  ne  pas  en  abuser, 
de  ne  pas  chercher  à  surpasser  ses  subordonnés  par  l'éclat  des 
vêtements  ou  de  la  parure  ».  Nous  savons  aussi,  par  Philon,  que 
les  Esséniens  étaient  instruits  non  seulement  dans  la  piété,  la 
sainteté  et  la  justice,  mais  encore  dans  l'administration  des  affaires 
domestiques  et  publiques  *.  Si  les  Esséniens  devaient  passer  toute 
leur  vie  loin  du  monde,  pourquoi  leur  fallait  il  jurer  de  ne  jamais 
abuser  de  leur  pouvoir,  et  pourquoi  les  instruisait-on  en  poli- 
tique? 

D'autres  mesures  en  vigueur  chez  les  Esséniens  indiquent  qu'ils 
n'avaient  pas  une  si  forte  aversion  du  monde  qu'il  semble  tout 
d'abord,  et  qu'au  contraire  ils  avaient  de  fréquents  contacts 
avec  la  société,  en  vue  de  la  propagande  de  leur  doctrine.  «  Ils 
n'habitent  pas  une  seule  ville,  dit  Josèphe,  mais  il  y  en  a  beau- 

*  B.  J,t  I,  7.  11  est  clair  que  par  •  ceux  qui  commandent  »  on  ne  veut  pas 
parler  ici  des  chefs  des  Esséniens,  comme  quelques-uns  le  prétendent  (cf.  Lucius, 
Der  JissenUmus,  p.  51  j  :  il  n'y  avait  pas  de  chefs  dans  l'ordre.  Les  passades  pa- 
rallèles nous  montrent  clairement  qu'on  dés  ^naii  ici  les  chefs  temporels.  Ainsi  le 
pseudo-Sa-omon.  V  1,  2.  3  :  'EvwTtaaaôe  otxpaxoùvre; . . .  ôti  èSodri  Tcapi  toû  Kvpiou 
^  xpâtYiii;  Op,ïv  xtX...  Dans  l'Epitre  aux  Romains,  xin,  1  :  où  yâp  i<rriv  èÇouffts 
e(  \iii  ànà  6eoO  De  môme  dans  Jean,  xx.  11,  il  est  question,  comme  dans  tous  ces 
passa;;es,  de  Pautorilé  temporelle.  Nous  avons  ici  encore  une  doctrine  du  judéo- 
alexaudrinisme  reprise  par  les  Esséniens  et  acceptée  par  le  Nouveau -Testameut.  — 
Cette  opinion  des  Esséniens  sur  Tauiorité  nous  explique  aussi  pourquoi  ils  ont  été  . 
épargnés  par  les  tyrans  les  plus  cruels. 

*  Quod  omn.  proh.  lih.,  II,  458. 


LES  ESSÉNIENS 

iip  dans  chaque  ville,  et  les  confrères  venant  du  dehors  trou- 
ât chez  eux  maison  ouverte.  Ils  entrent  chez  ceux  quUls 
liaient  jamais  vus  auparavant  comme  chez  leurs  amîs  les  plus 
'ls  ïi'em]jortent  donc  en  vo>age  que  des  armes  pour  se 
contre  les  voleurs*.  »  11  ressort  churement  de  ce  texte 
fils  al  aient  souvent  en  voyage  et  qu'ils  pouvaient  voyager  coni- 
|toent  et  lacilement.  Quel  pouvait  <>tre  le  but  de  ces  voyages, 
la  propagande?  La  littéraiure  judéo-alexandrine  mcuitre 
tt»*l  zèle  ardent  animait  (également  Ws  juifs  lielléidsants  pour 
onveriir  le  monde  à  leur  mosaïsme  philosophique.  Du  reste» 
fjtileur  du  De  vita  contehiidativa  nous  donne  un  commentaire 
net  de  ces  voyages  des  Ksséniens  :  «  On  trouve  ces  hommes, 
lit-ildes  tliérapeutf^s,  dans  toules  les  contrées,  évidemment  afin 
lie  les  Grecs  et  les  Barbares  puissent  aussi  recevoir  en  partage 
Bbieo  suprême  •.  » 

Ce  que  nous  savons,  d'autre  part,  des  Esséniens  montre  qu*il  y 

fyaii  parmi  eux  des  classes  int^galement  soumises  aux  sévères 

gleâ  de  l'Ordre*  On  nous  parle,  d'un  côté,  d*Ess^niejjs  habitant 

villes  ^,  et,  d'autre  part,  d'Esséniens  les  fuyant  à  cause  des 

lices  qui  y  régnaient»  cherchant  la  solitude  des  campagnes  et 

Btablissant  leur  demeure  dans  les  villages  ou  dans  le  dé^^ert**  Il 

«tqupslion  aussi  d'une  classe  d'R^séniens  rejetant  coniplètemt^nt 

[le  mariage*,  et  d'une  autre  quj  Tadmettaii  ^*  ;  d\jne  communauté 

•aériieune  dont  les  membres  étaient  des  hommes  *rûge,  a  Tabri 

Mes  oragHS  de  la  vie  et  des  passions,  chez  le^^quels  il  H\t/  avait  ni 

l^fifjiit  ni  jewte  homme'' ^  et,  ailleurs,  d'une  autre  classe  d'Essé- 

JBienuqui  adoptaient  des  eniards  en  bas*àge  et  les  élevaient  selon 

tirs  [anticipes  *  ;  d'un  côté,  enfin,  on  nous  assure  que  Tordre  des 

Kiiîiéiiiens  comptait  en  tout  quatre  mille  membres**,  et,  d'un  autre 

|c<Hé,  qu'il  y  en  avait  des  myi-iades  '"*. 

TotitM»  ces  contradictions  apparentes  disparaissent  aussitôt 
Iflo'otj  accepte  l  hypothèse  de  Texistence  de  nombr^^ux  Esséniens  à 
[côté  de  rOrdre  même  et  moins  liés  à  ses  règles.  Il  est  indubitable 


•  FkilOD,  éd,  MaDfrin,  11,  474. 

»  Joi..  S  y..  Il,  8.  4  ;  Philoû,  apud  Eus.,  Prap.  ev,,  VUl,  Xt  ;  éâ.  Maog.,  11,  632. 
•PMoo    Quod  omn,  proh,  Itb,.  n,  i57;  PUiie,  V,  17. 

•  Jo«..  B   J,,  U.  8,  2  ;  Ant,,  XVUl,  1,  5  ;  FbiloD,  apud  BuS.,  Pr^fp.  ev.,  VUl, 
fi  ;  Plmo,  '.  f. 

•  Jo»„  B.J,,  II.  8,  13. 

I  '  PhiloQ,  «(juJ  Eus..  Pr^p.  e«.,  Vlll,  M, 
|»Jo».  ^./.,  11.  S,  2, 

•  PhàloB^  îiu&d  om»,  prob,  UK,  U,  457;  Jo».,  Ani,^  XVIU,  1,  5. 

t«   PtuUn^  tp.  Eus,,  l4Ci  €tt. 


2*16  REVUE  t>ES  ÉTl'DES  lUlVES 

qu'il  y  eut  uno  quantité  (î*Ess^h»ens  vivant  dans  les  villes  et  â^'niAr^ 
qui  vivaient  loin  du  iimndt^  menant  au  (l<^s<-rl  une  vie  de  ^-oi^ 
tairos  et  d*a$CiHes,  entourés  d*unp  troupe  dp  disciples  avides  d'sps 
prendr**et  «lui,  comme  Josèptie,  passaient  trois  ans  de  noVicW 
Tous  ces  disciples  ne  devenaient  pas  des  Esséiiiens,  mai^^,  en  mémi 
temps  que  IVducation  grecque,  il^i  y  puisaient  les  id^^es  et  les  ha- 
bitudes des  Esséniens  ils  les  importaient  dans  la  vie  pratique,  <'t 
les  répandaient  ainsi  au  loin.  C'est  aux  Ess^'^niens  de  ct-tteespèctf 
qu'appartenaient  Jean-Baptiste  et  Banus,  le  maître  tïeJos^phe, 

Nul,  jjarmi  les  E^st^niens,  n*a  su  (aire  p^^n^trer  les  doctrines  «lé! 
l'Ordre  dans  les  masses  et  échauffer  les  esprits  jusqu'à  Tenlhou- 
siasme  comme  Jean -Baptiste,  qui  eni^eignait  sur  les  bords  di 
Jourdain.  Il  était  devenu,  en  qut-lque  sorte,  l'Ëlie  du  Messie  qti 
allait  venir,  le  christianisme  sVst  édifié  sur  ses  épaules  puissantes. 
Et  si  ce  robuste  support  s'atfaissa  peu  à  peu  sous  ta  masse  écn^ 
^  santé  de  Tédiflce  ecclésiasiique  et  se  ré<iuisit  à  une  simple  pierre 
dédaign«r^e  par  les  maçons,  on  ne  parvint  cependant  pas  à  Técartef 
tout  à  (ait*  car  un  examen  impartial  des  sources  montre  que  Je«in 
Baptinte,  quoique  TEglisp  le  regardât  avec  dédain,  a  été  ia  piêrré 
angulaire  de  cette  coasiruction  monumentale. 

En  réalité,  Jean  d  été  fort  injustement  mis  h  Técârt  Céstld 
qui  avait  remué  les  esprits  comme  nul  autre  avant  lui,  si  hkn 
qu'ils  ne  purent  plus  recouvrer  le  repos  ;  hii  qui  avait  préparé 
tous  les  cœui's  à  recevoir  la  doctrine  de  Mt>ïse  et  des  prophètes 
épurée  dans  le  creuset  essénîen,  parée  d'une  grâce  nouvelle  et 
d'un  attrait  puissant  *.  On  n'avait  qu'à  continuer  son  (feuvrepour 
produire  une  grande  révolution  religieuse*,  et  lorsque  là  semence 
semée  par  lui  commence  à  produire  ses  épis,  Jean  est  mis  k  IVcart 
et  peu  à  peu  diminué  (  Le  mouvement  religieux  provoqué  par  lui 
fut  cependant  si  puissant  et  si  durable  qu*il  obscurcit  pendant 
longtemps  Tarlion  de  Jésus;  cela  ressort  ciair^ement  du  récit  de 
Joséphe',  qui  parle  avec  beaucoup  d'admiration  de  l'œuvré  ^e 
Jean-Baptiste,  et  qui  ne  semble  pas  se  douter  de  l'etistenee  de 
Jésus.  Cependant  jdus  lard  Taclion  de  Jean  lut  refirésentée  comme 
une  sorte  de  préface  au  christianisme,  son  baptême  fut  coiisuiéré 
comme  insullisant  *^  on  ne  tint  plus  autrement  compté  de  lui,  i 

»  Jos.,  ^.  /,,II,  s,  11, 

*  Marc  cammencfl  elîeelivemeDt  son  Év&iifrile  en  disani  q.ue  c'était  Jean  i^i  4<mil 
k  prcuiière  impulsion  puis^anie  pour  U   1oru«auou  du  chrbUutii&fiie.    Il  dil  :  «  C  ' 
ett  i^  eommeHcement  dt  l  évanpU  de  Jéâus-Chriil*  le  fiis  de  Dieu. . .  C  tsl  U  toii 
quelqu'un  qu)  eue  daus  le  dés^rl  :  préparez  le  cbetsm  du  Seigneur..  *  •  Jeon  él 
au  désert,  ri  hapU£«u  et  prêchait  le  hapiêroe  de  metHence.  • 

»  Aat.,  XVm,  5,  2. 

♦  Ep.  AUX  Hébr.,  yi,  12. 


it  têân\t  â  ^itÈ  titi  simple  lémoin  eïl  faveur  d?  J^stts  et  on  prit  à 
Ipltre  ce  qu  il  ù\i  modestf-meiit  de  !ui*méine  :  <i  11  faut  qu'il 
KJésUs)  croisse  et  qu**  je  diminue  *  n. 

Cet  effort  à  pr*  setiler  les  travaux  préparatoires  de  Jean  avec 
^s  conloars  f-(faces  et  aussi  vagues  qwe  po&sible  est  déjà  visible 
,     d«lis  le  quatrième  évangile.  Il  se  cotiïprend,  sans  doute,  si  on 

Iionge  que  le  ctiristiatït.srne,  cherchant  à  s'êniaiicipèr  peu  à  pea 
du  judaïsme,  devait  trouver  gênant  qu*on  lui  rappelât  toujours 
que  lessi'^iusme  avait  été  son  seul  parrain  et  que  celui-ci  lavait 
nourri  et  forlifl*^  de  son  sâu^  Jean  se  rattachait  au  judaïsme, 
e'est-à-dire  au.judaïsrne  essénien»  rien  dans  son  caractère  et  dans 
won  oeuvre  ne  trahissait  la  moindre  intention  de  sVn  écarter* 
Et  c'est  ce  juif  encore  tout  dévoué  à  l'ancien  état  fie  choses 
qui  devait  avuir  donné  une  impulsion  si  puissante  à  la  fondn- 
Uon  de  la  nouvelle  Alliance  î*  Jamais  1  II  ne  pouvait  donc  être 
qu'un  précurseur  et  rien  de  phi?.  Il  avait  eu  un  pres.sentiment 
—  c'est  le  seul  mérite  qu  oji  lui  recunnalt  —  de  la  si-lemleur 
qui  viendrait  bientôt  après  lui,  il  n'était  pas  la  splendeur  elle- 
même. 

IEn  vain,  les  disci|des  de  Jean»  qui  le  prenaient  pour  le  Messie, 
lui  et  non  Jésus',  et  qui  totigtemps  encore  après  5a  mort  lui 
conservèrent  une  fidc^Hlé  inébranlable,  protf'stArHnt-ils  contre 
cette  conception  qui  ravalait  leur  maître;  en  vain  ili*  invoiîuèrent 
le  mouvement  baptismal  commencé  par  Jean  et  suivi  d'un  succès 
si  imprévu,  mouvement  par*  lequel  Jésus  lui-même  se  laissa 
porter^;  le  quati-ième  évat>|^éliste,  tlont  le  ctrr  stianisme  est  déjà 
ptus  avancé  que  celui  du  premier  évangéliste,  prétendait  en  savoir 
^plus  lonîT  quVux  à  ce  sujet.  Sa  relafion,  au  fond,  n  est  qu'une  po- 
Hlémique  contre  les  disci}des  de  Jean  encore  gAnailts  à  ce  mo- 
Hment'là;  elle  est  ainsi  conçue:  «  Il  y  eut  un  homme  qui  fut  envoyé 
^  de  Dieu  et  s'appelait  Jean.  Il  mut  pour  être  témoin^  pour  rendre 
témoignage  de  lumière,  afin  que  tous  crusst^nt  en  lui.  H  -a  était 
\  pas  bii  même  la  lumière,  nviis  il  était  enroyé  pour  rendre  ié^ 
mohjnage  de  la  lumière.,-  Et  c'est  ici  le  témoignage  que  Jean 
I  rendit,  lorsque  les  Juils  envoyèrent  de  Jérusalem  des  sacrilica- 
leurs  et  des  lévites  pour  lui  demander  :  qui  es-tu  f  11  le  cunîessa 
et  ne  le  desavoua  pas:  je  ne  suis  point  le  Christ.  Qu'es-tu  donc, 
lui  demandèreni-Us?  Ks-tu  Élief  Et  \\  dit  :  je  ne  le  suis  point. ,. 
t  Je  suis  la  voix  de  celui  qui  crie  dans  le  désert, .    Ensuite  Jésus 


A  Jeio,  m,  30. 

ILuc,  lu,  15;  Clémeot»  Meeogn.,  I,  Si,  €0, 
[  J««tt,  ui,  22  et  8. 


uvtr£  DES  finîtes  jchtes 

rt  ses  disciples  Tinrent  en  Judée  :  il  y  demeura  avec  eux  et  j  bap- 
tisait. Et  Jesn  hapttsâit  aus^i  à  Énou,  près  4e  Salim«  parce  (lu'il 
y  avait  là  beaucoup  deau  et  qu'on  y  Tenait  pour  être  l>apUaé; 
car  Jean  n*avdit  pas  encore  été  mis  en  prison  Or  une  diâi-uta 
sVIeva  entre  les  disciples  de  Jean  et  le4$  Juifs  Inucbant  ta  purv 
ficatîon.  et  ih  dirent  à  Je^n  :  «  Maître  celui  qui  était  avec  loiaa- 
delà  du  Jourdain,  auquel  tu  as  rendu  témoignage,  le  voili  qui 
baptise  et  tous  vont  à  lui  »,  Jt-an  leur  répondit  :  m  Pemonnene 
peut  rien  prendre,  s'U  ne  lui  a  été  donné  du  ciel  •.  i>  Wis- 
mémes  vous  m*éles  témoins  que  j*ai  dit  que  ce  n'est  pas  moi  qui 
suis  le  Christ,  mais  que  j'ai  été  envoyé  devant  lui.*.  «  Il  faut  quû 
croisse  et  que  je  diminue.  Celui  qui  vient  d'en  haut  est  au  dessus 
de  tous  *.  » 

Après  ces  observations  préliminaires,  voyons  le  portrait  que 
Joàèphe  nous  (ait  de  Jean  Baptiste,  comparons  le  avec  celui  que 
nous  donne  le  premier  évangéliste  et  avec  ce  que  les  Actesides 
apôtres  disent  de  l'effet  aussi  fort  que  durable  du  mouveniéiit 
ba{itismâl  et  nous  aurons  ainsi  la  double  conviction  que  Tactiao 
inaugurée  par  Jean  a  été  vraunenl  grandiose  et  quea  cïutrv  Ak 
est  sortie  dti  fleuve  de  ressénisme, 

Josèphe  raconte  la  défaite  que  le  roi  de  TArabie  Pétrte  avait 
infligée  d  Hérode  Anti(jas.  et  il  ajoute  :  «  Beaucoup  d^eutre  lesiuifs 
voyaient  dans  la  ruine  de  Varm^^e  hérodi^nne  un  acte  de  la  Pro- 
vidence, qui  infl  geaît  à  Hérode  le  juste  cliâtiment  de  la  mort  de 
Jean-Baptiste  Kn  effet,  Hérode  avait  tait  mettre  à  m<»rl  cet  liocnme 
de  bien,  qui  engageait  aussi  les  Juifs  à  être  zHés  pour  la  vrrtu^à 
pratiquer  la  justice  envers  leurs  seinbl^ibies^  la  piéfé  efwets 
I/nu,  et,  ainsi  jjréparés.  à  venir  au  baptême»  car  alors  le  baptême 
sera  agreable^à  Dieu,  parce  qui )s  ne  le  pratiqueront  pas  en  vue 
de  la  rémission  *im  pé**ht's  —  leur  âme  étant  déjà  sanctifi*^e  par 
une  vie  cunlurme  à  la  justice  — ,  mais  en  vue  de  la  sanclific^lioa 
du  corps.  Comme  de  toutes  parts  la  fimle  venait  à  lui  —  ses  dis- 
cours provoquaient  une  vive  émotion  —,  Hérode  commença  à 
craindre  que  l'éloquence  entraînante  de  celui  qui  exerçait  une 
inliuence  si  puissante  sur  les  hommes  n'amenât  facilement  une 
émeute.  H  jugea  donc  plus  habile  de  s*en  débarrasser  avant 
qu'il  eût  tenté  quelque  chose,  plutôt  que  d'avoir  à  regretter  sou 
indéciîiion,  si  une  révolution  éclatait-  Sur  ce  soupçon  dHérode, 
Jean  fut  arrêté  et  envoyé  à  la  forteresse  déji  mentionnée  de  Mt- 
chéruus,  où  il  lut  décapité.  Les  Juifs  eurent  la  conviction  que  là 


I  C  est  uue  sentence  esséDiËUQei,  comme  dous  Tavons  vu. 


LES  ESSENIËNS 


)m 


*înort  de  cet  homme  fut  la  cause  de  la  catastrophe  qui  roridit  sur 
i^armée,  Dieu  étant  irrité  contre  Hérode  *♦  w 
H  Cette  relation  ne  laisse  rien  à  désirer  en  fait  de  clarté.  Jean  est 
^nlacé  ici  en  pleine  lumière,  on  y  rend  entièrement  justice  à  sa 
Punissante  personnalité,  à  ia  force  persuasive,  émouvante  et  entraî- 
nante de  sa  parole,  sans  ombre  d  une  glorification  inicniionneUe, 
Hais  c'est  aussi  comme  un  vérilable  Essênien  que  Jean  nous  ap- 
paraît ici  :  «  Il  est  un  excellent  homme  qui  engageait  aussi  les 
Juifs  à  être  très  zélés  pour  la  vertu,  à  pratiquer  la  justice  en^ 
vers  les  hommes,  ta  piété  envers  Dieu.  »  Si  on  compare  à  cela 
ce  que  Philon  dit,  en  termes  courts  et  précis,  sur  le  canon  moral 
des  Esséniens,  l'essénisrae  de  Jean  sera  irréfutahleraent  établi. 
Diaprés  Philon  *,  a  les  Esséniens  sont  instruits  dans  la  sainteté, 
dans  la  piété  et  la  justice,  ils  examinent  toutes  choses  à  l'aide  da 
cette  triple  règle  :  si  elles  répondent  à  Vamour  pour  Dieu,  à 
Vamour  de  la  vertu,  à  Vamour  du  prochain,  »  C'est  avec  cette 
triple  devise  essénienne  que  nous  voyons  Jean  enseignant  et  en- 
flammant le  peuple. 

Ce  qui  atteste  tout  aussi  clairement  Tessénisme  de  Jean,  c'est 
Teflort  qu'il  fit  pour  rendre  au  baptême  son  sens  primitif,  qui» 
avec  l'expansion  dé  Tessénisme,  s'était  altéré,  et  pour  faire  com- 
prendre qu'il  n'était  agréable  à  Dieu  qu'après  que  le  néophyte 
<i  avait  sanctifié  préalablement  son  âme  par  une  vie  conforme  à 
la  justice». 

Le  portrait  de  Josèphe  est  complété  par  celui  de  Mathieu  : 
t  En  ce  temps-là,  Jean-Baptiste  vint  et  prêcha  dans  le  désert 
Je  la  Judée  disant  :  Amendez-vous  car  le  royaume  des  cieux  est 
croche  '.  C'est  celui  do  ut  le  prophète  Isaïe  a  parlé  en  disant  :  La 
loix  de  celui  qui  crie  dans  le  désert  dit  ;  Préparez  le  chemin  du 
eigneur,  aplanissez  ses  sentiers.  Or,  ce  Jean  avait  un  habit  de 
liîs  de  chameau  et  une  ceinture  de  cuir  autour  de  ses  reins,  et  il 
le  se  nourrissait  que  de  sauterelles  et  de  miel  sauvage.  Alors  ceux 
^de  Jérusalem,  de  toute  la  Judée  et  de  toutes  les  contrées  voisines 
du  Jourdain  venaient  à  lui  et  se  faisaient  baptiser,  confessant 

rurs  fautes^...  En  ce  temps-là,  Hérode  le  Tétrarque  entendit 
•  AU..  XVUl.  5.  2. 

■  QiÊod  omn,  pmb,  tih,,  II»  p.  458. 

*  U  e»l  di^oe  d«  remarque  <]ue  Matliieu,  iv,  17,  prête  à  Jésus  U  même  psroU,  ce 
l|tti  pfouTcimÛ  qu'eu  début  l'acùon  de  Jt'sus  r€£s<:mblau  à  collo  dv  Jeaa-Biptî&Le  tt 
itÊÊk  COOSidérée  comme  lelle.  ^w  l'iïet,  à  lu  uouvelk  de  reiécutiuu  de  Jeeu^  Jésui 
pTMid  la  faite  (Malh.*  xiv,  12^  13  ;  cf.  %bid.^  1,  2),  eu  qui  prouve  BuHUammont  qu'en 
wm  qualité  de  parlisan  et  de  coUabomleur  de  Jeaa  Biiplislei  il  éveil  à  cxaiadie  le 
giÉae  tort. 

«  U&th.,  m,  1  et  8.  ;  cf.  Mire,  vi,  M  o(  s,  ;  Luc,  m,  1^«  20. 


210  REVUE  DES  ETUPES  JUIVES 

ce  qu*on  publiait  de  Jésus.  Et  il  dit  à  ses  serviteurs  :  Ce^t  Jea» 

Bai»tiste,  il  est  ressuscita?  des  morli!,  c'est  pour  cela  qu'i^ 
choses*  Car  H''*ro<le  avait  fait  jireiulre  Jean  et  l'avait  îV 
mettre  en  (>mon,  au  sujet  d  Ht^rodias,  femme  4e  PlUlippe  |t| 
frère,  parce  qu>?  Jean  dirait  à  Hérode  :  Il  ne  t'e^t  pas  pertnU 
ravoir  pour  femme*.  » 

Si  Jos^pho  nous  présente  Jean-Baptiste  agissant  coipme  un  E$- 
sénien,  Mathieu  nous  le  montre  ausiji  avec  le  c«)  ' 
La  vie  aîiutHiqae  de  Jean,  comme  le  premier  éva;  , 
en  traits  fort  concis,  était  celle  de  beaucoup  d^Bs^énieus  de  C9ttt 
époque*  C'est  exactement  ainsi  que  Josèphe  dépeint  son  loaitre 
Banus.  i^a  suite  de  la  relation  ih  Mathieu  où  il  est  dit  une  «  ct'ui:^ 
de  la  ville  de  Jérusalem  »  de  toute  la  Judée  et  des  pays  voisins  da 
Jourdain  accouraient  vers  Jean  »  s'accorde  entièrement  avec  ce 
ijue  rhitilorien  juif  dit  à  ce  sujet»  et  fournit  la  prêu>e  de  lagraude 
importance  du  mouvement  provoqué  par  Jean-Baptiste,  Lesdeui 
documents  ne  ditlerent  qu'au  sujet  de  Tincarcérationet  de  IVxé- 
cutiou  de  Jean-Baptiste,  Josi^phe  croit  qu'Hérode  s'est  débarrassé 
de  Jean,  uniquement  par  crainte  que  le  mouvement  loiyours  grau- 
dissant  dont  il  était  Tauteur,  s'il  n'était  enrayé,  ne  i^enversât 
Tordre  de  choses  établi  ;  tandis  que  levangéliste  est  porté  à  croire 
que  Jean  s'est  attiré  sa  ruine  par  le  courage  avec  lequel  \l  ûéttit 
Tadultère  d  Hérode. 

Cette  dernière  relation,  qui  attribue  l'exécution  de  Jean-Bâpti^te 
plutôt  à  ia  vengeance  qu'à  la  crainte^  diminue  naturellement  t'm- 
portance  que  Josèphe  attache  au  mouvement  johanniqae»  Mi*>^ 
si  la  version  de  Mathieu  est  la  vraie,  si,  par  suite,  Ilérotle  né 
voulait  atteindre  que  la  personne  de  Jean  devenu  gênant  par  açîî 
récriniijiations,  et  non  le  mouvement  provoqué  par  lui«  pour<j\jgj 
Jésus  prit-il  donc  la  fuite  à  la  nouvelle  de  Texécution  de  Jean'î 

Assurément  Jean  était  un  Essénien,  bien  qu'il  ne  soit  -ihk 

de  prouver  quil  ait  appartenu  a  1  Ordre,  U  fut  le  i .  lul 

ouvrit,  avec  un  succès  sans  exemple,  Taccès  de  la  dgçtrin^  e*sé- 
nienne  à  la  loule,  et  il  contribua  plus  que  tout  autre  au  triompha 
de  la  devise  de  Tessénisme  :  «  H  faut  conquérir  par  toute  réaergie 
possible  l'adhésion  à  la  vertu'.  »  C*est  avec  cette  devise  qu'il  livra 
Tassaut  au  royaume  céleste,  pour  que  désormais  chacun  y  pû^ 
entrer.  f<  Depuis  le  temps  de  Jean-Baptiste»  dit  Jéàu«*,  »elon  Ma* 
thieu*  Je  royaume  des  cieux  est  forcé  et  les  violents  le  ravis^At.' 

>  Mtth.,  XIV,  iX 
»  M«lh.,  %vm,  \,  îî. 
A  Mtib,,  11,  12. 


LES  ÇSSÉNIENS  211 

gt  dans  Luc  '  :  «  La  loi  et  les  prophètes  ont  proi>liétist^  jusqu'à 

Itein  et,  depuis  ce  temps-là,  te  royaume  de  Dieu  est  annonct*  par 

Mb  évangélistes  et  chacun  y  pénètre  par  /brce,  *> 

VQuoI  d'étonnâut  (ionc  que  le  mouveiiiefit  baptismal  de  Jean  ait 

été  durable?  Il  l*a  été  en  réalité,  et  cela  est  prouvé»  non  seulement 

par  la  polémique  dirigée  dans  le  quatrième  évangile  contre  les 

partisans  du  baptême  de  Jean,  mais  encore  i>ar  les  Actes  des 

ôtres  qui  nous  aiqïreunent  que,  vingt-cinq  ans  après  la  mort  de 

bus,  Il  y  avait  eucore  des  confréries  de  bapti^nie,  non  dans  des 

ins  retirés  et  perdus,  mais  dans  de  grandes  villes  bien  fréquen- 

es,  qui  restaient  fidèles  au  baptême  et  à  la  doctrine  de  Jean,  qui 

•avaient  encore  rien  su  de  Jésus,  ou,  $Mls  en  avaient  entendu 

arler,  ne  voulaient  pas  le  reconnaître  comrpe  le  Clirist,  et  qui 

'avaient  pas  la  moindre  notion  iruii  baptême  spirUiieL  II  y  avait 

core  là  un   vastn   champ  à  conquérir  pour  le  christianisme 

ulinien.  Ce  passage  des  Actes  étant  fort  instructif,  nous  allons 

I  reproduire  ici  :  c^  En  ce  temps  là  vint  à  Éphèse  un  Juif  nommé 

,po)loa,  natif  d'Alexandrie,   homme  éloquept  et  puissant  dans 

s  Écritures.  Il  était  instruit  dans  la  voie  du  Seigneur,  mais 

'avait  connaissance  que  du  ba[*tème  de  Jean,  Il  commença  à 

téclier  hardiment  dans  la  synagogue;  quand  Aquila  et  PriscilU 

eurent  entendu,  ils  renmienèrent  et  l'instruisirent  jjIus  exacte- 

Inent  de  la  voie  de  Dieu. , .  Pendatit  qu'Apollos  était  à  Corintlie, 

Paul   parcourait  les   provinces  supérieures  et  vint  à  Ephèse,  où 

■  alla  trouver  les  disciples  (d'Apollos)  et  leur  dit  :  Avez-vous  reçu 

Tè  Saint-Esprit,  lorsque  vous  êtes  devenus  des  croyants?  Ils  lui 

répondirent  :  nous  n'avons  pas  même  ouï  dire  qu'il  y  ait  un  Saint- 

tsprit*  Et  il  leur  dit  :  de  quel  bap terne  avez-vous  donc  été  bap- 
sés*?  lis  répondirent  :  du  baptême  de  Jean.  Ators  Paul  leur  dit  : 
Jeati  a  baptisé  du  baptême  de  la  repentance  en  disant  au  peuple 
.'ils  devaient  croire  en  celui  qui  venait  après  lui,  c'est-à-dira  en 
qui  est  le  Christ, , .  ■  » 
si  un  juif  alexandrin,  Apollos,  «  homme  éloquent,  puissant 
s  rÊcritura  ^T  pai  courait  les  contrées  et  les  mers  en  qualité 
disciple  de  Jean,  en  préchant  et  en  enflammant  les  esprits, 
pandant  <i  avec  un  zèle  anlent  »  la  doctrine  de  Jean-Baptiste, 
i  gagnant  des  partisans,  longtemps  après  la  mort  de  Jé^us,  dont 
Ignorait  faction.  Il  fallut  qu'à  Ephèse,  les  pauliniens  Aquila  et 
Priscilla  lui  enseignassent  plus  exactement  les  voies  du  Sei- 
ur.  Cet  exemple  est  pris  entre  beaucoup  d'autres,  parce  que  cet 


>  Âciei  de»  «pdu>e0,  ivm,  24-2 


;  llx,  X'MK 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Âpollos  est  devenu  plus  tard  une  des  plus  paissantes  coIoddi 
christianisme  paaliaien.  Mais  combien  n'y  avait-il  pas  de  cea 
ciples  de^  Ësséniens  qui,  ne  s'étant  pas  ralliés  comme  ApoUosâtt^ 
paulinisme,  n'ont  pas  été  mentionnés  par  les  écrivains  chréliens 
et  qui  parcouraient  alors  le  monde  aussi  loin  que  la  langue  grecque 
était  parlée,  en  prêchant  la  doctrine  essénîenne  1 

Dans  la  classe  des  Esséniens  encore  purs  de  tout  contact  arec 
le  christianisme,  du  genre  de  Jean-Baptiste»  il  faut  ranger  saas 
doute  aussi  l'auteur  du  II*  poème  sibyllin  *,  composé  environ  vers 
Tan  80  après  Jésus-Christ,  et  sa  pieuse  communauté,  qui  reje- 
taient le  culte  des  sacrifices,  annonçaient  rapproche  du  Jugement 
du  monde,  prêchaient  la  pénitence  et  recommandaient  les  bains 
purillants  du  baptême  *. 

Pour  terminer  cette  étude,  nous  examinerons  encore  briève- 
ment la  question  de  savoir  si  Tessénisme  nourrissait  aussi  dans 
son  sein  la  croyance  au  Messie.  On  Ta  souvent  supposé,  sans  en 
apporter  de  preuves  directes.  Mais,  si  Jean  était  un  partisan  de 
ressénisrae,  la  question  est  facilement  résolue.  Jean- Baptiste, ayant 
été  pris  lui-même  pour  le  Messie  et  ayant  annoncé  ta  venue  pro- 
chaine du  Messie,  fait  demandera  Jésus  du  tond  de  sa  prison:  «  Es- 
tu  celui  qui  doit  venir,  ou  devons-nous  en  attendre  un  autre  ^t» 
Jésus,  prémunissant  ses  disciples  contre  les  faux  prophètes  et  les 
taux  messies  qui  viendront,  ajoute  :  Si  on  vous  dit  qu'il  est  dans 
le  âéaert,  n'y  allex  point,  dans  la  chambre,  ne  le  croyez  point*  ». 
Nous  avons  ici  uiie  allusion  très  claire,  soit  aux  solitaires  esséniens 
en  général  qui  habitaient  le  désert,  soit  à  Jean  en  parlicolier. 
Jésus  donne  lui-mêiue  rexplicatîon  de  cette  allusion  en  un  autre 
droit  où  il  s*adresse  à  la  foule  accourant  auprès  de  Jean*Bapliste, 
en  ces  termes  pleins  de  reproches  :  <  Qu'êtes-vous  allés  voir  au 
désert?  Voulez-vous  voir  un  roseau  agité  par  le  vent?  Mais  en- 
core qu'êtes-vous  allés  voir?  Était-ce  un  homme  vêtu  d*habits 
précieux?  Un  prophète?  Oui,  vous  dis-je  et  plus  qu*un  pro- 
phète ^,  » 

Mais  un  autre  passage,  rarement  invoqué,  corrobore  Topi- 
nion  qui  attribue  aux  Esséniens  la  prédication  de  la  croyance  au 
Messie.  Philon  vante  la  liberté  vraie  et  indomptable  à  laquelle 


*  Cf.  Ewald,  Etutekung,  Inhait  ^nd  WertA  der  iihj/iUcken  Bû€kt^  ;  Qouiiigue, 
1858,  p.  46  «l  B.  ;  DeJaunay,  MoiM*  et  SU^itet^  p,  375  et  8.  ;  Freudenthnl,  AUmmm' 
der  PaitfAtitnr,,  p.  129. 

«  Orae.  SihylL.  IV*  vol.,  vers  27-30  ;  172-179,  164-169. 

*  Muib.,  xr,  3  ;  Luc,  vu,  19  j  cf.  Matbi,  xvi,  13  ei  a.  î  Marc,  vui,  27. 

*  Malh,,  xiiv,  2Û. 

*  Math.,  XI,  7-tt>, 


LES  ESSÉNtENS 


ïai3 


les  Essénietis  s'étaient  élevés,  et  dit  à  ce  sujet*  «  Cela  parut  clai- 
rement  lorsqu'il  y   eut  en  ces  contrées  beaucoup  de  potentats 
difllérant  de  caractère  et  de  manière  d*agir.  Les  uns  s'efforc^Vrent 
de  dépasser  en  sauvagerie  les  bétes  féroces,  ne  négligeant  aucune 
cruauté»  sacrifiant  leurs  sujets  par  bandes  ou  les  dépeçant  vivants, 
à  la  manière  des  bouchers,  membre  par  membre,  ne  s'arrètant  que 
lorsque  la  justice  divine  régnant  sur  les  choses  humaines  eut  sus- 
pendu sur  leur  tète  le  même  destin.  D'autres  tournèrent  leur  folie 
et  leur  extravagance  vers  un  autre  genre  de  perversité,  ils  devin- 
rent d'une  aigreur  indicible,  parlant  doucereusement  et  montrant, 
sous  le  masque  d'une  parole  mielleuse»  un  caractère  violent,  Hat- 
tant  à  la  manière  des  chiens  venimeux;  ils  causèrent  des  souf- 
frances incurables  et  laissèrent  dans  les  villes,  comme  monuments 
de  leur  impiété  et  de  leur  haine  du  genre  humain,  le  sort  inou- 
bliable de  leurs  victimes.  Mais  aucun,  ni  parmi  les  plus  cruels,  ni 
parmi  les  perfides  et  les  hypocrites,  ne  put  faire  du  mal  à  la  com- 
munauté des  Esséniens  ou  des  saints;  désarmés  par  la  droiture 
vertueuse  de  ces  hommes,  tous  les  reconnurent  comme  des  hommes 
indépendants  et  de  nature  libre  '.  » 
Comment  concilier  cette  assertion  avec  la  relation  suivante  de 
I  Josèphe?  «  Ils  méprisaient,  dit-il  au  sujet  des  Esséniens,  la  douleur 
et  la  dominaient  par  leur  force  d'âme;  une  mort  honorable  était 
pour  eux  préférable  à  la  vie.  Dans  la  guerre  contre  les  Romains, 
iU  ont  affirmé  la  force  de  leurs  sentiments.  On  les  vissa  et  on  les 
étendit  sur  le  chevalet  de  torture,  on  broya  et  brûla  leurs  raem* 
jbres  ;  cependant,  malgré  remploi  de  tous  les  instruments  de  sup- 
ipUce,  on  ne  put  leur  arracher  un  blasphème  contre  le  Législateur, 
i  pas  même  les  forcer  de  manger  un  mets  défendu»  leur  imposer  une 
f  flatterie  envers  leurs  bourreaux  ou  leur  faire  verser  une  larme, 
fils  riaient  au  milieu  des  souffrances,  raillant  ceux  qui  les  met- 
taient à  la  torture,  quittant  joyeusement  la  vie,  comme  un  bien 
[qai  leur  serait  rendu*.  » 

Que  pouvaient  donc  avoir  fait  ces  saints  si  doux,  aimant  la 
paix  par  dessus  tout,  pour  avoir  été  persécutés  si  cruellement  et 
si  inhumainement  pendant  la  guerre  contre  les  Romains?  Josèphe 
passe  sous  silence  la  cause  de  cette  perséculion,  elle  ne  rentrait 
pas  dans  son  système.  Toutefois  elle  n*est  pas  difficile  à  dnviner  : 
/<fj  Esséniens  fureyd  persécutés  à  cause  de  leur  participation  à 
ia  guerre. 

Là  lutte  désespérée  contre  Rome  fut   entreprise  principale- 


«  QuU  ûmn.  prah,  iiè,^  II,  (Sîl. 


21*4  IIKVUE  DKS  ftîlTbKS  lUÏVES 

raenl  parce  qu'on  comptait  en  toute  confiance  sur  riritefvèîitiôn 
divine,  sur  rapparition  du  Messie  :  ^^  Ce  qui  poussa  te  plus  Jes 
Juifs  à  la  révolte,  dit  Josèphe»  cVbît  un  oracle  à  double  sens  de 
leurs  écritures  sacrées  :  eu  ce  jour  il  sortira  un  homme  dès  fron- 
tières de  la  Judée  et  il  dominera  le  monde*,  »  Ces  espérances 
messianiques  existaient  dfgà  de  bonne  heure  dans  le  peuple.  D^jà 
à  l'époque  du  second  triumvirat,  on  attendait  Papparition  èiï 
Messie.  La  sibylle  publiait  alors  cet  oracle  :  «  Mais  si  Rome 
domine  aussi  un  jour  FEgypte,  alors  apparaîtra  pàrtol  les  homnies 
le  plus  grand  r<^gne  du  roi  immortel;  il  viendra  un  pHnce  sacré 
{ay^K  dvaO  qui  dominera  à  toute  éternité  toutes  les  cotitrées  de  U 

La  domination  sans  frein  des  procurateufs  des  vingt  dernîAres 
années  avant  la  chute  de  la  Judf%  avait  surexcité  au  plus  haut 
degré  l'attente  messianique  et  précipita  finalement  le  malheureui 
peuple  juif  dans  la  lutte  jtériîleuse  contre  Rome.  C'est  à  cette 
lutte  que  les  Esséniens  prirent  part,  et  de  leurs  rangs  sortit  un 
reraarqoable  capitaine *Xomment  cela  se  fit-il"?  Les  mêmes  Ëssé- 
niens  qui  prêchaient  Tamour  de  lliumanilé»  que  Josèphe  vante 
comme  **  les  serviteurs  de  la  paix  *  »,  qui  avaient  une  telle  horreur 
de  la  guerre  que,  chez  eux,  Philon  le  fait  ressortir,  il  n'y  avait  pas 
moyen  de  trouver  ni  un  artisan  fabriquant  des  flèches,  des  lances, 
des  épées,  des  casques,  des  cuirasses  ou  des  boucliers,  ni  un  armu- 
rier, ni  un  fabricant  de  matériel  de  guerre  *  :  ces  mêmes  Ësséniens 
oubîiejit  subitement  leurs  doctrines  de  fraternité  et  se  précipitent 
tête  baissée  dans  une  lutte  meurtnèfel  Y  a-l-ii  pour  cette  cohlra- 
diction  une  autre  explication  que  celle-ci  :  les  Ësséniens  étaient 
l^récisément  convaincus  que  le  jugement  du  monde  était  proche, 
que  leur  Messie  attendu  si  ardemment  allait  apparaître f 

Cependant  le  Messie  ne  vuït  pas.  Malgré  leur  vaillance  îndomp 
table,  malgré  leur  héroïsme,  les  Juifs  furent  complètement  écrasés 
dans  la  catastrophe  de  Tan  10.  Quelle  imporlauce  pouvait  donô 
avoir,  en  présence  du  million  de  Juifs  tombés  dans  cette  lutte 

*  B>  J.,  VI,  5,  4;  cf.  Tocît*,  SitL,  V,  13  t  Phribus  pefsaasîo  întiti  l&U^ii^ 
sâDftrdotum  literis  contînen,  oo  ipso  tempore  iott  m  valêâci^rëi.  vtrrtni  pPof«etj««^ 
JudsE  rôrutn  polirenler. , .  SuéLone,  Vetpû^.^ch,  iv  :  Pc  rcreboerai  oriente  toio  veUii 
cl  coasiaus  opiaio,  esse  io  fntis,  ut  eo  Umpore  JtitîaNi  profecli  rerum  pottrenttir.  Id., 
...  Judîi^i  ad  8C  Irtheiites  rcbellarutiL 

1  Orac.  Sibyll..  lit.  4tl~5(}  ;  cL  ilt,  e7{2'G5S  :  *  Alors  Dieu  enverra  ém  ^M  di 
soleil  [an^  V^eXiolo]  uu  priur.e  qtii  mettra  Uu  é  toule  guerre  sur  J«  terre,  dfiruistnl 
les  uns  el  ^ardaDt  fidelilé  aux  autres.  Touterois»  îl  ti ^accomplira  pas  koul  ceÎÉ  suittnl 
sa  propre  inspiratioo,  mais  en  exécution  de  la  irolonlé  du  |^tid  i>i«u.  • 

»  JoB-,5./.,  U.20,  I;  111,2,  !. 

*  B.  J..  II,  8.  6. 
'  Qitod  ûmn,  prûà,  Ub.^  II,  p.  hftl. 


LES  ËSSÉMENS  St» 

Msespér^o,  le  petit  groupe  d'Esséniens,  qui  comprenait  à  peine 

1,000  hommes  et  qui  Subissait  les  persécutions  san^îlantes  des  Ro- 

lains?  Aussi  leur  Ordrt»  sombra -t  il  dans  cette  terrible  défaite. 

Iftis  Tessénisme  survécut  aux  Essi^uiens,  il  sinfiltra  dans  le  plia* 

fsalsme  et  imprégna  de  son  esprit  le  christianisme  primitiT 

Pour  conduire,  ilisona  que.  pour  nous»  Tessénisme,  loin  d'avoir 

Wld  un  fruit  du  judaïsme  pharisien,  fut,  au  contraire,  considéré  et 

oc^ndamn^  par  le  pharisaïsme  comme  un  produit  (huinemment  Iié- 

^  rétique.  Les  Kss(?niens  étaient  liérétiques  dans  leur  croyance  re- 

Blative  au  tera|»le,  où  ils  refusaient  d'offrir  des  sa^rillces,  et  leur 

■liérésie  était  |ilus  accentuée  que  Celle  des  Sadducéens»  lesquels 

^a  imettaieat,  au  moins,  qu*^  le  temple  était  le  centre  du  culte  et 

de  la  nationalité  juive  et  se  soumettaient,  quand  i!s  étaient  revêtus 

de  dignités  politiques,  aux  décisions  des  Pharisiens*.  Ils  étaient 

hérétiques  dans  leur  croyance  relative  à  la  résurrection  :  «  Ils 

Bafflrment,  dit  Josèphe,  que  les  corps  disparaissent*,  j»  Or,  d'après 

le  Tahnud,  quiconque  nie  la  résurrection  n'a  point  part  à  la  vie 

future  ^  Ils  étaient  enûn  hérétiques,  parce  qu'ils  croyaient  que 

9t  Dieu  est  la  cause  du  bien,  mais  non  la  cause  du  mal  *.  »  Leur 

célibat  était  également  contraire  à  la  doctrine  pharlsienne.  Aussi 

nous  ne  comprenons  pas  comment  on  arrive  à  concilier  entre  elles 

Blés  différences  si  prononcées  qui  séparent  le  pharisaïsme  de  Tessé- 

"  Bisme. 

Si  Ton  veut  à  toute  force  découvrir  dans  le  Talmud  une  allu- 
sion aux  Esséniens,  on  ne  peut  la  trouver  que  dans  ïe  mot  de 
rm  Hizonim  »,  ces  externes  hérétiques  «  qui  suivaient  len  pres- 
criptions bibliques,  mais  ne  tenaient  nul  compte  de  la  tradition*,  » 
Nous  savons  par  le  Talmud  que  cette  secte  a  existé.  Et,  certes,  les 
Esséniens  étaient,  dans  l'acception  la  plus  large  du  terme,  des 
Hizonim,  des  externes.  Par  suite  de  leur  aversion  pour  le  culte 
des  sacrifices,  ils  étaient  exclus  du  temple,  et,  de  plus,  le  sys- 

■  tèrae  qu'ils  avaient  adopté  pour  interpréter  la  Loi"  avait  quelque 
cliose  d'étrange  et  s^éloignait  de  la  méthode  pharisienne.  Tout  les 
désignait  donc  pour  être  qualifiés  de  ce  nom  d'eaHerHeSy  personnes 
en  dehors  du  judaïsme,  et  l'opinion  qu'ils  professaient  au  sujet  du 


i  Antiç,,  XVlllJ,  4. 
«  B.  J.,  II,  8,  11, 

•  S^hédnn,  90». 

*  Les  Irrités  de  Megilla,  25  a,  el  3erakK4)i^  33  h,  combatteot  celle  dœlrine  ptr  les 

*  Uvv,  Niitkêbr,  «.  ehaU.  WârterhHch,  lU,  p.  46. 

•  Mtfillû,  24  h,  D'^:nsnn  ^nn*  Cf.  Ketue  éei  Études  jumt,  t.  lU,  p,  280. 


EEVtE  MB  ÉTOBIDfB 

et  jrar  mÊaUre  de  livra  m  siipAÉre  et  A  origiiiale,  €t  ^ 
d  iMr  falaprétaiiott  wSUgon^m  de  la  loi  et  leon  j 
eooeepUoQS  afitlfiieide  la  dîTiiiité  et  de  la  créalicMi*.  Aussi,  mal* 
gré  BOi^  Où  est  mené  i  npposer  qme  let  déieues  édiclé»  ooatre 
ka  UvrBM  êSEiérîeun^  pomraieiit  bieii  avoir  été  dirigées  contre  les  | 
écrits,  têmu  secrets  plus  tard,  des  BaaéiDeiis. 

D  semble  probalde  que  c'est  leur  ezdiisioii  do  temple  qm  a  iitl  I 
doimer  aux  Bsséaieiis  le  nom  de  Hiii»iiiii«  nom  ifue  les  traita  « 
earactérialifaea  de  Tordre  essénien  expliquent  mieux  qae 
divenes  inlerprétatîoas  proposé»  jusqu'à  ce  jour.  De  même  i 
les  PbarisîeQs  ont  été  ainsi  appelés  parce  qu'ils  nvsieot  à  Técart 
de  la  foule,  de  même  les  Esséiûeiis  ont  été  appelés  Hu:oiiim,  eaacdif 
(£ifr«|tfvotj  ^,  parce  qu*Us  étaient  exdus  du  temple.  L*ex{dicatioo  que 
naus  proposons  pour  le  terme  de  Hizonîm  nous  paraît*  an  point 
de  vue  étymologique,  au  moins  aussi  juste  que  Tliy'pothése, 
admise  généralement  aojourd'hui,  que  le  mot  A'Essênien  Aétin 
du  mot  Bassidim. 

Frieduender* 


*  L«  doctrine  secrète  des  Fwi^nipiirr  sur  k  diTimlé  et  1a  eréatiaft  préoecopâit  d^ 
vtv«iDcQi  te«  docteurs  i  Tépo^ue  de  JobsMB  ben  Zakksî,  ils  Is  ooundémiettl ooiUM 
trèt  dsagef«use.  Oa  seit  qoe  les  docieors  recommandsieot  de  se  monUer  très  pmar 
dsQl  su  sujet  de  celle  docirioe,  et  il  ue  semble  pis  douteux  que  les  coiioepttaii 
«•séntenDes  oot  été  déclarées  héréLiques.  Quand  Josus  ben  Hsns&is  dit  «  Ben  T 
nJdilsiit  sur  le  création  :  ym^û  È«7:iT  p  X^S,  •  Ben  Zoma  est  eœors  i 
c*est-i-dire  cbex  les  ilixooim,  les  kétfttfuu  (cf.  Joël,  BlUki  im,  dû  RdU 
1,  p.  163,  et  Bscher,  Du  Aggada  dtr  Tan.,,  p.  427},  û  fait  cerUmernsnl  i 
aux  £s&énieDf ,  qui  avaient  des  conceplions  tontes  particaUères  sur  la  créitîoo. 

*  DmXTtn  D'**1B0.  Sanhédrîft^  90  d  et  passim. 


SENS  ET  ORIGINE 


DES 


SYMBOLES  TUMULAIRES  DE  L'ANCIEN -TESTAMENT 


DANS  L'ART  CHRETIEN   PRIMITIF 


(suite*  ) 


Le  passade  de  la  mer  Ronge,  la  pluie  de  cailles,  la  manne, 
la  grappe  de  raisin,  la  colonne  de  nuée. 


La  concision  presque  hiéroglyphique  et  la  simplicité  des  sym- 
boles que  nous  avons  observés  jiiisqu'à  présent  contractent  avec 
une  sct^ne  que,  à  cause  de  son  étendue  et  des  soins  compliqués 
exigés  de  Tartiste,  Ton  ne  s*attendait  pas  à  trouver  dans  le  canon 
de  Tart  chrétien  selon  rAncien-Testaraent  :  le  passage  des  Juifs  à 
travers  la  mer  Rouge  *.  Toutefois,  Bosio  et  Aringhi  attestent  avoir 
TU  cette  scène  parmi  les  peintures  des  catacombes  (v.  Kraus» 
R,  S.,  288),  mais  aucune  de  ces  reproductions  n'a  été  conservée, 
de  sorte  que  nous  ne  connaissons  cette  scène  que  par  des  reliefs 
de  sarcophages  ou  d'anciennes  mosaïques.  Ce  qui  prouve  Fanti- 
quité  de  son  admission  dans  le  canon,  c'est  le  fait  de  sa  diffusion 
dans  diverses  contrées.  De  Rome,  Garruccî  nous  donne  une  série 
d'exemples,  t.  308,  5,  309,  3,  358,  1,  366,  auxquels  M,  Le  Blant, 
p.  13,  en  ajoute  deux  nouvelles,  de  Spalato  en  Dalmatie,  t.  309,  de 
Pise,  t.  364,  3.  Chez  les  sculpteurs  de  pierre  de  la  Gaule,  cette 
scène  jouit  d'une  véritable  prédilection.  M.  Le  Blant  a  étudié  (p.  16, 
50,  51,  54,  55,  56,  67)  les  exemples  fournis  par  Arles  et  ceux  du 
reste  de  la  Gaule  (p.  13,  109,  116,  deux  sarcophages,  139,  146). 
Cette  scène  est  répétée  comme  une  tradition  stéréotypée.  Nous 

L   1  Voir  plys  hiut,  p.  33. 

W  *  tlarrucd,  i.  XXII,  2,  veut  voir  dans  la  peinlaro  délTuile  do  S.  Domililb  (L«- 

fort,  p.  1\]  les  Juifs  se  préparant  à  quitter  TEgypte  et  leur  marche  à  travers  le  dé- 

••rtf  mii«  il  n'j  «  à  cela  aucun  fondemeul. 


%iB 


REVUK  hes  études  imvES 


voyons  Tarmée  ég>'ptienne,  sur  des  chariots  et  des  chevai 
sortant  liabîluelîenient  par  la  parte  d'une  vill^.  Pharaon, 
iiaissahie  à  sa  lance  et  à  son  bouclier,  apparaît  sur  tine  biga^^^ 
des  chevaux  cabrés;  la  mer  Tait  irruption  et  caromence  à  englouti 
les  Ég)  ptieuîî,  tuais  Moîse  se  lient  sur  le  bord,  le  bâton  à  la  nm 
devant  les  Israi^lites  sauvV's,  qui  conduisent  des  enfants  et  qui  cou- 
teniplent  ran«5aritisseïnent  de  leurs  ennemis;  Miriam  *  entonneil 
avec  le  tambourin,  le  chaut  de  triomphe;  à  Textrémit*^  de  i 
utie  flamme  sur  le  chapiteau  d'une  colonne  indique  la  c^ 
feu  du  camp  juif.  Sur  le  sarcophage  d'Arles»  t  VIII^  Je  vois,  dànl 
les  roues  roulant  sur  les  flots,  rîllustration  d*Exode,  xïv,25,  Lea 
clievaux  et  les  cavaliers  tombant  dans  îa  mer,  la  t^te  en  avant, 
peigîient  le  vers  du  chant  de  victoire,  xv,  L  Sous  le  char  de  Pha- 
raon apparaît  ordinairement,  sur  les  monuments,  une  figure  re* 
connaissable  à  sa  rame  ainsi  qu*à  divers  autres  attributs  comroa 
le  dieu  de  la  mer;  de  même,  dans  le  voisinage  des  portes  de  la 
ville»  il  y  a  parfois  deux  figures  l«-*minines  reposant  sur  le  soî, 
portant  des  vases  ou  des  urnes  et  qui  sont  interprétées  comme  tlerf 
symboles  de  la  terre  ou  des  divinités  fluviales.  Je  crois  qu'on  a 
généralement  oublié  qu'ici  c'était  le  ps.  cxïv,  2,  que  les  artistes 
voulaiHut  symboliser  et  que  c'est  la  retraite  de  la  mer  et  du  Jo^^ 
dain,  décomposé,  suivant  l'ancien  système,  en  ses  deux  souitw 
qu'on  a  représentée  ici  par  ces  trois  figures.  C'est  donc  la 
scène  qui  joue  un  si  grand  nMe  dans  riconogra[)hîe  du  baptême  dé 
Jésus,  où,  par  allusion  du  ps.  cxiv  au  baptême,  trois  figures  ser* 
vent  de  témoius,  lorsque  Jean  baptise  Jésus  dans  le  Jourdain* 
On  prétend  que«  sur  le  tambourin  que  Miriam  tient  à  la  main,  sul^ 
le  fameux  sarcophage  de  Metz  (Garrucci,  t.  395,  11),  il  y  avait  14 
monojiramme  chrétien  f*;  mais  M,  Le  Blant,  p.  13,  note  %  fail 
remarquer  que  du  moins,  sur  la  photographie,  il  n'a  pu  en  déoou* 
vrir  la  trace. 

La  comparaison  de  cette  peinture  avec  ses  imitations  posW* 
rieures  dans  les  manuscrits  juifs  est  très  remarquable  pour  le  ei 
ractère  stéré«.Hypé  de  certaines  traditions  artistiques.  C'est  ainsi 
que  je  trouve  1p  passage  de  la  mer  Rouge  comme  illustration  «u 
commencement  du  Piout  ni©  •^stn©  T^r^^  de  Stniéon  b,  Isak,  dans 
Tofflce  du  matin  du  septième  jour  de  Pâque, 'dans  mon  MabaoT 


^  A  cAMte  de  li  aîn^ulirité  du  fait,  je  cilerai  1i  qucsibo  fedulevéê  par  Éitêtbe^» 
danf  Si  description  du  EtarcopliagP  de  Spatato  [Jahbuch  dtr  k.  k,  Cenlrnlfcmmm^^ 
V  (ISdl),  p.  233J,  si,  dans  la  noble  K^ure  de  Minam  qui  est  ornée  d'un  baadeioîrt»»* 
taî,  i  ce  bandeau  reprfttnft  tes  T^phillim  {iir\  dont  ronirine  esi  fixée  à  celte  époque*. 

*  Voir  Sinygowsky,  îkonoffr&phU  dtr  Tavfr  Vhruti.  Seule  li  fepréseotâlioi  àâ 
(leuvei  au  moven  de  figures  de  lemmes  présent©  d^s  dilBcultés. 


SENS  ET  OhlÔfNÈ  DÈS  SYMBOLES  tuMULAlRES  2W 

manuscrit  du  rite  allemand  du  xv*  siècle.  Les  chariots  de  guerre, 
les  armes,  les  drapeaux,  les  boucliers  sur  chacun  desquels  at>pa- 

Iraissent  iWs  armes,  sont  empruntes  à  Ti^poque;  les  Juifs  portent 
^es  chapeaux  pointus,  mais  la  disposition  géiit^rale  est  la  même; 
les  Juîts,  ayant  à  leur  t»He  Moïse  portant  son  bâton,  les  femmes 
^Eous  la  conduite  de  Miriam,  qui  joue  du  tambourin,  pour  accom- 
pagner le  chant,  se  sont  retournés  pour  contempler  la  mer  qui  se 
précipite  sur  les  Égyptiens*  Les  clievaux  se  cabrent;  le  chariot, 
sur  lequel  se  jettent  les  flots,  a  les  roues  de  derrière  qui  se  sou- 
lèvent ;  seul,  Pharaoiî  semble  s'échapper,  les  Égyptiens  dispa* 
raissent  dans  les  flots.  Les  Juifs  ont  exactement  la  même  forme 
de  toiles  pendues  à  leur  cou  et  renfermant  la  pâte,  Ex,,  xii,  34, 
[fliie  nous  voj*ons  sur  les  sarcophages. 

ITne  amplification  de  la  scène  de  la  sortie  d'Égj'pte  se  trouve 
parfois  sur  les  sarcophages,  qui  reproduisent  les  miracles  de  la 
marche  h  travers  le  désert.  C'est  ainsi  que  nous  voyons  sur  les 
côtés  longitudinaux  du  sarcophage  d'Aix  [Garrucci,  t.  308;  Le 

lànt,  Arles,  p.  504)  Pharaon  sommant  Moïse  et  Aaron  de  quitter 
TÉgypte  (Ex.,  xu,  31-2)  et  la  plnie  de  cailles  (Ex.,  xvi,  13|.  Celte 
dernière  scène  est  aussi  reproduite  à  part  sur  un  sarcophage  de 
Pîse,  comme  sur  la  mosaïque  de  S.  Marie  Majeure  et  sur  un  cou- 
irercle  de  sarcophage  d'Avignon  [Le  Blant,  p.  1161. 

ïl  est  impossible  de  distinguer  par  les  peintures  existantes  si  la 
iTécolte  delà  marine,  qui  est  une  continuation  du  miracle  précé- 
dent, a  été  reproduite  dans  les  catacombes.  Les  pains  rassemblés 
dans  quatre  ou  sept  boisseaux,  dans  Garrucci,  t.  20,4,  ont  été  pris, 
par  Botlari,  et  ceux  de  la  t.  24,  par  Âringhi,  pour  de  la  manne  ; 
toutefois,  ils  ne  sont  qu\ine  image  de  la  multiplication  miracu- 
Jease  des  pains  opérée  par  Jésus,  Sur  la  t.  59,2»  où  Garrucci  voit 
iVec  certitude  la  chute  de  la  manne,  cette  opinion  n'est  nullement 
hors  de  doute.  Le  fait  que  la  manne,  qui  est  représentée  sous 
forme  de  flocons  de  neige,  est  recueillie  tombant  dans  les  pans  des 
vêlements,  ne  répond  pas  auX  données  bibliques-  Kraus  qui,  dans 
Jî.  S,,  293,  et  R.  E.  P.,  111,  358,  voit,  comme  de  Rossi,  dans  cette 
peinture  Timage  de  la  mdnue,  ne  semble  connaître  aucune  repro- 
;ductfon  de  ce  fait  sur  les  sarcophages,  puisqu'il  rejette  1  interpré- 
tation de  Martigny  des  deux  bas-reliefs  qui  se  trouvent  sur  des 
earcopbages  de  Marseille,  et  recunnaU,  dans  les  prétendus  \aseâ 
de  manne,  les  urnes  de  Cana,  comme  le  fout  d'ailleurs  aussi  Gar- 
rucci, V,  p.  56,  et  M.  Le  Blant,  p.  39.  Toutefois,  il  y  a  sur  un  sar^- 
cophage  du  musée  de  Latran  que  Scliultze  a  reproduit  dans  se$ 
Catacombes,  p.  1%,  une  scène  de  la  récolte  de  la  manne.  Dent 
^^pefsonnes  étendues  par  terre  doivent  symboliser  Tempressement^ 


220 


RETÏÏE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


mis  à  recueillir  le  pain  céleste.  Il  est  vrai  que  cette  interprétation 
n'est  pas  à  Fabri  du  doute. 

Le  relief  du  sarcophage  de  Marseille  (Garracci,  t.  332,  1)  repré- 
sentant deux  hommes  portant  sur  une  perche  une  grappe  de 
raisin,  reproduit  la  scène  de  Norab.,  xuu  24.  M.  Le  Blant,  p.  39^ 
note  4,  a  montré  fexistence  du  même  motif  sur  des  lampes  afri 
caines  H  Ta  discuté  récemment  (Mélanges  d'archéoloçie  et  (This* 
taire,  VI  (1886),  p.  238). 

Par  analogie  avec  ces  symboles  en  partie  mal  interprétés,  je 
parlerai  ici  d*une  erreur  commise  au  sujet  de  la  colonne  de  nuée, 
que  De  Rossi  a  voulu  voir  sur  un  fragment  de  verre  trouvé  à 
Rome  [BulleUino  di  archeologia  cristiana,  IV,  3  (I8S4-1885)» 
p,  93).  Un  certain  nombre  dliorames,  rangés  par  groupes  de  deui» 
ei  dont  sept  seuiement  se  voient,  parce  que  le  verre  est  brisé  à  cet 
endroit,  se  tiennent  la  t<^te  fortement  rejetée  en  arrière  et  regar- 
dant fiévreusement  en  Tair,  fixant  une  apparition  indiquée  par 
six  lignes  de  vagues*  De  Rossi  voit  ici  les  Israélites  du  désert  et  la 
colonne  de  nuée.  Llrapossibilité  de  cette  interprétation  saute  aai 
yeux.  D'abord  comment  la  colonne  de  nuée  peut-elle  être  repré- 
sentée par  des  lignes  ?  Du  reste,  celle-ci  était  une  apparition  quo- 
tidienne qu*il  n'y  avait  pas  lieu  de  contempler  avec  tant  d*étonne- 
ment.  Eiifln,  comment  reconnaître  dans  r^s  personnages  repré- 
sentes  avec  une  ressemblance  voulue,  que  leur  groupement  par 
deux  désigne  évidemment  comme  des  saints  en  extase,  les  Israé- 
lites du  désert?  Je  m*expUque  la  scène  simplement  comme  le 
symbole  du  miracle  de  la  Pentecôte  de  la  descente  de  l'esprit  saint 
dont  les  Actes  des  Apôtres,  2,  3,  disent  :  «  Kt  ils  virent  des  langues 
séparées  qui  étaient  comme  de  feu  et  qui  se  posèrent  sur  chacan 
â*eux  ».  Pour  représenter  cette  apparition  sur  cet  espace  étroiti 
Tartiste  a  rassemblé  les  figures  deux  par  deux  sur  le  verre,  et» 
correspondant  aux  six  groupes,  a  représenté  dans  les  airs  six 
langues  de  feu,  sous  la  forme  de  lignes  de  vagues  apparaissant 
dans  l'espace,  vers  lesquelles  les  assistants  surpris  lèvent  les 
yeux.  Le  groupement  des  scènes  de  TAncten  et  du  Nouveau-Tes* 
tament  n'a  rien  qui  doive  étonner  sur  les  monuments  chrétiens 
primitifs.  Peut-être  la  disposition  sur  le  verre»  que  trois  lign 
très  visibles  séparent  en  deux  parties,  une  partie  supérieure  et 
une  partie  inférieure,  était-elle  conçue  de  manière  que  la  partie 
supérieure  portât  les  scènes  tirées  de  TAncien-Testament,  commi 
le  sacrifice  d'Isaac,  Daniel  dans  la  fosse  aux  lions,  et  la  partie  iû^ 
férieure  des  scènes  du  Nouveau-Testament,  comme  le  miracle  A\ 
la  Pentecôte. 

De  toute  rhistoire  de  la  sortie  d^Égypte  et  de  la  marche  à  tra- 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMULAIRES 


221 


vers  le  d<^sert,  le  seul  véritable  symbole  qui  se  maintieot»  c'est  la 
délivrance  d'Israël  au  passage  de  la  mer  Rouge,  le  miracle  tle 
Moïse  fendant  et  refermant  la  mer,  Comme  les  sarcophages  ne 
représentent  aucun  sujet  qui  n*ait  été  employé  dans  les  peintures 
des  catacombes,  nous  pourrions   déjà,   sans  autre  témoignage, 

idinettre  Tantiquilé  de  ce  symbole  dans  le  canon  de  Tart  chrétien 
primitif.  Mais  qu'est-ce  qui  lui  a  valu  d'y  être  admis?  Que  ce  fut 
un  véritable  motif  déterminant,  mais  non  un  symbolisme  obscur, 

1  même  un  allégorisme  si  éloigné  de  la  pensée  des  artistes  an- 
eîens,  nous  sommes  d'autant  plus  autorisés  à  le  supposer  que  la 
complication  de  cette  scène,  la  masse  de  ses  figures,  contrastant 
avec  la  brièveté  ordinaire  et  la  simplicité  des  symboles  courants 
du  christianisme  primitif,  s'opposaient  à  cette  admission.  Pour  les 
artistes  des  sarcophages  v,  ce  sujet  pouvait  avoir  de  Tattrait,  parce 
que,  comme  les  antiques  sujets  de  la  chasse  de  Méléagre,  il  offrait 
à  Tart  chrétien  un  motif  de  riches  développements,  mais  ce  point 
de  vue  ne  peut  avoir  été  déterminant  pour  le  choix  et  Tadoptiou 
du  sujet.  C'est  pourquoi  il  semble,  qu'ici  aussi,  c'est  le  miracle  qui 
est  la  raison  pour  laquelle  une  scène  si  compliquée  a  été  choisie 
pour  des  peintures  funéraires.  Là  où  il  s'agissait  de  présenter  à 
l'esprit  des  croyants  le  miracle  de  la  résurrection  dans  sa  vérité, 
le  grand  miracle  de  i'histoire  de  la  formation  d'Israël  en  peuple,  le 
passage  de  la  mer  Rouge  ne  pouvait  manquer.  De  même  qu'il 
acquit  une  haute  signification  dans  la  liturgie  juive,  où  on  le  lit 
chaque  jour  datis  la  prière  du  matin,  de  même  il  se  trouve  dans 
Tart  chrétien  primitif  parmi  les  miracles  de  rAncien-Testamerit 
qui  forent  représentés  pour  symboliser  la  merveilleuse  toute* 
puissance  de  Dieu.  Nous  le  trouverions  beaucoup  plus  fréquem- 
ment.  si  la  difficulté  du  sujet  n'en  avait  rendu  la  reproduction  rare. 


Moïse  faisant  sortir  de  Veau  du  Horeb. 


^    L'image  représentant  Moïse  faisant  sortir  de  Teau  du  rocher 

du  Horeb  en  le  frappant  de  sa  verge  (Ex.,  xvii,  6)  est  peut-être, 

^parmi  les  symboles  empruntés  par  l'art  chrétien  primitif  à  l'An- 

Vcien-Testametit,  celui  que  cet  art  a  le  plus  répandu.  Cet  épisode 

peut  être  considéré  comme  le  noyau  du  symbole  proprement  dit, 

auquel  vinrent  se  joindre  ensuite  d'autres  faits  de  la  vie  de  Moïse; 

qui  le  prouve,  c  est  Qli^  les  peintures  des  catacombes  repré- 


*: 


funboiuii  du  ThiAse  btccbit^ue. 


171,  trouve  d&at  cet  peinturée  lec  mouTeaeoU 


m  REYUÇ  PÇS  ÊTlîOES  JUIVES 

sentent  preaque  çxclqsivemept  cettQ  sc^ae  unique.  Nqu^  Ty  trou- 
vons d^jà  au  !!•  sièQle  (Lefort,  20),  çt  elle  eat  répétée  wr  iQ»  mon, 
les  voûtes  et  les  arcosolies,  Avec  upe  véritable  QonciMQQ  sjrmiKH 
lique,  on  ne  représenre  que  Moïse  9veç  la  verge,  et  Te^u  jaUUg$aAt 
miraculeusement  en  abondance  du  rqçber-  La  verge,  qui  ^  tfMTinine 
en  pointe,  touche  par  son  ei^tréinité  le  rocher,  qui  lui  est  p^pen- 
diculaire.  Au  pied,  on  voit  une  (ois,  t.  3Qi  un  drbre-  MQïse.  r^|ir0- 
sente  compile  un  jeune  homme  sans  barbe,  ne  peut  iJoUQ  p48  ôtre 
pris  pour  le  Christs  Garrucci  cite  les  exemples  suivants  tir^^des 
catacombes  :  t.  7,  9,  }8,  20,35,  QÙ  U  tête  de  UPÏse  e^t  eptQur^ 
d'un  bandeau,  30,  32.  33,  40,  44,  4*7,  4».  5Q,  5i,  &3,  5&,  57  (4ew 
fois),  61,  63,  65,  69,70,  71, 13,  81,  82,  83,  9J,  Qn  peut  yair  ici 
très  clairement  comment  d>utres  scènes  de  I4  vie  4^  Mo^^  s^i^t 
venues  s'ajouter  à  ceUe-ci  ;  ainsi,  t.  18, 4*1  Moï^e  e$l  n^prôienté 
dt^nouant  ses  sandales,  tandis  qu'à  côté,  il  frappe  le  roc^^^r  ;  t.  61, 
ces  deux  scènes  sont  représentées  $ur  une  voûte,  se  (gisant  Gica 
Vune  à  l'autre  ;  t.  57,  sur  une  ^rcosolie,  |i  çaucbe,  }^o\^  frappe 
le  rocher,  et,  à  droite,  il  reçoit  un  rouleau  des  nuées.  Il  est  4oilc 
peu  vraisemblable  que  la  figure  isolée  t,  31  design^  Mû^a  dé^ 
nouant  ses  sandales,  ou  que  la  0gure  de  t^  49  repr^seAt^  Muise 
recevant  la  Loi. 

