Skip to main content

Full text of "Sentences et instructions chrêtiennes tirées des oeuvres de S. Jean Chrysostome, Patriarche de Constantinople ; divisees en deux tomes"

See other formats


*-.■»* 


m 


^  *      'V^r.     ■'      ■<? 


if^ir- 


^ftîf^ 


m^ 


é^ 


'«•  . 


^# 


♦^•A 


à^:?^ 


f^*.1 


SENTENCES 

ET 

INSTRUCTIONS 

CHRÉTIENNES, 

Tirées   ^ 
De  S.  Jean  Chryfoftomc. 
TOME    PREMIER; 


SENTENCES 

ET 

INSTRUCTIONS 

CHRETIENNES, 

Tirées 

Des  Oeuvres  <le  S.  Jean  Chryfoftome  j| 
Patriarche  de  Conftantinople. 

Par  le  Sieur  de   La  VAL. 

Dhifees  en  deux  Tomes» 

NOVVELLE    EDITION. 
TOME   PREMIER. 


A    PARIS, 

Chez  Jean  Villette,  Fils,  rue  Saint 
Jacques,  à  S.  Bernard. 

M.   Dca   XXX  VL 

Avec  Apfrobation  &  Privilège  dn  Rçy, 


H^uc5jr>«c^î>  ucîfxî^  <^f>  uc?^  uc5?>  ><î^  ^f>  :<^j6> 

'^fc>  <3't>  <3^''  ^P  ^b^^'b^^'î^"^^<3è-''^^l^  ;  ^fe*» 

AVIS  AU  LECTEUR. 

ON  a  groiïi  ce  Recueil  un  peu 
plus  qu'on  ne  fe  letoit  pro- 
polé,  parce  que  le  grand  nombre 
&  l'importance  des  inftrudions  qu'il 
contient  ,  n'a  pas  permis  qu'on 
l'abrégeât  davantage.  On  ne  peut 
rien  défirer  de  confidéiiable  pour  la 
conduite  des  mœurs ,  que  S.  Chry- 
foftôme  n'ait  ou  traité  pleinement^ 
ou  du  moins  touché  avec  beaucoup 
de  lumière  &  d'on£tion.  Il  efl:  fou- 
vent  defcendu  dans  un  détail  d'au- 
tant plus  néceffaire  ,  que  c'eft  d'or- 
dinaire ce  que  l'on  traite  le  moins  ? 
quoique  ce  foit  dans  ce  détail  depra- 
tique  ,  plutôt  qu'en  des  principes 
fpéculatifs  &  généraux  >  que  confi- 
fte  le  véritable  règlement  de  la  vie 
Chrétienne.  Ainfi  les  perfonnes  de 
toutes  fortes  de  conditions  ôc  d'états 
trouveront  dans  les  Ecrits  de  ce  Pè- 
te tous  les  enfeignemerxs  néceflaires 

a  ij 


AVIS   AU  LECTEUR. 

pour  la  conduite  de  leurs  aûions» 
Les  Ecclefiaftiques  y  verront  avec 
quel  defintérefTement  ils  doivent 
examiner  leur  vocation,  avec  quelle 
pureté  ils  doivent  entrer  dans  le 
Santtuaire  ,  ôc  avec  quelle  fainteté 
ils  doivent  exercer  cqs  fonctions  an- 
géliques  :  Les  Religieux  y  appren- 
dront quel  doit  être  leur  éloigne- 
ment  intérieur  &  extérieur  de  toutes 
les  chofes  du  monde  :  Les  Laïques 
y  reconnoîtront  les  obligations  fain- 
tes  &  indifpenfables  que  nous  im- 
pofe  à  tous  fans  exception  le  Sacre- 
ment du  Baptême  :  Les  grands  &c 
les  riches  y  trouveront  des  réflexions 
folides  pour  ne  fe  laiffer  pas  éblouir 
au  vain  éclat  des  grandeurs  &  des 
richefles  du  fiécle  :  Les  petits  & 
les  pauvres  y  entendront  des  exhor- 
tations vives  &  animées  pour  fe  fou- 
tenir  &  fe  fan£lifier  dans  la  baffefle 
&  la  pauvreté  extérieure  de  leur 
état  ;  &  en  un  mot ,  foit  que  Ton 
foit  engagé  dans  une  vie  publique , 
(bit 'que  Ton  mène  une  vie  privée , 


AVIS   AU  LECTEUR. 

tout  le  monde  pourra  trouver  dan^ 
ce  Recueil  des  inftruâions  fùres  ôc 
touchantes  ,  pour  apprendre  &  à 
obéir,  &  à  commander  en  Chré- 
tien. 

On  n'a  pas  feulement  extrait  des 
Ecrits  de  ce  Saint  Evcque  ,  ce  qui 
a  paru  de  plus  édifiant  fur  la  mora- 
le ,  dont  il  peut  juftement  être  ap- 
pelé le  Père  î  mais  on  a  recueilli 
encore  une  partie  de  ce  qu'il  a  dit 
touchant  la  vérité  de  notre  Religion. 

Car  fi  d'une  part  ce  grand  Saint 
s'eft  appliqué  fortement  à  inflruire 
&  à  corriger  les  fidelles ,  il  n'a  pas 
travaillé  avec  moins  de  force  àper- 
fuader  ôc  à  convaincre  les  infidel- 
les.  Mais  il  ne  s'eft  pas  fervi  pour 
cela  de  ces  fortes  d'argumens  fub- 
tils  ôc  métaphyfiques  ,  qui  échapent 
fi  facilement  à  f efprit.  Ses  preuves 
font  aifées  ,  naturelles,  conformes 
au  fens  commun ,  ôc  à  la  portée  de 
tout  le  monde.  Il  fait  fentir  ce  qu'il 

frouve  y  ôc   à   moins  que   d'avQ^r 
efprit  ou  extrêmement  faux ,   ou 

a  iij 


AVIS  AU  lecteur; 

terriblement  opiniâtre ,  il  eft  diffici- 
le qu'on  ne  fe  rende  à  fes  preuves. 

On  verra  donc  dans  cet  abrégé 
la  pureté  de  la  morale  établie ,  la  vé- 
rité de  la  Religion  défendue ,  &  fuc 
tout  Taugufte  Sacrement  de  nos  Au- 
tels, qui  eft  le  centre  de  la  Reli- 
gion ôc  de  la  piété  ,  excellemment 
foutenu  contre  Terreur  &  l'impiété 
des  Hérétiques  ,  &  les  profanations 
des  mauvais  Catholiques.  On  y  ver- 
ra la  fauffeté  convaincue ,  le  relâche- 
ment condamné ,  &  les  vrayes  ma- 
ximes de  l'Evangile  développées, 
infinuées ,  poufTées  avec  la  lumière 
&  les  faints  attraits  de  cette  vérité 
éternelle  5  contre  laquelle  ,  ni  la 
longue  fuite  des  temps  ôc  des  abus,. 
ni  les  artifices  &  les  violences  de» 
hommes ,  ne  pourront  jamais  pref-r 
çrire. 


TABLE 

Des  Traités  de  S.  Chryroftôme  d'où 
on  a  tiré  ces  Sentences. 

DEs  Homélies  au  Peuple  d^'Antioche  , 
Page  I. 

Des  Homélies  fur  5.  Matthieu ,  1 1 3  • 
Des  Homélies  fur  S,  Jean  ,  26S, 

Des  Homélies  fur  la  Genefe  ,  33^* 

Des  Sermons  fur  divers   lieux   de  rJîn^ 

cien    Tefïament ,  409» 

"^Des  Homélies  fur  les  Pfeaumes  y  438. 
D'une    Homélie  fur  un  faffage  de  Sains 

Paul  aux  Hébreux ,  512. 

D^un     Sermon  fur     l'Adoration    de   la 

Croix  ,  5 1 7' 

'Des  Commentaires  fur  If  aie  ,  51^. 

D^un  Sermon  fur  Jérémi  e  ^  531- 

D'aune   Homélie  fur  i'ohfcurité  des  Pro' 

pheties  ,  534» 

Des  Livres  du   Sacerdoce  ,  5  3  8' 

Des  Livres  de  la  Compon^iion  du  cœur,  J  8  6. 
De  divers  Traités  ,  6oç. 

■Des  Linjres  contre    ceux  qui  blâment  la 

vie  Monafiicjue  ,  632* 

^Des  Exhortations  à  Théodore  y  649. 
Des  Lettres  ^  6^z, 


y^UTRES  OUf^RAGES 

de  M,  ^^  Laval. 

CjEntences  &  Inftruâions  Chrétiennes,  tirées 
àcs  x^nciens  Pérès  de  TEglife,  en  lat.  &en 
franc.  2.  vol.  m  12- 

•lâem  de  S.  Auguftin  ,  2.  vol  in  12-; 

■' Uem  de  S.  Grégoire  Pape,    &    de   Saint 
Paulin  j  I.  "ool,  in  12, 

'  îàem  de  S.  Bernard  ,  i»  vol.  in  12, 

Le  tout  fait  huit  Vol.  in  12.  qui  fe  vendent 
féparémsnt. 

A?  F  RO  B  AT  10  N. 

J'AY  ICi  par  ordre  de  Monfeigneur 
le  Garde  des  Sceaux  un  Ouvrage  im- 
primé en  huit  volumes  qui  a  pour  titre  , 
Sentences  &  InftrnUions  Chrétiennes  ti- 
rées des  Saints  Pérès  :  Et  j'ai  crû  que 
l'on  en  pouvoit  permettre  une  nouvel- 
le édition.  En  Sorbonne  ce  21.  De* 
cembre     1733. 

DE  MARCILLY. 


PRIVILE'GE     DV     -ROL 

LO  U  I  s  ,  par  la  grâce  de  Dieu  ,  Roi  de  France  &  dç 
Navarre;  A  nos  amés  ÔC  féaux  Confeillers  les  Gens 
tenans  nos  Cours  de  Parlement  ,  Maîtres  des  Requêtes  or- 
dinaires de  notre  Hôtel,  Grand  Confeil,  Prevcft  de  Paris, 
Baillis,  Sénéchaux  ,  leurs  Lieutenans  Civils ,  &  autres  nos 
Jufticiers  qu'il  appartiendra,  S  a  i  ut.  Notre  bien-ame 
Jean  Vi  LLETB  ,  fils.  Libraire  à  Paris,  Nous  ayant  fait 
remontrer  qu'il  fouhaiteroit  continuer  à  faire  réimprimer 
&  doimer  au  Public  ;  L'Office  du  S.  Sacremint  \  Sentences  é* 
Jn/iruciio»s  Chrétiennes  tirées  des  anciens  'Perc s  de  l'Eglife  , 
f^rle  Sr.de  Laval  ;  HiSïoire  de  Thcodofe  é-àu  Cardinaff^om^ 
rnendon  ,  parle  Sr.  Tlechicr  :  Les  Exercices  de  Thauler  fur  la 
Vie  térUVagiGn  de  Jes  i/s -Christ  y  s'il  Nous  plaifoitiuj 
accorder  Nos  Lettres  de  continuation  de  Privilège  fut  ce 
néceffaires  i  offrant  pour  ctt  effet  de  les  faire  imprimer  en 
bon  papier  Sc  beaux  caractères ,  fuivantU  feuille  imprimée 
&  attachée  pour  modèle  fous  le  contre fcel  àts  P refentes  :  A 
Ces  Cai/sf.  s,  voulant  traiter  favorablement  led-rEx- 
pofant»  Nous  lui  avons  permis  ÔC  permettons  par  ces  Pré- 
fentes de  faire  réimprimer  lefdits  Livres  ci-delîus  fpécifiés  en- 
un  ou  pluîîeurs  volumes  conjointement  ou  féparément  5c 
autant  de  fois  que  bon  lui  femblera  fur  papier  ÔC  caradtéres 
conformes  à  ladite  feiiille  imprimée  2c  attachée  fous  Nctred. 
contrefçel  ,  ÔCde  les  vendre,  faire  vendre  ÔC  débiter  partout 
notre  Royaume  pendant  le  tcms  de  fix  années  confécutives,  à 
compter  du  jour  de  la  datte  defdites  Pvéfentes ,  ;  Faifons  dé- 
fenfcs  à  toutes  fortes  de  perfonnes  de  quelque  qualité  ÔC  con- 
dition qu'elles  foient ,  d'en  introduire  d'iraprelTîon  étrangère 
dans  aucun  lieu  de  notre  obéiflance  ;  Comme  auffi  à  tous 
libraires  ,  Imprimeurs  ôC  autres ,  d'imprimer  ,  faire  impri- 
mer ,  vendre,  faire  vendre  ,  débiter  ni  contrefaire  lefdits  Li- 
vres ci'dellusexpofésen  tout  ou  partie,  ni  d'en  faire  aucuns 
extraits  fous  quelque  prétexte  que  ce  foit,  d'augmentation, 
correftion,  changement  de  titre,  oxi  autrement ,  fans  la  per- 
miflionexprefl'eôc  par  écritdudit  Expofant,  ou  de  c^wx.  qui 
auront  droit  de  lui ,  à  peine  de  confifcation  des  Exemplaires 
contrefaits,  de  trois  mille  livres  d'amende  contre  chacun  des 
contrevenans,  dont  un  tiers  à  Nous,  un  tiers  à  l'Hôtel-Dieu 
de  Paris  ,  ôc  l'autre  tiers  audit  Expofant,  6c  de  tous  dé- 
pens,  dommages  ÔC  intérêts;  A  la  charge  que  ces  prcfentes 
feront  enregiltrées  tout  au  long  fur  le  Regiftrede  la  Com- 
munauté des  Libraires  ôC  Imprimeurs  de  Paris  ,  dans  trois 
mois  de  U  date  d'icclles  ;  Que  rimprelRon  de  ces  Livres  fera 


faite  dans  ftotre  Ro/aums  ,  &  non  ailleurs  j  EtqtiePrmpe» 
trant  fe  conformera  en  tout  aux  Réglemens  de  la  Librairie, 
&  notamment  à  celui  du  dixième  Avril  mil-fept-cens  vingt- 
cinq  ;  Etqu'rtvant  que  de  les  expofer  en  vente  ,  les  Manuf» 
crits  ou  Imprimez  qui  auront  fervi  de  copie  à  rimpt^lTiori 
defdits  Livres  ,  feront  remis  dans  le  même  état  où  les  Ap- 
probations y  auront  été  données  ,  es  mains  de  notre  très- 
.  •  cher  ôc  féal  Chevalier  Garde  des  Sceaux  de  France  le  fieur 
Chauveîin,  Et  qu'il  en  feraenfuite  remis  deux  Exemplaires 
de  chacun  dans  notre  Bibliothèque  publique,  un  dans  celle 
«le  notre  Château  du  Louvre,  &  un  dans  celle  de  notredic 
très-cher  &  féal  Chevalier  Garde  des  Sceaux  de  France  le 
Sieur  Chauveiin  le  tout  à  peine  de  nullité  des  Préfentes. 
Du  contenu  defquelles  ,  Vous  mandons  ÔC  enjoignons  de 
faire  joiiir  lExpofant  ou  fes  ayans  caufe  ,  pleinement  5C 
paifiblement,  fans  fouffrir  qu'il  leur  foit  fait  ^ucun  trou- 
ble ou  empêchemenr.  Voulons  que  la  copie  defdites  Préfen- 
%es ,  qui  fera  imprimée  tout  au  long  au  commencement  ou 
à  la  fin  defdits  Livres,  foit  tenue  pour  dûcment  fignifiée  ,  ■ 
&  qu'aux  copies  coilationnées  pat  l'un  de  nos  amcs  ÔC  féaux 
Confeillers  Si  Secrétaires  foi  foit  ajoutée  comme  a  l'Origi- 
rai.  Commandons  au  premier  notre  Hulifier  ou  Sergent,  , 
de  faire  pour  l'exécution  d'icelles  tous  adies  requis  &  nécef- 
faires ,  fans  demander  autre  permilîion  ,  ôc  nonobflant  cla- 
meur de  Haro,  Charte  Normande,  &  Lettres  à  ce  contrai- 
rcs^  Car  tel  eft  notre  plaifir.  Donné  i  Ver  faille  s  le  trente- 
unième  jour  de  Décembre  ,  l'An  de  Grâce  1735.  5c  de  na- 
rre Règne  le  1 9 .  Sig^té  par  le  Roi  en  fou  Confeil.  S  a  1  n  s  o  M 
avec  grille  &  paraph-î. 

J'ai  fait  part  à  Monfieur  Dslefpine  le  fils  du  prefent  Pri- 
vilège feulement  pour  les  Uisloires  de  Theodofe  é*  au  Car' 
dind  Commendo»  fur  M.  Flecbier.  A  Paris,  ce  j.  Jaa- 
vier  1754. 

Jean  Vulete  ,  fils. 

%         "Regijlré  enfemble  la.  Ceffion  fur  le  Kegijlre   VIII.  de  U 

^        Chambre  Koyalt  des  Libraires^  Imprimeurs  de 'Paris,  N". 

644  fol.  61^1 .  conformément  ai:x  anciens  Réglemens  confirmés 

fat  celuidii  i8.Ff'î/rj^r  17!}.  à  ^aris  le  %.  Janvier  milÇeçt 

ie»s  trente -qrutrçt 

Signé  Martin  Syndic, 


SENTENCES 


SENTEMCES 


E  T 


INSTRUCTIONS  CHRETIENNES, 

Tirées  de^,  œuvres  de  S.Jean  Chryfoflôme. 


£> 


£  S 


Uom 


ES       H  O   M  E  L   I 

au  Peuple  cC Antioche, 

Anus      -V  t  'Impofi::^  légèrement  les  mains  r . 

e'mim      X.^  à perfonne ^  ZP"  ne  vous  ren-      Contre  Us 
de!^  point  participant  des .  pecf?ey  Ofdin.uions 


I.  IVXnen 


ifn 


cito  impoiiieris  , 
neqiie  communi- 
caveris  pecc^tis 
alienis.  Intolerabile 
talis  pravaricationis 
periculum  expoftttt  , 
demor^pram  ,  *qiiod 
rr.alorum  al  aiiiiper- 
petratorum  'uppli- 
ciam  alii  cumillis  ip- 
psfujlinebunt  '.  ^uia 
per  ordinationem 
improbitati  confe- 
VHHt  poteflatem. 
Tom.  L 


d'umrui.  L'Apotrc  nous  mai-  P«^éapuees. 
que  par  ces  paroles  combiea 
dangereux  eit  le  mal  d'une 
ordination  précipitée ,  en  nous 
apprenant  que  ceux  qui  or- 
donnent, feront  coupables  de 
tous  les  péchez  de  ceux  qu'ils 
auront  ainfi  ordonnez  j  pour 
avoir  conféré  à  des  méchans 
la  puifiance  de  mal  faire. 


A 


de  la  fpiri 
luclle. 


a  De8      HOMELl 

Les  fciences  féculieres  font 
Différence  P/^^"^^  d'une  infinité  de  niai- 
cle  U  Science  Séries  ,  &  ceux  qui  les  enfei- 
féculiere  &  gnent  amufant  leurs  auditeurs 
par  an  vain  babil ,  ne  leur  don- 
nent aucun  enfeignement  i'o- 
lide,  &  les  renvoyent  d'ordi- 
naire fans  leur  en  avoir  fait  ti- 
rer le  moindre  profit.  Mais  au 
contraire  la  dodrine  (pirituel- 
le  irrftruit  en  peu  de  mots  trés- 
utilcment  ceux  qui  ont  foin  de 
l'écouter  i&  fouvent  une  feule 
parole  qu'on  en  retiendra , 
pourra  fufïîre  à  plufieurs  pour 
le  règlement  de  toute  leur 
yic. 


C'ell  aux 
faints  que  le 
démon  i'at- 
taque  plutôt. 


4. 

ta  chute 
des  faints  eft 
le  fc  and  aie 
le  plus  dan- 
gereux. 


Le  démon  s'anime  contre 
nous  avec  plus  de  rage  ,  lors 
qu'il  voit  que  nous  prenons 
foin  de  bien  régler  notre  vie  : 
&  quand  il  s'apperçoit  que 
nous  avons  travaillé  à  remplir 
le  vailfeau  de  notre  coeur  des 
plus  précieux  tréfors  de  la  grâ- 
ce ,  il  fait  tous  les  efforts  dont 
il  eft  capable  pour  nous  caufër 
un  mortel  naufrage. 

La  chute  d'une  ame  d'une 
vertu  médiocre  n'eft  pas  fi  pré- 
judiciable pour  les  autres  : 
mais  quand  une  pcrfonnc  d'u- 
ne  vertu    cminente  ,  &  qui 


ES 

Extevna  ioCtritid 
mnltas  jaclum  »;«- 
gas  ,  e?"  mnlta  deth- 
Tiens  auditores  loqua» 
cnate,  vacuis  remit* 
lit  manibus ,  nttUum 
neque  ma^^num  ne" 
queparvum  lucratos 
emolumemum.  Spi~ 
ritttsverograiia  non 
hujufmodi  ,  fed  in 
conirarittm  omnino , 
per  modtca  zjerha 
omnibus  advertenii^ 
bus  difciplinam  af~ 
feft  :  <j-  mu  lu  s  fxpe 
verbum  unum  fujp- 
cit  hïnc  excerpjîjje , 
ut  totius  vit£  viati" 
cum  habeant. 

Tune  diaholus  Jk- 
vior  ejficitur ,  cùm 
nos  'Dtdent  cum  di- 
ligeiitiâ  vitam  nof- 
tram  dijponentes  ! 
cùm  vtderit  virtutis 
onera  compojtta  CT* 
ma<rnos  acervos-itunc 
graz>.us  inferre  nau^ 
fragium  Jludet. 

f'ilis  O*  abjeSlus  , 
eùam  fi  fupplanXa- 
tus  fuerit ,  CT*  ceci- 
derit  ,  non  tantum 
infert    cladis    vit* 


AU  Peup 

commuai  :  in  alta 
vero  quadam  tan- 
quAm  virttttis  Jpe- 
cuîa  conjiittitHS  >  CT* 
qui  omnibus  cognitus 
fît  y  Ç^  ab  omnibus 
in  admiratione  ha- 
1/eatur ,  quando  ten- 
tatus  cecidertt ,  ma» 
^nam  ruinam  CT*  ja' 
{luram  facit  :  non 
tantum  quoniam  ex 
alto  cecidit,  fed  quo" 
rtiam  ex  aliis  mul- 
tis  fraudait  materia 
eji  in  tllum  ref^icien- 
tibus. 

f^arite  C^  omni- 
modx  fanflorum  af- 
fiif liants  c au/as  cha- 
ritati  ve/lra  dicere 
fof}»m.  .  .  Prima  ef 
ne  facile  in  arrogan- 
ttam  propter  mertto- 
rum     maznitudinem 

o 

CT*  miraculorum  tol- 
lantur.  Secunda ,  ne 
c<eteri  majorem  ha- 
ie ant  de  ipjlioptnio- 
nem  ,  quam  humana 
patitur  natura.  Ter- 
tia  j  ut  CT*  Dei  vir- 
tus  appareat  ,  par 
agrotantes  C  com- 
peditosy  exuperans  CP* 
vincens ,  ac  pradica- 


LE    d'Antioche.  5 

étoit  conlîderée  de  tous  les  fi»- 
deles  comme  un  modelé  admi- 
rable de  pieté,  vient  à  tom- 
ber, ce  ne  peut  être  fans  eau- 
fer  une  grande  ruine  ;  non 
feulement  parce  c^u'il  tombe 
de  plus  haut  ,  mais  encore 
parce  qu'il  entraîne  avec  lui 
par  fon  fcandale  plufieui!»  de 
ceux  qui  étoient  les  admira- 
teurs de  fa  pieté. 


Dieu  afflige  les  (aints  pour         f  • 
plufieurs  railons.     Première-      ^'"^   ^*'^' 
ment  de  crainte  qu'ils  n^'  s'é-   ^'^^  P°^='"- 
lèvent    de  prefomption    pour  fligei^sfaints 
Téminence  de  leurs  mérites,  en  es  monde. 
&   l'éclat  de    leurs     grandes 
adions.     2.   Pour   empêcher 
que  les  autres  n'en  conçoivent 
une  opinion  trop  avantageufe 
&  ne  les   regardent   comme 
ayant  quelque  chofe  au  defliis 
de   l'homme.     3.   Pour  faire 
éclater  davantage  fa  puiflan- 
ce  ,  en  fe  fervant  de  gens  ac- 
cablez de  miferes  &  de  per- 
fecutions   pour  établir   &  ac- 
croître   fa    divine   religion  * 
&  la.  rendre   vidorieufe    de 
tout  ce  qui  s'oppofoit  à  elle» 
Aij 


4  Des  HoMELi 

/f.  Pour  faire  connoître  leur 
patience  ,  que  ce  n'eft  point 
par  intérêt  qu'ils  le  fervent  : 
&  avec  combien  de  fincerité 
&<l'ardeur  il  faut  qu'ils  l'ai- 
ment 5  pour  conferver  leur 
gratitude  envers  lui  ,  malgré 
les  maux  temporels  qu'il  Jcur 
envoyé.  5.  Pour  nous  faire 
penfer  à  la  réfurredion  ;  car 
quand  nous  voyons  qu'un 
homme  jufte  &  d'une  vertu 
éminente  fort  de  cette  vie 
où  il  n'a  fait  que  Ibuffrir  ,  il 
ne  le  peut  que  nous  ne  fafilons 
quelque  réflexion  fur  le  juge- 
ment à  venir.  Et  en  efi-ec,  fi 
un  homme  a  foin  de  récom- 
penfer  ceux  qui  ont  louffert 
quelque  chofe  pour  fon  fer- 
vice  y  s'imaginera- 1- on  que 
Dieu  puiflelaiirer  fans  récom- 
penfe  ceux  qui  ont  tant  fouf- 
fert  &  tant  travaillé  pour  l'a- 
mour de  lui  ?  Si  donc  la  jufti- 
ce  de  Dieu  n^  permet  pas 
qu'ils  foient  fruftrcz  du  prix 
de  tous  leurs  travaux ,  il  faut 
ncceflairement  qu'il  y  ait  s- 
près  la  fin  de  cette  vie  un  au- 
tre tems  auquel  on  commen- 
ce à  joiiir  de  la  récompenfe 
des  maux  que  Ton  aura  fouf- 
fert  en  ce  monde.  6.  Afin  que 
tous  ceux  qui  font  affligez  , 
trouvent  uh  fujet  de  conibla- 


ES 

tionem  augeni. 
(^arta  ,  ut  tp forum 
patientia  manifc-pa 
fi at, non pr opter  mer- 
ce  dem  Deo  fervien- 
tium^  fed  C?*  tantam 
exhtbentium  grdti- 
titdimm  )  tit^poji 
Ut  mala  ,  fincera  in 
ip/ltm  benevolentia 
oflendatur.  Qumta^ 
ut  de  refurrefHone 
cogitemur^  ctim  enim 
Virum  jufinrrt  O* 
multa  plénum  vir^ 
tute  5  innumera  paf- 
fum  mala  ,  C  (îc 
hinc  digrefium  vide- 
ris  5  cportet  ex  hoc 
omnino  aliquid  de  . 
illojudicio  cogitare. 
Si  enim  profe  homo 
lahoraniei  fine  prx- 
miis  autre  non  per- 
mittit  ;  multo  magii 
eos  5  qui  tantum  la» 
horaverunt  »  nun^ 
quam  incoronatoi 
remanere  Deus  de' 
cerneret.Siauîemip' 
(os  laborum  fuorum 
retribuiione  priva- 
re^omnino  uecejje  ej} 
quodam  aliudiempus 
effe  pofi  prafeniium 
fnemyperquodprigz 


A  U     Pe 

fentis  vit£  Uborum 
retributiones  recipe- 
rent,  Sexta  ,  ut  om- 
nés  in  res  adverfas 
incidentes ,  fujf.cicn- 
tem  confoLtionemO' 
miiigationcm  ha- 
heant  y  m  eos  refpi- 
cientes  y^nialorum 
qu£  ipjts  acciderunt 
recordantes. Sefftima, 
ne  qttando  exhorta- 
mur  vos  ad  illorttm 
virtutem  CT*  cui- 
que  duimus  i  imita- 
re  Pauluml  imitare 
Petrum  ;  propterge- 
Jlorumexcejfumalte' 
r  ius  ipfos  na  tara  fui f- 
/e participes  cogitan- 
tes 5  ad  imitationem 
torpeatis.  O&ava , 
Utquando  beatos  vel 
tniferos  cenfere  opor- 
tet  ,  difcamiis  quos 
quidem  beatos,  quos 
autem  miferos  puta- 
re  debeamus. 

Patet  quod  alté- 
rant vitam  prxfenti 
meliarem  Dens  pa- 
rât: nijtenim  hoc  ef- 
fet ,  improbos  multos 
quidemper  banc  vi- 
tam gaudere  ^  j'ufos 
V«ro  rnukasinpluri- 


U  P  L  E      d' A  NTIOCHE,  $ 

tion  dans  la  vue  des  peines 
que  tant  de  Saints  ont  endu- 
rées en  ce  monde.  7.  De  crain.- 
te  que  lorfque  nous  vous  ex- 
hortons à  imiter  la  vertu  de 
Paul  &  de  Pierre  \  vous  n'ayez 
pas  le  courage  de  travailler  à 
luivre  leurs  faints  exemples, 
vous  imaginant  dans  la  vue 
de  tant  d'admirables  adions, 
qu'ils  étoient  d'une  autre  na- 
ture que  vous.  8.  Afin  que 
quand  il  s'agit  d'examiner 
quel  eft  le  vray  bonheur  &  le 
vray  malheur  de  cette  vie  , 
nous  fçachions  qui  font  ceux 
que  nous  devons  eflimer  heu- 
reux, &  qui  malheureux, 


Si  Dieu  n'avoit  à  donner  à         ^* 
l'avenir     une    vie    beaucoup  ,     Po"''q^'oi 
meilleure  &  plus  heureufe  que  tJlTs  Z 
la  viepréfente,  il  ne  permet  compenfez.ni 
troit  jamais  que  tant  de  mé-  Isi    méchans 
chans  fufTent  comblez  en  cel-  Pl^^is  en  cette 
le-ci<le  profperité  &  de  ]oye  i  ^'^^' 
&  que  les  juiles  n'y  trouvaf- 
A  iij 


C  Des    Homel 

fent  que  des  déplaifirs  &  des 
douleurs  :  mais  parce  qu'il  a 
préparé  dans  une  autre  vie  des 
punitions  pour  les  uns,  &  des 
rccompenfes  pour  les  autres  : 
c'eft  pour  cela  qu'il  lailfe  vi- 
vre ici  les  bons  dans  l'afHic- 
tion  ,  &  qu'il  fouff:  e  que  les 
inéchans  fe  plongent  de  plus 
en  plus  dans  les  plaifîrs  &  dans 
les  délices. 


7.  L'on  peut  encore  découvrir 

TTciiité  de5  pluiîeurs  autres  raifons  des  tri- 
siflia*ons.  bulations  que  fouftàrent  les  jii- 
ftes  :  fçavoir  qu'elles  fervent 
d'épreuves  à  leur  vertu  j  qu'el- 
les effacent  les  taches  qu'ils 
ont  contradées  durant  cette 
vie  :  &  qu'elles  leur  procurent 
une  récompenfe  plus  grande  , 
puifqu'elle  doit  être  propor- 
tionnée à  leurs  foufrrances  ; 
&  même  s'étendre  au  de-là  , 
félon  que  le  marquent  ces  pa- 
roles de  l'Apotre  :  Les fouffran- 
ce(  de  la  vie  préfente  ri  ont  puint  de 
proportion  avec  cette  gloire  que 
Ùiet4  doit  un  jour  découvrir  en 
nous. 


t.  Non   feulement  les  tiens 

Souffrir pa- que  nous  donnons  en  aumo- 


lE  s 
ruis  €lumnis    nu»" 

quam  dimijîfftr,  Std' 
quoniam  prapara- 
tum  ej}  foecuh'.m  a» 
liud  y  in  quo  fecHU' 
dttm  meritum  ,  ')uic 
quidem  improhiiatisi 
tllivero  virlHiispr^-* 
mia  reddere  débet  > 
propterea  finit  hune 
quidem  ajfîigi,  illum 
vero  deliciis  m  dies 
dijflHere:. 

Novas  trihulatto' 
ntim  dicsre  caufas 
pojfumus;  quod  tri-^ 
bulati»  probatiores 
facial  trihulatoi .  ,  • 
G'fialiquas  hahea*' 
mus  maculas  y  htc 
eus  deponinius  ..... 
Coronx  C?*  pr  terni  a 
nobis  augentur. 
Quantum  enim  tri- 
bulationes  intendunr 
tur  ,tanîum  CT*  retri' 
b'.itionei  ampltahun* 
ts*r;  ima  vercCP'  muU 
toplus.  Non  enim 
funt  condignse 
palTioncs  hujus 
téporisadfuturam 
gloriam  qux  re- 
velabitur  in  nobis, 

I\Jo/*  tantum  qt'X 
per  eldeincjjnum  du" 


AU    Pe  U 

muSyfedc^ea,cjui- 
lus  ah  aliis  fpoliati , 
fûHtter  ferimus^mul- 
tum  rtûhii  fruélum 
ajferunt.  Et  ut  dif- 
cas  hoc  illo  ma  jus  cf- 
fe-^  ^oh  non  erat  tam 
lUuftris  quaiido  pau- 
pcrihus  domum  ape- 
rutt ,  cjuàm  chm  ij)- 
fam  cecidijje  audietis 
non  inic^i*ètulit.  Non 
erat  tam  illuflris , 
quanào  ex  ovium 
tonfttra  nudos  vcjli' 
vit  ,  cfuam  fuft  cla- 
rus  <i:r  fpe^iatus^ciym 
audiens  quod  t^nis 
cecidi/Jet  CT*  g^^^es 
omr.es  coufHmpfrjJet , 
graïus  egit. . .  Tune 
tnulta  in  coufervoi 
fuit  benignitas^  nitnc 
ma^nus  in  Dominum 
amor  àemonpraba- 
tur. 

Nul'um  o-ratia-^ 
rum  aflioni  par  bo- 
num  ,  quonadmo- 
dum  blafphemia  p?- 
tvs  >n'>.'l. 

Nonh'c  nhi  rctri- 
èutioncs  Z^proynllJiO' 
nés  ,fvd  iii  future fe- 
Qulo..  amnia  pr<ecUr<t 


PLE   d*Antioche.  7 

ne,  mais  encore  ceux  dont tiemnosnt  U 
nous  foLiffrons  la  perte  avec  ^^e"*'^-*^'*'^^ 
confiance,  nous  font  trcs-uti- '^^  "^'''^** 
les  :  Et  nous  apprenons  Jans 
fhiftoire  de  Job  ,  que  ces  der- 
niers nous  font  nicme  beau- 
coup plus  avantageux  :  car  la 
vertu  de  ce  faint  homme  ne 
parut  pas  avec  tant  d'éclat 
quand  il  tenoit  fa  maifon  ou- 
verte à  tous  les  pauvres  ,  que 
quand  il  reçut  avec  une  fi  ad- 
mirable patience  la  nouvelle 
qu'elle  étoit  tombée.  Sa  vertu 
ne  parut  pas  tant  ,  quand  il 
fe  fervoit  des  toifons  de  fes 
brebis  pour  en  couvrir  la  nu- 
dité de  ceux  qui  nianquoieni: 
d'habits,  que  loi  (qu'ayant  ap- 
pris que  le  feu  du  Ciel  avoic 
confumé  tous  fcs  troupeaux  , 
i!  en  rendit  grâces  à  Dieu. 
Dans  ces  premiers  temps  il 
montra  fa  bieiiveilknce  envers 
fon  prochain  ;  mais  dans  ce 
dernier  il  témoigna  pour  fon. 
Dieu  un  ardent  amour. 

Comme  le  blafphémc  efi  le 
plus  énorme  de  tous  les  maux 
auffi  ia  reconnoiif.ince  ik  Tac 
ti.on  de  grâce  eft  le  plus  grand 
de  tous  les  biens 

Dieu  ne  promet  au  Chré-         rOi 
tien  nulles  récompenfes  pour     T.es  recom"- 
ce  monde  -,  mais  tout  ce  qu'il  pei^feînefont 
lui  fait  cfperer  de  grand  eft 'i"'ï'^^^^'^'*' 


9- 

Recoano'f- 
'  fance   envers- 
Dieu. 


A  mi, 


trc  vie.- 


cuiptisma 
teu.'Si 


S  DesHomeli 

pour  l'autre  vie. 
Il*  Si  vous  entendez  dans  les-- 

Reprendre  ^^ès  quelqu'un  qui  blafphéme, 
vec  force  les  j^y^^  l'en  reprendre  i  & 

r^noma-  „  ,  Pur-         V 

même,  s  il  en  eii  beioin  ,  1  en 
châtier:  fandifiez  ainfi  votie 
main  i  &  iî  après  cela  il  vous 
défère  en  juftice  ,  &  vous  o- 
blige  à  comparoître  devant  le 
Juge    pour  être  puni  de  l'of- 
fenfe  que  vous  lui  aurez  faite, 
allez  y  avec  courage  ,  &  ré- 
pondez   hardiment    que  vous 
n'avez  pu  foufFrir  d'entendre 
vomir  des  blafphénies  conttc 
îe  Roi  des  Anges.  Car  fi  ceux 
qui  diient  des  injures  à  un  Roi 
delà  terre  font  dignes  de  puni- 
tion ^  combien  ceux  qui  outra- 
gent le  Roi  du  Ciel  en  méri- 
tent-ils davantage  ?  Et  quand 
on  devroit  vous  faire  mourir 
pour  un  tel  fujet ,  ne  vous  dé- 
fiftez  pas  pour  cela  de  châtier 
votre  frère  :  ce  vous  fera  un 
vrai  martyre  ,  puisque  Saint 
Jean  fut  auffi  martyr,  non  pour 
avoir  icfufé    de  lacrifîer   aux 
idoles,  mais  pour   avoir  don- 
né fa  tête  pour  la  défenfe  des 
loix  divines  que  Ton  vioioit. 
Combattez  donc  auiîi  de  mê- 
me jufques  à  lahiort  pour  le 
foûtien  de  la  vérité  ,  &  Dieu 
çoii;ibâttra  pour  vous. 


ES 

Deui  pYomiJît . 

In  civitate  hlaf- 

phemantes  cafii^atei^. 

Jîijuempiam  bUfphc' 

mantem     audieris  > 

accède  ,  in  crêpa  j  C7* 

Jî  verbera  infi/^ere 

oporteaty  ne  recufes  i 

fercujjîont     manum 

tuamfan  fiifica  .Et  fi 

ulli  accufaverint ,  Ji 

in  jhdicit*m   traxe- 

rint  ijequere  i  cr  fi 

panas  judex  pro. tri' 

bunali  repofcerit,  die 

cum   libsrtate  quod 

Regem      Angelorum 

blafphemavit.  Si  e- 

nim    Kegem    terra 

blafphemantespuniri 

cportetj  mttho  magii 

illum  coutume Ita  af- 

ficientes.  Et  fi  mort 

opus  fit ,    cafltgari 

fratrem  ne  torpeas, 

Martyrium  tibi  hoç 

efi   :    quoniam    G* 

Joanncs  martyr  fuit, 

Nonfacrîficarej  ty'J'u  > 

ft*it  i doits  ,  fiid  p,Q 

facris  tegibus  teme- 

ratis  caput  depofiiii  ,* 

C  IH  igitur  prozie- 

ritate  ufque  admor- 

tem    contende  ,  C7' 

VetispugnabiiprotQ.» 


AU    Pe  U 

Ne  tnihi  dicas  il- 

lui  frigidu>ïn    ver- 

hum  :  i^<e  vero  mi- 

ht  cura  tfl  ?  cttm  ipfo 

'  commune  habeo  tii- 
hil.  Cum  àiaholofolo 
commune  nihilhabe- 
mus^cum  omnibus  aw 
tem  hominibus  multa 
babemus  communia. 
...ne  dicamus igitur 
qtiod  nthil  commune 
cum  ipjîi  habeamus; 
fatanica  ej}  ifla  voXy 
diaùûlka  inhumant' 
tas. 
Difpenjimus  falutem 

fraiTum  nojïrorum  ; 
fuficit  unus  homo 
yelo  fideifuccenfus , 
tot»m  corrigerepopH- 
lum. 

Homil.  2.  Non  efi 
theatrum  Ecclejîa , 
ut^  ad  deleSlationem 
audtamus  :  adjutos 
hittc  recedereoporteti 
lucratos  quiddam 
amplius  O'magnum. 
ihiUntegrum  de- 
pofiiuni  reddidit  ^ 
quoniam  ipfum  non 


r  L  E     d'à  n  ti  oc  h  e.        p 

Quand  je   vous  exhorte  â         12." 
reprendre  votre  prochain,  ne   Prendre  foi» 
me  répondez  pas  froidement  :  ^^^  ^^^"'  ^** 
Pourquoi  en  prendrois-je  foin?  pioî-^*"^' 
Ai-  je    quelque  intérêt  com- 
mun avec  lui  ?  Car  vous  de- 
vez fçavoir  qu'il  n'y  a  que  Is 
diable  avec   qui  nous  ne  de- 
vons avoir  rien  de  commun  : 
mais   nous  avons  une  infinité 
de  cliofes  communes  avec  tous 
les  hommes.  Ne  difons  donc 
pas  que  nous  n'avons  rien  de 
commun   avec  eux  ;  car  c'eft 
une  parole  diabolique  ,  c'eft 
une  dureté  de  démon. 
.  Travaillons  au  falut  de  nos        i  r; 
frères.  Un  homme  de  bien  cm-    Zcle  pour  la 
brafé  du  zèle  d'une  foi  vive  ,  falntdu  pro-^ 
eft  capable  de  corriger  lui  feul  chain, 
tout  un  peuple. 


L'Eglife  n'eft  pas  un  théâ- 
tre où  l'on  vienn?  écouter  nos 
difcours  pour  fe  divertir.  Il  en  pi'^'flicatiotî 
faut  tirer  plus  d'utilité  ,  il 
faut  remporter  un  profit  plus 
avantageux  &  plus  Tolide. 


14. 

N'aller  i  U 


en  .î"epourS-«^ 
difier. 


•  Celui  qui  ne  fait  que  ren-         If. 

dre  à  Dieu  en  Ton  entier  le  ta-     ^"  peutre*. 

lent    qu'il    lui    avoit    confié  ;  *'^    damne 
'■        ■-  '  pour  negligeir 


tnultiplicavity  quo^  parce    qu'il    n'aura    pas   tra-  {^  corr-aion 

mam  non  cajligavit  vaille  à  corriger    les  autres  j  fj^ternelks 

c.eieros  ,   argentum  qu'il  n'aura  pas  porté  Ton  ar- 

<iinummHknoi  non  gcnî  aux  banquiers  ^    c'eft- à* 


lo  DesHomel 

dire  qu'il  n'aura  pas  averti  , 
confeillé  ,  repris,  &  corrigé 
fon  prochain  ,  lorfqu'il  l'a  vu 
dans  le  dérèglement,  fera  pour 
cela  feul  précipité  fatis  mifcri- 
corde  dans  les  peines  intoléra- 
bles de  l'enfer. 


i6.  C'eft    la    cupidité  qui    eft 

Qui  eft  le  mauvaife  ,  &  non  les  richeflès  : 

yrai  fiche.  &  il  y  a  bien  de  la  différence 
entre  être  riche  &  être  ava- 
re :  car  l'avare  n'eft  pas  ri- 
che ,  puifqu'il  a  befoin  d'une 
infinité  de  chofes  :  il  n'eft  que 
le  gardien  &  non  le  maître  de 
fes  richefles  ;  il  n'en  eft  que 
Tefdave  ,  &  n'en  eft  pas  pro- 
prement le  poffelleur.  L'on 
n'eft  pas  riche  pour  avoir 
beaucoup  de  bien  ,  mais  pour 
en  donner  beaucoup  à  ceux 
qui  en  manquent. 
17.  Vous  n'êtes  ici  que    com- 

Ne  vivre    me  un  hôte  &  un   paflager  ; 

que  pour  le  le  ciel  eft  votre  pays  j  c'eft-ià 
où  vous  devez  faire  paiTef  tout 
ce  qui  eft  en  v  otre  pouvoir  ,  & 
avant  même  que  d'en  jouir  en 
cette  divine  patrie,  vous  en  re- 
cevrez dès  ici  une  manière  de 
récompenie.  Car  celui  qui  fe 
nourrit  en  cette  vie  de  l'erpe- 


cid. 


lES 
àetulit ,  hocejf  jnon 
admonuit ,  non  con» 
Jîlmm  dedh^  non  in^ 
creputt  ,  non  corre" 
xù  proximos  inordi- 
natos,  id'.irco  ahfque 
mifericordij  in  Ûlas- 
intoleraUles  pœnas 
tnittebatUT, 

Non  mala  res  di" 
vhiie  yfed  mala  cu~ 
piditas.  AUudava' 
rus  CT*  aliud  dives» 
Avarus  non  eft  di^ 
ves  ,  quippe  multii- 
tndiget.  Avarus  cuj^ 
tos  ej} ,  non  domi" 
nus  pectimarum;  fer- 
vus  ,  nonpo{Jt:{Jor.,f. 
Dtves  ejï  non  qui 
multa  poffidet  ,  fed 
multa  largitur^ 


rance  des  biens  céleltes ,  &  qui 
eft  rempli  de  la  connancc  de 


Hofes  es  hic  & 
peregrinus ,  patriam 
hahes  in  calis  :  illue 
omtiia  tranfmiit-',  ut 
CP"  anieqiu:m  frua" 
risyhïcreirthiiiioneni 
captas^.  Qui  enim 
bona  fpe  ahtur\  C7* 
de  futuris  co^'fdit  y^ 
hU  jam  re^^num  gw 
fiavit.  Nihil  enian 
tanttim animam  re- 


ntcliorem  facere  , 
tjiuum  bona  futuro- 
rum  fpeSiJî eo  tranf- 
mtitem  divitias  , 
antma  tua  curam 
cum     otio    conzrtio 


AU     Peuple  d'Anti  ocHH.         rt 
far  are  confucvit  CT*     les  obtenir  ,  goûte  déjà  par  a- 
vance  le  bonheur  de  ce  royau- 
me éternel.  Et  en  effet  rien  n'eft 
fi  capable  de  guérir  ies  maux  de 
notre  ame  &  de  la  pcrfcdioner, 
que  refperance  des  biens  ave- 
nir j  pourvu  que  nous  y  fafïîons 
pafl'er  avant  nous  nos  biens  pre- 
fens  ,  &  que  nous  employons  à 
prendre  foin  de   notre  ame  ,. 
tout  le  loifir  que  demande  une 
fi  importante  occupation. 

Voulez-vous  vous  enrichir  ?         i  g; 
faite  que  Dieu  foit  votre  ami ,     C*aft  DieH 
&  vous  ferez  le  plus  riche  de  qui  po^is  c^^' 
tous  les  hommes.  richit. 

La  vertu  a  cela  de  propre        ip, 
qu'elle  ne  nous  eft  pas  feule- Vertu  rccom- 
ment  utile  pour  la  vie  future,  penfée  dès  es 
mais  qu'elle  nous  procure  dès  naondc. 
celle-ci  des  récompenfes. 


yis  ditarî  ,  hd- 
ieas  amicumDcum , 
C?*  omnium  dttijji- 
mus  erii. 

Tain  eji  virtutis 
natura ,  non  adft*^ 
tnra  nec  tantum  ad- 
fuvat  ,  fed  O*  hîc 
jam  r^trubutiones 
frahet. 

Stepivi  rijl  tefla- 
menta  legens  dicen- 


ille 


tdem  ht 


Ua  i  tue  quiaernijU' 
beata^rorum  veldo- 
Mus  dominiitm  »  «- 
fum  veto  aliui.  Om- 
îtes enim  ufum  ha- 
bemus  ,  dominium 
fiemo  :  <sr  fi  enim 
vubis  per  totam  f>er- 
maneant  vitam,  ve^ 
limmnchmus  in  fine 
aiiis  cedemus ,  tpfa- 
rttm  nfufçlo  decer" 


J'ai  fouvent  eu  envie  de  ri-        20. 
reenlifant  des  teftaméns  ,  014     On  n'a  U 
il  eft  dit,  que  l'un  aura  la  pro--  propriété  qu« 
prieté   d'i'n   héritage  ,    &  un  des  biens  que 
autre  l'ufufruir.   Car  nous  n'a-  ^'°"  ?°""*'  ^* 
vonstous  que  Pillage  des  biens  ^'^"^°"*'' 
du  monde  ,  &  nul  n'en  a  la 
propriété  ,  &  en  effet  quand 
nous  en  aurions  eu  la  proprié- 
té  durant    toute   notre   vie  , 
nous  fbmraes  contraints  à  la 
mort  de  les  iaiffer  à  ceux  qui 
nous    fuivent,  fans   en  avoir 
eu  que  la  fimple  joiiiffance>. 


12,  Des  Home  l 

&  nous  nous  trouvons  privez 
de  la  pofiefTion  de  tous  ces 
biens  en  pafTant  à  une  autre 
vie.D'oii  il  eft  viiîble  queceux- 
là  fouis  en  ont  véritablement 
la  propriété:,  qui  en  ont  mé- 
prifé  ici  l'ulage  même.  Car  ce- 
lui qui  diitribuè  Tes  biens  aux 
pauvres ,  en  u(e  ainfî  qu'il  en 
doituferj&en  demeure  mê- 
me à  fa  mort  le  propriétaire  , 
pour  en  recevoir  infiniment 
davantage  dans  un  tems  ou  il 
eaaura  bien  plus  de  befoin. 


Pourquoi 
les  chofes  fu- 
perfluës  ne 
font  pas  éga- 
lement diftri. 
buéiàtous. 


CVft  êtrî 


L'air,  l'eau  ,  le  feu, le  fo- 
leil,  &  toutes  les  autres  cho- 
fes nécefl'aires  à  la  vie  ont  été 
rendues  communes  à  tous  les 
hommes ,  afin  de  les  faire  vi- 
vre :  mais  les  richelfes  ne  font 
pas  communiquées  à  tous  éga- 
lement ,  afin  de  procurer  une 
matière  de  mérite  &  de  cou- 
ronne à  ceux  qui  fuyent  l'ava- 
rice, qui  embrallent  la  vertu  , 
qui  donnent  de  leurs  biens  aux 
pauvres,  &  qui  trouvent  dans 
ces  bonnes  œuvres  un  puilTant 
remède  contre  la  maladie  de 
leurs  péchez. 

Si  Dieu  vous  a  fait  riche , 
pourquoi   vous  rendez. -vou$ 


lES 

pto ,  dominio  autem 
oriati  ad  tllam  vi^ 
tam  migrantes.  Un- 
de  manifeJÏHm  efl  y. 
quod  illi  (oU  domi^ 
nium  habent ,  qui^J* 
ipfarum  ufum  con- 
tewpfirunt.  Qu^l  e- 
nim  facultates  ùatt» 
perihus  ero-^at  prant 
oporlehaî  ^facultati- 
bus  ufus  eji ,  ^  ip- 
farum  dominiiim  ha- 
hensobiit.  Illis  mttl^ 
toplura  rectpiens  ill» 
tempore ,  quando  eAr 
rt*m  prafidio  maxi" 
me  egebit. 

Ut  fecurè  viv4- 
mtts  communes  faCÎA 
funt  nobis  vit£  cau- 
fe  5  rurfnm  ut  hot 
heamui  coronarunt 
GT*  lattdum  occajîo* 
nem  ,  non  communes 
faéla  funt  divititt  y 
ut  avaritiam  exojî 
C^  fefîantes  jujii^ 
tiam  ,  noJ}ra  indi- 
gentibus  erogautes  y 
aliquod  peccatorum 
nofrorum  remedium 
per  viam  hanc  ca-» 
piamus. 

Divitem  te  fech 
Deus  ^quidie  ipfu}:^ 


AU    Peu 

pauperemfacis?  Di- 
Vttem  tefecit  Deus , 
Ht  egenis  auxilierisy 
ut  per  Uberalitatem 
peccata  tua  fohas. 
Dedh  tihi  pecunias 
non  ut  in  mortem 
tuam  claudas  ,  fed 
ut  m  faluti^m  tttam 
ejfundas. 

Magna  pojfeffio 
paupertas  fapienter 
ipfam  ferentibus  ; 
thefaurus  qui  ne- 
eueat  auferri  :  di- 
verforium  ab  injîdiis 
tmum.  At  opprimi- 
iur,  induis,  pauper  } 
fed  majores  injldias 
àives  patitur. 


MuUa  tjut/piam 
in  te  convicia  di' 
scit  i  ji  contumelias 
ïleriferis  ,  coniume- 
liam  non  es  pajjus. 
Si  corpus  a  dam  an  ti- 
r,um  haberemu!,  etfi 
innumeris  undiqtie 
ieîis  percuteremur  , 
von  tamen  vulnera 
reciperemus  i  none- 
nimamanutela  tor- 
qsHnte^fed  à  f#r- 


PXE    d'Antioche.         ÏJ 
pauvre  ?  Dieu  vous  a  fait  ri-  bien    pauvre 
che  5   afin  que   vous  alTiftiezque  de  n'être 
les   nécefllteux  ,  &  que  vous'^^'^'^'^  *î."'= 


eftaciez  vos  péchez  par  votre 


pour  Toi, 


libéralité.  Dieu  vous  a  donné 
du  bien  afin  que  vous  le  dé- 
penfiez  pour  votre  falut  ,  & 
non  pas  afin  que  vous  le  ren- 
fermiez dans  un  coffre  pour 
votre  ruine. 

C'cft    une  grande    richefle        xj. 
que  la  pauvreté  a  ceux  qui  fça-  ,  La  pauvre- 
vent  la  fupporter  avec  patien-'^^'^."^"4..°'* 

o  *  r       ir  '    n  en  Içait  bien 

ce  &  avecfageire  :  c  eft   un  ^^ç^,\^a  xxnc 

trcfor  qui  ne  peut  être  ravi  :  grande    ri- 

c'eit  un  azile  fur  contre  tou-chcllc, 

tes  lottes  d'embûches.   Mais, 

me  direz-  vous  ,  le  pauvre  eft 

fouvent  opprimé  :  il  eft  vrai  y 

mais  le  riche  eft  bien  plus  ex- 

po(é  à  l'envie,  &  fujet  à  de 

bien    plus    fâcheufes    difgra- 

ces. 

Qiiand  quelqu'un  v-oùs  dit         24^ 
une  injure  ^  fi  vous  méprifez      ^"1   «'«^ 
cette  ofFenfe,    il  eft  vrai  de  ^^^^"^^"^P^.' 
dire  que  vous  n'en  avez  point  bt-fl^^'^ 
reçu-   Si  nous  avions  un  corps 
de  diamant  ,  quand  même  on 
nous  lanceroit  de  toutes  parts 
une  infinité  de  traits,  nous  n'en 
ferions  point  blefiéz  j  car  nous 
ne  le  fommes  pas  proprement 
par  la  main  qui  nous  les  lance  , 
mais  plutôt  par  la  molefie  de 
notre  chair  qui  fe  lailfe  ei;-; 


14  Des    Ko  M  BL 

tamer  par  la    pointe    de  ces 
traits. 
z').  Quandon  vous  a  ofFenfé,  fî 

C'eftfe bien  vous  n'en  avez  pas  de  reiren- 
>rengcriiucdej-i,;nent  ,  &  fi  vous  n'en  ttes 
fouftnr  pa-p^int  touché,  c'eft  comme  fi 
;tiemm;nt    les»  ,  ,, 

injures-  ^^^^  "  aviez  pas  reçu  û  injure 

de  votre  ennemi  -,  ou  plutôt 
on  peut  dire  qu€  c'eft  vous  qui 
l'avez  frappé  ,  &  non  pas  qui 
l'avez  été  de  lui  :  car  lorfque 
<:elui  qui  vous  a  ofFenfé  voit 
que  l'injure  qu'il  vous  a  faite 
n'a  pas  pénétré  jufqu'à  vo- 
tre cœur  5  il  efl  touché  au 
<lernier  point:&  ainfilefi'ence 
de  cîrlui  qui  fouftre  patiera- 
inent  une  injure  ,  rejaiUilfant 
contre  celui  qui  l'a  faite  ,  le 
bleife  très-fenfiblement. 


2^.  Helie  en  quittant  la  terre 

Confiance  laiija  fon  manteau  â  fon  dif- 

*^'^^°*  montant  au  ciel ,  nous  laKfa  fa 

Cofitrû  1rs  chair  ;  avec  cette  différence, 

Uercti^*es.  q^^Heiie  fut  obligé  pour  cela 
de  fe  dépoiiiUer  j  au  lieu  que 
Jesus-CHRIST  en  nous  bif- 
fant ici  fa  chair ,  ne  lailfa  pas 
<le  l'emporter  auflî  avec  lui 
dans  le  ciel.  Ne  rnjus  découra- 
geons donc  point,  &  ne  crai- 
gnons point  les  maux  qui  nous 
■peuvent     arriver     dans     les 


lES 

poribus  pattenuhus 
vulnerafiunt. 

Ali  qui  s  injuriant 
intuln,  nonfe?iJÎJîi^ 
nec  doluifli  ?  non  es 
injtiïiampajjus ,  fed 
CT"  magis  percuffjii 
tjuàm  f>ercujjus  es. 
Ctfm  enim  qui  con^ 
tumeham  intulit  , 
plagam  fuam  adpa- 
tiemium  animam 
non  pervcnientem 
Viderit ,  ipfe  majo- 
rem  tn  ^odum  ro" 
dttur  s  CT'  tacenti» 
Bus  fis  quiccHîums" 
liam  patiuntur. /pon- 
te contumeliarum 
plaga  contra  niten- 
ttm  converfa  infer^ 
tur. 

Helias  meloiem 
âifcipulo  rdiquit  , 
fi  II  us  autemDeiaf- 
cendens ,  fuam  tîohis 
carnem  dimijît:  fed, 
helias  (juidem  exw 
tus,  ChriOus  autem 
C?*  nabis  reliquit  : 
C7'  ipfam  habens  af- 
cendit.  Ni  igitttr 
animo  concidamus , 
neque  temporum  àif" 
ficultatem  timeamus. 
Qui   entm  fangui^ 


AU    Peu 

mm  fnum  fro  om~ 
nibus  ejf(*ndere  non 
recufaviti  O*  car- 
nem  fuam  ,  er  rur- 
fus  tpfum  fangui' 
nemrtûbis  conimuni- 
cavit  i  qutd  pro  fa-m 
lute  nojlrafdcere  re- 
çu f  ah  it  ? 

Homil.  3.  Extte 
^fta  negolia  ,  CT* 
aihleta  fafitts  es, 
indue  arma  fpiri~ 
tttalia  ,  eT*  faÙus  es 
miles.  Te  ipfum  t-t- 
t£  curis  dénuda  ,  Itt- 
él£  enim  tempus  ej}  : 
arma  fpiritâs  indue, 
hélium  enim  nohis 
contra  damones  con- 
jUtum  ej}  grave. 
FroptereaCl^  nudum 
ejje  oportet  ,  ut  nul- 
lum  diabolo  nohif- 
cum  Luélanti  anjam 
pra:beamus  :  CT*  un- 
dique  armati  ,  ut 
nttfquam  letalem 
plagam  accipiamus. 


Si  uhi  corpori  me^ 
deri  oportet  ,  tanta 
fiobis  opus  eji  dUi- 


PLE    D'A  NT  lOCHE.  1$ 

tems  les  plus  difficiles  ,  puil- 
que  celui  qui  a  fi  volontaire- 
ment répandu  Ton  fang  pour 
nous  tous  ,  nous  a  de  nouveau 
communique  ce  même  fang 
dans  le  Sacrement  ;  car  après 
cela  que  refufera-t-il  de  faire 
pour  notre  falut  i 

Dépoiiillez- vous  du  foin 
inquiet  des  affaires  de  ce  mon- 
de, &  vous  ferez  comme  un 
athlète  prêt  à  combattre  pour 
Jesus-ChrisT.  Revétez- 
vousdes  armes  fpirituellesque 
vous  préfente  TApotre  ,  & 
vous  deviendrez  un  foldat 
Chrétien.  Délivrez-vous  de 
la  follicitude  des  chofes  de  cet- 
te vie ,  car  c'eft  ici  le  tems  de 
combattre.  Prenez  les  armes 
de  l'elprit  j  car  c'eft  contre  \Qi 
démons  que  vous  avez  à  fou- 
tenir  une  très-cruelle  guerre. 
Ainfi  ne  nous  chargeons  pas 
de  vétemens  ,  pour  ne  don- 
ner aucune  pri(c  fur  nous  ace 
dangereux  luteur  ,  qui  s'ef- 
force de  nous  renverfér  j  mais 
au  contraire  aimons- nous  de 
toutes  pièces  pour  ne  lui  lailler 
aucun  endroit  par  où  il  puifle 
nous  blelfer. 

Si  lorfquM  s'agit  de  nous 
guérir  d'une  maladie  corpo- 
relle ,  il  eft  necelfaire  de  s'y 


27. 

S«  dépoiiiî- 
1er  de  toute 
affection  ter» 
reftrc  pour 
mieux  réfiftoc 
au  démon. 


2S; 

Lagucri/bm 
de   Tame  de-* 
mande     un 
grand  foia*    / 


corps- 


16  Des    Homel 

appliquer  avec  tant  de  foin*, 
lorfqu'il  s'agit  de  guérir  no- 
tre ame  ,  &  de  rétablir  le  cal- 
me dans  notre  efprit  ,  quelle 
diligence  ne  devons-nous  pas 
apporter5&  quelles  recherches 
ne  devons -nous  point  faire, 
pour  trouver  des  remèdes  qui 
ibient  propres  à  de  fî  grands 
maux  ? 
iç.  Ne  vous  contentez  pas  de 

Jeûne  génc- faire  jeûner  votre  bouche  , 
cal  de  tout  le  f^gfs  qug  yos  yeux  ,  VOS  oreil- 
les ,  vos  pieds,  vos  mains,  & 
les  autres  parties  de  votre 
corps  jeûnent  aufTi.  Que  vos 
mains  jeûnent  en  s'abftenanc 
de  rapine  &  d'avarice  ;  vos 
pieds  en  n'allant  point  aux 
fyeà:ic\es  illicites  ,  vos  yeux 
en  ne  fe  répandant  point  avec 
tant  de  curiofité  fur  toutes 
fortes  d'objets  j  &  n'attachant 
jamais  leurs  regards  fur  des 
beautez  étrangères. 


jQ  Qii*on  ne  me  dife  pas:  Je 

On  inédit ,  «e  médis  que  quand  ce  que  je 
tjuoi  qu'on  dis  n'eft  pas  vrai  :  car  cjuoique 
dife  vrai  ,  en  le  mal  que  vous  dites  de  votre 
parlant  mal  prochain  foit  véritable  ,  c'eft 
du  prochain.  ^^.JQ^j.5    ^^  ^^.^^^  ^^,g  ^^  j^ 

dire.  C'eft  pourquoi  les  veri- 
tez  que  le  Pbariiien  difoit  ea 


lES 

getitia  :  multo  ma" 
Zii  cum  animam  eu- 

o 

retnus  ,  €7  cogita» 
tionibus  wedeamur  » 
ofnnta  fcrutari,  CT* 
cum  omni  fedulitate 
con/îderare     necejfe 

'fi- 


Non  os  tantum 
jefunet  ^fed  CT"  ocu- 
lus ,  CT*  audiius ,  CT' 
pedes  ,  C!*  rnattus  , 
Cif  omnia  corpcris 
rtojïra  membra  jeju" 
tient.  Jejunent  ma- 
nu s  à  rapina  ZU* 
avarttta  munda  ; 
jejunent  pedes  ad  il' 
UcitafpeOacula  cur^ 
fum  reprimentes  ; 
jejunent  oculi  dif- 
contes  nunquam  for- 
mo/îs  obtutihus  injî* 
lire  ,  nec  aliénas  eu- 
riosè  pulchritudinei 
jpeûare. 

Ne  quis  mihi  di' 
cat  3  tune  detraho  , 
quando  falfa  dic«. 
Nam  licet  vera  lo' 
quens  maledixeris  , 
er  hoc  ej}  crimen  : 
Etenim  Pharifaus 
ilU  SMcano  veri^ 
dieu  s 


AU   Peuple   d'Antioche.         17 
diiUi  maleâixit,fsd    parlant  du  Publicain  ,  ne  laif- 
tamen  hoc  tj>jinih;l 
profait. 


Déclara  charita- 
tem  erga  peccato- 
rem  ;  perfnade  ipjl 
^uod  confiilens  CT* 
curanSi  non  tradu- 
cere  volens ,  peccati 
ipfttm  commotjefacis; 
comprehende  pedes  ; 
ofculare ,  ne  ertthef* 
cas  3  fî  modo  verè 
mederivii.  Hxc  CT* 
mediâ  faciunt  fa- 
piui  diffiiiles  tegrotoi 
habenles. 

Non/olos  mnltdi' 
ventes  ^fedO"  aliis 
detrahiaudientes  ad- 
mûneoaures  ohjlrue- 
re  ,^  t'rophetami- 
mitari  dicentem: 
Detrahenrem  fe- 
cretopioximo  fuo 
huncpeiTcqiiebar. 
Vie  proximo ,  /^^èfi 
aiiquem  quem  Uh' 
des,aures  aperio  ,  ut 
nnguenta  ft4.fcif>iam\ 
fivero  maleiis  dice- 
re  y.zerhisingreffum 
obturo  i  non  enim 
Perçus  CT"  cœnum  ac- 
cipere  fujlineo. .  Cm- 
Toip.  I. 


îbient  pas  d'être  vraies  médi- 
lànccs  ,  &  ne  lui  ont  été  nulle- 
ment utiles  devant  Dieu. 

Faites  connoitre  à  votre  pro-        31. 
chain  la  charité  que  vous  avez      Coireclioa 
pour  lui  j  perfuadez-lui  bien  charitaLle. 
que  ce  n'eft  nullement  pour  1-e 
diffamer ,  mais  pour  le  fervic 
&  le  guérir  que  vous  le  repre- 
nez de  fbn  péché.  Jettez-vous 
à  les  pieds  ,  &  n'ayez  pas  mê- 
me honte  de  les  lui  baifer,/! 
cela  peut  fervir  à  fa  véritable 
converiion.    Les  médecins  en 
ufent  fouvent  de  la  forte  quand! 
ils  ont  àzs  malades  difficiles  à 
traiter.  -, 

Quand  on  entend  dire  d^u    Rejej^ér  Us 

1  de  Ton  prochain  ,  on  doit  médit.in«. 

ucher  Tes  oreilles ,  &  imiter 
l'exemple  du  Koi  Prophète, 
lorfqu'il  dit  :  Je  châtiais  celui 
qui  medifoit  en  ftcret.  Et  l'on 
peut  dire  au  médifant  :  Si  vous 
avez  à  ioiicr  quelqu'un,  je  vous 
écouterai  volontiers ,  &  je  fen- 
tirai  avec  plaifir  la  bonne  o- 
deur  de  ces  parfums  3  mais  fi 
vous  n'avez  que  du  mal  à  en 
dire  ,  je  ne  vous  écouterai 
point:  car  je  ne  puis  fuppor- 
ter  la  puanteur.  Ne  penfons 
donc  qu'aux  moyens  de  nous 
juftifier  devant  Dieu  de  nos  pé» 
chez  3  &  employons  toute  no^ 
B 


i8  Des    Homel 

tre  curiofîté  à  examiner  exac- 
tement l'état  de  notre  ame. 


'33.  Salomon  dit:  Si  vous  enten* 

Ne  point  di- f/fv  un  mauvais  difcours  ;  qutl 
vulguer  le  meure  devant  vous:  c\ik-à- àivc  y 
m.l  qu-cn  a  étouffez  le  ,  &  l'enfevclifirez 
OUI   dire  des    ,  in  '  r        /      iX-  ■ 

autres.  '^^'"^  ^^  iilence  ,   lans  loultur 

qu'il  aille  plus  loin  ,  &  qu'il 
paiTe  à  d'autres.  Mais  travail- 
lez au  contraire  à  empêcher 
que  les  autres  ne  foufi^^rent 
point  que  l'on  médifc  devant 
eux.  Si  donc  vous  avez  oui 
de  tels  difcours  ,  cachez-les, 
pour  le  dire  ainfi  ,  au  fond  ai 
la  terre  ,  &  enfevelifiez  -  ■■ 
dans  l'oubli  ,  zfin  que  vous 
foyez  comme  fi  vous  n'en  a- 
viez point  ouï,  &  que  rien  ne 
vous  empêche  de  paHer  avec 
tranquillité  la  vie  préfente. 

54.  Si  les  médifans  étoient  bien 

Coi.tre  la  perfiiadez  que  nous  avons  plus 
aacdifance.  (i'averfion  pour  eux  que  pour 
ceux  dont  ils  difent  du  mal  j 
fans  doute  ils  fe  déferoient  à 
la  fin  d'une  fi  mauyaife  ha- 
bitude ,  ^Is  fe  corrigeroient 
de  ce  mal  ,  &  louant  doré- 
uavant  leur  prochain,  ils  pu- 
tlieroieat    hautement   qu'ils 


I  ES 

remusnojfra,  quo*- 
ivodof>eccatorum  ra^ 
t'tonem  reddaniusyZP* 
curlofitntem  hanc 
circit  vitam  noJ}ram 
exhihsamus. 

Audilli  fermo- 
nem  ,./»^m/>,  mo- 
riatur  in  te.  Qutd 
ejï ,  wori.itrir  in  te  ? 
Extifif^ueiifiim,  de- 
fodito  ,  nec  exire  ne- 
que  peniiiis  mover^ 
permutas  ifcd  nuixi-* 
me  ffude  ,  nec  alioï 
quidem  dlcentes  ma^ 
le  tclerare  ;  quod  jî 
quandn  C^  JvfcepC'- 
ris  ,  infodito  ,  tnte-- 
rime  diflum  ,  ohli-  ' 
vioni  trade  ,  ut  his 
auÏ7;cn  audierintjî- 
tniUs  fias  ,  ^  cum 
milita p ace  (jir  fecu- 
ritaî?  prttQniem 
tranjîgas  vitam. 

Siddaiores  didi-^ 
cerint ,  quod  magît 
ipfos  qnàm  tucufatcs 
cverfemuT  >  €7*  ipfi 
tandem  in  hac  maia 
conf-ietudine  dsfif" 
lent  >•  C?*  peccatum 
corri^ep.t.  O'  lauda- 
buyit  poji  fxtc,  V^nct 

ipfos  ifftesfalvator*^. 


AU     Peu 

fi  fias  O'benefaéJo- 
res,  pr^ciicabunt. 

Sicut  benedicere 
C^  Uudare.awiiitU 
priftcipium  èjî  tjïcO* 
ma  U  die  ère  €7*  ca- 
l'tmniari  ,  inlnt'ci- 
</<«  ,  CT*  odli  CT"  /»- 
jxnarum  principit'.m 
ej},  iit<jue  dijcordta- 
r-um  maieria. 

Non  tantum  npec- 
catorum  noPrornm 
Hatura  ,  ftd  ex  jn- 
diiio  noOfo  de  aliis 
Deuifcnti-ntium  pro' 
feret  ;Noîitc  j'.idi- 
care ,  ne  jiidice- 
mini. 

Eifî  itnerem  come' 
damus  j  fJulLi  nohis 
afperje  ^Z)it£  htijus 
utilitasprodc^rit^  nifi 
detr.tciiofie  ahfnn?a- 
mus  :  Nv)n  enim 
cjusrincrant,  coin 
quinant  homi- 
nem  ,  fcd  cjiis 
exeunt  orc. 

Non  ditoht*i  am 
tribus  dl:b»5  fupph' 
Cafje  nohis  ad  defen- 
fionem  fufjlcu  j  f:d 
vit<e  mutatiofieynfie- 
rioportet,  ^  àma- 
UHa    dôffpèîites   in 


3^ 

Médif-Uics. 


PLE  d'An  Ti  OC  HE.  ip 
nous  font  redevables  de  Icuf 
falut. 

Comme  louer  &    dire    du 
bien    eft  d'ordinaire   la   pre- 
mierc  caufc  de  Tamitié  qu'on  p^"*!  j  "^/''l 
nous  poitej  aulii  dire  du  mr.lj^g 
&  calomnier  eft  la  matière  & 
le  principe  des  inimitié/. ,  des- 
haines 5  des  difcordes  &  des-> 
injures. 

Dieu  ne  nous  jugera  pas  Çqvl^        yë. 
lement  félon  que  nos  péchez  le    Ne  poinriu 
méritent  par  leur  nature,  mais  g-r  du  £>o- 
encore  plutôt  félon   le  juge-  ^haiii. 
ment  que  nous  faifons  des  pé- 
chez d'autrui.      Ne  J»gey  doue 
point  ,  afin  que  vom  ve  fayeyjfoint:^ 

Quand  nous  mangerions  no^ 
tre  pain  avec  la  cendre  ,  toute 
cette  mortification  nous  feroit  tioni'i"tJ^^"i 
inuiiie  ,  Ç\  nous  ne  nous  abile.-  médifant». 
nions  de  m.édire  de  notre  pro- 
chain :  puifque  félon  que  le 
déclare  notre  Seigneur  :  Ce 
rî^ejî pas  ce  qui  entre  dans  la  hoU' 
che  ,  mais  ce  qui  en  fort  ,  ^«> 
fûiiiVe  l'homme. 

Il  ne  fuffit  pas  pour  notre 
juftification  de  vacquer  à  la. 
prière  durant  quelques  jours  ^  "  .^^"^  ^ 
mais  .rfaut  changer  Je  vie  fc  '^^:Z^.. 
dépouîller  de  1  iniquité,  &  s  at- 
tacher inféparablemenr  à  la- 
vertu. .  Et  comme  il  eft  inutile- 
B  ij 


rr-- 


La  pcnireiî*- 
êrrc  ■ 


±0  DesHomeli 

à  un  malade  de  garder  trois 
ou  quatre  jours  durant  un  bon 
régime  ,  s'il  n'a  foin  de  s'y 
maintenir  durant  toute  la  fuite 
de  fa  vie  :  de  même  il  ne  fert 
de  rien  à  un  pécheur  de  fe  re- 
tenir durant  quelques  jours , 
s'il  ne  continue  toujours  à 
s'abftenir  du  péché. 


•jp;  Dieu  ne  punit  pas  toujours 

Craindre  le  pécheur  aufli- tôt  qu'il  a  pé- 
pour  les  pé-  ché  ,  mais  il  lui  donne  fouvcnt 
chez  (iont  on  le  temps  de  faire  pénitence  , 
n'a  pas  été  ^^p^^  ^^>-|  ç^  corrige  &  change 
chatic.  ^^.^  ^,.^^  Que  (î  voyant  que  nous 

n'avons  pas  été  punis  de  no- 
tre péché  ,  nous  ne  nous  en 
mettons  plus  en  peine  ,  nous 
«  imaginant  qu'il  efi:  eff icé  ,  il 
cft  bien  à  craindre  que  Dieu  ne 
nous  prenne  lorlque  nous  nous 
y  attendrons  le  moins.  Quand 
donc  après  avoir  péché  nous 
n'en  aurons  pas  été  châtiez  , 
ne  nous  croyons  pas  pour  cela 
en  fureté  ,  &  ne  demeurons 
point  en  repos  que  nous 
n'ayons  changé  de  vie  Que 
cela  même  de  n'avoir  point  été 
châtiez  de  notre  péché, nous 
devienne  plutôt  un  nouveau 
l'ujeç  de  craindie  >  dans  l'at^ 


ES 

virtute  permansrt 
continue.  Sicut  enirn. 
tegrotantes^  nijîfem' 
per  orâinatè  vixC' 
tint  ,  nulla  ipjîs  dif- 
ciplin£  per  très  attt 
quatuor  diesfervatte 
utllitas  ;  fie  çp'pec" 
cantes  nijîfemper  fo' 
hriifint,  nihil  ipfi. 
proderit  duoram  veL 
trium  dierum  cor- 
reéJio. 

Càm  peccaveri" 
mus  nonflatim  pec» 
catis  irruit  Deus  , 
fed  dat  poenitcntitt 
temptis  5.  ut  cotriga- 
mur  C^  ivutemur^ 
Si  vero  a^uod  non  pa- 
nas dederimus  ,  pec- 
catum  de!etum  ejje 
exifùmantes  conîen:-^ 
pferimus  ,  uhi  non 
pui^imtis  ,  ihi  poji 
htec  cmnino  capic 
mur.  Cùiv pecc/ive- 
rimtfs  erg^o  O"  non 
fuerimus  puniti  non 
conjîdamus ,  nijlfue- 
rimus  mutali.Itaqae 
fi pofi peccaium  non 
fueris  pitnitus ,  ma^ 
gis  time  pr opter  hoc 
ip/iim  ,  fciens  quod 

fiuiU  Dev  eft^  q  hâUz 


A  u   Peu 

to  t'élit,  iterum  ré- 


tribuer e. 


Homil.  4,  J^ri- 
cola  Utaïur  Umpef- 
tatem  cernem  ;  non 
enim  pr<t/entt<t  ref- 
picit  1  fad  futura  : 
non  refptcit  adful- 
mitia  ,  fcd  mcnipu- 
los  computat  ;  non 
gravem  imbrem  ,fed 
jucundtjjtnjam  are  a 
Z'entilationem.  lu- 
dem  CT*  noi  ,  von 
pr^fentem  [pePiCmus 
tribulattonem  ^  fed 
orientem  tx  ipfi  uti- 
Utatem^  ex  ipfa  naf- 
centem  frufium. 

Sipeccata  habeasy 
âejîruuntur  facile 
per  trihulaùonem  ; 
fi  vinutem^  tllujlra- 
tisper  ipfam. 


Si  continuû  vigi' 
les  ^  fobnus  fis  ^ 
tris  omni  tribula- 
tione  fuperior.  Non 
enim  tentationum 
7jatt*ra  ,  fed  tenta- 
urum  fegntiiçi  tni-^ 


PLE     d'AnTIOCHE.  2î 

tente  d'i-ne  plus  grande  puni- 
tion ,  qu'il  cil  facile  à  Dieu  de 
nous  envoyer  quand  il  lui  plai- 
ra. 

Le  laboureur  fe  réjoiiit  pen-        40. 
dant  les  plus  violens  orages  j    r>ans  la  trîk 
parce  qu'il  ne  regarde  passant  buUtion.fon- 
leprélent  que  l'avenir.  li  con- ^^^^  ^^  ^^' 
(îdere  peu  les  foudres  &  les'^"'^^^"   ' 
tonnerres,  il  ne  penfe  qu'à  la 
moiiron   qu'il   recueillera  :  il 
n'ell  point  incommodé  des  tor- 
rcnsde  pluycs  qui  tombent  du 
Ciel  5  paF<;e  qu'il  n'eft  touché 
que  delà  joye  que  lui  caufe  la 
penféc   de  voir   bientôt    Ion 
aire  remplie  de  grain.  Soyons- 
en  de  même  ,  &  ne  regardons 
pas  tant  les  tribulations  pré- 
lentes j  que  les  fruits  &   les 
avantages  que  nous  en  devons 
recueillir  à  l'avenir. 

Si  vous  confîdercz  le  péché,        ^ f; 
c'eft  la  tribulation  qui  a  la  for-    Utilitétle  k 
cède  le  détruire.  Si  vous  re- tribulation, 
gardez  la  vertu  ,  c'eft  aufli  la 
tribulation  qui  la  perfedionne 
&   qui  lui    donne  un   nouvel 
éclat. 

Si  vous,  êtes  toujours  vigi-         ^x. 
lant  &  fobre  ,  vous  jerez  fupé-     Veiller  ôc  fc 
rieur  à  toutes  les  tribulations,  fortifier  dans 
Car  ce  n'eu  pas  tant  la  nature  ^escencatia;!?. 
àçs  tentations ,  que  la  négli- 
gence &  la  lâcheté  de  ceux  qui    ' 
font  tçntçx  ;  qui  eft  la  caufs 


2-2  Des    Homel 

des  chutes. 

Comme  un  joiieur  d'inftiu- 
Pourqiioi     ""'^"^  "^  bandc  pas  trop  Tes  cor- 
Dieu  envoys  ^^^  ^^  P^ur  qu'elles  ne  caffentj 
fuccellive-      ni  aufiî  ne  les  laiiTe  pas  trop 
mentanxjuf  iaches,  de  peur  qu'elles  neren- 

tfsdes  tnrMi-  jgj^j.    y^,    f^^,^    j^^,^     ^.yj    blefle 


lacions  &  dzs 


«Oûfohtions. 


l'harmonie.  AuiTi  Dieu  en  nfe 


en  quelque  manière  envers 
nous  de  la  même  forte  Garil  ne 
permet  pas,  ni  que  nous  fbyons 
toujours  dans  la  tribulation , 
ni  que  nous  en  foyons  tou- 
jours exempts.  Il  ne  nous  en 
exempte  pas  toûjours^de  crain- 
te que  nous  ne  tombions  dans 
le  relâchement  &  la  négligen- 
ce :  Se  il  ne  nous  y  laifie  pas 
toûjouis,  de  crainte  que  nous 
ne  nous  iaiiiions  aller  au  dé- 
couragement &  au  defcipoir. 
Abandonnons  lui  donc  ie  foin 
de  faire  Hnir  nos  afSiiftions, 
quand  il  jugera  qu'il  en  efl  le 
rems •,  &  quant  i  nous ,  ne  nous 
mettons  en  peine  que  de  vivre 
dans  la  pieté  ,  d'entrer  8c  de 
perfcvérer  dans  la  voye  de  la 
vertu;  ce  doit  être  là  propre- 
ment notre  foin  &  notre  tra- 
vail j  &  nous  devons  laiifer  à 
Dieu  celui  de  nous  délivrer 
des  maux  qui  nous  preflent. 
Gar  comme  notre  relâche- 
^  ment  a  attiré  fur  nous  les  afflic- 
lions ,  il  faut  dperer  que  les 


nas  efjicerefolèt: 

Sicut  citharxiài 
neque  nervam  in"- 
tendit  ultra  moi -m  , 
ne  ahru^mpat  ;  nsc 
remitiit  ,  ne  har^ 
ntonix  concsntum  la- 
dut  -j  /te  DiUi  neque 
in  rem-ijjione  conti- 
nua j  ncque  in  Ion-- 
ga  trihuUtione  nof- 
tram  c»nj}ituit  aui- 
mam.  ....  Non  fini  t.- 
nos  continua  potiri- 
remilJïone  ,  ne  fe» 
^uiores  jiamits  ;  n^c 
in  continu  a  verfuri 
trif/itUtiove,  ne con- 
cidamus  aut  dej'pe* 
remus.  Jpf  i^itur 
adverjîiaiiifiniend£ 
tempus  relmquamusj 
nos  vero  tantttm  tn 
fanSlttate  Tiv-tnius, 
Opusenim  ncjlrum  ^ 
ad  virtutem  mu\a- 
ri  i  Dei  vero  opus 
malii  urgentihus  fi- 
nem  imponere  .  .  ,  . . 
Siiut  igitur  ex  rs- 
mifjîone  trihulatio 
faÙa  eflijîc  ex  tri- 
hulatione  remiffo' 
nem  expeOare  con- 
Denit.  . . .  Erit  eniin 
tmiljîo  sfiinmhtft 


AU    Peu 
laiione  Deo  ^raiias 
femper  agamm. 


Quidam  funt  in- 
ter  fe  cihorum  ahjli- 
neniia  awttluutes  y 
CP*  mirabilem  ccn- 
tentionem  faaentes  : 
e?*  ht  Q'iidem  inte- 
groi  duoi  dtestrarjl- 
^untiejuvi  ;  ht  vero 
non  vint  tantum  ZD* 
âlei  y  fed  C  omyiis 
fer  euh  vfum  à  fua 
rr.enfà  rejicienies  ; 
pane  CT*  aqaa  uteti' 
tei  (T^tmtaxat ,  cjua- 
dragejîmam  omnem 
expedtiwt. 

Exiretfj£  demeft' 
tie  crimcn  Cnhi-ûVis , 
pn-ohiluia  qu'dem 
coiîterrvientsi ,  circa 
indifferetjîia  vero. 
omne  (iudiutn  a.dhi.- 
hentes, 

Homil.  5.  Quo- 
modû  non  tibi  turpe 
propter  mortem  dole- 
re  ?  Paultis  ■Deropro- 
pterprefentem  geme' 
éat  vifam. . .  .  Infi' 


P  L  E     d' A  N  T  I  O  C  H  E.  2  f  ' 

afHjâ:ions  feront  fiiivies  de  la 
tranquillité  &  de  la  douceur  ; 
&  nous  rejfTcntiions  fans  doute 
de  radoncilfemcnt  dans  no» 
peines,  f\  r.ous  ne  celions  à'y 
rendre  toujours  nos  aâiions  de 
grâces  à  Dieu. 

Il  y  en  a  qui  s'animent  à 
l'envie  à  Te  lurp^fler  les  uns 
les   autres  en  abftinence 


44. 

Ahltinence- 

o,  des   prfiiiiers 

liecies  del'Ê- 


qui  font  pour  cela  de  grands    ^.^^J 
ciForts.    Les  uns  palfent  fans  ^ 
manger  deux    jours    entiers  y 
les  autres  s'abliiennent  dc.l'u- 
(age  non  feulcaiept  du  vin  &. 
de   l'huile  ,    mais    même  de 
tout  autre    mets  ,  &  jeûnent 
tout  le  Caiéme  au  pain   &  à. 
l'eau. 


G'cH-  ime  iolie  extrême  &        45'-      , 
bien  crmunelle   de  ne  pas  fe  Scn.pulctû- 
foitcier  des  chofcs  qui  fontdé-  ^"^^^' 
fendues ,  &    d'appliquer   tous 
fes  foins  à  Toblervation  des  in- 
différentes. 

N'eft-cc  pas  une  honte  aux         4^' 
Chrétiens  de  s'afïiiçer  de  mou-  ^ ,  Co""«  '^ » 

rir  ,  voyant  que  ^Saint  Paul  ^'\^^^^^"^^"» 
-,  m  ■     1       •  Ti     n.         •  craignent 

s'aftligcoit  de  vivre.  II  eft  vrai  troplamo.-ft- 
que  Its  infidelles  ont  raifon  de 
craindre  la  mort  ,  parce  qu'ils 


24  Des     Homel 

n'ont  pas  refpérance  de  ref- 
fufciter;  mais  pour  vous,  qui 
devez  palier  en  mourant  à  une 
meilleure  vie  ,  êtes  -  vous  di- 
gne de  pardon  5  fi  nonobftant 
refpérance  de  la  réfurredion  , 
vous  craignez  de  mourir  com- 
me fi  vous  ne  croyiez  pas  de 
rcirufcicer  un  jour  ? 


I  E  f 

deles  qtnctem  mefiù 
timent  mortem ,  re- 
furreilionis  enim 
fpem  non  hahenl  ;  tté 
ZiCiO  ad  ntèliorem 
vadens  vitam ,  qua 
dignus  es  venia  ,  de 
reji'.rrefiioneejuidsm 
confidens  ;  •O'  ut  nofi 
credenies  refurreùHo- 
nem  ,    mortem   ti^ 


47. 
On  craint 
la  mort  ,  par- 
ce qu'on  ne 
ftnCs  pas  à 
l'autre  vie. 


4&. 

Qui  craint 
Vcnkr  ,  ne 
craint  point 
^'auue  mal. 


Voulez-vous  fçavoir  ce  qui 
nous  fait  craindre  de  mourir  ? 
G'eil:  que  nous  ne  fommes  pas 
pénétrez  de  l'amour  du  ciel , 
c'eft  que  le  defir  des  biens  (a 
turs  ne  nous  touche  point  : 
car  autrement  nous  n'aurions 
que  du  mépris,  ainfi  que  TA- 
potre  ,  pour  toutes  les  chofes 
préfenres.  Ce  qui  faitaufîîque 
nous  craignons  trop  la  moi  t , 
c'efl  que  nous  ne  craignens 
pas  affez  l'enfer  :  c'elè  que 
nous  ne  connoillons  pas  afl'ez 
la  grandeur  intolérable  de  ces 
peines  ;  &  ainfi  nous  appré- 
hendons la  mort  comme  la 
feule  peine  de  nos  péchez. 

Si  la  crainte  des  fupphces 
éternels  étoit  bien  gravée  dans 
notre  ame ,  elle  en  excluroit 
fans  doute  toute  crainte  hu- 
maine. De  forte  que  fi  quel- 
qu'un s'étudie  d'avoir  le  fou- 


f^uhîs  dicam  un- 
de  ttmemus  mor" 
tem  ?  Non  zulnerat 
noi  nnié-iwcr  ;  non 
noifutuyaTHm  umov 
accendit  :  a'.icquin 
preefentia  dtfpicere- 
vjus  omnia  ,  Jïcut 
beatus  Paulus.  Ad 
h^c  non  timinna  z^~ 
hennam  ,  pro^tcrea 
mortem  :  fttpplicii 
iniolerahilem  gravi* 
talem  non  novimuSy 
proptcrea  propeccata 
mortem  limemtts. 


Si  fttluri  fiippli' 
cii  timor  in  anima 
remanjfjjet,  omntm 
timorem  humanum 
obfcuraffet.  Itaqtte  fi 
quis  gehennxfempet 
memini£i 


Al/    Peu 

tKemimJJe  Ulàr:t  , 
omncm  mortcm  deri- 
debit  ,  CT*  non  pr£- 
fenti  taniàm  (în;ni[}tn 
Uberahitur  ,  fed  ep* 
ab  illâflamma  eripie' 
tur. 


Fueri  larvas  qui- 
dem  liment  ,  tirnem 
vero  non  liment . . .  . 
5*/^  quidem  CT*  nos  ti- 
memiis  mortcm  qu<e 
eji  larva  contempt» 
digna  :  peccaium  ve- 
to non  îimemus  , 
qtiod  efl  verè  timen- 
dum. 

Aliam  caiifampro- 
pter  qtiàm  mortem  ti- 
memuK  vis  comme' 
morem  ?  Non  vivi- 
mus  cum  diligent lâ  , 
non  hahemus  confcien- 
tiam  puram  ;  quod  fi 
hoc  effet ,  mJ)d  nos 
mors  tenuijjet. 


Mortem  lugere  o- 
mittens  y  luge  peccw 
ta ,  ut  ipfa  deleas  : 
propler  hoc  enim  tri' 
flitia  fafla  efl  ,  non 
Ut  ùb  jaCturam  pe- 
Tom.  I. 


4P'  . 

Ou  cràiHC 


dre. 


P  L  E    D'A  N  T  I  O  C  H  E.  IJf 

venir  de  i'Enfcr  toujours  pté- 
fent  en  l'elprit ,  ii  n'aura  plus 
de  peine  à  fe  mocquer  de  Ja 
more  -j  &  amfî  il  ne  fera  pas 
feulement  délivré  de  l'in- 
quiétude que  lui  caufoit  cette 
crainte,  mais  encore  pi çfcr- 
vé  de  ces  fiâmes  qui  fuivcnt 
la    mort. 

Les  petits  enfans  craignent 
les  mafqiies  ,  &  ne  craignent 
point  le  fe^{.  La  plupart  des  ce  qui  n'cit 
hommes  en  font  de  même  :  P^s  à  cr^i»- 
ils  craignent  la  mort  ,  qui 
n'eft  que  comme  un  mafque 
digne  de  mépris ,  &  ils  ne 
craignent  pas  le  péché,  qui 
cii  la  feule  chofe  véritable- 
ment à  craindre. 

Voulez-vous   fçavoir   une 
autre    raifon    qui    nous  fait 
craindre  la  mort  ?  Ceft  que  hmort,p<u- 
nous  ne  vivons  pas  avec  l'exa-  i  e  qu'on  n'a 
âittide  &  la  piété  que- nous  P^*  ^'?''^  de 
devrions  :  c'eft  que  nous  n'a-      "  vivie. 
vons  pas  alfez  de  foin  de  pu- 
rifier notre  confcience  :  car 
fî  nous  eftions  en  cet  état , 
nous    ne   ferions   nulkmenc 
épouvantés  de  la  mort. 

Au  lieu  de  vous  affliger  de 
la  mort ,  affligez-vous  de  vos 
péchés,  afin  de  les  ettacer  j  s'àeflv.rquc 
car  c'eft  pour  cela  qu'eft  in-  du  péché', 
ftituée  la  trifteffe ,  &  non  pas 
pour  pleurer  la  perte  des 
C 


On  ci-3iij{ 


On  ne  dolc 


tS  De^Homeltes 

biens  ,  ou  la  mort ,  ou  quel-    CHniarum^no'Jol- 

qu'autre  accident  lembiable. 

tt  en  eftec  vous  fcavez  que  les 

remèdes  de  la  médecine  ne 

font    deftinés   que    pour  les 

maladies  qu'ils  ont  la  vertu 

de  guérir,  &  non  pour  cel- 
les aufquclles  ils  ne  peuvent 

donner  de  foulagement. 
Le  péché  engendre  deux 
la  tnfteffe  maux  en  nous ,  la  triftefle  & 
?C  la  mort  la  mort.  Du  jour  qtte  vous  man- 
font  las  eftets  gerfijie  ce  fruit ,  dit  TEcritu- 
&  la  dcftru-  re  ,  voui  fere:^fujet  à  la  mort  : 
_<lion  du  pé-  pyJ5  en  s'adreliant  à  la  fem- 


me  :  P^'ous  enfantere:!^  avec  dou- 
leur :  Cependant  c'eft  par  ces 
deux  chofes  mêmes  que  le 
péché  a  été  détruit ,  &  ce  dé- 
teftable  Pérc  a  été  exterminé 
par  fes  enfans.  Car  comme 
un  ver  qui  nait  dans  le  bois  , 
le  ronge  &  le  mange  :  ainfi 
la  tnfteire  &  la  mort  que  le 
péché  a  caufées  ,  le  détrui- 
fent  enfuite. 

^5.  Les  Rois  ne  font  pas    fi 

11  eil  plus  glorieux  par    la    défaite  de 

glorieux    de  [ç^^^s  ennemis  ,    que  par  la 

vaincre     fes  vidoire   dc   leurs  pâmons  : 

paOions  que  ^^^  ^^  ^^^  ^^ç^^^  d'armes  & 

de  foldats  pour  furmonter 
leurs  ennemis  j  mais  la  vi- 
doire  de  leurs  partions  eft  un 
trophée  qui  n'çil  que  pour 


its   cnnerois. 


tem,  nec  oh  ullam  a- 
liant  îalem  rem  d'jleu- 
mus.  .  .Remedi^tpro" 
pter  illos  taniitm  mor- 
bos  faflafuntquosioU 
1ère pojjunt  )  non  pro' 
pter  illos ,  quoi  nihil 
adjuvare  pojjunt. 

Duo  hac  nobis  /^e- 
périt  peccatum,  tri-^ 
flitiam  CT*  rt}crtent, 
Quacumq;  enim  die 
comcdes  ,  inquit , 
morte  morieris  ;  o* 
ad  muUerem^  in  do- 
loribus  paries  filios: 
CT*  per  htec  utraque 
peccatum  fujîulit  ,  C7* 
à  filiis  matrem  deleri 

curavii Sicttt 

Vermis  ex  ligvo  nafci^ 
tur  CT'  tllud  roiit  ZD* 
comedit  i  fie  C?'  tri* 
flitia  CT*  mors  de  pec- 
cato  natx  funt  CT*  pec 
catum  abfumunt. 

Homil.  6.  Non 
tam  clarosfacit  Reges 
hojies  vincere  »  quàm 
animum  C  tram  fu- 
perare  :  illic  enim  ar* 
morum  CT*  miltium  o- 
pus  gerttur  ,  hic  vero 
tuumfolius  Jîmpli  citer 
troj>hxMm  ,   Ç^  bahes 


AU     PiU  p 
werr.inem    q:4i    tecum 

f^artiatur, 

Mortem  timemm  .  . 
qutà  non  viz^imm  in 
afperitate  Chrijlianis 
congruây  fedfactlem 
hanc  CT*  folutam  CT» 
mollem    amamus  vi- 
tant ,  idcirco  CT*  pr^- 
fentibus      oble^amur 
rebui ....  QuocLjlin 
jejuniis  CT*  pernofla- 
tionibus  hanc    vitam 
tranjrgeremui  ,  cupi' 
ditates  nojitas  pr^ci- 
dentcs  abfurdus ,  /«*- 
dores   virtutis   fufii- 
nentei    ,       fecundtlm 
Paulttm ,  corl?us  cafli- 
gantes  CT*  in  fervilu- 
tem  redigentes ,     an- 
giifiam  CT*    confrago- 
fam  tenentes    viam  > 
cito  ffttura  concupifce~ 
remus ,  prtfemibus  li- 
ber ari  laboribus  fejii- 
nantes. 


On   craint 


L  E     d' A  N  T  I  O  C  H  F."  2/ 

eux  ,  &  une  gloire  de  fagel- 
fc  Se  de  vertu  qu'ils  ne  par- 
tagent avec  pcrfonne. 

Nous  craignons  la  mort , 
parce  que  nous  ne  menons  pas 
une  vie  aufli  auftére  qu'il  le-  l*"!"''^»  P-'^- 

roit  convenable  à  des  Chré-  ^-^q^o""^^" 
-,  ne     une    vie 

tiens  -,  &  qu  au  contraire  nous  it^qU-, 

aimons  une  vie  agréab^j  mol- 
le &  relâchée.  C'cft  pour  cela 
que  nous  mettons  notre  joyc 
dans  les  biens  préfens.  Que  (î 
au  contraire  nous  pafllons  cet- 
te vie  dans  les  jeûnes  &  dans 
les  veilles  ^  fi  nous  retran- 
chions nos  folles  cupidités  j  G. 

nous  foutenions  les  travaux 

qu'exige  de  nous  l'exercice  de 

la  vertu  j  fi ,  à  l'exemple  de 

l'Apôtre  5   nous  chàtiycns  notre 

corps  CT*  le  redui/ions  en/erz;itude  S 

fi  nous  fuivions  la  voye  étroite 

&  raboteufe  qui  mené  à  la 

vie  5  nous  ferions  bientôt  en- 
flammés du    defir  des  biens 

avenir ,  &  nous  nous  hafte- 

rions  de  nous  délivrer    dcç 

peines  de  la  vie  préiente. 


Froptereà  Deus  la- 
horiofam  naturaliter 
vttam  nojîram  C7* 
gravem  conjlituit  ;  ut 
prtefenti  tnbulatione 
cornpttlft  ,  faturorum 
'iefiderium  c*r.piamus„ 


Dieu  a  voulu  que   notre        Çf.' 
vie  (ur  la  terre  fuit  pénible      ^^^^  ^^oms 
&  laborieufe  ,   afin   que  les  ^"y^>;^     ^-^ 
tribulations    préfentes    nous  ^*7'r**°"n3js 
filTent  defirer  les  biens  avé-  5vfta^.h?  "ïu 
nir.    Et   en  effet  ,    fi  avec  monde, 
tous  les  fujets  de  foUicitu- 
Ç  ij 


z2  DesHome 

des,  de  craintes  ,  de  trilkt- 
les  ,  &  de  douleurs  que  nous 
fournit  cette  vie  ,  nous  ne 
laiifons  pas  d'y  être  iî  fort 
attachés  i  comment,  fi  elle 
■  n'étoit  accompagnée  de  tous 
ces  maux  5  poumons -nous 
jamais  être  touchés  du  defir 
de  la  ^e  future  ?  Dieu  en  a 
aulli  ufé  de  même  à  l'égard 
des  Juifs. 

<6.  Pourquoi  s'attacher  avec 

Keconfide-  un  fi  violent  amour  à  la  vie 
rerUviepré- préfente  ?    puîfqu'elle    n'eil 
lente  que  par  bonne  qu'en  ce  qu'elle  nous 
rapport  a  la  ^^^.^  ^  j^  ^-^  f^^^^.^       ^ 
futurs»  ,    n  '        .    T 

c  eit  comme  une  carrière  , 
au  bout  de  laquelle  nous  re- 
cevrons le  prix  de  la  courfe. 
Sans  cela  la  vie  feroit  mille 
fois  plus  miferable  que  la 
mort  :  &  fi  en  vivant  nous 
ne  nous  rendions  agréables 
à  Dieu  ,  il  vaudroit  beau- 
coup mieux  que  nous  fulTions 
déjà  xnorts. 

'5f7-  On  n'eft pas  feulement  di- 

SouiFrir  a-  one  de  louanges  quand  on 
vecpaticn«,^  ^-^^  quelque  chofe  pour 
V  eft  prefque  ->,.  A     .  ^  «^ 

autant  que^^^eu  ;  mais  quand  on  fup- 
fouftrir  pour  povtc  avec  générofité  &  pa- 
piçut  tienceles  perlecutions  inju- 

res qu'on  nous  fait ,  &  qu'on 
çn  rend  grâces  à  Pieu  qui  le 


LIES 

Si  enim  cùm  Jint  tôt 
trifiia  ,  CT*  pericttLi  , 
CT'  îimortSj  CT*  cura 
r.os  ttndtque  circum- 
euntes  ,  tàm  libsnter 
pnfenti  immoramur 
vit£  i  fi  nihil  horum 
ejjet ,  cjuando  unquàm 
futura  dificleraremus. 
Sic  ^  ^Hi<£ii  Deus 
fectt. 

Qu<e  utilitas  nimi» 
rnm  pr^ftntis  viu  c«- 
psdit.^.ti  adhitrere -  ? 
Fi$  difccre  quare  bo' 
num  fil  pi-jtfens  vîta  ? 
Quià  nobii  vit<e  futH^ 
r£  materia  effuitur  , 
CT*  fiudium  habcnda^ 
rum  illic  corouarum 
eft  :  qiiod  uifi hoc  no- 
bispr&beret ,  innume^ 
ris  martibui  effet  mi" 
ferabilior.  Kifi  enim 
viventes  ùeo  funius 
flacitim  ,  welitis  e(i 
obire. 

Non  tantùm  pro' 
pter  Deumpaiiens  lau» 
dem  meretur  ;  fed  zy 
tnjufè  quicquam  pa- 
titns  C?*  generose  fe- 
rensy  Çp'Deopernnt- 
tenti  grattas  agens  , 
alto  héscfropter  Deu'ji 


AU    F  E  U  P 
patiente  non  efi  mfe- 


Magnum  fuppUcium 
peccare  ,  etiamjî  non 
puniamitr  :  peccata 
€iiim  nos  à  Deo  fepa- 
rant  ;  ficut  CT'  tpfe  di- 
cii  :  Nonne  peccata 
vcllra  ieparant  in- 
tcr  vos  &  me  ?  Pœ- 
7i£  vero  nci  ad  Deum 
producunt . . .  Pecca- 
tum  Janiei  efl  i  pœna 
ferrum  médicinale.  Si- 
eut  igitur  fantem  ha- 
hens  y  Q!^  fi  non  feca- 
tuty  malè  habet  :  G^ 
cum  nonfecatur  ,  tu>nc 
efi  in  majoribHS  ma- 
lts ;  ità  peccans  , 
eiiamji  non  puniatur , 
§mnium  efl  miferri- 
mus  •  CT*  tune  maxi~ 
mèmifur  cum  non  pu- 
nitur. 

Homil.  7.  Beus 
cum  nullis  ajfeélibus 
Jit  ohnoxius  ,  Jîve  be- 
ncfactat  ,Jîve  puniat, 
Jtmiliter  efi  bonus  ,' 
tiec  regno  minus  ge- 
henn<t  comminatio 
honitalem  ipfîus  de- 
nionjlrat  j  nam  nijî 
pçcnam'   preparajjet  , 


L  E    d' A  N  T  T  O  C  H  B;  ±p 

permet  ,   on  ne   mérité  pas 

moins  que  celui  qui   foutfie 

pour  la  caufe  même  de  Dieu. 

C'eft    un    grand   fupplice         -g 

que  dépêcher,   quand  me-    u^échctil 

me  l'on  n'en  (eroit  pas  pu-  un  fc.ppiice  , 

ni  :  car   le    péché   nous  fé-  ôc    ia   pcin» 

pare  de  Dieu  ,    ainfi  qu'il  le  un  remsde, 

marque  par  ces  paroles  :  Fos 

péchey  ne  vous  fcparejit  -  ils  pas 
de  moi  ?  Au  lieu  que  les  pei- 
nes nous  en  raprochent.  Le 
péché  eft  un  amas  de  corru- 
ption -,  &  la  peine  eft  com- 
me un  fer  favorable  qui  lui 
donne  iffuë.  Comme  donc  fï 
l'on  n'ouvre  point  un  abcès, 
le  malade  en  fouffre  bien  da- 
vantage j  de  même  le  pé- 
cheur eft  beaucoup  plus  mi- 
ferable  quand  Dieu  ne  le 
punit  pas. 


Comme  Dieu  n*eft  fufce-    „  .f^/  , 

.,  ,        ,,  iJtilite  des 

ptible   d  aucun    mouvement  ^^,,,^^,3  ,j,,^ 
de    paflion ,    foit   qu'il  falîé  Dieu      nous 
du  bien,  on  qu'il  puniflc  ,  il  fait, 
eft  toujours  également  bon. 
Les  menaces  des  châtimensde 
l'Enfer  ne  font  pas  moins  pa- 
roiftre  fa  bonté  que  les  pro- 
meiîés  du  Royaume  du  Ciel. 
Car  s'il  n'avoit  préparé  des 
C  iij 


30  Des    Home 

peines  pour  les  pécheurs,  & 
s'il  ne  les  menaçoit   de  les 
châtier  ,   il  y  en  auroit  peu 
qui  puflent  obtenir  Ton  Roy- 
aume :    parce  que  les  pro- 
raelles  du  bien  n  ont  pas  tant 
de  force  pour  porter  au  bien  , 
que  les  menaces  du  mal  ea 
ont  pour  nous  obliger  par  la 
crainte  à  prendre  foin  de  no- 
^o.        ïrc  amc. 
Ne  s'occu-      Ne  foyons  point  occupés 
per  que    de  des  richeiTes  qui  font  pcrif- 
fon  falut.       fables,  ni  de  la  gloire  qui 
eft  inconftante  ^  m  du  corps 
qui  eiî  mortel ,  ni  de  la  beau- 
té qui  eli  palfagérc  ,    ni  dts 
plailîrs  qui  nous  échapent  j 
mais    appliquons    tous   nos 
foins  à  légltr   notre  ame  , 
&  employons  tous  les  remè- 
des poflibles  pour  la  guérir. 


éil  Comment    oferons-nous 

Eftre  pur  recevoir  le  faint  faerifîce  fur 
l>our     f^°iT^-  cettQhngue,  dont  nous  nous 
mumer.         fommcs  Ci  malheureufement 
Co'ritre  les  ^^'^^^  ^  violer  la  loi  de  Dieu 
U/réri^ua.     ?^^  ^^^  juremens  &  des  par- 
jures ?  Si  perfonne  n'eft  affez 
hardi  pour  toucher  à  la  pour- 
pre royale  avec  des  mains  fa- 
ies  &  pleines  d'ordures ,  com- 
ment  aurons- nous   l'impu- 


LIES 

m/l  gehemam  mi- 
nât us  ftnjjct  ,  non 
mulii  re^num  afjequi 
pûtufjjsnt.  Non  entm 
ità  bonorum  promif' 
fio  ad  virtutem  mul- 
toi  evocat ,  ut  maltn 
rum  intentatio  tfmore 
compellit ,  C?*  ai  ani' 
ma  curam  excitât. 

Uom'ilS.Nonfttf 
deamus  circà  fecH" 
nias ,  qi4£  perettnt  i 
tteque  circà  gloriam 
g«<  extingnitur  i  nom 
circà  corpus  quod  fe- 
tiefcit  i  non  circà  pul" 
cbritudinem  qu^t  mar- 
cejjtt  i  non  circà  deïi' 
cias  qux  defluunt  ifed 
circà  animam  omnem 
curam  impenàamus , 
€7*  hanc  omni  modo 
curemus, 

Hom.  11. Quoma- 
dofanéfumfufi  ipiemui 
farrifiAum  ,  Unguâ 
ma  qttà  legem  D<:i 
concuUaverimus  ?  .  .  , 

Si  nemo  purpuram  re- 
galem  manibus  acci- 
père    inquinatts    aw 

dèret  »  quomodo  Do* 

minicum  corpus  lin- 
guà  polluià  [ufcipi^" 

mm  t 


AU  Peuple    d'Aktioche."  52 

dence  de  recevoir  fur  notre 
langue   le   corps  même    du 


Homil.  1^.  Sicut 
pneri  Uqueos  terra , 
(7c  diaboliés  mt£  VO' 
luptatibui  peccata  cir^ 
nmiexit.  St  lucrum 
cccurrerit ,  aui  volup- 
tas  »  Jive  confit  Ut 
^fiifpiam  ,  Jtve  adi*- 
leturyfiv€  obfequatur, 
Jîve  honores  poiUcea- 
tur ,  /îz)€  quodcumque 
aliud ,  omma  cum  di- 
Ugentiâ  examinemus , 
ne  forte  penculum 
aliquod  nobis  eveniat 
. . .  Agnofce  quod 
in  medio  laqueo* 
rumpercranfis.  Non 
dieu  juxtà  laqueos  y 
fed  in  medio  Uquco- 
rum.  ,  .  In  domo  ,  la- 
quei  J  tn  mensây  la» 
quel  ')  in  conctonièus  , 
laqneù 

Qui  ajcendit  in  al- 
tttm  ,  non  arnpliiis 
ullam  rerum  admira^ 
hitur  hitmanarum  i 
Jed  ficm  citm  mon- 
tium  'verticem  afccn» 
derimus  ,  parva  no- 
èii  mosiiia  ejje  viden- 


Seigneur 

Comme  les  enfans  cou- 
vrent de  terre^fcpiéges  qu'- 
ils tendent  ^Br  même  le 
démon  déguilc  le  péché  fous 
l'apparence  de  la  volupté.  S'il 
fc  piéfente  une  occafion  de 
profit  ou  de  plaifir  ;  fi  Ton 
nous  donne  un  confeil ,  fi  l'on 
nousfiûtte,  fi  l'on  nousobéir^ 
fi  l'on  nous  p;omet  des  hon- 
neurs ,  &  enfin  quelqu'autre 
chofe  que  Ton  nous  propofe  a 
examinons -là  d'abord  avec 
un  foin  très-exad,  de  crain- 
te que  cela  ne  nous  expofe  à 
quelque  danger.  Reconnoif- 
fons ,  félon  que  parle  l'Ecri- 
ture 5  que  nous  marchons  an  mi" 
lieu  des  pièces.  Elle  ne  dit  pas 
auprès ,  mais  au  milieu.  Car 
on  trouve  des  jxiéges  dans 
les  maifons  ,  on  en  trouve 
à  la  table  ,  on  en  trouve 
dans  les  afiemblées ,  &  gé- 
néralement par  tout. 

Celui  qui  aura  une  fois 
élevé  fon  ame  aux  chofes  du 
ciel  5- fera  incapable  de  plus 
rien  admirer  fur  la  terre.  Et 
comme  lorfqu'on  eft  parve- 
nu au  fommet  de  quelque 
haute  montagne  ,  les  plus 
hauts  édifices  nous  paioif- 
Giiij, 


Qiiand  G^ 
eft  élevé  au 
deflus  du 
monde  ,  il- 
nous  paroiU- 
peudechofiy 


64. 

La  raifon 
ne  lert  plus 
<jU2!îd  on  ell 
pris  p.'ir  la 
yjaiCon. 


Evjrer  juf- 
qu'aux  pre- 
Tiieres  occa- 
iions  du  pé  - 
rhé. 


3  i  D  E  s   H  o  M 

itntbas,  &  les  homir.es  pe- 
tits comme  des  fourmis  ;  de 
même  ouand  l'ame  s'eft  une 
fois  élevée  à  la  fubl;me  phi- 
lofophic  djUliriftianiTme  , 
rien  n'eft  pflRpable  de  l'é- 
mouvoir, &  toi.tes  les  ri- 
chefles  du  monde,  tous  fcs 
honneurs  ,  toute  h  puiflan- 
ce  5  &  toute  fa  gloire  ne  lui 
paroiifent  que  comme  de 
très-pctires  chofcs  à  U  vue 
de  celles  du  Ciel. 

Comme  les  ailes  ne  fer- 
vent plus  de  rien  à  un  oifeau 
des  qu'il  eit  pris  dans  un  fi- 
let ;  de  même  la  raifon  vous 
deviendra  inutile  ,  fi  vous 
vous  lailTez  une  fois  prendre 
à  quelque  forte  cupidité. 
C'eit  en  vain  après  cela  que 
vous  vous  débattez  pour  vous 
échapper  ,  car  vous  êtes  pris. 
Aufh  comme  les  ailes  ont 
été  données  aux  oifcûux  pour 
leur  fervir  à  éviter  les  filets  ; 
de  même  la  raifon  a  été  don- 
née aux  hommes  pour  leur 
faire  fuir  le  péché. 

Connoiiions  les  précipices, 
afin  de  ne  nous  en  pas  ap- 
procher. Et  en  effet  nous  fe- 
rons dans  une  grande  aflii- 
rance,  fi  nous  avons  la  pré- 
caution de  fuir   non  feuk- 


tur ,  zy  formicarum 
more  ziri  ;  Jîc  pop- 
quàm  ai  cel/am  phi- 
lofophix  co^itattoUtni 
afcenderis  ,  nihtl  ter- 
renorum  te  percellere 
poterit,fedparva  vtdé- 
buntur omnia  ,  CT  di' 
vil  ta  j  CP'  ^loria  ,  O* 
potentia  ,  CT*  hoticr  ^ 
CT'  fiquidaliud  ejuf- 
modi  y  cùm  caUJÎia 
refpictas. 

Sicut  avicuU  /rf- 
queo  capta  alarum 
Militai  nttlla  i  ità  ti- 
bi,,  nulla  ratiocinatio^- 
num  utilitas ,  Jl  ab 
improha  penitus  eu- 
pi  dit  ate  captas  Jîs  ; 
ftd  quamumcumque 
refilteris,  cap  tus  es. 
Proptereà  aU  funt 
aticulis ,  ut  ejfw 
^lant  laquées  ;  prop' 
tereà  ratiocin/itiovcs 
hontinihus  ,  utpeccu" 
ta  fugiant. 

AgHofcamus  pr^ci^ 
pitia  liée  appropin- 
que/nus.  Maxime  fe" 
curitalis  nobis  erit 
Dccafio  ,  non  tanttim 
p<(C(iia  fugere  ^  Jed 


AU  V  EU 
V  qu£  videnthr  mé- 
dia qnidem  e/p  ,  ad 
pecciita  Vdro  nos  in- 
ducitnt  CT*  fuf/fylan- 
tant .  . .  Jocofu,  dice- 
re  ver  bu  ,  exempli 
ctiufa  ,  non  manife- 
Jlum  qnidem  pecca- 
tttm  ej]e  vtê.eiur  ,  fsd 
in  maniftPum  crimen 
inducit.  Nempè  fe- 
fiài  ex  riftt  turpia 
nafcuntttr  verba  i  à 
turpibui  vero  verbes  , 
aéliones  turpiores . .  . 
In  theatra  afcendere 
non  videtur  multis 
peccatum  ejfe  mani- 
fefium  ,  fed  infimta 
viu  m  a  la  folet  in- 
ferre.  Etenim  m  thea' 
tris  immoratio  forni- 
cationem  ,  petulan- 
tiam  ,  CT*  omnem 
incontinentiam  pepe» 
rit. 

Ne  tantpi,m  iiàque 
peccata  fn^iamtts  , 
Veritm  C?"  apparent ia 
qui  de  m  ejfe  ù^idpo- 
(^  CT*  mciia ,  paula- 
tim  vero  in  h^c  pec- 
cata -nos  penrahen- 
tia.  Nâmque  jux- 
tH  pracipitium  va- 
d-.ns,    quamvii    non 


PLE    d'AnTIOCHB.  JJ 

ment  le  péché,  mais  encore 
toutes  les  occafîons  qui  nous 
y  portent  ,  &  qui  nous  y 
peuvent  faire  tomber.  Par 
exemple  ,  dire  des  chofes 
d'unj  manière  enjouée  ik  di- 
vertîirante,  cela  ne  paroift 
pas  fort  mauvais  j  cependant 
ces  fortes  de  plailanteries 
nous  conduifent  fouvent  juf- 
que  dans  le  crime  :  car  on 
paffe  d'ordinaire  des  éclats 
de  rire  à  des  paroles  diHo- 
lues,  &  de  ces  difcours  def- 
honnétcs  à  des  adions  quf 
le  font  encore  plus.  Il  en  eft 
de  même  des  fpedacles  de 
théâtre  ,  où  plufieurs  ne  s'i- 
maginent pas  qu'il  y  ait  pé- 
ché d'afîiiter.  Cependant  il 
en  arrive  ordinairement  une 
infinité  de  maux  :  car  la  vue 
de  ces  fpedades  a  coutu- 
me d'exciter  en  nous  l'in- 
continence &  l'impureté. 


6é^ 


Ne  nous  contentons  pas  de  (.„;,. ;,p^, 
tuirieulement  le  pèche,  mais  fg^u  ^^^ii  ^ 
fuyons- en  jufques  aux  appa-  y  périia, 
rcnces  &  aux  occalions  qui 
peuvent  peu  à  peu  nous  y  at- 
tirer. Car  ceux  qui  pallenc 
prèsdes  précipices  tremblent, 
encore  qu'ils  n'y  tombent 
pas  :  &  il  cil  quelquefois  ar- 
rivé que  la  tête   leur  ayant 


Obeïr 
Cicu  faus 
zamen. 


é8. 


$4  Des    Hombèiej 

tourné  par  la  frayeur  qui  les    deùiat , 
a  faifis  5   ils  y  font  tombés. 
Il  en  eri  de  ir.éme  de  ceux 
cjui  ne  s'éicigncnt  pas  aflez 
du  péché  ;  car  ils  font  tou- 
jours en  crainte  de  s'en  voir 
il  proches,  &  il  n'arrive  que 
trop  louvent  que   cette  fra- 
yeur même  les  y  fait  tomber. 
Jesus-Christ  dit: 
^Ne  ji4ge:z^ point.  Ne  m'en  de- 
^-  mandez  point  la  raifon.  Ccft 
â  lui  à  la  fçavoir  :  fi  ce  com- 
mandement n'ctoit  utile ,  il 
lie  nous  l'âuroit  pas  fait. 


tremît  ;  O» 
fxpènumero  ah  ipf» 
fubverfui  tremore  de- 
cidit  :  ità  CT*  nonpro- 
cul  peccata  fugicnsy 
fedfecùi  ipfa  vadens  , 
cum  timoré  vivit ,  O* 
in  ipfa  labitur  f^fius. 


N'eft- 


ce  pas 


un  miracle 


7rogTèsmi-bien  étonnant  ?   Le  maître 
raculfux  du  ^  été  mis  en  croix  ;  fes  fer- 


Chriftianif- 


viteurs  font  chargés  de  chaî- 
nes ;  &  cependant  la  prédi- 
cation de  fon  Evangile  s'é- 
tend tous  les  jours  :  elle  s'ac- 
croift  par  les  chofes  mêmes 
par  lefquelles  on  croyoit  l'é- 
teindre. La  croix  &  les  liens 
cjui  paifoient  autrefois  pour 
infâmes,  forit  devenus  les  glo- 
rieux fignes  de  notre  falut  j 
&  le  fer  qui  a  percé  la  chair 
de  J.  C.  ei^  maintenant  plus 
précieux  que  de  Tor. 
^^  Jesus-Christ    nous 

Latfihiila-^  annoncé  deux  chofes,   la 
jBoneft  pour^iibulation  &  la  confolation  ^ 


Homil.  lé.  Ne 
juraveris  ;  ZVoV  cau" 
fas  awp'tus  à  me  re- 
quirere.  Lexejiregia^ 
qui  tulit  ipfam  CT"  */»- 
Jîhs  rationem  novtt  » 
mfi  fUfJJet  uttîe  non 
prohilitijjet. 

0  miracuïum  î  fer- 
vi  viiiéli  funt  y  Do- 
mtntts  crucifixm  ,  C?* 
prttdicatto  quotidit 
crefat  :  &  ptr  qu€ 
putahatur  opéra  pro" 
hiberi  ,  per  hac  ac- 
cenfa  tjl'.  C7'  crux  O* 
vincula  qu<e  vidèban^ 
tttr  ejje  abominatio  , 
nttnc  falutis  fg^^f 
funt  fdcla  i  quolibet 
auro ferrum  illuA  no" 
bis  pretiofiits» 


Hxc  duo  Chrtpuç 
àenuniiavit ,  trihaU' 
tionem    ^     rrmlfitiy 


AU  Peu  p 

mm,  lahores  e^  coro- 
nus ,  fuavia  CT*  tri- 
fiiti  :  fed  triflia  qui' 
dem  dedh  z)it.e  pra- 
fasti  ,  fuavia  vero 
in  fut  Arum  diJiulU  , 
p  Ailier  demoiijïrans 
^uod  non  decipit  ho- 
"mines,  ^ipfumgru- 
vium  pondns  ordine 
diminttt  Volens,  De- 
ctptens  enim  fuavia 
prtiti  propomt  &  mox 
infmtrlfiia. 


Qui  prius  eji  in 
deliciii  mox  pojî  deU- 
cias  ultionem  expC' 
élans  y  neque  prafen- 
tibus  fruitur  deliciii 
propterfuturarum  mo- 
Ljliarum  expeSlatio- 
nem.  Qui  vero  prius 
ejl  in  tripibm  ,  deindè 
poj}  hjic  fuaijihui  pO' 
lit  tir  us  i  etiàm  pr<e- 
fentes  ài^cuhates  , 
propter  fiHuYorum 
fpem  houorum  con- 
temnit.  Non  if^itur 
tkteU    taniiim  eaitsâ 


L  E    D'A  N  T  I  O  C  H  E.  J^ 

les  travaux  &  les  couronnes, 
la  tridelFe  &  la  joye.  Et  pour 
faiie  voir  aux  hommes  qu'il 
n'avoir  pas  dellein  de  les 
tromper,  il  leur  envoyé  pre- 
mièrement en  cecte  vie  les 
choies  fâcheufes ,  &  remet  en 
l'autre  à  les  faire  joiiir  de  cel- 
les qui  font  agréables-,  en  di- 
minuant néanmoins  le  poids 
des  maux  qu'il  nous  fait  (en- 
tir  les  premiers  ,  par  l'efpe- 
rance  des  biens  qui  leur  fuc- 
cedent.  Ceux  au  contraire 
qui  veulent  tromper  corn» 
mencent  toujours  par  ce  qui 
plaift  le  plus  ,  afin  de  faire 
tomber  enfuite  dans  ce  qu'il 
y  a  de  plus  defagréable  &  de 
plus  pénible. 

Ceux  qui  étant  d'abord 
dans  une  vie  qui  leur  ofrre 
toutes  fortes  de  joyes  &  de 
plaifirs  5  font  néanmoins  dans 
l'attente  de  tomber  enfuite 
en  de  grandes  peines  ;  ne 
joui(fent  pas  même  du  plai- 
fir  préfent>  à  caufe  de  la  crain- 
te de  ces  maux  qui  les  mena- 
cent à  l'avenir.  Au  lieu  que 
ceux  qui  étant  d'abord  dans 
l'afflidion  fonc  alîlirés  d'avoir 
bientôt  des  fujets  de  joye  , 
méprilent  dès  à  préft'nt  lei 
maux  qu'ils  fouffrent,  dans 
felpérance  des  biens  futurs. 


le  tempj ,  K 
laconfolatio» 
pour  retenu- 
té, 


70.  . 
Pourquoi 
Dieu  nous 
envoyé  latri- 
bulation  la 
prsmi€rc% 


71 

Joindre 


3<5  Des    HoM 

Ce  n'eft  donc  pas  feulement 
pour  nous  garder  du  péché 
que  Dieu  a  voulu  que  noire 
preinicre  vie  fuft  accompa- 
gnée de  peines ,  mais  aufli 
pournotre  ccnfolanon  &  no- 
tre joye  j  afin  que  rcfpoir  des 
biens  avenir  nous  otât  le 
fenrimcnt  des  maux  preiéns. 
Ce  n  elt  pas  s'être  acquitté 
le  du  jeûne  ,  que  d  en  avoir  Cim 


É  L  ï  E  S 

/2o/?r^  ,  Z'erifm  €^ 
vohptatis  O*  confuU' 
tionis  priera  Jfatuit 
eJJ'e  moUfia  ,  ut  futu-f 
rorum  fpe  releVati 
imîUm  prtefeniium 
capiamui  fenfum. 


mœurs 
jtûae. 


réglemsntLles  plement     jéûné    durant    ce 
tems  là  j  mais  fi  nous  l'avons 
palle  dans  l'exeicice  àts  bon- 
nes œuvres.  Ne  contons  pas 
fimplement  les  jours  ,  mais 
vovons  finouslei  avens  em- 
plo)  es  avec  plus  de  foin  &  de 
diligence  pour  les  choies  de 
notre  falut  ,    fi    nous   nous 
fommes  corrigés  de  quelque 
défaut,  &  Ç\  nous  avons  tra- 
vaillé à  expier  nos  péchés. 
Si  vous  voyez  un  aveugle 
7*-         prêt  à  tomber  dans  une  folfe 
Correaion  ^q^^   \^[    tendez  auflitot  la 


Tratenielle. 


main  \  &  vous  voyez  tous  les 
jours  vos  frères  tomber  dans 
cette  damnable  coutume  de 
jurer,  fans  leur  dire  un  feul 
mot  pour  les  corriger.  Mais, 
me  direz- vous,  Je  les  ai  re- 
pris une  fois,  &  ils  ne  m'ont 
pas  écouté.  Redites  leur  deux 
&  trois  fois  la  même  choie,  & 
la  leur  répétez  toujours  juf- 


"Non  hoc  efl  expe- 

tempu! pr<etei-i'::rtmt*s  » 
ftd  fi  trarifiverimus 
cum  Tcflè  fUHs.  Hoc 
fupputemui  fi  Jîudio- 
flores  facîi  fitmus  ,  fi 
defedum  aliqùem  no- 
firum  corrcxtmtis ,  fi 
abluimui  crimina. 


Tft  fi  ctecum  jhj- 
dem  in  voragtnem 
decidentem  vider ii  , 
manum  porrigis  ;  vi- 
de ns  (tutem  ouotidiè 
omnespracipitarifra" 
très  in  irnprobam  jt*' 
ramentorum  cottfuetu- 
ditjem  ,  ne  verhtim 
auàes  proferre  ?  Sed 
dixffti  femel  CT*  non 
atiâivit  :  Die  igilur 
Çir   bu  Vter,  C?"  *fl- 


AU  P  E  U  1»  L 
'ies  âonec  perfuaferis. 
Nobis  quûlîdiè  bqui- 
tur  Detis ,  C^  non  au- 
dirnm  nec  alloqut  de- 
Jîfttt  :  hanc  t'A  curam 
imitare  circX  proxi- 
tnum.  Vroptereà  con- 
jttncH  inter  nos  fit- 
mtHy  ^T'Ur/je s  habita- 
mu  s,  CT*  in  Ecclefiis 
congre ^-^amur  ,  m  al- 
ler aiteriui  onerapor- 
temus  ,  ut  aller  aile- 
rius  pec.cata  corrida- 
mus. 


Homil.  17.  Si 
ChnJ}ia>tus  es  y  civi- 
tatem  non  habes  fit- 
per  terrim.  Ctvitatis 
Ko/}r<e  architeéltis  efl 
Deus  i  licet  omnsm 
capiamus  orbem  ,  hof- 
pttes  CT"  perègrini  to- 
tiusfumm.  In  ccelum 
afcriptt  fumas  :  illîc 
converfemur ,  non  ma- 
te pueroru^parvorum 
magna  contemnentes 
parva  admiremur. 


E       D'A  N  TI  oc  H  E.  37 

qu'à  ce  que  vous  les  ayez  per- 
(iiadés  de  ne  le  plus  faire. 
Dieu  nous  avertit  tous  les 
jours,  &  nous  ne  l'ccoutons 
point;  &  cependant  il  ne  cef- 
fe  pas  pour  cela  de  continuer 
à  mju  s  avertir.  Ufezcnavec 
le  même  foin  envers  le  pro- 
chain. Ceif  pour  cela  que  \qs 
hommes  vivent  en  focieté, 
qu'ils  habitent  enicmble  en 
des  Villes  ,  &  que  nous  nous 
ailerablons  dans  les  Eglifes, 
afin  que  nous  portions  mu- 
tuellement ks  fardeaux  \qs 
uns  d;.s  autres,  &  que  nous 
nous  eiure  corrigions  de  no» 
défauts  &  de  nos  péchés. 

Si  vous  êtes  véritablement       ^" 
Chrétien,  vous  n'avez  point  <^hrdlicn  vie 
I  /  o    j     j  r       /-      en     étranger 

de  cite  &  de  demeure  hxe  lur 

]3i  terr^.  C'eit  Dieu  qui  eft 
l'architeéle  de  notre  Cité  cé- 
iefle.  Quand  vous  vous  ren- 
driez maiitre  de  toute  la  ter- 
re ,  vous  n'y  feriez  que  com- 
me un  pallager  &  un  voya- 
geur Nous  fommes  deftinés 
pour  être  citoyens  du  Ciel  : 
£t  c'elt  là  que  nous  devons 
habiter  dès  à  prélént  de  coeur 
&  d'efprît.  Ne  faifons  donc 
pas  comme  les  petits  enfans , 
qui  méprifeiit  les  grandes 
chofes  &  n'admirent  que  le? 
petites. 


ger 
lui  u  tetiei 


74- 

Contre  ceux 
qui  s'ennu- 
yent  du  jsâ- 


38  Des     Home 

J'en  vois  pUihcurs  qui  s'en- 
tredifent  avec  joye  ,  nous 
lommes  bien  avancés  dans  le 
temps  du  jeûne  ,  &  nous  en 
fommes  dé)à  à  la  moitié.  Mais 
je  vous  demanderois  volon- 
tiers ,  fi  vous  êtes  au(ïi  v^- 
nus  à  bout  de  détruire  la 
moitié  de  vos  péchés  ;  car 
fi  cela  étoit  ,  je  vous  pcr- 
mettrois  de  vous  réjouir. 

J'en  vois  plufieurs  qui  font 
fi  lâches  ,  qu'avant  que  le 
Carême  loit  paflé ,  ils  font 
en  peine  de  celui  qui  doit 
venir  l'année  d'après.  Quelle 
peut  être  la  raifon  de  cette 
foiblelfe  ,  finon  que  lorfque 
le  temps  du  jeûne  vient , 
l'on  ne  ie  met  pas  en  peine 
de  bien  régler  fou  ame  ,  & 
que  l'on  faitconfifter  le  jeû- 
ne dans  la  feule  abftinence 
des  viandes  :  Car  C\  nous  en 
retirions  beaucoup  de  profit 
pour  la  corredion  de  nos 
mœurs  ,  nous  fouhaiterions 
qu'il  duraft  toujours  ,  con- 
noilfant  par  notre  avance- 
ment dans  la  vertu  ,  com- 
bien il  nous  eil  utile. 


^  '    *     -         Re'oiiifJe:y  •  vous  toujours  dans 

On  negou-  ^ /-  i    •        ■  r 

te'  de   vrave  ^*  ^^^^''^^r.    Celui  qui  le  re- 

jovequ'i fer- jouit  en  Dieu  ne  peut  être 

yir  Dieu,      par  quelque    accident    que 


75- 

Contre  ceux 
^ui  s'inqtiie- 
tent  du  Ca- 


Contre  les 
Hérétiques. 


LIES 

Hom.  18.  Ma!" 
tos  vtdi  gaudentes  CT* 
interfc  dicentes ,  jefa- 
niidimidium  confum- 
tum  efl.  Taies  hortor 
conjîderare  Jî  peccato- 
rum  fit  confumptum 
ij'  profligatum  di~ 
midium  ,  C^  tune 
exultare, 

Multos  •Dideofe  ità 
pufillanimiter  haben^- 
tes  5  ut  in  pr^fenti  de 
futura  folliciii  fint 
quadragefima  .  .  Qu<e 
vero  efl  ejus  caufa  ? 
Quod  advenietJte  ie" 
junio  ,  non  quomodo 
benè  difponatur  amm» 
fludeamus  ,  fed  in  fô" 
la  cihorum  ahflinen' 
tià  ipfum  definimus, 
Itaque  fi  muitum  ai 
moTum  correéliorscm 
ex  ipfo  lucraremur  i 
quottdiè  ade/Je  jeht- 
nium  utique  orars" 
mus  »  per  ipfa  cpsra 
ejus  merhorum  fen» 
fitm  capientes. 

Gaudete  in  Do- 
mino femper.  In 
Domino  gaudens  ex 
nuUâre  qihe  itHtdat^ 


AU    Peuple    d'Antiochb.         ^(> 
haevoluptate  eudde-    ce  foit  privé  dz  !à  joyc.  Tou- 
tes les  autre- choies  où  l'on 


re  potep.   Alia.  nentpe 
cunéla  in  quibni  vatt' 
demus    j       mutabiUa 
/tint   i  nec    etfi  ma' 
néant    tjnt^tm    nobii 
ajferiint  volttptatem  , 
ttt  ex  aliis  nufcentem 
trifiittam  repelUnt  C?* 
ohHYnhrent,   Dei  vero 
timor  hxc  huhtt  uira- 
quei  ftMlis    eji   V 
immotm  ;  tantâmqus 
emittit   Utitiam ,    ut 
nos      nullus    aliorum 
tnaîorumfenfus  captât. 
Deum  enimjîcut  opor' 
tel  timens  CT*  tn  ipfo 
confdens ,  omnem  ha- 
hn  UtitU  fontem  :  C?* 
Jlcut  m  mare  dccidens 
immertfum    ,      tenuis 
fcintilla  facile   extin- 
^uitur  ;  (ic    quanta- 
cumque  timenti  Deum 
incidant  ,     velttt   in 
Vaflum  Utitta  pelagui 
immerfa    extingtèntur 
atque  perdumur. 


niantur  homlneSt  vult 
Dem   tfos  tondoUte  , 


peut  prendre  qticlque  plai- 
lîr  font  changeantes  &  paf- 
fj gères  ;  &  même  avant  qu'- 
elles pailent ,  la  joye  qu'el- 
les nous  apportent  n'clt  pag 
aifez   forte  pour  ch.iirer  de 
nos   cœiirs  le    chagrin  qu'y 
caufent  mille  fâ.heux  acci- 
dens.  Mais  la  crainte  de  Dieu 
fait  ces  deux  effets  :  el'e  eR: 
ferme  &  immuable  ,  &  elle 
nous  remplit  d'une  telle  joye, 
que  leientinicnt  de  quelque 
mal  que  ce  foir  ell  incapable 
de  l'aitcrer.  Ainfi  quiconque 
a  la  crainte  de  Dieu  dans  le 
cœur  en  la  manière  qu'elle  y 
doit  être  ,   &   qui   met   en 
lui  fa  confiance,    polfede  la 
fource  même  de  toute  joye* 
Et  comme  une  petite  étin- 
celle de  feu  tombant  dans  la 
mer  y ^  elt  auHicoft  éteinte  : 
de   même     quelques    fujets 
d'afïliclion  qui  puilfent  fur- 
vcnir  à  un  homme    rempli 
de  la  crainte  de  Dieu  ,  ils 
font  éteints  &  étouffés  en  un 
inftant  dans  la  vafte  mer  de 
cette  joye  ,  dans  laquelle  na- 
ge fon  cœur. 

Quoique  ce  foit  avec  }u- 
ftice  que  Dieu  punifle  les 
hommes  ^  il  veut  néanmoini 


77- 

Compatît 
aux      maux 


40  .       D  E  s    H  o  M 

'mes  des  que  nous  cctTipatiilions  àleur 
iïcheur;.  niaîhcur  ,  &  non  pas  que 
nous  nous  en  réjouidions  ,  & 
que  nous  infultions  à  leur 
lîîifere.  Car  fi  lui-même  ne 
les  punit  que  comme  à  re- 
gret, &  non  avec  joye ,  puif- 
que  félon  que  le  marque  l'E- 
criture ,  il  n&^t'/îre  pas  la  mort 
du  pécheur  /vous  devez  en  ce- 
la imiter  votre  maître  ,  & 
être  touché  d'une  fenfible 
douleur  de  ce  que  le  pécheur 
a  donné  à  Dieu  un  julle  llijet 
^g,  de  le  châtier. 
Vray  bon-  II  ne  faut  appeler  bien- 
heur,  heureux  que  ceux-là  feuls 
qui  vivent  dans  l'obfervation 
de  la  loi  de  Dieu  ,  félon  ces 
paroles  du  Prophète  :  Bien- 
heureux celui  qui  craint  le  Sei- 
gneur. Et  Heureux  ceux  qui 
font  purs  duns  lu  toje  de  Dieu  , 
CT*  qui  nu^.rchent  félon  f^  loi. 

'79."  Ceux  qui  fe  font  fouvent 

La  douleur  trouvez  durant  la  prière  pe- 

delapen^ten-n^j-j-CS    de    douleur  ,     &    [çs 

ce    eft  "«-yeux   baignés   de    larmes  , 
douce.  ■'r  ^  M      •  -t 

fçavent  avec  quelle  joye  ils 

en  font  fortis,  comment  ils 
y  ont  purifié  leur  confcien- 
ce,  &  quelle  vive  efperance 
de  falut  ils  en  ont  rempor- 
tée. Car ,  félon  que  je  le  ré- 
pète Ibuvent  ,  ce  n'eil  pas 


E  LI  ES 

non  gaudere  O*  infuU 
tuire.  Si  en/m  ait ,  Ego 
piwiens  non  Utus  hoc 
facto  3  non  enim  vo~ 
Itmtate  volo  mor- 
tem  peccatoris  ;  o- 
fortet  CT"  te  Dorninum 
imitari  ,  CT*  pr.ptsreà 
lugere,  qttsniarri  pec- 
cator  ji'-Pée  ultionis 
mater iam  pntbuit  O* 
occafionem. 


Neminem  convenit 
hahere  beaîum  ,  nifi 
fecundum  Deum  zi* 
ventent  folum  .... 
Bcatus  vir  qui  ti- 
met  Dominum  . .  . 
Beati  immaculati_ 
in  via  qui  ambu- 
lant in  legeDomi- 
ni. 

Korunt  quicunt* 
que  fepè  cum  do'.ore 
oraverunt  Z^  iachry^ 
masejfuderHnt^quan^ 
tam  fînt  lucrati  Uti" 
tiam  :  qucmodo  conf- 
cientiam  expurgarunti 
quomcào  dm  hova 
fpe  txfurrexerunt, 

Quqd  emm  ftmper  di- 
(0  ,  non  rerum  natu^ 
rdif 


AU   Peut 

frf  ,  fei  mens  uojlra 
nos  contriftare  vel  U- 
tijicare  cofifuevit. 


Nos  rnifcros  facere 
poterit  nemo  ,  nift  nos 
ipfos  faciamus  >  fîcut 
necjue  beatos ,  nifi  nos 
éjjictamus  per  Dei  gra- 
tUm. 

Homil.  II.  Sis 
gratu.s  ergk  bencfa- 
éhrem  tuum  optima 
converfatione  i  C/rf- 
cnfcti'  magnitiiiinem 
cogitans  ,  orna  corpo- 
rts  îui  memhra  :  cogi' 
t-a ciiid  matftt  captas , 
ncc  unquàm  ullum 
verherare  auicaSi  nec 
tanto  decoratam  wtt- 
nere  plagx  crtmine  de- 
decores.  Cogita  qui.d 
manu  capiai  ,  C*  ip~ 
fam  ab  cmni  avaritiâ 
CT'  rapiiiâpuram  con~ 

ferva Lin- 

guam  ciijïodi  à  eontU" 
tneliofis  C?*  ttupibus 
iicrliis  mundfim.  Ete- 
ràfn  perniciofum  e/? , 
tant  tremendis  rnini- 
(irantem  wyfleriis  lin^ 
guam  >  C^  fanguine 
Toui.  i. 


L  E    d'AnTI  oc  h  K.  41 

tant  la  nature  Ats  chofes  en 
elle— mêmes  j  comme  la  dif- 
poficion  de  notre  cfprit  qui 
nous  léjoiiit  ou  qui  nous  at- 
tiilte. 

Comme  nul  ne  nous  peut         g^- 
jamais  rendre  malheureux  ,     xouc  notrs 
fi  nous  ne  nous  rendons  mal-  bonhei:r  v;cc 
heureux    nou^némes    :    ce^iel^g"cs. 
n'eit  aulTi  que  par  la  grâce  de 
Dieu  que  nous  pouvons  de- 
venir heureux. 

Témoignez    votre  recon-        gj. 
noiliance  envers  votre  bien-    Quelle  doit 
faideur  par  le  règlement  de  ê:re  h  f.iin- 
votre  vie  -,  &  vous  repréfen-^-^é    de  nos 
tant  quelle  eft  la  grandeur  de  corps  après  U 

celacrificeauquS  vous  par- nS^L 
ticipez  ,  ornez  tous  les  mem.  (^^g^ 

bres  de  votre  corps  qui  doi- 
vent y  avoir  part.  Confiderez  Cot^.ne  les 
la  faintetc  de  ce  que  vous  le-  Ht'nti^iées. 
cevez  dans  votre  main  ,  &  ne 
foyez  pas  allez  hardis  après 
cela  de  vous  en  fervir  pour 
frapper  perfonne  5  &  ne  des-, 
honorez  pas  en  outrageant 
votre  prochain  ,  cette  rnême 
main  qui  vient  de  recevoir  un 
fi  grand  honneur.  Reconnoif- 
lèz  encore  quel  eft  le  piix  de 
ce  que  reçoit  cette  main,  afin 
que  cette  réflexion  vous  obli- 
ge à  la  conferver  nette  d'ava- 
rice &  de  rapine.  N'ayez  pas 
un  moindre  foin  d'empêcher 
D 


4£  D  E  s    H  O  M  E  1 1  s  5 

que  votre  langue  ne  profeie    tali  purpuratam  ^  ^ 
jamais  de  paroles  médilantes^ 
injurieufes,  ni  diflbluès.  Car 
c'eft  une  choie  indig 


jp.e  &  per- 
nicieufe ,  qu'après  que  votre 
langue  a  fervi  à  desmyftércsiî 
vénérables  &  lî  terribles,  & 
qu'elle  eft  devenue  ,  pour  le 
dire  sinfi ,  une  épée  toute  fpi- 
rituelle ,  elle  fe  rabaill'e  jiil- 
qu'à  dire  des  niaiferies ,  des 
fottifes  &  des  injures.  Révé- 
rer vous-même  l'honneur 
que  lui  a  fait  votre  maître ,  & 
ne  l'aviliffez  pas  jufqu'à  l'in- 
dignité du  péché.  Que  fî  vous 
confidercz  encore  qu'après 
que  ce  myftére  redoutables 
palîe  de  la  main  fur  la  langue , 
il  eft  reçu  dans  votre  cœur, 
vous  ferez  très- éloignes  d'y 
entretenir  aucun  mauvais 
delfein  contre  le  prochain, 
&  vous  aurez  foin  de  le  puri- 
fier de  toute  malignité.  Vous 
aurez  une  pareille  précaution 
pour  la  pureté  de  vos  yeux  & 
de  vos  oreilles.  Car  ne  feroit- 
ce  pas  une  chofe  indigne,  qu'- 
après s'être  ouvertes  pour  en- 
tendre ces  paroles  ùctéçs  que 
les  Chérubins  nous  ont  ap- 
portées du  Ciel ,  vous  les  laifl 
lafliez  foiiiller  par  des  chants 
dillolus  &  des  mufiques  infâ- 
mes ?  £t  ne  feroû-ce  pas  ko 


faOam  aurenm  gla- 
dium  ad  convhia 
Çp"  fcurrUitaUi  tranf- 
ferre.  Reverere  ho- 
norem  quo  Dominus 
ipfam  honoravit ,  nec 
ad  peccati  utiliintem 
ipfam  ahjicias.  Sed 
rurfam  animadter- 
tem  quodp^ojl  mamim 
O*  Itnguam  cor  fufii- 
ph  tremendum  illud 
myjlerium  i  ne  un- 
quàm  in  proxmmm 
confuas  dolum  ,  ftâ 
mentem  tuant  ab  om- 
ni  maUtiâ  mundam 
conferva  :  fie  CT"  oc«- 
los  &  aures  munire 
poteris.  Quomodà  enim 
non  efi  ahfitrdum  pojî 
myjficam  i'Um  zjo- 
cem  è  calis  delapfam  j 
à  Chérubin  dica,  me-*- 
retriciis  canùbus  O* 
fraflis  melodiis  a»^ 
res  inquinare  ?  Qjto- 
modo  non  extrema 
pana  dignum  y  ocu-^ 
lis  qmbus  arcana  vi- 
des ^  tremenda  my-^ 
fieria  ,  Im  mère  tri  ces 
fpeCiare  ,  CT*  rnent^ 
aânktrium  fxtrart  ^ 


AU 


E  U  P 


"Pocniunttam  agem 
rtcn  amf^lius  eudem 
«tiingh  negolia  (quo- 
rum panitmt  >  pro- 
ptereà  jubemur  dite- 
re  :  Abrenttncio  tibi 
fdtana ,  ne  ampl.us 
ad  ipfum  revertamur. 

Piélores  regias  de' 
fiingentes  imagines  j 
prnifquam  ^  coLfum 
Veritatem  ft*perindti- 
tant  ,  cum  cnitii  li- 
hertate  hic  qttidem 
dclcnt ,  ilU  rel'tngMnt, 
pof}f:à  "Veto  non  halerrt 
tihertatem  rurfam  de- 
lèndi O*  depingendi .  . 
P.riufcjuàm  igttur  fu- 
feirVeniut  vera  fpiri- 
talis  tinfiura ,  maie 
infitiii  tibi  cvnfuctU' 
dînes  dele ....  ne 
ppjl  bitptifma  rurfus 
(Ld'ipfas  regredtaris. 
Peccata  deleî  lava- 
crum .  . .  ne  jnnt  in- 
duQis .  colon^i  CZ'  il- 


£2. 


L«    d'Aktioche.        4J 

crime  digne  de  la  dernietc 
punition  ,  de  fe  fervir  dtf  ces 
mêmes  yeux  qui  ont  été  les 
rpeftatcurs  de  ces  myftéres 
jccrets  &  fi  vénérables  ,  pour 
regarder  Aqs  femmes  per- 
dues 5  &  pour  commettre  des 
adultères  par  lapenfée  ? 

Celui  qui  fait  pénitence  , 
ne  retourne  plus  aux  mêmes  Vraye  pcji;» 
aâions  dont  il  fe  repent  j  **^"* 
C'eft  pourquoi  on  nous  fait 
dire  au  baptême  :  Je  te  re- 
nonce 5  Satan,  afin  que  nous 
ne  retournions  jamais  à  lui. 

Durant  que  les  Peintres        S"?- 
travaillent  aux  portraits  Ats   Soindccon-^ 
Kois,  ils  ont  la  liberté  d'y  ^"^i^if  S'^ 

a-  o,   j>       •    «         t  ce  du  Eapie^'- 

enacer  &  d  y  ajouter  les  cou-  ^^^        ^' 
leurs  qu'ils  veulent  ;  mais  a- 
près  que   ces   portraits  font 
achevés  ,  il  ne  leur  ell  plus- 
permis  d'y   rien  changer.  \î 
en   cft   de    même  pour    les 
Chrétiens  :  car  ils  doirenr 
avoir  grand  foin  d'effacer  & 
de  détruire,  avant  qye  d'a- 
voir reçu  les  traits   fpirituels 
du  Baptême  ,  toutes  les  mau- 
vaifes    coutumes    qu'ils  ont     • 
contradécs  -,  afin  de  n'y  plus 
revenir  enfuite.  Ce  bain  fa-       Contre  Us^ 
cré  eiface  le  péché  5  quand  Htnnqitci- 
donc  ces  couleurs  divines  au* 
roat-  retracé  dans  votre  OiStit 


a  votre  amc  ,  ni  même  a  vo- 
mais  ayant  vous- 


44  D  E  s    H  O  M  r 

l'image  de  votre  Roy  ,  pre- 
nez bien  garde  de  rcitacer 
de  nouveau  ,  &  de  défigurer 
par  les  cicatrices  du  péché 
la  beauté  dont  Dieu  a  orné 
votre  ame. 
^4.  Après  avoir  reçu  des  in- 

C'tifc     unjuresj  vous  enavez  fait  aux 
mal ,  no"  de  autres. On  n'avoit  fait  nul  mal 

fouttrir     des 

injures,  mais, 

d'en  dire,      ^re  corps 

même  bleliê  votre  ame ,  vous 
ferez  im  jour  puni  dans  l'un 
&  dans  l'autre  pour  les  paro- 
les injurieufes  que  vous  aurez 
dites. 
8f.  Nul  3  non  pas  même  le  dé- 

Riennepeut  j„on^  ne  fçauroit  blefler  un 
Buireanotreç.j^^^^.çj^  dans  Tame  :  &  ni 
ame    maigre ,  ,         .   ,,.  .,,- 

xKiui.  '^  pauvreté,  m  limpuillan- 

ce ,  ni  la  lervitude  ne  font 
point  des  empéchemens  à  la 
vertu  :  mais  au  contraire  la 
pauvreté  y  eft  plus  propre 
que  les  richelTes ,  &  le  tra- 
vail _&  la  peine  plus  que  le 
repos. 


LI  ES 

ludrata  tm^i^ine  re" 
gia  amPiius  ae.eas  5 
CT*  cicatrices  infiras 
à  Dec  ubi  dato  decori. 


Conlumeliis  affe' 
Htis  ,  comameliiSé.if- 
fecifti  :  ille  te  niJnl 
tn  anima  U/ît  ,  fed 
nec  in  corpore  ;  tu  te 
ipfum  in  anima  Ijtfi- 
Jfi  j  eorum  qu£  dixi- 
Jli  ,  illic  panai  fubi- 
turui. 

Chrijlianum  Z!:^ fi* 
delem  in  anima  pcteji 
Udere  tiemo  ,  nec 
ipfe  diaholus  .  . .  nec 
paupertas ,  nec  imhe~ 
cillitas  j  nec  fiTviîui  , 
ad  zirtutem  impidt- 
menîum  efje pctejî .  .  . 
paupertas  divitiis ,  C7* 
ncgotium  olio ,  adpia- 
tattm  nobis  tji  cppef 
tunim. 


•  ^             Si  VOUS  êtes  uh  artifan  ,  Anifex   manualis 

S'entretenir  VOUS   pouvez  étant  afiis  pour  es  ,  fedens  pfalle.  Non 

ivec     Dieu  travailler  de  vos  mains,  chan-  vis  ore  pfaiiere  ^  hoc 

pemlant      le  ter  dcs  Pfeaumes  :  que  fi  vous  facias  mente  :  ma^nus 

uarail.          „£  \q  pouvez  faire  de  bouche,  contubertfaUs  ejl  Fful- 

faites-le  au  moins  depenfée.  mus» 

Car  les  Pfçauaies  nous  doi« 


AU 


Peu 


Cînà  mar^arita- 
rmi  cultHm  mfania, 
eji  p,ompa  fatanica. 
Aurum  enim  cepijli  , 
non  Ht  corpus  vinci^i  , 
fed  ut  pauperesfolvas 
^  euutrias. 

Die  commué:  Ab- 
renuncio  tibi  fata- 
na  ;  7iihtl  hac  tutius 
Vjce ,  Jl  ip/am  per 
opéra  exhileamus. 
hanc  C*  vos  tnitian- 
di ,  ut  difcatis  ohfe- 
cro  i  h£c  emm  vox 
confocderaîia  cum  Do- 
mino ej}.  Et  Jîctit 
nos  fervos  euntes  , 
ipfos  qui  vendttntur  , 
priits  interro^amus 
an  nobis  fervire  ve- 
lint  ;  ita  facit  CT* 
Chr'tjlus  quando  dé- 
bet te  in  fervitutem 
capere  ,  pritts  in  ter- 
ro^at  an  velis  illum 
crudelem  tyrannum 
dimittere  ;  CT*  ad 
fxdera  ufcepit  :  non 
enim  coaClum  efl  sjus 
imper ium  ...      Ab- 

renuntio  tibi  fata- 


87: 

Contre 


Is 


LE     l'  A  N  T  1  OC  H  E.  45 

vent  tenir  lieu    d'un  agiéa- 
bic  entretien. 

L'amour  des  pierreries  eft 
une  folie,  &  une  des  pompes 
de  Satan.  Et  fi  vous  avez  de  'uxe-. 
For,  ce  n'eitpaspouren  faire 
des  chaînes  à  votre  corps, 
mais  plutôt  pour  délier  celles 
des  mifcrabics ,  &  pour 
nourrir  les  ncceiTitcux. 

Dites  continuellement  :  Je 
te  renonce  ,  Satan.  Rien  n'eft 
plus  utile  que  cette  protefta- 
tion,  fi  nous  la  pratiquons  ce  au  deir.oii 
en  effet  par  nos  œuvres.  Je  '^^^^  ^^  ^^'P 
conjure  ceux  qui  afpirent  au  *""" 
Baptême  de  bien  retenir  ces 
paroles,  car  ce  font  comme 
les  articles  de  leur  alliance 
avec  Jesus-Christ.  Et 
comme  avant  que  d'acheter 
des  efclaves  ,  nous  leur  de- 
mandons d'abord  ,  s'ils  veu- 
lent bien  nous  fervir:  Jesus- 
Christ  en  fait  de  même 
quand  il  veut  que  vous  le  fer- 
viez  ,  en  vous  demandant 
avant  toutes  chofes,  fi  vous 
voulez  fecoiier  le  joug  de  ce 
cruel  tyran  qui  vous  domine  : 
&  c'ei^  ainfi  que  traite  avec 
vous  celui  qui  ne  veut  point 
avoir  d'empire  fur  vous,  s'il 
n'eft  tout  hbre  &  tout  volon- 
taire. Vous  dites  ;  Jn  renonce 


88. 
Tout  Chré- 
tien a.  renoa- 


teine  pour 
s'attacher  à 
1.  C. 


4^  D E  s^  Home 

a  toi ,   Satan ,   C^  à  tes  pomfjes , 
e^  à  tonfertice ,  CT"  ;e  m'aita- 
theàvous,  JeSUS-C  H  RlST. 
Joignez  à  ces  paroles  le  figne 
de  la  Croix  fur  votre  front  : 
&  après  cela  ne  craignez  pas 
que  les  hommes  ni  les  dé- 
mons   vous   puilfent   jamais 
S^.        faire  aucun  mal  véritable. 
^  Si  préparer      Comme   il  cil  inutile  de 
a  TEuchari-  fgi^e  y^g  courfe  de  pluiieurs 

StTcc  ^du  ^^^.^^^'  ^  «!?  "^  ^^^?ort^  le 
Carèiqc.  P"''  '  ^^  même  nous  ne  reti- 
rerons aucun  avantage  des 
travaux  du  jeûne,  s'ils  ne 
nous  difpofent  à  approcher 
avec  une  confcience  pure  de 
la  fainte  table-  Car  nous  n'a- 
vons entrepris  le  jeûne  &  le 
Garême  ,  &  nous  n'avons  af- 
iHlé  à  tant  de  fynaxes,  de 
prédications ,  de  prières  & 
d'inftrudions  Chrétiennes  , 
fînon  afin  qu'ayant  efi-'acé  par 
tous  ces  exercices  fpirituels 
les  péchés  que  nous  avions 
contradez  durant  le  cours  de 
l'année  ,  nous  puifTions  parti- 
ciper avec  une  fainte  alfuran- 
roHt/e  les  ce  à  ce  facnfice  non-fanglant. 
lîtiéniHSi,  Que  chacun  donc  examine 
en  foi- même  quel  défaut  il 
a  corrigé  ,  quelle  vertu  il  a 
acquife.  Que  s'il  reconnoît 
aroir  amalie  par  la  pratique 


na,  &  pompée" tir^i 
&  cr.ltiù  tuo  ,  Si 
conjungor  tibi 

Chrilte.  Cttm  hoc- 
verùo  CiT*  Cruiem  in 
fronte  tmprime  ,  fc 
nec  homo  nec  duihv'us 
qutcqtiam  Udcre  po- 
terit. 

H6m.  z^.  de  fi- 
muîtate.  Ut  nihil 
commodi  adfert  de~ 
cur/to  per  mtilta  flu- 
dia  ,  Jï  à  prcemio  ex- 
cidas  i  ità  nthil  no" 
bis  lu  cri  erit  ,  eof 
multis  lahoribus  O* 
fhdorihus  J€Jt*nio  in" 
fumptis ,  nt/i  cum  pu- 
ra  confiientià  facrut 
menfà  frui  pojjfmus. 
Oh  hoc  enim  jefunium,. 
CT*  quadragefima ,  K3* 
tôt  dierum  Jynaxes  y 
audiiiones ,  preces  <3*~ 
doélrina  fufceptdfunt  y 
ut  ah^crfs  fcelerihus 
per  iflius  modifludium 
q»ie  nobii  hoc  anno  , 
quocumque  modo  <d- 
liia  inhjeferunt ,  cùm 
fpiritali  fecuritate  tU 
litii  incruenli  facrifi^ 
cil  participes  ejjlcere- 
mur»    Q^ff^fte  igip^T' 


A  17  Vt  u 
fjcum  repuiet  quem 
dffc^um  correxit  , 
fjttam    virtutem    ac' 

quifivit 

Qitoci  Jî  invenerit 
fuUhrai  ifl'is  met' 
ces  Jîbi  ^  jejunio 
éidauflas  ejje  5  cer- 
tuf'jue  fît  plurirram 
fe  vulneribus  adhi- 
biiifje  curam  ,  ad 
menfam  Dominp  ac- 
cédât, Quod  (l  iftic 
negligèus ,  folum  je- 
junmm  ofleniare  pa- 
tent j  nec  ul'ts  altis 
relus  fe  caftigatio- 
rem  fatî»m  probare 
pvterit  y.  forts  ma- 
neat  ;  ac  tum  in- 
troeat  ,  cum  fe  ab 
omnibus  peccatis  ex- 
purgarit  ...  Fas 
emm  efl ,  ettm  qui 
non  jejttfiaverit  »  ve- 
ntant confequi  ;  ex- 
ettfata  nimirum  cor- 
forts  imbecillitate  ; 
is  vero  qui  non  ca- 
pigaverit  deliéJa  im-* 
publie  efl  Ht  ullam 
excufationem  inflif 
tuât. 

Age  y  die  miki  , 
non  jejunafli  oh  cor^ 
forts   infirmitatim  y 


ple    d*Antiochf.       47^ 
du  jeûne  un  trcfor  de  ces  ri- 
chelfes    fpirituclles  ,    &  s'il 
ell    afî'uré    de    s'ctre  appli- 
qué avec  tout  le  foin  polïîble 
à  la  guérifon  de   fes  ble/fu- 
res  j  alors  il  peut  s'aprocher 
de     la    table    du    Seigneur, 
Que  s'il    a  été  fi   négligent 
qu'il  ncpuiire  faire  paroître 
autre  chofc  que  fon  jeûne, 
&  qu'il  ne  montre  point  qu'- 
il foit  devenu  meilleur  :  alors 
il  doit  demeurer  dehors  j  fans 
s'ingérer  de  rentrer  dansl'E- 
glile  ,  qu'il  ne  le  foit  purifié 
de  tous  {qs  péchés.    Car  il  fe 
peut  bien  faire  que  celui  qui 
n'aura  pas  jeiiné  ,    trouvanj- 
fon  excufe  dans  fes  infirmités 
corporelles  ,     obtiendra    le 
pardon  de  fes  péchés  ;  mais 
il  efl  impoflible    que   celui 
qui  ne  les  aura  pas  châtiés 
&  corrigés  ,  en  puilfe  trou- 
ver aucune  excufe  qui  foit. 
légitime. 


Vous  n*ave:&  pas  jeûné,"  , 

me  dites-vous,   à  caufe  de    Nulle exca4 
vos  infirmités  y.  hé  bien  je  fe  i>ourccu3^ 


s^. 


4^  Des^  Home 

à  toi ,  Satan ,  ÇJP'  àtes  pompes , 
CT*  /î  t^nfertice ,  C7'  /e  m^ atta- 
che à  vous  5  J  E  S  U  S-C  H  R  1 S  T. 
Joignez  à  ces  paroles  le  figne 
de  la  Croix  fur  votre  front  ; 
&  après  cela  ne  craignez  pas 
que  les  hommes  ni  les  dé- 
mons vous  puilfent  jamais 
faire  aucun  mal  véritable. 


^Ss  préparer  Comme  il  ett  inutile  de 
a  rEuchari-  faire  une  courfe  de  plufieurs 
nk-nte  ^^a'  ^^^àcs,  fi  on  nc  remporte  le 


jincnce 


porte 
prix  ;  de  même  nous  ne  reti- 
rerons aucun  avantage  des 
travaux  du  jeûne,  s'ils  ne 
nous  difpofent  à  approcher 
avec  une  confcience  pure  de 
la  fainte  table.  Car  nous  n'a- 
vons entrepris  le  jeûne  &  le 
Garéme  ,  &  nous  n'avons  af- 
^é  à  tant  de  fynaxes,  de 
prédications ,  de  prières  & 
ci'inftrudions  Chrétiennes  , 
fînon  afin  qu'ayant  cfiacé  par 
tous  ces  exercices  fpirituels 
les  péchés  que  nous  avions 
contradez  durant  le  cours  de 
l'année  ,  nous  puifTions  parti- 
ciper avec  une  fainte  alluran- 
tent/e  les  ce  à  ce  facrifice  non-fanglant. 
"Hûéniass»  Que  chacun  donc  examine 
en  foi- même  quel  défaut  il 
a  corrigé  ,  quelle  vertu  il  a 
acquife.  Que  s'il  reconnoit 
aroir  amalie  par  la  pratique 


LÎFS 

na,  &  pcmpSETtirari 
&  cultiii  tuo  s  & 
conjungor  tibi 

Chrilte.  Cum  hoc 
vetho  CiT*  Cruiem  in 
f rente  imprime  ,  (îc 
nec  homo  nec  diabvlus 
quicquam  Udere  po- 
terit. 

Hom.   22.  de  d- 
muîtate.      Ut    nihil 
commodi    adfert    de" 
curjto  per  muha  pa- 
dta  ,  jï  à  prccmio  ex» 
cidas  i   ità  nihil  no-^ 
lis    lu  cri  erit  ,     est- 
multis     lahorihus    O* 
fudorihm  jejttnio  in" 
fttmptis ,   nijt  cum  pu— 
ra    confcientiâ  facra- 
menfà  frui  pojfirr.us. 
Oh  hoc  enim  jehninm,  . 
CT*  qttadragefima ,  €?• 
tôt  dierum  fynaxes  , 
audiiiones ,  preces  O^ 
doflrin£  fufceptafunt  y , 
K%  ahficrfs  fcelerihus 
per  ifiius  modijludium 
qu<&   nohii  hoc  anno  , 
quocumque    modo  al- 
H  ta  ihh^ferunt ,  cùm 
fpiritali  fecuritate  iU 
litii  incruenli  facrifi^ 
cit  participes  eff.cere- 


Au    Vt  u 

fjcum  rtpuiet  quem 
dffcClum  correxit  , 
çjttam    virtHtem    ac- 

quifvit 

Quod  fi  invenerh 
pulchras  ip-ts  mer- 
ces  fibi  yr  jejunio 
éidaufias  ejje  ;  cer- 
tufjue  fit  pluriwam 
fi  vulnerihus  adhi- 
biiijje  curam  ,  ad 
njenf^im  Domina  ne 
cedut.  Quûd  fi  ijtic 
negligèiis ,  filttm  je- 
funium  ojïentare  pa- 
tent j  nec  ul'is  altis 
rébus  fi  caftigatio- 
tem  fatîum  probare 
pvterit  5  forts  ma- 
neat  ;  ac  tum  in- 
troeat  ,  cum  fi  ab 
»mnibus  peccatis  ex- 
fHrgarit  .  .  .  Fas 
emm  efi,  eum  qui 
non  jejitnaverit  »  t»e- 
ntam  confiqui  ;  ex- 
cufita  nimirum  cor" 
ports  imbecillitate  : 
if  vero  qui  non  ca^ 
fiigaverit  deliOa  im-* 
fojjïbile  efl  ut  ttilam 
excufationem  injïi" 
tuât. 

A^  ^  die  mihi  , 
non  jejnnafli  ob  cor^ 
forts  infirmita^m  y 


?LE    d'Antiochp.      45r 

du  jeiine  un  trcfor  de  ces  ri- 
cheli'es    fpjrituciics  ,    &  s'il 
ell    afîuré    de    s'ctre  appli- 
qué avec  routle  foin  poÂîble 
à  la  guénfon  de  Tes  blelfii- 
rcs  j  alors  il  peut  s'aprocher 
de     la    table   du    Seigneur, 
Que  s'il   a  été  Ç\   négligent 
qu'il  ncpuiife  faire  paroitre 
autre  choie  que  Ion  jeûne , 
&  qu'il  ne  montre  point  qu'- 
il l'oit  devenu  meilleur  :  alors 
il  doit  demeurer  dehors ,  fans 
s'ingérer  de  rentrer  dans  l'E- 
gliie  ,  qu'il  ne  le  (bit  purifié 
de  tous  ['qs  péchés.    Car  il  fe 
peut  bien  faire  que  celui  qui 
n'aura  pas  jeiuié  ,    trouvans- 
fon  excufe  dans  fes  infirmités 
corporelles  ,     obtiendra    le 
pardon  de  fes  péchés  ;  mais 
il  eft  impoflTible   que   celui 
qui  ne  les  aura  pas  châtiés 
èa  corrigés  ,  en  puilfe  trou- 
ver aucune  excufe  qui  foit-- 
légitime. 


Vous  n*avez  pas  jeûné ,  , 

me  dites- vous,   à  caufe  àc    Nulle excK4 
vos  infirmités  y.  hé  bien  jç  fe  pourccu:^ 


<juoiqu*en 
puiffe  dire 
«sonde. 


Îo  Des  H  o  ME 

l  vous  eft  feulement  ordon- 
Xié  de  prier   pour   celui  qui 
vous  a  ofFenfé  j  mais  Dieu 
fc  réferve  la  juftice  qui  s'en 
jiioit  faire. 

9^.  Je  crains,  me  dira-t-on  , 

5e  réconcii  que  mon  ennemi  ne  s'ima- 
iier  avec  ùs  gjne  que  ce  n'eiï  que  parce 
que  je  l'appréhende  que  je 
j  le  recherche,  &  qu'il  n'en 
prenne  fujet  de  s'en  élever 
davantage  :  mais  c'eft  une 
penfée  d'enfant ,  d'une  per- 
îbnne  de  peu  de  fens ,  &  d'un 
efprit  qui  fait  trop  de  cas  de 
l'ei^ime  &  de  l'opinion  des 
hommes.  Quand  donc  cela 
feroit  vrai  5  qu'en  arrivera- 1- 
il  ?  finon  que  votre  récom- 
penfe  devant  Dieu  en  fera 
plus  grande  ;  puifque /non- 
©bttant  que  vous  prévoyiez 
cet  inconvénient,  vous  voulez 
bien  vous  expofer  à  le.fouffrir 
pour  l'amour  de  Dieu.  Et  en 
effet  fi  on  ne  vouloitfe  récon- 
cilier avec  fon  ennemi,  que 
pour  acquérir  l'honneur  du 
monde,  on  ne  devroit  pas 
«'attendre  à  en  recevoir  au- 
cune récompenfe  de  la  part 
de  Dieu.  Mais  fi  au  contraire 
prévoyant  que  le  monde  s'en 
mocquera  &  blâmera  cette 
a(^on ,  on  ne  laiiTe  pas  pour 


LI  ES 

Tibifolammoctojujfttm 
ej}  ,  ut  pro  eo  qui'  te 
Ufit  preces  fundas  3 
quid  autem  de  eo  fia» 
tuendum  fît  ,  Jîùi  re- 
fervari  jujjtt, 

Ferendum  ne  inU 
micuiputet  me  oh  me» 
tum  ad  Je  accurrijje  , 
rtc  proindè  majores 
faflus  fumât  :  ptteriUi 
ijla  animi  funt  ,  CT* 
ftitlti  i  €7  ad  bomi" 
num  exijltmationem 
ohfiupefcentis.  Quid 
tum  ?  nam  'O'  ità 
menés  tua  major  fu- 
tura  eft  cum  O*  iflud 
prAcognofcas ,  C^  ta» 
men  oh  timorem  Dei 
omnia  ijiiufmodi  fu» 
jlineas.  Qui  enimfa- 
mam  hommum  aucw 
pans  3  famaque  gra- 
tin reconciliationem 
inJJituit ,  ahfcinditur 
à  remunerationis  /»- 
CTO  :  qui  autem  hoc 
ipfum  cognitum  plane 
hahet  ,  quod  multi 
irndebunt  Cyvitupe- 
rahunt  ,  neque  tamen 
vel  ita  abjjjlit  à  rff- 
conctliatione  ,  dupli- 
catam  C*  tripUcatam 
hahebit  eoroHam.    E$ 


A  u     Peu 

hic  poùjjîmum  ts  ejï  , 
qui  pr opter  Deum  id 
fectt. 


Ecce  pr<gdico  CT* 
contejîor  ,  nemo  qui 
inimicum  Jjahet,  ad 
facram  menfam  adeat 
€7*  corpus  Chrifli    ac- 

xipiat Imo 

non  ego  ,  fsd  pot  tu  s 
Dominus  propter  nos 
cructfixus ,  ijia  drcit. 
Ipfe  ut  reconctUaret 
te  Patri ,  ne  maéïa- 
ri  quidem  recufavit , 
çyfanguinem  ejfunde- 
re  :  tu  autem  ut  re- 
cotjcilieris  confervo  , 
nec  verbum  vis  emit- 
tere  aut  prior  accede- 
rt  ?  Ai*di  quid  lo- 
quatur  Dommus  :  Si 
ofFers  munus  tuum 
ad  altare  ,  &  illic 
recordatus  fueris  , 
quod  frater  tiius 
habct  aliquid  ad- 
versùm  te  j  non 
dixit  expeéla  donec 
ille  ventât  ad  te  , 
aut  ut  aliquo  inter- 
xefjore  réconciliation 
nem     inflituas  ,   fed 


PLE  d'Antiochb.  j'r 
cela  de  fe  réconcilier,  on  en 
fera  un  jour  doublement  ré- 
compenfé.  Et  c'eft-là  faire  la 
choie  purement  pour  l'amour 
de  Dieu. 

Je  vous  le  dis  par  avance        'ç^, 
&  vous  le  déclare  nettement.      Se  récon- 
que nul  de  ceux  qui  hajflent  cilier  avecfes 
leurs  ennemis  ne  s'approche  ennemis     a- 

du  faint  Autel  pour  y  rece-  !„^"'J"f,r 
,  1      T     A^    ^     communier. 

voir  le  corps   de  J.   C  Ce 

n'eft  pas  nous  feulement , 
mais  le  Seigneur  lui  même  , 
qui  a  été  crucifié  pour  nous, 
qui  vous  l'ordonne.  Il  a  bien 
voulu  répandre  ion  précieui 
fang  5  &  même  foufFrir  la 
mort  pour  nous  réconcilier 
avec  Dieu  fon  Père  :  &  vous 
ne  voulez  pas  aller  trouver  le 
premier  votre  frère,  qui  eft 
comme  vous  le  ferviteur  d'un 
même  maître ,  ni  lui  dire  la 
moindre  parole  pour  vous  ré- 
concilier avec  lui?  Voici  com-  ' 
ment  le  Seigneur  en  parle  : 
Si  i  lorfque  vous  préfente:^  vctr» 
offrande  à  f  Autel ,  vous  vousfoU" 
venc;^  que  votre  frère  a  quelque 
chofe  contre  vous ,'  il  ne  dit  pas  # 
attendez  qu'il  vous  vienne 
trouver  ,■  ou  bien  fervez-vous 
de  quelque  entremetteur 
pour  négocier  votre  réconci- 
liation, mais  courez  vous- 
même  ,  &  Allex  *»^**»f  touUi 


jï  D  ES  Home 

f/hojei  'Vot^i  réconcilier  avec  iui. 
O  Conduite    admirable    de 
notre  Dieu  i  II  n'eftime  point 
qu€  oe  lui  foit  une  injure  que 
vous  le  laifliez  là  fans  lui  pré- 
fenter   le  don  que  vous  lui 
aviez  deftiné  -,  &  vous  vous 
imaginez  que  ce  vous  eii  une 
honte  j  fi  vous  allez  le  pre- 
mier rechercher  votre  enne- 
mi pour  vous  réconcilier  avec 
lui  ?  Je  vous  demande ,   fi 
agiflant  ainfi,  vous  méritez 
que  Dieu  vous  pardonne  ? 
Nous  avons  beaucoup  pe- 
97'        ché  5   «ous  avons  beaucoup 
Utilité  du  offenfé  Dieu  ;  mais  fa  bonté 
]pardoa    des  ^  j^QQ^é  aux  hommes  la  voye 
de  la  réconciliation  avec  leurs 
frères  ,    comme   un  moyen 
très- efficace  de  nous  récon- 
cilier avec  lui.    Ne  perdons 
donc  pas  un  fi  grand  tréfor. 
Et  n'étoit-il  pas  en  fon  pou- 
voir de  nous  commander  ab- 
folument  cette  réconciliation 
avec  nos  frères  fans  nous  en 
promettre  de  rccorapenfe. 
Y  a-t-il  rien  de  plus  favo- 
yardonner,  rable  &  de  plus  doux  que  le 
fi  Ton  veut  précepte  de  la  réconciliation? 
obtenir      le  pfeu  nous  fait  nous-mêmes 
ks  juges  de  la  rémifïîon  de 
nos  péchés.  Si  nous  pardon- 
nons peu  aux  autres,  il  nous 
patdoimera  peu  de  péchés  >  fi 


fonçjiust 


'5»8. 


pardciu 


LIES 

illum  accurre  ?  Va- 
de  priùs  reconcilia- 
ri  fratri  tuo.  Ofa- 
éJum  incredihile  i 
ipfe  non  accipit  pro 
t^nominia  quoi  do-' 
nttm  Jîbi  dej}inatum 
rehnquitur  ,  CT*  r» 
contumeUam  put  ai  , 
fi  prior  aheas  adre- 
conciîiationem  ?  Dic  , 
^U(efi>  ,  qu£  venia 
debetur  iflis  rébus  ? 

Multa  deliquimus, 
in  magnis  ojfendimus 
Dominttm  ^  dédit  ex 
fita  humanitate  hanù 
viam  reconciliationis  s 
ne  igitur  deferamtn 
hune  pulchrum  the- 
faurum  >  ^  nunqmd 
non  in  illim  potefiatt 
fuit  pr£cipere  reconci- 
liationem  ,  fine  uUa 
propofita  mercede  f 


Quideo  mUiuspr^t' 
cepto  ?  Je  judicem 
fecit  in  condonatione 
tuorum  cruninum.  Si 
pauca  dlmittis ,  pauca 
dimittuntur  ;  fiplura  , 
plura  :  fi  ex  corde  di- 
mittis  çrfiuçm^têr. 


AU    Peup 
iem  paSîo  ubt    Deus 


Cum  diserts,  Di- 
mitte  nobis  fient 
&  nos  dimittimus  ; 
fi  ttt  non  cUmtttas  , 
nihil  aliud  à  Deopo- 
fittias  ,  quam  ut  te 
omni  excufatîone ,  om- 
ni  venta  denudet. 

Quanta  cum  majo- 
re di^cultau  hoc  opta 
virtiitis  expies ,  ^ra- 
viufque  reconciliatio 
injluuratur ,  tanto  O* 
ilUm  judicium  trajus 
erit,  C^fplendidiores 
^lerantt<e  tU£  corona. 


Non  valida  con^ 
fuetudinis  excufatio  i 
cur  non  prétendit  fur 
confite  tudi  ne  m  ,  Ci?* 
à  fuppUcio  UberatHY  ? 
Cur  non  idem  factt 
mdulter  ? 

^am  denuntio  Q^ 
protefior  quod  fi  de- 
^nhendum      aîiquos 


LE  d'Antiochç.        5> 

nous  pardonnons  beaucoup, 
il  nous  pardonnera  aufli 
beaucoup  -,  fi  nous  pardon- 
nons entièrement  &  du  fonds 
du  cœur  ,  il  nous  pardonnera 
aufii  de  même. 

En  difant  à  Dieu  i  Remets 
te:^-nous  nos  ojfenfes  ,  comme 
nous  Us  remeitans  aux  autres  j  fi 
nous  ne  les  remettons  point 
véritablement ,  nous  ne  de« 
mandons  autre  chofc  à  Dieu 
finon  qu'il  ne  nous  laiffe  plus 
aucune  excufe ,  &  ne  nous 
accorde  aucun  pardon 

Plus  vous  aurez  de  diffi- 
culté à  accomplir  cette  action 
de  vertu  ,  &  à  pcrfuader  à 
votre  frère  de  fe  réconcilier 
avec  vous ,  plus  vous  vous 
rendrez  le  jugement  de  Dieu 
favorable ,  &  plus  grandes  fe- 
ront les  récompenies  dont  il 
couronnera  votre  patience  & 
votre  douceur. 

CeR  une  excufe  bien  fri- 
vole que  -celle  que  l'on  fait 
fur  la  coutume.  Pourquoi  un 
voleur  ne  l'allégue-t-il  pas 
auffi  pour  s'éxemter  de  la  pur- 
nition  qu'il  mérite  ?  Et  pour- 
quoi un  adultère  ne  l'alle- 
gueroit-il  pas  aufii  ? 

Je  vous  le  déclare  &  vous 
leprotelte,  que  fi  j'en  trou- 
ve dorénavant  qui  n'aycntpas 
£  iij 


9^" 

Nul  pardon 
pour  celui 
qui  ne  par- 
donne pas> 


lOO. 

Récompensé 
de  h  réconci- 
liation des  en. 
nerais. 


lor: 

Lesmauvaï- 
fcs  coutumes 
n'excufent 
pas. 


102. 

Excommu- 
nication falu. 
taire, 


54  .   ,  Des    Home 

corrigé  leurs  vices  ,  je  les  fe- 
rai demeurer  hors  de  VE2hCcy 
léparés  des  facrés  mifteres  j 
non  pas  dans  le  deilein  qu'ils 
y  demeurent  toujours  j  mais 
afin  qu'après  s'être  corrigés  , 
ils  puiflént  être  reçus  au  de- 
dans, &  approcher  avec  une 
confcience  pure  de  la  facrée 
table. 

103.^        Rien  ne  donne  une  fî  grande 

«"almed'ef-  tranquillité  d'efprit    que   la 
prit  dans  la  pj.2jJQy£  j^^  inftitutioos  de 

f^^  comme  de  meprifer  lescho- 

fes  préfentes ,  d'afpirer  aux 
futures  ,  de  n'cftnner  ftable 
rien  de  temporel,  &  de  re- 
garder la  puilfance  ,  les  ri- 
chefles  ,  &  les  honneurs 
comme  très  fragiles. 


^^4*  Les  jours  s*enfuyent  &  fe 

^'  j    J„     dérobent  à  nous ,  les  années 
s'écoulent 


faire  de  bon 
n€5  auvres 


&  la  plus  grande 
partie  de  notre  vie  eft  déjà 
paflée :  cependant  voyons  ce 
que  nous  avons  fait  de  bien  ? 
Eft-ce  que  nous  fortirons  de 
ce  monde  vuides  &  deftitués 
de  toute  juftice  ?  Le  juge- 
ment de  Dieu  eft  à  notre 
porte.  C'eft  là  ce  qu'il  fau- 
droit  méditer  à  toutes  ces 
nouvelles  lunes;  c'eft  l'obrer- 


L  I  ES 

vitia  non  correxîjfe  y 
edicam  ut  forts  extra 
facra  myPeria  confia 
fiant  :  tdqtte  non  ea 
animo  ut  foris  ma" 
néant  >  fed  »t  pofr^ 
qtiàm  fe  emendave-  . 
Tint  3  intus  recepU  y 
cum  purâ  confàentia 
facra  menfa  fruan- 
tur. 

Homil.  13.  ia 
obfervantes  novil, 
NUtiI  ità  tranquUli- 
tatem  ingenerat  ani- 
nimi ,  atque  h<ec  re- 
ligionh  infituta  ,  res 
préfentes  defpicere , 
futaris  inhiare  >  nthtl 
humanum  fabile  /«- 
dicare y  non  dizitiasy 
non  potentiam  ,  non 
honores. 

Dics  avalant  y  an- 
ni  fnittntur  ,  maj^' 
nam  vi£  nofrx  par- 
tent covfecimus  >  quii 
boni  à  nobis  fatlttm 
eft  ?  Num  inanes 
hinc  omniquc  jupi^ 
tia  difuuU  difce- 
demus  f  Judicitim 
Dei  pro  fortbus  efi, 
H<ec  in  noviluniis 
meditare  ;  h£c  de  an- 
norum  converfionièm 


AU   Peu  p 

revohe  i  fUtura  diei 
frerpetuo  recordemur  , 
ne  adversum  nos  fit 
quod  advenus  Judios 
ilififém  efi  :  Ahierunt 
aies  eorum  cum  va- 
nitate ,  &  anni  il- 
loriim  cum  celeri- 
tate. 


Quem  Dem  îau- 
dat  y  tu  ne  vitupères  : 
laudat  autem  eum 
qm  cumjuflitia  vivit , 
^uamvis  pauper  fit. 
Onem  Deus  aver fu- 
tur f  tu  ne  laudave- 
ris  ;  averfatur  autem 
emnem  qui  cnm  ne- 
qtiitia  vivit ,  quam- 
vis  multis  opibus  cir» 
cumfltiat.  Sed  five 
laudavaris ,  five  vi- 
tiiperaveris ,  utraque 
ad  Dei  voluntatem 
facias. 

Si  dextcr  oculus 
ofFenderit  te ,  ex- 
ttahe  eum  &  abji- 
ce  abs  te  :  Hoc 
nempè  pr<tccpit  ,  ut 
amicos  qucs  £què  ac 
oculos  carps  habes  ^ 
Ky   ad    omnem  vitte 


LE    d'Antioche.         U 

vation  que  Kon  devroit  faire 
à  tous  les  retours  d'années. 
Confervons  continuellement 
dans  notre  efprit  la  penfée  dci 
jugement  à  venir,  afin  de  ne 
pas  tourner  contre  nous  ces 
paroles  que  le  Prophète  a  dit 
autrefois  à  la  condamnatioa 
àes  Juifs  :  Leurs  jours  Je  font 
pajje:>^i}}utiletvent  ,  CT*  leurs  an- 
nées fe  font  ecouUes  avec  une 
vitejje    prodi^ieiife. 

Ne  blâmez  pas  celui  que       loV* 
Dieu  lotie.  Or  il  loiie  celui    ^Nelonero» 
qu,  vit  )uftement,  quoiqu'il -^^^-j;;^^^^^^^ 
loit  pauvre.  D  autre  part  ne 
loiiez  pas  celui  que  Dieu  a 
en  averflon  :  or  il  a  en  aver- 
fion  celui  qui  vit  mal ,    quoi 
qu'il  foit  comblé  de  richef- 
fes  ;  foit  donc  qu'il   s'agilfe 
de  loiier  ou  de  blâmer  quel- 
qu'un, ne   faites  jamais   ni 
l'un  ni  l'autre ,  que  confor- 
mément au  jugement  &  à  ia 
volonté  de  Dieu» 


Si  votre  ail  droit  vous  efi  un        ^  O^* 
fujet  de  fcandale ,  arrachey-le  ,  ,  Retrancher 

CT*  itîtey-le    lotn  de  Vous.     |e      .       /  .  ^ 
•    ^A  J        du  pèche. 

sus-Christ    vous  fait  ce 


commandement 


ifîn 


que 


vous  vous   répariez    de  vos 
amisj  quand  ils  vousferoienc 
auflî  chers  que  vos  propres 
£  iiij 


Des    Homélies 
néceflaires  à  tous    ufum   neceffarioi  yjt 


S6 

ÎTUX,    8c 
es   befoins  de  votre  vie ,  fi 
d'ailleurs  ils  font  des  obftades 
â  votre  falut. 


107.  j^g  j^Q  ^jgj         qu'il  eft 

Faire  tout  •  n-Li      j     r  •  tx- 

pour  Dieu,     itnpollible  de  faire  pour  Dieu 
tout  ce  que  l'on  fait  j  sar  il 
cft  ailé  de  vous  faire  voir  que 
Ton  peut  faire  en  vue  de  Dieu 
ks  adions  les  plus  commu- 
nes ,    comme  de  marcher , 
parler,  s'afîeoir ,  entrer  ,  for- 
tir,  dire  des  chofes  divertif- 
fantes,  loiier,   blâmer,  re- 
commander ,  aimer  ,  haïr  :  fi 
donc  on  peut  faire  toutes  ces 
chofes  pour  l'amour  de  Dieu, 
il  n'y  a  pas  lieu  de  douter  que 
l'on  ne  puifle  faire  toutes  les 
autres  dans  la  même  vue. 
Quand  on  feroit  quelque 
^^      n      oeuvre  fpirituelle  ,  fi  l'on  ne 
tîleou  nuifi-  Ia/3it  pas  pour  1  amour  de 
bie   félon    le  Dieu  ,  elle  nuit  a  celui  qui 
rapport  qu'il  là  fait  fans  cette  intention  : 
a  à  Pieu.       de  même  que  fi  l'on  fait  quel- 
que adion  humaine  &  lecu- 
liere  dans  la  vue  de  Dieu  , 
elle  ne  laifle  pas  d'être  fort 
utile  à  celui  qui  la  fait  dans 
cet  efprit  de  rehgion  &  de 
piété. 
lop."  Comme  les  ports  fiir  le 

Bglifej,  ports  hord  des  mers  fervent  de  re- 
deiiicljues.    fuge  aux  vaiiieaux  battus  de 


ad  animée  faltttem 
impedimentum  avé- 
rant ,  ampi4tei  C?* 
ahjiçiai. 

Ne  dicas  nemî- 
nem  poJ?e  omnia  pro- 
pter  Dettm  facere, 
Quando  enim  vcjli- 
tus ,  incejjtts ,  verba  , 
confejjiis  ,  ingre/fits , 
exitus  ,  facetta  , 
laudatioms ,    vlt»pe- 


dationes  , 
inimiciti£ 


commeiim 
amicitia  , 


poljunt 
propter  Deum  feri  j 
quid  rejlat ,  Jî  value- 
rimui  quod  non  pof' 
Jïmui  propter  Deum 
facere  ? 

Etiamjî  fpirhuale 
aliqhtd  fuerit  ,  fi 
tamen  propter  Deum 
non  fiât  »  cum  pri^ 
mis  illum  Udit ,  qui 
facit.  Quemadmodum 
fi  alic^ttid  feculare 
fiât  y  modo  propter 
Deum  fiât  y  admodura 
adJHVat  eum  qni 
cum  religiofa  mente 
id  factt, 

Homil.  24.  de 
baptif.  Chritti.  Ut 
in  mari  portits  ^  fie 


Au    Peu? 

Erckjîas  Deusin  Ur- 
hibiti  erexit ,  ut  àtu- 
muliuttm  fecularium 
turbine  ,  hue  confié- 
gientes  ^fttmmâ  tran- 
quillitate  poùamur. 

Cum  filios  arîium 
tnagijiris  in  difàpU- 
nam  tradere  vultis  i 
ttifà  cum  mao-iftro  ha- 
bttatum  mutttis,  ne 
domum  vePram  a- 
deant  prohibetis ,  ne 
Qhdium  illorum  Cf  oc- 
cupatio  interpelletur, 
Jam  vero  càm  non 
vulgaris  an  quidam , 
fed  omnium  maxima 
vobii  Jînt  edifcenda  , 
ÇMo  paSlo  Deoplacen- 
dum  Cit^  €7*  cdejiia 
lona  confequendajînt^ 
ferfunéJoriè  vos  id 
perficere  cenfeUs  ? 
Quanu  hoc  ejf ,  qua- 
fot  dementite  ? 


Vacate  &  videte 
quoniam  ego  fum 
Deus  ;  multa  illi  va- 
catione  opus  ejî ,  qui 
hanc  morum  difàpli" 
nam  CT*  philofophiam 
fhi  voluerh  compnrar 


LE  d'Antiochb.  j7 
l'orage  ,  ainfi  Dieu  a  établi 
dans  les  Villes  les  Eglifes  où 
nous  pouvons  nous  retirer  à 
l'abri  des  tumultes  &  des 
tempêtes  du  monde ,  &  y 
joiiir  d'une  fouveraine  tran- 
quilité. 

Quand   vous  mettez  vos       jjq, 
enfans    chez     des    maiftres       Nécéffité 
pour    leur   faire   apprendre  d'une  grande 
quelque  fcience  ,   vous  vou-  application 
lez  qu'ils    demeurent    tou- P°^*  fonûrt- 
jpurs  avec  eux ,   fans  même  ^^* 
revenir  chez  vous,  ahn   de 
ne  point  interrompre    leurs 
études.    Et    lorfqu'il    s'agit 
d'apprendre ,    non   pas  ui\e 
fcience  commune  ,   mais  la 
plus  (liblime  &  la  plus  con- 
iîderable  de  toutes,  qui  eft 
de  fçavoir  comment  on  doit 
plaire  à  Dieu,  &  comment 
on  peut  obtenir  les  biens  du 
Ciel  j  vous,  vous  imaginez  le 
pouvoir  faire  fans  beaucoup 
d'apphcation  &  d'étude  ?  Ne 
faut-il  pas  avoir  perdu  le  fens 
pour  en  concevoir  cette  pen- 
Ice  ? 

De  [occupe^- vom  des  foins  dit        ni. 
monde  .  ^  confidere-^^  que  cej}    Médita'tioi*^ 
moi  qui  fiéis   votre  Dieu.    Cela  ÔC  repoS| 
nous  marque  qu'il  eft  befoin 
d'un  très-grand  loifir  &  d'une 
particulière      application     ,, 
pour  bienapprendre  la  philo* 


'in. 

Se  régler 
pour  la  corn- 
tnuràonfur  !a 
pureté  de  la 
vie  ,  plutôt 
que  fur  les 
haes. 


tontre  les 
Uér  trique  s. 


58  DesHome 

fophie  chrétienne  ,  &  la  pu- 
reté de  cette  divine  morale. 
Je  ne  doute  pas  que  plu- 
lîeurs  d'entre  vous  ne  s'ap- 
prochent de  cette  table  fa- 
crée  par  coutume  &  à  l'occa- 
fion  delà  fête  :  mais  il  feroit 
à  fouhaiter  que  pour  com- 
munier Ton  n'oblervât  pas 
tant  lesfeftes,  que  la  pure- 
té de  U  confcience  avec  la- 
quelle on  doit  s'approcher 
de  ce  très-faint  Sacrifice.  Et 
en  effet  quiconque  eft  im- 
pur ne  doit  pas  même  dans 
les  jours  de  Fête  participer 
à  cette  chair  fi  fainte  &  fi 
vénérable.  Au  lieu  que  celui 
qui  eft  pur ,  &  qui  a  pris  foin 
d'expier  fes  péchés  par  une 
€xa<âe  &  foigneufe  péniten- 
ce 5  eft  digne  non  feulement 
en  ces  jours  de  feftes ,  mais 
même  en  tout  autre  temps , 
de  communier  aux  divins  mi- 
ftéres ,  &  de  joiiir  de  ces  fa- 
ciès dons  de  Dieu. 


115.  Jésus- Christ    nous 

S'élever  au  a  appelés  des  aigles,  quand 

delTus  du  fie-  il  a  dit  ;  Oh  fera  le  corps  mort  , 

^ic,  là  s'aJJembUront  les    aigles   j  & 

Rous   a  voulu   apprendre  à 

nous  élever  jufqu'au  Ciel  fur 

les  aîies  de  l'efprit  Saint  : 


LIES 


Scio  fore  ut  qHam 
plurimi  apud  nos  ex 
fefi  confuetudine  ad 
facram  hanc  menfam 
accédant.  Sanè  qtti' 
dem  expediret  t*t  fe- 
fa  nequaquâm  oh  fer- 
varentnr  ad  commu- 
nionem  ,  fed  ut  conf- 
ctentia  mundaretur  , 
ac  tum  fanilum  tjïnd 
facrificittm  attingc 
retur.  Qju  enim  pia^ 
culans  ej}  C?^  tmmun" 
àus  y  ne  in  ftflo  qui' 
dem  iiquum  eft ,  ut 
fanO*.  illius  ac  tre» 
menda  carnis  parti" 
ceps  fat.  Qui  vero 
mundnse(l  ,  Ç^  accu- 
rata  pocnitentiâ  deli" 
éla  abferft ,  càm  in 
folemnitate ,  tùmfem~ 
per  dignus  fuerit ,  qui 
divin t s  myftriis  com- 
municet ,  ac  Dei  do' 
nis  perfrMatur. 

Nos  aquilas  Chri- 
fus  appellat'it  ,  cùm 
dixit  :  Ubi  cada- 
ver  5  ibi  congrega- 
buntur  &  aquils  ; 
ut  in  cœlum  afcenda- 
mus    fpiritui    pennk 


AU  Peuple   d' A  n  t  i  o  c  h  e.         yf 

fulvcdi!  at  nos  con-  mais  nous  au  contraire ,  feui- 
trà  ferpentum  more  blablcs  à  des  fcrpens ,  nous 
humi  ferpimtn ,  ter-  rampons  fur  la  terre  ,  &  nous 
ramque  manducamus.    ne  mangeons  que  la  urre* 


Jpfe  fuamtibi  car- 
nem  largitur ,  at  tu 
ne  uerbis  qmdem  eum 
remuneraris  ,  neque 
pro  lis  qu£  accepipi 
grattas  agis  ?  Atqui 
attm  hoc  corporeo  vef- 
teris  cibo  ,  poft  men- 
/âm  ad  orati'jnem  te 
convertis  ;  dum  vero 
fpiritualis  O'  omnem 
freaturam  excédent is 
fis  particeps ,  tamctfi 
homojîs  CT*  vilis  na- 
ture ,  non  expédias  ut 
grattas  agas  Cr  verbts 
€7*  faŒs  ?  Quid  efl 
aliud  mfi  extremo 
fHppliciofefe  obnoxium 
reddere  ? 

Quinqtte  funt  pa- 
nitenti<e  vix  >  prima 
peccatorum  damna- 
tto  ifecunda  citmpro^ 
tcimis  peccata  dintit^ 
timus  i  tertia  qu^e  tn 
orutione  confiait  i^ 
qttarta  qux  in  eleemo- 
f^na  i  quint ain  humi- 
Litate.  Noli  igitur  o- 
tiariyf(^d  quoiidtè per 


Je  sus-Christ    vous       114: 
donne  lui-même    fa  chair  à     Adlion   de 
manger,  &  vous  ne  lui  ren-  gtaces  après 
dez   pas    feulement     gruces  '^.     ccmmu- 
d'un  fi  précieux  don  ?  Quand  "^°"* 
vous  prenez  votre  nourriture 
corporelle,    vous  remerciez 
Dieu  en  fortant  de  table  5  & 
lorfque   vous    recevez  cette 
viande  fpirituelle  qui  ell  in- 
finiment au  delFus  de  tout  ce* 
qui  eftcrée  ,  tout  homme  & 
chetivc   créature  que    vous 
étesj  vous  fortez  de  TEglife 
auiîîtotaprès la  Communion, 
avant  que  d'en  avoir  rendtt 
grâces  à  Dieu  &  d'adion  & 
de  parole.    N'eft-ce   pas  là 
vous    rendre     coupable    du 
dernier  fupplice  ? 

Il  y  a  cinq  moyens  d'ex-        ^^^^ 
pier  Tes  fautes.   Le  premier,     cinq  mo- 
la  déteftation  de  nos  péchés,  yens  d'expier 
2.  Le  pardon  des  ofil-nfes.  3.  hs  péchés, 
La  prière.  4.  L'aumône.  5. 
L'humilité.     Ne     languiffez 
donc    pas   dans  l'oifiveté    & 
dans  la  parefife  •,  mais  avan- 
cez-vous  tous  les  jours  dans 
toutes  ces  voyes  :  car  elles  ne 
iont  pas  bien  diflSciles ,  & 


^o  Des   Ho  m 

vous  ne  pouvez  pas  même 
vous  excufer  fur  la  pauvreté , 
de  ne  point  réprimer  votre 
colère  ,  de  ne  pas  embralTer 
Thumilité ,  de  ne  pas  prier 
fouvetitj  &  de  ne  point  dé- 
teûer  vos  fautes. 


ELTES^ 

hai  omnes  incede  t 
funt  enim  faciles  vU  ,. 
neque  paupertatem  fjo- 
tes  obtendere  ;  qiiin- 
pofjîi  iram  depontre  y 
humiUtatem  piA  te 
ferre ,  ajfiduè  precari 
O*  peccata  damnare^ 


116. 

Trière  dans, 


H  y  en  a  qui  difent  ;  Il  eft 
rEslife^^l"^^'^^^  que  nous  ne  fçaurions 
ffficarl  ^  "^oiiir  le  fermon  &  l'initrudion 
que  dansTEslifei  mais  nous 
pouvons  aum  bien  prier  Dieu 
dans  nos  maifons.  Vous  vous 
Xrompez ,  mes  frères ,  &  vous 
êtes  dans  une  grande  erreur 
fur  cela.  Car  encore  que  vous 
ayez  la  liberté  de  prier  Dieu 
dans  vos  maifons,  ileftim- 
poffible  d'y  prier  aufli  bien 
<îue  dans  l'Eglife ,  où  vous 
êtes  animé  par  la  fainte  fp- 
cieté  des  FidwIIes ,  &  où  vo- 
tre voix  étant  mêlée  avec  les 
leurs  j  monte  bien  plus  fa- 
cilement jufqii'aux  oreilles 
de  Dieu.  Et  aifurément  il  y 
a  bien  de  la  différence  entre 
prier  feul ,  ou  prier  avec  vos 
frères.  Car  alors  votre  prière 
eft  accompagnée  de  beaucoup 
d'autres  avantages  &  d'autres 
biens  ^  fçavoii  de  la  commu- 
nion &  de  la  concorde  ,  d'un 
Concours  mutuel  de  dikdion 


Homil.  28.  De 
incomprehenlibili 
Dei  naturà.  orar» 
3.  Orare  vel  domi 
poffttmtii  dicunt  ,  fed. 
hûmiliam  doflrinam- 
que  audire  non  nijl  in 
Ecclejia  pcjfumus.  Te 
homo  decipis  ^  ma^ 
gno  in  errore  verfaris» 
Nam  etjîdomi  quoque 
datur  orandifucvtltas  > 
tamen  fieri  non  po-^ 
uft  ut  tam  hene  domi 
ores  y  quàm  in  Eccle- 
fà  5  uhi  damor  felici 
focietate  excitus,  ad 
Deum  immortalem 
refertur  :  non  pariten 
exoras  cùm  foins  Do» 
minum  ohfecras ,  ai' 
que  tuis  cumfralrihus. 
£/?  enim  in  hoc  pins 
aliquid  vide'icet  con' 
çordia  y.  confptratio 
amoris  C7'  charttatis  y 
facerdotum  prtcgi  >  ui 


AU  1?  E  U  P 
^dpuli  orationes  qu£ 
infirmioresper  fefitnti 
validiores  il'as  tom~ 
plex£  Jîmul  in  coclum 
evehantur.  Addeqtéod 
nilfruâlui  capi  ex  fjo- 
milia  potefl  nifî  oratio 
adjf*ngati*r. 


Tempore    iïlo  non 
folum  hominei  clamo- 
rem  illum  tremendum 
reddunt   i  fed  etiam 
Angeli  Domino  7enu 
fiehunt ,  Cr  Archan- 
geli   orant  >    hahent 
fibi  tempui   id    ido- 
ne»m  -,  habent  facram 
illam   ohUiiomm    in 
favore  .  .  -    liaque 
4*t      homines     ramos 
oîearum  gerentes  mo' 
X)ere  Refes  confueve^ 
rmt  i  fie  Angeli  tune 
fro    ramis     oleaginis 
carpus  'Domini  ipfitm 
protendentes  ,    rogunt 
pro    génère    humano 
^uafi  dicant  :  Pro  his 
Domine      rogamm    , 
quoi  tf*  adeo  dilexifti 
tt$  pro    eerum  fiUttc 


iir; 

Efficace  de 


L  E     D'A  N  T  I  O  C  H  E,  6t 

&  de  charité  -,  de  l'union  des 
prières  des  Prêtres  ,  qui  fc 
joignant  comme  plus  fortes 
aux  oraifons  des  fimples  fi- 
délies,  qui  par  elles-mêmes 
font  plus  foibles ,  les  ap- 
ptiyent  &  leur  communi- 
quent la  force  de  s'élever  juf- 
ques  au  Trône  de  Dieu  tout- 
puiffant.  Outre  que  les  fer- 
mons ne  fçauroient  produire 
de  fruit ,  s'ils  ne  font  fuivis 
de  la  prière. 

Pendant  qu'on  célèbre  les 
facrés  miftéres  ,    non  feule- 
ment les  hommes  chantent  la  prière  peu- 
avec  une  crainte  refpedueu-  dantia  Mcf'» 
h  y  mais  les  Anges  fe  pro-^^* 
fternent  auffi  devant  le  Sei- 
gneur, les  Archanges  prient, 
&  ils  eftiment  que  ce  temps 
eft  le  plus  favorable  pour  s'a- 
drelfer  à  fa  divine  raajefté  ,      -  ^     7 
lor«,«'il.  font   appuyé's  par  ^^J^^' 
c^tte  viarme  facree  qui  eft 
offerte.  Et  en  effet ,  comme 
ks  hommes  ont  accoutumé 
d'élever  en  la  préfence  des 
Rois  de  la  terre  des  rameaux 
d'oliviers  ,  qu'ils  tiennent  à 
la  main,  pour  leur  remettre 
en  mémoire  la  mifericorde 
&  la  clémence  :  de  même  i 
ce  moment  les  Anges  préfeti- 
tant  à  Dieu  ,  au  heu  de  ra- 
meaux d'oliviers ,  le  corjfs 


lg»  D  E  s       H  O  M  E 

même  de  J.  C.  le  prient  en 
faveur  des  hommes ,  comme 
s'ils  difoient ,  Seigneur ,  nous 
vous  prions  pour  ceux  que 
vous  avez  aimés  jufqu'à  ce 
point  que  d'avoir  foutfert  la 
.  mort  fur  une  Croix  pour  leur 
falut  y  nous  vous  fupplïons 
pour  ceux  pour  qui  vous  avez 
bien  voulu  vous-même  don- 
ner votre  fang  :  &  nous  im- 
plorons votre  bonté  en  fa- 
veur de  ceux  pour  qui  vous 
avez  immolé  ce  même  corps. 
En  même  temps  le  Diacre 
fait  approcher  \&s  pofTedés , 
&  leur  commande  de  baiflcr 
la  tête,  &  de  prier  en  cette 
pofture.  Car  ne  leur  étant  pas 
permis  de  prier  avec  les  au- 
tres fidelles  ,  on  les  amené 
dans  ce  moment  en  votre  pré- 
fence ,  afin  qu'ayant  pitié  de 
ce  qu'ils  font  fi  miferable- 
ment  tourmentés  ,  &  de  ce 
qu'ils  ne  peuvent  vous  parler 
eux-  ménies ,  vous  employiez 
votre  pouvoir  pour  \&s  foula- 
ge r. 
II 8.  Ce  Tit&  pas  fans    raifon 

Application  qu'a  été  inftituée  cette  ex- 
â  Dieu  pen-  hortation  que  le  Diacre  fait 
^ant  le  facri-  ^  ^^^^  ^^j  gf^fteat  aux  faints 
miftéres  :  Leve':^votti  ;  mais 
c'eft  pour  nous  obhger  à  éle- 
ver nos  penfées  ,   qui  font 


LIES 

in  cruce  mortem  ohi^ 
res  :  pro  Us  fuf'plica- 
mus  ,  pro  quibus  i^fe 
tuum  largiris  fangui- 
nem  :  pro  his  oramus  , 
pro  quibus  corpus  hoc 
immoUpi.  Agitatoi 
quoque  oh  eam  rem 
Diaconus  tempore  illa 
adducit ,  C^  juhet  tan- 
tum  caput  indtnare  , 
aîque  illo  eorporisge- 
Jfi*  fiitphcare.  Càm 
enim  eos  unà  cumfra- 
tribus  orare  non  li- 
ceat  i  adducit  eos ,  ut 
tH  miferatus ,  CT*  quià 
tàm  acerbe  vexantur  , 
C^quià  vocem  rcddere 
nequeunt ,  tua  facuU 
tate  ad  eorum  utarii 
defenjïottem  C^  rtMJC*- 
lium. 


ficc. 


Homil.  19  de 
incompr.  Dei  nat. 
4.  Haud  frujirâ  ejl 
Diaconi  ijîa  exhorta- 
tio,  Eredi  ftemus 
honeftè  ,•  fed  ut  no- 
J^r4S    repentes    humk 


AU  Pe  U  P 
C9gîtationei  erigere- 
tnus  i  Ht  animum  no- 
Jirum  ffrejjltm  y  demtf' 
fi*m,  faugatmn  re- 
rum  bumanarum  cu- 
ra j  rejeéïa  omni  ejuf- 
ntodifollicitudine ,  e- 
reclftm  ,  recreatum  , 
Deo  immortaU  repr^" 
fentaremus. 

Nemo  anima  re-^ 
folttto  facras  illas  O* 
myjlicas  laudes  ineat  j 
nemo  rerum  vit<e  hu^ 
man£ confiUa  tllo  tem- 
pore  volutet  ,  fed  in 
calum  quifqt*e  fe 
transférât ,  utpote  o^i 
fropinquus  folio  glori<e 
ftet»  CiT*  cum  Sera- 
phim  volttet ,  atque 
ità  laudem  fan^ltfjt- 
mam  referai  Jummo  , 
opttmç  y  gloriofiffimo 
Deo. 


Quoties  tihi  damon 
aurum  vel  per  fû- 
tes ,  vel  per  quafvis 
artes  auferat ,  facile 
patere  ,  CT*  grattas 
âge  Domino,  Ità  enim 
plus  pojjls  lucrari 
quàm  amiferis  »  O* 


L  E     D^  A  N  T  I  O  C  H  E.  6^ 

comme  attachées  à  la  terre  , 
&  à  réveiller  notre  ame  ab- 
batué,  languiflante  &  fati- 
guée des  foins  du  iîécle  ,  afin 
qu'ayant  fecoiié  toute  cette 
vaine  foUicitiide  ,  elle  fe  por-  , 
te  plus  légèrement  a  Dieu 
immortel. 


Que  perlonne  ne  chante 
avec  inditFerence  &  avec  tié- 
deur ces  mylHques  &  facrées 
louanges  ;  que  perfonne  dans 
le  temps  de  la  célébration  des 
divins  myftéres  ne  roule  dans 
fon  efpric  des  delleins  du 
monde  j  mais  que  chacun  s'é- 
lève au  Ciel  en  efprit ,  le 
confidérant  comme  en  pré- 
fence  de  la  majefté  divine ,  & 
comme  aiîiftant  avec  les  Sé- 
raphins devant  le  Trône  de  fa 
gloire  :  &  c'eft  en  cet  état 
qu'on  peut  rendre  à  Dieu  lou- 
verainement  bon  &  glorieux, 
les  loiianges  infinies  qui  lui 
font  dues. 

Toutes  les  fois  que  le  dé- 
mon vous  fait  perdre  du  bien , 
foitparles  voleurs,  foit  par 
quelqu'autre  occafîon  que  ce 
ioit ,  fouffrez-le  patiemment , 
&  rendez-en  grâces  au  Sei- 
gneur.Car  de  cette  forte  vous 
y  gagnerez   bien  plus  que. 


119- 

Attentîoa 
&  ferveur 
pendant  les 
faints  OÊ- 
ces. 


120, 

Souffrir  pa- 
tiemnaent    U 
perte      desi 
biens. 


^4  Des    Home 

vous  n'y  aurez  perdu  ;  &  vous 

ferez  tout  à  la  fois  deux  blef- 

fures  à  votre  ennemi,  l'une 

en  ce  que  tous  aurez  fupporté 

,  cette  perte  fans  beaucoup  de 

peine,   &  l'autre  en  ce  que 

vous  en  aurez  remercié  Dieu. 

Les  prières  font  des  armes 

ïii»        merveilleufes ,  des  tréfors  in- 

Efficace  de  épuifables ,  des  ports  aflurés. 

U  prière  hû-  £j  gj^fj^  ^^  ç^^^  jes  caufcs,  les 

principes,  les  fourres^  &Jes 
racines  de  tous  les  biens. 
Mais  je  ne  prétens  pas  par- 
ler des  prières  lâches  ,  foi- 
bles ,  &  indifférentes  j  j'en- 
tens  des  prières  vives,  qui 
partent  d'une  ame  pénétrée 
du  regret  de  Tes  péchés  ,  & 
d'un  cœur  véritablement  con- 
trit. Car  ce  font-là  les  feules 
prières  qui  ont  la  vertu  de 
6'élever  jufqu'auCieL 


blePc  ferven- 
te. 


LIES 

duplex  vtiînui  hopi 
infligas  ;  CT*  quià  non 
éigrè  tnlifli ,  CT*  qmà 
graùai  Domino  egtfli^ 


Hom.  30.  dein- 
comp.  Dei  nat.  5^. 
Af>tifjlma  arma  ora^ 
tio  ejî ,  thefaurus  per* 
petttus  ,  portus  quie- 
t'As  5  denique  autor  , 
parens  ,  fom  CT*  r^- 
dix  bonorum  omnium 
oratio  efî  .  .  .  Ora- 
tionem  Autem  dico , 
non  tenuem  illam  O* 
dejîdiofam  s  fed  q»x 
intenta  ex  animo  do- 
lente CT*  corde  contri- 
to  prtffîcifcatur.  H<ec 
enim  eji  qu£  in  C£Îum 
fcandere  valeat. 


Ilî 


Vous  défiez  vous  de  vous» 


Prier  avec  mêmerCela  feul  de  VOUS  efti- 
Hne  fâinte  mer  indigne  d'avoir  de  la 
«âince,  confiance,  eft  un  grand  fujet 

de  vous  confier  :  comme  au 
contraire  la  penfée  que  vous 
avez  raifon  d'agir  auprès  de 
Dieu  avec  confiance  •  eft  une 
-grande  raifon  d'être  condam- 
né de  lui.  Car  quoique  vous 
travailliez  à  faire  de  bonnes 


bi^difne  ?  Magna 
idipfftm  ad  confiden- 
dum  facultas  ,  fi 
te  arhitrarrs  mérita 
carere  fidendi  facul- 
tate  i  ut  contra  fum- 
mus  pudor  ,  fumma 
conâemnandi  ratio  , 
fi  te  arbitreris  po/Je 
fidenter  agere.  Quan* 
5»4W  enim  mu! ta  en 


A  u    Peup 

9J^cio  feceris ,  quan- 
qttain  nulltus  tibi  fn 
con/iihs  malt  i  mod» 
putes  agere  pojfe  libe- 
rèf  omni  ^radu  ora- 
tionis  continua  déci- 
des. Contra  fi  onera 
con/cientU  innnmera- 
hilia  Jufïmes ,  pecca- 
tii  fummis  gravaris  > 
modo  illud  unttmpeT' 
fuaftm  fit  tibi  te  om- 
nium ej]e  minimum  , 
mtrificè  tibi  animm 
fidendi  apttd  Deum 
prtefiabttttr. 


Quanquam  id  nulla 
Humilitas  efi  ,  ut  cum 
peccator  fis ,  peccato- 
t-em  te  opineris  i  /?«- 
militas  enim  efi  ,  qjto- 
ties  rerum  praclara^ 
rum  fibi  confciM  ,  nu- 
hil  magni  de  Jeipfo 
exifUmat  ....  Hoc 
efi  humtUtas  ,  fi  te 
excelfiim  per  virtutum 
ofiicia  ,  humilem  per 
opinionem  reddas  / 
Deus  tamen  pro  fuâ 
ineffubili  humanitate^ 
nonfolum  modeflos  il" 
lûiO*  humiles ,  fid  eos 

Xom.  L 


LE  d'Aktiochb.  6$ 
oeuvres  ,  &  que  vous  ne  vous 
fentiez  coupable  d'aucun  mal, 
il  vous  vous  perfuadez  de  pou- 
voir agir  avec  Dieu  avec  tou- 
te forte  de  confiance  &  de  li- 
berté ,  vous  ferez  bientôt  pri- 
vés de  toute  la  grâce  &  de 
tout  le  fruit  de  la  prière.  Que 
fi  au  contraire  vous  relfentez 
la  pefanteur  d'une  infinité  de 
fardeaux  dont  eft  chargée  vo- 
confcience  -,  fi  vous  vous 
trouvez  comme  accablés  fous 
le  poids  de  vos  péchés,  &{i 
vous  vous  confiderez  comme 
le  moindre  des  fidelles ,  il  eft 
certain  que  ces  difpofitions 
vous  procurerontune  confian- 
ce incroyable  devant  Dieu. 

Ce  n'eft   pas  propremerït 
humilité  ,     lorfqu'étant  pér 
chetir  vous  reconnoiifez  que  ^raye  humi» 
vous  l'êtes  :  mais  l'humilité^"*» 
confifte  à  ne  point  concevoir 
de  haute,  eftime  de  foi -mê- 
me 5  lorfqu'on  a  fait  quelque 
adion   grande  &   éclatante. 
L'humilité  confifte  à  s'abaif* 
fer  dans  fa  propre  eftime  ^ 
lorfqu'on  eft  élevé  par  fa  ver*- 
ttti  Dieu  néanmoins  eft  fi  bont^ 
qu'il  ne  laifle    pas  de  rece- 
voir ,   d'embralfer  y   &   de 
traiter  avec   douceur,    non; 
feulement  ces  ameshumbles-> 
^modeftes,  mais  auHi.cdlc9^^ 
F, 


"3- 

Quelle  sa  !a 


€6  Des  Ho  me 

qui  font  criminelles ,  quand 
elles  fe  reconnoillent  devant 
lui  chargées  de  péchés. 

J  ES  us-C  H  R  I  ST  ne  dit 
Charité,  ca- P*^^  ^  ^^^^"^'^  :  Renoncez  à  ce 
radére  des  que  VOUS  avez  ,  exercez- vous 
Paileurs.  au  jeûne  ,  macérez  votre 
chair  par  les  mortihcacions, 
reflu (citez  des  morts  ',  mais 
Si  vous  maimey^  P^^J]'^^  ^^^ 
brebis» 


124. 


12^ 


l'amour 
I>ieu. 


Rien  ne   marque    tant  fi 
Amour  du  "ous  fommes  fidelles  à  J  e- 

prochain  ,       SUS-ChRIST,    &fi  noUS 
marque     de  l'aimons ,    que  le   foin   que 
^^  nous  pienons  de  nos  frères  , 
&  la  loilicitude  que  nous  té- 
moignons pour  notre  falut. 
Les  Religieux  doivent  ai- 
Comment  ^^r  autant  qu'ils  le  peuvent 
les  Religieux  lesEvéques,  &  adoucir  leurs 
peines  par  leurs  prières  ,  leur 
union  &  leur  charité   :  fça- 
chant  que  s'ils  n'afliftent  en 
toutes  les  manières  qu'il  leur 
eft  poiTible  ,  ceux  qui  s'expo- 
fent  à  tant  de  dangers,  &  qui 
fupportent  tant  de   foins  & 
^'embarras  pour  l'amour  de 
Dieu  ;  quoique   leurs  habi- 
tations lolitaires  foient  fort 
éloignées  du  monde  ,  le  rè- 
glement de  leur  vie  ne  durera 


12^. 


doivent  ai 
der  bs  ,Evê 
ijues. 


LIES 

etiam  qui/ua  c^nfitefi*- 
tur  peccata  ,  rectpit  , 
ampltflitury  benignif- 
Jîmè  trafiat. 

Homil.  31.  De 
beato  Philogonia. 
Non  dixit  Chrijlfisad 
Petrum  :  Abjice pecu- 
fitas ,  jejunium  exer- 
ce ,  macéra  te  lubori- 
bus,  mortuoi  excita  y 
fed  dictt  lia  ,  Si  di- 
ligis  me,  pafce  o- 
ves  meas. 

Nihil  perindè  de*- 
clarat  quis  Jit  fidelii 
Zy  amans  Chrijfi  ■» 
quam  fi  fratrum  cu- 
ram  agat ,  promue  il- 
lorum  falnte geratfol' 
iicititdinem. 

Monaihi  pro  ziri" 
bus  Ecclefiarum  pra- 
feBos  adjuvent ,  ho^ 
rttmque  curas  leniant , 
precibus ,  concordia  y 
charitate  ;  fcientes 
quodnifi  modis  omni' 
bus  cpilulentur  iis  qui 
tôt  periculii  objtctun' 
tur per gratiam  Des, 
totque  negotiorum  cu- 
ras fu^inent  ;  quan- 
quàm  proctil  habitant 
tes  <jy  vttx  fors  ipfis 
pertbif}<P'îot4infc9^ 


AU    P  E  UP  L 

fulum    êmpinget  fa- 
fientia, 

Magi    ex    Perjîde 
occurritnt   ut  Videant 
in  pr<zfepi  jacentem  : 
CT*  nosjiium  fide  ac- 
eejjerimus ,  procul  da- 
tio    vtdtibimus    illum 
jacentem     in  prafepi. 
Siquidcm   hxc   m^nfa 
Vtcem  explet  pr<effpii. 
Nam  CT*  hk  poniiur 
corpus     Dorninictim  , 
non  quidsm  fafciis  in- 
Vohitum  Jîcuii  tune  , 
fed  undèqttaque  Spirt- 
tu  funfio  convejïiium 
....    At  Magi  cjHt- 
dem  nihil  aliuà  quàm 
adorarunt  :    tibi  vero 
fi  cum  pur  a  acccjjeris 
tonfct-enttâ  ,  permttti^ 
tttr  Ht  fumas ,  zsrfum- 
pto  domum  aheas  .  .  . 
Ohtulerunt  tUi  aurttm , 
ejfer  tu  temperantiam 
aevirtutem  :  llli  thus^ 
tu  puras  precei  :  ilU 
wyrrham ,  ttthumili- 
tatem  C7'  cor  fuhmif- 
fum  mm  deemofyna. 


ffcçatrh  UU 


127. 

Adorer  J.C* 
fur  l'Autel  » 
ôc  s'oftrir  a,-* 
vec  lui. 


E       D*A  N  T  I  O  C  H  E.  67 

pas  long  tems  ,  &  toute  leur 
fagelle  &  leur  piété  eit  fort  en 
danger  de  faire  naufrage. 

Les  Mages  quittèrent  la 
Perfe  pour  venir  voir  Jésus 
couché  dans  une  érable  :  & 
nous  ,  il  nous  nous  appro- 
chons avec  foi  de  cet  autel  ^ 
nous  le  verrons  certainement 
couche  de  même  dans  une 
crèche  ,  puifque  cette  table  „  5^"*''^  ^'^ 
lamtc  fert  au  même  ufage ,  ^''^"^'"^* 
&  qu'on  y  fait  aufli  repofer 
le  corps  du  Seigneur  j  non 
plus  enveloppé  de  langes  ^ 
comme  alors ,  mais  environ- 
né de  toutes  parts  du  S.  EC- 
prit.  Les  Mages  ayant  trou*, 
vé  Jesus-Christ  ne 
firent    que    l'adorer    :   mais 


pour  vous  j  (ï  vous  en  appro- 
chez avec  une  confcience 
pure,  on  vous. permet  de  lê 
recevoir ,  &  puis  de  l'em- 
porter en  votre  maifon.  Les 
Mages  lui  préfentérent  de 
Tor  ,  offrez-lui  la  tempéran- 
ce &  la  vertu.  Ils  lui  prélèn» 
terent  de  l'encens  ,  offrez- 
lui  des  prières  pures  :  ils  lia 
prefentércnt  de  la  myrrhe  3, 
offrez- lui  l'humilité  d'un 
cœur  fournis ,  3c  accompa- 
gnez cette  offrande  de  voft 
aumônes. 

^    La  feiimie   péchertlfe  fe: 
Fij 


6g  De  s    h  o  m 

^    j.        fervit  dans  fa  pénitence  com- 

-  .  /  .  me  de  remèdes  pour  la  gué- 
Faire lervir  .,  .  ^  ,  ,»,  i  °  -v 
a  h  péniten-  ^^^<^"  ^^  ^"=5  pèches ,  des  niè- 
ce ce  qui  a  mes  choies  dont  elle  s'écoit 
fervi  au  pé-  auparavant  fervie  pour  fe- 
cbi.  duire  les  hommes.  Ses  yeux 

qui  avoient  attiré  fur  elle 
les  regards  des  impudiques, 
fondirent  en  larmes  :  les  che- 
veux qu'elle  avoit  ajuftés 
avec  tant  d'art  pour  exciter 
les  autres  au  péché  ,  lui  fer- 
virent  a  elfuyer  les  pieds  de 
Jésus.  Imitez  donc  ion  e- 
xemple  ,  fervez-vous  des 
mêmes  chofes  par  lefquelles 
vous  vous  étiez  attiré  la  co- 
lère de  j.  C.  à  vous  le  rendre 
favorable.  Vous  aviez  provo- 
qué l'indignation  divine  par 
des  richelies  mal-acquifes  ; 
attirez  vous  la  bienveillance 
par  un  ulage  contraire  ,  fça- 
voiren  reitituant  ce  qui  avoit 
été  mal  acquis,  &  en  y  ad- 
joutant  beaucoup  au  delà 
pour  l'employer  en  aumônes. 
Dites  comme  Zachée  :  ^e 
rejiftué  au  quadruple  ce  que  pai 
fns.  Vous  avez  irrité  Dieu 
par  des  injures  qu'a  pro- 
férées votre  langue  ,  appai- 
fez-le  par  les  prières  pures 
que  cette  même  langue  for- 
mera j  par  des  bénédidions 
que  You$  donaçrsi.  g  çsu:^ 


ELI  ES 

per  qu£  decéperat  ho^»^ 
mtnes ,  per  eaiem  pa- 
ravit  remédia  pœni- 
tentix  :  per  qu£  avo" 
carat  octélos  intempe'' 
rantium  -.per  h<ec  emi* 
fit  lachrymui  :  per  ca- 
pilloi  arte  compofitoi 
multos  illexerat  ai 
peccatum  y  per  eofdem 
pedes  abperfit  Chrijli 
....  Proindè  CT  tié 
nitnc ,  quihm  rebui 
provocajli  Deum  ,  pet 
has  rnrfi^m  facif 
propitium.  ProvocafH 
illum  pecuniarum  ra-f 
pina  ,  per  eafdem  tl-r 
lum  reconcilia  :  quum- 
que  C?*  rapta  reftitue^ 
ris  ,  CT*  alia  infuper 
addiderh  »  dtcitojux^ 
ta  Zachxum  :  Reddo 
omnia  qus  rapui , 
quadruplum.  Pro-" 
vocajli  imgua  O"  ma- 
ledicentia  ,  vicijjtm 
lingua  placJta  ,  puras 
emitiens  preces  ,  he~ 
nedicens  maledicentis' 
bus,  lauâans  vituper* 
tantes ,  grattas  agent 
injmam  ajfermibus. 


A  U  P  BU  ? 


Nunc  mtthl  Chri- 
flianorum  in  tantam 
Vecordiam  ,  tantum- 
que  vénère  contemp- 
Utm  i  ut  cum  innume^ 
ris  fcateant  malts  , 
nullam  tamen  vita/ua 
curam  habeant  :  fed 
in  diebus  fefiis  negli^ 
genter  ac  temerè  ad 
menfam  hanc  acce^ 
dunt  :  hattd  inteHtgen^ 
les ,  quod  commttnio' 
nis  tempus  non  ejife- 
flum  nsque  celebritas , 
fed  confcienlia  pur  a  , 
vitaque  àpeccatis  re- 
furgata,  Sicut  enim 
qui  fibi  nttlUrn  efi 
confcius  malt  ,  hune 
oportet  fingults  diebus 
accedere  i  fie  quipec- 
cutis  occupatus  efi  , 
nec  pœnitet ,  et*m  ne 
infefiis  qttidem  acce- 
dere ttitum  efi.  Ne- 
que  enimfemel  in  an- 
no  accedere  »  libérât 
nos  à  peccatis  fi  indi- 
gne accefjerimm  l 
gmnboc  ipfitmpoths 


L  E   D*A  N  T  10  C  H  B.  6'9 

qui  vous  maud. lient  5  parles 
louanges  que  vousrendiei  à 
ceux  qui  vousblament,  &  par 
les  aétions  de  grâces  dont 
vous  vengerez  vos  injures. 

Plufieurs  d'entre  les  Chré*  j^.^, 
ftiens  en  ibnt  venus  jufqu'à  Se  préparer 
un  tel  point  d'infenfibilité  ,  par  h  péni- 
&  à  un  tel  mépris  des  chofes  tence  à  la 
de  Dieu  ,  qu'étant  chargés  coramunioa, 
d'uneinfinité  de  péchés,  ils 
n'ont  toutes  fois  aucun  foia 
de  changer  de  vie,  &  s'ap- 
prochent de  cette  T^ble  fa- 
crée  avec  autant  de  témérité 
que  de  négligence  :  ne  confîî- 
derant  point  que  ce  n'eft  pas 
la  folemnité  des  feftes  qui 
doit  régler  le  tenips  auquel 
il  faut  communier  j  mais  la 
netteté  de  la  confcience,  & 
l'innocence  d'une  vie  qui  a 
été  purifiée  de  Tes  péchesi 
Car  comme  celui  qui  ne  Te 
fent  coupable  d'aucune  ini-^ 
quité  ,  doit  communier  tous 
les  jours  j  celui  au  contraire 
qui  a  péché  &  n'en  fait  pas 
pénitence  ,  ne  le  peut  faire 
avec  fureté ,  même  dans  les 
jours  de  fêtes.  Et  il  ne  faut 
pas  nous  imaginer  que  nous 
foyons  exemts  de  péché  ,  à 
caufe  que  nous  ne  commuj- 
nions  qu'une  fois  l'année  | 
ii.alors  Qous  cominunions ing 


7&  Des    Homélies 

dignement  j  puiiqu'au  con-    auget  àamnaùonem  y 
traire  nous  fommes  d'autant    quoi  cUm  femel  tan^ 
plus  coupables,  que  ne  com-    tum   accedamus  ,    ne 
muniant    qu'une   feule  fois  5^    tum  quidem  pure  ac- 
nous    n'avons   pas    même  le     cedimus.    Qt*aprcpter 
foin  de  le  faire  avec  la  pu-     adhortor  vos  cmnes  y 
reté  que  nous  le  devons.  Je     ne  negligenter  ^veluù 
vous  exhorte  donc  tous  tant    fejfo  cogente ad  divina 
que  vous   êtes,   de  ne  vous     m^fleriaaccedatisijed 
pas  approcher  des  divins  my-    J;   quando     parahitts 
iieres   avec   négligence  ,    &    hujus  facrx  hojit/efie- 
comme  fi  la  feule  rencontre    ri  participes  ,  multis 
de  la  fefte  vous  y  obligeoit  :    antè  dithm  repurgetis 
mais    quand     vous    voudrez    vos  ipfosper  panitert" 
vous      préparer    à    recevoir    tiam,  precationemçy 
X'hoftie  facrée  y  je  vous  con-     eUemoJînarn  ,  denique 
jure  d'avoir  loin  de  vous  pu-    perhoc  ut  vacetisjpi- 
rifier  plufieurs  jours  aupara-    ritualibus ,  nec  denuo 
vant  par  la  pénitence  ,   par  la    convertamini  canis  in 
prière  ,  par  l'aumône  ,  &  par    morem  ad  proprium 
une  application    afïidue  aux    vomitum, 
chofes  fpirituelles  ,  afin  que 
vous  ne    retourniez   pas  de 
nouveau  comme  des  chiens  , 
ainfî  que  parle  l'Ecriture  ,  à 
votre    propre   vomiilement. 
130.  ^^  fçavcz-vous  pas   que         An    mfckis    quod 

N'approcher  cette  table  eil  couverte  dPun     hac   menfa   plena  efi 
qu'avec  pu    feu  tout  fpirituel  ?  N'y  por-    igm  [pintuali  ?  Ne 
reté  de  l'Eu-  tg-^  donc  pas  de  la.  paille  ,   di*     igitur  accefjeris  P'pt*' 
ckariftie,         ^^^-^  ^  „j  ^^  ^^in  ,  de  peur  d*ac-     lam  adferens ,  non  H, 
croître  l'embrafemenc ,  &  de    gna  ,   non  fanum  nt 
brûler   votre  amc    en    vous     augeas     incendtum  , 
en  approchant  pour  commu-     txurafque  animamai 
jiier  :  mais  portez-y  plutoft     communtonem     acce- 

^5  pieueries,  de  l'or?  (le    dmm : fid atadefs' 


AU   Peu  p 

rem  lapides pretiofoi  y 
éiurum  ,  argent um  , 
ÇMO  pHriorem  reddas 
materiam ,  muhoqtte 
cttm  lucro  difcedus. 

Habet  quis  inimi- 
€um,  jolvat  Jlmulta- 
tem  .  ,  .  Regemex- 
cepturus  es  psr  corn- 
tnunionem  ,  cportet 
magnam  effe  tranquil- 
litatem  ,  multumqtte 
JiUmium.  Std  atro- 
eiter  Ufus  es ,  nec  po- 
tes iram  remittere. 
Qtndigimr  ,  te  ipfum 
gravnis  Indes  ?  llle  te 
contumelta  ajfecit  ; 
num  tu  idel  Deum  af' 
ficies  coiitumeliâ  ?  E- 
tenim  non  reiipere  in 
graiiam  eam  qui  mo- 
lejfiam  attitln  ,  non 
tam  eji  illum  ulcifci , 
quàm  Deum  affkere 
contHineliâ  ,  legishn- 
ftts  autorempYtecifien- 
tis  ut  inimicis  reconci- 
Hemur  ,  priu/qn^m 
Mccedamus  ad  altare. 


Homil.   ^1.   De 

confublhnt.    Oratia 
forWi  tempeflats  /<ife 


L  E    d' A  N  T  I  O  C  H  E.  f  r 

l'argent  ,  atîn  d'y  acquérir 
une  nouvelle  pureté  ,  &  d'en 
remporter  beaucoup  de  fruif 


Si  quelqu'un  a  un  ennemi       ^3^'    . 
qui  Taitoftenlé,  qu'il  étouffe  ij.f^'yerfêr 
Ion    reilentimenc     :    C5r    en  ennemis      a- 
communiant  vous  devez  re-  vantlacom- 
cevoir  votre  Roi  ,   qui  veut  mumon. 
trouver  dans  votre  ame  une 
grande    tranquillité    &   une 
protonde     paix.      Vous    me 
direz  peutécre  qu'on  vous  a 
fait    une  injure  atroce  ,    & 
que    vous    ne    pouvez   ou- 
blier :  mais  faut- il  pour  cela 
que  vous  vous  en  falîiez  une  ' 
beaucoup  plus  grande  à  vous- 
même  ?  Si  votre  ennemi  vous 
a  outragé  y  cela  vous  doit- il 
obliger    à     outrager    votre 
Dieu  ?  C2V  il  faut  que  vous 
fçachiezj  qu'en  ne  pardon- 
nant pas  à  celui  qui  vous  a 
offenlé  ,  vous  ne  vous  ven- 
gez pas  tant  de  lui,  quevous^ 
outragez  Dieu  même  ,  qui 
eft  l'auteur  de  la  loi ,  &  qui 
nous  oblige  à  nous  réconci- 
lier avec  nos  ennemis  ,  avant 
que  de    nous  approcher   de 
l'autel.  2  5  2^^ 

La  prière  eft  un  port  favo-      Avantage» 
rable  à  ceux  qui  font  battus^^l^P'ieiej 
de  la  tempéce  ^  une    ancre 


"Qtilité 
l'aumône. 


At 


7a  D  E  s     H  O  M 

pour  C€UX  qui  font  agités  des 
flots,  un  bâton  pour  appuyer 
ceux  qui  ibnt  chanœlans ,  un 
trélbr  pour  ceux  qui  font  pau- 
vres, une  aifurance  pour  ceux 
qui  font  riches,  un  remède 
pour  ceux  qui  font  malades  ^ 
un  préfervatif  pour  ceux  qui 
fonclains.  Quand  onleroitle 
plus  pauvre  de  tous  les  hom- 
mes, fi  l'on  Içait  bien  prier 
Dieu,  l'on  eft  trop  riche  :com- 
meau  contraire,  quand  on  fe- 
roit  élevé  jufquesfur  le  trô- 
ne royal  ,  fi  l'on  néglige  , 
ou  fi  l'on  eft  incapable  de 
prier  ,  on  eft  Ciéi-pauvre. 

Ne  regardez  pas  l'aumône 
comme  une  perte  ,  mais 
comme  un  gain  i  ni  comme 
une  dépenfe,  mais  comme 
un  commerce  :  car  vous  en 
recevez  plus  que  vous  n'y 
avez  mis.  Vous  ne  donnez 
que  du  pain ,  &  vous  rece- 
vez la  vie  éternelle  j  vous' 
ne  donnez quedes  vêtemens 
qui  s'ufent ,  &  vous  recevrez 
le  veitement  de  Timmortali- 
té  :  vous  ne  donnez  qu'une 
place  fous  le  toit  de  votre 
maifon  ,  &L  vous  recevrez  le 
Royaume  mefme  du  Giel , 
vous  ne  donnez  que  des  cho- 
ies pafîageres  i$c  périlfables , 
&L  vous  en  recevrez  de  pcX"? 
jnancnces  ^  d'éceineUc^» 


EL  I  E  S 

anchora  ,  fcipio  titu- 
hantihus ,  pauperuny 
tijejaurm ,  diViîttm  ft" 
curitas  ,  morborum 
cttratio  j  cujfodia  fa- 
nitatis  .  .  .  Qui  di» 
Itgenter  potejl  or  are  y 
lieet  Jît  omnium  pau- 
perrimus  ,  tamen  ont' 
nium  efl  diufjîriïus  s 
at  qui  oratione  rursùs^ 
deflitutus  eji ,  licei  in 
ipfo  regio  throno  fe- 
deat  *  omnium eJïpaU'^ 
perrimus,. 

De  pctitione  fil. 
Zebedei.  JVe  cenfeai^ 
eleemofynam  impen* 
fam  ejje ,  fed  provenu 
tum  ;  neque  fumplum, 
fed  negoùationem  : 
majora  qutppè  recipis 
quàm  des  ^  dai  panem 
C^recipti  vitam  ater- 
nam  j  dai  veflem  C7* 
immort  alitait  s  recipis 
indumentum  j  das  ie- 
fîi  commumotjem  y 
Ç^  recipis  regnum  c<e- 
lorum  i  prabes  qu<e 
pereunt  ,  CT*  quaper" 
petHo  permanent  '  <w«- 
çipis,  ■ 


A  u   Peu 

Cttm  pauper  es ,  po- 
tes  eleemofynam  im^ 
fertiri .  .  .  No»  enim 
fro  fubjianti<e  menfié- 
ray  fed  pro  animi  con- 
Jiltique  menfura  fo" 
Ut  eleemoJyn<e  moius 
prtefiribi  .  .  .  Pauper 
es  ^  at  illa  vidtta  non 
egentior ,  qux  iivites 
îongo  intervallo  fupe- 
ravit. 

Homil.  3^  adv. 
Jud.  or.  2  .Quemaà- 
modùm  medicusfraflo 
vafe  agrotum  cohibet 
ab  intempejiivofrigi' 
di  potui  appétits  i  fie 
O*  Deus  everfa  civi- 
tate  Jerufalem ...  in 
^thtfola  licet  immola- 
re ,  Jitd^os  à  facrifi- 
ciis  abduxit. 

Ne  dixeritis  quid 
mea  refert  ?  Dominus 
propter  nos  mortuus 
eji  i  tu  vero  nefermo^ 
nem  quidcm  profers  ? 
.  .  .  îhtotiesjfrater  e(î 
ad  meliora  revocan- 
dus,  eiiamfi  vita  fit 
impendenda ,  non  re- 
fhjhbfs. 


Toml. 


,LE    D*AnT10C  HE.  7J 

Lors  même  que  vous  ^tes 
pauvre  ,  vous  ne  laiflez  pas 
de  pouvoir  faire  l'aumône, 
Car  Dieu  n'en  mefure  pas  le 
mérite  par  la  grandeur  des 
fommcs  que  Ton  diltribuè, 
mais  par  la  difpofition  du 
cœur  de  celui  qui  donne.  En- 
core que  vous  fbyez  pauvre  , 
vous  l'êtes  encore  moins  que 
cette  Veuve  de  l'Evangile  , 
qui  furpafl'a  de  beaucoup  en 
libéralité  ks  plus  riches. 

Comme  un  Médecin  en 
caflant  un  verre  plein  d'eau 
froide,  empêche  un  malade 
de  le  boire  dans  un  temps  que 
cette  boilTon  lui  feroit  mal  5 
Ainfi  Dieu  a  ruiné  de  fond 
en  comble  la  ville  de  Jerufa- 
lem  5  dans  laquelle  feule  i| 
étoit  permis  aux  Juifs  par  Iz 
loi  de  facrifier ,  afin  de  leur 
interdire  leurs  facrifices. 

Ne  dites  point  :  Que  m'im- 
porte que  les  autres  pèchent  ? 
Le  Seigneur  a  donné  la  vie 
pour  les  hommes  ,  &  vous 
refufez  jufqu'à  vos  parolles 
pour  leur  falut  ?  Cependant 
fçachez  que  dans  toutes  les 
occafions  qui  fepréfentent  de 
contribuer  à  la  converfion 
de  votre  frère ,  quand  même 
il  faudroit  pour  cela  donner 
votre  vie,  vousle  devez  faire. 
G 


154: 

Les  plui 
pauvres  peu- 
vent faire 
l'aumônC) 


Les  facnh- 
cea  des  ]ui£s 
détruits  avec 
Jerufâlcm» 


Mi- 

Soin  du  £à« 
lut   du 
chaiI^ 


pro« 


«?4  Des  Ho  m e  l  i  e  s 

15  7;  Quoiqu'il  y  ait  à  foufFrir ,         Et  Jt  quid  molejllus 

Correûion  expofons-nous  à  toutes  cho       -  -^       ■ 


a  toutes  c 
firaternelle.  {çs  pour  gagner  nos  frères. 
Pour  affifter  des  frénétiques, 
nous  fouô'rons  bien  les  coups 
«qu'ils  nous  donnent  3  &  les  in- 
jures qu'ils  nous  difent.  Nous 
devrions  donc  rougir  de  hon- 
te de  voir  qu'on  prend  tant 
àe  foin  du  falut  des  corps  , 
pendant  que  nous  en  prenons 
îî  peu  du  falut  de  tant  d'ames 
que  nous  laiifons  périrdevant 
nos  yeux  ,•  comme  fi  la  corru- 
ption de  nos  propres  mem- 
bres ne  nous  apportoit  aucun 
dommage.  Quand  votre  frè- 
re en  devroit  devenir  votre 
ennemi,  ne  laiflezpasde  le 
corriger ,  puifque  vous  en 
acquererez  l'amitié  de  Dieu  , 
.&  de  grandes  récompenfes 
dans  le  dernier  jour. 
'ijS*  Nul  ne  fçsuroit  bien  faire 

Point   de  fon  falut  ^    s'il  néglige  celui 
f;ilut.     pour  ^^ç^^  prochain.  &  la  dilc- 

négligeons  f^^n^^  llj"\  ^<>^n  ce  qui  a 
celui  de  notre  fait  dire  a  1  Apoltre  :  Que 
frère.  perfonne    ne  cherche  /on  intérêt^ 

propre  ,  mais  plutôt  celui  d' au- 
trui. 


■  Utilité  de.     ^^  raffiftance  que  l'on  don- 
Vauwônc,      ne  feulement  aux  corps  par 


fujferendum  ,  omma 
faciamui  ut  illos  re- 
cuperemiéi.  J£grotos 
ferimus  >  calcibus  fe- 
rientei  ,  conviais  in- 
cejjentes .  .  .  Qui  fit 
igitur ,  ut  qui  corpo- 
ribus  confulunt ,  tanta 
Vtantur  ddigentiâ  * 
nos  tôt  animahui  pé*' 
reuntibus  cejjemus  5 
quafi  exijlimemus  ni' 
hil  accidere  grave 
cùm  memhra  nofira 
pulrefcmt  ...  Si  illê 
fiât  inimicus  »  Deus 
tibi  eji  amicus ,  ma- 
gnifique in  illo  die  bo' 
nis  te  remunerabitur» 


Hom.  38.  adv. 
Jud.  orat.  J.  Nemo 
fiuum  ipfiius  negotium 
reéjè  gerere  potefi  , 
negleÛa  proximi  di~ 
leàione  CT*  fialule  ; 
propter  hoc  Z^  Paulus 
ait  i  Nemo  quod 
fuum  eft  quaîrat , 
fcd  quifque  quod 
alterius. 

Si  ubi  pecunîa  in* 
fiumitur ,  tôt  funf  co* 


AU  P  E  U  P 
foWif  >•  uhtjuvatur  a- 
nima  ,  ijuïfieripotejl^ 
ut  non  multa  ma^nâ- 
que  nobis  canttn^ant 
fona  ?  Si  Tabithii  , 
lachryrme  eorum  qui 
heneficiis  affeUi  fue- 
Tant  5  étnimam  in  cor- 
pus reduxerunt ,  cùtn 
vondum  veniffet  re~ 
furrefiio  ;  quidfucient 
hominum  lachrynue. 
fer  te  fervatorum  ? 

Hom  3^.  orat. 
6.  Ne  dixeris ,  hoc  il- 
U  dixi  j  apud  te  ipfmn 
tontine  verbttm  : 
quemadmodum  enim 
tu  non  poiuifii  conti- 
nere  verbum  ,  ità 
nec  ille  poterit  tace- 
re. 

Molefia  'efl  febris  ; 
verùm  oppone  ilU  in- 
c^ndtum  gehennx  5 
quod  ejjurrtei  omnino , 
fi  volueris  tjïam  fe- 
iretn  cum  omni  tolé- 
ra» tiaperf  erre,  Refru- 
ta  tecum  quàm  multa 
•paffi  funt  Apojioli  y 
conjîdera  juflos  perpé- 
tue in  affli^tombui 
fu^e. 

Prûptereà  Chrijiia- 


140. 
Garder  le 
fecrec  inviQ-» 


L  E    d' A  N  T I  O  C  H  E.  7jr 

les  aumônes ,  nous  procure 
auprès  de  Dieu  tant  de  ré- 
compenles ,  quelles  couron- 
nes n'en  recevrons  -  nous 
point  fi  nous  afliftons  les  »■ 
mes  ?  Si  les  larmes  de  ceux 
dont  la  fainte  veuve  Tabitha 
avoit  foulage  lamilere,  ont 
eu  la  vertu  de  rappeler  fou 
ame  dans  fon  corps  avant  la 
réfurredion  dernière  j  que  ne 
feront  point  un  jour  pour 
vous  les  larmes  de  ceux  à  qui 
vous  aurez  procuré  le  falut  ? 
Ne  me  dites  pas  d'une  cho- 
fe  fecrette  qu'il  ne  faut  pas 
divulguer  ;  Je  ne  l'ai  dite  i^^JJ^^^'^; 
qu  a  un  tel  :  car  comme  vous 
n'avez  pu  vous  empêcher  de 
la  dire ,  il  efi  bien  à  craindre 
que  celui  à  qui  vous  l'avez 
dite,  ne  la  dife  aufli. 

Si  la  fièvre  que  vousfouf-       '4Ï» 
frez  eft  bien  fâcheufe ,  oppo-  .  Souffrirp-^- 
fez-lui  l'm.age  du  feu  de  l'en-  tT^^Z 
fer  i  &  penfez  que  fi  vous  fe„s , en  vûë- 
fupportez  patiemment  le  mal  des  maux  Se 
delafiévre,  vous  éviterez  un  des    biens  à 
jour  celui  de  l'enfer.  Repre- '^^""» 
fentez  vous  encore  combien 
de   peines   ont   foufFert   Us 
Saints  Apôtres  ,  &  que  Us 
juftes  ont  de  tout  temps  paffé 
par  répreuve  àts  afflidions^ 

Vous  n'êtes  Chrétien. que 


Ï4Î- 

Ce  que  c'eft 
qu'être  Chré 
tien. 


143- 

Convernon 
des  âmes  , 
combien  a- 
yanugeufe. 


144. 

'L'aumône 
bC  les  pertes  , 
trcfor  des  ju. 


Culte  &c  in« 
T»ca£ion  des 
Kliques  des 
Martyrs. 

Contre    les 
Uéréniues. 


f6  Des    Home 

pour  imiter  Jésus  -  Christ  , 
&  pour  accomplir  Tes  loix  par 
yos  adions. 

Une  feule  a  me  que  nous 
aurons  gagnée  à  Jésus- 
Christ  peut  eftacer  en 
nous  une  inHnité  de  péchés  ; 
&  être  le  prix  de  la  rédem» 
ption  de  notre  ame. 

Non  feulement  l'argent 
que  nous  aurons  donné  en 
aumône  fera  transféré  pour 
nous  dans  le  Ciel ,  mais  tous 
les  biens  que  les  ennemis  de 
la  foi ,  &  les  perfecuteurs  des 
gens  de  bien  nous  auront  ra- 
vis ,  ferviront  à  grofllr  à  no- 
tre profit  ce  tréfor  celeile. 


Vifîtons  fbuvent  les  Mar- 
tyrs j  touchons  leurs  chafles  , 
&  baifons  avec  foi  leurs  fain- 
tes  reliques ,  afin  d'en  rece- 
voir de  la  bénédidion.  Car 
comme  les  foldats  parlent 
plus  hardiment  à  l'Empe- 
reur quand  ils  lui  décou- 
rrent  les  bleffur^s  qu'ils  ont 
/reçues  à  la  guerre  pour  fon 
fervice  :  de  même  les  faints 
martyrs  en  apportant  aux 
pieds  de  Jesus*Curi$t 


LIES 

nus  es,  ut  Chrijtum 
imiterts ,  ejtifque  le- 
gibus  operum  exhibi" 
tione  pareas. 

Una  anima  quant 
lucrati  fuerimus ,  po- 
teji  innumerabtlium 
peccatorum  pondus  4- 
bolere ,  anim£que  re- 
dimenda  fieri  pre» 
tittm. 

Homil.  40.  in 
Juvent.  &  Max. 
marty.  Non  ilU  tan- 
tum  opes ,  qt4as  elee- 
mofyn£  nomine  dif^ 
penàimus  ,  transfe- 
rwitur  incilum  î  fed 
etiam  quafcumque 
nobis  hoflesfidei  pio" 
rtimque  perfecutoret 
rapiunt ,  illic  thcfau^ 
ri  erunt. 

S.ipè  Martyres  in- 
vifamus  ,     capfulam 


atttngi 


magn 


que  fide  reliquias  eo» 
rum  complefiamur  , 
ut  indè  benediflionem 
aliquam  ajjequamur, 
Etenim  Jîcut  milites 
vulnera  qu£  inpr^liis 
fibi  infliêla  ,  Kegi 
montrantes  ,  fidenter 
loquuntur  i  ità  &  illi 
abfe€lacapita  in  mt* 


AU    Peu 

ttium  afférentes  ,  ^m<€- 
cumque  voltterint  a- 
pud  Rcgem  calortim 
impetrare    pojjunt. 

Hom  4i.  in  S. 
martyr.  Ignat.  Ma- 
nus  cicô  n€mini 
impofueris .. .  .Si- 
tut  enim  qui  furiofo 
Atque  ehrio  gladium 
pr^ehet  ,  quo  ille  fu- 
rem  pofleà  facit  co- 
dent 3  is  cxdis  fujii' 
net  ct*lpam  ;  Jic  qui 
improhè  viventi  di- 
gnitatii  hujus  exhihet 
facultatem  ,  totum 
peccatorum  tllius  i- 
gnem  trahit  fuper 
Jkum  caput. 

Quod  Chrijius  im- 
molatus ,  tantam  pojî 
mortem  potentiam  o- 
flenderet ,  ut  viven- 
Uhui  hominibui  per^ 
fuaderet  ,  pro  fui  no- 
minii  confejjïone ,  non 
modo  patrianij  domos, 
amicos ,  propinquos , 
O*  vitam  ipfam  con- 
temnendam  ,  fed  loco 
pr<efentium  Volu^ta- 
tum  ,  CT*  verhera  ^D* 
pcricttla  Cr  mortem 
ejfe  fubeundam  ;  h^c 
nm  defunOp  neqne  in 


Contre   les 
ordinations 


ptE  d'Antiochb;  <^7 
leurs  têtes  coupées  pour  le 
téhioignage  de  la  foi  ,  en 
obtiennent  tout  ce  qu'ils  dé- 
firent. 

N'impofe:^  pas  trop  tat  les 
mains  à  perjonne.  Car  comme 
celui  qui  raetuneépéeà  la 
main  il'un  furieux  ou  d'un  ^^  "** 
yvrogne  eft  coupable  des 
meurtres  que  ce  furieux  com* 
met  ;  de  mefme  celui  qui  par 
l'ordination  met  la  puiflance 
fpirituelle  entre  les  mains 
d'un  méchant  homme  ,  attire 
fur  fa  propre  tefte  tout  le  feu 
que  mériteront  les  crimes 
qu'il  commettra. 


Cette  puiffance  fi  extraor-        147. 

dinaire  qu'a  fait  paroître  Je-    Progrès  cfe 

sus-Christ    après  avoir  ^'^^^"S'^=' 

été  crucifié,  d'avoir  perfua- P':'"^Vi'* 
j  /  ,       '  .    X     .        divinité     df 

de  aux  hommes  qui  vivoient  t  ^^ 

alors  ,   de  méprifer  pour  la 

confefiion  de  fon  nom  ,    non 

feulement  leur  pais  ,    leurs 

maifons ,  leurs parens  &  leurs 

amis ,  mais  même  leur  vie  ; 

&  an  lieu  de  rechercher  les 

plaifirs  &  les  avantages  de  ce 

monde  ,  de  s'y  expofer  aux 

injures,  aux  tourmens ,  &  à 

la  mort  même.    Ces  effets, 

dis-je ,  ne  font  pas  ^ts  œuvres 

Giij 


f&  Des     Hom-E 

d'un  homme  mort  &  enfeveli 
dans  un  tombeau  ,  mais  plu- 
tôt d'un  homme  refîufcité  & 
plein  de  vie. 
Ï48.  Non  feulement  les  corps 

Vtrcu  des  des  Saints  ,  mais  leurs  tom- 

K<eique5,         ■  ■  - 


beaux  mêmes    font  remplis 
d'une  vertu  (pirituelle.  Et  fi 
Cofjtre  Ui  autrefois   le  feul    attouche- 
Uîréniues.    jnent  du  fépulchre  d'Elifée  a 
eu  la  vertu  de  reirufciter  un 
mort,  à  plus  forte  raifon  un 
femblable  miracle  fefera-t-il 
encore  en  un  temps  auquel 
la  grâce  a  été  répandue  avec 
plus  d'abondance  ,  &  la  vertu 
de  l'efprit  de  Dieu  a  été  com- 
muniquée avec  plus  de  force 
&  de  plénitude. 
14p.  Il  eft  aifé   de  pleurer  avec 

Faire  fa  joye  ceux  qui  pleurent  i  mais  il  eil 
du  bonheur  pj^j  difficile  de /^  réjoiiir  avec 
du  prochain,  ^^y^.  qui  font  dans  U  joye.  Car 
la  feule  vue  de  la  calamité 
d'autrui  eft  capable  de  tou- 
cher de  compadîon  un  coeur 
de  pierre  :  mais  la  profperité 
àts  autres  au  contraire  caufe 
de  l'envie  dans  feiprit  de 
ceux  qui  ne  font  pas  bien 
perfuadés  de  la  philo(ophie 
chrétienne,  &  amfi  ne  per- 
met pas  de  prendre  pa!t  à 
leurs  joves.  Et  en  effet, 
comme  la  charité  loint  &  ral- 
lie les  chofes  qui  font  divi- 


LIES 

fepuîcbro  degentis  y./èd' 
ejfts  qui  furrexiffet 
ae  viveret funt  opéra, 

Sanflorum  non  modo 
ccrpora ,  fed  C  wo- 
numenta  fpirituali 
gratia  conferta  fuîit, 
Ntjmjî  defutJÙîus  £=» 
Itftei  fipulchrum  con^ 
tingens  ad  'Vttam  w- 
diit  ,  multo  magis  id 
fet  hoc  tempore  qu&^ 
gratta  finit  uhiirior  y 
quo  fpiritus  major  efi 
vis. 


Hom.  43.  Lau- 
datio  Sandi  Rom» 
marty.  Flere  qutdsm 
cum  flentibus  ejè 
va  de  facile  :  gaude- 
reautem  cum  gau- 
dentibus  non  facile 
admodàm  .  .  .  Nam. 
ilHc  qitidem  ipfa  ca~ 
lamitatts  natura  potefl 
vel  lapidem  fie  flere  ad 
commiferationem  :  hic 
autem  m  rébus  profpe' 
ris  invidia  CT*  Uvor 
eum  qui  non  valdè 
philofophatur  ,  non  jT" 
ttit  effici  focium  volu'^ 


AU   Pe  U  P 

'ftatis.  Nam  quemai' 
modïîm  charitas  ea 
'cfu£  divifa  funt  con- 
j»nglt  C  colligat  j  Jïc 
etiam  hw'tdia  ,  ea 
<j«x  unita  funt ,  divi- 
dit.  Quamohrem  . .  . 
nthil  (gquclivoris  hune 
tnorbum  gravent  ac 
eurattt  difftcilem  ex- 
frellit  ,  atque  cum  iis 
qui  vivant  in  virtft- 
te,  gaudere. 

Hom.  44.Dena- 
tiv.  Machab.  Non 
fartus ,  cjui  nature 
funt  ,  fed  educatio  , 
mattes  ftcit ,  qu£  eft 
Voluntatis  .  .  .  Unde 
'^Paulm  3  fi  filios  e- 
nutrivit  ,  non  dixit , 
fipepertt ,  ut  viduam 
'honorificet  CT*  coronet. 

In  fana:.  Lucian. 
martyr.  Homil.  4^. 
*2Vo/*  loci  hujus  fre* 
'quentationem  content 
nere  :  fîve  cnim  n?œ- 
ror  aliquis  negotium 
faceffat  ,  hic  relega- 
tur  'y  Jlve  aliéna  à 
ratione  perturhationes 
fedatttur.  Aforo  au- 
tem  O*  theatris  ac 
céleris  profanis  con- 
vsntibtts»   maltts  ac- 


LE   d'Antioche.  7^' 

fées  ;  l'envie  au  contraire  fe- 
pare  celles  qui  font  le  plus 
étroitement  unies.  C'eft 
pourquoi  rien  n'elt  plus  ca- 
pable de  remédier  à  ce  mal 
Il  fâcheux  &  il  opiniâtre  de 
l'envie  5  que  de  mêler  fa  joye 
avec  celle  des  perfonnes  qui 
vivent  dans  la  pieté. 


Ceft  moins  l'enfantement, 
qui  n'efl  quHm  effet  de  la 
nature  ,  que  l'éducation  , 
qui  eft  un  effet  de  la  volon- 
té j  qui  vous  fait  proprement 
les  mères  de  vos  enfans  :  d'où 
vient  que  S.  Paul  pour  loiisr 
une  veuve  dit  :  Si  elle  a  élevé 
fesenfans  ,  &  non  pas  Ç\  elle 
les  a  enfantés. 

Ne  négligez  pas  de  viiSter 
fouvent  ces  faints  lieux  oîï 
repolent  les  corps  des  mar- 
tyrs; car  on  en  remporte  la 
confalation  de  toutes  \qs  af- 
fîidions  qu'on  y  a  portées  >- 
&  la  paix  de  tous  les  trou- 
bles dont  nos  efprits  étoient 
agitez  Comme  au  contraire 
du  théâtre,  du  barreau,  & 
des  autres  affemblées  profa- 
nes ,  on  s'en  retourne  d'ordi- 
naire chez  foi  chargé  d'uiie 
G  iiij 


iro: 

Education' 
des  enfans» 


If  T. 

Viiites  des 
tombeaux 
des  Martyrs, 
très-utiles. 


Contre  les- 
Hérétiques  :,- 


So  DesHomelies 

infinité  de  chagrins ,  de  pei-    cumulatis    eitrts 

nés,  &  de  maladies  fpiri 

tuelies. 


Vtilité  des 


a4 
mœrorihus   anim£<^ue 
morhis ,  domum  redi.- 
mus. 
Non  tantnm  ex  ad" 


Nous  remportons  ordinai- 
afîem'blées'de  *^^"^^"^  ^^  l'Eglife  dans  nos     monitione^fed  etiam 
J-'Eglife.  maifons  beaucoup  de  plaiiîr    ex  precibus  yexpatet" 

&  d'utilité  ,  &  une  infinité 


d'autres  biens ,  non  feule- 
ment des  inftrudions  &  à^s 
prières  qui  s'y  font  faites, 
mais  encore  delà  bénédidion 
de  notre  commun  père ,  & 
de  la  communion  de  charité 
de  nos  frères  avec  qui  nous 
lommes  alTemblés  ,  &  de 
plufieurs  autres  exercices  fpi- 
rituels  qui  ne  font  pas  moms 
avantageux. 
15-3.  Comme  celui  qui  reçoit  un 

Dévotion  Propfjéte  en  qualité  de  Prophète  , 
AUxUanyis.  jrecevra  larécompenfe  dàe  à  un 
Prophète  :  aufïi  celui  qui  reçoit 
un  martyr  en  qualité  de  mar- 
tyr ,  recevra  la  récompenfe 


na  benediOione  ,  eie 
communi  conventu 
fratrumque  charitate 
aîqvte  aliis  fexcentis 
V  rébus ,  multa  uiilir 
tate  atque  omni  oble- 
ftattone  percepta  folet 
dtfcedere ,  atque  inf 
numera  bona  domum 
report4re. 


Quemadmodwn 
qui  recipit  Prophe- 
tamin  nomine  pra- 
phetae,  mercedem 
prophetae  accipiet  ; 
. .  fie   ^  is   qui 


duc  à  un  martyr.  Mais  qu'eit-     manyrem  recipit   in 
ce  que  recevoir  un  martyr  ?     nomine     ntartyris    , 
-----  •  mercedem       martyris 

accipiet.  Tum  vero 
quis  martyrem  reci- 
pil  »  cum  adejus  me- 
moriam  convenit  S 
cum  eJHS  certaminum 
narrationis  fit  partir 
ceps  j  cum  fada  col" 
landaty  cum  vtrtuUs 


C'eft  s'aiTembler  aux  lieux 
où  Ton  célèbre  fa  mémoire , 
c  eft  aflfifter  nu  récit  que  Ton 
fait  de  fes  travaux  &  de  fes 
combats  ,  c'eft  louer  fes  a- 
dions  faintes ,  c'eft  imiter 
fes  vertus ,  c'eft  publier  avec 
éloge  fes  faits  héroïques. 
C'eft-là   comme  on  exerce 


AU   Pbup 

imitatur  »  cùm  apud 
Cdtteroi  praclara  tl- 
itHS  facinora  pTtedicat, 
Htec  martyrum  ho/pi- 
talia  funt  dona  s  Jîc 
ijfos  fan^os  qui  s  fuf- 
sipit. 

In  S.  Julianum 
Homil.  47.  DettsU- 
hores  qitidem  cum 
trevl  feciilo  ijlo  con- 
nexuit  ;  coronas  au- 
tem  £terno  refervavtt^ 
ut  C7'  Uborum  mole' 
Jîia  pr<ecidatur ,  qu^ 
tum  temports  hrevi- 
tate  dfjfolvitur  ,  CT* 
perennis  fruitio  coro' 
narum  permanent  , 
qu,t  una  cum  infini- 
torttm  fteculorum  im- 
mortalitate  perdureu 
Nec  vero  lahore  tan- 
tum  ecs  pr.tfenti  per 
hanc  futuroram  fpem 
lezavit  ;  fed  etiàm 
quod  ejfecerit  ut  ot- 
dine  prior  voluptate 
ejjet  ajflMio  :  ne  ve- 
hementer  à  prjefenti- 
hus  malis  ,  dù^m  ad 
illa  refpicium  ,  tor- 
qtteantur.  Stc  tlU  qui 
pHgilatu  certant ,  «i- 
lacriter  vulnera  exci- 
jpiunty   non    dolorei^ 


L  E    d'à  N  T  I  o  c  h  E.  8.1 

rhofpitalité  envers  les  mar- 
tyrs ;  c'eft  là  comme  on  re- 
çoit ces  grands  Saint». 


Dieu  a  joint  les  travaux  à       j  ^^  *; 
cette  vie  courte  &  paflagére  ,     Courte  da» 
&  a  réfervé  les  récompenfes  réc  des  tra- 
à  la  vie  éternelle  qui  la  doit  vaux,  étes- 
fuivre  i  afin   d'abréger     ces  ""^  *^"  '^^ 
maux    qui   finiffent   avecla '^"'^"^"-^ 
courte  durée  du  temps  pré- 
fent,  &  d'éternifer  ces  biens 
qui  fubfîileront  dans  la  fuite 
de  tous  les  (îécles.  Et  il  n'a. 
pas    feulement    adouci    nos 
maux  préfens  par  refperance 
des  biens  futurs  3  mais  enco- 
re par  l'ordre  dans  lequel  il 
les  a  placés ,  en  faifant  pré- 
céder le  plaifîr  par  l'afflidion  ,* 
afin  que  la  vue.  du  bien  nous 
otât  le  fentiment    du    mal. 
Amfî  comme  les  gladiateurs 
s'expolent     gayement     aux 
blell'ures    &    aux    douleurs , 
dans   la  vue  des    couronnes 
qu^ils  en  attendent  ;  de  même 
tes  faints  martyrs  en  fouffrant 
une   infinité    de   tourmens, 
les    confideroient-  fort    peu 
dans  la  vue  de  la  félicité  du 
ciel  5    où    ils  afpiroient  de 
tous  leurs  de&rs. 


Des 


ifr         Quand  vous  voyez  un  hom- 

On  n'efl  me  qui  paflant  fa  vie  dans  les 

heureux    ou  voluptez  &  les  délices  ,  doit 

malheureux    ^^j.^  ^^  jq^.  p^j^j  ^^j^^  j^  yj^ 

von^il'éiei'.  ^"^^^^  s  "^  l'eftimezpas  bien- 
^é.  '  heureux  à  caufe  des  pLaifîrs 

préfens  j  mais  plutôt  très-mi- 
fêrable  à  caufc  des  maux  à- 
venir.  Quand  d'ailleurs  vous 
en  voyez  un  autre  qui  étant 
deftiné  pour  la^  félicité  du 
Ciel,  eft  accablé  d'une  infi- 
nité de  tribulations  dans  cette 
vie  5  ne  le  plaignez  pas  beau- 
coup pour  les  maux  préfens 
qu'il  (ouS^  y  mais  regardez 
îe  plutôt  comme  étant  prêt 
de  recevoir  les  couronnes  de 
gloire  que  Dieu  lui  réferve 
pour  toute  une  éternité. 


Reliques. 


Dieu  a  partagé  avec  nous 
les  faints  Martyrs,  quand  il 
en  a  pris  avçc  lui  les  âmes  , 

Biunqiies.  corps,  afin  que  leurs  famts 
os  que  nous  confcrvons  , 
nous  fervillent  d'un  monu- 
mcntperpetuel  de  leur  vertu. 


Homélies 

fed  coronam  fpeSian^ 
tes  ,•  ità  CT*  martyres 
fexcenta  mala  toléra»' 
tes ,  nihil  iporumfpe- 
ûabant  ^  fed  càilo  in- 
hiahant. 

Càm  aliquem  in  hâc 
vitâ  deliciis  ac  volup- 
tatihus  perfruentem 
Viderais ,  fed  illic 
pofeà  puniendum  j 
fjon  eum  pr opter  pr£~ 
fentes  delicias  beatum, 
fed  propter  futurum 
ftippltcium  mtferum 
pr^dicelis.  Rurfus  uèi 
q^uemptam  eorum  qui 

multo  illic  honore  ae- 

corandi  funt  ,    trihum 
laiione  atq'^e  innume^ 

ris  malis  in  hac  tem- 
p  or  aria  ziita    videtis 

ohjîJeri   î  ne  propter 
pr<efentia  mala  d^plo- 

retis  ;  fed  propter  re- 
pofîtas  in  inf.nitiiféi- 

eu  lis  cor  on  a  s  cenfeatis. 

Martyres  nobifcum 

partitui  eft  Deus ,  cùm 

animas  ft  ipfef umpfîf- 
fet   ;    corpora     nohis 

quodammodo  lar^itus 

ef} ,  ut  p?rpttu£  vir- 

tutii        monMmentum 
fanCla  horum  offa  ter 

neanws» 


AU  Peupl 

AdeP  diahûlus  à 
meretriciis  cantiîe- 
ms  5  à  verhis  ohfcœ- 
nii  j  à  diaholica  pom  ■ 
favocatus.  At  tir  ont' 
ni  hujufmodi  pomp£ 
Ttumium  remifijii ,  te- 
qt*e  Chrijîi  cuhui 
mancipapi  die  illo  ^ 
quofacrii  myPeriis  di- 
gnus  habitus  es.  Ke- 
eordare  itàque  ter' 
èêTum  illorum  ,  pafii 
conventi ,  O"  ne  illud 
violes  cave. 


Hom.  5a.  De  S. 
ïuftathio.  Martirem 
'facit  non  mors  tan- 
ttêntjffdammf  quoque 
■fropoflïum  :  non  entm 
eventufolo  ,  fed  eiiam 
voluntate  mariyru 
corona  comparatur. 

Ef}  fairifcium 
etiant  fine  fun<^uine. 
Sciuntilli^  qui  my~ 
Périls    tmtiaii    funt. 

Komil.  55.  de 
pœnit.  I.  Quemad- 
modàm  anima  ne'Ai- 
^ens  Cpi^^ra  ,  quan- 
qiiam  multtim  tempo- 


E      D*A  N  T I  O  C  H  E.  îj 

Le  démon  affifte  aux  affem-        ijT?» 
blées  de  vos  danccs ,  y  étant     ^"  *   r^-* 
appelé  par  ces  chanfons  im-  J°"<^édansîe 
'  s        »  ,       Baptême  aur 

pudiques  y   par    ces  paroles  ^aLhléesdc 
diliolues  5  &par  tout  cet  ap-  aances  ,oùle 
pareil  diabolique  qui  les  ac»  démoaftmê. 
compagne.    Cependant  vous  le. 
avez   renoncé   à  toutes  ces 
pompes  y   &  vous  vous  êtes 
engagé  au  culte   de  Jésus- 
Christ  dans  le  jour  que  vous 
avez  été  initié  aux  facrés  my- 
ftéres.Reflbuvenez- vous  donc 
des  paroles  que  vous  avez  a- 
lois  prononcées ,  &  du  paéle 
que  vous  avez  fi  lolemneile- 
ment  juré  devant  Dieu  -,  & 
prenez  bien  garde  de  le  violer. 
Ce    n'eit  pas   fimplement 
la  mort  du  corps,  mais  plu-  ^^'^  ^"*  Mat^ 
tôt   la   réfolution    de   l'ame  ^y"* 
qui    fait  les  martyrs  j  &  ce 
n'eft  pas  le  feul  événement 
du  martyre  qui  leur  procure 
leurs  couronnes  ,  mais  pria- 
cipalement  leur  volonté.  ij^r 

Il  le  fait  un  facrifice  fans  Sacrifice  non 
qu'il  y  ait  de  lang  répandu  :  fanglant. 
&  ceux  qui  font  initiés  aux      Co»tre  les 
facrés  inyftéres>  fçavcnt  quel  Heretiqi^es' 
ilcft. 

Comme    un   négligent  &       j^^^ 
un  parelfeux  ne  fait  rien  de    Eviterlâné- 
bien  ,   quelque    temps  qu'il  gligencedaps 
prenne  pour  s'y  préparer  ,  &  le  fervice  de 
n'appaife  point  Dieu  par  fa.  ^^^^^ 


La  volonté 


^4  D  E  s     H  O  M  E 

lâcheté  :  celui  au  contraire 
qui  eft  animé  de  ferveur,  & 
qui  marque  par  fa  diligence 
&  fcs  foms  la  fincérité  de  fa 
pénitence  ,  eft  capable  d'ex- 
pier en  très- peu  de  temps, 
les  péchés  de  plufîeurs  an- 
nées. 


'     '^^j^  S'il  vous  arrive  quelque 

Avoiiuiiii-P^i"^  &  quelque  douleur, 
^ueitient  re-  n'allez  pas  chercher  votre 
coiiisàDieu.  confolation  chez  les  hom- 
mes "j  mais  ayez  recours  au 
fouverain  medecm  des  aracs. 
Car  celui  -  là  feul  qut  a  for- 
me chacun  de  nos  coeurs ,  &  qui 
obferve  tous  leurs  mouvc- 
mens,  les  peut  guérir.  C'eft 
lui  feul  qui  peut  pénétrer 
notre  confcience,  tourner  no- 
ue efprit  3  &  toucher  notre 
ame.  Que  s'il  ne  prend  foin 
d'incliner  lui-même  les  cœurs 
vers  le  bien  ,  c'eft  en  vain 
que  nous  prétendrons  qu'ils 
s'y  portent  Comme  au  con- 
traire lorfqu'il  arrive  que 
Dieu  nous  exhorte  &  qu'il 
nous  confole  .  quelque  perfé- 
cution  que  les  hommes  nous 
veuillent  faire  ,  ils  ne  nous 
pourront    caufer  aucun,  mal 


!LIE  s 

ris  acciplat  ,  nihit 
operatur  magnum  i 
neque  Jibi  Deum  ah 
dejtdiam  conciliât  : 
fie  qui  propofito  exci» 
tato  fervet  ,  atque 
multa  ci*m  folenia 
pœiiitentiam  ojfendit , 
hrevi  temporis  mo~ 
mentolong^vi  tempos 
ris  peccata  delere  ^a- 
terit. 

Homil.  j4.  De 
pœnit.  4.  Si  quid 
moUJïiui  ttbi  incidem 
Videris ,  nequaquàrtf 
ad  homines  cctifi*gias  i 
fidad  animarum  me- 
dicumevola.  Corenim 
curare  foluspoteft  qui 
finxit  fingiilatiiu 
corda  noiera  ,  e?* 
tnteUigit  fuper  omnia 
opéra  nojlra  i  ipfeer» 
gb  nojiramfubire  conf' 
cientiam  mentem  tan- 
gert  potefl ,  animât» 
flefiere.  Si  vero  ille 
minus  incUnaverit 
corda  nojfra  ,  fuper~ 
fiutim  eritqmdquid  ah 
Ixjmimbus  exigetur  i 
quemadmodùm  Dea 
exhortante  CT*  confo- 
lante  nos  ,  quamvis 
homines      moLaJlavje^ 


AU  PëUP 
innt ,  haudin  re  vel 
tninima  ojfenàere  po- 
terint,  Nam  cum  ille 
991  foUdo  cor  po/uerit 
nemo  id  vel  moveri 
coegerit. 

Hominei  fi  quando 
exorare  oportet ,  CiT* 
jamtoribm  prias  oc- 
currere  convertit  ^pa- 
rafittfque  [uadere  . . . 
Deui  fine  mediatore 
exorahdis  eft  ,  fine 
pecuniâ ,  fine  impenfa 
precibtti  annuit.  Satis 
efifolo  corde  clam  an , 
lachrymas  fnndere  , 
atque  illico  eum  ad 
tnijericordiam  attra- 
xeris. 


Hom.  55.depœ- 
llit.5,  Remiffio  pecca- 
torum  ,  fons  (alttiis  , 
CT*  pxnittntia  pr<e- 
mium.  Meâicamen- 
tum  pœnitentia ,'  pec- 
catum  extinguens  , 
virius  admirabilii  , 
gratia  vim  legum  fu- 
perans.  Q^are  non 
farnicatorem  renttit , 
nm  ebrium  adverfa^ 


LE  d'Aktioche.  ^J 
réel  :  &  quand  il  aura  établi 
notre  cœur  dans  une  fermeté 
foiide  ,  nul  ne  Tera  capable 
de  l'ébranler. 


Quand  nous  fomines  obli-      i^i; 
gés  d'aller  trouver  les  grands    Accèsfacifci 
du  monde  pour  en  obtenir  auprès  de     . 
quelque  faveur ,  il  faut  corn-  ^i«"» 
mencerpar  gagner  leurs  por- 
tiers, &  faire  lacour  jufqu'à 
leurs  bouftbns.  Il  n'en  eft  pas 
de  même  à  l'égard  de  Dieu. 
L'on  n*a  point  befoin  d'en- 
tremetteur pour  fe  le  rendre 
favorable  y  il  ne  faut  point 
employer  d'argent  pour  ob- 
tenir ce  qu'on  lui  demande. 
On  n'a  qu'à  s'écrier  à  lui  du 
fond  du^  cœur ,   qu'à  verfer 
des  larmes  en  fa  préfence , 
&  Ton  fléchit  incontinent  fa 
miféricorde. 

La  rémifïion  des  péchés  eft 
la  fource  du  falut  &  le  prix 
de  la  pénitence.  Lapéniten-  c^eftouver 
ce  eft  un  remède  fouverain ,  ^^  *"*  P^"* 
elle  détruit  le  péché ,  elle  a  f^^^ 
une  vertu  admirable  ,    elle 
contient  une  grâce  qui  a  plus 
de  pouvoir    que    toutes  les 
loix.  Ceft  pourquoi  elle  ne 
rejette  pomt  le  fornicateur, 
elle  ne  fuit  point  l'yvrogne  , 
elle  n'a  point  en  abomina^ 


La  péniteiH 


ds     pê4 

c  heurs. 


^  D  E  s      H  O  M 

tion  ridolâtre  ,  elle  n'exclud 
point  l'adultère,  ellenechaf- 
0>  fe   point  ie  médifant  ,   elle 

ne  ferme  point  l'entrée  au 
fuperbe  i  mais  elle  les  re- 
çoit tous  ,  &  elle  communi- 
que avec  tous  \  parce  qu'ainfi 
qu'une  fournaiie  ardente,  el- 
le a  la  force  de  confumer 
tous  les  péchés. 
1^4:  Dieu  confole  le  pécheur. 

Différente  a£ti  de  le  relever  ;  il  fait  peur 
conduite   de  ^^  -^^^^  ^    ^1^^  j^  l'afFermir 

^^heur/  l  Pl"^  folidement  II  y  en  a 
fur  h%  juftes.  4"^  ^"^  commis  beaucoup  de 
\  péchés,   qu'il  ne  punit  pas, 

parce  qu'il  les  regarde  com- 
me des  préfomptueux  &  à.ç,s 
ennemis  j  &  il  y  en  a  d'autres 
aufquels  il  demande  compte 
«les  moindres  fautes,  parce 
qu'il  ne  veut  pas  fouftrir  qu'il 
manque  rien  à  leur  entière 
perfection.  Les  riches  dont 
le  monde  fait  tant  de  cas,  font 
très  pauvres  devant  Dieu  ;  & 
îl  regarde  les  pécheurs  comme 
ie  monde  regarde  les  pauvres. 
Auliî  comme  nul  n'elt  plus 
miferabie  que  le  pécheur , 
rien  n'eft  plus  riche  &  plus 
'11^5.  heureux  que  le  jufte. 
Pénitence  Ofiex  le  mal  de  devant  mes 
Rticcre,  f^eax.  C'eft  à  dire  ,    ne  vous 

contentez  pas  d'une  peniten- 
^  déguifée  &  qui  n'ea  a  qiie 


EL  1  ES 

tur  ,  «0»  abominatut 
idoUtram ,  «0»  adul" 
terum  repellit ,  non 
maledicum  infeciamr^ 
non  rejictt  blafphe- 
mum  5  non  fuperhum  ; 
fed  omnes  fufcipit, 
comwHnicat  omnibus  : 
peccaù  enim  confia" 
tùrium  pocnttemia, 

Deus  folatur  pec- 
catorem  ,  quo  eîevet  » 
jufium  ,  quû  Jlatuat  , 
terret.  Et  qmbufdam 
qmdem  multa  àimit- 
titpeccata ,  quajî  ini- 
micis  <0'  ir.fiatii  j  à 
qmbiijdam  vero  O* 
nimis  exaCle  de  mi- 
nimis  etinm  qu<trit  » 
nihil  his  ad  perfe- 
élionem  deficere  va- 
lens  :  quod  enim  e(i 
in  hoc  mundo  dives  y 
id  efiapudDeum pau- 
per  :  CT*  quod  in  hoc 
mundo  efi  pauper  >  id 
circa  Deum  peccatsr. 
Nihilpeccante  cflpau- 
perius  ,  rithil  ditius 
efl  jufio, 

Auferte  mala  è 
confpedu  oculo- 
rum  meorum.  No» 
per  ofiemationem  pa^ 


AU  Peup 
nitentiam  àegenerem 
faciatis  ,feel  in  conf- 
feélu  ûculorum  meo' 
rum  occulta  fcrutati' 
Uttm  ojiendite  fru^us 
fœnitentite.  Decet  au- 
tem  CP*  nos  purgatos 
à  peccatii  ,  eadem 
atJtè  oculos  habere 
peccata  :  quanquam 
Deus  muUum  de  cU' 
mentià  ignofcat  pec 
catitm,  pro  tu>£  ta- 
men  animte  flahUitate 
€7*  falute ,  babe  ante 
oculos  peccatum  :  ete- 
nimpr^cedentium  me- 
moria  ,  futurorum 
conttnentia  fiu 

"Non  tempm  afli,- 
matur  ,  fed  pœniien- 
lis  mores  peccatum  ex- 
tingu nt.  Fiers  pottft  , 
ut  qui  multo  exaflû 
tempore  falutem  non 
impetraverit  ,  repen- 
tino  momentOf  Jî  fue- 
rit  verè  confejjus ,  à 
peccato  folvatur. 


Bcatiquilugent , 
quoniam  ipû  con- 
folabuntur.  Luge 
pecçatmn  ,  ne  pœnam 


L  B    d' A  N  T  I  O  C  H  E.  87» 

les  apparences  j  mais  faites- 
en  pai  oiltre  les  fruits  devant 
mes  yeux  ,  qui  pénétrent  le& 
chofes  les  plus  cachées.  Or 
quoique  nous  foyous  purifiez,, 
de  nos  péchés,  il  nous  cd 
bon  de  les  rappellcr  dans  no- 
tre mémoire  :  parce  qu'enco- 
re que  la  clémence  divine  foie 
allez  puilfante  pour  pardon- 
ner les  plus  grands  cnmes ,  il 
cil  néanmoins  ex pedient  pour 
la  fureté  de  notre  ame  &  l'af- 
fermiifement  de  notre  falut ,, 
de  nous  rcprélenter  fouvenc 
l'image  de  nos  péchés  :  le 
fouvenir  des  fautes  palTées, 
nous  fervant  comme  d'un 
frein  pour  nous  empêcher  de 
les  commettre  à  l'avenir. 

Ce  n'eft  pas  la  durée  delà 
pénitence,  mais  la  bonne  vie 
&  la  ferveur  du  pénitent  quila    pénitence 
expie  fon  péché.    Car  il  fedépendmoins 
peut  faire  qu'après  qu'il  fe^u temps  que 
fera  palTé  un  long  efpace  de^^  '^  ferveur, 
temps  fans  que  le  pécheur  ait 
obtenu  la  rémiiTion  de   fou 
péché ,  il  en  fera  tout  d'un 
coup  purifié  ,   s'il  le  recon- 
noît  avec  un  fincere   repen- 
tir. 

Heureux  ceux    qui  pleurent , 
car  ils  feront  confolés.     Pleurez 
le  péché,  &VOUS  n'en  pleulP^^és  pour. 
rerez  point  la  peine.  Défea-;  "  CE*«^«^« 


166. 

La  force  de 


167, 
Pleurer  Tes 


wcence. 


^8  Des   Home 

dez  votre  caufe  devant  le  Ju- 
ge, avant  que  d'être  au  Pré- 
toire pour  en  recevoir  la  con- 
damnation. Votre  Juge  peut 
encore  vous  être  rendu  favo- 
rable avant  le  jour  du  juge- 
ment. 
j'6È,  Dieu  peut  être  gagné  par 

Joindre i'au-  argent  pour  nous  être  favora- 
«ôneàlapé,  ]j[q  ^  ^on  pas  en  le  prenant 
de  vous  de  fa  propre  main  , 
mais  en  le  recevant  par 
celle  des  pauvres.  Donnez 
donc  votre  argent  aux  pau- 
vres ,  &  c'eft  le  moyen  d'a- 
doucir votre  juge  en  votre 
faveur.  Je  vous  donne  cet 
avis ,  mes  Frères,  parce  que 
la  pénitence  eft  comme  morte 
fans  Taumone  :  car  l'auraone 
lui  fert  d'ailes  -,  de  forte  que 
fans  Taumone  h  pénitence  ne 
fçauroit  s'élever  au  Ciel.  Et 
comme  les  aumônes  de  Cor- 
neille le  Centenier  furent  les 
ailes  de  la  piété  &  de  la  fidé- 
lité de  (a  pénitence  ,  l'Ecri- 
ture lui  dit  :  P^os  aumônes  O" 
vos  oraifons  ont  monté  au  Ctel. 


LIES 

defleas  î  defenàe  te 
af>ud  judicem ,  priuf' 
quàm  ajjud  prietorium 
venias  .  . .  antè  /»- 
diciitemfnts  miti^abi'* 
lisejljudex. 

Clemensfudex  Deus 
pecuniafuadetur  i  non 
ipfe  matm  ,  /<?^  fer 
inofes  accipiens.  Da 
inopi  pecuniam  ,  O* 
iudnem  mitigaveris* 
Hxcautem  dico,fra' 
très  ,  alliciens  vos  ; 
quoniam  panitentia 
Jlne  eleemofyna  mortua 
eft  :  'O'fine phrr.is  ns" 
qhit  volare  ,  pennas 
eleemofyntt  non  ha- 
hens.  Quaproptei'  Cor- 
nelio  benè  pœnitenti 
religionis  €7*  pietatts 
penna  eleemofyna  fmf-, 
EleemofynaE  tuae  j 
inqmt ,  &  oratio- 
nes  tuaî  in  cœlum 
afcendcrunt. 


t^Pi  Nous  voyons  de  pauvres 

Profit  de  paralytiques  que  Ton  porte 

J'Aumône.       dans   les  places   publiques  , 

tout  fondant  en  larmes.  C'eft 

pour  nous  une  occafion  très- 

^ivantageufe  de  trafiquer ,  en 


ytdemtts  in  fora 
quofdam  circumferri 
pauperes ,  videmus  la- 
chrymantes.  Nundin^ 
profeCîo  nohis  mirahi" 
Usfitm  i  harum  nttUa 
alla 


A  u  Peu  p 

alla  vtteutio  ,  quant 
parvo  quidtm  emere  j 
magno  ver»  vendtre 
....  modico  juflitias 
tme^cjtto  muho  vendus 
infuturofeculo  i/îqui- 
dttn  oportet  coemptio' 
nem  appellare  retribu- 
ttonew. 

Mtnatur  gehennam 
Veus ,  non  quagehen- 
nam  inducat ,  Jed  quo 
kgehennâ  liheret.  A- 
koqui  Jî torquere  vel- 
let  y  non  iàm  antè  mi- 
natiAs  efjfit.  Quo  nohii 
caventes  evitemus  pcc' 
nas ,  pocnam  minatur: 
&  terret  verbo  qtto 
ntinm  opère  torqneat. 


Noterai  Deus  ficut 
tihi  O'  paupert  dure  , 
fed  7iolu>tj  ne  tuas  dt- 
vitias  i  fmfluofas  fa- 
C€ret  ,  neqWe  tlliui  fine 
merito  fuceret  pauper- 
tatem. 

Homil.    $6.    De 
pœnit.    8.    Pacem 
lèquimmi  cumom 
nibu.s  ,  &  fandifî- 
Wtionem ,  fine  quâ 


Dieu   nous 


Toiii.  I. 


L  E     D'A  N  T  I  O  C  H  F.  Bp 

achetant  à  bon  marché,  Se 
en  vendant  bien  cher.  Ache- 
tons donc  maintenant  la  ju- 
ftice  au  prix  d'une  très-chéti- 
ve  aumône  ,  pour  la  reven- 
dre un  jour  dans  le  Ciel  à  un 
très-haut  prix.  Car  on  achette 
ainfi  en  quelque  lorte  la  re- 
compenfe. 

Dieu  nous  menace  de  l'en- 
fer ,  non  pour  nous  y  préci- 
piter j  mais  pour  nous  en  pré-  "^^"^'\^  .^°^/ 

\-  ',1  j    îr  •     nous  taire  e- 

ferver  :  car  s  il  avoit  dclFem  ^j^er  les.chi^ 
de  nous  y  punir  ,  il  ne  nous  tiiuens, 
en  menaceroit  pas  aupara- 
vant* C'eft  donc  pour  nous 
obliger  à  veiller  foigncu- 
ment  fur  nous-mêmes,  afin 
d'éviter  ces  peines  ,  quai 
nous  en  menace  j  &  il  noas 
épouvante  par  Çqs  paroles  , 
afin  de  n'être  pas  obligé  de 
nous  punir  en  effet. 

Dieu  pouvoir  donner  du 
bien    au    pauvre    aufli-bien       p^^f'    * 
qu  a  vous  ;  mais  il  ne  1  a  pas  Dieu  fait  l'un 
voulu  ,  afin  que  vos  richefles  riche  ;,  l'-iu- 
ne    vous    fulfent  pas  infru-  tre  pauvre, 
élueufes,  ni  fa  pauvreté  pri- 
vée de  mérite. 

Tâchey  d'avoir  la  paix  avec 
tout  le  monde  ,    CT*  de  con ferver      ^    P  Ztr 

ajntetejans  laquelle  nui  ne  pour      com- 
verra    Ditit,.     Or   quiconque  raunie». 
n'eft  pas  en  état  de  voir  Dieu, 


H 


Sb 


Des  h  o  m 


n'eft  pas  auiïî  en  état  de  com- 
munier au  corps  du  Seigneur. 


Je  ne  puis  qu'avec  une  ex- 
T      Z»i',„   tréme  confufion  entendre  ap- 
rnône     à    hvPeUer   une   Vierge /o//e.  Ce- 
virginité,       pendant  après  que  ces  cinq 
Vierges  ,    dont   il   eft  parlé 
dans  l'Evangile  ,   fe   furent 
comme  élevées  de  corps  juf- 
ques  au  Ciel ,  &  qu'elles  eu- 
rent étoufte  en  elles  toutes  les 
iîammes  delà  volupté,  c'eft 
à  bon  droit  qu'elles  font  ap- 
-pelées  folies  >  pour  s'être  lail- 
lé  vaincre  à  de  moindres  ten- 
tations ,   après  avoir  vaincu 
* ,  les  plus  grandes.  La  virginité 
eft  comme  un  feu ,  &  1  aumô- 
ne comme  une  huile.  Et  com- 
me le  feu  s'éteint  s'il  n'eft 
entretenu  avec  de  l'huile  j  de 
même  la   virginité   fe   perd 
bientôt  fi  elle  n'eft  niaime- 
nuë  par  les  aunkônes. 

L'aumône  eft  un  prix  qui 


LIES 

ncmo  videbit  Deiî.. 
Qiti  autem  videre 
dignui  non  ej}  y  tteque 
communione       ài^nui 

o 

e/?  Dominici  corporis». 
Homil.  57.  De 
pœnit.  j?.  Pudet  me 
Virginem  ftultam  d«- 
diens  .  .  .  Qiiinque 
fatuas  ,  ubt  m  coclum 
corpus  erexerant .  .  .. 
uhi  ipfam  Vo'uptatis 
fiammam  conculcave- 
rant ,  tv.nc  infipien- 
tes  C  jure  injipientes  ; 
quodmajus  cumvicif- 
jent  3  à  mifjore  vifla 
funt  ,  . .  Ignis  eji  vir- 
ginitas  ,  o'etim  autem 
eleemojyna.  Nam  ut 
ignii  nijî  oleum  ha- 
beat  petit  ;  fie  virgi~ 
nitns  niJî  conjunclam 
habeat  eleemo^nam 
extimmiat'. 


17.4. 

Avantages 


fert  à  nous  racheter.  Et  les 
de  l'aumône,  pauvres  font  aux  portes  des 
Eglifes  comme  des  baflins  pu- 
blics ,  où  chacun  peut  laver 
Us  m^ns  de  fon  aiue. 


Preflum  redenh- 
ptionts  anim£  e/?  ele- 
emofyna.  Quemadmo" 
diim  pelves  C?*  lava' 
cra  cum  aquafunty 
quo  mant*5  laves  ;  fi 
CT*  pauperes  pro  fr- 
ribus   Ècdefu  fed^a^ 


AU     PffUp 
Of  amm<e  rnanus  ab- 
luas. 

Mazna  res  eleemo- 
Jyna.  Hanc  amando 
façiamus  ,  cm  nihil 
étquale  :  potem  ej}  e- 
nim  peccata  alla  de- 
lere  judictumque  pro- 
pulfare.  Te  tacente 
fiât  CT*  patrocntatur  ; 
immo  vero  nihil ver- 
bis  ejî  opus  ;  cUm  tpfa 
pauperum  aflant  ora. 
Tarn  adeo  exttberans , 
tamque  magimmelee" 
TfK'fyne  bormm  CT*  ipfi 
pigrtmmur  C?"  conci- 
dimus.  D a  panent  pTO 
facuUalibui  tuis  :  non 
hahespanem,  dade- 
narium;non  hahes  de- 
nariiim  y  dk  vd  fri- 

^d<e    aqu£  calicem  : 
•^  •  j, 

atque  neque  td  opm , 

vel      malis    cpprejjo 

compatere  ;  atque  ap- 

^enfant  mcrceà^m  ha- 

bes. 


'  Hahei  panhtntU 
viamopportunam  .  .  . 
"Oraperjîngulai  horas, 
ut^Hç  orans  defcias  j., 


LE     b'AnTIOCHE,- 


9t 


L'Aumône  eft  une  chofe 
admirable.  Aimons  donc  à  la 
pratiquer  ,  car  il  n'y  a  rien 
d'égal.  Elle  a  le  pouvoir  d'ef- 
facer les  péchés  ,  &  de  s'op- 
pofer  à  notre  condamnation. 
Pendant  même  que  vous  vous 
taifez  ,  elle  élevé  fa  voix& 
parle  pour  vous  ;  aufli  n'eft-il 
pas  néceifairc  que  vous  par- 
liez ,  puifque  les  bouches  des 
pauvres  crient  fi  haut  en  vo- 
tre faveur.  Cependant  quel- 
qu'excellente  &  avantageufe 
que  foit  l'aumône  p.  nous  ne 
lailibns  pas  d'être  lâches  &: 
négligens  à  la  pratiquer.. 
Donnez  du  pain  aux  pauvres^ 
félon  que  vous  le  pouvez-',  ^' 
vous  n'en  avez  pas,  dpnnez. 
un  denier ,  &  fi  vous  n'avez, 
pas  feulement  un  denier  -p. 
donnez  au  moins  un  verre 
d'eau  froide.  Et  quand  mê- 
me vous  ne  pourriez  faire 
autre  chofe  que  compatir  à  la 
mifcre  des  pauvres  &  des  af- 
fligés, vous  ne  feriez  point: 
privé  de  récompenfe. 

Vous  avez  encore  une  voye 
depé'^'tence  bien  favorable,     j.*^^'"; 
Pliez  à  toute  heure  ,  ne  vous 
laflez  point  «ic  priar ,   &  ea 


I7r. 

Excclienœ 
ÔC  util.;é  dô 
l'aumône  • 


erar-cs 


Hij 


9i  Des    Home 

implorant  la  miféticorde  de 
Dieu ,  ne  le  faites  jamais  a- 
vec  négligence  ni  tiédeur. 
Si  vous  perfeverez  dans  vo- 
tre prière ,  Dieu  ne  vous  re- 
jettera point,  mais  vous  par- 
donnera vos  péchés  &  vous 
accordera  toutes  vos  deman- 
des. Si  Dieu  vous  exauce  au 
milieu  de  votre  prière  ,  con- 
tinuez la  pour  lui  rendre  grâ- 
ces j  s'il  diffère  de  vous  exau- 
cer ,  perllftez  à  prier  afin  de 
vous  rendre  digne  qu'il  vous 
exauce.  Et  ne  dites  pas  :  J'ai 
beaucoup  prié  ,  &  je  n'ai  rien 
obtenu.  Car  c'eft  fouvent 
pour  votre  plus  grande  utilité 
que  Dieu  en  ute  de  la  Ibrte. 
11  fçait  que  vous  êtes  paref- 
feux ,  &  que  dès  que  vous 
aurez  obtenu  ce  que  vous 
avez  demandé  ,vous  celferez 
de  prier  ,  c'eft  pourquoi  il  fe 
fertde  l'oraifon  comme  d'une 
occafion  favorable  pour  vous 
attirer  à  lui ,  pour  vous  obli- 
ger à  vous  en  approcher  avec 
plus  de  familiarité,  &  pour 
vous  excitera  toute  forte  de 
vertus. 
177'.  Le  defefpoir  empêche  ceux 

Maux  que  qui  Ibnt  tombés  de  (e  relever , 
câufent  le  de- &  la  pareile  fait  tomber  ceux    uo  qutaem   exurgere 
fefpoii  ôc  iâ  q^j  Cont  debout.  Le  defefpoir    non   [mn  :  pigriti* 


L 1 E  s 

neque  negligànter  "Dei 
clementiam  implora  ; 
non  rejfeltet  te  perfe- 
verantem ,  fed  peccct' 
ta  dimittet  ,  CT*  peti" 
ta  concedet.  Qram 
guident  fi  exauditui 
fueris,  permane  gru" 
tiasagensin  oratione  ; 
non  exauditus  ,  W4- 
nè  orans  ut  exaudia^ 
ris.  Neque  dixerls  ^ 
mttltum  oravi ,  atque 
haUfd  exaudttui  Jum  : 
Etenim  vel  id  fiepè 
tu£  uiilitaiis  fit  gra- 
tia.  Novit  enim  quoà 
piger  es  ...  O"  fivo- 
ti  compoi  fueris ,  alf 
oratione  recedis  >  CT* 
per  occafionem  oratio" 
nis  perlrahiî  te  ,  qua 
crehrius  Deum  alla' 
quarts  ,  orationeqat: 
exciteris. 


Homil     5^^   de 

pœnit.  10.  Defpera- 


Au    Peup 

Vero  V  flantem  ca- 
dere  fadt  i  atque  tl- 
laqitidem  jam  qu^fî- 
ùs  pnvare    nos  folet 


Oints  -y  h(gc  malts  <jiii- 
hus  urgunv^r  nos  libe- 
r^ari  non  finit  j  CT*  ne- 
gleClus  quidem  exipjts 
detrudit  calis  i  dejpe- 
ratio  vero  m  ipfam 
maliiU  deducit  ahyp 
fum  ,  Jtcut  fdentia 
dedafium  indè  vela~ 
citer  trahit. 

Gravis  qftidem  res 
eflffeccatum,  fedmul- 
togravius  alium  JapC' 
re  in  peccato.  Nam 
fi  dejuflitiâ  in  flan  ^ 
juflitix  fit  evacuatioi 
muito  magis  id  fi  m 
peccatis  contingut  , 
maximum  nobis  ja- 
éîuram  in  fer  et ,  at- 
.que  ipfis  peccatis  ma- 
jus  crimen  ejl. 

Stantem  confidere  , 
C?*  jacentem  defpera- 
re ,  perditio  anima- 
rttm  efl. 

Ne  defleam  mul- 
tos  qui  antè  pec^a- 
veriint ,  &  pœni- 
lentiani  non  ege- 
xunt  i  ofiendens  mn 


LE      d'AnTI'OCHE.  J)J 

ne  nous  permet  pas  de  foriir 
des  maux  c)ui  nous  prefîent, 
&  la  parefl'e  nous  fait  perdre 
les  biens  que  nous  avions  dé- 
jà acquis  :  &  comme  la  négli- 
gence nous  fait -tomber  du 
haut  du  Ciel  ,  le  delérpoir 
nous  précipite  dans  un  abîme 
de  maux  ,  d'où  il  n'y  a  que 
la  confiance  en  Dieu  qui  nous 
puiffe  retirer. 


Le  péché  eft  un  grand  mal, 
mais  s-enfter  d'orgiieil  dans 
le  péché  eft  un  mal  encore 
beaucoup  plus  grand.  Et  en 
eftec  fi  s'élever  de  préfomp- 
tion  dans  la  juftice  ,  en  tft 
la  perte  :  quelle  ruine  cet 
orgueil  ne  nous  doit-il  point 
caufer  quand  nous  fommes 
dans  le  péché  ?  car  alors  c'eft 
un  crime  bien  plus  énorme 
que  le  péché  même. 

L'excès  de  confiance  dans 
un  jufte,  &  le  defefpoirdans 
un  pécheur ,  eu  la  perte  de 
leurs  âmes. 

Quand  l'Apôtre  dit  :  Je 
crains  que  je  ne  foii  obligé  d'en 
pleurer  plufitur s ,  qui  étant  tom- 
bés tt'en  ont  point  fait. pénitence  i 

a  nous  marque  allez  que  cq 


ï7n: 

OrgiicjldanS 
le  pèche ,  cri- 
me énorme» 


J79i 

Garder  Te 
milieu  entre 
la  préfomp- 
tion  Ôc  le  de* 
fefpoir. 

i8o. 

Malheurdc^ 
impçnitcAS» 


P4  Des    Home 

ne  font  pas  tant  les  pécheurs 
que  les  impenitcns  ,  qui  mé- 
ritent rl'étre  pleures. 
ÏSr.  Si  Dieu  a  communiqué  aux 

Gloire' des  corps  des  martyrs  après  qu'- 
Martyrs.  ils  font  morts  &  réduits  en 
poudre  ,  une  plus  grande 
vertu  qu'aux  corps  des  vi- 
vans  i  il  leur  donnera  aufii 
■une  vie  beaucoup  plus  excel- 
te &  plus  heureufe  qu'aux 
autres ,  dans  le  temps  auquel 
il  départira  les  couronnes 
&   les  récompcnfes. 

iBz.         NuldesChrétiens,  oGen- 
Combattretils  ,    ne  vous  a  jamais  fait 
i'erreur    par  j^  guerre  ,  Croyant  qu'il   ne 
îa   raifon   &  jg^r  eft  pas  permis  de  détrui- 
non    par    la        „       ^      ^  o. 

yiokncc.  ^^  ^  erreur  par  contramte  & 
par  violence  ;  &  qu'ils  ne 
iloivent  travailler  à  procurer 
le  falut  des  hommes ,  que 
par  les  voyes  de  la  perfua- 
iîon  ,  de  la  raifon  ,  &  de  la 
douceur.  C'cft  pourquoi  nul 
des  Rois  qui  ont  été  fournis 
à  Jesus-Christ  n'a 
-décerné  d'Edit  pareil  à  ceux 
qu'ont  inventé  les  Empe- 
reurs qui  ont  été  adonnés  au 
culte  des  Démons.  Cepen- 
dant Terreur  de  la  fuperfti- 
tionpayennea  commencé  à 
a^ éteindre  delie-même  dans 


LIES 

tàm  peccantes  ,  quàm 
non  panitentes  dtgnos 
lachrymis  fore. 

Hom.  de  Sanâo 
Babyla.  Si  mortuis 
martyrum  corporihus 
CP*  in  pulverem  re- 
filutis^  majorem  quàm 
Vivis  omnibus  virti*- 
tem  Dcus  Urghus  ejl ; 
multo  magis  vitam  il- 
lis  priore potiorem  ac 
feliciorem y.  quo  tem- 
pore  coronas  dividet  , 
partietur. 

Contra  Gentiles 
lib  .un,  Adversilm  vosy , 
o  Gentiles ,  nullus  un^ 
quàm  hélium  gefjît  j 
neque  enim  Chriflia- 
nis  fas  efl  necejjïtate 
ac  violentia  iilaîa  er~ 
rorem  fubzTertere ,  fed 
titm  fuadela  ,  tum 
ratione ,  tum  man- 
fuetuiine  hominum 
falus  conciltanda  ejf  : 
quo  nomine  mtV.us 
omnino  Kex  ex  iis  qui 
à  Chriflo  fleterunt  , 
talia  contra  vos  edi~ 
fia  fanxn  ,  qualia 
adversùm  nos  excogi- 
tarunt  y  qui  d^emonum 
cultiun    fmt    ftçmk 


AU  Peup 

f^erumtamen  gontilis 
fuperflttionis  error 
t'tntii  quiète  cumfrue- 
retur  ,  CST*  à  nemins 
un  negotium  fucejfe- 
retur  ,  perfe  feiamen 
exttnùins  efl  ,  ZST  in 
fe  ipfe  corruity  eorum 
corporum  more  ,  qf*£ 
longa  tabès  exedit. 

Chriflianit  pietatts 
fdnttllam  ,    adverfa- 
rtorum  mare  inundam 
nonfohm  non  reJUn- 
xit   i    fed  er   major 
CT"  illtijïnor  tndc cxur- 
^ns  y  quoquo  verfam 
flutim  omnia  fuofattt 
comprehsndcbat ,  ad- 
verfariorum      partes 
facile  perdens    aîque 
cotifhmens    ;     rtojiras 
autem  Cimflianorum 
partes   excitans    licet 
viri  quidam   jîmpli' 
ces ,  tenues  ,   ohfcuri 
cpcram  ad  eam  rem 
ffrteffarent.  Neque  ve- 
to pifcatorum  illorum 
velverba  ,  velmira- 
culafuccejjum  ejufmo- 
di     efjjciebant   ,    fed 
Chrifli  virtus  in  illos 
*ffcadam  fnam  m- 


Snccès  des 


L  E    D* A  K  T  I  O  C  H  B.  Çj. 

Je  temps  auquel  elle  joùifToit 
de  la  plus  profonde  paix  ,  & 
lorfque  perfonnc  netroubloit 
par  aucune  violence  fa  tran- 
quillité -,  &  enfin  clleeft  tom- 
bée par  (on  propre  poids , 
lemblable  à  ces  corps,  qui 
après  avoir  été  conlumés  par 
une  longue  corruption  ,  tom- 
bent tout  à  coup  dans  la  dé- 
faillance. 

Cette  vafte  mer  formée  de 
la  confpiratioM  de  tant  de 
peuples   contre    la    religion  Apôtres  , 

^1     f  •  ri  preuve  ne  la 

chrétienne  5  non  feulement  ^^^^^^  ^^ 
n'a  pas  été  capable  d'étein-  chriUianif^ 
dre  cette  étincelle  de  pieté  ,•  me. 
mais  au  contraire  n'a  fervi 
qu'a  la  faire  briller  avec  plus 
d'éclat  en  tous  les  lieux  ,  où 
elle  a  répandn  fon  feu.  Car 
ce  louffle  ardent  a  confumé 
par  tout  le  parti  qui  lui  étoit 
contraire,  &  a  animé  celui 
àcs  Chrétiens  j  quoiqu'il  n'y 
eut  en  ces  premiers  temps- 
que  des  gens  fimples,  ob(curs 
&  de  nulle  coniîderation  ^ 
qui  travaillaflent  à  la  fouté- 
nir.  Aufïi  ce  n'étoit  m  les  pa- 
roles ,  ni  les  miracles  de  ces 
pauvres  gens  &  de  ces  pê- 
cheurs qui  failoient  de  fi 
grands  effets,  mais  la  vertu 
de  Jésus -Christ    qUi 


€£  D  Ë  S    H  o  M  1 

les  rempliflant ,  leur  commu- 
niquoit  Ion  efficace.  Et  ca  ef- 
fet ,  il  ne  flic  jamais  entré  en 
des  efprics  fi  greffiers  la  pen- 
lée  de  feindre  rien  de  fembla- 
ble.  Et  Ton  ne  peut  pas  dire 
que  ce  ne  fuHent  que  des  vi- 
iioiîa  de  gens  Jnùnfcs  i  car  les 
œuvres  iniraculeufes  qu'ils 
ont  opérées  par  leurs  fimples 
paroles  ,  &  les  témoignages 
de  tant  de  gens  fages  qui  y 
ont  ajouté  foi ,  font  aifez  voir 
que  ce  n'etoient  pas  des  foux. 
Que  fi  après  que  les  chofes 
mêmes  qu'ils  avoient  prédi- 
tes font  arrivées ,  &  que  tant 
de  peuples  ont  été  témoins 
en  divers  temps  &  en  divers 
lieux  de  la  vérité  de  ces  éve- 
nemens  admirables  ;  il  s'en 
trouve  quelques  autres  ,  qui 
nonobftant  de  fi  grands  mi- 
racier,  &  en  fi  grand  nombre, 
&  nonobftant  le  témoignage  , 
pour  ainfi  dire  de  toute  la  ter- 
re 5  n'adjoutent  encore  main- 
tenant aucune  foi  à  toutes  cts 
vérités;  y  a-t-il  aucune  ap- 
parence qu'en  ces  premiers 
temps  il  fe  fût  trouvé  un  feul 
homme  ,  qui  fans  avoir  vu 
les  chofes  de  Tes  piopres 
yeux,  &  (ans  en  avoir  eu  des 
témoignages  aifez  authenti- 
ques pour  çn  être  bien  per- 


LI  ES 

fundem  .  '.  ".  Nun» 
quàm  enim  venijjet 
tn  mentem  homintbus 
tam  tenmhui  ,  tani' 
que  abjeClis  >  taie 
qutd  ejfî'igere  ;  nifî 
quis  eos  tnfamjji  ^3* 
delirajje  dtcat  :  at 
qi*od  non  infatirent 
il  que t  tum  ex  egregiis 
virtutis  eximix  ope- 
ribui  qu£.  ilh  folo  ver» 
ho  eàiderunt  ;  tum  eoc 
cctnpluribt*!  qui  e- 
tiamnum  usfidem  ha- 
hent  ...  Si  autem 
pojîeaquam  Z^rei  ipfe 
comtgerunt ,  CT*  tàm 
mttlii  rerum  earum- 
dem  eventum  tejiati 
funt  diver/îs  tempori' 
bus  ^  diverjîi  locis  ; 
JînonnulloSj  inquam, 
inventas  ,  qui  pop  tôt 
ac  tanta  Jîgna  ,  pofl 
univerjî  y  ut  ità  di"  J 
cam  ,  orbis  tefltms»  \ 
nium  ,  prorsus  his 
omnibus  qu£  f^fia 
funt  y  nullam  fidem 
habeam  >  quis  ,  obfem 
cro,  initio  ,  neque  te" 
bus  ip(îs  (oram  perf- 
peélis ,  neque  recepto 
rerum  earumdem  di' 
gno  feJiimQmo  fidem 
fitam 


AU     Peu  p 

fuam  Chn^o  ohfirin- 
geret  ?  il»id  autem 
omnino  illos  commo- 
veret  taie  quiddam 
f  tinter  e  i  ne  que  entm 
orationis  vi  >  neque 
opum  eopia  nitehantur 
«  . .  neque  oh  nata- 
Humjplendorem ,  cri- 
Jlus  tollere  illis  Itcehat 
.  .  .  ,  Vndè  ergb  ,  oh- 
fecro  i  undè  rem  tan- 
tam  fîmuUre  aidè- 
rent j*  Qua  fpe  fMa- 
ù  ?  Qho  ptigjîdio  fre- 
ti? 


Quum  in  impera" 
torium  thronum  conf 
cenâit ,  qui  nohifcum 
confentit  infide  >  hîc 
feo^nior^s  efjîciHntur 
Chrijlianorum  rei  i 
tantum  ahefl ,  ut  ilU 
per  humanos  honores 
erefldE  confinant.  Kur- 
fus  citm  impiui  aliquis 
[mperator  régnât ,  qut 
nos  undique  urget  , 
qui  NOS  tnfinitis  ma- 
lts exercet  i  tum  e<edem 
inclarefcunt  s  tum 
frasmioTum  ac  tnum^ 
Tom.  I. 


t  E    d' A  N  T  I  O  C  H  E.  P7 

fuadé ,  eût  voulu  foumcttre  fa 
foiàj.  C.  Mais  d'ailleurs,  qui 
eût  pu  porter  ces  premiers 
Prédicateurs  de  l'Evangile  à 
prendre  la  réfolution  de  fa- 
briquer une  nouvelle  reli- 
gion, &  de  la  faire  recevoir  , 
fnns  être  foutenus  ni  par  la 
force  deTéloquence,  ni  par 
l'abondance  des  richelfes ,  ni 
par  laTpIendeur  de  la  naiilan- 
ce.  Dites-moi  donc  ,  je  vous 
prie  y  qui  leur  auroit  pu  inf- 
pirçr  la  hardielTe  de  former 
une  fi  haute  entreprife  ?  Par 
quel  efpoir  s'y  leroient-ils 
engagés  ?  Et  fur  la  confiance 
de  quel  fecouts  &  de  quelles 
forces  fe  feroient-ils  appuyés 
pour  cette  entrepnie  ? 

Bien  loin  que  la  Religion 
Chrétienne  ait  befoin  de  la  ^Canugeufe 
faveur  des  hommes  pour  fe  à  l'EgUfe 
maintenir,  il  paroift  moins 
de  ferveur  &  plus  de  relâche- 
ment dans  les  fidelles,  de- 
puis que  nous  avons  un  Em- 
pereur qui  profefTe  la  même 
foi.  Au  lieu  que  quand  un 
Empereur  impie  nous  perfe- 
cute  de  toutes  parts  ,  &  nous 
afflige  d'une  infinité  de  maux  5 
c'eft  alors  que  l'Eglife  brille 
d'un  pliis  grand  éclat,  c'eft 
alors  le  temps  des  récompen- 
fes  &  des  couronnes  j  c'eft 


1S4; 

Perfecution 


i8f. 


parob    de 
Dieu. 


î>8  D  ES  Home 

alors  le  temps  de  déployer 
tout  ce  qu'on  a  de  force  & 
de  vertu  ;  &  c'ell  alors  que 
chacun  eft  obligé  de  s'ac- 
quirer  exaclement  de  Ton  de- 
voir dans  la  fonftion  dont  il 
ell  chargé  ,  quand  même  les 
autres  n'en  devroient  rece- 
voir aucun  avantage. 

Rien. ne  contribue  davan- 
Afïiduitéi  f^ge  '^  ^3  P^^^eté  del'ame  & 
entfndre  la  31'  règlement  des  mœurs  , 
que  l'afliduité  dans  les  Egli- 
Ccs  ,  &  le  foin  d'y  venir  en- 
tendre fouvent  la  parole  de 
Dieu.  Car  ce  que  la  viande 
ell  au  corps,  l'mftrudion  de 
la  parole  divine  Teft  à  Tamci 
de  forte  que  la  négligence  de 
fe  remplir  de  cette  nourriture 
celetk  j  caule  la  famine  5  fé- 
lon ces  paroles  de  l'Ecriture: 
jfe  leur  envoyerai  une  famine  non 
de  pain ,  mais  de  la  parole  de 
Dieu.  Préferons  donc  le  foin 
de  la  venir  entendre  a  toutes 
les  autres  occupations  de  la 
vie  ,  &  menons-y  aufli  nos 
enfans. 


18^.  ^^  jurement  eft  un  très- 

L'exemple  grand  péché  j    &  cependant 

n'autorjfe      dans  l'eftime  de  plufieurs  il 

point  nos  pé.  f,e  pafle  pas  pour  tel  :  mais 

chcs,  pQ^j.  j^QJ  jg  jç  crains  d'au- 


ltes 

phorum  tempus  »  tum 
virtutis  omnis  ofien' 
tand<e  facultas  :  U" 
nufnquemque  oportet 
ftto  ofjîcio  fungt  i  e- 
tiamji  indè  nullum  ad 
alios  lucrum  dimanet, 

Hom.  5^.  contra 
a  no  m.  6.  Fiu  dili- 
gentiam  CT*  purita- 
tem  nihd  fie  ejjùit  y 
ut  continua  in  templis 
converfatio  ,  Çp*  ad 
Dei  verbum  auiien- 
dum  (iudium  alacre. 
Quod  enim  corport  e{l 
cibm  ,  hoc  amm£  dt- 
vinorum  eloquiorum 
doSlrina,  Hinc  C7* 
famem  inducere  fo- 
let  y  quod  huic  men^ 
fié  non  communicetur 
. . .  Dabo  eis  non 
tamem  panis ,  fed 
famem  audiendi 
fermonem  Domi- 
ni  ,  .  .  PrteferatMr 
hoc  (iudium  occupa^ 
ttonibus  cy  curis  om^ 
nibus  . .  .  Habete  O* 
pueros  vobificum. 

Hom.  60.  ad  il- 
Inminandos  cate- 
ch.  Jurisjurandipec- 
catum  valdè  crudele 
eft  ^   me  adco  valdè 


AU  Pe  U  P 
erudcle  putatur  :  c?* 
hac  de  causa  illad  ti- 
meo  ,  quià  nullnspcr- 
titnefcit  ....  Sed 
ille  y  inqiiiSi  jurât  ho- 
mo  ^  eut  efl  facerdo- 
tium  commendatum 
..  .  Quidmihi  alium 
atque  altum  commé- 
moras ?  Jufjî ,  inquit 
Deus ,  prteceptis  ob' 
temperare  congruum 
erat ,  C  non  cujujli- 
bet  fa  fia  memorare  ; 
nec  aliéna  mala  con- 
venit  imitari.  Nam 
CT*  magnus   ille  Da^ 

vtd  peccavit  i 

quid  ergo  ?  ideo  na- 
bis fine  periculo  pec- 
care  conceditur.  De- 
bemus  faé}a  egregia 
imitari  fanflorum  ; 
€?•  fi  aliqua  pr/tce- 
pta  legis  negligentiâ 
violât  a  fient  ;  cum 
Bmni  fefiinatione 
tranfire  nos  convenit. 
Non  enim  ad  confer- 
vos  nohis  ,  fed  ad 
DominHm  ratio  efi 
....  Ad  illud  igi~ 
tut  nos  judicium  prtt' 
paremus. 

Dura  res  confuetU' 
doy    o*   qttx  facile 


L  E     D*  A  N  T  I  O  C  H  E.  p^ 

tant  plus,  qu'il  y  en  a  moins 
qui  le  craignent.  Mais ,  me 
direz-vousjun  tel  jure  bien  & 
ileft  Prêtre.  Pourquoi  m'allc- 
gucr  les  uns  &  les  autres  ? 
Dieu  vous  répond  :  J'ai  dé- 
fendu de  le  faire  :  il  faut  donc 
ne  penferqu'à  lui  obéir,  & 
non  pas  à  m'alléguer  les  a- 
(flions  des  autres,  pourimi- 
ter  leurs  mauvais  exemples. 
Car  David,  ce  grand  Roy,  a 
aufli  péché.  Voudnez-vous 
donc  conclure  de  là  qu'il  nous 
eft  permis  de  pécher  comme 
il  a  fait  ?  Il  faut  imiter  les 
vertus  des  Saints ,  &  fi  par 
négligence  ils  n'ont  pas  tou- 
jours bien  obfervé  quelques 
préceptes  de  la  loi  divine ,  il 
faut  légèrement  paiTcr  par 
deffus  leurs  défauts  fans  Ic« 
relever.  Car  c'eft  à  leur  maî- 
tre à  qui  ils  en  doivent  ren- 
dre compte  ,  &  non  pas  à 
nous  qui  ne  fomraes  comme 
eux  que  des  ferviteurs.  Ayons 
donc  tous  foin  de  nous  pré- 
parer au  jugement  du  fouve- 
rain  Juge. 


L'habitude 
force  ,  &  il 


nous 
I 


bien   de  la 
eft  très- 


Force  de 


100  Dès    h  o  m 

l'hibirude  difficile  de  la  changer.  C'elt 
boiin;  ou  pourquoi  plus  vous  en  ref- 
mauvaife.  fentez  la  tyrannie,  plus  vous 
devez  faire  d'efforts  pour 
vous  en  délivrer  de  bonne 
heure,  &  pour  encontrader 
une  contraire.  Car  fi  vous  a- 
vez  été  capable  de  vous  afl'u- 
jetir  à  une  habitude  mau- 
vaife ,  vous  ne  devez  pas 
douter  que  vous  ne  le  foyez 
aulli  d'en  acquérir  une  bon- 
ne qui  vous  empêchera  de 
tomber  à  l'avenir  dans  les 
mêmes  fautes.  Car  l  habitu- 
de a  un  grand  pouvoir  fur 
nous  ,  &  tient  lieu  d'une  fé- 
conde nature. 
'  ^oo  Priez  cous  vos  amis  de 

vous  faire  le  plaifîr  de  vous 
reprendre  ,  &  vous  couvrir 
la  coutume  ^^  confufion  quand  vous  ju- 
de  jurcrj  rez.  Nous  n'oferions  pas  de- 
mander en  public  le  témoi- 
gnage d'une  perfonne  éle- 
vée en  dignité  fur  des  affai- 
res de  peu  d'importance  ;  & 
nous  fommes  affez  infolens 
pour  prendre  à  témpin  le 
Roi  des  Cieux  &  des  Anges 
fur  les  moindres  choies  ?  A- 
vertiflbns-nous  les  uns  hs 
autres  pour  nous  corriger  de 
ce  grand  péché.  Fixons-nous 
un  temps  pour  ne  pas  jurer , 
comme  de   dix  jours,  &  fi 


Soin  de  fe 
corriger      de 


E  LIES 
mutarinon pûlJH.  Iglr 
tur  tanto  te  hujus  ma- 
lt reatu  liberare  fejli' 
na  )  quanta  confuetu- 
àinis  vim  cognofcis  S 
O*  ad  altam  utilem 
confttetudlnem  migra- 
re  propera.  Nam  Jt' 
eut  te  prava  confue- 
tttdç  poffldet  y  itàmc' 
lior  poterit  ohtinere 
ut  te  lapjîbusnonper' 
mittat  evirtci.  Nam 
rêver  à  multum  con- 
fuetudo  pr£Va[etj  C7* 
jura  dtdtcit  imitar* 
nature. 

Ah  omnibus  tihi 
conjunùis  hoc  pojiulay 
hoc  pete  beneficium , 
ut  te  jurantem  ar" 
guant  ,  ut  confun- 
dant  .  .  .  Hominis 
quidemaliqua  exigua 
dignitate  muntti  in 
publiço  ad  hujufmodi 
parvas  res  ,  non  au- 
demus  tejlimonium 
po^ulare ....  Deum 
autem  c<elorum  regem, 
Angslorum  Dominum, 
CT'  càm  centrahis  CT* 
cùm  loqueris ,  advo- 
cas  teflem  ?  Ut  igitur 
Imc  crimine  Uberemur^ 


AU  Peup 
invicem  adr,joneamur', 
jlaium  terrtpùs  conpt- 
tUamus  ,  ïempus  die- 
mm  decem  ;  CT'  pojt 
hoi  fi  nihilominùs  il" 
laqueati  reperiamury 
poenam  nobis  pr^eva- 
ricationis  tonfittua' 
mtti. 

Hom.  6î  De 
faro  &  provid.  No» 
in  rerum  eventH  per- 
turbaiio  ac  tumultes 
efi  i  fed  in  nobis  at' 
que  tn  animis  noflris. 
"Nam  fi  benèconpitu- 
ti  faerint  i  quamvis 
fexcentée  'undicjue  o- 
riantur  tempeflates  , 
in  trançfuillo  ac  portu 
perpétua  recjuiefcemus: 
quemadmodàtn  con- 
trit non  benè  ajfeifîis , 
quamvis  ommafiicun- 
da  fluant ,  nihilo  me- 
iius  his  cjui  in  nau- 
fra^o  funt ,  compa^ 
rati  fiitnus. 

Nihil  honum  nifi 
virtus .  . .  nihil  ma- 
lUm  nifi  improbitits. 

Hom.  6z:  De 
Ùt.  &  prov.  2.  Exi- 
ouHYn  vit£  tempui  , 
brève  Jalutis  curricU' 


LE    ©' AnTI  OCHE.  loi 

après  cela  nous  jurons  en- 
core ,  fublifons  la  peine  que 
nous  nous  fetoilâ  nous-mê- 
impofée. 


Ce  n'eft  pas  proprement       '^^•. 
dans  les  évenemens  deschô-  .    "^"^•'^"^^ 
res^  du  rtionde  ou'eft  la  côn-  '.IXœur' 
tulion   &   le  trouble  ^   mais  ' 
plutôt  dans  notre  efprit.  Car 
fi  la  paix  y  étoit  bien  affer- 
mie ,     quand    nous    ferions 
battus  de  toutes  parts  d'une 
infinité  de   tempêtes ,  nous 
demeurerions  toujours  cal- 
mes   &   tranquilles  comme 
dans  un   port  ailuré.  Com- 
me au  contraire  fi  nous  ne 
foiiiraes  pas  dans  cette  dif- 
pofition  j   de  quelque  prof- 
perité  dont  nous  joiiilHons , 
nous    ne    ferons  pas  moirts 
agités  en  nous-mêmes,   que^ 
Il   nous   étions  fur  le  poinf 
de  faire  naufrage. 

Il  n'y  a  de  bien  que  la 
vertu  j  ni  de  mal  que  le  pé- 
ché. 

Le  bref  efpace  de  cette       i«?i. 

vie    n'eft    que    comme    un  Soinunicue, 

cours  de  la   philofophie  du  s'appl-i'^r  a 

falut.   Sï  donc  nous,  confu-  ^^  ^^^'"'^  ^'^ 

liij 


190. 

Vraibiea 
Se  vrai  mal. 


faluc. 


101  Des    Hom 

mons  en  des  fciences  inu- 
tiles &  fouvent  pernicieu- 
fcsa  un  temps  fi  court,  qui 
nous  eft  donné  pour  appren. 
dre  ce  qui  nous  eft  Ci  nécef- 
faire  ,  quel  autre  moyen 
pourrons  nous  avoir  de  nous 
en  ir.ftruire  ?  Quand  ce  tems 
feroit  très  long  ,  nous  le 
devrions  tout  employer  à 
acquérir  ces  connoiflances  fi 
utiles  i  mais  étant  auffi  court 
qu'il  eft ,  n'cft-ce  pas  la  der- 
nière extravagance  de  per- 
dre des  momcns  fi  chers  a 
nous  remplir  d'opinions  hu- 
maines 5  qui  ne  font  pro- 
pres qu'à  corrompre  nos  ef- 
prits. 


j^j.  Non  feulement  la  cupidi- 

T>ëi'iv.t  de  té  du  bien  d'autruy  ,  &  l'in- 
compalTïon  ,  juftice  de  le  lui  ravir  ,  mais 
cauie  de  no.  même  le  défaut  de  lui  faire 
cre  perte.      ^miléricorde  ,   eft  une  caufe 
de  damnation.  Ce  ferviteur 
dont  parle  ici    l'Evangile  , 
ne  fut  pas  livré  aux  Bour- 
reaux pour   avoir  ravi  avec 
injuftice  le  bien  des  autres , 
mais    feulement   pour  avoir 
exigé  le  fien  avec  trop  de 
dureté. 
Le  retardement  que  Dieu 


ELlES 
Ittm,  Si  igiiur  hreve 
tempus  j  iHod  ad  di/L 
cendum  utilia  nobis 
datum  eji-,  in  fupef 
vacaneas  atque  no- 
xius  difctplinai  infu- 
mamui ,  quam  oppor' 
tunitaiem  hahebimus  , 
ad  h£c  necejfaria  at' 
que  tdonea  cognc^cn 


ognc^çcn- 
7  z>el  Ion- 


da  ?  Nam  fi 
gumejjet  i  univerfutn 
tpj'um  ad  uti'ia  con- 
quirenda  confunien- 
dum  foret  ;  nunc  ver» 
cum  hreve  atque  exi- 
guumjît  5  an  non  ex- 
trême démentis  eji  » 
tempui  tàm  brève  in 
opmionei  mentium 
noflrarum  corruptri" 
ces  in fu  mère  ? 

Hom.  64.  De 
fat.  &  prov.  4.  Non 
folum  cupiditas  aUc" 
nt  CT*  bonorum  dire- 
ptio  j  fed  ZSf  Z/acui- 
tas  mifericordi£  ge- 
henn£  ,  nobis  caitfn 
fttnt.  Hic  fer  vu  s  non 
quoi  aliéna  injufle 
atceperit  ,  fed  qtiod 
fua  ipjîus  crudeliter 
repetierit ,  tortoribus 
tradebatur. 
Homil.  ^j.  De 


AU  Peu  F 
fat.  &  prov.  5.  Di- 

latio  k  Deo  propofîta  , 
eos  cfui  in  nequiiia 
permanent  ,  ma^is 
gravât  ;  CT*  rerum  nf- 
fluentia  à  Deo  data, 
his  qui  non  opportune 
uîuntur  ,  magna  ad 
damnationem  accejjlo 
ep.  Sic  C7'  afperitas 
rentm  CiT*  angiiflie  , 
.^0»*,$  viris  acieffïo  , 
corons  funt  ,  etiam 
Jîinterdtim  proUban- 
tur  ;  mediocrii  enim 
'Venia  tune  datur.  Non 
enim  fîmpliciter  pec- 
cata  itidicantur  î  fed 
alio  modo  dives ,  alto 
pauper.  Htc  qtndem 
ct*m  venia  ,  ille  ahf- 
que  venia. 

Homil.  6j.  De 
piecat.  I.  Nobis  qui 
ad  Dettm  accedimus , 
timorjîmul  CT*  Utitia 
funt  adhibenda.  Ti.- 
mendum  quiâem ,  ne 
precatione  indigni  ejje 
vidcamur  ,*  Utandum 
autem  ex  honoris  ma- 
gtiitttdine ,  quodtan- 
ta  mortale  genus  pro' 
videntia  J)onefîetur  , 
ut  affduo  Dei  cort' 
^ejjtt  perfruatttr. 


LE  d'An  ti  oc  HE.         103 
apporte   à   punir   ceux   qui        j^, 
perfevcrent  dans  le  mal,  ne      Profpéritc 
lert    qu'à     accumuler   leurs  nuiûbla    aux 
peines-,    &  l'abondance  des  mcdiAns.ad- 
biens  dont  il   comble  ceux  ^"^^^.^    "«^^^ 
qui  n'en  ufent  pas  bien,  n'eft  ^^"^  '''''"' 
qu  un  poids  qui  précipite  da- 
vantage Icuf  damnation.  Les 
calamités  au  contraire  dont 
fouvent  les  bons  font  affligés, 
contribuent    à  leur  acquérir 
des  couronnes-,  encore  qu'ils 
tombent  en  quelques  fautes  , 
lefquelles  Dieu  leur  pardon- 
ne plus  flîcilement.  Car  il  ne 
juge  pas  fimplement  &  cg;i- 
lement   les  péchés  ;  mais  li 
regarde    dun  œil    différent 
ceux  des  riclics  &  ceux  des 
pauvres,  en  jirgcant  les  uns 
avec  miféricorde ,  &  les  au- 
tres fans  miféricorde. 

Quand  nous  nous  adref-        Ip4. 
fons  à  Dieu  pour  le  prier  ,  .   ^^^^^  -^^'c 
il  y  faut  apporter  tout  en-  Joye^^crauv- 
femble  &   de  la   crainte  &  *^* 
de  la  joye.   D'une  paît  nous 
avons  iujet  de  craindre  d'ê- 
tre   indignes  de   le    prier  ; 
mais  de    l'autre  ,    nous   en 
avons   de    nous    réjoiiir  du 
grand  honneur  que  nous  re- 
cevons ,    Se    dQ    ce    que    la 
bonté   de  Dieu    veut   bien 
élever  des  hommes  mortels 
à  cette  fublimc  dignité  ,  de 
I  iiij 


104  Des    'Ho  m 

pouvoir  jouir  d'un  familier 
entreciéri    avec  lui. 
j    -^  La  vie  éloignée  de  la  pié- 

La  foi  &  ifs  ^^  ^  ^^  robfeivation  des 
bonnes  cru- préceptes  eft  la  mort  de  l'a- 
vres ,  vis  de  me  :  &  ce  n'eft  que  par  ïa 
l'ame.  foi   &  par  des  adions  con- 

formes à  la  foi  3  que  l'ame 
peut   vivre. 

ïç^.  Quiconque   ne  Jîrie  pas 

Néc^liçer  'a  Dieu  avec  afliduite,  &  rté- 
priére  eft  un  glige  de  jouir  de  fcs  divins 
lijiie  de  mort  entretiens  ,    ett   mort   dans 
fon  ame.  Car  c'eft  une  mar- 
que qu'on  a  perdu  tout  fen- 
tjment ,    quand   on    ne  re- 
connolft  pas  un  fî  grand  hon- 
neur ,   quand  on  n'a  pas  d'a- 
mour   pour   Toraifon  ,     & 
quand   on    ne  regarde    pas 
comme  une  mort  fpintuelîe  , 
la  négligence  de  ne  pas  ren- 
dre  à  Dieu  le   culte  qu'on 
lui"  doit  par  la  prière. 
C'eft  une  vérité"  manifefte , 
,   qu'il  eft  impoflîble  de  mê- 
la pr.ere  fre-  ner  une  bonne  vie  (ans  qu'el- 
^uentc.  j^  ç^^^,  foute  nue  par  la  priè- 

re: Car  la  prière  n'eft  pas 
moins  néceliaire  à  tous  les 
Chrétiens ,  que  l'eau  Teft 
aux  arbres.  Et  comme  ils  ne 
fçauroient  produire  de  fruit , 
il  leurs  racines  ne  font  nour- 
ries d'humidité  ,•  de  même 


Ne'ceflité  d; 


LIES 


Mofs  animi  efl  vl* 
ta  à  piefate  CT-  legi^ 
bfii  aliéna  :  ejufdem 
i^ituf  animi  vita  can- 
pat  V  religioiie  & 
aélionièus  vivendt 
quii,     cHm    reli"ione' 

r       •  '^ 

conjentiant. 

Quicumqtte  Deurji 
non  precatur  ajjicfuè  , 
neque  d/vino  coUoquîù' 
frui  cupit  ,  mortuni 
ej}.  llludefienim  ma' 
ximum  fiuporis  (jgnuni 
fi  honoris  hujus  ma- 
gmtudo  ignoratur  ,  fi 
precati'j  non  amatut^ 
Jî  non  animai  mors  e- 
xiftimatur  Deumprc 
cando  non  venerari^ 


Fieri  non  pojje  ni' 
fine  pYectbus  vit  a  cum 
virtute  dttcatur  ,  purf-' 
picuum    ejfe  omnibtii 

exifltmo Non' 

enim  minus  quam  a'r* 
hôtes  aquis ,  tllis  nos 
indigèmus  univêrfil 
Nèqtfe  ilU  poffunt  ejje 
fnthuofit  5  riifi  hu' 
ntorem  radicihus  eêî- 


AU   Peupl 

lant  ;  neque  nospre- 
tiojlfjîmas  pietatisfrtt- 
ges  funàere  ,  nijl 
precibtêi  irrigemur. 
Quamobrem  CT*  cum 
letlulo  furgimus ,  an- 
tevertere  folem  opor- 
Ut  Dei  cuUh;  C^  ct*m 
menfe  accumUmus  y 
C?"  càm  fomm  caufa 
cuhanuii  V  immo  ve- 
to fngtdts  horis  pre- 
catioefl  adDeum  ad- 
hibendit ,  CT"  in  ea  Dei. 
curfus  confictendtis, 
"Hyherna  verl  tempore 
plnrimam  noélispar- 
tem  in  prectbui  tradu- 
camus. 

Homil.  ■^8.  De 
precat.  z.  Agelio- 
ra  pedefque  tegentes 
cum  laudei  CT*  cultum 
Domino  aàferttnt .  .  . 
nos  j  m  opinor  ,  ad- 
mènent  ,  ut  precan- 
di  tempore  humant 
nature  obUvifcamur , 
atque  veneratione  ac 
timoré  perculfî  mhil 
aniè  oculospofïtum  af 
piciamus  t  fedin  me- 
dto  Angelomm  choro 
nos  efje  ,  CT*  emdem 
qnem  tlli  cultum  Deo 
nos  perfolvere  arbi- 
tremur» 


E      d' A  N  T  I  O  G  H  E.  1 0  jT 

nous  ne  fçaiitions  jamais 
porter  de  riches  moKfons  de 
vertu ,  Cl  nous  ne  les  anofons 
continuellement  par  nos 
prières.  C'eft  pourquoi  êri 
nous  levant  j  nous  devons 
prévenir  le  foleil  jur  les  orai- 
fons  que  nous  offrions  à 
Dieu ,  en  nous  mctiani  a 
table  y  &  en  nous  couchant 
nous  en  devons  faire  de  mê- 
me ,■  ou  ph^itôt  à  toutes  les 
heures  ,  &  paffer  ainfi  la 
journée  en  de  fréquentes 
prières  Mais  dans  le  temps 
de  l'hiver  il  y  faut  aufïi  em- 
ployer une  bonne  partie  de 
la  nuit. 

Qjand  il  eft  dit  que  les 
Anges  fe  couvrent  le  vifage  , 
&  le  cachent  les  pieds ,  lorf- 
qu'ils  chantent  les  louanges 
de  Dieu,  &  qu'ils  rendent 
le  culte  qu'ils  doivent  à  fa 
majefté ,  cela  nous  avertit  de 
bannir  de  notre  mémoire 
durant  la  prière  ,  tout  fouve- 
nir  des  chofes  humaines  :  en 
forte  qu'étant  frappés  d'un 
fentiment  plein  de  refpetl  & 
de  crainte,  nous  ne  peniions 
plus  qu'à  nous  joindre  au 
chœur  des  faints  Anges,  & 
rendre  à  Dieu  les  mêmes  de- 
voirs &  les  mêmes  adoratioas 


Attention 
dans  la  priè- 
re.     ~ 


io5  Des    Hom 

que  lui  rendent  ces  Efprits 
céleftes. 

Y  a-t-il  rien  de  plus  faint 
Avamges^^ede  jodir  de  la  familiarité 
de  la  prière,  àe  Dieu  ?  Y  a-t-il  rien  de 
plus  jufte,  déplus  exctlent 
&  de  plus  fage  ?  Cai  fi  ceux 
qui  converfent  familiaire- 
ment  &  qui  ont  des  entre- 
tiens ordinaires  avec  des 
hommes  làges ,  contraâent 
en  peu  de  temps  une  partie 
de  leur  fageiîe,  &  en  de- 
viennent plus  prudens  ;  que 
ne  devons  nous  point  dire  de 
ceux  qui  communiquent  fou- 
vent  avec  Dieu,  &  qui  s'en- 
tretiennent avec  lui-même  ? 
C'eft  pourquoi  ce  n'eft  pas 
fans  grande  raifon  que  plu- 
iîeurs  appellent  la  prière,  la 
mère  de  toute  vertu  &  de 
toute  juftice. 

La  prière  eft  le  fort  rem- 
„^°®;  .  partde  TEolife  :   ceftlater- 
Vertudela;:^^,^  des  Démons,  &  le  fa- 
prière.  1,1 

lu^  des  hommes. 

2or.  Je  fuis  un  pécheur,  me  di- 

Prequenter  rez-vous  ,  c'eft  pourquoi  je 
lesaflemblées  ne  puis  pas  alfifter  à  la  feftc 
ce  i'EgUfe.  de  ce  jour  :  &  moi  je  vous 
répons,  que  c'eft  pour  cette 
même  raifon  que  vous  y  de- 
vez affiiter,  afin  de  devenir 
jufte.  Que  fi  vous  êtes  jufte  , 
aïfiftez  •  y  auffi  pour  obtenir 


B  L  I  E  s 


Quid  fanSîius  iis 
qui  Dei  confuetttdine 
ferfrmntuT  f  Q^id 
jujimi  5  ornatius  , 
fapientim  ?  Nam  fi 
ii  qui  fapientihus  ho- 
minibus  familiariter 
utuntur  ,  ex  afjtdua 
confuetudim  ,  illorum 
prudenU(e  participes 
celeriter  fiitnt  :  (juid 
de  tii  iicendum 
qni  divina  confitetu- 
dme  fruHtitur  ,  CT* 
cum  Deo  ipfo  collo"^ 
quunmr  ?  .  .  .  .  Ita' 
que  non  fane  ii  ab- 
erret ,  qui  omnis  vif 
ttitis  jufiiiiitque  mU" 
irem  ejje  precationem 
ajjîrmet. 

Precatio  Ecclefia 
firmijjimus  mur  us  , 
terrori  damonibus  , 
piis  faluti. 

Homil.  69.  In 
fandos  Petrum  & 
Eliam.  Peccator^in- 
quis  ,  fum ,  idcirco 
feflo  diei  occurrere 
non  pojjiim.  Maxime 
inquam  ,  ob  hanc 
caufam  occurrere  de^ 
bes  diei/efio  ,  utju' 


AU  Peup 

flui  efficiaris.  At  fi 
jujîw,  es ,  occurre  ,  ne 
't  fujliiiâ  excidas. 
Ecquifnam  ex  homi- 
nihm  ,  cjuafo  y  fine 
pcccaio  efl  ?  Proptereà 
facrtficium  €7  Eccle- 
fia  ,  preces  ac  jeji*- 
nia  :  CT*  quoniam 
multa.  fiint  animx 
Vtihiera  ,  proptereà 
tnedicamenta  ipfa  in- 
venta fimt  y  qutifin- 
gulis  anim<e  vulneri- 
bus  tongri4entem  me- 
dicinam  aJferutit. 
Habes  Patrurn  ora' 
tiones  ,  hahes  Spni- 
tits  fanélt  domum , 
Mtirtyrum  memoriaSy 
C^fiinSîorum  congre- 
gationem  ,  mi*!tatjx4e 
alla  huJHfirnodi  ,  qu<e. 
poffu'm  te  à  peccatis 
adjujiitiam  revocare, 

Proptereà  rpfos 
ettam  Sacerdotes  af- 
f<.'tlibus  pthicOos  ejjè 
Deus  l'oluit  ^  pr^fi- 
des  ,  ut  eorum  qu<e 
ipfï  patiu)7tur  fenfum 
habentes ,  aliis  etiàm 
veniam  darcnt .... 
Angelis  non  efl  corn-' 
mijjum    façetdotium 


Contre  les 
Hérétiques, 


LE    D*AnT10CHE.  107 

de  Dieu  que  vous  ne  tombiez 
de  cet  excelent  état.  Et  qui 
eft-cCj  je  vous  prie  5  d'entre 
tous  les  hommes  qui  foii  fans 

f)éché  ?  Aufïi  eft-  ce  pour  ce- 
a  que  Ton  offre  le  facrifice , 
qu'on  s'alTemble  dans  l'Egli- 
fe  ,  qu'on  fait  des  prières ,  & 
qu'on  pratique  des  jeûnes. 
Etcomme  les  âmes  reçoivent 
une  infinité  de  playes,  c'eft 
pour  cela  que  l'on  fe  fert  dans 
r  Eglife  de  plufieurs  remèdes , 
afin  que  les  appliquant  à  ces 
diverfes  bleiîures ,  lelon  qu'- 
on les  y  ji'ge  convenables  , 
ils  en  puilîenc  procurer  la 
guérifon.  Vous  avez  donc  le^ 
pueres  des  Saints  Pérès  , 
vous  avez  îa  maifon  du  S.  Ef- 
prir  j  les  mémoires  des  Mar- 
tyrs ,  \ts  airemblées  des  fidel- 
les  ,  &  plufieurs  autres  mo- 
yens femblables  qui  font  ca- 
pables de  vous  rappeller  du 
péché  à  la  juftice. 

Dieu  a  voulu  que  ces  Mi- 
nières mêmes  fuflent  tout 
enfemble  &  fujets  aux  affe- 
ftions  humaines  ,  &  établis 
au  delFus  èts  autres  fidelles  torité  fur  les 
pour  les  gouverner  5  afin  qu'é-  pécheurs, 
tant  afiujettis  aux  mêmes 
fentimens ,  ils  fe  rendirent 
plus  faciles  à  \qs  pardonner 
dans  les  autres.  Ceft  pour  cela 


202. 

Pourquoi 
Dieu  adonné 
à  des  pê- 
cheurs   l'au- 


Ne  s'a] 


{racet 


108  Des  Hbî^ELife^ 

que  ce  miniftére  À'à  pas  été     (  UBeri  enim  fttrtt  à 
impolé  aux  Anges.  Gat  étant   petcanit>     hbidine  ) 
entièrement   dégagés  de   la    ne  videhcet  oh  ftve- 
cûpidité  du  péché  ",  il  aui  oit    ritatem        peccat'oires 
été  à   craindre   qu'un  excès  fulguribus    transfige- 
de  fcVérité  ne  les  eût  portés   rent. 
à  foudroyer  les  pécheurs auf- 
fitoll  qu'ils  auioKnt  péché. 
Dieu  permt  que  la  fimple        Muliet  una  talem 
ippu- parole  d'unt  femme  mit  en  tamumque Prophetam 
jtr    que  furfuite  un  auffi  faint  &  fi  grand  EB-i^um     fugitivum 
k  force  delà  piçjpj^^fg    qu'étoit   Eliiee   ;    effcctt  ^  Ut  difcas  cùni 
'  '^  afin  de  nous  apprendre  que    aliquid      aimirabile 

quand  nous  avons  fait  quel-  ftcerts ,  ilUd  non  ti- 
que  adion  de  vertu  ,  nous  ht  5  jèd  Dei  potentU 
ne  le  devons  pas  attribuer  à 
nous-mêmes ,  mais  à  1j  feu- 
le puilfancc  de  Dieu.  Car 
vous  vovez  clairement  en  la 
perfonne  de  ce  Prophète  , 
^qu'aulTitôt  que  la  grâce  fe  fut 
retirée  j  la  foibleUe  de  la  na- 
ture mérita  d'être  fortement 
reprife  de  Dieu. 

Lt%  corps  des  Saints  dé- 
fendent plus  puilfamment 
cette  grande  ville ,  que  ne 
Contre  /^j  pourroient  faire  les  plus  forts  quovis  inèxpwrnahili 
Uc'réfiqnesi  remparts  :  ce  font  comme  rnuro  tinius  nobis  ur- 
des  rochers  élevés  qui  l'en- 
vironnant de  toutes  parts  , 
non-feulement  arrêtent  l'im- 
petuofîté  de  nos  ennenxis  vi- 
ables; mais  aufli  nous  pré- 
fervent des  cmbufches  àts 
puiffanccsinvifiblcs,  &  dif- 


trtbuehdum  ejje.  ^- 
àiflt  quentadmodàrif 
difcedente  gratta  di' 
vina  5  redarguta  ejl 
natura  humana  ï 


204. 

Reliques, 


In  Martyr.  ^- 
gypt.     Hom.     70. 
corpora 


Sanflorum 


bem  commténiunt  i  O* 
tanquàm  exceljî  fcO' 
puh  undique  promi' 
nentes  non  fenfihilium 
hojlium  impetus  pro- 
pulfant  tantum  ,  fed 
etiam       invifibtlium 


AU  Peu  P 

cîimonum  injîdias  , 
omnefqite  fraudes  fuh- 

Vertunt ■£'  Vf 

nohis  Dominus  traf- 
catttr  ,  his  objtŒs 
corporibus  coniinttp 
foterimm  eum  propi- 
tium  reddere  ctviu- 

Sicut  per  torporem 
O*  délie  tas  nemo  cor 
ronaiconfequitur  .  .  . 
Sic  nec  fidelis  in  pi^ 
^itia  CT*  remijjîone 
fidsm  tradttcens  bo- 
na  promtffa  fieri  ne-, 
qttit  ut  confequatur. 
'Num  igùur  abfitr- 
dttm  in  omnibus  qui- 
dent  rébus  hujus  ficu- 
U  antè  voluptatem 
labores  e(Je  propofîtos  , 
Cy  antè  fecuritatem 
pericula  ,  idque  cum 
vilium  CT*  extguarum 
rerum  pofî  labores  tl- 
los  expe^latio  relin- 
quauir  :  cùm  vero 
cxlttm  fit  propofitum  , 
vita  qudt  nullo  fine 
terminatur  .  .  .  Non 
eandem  ilUs  dio-nari 
diligent iam  qt*amfie~ 
cularibus  rébus  tmpen- 
dere  ? 


LE  d'An Ti OC  h  e.        lop 

fipeut  tous  leurs  artifices.  Ec 
s'il  arrivoit  le  malheur  que 
Dieu  s'irritât  contre  nous, 
nous  aurions  le  moyen  de 
l'appaifer  focileinent,  enop- 
pofant  ces  faints  corps  aux 
traits  de  fa  jutte  indignation. 


Comme  un  foldar  pjtef-.       xof." 

feux  &  fujet  à  (es  plaifirs,      Oiin'arri'- 

n'obtient  jamais  de.  couronr  ^^  ^  ^'*:  ^^■' 

lies  ^  de  même  uafidelle  qui  "T^nT* 
r    r  ■  i  ^-    P*f  U  peine» 

corrompt  la  foi  dans  unc^vie 

de  relâchement  &  de  paref- 
fe ,  ell  incapable  d'arriver  ja- 
mais aux  biens  éternels  qui 
lui  font  promis.  Etpuifqu'ea 
toutes  les  chofes  du  monde 
on  ne  trouve  point  étrange 
que  les  travaux  précèdent  les 
plaiiîrs,  &  les  dangers  Taffu- 
rance  &le  repos  ,  quoique 
ces  plaifirs  8c  ce  repos  que 
l'on  attend  en  cette  vie  , 
foient  bien  peu  de  choies; 
ne  feroit-il  pas  bien  ridicule 
à  des  Chrétiens ,  qui  ne  fe 
propofent  pas  de  moindres 
récompenles  que  le  Ciel  mê- 
me ,  avec  une  vie  qui  n'aura 
jamais  de  fin,  de  prétendre 
de  l'obtenir  fans  /apporter 
autant  de  foin  &  de  diligen- 
ce que  des  payens  pour  ac- 
quérir les  biens  du  fiéde. 


20^. 
'     Culte   des 
Martyrs. 

Contre     les 
H^rett^iées. 


207. 
Hair  le  pè- 
che ,  non  pas 
le  pécheur. 


108. 
On  peut  a- 
bufer  dîl'E- 
criturc  .Sain- 
te, 


20p. 

Volupté 
bourreau 
cruel. 


iio  Des    h  o  m 

Allons* au  tombeau  de  ce 
faint  Martyr.  Lés  Kois  mê- 
mes ne  dédaignent  pas  d'y 
venir  aufîiavec  nous.  Allons 
y  les  cierges  à  la  main. 


Je  n*ay  point  d'averfion 
de  l'hérétique  ,  mais  de  Thé- 
refie  ,  ce  n'eft  que  Terreur 
que  je  hais,  &nonpasrhom- 
me  qui  erre ,  puifque  je  m'ef- 
force de  le  retirer  de  fon  er- 
reur.Je  ne  déclarepas  lagucr- 
rcà  une  créature  qui  eft  l'ou- 
vrage de  Dieu  ;  mais  je  tra- 
vaille à  guérir  une  ame  que 
le  démon  a  corrompue. 

Ce  n'eft  pas  l'Ecriture  qu'- 
il faut  accufer ,  mais  la  ma- 
lice de  ceux  qui  interprer- 
ten't  mal  les  chofes  qu'elle  a 
bien  dites.  Et  en  elFet  nous 
Voyons  que  le  démon  même 
fe  fert  des  paroles  de  l'Ecri- 
ture pour  combattre  Jêsus- 
Christ. 

On  peut  confiderer  en  cet- 
te Sainte  ,  la  virginité  com- 
me une  efpece  de  martyre  , 
avant  fon  martyre.  Car  les 
voluptés  nous  font  fouvent 
de  cruels  boureaux  j  ils  nous 
tourmentent  avec  àei  chaî- 
nes qui  ne  font  pas  faites  de 


ELIES 

Homil.  71'  De 
S.  Phoca.  Nos  ad 
fepulchrum  Martyrii 
conferamus.  Keges 
unà  nohijium  chorum 
a^nt . .  .  IUhc  cum 
lampudibui  procéda- 
mus. 

Non  hareticum  » 
fed  h^rejîm  >  non  ho- 
mtnem  averfor ,  fed 
errorem  odio  profe- 
qt*or  y  O*  allicereco- 
nor.  Non  eji  mihà 
hélium  fu/ceptum  cum 
fùhjïantia  ,  Dei  opè- 
re ifed  corrigere  men- 
tem  volo  quam  diaèo' 
Im  corrupit, 

Nemo  Scrtptnras 
accufet  ,  fed  eornm 
improhitatem  qui  ea 
qu£  redè  dUlafunt  9 
maie  interpretantur, 
Nam  O*  Viaholas  ex 
Scriptttris  cum  Chri-_ 
fio  difputabaU 

Homil  72.  De 
fanda  Thecla.  f^n- 
ginitas  in  ea  magnum 
quoddam  fuijfe  mar- 
tyrium  ante  marty- 
rium  videtur.  Sttnt 
enim  crudeles  carni  - 
fces   corporii  zolup- 


A  u  Peu  p 

ftates  .  .  .  vincttlis 
torquent  non  manu- 
faUts  .  .  .  perpetttu 
iy  m  orhem  redtuti' 
tibui  prdiis  urgent  , 
qu£  neque  cttm  foie 
êxcitamur  ,  neque 
cum  nofle  fopiuntur, 
Homil  73.  De 
S.  Bailaam.  Qui 
feripotep,  dtcet  alt- 
quis ,  ut  Mart^rem 
imttemur ,  non  emm 
perjecuuonis  ejl  tem^ 
fus  .  .  .  Non  per- 
fequuntur  homines  , 
at  perfequuntur  d<£- 
mones  ....  Non 
ohjeflas  prunas  conf- 
picii ,  at  cupiditatis 
€onfpicisjlammam  ac' 
cenjam  :  illi  prunai 
atîcarunt  ;  tu  natura 
pyam  calca  :  ilU  cum 
befliis  pugnarunt ,  ttt 
tram  indomitam  bel- 
luam  frttna,  Illi  ad- 
Vertus  intolerahiles 
dolores  jieterunt  i  tu 
abfurdai  pravafque 
cogitât iones  qu£  in 
corde  tuo  pullulant  , 
vince  ;  ità  Martyres 
imitabere» 


LB   d'AnTIO  C  HE.  XII 

main  d'homme  j  ils  nous 
preflcnt  par  des  attaques 
contmuelles  ,  qui  fe  lucce- 
dent  les  unes  aux  autres,  & 
qui  commençant  avant  le 
jour ,  ne  finillent  pas  avec  le 
jour. 

Il  y  en  a  qui  me  diront;  'iro; 
Comment  pourroit-on  imi-  O^peute- 
ter  un  Martyr  p.érentement-^-^;;- 
qu  on  n  elt  plus  en  un  temps 
de  perfecution  ?  Il  eft  vray 
que  les  hommes  ne  nous  per- 
fecutent  plus ,  mais  \qs  dé- 
mons ne  celTent  point  de  le 
faire.  Vous  n'êtes  plus  expo- 
fés  à  des  flammes  extérieu- 
res ,  mais  vous  reflentez  les 
intérieures  d'une  ardente  cu- 
pidité :  les  Martyrs  ont  mar- 
ché fur  des  charbons  allumés, 
&  pour  vous  vous  avez  à 
fouler  aux  pieds  le  brafîer  de 
vos  convoitifcs  :  ils  ont  com- 
battu contre  les  bêtes,  & 
vous  avez  à  dompter  en  vous- 
même  une  bête  féroce  qui 
eft  la  colère  :  ils  ont  réfifté 
à  des  tourmens  intolérables  , 
&  vous  avez  à  furmontcr  les 
attaques  de  mille  penfées  fâ- 
cheufes  qui  fatiguent  con- 
tinuellement votre  efprit  : 
&  c'eft  ainfi  que  vous  pou- 
vez imiter  à  toute  heure  le« 


HZ  Des   Homélies 

faints  Martyrs, 

an.             Malheur  à  ceux  qui  boivent  Yx    qui    biblltlt 

'  Délices  Je-  les  vins  lesplus  exquis ,   c?"  qui  vinum  defaecatum  , 

fendues    aux  reJienhtnths plus  exceUens  far-  &  primis  unguen- 

Chrécieiis.     fums  ^  ^c.  6\  ces  délices  é-  tis  utuntur  ,     &c. 

toient  défendues  dansletems  Si  h^c  vetens  Te/?4- 

menie  de  l'ancien  Telhmentj  mentt  tempare  prolw 

elles  le  doivent  être  bien  da-  Behantur,  multo  wa- 

vantage  au  tenips  du   Nou-  gis  temporr  graii£  , 

veauj  oui  on  tait profefllon  ubi  major  cjl  fhilo/ç- 

d'une  plus  exade  &  féyçre  fhia. 

philo/ophie. 

2Xî,           Lts  Martyrs  ont  autrefois  Homil.  74.  De 

Imiter   les  méprife    la   Vie   j   meprilëz  SS.   Martyr.  Mar- 

Martyrs  mê-  donc  maintenant  au   moins  t^res      conttmpferufit 

me    dans    la  les  délices  :  ils  fe  font    jettes  pitamy    contemne  tu 

paix  de  1 -- dans  les  feux,  jettez au  moins  deltcias  :  projecerunt 

S     '              votre  argent  dans  les  mains  tlli corpora  in  ignem  ; 

des  pauvres  :    ils   ont  foulé  proiiçç  tu  pecwraas  in 

aux  pieds    les  charbons  ar-  pauperum      manus  : 

dens,  étouffez  au  moins  les  ^runastlli  calcaruntj 

flarnmes  de   votre  cupidité,  tu  cuftditatis  fiam- 

Ce  font  des  rhofes  difficiles  mam  extingue.    La- 

&  labofieulésj    mais  infini-  boriofn  funt  ijla  V* 

ment  utiles.  Ne  confiderez  difficilia  ,    fed  utilia 

pas  Tamertume   àts  peines  admodùm.  Ndpprd" 

prélentes ,  m,iis  la  félicite  des  Jentia  acerba  fpecJare , 

joyes  avenir  ;  m    les   maux  fed  jucunda   futura. 

qui  nous  pre4fent  durant  cette  Non  qu<e  tnmunibus 

vie  .-  mais  les  biens  que  Tef-  mala  ,    fed  qu<t  in 

perancc  nous  moDSte  dans  la  fpe  bana  :  non  pafjîo' 

vie  future  :  ni  les  foufFran-  nés  yfedpr<emia  :  non 

ces  ,  mais  la  récompenfe  -,  ni  îabores ,  fed  coronas  : 

les  travaux  ,    mais    les    cou-  non  igné  m   urentem  y 

ronne.s  ^   ni  les    feux  &   les  fed    propofnum     re- 

tourraens  j  mais  le  Royaume  gnitm  :  non  camifices. 

circttmj}ante$ 


Au    Peu? 

ttrcumjiantes    ,'     Jei 
ChriJIum  coronantem. 


Homil.  76.  De 
anathem.  Sic  Apo- 
JïoU  CT*  idonei  eorum 
fuccejfores  »  htereticos 
ejiciebant  ex  Eccle/îa, 
quafi  ejfodiendus  ejjet 
cchIus  dextet  :  qua 
Veluti  membri  lethali 
defeéiione  magnum 
futt  compafjtonii  indi" 
fiftmprie  Je  ferebant. 


LE   ,  b'  A  N  T I O  C  H  E.         1 1  J 

du  Ciel  i  ni  les  bourreaux  qui 
nous  tourmentent ,  mais  Jé- 
sus -  Christ  qui  nous 
couronne. 

Quand  les  Apôtres  &  leurs 
fucceifeurs  chali'oient  quel- 
que hérétique  deTEglifc,  ils 
n'en  reflentoient  pas  moins 
de  douleur,  que  s'ils  fe  fuf- 
fent  arraché  un  de  leurs  yeuxj. 
&  par  ce  fentiment  de  com- 
palïion  ils  faifoient  paroitre 
combien  ils  étoient  touchés 
de  la  réparation  de  leur  frère» 


N  "ex  com- 
munier qu'à 

regret. 


DES    HOMELIES 

SUR  S.  MATTHIEU' 


Praefat.  in  Matt. 
Homil.  i.Evange- 
Imm  non  abs  re  vo~ 
catur  ....  fiquidem 
pcenarum  fubUtio- 
nem  ,  veniam  pecca- 
torum  ,  fanfiificatio- 
nem  atque  jufiuiam  ,■ 
redemptionem ,  adop- 
tionem  etiam filiorum 
CT'  cœlorum  h^redita- 
tem  y  C?*  cum  Dei  ^- 


CE  Livre  eft  appelé  avec      214; 
raifon  Evangile  ou  la  bon-      joye     qire 
ne  nouvelle  ,    parce   quSl  an-  doit  apporte» 
nonce  à  tous ,  aux  méchans  ,  riivang,ik. 
aux  ennemis  de  Dieu,  aux 
aveugles  aflis  dans  les  ténè- 
bres ,  la  délivrance  des  pei- 
nes,  le  pardon  des  péchés» 
la  juftice,  la   fandification  , 
la  rédemption,  l'adoption  des 
enfans  de  Dieu ,   l'héritage 
die  fon royaume^  &  ia  gloire 
K 


114  Des    Hom 

de  devenir  les  frères  de  fon 
FjIs  unique.  Y  a-t-il  rien  de 
fi  grand  que  ces  nouvelles 
qu'on  nous  apporte  ?  Un 
Dieu  fur  la  terre  ,  &  hom- 
me dans  le  Ciel  j  un  mélan- 
ge admirable  des  chofes  in- 
férieures avec  les  fupérieu- 
res  Quel  fpédacle  plus  é- 
tonnant  que  de  voir  une 
guerre  aulîi  ancienne  que  le 
monde,  ceflér  tout  d'un  coupj 
Dieu  réconcilié  avec  les 
hommes  ',  le  diable  confus  , 
la  mort  vaincue  ,  le  paradis 
ouvert,  la  maledidion  dé- 
truite ,  le  péché  banni ,  Ter- 
reur étouffée  ^  la  vérité  ré- 
tablie 5  la  parole  divine  fe- 
mée  &  frudifiant  de  toutes 
parts,  la  voye  du  Ciel  in- 
troduite fur  la  terre  ,  les 
Puiffances  &  Vertus  céleftes 
fe  familiarifer  avec  les  hom- 
mes ,  &  la  pofTeflion  de  ces 
biens  préfens  affermie  dans 
nous  par  l'efpérance  des  biens 
futurs. 


iij-  C'eft  avec  grande  raifon 

ta  plus  heu-  qu'on  donne  le  nom  d'Evan- 

gilc  a  cette  hiltoire  lacree. 


leufe     des 


ELIES 
lia  jraternitatem  > 
omnibus  j  tum  inimi- 
cis  5  tum  improhis  , 
tttm  in  tenehris  feden- 
tibus  nunciavit.  Nun- 
quidpoffït  ejjè  <equale 
his  tàm  bonis  nunciis  ? 
Deus  in  terris ,  Ao- 
mo  in  calo  ;  faé}a  efi 
omnium  una  permix^ 
tio  .  .  .  Cernere  efl 
antiquum  praUum 
repente  dijjolutum  i 
Deum  hominibus  re- 
conciliatum  ,  diabo' 
lum  coftfufum  ,  moV' 
tem  peremptam,  pa» 
radifum  apertum  y 
malediflionem  remo- 
tam  )  peccatum  fub" 
latum  ,  exa^itatum 
errprem  »  verttaterjt 
reverfam  ,  pietatis 
fermonem  ubique  fe- 
minautm  >  ubique 
crefceniem  ,  cœlejlem 
converfationem  in  ter- 
ra région  e  plantatam, 
virtutes  fupernas  fa- 
miliariter  nobifcum 
hquentes .  .  .  exque 
his  fpem  frmam  fu'^ 
turorum. 

Fropiereà  intur 
Evangtlium  vocatur 
ijfa  ht-(ioria  j    quafi 


Sur    s. 

fciUcet  omnia  alla 
verba  inattia  dacean- 
ti*r  quihm  folent  />r<£- 


Matthteu.  II  y 

Tous    \ts   autres  Ecrits   qui  nouve'Ies  , 
ne  promettent  que   l'abon-  c'^''-  l'Evan- 
dance  des  richeiles ,  la  gran-  S''^* 
fentia  tpa  promitti  ;     deur ,  la  puillance  ,  la  prin- 
cipauté, la  gloire  ,   les  hon- 


ut  copia  dtvitiarttm  , 
potenti£  magnitndo  , 
principatus  ,  glori^ 
z>el  honores  ,  CT*  qti£' 
cumque  alla  bana  ejje 
hommes  arbitrantur. 
Qu<e  vero  pifcatorum 
ff*nt  annitnciata  ver- 
bis ,  propnè  ac  vere 
Evangelia  nominan- 
tur  ,  non  tantum 
quià  firma  funt  ac 
immohiUa  ,  fupràque 
noflram  eminentia  di~ 
gnitatem  \  fed  quià 
cum  omni  facilitate 
etiam  noUs  donata 
funt. 

Si  unus    Evange- 

Ufla    univerfa  dixif- 

fet  ,   fttperfiuus    jam 

fuijjet  numerus  c<ete- 

rorum  :fin  varia  in- 

ter  fe   omnes  fcnpftf- 

fent  ac  nova  omnia  , 

nullum  potuijjet  con- 

Venientite       apparere 

■documentum.       Fro- 

ptereà  CT*    communi- 

ter  mttlta  dixerunt  ; 

er   nihilominus  quif- 

Que  proprium  altquvà 


neurs ,  fit  tout  ce  que  les 
hommes  croyent  être  des 
biens,  ne  font  que  vanité  & 
que  menfonge.  Mais  tout  ce 
que  des  pêcheurs  nous  an- 
noncent ell  proprement  ap- 
pelé t Evangile  c'eft  à-dire  , 
la  bonne  nouvelle  j  non  feule- 
ment parce  qu'ils  nous  pro- 
mettent  des  biens  ftables  , 
immuables,  &  qui  font  beau- 
coup au  deffiis  de  nous ,  mais 
encore  parce  que  nous  les 
obtenons  fans  que  nous  nous 
les  foyons  procurés  par  aucua 
travail. 

Si  unfeul  Evangelifte  avoit 
tout  dit ,  ce  feroit  inutile- 
ment qu'il  y  en  auroit  eu  plu- 
fieurs  :  fi  aufliils  euflent  tous  Evangeiiftci. 
dit  des  chofes  nouvelles  & 
différentes  ,  on  n'auroit  pu 
faire  voir  comment  ils  s'ac- 
cordent ;  c'eft  pourquoi  ils 
rapportent  tous  àes  chofès 
communes  entr'eux  ,  &  cha- 
cun d'eux  en  dit  aufïi  qui  lui 
font  propres,  afin  que  chacun 
parût  néccifaire  en  ce  qu*il 
dit  de  particulier  ,  &  qu'il 
Kij 


pourquoi  il 


gure, 


11^  Des    h  om 

ferWt  en  cela  à  rendre  té- 
moignage à  la  vérité. 


117.  On  en  voit  plufîeufs  c][ui 

Contre  le  cônfervent  foigneufement 
peu  d'affi- j^ns  leur  mémoire  tout  ce 
du.te  à  l-E-  q^^.ji,  oQj  entendu  dans  les 
comédies ,  ce  qui  ne  fert  qu'à 
perdre  &  tuerleursames  j  & 
qui  lorfqu'ils  fe  trouvent 
dans  i'Eglife  ,  où  c*eft  Dieu 
même  qui  leur  parle  ,  ils  n'y 
peuvent  demeurer  un  mo- 
ment fans  impatience.  Ceft 
pdur  cela  que  Dieu  nous 
menace  de  l'enfer  ^  non 
p^our  flous  y  faire  tom- 
ber 5  mais  pour  nous  en  pré- 
ferver  par  les  menaces  ,  en 
nous  portant  à  fuir  une  fî 
damnable  coutume.  Cepen- 
dant nous  faifons  tout  le 
contraire  de  ce  qu'il  défire. 
Kous  entendons  qu'il  nous 
menace  de  l'Enfer  ,  &  nous 
courons  tous  les  jours  à  ce 
qui  nous  y  mène ,  &  qui  nous 
damne.  Dieu  nous  ordon- 
ne non  feulemen:  d'écouter, 
mais  même  de  faire  ce  qu'il 
nous  dit  j  &  nous  ,  bien 
loin  de  le  pratiquer,   nous 


ELI  ES 

acfpeciaie  confcrip/tt  ( 
ut  neque  fuperfluui 
videretttr  C  temerè 
adjefius  ,  ac  fimtd 
veritatii  diflorum  e- 
xafium  fr^beret  no- 
hts  indicem. 