Tandis  que  dans  les  catacombes  on  n'a  ropréfienté  qu'une  aeule 
fois  le  peuple  buvant  Teau  du  roçber,  sou9  la  forme  d'un  jeua^ 
bomme  (t.  18),  la  scèqe  s'agrandit  sur  le^  sarcopbages  :  la  peuple 
est  représenté  par  un  ou  deux  hommes  qu'à  leur  burette  cylint 
drique  on  reconnaît  pour  des  Juifs  ;  il  n'est  pas  rare  de  trouver  en- 
core deux  autres  spectateurs,  qui,  suivant  Ej,,  ^viii  5, représentent 
les  vieillards  accompagnant  Moïse.  Ce  développement  du  sym))QlQ 
correspond   l'admission,  dans  le  cycle  des  peinture?  sur  sarco^ 
phages,  de  la  scène  précédant  immédiatement  celle  de  l'eau  jaillis- 
sant du  rocher,  c'est-à-dire  le  soulèvement  du  peuple.  La  foule 
révoltée  contre  Moïse  (Ex.,  xvii,  2)  est  représentée  comme  suit: 
deux  hommes,  reconnaissables  comme  juifs  à  leurs  barettes»,  en- 
tourent et  pressent  Moïse.  Le  nombre  des  monuments  sur  lesquels 
on  trouve  les  deux  événements  ou,  du  moins,  le  miracle  de  T^u 
jaillissant  d'un  rocher  près  du  Horeb  est  immense.  Garrucci  cite, 
pour  Rome  seulement,  les  exemples  suivants  :  t,  314;  315,1  ;  318,1  i 

>  Scl^ultze,  p.  170,  combat  l'opinion  dç  Dç  Rossi,  qii^i  voi(  d^ni  u^e  dai  fierai 
Moïse,  et  dans  Tauire  saint  Pierre. 

*  SchuUie,  Àrck.  Studi$n,  p.  167  et  miv.,  comblât  l'opinion  de  ceux  qui  Teulcol 
substituer  Jésus  a  Moïse. 

s  Cf.  SchuUze,  ibid,^  p.  167  ;  p.  173,  ligna  2,  au  lieu  de  Gen.,  17,  5,  Ure  Exode, 
17,5, 


SENS  ET  QHIGINE  PES  SYMBOLES  ÏUMULAIRES  m 

0. 1  ;  3Î3  (ici  le  buveur  d'e^u  n^a  p^s  le  type  juif)  ;  t.  358,  350» 
H,  364,  a§5  (plu»  clairement  chez  SclmlUe,  Arch*  Sludien,  t.  22)» 
56=  t.  317,  rappelant  les  catacombes  par  la  naïveté  de  la  repro- 
|uctioo,  367  iiiir  trois  sarcupliay^îa  liitléreiits,  où  sur  Fun  d  eux 
(oïse  est  représenté,  coinme  t- 374,3,  dénouant  ses  sandËilea  ; 
na,2  j  374,3;  375,  l  ;  376  ;  377  ;  378;  379  ;  380  ;  382;  385  ;  de  Girone, 
,  cite  t.  3t3,  318,  4  ;  de  Madrid,  314,  6  ;  de  Milan,  315,3  ;  de  Pise, 
364,  3;  de  Saragosse,  t.  379;  de  Campli,  t,  Wi^  7.  Parfois  on  voit 
lussi  Moïse  recevant  la  Loi  de  la  main  de  Dieu  ;  Home,  t.  320^  1  ; 
^7;  358;  364;  366  i  AncOne,  326;  Milan,  328  ;  sur  le  sarcophage 
lu  Louvre,  t.  324.  M.  Le  Blant  4  publié  dans  ses  Mélanges  d  ar- 
chéologie et  d'Histoire,  1885,  V,  L  5,  p,  245-6,  un  sarcophage  de 
(loiTio  où  est  représentée  la  scène  de  Moïse  recevant  la  Loi  et 
lyant  à  côté  de  lui  quelqu'un  qui  est  sans  doute  Josué,  la  sci^tie 
|u  rocher  près  du  Iloreb  et  celle  de  la  révolte  du  peuple.  Je  négïi- 
3rai  les  autres  exemples  cités  par  Garrucci  et  tirés  de  France, 
?qvoyant  à  ce  sujet  au  travail  de  M,  Le  Blant»  qui  décrit  et  étudie 
Bs  scènes  p.  15,  27.  31,  49,  m,  6Û,  72,84,  107,  126,  133,  136, 
DDime  il  a  d*aillears  commenté  celles  d*Arles,  p.  3,  note  7,  13,  22* 
'27,  28,  36.  Moïse  recevant Ja  Loi  se  trouve  à  Arles»  d'après  M.  Le 

I filant,  p,  10,  li^t  35  ;  dans  le  reste  de  la  Gaule,  d'après  M.  Lo 
BJant,  p.  17,  40,  144,  155.  La  scène  où  Moïse  est  représenté  ùtant 
les  sandales  est  décrite  par  M,  Le  Blant,  p.  111,  114  et  133,  Le  mi- 
jpacle  de  la  sourca  du  lloreb  reste  donc  aussi  le  sujet  principal  sur 
tes  sarcophages,  La  (Igure  de  Moïse  ^  diUére  ici  de  celle  des  cata- 
combes par  la  longueur  de  la  verge  et  parce  que  Moïse  tient  dans 
la  main  gauche  un  rouleau  ;  c'est  ainsi  que  dans  Tart  chrétien  de 
répoque  postérieure  on  caractérisait  les  prophètes. 

En  examinant  la  question  de  savoir  à  quelle  circonstance  les 
scènes  de  Moïse  doivent  leur  admission  dans  le  canon  funéraire 
de  Tart  chrétien,  on  peut  négliger  les  scènes  du  buisson  ardent  et 
(e  Moïse  sur  le  Sinaï  ;  le  miracle  de  la  source  du  lloreb  s'est 
lllirnié  comme  4e  symbole  le  plus  ancien,  La  scène  de  Moïse  du 
ioreb,  atnsi  reçue  dans  ce  canon,  pouvait  et  devait,  grâce  au  dé-^ 
feloppenient  de  l'art,  d(»nner  naissance  à  des  représentations  d'au- 
res  laits  miraculeux  de  la  vie  du  prophète,  mais,  au  iond,  quelle 
lison  a  rendu  cette  scène  propre  à  servir  d'image  funéraire  ou 
^de  symbole?  Un  coup  d'œil  jeté  iiur  les  peintures  des  catacombes 
IttOntre  que  l*eau  jaillissant  avec  une  lurce  irrésistible  du  rocher, 


*  La  théohe  du  type  de  &aiQt  Pierre  se  retrouvaDl  dani  le  Moïse  ii  êié  réfulée 
par  âchuUze,  p.  t6'J-n2«  llasenclever,  p,  ti5  et  suîv,,  a  simplemenl  répété  hs  ar- 
gumeoU  da  Scbulizu. 


224 


REVUE  DES  ETUDES  JllVES 


au  coiitact  de  la  verge,  forme  le  mira(^Ie,  le  centre  de  la  scène  i 
devait  frapper  aussitôt  les  yeux  du  spectateur.  De  même  que  les 
miracles  de  Jésus  ne  trouvèrent  place  dans  les  peintures  tom- 
bales que  parce  que  la  toute-puissance  divine,  qui  est  la  base  de 
la  croyance  à  la  résurrection,  s'y  maniTeste,  ainsi  le  miracle  de 
la  source  jaillissant  du  rocher  doit  être  considéré  uniquement 
comme  le  symbole  de  la  toute-puissance  divine  opérant  des  pro- 
diges. Schultze  {Arch.  Studien,  p.  1*7)  a  rais  ce  point  hors  de  con- 
teste, et  Hasenclever»  p,  214»  n'était  nullement  fondé,  surtout  en 
ce  qui  concerne  le  miracle  du  rocher»  à  admettre  un  rapport  t\^o-  i 
logique.  Cette  scène  n'a  nullement,  comme  le  croit  Kraus  {R.  S.M 
284),  de  rapport  intime  avec  la  résurrection  de  Lazare,  avec  la- 
quelle elle  se  trouve  habituellement,  M.  Le  Blant  (Arles^  p.  Xlil, 
note  2,  et  p.  36)  a  démontré  péremptoirement  que  c'est  grâce  à  des 
considérations  décoratives  et  purement  artistiques  que  ces  deux 
scènes  sont  placées  ordinairement  comme  pendants  aux  extrémités 
des  sarcophages.  Elles  n*ont  pas  plus  de  liaison  entre  elles  que  le 
miracle  de  la  source  du  Horeb  avec  Adam  et  Eve,  images  que  l'on 
trouve  aussi  se  taisant  face  dans  les  peintures  des  catacombes,  par 
exemple  t.  53,  55.  Il  ne  faut  pas  perdre  non  plus  de  vue  cette  cir- 
constance que  le  miracle  du  Horeb  est,  en  même  temps,  l'exemple 
le  plus  remarquable  de  la  puissance  de  la  prière,  Moïse,  pressé  par 
le  peuple  altéré  (Ex.,  xvii,  4),  ayant  invoqué  le  secours  de  Dieu. 
Dans  les  prières  pour  la  pluie  et  dans  celles  qu'on  appelle  hoscba- 
not,  la  poésie  synagogale  mentionne  aussi  Moïse  faisant  sortir  leauj 
du  rocher  et  parle  de  sa  prière  exaucée  par  Dieu. 

David  et  Goliath. 


Boslo  prétend  avoir  vu  fréquemment  David  dans  les  peintures] 
des  catacombeç,  mais  on  croit  aujourd'hui  que  son  image  nej 
s'y  trouve,  au  contraire,  que  très  rarement.  Si  le  jeune  homme  1 
tenant  une  fronde  dans  sa  main  droite  mise  à  nu  et  qui  est  peint 
sur  le  plafond  de  S.   Domitiïle  représente  bien  I  Sam.,  xvu,  40 
(Garrucci»  t.  *25),  la  présence  de  David  dans  les  peintures  de  cata- 
combes dès  la  fin  du  ii"  siècle  serait  prouvée  (Letort,  p.  26)  ;  ce- 
pendant Schultze»  Die  Katahomben,  p«  105,  a  fait  suivre  d'un 
point  d'interrogation  l'explicalion  de  cette  image  comme  étant  1 
4  David  avec  la  fronde  ».  IJ'après  M.  Le  Blant,  p.  35,  5,  on  aurait 
découvert,  en  1882,  à  Kome,  un  second  exempte  de  cette  repré- 
sentation. On  aurait  laissé  de  côté  le  géant,  et  le  jeune  héros  seul»] 
armé  de  la  fronde,  apparaîtrait  sur  les  images. 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TLIMI'LAIRES  225 

Les  sarcopbages  montrent  ici,  comme  dliabitude,  un  dévelop- 
Bment  de  cette  scène,  en  opposant  le  g<^ant  puissamment  armé 
|u  jeune  David,  en  donnant  toutefois  aux  deux  combattants  la 
a^me  taille  (Le  Blant,  Arles,  p.  viii,  note  8].  C'est  ainsi  qu'on 
voit  aussi  sur  le  couvercle  d'un  sarcophage  à  Ancône,  Gar- 
^ucj:^!,  t.  320,  1,   et  plus  fri^quemment  sur  les  monuments  de  la 
Gaule  que  M.  Le  Blaot  a  décrits,  p.  17,  21,  22,  35.  Sur  le  sarco- 
^phage,  aujourd'hui  perdu,  de  Marseille  (p.  35)  qui  n'a  été  cori- 
^Krvé  que  par  un  dessin  de  Peiresc,  la  scène  est  encore  agrandie 
Bat  on  voit  Daviii  présentant  la  télé  de  Goliath  à  Saûl.  J'ai  montre 
plus  haut  (p*  41),  par  la  citation  de  R.  Salomon  b.  Isak,  que  rem- 
ploi de  ce  sujet  dans  Tart  était  aussi  connu  des  Juifs. 

Ce  qui  montre  combien  les  explications  ordinaires  sont  insuffi- 
santes pour  démontrer  remploi  d'une  figure  de  TAncien  Testament 
Idans  Tart  chrétien  primiLif,  c*est  Fexptication  si  fréquente  qui 
croit  trouver  Samson  emportant  les  portes  de  Gaza  sur  une  image 
[qui  représente,  en  réalité,  le  paralytique  guéri  et  emportant  son 
trabat  sur  ses  épaules.  G*est  ainsi  que  Dùntzcr  a  méconnu  égale- 
jïïient  la  présence  de  cette  scène  sur  le  verre  doré  de  Cokïgne 
(/.  if.  //.,  42(1861),  p,  173)  et  a  voulu  y  voir  Samson^  opinion  déjà 
I  réfutée  par  M.  Le  Blant  {Arles,  p.  7,  note  4)  et  Ileuser  (/?,  E,  P., 
H,  715).   Le  type  de  Samson  devra  donc,  malgré  Martigny,  être 

Ixayé  provisoirement  du  nombre  des  figures  de  rAncien-Testament 
(représentées  par  fart  chrétien  primitif. 
L'admission  de  David  dans  les  peintures  funéraires  s'explique, 
pour  les  interprètes  non  prévenus,  simplement  parce  que  la  vic- 
toire du  jeujie  homme  sans  armes  sur  le  géant  si  bien  armé  est  un 
miracle,  une  preuve  de  la  toute-puissance  divine,  semblable  aux 
autres  miracles  empruntés  à  TAncien-Testament. 


L'ascension  d'Elie,  Elisée. 


H    Déjà  dans  les  catacombes*,  nous  trouvons,  dans  la  lunette 
^d*une  arcosolie  de  S.  Domitille  (Garrucci,  t.  31),  une  représen- 
tation df*  Tascension  du  prophète  Elle  (cf,  Garrucci,  II,  p,  61).  Le 
Iprophète  est  debout  sur  le  quadrige,  dont  les  quatre  chevaux  des- 
Isinent  vivement  leur  mouvement  vers  en  haut,  et  jette  son  man* 
[teau  à  Elisée,  qui  le  suit  du  regard.  Garrucci  a  cru,  d*après  Tana- 
\  des  sarcophages,  reconnaître  dans  la  figure  placée  à  droite 


*  Krius,  R.  S.^  p.  29t,  tfÛnae  h.  tori  que  cette  scène  oe  se  trouTe  représoDléo 
•  i}ii«  sor  des  bae*  retieffl  ■ . 

T-  XIV,  K*>  28.  15 


228  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Garrucci,  t.  374,  3,  appartiennent  à  Tarrière-plan  et  forment  les 
spectateurs  des  miracles  de  Jésus.  Même  si  la  tête  est  barbue, 
cela  n'empécbe  pas  de  voir  dans  cette  figure  un  ange,  comme 
Schultze  lui-même  l'a  prouvé,  p.  150,  par  de  nombreux  exemples. 
On  ne  peut  méconnaître  un  instant  la  signification  purement 
funéraire  de  cette  scène.  Comme  le  chapitre  xxxvii  d'Ézécbiel 
était  pris  pour  la  Haftara  du  sabbat  de  la  fête  de  Pàque,  ce  cha-* 
pitre  était  connu  dans  TÉglise  par  la  lecture  régulière  qui  en  était 
faite,  d'après  le  témoignage  de  saint  Jérôme,  sur  ce  passage. 
omtîium  ecclesiariim  leclione  celebrata.  Le  symbolisme  de  cette 
scène  est  si  clair  et  peut  si  peu  être  remplacé  par  un  autre 
exemple  biblique,  que  la  question  se  pose  impérieusement  de  sa- 
voir pourquoi  le  symbole  propre  de  la  résurrection,  la  véritable 
preuve  classique  de  Timmortalité,  est  inconnu  de  Tart  chrétien 
primitif  et  ne  se  trouve  pas  dans  les  catacombes  et  si  peu  sur  les 
sarcophages. 

Jonas, 

C'est  le  prophète  Jonas  qui,  parmi  tous  les  symboles  chrétiens 
de  TAncien-Testaraent,  a  été  le  plus  souvent  représenté.  C'est  as- 
surément la  partie  la  plus  ancienne  du  canon  de  l'art  funéraire, 
comme  cela  ressort  déjà  de  ce  fait  que,  dans  les  cinq  plus  an- 
ciennes cryptes  funéraires  de  la  catacombe  de  Callixte,  cette 
peinture  se  retrouve  quatre  fois.  Les  images  de  Jonas  ornaient 
sans  doute  déjà  les  catacombes  au  i^*"  siècle;  M.  Lefort,  p.  17,  les 
fait  remonter  seulement  à  la  première  moitié  du  ii®  siècle.  L'his- 
toire de  Jonas  a  fourni  aux  artistes  un  cycle  de  quatre  images  : 
1°  Jonas  jeté  à  la  mer  et  englouti  ;  2°  sa  délivrance  miraculeuse 
de  la  gueule  du  monstre  marin  ;  3°  Jonas  heureux  à  Tombre  du 
feuillage  ;  4^*  le  prophète  triste  et  brûlé  par  le  soleil.  Un  examen 
attentif  des. monuments  nous  obligera  à  considérer  comme  fond 
original  du  symbole  la  jscène  de  Jonas  englouti  et  rendu  par  le 
monstre  marin.  Cependant,  dès  que  le  cycle  eut  pris  le  caractère 
d'une  tradition  artistique  bien  établie,  les  quatre  scènes  paraissent 
avoir  été  traitées  sur  le  même  pied  et  chacune  semble  avoir  repré- 
senté, même  seule,  le  symbole  de  Jonas.  C'est  ainsi  que  nous 
voyons  seulement,   dans  les  reproductions  de  Garrucci,   t.  72, 
Jonas  englouti  ;  t.  77,  Jonas  rejeté  par  le  monstre,  t.  16,  35,1,  41, 
44,  50,  03,  71,1,  la  lonnelle;  t.  2,'2,  le  prophète  attristé  sous  la 
tonnelle.  Là  où  l'espace  le    permettait,  comme  parfois  sur  les 
yoùtes  des  cubicula  et  des  arcosolies,  le  cycle  est  représenté  de 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMUL AIRES 


1Î29 


lanière  que  les  <juatre  images  entourent  Timage  centraîe  tlu 

n  pasteur;  ainsi  sur  t,  35,2,  54,  19.  Il  y  a  deux  et  trais  scènes 

6,  8,  9,  22,  27,  51,  56,  62,  ti6,  ^76,  78,  83.  La  firemière  repré- 

te   le  vaisseau,  qui  paribis  est  garni  de  mâts  et  de  voilure, 

lais  est  figuré  dliabitude  sous  forme  d'un  canot.  L'éfioipage  est 

g-uré  tout  au  plus  par  trois  personnes.  Sur  t,  6  et  9,  Jonas,  con- 

aireiuent  au  récit  biblique,  se  jette  lui-même  à  la  mer;  ailleurs 

e  prophi^te  est  toujours  jeté  à  la  mer  par  un  matelot  ou  deux,  la 

télé  la  première  et  les  mains  tendues  en  avant.  Dans  le  voisinage 

u   vaisseau,  le  monstre  marin   guette;  ceîui-ci,  en  sa  qualité 

ranimai  fabuleux,  est  emprunté  aux  antiques  représentations  de 

rUippiicampus  ;  ou  bien,  il  vient  saisir,  de  sa  gueule  ouverte,  le 

roplièle,  tout  près  du  bord  du  canot;  dans  ce  cas,  les  passages 

e  Jonas,  i,  15  et  n,  1,  sont  amalgamés  artistiquement.  Sur  la 

[deuxième  image,  le  monstre  marin  jette  Jonas  sur  la  cùte,  qui  est 

diquée  souvent  par  une  coiliiie.  De  même  que,  dans  la  première 

icène,  le  proidiète  apparaît  ayant  les  mains  déjà  prises  dans  la 

^gueule  du  monstre,  il  apparaît  ici  la  partie  inférieure  du  corps 

encore  engagée  ;  mais  le  corps  redressé  indique  Félan  qu'il  va 

-recevoir.   Les  artistes  des  catacombes  ont  dessiné   la  tonnelle 

lexaclement  d'après  le  récit  biblique,  de  sorte  que  la   tonnelle 

■irrangée  par  1h  prophète  lui-même,  suivant  Jouas,  iv,5,  apparaît 

découverte  du  Kikayon,  l'arbre  miraculeux  que  Dieu  étendit  au- 

liessus.  Par  les  fruits  de  forme  oblongue  pendant  en  grappes 

nhondantes  à  travers  le  feuillage,   on  peut  reconnaître  que  les 

lirtîstes  voyaient  dans  le  Kikayon,  à  rexemple  des  Septante  et  de 

IVltala,   le  3eo>.oxuvftoç,  cucurbita;   c'est  pour  cette   raison  que  la 

tonnelle  est  désignée  habituellement  sous  le  nom  de  tonnelle  de 

citrouiller.   Sur  les  images,   les  fruits  pendent  de    toute   part, 

comme  Théodore  de  Mopsuestia  Fa  observé  au  sujet  du  Kikayon 

(v,  Garrucci,  III,  p,  133).  Il  est  incompréhensible  que  S.  JéjVime, 

pourjustifier  sa  traduction  île  Kikayon  liarhedent,  lierre,  ait  pu 

•e  référer,  corâme  le  dit  Rudnus,  aux  peintures  des  catacombes 

(v.  Kraus,  /?.  5.,  281],  où  la  forme  et  Tabondance  des  fruits 

cacurbïtacés  est  manifeste.  Ordinairement  le  prophète  apparaît 

couché  sous  la  tonnelle,  le  bras  droit  entourant  sa  tète  ;  sur  t.  63, 

il  ai  le  bras  gauche  autour  de  la  tète.  On  ne  peut  distinguer  dans 

les  peintures  s'il  dort,  La  tonnelle  desséchée,  qui  forme  la  qoa- 

trième  scène,  est  reconnaissable,  dans  la  plupart  des  cas,  au  i)elit 

nombre  de  feuilles  ;  souvent  on  ne  voit  que  Téchafaudage  dénudé 

delà  tonnelle,  sans  aucun  abri  de  verdure.  Le  prophète  repose; 

quelquefois  aussi,  par  exemple  t.  35,  54,  (>2,  il  est  assis.  Parfois  il 

repose  sans  tonnelle,  exposé  entièrement  aux  rayons  brûlants  du 


230  liEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

soleil.  11  est  toujours  représenté  nu  ;  la  t.  27,  où  il  est  habillé  et 
où  le  soleil  ardent  est  indiqué  par  une  véritable  auréole,  est 
d'autant  plus  frappante. 

Les  images  de  Jonas  ne  se  trouvent  pas  seulement  dans  les  cata- 
combes de  Rome  et  de  Fùnfkirchen,  elles  se  rencontrent  aussi,  en 
très  grand  nombre,  dans  les  sculptures  des  sarcophages,  dans  les 
pays  les  plus  divers.  Elles  sont  placées  de  préférence  sur  les 
reliefs  de  face,  sur  les  côtés  et  sur  le  couvercle.  Rome  seule,  dans 
Garrucci,  fournit  les  exemples  suivants:  t.  301,2,3,4,5;  307,1  ; 
31(3,4;  320,1  ;  357  ;  359,1  ;  367,3  ;  383,3  ;  384,3,4,6;  385,4  ;  396.11  ; 
397,5,10-12;  400,10;  402,3;  Pérouse,  t.  321,4  ;  Velletri,  374,4; 
Florence,  383,4  ;  Osimo,t.  384,7  ;  Alger,  t.  385,5.  Sous  le  buste  du 
défunt,  qu'on  appelle  imago  clypeata,  les  scènes  de  Thistoire  de 
Jonas  ai)paraisseut  sur  des  sarcophages  de  Rome,  Marseille  et 
Pise  (t.  357,  359,1).  A  cause  du  peu  d'espace,  le  symbole  y  est 
tellement  resserré,  que  Ton  voit,  à  côté  de  la  gueule  du  monstre 
marin,  la  tonnelle  où  repose  le  prophète,  déjà  rejeté  sur  le  rivage. 
Les  exemples  d'Arles  sont  étudiés  par  M.  Le  Blant,  p.  11,  35,  et 
ceux  du  reste  de  la  Gaule,  p.  40,  48,  66,  73,  92,  99,  116.  Les 
images  des  sarcophages  se  distinguent  à  peine  de  celles  des  cata- 
combes ;  tout  au  i)lus  peut-on  faire  observer  que,  dans  les  images 
des  sarcophages,  la  tonnelle  manque  et  que  Tarbre  merveilleux 
étend  seul  son  ombre  sur  le  proi)hète,  parfois  endormi.  Peut-être 
est-ce  la  difficulté  technique  qui  a  exigé  cette  dérogation.  Le 
monstre  marin,  avec  les  contorsions  puissantes  de  son  corps 
gigantesque  et  hideux,  est  représenté  pkis  fidèlement  selon 
l'antique  tradition.  Par  les  feuilles  et  les  fruits,  le  Kikayon  des 
sarcoi)hages  ressemble  à  celui  des  catacombes;  une  seule  fois  il 
paraît  être  rendu  par  un  lierre.  La  règle  établie  par  M.  Allard  et 
adoptée  par  M.  Mùntz  (Etudes,  p.  13;,  que  la  date  des  monuments 
où  le  Kikayon  apparaît  sous  forme  de  lierre,  d'après  le  terme 
employé  par  la  Vulgate,  est  postérieure  à  cette  version  de  la 
Bible  (384j,  est  donc  de  pure  fantaisie,  attendu  qu'il  n'existe  pas 
de  monument  de  ce  genre  et  que  les  «  plusieurs  sarcophages  des 
Gaules  »  qui  doivent  <Hre  dans  ce  cas  sont  encore  à  trouver. 

La  diffusion  tout  à  fait  extraordinaire  du  symbole  de  Jonas, 
dans  l'art  chrétien  est  attestée  par  des  mosaïques,  des  verres 
dorés  et  même  des  ustensiles  de  ménage  qui  en  ont  été  décorés. 
La  coupe  de  verre  de  Podgoritza  porte  trois  scènes  de  ce  cycle. 
Les  matelots  en  prière  n'ont  rien  qui  doive  étonner;  leur  attitude, 
les  mains  levées  vers  le  ciel,  traduit  fidèlement  le  récit  biblique, 
Jonas,  1, 5,  14.  Cette  scène  est  reproduite  de  la  même  façon  dans 
les  catacombes  et  sur  les  sarcophages  (v.  Le  Blant,  p.  92,5-7  et 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMIILAIHES  231 

Schultze,  Arcfi.  StudieHi  p.  83).  Le  monstre  marin  est  repré- 
senté tleiix  fois,  une  fois  avec  Jonas  dans  la  gueule,  la  secnade 
devant  la  toiiTielle  sous  laquelle  il  a  rejeté  le  prophète-  La  suscrip- 
tîon  est  inléressante  ; 


DIVNANDEVENT 
REQUETILIBERATUSEST 

ff  Jona  de  ventre  ceti  liberatus  est  »  (cf.  Bulletino  di  arcJieo- 
logia  cristiana,  ii,  5,  (1874),  p.  155,  et  m,  2,  (1878).  p.  80  et  s,). 
La  iiiènie  peinture  est  répartie  en  quatre  mildaîllons  sur  la  coupe 
de  verre  de  Cologne,  /.  R.  H.^  36, 136,  de  la  collection  Disch  ;  les 
sct'nes  de  Jonas  englouti  et  rejeté  existent  seules  sur  la  seconde 
coupe  de  verre  de  Cologne  que  Dijntzer  a  décrite  {J,  R.  ff*,42, 
170),  La  colombe  que  Ton  voit  ici  volant  vers  le  vaisseau  n'a  nulle- 
ment besoin  de  signifier  Farclie.  De  ce  que  Jonas  est  placé  sous 
rarclio»  on  ne  peut  pas  en  conclure,  comme  le  fait  Dùutzer,  qu'il 
iteîste  un  lien  entre  ces  symboles.  Ils  ont  été  simplement  très  rap- 
prochés l'un  de  Tautre,  parce  que  la  place  manquait  sur  cet  espace 
si  étroit.  De  mCme  il  n'est  pas  du  tout  sûr  que  M,  Le  Blant, 
p,  ÏOii,  note  7,  ait  raison  de  reconnaître,  sur  le  sarco|diage  de 
Lucq  de  Béarn,  Jonas  figurant  comme  symbole  stéréotypé  de  la 
résurrection,  dans  la  figure  qui  est  couch(*e  sur  les  aediculae  de 
Lazare  et  du  bélier  d'Abraliam,  placés  l'un  à  droite,  Tautre  à 
gauche.  Une  figure  de  bronze  trouvée  à  Bonn  qui  porte  un  corps 
d'homme  barbu,  dans  lattitude  de  la  prit*»re,  sortant  de  la  gueule 
d'un  monstre  marin,  a  été  ex[ilif|uée  par  Bellermann, /.  R,  E,, 
33,4»  244,  comme  étant  le  prophète  Jonas. 

Les  interprétations  que  ce  symbole  a  reçues  sont  aussi  nom- 
breuses que  ses  représentations.  Un  fouillis  d'explications  a 
pousse  autour  de  son  sens  originellement  si  simple.  Mme  Félicie 
d'Ayzac  prétend,  dans  un  fragment  posthume  sur  Jonas  {Revue 
de  iart  chrétien,  XXIX,  Xy),  que  «  Tinténtion  de  ces  sculpteurs  a 
été  surtout  d  exprimer  les  divers  sens,  allégorique^  anagogique  et 
tropologique  de  l'épisode  mis  en  scène.  »  Or,  les  artistes  des  sar- 
cophages ont  emprunté  simplement  leur  sujet  aux  peintures  dos 
catacombes,  qui,  elles,  sont  plus  anciennes  que  toutes  les  inter- 
prétations que  les  prédicateurs  et  les  pères  de  rÉglisey  ont  mises 
et  que  Bosio  et  autres  onténumérées.  Ces  naïfs  peintres  ignoraient 
probablement  toutes  les  interprétations  savantes  qu'on  a  pu  leur 
prêter;  même  le  passage  de  Mathieu,  xii,  40,  où  Jésus  compare 
son  séjour  de  trois  jours  sous  terre  avant  sa  résurrection  à  celui 
de  Jouas  dans  le  ventre  du  monstre  marin,  ne  peut  servir  à  Tinter- 


232  REVTE  DES  ÉTUDES  ItJIV^ 

prétation  de  cette  image.  Cette  résurrection  eUe-méme  manqnaal 
dans  le  c}xle  des  peintures  funéraires  de  Tart    *  i  pi 

comment  son  prétendu  symbole  aurait-il  pu  p^u  i 

présentation  si  fréquente?  Schutze,  que  les  ioterprétatlom  Mi 
archéologues  romains  cités  par  loi,  p*  76,  ne  satisfont  pas,  s*e<t 
livré  à  une  tentative  que  Kraus,  R.  B.  P.,  I,  70»  qualifie  de 
V  conception  généralement  accueillie  avec  gaîté  »,  ce  qui  A*m* 
p<>che  pas  Has^^nclever^  p,  213,  de  la  trouver  «  heureuse  k 
Schuitze  [>ârt  de  cette  opinion  que  «  le  récit  biblique  ne  donne  {»is 
la  moindre  indication  qui  puisse  servir  de  point  d*appui  à  des 
recherches  »  (p*  7î>)  et  que  le  sujet,  «  dans  la  forme  ou  il  se  pré- 
sente à  nous,  ne  peut  être  concilié  avec  le  récit  du  livre  de  Jonai  t 
(p.  81).  L'une  et  l'autre  assertion  est  erronée.  Dans  le  tk\i 
biblique,  Jonas  est  le  héros  de  toute  une  série  de  miracles  qui, 
comme  tels,  étaient  déjà  propres  à  ilgurer  dans  le  cycle  de^  pein- 
tures funéraires,  La  reproduction  artistique  de  ces  scèneîî  est 
également  conciliable  avec  le  récit  btblique.  Schultze  cherche 
d*une  manière  arbitraire  et  insoutenable  le  noyau  du  cycle  entier 
dans  la  scène  de  Jonas  reposant.  Si  le  calcul  de  Mme  d'Ayzacqui 
énumère  plus  de  20  peintures  de  Jonas  reposant  sous  la  tonnelle 
et  plus  de  40  autres  représentant  Jonas  rejeté  de  la  gueule 
du  monstre  marin,  est  contestable,  on  ne  peut  du  moins  aftirmer 
en  aucune  faron  que  la  première  scène  se  trouve  plus  fréquem- 
ment peinte.  Dans  Jonas  reposant,  dit  Schultze,  p.  79,  on  a  sym- 
bolisé le  repos  dans  le  sommeil  de  la  mort,  rdvsicsskdbi,  qnietar^, 
dormire  *©nià5«i  et  même  Tin  pace  des  inscriptions  turaulaire:?.  U 
figure  du  prophète  reposant  lui  rappelle  celle  d*Endyjiiion  en- 
dormi. Scliultze  n'ose  pas  décider  (p*  82)  si  celle-ci  a  seulement 
influencé  le  symbole,  ou  si,  en  géaéral,  toute  la  peinture  e.^l  em- 
pruntée à  Tantique,  tandis  que  Hasenclever,  p*213,  écarte  même 
le  doute,  en  soutenant  que  TEndyinion  endormi  est  «^  ranïHjue 
prototype  d^  la  ii^'ure  île  Jouas  reposant  sous  la  tonnelle  de  ci- 
trouiller.  »  Mais  si  vraiment  les  anciens  artistes  avaient  voula 
symboliser  Fimagedu  sommeil  de  mort,  le  récit  biblique  de  Joua» 
leur  otfrait  uu  sujet  plus  rapi^roché  et  plus  saisissant,  savoif  te 
prophète  que  le  v.  5  du  chap.  i  nous  montre  profondément  en- 
dormi dans  la  cale  du  vaisseau  au  milieu  de  la  tempête,  sur  une 
mer  en  rnrie. 

Il  est  d'autant  plus  remarquable  de  trouver  une  interprétation  si 
désespérée  chez  Schultze,  qu'il  compte  lui-même,  avec  raisoniàU 
p  7,  la  délivrance  de  Jonas  du  ventre  du  poisson  parmi  \^ 
preuves  et  les  garanties  de  la  résurrection  future,  pai'mi  l^s 
miracles  de  l'Ancien  Testament,  Il  cite  môme,  ib,^  le  témoignage 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMULAIRES  238 

du  Y*  livre  des  Constitutiones  apostolorum  (in«  siècle),  ou,  parmi 
tous  les  miracles  de  TAncien  et  du  Nouveau-Testament  on  parle 
aussi  de  Jonas  en  ces  termes  :  'o  t6v  'icoviv  «isi  Tptwv  f.jupwv  Cwvr*  *ai 

évByelpai. 

^    Comme  c*est  le  symbole  de  la  délivrance  d'une  mort  certaine 
H^i  a  lait  admettre  Noé  dans  Tarclie  et  le  sacrifice  dlsaac  dans  In 
^Kycle  des  peintures  funéraires,  de  môme»  pour  Jonas,  c'est  sur- 
^Bout  sa  délivrance  miracuieuse  de  la  mort  qm  lui  valut  Tad mis- 
sion dans  le  canon  de  rornementation  funéraire  du  christianisme 
^prîmilif.   Le  monstre  avalant  et  rejetant  le  prophète,  le  pro- 
^^hète   englouti  et  rejeté,  voilà  le   fond  de  la  peinture,  auquel 
vint  se  joindre  le  miracle  d'un  toit  de  feuillage  né  avec  la  ra- 
pidité de   réclair  et  non  moins  rapidement  desséché,  qui  était 
peut-être  le  symbole  très  facile  à  comprendre  de  la  Iragilité  de  ce 
monde. 


Jol}. 


Un  homme  solitaire,  couvert  de  vêtements  misérables,  assis  sur 
un  quartier  de  rocher,  qu^on  trouve  représenté  un  petit  nombre 
de  Ibis  dans  les  catacombes,  est  regardé  souvent  comme  désignaJit 
Job.  Il  est  vrai  que  la  figure  juvénile  ne  correspond  guère  à  l'idée 
que  nous  avons  l'habitude  de  nous  faire  du  malheureux  martyr. 
J,ï  parait  que  les  exemples  cités  par  Garrucci,  t,  31,  40,  où  le 
Bsson  avec  lequel  le  personnage  semble  se  gratter  le  pied  droit, 
st  la  traduction  du  passage  de  Job,  n,  8,  ne  représentent  pas 
fob  pour  Bottari  [v,  Garrucci,  II,  p.  37),  puisqu'il  déclare  ne  pas 
bonnaître  de  peinture  de  ce  héros  biblique  dans  les  catacombes. 
)'ai»rés  M.  Lei'ort,  p.  i^6,  cette  peinture,  si  toutefois  elle  repré- 
sente Job,  datp  du  cnmmencemenc  du  ni«  siècle. 

Sur  les  bas-reliefs  des  sarcopliages,  Ja  présence  de  Job  est  hors 
îe, doute.  Le  martyr,  harbu,  est  assis  sur  un  tas  de  cendres  ;  devant 
lui  se  trouvent  un  ami  et  sa  femme,  qui  lui  tend  la  nourriture  sur 
un  bâton  et  se  bouche  le  nez  pour  se  préserver  de  son  contact  et 
de  son  haleine  (Job,  xix,  17),  C'est  ainsi  que  la  scène  nous  appa- 
raît sur  le  fameux  sarcophage  du  préfet  romain  Jutiius  Bassus  de 
Tan  359  (Garrucci,  t,  322,2).  Sur  lt5  iVagment  de  Bre&cia,  t.  323,3, 
on  distingue,  à  C(Ué  de  la  femmt;,  deux  amis,  S'écartant  du  récit 
biblique,  le  dessin  de  Peiresc  de  Reims  montre  Job  assis  sur  un 
pliant  ;Le  Blant,  18,  et  Arles,  p.  IX;  Garrucci,  t,  341.1);  devant 
lui  se  tiennent  sa  femme  et  un  ami;  sur  un  autre  dessin  de  Pei- 


234  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

resc,  dont  M.  Le  Blant  a  parlé,  Arles  \  p.  64,  la  femïne  de  Job  est 
seule. 

Comme  nous  le  voyons,  c'est  fort  tard  et  très  rarement  que  Job 
apparaît  sur  les  monuments  funéraires.  Qu  est-ce  qui  a  valu  à 
cette  scène  son  admission  parmi  les  symboles  funéraires?  Hasen- 
clever,  p.  221,  élude  la  solution  de  cette  question,  en  contestant  la 
présence  de  Job  sur  les  peintures  des  catacombes  et  en  les  prenant 
pour  les  portraits  des  défunts;  en  fait  de  sarcophages,  il  ne  semble 
connaître  que  celui  de  Junius  Bassus.  Toutefois,  comme  le  por- 
trait de  Job  sur  les  sarcophages  est  rare,  mais  nullement  isolé, 
et  comme  il  représente  indubitablement  le  martyr  de  l'Ancien- 
Testament,  sa  présence  dans  les  catacombes  est  vraisemblable 
à  priori  et  a  besoin  d'explication.  M.  Le  Blant  Ta  donnée  en  1860 
{Revue  arclwologiqiœ,  juillet),  en  rappelant  que  Job,  grâce  à  ses 
paroles  (Job,  xix,  25-26)  :  «  Scio  quod  redemptor  meus  vivit  et  in 
novissimo  die  de  terra  surrecturus  sum  :  et  rursus  circumdabor 
pelle  mea  et  in  carne  mea  videbo  Deum  meum  »,  est  devenu  dans 
réglise  le  héraut  principal  de  la  croyance  à  la  résurrection  et  que 
ce  passage  a  été  employé  pour  des  épitaphes  pour  la  mi^me  raison; 
cf.  Kraus,  R,  S.,  288.  Rappelons  encore  une  autre  phrase  de  Job, r, 
22  :  a  L'Éternel  a  donné,  TÉternel  a  repris,  que  le  nom  de  l'Éter- 
nel soit  béni  »,  qui  est  arrivée  à  une  si  haute  signification  dans  le 
rituel  funéraire  juif,  qu'il  constitue  la  véritable  formule  de  la  sou- 
mission aux  desseins  impénétrables  de  Dieu  (i'«in  p'n:ft)..Malgré 
tant  d'idées  funéraires  qui  se  rattachent  au  nom  de  Job,  son  por- 
trait n'étant  pas  devenu  un  symbolebien  répandu  dans  Tornemen- 
tation  funéraire  chrétienne,  il  y  a  lieu  de  se  demander  pourquoi 
Job  apijaraît  si  rarement  dans  le  canon  de  l'art  chrétien  primitif 
plutôt  que  de  demander  pourquoi  il  y  a  été  admis.  Sur  le  sarco- 
phage de  Lyon,  il  est  représenté  comme  le  prédicateur  du  dogme 
de  la  résurrection,  comme  un  prophète,  avec  le  rouleau  à  la  main. 


Ilanania,  Mlsael,  Azarxa, 

Déjà  dans  les  catacombes,  nous  trouvons  le  portrait  des  trois 
jeunes  frens  héroïques  résistant  à  Tordre  de  Nabuchodonosor  d'a- 
dorer ridule  dor,  conlormément  au  récit  de  Daniel,  m,  15  et  s. 
Cette  idole  est  représentée  ici,  sur  une  colonne,  comme  un  buste 

*  Kraus,  R,  F.  P.,  1,62,  suivant  Tindex  de  cet  ouvrage  prétend  que  M.  Le  Blant 
a  ctudip  les  représentations  de  Job  sur  les  sarcophages,  p.  xxxvi  et  11,  63.  Or,  le 
dernier  passage  seul  parle  de  Job. 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUM CLAIRES  235 

d'enipereiir  (Garruccî,  t.  35,2),  trait  que  M.  Le  Blant  a  expliqué, 
p.  43*.  Ce[)entlant  la  scène  où  les  jeunes  gens,  en  punition  de  leur 
désobéissance,  sont  jetés  dans  la  fournaise  est  plus  iVéquente. 
Couforniément  au  récit  biblique,  on  représente  habituellement  les 
jeunes  gens liabiUés  à  Torieutale  avec  le  bonnet  phrygien;  sur  les 
t.  24  et  04  seules  ils  apparaissent  sans  coiflure;  sur  t.  (îH,  où  les 
flammes  se  rejoignent  par-dessus  leurs  têtes*  comme  un  arc  de  feuil- 
lage, ils  sont  tout  à  fait  nus.  Ordinairement ,  la  fournaise  est  un  grand 
fourneau  de  forge  auquel  on  a  adapté  une  embouchure,  comme 
ilans  t.  81,  ou  rleux,  comme  t.  89,  ou  trois,  comme  t,  71  et  82  2  et 
même  quatre,  comme  t.  24;  les  flammes  s*en  élèvent  et  entourent 
les  jeunes  gens  à  droite  et  à  gauche.  Sur  la  t  62,  on  ne  voit  que 
la  partie  supérieure  de  la  fournaise  où  se  tiennent  les  jeunes  gens, 
mais  celle-ci  ne  représente  nuliemeut,  comme  le  croit  Heuscr, 
R.  E,  P.t  I.  78,  un  sarcophage  ouvert.  T.  64  et  77,  les  jeunes 
gens  sont  représentés  sans  fournaise,  ils  sont  i?euloment  environ- 
nés de  llammes.  Comme,  dans  cette  dernière  peinture,  la  colombe 
avec  le  rameau  d'olivier  symbolise  le  secours  divin'  que  les  jeunes 
gens  reçoivent^  ainsi,  t.  82,1,  on  voit,  parmi  les  trois  jeunes  geris 
dans  la  fournaise,  apparaître  une  quatrième  ligure  qui  est  repré- 
sentée sans  coiffure  et  qui  doit  évidemment  symboliser  Tango, 
la  quatrième  figure  dont  Nabuchodonosor  dit,  avec  surprise. 
Dan.,  111,25,  qu'elle  a  Tapparence  d'un  tils  de  Dieu.  T.  71/J,  le 
cbâufleur  est  aussi  représenté  portant  du  bols  au  feu,  La  eata- 
combe  de  Fùnlkirchen  a  aussi  la  scène  des  trois  jeunes  gens  dans 
la  fournaise. 

tSur  les  sarcophages,  cette  scène  prend  un  caractère  stéréotypé, 
î  fourneau  porte  trois  embouchures;  les  (lammes  en  sortent 
sous  forme  de  langues  ;  les  jeunes  gens  portent  le  bonnet  phry- 
-gien;  les  avant-bras  levés  pour  la  prière,  les  mains  tendues.  C'est 
ainsi  que  la  scène  est  reproduite  régulièrement  sur  les  sarco- 
phages romains,  Garruccî,  t.  314,3;  318,2;  320,1;  334,2;  382,4; 
384,1;  379,2,6,7;  403,0;  404,3;  ainsi  que  sur  ceux  de  Mauosque 
et  Toulouse,  t.  351,3  et  397,1.  Un  exemple  dWrles  est  rapporté 
par  M.  Le  Blant,  p.  55;  ceux  du  reste  de  la  Gaule  sont  traités 
par  lui  p.  lô,  33,  93,  118,  128,  142  et  147.  Le  chauffeur  se 
trouve  sur  des  sarcophages  romains,  t.  397>6,7  ;  sur  des  sarco- 
phages gaulois,  chez  Le  Blant,  p*  128  ;  p,  93,  118,  il  y  a  un 
chatiffeur  à  chaque  enté  du  tuurneau.  Sur  le  sarcophage  de  Rome 
397,2,  If!  btiste  impérial,  placé  devant  la  fournaise,  indique  la 


ï*  Ceci  détruit  U  supposition  de  Hcusor,  7Î.  Ji.  P.,  I,  76. 
M  Co&Utiiremetàt  il  eu  que  dit  Ueuser,  if>id>,  p.  7J. 


236  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

scène  précédant  le  supplice  ;  t.  334,2  indique  la  scène  qui  a  suivi 
lorsque  Nabuchodonosor  ordonne  aux  jeunes  gens  de  quitter  la 
fournaise.  Dan.,  m,  36  :  Tun  en  est  déjà  sorti,  on  voit  apparaître 
encore  dans  la  fournaise  l'ange  et  les  deux  autres  jeunes  gens,  et 
en  môme  temps  on  voit  la  scène  précédente  représentant  Nabu- 
chodonosor et  sa  statue*.  Cette  dernière  scène,  le  refus  d'adorer 
la  statue,  est  souvent  reproduite  seule  sur  des  sarcophages  gau- 
lois, comme  le  démontrent  les  exemples  d'Arles,  Le  Blant,  p.  16, 43, 
et  ceux  du  reste  de  la  Gaule,  ibid.,  p.  11,  51,  93  et  120. 

Sur  le  bas-relief  de  Bonn  (/.  R.  J7.,  13,151  et  s.),  la  scène  est 
reproduite  comme  sur  les  sarcophages.  La  position  des  mains  des 
jeunes  gens  et  leur  attitude  sur  la  coupe  de  verre  de  Cologne 
{ib,,  42,171)  sont  dignes  de  remarque.  Comme  sur  la  fameuse 
statue  de  Berlin  de  l'enfant  en  prière,  les  bras  des  trois  jeunes 
gens  sont  levés,  celui  du  milieu  est  tourné  vers  les  spectateurs, 
les  deux  autres  sont  toucnés  vers  les  côtés,  tous  trois  sont  nus, 
contrairement  au  texte  biblique.  Les  quatre  flammes  indiquées  en 
rouge  et  or  sont  empruntées  aux  peintures  des  sarcophages.  Sur 
la  patène  de  Podgoritza,  il  n'y  a  ni  feu  ni  fournaise,  elle  ne  porte 
que  les  trois  jeunes  gens,  habillés  mais  sans  coiffure,  dans  l'atti- 
tude de  la  prière,  avec  l'inscription  circulaire  :  TRISPVERIDEI- 
GNECAMI  [=  très  pueri  de  igné  camini]. 

Dans  les  Mélanges  d'archéologie  et  d'histoire,  V  (1885),  p.  102, 
M.  Le  Blant,  pour  expliquer  le  passage  d'Aboda  Zara  18*,  où  ses 
disciples  crient  à  R.  Ilanina  b.  Teradion,  le  martyr,  quand  il  est 
sur  le  bûcher  :  cxn  [^n]  ODtDm  t^d  nno  nnx  C]»  :  «  ouvre  la  bouche 
pour  que  le  feu  y  pénètre  »,  a  renvoyé  à  plusieurs  passages  de  la 
littérature  de  TÉglise  où  <c  l'absorption  de  la  flamme  »  amène  la 
mort  des  martyrs.  Aussi,  Chrysostome  trouve  que  le  miracle  des 
trois  jeunes  gens  dans  la  fournaise  consiste  en  ce  qu'ils  pouvaient 
ouvrir  la  bouche  sans  mourir.  Il  ne  semble  pas  que  les  artistes  des 
peintures  et  des  bas-reliefs  se  soient  servis  de  ce  trait,  car,  bien 
que  la  position  des  mains  désigne  que  les  jeunes  gens  sont  en 
prière,  on  ne  peut  pas  soutenir  qu'ils  sont  représentés  sur  les  mo- 
numents la  bouche  ouverte  pour  parler  ou  pour  chanter  des 
louanges.  L'interprétation  d'une  lampe  où  on  prétend  voir  la 
représentation  d'un  instrument  musical  dans  la  main  de  l'un  des 
jeunes  gens  est  donc  difficilement  exacte. 

Il  est  démontré,  par  sa  fréquence  môme,  que  la  scène  de  la 
fournaise  était  le  noyau  de  cette  représentation.  L'épisode  du 
refus  d'adorer  la  statue  a  été  ajouté,  parce  qu'il  précède  immédia- 

'       1  Cf.  Le  Blant,  Arle»,  p.  44,  noie  1  et  2. 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMCLAIRES  237 

ient  et  était  le  prétexte  et  le  motif  du  martyre  ;  il  doit  être 
sidéré  comme  le  développement  du  symbole  ori^^inaL 
est  indubitable  que  c'est  la  délivrance  miraculeuse  d'une 
^rt  certaine  dans  la  fournaise  qui  a  valu  à  ce  lait  sa  place  dans 
neroentation  funéraire  chrétienne*  Qu'aux  <*poques  de  persé- 
tion  religieuse,  cette  peinture,  qui,  parelle-mt^me,  symbolisait  la 
Dyaiïce  à  la  résurrection,  ait  pris  une  signiûcation  toute  parti- 
îière,  on  peut  le  concéder  sans  hésitation,  quoique  ce  ne  fût 
b'un  point  accidentel  et  que  ce  ne  soit  pas  cela  qui  a  déterminé 
Tadinission  de  cette  peinture  dans  le  cycle  des  peintures  chré- 
tiennes. Déjà  dans  les  Constitutions  apostoliques,  5,7,  on  fait  res- 
sortir le  miracle  do  cette  délivrance  :  zoU  Tpst;  iratSac  u  xa^i^^j  pap-j- 
)Uwi«c.  M,  Le  Blant*  p.  33,  montre  combien  le  souvenir  des  trois 
jeunes  gens  était  répandu  dans  le  monde  chrétien,  par  ce  fait 
qu'à  Alexandrie,  ils  avaient  un  temple  spécial  qui  portait  le  nom 
de  iRfpcïreTTic,  mot  ayant  la  forme  d'un  barbarisme  et  qui  s'ex- 
plique par  Tarticle  copte  m  et  les  mots  grecs  rpstç  iîa:Se<.  11  est  vrai 
que,  sur  les  monuments,  la  scène  est  plus  ancienne  que  la  mention 
qui  en  est  faite  jjar  les  auteurs  ecclésiastiques;  cependant  sa  si- 
gnificahon  peut  être  la  même,  car  il  y  a  peu  de  symboles  plus 
propres  à  représenter  la  résurrection  que  cette  scène  de)'Ancien- 
Testament. 

I..,..„...„„„ ,_ 

BirouYant  dans  les  catacombes  est  celui  de  Daniel  dans  la  fosse 
TO  lions,  ou  plus  exactement  parmi  les  lions,  car  la  fosse  n*est 
indiquée  tju'une  fois,  Garrucci,  t.  53;  cependant  elle  ne  doit  pas 
^'re  considérée,  comme  le  soutient  Ileuser,  R.  E,  P.,  1,  344, 
^^îRme  un  «  réceptacle  à  forme  de  sarcophage  »,  La  peinture  la 
plus  ancienne  de  celle  scène,  qui  se  voit  dans  la  catacombe  de 
S*  Dornitille  et  qui  vraisemblablement  est  du  \^^  siècle  {Lefort^ 
P'  l3;  Kraus,  j?.  S.,  p,  80  ;  Garrucci,  t.  19)  est  remarquable,  parce 
lue  Daniel  y  est  représenté  habillé.  On  ne  le  voit  plus  ainsi  que 
dans  les  catacombes  de  Naples  (Schultze,  Die  Katahomhni,  p.  3<»5), 
^tlâ  il  porte  même  le  bonnet  phrygien.  Dans  les  catacombes  ro* 
lûaiues,  Hmage  est  répétée  d'une  manier*^  presque  stéréotypée, 
L  16,  23.  25,  31,  32,  43,  51,  55,  62,  64,  61, 10,  71,  72,  73,  82.  Da- 
ïiel  est  toujours  nu,  et  le  corps  est  celui  d*un  jeune  homme  dans 
'attitude  de  la  prière»  les  bras  levés,  et  non  en  forme  de  croix, 
oinrae  le  croit  Kraus,  /.  c,  282,  A  ses  pieds  sont  couchés  deux 


Daniel  dans  la  fosse  aux  lions. 


238  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

lions,  jamais  davantage,  évidemment  domptés,  bien  que  la  puis- 
sance de  leurs  crocs  les  montre  redoutables.  Dans  le  livre  apo- 
cryphe du  Dragon  de  Bel,  dans  le  texte  de  la  Vulgate,  xiv,  31,  il 
est  dit  qu'il  y  avait  sept  lions  dans  la  fosse,  mais  les  peintures  des 
catacombes  se  montrent  sur  ce  point  indépendantes  des  apo- 
cryphes. 

Les  sarcophages  sont  d'accord  avec  les  peintures  sur  ces  points  : 
Daniel  est  toujours  nu,  les  avant-bras  sont  levés  de  la  môme 
façon,  et  il  n'y  a  jamais  plus  de  deux  lions  sur  les  bas-reliefs.  Il  y 
a  des  exemples  à  Aix,  t.  301,3,  où  deux  oliviers  forment  Tarrière- 
plan  ;  Mantoue,  t.  320,2;  Rome,  t.  358,1,  359,1;  Velietri,  t.  374,4. 
On  ne  voit  Daniel  habillé,  coiffé  du  bonnet  phrygien  et  vêtu  à  la 
persane,  que  sur  un  sarcophage,  à  Ravenne,  t.  332,3  (cf.  Kraus, 
R.  iS.,  282,  note  2).  Sur  des  sarcophages  postérieurs,  la  scène  est 
agrandie,  d'après  les  descriptions  des  apocryphes  (Dan.,  xiv,  32 
etsuiv.).  A  côté  de  Daniel,  apparaît  parfois  une  figure,  celle  du 
prophète  Habacuc,  qui  lui  apporte  des  vivres,  comme  sur  le  sar- 
cophage de  Brescia,  t.  323,2  ;  à  Rome  t.  348,1   358,3  ;  nous  le 
voyons  plus  souvent  entouré  de  deux  figures,  dans  Tune  des- 
quelles, malgré  sa  barbe,  il  faut  voir  l'ange  qui  accompagne  Ha- 
bacuc, dans  l'autre,  celui-ci  est  représenté  avec  le  plat  de  provi- 
sions, comme  à  Rome,  t.  322,2;  365,2;  367,1,2,  où  la  scène  est 
placée  sous  Vimago  clypeala  ;  368,2  ;  398,4  ;  à  Pise,  t.  364,3.  M.  Le 
Blanta  étudié,  p.  11,  16,  35,  les  exemples  d'Arles,  ceux  du  reste 
de  la  Gaule,  p.  15,  55,  56,  81,  83,  99.  103,  118,  137,  148.  M.  Le 
Blant  voit  un  développement  de  la  scène  dans  l'arrivée  du  roi  près 
de  la  fosse,  suivant  Dan.,  vi,  20  dans  deux  peintures,  p.  15  et 
103  ^  Daniel  n'apparaît  habillé  que  sïir  t.  15  (p.  5(3),  comme  sur 
les  agrafes  mérovingiennes,  et  couvert  d'un  pardessus  (t.  23, 
p.  81). 

Les  vases  en  verre  présentent  de  remanjuables  variations  de 
cette  représentation,  objet  de  tant  de  prédilection  dans  Tart  chré- 
tien. L'écuelle  de  Podjjjoritza  montre  Daniel  habillé,  toutefois  sans 
coiffure,  dans  l'attitude  de  la  prière,  entre  deux  lions,  avec  la  sus- 
cription  DANIEL  DE  LA.CO  LEONIS  (se.  liberatus).  Sur  la  patène 
en  verre  de  Cologne,  Duntzer  veut  reconnaître,  devant  la  peinture 
des  trois  jeunes  gens  dans  la  fournaise,  la  scène  où  Habacuc  sai- 
sit Daniel  par  le  sommet  de  la  tête  (Dan.,  xiv,  35).  Daniel  lui- 
même  apparaît  ici,  les  bras  étendus,  en  habit  de  dessous,  entre 
quatre  lions.  Peut-être  en  voyait-on  aussi  quatre,  deux  de  chaque 

«  C'est  ainsi  que  Braun  a  compris  la  figure  à  côté  de  Daniel  sur  le  relief  de  bronie 
de  Bonn,  /.  R.  if.,  13,  152,  note  4. 


SS  ET  ORIGINE  DES  SYMIJOLllS  TIH 


2^9 


sur  le  fameux  verre  que  De  Rossi  {JiHUeUino  di  arch.  crist., 
IV  \  3,  p,  89  et  s,)  a  décrit.  Ici  le  lacun  leonum  est  devenu  Tarn- 
pUitlit^itre,  les  lions  furieux  sont  repr^^seutês  l'un  au  dessus  de 
l'autre,  prenant  U-ur  élan.  On  ne  vuit  pa^  Daniel  lui-m^me,  mais 
seulement  an  coin  de  récliafaudage  (pulpitum)  sur  lequel  il  se 
trouvait*  A  traver^^  les  airs,  on  voit  voler  Habacuc,  qu*un  anse 
invisible  conduit  auprès  de  DanîeL  Sur  récuelle  de  la  collection 
Disch  (y.  R.  ^.,36,  126  ;  42,1"<>.  note  9},  les  médaillons  dorés 
sont  trop  pf^tits  pour  contenir  la  scène  de  Daniel  avec  les  lions^ 
aussi  un  médaillou  porte  le  lion  et  Tautre  Daniel  en  prière. 

La  signification  de  cette  scène  dans  rornementation  funéraire 
du  christianisme  primilirne  peut  être  douteuse.  Gomme  la  scène 
des  trois  jeunes  gens  dans  la  fournaise  a  passé  du  récit  biblique 
daûs  le  canon  de  Tart  funéraire  à  cause  de  leur  délivrance  mira- 
culeuse, ainsi  Daniel  sauvé  de  la  fosse  aux  lions  du  même  livre 
biblique  y  a  été  admis  (v.  Scliultze,  A?xh.  Studiot,  p.  17),  L'opi- 
nion de  Ilasenclever  *,  p.  214,  qui  soutient  que  lorsque  Daniel  fut 
représenté  dans  la  catacombe  de  S.  Doujittlle,  les  autres  «  imi- 
tèrent cette  peinture  sans  y  réil»/cbir  davantayie  j),  est  donc  à  n^- 
jeter.  Il  est  inutile  de  cbercher  des  réminiscences  de  Tantiquité, 
là  où  la  relation  avec  la  Bible  est  véritablement  claire,  La  nudité 
dfi  Daniel,  n'étant  pas  exclue  par  le  récit  biblique,  est  certainement 
due  au  prototype  romain  des  <t  condamnés  aux  lions  ». 


Tobie,  Suzanne,  Daniel.    , 

Quoique  les  scènes  tirées  des  apocryphes  de  rAncien-Testaraent 
n'aient  laissé  que  peu  de  traces  dans  Tart  funéraire  du  christia- 
nisme primitif,  je  veux  pourtant  les  rassembler  ici,  parce  qu'elles 
nous  permettent  de  faire  les  mêmes  constatations  que  les  symboles 
de  rAncien-Testament. 

C'est  ainsi  que  nous  trouvons,  assez  rarement,  il  est  vrai,  parmi 
les  peintures  des  catacumbes^  le  jeune  Tobie  tenant  ïe  poisson  à 
la  main,  par  conséquent  lors  de  sa  déUvrauce  miraculeuse  près  du 
Tigre  (Tobie,  vi,  5)  ;  ctiez  Garrucci,  t.  27,  il  apparaît  Jiu,  le  bâton 
de  yoyageur  à  la  main  gauche,  tenant,  de  la  main  drojte,  le  poisson 
frétillant  ;sur  t.  68,  on  le  voit  ayant  un  tablier  autour  des  reins, 

Is,  pour  le  reste,  dans  la  même  attitude  que  ci-dessus;  à  coté 


'  îbtd,^  Dole  2.  Au  lieu  de  Heuaerj  il  faut  lire  DiiaUcr}  au  lieu  de  p.  1G8,  Hre 
p.  170. 
'  iksondever  n'a  pQ3  vu  ijue  dAûS  DaQ.,  xiv,  31,  U  usi  i^ueslioa  dd  sept  Uoos. 


4^  l-i  »  îr:«rT»  »:a  ^^ci  ±wftt  Tj^rti  Tobîe,  tu  1}.  Sor  t  U 
«a  ir  zii  Serx  s.^rSi*r>  r^:ji.»>:i  :  T^ftôï  cfiraré  eC  ûJtnnt  sigDe  i 
Taii^.  4  •  z>:^a»rai  c>i.  -^in^t  iKi:}  >  &œt^.  tdoat  la  dhinîtéeit 
r^9r*-s*r!Ltr*T  «nr  Tj^m*.  _  *^  aifrîL*:é  sar  te  poissom  et  Tobie 
4a -t4  ZL.:'i:n-:  à  i-ia  T.::i:aipt:d  ^rÎKSCe  te  pccssoQ  qu'il  a  pris. 
Et.  i-r-iir*   i*?-*  irm^j  -tir^  *£  fiz.  sar^jcç-feige  de  Vérone  sur 

Hsiaz*  i-r  T:b.-e'  -•*  i*r  tr>^T*  z^z^  ^^ztr  s^  te  sarcopbage  d'Aire 
[Gamx..  :.  311.3 :  1^  3Li:i:.  :.  ^.  Çr.  ».  note  7  ,  où  il  retireda 

L  r<^v,r:  «i-r  Yiz^.r-zrr  »»  «ex-rziplr*  traité*  pnfoédemnwnt  que 
c>*î  ^r-ileziriit  Ir  =1  :ra  !>  d-r  Li  c«rl:TTa:ice  de  Tobie,  et  non  le 
p»jii.s:::.  iar.*  Ir-r:>rl  :  n  t :::  criiiairrffi-rnt  ïine  allasioa  an  Christ, 
qz,M  a  ■i-rtrrnii'ir  .'a  -  iptivn  ce  tetre  î*:^^e.  Oa  n'a  donc  pas  besoin 
â^zi^rT^  aTe-:  Hi^ei.  rlev-er.  p.  -iâLiL  !a  pnrsenoe  de  limage  de 
Tobie  «ian*  1-^  rai»  roaiipEr*  et  ti"ir.:er7»rêter  «rette  peintnre,  évidem- 
in&nt  biblique,  cooixe  une  allzîsion  à  la  profession  da  défunt 
enterré  en  cet  er  :rc  :t. 

La  priser.  ?e  xâi.s  les  cata*xc:be$  de  Hmage  de  Suzanne  con- 
damnée à  mort  e:  saTi^^e  ;«ar  l'aiterrention  de  Daniel  est  attestée 
explicitement  p^r  une  siiscnption  :  on  la  trouTe  dans  rarcosolie 
de  la  catacoxbe  Pretextate  Gamicci.  L  39,2  ,  sous  forme  d'agneau 
entre  deux  ]cop>  :  au-dessus  de  Tagceau.  il  v  a  Finscription: 
So^anna;  au-ôessTis  d'un  des  loups  :  Seniorîs  '=senîoresj.  M.Le- 
{'jtX  place  cetîA  j.e:r.ture  'p.  8*"*'  aa  rv*  siècle  ;  Tattribution  à 
Suzanr.r  de  T'rLaje  ■:•?  t.  53  -,  ou  ur.e  n^nre  de  femme  apparaît 
eri*re  -îe^x  arirrs.  à  :*:•=•  «ie  chacun  desquels  il  y  a  an  homme  qui 
gaeît^.  «ici:  ^:re  oer.a:n-r:irr.t  exacte.  M.  Lefort,  p.  58  sipale 
dan-  îa  caiariLbe  de  S.  A^nvs  une  image  encore  inédile  ayant 
cette  s>  .1-.  q.:i  a  ô-rné  s:n  nom  au  cubiculum  de  Suzanne. 

M.  L^  Blani  a  re::nnu  la  scène  sur  un  sarcophage  d'Arles,  p.2o; 
on  y  voit  les  deux  ;uje<  amenés  devant  Daniel,  et  Suzanne  à  côté 
d'eux  ;  sur  le  ménie  moriUment.  séparée  de  cette  première  scène, 
Suzanne  au  jardin  entre  deux  arbres,  derrière  lesquels  les 
vieillards  guettent,  lisant  un  volume.  Un  sarcophage  que  Millin 
a  si^rnal»^  à  Carpentras.  sur  lequel  devait  se  trouver  Suzanne 
entre  les  vieillards,  n'a  pu  être  retrouvé  par  M.  Le  Blant,  p.  26. 
Lf-  serpent  qui  veut  dévorer  les  jeunes  oiseaux  d'un  nid  d'arbre  et 
où  Martigny  et  Heuser.  R.  E.  P.,  Il,  801,  ont  vu  une  allusion  à 
Suzanne,  n'a  rien  de  commun  avec  celle-ci  :  c'est  un  ornement 


*  Krau5,  i?.  S.,  '292.  croit,  à  tort,  que  Suxiune  ne  se  trouve  représentée  qu'une 
fois  sur  des  peintures. 


SENS  ET  OBIGINE  DES  SYMBOLES  TUMULAIRES 


241 


comme  M,  Le  Biant  l'a  démontré,  p.  46,  41,  135.  Sur  un 
âge  de  Narbonne  (Le  Blant,  p.  132),  on  voit  les  vieillards 
ieoés  de  force  devant  le  juge»  Suzanne  en  prière  et  Daniel  éten- 
fit  la  main  vers  elle. 

fc*écuellede  Porlgoritza*  qui  porte,  au-dessus  d'une  femme  dans 
■itude  de  la  prière,  la  suscription  :  Sosanna  de  faïso  crimine 
m  liberata),  prouve  que  rinterprélalion  qui  l'ait  de  Suzanne  le 
pibole  de  FEglise  persécutée  ne  répond  pas  au  sens  naturel  des 
ûnuments  chrétiens  primitifs  ;  îa  délivrance  niiraculeuîie  de 
^usation  fausse  pesant  sur  Suzanne  et  de  la  mort  qui  la 
iliacait,  voilà  ce  qui  rendit  cette  scène  propre  à  figurer  dans 
irnementatioti  funéraire  du  christianisme  primitif. 
Sur  le  sarcopliage  de  Narbonne,  Daniel  est  représenté  en  même 
mps  quand  il  empoisonne  le  dragon  de  Babjlone  (Dan.,  xiv,  26), 
la  scène  de  Daniel  échappé  miraculeusement  à  la  mort  dans  la 

Eaux  lions,  qui  est  le  fond  de  cette  peinture,  s'est  ajouté  un 
miracle  de  Daniel,  la  mort  du  dragon  adoré  comme  une 
.  A  la  vérité,  cette  scène  ne  se  trouve  que  fort  tard  dans  la 
flpture  des  sarcophages.  C'est  ainsi  qu^elle  existe  sur  un  isarco- 
geàMantoue,  Garrucci,  t.  320/2  ;  et  sur  quatre  sarcophages 
ries.  Le  Blant,  p*  IK  13,  21,  42,  Rome  et  Vérone  fournissent 
issi  des  exemples  de  cette  scène  ;  voir  R.  E.  P*,  1,  342. 
L'écuelle  de  verre  trouvée  à  Abbeville,  dans  une  tombe  du 
•siècle,  porte,  en  quelque  sorte,  la  preuve  épigraphique établis- 
int  que  les  emprunts  de  certaines  scènes  de  l'histoire  de  Daniel 
ils  aux  apocryphes  sont  venus  simplement  s'ajouter  au  fond 
>  la  scène  de  TAncien-Testament,  de  Daniel  dans  la  fosse  aux 
>iis;  en  effet,  à  cûté  d'Adam  et  d'Eve,  on  y  voit  simplement  le 
rcle  de  Daniel,  c'est-à-dire,  Daniel  entre  les  lions,  Suzanne  et 
aDiel  avec  le  dragon  (v.  Gazette  archéologique,  IX  (1884), 
224  et  s.  . 

Nous  n'avons  donc  pas  besoin  de  chercher  un  sens  symbolique 
la  scène  de  Daniel  avec  le  dragon  et  de  lui  trouver  une  signillca- 
3tii  funéraire,  car  elle  n'est  que  le  développement  de  la  première 

iie  de  Daniel,  et,  pour  tout  dire  en  un  mot,  elle  n'appartient  pas 
nombre  des  peintures  symboliques,  mais  elle  lait  partie  des 
itures  historiques  de  Fart  chrétien  primitif. 


fine  des  symboles  fimér aires  tirés  de  tAncien-Tesiamerit, 


Si  nous  faisons  abstraction  de  l'image  d*Adam  et  Eve,  image 
méraire  la  plus  naturelle  et  n'ayant  besoin  d'aucune  motiva- 

T.  XIV,  s^  28.  î« 


242  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tion,  et  si  nous  jetons  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur  la  série  des 
symboles  empruntés  à  TAncien-Testament  par  romementation 
funéraire  du  christianisme  primitif,  de  ceux,  du  moins,  qui  .ne 
sont  ni  isolés,  ni  douteux,  mais  qui  se  trouvent  fréquemment 
et  bien  nettement  sur  les  ornements,  voici  les  types  que  nous 
constatons  : 

Noé  dans  Tarche, 

Le  sacrifice  d'isaac  par  Abraham, 

La  source  miraculeuse  de  Moïse, 

Le  passage  d'Israël  à  travers  la  mer  Rouge, 

L'ascension  d'Élie, 

La  délivrance  de  Jonas, 

Les  trois  jeunes  gens  dans  la  fournaise, 

Daniel  dans  la  fosse  aux  lions. 