Cum  omni  diligent 
lia  quod  audierint 
in  theatris  memon* 
comnundant  ad  ani- 
*»£  fH£  perniciem  >r 
hic  veto  ubi  loquitur 
Deus  y  ne  exignum^ 
quidem  patienter 
tempus  expehant  • .  . 
Gehennam  propier  hoc 
Deus  minatur  y  non 
ut  eam  nobis  inférât  ,r 
fed  ut  fugere  perfua* 
deat  illam  pernicio- 
fam  confuetudinem^' 
Mos  vero  è  contrario^ 
cunfia  a<rimus ,  C?* 
quotidie  in  illam- 
viam  qua  tllttc  dw' 
cit  irruinjHS.  Nam 
pr^cipiente  nobis  Deoy 
non  modo  ,  ut  au- 
diamus  qu£  dicuntur  y 
verum  ut  cum  omni 
devotionc  faciamus  ,^ 
nos  nec  audire  cura' 
mus  :  quando  igitur 
ea  qu£  dicuntur  »»• 
pUhimm   i 


Sur    s. 


In  cap  I.  hom. 
2.  C^lum  ea  qt*€  in 
terra  funt ,  accepit  s 
er  terra  ea  <ju<e  in 
ctelo  ;  C  défi  de  rat  a 
olim  Angelis  atque 
fanSiii  pax  aliquan- 
do  donata  efl» 

Qjéod  mirahile  efl  , . 
videbis  mortem  morte 
peremptam  ,  maledi- 
ftttm  maledido  ex- 
tinflum  5  C?*  per  qti<e 
diaholus  jam  ante 
maxime  valebat  y  per 
ea  ipfa  tyrannidem 
illiui  efj'e  dejiru&am. 

F'erus  Ftlius  fem- 
piterni  Dei  etiam  fi- 
lins David  ejjè  di' 
^natus  efi  ,  ut  te  fi- 
lium  faceret  Dei  : 
fervum  patrem  habc' 
te  dignatus  efi ,  ut 
tibi  fervo  patrem 
faceret  Domitttm, 
Q^od  fi  ambigii  de 
his  qu<e  adtHHm  fpe- 
Oant  honorem  ,  de 
ilUm  Immilituis  difi- 


M  ATT  H  I  EU.  117 

n'avons  pas  feulement  la  pa- 
tience de  l'entendie.  Quand 
donc  ferons  -  nous  ce  qu'il 
nous  ordonne  ,  fi  nous  ne 
recourons  pas  feulement 
quand  il  nous  parle  ? 

Le  Ciel  a  reçu  ce  qui  étoit      218. 
dans  la  terre  ,  la  terre  a  rc-  ^  }.  C.  eft  1* 
çu  ce  qui  étoit  dans  le  ciel  i  paix  de  la  ter- 
&  ainfi  s'eft  faite  cette  paix  '^  ^  ^"  ^^^^• 
des  hommes  &  des  Anges, 
qui  avoit  été  fouhaitée  du- 
rant tant  de  fiédes. 


2J9. 

Merveille» 
de  rSvangU 

le. 


Vous  verrez  dans  l'Evan- 
gile des  choies  admirables; 
la  mort  éteinte  par  la  mort , 
la  malédidion  abolie  par  la 
malédidion  ,  &  la  tyrannie 
du  démon  détruite  par  les 
mêmes  armes  dont  il  s'étoit 
refvi'poUi-  rétablir.. 


Le  vrai  &  unique  Fils  de       24b; 
Dieu  éternel  veut  bien  être     Le  fils  dè^ 
appelé  Fils  de  David  ,  pour  Dieufi'ith'o- 
vous  faire  devenir  enfant  de  "^^'P^"'^  ^^'^' 
Dieu  i   il   n'a  pas  dédaigné  ^f'/^^î""^ 
d'avoir  pour  Père  un  efclave  •,.^^'  ^'  ^^^^ 
afin  que  vous  qui  étiez  efcla- 
ve ay^z   Dieu   pour    Père.* 
Que  fi  vous  doutez  de  cette- 
gloire  à  laquelle  vous    êtes 
appelé  ,    foyez-en  pérfuadé- 
par  fa  profonde  humiliation*- 
Car  la  raifon  derhomra^a- 


ii8  Des    Homel  ie  s 

bien  plus  de  peine  à  compren-    ce  credere  etiam  ^tf<e 
dre  qu'un  Dieu  foie  devenu 
homme  ,  que  non  pas  qu'un 
homme  puifle    devenir   en- 
fant de  Dieu. 


4  21.  Dieu  nous  a   donné  des 

Employer  yeux ,  une  bouche  &  des  o- 
Bout  pour  reilles ,  afin  que  tout  ce  qui 
Dieu.  eft  en  nous  foit employé  à  fon 

fervicc*,  que  nous  n'écoutions 
que  ce  qui  le  regarde,  que 
nous  ne  parlions  que  de  ce 
qui  a  rapport  à  lui  ,  &  que 
nous  n'agifTions  que  pour  fa 
gloire. 
^,     22 i.  Il   eft  impoflible   qu'une 

Onnemon- ameappefantie  des  foins  de 
le  au  Ciel  Ja  terre  ,  puiile  s'élever  vers 
que  par  le  dé.  j^  çiiel  j  c'eft  pourquoi  nous 
devons  nous  dégager  de  tout 
pour  pouvoir  courir  légère- 
ment dans  la  voye  de  Dieu  : 
cependant  après  cela  même 
nous  ferons  encore  incapables 
de  nous  élever  jufqu'à  lui ,  fi 
nous  ne  fommes  foulevés  fur 
les  ailes  du  S.  Efprit. 

Ce  qui  perd  &  corrompt 
Néceflité  tout  comme  une  pefte  très- 
pour  tout  le  daneereufe,  eft  l'opinion  que 
monde  délire  pj^^çyjj  ont  quC  la  Icàurc 
1  Ecriture.      *  * 


pouillemeiit 
&par  lagra 
ce. 


22y 


fuper    tuam   dignua- 

tem  dicmitttr • 

Mtélto  ejî  dijjîcilius  , 
quantum  ad  cogita- 
ttones  homtnum  fer- 
tinet  ,  Deum  homi'- 
nem  Jieri ,  c^uam  ho' 
mmem  Dei  filium 
conjècrari. 

Et  oculos  y  Çp"  osy 
CP*  audiium  frroptereà 
pofuit  in  nobis  Deus , 
ut  omnia  tpfi  membra 
fervirent  :  ut  qud 
ip/îus  funt  5  audia- 
mui  ;  qu<e  tpjîus  lo- 
quamuT  i  qu<e  ipJîuS^ 
/émiser  operemur. 

Non  potefl  quis 
omnino  in  terram  de- 
fixm  y  ad  cdiUrum 
evolare  fafltgiunu 
Et  ideo  fludendum  ut 
paraît  femper  CT*  ac 
cinCli  tter  hoc  tinfi' 
cere  pojfimus  :  ima 
nec  fie  quidem  pojjl' 
bile  ej}  ,  nijî  alis  Spi' 
titâs  fubvehamur. 

Hoc  ejl  quoi  ont' 
nia  quafi  una  qua" 
dampejie  corrumpit  » 
quoniam      leCÎPomm 


Sur  S^ 
ihinarum  Scriptura-' 
THm  ad  folos  putatis 
tnonachos  pertmere  , 
cùm  multo  magis  vo- 
his  quam  illis  fit  ne- 
ceffaria.  Qui  enim 
verfantur  in  medio  j 
O*  vulnera  quotidiè 
accipiunt ,  magn  in- 
àigent  medicamme, 

Scriptura  nutrimen- 
tum  animai  hoc  orna- 
mentumyhoc  fecuritas. 
Et  quid  ats  ,  lùcri 
ejif  qttando  quis  au- 
dit CT*  non  accedit  ad 
implenda  qua  dtCla 
funt  }  Non  parvus  efl 
etiam  ex  ip/o  auduH 
profe£lus,  Nam  qui 
audit  CT*  femetipfum 
reprehendet  ,  fepè  O* 
alterius  ingemijcet  » 
iy  eo  quandoqtte  peV' 
Veniet  3  ut  fludeat 
«tiam  implere  quoâ 
âidkit. 

Non  contemnamus 
Scripturas  audire  divi  • 
nas.H<ecenim  diaholi- 
CA  infpirationisfitnt  , 
nonfujfinsntis  ut  afpi- 
fiamui  ihefauros ,  ne 
diviiiaî  acquiramus. 

Hom.^»  Si  vis  fié» 


Matthieu.  iip 

de  l'Eciituren'eit  bonne  qu'- 
aux Religieux  &  aux  Solitai- 
res, puilque  lesféculiers  en 
ont  encore  plus  de  belbin 
qu'eux.  Car  ce  (ont  ceux  qui 
fe  trouvent  au  milieu  du 
combat  y  &  qui  reçoivent 
tous  les  jours  de  nouvelles 
playes,  qui  ont  befoin  de 
plus  de  remèdes. 

L'Ecriture  eft  la  nourritu-        224. 
re  del'ame,  c'eft  fon  orne-     Avantages 
ment  ,  c*ert  fon  affurance.      de  l'Ecriture. 

Que   fert  ,     dites-vous  , 
d'entendre  la  parole  de  Dieu,     ^^^uité  i 
lorfquon  nela  pratique  pas  ?  écouter  la  pa- 
Je  vous  dis  qu'on  ne  laiiTe  pas  rôle  de  Dieui 
alors  d'en  retirer  une  grande 
utilité.  Car  on  s'accufera  foi- 
méme ,  on  foupirera,  on  gé- 
mira 5  &  on  le  mettra  enfin 
en   état  de  faire    ce   qu'on 
nous  apprend. 


Ne  négligeons  pas   d'en-       2%g, 
tendre  parler  de  l'Ecriture.     S'appliquei 
C'eil  1@  démon  qui  nous  en  *  TBcriture» 
infpire  le  dégoûta  parce  qu'- 
il ne  peut  ibufFrir  qu'on  nous 
découvre  ce  tréfar ,  de  crain- 
te que  nous  n'emportions  une 
partie  de  ces  richefles.  227. 

Si  vous  voulez  vous  élever     Se  défier  de 


^. .         ,  110  Des    Ho  m 

pnf?r  ■""'"  ^  "ne  haute  vertu,  ne  vous 
élevez  pas  dans  une  haute 
eftime  de  vous-même  j  cro- 
yez ne  rien  faire  j  &  vous 
ferez  tout, 


Thunùlicé. 


128.  Si  l'humilité   rend  le  pé- 

^Jouvoir  de  cheur  jufte  ,  quoiqu'elle  foit 
plutôt  en  lui  une  reccnnoif- 
lànce  de  Ton  indignité ,  qu'- 
une vraye  humiliation  5  com- 
bien cette  vertu  lera-t-elle 
puiffante  dans  le  jufte  même  > 


".     12^.         -Dieu  ne  veut  rien  diminuer 

Bonté  mifc-  du  fruit  de  vos  travaux  :  mais 

ricordieufe     plutôt  il  s'étudie  à  faire  que 

de  Dieu.         jQ^t  tourne  à  votre  avantage,- 

que  tout  vous  profite.  Quand 

vous  ne  jetteriez  qu'un  fou* 

pir  3  &  que  vous  ne  lailferiez 

tomber  qu'une  larme  ,  il  les 

recueille  auflitot  &  les  fait 

Tervir  à  votre  falut. 

130.  Quoi,  vous  ofFenfez  Dieu 

^  Gémir  de  tous  les  jours  ,     &  vous  ne 
Ces    maux  >  faites  que  rire  &•  vous  diver- 
oublier  ks     j-^  e  y^^^  fçavez  fi  bien  ou- 
blier  tous  les  maux  que  vous 
commettez,  &  vous tie pou- 
vez oublier  le  peu  de  bien 
ue  VOUS'  faites» 


^ 


ELI  ES 
hlime  ali^uïd  oflenie- 
revirtutfSj  nolifubli- 
me  fapere  . . .  NoU  te 
putare  <^uic  quant fe  dp- 
fe  qttod  fecerisj  Jic  ah' 
folHlijJîmtim  ern  opus. 

Siquidem  ex  pecca^ 
ton  bus  quoque  ju/}o^ 
hum  t  lit  as  facit  i  cùm 
tamen  non  fit  tllud 
humilitas  ,  fed  vera 
confefjîo.  Si  igitUT 
tantum  valet  in  pec' 
eatore  confefjîo ,  con» 
fidera  quantum  hu- 
fnilitas  pojft  injufio. 

Non  Z)ult  Deus  la- 
horum  tuerumfruBtti' 
perire ,  qutnimo  om" 
nia  m  tuum  commo- 
dum  facit  i  tihique 
rem  attgere  fejlinat 
..'.."  Si  ingemueris 
folum  atque  lachry" 
maveris ,  rapit  ijla 
éonftfiim  in  tu<e  oc- 
cajîonem  faltttis, 

Quid  ats  tu,  càm 
quotidiè  offendai  Do- 
minum  ,  nihilominUs 
deliciarii  ac  rides  >  ZP* 
inter  magna  peccata 
nec  te  peccafje  nojïi  , 
oblivioni  cunBa  tra- 
dendo  :  folam  veto  re» 
éïèfaûorum  non  potes 
ahjiçere  memonam^ 
Saih 


Sur    s 

Satii  certui    reélè 

rus  y  ipfa  reflè  /«<- 
Gorum  obUvio, 

Tu  falvari  te  Dei 
gratta  confiteare ,  ut 
fe  ille  tibi  debitorem 
fateatur  i  nec  modo 
J?ro  opertbm  tuis  , 
Verum  etiam  pro  hac 
gratU  humiliquefen- 
tentia. 

Minimum  de  fe 
fenfrjfe  tam  magnum 
eft  y  quàm  maxtmas 
res  fecijje  :  quod  fi 
non  adfit  ,  nec  ilU 
poterunt  eJJ'e  lauda- 
htles. 


Ho  m  il.  4.  Sufci- 
pe  quod  revelatum 
*P  y  CT"  noli  curiosè 
indagare  quod  tact- 
tumeji. 

Fidelis  non  modo 
à  comfnunione  myfte- 
rii ,  verùm  ^tiam  de 
novitate  viU  débet 
agnofci.  Pidelem  enim 
ial  effe  convenit  CT» 
luminare  mundi. 
Sm  vero  ne  tibi  qui- 
dem  ipfe  hiceas  ,  CT* 
prhprtum  quidem  f>a-: 
Tom.  I. 


Matthieu.  121 

L'oubli  de  nos  bonnes  œu- 
vres en  eft  le  tréfor  , 
garde  la  plus  aliurce. 


Reconnoiflez  que  c'ell  la 
grâce  >de  Dieu  qui  vous  fau- 
ve, &  Dieu  ne  dédaignera 
pas  de  fe  reconnoître  votre 
débiteur ,  pour  récompenfer 
non  feulement  vos  bonnes 
œuvres,  mais  encore  cette 
humble  reconnoiffance. 

Avoir  de  bas  fentimens  de 
nous-mêmes,  eft  une  fi  gran- 
de vertu,  qu'elle  égaie  les 
plus  grandes  adions  de  piété 
qu'on  puilfe  faire  ,  puifque 
ces  aétions  ne  font  gaandes 
&  recomjnandablcs  que  lorf- 
qu'elles  font  jointes  à  l'hu- 
milité. 

Recevez  humblement  ce 
queDieuvous  découvre  dans 
les  Ecritures,  &  ne  recher- 
chez point  curieulement  ce 
qu'il  vous  cache. 

Un  fidelle  doit  faire  voir 
ce  qu'il  eft  j  non  par  la  feule 
participation  aux  Sacremens, 
mais  par  la  fainteté  &  le  re- 
nouvellement de  la  vie.  Il 
faut  qu'un  Chrétien  feion 
l'Evangile  foit  la  lumière  CT»  le 
foleil du  monde.  Si  donc  vous  ne 
vous  éclairez  pas  vous  même  , 
&  fi  au  contraire  vous  faites 


131. 

_     j        Oublier  Cet 
^  ^*  bonnes    œu- 


vrcs% 

231. 
Recoiinoif- 
fa.îce    de    la 
grâce. 


233. 

Excellence 
del'hurailicc. 


E! 
de 

234. 
oigneraenc 
la  curioâ- 

te. 

Monirerpar 
fa  vie  qu'on 
eft  Clirétieiï. 

121  Des    Home 

voir  en  vous  une  rie  toute  cor- 
rompue ,  à  quoy  pourray-je 
juger  que  vous  eites  chrétien? 
Sera-ce  parce  que  vous  avez 
été  régénéré  dans  les  eaux 
facrées  du  Batéme  ?,C'eft 
ce  qui  vous  rend  encore  plus 
coupable  :  car  plus  ce  qu'on 
a  receu  eft  excellent  ,  plus  il 
attire  de  fupplice  fur  celui 
dont  la  vie  ne  répond  pas  à 
la  dignité  d'un  fî  grand  don. 
Il  faut  qu'un  Chrétien  mon- 
tre ce  qu'il  eft  ,  non  feule- 
ment par  ce  qu'il  a  reçu  de 
Dieu  ,  mais  encore  parce  qu'il 
offre  lui-même  à  Dieu.  Il 
faut  que  fa  vertu  éclaire  au 
dehors  par  Ion  marcher,  par 
fes  regards  ,  par  fa  conte- 
nance ,  par  Ces  paroles.  Mais 
iorfque  je  cherche  en  vous 
des  marques  de  ce  que  vous 
êtes  ,  j'en  voy  dz  toutes  con- 
traires. Mais  que  dis-je  ,  des 
marques  de  Chrétien  ?  Je  ne 
puis  même  juger  par  vos 
aôions  ,  tant  elles  font  bru- 
tales &  déraifonnables  ,  iî 
vous  êtes  véritablement  hom- 
me. 


z3^. 

Mtprifer  la 

gloire  humai-    i    •  -ri        o 

^^  gloire  ,  mcpriiez-la,  &  vous 


Si  vous  voulez  avoir  de  la 


LIES 

tredinem  f(x:torem(jue 
detegas  ,  qutbui  te 
indiciis  ego  Jidelem 
potero  agnofcere  } 
An  quià  facrati  4- 
quas  fontis  ingref- 
fui  es  ?  At  hoc  ip- 
fum  quod  tibi  datum 
fuerat  ad  falutem  » 
fit  tibi> graviorii  cat*- 
fa  fuppUcii.  Hono" 
ris  Jîquidem  ma' 
gnitttdo  his  cjm  non 
digne  vivunt  hono- 
re ,  cumulus  incipit 
ej]e  pœnarum.  Igi- 
ttér  fidelem  non  ah 
his  tantùm  qi*<e  ac 
cepit  à  Deo  ,  ve-' 
rum  etiam  ab  his  qua 
obtulerit  ipfe  Deo  y 
convenit  refulgere  C7* 
undique  ejj'e  notum 
atque  manife^um  , 
CT*  ah  incejju ,  GT*  à 
vefle  j  CT*  à  Voce  . ,  , 
Nuncvero  undècum- 
que  voluero  te  di-. 
gnofcere ,  inventa  te 
à  contrariis  puhlica- 
ri.  Et  quid  dicam  u~ 
trum  fidelis  ?  Nec  fi 
homo  ver è  fis ,  pojjum 
evidenter  agnofiere. 

Si  glortari  cupis  , 
gloriam  defptce ,  C?* 


Sur     s 

ercs  omnibui  glorio' 
fxor. 

Homil.  5" .  Vnài 
Vohis  accidit  talis 
mutât io  ?  De  conver- 
fattone  nimiritm  pa- 
rum  attenta  ,  CT*  vi' 
tioforum  hominitm 
affîduo  pefliferoque 
colloquio.  Non  enim 
oponebat  à  cectu  Ec- 
clejtte  recedentes ,  con- 
'trariis  httic  Jlttdio 
negotiis  implicari  : 
Jèd  domum  continua 
revertentes  facros  re- 
plieare  Ubros  ,  Çp* 
<onjugcm  pitriier  li- 
ber of^ne  ad  eorum 
qHA  diélafunt  coUa- 
tionem  vocare ,  htf- 
que  altius  animo  in- 
Jertis  5  tum  demiim 
ad  h^ec  qua  huic  vi- 
t£  funt  necfjjaria 
curanda  procedere. 

Non  quajt  ofcitan- 
tes  CT*  defîdes  ex  alio- 
rum  mentis  pendea- 
mus.  Hahent  enim 
vim  pro  nohis  CT* 
quiàem  ntaximam 
oraliones  favclorum  : 
fed  tune  profeélo  rum 
nos  quoque  idipjum 
per  panitentiam  pO' 


Fujrlesen- 


Matthïeu.  IZJ 

deviendrez  véritablement  di- 
gne de  gloire. 

D'où  vient  que  les  bonnes 
difpofitions  changent  fi  -  tôt, 
finon  de  ce  que  votre  vie  elt  "«^"li*  ^'^  ^e- 
relâchée,  &  de  ce  que  vous  '1''  P^^»^."* 

1     n-         iïr  -Li-  t       S  entretenir 

vous  laiflez  affoiblir  par  les  .uedeDien. 
entretiens  empeftez  des  hom- 
mes vicieux.  Car  lorfque 
vous  fortez  de  TEglife  vous 
ne  devriez  point  vous  entre- 
tenir des  chofes  difproportion- 
nées  a.  ce  que  vous  y  avez 
entendu  :  &  auffi-tot  que 
vous  êtes  retournez  chez  vous, 
vous  devriez  prendre  l'Ecri- 
ture fainte  ,  &  alfembler  vo« 
enfans  avec  votre  femme  , 
pour  répéter  eniemble  cequ'on 
vous  a  dit,  &aprèsavoir  biea 
profondément  imprimé  ces 
veritez  dans  votre  efprit ,  re- 
prendre le  foin  de  vos  affaires 
temporelles. 


Ne  nous  appuyons   point        ^.iS. 
avec     négligence  &  lâcheté     Prières  d?s 
fur  les  mérites  des  autres.  Jl  Saints    utiles 
eft  bien  vray  que  les  prières  ^"^  pénitÊus, 
dçs  Saints  ont  beaucoup  de 
force   ,    mais     c'eft     lorfque 
nous  y  joignons  notre   péni- 
tence ,  &  que  nos  prières  font 
accompagnées  Ju  changement 
de  notre  vie.  Sans  cela  Moife 
Lij 


Nos  prières 
nous  fontplus 
utils  que  cel- 
les àcs  autres . 


140. 
Plus  on  dé- 
penfe  en  au- 
mônes ,  plus 
onamaile. 


24T. 

Prudence 
chré;;enue. 


1X4  DesHom 

!uy-méme  n'eut  pas  le  pou- 
voir de  délivrer  fa  p  r  opre  foeur. 


Dieu  aime  bien  mieux  ac- 
corder fa  grâce  aux  prières  que 
nous  lui  faifons  nous-mê- 
mes, qu'à  celles  que  lui  font 
les  autres  pour  nous  :  parce 
■que  l'application  avec  laquel- 
le nous  nous  eftbrçons  de 
détourner  fa  colère  ,  fait  que 
nous  approchons  de  lui  avec 
plus  de  confiance  ,  &  que  nous 
réglons  notre  vie  avec  plus  de 
foin. 

Vous  ne  comprenez  pas 
que  quand  il  s'agit  de  donner 
l'aumône  ,  c'eû  perdre  que 
d'épargner  ,  &  c'eft  gagner 
que  de  dépenfer.  Répandez 
donc ,  afin  de  ne  pas  perdre  j 
n'épargnez  pas  ,  afin  d'amaf- 
(èrj  perdez  afin  de  gagner.  Ne 
cherchez  point  à  bien  placer 
icy  votre  argent ,  vous  n'en- 
tendez pas  à  le  bien  faire  pro- 
fiter ;  mais  mettez  -  le  entre 
les  mains  de  Dieu,  qui  vous 
le  rendra  avec  une  telle  ulure, 
que  l'mtereft  paflera  le  prin- 
cipal. 

Ceux  qui  veulent  devenir 
vériiable«ient  riches  préfè- 
rent  les   grands    biens  aux 


ELIES 

Jlulamus  »  O*  ad  fia» 
dia  meliora  confugi" 
mus.  Alioqum  etiam 
Mo/es  ipfe  fororem 
fuam  neqitivit  eruere, 
Deui  gratiam  no- 
his  potius  i  quam 
aliis  rogan  tiens  pro 
nobisy  Zfult  donare  : 
ut  hoc  ipfo  qtio  tram 
ejus  in  nos  placare 
cupimus  ,  ad  Jludia 
meliora  migremus  , 
O*  fiduciam  bon^ 
confcienti^  colliga' 
mus. 

Non  intelltgis  quia 
pojjumas  CT*  parccndo 
perdere ,  Çp'fpargen- 
do  coUigere  ?  Sparge 
ergo  ne  perdus  i  noU 
retinere  ut  magis  con' 
greg^s  i  impende  ut 
lucreris  .  . .  NoU  tu 
hic  Ville  negociari  » 
neque  enim  nojîi  /m- 
cra  colligere  ;  fed 
eum  potius  focnerare 
qui  longe  majorern 
fxnorem  reddit  ufu- 
r^m. 

Qui  veras  opes 
concupifcunt  y  ea  qua 
manjura  funt  potius 


Sur 

tUgunt  3  qtiam  illa 
^M(t  perettnt . . .  Pra' 
fonnnt  magna  par- 
vis 5  temporalibHS 
fempiterna ,  fium^ue 
digni  qui  utraque 
percipiant.  Qut  enim 
tétlutn  terrât  amore 
conttmnit  ,  etiam  i- 
fiam  profeflo perdet  : 
qt*i  vero  huic  illud 
praponit  ,  utrifque 
potietur  i  ^  muho 
certè  tan  us  y  mttlto- 
que  jHcttndiUf. 

In  cap.  i.  Hoin. 
6.  fixe  ejl  natura 
ignis  à  Spiritu  fanCîo 
ticcenfi  5  Ht  mUUm 
fecum  carnaliitm  vo- 
lupiatum  anhre  pa- 
Uaiur,fed  in  a^tum 
nos  amùrem  femper 
tradttcat. 

h  qaem  illius  ignis 
ardor  accendarit .  .  . 
qii.€  Z)identur  chu  fia 
de/picienSy  in  com- 
pHuflione  continua 
perfeverat  ,  lar^o  af- 
Jîdtiè  flens  fonte  la- 
chrymarumy  tnttliam- 
que  ht  ne  capiens  vo- 
luptatem.  Nihtlquip. 
p£  ita  conglutinat 
Deo^ntilUUclfrym<e 


S.     Matthieu.  Jzf 

petits  5  les  certains  aux  in- 
certains ,  les  celeftes  aux  ter- 
reftres  ;  &  fouvent  fe  rendent 
ainfî  dignes  de  poflTeder  les 
un3  &  les  autres.  Car  celuy 
qui  préfère  la  terreau  Ciel  , 
les  perdra  tous  deux  j  mais 
celui  qui  préfère  le  ciel  à  la  ter- 
re 5  joiiiia  de  l'un  &  de  l'au- 
tre, d'une  manière  (ans  com- 
paraison bien  plus  llable  & 
bien  plus  heureufe. 


Le  feu  du  faint  efprit  ne       24t. 
foufFre  point  que  le  cœur  qu'il    Le  s.  Ej'prit 
enfiâme  .  defire  aucune  chofe  iistnathcu- 
du  monde  3  mais  il  nous  porte  P^'liï*- 
à  un  autre  amour. 


Celuy  qui  fera  embrafé  Ju        245. 
feu  de  PEÎprit  faint ,  conce-       Renottcer 
vant  un  mépris  général  pour  ^^   mande 
toutes  les  chofes  vifibles  ,  ref-  P^'-^  trouvée 
fcnt  continuellement  en  fon  '•■' '^^^^^"^i^^^ 
cœur  des  mouvemens  de  coiiv» 
pondion  ;  il  pleure  fans  celle    • 
avec  abondance,  &  il  trouve 
dans  fes  larmes  fon  plus  grand 
plaifîr.  Et  en  effet  ,  rien  ne 
ous  attache  plus  fortement 
à  Dieu  que  ces  larmes ,  que 
L  ii] 


Tl6 


Des    Home 


la  douleur  de  nos  péchez ,  & 
l'amour  de  la  vertu  nous  font 
répandre.  En  cet  état  ,  quoy 
qu'on  demeure  dans  la  ville, 
on  ne  lailïe  pas  d'y  vivre  aulïi 
ïetiré  que  fi  l'on  etoit  au  fond 
i'un  defert  ;  parce  que  ne  fai- 
iâm  plus  d'attention  aux  cho- 
ies préfentes^  on  ne  peut  plus 
être  émeu  par  les  bruits  &  les 
tumultes  du  monde. 


2'44*  Au  lieu  que  les    joyes  du 

Les  larmes  j,^qj^ç  ç^^^  toujours  mêlées 
des    penitens    ,  n    m       i       '  > 

font  accom-  ^^  tnftelTe  ;  les  lai  mes  qu  on 
Pgnées  èc  verfc  Dour  Dieu  foiit  accom- 
luivi«3f  de  pagnées  d'une  jcyc  continuel- 
>oyc.  le  &  qui  ne  peut  jamais  être 

interrompue  Comme  .'air  de- 
vient ferem  après  une  grande 
pluye  >  ainfi  après  cette  pluye 
de  larmes  de  compondion  , 
refprir  devient  calme  &  pur, 
&  les  nuages  des  péchez  qui 
robfcurciifoient  ,  fe  diiTipent 
entièrement. 


245.  Dieu  n'a  pas  tant  d'averfion 

Co.rre   lej  pour  les  pécheurs  ,  que  pour 

préiôptueux.  ^.gy^  q„j  fe  tiennent  dans  une 

pernicieufe  paix  &  une  faulie 

aliurance  après  leurs  péchez. 

'^4^-  Les  jeux  &  les  divertiHè- 

Les  jtux  bi  j-neni   ne    viennent    pas   de 


LIE» 

quas  &  peccati  dotor 
CT'  amor  virtutam  ef^ 
fundit.  Qui  talis  Vit^t 
confervat  tenorem  ^ 
etiamjï  in  medio  »r- 
hii  videatur  habita^ 
re,  quafi  in  eremi  ta- 
nt en  vajiitate  requief- 
cit . , ,  nulloenim  tu- 
multH  rerum  concttti" 
tuTy  mhilommnc  prig* 
fentium  confpiaens, 

Sicyt  niundi  gatt- 
dium  trij}iii<e  (ovfor- 
tio  copulatHr  i  itif 
eiiamfecundiiw  r-omî- 
num  lachrym£JHgem 
pariunt  certamque 
Utitiam . . .  Sicut  poft 
véhémentes  imbres 
mundtis  aër  ac  purus 
ejficitur  ;  ità  etiam 
lachrymarum  pluvias 
ferenitas  mentis  fe- 
quitur  atque  tran- 
quillitas  ,  omni/que 
au  depeccatcrumie" 
nebris  offufa  caUgo 
dijfolvitur. 

Non  ità  peccan^ 
tes  averfatur  Deus  ,. 
quam  eos  qui  pojipec* 
catafecurifunt. 

Non  Deus  dat  lu* 
dere  j  fed  diabolus  ^ 


Sur 

....  noii  igitur  hac 
i  Deo  pofcere  ,  ^»« 
aecipis  à  diabolo. 
D^i  fiqtiiàem  efi  hu- 
miliatam  dare  ani" 
mam  ,  trementem  , 
greffant ,  pudicam  , 
faut  tentent  ,  atpae 
eonipitttClam.  H^cf^nt 
Deimunera  ,  quia  C* 
noi  talibus  potifjî- 
mtàm  indizemus. 


Adverfiis  fpiri- 
tualia  nequitix  pu- 
^tiandum  e(i  ,  .  .  be- 
necjue  nobifcum  agi- 
tttr  ,  Jt  prenuam  opé- 
rant navantes  <J^  fo- 
hriè  vivent  es  ,  G?* 
vigfUntes  pofjumui 
fer%m  ip/orum  agmen 
fttflinere.  Quodfi  ri- 
deamtis  atque  Inda- 
mus  jugent  deftdiam 
ionfoventes  ,  factlli- 
tnè  antè  pugnantpro- 
prio  torpore  vincemur. 
Non  efi  noflrum 
ajjiduèndere  ,  mollir t- 
déliais  ;  fed  eorum 
potius  CT*  earum  qu<t 
Jpeflanturin  iheairis 
.  .  .  eorum  qiù  ad  hoc 
fatlifimt  ,  parajîto' 
rttm  zy  adttlatoTHm» 


S.    Matthieu.  ^^7 

Dieu  ,  mais  du  diable  ;  n'at-  les      phifîrs 
tendez    donc  pas  de  Dieu  .  font  des  pré- 
ce  qu  U  n'y  a  que  cet  ennemi  «^"s  du  de- 
qui  donne  aux  hommes,  i-c 
don  que  Dieu  nous  fait  ,  eft 
un  cœur  contrit  &  humilié  > 
un  cœur  vigilant ,  chafte  ,  pé- 
nitent 5  touche  de  crainte  ,  & 
pénétré  de  compondion  :  ce 
iont-là  les  préfens  que  Dieu 
nous    fait    ,    comme     étant 
ceux  qui  nous  font  les  plus  u- 
tiles. 

Nous   avons    à  combattre       247- 

contre  les  efprtts    d'iniquité  ,   &         ^'^\^'l 
,.'■,•      t  r  pour    relutei 

nous  (ommes  bienheureux  "^^démon. 
par  tous  nos  foins  ,  toute  no- 
tre vigilance  ,  &  tous  nos  ef- 
forts 5  nous  pouvons  réfifter 
à  des  puiffances fi  redoutables. 
Que  fi  nous  nous  amufons  à 
nous  divertir  &  à  rire  ,  nous 
ferons  fans  doute  vaincus  par 
notre  propre  lâcheté  ,  avant 
même  que  de  combattre. 


Ce  n'eft  pas  à  des  Chre-     ,  ^48- 
tiensàpairerjetems  dans  les    /'^J^"^?* 
ris  ,  les  divertiflTemens ,  &  les  ^^^  ^^^  çj^jé- 
plaifirs.    Cela  n*eft  bon  que  tkn. 


pour  des  gens  de  théâtre  ,  & 
pour  ces  difeurs  de  bons  mots 
&  ces  flateurs  qui  cherchent 
le*  bonnes  tables.  Ce  n  eft 
L  iiij 


128  Des    Home 

point  là  refprit  de  ceux  qui 
font  appeliez  à  une  vie  celef- 
te  5  dont  les  noms  font  déjà 
écrits  dans  réternelle  cité, 
&  qui  font  profeflTion  d'^ine 
milice  toute  fpirituelle  :  mais 
c'eft  Tefprit  de  ceux  qui  com- 
battent fous  les  enfeignes  du 
démon.  Ouy ,  mes  frères ,  c'eil 
le  démon  qui  a  fait  un  art  de 
CCS  divertiffemens  &  de  ces 
jeux  5  pour  attirer  à  lui  les  fol- 
dats  de  jESus-CHRist, 
&  pour  relâcher  toute  leur  vi- 
gueur &  comme  les  nerfs  de 
ieur  difcipline  &  de  leur  ver- 
tu. 
^^9'  Quand  ces  bouffons   ridi- 

Conrre  les  cules  ont  proféré  fur  le  théâ- 
fpettacies  tre  quelque  fottife  ,  quelque 
impiété  ,ou  quelque  chofe  de 
dcshonnéte  ,  aufTi-tot  les  plus 
fous  en  font  ravis  ,  &  s'em- 
portent à  de  vains  éclats  de  ri- 
re. Ils  leur  donnent  des  ap- 
plaudiffemens  fur  des  chofes 
pour  lefquelles  ils  devroient 
plutôt  leur  jetter  des  pierres  j 
&  ils  s'attirent  ainil  fur  eux- 
mêmes  par  ce  plaifir  malheu- 
reux le  fupplice  du  feu  éter- 
nel. Car  ers  loiiant  ces  folies , 
ils  perfuadent  à  ces  infâmes 
de  continuer  à  les  faire,  &  ils 
fe  rendent  encore  plus  dignes 
qu'eux  de  la  condamnation 


j^fofaiîes, 


LIES 

Non  eff  3  Inquam  3 
hoc    eorum    ^ui   ad 
aterni^m  re^um  vo- 
califunti  tjuiquejitnt 
in  CétUfli  illa  civitate 
confcripU   y   non   efi 
fpirùualia  arma  ge" 
Jiantium  »  tjttod  certè 
proprium   ejl  diabolo 
milttantium.    [Ile  ejl 
enim  ,  ille  qui  etiam 
in  artem  jocoi  ludof- 
que  digefjît   ,    ut  per 
hitc    ad  fe    traheret 
milites  Chn/li  ,     ^ 
virtutis   evrum  ner» 
VOi  faceret  molliores, 
Quando    mimi  O* 
rtdicuU   tyrpe     quid 
ac  hUfphemum  dtxe- 
YHnt ,  tune  potijjimùm 
ftoltàiorei  quiquefol- 
vitntur  in  rhfum  i  in- 
de  applaudentes  i  un^ 
de  etiam  iîlos  lapidi- 
bus  exagitare  debue- 
rant  j  fornacem  ignis 
hornbtUs    ex    hujufy 
modi    voluptate     in 
fuum    ip forum   captit 
fuccendentes.    Qui'  e- 
nim  laudant  dicentes 
ifta  ,   ipf  eis  Ij£C  e- 
xercere  perfuadent  ; 
idcircê      ipfi    potius 
propter  htc  menniur 


Sur    s 
fuhire  quoi  oh  ijla 
fancitum    eji   Çuppli- 
tittm. 

Ne  Jicas  quoi 
quidquid  fit  in  thea- 
tris  ,  pmttîario  O* 
jiflum  argumentum 
fit  ^  non  Veritas  re- 
rum.  Simulatio  ijla 
plurimos  adultéras  fe- 
<it  &  multas  domos 
fubvertit.  Proptereà- 
que  rnavime  gemo  , 
quod  tàm  grande  ma- 
lum  hoc ,  ma!um  ejfe 
non  creditur. 

Ho  m  il.  7.  Cave 
ne  Herodi  tfficiaris 
Jîmilis ,  C7-  dicas  ut 
&egovenicnsado- 
rem  eum  ,•  cumtjue 
Veneris  ,  inierimere 
conetis.  Hujus  enim 
f miles  funt  qui  indi- 
gne ahutuntiir  com- 
munione  myfieril  : 
Reus  eft  enim  ifte 
corporis  &  fangui- 
nis  Domini. 

Adorât uri  Chri- 
Pum  in  prtfepio  fpi- 
rituali  .  .  .  cunéla 
projiciamus  è  mani» 
eus .  . .  Ex  hac  men- 
fa  fpiritualtum  fons 
etuanat  bonormn  . ,  . 


Matthieu. 
qu'ils  ont  méritée. 


J%S 


Ne  médites  pas  que  tout       j-^; 
ce  qui  fe  fait  fur  les  théâtres     Danger  dej^ 
n'eft   que    fidion.    Car  ^ft  comcdies. 
une  fîâion  qui  a  fait  beaucoup 
d'adultères  véritables  ,  &  qui 
a  renverfé  beaucoup  de  famil- 
les. Et  ce  qui  m'afflige  encore 
^.ivantage  ,  c'eft  que  ce  mal 
étant  fi  grand ,  on  ne  le  regar- 
de pas  même  comme  un  mal> 


Prenez,  garde    de  ne  pas       ^tj, 
imiter  Herode  -,  &  qu'en  di-      Contre  les 


fant 


lui 


que    Vous  communions 


veney  pour  adorer  J  E  S  U  S-  ia«iiSties, 
Christ,  vous  ne  veniei 
en  effet  pour  le  tuer.  Car  tous 
ceux  qui  approchent  indigne- 
ment des  l'acrez  myilcres ,  fe 
rendent  femblables  à  ce  ty- 
ran j  puifque  félon  i'Apôtre, 
Ils  font  coupables  du  corps  CT*  dti 
fang  du  Seigneur, 

Renonçons  à  tout ,  &  don-       2  j^; 
nons  tout  5    lorfque  nous  al-      Avaiitages 
ions  adorer  Jésus- Christ  dekconimu. 
fur  fa  crèche  fpirituelle  ,  c'eft  "^°"  PO"»^  ^" 
à-dire  fur  fon  autel  ,  qui  eft^*^      * 
une    fourcc    d'où    découlent 
toutes  fortes  de  biens.  Là  J  s- 


Contre 


254. 

Tous 
Chrétiens 
bligés  à 
feifeâion 


Xio  Des   Home 

sus-Chr  IST,  nous  deman- 
de fans  ceire  à  boire  ,  non  de 
l'eau  ,  mais  notre  fandifica- 
tion  dont  il  eft  altéré.  Car  il 
eft  là  pour  donner  aux  faints 
les  chofes  faintes.  Et  il  ne  nous 
préfente  point  à  boire  de  cette 
divine  fource ,  une  eau  corrup- 
tible ,  mais  fon  fang  vivant , 
^ui  nous  étant  donné  en  té- 
moignage &  en  mémoire  de 
fa  mort  ,  eft  la  caufe  de  notre 
vie. 

Si  vous  étiez  déjà  enflam- 
^"  mé  d'impureté  allant  aux  fpec- 
tacles  5  vous  mettez  encore  de 
l'huile  dans  cette  flamme  pour 
rallumer  davantage  ',  que  fî 
vous  pouvez  aiïifter  à  ces  fo- 
lies fans  en  recevoir  nulle  im- 
preflion  ,  vous  ne  billez  pas 
d'être  coupable  ,  parce  que 
vous  devenez  un  fujet  de  fcan- 
dale  8c  de  chute  aux  autres,  en 
les  invitant  par  votre  exem- 
ple à  ces  damnables  plaiiirsj 
&  en  y  folùilant  en  méme- 
lems  vos  yeux  &  votre  a- 
me. 

Tous  les  préceptes  del'E- 

les  vangile  nous  font    communs 

o-  aveclesReligieux ,  excepté  ce 

^*  qui  concerne  le  mariage.  Et 

en  ce  point  même  faint  Paul 

nous  veut  en  q^uelque  lorte 


LIES 
lèi  Chrifiui  à  noèis 
poftulat  potum  ,  non 
a(jH(im  ,  fed  fanfii- 
moniam.Sanfiis  enim 
Chrijius  fanBa  dijiri^ 
huit.  Non  enim  Or 
quam  de  hoc  fonte 
nobti  Urgitur  ,  fed 
fanguinem  vivum  y 
qui  quanqttam  ad 
mortis  Dominiez  te- 
flunoninm  fumitHr  3 
nohii  tamen  taufajit 
vit^. 

In  fpefiaculis  fi  « 
concuptfcentia  pojjtde» 
rii,  majori  jlammtt 
profeSlc  ^ccenderîs. 
Sin  vero  hxe  afpi- 
ciendo  nihil  pateris  » 
tulptc  nihilominus  f<- 
neris  ohnoxius  ;  fi" 
élus  fciicet  fcanda^ 
lum  caterorum  taltum 
adhortattone  volup» 
tatum  y  tuumque  »*- 
fum  confundens  C?* 
dedecorans ,  animum^ 
que  cum  Vtfu». 

Omnia  mandatât 
legii  nohis  funt  Mo- 
naclnfq,  communia  ; 
abfque  fola  profeélo 
pattione  connubii  : 
quanquam  hic  beatui 


SlTR  S. 
tattlm  admonet ,  per 
tunCla  Monachis  nos 
tequare  cupiens  :  Qui 
habent  uxoics  tan- 
quam  non  haben- 
tcs  fint  ;  pr^eterit 
enim  Hgura  hujus 
jxiundi. 

Homil.  8.  Eftdi- 
vinitatts  virîute  di- 
gnum  ,  non  modo  a- 
ftrlè  conterere  inimi- 
eos  ,  veràm  etiam 
tum  orhni  illes  faù' 
litate  decipere. 

Ah  ipjii  inittis  ai 
tentatio>jes  atque  in-, 
fidias  debtrhui  prt" 
f4rari.  Ah  ipjîs  tncU' 
uahiili,  Chnpi  .  .  . 
tyranntti  contra  eum 
ftirit. 

Scias  trihtiUtiones 
maximas  ,  fpirituales 
confequi  aCtionei  ; 
CT*  tentatwnes  infe- 
parahiUs  ejje  comités 
xjiri»tv.m 

MifcricoYS  Deus 
ntocftis  reoHS  q(*,tdam 
JHCuni:t  permifcet  ; 
film  ex  adverjîs ,  tùm 
€x  profperis  juflorum 
vham  qaajî  admira' 


Matthieu.  131 

égaler  à  eux  ,  lorfqu'il  dit  ' 
Que  ceux  qui  ont  de  s  femmes  fuient 
comme  s'ils  nen  avaient  point  i 
parce  que  la  figure  de  ce  monde 
pafe. 


II  eô  digne  de  la  grandeur       i^^, 
&  de  la  puiflancc  de  Dieu  ,       Puiffance 
non  feulement  de  vaincre  fes  ^  fagefTe  dt 
ennemis  àforce ouverte, mais  ^^*"* 
encore  de  n'avoir  pas  moins 
de  facilité  à  les  décevoir  & 
aies  îurprendre. 


Auflîtot  que  nous  commen- 
çons à  nous  convertir  ,  nous 
devons  nous  préparer  aux  ten 
tarions  &  aux  embûches  de  la 
part  de  notre  ennemi  :  confî- 
derant  qu'à  peine  J.  C.  fut  né> 
que  la  fureur  d*un  tyran  l'a  Ha 
chercherjufqu'enfon  berceau. 
Le5>  plus  grandes  tribula- 
tions font  les  fuites  ordinai- 
res des  bonnes  oeuvres  :  &  les 
tentations  &  les  fouffrances 
font  les  compagnes  infepara- 
bles  de  la  vertu. 

Dieu  par  fa  bonté  tempère 
d'ordinaire  latriftelîé  par  quel- 
que joye  y  &  fe  fert  de  la  prof- 
perité  &  de  l'adverfité  ,  pour 
faire  de  la  vie  des  faints  com- 
me un  tiifu   admirable   des, 


1^6. 

Se  préparer 
de  bonus  heu» 
rc  à  la  pejrfe» 
cutioa« 


257. 

La    vif  eft 

un    tiffu    de 

biens    U   de 

maux, 


258. 

Les  plus 
faints  l'ont  les 
plus  tour* 
mentes. 


iji  Des    Home 

biens  &  des  maux  méfiez  en- 
femble. 
1  <  o.  Quelques  ofFenfes  que  nous 

Avaiitagerecevions  injuftement  de  la 
»l*être  mal-  part  de  qui  que  ce  foit ,  Dieu 
traite.  fçait  les  faire  tourner  à  notre 

bien,  ou  pour  nous  pardon- 
ner nos  péchez  ,  ou  pour  ac- 
croître notre  récompcnfe. 

a<«ro.  Dieu  accomplit  d'ordinaire 

Sageflefou  fes  defleins  par  des  voyes  qui 
te    puiflantefcmblent  leur  être  toutes  op- 
^e  Pieu.       pofées  ;  afin  de  nous  faire  da- 
vantage admirer  fa  toute  puif- 
lance. 
2^1.  Il  eft  abfolument  impoflî- 

Plaifirs  in  ble  que  hs  larmes  de  la  pé- 
comp^tibles   nitence  ,   &   les  plajfirs  des 
avec  lapém-^gj^j  ,  s'accordcnt  jamais  en- 
femble. 


tcnce. 


raensi 


2^1.  ^^  pénitence  ne  confifte  pas 

La  péniten-^^"^^'""^"^  ^  s'abftenir  du  mal 
ce  confiée  à  que  l'on  faifoit  ,  mais  encore 
mener  vus  à  pratiquer  de  bonnes  œu- 
vie  contraire  vies.  Faites  ,  dit  famt  Jean  , 
à  ks  dérègle-  J^  Ji^„^^  f^^^i^^  ^,  pénitence. 
Et  comment  \ts  ferons  nous  ? 
En  pratiquant  àts  aâions 
contraires  aux  péchez  paflez. 
Par  exemple  ,  vous  avez  pris 
du  bien  d'autruy  :  donnez 
déformais  de  votre  bien  pro- 
pre. Vous  avez  long  -  tems 
demeuré  dans  ria:ipurcté,abl- 


X  lE  s 

hili  varittau  eonte>* 
xens. 

Hom.  p.  Qtlid' 
quid  à  quolibet  ho- 
minum  pafjî  fueri-' 
mm  injujiè  î  aut  re^ 
mt/pone  peccatovum 
Deus  ,  aut  ampUoris 
mercedis  retribulione 
compenfat, 

Solet  Deus  fer èper 
contraria  ordinem  /m* 
oeconomia  implere  -y  ut 
ingens  btncjt*a  vinu- 
tis  arptmentum  mhis 
exhiht^at. 

Homil,  lo.  Ne 
qtteunt  omnino  ,  ne- 
qtteunt  altquandb  in 
unum  conzienire  ,  C?* 
conftjjîonis  lachryma 
Çp*  corporis  volnptas, 

Poefiitentiam  dtca 
non  folum  ut  à  ma- 
lts prtprihus  dejîfla- 
mus ,  Verum  etiam  ut 
honorum  operum  fru- 
nihus  impleamur. 
Vache  yinquit,  fru- 
(ftus  dignos  pœni- 
tentiâ.  Quo  autem 
modo  ?  Statique pec- 
catis  adverfa  facia- 
mus .  .  .  Aliéna  ra- 
puifli ,  incipe  donare 
JAm  propri4x  Long» 


Sur 

tttemfore  fornicattti  ; 
à  légitima  quoqtte  uftt 
fufpendereconjugii..  . 
Non  enim  fugîi,  it  vul- 
nerato  ad  falutent  , 
tantummodo  fpkula 
de  corpore  evellere  , 
fed  etiam  adhibenda 
fmt  remédia  vttlneri- 
hus.  Delictis  antè  CT* 
temulentia  dtffliteb^si 
jejunio  C  a^u<e  pottt 
mrumque  compenfa  , 

No/fe  quandotri' 
bitlationes  auferri  o  - 
porteaty  illius  ejfqtti 
eui  permijjt  inferri. 
lllatas  vero  cttm  om- 
nigratiarym  afiione 
tolerare ,  no^rx  opus 
ejt  tequanimitatis  : 
quod  (i  fiât  botta  pro- 
€f*l  dubio  etiam  om- 
nia  xonfequemur. 

Homil  1 1.  in  cap. 
3.  Mcitth.Domicon- 
ira  vitia  exerceamus 
^nimum  î  ^quoti- 
àiana  meditatiouefir- 
fnemus  ,  hac  fptrita- 
ii  ajjtdue  mentes  pa- 
Upra. 

Homil.  I  2.  lllud 
aimiraiionis  omni' 
modo  plénum  ,  qmà 


S.    Matthieu.  ijj 

tenez-vous  même  de  Tufage 
légitime  du  mariage.  Car  il 
ne  fuffic  pas  à  un  homme  qui 
a  été  blefle  de  tirer  le  fer  de 
fa  playe  ,  il  faut  encore  pour 
le  guerir,appliquer  êiQ%  remè- 
des fur  le  mal.  Avez  -  vous 
fait  des  excès  touchant  le  viti 
&  la  bonne  chère  ?  Jeûnez  , 
&  buvez  de  l'eau  pour  vous 
purifier  de  la  corruption  que 
vous  avez  contraâée. 


C'eft  à  Dieu  feul  qui  per- 
met la  tentation  ,  de  fçavoir 
quand  elle  doit  finir  5  &  c'cft 
à  rhomme  qui  eft  dans  cette 
épreuve  à  la  fouffrir  avec  une 
patience  toujours  égale  j  & 
avec  adion  de  grâces.  Lors 
qu'on  fouffre  avec  cette  lou- 
miflion  5  les  plus  grands  maux 
ne  peuvent  produire  que  de 
très-grands  biens. 

Qlic  votre  maifon  vous 
foit  un  lieu  d'exercice  &  de 
combat ,  afin  que  vous  y  étant 
affermi  par  une  application 
aflîduë,  vous  vous  fortifiez 
contre  les  dangers  du  monde. 


Se  réfignerâ 
la  volonté  de 
Dieu  dans  U 
tribuïation. 


264: 

S'exercer 
à    la    pieté 
dans  fa  mai«î 
fon. 


Notre  grand  fujet  de  fur-       lé^. 
prife  &  d'étonnement  ,  c'eft  Abaiffement 
qu'un  Dieu   n'ait  pas  dédai-  ^^  ^'"^= 


Sin5  rincar 
nation. 


x66. 
Endurciflc" 
mène  Ats  en- 
vieux. 


Sacrement 
dtb  Confir- 
mation. 


Dignité  dcj 
Chrétiens. 


Z69. 

Aveugle- 
in;nt  de  ceux 
qui  ne  tra- 
vaillent que 
pour  cette 
vie. 


134  D  ES    HOMÊ 

gné  de  fe  faire  homme.  Car 
après  ce  premier  rabaiHement, 
tous  les  autres  n'en  font  que 
des  fuites  conformes  à  Tordre 
de  la  raifon. 

Lors  qu'une  ame  eft  in- 
grate ,  corrompue  ,  &  pof- 
ledée  de  la  paffion  de  Tenvie, 
il  n'y  2  point  de  miracle  qui 
la  puilfe  guérir  :  comme  au 
contraire  lors  qu'elle  eft  fim- 
ple  &  reconnoiffante  ,  elle  n'a 
plus  befoin  de  miracles  pour  fe 
rendreàDieu. 

Quand  le  S.  Efprit  defcendit 
fur  les  Apôtres  ,  on  entendit 
le  bruit  dun  foujfle  violent ,  & 
il  parut  des  langues  de  feu  : 
que  fi  nous  ne  voyons  plus 
maintenant  les  mêmes  fignes  , 
nous  recevons  néanmoms  les 
mêmes  grâces ,  dont  ces  fignes 
étoient  la  figure. 

La  dignité  d'enfans  adoptifs 
de  Dieu  ,  enferme  néceflaire- 
racnt  ladeftrudion  de  tous  les 
maux ,  &  la  polfelTion  de  tous 
les  biens. 

N'eft  -  ce  pas  un  étrange 
aveuglement  d'amaifer  &  de 
garder  tant  de  tréfors  dans  un 
lieu  où  ils  {e  corrompent,  & 
de  n'en  pas  placer  la  moindre 
partie  dans  un  autre  lieu ,  où 


LIES 

ille  qui  erat  Deui  , 
homofierivoluit.  Jam 
vert  reltqua  omma 
juxtà  rationis  ordi- 
nem  confequuntur. 

Quandh  anima  in^ 
gratafuerit  acprava^ 
morhoque  invtdia  op- 
prejja  ^  nullo  omnino 
Jïgno  fuperatur  >  ut  e 
revione  voluntas  ho- 
na  una  cum  fide  om- 
niafufcipit,  nec  ad- 
modàm  indigetjjgnis 

juvari. 

Super  Apojïolos/o' 
nus  fa  fins  ej}  fpiritus 
vehémentis  ,  &c. 
.  .  .  Nunc  vero  et  tant 

Jl evidentiajîgna  non 

fiant  5  'tamen  qtt<e  per 
illa  demonjîrata  fttnt 

fufcipimus. 

Vhi  adoptio  fîlo^ 
rum  eji  ,  ih  etiam 
omnium  malorum 
prorfus  interitus ,  ^ 
cunfiorum  iollatio  fit 
bonorum. 

Nonne  extrême  ve- 
cordiét  e(i  ,  hic  qui- 
dem  uhi  repofita  cor^ 
rumpunîur  ac  pe^ 
reunt ,  omnia  congre- 
gare  i  ibi   vcro   uii 


Sur    s 

^tfecunque  recondi- 
mus  i  intafla  permu' 
néant  augeantitrque  , 
ne  minimam  quidem 
teponere  partem  ,  CT* 
hoc  c»m  tbi  fumus 
fne  fine  viBuri  ? 
Proptereà  nec  gen- 
tilei  fidem  his  qu£  à 
nohis  dicuntur  »  ac- 
commodant. De  aéJi' 
b»i  etiim  non  de  fer- 
monihus  nojiris,  fu- 
turorum  volant  habe- 
te  documentum.  Nunc 
vero  CHm  videant 
ttdificari  à  nobis 
fplendidai  domos ,  <«- 
gros  atque  hortorum 
amocnitates  parari  > 
nolunt  credere  quod 
alterius  nos  urbispro- 
feflionem  paremus. 

Terram  quidem 
quam  pattlo  poji  re- 
Jiéluri  fumus  5  multo 
cum  jittdio  paramus. 
Pro  exiguis  habita^ 
cuits  non  modo  au- 
rum ,  fed  proprium 
qttoque  fanguinem 
fréquenter  tmpedi- 
mus  :  ut  vero  cAum 
emamus  ipfum  ,  ne 
hiec  quidem  qu£  no' 
fris  ufibus  fuperant , 
erozamus. 


Matthieu.  ij^ 

ils  ne  fe  peuvent  perdre,  &  ou 
même  ils  fe  multiplient  :  & 
principalement  lors  que  nous 
fçavons  que  c'eft  en  ce  lieu  là 
que  nous  (ievons  vivre  pour  ja- 
mais ?  De  là  vient  que  les 
payens  ne  croyent  rien  de  ce 
qu'ils  nous  entendent  dire , 
parce  qu'ils  veulent  reconoî- 
tre  la  vérité  de  notre  religion, 
non  par  nos  adions.  Quand 
ils  nous  voyent  occupez  à  bâ- 
tir des  maifons  magnifiques, 
a  embellir  nos  jardins  ,  &  à 
acquérir  des  terres  ,  ils  ne 
peuvent  croire  que  nous  nous 
préparions  à  quitter  cette  ter- 
re-cy  ,  pour  aller  vivre  dans 
un  autre  pais  tout  différent. 


Nous  nous  tuons,  8r  nous        270. 
confumons  tout  notre  bien  &    Thefaurifer 
notre  temsj  pour  avoir  quel-  pourrétcrni- 
ques  champs  &  quelques  mai-  ^^* 
ions  fur  cette  terre  que  nous 
devons   bicn-tot   quitter  j  & 
nous  ne  donnons  pas  même  ce 
que  nous    avons  de  fuperflu 
pour  acheter  le  ciel  que  nous 
devons  poffeder  toiijours. 


Le  Chrétien 
doit  être  pré- 
l>aré  à  la  ten- 
tation. 


156  Des     Home 

Comme  J  e  s  u  s-C  h  r  i  s  t 
s'écoit  réfolii  de  tout  faire  & 
de  tout  fouftrir  ,  pour  nous 
inftraire  de  nos  devoirs  \  il 
veut  bien  auflî  fe  laifler  con- 
duire dan^  te  defert ,  &  lut- 
ter contre  le  démon  >  afin  que 
lors  qu'après  le  batême  nous 
nous  trouverons  prefi'ez  de 
quelques  fortes  tentations  , 
nous  ne  tombions  point  dans 
le  trouble  &  dans  le  découra- 
gement j  &  comme  Ç\  cela  nous 
étoit  arrivé  contre  notre  at- 
tente 5  mais  que  nous  fouf- 
frions  cette  épreuve  avec  con- 
fiance ,  &  comme  une  fuite 
néceflaire  delà  profeffion  que 
nous  avons  embrafiee.  Car 
nous  n'avons  pas  reçu  des  ar- 
mes pour  demeurer  oififs , 
raais^our  combattre. 


271.  Si  Dieu  n^arréte  point  îçs 

Pourquoi  tentations  dont  vous  êtes  at- 
Dieu  nous  taquez  ,  il  le  fait  pour  plu- 
fîeurs  raifons.  i.  Il  veut  que 
vous  reconnoifTiez  par  expe- 
ïience  que  vous  êtes  devenu 
par  le  Batéme  plus  fort  que 
votre  ennemi.  2.  Il  veut  que 
les  tentations  fervent  comme 
d'un  contrepoids  pour  tenir 
votre  ame  dans  un  jufte  mi- 


iaifle  tenter. 


LIES 

Homil.  13.  in 
cap.  4.  Quià,  Chù' 
flus  omniA  ad  nos  eru- 
diendos  CT*  facienda 
O"  patienda  fufcepe^ 
rat  ;  in  eremum  fe 
patitur  ahdttci ,  & 
cum  diabolo  inire 
certamen  ;  ut  unitf' 
qui/que  cùm  ftterit 
lfapti:^atus  ,  Ji  pojï 
haptijma  majorions 
tentatiomhus  urgea* 
tur  ;  non  utique  f«r- 
betur  quajt  pn/pera» 
tum  fibi  aliquid  cb~ 
viaverit  ifed  perma- 
neat  cunéla  viriU- 
ter  fuflinendo  ,  ttt 
pote  qu£  Jîbi  confe- 
quenter  centigerint, 
Idcirco  enim  accepi" 
Jîi  arma  y  non  ut 
ecieris ,  fed  ut  pU' 
gnes. 

Proptereà  Deusin 
te  tentationes  irruer  e 
permittit.  Primo  qui- 
dem ,  ut  difcas  quo- 
niam  Clirifii  baptif- 
ma  multo  te  fecerit 
fortiorem.  Deindè  ut 
in  egregia  illa  animi 
mediocritate  perma- 
neas  ,  nequs  dono- 
rum  magnitudine 
eveharis 


Sur    s 

tVeharîi  ,  dum  te 
fcilicet  tentationes  co- 
hibent  O'  refrénant. 
Ad  hac  veto  ut  ma- 
li^nus  ille  d,emon 
eitm  de  tua  à  fe  dif- 
cefflone  duhitat  y  ex 
ipfa  tribulationum 
tolerantia  difcat  , 
quod  perfeé}a  ah  illo 
abrenunciatione  dif- 
cejjerii.  Quarto;  ut 
fortiorZ^  ipfopronùs 
ferro  firmior  tenta' 
tlonum  exercitatione 
reddarts.  Qjiinto ,  ut 
captas  grande  docu- 
tnentum  thefaurorum 
Ùbi  à  Domino  credt- 
iorum.  Neque  fuper- 
Veniret  tibi  ,  mcjue 
adverfus  te  diabotus 
irrueret  1  nifiin  ma- 
}ori  te  pojjtum  honore 
confpiceret. 

Non  ultro  in  ere- 
mum  y  féd  à  fan^o 
Spiritt*  duélum  ejje 
commémorât  i  ut  nos 
apenilJlme  /îgnatum 
eJJe  videamus ,  quià 
non  /ponte  nos  opor- 
teat  in  tentationes  in- 
Jîlire  î.fedjî  contra6li 
fuerimus  virtliter  re- 
fugnare. 

Toin,  î» 


.     Matthieu.  xj7 

lieui  &  qu'elles  l'empêchcne 
de  s'élever  de  la  grandeur  de* 
grâces  qu'elle  a  reçues.  3.  Il 
veut  que  notre  ennemi  ma- 
lin ,  qui  doute  toujours  lï  c'eil 
fincerement  que  vous  lui  avea 
renoncé  ,  s'alfure  par  la  vue 
de  votre  patience  que  ce  re* 
noncementeft  véritable.  4.  Il 
veut  que  votre  arre  fe  fortifie 
par  la  tentation ,  &  qu'elle  de- 
vienne ainfi  plus  ferme  &  im- 
pénétrable que  le  fer.  5.  Et 
enfin  Dieu  permet  que  l'en- 
nemi  vous  attaque  ,  pouc 
vous  faire  connoîcre  combieii 
grand  &  précieux  eil  le  trefor 
qu'il  vous  a  confié  :  parce  ^.l\\(i. 
le  démon  ne  vous  attaqiieroit 
pas  avec  tant  de  violence  ,  s'iî 
ne  vous  voyoit  élevé  à  un  état 
plus  excelîent  &  plus  glorieux 
que  vous  n'étiez  auparavant» 


L'Evangile  remarque  que        ^75. 
Jésus    n'alla   pas    de    lui-    N^îfe  po':fw 
même  dans  le  delert  ^  mais  ^^P°^"  *  ^ 
qu'il  y  fut  conduit  par  le  S.  ^e"^^^**» 
Efprir.  Ce  qui  nous  montre 
admirablement    que  nous  ne 
devons  pas  nous  jetter  de  nous- 
mêaies  dans  les  tentations  5, 
mais    feulement   les    fouftiir 
avec  courage  qaand  elles  fiit- 
viennent. 


M 


2  74-^ 
te  Btptcme 
engage  i  fuir 
les  délices, 


275. 

Pernici?i;x 
effets  de  Vin- 
tempérance. 


27^. 
Utilité  de 
rabftinence. 


277. 
Gourman- 
dire,orgT:ëil, 
avarice,  foiir- 
ces  de  tous 
xnaijx^ 


278. 

iecententer 


r3&  Des    Home 

Jésus  fut  mené  par  le  Saint 
Efprit  dans  le  dtfert.  Pour  nous 
marquer  qu'après  le  Baténie 
un  Chrétien  ne  doit  point  s'a- 
bandonner à  la  bonne  chère 
&  aux  délices  ,  mais  plutôt 
pratiquer  le  jeûne. 

Confidcrez  combien  l'ia- 
tempérance  a  produit  de 
maux.  Q'tÙ.  elle  qui  a  chaffé 
Adam  du  paradis  :  qui  au 
tems  de  Noé  a  couvert  la  ter- 
re des  eaux  du  déluge  -y  &  qui 
a  attiré  fur  Sodome  les  fou- 
dresdu  ciel. 

JesuS-CHRIST  jeûna 
quarante  jours  ,  pour  nous 
apprendre  à  chercher  dans 
rabftinence  les  remèdes  de 
notre  falut. 

Comment  Saint  Luc,  dit  i!, 
qu'après  ces  trois  tentations  , 
toute  la  tentation  fut  confomme'e  , 
finon  parce  que  ces  trois  ten- 
tations (ont  les  principales, 
&  qu'elles  renferment  toutes 
les  autres  Car  ce  déluge  de 
péchez  qui  inonde  toute  la 
terre ,  n'a  point  d'autre  fource 
que  la  gourraandife ,  l'orgueil 
&  l'avarice. 


Contentons-nous  de  la  gloi- 
re   du  ciel  3   iàns  nous  met* 


LIES 

^  Dudus  eft  lefus 
à  Spiritu  in  defer- 
tuni Po/? 

haptifma  non  deliciti 
atque  temulenti.^ ,  feà 
jejunio  animum  debc' 
mus  i'/itendere. 

Adamam  de  para- 
dtfo  internperantia 
ventris  erecit  :  diltt' 
vium  f»b  Noe  t(la- 
commeruit  j  *û7'  /«/- 
mina  in  Sodomua» 
ipfa   deduxit. 

Prcpterea  Chriflui 
quadr^Z^nta  disbus 
jejunat  ut  uobis  re- 
média falut t s  ofen* 
dat. 

Quomodà  Lucar 
ait  quod  omnem  ten- 
tation em  confttmma- 
verit  ?  Cluià  pr^ci" 
pua  capiia  tentatio- 
num  enumeravtt .  .  . 
Hac  enim-  fimt  qH(t 
in  je  maUt  innumera 
comprthendtint ,  fer- 
vire  vent  ri  ,  inanis 
aPpetilu  gîori.e  quip- 
piam  facere  ,  ac  ftt- 
riofo  pe:uniarum  a- 
more  fuperari. 

CelefiiS  tantum' 
modo  glûïLt  conttntî 


Sur    s 

flurhate  terrena  ijïa 
pro  nihilojudicemtts  > 
CT*  femper  fciamm 
ejfe  contemnendum 
quicqmd  menfuram 
neceJJ'arit  t*fus  excef- 
fcrit. 

Nihil  fie  Diabolo 
hommem  fubjicit,  ut 
inhiare  opihm ,  atque 
habenài  amore  fttpe- 
rari  :  idque  ex  his 
qu£  nunc  fiunt  facile 
doceri  potefl. 

DUholus  hoflis  eji 
ferox  ,  £7*  belium  in- 
fert  non  denuicia' 
tum.  Nec  tantum  pro 
falute  noflra,  quan- 
tum ille  pro  perdit  lu- 
ne decertat .  .  .  Ni- 
hil  ex  Ins  qu£  ilU  fo- 
lent  placere  facia- 
mi4S  :  fie  enim  omnta 
qH£  Deo  fitnt  placi- 
tura  factcmus. 

Ille  fiepiffîme  mul- 
t.t  po!hcetnr,  non  ut 
det  5  fiduîpoti'rts  ac- 
çipiat  :  prcmhtitplu- 
rirna  de  rapinis ,  ttt 
auferat  regnum  at- 
que  JHJiitiam  :  €3* 
quafi  quofdam  la- 
queos  tendens  the- 
fawros  pdltcetur    ii 


,    Matthieu.       ^    ^39 
tre  en  peine  de  celle  de  la  rér-  du  ncceiraire 
re  :  &  rcjettons  de  Tufage  des  en  ce  u\oaUs. 
biens  du  monde  ,  tout  ce  qui 
paiTe  les  bornes  de  la  piu^  ex- 
acte néccllicé. 


Rienn  aflujettit  fî  fort  l'hom-      }J9» 
me  au  démon  que  l'amour  du  n^"^^",.  "^* 
bien ,  &  la  paiiion  de  devenir  ^-^^ 
riche  j  &  on  ne  le  voit  que 
trop  tous  les  jours  par  expé- 
rience. 

Le  démon  eft  un  ennemi       zSo. 
féroce  &  barbare ,  &  qui  {ou-       ^"«JJ^"? 
vent  nous  inIuIte,lors  que  nous  ^°"^^'=  ^  '^^' 
nous  y  attendons  le  moins,  tx 
nous  ne  veillons  pas  avec  tant 
de  foin  pour  nous   défendre  , 
que    lui  pour   nous    perdre. 
Mais  donnons- nous  bien  gar- 
de de  rien  faire  de   tout  ce 
qui  lui  plaît  3    &  alors  nous 
feions  toutes  les  choies  qui 
plaifent  à  Dieu. 

Le  démon    nous    fait    de      rSi- 
grandes  promelles  ,  non  pour  Advefles  do 
nous    donner  ,    mais   plutôt  démon  iiout 
pour  profiter  de  notre  perte  :''°"^  ps'die* 
il  nous  ofFre  àts  occafions  de 
dérober  le  bien  d'aatruy  j  afiri 
de  nous  ravir  l'innocence  & 
la  julHce  :  il  nous  tend  des 
pièges   en    nous    promettant 
des  trcior^  fur  la  terre  ^  afin 
M  ij 


140  Des     Hoa4 

de  nous  enlever  ceux  du  ciel  : 
il  veut  nous  enrichir  icy-bas  , 
de  peur  que  nousne  pofledions 
les  riche  lies  éternelles  :  & 
quand  il  ne  peut  nous  ravir 
les  biens  invifibles  par  les 
promeifes  qu'il  nous  fait  des 
biens  du  monde  ,  il  s'efforce 
de  nous  abattre  par  la  pau- 
vreté. 


182.  Celui  qui  aura  pu  être  mo- 

Se  décacher  déré  dans  les  richefles  :  fera 
des  riche/Tes.  bien  plus  aifément  ferme  & 
patient  dans  la  pauvreté  Et 
celuy  qui  n'a  point  eu  d'atta- 
che aux  biens  qu'il  pofledoit, 
ne  les  regrettera  point  quand 
il  les  aura  perdus. 


i8^ 

Le  Démon 
flatte  pour 
perdre  ;  Dieu 
reprend  pour- 
fauver. 
284. 

Craindie 
quand     Dieu 
ne  nous  châ- 
tie pas  en  ce 
Df)«nde- 


C'eil  le  propre  du  démon 
de  flatter  pour  perdre  •,  com- 
me c'eft  le  propre  de  Dieu  de 
reprendre  pour  guérir. 

Dieu  châtie  celui  a»  il  aime. 
Plus  toutes  chofes  nous  réiif- 
filTent  quand  nous  vivons 
mal  5  plus  nous  devons  en 
être  affligez.  Car  ceux  qui 
offenfcnt  Dieu  doivent  tciV 
jours  craindre  j  &  encore  plus 
lors  qu'ils  ne  font  point  châ- 
tiez de  leurs  pecbtîz.  Et  en 
eftét  quand  Dieu  nous  punit 
en  ce  monde  ,  il  ne   le  fait 


EL  I  SS 

terra  ;  m  etiam  nos 
^  ifiii  thefauris  Cr 
deUflihtti  ffoliet.  Fuit 
nos  m  hoc  f^cttlo  di" 
tant  5  m  àivites  Jî- 
mm  in  futuro.  Et  fi 
non  potuerit  per  di* 
Vttias  ah  illa  nos  ex» 
cluder-e  beaiitudhte 
premiorum  ,  alia  via 
fcilicet  pauperîalis 
nos  a^greditur. 

Qui  poiuit  mode' 
pè  ferre  divitiai  , 
mitltû    mazis    etiam 

o 

poterit  firre  fortiter 
paupertem.  Et  qui 
pr^ftrAes  opes  abfque 
cupiditate  pojjedit  , 
facile  non.  requirtt 
abftntes. 

Blondir i  ut  no' 
ceat  ,  diubolt  ejl , 
carripere  vero  ut 
profit ,  Del. 

Qj_iem  diligit 
Dominus  corripit  ; 
ÇMtando  er'To  profpe- 
ritate  fruimur  Ç^  in 
malignitate  vivimusy 
tuKc  magis  nobis  efi 
dùlcndum.  Namfeni' 
per  qmdem  nos  opor- 
tet  metutre  ptccantes'y 
maxime  autem  citrry 
mhtl    in  fie   fitrp>etjr 


Sur  s 
mur.  Quando  enim 
per  partes  ab  mioqtto- 
qtte  noflrum  De  us  p<É- 
nas  exigit ,  leviorem 
tiobis  tpfam  ani- 
madverfionem  facit. 
Quando  auiem  pa- 
tientius  nojlra  videtur 
dijjîmiilare  deliéJa  , 
ad  maximam  nos  in 
talibus  permanentes  , 
poenam  refervat. 

Si  jtfjîis  necejfa- 
ria  ajfiiflio  ,  quan- 
ib  magis  peccatori' 
bus  f 

Neque  ah  omnibus 
hîc  Deus  exigtt  uU 
tionem  ,  ne  refurre' 
élioftem  utique  defpe- 
rando ,  judicium  quo' 
que  defperesftiturum , 
quafi  omnium  jam  hîc 
Jufpliciis  perfûlutis  : 
nec  tamen finit  omnes 
impunè  tranfire  ,  ne 
cunÛa  abfqm  ulla 
prorfus  ej]'e  prozidtnm 
tiafufpneris.  Sic  CT* 
puntt  CT*  non  punit  : 
per  ea  quidem  qH£ 
punit  ,  ofiendens  fe 
ab  iis  qui  hic  immu' 
nés  fupplicit  fuetmt  j 
fe  exaûurum  ejTe  tbi 
tatianem  :  pet:  ea  VC' 


M  ATT  RI  EU.  141 

que  par  parties, .&  notre  pei- 
ne en  devient  bien  plus  légè- 
re ;  mais  quand  fa  juftice  dif- 
fimule  nos  otïcnfcs  >  lors 
que  nous  y  perlévérons  ,  la 
peine  qu'il  nous  réfervc  en 
l'autre  vie  eft  épouvantable. 


.    Si  l'afflidioneft  néceflaire  "    28 f; 
aux  juftes  mêmes  -,  combien    Néceflitéde 
l'eft-elle  plus  aux  pécheurs  ?    l'affliction. 

Dieu  ne  punit  pas  tous  les        2,8^. 

méchans  en  ce  monde  ,   de  ^.  ^^o^^q^oi 

fT  l'ieu  pumt 

peur  que  vous  cefUez  ,  ou  ^és  ce  monde 
d  attendre  la  relurreaion  ,  ou  quelques-uns 
de  craindre  le  jugement  ,  desméciiaos^ 
comme  fi  tous  avoient  été 
jugez  dès  cette  vie.  Dieu  ne 
lailFe  pas  aufli  en  ce  monde 
tous  les  crimes  impunis ,  afin 
que  vous  ne  doutiez  point  de 
fa  providence.  Ainfi  quelque- 
fois il  punit  ,  &  quelquefois 
il  ne  punit  pas.  Lors  qu'il 
punit  en  cette  vie ,  il  fait  voir 
que  ceux  qui  n'y  auront  pas 
été  punis  ,  le  (eront  en  l'au- 
tre :  &  lors  qu'il  ne  punit 
pas ,  il  exerce  votre  foy  ,  & 
il  veut  que  vous  attendiez  un 
fccoaU   jugement    après    la 


dinaire. 

Contre    les 
hérétiques. 


ï4L  Des    Home 

mort  ,  qui  fera  fans  compa- 
raifon  plus  redoutable  que 
ceux  de  ce  monde. 


287.  Quand  Dieu  veut  faire  quel- 
Néceflité  que  chofe  d'extraordinaire  , 

des  miracks  5^  introduire  dans  ie  monde 
pourunemif-fjueique  établiil'ement  nou- 
fion  extraor-  ^,^^^  ^  -^  ^  toujours  accoutumé 
de  faire  des  miracles  ,  afin 
qu'ils  foient  comme  un  gage 
&  une  preuve  de  fa  puiiîance 
pour  ceux  qui  doivent  rece- 
voir fes  loix. 

288.  Ces  peuples  quittoient  leur 
Quitter  pour  pais  ,  leurs  amis,  &  leurs 
le  moins  fts  parcns  pour  fuivre  JESUS- 
vices  pour  C  H  R  I S  T  j  &  VOUS  ne  voulez 
iuirre  J.  C.  ^^^  quitter  même  votre  mai- 

Ibn  pour  vous  aller  jetter  en- 
tre fes  bras  ,  &  peur  recevoir 
de  lui  beaucoup  plus  que  vous 
n'aurez  quitté  pour  lui.  Mais 
©n  ne  vous  oblige  pas  même 
à  cela  j  quittez  feulement 
vos  mauvaifes  habitudes  j 
&  en  demeurant  dans  vos 
biens  &  avec  votre  famille , 
vous  ne  laiflerez  pas  de  vous 
fauver. 
jgp^  Quand  nous  fentons  en  no- 

Onfaîttout  tre  corps  quelque  maladie  , 
pourlecorpsj  nous  faifons  tout ,  nous  louf- 
rien  pour  l'a- fron»  tout ,  nous  dépenfons 
*"••  tout  /  fottc  nous  en  pouvoir 


LIES 

ro  qua  non  punit  te 
ai  credendum  addtt- 
cetjs  lot)ge  ternoUiut 
pojl  mortem  fitturnm 
ejje  jtidicium. 

Hom.  14.  Qjtan- 
do  novumjit  ahquid 
O"  inopinatum  .  ac 
paliii£  cuiiifdam  in- 
trodu£}io  ,Jtgna  Deus 
facere  conft*evn  \  pr<g' 
pans  quidam  ptgna- 
ra  /U£  potenti£  his 
qui  le^m  ejui  acce» 
piuri  funt. 

îlU  patriam  reli- 
qtttrwît  ,  parentes 
CT*  amtcos  -,  tt*  v?r9 
ne  domo  quidem  ahf- 
cedis  ut  accédai ,  CT* 
mtilto  majora  confc 
quarts  quam  relin^ 
quis.  Imo  ne  iftud 
qutdem  à  te  pofci^ 
mus  ;  ffd  confuetudJ- 
nem  folum  m  alignant 
reltnque  i  Ct*  domi 
tu<e  aîque  cum  tttis 
manendo  poteris  fa» 
cUe  fulvari. 


fin. , 


Corpore  maîe  af- 
0  .  omnia  faci- 
mus ,  omnia  moli" 
mur  J  cunéîa  mer- 
tÂtnur  y   ut  ab  oegri" 


Sus.    S. 

tudine  liheremur 
anima  vero  no/}ra 
tàm  malè  fe  ha- 
heme  ,  diffimuU' 
*ntis ,  fem^er  diffcri- 
mus. 

Ne  Hegligentior 
tvadas  ,  qttià  non 
doles  cumpeccas  i  imo 
fotius  oh  hoc  ipftim 
gemas  magis  ,  quia 
ne  funtis  quidem  de 
feccato  dolorem.  Hoc 
enim  fit  ,  non  quia 
piccata  non  mor- 
àeatn  ,  fid  qmà  in- 
fenfibilis  eji  anima 
^u<e  peicat. 

Si  videris  aliquem 
vinélum  cerviccj  ma- 
9tthtts,pedibt4s ,  illum 
maxime  miferaris  ; 
fie  cum  videris  divi- 
tem  infiniiis  rébus 
circumdatum  ,  noli 
eumproptereà  putare 
locupletem  ,  propter 
qu<e  debes  ntfelicem 
vocare.  Prteter  illa 
fiqttidem  vinctila  ha- 
hes  cufiodcm  carceris 
feviorem',  pravum 
tllum  fcilicet  amorem 
pecuniarum ,  q'-tife- 
mel  àfe  vinSîum  ne- 
q»aqMam  âe  hoc  car- 


Matthieu.  14:1 

délivrer  ^  &  lorsque  notre  amc 
elt  dans  une  lan^^ueur  mortel- 
le, nous  le  difllmulons  &  nous 
dittbrons  d'y  apporter  le  re- 
mède. 

Quand  vous  ne  Tentez  point    ^  }^!^'. 

de  remords  lors  que  vous  pé-  J^'TifJZ 
,  ,.    ■»  »        pas  allez  len- 

chez,  ne  négligez  pas  pour  ti.fejpéchéj, 
cela  vos  fautes  :  gemiliez  au 
contraire  de  cela  même  ,  que 
vous  relîentez  fi  peu  vos  pé- 
chez.Car  ce  nti\  pas  que  le  pé- 
ché ne  vous  caule  un  mal  vé- 
ritable i  mais  c'eft  que  votre 
ame  eft  infenfibie  au  péché. 


Si    vous  ne   pouvez     voir       ipiJ 
fans     compafTion     un     pri-    Avoircom«* 
fonnier  qui  a   le  col    ,    les  pafifîon  du 
mains ,  &  les   pieds  chargez  b^'^^'""'  ^« 


de  fers  :  de  même  quand 
vous  voyez  un  homme  dans 
l'abondance  de  toutes  fortes 
de  biens,  plaignez  fon  état  ^ 
&  ne  Ten  eliimez  pas  plus 
riche  ,  mais  plus  malheu- 
reux. Car  non  feulement  il 
eft  chargé  de  liens  ,  mats  il 
a  un  geoliier  qui  le  garde 
fans  ceife  dans  fa  prifon  ,  & 
qui  Tempéche  d'en  fortir , 
fçavoir  l'amour  des  richeffes  j 
qui  lui  faifant  trouver  (a 
joye  &  fon  bonheur  dans  Tes 


liches. 


144  I^ES    Home 

liens  mêmes  ,  lui  ôte  tou- 
te efperance  de  s'en  déli- 
vrer. 


Retraite  & 
médit  ACion. 


J  ES  us-Christ  fe  re- 
tirant fur  une  montagne  ,  ou 
dans  un  defert,  a  voulu  nous 
apprendre  par  Ton  exemple  à 
ne  rien  faire  par  vanité  ,  &  à 
nous  retirer  du  bruit  &  du  tu- 
multe du  moijde  ,  principa- 
lement lors  que  nous  voulons 
nous  appliquer  à  la  contem- 
plation de  la  vérité  ,  &  nous 
entretenir  des  chofes  faintes  & 
éternelles. 

Comme  l'orgueil  étoit  le 
principe  de  tous  nos  maux, 
&  la  fource  de  tous  les  pé- 
chez du  monde  ,  JESUS- 
CHRIST  pour  le  guérir  par 
un  remède  tout  contraire  ,  a 
établi  d'abord  la  loy  de  l'hu- 
milité ,  comme  le  fondement 
aifuré  deTcdifice  qu'il  vouloit 
bâtir. 


iP4.  Toutes  les  prières  ,    tous 

KécefTité  de  les   jeûnes,  toutes    les   œu- 

l'fcuroilitc,     vres  de  mifericorde  ,  toute  la 

chafteté  ,  &  enfin  toutes  les 

vertus  périront  un  jour  ,  & 

feront  détruites  ,  fi  elles  ne 


2P3. 

Orgueil  > 
principe     du 
mal.    Humi 
lité    fonde- 
ment du  bien. 


tlEy 

cere  exire  permltth 
....  etiam  deleéJarà 
lAiVincuHifach,  ut  à 
quihus  oneratur  ma- 
lis ,  ne  fpem  quidem 
ullam  ïiberationii  in^ 
ventât. 

Homil.  15.  Irt 
monte  atque  deferto 
refidet  Chriflus  ^  ert*» 
disns  nos  nihil  ad  0- 
Jlentationem  nojïri 
facere  ;  fed  à  cun- 
élis  potius  tumulii- 
bus  liber  art ,  CT*  pr£'- 
cipue  cum  philofo" 
phandum  eji  >  ac  de 
rebui  feriis  dijferen- 
dum. 

Qttta  fuperbiam 
confiât  efje  arcem  ma- 
lorum  <jy  radicem 
peccati  >  contrarinm 
étgrittédini  remedmm 
docendo  ,  quafl  fun- 
damenlnm  quoddam 
munitum  1  hanc  pri» 
rr.um  'de  bumi'itatt 
fententiam  colloca* 
vit. 

Sive  orativnem  ^ 
Jtve  jejmium  ,  fîve 
mtfericordiam  ,  five 
pudicntam  ,/tve  aliud 
(jHid  bonorum  abfqtté 
humiUtate  çongreges-, 
Jiatim 


.  Sur  s 
(latim  CHnfia  de- 
fli4ent  ,  canfia  de- 
pereunt.  Sicut  fuper- 
biu  omnium  fom  ma- 
lorum  ep  ,  ità  btt- 
mtlitas  cunéiarum 
ori^o  virtutftm. 

Beatiquilugent; 
nonjîmplùiter  lugen- 
tes  ,  fed  propier  pec- 
cata.  Quippe  pro- 
pter  f<tctili  difpendia 
lugere  maxime  CT* 
vehementer  prohibù 
tum  :  undè  Faulus , 
Quoniam  faeculi 
quidem  triltitia 
mortem  operatur: 
quas  autem  fecun- 
dum  Dcum  cft  tri- 
ftitiajpœnicentiam 
infaluteiTiftabilem 
operatur  .  .  .  Non 
autem  de  propnis 
tantUm  ,  v-.riim  e- 
tiam  de  alienis  Jtt- 
het  lugere    deliŒs. 

Beati  mites,  quo- 
niam ipfi  pofTide- 
bunt  terram  .... 
Quià  mitis  quifque 
putattir propria  amit- 
tere  ,  contrarium pol- 
it cetur  Chnfliii ,  di- 
cens  quod  ipfi  fît ,  qui 
tHtijjîmè  cuuCîa  pof^ 
Toni.  I. 


Matthieu.  145 

font  fondées  fur  l'humilité. 
Car  comme  l'orgueil  eft  la 
fource  de  tous  les  vices  j  l'hu- 
milité eft  la  fource  de  toutes 
les  vertus. 


pleurer 


Bienheureux  ceux  qui  pleu^ 
rent  :  Il  n'entend  pas  eénéra- 
lement  tous  ceux  qui  pieu-  péchez, 
rent  ;  mais  ceux  qui  pleu- 
rent pour  leurs  péchez.  Car 
les  larmes  qu'on  répand  pour 
les  difgraces  de  la  vie  pré- 
fente nous  font  interdites, 
comme  dangereufes  &  mor- 
telles ,  félon  ces  paroles  de  S. 
Paul  :  La  trijîejje  de  ce  monde 
produit  la  mort  j  raais  la  irif- 
teJJ'e  qui  efi  félon  Dieu  ,  produit 
vne  pénitence  jiahle  pour  le  fa- 
lut.  Or  Jesus-Christ 
ne  nous  commande  pas  feu- 
lement de  pleurer  pour  nos 
péchezjmais  encore  pour  ceux 
de  nos  frères. 


BienheUrreux     ceux     qui  font      ^^6. 
doux    ,   parce     quiU  pofiederont       Douceur 
la  terre.  Comme  on  croit  d'or-  récompenfée 
dinaire   que    ceux    qui  font  dès  cçtte  vie. 
doux  lailîent  perdre  tous  leurs 
biens   ,    il  montre    au   con- 
traire que  ce  feront  eux  qui 
les  polfederont  avec  plus  d'al^ 
furance  j   que  les  violens  & 
N 


14^  Des    Home 

les  fuperbes. 

2p7'  Bienheureux  ceux  qui  ont  faim 

Faim  ôc  foif  CT-  foifde  lajupce.    J.  C  ne  dit 

del.ijijftice    p^j   fimpiement    ceux  qui  la 

cnrécienne.      ^^^.^^^^ ^  ^^^^  ^^^-  ^^  j-^„^ ^^'^. 

mez  &  altérez  :  pour  nous  ap- 
prendre à  ne  la  pas  aimer  & 
rechercher  froidement ,  mais 
avec  toute  l'activité  &  toute 
l'ardeur  dont  on  eit  capable. 
Comme  c'e{lle  propre  de  l'a- 
varice d  erre  ardente  à  amaf- 
fer  du  bien  ,  &  qu'on  a  d'or- 
dinaire moins  de  palfion  pour 
le  boire  ôc  le  manger  ,  que 
les  avares  n'en  ont  pour  ac- 
croitre  leurs  richclTes  ,  J.  C. 
veut  que  nous  transferions 
cette  ardeur  déréglée  à  l'a- 
mour de  la  juftice. 
2^8.  Heureux    les    mifericorclieux  , 

Miféricorde  parce  qui's  recevront  mifertcor- 
r'^î^'^'r'"''  ^'-  ^es  hommes  exercent  la 
cord'i'"x-^"  miféricorde  en  hommesj  mais 
Dieu  l'exercera  en  Dieu  en- 
vers les  mifericordieux.  Or  il 
y  ?.  bien  de  la  difterence  en- 
tre la  compaflTion  d'un  hom- 
me ^  celle  d'un  Dieu  :  &  l'on 
peut  dire  qu'il  y  a  entre  l'une 
&  l'autre  autant  d'cloigne- 
ment ,  qu'il  y  en  a  entre  la 
bonté  &  la  malice. 


LIES 

Jîieat ,  «0»  vero  aU" 
dax  autprotervus, 

Beati  qui  e(u- 
riunt  &  fitiunt  ju- 
ftitiam.  Non  dixit 
qm  JHJitùam  fer- 
vant  3  fei  qui  eft*- 
riunt  Ziyfniunt  i  ut 
non  utique  mediocri' 
ter  ,  fed  cum  omni 
cupiditate  illam  te' 
neamm.  Sicut  enim 
avaritia  non  tant  a~ 
criier  cihum  aut  po^ 
tum  de/îdcrat  quant 
pojjèffones  S  ità  con- 
cupifcentiam  ijlam 
jubet  in  meliora  con- 
verti. 


Beati  mifericor- 
des,  quoniam  mi- 
fericordiam  confc- 
qucntur.  Homines 
hominum  more  mife' 
rentuTy  Deus  autem 
omnipotens  in  ipfos 
mtfericordiam  fuam 
exercet.  Par  autem 
non  efi  humana  mi' 
feratio  atque  divma , 
fed  quantum  benevo- 
lent  ta  malitiaque  dtf- 
crimen  eji^  tantum  ab 
illa  if  a  difcernttur. 


Sur    s. 

Ne  ptitares  quoi 
qtéoltbet  modo  audire 
malediUa  prxflaret 
heatoi-y  duos  tantum 
defcnpfît  modes ,'  cum 
fci'.icet  vel  propter 
Jpfum  audiuntur ,  vel 
falfajaflantur.  Si  ve- 
rv  ipa  non  fuerint  , 
non  modo  non  ej}  bea» 
tus  hoc  audiens ,  ve- 
tum  etiam  miftrri- 
mus.     Beati    eitis 


199' 

Heureux  qui 
cfl    calomnie 


Matthieu.  i  47 

Ne  croyez  pas  que  généra- 
lement parbnt  on  foit  heu- 
reux pour  avoir  reçu  des  in-  ,  .  .. 
jures!  car  JESUS  CHRIST  P'^"'^^^"^^' 
marque  pour  cela  deux  con- 
ditions elfentiellcs  :  l'une  qu'- 
on fouffre  pour  lui  ces  inju- 
res ;  &  l'autre  qu'elles  foient 
injures.  Sans  cqs  deux  con- 
ditions les  médifanccs  des 
hommes ,  non  feulement  ne 
nous  rendent  pas  heureux  , 
mais  très  -  miferables.  yous 
cùmdixerincomne  ferey  bienheureux  ,  dit  notre 
malum  adversùm  Seigneur ,  quand  à  caafe  ue  moi 
ils  diront  faujjement  toute  forte  d? 
mal  contre  vous. 

Malheur  à  vous    lors  que  tout         3  ^O* 
le  monde  dira  du  hten  de  vous.  I-«/'«^t"eux 
^  ,  I       ,  ,         ne  içauroienc 

Cependant  les  hommes   be-  êtregénérale- 
nilî'oient  les   Apôtres  ,  mais  ment  xpprou- 
non  pas  tous.  C'eft  pourjquoi  vez, 
JESUS-Christ  nedîtpas 
fimplement  lors  que  les  hom- 
mes 5    mais    lors  que  tous  les 
homme:  vous  béniront.  Car  il 
eii  impofîible  que  ceux  qui 
font  véritablement  vertueux  , 
foient  généralement  ioiiez  de 
tout  le  monde. 


vos  5   mentientes , 
propter  me. 

Vae  vobis  cùm 
benedixerintvobis 
omnes  homines. 
Ceriè  ApofloUs  bene- 
dtcebant  homines ,  fed 
non  omnes  :  O*  id- 
circo  non  ait  ,  cùm 
henedixerint  vobis 
homines  ,  fed  cùm 
benedixermt  omnes. 
lioc  eji  enim  impof- 
fibile  3  cum  virtute 
viventihus  ab  omni^ 
hus  bemdici. 

De   priori   beati" 
tudinis  alicujus  man- 
data fequentis    vtam 
ftruens ,  auream  no- 
,bù    Quandam    cate- 


JESUS-CHRIST  fait        30T. 
comme  une  chaîne  divine  de     Chaîne  des 
toutes  ces  béatitudes  ,  &  la  béatitudes  E- 
premiere  efl  comme  un  degré  vangsUijucs. 
pour    monter   à  la  féconde. 
Nij 


14?  Des  H  o  meli  es 

Car  l'humble  de  cœur  fe 
portera  fans  peine  à  pleurer 
toujours  ies  péchez.  Celui  qui 
pleure  fes  péchez  fera  coin- 
nie  par  une  fuite  néceflaire 
doux  ,  jufte  j  &  mifericor- 
dieux.  Celui  qui  fera  plein  de 
douceur ,  de  juftice ,  &  de  mi- 
fericorde  aura  le  cœur  pur. 
Celui  qui  aura  le  cœur  pur  , 
fera  fans  doute  un  homme  de 
paix  :  &  celui  qui  poHedera 
toutes  ces  vertus  ,  ne  crain- 


nam 
enim 


dra  point  les  dangers  ^  &  ne 
fe  troublera  pointde  toutes  les 
calomnies  dont  on  le  pourra 
charger. 


302.  ^oui  êtes  le  fel  de  la  terre. 

Sainte  févé-  On  He  peut  alfcz  admirer  que 
xité  aimable.  Jgs  Apôtres  fe  foient  fait  ai- 
mer de  tant  de  monde  ,  non 
en  flatant  les  hommes  &  fe 
tendant  complaifans  ,  mais 
pour  le  direainfi,  en  les  pi- 
quant &  les  brûlant  lelon  les 
qualitez  qui  font  propres  au 
lel. 
3Q^.  Vous   ne  devez   pas  feu- 

rerftftion  lement  être  fages  ,  mais  vous 
requir3  aux  devez  rendre  aufîi  les  autres 
Minillres  de  imitateurs  de  votre  fageife. 
J'^»  Car  ceux   qui  font  employez 

*  à  ce  miniûere  doivent   être 


t  ex  ni  t.  Cum 
t^uis  humilis 
fuerit  ,  etiam  Jt*a 
omnino  lugebtt  pec- 
cata  :  qui  autem 
luget  5  iaem  CT*  mi- 
Us  erit  5  juffus  O* 
mifericors  :  at  mi' 
fericors  CT*  ju^tts  £7* 
compunéïus ,  omnino 
etiam  pitro  erit  cor" 
de  ;  qui  vero  talii 
eff  5  erit  etiam  pro~ 
ftfiopacijjcus  :  porro 
qui  ijla  perfecerit  , 
erit  ahfque  duhio  aâ 
pericuU  pr<eparatus , 
tiec  ad  malediCla 
prorsîts  ulla  tenehs' 
tur. 

Vos  eftis  fal  ter- 
rae.  Hoc  eji  omnino 
mirahile  ,  quod  non 
adulantes  neque  pal- 
pantes Apcftoli  i  fed 
è  diverfo  faits  injîar 
urentes  ,  fere  omni» 
bus  fe  tam  deJîderU' 
biles  reddiderunt. 

T^on  vos  tantum- 
modo  vclo  ejfe  fapien» 
tes  ,  fed  ut  taies  fa- 
ciatis  CT*  citeras. 
Hitjufmodi  amem 
magifros    in  quibus 


Sur 

tantorum  pericUtatur 
Jalus ,  maxima  certè 
decet  pollere  pruden- 
tia  ,  tantafiue  ilU 
^dtjfe  divitias  ,  ut 
aliis  quocjue  imper- 
tiant. 

Qtiii  tantte  vecor- 
àiie  ef}  y  cjui  zidens 
hominem  pauh  ante 
dtZ'itiii  ac  ddiciis  ir- 
retitum  ,  repente  his 
cmmbus  fe  exitere  ; 
C?'  ziolucrem  ac  ala- 
crem  efj'e  ad  fimem  , 
pauperiem  <C^  om- 
nemprorfui  lahorem , 
ad  pericula  etiam 
pu^nafque  CT*  fan- 
^uinem  mortemcjue 
fuccinâum  ;  non  in- 
de  manifejîiém  acce- 
ptât docttmentum  fit- 
turorum  ?  Si  vero 
nofmetipfos  pr^fen- 
tibus  implicemus  > 
quomodo  credere  po- 
terunt  ,  nos  ad  pro- 
feOtonem  aller  iu  s 
manjîonis  ur^eri  ? 
Qua  vero  etiam  pote- 
Timus  fatiifaèlione 
purgari ,  cùm  non 
tantitm  apud  nos  va' 
luerit  Dei  reverentiaj 
^itantum  apttdfapistt' 


S.     Matthieu.  149 

extraordinairement  prudens 
&  éclairez  ;  puilque  le  faliit 
des  amcs  dépend  d'eux  ,  & 
qu'ils  doivent  être  fî  riches  ea 
grâce  ,  qu'ils  puififent  même 
la  répandre  fur  les  autres. 

Qui  eft  l'homme    fi  ftu-       .^04. 
pide  3  qui   voyant   une    per-      iionn?  rie 
fonne  toute  poffedée  de  l'a-  ^"^  J^'éf-ens, 
mour  des  plaifirs  &  des  ri-  L^nlT 
cnelles ,  le  délivrer  tout  d  un 
coup  de  cQi  efclavage ,  s'élever, 
à  Dieu    comme   une   aigle  , 
être  prêt  de  foufirir  la  faim , 
la  pauvreté  ,  &   toutes  fortes 
de  maux,  &  courir  au  péril, 
à  la  mort ,  &  à  tout  ce  qui 
paroît  de  plus  effroyable  aux 
autres  ,  qui  eft-ce,  dis- je,  qui 
ne  regarde   ce    changement 
comme  une  preuve   certaine 
des  biens  invifibies  d'une  au- 
tre vie  ?  Qiie  fi  Tcin  voit  aa 
contraire  que  nous  nous  em* 
prefiions  àes  foins  &  de  l'a- 
mour des  biens  de  la  terre  j 
comment  pourra-t  on  fe  per- 
fuader    que   nous   foupirions    • 
îîprès  la  félicité  du  ciel  >  Qui 
pourra  excufer   notre  lâche- 
té ,  lors  que  le  relped  &  I3 
crainte  que  nous  devop.s  avoir 
pour  Dieu ,  n'aura  pas  eu  fur 
nous   la   même  force  ,  qu'a 
fur  les  (âges  du  monde   l'a.- 


ijô  Des 

mour  de  la  gloire  ? 


;écheur  eft 
)irr  ]u'un 
Payiii. 


-Q  Un  payen  qui  pèche  ne 

[7n  Chrétien  caufe  pas  tant  de  préjudice 
aux  autres  ,  qu'un  Chrétien 
qui  tombe  dans  la  même  fau- 
te :  &  la  railon  en  eftdaiiej 
puifque  toute  h  gloire  qu'at- 
tendent les  infîdelies ,  eii  une 
gloire  corruptible  &  périfla- 
ble ,  &  que  la  not.  e  au  con- 
traire eit  2ujourd'hi:y  recon 
nuë  &  rerpedée  même  par 
les  impies.  C'ell  pourquoy 
iors  que  les  payens  veulent 
nous  faire  un  grand  repioche, 
&  nous  couvrir  de  confuiion  , 
ils  nous  difent  :  O  Chrétien  , 
cil-ce  ainfi  que  vous  agilfez  ? 
Ce  que  fans  doute  ils  ne  di- 
roient  pas ,  s'ils  n'avoient  une 
grande  idée  de  notre  reli- 
gion. 

Preie^  fans  en  rien  e.fperer. 

^•'^''/"Puirqu'un     Dieu    qui    eft    fi 
prochain  fans    •  ,     ^-       i  j       ^ 

en  aueicire  ^^^^^  ^^  charge  de  vous  payer 
rien  que  de  votre  dette  ,  comment  pou- 
Dieu»  vez-vous  l'exiger  d'un  hom- 
me ,  &  à'ur\  honime  qui  eft  fl 
pauvre?  Ce  divin  débiteur fe 
fichera- t-il  de  ce  qu'on  lui  re- 
demande ce  qu'il  doit  ?  Impor- 
tunez-le donc ,  &  preflez-Ie 
de  vous  payer.  Il  prend  plai- 
iîr  qu'on  l'importune  de  la 
forte.    Quand  il  voit  qu'on 


^06. 


Homélies 

tes  gemilium  humaim 
gloria  ? 

Non  iià  incommo- 
dât CP'nocet  eihniiUs 
iniquitatem  faciens , 
qHÙm  Chrijharus  >- 
dem  operans.  lllorum 
enim  gloria    corrup' 
tihilis   j    nojlra   vers 
fer  Dei  gratiam    e- 
tiam  apuiirr.pios  l'e- 
nerabilis  ejje  CT'  'lli** 
Pris  aznofii.ur.    id' 
ctr.o  cum   HGCts  ma^ 
xime  exprchrare  vo* 
lusrint ,  i[}ifd  adjun" 
gum  :  O  Chriftia- 
ne    /   quod  proftélo 
non    dicerent  ,     nifi 
ma^nam  de  ipfo  do^- 
mate  extJJtmaiioném 
hiiberent. 

Mutuum  date 
nihil  irdè  fperan- 
tes.  U^bes  igitur  lo- 
CKpleiifJimum  dSiio- 
rem.  Cur  iV.um  reltn- 
cjuens  a  me  exigis  ho- 
minetentii  prorfus  ac 
pat'.pere  ?  Numquid 
indiznatur  hic  dehi- 
tor  cum  fitnus  exi;^i- 

tur} ipr»»i 

tene  >    ipjum  exige  , 
hac    enim    exa^ione 


Sur 

delefiatur.  Nam  Jî 
ab  alto  exigi  viderit 
^i#<€  ip/e  débet  -fitam 
reputabit  injuriam. 
Nec  tibi  uhrà  jàm 
teddit ,  quinimo  te 
fibi  uluonisfatiet  di- 
hitorem. 

Alteri  faneratus 
es  C  alterius  exa- 
'Oor  efficeris,  Nam 
etjî  homo  accepit  quoi 
dediOt  ,  Veus  tarnen 
»*  tri  bu  ères  imper. i- 
vit.  Se  igi'.ur  pY£-' 
cipiium  debiiorem 
iuurn  j  feque  vult  ejje 
vadem  ,  pr^bens  tibi 
tccajîones  imm'.nerai 
^xigendi.  NoH  i^ttur 
tantas  Telinqmnio  di~ 
vitias ,  à  me  popalure 
5'M*  niljil  omnino  pof- 
jîdeo. 

Si  viderimui  pu- 
blicè  Ctedt  aliquem , 
CT*'  inju.iam  fujline- 
re  i  etiaynft  pectf'ita 
pro  eo  dandu  ejl  , 
prajtitnus  ;  Jî  rem 
•Vcrbis  pojjumtis  ter- 
rninare ,  non  pigent. 
Ejl  enim  pro  fermo- 
tiibus  merces  ,  imo 
pro  tfjïs    CGudokntii 


S.    Matthieu.  iji 

exige  d'un  autre  ce  qu*il  doit, 
il  le  tient  à  in;ure  ;  de  forte 
qu'alors  il  ne  penfe  plus  à 
payer  ce  qu'il  devoir  5  mais  à 
fe  venger  de  l'injure  qui  lui 
eft  faite. 


Vous  donnez  votre  argent        J07. 

à  l'un,  &  vous  en  devez  cxi-  Exiger  rufa- 

gcr  l'intérêt  d'un  autre.  C'eft  *■'  ^-  ^^'-^  '''■" 


un  homme  qui  reçoit  j  mais 
c'eft  Dieu  qui  vous  comman- 
de de  lui  prêter.  C'eit  donc 
lui  qui  eft  votre  principal 
débiteur  3  c'ell  lui  qui  répond 
de  votre  argent ,  qui  eft  vo- 
tre caution  ,  &  qui  vous  fait 
naître  mille  occafions  d'exi- 
ger de  lui  ce  qu'il  vous  doit. 
Ne  quittez  donc  pas  la  faci- 
lité que  vous  avez  de  vous 
faire  payer  de  Dieu  ,  pour  de- 
mander à  un  homme  qui  n'a 
pas  de  quoy  vous  payer. 

Si  nous  voyons  publique- 
ment maltraiter  &  mener  en 
prilbn  une  perfbnne  ,  déli-  affl 
VI  ons-Ie  de  cette  oppreflion  , 
fi  nous  le  pouvons  ,  quand 
même  il  devroit  nous  en  coû- 
ter de  l'argent.  S'il  y  faut 
employer  les  prières  &  les  fol- 
licitations ,  ne  les  plaignons 
pas.  Une  feule  de  nos  paroles 
pour  un  fujet  auffi  charitable 
N  iii> 


geiit  de  Dieu 
leul. 


Secourirlei 


i|2  Des    Homélies 

fera  fans  doute  réconipenlée  i    gemmbus, 
&  encore   plutôt  les  foupirs 
que  nous  joindrons  aux  larmes 
d'une  perfonne  affligée. 
30p.  Vous  voyez  quelquefois  des 

5ép.iret  ceux  hommes  quife  battent&s'ou- 
<iuifebatcent.  tr^gent  les  uns  It^s  autres  ^  & 
vous  demeurez  tranquille  fans 
les  réparer.  Sont-ce  des  lions 
ou  d  autres  bétes  farouches 
qui  s'entre  battent  &  fe  déchi- 
rent ?  C'eft  un  homme  fem- 
blable  à  vous  3  c'eft  votre 
frère  j  c'eft  un  de  vos  mem- 
bres ;ne  vous  amufezdonc  pas 
à  les  regarder  ,  mais  féparez- 
les.  C'eft  une  marque  d  impu- 
dence &  d'oifiveré  de  prendre 
plailîr  à  de  tels  fpedacles. 
Vous  me  direz  peut  être  , 
voulez-vous  que  je  m'aille  jet- 
ter  au  travers  dts  épées  nues 
pour  me  faire  percer  de  coups? 
Apparemment  ce  mal  ne  vous 
arrivera  pas  :  mais  quand  ce- 
la feroit  ;  cette  mort  vous  fe- 
roit une  efpece  de  martyre , 
puifque  vous  l'auriez  foufter- 
te  pour  Dieu.  Si  vous  crai- 
gnez d'être  bleifé  pour  l'amour 
de  votre  frère ,  confiderez  que 
votre  Sauveur  a  bien  voulu 
être  crucifié  pour  l'amour  de 
vous. 


Fides  mutuis  fs 

eontumeliis  ac  vulnem 
ribui  profcindentes  , 
Zy  qmetus  adpas  ? 
Num  leo  ejt  qui  ptt~ 
gnat  ,  num  fera  alif 
qua  ?  Certè  homo  tft , 
fraterejf,  membrum 
ejf  :  noiiJpcéJare ,  fed 
dijjolve  pugnantes, 
KoU  ex  lis  vclupta" 
tem  capere  .  .  .  Iwpu^ 
dentium  CT*  otioforttm 
ej}  in  tali  rerumgau- 
dere  âifcrimine  .... 
Et  j'ubes  Ut  y  incjuis  , 
ut  me  hujufmodi  ma^ 
uihus  inferam  y  plum 
gifcjueipfe  confiAar} 
Frtmo  quidem  non 
patieris  ijlud  ;  CT*  Jl 
acciderit ,  imipiet  ti» 
bi  hoc  opus  pan  qu£. 
dam  efje  manyrii  / 
fi  quidem  proptev 
Dcum  ifia  perpeteris. 
Si  veiû  plagai  acci- 
père  cunélaris ,  con^ 
fidera  quoniam  Do- 
tninus  ttiuspropter  te 
nec  quidem  crucemfii- 
fiimu  cunCîaïus  eJ}, 


Sur    s 

WumlUemur,  fra- 
très  ,  CT*  debttori- 
hns  grattas  agamus. 
Viunt  enim  ,  fi  fa- 
ptenter  agere  volu- 
rntts  ,  maxim£  non 
folum  indul'renti^  ; 
verum  etiam  merte- 
dis  occafîo  :  pauca  fi 
qmdem  damus  ,  plu- 
rima  recepturt.  Qutd 
ergo  exigis  violenter 
à  paupere  ?  Oporte- 
hat  etiam  fi  tlle  vellet 
exolvere  ,  te  tame^ 
potins  remiitere  non 
hahentt,  ut  a  Deo  non 
modo  totum ,  fed  e- 
tiam  multiplie  atum 
tlludacciperes. 


Ho  m.  i6.  Chri- 
flus  legem  implevit , 
quià  fine  peccato  ; 
C  quià  pratereàper 
nos  quoque  idipfum 
facit.  Hoc  efi  quippè 
mirahile  ^  quia  non 
folnm  legem  imple- 
vit ipfe  s  fed  idem 
iptid  nûhis  facere  do- 
Havit. 

Qiii  fecerit  & 
dociierit ,  hic  mi- 
gnus  vocâbitur  in 


Matthieu.  i^% 

Humilions- nous,  mes  frè- 
res, &  tenons-nous  obligezà 
ceux-mémes  qui  nous  doi- 
vent ;  puifque  (î  nous  agif- 
fons  lagemcnt  &  chrétienne- 
ment envers  euxjils  nous  fervi- 
ront  à  obtenir  de  Dieu  ,  non 
Icuiementla  remife  d'une  bien 
plus  grande  dette,  mais  encore 
une  ti  ès-excellente  récompen- 
fej  &  qu'en  donnant  peu  nous 
recevons  beaucoup.  Pourquoi 
exigez-vous  avec  violence  ce 
que  votre  frère  vous  doit  ? 
Quand  même  il  voudroit 
vous  le  rendre  >  vous  devriez 
le  lui  remettre  volontaire- 
ment j  afin  que  Dieu  vous  le 
paye  un  jour  pour  lui  ,  non 
feulement  en  fon  entier ,  mais 
avec  un  profit  infinimentavan- 
tageux. 

Jesus-Christ  a  ac- 
compli la  loi  non  feulement 
en  lui  -  même  ,  parce  qu'il 
étoit  fans  péché  j  mais  en- 
core par  nous  en  nous  la  fai- 
fant  accomplir.  Car  nous  le 
devons  admirer  en  ce  que  ne 
s'étant  pas  contenté  d'accom- 
plir lui-même  la  loi,  il  nous 
a  auffi  donné  fa  grâce  pour 
l'accomplir. 

Celui  qui  fera,  O*  qm  en- 
feignera  ,  fera  grand  dans  le 
royanrne  des  ciehx.    J  E  S  U  S- 


310: 
Ne  pas  exi- 
ger fes  dettes 
des  pau  Vies, 


La  grâce  fait 
accomplir  U 
loy. 

Contre    les 
He'rétiques* 


312: 
P  ratiqtief 
avant  que 
d'enlciguei». 


ïf4  Des   Home 

Christ  a  marqué  qu'il 
falloir  piemieremenr  faire  , 
&  puis  cnfeigner;  pour  nous 
apprend; e  qu'on  ne  peut  en- 
feignei  i.tilement,  fans  avoir 
auparavant  pratiqué  ce  q;i'on 
Cnfeigne  :  &  qu'autrement  on 
nous  dira  :  Medain  ^Queri/Je:^- 
t>ous  vous  même.  Car  cefui  qui 
ne  pouvant  fe  régler  lui  mê- 
me 5  fe  mêle  H'inftruire  les 
autres  ,  s'expofe  à  évç  moc- 
qué  de  ceux  qui  recourent  : 
&  toutes  fes  inftruâions  fe- 
ront fans  fruit  ;  parce  qu'il  dé- 
truira par  ffs  adions  ce  qu'il 
aura  établi  par  fes  paroles. 

Quiconque  fe    mettra  en  co- 


315. 

Ke  fe  mettre 
•n  colère  qT:e.  -  -. 

Foi;r  Tintérêt  ^*  /  "^  '"^f*  contre  fon  frère  , 
«lej  autres,  méritera  /l'être  condamne  en  ju- 
gement. Dieu  n'a  pas  entière- 
ment éteint  en  nous  tout  mou- 
vement de  colère  ;  parce  que 
la  colère  peut  fouvent  être 
utile  ,  fi  l'on  s'en  fert  à  pro- 
pos &  avec  prudence.  Quel 
eft  donc  le  tems  &  l'occa- 
fîon  Icgitime  ci^i  l'on  peut 
bienufer  de  h  colère?  C'eft 
quand  nous  ne  nous  vangeons 
pas  nous-mêmes  -,  mais  que 
nous  réfiftons  aux  infolens , 
ou'que  nous  excitons  les  lâ- 
ches &  les  pareffeux.  Et  quel- 
les font  les  occafions  où  la  co- 


LIES 

regno  cœlcriim.; 
Prias  pofutt  facere 
qtiàm  docere  ;  ojfen- 
dens  qucd /îc  aliquis 
bene  accedere  Valeat 
addocendum^  aliter 
autem  nequacjnàm, 
Audtet  entm ,  Medi- 
ce,  cura  te  ipfum. 
Qui  enim  fe  ipfi^m  do- 
cere nequiverit ,  cùm 
altos  conatur  emenda- 
re  j  trrijîom  fit  ohno- 
xius  :  imo  ne  docere 
qmdem  talis  za  \  bit , 
cùmfcilicet  verbis  e- 
jus  aChones  recla- 
ment. 

Qui  irafcirur  fra- 
tri  fuo  fine  causa, 
reus  erit  judicio. 
Non  omninh  ij}um 
extinxit  ajfeSlum  . .  . 
quià  multis  utilis  f/?, 
Jfî  opportune  acfcien- 
ter  utamur .  .  .  Quod- 
nam  igitur  eji  tempus 
opi?ôrjunum  ir<e  ? 
Qu.hido  fcilicet  non 
zLifcimur  nofmet- 
ipfos  j  fed  cùni  re- 
primimus  ergà  alios 
infolanes  ;  eT-  d-^f- 
des  mcrcpattone  fs;;- 
Vertirnus.  Quod  vero 
impcrtunum  ejî  tem- 


Sur    s.    Matthieu.  155 

pusir^  ?  Cumfcilicet  1ère  eft  défendue  ?  C'eft  lors 
que  nous  nous  armons  de  cet- 
te paiTion  pour  nous  défendre 
nous-mcmcs.  £t  c'eft  ce  que 
font  plufieurs.  Ils  fe  fichent 
lors  qu'ils  foufFrent  quelque 
injuftice  ,  &  ils  font  froids  & 
lâches  lors  qu'ils  voyent  \q& 
autres  cruellement  opprimez. 


**  nofmetipfos  Zii/t- 
difemus  ,  trafàmur. 
....  Vlurimi,  hocfa- 
eiunt.  Effet unlur  cUm 
aliqttifi  ffatitmiur  in- 
juri£  i  rcfo'vi^ntur 
tiero^  CT*  omnttio  mol- 
lefcu7tt  5  cùm  alios 
vel  maximum  a^- 
fiioncm  vUnrint  fu" 
fiinere. 

Mifericors  DomU 
vm  ctitm  majorihuivd 
mtnima  c^u<t que  déli- 
ra patiter  evellit  ; 
pr^ecipiens  ut  mttluo 
nobifnv.tipfîs  QJP*  ho- 
njru/)i!ins  utamur  CT" 
cautiui ,  ut  per  hue 
'■fnajora  quoque pecca- 
ia  auferantur. 

Si  ortérs  m  un  us 
■^tuum  ad  altare  , 
&C.  0  admirabilem 
hsnij^niiatem,  atque 
inefj^zbilcm  er^a  ho- 
niine$  amorem  Del  ! 
hc7iorem  fuum  def- 
pictt  ,  dum  in  pro- 
ximo  ch<iritatem  re- 
qutrit. 


Le  Seigneur  a  tant  de  bon-        *  ^  .^ 
té  pour  nous  ,  qu'il  veut  dé«    Refpeftma- 
raciner  de  nos  coeurs  jtifqu'aux  ti:el  des  uns 
moindies  fautes.  11  veut  que  P»"'  les  a»-^ 
nous    nous   traitions  &  nous  ^^^^' 
parlions  les  uns  aux  autres  a- 
vec  honnêteté  &  avec  refpe<fï, 
afin  de  couper  ainfi  la  fource 
des  plus  grands  péchez. 

Si    lors    que   vous  préfentey        Jlj; 
votre  don  à  l autel    ,    vous  vous  La  réconcilia* 
fouveney  que  votre  frère  a  attel-  ''°"  ^°^^  ^^' 
que    fujet    de   fe    plaindre     ^,  "der  le  faca, 
vous  i  laifle:^là    votre    don  dé- 


fies. 


Vaut  l'autel  y  c  aHe;:^  vous  re- 
cotjctïier  auparavant  az>ec  vo^ 
tre  frère  ,  <^c.  O  admirable 
bonté  de  Dieu  1  6  amour  qui 
pallé  toutes  nos  penfces  !  il 
méprife  fa  propre  gloire,  lorl- 
(ju'il  s'agit  d'établir  la  charité 
que  nous  devons  avoir  entre 
nous. 


tout. 


3^7. 


11(5  Des    Home 

$i6.  Il  faut    quitter  la  prière 

Dieu  préferepour  VOUS  aller  réconcilier 
la  charité  à  gyç^  ^.giui  qui  fe  plaint  de 
vous.  Car  c'eft  pour  la  cha- 
rité que  Dieu  a  lout  fait.  Et 
c'eft  pour  nous  réunir  tous  en- 
ferribie  dans  un  feul  corps  , 
que  s'ctant  fait  homme ,  il  a 
foufFert  tant  de  maux  &  ope- 
ré  tant  de  merveilles. 

Ne    nous    laiflbns    point 

MépAfe'r  lesî^.°"^P^^  ^  ^'^"^''^^.^  fugitive  des 
plaifirs.  biens    du  monde  ;     puifque 

pour  un  vil  plaifir  que  nous 
quittons  ici ,  nous  en  rece- 
vrons unerécompenfe  infinie. 
Dites  donc  â  votre  ame  : 
Pourquoy  vous  affligez  vous 
de  ce  que  je  vous  prive  d'une 
petite  fatisfadion  ,  puifque 
vous  devriez  plutôt  vous  ré- 
jouir de  ce  que  je  vous  pro- 
cure le  ciel? 
•^  j  g  Tant  que  nous  fommes  fou- 

Vertu  douce  "^i^  ^  "°^  paffions ,  nous  trou- 
jux  juftcs.  vons  la  vertu  pénible  ,  afpre  ; 
&  laborieufe  5  &  le  vice  doux 
&  délicieux  :  mais  nous  n'au- 
rons pas  plutôt  quitté  le  vice  , 
qu'il  nous  paroitra  hideux  & 
horrible  ,  &  la  vertu  au  con- 
traire aifce  &  très- agréable. 


LIES 

Melius  ejl  oratio~ 
nem  relinquere  C?* 
ad  recomiliationem 
fratris  excunere. 
Propter  hoc  fuélu 
fttnt  omnia.  Idarco 
C?*"  Deui  omnia  gef- 
fit  homo  faClui  ,  i*t 
nos  in  unum  congre» 
garet. 

Ne  nos  umhra 
hdtc  fugiiiva  fedu- 
caty  Urgijfimam  pro" 
fàflo  mÉtcedem  pr9 
temporali  voluptatg 
contempla  capiemus. 
Die  ad  animam 
tuam  :  Triflaris  qutà 
te  corporis  volttptaii 
defraudo  i  Utare  pO" 
ttus  quià  c^lorum 
tibi  régna  provù", 
deo^ 

QuandiH  in  vitiis 
permanemus  ,  afpe- 
ram  atque  dijpctlem 
omnino  opinamur  effe 
•virttitem  i  ipfa  vero 
viiia  dcJïderahiUa 
prorfus  ac  du  Ici  a.  Sin 
autem  v'uia  vel  bn-- 
lii  tempore  défera- 
mus ,  tune  ea  horri- 
bilia  ^  turpia  ejfe 
confpicientur  ,  e^ 
virius  delefiabilii  a^" 


Sur    s, 
férehit  O*  fucilis. 

Hom.  17.  Noli 
addilcere  puichri- 
tudinem  ahenam. 
Quid  fi  tnfpiciam 
nec  tamen  captar  ? 
CoJjihuit  afpèflttm  , 
ne  huJHJmodi  licentia 
jïdens,  ettam  in  pec- 
catmn  quandoque 
corrueres. 

Si  cjua  mulieridao 
comitur  CT*  ornatur , 
utinfe  ochIos  omnium 
irritet  i  etiamfi  nul- 
lum  pulchrttudinefua 
potuerit  vulnerare  , 
dAbit  tamen  extrema 
fiipplicia  :  paravit 
quippe  venenum  ,  po- 
rexitpoculttm,  eiiam- 
finullmqui  biberet , 
efi  inventas. 


Sit  tihi  timor  Do- 
mini  omni  necejjitate 
violentior.  St  enim 
Celis  pr^etextusfi^mper 
ohjicere ,  nihilde  his 
qu£  funt    imperata 

^liflûdtes De 

oculo  dextro  di- 
ces  ,  quid  fi  amore 
ejtts  inflftmmor  ?   Et 


Matthieu. 


1^7 


Ne  vous  arrêtey  point  à  coti"         JI^» 
fiderer     une     beauté    étrangère,        Eviter  Ici 
Mais  fi  je  la  regarde  fans  m'y  regards  dan- 
attacher  d'aucun  défir  ?  L'E- S^'^"''*- 
criture  défend   généralement 
tous    ces    regards  ,  de   peur 
qu'en  s'afiurant  trop  (ur  foy- 
même  ,  on  ne  tombe  dans  le 
péché. 


510," 
Contre  les 


Si  une  femme  s'étudie  à  fe 
parer  &  às'ajuiter ,  afin  d'at- 
tirer fur  elle  les  regards  ,  de  P"f  "  *«- 
tout  le  monde;  quoi  que  peut- 
être  elle  ne  faiiV  aucun  mal 
à  ceux  qui  la  voyent ,  elle  ne 
laiHera  pas  d'être  punie  du 
dernier  lupplice  :  car  elle  a 
apporté  le  poifon  ,  elle  l'a 
préparé  -,  &  elle  n'avoit  plus 
qu'à  le  préfcnter  à  boire  :  ou 
plutôt  elle  l'a  même  préfenté, 
quoi  qu'il  ne  fe  fou  trouvé 
perfonne  qui  ait  bû  ce  venin 
mortel. 

Il  faut  que  la  crainte   de       3tr.~ 

Dieu  loit  plus  forte  fiir  votre     Ojéir  fans 

efpnt ,  que  toute  autre  nécel-  "3^°;""  .^"^ 
/-',      ',  ^  •      ,,      loixde  Dieu» 

lite  qu  on  vous  pourroit  alle=- 

guer.Carfi  vous  allezchercher 

de  ces  fortes  de  raifons  &  de 

femblables    prétextes  ,   il  fe 

trouvera  que  vous  n'obéirez 

jamais  auxcommandemens  de 

Dieu.  Par  exemple,  quand  on 


tjS  Des    Ho  m 

vous  commande  d'arracher  vo- 
tre ail  droit  »  ne  pourrez-vous 
pas  dire  ;  mais  (î  je  l'aime  de 
tout  mon  cœur  ?  Lorfqu'on  ne 
vous  permet  pas  de  jetter  wn 
feule  regaid  deshonnéte,  ne 
direz-vous  pas  encore  :  Mais 
puis- je  m'empécher  de  voir  ? 
Cependant  lorfqu'il  s'agit  de 
garder  des  loix  humaines , 
vous  n'oferiez  alléguer  d'excu- 
fes  lemblables ,  vous  n'oferiez 
dire  :  Mais  fi  ceci  ou  cela  ar- 
rive ,  fuis-je  obligé  de  garder 
la  loy  ?  Et  il  faut  de  gré  ou  de 
force  que  vous  vous  y  foû- 
mettiez. 
\^}^  .  -  Si  vous  demeurez  toujours 
^^"ç'^*^^ 'les  mêmes  ,  je  vous  inter- 
**^^  ^*  dirai  l'entrée  de  l'Eglile  ,  & 

la  participation  des  facrez 
myfteres  ,  il  vaut  bien  mieux 
offrira  Dieu  nos  prières  avec 
deux  ou  trois  qui  gardent  fcs 
commandemens  ,  que  d'af- 
fembler  une  foule  de  perfon- 
nes  corrompues  qui  fe  gâ- 
tent les  uns  les  autres.  Que 
les  riches  ,  que  les  Grands 
ne  s'élèvent  point  ici  contre 
moi ,  car  leur  colère  &  leurs 
menacts  me  paffent  pour  une 
fable  ,  pour  une  ombre  ,  & 
pour  un  longe.  Ces  riches 
ne  me  défenderont  pas  un 
jour,  quand  Dieu    m'accu- 


ELI  E9 

de  irnpudico  afpeél» 


qUU 

non 


non   a 
lum  ? 


fi 
poJJTu 

Atqui  in  legihtis  quai 
Itomines  condiderunt , 
nihil  audes  taie  pro- 
ferre :  Quidji  illud 
velijiud  î"  Sed  "Volens 
nolens  fufcipis  cMi£î<i 
5««  fcriput  funt. 


Si  viderimm  vos  in 
etjdem  manentes ,  e- 
tiam  interdicemus 
vobis  omnino  Jacri 
ijïius  ingrejfum  ve^i- 
buli ,  CT*  cteleflis  par* 
ticipationem  rrtyjierii, 
.  .  .  Melius  namque 
ejl  cum  duûhus  ac  tri- 
btis  divinte  legis  pra- 
cepta  fervaniibus  » 
orationes  Deo  ojferre 
folitas ,  qtiàm  inique 
agernium  caterojque 
perdentium  multitu- 
dintm  congregare. 
NuUus  adzenùm  me 
hoc  locopotens ,  nul  • 
lus    dives    infletur  ; 


Sur    s.    Matthieu.  ifp 

cunSla  enim  ij}a  apud    fera  devant  fon  tribunal  ,  & 

meyVel fabula  viden-     qu'il  me   reprochera  de  n'a- 

tur ,  velumhra  ,  vel    voir  pas  (oiitenu  avec  fermeté 

fomntum     Nemo  ex    &  avec  vigueur  la  lainteté  dc 

his  qui  locttpletei  ha^    fçs  ordonnances. 

bentur ,  ibt  càm  accu^ 

fatuifuero  ffutroi.  in/(' 

ùitur  i  càm  mihi  cri^ 

mini  dahiiur  >    Dei 

le^em  à  me  cum  omni 

Vehementia    ac   con- 

ftantia  nonfmfjie  de- 

fenfum. 

Hom    l8.  'Nthil 
ità  Udentes  coercet 


Rien  n'arrête  tant  les  vio- 
lens  que  la  patience  de  ceux 


La  douceuc 


ut  patientia    mode-    qu'ils  outragent  :  car  non  feu-    .^""^^^* 

r,     '       ,   ^  .*  -.      o^  1     <  ,    -       Violence. 


lement  ils  cefîent  de  leur  faire 


J}i4que  Uforum  :  nec 

fecuiurum  modocoer-  violence     quand    ils    voyent 

cet  impeium  ,  fed  de  quelle  cft  leur  douceur  ,  mais 

fr^cedcnte  exigit  foc-  ils  fe  repentent  même  de  celle 

niteiuiam.  qu'ils  leur  ont  faite. 

Quant i s   ad  per- 

feCliouem     gradibus         Confiderez  par  combien       314.' 

afcendendum  docuerit  de  dégrez  il  nous  faut  pafler  Dile<^ion  des 

Chrijîui  ,    confîdera.  pour  arriver  au  lommet  de  la  ^■^"*"?"*   , 

--'■'  r.-.         .  comble  de  U 


Frijnus   efl   gradus ,  perfeâion chrétienne,  i.  N'è 

ne    prior    injurtam  tre  jamais  le  premier  à  faire 

ordiare.     2.   Ubi  efl  injureà  perfonne.z.  QiJandon 

injuria  capta ,  ne  par  nous  en  fait ,  n'en  point  tirer 

farp     referai  ,    fed  une  vengence  égale  à  Tinjure. 

quiefcas.  3.  Ut  etiam  $-  Ne  la  point   reprocher  à 

prctbeas  te  tpfum  ad  celui  qui  nous  la  fait  ,   mais 

tnjurtam     fufttnen-  conferver  toujours  pour  lui  de 

dam,    4.    Ut   etiam  la  douceur.  4.  Etre  prêt  d'en- 

ad  majora  te  prx-  durer  volontairement ,  s'il  Je 

ieas  qttàm  ille  vhU  ^'^ut  3  une  injure  encore  plus 


p;rfe6tion.. 


ii$o  Des    Home 

grande,  ç.  Ne  point  hair  celui 
qui  nous  a  ainft  maltraité. 
6.  A/oir  pour  iuy-mcme  de 
l'affedion.  7.  Lui  faire  du 
bien.  8.  Et  enfin  prier  Dieu 
pour  lui.  V'oilà  le  comble  de 
la  vertu  chrétienne  :  Ôc  com- 
me ce  commandement  eit  fi 
relevé  ,  c'eit  pour  cela  que 
Jésus  Christ  y  a  attaché 
une  fi  haute  récompenle. 


32^.  Quand  les  frénétiques  frap- 

Avoir  com- pent  leurs  médecins,  c'eft 
patFion  de  la  alors  que  leurs  médecins  les 
fureur  de  nos  plaignentd'avantage ,  &  pren- 
ennemis  ,  àc  ^^^^  ^^  ^^  ^qj,^  jg  j^^  pué- 
nous  en  yen.  ^.^  .  f^^^^^^^  ^^e  ces  excès 
ne  font  que  des  effets  de  la 
grandeur  de  leur  maladie. 
Imitez  cette  conduite  à  l'é- 
gard de  vos  ennemis  ,  &  trai- 
tez ainfi  ceux  qui  vous  ou- 
tragent. Car  ils  font  vérita- 
blement malades  ,  ils  louf- 
frent  une  véitable  violence. 
Délivrez-les  donc  de  cette 
langueur  mortelle.  Aidez-les 
à  vaincre  leur  pafiion  ,  &  à 
chalfer  d'eux  le  démon  cruel 
de  la  colère  &  de  la  fureur. 
Quand  nous  voyons  les  pof- 
fedez  nous  les  pleurons  ,  & 
cous  lommes  bien  éloignez 


fier 


LIES  ^ 

qui  fecit.  ^.  Non  O" 
dijje  à  quo  ij}a  per' 
peteris.  6.  Etiam  di' 
Itgere  Udentem.  7. 
Benefictis  quoque  eum 
afjïcere.  8.  Etiatn 
Deum  pro  ad'Verfario 
deprecari.  Perfpexifîi 
celjîtudinem  Chrijiia- 
ȣ  philojophix  :  C 
idcircojam  tam  clar» 
ejl  digna  pr^mio  , 
quià  tam  magno  eji 
fébje^a  pr^cepto. 

Medici  qttando  in» 
jttriii  C?*  calcibus  ca» 
dttntur  furentum  , 
tune  illorum  mag  is 
magifque  miferentuil 
tum  maxime  ad  red" 
dcndamfani'.atem  pa- 
rantur  ^fcientes  quvd 
vehememiam  nu.  hi 
fignijicet  ea  injuru. 
Et  tt*  igitHr  de  ini- 
micis  eandem  teneto 
fententtam.  Ilîinam' 
que  funt  maxime  <c- 
groti.  Libéra  eum  à 
gravi  ifio  dolore  C 
da  operam  ut  tram 
remittat.  Libéra  eum 
à  favijjimo  d^moue  , 
propri£  fciltcet  men- 
tis furore.  Nàm  CT* 
cttm  aliquos  à  d^mo- 
ng 


Sur    s 

ne  a&os  videmus  ilU- 
erymamttr  *,  non  ttu- 
tem  agimus  Ht  ipjî 
qiioque  eadem  tiU 
patiamur , . .  illorum 
funtfimilei  iracfttidi  i 
imoi lits  longe  mifcrio- 
res ,  <]ui  utique  fenjî- 

bm  adhuc  inte^ris  in^ 

r  '•^ 

Jamttnt. 

■    Cujui  gratta  oh- 
vium  faïutaiione  non 
f>r£Venis  ?  Quià^  in- 
duis ,    hoc  expeûat. 
Et  quidlji£c  dementia 
deterius  ?  Q^nà  ,  iit- 
quis  ,  aie  fa^tii  ejl 
fnihi  mercedis  occajïo, 
nolo  banc  accipere  oc 
cafionem.  Sienim  ille 
tefaluftetprior  i  nihil 
Ubi  proficiet   etiamfi 
Mm  falutaveris.    Si 
vero  tu  pritfs  adfalu~ 
tandum  properes  f  /?*- 
crum  de  illius  iumore 
cepijlt  -,    CT*  l^rgijjt- 
mum  quemdum  frii-' 
ùtim  ds  illius  Ciiperbia 
elimn  niejjltipi. 

In  cap.  6.  Hom. 
19.  Non  tantumma- 
do  dedijje  eleemojy- 
narh ,  fed  quemudmo- 
dum  ofx>rtct  dedijfs 
&J>roJ>ter  qmdopor!' 
Tom.  L 


.    Matthieu*  i^t 

de  vouloir  devenir  femblables 
à  eux.  Cependant  les  gens 
c\ui  font  tranfportez  de  colè- 
re ,  font  Icn^blables  aux  pof- 
fedez  i  ouphVotils  font  beau- 
coup plus  niiférables  qu'eux  , 
puilqu'ils  font  furieux  fan» 
avoir  perdu  refprit,, 

Pourquoi  ne  faliiez  -  vous-    _  ^^  ^*".„ 

,         1      .  ,    .  Se  prev«n 

pas  le  premier ,  celui  que  vous  ç^  civiUwv 
rencontrez  ?  Parce,ditcs- vous,, 
qu'il  attend   que  je  le  faluc. 
Qti'y  a  t-il  de  plus  ridicule  que* 
cette    penfée  ?    Parce    qu'il 
m'otFre    une    ocçafion  d'être 
récompenfé  de  Dieu  ,  je  ne 
veux  pas  m'en  fervir.  Gar  s'il 
vous  faille  le  premier ,  vous  ne 
gagnerez  rien  en  le  faluant  >'; 
mais  fi  vous  le  prévenez  ,  fa^ 
vanité    contribuera    à    votre. 


mérite 
trexour 


>wf 


fon  orgueil  à  votf- 


ta  vertu  de  raiimô'ne  ne      pr^, 
conliTte  pas  fimplement  à  don-       STprir  àkt 
ner;  mais  à  donner  en  lamar  ra-umcuu. 
niere  &  poui-ia  fin  que  Dieu* 
noUs  commande. 


i6z 


Des     Hom 


bonnes 
vses 


3i8.  jESUS-CHRISTnenous 

Cacher  fes  défend  pas  feulement  de  ne 

point   vouloir   faire  paroitie 

nos  bonnes  œuvres  ;  mais  il 

nous    commande    même    de 

iious  étudier  à  les  cacher. 

3^9-  Qy^   n'admirera    la  bonté 

Réjoaipenfe  de  Dieu  ,  en  ce  qu'il  promet 

de  la  pnere.    une  récompcnfe  pour  lui  avo.r 

demandé  fes  grâces. 


330.         Je  S  us-Christ  défend 

Pntrbeatj-!es  longues  prières  ;  c'eft-à- 
coup  en  par-  dire,  celles  qui  font  longues  , 

feule  multitude  des  paroles. 
Car  il  efi  bon  de  perfevérer 
lons-tems 


a  ,  demander  les 
chofes  qui  nous  font  utiles. 
Soye:^  affdui  à  foraifon  ,  dit  S. 
Paul  :  Et  iorfqi|jW'  e  s  u  s- 
Christ  nous  U^ofe  ré- 
xemple  de  cette  veuve  qui 
fléchit  par  l'afTiduité  de  it^ 
prières  ,  la  dureté  à\\vï  juge 
cruel  &  impitoyable  ;  &  ce- 
lui d'un  autre  homme  qui 
étant  venu  éveiller  fon  ami 
au  milieu  de  la  nuit  ,  ob- 
tient de  lui ,  non-tant  par  ami- 
tié que  par  importunité  ,  ce 
qu'il  lui  demande  -,  il  ne  nous 
ordonne  autre  chofe  que  de 
j^Qus   préfenrer   continuelle* 


ELIES 

tet ,  virtuiis  ej}. 

Non  folum  nos  ait 
cjî.'ntatioiie  noOri  te" 
lat  ,  verum  etlaru 
fladium  tndîcit  U* 
tendi.  Cùm  oratis. 
Sic. 

MifericûrdUm  De» 
cum  adimiratione  coif 
fidcro^  qi.iprohiiqttit 
a  nohis  foguiiir  boyiii» 
tnercedcm  fs  toUice" 
tttr  datttrum. 

f^t.htur  mihi  Chri- 
fltis  longas  oraxiones 
vetiîre  :  lor)<ras  dico .. 
non  temporei/.-dmul- 
tittfdine  cr  prohxita- 
te  vetborum,  Perfe- 
Verare  qvif-?e  oportet 
qu£  Junt  ut! lia  pof- 
centcs.  Orationi  , 
induit,  inilate.  Qum 
CT"  ipfe  Dommus  per 
ziduit  ti.iits  exem' 
p'um  ,  qttg  imrr.iferi- 
cordcm  judtcem  ora- 
tioms  ifijla  n  > t aJî,.-Xtt , 
atque  amiii,  etiatn 
illius  qticm  inicmpe" 
Jfa  nofh  dictt  Zi'nijje 
ad  amicum  ,  tufr.que 
dormienîem  de  lefhlo 
fitfcitaffe  j  tllumciue 
hoc  non  tam fimilia-' 
rit  Aie  ,  quàm  ajjidhi' 


Sr;R     S, 

tate  meruijfe  ;  nihil 
aïittd  ommno  quam 
ut  ipfe  fréquenter  à. 
quihiifvis  interpelU- 
retur  admonnit  :  non 
tamen  ut  orationem 
mille  verjibus  compo' 
Jttam  if}Jt  recitarent. 
Qui  Deum  patrem 
appelUvit  ,  CT'  vc' 
niam  peccatoritm ,  CT* 
panarurn  interitum  , 
€P'jttJ}ificatiotiem,(:p' 
pinSîific^ticnem  ,  Çp* 
Itb^rationem  ,  C?*  ^- 
ItûTum  adoptianem  , 
CT*  hxreditaiem  Deiy 
Crfratcmitctem  cvm 
tviigenito  ,  O*  fan  fit 
Spirhiis  donx  Urgif- 
Jima  ,  uno  J^tmone 
eonfejjtis  ejt.  Iwpcjjî- 
hile  efl  euim  De\m 
patrem  vocari  ab  eo- 
qui  non  omnin  h<ecbo' 
nafuerit  confecutus. 

Nondicit,  Pater 
meus  ,  feA  Pater 
•ncller  >  /?ro  commu- 
nt  fctUcet  corpore  pre- 
cemfundens ,  GT*  ubi- 
qi*e  non  tant  propria 
commoda  ^  quant  pro- 
mmorum  peieus.  Qu^o 
^mdem  ipje  CT*  inimt- 
mui  imermtn  >  O* 


Matthieu.  i6i 

ment  devant  lui  j  non  pour 
lui  oftrir  une  prière  longue 
&  étendue  en  paroles  ,  mais 
pour  cxpofer  fimpicmcnt  no* 
tre  befoia. 


Celui  qui  appelle  Dieu  fbn       3  3  r» 
Père  y  marque  en  même  tcms       Esce!l-nce 
par  ce  feul  mot  la  rémiflion  d'unChmiea' 
des  péchez,  la  délivrance  des  d^venuenfanc 
fupplices  éternels,  la  jui^ifica-         ^"^'■ 
tion  de  l'ame,  la  fandilication, 
la  rédemption  ,  l'adoption  au 
nombre  des  cnfans  de  Dieu  , 
le  droit  à  l'héritage  de  la  gloi- 
re ,  la  fratcinitc  avec  fon  Fils- 
unique,  &  enfin  Teilufion  de 
fon  laint  Efprit.  Car  il  eft  im>- 
poCilble  à  celui  qui  n'a  pas  re« 
eu  tous  ces  biens ,  d'appeller 
avec  vérité  y  Dieu  ,  fon  £ett* 


Nous  ne  difons  pas  à  Dieu  5  ^.B'^-* 
Mon  F  ère  ,  mais  Notre  Vere  ^  .P'?^'''^ 
pour  marquer  que  notre  priè- 
re eil  généralement  pour  tout 
le  corps  de  l'Eglife  j  &  que 
chacun  ne  regarde  point  fo» 
intérêt  particulier  ,  mais  ce- 
lui de  tous.  Jésus  -  Chris-f 
bannit  aufll  par  cette  parole 
toutes   fortes    d'averfîons   & 


Oij. 


I ^4  Des     Ho  m 

d' inimitiez.  Il  réprime  l'or- 
gueil, il  éteint  l'envie,  &  il 
introduit  dans  les  âmes  la 
charité,  cette  mère  divine  de 
tous  les  biens.  U  détruit  en- 
core toutes  les  inégalitez  & 
les  différences  de  condition 
&  d'état  ,  &  il  égale  admi- 
rablemenc  le  pauvre  avec  le 
riche ,  &  le  fujet  avec  le  Prin- 
ce :  puifque  nous  nous  trou- 
vons tous  unis  dans  les  choies 
les  plus  importantes  &lesplus 
néceffairesjqui  font  celles  du 
falur. 

C'ell  la   perfedion    d'un 
Chrétien  d'être  fi  irréprocha- 
Dieu  par  une  ble  dans  toutes  Tes  adions  y 
vie    irrepro-  qyg  jq^j  ç^^^    q^j  J^   yoyent 

en  rendent ."   ~  " 
qui  lui  eft  due. 


33^ 

G  orifier 


chable 


a  Dieu  la  gloire 


Soum.fliot* 


Que  TDtre  volonté  foit  faite. 
^  Jésus- Christ  par  ce^- 
paroles  nous  apprend  à  éire 
humbles ,  en  nous  marquant 
que  notre  vertu  ne  dépend  pas 
fimplement  de  nos  loins  &  de 
nos  travaux  3  mais  de  la  grâce 
de  Dieu. 

C'ett  faire  une  grande  in- 

•rat-.quer  la  jure  à  la  vertu  que  de  ne  la 

'*ertup;irver- pas   fuivrc  pour    elle-même; 

tu,  ^  nonpar  ^-j-j^is  (eulenient  pour  être  loiié 

de.  ceux  de  la  populace  >  qiii 


3?1" 


vamte*. 


î  L  I  E  S 

fuperliam  reprimit-l 
^  explodit  inviiiam, 
CT*  tntroducit  matrem 
honorumomniamchA" 
ruatem ,  CT*  huma- 
narum  rerum  in^» 
qualitntem  prorfui 
expellit  y  e?*  miram 
r-gii  cum  paupere 
honoris  ^tqualitatem 
ûjlenditi  fijuidemin 
maximts  CT*  ad  <tter.~ 
nam  gloriam  necejjw 
riis  communione  om- 
îtes fociemur. 

l'hilofophU  perfs.    .jj 
Û£.  efl  tant  ix/epre-    M 
h/^fibilem      omutbus    M 
exhibera  'vitarriy    ut    % 
eam   fr.guli   qui  que 
minr/itei  ,    Dominum 
de  Jervorum  fanCli- 
t(lie  colUttdent. 

Fiat  voluiitastua.  i 
...  Htimilit^tcmdo'^  T 
cet ,  cjlendvfis.  quod 
perjicerezh-ititem  non 
nofri  fît  Jïi'r.îii.  taa-  ■ 
tummodoy  verum  c  ' 
tiam  gratta  Dei. 

Hom.  zi.  qusin 
graeco    recenfetur.  - 
20.  &  fie  deinceps,  1 
Certè    rr.aximam   ejl'  *' 
injuriam  ipfi  faarê. 


Sur    s. 

virtuti  ,  Jî  non  eam 
fropter  feipfam ,  fed 
propter  vulgus  fequa' 
ris.  Ut  enim  te  miren- 
tur  rnali ,  CT*  à  virtU' 
te  proctil  remoti  j    ad 
ojientationem     atque 
ad  fpeOaculum  tu  ip- 
fos  quoque     advocas 
virtKtisinimicos...  Et 
tu  i^itur  nequaquàm 
tlegijfesvirtutem'i  ni- 
fi    adverfariis     ejus 
pUcere      voluiffes    , 
quam    profeflo    hinc 
admiratiom  eJJ'e  decet, 
tjfuià  à  propriis  quo- 
que  laudaturifiimicis. 
Ne  vtrtutem  prop- 
ter  alios  appetas  >  ne- 
que  propter  homines 
obedias  Deo,.fedpro- 
fter  Deum  potins  ha- 
minibm.  Alioqui ,  etfi 
vtrtutem  videaris  fe^ 
qui  y  nihilominus  fi- 
milis  non    fequenti  , 
Deum  in  iracundiam 
CûncitaJIi.  Sicut  enim 
ille  non  factendo  ino- 
hediens  fttit  >    ttà  tu 
non  rite  fuciendo. 

Hom.  13.  Cum 
nehii  CT*  curantibus 
O*    non    curamibus 


Matthieu.  T^f 

ramarqueront  vos  adions  ,  & 
admiré  des  méchans  &  des 
ennemis  même  de  la  vertii. 
Car  ainfi  il  feroit  très  vray  de 
dire  que  vous  n'auriez  point 
été  ami  de  la  vertu  ,  fi  elle  n'a- 
voit  pomt  eu  d'ennemis ,  au 
lieu  que  vous  auriez  dû  l'ad- 
mirer ,  &  la  fuivre  ,  pour  cela 
même  qu'elle  ,e{l  fi  belle  que 
fes  propres  ennemis  ne  peur 
vent  s'empêcher  de  la  louer. 


Aimez  la  vertu  pour  elle-       33^', 
même  ,    &  non  à  caufe  des    Aimer  Diett 
autres.  N'obéiHez  pas  à  Dieu  ^°^^'  ^"'"""^ 
à  caufe  des  hommes  j   mais"^^* 
obéillez  plutôt  aux  hommes 
à  caufe  de  Dieu.  Quand  vous 
faites   autrement^   quoique 
vous  paroilTiez  aimer  la  ver- 
tu 5  vous  ne  l'aimez  pas  eri. 
eftet;  &  vous  irritez  autant 
Dieu ,  que  ceux  qui  la  haifiênt 
&  qui  la  méprifent.   Ceux-là 
l'otfenfent  5  en  ne  faifant  pas 
le  bien  j  &  vous  l'ofFenfez  en 
le  faifant  mal. 

Puifque  5    foit   que  nous 
nous  inquiétions  ou  que  nous 


Soumiffion 
tranquille  à  la 


ne  nous  mcimetions  pas ,  ç'eJft  ^/ovld^i;,;. 


itrepric. 


jS6  D  E  S     H  O  M  E 

Dieu  feuî  qui  nous  donne  tout 
ce  qui  eft  néceilaire  à  la  viej 
&  qui  nous  le  demie  d'aut.int 
plus  que  nous  nous  en  inquié- 
tons moins  ^  à  quoi  nous  fer- 
viront  tous  nos  foins  ,  tous 
nos  empreiTemens  ,  &  tous 
nos  travaux  ,  qu'à  nous  tour- 
menter &  nous  faire  fouffrir 
la  peine  de  les  avoir  eu  inuti- 
lement ? 
538.  Dieu  nous   commande  de 

Pourquoy  Jui  demander  les  chofes  nécef- 

Dieu  veut  faites  ^  l3  vie  ^  non  qu'il  ait 
befoin  que  nous  l'en  avertif- 
fions  par  nos  prières  j  mais 
pour  nous  empêcher  de  dou- 
ter que  ce  ne  foit  de  Ton  fe- 
cours  que  nous  vient  tout  le 
bien  que  nous  faifons  j  &  pour 
nous  faire  acquérir  une  fami- 
liarité avec  lui  par  cette  obli- 
gation de  lui  demander  con- 
tinuellement nos  befoins. 
Je  voiUldéfends  ,  nous  dit 

Ne  fe  point  in-  J  ^  5  U  S-C  H  R  1 S  T  ,  de  VOUS 

*nces  afin  qu  elles  nous  manquent  ^ 

mais  plutôt  afin  que  rien  ne 
nous  manque.  Je  veux  que 
vous  receviez  ces  befoins  pre- 
fens  d'une  manière  digne 
de  vous  3  &  qui  vous  foit 
véritablement  avantageufe  : 
de  peur  qu'ayant  l'efpnt  dé- 
•  çhité  de  foins ,  vous  dc  vous 


B39' 


LIES 

pr^Jîat  Detis  i  im» 
tune  magis  quando 
nihil  hinc  orwnno  ci*' 
ramus  ;  cjuid  tibi  am- 
pli m  follicitudo  prte" 
ftahit  ,  nifi  q^od/u" 
pcrflitam  à  te  exigU 
Hltionem  f 


Ideo  peti  pr£ciph 
Deus  5.  non  quià  wo- 
Jîrarum  prccum  in- 
digeret  admonitu:  fei 
ut  abfque  dnbio  difce- 
remui  »  quod  cum  il- 
lius  auxilio  faciamu^ 
bona  cHnfla  qu£  fa» 
cimus ,  CT*  ut  tpfa  af- 
Jîduitate  pcfcendt  ei 
noifamiliarei  redda» 
mur. 

jubeoj  inquit,pr£' 
feniia  non  qv.£n  ,  non 
ne  accipias  ,  fed  ut 
abundanter  accipias  : 
cuwque  ea  qu£  tibi 
competit  honejiate  , 
cuwque  ea  convenien' 
te  utilitate  etiamprs" 
fentia  confequaris,  fie 
fûllicitudinibus  afii- 
fius,  ^  curarum  mor^ 
fibtti  fapl  dif(er^t0i^. 


Sur    .s. 

non  modo  t^is,  verttm 
etijm  fpiritalibui  bo- 
nis le  facias  indi- 
gnum  ,  lie  Z^  fupcr- 
fl^um  patiaris  (Srum- 
nam,  CT*  (juod  e(l  am- 
plius  propojltam  tibi 
amittas  coronam. 

Cur  cogis  diem 
plufquam  ipfe  fortitm 
efl  j  affAcHonii  acci' 
fere  ;  CT*  fuprà  pro- 
prias  ejus  lu  bores  e- 
t/am  ei  fequentis  diei 
pondus  impartis  f  C?* 
hoc  cttm  nihil  ijlius 
ndjtilione  fafcis  alte- 
•rrtfs  diei  leziora  fis 
onera  faBurus  labo- 
rttm ,  fed  tantum  a^- 
^egaturus  Ubores 
necqutcquam. 

Rerurn  ordinem  psr 
cuTifia  pervertimus 
CT*  cotJtra  Chrippr<e^ 
cepta ,    tttrinque  pu- 


gnamus 


Nolite 


au  ,  pr^fentia  ijfa 
prorfus  inquirere;  jtos 
hac  fola  etiam  abfjue 
intermifjtone  feSîa- 
wur.  Qu^rite,  inqnit, 
Crfemper  O'fola  ae- 
lej}ia  i  nos  verb  ne 
unius  qttidem  hor<e 
Jpaiio  illa  perfevera' 


Matthieu.  i  ^7 

rendiez  indignes  de  recevoir 
les  IccoLirs  dont  i'ame  a  be- 
foin,  auiii  bien  que  ceux  du 
corps  j  &  qu'après  avoir  été 
niilcrables  en  cette  vie  ,  vous 
ne  perdiez"cncorc  la  tclicité 
delà  vie  future. 

Pourquoy  rendez- vous  le        340." 
jour  prélent  encore  plus  pé-    Prévoyance 
nible  qu'il    n'eil  de    lui-mé-  i'^riiéte  & 
me  ,  en  ajoutant  à  Ion    tra-  m-^liieureufct 
vail  celui  du  lendemain,  que 
vous  ne  diminuez  nullement 
par  cette  prévoyance  inutile. 
Amfi  vous  ne  faites  que  vous 
accabler  davantage  par  Taccu- 
mulation  d'une  ^double  pei- 
ne. 


Nous  renverfons  tout  For-        541. 
dre  des  choies  ,  &  nous  com    Ardeur  potr 
battons    doublement  le   pré- ^"'^^^^"P'^^- 
ceptede  JE  SUS-CHRIST.  ^^"^"'^^^/^"^ 
MIL  1        .      pour  hs  futu^ 

Ne  cherchez  pomt  ,  dit.il ,  îes,fourcesde 
les  chofes  prcfcntes  ;  &  c'eft  nos  maux, 
de  quoi  nous  nous  occupons 
toujours.  Cherchez  ,  nous 
dit-il  auffi  ,  les  biens  du  cieJ; 
&  c'eft  à  quoi  nous  ne  nous 
appliquons  jamais.  Nous  n'y 
pouvons  pas  peiifer ,  même 
durant  une  heure  ;  &  autant 
<iue  nous  témoignons  d'ene» 


i^a 


De  s    HomelÎe» 


preffement  pour  ce  monde  , 
autant  &  plus  encore  témoi- 
gnons nous  de  froideur  pour 
Tautre  :  mais  cette  indiffé- 
rence &  cette  froideur  pour 
Dieu  ne  demeurera  pas  im- 
pimie> 


^4î.  Il  n'y  a  rien,  non,  je  Je 

Grâce  vifto.redis  encore,  il  n'y  a  point 
rieufe  du  pé-  de  péché  qui  ne  CQÙe  à  la  for- 


thé. 


ou  pIiV 


ce  de  la  pénitence 
tôt  à  la  force  de  la  grâce  de 
JESUS-CHRIST.  AufTi- 
tot  que  nous  nous  convertil- 
lons  à  lui  ,  il  devient  lui- 
même  notre  force  &  notre 
coopérateur  dansle  bien. 
■343.  Quand  nous  nous  adreflons 

î*rier  avec  à  Dieu  pour  lui  demander 
ferveur.  quelque  chofe  ,  nous  le  fai- 
fons  fi  lâchement  ,  qu'il  fem 
ble  quenousn  ayons  pas  grand 
défît  d'en  rien  obtenir.  Nous 
ne  portons  point  à  la  prière  un 
cœur  plein  de  foi  &  de  fer- 
veur :  nous  fommes  comme 
des  perfonnes  qui  n'ont  rien  à 
demander  ou  à  défîrer  :  nous 
demeurons  tout  alFoupis  fans 
application  &  fans  vigueur. 
Cependant  Dieu  veut  qu'on  le 
çriç  avec.  iQÛance,  &.  qu'on 


mus  inquirere  :  fsi 
quantam  in  illis  qti£ 
ad  corpus  neceffaria 
funt ,  curam  ojlendi- 
mi4S ,  tantam  in  Jpi' 
rituaUhus  habemus 
incuriam  ,  imo  longe 
etiam  n$ujorem.  Sed 
nequaqHam  impunita 
manebit  h<ec  vecordia 
ac  licenlia. 

Non  efl  aliquod  , 
non  ej}  omnino  pec^ 
catum  y  qnod  non  cé- 
dât pxnitentix  vit' 
titti  aut  poiius  gra' 
ti£  Dei  :  qui-  cum  ad 
meliora  convenimur ^^ 
continuio  nobis  coope," 
rator  efficitur, 

Cunu  ad  Deum 
adimus  ,  ità  facimus 
hoc  quajl  mhil  de." 
/îderemus  accipere. 
Non  eafide  qua  con- 
grttit  deprecamur  S 
fed  ofciîantes  po* 
tius  y  ac  prorfus  to- 
ta  mente  torpentes  y. 
ea  qi4x  Ziidemur  po- 
Jlulare  negligimus 
At  certè  vult  fe 
à  nohis  exigi  Deus , 
C?*  oh  td  grattas 
tibi     magnAS    babst, 


Sur    s. 

Soîus  ijle  dehnorgra- 
Ùam  hahet  cum  exi- 
gitur  i  CT*  5«<e  non 
mutuo  dedimtis,  red' 
dit. 


Acceàamus  adDeum 
opportune  e?*  im- 
portuné ;  imo  nun- 
qttam  conthfgit  im» 
fortune  accedere  :  im- 
fortunum  eji  quippe 
fi  non  ajjtduè  ettm  ,4- 
deamus.  Eumquitu- 
pit  femper  Urgiri  , 
/emper  opportune  ora^ 
mus» 

Skut  refpiratîûne 
ha<  JHgiter  indtge- 
mus  >  ità  etiam  eo 
quod  à  Dec  pr<eflatt*r 
aftxtlio.  Quod  fi  va- 
luerimus,  facile  ad  nos 
foterimus  attrahere, 
4  Hom.  24.  Non 
oportet  exprobrare  de- 
hflttm  ,  ne  que  illum 
quipeccato  aliqtto  fit 
privent  us ,  infolen' 
ter  obmere ,  fed  cle^ 
menter  monere  :  nec 
perfequi  jurgio  ,  fia 
juvare  confilto  :  nec 
€Um  infilenùa  in  cum 
Tom.  1. 


H4- 

Pnerecon- 


M  A  T  T  H  I  B  U.  1  ^<? 

le  prcfle  ,  &  il  témoigne  avoir 
agréable  l'importunité  de  ce- 
lui qui  prie.  C'eft  le  fcul  dé- 
biteur qui  foit  ravi  qu'on  lui 
redemande  fa  dette  \  &  même 
il  donne  fans  qu'on  lui  ait  rien 
prêté. 

Approchons-nous  de  Dieu, 
foit  à  tems  ,  foit  à  contre  tems  : 
mais  je  me  reprens  :  nous  ne^i^u-l^e 
fçaurions  jamais  nous  en  ap- 
procher â  contre  tems,  &  lui 
devenir  importuns.  C'eft  au 
contraire  lui  être  importun 
que  de  ne  le  pas  prier  à  toute 
heure  :  &  Ton  ne  peut  jamais 
s'adrefler  à  contre  tems  à  ce- 
lui qui  eft  toujours  prêt  à  don- 
ner. 

Comme  nous  avons  conti- 
nuellement befoin  de  refpirer, 
de  même  nous  avons  conti-  S^^"» 
nuellement  befoin  du  fecours 
de  Dieu  \  &  fî  nous  le  defirons 
autant  qu'il  faut ,  nous  l'atti- 
rerons aifément  en  nous. 

11  ne  faut  point  infulter  à 
celui  qui  fait  quelque  faute. 
Il  faut  l'avertir,  &  non  le  ^^*'^"  ^^^' 
confondre  :  il  faut  le  confeil- 
1er ,  &  non  Taccufer  :  il  faut 
le  redrelfer  avec  aftédion,  & 
non  s'élever  contre  lui  avec 
infolence. 


Ç 


34T. 
Befoin  delà 


54^. 

Corrféiinn 


tyo 


Des    Home 


347. 

Demander 
avec  ardeur  , 
&  11°  deman 
der  que  ce 
qu'il  faut. 


348. 

Pourquoi  la 
prière  même 
jufte  n'tftpas 
toujours  ex- 
aucée. 


549. 

La  vertu 
n'eft    pénible 
qu'aux  lâ- 
ches. 


La  prière  doit  avoir  ces 
deux  conditions,  fçavoir,  de- 
mander avec  ardeur  -,  &  ne 
demander  que  ce.qui  doit  être 
demandé.  Si  vous  venez  à  la 
prière  da.ns  cette  difpoiïtion  , 
&  fi  vous  dites:  Je  ne  forti- 
ray  point  d'icy  que  je  n'aye 
reçu  ce  que  je  demande-, 
fans  doute  vous  le  recevrez, 
pourveu  que  vous  ne  deman- 
diez rien  qui  foit  indigne  de 
celui  que  vous  priez ,  &  qui 
ne  vous  foit  avantageux  d'ob- 
tenir. Que  dois-je  donc  de- 
mander ,  me  direz-vous  ?  Des 
chofes  fpirituelles ,  en  pardon- 
nant à  vos  frères  ,  avant  que 
de  prier  Dieu  qu'il  vous  par- 
donne. 

Vous  me  direz  peut-être  : 
D'où  vient  que  je  demande  à 
Dieu  des  chofes  fpirituelles  , 
&  que  je  ne  les  reçois  pas  ? 
C'eft  parce  que  vous  ne  les  de- 
mandez pas  avec  aflez  de  fer- 
veur. C'eft  par  ce  que  vous 
vous  êtes  rendu  indigne  de  les 
recevoir  :  ou  que  vous  avez 
trop  tôt  celfé  de  les  demander. 

Si  celui  à  qui  l'on  propofe 
le  ciel  pour  récompenle  ,  re- 
garde apiès  cela  la  voye  qui 
y  meoe  comme  pénible  &  la- 


L  I  ES 

erigi ,    fei  cum  Hier. 
Ctione  corriger e. 

Duo  oportet  ad^e 
oranti ,  utfcilicet  CT* 
Vehementer  petat  , 
CT*  iUa  qute  petenda 

ft*nt Si  cum 

hoc  fiudio  mentis  ac 
cejjeris  ,    CT*  dtcas  , 
niji  accepero  non  re- 
cedam  ,    prorfus  <«c- 
cipies    ;  modo    talia 
poflulaverii    qu<e    C^ 
tllum    qui   petitur  , 
dare  deceat ,  CT*  <w-  ' 
cipere    tibi  qu£  prc" 
caris  expédiât.  Qu<& 
vero  ijiafunt  ?  Si/ci" 
Itcet  fpiritualia   cun-    i 
(lu     depofcas    ;    C7»  f 
inimicis     incunfian^ 
ter   remittas, 

Quid  ,  inquies'y 
qttando  fpiritaUa  pe- 
ttero  i  nec  tamen  ea 
fuero  confecutus  ? 
Non  fludiosè  procitt 
dubio  poJ}uUJ}i ,  aut 
te  ipfum  fecijfi  qui 
accepexis  indigjinm  , 
aut  certè  petere  cele- 
riter  deflitifli. 

Si  aliqui  cùm  C£m  J 
lum     proponatur    in  '* 
pr^tmio   »     etiam  fîc 
%/iam   ijlam  ejjk  Un 


s.     Matthieu.  171 

borieufc  \  ce  n'cft  pas  qu'elle 
foU  profe'eîo    eorum    le  foit  en  eftet ,  mais  c'eit  qu'il 
cft  lâche. 


Sur 

horiofam  pmant ,  de 


ij}^ 


dejîdia     critur 
fnfpicio. 

f^t'Jetur  qtiod  una 
fît  pana  comburi  ; 
fivero  aliqiiis  diligen- 
ter  expendat ,  duplex 
hoc  invetiit  ejfe  fup. 
pUcium,  Qut  enim 
in  gehenna.  uritur , 
c^luritm  etiam  re- 
^nttm  amntit  »  qu^ 
cenè  pœna  major  efl , 
qibam  crttciatus  ille 
flamnfarum. 

Non  eji  Ittftts  héec 
VÎta  j  imo  Ittfus  eji 
quidem  vitapr^fens^ 
fed  non  ejt  luftts  etiam 
futura.  Non  enim 
tendit  ad  rifum  ,  fed 
intûlerabilem  lis  af- 
feret  dolcrem  qui 
mores  fuoi  non  mâ- 
ture injinuunt.  Quo 
enim  di/iamus  à  pite- 
risper  ludum  ca/Ulas 
adificannhus  ,  nos 
qu'i  ampla  ZP*  clara 
fr£toria  conflitm- 
mm  ?  NuHa  difiren- 
tla  nijî  qttod  nos  fepè 
ad  fupplicmm  nojirum 
faciamus ,  qitte  illi 
imitantur  ad  ludum. 


Il  femblc  que  la  peine  de        gfo. 
l'enfer  fe  termine  toute  à  ce     P«i"=  ^'^ 
fenl  mal ,  d'être  brûlé  ctcr-  ^^"^  P'"^,f^a 
ncllemcnc.   Mais  h  on  conii-^^  ^^-^j^j^ 
Hère  ce  fupplice  avec  plus  de 
foin  ,  on  y  trouvera  un  autre 
mal  qui  palTe  encore  ce  pre- 
mier ;  fçavoir  la  privation  du 
royaume  de  Dieu  ,  qui  aifu- 
rcment  eft  un  tourment  en- 
core plus  grand  que  celui  des 
flammes. 

Cette  vie  n'eft  point  un        S')\' 
jeu  :  ou  plutôt  cette  vie  d'une    ^/^«^Je  5c 
part  ne  femble  qu'un  jeu,  fi  ^"cJpâdoa," 
on  la  compare  a  la  vie  future  ;  du  monde, 
mais  de  l'autre ,  rien  n'eil:  plus 
ferieux    ny  plus    important , 
puifqu'elle  ne  fe  termine  pas 
à  des  ris  ,  mais  à  àts  larmes 
&  à  des  peines  effroïables  pour 
ceux  qui  n'ont  pas  le  foin  de 
fe  corriger.  Cependant  nous 
faifons  un  jeu  de    notre    vie. 
Car    lorfque    nous   bâtiflbns 
des  maisons  fuperbes,  cnquoi 
différons  nous  àts  petits  en- 
fans  j  qui  pour  fe  jouer  font 
de  petites  maifons  de  bouc  ? 
Qiiclle  différence  donc  y-a-il 
entre  nous  &  eux  ,  fînon  que 
notre  luxe  eft  très- criminel  & 


Des    Homélies 

Quod  Jt  nec  Jum  eô- 


ï7» 

digne  de  châtiment  -,  au  lieu 
que  leurs  jeux  font  très  inno- 
cens  ?  Si  nous  ne  voyons  pas 
maintenant  la  vanité  de  ces 
Gccupations  ,  il  ne  s'en  faut 
pas  étonner  ,  c'eft  que  nous 
ne  fomraes  pas  encore  deve- 
nus hommes.  Quand  nous  lé 
ferons,  alors  nous  reconnoî- 
trons  la  bairefle  &  la  puérilité 
de  toutes  ces  chofes.  Et  en 
ciFet  ,  lorfque  nous  étions 
enfans  nous  amaflions  avec 
foin  des  morceaux  de  tuiles  & 
de  boue  pour  en  faire  une  pe- 
tite mailon  :  &  nous  n'étions 
pas  moins  glorieux  après  l'a- 
voir faire  ,  que  font  ceux  qui 
bitiiTent  les  plus  grands  pa- 
lais. Cependant  ces  maifons  de 
boue  tomboient  aulli  tôt  ;  & 
quand  elles  feroient  demeu- 
réesentieresj  elles  n'auroient 
pu  fervir  de  rien.  11  en  eftde 
même  de  ces  maifons  magni- 
fiques ,  qui  (ont  indignes  de 
fervir  de  demeure  à  un  citoyen 
du  ciel.  Or  comme  nous  ab- 
battons  fouvent  du  pied  ces 
maifons  de  boue  que  font  les 
enfans ,  un  philofophe  Chré- 
tien renverle  déjà  de  la  pen- 
fée  tous  ces  fuperbes  ouvrages 
de  la  vanité  àcs  hommes.  Et 
comme  nous  rions  envoyant 
pleurer  les  eafans  de  la  deûru- 


litatem  perjptctmusy 
non  eji  proftClo  mi' 
randum.  Nondumve' 
nimus  ad  maturita- 
tem  virorum  ,  i^tto 
cîtm  venerimus  y  in- 
telligemui  b<£c  om- 
nia  ejje  puenlia  .  . . 
Ndw  CT*  tejlas  C7* 
lutum  agger entes  cilnt 
pueri  ejjemus  ,  non 
minus  ?loriabamur 
quam  ht  qut  certatim 
amplas  porticus  ^aU' 
dent  conftmere.  Ve^ 
rum  peribant  illa  s 
nec  pantia  guidera 
nobis  utilia  eJJè  po- 
tuijjent  y  fient  nec  \ 
iftx  fplendida  domus  M 
qu£  certèjam  c^li  ci" 
vem  capere  non  pof" 
funt ...  Vt  nos  pe- 
dibiis  ludicra  illa  £" 
dificiola  plerumque 
dejlruimus  3  ità  b<ee 
fapienli  tlle  mente 
fnbvertit  :  CT"  Jrcut 
nos  parvulos  de  illa 
fientes  depruŒone 
ridemus  ijîc  ijïi  quo' 
que  nobis  de  hac 
fubverjtone  mœren- 
tibus ,  non  modo  ri' 


Sl7R 
dent  j  feieiiam  fient» 


Ut  pueri  eum  ne- 
gleCiislitterii  adejitf- 
modt  rtuo^asfua  fiudia 
converterint ,  verbe- 
fihiis  du  ris  ftibj^ce- 
hmt  j  fîc  nos  qui  in 
htsrehi^s  fîudihmom- 
ne  co}ifttmimiis ,  cùm 
a  nobis  fpiritalium  e- 
ocigetur  operum  àifci- 
fUna  j  nijî  qua  red- 
denda  erunt  habueri- 
mus  patata^  horrenda 
fuppliiia  per fer  émus. 
.  . .  Hi£c  quibus  nunc 
dediti  fumas  ,  c  unéla 
evanefcent  i  qute  vero 
ex  iflis  colligitur  fr»- 
va  j  perpétua  ertt. 

Duofingantury  quo- 
rum unus  agros  coe~ 
mat  Cr  fervos  ,  & 
quantacunique  funt 
taliit  ,  nullaqtte  ad 
h<ec  iniquitate  d»ca- 
iur  :  alter  vero  £qua- 
liter  locuples  vendat 
a^ros,  domos  i  vafa 


l'tnc  da 


S.    Matthieu.  173 

dion  de  leurs  petits  châteaux  j 
de  même  ce  fage  citoyen  du 
ciel  fe  riroit  maintenant  s'iJ 
voyait  des  hommes  pleurer  de 
la  I  iiinc  lie  leurs  maifons  ma- 
gnifiques i  ou  plutôt  il  n'en 
riroit  pas,  mais  il  en  verferoit 
des  larmes. 

Les  en  fans  font  châtiez 
très-féverement  lorfqu'ils  né- 
gligent leurs  études  férieufes,  f*"^^  étemel- 
pour  s'occuper  à  de  petits  jeux  v^^"^^^'^'^  P^"*^- 
&  nous  ne  craignons  pas  d'ê- 
tre condamnez  au  derniee 
fupplice  ,  lorfcjue  Dieu  noui 
redemandant  un  compte  exatl 
de  notre  vie ,  il  fe  trouvera 
que  nous  Taurons  confumé^ 
en  des  jeux  d'enfans  5  au  hc\i 
de  l'employer  en  de  bonnes 
œuvres.  Alors  toutes  ces  oc- 
cupations inutiles  s'évanouï» 
ront  comme  un  longe  ;  mais 
les  peines  qu'elles  nous  amont 
attirées  demeureront  fur  ncuis, 
éternellemenr. 

Suppofons  deux  hommes  ,       jç'j; 
dont    J'un    ne  travaille    qu'à  ^ -^suc  u'un» 
devenir  riche  ,  en  acquérant  ^^*'^^""°'^- 
des  terres  ,  des  efclaves,  &  r'""'^""^'"'» 
mille    autres    chofes    ,    ^ans^itabie 
cormnettre  aucune   injufèice. 
Qu'un  autre  au  contraire  étant 
aufli  riche  ,  s'occupe  à  ven- 
dre {qs  terres ,  [es  maifons  , 
P  iii 


174  Des  Homélies 

&  Ces  autres  biens  ^  pour  en  argentea  Cf  aurea  ; 

diftribuer  le  prix  aux  pauvres  ;  atque  horum  omnium 

qu'il    en  afTifte  les  malades  ,  precium    indigemihus 

qu'il  en    foulage  les  néceffi-  largiatur  ,    curet  <e- 

teux   5    qu'il    tjre    les  uns  <ie  ^otos ,  in  necejjït.ite 

prifon  ,  les  autres  des  travaux  pofîtoi  abfohat ,  alios 

des  mines  ,  les  autres  de  la  vinctthseximat,  aiios 

fervitude  ,   les  autres    de  la  erifiat  de  metalUs  , 

mort  5  où  la  pauvreté    &    la  alios  egeflatis  impa- 

mifere  les  alloit  précipiter.  Je  tientia   ad   Lqueum 

vous     demande     maintenant  convolantes  in   vita 

quel  de  ces  deux  hommes  vous  amonm  redv.cat  ^  H- 

voudriez  être.  Je  ne  parle  pas  heret  de  ferziiute  ae 

encore  de  l'avenir  j  je  ne  re-  morte   captivas  :  de 

garde  que  Térat  de  la  vie  pré-  cujus  vos  tandem  ejje 

fente.  Auquel  donc  des  ceux  parte   malUiis  ?    Et 

aimeriez  -  vous    mieux    être  cerie  nondum  futura 

femblables   ?    Eft-ce  à  celui  dicimus  ,    feà   ititc' 

qui  ne  penfe  qu'à  amajQ'er  des  rim    ifta   prajentia^ 

richeffes  ,  ou  à  celuy  qui  les  Cujus  ^  inquam  ^  fi* 

employé  au  foulagement   àQs  miles    e(?e   malletisy 

autres  ?  A  celui  qui  acquiert  congregantis  aurum  ^ 

de  grandes  terres  ;  ou   à  ce-  an  plurimorum  péri' 

lui  qui  fe    rend    comme    le  cula    fubmeventis   ? 

port  &rafv le  des  affligez?  A  Ementis  agros  ,    an 

celui  qui  eft  entouré  d'or  &  hominihus       diverfa 

d'argent  j  ou  à  celui  qui  eft  calamitatum    tempe 

comblé    de    bénédidions    &  fiatevexatis ,  femet^ 

de    loiianges    ?    N'eft-il    pas  ipfum  portum  paran^ 

vray  que  l'un  ne  paroît    pas  .tis}  Multo  aurocir- 

un  homme  j  mais  un   Ange  cumdati  ,    an   mille 

defcendu  du  ciel  pour  fauver  Uudibus    coronati    ? 

les  hommes  ?   &  que  l'autre  Nonne    hic    videtur 

ne    paroit     pas    un   homme ,  Angeli  alicujusfimilis 

mais  un  enfant ,  qui  ne  s'oc-  qui  de  calo  ad  con» 
cupe  qu'à  amafler  des  chofcs  -folatiomm    emenda' 


Sur    s.     Matthieu.  !>;$ 

Uûnemc[ue   hominum    vaines  &  qui  font  inutiles  À 


defccnderit  ?  Aller 
Verô  nec  homini  coti' 
ferendus  ,  fed  eut- 
piam  parvalo  ,  vanè 
cuné}a  Cr  tnaniter 
congregunti  ? 

Serm.  z5.incap. 
7.  Mat.  Non  accidtt 
«t  Ijomo  ab  omni- 
bus vittis  liberatus  , 
filiquando  defpiàa- 
tur  à  Deo  :  fed  etjî 
in  altqm  errore  te- 
neatnr  ,  ciio  illum 
Deus  adnotitiamjjer- 
truhit  verttatls, 

Multi   dicent, 

Domine,  Domine, 

&C.    OJïendtt  Chri- 

fius  quodfidei  abfque 

operibus  nihilvaUat  ,• 

deindè  idij)fum  ulte- 

rius  extendens  »  adje- 

ctt  ^  ftgna  ;  ut  <h 

Jfenderet  ,    quod  non 

modofides ,     fed  ne 

ipja  qttidem  miracu- 

lorum  operatio  proftt- 

tara  fit,  fi  ta  opera- 

tus  ftterit  abfque  pof- 

fejjîone  virtutum. 

Quid  facitis  vo- 
lentesinducerefu- 
per  nos  fanguincm 
nominis    hujus    f 


lui  &  aux  aucres ,  comme  font 
les  jeux  des  enfans. 


u  n'aban- 
donne jam^jus^ 
Icjuite- 


Lorrqu'une  perfonne  vit 
bien  &  s'éloigne  de  toute  ^' 
forte  de  vices  ,  il  n'arrive 
jamais  que  Dieu  l'abandon- 
ne 5  &  quand  même  il  feroit 
dans  quelque  erreur  ,  fans 
doute  Dieu  lui  feroit  bien- 
tôt connoicre  la  vérité. 


Plufieurs  diront  en    ce  jour»        ^^'i' 
là.    Seigneur  ,    Seigneur^   ç^c.^^Y  ^  mits- 
Jesus-Christ.  fait  voir  ^^'^ i'''Jt'l-^ 
par  ces  paroles  c,ue  la  foy  ne  i;:^-^;^'--- 
lert  de  ncn  lans  les  œuvres  ; 
&  palfant  encore   plus  loin» 
il  y  ajoute   les    miracles  ,    &     ^<"^'"^    ^«-f 
il  déclare  que    la   foy    avec  ^^'^^''^i^^^-     . 
tout    l'éclat  de  ces  prodiges 


feroit  inutile 
foutenuc  par* 
piété. 


elle  n  etoit 
vertu  &  la 


Que   faites -vous  ,    difoient 

les  Juifs  aux  Apôtres  ,  pour- 

quoy    vouley  -  vous     attirer   fur 

nous  le  fang   de    cet    homme   > 

P  iiij 


M 


ôc  timide 


i7<5  Des    Home 

Quoy  vous  maltraitez  les  au- 
tres &  vous  craignez  ?  Vous 
pcrfecufez ,  &  vous  avez  peur? 
Vous  jugezj  &  vous  tremblez? 
Tant  il  eft  vrai  que  la  malice 
eft  toujours  foibl#&  toujours 
timide. 

vlV^..\r.„  -^^"^  ^^  ^^^ice  attaque  la 
..uinlkaT^'^^'f^.'P'"^  ^J^e  découvre  & 
perfécute-ur  ,  adroit  fa  foiblelTe  :  &  com- 
non  au  perfe.  "^e  celui  qui  lieroit  des  char- 
cuté, bons  ardens  dans  fes  habits  3 
brûleroit  Tes  habits  fans  étein- 
dre les  charbons  ;  de  mê- 
me ceux  qui  perfccutent  les 
faints ,  qui  les  cmprifcnncnt , 
&  qui  les  chargent  de  chaî- 
nes ,  ne  font  que  les  rendre 
plus  liluflres  ,  &  fe  perdre 
eux  -  mêmes  pour  jamais. 
Plus  vous  foufFrirez  étant 
innocent  &  jufte  ,  plus  vous 
deviendrez  fort  &  courageux. 
Car  plus  nous  nous  applique- 
rons à  la  vertu ,  moins  nous 
aurons  befoin  de  tout  le  refte: 
or  cette  indépendance  de  tou- 
tes chofes  nous  rendra  invin- 
cibles ,  &  nous  élèvera  au 
deflus  de  tout. 


LIES 

Quid  agis,  cédîs  O* 
metuis  :  altum  perfe- 
queri$,Vipfeformi^ 
das  ?  Tujudicas ,  CT* 
tamen  tremis  f  Ità  efi 
qtiippè  malitia  in^ 
firma. 

Malitia  tar.tb  egU 
citur  ir.firmior,qttarh- 
io  contra  vinutem 
diuHÙipr/eltatur  :  ^ 
ficut  qui  i^em  olligat 
in  vejlimento  ,  iHum 
quidem  non  extin^ 
guit  jVefiem  ver  0  corn- 
burit  :  ità  etiamqmtn 
^irtute  pùfitos  perfe- 
quehantur  t  compre- 
hendthant  ac  f<tpiui 
colltgahant ,  illos  qui' 
dem  reddebant  exhis 
omnibus  clariores ,  fe 
autem  cmnino  perde* 
bant.  Etenim  quanù 
magis  vitam  agens 
jvfiam  vexaberis  , 
tanùfortior  efficieris: 
Cr  quanti  flttdiojîm 
celeftem  philofophiam 
honore  profequemur  , 
tamo  minus  aliarum 
indigebimus  rcrum  : 
^quo  minus  aliarum 
rerum  indiguerimus  y 
eofortiores  evademus^ 
atque  omnibus  çxceU 
Jîores, 


Sur    s. 

Quant  facile  ne» 
quitta  fubruitur  .  . , 
nec  Jîwpliciter  ruit  , 
fed  fadta  eft  ruina 
ci  lis  magna.  Neqtte 
enim  exi^uarum  re 

o 

rum  periculum  ejl;fed 
de  anima:  di/crtminey 
de  imnjûrtaUhus/itp- 
pliiiis  fujlinendts ,  de 
c<ele(lis  rgjii  ateruo- 
rumque  bonorum  a- 
mijjtone  agiiur.  Quin 
etiam  amè  ijla  tàm 
^andia  ^  in  prafenti 
^uocjue  Jdtculo  ntmis 
urutr.nofii  vit£  i  atque 
eniiiibus  nnfcrion 
malitKe  fdélator  ad- 
diOns  ep  ;  cum  timo- 
ribtis  ajfduis,  pavo- 
ribus  y  follicttudini- 
htts  y  anxiii  Uhori* 
Bus  j  vitam  amenda. 
Homil.  16.  in 
cap.S.Gratieftotc. 
Opttma  quippe  bene- 
ficiorum  cujlos  efl  ip- 
fa  memoria  benefi- 
ciorum  ,  Zy  perpétua 
gratiarum  aÙio.  Frc- 
ptercà  reverenda  ac 
falutaria  ilU  myjle- 
riaqt4<e  in  omni  Ec- 
clejîa  congregalione 
celebramHSj  Eucha- 


leur  enfer  dis 
cette  vie. 