Autant  la  signification  de  chacun  de  ces  symboles  sur  les 
tombes  est  claire,  autant  la  solution  devient  difficile,  quand  on  les 
considère  comme  un  tout,  comme  un  cycle  Bien  fermé  et  qu'on 
recherche  le  motif  de  ce  choix.  L'opinion  de  quelques  archéo- 
logues prétendant  qu'une  règle  hiératique  a  guidé  la  main  des 
artistes  et  que  ceux-ci  ont  travaillé  d'après  la  direction  des 
prêtres  préposés  aux  cœmeteries  (Kraus,  R.  E,  P.,  I,  159)  ne 
repose  sur  aucune  preuve  (v.  Hasenclever,  p.  239)  et  ne  résou- 
drait pas  le  problème,  parce  qu'alors  les  motifs  de  ce  choix  ré- 
tléchi  et  intentionnel  deviendraient  tout  à  fait  impénétrables.  Mais, 
si  ce  n'est  pas  un  corps  constitué,  un  collège  de  prêtres,  qui  a 
imposé  ces  motifs  aux  artistes  et  qui  a  imaginé  pour  eux  cette 
série  de  peintures,  comment  expliquer  le  nombre  si  faible  de 
types  qui  arrivèrent  à  une  diffusion  si  grande  et  à  une  représen- 
tation presque  stéréotypée  1  On  ne  pourrait  prétendre  qu'il  ne  se 
trouvait  pas,  dans  toute  l'Écriture -Sainte,  de  symboles  funé- 
raires plus  appropriés,  plus  clairs,  plus  indispensables  que  ceux-ci. 
Schultze  fait  remarquer,  au  contraire  [Arch,  Stud^en,  p.  7;,  que 
ce  «  cycle  nettement  délimité  n'emprunte  et  ne  garde  que  peu  de 
chose  de  la  matière  fournie  par  l'Écriture-Sainte,  et  ce  qu'il 
emprunte  est  généralement  peu  propre  au  but  recherché  ou,  du 
moins,  d'une  manière  très  restreinte  ».  Hasenclever  dit,  p.  *21  : 
«  On  ne  voit  pas  bien  pourquoi  on  n'a  pas  choisi  d'autres  sujets 
qui  étaient  assurément  plus  propres  à  servir  pour  l'ornementation 
des  tombeaux  >^  et,  p.  213  :  «  Ce  qui  a  engagé  les  chrétiensà 
choisir  parmi  les  nombreuses  histoires  miraculeuses  de  la  Bible, 
précisément  la  délivrance  de  Daniel,  le  miracle  de  la  source  de 


SENS  ET  OHIGWt:  DES  SYMBOLES  TCM  CLAIRES 


243 


Moïse  et  la  conservation  des  trois  jeunes  gens  dans  la  fournaise» 
JDn  ne  peut  guère  le  savoir  avec  certitude  ».  Il  est  impossible  de 
reconnaître  dans  les  types  représentés  un  choix  reposant  sur  une 
étude  réelle  de  la  Bible  et  conçu  dans  un  certain  but.  Si,  par 
exemple,  la  pensée  de  représenter  la  croyance  à  la  résurrection 
était  prise  pour  motif  dirigeant  de  ce  choix,  comment  pourrait-on 
alors  expliquer  que  Job  se  trouve  si  rarement  et  que  la  vision  de 
la  résurrection  d*Ézéchiel  soit  totalement  absente  pai*mi  les  pein- 
tures des  catacombes,  qui  sont  pourtant  les  documents  les  plus 
anciens  de  Tart  funéraire  chrétien*  Heuser  dit,  R.  E.  P,,  I,  472  : 
]  %  La  vision  d'Ézéchiel,  in  rnedio  campiy  qui  erat  plentis  ossWtiS 
|(Ézéchiel,  xxxvii,  1)  deyait  imlurellement  se  présenter  dans  la 
,  grande  nécropole  des  catacombes  comme  limage  de  la  résurrec- 
I  lion  générale  des  morts.  «  Il  est  donc  incompréhensible  qu'elle 
apparaisse  si  tard  sur  quelques  rares  sarcophages,  et  nous  somnjes 
I  forcés  de  croire  que  ce  motif  était  étranger  aux  peintres  des  ca- 
tacombes, que,  par  suite,  tous  leurs  types  ne  provenaient  pas 
d'un  choix  raisonné  fmt  dans  rÉcriture-Sainte.  Pourquoi  ne  trou- 
vons-nous aucune  reproduction  du  miracle  de  la  résurrection 
accompli  par  le  prophète  Elisée  sur  le  fils  de  la  Sunamlte  [M  Rois, 
JV,  33  et  s.)'?  Le  problème  devient  encore  plus  insolubie  si,  a\ec 
les  archéologues  romains,  on  voit,  dans  les  symboles  de  TAncien- 
I  Testament,  des  hiéroglyphes  indiquant  certains  dogmes.  Si  Teu- 
charistic  devait  déjà  être  représentée  dans  les  catacombes,  pour- 
I  quoi  n'y  trouve-t-on  pas  Fimage  de  Melchisédec  (Gen.,  xiv,  18), 
dansiequel  TÉglise  voit  le  plus  aTicien  représentant  de  ce  dogme, 
et  qui  apparaît*,  en  effet,  fréquemment  sur  des  mosaïques  et  des 
peintures,  qu'on  se  représente  si  intimement  liées  à  rEucharistie 
qae  la  lunula  du  Saint-Sacrement  est  désignée  sous  le  nom  de 
Melchisédec  ?  Le  petit  nombre  et  le  choix  des  types  de  rAncien- 
Testament    sont   particulièrement   remarquables  et  dilTiciles   à 
iexpHquer,  lorsqu'on  les  compare  avec  les  scènes  de  FAncien- 
Testament  représentées  sur  les  mosaïques  et  par  la  peinture  ec- 
clésiastique postérieure.  Sur   les   mosaïques   de  Sainte-Marie- 
Majeure,  à  Rome,  sur  lesquelles  le  pape  Sixte  111  a  fait  repré- 
*senter  Thistoire  dlaraOl,  Thistoire  biblique  d'Abraham  à  Josué 
seule  est  décrite  en  quarante  scènes.  M.  Mùntz  (Études,  p.  2d) 
I  remarque,  avec  raison,  que  l'apparition  de  la  Vulgate  en  Tan  384 
a  influé  considérablement  sur  ce  choix  des  peintures  bibliques. 
La   reproduction   artistique  de  sujets  de  TAncien- Testament , 
1  elle  s^appuie  bien  sur  rÉcriture-Sainte,  embrasse  d*une 


'  V.^y,  Kraus,  M,  E,  P.,  Il,  ^ml 


W*  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

manière  uniforme  tout  le  domaine  biblique,  et,  inversement,  un 
art  qui  se  borne  à  peu  de  types,  dans  le  choix  desquels  on  ne 
ilécouvre  aucun  principe,  ne  peut  s'appuyer  sur  rÉcriture-Sainte 
même. 

De  même,  il  est  impossible  d'expliquer  le  nombre  et  le  choix  des 
scènes  de  l'Ancien-Testament  dans  Tart  funéraire  du  christia- 
nisme primitif  par  ce  motif  que  ces  scènes  sont  reproduites  dans 
le  Nouveau -Testament.  A  vrai  dire,  la  tentative  a  été  faite,  no- 
tamment par  Braun,  qui,  dans  /.  R.  H.^  13, 164,  ^'exprime  ainsi  : 
«  La  raison  pour  laquelle  ces  images  de  TAncien-Testament  ont 
été  si  souvent  reproduites  se  trouve  dans  le  x®  chapitre  de  TÉ- 
pître  aux  Hébreux,  qui  avait,  pour  Tar liste  chrétien,  la  môme 
importance  spéciale  que  pour  le  théologien  chrétien,  et  qui,  pour 
l'histoire  de  Tart  du  christianisme  primitif,  mérite  une  consi- 
dération particulière,  qu'elle  n'a  pas  encore  obtenue  jusqu'à  pré- 
î>ent.  »     • 

On  veut  parler  ici  du  xi«  chapitre,  où  sont  évoquées  les  figures 
dupasse  dont  i)arle  l'Ancien-Testament,  pour  en  faire  des  témoins 
classiques  des  miracles  de  la  ^(«nç.  de  la  foi,  et  parmi  lesquelles  on 
donne  môme  une  place  à  Rahab,  *Paàp  -h  icdpvrj  (v.  31).  Un  coup  d'œil 
jeté  sur  les  sujets  qui  sont  cités  dans  ce  chapitre  et  qui  ont  été  * 
réellement  traités  montre  combien  ce  document  a  peu  contribué  à 
fournir  des  matériaux  à  l'art  chrétien  primitif.  Où  trouve-t-on, 
dans  l'ornementation  chrétienne  primitive,  une  trace  d'une  image 
(le  Jacob  mourant  (v.  21)  bénissant  ses  deux  pelits-flls  Manassé 
et  Ephraïm?  Où  y  a-t-il  une  trace  de  Joseph  prenant,  avant  sa 
mort,  des  dispositions  pour  l'ensevelissement  de  ses  restes  (v.  22, 
ou  de  Moïse  exposé  sur  le  Nil,  que  ses  parents  avaient  caché  pen- 
dant trois  mois  contre  l'ordre  du  tyran  égyptien  (v.  23)  ?  Et  pour- 
tant les  deux  premiers  sujets  étaient  éminemment  propres  à  ser- 
vir de  symboles  funéraires,  si  les  artistes  les  avaient  connus.  D'ail- 
leurs, les  pères  de. l'Église  n'ont-ils  pas  interprété  dans  le  sens 
chrétien  la  manière  dont  Jacob  bénit  ses  petits-fils  (Gen.,  xlvui, 
14)!  L'image  de  Moïse  qui,  lors  de  la  sortie  d'Egypte,  emporta 
les  ossements  de  Joseph  (Ex.,  xiii,  19),  n'était-elle  pas  un  symbole 
tumulaire  d'une  signification  saisissante,  qui  se  recommandait  aux. 
artistes,  si  réellement  ils  s'étaient  inspirés  du  xi®  chapitre  de 
l'Épître  aux  Hébreux  ?  Si  l'opinion  de  Braun  est  déjà  ébranlée 
par  le  peu  d'emprunts  fait  par  l'art  à  ce  document,  elle  sera  tout 
à  fait  réfutée  si  nous  considérons  combien  l'art  a  représenté  de 
sujets  qui  manquent  totalement  dans  ce  document.  Le  fait  que 
Jonas.  les  trois  jeunes  gens  et  Daniel,  c'est-à-dire  les  types  prin- 
cipaux et  les  plus  répandus  de  l'ornementation  funéraire,  n'y  sont 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  irMULAlRES  2IÎÎ 

pas  m^m#>  nommas,  prc>u\e  presque  à  lui  seul  que  l'observation 
de  Braun  est  insoutenable. 
S'il  nous  est  donc  impossible  de  trouver,  soit  un  motif  détermi- 
ant  dans  le  choix  de  ces  type^;,  soit  un  document  littéraire  qtn 
n  aurait  C'UI:  la  source,  nous  ne  devons  pas,  par  désespoir,  re- 
urir  à  Texplication  la  plus  impossible,  au  hasard.  Nous  avons 
,  par  l'examen  des  cas  isolés,  ce  qu'il  faut  penser  de  la  tf^utative 
e  faire  dériver  de  l'antiquité  ces  types  de  TAncien-Testament;  un 
amen  d'ensemble  montre  complètement  Tinanité  d'une  entre- 
ise  qui  consisterait  à  présenter  un  cycle  de  peintures  de  TAn- 
en -Testament  bien  fermé  et  évidemment  arrêté  datts  la  pensée 
mine  le  résultat  accidentel  d'un  dëvelopperaent  reposant  sur  des 
ocuments  payens.  Plus  la  diffLision  de  ces  symboles  et  leur  con- 
cision hiéroglyphique  nous  forcent  à  croire  que  les  artistes  de- 
'aient  compter  être  compris  généralement,  plus  la  question  s'im- 
ose  de  savoir  pourquoi  précisément  ces  ima^^es  ont  été  employées 
et  à  quoi  on  reconnaît  qu'elles  convenaient  sp*^ciiïlement  au  but 
s  artistes.  Ce  choix  n'ayant  pu  être  fait  ni  par  nne  autorité, 
i  par  une  convention  entre  les  artistes,  il  ne  nous  reste  qu'à  ad- 
I     inetlre  que  ce  choix  n'était  plus  nécessaire,  parce  qu'il  avait  déjà 
HItë  fait,  parce  que  ces  types  de  rAncien-Testament  avaient  déjà 
^■lé  choisis  antérieurement,  comme  étant  propres  à  des  buts  dé- 
^^rminés,  et  que  ces  types  avaient  pris  dans  l'opinion  publique  ce 
caractère,  si  bien  que  l'art  n'avait  qu'à  s  en  emparer  pour  pouvoir 
présenter  aux  croyants  un  canon  achevé  d'images  de  TAucien- 
Testaraent.  Mais  oii  existait  ce  choix,  où  était  ce  canon  qui  n'a- 
vait qu'à  se  laisser  traduire  dans  la  langue  de  Tart  ?  Je  réponds  : 
€Uins  la  liturgie  juive. 

Comme  nous  le  dit  la  Mischna  de  Tanit,  h,  l,  les  jours  de 
jeûne  public,  quand  on  portait  dans  la  rue  l'arche  sacrée  et  qu'on 
y  répandait  des  cendres,  comme  sur  les  têtes  des  dignitaires  supé- 
rieurs de  la  communauté,  on  insérait  dans  les  Dix-huit  bénédic- 
tions, ou  Tefilla,  entre  la  T"  et  la  8*  bénédiction,  six  autres  prières 
dont  les  finales  sont  expressément  indiquées.  Dans  le  morceau 
tiré  du  Moussafde  la  fête  du  Nouvel-An  et  récité  en  cette  circons- 
tance, il  est  fait  mention  de  Noé  et  d'Abraham  comme  ayant  reçu 
de  Dieu  des  témoi^ïnages  d'une  prédilection  extraordinaire  :  *(  Tu 
t'es  souvenu  avec  amour  de  Noé,  et  tu  Tas  assisté  de  ton  salut  et 
de  ta  miséricorde,  lorsque  tu  envoyas  les  eaux  du  déluge,  pour 
faire  périr  les  créatures  à  cause  de  leur  impiété  »,  Avant  la  finale 
de  la  7*  bénédiction,  dans  laquelle  on  insère  aussi  des  formules  de 
prière,  on  dit  en  pareille  occasion  :  nm?3ïn  inn  onnsK  ntt  n^rc  ^?: 
rrrn  ditî  nDrp:^si  bnpn  t^x:^i  Dsnx  î-;2J^  K^.rr  «  Que  celui  qui  a 


2^  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

exauce  Abraham  sur  le  mont  Moria  vous  exauce  et  écoote  ^ 
cri  de  d«^tresse  en  ce  jour  ».  Dans  le  même  sens  on  dit  à  la  to* 
six  intercalations  : 

4)  C-»  by  irnn»  r«  r^ro  -^n  Celui  qui  a  exaucé  nos  pères  ïwès  ^^1 
rjiD  Mer  Rouge, 

2)  Vsbsa  y'::^rr      —  —  —         Josué  à  GuilgaU 

3)  rîCi:-:2  bxn*:c       —  __  _         Samuel  à  Mitzpa^ 

4)  b-:*rrî  *r:2  rrrVx       —  ._  _         Elie  au  Carmel, 

:i)    rr^nr:  •'y?:*:  nri'»      —  —  —         Jonas  dans  le  lex^tre 

de  la  baleine, 
6*  i:3  îT:bc  rsn  mi       —  —  —         DavidetSalomon^s*' 

^Vs-j^-j^^  fils,  à  Jérusatea. 

Quels  que  fussent  le  contenu  et  Tordre  des  versets  bibliques  * 
des  formules  de  prière  récités  avant  et  dans  ces  intercalations 'J 
ressort,  du  moins,  avec  certitude  des  paroles  obscures  de  la  Mischa» 
que  ce  sont  des  types  tirés  de  rÉcriture-Sainte,  des  témoins  clas- 
siques de  secours  miraculeux  obtenus  par  des  prières,  qui  (nA 
formé  le  principal  contenu  de  la  liturgie  des  jours  de  jeûne  et  les 
finales  des  bénédictions  additionnelles. 

A  la  véritt^  il  faut  faire  un  bond  assez  grand  pour  sauter  de  ces 
textes  de  la  Mischna  aux  gaonim  de  la  Babylonie,  mais  si  nous 
songeons  au  caractère  toujours  conservateur  du  culte  divin  en  | 
général,  et,  en  particulier,  de  la  liturgie  du  jeûne,  canonisée  par  1 
la  Mischna.  nous  n'hrsiterons  ]»as  à  nous  servir  des  indications 
dos  iiaonini  M.ir  Sar  Sohal-.^m  et  Solierira  sur  la  manière  dont  la 
célébration  publique  des  jeûnes  était  orjranisée  dans  les  académies 
babyloniennes,  pour  tXî'Iiqiier  t-t  c-.«mpléter  la  Mischna.  Dans  la 
coiie.^tîon  des  réponses  des  <:aonim  rrr:i  m-zr.  Jérusalem,  1863, 
160.  r.ous  trouv.^r.s  c  tte  indîc.'îîi'>n  de  Mar  Sar  S^halom  :  -:^3n 
•rzx  r^T-rsV  r^rrrr  ^rrr  •rzx  '::r  — 2*s  rrVc  •  Après  la  "  bé- 
nedivtion  ro:ï:::a:.t  d.x  :  Exauce-nous,  ô  notre  Pt-re,  comme  tu  as 
exauc-^  Abr.ihanî,  viau:e-nous  *.  La  réponse  explicite  du  Gaon 
S.*lier:ra  a  la  o 0!r. m .::.:" r.îé  de  Fez  îMif..  n-"  161  '  prouTe  que  c'était 
là  le  vîvi'Ut  ■'.'  -^  v.x  or.v.svis  connues  du  riniel  de  la  pénitence,  et 

^l',"i     ■■;  «    M^t.i     ■     •»»••»      «««««■       «»«»^%*      «»«««■     ««^««B      «»«^v      •»•••       ••%»«^«      ^<— ^*'*. 

V     i.V  ^<    ■  V.     ^k  i  V  •       .w  •       ••  •       ^.      •  •       m^  m      m^  »       ^  «^  •  •  a'  «       k^  '       ••*      • 

••«■•^^        «»«■      ^M»»»*»»      «»»,■      «Mi«aM«»«MB      akW^       «»«^^      ■  I    ^^^^       **^      »»^  fc  —  ■—        MkSMW.      '*»• 

Nrr't  sr'vc     Lo:::;.:-:.î  o:ni:.:v:.:r  ains:  :  Exauce-nous.  0  notre 
V'riw  cxar.oe-nous  ;  •  \ar.;-^uous.  C-  notre  roi,  exauce-nous;  comme 


SKNS  ET  ORIGINK  DTC S  SYMBOLES  TITULAIRES  W 

tu  as  exaucé  notre  père  Abraliam  sur  le  mont  Moria,  exauce-nous; 
et  la  communauté  répète  mot  par  mot  ».  Ces  oraisons  de  notre 
rituel  de  jeune  dataient  donc  de  l'époque  de  la  Mischjia,  Zunz  aussi, 
Riius,  p.  130,  déclare  qu'il  y  a  depuis  la  Mischiia  une  liturgie 
prescrite  pour  les  jeûnes  qui  fut  quelque  peu  augmentée  à  Tépoque 
des  gaonim.  Ces  deux  ofaooim  ont  considéré  ces  oraisons  comme 
étant  si  connues,  qu'ils  ne  se  crurent  obligés  que  d'en  indiquer  les 
premiers  mots.  Pour  nous,  Tabsence  de  renseignements  plus  précis 
est  d'autant  plus  regrettable,  que  la  forme  du  texte,  en  apparence 
la  plus  ancienne,  dans  le  Siddoar  du  Gaon  Amram  [Varsovie, 
1865),  II,  Kïs,  n'est  pas  d'Amram,  mais  une  addition  postérieure. 
Le  texte  du  deuxième  morceau»  qui  nous  intéresse  seul  ici,  a  subi 
dans  les  divers  rites  juifs  de  nombreux  cbangements,  des  suppres- 
sions et  des  additions  ;  même  la  forme  des  oraisons  a  subi  une 
transformation  complète.   Dans  la  plupart  des  rituels,  elle  est 
conçue  comme  suit  :  ^:;:r^  mn  r^^'^^'KiT^  nn^  D^nsNb  r^^yv  ■'t:  «  Que 
celui  qui  a  exaucé  Abraham  sur  le  Moria  nous  exauce  ».  Elle  est 
donc  uniformément  mise  à  la  troisième  personne  d'après  le  schéma 
^iirr*'  4«Tn   •   •   '    '  rTî3?ï3  ^.  Le  rituel  de  la  Romagne  el  le  Malisor 
^■romain  portent  rancienne  forme  originelle  de  la  deu3uèrae  per- 
Bsonne  tr^r   •   •   *   *   n^'s^cs,  qui  est  aussi  indiquée  par  le  dtsd 
^■rT':2^o  de  Sar  Schalom  et  de  Scherira.  Dans  le  Mahsor  espagnol 
^Kt,  de  même,  dans  le  Siddour  de  R.  Amram,  !-;::?d  ''iz  est  devenu 
^V|^^«^    ,    .    .    .   ^^y^  Comme  il  n'est  question  ici  que  des  ty^ies  de 
la  Bible  cités  dans  ces  oraisons,  je  vais  les  énumérer  tels  qu'ils 
H  Be  trouvent  dans  le  rituel  des  jeûnes  allemand  (—  A),  dans  le 
"Mahsor  d'Avignon  (=  Av),  dans  le  Mahsor  romain  (^  R),  dans  le 
Mahsor  sefardi  (éd,  Venise,  1544,  f.  280  =  S),  dans  le  rituel  de  la 
Romagne  (==^  P),  dans  le  rite  de  Tripoli  (n^^sn  ^nrJD,  éd,  Venise, 

11721,  f.  7**  =T),  et  enfin  pi^ie-mèle  dans  le  Siddour  d*Amran 
(=  Am),  ce  qui  montrera  en  même  temps  que  ces  oraisons  se 
suivent  dans  un  ordre  très  différent  *. 
[  I  En  partie  d'après  les  conmuDieaUons  de  mon  aini  S.-J.  HalhersUin,  de  Bîe> 
litî  i  dans  son  îisnat  ntfW  inanupcrit,  Tordre  de  succe«»iûft  eti  acmbJablQ  à  celui 
du  Mahsor  aUcmand  ;  aeulemcnL  Mûîse  et  Âaron  sont  réunis  et  on  y  coimpie  Ëlie  et 
Ezra.  Voir  aussi  ces  oraisona  amplifiées  dans  les  colïections  des  prières  pour  les 
cimelières,  par  cxeœplQ  daaa  le  *iydb  712^13  C^rajiçfort-Bur-Meiû,  1726),  f.  54  i 


21^  REVLE  DES  tTUDES  JUIVES 

,     ,s?|-  s;            ê          r    •         ^.1        ? 

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J'ai  fait  cette  (.^numération  dans  le  but  de  montrer  que  nous  ne 
pouvoUvS  plus  reconstituer  le  texte  original  de  cette  prière  ^^ 
jeune.  Comme  la  diversité  de  succession  dans  les  différents  rites 
et  surtout  les  noms  de  Gédéon,  Elie,  Ezra,  Mathatias,  Hasmonai 
et  enfin  lloni,  le  tourneur  de  cercles  (voir  Tanit.  23 a\  qui  u'aP' 
parait  qu'une  fois,  le  prouvent,  le  nombre  des  types  n'est  nullement 
ivstè  identique,  mais  a  subi  des  modifications  et  des  additions- 
Dans  les  temps  anciens,  ce  texte  a  été  évidemment  plus  court» 
quoiqu'il  soit  difficile  d'établir  quels  sont  les  noms  qui  sont  venus 


SKNS  KT  OKIGINE  DKS  SYMBOLES  TUMlLAllïKS 


24» 


s'ajouter  à  ceux  qui  étaient  reçus  primitivemeriL  II  suffit  de  savoir 
qu'une  liste  des  typeii  de  l'Ancieri-Testameut  dressée  pour  îa  li- 
turgie existait  dans  îa  synagogue»  liste  que  nous  possédons  encore 
aujourd'hui  sous  une  ("orme  si  altérée,  que  nous  ne  pouvons  rien 
dire  de  sa  forme  oriîîineMe.  Que  serait-ce  donc  si  Tart  chrétien 
primitif  s'était  servi  de  ce  canon  pour  ses  peintures  funéraires,  s*il 
fallait  chercher  là  une  réponse  à  Ja  question  dp  savoir  pourquoi 
précisément  quelques  types  sont  arrivés  à  une  diffusion  si  extraor- 
dinaire, tandis  que  d  autres  n  oui  pas  été  reproduits?  Il  est  inutile 
de  s'arrêter  à  ce  fait  que  beaucoup  de  types  de  ces  oraisons  ont  été 
laissés  de  côté  par  les  artistes,  mais  il  faut  voir  combien  de  ces 
types  ont  été  reproduits.  On  ne  contestera  pas  sérieusement  si  nous 
soutenons  que  nous  avons  perdu  un  f?rand  nombre  de  types  repro- 
duits dans  les  catacombes  par  suite  d'ébouleraents,  de  Taction  des 
éléments  et  du  temps,  que  beaucoup  d'autres  attendent  encore  leur 
interprétation  exacte  et  que  d'autres  encore  viendront  au  jour  par 
suite  d'heureuses  découvertes.  Je  pourrais  invoquer  le  fait  que  llo^^io 
a  reconnu  dans  les  catacombes  Timage  de  Joseph  en  prison  (n.  4), 
que  M.  Le  Blant  èroit  reconnaître  Ezra  sur  des  sarcoidiaces  ' 
(j4rto%  p.  6,  41),  mais,  au  fond,  il  n'est  pas  nécessaire  que  tous 
les  types  aient  été  adoptés  par  les  artistes  et  surtout  ceux  qui,  ou 
bien  n'avaient  pas  dlmportance  générale  et  saillante,  ou  qui  ne 
servaient  pas  de  centre  à  une  scène  qui  pouvait  cMre  représentée 
artistiquement  par  quelques  traits  qui  le  feraient  reconnaître  de 
tous.  Du  reste,  aucune  des  explications  tentées  jusqu'à  présent 
n'a  pu  justifier  Tabsence  de  certains  ty[>es  ;  ainsi,  par  exemple, 
Heuser,  R.  E  P.,  II,  74,  trouve  que  l'absence  de  Joseph  sur  les 
monuments  est  une  vraie  énigme.  Si  notre  canon  peut  nous  expli- 
quer les  types  utilisés  dans  Tart,  cela  suffit;  et  il  importe  peu  que 
les  types  omis  ou  non  encore  découverts  ne  s'y  trouvent  i^as 
originellement,  ou  que,  pour  une  raison  intime  ou  technique,  ils 
n'aient  pas  été  reproduits  par  l'art.  Or  noire  canon  nous  rend  eflec- 
tiveraentce  service,  11  est  vrai  que,  sans  faire  intervenir  une  in- 
fluence étrangère,  on  comprend  que  Noé  dans  l'arche  et  le  sacrifice 
d'Isaac  aient  été  j^eprésentés  comme  symboles  dans  l'art  primitif 
chrétien,  mais  leur  reproduction  sur  les  anciennes  tombes  cîiré- 
tiennes  et  leur  diffusion  s'explique  cependajit  d'une  manière  plus 
satisfaisante  par  le  fait  qu'ils  étaient  connus  par  la  liturgie  juive 
comme  les  types  les  plus  anciens  et  les  plus  respectables  de  J'inter- 


<  Cl.  aii?si  Le  Blint,  p.  25  (t.  Vlï,  t  =  GarruLxi,  h  llïU/i}.  Girrucci,  t,  3^3*4.3, 
cita  utt  exemple  de  la  même  tcèoe,  venanl  de  Home,  où  elle  est  placée  £0 us  Tituagu 
cljpeate. 


2î$0  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

vention  miraculeuse  de  Dieu.  Si  Ton  ne  veut  pas  admettre  cette 
influence  de  la  liturgie  juive  sur  l'art  chrétien  primitif,  comment 
expliquer  alors  que  les  artistes  en  soient  venus  à  l'idée  de  repré- 
senter sur  des  tombes  la  délivrance  dlsraël  au  passage  de  la  Mer 
Rouge?  Cette  scène  a  été  représentée,  parce  que  l'oraison  rr^TD  •'a 
im:^"^  Nin  C11D  d"^  by  is-^maNb  «  que  celui  qui  a  exaucé  nos  ancêtres 
près  de  la  Mer  Rouge  nous  exauce  »  était  connue,  et  c'est  ainsi 
que  s'explique  la  représentation  de  cette  scène  dans  l'art  chrétien 
primitif.  N'est-il  pas  dit  dans  l'Exode,  xiv,  10  :  bNi»*^  '^sn  ip:^n 
'n  b»  a  les  enfants  d'Israël  crièrent  vers  Dieu  »,  ce  qui  constitue 
la  base  biblique  de  ce  type  de  l'intervention  miraculeuse  de  Dieu 
obtenue  par  la  prière  (cf.  Tanit,  16  b)  ?  Comment  le  miracle  de  la 
source  du  Horeb  serait-il  le  seul  des  nombreux  miracles  de  Moïse 
qui  a  été  représenté,  si  ce  miracle  n'était  pas  le  seul  qui  ait  été 
rapporté  par  la  liturgie?  On  dit  de  Moïse,  Ex.,  xvii,  4  :  rrïJTa  py^in 
"n  b»y  qu'il  a  invoqué  Dieu  près  du  rocher  de  Horeb,  c'est  pour- 
quoi ce  miracle  obtenu  par  la  prière  a  été  admis  dans  la  liturgie,  et 
on  en  a  fait  cette  formule  de  prière  iss:?"^  «in  anns  n«73b  m^^o  ^^ 
«  Que  celui  qui  a  exaucé  Moïse  au  Horeb  nous  exauce  ».  Je  trouve 
ici  dans  l'art  chrétien  primitif  un  témoignage  précieux  pour  l'an- 
cienneté de  cette  leçon  spéciale  du  rite  allemand  et  pour  son  exac- 
titude. L'explication  la  plus  précieuse,  la  clé  du  problème,  la  scia- 
tion  de  l'énigme,  pourquoi  précisément  Jonas,  les  trois  jeunes 
gens  et  Daniel  sont-ils  arrivés  à  une  situation  si  prépondérante 
parmi  les  peintures  funéraires,  pourquoi,  parmi  tous  les  miracles 
de  l'Ancien-Testament,  a-t-on  trouvé  ceux-ci  dignes  de  cette  pré- 
férence, nous  la  devons  à  cette  idée  de  l'influence  de  la  liturgie 
juive  sur  l'art  funéraire  du  christianisme  primitif.  L'ancienne 
prière  des  jours  de  pénitence  donne  la  réponse  non  douteuse. 

Ti^'^'n  ^yw2  nsT^b  ns^^u:  "^73    Que  celui  qui  a  entendu  Jonas  dans  le 

ventre  de  la  baleine  —  nous  exauce; 
ïT^-iTTi  bii'O'^12  îi^Dsnb  ïi5T^  "^73    Que  celui  qui  a  exaucé  Hananya,  Mis- 
'ù3Nn  l'wnD  ^inn  chael  et  Azaria  dans  la  fournaise; 

riT^-iN  n'ï^n  bN"^D^b  ^riyc  vz    Que  celui  qui  a  exaucé  Daniel  dans  la 

fosse  aux  lions. 

Toutes  les  versions,  par  leur  concordance,  attestent  l'existence 
primitive  de  ces  trois  types  dans  l'ancienne  prière  des  jours  de 
pénitence,  et  le  témoignage  de  l'art  chrétien  primitif  vient,  de  son 
côté,  témoigner  qu'ils  ont  appartenu,  dès  le  principe,  à  la  liturgie, 
et  qu'ils  ont  passé  de  la  synagogue  à  l'Eglise. 

Dans  l'intervalle  qui  s'écoule  entre  la  Mischna  et  les  décisions 


SEPeS  ET  ORÎOmE  DES  SYMBOLES  TUMULAmES 


mî 


Bs  gaonim  nous  voyons  ainsi  entrer  un  l/mioin  Inattendu,  Fart 

chrétien  primitif  avec  son  cnnon  de  peintures  de  rAncien-Testa- 

iineiit,  qui  nous  apporte  la  preuve  qu'elle  a  trouvé  dans  ]*oraison 

de  nsro  "^t,  Mi  Schéana,  de  Fancienne  liturgie  juive  des  Jeûnes  et 

[jours  de  pénitence,  les  types  et  les  exemples  les  plus  importants 

:  de  prières  exaucées  et  de  délivrances  providentielles  obtenues  par 

des  prières  et  qu'elle  les  a  utilisées  pour  son  but  spécial. 

M.  Le  Blant  était  déjà  dans  !a  bonne  voie  en  déclarant  que  c'est 
à  une  source  littéraire  quVjnt  été  empruntés  les  types  de  TAncien* 
Testament  représentés  par  le  symbolisme  funéraire  chrétien.  Il  a 
découvert  que  dans  ce  qu'on  nomme  «  ordo  eonimendationîs  ani- 
Imae  w,  qui,  selon  le  bréviaire  romain,  est  récité  auprès  des  mou- 
'  raiîts,  les  mêmes  types  apparaissent  (Arles^  p.  xxi  et  s*  ;  Revue 
archéologique,  "N.  S.,  38,  (1879),  229).  Après  deux  stropties  de 
début  de  sens  général,  on  y  lit  : 


Libéra,  Domine,  animam  ejus  sicul  liberasli  : 

Eooeh  et  Eliam  de  communi  morte  mundi  ; 

Noe  de  diluvio  ; 

Abrobam  de  lîr  Cbalda^orum  ; 

Job  de  passionibus  suis  ; 

Isaac  de  bostia  ei  de  manu  patris  sui  AbrabïP  ; 

Lût  de  Sodomis  et  de  llarama  îgnis  ; 

Moysen  de  manu  Pharaonis  refais  jEgyptiorum  ; 

Danielem  de  lacu  leonum  ; 

Très  pucros  de  camino  ignis  ardentis  [=eim'ip^  tni:  lîr»  en^b, 

Dan.,  ni»  S3  ;  n*  i7l  et  de  manu  régis  iniqui  ; 
Suzannam  de  falso  crimiue  ; 
David  de  manu  régis  Saul  et  de  manu  Goliath  ; 
Petrum  et  Paulum  de  carceribus  ; 
IX  si  eut  beatissimam  Theclara  virgioem  et  martyrem  luam  de 
[jcissimis  lorraentis  liberasti,  sic  liberare  digneris  animam  bujus 
"Servi  sui  et  lecum  facias  in  bonis  congaudere  cœlestibus* 

Quelle  est  l'ancienneté  de  c^iordo  dans  réglise?M.  Le  Blant 
fp.  xxvh)  a  réussi  à  le  retrouver  dans  un  manuscrit  du  ix*»  siècle, 
mais  il  ne  doute  pas  qu'il  ne  remonte  aux  premiers  siècles  de 
Tère  cbrétienne.  Dans  la  Oesieï^eichische  Monatsschrifl  fur  den 
Orient,  1860,  p,  80^  dans  un  article  intitulé  n^ro  ^tz  et  le  Ordo  com» 
mendationis  animi,  j'aî  entrepris  de  prouver  qu'ici  la  liturgie  juive 
avait  influé  sur  la  liturgie  chrétienne.  Comme  dans  celle-là»  les 
oraisons  sont  précédées  d'une  litanie  is"*;:?  ira»  'js'^:^,  <<  exauce- 
nous,  6  notre  père,  exauce -nous  j>,  FOrdo  est  précédé  d*une  prière 
dlntrod action  où  l'invocation  Kyrie  eleison,  Cbriste  eleison  est 


auî-*,!  I"  pl'j^  ar.cj«fn  UxU*  o*-  la  f -rs-L-*  irr!xnL!r:«^  r&^tutrc 
r-:r5  o-j  r-:?rr.  Mai's  q-jo;  qu'il  en  *-:■.:  âr-î  rsTç-rr^  se  Ji  pnére 
rhr<''li«'iifj<'  avirc  la  jm^re  juivf,  il  e*^i  k^  ra*  n^  >-xû  àxtséCre 
\tr^*>.i'uU'  a  la  p'-n»-^*:  ^1"?'  anciens  arû<**  ci--^i>eL*  scg*  lacfome 
|;liiH  rappror  11 /'*•  #|ij  rituel  juif  I^  doc:;iri^rt  r-ir  r*r  M  L*  Kut 
ii>xpJiqu<f  pîJH  /:^r  qu'il  faut  exi»liqa'=-r,  ie^  iv^pr*  i=â  zi.^  MAadus 
«lu  <:;jnon  «l'f  lornornen talion  funéraire  ne  s'v  trc-^rr»z:  précisa 
HM^nt  \tii^.  Ainsi  on  n^f  mentionne  pas  le  fia5<^zç  flsrir^I  atriveR 
la  nu'V  MouK's  '•!  M.  Le  Hiant  est  forcé  d'inTCiqaer  i-r  f*  :  ?.  m 
qu#*  !<•  psauriH*  <:xiv  :  iyi  exitn  Israël  est  chanté  a-i  ect-»rreffient5. 
MniN,  outn*  qui*  1<'h  pHaum^'S  xiv,  xxxi,  ci.  jouent  un  r.'><iiiisla 
liturul^'  fiUH'Tain*  snnK  avoir  donné  naissance  poar  ce:a  a  des 
NyinholrN  (cf.  llaH(*|irl(;ver,  p.  "78  et  93),  il  faut  noter  que.  (iansre 
pNiiiinit*  <;xiv,   il  est  question  de  la  sortie  d'Efrypte  et  que  sorles 
HMMiUMH'nts  on  n'pr<^.s(M)te  exclusivement  le  i^assage  de  la  mer 
HdiiKi*,  (|ui  irest  pas  identique  avec  la  sortie.  Quant  au  miracle 
de  lii  N()un*.e  du  lloreb,  M.  Le  Blant  a  dû  renoncer  à  expliquer  sa 
pnVHenci»  par  la  litur^rie  et  adopter  le  procédé  d'interprétation 
MynilMdlqu^  nucpiel  il  reste  ordinairement  étranger.  Ce  qui  est 
parlhMillèri'UHMit  frappant,  eest  le  fait  que  le  plus  fréquent  elle 
plus  alnii^  de  tous  les  types  de  l'Ancion-Testament  manque  dans 
et»t  onto  :  Jouas  n'y  est  pas  nommé.  Aussi,  pour  expliquer  la  pré- 
Heure  de  ('i»tle  nnai:e  sur  les  monuments,  M.  Le  Blant  est  forc"^ 
d'rtNoir  retours  h  \\\\  aulri*  ordo,  aux  constitutions  apostoliques  et 
au\  iictit  M.M  ('.r'înH  :  la  liluririe  juive  montre  d'une  manière  iniu- 
luLiMt*  \\\w  U'  \\  pt*  d«»  JiMias  a.  dtV  le  début,  fait  partie  des  oraisons. 
Makie  r»'N  diùliMillt\>i  el  quoique  tous  les  motifs  indiqués  dans l^ 
d\vuuhMil  trxuue  par  M     le  niant  n'aient  pas  été  employés  dan^ 
\i\\{.  %'  1^1  .r.;îM.  par  exemple,  qu'il  n'existe  pas  de  preuve  de  1^ 
piv>e'.u'«^  vi'Kuevh  v^u  de  l.o;h  sur  les  monuments  funéraires,  1^ 
diVv^uN*  vie  .îe   M    le  Hlar.t  a  t  Ce  admise  par  la  science.  Je  n^ 
mî*:*;  .^*';-;^'.  m:  x;\:e  '/aj  p:\  l\\::v^:i  vîo  IV  Kossi.  de  Springer  {BeriMt^ 


.  Ni>* 


VÎv.  v'>    '   ^:    V  .î<v\  .^l    :>>'  .  ;^   4  •  t  :  vie  F.  X.  Kraus,  R,  E.  P  . 
W    *S   •.<-■"'  *;-•'  '^    '  ■  '  '-'  '^:".:-    :.:'t'".*.o  contient  est  indéniable. 
"'.<  ^  '.'    .->  ô'.,V;  ;  ;.->  s;,r   >.,>.<  s",:  •:.  l.os  c?r.>tatations  q  :e  nou> 
\o*/  ->  ,•/    .<  'V  >*■/  -v  ;';;-:    X  ,':v;,:>rrî-*  ^:•?  M.  Le  Btant  et  noib 
*-,*v;   .'•:   ,•  ,. -,  Vvî>  ;'"   A*":'-*;   :".  s.i:'.>   .::-.::e  a.iss:.  i:ous  rap- 


*\v  ■/    I  .      ■  '.stN  ;;    < .^ , 


a  It-TViv  ;u:v^  5i;r  h 


SENS  ET  ORIGINE  DES  SYMBOLES  TUMULAIRES  253 

romains,  peut-être  en  partie  judéo-chrétiens,  aujourd'hui  surtout 
que  par  suite  de  la  découverte  de  Bryennios  de  \  Enseignement 
des  douze  apôtres,  nous  sommes  arrivés  à  savoir  que  des  produits 
juifs,  comme  le  catéchisme  des  deux  chemins  *,  qui  ont  péri  dans 
la  littérature  juive  et  qui  ont  été  oubliés,  ont  été  adoptés  dans  la 
jeune  communauté  chrétienne,  développés  et  conservés.  Dans  la 
littérature  et  la  liturgie,  la  dépendance  de  TEglise  nouvelle  vis-à- 
vis  de  Tantique  synagogue  devient  de  plus  en  plus  certaine  ;  en  art 
aussi,  je  crois  avoir  apporté  ici  la  preuve  d*une  influence  de  Tune 
sur  l'autre. 

Budapest,  28  novembre  1886. 

David  Kaufmann.  . 


>  Taylor,  The  seaehing  of  the  sifulve  apostles  (Cambridge,  1886],  et  Haroack,  Di$ 
.  Apottellehre  und  dU  beiden  jûdUehen  Wege^  p.  27  et  s.  (Cf.  aussi  les  recherches  les 
plus  récentes  de  la  critique  allemande  sur  le  noyau  hébreu  de  l'apocalypse  (par 
exemple.  Stade,  Zeitschrift  fur  die  alltestamentliche  Wissenschaff  ;  1887,  i.j 


NOTES  m  niOlRË  DES  J0IF8  EN  ESPÂGl 


Les  savants  d'Espagne  et  à  leur  tête  M.  Fidel  Fita,  qui  conduit 
le  chœur,  continuent  à  nous  donner  d'instructifs  et  excellents  tra- 
vaux sur  l'histoire  des  Juifs  dans  leur  pays. 


LA  JUIVERIB  DE  SÉQOVIE. 


Voici  d'abord  une  étude  de  M.  Fidel  Fi  ta  sur  les  Juifs  de  Sé- 
govie  *.  Elle  contient  dix  numéros,  la  plupart  avec  des  pièces  iné- 
dites ou  rectifiées  d'après  les  originaux.  Nous  donnons  ici  l'analyse 
de  ces  pièces. 

1.  Procès-verbal  fait  à  Ségovie,  le  29  octobre  1481,  par  l'écri- 
vain public  de  la  ville,  concernant  la  création  d'un  quartier  juif 
séparé  du  reste  de  la  ville.  La  création  de  ce  ghetto  avait  été  or- 
donnée par  les  rois  catholiques  (Ferdinand  et  Isabelle)  dans  toute 
l'Espagne,  et  réglée,  pour  les  villes  et  territoires  d'Avila  et  de  Sé- 
govie, par  un  ordre  royal  daté  de  Calatayud  le  24  avril  de  la  même 
année  1481.  La  lettre  royale,  dont  le  texte  est  communiqué  par  le 
secrétaire,  ordonnait  que,  pour  plaire  à  Dieu  et  pour  l'honneur  de 
la  sainte  religion  catholique,  les  Juifs  et  les  Maures  n'eussent  plus 
dorénavant,  dans  toute  l'étendue  du  royaume,  le  droit  de  demeu- 
rer ailleurs  que  dans  des. quartiers  séparés,  elle  leur  accordait 
deux  ans  pour  créer  et  organiser  ces  quartiers,  construire  ou 
approprier  des  synagogues  ou  des  mosquées,  aliéner  les  anciennes, 
si  elles  se  trouvaient  en  dehors  du  quartier  qui  allait  leur  être 

*  La  Juderia  de  Segovia^  Doeuntenios  ineditos^  dans  Boletin  de  la  Iteal  Acadtmia 
de  la  Eiitoria,  t.  IX,  pages  270,  344,  4G0  (lascicules  IV,  V.  VI),  Madrid,  oct.,  nov. 
et  déc,  1886. 


_         NOTES  SUR  L^HISTOIRE  DES  JUIFS  EN  ESPAGÎfE  2S8Î 

«?,  Les  maisons  possédcîes  antérieurement  par  les  chrétiens 

le  nouveau  quartier  juif  (levaient  ôtre  vendues  aux  Juils  à 

ix  fixé  par  deux  arbitres,  Fun  chrétien,  l'autre  juif.  Le  con- 

municipal  de  S*igovie  n'avait  pas  perdu  de  temps.  Au  mois 

;>bre»  il  avait  déjà  préparé  le  plan  et  tout  l'état  des  travaux  à 

pour  créer  une  juiverie,  et  notre  pièce  contient  précisément 

tat  détaillé,  dont  le  secrétaire  donna  lecture  aux  rejirésen- 

des  Juifs,  ce  21)  octobre  148L  La  pièce  énumère  toutes  les 

qd  seront  occupées  par  les  Juifs  (elle  ne  leur  donne  pas 

ms,  mais  indique  les  aboutissants),  la  plupart  auront  doré- 

int,  pour  en  bien  marquer  la  limite,  une  entrée  rétrécie  au 

m  d'un  pilier  en  maçonnerie,  qui  sera  élevé,  aux  frais  des 

r,  à  rent^roit  où  îa  rue  s'ouvre  sur  les  quartiers  des  chrétiens. 

cours  ou  places  partagées,  par  le  conseil,  entre  les  chrétiens 

te  Juifs  seront  fermées,  à  la  frontière  de  la  juiverie,  par  un 

'construit  aux  frais  des  riverains  juifs*  Les  portes  des  mai- 

I  juives  ouvrant  sur  les  quartiers  chrétiens  seront  murées 

fermées,  et  les  fenêtres  qui  sont  dans  les  mêmes  conditions 

Mît  murées  jusqu'à  hauteur  convenahle,  pour  empêcher  les  re- 

pns  entre  les  Juifs  et  les  chrétiens  du  dehors.  Des  mesures 

logues  sont  prises  au  sujet  des  portes  et  fenêtres  des  chrétiens 

pnt  sur  la  future  juiverie.  La  pièce  nomme  un  certain  nombre 

Juifs  administrateurs  ou  représentants  de  la  communauté,  et 

propriétaires  de  maisons. 

i  Mention,  dans  un  titre  de  propriété  de  l'hôpital  de  Saint- 

rit,  fait  le  17  novemhre  1460,  du  cimetière  ou  ossuaire  des 

*  de  Ségovie,  fonsario  de  los  Judios,  et  des  rochers  {penas) 

Hême  ossuaire.  Il  était  situé  sur  la  côte  rocheuse  (peilaî  dite 

mrd'hui  Cuesia  de  los  Iloyos,  située  en  face  du  quartier  juif 

éparée  de  ceïui-ci  par  le  ruisseau  Cîamores.  On  l'appelait 

i  Prado  Sanio  jusqu'en  18^7.  M.  Fidel  Fita  est  arrivé  à  y 

)  faire  des  fouilles  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Déjà,  à  une  autre  époque,  les  Juifs  de  Ségovie  avaient  été 

Ws,  comme  ceux  du  reste  du  royaume,  de  s'enfermer  dans  un 

ilier  séparé.  C'était,  pour  la  première  fois,  à  ce  qu'il  semble, 

112,  en  suite  d'un  ordre  de  la  régente  Catalrna  (au  nom  de  son 

'uan  II)  daté  de  Valladolid,  2  janvier,  et  exécuté  promptement 

;ovie.  Le  conseil  municipal  avait,  à  cette  occasion,  pris  pour 

uvelle  juiverie  un  certain  terrain  appartenant  au  raonas- 

Sainte-Marie  de  la  Miséricorde  (Merced),  En  échange  de 

irrain,  le  monastère  demanda  au  roi  la  synagogue  située  près 

monastère,  dans  la  rue  de  la  Almuzara,  et  que  les  Juifs 

sans  doute  dû  abandonner  parce  quelle* n'était  pas  dans 


256  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

i*enceinte  de  lajuiverie.  Cette  demande  fat  accueillie  par  la  reine, 
l'acte  dé  concession  fut  signé  à  Valladolid  le  16  octobre  1412  et 
confirmé  par  une  lettre  du  roi  datée  de  Valladolid,  12  avril  1413. 
Des  notes  ajoutées  par  M.  Fidel  Fita  il  résulte  que  les  Juifs  de 
Ségovie  avaient,  antérieurement  à  1412,  et   comme   beaucoup 
d'autres  communautés  juives,  une  grande  et  une  petite  syna- 
gogue. C'est  la  petite  synagogue  de  la  rue  de  la  Âlmuzara  qui 
fut  donnée  aux  religieux  de  Marie  de  la  Miséricorde,  et,  suivant 
la  promesse  qu'ils  en  avaient  donnée,  ils  en  firent  un  hôpital.  La 
grande  synagogue  fut  également  enlevée  aux  Juifs  ou  aliénée  par 
eux,  en  1412  sans  aucun  doute,  et  probablement  aussi  parce  qu'elle 
n'était  pas  située  dans  le  nouveau  quartier  juif.  Elle  fut  transfor- 
mée, comme  il  résulte  de  pièces  de  l'an  1419,  en  VIglesia  ntiova, 
qui,  à  partir  de  1450,  devint  l'église  du  Corpus  Christi.  Cette 
grande  synagogue  est  un  beau  monument.  «  Elle  a,  nous  écrit 
M.  Fidel  Fita,  fe  style  de  Sainte-Marie  la  Blanche  de  Tolède.  Les 
beaux  arcs  en  fer  à  cheval  reposent  sur  de  grands  chapiteaux  où 
la  pomme  de  pin  et  la  grenade  se  déploient,  sur  leurs  tiges  mainte- 
nant masquées  (par  un  badigeon).   Rien  de  plus  ravissant  qae 
les  arcs  gracieux  de  3eux  galeries  qui  surmontent  les  nefs  laté- 
rales et  qui  étaient  probablement  réservées  aux  femmes.  C'est 
dommage  que  l'œil  de  l'artiste  ou  de  l'historien  ne  puisse  y  péné- 
trer (dans  ces  galeries  ?),  car  c'est  un  couvent  de  Franciscains, 
seulement  accessible  aux  évêques  et  aux  rois.  Je  voudrais  seule- 
ment obtenir  la  permission  d'enlever  la  croûte  qui  recouvre  les 
deux  longues  lignes  d'inscriptions  qui  se  trouvent  en  haut,  sous 
la  toiture  du  temple,  et  dont  j'ai  cru  apercevoir  les  traits  à  tra- 
vers la  couche  de  chaux  ou  de  mortier  qui  les  recouvre  et  qui,  je 
l'espère,  les  a  préservées  de  la  dévastation  ».  Sur  les  deux  côtés 
de  la  nef,  dans  la  partie  supérieure,  M.  Fidel  Fita  a  vu  sculptés 
un  lion  et  un  château. 

4.  Analyse  des  passages  relatifs  aux  Juifs  dans  le  Livre  de  l'In- 
tendance (lihro  de  la  Mayordomia)  du  chapitre  de  la  cathédrale 
de  Ségovie.  Ce  livre  énumère  les  Juifs  demeurant  dans  des  mai- 
sons appartenant  au  chapitre  et  lui  payant  un  droit  ou  loyer.  La 
grande  synagogue  y  est  encore  mentionnée  en  1412.  Il  semble 
résulter  de  ces  listes  que  dès  1432  (et  peut-être  auparavant) 
les  Juifs  n'étaient  plus  exclusivement  renfermés  dans  le  ghetto  de 
1412  et  qu'ils  s'étaient  de  nouveau  répandus  dans  la  ville.  Il  est 
probable  qu'après  la  mort  de  la  régente  Catalina  (1419),  qui  fut 
une  des  grandes  ennemies  des  Juifs,  on  commença  bientôt  à  ne 
plus  observer  les  mesures  qu'elle  avait  prises  contre  eux,  et  son 
fils  lui-même  donna   l'exemple  d'une  réaction  libérale  en  leur 


mrvs  SUR  LniSTomK  dks  juifs  m  i%spa(înk 


2ri7 


ir^ur.  L'annt^o  1432,  tout  partïculièremfiiit,parnU  avoir  ^t(^  pro- 

Ëour  les  Juifs  de  Castille,  puisque  c>st  en  cette  aniK^e,  comme 
^u  dans  im  num»^*ro  jïrécédtMit  <1e  la  Revue\  qu'ils  purent 
..v-Jiveaii  ofîianiser  leurs  <^nnrîmunaut^s  et  nommer  un  Rat>  de  la 
dont  la  Ibactiou  (jtalt  restée  lonjïtemps  vacante,  sans  «îoiite 
lite  du  mauvais  vouloir  de  Gatalina.  Ce  livre  de  Tlntendance 
re  aussi,  parla  diminution  oo  la  disparition  d'un  assez  grand 
brede  Juifs  aprAs  1391,  que  les  Juifs  de  Ségo vie»  contrai re- 
à  ce  qu'on  pensait,  n'ont  pas  (échappé  à  la  grande  persécu- 
que  Vincent  Ferrer  avait  déchaînée  contre  les  Juifs  d'Es- 

Kie. 
:  Saite  de  l'analyse  du  livre  de  l'Intendance,  avec  beaucoup 
oms  de  Juifs,  comme  dans  le  numéro  précédent.  En  1455,  le 
iOûverti  Alonzo  de  Spina  s'établit  à  Ségovie  et  y  fonde,  dans  un 
laUis  cédé  parle  roi,  le  couvent  de  Saint-Antoine.  Il  est  Tauteup 
le  ce  Fortaiilîutn  fidei  qui  a  répandu  tant  de  tiaine  et  de  men- 
Dges  sur  le  comf>te  des  Juifs.  Gnimenares,  Thistorien  de  la  ville 
égovie,  raconte,  dans  un  chapitre  manuscrit  de  son  œuvre, 
Iment,  en  1468.  des  Juifs  de  Sépulvéda,  à  Unstigation  de  leur 
bin  Saloumn  Pichon  %  auraient  tué  un  enfant  chrétien  pendant 
emaine  sainte,  et  furent  punis  de  mort  ou  d'autres  supplices. 
st  clair  quil  n'y  a  pas  un  mot  de  vrai  dans  Taccusation  pro- 
!  contre  les  Juifs  et  qui  porte,  comme  toutes  les  autres  de  ce 
^re.  tous  les  caractères  de  la  légende. 

La  raort  de  Méir  Alguadez,  d'après  le  texte  (rectifié  d'après 

Imanuscrit?)  du  ForlalUium  fîdei.  Voir  Crvsdlz,  t  VIlï,  2*  édit., 

\%.  C'est  à  la  suite  de  cet  événement  que,  si  l'oji  en  croit 

xode  Spina,  la  grande  synagogue  de  Ségovie  fut  changée  en 

.Resté  à  savoir  si  cela  est  exact;  nous  avons  vu  plus  haut 

île  nom  de  Corpus  Chrisîi,  qui  ferait  allusion  à  rhostieache- 

l  et  profanée  par  don  Méir,  ne  fut  pas  porté  primitivement  par 

fnagoguR  convertie  eu  église. 

Piôces  de  1321,  1328  et  1333  relatives  à  un  procès  entre  les 

dominicains  et  doux  Juifs  de  Ségovie.  Les  frères  doniini- 

I  avaient,  entre  autres,  reru  du  roi  le  droit  exclusif  d'exercer 

[courtage  à  Ségovie  et  ces  deux  Juifs  prétendaient  également 

rcer  cette  fonction. 

Histoire  de  l'impôt  de  trente  deniers  par  personne  {de  qua- 
170 ans  et  au-dessus)  payé  par  les  Juifs  de  Ségovie  (comme  du 
stede  la  Castille)  à  i*évêché,\  en  souvenir  de  la  raort  de  N.-S.- 

articU  Bur  le  Righmtnt  etet  Jmfk  de  Castilte^  t.  Xill,  p,  187. 
I  nom  sifcoiâe  pigeon  -,  en  hébreu  ifona. 

T.  XIV,  ««  28.  17 


258  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Jésus-Christ.  »  Le  montant  de  la  ferme  de  cet  impôt,  pour  Se- 
(^ovie  et  Tévêclié  de  Ségovie,  est  indiqué  pour  les  années  1323  à 
1327  et  1345  à  1404;  puis  pour  Tannée  1412. 

9.  Histoire  d'une  juive  Marisaltos  (ou  Maria  Saltos),  de  Ségovie, 
accusée  injustement  et  condamnée  à  mort,  puis  sauvée  par  l'inter- 
vention de  la  Vierge,  qu'elle  implore  en  promettant  de  se  bap- 
tiser. Nombreux  documents  inédits. 

10.  Pièces  inédites  d'un  procès  poursuivi  par  l'Inquisition  en 
1490  et  1491,  à  Ségovie  et  à  Avila,  contre  un  certain  nombre  de 
Juifs  accusés  d'avoir  tué,  dans  la  semaine  de  Pâques,  un  enfant 
chrétien  de  La  Guardia,  et  d'avoir  acheté  une  hostie  pour  la  pro- 
faner. Cette  histoire  est,  du  reste,  déjà  racontée  de  la  Hisiorm 
del  Santo  Nino  de  La  Guardia^  de  Martinez  Moreno  (?•  édit.,  Ma- 
drid, 1866).  Nous  relevons  quelques  détails  curieux.  L'inquisition 
parait  avoir  eu  à  son  service  des  religieux  (peut-être  des  Juifs 
baptisés)  qui  se  déguisaient  en  rabbins  pour  surprendre  les 
secrets  et  aveux  des  Juifs  qu'elle  avait  emprisonnés,  ils  sa- 
vaient parler  hébreu  ou  au  moins  baragouiner  quelques  mots  h^ 
breux.  Cette  comédie  fut  jouée  dans  le  procès  raconté  par  nos 
pièces,  elles  contiennent  quelques  mots  hébreux  échangés  entre 
un  des  Juifs  et  le  prétendu  rabbin  qui  l'interroge  :  nahar  -ur3, 
enfant,  garçon  ;  mita  est  nn*^»,  mise  à  mort;  gefe  est  une  faute 
d'écriture  ou  de  lecture  pour  trefe,  irefa  no^-io,  viande  légale- 
ment défendue  ;  enfin,  le  otohays,  odohays,  qui  serait  une  dési- 
gnation injurieuse  pour  Jésus,  est  le  ©•^«n  ini«,  «  cet  homme 
qu'on  sait  »,  qui,  déjà  dans  le  Talmud,  désigne  discrètement  Jésus. 
Les  procès-verbaux  rapportent  quelques  détails  plaisants.  Un  des 
Juifs  impliqués  dans  le  procès  avait  acheté  un  mouton  pour  la 
Pàque  et  l'avait  trouvé  ieréfa.  Il  demanda  à  un  autre  Juif  ce 
qu'un  Hébreu,  en  sortant  d'Egypte,  aurait  fait  de  son  agneau 
pascal  en  pareil  cas?  —  La  loi  de  la  jugulation  n'existait  }»as 
encore,  répond  1  autre.  Le  même  Juif,  qui  parait  être  un  scep- 
tique, dit  à  un  autre  :  Je  suis  content  de  te  voir,  tu  vas  me  dii'e 
quand  sera  voire  Pàque,  car  depuis  que  David  (un  Juif  de  La 
Guardia)  est  mort,  je  ne  sais  plus  ces  choses-là.  —  Nos  pauvres 
Juifs  poursuivis  par  ilnquisition  furent  bel  et  bien  exécutés,  sans 
aucune  autre  preuve  que  leurs  aveux,  arrachés  sûrement  par 
torture  *. 

»  V.  Amador,  III,  318. 


NOTES  SUR  LlltSTOmE  DES  JUIFS  EN  ESPAGNE 


289 


II 


LB  CIMETIÈRE  DES  JUIFS  DE  SÉOOYIE. 


Ice  aux  encouragements  de  M.  Fidel  Fita,  MM.   Joaquin 
^ria  Castellarnau  et  Jésus  Griiida  ont  étudie  de  plus  près  Tan- 
cimetière  des  Juifs  de  Sëgovie  dont  il  est  question  plus  haut 
[çuiesi  situé,  comme  nous  l'avons  dit,  sur  la  Cuesta  de  tos 
Les  fouilles  et  recherches  quils  ont  faites  ont  donn«^  Heu 
de»  résultats  intéressants '.  Les  tourbes  sont  creusées  dans  le 
^de  la  montagne,  elles  ont  généralement  la  forme  trapézoïdale 
direction  de  Toccident  à  l'orient.  Dans  toutes  on  a  trouvé 
squelettes  intacts,  regardant  vers  Forient  et  ayant  souvent 
bras  croisés  sur  la  poitrine.  Le  plan  d'un  certain  nombre  de 
nhes  a  ceci  de  particulier  qu*il  se  resserre  en  haut,  de  façon  à 
Jsiner  la  tiHe  et  les  épaules  *,  A  côté  des  tombes,  MM.  J.-M, 
^st,  et  Jes,  Grinda  ont  trouvé  deux  grandes  grottes  communi- 
ant entre  elles  et  taillées  également  dans  la  roche.  Ce  ne  sont 
|ls  des  caveaux,  on   n'y  a  découvert  que  des  ossements  épars, 
lis  point  de  tombes.  D'après  Colmenares,  c'est  dans  ces  grottes 
se  seraient  réfugiés  les  Juifs  de  Ségovie  en  1492,  ai^rès  que 
hiélai  fixé  pour  Je  départ  des  Juifs  d'Espagne  fut  passé,  et  de  là 
auraient  adressé  au  roi  la  prière  de  leur  accorder^  un  plus 
Bg  délai.  Beaucoup  d'entre  eux  moururent  dans  ces  refuges; 
autres  se  baptisèrent  et  c*est  de  là  que  viendrait  le  nom  de 
fado  santo  que  cet  emplacement  porta  pendant  iongtemps. 


III 


LES  JUIFS  DE  MAJORQUE  EN   1391. 

Jose-Maria  Q^ïadrado  a  consacré  une  étude  excellente  à  la 
iverie  de  Majorque  [Palma)  en  cette  funeste  année  131*1  \  Beau- 


1   B&Utin^  etc.,  tome  IK.  ftsc.  iV,  oct.  1886,  p.  265. 
^  Voir  les  deus  planches  qui  nccoropagneût  Particlf}  qoo  uoua  iDalysous. 
•  BùUim,  tu.^  L  IX.  fasc,  IV,  p.  294.  Voir,   pour  les  évéii«mei»iâ   do  &liJorque, 
eu.  Vm,  2«  éd.,  p.  6U. 


ru  IIT'IH  3I&  mMS  JUIVES 

-  -'-"^i-    'Lki  ...:-  i  Ai u-^'tfiirf  ^  il  Valence  pour MToirMi 
...>..:    N^    r    ru.au  X  iuiîiiics  ae  sait  pas  oobmiIUI^ 

..-    --.  • 

^  ..  :  -     .-    \.   lluui>i  r  iinnxsifr  des  Juib  de  VorriBirai 
V..- -- *•    ^>      -••-     u-^iu"  ^nuirjSRSft  en  1391,  grke  i  ru 
.-.  "^  .-.'^•r   .rr      ,u.4i.aiiiart*  i/isfccx  et  parce  que  ! 
. ..  .-       L.- ..  -^  .1^^  4' A  viiiL-!*.  K.  Clïabret  donneurleiJ 
.r  A.."  :-..''    ..    -"-  ••;i:*^t  ^^UMHiçxieBeDts.  Leploai 
:^   -    r:..r  .  ...r   ..^.  .;i2iSiii.!i  111  •  LUi  I  d* AxagMi, dilée 4e IM* K 

•  ^•.-;:.  ^ -'.  ?...:•  r^  ..lu.i*  àr  Murviedro.  Le  DOBhill| 

-•.  -  ..  .  --:.-.   .-.   ^.^  .;;.*i.    'su^  ofTenu  conaidénUe. U i 

-  -z  ."-  .r    rr  ^- j*i>r  .v  i-*ii>  ioirjf&s  coreUgioiuuini,  îltai| 
4»^     . .    .•     *-  ..r^r^--     -.a    rrs-f    Tiiatger,  boire,  Wre  ' 
1   -      >  ....,-.  :.::  ii-i:;t-    kui^t^.  ji.ii^  fiae  les  ancieM  cliittil 
?^-.  ,-  .    ..:-:.  ...r.-    iir-  iî>  .uiiîj  ic  jf*  Juifs  coiiTertiiikiMh] 

-:.-  .  ...       rirv  i:iii  .ij_rpf  ;î7rfl«MïWa  ou  autre Ttt-i 

Ut-:.   .  :>-,;  ;u.-  "uii.orf  avec  une rouelledetal] 

....:•  .••::r-  ••:  r-jiîi.'if-iLrqae  la  portentlcilfflkî 

..r.:  -  .-  i-ir^iit    1  ii.i'îfr  5:ar  la  poitrine  du  lifr 

utTi;  s..-    -  ./  -  ..;•   .-i   w     -iH  ji»*a  ^"tls  sont  Juib.  Btli^l 


î^  i.'»*.:'.>r^»"i:î«s  .rriis^ 


'    .>  .     :-   ...*>>  I  iî->  ^u-  liïï  ii2i--sîrationsjuiYese 

.-.:«•!  :.  :.  ■  -..  .  :  :;-i     :    j^r^  j.'*.:»:..r  js^  le  règlement  < 

^A     -.--    .      ^'^.      \  -  X    yii*' ■  y.TA •  ziontre  qtfàce 

j  •;  .1:    a      .!. ..   -   .-   Sv?     If   fCi.:  administrée  ] 


."   ^J 


.•:u-:'c  rcç  ,iieà  ^ilei>iito(to 


*j:  .;    :'ï  >  .:      :  «i^,    :.'.  •       >      .ïjr»:>  Ja^^iL-'s  *. 


.  .^^   ;::.:J»M  A  i.; .'  i^i»  fi^ùes  de  ! 


NOTES  SL:R  L'HISTOIHE  DES  JL'IFS  EN  ESPAGNE  263 

publiée  antf^rieureniefit  par  M*  Fidel  Fila*  montre 
en  1400  radmitustratiûii  des  Juifs  de  Caslellon  li'Am- 
1116  se  composait,  comme  la  plupart  des  administrations 
5  avons  étudiées,  de  douze  conseillers  (cinq  de  la  pre- 
m  ou  classe^  quatre  de  ta  seconde,  trois  de  la  troisième). 
Mes  dou2e  conseillers,  il  y  avait  trois  secrétaires,  trois 
Pde  comptes  et  un  clavaire.  D'autres  oftîciers  pouvaient 
sis  par  les  secrf^taires  dans  le  conseil  ou  en  dehors. 
les  Actes  de  vente  originaires  d'Espagne  que  nous  avons 
lans  le  tome  X  de  îa  Revue  [p.  108  et  suiv*}  donnent 
alques  renseignements  sur  la  matière.  Uacte  de  1352, 
18,  montre,  à  Girone,  des  néémanim  préposés  (û^nnî]) 
et  n'ayant  probablement  pas  d'autre  fonction.  L'acte 
contraire,  p.  118  et  saiv.,  de  la  même  année  13ry2, 
\d^&  néémanim  administrateurs  de  la  communauté  et 
liguer  qu'ils  sont  juste  au  nombre  do  quatre  (c'est  ce  que 
Irticle  iw-néémanini].  Un  *lu  res  niV-juanini  est  aussi 
^ur  rimpôtt  ce  qui  prouve  qu^ou  pouvait  être  Tun  et 
^té  de  ces  quatre  nêéinanim^  il  y  avait  un  corps  de 
iores  (^r\'p7\  '^z^iyi  D^^npstîD  û'»t:;:»  V'Dn  ns).  Gela 
mble  trente  personnes,  chillVe  qu*on  retrouve  ailleurs, 
ous  Tavons  montré  -.  Ces  pièces  prouvent  aussi  que  le 
léémanim,  comme  nous  l'avons  dit,  est  donné  tantôt  aux 
laires  temporaires  chargés  du  recouvrement  d'un  impôt 
tantôt  aux  fonctionnaires  chargés  du  recouvrement  des 
irdinaires,  tantôt  aux  administrateurs  généraux  de  la 
lut^. 

Ke  des  nééNianôn  nous  parait  claire  maintenant.  Les 
;  ont  été  d*abord  <les  hommes  de  confiance  (de  là  leur 
ces  en  dehors  de  la  hiérarchie  administrative  (c'est*à- 
lehors  des  olïiciers  D'^5iî2î3)  et  chargés  uniquement  de,  la 
m  d'un  impôt  extraordinaire.  Leur  fonction  finissait 
impôt  était  liquidé.  Plus  tard,  des  néémanim  furent 
toujours  en  dehors  des  ofliciers)  de  la  fonction  per ma- 
in ueiïej  de  la  perception  de  tous  les  revenus  et  impôts 
nmunauté  et  iis  devinrent  ainsi,  peu  à  peu,  des  ofûcfers 
In,  comme  la  question  des  revenus  et  impôts  était  de  la 
importance  pour  les  communautés  et  primait  tous  les 
sliabitua  à  donner  le  nom  de  néémanim  aux  per- 

\SHudiui  Hittofkot,  L.    [U.  Madrid,  1885,  p.  t;   reproduit  «ulrctoîs 
DQi  en  t392|  oD  cite  aussi  {es  Ireoie  du  eoosoil  des  Juifa,  Rê^uê^  IV,  62* 


264  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

sonnes  composant  Tadministration  générale  de  la  communauté. 
Il  est  probable,  cependant,  qu'on  ne  leur  donnait  ce  nom  que  dans 
le  cas  où,  en  dehors  des  autres  questions,  ils  surveillaient  aussi 
celle  des  revenus  et  impôts. 

Kayserling,  Die  Jiideti  in  Navarra,  p.  ^5,  dit  qu'en  Navarre 
l'administration  juive  se  composait  ordinairement  de  20  regidores 
plus  2  adelaniados  ;  il  traduit  ce  dernier  mot  par  &-»«)Mn. 


VI 

PLAN   DB  LA  JUIVERIE  DE  VALENCE  EN    I39I. 

Nous  avons,  dans  un  précédent  numéro  (t.  XIII,  p.  239),  raconté 
le  sac  de  la  juiverie  de  Valence  en  1391  d'après  un  excellent 
travail  de  M.  Francesco  Danvila.  Nous  donnons  ci-dessous  (fig.  I 
et  II)  le  plan  de  la  juiverie  de  Valence.  11  est  assez  intéressant 
par  lui-môme  et  il  permet  de  suivre  plus  exactement  les  différents 
actes  du  drame  de  1391.  Nous  exprimons  toute  notre  reconnais- 
sance à  M.  Danvila,  qui  a  bien  voulu  nous  fournir,  avec  une 
bonne  grâce  dont  nous  sommes  très  touché,  tous  les  dessins  et 
éléments  nécessaires  pour  dresser  ce  plan. 

La  figure  I  donne  le  plan  sommaire  de  la  ville  de  Valence, 
d'après  un  plan  plus  détaillé,  et  dressé  à  une  plus  haute  échelle, 
qui  se  trouve  dans  le  Resimien  hisiorial  de  la  fundacion  y  anti- 
guedad  de  Vaie^icia,  par  Pascual  Esclapes  de  Guillo  (Valence, 
1*738,  in-4®).  Ce  plan  n'est  que  la  réduction,  assez  inexacte,  à  ce 
qu'il  paraît,  d'un  plan  de  Valence  dressé  par  le  P.  Thomas  Vin- 
cent Fosca  et  dont  M.  Danvila  a  bien  voulu  nous  donner  une 
copie  d'après  une  gravure  réduite  faite  en  1704.  C'est  le  plan  le 
plus  ancien  qu'on  ait  de  la  ville  de  Valence. 

La  fig.  II  reproduit  le  plan  de  la  juiverie  de  1391,  d'après  le 
plan  de  Fosca. 

Voici  la  description  détaillée  de  chacune  de  ces  figures. 

Figure  I.  Plan  sommaire  de  Valence  en  159L 

La  ligne  aa  représente  l'ancien  mur  de  la  ville  qui  fut  construit  (ou 
qui  existait  déjà)  en  1238,  année  de  la  conquête  de  la  ville  par 
le  roi  Jacques  I«f  d'Aragon. 

La  ligne  bb  représente  un  mur  d'enceinte  nouveau,  achevé  en  1357. 
Ce  mur  élait  devenu  nécessaire  parce  que  la  ville  s'était  con- 


NOTES  SUR  L'HISTOIRE  DES  JUIFS  EN  ESPAGNE  ÎIGI> 


266  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

sidérablement  agrandie.  Nous  avons  omis  de  marquer,  dans 
ces  deux  murs,  les  porles  nombreuses  qui  y  étaient  percées, 
sauf  les  deux  portes  voisines  de  la  juiverie. 
La  ligne  ce  représente  la  rivière  Furia  ou  Guadalaviar. 

A.  désigne  le  quartier  juif;  il  existait  déjà  sur  le  même  emplace- 

ment en  4238,  adossé,  comme  on  le  voit,  à  Tancien  mur  de  la 
ville. 

B.  désigne  le  quartier  maure,  lequel,  en  4238  ou  peu  de  temps  après, 

fut  transféré,  comme  on  le  voit,  en  dehors  de  Tenceinte  de 
Tancienne  ville. 

C.  désigne  le  cimetière  juif,  situé  hors  de  Tancienne  ville,  mais  ren- 

fermé dans  Tenceinie  du  second  mur.  Sur  le  terrain  s'élève 
aujourd'hui  le  monastère  de  Santa  Gatalina  de  Sena. 

D.  Porte  dans  le  second  mur  d'enceinte,  près  du  cimetière  des  Juifs. 

Elle  avait  reçu,  à  cause  le  ce  voisinage,  le  nom  de  Puerta  de  les 
Judios. 

E.  Porte  de  la  Mer  (Puerta  del  Mar),  par  où  Ton  sortait  pour  se 

rendre  au  port  du  Grao. 
4 .  Grande  synagogue. 

2.  Couvent  de  S.  Domingue  des  Frères  Prédicateurs. 

3.  Place  de  S.  Domingue. 

4.  Maison  où  est  né  Vincent  Ferrer. 

5.  Place  de  la  Figuera. 

Nota.  Toute  la  partie  du  plan  restée  vide,  dans  l'enceinte  des  deux 
murs,  doit  être  supposée  couverte  de  maisons,  rues  et  places. 
Le  dessin  des  maisons  et  rues  de  la  Juiverie  et  à  Test  de  la 
juiverie  est  un  dessin  sommaire  ;  il  a  uniquement  pour  but 
de  montrer  quel  était,  à  peu  près,  l'emplacement  de  la  maison 
où  est  né  Vincent  Ferrer  et  le  chemin  (tracé  par  un  pointillé) 
que  les  voiturlers  venant  du  port  du  Grao  suivaient,  avant 
que  la  juiverie  fût  fermée  et  transformée  en  ghetto,  pour  se 
rendre  du  port  dans  l'intérieur  de  la  ville.  On  voit  que  ce 
chemin  passait  par  la  Porte  de  la  Mer  et  par  la  grande  rue 
transversale  de  la  Juiverie,  devant  la  grande  synagogue,  et 
débouchait  ensuite  sur  la  placé  de  la  Figuera. 

Figure  IL  Plan  détaillé  de  la  Juiverie, 

Le  contour  de  la  Juiverie  est  marqué  par  un  trait  gras  et  con- 
tinué, là  où  le  trait  gras  s'arrête,  par  un  pointillé.  Le  tracé  poin- 
tillé de  l'angle  N.  E.  est,  à  ce  que  nous  croyons,  hypothétique.  Les 
maisons  ou  pâtés  de  maisons  C,  D  sont  postérieurs  à  1391,  et  le 
carré  de  langle  N.  0.  parait  aussi  être  plus  moderne.  Dans  tout 
le  reste  du  plan,  il  est  probable  qu'on  a  l'état  des  rues  et  des 
maisons  de  1391. 


NOTES  SVH  L'illSTOlRE  DES  JTIFS  EN  ESPAGNE 


26T 


A,  Graude  synagogue,  devenue  couvent  du  Saiûl-Cnslobal. 

B.  Peiite  syoagogue,  devenue  chaiieUe  de  la  Nouvelle-Grôix. 
,  C.  Maisons  plus  moderûes  où  depuis  a  clc  élevée  l  Uoiversité. 
I  D.  GonsUucUon  plus  moderne  formant  te  collège  du  Patriarche. 

Porte  (ancienne)  de  En  Esplugues. 

—  (ancieDoe)  de  la  Exarea. 

—  principale  de  la  Jnivorie. 
Place  de  la  Fignera,  aujourd'hui  couvent  de  Sainte-Tèele.  , 

I*     —      de  la  Olivere,  aujourd'hui  de  Comedias. 
^UK,     —      du  Patriarche. 
^L.     —      de  Villarasa. 

aa.  Bue  du  Mila^ro. 

èè,  —  Trinque  te  de  Caballeros. 

ce,   —  de  la  CuUerela, 

»4d.  —   Uoiversidad. 
ee*    —  des  Pobres  Esludiautes. 
ff,   —  Horno  de  les  Rates. 

Igff,  —  des  Libreros. 
hà,  —  de  Gardona. 
If.    —   Luis  Vives. 
EL    —   des  Avellanas. 
mfn.  Grande  rue   transversale  de  la  Juiverie»  par  otj  venaient,  de 
i  Test»  les  charretiers  du  port  du  Grao,  après  avoir  passé  Ja 

I  Porte  de  la  Mer. 

On  peut  se  rendre  compte»  d'après  ces  plans,  de  la  valeur  des 
objections  qui  furent  faites  par  les  chrétiens  contre  la  fermeture 

*de  la  Juiverie*.  Les  voituriers;  venant  du  port,  ne  pouvant  plus 
passer  par  la  rue  mm  (flg.  Il)»  étaient  obligés  de  faire  un  détour 
pour  se  rendre  au  centre  de  la  ville  ;  les  Frères  Prêcheurs,  de 
leur  côté,  se  voyaient  couper  les  communications  avec  Test  et  le 
nord-est  de  la  ville  ;  enfin  les  habitants  placés  au  nord  et  au  sud 
de  la  Juiverie  ne  pouvaient  plus  correspondre  directement  en- 
semble. 

Le  Valladar  Viejo  (ancien  égout  ')  courait  au  moins  à  Test  de  la 
Juiverie,  sous  le  mur  d*enceinte,  entre  les  portes  E  et  F.  C*est 
dans  Tégout  même,  à  ce  qu*îl  semble,  que  s'ouvrait  la  porte  grillée 
par  laquelle  les  émeuliers  de  1391  émirent  accès  dans  la  Juiverie. 
Le  combat  sanglant  que  se  livrèrent,  à  cet  endroit,  les  chrétiens 
et  les  Jnlfs  ^  eut  lieu  dans  lobscurité  de  cet  égout. 

M*  Danvila  estioie  que  la  population  juive  de  Valence,  en  1391  » 


•  Eituê,  l.  XULp,  240. 

*  Corriger  ihtH,^  p.  24iï,  \,  9  co  rfimoDt&nt,  et  p,  243, 1.  4.  Efficer  aug&i  la  nota  au 
ift  do  la  page  242,  tjui,  d'après  m  <]Ucnûus  dit  M.  Dativilu^  n^est  pas  juâtiâée. 

»  IHd.,  p.  243. 


268  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

était  à  peu  près  de  15,000  âmes,  mais  ce  chiffre,  emprunté  sans 
doute  à  des  autorités  respectables,  eSt  probablement  beaucoup 
trop  élevé.  En  général,  on  s'est  appuyé,  pour  fixer  le  chiffre  de  la 
population  juive  en  Espagne,  sur  un  document  de  1290  (répar- 
tition du  Huete)  qui  a  été  mal  interprété  par  tous  les  historiens; 
il  en  est  résulté  quMls  ont  adopté,  pour  la  population  juive  en 
Espagne,  des  chiffres  fabuleux.  Nous  montrons  dans  ce  numéro  ce 
qu'il  y  a  de  ridiculement  exagéré  dans  ces  évaluations. 


VII 

TJN   SCKAU  JUIF. 

M.  Fidel  Fita  vient  de  nous  envoyer  l'empreinte  d'un  sceau 
appartenant  à  M.  Gago,  de  Séville.  Nous  en  donnons  ici  la  re- 


production. 


Le  nom  de  Tancien  propriétaire  du  sceau  étant  composé  de 
douze  lettres,  on  Ta  divisé  en  groupes  de  trois  lettres  placés  aux 
quatre  côtés  du  sceau.  Nous  ne  savons  si  cette  disposition  a  déjà 
été  remarquée  sur  d'autres  sceaux.  Elle  donne  à  la  légende  un  cer- 
tam  air  cabbalistique  qui  a  sûrement  été  recherché  par  le  graveur. 

La  légende  doit  se  lire  comme  suit  : 

(ABRAHAM    BaR    SAADIAH) 

Nous  ne  savons  au  juste  ce  que  représente  le  dessin  qui  est  au 
centre  du  sceau. 

A  Toccasion  de  ce  sceau,  nous  soumettons  à  nos  lecteurs  un 
petit  problt^me.  Nous  avons  vu  un  sceau  qui  parait  assez  moderne 
et  dont  le  dessin  central  représente  un  bœuf  ou  taureau.  Au-dessus 
de  ce  dessin,  en  une  seule  liîzne,  se  trouve  la  légende  suivante 
(lecture  tout  à  lait  sûre)  :  •wrîDnswX'».  Que  signifie  cette  légende? 

Isidore  Loeb. 


LE  TRAITÉ  I)E  PARA  PONCTUÉ 


La  bibliothèque  d'OxfonI  possède  un  très  heBn  manuscrit  conte- 

lant  le  texte  arabe  du  Pêntsch  Hammisch^ia  de  Maimonide  '• 

Ze  manuscrit  est»  en  outre,  très  ancien,  car  ti  a  *Hé  revu  et  cor- 

rigé  d'aprè.s  loriginal  raèrae  que  Maïuionide  a  écrit,  comme  Vin- 

IdiQue  une  note  en  arabe  placée  à  la  fin  de  etiaque  volume.  Or, 

[lians  ce  manuscrit»  plusieurs  traités,  entre  autres  celui  de  Para, 

I  que  nous  a%^ous  pu  examiner,  ont  tout  le  texte  de  la  Misclina 

[pourvu  de.points-voyeiles.  Il  en  est  de  même  de  tous  les  mots 

hi'breux  qui  se  trouvent  dans  le  coramentarre.  Le  zèle  du  ponc- 

I  tuateur  Ta  m^me  quelquelbiK  entraîné  jiîsqu*à  ponctuer  des  mots 

(arabes,  qu'il  aura  pris  sans  doute  ponr  derhébren.  Ainsi,  il  écrit 

\X9r\_,  pour  xoa'ahia  (I,  le)*;  Q'^K^tbi*,  pour  aVêlim  (4c);   D^rri, 

pour  wahadama  (III,  9  c),  et  r^^P^  pc»ur  qawtaim  (IX,  4  c)*  Cette 

ponctuation  est  probablement  de  la  môme  main  qui  a  calligraphié 

le  texte,  ou  de  très  peu  postérieure,  car  lys  corrections  faites 

d'après  l*origïnal  portent  tout  aussi  bien  sur  les  points-voyelles 

[que  sur  les  consonnes. 

Cette  ponctuation,  qid,  en  général,  est  conforme  à  la  gram- 
|iûaire,  offre  cependant  certaines  particularités  intéressantes. 
lAssurément  le  ponctuateur  n*était  pas  très  instruit  et  il  n'a  pas 
^  toujours  compris  son  texte;  aussi  commet-il  quelques  bévues 
1  caractéristiques  :  il  écrit  cpi  (IV,  3),  pour  'à-pn;  pj73  (V,  2c|» 
[pour  Y7J2  ;  nû-^s  (IX,  4),  pour  îita^'ça  (quVil  écrit  ensuite  correc- 
tement) ;  npn^  (t>j,  pour  a^n-  Mais,  justement  parce  que  celui  qui  a 
r  mis  les  poiuts-voyelleg  n'était  pas  un  savant,  nous  avons  ra%^an- 
ilage  de  n'avoir  point  affaire  à  un  esprit  systématique  et  nous 
pouvons  être  surs  d'avoir  le  calque  fidèle  de  la  prononciation  de 

*  Le  minuBcrit  esl  composa  dû  pluiieurs  volumes  ;  celui  dont  il   a^Bgil  ici  est   là 
W  2^9  du  G«LBlogiiG  dfi  M.  Néubauer. 

*  Nous  iodiquoEiB  ainsi  le  chapitre  et  lo  paragrsphe  ;  Is   leUre  c  dësigoe  le  com- 
,  ventaire. 


270  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

la  Mischna  dans  te  pays  d*où  est  tiré  le  manuscrit,  très  probable- 
ment le  Yémen. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  la  confusion  perpétuelle  entre 
le  segôl  et  le  paiah  *.  Il  est  peu  probable  quMl  y  ait  là  quelque 
rapport  avec  la  ponctuation  babylonienne,  et,  d'ailleurs,  la  ponc- 
tuation du  manuscrit  est  si  inconséquente,  que  ce  rapport  serait 
difficile  à  préciser.  Il  vaut  mieux  attribuer  à  une  prononciation 
vulgaire  cette  confusion  de  Va  et  de  1'^.  Les  seuls  cas  où  l'on 
puisse  établir  une  règle  sont  les  suivants  : 

Le  segôl  est  remplacé  constamment  par  le  paiah  :  1«  Devant  le 
dâgêsch,  écrit  ou  omis.  Aussi  le  ponctuateur  écrit-il  toujours  d, 
pour  ç,  sauf  une  fois,  T'jobô  (XII,  3),  et  devant  les  pronoms  ir^n, 
«•^n  et  in,  où  il  ponctue  «  •.  Il  écrit  aussi  Nbgt,  pour  fiiVç.  et,  de 
môme,  «l^fo*;  (III,  5  c),  naç-^n  (10  c),  îij»»  (IV,  1  c),  riaçt  (VI,  i  c), 
njnTpé^ô  (^7),  etc.,  auxquels  il  faut  ajouter  les  mots  tels  que  ttoç 
(I,  3  c),  iDim  (II,  1),  nn»  (III,  4  c).  où  le  dâgésch  est  latent. 
2®  Devant  une  gutturale  qui,  selon  notre  ponctuation,  aurait  un 
hatèf,  exemple  :  îibs^rj  (II,  2),  pour  nbjrr;  •n^N?  (W,  8  c),  bb«b 
(IV,  3),  etc.  3<»  Il  est  ordinairement  remplacé  par  paiah  devant  un 
schevâ  quiescent,  comme  nb^?  (1, 1),  «nçoin  (3  c),  ai'»'Trr  (4  c), 
Mjn?  (II,  le),  int:naa,  ^nDç?  (III,  2  c),  «nry,  etc.  Cependant  on 
trouve  aussi  nbi^  ^I,  1),  et  môme  nbpti  (VII,  4  c),  pour  nbp». 

Autrement,  le  segôi  est  tantôt  remplacé  par  le  patah  et  tantôt 
conservé,  selon  le  caprice  du  copiste.  Ainsi,  pour  le  segôl  au  milieu 
du  mot,  on  voit  :  nT5•>b^t  (I,  1  c),  nro^  (c),  b^Db  (3),  hdd  (4  c),  etc., 
à  côté  de  pdo^  (en  titre),  nT:?-'bwN{  (I,  1),  bns  (III,  5  c),  etc.  ;  et,  à  la 
fin  du  mot  :  nn3nr?pn  (II,  1),  ûrrn  (c),  ûrinr.  (III,  le),  "jn-^aa,  nç»,  bnn 
(V,  3),  nno  (Vlll,  3c),  à  côté  de  in-^aa  (III,  2),  ban.  -içn  (5c),  -tto 
(VIII,  5c),  etc.  La  même  inconséquence  s'observe  pour  les  mots 
terminés  en  n^,  comme  nî<"i;ç  (111,2),  nr  (4c),  ïianç  (10  c),  nbr, 
etc.,  à  côté  de  nr  (lll,  2c),  rvQyi  (VII,  4c),  nç)::iD*(lX,4),  etc.  * 

Le  segôly  inversement,  remplace  aussi  le  paiah,  surtout  avec 
les  gutturales  fortes  n  et  3>  ;  exemples  :  nosni^  (1, 4),  nnjb?  (II,  1), 
brb  (III,  1),  nnxb  (2c),  n^ô  (Te),  nr^a  (VII,  4c),  etc.  Cependant 
on  trouve  aussi  nn»  (11,  1  c),  nno^îi  (III,  1  c),  nbp_  (XI,  9  c).  û?d 
(XII,  4  c),  etc.  Autrement,  la  substitution  du  segôl  au  patah  est 
assez  capricieuse  :  û^mt  (I,  4),  t)»  (III,  3  c),  ncnto  (9  c),  nçib,  etc., 
à  côté  de  cjn  (I,  2),  ûçn  (4),  nonipb  (III,  9c),'n5ib  (IV,  4).  L'ar- 

1  Cf.  J.  Derenbourg,  Manuel  du  UtUur,  p.  203  «t  miiT. 
*  Gomme  Eccl.,  ii,  22,  et  m,  18. 


LE  TBAÎTÊ  OK  PARA  PONCTrÉ  f7î 

Scl^  même  a  quelquefois  le  segùl  au  Heu  du  patah  :  D^ç^  (IV,  4), 
Bnlpa  (XI,  4c).  ro^rt  (XII,  11). 
Un  autre  clian^ement  de  voyelle  presque  constant,   c'est  la 
ibstitution  du /?a^a/£  au  qamê^,  dans  la  terminaison  prominale 
k- Ainsi  l^'^npn  (I,  4  c),  i;\Nta  (II,  1),  x^p^^y  (5).  iç^î^'^^^  ^^^^  î  ^^ 
[lême  le  raot  \\  «  â  nous  »s  en  clial<li!en  (II!,  8),  et  comme  parti- 
cipe de  *pb  (V»  1  c).  Les  seuls  mots  où  le  qamès  soit  resté,  sont 
■j3'»*i;5n  (L  4),  p.c»  et  f^  (V,  1  c}.  Le  patah  est  aussi  pour  le  qaTnés 
^ans  »^n  (II,  a)  et  -\12^  (X,  1  c). 

Les  autres  voyelles  se  confondent  rarement  ;  le  scrê  est  rem- 
placé par  le  hirèq  dans  nns-»"i'çb  (111,  le),  pour  nnDnôb  *•   ^k^'^ 
5(4),  nç-^n  {III,  10  c|,  i»our  *|b">  ^3?rn  ;   inversement,   le  hiràq  est 
lis  pour  le  5ê?'c^  dans  n^w-j  (11,  1),  'y^y^ù  (5).   Le  seçôl  est  mis 
pour  Je  hiréq  dans  ni^^jn  (V,  7c),  pour  r;^]?Tsn  ;  vniaci  (VllL  10c), 
>ur  iP4tS£3»  peut-être  aussi  dans  rr.nn  (IV,  1  c).  Le  segùl  est  mis 
pour  le  3érê  dans  "ibr^?,  pour  nbr'>:b  (III,  6c).  Enfin,  le  ponctua- 
Itear  a  écrit  Drni?D  JL  Ici,  pour  Dnmi?a  (qu'il  écrit  aussi  avec 
Ifamés)  ;  ^n'iyyj2  et  ^nirt:  (III ^  6  c),  pour  "^atyîo  et  31773  *  ;  et  rib^z-^ 
(XII),  pour  nbisv 

Notons  aussi  que  le  mot  n^*  qui,  par  hasard,  ne  se  rencontre 
dans  notre  traité  que  devant  des  gutturales,  est  toujours  ponctué 
■rro  ;  exemples  :  ^i^sbrr  na  (1, 1),  157  m  (II,  3),  pourra:?  n?3  ;  mn  rra 
"{XI,  1),  pour  «in  n?:. 

Le  copiste  l'ait  rarement  usage  du  haief,  qui  est  d'ordinaire 
remplacé  par  le  simple  schevâ.  Ainsi  il  écrit  nT^J*^)»  [1, 1),  iô"iç«. 
LriVnx  (lU,  5  c),  pour  ntr-'bst,  c-ir»,  nibn»^  Si  des  mots  commen- 
^çant  ainsi  par  une  gutturale  avec  schevà  sont  précédés  des  parti- 
[cQles  a,  n.  ç,  b,  qui,  diaprés  notre  prononciation,  changeraient  le 
Ischevât'U  voyelle,  c'est  la  gutturale  qui  prend  une  voyelle  et  la 
[particule  garde  le  schevd  :  Exemple  :  û'^^snD  robrn-   Le  halef 
^pendant  se  trouve  çà  et  là  et  est  môme  parfois  remplacé  par  une 
royelle  :  D^^jsm  (1, 1;,  ^:h,  ri-^.nxb  (c)  ",  D^'ion.  "«nn,  niSK,  Dcet,  ^b'»!:»* 
[11,3),  cs^b^  (III,  1  c),  %-ii3-»Dn,  nbrw.  nibn**  (2  c),  et  ni^n&i  (V,  1  c), 
T^n«  (III,  Gj,  nrnna  ^8  cj,  ninni.  D^bs»  (VIII,  3cJ.  rJ''?^  (^»  ^)' 
feic* 

*  A  moifiâ  d6  dittiogoer  MB''*l'i,  l'action  de  brtler,  du  billique  nSHlD,  chcwe 
.brûlée. 

*  CeUe   leciuro   commo    bofal   est   plus  togii^ue   que  la  prononciation   ordintire 
jnSjîa,  car  à  TacUr  oa  dit  î  Sxùjyà  ^'nyT\* 

*  Faula  pour  nilHÊtb. 


272  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Le  dâgêsch  est  très  rarement  marqué,  sauf  dans  le  Haf;  cepen- 
dant il  se  trouve  dans  quelques  mots  :  nn»  (I,  !)•  :?Jîi3îarT,  nbn  (c), 
ain  (II,  5  c),  N3n  (III,  1  c),  n-j?,  ns-?  (5  c),  niTO  (IV,  2  c),  Mjri.  etc. 
Quelquefois  il  se  trouve  à  tort  :  ia  N^i*^?  (I,  I).  Le  mappiq  n*est 
jamais  écrit. 

Lorsqu'un  alef  est  quiescent  au  milieu  du  mot,  il  a  toujours  un 
schevâj  exemples  :  •^nt?  (I,  1),  nx^n  (4). 

La  conjonction  vav  garde  tantôt  le  scher^â  devant  les  lettres 
labiales,  ainsi  ny^irroi  (II,  1),  Vî?"!  (^H.  1)»  '^"'?'l  (^)»  ^^c-»  tantôt  le 
change  en  u  :  nnçîi  (1, 1),  nnçTpîi  (III,  1  c),  l^riz^i  etc. 

Au  point  de  vue  grammatical,  on  remarque  que  le  ponctua- 
teur  met  très  volontiers  l'article,  surtout  avec  la  préposition  D  ; 
exemples  :  ia  K^i-^D  (I,  1),  îibnp?b  (4c),  rîÇ"»??  (XI,  3),  n^T?  (c), 
HD  dç3  (XII,  1),  et  avec  bç,  ponctué  bâ,  qu'il  joint  toujours  au 
substantif  :  "jn^bé  (III,  2),  d-'bnnbâ,  banbô,  etc.  Cependant  il 
écrit  rnsibô  (I,  2  c),  "jnbbiD  (V,  1  c),  îiTjnnbô  (à  côté  de  riNanbç). 

Le  qamès  est' conservé,  et  avec  raison,  dans  les  participes  et 
les  adjectifs  verbaux,  lorsqu'ils  ont  un  complément  attributif.  Ainsi 
d'anal  noîinç  (IV,  1),  nb->3^t3  a-^^n  (4  c)  ;  comparez  d*»?  n^ri  i^iran 
(XI,  9).  Le  participe  n'est  pas  mis  à  l'état  construit,  parce  qu'il 
conserve  la  force  du  verbe. 

Au  Hitpael,  la  troisième  personne  masculin  singulier  du  passé  a 
toujours  un  patah  à  la  dernière  syllabe  ;  exemples  :  SBnopn  (III,  7), 
TDtijîri?  (V,  8),  lii^n?  (XII,  2)  *  ;  de  la  même  façon  xb^n?  a  un  qamès. 
Au  futui*  il  y  a  toujours  le  sêrè  :  a'^^nn'i  (IV,  4c),  vi7.j5n';i  (VI,  le), 
•j-iiDn*^.  (XII,  3).  *  ""''  ••-- 

Les  verbes  en  n  et  en  n  ont  la  troisième  personne  du  féminin  du 
passé  au  nifal  ponctuée  d'un  séré  :  dn?::^?^  (V,  3  c),  nbra  (IV,  1). 
Il  en  est  de  même  au  participe  féminin  :  n^np?  (III,  1),  r-gyi  (IV,  1). 

Remarquons  enfin  que  le  ponctuateur  tient  compte  de  la  pause; 
il  écrit  nïiça:-!  (III,  2  c),  ^ib^j  (XI,  7),  etc. 

En  outre  de  ces  phénomènes  grammaticaux,  il  est  intéressant 
de  voir  comment  sont  ponctués  certains  mots  usités  seulement 
dans  la  Mischna.  Nous  commençons  par  ceux  qui  nous  paraissent 
ponctués  avec  exactitude  :  n'>^bô  (L  1),  '•^nn,  "rj^,  ûno,  onD  (c)  ', 
DÉj,  mois  (3  c),  1X3  (4  c).  it  (IF,  1  c),  idît  (3),  pluriel  ri:pn  (IV, 4  c), 
in-^b-j  (II,  3),  bl3o,  5iT5  (5  c),  150  (IIl',  I)  à  l'absolu,  -'nDo'(c),  rr-in? 

»  Au  passé  du  Piel  il  y  a  un  aéré  :  *i')pp  (IV,  2),  ^TÛ'^bn  (4  c). 
«  Une  fois  ono  (I,  1). 


LE  TRAITt:  DE  PARA  PONCTOÊ  273 

c),  îrn^m  (%  nivjna,  yyn  (10),  bioç  (substantiQ.  ^aim  ^p_  (IV, 
te)»  r^inn-j  (V,  2),  nçD«  -'Kid  (YI,  1)«,  n^-^nn  (VII,  1).  nisboD  (c), 
flara^r^Çtî^  (VIII,  3),  n-'onn  (11;,  onntï  (X,  I),  tj-i^:.  cito  (c), 
l'^nçDa  (5  c),  n^^7(6),  'jbnb  (c),  =  Ijtî^ '•  Quelques  autres  roots 
léntent  une  attention  toute  spéciale  :  \°  û"*'?^^  (Vî,  4  c),  que  Ton 
Irononce  dliabitude  à  tort  D^bziH.  Le  manuscrit  n'a  jamais  de  vav 
lans  ce  mot.  C'est  le  pluriel  régulier  de  bs«,  comme  û'»mn  de 
>jn;  2^  '«ï^rj^t*  (VIII,  4  c)  et  «n^ng  (XI,  2  c),  ou  le  qmiiès  sous  le 

*5C^  est  nécessaire  ;  le  patah  sous  le  bêt  de  «rr^nn  est  également 
Bxact,  car»  eu  syriaque,  radjectif  tiré  de  nn^  dehors,  est  -^nn.  La 
ranscription  juste  de  «nnn  est  donc  baroylo  ou  harâyiâ^  mais 
non  bordytà  ;  S**  les  pluriels  ninria  (VIIÏ,  4)  et  niHtjD  (VII,  3  c), 
ie  nr\r,t2  et  n**?:^-  On  est  si  accoutumé  à  lire  taharùt  et  iuni'Ôt, 
pour  Tabsolu  comme  pour  le  construit,  que  Ton  B^i,  à  première 
i^ne,  choqué  de  voir  ninna  et  ni«t3^,  et  cependant  ces  formes 
•ont  tout  à  fait  justifiées.  De  môme  que  "toïs  fait  au  pluriel  mriDti 
®t  rpw.  ninJ3i  il  est  logique  que  rsnrja  et  n^t?ay  aient  un  pluriel 
analogue,  aussi  bien  que  np^a  a  le  pluriel  î3"»lî^3,  comme  ^-ïz  fait 
ïs^jip  et  nsD,  û'nçD.  De  fait,  nous  trouvons  dans  la  Bible  pour  le 
pluriel  de  r\^^r\  ninnn  (Job,  m,  14),  et  de  nVnj'  nib-iT  (Ji^sué, 

,  T      *  T  TTJ       ^  Tir  T-t        \  ' 

Y^  3),  pour  nib-ï5;.  Le  mot  niïiDn  (Prov.,  i,  20;  ix,  1  ;  kxiv,  7), 
Rui  par  lui-m^me  est  ass^z  bigarre',  ne  suffit  pas  à  prouver  que 
Ile  type  nîJD  ou  nb^D  ait  le  pluriel  nlbro  ou  nîbs'D.  Donc  ni*ina 
l^t  riNt::p  i^ont,  ou,  tout  au  moins,  peuvent  être  parfaitement 
[exacts.  Toutefois,  le  ponctuateur,  qui  écrit  1n-;na3  (Vlll,  1),  met 
partout  nnn^  et  nnn;:  ;  tl  est  donc  possible  que,  pour  lui,  niinzp 
*oif  le  pluriel  de  n*.r:y,  et  ceci  prouverait  que  notre  prononcia- 
Uon  vulgaire  tahiirâ  remonte  assez  liant.  Dans  tous  les  cas,  il 
feiit  transcrire  le  titre  du  traité  mnna  :  Tehârùt  ;  4"^  î^D-'n  (X,  1  c] 
comme  infinitif  hifil  de  did,  employé  substantivement.  Ceci  mon- 
trerait que  dans  les  formes  b^srt,  n^iDn.  *T?on,  inri  le  segôl  n*est 
[jtts  une  faute,  comme  le  croit  M.  S.  Béer*. 

Pour  une  série  d'autres  mots  la  ponctuation  du  manuscrit  ne 
parait  pas  exacte  :  'n  i^a-i)  *,  mé  (I,  Ij  et  «igâ  (II,  I  c),  pour  ntii^i 

|1nç:?ia  (I,  1),  pour  nn!;3|;ip,  nin^ri  pour  nlansi  ;  vT.P,^  ^'  ^)  ^* 
*  Totr  S.  Béer,  it^<M/«f  Tiiftnl,  p.  37,  noie. 
•  Nolou*  ici  que  nip^^  •  tantôt  1©  ^«^'^^  [V",  C;,  laatôt  le  ^«i»^»  î  rrjp^Ç  (VIII,  8). 
*  Il  «it  considéré  cotnme  Biogalieri  Prov,,  ix,  1, 
*  Ahodai  Turael^  p.  51,  aote. 
i  V.  t^,,  p.  53,  note.  ^ 

T.  XIV,  w*  ».  18  • 


274  REVUE  DBI  ÉTUDl»  lf»V£9 

rn|>  (III,  ac)  compares  à  ty.'^p^  (ÎIÏ,  4)*  ;  çno)o  (piatM  rnçta); 
ni-iajf  {III,  2)  pour  riiy^  =  "'^"^?^?'  9^???  t^^^'  ^)  P^"  Tl^î*?' 
l-'p^nan  (6)  pour  ^pn^n  ;  rn  (9)  pour  ^-tï  =  -jri  ;  ■n'^ôa  (III,  10)  et 
Yn-vD  (XI,  9)  pour  "n^tpa  et  n*n^  «  ;  T»aît>n  (IV,  2)  pour  ï^anwî 
«in^-jCVn,  1),  '?5293'},  'ïj^Tas-j  pour  ^»^»?^^.  etc.';  nVg?3  (IX,  5c)  et 
n^]^5  pour  rtpç  (rîbi5»,  VII,  4c)  ;  '^anDai  (X,  3)  pour  ''arM^  ;  rw 
(4  c)  =  nnwr  pour  n*iTJ  de  rnj^  *,  rtî*^^  (XII,  4)  pour  rrô^  et 
îi^twtt  (10)  pour  "ip*]??». 

Nous  nous  dispensons  d*énumérer  une  quantité  de  petites  fautes 
qui  n'offrent,  aucun  intérêt.  Nous  nous  contenterons  d'en  noter 
une  qui  revient  fréquemment,  c'est  l'emploi  du  qatnès  au  lieu  dil 
paiah  ou  du  acheva  au  passé  du  nil'al  ou  du  bofal^  même  là  où  il 
n'y  a  pas  de  pause  itô?  (Il,  3),  nfn|>?  (III,  9),  hiçbriM  (V,  5  c), 
VçDj  (VII,  3),  ^boB?,  nnaiïTO. 

Le  traité  de  Para  contient  uii  certain  nombre  de  mots  rares 
ou  étrangers,  pour  la  prononciation  desquels  notre  manuscrit 
donnerait  des  renseignements  utiles,  si  Ton  pouvait  se  fier  à  sa 
ponctuation  ;  mais,  comme  les  contradictions  et  les  bizarreries  ne 
manquent  pas,  on  ne  peut  y  accorder  qu'une  confiance  modérée. 
Voici  la  liste  de  ces  mots  : 

ojbo  (I,  3)  expliqué  par  cj  abc  (c),  nûJ'j  *\t)ù  et  K»j^  nano  (c), 
n033  (II,  2)  et  nojî  (c),  nbia\  yyû  (III,  8)  et  a^p;  "jî^aTS  (III,  11  c), 
et  iraTg  (XI,  1)5,  rrn-'î?.  (V,  3),  orà-inj»  (4),  et  DrA"|138  Wi 

bçK  (X,  4),  nrççbnD  (VII,  9),  oi72ip  (X,  1),  o^r:p_bp^,  n-'tCîtsn  (2), 
Y^h  et  ';-»?b  (6),  n-»bnD  an^  (XI,  1),  T'çnTjî'j  (^)  et  vç^na  (c),  bnn:?rî 
(XII,  8),  ^anbô  cna  et'  ïjn-.bç  (c),'hy22f,  bçj^  (9)*,*Vr^'  ^r'W 
ûnrp  (10),  DTO  et  ûTO  (c),  ûi:2?:nM. 

Il  se  trouve  «également  dans  Para  quelques  noms  propres  dont 
la  ponctuation  mérite  d'être  remarquée.  D'abord  dbc^n";  (III,  2)  ; 
le  hb'èq  entre  le  lamed  et  le  mem  a-t-il  été  simplement  omis,  ou 
a-t-on  prononcé  quelque  part  ûVi^ny?  L^absence  du  yod  indique- 
rait plutôt  la  prononciation  ûbcinr  Les  autres  noms  sont  :  •'b'^bar: 
(I,  2),  nyna  (II,  5),  baa  (III,  2)  corrigé  en  baa,  •^j-»?  qrpbjji  (5)*, 

*  Dans  Daniel,  viii,  6,  7,   on    trouve  Û''5np  et  T^31p. 

*  Dans  le  commentaire  "^^l^ca. 

*  Ces  mots  sont  ponctués  comme  "IESjI  (Deul.,  xxi,  8). 

*  A  moins  que  Mnt:?  ne  suive  le  modèle  de  ÏT1Ï3T,  r1î^>. 

*  Dans  nos  textes  "[T^  aiTK. 

*  Pour  '^5'';?in'«bN  (Esdras,  tiii,  4). 


LK  THAITÊ  DE  FAÏIA  POîICTVE  27S 

Sfijrçia  ■'sarfi  et  -^ait;?  (c),  n?3*î  (VI!^  6),  oiroçç»  {VIII,  9  c), 
ir^  ilOj^  Ni-B.  ^tts-^T.  o;|o  (11),  rnria  lï,  1  cj,  ^çnn  (XI,  10), 
rà\xii,  10)'^ri'.  "     '" 

Les  quelques  citations  chaldéennes  sont  asseï  bien  ponctuées  : 

lMri''bn  vibyy  (L  le)*,  '^niDOJ^  Cp"»)  '^^^''^ipi  k:^'^«  nii:i  (11,  2c)*, 

irV-p  nsD3^  (IIl,  3  c)  *,  ■»nn3^ti  èn-^b  (il  ni^D^  *,  (\b)  }h  h^ctj  rrin 

Itrt»!^^  îinÈ<nb^  (9c)  *.  Les  citations  liébraïques  tirées  de  la  Bible 

MRt  (lonctuées  dans  le  même  esprit  que  le  reste  :  b«  rtrk  Drin:i 

^^bfit  (III,  le)',  i^i^  bnw  nnoTo^i  f2  c)  »,  ■«■*  m^  nrn  ûi''3  rriâa?  -ni«!3 

PiTO^».  ^V]  fai^  b?  nn^D^î  (6c)*o,  cin3  nb^  bip  (X,  le)**,  etc. 

Pour  terminer,  nous  donnons  le  premier  chapitre  du  traité  de 
*ara,  tel  qu'il  est  ponctué  dans  le  manuscrit. 

r  T  ï   T  - 

I    ,  ^i        ».  t      -    I-     '-^         *  *.   ,     _  4_     _  ^     *     ^,      ^_  j      ^^ 

Iltb  ypin^  i  ::&«  bDDn  «bià  -l'rràn  «?3â  nb  ra^nri:  V^'à  «bs*  nspT 
llîTO  -^nytiis  "T3  onb  -i;2«  n-nàbis  tiTDbn  n?3  ib  îi'nîaî*  n^ïibâ  «bK  %nj^72iD 

I  tt  «i-f  '-  ?T  -t  -tl'  T-  T  ÏT  -r*  T—  'i-T 

[tpîx  nnttç  l^rt^s  ninrab  n-*'^^b6  T-^tçH  npiô*  linçtt  '•:»  -^î*]^  ^a  n^K 

hjnnn  np«  iTsiK  û»  td-idn  ■•:«  ■•nt^  p  n?:«  ans  *^r5'î2*i  n=)  onb  n7D« 

•p  "rnb  n'3H  n.HDb  -iba?  rriiTsiit)  ib  i-îî:ê«  apb  çj^tùtd  d-^d  73i;?2n  n-^s^ 
nbn  i3  r«  3pb  nbé?^  np«  "i^S«  o»  ^-dn  \ht3^  la  nî3«  nno  t:?^^ 

t-  ■"  '-'^  T-  f  ■"  '  "Ti  3 "v  -T  t     i  -I-T 

I  -înbn  ir::3^t3  riNob  nbr  n3iî2iiT3  n73i«  nn.^-i^ 

T-  T>.:  Tl-  Tt  T  l      •  '■  I--'ï 

r«i3nb  npn  npa  p  •^îtà  non  'se  û'^dd  '•53  ens  n?3iN  ■^b'^ban  ■>o1'»  h 
I  tmxz3  éiùn  "«sa^  unifie  ^aa  m  nwlH  h^^kto  t  ©bé  "^sa  n^t  ri»  ûT^sm 


•  bbrr  m  troa^e  Juges,  xu,  t3. 
«  Sabbat,  il  «, 

•  Daniel,  IV,  11. 

•  Geoèae,  xxiv,  20. 

•  JSiSû,  33  ^. 

•  Lév,,  vut,  33, 

•  /!.,  34. 

i^  pMum03,  XLi,  4. 
1*  LéT.,  XXVI,  36. 


276  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

'ioT  rw^  la  ûi-^b  ûî-»»  th^^  trtro  •»Da  û-^bÊn  ntà  "^a  ir*aa 
îimip  "«NT^  la  OibD  nnïTiip  iId^^o  h  toa^b  «bn  b'«b  vtb  ntia  1r«  «nln 
É^b  Vît  -^305  T^by  K-^am  ianpn  fiwa-»  nano  ^rrînlp  bec^Ta©^  h  npia 

•-  ••»•  TT  •-!  •'»•  T«»  -I-  •"'^  |-T««  C 

.y»  MT  -«nrr  nn»  drn  «n'in  nia^  nribiôia  înana  îb  rrby 

•-  »"-  T-  I  «  TT  Tl»»  »••  T»- 

,T  »  «-I  «T  -«  «T-  t--  T-  t  •-  «"". 

•»r»œrr  dra  p-^nprr  d»  û-nob©  di^'a  am  rrfccbm  d-^Viô  di-^îa  d'n«a 

,••«-  -»T»»«*  •  •»  |l-  T«TT  •!  •  •-! 

riKbm  -^rTati  dr»  d-^nœd  nocm  nb^iom  nldan  nîanai.  d-niD  d'nrâ 

TITT|^**l  •  •••«  »»-«  ••«••   —   I  »—  t*«  «Tl  •-« 

M.  'Lambert. 


NOTES  SUR  LA  PESCHITTO 


III' 


LE  SEUADAR. 


En  dehors  du  Cantique  des  Cantiques,  ii,  13  et  15,  viii  13,  où  le 
njot  hébreu  n^ïso  est  conservé  par  la  Peschîtto»  ce  mot  se  trouve 
encore  dans  la  version  syriaque,  dans  isaïe,  xvii,  11,  où  rhébreu 
■•^ÎDikfcn  *j?ç:?  BP3  est  traduit  par  :  nn^ap  pi&3  ?r3"«3^ni  «tdi'*^  cf  au 
jour  ou  tu  la  planteras  [la  vigne),  son  semâdar  sortira  »»  Quel  est 
*e  sens  exact  de  semâdar?  On  le  traduit  ordinairement  par  «  fleur 
d^  la  vigne  w.  Cependant  Abou-lwalid  et  David  Kamchi  ont  con- 
fié ce  sens^  comme  le  remarque  Gesenius,  qui»  dans  son  The- 
^au^fis  heùrœns,  sous  le  mot  -in^D ,  rapporte  les  passage^^  des 
<l^ux  docteurs  relatifs  à  cette  question.  Ceux-ci  croyaient  que  le 
^mâdar  était,  non  pas  la  fleur  de  la  vigne,  mais  Tembryon  du 
frï^U,  le  grain  petit  et  dur  qui  se  forme  après  la  floraison  de  la 
k     ^î^tie  et  qui  précède  de  quelques  jours  le  verjus  ou  le  grain  du 
Jï^isin  gonflé  des  sucs  de  la  plante  qui  n'est  pas  encore  arrivé  à 
^maturité.  Cette  distinction  entre  le  petit  grain  et  le  gros  grain  de 
r^isiû  ne  semble  pas  consacrée  par  Tusage  ;  elle  avait  été  suggérée 
*^x  savants  rabbins  par  deux  textes  auxquels  elle  convient  par- 
f^itemefït,  en  apparence  du  moins.  L'un  de  ces  textes  est  le  tar* 
gOum  dlsaïe,  xvui,  5,  qui  traduit  par  ii^o  l'hébreu  nat?  ;  or,  à 
cet  endroit,  1©  mot  ny?  parait  se  rapporter  à  un  état  de  la  grappe 
iaiermédiaire  entre  la  fleur  et  le  verjus.  Le  second  texte  est  en- 
core plus  explicite  ;  dans  le  traité  Orla,  i,  l»  de  la  Miscbna,  Rabbi 
Jo«é  applique  au  semâdar  certaine  probibitionp  parce  que  c'est  un 

■  Voir  le  précédent  uumérg  do  la  Eemt4,  p.  49, 


278  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

fruit  :  'nt  KntTtt  -^dd):  mOK  •Ti^oM  ntJiK  -^ot»  "^an.  Mais  Gesenius 
rejette  cette  interprétation  comme  contraire  au  verset  de  Gant, 
vil,  13  :  mtDan  nno  iDJin  nmo  û»  =  Peschîtto  :  «nsi  n^^io  t» 
«nn^o  ipD3i.  Les  verbes  rrrriD  et  nnc  en  hébreu,  n^ns  et  npea  en 
syriaque,  ne  peuvent  s'entendre  que  d*un  bouton,  d*une  jeune 
grappe  ou  d*una  flëut»  ;  en  fiuciln  cas  ils  ne  peuvent  s'ai^liquer  à 
un  fruit  déjà  noué.  Dans  le  verset  de  ia  Peschîtto,  Isaïe,  xvii,  11, 
cité  plus  haut,  nous    retrouvons    la    même  expression  :  pics 

Néanmoins  la  thèse  d'Abou-lwalid  et  de  David  Kamchi  a  été  re- 
prise dernièrement  par  un  maître  qui  fait  autorité  dans  les  études 
bibliques.  La  Zeilschrift  fur  die  alttestamentliche  Wissenschaft 
a  publié,  année  1885,  p.  304-308,  et  année  1886,  p.  98-99,  des 
lettres  de  M.  J.  Derenbourg,  qui  interprète  de  la  même  manière 
que  ces  docteurs  l'hébreu  »5;3  et  le  targoumique  nn730  d'Isaïe, 
XVIII,  5.  Il  écrit  :  «  Il  me  semblerait  qu'il  s'agit  du  verjus  ou  de 
la  grappe  qui  apparaît  aussitôt  après  la  floraison  de  la  vigne. 
Ce  verjus  est  d'abord  petit  et  dur;  puis  I03  sucs  y  pénètrent 
et  alors  il  devient  un  b>:ânD3,  un  verjiis  ipùrissant.pr**  En 
tous  cas,  le  nnno  ne  désigne  pas  un  état  avant  la  fleur,  le  JM>ur- 
geon,  car  la  Mischnà  considère  le  ni^b  comme  un  frbit  4éji 
formé  •^•lè,  ce  qui  ne  peut  cependant  avoir  lieu  avant  la  floraison.  » 
Il  termine  par  ceà  mots  :  «  Là  queàtlOh  eât  difflclle,  'mais  ^^yQ^  est 
un  mot  moderne  et  lëâ*  âiitëui's  dés  paragraphes  de  là  Hiscbnâ 
avaient  conscience  de  Sa  signification;  ce  qui  ne  concorde  pas 
avec  ce  qu'ils  disent  du  nn720  manque  de  base  ^  » 

Cette  phrase  laisserait  supposer  que  l'auteur  dé  là  lettre  rie 
s'est  pas  souvenu  que  nn^D  esi  biblique  et  àe  trouve  dans  trois 
versets  du  Cantique  des  Cantiques.  Si,  comme  il  sehible,  son  ex- 
plication est  indépendante  de  celle  de  Abou-lw^lîd  et  Kàmchî,  là 
rencontre  de  ces  maîtres  ê^t  d'un  grand  poidà  en  favèpr  de  lehr 
thèse. 

Cependant  la  question  paraît  recevoir  du  gi^'ec  une  Solution  con- 
traire. Le  grec  correspondant  à  rhébreU-ârâihéén  nH^ô  est  oivdivlii  : 
la  version  de  Symraaque  traduit  n-içç  fa^3Dâîin,  Càht.  11,  11,  par  ui 

1  Mir  ^itl  es  schemen,  als  ob  es  sich  uni  den  Hêrlin]g,  oder  das  Bettteiibllsdiïl, 
^'elches  gleich  nach  dem  Bnde  der  plaihe  an  dçr  Q^be  flieh  Mtfft,  h«feMt.  Difllir 
HerliDg  ist  anfangs  klein  und  hart  ;  daoD  drlugt  die  Peucbligkeil  bineJp,  und  dann 
wird  er  ein  b73:i  ^03.  dû  rôifender  Hepliîig. . .  JcKiénfallB  ist  ITOÔ  tiit*t  Wtl  ^il*- 
taod  #0r  dar  BlûUie,  die  Scheine,  dean  die  MjscbDah  beir>ebliel  dai  n*Tt9b  m^M 
als  eiue  Frucht  '^"C,  was  doch  wobl  nicht  yor  der  Blatbo  s^\X  b^ben  )(fQ|i.  «  %  lii\/^ 
Sache  ist  schwierig  ;  aber  es  isl  m?aO  e»n  sp&les  Wdrl,  und  àïe  Verï.  ider  Ikfi^* 
nahparagraphen  haiten  ein  Bewustscin  seiner  Bedeutung  und  was  nicht  zu  dem 
stimmt,  was  sie  von  n^T^O  sagen,  bai  keioep  Bodan.  » 


MÛTES  SVR  U  PESCamO  il9 

\t£w  à^itOia^ii  oivdviii.  Dans  le  lexique  de  Bar  Babloul,  oivdve^  mt  tou->' 
[jours  traduit  par  fi*^^^:^;  en  voici  quelques  exemples  ;  ■»n'*3i*« 
lîpWî  n^na-r  «73^3^  »^.&o  ifi^sn  K-nï:D  (oivaveti)  «  J'œnantiie  est  le 
l^màdra,  c  est-à-dire,  le  fruit  de  la  vigne  sauvage  quî  fleurit  »; 
lt^-'3i  atnTTjD  (oivivOti)  DT-^riN  t*  rœnanthe  est  le  «eniAdra  de  la 
yigne  ;  »  kh^d  r'»r:'iî*  Nni^jo  i^3n  (oivoç  otviv^jvoc)  o-'Iitis:!!*  o-iJ^» 
er^nqi  Hn'^oi  «  le  vin  d*œnaiithe  se  fait  avec  les  semàdra,  c'est-à- 
dire»  avec  les  fleurs  de  Ja  vigne  sauvage  »,  Ces  passages,  qui  sont 
reproduits  dans  le  Thésaurus  syriacus  de  M.  Payne  Smilli,  suf-^ 
Ifisentà  montrer  que  les  médecins  syriaques  connaissaient  encore 
^ïe  seraâdra,  qu'ils  identifient  avec  IWav^  des  Grecs.  D'un  autre 
côté,  c*est  par  IVtude  des  œuvres  de  Dioscoride,  de  Galien  et  de 
Paul  d'Egine  qu'ils  s'étaient  lamiliarises  avec  la  tenninoïugie  de 
la  médecine  grecque  ;  c*est  donc  dans  ces  œuvres  que  nous  devons 
chercher  le  sens  exact  de  roivGtvfhi.  Dioscoride  dit,  t.  I,  p.  687,  éd, 

Spren^^el  :  "Aii-rctXoç  àyota,  Sim^-Vj    ^  7ip   «tjTn;  o«i   irfpKiC^t  rî^v  cTopu^f^Vi 

B»«i  fiéXfiitv»  x«i  ffTUTTTixifi,  «  La  vigne  sauvage  est  de  deux  espèce»  : 

~  l'une  n^  mûrît  pas  son  raisin,  mais  elle  conduit  l'œnanthe  jusqu'à 

la  floraison;  Tautre  va  jusqu'à  la  maturité,  elle  donne  de  petits 

grains  noirs  et  astringents;  »  p.  690  :  oivdvîij  xa\sitit  6  xT\<i  dyptaç 

I  èuXitiTûvraç  xai  Çtipufvovwtç  iiti  ^ôov{qu  iv  tnn^.  a  Ou  appelle  œnantlie  le 
B  fruit  de  la  viorne  sauvage,  lorsqu'elle  fleurît.  Elle  doit  macérer 
I  flans  un  vase  d'argile  non  enduit  de  poix,  après  avoir  (?té  cueil- 
1      lie  et  dessëcln^e  à  Tombre  sur  un  ling^;  t   p,  715:  6  «*  otvdvetvoç 

^H  pi£Tp7i,T#iV   yX£'jxot>ç,   'îcp&ç    fiiié'paç  \ ,    eîtx   6LU%i(Taç    diioQou,   Uoitl   ^\    rpè;    dtùvfav 

^f  ô^^li/au^  dvopïÇfav,  xqAuxoùc  xai  ^^«vTspixo6ç.  «  Levîu  d 'œnantlie  se  pré- 
pape de  la  maniï^re  suivante  :  Prenez  deux  mines  de  fleurs  séchées 
de  vigne  sauvage  couverte  de  mousse  ;  mettez-les  dans  un  tonneau 
ée  vin  doux  ;  apn\s  trente  jours,  clariHez  et  laissez  reposer.  Il  agit 
contre  Tatoniede  l'estomac,  le  manque  d'appétit,  le  flux  de  ventre 
^m  et  la  dj^senterie.  »  Gallen  est  aussi  explii^îte  ;  craignant  qu'on  ne 
B  se  méprenne  sur  le  sens  de  rœnantfïe,  U  dît,  t,  XIll,  p.  120,  éd. 

Kïîhll  :   otvdvBT,ç,  o'tm  fi*àvo[Jui^ttf  t^  tôïv  dvptwv  djixéXav  Mo^  f,  èx6XdTn;|Aa  ^ 

^îç  ivlt^iv  è|  o5  TOic  "^liÉpatç  ■*!  ffTflï^w^i^  Riverai*  «  ....de  r<pnanthe ;  jc 
norome  ainsi  la  fleur  des  vignes  sauvages  ou  la  grappe  avec  les 
fleurons,  de  [at|nr-ll*^  se  forme  le  raisin,  jdus  tard.  »  Ainsi,  suivant 
Dioscoriile  et  Ualien,  rœnantho,  qui  sert  à  taire  un  vin  aromatique 
ou  pharmaceutique,  est  la  grappe  de  raisin,  sortie  de  la  bourre  et 
munie  de  ses  fleurons,*  au  moment  où  elle  commence  à  fleurir. 
Suivant  ces  médeciins,  le  vin  devait  t:ître  préparé  avec  la  grappe 


280  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  la  vigne  sauvage  ;  d'autres  préféraient  la  grappe  de  la  vigne 
cultivée  et  surtout  de  la  vigne  de  treille.  On  lit  dans  les  Geoponica, 
éd.  Niclas,  1.  Y,  ch.  xu,  p.  420  :  \vcxiw  t^v  olvdv«i)v  dhcb  t^c  -V^  oTvw 

fc^6^c  dji^Aou,  xoil  dic6  ttî^  ^p^9  p^^^^  ^  ^*^  ^<  d^adcvSf (tiSoc.  Xiivctd» 
M  xapdi  xbv  xaip6v  toO  dv6ou;,  tûv  pOTpu(i>v  8-nXa8-^  &çatpou|JLévc0v  iv  oxt^  xad  Tfi 
dv6ct   xaOap<û  xcpafjif^  i{i6^7)0^i  iici^^Tcc^»   ofvou  e0c68ouc  icaVouoO  xod  è^nrixoû  x6 

t<Tov.  a  On  recueille  Toenanthe  sur  la  vigne  qui  donne  du  raisin 
sucré  et  sur  la  vigne  sauvage,  surtout  sur  la  vigne  de  treille.  On 
la  recueille  à  l'époque  de  la  floraison,  c'est-à-dire  qu'on  coupe  les 
grappes  et  qu'on  les  fait  sécher;  puis,  après  avoir  jeté  la  fleur 
dans  un  vase  pur  (non  enduit  de  poix),  on  verse  en  quantité  égale 
du  vin  aromatique  et  cuit;  »  1.  VII,  ch.  xx,  p.  508  :  KcX  -h  6MA^ 

lidXioToi  ii  dhr6  tcûv  dvadcvSpd&ov  «apà  t^v  xaipbv  xoO  dvêouc  XT^ç^cloa  xa\  e'|ft^r,9rîoK, 

tùcieTi  t6v  oPwov  «oieï.  «  L'œnanthe,  surtôuif  celle  qui  est  cueillie  des 
vignes  de  treille,  au  moment  de  la  floraison,  jetée  dans  le  vin,  le 
rend  odorant.  »  Ces  derniers  mots  relatifs  à  la  qualité  odorante 
de  la  fleur  de  vigne,  font  songer  au  Cantique  des  Cantiques,  ii, 
13  :  rrn  nsnj  nnço  û^^pj^T  «  les  vignes  en  fleur  ont  répandu 
de  l'odeur  »,  et  à  la  traduction  de  Symmaque  :  èiwcvoaXfvewi- 1» 
ohdvdKi  pour  l'hébreu  ni^à'^ipNn  ■♦p^iDÇO,  Cant.,  ii,  5.  Après  cet  ex- 
posé, on  comprendra  facilement  la  définition  que  donne  Bar  Bah- 
loul  du  semâdra  :  ^-.kt  n«pD  nn«  ûnsb»  nfi<pD.  «ann  sa  firnTao 
•KTanD  -^biaS"!  firintt)  «ripo  tîdt  n5  «  semâdrô  :  dans  un  manus- 
»  crit,  fleurs,  en  arabe  faqqâh  el-Karm;  suivant  un  autre, 
»  faqqâh  ;  suivant  le  livre  du  Paradis,  ce  sont  les  fleurs  qui  com- 
»  mencent  à  s'ouvrir  et  les  grappes  de  la  vigne.  »  V.  Thésaurus 
syr.y  s.  V. 

Il  résulte  de  ces  citations  que  l'œnanthe,  ou  le  semâdar,  s'en- 
tendait de  la  grappe  de  la  vigne  au  moment  de  la  floraison.  Niclas, 
à  propos  du  premier  passage  des  Geoponica  cité  plus  haut,  donne 
en  note  des  extraits  de  Pline,  de  Paul  d'Égine,  d'IIesycbius  et  de 
Suidas,  qui  tous  portent  la  môme  explication.  Il  nous  reste  à  mon- 
trer comment  ce  sens  du  semâdar  peut  s'accorder  avec  les  textes 
du  Targoum  et  du  Talmud  qui  ont  suggéré  à  de  savants  maîtres 
une  autre  interprétation.  Le  texte  hébreu  d'Isaïe,  xviii,  5  :  -ûnD 
ïiçp  rt^rî;»  -lobn  nnç  signifie  :  <t  au  moment  où  la  fleur  est  complè- 
tement formée  et  où  Toenanthe  va  devenir  du  verjus  parfait  ». 
Dans  la  pensée  de  l'auteur,  le  verjus  succède  immédiatement  à  la 
fleur  de  la  vigne  et  il  n'est  pas  nécessaire  de  supposer  un  état 
intermédiaire  ;  le  parallélisme  explique  la  présence  des  deux 
synonymes  rriç  et  ny?  dans  le  môme  verset.  Quant  au  targoum, 
il  s'écarte  visiblement  de  l'original,  il  traduit  ainsi  :  «b  «sb-»» 


se 


NOTES  SUR  LA  PESCH!TTO  28Î 

n*î?30  îT^S'^tt  Hno^s*)  *  Nfns,  ce  qui  peut  signifier  :  «  l'arbre  ne  fleurit 
pas  et  le  verjus  devient  de  i  œnantlie  »,  c*est-à-dire,  le  verjus 
ne  mûrit  pas  et  n'est  bon.  comme  iVenanthe»  qu'à  faire  le  vin 
pharmaceutique  que  les  Grecs  appellent  dji^ixirriç  otvoç  (Diosc,  I» 
700),  Mais  nous  ne  voulons  pas  garantir  ce  sens  forcé  ;  le  texte 
ne  devient  pas»  du  reste,  plus  clair  dans  l'hypothèse  qui  considère 
rœndnthe  comme  le  premier  fruit  de  la  vigne  qui  précède  le 
verjus;  car,  dans  ce  cas  même,  on  ne  peut  dire  que  le  verjus 
devient  de  Fœnanthe,  Quant  à  la  traduction  de  Levy  dans  son 
Chaldaîsches  WJrterbuch  :  «  die  aufkeimende  Frucht,  von  der 
»  die  Blùthe  hervorbricht  »,  c'est  un  non-sens.  En  fait»  le  traduc* 
teur  n'a  pas  compris  foriginal  ;  il  a  pensé  que  nns-QPD  signiliait 
K  lorsque  la  fleur  périt  »  et  que  nss  tz'^t^'*  bm  noz^  se  traduisait 
par  «  et  que  le  verjus  parfait  devient  la  fleur  »,  et  il  a  traduit  ser- 
vilement. Quant  au  passage  de  la  Mischna,  Orla,l,  1»  tl  ne  pré- 
sente aucune  difficulté  ;  les  textes  cités  plus  haut  ont  montré  que 
fœnanlhe,  qui  est  par  elle-même  une  fleur,  était  traitée  par  les 
nciens  comme  un  fruit;  les  auteurs  syriaques  et  grecs  rappel- 
lent tantôt  fleur  :  Nnps,  «nan,  <iv*oç,  et  tantôt  fruit  :  tnKD.  K«p«<ic.  Les 
Docteurs  juits  la  rangeaient  éi^alement  parmi  les  premiers  pro- 
I     duits  de  la  vigne  :  les  feu  il  1*^,  les  bourgeons,  les  sucs  de  la  sève  ; 
^Bb^DA  V2^  a^'Db'ibm  û'^brn;  Rabbi  José,  considérant  que  l'œnanthe  et 
Hfe  verjus  servaient  tous  deux  à  faire  une  espèce  de  vin  (obiveivoç  oîvo;» 
Bd|if«xtTii«otvoç],  était  d'avis  que  la  prohibition  qui  frappait  le  verjus 
devait  s*étendre  à  lœnantlie,  c'est  ainsi,  que  le  commentaire  dit  : 
mo«  finntî  pbin  Y^  nsnaa  baei  ^-sûn  rr*rp  1373730  mcn  «in  nu^D. 
I     Enfin  le  passage  de  Gittin,  m,  8.  que  Gesenius  avait  bien  expliqué 
Bpt  que  M,  J,  Derenhourg  rappelle,  est  bien  conforme  à  Tinterpré- 
^tation  que  nous  avons  exposée»  car  tous  les  viticulteurs  savent 
que  c'est  surtout  au  moment  de  la  floraison  de  la  vigne  que  le  vin 
travaille.  Ce  passage  est  ainsi  connu  :  «  à  trois  époques  on  examine 
le  vin  :  lorsque  le  vent  d  est  souffle  à  la  tîn  de  la  fête  des  Taber- 
nacles, lorsque  la  vigne  pousse  le  semàdar  et  lorsque  les  sucs 
s'accumulent  dans  le  verjus*  «  11  s'agit  de  vérifler,  à  l'un  de  ces 
^^oments,  si  le  vin  ne  devient  pas  malade. 

^P   Tant  de  lignes  pour  Texplication  d'un  seul  mot  pourront  iHre 
^taxées  de  longueurs;  mais  l'importance  du  sujet  et  Tautorité  des 
maîtres  qui  ont  déjà  traité  de  la  question  rendaient  ces  dévelop- 
pements nécessaires,  Rubens  Duval. 


^ 


IM  Miqraoik  ^tdûhtk,  éà,  de  Varsovie,  uni  la  mauvaUo  leçon  ttn*l&|<b  ;  le 
féminin  fctmD  avec  td  tDasctilin  KSb'^M  fi'expUque  parce  quUl  a'igit  de  la  vigne,  c'est 
une  coQEtmcUoQ  ad  itfUtim, . 


ACCUSATION  DE  MEURTRE  RITUEL 

jPOaTÉE  CONTRE  LES  JDIFS  DE  FRANCFORT  AU  XVI*^  SIÈCLE 


La  bibliothèque  municipale  d'Amsterdam  possède  un  Tolume 
formé  du  d-^sa  v^'s  (Venise,  1553),  du  nba^a  noD  (Crémone,  1566)  et 
de  quelques  manuscrits  d'un  réel  intérêt.  Le  premier  de  ces  ma- 
huscrits  est  relatif  à  Thistoire  des  Juifs  en  Alsace,  lorsqu*éc1ata  la 
guerre  entre  Charles-Qulnt  et  le  prince  électeur  Maurice  de  Saxe 
(1552)  ;  en  outre,  il  décrit  en  détail  la  situation  des  Juifs  à  Franc- 
fort-sur-le-Meln  et  à  Schweinfurt  au  moment  oh  ces  villes  étaient 
assiégées  par  rélecteur  Maurice  de  Saxe  et  le  margrave  Albrecht 
Àlcibiade  de  Brandebourg-Kulmbach.'  Le  second  manuscrit  ren- 
ferme des  pièces  importantes  touchant  la  confiscation  des  ouvrages 
juifs  qui  fut  opérée  à  Francfort-sur-le-Mein  par  Jean  Pfefferkom, 
en  1509  et  en  1510.  Ces  deux  manuscrits  ont  été  publiés,  le  prenaier 
par  M.  Jellinek,  dans  son  recueil  de  sermons  (volume  II),  le  se- 
cond par  M.  Graetz,  dans  la  Moiatsschrift  fur  Geschichte  tind 
Wlssenschaft  desJudenihtims,  t.  XXIV,  1875.  Nous  publions  ici  le 
troisième  manuscrit,  encore  inédit,  qui  comprend  quatre  pages; 
il  est  facilement  lisible  et  est  visiblement  Toeuvre  du  copiste  du 
manuscrit  n®  1  *. 

Ces  quatre  pages  nous  racontent  Thistoire  d'une  accusation  de 
sang  portée  contre  les  Juifs  de  Francfort.  Il  n'y  a  pas  à  douter 
qu'il  ne  s'agisse  de  cette  ville,  puisqu'il  est  question  de  Thôtel  de 
ville  «  le  Rœmer  ».  Reste  donc  à  déterminer  la  date  de  Tévéne- 
ment.  Un  point  de  repère  est  fourni  par  les  noms  que  le  manuscrit 
donne  dos  chefs  du  conseil  municipal  (bourgmestres),  Christophel 
Louis  Volker  et  Daniel  Bràumann.  Tous  deux,  comme  le  montre 
le  relevé  des  listes  des  bourgmestres ,  étaient  bourgmestres  à 

*  C'est  M.  Rocst  qui,  dans  son  Catalogue  des  Hebraica  et  Judaica  do  la  biblio- 
thèque L.  Kosenlbal  à  Amslerdara,  a  fait  connaître  ces  trois  manuscrits  pour  la  pre- 
mière foià.  CVst  aussi  à  son  obligeance  que  je  dois  d'avoir  pu  utiliser  le  mniuscrit. 
—  6a  remarque,  que  ce  manuscrit  date  de  la  deuxième  moitié  du  xvi*  eiècle,  eft, 
comme  on  le  verra  par  la  suite,  inexacte. 


^^Rtï 


ACCUSATION  DE  MEURTRB  RITUEL  PORTÉE  CONTRE  LES  JUIFS     289 


ncfort  en  1593,  La  suite  eut  toute  donnée  :  le  «  Urgycîiteiibuch  » 
redes  aveux]  tle  cette  année  nous  transmet  le  procès-Terbal  de 
i'aMditioiî  de  TaccuBé,  et  la  senteîice  est  rapportée  par  le  «  liTre 

r  es  bourgmestres  pour  Tann^^e  1593.  v 
_        De  cette  façon  la  relation  hébraïque  est  exDliquée  et  complétée 
perla  relation  allemande. 

On  nous  permettra  d^ajouter  quelques  mots  d'introduction  pour 

e¥ijli<|uer  ce  qui  suit.  Le  personnaj^e  principal  de  riiistoire  est  un 

li0mme  absolument  dépourvu  de  moralité,  un  Juil\  Abraham,  de 

Liiblia.  U  laisi^e  en  plan  femme  et  enfants»  va  en  Allemagne,  (ina- 

Itm^fit  à  Francfort,  qui  alor^  déjà  était  connu  pour  ses  Jiyfs  riches 

Id  eompatîsf^antâ.  Là»  il  séjourne  avee  Tintention  déclarée  de  ne 
hflourner  dan»  m  patrie  qu'apn^  avoir  aniassé,  par  la  mendicité, 
cinquante  guiden^dans  Te^poir  qu'une  fois  en  possession  de  cette 
icmflie,  «  il  sera  considéré  dans  la  pauvre  Pologne  comme  un 
iM^name  riche  ».  Mais  la  ié^^èreté  de  sa  conduite  choqtie  les  Juifs» 
(Ui,(railleurs,  ne  voietit  pas  du  tout  la  nécessité  de  lui  donner  une 
lui«i  grosse  somme  :  il  ne  reçoit  donc  en  tout  qu'un  gulden  et 
émï.  Les  vaines  tentatives  qu'il  fait  pour  obtenir  plus  d'argent 
leiB^pArent  toujours  davantage  i  il  veut  tirer  vengeance  de  ces 
•vires  et  leur  jouer  uu  tour  «  qui  leur  donnera  du  til  à  retordis  ». 
Il  m  hâte  d'accomplir  son  plan.  Il  eache  dans  là  synagogue  une 
ierriiie  remplie  de  sang  et  menace  les  Juifs  de  faire  passer  ce 
Mngpour  du  sang  chrétien,  ^u'on  considère  quelles  conséquences 
|K>uvflit  avoir  une  telle  accusation  portée  par  un  Juif  coîilre  ses 
eoreligionnairesl  Les  bourgmestres,  comme  le  mouti*e  Tinterro- 
lltoire»  n'étaient  pas  convaincus  de  finanité  de  Faecusation!  Les 
•ces  mirent  la  conimunauté  dan»  le  plus  grand  trouble-  U 
lierait»  avant  tout,  d'arriver  à  connaître  l'endroit  où  il  avait 
Ile  plat.  Il  le  révéla  dès  qu'on  eut  fait  luire  k  ses  yeux  la 
iN&me  qu'il  ambitionnait.  Mais,  aussitôt  que  les  chefs  de  la  com- 
ifiuuautë  «-urent  découvert  la  terrine,  ils  informèrent  le  cortseil 
Aumeipal  du  projet  de  îeur  coreHgionnaire  et  le  firent  arrêter  11 
^*  4e  soi  que  les  deux  interrogatoires  qu'il  subit  montrèrent  la 
complète  innocence  des  Juifs.  Le  prévenu  fut  banni  pour  toujours 
du  territoire  de  la  ville  de  Francfort.  Il  chercha  à  cimtinuer  son 
Tolède  délateur  contre  les  Juifs  à  Prague  et  à  Cracovie,  mais  là 
êUMi  ians  aucun  succès.  Malheureusefnent  ici  nous  sommes  rë- 
àtilM  à  la  relation  hébraïque  seule,  qui  est  très  défectueuae. 

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REVUE  DES  ETTOES  JOTVES 

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rnaa  bbm  bNis  t-^i   c^n'^p^'b  y^i^r^  ssi  ^'''^  b:?''b2  ^D'^fitn  T'^ts^r 
Van  "l'aE"^  bînp  ■•Kiiii  isbn  ^^d  nn«  •ni:?  ^^sb  na^-ix  n^^Dn  v*<  ""' 
•^sïîn  fcTDn  ^Kr^^ins  .b'^an  njn   inEtn   ts©  n^N  &-»2in^rï  ^can  b»: 
*iCî*  3^-in  nï3y72rr  bs  n»  nnb  ins'^oi  npb'ina  rimb  b^siric'np  Vî 
ts'-si-'.-^yn  qzDn  inb-:3  t»  »&t  rr»b?3n   r-sn-^^pn  fcr;b  i«nm  rrs^î 

^•'^«bc  i^affio  'in»  n3?a  b:f^hn  tJ-^nn  ^bpia  f*»»  -la-rn  :?to  p 
''^n!ai:^n  ibxc-j  TOon'û  n?2rî3?3  ût  ib  t^^^pnb  rn^rjiîb  ::rD  ib  irn 
bD3  iDn^  3'^^m  Dirr  d:?  nips^b  nxn'>  n?2  bj^b^  r^'Ècn  nît  in-^aD 
tnn  'iSpan  pbi  d-'^iT»  m^iN'^sip  B'^^^nosn  is-'cpaia  ^b^nt3  -p-n 
i^îBO  ib^rr  fennin  bs  toa  .i"»©:^   t>îin  totic*   t-njr'n'îpn    7i3xb 

nnî:«i  b^an  û^K^an  in»  d^^Tr^^^n  ©enfi  inbo  n-^boD  ^''d  'i  dvd 
S-rïî:?ï5  nia  bsi  Qin  ir^rno  ts"^  by-^b^  \s^ft<n  rmrrsD  T*»  zni 
nj?D  ib  nsn^'iiî  -'^s  emn-rr  b-^nanb  mnD  ntm  vr:?  ^:d:3  rra? 
B''3nn^;?rr  ^33  ï-niiian  mnaisa  rbj  hny  ba»  •imet  pn©b  rw-n 
inii;:D  i^bos  t"3  '>  Ci^n  ^"n^^  .D^'npc  nib'^b:?  un  nib-b:?:!  bso 
nTa-^in  t^-ip^n  nii'»:?n  m.'^Di  rmr:i  ,-innDn  n^373  r-î"-r*  ns-»^:! 
B<3"'  &6t3  ,£2m3p:m  1^3^  itïDb  11:?  f^^^  t^bo  r^^''b^3£:pn  ^in 
'\yn'ai  .ajins  p"pb  i»3?:  rr^^nn  irmb  ^b^^  -"n»i  ,inî«  *inT:-o 
t5  ,a^.i2p:m  p"p  ne  ï-tt:::?'::  mn  rrcjrn  i-N  5K-id  p^p  •♦c^h- 
D^nri'^rï  nniODm  ibKD  D'iia^nra  bis  o-^-inn  o"'*  b^^'^ba  cxrr^  -yroz^ 
niTmis  b:?^bn  t^s-^KH  nm  id  nn»  .*ibxrp  ci  h^^-.pîn  anba  r^s^n 
n,:?nn  n^mb  ^^-^m  .inmtsD  ib«n  D'^imn  ^d  bri  c-^j-trï  v-^3*t!3 
E3"^ï3iP5  bu  D-^nn  n2i  ntînpn  r-rt^Tipn  innïta  eai  •ipanp  p^pb 
fc'»05'?Dfii   û'^nsin  D^j^i  ,:iNnD  p"pm  c-nspm  p"p  tn^  --ma  i:3D 

^ï3E3T  i;a3  riDso  i:?   ynb  &'^72i  nss:  Qnb  ib  tinî  taDt  ^n^'iirm 

■'^"î-jDr  D«ï2  /■^rinisDn  bi«\:î  côb  ^'^r-'t*  :3'*am  rr^nn  lonnis  -^iTTr 
B'':?iDn  ,n73»3  rri  byi  ,-i3D  ^r^*:;rc  r-i?3  bsia  nm-'i  im-»  rrcr» 
ibetn  Q'^nsin  -^s  bs-i  pb  ,G^-inn  Drn  û^rp:^  btï  •»nn''La  *b'îii 
bD   113»''  p  .r73i    ^bnni  n:i:n73  n^!-î^  17  nmrrsm   im^cc  p<b 


Alors  le  vaurien  —  que  son  nom  soit  effacé  —  se  plaça  à  distancé 
et  il  lui(?)  dil  ;  Cherchez  en  cet  endroit,  dans  une  fente»  sous  la 
place*  du  susmentionné  Jacob,  Onche-rcha  la  chose*,  et  on  la  trou* 


»  Lisez  m'^TQ'^tD. 