Matthieu.  177 

Admirez  la  foiblefle  de  la  358. 
malice  &  comme  elle  tombe  Les  méchan» 
d'elle  -  même  ;  &  non  feule-  commencsnt 
ment  elle  tombe  ,  mais  elle 
fc  brife  par  fa  chute  ,  &  fé- 
lon rexpreffion  du  Seigneur, 
fa  ruine  efl  grande.  Car  il  ne 
s'agit  pas  ici  de  quelque  bien 
temporel  &  périllable  5  il  s'î- 
git  du  falut  de  l'ame  ,  de  la 
perte  du  royaume  de  Dieu  , 
&  de  tous  Tes  biens  éternels; 
ou  p'ûtôt  il  s'agit  de  com- 
mencer dès  cette  vie  ces  tour- 
mensqui  ne  finiront  jamais: 
puifque  la  vie  des  méchans 
eft  une  anticipation  de  l'en- 
fer ,  par  les  pafllons ,  par  les 
frayeurs  ,  par  les  ennuis ,  & 
par  les  inquiétudes  qui  leur 
déchirent  fans  celle  l'erpritSc 
le  cœur. 


Soye'^  reconnotjjam.    En  con-        '3  <^p; 
fervant  la  mémoire  des  bien-     Larecon- 
faitsdeDieu  ,  on  fe  les  afTu- noinancecon- 
re  j  &  la  continuelle  aâion  ^"^5  '"  S"' 
de  grâces  eft  la  garde  fiddle"'"*'^^'"* 
de  toutes  les   grâces.     C'eft 
pourquoi  nos  myfteres  fî  ter- 
ribles     &   tout    enfemble    fi      ^^^^^^  ^^^ 
lalutaires  ,   qui  fe  célèbrent  Bérériques. 
dans  toutes  les  afîemblées  de 
l'Eglife  ,  s'appellent  Eucharif- 
tie ,  c'eft'à  dire  ,    aâion  de 


178  Des   Home 

grâces  :  parce  qu'ils  font  le 
monument  d'une  infinité  de 
dons  que  Dieu  nous  a  faits , 
&  du  principal  &  plus  grand 
des  dons  de  fa  charité  ,  & 
qu'ils  nous  obligent  à  renou- 
veller  fans  celfe  nos  reflenti- 
mens  &  notre  reconnoiffan- 
ce. 

3^0.  Rendons  grâces  à  Dieu  , 

Dierpo.TL  "^"  ^^"îement  des  biens  que 
nous   en  avons  reçus    nous- 


grâces  qu'il 
f^ait  aux    au 
lies. 


mêmes,  mais  encore  de  ceux 
qu'il  a  fait  aux  autres.  C'eil 
ainiî  que  nous  étoufferons 
l'envie  dans  notre  cœur  ,  & 
que  nous  y  enracinerons  une 
charité  pure  &  fincere  :  puif- 
que  nous  ne  pourrons  pas 
envier  aux  autres  les  biens 
qu'jls  auront  reçus  de  Dieu  , 
après  l'avoir  remercié  avec 
joye  de  ce  qu'il  aura  bien  vou 
lu  les  leur  donner.  Et  ceft 
pour  ce  fujet  que  le  Prêtre 
étant  à  l'autel  nous  com- 
mande de  rendre  grâces  à 
Dieu  ,  en  offrant  ce  facrifice 
divin  5  &  de  prier  générale- 
to»tre  les  ment  pour  tous  les  hommes  ; 
fJereriqnes.  pour  ceux  qui  nous  ont  pré- 
cédez j  pQur  ceux  qui  vivent 
maintenant ,  &  pour  ceux  qui 
nous  fuivront.    . 


LIES 

riftia  ,  id  efi^atU- 
rum  aélio  ,  nunci*' 
pantur.  Suntenim  be- 
neficiorum  recordatio 
plurimorunjf  caputq'y 
ipfum  divina  er^à  nos 
charitatis  ojiendmt , 
Tjofquefaciunt  débitas 
Deo  frraîias  femper 
exolvere. 

Agamus  Deo  ^ra~ 
tia»  ngn  de  propriis 
tantum  ,  verum  e- 
tiam  de  alienis  bo^ 
tiis.  Itàetiam  CT*  <«- 
zidiam  poterimus  ex- 
tinguere  CT*  alere  cha- 
rnatem  ,  eamque  in 
nobis  e^cere  magis 
Jînceram,  Neque  e- 
nim  jam  illis  potero 
invidere ,  de  quorum 
bonis  ^attas  Deo 
deferendo  Utaris, 
Idcirco  altari  ajji- 
Jfens  facerdos  pro 
Hfiiverfo  orbe  ter- 
rarum  ,  pro  abfen- 
tibus  atque  prafeu' 
tibus  5  pro  his  qui 
an  te  nos  fuerunt  , 
fro  his  qui  pojleà 
futuri  funt  ,  facri- 
ficio  illo  pYopoJîto  3 
Deo  nos  grattas  /<*•. 
bel  cfferre. 


Sur    s. 

Vni^enitum  pro 
nchis  Filium  dédit  , 
^  cjuidem  càm  ad- 
huc  efjtmus  inimià. 
Nec/olùm  dcdit ,  fed 
C  nojlram  fetit  ej]e 
menfam  :  omnia  fa- 
ciens  if'p  pro  nohts  , 
CT"  donando  videli- 
cet ,  Ci?*  gratiarum 
adores  ipfa  dono- 
rum  jHorum  uher- 
tate  faciendo.  Quià 
€nim  in  multis  homo 
exifiit  Deo  ingratus, 
tpje  tibicjue  fufciptt 
zicsm  noJIram ,  C 
ea  qit<e  ad  nos  per^ 
tinent  per  divitias 
futi  difpenjationis  o- 
feratar.  Quod  pro 
jfttd<£orum  falute  fa- 
ciebat  feJUmatibus 
varifs  i  illos  in  we- 
moriam  fuorum  be- 
neficiorum  reducens  ; 
id  nttnc  magno  cum 
cttmulo  eft  operatui , 
ipfo  génère  facrijicti 
ad  jugtm  nos  pro 
fuis  benefciis  gra- 
tiarum  indtans  am 
^honem. 

Quanta  fuperius 
4d  virtutis  a/cendi- 
mus  excclfum,    tan- 


Matthieu.  179 

Dieu  a  livré  pour  nous  Ton 
Fils  unique  ,  lors  même  que 
nous  étions  encore  fcs  enne- 
mis -,  &  non  feulement  il  l'a 
donné  pour  être  le  prix  de 
notre  falut  ,  mais  même 
pour  être  nôtre  nouniture. 
Ainfi  il  fait  tout  pour  nous, 
&  en  nous  donnant  tout ,  & 
en  nous  infpirant  par  une  fur- 
abondance  de  grâces  la  recon- 
noifiance  de  fes  dons.  Et 
comme  l'homme  eft  fouvent 
porté  à  l'ingratitude ,  il  fe  met 
lui-n.éme  en  notre  place  , 
&  fait  pour  nous  par  les  ri- 
chefles  de  fa  bonté  ^  ce  que 
nous  devrions  faire  nous- 
mêmes.  Que  s'il  a  porté  au- 
trefois les  Juifs  à  la  recon- 
noiflance  ,  en  établiffant  par- 
my  eux  des  fêtes  en  certains 
tems  ,  &  en  certains  lieux  > 
pour  les  faire  fouvenir  de  i^es 
bienfaits  -y  il  le  fait  mainte- 
nant parmy  nous  d'une  ma- 
nière beaucoup  plus  admira- 
ble ,  par  le  genre  de  facrifice 
qu'il  a  inftitué  depuis  ,  afin 
que  nous  lui  rendjfïions  par 
lon  Fils  de  continuelles  adions 
de  grâces. 


Euchariitie 
f.icrifîce  d'ac- 
tion dr  grâce  , 
pour  fuppléer 
à  la  foible  re- 
connoilFance 
de  l'hcmme» 


Contre  les 
Hérétiques  > 


xSx 


A  proportion  que  noiis        ^ 
nous  avançons  davantage  dans    Seconnoîtrç 
la  piété  3  nous  recounoilions  f  ^*  mepr^ 


quand  on 
s'attache 
»u  monde 


,t8o  Des    Home 

mieux  la  différence  infinie 
d'entre  Dieu  &  nous.  AulTi 
cft-ce  une  grande  partie  de 
la  fagefle  chrétienne  que  de 
bien  reconnoître  ce  que  nous 
fommes.  Or  nul  ne  fe  con- 
noît  mieux  ,  que  celui  qui 
reconnoît  qu'il  n'ett  rien  du 
tout. 

3^3'.  .  Bien  ne  nous  fait  tant  ou- 
Ons'ouiMie  ^jjçj.  -^^  ^^^  j,q^j5  fommes, 
fey-meme  ^^^  l'attache  que  nous  avons 
aux  choies  du  monde  :  com- 
me aufli  rien  n  attache  tant 
au  monde  ^  que  l'ignorance 
de  ce  que  l'on  eft.  Ces  deux 
chofes  font  inféparables  ,  & 
naiffent  mutuellement  l'une 
delautre. 

3^4-  Celui  qui  a  pîus  de  con- 

Tunitionter-  noiflance  &  plus  de  lumière, 
nblsdes  me-jpgj.^  plus  puni  que  celui  qui 
en  a  moins  C'eft  pourquoi 
lorfqu'un  Evêque  ou  un  Prê- 
tre commet  les  mêmes  pé- 
chez que  le  peujple  ,  il  eft 
beaucoup  plus  grièvement  pu- 
ni que  les  autres.  Cur  les  puij- 
fan s  feront  puijfamment  tourmett' 

z6<.  On  ne  met  point  de  vin  noU' 

Ménager  les  Veau  en  de  vieux  vaiffeaux    Ce- 

foibles.  lui  qui  veut  impofer  des  loix 

pénibles  à  des  hommes  qui 


chans  Prê 

tI£St 


LIES 

10  ampîius  docemut 
quàm  Jît  inter  nos  ZD' 
Deum  grande  di/cri- 
men.  Nec  fane  mini' 
ma  efi  ijfa  pars  phi' 
lofophia  ,  meritum 
fnumpojje  dignofctre. 
llle  autem  maxime 
novit  fe  tpfum  ^  (jui 
fe  ejfe  nihil  exifimat,  ' 

Nthil  perindè  fat- 
cit  ut  te  ipfum  igno- 
res ,  qiam  tempora- 
libus  rthus  eJJ'e  afjî' 
xum  :  C  rurftts ,  ni- 
hil  ità  temporalibus 
relus  hominem  ajfî- 
git  y  ut  ipfafuiigno' 
ratio  :  fi  quïdtm 
utrumque  hoc  pendet 
ex  altero, 

Homil.  27.  P/ji- 
rimarum  rerum  co- 
^nitio  acerbiores  pec- 
catorum  ejjîcit  pa- 
nas :  ideo  facerdosfî 
pariter  cum  fuhditts 
peccat ,  multo  acer' 
hiora  patietur.  Po- 
tentes  enimpoten- 
tcr  tormenta  pa- 
tienrur. 

Homil.  31.  in 
cap.  9.  Non  im- 
mittunt  vinum  no- 
vuraki  utresvete- 


Sur 

rcs  . . .  Nam  qui  op- 
portunitate  non  ex- 
pcéJata  altiora  homi- 
mbui  dogmata  propo- 
nit  y  is  nec  cùm  oc- 
cajîo  fuerity  aptoi  ad 
audiendum  inveniet , 
cùm  jàm  femel  ineptos 
fecerit.  Quod  nec  fnf 
ci^tibilii  rei  caufa  , 
nec [nfcipienitum  £ul- 
fa  conttgit  ^fed  pro' 
pter  imponentium  at- 
5»e  docentium  fejli- 
nationem  impartu- 
nam. 

Non  dehemui  cun- 
6la  à  quibu/vis  in 
pnncipio  rerum  ex- 
pofcere  ,  fed  ea  folum 
qi4£  poffibilia  fttnt , 
atciHe  illoritm  viri- 
htts  conveniunt  :  C7* 
tum  cito  ad  alla  e- 
iiam  perveniemui  . ., 
Qt*pd  Jî  velocius  rem 
agere  cupis ,'  ideo  na- 
ît feflinare  i  quià 
^uanto  velocius  per- 
ficere  feflmas ,  tanto 
tardim  perages  :  ideo 
noli  fejlinare  quià 
fejiinas. 

Honiil.  32,.  Po/? 
mortem  quorum  pau- 
feres  amvoças  ffref-^ 


S.    Matthieu;  i8r 

ne  font  pas  encore  capattles 
de  les  porter,  ne  les  trouvera 
plus  difpofez  à  les  recevoir, 
lorfv|ue  le  tems  auquel  ils  les 
auroient  pu  accomplir  ,  fera 
venu  i  parce  qu'illes  en  aura 
rendus  incapables  par  fa  pré- 
cipitation. Ce  malheur  ne 
vient  plus  des  vailfeaux  ,  ni 
du  vin  ,  mais  de  l'impruden- 
ce de  ceux  qui  le  verfent. 


N'exigeons  pas  tout  d'à-       5<^^; 
bord  de  toutes  fortes  de  per-  ,  pJ^<^iétIon 

fonnes  :  contentons-nous  dans  Jf  1"  ^  ,^°"" 
,  ,  auite  des  a- 

les  commencemens  de  ce  que  mes. 
chacun  peut  faire  ,  &  notre 
modération  les  rendra  capa- 
bles de  tout.  Si  vous  avez  un 
grand  zèle  de  voir  les  âmes 
s'avancer  bien  vite  ,  c'eft  cela 
même  qui  vous  doit  porter 
à  ne  les  preffer  pas  trop  ,  afin 
que  vous  les  voiez  bien-toc 
en  l'état  que  vous  fouhai- 
tez. 


Pourqtjoy    après  la    mort      3^7; 
de  vos  proches  aflemblez- vous     Trière  poui 
lies  pauvres  ?  pourquoy  ap-  ks  morts  # 


^o?;tre    les 
Hérétiques- 


les  affifter. 


i8i  Des    Hom 

pelfez-vous  les  Prêtres  ,  afin 
qu'ils  prient  pour  celui  que 
vous  regrettez  ?  Sinon  afin 
qu'il  entre  dans  le  repos  éter- 
nel 5  &  que  fon  Juge  lui  foit 
favorable. 
3^8.  Je  m'afflige  ,  me   direz- 

Ne  pas  s*af-vous,  parce  que  je  perds  mon 
fligerdela  héritier,  &quejen'ay  plus 
mort  de  nos  perfonne  à  qui  je  puifle  laif- 
fl^fial!"'''  1er  mes  biens.  Aimeriezvous 
donc  mieux  que  votre  fils 
héritât  d'un  peu  de  bien  fur 
la  terre  ,  que  de  tous  les  biens 
du  ciel  ?  Aimeriez-vous  mieux 
qu'il  jouit  de  ces  richelfes  pé- 
riffables  qu'il  auroit  bien-t6t 
quittées,  que  des  éternelles 
qu'il  poifedera  toujours  ?  II 
cft  vrai  que  votre  fils  ne  fera 
pas  votre  héritier  ,  mais  il 
le  fera  de  Dieu  :  il  ne  fera 
pas  cohéritier  de  Tes  frères, 
mais  il  le  fera  de  JESUS- 
CHRIST.  Mais  dans  quel- 
les mains ,  me  repliquerez- 
vous  5  pafferont  donc  mes 
belles  maifons ,  mes  grandes 
terres ,  &  mes  meubles  pré- 
cieux ?  Tout  cela  paflera  aufTi, 
fi  vous  le  voulez  ,  entre  les 
mains  de  votre  fils,  &  avec 
plus  d'atfurance  que  s'il  étoit 
encore  en  vie.  Si  des  peuples 
barbares  ont  brûlé  autrefois 
avec  les  morts  ce   qu'ils  a- 


ELIES 
byteros  ,  Ut  pro  es 
velint  orare  ,  ohfe- 
cras ...  ut  defuri' 
éiiés  requiem  adipif- 
catur  3  ut  prophium 
judicem  inveniat. 

Haeredem  non 
habeo  ,  inquis ,  nec 
qt*em  rerum  mearum 
fuccejforem  confli' 
tuam.  Ego  vero  te 
libenter  intcrroga' 
rem  ^  tuarumne  re- 
rum  an  c<elorum  ma- 
Us  fiUos  tuos  ejfe  /?«- 
redes  ?  Et  utrum  mu- 
gis defideres  caduca 
bxc  CT*  corruptibilia 
pûjjtdtri  ab  his  ,  qua 
tamen  pofî  omnino  ef- 
fent  reliémi ,  an  /la- 
bdia  illa  &  ^eterna  ? 
Non  habes  hieredes 
filios ,  fed  habet  ipfos 
Deus  pro  te  :  no»  /;<- 
redes  fafli  fratrum  \ 
fuorum  3  fed  fa^ii 
funt  Chrifii  coh<£re- 
des.  Sed  eut  magni- 
fie as  a  de  s  ,  cui  agros 
relinquemus  ?  lllii 
ipfts  profeélo  CT*  mul- 
to  tutius  qnàm  fi 
viverent  ....  Nam 
fi  multte  barbarie 
gentcs  unà  cùm  dei 


Sur 

funfiis  rei  eorum  cre- 
mare  [oient  j  quamo 
xquius  defun^û  tuo 
Jilio  tua  trader e  pO' 
tes  s  non  ut  in  cine- 
rem  redigantur ,  fed 
ut  gloriofttm  tllttm 
magis  reddas.  Putas 
eum  maculis  inqui' 
natttm  abijfe  ,  da  ip- 
fifua ,  ut  illis  fe  ma- 
cuits  detergat  :  pu- 
tas  ipfum  in  jujïitia 
tleceffijfe  ,  prahe  ipjî 
tua  ad  mercedis  O* 
retributionis  adje- 
fîionem. 

Eleemojynam  O* 
Citeras  virtutes ,  ex- 
celfum  animi  robur , 
quo  calamhates  aquo 
animo  fenmus  ,  meo 
qmdem  judicio ,  fw 
perat. 

Noli  cogitare  quod 
non  redibit  unquàm 
domtts  filius  tuusi/ed 
^ttià  tupaulo  poj}  ad 
ipfum  gradieris  :  noli 
cogitare  illum  hue 
minime  pofthàc  re- 
verfurum  ;  fed  quià 
hac  qu£  videmus  , 
càmjîm  caduca  ^in- 
(iabilia  omnia  trans» 
^gttrabhîitur ,  axlum, 


Contre  les 


S.     Matthieu.  iZ% 

voient  de  plus  précieux  ;  com- 
bien eft-il  plus  digne  d'un 
Chrétien  de  facrifier  avec  Ton 
fils  tout  ce  qui  lui  apparte- 
noit  :  non  pour  le  réduire  en 
cendres  comme  les  barbares  j 
mais  pour  augmenter  le  bon- 
heur &  la  gloire  de  ce  mort 
qui  vous  ell:  fi  cher.  Si  ce 
fils  avoit  encore  emporté  en  H^rén^msl 
mourant  quelques  taches  du 
péché  5  ces  biens  que  vous 
donnez  à  Dieu  pour  lui ,  l'ef- 
faceront j  &  s'il  n'en  a  point, 
ils  augmenteront  fa  récom- 
penfc. 

L'aumône    &    les  autres       ^^9- 

bonnes  œuvres  ne  font  point    Mérite  de  I* 

d'un  fi  grand    mérite  devant  P^"^"*^^* 

Dieu  ,  que  la  modération  & 

la  paix  que  l'on  conferve  dans 

les  pertes^  les.  tribulations  & 

lesdéplaifirs. 

Ne  confiderez  pas  que  vous 

ne  reverrez    plus   votre    fils 

qui  eft  mort  ;    mais  penfez  ■  . 

^  ^  f,-        '   ,  ^,  •        des  proches. 

qtievousl  irez  retrouver  bien- 

tôt  :  ne  confiderez  pas  qu'il 
n'eft  plus  au  monde  ,  mais 
que  ce  monde  ne  fera  bien- 
tôt plus  lui-même,  que  tout 
y  changera  de  forme  ,  que  le 
ciel ,  la  terre  ,  &  la  mer  par- 
feront ,  &  qu'alors  vous  re- 
vejrrez  ce  cher  fils  dans  une 


370. 

Confolation 
fur  la  mort 


1^4  ^^^ 

gloire  infinie. 


Homélies 

terra  ,  &  maria  i  O* 
tune  fttfcipies  fiUoi 
tms  majori  cum  glo^ 
ria. 
Si  l'on  vouloit  tirer  votre  Tu  fi  ai  impe' 
fils  d'auprès  de  vous  pour  le  randum  hoc  caduco 
faiie  Roy  d'un  grand  royau-  mortalique  regno  fi" 
me,  refuferiez-vousdelelaif-  Uui  tum  abiiffet  ^ 
fer  aller  ,  pour  ne  pas  perdre  nolles  eum  indi  rc 
le  vain  plaifir  de  le  voir,^  Et  dire  ut  eum  vide^ 
maintenant  qu'il  eft  paiTé  à  un  rei  :  nunc  ver'o  cùm 
roiaume  infiniment  plus  grand 
&  plus  heureux  que  tous  ceux 
de  la  terre  enfemble  ,  vous 
ne  pouvez  IbuftVir  pour  un 
peu  de  tenis  d'être  féparé  de 
lui. 

Celuy  qui  fe  lafle  de  faire 
la  charité,  parce  qii'on  médit 
de  lui  &  qu'on  le  décrie  ,  té* 
moigne  alfez  qu'il  a  été  cha-    Ucejjttus ,  benefacien' 
ritable  plutôt  pour  être  loiié     di  Jîudtum   neglexc 
des  hommes  ,  que  pour  plaire    rit ,    «  non  propter 


ad  majora  meliora- 
que  re^m  proceffe^ 
rit  ,  parvi  tempo» 
ris  abfentiam  ferre 
non  (oteris  ? 

Homil.  33.  in 
cap.  p.  Qui  maie- 
diàis  atque    tnjuriis 


à  Dieu. 


573-  ^'^^^  ave:!^  reçu* ces  dons  ^4- 

Contre  la  fi-  tuitement  ,   difpenf.'^^lei   gratui- 
saonic»  tement.  Vous  ne  donnez  rien 

du  votre  à  ceux  qui  reçoi- 
vent de  vous  ces  dons  fpiri- 
tuels  :  &  ces  divins  effets  ne 
font  point  la  récompenfe  de 
vos  travaux.  Car  ma  grâce 
eu  à  moy  ,    dit   JESUS- 


Veum  ,  fed  ut  ab 
hominibus  laudare^ 
tur  beneficus  fuit  in 
proximum. 

Gratis  accepiftis , 
gratis  date.  'Nihil 
ex  Vûbis  ipfts  largi- 
mini  bis  qui  vos  rc 
cipiunt  ;  non  enim 
tanquam  mercedem 
laboribus  vefiris  de- 
bitam  ifla  acceptais  S 
mea  efi  cnim  gratta. 
Sic 


Sur    s. 

pita ,  tjHorum  nullum 
pQteJïprecmm  di^um 
inveniri  gratis  date, 
Dignus  eft  ope- 
rarius  cibo  fuo  ; 
Non  qnià  folummodo 
tanti  laborei  illi  apo~ 
flolici  pendendi  fue- 
rint  1  ahjît.  Sedprfi 
ptereà  ifud  ordina»- 
vit  ,  ne  Apoftoli  plm 
aliquid  qt*£rant  ;  CT* 
qui  ipjîi  necejjaria 
miniflrahant  ,  nulU 
jaélatione  liberalita- 
tis  tumerent  3  fi  de- 
bitHm  perfolvebant,. 


Nifnl  ità  fublimî- 
tatem  p/nlofophiic 
cflendit ,  qtiàmJînL 
hil  ftiperflt4um  pojjL 
ieas  i  CT*  quoadlicet 
nuUa  re  indigeas. 

In  templo  matrnte. 
noPr£  fitnt  pojjep.o- 
nes  i  hîc  omnis  fpes 
nojïra  fit  a  efi  ;  ont- 
nia  qi4£  hic  fimt  ^  fti-' 
hlimia  certè  fitnt  at» 
que  fulgentia  :  h£c 
menfa  preciofior  mul- 
tb  atque  jucundior 
^àm  tuai'O'  lucer-r 
Xoin.  I. 


Matthieu.  i  gjr 

Christ.  N'attendez  donc 
point  de  prix  de  ce  qui  n'a 
point  de  prix. 

Celay    qui    travaille    mérite        3-^^ 
qu'on  le  rccompenfi.    J  E  S  U  g-     Entrtrtûiir 
Christ   ne  dit    pas    cecy  les  minilires 

pour  nous  faire  croire  que  les«l£i'£vangilc,- 

travaux  de  fes  Apôtres  fuf- 

fent  dignement  payez  de  ce 

prix.  Dieu  nous  garde  de  cette. 

penfée  ;  mais  pour  perRiader 

à  ces  divins   maîtres  de    ne: 

rien  rechercher  de  leurs  dif- 

ciples  •  &  pour  apprendre  aux 

difciples  ,  que  lorfqu'ils  leur- 

donnent  de    quoi    fubfifter  ,. 

ils  ne  font  pas  une  adion  de 

libéralité  ,     mais    feulement. 

qu'ils  s'acquittent  d'une  dette. 

Le  caradeie  le  plus  propre-       jjf, 
d'une  vertu  vrayement  chré-     Retrancher 
tienne  ,    c'eft  d'aimer  a  n'a-^°"^  l«  fuper- 
voir  rien  "de  fuperflu  &  de  fe  ^^* 
palFer  de  tout  ce  qui  n'eii  pas 
abfolument  néceilaire. 

C'efldans  nos  temples  que:      5-^^; 
font  renfermées  nos  plus  pré-      Ex^ellenee 
cieufes  richeffes  :  c'eft  ici  qu'=  &  fa!ntetc4cs- 
eil:  Tobjct  de  toutes  nos  efpé-  Eglifes.. 
rances  \    tout  y  eft  grand  &• 
fublime.    Notre   table  y   eft 
plus  excellente  &  plus  déli- 
cieufes  que  les   vôtres  j  notre 
huile  eft  plus    précieufe  :  &: 
tout  le  moade  l^ait  combieai 


1Î6  Des     Hom 

de  peiTonnes,  recevant  avec 
foy  cette  divine  ondion  dans 
leurs  maladies  5  fe  font  trou- 
vées guéries  de  leurs  maux. 
Cette  armoire  où  l'on  garde 
l'Euchariftieeft  auiîl  bien  plus 
efiimable  que  ne  font  hs  vô- 
tres. Car  elle  ne  renferme  pas 
de  riches  habits  .  mais  elle 
contient  la  miléricorde  mê- 
me ,  de  laquelle  ceux  qui 
font  privez ,  le  font  par  leur 
faute. 

577.  La  mttltrlude  des  fidelles  n'a- 

Union  des  fi-  'voient  tous  tjitune  ame  CT*  çw*- 
de:ies  dans  la  ^^ff  f^-^y  :  Mais  comme  étant 
nicme  Eglise.  jj.^5,^l^lgj^£2:  de  cette  haute 
vertu  ,  nous  fommes  préfen- 
tcment  difperfez  en  plufieurs 
maifons  différentes  j  au  moins 
quand  nous  nous  raflémblons 
en  ce  heu  ,  rentrons  autant 
qu'il  fe  pourra  dans  cette  cha- 
rité dont  TEglife  étoit  ani- 
mée dans  fa  naiilance.  Et 
quand  nous  vous  difons  :  Que 
lapaixfoit  avec  vous ,  répondez, 
mais  plus  encore  de  cœur  que 
débouche:  Et  ^i*  elle  fait  avec 
Votre  efprit. 
378.  Les   maifons   particulières 

Profanarion  étoient  autrefois  des  Eglifes, 
dcsE^lii".     &  aujourd'hui  les  Eglifes  ne 
font  plus  que  comme  des  mai- 
fons particulières.  Alors  les 


ELIES 

îta  quant  lucerna  tua. 
Et  noverunt  quotquot 
cum  fide   tempeflivè 
oleo  un^li  à    morbis 
Itberati   funt.    Arca 
etiam    h<£c       melior 
quant  tua  ejï  »    ma- 
gtfqtte     ne  ce jf aria    : 
non     enim   preciofas 
vt^es  j  fed  mifericor- 
diam  inclufam  conti» 
fiet  ;  qua  qui  privan» 
tur  ^   culpa  Jua  pri- 
vantur, 

Totius  multitu- 
dinis    credentium 
erat  cor  unum   & 
anima   una  :  verùm 
quoniam  nimis  longe 
à  virtute  eorum  ab- 
fumm  ,  cy   difftpati 
per    proprias    domos 
fumus  ;  faliem  quan- 
do  hue  conventemus  y 
omni  jludio  ij}ud  fa- 
ciamus ......  Cùm^ 

vobit  pax  diximus  > 
e?*  vos  dixeritis  & 
fpiritui  tuo  ;  «0» 
voce  folum  ,  fcd  ani-^ 
vno    refpondeaiis. 

Domusprifiis  tem^ 
poribus  Etc!ejt£  eranti 
nunc  ipfa  etiam  Ec- 
clejîa  in  domum  reda^ 
fia  *Ji.  Nihslinpri^ 


Sur    s. 

vata  domo  carnale  lo- 
q»ebantur  ,  nihil 
nunc  in  Ecclejîafpiri- 
tuale  memoratur, 

Mttlta  nos  conjun- 
gunt  ^  un  a  menft 
omnibus  nohispropo- 
Jîta  ej}  ,  idem  potus 
omnibus  :  quid  dico  i 
idem  potus  ,  cùm  e- 
tiam  ex  uno  C?*  eo- 
dem  calice  detur.  Pa- 
ter enim  nojler  flu- 
dens  magno  cbarita- 
tis  vinculo  nos  unire  , 
ut  ex  uno  etiam  ca- 
lice  biberemus  effecit. 


Quamvis  mimjiri 
îonçrè  à  diznitate  A- 
fcflolorum  abjînt  .  .  . 
fi  tamen  vefirum  er- 
gà  eos  ojjicium  con- 
firvahitis  ,  nullam 
jaéluram  hinc  facie- 
tis  i  imo  magnam 
etiam  utilitatem  con- 
fequimini,  Nam  cùm 
vel     ergà      indignes 


magna  fitis  ajfeUi 
charitate  ;  cùm  fin- 
guîarem  eis  prttjieUs 
obedientiam  ,  major 
volts  dehetur  mribu- 


Matthieu.  187 

Chrétiens  ne  parloieiit  chez 
eu^  que  des  chofes  du  cielj 
&  maintenant  ils  ne  parlent 
fouvent  dans  les  Eglifes  que 
des  choies  de  la  terre. 

Il -y  a  beaucoup  de  biens        379- 

qui  nous  luiiflcnt  enfenible ,    .^°"^"^"'.- 
A  ,1-  V  mon  ,   motif 

&  nous  obligent  a  nous  en-  ^'m^jo,,. 

tre-aimer.  Nous  avons  tous 
une  même  table  j  &  non  feu- 
lement nous  recevons  un  mê- 
me breuvage,  mais  nous  bu- 
vons aufli  à  la  même  coupe: 
ce  qui  eft  un  pieux  artifice  de 
la  bonté  de  notre  Père  célef- 
te  ,  afin  de  nous  porter  par 
cette  union  extérieure  à  nous- 
lier  les  uns  avec  les  autres  par 
tous  les  fentimens  de  la  plus 
étroite  charité. 

Quoi  que  je  fois  bien  éloi-        S^o. 
gné  du  mérite  &  de  la  digni-  Aimer  2^  ref- 

".     I        A     A  r  r  •    peCter  les  p.i- 

te  des  Apôtres  ,  fi  vous  fai-  f^^^^^^       > 
tes    néanmoins  ce  que  vous  nu'iisibient. 
devez  ,  non   feulement  mon 
indignité   &  mes  défauts   ne 
vous  nuiront  point,  mais  ils= 
vous   pourront    même  beau- 
coup fervir.   Car  vous    lerez 
d'autant  plus  récompenfcz  de 
Dieu  ,   que   vous  témoigne- 
rez plus    d'afteâion  &    d'o- 
béïftance  envers  fes  miniftres  y 
qui  par  eux  -  mêmes  en  au- 
roient  été  indignes.     Que  fi 
étant    indignes  de  votre  af^^ 


Motif  d'u- 


i88  Des    Home 

fedion  ,  vous  ne  laiffez  pas 
de  nous  aimer  ,  peut  •  être 
que  votre  charité  nous  en 
rendra  dignes.  Quoy  que 
d'ailleurs  vous  êtes  obligez 
par  le  commandement  de 
JESUS  -  Christ  d'aimer 
non  feulement  vos  amis ,  mais 
même  vos  ennemis. 

Une  même  table  fpirituelle 
— —  -  -"  nous  unit  tous  ^  qu'une  même 

mon  entre  les     ar  n.-       r  •  •       1 1  :/r 

Chrétiens,  affection  rpiriîuellenousunllie 
aufli.  Si  les  voleurs  les  plus 
cruels  épargnent  fouvent  ceux 
avec  qui  ils  ont  bû&  mangé, 
&  oublient  à  leur  égard  cette 
inhumanité  qui  leur  eft  fi  na- 
turelle; quelle  ex cufe  nous  ref- 
tera-t-il ,  fi  après  avoir  mangé 
enfemble  la  même  chair  du 
Sauveur  ,  nous  avons  entre 
nous  moins  d'amitié  &  de  ten- 
drcfîe  que  des  voleurs.^  Les 
payens  autrefois  fefont  entre- 
aimez  ,  feulement  pour  avoir 
été  citoyens  d'une  même  ville. 
Nous  donc  qui  femmes  tous 
habitans  de  la  même  cité  cé- 
lefte  ;  qui  demeurons  dans  la 
même  maifon  de  la  foy  ,  qui 
marchons  dans  la  même  voye, 
qui  entrons  par  la  même  por- 
te 3  qui  femmes  les  rejetions 
d'une  même  tige ,  &  les  mem- 
bres d'une  même  tête  ,  qui 
jo'avgns  tous    qu-unç   même 


LIES 

tio , .  .fidiligifunt  iti' 
digni  j  ex  dileflione  ac 
charitate  vejïra  di" 
gnosfacietis  s  quant- 
vis  mandatum  Jît  non 
amicos  folitm  ,  ve- 
ràm  etiam  inimicos- 
dtltvere. 

Communie amits  ea» 
dem  menfci  fpiriiali  , 
communicemus  O* 
fpiritali  charitate, 
Nmm  fî  latrones  cùm 
alteri  alteris  /aie 
communicaverinty  la- 
trocinandi  tnter  fe 
ferocitatem  deponunt  i, 
quitus  vos  rationim. 
bus  excufabimus  Do- 
mini  coYpori  commu- 
nicantes y  CT*  latro- 
num  confuetudinem 
afrocitate  fuperantes,. 
Multisgentilihus  quo- 
niam  unius  effent  ci' 
vitalis  fatis  fuit  ad 
amicitiam  j  nos  au- 
tem  qui  ejufdem  Ju- 
mus  civitatis  ,  una 
nolis  domus  ?/? ,  ea^ 
dem  menfa ,  eadem 
via  ,  janua  ,  radix , 
vit  a  ,  idem  cap  ut  y 
idem  paflor  ,  idem- 
rex  ,  unus  magijler  y. 
judéX)  condiior  ,par- 


Sur    s. 

ter  i  atque  omnia  no- 
hii  quadam  acjuali  in- 
fitnt  cotnmunitate  , 
çMrf  erimus  dirni  ve- 
nta ^  fi  mente  divifi 
aller  aîterum  non  di' 


Maximum  volts  & 
ardent  i  s  illud  chari- 
tatis  fignum  eji  ,  fi 
ahfque  miraculorum 
pi'^tjoribtts  firmiter 
Deo  credatis,  Qua  de 
caufajamcelfajfe  cre- 
diderim  ,  Itcet  alla 
etiam  fit  caufa. 

Magnus  dkmon 
peccatum  efl ,  quodfi 
aùs  te  abjeceris ,  ma- 
jor tu  eris ,  milu  crc 
de  5  quàm  qui  démo- 
nta ejiciunt. 

Signa  fepe  aliis 
qmdem  utilitatiftte- 
runt  :  càm  vero  qui 
fecit ,  cum  in  tumo- 
r.em  inanemque  glo- 
riam  imputer unt  , 
flurimum  nocuerunt. 
Firltnîi  autem  optts 
tHm  aliis  ,  tum  vel 


Matthieu.  i^gr 

vie  j  un  même  Créateur  ,  un 
même  Père ,  un  même  PaC- 
teur ,  un  même  Roy  ,  un  mê- 
me Maître  ,  &  un  même  Ju- 
gej  nous  dis- je  que  Dieu  a  unis 
partant  deliensjque  pourrons- 
nous  efperer  de  fa  miléricorde, 
fî  non  obftanc  tous  ces  nœuds , 
nous  nous  trouvons  encore  di- 
vifez  de  cœur  Se  d'affedion  les 
uns  des  autres? 

La    plus     gi.anJe    marque   ^    582^ 
de  Pardeur  de  votre   charité     Croire fanj 
pour  Dieu  ,  eft  de  croire  fer-  voir  des  mira* 
raement  enluy  fans  Taffuran-  ^^^  5°^  "" 
ce  des  miracles  :  &  c  elt  peut- 
être  pour     cela   même    que 
Dieu  les  a  fait  celVer,  quoy 
qu'il  y  en  ait  aiiiïi  d'autres  rai- 
fons. 

Le  péché  eft  un  démon  très-        383;. 
redoutable.  Si  vous  le  chafléz  Chafferlepé- 
de  votre   cœur  ,  vous  faites  ché,c'eftchaf 
un  plus  grand  miracle  que  ne  ^^^  ^^  démon, 
font  les  exorciftes  j  lorsqu'ils 
chalfent  les  démons  dés  corps 
des  poiTcdez. 

Quelcjr.efois  les  miracles  ont 
fetvi  à  ceux  qui  les  ont  vu  fai- 
re 5  mais  ils  ont  fouvent  beau- 
coup nuy  à  celuy  qui  les  fai- 


foit  j  en  lui  caufant  des  fenti- 
mens  de  complaifance  &  de 
vaine  gloire.  Mais  on  ne  peut 
craindre  ce  mauvais  effet  de  la 
bonne  vie  di  de  iâ  vertu.  Car 


384-  ^ 

La  bonne  vie 
préférable  au 
don  des  mira. 
cks. 


ipo  Des     Home 

fî  la  vertu  fert  à  ceux  qui  la 
voyent ,  elle  fert  encore  plus  à 
celuy  qui  la  pratique.  Travail- 
lez donc  à  bien  vivre,  &  vos 
adions  feront  des  miracles.  Si 
d'avare  que  vous  étiez  vous 
devenezliberal  envers  lespau- 
vres  5  vous  aurez  guéri  une 
main  deflechée  qui  ne  pouvoit 
s'étendre  pour  donneri'aumo- 
ne :  fi  vous  renoncez  au  théâ- 
tre pour  venir  à  l'Eglile  ,  vous 
aurez  guéri  un  boiteuXj&  l'au- 
rez fait  marcher  droit.  Si  vous 
retirez  vos  yeux  de  tous  les  ob- 
jets dangereux,  pour  n'avoir 
plusque  des  regards  chaftes , 
vous  aurez  rendu  la  vue  à  un 
aveugle.  Si  vous  deteftez  ces 
chanfons  dangereufes  &  dia- 
boliquesjpour  neplus  chanter 
que  des  cantiques  Ipirituels, 
vous  aurez  fait  parler  un  muet. 
Voilà  les  miracles  que  je  vous 
fouha-ite.  Et  fi  vous  les  faites , 
vous  deviendrez  grand  vous- 
même  5  &  vous  fervirez  aufli 
aux  autres  par  votre  exemple  , 
pour  les  faire  palfer  d'une  vie 
mauvaifeà  une  vie  fainte  ,  & 
pour  vous  ouvrir  à  tous  l'en- 
trée de  la  félicité  éternelle. 
'5§ç.  Ledeifeinde  Dieun'eftpas 

Wéprifer  les  de  VOUS  délivrer  des  maux 
maux  tempo-  corporels  ,  mais  de  vous  ap- 
^*  prendre  à  les  méprifcr ,  parce 


I 


LIES 

maxime  eis  qui  cfre» 
rantttr  profuerit.  Vir" 
tutii  igitur  curant 
habeatis.  Si  ex  ava- 
ritia  in  liberaluatem 
tranjîeris ,  Jîccam  G?* 
mancam  manum  re- 
cuperajli.  Si  theatra- 
lihus  ludis  fpretis  » 
Ecclejîam  peiieris  , 
claudicanti  pedi  tnco- 
lumitatem  refituijli^ 
Si  oculoi  tuosab  alié- 
na ferma  revocate- 
ris ,  te  c^cum  tUumi- 
najîi.  Si  dtaboltcos-  j 
cantus  defpexeris ,  O*  9 
eorum  loco  fpiritales- 
pfalmos  dtdtceris  , 
jam  loqueris ,  anteà 
mutus.  H£c  maxima 
miracula  funt  i  h^c 
f  faciemus  ,  nos  ipfi 
pr-eclari  erimus  ,  CT* 
multos  àfoeditate  vi* 
iiorum  tn  virtutem 
revocahimtts ,  CT*  vi- 
tam  demuml  aternA 
beatitudinis  confe- 
quemttr,  J 


Hemil.  3f.  in 
cap.  lo.  Non  ab  in-^ 
commoiis  corporis  li- 
ber ar  6  vos  vult  Deui». 


Sur 
feà  ad  eam  perfeélio- 
nem  adducere  fiudet , 
$ét  incommoda  corpo- 
rii  contemnatts.  id 
enim  ej}  quod  maxi- 
me à  corporii  Uberat 
incommodis. 

Homil.  $6.  Si 
quis  venit  ad  me , 
&  non  odit  patrem 
'&c.  Non  fimpliciter 
jujjît  conjnn^os  ho- 
mmes infequi  i  (  id 
enim  iniquum  omni- 
no  atque  pejîiferum 
eJ}  )  fed  quando  p'tts 
me  petit  aliquis  àili- 
gi  5  odio  ipfum  ha- 
béas  y  ait.  Hoc  enim 
tam  diligenti  quant 
et  qui  diligitur^  per- 
niciofjjîmum  efl. 

Dicis  te  quotidiè 
laôorare  ;  ftd  ojïen- 
de  mihifi  earum  re- 
rum  aliquid  traClas 
ac  facis  qu£  necefja- 
tid  funt  ?  Sin  vero 
pecuniarum  quaflus 
quafi  diligent! fjîmus 
caupo  mihi  proponis , 
non  verebor  tibi  ref- 
pondere  non  ejje  opé- 
ra h<ec  ;  qttippècum  , 
illa  mea  fententia , 
&  quidam  certè  ma- 


S.    Matthieu.  ipi 

que  ce  ne  font  plus  en  eftet 
des  maux  quand  on  les  mé- 
prife. 


5**'  quelqu'un    vient   à  moy  j        58^. 
e?»    ne  hatt  pas  [on  père  ,  fa      Hairlespa« 
mère  ,  fa  femme   ,  fes  enfans  ,  re"s  qui  tm- 
CT'f.  Dieu  ne  vous  commande  peclieiird"û» 
pas   nbfolument  de  haïr   vos  "^"'    ^*"* 
païens  ;  mais  feulemenc  lorf- 
qu'ils  veulent  que  vous   les 
aimiez  plus  que  lui  ;  ne  crai- 
gnez pas  alors  de  les  haïr, 
puifque  cet    amour  fi  dérai- 
fonnable  que  vous  auriez  pour 
eux  5  ne  Icrviroit  qu'à  perdre 
&  celuy  qui  aime  ^  &  ceux  qui 
feroient  aimez. 

Vous  dites  que  vous    tra-        ^îf. 
vaillez    beaucoup    tous    les  Ne  s'occuper 
jours.    Il   ne    s'agit    pas    de  q^^pourle 
Içavoir  lî  vous  faites  quelque  "^"^* 
chofe  ,  mais  fi  vous  faites  ce 
qu'il  fcroit  néceilaire  que  vous 
filTiez.  Si  vous  ne  me  parlez 
que  de  vos  foins  ,  de  votre 
diligence  &  de  votre  induftrie 
pour  amafler  de  l'argent  par 
toutes  voyes    ;   je   vous  ré- 
pons que  ce  n'eft  point  là  un 
travail  &  une  occupation  pour 
ua  Chrétiea    Car  les  ai»? 


rpï  Des    Home 

vres  d'un  Chrétien  font  les 
aumônes  ,  les  prières  ,  &  les 
autres  adions  de  mifcricorde 
&  de  piétés 
288.  M^Lis  les    pauvres  ,  dites- 

Nepas  rêbu- "^°"^  >  ^"^^'"^^^"^  ^^^^  ^^^  i^"^^ 
ter  les  pau-  mille  faufTetés.  C'eft  cela  mê- 
yre^.  me  qui  les  rend  encore   plus 

dignes  de  compaflion  ,  de  ce 
que  la  nécefTité  où  ils  font 
réduits  ,  les  jette  dans  cette 
extrémité  de  mentir  pour  vi- 
vre j  &  leur  fait  perdre  encore 
la  honte  ,  après  avoir  perdu 
tout  le  refte.  Cependant  bien 
loin  d'être  touché  de  cette 
mifere  ,  nous  leur  difons 
même  des  paroles  outrageu- 
lês  ;  Ne  vous  ay-je  pas  déjà 
donné  plufieurs  fois ,  leur  re- 
prochons-nous ?  Quoy  5  mes 
frères ,  ce  pauvre  pour  avoir 
vécu  hier  &  avant-hier  ,  ne 
doit-il  pas  vivre  aujourd'huy  ? 
'38^^  Au    lieu   que   Dieu    vous 

Ne  pas  don- commande  de  donner  aux 
lier  de  confu- pauvres  en  fecret  ,  vous  les 
lion  aux  pau- ^-ouvrez  de  confufion  devant 
•*'"*  tout  le  monde  ,  &  vous  dites 

des  injures  à  ceux  que  vous 
devriez  fecourir.  Si  vous  ne 
leur  voulez  rien  donner,  pour- 
quoy  les  maltraitez-vous,  & 
pourquoy  ajoutez-vous  cette 
nouvelle  afflidion  à  tant  d'au- 
tres qui  les  accablent  ?  Nç 


LIES 

gna  opéra  Jint ,  wt-    . 

fericordia  erga  pau- 

pères ,    oratio  jttgis  , 

cateraque  ejafmodi. 

Multo  ,    inquii  , 

meniacia      pauperes 

jingunt.  Ego  vero  hac 

etiam  de  eau  fa  ma,- 

jori  mifericordia  mo*' 

Veor ,    CHtn   in    eam 

necejjltatem    incidijfe 

homines    video  i   ut 

impudentijjïmè   mcn- 

daciis  vivere  cogan- 

tur   :    quorum     non 

modo    nos    miferet , 

fei   verhis  ettam  af- 

péris  eos  laceramus  »> 

non    accepijlis ,     di' 

centes ,  femel  ac  bis  ? 

An    erzo  et  ho  rurfus 

.^j.  •'.X 

non    indigent ,    quta 

femel  atqi^e  bis  acce» 
perj*nt   ? 

Ctim  Deus  juheat 
occulté  atque  in  ah" 
dito  prahere  \  audes 
tu  publiée  pauperem 
affïcere  injuria ,  qui 
à  te  mifericordia  ef- 
fet fiihlevandus.  Da- 
re  mifericordtter  non 
vis  ?  Qttid  igitur 
criminaris  ?  Quid  tri. 
hulatam  atque  mi" 
feram  tribulas  an'>- 
mam  f 


Sur    s 

m<tm  ?  . .  .  T^ott  opi- 
naris  fatis  tpfi  ejje 
ad  excnfationem  im- 
pndentiA  ingentesfa- 
mis  vires  i  fed  im- 
pudent iam  ipfi  ohji' 
as  j  qui  majoribus 
in  rébus  impudemif- 
fimmfepefuifii, 

Quando  de  tuo 
fvlummodo  probes  , 
pro  eo  folum  quod 
dedifti  ,  mercedem 
accfpis:  quando  vero 
iffe  quoque  ad  dan- 
d»m  profeélus  es ,  hu- 
jus  etiam  laboris  re^ 
tribiitio  tibi  debetur. 
Abraham  ideo  ma- 
*^is  admiramur  ^quod 
Ctim  trecentos  vernas 
haberet  5  non  alium 
fnifît ,  fed  ipfe  vitu^ 
lumpro  hofpitibus  at- 
tulit.  Nuncvero  ita 
inflati  nonnulU  funt , 
S>t  non  vereantur  per 
famulos  mifericordia 
uti  virtute. 

Homil.  37.  in 
cap.  Ji.  Majora  à 
nobis  petuntur  in  vî- 
t£  difciplina  quàm 
à  jfudteis.  Illis  tem- 
poribus  c<edis  perpe- 
traùo  bomicidam 
Tom.I. 


.    Matthieu.  ipj 

trouvez-vous  pas  que  la  vio- 
lence de  la  faim  qui  les  prefFe, 
foit  une  cxcufe  afliez  légitime 
de  l'importunité  qu'ils  vous 
caufent  ?  Vous  les  accufez  d'ê- 
tre impudcns  ,  vous  qui  Têtes 
fifouvent  en  des  chofes  plus 
confidérables,  &  qui  devroient 
vous  couvrir  de  honte. 

Quand  vous  donnez  de 
votre  bien  ,  Dieu  vous  en 
tient  rompte  ;  mais  fi  vous  niêrae. 
y  joignez  votre  peine,  vous 
en  recevrez  une  double  ré- 
compcnfe.  C'eft  ce  que  nous 
admirons  dans  Abraham,  de 
ce  qu'étant  fi  puiflant ,  qu'il 
avoit  plus  de  trois  cens  pcr- 
fonnes  à  fon  fervice  ,  il  ne  fc 
fervit  d'aucun  de  Tes  gens 
pour  CKercer  fa  charité,  mais 
alla  lui-même  prendre  dans 
fes  troupeaux  de  quoy  don- 
ner à  manger  à  fes  hô:es  ; 
au  lieu  que  nous  voyons  au- 
jourdhuy  des  perfonnes  afîez 
fuperbes  pour  ne  vouloir  faire 
la  charité  que  par  leur  va- 
lets. 

Nous  fommes  obligez  de 
vivre  plus  faintemenc  ,  & 
d'être  plus  réglez  dans  les 
mœurs  que  n  étoient  les  Juifs. 
Ilsétoient  condamnez  à  mort 
quand  ils  avoient  tué  un  hom- 
me j  &  un  Chrétien  efl  main- 
R 


590. 

îairc  l'au- 
mône par  Toi- 


Perteclion 
rcquile  dans 
hs  Chrétiens. 


ip4  Des  Home 

tenant  condamné  de  Dieu 
pour  s'être  feulement  mis  en 
colère  contre  Ton  frère.  On 
punilfoit  alors  celuy  qui  coni- 
mettoit  un  adultère  ,  &  main- 
tenant on  punit  jufqu'aux  re- 
gards impudiques.  Car  com- 
me les  lumières  font  deve- 
nues plus  grandes  dans  la 
loy  nouvelle  ^  la  morale  aufli 
eft  devenue  plus  pure  &  plus 
parfaite  que  dans  la  loi  an- 
cienne. 


-  Si  nous  examinions  ce  qui 

N'Ixaminer  ^^^^  touche  avec  autant  de 

que  Tes  pro*  foïn  &  d'exaftitude  5  que  ce 

près  défauts-  qui  fe  palfe  dans  les  autres, 

nous  jugerions  fans  doute  de 

nous  mêmes   plus  fainement 

&  avec  plus  d'équité  que  nous 

n'en  jugeons. 

5pv  Si  cdui  qui  ne  donne  pas 

Enormité  de  l'aumône  à  un  pauvre   dans 

l'iujuftice,      fa  prêtante  néceffité  ,  pèche 

comme  s'il  le  faifoit  mourir; 

ne  doit-on  pas  dire  de  celui 

qui  retient  le  bien  d'autruy , 

qu'il  eft  pire  qu'un  voleur  ? 

294.  R€joiiiJJe:^vous    au  Sein^neur. 

Contre  les  L' Apôtre  ne  dit  pas  :  Réjouif- 
fpeôàcks,      fez-vous    au  démon.     Com- 
ment donc  pouyei'Vousenco- 


LI  ES 

perdehat  ;  nttnc  vero 
etiam  irafci  fatis  efi 
vt  pereas ,  Tune  qui- 
dem  alieni  thori  vio' 
latio  fuppUcium  ajfe- 
rebat  ,  nunc  autem 
etiam  inconùnenti- 
bui  oculis  intueri , 
punitionem  nonfugit, 
Nam  Jicut  cogmtia 
ai  perfeé}ius  atque 
fublimius  pervenit , 
Jîc  certè  difciplina 
quoque  vivendt  ad 
meliui  nunc  progrejja 
efl. 

Si  tant  acri  cura 
nojlra  examinare* 
mus  y  quemadmodum 
aliéna ,  fincera  inte- 
graque  judicaremus 
fententia. 


Si  qui  retinet  née 
pfétbet  de  fuo  pauperip 
quafi  ctbum  eripiat 
ab  eo  j  peccare  oi- 
detur  :  quam  multii 
latronibus  ht  funt  pe- 
jores  quiperfraudem' 
aliéna  retinent  ? 

Hom.  38.  Gau-j 
dete  in  Domino  i\ 
In  Domino  dixit ,;] 
non  in  Diabolo . . 


Sur 
Quomodo  ignur  au- 
dire  Paulum  fotens  ? 
Qttando  peccafj'e  te 
fenties  ,  cUm  femper 
ridicttlis  ij}is  fpefla- 
cuits  quafi  ebritii  ef- 
fiàarii  f 


CunBa  in  h'n 
fpeélaculis  turpijjima 
fttnt ,  verba  ,  vejïi- 
tus  ,  tncejjus  ,  vocer^ 
cantus  modulationes  » 
afpeflus  ,  motus  ,  ti~ 
hU  ,  fiJ}i4U  ,  ipfa 
fahuUrum  argumen- 
ta i  omnia  inauam , 
furpi  lafàvia  plena 
funt. 

Cùm  recreare  ani- 
mum  volueris  ,  po- 
teris  hortos  petere  , 
fluentei  rivos  confpi" 
cere  ,  intentes  lacus 
conjîderare  ,  loca  cer~ 
nere  amcena  ,  volu^ 
cres  atidire  canentes , 
CT*  in  templis  marty- 
rum  converfari  :  un- 
de pnecipuè  tfbi  cor- 
ports  fanitas  trihue- 
tur ,  ac  ad  animam 
tuam  eximia  perve- 
niet  utilitas  ,  unde 
fngularem  capies  vo- 


391- 

Sp.ctaclîj 
pernicieux. 


S.     Matthieu.  ip| 

re  écouter  les  inftrudions  de 
ce  faint  Apôtre  ?  Et  comment 
pourrez  vous  être  touché  du 
lentiment  de  vos  péchez  ,  fî 
vous  êtes  toujours  comme 
yvre  &  hors  de  vous ,  par  le 
plaifir  dont  vous  vous  laiflez 
tranfporter  à  la  veuë  de  ces 
fpeâacles  ridicules. 

Tout  ce  qui  fe  paffe  dans 
cts  repréfentations  pernicien- 
fcs  cft  honteux  &  porte  au 
mal  :  les  paroles ,  les  démar- 
ches 5  la  voix  ,  les  chants  , 
les  regards  ,  les  geftes  ,  le 
fon  des  infîrumens  ,  les  fu- 
jets  mêmes  5  &  les  intrigue» 
dQs  comédies  5  tout  y  eft  plein 
de  poifon  j  tout  y  reipire  l'im- 
pureté. 

Si  vous  voulez  vous  diver-       3^^^ 
tir  ,    &   vous    relâcher    Tef-     Ne  prendre 
prit  ,  allez    dans    un  jardin,  que  des  di- 
promenez-vcus  fur  \qs  bords  yertiffemens 
d'une    rivière  ,  ou    de  quel-  in^^o"^^,"** 
que  bel  étang  j  prenez  pîai- 
fîrà  voir  des  lieux  agréables, 
&  à  y  entendre  le  chant  des 
oifeaux.    Que  fî  vous  voulez 
vous  divertir  plus  faintement , 
allez  vifiter   les  temples  des 
faints  martyrs.  Tous  ces  plai- 
firs  font   innocens  j    vous   y 
trouverez  la  fanté  du  corps, 
&  le  bien  de   Tame  ,  &    ils 
n'ont  rien  de  ces  divertille- 
Rij 


ip(5 


Des    Hom 


397- 

Courre  l'i- 
nutibré  Se  le 
l'candale  des 
fpeââcleJ. 


3p8. 

SpetLtacles. 
proûnes  , 
caufededam- 
iiatiom 


399- 

Pernicieux 
effets  des  Ipe- 
ftacles. 


inens  pernicieux  qui  ne  nous 
laiffent  que  du  chagrin  &  de 
la  douleur. 

.  Je  vous  montrera/  ,  me 
direz-vous  ,  des  perfonnes  à 
qui  ces  jeux  &  ces  comédies 
n'ont  fait  aucun  mal.  Mais 
n'en  ert-ce  pas  un  alfez  grand 
que  d'employer  fi  inutilement 
tant  de  tcms  ,  &  d'être  un 
fujct  de  fcandaie  aux  autres  ? 
Quand  vous  ne  feriez  point 
bleiTé  de  ces  indignes  repré- 
fentations  ,  n'eft-ce  rien  que 
d'y  attirer  les  autres  par  vo- 
tre exemple  ?  &  comment 
vous  pouvez  vous  croire  in- 
nocent ,  lorfque  vous  êtes 
coupable  des  péchez  d'autruy. 
S'il  n'y  avoit  point  de  fpec- 
tateurs  ,  il  n'y  auroit  point 
d'afteurs  ,  ni  de  fpedacles  j 
&  ainfi  comme  les  uns  &  les 
autres  font  caufe  du  péché  , 
ils  feront  auiîi  les  uns  &  les 
autres  punis  dans  le  feu  de 
l'autre  vie. 

Quand  vous  feriez  aflfez 
chafte  pour  n'être  point  blefle 
par  la  contagion  de  ces  fpec- 
tacles  ,  ce  que  je  croi  im- 
poiïible  j  vous  ne  laifl'erez  pas 
d'être  très-feverement  puni 
de  Dieu ,  pour  les  péchez  que 
ks  autres  y  ont  commis.  Que 


EllËS 

Ifiptatem  i  quoniam 
nullum  damnum,  nul- 
lus  dolor  ,  nulla  mœf~ 
titia  confequitur. 

Offendam ,  inquieSy 
multis  nilnl  hos  ludos 
ohfui^e.  îmo  veroid 
maxime  nocet  :  quoi 
fruflra  tempus  conftt' 
mis  ,^  fcandalum  a»  ] 
lîis  ojfers ....  Quo^ 
niam  altos  imbecillio' 
res  exemple  tui  (ludio- 
fos  /peélaculorum  fe» 
cifîi  i  quomodo  non 
ipfe  malum  tibi  con^ 
traxipi ,  qui  caufam 
malicomm'mendi  aliis 
trihuijli  ? 

Si  non  ejjent  qui 
Jpeflarent ,  nec  eJJent 
quiluderem  :  /îc  quo- 
niam  utrique  fmt 
caufa  peccatorum  qua 
committuntur  »  ignem 
pariter  patientur. 

Quamvis  anlmi 
tui  modejïta  ejfeci- 
jii  5  vt  nihil  tibi 
inde  ojpcerit  (  quod 
ego  fier  ipoffs  non  ar- 
bitror  )  quoniam  ta* 
men  alii  caufa  ludo" 
rHmmHhapeçcarunty 


Sur    s 

^aves  propter  hoc 
foenas  lues.  Quam' 
vis  etiam  mnlio  mo* 
deflior  C  tcmperan- 
tior  ejjes ,  fi  nullomo- 
do  eo  pergeres. 

Homil.  40.  in 
cap.  I  z.  Sicitm  eJJ'e^ 
mus  inimici  récon- 
ciliait Deo  fumus , 
mnIio  faciltui  po(l 
reccnctliaiionem  Jal- 
vahintHr  ? 

Si  jugiter  vigile- 
mtiS)  non  ejf  difficile 
hoc  iter.  Confidera 
enim  diligenter  qua 
fi6}a  funt.  Mors  jam 
conculcata  eji  ,  Dia- 
bolictttdele  imperititn 
cectdit ,  atrox  peccati 
lex  exttnéJa  efl  ,  Spi' 
ritus  gratta  dijfufa , 
via  in  compenàium 
redafla ,  oitera  legis 
ablata. 


Hom.  41.  Nemo 
ignorât  vi'ium  e/Jè 
invidiam  ;  fed  non 
tamen  ficut  formca- 
tionem  aut  adulte' 
rium  ahominandum 
ducunt.  Quando  quif- 
piam  amare  jl<ivit  /k 


Matthieu.  ^97 

s'il  eft  vrai  que  vous  foyez 
tellement  pur  que  ces  aflem- 
blccs  fi  dangereufes  ne  vous 
nuilent  point  ,  vous  le  feriez 
encore  bien  davantage  li  vous 
aviez  foin  de  les  éviter. 

Si  lorlque  nous  étions  en-        ^^^^ 
neini«  de  Dieu  il  nous  a  récon-       Confiance 
ciliez  avec  lui,  nous  abandon»  en  Dieu, 
nerat-il  après  nous  avoir  ren- 
du Tes  amis  e 


Si  nous    avons    bien    foin         401. 
de  veiller  fur  nous-méraes  ,      Difficulccs 
ce    qui    paroiffoit     autrefois  'l'-i  falut,  ap- 
commc    impoPàble    dans    h  F>"i«?"J. 


voye  de  Dfeu  ,  ne  nous  fem- 
blera  plus  Ç\  difficile.  Car  J  E- 

s US  Christ  nous  faap- 
planie.  il  a  foulé  aux  pieds 
la  mort  ,  terraffé  le  démon  , 
détruit  la  domination  du  pé- 
ché ,  communiqué  la  grâce 
du  faine  Efprit  ,  aboly  \q% 
ordonnances  pénibles  de  laloi, 
&  accourcy  le  terme  de  cette 
vie  laborieufe. 

Il  eft  bien  vray  que  tout 
le  monde  fçait  que  l'envie  eft 
un  péché  \  mais  perfonne 
n'en  a  autant  d'horreur  que 
de  la  fornication  &  de  l'a- 
dultère. Qui  eft  l'envieux  qui 
prie  Dieu  avec  larmes  de  le 
délivrer  de  ce  crime  ?  L'hom- 
Riij 


c. 


4C2. 
Coatrc  l'en- 


ip8  Des    Homélies 

me  le  plus  envenimé  d'envie  in  invidiam 
fe  croit  en  affurance  ,  s'il 
jeûne  un  peu  ,  ou  s'il  fait 
quelque  légère  aumône  ,  ne 
confidérant  pas  comme  un 
grand  mal  de  s'être  abandon- 
né à  la  plus  furieufe  &  à  la  plus 
criminelle  de  toutes  les  par- 
iions. 


r 


403.  Les  honneurs  du   monde 

Danger  des  nous  portent  facilement  à  la 
l'jnneurshij.  yaine  gloire  ,  au  mépris  des 
autres  ,  à  la  pareils  ,  $c  à  une 
infinité  d'autres  excès  qui  font 
très-délàgréableià  Dieu.Ceft 
j^ourquoy  il  faut  avoir  une 
vertu  extraordinaire  pour  n'u- 
(er  des  dignitez  que  félon  les 
règles  de  fon  devoir.  Un  hom- 
me qui  n'a  point  de  charge 
&  de  dignité  ,  fe  purifie  &  fe 
perfeâionne  plus  facilement 
par  l'humilité  de  Ion  état  mê- 
me. 

Malheur  à  Voui  qui  rie:^ , 
.  parce  que  vous  pleurere;;^.  C'eft 
avec  beaucoup  de  raifon  que 
le  Seigneur  parle  de  la  forte  : 
parce  que  l'ame  s'amollit  & 
fe  relâche  dans  la  joye  j  au 
lieu  que  dans  la  trilielfe  elle 
rentre  en  elle-même  ,  elle 


404. 

Contre 
Taine  joye 


lapfrnn 
tjfe  ?  Nemo.  Sed  om-^ 
nihui  hominibui  in" 
videntior  j  jejttnia 
aliquo  ,  aut  parva 
pecunia  pauperibtti 
data ,  ejfecijfe  crédit  ^ 
Vt  mhil  mali  commi» 
/îjje  vidtatur  ,  c»»! 
tamen  omnium  pef^ 
fma  atque  /cèlera-- 
tijfima  pajjtone  vexe- 
tur. 

Honores  facile  ex-' 
iollunt  ad  inanem 
gloriam  ,  contem" 
ptum  aliorum  indu" 
citnt  j  dejîdiam  aur- 
gent  ....  ad  multa 
qii£  Deo  minime  plu" 
cent  5  hominem  indH» 
cunt.  Qua  propter. 
etiam  excelfo  antmo 
optis  efl  ,  vt  digni» 
tate  titi  pojjïs  ,  non 
ahuti.  Qui  ea  caret 
non  difficile  philofo" 
phartpotej}. 

Vae  vobis  qui  ri- 
detis  :  Nam  in  de» 
Uciis  mollior  efl  ani~ 
mus  ;  in  lufîtt  vero 
quajî  contraélus  3  at- 
que in  fe  reterfui 
moderationem  coUt  , 
CT*  à   paffiomhm  û- 


Sur    s 

ierafus  rohuftior  at- 
quefublimior  e^citur. 


Homil.  42.  in 
<ap.i2  Dictuprius 
peccata  tua ,  ut  juf- 
tificeris.  JSlonejlme^ 
^iocris  ai  emendan- 
dum  via  ,  Jî  càm 
omnia  fecundum  fpe- 
ciem  m  unum  pecca' 
ta  col'egem  ,  tiffdHe 
<nimo  deiiide  verfes , 
ttc  de  ipjîs  continua 
vnediteris  ac  cogites. 
ISlam  qui  hoc  faciet , 
isadeo  compungetur  5 
"Vt  necfae  hac  vitafe 
ipfum  dignttm  exijfi- 
tttet  i  atqtte  omtii 
cera  mo'lior ,  J?Hmi- 
Uus  vivet  in  die  s. 
ISlec  foTnicalionei  fo* 
làm ,  adtéheria  y  at- 
e^ue  illa  qt*£  omîtes 
perhorrefcunt  colle- 
ter is  i  veritm  etiam 
occulta  injîdiarum 
conjrlia  ,  O*  calunt' 
nias  j  obtreClationes 
^rcanas ,  t  uanem  glo» 
riam ,  invidiam ,  cf- 
leraqtu       hujufmodi 


Souvenir 


péchés. 


.    Matthieu»  ïp5 

devient  plus  fage  &  plus  mo- 
dérée 5  elle  fe  dégage  de  fes 
partions,  elle  s'élève  plusaifé- 
inent  vers  Dieu  ,  &  elle  trou- 
ve en  elle-même  plus  de  foli- 
dite  &  plus  de  force. 

Accufe:^'  vous  le  premier  de 
vos  pe'chey,  afin  que  vous  deve- 
meyjunc,  Cett  fans  doute  un  ^"^",  ^"^  ^« 
excellent  moyen  de  nous  cor- 
riger ,  que  de  ralTembler  dans 
notre  mémoire  tous  les  pé- 
chez de  notre  vie  ,  de  les  re- 
pafl'er  dans  notre  efprit  ,  & 
de  nous  en  occuper  fans  ceife. 
Car  celui  qui  en  ufera  de  la 
forte  fera  percé  d'une  fi  vive 
douleur ,  qu'il  fe  croira  mê- 
me indigne  de  vivre  ,  &  ce 
fentiment  le  tiendra  tellement 
humilié  fous  la  main  de  Dieu, 
qu'il  le  rendra  flexible  à  tous 
fes  ordres  comme  de  la  cire- 
Mais  ne  vous  contentez  pas  de 
rappeller  dans  votre  mémoire 
les  crimes  honteux  &  qui  forit 
horreur  à  tout  le  monde  , 
remettez-y  encore  tous  les 
péchez  fpirituels  &  cachez  ; 
ces  calomnies  malignes ,  ces 
pièges  tendus  en  fecret ,  cec 
amour  de  la  vaine  gloire  ,  ces 
mouvemens  d'envie  ,  &  tous 
les  déréglemens  de  cette  na- 
ture. Car  pour  être  cachez  , 
ceux  qui  les  commettent  ne 
R  iijj 


100  Des     Home 

laifleront  pas  d'en  être  punis 
du  dernier  fupplice.  Les  ca- 
lomniateurs feront  précipitez 
dans  la  gefne  ,  &  celui  qui 
n'aime  pas  Ion  frère  cft  coupa- 
ble d'unfigrandpéché,  que  le 
martyre  même  ne  le  fçauroit 
expier.  Ceiuy  qui  n'a  pas  foin 
de  fes  domeltiques  a  renoncé 
à  la  foy  i  &  quiconque  mé- 
prifelepauvre,  fera  condam- 
né au  feu.  Ne  négligez  donc 
pas  ces  fautes  comme  peu 
confidérables  :  fi  vous  les  im- 
primez dans  votre  mémoire  , 
Dieu  les  effacera  de  la  fienne  j 
au  lieu  que  fi  vous  négligez  de 
les  remarquer.  Dieu  les  mar- 
quera lui-même,  &  en  tirera 
une  lévére  vengeance. 


Ne  négligez  pas  les  petites 
les  fautes  ,  mais  puniflezles  en 
vous  très  -  févérement  ,  afin 
que  vous  foyez  éloigné  de 
tomber  jamais  dans  les  grands 
péchez. 


Non 


LIES 

omnia  eoîlige. 
enim  cjfug' 
hac  delinquunt  eX" 
tréma ftippUcia.  Nam 
O*  convtciatores  in 
gehennam  incident  ; 
C?*  qi*i proximum  non 
diUgit  5  Jîc  Deum 
ojfendit  ,  vt  neque 
martyriû  juvetur  : 
Qui  propinquos  ne- 
gl'gh  >  fidem  negat  , 
C  qut  pauperes  def- 
picitj  ad  iguem  mit- 
tttttr.  Nolt  ergo  h^e 
tanquam  parva  «e- 
gligere  ...  Si  enim 
tu  fcri^ferii  ,  De  us 
dtlebii  :  fin  vero  non 
confcripferis  ,  ipCs 
Deus  CP-  fcribit  C?» 
panas  exigit. 

Homil.  43.  Nec 
res  parvas  coniemfie  , 
fed  magnas  etiam  ea- 
rum  rationes  répète» 
Hoc  modo  magna  fa- 
cilius  eviiahts  deliha. 


Homil.  45.  in 
cap.  l^.  Si  non  ve- 
lis  Chrîpo  omnia  re- 


407.  Si  vous  ne  pouvez  vous  re- 

Partager  fon  foudre  à  donner  tous  vos  biens 

bien  avec  J.  à  JeSUS-Chr  IST   ,    don- 

C  nez-lui-en  au  moins  la  moi-    linqtiere  ,  dimidium 

tic,  ou  la  troifiéme  partie  :  &  faliem  vel  tertiam 
puifque  vous  devez  être  Ion  partem  eitrade,  Fr^ 
frère  &  fon  cohéritier    dans    t«r  tutti  eji  y  at^ns 


Sur    s 

cohttres  in  regno  c<t- 
lorum  i  fac  ettm  e- 
tiam  hic  coharedem  i 
pr^fertim  càm  omnia 
^ute  et  pr  a  fias ,  ad  te 
ipfttm  redundent  at- 
que  refandantur, 

Primus  tihi  cali- 
cent  fuum  ohtulit 
Chriflus  'y  ttt  vel 
aquam  frigidam  ei 
negas ,  , ,  Nonne  ma- 
gnum ducis  quodca- 
licem  tllum  tenere 
potes ,  Unda  Chrijfus 
ùibiturtis  ejl?  .... 
Cogita  igitttr  cm  po- 
tum  pr4:bes  ^  O'  per- 
horefce  .•  cogita  quia 
Chrifit  facerdûs  tt* 
fias  ,  citm  propria 
manu  ei  ojferas  non 
carnem  ■  fed  panem  s 
nonjauguinis  ^fad  a- 
qu^ifrigidit  calicem. 

Honiil.  47.  Koit 
prohibet  Chrijîuscon- 
ciliahula  hxretico- 
rum  diffpare  ,  ora 
ohjîruere  ,  libertatem 
loquendi  concidcre  J 
veràm  interficere  ac 
tructdare. 

Beatam  vitam 
appcllo  3    non  jejn- 


,    Matthieu:  ion 

le  royaume  du  Ciel  ;  faites-le 
aufli  votre  frère  &  votre  co- 
héritier fur  îa  terre.  Or  vous 
devez  avoir  d'autant  moins 
de  peine  à  le  faire ,  que  vous 
vous  donnerez  à  vous-même 
tout  ce  que  vous  luy  donne- 
rez. 
JE  S  us-Christ  vous  a      408. 

le  premier  fait  boire  à  fa  cou-  Aumône  , 
pe  3  &  vous  ne  lui  donnez  pas  espèce  de  fa, 
feulement  un  verre  d'eau  froi-  cnfice» 
de.  Ne  devez-vous  pas  tenir 
à  grand  honneur  de  prendre 
entre  vos  mains  cette  coupe 
facrée  dont  JESUS  -  CHRIST 
même  doic  boire  ?  Penfez  donc 
quel  eft  celui  à  qui  vous  don- 
nez ce  breuvage  ,  &  foyez 
iaifi  d'une  fainte  frayeur.  Con- 
fidercz  que  vous  êtes  devenu 
le  Prêtre  de  JESUS-  CHRIST, 
lui  offrant  de  votre  propre 
main  ,  non  votre  chair ,  mais 
votre  pain  :  non  votre  fang , 
mais  de  l'eau  froide. 

La  loi  de  l'Evangile  n*em-      "^ô^; 
pêche  pas  qu'on  ne  réprime     Réprimer, 
les  hérétiques  ,  qu'on  ne  leur  n^ais  non  fai- 
interdife    toutes  alfemblées  , '■^"^?^"'^  1«. 
qu'on  ne  leur  ferme  la  bou-  1^"«»1"«. 
che    ;    mais  elle  ne  veut  pas 
qu'on  répande  leur  lang  ,  & 
qu'on  les  falfe  mourir. 

J'appelle  une  bonne  vie  :   ^  "^J*^" 
non  pas  de  jeûacr  ,   o«   de  ^,^*  ^f 


i&z  Des   Home 

coucher  fur  la  cendre  ,  ou  de 
fe  revêtir  d'un  cilice  j  mais 
d'avoir  lin  aufïi  grand  mépris 
de  l'argent  qu'un  Chictienle 
doit ,  d'être  enHammé  d'une 
charité  ardente,  de  partager 
notre  pain  avec  les  pauvres  , 
de  vaincre  la  coleie,  de  fouler 
aux  pieds  la  vaine  gloire  ,  & 
d'étouffer  tous  les  fentimens 
de  l'envie.  Car  ce  font-Ià  les 
inftrudions  que  J  E  s  u  s- 
Christ  nous  a  lui  -  mê- 
me données.  Apprene'ii^^de  moy  , 
dit-il ,  c^ue  jefmi  doux  CT*  hum- 
hle  de  coeur. 
kïi.  J^  ^°"^  ^^^  cecy,  non  pas 

Joindre  les  q«e  je  blâme  le  jeûne,puis  qu'- 
autres vertus  au  contraire  je  le  loue  &  l'efti- 
à  la  mortifi-  me  de  tout  mon  coeur  :  mais 
cation,  ,„a  douleur  eft  de  voir  que 

vous  méprifez  toutes  les  au- 
tres vertus  5  &  que  vous  vous 
imaginez  que  c'eft  allez  de 
jeûner  pour  être  lauvé,  quoy- 
que  le  jeûne  tienne  le  dernier 
rang  entre  les  vertus.  Car  les 
vertus  principales  font  la  cha- 
rité j  l'humilité ,  la  miféricor- 
de;&  CCS  trois  vertus  furpailent 
même  la  virginité. 


41*"  Comme  le  corps  ne  peut 

Point  de  fa- vivre  fans  le  cœur  ,  auffi  l'on 
lut  fans  la  ne  peut  être  fauve  fans  la 
cbarue. 


LIES 

nattdi  lahotem  ,  net 
cilicii  ac  cineris  lec» 
tulum  s  Jed  Jr  pecu- 
niam  ut  oportet  def- 
picias  5  Jî  chaùtate 
ardeas  ,  famtfcenîei 
pane  tuo  nutrias  ,  Jî 
fuperior  ira  Jis  ^  Jï 
gloriam  inanem  non 
concupifcas  ,  JI  invU 
dia  non  dctinearis, 
Hac  fnnt  documenta 
ChrijU.  Djfcite  à 
me  quia  mitis  fum 
&  humilis  corde,- 

Hiec  dixi  non  quo^ 
niam  miln  non  pla- 
ceatjejuriium  ,  quoi' 
magnis  foleo  efferre- 
laudibus  ^  fed  qui/i 
doleo  ^  Jî  cdteris  ne» 
gleélis  ,  fatis  ad  fa" 
luiem  jejunium  vo» 
his  ex'tjlimetis ,  ^«a^ 
in  choro  zirtutum 
vltimum  certè  forti- 
tur  locum.  Fr^cipuét 
virtutei  funt  chari- 
tas ,  humilitas  ,  ml' 
fericordta  ,  qux  vet 
virglnitatem  Jupe- 
tant. 

Hom.  48.i^^m- 
admodum  non  efl  poj^ 
fibiU  animal Jîne  cor-^ 


Sur    s 

de  vivere  ,  fie  fine 
lenigniiate  C7'  mtfe- 
ricordia  falus  haheri 
nonpotefl.  Hinc  enim 
omnia  bona  ori^viem 
trahunt. 

humilitatem  wj- 
Ktmè  'O'  mifericor- 
diam  Jeélemptr  i  fine 
fuihus  falutem  con^ 
Jequi  non  pojfitmm  : 
Vt  quinque  ilU  tir- 
gines  CT*  Phartfeus 
ofienderunt,  Abfiqtte 
virgtnitate  muhi 

èeatilttditje  potientur, 
<juam  ahfqiie  miferi- 
cordia  nemo  confeque- 
tur. 

Homîl.  49.  in 
cap.  14.  Ubi  cIto- 
Ttta  lafi:wa  ,  tbi  dia- 
h  oh  s  certèadefl.  Non 
ad  tripudia  pedes  pr<e- 
huit  nobis  Deus  ,  fed 
Vt  wodejiè  inceda' 
mus. 

^  Eifi  rapinii  non 
fuerint  comparat<e 
opipar<e  c(xn<e  ,  delic- 
tis  tamen  non  ca' 
rent.  Vae  qui  bibi- 
tis  vinum  colatum 
&  tingucntis  pre- 
ciofis  ungimmi  : 
Non   avarmam   bis 


Matthieu.  loj 

miféricorde  &  la  charité.  Et 
c*eft  de  cette  vertu  que  toutes 
les  autres  nailTent ,  comme  de 
leurfource. 


Pratiquons  principalement  , 

l'humilité  &  la  charité  ,  fans    NeVeffitïde 
lelquelles   nous    ne    pouvons  l'humiiité"  ôc 
être  lauvez.  Car  c'eft  ce  que  de  la  chariic* 
les  cinq  vierges  folles  ,  &  le 
Phanfien  nous  font  aflez  voir 
dans  l'Evangile.  Pluiîeurs  en- 
treront dans  le  ciel  lans  être 
vierges,  mus  nul  n'y  entrera 
jamais  fans  avoir  été  chari-^ 
table;. 


Le  diable  fé  trouve    par       ^^4^ 
tout  où  font  ces  danfes  fi  li-      Contre  U» 
bres  &  a  dilToluës.  Car  Dieu  «^^"^"^ 
ne  nous   a  point  donné   des 
pieds  pour  un  ufage  fi  vain  & 
fi  déréglé,  mais  pour  marcher 
avec  modeftie. 

Quand  ce  ne  feroit  pas  d'un       ^i  5-, 
bien  mal  acquis  que  vous  en-       Contre  Ip 
tretenez  ces  grandes  tables ,  luxe, 
pouvez-vous  jullifier  de  péché 
un  luxe  fi  excefFif  f  Ecoutez  ce 
qu'en  dit  le  Prophète  :  Mal" 
heur  à  vous  qut  bàvei^  des  vins 
délicieux ,  O*  qui  Vous  ferve:^  des 
plus    ecxelUnts  parfums.     Vous^ 


104  Des    Homel 

Toyez  qu'il  n'accule  que  la 
bonne  chère  &  les  délices,  & 
non  les  concuffions  &  l'ava- 
rice. N'avez-vous  point  de 
honte  de  manger  avec  ex- 
cès ,  pendant  que  Jésus- 
Christ  n'a  pas  dans  Tes 
membres  de  quoy  foulager  fa 
faim? 
416.  J^  "^  m'adrefle  ici  qu'à  ceux 

Contre  la  qui  fc  contentent  de  jouir  pai- 
bonne  chère  fiblement  de  leurs  biens ,  fans 
^  le  luxe,  en  faire  part  aux  pauvres  3  & 
qui  dépenfent  feulement  ce 
qu'ils  ont  reçu  de  leurs  pères, 
fans  faire  tort  à  perfonne.  Et 
je  dis  que  tous  ces  gens  là  ne 
fe  doivent  pas  croire  innoccns. 
Et  en  efïet ,  comment  préten- 
drez-vous  n'être  point  cou- 
pables ,  de  faire  faire  bonne 
chcre  à  votre  table  à  des  bouf- 
fons qui  vous  divertiifent  j  & 
de  n'y  pas  admettre  Jesus- 
Christ  dans  Ces  mem- 
bres 5  comme  s'il  en  étoit 
indigne. 
^-j^.  Jesus-Christ  nous  a 

Mêler  la  vie  tlonné  par  fes  adions  uneinf- 
'aaive  à  la  trudion  très-importante  ,  en 
contemplât!-  nous  apprenant ,  &  à  ne  pas 
^^'  converfer  continuellement  a- 

vec  le  inonde  ,  &  à  ne  nous 
en  pas  auffi  éloigner  toujours  ; 
mais  à  tenir  le  milieu  entre 
ces  deux  genres  de  vie  ,  pour 


TES 

verhis  Vropheta ,  fed 
voluptatem  accu  fat. 
Et  tu  quidem  immo' 
deratè  dévoras ,  cum 
Chrtjins  e/uriat* 


Cùm  lus  mthi  eji 
ferma  qui  rehtts  fuis 
abundè  patiuntur  ni' 
hU  a'iis  prtebentes  S 
cum  bis  qut  patcrna 
hona  otiosè  confa- 
munty  CT*  fji  cmnes 
graziter  accufandi 
fufJt.  Cur  enim  jure 
non  accufaberis  cum 
gnalhones  tihi  C?* 
canes  pleno  ventre 
afjîflant  ;  Chrtpui 
Ve.ro  indignas  qui 
iihi  adfit ,  videatur  ? 


I 


Homîl.  ^o.  Do» 
cuit  nos  Chrifleis 
exemplis  fuis  ,  non 
femper  cum  multis 
efl'e  converfandum  , 
neque  femfer  multi- 
tuâinem  fugiertdam  ; 
fed  alterutrum  ejfe 
fucienduim    ,    proat 


I 


Sur 

utilitai   ac   nece^tas 
tmgit. 


Divites  non  fa- 
bricare  nec  ttdificare 
nec  aliud  humfmodi 
artifictum  norunt.  II- 
lorum  ars  fit  ,  vt  di- 
■^iiiiireOc  CT*  vide- 
nt vtantftr.  Non  eji 
ceriè  ars  illa  content' 
venda ,  qua  dtfcunt 
vpHÎenù  indigentibus 
-conferre  j  fed  aliis 
artibus  eji  longe  fraf- 
tantior. 

Luxas  in  homtne 
magnam  animi,  mol- 
îitiem  ojieniit^  atque 
ttiam  crudelitatem  ; 
magnam  denique  le- 
vitattm  cum  ctiriojî- 
tate  vana  CT*  ridi- 
<:nU.  Quibtts  rébus 
poterit  feri'o  vacare 
is  ,  qui  tôt  futilibus 
<y  frivolis  vacat  ? 
Qttando  anim<e  fuA 
curant  habebit  ?  Imo 
vero  quando  Je  ani~ 
tnam  habere  cogita^ 
hit  ? 

Nemo  dtcat  cuhio- 
tisvejiitmçmam  CT* 


418; 

Méfier  des 


S.    Matthieu.  20^ 

pouvoir  pafTer  utilement  de 
l'un  à  rautre  ,  félon  que  le 
demande  le  loin  que  nous  de- 
vons avoir  ,  &  d'autruy  ,  &  de 
nous-mêmes. 

Le  métier  des  riches  n'eft 
pas  de  travailler  à  quelque 
ouvrage  mécanique  ,  mais  de  grands  ôcdes 
bien  ufer  des  richefles  pour  riches. 
le  foulagement  de  ceux  qui 
manquent  de  bien.  Ce  doit 
être  là  leur  occupation  &  leur 
art  ,  qui  elt  fans  comparaifon 
le  plus  excellent  de  tous  les 
arts. 


Le  Iiixe  fait  voir  en  mê-       419: 
me  tems  la  molIelFe  du  cœur        Contre  le 
de  l'homme  ,   la  cruauté  de  luxe, 
fon  efprit  ,   la  vanité  &  la 
légèreté  de  fon  ame.   Et  en 
effet  un  homme  qui  s'amufe 
à  ces  niaiferies  ,  eû-il  capa- 
ble de  penfer  à  rien   d'utile 
&  de  ferieux  ?  Quand  pren- 
dra-t-il  foin  de  fon  ame  ?  ou 
plutôt  quand   penfera  -  t  -  il 
qu'il  en  a  une  ? 


Il  ne  faut  pas  dire  que  ce 
foin  &  cette  aiFcâation  de  pa- 


420^ 
Ne  pas  né- 


glîgsr  les 
moindres 
chofes. 


Chercher 
de  tems  en 
tems  laioli. 
tu(le« 


io5  Des    Ho  m 

roître  dans  les  habits ,  ne  foit 
qu'une  bagatelle  :  car  tout  fe 
perd  effedivement  dans  le 
inonde  5  par  ce  qu'on  néglige 
ces  excès  &  qu'on  les  appelle 
des  bagatelles.  Si  les  pères  éle- 
voient  bien  leurs  enfans,  s'ils 
leur  apprenoient  à  fe  mettre 
au  deifus  de  ces  baffelfcs ,  &  à 
ne  pas  croire  que  leur  réputa- 
tion dépende  de  leur  habit, 
ils  les  rendroient  capables  de 
plus  grandes  chofes, 

J  E  s  u  s-C  H  R  I  s  T  monte 
fur  une  montage  pour  nous 
apprendre  que  la  folitude  eft 
un  lieu  très-propre  à  prier. 
Il  a  fouvent  pailé  feul  des 
nuits  entières  dans  le  défert 
«noraifon ,  afin  de  nous  exci- 
ter par  fon  exemple ,  à  choi- 
iir  les  tems  &  les  lieux  les 
plus  tranquilles  ,  pour  prier 
fans  diftradion.  Car  la  foli- 
tude eft  la  mère  du  repos ,  & 
c'eft  un  port  qui  nous  met  à 
l'abri  de  toutes  les  agitations 
de  nos  penfées. 


4ii. 

ïoibleflede 
Thorame. 


Ceft  une  fuite  de  la  foi- 
blefle  de  notre  nature  ,  qu'a- 
près avoir  furmonré  les  plus 
grandes  tentations ,  nous  fuc- 
combons  fouvent  aux  plus 
petites  :  ainfi  que  les  exera- 


ELIES 

luxum  nilnl  ejfe  aut 
minimum  ;  tdtpfum 
jampndem  cun£ia  de- 
jecit  :  pueros  oportet 
reûè  de  his  in  frit  ue- 
re.  Quippe  qui  pay 
vis  tn  rébus  magna^ 
nimosfilios  redderety 
acornamentorum  con» 
temptores  ,  is  eiiam 
in  magnis  rébus  eos 
probatos  CT»  commen» 
data  inveniret, 

Homil.  ji.  /» 
montem  Chrijius  af- 
cenditj  vt  noserudtat 
cùm  orare  opus  fit  » 
tune  foiitudme  ac 
eremo  nobis  maxime 

ùpus  ejje ut 

tam  à  tempore  quant 
a  loco  tranquillita» 
tem  orandi  quara» 
musifolus  oranspU' 
rumque  perno&avit. 
Tranqutllttatis  qtttp" 
pe  mater  eremus  ejf  » 
quietis  portus  ,  omnis 
perturbattonis  expul- 
trix. 

Nature  humana 
conditio  eji  y  vt  dif" 
ficilioribus  nonnun- 
quamfuperatii ,  fuc- 
cumbat  in  minori- 
bus  :  quoi  Helias  fub 


Sur    s 

Moj'ei    in    /P.gypto , 
Fetrus  in  tempejiMe. 


Gratta  accepta 
Apofloli  ubique  pri' 
matum  letro  prA- 
hent  S  CT*  in  concio' 
tiihus  eum  antepo- 
nttnt  j  qtMmvis  f<e- 
Uris  rudior  videretur. 


Tangamus  O*  nos 
Jlcut  hamoro'tjja  fim- 
briam  veftimenti 
Chrifii  ,  vel  potius 
fi  volumus  ,  ipfiitn 
totum  habeamm.  Non 
enim  vefîis  folùm  , 
fed  corpus  ipjtui  nobis 
propo/îtum  eft  ,  non 
vt  tangamm  folitm , 
fed  vt  comedamus, 
Adeamus  intur 

cS 

Chrijïhm  Jtnguli  *- 
grotantes  magna  cum 
fide.  Nam  fi  qui 
fimbriam  veflimenti 
eJHS  tune  tetigerunt^ 
reéJe  omnes  conva" 
îuerunt  s  quanto  ma- 
gis  corroborabimur  » 
fitotufm  in  nobii  habe- 
himus  ? 


.    Matthieu.  «07 

pies  d'Elie  (bus  Jezabel ,  d^ 
Moïfe  dans  l'Egypte  ,  &  de 
Saint  Pierre  durant  la  tem* 
péte,nous  le  marquent  vifible- 
ment. 

Après  que  Us  Apôtres  eu- 
rent reçu  la  grâce  du  faint  Ef- 
prit  à  la  Pentecôte  ^  ils  cédè- 
rent par  tout  volontairement 
la  primauté  à  S.  Pierre  ;  &  lui 
donnèrent  toujours  la  puiflan- 
ce  dans  leur  aifemblées ,  quoy 
qu'il  parut  être  plus  grolïicr 
que  tous  les  autres. 

Allons  toucher  auffi  nous- 
mêmes  ,  ainfî  que  Themo- 
roiile   ,  la  frange    du  vêtement 

de  j£S  us-Christ  ,  ou 
plutôt  5  fi  nous  le  voulons , 
allons  le  pofl'eder  tout  entier. 
Car  nous  avons  maintenant 
Ton  corps  entre  nos  mains. 
Ce  n'elî  plus  Ton  feul  vête- 
ment que  Ton  vous  permet 
de  toucher ,  c'eft  fon  propre 
corps  qu'on  vous  préfente 
pour  le  manger.  Approchons- 
nous-en  donc  avec  une  foy 
fervente  ,  nous  tous  qui  fom- 
mes  malades.  Si  ceux  qui 
touchèrent  alors  feulement  la 
frange  de  ion  vêtement  ,  en 
reflentirent  un  fi  grand  effet , 
que  ne  doivent  point  atten- 
dre ici  ceux  qui  le  reçoivent 
tout  entier. 


Primauté  de 
S.  Pierre. 

Contre  Ut 
Hérétiqtiesr 


4»4- 

Réalité  K 
vertu  du 
corps    de    J. 
C. dans  l'Eu- 
charidie. 


Contre   les 
Hcréti^Hes% 


2ô8  Des  Home 

.  j  -,  Pour  s'approcher  de  JESUS- 

Réalité  du  CHR.IST  avec  foy  ,  il  ne  fuf- 
corpsdej.c.  fit  pas  de  le  recevoir  exterieu- 
au  s«  Sacre-  rement  ;  il  faut  encore  le  tou- 
nieijtj  ^her   ayec  un  cœur  pur ,  & 

fçavoir  ,  lorfqu'on  s'en  ap- 
proche ,  qu'on  s'approche  de 
JESUS  -  Christ  même.  En- 
core que  vous  n'entendiez  pas 
fa  voix  5  ne  le  voyez- vous  pas 
qui  repofe  fur  l'autel  facré  ; 
ou  plutôt  ne  l'entendez- vous 
Contre  les  pas  parler  lui  même  par  la 
Hererl^:4es.  bouche  de  fes  faints  Evange- 
liftes  ?  Croyez  donc  que  c'eft 
encore  ici  cette  même  Cène 
oii  JESUS-CHRIST  étoit  afTis 
avec  fes  Apôtres  :  car  il  n'y  a 
jîulle  différence  entre  ces  deux 
Cènes.  On  ne  peut  pas  dire 
que  ce  ne  foit  qu'un  homme 
qui  faffe  celle- cy ,  &  que  J  E- 
SUS-CKRlSTa  fait  celle-là. 
C'eft  le  même  JESUS- 
Christ  qui  fait  l'une  & 
l'autre.  Ainlî  quand  vous 
Yoyez  le  Prêtre  qui  vous  pré- 
fente cette  facrée  nourriture  , 
ne  penfez  pas  que  ce  foit  la 
main  du  Prêtre  qui  vous  la 
donne  ,  mais  croyez  que  c'eft 
Jesus-Christ  même  qui 
fe  donne  à  vous. 
-  ^^^  Ecoutons  certe  vérité  avec 

Quel  crime  étonnement  &  avec  frayeur, 
c'eft d'abufer  JESUS'CHRIST  nous  ralTafie 


LIES 

Cum  fide  acce- 
dere  ad  menfam  non 
efl  ,  vt  tantammo- 
do  propojîtum  corpus 
recipias  ,  fed  multo 
magis  vt  mundo  cor- 
de  tangas  i  vi  fie 
adeas  quemadmodum 
ad  ipfttm  Chrijlttm, 
Qttid  enim  etjî  vo~ 
cem  ejus  non  audis  ? 
Nonne  vides  jacen" 
tem  ,  imo  veto  C?* 
loquentem  per  Evan-- 
geUJÎam  ipfum  att- 
dis  ?   Crédite   mtur 

o 

omnes  quia  etiam 
ntinc  illa  cœna  cele- 
bratur  in  qua  Chrif" 
tus  ipfe  recumbehat. 
Nihtl  quippe  intereji 
in  ter  hanc  C  illam  : 
Non  enim  h<ec  ah  ho" 
mine  ,  illa  ah  ipfa 
conficitur  i  fed  hanc 
CT*  illam  tpfe  efficit, 
Quando  igitur  fa- 
cerdotem  corpm  tibi 
prabere  viderts ,  noli 
facerdotis  3  Jed  Chrif- 
ti  manum  ad  te  por» 
rigi  arbttrari, 

Audiamus      O* 

perhorefcamus  ;  car' 

nesfuas  nobis  tradi- 

dit) 


I 


Sur    s 

dit ,  fe  ipfum  immO' 
latum  profyofuit. 
Quant  ignur  fatis- 
faélionem  ojferemus , 
ctim  tait  pahulo  ««- 
iriti  taliter  peccc 
mus  ?  cùm  agnum  co- 
me  dent  Ci  in  Ittpos  con' 
vertimur  ? 

Sacramentum  illud 
non  à  rapina  folùm  , 
(ed  vel  a  minima 
inimicitia  omnino 
nos  mptndos  ejje  /'«- 
bet.  Pacis  enim  fa- 
cramenlum  ej}  ,  hoc 
facramenlum,  Inqui- 
Jîiioni  pecuniamm  CP* 
fimonU  non  eonvenii. 

Ne  putes  faits  effe 
ad  falutem  ,  Jt  eiim 
viduas  CT*  orphanos 
fpoliaveris  ,  aureum 
ealicem  CT*  gammis 
ornatum  huic  mevfit 
ùjferas.  Fis  hoc  fa- 
srificmm  honorare  ? 
Animam  tuam  ojfer 
fropter  quam  Chrif- 
tus  immoUtus  cfl. 
Eam  auream  facito. 
Quod  fi  anima  tua 
flumho  ac  te  fia  de- 
Urior  e{i  ;  qt*id  tthi> 

Tom,  I. 


Pureté  r?- 
quifepour  la 
commnn.on. 


'.que  s. 


Matthieu.  209 

luy-méme  de  fa  chair  facrée-,  dehcoxam- 
&  il  le  donne  à  nous  comme  nion. 
une  vidime  qui  a  été  immo- 
lée pour  l'amour  de  nous. 
Quelle  excufe  donc  nous  relie- 
ra t-il,  fi  recevant  une  fi  divi- 
ne nourriture,  nous  ne  laillbns 
pas  de  commettre  de  il  grands 
péchez;  &  fi  en  mangeant  l'a- 
gneau ,  nous  devenons  loups  ? 

Ce  myftere  exige  de  ceux 
qui  s'en  approchent  ,  qu'ils 
Ibient  entièrement  pursj  je  ne 
dis  pas  des  grands  excès  &  des 
plus  erofTieres  iniuftices,  mais  /""^'^''^  *" 
des  momdres  minutiez.  Car 
ce  myftere  eft  un  myftere  de 
paix.  Il  ne  convient  nullement 
aufli  avec  l'amour  des  richef- 
fes ,  &  encore  moins  avec  le 
crime  de  fi,monie. 

Ne  vous  imaginez  pas  qu'a- 
près avoir  dépoiiiilé  les  veu- 
ves &  les  orphelins  par  vos  mê.iu:  plufAt 
rapines  &  vos  violences,  vous  ^î^^  ^^s  i  ^  - 
en  foyez  quitte  pour  donner  J5"^  ^  i'^â'i- 
a  cet  autel  un  calice  enrichi  ^' 
d'or  &  de  pierreries.  Si  vous 
voulez  rendre  honneur  à  ce  fa-  sacriGce> 
crifice  ,   offrez- y    votre  ame  , 

pour  laquelle  JESUS-CHRIST  u^IZes^ 
a  été  facrifié.  Faites-la  deve- 
nir toute  d'or  :  mais  fî  elle 
demeure  plus  pefanfe  que  le 
plomb  &  que  la  terre  ,  à  quoy 
vous  lervitoat  ces  vafes  pjé- 
S 


418. 


210  Des     Home 

cieux  que  vous  offrez?  Ce  font 

nos  âmes  que  nous    devons 

rendre    pures     &     brillantes 

comme   Tor  •,   puifque    c'eft 

cette  pureté  qui  fait  que  Dieu 

reçoit  ces  précieux  vafes  de 

nous. 

4îp".  Voulez -vous    honorer   le 

Fournir  à  corps  de  Jesus  -  Christ  ,  ne 

l'entretiendes  [q  méprilez  pas  lorfqu'il    eft 

F^r'"']^      n"'i=  &  pendant  qu'en  cette 
tolrqu  al  or-  r-    ,.^       ^     ,  ^         i,.      r 

nement  des      ^g^^^^  ^^^^  ^^  couvrez  d'etof- 
Eglifes.  fes  de  foye  ,  ne  lui  laiflez  pas 

foufFrir  ailleurs  le  froid  &  la 
Contre  les  nudité.  Car  celuy  qui  a  dit  : 
Hcrén^iics.  Cecy  eft  mon  corps  ,  &  qui  Ta 
produit  avec  cette  parole  en 
même  tems  qu'il  l'a  pro- 
noncée 5  a  aufîi  dit  en  un  autre 
lieu  :  J'ay  eufavny  Z^  zous  ne 


ave^p 


as  aonne,  a  man<rer. 


Ce 


corps  de  JE&US-CHRIST  qui 
eft  lur  l'autel  n'a  pas  befoin 
d'habits  précieux  qui  le  cou- 
vrent ,  mais  d'ames  pures  qui 
le  reçoivent;  aulieu  que  cet  au- 
tre corps  de  JE5US-CHRIST, 
formé  des  pauvres  qui  font  Tes 
membres ,  a  befoin  de  notre 
afiiitance  &  de  tous  nos  foins. 
Apprenons  donc  à  traiter  fa- 
gement  de  fî  grands  myftcres  , 
&  honorons  JESUS -CHRIST 
comme  il  veut  être  honoré  de 
nous.  Le  culte  le  plus  agréable 
que  nous  Uxi  puimons  rendre 


LIES 

proderunt  aurea,  o4« 
fa  f  ,  .  ,  animarum 
mundùla  opus  eji  , 
propter  quas  etiam 
vafa  b£C  Deui  vecim 
pit. 

Fis  corpus  Chrijil 
honorare  ?  non  de/pi- 
cias  if>fum  nuàum  : 
neque  hic  quidem  in 
Ecclejîa  fericts  pan- 
nis  tnduas  ,  foris 
autem  frigore  £7*  nu- 
ditate  confiai  Jînas. 
Qj*t  enim  dixit  , 
Hoc  eft  corpus 
meum  ,  CT"  rem  fi- 
mul  cum  Z'erho  con- 
fecit  ,  tdem  dixit  , 
Efurivi,&  non  de- 
diftis  mihi  man- 
ducare  ,  Sec.  Hoc 
ceriè  corpus  Chrijîè 
non  amiùu  ^  fed  ani' 
ma  munda  indiget  : 
illud  autem  corpus 
multa  cura  C7*  ma' 
^a  diltgeritia  eget»^ 
Perdifcamus  igitur 
philofophari  ,  C?'  ï/»- 
fum  Chrijlum  ex  VO" 
luntatefua  honorare, 
Kam  qui-  honoratur  y 
to  maxime  honore 
Utatur     quim     ipft 


Sur    s. 

H  y    non  eo  quem 
optamm.   Petrus 
rare  eum  crede- 
fi  eum  à  lolione 
jm  prohibuiffet  > 
d    certè    contra- 
int  erat.     Pariter 
t*  etiam  ita  eum  ho- 
nora vt    ipfe  vult   5 
erogans  âiviUas  tuas 
pauperihus. 

Nolo  vetare  ta- 
Uum  vaforum  ohU' 
tionem  ,  fed  dignum 
puto  ante  omnia  mi- 
fericordU  ejje  in- 
cumbendum  :  nam 
C?*  De  us  va  fa  fufci' 
pit  ,  fed  illa  mulCo 
magis  jîbi  gratiofa 
fant.  Vafa  quidem 
folùm  danti  profue- 
rint ,  lemgnitas  ve- 
ro  accipienti.  Et  hic 
quidem  ojlentatio  non- 
nutiquam  poteft  accU' 
fari ,  ibi  vero  tctum 
mifericordi  animo 
contribuitur. 


Quanam    vtiUtas 
sjl  fi  cummenfa  ejus 


MATTHlttr.  211 

efi  ccluy  qu'il  aime  &  choifit 
lui-même  ,  &  non  celui  que 
nous  choifillons.  Saint  Pierre 
croyoit  autrefois  honorer  J  E- 
SUS-CHRIST,  en  l'empêchant 
de  lui  laver  les  pieds  ^  mais 
il  le  deshonoroit  plutôt  qu'il 
ne  l'honoroit  par  fa  réfiftance. 
Honorons -le  donc  au(îî  en  la 
manière  qu'il  le  défii  e  j  c'eft  à 
dire^en  lui  donnant  l'aumône 
dans  la  perfbnne  des  pauvres. 

Je  ne  prétens    pas    empé-       450." 
cher  qu'on  ne  donne  des  vafes     II  eft  boa 
d'or  à  l'Eglife  j  mais   je  fuis  d'orner  les 
pcrfuadé  qu'avant  toutes  cho-  Eg|'['"'  ^^j^ 
i'cs  j  vous  devez  avoir  foin  de  ""'-'^'^^'^^    ''* 

r  ■  ,       .    ,  nourrir  les 

faire  chante  aux  pauvres.  ,,.„vr-« 
Dieu  reçoit  ces  preiens  que 
vous  faites  à  l'Eglife,  mais  il 
agrée  bien  davantage  ceux  que 
vous  faites  aux  pauvres.  Car 
dans  ces  premiers  il  n'y  a  que 
celui  qui  fait  le  préfent ,  qui 
en  reçoit  de  l'avantage  5  au 
lieu  que  dans  les  autres ,  celui 
même  qui  les  reçoit  en  tire 
aulTi  du  fecours.  On  peut  croi- 
re que  dans  les  dons  faits  à 
l'Eglife  ,  nous  cherchons  aufïi 
notre  gloire  ;  mais  les  aumô- 
nes ne  font  que  le  fruit  de  no- 
tre compafiion  &  de  notre 
amour  pour  le  prochain. 

Quel  avantage  peut  rece-        ^^^\  . 
V0irici.jESUS.CH3.ST,N-f-^= 

51} 


43  2. 


iii  Des    Hom 

êc  voir  fa  table  couverte  de 
vafesd'orjpendant  qu'il  meurt 
de  faim  dans  la  perfonne  de 
fés  pauvres  ?  commencez  par 
foulager  fa  faim  ,  &  s'il  vous 
refte  quelque  argent ,  ornez 
enfuite  fon  autel.  Dieu  n'a 
jamais  condamné  perfonne 
pour  n'avoir  pas  bâti  de  tem- 
ples, ou  ne  les  avoir  pas  en- 
richis d'ornemens  fuperbes  ; 
mais  il  menace  des  fuppljces 
de  l'enfer  3  ceux  qui  n'auront 
pas  eu  foin  de  faire  l'aumo- 
ne. 

Si  vos  aumônes  ne  font  très- 
Conûe  la  abondantes  &  proportionnées 
dureté  des  ri.  à  VOS  richelles  5  elle  ne  vous 
•hes  a  l'égard  délivreront  pas  des  peines  que 
des  pauvres,  méritent  vos  péchez.  Dieu  ne 
jugera  pas  (împlemcnt  de  nos 
charitez  par  la  mefure  que 
nous  y  aurons  gardée  ,  mais 
par  la  plénitude  du  cœur,  & 
par  l'ardeur  de  la  volonté  avec 
laquele  nous  les  aurons  fai- 
tes. Q^e  il  CCS  perfonnes  qui 
ne  donnent  pas  autant  qu'ils 
le  peuvent  ,  feront  condam- 
nées de  Dieu  ,  combien  le  fe- 
ront davantage  ceux  qui  amaf. 
fent  des  biens  fuperflus  ,  qui 
font  de  grands  bâtimens  ,  & 
qui  en  même  tems  négligent 
a  ks  pauvres  :  qui  ne  penfent 
qu'aux  moyens  d'augmenter 


ELIE3 

multis  caîicihus  atî^ 
reis  ornatur ,  ipfe  ine- 
dtapereau  Priusigi- 
tur  efftrientem  enns 
fatura  ,  deijtde  ex 
^uadam  fuperabttn- 
deinti^  menfam  or" 
nabis . . .  Nemo  quia, 
templa  magmfica  non 
condiderit  ,  unquam 
accufatus  efl  :  at  ver  a 
gehenna  ignis  ineX" 
tinguihihi  imminet  y 
nifi  diUgenter  //?4 
peragere  velts. 

Homil.  53.  Niji 
liberahter  fectmdum 
rerum  tuarum  af- 
fiuentiam  dederis  , 
non  omnino  panas 
evitahis.  Non  enim 
rerum  menfura  qii<e 
offerumur  mt/eriror'- 
dia  judicati-.r  ,  fei 
Urgitate  ac  libera- 
litate  mentis  C^  ani-- 
mt.  Quod  fi  hujuf- 
modi  homines  pit" 
niantur  ,  mulio  ma* 
gis  vexahitniur  qui 
fuperfua  de ti fient  ^ 
qui  fibi  trifiega  fa~ 
Iricantes  ,  nuHa  «♦- 
ra  efi*rientium  com- 
moventur  :  qui  unde 
argenlum    iolUgant^. 


I 


Sur 

perjpldunt  !  quomodo 
rehè  collocent  ,  ne 
cogitant  t^itidem. 

Homil.  54.  in 
cap.  16.  Honores 
cum  hac  vita  finiêm- 
îur  j  trihuUtiones 
Vero  nobifcum  egre— 
diuntur.  lllorum  ra- 
tiones  exiguntur ,  pro 
his  aittem  pr<tmia  no- 
bis  retrihuHntur. 

Honiil.  5  f .  Om- 
nia  qu<e  ad  falutem 
noflram  condttctmt  , 
per  crucem  confum^ 
mantur.  Cùm  rege- 
neramur  ,  crux  Do- 
mini  adejî  >  cUm 
facrati^mo  alimur 
cibo  3  càm  in  ordi- 
ne  confecrandi  Jia' 
tuimur  ,  ubique  ac 
femper  id  nobts  Vic- 
toria Jtgnum  adeji. 
In  penetralihus  ,  in 
parietibus  ,  in  feuef- 
tris  ,  infronte  quo- 
que  ac  mente  magno 
pudio  crucem  injeri- 
mus.  Id  enim  falu- 
tis  nojfra  ,  commu- 
nis  Ubertatis ,  man- 
fu^tudinis  atque  hu- 
militaih  Ddmini  fi- 


S.    Matthieu.  iij 

leurs  biens ,  &  qui  ne  s'appli- 
quent jamais  à  pcnfer  com- 
ment ils  les  employèrent  au 
foulagement  de  leurs  frères. 

Les  honneurs  fe  perdent 
avec  notre  vie  ,  mais  les  fouf- 
frances  nous  accompagnent 
après  nôtre  mort  ,  Se  au  lieu 
qu'on  nous  redemandera  com- 
pte des  premiers  ,  on  nous 
rendra  au  contraire  des  ré- 
compenfes  pour  les  autres. 

^  C'eft  par  la  croix  que  s*ac- 
complillent  tous  les  myfteres 
qui  contribuent  à  notre  falut. 
Si  nous  fomme  s  régénérezdans 
les  eaux  facrées  du  Batérr.e, 
c'eft  en  fe  fcrvant  du  figne  de 
la  croix  :  fi  nous  communions 
au  corps  facré  de  J.  C.  & 
fi  l'on  nous  impofe  les  mains 
pour  nous  confacrer  au  minif- 
tere  du  Seigneur  ,  la  croix  y  a 
aufli  part  :  &  enfin  quoy  que 
l'on  fafle ,  on  fe  fert  en  tout  de 
ce  figne  de  notre  vidoire. 
Nous  l'avons  dans  nos  mai- 
fons,nous  le  peignons  fur  nos 
murailles  ,  nous  le  gravons  fur 
nos  portes  ,  nous  le  marquons 
fur  notre  front, &  nous  l'im^ 
primons  encore  plus  profon- 
dément dans  notre  cœur.  Car 
la  croix  eft  un  figne  qui  nous 
jceiiiec  dans  h  màno^re  ïoxyt 


Utilité  del 
fouffrance?^ 


,434- 

Ufage  fré- 
quent du  fî* 
gnedela 
Croix. 


Contré  te» 
Hérétique  Si 


214  Des    Home 

vrage  de  notre  falut.îe  recou- 
vrement de  notre  ancienne  li- 
berté ,  &  rinfinie  miféricorde 
de  notre  Sauveur. 
V2<  Quand  vous  faites  le  ligne 

VoTeu  iufî-  ^^  ^«^  croix  j  fouvenez-vous  de 
gnedela  ce  qui  a  donné  lieu  à  cette 
croix  fait  a-  croix  ,  &  que  ce  fouvenir  vous 
yec  pieté»  ferve  à  réprimer  votre  colère, 
&  à  étoufter  toutes  vos  autres 
pafiTions.  Lorfque  vous  impri- 
mez ce  facré  figne  fur  votre 
front^armez-vous  d'une  fainte 
hardiefle  ,  &  rétabliffez  votre 
ame  dans  fa  première  liberté. 
AufTi  ne  le  devez-vous  pas 
marquer  négligement  du 
bout  du  doigt  fur  votre  vifa- 
ge  5  mais  le  graver  avec  amour 
dans  votre  cœur  par  une  foy 
très- fervente  ,  nul  de  ces  ef- 
prits  impurs  n'ofera  s'appro- 
cher de  vous  ,  en  voyant  fur 
votre  front  les  armes  qui  l'ont 
terrafle  ,  &  cette  épée  fou- 
droyante dont  il  a  reçu  le  coup 
mortel. 

Suivre  JESUS-CHRIST 

43^-       comme  on  le  doit  fuivre ,  c*cft 

Suivre  J.C.  j^QJ^  Coin  ,  lors  même  qu'on 

ïtLJ,   °"  'fouffre  5  de  pratiquer  toutes  les 

autres  vertus,  &  de  fouftrir 

feulement  pour  J.  C. 

Vous  pouvez,  en  demeurant 


LIES 

gnum  eji. 


Quando  cfuce  te 
fignai  s  vniverfam 
tecum  crucis  caufam 
reput  a  ,  CT*  ir£  ac 
reliquarum  paffionum 
incendia  extingue, 
Quando  te  cruce  Jî- 
gnas  y  magna  tuam 
frontem  arma  fidw 
cià  i  lihertate  ani' 
mum  muni  ....  Sed 
non  fîmpli citer  digito 
in  corpore  ,  fed  ma- 
gna profeêîo  fide  in 
mente  prias  formare 
oportet.  Nam  fi  hoc 
modo  faciei  tu<e  im- 
preJJ'eris  ,  nullus  fcs^ 
leflorum  dcemonum  , 
citm  haflam  videat. 
qua  leihale  Vulnui 
/ujcepit,  cpngredi  te» 
cumaudebit. 

Homil.  ^6.  in 
cap.  17.  Id  ej}  rec»' 
te  Chrijium  fequi  y 
fipropter  ipfum  cunc 
tafujfcras  ,  C  alias- 
Z'irtutesnon  negligas,. 

Potei   €7    vrhep- 


Sur 

chorum  phUofopfnam 
.  imitari.  Potes  O* 
uxorem  habere  CT*  in 
magna  familia  zier- 
fart  ,  CT*  orare  ,  /- 
mul  jejunare  atque 
compungi.Nam  primi 
Apoflolorum  difcipuli  , 
nrbei  quidem  habita- 
hant ,  CT'  eorum  qui 
in  eremo  converfan- 
tur  vitam  vivebant. 

Hom.  57.  Quale 
lucrum  fi  Utitiam 
vohii  ajjeram  blanda 
verborumpal^atione  , 
CT"  re  ipfa  mœrorem 
praparem.  Si  deli- 
catijjîmum  aurtum 
fenfum  demulceam  , 
C^  animam  tn  pa- 
nas detrudam.  Quare 
necejfe  efl  mœrorem 
hîc  infene  ,  ne  ibi 
atrociter  piéniamur. 

Grains  morbus 
O*  magno  Jîudio  in- 
digens  in  Ec défiant 
incidit.  Nam  cùm 
neque  a.  jufiis  qui- 
dem  laboribus  recon- 
dere  pecuniam  j'u- 
heamuT  ,  fi:d  aper- 
tas  pauperibus  do~ 
vtQi  fenere ,  ex  alio" 


S.    Matthieu.  ijjf 

mirablc  des  anachorètes.  Vous 
pouvez  crant  mariez  &  vi- 
vant dans  votre  famille  ,  quel- 
que nombrcufe  quelle  Ibit , 
prier  comme  eux  ,  jeûner 
comme  eux  ,  &  entrer  comme 
eux  dans  les  fentimens  d'une 
vraye  compondion.  Car  les 
premiers  Chrétiens  du  tems 
des  Apôtres,  vivant  dans  les 
villes ,  pratiquoient  la  vie  des 
plus  parfaits  folitaires. 

Quelle  utilité  retireriez- vous 
de  mes  difcours  y  fi  vous  fla- 
tant  par  des  paroles  agréables , 
je  vous  jcttois  en  effet  dans 
une  éternelle  douleur  :  fi  j'é- 
pargnois  vos  oreilles  ,  au  lieu 
d'épargner  vos  âmes  j  &  fî 
pour  plaire  aux  unes  ,  je  laif- 
f ois  perdre  les  autres.  Ne  vaut- 
il  pas  mieux  vous  caufer  icy 
un  peu  de  peine  ,  &  vous  fai- 
re une  douleur  paflagere,  qui 
vous  délivrera  d'une  punitiori 
éternelle. 

L'Eghfe  eft  aujourd'huy  at- 
taquée d'une  maladiebien  dan- 
gereufe ,  &  qui  a  befoin  d'un 
puiffant  remède.  Dieu  défend 
aux  Chrétiens  d'amafler  dts 
richeflés.  Il  condamne  dans 
eux  cette  avarice  ,  quand  ils 
ne  s'enrichiraient  que  par  des 
voyes  innocentes  &  par  de  juP- 
tes  travaux  ,  parce  qu'il  ii§ 


ligieux    uan« 
le  monde* 


4j8. 

Palteur  é* 
loigné  défia- 
ter. 


4?P- 
IlertdetFen. 
du  au  Chté- 
tien  d'araaf- 
fer  des  rir 
chefles. 


ii5  Des    Home 

veut  pas  qu'ils  fe  faffent  des 
tréfors  fur  la  terre.  Il  leur  com- 
mande au  contraire  d'ouvrir 
leurs  maifons  aux  pauvres ,  & 
deleur  faire  part  de  leurs  biens. 
Et  cependant  on  voit  qu'au- 
jourd'huy  ils  s'enrichifTent  de 
la  mifere  d'autruy  ,  &  qu'ils 
font  ravi  d'avoir  trouvé  une 
forte  d'avarice  qui  leur  paroît 
excufable,  étant  couverte  de 
quelque  prétexte  de  bonté.  Et 
ne  m'alléguez  point  ici  les  loix 
civiles  &  extérieures  ,  car  les 
publicains  les  gardent,&  ils  ne 
lailfent  pas  d'écre  condamnez 
de  Dieu.  Vous  augmentez  la 
Contre  l'u-  mifere  des  pauvres  en  feignant 
delesconfolerjvous  vendezles 
aumônes  que  vous  leur  faites, 
par  les  intérêts  que  vous  en 
tirez.  Vendez-leur  ,  je  le  veux 
bien  ,  pourveu  que  ce  foit  au 
prix  du  royaume  célefte  j  ne 
vous  contentez  pas  du  vil  prix 
des  intérêts  que  vous  y  ga- 
gnez -j  mais  retirez-  en  une  vie 
qui  foit  éternelle.  Ne  me  dites 
pas  pour  vous  excufer  ,  que 
vous  faites  plaifir  aux  perfon- 
nes ,  à  qui  vous  prêtez ,  &  que 
même  ils  vous  rendent  grâces 
de  cette  ufure  :  car  ce  n'eft  que 
votre  dureté  qui  les  oblige  à 
trouver  cette  joye  funefte  dans 
eç  qui  les  dgit  rwiner. 


i 


furcj 


LIES 

rum  inopia  opes  no-^ 
bis  colligimus  ,  ex- 
citfabile  avaritU  ac 
rapitjtf  genus  inve^ 
nijje  putantes.  Nec 
de  illii  rnibi  dicas 
quidquam  qutt  ex  te- 
rioris  funt  legis, 
Nam  O*  Puhlicantis 
exteriorem  fervat  le- 
gem  ©•  tamen  pu» 
nitur.  Tt*  Jinutla- 
tione  folaminii  ma^- 
jores  fucis  arum» 
nas  5  e?*  liheraUta»  " 
tem  vendis  fœnore, 
yendas  Ucet ,  fi  ven- 
dis regno  aelorum  ; 
nec  centejîmam  par» 
tem  abje^lum  certè 
Çy  vile  pretium  ^ 
fed  vitam  rapts  im- 

vnortalem    

Noli  mihi  dicere  qu<e' 
fo ,  quiagaudet ,  O' 
gratiam  habet  3  quoi 
fibi  fxnore  pecuniam 
colloces  i  idenimcrn^ 
delitate  tuafacip. 


D^t; 


' 


Sur    s 

Pp.te  3  itjquit  Det*i  , 
illisà  quibus  acci- 
pere  non  Tperatis  j 
Tft  etiam  plufjuam 
dederis  fiagttas  i  ÇT* 
^uod  nunquam  dedi- 
pi.  ,  tllud  quafi  de' 
bitttm  exifris.  Et  pu- 
tas  majorent  ttbi  ho- 
norum  copiant  ht  ne 
parari  ,  vnde  tnex- 
ttn^utbilem  ignis  ar- 
dorem  tibiticce7idis  ? 

Homil.  58.  Ora- 
tione  Jîmul  CT*  jeji^ 
«io  optti  ej}  ,fed  ora- 
tione  multà  magts. 
Qui  orat  CT"  jejunat 
zt  oportet ,  ii  multis 
rébus  non  indiget , 
fie  nunquam  fiet  ava- 
rus,  ac  proinàe  pro- 
nior  erit  ad  miferi- 
cordiam.  Qtti  jejunat 
levior  efl  y  ^  vigf 
lanier  orat  ,  CT'  cupi- 
ditatts  incendia  ex- 
tinguens  ac  animarn 
humthans  ,  facile 
Veum  plaçât.  [dJrco 
e?"  Apofloli  ferefem- 
ter  jejunabant. 

^eiwiare  non  po- 
tes 5  ftd  potes  in  dé- 
liais non  vivere  , 
quod  fane   non  par* 

Tom.  I. 


Matthieu.  217 

Uonne-}^^  dit  le  Seigneur,  rf       440. 
ceux  dont  vous  n^ etperey  rien  rece-  Ufure  funei- 
vo,r  :  Et  bien  loin  de  le  faire ,  f«  ^  l'ufuiier. 
vous  exigez  même  plus  que 
vous  ne  donnez  ;  &  vous  re- 
demandez comme  une  dette 
un  argent  que  vous  n'avez  pas 
donné.  Croyez  vous  augmen- 
ter votre  bien  par  une  voyc 
par     laquelle    vous   ne  vous 
amafl'ez  qu'un  tréfor  de  colère 
&  de  vengencc  ? 


II  faut  que  notre    prière 
notre    jeûne  , 


44f. 


accompagne      ..v...^    ,^„,.v  ^     ^      .      , 

,,!     "  ,   ,,         ■  '  ,         Joindre    la 

OU  plutôt  qu  elle  tienne  le  ^^^^^^  ^  i-^^. 
premier  rang.  Celui  qui  prie  mrme  ,'  ôc  le 
&  qui  jeûne  comme  il  faut ,  jcû.ie. 
n'a  pas  befoin  de  beaucoup 
dechofes,  &  ainfi  il  eft  fore 
éloigné  de  l'avarice  ,  &  tou- 
jours prêt  a  faire  i'aumone. 
Celui  qui  jeûne  a  l'ePprit  fer- 
vent &  contmuellement  élevé 
au  ciel  :  il  prie  avec  applica- 
tion y  &  en  réprimant  fes  cupi- 
di[és  ,  &  humiliant  ion  ame  > 
il  appaife  la  colère  deDieu  plus 
facilement.  Et  c'étoit  pour 
cette  raifon  que  les  Apôtres 
jcûuoient  lanscelfc. 

Si  vous  n'avez  pas  alTez    ^  44*' 

de  fanté   pour    jeûner  ,  vous  ^  ^bjbnirdes 

pouvez  bien  vousabfienir  des  S.  ''^yj' -çû" 

délices.  Et  cette  manière  d'ab-  ne  /^"^  ^^"' 

T 


îi8  Des    Home 

ftinencene  le  cède  giieres  à 
celle  du  jeûne. 

,^  Afin  que    nom  ne  les  fcan» 

Evkïi'ou     àaltjîom  point donne'jr-Uur 

méprifer     \t%  ffour  vous  ZI?" pour  moy.   On    voit 
fo-And^lrs   fe-  ailleurs  que  Jésus  -  Christ 
lonhpruden-  méprife  les  (candales  ,  &  icy 
ce  chrétienne,  qu',1  les  évite  ,  atin  de  nous 
apprendre  qu'il  y  a  des  tenis 
&  des  rencontres  où  nous  de- 
vons négliger  ,  &  d'autres  où 
nous  devons  éviter  les  (can- 
dales qui  peuvent  naitre   de 
notre  conduite. 


-  Rien  n'ote  tant  à  Pâme  la 

L'amoûrdu  liberté  Sf  la  générofué  qu'elle 

monde    nous  doit  avoir  5    que  la    cupidi- 

rendcfclavcs.  té  des  chofcs  du  monde  ,  & 

les  prétentions  à  fes  dignitez 

&  à  fes  honneurs.  Car  ceux 

qui  font  pofledez  de  cette  paf- 

fion  ne  font  plus  â  eux  mé- 

lîîis,  mais  aux  autres,  &  ils 

ne  font  pas  (eulement    aflii- 

jettis  à  un  ou  deux  maîtres, 

mais  ils  font  les  efcl.wes  d'il* 

ne  infinité  de  tyrans. 

44<.  L'ambitieux  n'aime  perfon- 

L'ambltion  ne  ,  &  l'envie  jointe  au  délir 

compatible  ^jei3  ejoii-e  j^^t  il  eil  embra. 

tcuvraye^'         „   ^ ^.„    ^._ 


im 
amitié. 


'■^^^  zé ,  ne  peut   compatir   avec 
une  amitié  véritable.    Deux 


LI  ES 

■Dum  ej} ,  nec  magna 
intervallo  à  jejunio 
dtffat. 

Homil.  5^.  in 
cap.  17.  Ne  fcan- 
dalizemus  eos  .  . . 
da  ftaterem  pro  me 
&  te.  Ctrtè  alibi 
cùm  di  cibti  difjere- 
ret  ,  fcandalum  pe- 
nitus  rpreviffe  vide' 
tun  docens  nos  tem' 
porum  ^  opportuni" 
tatum  rattonem  ha^ 
bere  ;  ac  quando  j 
qmbufque  in  rébus 
contemnenda  vel  eu- 
randafcandalajînt, 

Nihil  prorftts  //- 
bertatem  animi  Jîe 
tollit  ,  Jîcut  fecttU" 
rittm  rerum  cupidi- 
tas  ,  e?*  eorum  qu£ 
videntur  effe  pTiecla" 
ta.  Non  enim  fibi 
vivant  ,  fed  alteri  , 
CT*  ntiUe  cruàelibus 
hominibus  hujufmo" 
âi  homines  préemuti' 
tur, 

Vbi  glorU  cupi" 
ditJS  efl  ,  ibi  quiti 
livor  vires  fuas  exer* 
cet ,  nuMa,  fncerapo- 
tejl  amicitia  inverti^ 


S\j%  s. 

fi  :  fui  quemadmo- 
attm  qui  eodem  ar- 
tificio  (jUiflum  ha~ 
hent  ,  Jîc  /îmilium 
honorum  confortes , 
qui  eadem  m  fecalo 
appetunt  ^Jtncero  ac 
puro  nequeunt  amore 
ionjungi  ,  nec  fine 
interna  tnter  fe  bello 
Vivere. 

Homil.  60.  \n 
cap.  18.  Scanda  a 
quidem  excitant  ttt- 
qtte  acuunt  ,  CT*  perf- 
ptcacio-rem  faciunt  , 
non  folnm  eum  qui 
fibi  cavit  diligent er , 
VerHm  etiam  eum 
forte  qui  incidit  •  nam 
poftea^jttiîm  tnde  fe 
eriptttrit^  cautior  at- 
que  tutior  redditur. 
ïihtare  fî  dtligtnttores 
fiterimus  ,  -non  par- 
Vum  frufium  ex  ea  re 
capiemus. 

In  pr^ho  qui  fthi 
folùm  lofuHt  miles, 
nec  aliud  reficit 
quant  quomodo  pofjtt 
animant  fuam  fw 
giendo  frvare  ,  is 
citeras  quoqtte  mili- 
tes ad  permctem  fe- 
CHm  trahit  :  querU' 


Matthieu.  119 

hommes  polfcdez  de  cette 
malhaueule  paflîon  ,  ibnt 
femblablcs  à  ces  artifans  qui 
gagnent  leur  vie  au  même 
métier  :  «comme  ils  défirent 
tous  la  même  choie  ,  il  eft 
impoflible  qu'ils  s'entre-ai- 
meiit  fincérement ,  &  qu'il  n'y 
ait  continuellement  dans  leurs 
coeurs  une  fccrette  jaloufie  qui 
les  delunit. 

Les  fcandales  &  les  occa-        44^. 
fions  de  pécher  réveillent  les  On  p^ut  tita 
hommes  &  les  rendent  plus  P"'^^  ^'^ 
cncourpeâs  &  plus  vigilans.  ^»^'^'id*l". 
Ils     cmpcchent    de    tomber 
celui    qui  veille  déjà  fur  lui- 
même   j  &  lis  lérvcnt    aufii 
à  celui  qui  étoit  déjà  tom- 
bé ,  pour  (e  relever ,  &  pour 
marcher  enluite  avec  plus  de 
piécautioti  &  d'ailurance.   Si 
donc  nous    femmes  attentifs 
à  notre  lalut  ,   nous  tirerons 
un  giand  avantage  des  fcan- 
dales. 

Celui  qui  dans  un  combat        .  .- 
ne  penfe  qu*à  fe  fauver  par      sVn:râidet 
la  fuite   ,    le    perd     lui-mé    les  uni  Ici  au- 
me  5   &    attire    avec  luy   la  tr-s% 
perte  des  autres  ;  comme  au 
contraire  celuy    qui    combat 
courageufemcnt  pour  le  lalut 
de  fes  compagnons  ,  fe  fau- 
ve luy-niéiiie  en  ks  fauvanr. 
Tij 


I 


220  D  E  S  H  O  M  E 

Combattons  doue  de  toutes 
nos  forces  pour  le  falut  de 
cous  nos  frères  ;  car  ii  cha- 
cun ne  penfe  qu'à  ce  qui  le 
regarde  ,  il  fe  perdra  mai- 
heureuiement  Ipy-niéme. 


448.  Nous  ne  nous  entre-aimons 

Fonder  l'a-  jamais  de  cet  amour  qui  vient 
micjé  fur  la  de  Dieu  ,  mais  nous  cher- 
charité,  chons  des  fujets  d'aimer,  ou 
dans  la  liaifon  du  fang  ,  ou 
dans  l'amitié  humaine  ,  ou 
dans  la  converfation  civile  , 
fans  être  conduits  par  cette 
divine  charité  ,  qui  devroit 
être  la  fource  &  le  principe 
de  notre  amour.  De  là  vient 
que  la  reUgion  &  la  piété 
n'étant  pas  la  régie  de  nos 
amitiez ,  nous  préferons  fou- 
vent  dans  ce  choix  les  Juifs  & 
les  payens  mêmes ,  à  ceux  qui 
font  comme  nous  enfans  de 
l'Eglife. 

Ceft  un  homme  ,  me  di- 
AA9*       rez-vous  ,  de  mauvaife    hu- 
Corngerle  ^^^^  ^  incorrig  blc,&qiiand 
xc  rebuter,       je  juy  parlerois   lur    Tes   de- 
voirs ,  je  fuis  certain  qu  il  ne 
m'écouceroit  p^is.  D'où  le  f^^i- 


LIES 

admodum  e  contra 
generofus  miles  càm 
alios  tutan  conatur , 
fe  ipftém  qitcque  dé- 
fendu   Sic  nos 

magno  animo  pro  fa^^ 
iute  omnium  pugne- 
tnus  . . .  nam  fifingum 
li  nojirafolàm  qu.i.ri' 
tnus ,  propterea  noflra 
diminnemus. 

Dei  charitate  non 
communimus  nos^fed 
altos  quofdam  amtci- 
ti<e  prtttextHs  qu,eri- 
mus.  Sic  altus  affini" 
tate  ,  altus  con/uetU'- 
dîne  ,  altus  vicmia^ 
altus  alia  quidam 
ratione ,  nemofideiac 
religtonis  pietate  no- 
bis  amicus  ef.  Cum- 
que  dtberemus  hinc 
folummodo  amnitite 
fœdera  contrahere  . , , 
cum  jfud<ets  nonnun- 
quam  CT*  gtntilihtti 
ma^s  quàm  cum  Ec- 
clef  A  fliis  amuitiai 
conjungimus. 

Non  exaudiet  me  , 
inquis  5  proietVHi 
ilie.  Un  de  td  fis  ? 
An  unquam  emtn- 
dure  conatus  es  ?  Sa- 
pins id  i  ais ,  feci. 


Sur    s.     Matthieu.  221 

Dicas  oro  ,  ct*  femel   vez-vous  ?    L'avez- VOUS  fou- 
vent  ellayé  ?  Ouy  ,  me  répon- 
,  je  l'ay 


O*  èis  me  feciffe  ar- 
*'  bitror.  0  rtm  mi- 
tam  !  Itane/emel  aut 
ùerum/.tpius  uhi  vi 
deLur  f*  £t/t  per  to- 
tam  vitam  id  fectfjes 
non  oportuijjct  te  la- 
hore  vicium  defeciffe. 
Si  non  ep  nobts 
fatis  nd  falutem  qttod 
Vtrtuosè  ipji  viva- 
mtis  ,  /ed  oportet  CT* 
aliorum  falutem  de- 
Jiderûre  ;  cùm  nos 
ne<^uè  refiè  vivamus^ 
netiue  ahoihortemitr  i 
qu:d  jefpo7tdehimt4i  f 
g»rf  nobii  fpes  falntii 
erif  relnjuu  > 

Nttliam  nojïri  fed 
noprorum  curam  ha- 
èjwus  y  vxoris  oh 
vifcimur  ^  Z^ 
funt  vxoris  recordd' 
wur  :  de  liber i s  non 
frovidemus  ^  C^  quce 
liberorum  fmt  auge- 
re  pudcmus  f  bis  fi- 
miles  ^ui  cttm  ruino- 
fam  -oideuvt  domum 
porticiis  et  CT*  fepta 
in  circuitft  tantum 
pY£para7it  :  atu  il'is 
qm  cum  morbo  con-' 
^ciaritur   ,    negUclu 


i- 
qu,e 


drez-vous  ,  je  l'ay  deja  fait 
une  fois  ou  deux.  Qiioy  jvous 
appeliez  celafouvent  ?  Quand 
vous  ne  vous  feriez  appliqué 
qu'à  cela  durant  toute  votre 
vie,  vous  ne  devriez  pas  vous 
en  rebuter. 

S'il  ne  fufîît  pps  de  vivre 


4ÎO. 
dans  la  piété  pour  être  lauvé,     Coii':rerii>- 
à  moins  qu'on   ne   foit  aulî'i    ^     '^"^°, 
emoraze  de  zele  pour  le  la-  ç^i^^^^ 
lut  des  autres  ,  que  devons- 
nous  attendre  un  jour  5  nous 
qui   ne    penfons  ny   à  notre 
propre  falut  >  ny  à  celuy  de 
nos  frères  ?  Et  t]uelleefperancc 
nous  peut  li  relier? 

Nous    négligeons     notre       4^1, 
propre  falut,  &  celuy  de  tou-      N\'4g.=rice 
te    notre   funille  ,    pour  ne  if^fenf*;?  pour 
penfer  qu'à  des  intérêts  tem- ^- ^'^^""• 
porels  :  femblables  à  une  per- 
Ibnne  qui  voyant  une  maifon 
fort  ajuftée  au  dedans,  mais 
dont  les  murailles    menace- 
roient   ruine  ,   ne  fongeroit 
point  à  les  réparer,  mais  feu- 
lement à  y  faire  de  nouveaux 
embelliliemens  au  dehors  :  ou 
à  un  malade ,  qui  étant  dans 
une  extrême  langueur  ,  négli- 
geroit  de  travailler  à  ie  gué- 
rir^ pour  ne  s'occuper  que  du 
ï  Jii 


12X  Des    Home 

foin  de  fe  faire  faire  de  riches 
habits. 
4^2.  Les  pères  font  les  premières 

Marier  Ces  caufes  de  la  dép.avation   de 
înfans  avont  i^m-j  enfans ,  parce  qu'ils  né- 
quYs  (oent    p^^ent  le  fo.n  de  leur  éduca- 
îél)*uche.       V«"     ÏJ^  louèrent  qu  ils  all- 
ient aux  académie^  de  )eu,aux 
théâtres ,  &  par  tout  où  la  fou- 
gue de  leurs  paflions  les  em- 
porte.  A;i  lieu  qu'avant  qu'ils 
culient  pu  ic  coriomprejilsau 
roient  du  leur  choifii  de  bonne 
heure  une  femme  modèle  & 
prudente  ,  quj  auroit  pu  les  ar- 
rêter &  les  préierver  de  tous 
ces  déréglemens.  Vous  ne  con- 
iîderez  pas  que  le   principal 
pointdu  mariage eft  d'y  entrer 
avecuncorpschafterc  eneftlà 
k  principale  utilité  :  mais  vous 
tout  au  contraire  ne  mariez 
vos  enfans, qu'après  avoir  fouf- 
fert  qu'ils  foient  tombez  en 
toutes  lortes  de  corruptions. 
453.  Si  vous   prenez  un  valet 

imporcance  pour  VOUS  fervir ,  vous  avez 
^e  choifir  un  g^-^nd  foin  de  le  bien  choifir. 
i.  ..„-    ^^.^  lorfqu'il  s'agit  de  don- 

ner un  précepteur  à  vos  en- 
fans ,  le  premier  qui  le  pré- 
fente n'eft  que  trop  bon.  Ce- 
pendant il  n'y  a  point  d'em- 
ploy  ny  plus  grand  ny  plus 
difficile  que  de  former  l'ef- 
prit  &  le  cœur  ,  &  de  régler 


bon  prccep 
teu/ 


LIES 

valetttiine  vefiei  fièi 
prec'ofas  conttxunt. 

l^at-ei  (ïepravd' 
tionis  Itbtrorum  catf' 
fafttnt  .  .  ca(}igAti<y» 
nii  neglfgunt  frA' 
nv.m  ,  dimittunt  aleis 
€9"  obfianii  fp.CltuU' 
lis  inhiantes  :  càm 
deberent  antecjuam 
forntcationibus  fe 
tradtrent  ,  prtidenti 
e?"  modePji  uxori 
conjungere  ,  qu^t  ah 
omni  rnala  coufuett*' 
dins  Wiiritum  eri» 
piat ....  Hoc  pfitci'- 
puum  matrimomi  Iw 
CTUm  ,  ut  cajlimonia 

Jîtfervata f^os 

autem  cum  omni  tur- 
pitudine  fe  mact^U" 
verint  liberi  ,  tune 
frufira  uxori  copula- 
tis. 

Si  <ig<tfo  eligett" 
dus  efl  ,  non  parum 
vigdamui  ....  Sin 
vero  ad  colendum  fi- 
liorum  ingenium  p,£- 
dagogusfit  invenien- 
d(*s  ,  qui  caft*  obU- 
tus  fuerit  etém  reci" 
pimus.  Quid  majus 
quàm  animis  mode- 
rari  ,   qt*àm  adolef- 


Sur    s. 

tenttéîofum  mores fn- 
gère  ?  Omni  pUiore  ^ 
omnt  ffatuario  ,  Ctt- 
teriftjue  ommbm  lott' 
gè  excellemiorem  dtt- 
Co  ,  qui  luvcfium 
animas  fingere  non 
ignoret. 

Honiil.  6i,  Si 
tondue  eni  ta  pet  ai  CT* 
quantum  in  te  Evan- 
gelicum  vitam  re 
ipfa  prohai  ,  <c^  con- 
corditer  ac  cum  cha- 
ritate  cum  proximo 
VI  vas  ,  tmpetrabis 
crando  mifvruordiam 
Domim. 

Alius  amat  quia 
tedamatur  ,  alius 
quta  honore-  affici- 
tur  ,  alius  quia  (îhi 
utilttate  ejje  autflre 
hominem  putaî:  Chri" 

pi  veto  caufa  dtffî- 
cillimè  quemquam  in- 
ventes ,  qui  amicum 
ut   oportet     diligat  : 

■^fed  omnes  ferè  fecula- 
rium  vincul»  rerim 
inter  fe  vinctuntur. 

Qui  caducis  CT* 
inflahiHhiis         caujîs 

conjuugnn:ur  ,  eorum 
conjunftio  perpétua 
ej]e  non  fotejl  ;  fed 


Matthieu*  aij 

toute  la  conduite  d'un  jeune 
homme.  On  fait  grand  cas 
de  la  peinture  &  de  la  fcul- 
pture  j  mais  quels  font  ces 
arts  au  prix  de  celui  qui 
travaille ,  non  fur  la  toile  ou 
fur  le  marbre  ,  mais  fur  le^ 
elprits  ? 

Si    vous    ne   demandez    à        ^j^. 
Dieu  que   des  chofcs  conve-  Prière  jufte, 
nables  à  un  Chrétien,  fi  vous  exaucée, 
fuivez    dans    votre   conduite 
les  régies  de   l'Evangile  ,  Çi 
vous  vivez  en  union  &  cha- 
nté avec  vos  frères,  fans  dou- 
te vous  obtiendrez  de  la  mi- 
féricorde  divine  ce  que  vous 
demanderez. 

Les  uns  aiment  parce  qu'- 
on les  aime  j  les  autres  parce 
qu'on  \qs  honore  ;  les  auties 
parce  qu'on  leur  t{\  ,  ou  peut 
être  utile  ,  &  pour  d'autres 
motifs  femblables  qui  ne  re- 
gardent que  des  intérêts  tem- 
porels ,  &  ne  s'entretiennent 
que  par  le  commerce  des  né- 
ceilitez  de  la  vie  :  mais  vous 
trouverez  très-peu  d'amitiez 
fondées  fur  le  motif  pur  de  la 
charité. 

Lorfque  l'amitié  n'eft  fon-       4^6. 

dée  que  fur  des  intérêts  hu-   C'eftLicFw- 

mains  &  paflagers ,  cette  liai-  ^}\^  f '^'=  '1"^ 

fon  ne  peut  être  bien  étroite  ,   ^'j  ^"''"^ 

II        1-11        >'         amiue, 
ny   perpétuelle.    Elle   s  eva- 

T  iiii 


4^r 

.-.mitiez  chré- 
tiennes. 


4^7 


224  Des    Home 

nouït  au  moindre  mépris  ,  au 
moindre  intérêt  ,  à  la  moin- 
dre jaloufici  parce  qu'elle  ne 
tient  p  intj  lame  par  la  racine 
fpirituclie  de  la  charité  ,  qui 
feule  foutjent  lo  idement  les 
amitiez  ,  &  les  rend  inébran- 
lables conne  tontes  Jes  cho- 
fes  du  n.onde.  Et  en  effet  il 
n'y  a  que  h  chariré  fondée  en 
Je  SUS-CHRIST  quifoit 
folide  5  confiante  ,  &  mvin- 
cibîe  :  qui  ne  s'altère  ny  par 
les  foupçons  ,  ny  par  les  ca- 
lomnies ,  ni  par  l.s  dangers, 
ny  par  la  mort  ,  ny  par  quel- 
que accidejit  temporel  que  ce 
puilTe  être.  Car  félon  TApô- 
tre  :  la  chanté  ne  pént  jamais. 
Si  votre  amitié  eft  fondée  fur 
J  E  s  u  s-C  H  R  I  s  T  ,  tout  ce 
qui  ruine  les  amitiez  humai- 
nes, l'affermira,  &  l'enflamera 
davantage.  Et  quand  même 
un  ami  manqueroit  de  fidéli- 
té à  celui  qui  l'aime  de  cet 
amour  fprirituel ,  quand  il  le 
mépriferoit ,  &  que  même  il 
le  voudroit  perdre  ,  JESUS- 
Christ  feul  qu'il  aime 
dans  Ion  ami ,  fiiffit  pour  en- 
tretenir fon  amitié ,  &  pour 
empêcher  qu'elle  ne  puifTe  ja- 
mais périr. 

Lts   folitaires  &  les    ava- 


Avance  in-  ^^^  ignorent  les  uns  &  les  au 


LIES 

fi  vel  contempîui  » 
Vel  pecumarum  fac- 
tura ,  vel  livor  j 
zel  glorite  cupiiitas^ 
vel  aliud  hujufmoab 
fi^pervenerit  ,  ami- 
chiam  dijfohtt.  Ra- 
dicem  tnim  non  in- 
venit  fpiritalem, 

Nam  fi  talii  ejjet  , 
t7ulîa  res  fecularis 
eam  evelleret.  Ea 
certè  charitas  ,  ^««e 
Chrifii  cauju  f^nda- 
iur  ,firma  ipaèilis  , 
atcjue  invida  efl:  , 
née  ulla  re  conquafi' 
futur  j  non  obtreÛa^ 
tione  ,  tton  peticulis  , 
non  morte  ,    non  uUa 

re  temparali 

charitas  nunquam 
excidit...  Stpropter 
Chrifium  diltgti  con» 
tumeU,e  ipfie  ah  alto 
tilat<e  ad  majorem  te 
impellunt  charitatem 
.  .  .  Qui  amoreffi' 
ritali  diligit ,  fi  con- 
temnaïur ,  fi  inîerfi- 
ciatur ,  cjuoniam  fitf- 
ficiem  fibi  adaman- 
dum  Chrifitts  ejl  , 
perfiiVerat  in  amore, 
Homil.  5z.  Et 
monachi   C^  avari , 


Sur     s. 

^utd  avaritia  Jît , 
ignorant  .  .  illi  quia 
longe  à  morho  uhfuni  ; 
ipi  quia.  IjHJus  paf- 
Jîonii  ebrttate  ociu- 
pattiur  y  ne  fentire 
quidem  1ji*nc  mor- 
hHtn  ffoJ]'unt. 

Non  artes  ,  non 
ngr I cuhuram  ,  non 
miliuam  ,  fed  nos 
ipfos  jjitupero.  Et 
'Cornélius  ,  centurio 
fuit  s  CT'  Paulus  , 
futoriam  artem  pro- 
fitehatur^  David  Rex 
fuit ,  CT*  ^ûl>  locuple^ 
tijjtmus. 

Quanto  plura  oh- 
ireOator  intulit^tan- 
to  benefa^orem  re 
ipfa  comperies  eum  , 
qtti  caufam  tibiprie- 
buit  3  «I  tuorum  pojjîs 
peccatomm  fortes  de- 
tergere. 

Perjpice  quoi  quan- 
taque  lucreris  ,  Jî 
aquo  anima  oppreffïo- 
nes  inimtcorum  tttle- 
rii.  I.  qttod  maxi- 
mum efl  5  peccatoTHm 
remi^lonem.  z,  pa- 
tientiam  atqtte  per- 
feverantiam  laitdu- 
bdem.   3.  manfuetH' 


Matthieu.  225 

tics  ce  que    c'eft   que    Tava    connuë&aui 
rice  :    ies    premiers    ,   parce  faims  &  aux 
qu'ils  en  lont  infiniment  éloi-  avares, 
gnez  ,  &    les  autres  ,  parce 
qu'ils  font    fi    troublez   &   R 
eny  vrcz  de  cette  pailïon  ,  qu'- 
ils Ibnt  incapables  de  la  con- 
noître  &  delalcntir. 

N'acculuns  de  nos  déié- 
glemens  ny  les  arts  ,  ny  i*a- 


Seranâifie* 


ny  h  meuer  des  fX''  '"• 


gruulture  ,  ..,  .. ,^jr_^,^_ 

ariiT.s  ,  ny  toutes  les  autres 
proie  (lions  de  la  vie  :  mais 
acculons  -  nous  nous-  même». 
Corneille  fut  Capitaine  ^  S. 
Paul  faiteur  de  tentes  ^  David 
Roy  i  &  Jobtiès-riche. 

Plus  un  calomniateur  vous       4TP' 
aura  fait  de  mal,  plus    vous      Calomnie 
trouverez  qu'il  vous  aura  fait  ^'^\^*  ^  '^^"î^ 
de  bien  5  puisqu'il  vous  aura  ^"^^^^o^^"» 
donné  lieu  de  vous  purifier  de 
vos  péchez  ,  qui  lont  les  plus 
grands  de  tous  les  maux. 

Confîaerez  combien   vous        Ago; 
retirez  d'avantages  d'une  in-      Combien  il 
jure  foufFerte  avec  patience  &  eft  avâugeux 
humilité,  i.  Vous  méritez  que  de^ouftrirdes 
Dieu  vousremette  vos  péchez.  '"J""^"* 
2.  Vous  vous  exercez  dans  la 
patience  &  vous  confervez  une 
fermeté  inébranlable  dans  le 
bien.  3  .Vous  vous  fortifiez  dans 
la  douceur,  &  la  charité  envers 


2i6  Des   Homel 

vos  frères  j  puilque  celui  qui 
cft  incapable  de  s'irriter  con- 
tre (es  tnncnus  ,  ne  feia  pas 
en  état  de  manquer  de  cha- 
rité envers  ceux  qui  l'aiment. 
4.  Vous  tt  availlei  ez  ainii  j  dé- 
raciner entiéitmerrt  h  colère 
de  votre  cotin  ,  qui  cil  'e  plus 
grand  bien  qui  vous  peut  ja- 
mais arriver.  Lt  )'ole  même 
dire  ,  que  lî  vous  pei  lév  ércz  à 
traitter  avec  cette  modération 
vos  ennemis  ,  vous  n'aurez 
bjen-tot  plus  d'ennemis. 
-^  11  médit  de  moi  en  fecret , 

Jvlépr'rerla"^^  direz- vous  :    mais    quel 

mldiiance.  ^^^  ^ous  peuvent  fane  ces 
calomnies  ?  Puis  que  c'elt 
Dieu  qui  fera  votre  juge  ,  & 
non  pas  ceux  que  le  calom- 
niateur peut  avoir  furpris  par 
{es  médifances. 
ij^i.  Il  ne  fuffit  pas  de  mépri- 

Dégrez  de  fer  les  richeflés  ,  il  faut  en- 

perfcûion.  core  fecourir  les  pauvres  : 
mais  fur  tout  il  faut  s'étudier 
à  fuivre  exadement  JESUS- 
Christ,  â  faire  ponduel- 
lemenc  ce  qu'il  nous  com- 
mande j  &  à  être  prêt  à  fouf- 
frir  toutes  chafes  ,  &  même 
à  mourir  en  la  manière  qu'il 
luy  plaira.  Si  quelqu'un  veut 
venir  après  moi  ,  qutl  fe  re- 
nonce luy-méme  ,  qt*il  porte  Çà 
troiXi  CT-  me  fuive  :  parce  que 


1E8 

di  tient  O*  humant' 
tatem  :  nam  qui 
nefcit  adier^u-  inif 
mil  os  trafii  ,  mu-to 
m^gis  aniiis  erit 
ccmmodus,  4  quia 
procul  ab  ira  tran^ 
qut'lo  jtmftr  antm» 
Vives  ,  eut  rei  quid 
unqttam  conjtrn  pO" 
tertt .  .  .  tmo  Jt  ani- 
mum  ita  parazieris , 
nemo  inimicitiis  per* 
feqtteittr. 

Clam  ,  inquies  > 
mihi  apud  alios  de^ 
traxit.  Et  quid  hoc 
efl  ?  Hujut  rei  ra» 
liontm  Deui  ,  nofX 
tlii  qui  detrahentem 
audierunt  y  petnuru& 
eji. 

Homil.  ^4.  in 
cap.  I5>.  Non  fatis 
eftpecuniam  fperneret 
verùm  oportet  paupe- 
ribus  opem  ferre  j  & 
a>7te  omnia  ipfunn 
Chrijïum  fequi  dili* 
genter  :  id  efl  ,  re 
ipfa  omnia  praflar» 
qu£  ab  ipfojubentur  » 
paratumque  femper 
ejfe  y  tam  laboreifubi"^ 
re  ,  quàm  omtte  ge* 
nus   mortis   fujferre* 


* 


Sur 

Si  quis  vult  poft 
me  venire  ,  Hic. 
muiui  tji  Janguinem 
€junm  pecuniam  ef- 
J-iiidcre.:  CT*  aàmar- 
tyrtum  non  patum 
confert  ftnarus  pecH- 
nœ  iontemptus. 

Act:efjî;nepecw:ia' 
tum  ctipiditai  magis 
ac  mugis  influmma- 
tur  i  fil  que  rtrum 
copia  crtfcente  ,  pau- 
pertas  quoc^ue  au^e- 
tur.  Nam  ijui  muio- 
ri  defiderio  ardent  , 
egere  fe  magis  Jen- 
tiunt. 

Qui  vult  ex  ava- 
titi<t  jlutlibui  emer' 
gère  ,  inapiat  fuper- 
fina  recidere  . .  ,yê«- 
/jm  atque  gradatim 
per  hanc  fcalam  af- 
eendens ,  qua  tandem 
in  C£los  adducet. 

Homil.  6^.  in 
cap.  20.  Non  foltim 
vntverfa  vivendi 
difciplina  ,  fed  CT* 
parva  ejm  omijja 
pars ,  niaxima  dam- 
na tntultt,  Nam  elee- 
mofyna  negleéla  vir- 
gines  ingehennam  de- 
trudit .. .  Non  ma'e- 


S.    Matthieu.  217 

c'eft  beaucoup  plus  de  don- 
ner Ion  fang  &  fa  vie  ,  que 
de  donner  les  biens  aux  pau- 
vres ;  &  que  c'  ft  par  ce  re- 
noncement aux  biens  de  la 
terre  qu*on  peut  ie  mettre  en 
état  d  otFrir  à  Dieu  Ion  fang  & 
fa  Vie. 

Plus  nos  richefles  s'aug- 
mentent ,  p  us  nous  les  ai- 
mons j  de  lortc  qu'il  eft  vray 
de  dire  que  plus  on  eft  riche  , 
plus  on  devient  pauvre.  Car 
cetre  ardeur  inlanable  qu'on 
a  pour  les  biens  du  monde  , 
marque  alfez  que  nous  en 
reircntons  de  plus  en  plus  le 
beloin. 

Celui  qui  eft  pofledé,  de  la 
paillon  de  l'avarice ,  doit  com- 
mencer pour  sQn  délivrer  ,  à 
retrancher  ce  qu'il  a  de  fu- 
perflu  j  &  il  fe  mettra  ainfî  en 
état  d'aller  plus  avant  ,  &  de 
s'élever  de  degré  en  degré  juf- 
quesdans  le  ciel. 

On  n'eft  pas  feulement  con- 
damné pour  n'avoir  pratiqué 
aucune  vertu ,  mais  feulement 
pour  en  avoir  omis  quelqu'- 
une. Par  exemple ,  l'aumône 
pour  avoirété  négligée  a  cau- 
ic  la  damnation  des  Vierges 
folles.  S'abftenir  de  la  médi- 
fance  n'eft  aufli  qu'une  partie 
de  la  vertu  ,  &  néanmoins  fi 


Pauvreté  au 
milieu  des  ri- 
chefles* 


4<?4. 

Détruire  peu 
à  peuTavari- 
ce. 


4éi: 

Ilfiiffitpoui' 
fe  perdre  de 
manquer  à  un 
feul  point  da 
fes  devoirs. 


2iS  Des  Home 

on  n'a  foin  de  l'éviter ,  on  fera 
exclus  du  ciel.  L'hu?niljté  n'cft 
aufli  qu'une  vertu  particuliè- 
re, &  néanmoins  fi  nous  ne  l'a- 
vons 5  quand  nous  ferions 
d'ailleurs  les  allions  de  piété 
les  plus  éclatantes ,  elles  Ic- 
roien-  toutes  impures  &  fouil- 
lées aux  yeux  de  Dieu  C'eft 
ce  que  nous  voyons  dans  le 
Phanfien  de  lEvangile,  qui 
perdit  la  récompenle  de  tant 
de  bonnes  œuvres  pour  avoir 
été  iuperbe.  Mais  je  dis  de 
plus  qu'on  n'eft  pas  leulement 
privé  du  ciel  par  l'omilTion 
des  vertus  ;  mais  même  qu'il 
fufEt  pour  cela  de  ne  les  pra- 
tiquer que  foiblement  &  né- 
gligemment :  puifque  Jl  no- 
tre jujfice  nej)  plus  abondante 
que  celle  dei  Fharifiens  ,  nous 
n'entrerons  point  dans  le  royau- 
me du  ciel. 
a66.  ^^  ^^^  Pharifiens   en  don- 

Petit  nom-  "^"^  Î3  moitié  de  leur   bien 

bre  des  élus,  ne  failoient  rien ,  que  devien- 
drez-vous  ,  vous  qui  n'avez 
jamais  penfé  à  en  donner  feu- 
lement la  dixième  partie  aux 
pauvres  ?  N'eft  ce  donc  pas 
avec  grande  raifon  que  J  e- 
su  s -Christ  dit  qu'il  y 
en  aura  très-peu  de  fauvez  ? 
'467.  SïJesus-Christ 

Ke  point  ju- défend  aux  plus  innocens  de 


LI  ES 

dicere  quadam  par^ 
ticula  virtutis  f/? , 
ftd  per  eam  foras  eji  < 
ciemur  ....  Humi  i- 
tas  JImpliciter  Z'irtu- 
tis pan  eJi  ,  fine  qua 
eti  m  fi  mulia  alia 
per^gas  ,  trnruHiid^j 
eris  apud  Dtum  : 
quod  tbariftus  on> 
hibus  patefaiit  ,  qui 
mille  vinutihus  af- 
fluens  ,  prop.er  arro^ 
ganùam  Jupernam 
f e  lie  i  talent  ami  fit.  .  . 
Et  non  folùm  una 
pars  turtuiis  onujfi^ 
cttlum  nohii  claudtt  j 
verùm  etiam  fi  non 
congruenti  fiudio  />««-■ 
agitur  y  ilhtd  ipfum 
folet  in  ferre  :  NiS 
enimfuperabunda- 
veritj  &c. 

Si-  Fharifai  qui  wff- 
diampartem  dabant^y 
nihil  magni  opéra" 
bantur  :  quidtufaciiS 
qui  nec  decimam  qui- 
dempariem  pauperi- 
bus  vnquâ  dare  cogi- 
tafii?  Quare  non  in^ 
juria  ptiucosfore  fal" 
"Dos  Chrifiui  dicebat. 

Si  qui   reflè  vi" 
z'unt    juduare    altûi 


I 


Sur 

tion     permittuntu 


Matthieu. 
ger   les  autres 


IIP 

combien 


ger  du   prd4 
qaanto  magts  ajuc^\»\\xz6x.  le  défend  -  il  aux  pé- chaia, 
cando       peccatorthns     chcurs  ? 
Abjlinendumejl} 


Major  tua  gtoria 
Jî  nulla  humana  doc- 
trina ,  mirabiUs  eua- 
fèn4. 

Si  ad  ho  mine  s 
refpiciendum  e^ ,  non 
ijfos  imitare  quos 
adeo  lemulamini  .  .  . 
inglorios  çy  ojfen- 
dentes  Deum  admi' 
raris  >  à  quibus  mul- 
ta  exempla  nequitia 
coUiges  5  ta  negli- 
^entiam  CT*  fuper- 
hiam  incides  »  ac  ad 
judicandum  altos  con- 
ver  ter  (s.  Si  vero  zir* 
tutti  cultures  fepius 
tecum  recenfeas  ,  in 
humilitatem  O"  com- 
punéltonem  ,  tn  (îu- 
dia  vntutum  facile  te 
ipfiim  perduces. 


Hom.  66.  OJf en- 
dit  Chrijlus  gentium 
morts  pjje prima  jk*- 
que  ajfpetere. 


Vous  en  rere:^  encore  plus 
digne  de  louange ,  Ci  vous  em- 
brail'ezla  vertu  ians  avoir  per- 
fonne  qui  vous  y  porte. 

S'il  faut  regarder  l'exemple 
des  hommes  ,  ne  coniîdeiez 
jamais  ceux  ,  à  la  profpérité 
defquels  vous  portez  envie ,  & 
qui  n'ont  nulle  gloire  ny  nul 
mérite  devant  Dieu, mais  plu- 
tôt qui  rolfcnfent  par  leur 
attachement  au  monde  ,  & 
dont  vous  ne  pouvez  tirer  que 
des  exemples  pernicieux.  Car 
fî  vous  les  regardez  vous  *eQ 
deviendrez  ptus  négligent  & 
plus  fuperbe  ,  plus  dilpofé  à 
juger  &  à  condamner  les  au- 
tres :  Que  fî  au  contraire  vous 
vous  propofez  pour  modelle 
ceux  qui  vivent  laintement , 
vous  apprendrez  d'eux  à  vous 
avancer  toujours  dans  l'humi- 
lité ,  dans  la  vigilance  ,  dans 
la  compondion ,  &  dans  tou- 
tes les  autres  vertus. 

Jésus-  Christ  mar- 
que dans  TEvangile  que  c'eû 
un  défir  de  payen  &  d'infidel- 
le  5  de  fouhaiter  les  dignitez 
&  les  prékances. 


4^8. 

PfAtiquer  U 
vertu  ,  même 
fans  maicrci 

Ne  fe  propo» 
f;r  que  Us 
bons  pour  e- 
xemple« 


470. 
AmbitioUjf 
paifion  de 


xio  Des     Ho 

2^   j  L'orgueil  n'eft  qu'une  vray' 

La  fauffe  &  baïTeffe  ,  &  l'humilité  an  con- 


n-  ^rroç 


lavrayegt 
deur. 


«»  fîll  plurimum 

■>gat ,  is  Verè  ah- 

itéius  tfl  :  ijut  vero 

humitti  f/? ,  a(t  ver<e 

ont  que  le  nom  &  Tapparen-    fubltmitaiis  cacumen 

ce  •,  mais  celle  de  l'humble  ed    volavtt  î     qua    non 


traire  eft  une  grand.,  ur  foiide. 
L^s  grandeurs  du  monde  n*cn 


réelle  &  véritable.  Les  hom- 
mes font  grands  par  une  défé- 
rence étrangère  ,  que  la  crain- 
te &  la  nécefllté  leur  fait 
rendre  :  Ihumble  eft  grand 
par  une  grandeur  propre  & 
intérieure  ,  qui  tient  de  celle 
de  Dieu  même.  Celuy  qui 
eft  grand  en  cette  manière, 
demeure  toujours  ce  qu'il  eft , 
quand  il  ne  feroit  connu  & 
honoré  de  perfonne  -,  au  lieu  /«w  talent  pradicet  , 
que  le  fupeibe  n  eft  di^ne  verè  tamen  magt.us 
que  de  mépris  «  lors  même 
qu'il  eft  adoré  des  hommes. 


appellattone  nominis  ^ 
fcd  re  ipfa  fublimnas 
tjf.  Exierna  cjuippe 
ciljîtudo  ,  nectjfAatU 
atque  tirnorts  eji  : 
hékc  vero  imetior  at- 
quenopra  ,  celfitudi- 
ni  divin <e  (îmilii  fjfe 
cognofcitur.  Quare 
qui  apud  nos  mugnus 
tjf ,  etiani/î  nemo  ip- 


.  Deux    aveugles    et  oient    a/ps 

Pouvo'irde/»*»"  le  ^»rd  da  chemin  ^  ZP'c. 
la  prière  ar-  Cette  hiftoire  nous  fait  voir 
dente.  que  quelque  petits  &  mépri 

fables  que  nous  (oyons  ,  ^ 
nous  nous  approchons  de  Dieu 
avec  une  foy  ardente  ;  nous 
pourrons  par  nous  mêmes 
&  fans  autre  introducteur ,  en 
obtenir  ce  que  nous  lui  de- 
manderons. 


ep  i  Jîcut  e  contra 
fuperhui  ,  quem  OW' 
nés  admiramur  CT* 
coîu'tt  ,  omnium  vi 
hfjimus  reperitur. 

Homil.  67,  il 
cap.  21.  Duo  cxc 
ledétesfeciis  viam» 
&C.  Htnc  alerte  difi 
lere  potts  5  quod  e- 
tiamfi  viles  C7*  ab' 
jtOi  ftwus  f  tamen 
Jî  ardenii  animo  at 
Deum  acceâumus 
per  nos  ipfos  fine  me 
àiatore  iwp>trabtmd 
qna  petemus 


SaR 

Hom.  ^8.  Brtzjis 
■ej}pra:fens  vita  ypar- 
Vus  hic  Uhor  \  qui 
et  tant  Jî  magnus  e/Jet , 
ncc /î  tamen  renuere 
deberemm  Nu  m  fi 
hune  laudubtlem  pos- 
ait entids  ac  virtMtis 
laùorem  nonfu/piciaSy 
nullo  ta»  en  pa6}o  , 
hihores  CT*  affltéiio- 
nem  hu>jus  feculi  ef- 
f*t^ies.  Quod  fi  utro- 
bique  five  virtuose 
vivas  ,  five  non, 
lahor  tnefi  j  quant- 
obrem  non  tlUm  la- 
borem  eUgamus ,  eut 
ttheres  frtt^Jus  (O" 
mer  ces  copia ftt  debe- 
tur  ?  Quumvis  pr^e- 
terea  non  iàcm  vir- 
tt*tis  ac  fecuîarium 
rerttm  Uhor  nec  aqua- 
lis  omninofit. 

Hom.  5 p.  Nihtl 
ita  proicipttem  a<rit. 
hominem  ,  nihil  fie 
à  futuris  déficit  bo- 
nis ,  quemadmoium 
fi  quis  caducis  his 
bonis  aff^it  animum  : 
nec  quicquam  aUud 
adeo  er  prttfentibus 
jucundè  utt  ^  futU' 
ris  perfrm    facit  , 


S«    Matthieu.  ijr 

La  vie  préfente  eft  cour-  i, 

te  ,  &  le  travail  y  eft  léger.     p^.f^Vil 
Mais  quand  il  feroit  grand ,  fmtlouftrir, 
on  ne  devroit  pas  faire  diffi   ibuftriren  ju- 
cultede  le  (outfrir.  Car  quand  'te  ,  ôcuoiica 
vous  ne  voudriez  pas  endurer  P^cheuc.  ^ 
les  travaux  fi  favorables  de  la 
pénitence  ,  vous  ne  laiirerez 
pas  de  tomber  dans  les  mal- 
heurs   &    les  affli<ftions    du 
monde.  Si  donc  de  fjçon  ou 
d  autre  ,  nous  ne  pouvons  évi- 
ter de  (buffrir  ,  pourquoy  ne 
préférons- nous  pas  à  des  tra- 
vaux qui  nous  damnent  ,  des 
peines  qui  font  fuivies  d'un 
grand    bonheur  &  d'une  ré- 
compenfefi  glorieufe?  Quoy 
que  d'ailleurs  les  travaux  des 
gens  de  bien  ,  (ont  bien  dif- 
ferens  dans  cette  vie  même, 
des  peines  qu'y  loufFrent  les 
amateurs  de  ce  monde. 


Rien  ne  fait  tomber    les 
hommes  d'une  chute  plus  dé-     vivr^dela 
plorable  ,  &  ne  détruit  pIû-  f^y  ^  sc  non 
tôt   refpérance    des    biens  àdesfens, 
venir ,  que  l'amour  des  cho- 
fes  préfentes  Comme  au  con- 
traire rien  ne  nous  fait  joiiir 
fi  paifiblement  des    biens  dé 
cette  vie  ,  &  de  ceux  de  l'au- 
tre 5  que  la  préférence    que 
nous  faifons  de  ces  premiers 


I 


131  Des    Homélies 

pardefTus  les  autres.  quam /î illa  iflis  prof 

fus  antepofuerii. 

Vous    n'avez  point  befoin  Homii.  70.  Non, 

4/5'        de  riches  habits  ,  mais  leule-  opus  his  aureu  ,  (ei 

Renoncer                    ,,                         i       •        1  •/ 

aux  parures    ^^"^^    d  ornemens     Ipirituels  tniertoribuiornamen' 

mondaines,     qui    parent  votre   ame      Or  tts  i  cr  fiitete  qtto' 

tant  que  vous  aimerez  à  por-  ufyue  ifta  rettneaiis  ^ 

ter  ces  parures    extérieures,  dijfcillimum  ejfe  ilUs 

il  lera  bien  difficile  que  vous  vti.  Non  emm  corpus 

ayez  les  intérieurs.    Car  il  eft  Jîmul    eT*     ammam 

impoflible  de  parer  en  même  pojfuwus  exornare. 

tems  l'ame  &  le  corps.  In  cap.  23.  hom.  J 

'47^.             Quiconque  viole  la  loy  ,  eft  7 ^ .  Criminandt  om-  ^ 

Péchez  des  Coupable  j  mais  perfonne  ne  nés  fnnt  qui  legem 

fuperieurs,     Teû  davantage  que  celuy  qui  tranfgrediuntur  ^  fd 

plus   grands.  Joit  inftruire  les  autres.    Car  maxtmè  qui  dohorii 

il  commet   un   triple    péché,  fungttur    autoritate. 

1.  En  ce  qu'il   viole   la  loy.  Primum ,  quia  tranf 

2.  En  ce  qu  étant  étably  pour  gr^ditur.  Detndecum 
régler  les  autres  ,  il  le  uéré-  m  corrigendts  aliis 
gleluy-méme.  3.  En  ce  que  ipfe  daudicat  ,  ma» 
fa  dignité  le  rendant  plus  vé-  jore  dignus  ejl  /up- 
nérable  ,  fon  exemple  faïc  plic$0.  Tertto  quia 
beaucoup  plus  d  imprenTion  cùm  cet*  doOor  pr^e» 
lur  les  elprits  ,  &  fa  corrup-  fideat  ,  nequitia  fua 
tion  fe  communique  bien  plus  facile  c<eteros  corrurti' 
aifément  aux  autres.  pit. 

Amj,            Il    doit  y  avoir    deux   cho-  In  optimo  Pr^lato 

Bonpaneur  fes  principales  dans  un  bon  duo  requiruntur  ,•  ut 

févère  à  luy-  Palleur  :  l'une  d'être  un  ju-  fciltcet    adzerfus    fe- 

roême ,  doux  ge  (évére  &   inflexible  à  l'é-  ipfum    nulla    utatitr 

aux  autres,     g^^^j   ^je  luy-raéme  ;    l'autre  venia  ^fed  feverum 

d'être    plein    de    douceur    &  fe  judicem  exhihtat: 

de  chanté  envers  ceux  qu'il  erga  fuBjeflos  autem 

gouverne.  miuor^KP'  addandam 

veniam  pronpor  fît, 
Hom. 


Sur  s 
Homil.  74.  Par- 
va  reUgionis  offuia  , 
pr opter  inagna  ,  mi- 
fericordjam  dico 
ac  judicium  ,  Uge 
firmata  funt.  Quare 
à  magtns  dirupta  , 
uihil  prodejje  pojjtmt  : 
parva  enim  ad  ma- 
gna /cquuntur  j  non 
bac  adilla. 


Semper  aiquc  uli- 
que  pernutofa  res 
ejî  improhiias  >  ma^ 
gis  autem  quaftdo 
sarreClione  indfrere 
von  putat  -y  iàm  vero 
maxime  pefuiciof^ 
e(i  j  cumfe  ad  emen^ 
dandos  alios  fufficere 
opinatur  :  qu£  j'igni- 
frans  Chrijïus  C3E- 
corum  duces  iUos 
apfelUvit.  Nam  fi 
maxima  videtur  ca- 
lamttas ,  quatido  cd' 
cm  duce  fibi  nihil 
cpus  ejje  exiflimat  ; 
quid  dicemm  fi  alio" 
vum  etiam  dux  ejj'e 
contendit  ? 


Tom.  î. 


Matthieu.  235 

Dieu  n'avoir  ordonné  les  pe-         _g^ 
tits  devoirs  de  la  loi ,  que  par    Ne  point  fe- 
rapport  à  ceux    qui   étoient  parer  les  peu- 
plus  grands  ,  comme  font  la  tes  prAtiijuss 
miféricorde  CT*  lejugemant.    Lors  ^  rdigi'^"  » 
donc  que  CCS  pcticcsoblcrvan-  ^fj  pr-^t-ques 
ces  {ont  lepaiecs   des  gran- 
des'pour  lelquelles   elles  ont 
étc   établies  ,   elles    devien- 
nent inutiles  à  ceux    qui  les 
pratiquent   :    parce    qu'elles 
rompent  ce  rapport  &  cetta 
liaifon  néceiraiie  qu'elles  ont 
avec  les  règles    importantes 
&  efTenticUes  de  la  loy. 

La  malice  &  la  corruption       47p. 
font  toujours    déceftables   en.     Conrre  les 
toutes   fortes. de  perfonnes  yconiuiacur.^ 
mais  elles  le  font  encore  da-  i"échans    & 
vnntage  dans   ceux  qui  biea*^^"^"'^* 
loin  de  croire   qu'ils  ont  be- 
loin  de  corredion  ,  s'imagi- 
nent au  contraire  être  capa- 
bles d'-cclairer  &  de  condui- 
re les  autres.  Et  c'cft  ce  que 
Jesus-Chrisx    nous    2 
voulu  marquer  lors  qu'il  ap- 
pelle lei  Pharifîens  des  conduc 
leurs     d'aveugles.      Si    le    plus 
grand  malheur  d'un  aveugle ,. 
cù.  de  croire  qu'il  n'a  point 
befoin   de  conduâeur  y  que 
dirons-nous      de    celuy     qui 
étant     aveugle     luy  -  même, 
voudroit  être   néanmoins   le 
guide  des  auues  .^ 


Les  prophe 
ti?s  accom- 
plies par  k 


234  Des    Hom 

interrogeons  les  Juifs ,   & 
demandons  -  leur  ,  fî  le  Sei- 
gneur ne  leur  a  pas   envoyé 
des  Prophètes  &  des  fages  ? 
p.iTé^fontun^.jjj  ne  les  ont  pas  tuez  dans 

gaçe    que  les  ,  y.  ,    c-     i 

•         leurs    ivna202ues  ?   oi    leur 
autres  sac-     *«'"*''     ij  Lia^^^M.\,j   .    ^*    n,.«i 

conpUronc  à  ville  n'a  pas  été  ruinée  de 
ravenir.  fond  en  comble  ?  Si  tous  les 
maux  qui  leur  ont  été  pré- 
dits ,  ne  leur  font  pas  arri- 
vez ?  Nul  d'eux  ne  l'oleroit 
nier.  Comme  donc  jufques 
icy  CCS  prédirions  ont  été 
vérifiées  par  l'événement  , 
peut-on  douter  que  les  autres 
n'arrivent  de  même  ,  &  que 
les  Juifs  ne  foient  un  jour 
obligez  de  reconnoître  Je- 
s  us-Christ  ,  lorfqu'il  pa- 
roîtra  à  leurs  yeux  dans  la 
magnificence  de  fa  gloire? 
4S1.  Quoyque  vous  foyez  riche  , 

terichedoic  îe  celcfte  médecin  peut  facile- 

/n'nT^  ff-^-'     nient  remédier  au  da.Tger  où 
liunecjliajre,  ,  '  5    •     r>      m     ' 

3,-  donner  Je  ^^t  état  VOUS  réduit.  Car  il  n  a 
ruperflu.  ^  jamais  défendu  les  richeffes  y 
mais  feulement  d'y  être  atta- 
ché &  d'en  être  elclaye.  Que 
peut  donc  faire  un  riche  pour 
éti-e  fauve  ?  Il  faut  que  xe 
qu'il  poiTede  lui  foit  commun 
avec  les  pauvres  ,  ainfi  qu'en 
a  ufé  le  bienheureux  Job.  II 
fcut  qu'il  aî-rache  de  fon  cœur 
l'amour  de  ce  qui  iuy  eft  fxi- 
ferflii  i    qu'il    ae  pafle   ja- 


ELIES 

Ho  m  il.  7^   Itt- 

terro^amtts  ^ttd<eos 

nonne      mijit     pro- 

phetas     ac     [apien- 

tes  ?    nonne    occide' 

runt  illos  in  fyrtago- 

gis  fuis  ?    an  domus 

ipforum  in   defolatio- 

nem  dimiffa  non  efi , 

vel  clades  forte  pra- 

diclit    in   gêner atio* 

nem  illam  non  vene- 

runt  ?  nullus   auiehît 

profao.tfafadaejîe 

negare.    Sicut  igttur 

hxc  vniverfa  re  tpfa 

evenerunt  ,  ftc    reli- 

jtia      certè     futura 

ftint  ,    ^     videhmt 

ipft*m  Chrifîum  quem 

negare  non  poterunt, 

Etftdi'ûes  es  ,   me» 

deri  tamen   îibi  fa-» 

cilè    potej}       C£leftis 

msdicm.    Non    enim 

divitias  è  mcdto    tu» 

lit  ,fed  divitiis  fet'^ 

vire  prohihuit.    Quo- 

modo    ignur  poffibiU 

eft  divitem  fa  h  art  ? 

Si(jt4£  hahet   ,   fom- 

munia  ilU  cum  indi^ 

gentihus   fut  ,  qua» 

lent  fuijfe     Job    noa 

ignoramus.    Si  cupi- 

ditatem  fuperflui.  cib 


Sur    s. 

anlmo  evellat  i/î  ultra 
necefjarium  ujum  mi- 
nimè  procédât. 

Si  fruflus  fpiri' 
taies  i  vt  de  cet  ,  guf» 
tavertmus  ,  pr<efett' 
tia  cette  unwerfa 
Vilipendemui  ,  futu* 
rorum  cupiditate  , 
gr^y?  qttadam  optima 
ebrietate  capti. 

Hom.  76.  Maxi- 
mum argumentum 
omnipotentia  Chrijîi , 
quod  vigimi  aut  ad 
.fummum  trtginta  , 
ad  omnes  oras  orhis 
Evangelium      tranf- 

£urrit 0  rem 

novam  aligne  inau- 
ditam  !  Judtorum 
tnnumera  milita  Ro- 
matii  tune  vicerunt , 
atque  caperunt  ,  CT* 
à  duodccim  vtris  ni*- 
dis  atque  inermtbus 
fuperatifitnt. 

Duo  lue  docenti- 
hus  inejje  oportet ,  vt 
autoritate ^olleant  , 
O*  ab  audientibus 
diligantttr  ,-  ^  ad 
hue  tertium  ut  ea 
audiantur  qt*<g  att' 
dnnii  place  ont  ,  C 
m    tempon    ^ukûs 


MATTHrztr.  25  j^ 

mais  au  de  là  des  bornes  de  la 
néceflité  dans  l'ufage  de  cette 
vie. 

Quand  nous   aurons  corn»       -4^2,. 
mcncé   d'avoir  quelque  goût    i-egcutdes 
des  biens  du  ciel ,  nous  n'en  ^''''^'^"  'f 
aurons  plus  pour  tous  les  biens  j^j".^ 
de  la  terre    :   étant    comme 
enyvrez  du  plaifir  dont  noua 
remplit  le  défit  ardent  de  la 
félicité  éternelle. 

C'eft  alfurément  une  gran- 
de preuve  delà  toute-puifl'an- 
ce  de  Jesus-Christ  ,  de'ri'v^sîîî 
de  voir  qu'en  vingt  ou  trente  preuve  de  t* 
ans  l'Evangile  Te  loit  répandu  vérité. 
par  tout  le  monde.  Qui  n'ad- 
mirera un  prodige  fi  inoui  ? 
Lors  même  que  les  Romains 
furmontent  &  détruifent  les 
armées  nombreufes  des  Juifs, 
ils  ne  peuvent  fe  défendre  de 
douze  hommes  pauvres  &  dé- 
nuez  de  tout,  qui  lesfurmoa- 
tent  (ans  armes. 


Promt  luccès 


Il  y  a  deux  chofes  qui  font         « 
principalement    ncceffaires  à    Un-ytrim. 
ccluy  qui  veut  enfeigner,  fça-  çu  d'hi:ir..:a 
voir  qu'il  ait  de  l'autorité,  &  dansleiuccis. 
qu'il  loit   aimé  de  Tes-  difci-  deiEvan£iie> 
ples.  Il  a  encore  befoin  outre 
cela  ,  que  les  chofes  qu'il  leur 
veut  faire  recevoir  (oient  pro- 
bables 3  qu'elles  leur  plaiicnt^,  ' 


23^  Des    Home 

&  que  ce  foit  dans  un  tems 
de  paix  &  non  de  troubie  &  de 
guerre  qu'il  les  annonce.  Or 
les  Apôtres  préchoient  l'E- 
vangile en  des  conjondures 
toutes  contraires.  Siuneper- 
fonne  déteftée  de  tout  le  mon- 
de alloit  aujourd'hui  ,  je  ne 
dis  pas  en  des  rcyaumes  en- 
tiers ,  n'y  même  en  des  villes  , 
mais  dans  une  feule  maifon  , 
pour  y  mettre  la  diviiion  5  pour 
féparcr  le  père  &  la  mère  de 
leurs  enfans ,  le  mary  d'avec 
une  femme  qu'il  aime  ,  ne 
i'auroit-on  pas  mis  en  pièces, 
avant  même  qu'il  ouvrit  la 
bouche  ? 
-3^,  Une  ignorance  humble  vaut 

Ignorance  bien  mieux  qu*une  fcienceer- 
hurnbls  pré-  ronnée  &  préfomptueufe.  Ce 
férabl;  à  une  l^y  q^j  reeonnoît  qu'il  ne 
fçait  pas  une  chofe  ,  fe  lailfe 
aifément  inftruire  ;  mais  ce- 
luy  qui  ne  connoiflant  pas  la 
vérité  ,  croit  la  fçavoir  ,  eft 
d'autant  plus  éloigné  de  la 
connoître  ,  que  pour  s'en  ren- 
dre fufceptible ,  il  faut  aupa- 
ravant effacer  de  Çon  efprit  les 
faulîès  imprefïions  dont  il  fe 
trouve  prévenu. 


4U. 

tes  riches 


fcience  or 
giieilleufe. 


LIES 

hjec  pradîcentur  ^ 
qu<e  cmnia  quoad 
A^oflolos       contraria 

erant Fin^e 

nan  in  gentes  ,  non 
in  civitates  ,  fed  in 
domum  unam ,  cjuem- 
piam  qui  odio  ha- 
beatur  introire  ,  aÙ'- 
ducatque  patrem  a 
liberis  y  liberos  a 
matre  ,  ah  aman- 
tifjïma  vxore  mari- 
tum  ,  C^  vidibu  an* 
teqitam  a  aperire 
pojjlt ,  difcerptum  atr- 
que  diUniatum, 

Prdjfat  pvoba  igno- 
ratione  detineri  , 
quàm  falfa  opinione 
mancipari.  Nam  qui 
caurfam  nefcit  ,  fa~ 
cile  ratione  dttcuur  : 
qui  veto  fe  [cire  cre^ 
dit  ,  cnm  nefciat  , 
non  pcteji  facile  ve- 
rttatemftfcipere  ;fei 
majorifudcre  opus  f/?, 
ut  antemam  vera 
inculcentur  ,  falfa  ex 
atiimo  e'fus  ejiciantur. 

Si  duo  quippiam 


Lorfque     deux    hommes , 
«kV^n'sque  àoni  lun  eft  pauvre  &  Tau-    improhi      fuertwt  ^^ 
t . pàuv rei  eu  tic  riche  y  font  égalenaent  me-    *ft€r  dtves  >  ^aH^ir^ 
eufcr. 