^  Dans  la  sjDagogue. 

*  La  lerrino  pleine  do  sang. 


ACCUSATION  DE  MEURTRE  RITUEL  PORTÉE  CONTRE  LES  JUIFS      285 

va.  Alors  il  lui  coramaûda  d'aller  dans  soa  auberge,  dauis  la  maison 
dudiLEUézer;  là,  on  lui  dcaoerait  tout  ce  dont  il  aurait  besoin. 
Alors  ils  (?)  envoyèreal  immédiatement»  pour  la  troisième  fois,  un 
autre  messager  à  mon  beau-père  à  Biogen.  pour  dire  de  chercher 
soigneusement  dans  les  trous  et  les  fentes;  car  nous  avions  trouvé 
là^raème  le  saog  que  le  vaurien  y  avait  caché  ;  on  devait  aussi  faire 
savoir  à  Akiba  Ris  qu*il  û*avait  dès  lors  pas  besoin  de  profaner  le 
sabbat.  le  danger  étant  déjà  passé.  Là-dessus,  les  notables  (Gaboim) 
de  la  communauté  se  rendirent  chez  les  chefs  du  conseil  municipal  ^ 
Daniel  Bràumann  et  Ghristophel  Louis  Viilker,  rapportèrent  la  ma- 
chination traniée  contre  les  juifs  et  montrèrent  la  terrine  remplie  de 
sang.  Les  conseillers  envoyèrent  alors  dans  la  maison  de  Tauber- 
giste  Eliézer  Wirt  deux  huissiers,  qui  le  conduisirent  en  prison  (le 
faux  accusateur).  Dans  rintervalle,  on  apprit  aussi  que  le  scélérat 
avait  donné  de  Targent  à  un  garçon  appelé  Plazer  ("i"«XKbD)\  pour 
qu'il  lui  apportât  du  sang  d'une  bôte  tuée.  Interrogé  par  les  gens  qui 
rentouraient  sur  ce  qu'il  voulait  faire  de  ce  sang,  le  scélérat  répondit 
que,  partout  où  il  allait,  les  paysans  lui  demandaient  des  cartes  (à 
jouer)  rouges;  qu'en  conséquence,  il  cherchait  toujours  à  se  procu- 
rer du  sang,  pour  les  teindre  en  rouge  (Esaii  était  aussi  rouge)  '* 
Le  conseil  en  fut  aussi  informé  par  les  chefs  de  la  communauté.  Le 
vendredi  23  kisiev,  les  chefs  du  coQseil  convoquèrent  les  membres 
notables  de  la  communauté  et  leur  annoncèrent  que  le  scélérat  leur 
avait  avoué  que  c'était  lui  qui  avait  placé  là  le  sang.  Il  invoquait 
comme  motif  de  son  crime  sa  pauvreté.  Il  avait  espéré  inspirer,  par 
son  accusation,  une  telle  terreur  à  ses  coreligionnaires  qu'ils  achè- 
teraient très  cher  son  silence.  Alors  il  affirma  devant  le  conseil, 
par  le  serment  le  plus  énergique,  que  son  accusation  était  pur 
mensonge. 

Le  mardi  suivant  (27  kisiev),  il  fut  mis  en  liberté  ;  auparavant  il 
avait  dû  jurer  à  la  cbancelterie  de  Fhôlel  de  ville,  qui  est  appelé  «  le 
Rômer  »,  de  ne  revenir  jamais  à  Francfort  ;  en  cas  de  flagrant  délit, 

conseil  le  menaçait  de  la  peine  de  mort. 

Ensuite  il  s©  mit  en  route  pour  Prague,  Cette  communauté  avait 
'déjà  auparavant  reçu  la  nouvelle  de  son  projet  infâme;  elle  apprit 
aussi  que  le  scélérat  proférait  des  menaces  du  même  genre  contre 
elle.  Aussi  le  mit-on  dans  la  prison  appelée  Ketzlen  (Kàtziein)S  Mais, 
comme  il  promit  de  renoncer  à  sa  mauvaise  conduite,  on  le  remit 
en  liberté.  Alors  il  continua  son  méchant  chemin  vers  Cracovie.  Et 
dans  cette  sainte  communauté  il  proféra  également  des  menaces 
(contre  ses  coreligionnaires),  comme  auparavant  à  Francfort  et  à 
Prague.  A  cause  de  ces  propos  et  des  actes  dont  il  se  rendait  cou- 


*  Les  doux  bourgmeslfca  de  FrtQcforL 

*  Ou  Baiser,  pour  BnUbistr» 

*  Addition  du  narrateur. 

*  Ou  ftaii  quo  lei  Juif»  do  Prague  aTiiest  alors  leur  propre  jundiciion  ;  de  môdie 
,  Cracotie. 


216  wsfm  DBS  iruMs  luivn 

pable,  les  Juifo  de  Tendroit  le  jetèrent  auisi  dans  leur  pri80D«  dtlisla 
rue  des  Juifs,  et  le  soumireDt  à  un  régime  sévère  *.  —  Mais  comme 
il  deviut  malade,  ils  le  firent  sortir  de  prison  et  le  mirent  dans  U 
Beih  Hachoref  *.  Interrogé  s'il  cesserait  de  se  mal  conduire,  il  ré- 
pliqua :  je  TOUS  donne  le  conseil  de  ne  pas  me  lâcher,  car,  si  tous 
me  lâchez,  je  ferai  bien  pis  que  je  n*ai  fait  jusqu*ici.  (Il  est  dit:  «  Les 
criminels  ne  se  repentent  pas,  même  aux  portes  de  Tenfer.  »)  8ur 
ce  propos,  on  le  retint  prisonnier  jusqu'à  ce  qu'il  derint  de  plus  en 
plus  faiblOf  et  finalement  mourut.  Ainsi  périssent  tous  les  ennemis 
de  Dieu;  mais  que  ceux  qui  l'aiment  égalent  en  force  le  soMl  levant  1 
Amen  |  que  ce  soit  la  volonté  divine  1 

KaA(2AU|uu 


Voici  le  procès-verbal  des  deux  interrogatoires  et  rordpnoance 
d'expulsion  dont  nous  levons  parlé.  Nous  les  faisons  précéder 
d'une  courte  analyse. 

ÙRGYCItTEîï  BtJCtt  VIÎÎ)  PEINLICHE  APSSAGB« 
DE  ANNIS  UPXCII,  MDXGIII,  MDXCIV. 

Fol.  432^. —  434  a. 

Premier  interrogatoire. 

Abraham,  de  Lublin  (son  signalement  est  écrit  à  la  marge),  a  été  interrogé  par  le« 
bourgmestres  le  5  décembre  1593.  Il  ressort  de  cet  interrogatoire  qu'il  t  été  AttM 
pont  s'être  mal  comporté  envers  les  Juifft,  qui  ne  lui  avaient  pas  donné  beaucoup 
4'argent.  Il  avait  parlé  de  se  tuer  et  de  jouer  un  mauvais  tour  aux  Juifs,  il  sa  m- 
pent  de  ce  qu'il  a  dit.  —  On  lui  demande  ce  qu'il  a  fait  à  la  synagogue  ?  —  Bien.  — 
Mais  le  pot  rempli  de  sang?  —  Les  Juifs  l'avaient  Tait  saigner  et  il  voulait  montrer 
le  sang  aux  autorités.  Puis,  pressé,  il  avoue  quMl  i  pris  le  MU(c  thet  un  sacriflcslear 
pour  accuser  les  Juifs  de  Tavoir  battu.  —  N'était-es  pas  pour  faire  accuser  les  Juifs 
de  se  servir  de  sang  chrétien  ?  —  Non,  car  les  Juifs  ne  s'en  servent  pas  ;  il  voulait 
accuser  les  Juifs  d'avoir  versé  son  sang,  parce  quHls  ne  lui  avaient  donné  quVa 
gulden  et  desni,  au  lieu  de  cinquante  qu'il  espérait,  ce  qui  l'aurait  rendu  riche  en 
Pologne. 

Abraham  Jud  von  Lûblin  ausz  dem  land  su  Polu  <  ein  linge  Persoa 
mil  schwarlzem  barth,  seiner  Antzaig  nach  36  Jar  ait,  hai  dabeim 
Weib  UQd  Kinder,  ein  armer  tropf,  so  sieh  der  almosen  nehret  », 
Jst  Miiwachens  den  8  X  bris  Anno  4593  vf  dem  Bornheimer  ihurm 

vor  bede  herrn  Bûrgermeister  gelassen  vnd  gefragt  worden,  warumb 
er  zu  haflt  kommen. 

*  Littéralement  :  ils  lui  donnèrent  le  pain  do  n^i9^r«  et  l'aiiu  d'opproesâonp 

*  Une  chambre  qu'on  pouvait  chaufier  (?'] 


ACCUSATION  m  MEURTRE  HIÎI^EL  PORTÉE  mSTWK  LES  JUIFS      S§f 

Anl.  :  Er  bab  sich  nii  wol  gegen  den  Juden  alhje  verhallen,  die- 

eil  sy  Une  nit  vil  gestcurt,  welches  iae  venlrossea,  siûieiamal  sy 

icbe  iei\d  se^'eD.  inmasseQ  er  dann  eiEeti  schlageQ  wOlicn.  Er  sey 

im  Mendie  zur  Biichszen  zur  herberg  gelegen. 

Q  *:  Was  Hr  zu  Mendlin  oder  ûudreo  Judea  gesagl,  alserwider 
hioweg  ziehcD  wOilen. 

AdI.  :Wûsle  sichs  Dit  zu  erindern. 

Q,  :  Wûrumb  Er  zu  Meudliu  gesagl,  Er  well  sich  selbsleo  vm- 
briogeo. 

Aot.  :  Ja,  welL  sich  ehe  selbsten  zu  lod  scblagen,  ehe  er  wider 
»ii  disen  Judeu  alhîa  eiDkommen  wolte,  dan  sy  sleurlcD  einem 
kaum  ein  balbcii  gulden;  so  sey  er  ein  armer  MaQn,  dem  der  tod 
nUtzer  dan  das  leben  sey, 

Q.  :,  Wle  er  das  gemainet,  daz  er  sy  belrowet  ein  Spi[  anlzU- 
^uricbtea,  daz  sy  aile  dormit  zu  IbuD  babeo  sollen. 
^m  Ant.  :  Er  wuste  es  boy  dem  AUmechiigeD  GoU  nit^  ob  ers  ge^ 
^■redi;  zu  dem«  waDn  ers  gleich  geredt  belle,  was  er  iuea  Ibuti  kdnle, 
^^bab  aucb  ausz  zorn  gesagL  Hr  welte  eineti  todscblageo,  begere  es 
'      darumb  ûlt  zu  tbun. 

Q.  :  Ub  er  auch  îiio  der  Judeû  Scbul  alhie  gewesen. 

Aût.  :  Ja, 

Q.  :  Was  er  darin  versleckea  wollen. 

AqI.  :  Er  wûssle  Ton  nicbls. 

Q.  :  dieweil  er  von  uicbls  wissen  wolte,  was  er  mit  dem  dÔpUa 
mit  blut  machea  wolleu,  so  bey  ime  fuoden  worden. 

Ant   :   Die  Juden  haben  ine  also  geschlagen  das  ime  die  Nasea 

escbweisi,  hab  Er  das  Blut  also  vfgefangeD  vnd  zum  zeugoisz  de? 

berkeit  weiszeo  wiiUen. 

Docbalszman  ime  ernstlicber  zusprach  sagt  Ër,  Ër  babe  in  d«f 
'Judeogasseû  beym  Schecber  gefasi  vod  damit  lûr  die  Oberkeît 
;gebû|  auch  clageu  wollen,  dasz  ioe  die  Judcu  also  gescblageu.  Vnd 
^Icbeâ  bcit'urt  Er  bey  OoLt  dem  Allmecbtigen  zum  dfriermal,  dasz 
eskeiuer  andern  mainuug  gescheben. 

Q.  :  Warurab  er  dan  das  bludt  in  der  Juden  Scbul  gesteilet. 

AdL  :  Habs  wider  aida  abbolen  wollen  vnd  braucben  wie  oben 
erzelet, 

Q.  :  Ob  er  nit  fûrgeben  wôllen,  dasz  es  Ctiristeu  blud  sey 
ginienmol  mon  die  Juden  bezûchtige,  dasz  sie  Christen  blut  baben 
Hiûsszen. 

Ant.  r  0  nain;  wcr  das  glauben  wolte,  dasz  sey  oit,  oder  woU 
dasz  aeiu  blul  mûsle  also  vergosseu  werden  uud  soUe  Got  ein  don- 
ner in  lue  scblagcn  waû  es  auders  were.  Zu  dem  sey  es  mit  einen 
juogern  Juden,  so  in  irem  Spital  sey,  zu  beweiszeo  [dasz]  def 
selbe  das  blut  ios  Scbecbers  baus  gelasset,  dan  dersclb  bab  das 
dopflein   vodergebalten.    Sagte  darbey,  er  belle  bey  Gotl  im  sin 


*  QoKfitio. 


288  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

gehabt  sy  die  Juden  vmb  Gelt  zu  brlngen  vnd  vorzugeben,  das 
blut  were  von  Jme  kommen,  dieweil  sy  Jne  also  ze  scblagen  vnd 
wenig  gesteuret  gehabt. 

Q.  :  Ob  Dit  wahr,  dasz  er  sagen  wôUen  es  sel  Gbristen  blut. 

Ant.  :  Nain,  hab  es  auch  sein  lebenlang  nit  gehôret,  dasz  die  Ju- 
den Christenblut  haben  mûsszen.  Beteurt  auch  solches  zum  aller 
bôchsten,  dasz  ers  weder  im  Land  zu  Polen  noch  sonsten  jemals 
gehôrt,  wUste  auch  nit,  was  sy  darmit  ihun  solten,  oder  Gott  solte 
ine  strafifen;  dasz  er  disen  falsch  brauchen  vnd  die  Juden  beclagen 
wÔUen,  dasz  sy  ine  blutrti[n]stig  geschlagen,  were  ausz  armut  und 
zorn  beschehen,  weil  sy  Jme  mer  nit  dann  gesteurt  hetten  4  4/2  fl. 
und  were  kein  armer  land,  dan  das  land  zu  Polen,  da  ailes  wolfeyl 
zu  bekommen,  allein  sey  kein  gelt  darinnen,  Yermainet  wan  er 
ein  il.  50  hett  môgen  hie  ausszen  erbetteln,  Er  wolte  drinen  ein  rei- 
cher  herr  geachtet  werden.  daruffman  Jne  zu  disem  mal  widerver- 
wahren  lassen. 

*       Fol.  438*  — 439^. 
Deuxième  interrogatoire. 

Lundi  1 7  décembre  1 593,  deTant  le  plus  Jeune  bourgmestre.  On  fait  saToir  ao  Juif 
que  ses  explicalions  n'ont  pas  paru  satisfaisantes.  Il  répond  qu'il  affirme  qu'il  voulait 
accuser  les  Juifs  de  Pavoir  fait  saigner.  —  Pourquoi  ?  —  Parce  quHla  lui  avaient  trop 
peu  donné.—  N'a-til  pas  voulu  les  faire  accuser  de  verser  le  sang  chrétien?  — Jamais 
il  n'a  eu  une  pareille  pensée.  —  Il  paraît  qu'il  aurait  joué  gros  jeu,  12  florins. d'un 
coup?  —  Réponse  :  C'est  faux,  il  n'a  jamais  eu  à  jouer  une  pareille  somme.  —  N'a-t-il 
pas  dit  qu'il  jouerait  aux  Juifs  un  tour  qui  les  embarrasserait  fort  ?  Oui,  il  avait  dit 
qu'il  ferait  un  malheur,  mais  il  voulait  seulement  les  accuser  de  Tavoir  battu.  — 
Mais  on  ne  les  aurait  pas  condamnés  pour  fi  peu  de  chose  !  —  Réponse  :  Il  n*a  pas 
réfléchi  tant  que  cela.  —  Il  affirme  par  serment,  à  diverses  reprises,  qu'il  n'a  pas  eu 
d'autre  intention  à  propos  du  sang.  On  le  ramène  en  prison,  d'où  il  demande  à  être 
délivré. 

Abraham  Jud  von  Liiblin  ausz  dem  Land  zu  Polen  ist  Montags 
den  47.  X  bris  1593  nachmittag  vf  dem  Bornheimer  thurn  vor 
herrn  Ghristoff  Ludwig  Vôlker  jùDgern  Bûrgermeister  gelassen  und 
ime  vorgehalten  worden  dasz  ein  erb.  rad  mit  seiner  nechstgilanen 
entschuldigung  nit  zufrieden  sey,  sondern  beuolhen  hab  aigentlich 
Yon  ime  zu  uernemen  zu  was  fûrhaben  Er  das  tôplin  mit  dem  blut 
in  der  Juden  Sinagog  geselzt. 

Ant.  :  Bey  Got  zu  nichts  anderst  dann  dasz  er  sy  hab  wollen 
vmb  gelt  brlngen.  vnd  betzûchtigen  dasz  sie  ine  also  blutrûstig 
geschlagen  vnd  dasz  das  blut  von  imekommen  sey.  Jst  ime  wider- 
sagt  worden,  warumb  Er  sy  betzûchtigen  wôUen  da  sie  ine  doch  nit 
geschlagen. 

Ant.  :  darumb  dasz  Er  sy  vmb  gelt  brichte,  dieweil  sy  Jme  so 
wenig  gesteuret. 

Q.  :  Ob  er  nit  àusgeben  wollen,  dasz  es  Christenblut  sey  vnd  die 
Juden  Christenblut  zu  irem  Vorhaben  haben  mùssen. 


AOCUSAtrON  DE  MEïïHTRE  RITUEL  PORTÉE  COOTRE  LES  lUlFS 


ÂBt.  :  Nain  vor  Gott  dem  allmechtigeo  bab  seiu  Lebenlaiig  dise 
gedanckea  nit  gehatol,  zu  dem  kaL^Jote  er  riU  wissea  was  die  Juden 
mit  Ghristeubiiit  IhUQ  soUeû.  Jsl  ime  angezëigt  worden,  es  geben 
die  Judt^Q  von  ime  ausz,  dasz  er  ztmblich  gebrast  (sLark  gepraszl) 
vnd  gespiiei  wie  er  dann  eioinal  i^  11.  vff  eio  sesz  (Sitz)  verspitet, 

AdI.  :  Er  hab  sein  lebeulaog  nit  12  fl.  zu  uerspileû  gebabt,  vil 
Wéniger  getban  vad  mag  Er  leiden  dasz  sy  ime  den  ort  nenoelen 
dasz  es  gescbeheu  i?eiû  soUe  ;  es  sey  aber  die  îautere  vnwarbeit 

^^vnd  ailes  ime  zii  laidi  voo  ineo  ausgeben. 

^fe    Q.  :  Ob  er  sicb  oit  veroemen  lasseo,  wo  sy  die  Judeu  ime  oit  mer 

^nteura  wolten,   Er  iaen  eîa  solcb  spil  enricblea  woUe,  dasz  sy  in 

^Pgrosz  Yogemach  dardurch  kommen  soltea. 

p  An  t.  :  Ja,  habs  zum  schulraeister  gesagt,  Er  solte  sy  erinnern  dasz 
sy  Jhie  mer  sieurteo  oder  er  woll  Jneo  eio  voglûck  aDSlellen»  vnd 
dadurch  anderst  nicbis  verstaoden  als  dasz  er  vorgebeti  wôUao,  sy 
hettea  ine  bluirùstig  gescblageu;  Jst  ime  angezëigt  wordcD,  waa 

I     Er  sy  glelch  desszen  beziichtigeij  so  belle  er  ime  ja  nicbis  in  seinen 

^^Eiuizen  geiragen,  so  wùrde  aucb  ein  Rad  inea  derwegen  kein  straiï 

^Kbgefordert. 

^P    An  t.  :  Da  bett  er  Dicbts  nacbgefraget,   wan  ime   gleîcb  nicbts 

^^zuekommeQ,  wan  niir  sy  die  Juden  daromb  bergeûommea  worden 
w^erein]  vnd  woll  ime  aucb  kein  bedencken  macbeo,  wan  Er  sy 
vmb  Er  vnd  got  briogen  kCiate,  dieweil  sy  so  gro^ze  vnbarmbertzig- 
keit  an  imegevbet,  vnd  alsz  er  zum  Olî'teromal  gefragt  worden,  was 
er  mit  dem  Blul  machen  wôllen,  vnd  Er  sein  vorige  antzaig  idesmais 
mit  beffiigstem  beleoren  widerbolet,  bat  man  ine  wider  verwahren 
lasseo,  pait  (bat)  gantz  Utiissig  dasz  man  ine  der  langwirigen  ge* 
fengnusz  dermalemest  wider  erledigen  wOlle. 

Bilrgermùsierhûch  de  A^  i59ù 
Dimiags  den  48  Dscemàris  Afino  iù^5  : 

Extrait  du  livre  des  bourgmestres  de  Francfort, 

11,  18  décembre  1593,  Vu  les  inlerrogatoires  du  juif  Abraham  de  LubUn,  et  Ki 
s,  doQt  Le  cooseil  a  délibéré.  ' 

Ordonue  qu'il  sera  mis  en  hhGtié  et  jurera  de  ïi«  plus  reveuir  dans  la  ville  et  iou 
«rritoire,  sous  peiae  d'ôlre  QOjé. 

• 

Als  Abraham  Jud  vonLiîblin  vf  der  Judischeit  albie  femer  aucîag 
weiter  zu  red  gestelt,  aucb  sein  entscbuidigung  zu  Kalb  verleszen 
w  or  den  : 

Soll  mann  ine  der  ha^t  erledigen  vnd  die  Stalt  uod  deren  gepieth 
be^  siraf  erirmcUnSy  sein  lebenlang  verschweren  lasszen. 


T.  XIV,  K"  2».  ^» 


3IBLI0GRAPHIB 


HEYDB   BIBLIO&RAPHIQDB 


(  Ui  indicaUcnt  en  f^amçsii  qui  SMivem  Ut  iitres  k^reu^  n$  aotUpat  de  r«ifliir  ifttMi 
mais  de  l'auteur  de  la  recensions  à  moins  qu'elles  ne  soient  entre  quiUmMh} 


\.  OuvrOffj^s  hébreux. 

Û*'»»!^  mnn«  ou  nb-ïSrt  •^O»»»-!  D'^a^lD?»  '^MW}  *0  de  Ju4a  k*  Sau- 
mon Cohen,  publié  d'après  un  ms.  par  JacOb  b.  Ëiie  Spiro  ot  Josef 
Hirech  y\y^b  de  UeseciU.  Varsovie,  impr.  Lcbeoâohn,  1^6,  in-S*  ^^ 
24  p. 

Sur  l'auteur,  Juda  b.  Salomon  Coheo,  de  Tolède,  xiii*  siècle,  on  p«i' 
voir  Wolf,  Bibl.hebr.,  iomea  1  et  111,  n^  730,  et  le  catal.  des  ms8. hébr.  <i« 
Levde,  par  Sleiuschneider,  p.  54.  Ce  petit  txailé  est  de  raslrologie puw- 
Cl"  SteiuschQ.,  Catal.  BodL,  col  1308. 

mnoon  "IXIfi^  rr^n.  \nnuaire  publié  par  Eisig  Graber  ;  l*"*  année.  Pr^^* 
mysl,  iinpr.  Zupnik,  Knoiler  et  Hammerschmidt,  iu-H'*  de  xxii-81  p. 

Contient  les  articles  suivants  :  1.  Lettre  de  S.  Munk  sur  lei  aoà^ 
grammairiens  juifs  ;  2.  Petit  poème  sur  le  Séfer  Yecira,  avec  DOtefi  <^ 
S .  D .  Luzzatto.  publié  d'après  le  ms.  bébr.  243  octavo  de  Berlini  par  ^' 
Kautmann  ;  3.  Noms  d'hommes  et  d(^s  de  géographie,  lettre  de  J-  Fûrsii 

4.  Une    note  de    E.    Carmoly    sur   une    édition    du    Schem  haggedoiim; 

5.  Abréviations   surtout  à   la   suite  des  noms  de  personnes,  par  L.  Zunii 

6.  Fables  romaines  dans  le  Talraud  et  le  Midrasch  (Pefcenius  Niger,  Vi- 
lerius   Dioclélieu,   Conslautiu  et  Gallus),  par  H.   Graelz  ;  7.  ConsultttioB 
de   Maïinouide  sur  les  instrun^ents  de  musique,  texte  arabe  et  traductioi 
hébraïque   par  Abraham  Scbmiedl  ;  8.  Notes  sur  le   chant  et  la  musique 
extraites  de  Saadia,   de  Jacob  b.  Hayjim,  dlsaïe  b.  Isaac,  par  M.  Stem* 
Schneider  ;  9.  nDw C  'mX  Biographie  d'Issakhar  Cohen,  auteur  de  Mat- 
tciiot  Kehunna,  par  Jacob   ReiTmann  ;  10.   Biographie  d'Aron  Worms,  de 
Metz,  parN.  Brull  (Aroa  Worms  était  un  rabbin  d'un  grand  savoir  et  qui 
méritait  d  être  connu.  A  la  p.  21,  note  6,  il  faut  probablement  lire  Kaysers* 
lauternh  H.  nan  nCD  Explication  de  9u  mots  de   la  Bible,  par  Saadii, 


BJBUÛGRAPHIE 


29« 


publié  par  L,  Duckee,  d'après  uu  ws.  d'Oxford  (hébr.  u^  573,  Huritni|çioii} 
et  réimpriiné  par  S.  Buber,  avec  Dotes  el  correctious  ;  Vi  et  13.  Divers; 
14.  Nolei  sur  la  grammaire  hébraïque,  par  Abr.  Schmiedl  (pluriel  brisé, 
participe  passée  nom  purlitif,  les  temps  des  verbes);  15.  Notes  sur  lo  Séfer 
h^'htHftukk^  par  Seljg  Cohen  Lautcrbach;  t<>.  Notes  sur  Micha,  par 
Moise  Lévi  Ehreoreicb  ,-  17  et  U,  Divers. 

hTT  Dorasch  Ziou,  Ueisebescbreîbuug  nach  dem  Heiligen  Lande  voe 
bi  Simuba  aus  Solsitz  ia  Galizico,  im  Jabre  5524-1763,  neu  ûb6r- 
tkt  uud  liera usgegeben  von  CbaiDi  EL  HaasdortT.  Jcrusulom,  impr. 
B  Goscinny  (1887),  in-S'  do  (2)  60  p. 

D'après  la  bibliographie  de  Beujacob,  s*  ««,  oe  voyage  en  Terre^Sainie 
a  déjà  été  imprimé,  au  siècle  dernier,  à  Grodoo,  sous  le  litre  de  n^fTM 
iVaCt  uo  eu  trouve  des  eitraîts  dûuE  le  D'^bïîTI'^  TOn*  avec  indicauoïi 
des  sources.  Lu  nouvelle  éditiou  est  probablemeat  ideulique  À  raucieDûe, 
que  je  ne  connais  pas,  mais  il  est  facile  de  se  coavaiocre,  par  la  lecture  de 
la  nouvelle  éJîtion  et  les  extraits  de  Fancienue  da&s  Bihhai  Jerufainim, 
i|ue  Toauvre  est  en  partie  uu  plagiât  ci  qu'elle  a  beaucoup  emprunté  au 
çaralte  Samuel  b.  David,  dont  rilinéraire  a  été  imprimé  par  Qurland» 
dans  sas  Gimti  Israël^  1^^  fascicule,  Lyck«  18&S  (on  en  a  souvent  repro- 
duit dee  frogmenls).  Dans  notre  \y^^  CII^t  lea  pages  35,  L  7,  à  p.  40,  L  4» 
répondent  à  Qtns^^  p.  12,  l.  3  jusqu'à  p.  22,  L  B  en  remontant;  de  mêtue, 
p.  r»3.  L  10  à  p.  55,  i.  2,  du  Doresch  répondent  à  p»  5.  1,  S  jusqu'à  p.  8, 1.  U 
du  Gins/.  Le  plagiaire  abrège  quelquefois;,  mais  aouvol^t  il  copie  textuelle- 
ment, quelquelt>iB  il  est  obligé  de  chaDger  Toriginal  a  cauHe  des  opinions  ca- 
raîles  de  l'auteur.  Ainsi  il  met  les  Juifs  en  généraU  lu  oîi  l'original  a  les  ra^* 
"Utnit^s  ;  Samuel  parle  d'une  tour  construite  au  Caire  par  les  Caraîtea  pour 
observer  la  nouvelle  lune  el  fixer,  par  suite,  le  coinmeiicemetit  du  moi»  (on 
sait  que  les  CaraïLes^  nWl  pas  de  caiendricr  lixe  comme  les  rabbanîtes}; 
la  plagiaire,  qui  ne  peut  pas  laisser  passer  cette  notii^e^  change  la  lune 
Tn^  eu  "fl"^.  et  la  tour  sert  à  voir  le  Jourdaiu  !  Le  plugiaire  efface 
auâsi  nalurellement  lea  millésimes,  mais  il  est  si  maladroit,  qu'il  laiaae 
ftubsiatar  ia  meution  de  la  naissance  du  sultau  Ibrabtm  [Dùreuh^  p.  %%)^ 
qui  a  régué  en  1540-48  (le  voyage  de  Samuel  est  de  \Wl\^  landia  que  notre 
H.  Simha  a  fait  aon  voyage  en  17(jI  (non  1763,  comme  il  est  dit  sur  le 
titre).  Maintenant  on  comprend  aussi  une  singularité  du  voyage  du 
B.  Sunba  :  Quoiqu'il  vienne  à  Jéruï^alem  par  le  nord  (il  a  été  d  abord  en 
Galilée),  il  y  entre  par  la  porte  du  sud  (porto  de  ilébroa),  uniquemeat 
perce  que  Samuel  est  venu  par  le  sud  et  que  le  Boreîtk  le  copie  machiua- 
iameat.  Pour  la  même  raison,  le  Donseh  parle  uue  seconde  lots  de  Safed 
(p,  44)1  qu'il  a  déjà  longueineot  décrite  plus  haut.  A  l'aide  de  cette  nouvelle 
édition,  on  pourra  corriger  le  texte  de  Gnrland,  par  eiemple,  remplir  les 
lacunes  p.  U,  15  et  17  de  Gurlaud  el  chaugar  le  r''*nD  de  p.  IJJ  en 
1^^*113  11  nous  parait  probable  ^u^  R.  Simha  a  donné  à  sou  livre  le  titre 
de  bnnîD''  y^K  ■'IISO  qu'on  trouve  à  la  bu  et  qui  convient  bien  mieux 
a  Vuuvrage,  si  ou  en  sépare  les  morceaux  empruntés  à  R.  Samuel.  Ce 
n*est  atos  doute  pas  R»  Simba»  mais  son  premier  éditeur,  qui  a  commis  le 
plagiat  Icf.  p.  8,  où  il  y  a  des  adaitiona  du  maatik),  nour  grossir  le  vo- 
lume et  le  rendre  plus  tntéressatU.  C  est  lui  aans  doute  aussi  qui  a 
ebaagé  le  titre  de  Touvrage  de  R.  Simhan  11  est  curieux  que  la  nouvel 
éditeur  n  ait  pas  rafjpelé  le  titre  de  la  1^  édition.  Au  lieu  de  Solailz  (lieu 
d'otiiiEiut  de  R.  Simha  indicjué  par  l'éditeur  nouveau),  il  faut  probablement 
tire  ZalosG.  —  Baoid  âwoasa»,  de  Copenhague. 

111  'O  Dcraachol  sur  la  Bible  et  le  Taliuud  par  Uélr  Htracb  Will- 
ir,  rabbiu   de   Siimbor,    avec   Notes  D'^'^n  "^ID  de   Uiiyyim  Knoller. 
iv»U  îttipr»  Zupuik,  Kaoller  et  Hauimorscbinidt,  5647  (1887j,   iii-8^ 
106  ff. 


292  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

D'^31U)finb  inn^T  Studlen  und  Mittheilungen  aus  der  k.  ôffenUichen  Biblio- 
thck  zu  Si.  Petersburg.  Vierter  Theil  :  Responsen  der  Greoaim  (animeisl 
aus  dem  X.-XI.  Jahrhundert)  nebst  Anmerkungen  und  Einlcituug  tod 
A.  Harkavy.  Berlin,  impr.  Itzkowski,  1886,  in-S^,  p.  201  à  328.  Publié 
par  la  Société  M'kize  Nirdamim. 

Nous  attendoDS  la  ûd  de  rintroduction  de  cette  très  intéressante  publi- 
cation, qui  présente  un  grand  nombre  de  difficultés.  M.  Htrkavy  nous  eo 
dounera  la  solution. 

"I^lbrin  Wissenschaftlicbe  Abbandlungen  ûbor  jûdiscbe  Gescbicbte,  Lite- 
ratur  und  Altertbumskunde,  von  O.  H.  Scborr;  12.  Jabrgang.  Wien,  impr. 
Knôpûmacher,  1887,  in-S»  de  128(2)  p. 

Table  des  matières  :  1.  Explications  de  mots,  dans  Tancienne  littéra- 
ture rabbinique,  par  des  étymologies  tirées  de  langues  étrangères  (215  na- 
méros)  et  explications  qui  paraissent  reposer  sur  des  étymologies  de  ce 
genre  (37  numéros);  2.  Diverses  notes  talmudiques  (27  numéros);  3.  Etude 
sur  Taohuma-Yelamdenu  et  sur  l'édition  récente  de  S.  Buber,  expli- 
cations des  mots  étrangers ,  étymologies;  4.  Sur  le  Lékab  Tob,  édit. 
Buber;  5.  Halakhot  gedolot,  Hal.  pesukot,  keguot;  Hal.  de  Jehadaî 
gaon  et  Halakbot  gedolot  d'Espagne  ;  6  et  7.  Critique  du  ni33  n^3 
niDbïl?!  publié  par  M.  L.  Horwitx,  de  Francfort  ;  8.  Traduction  nou- 
▼elle  inédite  de  Tintroduction  de  Maîmonide  au  chapitre  pbn  ;  9,  Oerascht 
inédite  du  Ramban  ;  10.  Introduction  inédite  du  D'^TaV^rT  ^T'O  d'ItsK 
ibn  Latif. 

Nît-^amST:  lîrT'bN  na  n-^N^a  'nb  Û-^nnn  Hebraische  Poeslen  des  Mfeir  ben 
Ella  aus  Norwich  (circa  1300)  aus  einer  Uandscbrifl  in  der  Vaticana,  hgg. 
u.  erl&utert  von  A.  Berliner.  Londres,  libr.  David  NuU,  1887,  in-f^  de 
12  p. 

Dans  rintroduction,  M.  B.  décrit  le  très  curieux  et  très  volumineux  ms. 
D?  402  de  la  Vaticane,  qui  contient  ces  poésies  didactiques  de  Méir  de 
Norwich.  M.  Berliner  donne  également  quelques  notes  sur  l'auteur.  Celui- 
ci  jouait  de  racrostiche  avec  une  rare  virtuosité. 

Dbtt)in^  Jérusalem,  Jabrbucb  zur  Befdrderung  einer  wissenschaftlicb  gc- 
nauea  Kenntniss  des  jetzigen  und  des  alten  Pal&stlnas,  brsgg. . .  von 
A. -M.  Luncz.  II.  Jahrgang,  5647-1887.  Jérusalem,  impr.  et  libr.  de  l'au- 
teur, 1887,  in-8°  de  (14)-96-180-(6)  p. 

Partie  hébrdigue  :  1 .  Histoire  des  Israélites  en  Palestine,  depuis  le  Ram- 
ban (1267)  jusqu'en  )492,  par  Luncz  ;  2.  Limites  de  Ja  Terre-Sainte  et  de  It 
Syrie,  par  Méir  Friedmanu  ;  3.  Les  sept  voyages  de  sir  Moses  Montefiore 
en  Palestine,  par  Luncz  ;  4.  Trois  lettres  de  Palestine,  écrites  par  Simsoa 
Back  p3  en  1582-3,  communiquées  par  D.  Kaufmann  ;  une  consultation 
sur  Tunion  dans  la  communauté,  de  Tan  1624,  et  trois  lettres  des  Aske- 
nazim  de  Jérusalem,  des  années  1757,  1763,  176S,  par  Luncz  ;  5.  Notes 
bibliques  et  talmudiques,  par  Jehiel  Michel  Pinnes  ;  6.  Situation  de  la  Pa- 
lestine dans  les  cinq  dernières  années,  par  Luncz.  =  Partie  allemande  : 
1.  Cbaifa  un4  Carmel,  par  Laurence  Oliphant;  2.  Gilgal,  par  C.  Schick; 
3.  Die  Vôgel  Paldstinas.  par  Selah  Merrill  ;  4.  Moab,  par  C.  Schick  ; 
5.  Neue  Eutdeckungen  in  Jérusalem,  par  Selah  Merrill  {a.  Die  Zwetta 
Mauer  ;  b.  Gr&ber  beim  Damascusthor)  ;  6.  Zur  Geschischte  der  bebr. 
Typographie  (Die  hebr.  Presse  in  Safed),  par  A.  Berliner  ;  7.  Die  sanit&reo 
VerhâUnisse  Jérusalem 's  nebst  statist.  Bericht  des  Freih.  Hothschild'schen 
Ilospitals  vom  Jahre  1886,  par  le  D**  Schwarz  ;  8.  Hospitftler  u.  Kranken- 
asyle  Jerusalems  ;  9.    Schulen   und  Erziehungsanstalten    der  verschie- 


BIBLlOGH.APHIt 


388 


enen   NatioD^o  und   Confessionea  zu  Jcruselem  ;  10.  Export  nnà  impart 
Jahre  188(1  ;  11.  SchitTverkehr  in  JilTa  1SS6. 


r"l3fi*   nSCTQ   Abolh  de  Rabbi    Natbao    hujus   libri  receDsîones 
CûIJalas  TBriis  apud  bibliolhecas  et  piiblicas  et  privatas  codicibui 
du  Salomon  Scbechler.  Vknoe  (Autriclieî,  1887,  in-4". 

Le  traité  <)e  morale  conau  sous  le  oom  d'Âbol,  proverbes  et  Benleoees  des 
p^res  (de  la  Misrhna)^  dont  les  Juifs  ont  l'Iiabitude  de  lire,  eo  été,  un  cfaa- 
pitre,  tous  les  samedis,  existe  sous  une  autre  forme,  différetite  de  celle  de  la 
Miscbot  et  plus  étendue^  qu**!)!!  aîtribue  k  Kabbi  NflUmn,  le  coutemporajn 
du  rédacteur  de  la  Mi^cbua.  Nous  verrons  ptue  loin  que  cette  ampliGcation 
ne  peut  dater  que  du  viii*^  siècle  au  plue  bauU  tscdis  qud  H.  Nalhao  vécut  à 
la  Eu  du  deuxième  siècle.  Pour  faire  mieux  accueillir  use  nouvelle  créattou 
bltérsire,  ou  \m  Honciait  autrefois  comme  auteur  un  personuage  counu  et  vé- 
néré. C'est  ce  qu  ou  il,  à  Tépoque  du  secoud  lemple,  pourlEcclésieste,  qui 
fut  reçu  sous  fégido  de  S.ilomon;  c'est  ce  qui  arriva  aussi  pur  le  7/i«ya, 
qu'on  ât  eulrer  comme  autlieutique  parmi  les  Midraschim  anciens*  en  lattri- 
buant  au  propbète  Elie.  Inutile  de  rappeler  les  livrcii  cabbaliatiques  le  Bakif 
et  le  Zokar,  qu^ori  Et  passer  ^ous  le  uom  des  docteurs  de  la  Mi^choa,  Par 
conséquent,  il  serait  oiseux  de  cherclier  le  uom  de  Nathan  comm^  auteur 
de  uolre  compilation  parmi  les  noms  des  rabbins  du  moyen  âge.  Tout  ce 
que  nous  savons,  c'est  que  notre  traité  est  cité  pour  sÛr  par  le  Artitkh 
1x1^  siècle},  et  peut-Ôtre  déjà  par  Nissim  Gaon  de  Kairouau  ^^x*^  siècle..  Les 
deux  premiers  chapitres  de  rexcellente  préliace  de  M.  Schecbier  traitent 
de  ces  questions  avec  beaucoup  d'érudition  et  de  sagacité.  Une  autre  par- 
ticularj|«  de  notre  traité  est  assez  remarquabk,  c'est  que  nous  en  possé^ 
dons  deux  rédactions  dilTérenles  :  fuue,  impnmée  plusieurs  fois  dans  les 
éditions  du  Talmiid  de  Babylone  et  séparément,  avec  ou  sans  commen- 
Uire  ;  Taulre,  celle  que  publie  pour  la  première  (îis,  à  l'aide  de  mss., 
M.  Scfaccbtcr,  en  colonnes  parallÈles,  avec  Tautre  rédaction.  Cette  bonne 
méthode  permi  t  de  ht  rendre  compte  facilemeuL  dea  différences  et  des  arldi- 
lînns  des  deux  textes.  Ce  n'est  pas  Tunique  traité  rabbinique  dont  ou 
connaît  «insi  deux  compositions  ;  un  grand  tiombra  d^ouvrages  répandus 
ont  subi  cette  altération.  Prenons,  par  exemple,  l  époque  qui  suit  immé- 
diatement la  clûiure  du  Talmud  i  nous  trouvons  le  Mîdrasch  Tanbuma  qui 
existe  soLis  une  autre  rédaction  portant  le  nom  de  Yelamdénu  {voy.  Revuêp 
l.  XIV,  p.  nn\,  puis  le  Dlïîûn  pt  le  -i"*nTm  {tàttleml^lcs  Halaciot  ff«thlût 
dont  une  rédaction  est  eapagnole  et  Fauire  frauçaise  (celle-ci  est  l'œuvre 
de  Jo<4eph  Tob  Etem  ou  Bon  itlst;  la  lettre  du  fameux  Scherira  adressée  aux 
ribhius  de  Kairouan  (\^oir  M.  Halberstam,  dana  le  pj^bn  113D»  X,  p.  7 
posa.).  On  s'explique  aisément  celte  deuxième  rédaction  ;  elle  est  l*<BUTre 
d'un  rabbin  qui  a  modifié  son  texte,  unique  à  ses  yeux,  pour  l'usage  de  son 
école  et  qui  a  ainsi  fait  de  ce  nouveau  texte  la  version  autorisée  pour  un  pays 
entier.  De  notre  traité  nous  avons  égalemeul  une  rédaction  espagnole  et  una 
rédactiott  française.  ^I.  Scbecbter,  dana  les  nombreuses  et  minuiieuaes  notes 
qu'il  a  mises  sous  les  deux  textes,  a  donné  toutes  les  références  des  deux 
versions.  Le  cinquième  chapitré  de  sapréfai^e  traite  des  relalionsde  ces  deux 
TéraioDS  entre  elles;  dana  les  chapitres  suivan  ta,  le  savant  auteur  étudie  tes 
rapports  de  notre  traité  avec  celui  d'Aboth,  qui,  d'après  quelques  «•' 
vanta,  était  originairement  plus  étendu  que  le  texte  actuel  et  dont  une 
partie  de  ce  qui  est  perdu  se  trouvait  dans  TAbolb  de  R.  Nathan.  Si 
celle  hypothèse  était  juste,  la  vraie  rédactior»  d*Abolh  aérait  d'une  époque 
postérieure  au  Talmud.  Buppf»siliou  que  M.  Sch.  béaile,  avec  rtisoD,  k  ad* 
mettre.  Dans  les  dernierB  chapitres  do  sa  préface,  M»  Sch.  étiumère  les 
i&sa.  et  lea  commentaires  dont  il  s'est  servi  pour  aon  travail  critique.  IIk 
lont  nombreux  et  pris  dans  diverses  bibliothèques  publiques  et  privées.  Jl 
De  serait  pas  trop  de  dire  que  M.  Sch.  a  épuisé  la  matière  quant  aux  mas. 
qu'on  coGoait  préaen  terne  ni.  Son  édition  d'Abolh  de  R.  Nathao  restera  li 


296  HEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

pna:-^  nno. 

nDtD'^  ■'bOTa  Aphorismen  fur  's  praktische  Leben,  Geist  und  Herz,  von 
S.  S.  Hurwitz.  Varsovie,  impr.  Goldmanp,  1887,  iii-8*  de  48  p. 

Vingt- sept  chapitres  formant  un  recueil  de  sentences  morales,  conseils 
moraux  et  religieux. 

Ï^731^D  ID  «  Ner  Neschama,  Michnaies  ».  Recueil  d'un  certain  nombre  de 
Mischniyot ,  rangées  par  ordre  alphabétique  de  la  lettre  initiale  de 
chaque  Miscbna,  avec  texte  vocalisé,  commentaire  intitulé  rïïlD  Vp  KbQ, 
traduction  allemande  en  caractères  bébr.  et  notes  en  allemand  caract. 
hébr. ,  par  J.  Qoscinny.  Jérusalem,  impr.  Goscinny,  petit  in-8^  de 
(2)-44-{2)  ff. 

mntia  n*lO  «  Commentaire  de  Malmonide  sur  la  Miscbnab  Seder  Tohorot 
publié  pour  la  première  fois  en  arabe  et  accompagné  d*une  traduction 
hébraïque,  par  J.  Derenbourg.  »  Berlin,  impr.  Itzkowski,  1886.  in-8®  de 
160  p.  Publié  par  la  Société  M*kize  Nirdamim. 

Cette  première  livraison  contient  l'introduction  de  Malmonide  et  son 
commentaire  sur  Kélim.  M.  Derenbourg  a  fait  une  nouvelle  traduction 
hébraïque  du  texte  arabe,  et  a  rendu  intelligible  une  foule  de  passages 
dont  le  sens  avait  échappé  au  traducteur  ou  a  été  altéré  par  les  copistes. 
Ce  travail  remarquable  fait  le  plus  grand  honneur  à  Térudition  et  à  It 
perspicacité  éprouvée  de  Vauteur .  C'est  à  partir  de  ce  jour  seulement  que 
le  commentaire  de  Malmonide  est  véritablement  publié  et  peut  servir  aux 
recherches  scientifiques. 

j^^tSïl  "^nnSD  Exposé  populaire  de  diverses  nottons  scientifiques  (Histoire 
naturelle,  anthropologie,  géographie,  etc.);  suivi  de  yn»  OîaTplD  1ÎDK1D 
Géologie,  météorologie,  âges  préhistoriques,  etc.  ;  par  Nébémie  Baer 
Hoffmann.  Varsovie,  impr.  Isaac  Goldmann .  5647  (1887),  in-8<*  de 
184 +  48  p. 

NnT^NT  ■'nBO  Collection  d*Aggada  et  de  Midrascbim  publiée  par  Salomon 
Buber.  Wilna,  1886,  8«. 

M.  Buber  est  vraiment  infatigable.  A  peine  avions -nous  achevé  notre 
compte  rendu  de  son  édition  du  Tanhuma  (voir  Revue,  t.  XJII,  p.  224  et 
t.  XIV,  p.  92)  que  nous  avons  reçu  celle  des  Halakhot  (voir  plus  loin, 
(p.  298),  et  voici  qu'il  nous  faut  maintenant  annoncer  le  présent  ouvrage. 
C'est  une  collection  de  Midrascbim  composés  sur  le  livre  d'Esther  :  1*  le 
Midrasch  Abba  Gorion  ;  2^  un  Midrasch  sans  titre  ;  3^  celui  de  Tobia  b. 
Eliczer.  intitulé  Lékah  Tob  ou  Pesikta  Zoutrata,  dont  M.  B.  a  déjà  publié, 
eu  1880  le  texte  qui  roule  sur  la  Genèse  et  TExode.  Le  premier  de  ces 
Midrascbim  emprunte  son  nom  aux  premiers  mots  de  ce  traité  :  «  Abba 
Gorion  ou  Ourion  de  Saîda  dit.. .  *  On  sait  que  le  Midrasch  Bereschit 
Habha  s'appelle  de  la  même  façon  :  Midrasch  de  R.  Oschia,  à  cause  du 
début  :  «  H.  Oschia.  dit. . .  >  La  date  de  composition  de  ce  Midrasch  est 
inconnue,  mais  il  était  antérieur  au  Midrasch  rabba  sur  Esther,  qui  l'a  uti- 
lisé, et  probablement  aussi  à  Haschi,  qui  Ta  connu  ;  par  conséquent,  il  a  su» 
rement  été  écrit  avant  le  xi*  siècle.  M.  B.  en  publie  le  texte  d'après  cinq 
manuscrits  d'Oxford,  de  Londres  et  de  Parme  ;  aussi  cette  édition  est-elle 
beaucoup  plus  complète  que  celle  de  M.  Jellinek,  qui  s'était  servi  seuleînent 
du  ms.  de  Hambourg.  —  Le  deuxième  Midrasch  a  été  composé  après  celui 
d'Abba  Gorion,  et  avant  le  xiii^  siècle,  puisque  Tauteur  du  Yalkout  les 


BIBLIOGRAPHIE 


ÎÏÏ7 


cil€  déjà  Vnn  et  l'autre,  —  Quant  à  la  date  du  Lékah  Tob^  ell«  nû&t  pas 
douteuEt*,  puisqu'on  sait  eia€t4?inenL  l'époque  de  son  auteur.  Ce  Midrasch 
est  publié  par  M.  Buber  peur  la  première  foie.  Diaons*  ea  pasMut.  que  t« 
MidfBSch  dtj  môme  aulenr  Bur  Riilh  vient  d'être  publié  âvec  un  commen- 
UÎTC  étendu,  trop  Entendu  peut-être,  par  M.  Seckel  Bamberper  ;  iîous  en 
reparlerons  quaod  l'introduction  Blleroande  aura  paru.  XL  Bitber,  comme 
dans  nés  précédentes  éditions,  donne  U  liste  des  passaffes  des  deux  pre- 
miers Alidraf^cbim  qui  se  trouvent  dans  le  Yalkout.  Quant  aux  commcn- 
Isires^  ils  eignalent  leB  paESage;»  analogues  ou  semblableis  des  autres 
Midrascbim  cL  expliquent  les  termes  non  sémitiques  du  texte.  Sous  peu, 
M,  B.  publiera  une  érUiicn  critique  du  Midrasch  sur  les  Psaumes,  d'après 
tous  les  msa.  qui  en  existent.  Il  serait  a  soubaiter  que  le  savant  auteur 
employât  sa  patience  et  sa  vaste  érudition  à  rédition  critique  des  deux 
plus  iiuciennes  parties  du  Midrascb  Habba^  sur  la  Genèse  el  le  Lévilique  ; 
les  mas.  de  Paris  et  du  Musée  Britannique  devront  surtout  être  mis  à 
contribution  dans  ce  but.  —  N'otïblions  pas  de  remercier  m  les  eicellenta 
îropriroeurs  de  Wilna,  MM.  Romm^  qui  ont  déjà  rendu  tant  de  services  à 
la  liltérsture  rabbînique«  particulièrement  par  leur  belle  édition  du  Talmud 
de  Babylone,  et  qui  se  proposent  de  publier  les  Miqraot  Gedolot  ave-c  un 
irraiid  nombre  de  commentaires  inédits.  —  A*  N- 

^ÏSirr»  'D  St^n  psr*r:  'O  Tarschisch  des  Moses  iba  Esra,  zum  erslen  Maie 
bL'rau.sgff.  vou  David  Gnnzburg.  Berlin,  publié  par  la  Société  M'kize  Nir- 
damim.  1886,  in -8'  de  91  p. 

Texte  voealisé,  avec  index  biblique.  Dans  un  procbain  fascicule,  M.  D* 
G.  donnera  une  étude  sur  ce  poème,  ses  commentateurs  et  continua  leurs  ; 
plus  une  analyse  de  l'introduction  arabe  et  tiue  étude  sur  la  versifica- 
tion hébraïque.  On  peut  attendre  de  lui  que  ce  travail  sert  des  plus 
intéressante. 


r^3£^  irrs  d'Isaac  Lanipronli,  lettre  V.  Berlin,  éûïiè  parla  Société  «  M'kize 
Nirdamim  »,  188tî,  in-8"  de  184  ff. 

3*!£3  TTph  OIH'^D  Lekach  Tob  (Pesikta  sutrata'  eln  agadischer  Kommentar  zu 
Megillat  Rulb  vod  Rabbi  Tobia  ben  Elieser,  zum  eraten  Malc  brsgg. 
ûacb  emer  Hdscbr.  der  Miîncbtiîier  Hof-  uud  Slautstibliotbok,  mit  Ver- 
gteicbuQgder  belr<  Hdss.  atis  den  Bibltolbeken  in  Oxford,  Londou  (Har- 
Iteo],  Cambridge,  Wicn  (JellÎDek),Pélersbourg,  Parma  und  RomCCasaData 

iu>  AogeUcai,  mit  Conimentar  versebvn,  von  Seckel  Bamberger.  Francforl- 
sur^Mein,  libr.  J,  Kautoami  ;  Majence,   impr.  LehmaDn,  1887»  iû-8*  do 
11-52  p. 
L^autêur  innôace  ïiae  introduction  ea  allemand  qui  dsTra  ptriltTA  plus 
lard.  Son  commentaire  est  très  étendu  et  indique  les  sources. 

itjbH  mipB  'D  Novellcs  talmuditjues  sur  le  Orah  hayyim,  F*  partie,  par 
Baieel  Blazar  Halltivi  ibn  I3i;3,  précédée  d*uue  oraisou  futièbre  do  Tau- 
ieur,  par  Naliman  ia"';33,  Jérusalem,  impr,  S.-L.  Zuckermann,  5617 
(1887).  in-f»  do  (r))-130  ff. 


*  br  Y^V  Sammelbarid  klciiicr  Beîlrâge  aus  HandsclirîfleD.  Jihrgaog  II, 
l*^>-r>646;  Berlin,    Société  M'kize  Nirdamim,  1886,  iii-8»  de  XVI-8SÏ + 
rvf-29  4-  18  +  5(1)  p. 

Contient  :  J.  Le  •^XSS^fii  DllblP  analyse  plus  loin;  2,  p  ^n 
V^p^  dlbo  Sina«  avec  commentaire  de  son  élève  Ibn  Zila,  traduit  en 
hébreu  par  li.  Moïse   (le  nom  du    père  matique),  édité  pour  la  première 


29S  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

fois  ptr  Datid  Kaufmann  ;  3.  Notes  et  additioas  diverses  aux  publications 
de  la  première  année,  tous  le  titre  de  d'^nBDS  ;  4.  Additions  au  tn*Y<Q 
ÎTTlTDÎl  tDIpîÛ  de  la  1**  année>  par  M.  Steiaechueider,  et  notes  par  Da- 
vid Kaufmann. 

1TW'3»n«t)  lî:3"'Nnp  b-^»  El  cuento  marayiUoso,  segunda  partida,  cuentos 
antiguos,  ...(voir  Berne,  XIII,  p.  139).  Jérusalem,  itopr.  S.-L.  Zucker- 
mann,  5646  (1886),  in-8«  de  184  p. 

Entièrement  consacré  à  la  suite  de  Thistoire  de  Bostanal* 

ûbttîîl  apbïl  "^bsU)  Ouvrage  rituélique,  par  Sédécias,  fils  d'Abraham  le 
médecin,  publié,  avec  uue  préface  et  des  notes,  par  Salomon  Buber. 
Wilna,  impr.  Romm,  1887,  in-8^ 

La  collection  de  Halakhot  faite  par  Sédécias  est  la  plus  importante  de 
toutes  celles  qui  virent  le  jour  en  Italie,  après  les  deux  Isaîe  de  Trani.  A 
Rome  étaient  venues  s'établir,  avec  la  famille  de  Tauteur  de  TArukh, 
les  écoles  du  midi  de  l'Italie,  de  Bari,  de  Trani»  de  Siponte,  etc. 
C'est  là  que  Sédécias  composa  cet  ouvrage  dans  la  seconde  moitié 
du  XIII*'  siècle.  Sa  famille  s'était  de  tout  temps  occupée  de  littérature. 
Son  père,  Abraham,  était  médecin,  oomme  Itti-mftme.  11  cite  souvent  des 
décisions  rituéliques  de  son  grand-père  Benjamin  et  de  plusieurs  de  ses 
cousins.  Ce  Benjamin  est  généralement  considéré  comme  Tauteur  des 
gloses  sur  Raschi  qui  se  trouvent  en  ms.  à  Berlin,  et  peut-être  des  gloses 
bibliques  signées  3'm'T  (Voir  cependant  l'article  de  M.  J.-II.  Matthews, 
Israël.  Letterbode,  IV,  p.  1  et  suiv.).  Un  autre  Benjamin  a  annoté  le 
Séfer  Haggalui  de  Joseph  Kimhi,  qui  va  paraître  prochainement  dans  les 
publications  des  Mekitzé  Nirdamim.  On  s'accorde  généralement  à  croire 
que  Sédécias,  comme  l'auteur  de  l'Arukh,  appartient  i  la  famille  iii 
Mansi  (0*^133^71)  ;  cependant  il  ne  signe  jamais  133^Sl.  En  outre,  dans  le 
passage  suivant,  qui  se  trouve  dans  le  prétendu  second  volume  de  sOn 
ouvrage  (ms.  d'Oxford,  n*»  657  fol.  16)  :  bVTTV  n'^!!  '^3'ïKi  maiOPai 
•^riNi:^  y^r'T  N73T1  \12,  il  ne  dit  pas  que  la  famille  de  Tauteur  de 
l'Arukh  était  ausbi  la  sienne.  On  ne  sait  pas  encore  non  plus  si  Sédécias 
a  désigné  comme  second  volume  du  Sichibbolé  Halléket  la  partie  de  son  ou- 
vrage qui  traite  des  autres  règles  rituéliques  que  celles  que  contiennent 
le  volume  publié  par  M.  B.  C'est  l'opinion  de  M.  B.  et  nous-même,  dans 
notre  Catalogue  (n^*  657,  658),  nous  en  avons  parlé  dans  le  mfime  sens. 
Cependant,  dans  cette  prétendue  seconde  partie,   l'auteur  dit  (fin  du  §  7)  : 

an:D   pi  î:pbrt  -^bnu)  néon  iTn-'Mm  rmaiiDn  -^narD  -in::n 

mi3*I?1  bjïa...  •    J'ai  déjà  donné  les  réponses  et  les  preuves  dans  le 
Séfer  Schibbolé  Halléket. . .,  *  termes  qui  n'indiquent  pas  que  ce  soit  là  la 
première   partie  de  son  ouvrage.  Cette  partie  n'est   pas  moins   importante 
•  que   celle  qu'a  publiée   M.  B.  ;  espérons  qu'elle  verra  bientôt  le  jour.  — 

Ces  collections  de  Ilalakhot  ont  une  double  valeur  :  elles  peuvent  servir  à 
ceux  qui  étudient  encore  les  décisions  rituéliques,  et  à  l'histoire  littéraire 
des  rabbins  du  moyen  âge.  Nous  nous  bornerons  à  examiner  cette  publi- 
cation à  ce  dernier  point  de  vue.  M.  B.  nous  a  d'ailleurs  facilité  la  tAche 
en  joignant  à  la  description  des  mss.  dont  il  s'est  servi  et  à  la  biographie 
de  l'auteur  et  de  sa  famille  une  liste  des  rabbins  et  des  ouvrages  cités 
dans  le  texte  qu'il  publie  et  dans  l'autre  partie,  que  possède  M.  Halbers- 
tam.  Quelques-uns  de  ces  noms  seront  éclairés  par  leur  comparaison  avec 
ceux  que  donnent  certains  mss.  que  M.  B.  n'a  pas  eu  à  sa  disposition. 
Ainsi,  il  est  certain  qu'Abraham  61s  de  Joseph,  de  la  famille  des  "^^3 
IID"^^  n'est  autre  qu'Abraham  de  la  famille  Pcvsaro  ('jl^'^lD  est  une  alté- 
ration manifeste  de  Tlf^D),  car  le  ms.  d'Oxford  a,  au  §  102,  Abraham 
de  Pesaro  et,  au  §  93,  Abraham  fils  de  Joseph,  sans  autre  indication.  — 
Pour  Abraham  fils  de  Hijya,  de  Hatisbonne,   le  ms.   d'Oxford  n'a  pas 


mBLlOGRArfllE 


m» 


le 


I 

I 


fflol  3"5^STD3''^m!3«  Pour  le  nom  suivant,  il  o'a  |»9  b^liin,  et  lu  loca- 
lité est  orlho^raphiée  ^iilT  1115^5^^"»^ •  Il  neat  pas  douteux  qu'il  faille 
lire  partout  Eliéïer,  ût^  Vérone  et  non  de  Verdun  ;  car  il  n'y  o  pas 
de  rabbin  de  Verdun  portant  ce  nom,  et  le  nos,  d'Oxford  a  constamuieut 
ÏI3T^^1  —  Nous  ne  croyona  pas  que  Tohie  de  Bour^o^ue  soit  le 
inAme  que  Tobie  de  Vienne  (dans  le  D^uphioé  ;  il  faut  écrire  Katî'^S 
et  non  H2*'11.  qui  Hé*j^e  la  capitale  de  TAulriche^ .  —  Pourrjuoi 
M,  B.  ne  donne- t-i(  pas  la  transeripiiou  de  ^bnttt  Arlos,  et  de 
151^.  Joigny,  puisqu'il  id^Dtifio  les  autres  nçms  de  'opbUi^?  —  Joseph 
Ibn  Pelât  est  un  rabbin  de  Nurbunne.  —  Jacob  de  ^"^TTO  ou  ïî^'^inîS 
(eVst  ajnsi  cp'il  faut  lire)  est,  en  etTei,  Jacob  de  Marvè^e  ou  de  Mar- 
^éph,  en  Provence,  et  non  e]e  Vivier»  comme  le  fait  croire  la  lev'On 
Cn''lV>>  voir  Histoire  littfrmrt  di  la  France,  t,  XX Vil,  p.  447.  —  Sur 
laaac  de  Siponte  il  fd liait  citer  farticle  de  M«  OrosSi  da,ng  le  Magazin  de 
Berliner.  —  Isaac  mïlpCI^  (c8  dernier  mot  manque  dans  le  ms.  d'Ox- 
ford) de  flongrie  est  probablement  fsaac  fils  de  Joseph,  Josko  étant  un 
diminutif  de  Joseph,  comme  b^lTl**/  Josefel,  nom  qui  s'est  glissé  par 
erreur  dans  la  liste  géographique  de  notre  Catalogue.  —  Sur  Isaac  Dor- 
bel,  voir  un  long  passage  dana  le  Âguda^  Israël.  Letterbode,  VIII. 
p.  131.  —  *^Kb'^p  u^exist©  pas,  on  trouve  seulement  "^^"^Tl^  —  Samuvl  de 
Jinî3Ût  comme  on  lit  d'ailleurs  aussi  dans  le  ms.  d  Oxford,  «loit  être 
corrigé  en  Samupl  de  :i1':):n .  Ramrupl;  c'est  Samuel  liU  de  Méir,  le 
frère  de  R.  Tam.  —  Ces  meuucs  observalious  n'enlèvent  rîtu  la  la  valeur 
des  notes  rJe  M.  Buber  sur  les  autours  et  les  ouvragée^  notes  qui  suni 
exeetlentos.  Tout  au  plus  lui  repro(  herons-nous  ses  abr^^viaiintis  fréquentes, 
qui  parfois  peuvent  dérouter  le  lecteur  peu  versé  en  ces  mstières.  Comment 
deviner,  par  exemple,  que  Z3'^'3?3rr  3*in.  (note  53)  désigne  Moïse  fils  de 
Joseph  Trani  ?  —  A  k  suite  de  ces  chapitres  vient  la  bibliographie  du 
Scllibbolé  Halléket  imprimé  et  écourté,  ainsi  que  du  Tanya  qui  est  l'a- 
brégé de  no4rfi  ouvrage,  M.  B.  corrige,  à  ce  propos,  evec  raison,  une 
fâuta  répandue  dans  toutes  l'is  bibliographies  et  histoires  juives  et  même 
dans  Texcelktit  ouvrage  de  M.  Oûdemenu  iBrziehuogsv^esen  in  Italien» 
p.  Î!W)  touchftnt  la  date  de  la  composition  du  Tauya*  Celle  de  UU  qu'on 
lui  assigne  d'ordinaire  est  fondée  sur  la  souscription  da  rédition  de  Man- 
laue,  qui  indique  la  deto  de  Vimprestton  et  où.  volontairement  ou  non,  les 
centaines  fient  omises  dans  5074.  En  réalitf,  il  faudrait  52T4,  comme  Tin- 
dique  la  valeur  numérique  des  lettres  du  mol  iTcnil'  En  tout  cas^  le 
Tanya  n'a  pu  avoir  été  composé  eprès  te  xir"  siècle*  puisque  le  mai 
d^Oxford  do  col  ouvrage  (n°  1057)  a  été  copié  en  t4l4^  M.  B,  suppose  que 
'Tauteur  en  est  Jehiel  fils  de  Yekouticl  Ëls  de  Benftmin  le  médecin,  sSQi 
appuyer  sa  conjecture  sur  des  raisons  plausibles.  Ce  uom  de  Yehiel  est 
mentionné  par  Ibn  YehiU|  m&is  il  y  a  eu  beaucoup  do  rabbins  de  ce  nom, 
tn  outre,  qui  prouva  que  Ibn  Vahia  était  bien  renseigné  ?  Quant  à  un 
Iroisième  ouvrage  de  Sédécias,  intitulé  CDlHi  rnD3??3  ou  D^Dlpb  qui  se 
trouvera  Et  à  Oxfr^rd,  nous  avons  déjà  dit  à  M.  H.  ce  L|u*il  faut  t*n  penser. 
Ce  ms.  est  simplement  un  autre  abrégé  du  Scbibbolé  ïlalléket  où  se  trou- 
vent quelques  défisioîis  du  temps  des  Gaonim,  comme  dans  Touvrage 
dé  S^décias.  —  Les  Halakhot  sont  publié»  par  M.  B-  sini  aucun  00m- 
mentaire.  c'est  h  meilleur  système  qu'on  puisse  suivre  pour  ces  sortes 
d'ouvrages.  —  En  somme,  nous  félicilon»  vivement  le  savant  éditeur 
de  cette  cDuvro  de  Aa/<ii(Aa,  autant  que  l'éditeur  des  OQvrages  d'aggada. 
—  A.  N. 

te^ÈI  nilbin  '0  ^<  Le  BomaD  d'Alexandre,  texte  hébretï  anonyme,  pu- 
iié  pour  la  première  lois  avec  une  inlroductian  et  des  uotea  criliques 
ir  Israël  Lévi,  »  Paris,  libr.  Durlucbt'r,  1887,  iti-8«  de  xvi-82  p. 

Tirage  à  part  du  VDp  de  la  Société  ^'kize   Nirdamim.  L'introduction 
p  de  M .  Israël   Lévi  e^t  un  excellent  morceau  de  critique,  qui  se  distingue 


• 

i 

V 


BIBLIOGRAPHIE 


m\ 


2.  Ouvrages  en  langues  modernes. 


d  Jowish  Hisloflcal  Exhibition  (Cûtttlogiie  of).  18^87.  Royal  Albert 
îi;  and  of  supplemeatary  Exhibilions  beld  at  tlie  |»ublic  Hccord  Office, 
tlJsb  Muséum,  South  Keusiui^loD  Muséum.  Londres,  impr.  William 
Pf^B,  1887  ;  in-S»  tic  xxvi  208  p. 

Ce  cslalo^ue  donne  utie  idée  cumplèLe  de  cette  exposition,  qÛl  est  le 
première  de  ce  genre  et  qui  est  dtgae  d'être  vue  el  étudiée  pour  lea 
œuvres  d'art  qu'elle  cODlieut  et  les  reoseignomeots  liistoriques  qu^elIe 
peut  fouruir.  Le  catalogue  coulient  le^  chapitres  suivants  ;  t.  Reliques 
historiques;  2.  Art  religieux  jsyuagogue,  maison,  etc.);  3.  Anttquiléa  ; 
4<r  Moanaiefl  et  médailles;  5.  Ëxpof^iûou  supplémentaire  au  Record -OFli ce, 
au  Brilifih  Muséum,  au  South  Keasington  Muséum.  Chaque  cbapitro 
est  précédé  d' intéressa  nies  introduciions.  Noua  signalonB,  en  couraDl, 
el  pour  doDiter  une  idée  de  rimpurtance  de  cette  exposition,  quelques- 
UDee  des  pièces  remarquables.  Un  plat  de  brouze  avec  luEcription  hé- 
hraîquc  de  Josef  h.  Yehiel  (n**  l)»  deux  sceaux  {a***  12  et  f3\  une 
pièce  inédite  de  Colchesier  Î267,  avec  portrait  ou  caricature  d'Aaron 
filius  DiaboU  (n^  14,  par  M.  Joseph  Jacobs)  ;  caricature  d^Isaac  de  Nor- 
wich  et  autres  (u^  t5]«  rôles,  Shetarot,  quittances,  etc*«  antérieurs  a  Tex- 
pubiOQ  de  l'îM  {n^*  16  à  52D);  plans  et  dessins  de  synagogues  k  Sidney, 
Melhûurne,  Kimherlevj  (u"*  549  à  552),  livres  d'Eseamot  dataul  de  1664 
{n^  5101,  une  série  entière  conaacrée  à  sir  Moses  Monlefiore  (n'»*  650  à  6»ft), 
des  autographes  (de  Grâce  Aguilar.  entre  autres] ,  des  armoires  (u^  763),  des 
piièces  historiques  cûucernant  l 'émancipation  des  Juifs  anglais  (n^*  ?1)9,  800, 
ini;  part  de  1649)^  une  très  belle  colieclion  d'imprimés  concernant  ce  sujet 
•t  ayant  appartenu  au  feu  Rev.  A.-L.  Green  (n*^*  821-824),  âw  exem- 
plaires de  Journaux  Israélites  rares  (n"*  83i  à  841 1  ;  une  collection  d'ouvrages 
hébreux  imprimés  à  Londres  depuis  1707  (n^*  S7ti'fl93lr  une  collection  d'ob- 
jets provenant  de  Béni-Israttl  et  autres  Juifs  de  llnde  (n'^''  d<i5  a  041] ; 
une  très  belle  collection  de  portraits,  dont  la  mention  est  souvent  iiccodci- 
pagoée,  dans  le  catalogue,  d't^xcel lentes  notices  biographiques  (Manassé. 
b.  Israël.  n"*»47  k  S5U;  David  Nieio,  n^  954  a;  Baron  d'Aguilsr,  n*  ff77  ; 
Benjamin  Goldsmid,  n^  090  ;  Samuel  Montelîore,  u^  919S  a  ;  Isaac  Disraeli, 
n*'  1t»31-1&3<  ;  divers  portraits  de  la  famille  de  Rothschild,  n»*  103<i,  1054, 
10ft6-10d8,  Um,  1103,  ÏL05,  1115,  MM,  tl19  ;  sir  Francis  OoLdsmid.  n"^  1089; 
Emaouel  Deutsch.  u^  1112);  une  irèa  belle  collection  de  portraits  et 
'QTurea  d'Alfred  Newmann,  parmi  lesquels  de  curieuses  caricatures,  dont 
le  1777  el  une  de  1794  [u"*  1  .'18  1237),  et  mâuje  les  portraits  de  Moïse, 
David  et  de  Salomou.  Noua  ne  disons  rien  de  la  classe  2,  conaacrée 
au  matériel  du  culte,  si  ce  n'est  qu'elle  contient,  entre  autres,  de  nom- 
hreu»  objets  de  le  belle  colieclion  de  M.  Strauss,  de  Paria  (u**'  1901  à 
20a0),  et  de  M.  R.  D,  Sassoon  (n*»»  203!  à  20tt5V  La  classe  3  est  formée  par 
une  collection  de  mfjiiuacnts  hébreux  qui  ii*a  pas  précisément  d'intérêt  par* 
ticulivr,  par  une  série  d'ouvrages  upparieuDut  au  duc  de  Crawford  et  Bal« 
carres,  parmi  lesquels  beaucoup  d'ouvrages  samaritains  ;  puis  par  des 
aéries  d'imprimés  (souvent  avec  illu^itraiiona),  d'inscriptions  hébraïques, 
d'objets  recueillis  par  le  Palestine  Exploration  Fund»  de  sceaux.  La  série 
dea  niounaies  juives,  à  laquelle  M.  Léopold  Hamburger,  de  Francfort, 
M.  John  Evans  et  d'autres  ont  prêté  leur  concours,  est  véritablement  riche 
(tt**  2301  a  26IH)  tt  serait  à  elle  seul©  sufSaaute  pour  attirer  &  ceUe  expo- 
sition les  curieux,  les  archéolognea  et  les  historiens. 


1      Bmj 


3Qi  REVUE  im  truoes  juives 

Annuaire  israélitc  pour  Tannée  5648  de  la  création  du  monde. . .  par  Jacob 
Molina.  Marseille,  chez  l'auteur  (1887),  in-S*»  de  40  p. 

P.  32.  Acte  de  l'achat  du  cimetière  des  Juifs.  Cet  acte,  dressé  devant 
notaire,  le  5  décembre  I78S,  constate  qtMi  Salomon  de  Silva  et  Mardochée 
Chay  Darmon,  Juifs  du  royaume  d'Espagne  et  résidents  à  Marseille,  ont 
acheté  de  la  maison  de  la  Trinité  Rédemption  des  captifs,  par  acte  da 
15  octobre  précédent,  un  terrain  situé  au  terroir  de  Marseille,  quartier  du 
Rouét,  et  qu'ils  paient  aujourd'hui  1,200  livres  formaal  on  des  termM  dii 
prix  d'achat.  Un  autre  terme  fut  payé  le  20  janvier  ITtô.  O  Uwraia  servit 
de  cimetière  aux  Juifs  jusqu'au  15  frimaire  an  XIII,  époque  où,  étajit  devooa 
insuffisant,  il  fut  remplacé  par  un  cimetière  plus  vaste  acheté  dans  te  voi- 
sinage par  J.  Costa  et  Tama.  —  Ibid.,  p.  34.  Acte  espagnol  du  St  oc- 
'  tobre  1783,  fait  par  la  communauté,  et  constatant  que  la  préeédente  acqui* 
sitioB  a  été  faite  pour  U  somme  de  2,400  livres  tournois,  pfan  440  livres 
6  sous  pour  droits  du  Roi  et  frais.  Pour  réunir  cette  somme,  on  avait  créé 
une  quête  appelée  N$àûba  du  Bêt  ahû^im  [iWi-Aayyi>ii),  et  Isaque  Coen  Ntr 
(Naar  ?)  de  Candie  et  Joseph  Raphaël  Sedaha  (S^étJut  ?)  avaient  été 
chargée  de  rencaisser.  La  nedahe  n'ayant  paa  donné  toute  la  somme  néces- 
saire, le  resta  fut  pris  dans  la  caisse  de  la  communauté.  Le  docttment  porte 
la  liste  des  donateurs  avec  la  somms  donnée  par  chacun  d'eux.  Voici  les 
noms  de  ces  donateurs,  dans  l'ordre  où  ikà  se  suivent  dans  le  document, 
feclifiés  par  nous  d'après  des  communications  qu'i(  bien  voula  nous  faire 
M.  Molina  et  dont  nous  le  remercions  : 

NQtik  dâla  Nedabà  de  Bet^ahaim  de  K[aàal]  Kladosck]  de  ÂUrtelU. 

Daniel  Rigaud,  Sabatou  Constantin!  de  Canea,  Salamon  Roget,  Joseph 
Raphaël  Sedaha,  Isaque  Costa,  Mordohai  Hai  Darmon,  Semuel  Brudo, 
Jacob  Gozlan,  Eplraîm  Duran,  Jeossuah  Bismot,  Mordohai  Desegni, 
Vidal  de  Cavaillon,  Pélice  de  la  Vida,  Manuel  R  Foa,  Blondin,  Biniamin 
Ariàs,  Samaria  Salom,  Joseph  Montefiore,  Moeé  Gbmri,  Abudaram,  Sa- 
muel Abudaram,  Mosé  Israël,  M  osé  Daninos,  Jacob  Dan,  Aboab,  Huxiel, 
Isaque  Coen  de  Kandia,  Haim  Qignah,  Isaque  Attias.  Jeudi  e  Simhon 
Lahmi,  Biuiarain  Boccarra,  Jacob  Lumbroso,  Samuel  Hai  de  Paz,  Sala- 
mon Hai  Benbaron,  Jeossuah  Canzino,  Miscel  Graveur,  Manoah  et  Salamon 
Coen,  Abram  Âbenatar  et  Comp.,  Joseph  Semama,  Salamon  de  Silra, 
Mosé  Serusi,  Sebi  bar  Jacob,  Carcasona  d'Avignon,  Jacob  Castro,  Jacob 
Vita  Coen,  Raphaël  Pilosof,  Moisé  Dias  Santillana. 

[Catalogue].  Verzeichniss  des  anliquarischen  Bûcherlagers  von  Joseph  Jo- 
lowic?,  in  Posen;  Judaica  und  Hebraica;  n<»  916.  Posen,  1887,  in-S"  de 
42  p.,  1221  no». 

Erckert  (R.  von).  Der  Kaukasus  und  seine  Vôlker.  Leipzig,  libr.  Paul 
Frohberg,  IBS'?,  in-8«>. 

L'auteur  connaît  le  Caucase  pour  y  avoir  séjourné  deux  ans  ;  ce  n'est 
peut-êire  pas  beaucoup  pour  bien  connaître  celte  région  où  tant  de 
races  diverses  sont  juxtaposées,  mdlées,  croisées  et  confondues,  mais  il  a 
évidemment  bien  utilisé  ce  court  séjour  pour  recueillir  un  très  grand  nombre 
de  faits  des  plus  instructifs.  P.  131,  il  mentionne  des  Juifs  (il  suppose  que 
c  étaient  peut  -êlre  des  Khazars)  qui  auraient  combattu  avec  d*autres  dans 
les  bordes  avec  lesquelles  un  certain  MamaT  avait,  après  1380,  envahi  le 
Caucase,  et  qui  vivaient  en  nomades  sur  le  Volga.  —  M.  E.  trouve  que  le 
type  juif  e^t  très  répandu  parmi  les  Tschetschnas  établis  à  Test  et  au 
nord-ouest  du  Caucase  (p.  138),  surtout  parmi  ceux  des  classes  supérieures 
et  dirigeantes;  ils  ont  aussi  le  même  accent  que  les  Juifs  (p.  139).  — 
P.  191.  A  Madschalis,  il  y  a  beaucoup  de  Juifs,  qui  vivent  comme  le  reste 
du  peuple,  mais  ils  parlent  le  tat.  —  P.  277.  Les  Andis,  qui  demeurent,  au 


BIULIOGRAPHÏÊ 


au» 


nombre  de  3f,0CH),  deas  Vouest  du  Dagbesiêû,  r«iMi&l>lei]t  étoQo&mmeat 
aux  Juifs.  priQCÎp«l«tDeDt  ceui  d'Audi  el  de  Bollu  S'ils  veitakol  à  Var' 
aoTie  dans  \e9  TôiemenU  poriéfl  par  les  Juif^  de  c«tle  ville,  oa  les  coiJou- 
dreil  sûrement  »vec  des  Juifs.  Cf,  p,  2ai  et ^83.  —  P-  2^'S  eï  guiv.  Sur  La 
jner  CâspièuQû  Be  irouveut  les  Talars,  les  Eoytzuke  (autre  îmee  latare), 
Ifia  Tais  ûl  les  Talyschs.  tous  deux  de  rece  irauietinfj^  et  beaucoup  de  Juifs. 
Les  Tat£  (au  nombre  de  SO.OtMJj  oui  le  type  juif  très  proQoucé,  (m  les  con^ 
sidère  comme  Jiilfâ  et  leur  langue  eet  appelée  laugue  juive,  mais  M<  E« 
croit  qu'ils  sont  nn  mélauge  de  Perses  et  d'Arméniens.  Les  Juifs  (p.  298) 
du  Caucase  soDt  au  oombrâ  de  30^000  (si  toutefois  Tauleur  ne  ^e  trompe 
pa&;  J*  Tscbami  donne  des  cbiffres  plua  élevés)»  M.  E.  en  a  tu  a  Kouba, 
Madscb&lis  et  dans  le  territoire  de  KoiibaD.  Leur  type  est  cepeudaut  ré- 
pandu daua  tout  le  Caucase,  eioepté  chei  les  Tcberkesses  et  les  Ossètes. 
M.  B.  suppose  que  le  vrai  type  juif  est  le  type  dolicépbale  (petite  largeur 
de  la  i£te  par  rapport  à  la  longueur)  des  Juifs  dits  espagnols  ;  le  type 
brftchycéphalc,  au  contraire,  qui  est  celui  d©»  JuifiJ  russes,  serait  venu 
d'Afrique  eu  Asie  avec  la  grande  immigration  des  bracbycépbatea,  et  de  là, 
il  aérait  venu  en  Russie,  vers  le  vt"  siècle  ou  plua  tôt,  et  plua  tard  en 
Allemegae.  Les  Juife  de  ce  type  ne  seraient  pas  de  race  sémitique*  Daos 
le  Ceucase,  ces  Juifs  se  seraient  perdus  peu  à  peu  parmi  les  autres  races, 
ce  qui  expliquerait  le  caractère  bracbjrcéf^kbale  de  ces  races ^  priaelpalemeiit 
des  Qrousesi  Lesgkes  et  Tscbetscbnes.  Les  Juifs  actuels  du  Caucase  y 
seraient  venus  plus  lard,  vers  tlflO,  de  Jérusalem  et  Bagdad^  avec  les 
Perses  ;  d'après  d'autres,  il  en  serait  déjà  venu  auparavaut,  au  vni^  ou 
IX*  siècle»  qui  s'établirent  ou  nord  de  Derbeod,  et  vinrent  seulement  au 
zvi^  siècle  a  Madscbalis  Ou  sait,  du  reste,  qu^à  Anape,  Kertsch  et  Olbia, 
ou  a  trouvé  des  mscTiptions  grecques  faites  par  des  Juifd  et  des  iuscrip- 
tiens  de  synagogues  qui  vont  du  i*'  siècle  avant  l'ère  cbréLiénne  Jusqu'au 
ni®  siècle  aprèa  l'ère  chrétienne.  —  P.  300*  Les  Koumyks,  mir  la  mer 
Morte,  au  nord,  au  nombre  de  a3»tM)0,  sont,  d  après  M  E.,  des  daaceadaDts 
des  Kbazars,  branche  des  Huns,  probablem^^'ut  tatare  ou  ouro-altulque.  — 
P.  335.  Type  juif  très  répandu  parmi  les  Géorgiens  ou  Grouses,  qui  forment 
nue  race  à  part,  probablement  dilîérente  des  indo-européens.  —  P>  34$* 
Le  nombre  des  Juifs  dea  monta  gués  du  Caucase  est  de  20.00Ô  à  10, 000  ^  — 
P.  3t)2,  3fût,  3ti3,  M.  E.  revient  sur  le  type  juif,  si  répandu  surtout  chez 
les  Lesgbcs  et  tes  Tscbetschtias,  et  raltribue  ù  un  mélange  de  sang  juif. 
^  P  370  et  suiv.,  Tauteur  donne  diverses  mensuratioua  autbropologiques* 
tl  arrive  à  celte  conclusion  (p.  377)  que,  d'après  ^ei  meosuraiiouSf 
et  pour  le  classement  des  types  nobles,  les  Arméniens  viendraient  en  l6te 
de  tous  les  peuples  caucasiques,  puis  après  eux  les  Juifs  ,  ai  un  ne  consi- 
dère que  la  largeur  de  la  face  et  celle  du  uez^  qui  sont  des  marques  très 
exactes  du  type  noble,  les  Juifs  vieunent  eu  tête,  puis  seule  meut  les 
Arméniens. 


RANKL  (P,'F.).  Beitnlge  zur  Lilloralurgeschichle  der  Karfter  ;  1,  Nach- 
ricbt  liber  das  arabiscïic  Original  des  Miîhtnwi  José!  al-  Bosirs  ;  2.  Cha- 
raktcrislik  des  karaischen  UeberseLztjrs  Tobija  batiTmaatik  ;  3.  Anbang. 
—  Uans  5.  BerlcbL  ùber  die  Lebranslalt  f.  d.  Wissenscbaft  des  Juden- 
Ibums  io  Berlin.  Berîin,  împr.  J.  Berostein,  1887,  iii-4*. 

Le  Mubtawi  est  uu  ouvrage  de  philosophie  conforme  à  la  doctrine  arabe 
des  Mu>aztltid  et  écrit  par  le  caralte  Josef  al  Basir  au  commencement  du 
XI**  siècle.  La  traduction  hébraïque  (m73"^^:  'p)  est  sûrement,  d  après 
M.  FrankU  de  Tobija  bammaatik^  Les  trois  ou  plutôt  tea  quatre  derniers 
chapitres  de  l'ouvrage  ont  été  traduits  Itii»  libreroeni  par  Tobija,  maïs  ils 
sont  de  Joset  al  Bat^ir  (contrairement  à  ce  quou  a  préleudti  quelquefois).  Ce 
Tubijû  app^irteoait  au  groupe  do  Carallc^  qui  s'était  formé,  k  Jér\iSBlei£l,  au 
commoDcement  du  xi^  siècle,  autinir  de  Je^cbuu  b.  Juda.  Cette  petite  école 
travailla  avec  une  ardeur  et  une  hâte  extraordinaires  à  It  propagaude  de  la 


304  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

doctrine  caralte,  c'est  pour  cela  que  les  traductions  en  hébrea  ({a'elle  a 
produites  sont  généralement  de  qualité  inférieure,  ellee  sentent  la  préci- 
pitation, M.  Frankl  croit  mdme  que  souvent  elles  fcflrmaient  un  àimple  mot- 
à-mot  interlinéaire.  —  Dans  TAppendice,  M.  Fr.  donne  les  titres  des 
chapitres  de  Mahtawi. 

FuRRER  (Konrud).  Die  hebraische  Sprache  als  Sprache  der  Bibel.  Zurich, 
impr.  et  libr.  Fr.  Schulthess,  1887,  in-8*  de  26  p. 

On  jugera  de  Tintérfit  de  ce  petit  travail  par  quelques  données  que  nous 
y  puisons.  L*hébreu  a  30  expressions  pour  désigner  les  hauteurs,  5  noms 
pour  la  vallée,  15  noms  pour  le  désert,  10  mots  pour  <  souffrir  de  la  séche- 
resse ou  de  la  soif  >,  tous  ces  mots  sont  des  souvenirs  des  régions  où  les 
Hébreux  ont  demeuré.  On  s'explique  de  même,  par  Thistoire  des  mœurs, 
Tétat  social,  les  croyances  religieuses,  qu'on  trouve,  dans  Thébreu  biblique: 
24  mots  pour  Tidée  de  s*éteudre  et  se.  multiplier  (nombreux  enfaou), 
27  mots  pour  l'idée  de  fixer  les  limites  (les  frontières  du  champ  du  petit 
cultivateur),  10  mots  pour  désigner  les  ronces  (qui  pullulaient  dans  les 
champs) .  17  noms  pour  désigner  les  sources,  nuits,  citernes,  éUngs,  canaux 
(tant  l'eau  est  précieuse  et  rare  dans  le  pays).  Les  Hébreux  étaient  grands 
chasseurs,  de  la  24  mots  pour  désigner  les  rets  et  filets.  Le  commerce  était 
très  peu  développé  chez  eux,  donner,  troquer  et  vendre  sont  synonymes, 
le  négociant  s'appelle  Phénicien.  Les  28  mots  qui  désignent  la  richesse 
montrent- que  la  fortune  se  présentait  à  eux  comme  un  bien  acquis  avec 
trop  de  peine  et  peu  enviable.  Cette  étude  eet  pleine  d^observàtions  de  ce 
geure. 

Gastbr  (M.).  Jewish  Folk-  Lore  in  the  Middle  Ages.  Londres,  bureau  du 
Jewish  Ghronicle,  1887,  in-8<>  de  14  p.  Lecture  faite  le  26  déc.  1886 
devant  la  Jews'  Collège  Literary  Society. 

La  lecture  de  M.  G.  commence  par  des  considérations  générales  sur 
rhistoire  de  la  légende  populaire  des  Juifs.  La  légende  de  Salomoo  et 
d'Asmodée  a  fait  le  tour  du  monde  (Inde,  Aogleterre,  Allemagne,  Italie, 
Russie)  ;  la  littérature  juive  a  une  Divine  Comédie  (voyage  aux  enfers  et 
paradis),  un  type  du  Marchand  de  Venise,  des  Miracles  de  Virgile  ;  la 
«  Disciplina  Clericalis  >,  qui  a  inspiré  les  troubadours  en  France  et  les 
Novellistes  en  Italie,  a  été  composée  par  un  Juif  baptisé.  Les  fables  du 
Pantscha-Tantrs,  la  vie  du  Bouddha,  ont  été  traduits  en  hébreu  ;  la 
légende  d'Alexandre  le  Grand  a  été  très  répandue  parmi  les  Juifs.  Un 
grand  nombre  de  légendes»  populaires  se  retrouvent  dans  la  littérature' 
judéo-allemande,  qui  a  été  écrite  spécialement  pour  les  femmes  et  qu'on  a 
trop  longtemps  dédaignée. 

GOLDHAMMER  (Leopold).  Die  Psychologie  Mendclssohn's  aus  den  Quellen 
dargestellt  und  kritisch  beleuchtet.  Wien,  libr.  Lippe,  1886,  in-8^  de 
(1).76  p. 

Voici  la  table  des  matières  de  cet  ouvrage  :  1 .  Des  rapports  (objectifs 
et  subjectifs)  d'une  idée  ;  2.  Plaisir  et  douleur  ;  3.  Sensations  mêlées  ; 
4.  Les  affections  ;  5.  Théories  psychologico-estbétiques  ;  6.  Désirs  ;  7.  Ju- 
gement du  désir  ;  8.  Habitude  et  habileté  ;  9.  L'état  de  veille,  le  som- 
meil, le  rdve  ;  10.  Psychologie  rationnelle.  —  2*  psrtie.  1.  Mendelssoho  et 
Platon  ;  2.  M.  et  les  matérialistes  anglais  ;  3.  M.  et  Leibnitx*Wolff  ;  4.  M. 
et  Lessing  ;  5.  L'empire  sur  les  passions  ;  6.  M.  et  Kent. 

Jacobs  (Joseph).  Jehuda  Halevi,  poet  and  pilgrim.  A  Paper  read  before 
tbe  Jewâ'  Collège  Literary  Society,  marcb  13.,  1887.  Londres,  bureau  du 
Jewish  Chronicle,  1887,  in-8»  de  17  p. 


BIBLIOGRAPHIE 


3m 


pw  (M,)'  A  DicUoûDary  of  Ihe  Tarpuniiii]»  (he  Talmod  Babli  and  Ye- 
llmi  and  ihe  Midrashic  Literature,  Pari  1.  Londres,  lihr.  Tiûbner; 
York»  libi".  G. -P.  Putnam's  Sons,  1886,  in  4^  de  (2]-96  p. 

Une   étude    sera   postérieureaienl    cimsacTée    à  cet    ouvrage  du   savant 
M.  Jastrow,  Ca  premier  jat>cicule  s'ftrrdle  tu  mot  KD'^^DOdt 

iANN  (David).  Paul  de  Lagarde^a  jùdische  Geîebrpamkeit,  eine  Erwie- 
ing,  Leipzig,  iibr.  Otto  Scbulze,  1887»  m-S»*  de  53  p. 

Nous  avons  ruconté,  dans  le  précédent  uuméro.  p<  1^2  et  127.  la  quttre.lrj 
faite  par  M.  de  Lagarde  à  M-  B^rliuer^  à  M^  Kaufmann  et  aucre»,  purée 
qu'ds  s«  sonl  perrai»  de  trouver  des  lautes  fet  les  fautes  tes  plus  graves) 
daos  l'élude  d  un  MaKsor^  p»r  M.  L.  Techen,  approuvée  par  Tuni- 
▼ersité  de  Goetun|fue,  oit  professe  M,  de  Lagarde,  et  parce  quMls  ont 
trouvé  inanvaisea  les  sorties  de  M.  Terhen  et  de  M.  de  Lag.  contre 
L.  ZuDz.  A  uûtre  avis.  M*  de  Lag*,  en  p«rUcnlier,  n'avail  pas  su  rester  ni 
sur  le  terrain  oi  daos  le  ton  de  ta  d(!^cuf-&iou  scientiliqiie  ef  il  avait  traits- 
formé  sa  polémique  eo  pugilat.  M.  Kaufmann  ne  le  suit  pas  sur  ce  terrain* 
il  se  borne  à  montrer,  dans  cette  savante  étude*  les  nombreuses  fautes  et 
inadvertances  commises  par  NL  de  Lug.  dans  sa  critique  de;*  poètes  litur- 
priques  juifs  du  mujeu  à\:e,  des  érnis  et  des  traduelious  allemandes  de 
ZuDz  M»  de  Lag*  n'a  pas  craint  d'iosuller  aux  souiïrances  des  Juifs  du 
moyen  &ge,  il  répond  par  des  raïUeries  à  un  écrivais  juif  qui  se  plaint  que 
les  chrétiens  déterrent  les  corps  des  Juifs.  «  EtoienUre  des  ■  Leichanlle— 
derer  •,  rlea  anattimistes,  desCzermacs?  «  M-  Kaufm.  prouve  que  cette 
profanstiou  ep  corametuit  véritflhiemeyt.  —  \L  de  Lag,  allègue  que  son 
mépris  pour  Zuuz  vient,  en  partie,  de  ce  que  Zuur  n'a  pas  dnnué  de  iraduc- 
tioos  de  KaUr.  dUbn  Oabirol,,  de  Hanzi  ;  M.  K.  montre  qn  il  en  a  donné 
de  Kalir  et  d'ibn  Gabirol,  et  que,  s'il  ifen  a  pas  riouné  de  Hir»zif  c'est 
qu'on  n'a  de  lui  cfu'uu  seu.e  pièce  liturgique^  —  M.  de  L,  s*amu«ie  de  ca 
que  Zunz  aurait  lilé»  pwrmi  les  géographes  juifs,  un  jésuitf  Texeira,  qui 
n'était  pas  juif^  M.  K.  motilre  que  Tcieira  pouvait  bien  être  juif,  que  des 
auteurs  chrétiens  l'ont  dit  et  que  Zuua  cite  ses  autorités.  —  Un  p<»ème, 
dit  M.  de  L. .  est  attribué  par  Zuuz  à  uu  *  Joseph  ■,  tandis  que  Zuux  lui- 
même  Ta  attribué  ailleurs  a  Elasar  b,  Kaiir;  M.  de  Lug.  a^  par  terreur, 
pris  la  signature  d^un  poème  pour  le  litre  du  poème  suivant^  ce  qui  u'in- 
dique  prédsémeiii  pas  qu'il  ait  lu  avec  quelque  attenlioi»  l'auteur  qu'il  cri- 
tique si  amèrement-  —  L)au8  racrostiehc  d'un  poème  de  Juda  liadévi^ 
M-  de  L.  trouve  î-fbin^,  et  immédialement  il  fait  la  découveiie  qu'il 
niAoqoe  deux  %-er8  après  irT^  pour  faire  TTl^Tl*^'  et  que  les  deux  verscom- 
meoçant  par  Th  ^OQ*  iulervertis  pour  ^rii  après  quoi  il  manque  deux  ver» 
commençant  par  ^1  pour  laire  •'^rTÏ  Et  ni  le  grand  Znut.  ni  le  grand 
BerUner  n*out  lait  cette  découverte  !  Tout  simplement  parce  que,  d ^autres 
l'avaient  dé|B  moutré,  au  iieu  de  nblH^*  il  y  a  niin^  -^  Et  les  traduc- 
tions de  M,  de  L.,  où  il  prétend  corriger  Zunz  î  DwiP,  l'-ur  intérieur,  leur 
ccBur»  devient  chez  lui  *  parmi  eux  •  \  d  lit  ^3  pour  p>  lJ2iy  l»<îur  mî2:?, 
aans  s'apercevoir  des  fautes  d'impressiou  ;  \\  prend  ^3i^  ont,  ma  aouf- 
franofl,  pour  at&ni,  mou  pécbé  ;  et  ainsi  de  suite.  —  M  de  Lag.  a  autre- 
fois publié  les  Makames  de  Harizi  sans  se  doiiuer  aucune  peine  pour  et  a— 
blir  un  texte  correct  ;  ai  les  hommes  qu'il  altaque  avaient  agi  do  cetle 
façon,  il  n'aurait  sûrement  pas  manqu»?  d'en  faire  un  thème  à  déclama- 
tiûna.  — -  Kn  ^ommej  il  est  clair  que  M>  de  L.  a,  pour  ne  pas  dire  piuSy 
grandement  dépaaté  la  mesure,  et  il  serait  digne  de  lui  de  le  reconoaUre.  •* 

L,).  Historisch-kritische    Einletlung    în    die  Bûcher    des    Alten 

ulâ  hinsichlltcb   ibrer  Enlstelmug  und  Samnihiti^.   Autoricjstirl** 

tche  Ausgabe  Voti  TU.   Webcr,    Ersler  Tboil,  ersles  Slùck*  drittea 

Leipzig,    libr.   Otto  Schtike,  1881,  in*8'^  p.  i-viti,  et   193  à  328, 

T.  XIV,  R<*  28.  20 


3<1G  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

LâvY  (Simou).  Moïse,  Jésus  et  Mahomet  ou  les  trois  grandes  religions  sé- 
mitiques. Paris,  libr.  Maisonneuve  ;  Bordeaux,  libr.  Ferai,  1867,  in-S^  de 
xiii-454  (1)  p. 

Cei  ouvrage  est  publié  par  la  famille  àe  feu  M.  Lévy,  grand  rabbin  de 
Bordeaux,  mais  il  a  été  achevé  et  imprimé  du  vivant  de  Tauleur  11  sert 
lu  avec  beaucoup  d'intérêt  par  les  personnes  qui  voudront  y  cherchar 
une  apologie  de  la  relijrion  juive  et  des  arguments  en  faveur  du  Judaïsme. 
On  y  trouvera,  à  l'appui  des  thèses  iiouteuues  par  M.  L.,  un  appareil 
scientifique  qui,  tout  restreint  qu'il  soit,  peut  encore  servir  à  dirifrer  les 
recherches,  surtout  celles  de  personnes  qui  ne  sont  pas  initiées  aai  études 
rabbiniques.  L'ouvrage  se  divise  en  deux  parties.  Première  pmrtie  .*  1.  Ce 
qui  est  en  question;  2.  Dieu  et  son  immatérialité;  3.  Dieu  juste  et  bon  ; 
4.  La  Providence;  5.  La  riignité  humaine;  6.  Destinée  humaine  ;  Messie; 
7,  8  et  9.  Immortalité  de  Tâme,  Vie  future,  Résurrection  ;  10.  La  morale, 
Devoirs  envers  Dieu;  11.  Devoirs  de  l'homme  envers  lui-même.  — 
Deuxième  partie  :  12.  Devoirs  de  l'homme  envers  son  prochain  (famille, 
patrie,  humanité). 

LiBBLEiN  (J.).  Handel  und  Schiflahrt  auf  dcm  rothen  Meere  In  alten  Zeiten. 
nach  iigyptischeu  Quellen.  Leipzig,  libr.  I.-C.  UiDrichs,  1886,  iu-8*  de 
150  p. 

M.  L.  rencontre  dans  les  documents  égyptiens  un  pays  de  Pun,  qni  se 
trouve  des  deux  cMés  du  détroit  de  Bab-el-Mandeb,  au  sud  de  la  mer 
Bouge  et  qui  était  habité  par  un  peuple  très  commerçant.  U  croit  que  les 
Pun  pourraient  bien  être  aussi  les  Pani  des  Védas-  Ces  Pun  ne  seraient 
autres,  d'après  lui.  que  les  Puni  ou  Phéniciens,  qui  seraient  originaires  de 
ces  régions.  La  couleur  de  leur  peau  était  rouge,  comme  celle  des  Ë.:rvp- 
tiens,  de  sorte  que  les  Phéniciens  seraient  un  peuple  hamitique  qui  aurait 
plus  tard  adopté  une  langue  sémiiique.  Les  Pun  avaient  créé  plusieurs 
routes  commerciales,  entre  autres,  une  route  qui,  après  avoir  rencontré  la 
mer  Bouge,  s*eu^ageait  dans  le  petit  golfe  Élauitique,  et  de  là,  à  travers 
le  pays  d'Ëdom  et  la  Palestine,  transportaient  en  Â.sie-Mineare,  en  Baby- 
lonie  et  Assyrie,  les  marchandises  tirées  de  l'Inde  et  de  TA-frique.  Une 
colonie  de  ces  Pun  se  serait  établie  en  pays  d'Edom  et  de  là  viendrait 
que.  d'après  la  Bible,  Esaii  est  roup«  (couleur  de  la  peau  des  Pun).  Lors- 
que Salomoii,  avec  le  concours  de  Hiram,  organisa  des  expéditions  mari- 
times parlant  du  golfe  Elunitiqiie,  il  ne  tit  pas  autre  chose,  diaprés  M.  L., 
que  de  soumettre  à  un  tribut  les  caravanes  commerciales  des  Pun  édo- 
mites,  qu'il  avait  soumis,  et  <le  les  aider  en  leur  fournissant  des  hommes 
pour  les  seconder  et  les  protéger.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  il  n'est 
pas  fait  mention  des  produits  qu'il  donne  en  échange  de  ceux  qu'il  reçoit. 
Le  pays  d  Ofir  serait  «loue  sit^ié  dans  ces  régions  de  la  route  du  Bab-el- 
Mandeb,  et  M.  L.  croit  qu'il  serait  plutôt  sur  la  côte  africaine  que  sur  la 
côte  asiatique.  Les  expéditions  attribuées  à  Sulomon  rapportaient  d  Oâr  de 
l'or,  de  l'argent,  des  pierres  préci«'uses,  do  l'ivoire,  des  singes,  toutos 
choses  qu'on  trouve  eu  Afrique.  Seulement,  il  faut  les  chercher  loin,  dans 
l'intérieur  des  terres,  et  c'est  pourquoi  les  expéditions  duraient  près  de 
trois  ans  Les  paons  et  les  bois  de  sandal  rapportés  également  de  ces 
voyages  venaient  de  l'Inde,  il  est  vrai,  mais  ils  étaient  apportés  par  les 
négociants  sur  la  côte  d'Atrique,  où  les  vaisseaux  de  Salomon  les  pre- 
naient au  retour.  M.  L.  termine  en  proposant  d'identifier  Ofir  avec  le 
pays  des  yt/cr-Dankali,  sur  la  côio  africaine  de  la  mer  Bouge. 

^iPPE  (Ch.-D.).  Bibliographisches  Lexicon  der  gesammten  jiidischcn  Lite- 
ratur  der  Gegenwart  mil  Einschluss  der  Schriilen  ûber  Juden  und  Ju- 
denllium  ;  Achtjahriger  Bûcher-  und  Zeitschrifleu-Calalog  (1880-1887)... 
ncbst  Adress-  Anzeiger...  Zweiter  Band,  1.  Lieferung.  Wicn,  libr.  Lippe, 
1887,  in-8%  p.  1  à  96.  Conlient  les  lettres  A  à  H.     • 


BIBLIOGRAPIIIE 


:m 


f\UïMONiDs].  Hygiène  iaroélile,  Priocipe?  de  la  santé  phjiique  cl  morale 
do  l'homme,  pur  Arab  Mnuclii  ben  Mimoun  iMaïronoide),  Traduction 
frttnçaisu  par  M.  Carcousse,  direoti-nr  de  l'école  du  Talmud  Thorn  dWl- 
ger,  avec  la  collaboration  ei  les  annotations  du  D*^  E  -L.  Hortb*,'raDd*. . 
el  une  introduction  par  M.  llouel  Alger,  libr.  Ruïï,  1887,  in-S"  de  ni- 
51  p.  A  la  an,  table  analytique  des  matières. 

Mbi^ls  iM  -J  ).  Clara  da*  gelcbrte  Madchen  oder  der  Antiserailismns, 
Zeitf'emâlde  in  vier  Akteu.  Zloczow,  impr*  O,  ZucUermandel»  ISS"?.  in-S" 
de  138  (2)  p. 

Comédie  en  prose»  suivi*  de  poési*»9  en  alIeiDand  el  en  frauçaiSi  et  quel 
français  t  et,  probableràent  a  usai,  quel  «llemauci  I 

MossÉ  (Benjamin}.  Le  Judaïsme  ou  Tcxposé  historique  et  lovai  de  la  dor- 
trine,  de  la  morale  et  dea  mœurs  des  i«>ra<SHles.  Paria,  libr.  Marpon  ci 
Flamraaricn,  1887,  in-S*  de  267  p. 

Bxposé  bomiléliqua  et  populaire  d'im  certain  nombre  dp  questions  juives  ; 
Apoaloltl  d'Israël;  le  Mo^alsm^,  son  pnssé,  son  pr^'icnt,  sod  avcûtr;  le 
Déc«lugu(!  ;  te  Schéma;  apiritualisme  juiT;  la  sortie  d  E^yptf!  et  le»  prin^ 
cip<«s  du  judalame  ;  le  Jii<Hjî4nie  et  les  principes  moriornef^  liberté.  égalit4î, 
rraieruité;  respect  des  parants;  culte  da  (byer;  rôle  de  ta  mèfe;  lostruction 
d«  la  fomme;  bygièae  iaraéiiio  ;  posilivisme  Israélite;  le  secret  de  la  vie; 
U  culta  des  morts. 

MuMZ  (Isak).  Ueber  die  jûdtscben  Aerzte  im  Mlttelalter.  Berlin,  libr. 
M.  Dfiesner,  1887,  in-8»d©  vi-72  p. 

Recueil  de  lectures  aur  le»  médecins  juifs.  Outre  les  ouvrages  connus  *!** 
WCtstenfeld»  rie  Cormolj  (et  de  Leclerc  ?),  M.  Mant/  a  uiilisé  des  reosei- 
gtiements  paiféa  a  des  sources  diverses,  principalemeut  sur  les  médeem» 
juifs  d'AUeroafiCQc*  Sou  élude  n'e^t  pas  complète  et  no  veut  paa  l'Otrei  msia 
éIIa  peut  §li-s  consultée  avec  profit. 

êftli.)-  Pie  scmitischen  Sprachen,  cine  Skizze.  Leipzig,  T  -O,  Wei- 
gel,  1887,  in-8*  de  54  p. 

M.  N  iaclîae  a  croire  que  la  parenté  des  langues  sémitiques  avec  les 
languas  bamiti<9  indiquerait  que  les  aémites  sont  originaires  de  TÂfrique, 
mais  il  ne  combat  pas  tbHolum^ot  ropinioo  d'après  laquelle  ils  viendraient 
de  l'Arabie.  En  revanche  il  ne  croit  pas  qu'ils  puissent  venir  du  voisiaage 
de  VArménie  ou  du  bi&s  Euphrate.  IL  admet,  avec  beaucoup  de  savants, 
la  division  eu  Inngues  B^miLiques  du  nord  (bëbréo-phépicifn  araméen,  assy* 
rien)  et  langues  sémitiques  du  sud  (arabe  et  éthiopien,  avec  le  sabien. 
gaei.  ambarite  et  autres  d»alectes).  Il  serait  puéril  de  chc-cher  jV  rf'cons- 
iruire  la  langue  sémitique  primitive  d'où  sont  sorties  le<:  différentes  langues 
sémitiques,  mais  l'hébreu  pourrait,  encore  plutôt  que  toute  autre  langue  se- 
mtlique,  servir  k  celta  reconstruction ^  même  plutôt  que  Tarabe,  qui  a  con- 
servé, d  est  vrai,  la  richesse  vocalique  ai  ratModsoca  des  formes  de  U 
langue  primitive,  mais  qui  a  aussi  créé,  par  simple  analogie  et  coirme  dans 
un  moule,  beaucoup  de  formes  artiGdelles.  Si  on  peut  supposer  que  la 
langue  sémitique  et  celles  d ^autres  peuples  sont  issues  de  La  même  langue 
que  Findo  éuropéeu,  leur  séparation  e^t  si  aucieune»  qti  il  est  impossible  an-^ 
Jûurd'hui  de  trouver  les  liens  qui  les  unissent,  et  tous  les  elforts  fait  jusqu'à 
ce  jour  pour  montrer  la  parenté  des  langues  sémitiques  avec  les  laogtjes 
indo-européennes  sont  considérés  par  M..N.  comme  sléhlea. 

Ohzbsko  (Elise).  Histoire  d'un  juif,  tradtiit  du  polonais  par  Ladislos  Mie- 
kiewicz.  Porii^,  libr.  Loui;^  Weatbauser,  1887,  in-18  de  xl-320  p. 


306  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

PozNANSKi  (Adolf).  Ueber  die  roligionsphilosophischen  Anschauungen  des 
Flavius  Josephus.  Breslau,  impr.  Schatzkj,  1887,  in -8*  de  41  p. 

1.  Dieu  ;  2.  la  ProTidence  ;  2  bts.  Dieu  dans  ses  rapports  ayiâc  le  peuple 
d'Israël  ;  3.  La  Nécessité  ou  Fatalité  ;  4.  Angvs  et  démons  ;  5.  La  pro- 
phétie ;  6.  Anthropologie  ;  7.  Le  Messie  ;  8.  L  allégorie  ;  0.  La  morale. 

Rtssbl  (Victor).  Untersuchiingeo  ûber  die  Textgestalt  und  die  Echtheil  det 
Bûches  Micha.  Leipzig,  libr   S.  liirzel,  1887,  in-8'  de  viii-284  p. 

SCHBCHTER  (S.)-  Habbi  NachmaD  Krochmal  aud  the  «  Perplexities  of  the 
Times  ».  Londres,  bureau  du  Jewish  Cbrdnicle,  1887,  in-8<*  de  15  p. 
Lecture  publique  faite  le  23  janvier  1887. 

ScHEiD  (Élie).  Histoire  des  Juifs  d'Alsace.  Paris,  libr.  A.  Durlacher,  1887, 
in-8«  de  424  p. 

Les  lecteurs  de  la  Revue  connaissent  M.  Scheid  pour  ses  intéressantes 
études  sur  les  Juifs  de  Haguenau  et  sur  le  fameux  Joselmann,  de  Ro9heim. 
Daus  Touvrage  que  M.  Sch.  nous  doune  aujourd'hui,  il  a  réuni  tous  les  do- 
cuments qu'il  a  trouves  et  recueillis  sur  les  Juifs  d'Alsace  dans  les  archives 
d'un  grand  nombi'e  de  villes  et  de  villages,  et  il  les  a  reliés  et  expliqués 
perdes  renhoignements  puisés  dans  un  certain  nombre  d'ouvrages  consacrés 
a  1  histoire  de  l'Alsoce.  Nous  voyons  principalement  utilisées  les  Archives 
de  Strasbourg,  de  Cuimar.  de  Séiestadt,  d'Obernai,  de  Mulhouse,  de  Rouf- 
fach,  de  Muuster,  de  Haguenau,  de  Saverne  et  celles  de  Wetzlar  actuelle^ 
ment  à  Stiasbourg.  Le  nombre  de  faits,  de  dates  et  de  noms  réunis  par 
M.  Sch.  est  considérable,  son  livre  est  uue  chronique  où  Ton  trouvera  de 
nombreux  matériaux  amassés  par  un  homme  laborieux,  dévoué  à  sa  tâche 
et  à  sou  œuvre.  Un  historien  de  profession  aurait  probablement  suivi  un 
autre  ordre  que  Tordre  chronologique,  mieux  utilisé  les  ouvrages  d'écri- 
vains antérieurs,  écarté  beaucoup  de  détails  secondaires  ou  insignifiants, 
mais  nous  ne  nous  arrêtons  point  à  ces  questions  de  plan  et  de  méthode, 
nous  sommes  recounaissauts  à  M.  Scheid  de  nous  avoir  fourni  une  si 
riche  collection  «le  documenis.  Uo  seul  point  mérite  d'ôtre  signalé  aux 
lecteurs  :  la  manière  duut  M.  Scheid  présente  et  juge  les  faits  et  les 
hommes  est  des  plus  ^iDt•è^es,  mais  dans  un  grand  nombre  de  cas  elle  pro- 
cède de  vues  Irè^  Kicomplètes  et  de  conceptions  un  peu  primitives.  11  taut 
dire  que  presque  à  chaque  pHge  il  y  aurait  à  corriger,  redresser  remanier  et 
retoucher  les  expressions  et  les  (açons  de  parler,  tant  elles  sont  inexactes 
et  presque  à  côté  de  la  vérité.  Mais  cette  réserve  faite,  nous  nous  empres- 
sons de  téliciter  Vl.  Sch.  de  nous  avoir  donné  ce  vaste  répertoire,  et  s'il  y 
avait  joint  uue  table  analytique  ou  au  moins  une  table  des  matières  un  peu 
détaillée  qui  permît  de  se  retrouver  et  de  trouver  promptement  ce  qu'on 
veut  dans  cet  amas  de  faits,  son  ouvrage  serait  encore  beaucoup  plus  utile. 
11  se  divise  en  deux  parties,  les  Juifs  d'Alsace  avant  la  conquête  française, 
les  Juifs  d  Alsace  après  la  conquête.  A  la  siiite,  se  trouvent  deux  chapitres 
consacrés,  l'un  à  l'histoire  des  synagogues,  1  autre  à  celle  des  cimetières 
juifs  en  Alsace  Enfin,  a  la  Gn  du  volume  (p.  32U  à  424),  se  trouvent  du- 
quanle-six  pièces  justificatives,  probablement  toutes  inédites,  toutes  en 
allemand,  et  qui  ne  sont  pas  la  partie  la  moins  utile  de  cet  utile  et  ioté- 
resAvnt  ouvrage. 

Steinschneidkr  (M  ).  Zur  Literatur  der  hebrâischen  Palaeographie  (Neu- 
baucr  's  Facsimiics).  Tirage  à  part  du  Centralblatt  f.  Bibliothekwesen  t, 
p.  155  à  1G5. 

Notes  sur  des  fac-similés  d'écriture  hébraïque,  qui  complètent  la  liste  du 
catalogue  des  mss.  hébr.  d'Oxford,  de  M.  Ad.  Neubauer. 


BIBUOGRAPHIE  309 

Vernbs  (Maurice).  Une  nouvelle  hypothèse  sur  la  composition  et  Torigine 
du  Deuteronome  ;  Examen  des  vues  de  M.  G.  d'Eichihal.  Paris,  libr. 
E.  Leroux,  1887,  in-8'  de  53  p. 

Nous  prions  notre  ami  et  collègue  M.  Vernes  de  vouloir  bien  nous  per- 
mettre d'ajourupr  au  prochain  numéro  l'examen  de  son  intéressante  étude, 
que  nous  analyserons  ici  en  même  temps  que  l'ouvrage  du  regretté 
G.  d'Richthal. 

ZiEMLiGH  (Bernhard^.  Das  Machsor  Nùmberg,  ein  Beitrag  zur  Erforschung 
des  Kit  us  und  der  Conimenlarlitiiralur  des  deutschen  Machsor.  Berlin, 
libr.  Ad.  Mampe,  1886.  iu-8»  du  76  p. 

Ce  b'^au  Mahzor,  qui  se  compose  de  517  ff.  de  50  centim.  de  haut  et  qui 
a  déjà  été  signalé  par  Wûlfer,a  été  écrit  on  1331  pour  un  R.  Josua  b.  Isaac. 
M.  Zieml.  ne  croit  pas  que  le  MHhzor  a't  été  écrit  à  Nnrfmberg.  ni  que 
son  premier  propriétaire  soit  de  Nuremberg,  ni  qu  il  y  ait,  comme  on  l'a 
supposé  à  cause  de  ce  Mahzor,  un  rue  de  Nuremberg.  En  r:^alité,  ce  Mahzor 
unique  a  un  rite  à  part,  qui  se  rapproche  du  nte  poiono -allemand,  sans  se 
confondre  avec  lui.  Le  commentaire  dont  il  est  accompagné  a  été  comparé 
par  M.  Z.  avec  plusieurs  commentaires  analogues  (mss.),  il  a  également 
ses  particularités  Parmi  les  commentateurs  cités,  il  y  a  un  grand  nombre 
de  rabbins  frunçais,  R-schi.  ses  contemporains  et.  successeurs  L'étude  de 
M.  Zi<  mlich  offre  beaucoup  de  renseignements  sur  l'histoire  littéraire  des 
anciens  rabbins  et  sur  la  littérature  liturgique. 


3.  Publications  pouvant  servir  à  Vhistoire  du  Judaïsme  moderne. 


Jahrbuch  (Statistisches)  der  Deutsch-  Israelitischen  Gemeindebundes,  1887. 
Berlin,  impr.  J.-S.  Preuss  (1887),  in-8°  de  2-62  p. 

Très  utile  publication,  faite  avec  le  plus  grand  soin.  Elle  contient  la 
liste  des  communautés  juives  allemandes,  rangées  par  provinces,  et  indique 
le  plus  souvent  le  nombre  des  ftmes,  les  noms  des  ronctionnaires  et  des 
administrateurs.  A  la  suite  se  trouvent  des  index  alphabétiques  des  lieux 
et  des  personnes  et  le 'texte  d'ordonnances  oificielles  les  dates  manquent 
quelquefois)  concernant  les  Juifs  publiées,  d'après  les  pièces  datées,  eu 
1884,   1885  et  1886. 

Lazarus  'M.).  An  die  deutschen  Juden  ;  3.  Auflage.  Berlin,  libr.  Walter  et 
Apolant,  1887.  in-8''  de  30  p. 

Lehmann  (Emil)  Die  Juden  jetzt  und  einst,  ein  Beitrag  zur  Losung  der 
Judenfrage.  2«  édit.  Dresde  et  Leipzig,  libr.  E.  Pierson,  1887,  in-8®  de 
39  p. 

MiJNz  (L.l.  Religiose  Zeitfragen.  Berlin,  libr.  M.  Driesner,  1887,  in-8®  de 
110  p.  (Recueil  de  Sermons.) 


4.  Notes  et  extraits  divers. 
=  Nous  aurions  dû  annoncer  depuis  longtemps  la  création;  à  Bucbarest, 


no  lŒVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

d*UDe  sociélé  israélite  qui  a  pour  litre  «  Société  historique  Jules  B«- 
rascb  »,  et  qui  a  pour  objet  de  réunir  et  publier  des  matériaux  relatif  à 
rhistoire  et  à  la  littérature  des  israéliles  de  Roumanie.  Cette  société 
existe  depuis  juin  1886  ivote  des  statuts),  plusieurs  des  documents 
qu*elle  a  recueillis  ont  éié  publiés  dans  la  Betn&ta  isr,^  de  Bucbarest. 
Nous  la  félicilons  de  Tidée  qui  a  présidé  à  sa  formation  et  de  son  action 
scientifique,  qui  sera  sûrement  utile. 

=  Nous  ne  sommes  pas  les  premiers,  non  plus,  il  s*eu  faut,  pour  annoncer 
que  M.  le  D^  Gûdemann  a  été  choisi  (et  qu*il  a  pleinement  mérité  de 
rotrc)  par  la  direclion  des  MotmmetUa  Oennania  pœdagogica^  publiés  par 
M.  Karl  Kehrbacb,  pour  faire,  dans  cette  collection,  Tbistoire  de  la  péda- 
gogie juive. 

'-^  Notre  cher  collègue  M.  U.  Derenbourg  a  publié  les  deux  études  sui- 
vantes :  1«  Ousâma  ibn  Mounkidh,  un  émir  syrien  au4)romicr  siècle  des 
croisades  (1095-1 188>  :  Note  sur  quelques  mots  de  la  langue  des  Francs 
au  xii^'  siècle  d'après  Tautobiographie  d*OusAma  ibn  Mounkidh.  Paris, 
1887,  in-8"  de  17  p.  —  2**  Ousâma  poète,  notice  inédite  tirée  de  la  Kba- 
rîdat  al  Kasr,  par  ImOd  ad  Din  al  Kâtib  (1125-1201).  Paris,  impr.  natio- 
nale, s.  d.  (1887) ;  p.  115  à  155,  in-8^. 

—  La  Savonnerie  Marseillaise,  par  le  D'  L.  Barthélémy  (Marseille,  1883, 
extrait  de  la  Hevue  de  Marseille,  in-8<*  de  22  p.).  Le  premier  initiateur 
dans  la  fabrication  du  savon  à  Marseille  est  le  juif  Crescas  Davin,  sabo- 
fierius,  de  1371  à  1404  ;  il  eut  pour  successeur  son  fils  Salomon  Davin, 
qu*on  trouve  cité  comme  savonnier  jusqu'en  1418.  Ils  paraissent  avoir 
sUccombé  à  la  concurrence  que  leur  fit  le  savon  de  Ga^te.Le  premier 
«  maître  savonnier  »  chrétien  de  Marseille  apparaît  en  1431,  il  ne  fit  pas 
non  plus  de  brillantes  aflaircs.  Cette  introduction  de  Tart  de  la  savon- 
nerie à  Marseille  par  des  Juifs  est  un  fait  très  curieux  et  nous  savons 
gré  à  M.  le  D""  B.  de  l'avoir  mis  en  lumière. 

=  Un  épisode  historique  de  l'église  Saint-Martin  de  Marseille,  par  le  D"^ 
L.  Barthélémy  <, Marseille,  1882,  extrait  de  la  Hevue  de  Marseille  et  de 
Provence,  in-8'*  de  26  p.).  11  arrivait  souvent,  au  xV  siècle,  que  des 
chrétiens  attiraient,  par  des  cajoleries  et  des  friandises,  des  enfants  juifs 
qui  vaguaient  dans  le  quartier  juif  situé  près  de  l'église  Saint-Martin  et 
les  faisaient  baptiser  subrepticement.  Le  7  août  1481,  une  dame  chré- 
iicnno  fit  baptiser  de  la  sorte  une  jeune  fille  juive  à  l'église  de  Saint- 
Martin,  et  quelques  années  auparavant  un  garçon  juif  avait  été  enlevé  de 
môme.  Sur  la  plainte  do  Salomon  Botarcl  et  de  Baron  de  Castres,  dé- 
putes dos  Juifs  de  Marseille  (en  1481),  le  roi  Kené  fit  fermer  le  baptisièrc 
de  Saint- Martin  et  obligea  les  chrétiens  de  la  paroisse  à  faire  baptiser 
leurs  enfants  en  l'église  Saint-Jacques  de  la  Corrigerie.  Les  Juifs  dédom- 
magèrent le  clergé  de  Saint-Martin  de  la  perte  qu'il  subissait  par  celle 
mesure  en  lui  payant  une  pension  annuelle.  Mais  le  roi  Charles  Vlll,  et 
api  es  lui  le  roi  Louis  XII,  par  ses  ordonnances  du  23  mai  1500  et  du 
31  juillet  1501,  chassèrent  les  Juifs  de  Provence.  Ceux  des  Juifs  qui  se 
convertirent  pour  rester  dans  le  pays  prétendirent  garder  les  synagogues, 
cimetières  et  écoles  des  anciennes  communautés  juives,  mais  le  roi 
s'empara  de  ces  biens  par  lettre  patente  du  28  mars  1503.  Les  nouveaux- 
convertis  cessèrent  de  payer  la  rente  annuelle  des  Juifs  à  Téglise  Saint- 


mBLlOGRAPillB  3tl 

MartîD,  elle  11  novembre  1592  le  baptistère  de  cette  église  fut  réoQTert, 
cessante  causa,  ceuare  débei  effectué, 

=:  Notre  excellent  ami,  M.  Jonas  Weyl,  grand  rabbin  do  Marseille,  a  trouvé 
uae  petite  brochure  iu^S*^  do  15  p.  conteoant  un  uoëme  burlesque  eu 
provençal  c»  intitulé  ;  Le  Testament  d'un  Juif  de  lu  ville  de  Garpcn- 
tras  ?N  L'auieur  se  moque  des  terreurs  d'on  pauvre  Juif  blessé  par  ce 
*■-  pillard  de  Coloumbln  >*,  La  pièce  est  itrobabïement  de  la  fia  du 
xYiu*  siècle. 

-  Nous  devons  à  robligeance  de  M.  V.  Blum,  du  Havre,  une  noie  sur  les 
Juifs  du  Havre  tirée  de  V Histoire  de  la  ville  du  Havre  et  de  son  ancien  ffow 
veniement,  par  A.-E.  Borely  ^le  Havre»  1880-1881  ,  tome  III,  p.  441  et 
suiv.  En  1714  (Louis  XÏV>  et  en  1776  , Louis  XVi),  les  écbevins  sont  in- 
lormés  que  le  séjour  sur  tcrriloàre  français  fst  détendu  aux  Juiia  Cepen- 
<lnnt  il  V  avait  à  celle  époque  (1776)  au  Havre  deux  familles  juives,  dont 
tes  chels  étaient  des  négociants  et  ariua leurs  important»,  les  Homberg, 
baptisés  depuis  peu,  el  les  Lollemanti  ;  on  leur  avâii  accordé  des  lettres 
do  ualuraliaalî'>n  Depu».s  1759,  Louis  XV  avait  accorde  la  môuie  favcurà 
six  familles  juives  du  Cnmlat  êlohîie.s  au  Havre?)»  Les  lettres  de  natura- 
li^yation  de  septembre  1775  accordées  à  Léoo,  Gerson  et  Éliézer  Homberg 
frères  et  à  Joncph  Lallemund.  orij-'inaires  d'Allemagne,  mentionnaient 
que  leur  aïeul  avait,  depuis  près  de  50  uns,  établi  Sun  commerce  au 
Havre,  et  qu'il*  s  étaient  rendus  utiles  à  l  Etat  en  trouvant  le  moyen  de 
faire  venir  du  Nord  en  France,  dans  les  lemps  tes  plus  périlleux,  les  ma* 
turcs  et  bois  de  construction  nécessaire»  à  la  marine  ;  qull«  avaient  su 
donner  à  leurs  navires  une  forme  avantageuse  pour  naviguer  dans  le 
Nord;  qulls  envoyaient,  en  outre,  six  navires  b  Samt-Douiingue  et  dans 
la  Martinique;  qu'ils  avuicQl  importe  dei^  blés  en  temps  de  disette,  déve^ 
luppé  la  p^cbe  sur  la  côte»  formé  de  nombreux  matelots.  Joseph  Lallc- 
mHud,  né  à  Hambourg,  ayant  obtenu  des  lettres  de  oaturalisattOQ.  de- 
manda au  magistrat  de  devenit  ciloyen  du  Havre;  sa  demande  fut  d'ainrd 
rejetée,  parce  qu'il  était  juif  sur  la  proposition  d'un  Pierre  ^hclieL  juif 
baptisé)  ;  mais  te  roi  obli|j;ea  lu  ville  du  Havre  d'accueillir  la  demande  de 
Lallemand. 

=  Nous  croyons  savoir  que  M-  Ad.  Neubauer  a  été  invité,  par  les  rédac- 
teurs de  i  Htsioire  littéraire  de  la  France,  à  continuer,  pour  un  prochain 
volume,  ses  recherches  sur  les  Rabbins  français* 

-  Article  très  intéressant  sur  rétablissement  des  Juifs  aux  États-Unis 
d^Amérlque,  par  Isaac  Murkess»  dans  Tbe  Mail  and  Express,  de  New- 
York,  2Û  février  1887. 

=  Boletin  de  la  Real  Academia  de  Historia,  tome  IX  (Madrid,  1887),  — 
Fascicule  2.  février^  p.  85»  Lettre  du  cardinal  arcbevôque  D.  Pedro  Gon- 
zalez de  Menduza,  d'après  le  ms.  Dd.  59  de  la  blbliotli.  nationale  de 
Madrid,  adressée  aux  doyens  et  chapitre  de  la  S.  égîise  de  Tolède.  La 
¥  grande  synagogue  >»  de  Tulède,  lors  de  l'expulsion  des  Juifs,  avait  été 
d<iunée  par  le  roi  à  Tordre  des  chevaliers  de  Ctilalrava,  pour  la  trana- 
former  en  église,  el  ils  demandaieut  rauiorisaliou  de  la  consacrer.  Mais 
elle  leur  fut  disputée  par  le  chapitre  de  Téglisc  de  S,  Tome,  dans  ïa  pa- 
roisse duquel  elle  était  située.  La  lettre  do  D.  Pedro  Gonzalez  de  Meadoza 
demande  des  informations  -,  rautorisation  de  consacrer  la  synagogue  est 


312  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

ajournée.  M.  Fidel  Fita,  qui  publie  cette  pièce,  croit  qu'elle  est  de  I4d4. 
—  Fascicule  4.  avril,  p.  245  M.  Harkavy  a  découvert  une  chronique 
hébraïque  d'un  Abraham  tîls  de  Salomon,  de  bN^anno,  contemporain 
de  Tcxpulsion  des  Juifs  en  Espagne,  et  qui  raconte  cette  expulsion.  Le 
ms.  a  été  acheté  par  la  Bodléienne,  et  M.  Ad  Neubauer  le  publiera  pro- 
chainement. D'après  le  Boletin  la  localité  V6rû1"ik3  est  Torruliel  'c  -è-d. 
Torre  de  Uliel\  dans  le  territoire  d'Uliel.  cercle  de  Hequena,  province  de 
Valence  —  Ibid.,  p.  257  Au  N.  de  Tolède,  sur  la  route  de  Madrid,  est 
Tcrmitage  de  S  Roque,  bn  y  a  trouvé  des  fragments  de  pierres  tumu- 
laircs  hébraïques  et  arabes,  ce  qui  fait  supposer  que  les  cimetières  juif 
et  arabe  étaient  par  là.  Le  fragment  d'inscription  hébraïque  est  sans  im- 
portance. 

=  M.  Fidel  Fita  a  trouvé  une  intéressante  inscription  hébraïque  dans  une 
synagogue  de  Séville  ;  il  la  publiera  prochainement.  A  Xerez  de  la  Fron- 
lera,  nous  dil-il,  «  j'ai  copié  de  Toriginal  la  répartition  du  quartier  juif 
lors  de  la  conquête  de  cette  ville  par  Alphonse  X,  en  1264,  c'est  très 
beau.  J'ai  visité  le  quartier  juif  de  cette  ville  et  le  cimetière  juif,  mais  je 
n'y  ai  rien  découvert.  » 

=  Le  Comité  de  l'Exposition  historique  juive  de  Londres  a  organisé  un 
certain  nombre  de  conférences  pour  les  mois  de  mai.  juin  et  juillet.  Ce 
sont  les  conférences  suivantes  :  Joseph  Jacobs,  La  juiverie  de  Londres  en 
1290  (5  mai)  ;  Lucien  Wolf,  Cinquante  années  de  progrès  ihraélite  en 
Augleierre  (12  mai'  ;  Francis  L.  Cohen,  naissance  et  développement  du 
chaut  synagogal  (16  mai)  ;  Walter  Hye.  La  persécution  des  Juifs  26  mai]; 
A.  Loewy,  Littérature  juive  en  Angleterre  ^2  juin);  C.  Gross,  L'échiquier 
des  Juifs  d'Angleterre  au  moyen  âge  (9  juin)  ;  H.  Graetz,  Considérations 
'sur  l'histoire  des  Juifs  en  Angleteri'e  (16  juin  ;  Gaster,  Sources  juires 
de  la  légen  le  d'Arthur  (23  juin)  :  H.  Adler,  Les  grands-rabbins  d*An~ 
gletorre  (30  juin)  ;  S.  Singer,  Les  œuvres  d  éducation  de  la  communauté 
juive  d'Angleterre  (4  juillet). 

=  Le  môme  Comité  se  propose  de  publier,  si  on  souscrit  pour  un  nombre 
suffisant  d'exemplaires,  les  ouvrages  suivants  :  1.  Hebrew  shetarot  of 
Mnylush  Jews,  1190-1290,  par  M.  D.  Davis;  environ  400  p.  ;  2.  Biblioiheca 
Anylo-Judaica,  bibliographie  de  Ihistoire  des  Juifs  anglais,  par  J  Jacobs 
et  L.  Wolf;  environ  240  p.;  3.  Exhibition  Papers,  contenant  les  confé- 
rences laites  à  l'Exposition  ;  environ  200  p.  La  souscription  est  d'une 
guinée  pour  chacun  des  trois  volumes. 

=  La  Commission  historique  pour  l'histoire  des  Juifs  en  Allemagne  (Ber- 
lin ;  Prof.  H.  Bresslau,  président)  va  entreprendre  deux  séries  «le  publi- 
cations. La  première  est  intitulée  Regesten  zur  Geschichte  der  Juden  in 
Dcutschland,  contenant  des  Regestes  conc«rnant  les  Juifs  d'Allemagne  jus- 
qu'en l'an  1273  Elle  sera  publiée  en  fascicules  de  6  à  8  feuilles  in-4*, 
chez  Leonhard  Simion,  à  Berlin.  La  seconde  sera  intitulée  Quellen  zur 
Geschichte  der  Juden  in  Deutschlfind,  et  sera  publiée,  chez  le  môme  éditeur, 
en  volumes  de  15  à  30  feuilles  in-8".  Le  premier  volume  donnera  le  Ju~ 
denschrembuch  des  archives  municipales  de  Cologne.  Prix,  40  pf.  pour 
chaL[ue  feuille  des  Hegesten^  50  pf.  pour  chaque  feuille  des  Quellen^  ou, 
ensemble,  20  marcs  par  an. 

=  M.  Francesco  Alvino,  do  Florence,  dans  un  prospectus  daté  de  mars 


BIBLIOGRAPSUE 


3i:î 


1887,  ODDonce  qu*il  veut  publier  un  ouvrage  intîlulé  /  Calendafi^  où  se- 
ront étudies  les  calendriers  de  lous  îes  peuples  ci  de  louiez  les  églises,  y 
compris  le  calendrier  juif,  i/ouvrage  compretadrail  environ  00  lascieules 
à  10  ceulimes  le  tjuonîro  ou  ïe  fascicule  1^1  mdiculion  n'esl  pus  Irè»  elairel. 
On  peut  souscrire  d'avance  (via  délia  Fortessjsa^  ir  3»  Kloreucc)  au  prix 
de  5  livres  ilal,  pour  tout  1  uuvrage, 

=  Dans  te  Guardian ,  en  février.  Recension  de  A.  N.  sur  la  seconde  édition 
de  la  traduction  hébraïque  du  N.  Testameot  par  la  Société  des  missions  ; 
si^ale  les  nombreuses  erretirs  de  celte  traduction. 

=  Academj,  de  Londres.  —  7  mars.  M.  Nèubauer  avait,  en  manière   de 

plaisanterie,   inséré    dans  les  Notes  and  Que  nés  du  2il  janvier  1887»  des 

^tiotes  étymologiques  d'oii  il  ressortait  que   les  dis  tribus  juives  étaient 

blicH    eo   Au|rlclerre-    Ex  uni  pie  :  Edinbourg    vient  dEdeu  ;  Eboracum 

forki  de  Eber,  etc.  Celait  pour  se  moquer  avec  raison  des  etymologies 

fantaisistes  qu'on  propose  tous  les  jours.  M    N.  constaie»  à  sa  confu.-^ioQ, 

que  Tarticle  a  été  pria  au  sérieux  par  des  journaux  anglais  et  américains. 

—  23  avril.  Note  de  M.  Ad.    Neubauer  sur  un   article  de  M.  E.  RenaOt 

publie  daus  le  Jouruai  des  Savants^  sur  un  passage  de  la  stèle  de  Muab. 

=  AlbenîBum,  de  Londres.  —  12  février  1887.  Ad.  Neubauer,  A  Rouma- 
nian  (aies  (documenl  de  Ntanij:,  15'î8  ;  nous  avons  pu  eouslater  que  le 
^_  document  porte  des  sceaux  hébraïques  avec  le  taureau  moldave  et  le 
^H  croissant,  qui  sont  une  preuve  de  son  aulbontictté'.. —  9  avril*  Laurenc6 
^B  Olipbanl,  Haifa  or  Haïf  in  modern  Palestine.  —  R.  R.  Sbarpe,  Anplo- 
^P  Jewisb  liislorial  Exhibition  (entre  autres,  une  bistolre  de  sang  rituel  de 
^^  121678,  à  Londres).  —  23  avril.  Tbe  Moabite  slone,  à  propos  de  la 
publication  de  M    Lœwy  (voir,  plus  loin,  p.  315)»  par  A.  N.  —  30  avril. 

■  A.  Neubauer,  Mnses  Mendelssohn's  Lclter  (eu  hébreu,  datée  de  Berlin ^ 
lyyar  5541'  to  Bishop  Robert  Lowth.  —  14  mai.  Réplique  de  M.  Lœvy, 

^  On  a  répandu,  il  y  a  quelques  mois,  un  imprimé  annonçant  la  publica- 
tion d'une  traduction  allemande  du  «  Schulcbau-arukb  v.  La  circulaire 
avait  des  allures  mystêrlousus  Elle  émanait  dune  prétendue  société 
appelée  «  Theolopumeuon  '>,  qui  aurait  pour  président  le  D*"  Joh  von 
Pavly,  et  le  futur  éditeur  s'appelait  Siephan  Miirugg.  «   chef  du   Bureau 

|iiali<inal  ^,  à  Bille.  Le  prix  de  l'ouvrafte  devait  être  de  100  marcs.  La  cir- 
culaire étail  datée  de  Bâle,  janvier  1887    Elle  était  accompagnée  d'un 
«  Spécimen  »  de  la  future  taduetion.  Renseignements  pris,  on  a  conslalé 
que  M.   Marugg  est   simplement   un   employé   de   librairie,    inslrunutu 
innocent  d'une   manœuvre  antisémitique.  On  prétend   que  le  D""   Paviy 
^_  existe  et  qu  il  est  au  service  de  la  reine  de  Roumanie  ;  nou3  ne  savons 
^kaî  le   renseignement  est    exact,    mais   il  est    clair    qu'une   publication 
^■^  pareille,  cutreprise  de  cette  façon,   ne  peut  présenter  aucun  caractère 
ficienti6que. 


5,  Chronique  des  Journaux. 


z  Liite   des  nouveaux  journaux.   Outre  le  ninsD  n'^S  n^l&t  cl  le  "p^H 
mentionnés  dans  la  Revue  bibliographique^  ont  paru  : 


314  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

1.  n^^a-^-^rirSK  ns^rb"^*^?!  n:^n  Der  Heiliger  ADzeiger,  Monatsbericht  «ûr 
das  wabrhalte  JudeDthum  aus  aile  SUidlc  {sic^  und  Colonicen  des  heiligen 
Landes  ûber  uDsere  dort  ansâssige  Brûder  und  Scbwestern  '.le  sous  litre 
est  en  caractères  bébreux^.  —  Journal  mensuel  en  judéo  allemand,  carac- 
tères bebraîques,  public  à  Jérusalem  ;  administration  :  J.  Goscionj 
et  C'*  ;  format  petit  in  -4**  à  2  col.  Le  n**  1  a  12  paires,  il  n'est  pas  daté, 
mais  il  doit  ôire  d'avril  1887.  Prix  :  7  fr.  par  an.  Nous  ne  savons  si  les 
numéros  suivants  ont  paru. 

2.  "-loy  la  (en  russe,  Rodnoe);  journal  mensuel  bébreu,  publié  à  Saint- 
Pétersbourg  depuis  le  1®""  janvier  1887  par  Juda  Leib  Kanlor,  signe  aussi 
L.-O.  Kantor  ;  supplément  au  Dl^n.  Format  in  8**  de  5  feuilles  par  nu- 
méro. Prix,  4  roubles  par  an.  Contient  des  articles  de  vulgarisation  scien- 
tifique. Le  n"  1  contient  cependaîit  un  article  de  M  Harkavj  (p  27-  .sur  le 
N*^bnN  d'une  inscription  syriaque  ncstorienne  découverte  en  1885  et 
expliqué  par  M.  Chwolson.  M.  H.  croit  que  K^bnK  est  le  "'bn,  dragon,  de 
la  littérature  hébraïque. 

3.  &vn  (en  russe  Dieu)  ;  journal  bcbreu  quotidien  en  bébreu,  publié  à 
Saint-Pétersbourg  par  L.-O.  Kantor;  format  in-f^,  3  col.  par  page.  A 
commencé  de  paraître  le  31  janvier  188(5  ;  le  n®  1  de  la  2°  année  est  du 
1/13  janvier  1887.  Prix,  10  roubles  avec  le  Ben-ammi  (n**  précédent). 

4.  Tbe  Jewisb  Exponent;  journal  anglais  hebdomadaire  «paraît  le  ven- 
dredi), publié  à  Philadelphie  par  Melvin-G.  Windstock,  Henry  S.  Morais, 
et  Charles  Hoffmann,  format  in-4"  de  3  col.  par  page;  le  n*  2  du  l***"  vol. 
est  daté  du  22  avril  1887.  Prix  3  doll.  par  an. 

5.  L'Echo  de  l'Orient,  de  S.  Carmellm  ;  ce  journal  français,  en  partie 
consacré  aux  questions  juives,  a  inopinément  reparu  à  Paris,  avec  les 
indications  suivantes  :  VI*"  série,  1'®  année  ;  n»»  6,  15  mars  1887  ;  n9  7  (et 
dernier,  M.  C.  étant  décédé),  15  mars  1887.  A  la  suite  du  titre,  se  trou- 
vent les  indications  suivantes  :  «  Journal  inlernalional  politique,  litté- 
raire, artistique,  financier  et  commercial,  suite  de  la  Concordia  de  Buda- 
pest et  de  l'Echo  danubien,  de  Bucarest,  fondé  en  1865.  Parait  le  l*"^  et 
le  15  de  chaque  mois.  » 

(3.  The  Jcwish  Record,  a  Chronicle  of  evenls  al  home  and  abroad  of 
■*    intcrest  to  the  Jews.  —  Journal  anglais  hebdomadaire,   publié   à  Man- 
chester ;  in-f°,  le  numéro  a  4  p.  à  4  col  la  page.  Le  n<*  1  est  daté  (comme 
nous  l'avions  annoncé  dans  le  précédent  numéro)  du  4  mars  1887.  Prix  : 
C)  s.  G  d.  par  an. 