Sur    s, 

altus  5  quoniam  non 
étquali  fortuna  utun- 
ittr ,  noneoiem  modo 
ibi  punientur  >  fed 
qui  melioris  conditio- 
nis  hîc  fuerit  ,  ma- 
jori  fupplicio  a^ige- 
tur.  Qui  non  modo 
vexationes  hujm  fe» 
culi  effugiunt  ,  ve- 
rùm  etiam  bonis 
ffuuntur  i  ibi  acer~ 
hitis  cruciabuntur. 

Non  eademftittt  in 
omnibus  peccatis  fup- 
pHcia.  Nam  £7*  atate^ 
CT*  eàucatione  ,  Ci?"  di- 
gnitate  ,  ^  ingenio', 
CT"  ufu  rerum  atque 
prudentia  ,  aliifque 
complnrib^s  varian" 
tur ....  Pop  adven- 
$um  Chrifti  qui  pec- 
cat }  etft  non  initia- 
tus  nec  catechumenus 
moriatur  ,  gravi  or  es 
fœnai  daturus  efl. 

Non  perturhemur 
propter  vnrium  ht*- 
manarum  rerum  de- 
fluxum  ,  nec  ra^ 
tiuncuU  humante 
Umpeflatibus  fuflue- 
mur  :  fed  incompre- 
henjîbilitati  divines 
providinti^     ced^n^ 


Matthieu.  257 

chans ,  comme  leur  fortune  a 
été  ditférente  en  ce  monde, 
leur  punition  le  fera  aiifll  dans 
l'autre  ;  &  le  riche  fera  ce- 
Itiy  qui  fouffrira  davantage, 
"Ceux  qui  non  feulement  n  en- 
durent aucune  incommodir- 
té  en  cette  vie  ,  mais  même 
qui  y  jouiifent  de  toutes  for- 
tes de  biens  5  en  feront  beau- 
coup plus  punis  dans  la  vie 
future. 

Dieu  ne  tire  pss  une  me-        ^g^; 
me    vengeance    de    tous    les      Punition 
crimes.  Il  les  punit  ditïérem-  proportion- 
ment  félon  les  différentes  cir-  "ée  aux  cii^ 
conrtances    des     tems  ,     de  ^o-^ft-^»^^" 
rage  ,  des   conditions  ,   des 
dignitez,  de  l'éducation,  de 
l'efprit ,  de  l'expérience  ,   & 
de  plufiicurs  autres  femblables 
confidérations. 


Qiie  rien  de  tout  ce  qui  gg^ 

arrive  en  ce  monde  ne  nous     soumiflîoti 
fcandalize    &  ne  nous  trou-  humble  à  la 
ble  5  &  aulieu  de  nous  expo-  volonté  de 
fer  fur  cette  dangereufe  mer  ^'^"' 
des  raifonnemens    humains  , 
où   l'on   ne   trouve    que  des 
tempêtes    &   des    écueuils   , 
;^andonnons  tout  à  h  pro- 


Donner  aux 
pauvres  ce 
qu'on  ne  peut 
garder. 


490. 

Dieu  nous 
tient  lieu  de 
tour.  Motifs 
d'aimer  J.  C, 


ajg  Des    Homeli 

vidence  &  à  la  fagefle  imcom. 
préhenfible  de  Diea  ;  fans 
nous  appliquer  à  autre  chofe 
qu'à  fuivre  la  vertu  5  &  fuir  le 
vice. 

Qjioy  que  vous  ne  donniez 
pas  durant  cette  vie  vos  biens 
aux  pauvres  pour  Tamour  de 
JESUS-CHRIST,  vous  ne 
les  emporterez  pas  pour  cela 
avec  vous  en  fortant  du  mon- 
de. Ainfi  JESUS-CHRIST  ne 
vous  demande  que  des  cho- 
fes  que  vous  ferez  auflfi  bien 
contraint  de  quitter  un  jour 
par  ia  condition  de  votre  na- 
ture mortelle. 

Qi;e pouvez-vous  trouver, 
nous  dit  Dieu  même  ,  qui  é- 
ga!e  ma  bonté  ?  Je  fuis  moy 
feul  votre  père,  votre  nour- 
riflier ,  votre  époux  :  je  fuis 
la  maifon  où  vous  habitez  ,  la 
racine  qui  vous  foutient  ,  le 
fondement  qui  vous  porte  , 
l'habit  qui  vous  couvre  :  je 
fuis  tout  ce  que  vous  voulez 
que  je  vous  fois.  Vous  ne  pou- 
vez manquer  avec  moy  d'au- 
cune chofe  ;  je  feray  même 
celuy  qui  vous  fervira  j  puis 
que./e/«ti  venu  at*  monde  ,  non 
four  y  être  fervi  ,  mais  pour  y 
fervir  les  autres.  Je  fuis  aulïi 
votre  amy  ,  je  fuis  la  tête  & 
k  chef  doot.Yous  êtes  les 


ES 

tes  ,  zirtutes  injê- 
quamur ,  CT*  vitiafu- 
giamus. 


Homil.  77.  Si 
propter  Chrijïum  di~ 
vitias  tttas  non  dif- 
trihuis  ,  non  idcirco 
tecHin  eas  auferes. 
H^c  à  te  ChriJJus 
petit  >  q»<€  Jl  ei  non 
dabis  ,  omnino  ta- 
men  profter  condt- 
tionem  nature  relie-  y 
turits  es. 

Qtêid  huic  lihi" 
rahtati  squale  un- 
quam  inveniri  po» 
teft  l  Ego  ipfe  fum 
fater  ,  ego  f rater  y 
ego  dcmus^  egojpon- 
fus  i  ego  nutrttor  y 
ego  vefits  ,  ego  ra- 
dix  j  ego  fundamen- 
tum.  Quidquid  vo- 
lueris     ipfe    fum     ; 

nuUa   re   indi^ebis  i 

r 
ego  tuus  ero    mmif' 

ter  >  Veni  enim  noa 

ut  mihi   miniftre- 

tur  j    fed  ut   ego 

aliisminiftrem.//>/ê 

amicus  fum  ,    me»»* 

hum  ycaput  ,fra(er^ 


Sur  s 
mater ,  univerfa  ip/e 
ft*m ,  dummodo  mihi 
conjunn^arii.  Ego  pat*- 
fer  propter  te  ,  in 
cruce  propter  te  ,  in 
fepttlchro  propter  te  : 
Patrem  in  exceljîs 
fro  te  interpella  ,  qui 
ad  inferiora  pro  te 
à  Paire  mijfns  dej- 
cendi.  Omnia  tu 
rnihi  es  ^f rater  ,  co- 
libres ,  amicus ,  mem- 
èrttm.  Quid  vis  am- 
pUm ,  qutd  averfaris 
amantem  f 


Quod  nihil  malt 
Tnalè  viventes  pa- 
tiunlur  ,  hoc  ipfum 
ar(^umentum  ejf  quod 
pojiexitumc  viia  om- 
nino  punientur. 

Homil.  78.  in 
cap.  z6.  Quisfide- 
ïis  fervus  ,  Sec.  Do- 
cet  h£c  parabola  , 
unumquemque  gtther' 
nantium  ad  commu- 
nem  uititatcm  om- 
nia conferre  qu£  fua 
funt  s  five  fapien- 
tiam  ,  five    prindz 


Matthieu.  2^9 

membres;  je  fuis  votre  frere> 
je  fuis  votre  mère  ,  je  fuis  vo- 
tre tout.  Ayez  feulement  foin 
de  vous  unir  à  moy  très  étroi- 
tement. Je  fuis  devenu  pauvre 
pour  vous  enrichir  \  j'ay  voulu 
fbuftrirlamortdelacroix  pour 
vous  racheter  ,&  être  enleveli 
pour  vous  tirer  du  tombeau. 
Après  être  defcendu  pour  vous 
au  fond  des  enfers,  je  prie 
maintenant  mon  Père  au  plus 
haut  des  cieux  en  votre  faveur. 
Vous  me  tenez  lieu  de  tout, 
de  frère ,  de  cohéritier ,  d'ami, 
de  l'un  de  mes  membres.  Qye 
pouvcz-vous  déiirer  de  plus  ? 
£t  pourquoy  fuyez-vous  celui 
qui  vous  aime  tant? 

Comme   l'on  voit  fouvent        4^1. 
des  méchans  qui  nefoufFrent  Méchansim. 
rien  en   ce  monde,  c'eft  une  P""is  ic/ » 
marque  indubitable  queDieu  Fe"ved« 
remet  à  les  punir  dans  un  autre    ^° 
tems. 

Qui    efl   le  ferviteur    fidelle         ^^j.. 
que  fon  maître   a  etahly  y    err.       obligation 
Ceux   qui   dominent    &   qui  desfupéiieurs 
gouvernent  les  autres  doivent 
apprendre  de  cette  parabole  , 
à  contribuer  autant  qu'ils  le 
peuvent  à  l'utilité  publique  ^ 
foit  par  leur  prudence  ,    foie 
par  leur   autorité  ,    loit  pat 
leurs  richeifes ,  foit  par  les 


t4o  Des    Homélies 

autres  avantages  qu'ils  polFe-  patum  ,/tve  dizitiaf^ 
dent  j  &  n'en  pas  abufer  pour  /îve  quidvis  altud  , 
perdre  ceux  qui  leur  lont  fou-  non  ad  detrimemum 
mis,  &re  perdre  eux-mêmes,    confervofum  ,  nec  ad 

perditionim  fuam. 


'493.  Le  Seigneur  appelle/^f//^  , 

le  Prélat    le  (erviteur  qui  ne  s'aitnbiiè 
doit  être  pru- rien  de  tout  ce  qui  appartient 
^^"'^^^^^^^à  Ton  maitre,  &  qui  ne  dilfi- 
pe  point  indifcrettement  fon 
bien.  Et  il  l'appelle  prudent, 
parce   qu'il  fçait    difpenfer  à 
propos  ce  qu'il  lui  a  confié  ; . 
&  C\  l'une  de  ces  deux  quali- 
tez  nous  manque  ,   le  défaut 
de  l'une  rend  l'autre  impar- 
faite. 
■494.  Vous  n'êtes    tous  que  les 

Onn'eftque  difpenfateurs  de  vos  biens, 
difpenfatsur  ainfî  que  les  Paileurs  le  font 
de  fes  propres  (ie  ceux  àcs  Eglifes.  Comme 
biens.  ^^^^  j|5  n'ont  pas  le  droit  de 

difllper  indifcrettement  les 
biens  que  la  charité  des  fidel- 
les  a  deftiniz  à  la  (ublîftance 
des  pauvres  :  aulfi  ne  devez- 
vous  pas  confumâr  avec  pro- 
digalité &  en  dépenlcs  inuti- 
les 3  les  biens  que  Dieu  vous 
adonnez.  Je  veux  bien  que 
vous  les  ayez  reçus  de  la  fu- 
ce/ïîon  de  vos  pères,  &  qu'- 
ainfî  vous  en  foyez  véritable- 
ment les  propriétaires  j  mais 
ceU  û'empéçhe  pas  qu'ils  ne 


Fidei^m  appellat 
qtii  mhU  ex  rtbv^ 
Domini<  Jîbi  attri' 
huit  nec  tncajjut^ 
quicquam  expendit, 
rrudentem  autem 
<juia  opportur.è  dif- 
penfare  novtrit  .... 
Jl  alterutrum  horunt 
ahjît  j  ejt4f  abfemi/t 
alterum  omnino  ciau- 
dicat. 

Difpenfator  tu  es 
pecunrarum  tttarum  , 
non  minus  quam  qui 
Ecdejîas  guhernant, 
Q^emadmoditm  igi~ 
fur  au  non  hahent 
pùie(Ï4tem  ea  qu^e  à 
Volis  funt  collaia 
pYo  pauperibui  ,  le- 
mere  difpergcre  ,•  pari 
tu  quoque  modo  non 
debes  temere  tnu  con- 
fumer e.  Nam  etfi 
paternam  h^redtta^ 
tem  accepifli ,  ac  ea 
ratione  quacumqus 
habes  tua  funt  ;  Dei 
tamin  funt  univerfa. 
Deind& 


Sur    s 

Veîndè  Jî  tt*  diligsn- 
ter  ait.e  dediftt  vis 
dijpenfun  ,  Denm  au- 
tem  non  arburarii 
majori  acrimonia  à 
nobis  rKtiomm  dif- 
fenfationii  petiturum 
....  No»  ità  eji  , 
non  efl.  Ideo  emm 
pecuniam  pajjtis  efl 
apiid  te  ejje  ,  ut  ali- 
menta pauperibtts  in 
opportunitate  conce^ 
das. 


An  forfan  tua.  tt 
fredis  habere  ?  Res 
pauperum  iibi  crédita 
efl;  etiamfi labonbus 
juflts  in  te  pervenerit. 
Num  putas  non  po* 
tuijje  Deum  hac  te 
frivare  pecunia  f  Sed 
ideo  non  fecit  quià 
te  dominum  e(?e  vult 
henignitatis  ergàpaU' 
pères. 


Qiii  talentum  ftif- 
fodit ,  non  qmà  alié- 
na invafît ,  /ed  quià 
nihil  addidit  :  ne  que 
qtéi  eflirientem  pr<e» 
Tom.  I. 


Matthieu.  141 

dépendent  de  Dieu  comme 
tout  le  1  crte  :  &  comme  vous 
prétendez  que  ks  libéralités 
que  vous  faites  aux  Eglifes 
foient  bien  diCpenlées  ;  vous 
ne  devez  pas  aulfi  douter  que 
Dieu  ne  vous  demande  ua 
compte  tîès-exad  &  très -ri- 
goureux de  la  manière  dont 
vous  aurez  dépenfé  vos  pro- 
pres biens  ;  puifqu'il  ne  vous 
les  a  accordés ,  qu'afin  que 
les  pauvres  y  pulfent  trou- 
ver en  tout  tems  comme  un 
fond  certain  pour  le  foula- 
gement  de  leurs  befoins. 

Vous  croyez  peut-être  que 
ce  que  vous  avez  foit  abfolu- 
ment  à  vous  ?  Détrompez-  po'-'r-oùLigtr 
vous  de  cette  penfée.  C'eft  ^^'  Pauvres, 
le  bien  des  pauvres  qui  vous 
a  été  confié  ;  encore  même 
que  vous  l'ayez  reçu  de  la 
lucceffion  de  vos  pères,  ou 
acquis  par  de  juftes  travaux. 
Et  en  effet  Dieu  ne  pouvoit- 
il  pas  vous  ôter  ce  bien  ?  Ce- 
pendant il  ne  l'a  pas  fait ,  afin 
de  vous  rendre  le  maître  d'e- 
xercer la  charité  envers  les 
pauvres. 

Celui,  dont  parle  l'Evan- 
gile j  qui  cacha  le  talent  defon 
maître  ,  ne  déroba  le  bien  de  de'n^pàs  fou 
perlonne  ;  &  il  ne  fut  con-  iag?r  le  uro 
damné  que  pour  n'avoir  pas  cirain, 


4Pr. 

Oneft  riche 
01 


Ilfufficpotir 
etr<?  damné 


24^  Des    Home 

fait  profiter  celui  que  Ton  maî- 
tre lui  avoit  confié.  Il  en  arri- 
vera de  même  à  ceux' qui  au- 
ront vu  le  pauvre  fans  lui  rien 
donner.  Car  ils  ne  feront  pas 
punis  de  Dieu  comme  des  vo- 
leurs, mais  comme  des  gens 
durs  &  impitoyables,  qui  n'au- 
ront pas  employé  leur  bien  au 
foulagement  de  leur  prochain. 
4P7.  Dieu  n'a  fait  que  vous  pré- 

Ken^lre  à  ter  les  biens  que  vous  polTe- 
Dku  les  biens  jjg2: ,  pour  VOUS  donner  un 
qu'oiienare-^^ygj^  de  mieux  pratiquer  la 
^"^'  vertu.    Ne  les  regardez  donc 

pas  comme  s'ils  étoient  abfo- 
lument  en  votre  difpofition. 
Donnez -les  à  Dieu  ,  puif- 
qu'ils  appartiennent  yéritable- 
racnt  à  Dieu.  Si  vous  aviez 
prêté  une  Ibmme  d'argent  à 
un  homme ,  afin  qu'il  s'en  fer- 
vift  pour  y  gagner  quelque 
chofe,  diriez-vous  que  cette 
fomme  fut  à  lui?  C'eft  ainfi  que 
Dieu  ne  vous  a  donné  tous  vos 
biens,  qu'afin  que  vous  vous  en 
ferviez  pour  gagner  le  cieJ. 
4p8.  Si  Dieu  ne  nous  avoit  pas 

Q^ielie  itupi-  donné  le  pouvoir  de  faire  l'au- 
oicé  deneg!:-,^^^^^o  ^  comme  un  moyen  de 
ger  i  aumône!  j^^ç]^^^^^  nos  péchés  ,  combien 
y  auioic-ii  de  gens  qui  di- 
roient  :  O  que  nous  ferions 
heureux  fî  nous  pouvions  a- 
vec  nos  biens  nous  délivrer 


LIES 
terierunt ,  pr opter  a- 
liorum  rapinam  cru- 
ciantHT  ,  vemm  quià 

/lia  non  di/perferunt. 


Bona  tua  mutuo 
concept  tibi  Deus  , 
ut  prohitatem  indè 
qn£ras.  Noli  erg» 
putare  tua  ejje  qu<e 
haies  ;  fed  qu£  Do- 
mini  funt  ,  Domina 
prtebe.  Nec  enim  fi 
tu  cuipiam  mutuo  con* 
tulipi  »  ut  aliquid  »»- 
de  kcrari  pofjtt  j  il" 
Uus  pecuniam  ejfe  af- 
feveres  j  fimiliter  er- 
go  Deus  tibi  pecuniam 
tradtdit  ,  ut  coclum 
merceris. 


Si  eîeemofyna  ai 
delenda  peccata  con~ 
cejja  noît  effet  î  o  quot  ^ 
homines  dicerent  :  «- 
tinam  pojfemus  pecu^ 
mis  à  futuris  malis 
nosredtmers  !  Nunc 
vcro  çumper  eUemo^ 


Sur     s. 
fy^am  hoc  facere  pof- 
Jînt ,  tanguent  met' 
tes. 


Muhoplura  infttm' 
ptui  inutiles  ejicisquâ 
in  eleemofyna  impen- 
das.  Magmfica  con- 
vivia  excogitas  ;  mo- 
do tu  altos  vocas ,  wo- 
dû  vocaris  ah  illts.  Ità 
nunc  tu  (onfumis^nunc 
altos  coufumere  cogis  j 
CT"  duplicem  tihi  paras 
cruciatum ,  alterum 
ah  hisquA  tufacisy  al- 
terUm  ah  lus  quxalii 
hortatu  tuo  faciunt. 

Pojjitnt  dua  vt£ 
maxime  ad  vitam 
perducere  î  quarum 
altéra  viatori  dum- 
taxât  f  altéra  etiam 
proximo  conducat .. . 
Jejunare  ,  humi  ja- 
cere ,  z>irginitate  flo- 
rere  ,  h<ec  omnia  ipjts 
qui  faciunt  utilia 
funt.  At  à  nohis  ad 
proxîmum  tranfgre- 
diuntur  eleemofyna  , 
doélrina ,  charitas. 

Habef  unufquifqt*e 


499- 

Contre  hs 


Matthieu.  24J 

des  maux  à  venir  !  Cepen- 
dant c'ell  ce  que  la  bonté  de 
Dieu  nous  a  accordé  ,  &  nous 
demeurons  lâches  &  négligens 
fans  nous  fervir  d'un  n  fouve- 
rain  remède. 

Vous  difllpez  beaucoup  plus 
en  de  vaines  fuperfluités ,  que 
vous  ne  dépenfez  en  aumo-  '^^^Pj"!"^^  ^^- 
nes.  Vous  faites  de  grands  ^°^  "^*' 
repas  j  vous  traitez  aujour- 
d'hui &  l'on  vous  traite  de- 
main. Vous  vous  ruinez,  5c 
vous  apprenez  aux  autres  à  fe 
ruiner  j  &  ainfi  vous  êtes 
doublement  coupables  ,  &  du 
crime  que  vous  commettez  , 
&  de  celui  que  vous  leur  fai- 
tes commettre. 

Il  yadeuxvoyespournous        joo.' 
conduire  au  falut.  Dans  l'une      Tr  ivaiUar 
on  ne  travaille  que  pour  foi,  &  pour  le  pro- 
dans  l'autre  on s'intérelfeauffi  ^hiin,  cxcei- 
pour  le  fervice  du  prochain.  Il  '^"'^     ^'^/""^ 
faut  reconnoiilre  que  les  jeu-  y^^'  ^® 
nés  ,  les  auftérités  corporel- 
les ,  la  continence,  &  les  au- 
tres vertus  femblables ,  font 
utiles  pour  le  falut  de  celui 
qui  les  pratique.  Mais  l'au- 
monc ,  les  enfeignemens ,  8c 
la  charité  ,  qui  fe  communi- 
quent au  prochain  ,  font  des 
vertus  bien  plus  relevées. 

Chacun  a  dans  fa  famille 
Xij 


144  Des     Home 

yoT.  des  brebis  Hont  il  eft  char- 
Dîvoirs  d'un  gé  ;  qu'il  ait  foin  de  les  faire 
p:re  ^  d'une  paiftre  en  de  bons  pâturages. 
m;re  de   fa-  Aulfitot    qu'un    père    de  fa- 


mille. 


mille  eft  levé  ,  il  ne  doit 
penler  à  autre  chofe  jufques 
au  foir,  qu'à  faire  &  à  dire 
ce  quipeut  contribuer  au  bien 
&  à  l'avancement  fpirituel 
de  fa  famille.  Quoique  la 
femme  doive  penfer  au  mé- 
nage de  la  maifon,  fa  prin- 
cipale application  doit  auffi 
être  à  prendre  foin  que  cha- 
cun y  fafle  ce  qu'il  doit  pour 
gagner  le  Ciel. 


tùil  ^^  vous  jeûnez  fans  faire 

Jeûne  H  vir-  Taumône ,  Dieu  n'agrera  pas 

ginitéinutiles  votre  jeûne,  &  bien  loin  de 

iAns  l'aumô    vous  le    compter   pour   une 

"^'  vraye    abftinence  ,    il    aura 

plus  d'averfion  de  vous ,  que 

de  ceux  qui  s'abandonnent  à 

Ja  gourmandife   ;  puifque  la 

cruauté  eft  un  crime  bien  plus 

déteftable  que  les  délices  & 

ia  bonne  chère.   Mais  il  y  a 

plus  ,  car  la  virginité  même 

n'eft  rien  fans  l'aumône  ,    & 

nous  voyons  dans  l'Evangile 

que  des  vierges  furent  chaf- 

fèes  de  la  chambre  nuptiale  de 

i'Epoux  célefte,   pour  s'être 

trouvées  deftituées  de  cette 

vertu. 


LIES 

nojirum  ovem  ;  ad 
çinguia  eam  pafcua 
ducat.  Cftmque  à  le-- 
élo  pater  familias  fe 
receperit ,  mJ?il  aliud 
quarat  y  quàm  ut  ea 
faciat  atque  dtcat 
quihui  incrément  a  re- 
ligionis  domui  uni' 
verfe  adjtciat.  Ma- 
ter  autem  familiai 
domum  quidem  cu- 
Jiodiat  ,  fed  miilto 
magii  procuret ,  quo' 
modo  qute  ad  ctelos 
pertinent ,  ttniverfa 
familta  operetur. 

Si  abfque  eleemo- 
fyna  jejunes ,  nec  je* 
junium  quidem  hoc 
reputatur  :  cùm  fer' 
vo  ventris  deterior 
fît  qui  ità  jejunat  S 
tantoque  pejor,  quan- 
ta crudeîitas  deliciis 
nequior  e/?.  Ipfa  ca- 
Jiitas  CT*  virginitai 
eleemofyna  carens  ex 
thalamo  f^onfi  ejici» 
tur» 


Sur 

Si  in  rehus  fecuU- 
tihus   nemo  fibi   w- 

vit  foli  i  fed  tant  opi- 
fcx  qt*àm  miles ,  tàm 
agricola  qu.im  mer» 
cator  ad  commmjem 
utiHtatçm  omnes  con 
ferunt  ;  mulio  majfis 
in  fpiritualibm  id  iji 
faciendum  :  hoc  enim 
maxime  vivere  ejl  , 
aUis  etiam  proàejje. 
Nam  qui  fihifoUvi- 
vit  c<eieros  negli^ens  , 
CT"  vita  ejus  fnper- 
vacanea  efl^  O'  ipfe 
fuperjluus  ,  nec  ho- 
moj 

Quid ,  inqittei , 
fnea  non  contemnam , 
ut  ea  qciie  aliorum 
funt  curent  ?  No;* 
negli^t  fitaqui  alié- 
na procurât.  Qui  enim 
aliéna  qu£rit ,  nemi- 
nem  Udit  ,  omnes 
mîferatur ,  pro  viri- 
bus  unicuique  pro- 
defl  ....  ah  omtti 
malitici  ahj}i.nehit  , 
omnem  vinmem  am- 

fle^etur His 

omnibus  perfuafi  jî- 
znus    non  pojfa  nos 


S.     Matthieu.  24jr 

Nous  voyons  dans  la  con-        ^03. 
duite  du  inonde  que  nul  ne  vit  Ne  vivre  que 
fimplemcnt  pour  lui-même  :P^"r^oi.  Ceft 
les  aifcifhns,   les  laboureurs  ,^"«=.  ^"^^iS"^ 
les  marchands ,  &  les  gens  de      ^^^"• 
guerre  contribuent  tous  gé- 
néralement au  bien  commun 
&  à  l'avantage   des  autres  : 
combien  plutôt  devons- nous 
faire  de  même  dans  les  cho- 
fes  fpirituelles.  Car  on  ne  vit 
proprement  ,   que    lorfqu'on 
vit  pour  autrui.  Celui  qui  ne 
vit  que  pour  lui  fans  remet- 
tre en  peine  des  autres  ,  eft 
un  homme  inutile  au  monde  ; 
ou    plutôt  ce    n'eft    pas  un 
homme,   puifqu'il  ne  prend 
aucune  part  au  bien  général 
de  tous  les  hommes. 

Vous  me  direz  peut-être  :        5' 04. 
Voulez- vous  que  j'abandonne    l-e  meilleur 
mes  propres  affaires  pour  me  ^^7^^^    pour 

charger  de  celles  d'autrui  ?  Ne   ,  ^tV^^j 

•        /->  1    •       •  I  c  eltde  cotri. 

craignez  rien.  Celui  qui  prend  ^uer  au  falut 
loin  des  intérêts  de  Ion  pro- des  autres, 
chain,  ne  néglige  point  fes 
intérêts  propres.  Car  en  agif- 
fant  ainn,  bien  loin'^de  faire 
tort  à  perfonne ,  il  a  au  con- 
traire compaflion  de  tous  les 
maux  que  fouffrent  les  autres, 
&  il  les  aflifte  en  tout  ce  qu'il 
peut  ;  il  s'abftient  de  tous  le» 
vices,  &  il  pratique  toutes  les 
vertus,  Soyons  donc  perfua- 
X  Jij 


à^S  Des    Home 

dés  que  le  moyen  de  nous  fau- 
ver  3  eft  de  contribuer  en  tout 
ce  qui  nous  fera  pofTible  au 
bien  &  au  falut  de  nos  frères; 
&  tremblons  fans  celfe  en  con- 
fîderant  l'exemple  de  cefervi- 
teur  infidelle,  que  le  Seigneur 
met  au  rang  des  hypocrites  ;  &  de 
cet  autre  qui  eft  condamné 
pour  avoir  enfoUifon  talent. 

J.  C.  appelle  ces  cinq  vier- 
ges /oUés  ,  à  caufe  qu'ayant 
vaincu  la  volupté  ,  qui  eft  un 
ennemi  bien  plus  fort,  elles  fe 
laiffent  vaincre  à  l'avarice  qui 
çft  plus  foible.  Et  il  les  appel- 
le une  féconde  fois  du  même 
nom,  pour  marquer  qu'il  n'y 
a  rien  de  plus  fou  que  d'amaf- 
fer  beaucoup  d'argent  en  cette 
vie,  d'où  nous  devons  bien- 
tôt fortir  5  fans  en  rien  em- 
porter avec  nous  ;  au  lieu  de  le 
faire  palîer  par  nos  aumônes 
dans  l'autre  vie ,  où  nous  en 
aurons  un  fi  gcand  befoin 
pour  obtenir  la  miféricorde 
divine. 
50^.  AlU:!^  aux  vendeurs.    Qui  font 

Paire provi^  ces  vendeurs,  finon  les  pau- 
fion  de  biens  yres  &  les  miférables  ?  tt  où 
dès  à  prefent  ç^  trouvent-jls  ?  Ce  n'eft  qu'- 
pat  l'aumone  ^^  ^^^^^  ^ -^  ^^  -j^  ç^   reiicon- 

futl're.     '''trent,    &  ce  n'eft  plus  dans 

'  la  vie   future  où  ils  doivent 

-être    cherchés.     Coniîderez 


LI  ES 

falutem  confequiy  nijl 
commune  commodum 
quaramus  ;  O*  hujus 
fervi  in  duas  partes 
admoniti  parittione  , 
CT*  e)us  qui  talentum 
fttjfodtt  cruciatuper- 
territf. 


Hom  7p.  Idcirco 

faïuas  appellavit  vtr- 

gines ,    quontam  difm 

jiciitorihtis  fuperatis , 

facilioribm  fuccubue- 

runt .  .  .  Rurfus  fd" 

tuas    appellavit ,    ut 

nihil    amentius    ejfe 

ojïendat ,    quàm  pe~ 

cuniam  in   bac  vit  a 

colUgere  ,    O*  nudos 

nos   proficifci ,      ubi' 

maxime    henignitate 

indigemus ,  ubi  mife- 

ricordia    nobts    opm 

eft. 


Ite  ad  venden- 
tes.  Qui  porro  ven~ 
dunt  ?  qnt,  pauperie 
premttntur  f  Ubt  VC" 
ro  ijli  reperiuntuT  ?  In 
bac  folummodo  vita. 
Htc  ergo  ,  non  ibi 
quxrendi  fitnt.  f^ides 


Sur  s. 
^ttam  marnas  ah  t- 
f'opibtis  menés  nego- 
tiemur. 

Si  pauperes  totlas , 
magnam  tjojfr^efalw 
fis  J^em  ez>ertij}t.  Hic 
igitur  oleum  coUigen- 
dum  eff  j  ut  ihu  cum 
tempus  fuerit  ,  pa' 
ratum  mbts  adjît. 


Cur  parahola  h^c 

regem  ,  il  la  fponfum 
étdducit  ?  vt  vileas 
quantum  virginihus 
Chrtjlm  ajf.cit'ir  hii  , 
qii£  /ha  paupcrihui 
erogant.  H£c  enim 
€P*  vern  virviiuiai 
ej}.  ^ 


Non  foli  m  aïe  fa» 
flores  ,  vermn  Z^ 
fini  hona  fucere-  ne- 
gligit  extremo  cru- 
ci  atur  fupplicio  .  .  . 
Qui  talentum  acce- 
pu  ,  et/î  depofitum 
rfdiUdit  y  condamna» 


Matthieu.  '247 

combien  riche  &  avantageux 
eftle  trafic  que  nous  pouvons 
faire  ici  avec  les  pauvres  &  les 
indigens. 

Si  l'on  nous  otoit  les  pau-        f  Ô7.' 
vfeSj  onnous  oteioit  en  me-       Utilité  de 
me  tems  un  des  plus  fermes  l'aumôiic. 
fondemens  de  refpcrance  de 
notre  falut.  C'ert  donc  ici  qu'- 
il nous  faut   ^>réparer  l'huile 
de  nos  bonnes  œuvres  ,    afin 
que  noLjs    l'ayons   dans    nos 
vafes  pour  nous  en  fervir  dans 
l'autre  vie. 

Après  que  Dieu  nous  a  été         ^oS. 
repréfentc  comme  un  maiftre    .  AinvCi.e , 
dans  la  précédente  parabole  ,  "f^'-^éte    d-j 
pourquoi  nous  ett-il  reprefen-  ^.  "^^fY^  "^^^^ 
te  dans  celle-ci  comme  un  E- 
poux  ,   fi  ce  n'eft  à  cau(e  de 
l'union  étroite  qu'a  JESUS- 
ei-IRlST  avec  les  Vierges 
qui  donnent   leur  bien    aux 
pauvres  ?  Parce  que  c.cû  pro- 
prement dans  l.i  libéralité  en- 
vers les  pauvres  que  paroift 
le  caradére   de   la  virginité 
véritable. 

Ce  ne  feront  pas  feulement        -^^^^ 
les  raviileurs  du  bien  d'autrui      Négi^'n  h 
qui    feront    condamnes    aux  p-ochai'r. 
flammes  éternelles  5  mais  en-  craife  ce  rJ- 
core  ceux   qui    négligent  de  r^obatioa. 
donner  l'aumône.  Ce  feront 
ceux  qui  ayant  reçu  de  Dieu  , 
q.uelqae  talent  j  le  lui  rend-nt 
X  iiij 


24?  Des   Homel 

fans  avoir  travaillé  à  le  faire 
profiter.  Or  par  ce  mot  de 
talent,  il  faut  entendre  tout 
ce  que  chacun  peut  faire  à 
l'avantage  de  Ton  prochain  > 
foit  en  le  foutenant  de  fan 
autorité ,  foit  en  l'aidant  de 
fon  argent,  loit  en  l'alTii^ant 
de  fes  ccnfeiis  ,  foit  en  lui 
rendant  les  autres  fecours 
dont  il  ell  capable. 
$10,  Rien    n'cft    fi   aGjréabîe   à 

Sa.r.ficedeX)j£„  q^jg    ^g   facnfier  toute 
cii.ntc.         ç^  y-g  ^  putilité  de  fes  fie- 
res. 

<ii.  Parlons  comme  J.  C.  car 

tangage  du  notre  langue  ne  doit  pas  être 
CaretKfl.  différente  de  la  fienne.  Si 
donc  nos  paroles  font  toujours 
pleines  de  douceur  &  d'hu- 
milité 5  &  fi  en  tout  ce  que 
nous  difons ,  nous  avons  pour 
but  l'édification  de  notre  pro- 
chain ,  notre  langue  fera  fem- 
blable  à  celle  de  JESUS- 
C  H  R  j  s  T  5  félon  ces  paro- 
les d'un  Prophète  ;  Celui  gui 
relevé  le  pauvre  de  fa  hajfejfe  ,  ^de- 
viendra comme  ma  langue  CP*  ma 
houche, 
ÇI2.  Si  vous  n'avez  pas  encore 


Sùencedans  aflez  de  vertu  pour  bénir  ce- 
P-rfecu.  jui  qyj  yQ„5  maudit ,  tenez- 


tîons. 


vous  au  moins  dans  le  filence  j 
&  efperez  que  cette  retenue 


TES 

tm  ejl  tamen . , .  Ta' 
lenTa  hic  pro  eo  quoi 
umfquijque  facere 
potejl  accipimui ,  Jî- 
ve  autoritate  prote- 
gere  ,  five  pecuniis 
juvarc,  five  doUri- 
na  admoaere  ,  /îve 
alta  quapiam  re  pro- 
oiimts  adeJJ'e  queas, 

Nulla  rcs  Dec  gra- 
tioreft,  cjuàm  i4t  uni- 
verfam  vitam  ai 
commune  commodum 
coKifuras. 

Ferba  Chrijii  îo^ 
quamur  ,  .  .  .  quià 
lingua  nojïra  liugua 
ejl  Chrip  .  .  .  Jihw 
miluatis  C?*  benigni* 
taiis  plena  verba  ref" 
pondes ,  Jî  ad  emen- 
dationem  proximi  lo- 
quensi  lingu£  Chri" 
fi  tua  Jimillima  efl. 
Qui  educit  hono- 
rabilcm  ex  indi- 
gno  ,  is  quafi  os 
meum  erit. 

Si  maledicenti  he- 
nedicere  non  vales  ^ 
faltem  taceas  .... 
pojleà  ratione  ulte- 
riora  petens ,  ad  illud 


Sur 

qiéoc^ue  pervenies. 


Major  ej}  qui  mati' 
fuetudi'iis  CT*  beni- 
gnitatis  verbh  ut 
Chripus  loquitur  , 
^«/îw  cjuifuturapr^e- 
dicit  j  hoc  enim  totum 
eJ}  ex  dono ,  illud  e- 
tiam  ex  labore  tuo 
proccdit. 

Nijl  quis  in  hac 
tita  humiliter  loqui 
didicerit ,  non  inîel- 
îigitur  tune  à  Chrijio. 
Qm  madmodùm  enim 
Jt  Romanus  forte  fue- 
rit  jfudex  »  nonper- 
cipiet  rationes  tuas  , 
ni/î  latine  loqitaris  : 
Jîc  etiam  Chn^us  non 
audit  y  neqtte  atten- 
dit  y  nijî  lingua  fua 
utaris. 

Homil.  80.  No- 
Ittmtts  reconciliari  il- 
liSy  quos  utreconci- 
liet  »  nec  acerrimum 
qttidem  atque  infa^ 
me  genus  mords  reçu- 

favtt Cogita 

qtiàm  obnoxius  fis  » 
C?*  non  falum  non 
moraberii  ,    vernm 


,    Matthieu,  249 

vous  conduira  un  jour  jufqu'à 
ce  dernier  degré  de  la  patien- 
ce chrétienne. 

Je  ne  crains  point  d'affurer        ^jj; 
que  parler   avec  nnodération        Humilité 
&  humilité  à  un  homme  qui  pluspxcellen- 
nous  outrage  ,  c'eft  faire  une  ^^  quelapro* 
aâion  plus  excellente  que  de  P^^^i^- 
prédireTavenir  ;  car  celui-ci 
eft  un  don  gratuit  auquel  on 
ne  contribue  rien ,  mais  la  mo- 
dération eft  une  vertu  qui  vient 
de  la  pureté  de  notre  cœur. 

Si  nous  n'apprenons  icy  le         j^i^; 
langage  de  l'humilité,  JESUS-        L 'humble 
CHKIST    ne    nous  entend; a  f-i:leftenten- 
pomt  en  l'autre  vie.  Car  com-  ^"  "^  J"  ^' 
me  un  juge  Romain  n'enten- 
droit  point  les  raifons  de  vo- 
tre caufe  3  Ç\  vous  ne  lui  par- 
liez   latin  j  JESUS  ■  CHRIST 
de  même   ne   vous  écoutera 
point  lorfqu'il  fera  afîis  fur 
fbn  redoutable    tribunal  y   fî 
vous  ne  pariez  fa  langue. 

Quelle    honte  de  ne    pas      ,5'iT« 
vouloir   fe   réconcilier    avec  ^^^venir  Ton 
ceux,  pour  la  réconciliation  ^"";î";ÏJ2' 
defquels  JESUS-CHRIST  L;    "      •' 
a  bien  voulu  fouffrir  la  plus 
cruelle  &  la  plus  infâme  de 
toutes  les  morts.  Souvenez- 
vous  combien  vous  êtes  re- 
devables à  Dieu ,  &  je  m'af- 
fure  que  vous  n'attendrez  pas 


C'eft  notre 
foiblefle    qui 
nous    rend 
fcnfibles. 


U7' 

Coiidefcen. 
dauce  pour  les 
imparfairs. 


>îe  pas  im- 
prouver qu'- 
on donne  à 
l'Eglife,  mais 
confeiller  de 
donner  plu- 
tôt aux  pau- 


î jo  Des    Homel 

que  votre  ennemi  vous  vien- 
ne demander  pardon  ,  mais 
que  vous  le  préviendrez  & 
lui  pardonnerez  de  bon  cœur, 
afin  que  Dieu  vous  traite 
comme  vous  l'aurez  traité  ,  & 
qu'il  guerifle  les  blelTures  de 
votre  ame. 

La  douleur  que  vous  ref- 
fentez  quand  on  vous  fait 
quelque  injure,  vient  plutôt 
de  votre  propre  foiblelTe  , 
que  du  pouvoir  de  celui  qui 
vous  otïenfe. 

Quand  nous  voyons  une  per- 
fonne  faire  le  bien  encore  im* 
parfaitement,  notre  Seigneur 
nous  défend  de  le  blâmer  , 
mais  il  veut  plutôt  que  nous 
le  favorifions  &  que  nous  Tai- 
dions  ,  pour  le  porter  à  un 
état  plus  parfait.  Car  il  ne 
faut  pas  dans  les  commence- 
mens  exiger  les  chofes  à  la  ri- 
gueur ,  &  dans  toute  leur 
perfedion. 

Si  vous  voyez  que  quelqu'un 
a  préparé  des  vafes  précieux 
pour  l'Eg'ife,  ou  quelque  bel- 
le tapifiérie ,  ou  qu'il  la  falfe 
orner  magnifiquement ,  n'im- 
prouvez  pas  cette  action  ,  & 
ne  dites  pas  qu'il  vaudroit 
mieux  vendre  ces  ornemens, 
&  en  tirer  de  l'argent  pour  le 


I  ES 

etiam  curft*  ad  eo^ 
qui  offenderunt  ve- 
nia ,  omnemque  U^ 
ftonem  ipfîs  dt  mit  te  s  , 
ut  indulgentitg  tibi 
eau  fa  id  fiât  j  «t- 
qt4e  tuorum  malo' 
rttm  folamen  inve' 
nias. 

Non  ex  pravitate 
proximi  magis^  quàm 
ex  veflra  pufiilani" 
mitate  hdECpertUfrba" 
tio  vejhra  prornmpit^ 

Hom.  8i.  ^4»- 
do  bonttm  quicquam 
fier/  ziidewus ,  etiam» 
fi  exafiijfime  non  fi  aï» 
fiufiipiendum  tamen 
efi  y  ^favorenofir» 
ad  uUeriora  provc' 
hendum.  Non  ej}  e- 
nim  exquifitiljlma  ra" 
tiojlatim  in  principi» 
rerum  qudrenda. 

Si  tu  pr<eparajfe 
qtiofdam  zideris  vnr 
fia  facra  ,  aut  orna" 
ium  qHemdant  alium 
eircà  parietes  Eccle- 
fiarum  €7*  pavimeu' 
ta  confiecijfe  ,  noli 
reprehendere  aut  z;e~ 
nandart  jubvre  ,  aut 


Sur 

Jejtrui  quod  fafium 
ejf ,  ne  animum  ejus 
qui  fecit  perturbes. 
Sin  verà  antèquam 
fecerit  te  confulHe- 
rit  yffaupenhm  offer- 
rejhùeto. 


Non  potep  àives 
ejje  qui  animo  patt- 
per  eft  :  Jîcut  nec 
pmper  ejje  poîejl  , 
q^t  animo  dives  ejl, 
Nam  fi  excellentins 
eorpoye  anima  eji  , 
non  pojjlint  qu<e  de- 
ter  i  or  a  fttnt  ipfam  ad 
fe  nolentem  attrahe- 
re  ;  fedilla  qu£  pr in- 
ceps eJi  cuncia  infe- 
riora  ut  vulc  ,  trahit. 
Nam  C?*  cor  quando 
lahorat  ,  totum  cor- 
pus patitur  ,  fîiut  è 
contra  tempevies  ejtts 
'loti  corpori  prodejl. 


Argumentum  divi- 
tis  animi  ijl  ,  qttod 
pecuniam  defptciat 
ac  mdla  re  indiveati 
CP*  è  contra  pauper- 
taiis  argHniimum  , 
indigcïs  ac  cçlUÔii-- 


S.    Matthieu.  ift 

donner  aux  pauvres ,  de  peur 
de  troubler  ou  d'abatre  l'ef- 
prit  de  celui  qui  les  a  offerts. 
Mais  fl  avant  que  de  faire  ces 
dons  à  l'Eglife  ,  il  vous  en 
demande  voire  avis,  confeil- 
lez-lui  plutôt  d'employer  foti 
argent  aux  befoins  des  tem- 
ples vivans. 

On  ne  peut  être  riche, 
quand  on  eft  pauvre  au  de- 
dans de  foi  :  comme  au  con- 
traire on  n'eft  point  pauvre, 
quand  on  eit  riche  dans  le 
cœur.  Si  l'ame  eft  la  plus  ex- 
cellente partie  de  l'homme  , 
c'eft  d'elle  que  fon  bonheur 
doit  venir  ,  &  non  du  corps 
qui  eft  au  deflbus  d'elle  :  il 
faut  que  ce  qui  eft  de  prin- 
cipal dans  l'homme,  gouver- 
ne fouverainement  tout  lere- 
fte  qui  lui  doit  être  a/ru-jetf. 
C'cft  pourquoi  lorfque  le 
cœur  eii  attaqué  ,  tout  le  refte 
en  foufFre  ,  &  la  langueur  de 
cette  partie  produit  dans  tou- 
tes les  autres  une  indifpolî- 
tion  univerfelle. 

La  marque  qu'on  eft  riche , 
c'eft  de  méprifer  l'argent  , 
&  de  n'avoir  befoin  de  rien 
comme  au  contraire  ,  la  mar-  j^j-he 
que  qu'on  eft  pauvre,  c'eft 
de  travailler  uns  ccfl'e  à  a- 
mafler  du  bienj  &  den'ccrç 


RichefTci  U 
bonheur  dAtij 
l'aine  leulc. 


Marqucd'un 
'  homme  paK- 
•  vre   ÔC   d'un 


25*1  Des    Home 

jamais  content.  Car  nous  de- 
vrons principalement  les  cho- 
fQS  donc  nous  avons  befoin. 
Le  défîi  ne  tirant  fon  origine 
que  du  beloin  &  de  l'indi- 
gence. 

-^jx.  Comme  les  bons  méritent 

Double  ré    une  double   récompenfe  ,   & 
compenfe  des  pa;  ce  qu'ils  ont  été  bons  ,  & 
bons    &  dfs  parce  qu'ils  ne  fe  font  point 
jncchani.       \^ii\^  corrompre  par  la  mali- 
ce   des    méchans  ;  ainfî   les 
méchans  méritent  d'être  dou- 
.  blement  punis ,  &  parce  qu'- 
ils ont  été  méchans  ,  &  par- 
ce qu'ils  fe   font  rendu  inu- 
tile l'exemple  des  bons. 


fiî^        .  Ceux  qui  font  dénués  de 

La multim- vertu,  ayant  une  infinité  de 

de  des  vicieux  c^^j^pagnons,  n'en  rougiffent 
couvre   a  ,^^  ^^^^^        •  ç^  ^3^. 

honte  du  VI-  *         ?     1  1  j     r^  .,^.\. 

ce.  gnent  enlemble  ,    de  le  voir 

nuds.  S'il  y  avoit  plus  de  per- 
fonnes  revêtues  de  vertu  dans 
le  monde ,  on  en  remarque- 
roit  mieux  l'infamie  de  ceux 
qui  en  font  dénués.  Mais,  ce 
qu'on  ne  fçauroit  affez  déplo- 
rer en  nos  jours ,  c'eft  qu'on 
ne  rougit  plus  du  vice  ,  parce 
que  les  vicieux  &  les  pécheurs 


LIES 

ni   pecttniarum     in- 

cttmbere lUui 

enim  maxime  cupi" 
mui  ,  quo  maxime 
pttdigemus.  Ex  indt- 
gentia  enim  cupiditas 
originem  trahit. 

f^eluti  viri  proèi 
duplici  honore  funt 
digni ,  titm  quodpro» 
bk  evaferint  ,  ti*m 
qaod  nihU  damni  ah 
improhii  acceperunt  ; 
/îc  profeÙo  V  pravi 
duabus  de  caufn ,  tum 
quià  cùm pûjient  vir^ 
tutemf^ià  j  fitut  CiT* 
j^^J}i  ifecuti  non  funt, 
tùm  qutà  mbil  exem* 
plo  bonorum  lucrati 
funt ,  fnppliciii  digni 
comperiuntur. 

Mnhi  nudliath  , 
qU£  à  vitiû  eft  ,  //<«- 
hentes  focios  ,  qmm- 
admodùm  in  baineo 
nos  y  jîc  alter  tiherum 
non  verentur.  Nam 
fi  m'Altt  virtutis  ami- 
élu  ejfent  vefliti ,  tune 
tttrpitudo  eorum  ma- 
gii  appareret  CT*  no- 
taretur.  Nunc  vero  , 
eo  qucdmultifint  tm- 
probi  t  improbitas 
probro  non   hah^iur» 


Sur    s.    Matthieu.  zj"? 

(][uta  multitU'    {ont  en  tics-grand  nombre. 


ditte piccanùum  pec- 
.^ati  tur^ttttd»  tep- 
tur. 

Sipecuniarum  cw 
fiditate  vincarii  , 
quando  inanis  glorU 
furorem  ,  qttando  i- 
ram  ,  aut  carnis  cott' 
cupifcentiam  fupera- 
bis  ?  Hic  entm  multo 
diffictliora  funt  ,  ut- 
pote  in  corporis  natu» 
ra  originem  haben- 
tia  .  . .  fed  avaritia 
à  dejîdia  fohm  CT* 
animi  flupore  oritur. 

Si  nihil  Jînceri  at- 
que  integri  in  prima 
atate  didtcerimm ,  fi 
jtivenes  modejiè  non 
Ziixerimus ,  nec  ava- 
ritiam  virifuperave- 
rimuSf  quafi  in  fenti- 
nam  quandam  Atatis 
infeneéhtem  deveéliy 
tempefiatibm  obruc 
mur, 

Homil.  83.  Gï- 
fm  Fetri  mira  in  illo 
perfeat  :  nam  anteà 
totum  fibi  attribue- 
hat  dicens  :  Etfi  om- 
nes  fcandalizati 
fuerint ,  &c.  càm 
dficere  debHiJJ(S$y  pa- 


&  que  la  multiplication  des 
péchés  parmi  les  hommes  en 


a  etfacé  toute  la  honte. 

Si  vous  vous  lailfez  vain- 
cre à  l'avance  ,  comment 
pourrez-vous     furmonter 


la  Pl"* 


L'avance 

facile  à 

-     .  ,    .  ,  ,  vaincre     que 

vaine  gloire ,  ou  la  colère  ,  i.jmpuretc, 
ou  l'impureté  ?  Puifque  tou- 
tes ces  paiTions  ayant  leur  ra- 
cine dans  la  nature  même, 
font  bien  plus  difficiles  à  ré- 
primer ^  au  lieu  que  l'avarice 
ne  vient  que  de  notre  pa- 
refle ,  &  du  dérèglement  de 
notre  efprit. 

Si  nous  n'apprenons  à  bien       ^^4; 
vivre  dès  notre   enfance ,    û  De'réglement 
nous  ne  gardons  la  modeftie  ^',^^  vieillelTe 


dans  la  jeunefle  ,  iî  nous  ne 
défendons  de   l'avarice 


fuite  de  la 

nous  détendons  de  lavarice  l'^^'/euSf ' 
dans  un  âge  plus  mur,  nous 
tomberons  dans  une  vieilleilc 
corrompue  ,  qui  fera  le  com- 
ble de  tous  les  vices  &  de  ^ 
tous  les  déréglemens  de  no- 
tre vie. 

La  chute  de  S.  Pierre  fut 
comme  le  principe  de  fon  hu- 
milité dans  toute  la  fuite  de  Pierre,  four- 
fa  vie.    Jufqu'alors  c'étoit  à  cède  fon  hu< 
fes  propres  forces  qu'il  attri- "^^^*^^* 
buoittout  ce  qu'il  étoit  :  com- 
me lorfqu'il   diloit  au    Sei- 
gneur: Quand  vousfme:^enf(ani 


Chute  de  S, 


^^4  Des     Homélies 

dale  à  tous  les  autres,  vous  ne  le  trocinio  juvahis.    At 

fere:^  jamais  pour  moi.  Au  ll'eu  contra  vero pofleà di- 

qu'il  auroit  dû  prier  J.  C.  de  c$t  :    Quid   iiobis 

Taflifter  de  fon  lecoiirs.  Auffi  attenditis  ,    quafî 

nous  le  voyons    depuis  agir  propria  virtute  ip- 

d'une  manière  toute  oppofée,  fum  ambulare  fe- 

lorfqu'il  dit  dans  les  Ades  ;  cerimus. 
Pourquoi    nous   regardey- vous  ^ 
tomme  fi  c  était  par  notre  propre 
puijfance    que    nous  eujjions  fait 
marcher  cet  homme. 
^i€.            Croyons  toujours  à  ce  que        Creêamas   ultqut 

Soumettre  Dieu  dit,  &  ne  lui  réiîftons  J)eo  ,   etiamfi  [enfui 

entoutlarai-  jamais,  quoique  notre  raifon  o*  cogitationi  noftr<e 

Ion  a  la  foi.    ^jj.  ^^i^^   ^  s'y  rendre  :  que  ahjurdum  ejfe  pidea- 

fa   parole    l'emporte   malgré  tur  qmd  dicit^ Supe- 

no'tre  fens    &   nos  lumières,  ret  O' fenfum  O*  ra- 

Conduirons    nous  avec  cette  tionem  nofram  ferma 

Ibumiflion  en  toutes  chofes ,  tpfius  :  quod  in  omni' 

Contre    les  &  fur  tout    en  nos  myftéres  lus   Cp'  preàpue  in 

Hérétiques,     facrés  ;  ne  regardons  pas  feu-  myfleriis  faciamus  i 

îement  ce   qui  Te  préfente  à  non  tlla  qu^e  antè  nos 

nos  yeux ,    croyons  à  la  pa-  jacentfolum  afpicien- 

role  qu'il  a  dite.  Nos  fens  nous  tes  ,fed  verba  quoqut 

peuvent  tromper,    mais  non  ejus  tenentes.    Nam 

la  parole.  Il  a  dit  :  Ceci  eftmon  verbis  ejus  falli  non 

corps.   Soyons   donc  perfuadés  pojfumus  j  fenfus  vero 

de  la   venté  de  Çqs  paroles  ,  nojler  deceptu facilli' 

foumettons  y  notre  créance,  mus  ejî . . .  Quomam 

&  regardons-le  en  ce  Sacre-  ergàtlle  dixit  :  Hoc 

ment   des  yeux   de    l'efprit.  eft  corpus  meum , 

Car  IESUS-CHRIST  ne  nulla   teneamur  am. 

îious  y  a  rien  donné  de  fen-  btguitate ,  fed  creda^ 

fible  /  mais    ce   qu'il  nous  y  mm,  cr  ocults  intel- 

a  donné    fous  des  objets  qui  Uflus    id  perfpicia* 

ibnc    fenfibles  ,  eft  élevé  au  mus.  Nihtlenimfcn' 


Sur   s»    Matthieu.  iy$ 

Jihile  tr'aiitum  nobts  dcllus  des  lens.  Si  vous  ^n'a- 
viez point  de  corps  ,  il  n'y  au- 
roit  rien  de  corporel  ilans 
\ts  dons  que  Dieu  nous  fait  ; 
mais  parceque  notre  ame  eft 
jointe  à  un  corps ,  il  vous 
communique  Aqs  dons  fpiri- 
tuels  fous  des  chofes  qui  font 
fenfibles. 


•^  Chriflo  ,  fed  rébus 
fenfibilibiti  ,  omnia 
tr^iidit  injenffhilia. 
a  . .  Nam  fi  tu  incor- 
foreus  trffesy  nudè  ipfa 
dona  incorporea  tra- 
did'/Jet  tili  :  tjuo' 
niant  veto  corpori 
conjun^a  efl  anima 
tua  ,  in  fenfibilibus , 
intelligenda  ubi  tra- 
duntur. 

0  qttàm  multi  di- 
tunt  modo  :  F'ellem 
formam  C?*  fpeciem 
ejus  ,  vellem  vefii- 
tnenta.  ipfa  videre» 
Ipfum  ecce  vides ,  ip- 
fum  tangis  »  ipfum 
comedis ....  feipfum 
tradit  5  non  ut  vi- 
deas  folum  ,  verum 
etiam  ut  tangas  ,  O* 
in  te  habeas. 


Nemo  nattfeam 
accédât ,  nemo  remif- 
fi*s  ifedexcitati^  in- 
cenfî  ac  ferventes 
omnes.  Nam  fi  Jtt- 
diii  fiantes  C?"  bacu' 
les  in   manibns  hei' 


Combien  y  en  a-t-il  main-       '^\f; 
tenant  qui  difent  :  Je  vcudrois    Réalité  dii 
bien  voir  notre  Seigneur  re-'^°rps;^eT.c. 
vêtu  de  ce  même  corps  dans^/J,.  ^  ^"'^^*" 
lequel  il  a  vécu  fur  la  terre."  ^^^ 
Je  ferois  ravi  de  voir  fon  vi- 
fage ,  &  fes  habits  même».  Et 
moi  je  vous  dis  que  c'eft  lui-     contrt   Us 
même  que  vous  voyez  ,  que  Hlrén^uess 
c'eft  lui-même  que  vous  -tou- 
chez, que  c'eft  lui  même  que 
vous  mangez.  Vou«  défîrezde 
voir  fes  habits ,  &  le  voici  qui 
vous  permet  de  le    toucher 
lui  même,  &  de  le  recevoir 
au  dedans  de  vous. 

Qiie  perfonne  ne  s'appro-        ^jg. 

e  de  cette  facrée  table  avec  Ferveur  pout 
,    ni    avec    froideur,  l^con^niu- 
Que  tous   y  accourent  avec  ^^^"* 
avidité  &  avec  ferveur.  Car 
puifque  les  Juifs  en  mangeant 
l'Agneau  Pa.fchal  avoient  ac- 


che 
dégoût 


*56 


Des    Homelibi 


coutume  de  fe  tenir  debout, 
d'avoir  un  bâton  à  la  main , 
&  de  manger  en  diligence: 
avec  combien  plus  d'ardeur  & 
&  d'activité  devez-vous  man- 
ger le  divin  Agneau  de  la 
ioi  nouvelle  ?  Les  Juifs  étoient 
alors  fur  le  point  de  paiTer  de 
l'Egypte  dans  la  Paleftme  , 
&  vous,  vous  devez  palTerde 
la  terre  au  Ciel, 
fi^;  Ceux  qui  communient  in- 

Crimeénor-  dignement,  font  menacés  d'un 
me  de  l'indi- gr^nd  châtiment.  Si  vous 
gne  commu-  ^^  p^uyez.  confiderer  fans  une 
indignation  extrême  les  Juifs 
qui  crucifièrent  JESUS- 
C  H  R  i  S  T  j  prenez  garde  de 
vous  rendre  aufïi  vous-mêmes 
coupables  de  la  prophanation 
de  fon  corps  &  de  fon  fang, 
en  le  recevant  avec  une  ame 
impure  &  fouillée  ,  après  en 
avoir  reçu  tant  de  bienfaits. 
Car  il  ne  s'eft  pas  contenté 
de  fe  faire  homme  ,  &  d'en- 
durer la  mort  de  la  croix  : 
mais  il  a  voulu  outre  cela 
le  mêler  &  s'unir  à  nous  d'une 
telle  forte  ,  que  nous  deve- 
nons un  même  corps  avec  lui , 
non  feulement  par  la  foi ,  mais 
dans  Tefi-et  &  la  vérité. 
*)3®*  Qui  doit  être  plus  pur  que 

Quelle  pu-  celui  qui  eft  participant  d'un 
leté  l'on  doit  jçj  facrifice  ?  que  U  main 


hentei  j  cùm  fefiina' 
tione  comeàebant  , 
quanto  magis  nohis 
viplanàum  efl  f  llli 
ah  /Egypto  in  PaU^ 
fiinam  profe^lttri  c- 
rant  ,  tu  de  terra  in 
coclttm. 


Non  parvum  /up» 
plicium  indigne  com- 
municantes expédiât. 
Summa  indignatione 
adversùs eos  qui  Chri- 
Jfitm  crucifixerunt 
moverii  J  cave  ne  tu 
quoque  corporis  O* 
fanguinis  Chrifii  rem 
effictaris . . .  pofl  tôt 
tantaque  bénéficia 
fordtda  fufcipiens  a- 
nima.  Non  enïmfuf- 
fecit  ipfi  hommem 
fieri  er  crucifigi ,  fed 
nos  /ecum  m  unam  ,- 
ut  ità  dicam  ,  majjam 
reducit  ,  neque  id 
fide  folùm  ,  fed  re 
ipfa  nosfuum  corpus 
efficit. 

Quo  non    oportet 

mundiorem  ejje  eum 

qui  hocfacrificio  par- 

ticipaturus 


Contre  /o 
Hérétiiiuis- 


Sur    s.    Matthieu.  2/7 

tUipaturm  ejl  >  Ma-  qui  rompt  &.  diftriouë  cet- ^^°^'.P^^^ 
te  chair  ?  que  la  bouche  qui  p"^*»^'P^'^^'' 
eft  remplie  àtce.  feu  fpirituel?  yIvxû^ 
que  la  langue  qui  eft  empour- 
prée de  ce  précieux  fang  ? 
Repréfentez-vous  1  honneur 
que  vous  recevez  :  &  à  quel- 
le table  vous  êtes  alîis  ?  Ce- 
lui que  les  Anges  ne  regar- 
dent qu'avec  tremblement  , 
c'eft  celui-là  même  qui  nous 
fert  maintenant  de  nourritu- 
re, qui  s'unit  à  nous,  &  avec 
qui  nous  ne  faifons  plus  qu'- 
ne  même  chair  &  un  même 
corps. 


nus  illa  auA  banc 
carnem  pcrrumpit  , 
os  quoi  igné  impletur 
fpirttali ,  lin^ua  qt*£ 
truentatur  hoc  admi- 
rabiUfanguine  ?  Ve- 
niat  in  mentem  tihi , 
quo  fis  honore  hono» 
ratus  ,  qua  mensa 
fruaris  ?  Ea  re  nos 
alimur  qnam  Angeli 
vident.es  tremunt  .  .  . 
CT*  nos  in  unam  cum 
illo  maJJ'am  reduci- 
mur  ,  Chrifii  corpus 
unum  ,  O*  caro  una 
facli. 

Quis  Pafior  un- 
quàm  memhris  fitis 
oves  fuas  nutrivit  ? 
Mi*lti£  maires  pojl 
partant  aliis  nutri- 
abus  infantes  de- 
derunt  ,  qt*od  ipfe 
facere  nolait  ,  fed 
froprio  corpore  nos 
alit ,  O*  Çihi  conjun- 
git  atque  congluti- 
nat. 

Tan  ta  charitate 
ûtque  honore  ajfefli 
non  torpeamm.  Non 
videtis  quanta  ala- 
tritate  infantes  ma- 
Tom.  I, 


^  Quel  eft  le  Pafteur  qui  ait  Borne  ineffa- 
jamais  donne  fon  lang  pour  ble  de  J.  c. 
la  nourriture  de  Tes  brebis  ?  denousnour- 
Nous   voyons  plufieurs  mères  rirdefonpro» 

qui  après  avoir  mis  leurs  en-  pre  corps, 
fans  au  monde,  les  donnent 
à  nourrir  à  d'autres  femmes  j     Com-e    les 
mais    JESUS  -  CHRIST  lUrétiinef^ 
n'en  ufe  pas  ainiî  envers  nous, 
il  nous  nourrit  lui-même  de 
fa    propre   chair  ,    &     nous 
joint  &  unit  à  lui  très  étroi- 
tement. 

Ne  demeurons  pas  infen-  532.^ 
fibles  à  un  fi  grand  honneur, 
à  un  amour  fi  prodigieux. 
Vous  voyez  avec  quelie  im- 
petuoiité  les  petits  enfans  fe 
Y 


Saint  defir 
dclacouifnu» 

nion. 


258  Des    Home 

jettent  au  fein  de  leurs  nour- 
rices ,  &  avec  quelle  avidité 
ils  fucent  leurs  mamelles. 
Imitons-les  en  nous  appro- 
chant avec  le  même  empref- 
fement  de  cette  divine  ta- 
ble ,  &  fuçant ,  pour  le  dire 
ainfî  5  le  lait  Ipirituel  de  ces 
mamelles  facrées  :  mais  cou- 
rons-y avec  encore  plus  d'ar- 
deur pour  attirer  dans  nos 
ccejirs,  comme  des  enfans  de 
Dieu  ,  la  grâce  de  Ton  Efprit 
faint  j  &  que  la  plus  fenfible  de 
nos  douleurs  foit  d'être  privés 
de  cette  nourriture  celefte. 
Cert  JESUS-CHRJST 


Tranfub- quifandifie  cesoftrandes,  & 
ftantiation  8c 
fiinteté    de 
rEuchariflie. 


Contre    les 
ïiîrétKiues» 


5  34- 

Refufer  la 
coirim  union 
aux  pécheurs 
publics, 


qui  les:  change  en  fon  corps 
&  en  k)\\  iang.  Qiie  nul  ava- 
re ,  que  nul  Judas  n'ait  la 
hardielîe  de  s'y  préfenter , 
qu'il  Vi*y  ait  que  fes  vrais  dif- 
ciples  qui  s'en  aprochent  , 
&  que  tous  les  autres  s'en 
éloignent. 

Que  tous  ceux  qui  font  durs 
&  impitoyables  aux  pauvres  , 
que  tous  ceux  qui  font  impurs 
prennent  bien  garde  à'y  affi- 
lier :  je  ne  le  dis  pas  feulement 
à  vous  qui  étesparticipans  des 
facrés  myftéres ,  mais  aufli  à 
vous  qui  en  êtes  les  difpenfa- 
teurs  5:  les  miniftres ,  puifque 
vous  êtes  menacés  de  la  part 


LIES 

millas  arriplunt  ?  quc^ 
prejfone  pa^iUis  in- 
fgttnt  Ubia  ?  Non 
minori  nos  cupiditate 
ad  hanc  menfim  CT* 
ad  îmjus  cahcis  /pi' 
ritalem  accedamus 
fûpillam  :  imo  vero 
major i  defiderio  quu- 
fi  laClentes  puen  ^ra- 
tiam  Spiritus  fi*ga- 
wus  :  uriHS  fit  nobis 
dolor ,  una  mocfiitia  , 
fi  hoc  alimenta  Jpiri" 
tait  prtVMnur. 

Quf  myPeria  fnri' 
ilificat  Chrifius  ipfe 
efl  ,  qui  tranfinutat 
ipfe  efl.  Nu  Uns  itacjue 
Judas  adft  :  qui  dif- 
cipulm  non  tfi  ,  fi:ce-' 
dat  :  qut  taies  non 
funt  ,  ab  hac  men- 
fa  excludantuy. 

Adeat  nul'us  cru-^ 
de  lis  y  nullus  ivipUm 
rus  :  Hic  tant  ad  vos 
qui  communicatis  j 
qnàm  ad  vos  qui  mi' 
niflratis  difla  efje  vo-^ 
lo.  Non  enim  parva 
Vobis  imminet  ^ccna  , 
fi  quem  aliq".a  im-, 
proUtaiî  umvifiien* 


Sur 

us  ,  ei  hujtts  menfte 
pariicipattonem  per-» 
miitatis.  San^is  e- 
nim  ejui  ex  manibus 
requiretur  vejlris.  Si 
dux  i<ritur  cjuifpiam, 
fi  Cou  fui  tffe  ,  /tqttt, 
diademate  ornatur  , 
indigne  adeat  y  co- 
hibe  ,  coerce  ;  majo- 
rem  illo  tupotej}ultm 
huhes. 


Deum y  nonhoml' 
nem  timeas ,  ah  eo  ipi 
fo  quem  times  deri- 
deberis  ;  (în  <vero 
Dcum  ,  hominibus 
quoqtte  vener^bilii 
eris. 

Si  indignas  à  m^n- 
fa  ref: aller e  non  au- 
des  i  mthi  àwasition 
permittam  ij}a  fieri. 
Animam  prius  ira- 
dam  meurn  »  cjuam 
Dominicum  alicui 
eorptts  indigne  :  fan- 
guinem  meum  effim- 
di  potius  patiar  , 
«^uàtn  facralifjïmum 
»Uhd  cerpHi  prtgter» 


S.    Mattïtieu.  ly^ 

de  Dieu  d'un  grand  châtiment, 
il  fçachant  qu'un  homme  eifc 
pécheur,  vous  ne  laili'ez  pas 
de  le  recevoir  à  cette  table. 
Car  J.  C.  vous  demandera 
compte  de  Ton  fang ,  fi  vous  le 
faites  boire  à  des  indignes, 
S'il  s'en  préfente  donc  quel-- 
qu'un ,  quand  ce  feroit  le  pre- 
mier magiftrat ,  quand  ce  fe- 
roit  l'Empereur  même  ,  em* 
péchez-le  de  s'approcher  de 
l'autel  ;  puilque  la  puiffance 
Ecclefiaitique  qui  vous  efi 
commife  ,  eft  plus  grande  en 
cela  que  l' Impériale. 

Craignes  Dieu ,  &  non  pas 
les  hommes.  Car  fi  vous  crai- 
gnez Its  hommes,  les  hom- 
mes même  que  vous  craignez 
Te  joiiei  ont  de  vous  ;  m^iis  fi 
vous  ne  craignez  que  Dieu 
fcul ,  les  hommes  même  vous 
révéreront. 

Si  vous  n'ofez  chalTer  vous- 
même  les  indignes  de  l'autel 
facré  ,  dites-le  moi ,  &  je  ne 
permettrai  pas  qu'ails  s'is:a  ap» 
piochent.  Car  je  perdrai  plu- 
tôt la  vie  que  de  donner  le 
corps  du  Seigneur  à  celui  qui 
en  ei\  indigne  :  &  je  fouftVirai 
plutôt  que  l'on  répande  mon 
lang,  que  de  préfenter  un  fang 
fi  lalnt  &  {{  vénérable  à  celui 
qui  Rd\  pas  en  état  de  le  re» 


1S1 

Necr.1- 
nue  Disi; 


Pejetter  1- s 
pécheurs  ru- 
bhcs  d^  ]■ 


537. 
Zèle  pour  la 
converfion 
du  prochain. 


Retraite  pro. 
pre  à  laprie- 


53^. 

Il  eft  glo- 
rieux fouveiit 
<ic  fe  laifîer 
vaiucle^. 


i^ô  Des    Home 

cevoir.  Si  l'on  s'en  approche 
indignement  fans  que  vous  le 
fçachiez,  ce  n'eft  plus  alors 
votre  faute,  pourvu  que  vous 
ayez  auparavant  appliqué  tous 
vos  foins  à  faire  ce  difcerne- 
ment.  Car  je  ne  parle  ici  que 
des  perfonnes  qui  font  publi- 
quement connues  pour  vi- 
cieufes. 

Ne  terminons  pas  notre 
zélé  feulement  à  féparer  de  la 
communion  ceux  qui  n'en  (ont 
pas  dignes,  mais  travaillons 
auflï  à  les  corriger  ^  &  à  les 
faire  rentrer  dans  leur  devoir , 
&  prenons  foin  du  falut  de 
tous. 

Jesus-Christ  avoit 
coutume  d'aller  dans  le  dé- 
fert  pour  prier;  afin  de  nous 
apprendre  par  fon  exemple  à 
chercher  le  calme  &  le  repos 
pour  fe  mieux  apliquer  à  la 
prière. 

Ne  cherchons  pas  à  vaincre 
toujours  ,  &  ne  craignons  pas 
d'être  quelquefois  obligés  de 
céder.  Il  y  a  des  occafions 
^ans  lelquelles  il  eft  dange- 
reux d'avoir  l'avantage;  com- 
me il  y  en  a  d'autres  dans  lef- 
quelles  il  eft  même  utile  d'ê- 
tre vaincu.  Par  exemple  ,  ce- 
lui  qui  dans  un  tranfport  de 
cokre  outrage  un  iioiiune  , 


LIES 

quàm  digno  conee^ 
dam  :  qttoi  fi  quis 
vemrit  cumfordibus  , 
vohis  tamen  ignotis  , 
nulla  culpa  vejlra  efi  , 
modo  muUam  prius 
adhihueritis  dili^ett' 
tiam.  Nam  hxc  mihi 
de  notis ,  ac  manife-^ 
fiis  difputatafuTJt. 

Non  coerceamus 
fi>lùm  O*  excidamus , 
fed  corrigamus  »  re- 
ducamus  ct*  curam 
omnium  habeamm. 


Hom.  84.  Con- 
fiteverat  Ûrripus  ord- 
re feorsùm  ,  ut  nos 
erudiret  quietem  ac 
tranquilliiaîem  in  û- 
rationibni    dilizenter 

o 

appetere. 

Homil.  8î.  Non 
quaramus  uhique  vi- 
&oriam  ,  nec  femper 
fuperari  vereamur. 
Ejienim  quando  vi" 
Cloria  detrimentum  y 
ojfenfio  veto  emola- 
mentum  nàducit.  Et- 
enim  in  ira  qut  fe 
ejfudit  in  centume- 
liai  ,  fupirajjl  vidc' 


Sur.     s, 

tttr  :  ciim  rêvera  «/»- 
Je  ab  hâc  turpi  per- 
%urbationeviilui  non 
farùm  ftbi  nocuerit. 
Qui  vero  magno  ani- 
mo  tulit  injuriam  , 
htc  cum  laude  fupe- 
ravit. 

In  beîlis  tjuidem 
decertans  qui  cecidit , 
is  vié'ius  di  ci  tttr  :  a- 
piéd  nos  vero  is  viéJor 
pronunciatHr:  NttHibi 
certemalè  a^entesO* 
ubiqite  malafufjeren- 
tes  fuperamus  :  ilU 
ftilgentijjîma  viéloria 
ej}y  cjua  infèrent em 
patiendo  fuferaflt. 

Homil.  %6.  Jh- 
dam  pocniittit  quan- 
do  ad  exitum  fcelus 
jam  omnino  pervenit. 
Talisnempe  Dtabolus 
efl  j  ut  non  Jinat  ha- 
minem  ,  nijî  vigilet , 
^ntè  uUimttm  effe- 
{lt*m ,  mairnitudinem 
feccati  pr^vtdere  , 
ne  pœnitentiâ  du- 
tlus  tifiliat  à  pecca- 
to. 

Attdite  quicumqui 
âmm<i  homutii  pn- 


Matthieu.  i6t 

paroît  alors  avoir  le  defTus; 
mais  c'eft  en  effet  lui-même 
qui  eft  vaincu  par  fa  propre 
pallion  ,  &  qui  fe  blelTe  de  Tes 
propres  mains:  au  lieu  que  c'eft 
celui  qui  fouftre  courageule- 
ment cette  injure,  qui  mérite 
d'être  loué  ,  &  qui  demeure 
véritablement  vidorieux. 

Dans  les  guerres  des  hom- 
mes c  eft  eftre  vaincu  que  de 
fuccomber  fous  fon  ennemi, 
mais  parmi  les  Chrétiens , 
c'eft  celui  qui  cède  volontaire- 
ment à  fon  ennemi  qui  eft 
véritablement  le  vidorieux. 
Notre  gloire  eft  de  ne  faire 
mal  à  pcrfonne  ,  &  de  (buftrir 
le  mal  qu'on  nous  fait.  La 
plus  grande  vidoire  eft  celle 
qui  le  gagne  par  la  patience. 

Judas  ne  fe  repentit  de  fon 
crime,  que  îorfqu  il  n'y  pou- 
voir plus  remédier.  C'eft  ainlî 
que  le  démon  fe  conduit  en- 
vers Iqs  hommes.  Il  ne  leur 
laiiTe  comprendre  dans  quels 
excès  ils  fe  font  laifté  empor- 
ter, que  lorfque  le  mal  eft 
fait  j  de  peur  qu'étant  tou- 
chés de  quelque  fentiment  de 
douleur  avant  que  de  l'avoir 
commis  ,  ils  n'abandonnent 
leurs  mauvais  deifeins. 

Quand  vous  donnez  en  au- 
mône un  bien  qu^   ne  vous 


C'cUlapaw 
tiencequifail 
vaincrci 


î4i: 

On  necon- 

noift  l'excès' 
du  crime  qu'- 
après l'avoir 
commiî. 


Rendie,  èC 


26-s  Des    Home 

non  donner  eft  venu  que  du  fang  &  de  la 
aux  pauvres  fubftance  des  pauvres ,  vous 
Lut"  ""^'i^^tez  judas,  qui  alla  offrir 
au  Temple  le  prix  du  fang  de 
}I.SU  s-C  H  R  1  S  T.  Ce  l'ont 
des  aumônes  diaboliques  ,  & 
non  pas  chrétiennes.  Car  il 
y  a  encore  aujourd'hui  des 
gens ,  qui  après  s'être  enrichis 
du  bien  d'autrui ,  fe  croyent 
excufés  de  tout  crime  s'ils  en 
font  quelque  part  aux  pauvres. 
Et  c'eû  de  ces  perfonnes  dont 
le  Seigneur  fe  plaint  ainfi  par 
un  Prophète  :  f^om  couvre;^ 
mon  autel  de  larmes, 
•f45.  Il  faut   veiller  avec  grand 

Couper  la  foin  contre  le  mal  &  fes  pre- 
lacine  des  mieres  approches.  Quand  le 
péché  dont  nous  Tommes  ten- 
tés ne  devroit  attirer  après 
lui  aucune  fafcheufe  fuite  , 
nous  ne  devrions  pas  le  né- 
gliger :  mais  étant  affurés 
d'ailleurs  qu'un  mal  en  attire 
toujours  un  autre  ,  &  croift 
dans  l'ame  infenfiblement  & 
comme  par  dégrés ,  nous  ne 
pouvons  affez  veiller  pour 
l'étouffer  dès  fa  naiflance.  Il 
ne  faut  pas  s'amufer  à  con- 
fidérer  fi  le  péché  dont  nous 
fommes  tentés  eft  grand  ou 
petit  :  mais  nous  devons  nous 
perfuader  que  fi  nous  n'en 
arrachons  h  racine,    q'uel- 


moindres  pé 
«kcs. 


tiftm  cap  tentes ,  licfie' 
ficium  ffofieà  ex  cade 
conferlis.  Judaïca 
hnjufcemoài  eleemo- 
Jyna  eft  ,  imo  vero 
diabolica.  Suntenim, 
fttnt  etiam  r.unc  ,  c^ui 
alienis  direptis  exct*" 
faiosfe  à,  toto  crimine 
putant  ,  Jî  alicjuam 
partent  pauperihus 
dederint  i  de  quihui^ 
ah  Propheta  :  Alta- 
le  meum  lachry« 
mis  operiebatis. 

Homil.  87.  kl 
cap.  27  RepsUend^ 
funt  malcrum  initia. 
Nam  etiamfiaà  ma" 
jora  prima  non  prc 
grederentur  peccata  ,. 
non  ejjet  tamen  «e- 
Zli^^ndum  :  nunc  ve- 
ro  per  ijlam  incuriam 
gradatim  femper  af^ 
cendunt ,  quapropter 
omni  fludio  principia 
peccatorum  fanditàs 
funt  evertenda.  No» 
enim  vim  folam  deli^ 
6li  conjîderes  ,  ne: 
quià  parvum  Jit  co" 
rrites  :  fed  iHud  pr^e- 
ctpue  tetie  ,  quod  Jt 
radiccm  non  6Vt*lfc* 


Sur    s 

ns  y    magnum   iniè 
feccattim  fuccrefcet, 

Mirabilu  quiddam 
dicere  audeo.  Solet 
tnihi  nonnunquàm 
nos  tanto  fndio  ma- 
gna peccata  vidsri  ejfe 
evitanda  ,  quando 
farva  Z3*  vilia:ilU 
enim  ut  av er fémur  ^ 
ipft  peccaù  natura 
efjiàt  :  hac  autem 
quià  parvafttnt ,  de- 
fides  reddunt  ;  CT» 
ditm  contemnuntur , 
non  potcji  ad  eorum 
expitl/îonem  animas 
infurgere  generosè, 

A  minimis  ad  ma- 
xîma  gradatim  dia- 
bolus  diicit  i  C  indè 
ad  defperationem  de- 
irudit  ;  ^  banc  viam 
priore  non  minorent 
adinventt.  Non  enim 
adeo  peccatum  ut  def- 
feratio  perdu. 


Religiofos  devo- 
tionii  habit tt  adpec- 
candum  impeliit  .  .  , 
Hoc  autem  fit  quan^ 


Matthieu.  i6% 

que  foible  qu'elle  paroifle 
d'abord  ,  elle  produira  dans 
la  luite  des  fruits  de  mort. 

Je  vous  veux  dire  une  cho» 
fe  qui  vous  furprendra.  Il 
me  femble  que  nous  ne  fom- 
mes  pas  obligés  de  veiller 
svec  tant  de  loin  contre  les 
grands  crimes  ,  que  contre 
les  fautes  qui  nous  paroilfent 
légères  &  peu  conlîdérables. 
La  feule  horreur  que  nous, 
donnent  ces  grands  péchés,, 
nous  en  peut  ailez  défendre  j 
mais  la  petitelfe  des  autres 
nous  rend  plus  ncgligens  à 
les  éviter ,  èc  le  mépris  que 
nous  en  faifons  ,  nous  y  rend 
comme  inlendbies  Se  incapa- 
bles de  les  furmonter. 

Le  démon  commence  tou- 
jours par  de  petites  fautes  à 
conduire  infenfiblement'  les 
hommes  jufqu'aux  plus  grands 
crimes  ,  pour  les  jetter  à  la 
fin  dans  le  défefpoir  ,  qui  eft 
le  comble  de  tous  les  autres. 
Car  celui  qui  fe  défefpere  a- 
près  fon  crime ,  fera  plus  dam- 
né pour  fon  défefpoir  ,  que 
pour  le  crime  même  qui  ea 
eft  la  caule. 

Le  démon  a  quelque  fois 
l'artifice  de  déguifcr  telle- 
ment le  vice  fous  l'apparen- 
ce de  h  vertu ,  qu'il  fait  pé- 


?44- 

Les  petits  pé- 
chés fouvenc 
plus  dange- 
reux que  les 
grands. 


5'45r. 

Le  démon 
conduit  peu 
à  peu  au  dé- 
fefpoir. 


Si  l'on  n'eft 
humble  ,  oh 
péchc  fou- 


vent  en  cro- 
yant bien  fal- 


S47' 

Trifteffe  im- 
modérée dàii- 
gereufci 


Î48. 

Ke  point 
contraindre 
les  autres  de 
nous  vendre 
leurs  terres  , 
même  en  bien 
payant. 


U9' 

Flatteries 
plus  dang^- 
reufesqucks 
injures. 


164  Des    Home 

cher  les  perfonnes  de  pieté 
en  croyant  bien  faire.  Mais 
ce  mal  n'arrive  que  lorf- 
que  ces  perlonnes  ont  alfez 
ée  préfomption  pour  préférer 
leurs  fens  &  leurs  lumières 
particulières  aux  régies  de 
l'Ecriture. 

L'exemple  de  Judas  nous 
apprend  que  ces  trilleflés  im- 
modérées où  l'on  tombe  quel- 
quefois après  le  péché,  vien- 
nent de  l'artifice  du  démon. 

Quoique  le  Roi  Achab  of- 
frift  à  Naboth  de  lui  donner  le 
prix  de  la  terre ,  ce  feul  péché 
de  vouloir  acheter  ce  que  l'au- 
tre ne  vouloit  pas  vendre  ,  le 
précipita  dans  ce  comble  de 
malheurs  que  nous  marque 
l'Ecriture  Parce  qu'il  ne  nous 
eft  pas  permis  de  contraindre 
perionne  à  vendre  contre  fou 
gré  ce  qui  eft  à  lui. 

S'il  étoit  permis  à  un 
Chrétien  d'avoir  de  l'averfion 
pour  quelqu'un  ,  il  en  devroit 
plutôt  avoir  pour  ceux  qui  le 
loiient  &  le  flattent ,  que  pour 
ceux  qui  TofFenfent  &  l'inju- 
rient. Parce  que  les  flatteries 
nous  font  bien  plus  dange- 
reufes  que  les  injures  -,  &  que 
fi  nous  ne  veillons  bien  fur 
nous  3  il  eft  bien  plus  aifé  de 
nous  y  iaiÛer  fiirprendre» 


LIES 

do  aliqul  judidttffS 
fttum  fcrtptnrii  ante- 
ponunt. 


Immoàeratam  pofi 
peccata  trijïniam  dia» 
bolico  arttficio  fieri 
Judai  patefeàt. 

Quamvis  Achab 
pretiHtn  dederit ,  ta- 
men  quia  à  nolents 
accepn  ,  panai  luit, 
Emptor  enim  non  co- 
gère ,  fed  perfuadert 
débet. 


Homil.  88.  .^ 
nonnulloi  averfari  de 
cet  5  adi*latores  magii 
quàm  contumeliantes 
odi(fe  oportet  :  major 
entm  non  attendenti- 
bus  ex  adtilationepe^ 
pis  5  qnàm  ex  vitU' 
peratione  oririfolet  : 
C  facUius  eji  hanc 
quant  tllam  pajfionem 

f»perar9t 

Quterà 


Sur    s 

Qit.trls  laudem  :  tt^ 
i^itttr  te  ijffHm  hono- 
ra ,  er  nemo  te  de  ho- 
nejiare  poterit  i  fi  zé- 
ro te  ipfum  dehone- 
fiabii ,  etiamfi  omnes 
felaudenty  nihilomi- 
nus  non  honoraberis. 

Bonus  etjl  prava 
multorum  opinione 
Udi  videtur  ,  nun- 
quant  tamen  fiet  ut 
talis  nonjît^  quaUs 
tft  :  at  qui  temerè 
fufpicatus  efl  ,  pejli- 
ferum  in  feipfum 
morbitm  attraxU.  Sic 
fravus  ,  Jî  è  contra- 
rio bonus  ejfe  videtur , 
non  modo  mhtl  inde 
lucratus  ejl  ,  verùm 
€7*  in  dejîdiam  inci- 
iiet,  CT*  majori  cru- 
ciatu  vexabitur. 

Homil.  8^.  Ni» 
hil  interef}  Jîve  huic 
pauperi  ,  five  ipfî 
Chrijlo  dederis.  Ni- 
hil  enim  minus  ha- 
bes  his  muheribus 
qute  tune  Chrijium 
alebant ,  imo  ver))  , 
multo  etiam  majus. 
^Non  eji  enim  <equale 
ipfum  DominumpTti' 
Tom.  I. 


Le  vr.ii  hon- 
neur conliliç 
en  fa  propre 
vertu. 


5rr. 

Méiiifance  , 
vaine  contre 
lejufte;  loua- 
ge inutile  au 
aiéchatit. 


.    Matthieu.  i^^ 

Si  nous  avions  foin  de  nous 
honorer  nous  -  mêmes  ,  per- 
fonne  ne  pourroit  nous  def- 
honorer.  Mais  fi  nous  nous 
deshonorons  nous  mêmes  par 
le  péché  ,  quand  tout  le  mon- 
de nous  comblcroit  de  loiian- 
ges  ,  nous  n'en  ferions  pas  plus 
eftimables. 

Qu'on  décrie  le  jufte  tant 
que  l'on  voudra  ,  il  ne  cefle- 
ra  pas  pour  cela  d'être  jufte  , 
mais  ceux  qui  entrent  aifé- 
ment  dans  cts  faux  loupçons  , 
fe  percent  le  cœur  d'une  playe 
mortelle.  Qu'on  loiie  au  con- 
traire le  méchant  tant  qu'oa 
voudra  5  toute  cette  eftime  ne 
fervira  qu'à  k  confirmer  da- 
vantage dans  fa  méchanceté 
&  dans  fa  parefle,  &  à  atti- 
rer fur  lui  de  plus  grands  lup- 
plices. 


Il  n  y  a  point  de  différence       ^<^il 
entre  donner  au  pauvre  ,  ou     On  ne  mé- 
à  J  E  s  u  s-C  H  R I  s  T    même  :  "'^^  P^«  "1°^"^ 
&  vous  ne  ferez    pas   moins  ^"  ^^^i^^^n«  le 
récompenlé  en  donnant  à  un  ^073(^0"' 
indigent  .  que  le  furent    ces  j.  c.  même, 
famtes    femmes  qui   nourrif- 
foiert  J  E  s  u  s-C  h  r  i  s  t  du- 
rant fa  vie  J  &  fi  je  l'oie  dire  , 
vous  le  ferez  beaucoup    da- 
vantage. Or  il  faloic  moins 


±66  Des    Home 

de  vertu  pour  donner  à  man- 
ger au  Sauveur  lorfqu'il  étoit 
préfent  ,  &  que  fa  vue  écoit 
capable  d'amollir  un  cœur  de 
pierre  -,  que  pour  nourrir  & 
afîifter  des  milerables  ,  des 
mendians ,  &  des  malades  , 
par  le  ieul  refped  que  l'on  por- 
te aux  paroles  de  JESUS- 
Christ. 
çn*  Quand   nous  voyons    un 

J.C.  caché  pauvre  ,  fouvenons-nous  des 
dans  le  pau-  paroles  parlefquelles  J ESUS- 
>re-  Christ  déclare  que  c'eft  à 

luy  que  l'on  donne.  Quoy 
que  ce  miferable  qui  paroît 
à  nos  yeux  ne  foit  point  en 
effet  JEUS-CHRIST,  c'eft 
JESUS  -  Christ  néanmoins 
qui  demande  &  qui  reçoit  no- 
tre aumône  fous  l'habit  &  la 
figure  de  ce  pauvre. 
^54^  C'eft  toujours  un  mal  de 

Contre  le  fe  parer  avec  de  l'or  ,  mais 
luxe  qu'on    c'en  eft  encore  un  plus  grand 
poite  jufqu'à  jg  ygjjjj.  porter  cette  magni- 
^  ^^^'^^'         ficence  jufques  dans  i'Eglile,  & 
de  pafler  dans  cet  appareil  au 
travers  de  tant  de  pauvres  qui 
font  à  la  porte.  Si  vous  aviez 
fait  delTein  de  foulever   tout 
•îe  monde  contre  vous,  vous 
n'en  pourriez  pas  trouver  un 
meilleur  moyen  3  que  de  facri-  • 
fier  les  biens  que  vous   avez 
re-^u   de   Dieu  à  un  luxe  fi 


LIES 

fentem  alere  ,  cujus 
priefentia  veL  Upi- 
deum  animum  ad  fe 
attraheret  »  ^  pro» 
pter  eji*s  dumtaxat 
pauperes  ,  mendicos , 
agrotoi  alere  atqne 
cttrare» 


Qiéum  pauperem 
videris ,  iu»c  verho- 
rum  illorum  recorde- 
ris  5  qmbus  fecum 
ejfequi  alatur  decla^ 
rat,  Nam  etjîid  quoi 
oculis  nofirii  fubje^ 
Oum  efl  ,  non  fit 
Chriflui  s  fith  httjui 
tamen  habitu  tpfe  ac* 
cipit  CT*  mendtcat, 

Homil.  91.  in 
cap.  zS.Aurum  qui- 
dem  geftare  ubique 
perniaofum  eji ,  tum 
vero  maxime  càm 
Ecclefiam  ingredieris^ 
qttatido  per  pauperes 
tranfis.  Nam  fi  te 
ipfam  vehementer  cri' 
minari  fifideres  y  non 
alium  fitmeres  habi- 
tum  quam  tfiam  crtt" 
delitaiis  perfonam. 
Cogita  quot  efitriea^ 


Sur    s. 

tes  m  tait  halhu 
pr^tereai  ,  ^«of  nu- 
dos  in  hoc  curiofo 
ornatu  f 


Onerojum-ne  efl 
pecunias  projicere  ? 
Imo  <D€ro  neque  hoc 
fra<:e^it  Clnijius  , 
fii  confitluit.  C£te- 
ri^m  et  fi  ffrtecefftum 
eJJ'et  i  quidnam  adeo 
grave  ,  onera  non 
circumferre ,  nec  cu- 
rai mempeflivas. 


Âudite  ijla  qttl- 
cumque  pauperes  e- 
flis  y  vel  potius  qui- 
cttmque  dnefcere  vul- 
H'i.  Fauperem  ejje  non 
«fi  mahm  ,  fed  nolle 
pattperem  efje.  Nec 
paupertatem  exifitmes 
rem  metuendam  j  CT* 
tibi  gravis  non  etit. 
"Non  enim  in  nattera 
reiy  ftd  in  pujïlîani- 
morum  judicio  metus 
ifie  locum  habet, 
^in  ^tiam   me  pu* 


Matthieu.  26^ 

cruel  aux  pauvres.  Confiderez 
combien  votre  magnificence 
irrite  cett<;  troupe  de  mifera- 
bles  qui  vous  voit  palîer  ,  que 
la  faim  dévore  ,  &  dont  la 
nudité  crie  vengeance  contre 
vos  vétemens  fi  luperbes 

Si  vous  trouvez  que  ce  foit       î^ff. 
une  choie  fort  pénible  de  re-  Confeildoux 
noncer  à  tous  fes  biens j  je  vous  ^-  renoncer  a 
répondray  que  J.  C  ne  l'a  pas  ^"  ''^*"^- 
commandé  abfolunient ,  mais 
feulement     confeilié.     Mais 
quand  il^n  auroit  fait  une  loi 
cxpreffe  ,  leroit-ce  une  chofe 
fort  difficile  &  fort  à  charge 
defe^égag^rd'unfardeaujde 
ne  le  point  porter  par  tout  avec 
ioy  3  &  de  fe  débarafîer  de  tant 
de  foins  &  d'inquiétudes  qui 
l'accompagnent  f 

Ecoutez  cecy  vous  tous  i|ui  ç^^; 
êtes  pauvres  ,  ou  plutôt  qui  Lapauv'reté 
voudriez  bien  être  riches  :  ce  eft  un  bien, 
h'eft  point  un  mal  de  n'être 
pas  pauvre  ,  mais  c'en  eft  un 
de  ne  le  vouloir  pas  être.  Ne 
confiderez  plus  la  pauvreté 
comme  un  mal  ,  &  elle  ne 
fera  plus  un  mal  pour  vous. 
Car  tout  le  mal  qu'on  y  trou- 
ve ne  vient  pas  de  ce  qu'elle 
eft  naturellement ,  mais  de  la 
foibleife  &  de  l'imagination 
des  hommes  lâches.  Quand 
je  dis  que  la  pauvreté  n-eft 
Zij 


1^8  Des  Home 

point  un  mal ,  je  dis  trop  peu  i 
car  fi  vous  avancez  plus  avant 
dans  la  philofophie  chrétien- 
Ke ,  vous  trouverez  que  non 
feulement  elle  n'eft  pas  un  mal, 
mais  qu'elle  eit  la  fource  de 
fj7,       tous  les  biens. 
Donner  fon       Si  VOUS  ne  pouvez  pas  tout 
fuperflu  aux  j'^j-j  ^oiip  quitter  votre  bien  , 
pauvres*        j^  n'exige  point  cela  de  vous  : 
mais  je    vous    demande     au 
moins  que  vous  en  falTiez  part 
aux  pauvres  ,  en  le  leur  don- 
nant peu  à  peu  félon  leurs  be- 
soins ,  &  que  vous  n'en  rete- 
niez pour  vous  que  ce  qui  vous 
eft  abfolument  nécelïaire  aux 
befoins  de  cette  vie. 


LIES 

det  de  paupertaie  di' 
cere^quodmalum  non 
efl.  Nam  Jî  philofo' 
pheris  infinitorum  ti" 
ht  bonorum  fom  erit. 


Proficere  non  po- 
tes divitias ,  non  co- 
go  :  fedobfecro  ut  fnh 
tem  particulatim  in- 
digentibtts  diftribuas , 
necplufquam  tibi  opus 
fit  exqmras. 


DES     HOMELIES 

SUR    S-    JEAN- 


T  E  vous  déclare  que  quicon- 


^^^'        I  •    -  u. 

En  renon- J  que  communie  a  cette  table 

^ant  aux  pô-  divine ,  ne  doit  prendre  aucu- 

pes  du  diable,  jjg  part  à  ces  fpedacles  dam- 

on  a  renonce     ^^^^  •  -^^^^  ^  ^^^^^^ 

aux     fpewa-  -  «     i        '     li      j 

cle$.  "*^"    ^   ^^  trouble  dans  vos 

âmes.  Car  tout  ce  qui  fe  dit 

&  fe  fait  en  ces  lieux  propha- 

nes  eft  une  vraye  pompe  de 

fatan  ,  &  eft  confacré  à  Timpu- 

mé.  Ceux  qui  font  initiez,  aux 


In  Evang.  Jean.' 
prolog.  Ecce  pr^dico 
vobis ,  nemo  qui  hac 
menfa  fruitur  ,  ani' 
mam  fuam  mortife- 
ris  illts  perturbet 
fpe^aculis.  Quicquid 
tUtc  dicitur  ^  fit  , 
fatatt£  pompa  ejî  CT* 
lafcivia.  Nojlis  fa- 
cris    initiati  j    qua 


Su 

fadere  nohis  vos  ad- 
firinxeritis  y  ^  ut 
vertus  dicam  ,  Chri- 
fto  ;  cùm  Vos  tpfe  edo- 
teret  ,  qntd  et  dixi- 
ftii  f  Que  fuper  Sci- 
lanA  pompa  cum  eo 
verbu  habniJUs  ?  Qun 
paflo  ei  CT*  Ange  lis 
«j<ts  tune  ahrenun- 
ciajlis ,  promififlifiue 
ttulla  ei  in  re  ajjen- 
fumprafïure.  Quam- 
oorem  non  parum 
nohis  curandum  e/?, 
ne  m  his  promifponi- 
Dus  perfidite  argua- 
mur  ,  neve  nos  ipfos 
his  reddamus  tndi- 
gnos  myJJenis. 


Hom.  i.in  cap. 
I.  Evang.  Joannis. 
Nemo  in  Ecclefia  fu- 
fer  domo  €^  familia 
cogitet  s  fed  contra 
domi  Ecclsfiam ,  CT' 
divtnas  res  animo 
compleflaïur,  Hsc 
cateris  rehus  ommbus 
funtpreciofiora:  H£c 
enim  anim£funt  »  illa 
vero  corporis  ,  imo 
O*  amin<e  O*  corpo. 
ti  plurimum   conjè- 


R    s.    Jean.  z6^ 

facrez  myfteres,  n'ignorent  pas 
quel  ell  le  pad  &  l'alliance 
qui  vous  a  attachez  à  nous  ,  ou 
plutôt  à  J  £  S  U  S-C  H  R  l  S  T. 
£c  en  effet  que  luy  avez- vous 
répondu  quand  il  vous  a  don- 
né les  jnftiudions  ?  Dans  quel 
engagement  êtes  vous  entrez 
fur  les  iujets  de  ces  pompes 
de  fatan  .-'  N'avez- vous  pas 
renoncé  par  un  ferment  folem- 
nei  au  démon  &  j  fcs  Anges  > 
&  n'avez-vous  pas  promis  de 
ne  luy  jamais  déférer  en  au- 
cune choie  ?  Nous  devons 
prendre  un  grand  foin  d'agir 
en  forte  qu'on  ne  nous  puilîe 
jamais  acculer  d'avoir  été 
infidelles  à  ces  promeffes  ,  & 
de  ne  nous  rendre  jamais  in- 
dignes de  la  participation  de 
CCS  faints  myfteres. 

Que    perfonne   étant   dans       ^<^p. 
l'Eghfe  ne    s'amufe  à  penfer       s'occuper 
aux  affaires  de    fa  maifon  &  pl"^  deschc- 
de    fa   famille  5  mais   plutôt  ^^^'^V'^l'^f 
lors  même  qu^il  cft  dans   fa  f;,;;f'' '^'^^ 
maifon  qu'il  penfe  aux  chofes 
de  Dieu  ,   &  à  ce  qui  fc  fait 
dans  l'Eglife  :  les  affaires  du 
falut  font  préférables  à  toutes 
les  autres.  Car  elles  regardent 
l'ame ,  &  les  affaires  tempo- 
relles  ne   regardent    que   le 
corps  :  ou  plutôt  les  premiè- 
res font  utiles  à  l'un  &  à  l'aur 
2  iij 


150  Drs    Homélies 

ttc.  C'eft  pourquoy  nous  les  runt 
devons  regarder  comme  les 
plus  importantes  &  les  plus  né 
ceflaires  '■,  &  toutes  les  autres 
eomme  fiipeifluës.  Et  en  effet 
les  chofes  divines  convien- 
nent &  â  la  vie  prcfenre  ,  &  à 
la  future  j  au  lieu  que  celles 
de  la  terre  ne  conviennent  n*y 
à  l'une  n'y  à  l'autre  j  fi  elles  ne 
font  réglées  félon  la  loy  que 
ces  premiers  nous  p>  efcrivent. 
Or  nous  ne  dtvons  pas  feule- 
jîient  nous  appliquer  à  con- 
ftoître  quels  nous  feroiis  un 
jour  y  &  quelle  fera  cette  vie 
dans  le  ciel  que  nous  mène- 
rons-, mais  encore  à  nous  inf- 
truire  de  la  manière  dont  nous 
devons  vivre  en  ce  monde, dans 
lequel  nous  ne  faifons  que 
palfer  comme  des  voyageurs 
&  des  étrangers, 
î'^o.  il  eft  ridicule  que    nous 

Servir  Dieu  exigions   de  ceux    qui  nous 
avec  appUca-  fervent  une    alFiduité  &  une 


idcirco  ea  no» 
bts  omnium  potijjtma. 
ducamus ,  reliqua  fu' 
pervacanea.  Divlna 
namque  CT*  pr^fenti  - 
Z!^ future  viî£  accom' 
modata  fnnt  :  terre' 
na  vero  nettirt  ,  mjt 
ab  his  prtefcripta  lege 
moderentùr.  Non  e- 
fiim  duntaxat  qua'.es 
futitri  fitnus  ,  pho 
pu6îo  tllam  vi^turi- 
Jtm»^  vitam  hinc  co- 
gnofcere  oporiet  ,  fed 
quanam  ratione  in 
hoCjCeculo  quoqtte  pi-, 
regrinandum  ej}. 


twn, 


application  continuelle  ,  & 
que  nous  en  apportionsfipeu 
au  fervice  que  nous  devons  à 
Dieu  i  &  principalement  fi 
nous  confiderons  que  tous  les 
fervices  &  les  devoirs  que 
nous  lui  rendons  lui  font  in- 
utiles ,  &  qu'ils  tournent  tout 
entiers  à  notre  propre  avanta- 
ge- 


Homil.  i.  Nome 
ridtculum  ej} ,  ut  fer- 
vulos  noflros  in  no- 
J}ris  femper  negotiii 
occupâtes  velimui  '. 
mi  ver}i  nullum  Deo 
exhibere  fervitium  ; 
pr<fferti'in  cum  noflra 
omnii  fervitus  nihil 
ei  conférât .  .  .  fed 
ad  nofhram  penitùs 
redundet    utilttatem. 


Su 

yoi  ad  fpeêlacula 
filiûs  adduchis  .... 
vemm  Jt  quid  fan- 
fium  ,  fi  quid  fptri- 
tale  collt^endHW  fue- 
rïf,  tnanem  ta  a\>- 
pelUtis  fûllicitudi- 
nem. 

Htec  profeSlo  atas 
ionis  maxime  admo' 
nittontbus  tnitzet  : 
Unera  e/?  ,  CT*  cito 
qua  ei  tnjiillantur 
knhibit  ;  auditis  , 
tanquàm  figtllo  cera  j 
puerorum  animn  , 
imprcfjît.  Cratère  à 
eT*  vha  et  s  tn  aditu 
ejf ,  ut  vel  ai  vir- 
tuttm  vel  ad  vittum 
facile popt  d.flefhre. 
Sf  quis  i^^itur  ipfoi 
ab  tncHnahulis  ,  ZP* 
qttafi  vitiorum  Vefti- 
bulis ,  ad  viam  vir- 
tutis  abfiruheret  , 
in  hahitu  quodam  C7' 
tiatura  reéïe  viVendi 
0OS  confirmaret  :  ne- 
que  fponte  ftta  facile 
in  dit  riora  prolabe- 
retitr  ;  car»  ejnfmodi 
à  teneris  a(îi4etudo 
ad  virttttem  eos  al- 
liceret.  Hoc  paflo  O* 
majores-     diligeniins 


\    S.    Jeak^  xyi 

Vous  menez  vous-même        5^1. 
vos    enfans    aux    fpedacles  ,     Négliger :e 
&  s'il  s'agit  de  contribuer  à  ^'".'^^^l^^*^" 
leur    inftrudion     (pirituclle  ^P^"^"* 
vous  eftimez  que  c'eii  un  foia 
inutile. 


C'eft  principalement   dans      ^.^^' 
la  première  jeuneile  que  les  j^^^^';^';;^^^^ 
pères    doivent    prendre    îo^n  jej.j,f^,j^  ^  ^^ 
d'inftruire   bien  leura  enfans.  vertu. 
C'elt  un  âge  tendre  &  capa- 
ble   de    recevoir    facilement 
les  enfeignemens  qu'on  leur 
donnera  \  leurs  efprits  étant 
alors  comme  de  la  cire  mol- 
le ,   fufceptibles     de     toutes 
fortes     d'impreffions.     Ajou- 
tez à  rela  ,   que    ne    failant 
qu'eritrer     dans    la    vie  ,  ils. 
peuvent       être       facilement 
tournez  ou  vers  le  vice  ,  ou 
vers  la  vertu.  De    forte  que 
fî.i'on  s'étudioit  dès  ces  pre- 
miers  commencemens  de  Ja 
vie  à  les  faire  entrer  dans  la 
voye  de  la  vertu  ,  on  les  af* 
fermiroit  dans  l'habitude  de 
bien    vivre  ,   qui   leur  tien- 
droit  lieu  de  nature  ,    &  ne 
permettroit   pas   qu'ils   tom- 
balfcnt  fi  aiféntent    dans   le 
mal  ;   l'accoutumance    qu^ils 
auroient  prife  dans   le    bien 
dès  leurs  plus  tendres  anoécs- 
Ziiij 


i7*  Des    Homélies 

leur  rendant  la  vertu    facile,  ohfervahunt ,   &  cl- 

Et  de  cette    forte  ils  s'atta-  vilibuu»  rébus  utilio-' 

cheroient  bien    davantage  à  res  rtperientur.   Si- 

fuivre  les   bons  exemples  de  qmdam  ineunte  éttate 

ceux  qui  iont  avancez  en  âge,  Jlniorum  mores  edo- 

&  feroient    plus  capables   de  cehuntur, 
toutes  (ortes  d'aft'aires. 


5^3.  Si  vous  demandez  à  ceux 

Foue  àe  ft  q^j  font  comn^c  enyvrez  de 
vaine  gloire,  vainc  gloire  ,  pour  quel  mo- 
tif ils  font  de  fi  fomprueu- 
fes  d  p^nfes  ,  ils  ne  vous 
en  appoîteront  pomt  d'au- 
tre ,  finon  que  c'eii  pour 
plaire  au  peuple.  Et  fi  vous 
examinez  ce  que  c'eft  que 
le  peuple  ,  vous  trouverez 
•  que  c'cil  un  corps  compofé 
de  plus  de  fous  que  de  fa- 
ges.  N'eft-ce  donc  pas  une 
étrange  folie  ,  de  vouloir  ti- 
rer Ton  honneur  &  fa  gloire 
de  ceux  aufquels  nous  ferions 
bien  fâchez  d'être  (emblables? 

5é^4.  Il  y  a  de  la  honte  à  re- 

Ni  chercher  chercher    la  vaine  gloire  du 

que  la  gloire  monde   ;   comme  il  y  a  une 

d:  Dieu.        véritable  gloire  à   la  mépri- 

fer,  &  à  rapporter  toutes  nos 

paroles  &   nos    adions  à   la 

gloire  &  à  la  volonté  de  Dieu. 

Car  fi  nous  nous  contentons 

d'avoir  pour  l'unique  témoin 

de  notre  vie ,  cpluy  qui  con- 


Eorum  qui  iaanis 
gloria    ebrietiate  ca~ 
piuntt&  .  .  ,  .  fi  ro- 
gaveris       quempiam 
quanam  gratta  tantos 
fumpîus    profundat  , 
niilUm    Ab  €0  ratio- 
nern  acciptes ,   quam 
ut     populo    placeat, 
Quod  fi  q»id  fît  po- 
ptilus   perco?Jtaberis  y 
qutddam  ,  inquit ,   e 
Jiuhitia    majori     ex 
parte  ca7{ians.  Non- 
ne fiuhum  efi  eorum 
gloriam     aucupart  y 
quorum  nefimilis  qui' 
dem  ejfe  velis  ?' 

Secularts  glorU  ca* 
piditas  ,  tgnominia 
efl  Bfl  aul€m  ver  a 
gloria  ,  eam  ut  nul' 
lins  momenti  contem- 
nere  CT*  ad  divinam 
voluntatem  ,  omnia 
e?*  verba  CT"  opéra 
nofira  dirigere  :  hoc 
pa^o  ab  eo  qui  (un-^ 


Sur 

fia,  perfeââ  rattone, 
intelligh  ,  mercedem 
ace t père  poterimui  , 
fi  eo  Jclo  erimus  fpe- 
CÎalore   contenii. 

Cùm  ncijue  pecu- 
m£  ntque  glorttg  cu- 
piditatt  vincimur  , 
tutji  eas  ajfattm  ac- 
cipimui  -  tune  tisfrui' 
mur.  Si  i'Z'tur  nobii 
gloriam  com^'ururt 
cttpimus  tgloriamfit- 
giamus  :  ho.  entm 
facto  dtvina  fervare 
prxcepta  ,  Z^  pr£- 
fentibus  honis  <j'fu-^ 
taris  f rut  poterimus. 

Homii.  3  Si  qttis 
poffjfionibui  affimt , 
haud  aliter  his  (juam 
colonus  utatttr  >  C?* 
tanquam  paulo  pojly 
omnia  velit  noltt  te- 
lté}iirus. 

Quod  tram  cohi' 
heas  y  nemo  te  ex 
hac  caufu  trridehity 
fed  càm  ira  te  tra- 
xerit  in  vtndi^am  : 
qmdfiquis  trriferit , 
puhtts  ertt  (ejiiman'- 
dm.  Tu  vero  noli 
inter  Jïultos  viélorix 
gloriam  QU£rere ,  fed 
^     cantenttts   Jts   y 


S.     J  E  A  M.  27J 

noît  pat  faitement  toutes  cho- 
fes  5  nous  eu  recevrons  une 
très-glorieufe  récompenfe. 


Quand  nous  ne  nous  laif-        Ç^f» 
fons  pas    vaincre   à    la  cupi- ,    0-"oiive 
dite  de  la  gloire  :  &  des  biens  ^^^^^^ 
d«   inonde  ,    c'elt  alors    que 
nous  en   fommes   plus  com- 
blez.   Si  donc  nous   voulons 
acquérir  ia  gloire,  fuyons  la 
gloire:  &  par  ce  moyen  nous 
obfcrverons  les  divins  piéce- 
pies,  &  nous  jouirons  &  des 
biens  de  la  vie  prclente  ,  & 
de  ceux  de  la  vie  future. 

Si  l'on  polfede  en  ce  mon-       $6è, 
de  de  grands  biens  ,   il  n'en        ^  er  des 
faut  uler  que  comme  un  fer-  l^i'ns  comme 
mu.,    dans  k  vue   qu,!  les -J--, 
faudra  un  jour  quitter  maigre  pjg^ 
nous  5  &  en  rendre  compte. 

On  ne  fe  mocquera  pas  de        ^4j, 
vous,  quand  vous  retiendrez     ta  modéra- 
votre    colère    ,    mais    plutôt  tion  n'eftmé» 
quand  cette  paflion  vous  cm-  P"^!^^  ^"^ 
portera  dans  la  vengeance.  Et         ^"*' 
ceux  qui  en  ufcront  autrement 
doivent  pailbr  pour  des  fous.    ' 
Or  ce  n  eft  pas  des  fous  que 
vous  devez  attendre  la  loiian- 
ge  &  la  gloire  de  votre  vic- 
toire i  mais  vous  devez  vous 


ck. 


274  Des     Home 

contenter  de  celle  que  vous 
recevrezdii  jugement  desper- 
Ibnnes  fages. 
$6S.  Comme   on    ne   fçauroit 

''L'avarice  ne  difcerner  un  ami  d'un  enne- 
connoît  point  mi  dans  i'obfcurité  ^  il  en  ell 
é'Am'u  Je  même  dans  les    ténèbres 

du  péché.  Car  un  homme 
avare  &  qui  eft  avide  du  gain , 
cherche  indifféremment  à 
profiter  &  furTami  &  fur  l'en- 
nemi. 
5^9.  Ceux  qui  s'attachent  aux 

IHuliondes  chofes  de  la  terre  qui  n'ont 
biens  du  ûé-  qu'un  moment  de  durée  ,  & 
qui  ne  font  que  comme  des 
fonges  ,  relfemblent  à  des  m- 
ienfez  qui  s'imaginent  être 
riches  ,  lorfqu'ils  ncnt  rien; 
qui  fe  figurent  de  jouir  de  mil- 
le plaifirs,qui  ne  lubfilk^nt  que 
(dans  leur  imagination  ;  &  qui 
n'en  peuvent  être  détrompez , 
qu'ils  ne  foient  guéris  de  leur 
folie,  &  comme  réveillez  de 
ieurfommeil.  C'eft  pourquoy 
TApotre  nous  recommande  à 
l'exemple  du  Seigneur  même  , 
d'être  JobreSt  CT*  de  veiller. 


'Ç70.  1-3  vaine  curiofité  entrai- 

Contre  la  ne  avec  elle  deux  grands 
-raine  curio-  maux.  L'un  qu'elle  rend  mi- 
fité,  férables  ceux  qui  fe  fatiguent 

iaucilemenc  dans  la  recherche 


LIES 

^uam  fapientium  /»- 
dicio  ubi  comparave» 
ns. 

Homil.  4.  Sicut 
*n  tenebris  nuque  <»- 
nucm  neque  tn/micus 
agnofcitur ,  iiidem  in 
peccato  uf»  zenit. 
Quippe  cjHi,  Iticro  tn- 
hiatj  nuUam  amici  y 
inimtcwe  inteliint 
differeiitiam. 

In  hue  vit  a  nihil 
ab  tnfanientibus  dtf- 
ferunt ,  qui  ra  terre» 
nastiP-  br^vt  durant" 
ras  ,  tanquam  tnfom~ 
Tiis  fufpicantur  :  vi- 
dentur  divitiis  affiiiS' 
w,  cum  nullii  af^ 
fluant  i  tn  deliciis 
ejfe  cum  non  fnf-  ne- 
que  ante  fe  deceptos 
intelltgunt ,  quam  ah 
in/ania  liberentur  y 
quam  fomnum  dtfcu- 
tiant.  Qtiocircà  ut  fo- 
biiifimus  &vigile- 

mus  ,    nobis    Vaulus 

prtecipit ,     CT*  itidem 

Dominus. 

Homil.    6.    Duo 

mala  CT*  quidem  nra- 

.  /     .      * 
via  cunojoi  ctrcumrc- 

niunt,  Prirnum  quod 

dum  in  his  fmjïra  in^; 


Sur 

quîrendo  lahorant  , 
miferi  fiunt  ,  c »w  ea 
invenire  ne^ueant  : 
Alurum  quod  Deum 
irritant ,  citm  confi' 
tHtos  ab  ipfo  termi- 
nas excedcre  conentur. 

Non  parum  con- 
fert  ad  mugnitudiuem 
peicatorum  imnti- 
nuendam  ,  frequens 
eorum  memar$a  O* 
accufutio. 

Homil.  8.  Nihil 
tàm  alienum  a  di 
vino  iimore  hominem 
teddit ,  q»am  fitper- 
bfa.  Kihiltam facile 
in  ge'oennam  detru- 
dit  ,  ^««jw  ruperhi<e 
inf>inia  ,  (ub  qua  om- 
nii  iioflra  vita  im- 
munda  eji ,  quamvis 
fudtcitia  ,  vtrgmt' 
tate,  jejunioy  oratto- 
nibus  ,  eleemofytiit , 
quamvis  omni  deni- 
que  virttttepr<iflemus, 

Homil.  9.  Noli- 
rnm  dileŒJJîmi  fidem 
nobis  ad  faltttem  fatts 
ejje  exijlimare.  Nam 
nifîvitam  purum  ex- 
hibuenmus ,  CP*  hac 
c<tlefli  vocatione  di- 
gna    noi    vejiimen- 


S,    Je  A  M.  175 

de  ce  qu'ils  ne  peuvent  jamais 
trouver  .•  l'autre  qu'ils  ofFen* 
fent  Dieu  en  s'eftbrçant  de 
palfer  au  delà  des  bornes  qu'il 
a  fixées  à  nos  connoiiTances. 


En  rappellant  fouvent  dans 
notre  elprit  la  mémoire  de 
nos  péchez  ,  &  nouj»  en  ac- 
culant fouvent  devant  Dieu  , 
nous  en  diminuons  beaucoup 
la  grieveté. 

Rien  ne  nous  éloigne  tant 
de  l'amour  de  Dieu  que  l'or- 
gueil, &  rien  n'eft  fi  capable 
de  nous  précipiter  dans  les 
enfers  que  cette  paflion  in- 
fenfée.  Car  elle  foiiillc  toute 
notre  vie  ,  quand  même 
nous  aurions  enibraflé  la  vir- 
ginité ,  &  que  nous  pratique- 
rions l'aumône  >  l'oraifon  » 
le  jeûne  &  toutes  les  autres 
vertus. 


Ne  nous  perfuadons  pas 
que  la  foy  feule  nous  fuffife 
pour  être  fauvez.  Car  fî  nous 
ne  menons  une  vie  pure ,  & 
fi  pour  répondre  à  la  dignité 
de  notre  vocation  ,  nous  ne 
confervons  fans  tâche  cette 
robe  nuptiale  3  qui  nous  doa- 


171- 
Gémir  (bC- 
vent    de    £u 
péchés. 


$71' 

L'orgueil 
détruit  tou- 
tes les  vertus» 


Foi  inutile 
fans  les  bon^ 
nés  œuvres. 


Contre    le} 
B'érétiqtéis^ 


2^6  Des    h  o  m 

ne  entrée  dans  la  falle  du  feÇ- 
tln  celelte  j  pe.  (bnnc  ne  nous 
pourra  fauver  du  iupplice  dont 
tut  puni  ce  miférable  ,  qui  fut 
jette  félon  l'Evangile  dans  les 
ténèbres  extérieures. 

^74.  OfFrons  à  Dieu  les  (acri- 

Aumône  du  fices  de  nos  aumônes  ,  qui 
bieniég  time,  Jyy  font  encore  plus  agréables 
que  ceux  des  jeûnes  St  des 
oraifons  ;  pourveu  que  les 
biens  que  nous  y  emplov  erons 
ne  viennent  que  d'un  juftc 
travail,  <  non  d'avârice  ,  de 
rapines  &  de  violences.  Car 
Dieu  ne  per.t  fouffrir  qu'on 
fe  ferve  des  calamitez  d'au- 
truy  pour  luy  rendre  honneur. 
Ce  lacrifice  feroit  impie  ,  & 
il  feroit  plus  capable  d'irriter 
Dieu ,  que  de  luy  plaire. 


facrificc  a- 
greabki 


Î7f' 
Union  des 
fidclles. 


Les  Chrétiens  ne  doivent 
pas  feulement  être  unis  les 
uns  aux  autres  ,  comme  un 
ami  l'eft  à  fon  ami  ;  mais 
même  comme  le  font  entre 
eux  les  membres  d'un  même 
corps  :  ce  qui  eft  une  maniè- 
re de  liaifon  la  plus  étroite  & 
la  plus  intime  que  Ton  le  puiffe 
imaginer^ 


ELÎES 

ta  induerimus ,  qm" 
hns  ad  twptias  ad' 
mittamur ,  nihil  nos 
eripiet  ,  quin  co- 
dem  quo  miier  ille 
aff.ciamttr  /uppli" 
cio. 

Hom.  iz.  Sacri' 
ficerntts  in  iOisfacra- 
riii  eUemofyn^  ,•  Ijoc. 
enim  ^^oraùone  ,  Z9* 
jejwno  5  CT*  muliis 
Imjufmodi  facrijîciti 
maius  ejifa'.rijirfAm  , 
modo  ex  jtijïofiat  la-» 
bore C  lucre ,  C^  ont" 
ms  Jît  expers  avarp- 
tt<e ,  rapiii£  ,  violent 
tite  .  .  nec  enim  vuk 
Deus  alienis  calami^ 
tattbm  honorari.  Int" 
plum  enim  id  facri" 
ficium  eji  ;  CT"  irritai 
potim  Deum  quam 
placet. 

Hom  il.  14.  Non 
quantum  amicus  a» 
mico  débet  propinquk' 
tatem ,  tantam  nos 
habere  invicem  opor» 
tet  ,  fed  quanta  eji 
membri  ad  mem» 
brum  :  hac  amickta 
ZP"  cura  aliam  maio" 
rem  nemo  unqunm 
invenirepojfçu 


•So: 
Homil  1$.  Exi- 

tiofum  vitium  invi- 
dm  non  lus  cjhihus 
invide tur  ,  fed  ipjis 
invidentièhS.  L'nmum 
enim  eos  ujfe/tdit  ac 
confumit  ,  tanquam 
mortiferum  qttoddum 
vtrus  eorum  ammos 
occupans.  Et  vero  eut 
invtdetitr  plus  affert 
tmoltimtnti  ,  ^nàm 
damni. 

Homil  i8.  Non 
eoi  accufo  qui  domos 
hnbent ,  agros ,  pecu- 
mas  f  moà'^  his  hene 
utantur  ad  frugali- 
tatem  ,  &  itt  decet , 
hoc  eji  ,  lanqiiam 
domini  ,  non  tan- 
qttàm  fervi  :  ut  ea 
pofjtdeant  ,  non  ab 
his  pojjideamur  :  ut 
utantur  »  non  abu- 
tantur.  Xf^/^'*'^  ^' 
nim  ^    hocep,  pecu- 

fAM  ,  quûd  ej}  uti^ 
dicttntttr,  ea  vtde- 
iitet  ratione  ,  ut  in 
his  netefjîtatibus  uta- 
mur ,  non  M  ferve- 
mus. 

Qu£  infania  ,  uhi 
ûmnia  fine   labore  y 


L    S.    Jean.  ^'jif 

L'envie  eft  an  vice  très-       î7^« 
pernicieux,  non  pour  ceux  de    Envie,  fiip-* 
qui  on  envie  la  profpéuté  ;  Pl'*^"  de  l'en-. 
'■  •  I.        •        vieux» 

maiî»  pour  ceux  qui  i  envient 

au^  autres.  Car  elle  les  cha- 
grine &  les  ronge  comme  une 
gangrenne  mortelle  qui  con- 
l'ume  leurs  elpnts  j  &  elle  pro- 
cure plui  d'utilité  que  de-dom- 
mage  à  ceux  à  qui  Ton  porte 
envie. 


Je  ne  condamne  point  ceux  Î7f« 
qui  ont  des  maifons  ,  des  .  Bon  ufage 
terres  ,  de  l'argent ,  pourveu  ^"  '^*^^^?^^ 
qu'ils  en  ufcnt  bien  ,  &  avec 
modération  ,  ainfi  qu'ils  le 
doivent  :  c'eft-à-dire  comme 
étant  les  maîtres ,  &  non  les 
efclaves  de  leurs  biens  -,  com- 
me en  étant  les  polfefleurs  , 
&  non  comme  en  étant  les  pof- 
fedez  :  quils  en  u(ent  ,  & 
qu'ils  n'en  abufent  pas.  Le 
terme  grec  qui  fignifie  tout 
enfemble  richeiies  &  ufagc  , 
nous  marque  que  les  biens 
ne  nous  font  pas  donnez  pour 
les  garder  inutiles  ,  mais  pour 
nous  en  fervir  dans  no*  be- 
soins. 


N'eft-ce  pas  une  folie  étrati-      ^7^» 
ge  de  deiBCurer  froids  &  in-    FoUedcfl?- 


2^2  Des    Home 

giiget  fon  Ci-  difterens  ,  quand  il  s  agit  du 

ciç,  quérir  fans  beaucoup  de  tra- 

vail ny  de  péril  j  &  de  tra- 
vailler avec  tant  d'ardeur  pour 
le  monde  ,  où  il  y  a  une  in- 
finité d'inquiétudes  ,  de  tra 
vaux  ,  &  de  dangers  à  effuyer, 
&  une  efpérance  fi  douteufe 
d'yi'éùffir?  Neméprifezdonc 
pas  votre  falut  éternel  ,  & 
épargnez-vous  tant  de  peines 
&  de  périls ,  pour  courir  après 
des  biens  dont  Tacquifition 
eft  bien  plus  avaniageufe  & 
plus  facile. 
57^.  Après  la  grâce  de  Dieu  , 

Le  falut  dé-  nous  n'avons  rien  en  ce  mon' 
pend  de  la  de  lur  quoy  nous  puiiTions 
grâce  &  des  ^q^^q^  fefpérance  de  notre 
tonnes    «u-  ^^^^^  ^  ç^^^   ^^^    j^^    bonnes 

Contre    /ef«uvres. 
U  rétiqneu        Fuyons  les  plaifîrs ,  &  non 
580.        feulement   ceux  de  la  bonne 


Necherchçr  chère  ,  mais  généralement 
quelesplaifîrs  tous  ceux  qui  fe  peuvent  pren- 
fpimuels.  ^jj.g  j^„5  quelque  chofe  tem- 
porelle que  ce  foit^  &  chan- 
geons-les tous  en  âcs  plaifîrs 
fpirituels  ,  difant  avec  le  Pro- 
phète :  Mefte:^  votre  joye  en 
hieu  ,  CT*  tl  vous  accordera 
tous  les  défîrs  de  votre  coeur. 
Et  ainfî  nous  jouirons  heu- 
Teufement  &  des  biens  préfens 
&  des  futurs. 


L1«S 

/tne  periculo  affec^ui 
f>o/JumHS,fupinos  C?* 
ofcitantes  perflflere  : 
ubi  amem  fudores 
tnnumen  ,  navigan- 
dtpericula,  labores , 


-  ci*r£  j  e?*  quod  gra- 
vius  efl  tncerta  fpei 
^Votum,  tantopert 
invi^Ure  ?  NoUte 
ergo  qutefo  f>ropri<^m 
fàlutem  dejpicere  , 
fed  tôt  periculis  omif- 
fis  ad  facihora  O* 
lucrofiora  curramus, 

Homil.  20.  In 
nullo  alto  ,  nifi  in 
foUs  bonis  operibus  3 
pofl  àivinam  gratiam^ 
de  fiilute  cmpiam 
/perandum  ejf. 

Homil.  il.  De" 
lîcias  fugiamm ,  non 
in  menfis  modo  5  fed 
quétcumque  in  rebus 
feculartbiis  capittn' 
tur ,  ea  omma  y^/- 
ritttahum     voîuptate 


mutemus  j  ^  fecun^ 
dùm  Prophetam  :  De- 
leftarein  Domino, 
&  dabit  tibi  peti- 
tioncs  coi  dis  tui; 

ut  pr<efetmht*s  CT'/î*- 
turis  bonis  perfrua" 
mur. 


Homil.  11.  Plu- 
ritnum  nojhra.  faluti 
diabolus  injtdiatur. 
Invi<^tîandum  efl  igi- 
tur  ,  O*  contra  tlUtts 
impetum  >  unumg 
quem^ue  fe  omm  ex 
parte  pnemunire  o- 
portet  :  nam  vel  mi^ 
nimo  aditu  ,  viam 
fibt  <juam  latifjîmam 
patefacit ,  ac  panla- 
tim  vires  acapit. 

Si  qua  nohis  falutis 
€t*ra  ej} ,  ne  minima 
qmdem  in  re  diabo- 
lum  pravalere  per~ 
mittarnus ,  ne  mox 
in  majorihus  pneva^ 
leat,  Summ£  nam- 
que  amentU  efi ,  ut 
cùm  ille  tantoperè 
animarum  noftrarum 
perditioni  invigilet , 
nos  contra  prc  nojira 
.ip/orum  falute  non 
eandem  adbtbeamus 
Mligentiam. 

Timeo  ne  in  mé- 
dia etiam  templo  ali- 
quando  hic  lupus  de- 
litefcat  non  pravtfus 
à  nobis  >  ac  injîdiis 
fuis  cy  defidia  no- 
fira  ,  avis  altqua  a 


y  Sir 

Veiller  pouf 


i    S.    Jean.  17^ 

Comme  le  démon  veille       58 f; 
fans   cefle  pour  nous   tendre    Méceffitédc 
des  embulches  dans   la  voye  ^*  ^^S^l*""^ 
de  notre  falut  ,  nous  ne  de- 
vons pas  moms  veiller  à  nous 
en  défendre ,  &  à  nous  tenir 
toujours  en  état  de  réfitter  à 
Çqs  violenees.  Car  (i  nous  luy 
laiffons  la    moindre    avenue 
pour  fe  glifler  en  notre  ame  , 
il  s'y  fait  bien-tot  une  large 
entrée,  &    fes    forces    vont 
toujours  croilTant  à  notre  rui- 
ne. 

Si  nous^vons  quelque  (bin 
de  notre  falut  ,  nous  devons  rn.  -  j  - 
bien  nous  garder  de  donner  ;^^|î,"*"^=- 
au  démon,  la  momdre  prife 
fur  nous  ,  de  crainte  qu'il  ne 
nous  aflu}ettiife  a  toutes  ks 
volontez.  Et  en  effet  ,  fça- 
chant  avec  quelle  application 
il  veille  continuellement  à 
notre  perte,  c*eft  une  étran- 
ge folie  à  nous  de  n'apporter 
nulle  diligence  à  notre  confer- 
vation  &  notre  falut. 


J'ay  toujours  peur  que  le      T^?* 

démon  ,  ce  loup   raviffant  ,  .  ,^"^'''-"^^** 

ne  fe  cache  même  dans  cette  ^'"^^'^  P?^"^ 
x:  vr   r  i,  i^ous  perdre, 

xiglile  tans  que  nous  Tapper-  ^ 

cevions ,  &  que  notre  négli- 
gence ne  luy  donne  lieu  de 
fe  tàifir  par  fes  artifices  de 


i8o 


Des    Homelîes 


^es« 


quelque  brebis  de  ce  faint 
troupeau  ,  qui  (e  fera  égarée 
parfonpeu  de  foin  d'enten- 
dre nos  inftrudions  Si  les 
blefl'ures  que  Ton  en  reçoit 
étoient  fenfibics ,  il  ne  leroit 
pas  fi  difficile  de  s'en  garan> 
tir  ;  mais  comme  les  playes 
des  âmes  font  auifi  invifibles 
que  les  âmes  mêmes  ,  nous 
avons  befoin  d'une  continuel 
le  vigilance  pour  nous  en  dé- 
fendre 5  &  chacftnfe  doit  fans  cejfe 
fonder  luy-même. 
584;  C'eft  avec   beaucoup   de 

Richeffes  raifon  que  jE S  US-C  H  R IST 
yraycs  épi-  appelle  les  richelîes  fauffes  & 
trompeufes  ,  des  épines  :  parce 
qulejles  font  ftériles  &  infruc- 
tueufes  comme  les-  épines  : 
que  la  cupidité  qu'elles  nous 
infpirent ,  nous  perce  &  nous 
déchire  le  cœur  :  qu'elles  font 
propres  à  concevoir  les  fiâmes 
des  foins  du  fiécle  :  &  enfin 
qu'ainfi  que  les  épines  fervent 
de  retraite  aux  vipères  ,  aux 
fcorpions  ,  &  à  plufieurs  au- 
tres animaux  dangereux  ,  de 
même  il  fe  rencontre  dans 
les  richeffes  un  poifon  mortel 
que  Ton  ne  voit  point.  Tra- 
vaillons donc  à  confumer  par 
le  feu  du  S.  Efprit  toutes  ces 
épines  ,  &  tous  les  animaux 
pernicieux  qui  y  font  cachez. 


grege  C^  hac  contti^ 
ne  aberrans  dtripia* 
tur,  Nam  (t  ejusvttl' 
nerafenfu  deprehen^ 
derentur  ,  non  fané 
^ffet  difficile  ejus  m- 
Jîdtas  pr<ecuVire  ^  ©e« 
rum  cùm  anima  in- 
vijïhilis  invifibiles 
plagas  acctpiat  jfum- 
vna  nobis  opm  efi  C/- 
gtUntta  ,  Mt  unuf- 
quifque  fe  ipfum 
probet. 

Homil.  Z3.  M?- 
riio  fpinas  vocavit 
Chrifttts  divitiarum 
fraudes,  Nam  quem- 
admodum  /pinte  fe- 
riles  fimt  ,  ità  CiT* 
divitia.  Sicut  tlU  eos 
qmtangunt  lacérant  i 
ttà  hanc  cupiditas. 
Quemadmodttm  ille 
facile  igni  compre- 
henduntur^  ità  ht*' 
jus  f<ecuU  negotia, 
Pofiremo  Ut  inter fpi- 
nas ferts  ,  vipene  , 
fcorpti  délit efcunt  S 
ità  in  fraudibus  di* 
Vttiarum.  Vertim  di~ 
leOiffimi  Spiritusfan' 
m  igné  C  fptnas 
confttmamus ,  CT*  è«- 
fiiai  tjfu^amm. 

In 


Sur 

In  haplifmo  iivina 
confuwmantur  indi- 
cia  ,  fepultura  ,  mor- 
tificatio  »  refurretlioy 
vit  a,  ;  CT'  h£c  ftmul 
funt  omnia.  In  aqua 
enim  tanquam  in  fe^ 
pttUhro  caffutimmer- 
gentibus ,  vêtus  ho- 
mo  fepelitur  CT'  tm~ 
uner^itur  :  deindè  no- 
his  ernergentiùus  na- 
VUi  refurgit  indè. 

Donec    dijfentimus , 

five  patrem  quis  ha- 

heat  y   Jlve  filium   , 

five  fratrem  ,    mmo 

fane  vera  propinqui- 

late  devinSlHS   inve- 

nitur ,    fpiritali  pro  - 

finquitate       ablata, 

Q»id   enim  utiUtatis 

Itttei  corporis  conjun- 

Bio  ,   nijî  conjunga- 

mur  O"  fpiriti*  ?  Quid 

nobis  terrena  confert 

cognatio  ^  fi  in  c^lis 

fumtii  alieni  ?  Alie- 

nus  e(ï  catechumenus 

à  fideli  ;  non  habet 

idem      principium  , 

nan  eandem   civil a- 

Um  y     non    eundem 

parentem ,     non    vi- 

él»m  ,  non  vejiitum  , 

non    metjfam  ,     non 

Toni.  î 


S.    Jean.  t.8i 

Tous  les  myfteres  de  Je- 

sus-Christ     font    con- 

fom liiez  dans  le  Batêiiie  ,  fa  ^/'^'^^'^ 
r'      }  r  r       ' r        morc  OC  delà 

fepulture  ,  fa  mort ,  (a  reliir-  .éiurredioa 
rection,  la  vie  i  ce  qui  com-  ^^  j,  c. 
prend  tout.  Car  l'immerfioii 
dans  l'eau  nous  marque  la  fe- 
pulture du  vieil  homme  dans- 
le  tombeau  ,  &  la  fortie  de 
Peau  ,  la  réfurredion  du  nou^» 
vel  homme* 


Point  d'-iî- 
liance    folide 


ftddlcs» 


Si  nous  avons  urtpere  ,  ott 
un  fils  5    ou  un    frère  d'une 
autre  créance  que  la  notre  , 
nous    ne  femmes  plus  liez  à  l^'e^^^^e    ïts. 
luy  par  une  vraye    parenté  y 
taiît    que  les  liens  fpirituels 
ne  nous  y  uniffent  point.    Et 
en  efïet  de  quelle  utilité  peus 
être     l'union    du    corps    qui 
n'eft  que  de  boue,  fi  celle  de 
l'efprit  ne  nous  lie  pas  ?  A 
quoy  nous  fert   une    alliance 
de   la  terre  ,  fi  nous  Tommes, 
delunis  &  comme    étrangers 
les  uns  à  l'égard    des    autres 
dans  le  ciel  ?  Ainfi  il  y  a  une 
grande  leparacion     entre  uti> 
catéchumène  &  un  fidelle  :.  ils 
ont  un  différent  principe  ,  une 
différente  cité  ,  un  Père  diffé- 
rent ,  une  nourriture  ,  un  vê- 
tement ,  une  table  ,  une  mai- 
fon  différente.,  &  rien  en  tout 
Asfc 


iSz  Des  Home 

cela  de  commun.  Le  catéchu- 
mène n'a  pour  fon  partage 
que  la  terre*,  &  le  fidelle  n'a 
pour  le  lien  quele  ciel.  JESUS- 
Christ  elt  le  Roy  du  Chré- 
tien 5  &  c'eft  le  démon  avec 
le  péché  qui  eft  le  Roy  du  ca- 
téchumène. La  nourriture  du 
premier  c'eft  JesuS-CHRIST, 
&  celle  de  l'autre  n'eft  que 
pourriture  &  corruption.  Le 
Seigneur  même  des  Anges 
eft  le  vêtement  de  l'un  ,  &  les 
habits  de  l'autre  ne  font  que 
la  pâture  des  vers  :  le  ciel  eft 
la  patrie  de  l'un  ,  &  la  terre 
la  patrie  de  l'autre.  Puis  donc 
qu'il  n'y  a  rien  de  commun 
entre  nous  ,  comment  pour- 
roit-il  y  avoir  de  vraye  paren- 
té .' 

^    .       «         Quand  nous  nous  Tentons 

Traiter  Ce&  r     ^^     ,  , 

inférieurs  «meus  de  colère  contre  nos 
lerviteurs  ,  fanons  réflexion 
fur  nos  péchez  ;  &  que  la  mo- 
deftie  &  la  patience  avec  la- 
quelle ils  foufFi  ent  nos  carrec- 
tions  j  nous  donne  de  la  con- 
fuiîon.  Car  ils  font  nos  égaux 
dans  ce  qu'il  y  a  en  nous  de 
plus  confidérable  ,  qui  eft  le 
ipirituel  j  &  ce  n'eft  que  par 
une  prérogative  vile  &  humai- 
ne qu'ils  nous  font  fournis. 
De  quelle  excufe  donc  nous 
pourrons- nous  couvrir  devant 


^57. 


ii-vcc  cnarite. 


LIES 

domum ,  nihll  corn» 
mune.  Etenim  terre- 
na  cathecumeni  ^  c<€- 
leflia  fdelis  fttnt  : 
hmc  Cf?riJ}us  rex  eji , 
un  autem  peccatum 
CT"  diabolus  :  huic  ci' 
luiClTTijius  ej}  ,  un 
quoà  corrnmpitur.  Et 
rurftti  huic  vej}is  ti- 
nearum  opéra  ,  illi 
autem  Angelorum  Do* 
minus  :  huic  terra  y 
un  calum  ,  patria. 
Itaque  cum  nihiljtt 
inter  nos  commune, 
qu£  cum  lUis  nohis 
cognaùo  ? 


Homiî.  2f.  m 

cap.  3.  Quanio  fer" 
vis  noftris  fuccenfe" 
mm ,  noftra  deîiéla. 
conJîJeremus^  ,  €7  eo» 
rum  modtJ}ia  pudore 
nos  ajjiciai  .  -  .  Sev- 
vus  in  majorihus  V 
fpiritaliv/.s  rébus  no-" 
bis  par ,  humant  cur 
jufdam  Z^  vilis  pre^ 
roiati'Dit  S!.^a'ta  nos 
tolérât  :  qua  srgove- 
nia  di^ni  srimus  3 
mo  me  tu  noft 


qui  diVi 


Su 

pojfumus  ,  vel  ffotius 
nolumus^  ut  ille  no~ 
firo  3  philofophari  ? 


Peccata  noflra  çy 
humante  natttrte  com- 
munitatem  »  rebutan- 
tes y  ad  quojvis  man' 
fuetè  loquamur. 

Hoiiiil,  i6.  Vh- 
deat  nos  immen/ce 
Dei  non  refpondere 
itlefliom.  Ipfe  -ne 
unigenito  qutdem  fi- 
lio  noflri  gratta  pe- 
percit  i  nos  pecuniis 
in  nofîrum  parcimus 
detrimentum. 

Ex  peccatis  po/f 
ntyjleriorum  initia- 
tionem  lonzè  zravius 
ajuigimur.  Q|)anto 
magis  putaiis  de- 
terioramereri  fup- 
plicia  qui  Filium 
Dei  conculcaverit? 
&c. 

Qui  inani  mulce- 
Uir  gloria  ,  jejanio- 
Pttm  ,  orationum  , 
miftrtcordiA  omnem 
mercedsm  amiiiit. 
Qutd  ho.-  damno  mi- 


R      S.      Je  A  M.  2ÎJ 

Dieu  ,  li  la  confidcration  de  la 
crainte  ne  nous  fait  pas  rai- 
fonner  8c  agir  envers  eux  , 
comme  celle  qu'ils  ont  pour 
nous  les  fait  raifonner  &  agir 
à  notre  égard  ? 

La  conlidération  denospé-        f88. 
chez  &  de  la  nature  qui  nous    DouceurSc 
c'a  commune  ,  nous  doit  obli-  l}0""êteté    * 
ger  à  parler  avec  douceur  &  ^  ^^^^^^  ^^ 
honnelteté  à  tous  les  hommes. 

Nous  devrions  avoir  honte        ^^9" 
de   répondre  fi    mal  à  l'im-    Ingratitude 
menfe  bonté  que  Dieu  nous  ^^^\  Chie- 
témoigne.  Il  n'a  pas  épargné  ^^^'"* 
fon  Fils  unique  pour  l'amour 
de  nous  ,  &  dans  nos  aumô» 
nés  nous  faifons   une  épargne 
de  notre  argent  qui  ne  tour- 
ne qu'a  notre  ruine. 

Nous  ferons  plus  griève- 
ment punis  pour  les  péchez 


Méchaasr 
que  nous  commettons  après  „i.J"f *^1 

•  r      ,  •     ■  ^*.  VIUS  JEUDIS- 

avoir   ete   initiez   aux  laints  q^g  h<,  infT 
myft'-res  ,    félon   ces  paroles  delles>- 
de  l'Apôtre  :   Combien  penfe:^-. 
vous  cjue   mérite  de  plus  grands 
[upplices   y     celtiy  qui  a  comme 
foulé  aux  pieds  le  Ftls  de  Diett^ 

Celuy  qui  fe  laiffe  flatter 
de  vaine  gloire  ,  perd  tout  le 
mérite  de  fes  jeûnes  ,  de  Tes  gloire 
prières  ,  &  de  fes  aumônes. 
Ya-t-il  une  mifere  pareille  ;. 
à  fouârir  les  maux  de  cr 
Aa  ïy 


Ne   de'îrfïT 
que  la  vwyt-- 


284  Des    HaME 

monde,  à  être  oppofez  à  fes 
niocqueries  ,  &  déchoir  de 
la  gloire  &  de  la  félicité  du 
ciel  ?  Car  il  eft  impoflTible 
que  celuy  qui  défîre  la  gloire 
préfente  &  la  future  ,  obtien- 
ne toutes  les  deux  :  au  lieu 
que  fi  on  ne  défit  oit  que  celle 
du  ciel ,  on  obtiendroit  aufli 
celle  delà  terre.  Si  doric  nous 
voulons  la  gloire ,  fuyons  celle 
des  hommes  ,  &  ne  recher- 
chons que  celle  de  Dieu ,  & 
c'ell  le  moyen  infaillible  d'a- 
voir i'uiie  &  rautrc 


5p2.  Kien  n*eft  fi  éclatant  que 

Ex-celi?nce  îa  vérité  ,  rien  n'eft  fi  puif- 
îc  force  de  la  ç^^^  ^  comme  au  contraire 
""'"'^  rien    n  eft  fi  foible  &  fi  mi- 

férable  que  le  menfonge  > 
quand  il  ("croit  caché  fous 
mille  voiles  :  car  on  le  dé- 
couvre facilement ,  &  il  tom- 
be &  s'évanouît  auili  -  tôt  : 
mais  la  vérité  fe  mpntre  à 
découvert  à  ceux  qui  veu- 
lent contempler  fa  beauté  5 
elle  n'aftcde  jamais  de  le  ca- 
cher, elle  ne  craint  nul  dan- 
ger ,  elle  n'appréhende  point 
i'embufches  ^  elle  ne  cher- 


LÎE  s 

ferius  ,  mm  frit^r^ 
verheremur  CT*  ndi' 
ciili  fiamus ,  CT"  Ju" 
perna  excidamus  glo' 
ria  ?  Neque  enimfie- 
ri  potefi  3  ut  qui  u- 
tramqiie  dejîderaty  «- 
tramque  eonfequaturt 
fed  (i  unam  optaveri- 
mm  c<elorum  videli- 
cetgloriam  ,  utramqi 
confequemnr.  Quarri' 
ohrem  fi  glonam  af- 
fequi  volumus,  huma- 
nam  fugiamus  glo- 
ritvny  CT*  divinam. 
duntaxat  profequa» 
mur  :  hoc  paflo  CT* 
hanc  CT*  ilUm  adi-^ 
pifcemur. 

Homil.  i8.  Nihil 
ventate  clarius ,  ni- 
Inl  potenùm  i  nihil 
mendacio  hnhecilUus^. 
etfî  innuwerii  ohtega- 
tur  operimentii  :  nam. 
etiam  fie  deprehendi- 
tur  facile ,  €7  (fpuit  ^ 
Veritas  auttm  nuda 
omnibus  proponitua 
V3lentihus  ejus  pul- 
chritudinem  intueri  >. 
neque  latere  vuh  3 
nullum  timet  pericu» 
lum,  nullas  infidta& 
tremit  >  nulUm  dejir- 


Su 

derat  muhitudims 
^loriam,  nttlh  homi" 
num  ej}  ohnoxia ,  om- 
nia  excedit ,  etji  in- 
numeris  circumventa- 
turinjidiii ,  tuta  per- 
manet  ;  C?*  ^m*  ad 
eam  confugittnt ,  tan- 
qttam prmiffimo  mu- 
rOf  ejus  viribtts  cu- 
fiodiuntur. 

Fttgiamus  vanam 
gloriam  ,  ut  gehen- 
nam  fugtamus  :  hic 
namqtte  ajfeélus  ma' 
ximè  diaboli  diiionem 
propagat  ;  hic  <eta- 
tem  er  digniiatem 
omnem  f<£Vijfmo  pre- 
mit  imperio  i  hicEc 
clejîas  hue  illuc  dijfra' 
hit  j  hic  ctvilia  opé- 
ra corrumpit  ;  domos , 
M^vitates  ,  populos  , 
fundittii  everiit  ;  CT* 
Jîin  defertum  venerity 
multam  CT*  hic  vim 
oflendit.  Nam  qui 
ftpèpecunias^  mnndi 
illecebrai  ,  CT"  vehe- 
mentiores  corporii  vo- 
luptatei  valere  ju- 
hem  t  hi  nonnuti" 
quam  ittani  gloria 
capii  5,  omnia  perdi- 


R    S.    Jeah.  2^5 

che  point  la  gloire  de  la  mul- 
titude ,  elle  n'eft  affervie  à 
aucun  des  hommes,  elle  s'é- 
levc  au  deilus  de  tout  y  quel- 
ques efforts  qu'on  employé 
pour  la  furprendre  ,  elle  de- 
meure inébranlable  ;  &  ceux 
qui  fe  réfugient  lous  (a  pro- 
tedion  y  Ibnt  en  fureté  contre 
toutes  fortes  de  périls. 

Fuyons  la  vaine  gloire  ,  afin        ^^^2 
d'éviter  l'enfer  :   car  il  n'y  a      Effets  fu"* 
point   de   paillon    qui   ferve  "^^^^  ^""" 
plus  au  démon  pour  étendre  Communs  de 
t       I  1      r  la  vaine  gloi- 

Ics  bornes   de  Ion    empire  :  ^^^ 

c'eft  par  elle  qu'il  réduit  tout 
âge  &  toute  dignité  fous  fa 
dure  tyrannie  :  c'efl  par  elle 
qu'il  divife  &  déchire  les 
Églifes  ;  c'efl  par  elle  qu*il 
trouble  tous  les  devoirs  de  la 
vie  civile  ;  c'eft  par  elle  qu'il 
détruit  de  fond-en-comble  les, 
maifons  ,  les  villes  ,  les  peu- 
ples ,•  &  enfin  c'efi  par  elle 
qu'il  pénètre  fouvent  jufqu'- 
auxdeferts,  &  qu'il  y  fait  lèn- 
tir  fa  puifTance  ,  en  faifant 
quelquefois  tomber  dans  les 
pièges  de  l'orgiif  il  ,  ceux  qui 
s'étoient  mis  au  deffus  de  l'a- 
mour des  richeffes ,  des  char- 
mes du  monde ,,  &  de  toutes 
les  voluptez  de  la  chair». 


285  Des     Home 

y^4.  La   gloire  du  monde  eft 

la  gloire  vaine  &  infenfée -,  &  ce  n'eft 
du  ciel  eft  la  „j,g  gloire   que  de  nom  ,  & 
feule  v«""-^^^p^^^  j,^^^^^  Maislavraye 
gloire  eft  celle  du  ciel  ,  car 
elle    tire    fon  eftime  &   fes 
loiianges  des   Anges  ,   &  du 
Seigneur  même  des  Anges , 
&  non  pas  des  hommes  /  ou 
plutôt  elle  s'attire  encore  ou- 
tre cela  l'eftime  des  hommes. 
'fpf.  On  trouve  dans  les  divines 

Tous  112  Ecritures  des  armes  fpirituel- 
f^avent  pas  les  pour  nous  défendre  con- 
fe  fervir  de  jj.g  i^^  ennemis  de  notre  fa- 
JTEcricure,      |^^  ,  ^^^-^  ^  ^^^^^  ^^  fçavons 

pas  bien  nous  en  fervir  ,  & 
apprendre  à  nos  difciples  com- 
ment ils  doivent  les  manier  , 
quelque  vertu  &  quelque  for- 
ce qu'elles  ayent  en  elles-mê- 
mes ,  elles  deviennent  inu- 
tiles à  ceux  qui  en  font  revê- 
tus. 
fçé.  Ceîuy  qui  perfuade  la  vê- 

le peu  de  rite  à  les  auditeurs  ,  jouît  dé- 
fiiccèsdes  j^  de  cet  heureux  prix  de  fes 
Prédicateurs  ^dications  ,  comme  d'un 
ne    lâit     pas  K    .      ,       ^  •»«   • 

perdre  aux  ^^"1^  ^e  fes  travaux.  Mais 
bons  Prédi-  celuy  qui  n'étant  pas  fi  fa- 
careurs  le  ur  yorablemetit  écouté  5  ne  lailîe 


LIES 

Terrerta  glort*- 
inanis  C  J}ulta  ejï  3, 
nomine  tanmm ,  non- 
re  ,  gloria  :  illa  vcm 
ro  cdleflii ,  ver  a  ;  ^««e 
non  homines  ,  fed 
Angeles  CT*  Angelo- 
rum  Dominum  imo 
Çy  cum  hii  etiam  ho» 
mines  laudatores  ha* 
bet. 

Homil.  2p.  A 
fcripturis  Jpimalia 
arma  accipimus ,  ve- 
rttm  Jî  ea  adaptare 
C  rite  difcipulos  ar- 
mare  ignorabimus  , 
ipfa  quidem  proprias 
habent  vires ,  accl^ 
pientibus  autem  nihil. 
ajferunt  utilitatis» 


Qui  attente  au^ 
dientibus  loquitur ,  îs 
laboris  pr^mium  ha- 
bet  auâitorum  perfita- 
Jïonem.  Cufus  auten^ 
verba  non  audiuntnr^ 
neque  tamen  ccj?at  y 
plurtmifaciendus  efi, 
cùm  Deo  placere  ad- 


Kcomfcnfe.    pas  de  continuer  à  accomplir 
fon   miniftere  pour   plaire  à 

Dieu  3  eft    encore    plus  efti-     nitatur,    C?»  nemwe 
xnable.  attendente  fltum  tmr 

pîeat  offidum. 


Su 
Ho  m  36.  Quaft' 
to  qms  ex  bumiliori 
gradii  ad  dignitates 
ajjitmitur  ,  facilim 
tn  fuperbU  infamant 
ejfertur  ;  utpote  qui 
expersjîi  repentini  C?* 
in/perati  honoris. 

Facere  qu£  Deo 
non  placent ,  id  de- 
màm  ejl  inutiliter  vi- 
Vere ,  vel  potiuspet" 
dite.  Càm  enim  da- 
tum  nobis  tempus  in 
ntillam  impendimus 
Htilitatem  ,  inutilis 
impenfe.  tdtimum  da- 
turi  JUpplicittm  btnc 
migyabimtts.  Num- 
qttid  qui  pecunias  ad 
negottationem  accep-^ 
tas  prodenrit ,  ab  eo 
créditer  rationem 
exi^et  i  qui  autem 
Ztitit  munus  perditè 
confttmpferit ,  impu- 
nè  abierit  ?  Nonprop- 
tereà  Detts  prafentem 
nobis  vnam  pr^ejfhitj 
ut  bac  tanti*m  frtta- 
mur  vita  ,  fed  &  tO' 
tii  viribus  ad  futU' 
ram  contendamus . . . 
Froptereà  immorta" 
km  nobii   animam» 


R     S.     Jeak.  ig/ 

Ceux  qui  d'une  balFe  con- 
dition font  élevez  à  des  di- 
gnitcz  lublimes  ,  fe  laiffent 
plus  aifémenc  emporter  à  la 
vanité  >  étant  incapables  de 
bien^  porter  la  furptile  d'un 
honneur  qui  leur  eft  nouveau , 
&  auquel  lis  n'avoient  pas  lieu 
de  s'attendre. 

Une  vie  qui  n'cft  pas  agréa- 
ble à  Dieu  5  eft  une  vie  inu- 
tile ou  plutôt  pcrnicieufe.  Car 
lors  que  nous  n'employons 
pas  utilement  le  tems  qui 
nous  a  icy  été  donné  de  Dieu  , 
il  nous  punira  du  dernier  fup- 
plice  ,  pour  en  avoir  fait  un 
ufage  fi  vain  &  fi  inutile.  Si 
celuy  qui  diflipe  l'argent  qu'- 
on hiy  a  prêté  y  fans  le  faire 
profiter ,  fera  obligé  d'en  ren- 
dre un  compte  fi  rigoureux  : 
comment  celuy  qui  aura  inu- 
tilement employé  le  tems  de 
cette  vie  que  Dieu  ]uy  avoit 
donné  pour  gagner  le  ciel  , 
pourra  - 1  -  il  éviter  le  châti- 
ment de  fa  négligence  &  de 
fa  parelfe  ?  Car  la  vie  préfente 
ne  nous  a  pas  été  feulement 
donnée  pour  en  jouir,  &  pour 
y  prendre  nos  plaifirs  ,•  mais 
pour  y  travailler  de  toutes  nos 
forces  à  acquérir  la  vie  future. 
Et  Dieu  n'a  fait  notre  ame 
immortelle  ,  &  ne   réublira 


^97'  ^ 

Petits  de- 
venus grands- 
fujetsàlava<t 
nité. 


On  rendra 
un  compte 
terrible      dU 
temps  perdu, 


zSS  Des    Home 

notre  corps  dans  un  état  im- 
mortel, qu'afin  que  nouspuif- 
fions  jouir  avec  luy  des  biens 
éternels. 

'ç-pp.  Si  le    démon    n'ofe  cn- 

tire  5c  mé- trer  dans  aucune  maifon  où 
djterl'Evan-  eft  l'Evangile  ,  il  aura  bien 
S*^«'  moins  la  hardiefle     d'entrer 

&  d'introduire  le  péché  dans 
une  ame  qui  s'occupe  fouvent 
à  le  lire  ?  Sanctifiez  donc  vo- 
tre ame ,  &  votre  corps  i  ayant 
toujours  dans  votre  efprit  & 
fur  votre  langue  le  faint  Evan- 
gile- 


^00.  Vous  devez  vous  offrir  tout 

Offrande  &  entiers  à  Dieu  en  facrifice,  & 

eirconcifion     ^on  pii,s    des    animaux  ;   & 

fjirituelles.     ^■>^^^  ^^^ç^  q^g   ^0^5  jyy  pj.^. 

fenterez  une  hoftie  vivante. 
Car  il  le  faut  adorer  en  vérité. 
Ce  n'eft  plus  auiTi  la  chair 
qu'il  faut  circoncire  ,  mais 
nos  msuvailes  penfées  ,  en 
nous  crucifiant  nous  -  mêmes 
pat  la  mortification  de  nos 
cupiditez  &  de  nos  mouve- 
mens  déraifonnablcs. 

?Gi.  Nul    ne    peut  être  fauve 

Peintdefâ- r^     thumiUté.   il.  a  beau 


LFES 

O*  corpus  imrmr-^ 
taie  futurum  largi^ 
tus  ejl ,  ut  perpetuii 
c»m  ipfo  bonis  per- 
fruamur. 

Homil.  31.  ^/  in 
quacumque  domo  E~ 
vangelirum  eji ,  tlluc 
diabolus  non  audet 
ingredi  ;  quanto  mi~ 
nus  animam  ei  ajjî' 
duis  leclionihus  fa» 
miUarem  *  neque  d^^ 
mon  ,  neque  pecca- 
tum  attin^ei  ?  SanBi» 
fica  igitur  animam  ^ 
fan^ifica  corpus  i  hoC 
conttnget  fi  Evange~ 
lium  Jemper  CT*  anima 
hahuerii  &   lingua, 

Homil.  3z.  Non 
pecora  y  fedte  totum 
Deo  ojferas  facrifi" 
cium  ^  fie  viventem 
hojiiam  exJnbebis.  In 
veritate  e«tm  ado- 
rare  oportet  . . .  Noa 
caro  jamj  fed  maU 
circumcidend£  funt 
cogitationes  ,  C7*  noi 
ipfos  crucifigere  ,  ©• 
irrationales  auferre 
cupiditates  oportet  at' 
que  maflare. 

Sine    humilitate 

nemo  falutem   confç- 

qmtu»^ 


Sur 

^tiitur  -,  fed  fwe  qt*is 
jejtinaverit'ifive  ora- 
verit  ,  jlve  fuaspau- 
pertbus  eroguverit  fa- 
cuhates  »  finehumiU- 
tate";  ha:c  CT*  hujuf- 
modt  omnta  mhU  af- 
ferunt  utilitatis  :  co«- 
trà  iffius  condimento 
gratiora  omnia  red- 
duntur. 

Hom.  33-  Meus 
cibus  elt  uc  faciam 
voluntatem  ejiis 
quimifitme.  Homi- 
num  falutem  hoc  in 
loco  cibum  aPpellat  , 
ut  qttanta  falutis  no- 
Jifé  cura  CT"  defîderio 
teneatur  oflendat  :  fi- 
CHt  emm  nos  cibum  , 
ità  Chriftm  humani 
generis  falutem  defi- 
derat. 

Etfî  nemo  opéra 
noJlravUeat,  fingu- 
li  fuum  confciemiam 
ingtediamur  ,  O'ju- 
dicem  jtbi  rationem 
conJ}iiuant  ,  errata 
in  médium  adducant  > 
nifï  veiint  in  die  tlla 
horrenda  umverfo  or- 
hi  eamamfejiè  pâte- 
re.  Sanentur  jam 
vulnera  ,     /ttmatur 


S.    Jean.  i^p 

jeûner,  prier,  &  donner  Tau- ^"V^^"*  "^' 
mône  ;  ces  bonnes  œuvres  &  "^^^^^* 
toutes  les  autres  femblables 
qu'illpcuc  pratiquer  ,  lui  font 
inutiles  fans  ^'humilité  :  com- 
me au  contraire  tout  ce  qui 
fera  alfaifonné  de  cette  admi- 
rable vertu  ,  fera  agréable  à 
Dieu. 


Ma  nourriture  efl  de  faire  la        6oi. 
volonté  de  celui  qui   m^a  envoyé,     l^efir  ardent 
J  E  S  u  s-C  HR  I  S  T  appelle ,'^^J-^'P°;i'' 
Ky  le  <alut   des    hommes   fa'^.^tl'" 
nourriture ,  ahn  de  nous  mar- 
quer le  foin  &  l'ardeur  qu'il 
a  pour  notre  falut  j  en  nous 
déclarant  que  nous   ne    dev- 
rons pas  avec   plus  d'ardeur 
la   nourriture    qui  nous    fait 
vivre ,  qu'il  délire  le  falut  des 
hommes. 

Quand  perfonne  ne  feroit        ^05* 
témoin  de  nos  adions  ,  cha-     ^^'^"^e"  ^^ 

conlcience,3C 
pénitence, 


cun  de  nous  doit  rentrer  dans 
fa  conicience  ,  y  établir  la 
raifon  pour  juge  ,  &  rappel- 
1er  devant  ce  tribunal  inté- 
rieur toutes  fes  fautes  ,  s'il 
ne  veut  qu'elles  paroiiîent  un 
jour  à  découvert  aux  yeux  de 
tout  l'univers  dans  le  jour 
épouvantable  du  jugement 
général.  Travaillons  donc  à 
Bb 


^04- 
Efficace  du 
pardon  des 
injures^ 


Applujuer 
des  remèdes 
contraires  à 
fes  péchés. 


»po  Des    h  o  m 

guérir  nos  playes  ,  &  ayons 
pour  cela  recours  au  remède 
de  la  pénitence. 

Celuy  qui  aura  receu  en 
Ton  aiTie  de  grandes  blellures , 
y  pourra  aufli  trouver  un 
grand  remède  dans  ces  paro- 
les de  notre  Seigneur  :  Re- 
niette:y^  ,  V  il  vous  fera  remis. 
Et  comme  les  fautes  qui  ont 
été  lavées  dans  les  eaux  du 
Batême  ,  font  tellement  ef- 
facées qu'elles  ne  paroiflent 
plus ,  le  pardon  des  ofFenfes 
produira  en  nous  un  fembla- 
ble  etfet  ,  pourvu  que  nous 
nous  repentions  véritable- 
ment de  nos  péchez.  Carl'ef^ 
lentiel  de  la  pénitence  eft  de 
ne  plus  retomber. 

Il  faut  être  purifiez  du  pé- 
ché &  dans  nos  œuvres  & 
dans  notre  cœur  j  &  (e  fer- 
vir  pour  guérir  nos  maux  ,  de 
remèdes  qui  leur  foient  con- 
traires. Par  exemple, fi  vous 
vous  êtes  enrichi  du  bien 
d'autruy  ,  réprimez  votre  ava- 
rice 5  &  guénlîez  cette  playe 
par  la  libéralité  &  par  les  au- 
mônes. Si  vous  êtes  tombé 
dans  l'impureté,  appliquez  le 
remède  de  la  chafteté  à  cette 
blelTure.  Si  vous  avez  ofFen- 
fé  votre  frère  par  des  calom- 
nies ,   corrigez-vous  par  la 


ELIES 

poenitentia  medtcina* 


Potefl  etiam  cjui 
innumeris  fit  confe- 
fîus  vulnertbus  fjintis 
evadere.  Sidimife- 
ritis,*«^»«jdimit- 
tetur  vobis.  Et  fi- 
ent in  hapttfinate  ab- 
luta  peccata  amphui 
non  apparent'-,  ità  CT* 
dtmittendo  ahluantur, 
fi  pœnitere  volueri~ 
mus,  Ea  demttm  ejï 
pœnitentia  3  ne  am» 
pltus  peccemus. 


Oportet  0?'  operi' 
hus  C^  animo  otnni 
fcelere  vacuum  ejje  , 
C?*  vulneribui  con- 
trariam  ajferre  medi- 
cinam.  yerbi gratiây 
rapuifii  CT*  ditatus 
es  ?  pone  modum  ra~ 
pinte,  CT*  ejus  vul' 
neri  elecmofyna  me- 
dearis.  Scortatus  es? 
Unie  HÏceri  caftitatis 
imponatur  medicma, 
Fratrem  calumniatus 
€S<^  offendifii?  cejfa 
à  makdiélts  C7'  cha* 


Sur    s.    Jean.  I9t 

titatem  ampîechre.       retenue  de  la  langue  ,  &  em- 
bi  aflez  le  remède  de  la  chari- 


Patilftsait  :  Do- 
minus  propè  elt  , 
nihil  fitis  fblliciti: 
fed  nobti  contrarium 
ejïfortajje  dicendhm  : 
Domtnus  propè  ej}  , 
foUicùi  fitii.  IIU  enim 
quiinanxieiatibm  O* 
Uboribus  atque  cer- 
tamimbus  verfaban- 
tur  5  Jure  andiebant 
nihil  folliciti  fîtis. 
Qui  veto  in  raptnis 
vivunt ,  qui  in  deli- 
ctis ,  graves  daturi 
panas  ,  non  hoc  ,fed 
tlltid  merito  aiidiant  ; 
Dominus  prope  e(i  , 
e^ote  folliciti. 

Hom.  3^.  &  fie 
^leinceps.  Quemad- 
tnodum  in  auri  me- 
tallii ,  ne  minimam 
qmdem  venant  quif 
piam  qui  rem  intelli- 
gat ,  omittit  ;  ut  pote 
-qute  ad  au^endas  di- 
■vittas  plurimum  fa- 
ciat  ;  ità  CT*  infcrip- 
turis  divints ,  ne  u.- 
num  iota,  autunus 
apex  ,fed  ne  dimidium 
qmdem  pr^termitten" 


te. 

Saint  Paul  dit  :  Le  Seigneur        f^^. 

efl  prêt  de  venir   ,    ne  foyey  en       ^'V^"^' 
^-      j      •  r>   I      '      •►   u       ment  de  T. C* 

petnederten^      Cela   etOJt   bon  ^^^^j^Iî    aux 
pour  les  Chtet'ens  ,    qui   au  chrétiens 
tems    de    l'Apotre     étoient  fenfuels. 
en  des  maux  ,    des  travaux, 
&  des    combats   continuels  ; 
mais  maintenant   que  vivant 
dans   le  péché    &    dans     les 
plaifirs  ,  vous    êtes  menacez 
des    châtimens    éternels   ,  il 
femble  qu'il  foit  à  p;opos  de 
vous  dire  tout  le  concraire  ; 
Soye:^  en  peine  ,  parce  qtte  le  Sei- 
gneur ej}prêt  de  venir. 


Comme  ceux  qui  fe  con- 
noillént  aux  mines  d'or  ,  en 
fuivent  les  moindres  veines, 
pour  n'en  rien  perdre  ,  &  pro- 
fiter de  tout  ce  qu'elles  ont 
de  richefles  ;  il  en  faut  faire 
de  même  dans  les  divines 
Ecritures,  n'en  pas  laifiérpaf- 
^CY  une  feule  lettre  ny  un  fèul 
point  fans  y  faiie  grande  atten- 
tion ,  &  être  ioigneux  d'en 
pcff^r  jufqucs  aux  moindres 
mots.  Car  tout  ce  qui  y  eft 
contenu  vient  du  (aint  Efprit, 
Bbij 


€oy. 
Tout  eît  my- 
fterieux  dans 
l'Ecriture, 


292,  Des    Homélies 

&  il  n'y  a  rien  d'inutile  n'y  de    dumefl;fedomntadi- 
fuperflu.  ligentim   invejlijran- 

da:  nam  à  S^iritufati' 
âio  omniaproveniuntî 
neque  in  his  quicquam 
fuperfluitm  ,  nihii  non 
nece(?arium. 

Dederat  nohis  à 
principio    Deus  lihe- 
ram    omni  cura   CT* 
labortbus    vitam  i  eo 
turpiter  munere  ahu' 
fi  /umtts  5  C?*  inertie 
dediti  ,    paradifum 
amtfimus  :  idcirco  la- 
horiofam  nohis  vitam 
inftituit  5       quafi  Je 
humano  generi  excu" 
fans  dicereti  dedi  vo* 
bii  à  principio  deli' 
cias ,    fa^t  eflii  irh- 
dulgentiâ  détériores , 
ideo    vobis   eas    la- 
boribus    commutavù 
Qui  cùm    neque  vos 
continerent ,    lex  C7* 
pr£cepta  fuccejfere  , 
tanquam  repagula  O* 
frxnum  equo  tndomi^ 
ta  j   quibus    ejus  ad' 
verfus   rationem    in- 
fulfm  compefcerentur. 
yita  i^itur  laboriofa 
injîituta  e[i ,  quoniam 
quies  ^  otium  vitam 
C7*  morei  corrumpere 


éo8.  Dieu  nous  a  voit  au  com- 

L'homme  mencemeiit  donné  une  vie  li- 

eft  condamné  bie  de  tous  foins  ,  &  cxemte 

à  h  psins      Je  [Qm;  travail  i  mais  nous  en 

f^;'7°^;^"avons  honteufement  abufé  , 
bufe  du  plai-  „  '      '  l      j         '     ^ 

j^j.^        ^       &  nous   étant   abandonne    a 

l'oiliveté  &  à  la  pareffe  ,  nous 
avons  été  chairez  du  paradis. 
C'eft  pour    cela   que  Dieu  a 
voulu  que  la  vie  que  nous  me- 
nons maintenant  foitlaborieu- 
fe  3  comme  fi  pour  nous  ren- 
dre raifon  de  fa  conduite  ,  il 
difoit  aux  hommes  :  Je  vous 
avois  d'abord  donné  une  vie 
remplie  de  délices  j  mais  abu- 
fant  de  mon  indulgence  ,  vous 
vous  êtes  corrompus   ;    c'eft 
ce  qui  m'a  obligé  de  changer 
ces  délices  en  travaux  :  &  parce 
que  j'ay  reconnu  que  les  peines 
de  cette  féconde  vie  n'étoient 
pas  encore  capables  de  vous 
contenir  dans  votre  devoir,  je 
vous  ai  impofé  uneloy  &  des 
préceptes,  comme  Ton  metun 
frein  &  àes  entraves  à  un  che- 
val indomptéjafin  de  réprimer 
ksmouvemens  de  vospaflions 


Su 

tonfuevit  :  natura  e- 
ttim  humana  deJîdUm 
non  patitur^  fed  ab 
ea  facillimè  ad  ma- 
litiam  déclinât. 


MalitUm ,  Voit*' 
ptas  hrevii  ,  dolor 
perpetUMs  fequiiur  : 
cotitrà  ,  virtutem  , 
labor  brevis ,  ^au- 
dium  Jempiternum. 


Homil.  3^.   Om- 

rium  meditinarum 
thefaurus  divinafcrip' 
iun  fuHt  :  O*  Jîve 


jiuhiti 


ini  exuere 


y  fi- 


ve  ajfcSItiS  fedare  , 
Jîve  pecuniarum  cu- 
pichtatem  expellere  , 
five  dolores  contemne- 
re  j  /îve  fortem  ani- 
vium  induere  velt- 
mus  3  (juam  pluriwa 
bine  remédia  inve- 
t^re  pojjumus, 

Q^iamobvem  mifer 
proxtmitui  commodis 
perturbaris  f  Dolen» 
dum   ejt  ci*m   malts 


R    S.     Jean.  ipç 

contre  la  raifon.  C'a  donc  été 
parce  que  l'oifiveté  &  le  repos 
corrompent  les  mœurs  ,  que 
Dieu  a  voulu  que  notie  vie 
fut  traverfée  de  peines  &  de 
travaux.  D'autant  que  la  natu- 
re ne  Ce  peut  pas  contenir  dans 
le  repos  &  i'oiiîveté  ,  fans  fe 
laiirer  aller  au  mal  &  à  la  cor- 
ruption. 

Le  plaifir  qui  accompa- 
gne le  mal  eft  très-court  » 
&  Ja  douleur  qui  le  fuit  eft 
contmuelle  :  la  vertu  au  con- 
traire eft  accompagnée  d'un 
travail  de  très-peu  de  durée  , 
&lajoye  qui  la  fuit  n'a  point 
de  fin. 

Les  divines  Ecritures  con- 
tiennent des  remèdes  propres 
à  toutes  nos  maladies,  & 
nous  y  trouvons  de  quoy  gué» 
rir  la  folie  de  l'ame,  calmer 
les  palfions  ,  réprimer  la  cu- 
pidité des  richeiies  ,  méprifer 
la  douleur,  &  aftermir  le  cou- 
rage. 


Pourquoy,  miférable  que       ^lî' 
vous  êtes  ,  vous  troublez- vous    Contre  l  ea^ 
de  voir  la  profpérité  de  votre  ^^^' 
prochain  ?  Je  ne  trouve  pai 
Bb  iii 


D.fîcrence 
des  f'jues  du 
vice  Je  de  ia 
vertu. 


6jo. 
V:;li:é  des 
faintes   Ecri- 
tures, 


6l2. 
MAâdics  ef- 
fet s  du  pé- 
ché. 


4p4 "  Des   Homélies 

étrange  que  vous  vous  affli-  afficimur 
giez  ioii  que  vous  tombez 
dans  quelque  malheur  ;  mais 
gardez-vous  bien  de  vous  af- 
fliger ,  quand  e  bonheur  ac- 
compagne vorre  frère  :  car  il 
n'y  a  point  de  pardon  pour 
un  envieux  Toutes  les  autres 
paiïions  peuvent  trouver  quel- 
que prétexte  ,  mais  l'envie  ne 
peut  avoir  d'autre  caufe  que 
la  malice  &le  déieglcment  de 
l'ame. 

Le  péché  cft  un  fi  grand 
ma!  ,  &  infede   Tame  jufqu'à 
un  tel  point  ,  que  la  corrup- 
tion en  retombe  quelquefois 
jufques   (ur   le    corps.     Mais 
comme  nous  fommes    infen- 
jfibles  aux  plus  grandes  mala- 
dies de  l'ame  j  &   qu  au  con- 
traire j  lorfque  nuus  fommes 
affligez     dans    les    moindres 
parties  du  corps  ,  nous  cou- 
rons avec  beaucoup  de  foin  & 
de  diligence  aux  remèdes  qui 
nous  peuvent  foulager  j   c'eft 
pourcelaque  Dieu  en  punitioi) 
de  nos  péchez  ,  nous  envoyé 
des  maux  corporels ,  afin  que 
la  fenfibilité    que  nous  avons 
pour  cette  moins  noble  partie 
de  nous  mêmes,  nous  oblige 
de  remédier  aux  maux  de  la 
plus  exellente  partie  qui  eft 
notre  ame. 


non  air» 
ptoxtmi     feUcitatem 
tnittemur.  îdcirco  ont" 
m$  venta  invido  def- 
peranda  .....  .  alii 

ajfeélui  qualefcuïTique 
ajferre  pojjunt  excU' 
fationes  >  invidus  ve^ 
ro  tiullam  nijî  antmi 
pravitatem  atque  ma* 
Uttam, 


Homil.   37.  Rf* 

profefio    gravis     e/? 

peccatum  ^antmiper- 

nicies  ,    ut  nonnun- 

<^uam  vi    CT"  redun- 

dariHA  fua     corpora 

quoque  itifciat.    Sed 

cum  graviter    ngro' 

tante  anima  nuUo  do- 

lore  afpcianiur  s  f>ar- 

vo  corports    membro 

famma  dtli^enîia  we- 

dicinam      perquira- 

mm  i    ideo  Deus  ob 

animi  peccatum  cor* 

pus  flagellât  >   ut  de- 

terioris  partis  fuppli 

3 


CIO  5  melior  ad  qua- 
rendum  remediunk 
convertatur.^ 


Sur 
Si  gravem  prio- 
fum  fcelerum  panam 
dedtmus  ,  dttndè  in 
eadem  inciderimus , 
dahimus  longe  majo- 
rem ,  ^  qttidcm  me- 
Tito  . .  ,  Ipfum  nam- 
que  peccatum  femel 
lapfum  fatis  cohibe- 
te  çp-  fipientiorem 
reddere  dehehat. 

Cùm  videmui  fee- 
Icjîijjimos  bona  corpo- 
Tti  valetudine  <^ 
profperâ  fortt4na  Uf- 


tfvtentes 


mm 


deplore- 


neattm  mire 


^^r  ;  qnod  enim  m 
hac  vita  mhil  adver- 
fi  patiuntur  ,  majo- 
fis  in  fiiturum  ftip- 
plicii  efl  argumenthm. 

Homil.  38.  A!it 
VÎgiUndo  *  in  nudâ 
humo  dormiendo  , 
carnem  ajjïjtiis  labo- 
ribus  macerando  , 
delent  peccata  :  ùhi 
factUori  via  >  nemini 
fuccenfendo  ,  idem 
confecjui  datiir. 

Homil,  41.  Ne 
utrinqtte  Dcum  ad 
tram   provocemus    , 


févéremciic 
punie. 


S.     Jean.  x9S 

Si  après  avoir  cté  châtiez  ^ij- 
pour  de  grands  péchez  nous  Recjiutt  plu 
venons  à  y  tomber  de  nou- 
veau 5  nous  en  ferons  bien 
plus  rigoureufement  punis.  Et 
ce  ne  fera  pas  fans  raifon,  puis 
que  notre  première  chute  nous 
auroit  ài\  retenir  3  &  rendre 
plus  fages. 


^14. 

Avoir  pitW 


de  la  pro:'; 


Quand    nous    voyons  de 
méchans  hommes    dans  une 

forte  fanté  ,  dans  une  grande  "'  -  1         - 
r  o  '  ,  &.  rite  des  lue 

fortune  ,  &  dans  une  vie  vo-  ^hans. 
inptueufe  ,  pleurons-les  ,  au 
lieu  de  les  regarder  avec  ad- 
miration: car  tette  exemption 
de  tout  mal  &  de  toute  cala- 
mité durant  cette  vie ,  eft  le 
préfage  funefte  de  la  grandeur 
des  fupplices  qui  les  attendent 
dans  la  vie  future. 

II  y  en  a  qui  effacent  leurs 

péchez  en  veillant  dans  la  prie-  -, 

*  1  r      t        ^  douceur   en 

re ,  en  couchant  fur  la  terre  ;.  ^g^s  le  pio- 

&  en  macérant  leur  chair  par  chai;i. 

de  continuelles  mortifications: 

mais  je  vous  ouvre  une  voye 

plus  facile  pour  parvenir  aii 

mcme  bien ,    qui  eft  de  n'a^ 

voir  ny  haine  ny  colère  coi> 

tre  perfonne. 

N'attirons  pas  lur  nous  la 
colère  de  Dieu  en  ces  deux 
manières.:  ou  en  amaflant  du  ^^"/.^  ? ,  '* 
Bb  ijij 


Utilité  deit 


616. 
Conne  l'a* 


fcien  par  des  voyes  illégiti- 
mes ,  &  en  le  répandant  en 
des  dépenies  qui  font  blâma- 
bles. 

Afin  que  nous  foyons  efFeC' 

.  ^^*    «-  tiveinent  &  réellement    unis 

Amour  <x 

union  ineffa-  3"  COrps  de  J  E  S  U  S-C  H  R  1  S  T 

ble  de  J,  c.  &  non  par  la  feule  liaifon  de 
avec  nous  la  charité  j  faiibnx  un  faint 
dan?  l'Eucha- mélange  de  fa  chair  avec  la 

liUie.  ^ 


non 


notre  ;   car   nous  le  pouvons 
par  le  moyen  de  cette  viande 
Co'fitre   les  divine  qu'il  nous  a  donnée  , 
Idéréti-inçii     pour  nous  témoigner   l'excès 
de  l'amour   qu'il   avoit  pour 
nous.    Ceft  pour    cela  qu'il 
s'eft    luy    même    mêlé   avec 
nous,  &  qu'il  a  uni  avec  nous 
fon  corps  fi  étroitement,  que 
nous  ne  fommes    plus  qu'un 
avec  luy  ,   de  même  que  les 
membres   joints  à  la  tête  ne 
font   qu'un    feul  corps.     Car 
c'eft  le  propre  de  ceux  qui  ai- 
ment avec  ardeur  ,  de  ne  vou- 
loir être  qu'un  avec  ce  qu'ils 
aiment.  Job  parlant  de  fcs  fer- 
viteurs  ,  nous  a  marqué  qu'ils 
avoient  un  amour  fi  pafiionné 
pour  lui  ,  qu'ils  difoient  :  Qtti' 
noui  donnera  d'être   mèU")^  dam 
fa  chair ,    CT*   incorpore':!;^  en  lui- 
même  ?    Cependant    ceft    ce 
qu'a  fait  J  E  S  U  S-C  H  R  I S  T  , 
afin  de  nous  lier  à  luy  par  une 
plus  étroite  charité  ;  &  pour 


Des  Homélies 

O*  con^eganio  und» 
non  licet  ,  CT*  difpe 
gendo   in    quA 
h  cet. 

Homil  4^.  Uù 
non  folùm  per  dile^ 
élionem  fed  re  ipja 
in  illam  carnem  con- 
vertamur  i  per  cihum 
td  efficitur  qitem  no» 
bts  largitui  efl.  Cum 
entm  fuum  in  nos  d- 
morem  indicare  vel- 
let^  per  corpus  fuum 
fe  nabis  commtfcuit  y 
CT*  m  unum  nohijcum 


redegn  ,  ut  corpus 
cum  capite  uniretur, 
hoc  enim  amantmm 
maxime  eft.  Hoc  ^ob 
(lénifie abat  de  fer- 
Vis ,  a  quibus  tîa 
eximiè  amabatur  ut 
ejus  carnibus  aàmif". 
eert  fe  peroptarent  : 
càm  enim  amorts  in 
eum  fui  vim  vix  co~ 
Inbere  pojjent  ,  dice^ 
bant  :  Quis  daret 
nobis  ut  ejus  car- 
nibus immifcere- 
mur  ?  Quod  Chri- 
flus  fecit  ut  majori 
nos  charitate  adfrtn' 
geret  ,  CT*  «t  fuum 
in  nos  ojlendem  dfi- 


Su 

Jîdertum  ,  non  fe  tan- 
titm  dans  vtderidejî- 
derantibm  ,  fed  CT* 
tangi  CT"  manducari^ 
CT"  dentés  carni  fu£ 
infini ,  ei  copulari  O* 
de/iderio  fni  omnes 
impie  ri.  Ah  illa  igi- 
tur  rre  fu  tanquam 
leones  ignem  fptran- 
tes  furir^amus  diuhoio 
formiduhiles  >  CT*  ca- 
put  nofirum  tntelU- 
garnm  ,  ^  cjuam  in 
«os  pr<e  fe  tuUt  cha- 
ritatem. 


Parentes  ftpè  li- 
heros  fuos  aUts  alen- 
dos  dederunt  \  ego 
autem  longe  aliter  , 
inauit,  mea  carne 
alo  j  me  vobis  exhi- 
heo  5  omnibus  faVeo  , 
omnibus  optimam  de 
futuris  fpem  pr<£beo. 
Qui  in  hac  vitâ  ità 
fe  nobis  exhibet^  mul' 
to  magis  in  futura. 


K    S.    Jean.  ip^ 

nous  marquer  plus  fenfible- 
ment  l'ardeur  de  Ton  amour  , 
il  ne  s'ert  pas  feulement  donné 
à  nous  pour  en  être  vu  ,  mais 
même  pour  être  touché  ,  & 
mangé  de  nous  ,  &  pour  (buf- 
frir  que  nous  prcflaifions  fa 
chair  de  nos  dents  .-  que  nous 
luy  devmdions  entièrement 
unis,  &  q.ue  nous  fuflions  par- 
faitement remplis  de  luy- mê- 
me. Soyons  donc  au  fbrtir  de 
cette  table  facrée  comme  des 
lions  qui  ne  refpirent  que  feu 
&  flamme  ,  rendons-nous  re- 
doutables aux  démons,  &  ne 
penlons  plus  â  autre  choie  qu'à 
Jésus  -  Christ  notie  divin 
chef,  &  à  cet  amour  incoin- 
paraLIe  qu'il  a  témoigné  pour 
nous. 

Les  pères  &  les  mères  don- 
nent  fouvent  leurs    enfans  à 
nourrir  à  d'autres,  mais  je  n'en  marque  & 
u(e  pas  de  même  envers  vous,  g^g'^    de    U 


Euchariftie 


dit  notre  Seigneur 


gneur  ,  )e  vous  J"'"~ 


bonté   infinie 


en*» 


nourris  de  ma  proure  chair,  & 
je  ne  vous  prelentepoint  d  au- 
tre viande  que  moy  -  même. 
Je  vous  témoigne  ainfiàtoas  ^^mre  Ut 
mon  afFedicai ,  &  vous  donne  ^'^''''î'*''- 
une  ferme  elpérance  des  biens 
à  venir.  Carpuifque  j'ay  bien 
voulu  me  donner  à  vous  en 
cette  manière  durant  cette  vie, 
vous  devez  croire  que  j.e  le  fe- 


apS  Des    Homélies 

ray  encore  bien  plus  pleine- 
ment dans  la  vie  future. 

^Ip-           J'ay  bien  voulu  être  votre  yefler  ego  fratep 

Communion fiere  ,  je  me  fuis  voulu  rêvé-  e/fe  volm  ^  ^  com- 

tendre^de^r*^  tir  de   chair   &   de  fai^.g  pour  mufticavt        carnem 

mourdcj.c"^*^"^""''  *^^  vous.   Et  mainte-  propter    vos  ^  fan^ 

'  nant  pour  faire  plus  ,   je  v(  ux  gutnem»  ct'  per  que 

vous    redonner    cette    même  vobh  conjanùusfum  y 
omre  les  ^^^^^  ^          même  fane  ,   par"  ea  rur/tts  vobis  ex- 

lelquelles  jemeiuisailjea  vous  hibm» 
comme  pour  vous  rendre  ce 
que  j'avois  emprunté  de  vous. 

éio.              Ce  faiig  fait  paroître  en  Ww  fanguh  facit 

Vertu divi- nous  avec  éclat    cette   image  ut  imago  in  nobis  rc 

*h     ft     ^""royale  que  Dieu  y   a  impn-  gta  floreat  :  ht  i  fan' 

^    ^-        mée.Ce  lang  arrofant  &  nour  gui^    pMniiudinem 

riflant  continuellement  notre  atque  nobilitatem  a- 

ame  ,    empêche    que  fa  no-  nim<s  quam    femper 

blefle  &  fa  beauté  ne  s'efface  irngaK^r  nutrit^lan- 

&   ne    fe    flé'riile.      Ce     fang  guefcere  non  finit ..  . 

étant  receu  dignement ,  chalîe  Htcfanguis  dàm  digne 

loin  de  nous  les  démons ,  &  fufcipitur  ,    d^mona 

attire  en  nous  les  Anges  &  le  procul  pellit ,   Ange 

fouverain  Seigneur  des  Anges,  los  O'  Angelorum  Do- 

Ce  fang    ayant    été  répandu  minum  ad  nos  alUcit» 

par  la  cruauté  des  Juifs ,  a  lavé  Hic  fangms  efifus  u- 

toute  la  terre.  C'étoit  ce  (ang  mverfum   ablmt  or" 

qui  purihoit  autrefois  le  Saint  bem    terrarum.    Hic 

des    Saints.    Que    fi    n'étant  eji  Janguis  qui  SanSla 

alors    qu*en    figure    il    a    eu  Sanflorum  purgabat, 

tant  de  vertu  &  dans  le  Tem-  ^«#3^  fi  ejus  figura 

tontrê    /fj  pie  «les  Hébreux  ,&  fur  leurs  tantam    habutt  vim 

VeretiqueS'     po^'^es  en  Egypte  :  combien  in  templo  Hebr£orum, 

en    aura  t-il  davantage    dans  in  média  /Egypto  li^ 

la  vérité  ?  Ce  fang  confacroit  minibus     afperfus   ^ 

les  Prêtres  ;  ce  fang  expioit  longé   magis  vetitan 


Su 

....  Bicfangms  fa- 
terdotesfacub.H ,  hic 
Janguh  in  figura  pet^ 
eata  purgahat  .  .  ft 
ttmbrarn  ttà  mors 
horruit  ,  qu.,ntoperè 
^uiefo  ipfam  formida- 
bit  verUatem  ?  Hic 
nofirarum  ainmarum 
faim  efi  ;  hoc  lava- 
tur  anima  ,  hoc  orna-^ 
tur  j  hoc  incendttur  , 
igné  cLrior  O"  auro 
fplendidior  redditur 
huiifs  fangiiinii  tfjn- 
fta  coclum  pervium 
facit. 

Admiranda  Eccle- 
fu  rtjyjlcr/a  ,  admi- 
rahile/àcrarium.  Ex 
paradifo  fons  fatu- 
riit  à  quo  fenfîbites 
fiuvii  emanarent,  A 
menfa  hacproditfons 
^ui  fluvics  fptritales 
diffundit  ijuxtà  hune 
fontem  non  jleriles 
falices  germwartt  , 
fed  arbores  coclum  ip- 
fum  atungentes  qua 
frtiéltts  tempefiivos 
C^folidosfemper  pro- 
ducutit.  Siquiséêpuat 
ad  hune  fontem  fe 
conférât  O'  recreabi- 
'  i«r,.  Mandat  fqudlo- 


R    S.    Jean.  ipp 

les  péchez,  quoy  qu'il  ne  fut 
411'cn  hgute.  Que  fi  la  mort 
a  tellement  redouté  la  feule 
ombre  de  ce  lang  divin  y 
combien  en  redoureia-t-elle 
davantage  la  venté  ?  Ce  (ang 
elt  le  (alut  de  notre  ame  j  il 
la  lave  ,  il  l'embellit ,  il  Tem- 
braze.  Il  la  rend  plus  lumi- 
neiife  que  le  feu  ,  &  plus  écla- 
tante que  l'or.  Et  c'eft  par 
l'cifufion  de  ce  même  fang 
que  îe  royaume  des  ci<.  ux  nous 
elt  rendu  accelfible,  &  nous 
eft  ouvert. 


Certes  ces  myfteres  de  l'églife        ^zf.' 
font  merveilleuxjce  fanduaire     l-'Eucharr- 
eit  admirable  !   Comme  il  y  flic  modère  la 
avoir  dans  le  paradis  terreibe  ^°|^<="P»^««- 
une    fource    qui     produiloit 
à&s  fleuves  (enh'bles  ;  il  fort 
de  cette  celefte  table  une  four- 
ce  qui  répand  des  fleuves  Ipi- 
rituels.  On  ne  voit  point  au- 
près de  cette  eau  des  faules 
itériles ,  mais  bien  des  arbres 
féconds  5    qui  pouflani  leurs 
branches  julques  dans  le  ciel, 
portent    en  leurs     tems    des 
fruits  excellens  &  incorrupti- 
bles.    Si  quelqu'un  eiè  prelfé 
d'une  foif  ardente  5  qu'il  coure 
à  cette  fontaine ,  &  il  fera  ra- 
fraîchi &  défaltcré.  C'eû  uiic 


30O  Des    Hom 

eau  qui  en  lavant  toutes  nos 
ordures  &  en  effaçant  toutes 
nos  taches ,  refroidit  aufli  tou 
tes  nos  ardeurs  j  non  pas  ces 
ardeurs  que  produit  le  (bleil 
vifible  qui  ne  nous  échauffe 
qu'au  dehors,  mais  celles  dont 
les  traits  enflammez  du  démon 
&  de  notre  chair  nous  brûlent 
&  nous  embrazent  Car  cette 
fontaine  tire  fon  origine  d'en- 
haut^  &  elle  vient  du  même 
lieu  d'où  elle  cil  fi  abondam- 
ment remplie. 
^12.  C'ellau  prixdecefang  que 

Honneur  ôcj.s^^s    Christ  a  racheté  fon 
fou"  rev6s,^gUfe^f,^\P^-e  rang  ,ui^ 

delacoramu-^^^°^'^^^^îe  &  qu  ill'a  ornée. 
Car  comme  les  hommes  fe 
fervent  de  l'or  pour  acheter 
des  efciaves  &  pour  les  parer  ; 
'  ainfi  jESUS-CHRiSTnous 
a  rachetez  &  parez  avec  fon 
fang.  Ceux  qui  participent 
à  ce  fang  divin  ,  deviennent 
compagnons  de  toutes  les 
puillanccs  celeftes  j  ils  font 
revêtus  de  la  pourpre  royale 
àe  ]  E  s  u  s-C  H  R  I  s  T,  & 
ils  font  armez  de  fes  armes 
Ipirituelles  -,  mais  je  n'en  dis 
pas  encore  aflez  ;  puis  qu'ils 
font  revêtus  de  Jésus- 
Christ  même  qui  eft  leur 
roy  véritable. 
Comme  ce  facreraent  eft  fî 


ELÎES 

rem  CT'  fardes  j  a/ïuS 
mitigat  5  non  folares  y 
fed  quos  ignii£  fa~ 
giU£  imprimunu 
Etenim  ortum  fmm 
fupemè  habet ,  indf 
radicem  undèçp'  ï>- 
rigatur. 


nioji. 


Comrê  L 


Hoc  fanguine  Cînt- 
fim  univerfam  emk 
C:^  ornavn  Ecclefram, 
Ui  enim  homofervos 
auro  emtt  €7  aura 
ornât  t  ità  no  fan- 
guine  fuo  Chrifluu 
Qui  httj'us  fanguinis 
funt  participes  ctim 
fiipernii  virtutihus 
commoranîur  ,  ipfam 
r.giam  Chrifii  flolam 
induti  ,  jÇtritalibus 
armii  induti  >  imo 
tpfum  induti  Junt  re- 


Slcttt  magnum  O* 


tramenttun  ;  ità  fi 
pure  accefferis  ad  fa- 
lutem  acceffpi  ,•  fin 
prava  conjcùntia  ad 
foenam  Z^  fupplicittm 
....  Nam  fi  qutre- 
giam  purpuram  com- 
i^mnant ,  hand  pats 
quatn  qui,  fcindunt , 
fitniuntur  ,•  qmd  mi- 
rum  fi  qui  immunda 
confiiientiaChrifii  cor- 
pus accipitmt,  tdem 
fupplicium  ftiheant  3 
cjuod  qui  eum  clavis 


Sur    s,    Jeak;  joî 

tnirahile  efl  illud/a-     grand  &  il  admirable  ,    il  cft        ^iÇ. 

lans  doute  que  fi  vous  en  ap-  Corirrerin"* 
prochez  avec  une  conlcience  '^'S'^^  *^°^^* 
pure  ,  vous  en  approchez  ™""^°"« 
pour  votre  falut  -,  au  iie\i 
que  fi  vous  en  approchez 
avec  une  confcience  impure, 
vous  en  appiochez  pour  vo- 
tre fupphce  &  pour  votre 
perte  :  &  comme  celuy  qui 
îuuilleroit  la  pourpre  royale 
ne  mériteroit  pas  une  moin- 
dre punition  ,  que  s'il  l'avoit 
déchiîée;  de  même  ceux  qui 
reçoivent  le  corps  de  J  e- 
sus-Chrisx  dans  une 
confcience  impure,  font  coupa- 
bles du  même  lupplice  que 
ceux  qui  l'ont  percé  &  atta- 
ché à  la  croix. 

Quand  JESUS  a  dit:  £4       ^H' 
chair  ne  Jert  de  rien  ,  il  ne  l'a   Nepasconïî- 
pas  dit  defa  chair  :  Dieu  nous  ti:i  'TJ^. 
garde  de  le  penfer  :    mais  il  manière  char. 
l'a  entendu  de  ceux  qui  con-  neiîc. 
ce  voient  ces  paroles  d'une  ma- 
nière charnelle. 

Ne  deviendrons  -  nous  ja-        ^i^* 
mais  fages  ,  ne  nous  foule-    Sedeiabufer 
rons-nous  jamais  des    chofes  j*  ^^  vamté 
terreftres  &  palTageres  ,  &  ne  '^"^  ™°"*^'' 
reconnoîtrons  -  nous     jamais 
par  tant  de  malheureufes expé- 
riences combien  elles  font  viles 
&  méprifables  ?  Confiderons 
ceux  qui  ont  été  riches  avant 


Homil.  4^,  in 
cap.  6.  Caro  non 
prodeftquicquam: 
XVo»  defiia  carne  di- 
9tit  ,  abfit  i  fed  de 
his  qui  carnaliter  ac- 
ttpiunt  qu<e  dicuntur. 

Quofque  nonfix- 
piemus  ,  neque  ter- 
renarum  rerum  atque 
fiuxarum  fatietatem 
capiemus ,  neque  ex- 
perientia  earum  vili" 
tatem  intelligemui  ? 
Confideremus  qui  an- 
te  nos    divites  fue- 


jOi  Des    Homel 

nous  :  ne  nous  paroilTcnt-ils 
pas  comme  un  longe  ,  com- 
me une  ombre  ,  comme  un 
Ton  ,  comme'  une  fable  ?  Un 
tel  étoit  riche  -,  que  font  de- 
venus fes  biens  ?  Ils  ont  péri  : 
mais  les  péchez  qu'il  a  com- 
mis en  \qs  acquérant  &  en 
abulant  ,  luy  Ibnt  demeurez 
pour  être  la  caufe  éternelle  de 
fon  fuppiice. 

<?t^.  Ne   courons   point  après 

Ne  s'atta-  les   biens  qui   fuyent  &  qui 
cher  qu'aux  paffent  ,  &  ne  fuyons   point 
biens  perma-  ^^^^        ^  ^^^^  ^^^t)les  &   per- 
manens  :   mais   elperons    ces 
biens  à  venir  ;  &  loit  que  nous 
foyons  vieux  ou  jeunes  ,  de- 
meurons bien  perluadez  qu'il 
ne  nous  refte  plus  guère  de 
tems  à  en  ,ouir. 
'é27.  Ceux  qui  s'arrêtent  dans 

Utilité  delà  boutique  d'un  parfumeur, 
la  fiéqueiita- Tentent  ,  quand  ils  neievou- 
tioa  des  E- Jroient  pas ,  les  bonnes  odeurs 
S^*^"*  dont  elle  eil  pleine.  Il  en  arri- 

vera encore  piûcor  de  même 
a  ceux  -qui  fréquenteront  les 
^  Egliles.  C'eft  poui  quoy  quel- 

que vicieux  que  vous  loyez  , 
ne  laiifez  pas  d  y  venir  (cu- 
vent. Mais  (i  je  ne  pratique 
pas  ce  que  j'entens  ?  N'im- 
porte, vous  n'y  ferez  pas  peu 
de  profit  5  fi  cela  fert  à  vous 


I  ES 

runt  j  fionne  emnU 
fhmnit*m  ?  nonne 
umbra  ,  nonne  ver- 
ba  C7  fabuU  ?  Vde 
locuples  5  ubi  nunc 
divitie  ?  perierunt  : 
peccata  autem  qu£ 
in  his  compAYan- 
dis  patraZiit  ,  ré- 
manent ',  CT*  prop' 
ter  peccata  /i*ppli''. 
aum. 

Neque  fugientia 
pro/equamHT  ,  neque 
perman^  ntia  fugi^" 
mus  ;  fed  futura  fpe- 
remus  »  Jïve  fenes  , 
Jîve  juvenes  i  tan- 
quàm  plane  perfuafi 
quod  non  muliàm  no- 
bts  temporis  relin* 
qU'atur. 

Homil.  52.  Si 
unguentùrt£  taberne 
qtiis  afjîdeat  ,  etiam 
tnvttus  tllum  fttjctpit 
odorem  i  longe  ma^^ 

gis     qui     Ecclefiam 

fréquentât . . .  Qttam- 
'VIS    innumeris   vitiis 

fii  obnoxiui  ,  noli 
Ecclejî^  vitare   ton" 

fuetudinem  Quid  fi 
atidita  non  facio  i 
Non  parum  confe- 
q.ueris  fi  te  miferwn 


Su 

inttlligii.  Non  inuti^ 
Us  hic  met  us  :  modo 
ingemifcas  quadauJt^ 
ta  non  faciai ,  Jtne 
dubio  aiiquandû  hsnè 
facere  incipies.  Non 
enimfieri  potefi ,  ut 
qui  Deum  G?"  audiat 
^  alloquatur  ,  non 
^JJequatitr  utilitatem. 


f^acevnus  fcriptU' 
vis  Cr  Jaltem  Evan- 
gelia  fréquenter  per- 
traéiemus ....  H^c 
Jïudiosè  faciens ,  abji- 
ciesfane  omnem  cupi- 
ditatem ....  Hortor 
ergo  ut  leélioni  vace- 
tis ,  fenfus  imbtbatis  , 
mentibm  infcribatis  : 
quod  citm  Jud<ei  ne- 
glexerunt ,  Ithros  ma- 
nibtts  ferre  jubeban- 
tur.  Nos  vero  domi 
habeamus ,  tmo  cor' 
dtbtts  m  o^ortet  inf- 
crtbamus. 

Homil.  ^3.  Re- 
gnum  cœlorum 
vim  patitur  :  Non 
igitur  di/idta  acquiri 
potefl  ,  fed  cura  CT* 
diligentia f^i 


Lire  ?c  met 
l'Ecrit 


R    S.    Jean.  jo 

faire  connoître  que  vous  êtes 
dans  un  état  miférable.  La 
crainte  que  cet  état  vous  inf- 
pircia  ne  vous  fera  pas  mu- 
tile j  car  fi  maintenant  vous 
gcmilfez  ,  loyez  perfuadez 
que  vous  ne  ierez  pas  long- 
temps fans  commencer  à  bien 
faire  j  car  il  n'eil  pas  pollible 
d'écouter  la  parole  de  Dieu  & 
de  luy  parler  ,  fans  en  retirer 
deTunlité. 

Occupons-nous  à  la  ledure 
de  l'Ecriture  ,  &  relifons  fans 

celfe  ÏQs  faints  Evangiles ,  car    '^"^ 
r  °    1  cure, 

11  nous     nous   y    appliquons 

avec  foin  nous  nous  dépouil- 
lerons de  la  cupidité  des  cho- 
fes  du  monde.  Je  vous  exhorte 
donc  à  les  méditer  ,  à  vous  ef- 
forcer d  en  tirer  l'intelligence, 
&  à  en  graver  dans  vos  cœurs 
les  inftrudions.  Qjj.and  les 
Juifs  commencèrent  à  négliger 
la  ledure  des  livres  facrez,  on 
leur  ordonna  de  les  porter  fur 
eux-mêmes.  Ayez  -  les  donc 
au  moins  dans  vos  maifons  , 
ou  plûrot  imprimez-les  dans 
vos  âmes. 

Le  royaume    des   deux  ne  fe 
prend  que  par  viol<;nce.  Ceux  qui 
font  lâches  &  pareifeux  ne  le  Isncepourra- 
peuvent  donc  obtenir  ,  &  on  ^"  * 
ne  l'emporte  qu'en  y  travail- 
lant avec  beaucoup  de  foin  6c 


Sainte:  VÎO-» 


6^0 
Sedépoiiil 


304  Des    Home 

de  diligence.  Comme  la  voye 
pour  y  arriver  eft  fort  étroite , 
on  a  befoin  de  beaucoup  de 
fermeté  &  de  courage  pour  y 
parvenir.  Les  violens  &  les 
ravilléurs  ne  longent  qu'aux 
moyens  de  furprendre  &  d'en- 
lever leur  proye  j  ils  ne  fe  fou- 
cient  ny  des  accufations  ,  ny 
des  condamnations  ,  ny  des 
fupplices  i  ils  s'expofent  à  tout 
&  ne  penfent  à  autre  chofe 
qu'à  prévenir  ceux  qui  pour- 
roient  avoir  le  même  delléin. 
Ravilfons  donc  ce  divin  royau- 
me :  ce  vol  ne  fera  pas  crimi- 
nel, mais  digne  de  toute  louan- 
ge :  ou  plutôt  ce  nous  ell  un 
crime  de  ne  pas  faire  effort  de 
le  ravir.  Travaillons  donc  pour 
un  peu  de  temps ,  afin  de  nous 
repofer  dans  toute  l'éternité. 

Tant  que  vous  vous  étudi- 
rez  à  conferver  les  biens  pré 


LIES 

opus  efl  muîta  j  an" 

gi*J}a  eji  via  ,  rohujla 
anima    opiti    ejl    C7* 
gêner  ofa.       Rapt  ores 
praoïcupare  adnitun- 
tur  y  nihil  refpiciunt  y  . 
non     accujationem   , 
non     àamnationem  , 
non  fuppUcium  :  illud 
folum  curant  ut  pr£- 
cmrant  cateros.  Ra- 
piamiis   ergo  rcgnuvn 
cœlorum  i  quA  rapi" 
na  non  crtmmi ,  fei 
laudi  datur,   Crimen 
eft ,  fi  non   raptmus 
....  F  arum  labore» 
mus  ,     ut    Aternum 
qmefcamus. 


1er  des  bisns  fens  ,  VOUS  n'acquererez  ja- 
prefens  pour  ^gis  les  biens  celeftes.  Avec 
recevoir  h  s  ^^^  mains  pleines  d'argent  , 
bicnsavenir.  r        ■  j       j 

vous  ne  Içauriez  prendre  de 

For  5  fi  vous  ne  jettez  aupa- 
ravant ce  que  vous  tenez.  Il 
faut  être  bien  libre  &  dégagé 
de  tout  embarras ,  pour  ravir 
ce  qu'on  défire. 
°i^*    .        Dieu  reprend  les  Moabites 

pécheurs,      ^e  la  punition   qml  exerça 


Quandm  pnefentia 
fervas ,  c<el€ftia  ra- 
père  non  potiris.  PU' 

nis  argento    manibus 

numquid  aurum  ra- 
pere  poterit ,    nifi  il- 

lud    prius   projictat. 

Rapientem  benè  eX" 
peditum   efse  oportet' 


Homil,    ^4.  Re- 

prebendit  Deus  Moa- 

bitas     quod     Utati 

fitnt 


Su 

fnnt  ftiper  Iftaelhis , 
qi^od  Deiti  uhui  ej}. 
ÎSIam  quamvis  tpfe 
puniat ,  non  tamen 
vult  ut  eorum  fup- 
plicio  Utemur. 

Homil.  55.  in 
cap.  $.  Concordia 
non  femper  hona  , 
ficut  neque  difcor- 
dia  mala.  Dico  hoc  , 
ut  malos  fugiamus , 
fequamur  honos^Nam 
fi  membrum  infana- 
hile  metu  ne  reliqua 
corti^rnpat  ,  incidl- 
tnus  >  non  quoi  illud 
negliganiHi  ,  fed  ut 
fervemus  ■  caetera  ^ 
quanto  magis  in  his 
qui  malc  nobisjtm^ii 
Jitnt  ità  fac;endi*m  ? 
Quod  fi  mdiores  eas 
reddere  pojjemus  no~ 
bu  ip/îs  non  offcien- 
do  5  omnia  ejjeni  j'a- 
ciendct  :  fin  incorri- 
gibiles  funt  <y  nos 
Ledunt  ,  abfcindendi 
funt   à  nobis. 

y^ita  ,  etfi  i-etlif' 
fimafit ,  fi  aliis  erit 
fcandxilo  »  toium  a- 
mittit.  Et  quomodo 
potej}  reCîa  vita/cau' 
dali;^r(i  ?  Cùm  pcf- 
ïom.  1, 


R    S.     Jean.  505" 

contre  les  Ifraclites.  Car  quoi 
qu'il  châtie  ceux  qui  le  mé- 
ritent ,  il  ne  veut  pas  que  nous 
nous  réjoui/Tions  de  leurs 
maux. 

Ln  concorde  n'eft  pas  toû-         ^j2. 
jours  bonne  ,  ny  la  difcorde      ^^  feparer 
toujours   mauvaifc.     Je  veux  ^"  "'^-:h^n* 
dire  qu  on  doit   fuir  les  me-  °' 

chans,  &  Tuivre  les  bons.  Car 
fi  nous  nous  faifbns  couper  un 
membre  où  clt  la  gangrenne» 
non  pas  qu'il  ne  nous  loit  bien 
cher  5  mais  pour  empêcher 
qu'il  ne  corrompe  les  autres 
qui  font  fains  ;  ne  devons- 
nous  pas  encore  plutôt  en  ufcr 
.ainîi  envers  les  perfonnes  donc 
lafociété  &  la  liai(on  nous  efl 
dangercufe.  Si  nous  pouvons 
les  corriger  f.uis  qu  ils  nous- 
puillent  nuire  ,  il  faut  faire 
toutes  chofes  poflïbles  pour 
leur  falut  j  mais  fi  nous  les 
voyons  incorrigibles  &  capa- 
bles de  nous  aftbiblir  &  de 
nous  corrompre  ,  il  les  faut, 
retrancher  abfolument  de  no- 
tre focieté. 

QLielque  bonne  &  réglée  que 
foit  notre  vie  ,  elle  perd  tout 
fon  mérite  fi  elle  donne  du  f^ccaiion  d* 
fcandale  à  notre  prochain.  ^'^^"'1^^- 
Mais  ,  me  direz,- vous  ,  com- 
meni  une  bonne  vie  peut- elle 
Ce 


^3P 

Ofter  loîiî 


30^  Des  Home 

fcandaîizer  quelqu'un  ?  C'cft 
quand  vous  ne  laiffez  pas  d'a- 
voir commerce  avec  des  mé- 
chans  ;  quand  la  confiance  que 
vous  avez  dans  vos  forces  & 
dans  la  fermeté  de  votre  ver- 
tu^  vous  fait  entretenir  focieté 
avec  des  gens  déréglez  -,  donc 
la  converfation  à  la  vérité  ne 
vous  nuit  pasjttiaisqni  font  en 
fcandaie  aux  autres.  Et  quoy 
que  les  perfonnes  ipirituelles 
&  parfaites  ne  foiipçonnent 
rien  de  mauvais  d'un  homme 
de  bien  ,  s'il  s'en  rencontre  de 
foibles  qui  s'en  fcandalifent,  il 
faut  non-obftant  votre  perfec- 
tion ccndefcendre  à  leur  infir- 
mité 3  &  leur  oter  cette  occa- 
fîonde  murmure. 

Réglons  toutes  nos  avions 
'i  avec  tant  de  circonfpedion  & 
defagede  j  que  nous  ne  don- 
nions  aucun    juHe  fujet  aux 
infidelles  de  nous  blâmer. 

L'honneur  inconcevable  au- 
quel nous  fommes  élevez  5  d'e- 
t  m-ncîes  tre  fait  participans  de  la  con- 


Soutenir 


ds 


noilTance  &  de  la  foy  de  fi 
grands  myfteres ,  nous  doit 
infpirer  une  éternelle  recon- 
aoiffance  pour  notre  Seigneur, 
Si.  un  ardent  courage  pour  foiV 
tenir  fon  honneur  contre  ceux 
qui  s'efforcent  de  décrier  la 
religion  Chrétienne  par  leurs 


Li  Er 

fimorum  (onfuetitd[&- 
non  bonam  homini 
inurh  opinicncm  :  cum 
nohii  ipjîs  ^dentés  , 
cum  malts  converfa' 
m'.iVietfinos  non  ojfettr 
dimus  ,  altoi  tamen 
fcandaîiyamus ..... 
Et  licet  nidltn  pet" 
f»fitorum  malumfuf- 
picelur  >  fi  fimplicior 
fraîer  in  tua  offen- 
daîur  perfiflione  ^ 
oportet  ejus  cor.fitlere 
infirmitali. 


îta  res  ncjîrai  dlf- 
ponamus  ,  ut  nemo 
infidelium  noQra  cau- 
f-i  juflè  pojfn  ojfendt. 

Homil.  57.  Nos 
in  tanturm  Vocaîoi 
honorem  ,  incredibi-^ 
lem  pTit  nobii  fidit- 
ciam  pro  ChriQo  fer^ 
re  oportet  ,  ciyntrà  eoi 
qui  a^quid  accufare 
O*  loqui  adversfH 
Chrtjfianoi  moliun- 
tur.  Boru'in  ltngu£ 
coinhendig  /îi^t,    «s- 


Sur    s.    Jean.  307 

^ue  tenter e  eis  par-    calomnies.  Nous  devons  répii- 


fendum.  Hoc  autem 
facere  f?oterimi*s  fi 
confidemui  ,  fi  fcri- 
fturii  operam  dahi^ 
mus ,  nec  perfunfîo- 
ne  tantum  volueri' 
mus  audire. 


Ledit  ùhi  vitam 
Deus  ut  fe  colères  i 
tueam  inutiliter  con- 
fumis.  Quarts  quod 
fit  dammtm  ?  Si  vel 
parum  ar^enti  te- 
merè  confitmpferis  , 
id  omnino  damnum 
appellas  i  fin  totos 
aies  in  Diaboli  ope- 
tihus  confitmpferis , 
mhil  amtfi/fe  opina- 
ris  ....  Poterit  re» 
cuperari  aurum  quod 
amiitit ,  non  poterit 
temptis  nifi  difficile. 


Homil.  59.  Ma- 
gnum quiddam  efi 
Ecclefi^  prolatio ,  CT* 
qu<e  multa  indiget 
Japientia  &  fortin*^ 


mer  cette  audace  ,  &  ne  pas 
fouftrir  une  liberté  fi  témérai- 
re. Et  alili rément  vous  ferez 
forts  pour  défendre  J.  C.  Il 
vous  avez  confiance  en  luy  , 
fi  vous  vous  appliquez  avec 
foin  à  l'intelligence  de  fes  di- 
vines Ecritures  3  &  Ç\  vous  êtes 
attentifs  &  afifidus  aux  inftruc- 
tions  que  l'on  vous  donne. 

Dieu  ne  vous  donne  cette 
vie  que  pour  le  fervir ,  &  vous 


Terte  du 


la  confumez  inutilement  en  de  «empsurega* 
vaines  occupations.  Et  après  "^^  ^ 
cela  vous  demandez  quelle  eft 
cette  perte  ?  Si  vous  difiipez 
inutilement  la  moindre  fom- 
me  d'argent  ,  vous  appelles 
cela  une  perte  &  un  dommage^ 
Et  quand  vous  palîez  àcs  jours 
entiers  en  de  vamsdiverrilfe- 
mens  y  &  en  àQs  œuvres  da- 
démon  ,  vous  n'eftime:^  pas- 
avoir  fait  aucune  perte.  Ce- 
pendant vous  pouvez  recmi- 

vrer  de  l'argent  perdu  ,  mais  le 

tems  ne  le  peut  plus  lappel- 

1er,  &ron  ne  le  fçauroit  rache- 
ter qu'avec  de  très-grandes  dif- 

ficultez. 
Le  gouvernement  de  l'Eglife 

&  la  conduite  des  âmes  a  quel. 

que  chofe  de  grand ,  &  qui  de-  '^^^  ^^^^^. 

mande  de  nous  beaucoup  de  palteœrs, 

(àgeiiè  &  beaucoup  de  force , 
Ce  i) 


des 


Difl-erepce 
bons     ÔC 


és^- 


ition 

La 


goS  Des    Hom 

pour  fuivre  les  ordres  de  J  E- 
S  U  S  C  H  R I  S  T,  qui  veut  que 
nous  expofions  notre  vie  pour 
Je  falut  de  nos  brebis  ,  que; 
nous  ne  les  abandonnions  ja- 
mais ,  &  que  nous  réfittions 
avec  courage  à  la  fureur  des 
loups  qui  ÏQS  veulent  dévorer. 
Car  c'elVià  proprement  la  dif- 
férence qui  fe  rencontre  entre 
le  vray  Pafteur  &  le  mercenai- 
Fe.  Le  premier  fans  penfer  à 
fes  intérêts  propres  ,  veille 
uniquement  au  falut  de  fes  bre- 
bis j  &  l'autre  au  contraire  , 
négligeant  d'en  prendre  (bin, 
ne  s'appliqua  qu'à  fes  propres 
intérêts.  Après  que  notre  Sei- 
gneur nous  a  n^arqué  l'exem- 
ple d'un  bon  Pafteur  ,  il  nous 
apprend  qu'il  y  a  de  deux  for- 
tes de  faux  Pafteurs  :  les  uns 
font  appeliez  voleurs  ,  parce 
qu'ils  ravilîent  eux-mêmes  & 
font  mourir  leur  brebis  ;  & 
les  autres  mercenaires  ,  parce 
qu'ils  négligent  de  les  défen- 
dre 5  &  les  abandonnent  lâ- 
chement à  la  violence  des  mé- 
chans, 

Si  nous  faifons  fou  vent  ré- 
flexion fur  nos  péchez ,  &  fi 
nous  avons  foin  de  les  pleurer, 
nous  ne  nous  mettrons  jamais 
en  colère  contre  perfonne.Car 
lois  qu'on  a  le  cœur  pénétré 


SttES 

dmei  quaîem  Chh 
Pus  propofuh  ,  ut 
animum  fro  cz/ihui 
panamus  ,  nunauam 
lUas  deferamtis ,  ut 
lupo  generosereJJPa-' 
mus.  H^c  enim  imiter 
pajlorem  C?*  merce- 
narium  efl  d^fferen- 
tia.  Aller  propri^e 
contempiis  ovikus , 
aller  fua  coniempta^ 
ûvium  femper  fa  lut i 
invigilat.  PafforU 
ergo  exemplo  dtmon- 
flrato  ,  deceptores 
duos  meminh  ,  furem 
maCÎarnem  CT*  ta^ 
pientem  oves  ,  Ci?* 
mercenarti^m  permit* 
tentem  neque  dejfen^ 
dentem  commijjaj» 


Si  nojîra  freqaeft 
ter  peccata  repuia- 
himus 

non    ira/ce  mur 
uhi  dolor   CT*  contri- 
tio  ,   longt  ctnnn  Os- 


,  Jî  lugebimus 


iefl  irritation 


Sv 


Mttlia  O'  verhis 
C  re  pcccamus.  Qjii 
autem  ità  peccat  in 
gehennam  reùpitur  ^ 
Ci^  quoi  gravi [fimum 
ejî  5  regnumcoelorum 
amttiit.  His  minii 
etiam  nfu  CT*  delictis 
dijjoiveris ,  GT*  Do- 
mino tuo  trato  C?* 
minante,  nihil  curas , 
tuhil  vereru  ?. 

Miferere  mei 
Deus  fecmiidum 
magnam  miCeri- 
cordiain  tuam .-  ita 
CT"  nos  propinquorum 
tnifereri'  oportet  yê- 
cundum  magnam  mi- 
fericordiam.  Quales 
enim  erimus  ergàpro- 
acimos  noflros ,  talem 
in  nos  Dominum  ex^ 
periemur.  Sed  qu<£- 
nam  magna  efl  mi- 
firicordia  ?  Quando 
non  ex  his  quafuper- 
fiuunt  nobis ,  fed  ex 
his  etiam  quihus  in- 
iigemus ,  egenis  da- 
fnus.  Quod  (t  ne  ex 
fHpexflm  quidam  exr- 


R    S.    Jean.  173 

de  contrition  &  de  douleur  * 
on  eft  très- éloigné  de  s'irriter 
contre  Ton  frère. 

Vous  péciiez  fouvent  &  par      6^9". 
vos  adions  &  par   vos  paro-    Stupidité  c- 
les  ,  quoi  que  vous  fçachiez  tonnante  des 
que  l'enfer  eit  deitiné  ,  &  lePécheuri, 
royaume  des  cieux  fermé  pour 
tous  ceux  qui  pèchent  j  &  ce- 
pendant ces  maux  Ç\  terribles 
qui  font  piéts  de  tomber  fur 
vous  5  ne  vous  empêchent  pas 
de  rire  &  de  prendre  vos  plai- 
flrs  /  &  vous  négligez  &  ne 
craignez  en   aucune   forte  la 
colère  &  les  menaces  de  Dieu  ? 


Mon   Dieu 


'  de 


y    ^ycZpttte 
moy  filo-n  voire  grande     mifsri 
corde.    Ayons  donc  aufTi  pitié 


Charité  a» 
bondante  en=- 


de  notre  prochain  par  un  ^^^,-j,  ^  ^^^ 
femblable  mouvement  de  mi-  *  ^ 
léricorde.  Car  il  eft  certain 
que  Dieu  fera  envers  nous 
tel  que  nous  auroiis  été  en- 
vers nos  frères.  Mais  quelle 
fera  notre  grande  miféricor- 
de  ?  finon  quand  nous  don-^ 
nerons  aux,  pauvres  non  feu- 
lement de  notre  fuperflu  , 
mais  de  notre  néceifaire  mê- 
me. Si  donc  nous  ne  leur 
donnons  pas  feulement  de 
notre  fuperflu  ,  que  pouvons- 
nous  jamais  efperer  de  Dieu  * 
Et  quel  faluc  pouvons  -  noua 
attendre  3  (î  les   yierges  de. 


jîo  Des    Home 

l'Evangile  après  tant  de  pei- 
nes &  de  travaux ,  ne  le  purent 
obtenir  ? 


V?4i.  Si  nous  avons  foin  de  rap- 

Se  fouvenir  peller  fouvent  dans  notre  ef- 
des  fins  der-  prit  la  penfée  des  fupplices  de 
niçrçj.  l'enfer  ,  &  de  ce  jour  fi  terri- 

ble de  notre  dernier  juge- 
ment ,  fans  doute  cette  image 
en  chalfera  toutes  fortes  de  cu- 
piditez  5  fera  mourir  en  nous 
l'amour  de  la  volupté  &  de 
toutes  les  chofes  du  monde  j 
nous  procurera  une  paix  & 
une  tranquilité  admirable  ;  & 
nous  fera  connoître  avec  quel 
foin  y  quelle  prévoyance  ,  & 
quelle  Ibllicitude  nous  devons 
fans  celî'c  nous  préparer  à  un 
jugement  fi  redoutable. 

^4i.  Quand  nous  n'aurions  pas 

'AfTiftercom-  le  moyen  de  donner  aux  pau- 
me l'on  peut  vres  ,  nous  pouvons  néan- 
les  néceiE-  moins  les  confoler  ,  &  les  fe- 
^"*-  courir  en  plufieurs  manières. 

Nous  pouvons  parler  aux  pri- 
fonniers ,  adoucir  leurs  geô- 
liers ,  &  foulager  en  quelque 
forte  leurs  peines.  Mais  il 
n'y  a  en  ces  lieux-là  ,  me  di- 
r€z>vous  ,  que  d€s  méchans. 


LIES 
hibemui  ,  quid  nolh 
fperandum  ejf  ?  Vbi 
falutem  inventre  pO' 
terimus  ,  Jî  Virgines 
pùjî  tôt  CT*  tantos  /rf- 
bores  nihd  profece- 
rufit  ? 

Futura  fupplicia 
CT*  tremendvm  judt- 
cn  dtem  nnimo  vo- 
lutans  CT*  fréquentes 
agitans ,  CT*  cupidi" 
tatem  omnem  €7  vo~ 
luptatem  ,  Cr  fecuU* 
rium  omnium  amo- 
rem  duhio  procul  ab' 
jicieSy  Çp' omni  portté 
tranquillion  animo 
frueris.  Jttdicium 
cf*m  tantoperè  ab  ho-' 
minibus  providen- 
dum  y  curandum  , 
formidandum  fit  , 
longe  magts  à  Deo 
intelUges, 

Licet  in  pauperes 
nihil  poffmus  coti" 
ferre  ,  confolari  ta- 
men  ,  CT'  aliii  multis 
modii  opem  ferre  li" 
cebit.  Ajfabtmur  cap-» 
tivos  i  cujlodes  man- 
fuetiores  reddemus  , 
CT*  five  parum  five 
multum  profictemui 
tamen.  Et  fi  ^rdit 


Sv 

toi  ihi   homines  ejje 

dixeris non 

honis  tantitm  mifere- 
Tt  i  fed  in  omnes  o- 
Jiendere  humanita- 
tem  jubemur. 

Ne  fis  aff^erior  ju' 
dex ,    fed    httwanus 
CT*  placabilis.     Ete~ 
nim  fi  nec  fures  fu- 
mus    nec   adulteri    ; 
in  ahistamenpecca- 
mus  pro  quibtts  ma- 
^nis  fuppliciis  fumus 
vhnoxii.       Siquidcm 
fratrem  nonnunquàm 
fatuum    appellamus , 
quod  nabis  gehennam 
parât  ,    mulieresim- 
fudicii  ocuUs  confpi- 
camur,  quod  adalte- 
ros  ar^tit  s  CT"  quod 
^ravifjïmum  efl ,  in- 
digne myfteria  parti- 
cipamus  ,    quod  reos 
9J0S  facil  corporis  CT* 
fangmni:.  Cimjfi.  No- 
li  ergo  aliorum  opéra 
moleflius  invefligare  , 
fed  noflra  ;  eT*  ità  hu- 
maniores    reddemur. 


R    S.    Jeaw.  jir 

Dieu  ne  nous  commande  pas 
de  n  afliitcr  que  les  bons  ;  il 
veut  c]ue  notre  humanité  s'é- 
tende fur  toutes  fortes  de  per- 
fonues. 

Ne  foyes  point   des  juges       ^43» 

trop   révères    de   votre   pro-     ^^^^^  ^°"^ 

cham,  mais    témoignez -luy^"''''^'^^P?: 
1    ]>L  •    '  o    j    1     j  ^  chain  en  vue 

de I  humanité  &  de  la  douceur.  ^^  ^.^ 

Car  quoy  que  nous  ne  loyons  péchés, 
ny  voleurs  ,  ny  adultères  j*nous 
fommes  néanmoins  coupables 
de  plufieurs  autres  péchez  qui 
méritent  de  grandes  peines. 
Ne  vous  eft  -  il  jamais  arri- 
vé de  dire  une  injure  à  votre 
frci  c  ?  Cependant  c'ell  un  pé- 
ché qui  (élon  l'Evangile  mé- 
rite l'enfer.  N'avez-vous  ja- 
mais jette  des  regards  impu- 
diques fur  une  femme  ^  qui 
vous  ayent  rendu  coll^ables 
d'adultère  f  Et  ce  qui  eft  en- 
core plus  criminel  ,  n'avez- 
vous  point  quelquefois  parti- 
cipé indignement  aux  îaints 
myfteres  j  &  ainli  n'ètes-vous 
pas  devenus  coupables  de  la 
profanation  du  corps  &  du 
fangde  JES  US-Christ? 
Ne  vous  amufez  donc  point  à 
examiner  avec  tant  de  rigueur 
les  fautes  des  autres  j  mais 
confiderez  plutôt  vos  propres 
«uvres  J  &  vous  ferez  plus  £%- 


311  Des    Home 

vorable  &  plus  humain  envers 

votre  freie 
^44-  Il  eit  difficile  de  trouver  un 

11  peut  y  JiQi-nine  exempt  de  tout  vice 

(lice  dans  de  "^^^^  "  avons. pas  ravi  le  bien 
petits  larcins,  d'autruy  ,  fi  nous  n'avons  pas 
ufurpé  de  grands  héritages  , 
nous  aurons  peut-être  com- 
mis en  de  moindres  chofes  de 
légères  tromperies  &  de  peti- 
tes injuftices.  Car  quand  dans 
le  commerce  des  chofes  que 
nous  achetons,  nous  ne  payons 
pas  bien  ce  que  nous  devons , 
&  que  nous  nous  etforcons  de 
fouftraire  quelque  petite  por- 
tion du  prix  de  la  matchandi- 
fe  5  n'eft  ce  pas  un  larcin  &  une 
fraude  ?  Ce  n'eft  pas  par  la  va- 
leur du  vol  ,  mais  par  la  vo- 
lonté de  celuy  qui  vole ,  que 
l'on  ëldoit  meiurer  Tinjuttice. 
Et1a  juftice  &  l'injuftice  font 
également  ce  qu'elles  font  dans 
les  petites  chofes  comme  dans 
les  grandes-  ainfi  j'appelle  vo- 
leur, non  feulement  celuy  qui 
ravit  une  grande  fomrae  d'ar- 
gent 5  mais  aufli  celuy  qui  loul- 
trait  la  moindre  chofe  du  juf- 
te  prix  de  la  marchandife 
qu'il  acheté  :  non  feulement 
celuy  qui  perce  le  mur  de  fon 
prochain  pour  le  voler  ,  mais 
«ncoie  celuy  qni  favorife  une 


L  TE  8 


Difficile  ejî  pti^ 
rum  bominem  inze'^ 
nire.  Qmd  fî  non 
aurum  rap.imus  ,  (? 
ncy»  innumera  terrée 
jugera  occupamus  r 
^Handam  tamen  faU 
laciam  Cr  fartum 
in  minoyibi4i  CT*  qu£ 
pojjumus  exercemui. 
Nam  càm  in  com- 
merciis  C  emendu 
rébus  debitttm  non . 
repère  ,  aut  ail* 
quid  fubtrahere  con* 
tendimui  i  nonne  U- 
trocintum  3  fttrtum  ,, 
rapitram  facitnui  ? 
. .  .  Non  ablatorum 
copia  ,  fed  rapien.- 
tium  voluntate  in- 
jujlitia  metienda  ejf. 
Ji*Pum  namqtie  C3* 
injuflum  in  magnis 
Çy  parmi  rébus  ean^ 
dem  vim  habent  i 
Çp*  ità  tam  furent 
appello  qui  aurum 
furri^it  ,  quam  qui 
in  emendii  rébus  ju~ 
Po  pretio  vendentem^ 
fraudât  i  V  qui 
alienum  parietem  ef- 
fodit  ,       quam    quir 


Sur 

C3*  alicjHid  à  proxi- 
mo  au  fer  t. 

Nolimus  relus  no- 
firii  omijjts  aliéna- 
rum  judiees  fieri, 
Neqtie  dum  humani- 
tatis  tempus  ejl  , 
tnalittam  profequa- 
mur  ')  fed  cogmta 
priore  noflra  vitn  , 
manftteti  tandem  O* 
bemgtii  efficiamur» 


Fur  efl ,  inquis , 
CP'  adulter  '^fed  nos 
non  maliUée  ,  fed 
çalamitati  mifere- 
mur.  Sape  illos  inter 
unus  invenietur  mul- 
torum  inflar .  .  .  .  . 
Sicut  Abraham  qui' 
cumque  ad  fe  véné- 
rant hofpitatus  5  An- 
gelos  tandem  bofpitio 
accipere  meriiusefli 
ita  O*  nos  magnos 
etiam  viros  convenie- 
mus  ,  fi  fréquenter 
eo  accedemus. 


Douceur  >l 
réçard  du 


Tom.  L 


S.     J  E  A  M .  315 

méchante  caufe  ,  &  qui  en 
quelque  manière  que  ce  foit 
prend  injuftement  quelque 
clîofe  à  Ton  prochain. 

Ne  négligeons  pas  le  foin 
d'examiner  les  fautes  de  no- 
tre vie  ,  pour  nous  établir  ju-  '  -r»--".-" 
i  CL-  1'  4t     prochain, 

ges  des  actions  d  autruy.  Ne  '^ 

Ibyons  pas  feveres  envers  no- 
tre prochain  dans  ce  temps 
de  douceur  &  d'humanité  : 
mais  après  avoir  bien  reconnu 
tous  les  déréglemens  de  notre 
première  vie,  témoignons  de 
la  douceur  &  de  la  bonté  envers 
tout  le  monde. 

Ce  pnfonnier  qu2  vous  vifîtex        6^(?. 
eit  peut-étre^un  voleur  ou  un     Airiihr  l-* 
aduIterc.Mais  ce  n'eil  pas  pour  niiferables    . 
faméchancetéjc'eftpourfarai-  '""'''^'"  '' 
fere,que  vous  lui  témoignez  de 
la  compalïion.  Il  peut  arriver 
que  vous  trouverez  un  homme 
de  bien  parmi  plufieurs  crimi- 
nelsjqui  vous  procurera  devant 
Dieu  une  très-grande  récom- 
penlè.   Abraham  ayant  accou- 
tumé d'exefcer  l'holpitalité  in- 
différemment envers  tous  hs 
palfans  ,  mérita  enfin  l'avavna» 
ge  derecevoir  chez  lui  les  An- 
ges mêmes:  fi  nous  avons  donc 
le  foin  d'aller  fou  vent  vifiter  les 
miférablcs ,  nous  obtiendrons 
peut-être  aulTi  le  bonheur  d'ai^ 
fifter  des  gens  de  bien. 
Dd 


même   pé- 
cheurs. 


^47- 
Viihté  des 
tribulacious. 


648. 

SageiVe  né- 
ceflaire  aux 
insres  de  fa- 
mille. 


^49- 
Occupations 
&    avantages 
des  femmes. 


3ï4  DesHomel 

Rien  n'eft  fi  utile  pour  pré- 
parer notre  ame  à  l'acquifition 
d'une  parfaite  fageffe ,  que  les 
calamitez ,  les  tentations  *,  & 
les  déplaifirs. 

Les  femmes  qui  font  parti- 
culièrement obligés  à  prendre 
foin  des  affaires  du  ménage  & 
de  la  conduite  de  la  famille  , 
devroient  être  encore  plus  fa- 
ges  &  plus  prudences  que  les 
hommes  mêmes. 

La  femme  demeurant  ordi- 
nairement dans  fa  maifon  , 
comme  dans  une  iàinte  école 
de  vertu  &  de  philofophie 
Chrétienne  ,  y  peut  goiuer 
un  repos  tranquille  ,  fe  recueil- 
lir en  elle-même  ,  s'occuper  à 
la  prière  ,  à  la  lefture  ,  &  aux 
autres  exercices  de  pieté  ;  & 
jouiHant  d^s  avantages  de 
ceux  qui  habitent  les  déferts , 
ne  trouver  rien  chez  elle  qui 
puife  troubler  fa  paix.  Ainfî 
elle  fera  en  état  d'adoucir  les 
peines  de  fon  mary ,  de  calmer 
fes  troubles  &  fes  chagrins, 
d'effacer  de  fon  efprit  toutes 
les  msuvaifcs  impreflions  qu'il 
aura  apportées  en  revenant  de 
la  ville  .  &  de  faire  en  forte 
qu'il  y  porte  en  fortant  de  fa 
maifon  les  impreffions  con- 
traires qu'elle  luy  aura  infpi- 
lées  par  fa  piété. 


lES 

Nihil  adeo  adfa-» 
pientiam  animttm 
pTiiparai  ,  ut  caU' 
mitas  ,  tentatio  O* 
afflieiio. 

Homil.  60.  Mh" 
Itères  quàm  viros 
fapi  entier  es  effe  opor^ 
tety  qu<£  curte  fami-' 
liari  ,  ut  plurimunt 
incumbunt. 

Mulier  tanquam 
in  quodam  philofo' 
phi£  gymnajîo  ,  do" 
mifed'ens  ,  CT*  men- 
tem  in  fe  colli^ens , 
orattonibus  ,  le^io- 
ntbus,  Çp*  aliti  bo' 
nis  operibus  vacare 
potej}  j  Ci?*  more  ère-- 
mos  hahitantium  y 
qui  fe  perturbet  ha- 
bet  neminem  .  .  . ,  , 
potejl  virum  pertUT" 
batum  lenire ,  admo' 
vere  ,  fuperfluas  ejus 
<jy  molefiores  co^- 
taùones  abfcindere  , 
<Sf  ità  dimittere  ut 
quafcumque  molefiias 
e  fora  domum  tule- 
rit  ,  deponat  ,  C7* 
qu£  domt  bona  didi- 
cerit ,  fecum  info-' 
rstm  afferat. 


Su 

Nihil  potentiui 
iîiultere  honaÇp'pru' 
demi  ad  inflituen- 
dttm  çy  informait 
dum  virum  ^uo. 
cumque  voherit.  Non 
tant  lentter  arnicos, 
magifiros ,  aut  prin- 
cipes  patietur  ,  ut 
conjugem  admonen- 
tem  atque  confulen- 
tem  s  hahet  enim 
'Voltîptatem  quandam 
admonitto  Hxoris  , 
cum  plurimàm  amet 
cui  conftilit.  Multos 
poJJUm  ajfcrre  viros 
afperos  ^  immites, 
per  uxorem  mites 
redditos  zy  manfue- 
tos,  Ipfa  enim  menfa, 
filiorum  communi- 
catione ,  dicendis  , 
tacendis  ,  e?*  aliis 
plurihus  cum  mari- 
to  communicans ,  CT* 
ut  corpus  capiti  con- 
}Mnéla  :  ft  prudens 
erit  G^  diliget ,  om- 
nés  vincet  in  conjw 
gis  curatione. 

Non  ver  bis  tan- 
Utm  ,  fed  re  infor- 
niandus  ejt  conjux  . , 
Çnm  te  non  maUm 
viderit  ,    non   pre» 


S.     Jeaw.  gij; 

Rien  n'eft  li  puiflant  qu'une       ^^o. 
femme  pieufe  &  prudente  ,      Pouvoir 
pour  régler  \m  mary  ,  &  le  d'une  f^ini;;- 
porter  à  tout  le  bien  qu'elle  Pj-^^^    po^^^ 
d'    voudra.    Il  ne  recevra  jamais  ^^s'^*"  ^°'^ 
fi  agréablement  les  avis  ,  ny  '^^^^^'^ 
d'un  amy  ,  ny  d'un  maître  , 
ny  d'un  Prince  même  ,  que 
d'une  femme  qui  ne  l'avertit 
que  pour  (on    bien.     Et  en 
effet  les  confeils  d'une  femme 
ont    un    agrément    particu" 
lier  ,    comme  venant    d'une 
petfbnne  qu'on  eft    perfuadé 
qui  nous  aime.    Je   pourrois 
vous    apporter   icy    piufieurs 
exemples  de  maris  fort  rudes 
&  brutaux  ,  qui  ont  été  ren- 
dus plus    doux    &  traitables 
par  la  douceur  &  la  complai- 
fance  de  leurs  femmes.  La  ta- 
ble, les  enfans,  les  biens  ,  les 
aiFaires-,  les  bcfoins ,  &  en  un 
mot  toutes  chofes  leur  étant 
communes ,  Ç\  elle  elt  fage  & 
difcrete,  elle  fera  plus  propre 
que  qui  que  ce  foit ,  foit  par 
fes  paroles  ,  foit  par  fon  filcn- 
ce,  &  par  toute  fa  conduite , 
à  corriger  tout  ce  qu'il  y  a  de 
défeâueux  en  Ton  mary. 

La  femme  ne  doit  pas  feu-      '6$ï. 
lement  travailler  par  Çts  pa-      Edifier  nm 
rôles  à  porter  au  bien  fon  ma-  ^^^Y  par  i'o\-, 
ry  ,  mais  principalement  par  ^°"  exemple. 
fes  aâions  ;  c'cft  à-dire  en  luy 
Ddij 


6<;i' 


plaire  à  un 


Il 6  Des  Home 

faifajit  connoître  quelle  eft  fa 
vertu  ,  qu'elle  n'aime  point  à 
s'habiller    magnifiquement  , 
qu'elle  ne  recherche  point  les 
fuperfluitez  &  le  luxe  ,  mais 
qu'elle  fe  contente  du  nécefîai- 
re  y  car  c'ell  alors  que  fon  mary 
recevra  agréablement  Tes  bons 
avis.  Que  s'il  voit  qu'elle  pra- 
tique le  contraire  de  ce  qu'elle 
luy  confeiUc  ,  il  ne  faut  pas 
<louter  qu'il  ne  fe  mocque  de 
tous  fes  avis, 
vèrtu.'vray    ^.es  ornemens  précieux  &  les 
moyen  de      parures  arfedées  ne  rendent 
point  une  femme  iï  aimable  à 
Ion  mary  ,  que  fa  modeftie  & 
fon  amour ,  &  la  fincere  dif- 
pofition où  elle  eft  d'expofer  fa 
vie  pour  luy.   C'eft-là  ce  qui 
gagne  un  mari.  Les  ajuftemens 
au  contraire  &  la  richeffe  des 
habits  luy  font  en  averfion  & 
ne  fervent  qu'à  confumer  fon 
bien ,  &  à  luy  caufer  des  cha- 
grins &  de  la  dépenfe.  Mais 
Ion  amour  ne  luy  fçauroit  être 
à  charge  ,  &  ne  lui  peut  caufer 
de  peine.   Les  ornemens  des 
femmes    s'ufent  &  fe  gâtent 
par  un  long  ufage  j  mais  leur 
vertu  fait  comme  refleurir  Ion 
ame,  &  leur  aiFedion  redouble 
celle  deleur  mari.Si  vous  avez 
donc  envie  de  plaire  à  votre 
»3ari  j  ornez  votre  ame  de  pu- 


LÎES 

tiojts  inâutam  ,  non 
fftperfiua  expetenfem, 
fed  necejjariis  con-- 
tentam  ,  tune  confu- 
lentem  patitur.  Quoi 
fi  verhis  philofophe- 
ris ,  re  contra  feceris^ 
nugas  tuas  reprehen» 
dit. 


Non  aurum  adeo 
amabilem  uxorem 
reddet  y  ut  modeftia 
CT*  charitas ,  O"  ani- 
mus  vitam  exponen» 
di  pro  marito.  h£i 
virum  capiunt,  [lie 
ornatuî  obftat  ei  y 
pecunias  exponit  » 
fumptumO'  follicittt" 
dinemprahet ,  cJjari" 
tas  autem  nullam 
offert  rttaleftiam  y 
nullam  impenfanu 
îlle  ornatus  ufu  dete» 
ri  or  fit  {  hic  in  dies 
fiorentiorem  antmam 
reddit  £?•  majorem 
excitât  charitatem» 
Quamobrem  fi  viro 
placere  vis,  ornato 
antmam  pudicitta  , 
pUtate ,  reifamilUz 


Su 
ris  cura.  Ii<ec ,  in- 
quam  ,  confirmant 
amorem  qui  nun- 
quam  cejfat  y  ncque 
fene6îus  hnnc  tollit 
ornatum  aut  morbus  : 
corfrorea  autem  G^ 
hxc  O*  alia  plnra 
àuferunt.  Anim<e 
botta  longe  pr^flan- 
tiorafunt  quant  cor- 
ports.  Hujus  ornatus 
invidiam  parit  Ci^ 
^lotypiam  :  hic  om- 
nimaloajfeél» ,  om* 
mi  caret  inani  ^.o- 
ria.  Hoc  paclo  e?* 
res  familtaris  faci- 
lius  augehitttr ,  ct^m 
aura  non  eris  orna~ 
ta  ,  fèd  in  neceffaria 
confères ,  in  cibum 
fervorum  y  filiorum 
curam  neceffariam , 
€7*  aiia  qtt£  in  vi- 
ta  requiruntur  : 
qt4<e  fi  di'fecerint  , 
oculis  atitem  illa 
proponantur  ,  quid- 
nam  ertt  lucri  ? 
.  .  .  Nojtit  quodet- 
fi  omnium  pulcherri- 
mam  quis  videat 
ntulierem  »  tiifi  Utus 
Jîty  indè  minime  ex  ' 
btlaratur.  Qni  enim 


K    S.    Jear.  517 

dicité  5  de  piété ,  &  du  foin  ds 
bien  gouverner  votre  famille  ; 
rien  n'eft  plus  capable  d'after- 
mir  une  folide  &  éternelle  a- 
mitié  entre  vous  deu\.'^  Ny  la 
vieilleffe ,  ny  les  maladies  ne 
feront  jamais  capables  de  vous 
dépoiiiller  de  ces  précieux  vc- 
temens  ;  au  lieu  que  tous  les 
avantages  corporels  vous  peu- 
vent être  enlevez  par  mille  ac- 
cidens.  Les  biens  de  l'ame  font 
infiniment  plus  excellens  que 
ceux  du  corps  ,  qui  ne  font 
propres  qu'à  caufer  des  envies 
&  des  jaloufies  ;  mais  ceux  de 
l'ame  font  exemts  de  toute 
mauvaife  volonté  &  de  toute 
vaine  gloire.  Aufïi  quand  une 
femme  ne  recherche  point  ces 
riches  parures  ,  mais  qu'elle 
n'employé  fon  bien  que  dan^s 
les  chofes  néceflaires  à  l'entre- 
tien de  fa  famille  ,  &  aux  be- 
foins  de  la  vie  ,  il  eft  certain 
que  fcs  affaires  en  vont  tou- 
jours bienicomme  au  contraire 
elles  iront  fort  mal  ,  ù  elle  ne 
penfe  qu'aux  chofes  d'oftcntai- 
tion  &  de  faite.  Vous  fçavez 
bien  que  la  vue  de  la  plus 
belle  femme  du  monde  ne  don- 
ne guère  dejoye  à  une  perfonne 
qui  d'ailleurs  a  de  jultes  fujets 
de  chagrin.  Car  fi  l'on  n'a  de  la 
ioye  dans  le  cœurj'on  ne  prend 
Ddiij 


3i8  Des    Homel 

plaiiîr  à  rien.  De  forte  que  fi 
un  mary  voit  que  tout  Ton 
bien  fe  confume  à  parer  fa 
femme  ,  &  qu'il  en  foit  in- 
commodé dans  les  affaires ,  il 
ne  faut  pas  croire  que  la  vue 
d'une  femme  parée  d'une  ma- 
nière qui  luy  eft  fi  fort  à  char- 
ge luy  puifïe  caufer  beaucoup 
de  plaifir  &  beaucoup  de  joye. 
Dans  les  commencemens  d'un 
mariage  toutes  ces  magnifi- 
cences plaifent  toujours  ;  mais 
dans  la  fuite  il  en  arrive  de 
même  qu'à  l'égard  du  ciel  & 
du  foleil  5  car  quoy  qu'il  n'y 
ait  rien  de  plus  beau  &  de  plus 
digne  d'admiration ,  l'accou- 
tumance de  les  voir  fait  qu'on 
ne  les  admire  plus. 
^53.  Les  femmes  pleurent  fou- 

Regret  ex-  vent  leurs  maris  &  leurs  en- 
ceiTif  de    U  f^^s ,  comme  s'il  n'en  devoir 
morcdespro-  plus  rien  relier  après  la  mort, 
ches.marciue  g^gs  ^'^nt  point  de  foy  aux 
i  mcrcduliic,  Ecritures.Carfiellescroyoïent 
que  les  perfonnes  qu'elles  re- 
grettent comme  mortes  ,  ne 
le    font   pas   véritablement  , 
mais   qu'elles    ont  feulement 
paifé  à  une  meilleure  vie,  el- 
les ne  les'pleureroient  pas  avec 
tant  d'excès,  &  elles  ne  s'a- 
bandonneroient  pas  à  ces  fan- 
glots  &  à  ces  cris ,  qui  font  des 
marques  de  leur  incrédulité. 


IBS 

deUâdri  vuît ,  ^i» 
mum    Utetur    o^or^ 
tet.  Cùm  atttem  au- 
rum  omne  in  uxoris 
ornamentumcoUatum 
efl  ,  C7*  anguflia  ra 
famiUaris    laborat , 
qttapotefl  efje  conju^ 
gi  vohptas    ?  .  ... 
H<tc  circà  nuptiarum 
tempora   volttptatem 
quandam  haherevt- 
denittr  ,    inde  tem- 
pore  langue fcunt.  C<t- 
lum  &    folem  tant 
pulchrum  jam  prop- 
ter      confuetudmem 
non     aàmiramur    , 
qiiod  de  miditbri  or^ 
natu  ezienire  par  ej}, 
Homil.   61.    in 
cap.    II.   Haudali' 
ter    quant   fi    riihil 
poj}   mortem    rema.' 
neat  >  mulieres  la- 
mentantur  i  non  at- 
tendant     Scripturis. 
Siquidem  fi    crede- 
rent    mortunm    non 
ejfe    mortuum  ,    fed 
ad  meliorem   vkant 
tranftatum  i  non  uti- 
que  ipfum    déplora^ 
renty  non  tant  a  s  ef- 
ferrent  vocei   incri'* 
dulitatii  indices. 


Su 

Omniapr  opter  ho' 
mines  facîmui,  cm- 
nia  propter  prtcfen- 
tia. 

heccata  nemo  h- 
get  ;  quodlu^re  non 
jubemur  ,  ii  luge- 
mas. 

Lachrymatui  ej} 
Chriftus  fiiper  Laya- 
ro  5  lachrymare  tt* 
fed  leniter  ,  pruden- 
ter,  fed  cum  Dei  ti' 
more.  Bac  raiione 
flens  ,  non  refurre- 
flianis  dijjtdenute  ar~ 
^uérts  i  fediCrrèfer- 
re  chaYijJimt  fcjun- 
élionem  videberis. 
Nam  Z^peregre  pro- 
fictfcentes  Uchrymis 
profequimttr  y  non 
tamen  ut  mortuos  i 
ità  ^  tu  lugcas  , 
tanquam  pr^miferis 
peregrinum. 


Si  quifape  Deum 
effenderit,  moritur  , 
is  dtfiendus  e/?,  z;cl 
potius  minime ,  wm 
nihil  illi  afferat  ttli' 
litatis  :  féii  ea  fa~ 
cienda  qute  ei  ali" 


R    S.    Je  AU.  5ip 

Nous  faifons  toutes  chofes       6  $4'. 
pour  des   confidérations  hu- Vanité  &fo. 
maines  -,  nous  ne    travaillons  j.'^.  ^^  ^-^^ 
que  pour  lepréfcnt.  ^""' 

Nul  ne  pleure  pour  Tes  pé-       6$^, 
chez  ^  &  on  ne  pleure  en  ce     Regrets  fu- 
monde  que  ce  que  Dieu  ne  P^^*^^*'» 
veut  pas  que  nous  pleurions. 

JESUS-CHRIST  a  pleure  la 


mort  du  Lazare  -,  il  vous  cft 


6^6. 

On  peut  re- 
gretter un 
mort  ,    inaij 
avec    nwdc- 
ratiori. 


donc  permis  de  pleurer  ,  mais 
avec  modération  ,  avec  rete- 
nue j  &  avec  la  crainte  de 
Dieu.  Qiiand  vous  ne  pleu- 
rerez que  de  cette  forte  ,  on 
n'aura  pas  lieu  de  vous  re- 
prendre comme  doutant  de  U 
réfurredion  ;  mais  vous  pa- 
roîtrez  feulement  être  affli- 
gez de  la  (eparation  d'une  per- 
fonne  qui  vous  étoit  chère  ; 
comme  on  pleure  un  amy  qui 
nous  quitte  pour  s'en  aller  à 
un  grand  voyage  ,  &  qu'on  ne 
confidere  pas  néanmoins  com- 
me étant  mort.  Ne  pleurez 
donc  vos  frcres  que  comme 
des  voyageurs  qui  font  partis 
avant  vous. 

Quand  un  pécheur  meurt , 
il  le  faut  pleurer  -,  ou  plutôt 
il  eft  inutile  de  le  pleurer ,  puis  confohtion 
que  toutes  vos  larmes  ne  luy  ^"^  ^^  .™'^''^ 
lervirontde  rien  -,  mais  il  faut        ^"^"* 
faire  pour  luy  des  oblations  &    Prière  poi;; 
des  aumônes  ,  comme  étant  *^^"^°"^* 
Di  iiij 


Motifs 


de 


5io  Des    Home 

^ofitre  la  les  feules  chofes  dont  il  peut 
l:i<iînques.  recevoir  du  foulagement. 
D'ailleurs  il  y  a  fujet  de  fe  ré- 
jouir que  la  mort  ait  arrêté  le 
cours  de  fa  méchanceté.  Que 
s'il  meurt  un  jufte  ,  on  fe  doit 
réjouir  de  fça\  oir  qu'il  eft  en 
un  état  d'affurance  ,  &.  où  il 
n'a  plus  rien  à  craindre. S'il  eft 
jeune  ,  de  ce  qu'il  eft  délivré 
àts  maux  &  des  dangers  de 
cette  vie  ^  &  s'il  eft  vieux ,  de 
ce  qu'après  avoir  long-tems 
joui  de  la  vie^  que  ks  hom- 
mes confidercntcommele  bien 
de  ce  monde  le  plus  défirablc  , 
il  en  a  été  comme  foulé  ,  & 
en  eft  (orti  avec  dégouft ,  pour 
paffer  à  une  meilleur. 
^58.  La  philofophie  &  la  fagef- 

AvantAgesfe  eft  un  grand  bien  j  j'en- 
d'une  vie  ^gns  la  philofophie  Chrétien- 
chrétienne.     „ç  ^  ^  „^^  ^^jj^  j^^  p^y^^^  ^ 

qui  ne  confifte  qu'en  paroles , 
qui  n'eft  pleine  que  de  fables, 
&  qui  n'agilfant  que  pour  la 
gloire  du  monde  &  la  vanité  , 
n'a  point  de  fagelfe  véritable. 
C'eft  donc  un  grand  bien  ,  je 
le  dis  encore ,  que  la  vraye  fa- 
geffe  ,  &  qui  porte  avec  foy  la 
récompenfe.  Car  celui  qui  mé- 
prife  les  richelies ,  a  dès-là  ac- 
quis ce  grand  avantage  d'être 
délivrez  de  mille  foins  inutiles, 
&  de  beaucoup  de  folles  in- 


L  lE  s 

qtud  con ferre  foffnt  i 
eleemofynai  »  ohla^ 
tiones  facito  i  in  hoc 
Utanàum  eji  qucd 
malitia  ejm  abfcijj'a 
ejî.  Quod  fi  jujius  , 
tt^rfas  Utandum  quod 
tn  tuto  coUocalur  , 
quod  liberatus  t(ï  fu^ 
tura  formidine.  Si 
juvenis ,  quod  è  mé- 
dia malorum  ereptus 
efi  ;  fi  fenex  ,  quod 
eo  ufiii  diutiui  quod 
maxime  defdcrabili 
zidebatur ,  vita  f^r 


Homil.  6l.  Ma- 
gnum bonum  philo^ 
Jophia  :  fapientia  no- 
fira   ,     diço  ,    7ion 
gentilium  ,  qu£  ver- 
ba  fient  dumtaxat  O* 
fabuU  i  neque  ullam 
habent  fapientiam  î 
nam     gloria     caufz 
omnia  facittnt.  Ma' 
gnurh  y  inquam,  bo» 
num  fapienlia  ,  qu£ 
nabis  indèvicem  red» 
dit.  Qui  enimpecU' 
niai  contemnit ,  jam 
hoc  bonum    confecH' 
tum  eji  j    quod  fii" 


Sur 

perfluts  0*fti4Uis  eu- 
ris  ejl  Itberatm.  Qui 
gloriam  pejjumdat , 
indè  pramium  acci- 
pu  quod  nttlUfervit , 
fed  vera  Itbertate 
perfrmiur.  Qjtt  c<e- 
leftia  concupifch ,  ré- 
munérât loue  non  ca- 
ret ,  cùm  nihilpr.e- 
fintia  arhitretur  , 
CT»  facile  dolorem 
omnem   exuperet. 

Hom.  63.  Quod 
Deus  bomo  faéius 
fit  ^  ^  formam  Jer- 
m  acceperit  ,  quod 
humilia  O*  de  fe 
loqueretur  ^  &  de  fe 
dici  perrniferit  5  m- 
digijum  Deo.  Indi- 
gnum  fane  fi  quis  e- 
jm  confideret  ma- 
jefatem  ,  dignum 
rurfus  ,  fi  immerfa 
ejui  benignitas  CT* 
clementia  confidere- 
tur. 

Car  morluoi  luge' 
mm ,  cùm  jam  ni- 
înl  profcere  po(fu- 
mus  ?  Hos  lugeamui 
qui  mutari  pojjunt. 
Sed  nobii  lugentihus 
ipfi  fortcijje  rident  i 
tliam  Cr  hoc  lu^crf 


s.     Jean.  32J 

quiétudes.  Celuy  qui  foule 
aux  pieds  la  gloire  du  monde  i 
y  trouve  pour  fa  récompenfe 
le  plaifir  de  n'être  aflujetti  à 
perfonne  ,  &  de  joiiir  d'une 
parfaite  liberté.  Celui  qui  eft 
touché  du  défir  des  biens  du 
ciel  ,  &  qui  ne  compte  pour 
rien  les  biens  de  la  terre ,  joiiit 
des  icy  pour  fa  récompenfe  , 
de  l'avantage  d'ctre  au  deflus 
de  toutes  fortes  de  maux  &  de 
déplaifirs. 

C'eft  une  humiliation  indi-       ^^9» 
gne  d'un  Dieu  de  s'être  faiz  """'^'if ''^'î^ 
homme  .  de  s'être  revêtu  de    °  J*..  >,  *" 
la  forme  de  fcrviteur  ,   d  a-  bonté. 
voir  parlé  fi  baflement  de  foy , 
&  d'avoir  fouffert  que  les  au- 
tres en  parlaifent  de  même  : 
tout  cela  certes  eft  bien  indi- 
gne de  Dieu,  fi  l'on  regarde 
fa  grandeur  &  fa  majefté  ;  mais 
d'ailleurs  il  eft   vray   de  dire 
que  tout  cela  eft  en  effet  digne 
de  lui,  fironconfiderel'excèj 
de  fa  bonté  &  de  fa  clémence. 

Pourquoy  pleurer  les  morts,       6é<y, 
aufquels  nos  larmes  font  inu-     Ne  pleure^ 
tiles?  Pleurons  plutôt  les  vi-  qu^^^vi- 
vans  qui  peuvent   encore  fe^^"^' 
corriger.  Mais  peut-être  qu'- 
ils fe    rient  de  nous   quand 
nous  les  pleurons  i  aufïi  eft- 
ce  pour    cela  même    qu'ils 


jxa  Des    Home 

rient  de  ce  qu'ils    devroient 
pleurer  5  qu'ils  méritent  qu  on 
les  pleure. 
^^  L'amour  des  richefles  eft 

T^rannicde  bien  plus  pernicieux  &  plus 
l'avarice,  puiilant  que  le  démon  même; 
&plufîeurs  lui  obéifTent  bien 
plus  aveuglément  que  les 
payensn'obéifl'encàleurs  Ido- 
les. Car  il  y  en  a  plufieurs  qui 
n'obéiflent  pas  en  tout  au  dé- 
mon qui  eft  dans  leur  idole  i 
mais  les  avares  ont  une  défé- 
rence fans  referve  pour  tout  ce 
que  leur  cupidité  leur  fuggere. 
Si  l'avarice  leur  dit  :  Soyez  en- 
nemis de  tout  le  monde ,  ou- 
bliez les  fentimens  de  la  natu- 
rejméprifez  Dieu,  offrez-vous 
à  moy  en  facrifice  :  ils  obéif- 
fent  à  l'heure  même.  Les  ido- 
les fe  font  facrifier  des  bœufs  j 
mais  l'avarice  demande  à  Tes 
adorateurs  de  luifacrilier  leurs 
propres  âmes  ,  &  elle  les  per- 
fuade  de  le  faire. 

Comme  la  bonne  vie  eft 

~66i.        inutile  quand  elle  eft  jointe  à 

Bonne  vie  une  dodrine    d'erreur  :  aufli 

jbutilefans  la  la  fajne  dodrine  eft   inutile, 

bonne  doari-  ^^^j^^j  ^Hg  gft  JQ^^te  à  une  vie 

^'  dépravée. 

66"^.  La  vie  préfente  eft  pleine 

Vanité  àt$  de  beaucoup  de  douceur ,  de 

tiens  prcfens.  plaifir    &   d'agrément;    non 

pas  pour  tous  ,    mais  feule* 


LIES 

dumcùm.  rident  quoi 
flendum  effet. 


que 


Ho  m.  64.  D<e- 
mone  gravior  e/?/>«- 
cuniarum  cupiditas  y 
eut  multi  magis  ohe- 
difitit ,  quàm  un  idû" 
lis.  IIU  enim  in  mttl* 
tis  non  parent  i  huis 
vero  in  omnibus  ;  Ci?* 
(juodcumqtte  facien^ 
dum  fug^erit ,  obfe-^ 
quftntar.  Quid  dtci^ 
avaritia  ?  EJIo  om* 
nibus  inimicus ,  obli» 
vifcere  naturam  , 
contemne  Dettm ,  fa" 
crtficium  mihi  te  ip- 
fum  ojfer.  Di6îo  ci- 
tius  parent.  Et  ido^ 
lis  quidem  boves  fa.» 
crificant  ;  avaritia  ;. 
ojfer  mthi  animant: 
tuam  3  inquit ,  C 
perfuadet. 

Homil.  6^.  Ni- 
hil  prodefl  vita  bona 
cumprava  doélrina  : 
ut  contra  ,  nihilfana 
doâîrina  cum  vita 
corrupta. 

Homil.  66.  Dut' 
cis  pr<£fens  vita  ej}\ 
Çp*  mhlt£  plena  vo- 
luptatii  ;  non  tamçn^ 


Sur    s.    Jean.  jij 

êmmhus  ^  feâ  ils  qHi  ment  pour  ceux  qui  font  at- 
tachez aux  chofes  terreftres. 
Car  s'ils  confideroient  quels 
font  les  biens  du  ciel  >  ils 
mépriferoient  facilement  les 
biens  de  ce  monde  ,  &  ne 
les  regarderoient  que  comme 
un  néant.  Ainfi  on  n'admire  la 
beauté  d'une  chofe  tant  que 
l'on  n'en  voit  point  de  plus 
belle  j  nuis  dès  que  nos  yeux 
déct)uvrent  quelque  choie  de 
plus  excellent ,  nous  commcQ- 
^onsàiaméprifer. 


terrenis  rébus  affi- 
guntuf.  Quodfiqmi 
Cilum  fufpiceret ,  O* 
quàt  illic  fttnt  bon  a 
eontemplaretur ,  fta- 
tim  h/ec  contemnerety 
tanquam  ntêllius  mo" 
menti  :  fient  'O'  cor- 
porum  pulchritudo  , 
quoad pulchrius  quid 
non  dfprehendiiur  m 
admiratione     habe- 


tar  j  càm  veto  excel- 
hntiui  apparuerit  y 
illaprior  defpiatttr. 

Non  ità  Ua/phc" 
matur  Dem  ab  im- 
fio  gennh  y  ut  à 
ChriJ}iano  .  .  .  Om- 
nia  ergo  peccata 
Z'itemus  ,  maxime 
Vero  qute  publicè 
nocent  ,  in  quibus 
pracipuè  Deus  blaf- 
phematur. 

Homil.  62.  Om- 
nia  quidem  nohîsfmit 
fitgienda  necejfario  , 
qit£  animam  corrum- 
punt  i  fed  illa  longe 
tnagis  ,  quj£  plura 
peccata  exfcpariwn. 
Ut  avaritia ,  exempli 
gratta ,  per/e  gravis 
tnorlHS   ej}  i   lon^è 


Dieu  n'eft  point  deshonoré 
par  l'impiété   d'un  infidelle 


66^, 
Mauvaifs  vie 

comme  .1  l'eft  par  \^  ^■^^r^- ^^iÂoZ 
vaife  Vie  d  un  Chrétien  Ayons  ^g  Y)\tMn 
donc  prmcipalement  foin  d'é- 
viter les  péchez  publics  & 
fcandaleux,  qui  font  que  Dieu 
cftbiafphemé&deshonorépar 
les  gens  du  monde. 


66^. 

E  virer  Ai?'» 


Il  faut-fnir  tous  les  péchez 
qui  corrompent  Tame  ,  mais 
principalement  ceux  qui  en  tout  les  pe- 
engendrent  encore  plufieurs  <^hez  capi- 
autres.  L'avarice ,  par  exem-  ^^"^* 
pie  j  eft  d'elle-même  un  grand 
péché  ;  mais  elle  eil  encore 
bien  plus  mauvaife  en  ce  qu'- 
elle eft  la  racine  &  comme  la 
raete  de  tous  les  maux.    L^. 


$24  Des    Home 

Taine  gloire  ell  aufli  de  cette 
nature. 


"€66. 

11  eu.  plus  ai- 
fé  de   ne  pas 


tomber 


que 


«le  fe  relever 


L'humilitc 
«ft  grandeur 
d"anis,    5C 
l'orgueil, 
kail«ffe. 


'66%. 
Ixempledes 
mauvais 


Ceft  un  grand  malheur  que 
de  tomber  dans  le  dernier 
abyme  du  péché  ,  &  dans  cet 
état  déplorable  où  Tame  de- 
vient comme  incorrigible. 
Ceft  pourquoy  il  n'y  a  rien 
que  nous  ne  devions  faire 
pour  éviter  ce  précipice.  jCar 
ileftbien  plus  facile  de  s'em- 
pêcher de  tomber  ,  que  de  fe 
relever  quand  on  eft  tombé. 
Ceft  ce  qu'on  apprend  dans 
l'exemple  de  Judas  j  quinon- 
obftant  tous  les  fecours  qu'il 
eut  après  fa  chute  ,  ne  s'en 
releva  jamais. 

Si  vous  voulez  vous  élever 
à  une  véritable  grandeur  d'a- 
me ,  je  vous  en  montreray  le 
chemin  :  car  vous  ne  le  fça- 
vez  pas.  Quiconque  délire 
avec  ardeur  les  chofes  pré- 
fentes y  parce  qu'il  les  eftime 
grandes  &  avantageufes  ,  fait 
alfez  voir  qu'il  a  Tame  baffe. 
L'humilité  n'eft  donc  jamais 
fans  une  vraye  grandeur  d'a- 
mciny  l'orgueil  fans  bafleife 
&  petitefle  d'efprit. 

Ceft  nous ,  mes  frères  , 
c'eft  nous  qui  forames  véri- 
tablemenc  câufe  que  les  in- 


LIES 

gravior  quià  rad^x 
ejt  c?*  mater  omnium 
malorum  ;  ejufmodi 
eft  tnanii  gloria, 

Hom,  70.  Gra' 
vifftmum  y  in profun' 
dum  vitiorum  deci" 
dere  ;  ferè  enim  ani- 
ma incorrinbilii  red' 
ditur  i  ideo  omnia 
faciendafunti  ne  à 
prttcipitio  capiamur. 
Faciliits  enim  eft  non 
cadere  ,  quàm  poft 
cafftm  refhrgere.  Con- 
templare  poftqttàm 
Jtiiai  àilapjus  eft  , 
quantum  habuit  atk- 
xilium  ,  C  «»«- 
<lHam  reftirrexit. 

Si  veram  elatia- 
nem  concuptfcis ,  hîc 
ego  t&  viam  doceho  j 
non  enim  ncfti  ;  qui 
rehtts  pr^fentibus 
tanquam  magnis  tn- 
htatj  is  vihi  eft  ZJ* 
abjeéïi  animt.  Ita- 
que  nttnquam  humi- 
litas  eft  fine  magniiu- 
dine  animi  j  neque 
fttperhia  fine  pufilla- 
mmiiate^ 

Homil.  71.  ia 
cap.  13.  Nosfumui 
cattfa  ,  nos^  inquam». 


Su 

lit  infiielei  in  errore 
permaneant.  Jam 
pridem  doflrinam 
fuam  damnafj'ent ,  CT' 
vo/tram  approl?aJJent, 
nifivita  nojfra  retra- 
herentur .  .  .  Itaque 
horum  nos  panai  da- 
himus  5  nonfoliim  eo- 
rumqu^  ipjîcommi- 
fimus  ^  fed  quorum 
autores  fuimtts  ,  ut 
Dei  nomen  blafphe- 
rnaretur. 

lîom.  y  i.Quiddi- 
lis  5  Petre  ,  Chriflo 
âicenti  ?  Non  potes 
fequi  modo ,  tepo/- 
fe  dut  s  ?  Expert  entia 
cognofces  nihil  ejjfo 
dileéïionem  tuam  ) 
ttifi  adjît  ccclefln 
gratta.  Vnde  confiât 
hune  cafum  Jefum 
pro  ipjïus  utilttate 
permijîjfe.  NamcUm 
ajfertioni  fu<e  fiaret 
Éetrtts  fervore  quo- 
dam,  non  quidem 
impHit  ad  negan- 
dttm  j  fed  iefertum 
relinqmt  >  »t  fuam 
ipfe  intelligeret  im- 
èecilUtatem. 

Homil.  74»  in 


R      S.      JeAK.  JljT 

fidelles  demeurent  dans  leurs  Chrétiens 
erreurs  :   &  ils  auroient  déjà  "ufe delob- 
renoncé  à  leur  faufl'e  religion  ,  f^'^^g^",  '^'^ 
&  embrafle    notre  croyance  ,  " 
s'ils    n'en   étoient  empêchez 
par  notre  mauvaife  vie.  C'eft 
pourquoy  nous  ferons  punis  , 
non  feulement  pour  nos  pé- 
chez   propres  ,  mais   encore 
pour  avoir  été  caufe  de  ceux 
que  les  autres  ont  commis  , 
&  de  ce  que  le  nom  de  Dieu  a 
été  ainfi  deshonoré. 

Que  répondez- vousjPierre,    c  p-^* 
à  ce  que  vous  a  dit  J  E  S  U  S-  bandonnr'à 
C  H'  R  I  S  T  que  vous  ne  le  la  foiblelle  , 
pouvez  pas  maintenant    fui-  pour    guérit 
vre  ?  Vous  dites  que  vous  le  fa  préibra- 
pouvez    :    cependant    votre  ?"°"» 
propre    expérience  ne   vous 
fera  que  trop  connoître  que 
votre  amour  ne  feroit  rien  , 
fi  la  grâce  divine  ne  le  foû- 
tenoit.  Auffi  J  E  S  U  S  ne  per- 
mit la  chute  de  cet    Apôtte 
que  pour  fon  bien.  Car  ayant 
vu  la  hardieffe  avec  laquelle 
il  s'appuyoit    fur   une   indif- 
crette    ferveur   dont  il  étoit 
animé ,  il  ne  le  porta  pas  à  le 
renoncer ,  mais  il  l'abandonna, 
afin  de  lui  faire  reconnoître  à 
lui-même  quelle  étoit  fa  pro- 
pre foibleflë. 
Pourquoi  le  faint  Efprit  ne    pfj;^^  j. 


^'i6  Des    Homélies 

defeente    du  defcendit-il  point  furies  Ap6-    cap 
s.  Efpritdif-  très  aulfi-tôc  après  la    réfur- 
ferée  après  la  re<ftion  du  Sauveur  ?  Afin  que 
tifurreaion,  l'attente  de  fa  venue  leur  inf- 
pirât  un  plus  ardent  défir  de 
le  recevoir.    Car   tant  qu'ils 
avoient    JE  SUS-CHRIST 
avec  eux  ,  ils  n'étoient  pas 
dans  Tafflidion  j  mais  quand 
ils  s'en  virent  abandonnez  , 
ils  furent  faiûs   de   crainte  , 
&  commencèrent  à  fouhaiter 
fa  venue  avec  une  extrême  ar- 
deur, 
^i»  L'ignorance  rend  une  ame 

Funeftes  Tui- tin^ijg  ^  fojbie  &  efféminée  i 
tes  de  \  igno-  ^^  j-^^  ^^^  l^  connoillance 
des  chofes  divines  la  rend  cou- 


lance  des 
chofes  de 
Dieu. 


rageufe,  forte  &  fublime. 


éjl. 


la    fin  de  la 
vertu. 


Tout  le  bien  que  nous  au- 
Malheurrons  fait  n'obtiendra    fa    ré- 
d'une  ame     compenfe  qu'à  la  fin  de  notre 
quidéchoit  a  y-g  .  ^^^^  ç^  ^^^^^  ^^  terme 

nous  étions  afléz  malheureux 
pour  tomber  dans  le  péché  , 
nous  ferions  femblables  à  un 
navire  ,  qui  au  retour  d'un 
grand  voyage  périt  à  l'encrée 
du  port',  &  dont  la  perte  cft 
d'autant  plus  grande,  qu'il  fe 
trouve  chargé  de  plus  de  ri- 
chefîés ,  &  qu'on  aura  fouffert 
plus  de  travaux  &  plus  fait  de 
■iiépenfes  pour  le  conduire  à 


14.  Chï"  non 
J}atim  poji  refiirre- 
{lionem  ,  fpintm  , 
venit  ?  Ut  expefia' 
tionis  dejîderio  ma» 
jongratia  eum  acci- 
perent  Ququfque  e- 
nim  cum  ipfn  Chrijlus 
verfatm  efl ,  non  af- 
fii^abautttr  ;  eo  abe' 
unte  tanqHam  deferti 
formidantes  ,  majo' 
rem  in  modum  cum 
accipere  avehant. 

Homil.  75.  T/'- 
midam  C7'  effemirja- 
tam  animam  ignom 
rantia  efjflcit  ;  q»em- 
admodàm    maznam 

o 

e?*  fublimem  c^lejiis 
doflrinte  erudiUo. 

Homil.  76.  Ont- 
nia  bon<t  tune  mercC' 
dem  hahent  j  CHm 
debitum  Jinem  con^ 
feqHuntur.  Quod  fi 
intérim  qitis  decide- 
rit ,  naufiragium  in- 
currtt  i  fient  navis 
ianumeros  veheni  , 
mfi  adportum  appel- 
Ut  ,  fed  in  medio 
pelagafuhmergatur  , 
non  modonihilei^ro* 
ficH  longa  navigatioy 
fid  tatnl    majorem 


Su 

facitjaSîuram ,  quan 
to  majores  laèores 
ftibiit  i  ità  CT*  qu£ 
fiib  Uborum  finem  , 
CT'  cjuig  in  medio  cet" 
tamtne  corruunt  ani- 
m/i ,  gravion  cafa 
concutiuntur. 

Oportet  in  rébus 
gravibus  e?*  mole- 
ftis  ,  non  labores  ,/ed 
pramia  con/îderare  : 
ficut  mercatores  non 
maris  pericula  y  fed 
lucrumfpeClant  ;  itâ 
&  nos  calitm  & 
Dei  prsfenttam. 


Corpus fitum  dédit 
ttbi  Chrifius  ^  pre- 
ciojlfjîmum  fangui- 
nem  ;  tt*  nec  potum 
das.  At  femel  dedi- 
pl  ?  Non  ejl  h<ec  ela- 
emoftna.  N/fî  enim 
quoufque  habes  indi- 
genti  fubvenerîs  , 
HHnquam  debitum 
impleveris.  Namc^ 
Virgines  habentes 
lampades  habebant 
oleum  ,  fed  non  ad 
fu^ientiam. 


l      S.      JfiAN.  517 

bon  port.  Ainfi  la  chute  des 
âmes  qui  tombent  au  milieu 
ou  à  la  fin  de  leur  courfe  ,  en 
eft  beaucoup  plus  grande  & 
plus  déplorable. 


Dans  les  chofes  pénibles  8c      ^73. 
difficiles ,  ce  n'eft  pas  le  tra-       Regar.ler 
vail  qu'il  faut  regarder  ,mais  "°"'^  vnnç, 
la  récompenfe  ,•  de  même  que  ^/J^  ^^J^"" 
les  marchands  ne  confiderent  * 

pas  les  dangers  qu'ils  courent 
fur  la  mer  ,  mais  le  profit  qu'- 
ils tireront  de  leur  commerce. 
Il  ne  faut  donc  regarder  que 
le  ciel ,  &  Dieu  qui  nous  eft 
toujours  préient. 

JESUS -Christ  vous  a      ^74, 
donné  Ton  faint  corps  6ç  fon      Perfevercî- 
très-précieux    fang  5   &.vous  dansl'éxerci 
ne  donnez  pas  feulement  un  cedeTaumô 
verre  d'eau  aux  pauvres.  J'ay  "^•* 
fait  une  fois  l'aumône,  me  di- 
rezvous.  Cela  ne  mérite  pas 
le  nom  d'aumône.  Car  fi  vous 
ne  la  faites  autant  que  vous 
aurez  de  quoy  la  faire ,  vous 
n'accomplirez  jamais  les  de- 
voirs aulquels  vous  êtes  obli- 
gé envers  le  prochain.  ÇEt  en 
effet  ces  vierges  que    l'Evan- 
gile appelle  folles ,  avoient  de 
l'huille    dans    leurs   lampes , 
mais  elles  n'en  avoient   pas 
allez. 


3i8  Des    Homël 

^75 .  Voulez- vous  fçavoir  la  eau- 

Avarice  ,  fe  de  votre  dureté  &  de  vo- 
fource  de  la  ^^g    inhumanité     envers    les 
iuretcenvers  p^uyj-gs  p   C'eft  que  ceux  qui 
ks  pauvres-    ^^^  avance  amaltent  du  bien  , 
ont  grande  difficulté  à  le  ré- 
pandre en  aumônes.  C'eftquc 
ceux  qui  ont  coutume   d'ac- 
croître leur  bien ,  ne  peuvent 
fe  réfoudre  à  le  dépenfer.  Et 
d'ailleurs  comment  voudriez- 
vous  que  celuy  qui  ne  penfe 
qu'à  s'approprier  le  bien  d'au- 
truy  ,  fut  bien  dilpofé  à  don- 
ner le  fien  f 

676.  Ne  voyez-vous  pas  que 
Pauvres  Uif-  Dieu  a  voulu  que  toutes  cho- 
fez  en  faveur  fg5  fu0ej^t  communes  entre 
des  riches,     j^^    hommes  ?    Et  que  s'il  a 

permis  qu'il  y  eût  des  pau- 
vres ,  ce  n'a  été  qu'en  faveur 
des  riches  ,•  afin  qu'ils  euflent 
moyen  de  racheter  leurs  pé- 
chez par  les  aumônes. 

677.  Quand  nous  ou  quelqu'un 
Ne  s'affliger  de  nos  frères  tombons  en  quel- 
que du  péché  que  péché  ;  c'eft   alors  qu'il 

y  a  fujet  de  s'affliger.  Mais 
quand  nous  ne  tombons  que 
dansquelquedifgrace  du  mon- 
de ;  il  eft  très- inutile  de  s'en 
attnfter. 
^7^'  Nousnefommesencemon- 

Ne  fe  point  j^  ^^^  comme  des  hôtes  & 
ÎTe'du'mépr's  ^es  voyageurs  ^  c'eft  pourquoy 
qu'on  fait  de  i^s  dilgraccs  qui  nous  y  am- 


I  es 

rultis  dicam  caw 
Jam  inhumanitatii  ? 
Qui  per  avaritiam 
congregant,  aielee- 
mofynam  pigri  funt. 
Qui  ità  lucrari  dtài- 
ctt ,  ne/cit  expendere, 
Quomodo  enim  qui 
rapirue  inlnat  ,  ad 
contrarium  Je  forma- 
bit}  Qui  aliéna  ac' 
cipit  5  quomodo  fiM 
dare  polerit  ? 


Nonne  vides  quo* 
modù  omnia  nobis 
communia  patuit 
Dem  ?  Si  pauperes 
effe  permijît  ,  etiam 
hoc  divilum  gratta 
faSlum  ejl ,  ut  per 
eUemoJynam  peccattt 
pofflnt  abluere. 

Homil.  77.  Cùm 
vel  nos  5  vel  proxi- 
mi  peccant  ,  tune 
triftandum  efl  i  cùm 
autem  in  humanos 
cafus  incidtmus ,  inu- 
lilis  tune  trijinia. 

Hom.  78.  Hof- 
pites  fumus  &  ad- 
venue   :   nulU    nos 
molefîix  angant.  Ne* 
que 


R    S.    Jean.  329 

vent  ,  ne  nous  doivent    pas  nous  en  ce 


Su 

^ue  eniin  fi  ex  cla- 
njjîma  patria  ,  CT* 
clarifjîmis  ortus  pa-    quitté  un  pais  célèbre  où  vous 


être   fort  pénibles.   Si  ayant '"°"^'-^'  °" 


rentibuss  in  lonHn- 

o 

^uam  regionem  ne- 
mini  notus ,  abires , 
CT*  te  qmfpiam  con- 
tumelia  ajjiceret  , 
agre  ferres  ac  fi  ta- 
it a  demi  fièrent .., , 
IfiucL  etiam  mute  co- 
gita 3  quod  peregri- 
nuses,  CT*  riihil  eo- 
rum  qtt<g  in  hac  pe- 
regrinatione  fittnt ,  te 
p^YtHrbet.  Civitatem 
habes  ,  cujus  opifex 
CT*  autor  Deus  efi  , 
qub  brevi  accerfi- 
mur.  Qui  v»lt  pt*l- 
fet  »  maledicat  ,  pe- 
xegrini  fumtis  :  gra- 
ve effet  inpatria  tn- 
ter  cives  ea  perpeti 

....  D/C,  qi*£fo  ,  fi 
qmi  praventensfer- 
VOiftioi  aliquanittlum 
in  diverforio  morare. 
tur  ,  CT*  qmfpiam  in 
incognimm  illum  ex- 
afperaretur  ^male- 
diceret  >  nonne  illiui 
ignorantiam  rideret  ? 
ISlonne  errortlle  ma^ 
^s  hominem  deleila' 
m  ? . . .  Ità  ^  nos 

Tom.  I; 


nous  ns  fom- 
^  .    ,,-  .-        c         -1     "les  qu'é. 

êtes  ne  d  une  maiion  tort  il-  t-an4rs. 


luftre  ,  vous  aviez  pafle  dans 
un  autre  pais ,  où  n'étant  con^- 
nu  de  perfonne  ,  vous  auriez 
reçu  quelque  outrage  3  il  eft 
certain  que  vous  n'en  feriez 
point  touché  ,    comme  fî  ce 
malheur  vous  étoit  arrivé  dans 
votre  pais  ,  &  au  milieu  de 
vos  parens  &  de  vos  amis.  De 
même  fi  vous  êtes  bien  per- 
fuadé  que  vous  n'êtes  ici  que 
comme  un  voyageur  &  un  é- 
tranger,  rien  ne  fera  capable 
de  vous  troubler  dans   votre 
voyage.  Vous  avez  une  patrie 
&  une  cité  dont  Dieu  même 
e(l  le  fondateur ,  &  à  laquelle: 
vous  devez  bientôt  vous  ren- 
dre. Nous  maltraitte  &  nous, 
injurie  qui  voudra  -,  nous  ne 
fommesquc  des  palfans.  Touc 
cela  ne  nous  feroit  dur  &  dif- 
ficile â  fupporter  que  dans  no- 
tre pais  ,  &  entre  nos  conci- 
toyens. Suppofezpar  exemple 
qu'une  perfonne  de  qualité  ar- 
rivant avant  fon  train  à  l'hô- 
tellerie 3  y  fut  traité   incivi- 
îement  &  avec  injures  par  quei^ 
qu'un    qui  ne  le   connoîtroit 
pas  ;  cette  méprile  ne  le  div€r- 
tiroic  -  ii  pas  plutôt  que  de  k 


^lo  Des    Hqmë 

fâcher  ?  Faifons-en  Je  même  : 
nous  fommes  en  ce  monde 
comme  dans  une  hotelerie  où 
nous  attendons  ceux  qui  nous 
doivent  tenir  compagnie  du- 
rant le  voyage  de  cette  vie. 
Quand  tous  feront  arrivez  , 
alors  les  méchans  reconnoî- 
tront  qui  font  ceux  qu'ils  au- 
ront icy  maltraitez  j  lis  baif- 
fcront  la  vue  de  honte  ,  & 
s'écriront  avec  une  extrême 
confufion  :  Foilà  ceux  dont  nom 
avons  été  ajjeyfoftx  de  nous  moc- 
quer ,  c^c. 

éyp.         Je  sus-Christ 'nous 

Prier  dans  ayant  donné  Tes  inftrudions 
la  tribulatiô.  fur  la  patience  ,  palfe  aulTi-tot 
à  la  prière  ,  pour  nous  appren- 
dre que  quand  nous  fommes 
tentez,  nous  devons,  préfe- 
rablement  à  toutes  chofes ,  re- 
courir à  Dieu. 
^3o.  Nous  apprenons  de  la  ma- 

Comment  il  niere  dont  JESUS  -  CHRIST 
raui  piiei.  ^ç  comportoit  en  fes  oraifons  , 
combien  il  faut  que  nous 
foyons  attentifs  dans  nos  priè- 
res ;  élevant  au  ciel  non  pas 
tant  les  yeux  du  corps  que 
ceux  del'efprit,  fléchiifant  les 
genoux  j  &  brifant  nos  cœurs 
de  douleur  &  de  contrition. 

42^.  Ceux  qui  par  lâcheté  &  par 

Qi'.d  mal-  parefîe  manquent  à  Caire  ks 


LIES 

faciamus ,  in  diver^ 
Jorio  fedemus  expC' 
fiantes  hujus  vU  fo-' 
cios.  Cùm  omnei  con- 
veniemûs,  tune  qifos 
Uferint ,  intelligent , 
tune  dejicieni  oculos  y 
tune  erubefcentes  di- 
cent:  Hifunt  quos 
ftultè  habuimus  in 
derifum. 


Homil.  7p.  Cfjrif 
Jius  pofl  aàmonitiû- 
nem  de  ^atientia  ,  ad 
orationem  converti" 
tur  y  erudiens  nos ,  ut 
in  tsntatiomhus  om^ 
nibus  omifjîs  aà 
Deum  confugtamus. 

Per  ea  qute  Chri- 
fiusgcfjit  in  oratione 
erudimur  atteniio~ 
nem  in  orationihus 
aàhibendam  i  ut 
fiantes  fufpiciamus. 
non  ocults  carnis 
tantum  ,  fed  mentis  i 
Çp*  ut  fleéîamus  ge- 
nua i  conterentes cor» 
da  nofira. 

Profef}o  innume^ 
ris  funt    lachrj/mii 


Su 

profeqmndi ,  qui  tan- 
la  propoftn  gloria 
dejtdia  O*  fomno  fi' 
èi  ipfis  defieiunt.  Et 
qttamvis  gehenna 
non  effet  3  adhuc  ont' 
nium  ejjhtt  miferri- 
mi  ,  quibus  cum  li- 
ce at  una  cum  Ftlio 
Deiregnare^  Çp'glo- 
rificarp  ^  tantu  fi:  ip' 
foi  boms  defraudant. 


Terram  nutrimus , 

corpus  faginamtis  , 
animam  veto  con- 
temmmus.  Rerum 
necejjartarum  nullâ 
rationem ,  fupcrflua^ 
rum  e?*  tnanium plu- 
rimant   babemm. 

Quanio  pUra  am- 
plefleris ,  tanto  ma- 
gis  tua  derogas  liber* 
tati.  Vera  namque 
libertas  ejl  ,  nulla  re 
indtgere  :  in  fecundo 
hco,  minirrAs. 

Homil.  80.  Om- 
nta  munda  facit  elee- 
mojyna.  Hxc  jeju- 
nium ,  h£c  humi  dor- 
mire  exttpcrat  y 
çiHamvis    molefiora 


Soins  fuper- 
flus. 


R    S.    Jean.  ^31 

eftbrts  qui  font  néceffaires  pour  heur  de  psr- 
obtenir  la  gloire  infinie  qu'ori  flre'eCirlpar 
leur  propofc  ,  ne  font-ils  pas  g^j^cV  *^°'*' 
dignes    d'être   pleurez    très-  "" 
amèrement  ?  Car  quand  il  n'y 
auroit  point  d'enfer  pour  eux  , 
ils  feroient  encore  les  plus  mi- 
fcrables  de  tous  les  hommes  , 
de  ce  qu'ayant  pu  régner  avec 
le  Fils  de  Dieu  dans  le  royau- 
me du  ciel  ,  &  de  jouir  avec 
luy  d'une  gloire  incompréhen- 
fible  5  ils  fe  privent  eux-mê- 
mes   miférablement    de^  cev 
biens  fî  excellens. 

Nous  ne  penfons  qu'à  nour- 
rir la  terre  ,  8i  qu'à  engrailfer 
un  corps  mortel  ,  &  nous  né- 
gligeons notre  ame.  Nou5 
n'avons  nul  foin  de  toutes  hs 
chofes  utiles  &  l'écefTaires  -,  & 
nous  en  avons  beaucoup  dQ& 
inutiles  &desfuperfluë5. 

Plus  vous  recherchez  de 
chofes  ,  plus  vous  diminuez  Vraie  ubert» 
votre  liberté  :  parce  que  la 
vraye  liberté  eft  de  n'avoir 
befoin  de  rien  :  ou  au  moins 
de  n'avoir  befoin  que  de  peu 
de  cliofe. 

L'aumône  purifie  toutes- 
chofes  :  elle  excelle  au  defliis 
des  jeûnes  &  des  mortifica-  ^  i't'^'i«^é  di 
tions  corporelles  ,  quelque  ^  ^"'"^nei 
pénibles  quelles  puifîent  être. 
Elle  éclaire  l'ame  ,  elle  kty- 
£e  ij 


6Bs. 


Excellencô^ 


C'crft  une 
honte  à  un 
difcipie  de  J. 
C.  de  ne  pou- 
voir fouffrir 
les  injures. 


Souffrir  les 
rea'ivaistrai- 
temens  ;.uftes 
ou  injuftes. 


35&  Des*    Home 

donne  un  véritable  embon- 
point ,  elle  la  rend  belle  aux 
yeux  de  Dieu. 


N^eft-ce  pas  une  chofe  ri- 
dicule &  indigne  d'un  chré- 
tien 5  de  ne  pouvoir  pas  fup- 
porter  la  moindre  parole,après 
que  JESUS- Christ  a 
enduré  pour  lui  tant  de  maux 
&  d'indignitez  ?  Il  a  fouftert 
les  crachats  &  les  mocqueries  ; 
&  vous  ne  penfez  qu'à  vous 
parer  des  plus  baux  habits  ^  & 
files  hommes  ne  vous  loiient, 
vous  vous  eftimez  miférable. 
J  ES  u  s  -  C  H  R I  s  T  a  été  ac- 
cablé de  malédidions  ,  d'op- 
probres ,  &  des  plus  fanglan- 
tcs  injures  ^  &  vous  au  con- 
traire ne  cherchez  qu'à  vous 
attirer  l'eûune  ,  l'honneur ,  & 
les  loiianges  de  tout  le  monde , 
fans  vouloir  fouffrir  la  mom- 
dre  des  hontes  que  notre  Sei- 
gneur a  endurés. 

Pourquoi  vous  affligez-vous 
fi  fort  ?  Si  votre  frère  vous  a 
offenfé  injuftement  ,  vo:iS  en 
devez  ètic  d'autant  moins  fâ- 
ché :  ou  plutôt  vous  devez 
avoir  d'autant  plus  pitié  de 
luy.  Et  fi  c'eft  vous  qui  avez 
tort ,  cela  vous  doit  obliger  à 
le  trouver  moins  mauvais ,  & 


LIES 

CT*  labonojjora  Jînt 
tlla  ;  h£c  tamen  Ih- 
crofior.  Illuminât 
animant  ,  faginat  ^ 
pitlchram  reddtt, 

Homil.  8i.  in. 
cap.  i8.  Nonne per- 
abjuràum  ~C  indi-^ 
gnum  ejl ,  Jt  Chrî- 
J}t*s  pr opter  te  tôt  iw 
àigna  fujlinuit  ,  tit 
ne  verha  cjmiemfef^ 
pe  perpett  poffs  ?  liie 
infputus  efl  ,  tH  te 
veflibui  ornas  C7'  an» 
nuits  ;  CT*  fi  non.  a- 
pud  homines  lattda- 
m,  mif^ram  te  ci- 
tam  viveré  arbitra'^ 
ris  Chrtpm  oppro" 
hrits  CT"  maledifUs, 
ajf.citur ,  ad  derifiim. 
alapis.  c^ditur  j  tié. 
omnibus  laudem  ca- 
ptas C^  non  fers  op- 
probria  Chrtjii. 

Quid  tantUm  do- 
les  ?  Si  immerito  te 
contumelia  afficit  j^. 
tante  minus  tibi  eji 
dolendum  s  imoilliux 
magis  mtfereri  opor- 
teret  :  fin  jure  ,  tan- 
toaquiori  animo  tO" 
krandum ....  Nam 


Su 
tierha     perturhent , 
fed  vitam  emenda. 


Homil.  85.  in 
cap.  J5>.  Nihiladeo 
Veum  plaçât  y  utini^ 
micorum  dileélio,  C 
cura  eiibenefaciendi, 
Càm  quii  teperfe- 
^Httftr  ,  non  ipfum  , 
fad  décmonem  infli^ 
gantent  cvnjîdera  j 
O"  adverfm  iilum 
tram  évacua  ;  CT* 
ejus  mijerere  qui  ha 
à  diabolo  irritetur 
à  quo  fi  mendacium 
oritur  ,  multo  tnagis 
C?*  injujla  ira. 


"Neque  enim  fides 
fujjiciem  efl  ad  re- 
^num  confequendum, 
fed  magis  perperam 
viventei  condamna- 
hit. 

Difficile  efl  veram 
fapientiam  invenire. 
Qttaiiam  gratta  ? 
Remédia  Scriptura- 
ri*m  negligimus  ^  ne- 
que  cum  contritione 
ils.  (UUndimtis  »  fed 


6S7- 
Pouvoir  de- 
la  dileflion 
des  ennemis. 


688. 


R    S.    Jeau.  3jj 

aiiifi  à  le  fupporter  plus  pa- 
tiemment. Ne  vous  troublez 
donc  point  de  ces  injures  ; 
mais  corrigez-vous. 

Rien  n'eit  fi  puiflant  pour 
appaifer  la  colère  de  Dieu  en 
notre  faveur  ,  que  l'amour 
pour  nos  ennemis,  &  le  loia 
de  leur  faire  au  bien. 

Quand  quelqu'un  vous  per* 
fecute  j   ne  le  confîderez  pas  Nes'enpren» 
tant  comme  i*auteur  du  mal  <^^^  qu^au 
que  vous  recevez  ,  que  le  dé-  démon  quand 
mon  qui  le  pouffe  contre  vous:  ""  horr.m»- 

■    /-  ",  n     '  I     î  '  nous    outra» 

ainli  c  encontre  le  démon  que 

vous  devez  décharger  tout  vo- 
tre chagrin  ;  &  n'avoir  que  de 
lacompaflionpour  celui  auquel 
il  infpire  FeCprit  de  colère  : 
car  comme  le  raenfonge  vient 
du  démon  5.il  ne  faut  pas  dou- 
ter que  1^  colère  n'en  vienne 
aulTi. 

Il  faut  fçavoir  que  la  foy       685».' 
feule  ne  fuffit    pas  pour  être     Foy    tc.ite 
fauve  5   &    qu'elle  ne  fervira  feule  inutile. 
quaattirer  une  plus  rigoureu-      ^^^^^^  ^^, 
fe  condamnation  fur  ceux  qui^î/^^Vj^^gj^ 
vivront  dans  le  péché. 

Il  eft  très-difficile  de  par-       ^po. 
venir  à  la  vraye  fagelfe.   Et      ignorance 
comment  en    effet    l'obtien-  de  l'Ecriture 
drions  nous    ?    Nous    ncgli-  pemicieufe. 
geons  le  plus  puiffant  moyen 
pour  y   arriver   ,   fçavoir  les 
écritures  divines  j  nous  ne  le^ 


M  éditer  la 
moit. 


baptême  & 
Euchariftie 
marquez  par 
k  fang  àC 
l'eau  du  côté 
de  J.C. 


5J4  15  ES    Ho  M 

lifons  point  avec  l'attention  ni 
la  contrition  du  cœur  que  nous 
devrions  j  mais  nous  jettons 
légèrement  la  vue  delRis  & 
fans  application.  Auffi  quand 
il  nous  furvient  quelque  acci- 
dent fâcheux  &  quelque  grand 
déplaifîr,  nous  nous  trouvons 
accablez  ,  &  le  peu  de  vertu 
que  nous  avions  acquis  s'éva^ 
nouït  aufli-toc. 

Confiderons  quelquefois  les 
tombeaux  où  l'on  met  les 
morts  j  afin  de  penfer  que  le 
même  fort  nous  attend  ,  & 
peut-être  avant  la  fin  du  jour 
même.  Préparons-nous  avec 
foin  à  un  voyage  ,  où  nous 
aurons  befoin  de  tant  de  pro- 
vifîons  5  où  il  nous  faudra 
cffuyer  de  grands  travaux  , 
fupporter  de  grandes  chaleurs, 
&  traverfer  de  grands  déferts. 


lî  enfortit  du  fang  CT*  de  ïeau. 
Ce  ne  fut  pas  par  un  fimple 
ef&tduhazard  ou  de  la  nature 
que  ces  fontaines  facrées  cou- 
lèrent du  coté  percé  de  j£SUS- 
CHRIST  i  mais  parce  que  1*E- 
glife  fainte  devoitêtrc  formée 
par  ces  deux  chofes.  Ceux  qui 
font  initiez  aux  divins  mifteres 
m'entendent  bien  ,  &  ils  n'i- 
gnorent pas  que  c'efkparl'eafu 


ELIES 
Jîmplicitcr  O*  incort- 
Jîderatè ,  /t  quand}) 
ad  legendum  ade^Hci- 
mur.  Froptereà  cùm 
grave  fectiUrtum 
rerum  onus  tncum- 
hit  ,'omnia  mundat  , 
er  fî  quid  profeci» 
mus  atifert. 


Mortuort*m  monu- 
menta  conjîderemus 
O*  nos  eundem  ext» 
tum  manere  ,  non' 
nunquam  ante  vef- 
perum  imminer e  in 
mentem  veniat.  Prce- 
paremur  ergo  huic 
profeéîioni.  Mnlto 
nohis  viatico  opus 
efl  ;  nam  CT*  multus 
lahor  ,  mulitts  ajlus  ^ 
magna  folitudo  pera» 
grand  a  efl. 

Homil.  84.  in 
cap.  21.  Exivit 
fanguis  &  aqua  : 
Non  caftt ,  fimpUci" 
ter  que  JA  fontes  fca- 
turierunt  S  fed  quo^ 
niam  ex  ambobus  Ec- 
clejta  confiituta  efii 
Sciunt  hoc  initiatii 
Fer  aquam  entm  re^ 
generati  »  fanguint- 


Sur 
çy  carne  ttutriti. 
hinc  myfleria  ortum 
habent  î  ut  quoties 
ad  admirandum  ca- 
licem  accedii  ,  tan- 
quam  ab  ipfo  latere 
haurkns  accédas. 


Momil.  84. Cf/- 
femus  ab  hac  inuiili 
C  var>a  cina  mor- 
tuorum  ornatum  di- 
H^cntia  ;  fed  ipfo' 
rum  eam  curarn  îm- 
beamus ,  qu£  CT*  no- 
his  CT*  illis  conférât 
ad  zloriam  Dei.  Lar- 
^as  pro  eis  eleemo- 
fynas  faciamus  ,  mit- 
tamus  eis  puUherri- 

fna    viatica 

Bleemojyna  mortuos 
fitfcitavh  ,  quando 
circumjleterunt  vi- 
du£  ofieudentes  quod 
fvcerat  ipjîs  Dotcas» 


Hom.  S^.Quoad 
hono  O"   Uto   animo 


S.    Jeak.  jjj 

du  Batéme  que  les  fidelles  ont 
été  régénérez  ,  &  que  c'eft  du 
fang  &  de  la  chair  de  JESUS- 
CHRIST  qu'ils  font  nourris 
dans  l'Euchariftie.  C'eft- là 
l'origine  de  nos  faints  myfte- 
res  :  toutes  les  fois  donc  que 
vous  approchcT,  de  cet  admi- 
rable &  facré  calice ,  appro- 
chez-vous-en comme  fi  vous 
alliez  boire  cette  divine  li- 
queur au  coté  même  de  votre 
Sauveur. 

Abftenons-nous  de  cette  vai- 
ne &  ridicule  coutume  d'enfe- 
velir  les  morts  avec  tant  de 
façons  &  d'ornemens  j  mais 
employons  -  y  plutôt  des  foins 
qui  foient  utiles  à  eux  81  à. 
nous,  &  qui  contribuent  à  la 
gloire  de  notre  Dieu.  Diftri- 
buons  pour  eux  de  grandes 
aumônes  ,  envoyons- leur  ces 
faintes  provifions  pour  leur 
voyage.  L'écriture  nous  ap- 
prend que  l'aumône  a  la  vertu 
de  relTufciter  les  morts ,  quand, 
elle  nous  marque  les  clameurs 
quepoulfoient  les  veuves  &  les 
pauvres  autour  du  corps  mort 
de  Dorcas  ,  en  montrant  les 
habits  dont  fa  charité  les  avoit 
couverts. 

Tant  que  les  matelots  &  les 
palTagers  voyent  la  gayeté  & 
la  tranquillité  fur  le  vifage  dû 


Cofiirc  lex- 
Heritiques, 


6pj. 

Affilier  les- 
morts   par 
l'aumône. 

Contre  Uf 
Hérétiques^ 


69/^ 

Pernicieux» 
efiets  de  la  -  i 


^l6  Des    HoMEL 

inef-intelH-    pilote,  ils  fe  croyent  en  affu- 
S^""    ^"'j^rance  :  que  fi  au  contraire  ils 
fcs  P  fteurs  en  P^c°"C"t  ^verfioHjs'iIsont 
^  ^  "^  'de  la  peine  à  le  fouftVir,  s'ils 
ne  travaillent  pas  autant  qu'ils 
doivent  à  s'acquiter  de  toutes 
les    manœuvres  du  vaifFeau  , 
cela  peut  les  faire  périr.  On 
peut  dire  le  même  d'un  Paf- 
teur.    Cnr  s'il  voit  qu'on  n'a 
pas  pour  luy  affez  de  fouraiT- 
fîon  &  de  déférence ,  il  ne  peut 
pas  nous  bien  gouverner  :  &fi 
îe  chagrin  que  vous  lui  caufez 
Faffoiblit  &  lui  abbat  le  cou- 
rage, quelque  rélolution  qu'il 
ait  de  fervir  à  votre  falut ,  il 
fe  trouvera  expofé  avec  vous 
au  même  naufrage. 
€9$.  Quand  vos  Palpeurs  feroient 

lesmauvais  de  mauvaife  vie  ,  ce  n'eft  pas 
Pafteursne  aux  peuples  qui  font  fournis  à 
Buifent  point  jgur  conduite  à  les  juger  &  les 
aux  fidelles  condamner  :  mais  fi  vous  pre- 
irjgi  ans.         ^^^  ^^^^  ç^-^^  j^  ^^^^^  ^^j^^  ^  -j 

ne  vous  arrivera  aucun  mal  de 
toutes  les  fautes  qu'ils  com- 
mettront dans  l'accompliife- 
ment  des  devoirs  que  Dieu 
leur  aimpolèz 
'69e.  Quand  vos  Palleurs  feroient 

L'indignité  corrompus  ,  Dieu  ne  laiflera 
des  miniftres  pas  d'accomplir  toutes  chofes 
ne  peut  em-  p^yj.    y^j-^ç  f^iyf  ^   ^  j^  y^ys 

«  de!llae-  ^"'^y*^''  ^^  ^-  ^^P'"  P''  ^^"' 


I  ES^ 

nauU  fecuri  funi.  p 
fin  invifus  iffii  ejjit 
caperit  CT*  moUpè 
ferre  ,  ne  que  iudem 
vi<yilar€  ,  neque  ar- 
tem  exercer  e  f  oient , 
C7*  inv'tXHS  niulifs 
eos  malts  affxiet  » 
iia  Kjy  fucerdos  fi 
debitum  à  nobis  cul» 
tum  fibi  pr£j}'tre  Vf" 
derii,  reéïè  nos  gt*» 
bernare  poterit  :  fi»  ~ 
mœrore  afiàatis  , 
manus  ejus  âebilù' 
tantes ,  fimul  vohip 
cum  fliiSltbhs  etiam 
fimaxtmi  antmifit  ) 
objicietis. 

Etfi  maU  vivant 
facerdoies ,  non  tw 
men  a  fubditis  jth- 
dicandifunt.  Tuaw 
tem  fi  tibi  confiâtes  , 
nihil  in  hisqt*£  ilUs 
ÙDeo  commijfa  funti 
damni  accipies. 


Etfi  pravi  fi*nt 
facerdotes ,  Deus  per 
eos  omnia  perfide t y 
&  mittet  Spir^itum 
[an^um.  Neqae  c- 
nim  puramçns  pro- 


Su 
pter  prlprtam  puri- 
tatem  Spiritum  at- 
irahit  ,  fed  gratta 
omnia  operatur. 
Omnia  enim  pro- 
ptervoSjfivePau- 
lus,  (xve  Apollo, 
fîve  Cephas.'  Quic 
^uid  enim  concredi- 
titm  habet  facerdos , 
foliui  Dei  donum  efl  , 
CT*  kbi  humanam  e- 
xercet  fapientiam  , 
minor  tlliin  ^ratia 
apparet.  Neque  hoc 
dico  utpigrtui  noavi- 
Vimui  ,  fed  ne  pigre 
<jui  vobis  pr£pofni 
funt  viventibus ,  vos 
hii  commifjî  aliquati' 
do  malavobis  comp<t- 
retis.  Ëtquid  facer- 
dotes  dico  ?  Neqtte 
Angélus  quicqu^m  in 
his  qu£  à  Deo  data 
funt  e^cere  polejl  i 
fed  Vater,  Cr  Ftlius , 
€?*  Sptritus  Sanélus 
omnia  facit.  Sacer- 
dos  C*  linguam  ZD* 
manus  pr<ibet  :  ne- 
qhe  enim  juflumtp , 
propteraherius  mali^ 
tiam  ,  aifulutis  no- 
fr£  fymboU  fide  ac- 
cedentcs ,  cjfendi. 
Tom.  I. 


R    S.     Jean.  5sT 

pureté  &  U faintcié  du  miniftre 
qui  l'attire  j  mais  c  eft  la  grâce 
de  Dieu  quiopere  tout.  loute(i 
pour  vous ,  dit  l'Apôtre  j  foit 
que  ce  fait  Paul  j  ou  ApoUon  ,  eu 
Ccphas.  Car  toute  la  puilf^nce 
qui  a  été  confiée  à  TÈvcque  , 
cU  purement  un  (^on  de  Dieu  j 
&  lorfqu'il  s'appuye  davanta- 
ge fur  la  conduite  de  la  pru- 
dence humaine  ,  c'eil  alors 
qu'il  a  moins  de  part  â  la  grâce 
de  Dieu.  Je  ne  vous  dis  pas 
cccy  pour  vous  rendre  plus 
négligens  &  plus  parefleux  j 
mais  de  crainte  que  la  négli- 
gence que  vous  pouvez  décou- 
vrir dans  vos  Palieuis,  ne  vous 
porte  au  relâchement  ,  &  ne 
vous  attire  quelque  malheur. 
Et  ce  que  je  vous  dis  icy  àcs 
Evéques ,  eft  véritable  des  An- 
ges mêmes.  Car  ce  n'eft  pas 
par  leur  propre  puiflance  qu'ils 
agiflent  dans  les  grâces  que 
Dieu  nous  communique  par 
eux  i  mais  c'eil  le  Père  ,  le 
Fils  5  &  le  S.  Elprit  qui  y  fait 
tout.  Le  Prêtre  ne  fait  que 
prêter  le  miniilcre  de  fa  lan- 
gue &  de  les  mains.  Et  en  effet 
feroit-il  jufte  que  la  malice 
d'autruy  pût  nuire  à  ceux  qui 
s'approcheroient  avec  une  foy 
iîmple  &  fincere  des  myikres 
de  notre  fAlut. 

Ff 


charit 


138  Des    Home 

^â7'  La  force  de  la  diledion  eft 

Force  delà  prodideufe.  Elle  fait  néeii- 
ger  tout  autre  loin  pour  ne 
s'appliquer  qu'à  ce  qu'on  ai- 
me. Si  nous  aimions  ainfi 
Jes us-Christ  ,  toutes 
les  chofes  de  la  terre  ne  nous 
paroîtroient  qu'un  fonge  & 
qu'une  ombre. 


LIES 

Homil,  8^.  P^s 
dileflioHiî  mairnâ, 
Ùmnianegligit^  uni' 
que  dileflo  animum 
coUigat,  Siita  Chrt" 
Jïum  dtUgeremin  , 
hitmana  omnia  ,  «w- 
hra  3  omnia  nobis 
/omnium  viderefitnr» 


DES    HOMELIES 


Suivre  la 


SURLAGENESE- 


"VTE  fuivons   pas  témerai- 


.,  «    ,  rement  &  aveuglément 

conduiions-nous  dans  nos  ac- 
tions par  la  railon. 


Le  jeûne  é« 
purd'âms. 


Le  jeûne  eft  la  vraye  nour- 
riture de  notre  ame  -,  &  com- 
me la  viande  matérielle  en- 
graifle  le  corps  ,  de  même  le 
jeûne  fortifie  l'ame  ,  &  luy 
donne  des  ailes  pour  s'élever 
vers  le  ciel ,  pour  s'appliquer 
aux  chofes  fpirituelles ,  &  pour 
fe  mettre  au  deflus  des  volup- 
tez  &  de  tout  ce  qui  paroît 
de  plus  agréable  &  de  plus  dé- 
licieux en  ce  monde.  Et  com- 
me les  vaiffeaux  qui  font  légers 


Hom.  I.  in  cap. 
I,  Genef.  Obfecra 
ne  confuetudini  te- 
merè  ferviamui ,  fei 
ratione  res  nopras 
inflttuamus. 

^junium  anim* 
noj}r£  alimentum  eft; 
CT*  fiiUt  corporalis 
ifle  cibus  impinguat 
corpus,  ità&jeja" 
tfiun?  animam  ej^cit 
Valentiorem  5  levés 
ei  pennas  reddit  ut 
in  fuélime  feratur  , 
e?*  fttmma  contem' 
plari  queat ,  volup- 
tanbufque  CT  omni' 
bm  qua  in  hoc  nmn' 


Sur 

âohahentur  fuavia  , 
if>fii  jtt  fuffcrior.  Et 
quemadmodt*m  na- 
ves  leviores  maria 
velocius  tranfeunt  , 
contra  maltii  oneri' 
bus  gravau  fubmer- 
^ttntitr)itàjejunium 
Uviorem  reddens 
mentent  j  e^cit  utpe- 
la^iti  hujus  vit^efa-^ 
cilius  tranfeat  ,  V 
in  C£li*m  fufpfciat  ; 
nifiili  faciat  pr^tfen- 
Uay  fed  ut  umbras 
CP'fomnia^  iiffuge- 
re  cenfeat. 

Non  innovalege 
fûlàm,  uhi  amphor 
frugalttas  CT*  majora 
certamina  ,  CT*  ma' 
gni  fudores ,  QP*  *«• 
effabilei  coronA ,  de- 
Ikiii  noUi  interdici- 
tur  i  fed  etiam  in 
veteri  ,  quando  Ju- 
ddii  adhuc  umhr£  af- 
fidebant  y  O*  veluti 
ptteri  qtti  la&e  ni*' 
triitntur,  Jîc  paula- 
tim  inducebantur , 
neque  tune  déliais 
vacare  permitteban- 
t«Ç  . . .  Vae  ils  qui 
vëniunt  in  diem 
nialum   dormien- 


LA    Genèse.  3^^ 

paflenc  les  mers  avec  plus  de 
viteire  j  que  ces  navires  pe- 
fans,  qui  étant  trop  chargez 
de  marchandifcs  ,  font  nau- 
frage dans  la  tempête  -,  de 
même  le  jeûne  allège  Tame 
&  la  rend  capable  de  paflcr  plus 
légèrement  la  mer  du  fie'cle , 
de  ne  plus  regarder  que  le  ciel, 
de  ne  compter  pour  rien  hs 
chofes préfentes  ,  &  de  ne  les 
confiderer  que  comme  des  om- 
bres &  des  fonges  qui  s'éva- 
nouiflent  &  retombent  dans  le 
néant. 


Ce  n'cft  pas  feulement  dans      706» 
la  loy  nouvelle  ,  où  l'on  doit      Ddices  in- 
prariquer  une  plus  grande  fru-  terdicrs    iné- 
galité ,  où  l'on  a  de  plus  grands  ^^  aux  Juif», 
combats  à  foûtenir  ,  &  où  Ton 
cfpere  une   plus  grande   ré- 
compenfe  ,    que   les   délices 
font  interdites  ;  mais  il  n'é- 
toit  pas  même  permis  de  sy 
abandonner    dans  l'ancienne 
loy  ,  au  tems  de  laquelle  les 
Juifs  étoient  environnez  d'om- 
bres &  de  figures ,  &  n  étoient 
encore  nourrisquedelait  com- 
me des  enfans ,  pour  être  con- 
duits peu  à  peu  à  un  état  plus 
parfait.  Malheur  à  vous  ,    dit 
un  Prophète  ,  qui  êtes  refervey 
pour  le  jour  de  Caffliâion  ,  qui 
Ffij 


7ot. 
Prendre  foin 
de  ceux    mê- 
me  qui   font 
dam  1  erreur. 


702. 
Souffrir  tout 
pour  \c  falut 
du  prochain. 


703. 

Vigilance 
conûuueUe» 


J40  Des  Home 

couche:^fur  des  liti  d'yvoire  ,  qui 
dorme-;^  avec  molefje ,  CTT . 

Quoy  que  ces  perfonnes 
foienc  prévenues  de  grandes 
erreurs,  il  les  faut  néanmoins 
toujours  regarder  comme  nos 
proches ,  &  nous  fommes  obli- 
gez  de  prendre  beaucoup  de 
Ibin  de  leur  lalut ,  &  ne  nous 
jamais  relâcher  de  Ta/Tiftance 
qu'on  leur  peut  rendre.  Car 
rien  n'eft  fi  agréable  aDieu  que 
le  foin  que  l'on  prend  du  fàlut 
de  Ton  prochain  ,  félon  que  le 
marquent  ces  paroles  de  l'A- 
pôtre :  Dieu  veut  que  tous  les 
hommes  foient  fauvey  ,  O*  vien- 
nent à  la  connotJJ'ance  de  la  vé- 
rité. 

Si  Dieu  dont  TeiTence  eft  in- 
compréhenfible  &  infinie  ,  a 
bien  voulu  par  le  mouvement 
de  fa  milericorde ,  qui  eit  aufli 
incompréhcnfible  ,  l'upporter 
en  notre  faveur  &  pour  nous 
fauver ,  tant  d'indignicez  &  de 
foufFrances  ;  que  ne  devons- 
nous  point  raifonnablement 
fouffrir  nous-mêmes  pour  l'a- 
mour de  ceux  qui  font  nos  frè- 
res &  nos  membres  ;  afin  de 
les  retirer  de  la  gueule  du  dé- 
mon ,  &  de  les  remettre  dans 
le  chemin  du  falut. 

Il  faut  toujours  veiller  avec 
grand  foin  fur  nos  paroles  , 


LIES 

tes  in  ledis  ebur- 
neis  ,    CT-f. 

Ho  m  il.  3.  Licet 
adhuc  praoccupJti 
errorihus  ,  co^nati 
tamen  funt  nûjlrt  » 
CT*  congruit  ut  ma- 
^nam  eorum  curam 
habeamus  nunquam 
torpefcentes  .  .  .  NJ- 


bU 


entm  tta^ratum 


efl  Deo  ,  CT*  tta  cu- 
r-e ,  ut  ammarumfa- 
lus  j  Jtcut  clamât 
Baulus  :  Qui  vult 
oranes  homines 
falvos  fieri  ,  &  ad 
agnitionem  veri- 
tatis  venire. 

Si  Deus  ipfe  inef- 
fahtlii  ejfenti<e  ,  oh 
mifericordiam  inef- 
fabilem  h£C  omnia 
propter  nos  CT*  falu- 
tem  nojïramfufcepity 
quid  non  à  nobis 
aquum  efî  fujlmeri 
propter  eos  qui  co» 
gnan  funt  ac  mem- 
bra  nojlra  ,  ut  ère-  ' 
ptos  eos  ex  diaboli 
faucibuS)  tn  viam 
virtmis  inducamus  P 

Et  lingu£  dtligéhs 
habenda  ejicujlodia  » 


SUK 
O*  octtli  muniendi 
fftnt  y  CT*  mens  pur- 
ganda  CT*  in  perpétua 
cert  aminé  vivendum 
«/?,  quafîferaaliqua 
nos  invadat  y  CT*  /«- 
dere  conetur. 

Hom.  4.  L  Do- 
mini  no^ri  mes  efi , 
ut  quoties  videt  uni- 
mam  aliauam  multo 
dejîdtrio  ac  prompH- 
tudine  intenta,  fpiri- 
talibus  inhiantem , 
Uber  aliter  illam  s^ra- 

o 

tia  çy  opulentis  fuis^ 
ionis  locupletet. 

An  non  prabene- 
ficto  habendam  , 
quod  occafîo  tibi  pr^e- 
betur ,  dum  inimico 
benefacis ,  ut  ape- 
riantur  tibijanuafi- 
ducite  veniendi  ad 
Deum  zy  redimeip- 
dipeccata  tua. 

Homil.  ^^Mife- 
rie  or  s  Dominus  nojler 
enter  malos  permijît 
honos  vivere  ^  ut  ma- 
lt lucrum  aliquûd  ha- 
beant  ex  ea  confite^ 
Pudine  ,  nec  femper 
in  fua  permaneant 
rnalitia  ;  /ed  bonos 
iûiiUmQ  antè  ochIos 


rituels. 


LA    Gères  E.  341 

obfcrver  nos  regards  ,  puri- 
fier notre  ame  ,  &  ibûte- 
nir  àcs  combats  continuels  ; 
comme  fi  quelque  bête  farou- 
che étoit  à  toute  heure  prête 
à  fe  jetter  fur  nous  pour  nous 
dévorer. 

Qj-iandle  Seigneurvoit  ur.e       704." 
ame  embrafée  d'un  ardent  de-    Dieu  exauce 
fir  pour  les  chofes  rpirituelîcs,  ^"^^'Jff'''^  ^P^' 
il  a  accoutumé  de  la  combler"^'"' 
libéralement  de  Ces  grâces  ,  & 
de  l'enrichir  de  fes  plus  prév 
cieux  dons. 


Quand  il  fe  préfente  une  oc-       70  f  • 
cafion  de  faire  du  bien  à  votre  Jairedu  bî-n* 
ennemy ,  vous  la  d^vez  cnv  ^  ^eseniiemis>. 
brairer  comme   une  grâce  A.';:^^^i 
Dieu  5   &  comme  une  voye 
qu'il  vous  ouvre  pour  aller  à 
Iny ,  en  rachetant  vos  péchez  ,. 
qui  vous  en  avoient  féparé» 

Le  Seigneur  a  tant  de  bon-      70^- 
té  pour  les  hommes  ,  qu'il  a  ^l°"^^'^«lf" 
bien  voulu  que  les  méchans  bons  dans  le 
vécuffent  parmy  les  bons ,  afin  !j"°j"gj^  ^^^^ 
qu*ils  puflent  profiter  de  la  fa-  bien  les  mi- 
miliarité  &  du  commerce  qu'ils  chans. 
auroient  enferable  5  &  que  la 
vue  des  adions  de  vertu  des  jijw 
ftes ,  que  les  méchans  auroient 
continuellement    devant    les 
Ffiij 


34*  Des    Homélies 

yeux ,  leur  fervît  d'un  puiflant   fpeâantes  , 

motif  pour  le  corriger  de  leurs 

vices.  Car  la  vertu  eft  fi  puif- 

fante  &  fi  admirable ,  que  ceux 

même  qui   ne  la  pratiquent 

pas  3  ne  peuvent  s'empêcher 

de  l'eftimer ,  de  l'honorer  >  & 

de  la  louer. 


7^^\^'       C'eft  être  déjà  bien  avancé 
P^econnoi-  i  i       i 

trefonéeare-PO"^  ^^^^^^^r  dans  le  chemin 
meiit.  ^^  ^  vertu  ,  que  de  connoi- 

tre  combien  l'on  s'en  étoit  é- 
loigné  par  Tes  péchez. 
708.  A  quoy  vous  fert  de  jeûner 

Accompa-  tout  le  long  du  jour  ,  fi  vous 
•lier  le  jeûne  l'employez  à  jouèr  &  vous  di- 
cie  pieux  eier- ygffij.^  &' quelquefois  même 
à  faire  des  juremens  &  des 
parjures  ,  &  fi  vous  le  perdez 
ainfi  milérablement.  Que  ne 
prenez  vous  plutôt  les  livres 
divins  ,  afin  qu'étant  affem- 
blez  avec  vos  proches  ,  vous 
Vous  édifiez  les  uns  les  autres 
par  d'utiles  &  de  pieux  entre- 
tiens fur  la  parole  de  Dieu. 


cices. 


70p. 

Spectacles  ; 
occafîon  de 
r«Rndale* 


Ceux  qui  vont  aux  fpeda- 
cles  publics  ne  commettent 
pas  feulement  un  grand  mal, 
en  ce  qu'ils  s'en  font  à  eux- 
mêmes  5  mais  encore  en  ce 
qu'ils  en  font  aux  autres ,  par 
le  fcandale  qu'ils  leur  caufent. 
Car  les  Juifs  Se  les  Gentils 


aliqtUi 
miUtatis  ex  eontm 
captant  familiarita- 
te,  Tama  enim  ejl 
virtmis  potentia  y 
ut  revereantur  est* 
multum  laudent  eam 
etiam  qui  tlla  cu' 
rent. 

Homil.  6.  Non 
parva  ad  virtuth 
reduftmvia  tf ,  fàre 
peicatorum  magni^ 
tudinem. 

Qu£  utilitas  je' 
junii  y  ft  totodie  ni» 
hil  comedis  ,  ludis 
autem  O'  TtHgaris  , 
fttoè  etiam  peieras 
CT*  blafphenias ,  C?* 
ttà  tôt  um  perdis  diem 
, . .  Librum  divinum 
accipe  tn  manihui , 
convocatifque  proxi- 
mis  per  divin  a  elo^ 
quia  rtgei  CT'  tn>am 
O*  convenientium 
mentem. 

Homil.  7.  Cogi*^ 
tate  quodnon  folum 
hoc  grave  ejl ,  quod 
qui  ad  ludos  publi" 
cos  conflmtnt  ,  fibi 
damnum  afcifcunt  , 
fed  O*  quod  multii. 
aUii  fcandalù  funu 


Sur 
Quiùpe  gentiles  CP* 
Juddi  videntes  eos 
qui  ^uotidte  in  ttm- 
plo  vtrfamur  ,  CT" 
doéirinas  audiunt  , 
ftmul  tli  comparere 
^  phi  commifceri  , 
quomodo  res  nojiras 
prodecepiioniht*s  non 
habebttnt  ,  CT*  non 
idem  de  omnihus  no- 
his  Ju/picaèuntur  ? 

NiJjil  ita  nocet  te- 
Ugioni    nofir<e  ,     ut 
fiandah  anfam  pr<C' 
hère    infidelibus  .  .  . 
Càm  enim  vident  ali- 
quod àeliGum  noflrO' 
rum  j  ftutirfi  Itnguam 
exactmnt  Jtmttl lon- 
trànos  omnes  ;  ZP'ex 
unius   deliSlo  totam 
ChriJîtunorKm  gen- 
temfudicam.  Neque 
hoc  contenu funt  ,fed 
fiatim  adverfus  ca^ 
ptitfnum  loquentes  , 
ce  fervorum  deliéla 
etiam       communem 
Dominum     bla/phe" 
mare  audem,  €7  pH- 
tant  Delamenta  erra- 
tum fuorum  ejfe  alio- 
rum  de/tdiam  . .  .Vx 
vobis ,  quià  prop- 


t  A    Genèse.  545 

voyant  que  ceux  qui  vont  tous 

les  jours  à  TEglife  ,  &  qui  y 

entendent      les     inrtrudions 

chrétiennes  que  l'on  y  fait, 

s'alfemblent  &  fe  mêlent  avec 

eux  dans  ces  lieux  profanes  , 

prennent  toute  la  dodrine  de 

notre  religion  pour  un  jeu  & 

pour  une  illufion  j  &  font  le 

même    jugement    de  tout  le 

refte  des  Chrétiens  ,  que  de 

ceux  qu'ils  voient  aiîifter  a  ces 

alFcmblécs. 

Rien  ne  nuit  fi  fort  à  notre       7lO' 

rehgioujque les fu jets  defcan-  Horrib!.-pu- 

dale  que  l'on  donne  aux  infi-  ""^°"  ,^" 

ddles.  Et  en  etfet  ,  dès  qu'ils  ^''"'^*'''- 

voyent  le   moindre   defordre 

dans  un  Chrétien  ,  aufîî-tot 

ils  s'emportent  à   calomnier 

tous  les  autres:  &  fur  le  péché 

d'un  (eul ,    ils  jugent  &  con- 
damnent toute  la  relîgionchré- 

tiéne.  Mais  ils  n'en  demeurent 

pas  là  ,  ils  attaquent  le  maître 

même  ,  &  fous  prétexte  des 
fautes  de  tes  ferviteurs ,  ils  ont 
la  hardielFe  de  porter  leurs 
blafphémes  contre  l'honneur 
du  fouverain  Seigneur  de  tous 
les  hommes  i  s'imaginant  pou- 
voir couvrir  leurs  erreurs  & 
leursîexcèsjdu  prétexte  des  pé- 
chez des  SLUtres.Malheur  à  vous 
donc,  dit  Dieu  même  par  ua 
Prophète  3  pmfque  voh$  êta 
Ffiiij 


344  Des    Home 

caufe  que  mon  nom   ejî  hlafphêmé 

parmi  les  Gentils,    Ces  paroles 

Ibnc  terribles  ,  &  vous   doi- 
vent faire  trembler.     Car  ce 

mot  de  malheur  à  vous ,  eft  une 

manière  de  déplorer  le  mifcra- 

ble  érat  d'un  criminel  qu'on 

mené  au  fupplice,  &  dont  le 

crime  eft  inexcufable. 
711.  Tout    m'ej}  permis  ,  mais  tout 

Ne  jamais  n"* édifie  pas  mon  prochain.  Re- 
"ru  hâin  ^^  i^^f^^ez  en  ces  paroles  la 
^     *       '       prudence  de  l'Apôtre.  Quand    des   Apofîolicam  Cà' 

il  me  leroit  permis  ,  dit-il  , 

de  faire  une  choie  dont  il  ne 

m'arriveroit  aucun  dommage  ; 

néanmoins  comme  elle  ne  con- 
tribue   pas  à  , l'édification  de 

mon  prochain,  je  ne  me  puis   faciiadproximiadi- 

pas  réloudre   à  la  faire.  Cela   fcationem,   nequa- 

marque    vifiblçment  la    ten- 

drefle  de  Ton  cœur  pour  nous  , 

&  fon  defînterelTement   pour 

ne  jamais  chercher  fon  utilité 

propre  en  fes  avions  :    &  en 

même  tems  il  nous  apprend 

que  le  foin  de  l'édification  de 

notre  prochain,  eft  la  plus  ex- 
cellente vertu  qu'un  Chrétien 

puifle  pratiquer. 


LIES 

pter  vos  norneo 
meum  blafphcma- 
tur  m  gentibus. 
Terrihile  hoc  vçrbitm 
ej}y  &  horrore  plé- 
num. yaenimhoCy 
eji  quafî  lamentaritis 
fuppUcium  inexcufa' 
bilefubituros. 

Omnia  mihi  li- 
cent,fedoonom- 
nia  sedificanc.  f^î- 


ptenttam  f  Etiamjl 
liceat ,  inqiiitf  mihi 
aliquid  facere^  nihil- 
que  hinç  mihi  damni 
accédât ^i  quia  hoc  non 


711.  Dieu    ne    veut   pas    qu'- 

Procurerîe  un   Chrétien  fe  contente  de 

fn'ut  du  pro-  penfer    à     fon    falut  ,    mais 

chaiap.r  nos  -j  ^^^^^^^    ^^   iu^  qy'il    ^ît 


quam  hocfacerefujli' 
nuerim.  Fides  ani- 
mamfaaviter  nos  n- 
mantem ,  quomudo 
nujquam  quod  ftium 
ejf  quant  )  fed  omnir 
bits  modts  ojlendit 
virtutum  longe  maxi- 
mam  ejje  magnam 
curam  gerere  quo- 
modo  proximus  ^di' 
ficetur. 

Homil.  8.  Non 
vuh  Deus  ut  Chri- 
Jïianus  fe  ipfo  tan- 
tftmcontentusJtt,fed 


Sur 

ttt  aU<ys  ttiificet  i  non 
per  doélrinamfolùnty 
fed  CT*  per  vttam  €7* 
converfationem.  Ni^ 
înlenimfic  in  veri- 
tatis  viam  inducit  ^ 
ut  inte^ritas  conver- 
fationtt.  Nam  non 
tant  con/îieranturea 
qt4£  à  nohii  dtctmtur 
quam  (jH<e  à  nobii  <ï- 
gnntur. 

Ahjiinentia  à  ci' 
bis  5  propter  hoc  eji 
recepta,  ut  vigorem 
carnis  refrxnet ,  CT* 
ec^ttum  moderantt  fa- 
cile parère  faciat.  j^e- 
junantem  ante  om- 
nia  oportet  tram  re- 
fr<£nare  ^  manfuetu- 
dtnem  addifcere ,  ha-' 
hère  cor  contritiim  , 
abfurdas  concupifcen- 
tias  repellere ,  ante 
oculos  continuo  pro- 
ponendo  oculum  ater' 
nijudicis,  CT"  tribu- 
nal illud  incorrup- 
tum  :  pecuntii  fupe- 
riorem  ejje  CT*  illis 
dominari  i  Uheralem 
ejfe  in  danda  eleemo- 
f^na  i  nullam  malum 
^dverfus  proximum 
admittere.   Hoc  ve- 


L  \    Gènes  P.  345; 

encore  (oin  du  falut  des  au-  bonsexe»!» 
très  j  non  feulement  en  les  P^^^^ 
inftruifànt  >  mais  aulTi  en  les 
édifiant  par  fcs  bons  exem- 
ples :  parce  que  rien  n'eft  fi 
puiflant  pour  perfuader  la  vé- 
rité ,  que  la  bonne  vie  :  la 
plupart  du  monde  fe  laiflant 
plus  toucher  par  les  avions 
cjue  par  les  paroles» 


L'abftinence  des  viandes  efir 
principalement  inftituée  par- 
my  les  Chrétiens  ,  pour  ab- 
battre  la  rébeiliôn  de  la  chair,. 
&  la  réduire  fous  Tobéiflance 
de  la  raifon  qui  la  doit  régler. 
C'eil  pourquoy  le  jeûne  doit 
préferablement  à  toutes  cho- 
fes  réprimer  l^s  mouvemens 
de  la  colère  ,  infpirer  la  dou- 
ceur de Tefprit,  exciter  la  con- 
trition du  cœur,  &  en  bannir 
tous  les  défirs  déréglez  ,  en 
nous  mettant  continuellement 
devant  lesyeux  cet  œil  fi  clair- 
voyant du  fouverain  Juge  ,  & 
ce  tribunal  incorruptible  fur 
lequel  il  nous  doit  juger  •,  en 
nous  apprenant  à  nous  élevée 
audefliis  des  richefles,  à  nous 
en  fervir  comme  en  étant  maî- 
tres, &  à  les  employer  libéra- 
lement à  faire  l'aumône  ;  &. 
enfin  en  nous  empêchant  de, 


7M- 

Qut\  cft  îê 
jeûiie  chré- 
tien. 


p^S  Des    Homel 

faire  jamais  aucun  tort  à  no- 
tre prochain.  C'eft-là  le  vé- 
ritable jeûne.  Et  en  ctlet  il  ne 
faut  pas  croire-,  comme  plu- 
sieurs fe  l'imagment ,  que  le 
jeûne  ne  confiSe  qu'à  ne  dïC- 
ner  que  le  foir  ;  car  ce  n'cft 
pas    feulement  ce  que    Dieu 
demande  de  nous  ;  mais  bien 
que  nous  abftenant  àts  vian- 
des 5  nous    nous    abftenions 
aufli  de  toutes  les  autres  cho- 
iés  qui  peuvent  nuire  à  notre 
falut ,  &  que  nous  nous  occu- 
pions davantage   aux   chofes 
714.        fpirituelles. 
Tout  ce  qu'-      il  nous   fera   inutile  >  foit 
en  ne  fait  pas  de  jeûner ,  foit  de  prier  ,  foit 
pour  Dieu, eft  ae  donner  Taumône^foit  de 
inutile.  pratiquer  toute  autre  bonne 

œuvre  ,  fî  nous  n'agiifons  en 
tout  cela  pour  ccluy-là  feul 
qui  connoit  les  chofes  ca- 
chées ,  &  qui  pénétre  jufques 
dans  les  plus  fecrets  replis  des 
cœurs. 
71^.  La  vertu  chrétienne  con- 

Le  Chrétien  fifte  à  méprifer  toutes  lescho- 
doit  eître  fes  de  la  terre  j  à  penfer  à 
mort  a j mon*  tous  momens  aux  chofes  à 
venir  j  à  ne  point  s'attacher 
aux  biens  préfens  j  à  confî- 
derer  tout  ce  qui  efl  tempo- 
rel comme  une  ombre  ,  un 
fonge  j  un  néant  j  à  n'être 
pas  plus  touch4  de  tout  ce 


lES 

rum  jejumum  eft 
. . .  Nec  enim  exifti- 
memus ,  ut  pleriqt*e 
definiri  in  hoc  jejw 
niumfi  ad  vefperam 
ufque  impranjt  ma- 
neamm.  Nec  hoc  ejl 
tamum  quoè'^u^tri- 
tur ,  fed  ut  cum  cibo- 
rum  ahpinentia  €?• 
à  cateris  ahjîineatur 
qu£  nocere  pojjunf  y, 
^  fpirimalibus  ma^ 
gis  vacetttr. 


Nulla  tiohis  erit  «m 
tiîttai ,  Jtve  jejuna- 
mus  ,Jtve  precamur  ^ 
fîve  miferemur ,  fîve 
quodvis  alittd  fzci- 
mus ,  nift  propter  */- 
lum  folàm  fiant  y  qui- 
novit  CT*  abfcondita 
CT*  5«<f  in  profurtdè 
mentis fttnt  reconiiia, 
yirtus  ej} ,  huma» 
na  omnia  defpicere , 
fiuura  finguUs  horiS' 
cogitare ,.  nullis  prtt' 
fentibus  addiélam- 
ejje  i  fed  fcire  omnia 
hitmana  umbrant 
eJJe  5  /omnium  O*  Jt 
ijmd  his  vilius.  F'ir* 
tus  efl  ergà  negotia 


Sur 

hi^jus  viu  non  ma- 
gis  ûffici ,  quàm  ca- 
duver  a^cUttr  J  & 
ità  Vttiofte  o^eratio- 
n'u  expertem  ejjè  ,  ut 
ad  ea  qua  offendtre 
falutem  antme  pof- 
funt  5  quajî  rnortuus 
quisjîi  :  vivat  autem 
C^  operetur  tantùm 
ea  qu£  fpiritus  funt  : 
fîcut  Fuulus  dicebat  : 
Vivo  ego,  jamnon 
ego  j  (ed  vivic  in 
me  ChniUis. 

Homil.  5>.  Nede- 
fdesjîmm  ,fed  unitf 
qui/qtte  pro  virili 
fuppHtet  apudfejîn- 
gtilis  horis  non  fuliim 
communia  benefivia^ 
fed  ^ prtvata  in  fe 
collata  :  non  ea  tan- 
tùm  qu£  cmnes  fa- 
tentur  ,  Çy  qu£  om- 
nibus manifijla  y  fed 
CT*  propria  ,  ac  pie- 
rofque  latentia.  Sic 
enim  ad  continnam 
gratiarûm  aéîionem 
Domino  r^ferendam 
incitahiiur.  Mac  ma- 
ximum f^cnficium  , 
hoc  fiducie  noJJr'e  ad 
Dcum  argumentum 
»»c»  Qiti  enim  hac 


LA     Gewese.  347 

qui  (c  pafTe  en  ce  monde  , 
que  Teft  un  corps  mort  ;  c'eft 
à-dire  à  être  au/Ti  éloignez 
du  péché  &  des  moindres  cho- 
ies qui  peuvent  nuire  à  notre 
falut  ,  que  nous  le  ferions  fi 
nous  étions  morts  j  &  ainfi 
à  ne  vivre  &  n'agir  plus  que 
pour  les  opérations  (pirituel- 
les  ;  &  c'eft  ce  que  nous 
marque  l' Apôtre  quand  il  dit: 

Ce  n^ejî  plus  moy  qui  vis  ,  mais 
c'eft  J  E  S  U  S^C  H  R  I  S  T    qui 

vit  en  moy . 

Ne  foyons  pas  négli^ens  à  71^- 
rendre  à  Dieu  la  reconnoif-  R^connoif- 
fance  que  nous  luy  devons  ,  „;X  ^nv^l 
mais  que  chacun  examine  a  q^qxi, 
toute  heure  avec  grand  foin , 
non  feulement  les  bienfaits  de 
Dieu  qui  luy  font  communs 
avec  les  autres  >  mais  encore 
ceux  qui  luy  font  propres  j  non 
feulement  ces  grâces  extérieu- 
res qui  font  expofées  aux  yeux 
du  monde  ,  mais  aufli  ces 
dons  fecrets  qui  nous  font 
particuliers  ,  &  que  peu  de 
gens  connoiflent.  Car  cette 
penfée  nous  infpirera  à  ea 
rendre  a  Dieu  de  continuelles 
aftions  de  grâces.  Et  c*eft-là 
un  grand  facrilîce  que  nous 
luy  pouvons  offrir,  &  le  fu- 
jet  de  notre  plus  grande  cou- 


548  Des    Home 

fiance  en  luy.  Car  celuy  qui 
s'occupe  fans  cefle  refprit  de 
ces  penfées  ,  qui^econnoît  Ton 
indignité  ,  qui  médite  quelle 
eft  la  grandeur  de  la  miiéricor- 
de  divine  5  &  qui  confidere  que 
dans  la  conduite  dont  la  pro- 
vidence nous  gouverne  ,  il  a 
plus  d'égard  à  ce  que  deman- 
de fa  bonté,  qu'à  ce  que  mé- 
ritent nos  péchez  ,  celuy-là 
dis- je  qui  fera  rempli  de  ces 
penfées  ,  aura  l'efprit  hum- 
ble, le  cœur  contrit,  ScTame 
dépoiiilléede  toute  arrogance: 
il  apprendra  à  fe  conduire  avec 
modération  dans  fes  adions , 
à  n'avoir  que  du  mépris  pour 
la  gloire  du  monde ,  a  fe  moc- 
quer  de  toutes  les  chofes  vi- 
fîbles  j  à  ne  penfer  qu'aux 
biens  à  venir  ,  &  à  cette  vie 
celefte  qui  n'aura  jamais  de 
fin. 
7 1 7,  L'ame  qui  eft  touchée  d'an 

tevrayhura-vray  fentiment  d'humilité  eft 
blfi  eft  doux,  incapable  de  s'émouvoir  de 
colère  ,  &  de  concevoir  de  l'in- 
dignation contre  fon  prochain^ 
parce  qu  elle  eft  comme  ren- 
trée en  elle-même ,  pour  ne 
s'occuper  que  de  la  balfefTe  de 
fon  état  j  dans  lequel  elle 
trouve  un  bonheur  que  rien 
en  ce  monde  ne  peut  égaler. 
Car  elle  jouît  alors  comme 


LIES 

cominuo  in  mente 
ver  fat  ;  Zp-  fuam  te* 
nuitatem  agnofcit  , 
€27*  emmentem  divi' 
nam  mifericordiam 
cogitât  i  cjuomoào  res 
noftrds  guhernam  C 
difpenfans ,  non  at" 
tendat  quià  merean^ 
tur  peccata  noflra  , 
fed  ad  fttam  honita' 
tem  :  is  ntmirum 
mentent  humiliât  , 
cor  content ,  omnem 
faflum  CT»  arrogan- 
tiam  caftigat  J  dif- 
cit  modepè  agere^ 
contemnere  pr<efintis 
Z>it<e  gloriam  ,  rider 
te  vijîhilia  omnia, 
cogitare  futura  hona^ 
vitaniijue  nHnquam 
finiendam. 

Qui  i}er€  feipfuné 
humiliât ,  nunquam 
patent  ira  commovep 
ri,  O" proximo fuc" 
cenfere  :  quià  anima 
ejus  in  fui  c»njîderam 
tione  occupata  tfl  O*^ 
humihata.  Anima- 
autem  qu£  Jtc  fe  ha*- 
het  quid  potej}  effç 
beatiui  ?  Is  in  conm 
tintto  portH  [edei  té 


Sur 

omni  tempeflaxe  U- 
ber  ,  O*  obleClatur 
in  cogitauont*m 
tranqufllitate. 

Homil.  lo.  Si  oh 
corports  tmhecilUîa- 
tem  non  potes  dlem 
jejunns    producere  , 
tutllusqutfapit  jpro- 
fter  hoc  te    arguere 
futterit.    Dnm   enim 
hahenius  manfuetum 
ne  benignum ,  O*  ni- 
hil/uprà  vires  nojîras 
à    nobis    exigentem. 
"Ne que   enim    abjli- 
nentiam   a  cibis  O* 
i ne diam/împli citer  à 
nobis  exigit  i  ne  que 
hoc  ipfum   ut  jejuni 
permaneamus  ifedttt 
à/ecularibus  openbus 
nosabdicantes  i  om~ 
Tte  nojirttm  ctium  in 
/piritualtbus  colloce' 
mus'  Natn  fi  fobria 
mente  vitam  nojiram 
infittuerenuts  CP'  quic 
qtiid  otii  datur ,  in 
Jpmtualia  impende» 
mus  i  CT*  cibos  nàfu- 
meremus    ut  tantum 
fiitiaremur,  quantum 
ufus  exigit,  Z^  vitam 
omnem  m  bonis  ope^ 


LA    Genèse.  349 

dans  un  port  alTuré  ,  d'une 
tranquillité  que  nulle  tempête 
ne  fçauroit  troubler  ,  &  elle 
trouve  ainfi  fa  joye  dans  la. 
paix  &  le  calme  de  lès  penfées. 

Si  Tinfirraité  de  votre  corps,       718. 
&  votre    mauvaifc   fanté    ne   Les  inHrmfs 
vous   permet    pas  d'attendre  doivent  fup- 
j«fq«-au  foi.  à  manger,  nul  i;^"-':- 
homme  fage  ne  vouslçauroit  bonae  vie, 
blâmer  de  ne  pas  jeûner.  Car 
nous  avons   un   maître  doux 
&  humain ,  qui  n'exige  rien 
de  nous  qui  foit  au  deflus  de 
nos  forces.  Et  eh  effet  il  ne 
demande  pas  Amplement  de 

nous  i'abttinence  des  viandes, 

&  le  jeûne  j    mais  que  nous 

nous   abftenions  des    œuvres 

du  fiecle  ,   &  que  nous  em- 
ployions  notre   loifir  en  àes 

occupations    fpirituelles.     Et 

certes  fi  nous  menions  ordi- 
nairement  une  vie  fobre  8c 

bien  réglée  j  fi  nous  donnions 

tout    notre    tems    à    d'utiles 

&  de  faintes  occupations  ;  li 

nous   ne  mangions  qu'autant 

que  la  nature  le  demande  pour 

nous   ralfafier    &    pour   nous 

nourrir  ;  &  enfin  fi  nous  ne 

nous   employions    qu'en     de 

bonnes  œuvres  ,   il  eft  fans 

doute  que  nous  n'aurions  plus 

beloîn  du  fecours  du  jeûne  : 

mais  parce  que  notre  nature 


jyo  Des     Homélie^ 

eît  portée  à  la  fainéantife  &  ribus  di/penfaremus^ 

à  la  pareiTe  ,  &  qu'elle  aime  jamnuUoopmeJfeteie 

lesplaifirs  &  les  délices  ;  c'eft  jejumis,  adjumcnto. 

pour    cela    que  le  Seigneur ,  fedqmànegUgensefl 

par  un  mouvement  de  bonté,  httmana  natura    e?* 

^  inflitué  le  jeûne  comme  un  delitUs  gaudet  >  id~ 

remède  pour  nous  guérir  de  circo  pater   démens 

notre  délicateffe    ,    &    pour  Dûs  hanc  exjejitnia 

nous   faire  palier    des    îoins  medicinam  excogita- 

temporels    aux     occupations  vit^  ut  v*  delicaia 

fpirituelles.  Il  y  a   aum   pour  è  rmdio    toUanlur  , 

ceux  qui  font  infirmes  d'au-  ^ fecularium  curam 

très  voyes  ,  &  encore  plus  ex-  ad  fpiritualia  opéra 

^clientes  que   le    jeûne  ,  qui  transferamus  ,  .  .  , 

leur  peuvent  donner  confian-  funt  his  quoi  corporis 

ce  d'obtenir     la    miféricorde  detinet    infirmitas  , 

divine.   Ainlî    celuy   qui  n'a  /nm  profeêïo  vix  , 

pas  aflfez  de  fanté  &  de  force  quibu$janu£  fiducie 

pour  jeûner  ,  en  aura   aflez  ad  Deum  aperiri pof- 

pour     donner   plus    libérale-  funt  muko    majores 

ment   l'aumône  ,    pour  être  qur^m  ciborum  abjii- 

plus  fervent  dans  les  prières ,  nemia.    Igaur   qui 

pour   être    plus   foigneux    &  non  valet  jejunare^ 

diligent    à   écouter  la  parole  Urgioremdet  eleemo' 

de  Dieu  j  pour  fe  reconcilier  Jynam  y  fervent  torjît 

avec    Tes   ennemis  ;  &   pour  inprecibus^majorem 

bannir  de  fon  elprit  tout  fen-  habeat    alacritaiem 

timent   de  haine  &  de  vcn-  in  audiendis  divinis 

geance  ;  puis  que  l'infirmité  eloquin  ,  in  qmbus 

du  corps  ne  met  point  d'obi-  corporisinfirmitasni' 

tacle  à  toutes  ces  adions  de  hilcbfarepotefl-.tni- 

vertu.     Cependant  celuy  qui  rnids   recomilietur , 

les  pratiquera,  obfervera  le  omne  odittm  zsr  vin- 

vray  jeûne   que  le  Seigneur  di^^  cupidttatem  ex 

demande  principalement  d'un  animo  ejfuget.  Qui 

Chrétien.   Puis  que  ce  n'^ft  bacfecerihv£rum]'e' 


Sur 

junalit  jejumum  » 
quoâ  à  nobis  potifft' 
mum  expofcit  Dotni- 
nui,  Propterhéecenim 
hanc  à  nohis  cibi  ab' 
Jlinentiam  fieri  pr^' 
Mipit ,  ut  refrtenantts 
carnis  lafcivtas ,  eam 
ohedientem  factamusy 
O'  ad  mandata  Dei 
implenda  fequacem. 
Quod  fî  ob  infirmi- 
tatem  corporis  fubjî- 
dium  boe  quodjeju. 
nium  prafîat  nobis  ^ 
adhibere  nolumusO' 
defidi*  deditiores  fu- 
mas,  maxima  nobis 
ipfii  damna  afferimus. 
Namjîjejténium  ab- 
femibus  aliis  pr^di- 
£lisoperibui  nihilno' 
iisprodej};  multo  ma- 
gii  fi  cum  jejunii 
pharmaco  uti  non 
poffumus  j  graviori 
negligentia  fUerimus 
prapeditf, 

Homil.  II.  in 
cap-  z.  Anima  rc' 
mijjione  indiget  O* 
quiète ,  ad  regendum 
anim^  flatum  >  & 
domandam  carnis  pe- 
tulamiam,  Namfi- 
cutfemper  ejje  mien- 


LA      GeHESE.  ,     JJ-t 

que  pour  nous  les  faire  pra- 
tiquer ,  qu'il  a  inftitué  l'ab- 
ilinence  des  viandes  ,  afin 
que  réprimant  les  convoitifes 
&  les  révoltes  de  la  chair  , 
nous  l'affujettiflions  à  Tefprit, 
&  la  rendions  foumife  aux 
comraandemens  de  Dieu.  Que 
fi  lors  que  notre  infirmité  ne 
nous  permet  pas  d'ufer  du  re- 
mède falutaire  du  jeûne ,  nous 
négligeons  les  bonnes  œuvres 
par  notre  parefl'e  ,  nous  nous 
attirerons  un  très-grand  mal- 
heur. Car  fî  la  pratique  mê- 
me du  jeûne  eft  inutile ,  quand 
elle  n'eit  pas  accompagnée  de 
toutes  ces  œuvres  de  pieté  , 
que  deviendrons  -  nous  ,  li 
ayant  trop  peu  de  fanté  pour 
profiter  du  fecours  du  jeûne  , 
nous  avons  affez  de  parefle 
pour  négliger  de  pratiquer  les 
autres  vertus. 


L'ame  a  quelquefois  beiôin      71^; 
d'un  peu   de  relâchement   &    Tempérer  Îô 
de  repos,  pour  avoir  la  force '^•^^vail  d'un 
de  fe  bien  régler  elle-même,  P^"  ^^  repos. 
&  de   dompter  les  rébellions 
de  fa  chair  :    car  comme  une 
application  continuelle  au  tra- 
vail extérieur  nous  pourrcit 


710. 

Joindre  la 
bonne  vie  au 
jeûne. 


cumbere  facit  i  it^ 
perpétua  remittere , 
adignaviam  inducit. 
Ne  ità  fimpliciter 


Kefpas  pro' 
fîter  Jesexer 
cices  de  pieté 
fujet  de  con 
damnation. 


i^jz  Des     Kombliës 

faire  fuccomber  ;  aufiTi  un  re-  tum  tahortlus,  fuc* 
pos  &  un  relâchement  conti- 
nuel nous  entreticndroit  dans 
roifiveté  &  dans  la  parelTe. 

Ne  laiilbns  pas  ainfipafler 
inutilement  les  lemaines  def-  jejuniorumhebdoma'^ 
tinées  au  jeûne  \  que  chacun  dapratereant  ,fcrit' 
examine  fa  confcience,  &  fe  temurfuam  quifque 
rende  compte  à  foy-même  de  confcientiamy  ct*  ra» 
fes  adions  i  voyons  le  bien  tionem  examinemusy 
que  nous  avons  fait  dans  celte  ct*  confideremui 
femainej  quelle  eft  la  vertu  quidnaminhac  heh- 
que  nous  avons  pratiquée  domada  probe aclum 
dans  la  précédente  ;  à  quel  Jît ,  quidinalta,^ 
accroifl'emenc  de  piété  nous  qualeaugmentumfe' 
nous  fommes  préparez  pour  cerimus  ad  fequen- 
la  fuivante  ;  &  de  quelles  af-  tem ,  <iuas  in  nobis 
ferions  vicieules  nous  nous  affe6liones  correxi- 
fommes  corrigez.  Car  fî  nous  mus.  Kijl  enim  ita 
ne  réglons  ainfi  notre  vie  ,  vitam  noflram  injlû 
&  fi  nous  ne  prenons  un  foin  tuerimus,  magnant 
particulier  de  notre  ame,  nous  animt  noflr£  curam 
ne  retirerons  nulle  utilité  de  habentes^nihilmbis 
tous  nos  jeûnes.  ufuieritjejuniHm. 
Si  nous  n'avons  grand  foin  Si  nihil  ex  hac 
■  de  bien  profiter  de  ce  tems  congregatione ,  ad- 
'  de  jeûne  ,  des  affemblées  &  monitione,  O'jeju' 
[dQs  prières  que  nous  faifons  nii  tempore  lucratuti 
'  en  cette  Eglife  ,  &  des  inftruc-  e/Jemus;  tune  non  Co- 
tions que  nous  y  venons  re-  Inm  nihil  utilitatts 
cevoir  ,  non  feulement  toutes  afferrent  htec  ,  fei 
ces  œuvres  faintes  nous  de-  CT*  majoris  condèm^ 
viendrpnt  inutiles  ,  mais  plu- 
tôt elles  nous  feront  le  lujet 
d'une  plusrigoureufecoodam- 
nation. 


nationis  occajîo  fiè- 
rent. 


i 


Nullam 


Sur 

NuHcwt  nos  un- 
o^uam  dwm  tranfî^e- 
re  o[>ortet  ,/îpojfiUle 
ej}  y  per  omnem  vi' 
tant  nefimm  ,  in  qua 
non  lucrum  alicjuod 
Jpirituale  in  nobis  re- 
ponamus  ;  vel  per 
precei ,  vel  per  con» 
fefjîonem^  vel  per  e- 
leemojyttas ,  velali" 
ct*a  alla  fpintualia 
iona  opéra. 

Unttfqhifijiite  ope- 
t^m  det  y  ut  vitium 
qtiodfibi  maj^is  qttàm 
Citera  infejlum  fen- 
tit ,  ex  anima  exfe- 
cet  i  CT*  pia  cogita- 
tione  qua/î  fpiriiuali 
quodam  gladio  ,  yê- 
ipfum  ab  eo  liberet, 

Paulus  infipien- 
tiam  vocat  quod  lo- 
qùitur  ;  docens  ne  nos 
unquam  citrà  necef- 
Jltatem  O*  nullo  ur- 
gente 3   qutt,  à  nobis 
fada  fttnt    evulge- 
mu>i  ,   fi  ^«^^  ^0»* 
fimus  operati. 
'  Homil.  ij.Béa- 
tus  qui  fecerit  & 
docuerit.  Multbfi- 
delior  CP*  certtor  do- 
Cifina  operum  quàm 
Xora.  I, 


LA    Genèse.  if  y 

Nous    ne    devons    lailfer       7iî' 
paffer  aucun  jour  de  notre  vie,;  ^^  P^s  lailTcr 

s'il  eft  pofliblc  ,  fans  y  avoir  P^l^s». ""  ^^^^ 
r  ■  ^1  r     r  •   ■        1     )our  uns 

fait  quelque  proht  rpintuel  i  '  ^^,       bon,- 
foit  par  la  prière  ,  (oit  par  la  j^.  oeuvre, 
confeflion  de  nos  fautes  ,  foit 
par  l'auinône  ,  foit  par  quel- 
que autre  adion  de  piété  que 
nous  y  aurons  pratiquée. 


Chacun  de  nous  doit  pren-       T^B* 
dte  à  tâche  de  fe  corriger  du      Combattît 
vice  qu'il  reconnoît  luy  être  '=  V" 
le  plus  dangereux  &  le  plus 
mortel ,  &  té  fervir  de  l'cpée 
fpirituelle  d'une  pieufe  réfo- 
lution  pour  le  retrancher  de 
fon  cœur  ,  &  fe  délivrer  abfo- 
lument  decet  ennemy. 

S.  Paul  appelle  folie  ,.  toui       7^4;'. 
ce  qu'il-  dit  de  foy  -  même  j     Ne  pas  dîrs- 
afin  de  nous  apprendre  à  ne  ja-  du  bien  'le  foi; 
mais  publier  le  bien  que  nous  fa"s neccuiçcii. 
pouvons  avoir  fait,  (ans  y  être 
indifpenfablement  obligez  par 
les  inftances  d  j  notre  prochain, 
ou  par  quelque  autre  ncceifité. 

Bienheureuse    celuy    qui   aura       72.  fî'- 
fait  y  Z^  enfeigné,    La  dodrine    Inftruirepari 
des  oeuvres  eft  bjeuplnsfure  ^^^  '^°"5  e-- 
&  plus  finceic  que  celle  de&^^'^S^'^^»- 
paroles.  Car  une  perfonnequi- 


554  "DbS     HOJTELIES 

vit  bieff  .  peut  ainfi  fans  parler,  fermonum.  Kam  qtty 

enfeigner  la  vertu  à  ceux  qui  talisefi  ^etiamjïiens, 

le  voyent  agir  j  &  fans  être  CP*  cùm non  vide mr  , 

vu  3  inftruire  ceux  qui  enten-  doccre />oteJ}  ;  ^  a- 

dent  parler  de  fa  bonne  vie  :  iios  quidemcjuitllum 

êc  Dieu  répandra  fur  luy  fes  vident  ,.  alios  verà 

grâces  avec  abondance  ,  par-  qui  de  illo  auiiunt  : 

ce  qu'il  aura  été   caufe  que  a*    multa   fruetur 

fon  falnt  nom  aura  été  glo-  Dei gratta,  ctimejjt' 

rifié  ,  non  feulement  par  fes  cieit  utnonfolîirnper 

bonnes  oeuvres,  mais  encore  fe,fed^per  alios 

par  ceux  qui  en  auront  été  édi-  qui   tllum   vident  y 

fiez.  Dominus    glorijîce' 

71^»             Comme   Pappetit  eft   un  Hom.  i$.  S^icus 

Faim  de  la  figne  ^q  bonne  (anté  pour  le  efurire fignum  eft  ho- 

parole  de          ^^             ^^  rnême  le  20ult   &  n£  valetudinis   cor^ 

Dieu  ,  bonne  1,^,1  1     il    r\:^  . 

œarcie,         lamour  de  la  parole  de  Dieu 

^    *        eft  une  grande  marque  de  la 

fanté  de  notre  ame. 


ts  ;   tta  amare 


727;  Le  Seigneur  eft  fi  libéral 

Bonuf.i^edes  envers  nous  ,    que  lors  qu'il 
grâces  eiiâtti,  voit  que  nous  ufons    bien  & 
ic  d'autres,      avec  gratitude  des  biens  qu'il 
nous  a  déjà  faits,  il  nous  en 
communique    encore  de  plus 
grands  &  en  plus  grande  abon- 
dance. 
728.  ^^  Seigneur  donna  des  hahits 

Habits ,  mar-  Je  peaux  à  Adum  ^  à  fa 
que  de  peni-y>;7,w;e.  Nos  vétemens  nous 
tsncc»  doivent   continuellement  re- 

mettre  en  mémoire  la  perte 
des  biens  du  Paradis  ^   &  ia 


porah 

divina  elcquia ,  fpi- 

ritualisfanttatis  in- 

dictum  fuerit  maxi' 

mttm. 

ItaliheraliseffDo' 
minus  noper  ,  ut 
quando  videt  nos  he-^ 
ne  CT*  cum  gratitu- 
dine  uti  his  qus  jam 
nobis  concejjit ,  ultra 
nos  potiorihus  rtiune' 
rihus  impleat. 

Homil.  18.  in 
cap.  3.  Fecit  Do- 
minus Adaj&  uxo- 
riejus  velks  pelli- 
ceas  .  . .  Itaque  ve» 
Jlium  amiâui  canti^ 


Su  R 
ttuum  nohisjtt  tponi- 
mcntum ,  cjuantù  bo- 
nis exciderimus ,  C 
qftanto  fupfticio  hit' 
manum  Q-enus  ob  ino- 
èedientium  Jït  ajfe- 
élum. 

Qtioniam  mos  efl 
ut  dum  bonis  frtti' 
mur  5  ipfs  ut  opor' 
tet  y  Htt  nefciamus  / 
illorum  privatione 
emendamur  ^  CJ^tunc 
experientia  doéli  , 
femire  nojlram  défi- 
diam  incipimus  ;  at- 
ç[tte  ità  tanta  remm 
mutaiione  docemur^ 
C?*  à  quibtts  excidi- 
mus  5  C^  qui  bus  nos 
ipfos  maUs  injecimus. 
Itaqtte  quodpropè  ZD* 
è  regione  faradifi 
Adamum  hahitare 
jujjît  De  us ,  maximte 
frovidentiie  C  cura 
fignum  fuit  i  ut  O* 
(peéJatido  memor  ef- 
fet ,  €7*  inde  lucrum 
faceret» 


.  Aiite  inobedieit'- 
tiam  parentes  primi 
Ân^elnam  vitam  j- 


LA    Genese»^  jyjT 

punition  dans  laquelle  toute 
la  nature  humaine  a  été  en- 
veloppée pour  la  première  def- 
obéiilance. 


Quand  nous  n'ufons  pas  jip^. 
comme  nous  devons  des  biens  Di=u  nous 
qui  nous  ont  été  donnez.  Dieu  P"^^  *^^' 
a  accoutumé  de  nous  en  priver  ^^"^  P°"' 
ahndenous  faire fentir  par  une  ^^^^ 
malheureufe  expérience  quel- 
le a  été  notre  lâcheté  ,  &■ 
nous  apprendre  par  le  change- 
ment fâcheux  de  notre  fortu- 
ne ,  de  quels  biens  nous  fem- 
mes décheus  ,  &  dans  quels 
maux  nous  nous  fommes  pré- 
cipitez par  notre  faute.  Ainfî- 
Dieu  par  un  favorable  effet  de 
fa  providence  ,  &  par  un  con- 
feil  de  miiéricorde  envers  le 
premier  homme  ,  le  fit  habiter 
vis- à-vis  du  paradis  duquel  it 
avoit  été  chalfé  ,  afin  que  la. 
vûë  continuelle  de  ce  lieu  de. 
bonheur  le  frappât  fans  refie  ^ 
pour  lui  infpirer  les  fentimqns 
qu'il  devoir  avoir  ;  &  luy 
faire  tirer  de  fon  état  tout  l'a* 
vantage  dont  il  étoit  capable 
dans  fon  malheur. 

Avant  la  defobéiiranxre  de 
nos  premiers  pères  ,  ils  m 


noient  une  vie  d'Anges  dans  le 


7So: 

Vuginité., 
vertu  flyi'Ar- 


me  innocent. 


356  Des    Homel 

ge  3c  cîePhô- paradis.  Ainfi  c'a  été  la  virgi- 
nité qui  a  été  premièrement 
en  honneur  parmy  les  hom- 
mes :  mais  après  que  le  peu 
de  foin  qu'ils  eurent  de  veil- 
ler fur  eux-mêmes  ,  les  eût 
fait  tomber  dans  la  defobéif- 
iance  &  le  péché ,  cette  ex- 
cellente vertu  les  abandonna 
comme  étant  indignes  de  la 
pofleder ,  &  ils  fe  trouvèrent 
alfujettis  à  la  loi  du  mariage. 


j^i,  L'Ecriture  ne  dit  rien  par 

Rieii;i'inu-  Hazard  &  fans  raifon  ,  &  jnf- 
tiL  dxns  TE.  qu'à  une  fyllabe  &  à  un  point, 
cr:îure.  tout  y  eft  remply  de  tréfors  ca- 

chez. 

72».  Le  péché  avant  même  que 

Ténebresdu  d'être  accompli  en  nous  ,  ré- 
péché,  pand  fes  ténèbres  dans  notre 
efprit  pour  nous  aveugler  & 
pour  nous  féduire  ;  mais  après 
qu'il  eft  confommé  ,  c'eft  alors 
que  nous  connoiiions  vifîble- 
ment  notre  folie  &  notre  nii- 
lere. 

Trouvez-vous    que  ce  que 

j/J.oiisàu  I^J^^^  demande  de  nous    foit 

Chrefîisn        une  ch'ofe  fâcheule    &  péni- 

ÔLMx  &  faci-  bJe  ?   îî^  demande   la  contri- 


tion de  notre  cœur  ,  la  com- 
pon<51icn  de  notre  ame  ,  la 
coafeflionde  nos  fautes  ,  & 


I  ES 

mitahantttr.  7 .  .  Tta- 
que  ahinitio  virgini* 
tas  palmam  princip:i' 
tus  acceplt  ;  fed  pofl- 
quam  par  de/îdiam- 
tntravit  inohedien- 
tia  CT*  peccatum  5. 
ilU  qtiidem  avola- 
vit  ,  trt  pote  ab  his 
qui  indigni  tant£ 
virtutis  erant  ma- 
gnitudine  i  fubinira' 
vit  autem  conjugii 
lex. 

Nihil  temerè  vel 
for  tut  to  loquitur  di.- 
vina  fcriptura  ;  fed 
Cr  Jyllaba  CT*  apicu- 
lus  unus  reconditum- 
habet  thefaurum. 

Homil.  20.  in 
cap.  4.  Priufquam 
fiât  C?*  compleatur 
peccaîunty  obienebrat 
Ç^  decipit  mentem  ; 
pojiquàm  autem  fnc" 
rit  confummatum  , 
manifèflè  nobisfuam 
abfurditatemprofcrt. 

Num  grave  ali- 
qmd  O*  molejlttm  a 
jjobis  requiritDeus  ? 
Comritionem  zuli- 
cordis ,  compuriBio" 
nem  mentu  ,  confèf- 
Jionem  caf»s ,  feda^ 


Sur 

Utatem  continuant  : 
G?*  non  folùm  laYgi- 
tur  vulnerum  curam, 
fed<^  eum  qui  anteà 
tnnumeris  peccato- 
rttmfarcinis  grava- 
hatur  ,  jujium  effi- 
cit.  0  mif;ricordi£ 
magnitudinem  !  0, 
honitatts  excellent 
tiam  ! 

Homil.  lï.Càm 
non  Jît  apichlus  in 
fàcris  Uiteris  ,  in 
cujui  profunào  non 
fit  grandis  qtiifpiam 
the/aurus  i  nobis  di- 
vina  gratta  ducamur 
opus  efl  j  CT*  Spirittt 
Jân6}o  illufirati  divi- 
naeloqma  adeamus. 
Neque  opus  habet 
dlvin^Scriptura  ho- 
mintO^apiemia  ,  ut 
intelligatur  ,  fed  re- 
velatione Spiritus^  ut 
haujfo  indè  verc  fen* 
fu  magnum  nobishinc 
lucrum  accrefcat. 

Non  frigida  iîla 
verha  proférant  : 
Mundanus  fum  ;  fi 
quando  eos  rogamus 
fit  advirtutum  labo- 
res  i'igredtantur ,  ^el 
fikdÎHm  adJnhiant  in 


LA     Genbsp.  i^f: 

une  continuelle  vigilance  fur- 
nous-mêmes.  Auiîî  ne  guéric- 
il  pas  feulement  nos  blefl'u- 
res  ,  mais  il  fait  devenir  juftes 
ceux  qui  ctoient  auparavant 
chargez  de  péchez.  Confide- 
rez  quelle  doit  être  pour  cela 
la  grandeur  de  !'a  miféricorde,. 
&  l'excès  de  là  diyine  bonté. 