=  L'ancien  journal  judéo-allemand  intitulé  «  Drohobiczer  Zeitung  »,  dirigé 
par  A.  Zuporik,  est  devenu  la  52i:2-'-^s:-cbrn:fi<r:  n?S:-'nNrîN-TT  «  Droho- 
byczer  llaudels-  Zeitung  ».  Rien  u'esl  change,  du  reste  dans  la  rédaction, 
la  périodicité  (hebdomadaire),  le  ft)rmat,  le  prix,  etc. 

=  Contrairement  à  ce  que  nous  avions  supposé,  la  r"^72bTû.  de  Londres, 
continue  de  paraître. 

Isidore  Loeb. 


HLBLIOGHAPHIE 


m 


■^Lôwv  (Uev.  A.],  Tbe  aporrypluil  etmrarler  of  tbc  MwaMte  f^toue.  Wilh 

^m     Noire  siècle  se  distinglie  par  des  découvertes  archéologiques  qui 
changeDt  la  face  de  Tliistoire  des  peuples  orientaux.  Maint  roi  assy- 
ro- babylonien  ou  égyptico  d'il  y  a  quatre  ou  cinq  mille  ans  nous 
I      esl   acluelïemenl  mieux   conno   que  certains  monarques  du  moyen 
■'fige  en  Europe.  La  stèle  de  Mèscbu»  roi  de  M^ab,  trouvée  sur  les 
ruines  de  Tancieu  Dibôn,  nous  iniUe  aux  mêlées  sanglantes  qui  se 
sont  produites  au  ix«  siècle  avant  l'ère  vvilgaire  entre  la  dynastie 
omride  d*lsra?l  et  le  petit  peuple  transj'ïrdanique  des  Moabiies.  Le 
roi  Méscha,  que  le  livre  des  Rois  mentionne,  en  passant,  comme  un 
i      vassal  ayant  payé  un  lourd  tribut  annuel  a  Acliabet  sVlant  révolté 
^wprès  la  mort  de  celuî-ei  (Il  Rois,  tn,  i),  nous  raconte  lui-même^ 
^"dans  un  hébreu  presque  classique,  les  péripéties  les  plus  circons- 
tanciées de  sa  révolte  et  célèi^re  les  nombreuses  victoires  qu'il  a 
remportées  giir  tous  se^  adversaires»  Mais  une  telle  renommée  ne 
racquiert  pas  sans  soulever  le  scepticisme  des  uns,  les  protestations 
(des  autres.  Il  n*est  donc  pas  étonnant  que,  dès  son  apparition,  le 
Célèbre  monument  moabile  ait  provoqué  des  rumeurs  sourdes  mais 
Brsist;jnles,  qui  lui  reniaient  loute  aulheniicilé.  La  nouvelle  édition 
de  rinscripiioQ  de  Mèscha  par  MM.  Smend  et  Socin,  suivie  immé- 
diatement des  observattoos  critiques   de  MM.  Renan  et  Glermonl'- 
Ganoeau,  a  fourni,  en  même  temps,  une  bonne  occasion  aux  scep- 
tiques et  aux  protestataires  de  donn*»r  un  corps  â  leurs  doléances. 
^ftll.  A.  Lô\vy,si  avantafîeusement  connu  dans  Torienlalisnie  anglais, 
^■s'est  ft*it  riûlerprète  de  la  critique  négative.  Suivant  M.  Lôwy.  Tîns- 
^Beription  a  été  gravée  sur  Fan  tique  stèle  par  un  faus^^aire  moderne, 
^^ plus  ou  moins  complice  de  ceux  qui  ont  fabriqué  les  poteries  raoa- 
^^lïiles  et  le  manuscrit  pseudo-archciïque  du  Deuléronume.  Le  faus- 
^HBlre  se  serait  trahi  par  diverses  incorrections  au  point  de  vue  de 
rortbogiaphe  et  du  slyle  hébraïque:  il  aurait  même  employé  des 
^^  loculions  qui   sont   pariiculières  aux  langues  eurojjéonnes.  Ou  voit 
^tque  les  arguments  de  M.  Lôwy  sont  presque   tous  d'ordre  lioRuis- 
"  tique,  qui  peuvent  avoir  leur  importance  comme  preuves  addition- 
nelles, mais  qui  s'efTacent  presque  entièremtînt  devant  les  considéra- 
tions paléographiques,  qui  priment  tout  le  reste.  Or,  la  paléographie 
d  été  tout  à  fait  oubliée  par  M.  Lowy  ;  il  ne  se  donne  même  pas  la 


316  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

peine  de  nous  (]ire  à  quel  monument  phénicien  le  faussaire  aurait 
emprunté  le  caractère  archaïque  dans  lequel  il  a  gravé  rinscription, 
sans  doute  dans  le  but  de  rehausser  la  valeur  de  son  factura.  Ce 
n'est  certainement  ni  '  Tinscription  d'Eschmounazar,  ni  celles  de 
Marseille,  de  Carthage  et  de  Chypre,  seules  connues  avant  4870,  qui 
auraient  pu  lui  révéler  les  formes  antiques  qu'aucun  orientaliste  ne 
connaissait  alors.  Cela  suffit  pour  mettre  l'aulhenlicité  du  document 
moabite  au-dessus  de  tout  doute.  Mais,  en  récusant  la  conclusion  du 
savant  hébraïsant.  disons  que  sa  critique  littéraire  mérite  de  fixer 
notre  attention  et  que,  sans  être  partout  d'une  exactitude  rigou- 
reuse, elle  contribuera  considérablement  au  progrès  de  Tioterpré- 
tation,  soit  en  aidant  à  élaguer  quelques  lectures  hâtives,  soit  en 
provoquant  des  réflexions  sur  des  points  restés  obscurs  jusqu'au- 
jourd'hui. 

Je  laisserai  de  côté  l'affirmation  un  peu  trop  absolue  de  M.  Lôwy, 
suivant  laquelle  le  dialecte  des  Moabiles  était  ininteligible  pour  les 
Hébreux;  cela  ne  résulte  pas  de  Néhémie,  xiii»  24,  25,  passage  qui 
ne  parle  que  du  dialecte  asdodéen,  lequel  était,  en  effet,  un  patois 
araméen.  Je  me  bornerai  aux  choses  de  grammaire  hébraïque,  qui  i 
ne  manquent  pas  d'un  certain  intérêt. 

P.  223.  —  Le  soupçon  émis  contre  la  forme  "^îN  est  peu  fondé  :  un 
faussaire  9e  serait  plutôt  servi  des  formes  hébraïques  "^-ifit  et  '^:8.  - 
P.  234.  —  L'existence,  chez  les  Moabites,  de  noms  composés  avec  le 
nom  divin  C^r  est  prouvée  par  le  nom  K a-mu-su-na-ad-bi  =  ZT.zr.'^ 
mentioDDé  daus  un  texte  assyr.en  —  P.  i3ô.  —  M   L.  eût  mieux  tait 
de  lai>ser  a  ré'X)ie  panaryaniste  le  soin  d'expliquer  rc*^  par  le  persan 
mesch.  —  P.  236.  — -  La  séparation  du  "*  voyelle  du  mot  ^rz""-,  eu  lèt« 
de  la  li^rne  2.  a  son  \  arailèle  dans  la  mise  du  "^  de  ^'^rzy  en  tète  ^^ 
la   lisue   et   ne   c(>n>tuue   pas   une  irrecrularitê.  —  La  construction 
•  •  •  "j:^*  •  •  *  "ZN  a  pour  but  de  marquer  la  suite  immédiate  desdeui 
persouiiaçres  et  leur  difîérence  politique.   —  P.   237.  —   pnt  rt-^ 
pour  rxTr:  r^^iT\  est  un  trait  remarquable  d'archaïsme  et  se  retrouve 
en  phénicien.  —  rrrr^  est  un  quartier  de  Dibori  ei  nullement  la  ville 
de  Kerah,  qui  s'orthographie  """D.  Avec  ctda  disparait  la  difficulté 
soulevée  par  M.  L.    en   ce  qui  concerne  la  situation  de  la  stèle.  — 
L'auteur  criticjue,   avec  raison,  la  leçon   rc:    'y^'^i\    adoptée  par 
MM.  Smend   et   Socin,   mais  il  a  tort  d'aftirmer  que  la  paronomasie 
^:rrr:  ^r  est  une  imitation  de  Matthieu,  i.  21  :  des  jeux  de  mots  sem- 
blables pullulent  dans  la  littérature  hébraïque.  —  P.  238.  —  J'ai  quel- 
que peine  à  imaginer  que  "^2  suivi  de  ^r"»  ne  puisse  signifier  u  car  •>. 
En  hébreu  pur.  il  est  vrai»  on  aurait  omis  la  conjonction  dans  ce  cas 
Osaïe,  XL,  î,  passim  .  Au  sens  de  «  que  »,  la  construction  *  *  *  Ti  •  •  •  -3 


BIBLIOGRAPHIE 


317 


st  1res  fréquente  en  hébreu,  et  l'on  sait  que  la  transition  de  «  que  » 

[  <  cur  j  se  constate  aussi  dans  les  autres  laugues  sémitiques.  Gom- 

irez  i'araroéen  *î  et  Tetbiopieu  DQî*.  Rien  n'empêche,  du  reste»  de 

raduire  ce  passage  :  *  Et  j'ai  fait  celte  bama  en  l'honneor  de  Ghe- 

aoscli  quand  îl  m'a  sauvé  de  tous  les  rois  et  quand  il  m*a  vengé  de 

[^usmes  eunerais  «  L'expression  \H3*iD  br?3  ^^rwnn  a  son  parallèle  dans 

Itj  rrPN-!  ''2''i«3  de    P^tiumes,  cxviu,  a,  mais  n*en  dérive  pas  :  un 

fuitateurauraU  ùcrit  ''S-'in  bsn  ^y^y  nNirr.  Par  "•KSD,  Mèscha  eulend 

»  euuemîs  de  toute  espèce  et  non  pas  seulemeut  ses  adversaires 

%\XT  les  champs  de  bataille-  L'emploi  de  ce  terme  est  très  correct.  — 

'  lie  t|:N'^  n'est  pas  sûr  ;  rongioul  portait  probable  ment  q2**Dn.  — 

I  ïnot^?:^a  U.  6,  <0),  «  en  mes  jours  »,   veut  dire  qu'à  ra%^èneraeût 

Ide  Mèst'ha,  le  roi  d'Israël  se  proposait  de  coniinuer  la  politique  vexa- 

lloire  de  son  père.  —  ût?r  ibôjî  13N  bfi<na"^i  (L  7,  4-7)  ne  saurait  être 

rantiptirase  de  ©7:^  zr  m^fi*  (Nombres,  xxï,  29)  :  un  imitateur  au- 

[raii écrit  nbi^b  isît  rr\rr^  ds^i.  —  Le  n  de  Nmrjîû  l  8,  2),-  fût-il  éty- 

|inologiquemeut  iu correct^  ne  satirait  être  dû  a  un  scribe  moderne, 

lequel  aurait  plutôt  gravé  la  forme  biblique  «nn-^î:.  —  P,  239.  —  Je 

lac  puis  pas  admettre  la  restitution  n:a  ^tt  ''s:m  n?:'*  (L  8»  5-8);  la 

placune  resie  irrémédiable.  —  La  répétition  de  ^11^3  (1.  \\,  3)  accentue 

l  eacore  les  mérites  de  Mèscha,  —  On  traduit  à  tort  niD»  (9»  9)  par 

|«  citerne  »,  c*esl,  sans  aucun  doute,  un  arbre  sacré  de  Tespèce  cèdre; 

[ûr.  xmc»,  ass.  asàuhu,  a  cèdre  fémiuiu  ».  Comparez  r»  iKrjK  tD^^'^i 

jîiHTPKrî  (F  Rois,  xvr,  33).  —  Les  formes  arabes  de  couleur  comme 

[*Pî^,Dnrbn  jn»  constituent  des  archaïsmes  remarquables  et  s'cx- 

[pbqiieût  par  le  voisinage  du  dialecte  mixte  des  NabaLéens.  Un  faus- 

Jre  moderne  ne  les  aurait  pas  adopiées.  —  P,  î40.  —  ^pïlM  U^r* 

I fierait  iijcorrecl  eu  bébreu;  M,  L.  le  remarque  avec  raison,  mais,  si 

M*eiistetjce  de  72  se  veriliait,   il   faudrait  Tacc^^pter  malgré  nous.  — 

y^\l  <2,  iî  est  contracté  de  vy^»%  analogue  à  rr^M  ^rr^niD  et  n*a  rien 

[*  ^oir  avec  le  nom  de  nnn  =r^rT  —  L'hypothèse  d'après  laquelle  le 

l^cribe  aurait  ajouté  au  nom  de  "m  un  n  gratuit  est  trop  étrange  ; 

I  ^)f  insistons  pas.  La  vérité  est  que  le  sens  de  mn  b&t-j&e  nous  est 

'HcoQnu    —  P.  îil.  ^  nnrtTS  n'est  nullement  Macàaerus,  qui  s'écrit 

^i:a,  mais  une  ville  moabite  située  entre  rArnou  et  le  Jabboc,  —  La 

[  coutume  de  iratiier  les  ennemis  devant  les  dieux  est  attestée  par  les 

f  textes  assyriens,  qui  emploient  aussi  le  verbe  3nD  dans  ce  sens*  — 

[lacotiSiruction  b:7  mx  u'est  pas  usitée  en  hébreu,  mais  elle  n*est 

B!i  pour  cela  laut'Vje  daus  le  dialecte  de  Moab.  C'est  aussi  le  cas  de 

rSTi  7p373  (1,  lis,  r*.  6),  qui  serait  en  hébrru  biblique  nncn  rnb:^73. 

sorl*îS  de  variatious  de  dialecte  a  dialecte  n'uDl  rien  d*exlraor- 

jie.  —  P.  242,  —  Le  retour  sporadique  du  D  pour  "J  dans  ûinasn 


:n8  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

et  tabD  est  en  lui-môme  aussi  peu  singulier  que  les  hésitations  ana- 
logues dans  plusieurs  passages  bibliques.  —  La  combinaison  nno:^ 
0733  n'est  pas  encore  bien  claire,  mais  son  authenticité  ne  soufire 
pas  de  doute  :  un  moderne  aurait  écrit  rinno^.  —  En  faisant  abstrae- 
tion  de  la  prononciation  antique  du  tétragramme,  il  est  évident  que 
le  scribe  moabite  devait  accepter  Torthographe  hébraïque  mn^  Les 
scrupules  de  M.  L.  sont  bien  outrés.  —  P.  243.  —  Le  sens  de  î^3  icn 
•^n  n?:nnbnn  est  clair  :  le  roi  d'Israël  avait  pris  Yahaç  pour  base  de 
ses  attaques  contre  Môscha.  Il  faut  lire  îTmpb  nnns^n  p^s  ^ivn, 
€  et  j'ai  fait  tailler  les  pierres  de  taille  pour  construire  Korha  v.  — 
P.  244.  —  Lire  également  «n  onrr  "^D,  «  qui  était  détruit  ».  —  Je  ne 
trouve  rien  d'étrange  dans  l'omission  du  "^  suffixe  dans  n:?î:ï:îa  — 
Le  verbe  by  t]D"^  est  fréquent  en  hébreu,  et  l'on  n'a  nullement  besoin 
d'aller  le  chercher  dans  l'inscription  d'Eschmounazar. 

En  un  mot,  l'authenticité  de  la  célèbre  inscription  de  Dibon  n'est 
pas  ébranlée  par  la  critique  de  M.  Lôwy,  mais  le  savant  hébraïsanl 
a,  par  ses  pbservations  incisives,  servi  la  cause  de  l'interprétation. 
Qu'il  en  reçoive  nos  remercie mentst 

J.  Halévy. 


Le  gérant, 

Israël  Lkvi. 


TABLE  DES  MATIERES 


ARTICLES  DE  FOND. 

Brunschwico  (Léon).  Les  Juifs  de  Nantes  et  du  pays  nantais. .  80 
Dbrbnbouro  (J.].  Mélanges  rabbiniques.  IIL  Quelques  obser- 
vations sur  le  rituel 26 

DuvAL  (Rubens).  Notes  sur  la  Peschilto 49  et  277 

FRiSDLiBNDER.  Les  Esséniens i  84 

Halkvt  (J.).  Recherches  bibliques.  IX.  Caïnites  et  Séthites \ 

Kaufmann  (David).  Sens  et  origine  des  symboles  tumulaires  de 

l'Ancien-Testament  dans  l'art  chréiien  primitif...     33  et  217 
Kracauer.   Accusation  de   meurtre  rituel   portée   contre   les 

Juifs  de  Francfort  au  xvi«  siècle 282 

Lambert  (M.).  Le  traité  de  Para  ponctué 269 

LoBB  (Isidore).  Histoire  d'une  taille  levée  sur  les  Juifs  de  Per- 
pignan en  1413-1414 55 

II.  Le  nombre    des  Juifs  de  Gastille  et  d'Espagne   au 
moyen  âge 161 

III.  Notes  sur  l'histoire  des  Juifs  en  Espagne 254 

Nbubauer  (Ad.).  Le  Midrasch-Tanhuma  (fin) 92 


NOTES  ET  MÉLANGES. 


Bloch  (Isaac).  I.  Kalifa  ben  Malka 414 

IL  Un  permis  de  résidence 416 


320  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


BIBLIOGRAPHIE. 


Halévy  (J.).  Prolegomena  eines  neuen  hebrtLisch-aramikischen 

Wôrterbuch,  par  F.  DBLITZ^CH  (fin) U6 

II.  The  apocryphal  character  of  the  Moabite  Stone,  par 

Rev.  A.  LôvY 345 

LoBB  (Isidore).  Revue  bibliographique 4 4 8  et  290 


FIN. 


YKRSAJLLBS,    IMPRIMERIE   CERF    ET   FILS,    RUE   DOPLBSSIS,    S9. 


SECTES  JUIYES  DE  LA  6ALICIE 


CONFÉRENCE  FAITE  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  Jim^S 
LE  29  JANVIER  1887 

Par  m.  SACHER-MASOCH 


Présideyice  de  M.  Zadoc  KAHN,  jyrèsident. 

M.  le  PRÉSIDENT  ouvre  la  séance  en  ces  termes  : 

Mesdamrs,  Messieurs, 

Le  Conseil  d'administration  de  la  Société  des  Études  juives  con- 
sidère comme  une  bonne  fortune  d'avoir  pu  vous  inviter  à  une 
conférence  de  M.  Sacher-Masoch.  Dès  que  nous  avons  connu  son 
arrivée  à  Paris,  nous  nous  sommes  mis  en  campagne  pour  obtenir 
son  concours,  et  vous  voyez  par  sa  présence  au  milieu  de  nous  que 
nos  démarches  ont  été  couronnées  de  succès. 

M.  Sacher-Masoch,  quoique  étranger,  n'est  pas  un  inconnu  pour 
nous.  Nous  avons  lu  les  charmants  récits  du  conteur  :  il  nous  sera 
bien  agréable  d'entendre  le  conférencier.  M.  Sacher-Masoch  a  tou- 
jours professé  une  grande  affection  pour  la  France  et  pour  tout  ce 

ACT.  ET  CONP.,   T.  I.  41 


CXLII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

qui  vient  d'elle.  Cela  explique  Taimable  accueil  qu'il  a  fait  à  nos 
ouvertures. 

C'est  la  première  fois  que  M.  Sacher-Masoch  parlera  en  public  la 
langue  de  notre  pays.  Il  n'aborde  pas,  sans  quelque  appréhension, 
cette  tâche  si  nouvelle  pour  lui,  mais  l'événement  montrera  que  ses 
craintes  ne  sont  pas  justifiées.  D'ailleurs,  s'il  devait  par  moments 
éprouver  quelque  léger  embarras,  ce  serait  une  raison  de  plus  poar 
nous  de  lui  être  reconnaissants. 

11  se  propose  de  vous  entretenir  des  mœurs  et  des  idées  juives  en 
Qalicie,  que  ses  contes  ont  déjà  mises  en  lumière  avec  un  art  si  cap- 
tivant et  une  sympathie  si  marquée.  Il  aime  les  Juifs  et  il  ne  s'en 
cache  pas  :  c'est  peut-être  qu'il  les  connaît.  Personne  n'a  su,  mieux 
que  lui,  pénétrer  dans  ces  humbles  demeures  qui  cachent,  à  côté  de 
tant  de  pauvreté  matérielle,  tant  de  richesses  morales  et  de  si  nobles 
vertus  do  famille,  ni  lire  avec  plus  de  sagacité  dans  ces  intelligences 
un  peu  embrumées,  mais  où  fermente  sans  cesse  l'amour  du  pro- 
grès et  un  désir  instinctif  de  lumière  et  de  vérité.  Vous  aurez  grand 
plaisir  à  suivre  l'étude  de  M.  Sacher-Masoch,  et,  d'avance,  je  le 
remercie  en  votre  nom. 


M.  Sacher-Masoch  répond  : 

Mesdames  et  Messieurs, 

En  prenant  ici  la  parole,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  m*ac- 
cordcr  toute  votre  bienveillance  et  de  ne  pas  être  trop  sévères 
pour  moi  si  je  m'exprime  devant  vous  dans  un  mauvais  français. 
L'amabilité  française  est  si  grande  que  j'ai  dû  céder  devant  elle 
et  répondre  à  l'invitation  que  m'a  faite  le  comité  des  études 
juives,  d'autant  plus  volontiers  que  je  suis  très  fier  de  prendre  la 
parole  à  une  place  où  se  sont  fait  entendre  des  hommes  éminents 
comme  M.  Renan  et  tant  d'autres  personnalités  marquantes  de  la 
France. 

Je  vous  prie  de  me  suivre  sur  un  terrain  un  peu  difficile,  dans  une 
question  encore  bien  obscure,  je  veux  dire  dans  l'étude  des  sectes 


SECTES  jmTES  DE  LA  GALICIE 


CXLÎIl 


Juives,  Je  laisserai  de  côté  les  sectes  ancienne»,  comme  les  Samari- 
tiks,  les  Bellémstes,  les  Essénlens»  les  Saducéena,  les  Pharisiens, 
les  Zohariateâ  et  les  Sabatiens,  pour  ne  vous  entretenir  que  des 
•eeies  q«i  existent  encore  aujourd'hui  en  Gralide  et  y  jouent  un 
gm&drôle. 

Je  ne  tous  parlerai  que  des  Hassidim,  on  Bogtiens,  et  des 
Kamites. 

La  secte  des  Hassidim,  comme  Tindique  son  nom,  est  une  des 
plus  exaltées.  En  effet,  le  mot  hébreu  hasmd  signiiîe,  comme  nous 
dirions,  faire  en  religrion  plus  qull  ne  tant»  s'exalter,  dépasser  ce 
Hul  est  ordonné  par  le  rite.  Sous  le  nom  de  Hnmd,  on  désigne 
l'homme  qui,  non  seulement  suit,  d'une  raanièm  rigoureuse»  les 
Fescriptions  de  sa  religion,  mais  qui,  de  plus,  par  un  amour  ex- 
cessif pour  la  divinité,  fait  encore  plus  et  s'interdit  même  les  choses 
qui  sont  permises. 

Voici  ce  que  les  Hassidim  actuels  de  Galicie  racontent  sur  les 
*%iiîe5  de  leur  secte  : 

li  existait,  disent- il  s,  beaucoup  d'individus  de  cette  secte  aux 
P^nsieri  temps  de  l'histoire  des  Israélites,  et  leur  nombre  aurait 
^  encore  plus  grand  au  mojen  âge.  Ils  étaient  constamment  en 
pHères.  Pour  obtenir  le  pardon  de  leurs  péchés,  ils  jeûnaient,  pa^i- 
^*ient  les  veilles  et  se  mortiliaient.  Ils  ne  mangeaient  jamais  de 
^aude  ;  ils  s'interdisaient  même  l'usage  de  tout  aliment  provenant 
d  ttn  être  vivant  :  beurre,  œufs,  mieL 

Ils  portaient  un  cilico  dont  Tétolie  rugueuse  leur  blessait  la  chair, 
•^r  c'était  le  seul  vêtement  qui  couvrît  leur  coi-ps.  En  hiver,  au 
n»ilieu  des  froids  les  plus  rigoureux,  ils  se  jetaient  dans  l'eau  gla- 
kddsfleuTôâ.  Leur  vie  n'était  qu'un  pèlerinage  continuel  d*un  lîou 
I  autre  :  ils  ne  séjournaient  jamais  plus  d'une  nuit  dans  le  méuie 
etwlpoit  Ils  s'abstenaient  souvent  pendant  trois  jours  da  toute 
ftoorriture  et  de  toute  boisson  et  poussaient  même  ce  jeûne  parfois 
""  jttîjqu'â  huit  jours.  En  hiver,  ils  se  roulait^nt  dans  la  neige,  et  en  été 
$nt  les  épines.  Ils  ne  voulaient  pas,  autant  que  possible,  que  la 
Dort  les  surprit  dans  leur  demeure,  ils  préféraient  qu'elle  les  enle- 
alora  qu'ils  se  trouvaient  au  milieu  des  champs,  dans  la  cam- 
^ne.  La  plupail  d'entre  eux  se  livraient  à  l'étude  de  la  Kabbalah, 


CXLIV  ACTES  ET  œNFERENCES 

la  science  mystérieuse  et  mystique  des  sectes  juives.  Ils  croyaient 
qu'ils  ne  pouvaient  arriver  à  pénétrer  les  mystères  de  la  Kabba- 
lah  qu'en  fustigeant  leur  propre  corps  ;  c'est  ainsi  qu'ils  croyaient 
pouvoir  entrer  en  communication  avec  les  anges,  les  esprits  et  Dieu 
lui-même.  Beaucoup  d'entre  eux  mouraient  des  suites  des  tortures 
corporelles  qu'ils  s'infligeaient  ;  d'autres  devenaient  complètement 
fous.  Ces  pratiques,  si  elles  ne  sont  pas  aussi  anciennes  qu'on  le  dit, 
étaient  probablement  répandues  depuis  longtemps  parmi  les  juifs 
galiciens. 

Un  homme  vint,  vers  la  moitié  du  dix-huitième  siècle,  qui  pensa 
que  les  adeptes  de  la  secte  pouvaient  arriver  au  but  qu'ils  poursui- 
vaient d'une  manière  à  la  fois  plus  douce  et  plus  commode,  et  sans 
tourments.  U  enseigna  que  la  vraie  manière  de  plaire  à  Dieu  était 
de  se  perdre  dans  l'être  divin,  et  que,  pour  y  arriver,  il  fallait  que 
rhomme  se  concentrât  en  lui-même  et  se  livrât  à  la  contemplation 
de  Dieu.  Il  fit  comprendre  que  ce  n'étaient  ni  les  privations,  ni 
les  tourments  de  toutes  sortes  que  l'on  s'infligeait,  qui  pouvaient 
prédisposer  l'âme  à  cet  état  de  béatitude  ;  au  contraire,  ce  n*est 
que  par  la  satisfaction  des  besoins  non  défendus,  quand  le  corps  et 
l'esprit  jouissent  de  leur  état  naturel,  que  l'âme  peut  s'élancer 
vers  la  divinité  et  s'y  trouve  mieux  rattachée.  Il  permit  même  que 
les  adeptes  se  livrassent  aux  plaisirs  naturels  et  licites,  mais  non  à 
la  débauche. 

Le  seul  moment  où  l'homme,  pour  contempler  Dieu,  doit  s'élever 
au-dessus  de  la  nature,  ne  peut  être  que  celui  delà  prière.  Passé 
cet  instant,  l'homme  doit  vivre  de  sa  vie  naturelle  et  prendre  sa 
part  de  la  gaîté  et  du  plaisir  qui  peuvent  s'oflrir  à  lui. 

Plus  tard  encore,  les  adeptes  ne  se  contentèrent  pas  de  s'absorber 
en  Dieu  pendant  le  temps  de  la  prière,  ils  abdiquèrent  toute  vo- 
lonté devant  les  chefs  religieux  de  la  secte,  voyant  en  eux  les  re- 
présentants de  la  divinité  et  respectant  chaque  mot  de  ces  chefs 
comme  un  oracle. 

Le  fondateur  de  cette  doctrine,  qui  eut  bientôt  de  nombreux 
adhérents,  vivait  en  1750,  dans  la  petite  ville  de  Tlussty,  dans  le 
cercle  de  Czortkov  en  Galicie,  et  se  nommait  Israël  Baalschem. 
Bientôt  une  légende  fantastique  se  forma  autour  de  lui.  On  la  ra- 


SECTES  JDfVES  DE  LA  GALICIE 


CXT.V 


conte  daos  un  livre  paru  en  1814,  à  Berdiscbev.  Ce  lÎYre  se  nommo 
Schivchû  Habischi.  Israôl  Baalschem  lui-môme  a  laissé  un  livre  qui 
coûtient  sa  tloctriiie»  le  Séfer  Hamidoi,  li\Te  de  morale. 

Baalscîiem  fut  nommé  par  ses  adeptes  le  Jiesrht^  ce  qui  veut  dire  : 

'  rhomme  capable  de  faire  des  choses  merveilleuses.  Ses  adeptes 
se  nommaient  les  Iksehlkm.  Les  exemplaires  du  livre  qui  conte- 
sa  doctrine  étaient  toujours  de  petit  format,  de  manière  qu*on 
pftt   le  porter  constamment  dans  sa  poche  et  le   consulter  quand 

I  on  TOîilait.  Les  rabbins  avaient  beau  s*évertuer  à  montrer  Tin- 
vraisemblanco  de  la  doctrine  de  Baalsckmi,  l'adepte  continuait 
à  la  .sni\Te,  malj^ré  îes  anathémes  que  les  rabbins  lançaient  contre 
lui  ;  elle  se  répandit  très  vite  dans  la  Pologne,  la  Russie,  la  Hon- 
grie, la  Moldavie  et  la  Valachie.  La  léj^ende  raconte  que  la  mère 
du  BesM   avait  cent  ans  lorsc^u'il  naquit  et  son  pore  plus  en- 

Ieore,  et  qu\i  Tâge  de  dix-huit  ans  il  étrau*?la  un  démon  qui  vou- 
lait entrer  dans  la  maison  de  son  père.  Baahchem,  lui-même,  ra- 
conte que  parfois  son  âme  quittait  son  corps  pour  entrer  dans  les 
régions  des  esprits  et  prendre  part  au  grand  conseil  du  sénat  cé- 
leste, Dans  ces  régions,  chaque  nation,  disait-il,  a  un  esprit  ou  génie 
qui  la  protège  auprès  de  la  divinité.  Il  raconte  que  son  àme  vit  un 
jour  le  génie  russe  lutter  avec  le  génie  turc  pour  le  jeter  à  terre,  et 
il  crut  voir  que  le  génie  russe  allait  succomber  sous  reffort  de  celui 
tdes  Turcs.  Mais,  comme  le  Bescht  voulait  la  victoire  des  Russes 
qui  traitaient  mieux  les  Juifs»  il  aida,  par  ses  prières,  le  génie  des 
Busses  et  celui-ci  resta  victorieux.  Peu  de  temps  après,  la  gueiTe 
éclatait  entre  les  Russes  et  les  Turcs,  et  ces  derniers  étaient,  en 
effet,  complètement  défaits. 

Espérons  qu'en  pareil  cas,  la  France  trouvera,  elle  aussi,  son 
BêuhL 

On  attribuait  aussi  au  Bmehi  le  pouvoir  de  guérir  les  malades, 

de  rendre  la  vue  aux  aveugles  et  la  vie  aux  morts,  11  pouvait  aussi 

retirer  de  Tenter  les  âmes  humaines  et  les  faire  sortir  du  corps  des 

animaux,  où  les  fait  vojager  la  doctrine  fantastique  de  la  mé- 

,  tempsjchose. 

On  comprendra  facilement  le  succès  do  cette  doctrine  à  cause  de 
son  côté  merveilleux,  d'autant  plus  qu'elle  naquit  au  temps  des 


CXLVl  ACTES  ET  (XKHFfiRENGfiS 

Cagliostro  et  autres  mystificateurs  qui,  à  cette  époque,  trompaient 
la  foule  en  se  jouant  de  sa  naïveté  et  de  sa  crédulité. 

Personne,  après  la  mort  de  ce  grand  pontife  de  la  superstition, 
n'aurait  pu  le  remplacer.  Beaucoup,  parmi  ceux  qui  Tentouraient 
et  suivaient  sa  doctrine,  voulurent  prendre  sa  place  et  se  répan- 
dirent en  Pologne  et  en  Russie.  Ils  se  nommaient  tous  comme  lui, 
Zadik,  le  pieux,  le  juste.  Aujourd'hui,  il  existe  plus  de  cent  Zadik, 
c'est-à-dire  plus  de  cent  papes  juifs.  Chacun  d'eux  possède  dans  son 
cercle  une  autorité  parfaite.  Ils  ne  reçoivent  pas  d'émoluments, 
mais  les  nombreux  et  riches  présents  qui  leur  sont  offerts  leur 
permettent  de  laisser  en  mourant  à  leurs  successeurs  une  fortune 
assez  élevée. 

Les  dogmes  principaux  des  Hassidim  sont  :  aveugle  croyance 
on  Dieu  et  obéissance  parfaite  aux  ordonnances  du  Zadik.  Conune 
celui-ci  est  le  représentant  de  Dieu,  il  n'est  pas  permis  de  douter 
de  son  autorité.  Le  Zadik  peut  remettre  tous  les  péchés,  le  Hassid 
doit  l'aimer,  le  louer,  lui  faire  des  présents  et  même  lui  procurer 
tous  les  plaisirs. 

Afin  que  la  critique  ne  puisse  s'exercer,  toutes  les  sciencda,  toutes 
les  connaissances,  quelles  qu'elles  soient,  sont  interdites  au  Has- 
sid. D'ailleurs,  à  quoi  pourrait  servir  cette  instruction,  puisque  le 
Zadik  est  éclaire  par  Dieu,  qu'il  sait  tout  ce  qui  passe  au  ciel  et 
sur  la  terre?  Aussi  est-ce   à  lui  seul  que  doit  s'adresser  le  Hassid 
pour  tout  connaître.  Si  la  prière  que  fait  le  Zadik  en  faveur  d'un 
de  ses  clients  reste  inutile,  c'est  que  le  démon  Satan  est  inter- 
venu et  en  a  détruit  l'efficacité.  Dans  ce  cas,  le  Zadik  cherche  à 
l'emporter   sur   Satan  et  à  le   battre  par  la  ruse.  Dans  ce  but,  il 
n'adresse  plus  la  prière  à  Dieu  directement,  car  il  sait  que  Satan 
la  guette  pour  l'intercepter.  Que  fait-il  alors  ?  Il  glisse  subrep- 
ticement son  vœu  dans  une  conversation  qu'il  a  avec  quelqu'un 
et  ou  il  est  question  de  choses  tout  à  fait  indifférentes.  Satan  ne 
s'aperçoit  de  rien.  Mais  Dieu  a  compris  le  Zadik  et  exauce  son 
vœu.  Ce  qui  fait  que  le  rusé  Satan   est  battu   par  le  plus  rusé 
Zadik. 

Le  soir  du  ^bbai,  les  Hassidim  se  réunissent  chez  le  Zadik, 
comme  pour  y  faire   une  sorte  de  pique-nique.   Pour  éviter  des 


SECTES  XmVES  DK  LA  GALTCtE 


CXLVII 


I  lonpi 


ifmBen  au  Zadik,  chacun  ap{)ort6  sa  nourriture  et  m  loiâson.  Ils 

froment  cela  stJmla«rh  scifda,  ou  lo  troisième  repas.  Pendant  la 

[réunion,  le  Zadik  repose  sur  sou  divan,  tandis  rju'autour  de  lui  se 

I trouvent  «es  Hassidim,  assis  à  la  turt^ue»  comme  des  esclaves. 

.D'autres  sout  appuyés  contre  lo  mur,  et  tuud,  religieusement,  écou- 

Ht  le«  paroles  qu'il  prononce.   Le  Zadik  cherctie  toujours  à  pro- 

pr  la  réunion  le  plus  possilde,  en  voici  la  cause  : 

U'api'és  les   cabbalistes,  une  béatitude  complète  règne,  pendant 

1  le  Eâl)bat,  dans  les   régions   célestes,  et  cette  béatitude  unit  eu 

'  même  teiDps  que  le  sabbat.  De  plus,  pendant  toute  la  durée  du 

,  sabbat,  Teûfer  se  repose   et  les  Ames  qui  y   séjournent  sont  dé- 

livrées  de  tous  les  tourments.  Aussi,  pour  prolonger  le  bonheur 

djifti  les  cieux  et  donner  un  plus  long  répit  aux  âmes  malheureuses 

^Uiae  trouvent  en  enfer,  le  Zadîk  fait  tout  potir  prolon^^or  la  réu- 

«ioa  du  sabbat  et  le  plaisir  dos  Ilas^idim  ;  ot  le  ciel  doit  suivre  son 

exemple.  Dans  ces  assemblées,  on  a  coutume  de  chanter  des  chants 

cabbalistiques,  toujours  sur  un  uir  très  gai.  Un  de  ces  cantiques, 

ïiout  l'auteur  est  Isaac  Luria,  est  ainsi  conçu  : 

tt  Les  enfants  du  palais  qui  oui  peur  de  voir  leZeir  Anphin  (c'est 
i« microcosme)  doivent  venir  ici  où  le  roi  est  présent  dans  celui  qui 
ttt  son  image»  Réjouissez- vous  tous  dans  cette  assemblée,  au  milieu 
Je  laquelle  il  y  a  des  anges  ailés,  —  Voyez  cette  assemblée  où 
^ueun  des  esprits  impurs  ne  peut  pénétrer.  Ils  sont  exclus,  il  ne  leur 
•<l  pas  permis  d'entrer,  à  ces  cliiens  insolents.   » 

L  absence  des  esprits  impurs  est  loin  d  empocher  l'assemblée  de 
l'aipBUTer  de  vin,  de  miel  et  d  eau-de-vie.  Le  Zadik,  lui-même, 
^  joyeux,  laisse  briller  son  esprit  et  éclater  sa  bonne  humeur. 
Soiirent,  chacun  des  assistants  lui  donne  un  verset  de  la  Bible  à 
Commenter,  et  le  Zadik  improvise  un  sermon  où  tous  ces  versets  se 
««trouvent. 

Tandis  que  le  juif  talraudiste  cherche  dans  la  Sainte-Ecriture  le 

1909  exact  et  la  véritable  signitication  du  mot,  les  llassidim,  tout 

so  contj*aire,  attaclient  au  mot  un    caractère   myi>térieux  et  ne 

Iroieiit  dans  le  texte  qu'un   voile  impénétrable  cachant  le  secret 

1 4irln.  Leur  exégèse  est  â  la  fois  pénétrante,  fantastique  et  parfois 

rre.  Par  exemple,  le  Tahuud  dit  :  il  vaut  mieux  ècorcher  publi- 


CXLVIII  ACTES  ET  CONFERENCES 

quement  une  charogne  (nebéla)  que  d'importuner  les  gens  par  ses 
doléances.  Les  Talmudistes  prennent  cette  parole  au  propre.  Ils 
disent  :  Tout  travail,  même  le  plus  répugnant,  vaut  mieux  que  la 
mendicité.  Les  Hassidim  s'attachent  «à  une  autre  signification  da 
mot  7iebéla.  D'après  eux,  le  mot  indique  une  chose  tombée  d'une 
grande  hauteur,  et  voici  leur  explication  :  a  Tu  dois  ôter  le  voile 
dés  mots  qui  sont  tombés  du  ciel,  et  ensuite  tu  n'as  plus  besoin  du 
secours  des  hommes,  car  tu  dois  faire  tout  par  toi-même.  » 

En  priant,  le  Hassid  doit  frapper  des  mains,  sauter  en  l'air 
tout  droit,  et  retomber  sur  place  en  criant  à  haute  voix  la  prière 
qu'il  récite  ;  son  corps  se  meut  alors  d'une  manière  convulsive.  Peu 
lui  importe  qu'on  se  moque  de  lui.  Comme  pour  l'étudiant  alle- 
mand, celui  qui  n'est  pas  étudiant  est  un  philistin  ou  un  épicier, 
pour  le  Hassid,  celui  qui  n'est  pas  de  sa  secte,  est  un  prostek,  c'est- 
à-dire  un  niais. 

La  tombe  du  Zadik  est  un  sanctuaire,  où  les  Hassidim  se  rendent 
en  pèlerinage,  comme  les  Mahométans  à  la  tombe  du  Prophète. 

J'ai  vu  à  Zloczov,  le  mausolée  d'un  de  ces  Zadik  ;  la  clef  restait 
entre  les  mains  de  ses  petits-enfants,  de  sorte  que,  pour  le  visiter, 
il  fallait  payer  une  entrée.  Celui  qui  n'avait  pas  d'argent  donnait 
soit  une  mesure  de  blé,  soit  une  peau  de  renard  ou  de  martre,  soit 
un  poulet  vivant. 

Le  second  dogme  des  Hassidim,  c'est  la  réunion  avec  Dieu. 
L'àme,  pour  eux,  étant  une  émanation  de  la  divinité,  l'hommo  doit 
tout  faire  pour  se  réunir  à  l'Être  suprême. 

Pour  atteindre  ce  but,  il  doit  faire,  par  instants,  abstraction  de 
sa  nature  corporelle,  son  âme  et  son  esprit  doivent  s'absorber  dans 
la  contemplation  de  la  Divinité.  L'extase  à  laquelle  ils  arrivent  est 
considérée  par  eux  comme  l'avant-goût  de  la  béatitude  céleste. 
Ils  s'efforcent  de  parvenir  à  cet  état  extatique  en  récitant  des  mots 
cabbalistiques  et  les  noms  de  Dieu  et  des  anges. 

Le  troisième  dogme,  c'est  azzoïit,  ce  qui  veut  dire  que  le  Hassid 
s'attribue  un  courage  et  une  volonté  allant  jusqu'à  l'insolence  et 
à  l'aiTogance.  11  doit  efl'rayer  ceux  qui  ont  d'autres  idées,  d'autres 
croyances  que  lui  ;  avant  chaque  cérémonie  religieuse,  il  prononce 
la  prière  suivante  :   «  Pour  réunir  le  saint  (qu'il  soit  loué)  et  sa 


SECTES  JUIVES  0E  LA  GALICIE 


(TXLIX 


»r/i€fhmfht  la  gloire  de  Dieu,  et  pour  réunir  les  noms  da  lah  et 
de  Vah^  les  doux  moitiés  du  tétragramiue  lah-Veh,  je  suis  prôt  à 
accomplir  le  comoiandement  suivant  o.  Pourtant  ils  suivent  les 
mêmes  commandements  que  les  Israélites,  à  moins  que  la  kabbalah 
et  le  Zadik  ne  leur  commandent  autre  chose. 

C'était  en  1857,  j'étais  allé  avec  mon  oncle  voir  le  Zadik  Lieb- 
mann  de  Sadagora.  J*eus  rocca^iori  d'observer  et  d'étudier  cet 
homme  merveilleux,  ainsi  que  les  Hassidim.  Mon  oncle  était 
médecin  et  très  sceptique.  11  croyait  cependant  jusqu'à  un  certain 
point  aux  qualités  .extraordinaires  du  Zadik,  et  il  prenait  partout 
8on  parti, 

Sadagôra  était,  dans  ce  temps»  une  petite  vOle  habitée  seulement 
par  des  Juifs  et  des  Arméniens.  Des  rues  étroites,  pleines  d'ordures, 
avec  des  coins  sombres,  jamais  éclairés  par  un  rayon  de  soleil.  De 
petites  maisons  en  bois»  blanchies  au  plùtre,  couvertes  d'un  toit  en 
bois  également.  Dans  lesi  rues,  de  pauvres  juifs,  en  manches  de 
chemise,  une  petite  boucle  de  cheveux  de  chaque  côté  du  front,  la 
barbe  longue.  Des  iommes,  vêtues  do  robes  vertes,  aux  ligures  d'un 
teint  verdàire,  soulTreteuses,  tenant  leurs  enfants  dans  les  bras  et 
oous  regardant  d'un  air  soupçonneux  :  voilà  Sadagôra. 

Au  milieu  de  la  petite  ville,  une  grande  place,  où  se  trouve  la 
maison  du  Zadik.  Maison  de  bois,  ayant  un  étage,  aufiuel  on  par-- 
vient  au  moyen  d'un  escalier  situé  à  Textérieur  de  la  maison. 
Devant  cette  demeure  se  trouvait  une  foulo  de  gens.  Le  plus  grand 
calme  régnait,  on  n'entendait  que  quelques  chuchotements»  Des 
voitures  de  toutes  sortes  étaient  arrêtées,  des  traîneaux  avec  de 
riches  couvertures  de  fourrures,  des  buiM,  ainsi  que  Ton  nomme 
chez  nous  les  petites  voitures  juives  que  recouvre  une  toile,  en 
forme  de  tente  ;  on  voyait  aussi  quelques  véhicules  de  paysans 
contenant  de  la  paille  pour  se  coucher  et  attelés  de  deux  ou  trois 
petits  chevaux  maigres,  ces  chevaux,  dont  uïi  voyageur  francaii  du 
XViii*  siècle  disait  :  en  Pologne,  les  paysans  attellent  de  grands 
chiens*  A  la  porte  du  sanctuaire,  dix  ou  douze  jeunes  gens  montaient 
la  garde.  C'ét^iient  de  beaux  hommes,  vêtus  de  longs  cafetans  de 
n  noir.  Leur  vimge  encore  imberbe  montrait  une  santé  floris- 
ite  ;  on  remarquait  naturellemeul  les  deux  inévitables  boucles  de 


CL  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

cheyeux,  et  ils  avaient  8ur  la  tête  des  kalpaks  de  fouirures.  Ils 
jetaient  sur  les  gens  qui  entouraient  la  maison  des  regards  où 
perçait  une  certaine  ironie. 

On  nous  laissa  entrer  aussitôt,  et  un  jeune  Hassid  fut  notre  guide. 
Nous  montâmes  Tescalier  et,  ayant  traversé  Tantichambre,  nous 
entrâmes  dans  une  grande  pièce  où  se  trouvaient  réunies  les  dames 
de  la  maison,  c'étaient  la  femme  et  la  belle-âlle  du  Zadik,  ses  filles 
et  ses  nièces. 

Je  me  croyais  dans  le  harem  du  sultan  à  Constantinople.  Toutes 
ces  femmes  étaient  belles  ou,  du  moins,  jolies.  Toutes  nous  regar- 
daient d'une  façon  mi-étonnée,  mi-souriante,  avec  leurs  grands 
yeux  noirs  si  veloutés.  Toutes  étaient  habillées  de  robes  d'intérieur 
en  soie  et  de  longs  cafetans  de  soie  et  de  velours,  garnis  et  dou- 
blés de  splendides  fourrures.  On  voyait  là  du  velours  et  de  la  soie 
de  toutes  les  couleurs  et  toutes  les  sortes  de  fourrures.  De  la  soie 
jaune  et  rose,  du  velours  vert,  rouge  et  bleu,  du  petit  gris,  l'her- 
mine, la  martre  et  la  zibeline. 

Les  femmes  mariées  portaient  autour  du  front  de  larges  ban- 
deaux garnis  de  bijoux,  les  jeunes  filles  avaient  les  tresses  par- 
semées de  perles. 

Encore  une  antichambre,  encore  des  gardiens  à  la  porte.  Cette 
fois  ce  sont  des  hommes  à  barbe  grise,  c'est  la  vieille  garde  du 
Zadik  I 

On  souleva  devant  nous  une  lourde  portière,  et  nous  pénétrâmes 
dans  une  grande  pièce,  où  se  trouvait  le  Zadik  pour  recevoir  les 
solliciteurs. 

Juste  en  face  de  l'entrée  de  la  pièce  était  un  vieux  divan  turc, 
sur  lequel  était  étendu  le  Zadik.  Près  de  lui,  une  petite  table  sur 
laquelle  se  trouvait  un  livre  avec  reliure  en  cuir.  Contre  les  murs, 
il  y  avait  quelques  chaises,  une  petite  armoire,  et  un  poêle  où  pé- 
tillait un  bon  feu.  C'était  tout  l'aménagement. 

Le  Zadik  était  un  homme  petit,  ses  cheveux  étaient  tout  blancs 
ainsi  que  sa  longue  barbe  ;  sa  physionomie  respirait  à  la  fois  la 
douceur  et  l'intelligence,  ses  yeux  bleus  avaient  un  je  ne  saisi  quoi 
qui  laissait  à  l'observateur  la  liberté  de  faire  bien  des  réflexions, 
ils  indiquaient  un  esprit  pénétrant,  une  volonté  ferme,  le  fanatisme, 


la  bonté,  la  douceur,  la  gaîté,  Uronia.  Ils  reflétaient,  en  un  mot, 
tout  ce  que  l'esprit  de  rhomme  peut  contenir  de  plus  tliverà. 

Le  Zadik  nom  iit,  en  g^uise  de  sahit,  un  signe  delà  main,  mais 
sans  86  lever.  L'un  des  Hassidim  appro^^ha  des  chaises,  pendant 
qu'uQ  autre  allumait  la  îuika^  la  pipe  du  Zadik. 

Aussitôt  les  gardiens  (juittèrent  la  chambre,  et  nous  restâmes 
geuls  de%arit  cet  homme  extraordinaire. 

Mon  oncle  lui  dit  d'abord  que  j'avais  entendu  parler  bien  souvent 
de  lui,  même  â  Vienne^  et  ajouta  que  j'avais  le  plus  grand  désir  de 
Tentendre  donner  ses  conseils  â  ceux  qui  venaient  le  solliciter. 

Mon  oncle  le  pria  donc,  s'il  le  voulait  bien,  défaire  entrer  ceux 
qui  attendaient,  car,  dit-iJ,  il  voulait  que  mon  incrédulité  fût  vain- 
cue. Le  Zadik  me  regarda  on  souriant.  «  Vous  i^tes  bien  curieux 
jeune  homme,  me  dit- il,  mais  je  vais  contenter  votre  cïiriositu.  » 
Il  sonna.  Les  gardiens  se  précipitèrent,  le  Zadik  leur  ordonna 
de  faire  entrer  ceux  qui  voulaient  le  consulter,  et  il  ajouta  que 
ces  personnes  no  devaient  entrer  que  par  dix  à  la  fois. 

L'étude  que  je  pouvais  faire  sur  ceux  qui  venaient  consulter  le 
Zadik  m'intéreââa  beaucoup.  Tous  entraient  avec  beaucoup  de 
respect,  de  considération,  et  saluaient  le  Zadik  d'un  air  plein  de 
^  dévotion,  restant  toujours  debout  près  de  la  porte, 

Voici  d'abord  un  Juif  ricbe,  11  est  vêtu  d'une  pelisse  et  tient 
entre  ses  bras  son  enfant  malade,  qui  jette  des  cris  terribles. 
Un  autre  est  vêtu  d'un  talar  rapiécé  en  maints  endroits,  et  laisse 
échapper  des -soupirs  a  fondre  l'àme.  Un  ti*oisième,  grand  gaillard, 
[babillé  richement,  la  âgure  rou^e  et  luisante  comme  une  pleine 
lune;  deux  paysans  dans  leurs  peaux  de  mouton,  une  arménienne, 
un  soldat  en  uniforme  bianc^  un  mènoniie^  un  colon  allemand  et  une 
jeune  femme,  jolie  et  timide,  habillée  en  juive,  se  cachant  derrière 
les  autres. 

Le  premier  qui  se  présenta  au  Zadik  lut  celui  qui  tenait  dans 
ses  bras  Tenfant  malade.  Le  Zadik  prit  Tenfant,  aussitôt  celui-ci  se 
calma^  ne  criant  plus  du  tout,  11  lui  sou0la  sur  le  visage,  l'eflloura 
de  ses  mains,  et,  après  avoir  prononcé  une  prière,  rendit  l'enfant 
â  son  père.  J'appris  plus  tard  que  Tenfent  était  vraiment  guéri. 

Le  grand  gaillard  à  la  mine  si  fioriâsante  dit  qu'il  ne  pouvait 


CLII  ACTES  ET  CONFERENCES 

plus  dormir,  parce  que  chaque  nuit  l'esprit  de  son  père  défunt 
venait  le  tourmenter.  A  qui  la  faute?  s'écria  le  Zadik.  A  toi-même  ! 
ton  père  t'a  recommandé,  à  sa  mort,  de  payer  500  ducats  à  Sa- 
lomon  Tabac,  auquel  il  les  devait  et  qui  n'avait  pas  de  pièces  pour 
le  prouver.  Eh  bien  !  tu  ne  les  as  pas  payés,  et  c'est  pour  cela  que 
ton  père  vient  la  nuit,  afin  de  te  le  rappeler.  Il  faut  payer  ces 
500  ducats,  ensuite  tu  auras  le  repos  et  la  tranquillité. 

A  ce  moment,  le  Zadik  aperçut  la  jolie  femme  qui  se  dérobait  aux 
regards.  Il  lui  fit  signe  d'approcher,  après  avoir  ordonné  aux  assis- 
tants de  s'éloigner. 
^Quand  elle  eut  pris  place  auprès  de  lui,  il  lui  dit  :  «  Pourquoi 
ces  habits  juifs  ?  Je  sais  cependant  que  tu  es  chrétienne  et  que  tu  es 
une  femme  noble.  »  C'était,  en  effet,  une  comtesse  polonaise.  Le 
rouge  lui  monta  à  la  figure  et  elle  demanda  à  parler  seule  au 
Zadik.  Celui-ci  tendit  son  oreille,  et  la  jeune  femme  lui  murmura 
son  secret. 

Nous  nous  aperçûmes  qu'elle  fut  contente  du  conseil  qu'elle 
reçut,  car,  en  partant,  elle  «déposa  un  riche  présent  sur  la  petite 
table,  tandis  qu'un  sourire  joyeux  effleurait  ses  lèvres. 

Ce  fut  au  tour  de  mon  oncle  de  solliciter  le  conseil  d'usage.  Deux 
juifs  s'étaient  battus.  Abel  Oignon  avait  appelé  Isaac  Bischorko 
Amharez^  c'est-à-dire  «  ignorant  »,  et  Bischorko  avait  frappé  ru- 
dement le  brave  Oignon.  Par  suite  de  ce  mauvais  traitement, 
Oignon  était  devenu  absolument  muet,  muet  comme  une  carpe. 
Sa  famille  avait  porté  plainte  devant  lo  tribunal,  et  on  avait  charçé 
mon  oncle,  qui  était  médecin,  d'examiner  le  blessé.  Il  était  triste 
que  le  malheureux  Oignon  fût  devenu  muet  ;  d'autant  plus  triste 
que  Bischorko  était  un  très  honnête  homme  et  pouvait  être  puni 
sévèrement. 

Le  Zadik  se  mit  à  rire.  «  Abel  Oignon  n'est  pas  muet,  il  joue  la 
comédie  :  ne  vous  laissez  donc  pas  tromper  par  lui.  Je  les  connais 
tous  les  deux.  Oignon  n'est  autre  chose  qu'un  vaurien,  et  Bischorko 
est  un  honnête  homme.  Il  faut  le  secourir.  »  Lo  Zadik  donna  à 
mon  oncle  un  conseil  qui  lui  plut  beaucoup,  car  mon  oncle  aimait  à 
plaisanter.  Nous  nous  rendîmes,  en  conséquence,  dans  la  ville  de 
Snyatin  pour  trouver  Oignon.  11  était  au  lit,  entouré  de  sa  famille 


SKCTES  JUIVES  DK  LA  GALICrE 


CLIII 


désolée.  Mon  oncle  s  assit  près  de  lui  et  commença  à  Tinterroger, 

«t  Aiusi,  Bisehorko,  cette  canaille,  t'a  battu  ?  >* 

Oignon  lit  signe  que  oui,  en  inclinant  la  tête. 

it  11  t'a  bien  battu  ?  » 

Oig-non  inclina  deux  fois  îa  tôte. 

«  Il  t*a  même  battu  à  ce  jmint  que  tu  as  perdu  tout  usage  de  la 
parole.  >? 

Cette  fois,  il  inclina  trois  fois  la  tête. 

«  Rien  à  faire,  dit  mon  oncle.  Bischorko  recevra  une  terrible  pu- 
»  nition,  11  en  sera  pour  une  année  de  prison.  Cependant,  il  faut 
I  î»  examiner  davantage.  Allons  !  montre-moi  ta  langue,  • 

Oignon  la  montra. 

«  Maintenant  donne-moi  ton  pouls.  » 

Oignon  tendit  la  main,  et  mon  oncle  compta  les  pulsations.  Il 
,  régnait  dans  la  cbambro  un  calme  solennel,  qiian^  tout  â  coup 
Oignon  se  redressa  subitement  dans  son  lit,  se  mit  sur  son  séant, 
en  mugissant  comme  un  taureau  furieux. 

Mon  oncle  avait  suivi  le  conseil  du  Zadik,  et,  pendant  qu'il  comp- 
tait les  pulsations,  avait  piqué  notre  muet  avec  une  longue  épingle. 

ù  Ah  !  s'écria  moa  oncle,  je  vois  que  tu  n'es  pas  muet.  Tu  as 
mtîme  un©  très  belle  voix.  Cnltive-la,  mon  garçon,  qui  sait»  TOpéra 
rouvrira  peut-être  ses  portes  ?  n 

Ainsi  se  termina  F  histoire.  Oignon  recouvra  la  parole,  qu'il  n'a- 
vait pas  perdue,  et  Biscliorko  fut  sauvé  ! 

Tout  ce  que  je  viens  de  raconter  des  Hassidim  doit  faire  sur  un 
public  instruit  et  sceptique,  Fimpression  de  contes  bleus.  Je  le  com- 
prends parfaitement.  Mais  ce  ne  sont  pas  dea  contes,  ce  sont  des 
faits,  et  je  vais  tûcher  de  vous  en  donner  rexplication. 

Comment  une  secte  »  ayant  des  coutumes  si  mystérieuses,  si  fan- 
f  tastiques,  a-t-elle  pu  se  développer  en  Galicie  et  peut-elle  même 
^exister  encore  aujourd'hui?  Ces  Ilassidim  sontr-ils  des  na'ifa  ou 
f  des  trompeurs?  Ni  les  tins  ni  les  autres. 

Je  me  suis  toujours  appliqué  dans  mes  romans  à  expliquer 
l'homme,  sa  manière  de  penser,  de  sentir  et  d'agir,  non  seulement 
par  la  psjcîiologië,  mais  surtout  par  la  nature  au  milieu  ûe  laquelle 

îcu,  la  nature  enfin  qui  Ta  pro- 


iquelle 


grand 


CLIV  ACTES  ET  œNFÉRKNOSS 

(luit,  comme  la«  plante,  comme  Târbre,  comme  FaBimal.  J'ai  Tonlu 
Texpliquer  en  même  temps  par  les  milieux,  les  cîreoiistances,  les 
conditions  dans  lesquelles  il  vit.  C'est  la  méthode  que  j'emploierai 
aussi  pour  les  Hassidim.  Pour  les  comprendre,  il  ftiut  connaître  le 
pays  où  ils  vivent,  il  faut  connaître  la  Qfilicie.  Figurez-vott»,  un 
instant,  ces  plaines  sans  limites,  que  le  printemps  transforme  en  un 
large  et  long  tapis  de  verdure,  que  Tété  couvre  de  longs  épis  dorés, 
et  où  le  triste  hiver  vient  ensuite  jeter  son  blanc  manteau  de  neige. 
Quand  le  vent  comm^ance  à  souffler  sur  cet  immense  plaine,  agitant 
comme  des  vagues,  aujourd'hui  les  jeunes  pousses,  demain  les  longs 
épis,  et,  plus  tard,  les  flocons  de  beige,  cette  plaine  fait  la  même 
impression  sur  l'homme  que  la  mer  sans  bornes  se  perdant  dans 
le  lointain. 

Vous  savez  que  le  marin,  qui  passe  sa  vie  sur  ce  désert  humide, 
devient  laconique,  sévère  et  triste.  La  plaine  galicienne  produit  les 
mêmes  effets. 

L'homme,  devant  cette  solitude,  éprouve  le  sentiment  de  l'infini 
et  rentre  en  lui-même. 

Voici  maintenant  les  petites  villes  dans  lesquellee  d^neurent  les 
Juifs  polonais.  Les  rues  sont  sombres,  les  maisons  tristes,  les 
chambres  étroites,  rarement  visitées  par  le  soleil.  Dans  ces  petites 
pièces,  vivent  parfois  deux,  trois,  quatre  familles,  semblables  aux 
souris  retirées  dans  de  petits  trous. 

Imaginez-vous  dans  cette  solitude,  loin  du  monde,  loin  de  la  ci- 
vilisation, loin  du  chemin  de  fer  et  du  télégraphe,  enfermé  dans  une 
cellule,  mélancolique,  un  homme  à  l'esprit  vigoureux,  ajant  l'ar- 
dent désir  de  chercher  la  vérité,  de  connaître  le  monde,  de  percer  le 
secret  de  la  création,  ayant  une  fantaisie  ardente  et  un  cœur  pas- 
sionné, enterré  vivant,  pour  ainsi  dire,  dans  Ce  réduit,  ainsi  qu'un 
prisonnier,  ou  une  plante  serrée  dans  un  herbier;  ne  possédant 
d'autre  source  d'instruction  que  sa  Kabbalah  ou  son  Talmud,  et  vous 
comprendrez  que  ses  aspirations  le  poussent  à  méditer  constam- 
ment, qu'il  devienne  un  rêveur,  un  exalté,  et  croie  entendre  la  voix 
de  Dieu,  voir  des  anges  et  des  démons.  Non,  les  Hassidim  ne  sont 
point  des  trompeurs,  ils  sont  tous  des  Hamlet  ou  des  Faust.  Il  ne 
faut  donc  pas  s'étonner  qu'ils  deviennent  à  moitié  fous. 


SECTES  jrrvES  de  la  gaijcie  . 


CLV 


Mais  assez  parler  des  Hassîdiai,  Je  vais  tous  entretenir  mttîtite- 
naut  de  la  seconde  secte  qui  existe  en  Galieie,  cJes  Karaïten, 

Les  Karaites  m'intéressent,  avant  tout,  à  un  point  de  vue 
spécial*  Vous  savez  que  les  antisémites  do  Berlin  ont  déclaré,  à 
diverses  reprises,  que  ce  n  est  pas  la  croyance  juive  qu'ils  atta- 
quent, mais  la  race  juive  à  laquelle  ils  attribuent  certains  défaut». 
Mais  où  se  trouve  la  race  juive  pure?  En  Pologne  "l  elle  est  forte- 
ment mêlée  d*éléments  slaves.  A  Test  t  elle  n'est  pure  que  chez  les 
Karaïtes, 

Bien  que  les  Karaïtes  se  conforment  à  une  tradition  religrieuse» 
ils  veulent,  avant  tout»  stiivi'c  la  loi  de  Moïse,  comme  lauraient 
suivie  lea  Juifs  du  temps  des  Jugts  et  des  Hois. 

Les  Karaïtes,  comme  Tindique  leur  nom,  sont  ceux  qui  ne  recon- 
naissent que  la  loi  écrite,  contrairement  aux  Mekubalim,  qui,  eux, 
reconnaissent,  en  outre,  la  tradition,  c'est-à-dire  le  Talmud. 

Les  Karaïtes  n'obeîissent  qu'aux  commandements  de  la  Sainte- 
Écriture.  Ils  s*appellent  aussi  Zadikim,  les  justes.  Us  prétendent 
qu'ils  existaient  déjA  avant  la  destruction  du  temple.  Ceux  d'aujour- 
d'iiui  ne  rejettent  pas  tonte  tradition,  seulement  ils  voient  dans  la 
tradition  les  enseignements  d'hommes  savants,  mais  non  les  tH)ro- 
mandement^  de  Dieu.  Ils  maintiennent  les  paroles  de  la  Sainte-Écri- 
ture :  «  Tout  ce  que  je  vous  commande  aujourd'hui,  observez-le 
strictement.  N'y  ajoutez,  ni  n'en  retranchez  rien,  » 

La  tradition  des  Karaïtes  est  la  suivante  :  Moïse  reçut  de  Dieu 
même,  sur  le  mont  Sinaï,  la  loi  sacrée  et  la  donra  à  Josué,  Josué 
la  transmit  à  Pinlias;  elle  parvint  ensuite  à  Simon,  qui  lui-même 
la  passa  à  son  élève  Antigonus.  Celui-ci  dit  :  «  Il  ne  faut  pas  servir 
Dieu  par  crainte  d'une  punition  ou  dans  l'espoir  d*une  récompense, 
mais  seulement  par  amour.  Il  faut  exercer  la  vertu  pour  elle- 
même.  » 

Dans  la  lutte  entre  \m  Karaïtes  et  les  Rabbanites,  ces  derniers 
restèrent  vainqueurs.  On  persécuta  les  Karaïtes,  qui  s'enfuirent  en 
Egypte  et  dans  les  déserts  de  TArabie.  Plus  tard,  nous  les  reti*ou- 
vons  en  Espagne,  où  le  roi  Alphonse  les  persécuta,^  parce  qu'ils 
étaient  accusés  d'être  des  Badducéens,  c'est-A-dire  des  négateurs  de 
rimmortalito  de  l'ûrae  et  de  la  résurrectioB  des  morts.  C'était  une 


CLVl  ^        ACTES  ET  CONFÉRENCES 

erreur,  les  Karaïtes  n'étant  pas  des  Sadducéens  et  croyant  à  la  vie 
éternelle. 

Maïmonide  dit  d'eux  :  «  Les  Karaïtes  qui  vivent  au  Caire  et  en 
divers  lieux  de  la  terre  sainte  sont  dignes  qu'on  les  honore  ».  Au 
contraire,  il  dit  des  Sadducéens  :  «  Il  est  permis  de  manger  d'un 
animal  tué  par  un  apostat,  mais  non  de  celui  qui  est  égorgé  par  un 
Sadducéen.  »  ♦ 

Il  y  a  eu  parmi  les  Karaïtes  des  hommes  savants  qui  nous  ont 
laissé  des  œuvres  diverses. 

Beschizki  nous  explique  les  idées  des  Karaïtes  d'une  façon  très 
claire.  «  Là  où  la  raison  et  la  révélation  sont  d'accord,  dit-il,  nous 
acceptons  la  raison  comme  guide,  et,  avec  cette  lumière,  pour  ainsi 
dire,  doublée,  nous  marchons  vers  notre  but.  Mais,  dès  que  la  raison 
nous  fait  douter  de  la  révélation  et  n'est  plus  d'accord  avec  elle, 
bien  que  toutes  deux  soient  des  lumières  divines,  il  faut  s'en  tenir 
strictement  à  la  révélation.  Car,  si  la  raison  était  sufftsante,  la 
révélation  eût  été  superflue.  C'est  pour  cela  que  la  révélation  s'est 
faite  miraculeusement,  pour  prouver  aux  hommes  leur  origine 
divine.  » 

Les  Karaïtes  rejettent  tous  les  commandements  qui  ne  sont  pas 
contenus  dans  la  Sainte-Ecriture.  L'homme  ne  doit  s'abstenir  que 
des  choses  défendues  expressément  par  la  Bible.  S'il  fait  des  excès 
de  zèle,  il  ne  peut  s'attendre  à  aucune  récompense.  Le  roi  Salomon 
lui-même  a  dit  qu'il  ne  faut  pas  exagérer  la  piété.  Les  Karaïtes 
croient  qu'il  n'est  pas  permis  de  réfléchir  sur  les  bases  fonda- 
mentales de  la  religion.  Beschizki  dit  :  «  Il  ne  convient  pas  de  se 
demander  s'il  existe  un  Dieu,  s'il  y  a  une  révélation,  et  de  discuter 
d'autres  questions  semblables  ». 

Quant  au  divorce,  ils  s'en  tiennent  strictement  aux  paroles  de 
Moïse  :  «  Quand  l'homme  trouvera  une  chose  honteuse  chez  sa 
femme,  il  lui  écrira  une  lettre  de  divorce  et  lui  fera  quitter  la 
maison.  »  Les  Karaïtes  ne  permettent  le  divorce  que  quand  il  y  a 
eu  adultère  de  la  part  de  la  femme. 

Il  existait,  du  reste,  en  Pologne,  avant  l'introduction  du  mariage 
civil,  une  secte  qui  permettait  à  l'homme  de  chasser  sa  femme 
quand  celle-ci  avait  mis  trop  de  sel  dans  la  soupe. 


SECTES  JUIVES  OE  LA  GALICiE 


CLVIl 


LaiaapUdds  de  toi  des  Karaït^s  siont  les  suivants  : 
H     P  Tous  les  corps  célastas,  avec  tout  ce  qu'ils  contiennent,  ont 
été  créés. 

2**  Le  Créateur  de  toutes  ces  clioses  n*est  pas  créé. 
I  3**  Il  est  seul  et  sans  pareil* 

B     4°  Il  a  envoyé  son  serriteur  Moïse. 

5»  Il  a  publié,  par  Tintermédiaire  de  Moïse^  une  loi  absolument 

■parfaite. 
6«  Chacun   doit   comprendre  la   langue  et  le  coniEientaire   de 
la  loi. 

1"^  L'esprit  de  Dieu  a  inspiré  aussi  les  autres  prophètes. 
8°  Dieu,  au  jour  de  la  justice,  réveillera  les  morts. 
9^  Dieu  récompensera  chacun  selon  ses  œuvres. 
l(j"  Dieu  n'a  pas  abandonné  son  peuple  dans  la  captivité,   bien 
qu'il  l'ait  puni;   aussi  faut^il  attendre   chaque  jour  que  le  Messie, 
B  Mb  de  David,  apporte  la  délivrance. 

Plus  tard,  on  ajouta  quelques  articles  :  ' 

11*'  Dieu  est  incorporel,  il  n'a  ni  passions  ni  qualités  corporelles* 
2"=*  On  ne  doit  adorer  que  Dieu,  et  aucun  autre  être. 
2^  11  n'y  a  pas  d^autre  loi  divine  que  la  loi  de  Moïse. 
4»  On  no  doit  ni  ajouter,  ni  retrancher  rien  à  la  lot  de  Moïse. 
5^  Dieu  connaît  les  mauvaises  pensées  comme  les  mauvaises  ac- 
tions et  lei  punit  de  la  même  manière. 

Les  Karaïtes  croient  à  l'immortalité  de  l'âme,  à  la  récompense 
dans  le  ciel,  a  la  punition  dans  les  enfers;  mais  ils  rejettent  la 
1       croyance  à  la  transmigration  des  âmes  et  no  croient  pas  au  diable 
B  ni  aux  démous. 
^Ê      Voici  leur  morale  : 

H      L'àme  est  vivankj  au  point  de  vue  moral,  quand  elle  évite  tou- 
jours le  mal  et  fait  toujours  le  bien. 

L'âme  est  saim^  quand  elle  sait  distinguer  le  bien  du  mal  et 
quand  elle  a  la  volonté  de  ne  faire  que  le  bien. 

Elle  est  malath^  quand  elle  ne  sait  pas  distinguer  le  bien  du  mal. 
Elle  est  morte f  si  elle  fait  le  mal,  en  sachant  qu*elle  le  fait,  et 
quand  elle  persiste  dans  les  péchés  à  ce  point  qu'il  n'est  plus  possible 
de  la  sauver. 

ACT,  BT  CONF»,    T.   1.  i% 


avili  ACTES  ET  GONFÉR»(C$S 

Leur  sentence  la  plus  importante  e8t  :  ce  Si  tu  ^e  peux  pas  faire 
ce  que  tu  veux,  tu  dois  vouloir  ce  que  tu  peux  ». 