Comme  lèmoîndre  mot  des       714* 
Ecritures  divines  renferme  de    On  n'entend" 
grands  tréfors ,  il  faut  que  la  ^'^^"^""^f,-^ 
grâce  nous  y  donne  entrée  ,  &  ^."^^a^,' Dieuf 
que  les  lumières  du  laint  Ef-  *^ 
prit  nous  éclairent    pour    les 
pouvoir  lire  utilement.  Car  ce 
n'êft  pas  la  fagefle  &  la  fcience 
humaine  qui  nous  donne  l'in- 
telligence de  ces  livres  facrez,- 
mais  c'eft  la  révélation  de  l'ef^ 
prit  divin  qui  nous  en  décou- 
vre le  vray  lens  ,  &  qui  nous 
enfait  tirer  le  profit. 


Quand  nous  vous  conju- 
rons de  travailler   avec  cou- 
rage à  Tacquifition  de  la  vertu,  Ecritures  di 
&  de  lire  avec  afTiduité  la  fain-  ;f^""   ,"^"^ 

te  Ecriture,  ne  me  repondez.^-'-X». 
pas  froidement   :    Je  ne  fuis 
pas  obligé  à  cette  perfeâioa  ;, 


73 f-  ^ 

Leûure  aii. 


f- 


358  Des  Home 

je  fuis  un  homme  du  monde  : 
je  ne  fuis  pas  Moine.  Com- 
me s'il  n'appartenoit  qu'aiix 
Moines  de  plaire  à  Dieu,  ^ca- 
chez donc  que  Dieu  veut  que 
tous  les  hommes  travaillent 
à  leur  falut ,  qu'ils  acquerent 
tous  la  connoiflance  de  la  vé- 
rité 5  &  qu'ils  ne  négligent 
aucune  vertu.  Ne  nous  trom- 
pons donc  pas  nous-mêmes  ; 
mais  reconnoiiîons  que  plus 
nous  nous  trouvons  expofez 
aux  périls  &  aux  embarras  du 
monde ,  &  plus  nous  devons 
prendre  foin  de  chercher  des 
remèdes  ScdesTecours  dans  la 
leéture  des  Ecritures  divines. 


chariré    vont 

toujours 

croiffânr. 


75^.  Les  devoirs  fpirituels  d'un 

Dettes  delà  Pafteur  à  l'égard  de  fon  trou- 
peau, font  d'une  telle  nature, 
qu'ils  s'augmentent  d'autant 
plus  qu'il  travaille  à  s'en  ac- 
quitter  -,  &  qu'ils  enrichilïent 
ft)us  les  jours  de  nouveaux 
tréfors  de  piété  ,  non  feule- 
ment ceux  qui  les  reçoivent , 
mais  même  celuy  qui  les  don- 
ne. 

Quand  on  eft  bien  pénétré 
de  l'amour  de  Dieu ,  &  qu'on 
bien  Dieu  ne  tend  à  luy  de  toute  l'étendue 
penfe  qu  a      ^^^^^  ^^^^  ^  ^^  ^  ^^^^  p,„5 


Qui  aim« 


LIES 

facris  litteris  U^en^ 
dis.  Non  cji  hoc 
msum.  Nonfum  Aîo- 
nachtn.  Qhii  diciSy^ 
homo ,  an  hoc  ad/o"' 
loi  Monachos  perti^ 
net  ut  Denplaceant  ?- 
Omnes  homines 
yult  falvos  fi.ri&- 
ad  agnitioncm  ve- 
ritatis  venire,»»/- 
lamque  virtutem  ne' 
gltgere  >  ,  ,oro  tgUur- 
ne  nofmetipfos  falU" 
mm  »  fed<iuant'.  ma* 
gis  hujufcemodi  eu- 
ris  implicamur  ,tan- 
to  magis  rem.dia  ex 
leHione  divin  arum 
fcripturarum  fufci- 
j>iamm. 

Homil.  2  2..  in 
cap.  6.  TaUs^fpi' 
ntuaîis  debiti  natu- 
ra  j  ^uod  qttanto  ma- 
gis folvitur  ,  tanto 
magis  augetur  ,  ©^ 
fuhfianttam  magis 
mûltipUcat  ,  C?*  t/i- 
ejfabiles  dtvittas  ad- 
fert  ,  tam  danti  , 
q^àm    accipienti. 

Ht) mil.  z^.Cum 
quts  amore  Deifai»- 
cifiS  fuerit  ,  CT*  itr 
€um  de/iderioftto  tfn^ 


Sur 

dit  I  nihil  vijtbilium 
Ziidet  :  fed  continua 
eum  quem  dejîderat 
imaginatur  »  CT*  in 
no6ie  C7'  in  die  ,  CiT* 
eubam  C^  furgens. 

Impojfihile  efi  ut 
qui  anguRam  vn~ 
tHtis  Vtam  ambulat , 
Ci?*  mandata  fe^ui- 
tur  'Chrijii ,  ah  om- 
nibui  lattdetur.  Efi 
enim  O*  illa  excel- 
lens  maliîia ,  virtuti 
adverfari  .  .  .  Idea 
Dominus  mife/icors 
Vocal  eos  qui  propter 
humanam  Uudem 
^irtutem  negligunt  : 
nam  celebrari  ab  om- 
nibus 5  maximum 
fiterit  argumentum, 
non  magnam  haberi 
vinmis  rationem. 

Hom.  24.  C7?ri- 
fius  dtcebat  ;  fcruta- 
«lini  Icripturas  : 
quià  non  ubique  in 
fuperficie  fcriptura  , 
mens  fcriptur^  ^  tn^ 
Venitttr  i  fedopusefl 
firutinio  j  ne  quod 
in  proft*ndo  latet , 
ttobn  remaniât  abf-^ 
CMdtfMtn. 


LA    Gènes  F.  jf^ 

les  choies  vifibles  -,  &  l'on  n'a 
contincllemcnt  devant  les 
yeux  de  Ton  ame  ,  jour  & 
nuit  3  en  fe  levant ,  ci  fe  cou- 
chant ,  que  l'image  de  ce  cher 
objet  que  Ton  chérit  &  que 
l'on  défire. 

Il  eft  impoffibîe   que  celui       73  5. 
qui  a   entrepris   de    marcher      ^^  ^ertu 
dans  la  voye  étroite ,  &  d'ob-  "'"^^,  V^'  S^- 
ferver  les  commanaemens  de  approuvée» 
jESUS-CHRIST,foitloué  ^^ 
de  tout  le  monde.  Car  c'elHe 
propre  de  la  malignité  d'être 
ennemie  de  la    vertu.     C*eft 
pourquoy  le  Seigneur  appelle 
miférablesjceux  qui  abandon- 
nent la  vertu    pour    acquérir 
Teftime    &   Tapplaudifiement 
des  hommes.  Et  en  effet  être 
dans  reftimc  &  Tapprobation 
de  tout  le  monde  ,  n'cft  pas 
une  grande  marque  de  vertu. 


JESUS-CHRIST  difoit: 
Aprofondijjey^  les  Ecritures.  Par- 
ce que  l'on  n'en  trouve  pas* 
toujours  Tefprit  &  l'intelligen- 
ce fur  la  fuperficie  de  la  lettre^ 
mais  il  eft  fouvent  befoin  de 
les  creufer  &  les  examiner  à 
fonds  pour  en  découvrir  ks 
leus  cachez» 


Méditer  rï' 


$6o.  Des    Home 

740.  Le  commandement  de  Dieu 

Commande- doit  rendre  aifé  cequiparoit 
mens  de  Dieu  le  plus  dîffic^e.     Car   quand 
hsTh^h''-'  ^^^  ^"^^^^  fupportent  quelque 
té!  ^  *  *"  ^^^'  peine   pour  Dieu  ,  ils  n'ont 
pas  accoutumé  de  confiderer 
ce  qu'ils  fouffrent ,  mais  feu- 
lement la  caufe  pour  laquelle 
ils  fouffrent  ,  &  c'elt  ce  qui 
leur  fait  tout  fouffrir  fans  pei- 
ne. L'amour  de  Dieu  eft  très- 
puiffant  pour  diminuerle  poids 
de  nos  maux  ,  il  nous  rend 
comme   infenfîbles  à  leur  a- 
mertume. 


T^i.  Imitons    notre   Seigneur  ; 

Ne  vanger  pardonnons    les    offenfes  qui 

que  les  ofFen- ne   vont   que  contre    nous  : 

ks  de  Dieu.    ^^^^  quand   elles  s'attaquent 

à  Dieu  ,  c'eft  alors  que  nous 

devons  les  vang^er. 


741.  AgifTons  en  toutes^  chofes 

Pureté d*iû"  avec  une  grande  pureté  de 
tcntion,.  coeur.  Car  c'eft  de  cette  fource 
que  procèdent  tous  lesbiens.Et 
en  effet  le  Seigneur  ne  regar- 
de pas  à  nos  avions  ,  mais  à 
Tefprit  qui  nous  les  fait  faire , 
&  c'eft  félon  notre  difpofîtjon 
intérieure  ,  qu'il  approuve  ou 
qu*il  improuve  ce  que  nous 
faiibnsé  Soii  donc  q^ue  nous 


L  I  ES< 

Ho  m  il.  if.  Fra- 
cepium  Onv  ejflcit  y^ 
ut  di^cilia  facilia 
videantur.  Juj}orum 
enim  talii  efl  moi  ,. 
Ht  quando  aliquid 
propterDeumfcruntf 
non  res  ipfas  <jU£ 
fiunt  fpeClent  ,  fed 
caufam  /ecum  expert' 
dentés,  facile  omnia 
ferant  .  . .  Amor  in 
Deum  gravitatem 
moUpiarum  immi' 
nuit  y  neque  fen:iri 
finit  3  cùm  nos  invU' 
jèrint. 

Homil.  z6.  Imi' 
temur  Dnm  noflrum  s 
dimtttamus  fi  quid 
in  nos  peccatum  fine- 
rit  i  qttando  antem 
tn  Deum  peccatum 
refertur  i  tune  panas 
exigamus. 

Hom.  27.  Vhique 
ftudcamus  mentem 
ajferre  incorruptam» 
Ifia  enim  cuufa  efi 
omnium  honorum. 
Bonus  enim  Dns  non 
confuevit  attendere 
ad  ea  qua  à  nobis 
fiunt  y  fed  ad  iuter- 
nam  mentem  ,  k  qua» 
U$  hi(C  faciamui  im- 
pellimHT  i 


Sur 

fellimur'y  ^adhavc 
fpeclans  ,  vel  af?pro- 
hat  ea  qux  à  nobts 
Jîunt  5  vel  averfatur . 
Itaque  five  prece- 
mur  j/îvejejunemusy 
Jîve  eleemofynam  fa- 
ciamus  ,  five  aliud 
^uoddam  fptrituale 
opusy  hoc  faciamtis 
hona  mente  ,utlaho- 
ribus  dignam  refe' 
rantHs  coronam.  Ej]et 
enim  perahfurdum 
laborem  nos/nflinerCf 
CP'  retrt  ùmiotie  ftau- 
dari  ,  qttando  non 
juxta  leges  ah  illo  no- 
bis  datas  virtutem 
exercemus.  Fieri  at*- 
tempoteji  oh  magnam 
Dei  henignitatem  , 
ttt  opère  nondum  com- 
pletOj  coronam  quis 
accipiat  à  fola  pia 
mente. 

Uhi  viderit  Deus 
voîuntatis  nojïrte  fir- 
nium propofnttm ,  €7* 
ferventi  nos  dejtderio 
ad  fe  accedere ,  non 
tardaty  neque  dtjferti 
fed  accélérât,  fitamq'y 
foUtam  liberalitattm 
êxhihensydicii:  Ad- 
huç  Joquente  te 
Toai.  I, 


LA    Genèse.  35e 

priions  ,  ou  que  nous  jeû- 
nions ,  ou  que  nous  donnions 
l'aumône  »  ou  que  nous  pra- 
tiquions quelque  autre  œuvre 
fpirituelle  ,  agiflons  avec  une 
pureté  d'intention,  qui  nou<s 
fafle  obtenir  une  récompenie 
digne  de  nos  peines.  Aufllfe» 
roit-ce  une  chofe  bien  déplo- 
rable d'eifuier  de  grands  tra- 
vaux j  &  de  n'en  pas  obtenir 
le  prix  ;  pour  n'y  avoir  pas 
agi  félon  les  loix  que  le  Sei- 
gneur nous  a  prefcrires.  Ce- 
pendant la  bonté  de  Dieu 
pour  nous  eft  fï  exceifive  ,  que 
iouvent  avant  que  nous  ayons 
achevé  une  bonne  œuvre ,  il 
nous  en  donne  la  recompeniè 
dans  la  feule  vue  de  notre  bon- 
ne intention. 


Qijand  Dieu  voit  notre  vo-       74, 
lonté  dans  une  ferme  réfolu-    Dieu  exauce 
tion  de  le  bien  fervir ,  Se  que  promptemsnc 
nous  allons  à  lui  avec  un  ar-  ^^^  ^^^"  ar- 
dent défir  de  lui  plaire  j  bien  ^^"^^ 
loin  de  différer  les  effets  de  fa 
libéralité  divine  ,  il  les  avan- 
ce plutôt  &  nous  dit  :    rous 
n'aurey    pas    encore    achevé   de 
parler  ,  que  je  -vous  dirai  :  iWo 


Des    h  o  tt  £  l  i  e<s 


744- 
Malheur  du 
Chrétien  qui 
eft  dur  envers 
Us  frètes. 


74  f. 

Condamna- 
tion du  Chre- 
ftienqui  n'ai- 
me pas  fesen- 
Bemls^ 


Si  nous  fommes  durs  & 
impitoiables  envers  notre  pro- 
chain j  nous  tomberons  dans 
l'indignation  du  Seigneur  j  & 
nous  ferons  contraints  de  paier 
dans  les  tourmens  de  l'autre 
vie,  même  les  anciennes  fau- 
tes qui  nou«  avoient  déjà  été 
pardonnées. 

Si  nous  n'aimons  véritable- 
ment nos  ennemis  ,  nous  at- 
tirerons fur  nous  une  rigou- 
reufe  condamnation  ;  en  ce 
qu'ayant  dans  le  cœur  une 
difpolition  contraire  aux  pa- 
roles de  l'oraifon  du  Seigneur, 
nous  avons  la  hardiefle  de  lui 
adreffer  cette  prière,  &  ainfî 
^'allumer  contre  nous  le  feu 
^e  fon  indignation ,  au  lieu  de 
réteindre. 


74^*  C'eft  pour  nous  attirer  à  lui. 

Dieu  nous  que    j^jg^   ^o^s   comble  de 

H^n?^  les  ""t  .^e  l>'^nf^i"  '  &  ^"'^P^ès 
maux  pour  l'avoir  ofFenfé  il  ne  nous  pu- 
nous  gagner,  nit  pas  aufïî-tot ,  mais  nous 
pardonne  nos  fautes  :  afin  de 
nous  gagner  par  toutes  fortes 
de  voyes  j  &  en  nous  faifant 
du  bien  ,  &  en  différant  de 
nous  châtier.  Souvent  encore 


il  arrive  qu'il  punit  quelqu'- 
un i  afin  de  porter  les  autres 


dicam  :  Ecce  ad- 
fum. 

Si  efga  pr&ximos 
crudeles  fuerimus . .  ^ 
tune  cr  ftos  in  indi- 
gnatiomm  Domini 
iacidemuiy  O'ea  c[u<e 
iam  ante  dunijja  e- 
rant ,  foltere  iterum 
in  tormentiscogemur, 

Nijî  diligamm  ini» 
micos  nojiros ,  magna 
btnc  nobii  condem^ 
nationis  caufa  ;  j«i 
cùmea  qu<e  fHntdi' 
^is  nojîris  contraria 
faciamui ,  attdemtn 
temereverha  precu' 
tionis  dominiez  pro" 
nunciare ,  C?*  m^/o* 
rem  nohis  igné  m  ex-- 
truere  ,  iramque  De» 
in  nos  provccare. 

HomiX.z^.Hacde 
caufa  prior  ipfe  mul- 
ta  in  nos  bénéficia 
collocat  j  çy  cum  pec* 
caverimus  iterum 
nobis  veniam  impar» 
tttf  &  fupplicia  non 
è  vefiigio  infert  i  ut 
per  omnia  nos  alli-^ 
ciat  ,  C  dum  nobii 
benefacit ,  CT*  dum 
longanimiseji»  S^pl 


s  VK 

cttam  dttm  aliquos 
punit ,  altos  per  hoc 
tnjttcere  vt*h ,  util- 
lorum  me  tu  cafli^a- 
%% ,  juppUcit  pertcu- 
lum  ejfugiant. 

Ut  facile  virtutis 
îahores  ferre  pojjt- 
miiSy  magnum  ha- 
heumus  in  Deum 
amorem  CT*  defde- 
rium  ;  O*  illuc  men- 
te intenta  ,  à  nulla 
re  hujus  vita  fup- 
pîamemur  in  curfi* 
illo  j  feà  fmurorum 
bonorum  fruitionem 
continuo  cogitantes  , 
omnes  hujus  vit  £  mo- 
lejlias  manfuetèfera- 
.  mus. 


Homil.  2p.  No» 
folitm  hona  fan^o- 
rum  opéra  nohis  funt 
fcripta  j  feà  O*  pec 
cata  i  ut  bac  quidem 
.fugiamus  ,  illa  vero 
imitemur.  Nequehoc 
folum  j  fed  monjïrat 
infuser  divinafirip- 
tura  CT*  jufos  fapè 
lapfoSy  GT*  peccato- 
resm^gnam  agentes 
fccnitentiam  ,    quo 


LA     Genbse.  $6% 

à   fe  corriger  par  la  craincc 
d'un  pareil  fupplice. 


Pour  fupporter  avec  coiira-      747. 
ge  toutes  les  peines  qui  fe  ren-     Souffrir  le'; 
contrent  dans  le  chemin  de  la  rnaux  prcfeus 
vertu  ,  il  faut  avoir  pour  Dieu  P^'  l*'''p<Mr 
un  grand  amour  ,  &  un  ardent  y",j/'"'  * 
défîr  de  lui  plaire  ^  &  s'appli- 
quer fi  uniquement  à  tout  ce 
qui  regarde  Ton  fervice  5  que 
nulle  autre  vue  en  ce  monde 
ne  nous  puifle  détourner  de 
cette  réfolution  :  ainfi  ayant 
continuellement    devant    les 
yeux  refpérance  de  joiiir  des 
biens  à  venir,  nous  Tuppor- 
terons  avec  patience  &  avec 
douceur  les  chofes  les  plus 
fâcheufes  de  cette  vie. 

L'Ecriture  n'a  pas  feulement       ^^g; 
parlé  des  vertus  des  Saints,     Le  juftene 
mais  nous  a  voulu  auffi  mar-  doic  prefu- 
quer  leurs  péchez^  afinde  nous  '"«r ,  ni  le  pé- 
porter  à  imiter  les  unes,  &  à  ^^^^^  *^-^*^' 
fuir  les  autres.  Et  elle  n'en  eft  P^"^"* 
pas  demeurée  là  ,  mais  elle 
nous  a  encore  montré  des  ju- 
Ites  qui  font  retombez  dans  le 
péché,  &  des  pécheurs  qui  s'en 
îbnt  relevez  par  une  grande 
pénitence-,afin  de  nous  appren- 
dre par  ces  differens  exemples, 
Hhij 


354  Des    Homel 

&  à  n'avoir  pas  trop  de  con- 
fiance en  nous-mêmes,  lors 
que  nous  demeurons  debout, 
voyant  àQs  juftes  qui  font  tom- 
bez j  &  auiîi  lors  que  nous 
tombons  ,  à  ne  pas  nous 
décourager,  &  à  nedéfefpe- 
rer  jamais  de  notre  retour  à 
Dieu, voyant  tant  de  pécheurs, 
qui  après  s'être  relevez  de 
leurs  chutes  ,  font  parvenus 
julqu'au  comble  de  la  vertu. 
74p.  Couvrons     chari':ablement 

Tenir  cachés  les  péchez  de  nos  frères,  non 
ies  pécaez  du  pas  ^f^^  de  les  rendre  plus 
prochain,  negligcns  ,  mais  pour  leur 
donner  occafion  de  fe  corriger, 
&  de  rentrer  dans  le  chemin 
<3e  la  vertu.  Car  comme  une 
perfonne  qui  a  eu  peu  de  té- 
moins de  fa  faute,  a  plus  de 
facilité  d'en  revenir-,  ceux  au 
contraire  qui  voyent  que  per- 
fonne n'ignore  le  mal  qu'ils 
ont  fait,  perdent  toute  honte; 
&  s'accoûtumant  à  le  com- 
mettre ,  ne  fe  foucientplus  de 
s'en  corriger,'  mais  tombent 
enfin  dans  l'abîme  du  défef- 
poir  ,  dont  ils  ne  voyent  plus 
de  jour  de  fe  retirer.  Je  vous 
conjure  donc  de  ne  décou- 
vrir jamais  les  fautes  de  votre 
frère  »  &  fi  les  autres  vous 
les  apprennent  ,  ne  contri- 
buez point  à  les  publier  da- 


lES 

utrinqite  mois  fuf- 
Jiciens  ejfe  remeàiumi 
CT*  neque  qui  Jletit 
confiàentior fit  ;  vi" 
dens  CT*  jujloi  ceci" 
dijje  ,  neqt*e  qui  in 
peccatis  ej}  defperet  y 
vijîi  tôt  qui  rej^pue' 
runt  )  ZP*  ad  furu" 
mum  virtutis  apicem 
pervenire  potuerunt^ 

Ità  ohxegamus  fra' 
trumpeccata ,  non  at 
ipfos  negligeniiorei 
reddamus  per  hoc  , 
fed  ut  mujorem  illis 
occajtonem  pr£hea- 
mui  y  ut  Jïatim  hoc 
malo  Uberentur  Çp* 
in  virtutis  viam  re- 
deant.  Namfrctit  non 
hahere  muîtoi  tefies 
deliélomtn ,  rejîpif- 
centifaciliorem  redi-- 
tttm  pr<ebet  ;  /îc  (î 
frontem  perfricuerit 
anima  ,  C?*  viderit 
quod  nemo  ignoret 
mala  qH£  aimiferity 
non  facile  folet  dejî- 
fiere  :  fed  quaji  in 
profundum  lutum  in- 
cidiffet ,  CT*  deorfum 
ah  innumerisrapere- 
tur  fiuclihm ,  difU- 


Sur 

le  emn^ere  poterit  ; 
in  defptratiûnem  e- 
nhn  cadtt  V  nullum 
Jîbi  redittl  promiitit. 
Idcircoprecor  nedete- 
gamus  proximorum 
lapftti  ;  (i^yJ  tih  aliis 
eos  diâicerimus  ,  ne 
fatagamui  ut  ntiditas 
videatur  y  feà  ficut 
grati  un  pueri  obte- 
gamuSi  adu'mbremus, 
admonitione  O*  con' 
Jiliis  lapfam  an  imam 
erigere  Jludeamus  , 
mlfericordia  Deima- 
gnitudinem  docentes  , 
CT"  honitatisexcellen- 
Uam. 

Homil.  30.  Cùm 
in  magnam  hancheb- 
domadam  perveneri' 
mus  Deigratiây  nunc 
maxime  jejunii  cur- 
fiis  intendendus ,  CT* 
magi^  continuanda 
preces  ^  faciendaque 
diligem  CP*  pttra  pec- 
catorum  confejpo,  e^» 
in  bonis  operibus  fe- 
duliUs  5  eleemofyna 
larga,  aquitasyman" 
fuettido^  aliisqtie  vit' 
tûtes  i  ut  talibus  or- 
nait virtutibus  ubi 
m  die  m  Vomini  ve- 


LA    Gènes  F.  i^$ 

vantage  j  mais  cachez,  plûtof 
la  honte  de  la  nudité  de  vo- 
tre prochain  ,  à  l'exemple  des 
enfans  de  Noc  j  &  travaillez 
à  le  relever  par  vos  avertifFe- 
mens ,  par  vos  corifeiîs  ,  & 
par  l'clpoir  que  vous  lui  inf- 
pirercz  en  la  grandeur  dff^  1* 
divine  mifericordej  &  en  Tex^ 
tréme  bonté  de  Dieu» 


temps  de  Pi-- 


Quand  nous  fommes  arri-      750, 
vez  avec  l'aide  de  Dieu  à  cette     Redoiji.l.-r 
grande  femaine  ;   c'eft  alors  '"    exr.ci.;. 
qu'il  faut  encore  jeûner  plus  ^^  P'^"^^  ^'^ 
exadement  ,    redoubler  nos 
prières  ,   faire  de  plus  pures 
&  de  plus  exades  confeuions 
de  nos  fautes  ,  être  plusfer- 
vensdans  les  bonnes  oeuvres  , 
plus   libéraux   dans    nos  au- 
mônes, plus  équitables,  plus 
doux  dans  les  commerces  que 
nous  avons  avec  nos  frères  , 
&  enfin  plus  appliquez  à  tou- 
tes fortes  de  vertus  5  afin  d'ê- 
tre en  état  de  recevoir  en  ce- 
faint  jour  du  Seigneur,  de  plus 
Hh  iij 


7^1. 
Honorer  la 
fefte  de  Paf- 
ques  par  no- 
ftre  recou- 


75i-    . 

Se  contenir 

dans  fon  ctac. 


Vanité  des 
grands  édifi- 
ces, 


fS6  Des     Home 

riches  dons  de  fa  divine  libé- 
ralité. 

Dans  cette  (êmairie  les 
Princes  délivrent  les  prifon- 
niers  ,  pour  imiter  autant 
qu'il  leur  eft  poflible  le  Sei- 
gneur :  ahnqu'ainfi  qu'il  nous 
a  tirez  de  la  dure  captivité  de 
nos  péchez,  &  qu'il  nous  a 
communiqué  une  infinité  de 
biens  ,  nous  en  ufions  de  mê- 
me envers  nos  frères  ,  pour 
nous  conformer  fclon  nos  for- 
ces à  la  milericorde  de  uotrc 
Dieu. 

Ce  qui  perd  la  plupart  de$ 
hommes ,  eft  qu'ils  ne  veu- 
lent pas  fe  contenir  dans  les 
bornes  que  Dieu  aprefcritesà 
Feur  condition  i  mais  alpirent 
toujours  à  des  chofes  qui  font 
au  deffus  de  leurs  forces  &  de 
leur  état. 

Après  avoir  bafti  fur  la 
terre  de  grands  édifices,  nous 
les  laiffons  ici  en  mourant, 
&  n'en  remportons  que  les 
péchez  de  la  vanité  de  ces  ou- 
vrages j  &  même  fouvent  nous 
fommes  privez  de  cette  vaine 
&  inutile  mémoire  que  nous 
en  prétendons  laifler  à  la  po- 
fterité  après  notre  mort. 


LI  E  J 

nerimus ,  Domini  lU 
beralitate  fmamur. 

In  hac  helàomada' 
Vrincipei  habitantes 
in  carceribus  à  vin" 
cuits  folvunt  ;  CT*  pra 
virili  Dominunt  tntf 
tantur  •'  qutn  ftcut 
ipfe gravi  nos  pecca- 
torum  carcere  exot" 
vit  ,  Ky  innumerii 
bonis  fruï  facit  ;  é-o- 
dem  modo  C  nobis 
faciendum  eji ,  utfi- 
mus  imitât  or  es  mife-*. 
ricordÎA  Deinojiri, 

Hoc  humanum  ge-^ 
nus  potijjimùm  pev 
dit  ^  quia  non  vult 
natura/iéd  menfuram 
etgnofcere,  fedjemper 
majora  defiderat ,  CT* 
qu£  ftthtfupra  fuani 
dignitaumvotis  coti^ 
cipit. 

Nos  hinc  ahimus 
déférentes  peccata- 
inde  paria ,  G?*  adi~ 
ficia  hic  relinquimus'. 
quin  tiec  frigidam 
O*  inutilem  memo" 
riam  çonfequimiir. 


Sur 

Defcendit  Do- 
minus  ut  videret 
civitatem  :  Befun- 
dit  DomiuHs  ,  non  ut 
humano  modo  intel- 
ligamus ,  fed  ut  fer 
hoc  erptdiamur  tinn» 
quam  temerèfratres 
condemnandos ,  »e- 
j«e  anditufolo  judi" 
candum  ,  m/t  pluri- 
hm  argumentis  puus 
certi  reddamw. 

jfejunioprecesfem  • 
fer  conjunéias  ejje  o- 
portet .  . .  Tuncpotif' 
fimum  preces  cum  at- 
ttmione  fiunt ,  cum 
expednior  efi  msns 
noftra  ,  ne^tte  malo 
délie  tarum  onere 
grav4ta. 

Nitamur  ità  loqui  , 
tit  nonfolnm  Txerba  , 
feio^  mens  verbo- 
Tum  cornes  adDeum 
accedant.NamfiUth' 
gua  tjjuidem  proférât 
verba  ,  mens  autem 
foris/ît  ,ftta  trafians 
negotia  CT*  imagi- 
nans  qu£  in  foro 
funt ,  nuUa  nobis  u- 
tilitas  ej} ,  fortaffis 
autem  CT*  major  con- 
demnatio.  Enimve' 


LA      GbNESE.  S^ 

Le    Seigneur    âefcendU    pour       7"l4' 
voir  la   vUle    que   bâujjoient    lef      Contre  les 
en  fans  des   hommes.     Dieu  ne  i^Z'"}'^'  "- 
dcfcendit  pas  en  la  manière 
que  les  hommes  le  compren- 
nejit  i  mais  l'Ecriture  a  i\[é  de. 
ce  terme  pour  nous  appren- 
dre à  ne  pas  condamner  témc*. 
rairement  nos  frères i  &  à  ne 
pas  juger  fur  de  fîmples  oUi- 
dire  ,  ii  nous  n'en  fommes  af» 
furez   par    des   témoig^nages^ 
plus  certains. 

On  doit  toujours  joindre  la 
prière  au  jeûne  ;  &  alors  on  fc 


7U- 

Joindre  H 
jeune  à  la 


prière. 


trouvera  en  état  de  la  faire 
avec  beaucoup  plus  d'attea-»- 
tion  *,  parce  que  notre  coeur  eà: 
bien  plus  libre  &  plus  dégagé, 
quand  il  n'eft  pas  noyé  dans. 
les  délicQS* 


Tâchons  de  prier  en  forte      7^^. 
que  les  paroles  que  nous  ad-  AttçDtionre* 
dreflons  àJDieujfoient  accom-  ^^}^^  ^^'^s  !■» 
pagnées  des  défîrs  de  l'ame;^""^* 
Car  fi  pendant  cjiieJa-hou- 
che  forme  des  paroles,  l'ef- 
prit  fe  dilïipe  aux  chofes  ex^ 
terieures  ,    aux   alïaires    du 
monde ,  &  à  tout  ce  qui  fe 
pafle  ailleurs  ,  il  ne  nous  re- 
viendra aucun   profit  de  no- 
tre prière  ,    mais    peut-être 
une  plus  rude  condamnation. 
Et  en  effet ,  fi  lors  que  nous 
H  h  iiij 


368  Des    Home 

vouions  parler  à  quelque  per- 
fonne  confiderable,  nous  fom- 
mes  fi  attentifs,  que  nous  ne 
voyons  pas  le  plus  fouvent 
ceux  qui  font  tout  proches  de 
nous;  parce  que  nous  réunif- 
fons  notre  application  pour 
la  donner  toute  entière  à  ce- 
lui auquel  nous  nous  adref- 
Fons  ;  n'en  devons-nous  pas 
ufer  envers  Dieu  avec  une  cir- 
confpe6lion  bien  plus  gran- 
de, &  les  prières  que  nous  lui 
offrons  ne  doivent -elles  pas 
être  bien  moins  diftraites  & 
plus  attentives. 
717»  Priey    en    tout    temps  ,     dit 

Conditions  |>Ap6cre,   O'  pney   en  e/prit  , 
^  non   leulement    de    langue , 

mais  avec  une  application  con- 
tinuelle; er  en  efprit.  C'eft-à- 
dire  en  ne  demandant  que 
des  chofes  Ipirituelles  &  rai- 
fonnables  j  &  en  le  faiûnt  avec 
une  extrême  atteqfion.  Ne 
demandez  que  ce  qu'il  con- 
vient à  un  Dieu  de  vous  accor- 
derjatîn  que  vous  puiffiez  l'ob- 
tenir. C'eft  pourquoi  nous  de- 
vons nous  employer  à  la  priè- 
re avec  une  particulière  appli- 
cation 5  avec  une  extrême  vi- 
gilance ,  &  non  comme  des 
gens  alFoupis  ,  &  qui  n'étant 
éveillez  qu'à  demi,  fp  tour- 
nent &  regardent  çà  &  là  fans 


LIES 

ro  fi  càm  ad  homînes 
accedimus ,  tàm  in- 
tenti  fumui ,  utpro- 
pè  flantes  f^pè  non 
videamus ,  fed  colii- 
gimus  mentent ,  CT" 
ad  eum  fûlàm  fpecla- 
mi4sadquem  acceài- 
mits  i  qttantù  magis 
api*d  Deum  tdemfa^ 
cere  continua  ,  GJf 
j agiter  prectbus  in' 
fijlere  congrmt  ? 


Orateomnitem- 
pore ,  inquit  Fau- 
lus,  orate  &  in  fpi- 
ritu:  non  lingttâ  tan- 
tàm  O"  cttm  perpétua 
inquit  vigilantiâyfed 
CT*  in/piritu.  Spiri- 
tuales  Jïnt  petitiones 
vefitd  yfohriafit  ra." 
tio,&  iisqu<edicun- 
tur  mens  intendat, 
Talia petite  qualia  à 
Deo  petere  convenit , 
ut  O*  petita  ohlinea- 
tis  :  CT*  in  illud  in- 
cumhentes  O'  toti  ex- 
pergefafli ,  non  ofci» 
tantes ,  CT*  utfomni' 
culoforum  mos  e/?,  voi 
fricanteSy  Cïf  bine  in-- 


Sur 
âe  mentem  vertentes } 
fed  magno  timoré  CT* 
tremore  faltttem  ve- 
jiram  operemini, 
Beatiisenim  qui  pr  op- 
ter reverentiam  me- 
tnit  omnia. 

Si  homini  quis  lo- 
quniur  virtutepraài- 
te,  non  parvum  indè 
frudum  percipit  '  i 
quantii  bonis  fruetur 
iSy  cui  cum  Deo  collo- 
quiumftierit  ?  Oratio 
enim  colloqmum  ejl 
cum  Deo  :  ait  enim. 
Propheta  :  Jucilil- 
duiTi  fît  ci  elo^ 
(juium  iTieum. 

Pojfet  quidem  pr£» 
flare  Dem  amequam 
petamm  i  verum  prc 
pter  hoc  dtjfert  ,  ut 
occafîonem  accipiat  , 
qua  noiTttfiefua  cura 
dignes  efficiat.  Sive 
autem  confequamur 
qmod  petimus  ,.  Jive 
non  ;  perfeveremus 
femper  in  oratione  s 
KS*  non  folum  grattas 
agamm/t  confequa- 
mur ifedetiani/rre- 
pulfampaljtfuerimus. 
Càm  enim  Deus  no- 
his  aliqttii  dmegat  ». 


LA    Genèse.  j^p 

pcnfer  à  rien.  II  faut  faire  fort 
/alut  avec  crainte  €7*  tremble- 
ment 3  &  bienheureux  celui 
qui  craint  toutes  chofes  pour 
la  révérence  qu'il  doit  à  Dieu. 

Si  l'entretien  que  l'on  a  avec       7^8. 
un  homme  de  pieté  eft  iî  utile,    UtilUé  do 
quels  biens  ne  tirerons-nous  P^^^"* 
point  de  celui  que  nous  aurons 
avec  Dieu  par  le  moyen  de  la 
prière  ?  félon  ces  paroles  d'un 
Prophète  :  Mon  entretien  lui  fe- 
ra très- agréable, . 


Dieu  pourroit  nous  donner       7^9' 
ce  qui    nous  efl  utile  avant    ^^'"^"'^^.'*^. 
que  nous  le  lui  demandions  j  ç'on  ATyÔi 
mais  il  diffère  de  nous  lac-  lomé de Die-o^. 
corder ,    afin  de  nous  rendre 
dignes  de  fes  foins ,  &  de  re- 
cevoir plus  abondamment  Ces 
bienfaits  :  mais  foit  que  nous 
obtenions, ou  non, ce  que  nous 
lui  aurons  demandé,  nous  de- 
vons toujours  perfévérer  dans 
la  prière  ',   &  lui  rendre  grâ- 
ces non  feulement   quand  il 
nous  accorde  ,  mais  lors  mê- 
me qu'il  nous  refufe  nos  de- 
mandes.   Puis  que  n'y  ayant. 
que  lui  feul  qui  fçait  ce  qui. 


H  nuir 


^o  Des    ITo  m  b 

nous  convient  ,  &  que  nous 
l'ignorons  nous  -  mêmes  ; 
Quand  Dieu  nous  refufe  quel- 
que chofe  ,  nous  lui  en  de- 
vons la-  mémç  reconnoiifance 
que  s'il  nous  Taccordoit. 
T^Oii  Occupons-nous  jour  &  nuit 

Prier  jour  à  la  prière  j  &  encore  plutôt 
la  nuit  5  qui  eft  un  temps 
moins  expo(é  au  trouble  ,  au- 
quel nos  penfécs  font  plus  cal- 
mes &  moins  agitées  ,  &  au- 
quel notre  efprit  étant  plus 
recueilli ,  fe  trouve  plus  en 
état  d'expofer  exadcmentau- 
fbuverain  médecin  la  difpofî- 
tion  de  Ton  arne.  Ceft  ce  qui 
fait  dire  à  David  ,  nonobftant 
quecegrand  Roi  futdans l'em- 
barras de  tant  de  foins  &  d'af- 
faires :  Je  me  levais  tm  milteu  de- 
la  nuit,  ffOMT  confejjer  lesjugemem 
de  votre  jttjiice.  Que  pouvons- 
nous  dire  après  cela ,  nous  qui 
menons  une  vie  privée  &  Ç\ 
oifîve  l 


dans   la 
kaute  vertu 


7^1.  Ufons  de  toutes  chofes  avec 

Vigilance  beaucoup  de  fobrieté  &  de  re- 
plus tenue  ;  &  plus  nos  richelTes 
fpirituelles  s'accroiflent,  plus 
nous  devons  aulfi  croître  en 
vigilance  &  en  attention  Tur 
nous  -  mêmes  ,  afin  de  bou- 
cher toutes  les  avenues  par  où 
le  démoa  voudroic  par  les  ai- 


L  TE  s 

non  minui  eji  quàm^ 
fi  concefffjet.  Nefci' 

mus    nos  qu£   nobis 

condueunt ,  ficut  ipft' 

n^Vit. 

Precihus  perpetuo^ 
imiimbamus  tamdie 
quàm  noéïe  :  C7*  ma» 
gts  nofiu  ,  quando- 
nullfts  interturbat  ,. 
quando  magtMccgi" 
tationum  tranquilii^ 
tas  ,  quando  colleila^ 
mens  omnia  dtligen» 
ter potefl  referre  ani- 
marum  medico.  Sic 
beatus  David  Rex^ 
tamis  impUdtus  ne* 
gotiis ,  média  no- 
<âe  furgebam ,  m- 
^it,  ad  confiten- 
dum  fuper  judicia 
juiiitis  tua»  :  quid 
nos  dicemus  qui  pri' 
vatam  C^  otiofarti' 
vitam  agimus  ? 

Homil.  31.  in 
cap.  p.  Sobrnfimus , 
objecro  ,  0*  quanto 
magis [pintuales  no^ 
jlr£  facultates  cref- 
cunty  tantôt  vigi»- 
lia  noftra  imendan- 
tur  y  m  undequaque^ 
e^clndamus  ddmoms 


Sur 

injtiids^  tygratiam 
Dei  vita  optima  no- 
bis  conciliantes  y  fn- 
periori  loco  Jlemus  , 
ut  lUiui  jacula  n»- 
cere  ne^ufant. 


Qui  tfiagita  con- 
fluntia  machinatio- 
ttes  fitas  î)icerunt  y 
facit  d<£mon  ut  honts 
np^ribus  ihftentttr  , 
€?'  adhumanani  fpe' 
fient  gloriam ,  qub 
fcilicet  à  verâgloria. 
faciat  eos  excUete, 


Ambû  h£C  faîuii 
mpne  funt  noxia, 
€?•  fpirituale  aliquid 
ùperando  ad  huma» 
nam  fpeCîart  glo' 
riant  ;  CT'  henè  ali- 
(juid  operando  y  fu- 
llime  defefapere,^ 

Eorum  qi4<e  poft 
haptifmum  admifi- 
mus  quotidie  Jîmus 
memores . .  . .  ■  Hoc 
enim  fr^enum  fvjjicit 
ad  humniandum  nos 
&  modejliam  inge- 
nerandam. 

Homil.  iz»  Nihil 


LA    Genèse.  371' 

tifi^es  s'ouvrir  une  entrée  dans 
notre  cœur.  Travaillons  à  at- 
tirer la  grâce  de  Dieu  par  no- 
tre bonne  vie",  &  élevons-noui 
fi  fort  au  deflùs  des  chofes  du 
monde,  que  les  traits  de  Ten- 
nemi  ne  puiflent  plus  venir 
jufqu'à  nous. 

Quand  le  démon  voit  que 
nous   avons    furmonté    avec 


7^t> 

Craindre  là 
r         j      *  vaniré    ariès 
courage  tous  les  artifices  dont  j^^  bonnes 
il  s'ett  efforcé  de  nous  fur- 


auvtcs» 


prendre  ,  il  nous  porte  à 
nous  élever  de  vaine  gloi- 
re devant  les  hommes  pour 
nos  bonnes  oeuvres  j  afin  dà 
nous  faire  déchoir  de  la  gloi- 
re véritable  que  Dieu  rrous 
prépare. 

Deux^  chofes  (ont  très-per- 
nicicufes  à  notre  falut ,  lors  nideufeâufa. 
quenôusfailbns  quelque  bon- lut, 
ne  œuvre  5  Tune  d'y  recher- 
cher la  gloire  des  hommes,  & 
l'autre  àjem  tirer  un  fu jet  de 
vanité ,  en  s'en  eftimant  dsi'-: 


Vanité  perv 


7^4; 

S'humilier 


vantage. 

Remettons  -  nous  tous  les 
jours  devant  les  yeux  les  pé- 
chez que  nous  avons  commis  ^^^\^  Jouve- 
depufs  le  baptême  :  afin  que  "^'^^^^  ^"  ^'^ 
ce  fouvenir  nous  lerve  com- 
me d'un  frein  pour  nous  tenir 
fans  cefTe  dans  Thumilité  &  la. 
modeftie.  7^^, 

Le  divin  Créateur  des  hom-     Recoaaoift 


|e  mali 


37*  Des    Home 

Ancé  envers  ^^es  ne  leur  demande  autre 
'*"•  chofe  pour  tant  &  de  fi  grands 

bienfaits  qu'ils  ont  reçus  de 
iâ  bonté ,  fînon  qu'ils  en  ioient 
reconnoiffans  ,  &  qu'ils  ayent 
un  foin  continuel  de  lui  ren- 
dre grâces  de  tant  de  faveurs. 


lé^.  Celui   qui  peut  empêcher 

trnpcfcher  qu'une  perlonne  n'en  ofFenfe 
une  autre  ,  &  ne  le  [fait  pas , 
ii'eft  pas  moins  coupable  que 
celui  même  qui  fait  Tof- 
fenfe. 

fèf'  Partoutoùeftla  différence 

Intérêt,     du  mien  &   du  tien,  elle  y 

eau&  dedivi-  forme  une  matière  de  conte- 

*°°'  ftation  &  de  difpute  :  &  il  n'y 

a  de  paix  &  de  concorde  aflu- 

rée ,  qu'où  cette  différence  ne 

£è  trouve  pas. 

7^g.  Il  n'y  a  point  d'humilité , 

Caradere  de  quand  c'eû  la  néceiTité  &  la 

la  vraye  hu- contrainte  qui  nous  obligea 

°^^^^*  faire  des   adions    humbles  : 

ce  n'eft  alors  que  s'acquitter 

d'un    devoir.    Mais  la  vraye 

humilité   confiile  à    céder  à 

ceux  qui  font  moins  que  nous, 

&  a  porter  honneur  à   ceux 

qui    nous    en   doivent.    Et  fi 

nous  fommes  pleins  des  fen- 

timens  q^ue  nous  devons  avoir, 


LIES- 

aliudre^HÎrh  ah  l^u* 
mano  génère  Deus'U' 
niverjî,  pojf  innume- 
ra^  ineffahdiabe^ 
nejiciafua ,  anam  a- 
nimamgrattarum  4» 
Oiom pudentem ,  ZD* 
fcientem  habere  gra- 
tiampro  lis  qu^jam 
accepit, 

Homil.  32.  Qui 
prohibere  potefl  eum 
qui  injuriam  facit , 
CT*  non  prohibet  j  h 
non  mmorem  luet 
panant  quam  qui  in- 
juriam facit. 

Ubi  meum  O* 
tuum  »  illic  omne  /»- 
tium  genus  C?*  coji' 
tentionii  occajîo  :  ubi 
autem  hec  nonfunt , 
ibi  fecura  pax  ver- 
fat  ur  CT*  concûrdia. 

Non  efl  humilitas 
facere  quod  neceffita- 
tedebesvel  cogeris  j 
htc  inquam  non  eji 
humilitatts  fed  debi- 
ti.  f^eraautem  humi- 
litas ej}  j  huando  ce* 
dimus  iis  qui  nobis 
videntur  ejje  mino^ 
res  5  CT*  eos  vevera- 
mur  qui  nobis  effe  Z'i' 
dentur   minui  digni 


Sur 

quam  nos.  Quod  ft 
reUèfapimui  y  nullos 
etiamnobis  ejje  mi- 
nores arbttrabimur  f 
fed  nos  fuperarp  ab 
omnibus  hominibus 
dicemus.  Et  hoc  dico 
non  de  nobis  qui  in- 
yjumeris  tmmerfifw 
mus  peccatis  i  fed  e- 
tiamfi  quisftbi  pluri- 
morum  bene  g>  fiorum 
tonfcimjît  5  ntfiapud 
fefemiat  quod  om- 
nium fit  poflremus , 
nulla  eifutura  utili' 
tas  ex  omnibus  bonis 
fuisoperibus.  H£c  eji 
enim  humilitas  quan- 
do  quis  occajtones  ha- 
bet  ut  extoUatur ,  C7* 
feipfum  humiliât  , 
f»pprimit,  ac  modejiè 
gerit  j  mnc  enim  ad 
verum  fubvehetur  fa- 
Jiigiumjuxtà  promif- 
/îohemDommi  ;  Qui 
fe  humiliât  exal- 
tabitur. 

Hom.  34.  Nihil 
ità  animam  in  tran- 
quillitate  CT*  quiète 
ejjefacit,  ut  manftte- 
tudo  O"  modejiia  .  .  , 
Quid  beatius  quàm 
intefïino  Uberm  bel- 


LA    Genèse.  373 

nous  ne  regarderons  per- 
fonne  comme  moins  ver- 
tueux que  nous ,  mais  nous 
reconnoîcrons  que  tous  les 
autres  nous  furpallent  en  mé- 
rite. Et  je  ne  le  dis  pas  feu- 
lement pour  ceux  qui  fonc  . 
chargez  d'une  infinité  de  pé- 
chez j  mais  même  pour  ceux 
qui  ont  fait  beaucoup  de  bon- 
nes œuvres  j  puilque  s'ils  ne 
fe  confidérent  comme  les 
moindres  de  tous  les  hom- 
mes ^  tout  le  bien  qu'ils  peu- 
vent avoir  fait  leur  deviendra 
inutile.  Or  la  marque  d'une 
vraye  humilité  ,  eft  de  fe  ra- 
bailfer  dans  les  occafions  où 
il  y  a  fujet  de  s'élever  ,  d'cn- 
fevelir  ks  bonnes  oeuvres 
dans  le  filence  ,  &  de  garder 
foigneufement  en  ces  rencon- 
tres la  retenue  &  la  modeftie  : 
carc'eft  le  moyen  de  monter 
au  comble  de  la  vraye  vertu  , 
félon  cette  promefle  de  no- 
tre Seigneur  •,  Quiconque  ihu" 
miUefera  élevé. 

Rien  ne  procure  à  l'ame       7^9- 
un  fi  grand  repos  ,    &  une  fi     douceur  & 
fouveraine   tranquillité  ,  que  "^^'l^^^ie, 
la  douceur  &  la  ,nodcftie.'Et  '^^J:, 
en  ertet  peut-on  jouir  d  un  plus 
grand  bien  en  ce  monde  ,  que 
d'être  délivré  d'une  guerre  ia- 


J74  Des    Home 

teftine  &  d*une  contradidion 
continuelle  ?  Car  quelque  paix 
que  nous  ayons  au  dehors  3  & 
quelques  déférences  &  quel- 
ques devoirs  que  tout  le  mon- 
de nous  rende  à  l'extérieur  ; 
il  nous  foufifrons  au  dedans  <ie 
nous  les  tempêtes  ,  les  tu- 
multes ,  &  les  féditions  de  nos 
penfées  -,  toute  cette  tranquil- 
lité extérieur  nous  eft  inutile. 
770.  Nulle  bonne  œuvre  n'eft  fi 

Pouvoir  de  puifTante  pour  éteindre  l'cm- 
Taumôac.  brafement  de  nos  péchez,  que 
l'aumône  répandue  avec  abon- 
dance. Car  cette  vertu  ne  nous 
procure  pas  leulement  l'abo- 
lition de  nos  péchez  ,  mais 
nous  remplit  encore  d'une 
grande  confiance  ,  &  nous 
jend  capables  de  joiiirunjour 
de  ces  biens  ineffables  que 
Pieu  nous  prépare. 

-j^  L'Apôtre  n'attendoit  pas 

(latitude    ^  remercier   Dieu    qu'il  eût 
pour  les  prc.  reffenti  les  effets  de  fes  divi- 
znefTes  même  nés  promefles  ,    mais   il  luy 
4ç  P.ieu,        rendoit  grâces  des  promefles 
même  ,  &  faifoit  de  fa  part 
tout  ce  qui  étoit  en  Ton  pou- 
voir pour  luy  en   témoigner 
auffi-tôt   fa   reconnoiflance  , 
afin  que  cette  gratitude  fervit 
à   avancer  l'accompliffenient 
j^es  chofes  promifes. 


LIES 

lo  ?  Nam  quamvis 
plurimapace  exterius 
fiuamur,  licet  nobh 
multa  deferantur  ob- 
fequia  ,  Jî  intra  nos 
cogitationum  najca-- 
tt*r  tempejias  ,  t«- 
muUus  V  feàitio  , 
nihil  externa  poM 
nobii  proderit, 

NuUum  omnino  tf- 
liud  optts  bonum  fie 
poterit  rejîinguere 
peccatorum  nofiro- 
rum  inceudium ,  ut 
eleemoJyn£  largitas. 
Ifia  CT'  peccatorum 
nofirorum  aboUtionê 
operaturjO'  magnam 
nobisfiduciam  conci' 
liât  &  préparât ,  ut 
inejfabiltbus  illii  bo" 
nisfrai  tune  liceat. 

Non  expeâabat 
Apofiolui  donec  pro» 
mifja  complerentur , 
fed  mox  propromif" 
fione  grattas  agebat  y 
O'faciebat  quoderat 
infe,  ut  de  prsviis 
dignam  O*  finceram 
gratitudinem  pra  fe 
ferens  ,  Dnm  fuum 
provocaret  adpromtf- 
JîomifHUi  implendas» 


Co^itemus  menti - 
ri  non  fojfe  eum  qui 
fromijh  ,  çy  iffius 
fotemiig  magnitudi- 
nem  oculisfidet,  con- 
îueamur  ;  C?'  ex  tis 
quétiamconceffit^  de 
fttturis  bonam  fpem 
habeamus. 

Si  Filium  fûum  esc- 
pofuit  pro  peceatis  no- 
fris ,  Jt  baptifmatis 
donttm  largitus  efl  , 
fi  priorum  peccatO' 
rum  remiffiônem  tri- 
èutt  5  fi  inmmera 
alia  ad  falutem  no^ 
firam  operatMs  e/?, 
manifefium  quodftt" 
tara  bona  nobis  re- 
poptapr^ebebit.  Nam 
quipropter  fi*am  bo- 
nitatem  antequam 
ejjh  inciperemus ,  h^c 
pftparavit,  quomo- 
tdo  non  Çy  frai  con- 
udet  ? 

Hoc  efl  non  fibi 
ipfis  vivere  ,  fed  ei 
qui  pro  nobis  mor- 
tuus  cft  &  refurre- 
xit  ^  quando  quafi 
inortui/umusprafenti 
viu  O*  mhileorum 
qua  videntw  fi*fpici' 
muu    Nam  iâcirço 


X  A     G  E  K  E  S  e;  37^ 

Confiderons  que  celui  qui       771; 
nous  a  promis  ,  eft  incapable    Motifs  (Tef» 
de   mentir  ;  &    contemplant  P^""^«» 
des  yeux  de  la  foy  la  gran- 
deur de  fon  pouvoir  ,  conce- 
vons des  biens  qu'il  nous  a  dé- 
jà communiquez  ,  une  ferme 
efperance  pour  ceux  que  nous 
en  attendons  à  Tavenir. 

Après  que  Dieu  a  abandon^        775; 
né  fon   Fils  a  la  mort  pour  Des  bienfaits 
nos  péchez,  après  qu'il  nous  P^^"^^  conce- 
a  accordé  le  don  du  baptê-  joirdehcon. 
ine, après  qu'il  nous  a  donné  lesTutu»!"^ 
la  remiliion  de  tous  nos   pé- 
chez pafl'ez ,   après  une  infi- 
Jiité  d'autres  chofes  qu'il    a 
faites   pour  notre   falut  5   il 
n'y  a  nul  lieu  de  douter  qu'i! 
ne  nous  accorde  les  biens  fu- 
turs. Et  en  effet  ,   comment 
après  nous  avoir  préparé  ces 
biens  par  fa  bonté  avant  que 
nous  enflions  commencé  d'ê- 
tre 5  nous  en   refuferoit-il  la 
joùiifancc,  quand  nous  foni- 
mes  en  état  de  les  pofieder  ? 

Nous   ne     vivons    pas  à       774* 
nous-mêmes  ,    mais  à    celuy  Ne  vivre  q«e 
qui  efl    mort  C?'  reffufcité    pour^^^^^'^* 
nous  y  quand    nous    fommes 
comme  morts   à  la  vie  pré- 
fente ,  &  que  nous  ne  regar- 
dons plus  les  chofes  vifibles. 
Car  notre  Seigneur  a  fouffert 
la  mort  de  la  croix ,  afin  que 


37^  Des  Homélies 

nous  changions  notre  vie  en    Dm  nojler  crucîjiodts 
la  fienne  ,  ou  plutôt  que  nous 
réglions  la  nôtre  fur  le  modcl- 
le  de  la  fienne. 


77  T- 
Aimei  J.C. 
comrue  s'il 
n'avoit  fouf- 
fert  que  pour 
noEs  feuls. 


JESUS-CHRIST  qui 
ma  aimé.  Pourquoy  vous  ap- 
propriez-vous, ô  faint  Apô- 
tre 3  un  bien  qui  nous  ett 
commun  à  tous  ?  C'eft  avec 
grande  raifon  ,  nous  peut-il 
répondre  :  parce  qu'encore 
qu'il  ait  offert  Ton  facrifîce 
pour  toute  la  nature  humaine, 
■c'el^  par  le  moyen  de  Tamour 
^ue  je  luy  porte  que  je  me 
rends  propre  ce  qu'il  a  opéré 
pour  tous.  Il  efl  vray  qu'il  a 
aimé  tout  le  genre  humain  j 
mais  je  luy  en  dois  autant  de 
reconnoillance  &  de  grâces, 
que  fi  j'étois  le  £cul  qu'il  eût 
aimé. 

Quand  nous  ferions  pour 

Dieu  tout  ce  que  nous  fom- 

on  peut  faire  j^ç^  capables  de  faire ,  nous 

pour    Dieu  .  ^^j.-^^^    ^^^^^^   ^-^^    p^^^     ^^ 

chofe,  pour  répondre  à  la 
bonté  de  celuy  qui  nous  a  pré- 
venus de  tant  de  bienfaits.  Car 
ii  nous  faifons  quelque  bien 
enfuite  ,  ce  n'efl  de  notre  part  fi  qua  feqmntur  , 
qu'un  devoir  que  nous  ren-  retribuiio  quidem 
dons,  &  le  payement  d'une  fnntÇ^  dehitum  ,-  il- 
dette  à  laquelle  nous  fommes  lias  autemgratia  c?* 
obligez  j  mais  les  biens  que   heneficia  O"  largi- 

timii 


efi  ,  ut  hanc  vitam 
pro  illa  commuternuSi 
imo  per  hanc  illam 
nohii  negociemur,  . 
Qui  dilexit  me, 
dicis  5  0  Paule  ?  ut 
proprium  appellas 
commune  heneficium^ 
Frofeélo  inqiut  i  nam 
licetproomni  homi- 
num  génère  facrifi" 
cium  ab  eo  fit  obla- 
tum  ,  tamen propter 
amoum  in  eum  ,  id 
quod  faClum  efi  omr 
nibui,  mihiproprium 
facto  .  . .  omnem  ho' 
mtnum  naturam  di» 
lexit  ijed  ego  et  gra- 
ttas debeo ,  quafimt 
folum  dilexijjet. 


77  6. 
Tout  ce  qu' 


neft 
/ien. 


Nos  etiamfifacia- 
mus  qu^iumque  fw 
cere  poterimus  ,  ni' 
htl  magnum  facte^ 
mus  ut  ei  qui  nos 
tamis  beneficits  pr£' 
venit  aliqaid  repen* 
damus.  NoJIra  enim 


S-UK 
liifnis  magnhudo. 


Homil.  35-  /«- 
^ens  honum  ejl  divi- 
narttm  Scripturarum 
leflio.  H<tc  facit  ani^ 
mam  opiimis  mori- 
htts  pr,tditam  i  h£c 
in  calum  memem 
transfert ,  /mc  me' 
tnorem  beneficii  red- 
dit  homitiem.  Hdcfa- 
cit  ne  qniccjiuam  ex 
rébus  pr<efentihus  ad- 
miremur  >  fed  ut 
perpétua  in  alta  vita 
mente  noflra  verfe- 
mur ,  CT'  ad  Domini 
mercedem  refpicien- 
tes  omnia  opercmur , 
CT*  alacritate  magna 
virtutum  labores  ag- 
gtediamur.  Ex  ipfs 
difcere  licet  Dei  cde- 
riterfuccurrenîispro- 
7>identiam  ,  juporum 
fortitudtnem  ,  Do' 
mini  bonitatem  ,  re- 
tributionum  magni- 
tudinem.  HincpoffU- 
mus  ad  imitationem 
cptimx  generoforum 
ZÙrorum  vit£  exci- 
tari  ,  ut  non  torpef- 
çamtts  if*  vtrtms 
Totn.  ï. 


777. 

Utilité  de  la 
l' et  .ire  des  H- 


LA    Genèse.  $';^'/ 

Dieu  nous  fait  font  des  grâ- 
ces ,  de  purs  bienfaits  ,  &  des 
libéralitez  toutes  gratuites. 

La  ledure  des  Ecritures  di- 
vines nous  eft  extraordinaire- 
ment  utile.  Elle  fert  à  former  cihuies  dïvi 
&  régler  nos  mœurs  ;  elle  éle-  ncs. 
ve  notre  efprit  au  ciel  j  elle 
entretient  en  notre  ame  la  mé- 
moire des  bienfaits  de  Dieu  : 
elle  fait  que  nous  ne  regardons 
jîlus  avec  admiration  les  cho- 
ies préfentes  j  que  nous  n'a- 
vons plus  de  penfée  &  d'at- 
tention que  pour  les  chofes  à 
venir  -,  que  nous  ne  faifons 
rien  en  cette  vie  que  dans  la 
vue  des  récompenfes  futures  s 
&  que  nous  entreprenons  gaie- 
ment les  travaux  les  plus  dif- 
ficiles qui  fè  rencontrent  dans- 
l'exercice  de  la  vertu.  Nous 
apprenons  encore  dans  l'étude 
de  l'Ecriture  quel  eft  le  foin 
de  la  divine  providence  pour 
raflTiftance  des  hommes  ,  la 
vertu  des  Juftes  ,  la  bonté  de 
Dieu  5  la  grandeur  de  fes  ré- 
compenfes. Nous  y  trouvons 
les  exemples  admirables  àes 
faints  ,  qui  nous  invitent  à  les 
imiter  ;  cette  leduie  nous 
réveille  aufli  de  notre  affoii- 
pilfement  ,  pour  nous  faire* 
combattre  avec  courage  con-^ 
treles  vices  qui  s'oppofent  à^ 
l'i 


778. 

Proteflion 
de  Dieu    fur 
ceuxquis'ap. 
pliquent  à 
i'Ecntufe. 


37^  Des    Ho  m: h 

!a vertu;  &  nous  infpire  une 
ferme  confiance  dans  ieis  pro- 
mefles  divines ,  avant  que  nous 
en  puilTions  obtenir  l'effet. 

II  eft  impolTible  que  Dieu 
abandonne  jamais  ceux  qui 
s'appliquent  avec  foin  &  avec 
ardeur  à  l'étude  des  divines 
Ecritures  :  mais  quand  Tinf- 
Crudion  des  hommes  leur 
manqueroitj  le  Seigneur  def- 
cendroit  plutôt  luy  -  même 
dans  leurs  cœurs ,  pour  les 
éclairer ,  pour  leur  découvrir 
les  fens  cachez  de  fa  parole , 
&  pour  leur  enfeigner  ce  qu'ils 
ignorent ,  pourveu  que  de  leur 
part  ils  y  apportent  les  diTpô- 
lîtions  requiiès. 

Quand  nous  voulons  lire 
quelque  livre  de  piété  ,  il  faut 
bannir  de  notre  cœur  tous  les 
foins  temporels  ,  &  toutes  lés 
^enfées  du  monde  \  &  recueil- 
lant notre  efprit  de  toutes  for- 
tes de  diftradions  ,  nous  appli- 
quer avec  beaucoup  d'atten- 
tion &  dé  pieté  à  cette  fainte 
ledure  ,  afin  de  parvenir  fous 
la  conduite  de  l'Efprit  faint  à 
l'intelligence  de  ce  que  nous 
lifons  j  &  en  tirer  tout  le  fruit. 


7 8o.  Quand  nôtre  Seigneur  ver- 

s'attâciier  ta  que  nous  ferons  touchez 


779. 

Attention  & 
recueillement 
pourlaleâu- 
re  fpirituelie. 


LIES 

certaminihHi  i  fect 
confidamui  etiam  art' 
tequàm  éventant,  di' 
vmii  promifjionibtiSo 
Ftert  nequtt  ut  is 
qui  in  dtvinis  fcrip- 
turis  magno  ftudt^y 
ferventique  dejîderio 
i)acaf  y  unquamne- 
gUgatur  :  fed  licet  de- 
fit  nobii  homtnis  ma» 
gifterium  y  ipfe  Dits 
fupernè  corda  no/Ira 
intram  illujfrat  me»' 
tem  ,  detegit  occulta ^ 
doéJûrque  fit  eorum 
qu£  ignoramus  y  fi 
nos  qua  à  nobis  fitnt 
ajferre  velimus, 

Quando  in  manuny 
librum  fpiritualem 
capimus  y  omnifecu- 
lari  cura  repulfa  co" 
gttationem  nojîram 
compefi:amus  ,  CT* 
mentem  ne  difiraha- 
turcohibentesy  leélio" 
ni  vacemus  magna 
pietate  CT*  attentione; 
ut  pointus  à  fan^o 
Spifituadfiriptorum 
intelligentiam  duci  ^ 
e?'  multum  inde fru" 
éîumpercipere. 

bominus  vident 
nofrum  ad  tes  fpiri' 


Sur 

tuales  ajfeSlum  ,  non 
negUget  ,  fci  cali- 
tùs  tllufïraiionem 
fruhebit.  Ne  igitur , 
ehfecro  ,  fcriptura- 
rum  leŒonem  nezU- 
gamm  ;  vertfm  Jive 
eoTum  qua  his  conti- 
nent ur  ,  vint  intelU' 
gamus ,  five  ignore- 
tnus  UU  continua  a» 
deamus ,  ajjtdtta  me- 
ditatio  memoriam 
ejjîcit  indelebilem  , 
Cf  non  raro  evenit , 
ut  quoi  hodie  inveni- 
te  non  potuimus  le- 
gentei  ,  hoc  rarfum 
pojiero  die  aggre» 
dientes ,  repente  ©* 
cumulatè  invenia- 
tnm  î  Deo  videlicet 
profua  démenti  a  oc- 
culte mentent  nojhram 
iliuftrante, 

Homil.  3Ç.  Fir» 
tN5  non  eji  mjtconjun- 
élam  haèeat  humili- 
tatem.  Qui  hoc  fun- 
damentum  re6ièjecity 
foterit  in  quantum 
voluerit  altitudmem 
Jlruéîuram  excitare. 

Non  eft  poffîbile  ut 
qui  prafentihus  ep 
mancipatus ,  ifiefia- 


LA    Gènes  F.  ijç 

d'un  vray  défîr  de  nous  nour-à  '^  leéiurî 
rir  de  la  connoiffancc  des  cho-  *^"  ''^^"  '^^- 
fes  rpirituelles  ,  il  ne  nous^^"^' 
biffera  pas  deftituez  de  lu- 
mière &  d'intelligence.  Ne 
négligeons  donc  pas  la  leétu- 
re  de  l'Ecriture  divine.  Et  foie 
que  nous  l'entendions  bien  , 
ou  que  nous  ne  l'entendions 
pas ,  continuons  toujours  à  la 
lire.  Car  l'alTiduité  de  cette 
fainte  ledure  imprime  profon- 
dément la  vérité  dans  la  mé- 
moire ;  &  il  arrive  afler  fou- 
vent  que  ce  que  nous  n'avons 
pu  entendre  un  jour ,  s'éclair- 
cit  le  lendemam  dans  notre 
efprit ,  &  qu'en  perfiftant  à 
fréquenter  cette  divine  ledure 

nous  pénétrerons  enfin  dans  la- 

fuite  jufques  dans  les  plus  fè- 

crets  replis  de  la  vérité  ;  Dieu 

par  le  mouvement  de  fa  bonté 

nous  éclairant;  de  plus  en  plus 

par  les  lumières  de  la  grâce. 

II  n'y  a  point  de  vertu  fi       78 î« 

elle  n'eft  accompagnée  d'hu-  Po^î^^'if  ^*- 

milité.  Quiconque  aura  jette  '^^J^^'^^^^- 

ce  fondement  pourra  élever  fi 

haut  qu'il  voudra  l'édifice  de- 
la  pieté. 

Il  eft  impofîible   que  ce»       r^i. 
luy  qui  eft  attaché  aux  cho-     l^ehrsdn-- 
fes    préfentes ,  puiiTe  jamais  ^'"*  tempe- 

liij 


38o  Des     Home 

rel$  &c  dei  é.  élever  Tes  défirs  aux  biens 
terneis,  co;i-  éternels:  comme  au  contrai- 
traires.  ^.^  ^^^^^  q^j  ç^^^  polîedez  de 

l'amour  des  biens  lolidcs  & 
immuables ,  ne  peuvent  plus 
regarder  les  biens  pali'agers , 
quj  fe  flétriffent  fi- tôt  qu'ils 
paroiiTeat. 


785 .  Celuy  qui  a  le  cœur  blefle 

Vanité  des  des  traits  du  divin  amour  , 
chofes  pre-  &  pénétré  du  défîr  des  biens 
i;;ites.  éternels  ,    regarde    d'autres 

yeux  l'état  des  chofes  pré- 
fentes  y  &  voit  toute  cette 
vie  comme  une  illufion  & 
une  figure  qui  diffère  très- 
peu  des  fonges.  Car  lafgure 
de  ce  monde  fajfe  ,  ainfi  que  le 
dit  l'Apotre.  N'y  a-t-il  donc 
pas  de  la  puérilité  d'avoir  peur 
des  ombres  ,  de  fe  glorifier 
d'un  honneur  en  fonge  ,  &  de 
s'artacher  à  des  choies  qui  s'é- 
vanouiilent  dans  un  moment  ? 

784.  Quand  ceux  qui  ont  été 

huxz,  librr-  vertueux  toute  leur  vie ,  font 
ledcs  jufte5.  p^-éts  d'enfortir,  il  eft  vray 
de  dire  qu'ils  (ont  comme  dé- 
livrez des  liens  du  monde,  des 
travaux  qu'ils  y  foufFroient 
&  des  combats  qu'ils  avoient 
à  y  roûtcnir.  Car  la  mort 
n'eft  à  ceux  qui  ont  bien  vécu. 


LIES 

hiUitm  honorum  àsfi^ 
derium  concipiat  un- 
quam . . .  Contra  'ion . 
ej} pojjîbile  ut  qm/o^ 
lida  CT*  immobilia  lUa. 
bona  amant  ^  momen- . 
taneaiJ}aZP'qK<ean- 
tequam  appareant. 
marcefcunt,  coticU' 
pifcam, 

Saucius  amore  di- 
Z'inof  CT*  quiftituro" 
rumJeJIderio  tenetur^, 
aliii  ocniii  videt  pr£^ 
fsntium  flatam  ,  CT* 
Zidtt  quod  omnii. 
prtfsns  vita figura  e/? . 
C?*  deceptio,  €7  à. 
fomniis  niî?il  dijfert,^ 
Praîterit  enim  fi- 
gura hujus  mundi^ 
Annon  igitur  puerilii. 
efl  animi  timbras  oh^ 
fiupefcere  y  de  fom^ 
niis  fuperbire  ,  C^ 
iij  qu/epaulo  pofiprx- 
terihunt  adh^rere  ? 

Homil.  36,  Qui 
zitam  in  virtutiùns, 
egerunt  y  quando  ex 
hac  vita  emigrant y 
verè  liheramur  O* 
quafifolvuntur^  CT*  à 
certaminibtti  CT*  zin- 
culis  relaxamur.  EJè 
enim  mors  hi>  qui  be^. 


Sur 

ne  mvunt ,  tranjla' 
tio  atl  meliora  ;  à  mo- 
raentanea  vita  nd 
Jxerpetuam  Cr  im- 
mortalem. 

Hom.  37.  Scru- 
tamini  fcrij)turas  > 
ut  non  tantùm  nud^ 
lefîioni  vacemus,  fed. 
ùtdagaùs  profundis , 
verwm  ventatis  [en" 
fum  percipere  valea- 
mus.  TaUsemmfcri- 
ptur<e  moi  e/?  ,  »t  CT* 
in  parvis  verbis  plt^ 
rima  fepè  muhiiuào 
fcnfuum  inveniatur. 

Egrederede  ter- 
ra tua  &  veni  in 
terram  quam  mon- 
ftravcro  tibi. /l^;-<ï- 
ham  CT'  nos  imitemur 
CT'  bgrediamur  mente 
tc^c  alacriter  a  prafen- 
tts  viu  negotiis  ,  CT* 
eamus  in  c<elunj. 

Studium  nimium  in 
ernando  corpore  in- 
ternait indicat  de- 
formitatem  ,  CT"  htt" 
jjus  dehcia  tllius  mar 
nifejlam  faciuritfa- 
nem  ;  tlT*  huit*  s  ve- 
fliitm  famptus  tllius 
indicat  tutditatem. 
Visri  enim  non  po- 


LA    Genèse.  jSî 

qu'un  paflage  à  un  état  meil- 
leur &  plus  heureux  ,  &  un 
changement  d'une  vie  courte 
&  palVagereà  une  vie  perma- 
nente &  immortelle. 

Aprofondijfe:^  les     Ecritures.        78f» 
JESUS-CHRIST    ne   veut  pas   Méf^iteirE^ 
que  nous  nous  contentions  de  '^"^"'^^' 
la  fîmple  ledure  des  Ecritu- 
res 5  mais  que  creufant  ,  pour 
le  dire  ainfî  ,  jufques  dans  fes 
moëles ,  nous  en  tirions  tou- 
te la  fubltance.  Or  c'eft  la  cou» 
tiime  de  l'Ecriture  de  renfer- 
mer en  peu  de  mots  une  innni*» 
té  de  fens. 

Serte:^  de    -votre   terre  >  O'        78'^. 
paj}e>  en  celle  ^ue  je  vous    mon*     Soitir  du. 
treray.  Imitons  Abraham  /for-  l'nonde  cnef* 
tons  en  efprit  des  follicitudes  f"^* 
&  des  embarras  de  la  vie  pré-; 
fente,  &  paiïbns  au  cieL 


Le  grand  foin  de  parer  fori-       787. 
corps  à  l'extérieuv  ,  cft  la  mar-      Celui  qui 
que.d'une  difformité  intérieu-  s'attache  aux 
re;  la   recherche  des  délices  [ï^ores    fsnfi* 

blés ,  elfc  dé- 
nué des  cho- 


des,  fens  ,    fait  connoître    la 
famine  &  la  difette  du  cœur  j  J-és~  fpTrituei» 
&  l'aftcûation  des  habits  qui  les. 
ne   fervent    qu'à   couvrir   de 
la  chair  ,    eft  un   témoigna- 
ge de  la  nudité  de  Tame.  £t. 


78  s. 

Vrayes  ri 
chefTesi 


itz  Des    h  o  m  e  l 

en  effet  il  eft  impofïible  que 
celuy  qui  prend  bien  foin  de 
fon  ame  ,  &  qui  travaille  à 
l'embellir ,  ait  grande  palHon 
pour  embellir  "&  parer  fon 
corps  j  de  même  que  fappli- 
cation  aux  ornemens  exté- 
rieurs eft  incompatible  avec  le 
foin  d'orner  Ion  intérieur. 

Les  vrayes  &  inépuifables 
•  richefles  confiftent  à  ne  défi- 
rer  que  ce  qui  eft  néceffaire  à 
im  ufage  réglé ,  &  à  bien  dif- 
penfer  tout  ce  qm  excède  cet 
ufage. 


'78p.'  Ne   fupportons  pas   avec 

"Utilité  des  chagrin  les  peines  &  les  hu- 
çribulations.  miliations  de  cette  vie  5  car 
rien  ne  nous  eft  plus  utile  qise 
ce  qui  détache  notre  efprit 
du  monde  ,  &  qui  humilie 
nôtre  orgueil.  Et  en  effet, 
quand  nous  nous  addrelTons  â 
Dieu  dans  la  douleur  de  nô- 
tre ame  ,  que  nous  l'invo- 
quons avec  un  cœur  contrit , 
&  que  nous  le  prions  avec 
plus  d'inftance  ,  c'eô  alors 
qu'il  écoute  plus  favorable- 
ment nos  prières  3  &  que 
ïJous  avons  fujet  de  dire  :  Le 
Seigneur  a  écouté  man  humilité. 


790. 
Entretenir 


Quand  vons  avez  quelque 


ï  E  s 

tef} ,  Ut  qui  anima- 
curam  habeat ,  tjuf- 
que  puUhntudinem 
plurimp  faciat  ,  U 
externo  cultuiiihiet  i 
Jîcut  CT*  impoffibile 
in  externo  illo  cuit» 
tantvf^ere  occupatum 
ilhui  azere  curam, 

Ver£  dtviti£  fitnt 
C7'  inexhauflitfacul' 
tates  dejîderare  tan- 
tùm  j  quantum  ufui 
fatis  }  CT*  eaqute  «- 
fum  excedunt  »  reâe 
difpenfare. 

Homil.  38.  Ne 
molejlè  feramus  fi 
moleJHis  prementibui 
humUinnur.  Nihit 
enim  ita  nature  nO' 
Jîr<eiondUcit,  ut  men^ 
tem  fubducere  ,  O* 
hnmiliare  fuperhum^ 
fffintum,  CT"  inflalio- 
nem  mentis  deprime- 
re.  Tune  enim  nos  ma- 
gh  audit  Dns ,  qttan- 
do  cum  dolore  anim£ 
O"  corde  contrito  ip- 
fum  invocamus ,  ma- 
jorem  in  prectbus  af- 
fiduitatem  adhiben- 
tes  quia  audivit 
Dns  humilitAtenu 
Vniui  reicurufiii 


Sur 

^  triJIitU  caufa  è 
medio  tolUtur ,  cref- 
catque  ac  roboretur 
fax  domejlfca  :  ut 
CT*  uxor  ad  virum 
fuum  habeat  conver- 
Jîonetny  &  vir  ab 
externii  ^  forenfi- 
hm  negotiis  ad  uxo- 
rem  tanguant  adpov' 
tum  ionfugere  ,  C7* 
confolationem  p  ojjtt 
invenire  :  in  adju- 
torium  enim  data  ejl 
uxor. 


Si  uxor  fuerit  or- 
9iata  vinutthtts  c 
•manjueta  ,  in  omni- 
bus, virofetmultum 
Ht  i  II  s  :  omnia  tlU  /<?- 
via  <&  facilia  red- 
det  5  CP'  percibere  non 
finet  tllas  aut  exter' 
nas  aut  cas  qu£  <juo- 
tidiè  demi  nafcuntur 
diffictthates. 

Quando  concordia , 
pax  CT»  vincttlum 
charitatis  inter  con- 
JHges  fuent ,  omnia 
fimul  afluent  bona  ; 
nnllis  injîdiis  expojî- 
fi/unt  >  magiio  ^uo^ 


LA    Genèse.  5?j 

différend  avec  votre  femme  ,  ^^  P*'!'  ^^^^ 
que  votre  foin  principal  foit  ^^  ™"^*5«« 
de  luy  ôrer  tout  lujct  de  cha- 
grin ,  aiîn  d'établir  &  d'affer- 
mir de  plus  en  plus  la  paix 
&  la  bonne  intelligence  dans 
votre  maifon  :  que  la  femme 
penfe  à  (atisfaire  Ion  mary  , 
&  que  le  mary  ,  après  les  pei- 
nés  &  les  embarras  des  affai- 
res du  dehors  ,  trouve  à  fon 
retour  chez  foy  dans  fa  fem- 
me comme  un  port  tranquille, 
&  une  conlolation  de  toutes 
Tes  peines:  car  la  femme  a  été 
donnée  à  l'homme  pour  l'ai- 
der &  le  foulager  durant  cette 
vie. 

Si  la  femme  eft    vertueufe       79 t^ 
&  d'une  humeur  douce  ,  elle    Femme  ver-" 
deviendra   aimable  en  toutes  «"eufe,  con- 
choies  à  fon  mary  -,  elle  luy  |^1;;"°"  ^"^ 
facilitera  &  ado^icira  tout  ce  "^^^^* 
qui  luy  peut  caufer  de  la  pei- 
ne j  &  elle  préviendra  par  Tes 
foins  &  fa  prévoyance  tous  les 
fujets  de   chagrin  qui  pour- 
roient  naître,  foit  au  dehors j 
foitau  dedans  de  fa  maifon. 

Quand  la   bonne   intclli-       ^pt» 
gence  ,    la   paix  ,  &  l'union  ,    UtiUiitédé 
de  la  chanté  fe  rencontrent  en.  Wnce''dlns 
tre  le  mary  &  la  femme  ,  on  le  mariage, 
peut  dire  que  rien   ne   leur 
manque  ;  qu'ils  font  à  l'abri 
4e  tous   les  maux  j   &  que 


1^4-  Des  HomelÎes 

leur  union  étant  conforme  à  dam  &  inex^ugua^ 
l'ordre  de  Dieu  ,  eft  comme 
un  rampart  qui  les  met  à 
couvert  de  toutes  les  violen 
ces  du  monde.  Cette  union 
îeur  procurera  auQi  l'abon- 
dance des  biens  de  la  terre  , 
elle  leur  fera  obtenir  la  gloire 
du  ciel ,  elle  leur  attirera  un 
tréfor  de  grâces.  Je  vous  con- 
jure donc  de  conierver  cette 
précieufe  union  préférable- 
ment  à  tout  le  refle  ,  &  de  ne 
rien  épargner  pour  faire  ré- 
gner cette  paix  &  cette  bonne 
intelligence  enrre  tous  ceux 
qui  habitent  dans  vôtre  mai- 
fon.  Car  ainfi  vos  enfans  imir 
teront  votre  bon  exemple  ,  les 
ferviteurs  celuy  à^s  enfans  , 
&  toute  la  famille  fera  fl Grif- 
fante en  vertu  ,  &  remplie  de 
toutes  fortes  de  profpéritez» 


7P3- 
Laconfian 

Cè  en  Dieu 
l'honore. 


Le  plus  grand  honneur  que 
nous  pouvons  rendre  à  Dieu  , 
eft  de  nous  appuyer  avec  con- 
fiance iur  la  vertu  de  fa  grâ- 
ce ,  quand  même  nos  yeux 
nous  feroient  voir  des  chofes 
qui  paroîtroient  contraires  à 
nos  efpérances. 

Si  ceux  qui  font    tentez 

,.    ^?^*  j     font  gens  de  bien  ,  la   tenta- 
Avantage  des    .      c<  »       _ . 
emations.     "©»  les  rendra  plus  faints  , 


bili  quodum  muro 
circumi^ti  ,  fiilnet 
fua  juxia  Dttpmce' 
ptum  cancordia  .... 
Hoc  divitits  CT*  iibun- 
dantia  magn  locuplc" 
tabn  y  hoç  fupernam 
eisgloriam  conferet , 
CT*  Dei  benevolen' 
tiam  ubertim  conch 
Habit.  Protndè  oro  » 
ne  quid  il'i praferen- 
dum  exiJlimenvAi  ifeî 
omnia  faciamus  ut 
ttanquillitas  CT*  pax 
fit  cohabitar.tibus^ 
Tune  CT*  filii  par  en' 
tumvirtutemfeqHun' 
tur  ^  quos  imùabim- 
tur  O'fervt ,  CT"  un- 
dequaque  domus  vir* 
tuteflyrebit ,  eritque 
rauh  iplex  rernmproj- 
perttas. 

Ho  mil.  35».  Ma- 
ximus  hic  ejï  honor 
quem  Deo  déferre  C7* 
ojferre  pojjumus ,  ut 
vntuii  ipfius  fida' 
mus ,  eliamfipro  ocU' 
lis  qutefunt  contraria 
vUeamui. , 

Homil.    40.    Si 

virme   pritditi  funt 

qui  t^nfaliones  expc 

riuntnrp 


Sur 

r'ruvtar  ,  dariores 
tvadunt ,  abundan- 
tioremfibi  fitpernam 
grattant  conciliantes. 
Si  autem  ,  ut  nos  , 
peccatoresfuerintyÇP* 
CHmgratiarum  aiîio- 
ne  tentationesfermt, 
gravent  deponunt 
peccatorum  farci- 
nom,  multaqi  venta 
Cf  ipfipotientur. 

Sicut  virtutem 
amplexatiy  duplicem 
mercedem  à  Deo  ac- 
cipimus  5  tùm^f*od 
tpfi  virtutem  exer- 
ceamusj  tàm  ^»od 
alias  ad  virtutis 
communionem  traha^ 
mus  ;  ità  O*  in  pec- 
<atis  non  folùm puni' 
m»r  quod  ipfi  pecca- 
mmus  y  fed  O'  quod 
aliis  fcandalo  ftà^ 
mus. 

Homil.  41.  Cùm 
Sfobis  fpiritualia  ta- 
lenta  crediderimus , 
Vohis  necejjarium  erit 
Àuplicem  ajferre  la- 
borem  CT"  vigilan^ 
tiami  tùm quod  cré- 
dita cuflodicndafunty 
ut  fixa  maneanti  tttm 
q^Had  operandum ,  ut 

Tom.  I. 


LA    Genesb;  J?^ 

attirera  fur  eux  une  plus  gran- 
de abondance  de  grâces  du  ciel. 
Et  s'ils  font  pécheurs  comme 
nous,  &  qu'ils 'reçoivent  ces 
tentations  &  ces  peines  avec 
adions  de  grâces,  elles  fervent 
à  diminuer  le  poids  de  leurs 
péchez ,  &  à  leur  en  procurer 
te  pardon. 


Comme  en  embraflant  la      7^^. 
vertu  5    nous  en  obtiendrons    Double  pu- 
de  Dieu  une  double  récom-  nitionou  ré- 
penfe  j  &  en  ce  que  nous  la  ''°"'P^^"^%i^ 
pratiquons  ,  &en  ce  que  nous  ^°"'  ^  j^''* 
portons  les  autres  a  la  prati-  vertu. 
quer  :  il  en  eft  de  même  pour 
les  péchez  ,  car  l'on  ne  fera 
pas  feulement  puni  pour  les 
avoir  <:ommis  ,  mais  encore 
pour  avoir  par  notre  fcanda- 
îe  porté  les  autres  à  les  com- 
mettre. 

Quand  on  vous  a  commis       jçg, 
des    talens  fpirituels    ,    cela    Appiicatb* 
vous  oblige  à  un  double  tra-  à  faire  valoir 
vail  &  à  une  double  vigilan-^^"^^^"^* 
ce  ;   tant  pour  les  conferver 
&  ne  les  pas  perdre  ,    que 
pour  les  faire  profiter,  en  ks 
communiquant    aux   autres  , 
&  en  attirant  plufieurs   avec 
vous  dans  le  chemin   de   la 
Kk 


gtS  Des    Homel 

vertu  ;  afin  d'en  retirer  auflî 
pour  vous  un  double  avantage, 
.&  pour  votre  falut  particulier , 
&  pour  celuy  de  votre  pro- 
chain. 


7P7.  Lavanitcdesajuftemens  & 

Funeftesef-  des  parures  produit  une  infi- 

f?ts  des  paru-  ^ité  de  maux,  comme  l'arro- 

"-'  gance ,  le  mépris  du  prochain, 

le  fafte  ,  la  corruption  de  Ta- 

me ,  &  le  défît  de  la  volupté. 

7p8.  Plufieurs  tirant  un  fujet  de 

L'orgueil ,  vanité  du   bien  qu'ils  font  , 
«uinedss  bon- font  femblables   à  des   gens 
iKj  auvres.    qui  ayant  amafle  des  richefles 
les  porteroient    en   tant  -de 
lieux  5  qu'elles  leur  tombe- 
xoient  des  mains ,  &  feroient 
perdues  pour  eux.  Et  en  eftet 
quiconque  agit  avec  arrogan- 
ce ,    &    en    faifant  quelque 
bien,  s'imagine  plus  donner 
qu'il  ne  reçoit  ,  ne  fçait  ce 
qu'il  fait,   &  perd  &  difTipe 
tout  le  prix  de  cette  bonne 
ceuvre. 


7^p;  Ne  foyons  point  rudes  & 

Douceur  en-  difficiles  à  ceux  qui  ont  af- 
vers  les  pau-  faire  à  nous  ;  &  fî  nous  pou- 
viez. yQjjs  les  foulager  dans  leurs 


I  ES 

O*  aliticommttnicefh' 
tur ,  C^  multos  in 
viam  vhrtutis  tndu- 
cant  :  ut  vohii  bifa- 
riam  lucrum  accref- 
cat ,  tiim  profulute 
veflra ,  t^mpro  alto» 
rum  utilitate. 

A  cultu  externo 
arrogantia  nafcitur  , 
defpeéîus  proximi  , 
fapHs  ff>irhus  ^  ani» 
ma  corruptio  >  volt*" 
ftatHtn  ilHcitarum 
fomes. 

Mttlùfi  qui  d  boni 
fecerint^fnperbmnt  : 
hoc  autem  perinde  efi 
ac  fi  quis  divitiai 
congreget  ^  tircmn* 
ferai  s  O*  cum  coîU' 
gerit ,  omniafimul  t 
manibus  labi  fînaU 
Quifquii  enim  eut» 
arrogantia  operatur 
quidpiam,  O" fie  fa" 
cit  quafi  plm  prube" 
ret  quàm  acciperet  ^ 
n€fut  quidfaciat  y 
proindeq^  mercedem 
^u£  hinc  proveniret 
dijperdit. 

Ne  fimtts  diffici- 
les erga  eos  qui  ad 
nos  accedunt.  Quùà 
fi  poperimtti  eorum 


Sur 

inofiam  [uhlëvare  , 

hoc  facUrmti     cum 

gauctto  ,     Utitiaque 

magna  ;  non  ut  prx- 

hentes  aliquid ,  fed 

ftt  ab  eis  accipientes» 

Quodfinon  pojjitmusy 

mjtmui  afperi  ineosi 

fidvelverbis  curam 

eorum  agamus,  CT*  m 

manfHeiHdine  refpon- 

deamtts    eis.    ^uarc 

€mm  dure  compellas 

eum  ?   Num  cogit  ? 

Num    vim  facit   ? 

Orat  3  fupplicattob- 

fecrat.i>tii  autem  h<ic 

facit  y  conttimelia  non 

ej}  dignus.  Quid  dico 

»rat  iCP'fttppUcat?  In- 

numera  bene  appre- 

catur  O*  b<ec  omnia 

facit  pro  uno  obob^Qf 

neqi  tllwn  erogamus. 

0  fluporem  '.  Ma- 

teriam  noflrxfalutis 

(  eleemojynam  )  à 

Deo   nobn  datant  , 

amandamui    ;     nec 

confideramus  aut  ec 

rum  qtt£  damus  par- 

vitatem  ,  aut  eorum 

5»<€  pro  his  accipi- 

mus  immenjîtatem. 

Homil.    4Z.  /» 
«^•ympicis  certamini- 


LA    Gehese.  3?7 

befoins ,  faifons-le  avec  jove  , 
&  non  comme   fi  nous    leur 
donnions  quelque  chofe ,  mais 
plutôt  comme  fi  nous  en  re- 
cevions un  bienfait.    Q^ie  fi 
nous  n'avons  rien  a  leur  don- 
ner, ne   les  rebuttons  point 
avec  rudelle  -,  mais  confolons- 
les  au  moins    de  parole  ,    3t 
répondons-leur  avec  douceur. 
Car  pourquoy  repouflez-vous 
ce  pauvre  fi  durement  ?  Vous 
fait-il  quelque    violence    & 
quelque  contrainte  ?  Il  prie ,  i! 
luppliCj  il  conjure.  Cela  mê- 
ritet-il  des   outrages  &  de» 
injures?  Mais  que  dis-je  ,  il 
vous  prie  ?   Il  vous  fouhaite 
toute  forte  de  bien  &  de  prof- 
périté  j  &  tout  cela  pour  une 
obole  3  que  fouvent  vous  ne 
luy  donnez  feulement  pas. 


Il  faut  être  dans  une  étran- 
ge infenfibilité  à  l'égard    de 


8oo; 

^  Infeofibilité 

notre  falut ,  pour  diffiper  inu-  pour  le  falut, 
tilement  ce  que  Dieu  nous  a 
donné  comme  un  moyen  pour 
l'obtenir  ;  &  pour  ne  pas  con- 
fidérer  le  peu  que  nous  aurions 
à  donner  pour  cela ,  &  la  gran- 
deur des  récompenfes  que 
nous  en  retirerions. 

Celuy  qui  préfide  aux  jeux       Soi» 
olympiques  ,  eft  fimplement     J*  ^j  "^^'^ 
^    Kk  ij 


^83  Des    Home^ 

fouftifn  dans  le  fpedateur  des  combattans  ; 
riQs  tombacs,  g^  il  ne  luy  eft  pas  permis  de 
les  aflifter  en  aucune  choie  j 
mais  il  eft  réduit  à  attendre 
de  quel  côté  la  vidoire  fe 
déclarera.  Il  n'en  eft  pas  de 
jnéme  dans  les  combats  fpi- 
ritnels.  Notre  Seigneur  y 
combat  lui-méme  avec  nous. 
il  nous  y  prête  la  main  ,  il 
nous  y  aflifte  ;  &  qui  plus 
^  eft,  il  nous  livre  de    toutes 

parts  des  ennemis  déjà  vain- 
cus :  Enfin  il  y  fait  toutes 
chofes  en  nôtre  faveur  ,  afin 
que  nous  puiflions  foûtenir 
Teffort  du  combat ,  que  nous 
en  remportions  la  viôoire  ,  & 
qu'ainfi  il  ait  lieu  de  nous  don- 
ner  un  jour  pour  récompcnfe 
une  couronne  qui  ne  fe  flétrira 
jamais. 
Soir  Pourquoy  en  jugeant  main- 

Contre  le  ju- tenant  de  vôtre  prochain, 
gf ment  témé-  ufurpez  -  vous  par  avance  le 
xaire.  Jj.qIj    J^    fouverain    juge  ? 

Pourquoy  prévenez  -  vous  le 
jour  terrible  du  jugement  gé- 
néral ?  Si  vous  voulez  être 
juge ,  jugez  -  vous  vous  -  mê- 
me :  perfonne  ne  vous  en  em- 
pêchera ;  &  bien  loin  qu'il 
vous  en  arrive  aucun  mal ,  ce 
fera  le  moyen  de  vous  corri-i 
ger  de  vos  fautes  ,  &  d*en  ob- 
tenir k  pardon.    Comme  au 


lES 

bus  magîjler  fit  jj>e^ 
^ator  tantùm  ce- 
tantium  ,  nec  ull<t 
in  re  potefi  adjuva- 
re  ,  fed  expeéat  ut 
fiât  viéJoria  :  Domi» 
nus  autem  nojïer  fi-^ 
mul  nolifcum  certat , 
CT*  manum  porrigit , 
<S*  fimul  adjuvat  , 
ac  quafi  fubjefîum 
undeQuaque  adver» 
farium  nobis  tradity 
C7*  omnta  facit  ifit' 
tagens  ut  tn  certa- 
mine  duremus  O* 
vincamus ,  quo  no- 
bis immarcejftbilem 
ponat  coronanh 


Curproxtmumiu' 
dicando  ,  ante  tem- 
pMS  invadis  judicis 
jtts  ?  Cur  pr<events 
diem  illum  terrihi' 
lem  ?  Fisjudex  ejfe  , 
Jitdica  temetipfum  €57* 
tua  deUéîa.  Nullus 
efi  qui  vetet  s  fie 
enim  nihilincommo' 
dt  ex  hoc  captes  O* 
peccatatua  emenda* 
bis.  Quod  fi  reliais 
rébus  tuis  fisdei  ai 


SOR 

judtcandum  altos  , 
majores  te  ttbi  ipft 
colligere  peccatorum 
farcmas  non  fentis  ? 
Idcirco  fugiamtés  ol)- 
fecro ,  fugiamiis  om- 
tftno  ne  condemne- 
mus  altos.  Nam  etjî 
jtidiciarU  poteflatis 
non  fis  parttceps  , 
attamen  fudica/li 
mente  ,  C^  peccato 
fecijli  te  obuoxium  j 
prafertim  quando 
nulla  demonjfratione 
audfta  ^fed  f^penu- 
mero  fola  fttfpicione , 
e?'  tenui  accufatione 
c«ndemnas. 


Si  nos  peccata  no- 
Jlra  imminuere  volt*- 
mus  ,  hoc  maxime 
fervemus ,  ne  con- 
demneniusfrafres  no- 
ftros ,  neque  detrahe- 
te  cupientes  admit- 
tamus  t  tmo  juxtà 
Frophetam  ahtga- 
mus  CT*  omnino  a- 
vcrfemuf, 

Mttlta  Ditthoni- 
iasef},  O-  fepèfolet 
etiam  propter  paucos 
mhUii  dare  falutem. 


LA    Gènes  F.  ^tp 

contraire  fi  négligeant  le  foiir 
de  ce  qui  vous  regarde  ,  vouy 
vous  ingérez  de  juger  les  au* 
très  j  ne  voyez- vous  pas  que 
cela  ne  fert  qu'à  multiplier  vos 
péchez,  &  à  en  augmenter  le 
poids  ?  Fuyez  donc  ,  je  vous 
prie ,  tous  ces  jugemens  témé- 
raires, 8c  ne  condamnez  jamais 
perfonne.  Vous  n'êtes  point 
étably  l'arbitre  des  autres  , 
&  vous  n'avez  nulle  autorité 
de  les  jugerj&  cependant  vous 
les  condamnez  dans  votre  ef- 
prit,&  vous  tombez  ainfi  dans 
le  péché  5  &  particulièrement 
quand  c'eft  fur  un  fimple  Ibup- 
çon  3  fur  une  acculation  légè- 
re ,  &  fans  en  avoir  aucune 
preuve,  que  vous  les  condam- 
nez en  vous-même. 

Si  nous  voulons  diminuer 


805. 


le  poids  de  nos  fautes,  ayons  dl^^^c^^ 
fur  toutes  chofes  un  grand  medifaus. 
foin  de  ne  condamner  jamais 
nos  frères  ,  &  même  de  ne 
point  foutfrir  ceux  qui  en  veu- 
lent dire  du  mal  j  mais  plu- 
tôt en  imitant  le  Roy  Pro- 
phète ,  concevons  une  fainte 
averfion  pour  ces  gens-Ia  ,  & 
fuyons  leurs  entretiens. 

La  bonté  de  Dieu  eft  fi 
grande,  qu'il  fauve  quelque*  1*  vertu  d;*^ 
fois  plufieurs   perfonnes  ,  en  i,"^^'M^»'ir 
confidératioii  d'un  petit  nom-  <'*"^-'^^=^s*«- 
K  k  lij  ""• 


804. 

Pouvoir  de 


^90  Des    h  o  m  e  l 

bre  de  gens  de  bien.  Mais  que 
dis -je  d'un  petit  nombre  de 
gens  de  bien  ?  Quand  il  ne 
s'eft  plus  trouvé  de  juftes 
en  vie  ,  il  a  quelquefois  eu 
pitié  des  vivans  en  faveur  des 
morts  ,  félon  ces  paroles  d'un 
Prophète  :  Je  protéger ay  cette 
ville  à  caufe  de  moy  ^  z^  de  Daiiid 
rnonferviteur. 


te  Seigneur  ne  resardepas 
^'^"  '"gâtant  à  ce  qu'on  luy  donne , 


)ieu 
«le  nos  dons 


jjar  notre 


qu'à  la  volonté  de  celuy  qui 
donne  \  &  félon  cette  difpofî- 
tion  les  petites  chofes  devien- 
aent  très  -  grandes  ;  comme 
fouvent  celles  qui  font  gran- 
des deviennent  petites  &  mé- 
prifables  aux  yeux  de  Dieu , 
quand  on  ne  les  luy  offre  pas 
avec  joye  &  plénitude  de. 
cœur. 

Ne    recherchons    pas  dans 
La  vanitc  ^^^^  aumônes  à  en  recevoir  des 

n'1„ûrr"'°W"g"  <>=  l^"  part  des  hom- 
mes,  &  n'en  attendons  que  de 
notre  maître  commun  j  de 
crainte  que  nous  ne  dépenfions 
vainement  notre  bien  en  de 
bonnes  œuvres ,  fans  en  re- 
tirer aucun  avantage.  Car 
quoy  que  les  richelfes  ne  puif- 
fent  périr  entre  les  mains  des 


80^. 


I  ES 

Et  quid  dico  ?  /Ttf- 
pter  faucos  jufios  s 
ftpe  quando  non  in* 
veiitus  ejlinprxféini 
vitâjuftui ,  projeter 
defunîlorum  virtu» 
tem  ,  viveuîium  j«<- 
feretur ,  CT*  curam^ 
h'ibet  i  undè  dnit  : 
Protegam  eivita- 
tem  hanc  proptcr 
me&  propter  Da- 
vid puerummeù. 

Dominus  non  quan' 
ta  derttur  confuevil 
attendere  ,  fed  va- 
luntatis  largitatem  a 
^  ab  hac  qux  par» 
va  funt  3  magna 
redâuntur  ;  CT*  ma- 
gna f^pe  vilia  effi' 
citintur  y  quandonon 
hilari  prompthtiiint 
qu£  filent  ififumunm. 
tur. 

Ne  ah  hominilus 
laudes  percipiamus  , 
fed  à  communi  om" 
nium  Domino  ;  ut 
CT*  fumpîus  facia- 
mus,  Cj?' lucro  dejli' 
tuamur.  Nam  licet 
non  diripi  pojjini 
diviiiit  per  manui 
pauperum  eo  trun/- 
Uix  ^  V4na  tamm 


Sur 
j^orU  ahfttmuntur , 


Homil.  43,  Si' 
tut  negligentt  nihil 
proàcj}  folitHdo  (  tie- 
nne enim  Iqcus  nos 
facit  virtute  pradi- 
tûs  »  fed  mens  O* 
mores  )  ita  prttdens. 
éktque  vigU  non  of- 
fenditur ,  elUm  me- 
dht  in  ci  vitale  vi" 
vens.  Qupcircà  vel- 
kmjîcut  beatum  Job 
virtiàte  pyajfantes  in 
tttedtis  civitatihus 
tjje  ,'  ut  quafifer- 
mentum  fa£îi  aliis , 
multos  ad  fui  inU' 
tationem  trahant, 

Gratias  egit  Loth 
Deo ,  quod  digna- 
tus  eum  effet  prate- 
reumium  ,ft*fce^tione 

magntém  Dei 

heneficium  arbitra- 
tus  incidijfe  in  hos 
viras  ,  ut  fufceptis 
illis  fuum  hofpitalita- 
tis  exercend<e  defide- 
rium  perficeret. 

Judais  lex  impe- 
tMèat ,  ns  inimico' 


«07. 


i;  A    Genèse.  1^1 

pauvres ,  elles  y  peuvent  néan-î- 

moins  être  conlumées  inutile* 

ment  3  &  comme  anéanties  par 

la  vaine  gloire. 

Comme  la  folitude  ne  fert 

de  rien  à  celuy  qui  cft  négli-  Solitude  înu 

gent  pour  les  chofes  de   Ion  ^^''^  ^"^"^  ^'^ 

lalut  ;  parce  que  ce  ne  font  ^"'"' 

pas  les  lieux  ,  mais  la  difpolî- 

tion  du  cœur  &  les  mœurs  qui 

nous  rendent  vertueux  :  aulîi 

celuy  qui  eft  foigneux  &  vigi- 
lant ne  trouvera  rien  au  milieu 

des  villes  quilc  puifle  détour- 
ner  de  la  vertu.  C'eft  pour-» 

quoy  je  voudrois  que  \qs  per- 

fonnes  d'une  piété    folidc  & 

exemplaire      demeuraflfent  , 

comme  le  bienheureux  Job  , 

au  milieu  àcs  villes  ,  afin  de 
lèrvir  comme  d'un  levain  fpi- 
rituel  pour  attirer  tous  les  au- 
tres à  l'imitation  de  leur  vertu. 
Loth  rendoit  grâces  à  Dieu 
de  ce  qu'il  l'avoit  gratifié  de 
l'avantage  d'avoir  exercé  l'hof-  *^'^"^'''S^«t 
pitalité  envers    de's  paffans  : 
confidérant  comme  une  grâce 
de  Dieutouteparticuliere,  de 
ce  qu'il  luy  avoie  fait  trouves 
àzs  voyageurs ,  qui  lui  avoient 
procuré  Toccafion  d'accomplir 
les  délîrs  ardens  qu'il  avoit  de 
pratiquer  l'hofpitalité. 

La  loy  commandoit    aux     secoui" 
Juifs  de  relever  les  animaux  proch-ja*"^ 
Kk  iiij. 


80  g. 

Hofpitaliré 


$pz  Des     Home 

de  leurs  ennemis  qui  feroient 
tombez  ;  mais  vons  ,  vous 
voyez  fouvent  votre  frère  que 
le  démon  a  bleffé  ,  &  qui  eft 
tombé  ,  non  pas  Amplement 
fur  la  terre,  mais  dans  l'abyf- 
me  du  péché ,  fans  vous  mettre 
en  peine  de  le  relever  par  vos 
exhortations  &  par  vos  con- 
fcils  i  ou  d'en  appeller  d'autres 
à  votre  fecours  ,  pour  tâcher 
à  retirer  un  de  vos  membres 
de  la  gueule  de  ce  monltre  qui 
cft  prêt  de  le  dévorer.  Ce  qui 
vous  pourroit  aulfi  fervir ,  file 
malheur  vous  arrivoit  jamais 
de  tomber  vous  -  même  dans 
les  liens  du  péché ,  à  trouver 
des  perfonnes  charitables ,  qui 
vous  aideroient  à  fortir  des 
mains  du  démon.  Car  fi  vous 
paffez  votre  chemin  fans  exer- 
cer la  miféricorde  envers 
votre  frère  qui  eft  tombé ,  un 
autre  aufïi  vous  laiflera  dans 
la  folTe  du  péché. 

8 10.  Les  intercelîîons  des  Saints 

Efficace  de*  nous  font  très  utiles  ,  quand 

prières  des      nous  faifons  de  notre  part  ce 

Saints  pour     qyg    ^Qy^  pouvons;    mais  fi 

aiut.  notre  devoir  ,   nous  mettons 

en  eux  feuls  notre  confiance  & 

Contre  les  tout  l'efpoir  de  notre  falut  , 

Hérùtqnef.    ^j^-j  jç^j.  çntremife  nous  eft 


LIES 

rum  lapfa  jttmenta 
négligèrent  >  tu  au~ 
temfratrem  tuum  à 
diabolo f£f>'e  faucium 
^jacentem  nonfu' 
per  terram ,  fed  fu^ 
per  peccati  bara- 
thrum  videns  ,  tua 
exhortaiione  non  re- 
Delîis  y  non  admoni- 
tionem  adbibes ,  nec 
altos  in  auxiltunt 
vocasyUt  àfaucibus 
beJlU  membrum 
tuum  reducere  va" 
leas  -,  têt  e?»  ipje  > 
fi  quando  cecideris  y 
quoà  abjît ,  in  la- 
queoi  malt  y  pojjîi 
habere  quitejuvent  » 
CT*  libèrent  à  mani' 

bus  diaboU 

Nam  fi  abfque  mife- 
ricordiafratrem  pra- 
terieris,  V  te  fi  ce^ 
cideris ,  alius  fimili- 
ter  prêter tbit. 

Hom.44  Quan- 
do quod  ex  nobts  efi 
fimul  afferimus  CT» 
intercefjio  Sanélorum 
accedU  ,  nobispluri' 
mum  confert.  Quoi 
fi  négligentes  fueri' 
mus  y  Zy  fpem  in 
illis  jolh  Ç9lkcami»s 


Sur 

noPra  falutis  y  nihil 
nobis  prodeji  ;  non 
^uoi  infirmifint  ju- 
fli,fei  qmàpropter 
de/îdiam  noflram  nos 
fpfos  perdimus .... 
Vndè  Deus  ad  Jere- 
miam:  Ne  orespro 
populo  hoc ,  quià 
non  exaudiam  te. 

Non  adeo  profici' 
mus  per  altos  crantes j 
ut  per  nos  ipfos ,  fi- 
quidem  ct*m  alacri  CT* 
vi^ili  mente  accedi- 
mm.  Emmvero  G* 
Chananaa  dtfcipuloi 
habensprofe  orantesy 
nihilprofech ,  donec 
ipfa  per  fe  ajjîfîeret. 
. . .  Itaque  cùm  vi- 
demiis  ineffabilem 
cîementiam  Domini , 
accedamm  ad  eum 
declaratis  Jtngulis 
peccatisnojfris,  etiam 
pro  prtterhis  pecca- 
torum  veniam  peta- 
mus ,  ut  infttturum 
majori  diligemia  vi- 
Ventes  ,  uberiorem 
ejus  gratiam  ajje- 
quamttr. 

Homil.  4^.  Hoc 
verum  eficonJHgium» 
^uando  tanta  inter 


LA    Genèse.  3^^ 

inutile  :  non  pas  que  les  priè- 
res des  juftes  &  des  Saints  rie 
foient  très  -  putflantes  :  mais 
parce  que  nous  nous  perdons 
nous  -  mêmes  par  notre  négli- 
gence &  notre  parefle.  D'où 
vient  que  Dieu  dit  à  Jeremie  : 
Ne priey  plus  pour  ce  peuple  ,  car 
fe  ne  vous  exaucera^  pas  en  fa 
faveur. 

Qiiand  nous  prions  du  cœur  g  j  f^ 
&  avec  inftancc  »  nos  prières  Prier  avse 
nous  font  bien  plus  utiles  que  inftance  ôc 
celles  que  les  autres  font  pour  confiance., 
nous.  C'eft  pourquoy  nous 
voyons  qu'encore  que  la  Cha- 
nanée  eût  les  Apôtres  qui  m- 
tercedoient  pour  elle  ,  elle 
n'obtint  rien  ,  jufqu'â  ce  qu'- 
elle preflaft  le  Seigneur  par 
elle-même.  Comme  donc  nous 
fommes  perfuadez  de  l'inef- 
fable clémence  de  Dieu  ,  ap- 
prochons- nous  de  iuy  »  après 
avoir  confeflé  tous  nos  pé- 
chez,  afin  d'en  pouvoir  obte- 
nir le  pardon  ;  &  que  nous 
rendant  plus  foigneux  de  bien 
vivre  à  l'avenir ,  nous  attirions 
fur  nous  avec  abondance  fes 
grâces  divines. 


CefV  un  vray  &  faint  ma-       81  a. 
riage  ,    quand  le  mary  &  la    Union  fainta 
femme lont  fi  fort  unis,  qu'on  <i"™"i^8=' 


Si5. 


)f4  Des    Home 

peut  dire  que  ce  font  les  liens 
de  la  chanté  même  qui  les 
cilreignent.  Car  comme  le 
corps  n'eft  jamais  eu  diiFérend 
avecle  corps  ,  ny  l'ame  divi- 
fée  contre  eile-méme;  auffi 
le  mary  &  la  femme  ne  doi- 
vent-ils jamais  être  en  diiTen- 
fion,  mais  conferver  toujours 
une  étroite  union  entre  eux  :  & 
c'eft  le  moyen  de  s'amafler  un 
tréfor  de  toutes  fortes  de  biens: 
puis  qu'où  règne  la  concorde  ^ 
là  fe  trouvent  aufli  la  paix  ,  la 
charité,  la joye  de  l'ame  ,  l'e- 
xemption de  toute  guerre ,  de 
toute  querelle  ,  de  toute  con- 
teftation  ,  &  un  heureux  con- 
cours de  tous  les  avantages 
fpirituels. 

Abraham  ayant  été  expofé 


«e  Dieu  dans         rire  c 

tmaion.  cau^e  de  ^a  femme  Sara  .  non 
feulement  en  tut  délivre ,  mais 
en  fortit  plus  glorieux  qu'il 
n'étoit  auparavant.  Car  Dieu 
ne  fe  contente  pas  de  délivrer 
de  l'afflidion  ceux  qui  la  fup- 
portentavecconftance  &  avec 
courage  ;  mais  il  les  remplit 
dans  l'adverfité  même  d'une 
telle  joye  ,  &  les  comble  de 
tant  de  biens ,  qu'ils  oublient 
tous  leurs  maux  paiTez. 


LIES 

conjures  ejf  eoncif^ 
dm  j  ut  qtMft  vin- 
culo  charttatts  Jlnt 
concatenati.  -  Stcut 
enim  corpus  nun^ 
quant  à  fe  ipfo  diff- 
det  5  neque  aninut 
adverfus  Je  ipfam  ; 
ità  Virum  C?*  mulie- 
rem  non  convenu  dif- 
Jïdere^fed  unitos  ejje  : 
tune  bona  injinita  jl» 
ht  coacervare  potS'- 
ruiit.  Vhi  enim  con^- 
cordia ,  ihi  boncrum> 
confluxuiy  ihi  pax  ^ 
charitas  ,  Jpiritualis 
Uiitia  y  nuUum  bel* 
lum  ,  nulla  rixa  y 
nulla  contentio, 

Abraham  in  fnor^ 
lis  periculo  proptet 
Saram  conftitutus .  . 
non  folùm  mortemi. 
ejfugitifed  V  repen^^ 
tègloriofui  fatlus  efi 
.  .  .  non  enim  folitm 
à  trijiibus  libérât 
Deus  eos  qui  fortitev 
fe  geruntin  tentation 
nibus  •yfedO'tantam 
in  advsrjîs  pr^het  U» 
titiam  ,  ut  in  eorum 
obUvionem  omnina 
veniant ,  ^  in  multa 
Vffrfcntur     bgnoniîa 


Sur 

djftnemia,  '       * 

Honiil.    46.  iii 
cap.    II.     Malitia 
invidentium    ,     eos 
quihu/i  invidet   cU' 
rlores  efficit.  Nam  is 
eut  invidetur  fuhfi' 
diarium  babeiDeum, 
C  ejus  gratta  frui» 
tur  :  qHî  atitem  invi- 
det  gratta  JpoUatur , 
facile  vitti'kur  ah  om- 
nibus ;  C7*  onteÀ  à 
/mis        ajfeélionibus 
qttam  exterttis  hojli- 
bfn  ififtfiatus  ,  quafi 
tonfumttfir  ,   Cf  ab" 
fumptusfubmergitur. 
Homil.  48.  Re- 
heccam       imitentur 
mulieres  ,    Ifaacum 
emulentur  viri  :  Jîc 
fponfas  ducere  curent. 
Quare  enim  die  oro  » 
Jlatim  ah  initiofor~ 
dthus    impleri  finis 
puelU  aures  ,    tam 
turptbui    cantilenis , 
tam  intempefltva  illa 
pompa  ?  Nefcis  quo- 
ntodo  adolefceniiaper 
fe  fit  in  malttm  pro- 
penft  ?   Ctir  honejfa 
nuptiarum   my^eria 
invulgas    ?    Oporte- 
bat  omnia.  h<tc   de" 


LA    Gènes  I. 


m 


La  malice  des  envieux  ne 


814. 


fert  qu'à  rehauffer  la  gloire  Malheur  d»* 
de  ceux  aufquels  ils  portent  envieux, 
envie.  Car  ceux  qui  font  en- 
viez ont  Dieu  pour  leur  pro- 
tefteur ,  &  font  foûtenus  par 
fa  grâce  ;  au  lieu  que  les  en- 
vieux en  étant  dépoiiillez  font 
facilement  vaincus  de  tout  le 
monde  :  &  même  avant  que 
d'être  accablez  au  dehors  par 
leurs  ennemis  ,  ils  fontdéfo* 
lez  &  dévorez  au  dedans  par 
le  dérèglement  &  la  violence 
de  leurs  paffions. 


Que  les  femmes   imitent       81^. 
Rebecca  ,    &    les    hommes      Contre  1?* 
Ifaac.    Car  c'eft  ainfi  que  fe  defordres  dts. 
doivent  faire  les  mariages.  Et  "°"^* 
en  effet  pourquoy  remplir  d'a- 
bord de  tant  d'infamies   les 
oreilles  des  filles  qui  fe  ma- 
rient ?  Pourquoy  leur  appren- 
dre tant  de  chanfonsdes-hon» 
nêtes  ?  Et  pourquoy  ufer  dans 
la  célébration  des  nopces   de 
manières  fi  indécentes  ?  Ne 
fçavez  -  vous  pas  combien  la 
jeunefle  eft  d'elle-même  por- 
tée au  mal  ?  Pourquoy  des- 
honnorer  des  my fteres qui  doi- 
vent être  couverts  du    voile 
honnête  du  fecret  ?  Il  faudroit 


^ç$  DESHoKfELlES 

bannir  toutes  ces  mauvaifes  pellere  o*  vencttn^ 
coutumes  ,  &  enfeigner  d'à-  diam  principio   do- 
bord  aux  filles  qui  fe  marient ,  cere  puellam  &  fa- 
la.  pudeur  &  la  retenue  ,  il  cerdotes  vocare^  e?* 
faudroit  appeller  les  Prêtres  ,  precibus  ct*  benedi- 
afin  d'établir  la  concorde  ,   &  ùiombui  concordiam 
affermir  la  bonne  intelligence  conjura  cou/lringe- 
entre  les  nouveaux  mariez  par  re  i  ut  amorfponft 
les  prières  &  les  bénédidions  augeatur  ^  o"  puelU 
divines   afin    d'accroiltre   Ta-  conUnentia  crefcat  ', 
mourde  l'époux  ,  &  de  for-  ac  omnia  qu<e  Jiunt 
tifier  la  charteté  conjugale  de  eo/pethnt,  ut  vit- 
l'époufe^  &  afin  que  tout  ce  tutti    opéra    ingre^ 
qui  fe  paffe  dans  cette  cérémo-  diantur  in  domum 
nie  ne  tende  qu'à  détourner  illam  ,  tollanturque 
de  deffusles  nouveaux  mariez  e  medk  omnes  dia- 
tous  les  mauvais  defleins  du  boli  infidt<e ,  ct*  ipfi 
démon  >  à  remplir  leur  mena-  Dei  auxilio  umii ,. 
ge  de  vertu  &  de  piété  ,  &  à  jucundè  vitam  perj}* 
attirer  fur  eux  le  fecours   de  ci^nt. 
Dieu ,  qui  les  tienne  toujours 
unis  à  luy  ,  &  qui  leur  fafle 
paffer  la  vie  avec  une  fainte 
Joye  dans  fon  fer  vice. 


prjcres. 


'gi^.  Ne    nous    décourageons 

Abandonner  point  fi  Dieu  ne  nous  exau- 
à  Dieu  le  fuc-  ce  pas  C\  promptement  :  car 
ces  de  nos  ^i  ^e  diffère  peut-être  de 
nous  exaucer  ,  que  parce 
qu'jl  veut  éprouver  la  conf- 
tance  de  notre  fidélité  à  fon 
fervice  ,  &  procurer  à  notre 
patience  une  plus  illuttre  cou- 
ronne j  &  parce  qu'il  connoift 
mieux  que  nous  le  tems  au^ 


Homil.  49.  Né 
fegmores  fiamm  fî 
non  jiatim  audta- 
mur.  Fortajjîs  enim 
Dominui  continuam 
nojlram  fedulitatem 
fapienter  exerce  n s  , 
ttà  differt  ,  volem 
ut  patienti<e  quocjue 
mercedem  recipia-^ 
mm  :  G?*  qwà  tpft 


SVR 

!$empusfcit,  qttando 
mbts  utile  efl  affequi 
quoi  qu£rimus.  Ne- 
que  enim  nos  itàfct- 
mus  quid  nobis  utile , 
Ht  ipjè  evidenter  no- 
Vtt,  qui  etiam  ah' 

fcondita  mentis   no' 

firx  cagnofcit* 

QuomoHo  fiet 
iftud ,  inquit  Ma- 
ria, quoniam  vi- 
rum  non  cognoP- 
Co  ?  Sanè  propter 
hoc  erit,  quoniam  vi- 
rum  non  cognofcis, 
JMam  fi  cognofceres 
vir»m  y  non  fui/Jes 
habita  di^nauthuic 
minifierio  fervires. 
Itaque  quam  ob  rem 
dubitas  ,  eam  ob  rem 
crede  î  non  quià  ma- 
liêm  nuptU  j  fed  quià 
mdior  virgmitas. 


Levantes  fanftas 
manus  abfque  ira 
&  difceptationi- 
bus  j  €?•  Jfudeamus 
femper  liherari  aper- 
furbatione,  ut  mens 
fit  in  tranquiUo  ;  ma^ 
fcime  antem  precttm 


LA      ObNBSB.  3P7 

quel  il  nous  eft  plus  avanta- 
geux d'obtenir  ce  que  nous  lui 
demandons  ;  &  en  effet  fou- 
vent  nous  ne  Içavons  pas  nous- 
mêmes  ce  qui  nous  eft  utile  ; 
&  nul  ne  le  peut  fçavoir  que 
celui  qui  connoift  parfaite- 
ment ce  qu'il  y  a  de  plus  ca» 
ché  dans  le  fond  de  notre 
cœur. 

Comment  cela  fe  fera -t -il,       gr/,' 
dit  Marie  ,   pui/que  je  ne  con-    Virginité  de 
nois  point    d'homme    ?    C'eft  à  Ma"e,  caufe 
caufe  de  cela  même  que  vous  ^f  /*  mater- 
n'avez  commerce  avec  aucun  ""^' 
homme,  que  la  chofe  s'accom- 
plira ;  car  fi  vous  en  aviez , 
vous   n'auriez  pas  été  jugée 
digne  de  fervir  au  miniftere 
de  l'Incarnation.  Que  la  rai- 
fon  qui  vous  fait  douter,  foit 
donc  la  même  qui  vous  falfe 
croire  :  ce  que  je  ne  dis  pas 
pour  vous   perfuader  que  le 
mariage   foit  un  mal  ,  mais 
feulement  pour  vous  appren- 
dre que  la  virginité  eft   un 
plus  grand  bien. 

Prie:^  en  levant  vos  mains  pu-'       8 1 8. 
res  avec  un  efprit  éloigné  de  co-       ^  ri=r  avec 
1ère  CT*  de  contention.  Car  nous  ""ejprittran. 
devons   avoir  famé  dégagée  ^""'** 
de  tout  ce  qui  peut  troubler 
fa  tranquillité  ,  &  principa- 
lement dans  le  temps  de  la 
prière  ,   auquel  nous  avons 


5^8  Des     Homélies 

plus  befoin  de  la  bonté  &  de    tempore   ; 
U  mifericorde  divine. 


gj  .^  Rien  n'eft  plus  fort  que  ce- 

Kotre  force  iui  qui  eft  protégé  du  fecours 

R'cft  qu'en     de  Dieu  ^   comme  rien  n  efl 

X>icu.  plus  foible  que  celui  qui  eft 

privé  de  Ton  aiTiftance. 


Sic. 


tire  de  noa- 
yelJes  grâces 


Rien  n*eft  fi  agréable  à  Dieu 
La  recon-  qu'une  ame  qui  eft  pleine  de 
noiffance  at«  reconnoiflance  pour  fes  bien- 
faits, &  qui  a  foin  de  lui  en 
bien  rendre  graces.Car  encore 
î^u'il  répande  tous  les  jours 
une  infinité  de  biens  fur  nous, 
foit que  nous  le  voulions,  ou 
que  nous  ne  le  voulions  pasj 
ibit  que  nous  les  connoiffions, 
ou  que  nous  ne  les  connoif- 
fions  pas  ;  il  ne  demande  néan- 
moins de  nous  autre  chofe ,  fi- 
non  que  nous  en  foyons  tou- 
chés de  gratitude  ,  &  que  nous 
l'invitions  par  de  continuelles 
actions  de  grâces  ,  à  nous 
communiquer  de  plus  grands 
dons. 

Nous  paffons  inutilement 
toute  notre  vie ,  comme  des 
'  beftes ,  n'ayant  nul  foin  de  no- 
tre ame,  &  ne  fongeant  qu'à 
remplir  &  fouler  le  corps  :  & 
ainfi  en  caufant  mille  incom- 
iDoditez  à  notre  corps  par  no- 


Vie  de  la  plu- 
part, animale. 


quand» 
multa  nohii  opta  ejl 
à  Deo  benignttate. 

Homil.  5i.  Jï* 
cap.  z6.  Nihil  ro' 
hujlttis  €0  qm  frttittfT 
fuperno  prajtdio  ifi- 
cut  mhil  tnfirmius 
eo  qui  tali  auxtlia 
dejîitmtur. 

Nihiltam  z'ratum 

o 

Deo  5  ut  anima gta- 
ta  CT*  grattas  agens, 
Nam  cnm  innumeris 
beneficiis  qmtidiè 
otnnes  nos  profequa- 
tur  ,  Jîve  velimus  % 
five  noUmus  ;  /he  ea 
fciamus  ,  five  igno- 
remus  ,  nihil  tamen 
alindà  nohisexigit^ 
quam  hahcre  gra" 
tiam  pro  bisqtt^fa- 
Oafunt ,  ut  pro  illa 
ipfagrattarum  aÛio' 
ne  adampUora  dan* 
da  provocetHT, 


Homil.  ^4.  ia 
cap.  17.  Frufirào* 
in  vanum  quafi  pe- 
cudes  vitam  totam 
tranfigimus;  anim<e 
quidem  nuUam  cU' 
ram  faci^ntes  ^  ven*^ 


trem-autemfolum  im- 
pinguantes  i  atque 
ettam  pr opter  hoc  cor- 
pori  muliit  nocentes  y 
per  immoierantiam 
multa  parantes  in- 
commoda i  animant 
vero  famé  perire  fi' 
nimus. 

Quxrite  primum 
regnum  D'ei,  & 
hxc  omnia  adji- 
cientur  vobis  :  f^i- 
des  ut  h^c  in  lucri 
■&  auûuarii  pari^ 
daturum  fe  promit- 
tit  ?  Ne  igitur  ea 
qu£  tanquam  accef- 
fbria  accepturus  es , 
quafiprimaria  pete  ; 
ne  invertamus  ordi- 
nem  5  fed  qtt^ramus 
ilîa  ficut  pr^cepit  , 
ut  O*  h<ec  o*  illa 
habere  Itceat» 


Homil.  S'y.Qfii 
âilfgit  ficut  oportct 
Deum  5  manifeflum 
quod  G?*  mandata 
ejus  facere  nititur. 
Quando  enim  quis 
fraternèergà  aliquem 
affîcitur ,  omnia  fa- 
jsere  flttdet ,  ut  dile- 


LA    Gbwesb.  199 

tre  gourmandife  &  par  nos 
excès,  nous  laiirons  périr  no- 
tre ame  de  faim. 


Cherche:^  premièrement  le  te' 
gne  de  Dieu  ,  c  totttes  chofes 
vous  firont  données  comme  par 
Jurer nft,  Vou«  voyez  que  Dieu 
ne  nous  promet  ces  avanta- 
ges temporels ,  que  comme  un 
accroiflement  &  un  gain.  Ne 
demandez  donc  pas  comme  les 
premiers  &  principaux  biens , 
ceux  que  vous  ne  devez  rece- 
voir que  comme  des  acceflbi- 
res  i  afin  de  ne  pas  renverler 
l'ordre  àts  choies  :  mais  re- 
cherchez premièrement  les 
biens  fpirituels,  ainfi  que  l'or- 
donne le  Seigneur,  afin  que 
vous  puifïicz  avoir  les  uns  & 
les  autres. 

Il  eft  fans  doute  que  qui- 
conque aime  Dieu  comme  il 
doit  Taimer ,  s'efforce  d'ac- 
complir fes  commandemens. 
Car  nous  voyons  que  lorfque 
nous  aimons  quelqu'un  fin- 
cerement  ,  nous  nous  étu- 
dions à  faire  tout  ce  qui  peut 
iui  plaire,  &  attirer  fur  nous 


8îî; 

Demander 
principale- 
ment les  biens 
fpirituek. 


L'amour  aCi» 
complit  les 
commander 
mens. 


'824- 

Amour  du 
prochain    in- 
féparable    de 
l'amour  de 
Pieu. 


^2;. 

Aumofne 
fource  de 
kkns. 


400  Des    Home 

ion.  affection.  De  forte  que  fi 
nous  avons  pour  J  E  S  u  S- 
Christ  un  amour  fincere, 
nous  travaillerons  à  accom- 
plir fa  volonté,  &  à  ne  rien 
faire  qui  puiffe  être  defagrea- 
ble  à  celui  que  nous  aimons. 


L*amour  du  prochain  entre 
toujours  dans  notre  cœur  en 
même  temps  que  l'amour  de 
Dieu  ;  de  forte  que  fi  nous  ai- 
mons Dieu  véritablement  , 
nous  ne  mépriferons  jamais 
notre  prochain  ;  &  nous  ferons 
moins  de  cas  de  nos  biens  ex- 
térieurs, que  de  nos  frères  qui 
font  nos  membres. 

Répandons  libéralement  fur 
les  pauvres  les  biens  que  nous 
tenons  de  Dieu,  &  redonnons 
lui  les  biens  qu'il  nous  a  don- 
nés afin  qu'ils  nous  reviennent 
une  féconde  fois  avec  une 
multiplication  merveilleufe. 
Car  fa  libéralité  eft  fi  grande , 
qu'encore  qu'il  ne  reçoive  de 
nous  que  ce  qu'il  nous  avoit 
déjà  donné ,  il  ne  le  regarde 
pas  néanmoins  comme  étant 
â  lui  5  mais  par  un  excès  de 
magnificence  il  promet  de 
nous  le  rendre.  Faifons  donc 
de  notre  côté  tout  ce  qui  eft  en 
Jîotre  pouvoir  j  communiquons 


LIES 

^um  atlrahere  pojjtt 
in  amorem  fuum.  Et 
nos  quoque  fi  Domi^ 
fiftmfraternè  dilexe- 
rimus ,  ^  mandata 
ejus  iml>lere,  O"  nihil 
eorum  qtt<e  exacerba' 
re  pojfunt  dileSîum  , 
facerejiitdebimus. 

Stmttlcum  chari" 
tate  Dei  ingreiitur 
dileflio  proximi, 
Nam  qui  Deum  dili" 
git ,  non  defpiciet 
fratrem»  nequeopes 
plitrisy  quant  mem^^ 
hrum  futtmfaciet. 


Effundamtts  fw 
cubâtes  nojfras  in 
egenos  mente  liberali 
ex  his  qu£  nobii  Do" 
minus  dédit  :  O* 
qu£  ab  eo  datafunt 
tterum  demus  5  ttt 
fie  iterum  noftra  cum 
lucro  fiant.  Tanta 
enim  ejus  eji  libéra" 
litas,  ut  Ucet  acci" 
piat  de  his  qu£  ipfe 
dédit  3  non  putet  ta» 
men  propria  fe  acci» 
père  y/ed  magna  mu* 
nificentia  nobis  en 
reddiiurhtn  fe  poUi» 
cetmr. 


Sur 
cetur ,  ianium  noi 
CP*  <^««  nojlra  funt 
facere  velimtts  :  C7* 
fie  paufetibui  eroge- 
mus,  qua/t  déponen- 
tes ea  tn  manm  Do- 
mini  j  fcientes  quod 
quxcttmque  accède- 
nt manus  ejus ,  ea 
nonfolum  reidit  ,fed 
multiplie  aia  nohis 
iterum  largitur ,  /«<e 
Itheralitatis  gloriam 
declarans  ....  Nec 
folùm  illa  reidit  ^fed 
cum  illis  calorum 
Tegnmn  donat. 

Homil.  ^6.Sum- 
ma  honeflate  nuptias 
egijje  Patriarchas  in 
Gentfi  'vtdijïi.  At^ 
dite  qui  fatanicas 
pompas  admiraminiy 
Cy  fiaiim  ab  initia 
nuptiarum  honejia" 
Um  dedecore  ajjîcitis, 
Num  tune  chorf<e. 
diabolic£  ?  Quare  , 
die  mihi ,  ffattm  ab 
initia  tantum  in  do- 
mum  tuam  indueis 
damnum  ?  C?*  eos  vo- 
tas qui  in  fcenis  CT* 
orchejiris  opérant  lo' 
cant  i  ut  cum  intem» 
pefiivo  fum(>:u  vir- 
ïom.  L 


LA    Genèse.  401 

nos  biens  aux  pauvres ,  com- 
me fi  c'eftoit  un  dépoft  qu« 
nous  miiTions  entre  les  mains 
du  Seigneur,  Se  foyons  dans 
une  confiance  certaine  cju'il 
ne  nous  rendra  pas  fimplemenc 
ce  qu'il  aura  reçu  de  nous  , 
mais  que  pour  faire  éclater  la 
gloire  de  fa  libéralité  divine  , 
il  nous  le  rendra  avec  une 
multiplication  incroyable,  & 
nous  accordera  en»  même 
temps  la  poireflion  de  fon  ro- 
yaume ceiefte. 


Vous  pouvez  voir  dans  la       ^i-^- 
Gene/eavcc  quelle  honnêteté  „.^^^'^^"^^-'^ 
les   Patriarches    ont    célébré '^^^TJ^'V' ' 

,  .  Y,  ,     oc  le  defordre 

leurs   mariages.     Retenez-le  ^^^^  j^,  ,,,^. 
bien  ,   vous  qui  admirez  tou-  ces, 
tes  ces  pompes   de  fatan ,  & 
qui  commencez    un  mariage 
par  en  diflfamer   l'honnêteté. 
Voyez-vous  qu'on  y  fît  alors 
des  danfes  diaboliques  ?  Pour- 
quoi   donc    introduirez  vous- 
dabord  des   choies  (î   perni- 
cieufes  dans   votre   maifon  ^ 
Pourquoi  y  faites-vous  venir 
à  grands  frais  des  comédiens-' 
&    des  bouffons   ?  Pourquoi 
employez-vous  mal  à  propos- 
vôtre  argent  'à  blelfer  l'hcn- 
néceté  &  la  modeftie  d'une 
U 


401  Des    Home 

fille  qui  doit  eftre  mariée  ? 
Et  pourquoi  travaillez-vous  à 
accroiftre  l'impudence  d'un 
jeune  homme  qui  eftpreftde 
répoufer  ?  Il  n'eil  déjà  que 
trop  difficile  d'y  foutenir  avec 
modération  les  tempeftes  des 
pafTions ,  fans  irriter  davanta- 
ge les  feux  ,  dont  cet  âge  eft 
embrazé  :  de  forte  que  quand 
on  y  joint  tout  ce  qui  fe  voit 
&  qui  s'çntend  en  ces  afTem- 
blées  profanes,  iU'allume  un  Ii 
violent  brafîer  de  concupifcen- 
ce  j  que  l'ame  d'un  jeune  hom- 
me en  eft  toute  confumée.  Et 
c'efl:  de  ces  premières  attaques 
que  l'on  donne  à  la  chafteté  de 
ceux  qui  doivent  vivre  enfem- 
ble  dans  le  mariage,  que  vien- 
nent toutes  les  corruptions  & 
tous  les  déréglemens  qui  les 
perdent  dans  la  fuite  ;  parce 
qu'ils  y  apprennent  à  manquer 
à  l'union  &  à  la  foy  mutuelle 
qu'ils  fe  doivent ,  &  à  violer 
l'amour  conjugal. 
tzT.  Si  l'on  vous  donne  un  con- 

Rejettcrles  feil  bon  &  Utile ,  quand  même 
mauvâifes      ilferoit  contraire  à  la  coûtu- 

cerks  bonnes  ^"  contraire  le  mai  que  vous 

rarfonexem-  pratiquez  feroit  autorifé  par 

pie,  la  coutume  j  il  faut  fans  doute 

le  rejetter.  Car  fi  l'on  vouloit 

s'attacher    uniquement   à    la 


LIES 

ginis  Udas  continm*- 
tiam  ,  e?*  juvenem 
impudentUrem  fa." 
cias  ?  Sutis  enlm  nr- 
duum  eral  ahfque 
ilUi  fomitibm  illam 
tetatem  pcffe  ferre 
moderatè  tempefla- 
tem  ajfeHionum  > 
càm  autem  G^  hac 
acceàunt  tàm  cju£  vi- 
dentur  quàin  qu£  an- 
diuntur  ,  mainfqHe 
concupifcentU  açcetp- 
ditttr  incendium  , 
quomodo  non  pejfnm 
thh  adùUfenîis  ani- 
ma. ?  Hinc  omniapc 
reunt  zy  corrumpun' 
ttix  ;  quod  ab  initia 
cafiitas  oppugnatut 
eorum  cjttiinterfe  con^ 
ventiirifunt . . .  Etc 
nim  illinc  difcunt  ut 
C  muîuam  concor" 
diam  diUcerem ,  C?* 
amorem  corrumpant. 
Si  honum  ^  ulUe 
ffierit  conjilittm ,  e- 
tiamfi  non  fît  confiée" 
tudû  y  fiât  :  fin  aant" 
nofum  id  quod  à  vo- 
it s  ejficitftr  >  etiamfi 
confuetudo  fit  ,  re/'** 
ciatur,  Nam  fi  uni 
confuettdini  défera' 


SVK 

mui ,  £?•/«*•  O*  adul- 
Ur  CT»  quantumvis 
malus  alius  ai  con- 
fuetudinem  provoca- 
ret.  At nulla  hincil- 
lis  venta ,  fei  major 
accufatioj  quodma- 
lam  confuetudinem 
Jûperare  non  value' 
Tint.  SI  enim  volue- 
rimus  prudentes  ejje 
O*  habere  curam  no- 
flr£  falutis ,  pojfttmus 
CT*  à  mala  confuetu^ 
dine  defijlere ,  CT'  in 
bonam  confuetudi- 
nem nos  ndttcere  :  Ci?* 
Jic  pofleris  noflris  non 
parvam  dabimus  oc- 
cajîonem  eadem  imi' 
tandi  ;  C  accipiemus 
etiam  nos  mercedem 
eorum  qUig  ab  his  a' 
guntttr.  Nam  qui  ini- 
tium  bon£  vite  pr te' 
huerit ,  hic  autor  efl 
eorum  qtke  CT*  ab  aliis 
refièjîunt  O*  dupli- 
cem  reciplet  merce- 
dem, tàmprohhqua 
ipfe  reilè  facit^quàm 
quibits  altos  in  opti" 
mam  tllam  inducit 
f^yilofophiam, 

Homil.  57.  jfrf- 
^h  imiHiHHf  omiHS 


LA      GeMESE.  405 

coutume  ,  il  n'y  a  ni  voleur , 
ni  adultère ,  ni  quelque  fcele- 
rat  que  ce  foit ,  qui  ne  s'au- 
torizat  de  ce  prétexte.  Mais 
c'eft  plûtoft  un  nouveau  fuji-'C 
de  condamnation  qu'une  bon- 
ne excufe,  de  n'avoir  pu  fur- 
monter  la  force  d'une  coutu- 
me abufîve.  En  effet  lî  nous 
Tommes  fages  &  foigneux  de 
notre  falut ,  nous  nous  défe-^ 
rons  de  toutes  ces  mauvaifes 
coutumes ,  ik  nous  en  pren- 
drons de  bonnes  :  ainlî  nous 
donnerons  occafion  à  ceux  qui 
viendront  après  nous ,  de  nous 
imiter  -,  &  nous  aurons  part 
aux  récompenfcs  de  la  vertu 
que  nos  bons  exemples  leur 
auront  fait  pratiquer.  Car  il. 
eft  certain  que  celui  qui  com- 
mence quelque  bonne  œuvre  , , 
&  qui  en  ouvre  la  voye  aux 
autres  ,  eft  comme  l'auteur  de  • 
tout  le  bien  qui  fe  fait  en-- 
fuite  5  &  mérite  d'être  récom- 
penfédeDieu,  non  feulement: 
pour  le  bien  qu'il  aura  fait, 
mais  encore  pour  celui  auquel 
fon  exemple  aura  porté  ki 
autres,. 


Tous  ceux  qui  font  char-       Si  S'.' 
gez  de  la  conduite  des  bre-   S'oin  ôc  vigi'-i 
Ll  i> 


404 


De  s  Home^lies 


lance  des  Pa-  bis  fpirituelles ,  doivent  imi- 
tteurs.  jg^  jacob,  dans  le  loin  &  la 

vigilance  qu'il  eut  durant  tant 
d'années  pour  conferver  un 
troupeau  de  bétes  brutes.  Ce- 
pendant le  donîniage  qui  fe- 
roit  arrivé  pour  la  perte  de 
quelqu'une  de  ces  brebis  au- 
roit  été  peu  confidérable  j 
mais  à  l'égard  des  brebis  fpi- 
rituelles ,  s'il  s'en  perd  quel- 
qu'une par  notre  faute,  nous 
en  recevrons  un  très -grand 
dommage  ,  &  nous  en  ferons 
punis  d'un  très -rude  châti- 
ment. Car  fî  Noftre  Seigneur 
n'a  pas  dédaigné  de  répandre 
pour  elle  fon  propre  fang  ,  de 
quelfuppliee  ne  fera  pas  di- 
gne celui  qui  aura  négligé 
une  ame  à  qui  le  Seigneur  a 
fait  un  It  grand  honneur  ?  Et 
que  ne  doit-on  point  faire 
pour  contribuer  à  la  guerifon 
d'une  feule  de  ces  brebis fpi- 
rituelies? 

$zp.  Rien   n'eft    fî     fort   &    fî 

Pouvoir  de  puiflant  que  la  douceur.  Car 
1*  douceur,  comme  l'eau  éteint  le  feu  , 
ainfî  une  parole  douce  eft 
quelquefois  capable  d'appai- 
fer  l'ardeur  de  la  colère  la 
plus  entiamée.  Et  nous  en  re- 
tirons ce  double  avantage  j 
&  de  ^ire  paroiilce   noûre 


quib»!  rationaîes  o-- 
Z>es  crediu  fi*nt  i  O*" 
ne  détériores  fiant 
h^ytfui  tamm  in brU" 
tis  pecudibus  cujfo- 
dteTtdis  vijiilantia 
fuit  y  idqne  tôt  an- 
norum  numéro.  Et 
illic  quidem  fi  incU'^ 
ria   qttttdam  acci^dt* 


m 


tulh 


dam- 


nttm  :  hk  autem  fi 
vel  una  ovii  ratio" 
nalii  perierit ,  maxi' 
mum  détriment  um  , 
ineffabilis  pana,- 
NamfiDominus  no- 
fier  fan^inem  pro- 
prtum  ejfundere  pr<y 
nu  non  declinavit  » 
qua  venia  dtgnus 
fUertt ,  quifichono" 
ratam  à  Dno  defpice» 
revoluerity  CT*  no», 
cmnia  qutt  poteji  in 
cttranda  ovnula  ad' 
impleverit  ? 

Homil.  5  8  Nihll 
manfitetudine  vto- 
leniiUs.  Nam  fient 
rogum  valde  accen- 
fum  aqua  injecta  re- 
fiingttk  ,  ita  £7*  ani* 
mum  camino  magis 
exardefi:entem  ver- 
bum  eum  maafustu^ 


Sur 

Une  prolatumextin- 
gtiit  i  CT'  duplex  nO' 
ùis  inàè  lucrttm  ac 
crefcit  \tùmquodnos 
manfmtuitnem  de- 
claramui ,  tùm  quod 
fratris  indignatiomm 
cejjare  facimm ,  C?* 
mentent  ejus  à  turbar' 
tione  liheranuts. 

Cur  commoto  indi^ 
gnatione  fratre  ,  non 
diverfa  via  jiudes 
incedere  ^  fed  ipfe 
magis  trafci  vis  ? 
"Numpotefl  ignis  i^ne 
exiingui  ? 


Sicut  nijtfuperno 
étitxilio  fruamur  ,, 
nilnl  unquam  pcjfu- 
mtis  reélt  agers  i  ità 
niji  quod  nojirum  efl, 
attulerimus ,  nonpo- 
Urimus /upernum  n>- 
hur  obtinere. 

Homil.  55>.  jfu- 
ventus  per  fe  ipfam 
ad  ruinant  proclivis , 
ad  malitiam  levi 
momeato  incltnatur  : 
qi*ando  autem  CT'  0- 
pum  a^uentiam  ac- 
seperit  ^  muhomagis 
ûd  malttm  prormt  ; 


i,A    Genèse.  40f 

patience  &  notre  douceur  , 
&  d'appaifer  l'indignation  de 
notre  frère ,  en  calmant  tou- 
tes \ts  tempêtes  qui  trou- 
blent la  tranquillité  de  foit^ 
ame.. 


Quand  vous  voyez  votre 
frère  emeu  de  colère  ,  pour- 
quoi n'agiflez-vous  pas  avec 
lui  d'une  manière  toute  op- 
pofée,  plûnoft  que  de  vous 
fâcher  aufli  comme  lui  ?  Car 
vous  devez  fçavoir  cjue  jamais 
le  feu  ne  l^auroit  éteindre  le 
feu. 

Comme  nous  ne  pouvons 
jamais  faire  aucun  bien  fi 
nous  ne  Tommes  (ecoiu'us  de 
Dieu  5  aulTi  nous  n'obtien- 
drons jamais  le  fecours  de 
Dieu ,  fi  de  notre  part ,  nous 
n'y  apportons  tout  ce  qui  eft- 
en  notre  pouvoir. 

La  jeunefle  eft  facilement 
portée  au  mal,  Secourt  d'elle- 
même  à  fa  ruine  :  mais  quand 
elle  eft  accompagnée  de  prof- 
perité  &  d'abondance ,  c'eft 
alors  qu'elle  tombe  avec  en- 
core plus  de  rapidité  dans  le 
précipice  :  comme  un  feu  qui 
ayant    trouvé    une    matière 


830: 

Oppofer  U 
douceur  à  la 
colère. 


831; 

Coopérer  * 
la  gtace« 


83 1; 

Dangers  dé 
lajeuucffe» 


*3Î- 

Contre  les 
pieres  négU- 
{ens< 


834- 
Dieu  n'exem- 
pte pas  les 
Saints  des  ten. 
tations,  mais 
il  les  y  fou- 
lient. 


406  Des    Home 

propre  à  le  nourrir  ,  pouffe 
plus  haut  rimpetuofité  de 
les  flammes. 

Tenons  foigneufement  la 
main  à  l'éducation  de  nos  en- 
fans  ,  pour  empêcher  qu'ils 
ne  s'emportent  dans  le  mal  ; 
afin  de  ne  pas  encourir  la  peine 
àes  fautes  que  nous  leur  au- 
rons laiffé  commettre.  Car 
rous  fçavez  le  malheur  qui 
arriva  au  vieillard  Heli ,  pour 
avoir  manqué  à  ce  devoir. 

Ordinairement  Dieu  ne 
préferve  pas  des  dangers,  & 
ne  délivre  pas  des  tentations 
les  perfonnes  de  grande  vertu  i 
majs  il  fe  contente  de  leur 
faire  ientir  la  force  de  fon  fe- 
cours;  dans  leurs  peines ,  afin 
que  ces  tentations  mêmes 
leur  deviennent  des  fujets  de 
joye.  Ce  qui  faifoir  dire  à 
David  :  P^ous  mavcx^  rempli  de 
joye  dans  mes  trihulattons.  Il  ne 
dit  pas,  vous  m'avez  délivré 
des  tribulations ,  &  vous  m'a- 
vez mis  en  repos  :  mais  ce 
qui  eft  bien  plus  admirable  j 
vous  m'avez  ofté  Tabbate- 
ment  d'efpric  au  milieu  de  tou- 
tes m^s  peines. 


LIES 

Jicut  i^nis  curtifomi-^ 
tem  invertit  ,  vali- 
dioribui  fiawmis  é- 
xur^it. 

Fraheamus  ohfe-^ 
cro  ,  manum  filiii 
nojiris  »  ut  ne  (tiam 
pro  lus  qu^  tllipec- 
çaverunt  ,  pœnaifu» 
Jitneamus.  Scitii 
quid  fini  Eli  acci- 
derit. 


Homil.  6z,  hic 
mos  eji  Deo , ,  ut  non 
liheret  à  pert  cuits  vi" 
ros  virtute  claros  y 
neque  e  tentationihus 
extmat  ;  fed  in  ipjîs 
tentationihus  tantitm 
fmm  oflendat  auxi' 
lium  5  ut  tentationei 
ipfx  eii  fiant  occajio 
Utiîi<e  magne  Pro- 
pter  hoc  CT  hiAim 
David j\ri  tribula- 
tione  dilatafti  mi- 
hi.  IVtfW  tnhuUtio^ 
nem  inquit,abpHliJ}iy 
neque  ab  ea  libéra^ 
ium  in  relaxatione 
«ffe  voUttJli  ,  fid  id 
quod  mirum  ej} ,  in 
mfdia  tribnlationis  j 
impavidam  fedàti^^ 


Sur 
Hom.  é^.Cùni 
veniifet  Jacob  ad 
puteum  juramen- 
ti  5  facrificavit 
Dco  :  Hac  audientes 
dtfcamus  quando 
quidfaclftri  »  vel  ne- 
gotium  aliijuod  cap- 
turi  5  vel  peregrintt' 
ùoiiem  ftifcepiuri  fit- 
mus  5  ut  offeramus 
Domina  facrificium 
precunti  ejmadjuto- 
rium  invocemus ,  €S* 
fie  inflttuttim  aggrc 
diamur  ,  imitantes 
idorum  ju/lomm  pie- 
tatem, 

Sicut  honor  qui 
propter  Dettm  facêT' 
dotihtês  impendituy  , 
muhùm  parit  fidu' 
ci£. .  .itàcP'  illorum 
contemptui  multam 
èfitpernis  pœnam  no- 
Us  deferet,  Igitur 
ficut  fuum  ejfe  hono- 
rem  »  ità  G?*  contem- 
ptum  ducit ....  Et 
h£c  dico  non  tam  illo- 
rum  rationem  ha- 
hem ,  quantam  ve- 
Jira  charitaiis ,  eu- 
piens  vos  in  omni- 
imsl(tçrifucer€*s 


LA      G  E  ir  B  s  E.  407 

Quand    Jacah   fut   venu    au        83?.' 
puits  du  jurement  ,   il  facrifia    à     Commencef 
Dieu.  Cela  nous  apprend  que  ^^^^^  "°'  *' 
lorlque  nou,   voulons  entre-  t^t^^ 
prendre  une  action ,  une  af- 
faire ,    ou    un  voyage ,  nous 
devons  commencer  par  offrir 
à  Dieu  lefacrifice  de  la  priè- 
re ,  &  invoquer  fon  aflîlbn- 
ce  j  &    c'eil  ainfi  qu'il  faut 
commencer  nos  entreprifcs, 
en  imitant  la  pieté  des  an*, 
ciens  julies. 


Comme  rhcnncur  que  Pon  ^  3  ^• 
rend  aux  Prêtres  à  caule  de  Honorer  k^ 
Dieu,  nousinfpire.unegran-  "^;^^|^«s  *« 
de  confiance  auprès  de  lui  : 
auiïi  le  mépris  que  l'on  fait 
de  Tes  miniftres  nous  attire 
fes  châtimens  ;  parce  que  le 
Seigneur  confidere  l'honneur 
ou  le  mépris  qu'on  leur  rend  3 
comme  rendu  à  lui-même. 
Or  je  vous  en  parle  ainfi  , 
non  pas  tant  pour  leur  inté- 
rêt ,  que  pour  l'avancement 
de  votre  charité  j  &  dans  le 
defirque  j'ay  que  vous  reti- 
riez un  profit  fpirituel  de  tou- 
tes chofes. 


4o8  Des    Homélies 

837.'             Les  jiiftes  mêmes  dans  l'an-  Homil.  ^7.  T<- 

ta  mort  n'eft  cieiine  loi  craignoient  la  mort,  mebant  morum  imt 

plus  à  crain.  p^itCQ   qu'alors  les    portes  de  nondum fuerant  por^ 

dre  depuis  J.  j'e^fer  n  étoient  pas   bnféc?,  u  inferi  confractA  , 

&les  liens  de  la   mort  rom-  nequemortisvincHla 

pus  :  mais  maintenant  que  la  diffolnta  ....    nunc 

grâce  dejESUS-CnRiST  autem  ^ropter  ^ra- 

a  fait  que  la  mort  n'eft  plus  tiam     Chrijli   ama 

qu'un  lommeil  &  un  repos  ,  &  mors  fa  fia  ejl  fom- 

que  Its  témoignages  de  la  ré-  nus,  CT*  qtiies  s  cer- 

furredion  font  très- certains  ,  taque  ac  multa  fmt 

&    en    très-grand    nombre  ,  rejùrreéîioms    indi" 

nous  nous    réjoiiifTons  de  la  cia  ,  quafi  de  vita 

mort ,    comme    d'un    paflage  in  vitam  tramferen-' 

favorable  d'une  vie  à  une  au-  di^fu  exuliamuso* 

tre  vie  ;  mais  que  dis- je  d'une  Utamur.  Et  quid  di- 

vie  à  une  autre  vie  ?  car  il  faut  co  de  vita  in  vitam  ? 

ajouter  d'une  vie  milèrable  à  de  deteriori  ad  me' 

une  vie  bienheureufe  ;  d'une  liorem  ,  de  tempora- 

temporelle  à   une  éternelle  ,  U  ad  aternam  ,  de 

d'une  terrf  ftre  à  une  céleûe.  terrena  ad  cœlejïem. 


DES 


40^ 

DES    SERMONS 

fur  divers  lieux 

DE  L'ANCIEN  TESTAMENT. 


Serm.  i.  inGen. 

Omne  quoi  nojirum 

ej}  3  tune  ma^is  no- 

firum  erit  »  fi  fît  no' 

bis    commune    cum 

fratribus.        Melius 

Jirvatur pecunia  qux 

in   dexlera  pauperis 

collûcaiur.  Hancmiîn 

non  calumniator  ex- 

torquebit ,  non  invi- 

dus   criminabnur    ; 

non    latro  auferet  3 

non  fur  noâurnus  di- 

ripiet,  nonfervmfu' 

fam  meditam  vafta- 
it  i  fed  femper  efl 
tHla  y  femper  inte» 
gra  j  femper  falva. 

StïiW>6.VirqUi^ 
àiClafunt  in  concio-^ 
ne  facra  répétât  , 
uxor  autem  edifcat , 
neque  famuU  ea  le-" 
fiions  fraudentur. 
Vomum  tuam  ejjîce 
Ecdefîam  s  fîquidem 
Tom.  I. 


TOut  ce  qui  eft  à  nous  ,      838. 
fera  encore  plus  verita-      L'aiimône 
blement  à  nous,  quand  il  nous  """'. '^^^^^'^ 
fera  commun  avec  nos  frères.  "°^    ^^'^^' 
Notre   argent   ne  peut  être 
plus  furement  gardé  qu'en  le 
mettant  entre  les  mains  du 
pauvre.  Là  ni  la  malice  d'un 
calomniateur ,  ni  l'envie  d'un 
accufateur ,  ni  la  violence  d'un 
voleur ,  ni  l'adrefTe  d'un  lar- 
ron, ne  nous  le  fçauroit  ja- 
mais enlever  ,  mais  il  y  de- 
meure toujours  en  fureté ,  & 
en  fon  entier  ,    &  fans  que 
nous  foyons  en  aucun  danger 
de  le  perdre. 


Le  mary  doit  répéter  chez      g^^; 
lui  les    inftruâions    qu'il    a    obligation* 
entendues  au  fermon  ,  la  fem-  des  pères  de 
me  les  doit  apprendre  de  lui ,  famille. 
&  les  ferviteuis   ne  doivent 
pas  auQi  en  être  privés.  Fai- 
tes donc  une  Eglife  de  votre 
mailon  :  car  vous  rendrez  «n 
Mm 


410  Des 

jour  compte  &  de  vos  fervi- 
teurs  &  de  vos  enfaws. 


S40.  lï  "S  f^wf   p3s    feuleinervt 

Faire  profi-  rendre  à  Dieu  les   talens  en 
ter  les  talens,  l'eftat  que  nous  les  avons  re 


çiis 


mais  il  faut  les  avoir 


fait  profiter  au  double*  Quand 
nous  ne  ferions  fîmplement 
obligez  qu'à  les  conferver  en 
kur  entier,  ce  loin  exige- 
roit  toujours  de  nous  beau- 
coup de  follicitude  &  de  vigi- 
lance i  mais  quand  nous  fai- 
fons  réflexion  fur  l'obligation 
que  le  Seigneur  nous  a  ira- 
pofée  de  multiplier  ics  dons, 
quel  travail,  &  quelle  dili- 
gence ne  devons-nous  point 
apporter  à  hs  faire  profiter 
en  nous  ? 
'841.  '  La  vraye  marque  à  laquelle 
Amour  du  nous  connoiifons  fi  nous  fbm- 
prochaiii ,  j^es  véritablement  Chrétiens, 
marque  d  un  ^^  quand  nous  ne  nous  ren- 
vrai  Chre-  f^^^^^^  pa,  j^ns  le  feul  foin 
de  ce  qui  nous  regarde  en 
notre  particulier  ,  mais  que 
nous  en  prenons  auflî  de  nos 
frères  qui  font  nos  membres , 
&  que  nous  travaillons  à  hs 
corriger  &  à  les  inilruire. 
C'eft-là  le  grand  témoignage 
de  la  vérité  de  notre  foi.  Toits 
connotjircm  ,  dit  JESUS- 
Christ,  que  vom  eus  mes 


Sermons 

c?*  UberoYum  Vfu" 
mulorum  ratio  ejl  ti" 
bi  reddenda. 

Noneafolum  reà- 
derejuhemuT  qua  re- 
cepimm  ,  fed  CT»  Do« 
mino  àttpltcata  offèr»^ 
re.  Quanquam  Ji  ea 
cujlodire  tantum  no- 
his  propofitum  fuif- 

fet ,  multa  folUcitU" 
dine  acftudw  res  »"«- 
digeret  :  cum  vero 
m  etiam  multipUcen^ 
tur  i  nohis  Dominus 
tmperarit  ,  cogit<t 
quantum  lahoris  Gf 
cura  fît  à  nobu  con^ 

ferendum. 


tien, 


Serm.  5>.inGen, 
Hoc  figno  mternofci- 
mur  an  Chrifliani 
fitmus ,  cùm  non  fo» 
lum  qua  nojïra  funt 
Jpefiamus  ,  fed  C?* 
membra  noflra  per- 
verfa  corrigimus  O* 
injiruimus.  Hoc  ma* 
Kimum  indicium  fi- 
dei.  Inhoccognof- 
cent  omnes  ,  >'«- 
quit,  quod  difci- 
puli  mei  cHis  ,  iî 
diiigitis  mutuum. 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  L*AnC.  TeST.  4I  l 
CJjarhatem  atttem  difciples ,  fi  vous  vous  alme:^  les 
uns  les  autres.  Car  en  effet  ce 
n'eft  pas  de  manger  à  même 
table,  de  s'entretenir  quel- 
quefois, &  de  fe  dire  des  pa- 
roles de  civilité  &  deflaterie, 
qui  marque  la  fîncerité  de 
notre  dileâlon  5  mais  plutôt 
c'eft  le  foin  &  l'application 
à  chercher  les  chofes  qui  font 
utiles  &  convenables  au  bien 
de  notre  prochain  j  à  voir  ce 
qui  peut  fervir  à  relever  celui 
qui  elè  tombé,  à  aider  celui 
qui  eft  dans  le  befoin  ,  à 
échauffer  celui  qui  eft  lâche 
&  négligent  pour  fon  falut  5 
&  enfin  à  penfer  au  bien  d'au- 
truy  préferablement  au  no- 
tre. Ceft-là  la  vraye  charité 
qui  ne  conlidére  pas  tant  ce 
qui  le  regarde  ,  que  ce  qu^i 
regarde  les  frères. 

Alle:^  en  la  terre  que  /V  vous       841. 
monflreray.   Celle  qu'Abraham     SuivreDieu 
alloit  chercher  étoit  incertai-  avec  une  fer- 
ne,  &  celle  où  il  demeuroit  meeiperaflce. 
étoit  alfurée  :  il  n'avoit  l'une 
qu'en  efperance,    &  il  pof- 
fèdoit  l'autre  aduellement  : 
&  cependant  il  abandonna  cet- 
te polTelfion    affurée  dont  il 
joiiiffoit  ,   pour  paffer  à  une 
habitation    incertaine  &  qui 
lui  étoit  inconnue  j  afin  de 
nous  apprendre  &  de  nous  per- 
Mm  ij 


finceram  déclarât 
non  communia  men- 
fie  ,  non  brève  collo- 
quium^  non  verbo- 
rum  adulatio  i  fed 
ftudium  or  feduUtas 
in  lonfiderando  quid 
proximo  conducat  , 
ut  erigatur  qui  ceci- 
dit ,  CT*  porrigatur 
lapfi)  manus  fuam 
fiilutem  negUgenti  , 
ut  antè  bona  propria 
inqairantur  qutepro' 
ximi  fitnt.  H<tc  eft 
germana  charitas  : 
fiam  charitas  non 
finfiat  qu^funtfua  3 
ftd  prim  videt  ea 
quje  fitnt  proximi 
q-unm  fi*a. 

Veni  in  terram 
quam  monftrave- 
ro  tibi  ;  llla  quam 
petebat  Abraham  in- 
certa  erat,  hdcquam 
pojjîdehat  certa  î  illa 
•in  f^e  taniùm  ,  hac 
in  manibus  :  ipfe 
autem  relifiis  certis , 
manifeftts  V  qu<e  in 
manibus  erant ,  fe- 
ftinavit  C  tranfiit 
ad  incerta  ,  incogni- 


411  Dks    Sermoks 

luaderdene  jamais  nous  op-  ta  i  ut pèrfuadeat  ac 
pofer  à  la  volonté  de  Dieu  , 
ni  différer  à  lui  obéir  quand 
il  nous  commande  d'abandon- 
ner quelque  chofe  de  certain. 
Car  il  faut  fçavoir  que  les  cho- 
fes  mêmes  que  nous  tenons 
entre  nos  mains,  «ne  font  pas 
fi  ailurées  que  celles  que  nous 
tenons  par    l'efperance   :  & 

]ue  cette  vie  préfente  n'eft 
pas  fi  certaine  que  la  vie  fu- 
ture. Et  en  effet  nous  ne  vo- 
yons celle-ci  que  des  yeux  du 
corps  -,  au  lieu  que  nous  vo- 
yons celle-là  des  yeux  de  la 
foi  :  celle-ci  ne  fubfille  que 
<ians  la  courte  &  fragile  joiiif- 
fance  que  nous  en  avons  j  au 
lieu  que  l'autre  nous  eft  fûre- 
ment gardée  dans  les  promef- 
fes  de  Dieu  ,  qui  font  infini- 
ment plus  affurées  que  les  cho- 
fes  que  nous  polîédons  en  ce 

monde. 

Dieu  avoit  promis  la  terre 

B'aflefle  de  de  la  Paleftine  à  Abraham  , 

la  plufpart      &  lui  regardoit  le  Ciel  :  Dieu 

nous  a  promis  le  Ciel ,    & 

nous   ne    regardons    que  la 

terre. 

Ne  reffemblons  pas  à  plu- 

Molleffe  5c  fieurs  ,  qui  fe  regardent  après 

lafcheté  de     jg  Carefme  ,  comme    eftant 


erudtat ,  neque  con- 
tradicenditm  ,  neque 
CHtr^landum,  qttando 
Deus  certa  rdinque- 
re  jttbet.  Non  enim 
tàm    certd    qu^e   in 
manibui ,  quant  qu<t 
in  fpe.  Non  Jtc  mum 
nifefta  eji  hxc  vita 
pnefins ,    ut  futura 
illa.  Banc  enim  vi' 
demus  oculii  noflris  , 
ilUm  videmus  oculis 
fidei  :  hancvidemus 
in    manibas    nopris 
pojîtam  ,  illam  vide^ 
mus  tn  promijfoni' 
bus  Dei  cufloditam  : 
promijjiones     autem 
Dei  multo    certiores 
fttnt ,   quàm   qu£  in 
nofirisfunt  manibm. 


UV 


des  Chre 
tiens 


844. 


"nent'^k'ca-  «délivrés  de  quelque  rude  pri- 


cefniiSi 


fon  i  &  difent  :  Nous  avons 


De«i  Abrahampro* 
miferat  PaUJiinam  , 
fed  ilUfpeSlabat  c-é- 
lutn.  Nobis  pTomif» 
fumeficalumy  C?'ad 
terram  tendimus. 

De  Anna  ferm. 
I.  Ne  fie  ajjiciamini 
utplerique  folent  , 
qui  tanquàm  gravi 
quopiam  carcere  Ube- 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  t*AKC.  TeST.        415 


raùytandem  aliquan- 
do ,  inquiunt ,  mole- 
fium  illttdjeittniipe' 
^■lagus  emenfi  fttmus. 
Aiii  vero  muhopejus 
&  imbecillius  ajfe- 
Œ,  etiam  obfuturam 
quadragefimam  per- 
ùmefctént.  Hoc  vero 
proptereà  fit  ,  quod 
toto  reliquo  tempore , 
deliciis  ac  luxurie 
fnmmo  fiudio  feipfos 
dedattt.  Quçd  fi  nos 
altis  diehm  cafia  mo' 
dejîteqi  v'udi  nos  af- 
fiéefaceremtés  ,  G?* 
frateritum  defidera- 
remmjejunium  ,  G?» 
venturum  mttlta  cum 
volt*ptate  fufcipers- 
mm. 

Jufiè  atque  inrem 
noflram,  Çp'feneflu' 
tem  ,  CT*  morbos  fu» 
pinemus.  Juflè  qui- 
dent,  quodin pecctt- 
tum  lapfi  fuerimits  : 
in  rem  vero  noftram^ 


enfin  achevé  de  traverfer  cette 
fâcheufc  mer  du  jeûne.  Il  y 
en  a  d'autres  encore  plus  jâ- 
ches  &  plus  déréglez  ,  qui 
font  même  peinez  d'appre- 
henfion  dans  la  vue  du  Ca- 
rême qui  doit  arriver.  Et  tout 
cela  vient  de  ce  que  dans  les 
autres  temps  de  l'année  ils 
s'abandonnent  aux  délices  U 
aux  plaifirs.  Car  il  eft  fans 
doute  que  fi  dans  les  autres 
temps  nous  nous  accoutu- 
mions à  une  vie  chafte  &  mo- 
dette  5  nous  aurions  regret 
au  temps  fi  favorable  du  jeû- 
ne qui  eft  paflé  ,  &  nous  re- 
garderions avec  joye  le  temps 
du  jeûne  qui  eft  à  venir. 


C'eft  avec  juftice  &  pour      S4f- 
notre   bien   que   Dieu   nous ,    Jh^'-!,  ^ 
envoyé  les  maladies  &  les  in-  ^o.uedeDieu 
commodites  de   la  vieilleffe.  ^es  qu'il  nous 
Avec  juftice,  à  caufe  que  nous  envoyé» 
les  méritons  par  nos  péchez  5 
&  pour  notre  bien  ,  afin  de 
ut   nobis  ingenitam    réprimer  par  ces  peines  &  par 
exignaviafuperbiam    ces  maux  l'orgueil  qu'entre- 
per  hos  defe£îm  ac    tient  en    nous  notre  lâcheté 
morbos  retundamus,     &  notre  parefle. 

Duo  nobis  à  prin'        Dieu   nous  a  dés  le  co.n-       S ^6. 
cipio  dati  fihnt  à  na-    mencement   donné    dans    la  Les  cié.itures 
tnrâ  doflms  i  créa-    nature  deux  grands  dodeurs  ^l^'ccnfcien- 

Mm  iij 


414 


Des    s  er  m  o  ns 


<:e  mPtruifent  pour  nous  inftruire  ,  fçavoir 
les  norames.  j^^  créatures  ,  &  notre  propre 
confcience  :  &  quoique  ces 
dodeurs  foient  muets  ,  les 
hoiiiines  n'ont  pas  JaiiTé  d'en 
recevoir  des  inftrudions  fe- 
crettes.  Les  créatures  fe  fai- 
fant  admirer  par  leur  feule 
vue  5  portent  les  hommes  à 
l'admiration  de  leur  Créateur: 
&  la  confcience  qui  ne  cefTe 
de  nous  dider  intérieurement 
nos  devoirs,  nous  enfeigneà 
les  pratiquer. 

Dieu    a   voulu   que    nous 
fuifions   aimés  de   nos  pères 


du. 


847 
CVftl 
C.U  onqi 
le  Yîaipeie. 


^''^^^  &  de  nos  mères  ,    afin  que 
nous  enflions  en  eux  des  pré- 
cepteurs   naturels    qui    nous 
formaffent  à  la  vertu.  Car  on 
n'eft    pas    Amplement    père 
pour  avoir  engendré  Ces  en- 
fans,  ni  mère  pour  les  avoir 
enfantés  j  mais  pour  les  avoir 
élevés  &  inftruits  au  biien. 
84s-    ^       C'a  été  par  une  fage  con- 
Pourquoi   (îuite  de  la' Providence  ,  que 
Di3uarèmpe.j3  ^^^^^^^  a  d\me  partinfpiré 
d''s  parens     au  x  percs  &  aux  mercs  des  fen- 
d'^une  fevcri-^i'"^"s  d'affedion  affex  forts 
ti    taifonna-  pour  ne  pas  abandonner  leurs 
bie.  enfans  i  &  d'autre  part  qu'elle 

n'en  a  pas  commis  tout  le  loin 
à  cette  fimple  tendreffe.  Car  (î 
les  pères  &  mères  n'étoient 
nullement  poulTez  par  h  nécef- 


tura  CT*  confctentia  f 
eT*  neutro  eorum  vo- 
tem  mhtente  homi' 
nés  taciii  infirueban-^ 
tur.  Nam  CT*  crea^ 
tura  confpe€itt  fuo 
fpeflatorem  ohjfups- 
faciens ,  aà  ejus  qui 
ipfam  condidit  ad- 
mirationem  tradu^ 
cit  :  confctentia  veto 
qi*£  intus  diéJat  , 
omnia  qu^e  facienda 
funt  fhggeril . 

Froptereà  fecit 
Deus  ut  à  paremi- 
hui  dUigeremuf ,  ut 
pr£ceptores  virttttis 
haberemus,Non  enim 
genuijfe  tantùm  pa- 
trem  ejfich  y  fed  rem 
de  injiituijje  i  neque 
peperiffe  tantùm  ,fed 
reCle  educajfe  ma^ 
trem  reddit. 

Divine  opus  fuit 
proviicnîii  ,  Ht  ne- 
que  naturali  affeci» 
parentes  ergà  UberoSy 
deftuHtoi  relinqtte- 
ret  ,  neque  totum 
rurfàs  natterait  affe^ 
Hui  (ommitieret.  Si 
enim  ntUU  penitài 
impulft  necejjltate 
nature  JUios  fnos  p^t* 


SUR  DIVERS 
fentes  dileHurifuif' 
fsnt   ,    fed    morum 
probitate  tantùm  CT* 
reBè  faSlorum  Jindio 
du  fit ,  mnltos  ^ater- 
nis  ajihus  exadoi  ob 
ignaviam  fu4m ,  to- 
tttmque  genus  huma- 
num    dij}raé}i*m  ac 
di[jlpatum     viiijfes. 
Si  rurfui  rem  totam 
virtuii  natur<£  com' 
mifijjet  j  e?*  ne  im- 
probos    quidem  odio 
profequi    permijtjjet 
.  . .  ad  fummum  ne- 
quitU  culmen  genus 
humanum  proveâlum 
effet.    Nam  fi  nunc 
càm    totum   credere 
ttatura    non   pofjînt 
^lii    ,    fed     mu'tos 
fciant  cùm  deffravati 
ejjenty  CT*  domo  e?* 
facultatibus  excidif- 
fe  ,  perfe^è    tamen 
parenlum  amore  frc 
Ù  >   contumeliis    eos 
ajjîciunt  ;  nifi  per- 
mifiJfetDeus ,   ut  & 
illii  fitccenferent  CT» 
ulcifcerentur  ,     quo 
non  fe  nequiti^  gé- 
nère      contamina/-' 
fent  ?  Has  ob  caU' 
fas  O' nam<ç  necef- 


LIEUX  DE  l'Anc.  Test.     415 
fité  de  cette  afFedion  naturelle, 
&  qu'ils  ne  fe  portaflent  à  en 
prendre  foin  qu'autant  que  leur 
probité  &  leur  vertu  les  y  obli- 
geroit ,  phifieurs  enfans  déré- 
glez feroient  chafles  tous  les 
jours  de  leur  maifonpaternelle, 
&  nous  verrions  toutes  les  fa- 
milles  dans    une  combuition 
générale.  Si  aufTi  le  foin  des 
enfans  avoitété  entièrement 
abandonné  à  la  tendrelfe  des 
fentimens  de  la  nature,  &  qu'il 
n'eût  pas  été  permis  aux  pères 
&  aux  mères  d'avoir  de  l'aver- 
fîon   pour  les  enfans  qui  fe- 
loient  méchans,  il  auroit  été 
à  craindre  que  tous  les  hom- 
mes ne  fuflént  enfin  tombés 
dans  une   corruption  univer- 
feîle.  Car  fi  nonobstant  queues 
enfans  n'ont  pas  lieu  de  fe  con- 
fier entièrement  à  la  tendrelfe 
de  leurs  pères  &  mères,  voyant 
que  plufieurs  ont  chafle  &  des- 
hérité les  leurs  popr  leurs  dé- 
fordres  ;  il  y  en  a  néanmoins 
qui  prenant  avantage  de  cette 
afFedion  naturelle,  ont  mal- 
traité ceux  qui  les  avoient  mis 
au  monde  :  il  eft  certain  que  fî 
Dieu  n'eût  permis  aux  pères  & 
aux  mères  de  concevoir  quel- 
quefois de  l'indignation  contre 
leurs  enfans,  &  de  s'en  vanger; 
le  débordement  des  vices  n'au- 
Mm  iiij 


H9' 

Récompenfj 

delà  bonne  é 


416  DesSerm 

roit  été  retenu  par  aucun  ob- 
ftacle  parmi  les  hommes.  C'a 
donc  été  pour  ces  railbns  que 
Dieu  a  voulu  que  l'amour  pa- 
ternel ait  éîé  contenu  entre 
rinitinâ  de  la  nature ,    &  la 
confidération  des  mœurs  des 
enfans,  afin  que  lors  que  les 
enfans  ne  feroient  que  des  fau- 
tes médiocres,  les  pères  fuflent 
poulies  par  la  tendrefle  natu- 
relle qu'ils  ont  pour  eux, à  leur 
pardonner  ;   mais  que  quand 
ils  les  verroient  incorrigibles  j 
ils.  les  puniflcnt  très  -  févére- 
ment  ;  &   qu'ainfi  une    trop 
molle  indulgence  ne  les  entre- 
tinft  pas  dans  le  vice  >  s'ilarri- 
voitque  l'amour  paternel  les 
furmontât  jufqu'au  point  de 
les  flatter  dans  leurs  défordres. 
Confiderez  donc  la  fage  con- 
duite de  la  Providence ,  en 
ce  que  Dieu  commande  aux 
pères  &  aux  mères  &  d'aimer 
leurs  enfans  ,  & .  de  modérer 
cet  amour  J  &  leur  propofe  en 
même  temps  une  récompen» 
fe  pour  avoir  eu  le  foin  de  leur 
éducation  ,  l'Apôtre  les  aflu- 
rant  qu'ils  feront  fauves  par  la  gé- 
nération des  enfans. 

Les  travaux  &  les  douleurs 
de  l'enfantement  ne  vous  ont 


O  NS 

fit  a  te  y  CfUlerorum 
morihus  niti  paren- 
tum  amorem  voluit 
Deus  j  ut  C7*  medio- 
enter  peccantibus 
Uheris  ,  ad  hoc  eos 
invitante  natura  ^ 
Veniam  darent  i  i^ 
depravatos  at^ueim- 
medicahili  morho  la^ 
horantes  punirent  i 
ne  ad  vitium  illos 
indulgentia  fuaeru" 
dirent  »  fi  naturel 
rurfus  vinceret ,  eof- 
que  i 
airi 

cùm  improht  evaftf- 
fent.  Quanta  ergo 
hoc  prudentid ,  cùm 
O*  diligere  jubeat , 
O*  amori  modumpo- 
nere,  CT*  rurfus  op^ 
tima  liherorum  ea«- 
cationi  mercedem 
confituat.  Salva- 
buntur  enim  per 
filiorum  genera- 
tionem. 


[ue  Uberis  fuis  blan- 
cogeret ,  etiam 


ducitionqu'-  pas  caufé  tant  de  mal  3  que 
on  donne  aux  y^yg  rccueilicrez  de  biço  ,  fi 


Non  tanto  damna 
pr  opter  dolores  partus 
C?*  labores  ajfeCla  es^, 

quantum  qu^fium  lu* 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  l'AkC.  TeST.  417 
crlfacis  ,  Jî  velis  ,  vous  le  voulez,  des  foins  que 
vous  aurez  employés  dans  la 
bonne  «wcation  de  vos  en- 
fans.  Car  fi  vous  avez  bien 
travaillé  à  les  former  à  la  ver- 
tu, vous  en  recevrez  de  grands 
avantages  pour  votre  falut  , 
&  vous  ferez  principalement 
récompenfés  de  l'application 
que  vous  aurez  eue  à  les  bien 
inftruire. 


dmn  bonorum  oper»m 
occafionem  ex  reé}a 
hberorum  tducattone 
fttmis.  NamftUberi 
fuerint  tua  cura  ad 
virtHtem  informait , 
tnuUam  uhi  afférent 
caufam  fJutis  ,  ac 
prêter  propria  bona 
opéra  mu  \am  ob  (iu" 
dtumin  iff^i  coHeÔum 
recipici  i  ne, -et  de  m. 

Liberorum  fufci-' 
pienda  ej}  cura  tan- 


Les  femmes  doivent  d'au- 
tant    plus     particulièrement 


850; 

Education 


fo  maris  miilieribus  prendre  foin  de  l'éducation  commife ,  (ut 
quanti  feptui  domi  de  leurs  enfans ,  qu'elles  de-  ^°^^^"^  ™^' 
refdent. 


res. 


Nihil  adeo  curan- 
dum  efl  ,  qitam  ut 
JHvenes  caJJi  Jint  C?* 
pudui ....  Neque 
vero  tantum  à  fpe- 
fiacuHs  y  fedetiam  à 
tnolltbus  ac  dijjolutis 
cantilenii  abduca- 
mus  j  ne  his  eorum 
anima  fafcinetur  ; 
tteque  illos  ad  thea- 
tra  deducamus ,  nec 
ad  convivia  e?*  com' 
potationes  i  fed  eau» 
tius  quàm  virginei 
abdiu  conclavt ,  cu- 
fiodiri.  debeot  juve." 
nés  A 


meurent  plus  ordinairement 
à  la  maifon. 

Il  n^y  a  rien  à   quoi  l'on      .^î^* 
doive  veiller  avec  plus  de  foin  Veiller  à  con- 
qu'à  conferver  la  pureté  des  ^"^er  Imno- 
>  r^y   rF  -  cence  des  er.^ 

jeunes  gens.   C  eit  pourquoi  £^^^^5^ 

il  ne  faut  pas  feulement  leur 
interdire  les  fpedacles  ,  mais 
encore  les  chanfons  trop  ten- 
dres &  trop  libres  j  de  crain- 
te que  ces  fottifes  ne  cor- 
rompent leurs  efprits.  Ne 
les  menez  donc  ni  aux  théâ- 
tres ,  ni  aux  feftins ,  &  aux 

repas  de    débauches  ,•    mais 

ayez  foin  de  les  garder  dans 

votre    maifon  ,    avec  autant 

de  foin  que  Fon  y  garde  le* 

fiUes. 


41 8  DesSerm 

8çi:  Le  plus  bel  ornement  de  la 

'  Avantages  jeunelfe  eft  la  chafteté ,  &  c'eft 
d'un  mariage  un  grand  avantage  îPun  jeune 
où  l'on  entre  homme  de  fe  trouver  exempt 
chaftc,  fie  toute   impureté    lorfqu'il 

arrive  au  mariage.  Il  en  ai- 
mera auiïi  beaucoup  plus  fa 
femme  ,  quand  il  ne  fe  fera 
point  foiiiilé  de  péché  avec 
une  autre ,  que  fon  cœur  n'au- 
ra été  corrompu  d'aucune  ta- 
che criminelle ,  &  qu'il  n'au- 
ra connu  &  aimé  d'autre  fem- 
me que  celle  qu'il  a  époufée. 
Car  l'afFedion  ei\  bien  plus 
fincere,  &  l'amour  bien  plus 
ardent  entre  de  jeunes  per- 
fonnes ,  quand  elles  font  en- 
trées avec  cette  préparation  & 
cette  pureté  dans  le  mariage. 
Mais  maintenant  ce  qui  fe 
pratique  eft  moins  un  maria- 
ge qu'un  trafic  d'argent  &  une 
manière  de  vente  de  marchan- 
dife  ,•  &  comme  le  mary  a  été 
déjà  corrompu  avant  que  d'ê- 
tre marié ,  &  qu'après  il  jette 
encore  les  yeux  fur  d'autres 
femmes  ,  je  ne  vois  pas  quel 
bien  peut  produire  un  tel  ma- 
riage. Et  tout  cela  ne  vient 
que  parceque  les  jeunes  gens 
n'ont  pas  appris  à  conferver 
la  chafteté  avant  que  de  fe 
marier. 


OKS 

Nihil  adolefcen" 
tiam  adec  folet  exor- 
nare  ac  fudicitia  co- 
rona  y  ^  fi  quis  al> 
omni  Ufavta  purus 
ad  conjugium  vemat. 
Sic  ex  uxorfiet  tlli 
amabdis  cum  anteâ 
nuilâ  fe  contamina' 
Vent  fornicatione  , 
ant  corrupta  fuerit 
anima  >  cùm  eam 
folam  mulierem  no* 
tam  habuerit  juve^ 
nis ,  qu£  fibi  conja- 
^iofuerit  copulata  s 
fincenorfiet  bene'Do* 
leniia  ,  amor  Vehe^ 
mentior ,  citm  ad  nu~ 
pttai  JHvenes  cum 
tanta  camione  per-^ 
rexerint.  Nam  nt*nc 
cfuidem  qu£  geruntur 
non  nupîUfitnt ,  fei 
mera  mgoctatio  pe* 
cunU  CT*  cauponatio. 
Cttm  enim  antè  con- 
juginm  corruptuifue- 
Tttjuvenii,  C^  pojl 
conjugium  rurfus  in 
alteram  muUerem  o* 
chIos  fuos  converterify 
quid  quiefo  prodejl 
conjugittm  ?  .  .  .  Hitc 
autemfiunt  quoniam 
ant€  nuptias  cajlitA' 


SUR  ÈIVERS  LIEUX  DE  L  AnC.  TbST. 

tem  fervare  non  di- 

dicerunt. 
Hom.z.de  Anna. 

Cùm    multiplica- 

rctAnnaprccatio- 

nem  in  conlpedu 

Domini  :  Attende 

in  precibui  afjîduita- 

tem   infiantiamqiie , 

C?*  ammi    vigilan^ 

tiam.     AJJtdtiitatem 
fcriptor  comprohavit, 

cùm  ait  :  multipli- 

cavit       precatio- 

nem  ;  vi^iUntiam , 

quùm additif  QOïïï- 

peau     Domini    ; 

Omnes  quidem  ora- 

mus  y  fed  non  omnes 

in  confpcfiu  Dei.  Et- 

enim   quàm  corpore 

in  tenaprcjirath  ore 

Umerè       délirante , 

mens  uliqtteper  do- 

mum  ^  forum  cir- 

cumvagatttr  j  quo  ore 

tait  s   pofftt   die  ère  , 

qi*od     oraverù     in 

confpcâu  Dei  ?  In 

confpefiu  Dni  oraty 

qui  orat  undcquaque 

colUgens  fuam  men- 

tem  ,    nihil   habens 

cum  terra  commercii, 
.  fed  ad  ipf^m   Deum 

iottis  commigrans» 


Ferveur 


4;p 


Anne  ayant  redoublé  fa  prière 
en  la  préfence  du  Sei^nieur.  Con- 
fîderez  ici  l'anfiduité ,  l'in-  attentiô  dans 
û^ncQi  &  la  vigilance  de  cette  ^^  P"«^«^' 
Sainte  dans  Tes  prières  :  l'E- 
criture marque  Ton  affiduité 
&  Ion  inftance  en  difanr, 
cju'clle  redoublait  fa  prière  j  & 
fa  vigilance  en  ajoutant ,  en 
la  préfence  du  Seigneur*  Car  en- 
core que  nous  priyons  tous, 
nous  ne  prions  pas  tous  en 
la  préfence  du  Seigneur.  Et 
en  effet  quand  étant  profter- 
nez  contre  terre  ,  nos  lèvres 
ne  font  que  prononcer  confii- 
fément  les  paroles  de  la  priè- 
re 5  &  que  pendant  cela  notre 
efprit  fe  répand  en  fuivant 
la  diftradion  de  fespenfées, 
par  les  maifons  ôf  les  lieux 
publics  j  qui  ofera  dire  qu^il 
prie  en  la  préfence  du  Seigneur  ? 
Il  ert  donc  néceffaire  pour  di- 
re véritablement,  que  nous 
prions  en  la  préfence  de  Dieu, 
qu'en  priant  nous  recueillions 
notre  efprit  ,  nous  rappel- 
lions  notre  attention  de  tous 
les  autres  objets  ,  pous  n'a- 
yons aucun  commerce  avec  les 
chofes  de  la  terre  ,  &  que 
nous  ne  (oyons  ppp^liqués  qu'à 
Dieu  feul. 