D'après  eux,  le  Messie  n*aura  pas  besoin  de  réveiller  les  morta 
ou  de  faire  d*autres  miracles,  mais  il  réunira  le  peuple  dispersé 
d'Israël,  rebâtira  le  temple  de  Jérusalem  et  réts^tlira  1^  loi  pure 
de  Moïse. 

La  vie  des  Earaïtes  est  des  plus  vertueuses.  }ls  sont  très  sobres  ; 
ils  disent  :  Celui  qui  mange  et  boit  plus  qu'il  ne  faut  pour  satisfÎEMre 
sa  faûn  et  sa  soif,  comme  un  animal,  celui  qui  dépense  plus  qu'il  ne 
doit  en  vêtements  pour  se  garantir  des  intempéries,  mérite  d'être 
lapidé. 

Ils  prient  le  matin  et  le  soir  4  genoux,  ou  debout,  la  tête  baissée, 
parce  que  celui  qui  prie  doit  être  devant  son  Seigneur  ainsi  qu*iin 
esclave. 

U  n'est  pas  permis  de  prononcer  les  prières  dans  upe  langue  autre 
que  la  langue  hébraïque. 

Leurs  synagogues,  qu'ils  nomment  Kenssm,  sont  de  jolis  édifiées, 
toiyours  très  proprement  entretenus. 

Le  jour  du  Sabbat,  iU  lisent  un  passage  du  Pentateuque  ainsi 
qu^un  autre  passage  des  prophètes.  Ils  n'ont  ni  TephUin,  ni  Zizil.  Us 
célèbrent  le  Sabbat  d'une  manière  très  rigoureuse  et,  en  Orient,  ils 
n'allument  pas  de  feu,  même  quand  il  fait  très  frpid. 

£n  Galicie,  où  les  froids  sont  très  durs,  ils  ne  pourraient  rester 
sans  feu  ;  ils  laissent  aux  chrétiens  le  soin  de  l'allumer. 

Ils  n'observent  pas  les  rites  relatifs  à  la  jugulation  des  animaux. 
Us  se  contentent  de  ne  pas  manger  de  viandes  provenant  d'animaux 
malades. 

Ils  attachent  une  valeur  toute  spéciale  aux  xix^  et  xx^  cha- 
pitres du  Lévitique,  qui  défendent  d'adorer  des  idoles  et  qui  con- 
tiennent les  commandements  moraux  de  la  vie  de  famille  et  de 
la  vie  civile. 

Ils  sont  très  honnêtes  dans  leur  conduite,  et  très  chastes  et  pu- 
diques dans  leurs  paroles  et  leurs  actions. 

Au  moment  de  la  bénédiction  nuptiale,  les  époux  se  jurent  mu- 
tuellement une  fidélité  et  une  union  éternelles;  l'infidélité  de  la  part 
de  la  femme  peut  rompre  le  mariage. 


SECTES  JUIVES  DE  LA  GALICIE 


eux 


On  trouYe  les  Karaïtes,  aujourd'hui  ©ncorô,  eu  Orient,  à  Alep,  à 
Coostantinople,  ea  Tartarie,  en  Egjpte,  en  Crimée  et  chez  nous, 
en  Galicie, 

En  Galiciô,  ïh  vivent  principalement  dans  les  villes  suivantes  : 
Luzk^  litûicz^  Trozk,  Krosny-Ostro,  ainsi  que  dans  quelques  vil- 

D'après  le  dernier  recen&ementi  leur  nombre  en  Galicle  s'élève 

Ià  40,000 
Les  Karaïtes  galiciens  que  j'ai  visités  à  Krosny-Ostro  prétendent 
que  le  commerce  d'objets  que  Ton  n'a  pas  produits  soi-même  n'est 
pas  permis.  Us  se  livrent  à  fag^ri culture,  Us  sont  bateliers,  artisans 
et  ils  ne  vendent  que  les  produits  de  leur  agriculture  et  de  leurs 
métiers.  Ils  font  le  commerce  en  gros  des  céréales  ei  des  bestiaux. 
Leur  costume  n'e^t  pas  celui  des  autres  juifs  polonais,  ils  portent  le 

I  costume  Peiit-Russien.  Leur  langage  n  est  pas  l'allemand  corrompu 
des  auti'es  juifs  polonais,  qu'on  appelle  le  jargon  juif.  C'est  un 
composé  d'hébreu  et  de  tartare,  mats  ils  parlent  aussi  bien  le  polo- 
nais et  le  petit  russieo.  Leur  cimetière,  que  j'ai  vu,  à  Krosnj-Ûstro 
doit  rappeler  la  vallée  de  Jûsapbnt*  Il  donne  une  impression  forte 
Bet  touchante.  C'est  un  petit  bois  enfoncé  dans  une  profondeur^  au 
milieu  de  collines,  garnies  de  vieux  arbres,  dont  les  rameaux  for- 
ment un  épais  toit  de  verdure  au-dessus  du  cimetière.  En  arrivant  à 
la  porte,  on  se  creirait  en  plein  Orient,  Çà  et  là,  émergent  de  la 
verdure  ^luelques  tombes  de  pierre  blanche  se  dressant  vei^  le  ciel 
grisâtre.  On  aperçoit  des  femmes,  vêtues  de  longs  cafetans  et  enve- 
loppées dans  leur  long;  vuile  blaac^  ainsi  que  des  spectres  ;  elles 
■prient  et  déposent  des  iîeurs  sur  les  tombes. 

Les  maisons  des  Karaïtes  sont  gi'andes  et  très  bien  tenues i  La 

femme  et  les  enfants  occupent  la  plus  grande  partie  do  Tapparte- 

ment.  Dans  chaque  maison,  on  trouve  une  copie  de  la  Sainte -E cri- 

K|ure,  car  chaque  Earaïto  a  pour  devoir  de  copier,  au  moins  une  fois 

dans  sa  vie,  le  Pentateuque. 

Les  Karaïtes  sont  très  considérés  par  ceux  qui  n*appar tiennent 
pas  à  leur  confession.  La  parole  d'un  Karaïte  est  sacrée, 

On  s'est  toujours  beaucoup  intéressé  aux  Karaïtes.  Charles  XI, 
fi^oi  de  Suède,  envoya  en  Pologne,  en  1690,  le  professeur  de  langue 


CLX  ACTKS  ET  œNFÉRENCES 

hébraïque  d'Upsala,  Perringer  von  Lilienblatt,  pour  étudier  les  Ka- 
raïtes  et  leur  acheter  quelques-uns  de  leurs  livres  et  de  leurs  ma- 
nuscrits. 

Jakob  Trikland,  professeur  (i  Leyde,  écrivit,  en  1698,  une  lettre 
aux  Earaïtes  de  la  Pologne,  en  leur  adressant  quelques  questions. 
Un  Karaïte  savant,  Mardochée  ben  Nissa,  de  Krosnj-Ostro,  en  Ga- 
licie,  lui  répondit  dans  un  livre  intitulé  Dod  Mardochée.  Ce  livre  fut 
imprimé  in-folio  à  Constantinople,  et  parut  à  Leipsick,  en  1714, 
avec  une  traduction  latine  de  Wolf.  Le  comte  Tadée  Zaki  a  pu- 
blié une  étude  très  profonde  sur  les  Karaites  de  Pologne  et  dit  qu*il 
est  impossible  de  connaître  Tépoque  à  laquelle  ils  émigrèrent  en 
Pologne. 

Ils  reçurent  les  premiers  privilèges  du  roi  Sigismond  I^,  à  Luzk, 
en  Yolhjnie  ;  plus  tard,  d'Etienne  Bathory,  dans  la  ville  de  Halicz, 
en  Galicie.  Yitold,  grand  duc  de  Lithuanie,  ât  entrer  au  xin«  siècle 
383  familles  karaïtes  de  la  Crimée  à  Trozki,  et  Easimir  Jagelon 
leur  accorda  de  grands  privilèges  en  1441. 

Le  comte  de  Zaki  igoute  :  «  Il  est  prouvé  par  des  documents 
que,  depuis  quatre  siècles,  aucun  Karaïte  n*a  été  puni  par  la  justice 
en  Pologne.  » 

Le  même  hommage  leur  est,  du  reste,  rendu  par  la  statistique 
'autrichienne. 

Les  Karaïtes  rejettent  la  pratique  du  serment,  le  code  autrichien 
leur  permet  de  donner  simplement  une  poignée  de  mains  aux  juges, 
à  la  place  du  serment.  Cette  simple  poignée  de  mains  d'un  Karaïte 
vaut  mieux  que  le  serment  prononcé  par  d'autres. 

Comme  le  Karaïte  ne  veut  pas  verser  le  sang,  il  était  exempt 
autrefois  du  service  militaire.  Depuis  que  le  service  est  obligatoire, 
on  leur  a  permis  de  faire  le  service  dans  le  corps  des  ambulances  ; 
ce  que  d'ailleurs  ils  font  avec  plaisir.  Ainsi  le  Karaïte  qui  ne  dé- 
chargerait pas  son  fusil  sur  le  champ  de  ])ataille  et  se  laisserait 
tuer  tranquillement,  se  jettera  au  milieu  du  feu  pour  secourir  les 
blessés. 

Permettez,  maintenant,  Mesdames  et  Messieurs,  qu'avant  de  finir 
cette  courte  étude,  que  peut-être  vous  aurez  trouvée  trop  longue, 
le  romancier  vous  rapporte  une  histoire  qui  vous  fera  comprendre 


SKCTE^  jmVBS  D1-:  LA  GALICIE 


CLXI 


toat  à  fait  le  caractère  ôt  Tesprit  du  Karaïte.   Ce  n'est  pas  une  his* 
toife  faîte  à  plaisir,  c*est  un  fait  que  je  tiens  de  mon  père. 

Le  comte  Agenor  Kracinaki  s'était  marié  à  une  jeune  baronne 
Vodizka*  Ainsi  que  l'avait  souhaité  la  jeune  femme,  les  jeunes  ma- 
riés n  araient  point  entrepris  de  vojage  de  noces,  mais  s'étaient 
installéâ  dans  le  château  retiré  du  comte,  où  la  comtesse,  dès  te 
î«^mier  jour,  suivant  la  vieille  coutume  polonaise,  s'empara  du 
trousseau  de  clefs  et  prit  la  direction  de  la  maison. 

I^  lendemain,  la  jeune  femme  entra  dans  la  chambre  de  son 
Jwu-iea  lui  disant  :  «  Il  y  a  à  la  porte  un  homme  très  curieux  qui 
4  la  physionomie  d'un  juif  et  paraît  être  un  paysan  galicien,  si 
j'en  juge  par  sa  stature  et  son  costume.  Il  demande  à  te  parler.  » 
Le  comte  se  mit  à  rire.  «  Mais  oui!  c*eât  mon  facteur;  c*e8t  un 
jïiif,  mais  un  Karaïte,  et  ceux-ci  sont  de  véritables  paysans,  s'ha- 
"'llant  comme  des  paysans,  » 

l^ans  chaque  maison  seigneuriale  de  Galicie,  on  a  un  homme, 
Ainsi  appelé  facteur,  qui  iait  toutes  les  affaires  et  qui  est  toujours  un 
''^"-  La  plupart  de  ces  facteurs  juifs  sont  très  fidèles  et  très  hon- 
^ws;  ce  sont  les  amis  et   conseillers  de  la  maison.  Cet  emploi 
souvent  d'une  génération  à  Tautre. 
La  comtesse  fit  entrer  le  Karaïte.  Il  se  nommait  Abel.  C'était  un 
ftotQujg  gi's^xifi  et  fort,  ayant  à  peu  prés  soixante  ans.  Ses  cheveux 
*a  barbe  étaient  grisonnants;  la  figure  était  honnête  et  ouverte.  Il 
*rtAit  pas  les  deux  boucles  des  autres  juifs  polonais  Jl  était  vêtu 
0  nos  paysans,  avec  ses  bottes  montantes,  son  pantalon  bout- 
ât aox  genoux  ;  son  habit  long,  de  gros  drap,  était  serré  à  la  taille 
^^  uoe  ceinture  de  cuir  non  travaillé  ;  sa  tête  était  couverte  d'un 
"^onet  en  peau  de  mouton  noir. 

La  comtesse  se  familiarisa  bientôt  avec  lui  et  lui  demanda  à  visi* 
^îeamaison.  Quand  son  mari  la  mena  chez  Aboi,  elle  fut  étonnée 
^trouver  un  intérieur  confortable  et  un  si  bon  ameublement.  Elle 
'wt  encore  plus  surprise  quand  eUe  vit  la  manière  dont  il  soignait 
l«s  femmes  de  sa  famille,  sa  vieille  raère^  sa  femme  et  sa  sœur* 

Le  comte  vécut  heureux  plusieurs  années  avec  sa  femme,  qui  lui 
dojiDa  deux  enfants.  Mais  un  jour  éclata  la  terrible  révolution  de 
ifiiô.  Le  comte  avait  été  entraîné  dans  la  conspiration  de  la  no- 


CLXU 


ACTES  ET  COSFRREXCES 


blesse  polonaise.  Comme  il  aTaît  été  officier  aiiirefois, 
nommé  commandant  d'un  département,  et  il  prit  part  activement 
aux  préparatits  de  rinsnrrectiofi.  On  fixa  le  commencement  de  la 
révolution  au  18  février. 

Le  comte  ne  voulut  pas  apprendre  à  sa  femme  oe  qui  se  prépara tt- 
U  l'envoya  avec  ses  enfants  en  Hongrie,  quel^iues  jours  auïMàr*- 
vant. 

Quand  elle  fut  partie,  il  se  contla  à  son  YÎenx  facteur  Abel.  U  i^^ 
dit  :  «  Il  peut  se  faire  que  la  révolution  n'ait  pas  de  succès  et  cf^ô 
mes  biens  «oient  confisqués.  En  prévision  de  ce  fait  Je  te  donne  tout 
ce  que  j*ai  en  argent  comptant,  tu  le  frarderaa  fidèlement,  et,  si  c» 
malheur  arrive,  tu  le  donneras  à  ma  femme.  » 

Abel  donna  sa  parole,  et  le  comte  lui  remit  80,000  floiîns,  c*ft^^' 
à-dire  W0,0O0  francs. 

Le  18  février,  la  révolution  éclatait.  La  noblesse,  les  emploj'^^» 
les  serviteurs  des  seigneurs  prirent  les  armes,  mais  les  payfg*^^ 
restèrent  fidèles  à  Fempereur  d'Autriche  et  répondirent  par  XM^  '*^ 
contre-révolution.  Les  corps  des  insurgés  étaient  dispersés  parte  -^J^- 
Quand  ce  fut  fini,  des  bandes  de  paysans  parcoururent  la  camp^*"*^ 
brûlant  les  maisons  des  seig-neors  et  massacrant  tous  ceux  qni  1b!»'^- 
tombaient  sous  la  main. 

Le  comte  Kracinski  se  sauva  à  Cracorie,  seul  endroit  où  la 
lution  restait  victorieuse*  De  la,  une  petite  armée  polonaise  eai 
en  Galicie  et  rencontra   Benedeck,  alors  colonel,  et   plni  tar*  "** 
en  1B6G,  général  en  chef,  On  se  battit  à  Gdov  ;  les  Polonais  ftirei^^ 
défaits  et  le  comte  Kracinski  trouva  la  mort  sur  le  ebamp  de  b  — *^ 
taille. 

Aussitôt  Tordre  rétabli,  la  jeune  veuve  revint  avec  ses  enfants  ^^ 
ne  trouva  plus  que  les  ruines  de  son  château. 

Elle  était  assise  sur  un  tas  de  pierres  noircies  par  rinisendie»  s^^ 
jeux  étaient  noyés  dans  le  vague,  et  elle  tenait  sa  tête  appuv^^ 
dans  ses  mains.  Elle  ne  trouvait  pas  d'issue  à  sa  terrible  situation. 
Tout  lui  semblait  perdu,  quand  elle  entendit  des  pas  qui  appro- 
chaient. Elle  aperçut  Abel.  11  salua  la  comtesse  et  resta  devant  elle, 
semblant  partager  son  émotion  et  sa  tristesse.  Ils  restèrent  ain^i 
longtemps  sans  s^adresser  la  parole. 


SECTES  JUIVES  DE  LA  GALICIE 


CLXIll 


Enfin,  la  comtesse  rompit  ie  silence  :  f<  0  Abeî,  mon  pauvre  mari, 
le  père  de  mes  enfants  est  mort  ;  notre  demeure  est  détruite,  et  pas 
nu  sou  !  Il  ne  nous  reste  d'autre  ressource  que  d'aller  mendier,  moi 
et  mes  enfants  ! 

rt  Comment  ?  s'écria  Abel. 

n  Je  ne  puis»  sans  argent,  songer  à  rétablir  ce  que  l'on  a  détruit, 
et  mon  mari  ne  nous  a  rien  laissé,  rien,  absolument  rien  1  n 

Abel  se  redressa.  Un  doux  sourire  illumina  son  beau  et  sévère 
Tisage.  Il  glissa  sa  main  sous  son  grossier  vêtement  et  en  tira  un 
grand  portefeuille  rouge,  n  Vous  n'avez  pas  besoin  de  mendier,  dit-il, 
vous  n*étes  pas  pauvre,  comtesse,  No*is  rebâtirons  la  maison*  Voici 
Fargent  que  m'a  c^onfîé  Monsieur  le  comte  »,  et  il  donna  à  la  com- 
tesse le  portefeuille  contenant  les  '^00,000  francs, 

I  La  comtesse,  interdite,  le  regarda  un  instant.  Tout  d'abord,  eUe 
ne  comprit  pas  ce  grand  caractère.  Mais  ensuite,  les  yeux  pleins  de 
larmes,  elle  se  jeta  dans  les  bras  du  vieux  Karaïte»  qui  la  reçut 
comme  un  patriarche, 

I  Abel  conduisit  ensuite  la  comtesse  et  les  enfants  dans  sa  maison, 
la  priant  de  rester  cbez  lui,  jusqu'à  ce  que  le  petit  cb^teau  fût 
rebâti . 

Il  mit  grande  hâte  à  trouver  les  ouvriers  nécessaires.  Le  lende- 
main même,  on  commençait  â  enlever  les  décombres,  à  apporter 
les  briques  et  îes  poutres,  à  préparer  le  plâtre,  et  cent  bras  tra- 
vaillaient avec  ardeur  pour  faire  sortir  de  ces  ruines  un  notivel 

'  édifice. 

Le  vendredi  suivant,  au  commencement  du  sabbat,  Abel  s'habilla 
avec  un  soin  tout  particulier.  Il  s'avaneait  vers  la  sjnaguogue  avec 
une  dignité  où  se  mêlait  quelque  Ûerté.  Il  entra  la  tête  haute  dans 
le  temple  de  Dieu,  où,  au-dessus  de  la  porte,  se  trouvaient  ces 
mots  : 

I  «  C'est  la  porte  de  Jéliovah  ,  les  justes  seuls  peuvent  la 
franchir.  » 


LA  SYRIE 

AVANT  L'INVASION  DES  HRBREUX 

FAPRÉS  LES  MONUMENTS  ÉGYPTIENS 

CONFÉRENCE  FAITE  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES  LE  26  MARS  1887 

Par  m.  MASPERO,  membre  de  lInstitut. 


Présidence  de  M.  Zadoc  KAHN,  président. 

M.  le  PRÉSIDENT  ouvre  la  séance  en  ces  termes  : 
Mesdames  et  Messieurs, 

11  y  a  quelques  semaines,  la  Société  des  Études  juives  vous  a  fa  i 
faire  un  voyage  en  Galicie  ;  ce  soir,  nous  vous  convions  à  un 
voyage  un  peu  plus  lointain,  à  un  voyage  en  Egypte,  sous  la  con- 
duite d'un  guide  excellent,  que  vous  pouvez  suivre  en  toute  con- 
fiance. 

M.  Maspero  connaît  TÉgypte  et  ses  monuments  comme  s'il  les 
avait  faits.  Il  semble  avoir  dérobé  aux  magiciens  de  la  vieille 
Egypte,  dont  notre  Bible  vante  Thabileté,  Tart  de  deviner  les 
secrets  les  mieux  gardés,  et  de  faire  rendre  à  la  terre  des  trésors 
qu'elle  cache  depuis  des  milliers  d'années.  Il  a  ainsi  continué  et 
complété  avec  éclat  l'œuvre  brillamment  commencée  par  d'illustres 
prédécesseurs,  ajouté  au  renom  scientifique  de  la  France  et  procuré 
à  notre  pays  une  gloire  qui  ne  coûte  pas  aussi  cher,  sous  aucun 


LA  SYHIE  AVANT  L  INVASION  DES  IIEBREIX 


GLXV 


rapport»  que  d'autres  gloires,  mais  qui  n*en  vaut  pas  moins  pour 
cela. 

Messieurs,  je  ne  me  donnerai  pas  le  ridicule  de  taire  i' éloge  do 
M.  Maspero,  de  ses  travaux  et  de  ses  découvertes.  Un  savant 
comme  lui,  dont  la  réputation  est  universelle,  n'a  que  faire  de  com- 
pliments venant  d*un  profane  comme  moi.  Je  me  borne  dono  sim- 
plement â  lui  exprimer,  au  nom  de  la  Société  des  Études  j\ïives,  au 
nom  du  conseil  de  direction  de  cette  Société,  no^  chaleureux 
remerciements  pour  Taccueil  aimable  qu*il  a  bien  voulu  faire  û 
notre  invitation  ;  puis,  â  lui  assurer  que  nous  conserverons  de  cette 

,  réunion  un  sou^^enir  reconnaissant,  et  je  me  permets  d'ajouter  :  une 

Ipromesse  pour  l'avenir. 

if.  Mnsjifiro  Téponà  : 

Mksdamks,  Messieuhs, 


Lo  voyage  auquel  vous  avez   été  conviés  par  votre   vénérable 
[président  est  de  ceux  que  vous  n'auriez  pu  entreprendre  au  com- 
mencement du  siècle,  avec  aussi  grande  assurance  dy  réussir  que 
nous  avons   aujourd'hui.    La   Bible  traite  avant  tout   de  ce  qui 
f  regarde  le  peuple  hébreu,  ses  variations  religieuses,  ses  fortunes 
idiversûj.  Lorsque  les  chances  de  Thistoiro  l'obligent  à  mentionner 
les  tribus  syriennes  avec  lesquelles  les  Juges  et  les  Rois  sont  entrés 
en  rapport,  elle  le  fait  sèchement  et  coname  â  regret  :  on  avait  eu 
trop  souvent  â  se  plaindre  d'elles  pour  que  le  sujet  tût  agréable,  et 
d'ailleurs  on  les  connaissait  assez  bien  pour  qu'il  no  fût  pas  néces- 
saire de  décrire  à  grand  détail  leurs  m/ipurs  et  leur  religion.  Les 
liiècles  écoulés,  la  plupart  d  entre  elles  disparurent,  celles  qui  subsis- 
taient perdirent  le  souvenir  de  leur  passé  ou  n  en  conservèrent  qu'une 
mémoire  confuse,  mêlée  de  récits  fabuleux  :  il  ne  leur  resta  bientôt 
[plus  que  des  tratlitions  recueillies  de  seconde  main  par  les  Grecs, 
lou  des  renseignements   épars  dans  le  Pentateuque,  dans  le  livre 
des  Juges,  dans  les  livres  des  Rois,  et  Dieu  sait  si  les  écrivains 
modernes  en  ont  regretta  souvent  la  brièveté.  La  renaissance  de 
l'antiquité  égyptienne  et  le  déchiflrement  des  hiéroglyphes  ont  mis 


CLXVC  ACTES  ET  CONFERENCES 

à  notre  disposition  des  documents  nouveaux.  Du  jour  où  Champd- 
lion  lut,  sur  un  mur  du  temple  d*Amon  à  Karnak,  le  nom  du  Pha- 
raon Shishaq  et  des  villes  de  Juda  enlevées  à  Roboam,  les  savants 
s'ingénièrent  à  réunir,  à  interpréter,  à  commenter  les  passages 
d^inscriptions,  les  scènes  d*offi*andes,  les  tableaux  de  sièges  et  de 
batailles,  où  ils  croyaient  reconnaître  un  peuple  syrien  ou  une  divi- 
nité syrienne^  Le  premier  enthousiasme  les  emporta  si  loin  qu'ils 
déchiffrèrent,  sur  des  papyrus  du  temps  de  Ramsès  II,  le  nom  des 
Hébreux  esclaves  et  condamnés  à  mouler  la  brique  *,  un  récit  égyp- 
tien de  l'Exode,  ou,  du  moins,  les  impressions  d*un  scribe  sur  les 
circonstances  merveilleuses  qui  accompagnèrent  cet  événement  •, 
des  détails  inédits  sur  la  vie  de  Moïse  au  désert  et  sur  les  stèles 
à  double  entente  qu'il  aurait  dressées  dans  un  temple  païen  '. 
Aucune  de  ces  découvertes  n'a  tenu  devant  la  critique.  Ce  n'est 
pas  le  peuple  hébreu  lui-môme  que  les  monuments  égyptiens  nous 
apprennent  à  mieux  connaître  :  c'est  le  pays  qu'il  habita,  sa  popula- 
tion, ses  villes,  sa  religion,  ce  sont  les  tribus  au  milieu  desquelles  il 
vint  s'établir  quand  il  quitta  le  désert  d'Arabie,  et  contre  lesquelles 
il  lutta  péniblement,  sans  réussir  à  conserver  son  indépendance. 

Les  relations  commencèrent  de  bonne  heure  entre  l'Egypte  et  la 
Syrie.  Les  deux  pays  étaient  si  voisins  l'un  de  l'autre,  ils  avaient 
tant  de  produits  et  de  richesses  à  échanger,  qu'un  courant  de  com- 
merce et  d'invasions  réciproques  s'établit  naturellement  entre  eux, 
dès  le  temps  des  premières  dynasties.  Si  haut  que  nous  remontions 
dans  le  passé,  nous  voyons  les  Pharaons  franchir  l'isthme  étroit  qui 
les  séparait  de  TAsie.  Ils  n'allaient  pas  d'abord  bien  loin  :  les  mines 

*  Chal)as,  Les  Hébreux  en  Egypte,  dans  les  Mélanges  Egyptoiogigues,  l.  I, 
p.  42-54  ;  Ramsès  et  Pithom,  dans  les  Mélanges  Egyptologiques,  t.  II,  p.  108-165; 
Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  la  X/X®  dynastie  et  spécialement  à  celle  des 
temps  de  l' Exode ^  p.  99,  sqq. 

'  Heath,  The  Exodus  Papy  ri,  Londres,  1855,  in-8<^. 

'  Lauth,  M  oses  der  Hebr<rerf  narh  twei  agyptischen  Papyrus^Urkunden  i« 
hieratischfr  Schti/ïart,  Munich,  1868,  in- S°  ;  Moses-'Hosersyphos-Salthus,  Le- 
viteS'Aharon  ftater,  Ztphorah-Debariah  conjux,  Miriam-Bellet  soror^  Bliskeka- 
Slizebat  fratria,  ex  monumento  Inferioris  jEgypti  per  iptum  Motem  abhinc  amnos 
MMMDC  dedicato  nunc  primum  in  lucem  protrawit  Fr,~J.  Lauth.  Strasbourg, 
1879,  gr.  in-8<>. 


LA  SYRIE  AVAXT  LINVASION  DES  HÉBREUX 


CLXVU 


de  cuivre  et  de  turquoise  du  Sinaï  les  arrêtaient  en  route.  Ils  y 
létablirent  de  véritables  colonies,  groupées  sur  le  versant  occidental 
de  la  péninsule  sinaïiique»  autour  de  lacs  artificiels  ofi  venait  s'ac- 
cumuler l'eau  des  plaies  et  des  sources.  Les  Bédouins  épars  dans  le 
voisinage  se  faisaient  parfois  conducteurs  de  caravanes  et  allaient 
chercher  au-delà  du  désert  les  produits  de  la  Bjrie  et  de  la  Chaldée, 
quHls  rapportaient  ensuite  aux  bords  du  NiL  Parfois  rinstinct  sau- 
vage reprenait  le  dessus  :  ils  saisissaient  la  première  occasion  favo- 
I  rable  et  se  ruaient  sur  les  bourgs  des  mineurs.  Pharaon  accourait 
avec  ses  bandes  aguerries  et  leur  infligeait  de  rudes  leçons  :  Sno- 
frou,  Khéops,  les  princes  de  la  v«  dynastie,  ceux  de  la  xn**  ont 
gravé,  sur  les  rochers  de  Ouady  Magharah  et  des  vallées  environ- 
nantes, des  tableaux  comméraoratifs  de  ces  victoires.  La  vie  des 
nomades  nous  est  connue  en  détails  par  un  roman  écrit  vers  lo 
vingtième  siècle  avant  notre  ère.  C'est  un  genre  d'ouvrage  qu*on 
ne  s'attend  guère  à  rencontrer  si  tôt,  mais  les  Egyptiens  d*autrefois 
aimaient  les  histoires  autant  pour  le  moins  que  les  Egyptiens  d*à 
présent,  et  une  bonne  partie  de  leur  littérature  pourrait  figurer 
sans  désavantage  au  recueil  des  Mille  êf  tme  iVî/n'Av.  Le  conte  dont 
je  parle  a  pour  héros  un  grand  seigneur  du  nom  de  Sinoithit.  Obligé 
de  fttir  le  camp  d'Ousirtasen  I"^  il  se  sauve  au  désert,  seul  et  sans 
armes,  «  Alors  la  soif  s'abattit  et  s'élança  sur  moi  :  je  râlai,  mon 
»  gosier  se  contracta,  je  me  disais  déjà  :  «  C*est  le  goût  de  la 
»  mort  »,  quand  je  relevai  mon  cœur,  je  rassemblai  mes  forces,  j*en* 
D  tendais  la  voix  îolntaïne  des  troupeaux,  'j  Le  berger  le  recueille, 
lui  donne  de  Teau  et  un  lait  :  de  tribu  en  tribu,  il  arrive  au  pays 
d'Edima  [Edùm),  gagne  la  faveur  du  sheikh  Amîansbi,  qui  lui  donne 
en  mariage  rainée  de  ses  filles  et  s'acquiert  par  ses  exploits  la 
renommée  et  les  richesses  d*un  grand  chef  de  guerre.  Tant  de  for- 
tune n'était  pas  sans  soulever  la  jalousie  des  indigènes,  a  Un  brave 
vint  me  défier  dans  ma  tente  :  c'était  un  héros  qui  n'avait  pas  de 
I»  seconds,  car  il  le^  avait  tous  écrasés.  Il  disait  :  «  Que  Binouhit 
*»  se  batte  avec  moi,  car  il  ne  m'a  pas  encore  vaincu  ;  »  et  il  so 
>»  flattait  de  prendre  mes  bestiaux  à  l'intention  de  sa  tribiu  » 
Sinouhit  accepte  le  défi  et  se  prépare  à  la  lutte.  «  Je  bandai  mon 
rc,  je  dégageai  mes  flècheSj  je  donnai  du  jeu  à  mon  poignard,  je 


CLXVlll  ACTES  ET  œNFEBEiNCES 

»  fourbis  mes  armes.  A  l*aube,  le  pajs  de  Tonou  accourut  ;  il  arait 
»  réuni  ses  tribus,  convoqué  tous  les  pays  étrangers  qui  dépen- 
»  daient  de  lui,  il  désirait  ce  combat.  Chaque  cœur  brûlait  pour  moi, 
»  hommes  et  femmes  poussaient  des  «  Ah  !  »,  car  tout  cœur  était 
»  anxieux  à  mon  sujet,  et  ils  disaient  :  «  Est-ce  que  c^est  un  autre 
»  brave  qui  va  combattre  avec  lui  ?  Voici,  l'adversaire  a  un  bou- 
»  clier,  une  hache  d'armes,  une  brassée  de  javelines  ».  Quand  je 
»  fus  sorti  et  qu*il  eut  paru,  je  détournai  de  moi  ses  traits.  Gomme 
»  pas  un  seul  ne  portait,  il  fondit  sur  moi,  et  alors  je  déchargeai 
v.  mon  arc  contre  lui.  Quand  mon  trait  s*enfonça  dans  son  cou,  il 
»  s'écria,  il  s'abattit  sur  le  nez  :  je  lui  fis  tomber  sa  lance,  je  pous- 
»  sai  mon  cri  de  victoire  sur  son  dos^  ».  Les  Madianites  et  les 
Amalécites  que  les  enfants  d'Israël  rencontrèrent  au  désert  devaient 
ressembler  singulièrement  aux  amis  de  Sinouhit.  Descendez  le 
cours  des  âges,  prenez  les  romans  arabes,  celui  d'Antar  ou  celui 
d'Abou-Zeït,  et  vous  y  trouverez  les  incidents  et  les  mœurs  décrites 
.  dans  le  conte  égyptien  :  l'exilé  qui  arrive  à  la  cour  d'un  sheikh 
puissant  et  finit  par  épouser  sa  fille,  la  provocation,  la  lutte.  De 
nos  jours  encore,  les  choses  se  passent  à  peu  près  de  même.  Ces 
aventures,  vues  de  loin,  ont  un  air  de  grandeur  et  de  poésie  qui 
séduit  l'Européen,  et,  l'imagination  aidant,  le  transporte  dans  un 
monde  d'apparence  plus  héroïque  et  plus  noble  que  le  nôtre.  Qui 
veut  conserver  cette  impression  fera  bien  de  ne  pas  regarder  de 
trop  près  les  choses  et  les  hommes  du  désert.  Le  héros  est  brave, 
si  l'on  veut,  mais  féroce  et  traître  :  il  ne  vit  que  pour  la  bataille 
et  le  pillage,  pour  le  pillage  surtout.  L'héroïne  traverse  quelquefois, 
dans  sa  première  jeunesse,  une  période  de  beauté  éclatante,  mais 
elle  se  flétrit  bientôt  et  se  change  en  une  mégère  criarde,  stupide  et 
malpropre.  Que  voulez- vous?  Le  sol  est  pauvre,  la  vie  est  dure  et 
précaire,  les  conditions  d'existence  n'ont  point  changé  depuis  les 
temps  les  plus  anciens  :  au  fusil  et  à  l'islam  près,  le  Bédouin  de 
nos  jours  est  le  même  que  le  Bédouin  de  Sinouhit. 

Des  siècles  s'écoulèrent  avant  que  les  Pharaons  songeassent  à 
lancer  leurs  armées  au-delà  du  Sinaï  :  enfin,  vers  le  dix-neuvième 

Maspcro,  Les  Contes  populaires  de  VBgypte  ancienne,  p.  106-115. 


LA  SYBIE  AVANT  L'INVASION  DES  HEBtlEl  X 


CLXLX 


fiiécle  avant  Tère  chrétienne,  les  pnoces  de  la  xvm*  dynastie,  après 
avoir  chassé  les  Hjksos  du  Delta,   les  poursuivii»ent  en   Sjrie. 
Tlioutmos  I"  poussa  des  reconnaissances  jusqu'à  FEuphrate;  son 
s,  Thoutinos  111.  plaça  la  contrée  entière  sous  la  suzeraineté  de 
Egypte,  11  ne  faut  point  se  représenter  une  conquête  analogue  à  la 
conquête  romaine,  ni  un  empire  organisé  comme  le  fut  plus  tard 
celui  des  Césars,  mais  des  courses  rapides,  des  razzias  perpétuelles 
entremêlées  de  quelques  grandes  batailles,  des  sièges,  des  escar- 
mouches, des  pillages  de  villes.  Les  bandes  égyptiennes,  bien  (ïis- 
*^ipl]nées  et  irigoureiisement  commandées,   n'avaient  pas  ti^op  de 
peine  à  triompher  en  rase  campagne,  mais  le  pays  était  couvert 
d'innombrables   forteresses   quelles    s^iisaient  â  prendi^  d'année 
*o  année.  Chacune  d^elles  avait  son  chef,  indépendant  du  voisin 
^t   tributaire  de  Pharaon ,  mais  tributaire  mécontent  et  toujours 
P^^t  à  la  révolte,   lï  ne  se  passait  guère  de  mois  que  Tun  d  eux 
^®  refusât  de  payer  le  tribut  :  Pharaon  accourait,  le  détrônait, 
^^  tuait  quelquefois  et  le  remplaçait  par  son  fils.  Le  fils  recom- 
^^ôfiçait  bientôt,  et  son  fils  après  lui,  sans  que  Tinsuccès  de  ces 
**^l>€lhons  les  empochât  de  se  reproduire  à  la  première  occasion. 
V*-^     et  là,   quelques  garnisons  égyptiennes  établies  à  demeure, 
tlaphia,  à  Gaza,  peut-être  à  Mageddo,  surveillaient  les  routes 
-^«ilégiques  les  plus  importantes.  Chaque  changement  de  règne, 
r^aque  révolution  de  palais,  chaque  minorité  a  Thébes  entraînait  en 
j3^rie  un  soulèvement  général  étoulfé  plus  ou  moins  promptement. 
•^  Thoutmos  111   à  Amenhotpou  II,  d*Amenhotpou  11  à  Khou- 
^iaten,  a  llarmhabi,  à  »Séti  h\  à  Ramsès  11,  â  Ramsès  111,  la 
*^tte  se  perpétua  pendant  près  de  six  siècles,  jusqu'au  jour  où  TE- 
%3rpte,  épuisée  par  ses  victoires  mêmes,  renonça  aux  guerres  exté- 
^urûs  et  rentra  dans  ses  anciennes  liûiites.  Les  monuments  sont 
Sofarea  de  noms  qu'on  puisse  appliquer  aux  peuples  qui  habitaient 
alors  entre  le  désert  et  l'Euphrate.  Les  Egyptiens  avaient  pour 
leurs  ennemis  un  mépris  bien  caractérisé  :  ils  ne  partaient  jamais 
d'eux  sans  les  gratiâer  d'une  épîthèie  ignominieuse,  le  vii^  t abattu. 
I    Us  lea  partageaient  en  deux  grandes  classas  :  les  nomades,  qu^ils 
appelaient  SiitiaUf  les  Archers,  ou  tShmoti,  les  pillards,  les  séden- 
taires qu'ils  quahtiaient  de  Jlmifiou^   laboureurs.   Tous  ensemble 


CLXX  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

formaient  la  race  des  Amous  ^  et  habitaient  le  Routonou,  divisé  en 
deux  répons,  le  Routonou   supérieur  et  le  Routonou  inférieur. 
Kharou  parait  s*étre  appliqué  à  la  côte  entière,  Kaô  à  la  Phénicie 
méridien alû,  Zabi  à  la  Phénicie  septentrionale,  Asi  à  Tile  de  Chypre, 
Qiti  au  littor^J  cilicien.  Les  nombreuses  peuplades  qui  se  parta- 
geaient ce  vaste  territoire   ne  sont  dénombrées  nulle  part;  les 
textes  nous  apprennent  seulement,  comme  par  hasard,  que  des 
Amorrhéens  dominaient  dans  la  vallée  moyenne  de  FOronta  et  que 
les  Khiti  étaient  maîtres  du  Naharanna,  le  pays  des  deux  rivières, 
entre  TOronte  et  TËuphrate.  Nous  sommes  mieux  renseignés  sur  les 
villes,  grâee  à  la  vanité  de  Thoutmos  III  et  de  Ramsès  II.  Gaza, 
Ascalon,  Guérar,  Guézer,  Lôd,  Ono,  Joppé,  Mageddo  existaient 
déjà.  Damas  à  l'est  commandait  le  désert  ;  Qodshou,  la  sainte,  bar- 
rait la  vallée  de  l'Oronte  ;  les  cités  phéniciennes,  Ako,  Typ,  Sdon, 
Gebel,  Simyre,  Arad,  étaient  riches  et  populeuses.  Karkemish,  Alep, 
Batnse   sont  mentionnées  à  plusieurs  reprises,  et,  bien  loin  vers 
Test,  la  grande  silhouette  de  Babylone  se  dessine  vaguement  à  Tko* 
rizon.  Tout  ce  que  nous  entrevoyons  à  travers  les  lacunes   de  Thia- 
toire  nous  donne  Tidée  d'une  population  nombreuse,  turbulents  et 
riche.  La  langue,  autant  qu'on  peut  en  juger  parles  noms  d*hommes 
et  de  lieux  qui  sont  parvenus  jusqu'à  nous,  est  un  rameau  détaché 
du  tronc  sémitique,  plus  voisine  du  Phénicien  au  sud,  de  l'Assyrien 
au  nord.  Le  type  des  personnages  représentés  sur  les  monuments 
est  également  sémitique.  Les  Philistins  font  exception  à  cette  règle  ; 
mais  ils  n'apparurent  que  sur  le  tard,  et  ne  s'établirent  en  Syrie 
qu'au  temps  de  Ramsès  III.  Quant  aux  Khiti,  s'ils  étaient  de  race 
mixte,  à  l'origine,  l'élément  sémitique  l'emporta  chez  eux  prompte- 
ment.   Les  noms  de  leurs  rois,   Khitisarou,  Morousarou,  le  dwi 
Khiti  est  roi,  h  dieu  Môrou  est  roi,  sont  purement  sémitiques,  et  il 
n'y  en  a  guère  parnai  ceux  des  particuliers  qu'on  ne  puisse  rame- 
ner à  la  même  origine. 

L'unité  de  religion  répondait  à  l'unité  de  race  :  les  mêmes  dieux 
et  les  mêmes  déesses  étaient  adorés  d'un  bout  du  pays  à  l'autre. 
Plusieurs  d'entre  eux   nous  sont    connuô  surtout    par  les  noms 

*  Cf.  ÛS',  populus. 


LA  STBIK  AVANT  L1NVAS10N  DES  HÉBREUX 


CLXXÏ 


I 


d'iomiues  ou  de  villes,  ainsi  Dou  (El],  Morou,  Khiti  et  Khaloupou, 
I^  héros  éponymes  du  pajs  de  Kliiti  et  de  la  ville  d'Alep,  D  autres 
avaient  été  adoptés  pai-  les  Egyptiens  et  recevaient  un  culte  public 
^  Memphis  ou  à  Thébes,  Baal,  Astarté,  Anati,  ResUpiiou.  Les  seules 
t^présentiitions  que  nous  possédîoui  de  leur  figure,  pour  les  époques 
lei  plus  aacienues,  ont  été  découvertes  sur  des  stèles  hiérogjy- 
pliiques.  Hesbpliou  et  Baal  sont  des  dieux  belliqueux  ;  deboot,  le 
casque  en  tête,  ïh  brandissent  la  lance  et  le  bouclier.  Astarté  et 
Anati,  les  deux  déesses  n  qui  conçoiveât  sans  ce:>sô  et  jamais  n'en- 
fantent i>,  ne  sont  pas  toujours  guerrières.  L* Astarté  de  Qodshou,  la 
ville  sainte  des  Amorrhéens  et  des  KhiU,  était  une  niûîtresse  d'amour 
et  de  volupté  :  on  la  voit,  au  cintre  des  stèles,  nue,  la  fleur  à  la  main, 
droite  sur  un  lion  passant.  Chaque  cité  avait  soo  couple,  son  mé- 
nage de  divinités,  a  ses  dieux  combattants  et  ses  dieux  femmes  j, 
doat  beaucoup  sont  énumérés  à  la  an  du  traité  conclu  entre 
Ramsès  II  et  le  prince  de  Khiti,  Les  documents  sont  rares,  les  ren- 
seiguemeats  qu'ils  fournissent  maigre?  et  incomplets  :  ils  sufiisent 
pourtant  â  nous  montrer  que  les  Hébreux,  en  arrivant  dans  Ja 
S^rie,  y  trouvèrent  âorissants  les  mêmes  pratiques  et  les  mêmes 
cultes  contre  lesquels  les  plus  éloquents  de  leurs  prophètes  durent 
plas  tard  élever  si  souvent  la  voix.  Les  4startés  phéniciennes 
avaient  exercé  leurs  séductions  sur  les  conquérants  égyptiens  avant 
de  les  prodiguer  aux  enfants  d  Israël,  et  Pt^ai^aon  n'avait  pas  cru  se 
déshonorer  en  se  comparant  au  dieu  des  nations  vaincues,  a  «  Baal 
dans  sa  fureur  )».  Les  Syriens,  de  leur  cûté,  ne  se  firent  pas  faute 
d  emprunttjr  à  leurs  vainqueurs  quelques-unes  de  leurs  divinités. 
Oikiâ  et  son  ministre  Thot  obtinrent  droit  do  cité  en  Phénicie, 
et  leur  légende  se  mêla  de  façon  tellement  intime  à  la  légende 
de  Byblos,  qull  est  impossible  de  Ten  détacher  aujourd'hui.  Cet 
échange  de  dieux  ne  se  lit  pas  sans  qu'il  j  efit  entre  les  deux  races 
échange  d'idées  et  de  mots.  L^s  idées»  nous  ne  pouvons  guère  en 
suivre  la  trace,  et  c'est  fâcheux  ;  il  aurait  été  curieux  de  connaître 
quelle  part  revient  â  la  pensée  égyptienne  dans  le  développement 
ûe  certains  mythes  phéniciens  qui  se  répandirent  chez  les  Grecs, 
©t  pai'  les  Grecs,  dans  le  reste  de  Thumanité.  Les  mots  se  lais- 
sûiit  surprendre   plus  aisément.  Il  s'en  glissa   un   grand  nombre 


CLXXir  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

dans  la  langue  qu*on  parlait  à  la  cour  des  Pharaons  thébains  ; 
certains  manuscrits  de  Tépoque  des  Ramessides  en  sont  tellement 
remplis  qu'on  est  presque  tenté  de  les  croire  écrits  par  des  gens 
d'origine  syrienne.  Je  ne  doute  pas  qu*il  en  fût  de  même  à  la  cour 
des  princes  phéniciens  et  des  rois  de  Khiti  et  qu'on  trouvât  dans 
les  ouvrages  de  leurs  scribes  beaucoup  de  mots  empruntés  à  l'égyp- 
tien ;  mais  ces  ouvrages,  où  sont- ils  aujourd'hui?  Tout  ce  qu'on  en 
peut  dire,  c'est  qu'ils  étaient  rédigés  en  deux  systèmes  d'écriture 
différents.  Celui  dont  se  servaient  surtout  les  Khiti  et  les  peuples 
de  la  Syrie  du  nord  soumis  à  leur  domination  est  encore  mal 
connu  ;  les  rares  inscriptions  qui  nous  en  ont  été  conservées  nous 
montrent  des  hiéroglyphes  qui  ne  ressemblent  en  rien  aux  hiéro- 
glyphes de  l'Egypte.  L'autre,  en  usage  chez  les  Phéniciens,  dérive, 
au  contraire,  de  récriture  égyptienne  et  a  donné  naissance  à  presque 
tous  les  alphabets  connus  du  monde  entier.  Le  prince  de  Khiti  avait 
auprès  de  sa  personne  un  historiographe  chargé  de  rédiger  le  récit 
de  ses  exploits.  Nous  rencontrons  dans  un  traité  de  médecine  égyp- 
tienne des  recettes  empruntées  à  un  écrivain  de  Byblos,  et  nous 
savons  qu'U  y  avait  dans  les  sanctuaires  de  Phénicie  des  livres  de 
théologie.  Chose  curieuse,  le  seul  monument  de  cette  époque  an- 
cienne qu'on  puisse  attribuer  avec  quelque  certitude  à  un  scribe 
syrien  est  un  instrument  diplomatique,  le  traité  conclu  entre  Ram- 
sès  II  et  Khitisarou,  prince  de  Khiti,  encore  ne  nous  est-il  parvenu 
qu'en  traduction  égyptienne.  Le  reste  a  péri  sans  retour. 

La  culture  intellectuelle  parait  avoir  été  l'apanage  des  deux 
peuples  principaux,  Phéniciens  et  Khiti  :  la  civilisation  matérielle 
était  à  peu  près  égale  sur  tous  les  points  du  pays.  —  Sans  doute, 
aucun  des  objets  qu'on  fabriquait  alors  à  Damas,  à  Tyr,  à  Alep, 
à  Karkémish,  ne  nous  a  été  conservé  directement  ;  mais  les  re- 
gistres des  administrations  égyptiennes  nous  donnent  de  longues 
listes  d'objets  importés  de  Syrie  au  bord  du  Nil,  et  les  tableaux  des 
temples  et  des  tombeaux  nous  montrent  les  ûgures  d'une  partie  de 
ces  objets  et  le  costume  des  gens  qui  les  apportaient  au  vainqueur. 
Ce  sont  d'abord  les  produits  naturels  du  sol.  L'Egypte  est  peu 
boisée  :  le  Liban  lui  envoyait  ses  bois  d'ornement  et  de  construction, 
le  cyprès,  le  cèdre,  le  chône,  le  sapin.  Alep  avait  des  marais  salants. 


LA  STÏilE  AVANT  L'EVASION  DES  Jit^DHEUX 


OLXXIIE 


Tyr  ses  pêcheries,  la  Pliéuicie  efiLière  sea  vins  rtniges  et  dorés,  ses 
toiles,  ses  Jainagos.  L^orlt'vierie  et  la  bijouterie,  Fart  du  potier  et 
dd   rémailleur  étaient  très  avancés  et  produisaiôût  de  véritables 
chefs-d'œuvre.  De  nos  jours,  ia  frappe  des  moïiiiaies  absorbe  uoe 
quantité  de   métaux  précieux  couâidérablo.    Les  aiicieus  peuples 
«l'Oriôut,  qui  ne  connaissaient  point  Tuisage  de  la  monnaie  et  pro- 
cédaient par  voie  d'échange  dans    leurs  relations  commerciales, 
employaient  l*or,  l'argent  et  le  vermeil  à  des  travaux  que  nous  ne 
pratiquons  plus  guère  aujourd'hui.  Au  lieu  de  les  garder  en  lingots, 
ils  les  tranatormaieut  en  vases  de  ligures  variéod  et  de  dimensions 
<*Xiravagantes.  C'étaient  des  surtout  de  table  représentant  des  bois 
do  palmiers,  des  chasses  à  la  girafe  et  au  singe,  de  larges  coupes 
Ciâ^Jéôs,  prototypes  de  ces  coupes  en  argent  do  travail  phénicien 
^ii'on  découvre  dans  beaucoup  de  localités  lointaines  du  monde  an- 
tique, des  cratères  portés  sur  les  épaules  d'esclaves  ou  de  prison- 
oiof  g.  On  les  voit  représentés  à  côté  des  vases  de  fabrication  égyp- 
^'ôtine,  dans  les  tombes  thébaines  de  la  xvuï"»  dynastie,  et  ils  ne  le 
Je  Ui*  cèdent  en  rien  ni  pour  Téléfianee  du  galbe,  ni  pour  la  richesse 
I      0^   l'ornementation,  ni  pour  la  délicatesse  du  dessin.  Les  gens  qui 
H  ^^    <,nt  conçu  Tidée  et  les  ont  exécutés  étaient  des  artistes  aussi  ha- 
H  ''^J^css  ei  aussi  raffinés  que  les  orfèvres  de  Thôbes  et  de  Memphis.  Dne 
^^ll«  profusion  d'argenterie  suppose,  au  moins  cliez  les  classes  su- 
l*^  **ieure8,de8  habitudes  de  luxe  général.  Mobilier,  tentures,  maisons, 
j^^'diûs,  tout  le  matériel  de  la  vie  journalière  nous  est  malheureu- 
ô^OQent  peu  connu.  Quelques  kuteuils  sculptés,  quelques  coussins 
"**K>dés  et  peints,  portés  en  pompe  dans  les  processions  triomphales, 
H^>^^  des  formes  identiques  à  celles  des  fauteuils  et  des  coussins 
^*S'^*puens.  Le  costume  des  nobles  et  des  princes  est  incontestable- 
'^^ttl  plus  somptueux  que  celui  des  oftieiers  qui  entouraient  Pha- 
'^^On.  Le  pagne  est  rayé,  brodé,  bordé  de  franges  multicolores,  les 
■  rol^jj  longues  sont   décorées   d'enroulements,   de    feuillages,   de 
"  ^Slii'es  humaines,  et  s'allument  de  teintes  vives.  Les  Phéniciens 
P^^^haient  déjà  la  pourpre  et  connaissaient  le  secret  d'en  extraire 
^^n  tons  éclatants   que  l'antiquité  entière  admira.  En   cela,  du 
^oîus,  les  Syriens  étaient  les  livaux  et  peut^tro  les  maîtres  des 
*^^'ptiens, 

ACT*  WT  €0MP.,  T.  ï.  Il 


CLXXIV  ACTES  ET  œNFÉRENCES 

Le    commerce  entre  les  deux  nations  se  faisait  principalement 
par  caravanes  nombreuses,  mais  il  n*étâit  pas  rare  de  rencontrer 
des  marchands  isolés  ou  voyageant  par  petites  troupes.  On  entre- 
tient, en  général,  des  idées  assez  fausses  sur  la  prétendue  immobilité 
des  nations  anciennes  et  notamment  des  Égyptiens.  Lola  d*étre  ca- 
saniers, les  gens  d*autrefois  recherchaient  les  aventures  autant  et 
plus  peut-être  que  nos  contemporains.  Les  fellahs*  sont  sans  cesse 
en  mouvement  aux  bords  du  Nil,  et  TÉgypte  actuelle  est  envahie 
par  les  domestiques  et  par  les  drogmans  syriens.  Les  Thébains  de  la 
xviii^'  dynastie  et  des  dynasties  suivantes  enseignaient  les  dialectes 
cananéens  à  leurs  enfants,  et  cette  éducation  les  préparait,  soit  au 
service  ofûciel,  soit  au  commerce  lointain.  Sans  doute,  les  dangers 
qui  les  attendaient  dans  leurs  courses  étaient  des  plus  sérieux. 
Entre  la  frontière  d'Egypte  et  Gaza,  les  Sittiou  étaient  toigours 
prêts  au  pillage.  La  route  était  à  peu  près  sûre  entre  Gaza  et  Joppé, 
mais  entre  Joppé,  Ako  et  Mageddo  s'étendait  une  immense  fbrét 
dont  les  croisés  de  Richard  Cœur-de-Lion  traversèrent  Tépaisseur, 
avant  d'arriver  au  champ  de  bataille  d'Arsouf.  On  cheminait  sous 
bois,  Tare  prêt  à  jouer,  et  le  danger  redoublait  à  franchir  les  défilés 
du  Carmel.  «  Toi  cependant,  tu  es  seul,  sans  guide,  sans  troupe  à 
»  ta  suite,  et  tu  ne  trouves  pas  de  montagnard  qui  t'indique  la  di- 
»  rection  que  tu  dois  prendre  ;  aussi  l'angoisse  s'empare  de  toi,  tes 
]>  cheveux  se  dressent  sur  ta  tête,  ton  àme  passe  tout  entière  dans 
D  ta  main,  car  la  route  est  pleine  de  roches  et  de  galets,  sans  pas- 
»  sage  frayé,  obstruée  de  houx,  de  ronces,  d'aloès,  le  précipice  d'un 
»  côté,  la  montagne  abrupte  de  l'autre.  Tandis  que  tu  chemines, 
»  ton  char  cahote  sans  cesse,  ton  cheval  s'ébroue  au  moindre  choc; 
»  s'il  se  jette  brusquement  de  côté,  ton  timon  est  jeté  avec  lui,  les 
»  rênes  sont  arrachées  violemment  de  ta  main,  et  on  tombe  ;  si, 
»  tandis  que  tu  pousses  droit  devant  toi,  le  cheval  arrache  le  timon 
»  au  plus  étroit  du  sentier,  il  n'y  pas  moyen  de  le  rattacher,  et  tu 
»  ne  peux  le  rajuster,  le  joug  reste  en  sa  place,  et  le  cheval  s'alour- 
»  dit  à  le  porter.  Ton  cœur  se  lasse  enfin,  tu  te  mets  à  galoper, 
»  mais  le  ciel  est  sans  nuage,  tu  as  soif,  l'ennemi  est  derrière  toi, 
»  tu  as  peur,  et  dès  qu'une  branche  épineuse  d'acacia  te  happe  au 
»  passage,  tu  te  jettes  de  côté,  ton  cheval  se  blesse,  tu  es  précipité 


LA  SYHIE  AVANT  i/LNVASlON  DKS  IIKUIIEUX 


flI.XXV 


,  terre,  et  tu  te  meurtriâ  à  grand  doulûur  * .  k»  Au  passage  du 
Liliao,  les  Bédouins  sont  en  embuscade  ;  les  hyènes  et  les  ours  rôdent 
autour  du  carapoment  pour  enlever  les  chevaux.  Aucun  de  ces  périls 
ne  rebuiait  le  voyag^eur  :  les  marchandises  cahotées^,  menacées, 
défendues  jour  après  jour,  finissaient  par  arriver  à  destination.  La 
voie  de  mer,  plus  difflcile  encore,  si  ron  songe  à  ce  qu'ctaiont  les 
bateaux  de  Tépoque,  n'était  pas  moins  fréquentée.  Les  Hottes  char- 
gées des  denrées  de  TEgypte  cinglaient  vers  les  ports  de  Syrie,  et 
les  escadres  phéniciennes,  remontant  le  NU,  venaient  se  décharger 
à  Tanis  et  dans  les  villes  du  Delta,  peut-être  à  Memphis,  C'était  un 
va  et  vient  perpétuel  Les  produits  de  TAsie  centrale,  ceux  mêmes 
de  TEurope  boréale,  Fambre  et  l'étain,  passaient  de  main  en  main 
jusque  dans  les  Imxars  des  cités  syriennes  et  do  là  s'embarquaient 
pour  r Egypte.  Le  pays  de  Chanaan  était  comme  un  vaste  entrepôt 
où  l'Afrique  se  l'encontrait  avec  TEurope  et  TAsie,  Riche  par 
le  sol  même,  il  augmentait  encore  sa  richesse  par  Hiabileté  de 
ses  artisans  ei  îa  hardiesse  de  ses  matelots.  Comment  s^étonner 
s'il  suffit  aux  pillages  réguliers  que  FÉgypte  lui  itidigea  pendant 
des  siècles. 

I  Son  organisation  militaire  n*était  pas,  on  cfret,  à  la  hauteur  do 
son  industrie,  et  ne  lui  permettait  pas  de  défendre  efficacement  ce 
qu'il  savait  si  bien  gagner.  Non  que  la  vaillance  ou  Tcsprit  mili- 
taire lui  fissent  défaut  :  ses  peuples  étaient  toujours  en  guerre  l'un 
contre  Fautre,  et,  par  conséquent,  s'entendaient  aussi  bien  que  per- 
sonne au  maniement  des  armes.  Mais  l'émiettement  de  leurs  forces 
les  condamnait  à  la  défaite  en  présence  de  Fétranger.  En  vain  leurs 
chefs,  oubliant  leurs  discordes  pour  un  jnoment^  se  liguaient  afin  de 
résister  a^Fennomi  commun  ;  leurs  contingents,  sans  cohésion,  sans 
unité  de  commandement,  ne  tenaient  pas  devant  les  régiments  com- 
pacts et  bien  dirigés  des  Égyptiens,  mérae  inférieurs  en  nombre. 
Les  Khîti  seuls  pouvaient  mettre  en  ligne  des  masses  profondes  : 
ils  balancèrent  plus  d'une  fois  la  victoire,  et  obligeront  Eamscs  11 
a  les  traiter  d'égal  à  égal.  B*ils  étaient' parvenus  à  rallier  autour 
d'eux  toutes  les  tribus  du  nord  et  du  contre  et  â  former  un  état 


'  Papynài  Ânastati^  J,  pi.  xxiix,  l.  7;  pi.  xxv,  l.  2. 


CLXXVI  ACTES  KT  CONFÉRENCES 

puissant,  peut-être  la  Syrie  aurait-elle  été  en  état  do  conserver 
son  indépendance  contre  TÉgypte  d'abord,  et,  plus  tard,  contre 
l'Assyrie.  Ils  n'y  réussirent  pas,  non  plus  que  les  princes  d'Israël 
ou  les  rois  de  Damas,  et  la  Syrie,  divisée  contre  elle-même,  fut, 
dès  lors,  ce  qu'elle  est  toujours  restée  depuis,  une  proie  que  l'A- 
frique disputa  à  l'Asie. 

Ceci  n'est  qu'une  esquisse  jetée  à  grands  traits  :  le  temps  m'au- 
rait manqué  pour  la  préciser  davantage  et  pour  en  faire  ressortir  le 
détail.  J'espère  pourtant  l'avoir  tracée  assez  nette  pour  vous  indi- 
quer ce  que  les  monuments  égyptiens  peuvent  apporter  de  rensei- 
gnements nouveaux  aux  historiens  de  la  race  juive.  Grâce  à  eux, 
les  peuples  aux  dépens  desquels  les  enfants  dlsraêl  se  conquirent 
une  patrie,  revivent  à  nos  yeux  :  nous  voyons  leurs  traits.  leurs 
costumes,  leurs  armes,  nous  apprenons  à  connaître  leur  religion  et 
leurs  mœurs,  nous  commençons  à  comprendre  quelle  part  leur  re- 
vient dans  le  développement  du  peuple  hébreu ,  et,  par  l'intermé- 
diaire du  peuple  hébreu,  dans  le  développement  de  notre  civilisation. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DU  CONSEIL 


SÉANCE  DU  30  DÉCEMBRE  1886. 
Présidence  de  M.   Zadoc  Eahn,   président. 

Le  Conseil  vote  des  remerciements  à  M.  Albert  Cahen  pour  la 
conférence  qu'il  a  faite  à  l'Assemblée  générale. 

3/.  Reinmh  annonce  que  M.  Maspéro  veut  bien  faire  une  confé- 
rence dans  le  courant  du  mois  de  mars.  Elle  aura  pour  sujet  :  Les 
Asiaiiqws  sur  hs  monuments  égyptiens, 

M.  le  Président  rend  compte  d'une  démarche  qu'il  a  faite  auprès 
de  M.  Sacher-Masoch  qui  consent,  en  principe,  à  faire  également 
une  conférence. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  sur  un  projet  de  travaux 
collectifs  à  entreprendre  parla  Société. 

M.  Vernes  développe  une  proposition  tendant  à  la  publication  d'un 
Recueil  des  livres  apocryphes  et  deutéro-canoniques,  traduits  en 
français  et  précédés  d'introductions. 

3f,  n.  Reinach  ne  croit  pas  qu'il  soit  utile  de  rééditer  des  ou- 
vrages qui  figurent  déjà  dans  la  Bible  de  Reuss,  par  exemple.  Il 
propose  la  publication  d'un  recueil  des  textes  des  auteurs  grecs  et 
latins  (païens)  relatifs  aux  Juifs. 

M,  Israël  Létn  propose  une  traduction  de  la  partie  aggadique  du 
Talmud.  M.  Ilalévy  appuie  cette  proposition. 

Il  est  procédé  à  l'élection  du  Bureau. 

Sont  élus  : 

Vire-prèsidnits  :  MM.  IIalévy  et  Loeb  : 
Secrétaires  :  MM.  Abr.  Cahen  et  Th.  Reinach  ; 
Trésorier  :  M.  Erlanger. 


CLXXVIll  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Sont  nommés  membres  du  Comité  de  publication  et  d'adminis- 
tration : 

MM.  AsTRuc,  Oppert, 

H.  Derenboubg,     Schwab, 
Ephraïm,  Vernes. 

Le  Bureau  est  donc  ainsi  constitué  pour  Tannée  1887  : 

Président  :  M.  Zadoc  Eahn  ; 

Vic^'présidents  :  MM.  lÎALévret  Loeb  ; 

Trésorier  :  M.  Eblanger  ; 

Secrétaires  :  MM.  Abraham  Cahen  et  Théodore  Reinach. 

Le  Comité  de  publication  se  compose  de  MM.  Zadoc  ELahn, 
Halévt,  Loeb,  Erlanoer,  Abr.  Cahen  et  Th.  Reinach,  membres 
du  Bureau,  et  de  MM.  Astruc,  IL  Derenbouro,  Ephbaïm,  Op- 
pert, Schwab  et  Vernes. 


SÉANCE  DU  24  FÉVRIER  1887. 
Présideiire  de  M.  Halévt,  t^ice-président , 

Le  Conseil  vote  des  remerciements  à  M.  Sacher-Mmoch  pour  sa 
conférence. 

La  conférence  de  M.  Masjïèio  est  fixée  au  samedi  26  mars. 

M,  Hartwig  Derenhourg  est  désigné  pour  accompagner  le  confé- 
rencier à  la  salle  des  séances. 

M,  Reinarh  fera  sa  conférence  dans  la  dernière  semaine  d'avril. 

Sont  admis  au  nombre  des  membres  de  la  Société  : 
MM.  Henri  Stein,  présenté  par  MM.  Paul  Meteb  et  Isidore  Lokb  : 
Charles  Lévi,  présenté  par  MM.  Isidore  Loeb  et  Zadoc  Kahn. 

M.  H(ifèvJ/fïi\i  une  communication  sur  le  proverbe  de  «  la  paille 
et  de  la  poutre  ». 


mOCES- VERBAUX  DBS  SEANCE  DT  œX:>Elt  CUXIX 


SËANCE  DU  31  MARS  1887. 

Fri$idÊmu  êB  M.  Halbvt,  vkê^priridmt. 

Le  Conseil  vote  des  remerciements  à  M.  Maspéro  pour  la 
Conférence  qu'il  a  faite  à  la  Société  des  Études  juives. 

Le  Conseil  décide  qu*à  Tavenir  il  sera  établi  une  différence,  pour 
la  distribution  des  honoraires,  entre  les  artcles  et  les  Uxies  publiés 
dans  la  Revus.  Ces  derniers  ne  donneront  droit  aux  auteurs  qu*à 
une  rétribution  de  trois  firancs  par  page. 

Le  Conseil  accepte  rechange  de  la  Revu$  des  Études  juives  avec 
les  publications  de  TÉcole  des  Hautes-Études,  le  Journal  Asiatique 
et  le  Bulletin  du  cercle  Saint-Simon. 
Sont  élus  membres  de  la  Société  : 

MM.  Kaun  (Koschel),deBahia  (Brésil),  présenté  par  mm.  Zadoc 
Kahn  et  Israël  Lévi; 

MoDONA  (Leonello),  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  de 
Parme,  présenté  par  MM.  Zadoc  Kahn  et  Israël  Lévi  ; 

Sylvain-Lévi,  maître  de  conférences  à  l'Ecole  des  Hautes- 
Études,  présenté  par  MM.  Halévt  et  Isidore  Lobb. 

M,  Halèvy  fait  une  communication  sur  h  nom  des  Scythes,  et  sur 
la  ville  de  Kalno  dans  Amos. 

if.  Th.  Reinach  présente  quelques  observations  sur  la  premiôro 
de  ces  communications. 

Les  secrétaires  :  AJi)raham  Cahbn, 
Théodore  Rbinaoh. 


ODYRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


Par  M.  le  Grand-UabbiD  Bloch  :  La  Charitable  iiraéUu  d^ Alger,  Compte  rendu 
de  Texercice  1886.  Alger,  impr.  Jouroo,  18S7,  in-8*  de  35  p. 


CLXXr    OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


Par  raflmÎDistration   :   Fiulhkl   (P.- F.).   Beitrâge    «nr  Liiteralurgesckickie  dtr 

Karâ€r,'\,  Nachricht  ûber  das  arabische  OrigiDal  des  Mublawi  Josef  al- 

Basirs  ;  2.  Cbaraklcristik  des  karftischeD  Uebersetzers  Tobija  hammaaiik  ; 

3.  Anbang.  »  Dans  5.  Bericht  ûber  die  LehransUll  f.  d.  Wissenschaft  des 

Judenibums  in  Berlin.  Berlin,  impr.  J.  Bernstein,  1887,  in-4*. 
Par  Tauteur  :  ILâbxi  (Léon).   Hutoire  de   la  communauté  israélit$  de  Paru; 

4*  partie  :  Les  Sociétét  de  iecoun  mutuels,  pkilamtkropi'^ueM  et  de  prévoyance, 

avec  une  préface  d'Isidore  Loeb.    Paris,   libr.  Durlacber,   1887,  in-18  de 

175  p. 
Par  Pédileur  :  Karpblbs  (Elias).  Sabèathr-Eeden  far  die  ùraelitiscke  Jugend  ûbef 

aile  Wochênabsehnitte  dee  Sckuljakres,  Breslau,  liJbr.  Preuss  et  Jûnger  1887, 

in-8"  de  (6)-160  p. 
Par  Tauteur  :  Lippe  (Cb.-D.)*  Bibliograpkiechet  Lemeon  der  geeamnUen  jûdiscken 

Literatur  der  Oegentoart  mit  Einschluss  der  Scbriften  ûber  Juden  und  Ju- 

dentbum;  Acbtjfthriger  Bûcher-  und  Zeitschrifleu-CaUlog  (1880-1887)... 

nebst  Adress-  AnzeiKer...  Zweiter  Band.  1.  Lieferung.  Wien,  libr.  Lippe, 

1887,  in-8%  p.  1  à  96.  Contient  les  lettres  A  à  H. 
Par  lauteur  :  Modo.va  (Leonello).  Di  una  edizionedeï  Sidduf  Tefillotk  in  lingua 

volgare  e  tipi  ebraiei.   Casai,  impr.  Pane,  1887,  in-8<»  de  11   p.  Extrait  du 

Vessillo  israelitico. 
Par  Tauteur  :  Modona  (Leonello).  Sara  Copie  Sullam^  sonctti  editi  ed  incditi. 

Bologue,  Société4ypogr.,  1887,  in-8*  de  50  p. 
Par  Tauteur  :  Pbrreâu  (Pielro).  Gli  Ebrei  in  Ingkilterra  nel  tecolo  xi  e  xii. 

Estratto  del  Corriere  isnelitico.  Trieste,  impr.  Morterra,  1887,  in-8«  de 

15  p. 

Par  l'auteur  :  Robert  (Charles).  La  non-universalité  du  déluge.  Extrait  de  U 
Revue  des  Questions  scientifiques.  Paris,  libr.  Berche  et  Tralin,  1887,  in-S» 
de  101  p. 

Par  l'auteur  :  Robin  (Dàvid).  Meime  und  Gediehte  des  Abraham  ibn  Xsra,  Ileftll; 
dans  Jahresbericbt  des  jUd.  tbeolog.  Seminars,  de  Breslau.  Bresluu,  impr. 
Schottlaender,  1887,  in-8»  de  100-x  p. 

Par  l'éditeur  :  Samoelis  ben  Cuofni  trium  seetionum  posteriorum  libri  Oenesii 
versio  arabica  cum  commentario  e  ms.  cod.  biblioth.  public,  imper.  Petro- 
polit,  nunc  primum  edidit  I.  Israelsohu.  Saiut-Pétersbourg,  libr.  A.  Zioser- 
ling.  1886,  in-8'»  de  xiil84  p. 

Par  Téditeur:  Strace  (Hcrm.-L.).  Grammaire  hébraïque  avec  paradigmes,  exer- 
cices de  lectures,  chrestomatbie  et  indice  bibliographique  ;  traduit  de  Talle- 
mand  par  Ant.-J.  Baumgartner.  Carlspuh  et  Leipzig,  libr.  U.  Reuther; 
Paris,  libr.  Maisonneuve  et  Ch.  Leclerc;  Genève,  libr.  Stapelmohr,  1886, 
in-8»  de  xi(iJ-171-79  p.  Collection  Porta  linguarum  oricnUlium,  do  H.  Pc- 
termaun. 

Par  l'éditaur  :  Wi.nter  (Jacob).  Die  Sttllung  der  Sklaven  bei  den  Juden  in  reck- 
tlicher  und  gesellschaftUcher  Beziehung  nach  ialmudiscken  Quellen.  Inau- 
gural- Dissertation.  Halle  (impr.  Th.  Schatzky,  Breslau\  1886,  in-8»  de 
66  p. 


Le  gérant, 

Israël  Lévi. 


VERSAILLES,  IMPRIMERIE  CERF  ET  FILS,  RUE  DUPLB8SI8,  59. 


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