.quemes. 


-410  Des    s  e  r  m 

g-  JESUS-CHRIST  &  faint 

Prières  cour- ï^^^l  cnfuitc  nous  ont  appris 
tes  &  frev  à  faire  des  prières  courtes  & 
fréquentes,  &  à  les  ^réitérer 
de  temps  en  temps.  Parce 
que  li  nous  les  faifons  bien 
longues ,  comme  fouvent  elles 
ne  font  pas  accompagnées  de 
beaucoup  d'attention ,  nous 
fournilTons  contre  nous  au 
démon  une  occafion  de  nous 
entamer  &  de  détourner  no- 
tre efprit  de  Tappli-cation  que 
nous  devons  avoir  à  ce  que 
nous  demandons  à  Dieu.  Que 
lî  nous  entrecoupons  de  temps 
en  temps  nos  oraifons,  &  fi 
nous  les  réitérons  fouvent  , 
nous  y  acquérerons  ime  gran- 
de vigilance,  &  nous  les  ac- 
complirons avec  une  exade 
attention. 

La  vraye  prière  eft  celle 
qui  poulfe  fes  paroles  du  fonds 
du  cœur.  Et  le  propre  d'une 
ame  expérimentée  dans  les 
exercices  de  piété  ,  eft  de 
prier  plutôt  par  la  fer\^eur 
de  Tefprit  que  par  le  fon  de 
la  voix.  Moife  pria  autrefois 
.  de  cette  forte  ;  &  quoiqu'il 
ne  fift  entendre  au  dehors  au- 
cune parole ,  Dieu  néanmoins 
lui  dift  :  Pourquoi  crie:^vous 
à  moy  ?  Nous  voyons  par  cet 
exemple  qu'on  peut  être  eo- 


'85  f. 

Prier  du 
ïœur. 


OMS 

Et  Clirips  & 
Fattlui  jufjerunt  hre^ 
Ves  fed  crtbras  péri 
precationes  ex  paucis 
tntervallis.  Nam  fi 
in  longum  extendcrts 
verha  ,  quitm  fré- 
quenter parùmjïi  al- 
tetjttts  3  multam  ait" 
daciam  diabolo  jup- 
peditajfi ,  m  accédât 
CT"  fupplantet  ,  ac 
mentem  ah  bis  qu4t 
dicftntur  avocet. 
Quod  jl  fréquenter 
acfttbindè  ornveri^y 
tempm  omne  crehris 
dirimensintervallis , 
facile  poieris  effe  vi- 
gilans  _,  ut  precatio" 
nem  multa  cùm  at- 
tentione  perficias. 

nia  potifftmum  ejl 
deprecatio  ,  cùm  ab 
intimii  voceifurfum 
feruntur.  Hoc  pr^ci' 
pue  mentis  ep  exerci" 
tat<e  3  non  intentions 
Vocis ,  fed  animifer- 
voreprecationem  ab- 
folvere.  Sicoravtt  er 
Mofei  i  cul  cùm  nih'd 
voce  refonaret  Deus 
tamen,  quid  inquis, 
clamas  ad  me? . .  . 
ttdque  feri  potef  ^  y  S 


SUR.  DIVERS  LIEUX  DE  l'AnC.  TeST.  411 
€iiam  qui  non  cla~  tendu  &  exaucé  de  Dieu,  (ans 
mant  audianiur  »  ut  qu'on  lui  parle  au  dehors. 
fer  forum  quisambu-  Ainfionpeut  fort  bien  prier 
(ans  oret  accurattfjî-  en  marchant ,  étant  aflls  dans 
mèyut  in  confjjit^  une  affemblée ,  &  en  travaii- 
autquidvis  aliud  a-  lant  à  quelque  affaire  que  ce 
gens  vehememi  cla-  foit  i  &  dans  tous  ces  difFé- 
more  Deum  invocet ',  rens  eftats  on  peut  crier  à 
tlamore  inquam  ^  in-  Dieu  avec  véhémence  j  mais 
ternoy  etiamfi  nihil  par  des  cris  intérieurs  ,  & 
faciat  quod  à  quo-  qui  ne  peuvent  être  enten- 
quam  prafentium  dus  que  de  Dieu  feul. 
fentiatur. 

Si  de  noJJra  invî-  S'il  ne  nous  eft  pas  permis 
cem  vita  judicium  déporter  jugement  les  uns  des 
ferre  prohibemur  ,  autres ,  il  nous  eft  encore  bien 
mt*Uo  magii  de  Fa-  plus  deftendu  de  le  faire  de 
trum  vitâ,  nos  Pérès  fpiritucls ,  à  la  con- 

duite defquels  nous  lommes 
fournis. 
Anna  Sacerdatijî-  Anne  répond  tout  fimple- 
hitemulenttamimpu-  ment  au  Prêtre  quil'acculoit 
tantiy  nequaquam  de  s'être  enyvrée  :  Non  Sei- 
"Domine^  rejpondit:  gneur.  Ainfî  elle  appelle  Sei- 
Qui  contumeliosè  in  g««Mr  celui  qui  la  traittoit  avec 
felocutusfueratyettm  injure.  Mais  nous  au  contrai- 
appeUat Dominum.  re  ,  lorlqu'on  nous  injurie, 
....  Nos  contra  Ji  au  lieu  de  nous  excufer  fim- 
quando  conviais  ap-  plement  ,  comme  il  le  fau- 
droit ,  nous  ne  faifons  qu'ex- 
citer davantage  la  colcre  de 
ceux  qui  nous  ont  outragé ,  & 
nous  jettant  fur  eux  comme 
des  bêtes  féroces,  nous  les 
traifnons    ctevant    des  tribu- 


Nejamaisju- 
ger ,  fur  tout 
de  nos  fupc- 
rieuis. 


B$7. 
Douceur  à 
l'égard  de 
ceux  qui  nous, 
injurient. 


pettmttr ,  cum  opor- 
teret  excufare  ,  frc 
quenter  excitamus 
incendium,  acfera' 
rum  in  morem  injîli' 
fhus  in  convitialores^ 


fraficamesj  trahejt-    naux (eculieis  pour  en demai\^ 


858. 

Efficace  delà 
prière» 


8^9. 

P  rier  au  corn, 
mencement 
ôc  à  la  fin  des 
i^ïpas. 


8^0. 

Veiller  fur 
tout  àprcfer- 
ver  les  jeunes 
gens  de  l'im- 
purcté, 


42^  Des    Se  RM 

der  réparation  -,  ne  faifant 
fouvenc  autre  chofe  par  tou- 
tes ces  démarches  fi  violentes , 
que  de  confirmer  les  mauvais 
foupçons  qu'on  a  de  nous. 
Par  exemple ,  fi  vous  voulez 
faire  voir  que  vous  n'êtes  pas 
y  vie  ,  témoignez- le  par  vo» 
tre  douceur  &  par  votre  hu- 
milité ,  &  non  par  des  re- 
proches 5  par  des  injures  & 
par  des  outrages. 

Quand  on  rend  grâces  à 
Dieu  &  qu'on  le  prie,  c'eft 
alors  que  le  S.  Efprit  répand 
fa  grâce  -,  que  les  Démons 
font  obligés  de  fe  retirer  j  & 
que  toutes  les  puiflances  en- 
nemies font  mifes  en  fuite. 

Il  faut  rendre  grâces  à  Dieu 
&  au  commencement  &  à  la 
fin  de  nos  repas.  Car  c'eft  le 
moyen  de  ne  pas  tomber  fa- 
cilement dans  rinterapéran- 
ce. 

Employons  principalement 
nos  foins  à  préferver  les  jeu- 
nes gens  de  l'impureté  ,  par- 
ce que  c'eft  l'ennemy  le  plus 
dangereux  que  cet  âge  ait  a 
combattre.  Fortifions-les  donc 
à  tous  momens  de  nos  avis, 
de  nos  exhortations  ,  de  nos 
réprimandes  &  de  nos  ^me- 
Tjaces.  Si  une  fois  ils  viennent 
à  bout  de  vaincre  la  concu- 


oss 

tes  ypro  dtiiîsfttp'pU' 
cium  repofcentes  i  at' 
que  his  ipjîs  faflis 
fujpicionem  de  tiohis 
confirmamus.  Nam 
fi  cupis  ojiendere  te 
non  ejje  temulentum  , 
ojïende  per  ma7tfue- 
thdinem  ,o(}endeper 
Jmmanitatem  ,  non 
per  contumelias  GT* 
convicia. 

Vbi  precatio  & 
gratiarum  atlio  >  eo 
fanCli  fpiritui  advc 
nitgratia,  abiguntttr 
ditmones ,  C?*  omnis 
adverjària  poteflas 
dijfitgit  ac  difcedit. 

Tùm  in  initia  tùm 
in  fine  convivii  opor» 
tet  grattas  agere  Deo! 
fie  enim  non  facile 
in  intemperantiam 
prolahemur. 

Adolefientes  à  laf- 
civia  prdcipuè  avo" 
cemtês ,  qttod  hoc  dif- 
ficile fit  bellum ,  nec 
aliud  molefiius  fie 
hitic  £tatiy  quam  hic 
morbm.  Vndique  igi- 
tur  circumvallemus 
eos  confiliis,  adhor- 
tationibas  ,  terrori- 
hns  j  minii,  St  hanc 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  l'AnC.  TeST.  42J 
à^vlcerint  concttpif-  pifcence  ,  ils  feront  comme 
liîvincibles  à  tous  les  autres 
vices.  lis  fe  mettront  au  dcf- 
fus  des  richefl'es,  ils  furmon- 
teront  la  gourmandife  ik.  l'y- 
vrognerie ,  ils  fe  rendront  ai- 
mables à  leurs  parens ,  &  fe- 
ront eftimés  &  honorés  de 
tout  le  monde. 


centtam,  nec  abaitis 
facile  expugnahun- 
tur  y  pecuniis  erunt 
fitpertoresy  temakn- 
tiam  fnf>erabunt  , 
pravos  conviens  om- 
ni  Jiudio  propellent , 
amabUiores  erunt  pa- 
renUbusy  CT*  omnibus 
magis  reverendi, 

Hom.  3.  de  An- 
na. Erofeffio  Chri- 
Jiianx  Keligiqnii  non 
Pantùmfitperfidem  , 
verumetiamper  opé- 
ra ;  adeo  ut  fi  hue 
abfint,  veniamusin 
periculum  ne  cum  ab- 
negnnttbtis  panas 
luamus.  Neque  enim 
unus  efl  abnegandi 
modusj'td'multtplexs 
^uos  Paulus  nobis 
defcnbem  ità  loqui- 
tttr  :  Prohtentur  fe 
nofle  Deum,  fcd 
fadisnegant. 

Hom.  4.  de  An- 
na. Cum  è  ludts  pu- 
hlicis  reverteris ,  oc^ 
curre  eis  qui  ab  Ec- 
clefiâ  redeufit  /  CT* 
confidera  dtligenter  , 
**ter  tanderfi  majore 
ifoluptateperfruatw: 


On  ne  profeflTe  pas  feule-       g^j, 
ment  la  Religion  Chrétienne     Foi  inutile 
par  la  Foi ,  mais  plus  encore  f*»"^  les  œu- 
par  les  œuvres  j  ce  qui  efl  fi  ^'^"* 
vray  que  fi  les  œuvres  man- 
quent, nous  avons  tout  lieu       Contre  les 
de  craindre    de  tomber  dans  Herenques^ 
la  même  punition  que  les  in- 
fidelles  &  les  apoftats.    Car 
il  y  a  plus  d'une  manière  de 
renoncer  à  la  foi  s  &  l'Apô- 
tre nous  marque  aflez  celle- 
ci,   lorfqu'il  dit;  Ils /ont  pro~ 
fe^ion  de  connoiire   Dieu  ,    maii 
ils  le  renoncent  par  leurs  aéïions. 


Quand  vous  revenez    des       861. 
fpedacles  ,    &  que  vous  en      Contre  ics 
rencontrez  qui  reviennent  de  0?s<^acles. 
l'Eglife ,   examinez  lerieufe- 
ment  qui  de  vous  ou  d'eux  a 
eu  le  plus-  de  plaifîr  ;  fi  c'eft 
celui  qui  après  avoir  entendu 
la  lecture  des  Prophètes ,  après 


414 

avoir  reçu  la 

le  fruit  des  inftrudions  falu- 
taires  ,  après  avoir  attiré  la 
miréricorde  de  Dieu  fur  Tes 
péchez  ,  après  avoir  foulage 
la  confcience  par     l'humble 


confeirion  de  fes  fautes  ,  fort 
de  l'Lglife  avec  la  joye  de 
s'être  préfervé  du  crime  d'af- 
{îfter  à  ces  fpedades  profa- 
nes i  ou  bien  vous  qui  avez 
abandonné  la  mère  commune 
des  fidelles ,  c'eft  à  dire  l'E- 
glife ,  qui  avez  méprifé  la 
voix  des  Prophètes ,  qui  avez 
traité  Dieu  même  avec  inju- 
re ,  qui  avez  danfé  avec  les 
<lémons ,  qui  avez  fait  une 
perte  irréparable  de  votre 
temps,  &  qui  ne  pouvez  rem- 
porter chez  vous  de  tout  ce 
vaindivertiflement  aucun  pro- 
fit ni  ipirituel  ni  temporel. 
26^ .  Le  plaifîr  qui  accompagne  le 

Djôerence  vice,  eftpaflager,  &  la  dou- 
àts  fuites  du  leur  qui  le  fuit  eft  éternelle  : 
comme  au  contraire,  le  tra- 
vail qu'exige  la  vertu  eft  très- 
court  5  &  le  fruit  &  la  joye 
que  l'on  en  retire ,  n'auront 
point  de  fin. 

II  eft  impoffible  que  celui 
Efficace  de  qui  prie  avec  la  joye  &  Taf- 
liduité  qu'il  doit ,  tombe  ja- 
mais  dans  le    péché.     Mais 
parce  cju'étant  hommes  nous 


Des    Sermons 

bénédidion    &    ifne  qui  f>rophetis  aw 
dttis ,  ÇîT  benedidio' 
ne  ac  doSlrtna  frucln 
percepto  ^   Jîmulque 
Deum   pro   peccatis 
fuis  deprecatusy  CT* 
confcientid  per  cott' 
fejjlonemrelevata ,  à 
fpedaculoTHtn  crimi- 
ne  alienus  ejî  }  an  ta 
qui  matrem  commU' 
nem  deferuijii ,  Pro' 
phetas  contempjtjli  ^ 
Deum  affecijii  coti' 
tumelia  ,  cum  diabc 
lo    choreas   duxijii» 
temporis       denique 
gravijjimam    jahu" 
ramfecifliy  ut  qui 


vice  &  de  la 
vertu. 


'8^4. 


la  pnere  fie 
qucnte. 


nec  fpiritale  nec  /ê- 
culare  ullum  lucrum 
inde  domum  reporta^ 
re  vaîeas, 

yïtium  momenta^ 
neam  habet  voluptU" 
tem  y  doîorem  vero 
perpetiium  :  virtus 
contra  laborem  bre- 
vem  5  fru6lum  vero 
cum  hiUriute  inde- 
fînentem. 

Impofflbile  eft  ho' 
minem  quâ  decet  aU' 
critate  precantem  , 
ac  qua  par  e/?  a^i- 
duitate  >  mqu<tm  in 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  l'AsC  .  TeST.  41  jf 
piccatum  incidere. , .  nous  laiflbns  facilement  aller 
Sed quoniam homines  à  la  négligence,  deflors  que 
cumjîmus,  facile  ad  nous  Tentons  une,  deux,  ou 
fegmtiemreUbimur-i  trois  heures  après  la  prière, 
exaOauna,alterave  que  notre  ferveur  s'eii  peu 
uut  tenta  pofl f/reca"  à  peu  rallentie  ,  il  faut  re- 
tionembora^ubifen-  courir  pronipteinent  à  l'orai- 
ferii  fnfilnum  illum  fon ,  pour  y  ranimer  l'ardeur 
fervorem  paulatim  de  notre  ame.  Que  û  vous 
frigefcere  ,  recurre  avez  foin  tout  le  long  du  jour 
qttantocmsadpreses,  de  rallumer  ainfï  fouvent  par 
frigefcentemquemen-  intervalles  le  feu  de  votre  dé- 
tem  rurfus  accende.  votion ,  vous  ne  lailferez  au 
ïd  (î  per  diemtotam  démon  aucune  ouverture  par 
fcceris per  intervalu  où  il  puifle  s'inftniier  dans 
crehris  preeationibns  Vos  penfées  &  dans  votre 
te  ipfum  accendens  ,  cœur. 
non  dabis  occajîonem 
diabolo  ,  aut  ullum 
ad  cogitationei  tuas 
nditum, 

'  Quemadmodumaf'       Comme  les  archite^es  font       2ff, 
chitedi    aprtngendo    mettre   dans  leurs  ballimena  Lapnerefo»- 
4tdificio  ligna   infe-    des  pièces  de  bois  pour  lier  ^°"^  l*  v«^ 
runt ,  ità  ttt  fecuU'    &   entretenir   tout   Tedifice  j  Chrêuesviîes 
ribus  negotiii  preca^    vous  devez  imiter  leur  indu- 
tiones  crebras  inter-    ftrie  ,  en  entrecoupant  de  prie- 
ponens  ,vitam  tuam    res  fréquentes  vos  occupations     . 
hocf>a{iofepito.Quod  féculiéres ,  afin  de  lier  ainfî 
fifecerisetiamfiplw    &  d'affermir    (ûremerit    touc 
r*'»;«    procelU    in-    l'édifice  de   votre  vie.  Car  fi 
grttant  ,  five  tenta-    vous  en  ufez   de    la    forte  » 
tionet  ,/îvemœJiitia,    toutes  les  tempêtes  des  ten- 
five  cogitationesmo-    tations  ,   des  douleurs,   des 
lefla  ,   five  quidvis    mauvaifes    penfées  ,     &    de 
éiliitd,  mhildejicere   tous  les  autxes  maux  qui  yotï» 
Tom.  î,  No 


41^  Des    S  e  r  m 

peuvent  attagtrer. ,  ne  feront 
pas  capables  de  fenverfer  la 
maifon  de  votre  ame,  qui  fe 
trouvera  foutenwè  par  de  fi 
fermes  appuis. 
266.  Vous  me  direz  :  Comment 

On  peut  prier  fe  peut-ii  faire  qu'un  homiî^ 
en  tous  lieux,  quieft  engagé  dans  kniionde 
&  dans  les  affaires ,  prie  Dieu 
à  trois  différentes  heures  du 
jour  ?  Je  vous  réponds  qu'il  efl 
très- facile  ;  car  quoiqu'il  n'ait 
pasleloifirde  courir  àlEglife 
il  fouvent,  il  peut  néanmoins 
prier ,  &  à  la  Cour ,  &  au 
Palais  ,  &  en  quelqu'autre 
lieu  que  ce  foit  ;  puifque  pour 
cela  le  cœur  efl  plus  néceffai- 
re  que  la  voix  j  l'attention 
de  l'efprit  ,  que  l'élévation 
des  mains;  &  le  mouvement 
de  i'ame ,  que  la  fituation  du 
corps. 


8^7:         Plufîeurs  de  ceux  qiii  Ce  tîcn- 
Prierecour-  ncnt  à  la  porte  du  lieu  où  (e 
te,  &  en  tou-  j-^nd  la  juflice  ,  ayant  quel- 
teoccafk)!!.     quefoîs  entendu  que  le  juge 
faifoit  éclater  du  dedans  une 
Toix  pleine  de  colère,  de  fu- 
reur &  de  menaces,  n'ont  eu 
que  le  temps  de  fe  munir  du 
figne  de  la  croix  ,  &  d'élever 
un  moment  leur  efprit  à  Dieu  ; 
Se  eflant  ainfî  entrés  dans  la 


ONS 

poterit  domftm  tuam^ 
crehris  precaîiombm 
fujfnham  atque  mu- 
nttam. 

DicesquîfierlpO' 
tefi  fit  homofecularis^ 
forenfibus  negotiis 
afftxus,  tribus  horîs 
diei  precetftr  ,  C  ad 
Ecclejiam  currat  ? 
potep  5  er  facile  ejt, 
Licet  enim  ad  Eccle- 
fiam  currere  non  Jît 
commodum  ,  potep  in 
forocwtaq},  pr écart. 
Ad  hoc  enim  meiite 
magis  opHs  e/?,  quam 
voce  i  anirfji  conten-^ 
tione,  mugis  quàm 
manuum  extenjione^ 
Nec  tant  refert  quo 
cerporis  habitu  idfa* 
cias ,  quàm  quo  ani- 
ntts  ajfefltt. 

MuUifntonanteîth' 
tus  magijtratt*  exaf- 
perato  ^minanteift*- 
rente  ,  ip/i  pro  fort' 
bas  curix  fiantes  ^ 
poPquam  fe  facro  ft' 
gno  muniffent  ,  C 
pauca  in  animopre- 
cati,  tntrogreffi  ad 
eum  ,  mutaverunt 
hominem  acmanfue^ 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  l'AnC.  TfiST.         427 


lum  ex  iifpero  reàâi- 
derunt  i  neque  illis 
locus  aut  tempus  aut 
ipforum  Jîlenttum  ad 
precandum  fuit  im- 
pedimenta. Hocetiam 
tu  facito  ,  ingemifce 
amarè ,  in  mémo- 
rtam  revoca  tuapec' 
cata  5  fufpice  in  c<é- 
/«m  ,  dic  tu  mente  : 
mifereremeiDeus 
C7*  abfolvifli  preca- 
tionem.  Qui  enim 
dicet  Miferere  , 
confefjtonem  offert , 
,  . ,  remiffionem  deli- 
Oorttm  accipit  :  re- 
gnttm  calorum  acct' 
pit  :  quem  enim  Deus 
miferatur^  non  à  pa- 
na folum  libérât  ^fid 
futurorum  eîiam  bo- 
norum  pojjejjlone  di' 
gnatur. 

Apitd  Jud£ospre' 
caturum  oponebat  ad 
templutn  afcendere  ^ 
tuYturem  emere  ,  li- 
A^^j  i^nem ,  cultrum 
habere . .  .  Nttnc  ni- 
biltale  ,fed  ubicuni' 
que  fueris,  prajïo  tibi 
ep  C^  altare  CT*  fa- 
cerdos  CT"  culter  CT" 
viCHma.  H<ec  ornai  a 


chambre  ,  ont  vu  aufîitôt  ce 
juge  changé ,  &  de  très-févére, 
l'ont  fait  devenir  très-doux  : 
le  tumulte  du  lieu ,  ni  la  pré- 
cipitation du  temps  ,  ni  leur 


filen 


ce  ,  n  ayant  apporte 


nul 


obftacle  à  leur  prière.  Faites- 
en  de  même  :  gémillcz  avec 
amertume  :  rappelez  vos  pé- 
chez dans  votre  mémoire , 
élevez  au  ciel  votre  cœur  3  & 
dites  en  vous-même  :  Mon 
Dieu i^e:^pitié de  moi,  &  vous 
aurez  accompli  votre  prière. 
Car  en  difant ,  aye:^pitie'y  vous 
offrez  à  Dieu  la  confefTion  de 
vos  péchez  ,  vous  en  recevez 
la  rémiffion,  &  vous  obtenez 
la  pofleflTion  de  fon  royaume. 
Parceque  deilors  que  Dieu  a 
pitié  d'une  perfonne,il  ncle 
délivre  pas  feulement  de  la 
peine  qu'il  mérite  ,  mais  lui 
donne  la  joiiifTance  des  biens 
à  venir. 

Chez  les  Juifs  il  falîoit  que 
celui  qui  vouloit  prier  ,  mon- 
tât au  Temple  ,   qu'il  ache-  "'""""^  ^"^7 

^A    j  .  c^-  o  1-1    /-    on  Ile  peut  al- 

tat des  vidtimes  ,  &  quil  fe 
pourvût  de  bois  ,  de  feu  , 
de  côufteau  ,  mais  mainte- 
nant il  n'eftbcfoin  de  rien  de 
femblable  dans  la  loi  nouvel- 
le -,  &  en  quelque  lieu  que  vous 
vous  trouviez  ,  vous  avez  tou- 
jours ça  yoti  e  pouvoir  &  l'aa- 
Kn  ij 


l'EgUfe. 


4i3  Des    S  e  r  m 

tel,  &  le  Preftre,  &  le  cou- 
teau ,  &  la  vîdime  j  puis 
que  tout  celaeft  envous-mê- 
ine.  Quelque  chofe  que  vous 
iafTiez  5  &  en  quelque  lieu  que 
vous  foyez  ,  fî  vous  ne  pouvez 
pas  aller  àTEglife,  vous  pou- 
vez toujours  élever  à  Dieu 
votre  prière  du  fond  du  coeur. 
Car  il  ne  dédaigne  aucun  lieu. 
^6 p.  Je    me  fuis    réjouie  ,    dit  la 

Aimer  Dieu  fainte  Veuve  Anne,  da^ts  le 
encore  P^us^  falut  qui  vient  de  vous.  Elle  ne 
pour  lui-mé-  jj^  p^^  fimplement  dans  le 
me  que  pour  ^^j^^  .    ■  ^^^^-^  ^^^^ 

fcs  dons,  ,    .  i    .  ^ .         "î    '  .   f. 

celui  qui  vient  de  vous.  Ainli 

ma  joye  ne  confifte  pas  feule- 
ment en  ce  que  j'ai  été  fau- 
vée  >  mais  en  ce  q«e  je  l'ai 
été  par  vous.  Ce  font  là  les 
ientimens  des  Saints.  Ils  font 
plus  aifes  d'avoir  Dieu  qui  eft 
l'auteur  de  tous  les  dons ,  que 
de  rerevoir  les  dons  même  : 
car  ils  n'aiment  pas  Dieu  à 
caufe  àes  dons  qu'il  leur  fait  j 
mais  ils  aiment  fes  dons  à 
caufe  de  lui.  Et  c'eft  en  effet 
un  fentiment  fort  convenable 
à  des  fèrviteurs  pleins  de  gra- 
titude ,  &  qui  fçavent  rccon- 
roiftre  la  grandeur  des  bien- 
faits de  Dieu,  que  de  le  pré- 
férer à  tous  les  biens  qu'il 
nous  peut  donner.  Soyons 
donc  pénétrés  de  cette  penfée. 


ORS 

tu ipfe es,'. , Qutivhi 
e?*  uhivis  ageniifi 
non  licet  adiré  Eccîe- 
fiam  y  precationem 
licet  ex  imo  peélors 
ciere  :  non  pudet  lo- 
ci  Deum, 


Hom.  f .  de  An*- 
na.  Lxtata  fum  , 
inquit,  in  falutari 
tuo  ;  Non  fimplt ci- 
ter in  falutari  ^/ei 
in  falutari  tuo.  N*î»> 
enim  quoniamferva» 
tafttm,  fed  quoniam 
per  te  fervata  fum, 
Talei  quippè  fanélo' 
rum  funt  anim<e  : 
Deo  magis  latantur 
authore  munerum , 
qjiàm  ipfis  muneri" 
eus;  non  enim  pr opter 
dona  ipfrus  ,fed  don^t 
pr opter  Deum  dili- 
gunt.  Hocfervosgra- 
tos  de  cet  j  hocfamulot 
agnofcentes  beneficii 
magnitudinem ,  ©/- 
delicet  rébus  fûts  om» 
ntbus  prieponere  Do" 
minum.  Sicnos  affe- 
éïijîmhs.  Càmpecca-- 
vsrimHi  y  nondoùi*^ 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  l'Anc.  TesT. 
,  quià  ffunimitr,    Si    nous  avons  péché 


41'!^ 


mus 

ftd  quià  Dominum 
ojfendirnHi  i  O*  fi 
quai  benefaflum  efl 
noftrum  ,  non  gan- 
deamus  propter  rc 
gnum  c<tt&rum,  fsd 
quiàrem  cMorH  Ré- 
gi gratam  fecimus. 
Qui  enim fiinte  men- 
ûs  ej}  y  offenfam  Dei 
magis  timet ,  q^àm 
ullam  gehennam  i  O* 
henevolentiam  e/us 
fluris  ejlimat  qnam 
ulltim  r&gmm» 


Eft  gratta  vere 
maxnna  dignum  cen- 
feripropter  Chri/ium 
ahquidpati  ;  CT*  co- 
rona  verè  perfeéla  , 
CP*  menés  fiitwra  re- 
tributione  non  mi' 
«or:  cy  hoc  norunt 
qui  légitime  ac  fer' 
venter  Chrtjium  di- 
iigere  fciunt, 

Esi  divitiis  O* 
paupertate  argumen- 
tum  deprehendespro- 


5  n  en 
foyons  pas  touchés  de  dou- 
leur ,  parce  que  nous  fommes 
menacés  de  punition  ,  mais 
parce  que  nous  avons  offenfé 
notre  Seigneur  :  &  fi  nous 
avons  fait  quelque  bonne  œu- 
vre ,  ne  nous  en  réjoiiiflons 
pas  tant  à  caufe  qu'elle  nous 
procurera  la  joUiffance  du  ro- 
yaume célefte ,  qu'à  caufe 
que  nous  aurons  fait  une  cho- 
ie agréable  au  Roy  du  Ciel. 
Car  quiconque  eft  de  bon  fens^ 
craindra  davantage  d'offenfer 
Dieu  ,  que  d'en  être  chaftié  ; 
de  même  qu'il  fera  plus  de 
cas  de  fa  bienveillance,  que 
de  quelque  royaume  qu'il 
puiffe  donner. 

C'eft  la  plus  grande  grâce 
qu'on  puifle  recevoir  de  Dieu, 
que  d'être  jugé  digne  de 
louffrir  quelque  chofe  pour 
lui  :  c'eftlà  une  couronne 
d'un  prix  infini ,  &  une  ré- 
compenfe  qui  furpaffe  celle 
qui  nous  eft  deftinée  dans  le 
ciel.  Ceux  qui  a-ment  avec 
fincerité  &  avec  ardeur  j  E- 
SUS-CHRIST  ,  lentent  bien 
la  vérité  de  ce  que  je  dis. 

La  différence  de  la  pauvre- 
té &  des  richelfes  parmi  les 
hommes  eft  une  grande  preu- 
ve de  Ja  providence.   Car  s'il 


870. 

Avantagecle 
fouffrir  j.ous 
Dieu. 


87  r; 

Pauvreté  SC 
richsffes  , 
preuves  de  1* 
providence, 


i^lo  Des    Scrm 

n'y  avoit  point  de  pauvreté 
dans  le  monde ,  il  n'y  auroit 
plus  aucun  ordre  ,  ni  aucune 
ceconomie  dans  la  vie  civile. 
Nul  ne  voudroit  être  artifan. 
En  effet  la  crainte  de  la  pau- 
vreté eft  comme  une  maitrelTe 
admirable  qui  applique  tous 
les  hommes  à  divers  travauXjSc 
les  y  force  comme  malgré  eux. 
^71»  N'examinons    pas   fi  c'eft 

Diieûiondes  avec  raifon  ou  fans  raifon  que 
ennemis,  ,^^5  ennemis  nous  veulent  du 
mal  j  mais  comment  nous 
pourrons  faire  pour  qu'ils  cef- 
lent  d'eftre  de  nos  ennemis. 
ILgs  médecins  en  ufent  ainfi  , 
&  fans  fe  mettre  en  peine  fi 
c'eft  par  fà  faute  que  le  malade 
a  contradé  fa  maladie  ,  ils 
n'ont  d'autre  vûë  &  d'autre 
penfée  que  de  travailler  à  le 
guérir.  Or  vous  êtes  comme 
le  médecin  de  celui  qui  vous 
a  oftenfé  ,  &  vous  ne  devez, 
chercher  autre  chofe  que  les 
moyens  de  lui  rendre  la  fanté 
qu'il  a  perdue. 

S75'  Les  Saints  fe  relèvent  plû- 

Pemteiice  j-^f^  qu'ils  ne  font  tombés  , 
TainT'  ^  fe  retiennent  avant  que  de 
fe  laifler  aller  au  péché  ;  parce 
qu'ils  font  fobres  &  prudens, 
&  qu'ils  fe  tiennent  toujours 
fur  leurs  gardes. 


ONS 

te  enimfuhlata  vÎM 
totiui  conpitutio  toi' 
leretftr  ....  nullus 
ejjet  opifex  .  .  .  Nam 
ffaupertas  qttajî  ma- 
giflra  quidam  opti- 
ma  finguloi  aâ  opéra 
vel  invitas  perurget. 


Hom.  7.  deDa- 

vide  &  Saiile.  Nor? 
inqmramus  utrum  i- 
nimici  merito  an  int' 
merito  maUvolum  a^ 
nimum  ergà  nosge^ 
rant  j  fed  qui  fieri 
poffit,ut  nobis  inimici 
ejjedejînant.  Si  qui- 
dem  hocfpeclat  me- 
dicttSy  ut  morbo  libe» 
ret  ttgrotum  ,  non  tt" 
trum  merito ,  an  im* 
merito  fibi  morburri 
contraxerit.  Tu  quo- 
que  medicui  es  ejtts 
qui  te  Ufn ,  nnum 
hoc  qutere  qu>o  paflo 
morbttm  iîli  adimas, 
SanCiorum  animât 
priufquam  concidant, 
refurgunt  i  priufquam 
ad  peccatum  perve' 
niant ,  refritnantur, 
eo  quod  fûbri£  fini 
femperquc  vigihnt. 


SUR  DIVERS  LIEUX  DB  L*AnC.  TeST,'         4^1 


Hom.  I.  de  Da- 
vide  &  Saule.  Pra- 
t)itatem  non  <emulari 
tantùm  ,  verùm  e- 
tiam  in  ea  viventes 
laudare ,  fup^licium 
haud  médiocre  nohii 
ionciliat  î  ^  fi  licet 
id  dicere  ,  gravitts 
fttppUcium  manet  illos 
quàm  eos  ipfos  qui 
m  aie  vivunt . . .  Qui 
enim  îattdat  mali- 
tiam,  isfe  ip su  priva* 
vit  curatione  quam 
adfertpœnitentta. 
Hom.  3.  deDavi- 
de  &  Saule.  Qui 
corrupte  vivens  con» 
gregationii  Ecclefia- 
Jiicaparticepsef},  e- 
tianifi  eorpore  hic  a^ 
flttcrtti  rejefius  e/?, 
veriufque  fuhmotus , 
quam  ht  qui  fie  foras 
exclufifiint ,  ut  non- 
dum  liceat  illisfitcr^e 
menfie  participes  ejje. 
Si  quidem  illi  fecun- 
dum  divinas  leges  c.v- 
pulfi  t  haélenùsfpei 
bona  funt  î  nam  fi 
modo  velint  corrigere 
deliflafiia  ob  qu<eper 
Ecclefiam  fimt  ejeClii 
fojjunt  demc  cMmpw 


Ceux  qui  ne  fe  contentent 
pas  de  mal  vivre  ,  mais  qui 
encore  loiient  ceux  qui  vivent 
mal ,  font  dignes  d'un  grand 
fupplice  ;  &  s'ir'm'eft permis 
de  le  dire,  ceux  qui  applau- 
diffentau  mal  font  encore  plus 
coupables,  que  ceux  mêmes 
qui  le  commettent  5  en  ce 
qu'ils  fe  privent  en  quelque 
manière  du  remède  du  repen- 
tir &  de  la  pénitence,  qui  eft 
le  feu!  qui  les  peut  guérir. 


Ceux  qui  menant  une  vie 
corrompue  demeurent  dans  la 
focieté  des  autres  fidelles, 
quoiqu'ils  affiftent  ici  de 
corps  à  nos  afîemblées  ,  ils 
en  font  néanmoins  fépaiés ,  & 
plus  véritablement  que  ceux  , 
qui  en  ayant  été  publique- 
ment exclus  5  fe  tiennent  à  la 
porte  de  cette  Eglife  ,  &  n'ont 
pas  la  liberté  de  participer  à 
la  table  facrce.  Car  ces  pé- 
nitensétarrtchalTez  de  ce  lieii 
félon  l'ordre  de  la  loi  divine  , 
ont  tout  fujet  de  bien  efperet: 
de  leur  falut  •,  puifque  s'il» 
veulent;  fe  corriger  des  péchez 
pour  lefquels  l' Eglife  les  a  fait 
fortir,  ilspeuven'ty  rentrer  de 
nouveau ,  après  avoir  purifié 


874- 

Appplaudlr 
au  mal,  crime 
énorme  ôc  ir- 
rémédiable. 


87?.. 
Impénitent 
plus     dange- 
reufement  ex- 
communiés 
que    les    e»« 
communies- 
même. 


43%  Des    Sermoks 

leur  confcience  :  mais   ceux    ra  confcientia  rever^^ 
au  contraire  qui  après  avoir 
été  avertis  de  ne  point  en- 
trer en  ce  lieu  qu'ils  n'ayenc 


Î76. 

renldesfpe* 
ftades. 


corrigé  leur  mauvaife  vie  ,  & 
expié  les  crimes  dont  ils  (ont 
loiiillés,  perfiftent  dans  leur 
imppdence  j  ils  enveniment 
de  {)lus  en  plus  les  playes  de 
leurs  âmes.  Et  en  effet  il  n'y 
a  pas  tant  de  mal  à  pécher , 
qu'il  y  en  a  à  fe  comporter 
avec  impudence  &  avec  or- 
gueil après  fon  péché,  &  à 
ne  pas  obéir  aux  ordres  des 
Preftres  de  Diçu. 

Sf-dans  TEglife  même  ,  où 
'  Ton  chante  des  Pfeaumes  à  la 
loiiangede  Dieu,  où  on  les 
explique  aux  fidelles ,  où  rè- 
gne la  crainte  du  Seigneur  , 
&  où  la  fainteté  du  lieu  infpi- 
re  la  révérence  j  notre  pro- 
pre convoitife  ne  laiffe  pas 
fouvent  de  fe  gliiTer  en  fecret 
dans  notre  cœur  ainfî  qu'un 
larron  :  comment  ceux  qui 
affilient  aux  fpeétacles  des 
théâtres ,  où  l'on  ne  voit  & 
Ton  n'entend  rien  qui  ne  porte 
au  mal  ',  où  plufieurs  choies 
ne  refpirent  que  dilfolution  & 
qu'iniquité  ;  &  où  les  yeux  & 
îes  oreilles  font  continuelle- 
ment expofées   aux  attaques 


ti,  At  qui  fi  ipfoi 
contaminant ,  O  ad' 
moniù  m  priùs  in' 
troeant  donec  macti- 
lam  è  fceleribus  con" 
traâam  repurgarintf 
deind'e  impudenter  /è- 
gerunt ,  ulcus  animai 
reddunt  acerhius  ac 
maJMS.  Neque  enim 
tàm^ave  eji  delin^ 
qtiere ,  quàmpoj}  de' 
Uélum  impudenter  f9 
gerere  ,  nec  parère 
facerdotibui  tali4 
jubenùbui. 

Si  in  Ecckfïâ  uhi 
pfalmi ,  ubi  divino-^ 
rum  elaquiorum  e- 
narratio  y  uhi  Dei 
metus ,  multaque  re- 
verentia  ,  fréquenter 
ceu  latro  quifpiam 
VerfutttSycLim  obrepii 
concupifcentia  i  quo- 
modi)  qui  defîdent  in 
tlyeatro,  quinihilfa^ 
ni  neque  audiunt  , 
neque  vident  ,  fed 
multa  diffiuunt  turpi^ 
iudme  ytnulta  nequi' 
tia  5  qui  undique  ob" 
Jîdtonem  patiuntur 
per  aures ,  pet  octa- 
les y  pojjînt  ilUm  fii- 
perav€ 


SUR  DIVERS  L 
perare    concuptfcen- 
tiam  ? 


Hortor  vos  rogo- 
que  m  priùi  cotifef 
fione  ac  poenitentia 
aliifque  remedùs  om- 
nibus ,  vos  àpeccato, 
ex  theatricis  fpeCla- 
(tdis  contraéio ,  per- 
pi*rgetis  y  atqttf  ità 
dtvmos  Jermones  au- 
diatis. 

Non  metuis  ^eho- 
mo,  non  expavefcis 
dum  ocuUs  qutbus 
fcenam  fpe&as ,  ubi 
detejland^  adttlterti 
fabttU  peragumur  ^ 
Ufdem  banc  facram 
menfam  imueris^  ubi 
tremenda  peraguntur 
mjijferia  ?  D»w  tif" 
dem  auribus  audis  O* 
ohfc^iiè  loqmntes^  <D* 
prophitdm  t  Apoflo- 
lumque  ad  arcana 
fcriptur<e  introducen- 
tem  ?  dt*m  eodem  cor- 
de CT*  fumis  letbalia 
7)eneua  ,  C7'  hanc 
hofliam  fanClam  ac 
tremendam  ?  An  non 
hscfunt  vitafubver- 
Tom.  I. 


lEUX  DE  l'Anc.  Test.  455 
du  péché  ;  comment  d:s- je  au- 
ra-ton  la  force  de  furmoncer 
les  efforts  d'une  concupifcence 
fi  irritée  ? 

Je  vous  exhorte  &  vous  con- 
jure ,  mes  frères ,  avant  que 
d'entrer  ici ,  de  vous  puritier 
par  la  confeffion,  la  péniten- 
ce ,  &  les  autres  remèdes  fa- 
lutaires ,  des  péchez  que  vous 
aurez  contradez  aux  fpcda- 
cles  du  théâtre;  afin  qu'après 
cela  vous  puiltiez  venir  en- 
tendre la  parole  divine  que 
l'on  vous  annonce. 

Quoi,  n'appréhendez- vous 
point  de  porter  fur  cette  table 
facrée,où  Ton  célèbre  les  myf- 
teres  redoutables ,  les  mêmes 
yeux  dont  vous  avez  regardé 
les  fpedades  des  comédies  , 
où  Ton  repréfente  des  fables 
infâmes  &  à^s  adultères  ?  Et 
d'écouter  les  falesdifcours  àQs 
bouffons  ,  des  mêmes  oreilles 
dont  vous  entendez  les  faintes 
paroles  des  Apôtres ,  qui  vous 
découvrent  les  plus  grands 
mylteres  des  Ecritures  divines? 
N'eft-ce  pas  là  un  étrange  dé- 
règlement de  vie  ?  Et  n'eft-ce 
pas  la  fource  de  la  corruption 
des  mariages ,  des  mef-intelli- 
gences ,  &  des  diffenfions  àzs 
familles  ?  Car  il  eft  certain  que 
lorfqu'cn  fortant  de  ces  fpec-» 
Oo 


877: 

Alïideraux 
fpéftac'es,  in- 
difpoiition 
pour    alTiftec 


878. 

Speûacles 
oppofés  au 
Chriltianir- 


Se  corriger 
ou  fe  rejouir 
quand  onmé- 
dit  de  nous. 


4î4  Des    Serm 

tacles  diflbius  ,  vous  rentrez 
dans  votre  raaifonavec  un  ef- 
prit  rempli  de  toutes  ces  ima- 
ges impures  ,  la  vue  de  votre 
femme  ne  vous  eft  pl»s  fi 
agréable. 


Quelqu'un  a-t-il  dit  du 
mal  de  vous  ?  fi  vous  vous 
lentez  coupable  des  choies 
dont  il  vous  accufe  ,  corrigez- 
vous-en  :  fi  cela  n'eft  pas  ,  ne 
vous  en  mettez  point  en  pei- 
ne ,  &  mocquez-vous-en  ;  ou 
plutôt  réjouijje-i^vous ,  félon  la 
parole  du  Seigneur ,  de  ceqnon 
aura  mal  parlé  de  vous  s  put/que 
votre  récompenfe  en  fsra  pins  gran- 
de dans  le  €id. 


'880: 
Les  calomnies 
plus  utiles  que 
J^sloiian^es. 


Les  loiianges  de  nos  amis 
ne  nous  font  pas  fi  utiles ,  que 
les  injures  de  nos  ennemis  ; 
lors  mêmes  qu'ils  difent  vrai  ; 
pourvu  que  nous  ayons  fi^in 
de  bien  profiter  de  ce  qu'ils 
auront  dit  contre  nous. 


o  N  s 

y7o,  conjfigiorumcor' 
rupiela  ,  bella  ,  />»- 
gn<£ ,  rix£ijue  in  do- 
niibtti  ?  Quiim  enim 
fpeâaculis  tllis  dîjfo" 
htus ,  lafaviorque 
domum  redietisy  ttxo' 
ris  aJpeHus  minm  0^ 
ntJMcundus. 

Aliquis  tibi  maU" 
dixh . ..  Si  verè  </r- 
xit  j  corrige  iJînfaU 
so ,  irride.  Sf  tibi  ipfe 
esconfcius  eorumqua 
cbjiauntur ,  rejîpif- 
cereijînonesy  dejpi" 
ce.  Imo  potiàs  non 
folnm  déride  acnegli" 
ge  ,  verum  etiam 
gatide  juxtà  Domini 
fermonem  ;  quiim 
enim  dixerint  om- 
ne  malum  adver- 
sùs  vos ,  mentien- 
tes ,  gaudete  &  e- 
xultate  ;  quoniam 
merces  veftra  co- 
piofa  eftin  caîlis. 

Non  tantùm  utili' 
tatis  adferunt  amici 
dùm  laudant ,  quan- 
tùm  inimici  dum  vi- 
tupérant i  etiam  fi 
vera  dixerint  ;Jîc  ta-' 
men  ut  nos  reprehen- 
fionibm  illorumprot*^ 


SUR  DIVERS  LIEUX  DE  1.*AnC.  TeST.  43^ 

cportetiUtiveiimHs. 

Si  lorfqu'un  ennemi  vous  88 1. 
reproche  un  crime  dont  vous  Aviiiir;.g^s 
vous  fentez  coupable,  vous  q'i*''^!  ïi'e<i°s 
avez  la  retenue  de  ne  lui  en  *^^l°"}"-s 
point  reproclier  d'autres  pour  ^^=^°"*°^^' 
vous  vanger  ;  mais  qu'au  con- 
traire vous  aiez  recours  àDieu, 
pour  implorer  avec  douleur  & 
avec  larmes  fa  milericorde  ; 
fçachez  que  ce  péché  vous  fera 
incontinent  pardonné.  C'eft 
ainfi  que  le  Publicain  de  l'E- 
vangile étant  couvert  d'inju- 
res &  d'opprobres  de  la  part 
du  Pharifien  ,  ne  répondit  que 
par  Ces  (bupirs  ;  &  qu'en  frap- 
pant fa  poitrine  il  difoit  hum- 
blement à  Dieu  :  Seigneur,  ayez 
pitié  de  moi  qui  fuis  un  pécheur. 
De  forte  que  félon  le  témoigna- 
ge de  l'Evangile  ,  il  s'en  retour- 
na che:^luijiij}ifé.  Ce  qui  nous 
marque  avec  quelle  promptitu- 
de Dieu  lui  pardonna.  Ce  Pu- 
blicain  reçut  une  injure ,  mais 
cette  injure  fut  auffi-tot  répa- 
rée :  il  reconnut  ks  péchez  , 
&  ainfi  il  les  eJfFaca:  Taccufa- 
tion  de  Ces  crimes  lui  en  pro- 
cura la  rémiffion ,  &  fon  en- 
nemi devint  fans  le  fçavoir  fon 
bienfaiteur.  Combien  fans 
cela  le  Publicain  auroit-il  dû 
efluyerde  travaux  ,  de  jeûnes^ 
&  dé  veilles  ?  Combien  d'au-» 
Ooij 


Si  tnimicus  eX' 
prohraverit  tibi  cri- 
men  ,  cujus  tihiconf- 
cius  es  y  tt4  vero  au- 
diens  non  convie  tari  s 
illi  vicijfm  ,  fed  cum 
amaro  z^niitu  Deum 
imploras  ;  proîinus 
omnem  culpam  depO' 
fuijli . .  .  Sic  public 4' 
nus  convitiis  a/perfus 
à  PharifaOi/u/pirans 
pe^ufque  percuîiens 
hoc  tantum  dicebat , 
Domine  propitius 
efto  mihi  peccaio- 
ri  ,  &  defcendit 
juftificatus.  yides 
celeritatem.  Aicepit 
probrum  ,  CT*  a b luit 
probrum,  Agnovtt 
peccata  Ci?*  depo/uit 
peccata  ;  C^  crimi- 
num  accufatio  faéla 
efl  illi  criminum  re- 
mijjio  5  CT'  hoJJis  inf- 
cieai ,  faflus  efi  be^ 
neficm.  Quot  labo- 
tes  erant  publicano 
fuheundiyjejunando, 
humi  dormiendoj  vi- 
gilando  ,  honafua  e- 
genis  impartiendo  » 
longo  lempore  infaC" 
ço  C  cinerefedendo  3 


41^ 


Des    Sermons 


mônes  auroic-il  été  obligé  de 
faire  ?  Combien  de  nuics  lui 
auroit-il  fallu  coucher  fur  la 
teire  ?  Et  combien  de  tems 
lui  auroitii  fallu  paffer  dans 
le  fac  &  dans  la  cendre  ,  pour 
expier  tant  &  de  fi  grands  cri- 
mes ?  Mais  ici  une  fimple  pa- 
role a  lavé  les  fautes  j  les  inju- 
res qu'il  a  patiemment  foufFer- 
tesde  la  part  du  Pharifien ,  lui 
ont  acquis  une  couronne  de 
juftice  ;  &  tout  cela  fans  tra- 
vail &  fans  délai. 
882.  Si  à  la   vûë  de  votre  en- 

Ne  fe  plaindre  nemi  ,  toutes  les  injures  qu'il 
d'un  ennemi  yous  a  dites  &  qu'il  vous  a 
qu'après  a-  faites,  vons  reviennent  en  l'ef- 
voir  calme  fa  ^^-^^^  ^^-^^^  ^ff^^.^  f^j.  ^^^5  p^U^ 

les  oublier  j  &  fi  vous  ne  les 
pouvez  chafïer  abfolument  de 
votre  fouvenir,  rejettez-enla 
faute  fur  le  démon  ;  &  rappel- 
iez en  même  tems  dans  votre 
mémoire  les  moindres  hon- 
nêtetez  qu'il  peut  autre- fois 
vous  avoir  dites  ou  faites. 
Que  fi  vous  avez  deficin  de 
lui  faire  des  reproches ,  cal- 
mez auparavant  les  mouve- 
mens  de  votre  colère  ;  parce 
que  tant  que  nous  fommes 
émus  d'animofité  &  de  paf- 
fion,  il  eft  impoffîble  que  nous 
puiflions  jamais  ni  rien  dire , 
ni  fouiïrir  qu'on  nous  diferien 


colcrc. 


ut  tlU  t4m  multa 
peccata  pofjet  depo- 
nere  ?  At  nunc  fim- 
plici'  vetbo  omnem 
depofuh  iniquitaterriy 
ac  prohra  pharifai 
pepererunt  juJlitM 
coronam  ,  idque  fine 
ftidoribui  ,  fine  la» 
boribus  ,  ZP*  abfque 
longi  temporis  mora. 


Cùm  vlderis  ini- 
micum,fi  in  mentem 
venerit ,  qukm  mul- 
ta tilm  auàieris  tàm 
perpejfus  fis  molejia  , 
fac  omnium  horum 
oblivifiaris,  Etiam- 
fi  recorderis ,  tamen 
fac  ea  diabolo  impu- 
ta :  collige  vero  fi 
quidunquam  huma- 
ntter  vel  dixit  vel 
fecit.  Quodfi  fuerit 
animus  cum  illo  ex~ 
poflhlare  i  fac  prias ^ 
antmi  motum  abji» 
cias  3  iramque  extin- 
guas .. ,  .  Si  quidem 
ira  commati  mhilfa- 
nipoterimus  unquàm 
vel  dktre  vel  audir^ 
re. 


des  ennemis. 


SUR  DIVEllS  LIEUX  DE  l'AnC.  TeST.         4^7 

d  honnête  &  de  raifonnable. 

Vos  ennemis  à  qui  vous  ail-  gg, 
rez  fait  du  bien,  vous  feront  Avanc^g^ 
de  puiflans  protedeursdans  le  qu'on  tire  de 
jour  du  jugement.  Et  quand  la  dilediou 
vous  auriez  commis  une  infi- 
nité  de  péchez ,  fi  vous  obéif- 
fez  (incerement  à  ce  comman- 
dement du  Seigneur  •  Pardon- 
ne:^à  vos  ennemis ,  foyez  afi'uré 
que  votre  Père  çetefie  vous  par- 
dontiera  aujfi  va  péche:^^^  atten- 
dez-en donc  la  remifTion  avec 
coniîance  ,  vivez  dans  un  faint 
efpoir  i  &  cependant  ne  dou- 
tez pas  que  tout  le  monde  ici 
ne  vous  aime.  Car  quand  on 
verra  que  vous  aimez  ainfi  vos 
ennemis  ;  qui  eft-ce  qui  ne 
s'empielfera  point  d'être  vo- 
tre ami  5  d'avoir  pour  vous  de 
l'afïeaion,  &  de  faire  &  fouf- 
frir  toutes  chofes  pour  rameur 
de  vous  ? 


Magni  tibi  futurl 
funt  patroni  in  die 
judiài,  hojiestuobe- 
neficio  adjuti  .  .  .  £- 
tiamjî  tnnumera  com- 
mi/eris  peccata  ,  Jî 
proferas  tllam  preca- 
tionem   qtiee    dicit  , 
Reniittiteinimicis 
veltris  ,  c?»  Pater 
vefterremittetvo- 
bis  peccata  veftra/ 
multâ    cum   fidticiâ 
commijjorum       om~ 
fiium       remifjîonem 
confequemur  ;  atque 
hic  intérim  botta  cum 
Jpe  vivos ,  habiturus 
omnes  amanter  ergà 
te  affeélos.  Quàm  e- 
nim    viderint   quoi 
intmicos  O*  inimico' 
rum  filios  Jtc  diligis  y 
cjt*i  fieri  poterit  ,  ut 
non  a-ff e  fient  tui  ami- 
ci  ,    tuique  Jïudiojî 
fieri ,  C?*  omnia  tua 
causa  tùm  facere  , 
tùm  pati. 
Contra  ignaviam 
fer,  Deus  in  mundo 
diabolum    reliquit  , 
quià  vigilamibus  il- 
le    CT*   circumfpeâis 
nonfolùm  non  obefl , 


Dieu  a  vouhi  laifler  le  dia-       8S4; 
ble  en  ce  monde,  parce  qu"*!!    Démon  utile 
fçait  j  que  bien  loin  de  pou-  ^"-^  vigiUns. 
voir  nuire  à   ceux   qui  font 
foigneux  &  vigilans ,  il  leur 
ferc  beaucoup. 

Po  iij 


438 


Des     Home 


'SSy.  Le  jugement  de  Dieu  eft 

Le  jugement  lerrjble  ;  mais  ce   n'eft  que 

ks  m  chans 


88^. 
Utilité  de 
outrage»  qu* 
on  fouHre. 


doux  &  favorable  pour  les  juf 
tes. 

Quoique  ce  ne  foit  pas  pour 
la  caufe  de  Dieu  que  vous 
foufFiiez  ,  fi  néanmoins  étant 
chargé  d'outrages  par  vos  en- 
nemis ,  vous  en  rendez  grâces 
au  Seigneur ,  vous  ne  laiire- 
rez  pas  de  recevoir  les  mêmes 
récompenfes  que  ceux  qui 
font  perfecutez  pour  l'amour 
de  lui. 


LIES 

fed  etiam  prodcfl. 

Terribile  qttidem 
judicinm  >  /t- d  pecca- 
torihui  i  juftis  auicm 
optabtle  Çyfuave. 

Licet  non  pr>  Deo 
maU  fujtineas  >  fed 
contumeius  vexeris  i 
fi  UU  gratias  agas  i 
Citm  ils  {jui  Deigra' 
tiâ  alicjuid (ujitnent 
rnalij  tu  eadempr*r 
mia  adipifceris. 


DES    HOMELIES 

SUR  LES  PSEAUMES. 


/^Uand  votre  propre  fem- 
Souôrir  pa-  v*/me  VOUS  fait  la  guerre,  & 


887; 


ros  plus  pro 
ches. 


tiemment  les  qu'elle  aiguile  contre  vous  fa 
outrages  de  langue  Comme  une  épée  ;  j'a- 
"'  voué  que  c'eft  une  chofe  bien 
pénible  &  bien  fâcheufe  ,  que 
celle  qui  vous  a  été  donnée 
pour  vous  aider ,  devienne  vo- 
tre perfecutrice  &  votre  en- 
nemie 3  mais  cela  vous  doit 
obliger  à  vous  examiner  vous- 
même  ;  à  voir  fi  dans  votre 


Hom.  in  pfal.  3. 
Vxor  teçum   bellttm 

gerit linguam 

tatiquam  gladium  a- 
cHtt,  Res  qitidem  vaU 
de  moleJ}a  at(^ue  dif- 
ficilis  ,  quod  4^xi' 
Itatrix  adverfarta 
faclu  ejl  :  te  tpfum 
tamen  examina  , 
nunquid  in  juventtt^ 
te  in  muîkrem  jMÎi 


Sur  t 
Httentarii  ;  c  quod 
tnulieti  à  te  vulnus 
infiiéïum  ejf  curetur 
per  mttlierem  i  &  w 
lienum  ulcmpropria 
uxor  chirurgi  ojjicio 
fttngem  meduetur  ; 
C?'  qit<e  fecat  igno- 
ret  j  novit  tamen 
Dtus  mediçHi. 


In  Pfal.  4.  Exau- 
divitme  Deus  ju- 
ftitia?  me2 ,  Id  eji 
jttfiitiam  meam  exatt- 
divit.  Nonfoletenim 
Deo  perfttadere  ver- 
borum  multitudo^fed 
pura  anima  ,  c  re- 
éJèfaflorum  oftenjîo, 
Oratio  non  efl 
parvum  dtleélionis 
cum  Deo  vinculum  , 
qu<e  càm  colloqui  nos 
affuefacit  y  &  ad 
fapientU  puditim  nos 


ES      PSEAUMES.  4^^ 

jcunefle  VOUS  n'avez  pas  attenté 
à  l'honneur  de  quelque  fcmmci 
&  à  reconnoître  avec  humilité 
que  la  playe  du  tourment  que 
vous  fait  votre  propre  femme, 
fert  maintenant  à  vous  guérie 
des  anciennes  plaies  de  ces  dc- 
fordres  que  vous  avez  autrefois 
commis  avec  d'autres  femmes. 
Ainlî  votre  femme  fait  A  pré- 
fent,  pour  le  direainfi,  la  fonc- 
tion de  chirurgien,  pour  vous 
guérir  des  bleifures  que  vous 
vous  êtes  faites  en  d'autres 
temps  ;  &  quoiqu'en  perçant 
cet  abcès  elle  ne  connoiffe  pas 
ce  qu'elle  fait ,  c'eft  Dieu  mê- 
me ,  ce  fouverain  médecin  qui 
conduit  fa  main,  dans  la  par- 
faite connoiflance  qu'il  a  de  ce 
qui  vous  eft  utile. 

Le  Dieu  de   ma  iufiice    ma        ^^^. 
exaucé.  C'eft-à-dire  que  Dieu    J"^^"  ^xau- 
a  exaucé  ma  juftice.  Parce  que  ^^^'^^  ^**"* 
ce  n'eft  pas  la  multitude  des 
paroles    qui   le  perfuade   de 
nous  exaucer  ;  mais  plutôt  la 
pureté  de  l'ame  &  la  vertu  de 
nos  bonnes  œuvres. 

La  prière    eft  un  puiflànt       8S^; 
lien  d'amitié    entre  nous  &      Avantages 
Dieu,  en  nous  accoutumant   ^^^^'^'^'^^* 
à  converfer  familièrement  a- 
vec  lui ,  &  en  nous  élevant  â 
l'étude  de  la  fagefle.     Et  eu 
Oo  iiij 


Des    HoMFLiES 

on  ne  peut  avoir  une    deducit.  Si  emw  qui 


A40 
cfFet  fi 

fréquente  habitude  avec  une 
perfonne  d'une  vertu  &  d'un 
mérite  extraordinaite  ,  lans 
en  recevoir  un  grand  avanta- 
ge j  quel  ne  fera  point  celui 
que  nous  procurera  une  con- 
tinuelle converfation  avec 
Dieu  même  ? 

S90.  Pcnfons  en   nous  -  mêmes 

Conditions  comment   nous    nous     pour- 
dcUpueie.    jQj,5  addreffer  à   Dieu   :  ap- 
prenons de  quelle  manière  on 
lui  doit  parler.  Il  ne  faut  pas 
aller  à  l'école  ,   ni  employer 
beaucoup   de  temps   à   nous 
lendre  fçavant  en  cet  art  di- 
.vin  :  il  fufïît  de  le  vouloir ,  & 
nous  y  deviendrons  parfaits. 
Qiiel  eft  donc   le  but  &   le 
propre  de  cette  fcience  ,  finon 
cle  (çavoir  de  quelle  manière 
il  faut  prier.    Or  il  faut  pour 
cela    avoir    l'efprit    détaché 
des  chofes  du  monde ,  le  cœur 
contrit ,   &  les  yeux  baignez 
de  larmes  :  Il  ne  faut  rien  de- 
mander de  tout  ce  qui  ne  re- 
garde que  cette  vie  ;  il  faut 
déiîrer  uniquement  les  biens 
futurs  ,  ne  prier  que  pour  ob- 
tenir les  biens  fpirituels ,  ne 
jamais  fouhaiter  du  mal  à  nos 
ennemis  ,  oublier  les  injures 
([u'on  nous  a  faites  ,  bannir 


cum  magno  aliquo 
eT*  aàmtrahiU  liiro 
mulfàm  verfatttr  ex 
ejt*s  confuetudine  ma- 
ximum frttijum  ac' 
cipit  y  quanta  magiy 
qui  cum  Deo  perpe- 
tuam  hahetconfuetu-, 
dinem, 

Meditemur  Deum 
interpelUre.   Difca- 
mus  quomodo  ea  fa- 
cienda  fît  tmerpeila- 
tio.  Non  eji  eundum 
in  mujisum .  . .  neque 
multùm  temporis  con- 
fumendum  eji  ut  hanc 
dicendi  artemdifcas; 
fedfolàm  voluijfefuf- 
fiât  y  ZP*  ars  perftOa 
evajît ..,.  Et  quif- 
t)ameJ}/copuSy.quod- 
nam  injïitutum  Jmjus 
artii  ?  Modui  oratio'^ 
nii.    Sohria  mente  y 
animo  contrito ,  cum 
fonlihui    lachryma» 
rum  ad  eum  accède" 
re  ;    nihil  quod  ad 
hanc  vitam  perttneat 
petere  y  futur  a  con-^ 
cnpifcere ,  pro  fpiri' 
talibus  interpellare  , 
inimicii  non  malèprc' 
cari,  atceptam  injw 


Su  R      LE 

rîam  memoria  non 
tenere,  omnespertur- 
hationes  ex  nnimo 
eocpellete . . .  cu^idi- 
tates  contrahere  ac 
modérât  um  ejfe^man- 
fuetudinem  exercere^ 
linguam  ad  benè  lo- 
qnendnm  convertere, 
cHtn  tiuUo  pro  rehus 
improhis  confpirare  , 
nihil  habere  commu- 
ne cum  commum  or' 
lis  terrarum  hojie 
fcHfcet  diabolo. 

Si  Publicanuspec- 
cator  ,  jujlus  ab  ora- 
tione  fa  fins  e/? ,  eu- 
jhfmodi  eritjy/liis  fi 
talem  orationem  of» 
ferre  didtcerit  ? 

Oracionestu^e  & 
eleemofynae  tu^e , 
inquit  Angélus  ad 
Cornelium,zCccnde' 
runt  coram  Deo; 
&  meriib.  Opéra  e- 
nim  fient  qu<e  exaw 
ditêntur  CT*  reâièfa' 
fia.  Non  abfolutè  au- 
tem  orationes  ,  fid 
orationes  qua  fiunt 
ex  lege  De  t.  Et  qu£- 
nam  fitnt  e&  ?  Qi4£ 
ea  Petunt  qu£  Deum 
dare  convemtf   ^m* 


S     PSEAUMES.  441 

de  notre  ame  tout  ce  qui  peut 
troubler  fa  tranquillité  ,  répri- 
mer nos  cupiditez  ,  acquérir 
de  la  modération  &  de  la  dou- 
ceur, n'ufer  de  fa  lan2;ne  que 
pour  dire  de  bonnes  choies  , 
ne  confpirer  jamais  avec  per-» 
fonne  pour  mal  faire  ,  &  n'a- 
voir rien  de  commun  avec  le 
démon  qui  eft  l'ennemi  de 
tous  les  hommes. 


SilePublicain ,  depéchenr       89i« 
qu'il  étoit,  aété  fait  jufte  par      Ffficacedjs 
la  vertu  de  fa  prière  j  quel  ne  lap"cie. 
deviendra  point  celui  qui  eft 
déjà  jufte  5  s'il  fcait  prier  com- 
me il  faut  ? 

L'Ange  dit  à  Corneille  le       gpi; 
Centenier  :  P'os  prières  C?"  vos    Quelles  font 
aumônes  ont  monté  en  la  prefence  les  prières  que 
de  Dieu.    Et  c*eft  avec  raifon  ^^«^  exauce, 
qu'il  lui   parle   ainfi  ,   parce 
que   ce  font  proprement  nos 
bonnes  oeuvres  qui  font  exau- 
cées de  Dieu  j  &  ce  ne  font 
pas  abfolument  nos  prières, 
mais    feulement    celles    que 
nous    lui   faifons    conformé- 
ment à  fa  loi  &  à  Tes  précep- 
tes. Et  quelles  font  ces  priè- 
res ,   fînon  celles  qui  ne  lui 
demandent  que  ce  qu'il  lui 


U  foi. 


442  De  s  Home 

convient  de  nous  donner  ,  & 
qui  n'eft  point  contraire  à  fes 
volontez  &  à  fes  ioix. 

Plujîeurs  crurent  en  ]  E  S  \J  S- 

8^3.  Clî  Kl  ST  y  iOP'nofoient  le  ccn- 

Le  vice  eft  f^ger  à  caufe  des  Vhartfiem.  On 

un  obftaclea  ^^-^  par-tout  que  la  vie  dé- 

pravée  &  corrompue  eft  un 

grand  obftacle  à  la  pei  fedion 

de  la  créance  ,  &  de  la  bonne 

dodrine. 

g  Mettey-voHs  en  colère  C!^  ne 

Se  mettre  en  peche:!;Joint.  Il  eft  quelquefois 
colère  contre  permis  de  fe  mettre  en  colère 
kvice.  avecjuftice.  Conime  nous  li- 

fonsqueS.  Paul  s'indigna  con- 
tre Elimasj  &  S.  Pierre  contre 
Saphira.  Quoique  je  n'efti me 
pas  que  ce  mouvement  d'in- 
dignation fe  doive  propre- 
ment appeller  colère  ;  mais 
plutôt  un  fentiment  de  phi- 
lofophie  &  de  fagefle  Chré- 
tienne ,  &  un  déilr  pour  l'or- 
dre &  l'œconomie  des  chofes  j 
ainfi  qu'un  père  fe  fâche  fou- 
vent  contre  fon  fils,  par  le  foin 
qu'il  a  de  bien  régler  la  con- 
duite. Il  n'y  a  donc  en  eifet 
que  celui  qui  fe  veutvanger, 
qui  fe  met  en  colère  témérai- 
rement &  injuftement  r  car 
celui  qui  ne  le  fait  que  pour 
corriger  fon  prochain  ,  eft  vé- 
ritableoient  doux  &  pacifique. 


LIES 

ah  ipfo  non  popttUni 
qu<efunt  legibtis  ejus 
repugnantia. 

Multi  credide- 
runt  in  lefum  ,  & 
propter  Pharifasos 
nonconfitebantur; 
Et  nbique  videri  pof- 
tefivitampravam  ac 
corrufftam  adperfe» 
,  élionem  dogmatit  af' 
ferre  impedimemum. 

Ira  Ici  mini  ,  & 
noiite  peccare.-^MJ 
irafcitur  temerè,  h- 
cet  emm  etiamjujlè 
trafci.  Nam  Z^  Paw 
lus  Elym<e fnccenfuit^ 
^  Petrtis  Saphirx, 
Sed  non  id  dixerim 
ab/olutè  tram  ,  fed 
philofophiam  y  curam 
^aconomiam.  Iraf' 
citur pater  filto  ,  [ed 
ejus  curam  gerens» 
Ille  efl  qui  temerè 
irafcitur  ,  qui  feip^ 
fum  ukifcitur.  Qu^ 
autem  aliéna  corrt" 
git ,  is  eft  omnittm 
manfuetijjïmus^ 


Sur    les    Pseaumes.  443 

Ira  in  nobis  injîta  Le  fentiment  de  la  colère 

eft,non  utpeccemus,  na  pas  été  mis  en  nous  afin 

fed  ut  alioipeccanîei  que  nous  péchions  ,  maisplû- 

prohibeamus . . .  Co-  tôt  afin  que  nous  empêchions 

gitaapudte  quamjit  les  autres  de   pécher  par   la 

iiijîgne      vitivtm    ,  colère.    Confidérez  par-là  la 

qnando  medicamen-  malignité    de  ce   vice  ,  puii- 

tnm  venenum  effet-  qu'il  change  le  remède  en  vc- 

tur    :    quando    per  nin  -,  &  que  ce  qui  nous  de- 

quod  alioYum  vuhe-  vroit  fervir  à  guérir  les  piayes 

tibus  medendum  eji ,  des  autres  ,  nous   en  fait  5 

per  td  vulnera  infii-  nous- mêmes  :  femblables  à  un 

gimi^s  :  quemadmo-  chirurgien  qui  prenant  un  ra- 

dùm  fi  quii  accepta  foir  pour  couper  dans  un  au- 

ferro  m  qu<e  in  aliis  tre    des    chairs    gangrenées  , 

phtrefafla  funt  cxf-  s'en  couperoit  lui-même  deç 

cindat,  feipfumubi-  chairs  vives  :  ou  à  un  pilotç 

que  conctdat:  velgu-  qui  feroit  périr  fa  barque  par 

iernaior  perclavum  le  moyen  du  timon,  qui  ne 

cymbam  fubmergat ,  lui  avoit  été  mis  en  main  que 

fer  quem  ventorum  pour    la     gouverner     contre 

tmpeium      oportebat  1  impétuofité  des  vents  &  àzs 

tohibere,  flots. 

Quse  dicitis  in  Soye:^  touche:^  de  componélioa        8^f, 

cordibusveftrisiin  dans  votre  Ut  ,   de   ce  que  vous     Examende 

cubilibus     veftris  aure:^  dit   dans  le  fecret  de  VO"  confciînce 

compungimini     :  tre  cattr.    Ccft  ce  qu'il  faut  ^°^^  ^^^ -""^"^ 

li<ec  fiant   fingttlis  faire  tous  les  jours,  &  ne  ja- 

diebus  ,    nec  prtus  niais  vous  endonnir  que  vous 

dormierisquàmmen'  n'ayez  repalTé  dans  votre  qÇ- 

te  verfaveris  qu£  à  prit  tout  ce  que  vous  avez  fait 

te  interdit*  perperam  dans  Ic  cours  de  la  journée  : 

aCla  funt  ;  O'  diefe-  car  fi  vous  en  ufez  ainfi  ,  vous 

quenti   eris  omnino  ferez  fans  doute  plus  retenu 

tardior   ad  ea  ipfa  &  plus  éloigné  de  commettrç- 

rurffis  aggredienda,  le  lendemain  de  pareilles  faite" 


'8p5. 


444  Des     H  o  m  b 

tes.  Ce  que  vous  pratiquez  à 
l'égard  àe  celui  qui  fait  vo- 
tre dépenfe ,  qui  eft  de  ne  pas 
laifler  palier  plus  de  deux  jours 
fans  compter  avec  lui  ,  de 
crainte  que  l'oubli  n'apporte 
de  la  confufion  dans  vos  afFai- 
tes  domeftiques  j  faites  le  mê- 
me pour  vos  propres  adions. 
Demandez  tous  les  foirs  comp- 
te à  votre  ame ,  condamnez  les 
penfées  qui  vous  ont  fait  pé- 
cher ,  attachez  -  les  ,  pour  le 
direainfi,  à  un  poteau  ,  met- 
tez-les  comme  à  la  queftion, 
&  défendez-leur  avec  de  ru- 
des menaces  de  ne  plus  retom- 
ber en  ces  mêmes  fautes. 
Si  vous  ne   vous  fouvencz 


iouvenir  des  pas    maintenant   de  vos    pé- 
péchez,  chez ,  ils  vous  feront  un  jour 

remis  tous  enfemble  devant  les 
yeux  ;  mais  fi  vous  prenez  foin 
de  les  bien  examiner  à  prc- 
fent  5  vous  en  ferez  bientôt 
délivré ,  &  vous  ne  retombe- 
rez pas  fi  aifémenten  dépa- 
reilles fautes. 
^97'  Sacrifiey  lefacrifice  ie  jujiice. 

Sacrifice  du  Ce  facrifice  n'a  befoin  ni  d'ar- 
cŒur,  gent  j  ni  de  couteau,  ni  d'au- 

tel ,  ni  de  feu ,  pour  être  of- 
fert ;  mais  Dieu  fe  contente 
du  cœur  de  celui  qui  l'offre. 
A  cela  la  pauvreté  n'eft  point 
un  obftade  >  ni  ie  lieu  ,  ni 


L  I  ES 

Quod  facis  in  peeu" 
ntà  ,  nec  finis  Ht  duo 
dies  f>r<eîereanti  qui» 
cumfamulo  rationem 
ineas  ,  ne  confujîo- 
nem  inducat  oblivio  , 
hoc  etiam  fac  in  <»- 
éliombus.  Singulis 
diebus  vefperii  ab  a- 
nima  rationem  exi- 
ge ^  C^  cogitationem 
ijtKC  peccavit ,  con» 
demna  eam  ,  veluti 
in  ligna  fufpende  , 
çsr  torque  j  t^p'jtibe 
ne  ampiiits  ea  aggre* 
diatur. 

Si  nunc  non  me- 
minifii  apnd  te  pec 
catci  omnia  ,  tune 
antè  omnium  oculoi 
flatuentur.  Si  autem 
nunc  ea  fiipputave- 
ris  y  &  ab  illts  ctto 
hberaberis  ,  CiT*  in 
alia  facile  non  inci- 
des. 

Saerificate  facri- 
ficium  juftitias  ; 
Hoc  facrificium  non 
eget  pecuniâ  ,  non 
gladio  ,  non  altari  , 
nonizne .  •  .fedani- 
mo  eius  qut offert  con^ 
tentum  efi,  £f  »eç  e§L 


Sur  le 
paupertas  obpaculuntj 
nec  menduitai  nnf?e- 
dimentum  ;  non  lucus 
nec  altquiiejufmcdil 
fei  tibicurKque  fuerts 
ti  ojferre  poterti  càm 
ipfe  fis  CT*  facerdoi , 
CT*  altare  ,  cr  gla- 
dius  CT*  hoflia  .... 
Spiritualia  etnmplu' 
rimUm  habent  facili- 
tatis  ,  ut  qute  nulla 
externa  operatione 
créant, 

Juà<tis  utpote  im- 
hectlliofis  animijen- 
fibilta  quoque  bona 
Deus  dédit . . .  Pofi- 
quam  autem  acceffit 
X)ominus  nofier  Jefus 
Chrij}i*s  j  in  calum 
nos  vocans ,  qua  hîc 
fttnt  defpicere perfita- 
fit . ,  .  Nam  etiam 
pueris  patres  pr<tbent 
ejufinodi  crepundia  , 
armillas,  Ç^cpofi- 
qttam  autem  creve- 
rint  ,  illis  ablatis  > 
dant  alla  majora  , 
in  civitaîe  fplendo- 
rem  ,  magiflratus  O* 
principatm  3  eos  ab 
omni  pHerili  ambi- 
tione  abducentes.  Ità 
Deusnoi  à  parvis  il-^ 


s      PSEAUMES.  44  j^ 

quelque  autre  choie  extérieu- 
re que  ce  foit ,  un  empêche- 
ment y  mais  quelque  part  que 
vous  vous  trouviez,  vous  pour- 
rez l'oftrir  à  Dieu  5  puilqu'en 
cela  vous  êtes  vous  icul  &  le 
Prêtre ,  8c  l'autel  ,  &  le  cou-, 
teau  &  rhoilie.  C'eft  la  faci- 
lité admirable  que  l'on  trouve 
dans  les  adions  fpirirùelles  , 
où  l'on  fe  peut  palier  de  toutes 
les  chofes  extérieures. 


Comme  les  Juifs  étoient  8^8. 
des  cfprits  foibles  &  greffiers.  Biens  fpiri- 
Dieu  leur  donnoit  aufTi  des  tuels  dans  la 
biens  fenfîbles  &  charnels.  l°i"^"velle. 
Mais  depuis  la  venue  de  No- 
tre Seigneur  JeSUS-CHRIST 
nous  fommes  appeliez  aux 
biens  du  Ciel ,  &  au  mépris 
des  biens  de  la  terre.  Les  hom- 
mes en  ufent  de  même  envers 
les  enfans ,  en  leur  donnant 
mille  bagatelles  qui  font  con- 
venables à  leur  bas  âge  i  mais 
quand  ils  viennent  à  croître 
on  leur  ote  tous  ces  joiiets 
pour  leur  donner  de  plus  gran- 
des chofes  5  &  on  leur  confè- 
re des  honneurs  ,  des  magif- 
tratures  &  des  dignitez  qui 
les  détachent  de  tous  ces  dé- 
firs  d'enfans.  Et  voilà  com- 
ment Dieu  nous  voulant  dé^ 


44^  Des    Homélies 

livrer  de  l'attache  aux  chofes  In  z^puerihlus  ah' 

du  monde  qui  font  fï  viles  &  ducens ,    ea  <jut  in 

puériles  ,  nous  élevé  par  ks  c<eUs  funt  polUdtus 

promexTes  à  l'attente  d^s  biens  efi. 
du  Ciel, 

gap:            Rien  n'eft  fi  capable  d*cta-  Nihil  aquè  foUt 

Paix  de  l'a-  blir  la  paix  de  l'ame  ,  comme  facere  pacem  ac  Dei 

me,  effet  de  la  connoiflance  dc  Dieu,  &  cognitio ,  aczirtmis 

Javertu.         la  poirefrion  de  la  vertu  ,  qui  poJ]'efjîô  ^  quétanimi 

en  calme  tous   \qs  troubles  ,  ferturbationem    in- 

&  appaife  la  guerre  inteltine  temum  hélium  pro- 

qui  la  déchire  fouvent.  Sans  culejicit..  ..  Satie 

cette  paix  intérieure  3  quel-  fi  hac  pacehomonon 

que  tranquillité  dont  un  hom-  fritatitr,    eùamfijtt 

me  puifle  jouir  au  dehors  ,  il  extrinfecus     fumma 

fera  toûours    très-miferable.  pax ,  eji  omnium  mi- 

Eten  effet  les  guerres  des  na-  ferrimus.   Neque  e- 

tions  les  plus  barbares  ne  fçau-  nim  qu£cumque  /e- 

roient  être  fi  cruelles  ,  que  r£  génies  tam  atron 

celles  que  nous  font  nospaf-  hélium  geruntquàm 

fions  déréglées,  qui  nous  atta-  improha  ac  nefarU 

quent  jufques    dans   les  plus  cogttatio,  qua  ver- 

fecrets  replis  du  cœur  ,  lorf-  fatur  in  penetralihus 

qu'on  n'a  pas  foin  de  les  ré-  animi,  O'quxhon 

primer  :  telles  font  l'intempé-  cajiigatur    intempe^ 

rence  de  la  convoitKe  ,  l'a-  rans  lihiào  ,    amor 

mour  du  bien  ,  le  défir  ardent  pecmi<£  ,     potenti<e 

de  la  puifiance  5  &  l'attache  à  vehemens       defiàe- 

toutes  les  choies   qui  appar-  rium  ^  ^inresqua 

tiennent  â  la  vie  préfente.  ad  hanc  vitam perti^ 

fient  ajfeBio. 

'900.              iS"*  Votre  ail  droit  vous  eji  une  Si    oculus  tuus 

Renoncer      etcafon    de  fcandale  ^   arrachey^  dexter  fcandalizat 

aux    amitiez  [g    jyjotre   Seigneur    n'a  pas  te,  erue  eum.  Ncn 

da.igereu.jr^e  e,^f  ^ndu  cela  de  l'œil  du  corps,  dicens  de  oculo  ,  quiâ 

puifqu'il  cft  incapable  de  nous  enim  malt  ficerit  o- 


Sur    le 

ftt/H/,  fijit  fanusa- 
nimus  :fed  de  amicis 
neeefj'ariis ,  C^  tjtti 
funt  nobis  loco  horum 
membrorum  CT*  nos 
Udant ,  hac  confli- 
tuit  i  juhtns  eorum 
amicitiam  contemne- 
re  t  titfnaf(flustffî- 
ciatur  tutior. 

Ti*  fi  in  civhate 
aUqua  fis  habitatt*' 
rus  ,  de  aère  curtosè 
inquirist  an  fit  fii-^ 
lubris.  De  anima  au- 
tem  rationem  initu- 
rusy  non  es  fjllicitus 
de  eorum  confuetit- 
dine  qui  cum  ea  fisnt 
congreffuri  ;  fedte- 
merè  eam  omnibus 
permittis. 

Anachoretas  imi" 
tare  :  in  média  civi- 
tate fjlitudinem  per- 
fequens.  Quomodo 
autem  hoc  erit  ?  Si 
fu^ias  improbos ,  O* 
fi  bonos  jequaris*  Ità 
enim  majorem  perd- 
pies  fecuritatem  , 
quàm  qui  in  defertis 
habitant ,  nonfolàm  ' 
in  lis  fugiendis  qui 
Udmt  i  fed  etiam  in 


poi. 

Choifir  les 


S      PSEAUMES.  4.^^ 

faire  du  mal ,  quand  notre  ef- 
prit  fc  confcrve  dans  fa  fanté 
&  dans  fa  vigueur  :  mais  il  a 
voulu  parler  de  nos  meilleurs 
amis,  qui  nous  tiennent  lieu 
de  membres  j  en  nous  com- 
mandant ,  lorfqu'ils  nous  font 
en  fcandale,  de  renoncer  à  leur 
amitié  pour  afl'urer  notre  fa- 
lut. 

Quand  vous  voulez  aller 
demeurer  en  quelque  ville, 
vous  vous  enquerez  foigneu-  compagnies. 
fement  fi  l'air  y  eft  bon  & 
fain  ;  &  à  l'égard  de  votre 
ame  ,  vous  n'êtes  point  en 
peine  des  compagnies  que 
vous  devez  hanter  ,  &  avec 
qui  vous  avez  à  converfer  or- 
dinairement :  mais  vous  vous 
liez  témérairement  de  focieté 
avec  toutes  fortes  de  perfon- 
nes. 

Imitez    les  Anachorettes,       pot; 
&  cherchez  la  folitude  au  mi-     S'éloigner 
lieu  même  de  la  ville.   Mais  des  méchans, 
comment  cela  fe  peut-il  faire,  fr^quentei  les 
me  direz-vous  ?  Si  vous  fuyez   ^"^* 
les  méchans ,  &  fi  vous  fui- 
vez  les  bons.  Car  en  vivant 
ainfî  vous  vous  trouverez  dans 
une  plus   grande  feureté  que 
ceux  même  qui  habitent   les 
deferts ,  non  feulement  en  ce 
que  vous  éviterez  la   iocieté 
dangereufe  de  ceux  qui  peu- 


^03- 
Bonté  ôc  pro 
videncc  de 
Dieu» 


ils  qui  profunt .... 
Ulrmque  enim  C?* 
virtus  augefcet ,  G* 
decrefcet  vtiium. 

In  Pfalra.  $.  ri- 
de Dei  curam  ac 
providentiam.  Laho- 
res  quidem  viupr<e' 
fenti  anrtbuit  i  ut 
ejfês  brevitate  una  e~ 
tiam  terminaretur 
molefiiai  lonaautem 
in  futurum  ftculum 


4f8  Dbs    Homélies 

vent  nuire  à  votre  falut  ;  mais  commtinicanio 
encore  en  ce  que  vous  profite- 
rez du  commerce  avec  les  gens 
de  bien  :  car  l'un  &  Tautre 
fert  beaucoup  à  réprimer  le 
vice ,  &  à  accroître  la  vertu. 

Confidérez  combien  eft  fa- 
vorable le  foin  de  la  provi- 
dence de  Dieu  envers  les  hom- 
mes. Il  a  voulu  que  les  tra- 
vaux fuffent  joints'' à  la  vie 
préfente  ,  afin  que  fa  brièveté 
pût  bicn-tot  terminer  leurs 
peines  ^  &  il  a  réfervé  les 
biens  pour  la  vie  future,  afin 
que  \ts  récompenfes  ne  fuffent  refervavtt  ,  ut  re- 
pas de  moindre  durée  que  l'é-  munerationes  exten- 
ternité.  derentur  cum  atet' 

mute. 
C'eft  le  propre  d*un  hom-  Hoc  efi  imprimis 
Ne  venger  me  pieux  &  fage  de  ne  point  pii  ^fapiemii  ani~ 
que  les  inju- chercher  la  vengeance  de  Tes  mi fuas  quidem  nolie 
ses  de  Dieu,  propres  injures  ,  mais  d'être  ulcifci  ^  fed  Deiin' 
animé  à'fiP.  grand  zelc  pour  jurias  véhément er 
venger  celles  de  Dieu.  Cepen-  perfequi,  Multi  fa- 
dant  la  plupart  du  rnondefait  ciunt  his  contraria,  s 
le  contraire.  Onfe  foucie  fort  qu£  in  Deum  qui- 
peu  des  injures  qui  font  faites  dem  faCla  funt  con- 
à  Dieu  ,  &  on  court  avec  ar-  temnentes  ,  qu<e  in 
deur  à  la  vangeance  de  cel-  fe  autem peccata  funt 
les  qu'on  a  reçues.  acerrimè    vindtcan- 

tes. 
50f.  tes  feux  delà  convoitile        InVlzlm  6. Ni/î 

Remèdes     ne  feroient  point  fi  ardens  ,  fi   sufiammamaccende- 
cupifcencc!^"  y^H^  ne  les  attifiez  &  ne  les    ris  ,fornax  cupidita- 


904. 


irritiez  vous-même 


vous    ta  non  exçnatur . 


nifi 


Sur    l  b 

w«/î  âe  fpeciojîs  vi*l' 
tibus  curioie  invejïi- 
^aris ,  nifi  de  ait  en  a 
pukhritudine  ftteris 
nimiùm  follicitus  j 
nijî  in  theatra  ini- 
quitatis  afcenderis , 
itijî  carnem  deliciis 
impingu averti  .... 
Non  fujjîciunt  h<ec 
fola  refrAnandx  cn- 
fiditati ,  feà  oportet 
etiam  alla  accedere , 
crationes  ajftduai  , 
fanflorum  confuettt- 
dmes ,  jejunium  mo' 
«lerattim ,  viSlum  te- 
fiuem  5  necefj'a  ria  e- 
xercuia  »  antè  alla 
autem  omnia  Dei  ti- 
morem ,  futuritmji*- 
dicium ,  fitpplicia  in- 
tolerabilia ,  bonorum 
promifftonei.  Perh^c 
omnia  refr^nanda 
eji  ctépiditai ,  €?•/«- 
dnndum  e[i  mare 
fcmmotum. 

Qui  lachrymui  pot- 
nitenti(£  fundit ,  ni' 
hili  ducit  cji4£  fttnt 
in  terra  ,fed  abom- 
ni  obftiione  libérât 
animum  ,  msntem 
nddit  velfole  dayio- 
Tom.  I. 


S      PSEAUMES.  449 

n'aviez  la  dangereufecuriolué 
de  regarder  toutes  les  beautez 
étrangères  ,  (î  vous  ne  les  al- 
liez chercher  dans  les  affcm- 
blées  d'iniquité  ,  &  jufques 
fur  les  théâtres  >  &  iî  vous  ne 
nourrirez  votre  chair  avec 
toutes  fortes  de  délicatcffes  & 
de  délices.  Cependant  le  feul 
retranchement  de  ces  occa- 
fions  dangereufes  ne  fuffit  pas 
pour  éteindre  l'ardeur  de  cts 
flammes  :  il  y  faut  joindre  l'af- 
fiduité  delà  priercj  la  fréquen- 
tation des  gens  de  bien  ,  les 
jeûnes  modérez,  la  frugalité 
de  la  table,  l'exercice  des  bon- 
nes oeuvres  j  &  préferabie- 
ment  à  tous  la  crainte  de  Dieu, 
la  pcnfée  de  fes  jugemens , 
des  fupplices  intolérables  qu'il 
deftineaux  pécheurs  ,  Si  les 
promelFes  des  biens  qu'il  pré- 
pare aux  juftes.  Ce  font-là  les 
moyens  donton  doit  ulér  pour 
réprimer  la  rébellion  de  no- 
tre concupifcence  ,  &  pour 
appaifcr  l'émotion  de  cette 
mer  irritée. 

Quiconque  répand  de  fin-       çq^, 
ceres   larmes    de  pénitence  ,      Efficace  Se 
compte  pour  rien  toutes  les  nèceilitéds  U 
chofes  du  monde  ,  délivre  fon  ps"ite»ice, 
cœur   de   toute  attache  à  la 
terre  ,    &  rend  fon  ame  plus 
brillante  que  le  foleil.  Oi-  je 


4$o  Des    Home 

n  adrefle  pas  feulement  ces  pa- 
roles aux  Moines ,  mais  aulïi 
aux  léculiers  y  &  même  enco- 
re plutôt  aux  gens  du  monde 
qu'aux  Religieux  ,  puifqu'ils 
ont  bien  plus  de  befoin  des 
remèdes  de  la  pénitence. 


907.  Quand  le  vice  auroit  toute 

Foibleffî  du  la  terre  pour  lui,  il  le  faut  tou- 
vice,  force  de  jours  regarder  comme  très- 
la  vertu.  foible  &  très-méprifable  :  au 
lieu  qu'encore  que  la  vertu  fût 
toute  feule  -,  elle  eft  plus  forte 
&  plus  puilfante  que  toute  la 
terre  i  parce  qu'elle  a  Dieu 
pour  la  foûtenir.  Or  comme 
on  ne  peut  furmonter  celui 
qui  eft  protégé  de  Dieu  -,  on 
oe  peut  auffi  défendre  celui 
qu*il  veut  perdre. 


>o8.  Il  y  a  pluiîeurs  raifons  qui 

Quelles  font  font  fouvent  que  Dieu  nous 
l?s  prières  que  exauce,  j.  A  caufe  qu'il  nous 
Dieu  exauce.  ^^  j^g^  Jignes.  2.  Que  nos 
prières  font  conformes  à  fa 
volonté  &à  fa  Loi.  3.  Qu'el- 
les fontaiTidués  &  perfévéran- 
tes.  4.  Que  nous  ne  deman- 
dons rien  de  ce  qui  ne  regarde 
que  cette  vie.  5.  Que  nous  ne 
défîrons  que  ce  qui  eft  utile  à 
notre    falut,     6.    Que    nous 


LIES 

rem.  Necfilis  Jjocdl" 
co  Monachisi  adje-^ 
culares  etiam  babetur 
bac  exbortatio  »  €7* 
ad  bas  fotius  quàm 
ad  illos.  Ht  enimfunt 
qui  maxime  indi- 
gent poenitentix 
pbarmacis. 

InPralm.7.^- 
tium  el/t  fecum  bw 
beat  Htiiverfum  or- 
hem  terrarum  ,  eJT 
omnium  maxime  tm* 
hecillum.  Ftrtus  au" 
tem  etfi  fola  fn  y  efl 
omnium  pote}iti(jhia^ 
babet  enim  Deum fe- 
cum flantem.  Qu/Sr 
ergo  fervare  poieji 
eum  qui  à  Deo  oppu- 
gnatur  5*  Quis  autem 
potefl  perdere  eum  cui 
Deus  fert  auxilmm, 

Hac  ratione  fit  ut 
exauâiamur,  Prim^f 
ex  eo  quod  fumus  dt- 
gniaccipere  :  Dein- 
de,  quod  ex  Dei  le- 
gibus  oremus.  Ter- 
tio 3  quod  ajjîduè. 
Quarto  i  quod  nibil 
petamus  eorum  qu<t 
ad  vitam  pertinent, 
Quinto  quod  peta- 
mus   utilia,    SfPtto 


Sur    le 

quod  (jU£  no(lrafunt 
omnino  ajferamus. 
F'ide  er^o  multos  qui 
ficexaudiuntur.  Cor- 
nelium  ex  viià  :  Sy  • 
rophitnijfam  ex  afjî' 
duitate  '.  Salomonem 
«X  modo  petitionii  ; 
Pttblicanum  ex  hu- 
militate. 


Bacraùonejitut 
non  exaudiantur  e- 
tiam  qui  jujït  funt. 
Quid  enimfuit  Paulo 
jufiim  ?  Sedquoniam 
non  utilia  petivtt  , 
non  fuit  exauditus  j 
&  dixit  mihi  Do- 
minus,  fufficit  tibi 
gratia  niea.  Quid 
tfero  Mûfe  ?  Sed  nec 
aie  exauditus  ej})  cùm 
peteret  tngreditn  ter- 
ram  promijjam  ;  Deo 
dicente  ,  ùtis  tibi 
fit  j  qtiippe  inutile 
erat  quod  petebat. 
Accedit  altud  quod 
impedit  quominùs  ex- 
audtamur  ;  quando 
fcilicet  in  peccatis 
perfevcrantei  ora- 
mus.  An  non  vides 


S      P  s  E  A  U  M  E  s.  41 1 

failons  de  notre  part  tout 
ce  qui  dépend  de  nous.  L'E- 
ciicure  nous  marque  plu- 
fieurs  perfonnes  que  Dieu  a 
exaucées  pour  quelqu'une  de 
ces  raifons ,  (çavoir ,  le  Cente» 
nier  Corneille  ,  à  caufe  de  fa 
bonne  vie  :  La  Chananée,  à 
caufe  de  fa  perfcvérance  dans 
fa  prière  :  Salomon  ,  à  caufe  de 
la  manière  de  fa  demande  :  Le 
Publicain,  à  caufe  de  Ion  hu- 
milité. 

11^  a  aufTi  àes  raifons  qui      ^op; 
empêchent  quelque  -  fois  que    Quelles  font 
les   juftes   même    ne    loient '"prières que 
exaucez.Cary  avoit-il  unhom-  D^'^'^^n'exau- 
me  plus  jufle  que  Paul  ?  cepen-  '^^  ^^  ' 
dant  comme  il  demanda  une 
fois  des  chofes  qui  ne  lui  é- 
toient  pas  utiles ,  il  ne  fur  pas 
exaucé,  &  Dieu  lui  dit  :  ma 
grâce  vous  fujft.   Y  eut- il  aiiiïi 
jamais   perfonne    plus   digne 
d'être  exaucé  que  Moyfe  ?  ce- 
pendant il  ne  le  fut  pas  dans  la 
prière  qu'il  fit  à  Dieu  d'entrer 
dans  la  terre  promife  :  Et  il  lui 
fut  dit   :  Que  ceia  vous  fuffife  î~ 
Parce    que  Çsl  demande  éioit 
inutile.  Il  y  a  encore  une  autre 
chofe  qui  empêche  que  nous 
ne  foyonsexaucezjfçavoir  lors 
que    nonobfïant    nos   prières 
nous  perfévérons  dans  le  pé- 
ché.    Et  c'cft   ce  que    nous 
Ppi) 


45* 


Des    Homélies 


voyons  dans  cts  paroles  de 
Dieu  à  Moyfe  :  Ne  vo;^e:^vous 
pas  ce  que  fait  ce  peuple  }  Il  na 
point  quitté fon  impiété  ,  O*  vous 
ne  Ut/J'e-i^pas  de  me  prier  toujours 
pour  lui  :  Mais  je  ne  vous  exaU' 
cerai  peint.  Quand  au(îi  nous 
prions  pour  attirer  du  mal  fur 
nos  ennemis ,  non  feulement 
Dieu  ne  nous  exauce  pas,  mais 
nous  irritons  même  la  colère 
contre  nous. 

L'afflidion  eft  comme  une 
huile  falutaire ,  qui  nous  oint, 
qui  nous  confirme  ,  &  qui 
nous  rend  plus  forts  pour 
l'étude  de  la  vertu.  Dieu  s'en 
fert  aufîî  pour  nous  enfeigner 
le  mépris  des  cbofes  préi'en- 
tQs  y  &  pour  nous  en  dé- 
tacher. Et  c'eft  pour  cela 
qu'il  permet  (buvent  que  nous 
loyons  ici  affligez. 


^  j  j.;  Ce  n'eil  pas  ceux  que  Dieu 

Malheur  chatie  j  qui  méritent  d'être 
d'un  pécheur  pleurez  ;  mais"  pliitôt  ceux  qui 
impmii.  nonobftant   leurs    péchez   ne 

fonffrent  rien  en  ce  monde. 
Leur  premier  mal  eft  de  pé- 
cher; &  le  fécond  eft  de  ne 
recevoir  de  Dieu  aucun  remè- 
de pour  la  guérifon  de  leurs 
péchez.  / 


quid  hi  faciunt  ? 
Âb  impietate  non 
defecerunt ,  &  tu 
ofterspro  eis  pre- 
ces  5  fed  te  no  a 
exaudiam.  Rurfus 
quandocontràinimi- 
cospetimus,  non  fa- 
lùm  non  exaudimur , 
fed  eliam  irritHntus» 


AJjiiSlio  nos  veî 
maxime  ungk  ,  con- 
firmât CT*  fortiorei 
reddit  ad  (finltum^fa- 
ptentiie.  Ac  pr^tereà 
per  eam  vult  Dein 
nos  docere  prafeniia 
dejpicere,  C7  non  eis^ 
ejfe  affixos  O*  alliga- 
tos.  Proptereà  affli" 
ilionem  concedit . . , 
qua  autem  bonafunt 
^jucttnda  yUt facile 
foherentur  ejfectt. 

Non  oportet  eo^ 
fiere  qui  puniuntur , 
fedeos  qui  peccantts 
nulUs  ommno  panas 
iuunt.  Primum  enim 
malum  ejl ,  peccare  : 
fechnâum  autem  fi 
peccantibus  ntflla  ad- 
htbçam  medictna. 


Sur    le 

Ne  refpexeris  hoc , 
quod  fe  ejje  divitem 
Utatur  dives  /  fed 
propter  hoc  iffum  vel 
maxime  et*m  dtfie  , 
qtéodne  femiat  <jui- 
dem  in  quant o  malo 
tJerfetur,  Efl  enimà 
Tàtione  maxime  alie^ 
num  propur  ea  exul- 
tare, 

Bojies  qui  volunt 
fupplicium  infligere 
non  modo  id  non  di- 
9unt,  fed  etiam  id 
celantes  invadunt , 
ne  qui  puniendtfunt 
caveant.  At  De  us  O* 
prtedicity  CT*  verbis 
terre t ,  O'  nihUnon 
facit  y  Htqudimina- 
tur  non  ajferat.  Hoc 
fecit  in  Ninivitis  : 
arcum  tetendit  , 
gladium  vibravic , 
eT*  iflum  non  infli- 
Kit. 

Ad  vitittm  oppor- 
tunitate  opus  efi  ,  a?* 
loco,  CT*  dolo,  CT» 
maleficiis ,  eT*  ar~ 
mis  çy  machinatio- 
nihus  j  CT*  ofen/îo- 
tiibus  »  O*  adulatio' 
«f  V  fecuritate  ^ 


S    PseauMes.  4j'3 

Ne  confidérez  pas  la  joye       9^^' 
qu'a  le  riche  d'avoir  de  grands    .  ?^^2^^^  ^^■■ 
biens  ,•  mais  pleurez-le  pour  ^^^      "* 
cela  même  qu'il  fe  réjouit ,  & 
qu'il  ne  fent  point  le  mal  des 
nchefles.  Car  c'eft  une  joyc 
tout- à- fait  inlenfée  &  dérai" 
ionnable. 


Qiiand  nos  ennemis 
veulent  faire   du   mal 


Dieu  niena-' 


nous 
,  bien 
loin  de  nous  en  avertir  ,  ils  «  P°"^  "°"^ 

,  ,         ,  ',.,     faire  éviter 

nous  cachent  le  plus  qu  ils  ç^^  châti- 
peuvent  leur  mauvais  deilein ,  mens. 
de  peur  que  nous  ne  prenions 
contre  eux  nos  précautions.' 
Mais  Dieu  au  contraire  ,  nou» 
avertit  de  bonne  heure  ,  nous 
épouvente  par  Ces  menaces,  & 
il  n'y  a  rien  qu'il  ne  faiTe  pour 
nous  faire  é/iter  fes  châtj- 
mens.  C'eft  ainlî  qu'il  en  ufa 
envers  les  Ninivitcs,  Il  tendit 
fin  arc  contre  eux  ,  il  tira  fon 
cpée  pour  les  menacer  j  &  enlîa 
il  ne  leur  fit  aucun  mal. 

Pour  accomplir  !e  maijii  faut 
bien  prendre  fon  tems,  trou- 
ver le  lieu  favorable  ;  il  faut  fe 
fervir  d'adrelfe  ,  de  maléfices, 
d'armes  ,  de  machines,  il  fauc 
infulter  aux  gens,  ou  les  flat- 
ter ,  ou  diflimuler  j  &  enfin  il 
eft  néccflaire  de  prendre  tontes 


^14. 

Vice  pcnî- 
ble  j  vertu  id^ 
fée. 


91')' 
Tout  fouf- 
frirpar  a- 
mour  pour 
D.eu. 


Amour  de 
Diei  defintc- 
telle. 

A  dtion  de 
grâces  d.ins 
raffl;aion. 


5'i8. 

JoycenDieu. 


4f4  Des    H  o  m 

les  (ûretez  pour  leur  faire  du 
mal  fans  en  recevoir.  Voyez 
combien  de  difficultés  on 
trouve  dans  le  péché  :  Mais 
il  n'y  a  rien  au  contraire  de  fi 
facile  que  la  vertu  :  Elle  eft 
tranquille  &  exempte  de  pei- 
ne &  d'inquiétude  -,  au  lieu 
que  levicen'eft  plein  que  de 
troubles  &  d'embarras. 

Un  homme  poUédé  de  l'a- 
mour profane  voudroit  mou- 
rir mille  fois  pour  celle  qu'il 
aime  ,  quoiqu'il  ne  puifle  rien 
efperer  d'elle  après  fa  mort. 
Faifons-en  de  même  ,  &  fans 
confidercr  la  récompenfe  de 
l'autre  vie, &ratrente  des  biens 
du  ciel  5  fouffrons  toutes  cho- 
fes  purement  pour  l'amour  de 
Dieu. 

Aimons  Dieu  pour  lui-mê- 
me ,  &  pour  les  biens  qui 
viennent  de  lui» 

Quand  vous  avez  rendu 
grâces  à  Dieu  d'un  bien  qu'il 
vous  a  fait,  vous  vous  êtes 
acquité  de  votre  dette  i  mais 
fi  vous  le  remerciez  d'un  mal 
qu'il  vous  a  envoyé  ,  vous  le 
rendez  votre  débiteur. 

Quand  on  fe  réjouit  en  Dieu 
comme  l'on  doit,  ce  fentiment 
bannit  de  notre  ame  tous  les 
plaifirs  que  peuvent  donner  ïqs 


EL  I  ES 
fimuUtiêne*  f^ides 
Qttàm  res  Jtt  facilh 
virtus  ,  diffîcilis  au- 
tem  vitium.  V.la  qui' 
dem  cjl  tranquilla  , 
hocvero  tttrhaZ^tn* 
mHltt*  refertum. 


Amator  veîmilUei 
pro  arnica  moreretur 
quamvispofl  mortem 
nihil  ah  ea  expeCia" 
ret.  Ità  etiam  nos 
opcrtet  non  propter 
regni  expeéïationem, 
nec  propter  ahquam 
fpem  fttîurorum  , 
jfed  propter  tpfum 
Deum     omnia  pati, 

Deum  amemus  non 
propter  ea  qphe  funi  _ 
ejus  ,  fed  propter 
ipfum. 

In  Pfalm.  p.  In 
bonis  quiiemgratiap 
agens  reddidifli  Je- 
hitum  :  in  malis  au  • 
tem  Deum  conpitmjft 
de  bit  or  em. 

Qui  in  Deo  ut 
âportet  Utatur ,  ow- 
nem  (jua  ex  lis  (jua 
ad   ifitatn  pcrtiiuHf 


Sur    le 

ProficifcUur ,  expelUt 
voluptatem.  Qttideji 
enim  laetabor  in  te  ; 
cttm  talent  haheam 
Dominum ,  hoc  efl 
mihi  volttptas ,  hoc 
eji  exultaiio.  Si  quis 
hanc  novit  volupta' 
tem  ut  oportet ,  non 
femit  aUam  volupta» 
tem, 

InPfalm.  p.  Ad 
quem  refpiciam 
nifi  fuper  humi- 
lem  ?  Ubique  ora» 
tionis  vehicMÎum  in- 
veniiur  Immilitas, 
Propè  eft  enim 
Dominuscontritis 
corde. 

Semper  egemus  Vei 
provÙeiitia ,  maxi' 
me  autem  dum  libe- 
ramur  à  malis.  Aliud 
enim  excipit  priori 
dijf.cilius  ,  focordiie 
CT*  arrogantice.  Tune 
Jj>irat  vehementiui 
diabolus ,  . .  Quare 
cpui  habemus  auxi- 
îio  5  ut  facile  res  fé- 
condas feramus. 
Nam  Jud<ii  quoque 
ab  /Egyptiii  liherati, 
^ratiori  bello  vexa- 
bantnr  ,  <irrogan\ia 


S      PSEAUMES.  45-5 

chofes  du  monde.  Que  \t\\z 
donc  dire:  ^e  me  rejoHuen  iûus}i 
Sinon  toute  ma  joye  ,  &  toue 
mon  piaifir  eft  de  vous  avoir 
pour  Dieu  &  pour  maître  ;  & 
quiconque  fçaura  bien  goûter 
quel  eft  ce  piaifir ,  fera  infeniv» 
ble  à  toute  autre. 


Sur  qui  jetterai-je  mes  yeuYy 


finon  fur  celui  qui    e/?   humble^        Humilité» 
On  voit  par-tout  que  Thurniv  force  de  U 
lité  fert  d'ailes  à    la  prière.  P""'^*^ 
Car  Dieu  eJi  toujours  proc}?e  des 
cœurs  contrits  C  humtlie:!^. 


Nous  avons  befoin  que  Dieu       ^^®' . 
prenne  toujours  foin  de  nous  ,      Pro^pents- 

■        ■      ■      1  ^         y    P  us  (lanoe- 

maisprmcipalementapresqu  -  \^^ç^      ° 

il  nousa  délivrez  de  la  tribuia-  l'adverfité*- 
tion.  Car  alors  nous  fommes 
cxpofez  à  une  nouvelle  guerre 
bien  plus  dangereufc  que  la 
première  ,  fçavoir  à  la  pareffe 
&  à  l'arrogance  ;  &  c'eft  en  cec 
état  que  le  démon  nous  atta- 
que avec  de  plus  grands  ef- 
forts. Ainii  nous  avons  un  ex- 
trême befoin  du  fecours  de 
Dieu  pour  nous  défendre  de  la 
ptofperité.  Les  Juifs  après  a- 
voir  été  délivrez  des  Egyp*. 


921. 

'Pauvreté 

plus  propre  à 

la  vertu  que 

lis  richeffes. 


91%. 

Prier  pour 
tout  le  mon- 
de. 


pi3- 

Secours  d: 
Deu    dans 
l'affliciion. 


^24. 
Cupidité 
des    licheîles 
fource  des  vi- 
ces^ 


'45^  Des    Home 

tiens  j  nous  ont  afl'ez  marqué 
cette  vérité  ,  car  ce  fut  alors 
qu'ils  furent  plus  violemment 
perfecutez  par  les  vices  de 
rarrogance  &  de  la  parefle , 
&  ce  fut  auffi  pour  lors  que 
Dieu  en  fit  mourir  un  plus 
grand  nombre. 

La  pauvreté  eft  un  état  plus 
propre  pour  la  vertu.  Garnies 
riches  ont  d'ordinaire  Tef- 
prit  inquiété  ,  chagrin  ,  & 
rempli  de  trouble  ,  mais  les 
pauvres  ont  moins  de  peine 
a  porter  les  maux  ;  leur  état 
les  réduifant  dans  un  conti- 
nuel exercice  de  foutfrance. 

Les  Saints  font  fi  pleins  de 
charité  ,  qu'ils  ne  prennent 
pas  feulement  foin  de  leurfa- 
lut  propre  ,  mais  comme  fi 
toute  la  terre  n'étoit  qu'une 
feule  maifon  ,  &  tous  les 
hommes  qu'un  feul  corps,  ils 
prient  pour  le  falut  de  tout 
le  monde. 

Que  perfonne  ne  pleure  la 
perte  de  Ç^s  amis  ,  ni  de  fes 
biens  :  Puifque  DieurafTiftera 
d'autant  plus  qu'il  aura  perdu 
davantage. 

Ne  cherchons  point  à  nous 
enrichir.  Car  cela  attire  une 
infinité   de    maux     aufquels 


LIES 

G?*  focordia.  Tune 
itaque  maxime  m»" 
Tubantur. 


Taupertas  apùor 
ad  virtutem.  Dives 
enim  animi  agrittt' 
dine  ajjkitur  eT*  con~ 
turbatur,  Pauperau- 
tem  omnia  fert  faci- 
le ,  ut  qui  inpauper- 
tatevelutiinquadam 
paUJlra  fréquenter 
exerceatur. 

Jaliafunt  Sanélo- 
rumvi/cera  ,  ut  non 
folùm  ftnt  defefolli- 
citi  5  fed  perindè  ac 
una  fit  domus  orbis 
terrarum  3  veltinum 
corpus  mtiltiiudoha- 
minum  ,  ttà  precan- 
tur  Dominum. 

Nemo  orbitattm 
defleat,  rtemopaupsr- 
tatem.  Qubenim  ma- 
jora fuerint  j  eo  ma- 
gis  eum  Veus  auxilio 
dtgnabitur. 

Nemo  opumÇ7  fa- 

cultalum  copiam  per» 

fequathr.  Multa  hins 

m  a' a 


Sur  le 
niitU  oriuntur  Us  cjui 
non  attendant ,  arro- 
gantia  ^focordia ,  in- 
vidia  j  vana  gloria  , 
alia  multbhis  majora, 
InPfalm.  io.£/? 
tenihilii  improbus 
ingenti  pecunia  C?* 
optbusmunitus.  Vro- 
pterea  eum  maxime 
riieo.  H<ec  enim/unt 
gênera  imbecillitatis 
.  . .  Qtiid  ejl  ergo  in 
caufa  ,  inquis  ,  quod 
multi  vincunt  qui 
taies  funt  ?  Quoniam 
tu  reClè  pu^are  nef- 
cii.  Qhomamttt  qno- 
que  de  iis  decsrtas  , 
ex  quibus  illi  fiant 
imbecilUores  5  nempe 
de  gloriaK^  potentia» 
Vuge  caufam  certa- 
mnits  e?*  alia  parte 
feri  eos  qui  te  inva- 
dttnt  ;  arrogantem 
moderatione  ac  Uni- 
tate  ,  avarum  pau- 
pertate  j  incontinen- 
tem  continentia  y  in- 
vidum  humanitate  y 
&  tta  facile  vinces. 


In  Pfalm.   it. 
Eriidiettedefedio 
Tome  I. 


s     PSEAUMES.  45*7 

on  ne  fait  point  d'attention  i 
Içavoir  rarroeance ,  la  paref- 
fe  ,  l'envie  ,  ïa  vaine  gloire, 
&  plufieurs  autres  vices  en- 
core plus  grands. 

Quand  un  méchant  eft  foû-  r  ,  ^^^' 

tenu  par  les  richefl-es&  par  ^^jr;"o'„r. 
la  puiflance  ,  il  fe  rend  for- phedehpuif- 
midable  à  tout  le  monde  i  fancedesmc- 
mais  pour  moi  c'eft  à  caufe  chanj, 
de  cela  même  que  je  le  mé- 
prife.  Car  toutes  ces  chofes 
ne  font  que  des  marques  de 
foiblefTe.  Pourquoi  donc  me 
direz-vous  ces  gens-là  fe  ren- 
dent-ils les  maîtres  des  au- 
tres ?  Ceil  parce  que  les  au- 
tres n'ont  pas  le  courage  de 
réfilier.  Et  c'efl  parce  que 
vous  leur  conteftez  les  chofes 
dont  ils  fe  prévalent  par  dei'- 
fus  vous,  comme  la  gloire 
&  la  puiflance.  Mais  évitez 
de  combattre  fur  cela  con- 
tre eux ,  &  défendez- vous 
d'une  autre  manière  :  foû-i 
tenez  leur  arrogance  par  vo- 
tre modération  &  votre  dou- 
ceur î  leur  avarice  par  votre 
pauvreté  ;  leur  incontinence 
par  votre  chafteté ,  leur  en- 
vie par  votre  humanité ,  & 
de  cette  forte  vous  les  furmon- 
tereztous  facilement. 

V abandon  vous  injlrttira.   Le        91  é» 

délailTement  de  Dieu  eft  quel.  A>audoiins- 

03 


5)i7. 
Saints  delîrs 


45  8  DesHome 

ment  de  Dieu  quefois  pour  le  pécheur  une 
quelquefois  efpece  de  providence.  Car 
utile,  quand  il  voit  que  ceux  dont 

il  a  pris  foin  le  mépriTent  , 
il  les  délailTe  pour  quelque 
temps  ,  afin  que  fe  réveil- 
lant de  leur  affoupiiTement ,  de 
négligens  &  de  parefleux  ,  ils 
deviennent  foigneux  &  dili- 
gens. 

Comme  ceux  qui  ayant  de- 
mandé quelque  chofe  à  Dieu 
fourcedejoïe  avec  froideur  &  indifféren- 
ce de  recon-  ce  ,1*001  obtenu,  ne  reçoivent 
uoiflancç.  point  avec  beaucoup  de  fen- 
timent  cette  faveur  :  Au  con- 
traire ceux  qui  prient  avec 
ardeur  &  avec  inltance ,  font 
tellement  touchez  d'amour 
pour  la  grâce  qu'ils  fouhait- 
tent  5  qu'ils  la  goûtent  déjà 
en  quelque  manière  avant 
même  qu'ils  l'ayent  reçue  : 
•  parce  que  la  bonté  de  Dieu 
leur  en  donne  déjà  par  avance 
la  joye  &  le  fentiment ,-  &  les 
grâces  qu'ils  lui  en  rendent, 
les  mettent  en  état  de  rece- 
voir encore  plutôt  TefFet  de 
ce  qu'ils  ont  demandé. 

Si  par  malheur  nous  tom- 
bons en  quelque  péché ,  reve- 
|romptement  no^s  auflTi  -  tôt  à    nous  ,    & 
def«chûrcs.£3J^Qj^3   enforte  ,    que   notre 
chute  nous  foit  une  occafîon 
^c  rCireté  pour  l'avenir,   & 


pi8. 

Se   relever 


LI  ES 

tua.  Dei  ttaque  de" 
reli^lio  eftfpeciei  pro" 
videntU.  Quando. 
enim  qui  cmam  ge' 
rit  ,  contemnitur  9 
parum  dimittit  O* 
derelinquit ,  ut  tune 
exptdsâfocorâiâ ,  »e- 
ghgentei  fiant  dili- 
genttores, 

Quemadmodum  qui 
fegniter  V  ne^igen- 
ter  petunt  ,  etiam 
cùm  acce^erint ,  vix 
donationemfentiunt  s 
ita  qui  cum  intenfo 
jiurdio ,  &  vehementi 
animi  contentionepe" 
tunt  ,  etiam  priuf- 
quam  acceperint  eoe 
magna  CT*  pur  a  fua 
a-ffeélione  ,  perinde 
ac  fi  accepijfent  do" 
numfentiunti  divi^ 
na  eis  gratia  Uti» 
tiam  ante  immitten- 
te  :  zy  propterea 
agunt  grattas  ,  C9* 
ab  accipiendo  nonloft' 
ge  ahfitnt. 

Si  in  aliquodpeC' 
catum  inciderimm  , 
ad  NOS  cito  redea" 
mus ,  0*faciamus  ut 
lapfitsfit  occafio  fecu» 
ritatisy  &  argumtttz 


Sur    le 

t«m  C^  impul/îo  am- 
fUus  non  peccandt. 
Quomodo  ergofaciei  ? 
Habei  David  pr£ce- 
ptorem.  PeccaviJÏ*  , 
ne  dormias  mpecca- 
'0  >  fid  exttrge  ,  CT* 

qnod  Deus  à  te  fa- 
tient  averteritj  quod 
f'^ioblitusjîtideinde 
P'ora  ,  ingemifce  , 
lito  recède  ab  Us  qui 
cperantur  iniquita- 
tem.,.  Die  :  \}Ç- 
quequo  Domine 
oblivifcerismei  in 
Hnem  ?  Die  non  lin» 
giiâ  5  fed  corde  multo 
*inte  .  .  .  Ji  non  po- 
rtes ipjt  forte  compQ- 
nere  canticum ,  con^ 
voca  pauperes  ,  eo- 
rum  hnguas  commo- 
dato  accipe.  Sciai  Itt' 
bentius  ettm  id  audi' 
turum  ^  quàm  canti- 
cum Davtdicurn  quod 
au  pTo  te  cecinerent. 
In  Pfalm.  z^. 
Dem  alto  ftto  fttdi- 
cio  ^  defecreto  pic 
tatis  j  CiT*  dimtttit 
vialos  ut  probentur 
boni  i  O*  humiliât 
ionos  5  ut  pr^fentia 


S      PSEAUMES.  4Ji> 

comme  un  engagement  à  ne 
plus  pécher.  Comment  donc 
faudra-t-il  faire  ?  Vous  avez 
l'exemple  de  David  à  fuivre. 
Vous  avez  péché  j  ne  dormez 
pas  fur  votre  péché  ;  relevez- 
vous  auffi-tot  ,  &  penfez  fé- 
rieufement  en  vous  -  même 
que  Dieu  a  détourné  ^qs  re- 
gards de  vous  ,  &  qu'il  vous 
a  oublié  :  pleurez  enfuite  , 
gémiifez ,  &  quittez  la  compa- 
gnie de  tous  ceux  qui  vivent 
dans  l'iniquité.  Dites  à  Dieu  : 
Seigneur ,  jufques  à  quand  ntou- 
bUere:^vous  f  0*/era-ce  pour  toâ" 
jours  ?  Mais  dites-lui  ces  paro- 
les plutôt  du  fond  du  cœur, 
que  des  lèvres  :  Que  h  vous  ne 
pouvez  chanter  vous  -  même 
ces  fàints  cantiques ,  appeliez 
les  pauvres  pour  vous  aider 
à  le  faire  ,  empruntez  pour 
cela  leurs  langues ,  &  fçachez 
que  Dieu  écoutera  ce  qu'ils 
diront  pour  vous,  plutôt  que 
les  pfeaumes  de  David  que 
d'autres  pourroient  chanter* 

Dieu  par  un  confeil  impéné-       pip; 
trahie  de  fa  juftice,  &  un  fecret    Pburquoi 
admirable  de  fa  bonté ,  laiife  ^^".  ^^Jfle 
quelquefois  agir  les  méchans,  '*°i""»«''  I*"? 
afin  d'éprouvEr  les  bons  ;  &  i^," ^'^^  ^''' 
humilie  les  bons ,  afin  de  les  * 

empêcher  de  mettre  leurefpC' 


910. 


460  Des     Homel 

rance  dans  les  biens  prélens , 
&  les  portera  confiderer  avec 
une  foi  plus  vive  les  éternels. 
Dieu  donne  ici  les  biens  & 
Ne  "regarder  aux  bons  &  aux  médians  j 
que  l'erriii-  mais  un  jour  il  ne  donnera  des 
5^«  biens  qu'aux  bons ,  &  aux  mé- 

chans  des  maux  fans  Hn.    Ne 
vous    attachez  donc   pas  au 
temps  5  mais   avancez  -  vous 
fans  cefle  vers  l'éternité. 
'p^ï;  Les  richeifes  de  ce  monde 

Raiion  de  la  font  indifféremment  données 
difpenfation  &  aux  bons  &  aux  méchans: 
des  biens  teir-  Dieu  les  donne  aux  méchans 
porels   aux    ^^^^  ^^y'jj^  n'ayent  aucun  pré- 

^Thans  ^"^  ^^^^^  ^^  murmurer  contre  lui  ; 

mec  ans,  ^  q^^nd  il  ne  Ips  donne  pas 
aux  bons ,  c'eft  afin  qu'ils  n'at- 
tendent de  lui  que  les  biens  de 
l'éternité ,  qu'ils  le  fervent  ici 
gratuitement ,  &  qu'ils  n'el- 
perent  rien  de  temporel.Qiiel- 
quefois  auin  il  ne  donne  pas 
les  biens  temporels  aux  mé- 
chans 3  afin  de  les  humilier  par 
la  pauvreté  ^  &  il  les  donne  aux 
bons  afin  d'apprendre  aux  mé- 
chans comment  on  peut  en 
bien  ufer.  Ainfi  il  donne  les 
biens  de  la  terre  &  aux  bons 
&  aux  méchans  j  mais  il  ne 
fe  donne  jamais  lui-même 
qu'aux  bons. 
'*•  ^ous  aoe:^  repris  t homme  CT* 

Pourtiuc^  tave\^  Mis  à  caafi  de  fin  hfz 


lES 

bona  nonfperent ,  feà 

xterna  credant. 

Ulc  bonis  O*  ma* 
lis  Deus  dat  bona  ; 
ibi  autemfolis  bonis  • 
bona  ,  &  malis  ma^ 
la  perpétua.  Nolite 
temporales  ejje ,  fed 
ad  aternitatem  fror 
ficite. 

In  Pfalm.  35; 
Divitiie  ifîités  feculi 
bonis  tnalifque  funt 
communes.  Dat  illas 
Deus  malis ,  ut  non 
habeant  quid  de  Deo 
queri  :  item  non  dat 
illas  bonis  ,  ut  ater- 
na  bona  de  Deo  fpC' 
rent  j  CT*  non  propter 
aliquod temporale  co' 
lant  Deum  ,  fedgra" 
tis.  Item  non  illas 
dat  malis  ,  ut  pau- 
pertate  humiUentur  : 
CT»  dat  eas  bonis  , 
ut  dlntformam  ma^ 
lis  quomodo  utantut 
bonis.  Erga  dat  ijla 
tomporalia  bonis  0* 
malis  y  fed  fe  non 
dat  niji  bonis. 

In  Pf.  sS.Inin- 
crepationibusproa 


Sur    le 

pter  iniquitatem 
corripuifti  homi- 
nem.  Fortaffe  quidem 
dieu  propter  tniqm- 
tatem  ,  CT*  fortaJJ'e 
etiam  ^  juxta  aliam 
verJîonentyuXtvdi'mi- 
quitatem  :  hoc  ejt 
cafligationem  intulit 
ultra  modtêm  pecca- 
torum.  Nam  facit 
Deus  ut  tentationum 
pars  fit  quUem  ad 
noftra  expianda  pec- 
cata  j  pars  auiem  cé- 
dât in  occajtonem  co- 
ronarum  Vpr<tmio' 
rum. 

In  Pfalm.  3^. 
Multiplicata  funt 
fupei  capiilos  capi- 
tis  mei . . .  Ne  om- 
nino  byperbûlicè  di- 
flum  ejje  intelliga- 
fnus  ,  qttoniam  vel 
ignorantes  muîtapec- 
cata  committimus  ; 
qi*in  etiam  una  qno~ 
Que  aSliQ  in  multa 
dividitur  peccata. 

In  Pfalm.  40. 
Beatus  qui  intelli- 
git  fuper  egenum 
&  pauperem  j  hoc 
efl  qui  intelligit  quod 
Chrifiits  çàm    dives 


S      PSEAUMES.  4^1 

quîte.  Une  autre  verfion  porte  Dj>u  punît  fi 
au-delà   de  fon   iniquité.    C'ôft-  rigoureufc- 
à-dire  ,  que  Dieu  étend  quel-  J"^'"  ^^*  i^' 
quefois  Tes  châcimens  par  def-       * 
fus  la  mefure  de  nos  péchez  ; 
afin  qu'une  partie  de  ces  châ- 
timens  nous  fervent  à  les  ex- 
pier j  Se  que  l'autre  contribue 
a  nous  procurer  des  couron-» 
nés  &  des  récompenfes. 


pe- 


Mei  péchey^fe  font  multlpliey       PS?» 
au-delà  du  nomhre    des    cheveux  .    ^i^l/iti.cîe 
dematefe,  II  ne  faut  pas  croire  J|;"°^^'b^'^bie 
que  cela  (oit  dit  par  hyper-  chez 
bole.  Puifqu  il  eft  certain  que 
nous  commettons  même  par 
ignorance  une  infinité  de  pé- 
chez j  outre  que  fouvent  une 
feule  aftion  mauvaife  en  con- 
tient plulieurs  difFérens. 


Bienheureux    celui    qui    corn"        '9Xx'. 
prend  bien  fes  devoirs  à  t égard  Regarder  Je. 
des    pauvres    O*     des    indigens.  sus-Chki«.t 
C'eft-à-dire ,  qui  conçoit  que  ^^"^  '"  T-*"- 
JESUS-CHRIST     étant  ^'"' 

riche  s'eft  fait  pauvre  ,  afia 
<i4  iJJ 


4^i  Des    Home 

que  nous  cuflions  pitié  des 
pauvres  comme  étant  les  frè- 
res de  notre  créateur  &  de  no- 
tre juge. 


93  f-  Ne    nous   attachons  point 

On  trouve  d'affedion  à  aucune  àcs  cho- 


•tout  dans  l'a 
mour     de 
Djeu. 


les  qui  n  appartiennent  qu  a 
cette  vie  ;  afin  que  notre  a- 
mour  pour  Dieu  demeure  pur 
&  en  fon  entier ,  &  ne  foit 
point  afFoibli  dans  notre  coeur 
j)ar  aucun  partage.  Ce  divin  a- 
mour  eft  fi  riche  qu'il  efl  ca- 
pable de  nous  procurer  toute 
forte  de  gloire  &  d'abondance. 
Tâchons  d'acquérir  cesrichef- 
fes,  &  nous  n'aurons  jamais 
befoin  d'autre  chofe. 
ç^é.  Comme  ceux  qui  en  dor- 

On  n'eft  ici  mant  fongent   qu'ils   ont  de 
riche   qu'en  grandes  ncheffes  ,  jufqu'à  fe 


fcnge. 


figurer  qu'ils  pofledent  des 
tréfors  de  Roi,  fe  trouvent 
très-pauvres  à  leur  réveil.:  Il 
en  eft  de  même  de  tous  les 
hommes  quelques  riches  qu'ils 
puiflent  être  durant  cette  vie  : 
puifque  ne  pouvant  à  leur 
inort  emporter  leurs  biens  ,  ils 
ne  font  riches  qu'en  fonge,  & 
font  pauvres  en  effet.  Si  donc 
vous  me  voulez  faire  voir  que 
quelqu'un  eft  riche ,  montrez- 
le-moi  tel ,  loffqu'ii  fera  ré- 


LIES 

e/fet^  iieo  paupet  fa" 

Ôfts  eft  3  ut  nos  cjhO' 

que  patiperum    tan-^ 

quant  noftri    opificis 

ac   judicfs  fratrum 

mifereremur. 

InPfalm.  4i.?Ci- 
hil  amemus  eoritm 
qutt  ad  banc  vitam 
pertinent  ,  ut  divi- 
nus  amor  nohis  purus 
maneat  V  integer  y 
CT"  ne'  dtvifus  fiât 
imheuliior.  H<e  divt- 
tU,  omnes  diutias  3 
omnemgloriamy  om- 
nem  claritatem  nobis 
largiripoterunt.  Bas 
ehtineanjus  (y  nuUa 
alla  re  egebtmus. 

In  Pfalm.  43. 
Quemadmodum  qui 
in  fomnisjîhi  vidtn- 
tur  habere  pecunias  , 
Ucetft4erintregi<e  ga- 
:^<É  Domini  ,  cum  dies 
Hluxerit  ,  fnnt  om- 
niumpauperrimi:  ita 
etiam  in  vita  pr(t^ 
fenti  ,  qui  mhil  illnc 
attferre  potuerit  j  eft 
omniHtnpattperrimuf^ 
licet  omnia  pojjiderit , 
infomnis  enimfoltirn 
efl  dtves.  Si  veiis 
trgo  mihi  ofteodere 


àiz>Uem  5  tune  mi^hi 
eftende  quando  fuerh 
aies  5  quando  in  illam 
patriam  recejjerimus; 
nunc  autem  non  pote- 
ro  difcernere  dtviiem 
Çy  pauperem.  Non 
e/i  enim  rernm  vert- 
tas  yfed  potiits  /plen- 
dida  er  fpeciofa  VO' 
cabiiU. 

Sicutvita  immun^ 
da  eJJ  impedimenta 
qttomintii  /piritualia 
cognofcantur ,  m  di- 
cit  Paulm  ;  .  .  .  iia 
etiam  vita  munda 
deaucit  ad  qu<erendi 
Jitidiam  .  .  ,  Quando 
autem  O*  affiduitas 
V  fpiritalié  petitio  , 
O*  pura  vita  adfue- 
rit ,  quanta  erit  ac- 
cip^endi  facilitas  ? 


In  Pfalm.  4^. 
Pfallite  fapienter; 
id  efl  non  voce  tan- 
tùm  y  fed  etiam  fa* 
éiis  i  non  lingua  tan- 
tùm  ,  fèd  vita. 

In  Pfalm.  48.  Efl 
extrême  amenti<e  ti' 
mère  ^m*  non  funt 


ES      PSEAUMES.  46^ 

veillé  du  fommcil  de  cette  vie , 
lorfque  le  grand  jour  fera  ar- 
rivé ,  lorfque  nous  ferons  de 
retour  dans  notre  véritable 
patrie  :  Car  à  préfent  il  m'eft 
impoflible  de  difcemer  les 
vrais  riches  d'avec  les  pauvres. 
Les  chofes  ne  fe  voyent  point 
ici  dans  la  vérité  ,  &  elles  ne 
fe  montrent  que  fous  des  noms 
apparens  &  des  titres  fpé- 
cieux. 

Comme  l'impureté  de  la  vie       p  5  7. 
nous  empêche  de  pouvoir  con-  L^  benne  vi< 
nokre  les  chofes  fpirituellcs;  J°^"^"  f  ^* 
félon  le  témoignage  de  l'A-  i;^'  °"'^=^"' 
pôtre;  la  pureté  delà  bonne 
vie  au  contraire  nous  porte  à 
les  rechercher.  Lors  donc  que 
nous  ierons  aflidus  à  cette  re- 
cherche j  que  nous  les  de- 
manderons à   Dieu  par    des 
prières  fpirituelles  ,   &  que 
nous  y  joindrons  une  vie  chré- 
tienne ,  a  ne  faut  pas  douter 
que  nous  ne  les  obtenions  avec 
une  très-grande  facilité. 

FfaImodie:^avecfageJj'e.  C'eft-         PB^* 
à-dire,  ne  priez  pas  feulement  Accordîr  fis 
de  parole ,  mais  d'adion  -,  &  ^f^'°"^'  ^  ^^* 
non  pas  fîraplement  de  la  lan-  P*'^°'^^* 
gue  *  mais  aulTi  de  la  vie. 


9^9' 


C'eft  une  grande  folie  d'ap 
préhender  ce  qui  n'eft  point    No  crainc 
a  craindre  j  &  de  fè  moquei  1^'^  ^'  ^•'^' 
Q3  "^J 


lire 


454  Des    Homélies 

de  ce  qui  mérite  d'être  craint. 
Ceft  la  différence  qu'il  y  a  en- 
tre les  hommes  raifonnables 
Se  les  enfans  ;  car  les  enfans 
appréhendent  les  perfonnes 
mafquées ,  &  ne  craignent  pas 
de  frapper  leur  père  Sl  leur 
mère:  Usfe  jettent  dans  le  feu 
&  touchent  aux  fiâmes  des 
iampes  ardentes  fans  crainte 
de  fe  briller ,  &  ils  ont  peur 
des  moindres  bruits  qui  ne 
peuvent  leur  faire  aucun  mal. 
Mais  les  hommes  n'appréhen- 
dent rien  de  toutes  ces  chofes. 
Comme  donc  il  y  en  a  plufieurs 
entre  les  hommes  quifont  plus 
fous  &  moins  raifonnables 
que  des  enfans  j  le  Prophète 
nous  apprend  ce  qui  eft  véri- 
tablement à  craindre  ;  &  il 
nous  fait  voir  que  ce  n'eft  pas 
ia  pauvreté ,  ni  la  honte ,  ni  les 
maladies  ,  ni  tous  les  autres 


maux  temporels,  gui  paroif- 
lent  aux  hommes  n  formida- 
bles ;  mais  feulement  le  péché. 
Que  craindrai' je  y  au  jour  mau- 
vais  3  Jîmn  Pimquite  qui  me  fui' 
vra? 
5)'40i  I-es  prières  des  Saints  font 

Prières  àes  très  puilïàntes  pour  nouspro- 
S^ints  utiles  à  curer  des  grâces  -,   mais  c'eil 
qui  s  ai-  quand  vous  les  aidez  de  votre 
part.   Ainfi  quand  S.  Pierre 
relTiifçita  Tabithe ,  il  ne  fit  pas 


ceux 
dsnt 


tij^enda  i  ea  verô  rf" 
dere  qu£  jure  timen" 
da  funt.  In  hoc  hc 
mines  à  pueris  àijje* 
runty  quoàhi  quidtm 
perfonas   tintent    €7' 
hommes  faccis  indu- 
tes  5   patrem  autem 
vel  matremcontume' 
lia  ajjicere  mhil  ejfe 
exipimant  ;    CT*    tn 
irnem  quidem  CT*  lu- 
ternas  ardentes  in/f' 
liunt,  flrepitus   au-- 
tem   quofdum  vanos 
pertimefcunt.      Firi 
autem  mhil  illorum 
curant.      Quia  er^a 
multi  funt  pueris  JnU 
tiares  >  dicit  Prophe" 
ta     quanam   timere 
oporteat  ijion  ea  qu^ 
multis  vîdentur  ter», 
rihilia  ypaupertateMy 
i^nominiam  CT"  wo^- 
hum . .  .fedfolumpec- 
catum  :  Cur  time- 
boindiemaIa?ini- 
quitascalcaneimei 
circumdabit  me. 

Marnas  vires  ha* 
hent  Sandorum  pre- 
ces ,  quando  tu  quo» 
que  eis  auxiUum  tu- 
leris.  Ita  quippe  Pc- 
trtts  fufcitavit  Tha* 


Sur    l 

hitham  non  folitm 
cratione  fua  ,  Çeà 
etiam  illius  eleemo- 
fyna. 

Pretiam  anime 
non  ej} ,  ne  univer» 
fus  qHtdem  mundus. 
....  Redempturus 
eam  unigenitus  non 
mundum  dédit  ,  fed 
/t4um  preciofum  fan- 
gmnem,  Quocirca,  di' 
cebat  Paulf4s  :  Pretio 
emptieftis,nolire 
iîeri  fervi  homi- 
num.  ndifit  ma- 
gnitudinem  pramii. 
Quando  ergo  eam 
tanti  emptam  perdf 
deris ,  quomodo  pote- 
ris  eam  deinceps  ems- 
te  ?  Chrifins  enim  à 
mortuis  fu/citatus  , 
non  amplius  mori- 
tur. 

Conjîdera  quant o 
fît  melius  cùm  hic 
parum  lahoraveris 
requiem  £ternam  af- 
fequi  j  quàm  cùm  hîc 
parum  indulferts  , 
perpétua  crtéciari. 


Qui  reSlè  faSlis 
gloriaturiÇp'regnum 


notre  anie* 


ES      PSEAUMES:  46^ 

feulement  ce  miracle  par  la 
force  de  fa  prière ,  mais  encore 
par  la  vertu  des  aumônes  de 
cette  veuve  fi  charitable. 

Tout  le  monde  ne  vaut  pas        st^x. 
le  prix  de  notre  ame.    Auffi  Rien  dans  le 
notre  unique  Rédempteur  n'a  monde    de 
pas  donné  le  monde  pour  la  «^«'"P^^^^ble  à 
racheter  ,    mais    fon   propre 
fang.  Ce  qui  faifoit  dire  à  S. 
Paul  :  Ajant  été  racf7ete:^d'un  fi 
grand  prix  j    ne  vous  rende-i^  Pas 
efcîaves  des  hommes.  Si  donc  il  a 
fallu  un   tel  prix  pour  la  ra- 
cheter une  fois ,  comment  la 
pourrez- vousracheter  de  nou- 
veau ,  fi  vous  êtes  alTez  mal- 
heureux pour  la  perdre  ?  Car 
JESUS-  Christ  ne  meurt  plus  , 
après  être  une  fois  relfufcité 
de  la  mort. 


Confidérez  combien  il  vous       9^1» 
eft  meilleur  d'entrer  dans  un  ^«"u  inhaî* 
repos  éternel .  après  avoir  ici  '"f'?^   prêter 
travaillé    pour    un     peu     de  ^^^^^  *"  ^*''^ 
temps ,  que  d'être  éternelle- 
ment tourmenté ,  après  avoir 
pris  vos  aifes   &  vos  plaifirs 
dans  le  court  efpace  de  cette 
vie-  ^         P43. 

Celui  qui  met  toute  fa  gloi-    More  douce 
re  5ç  tout  fon  plaiiir  à  bien  fai-  aux  j  uilcs* 


acctfftendas 


1^66  De  s  Homélies 

TC  ,  &qui  attend  tous  les  jours  quotidie  expeflat  l 
le  royaume  de  Dieu  ,  ne  fera  quahdo  viderit  mot' 
point  en  inquiétude  quand  il  tem  fnam  ante  oci*' 
le  verra  près  de  mourir;  parce  los»  non  angitur  ut 
qu'il  n'ignore  pas  que  pour  muhi:fcitenimmor' 
ceux  qui  ont  bien  vécu  ,  la  tem  in  qui  re£ie  vi- 
mort  n'eft  qu'un  paflage  à  une  xeruntyejfetranjîtum 
meilleure  vie  ,  &  une  voye  admeliora^^  cur- 
pour  arriver  aux  couronnes 
que  Dieu  lui  prépare. 
^44.  La  vertu  nous  fait  joiiir  , 

Utilité  de  la  avant  même  que  d'obtenir  les 
vertu   même  récompenfes   éternelles  ,    du 

plaifir  incomparable  de  la  bon-  ronas  non  parva  vo- 
nt confcience,  &  de  l'efpoir  luptate  fruaris  ;  ut 
du  bonheur  futur.  e?*  qui  honam  tecum 

circumferas  confàen- 
tiam  ,  C  hona  fpe 
in  poflerum  erigarii. 
In  hac  quidem  vi- 
ta  mon  adveniens 
folvit  calamitates  , 
C^  amici  confolantesy 
CT*  finis  qui  expeâa' 


pour  cette 
.vie 


fum   ad 
coron  as. 

In  Pfalm.  4p. 
Virtits  facit  .  .  .  ut 
etiam  ante  illas  co' 


^4^.  Les  affligions  de  cette  vie , 

Horrible  état  OU  fîniffenc  par  la  mort ,  ou 
ie&  damnez,  font  foulagées  par  la  confola- 

tion  de  nos  amis ,  ou  s'effacent 

par  la  viciiïitude  des  chofcs 

du  monde  ,  ou  palfent  avec  le    tur  ;  f^pe  etiam  dith- 

temps,  ou  s'amoindriffent  par   turnitastemporiimol- 

la focieté  de  ceux  qui  IbufFicnt    Ut     pertutbationem 

les  mêmes  peines.  Mais  il  ne 

fe  rencontrera  rien  de  fembla- 

ble  dans  l'enfer.  Là  ,  il  ne  fe 

trouvera   perfonne   qui    nous 

confole,  &  l'on  fera  comme 

dans   un  affreux  defert  &  a- 

bandonné  de  tous  fcs  amis.  Là, 

la    longueur    du  temps   n'a- 

doudra  jamais  la  douleur  ^ 


ammt  ,  ac  habere 
arumnarum  focios» 
In  inferis  autem  ni- 
hil  eftejufmodi.  ATt- 
que  enim  efl  aliquis 
qui  confoleiur  ,  fed 
efl  folitudo  maxima. 
amtcorum.  Non  /o«- 
gitudo  temporis  mollii 


Sur    le 

Joîorem  :  quomodo 
enim  cum  flamma 
ptrf)etuo  impendeat? 
Nonfpes  liberattonisi 
«/?  enim  sternum fup- 
fîicium.  Non  mortis 
expeélatto  i  funt  enim 
etiam  qu£  pitniuntur 
eorpora  immort aU a, 
"Nec  ajfert  foUtium 
quod  videantur  alii 
puntrt,  Primiim  etiim 
non  poffunt  videri 
qui  puniuntur  ,  cùm 
tenebrt  ocuUs  cali- 
ginem  ejfundant.  De- 
inde  magniiudo  dolo- 
ris  ne  finit  quidem 
ndmittere fenf»m  IjH' 
jus  confoUtionis. 

MuUl  non  ex  iis 
folùm  qu£  anima  con- 
ceperutit ,  femnt  de 
rébus  agendis  fenten- 
tiant ,  fed  etiam  ab 
aliorum  tnfiituto  cor- 
rupti.  Si  qm  pecca- 
vit  ziderit  omnes 
averfantes ,  exiflima- 
lit  fe  aliquod  faci- 
nui  admifijfe.  Quan- 
db  autem  vident  non 
folum  alios  ob  fuum 
peccatum  non  indi- 
gnantes i  fed  etiam 


s      PSEAUMES.  4^7 

puifque  les  fiâmes  la  renou- 
velleront à  tout  moment  :  Là , 
il  n'y  aura  aucune  erpérance 
d'être  délivré  de  l'afflidion  , 
puifque  les  fupplices  n'auront 
point  de  fin  :  Là  ,  l'attente  de 
la  mort  fera  inutile  ,  puif- 
que les  corps  mcme  qui  y 
font  punis,  feront  immortels: 
Là  ,  les  compagnons  du  mal- 
heur des  damnez  ne  leur  ap- 
porteront aucune  confolation: 
parce  que  l'épaifleur  des  ténè- 
bres dont  ils  feront  couverts 
neleu^ermettrapas  de  s'en- 
tre-voir  &  s'entre  -  connoître  ; 
&  que  quand  même  ils  fe  ver- 
roient ,  ils  feroient  incapables 
dans  l'excès  de  leurs  tourmens 
d'être  touchez  du  fçntiment 
d'aucune  confolation. 

Plufieurs  ne  jugent  &  n*a- 


94^' 


eiffentpas  tant  par  leurs  pro-  ^OMtt  hver-^ 
près  fentimens,  que  par  les ;^;^^^^"^« l*' 
faulTes  opinions  &  les  fen- 
timens dépravez  des  autres. 
Ainfi,  lorique  celui  qui  fait 
mal  voit  que  les  autres  con- 
damnent fonadion,  ilfe  per- 
fuade  qu'il  a  fait  un  crime  : 
Mais  s'il  voit  au  contraire 
qu'au  lieu  d'avoir  de  l'aver- 
fion  &  de  l'indignation  pour 
ce  qu'il  a  fait ,  les  autres  y  ap- 
plaudilfentSc  le  flattant;  que 
ne  fera- 1- il  point  capable  de 


463  Des    Home 

faire  ?  Comment  fe  condam- 
nera-1- il  lui-  même  ?  Et  quand 
mettra-t-il  fin  à  des  péchez 
qu  il  voit  qu'il  peut  commet- 
tre impunément  ?  Et  en  efter, 
fi  le  vice  ,  lors  même  qu'on 
!e  reprend ,  eft  fi  hardi ,  &  fi 
la  vertu  quelques  louanges 
qu'on  lui  donne  a  fi  peu  de 
force  pour  exciter  les  hommes 
à  embrafler  les  travaux  auf- 
quels  elle  oblige  ;  qu'arrive- 
ra-t-il  fi  l'on  manque  à  blâmer 
Tun  &  à  loiier  l'autre  i^ 

^47.         Dieu  n'a  pas  befoin  que  l'on 
Zele  à  cor-  vange  Tes  injures  j  &  cepen- 
iriger  les  pé-  ^ja^t  il  veut    VOUS  employer 
cheurs.  ^  ^ç  myftere  ,   afin  de  vous 

empêcher  de  tomber  dans 
les  mêmes  fautes  ,  afin  que 
la  chaleur  dont  vous  ferez 
animé  pour  la  gloire  ,  vous 
rende  plus  tempérant  &  plus 
inodcré  en  vous  -  même  ,  & 
que  vous  témoigniez  votre 
pieté  envers  lui  par  l'ar- 
deur de  votre  zele  pour  fon 
honneur.  Et  en  effet  ,  fi  en 
voyant  pécher  quelqu'un  vous 
paflez  outre  fans  le  reprendre , 
&  lui  témoigner  combien 
vous  défapprouvez  fon  aftion  ; 
vous  en  devenez  vous  -  même 
plus  négligent ,  &  plus  difpo- 
îe  à  tomber  dans  le  péché>  £t 


LIES 

facile  &  placUt  fi' 
rentes  ,  atqtte  adeo 
hlandientes  C?*  ap' 
plaudentes.  Quidnon 
audebît  ?  Quandoau" 
tcm  feipfum  condem* 
nahit  y  O'fecurèpec 
cure  cejjabit  ?  .  .  . . 
Jî  enim  Vel  repreheft- 
fum  vitium  adeo  z-i- 
gei  ,  CT*  laudata  vir' 
tus  vtx  ad  ftios  fudo- 
rei  prcvocat  ?  Quid 
erhfihoc  nonf^um 
fuerit  ? 

Deui  non  hahet 
opui  uhore  inittria- 
Tumfuarum  ifed  ta- 
men  vult  te  hujus 
rei  ejfe  minîj}r»m  3 
ne  in  eadem  incidas  , 
dum  aliis  fuccenfes 
ejfe6îtêi  temperantioty 
ut  ex  eo  tuam  in 
Deumpietatem  cjïen- 
das.  Qtiahdo  enim 
cùm  alim  peccarh 
pratercurreriSi  neque 
reprehenderis ,  nequt 
£grè  tuleris  ,  ani- 
mum  tttum  négligent 
tiorem  C?*  ad  cafmn 
proniorem  effîcis  s  il^ 
lum  autem  import  un  n 
hac  gratin  non  [évi- 
ter affendis ,  ejfiiicm 


Sur    le 

ut  in  futttro  fit  gra- 
vior  ei  reddenda  ra- 
tio »  CT*  adpr<efdntia 
enm  reddens  fegnio» 
nm. 


Sclendum  efl  quod 
etiam  fi  quU  maie- 
dicat  in  re  cujus  nos 
tion  condemnat  con- 
fcientia  ,  non  eji  pro- 
pterea      contemnen~ 
dus  accufator  propter 
damnitm  quo  te  ajjîm 
cit  ;  fedomnia  facien- 
da  funt  cum  ea  qua 
par  ej}  cautione  ,  ut 
tollas  injuflam  occa' 
fionem.  Ideo  Paulus 
mhtebat  mttltos  datis 
pecuniis  qui  ajf errent 
alimenta  pauperiùus  : 
Ne  quis  nos  vitu- 
peret  inhacabun- 
iiantia  qiise  inini- 
ftratur  à  nobis.  Ne- 
que  enim  hoc  dejpe* 
xit  quod  Videhat  fu- 
turum  ut  maie  ojfen- 
derentur.    Sed  quo- 
m<fmerat  inejmpo' 


S     PSEAUMES.  46^ 

à  fon  égard  cetfe  faufle  faveur 
&  cette  complaifance  trom- 
peul'e  eft  une  dts  grandes  in- 
jures que  vous  lui  puifllez 
faire;  puifque  vous  aggravez 
le  compte  qu'il  en  doit  rendre 
un  jour  à  Dieu  j  &  que  durant 
cette  vie  vous  contribuez  â 
accroître  fa  pareiie  &  fa  né- 
gligence dans  raccompliife- 
ment  de  fes  devoirs. 

Lorfque     quelqu'un     nous      '^48;^ 
charge  d'injures  en  des  chofes    oter  autant 
oii   notre  confciçnce  ne  nous  qu'il  fe  peut 
condamne  point  ,    il  ne  faut  fo"^  prétexta 
pas  pour  cela  méprifer   celui  ^-  Scandale. 

qui  nous  blâme  &  le  regarder 

comme     une    perfonne    qui 

nous  fait  injure  :  mais  il  faut 

plutôt  faire  tout  notre  pofli- 

ble  pour  lui  oter  ce  prétexte  , 

&  ne  lui  pas  lailFer  l'occafion 

de  nous  maltraiter  in  juftement. 

Ceft  pour  cela  que   S.  Paul 

donnoit  commilïion    à    piu- 

fieurs  enfemble  de  porter  l'ar- 
gent que  les   fidelles   defti- 

noient  à   la  fubiiitance    des 

pauvres  :  De  crainte  ,   dit  ce 

grand  Apôtre  ,  que  quelqu'un 

ne  nous  (oupçonne ,  G?*    ne    noui 

blâme  dans  l'emploi  de  ces  aumo" 

nés.  Car  encore  qu'il  vit  fort 

bien  qu'ils    ne   fe  pouvoient 

fca nd alizé r  que  mal  à  propos, 

il  ne  négligea  pas  néanmoins 


470  Des    Home 

la  chofc  j  mais  il  voulut  au- 
tant quil  étoit  en  lui,  aller 
au-devant  des  prétextes  que 
les  autres  pourroient  prendre 
de  s'en  ofFenfer,  &  ainfî  il 
pourvoit  par  fa  prévoyance  au 
ialut  de  ceixx  qui  en  auroient 
pu  être  fcandali(ez. 
94P«  Quand    le  mal    d'omettre 

Quand  il  faut  un  bien  eft  plus  grand  ,  que 
mépriler  le  |e  fa^ut  Je  celui  qui  fe  fcan- 
fcandaleouy  ^j^iif^  ^  alors  on  peut  mépri- 
avoir  égard,  ^^^  ^^  ^^^^  fcandale  ;  mais  fi 
c'eft  le  contraire  ,  il  n  eft  pas 
à  propos  de  le  méprifer.  Voi- 
ci donc  une  régie  générale 
qui  nous  peut  apprendre  , 
quand  on  doit ,  ou  qu'on  ne 
doit  pas  méprilér  ceux  qui  fe 
fcandalilent  ;  Par  exemple ,  les 
Juifs  s'otfenfoient  de  ce  que 
S.  Paul  n'obfervoit  pas  les 
cérémonies  de  la  loy  ,  &  ce 
prétexte  éloignoit  des  mil- 
lions de  perfonnes  de  la  foy. 
Que  fait  fur  cela  ce  grand 
Apôtre  ?  Pour  remédier  à  ce 
fcandale ,  parce  que  le  falut 
d'un  fi  grand  nombre  d'ames 
étoit  préférable  à  tout  le  refte, 
il  ne  voulut  pas  paroître  re- 
jetter  les  obfervances  de  la 
loi.  Mais  quand  en  une  autre 
occafion  il  s'en  trouva  qui 
s'ottenferent  qu'il  préchat  un 
Crucifié,   alors  comme  l'o- 


L  I  E  s 

teftate  ut  fcandahm 
folveretur ,  eis  quo' 
que  qui  offendeb449 
tur  profpexit. 


Sifrerit  dammm 
majm  falute  ,  cott" 
temne  eum  qui  ojfen- 
ditur.  Sin  minus  ne 
contempferis.  Hoc  e-^ 
nim  fit  générale  de* 
cretum  CT*  régula  do' 
cens  quando  oporteat 
contemnere  eos  qui 
ojfenduntur,0'  quan- 
do non.  Ferbigratiay 
offendebantur  ^»d£i 
quod  Paulus  legem 
non/ervareti^  pro. 
pterea  multa  millia 
refiliebant.  Quid  er- 
gofacit  ?  P^olens  me- 
deri  ojfenftoni  (  ma- 
jor  enim  erat  faltts 
tôt  milliumy  )  tune 
prolnbuit  opendere 
quod  legent  non  Jer- 
varet.  Quod  autem 
maJHS  erat  ,  rurfi^s 
ojfendebantuT  quod 
crucifi}ium  pr^dica- 
ret.  hîc  contempfit 
eos  qui  ojfenddantuï) 


Sur    l 

tnajui  enim  lucrum 
pr^dtcatioms.  SimVi 
modo  fe  geffit  Chri- 
fus. 


Aliquam  tihy  fe- 
cit  ,  tnquis ,  inju- 
riant.  Sed  eut  te  ip' 
fum  injuria  quoque 
AJjîcis  ?  Qui  enim  fe 
vindtcat  ,  fetpfum 
enfe  petit.  Si-  vis  O* 
te  ipjum  bénéficia  af- 
jicere  ,  CT*  illt*m  hene 
ulcifci  ,  benedicas  de 
eo  qui  tibi  fecit  in- 
juriam  :  ita  faciès 
ut  mttlti  Jînt  pro  te 
accufatores  ejus ,  O* 
ipfe  magnam  merce- 
_dsm  acctpies,  Sta  au» 
tem  maledicas  »  ne 
fides  quidem  ttbi  ha- 
bebitur ,  ut  qui  ini~ 
micitigrumfufpicione 
labores.  Quare  Jfu' 
dium  tuum  tibi  ver- 
titur  in  contrarium. 
1h  enim  volebas  bo- 
nam  ejus  famam  e- 
vertere  ;  contra  au- 
tem   accidit    :    per 


ES      PSEAUMES.  471 

mi/llon  de  ce  devoir  eût  été 
d'une  plus  dangereufe  confé- 
quence  ,  que  ce  fcandale ,  il 
méprifa  ceux  qui  s'en  cho- 
quoient ,  à  caufe  du  grand 
avantage  que  les  autres  ti- 
roient  de  fa  prédication.  JE- 
SUS-CHRIST  en  ufa  aulli  de 
la  même  forte. 

Vous  dites  qu'on  vous  a  fait  ^^0^. 
une  injure  :  faut-il  que  cela  Dire  du  bî^ 
vous  oblige  à  vous  en  faire  <^«,  ^,^^'>^  S"J 
une  autre  à  vous-même  ?  Car  ^""édifent  de 
celui  qui  fe  vange  fe  perce  de  "°"^* 
fa  propre  épée.  Si  donc  vous 
voulez  tout  enfemble  &  vous 
faire  du  bien  à  vous  -  même  , 
&  vous  bien  vanger  ,  dites  du 
bien  de  celui  qui  a  dit  du  mal 
de  vous.  Vous  vous  attirerez 
par  ce  moyen  plufîeurs  défea- 
feurs  5  qu!  blâmeront  Tinju- 
ftice  de  celui  qui  vous  aura 
maltraité,  &  vous  obtiendrez 
de  Dieu  en  même  temps  une 
très-grande  récompenfe.  Que 
il  au  contraire  vous  allez  dire 
du  mal  de  lui ,  on  ne  vous  en 
croira  pas  dans  le  jufte  foup- 
çon  qu'on  aura  que  ce  n'efl 
que  par  animofitc,  que  vous 
en  parlez  ainfi  :  De  forte  que 
la  chofe  aura  un  effet  touc 
contraire  à  votre  deflein. 
Vous  vouliez  détruire  fa  ré- 
putation ,  mais  il  falioit  pour 


47*  Des    Homel 

cela  prendre  une  voye  toute 
oppofée  :  &  ce  n'eftoit  que 
par  des  loiianges  ,  &  non  par 
des  médifances  que  vous  y 
pouviez  réuffir.  Et  en  effet , 
en  parlant  contre  lui  ,  vous 
n  avez  fait  autre  chofe  qu'at- 
tirer fur  vous  une  plus  grande 
ignominie  ,  &  les  traits  de  vo- 
tre langue  n'ont  pu  entamer 
votre  ennemi. 
9«(i.  La  longue  habitude  dans  le 

Funeftes  ef-  vice  couvre  l'ame  de  ténèbres, 
fets   d'une     j^  j-gj^j  infenfée  &  lui  ôte  en- 
mAuvAifeha.  tièdement  la  lumière  de  l'in- 
telligence. 

'952.  Qm^  Ï^  j"^^  "2  s'endorme 

Ni  le  jufte  pas  dans  la  négligence -,  &  que 
ne  doit  trop  le  pécheur  ne  le  décourage  pas. 
s'aflûrer  ,  ni  Carie  mépris  &  l'abandon  de 
b  pécheur     foj.n^éme  eft  également  dan- 
*^  gercux  a  1  un   Ôc   a  lautre  ; 

puifque  le  jufle  tombe  fou- 
vent  par  la  négligence  ,  & 
que  le  pécheur  fe  perd  par  le 
deiefpoir.  Afin  donc  que  le 
^pécheur  ne  demeure  point 
dans  le  précipice  ,  &  que  le 
jufte  n'y  tombe  point,  ce 
pfeaume  de  la  pénitence  de 
David  ell  très-utile  à  tous  les 
deux. 
^,ç^.  La   providence  divine    en 

Chute  des  a  ufé  avec  tant  de  miféricor- 
sair.ii   'ùi\\x-  de  pour  notre  falut ,  qu'elle 


I  ES 

laudem  enim  nen  per 
accufationem  hoctve' 
nh  ;  fed  contra  om- 
niito  &  te  ipfe  igno- 
minia  a^cis  majori  y 
illttm  autem  tua  teîa 
non  tangunt. 


Longa  vhiorum 
confuetmo  j  magnant 
ajfert  cxcitatem  ani- 
ma 5  amentes  efficit  » 
ey  perfpicaces  oculos 
intelligente  eruit. 

ne  per  tiegligentiatn 
ohtoTpefcat',  peccatory 
ne  femetipfe  defpi» 
ctat  :  utrifcjue  tnim 
pericttlofa  contemptia 
ejl  ;  càm  G^  jufltn 
per  negUgentiam  ca»- 
dit  5  CT*  pcccator  per 
defperationem  périt. 
Ut  ergo  neque  ij}e  in 
ruina  permaneat  , 
neque  ille  in  lap/as 
décidât ,  utrique  eJI 
milis  pfalmui  pocni» 
tentit  David. 

Dei  mifericordia 
humano  generi  pro-' 
vidons  f  Q*  Unege^ 


Sur    le 

y?4  fanÙorum  ,  c?* 
peccantium  negligen- 
tiam  in  meliuscom- 
mutavit  :  ut  alio- 
rum  vulnera  aliis 
provide  an  t  fanitU' 
Um;  CT*  ;■«/?«  »4h- 
frapum  fiât  pecca- 
tort  pahilior  portus. 
Quartdo  emmjuflum 
peccaJjehgeroO'poe- 
niiuifje  ,  non  jam 
defperabo  de  meafam 
lute. 

>  Eruhefcit  fieri  nu- 
trix  quA  fafla  efl 
mater,  Chripus  au- 
tem  non  ita.  Ipfe  nw 


S     PSEAUMES.  473 

a.faitfervir  à  notre  bien  non  ^"^'"^^^P^* 
feulement  les  vertus  des  '^^s""' 
Saints,  mais  même  leurs  vi- 
ces :  elle  a  donné  la  fantéaux 
uns  par  les  maladies  des  au- 
tres ;  &  les  naufrages  des  ju- 
fl-es ,  ont  quelquefois  fait  trou- 
ver aux  pécheurs  un  port  fa- 
lutaire.  Car  quand  je  lis  dans 
les  Ecritures,  qu'un  jufte  après 
avoir  péché ,  a  fait  pénitence  , 
je  n'ai  plus  lieu  de  déiefpérer 
de  mon  falut. 

Celle  qui  eft  devenue  mère       9^4; 
a  fouvent  honte  de  devenir  la  Amour  inef- 
nourrice  de  fon  enfant  :  Mais  f^'^^^  ^^  l^' 
J  E  S  U  S-C  H  R I  S  T  n'en  a  pas  ^."'^,'^^'^^ 


iritor  ej}  nojler ,  tdto    été  de  même.  II  nous  a  don- 


CT*  pro  cibo  pYcprla 
nos  carne  pafiit  *  e?' 
pro  potu  jfltum  fan- 
gifinem  nobis  propi- 
navit, 

Nemo  fihi  poji 
pœnitentiam  applau- 
dat ,  Cf  (juafifecu- 
rus  remijjius  vivat  : 
fed  magii  cutttitts 
Z'ivat ,  ut  falutem 
funm  in  portu  tran- 
qtiiUitatis  conjistuat. 


Tom.  I. 


rilhe. 


né  fon  propre  corps  pour  nous 
fervir  de  nourriture ,  &  nous  Cofitre  Us 
préfente  (on  propre  fang  pour  Bérétiqaesi 
notre  breuvage. 

Que  perfonne  après  avoir      95:5'» 
fait  pénitence  ,  n'en  conçoive  Evkeriapr^* 
une  faufle  complaifance  en  foi-  fomptio»> 
même  ,  qui  le  porte  à  mener 
une  vie  plus  relâchée ,  com- 
me fc  croyant  dans  une  par- 
faite fmeté  :  Mais  qu'il  vive  au 
contraire  avec  une  plus  gran- 
de   précaution    pour    établir 
l'aflûrance  de  fon  falut  dans  le 
port  tranquille    d'une   bonne 
vie. 


9$  6. 

Joindre  la 
tempérance  à 
la  chafteté. 


917- 
Mifcricordc 
prompte. 


474  Des    Home 

Si  la  chafteté  eft  deftituée 
des  deux  vertus  qui  raccompa- 
gnent d'ordinaire  ,  fçavoir  , 
du  jeûne  &  de  h  tempérance  , 
elle  ne  fubfiftera  pas  long- 
temps :  mais  fi  elle  en  eft 
foutenuë,  elle  fe  maintiendra 
conftsmmenta  &  recevra  enfin 
la  couronne. 

Vous  avez  entendu  un  Roi 
qui  à  rinltant  qu'il  fut  repris 
de  fon  péché  :  dit  à  Dieu. 
^'ai  péché  contre  le  Seigneur  :  Et 
un  Prophète  qui  lui. répondit 
aufli  tôt  de  la  part  de  Dieu: 
Le  Seigneur  a  transféré  votre  pé- 
ché. LaconfefTion  fut  promptej 
mais  la  guérifon  le  fut  encore 
davantage. 

Fierre  fai  prié  pour  vous  afin 
que  votre  fût  ne  manqt*ajl  point. 
Cela  nous  fait  voir  que  tous  les 
juftes  ont  befoin  de  miféri- 
corde ,  &  pour  être  juftifiez 
du  péché,  &  pour  fe  confer- 
ver  dans  la  juilice  ,  après,  l'a- 
voir obtenue. 


9jp,  Que  perfonne  ne  défefpe- 

Perfonne  ne  re  de  fon  falut.    Si  vous  êtes 

doit  défefpé.  pécheur  ,  regardez  le  Publi- 

î«r«  cain  j  fi    vous    êtes   impur  , 

confiderez  la  femme   péche- 

reffe  de  l'Evangile  j   fi  vous 

êtes  homicide,  jettez  les  yeux 

fur  le  bon  larron  j   fi  vous 


958. 

Befoin  con- 
tinuel de  la 
grâce. 


LIES 

Cafiitai  fine  Cù* 
mitihui  fi*is  jejunio 
videlicet  C?*  tempe" 
rantia ,  cito  lajfefcit. 
Qttodfihii  quajî  ad- 
miniculis ,  roborata 
fuerit ,  perfacilè  co- 
ronahitur, 

Audijïis  Kegem 
dicentem  :  Peccavî 
Domino  ;  Ct*  Pro- 
che tam  refpcnden-- 
tem  :  Dominus 
tranftulit  pecca- 
tum  tuum  ;  velox 
con/effio,  vebciorme" 
dicina. 

Ego  rogavi  pro 
tePetreutnonde- 
ficiat  fides  tua  : 
yides  quoniam  C7* 
jufii  mifericordia  in' 
âigent,  ut  ex  pec 
catorihusjufii  fiant  S 
CT*  ut  jufiificatiyjtt' 
fit  maneant. 

Nullus  defperet  de 
fua  falute.  Si  impius 
es  j  cogita  puhlica' 
num  'j  fi  immundus 
es  y  attende  mère- 
tticem  i  fi  homicida 
eSf  perfpice  latronemî 
fi  iniqms  es  >  cogita 


Sur    les    Pseaumes.         473^ 

llafphemum  ;  confi-  êtes  injufte  &  blafpherfiateur  , 
voyez  l'Apotre  S.  Paul ,  qui 
de  perfécuteur  de  la  venté 
en  devint  le  Prédicateur  :  fî 


dera  Paulum  Apo- 
Jiolum  pnàs  perfectt- 
torem,  pojiea  annttn- 

tiatorem Si 

Deus  voluerit  nullus 
impediet.  Hoc  dico , 
non  ut  negligentio- 
res  vos  faciam ,  fed 
ut  ad  finem  vos  fn- 
htaris  expe^lationii 
adâucam, 

Qu3B  dicitis  in 
cordibus  vcftris   , 
in  cubilibus  veftris 
compungimini.Pfr 
diem    non     habuij}i 
tempus  i    injunBum 
7jegotium  ,  CT*  confa- 
hulatio    ami  cor  um  , 
CT*  domeJ\ica  necefji- 
tas  ,    e?*     mille    te 
circumdederunt  cau- 
fa  :  quando  in  leflu' 
ium     iuum     veneris 
tanquam    ad    tran- 
quillum  portum  »  di- 
cito  in    corde    ttio  ; 
expendimus    diem    o 
anima  i    quid   boni 
fecimus  ,    aut    quid 
maU  operati  fumus} 
Et  fi  quid  boni  feci- 
pi ,  grattas  âge  Deo; 
ft  quid  mali ,  de  c^e- 
uro  ne  façias.    Et 


Dieu  le  veut  ,  rien  ne  peut 
empêcher  votre  convcrfion  ; 
ce  que  je  ne  vous  dis  p.is 
pour  vous  rendre  plus  ncgli- 
gens  i  mais  plutôt  pour  ani- 
mer votre  foi  par  la  confian- 
ce d'obtenir  la  grâce  du  (àlut 
que  vous  attendez. 

Soye:^  touche:^  de  compon£îion         p(Q. 
dans  votre  lit  ^  de    ce  que  vous      Examen  &C 
ave:^penfé  dam  votre   cœur.   Si  prieredufoir. 
durant   le   jour    vous   n'avez 
pas  eu    le  temps  de   pcnfer 
à  vous  :  fi  vos  affaires  3  les  vi- 
fites   de  vos  amis  ,  &   mille 
autres  occupations    vous    eii 
ont  empêché  ;    lorfque  vous 

vous  lerez  mis  au  lit ,  fervez- 

vous  -  en    comme    d'un   porc 

tranquille ,  pour  vous  recueil- 
lir &  dire  en  vous-  même,  ô 

mon  ame,  voici  un  jour  qui 

eftpaflé;  voyons  ce  que  nous 

y  avons  fait   de   bien  ou   de 

mal  ?   Si    vous   reconnoifTez 

dans  votre  examen  que  vous 

avez  fait  quelque  bien ,  ren- 
dez-en grâces  à  Dieu;  que  fî 

au  contraire  vous  y  avez  fait 

du  mal,  prenez  réfoîutiqn  de 

n'en  plus  faire.  Que  fi  le  fou- 

venir  de  vos  péchez  vous  fait 
Rrij 


ç6ll 

Circonfpe 
Ct'ion  ,  pro- 
grès 2c  cou- 
ronne des  ;u« 
flss.' 


N'attendre 
rien  que  de  la 
pure  bonté  de 
Dieu. 


476  Des    Homel 

répandre  âcs  larmes  ,  ce  fera 
le  moyen  de  pouvoir  effacer 
vos  fautes  auparavant  même 
que  de  fortir  de  votre  lit.  Priez 
donc  Dieu  avant  que  de  vous 
laifler  aller  au  fommeil  :  &  de- 
mandez lui  fa  miféricorde,  afin 
de  trouver  un  vrai  repos. 


Ceux  qui  font  aflîdus  à  la 
prière  ,  qui  s'étudient  à  ac- 
complir la  volonté  de  Dieu  3 
&  qui  attendent  avec  patien- 
ce fefïet  defiré  de  fes  promel- 
iks,  vivent  dans  une  telle  at- 
tention de  leur  faliit ,  qu'ils 
ont  foin  d'éviter  jufques  aux 
moindres  péchez.  Ces  per- 
fonnes  ayant  les  yeux  du 
cœur  très -éclairez  marchent 
avec  beaucoup  de  circonfpe- 
Ctïon  pour  ne  pas  broncher; 
ils  s'avancent  dans  la  voye  de 
Dieu  5  avec  le  deffcin  de  s'y 
avancer  toijjours  de  plus  en 
plus  ;  ils  fupportent  tout  pour 
fe  hâter  d'arriver  au  but  où 
ils  tendent ,  &  d'y  être  com- 
blez de  joye  :  Et  c'eil  l'efpé- 
rance  qui  les  conduit  enfin  juf- 
qu'à  l'eftetdu  bien  qu'ils  déli- 
rent. 

Exauce:^- moi ,  Seigneur ,  par- 
ce que  votre   miféricorde  ej}  plei» 

tff  de  doncsar  &  de  bonu'i  Ce 


lES 

remini/cens  peccato^ 
rum  tuorum  ejfunde 
lacrymas ,  ^  poteris 
in  leéJulo  pofitm  ea 
dolere.  Roga  Deum 
C  /îc  permute  ani- 
mam  tuam  foporari^ 
Ora  mifericordiam 
Dei  3  c?*  inventer 
requiem. 

InPfal.  88.  Qui 
orattonibui  injiftere , 
femper  volttntaîem 
Dei  implere,promiJJ'a 
ejusftéflinere  norunt , 
ita  ipfi  folliciii  vi- 
VHnt ,  ut  etiam  à 
levihus  petcatis    ah- 

fitneant //?* 

ergo  fano  oculo  coràis^ 
videntes  ambulant  , 
ne  offendant  :  profi- 
cifcttmur  ut  profi- 
ciant  i  tolérant  ui 
pervemant  5  perve' 
niunt  ut  gaudeant. 
H<ec  fpei  perdticit  eos 
ufque  ad  ren^. 


Exaiidi  me  Do- 
mine ,  quia  fuavis 
€Û     mifcfjcordia 


Sur    l 

fua.  îflefatis  de  Deo 
ffrafmnebatjfperabaty 
eredebat  »  rogabat  , 
impetrabat.  Nondi-* 
xit ,  exaudi  me  5 
quia  talia  funt  mé- 
rita mea fed 

exaudi  me  Domi- 
ne ,  quia  fuavis  eft 
mifericordia  tua. 
"Non  audeo  jafiare 
mérita  mea ,  fed  non 
taceo  gratiam  tuant. 


Primo  mores  pur- 
gatidi  funt  3  vitia 
corrigenda  ,  mala 
fonfitetudo  mutanda , 
Vetujia  injïimio  dt- 
mittenda  ,  C7*  ita 
dicipotefi  :  Exaudi 
me  Domine ,  quia 
fuavis  eft  miferi- 
cordia tua. 

Quando  refpicit 
lOeus ,  fugiuntpecca- 
ta  y  exiingumur  de- 
UClationes  »  Uque- 
fiunt  omnia  mala 
colleéla  defideria  , 
tantum  ut  refpiciat 
cîaritas  ,  CT*  jfatim 
fugit  peccatoram  ab' 
/inritas. 


ien  vivpe 


ES     PSEACME?:  47  f 

laint  Prophète  nous  marque 
par  Tes  paroles ,  la  force  de  fst 
confiance ,  de  Ton  efpérancc  , 
de  fa  foi,  &  de  fa  prière;  & 
qu'il  obtenoit  par  ce  moyciT 
ce  qu'il  demandoit  à  Dieu. 
Or  il  ne  lui  dit  pas ,  Seigneur, 
exauceT^mot ,  parce  que  je  le 
mérite  par  ma  bonne  vie,  mais 
parce  que  votre  mtfériccrde  ejl 
pleine  de  douceur  CT*  de  bonté. 
Comme  s'il  difoit  :  Seigneur  , 
je  n'ofe  pas  vanter  mes  méri- 
tes ,  mais  je  publie  feulement 
la  douceur  de  votre  grâce. 

Il  faut  avant  toutes  chofes 
travailler  à  purifier  fa  mauvai- 
fe  vie  ,  il  faut  corriger  ihs  vi-  pour  "bien 
ces,  il  faut  changer  les  coûtu-  prier 
mes  dépravées ,  il  faut  fe  dé- 
pouiller de  (es  habitudes  cor* 
rompues  ;  &  après  cela  on 
pourra  dire  :  Exauce-:^'  moi  , 
Seigneur  ,  parce  aue  votre  mt- 
fecorde  eji  pleine  de  douceur  €7*  de 
honte'. 

Quand  Dieu  jette  fur  nous  les 
regards  favorables  de  fa  grâce  ,  La  grâce  « 
nospéchçz  nous  quittent  -,  nos  teint  Te  vice, 
fentimens  pour  les  plaifirs  ter- 
reftres  s'éteignent  i  tous  nos 
delîrs  déréglez  s'évanoiiilfenr. 
Il  fufïit  que  la  Itimiere  divi- 
ne s'étende  fur  nous;  &  aufïi- 
tôt  les  ténèbres  de  nos  iniqui^ 
XQz  fe  dilllperoiUr 


9^4. 


472  '  Dés     Homel 

p^-.^  Quiconque  reconnoît  fes  pé- 

ll  ne  fuffit  chez  avec  douleur  durant  cet- 
pas  de  fe  con-  te  vie,  &  s'en  accule  lui  -  mê- 
feffer ,  il  faut  me ,  Dieu  l'excufera.  Sa  con- 
iè  corriger,     feflion  néanmoins  ne  lui  fera 
utile  que  lorfqu'elle  fera   ac- 
compagnée d'une  fincere  cor- 
redion.  Car  s'accufer  tous  les 
jours  fans  le  corriger   ,   c'eit, 
tenter  Dieu.   C'elT  pourquoi 
j'aime  mieux  qu'on  commence 
par  fe  corriger,   &    puis   on 
s'accufera  j  que  non  pas  que 
l'on  s'accufe  d'abord  ,  fans  fe 
corriger  enfuite. 


'ç66.  ^^  fouvenir  des  péchez  que 

Souvenir  des  nous  avons  commis ,  ou  par 
péchez ,  utile,  nos  actions  ,  ou  par  nos  pen- 
fées  ,  ou  par  nos  paroles  ,  ne 
doit  pas  s'effacer  ii-tot  de  no- 
tre mémoire  j  afin  que  lorf- 
qu'il  nous  furvient  de  nouvel- 
les tentations,ce  fouvenir  nous 
ferve  à  repouffer  les  attaques 
de  notre  ennemi  j  difant  en 
nous-mêmes  :  La  douleur  de 
mon  péché  paffé  m'cft  encore 
toute  préfentejcomment  pour- 
rois- je  donc  me  réfoudre  à  en 
commettre  un  nouveau  ? 
^'gj^  Une  ame  qui  eft  altérée  & 

Dieu  ne  dé-  affamée  de  fon  Dieu ,  ne  peut 
laifTe  {cint     jamais  être    abandonnée  de 


I  E9 

InPf.  84.  Gmnsi 
qt*i  in  ij}ofecu!o  do^ 
lendopeccata  accufatj 
CT*  fuerit  à  fe  accU' 
fatus  y  à  Deo  erit  eX' 
cufatus.  Sed  iiU  eft 
fruâuofa  accufatio  t 
Jifubfecutafi*erit  cor- 
refiitf.  C^temm  (juo" 
tidte  fe  accufare  C?* 
non  corrigere  j  Deum 
tentare  eft.  Melius 
ergo  eligo  ,  ut  (yrima 
fit  correâiOyZP'  poftea 
accufatio  ,qtiàmpr£' 
cedat  accufatio  ,  CT» 
non  fubfe^Hatur  cor-, 
reflio. 

Préiterita  maie 
commtjja ,  maïe  ce- 
gitata  5  pefjîme  dele- 
élata,  inordinatè  di" 
fia  ,  dehent  quotidie 
in  mente  matière  , 
Cr  femper  homo  dé- 
bet tta  dolere  ;  ut 
cùm  venerint  novct 
fuggeftionei ,  thi  re- 
pellatur  tmmicus  di- 
cendo  j  adhttc  doleo 
peccatum  vetuftum  > 
quomodo  admitteptc* 
catumnovum  ? 

In  Pfalm.  ^5. 
Anima  Dsum  f tiens 
V  efuriens  ,    derc 


Sur 

Ihefui  in  quocumque 
pertculo  ,  tn  quan- 
tacumque  extremita- 
te  non  poterit.  Et  fi 
paululum  dtjfert  be^ 
neficia  ;  tamen  non 
derelinquit  fpertUfJtes 
in  fe,  Nam  quis 
fperavit  in  Domi- 
no &  confufuseft  ? 

In  Pfalm.5>5.  In 
omni  loco  lacrifî- 
cium  ofFertur  no- 
mini  meo  :  f^ide 
quam  hculenter  » 
quamque  dilucidè 
myflicam  interpreta- 
tm  efi  menfam  ,  qu<e 
efl  incruenta  bopia. 
îlrymiama  vero  pu- 
rum  appellat  facras 
preces  qud  pofl  ho- 
J}iamofferuntur.  h  e- 
nimftiffîtHS  Deum  ex- 
hilarat  ,  non  qui  à 
terrenis  radicibus  fu- 
tnitur  3  fed  quia  pure 
€orde  exbalatur. 

Omnino  magnui 
erat  numerus  facri- 
jiciorum  in  lege  i  qu£ 
cmnia  nova  gratia 
ftiperveniens  uno  con- 
fie flitur  facrificio  , 
unam  ac  veram  pa- 
tuem  hopiam. 


LES      PSEAUMES.  47P 

lui ,  en  quelque  danger ,  &  cetixquîefpfi* 
quelque  extrémité  où  elle  fe  renccnlui, 
trouve  :  Que  s'il  diffère  quel- 
quefois pour  un  peu  de  temps 
de  lui  communiquer  fes  grâ- 
ces, elle  doit  s'ailûrer  qu'il  ne 
délaiife  jamais  entièrement 
ceux  qui  efperenten  lui.  Car 
y  a-t'il  quelqtiun  qui  ait  efperé 
au  Seigneur ,  O*  qui  fiit  demeuré 
confus  } 

On  offre  en  tous  lieux  un  fa-        $6%. 
orifice  en  mon  nom.   Voyez  avec  Sacrifice  non 
quelle  évidence  &  quelle  clarté  j%"f|f^^'  "^^"^ 
le  Prophète  a  fignifié  la  table      ="  '  ^' 
myftiquc ,  oij  l'on  immole  une     Contre  Ur 
Holtie  ians  efFufion  de  fang.  Il  Hérétiquesm 
appelle  encens  pur  les  prières 
facrées  que  Ton  fait  à  Dieu 
après  l'oblation  de  l'Hoftie  : 
parce  que  ces  faintes  fumées 
réjouifl'ent  Dieu  ;  je  n'ente ns 
pas   celles   qui  iortent  d'une 
matière  terreftre ,  mais  celles 
qui    s'élèvent   du  fond   d'un 
cœur  pur. 

II  y  avoit  dans  Pancienne  loi       9^9- 
une  infinité  de  facrifices,  que  ,,^^"'^"  ^^ 

Il  11  ^        i  tglua  ,  ac- 

la  loy  nouvelle  a  tous  corn-  .^^^y^^c- 
pris  en  un  feul,  qui  n'a  qu'une  ment  He  tous 
vraye  &  unique  Hoftie.    «       l?s  facrifices 

de  h  loi. 

Contre^  les 
Uéréfiqi*es- 


480  Des    HoMEtiEJ 

P70.  Notre  premier  facrifice  ,  eft        Haha prlmum  fa^ 

'       '        /--1   --!  -j-        £L- -     crificium  y  illud  filu" 


Religion. 

Contre  les 
fic'rtriques* 


Divers  facri- le  don  falutaire  qu'on  offre 
fices  dans  la  fur  le  faint  Autel:  Le  deuxiè- 
me eft  le  martyre  :  Le  troi- 
fîéme  5  la  prière  :  Le  quatriè- 
me ,  la  joye  du  cœur  en  Dieu  : 
Le  cinquième  ,  la  juftice  :  Le 
fixième ,  l'aumône  :  Le  feptié- 
me  5  la  loiiange  à  Dieu  :  Le 
huitième  5  la  compondion  de 
l'ame  :  Le  neuvième ,  Thumi- 
!ité  :  Le  dixième  ,  la  prédica- 
tion. 

Si  celui  qui  prie  eft  cou- 
'    lè- 


971. 


XJli 


Divers  gen-ronnc  en  fecret  félon  le 
les ^  de  mar-rnojgjiage  de  l'Ecriture  -,  com- 
ment celui  qui  donne  la  gène 
à  fon  efprit  pour  reconnoi- 
tre  &  confeffer  fes  péchez  , 
ne  feroit  -  il  pas  auffi  cou- 
ronné ?  Il  ne  faut  pas  feule- 
ment conftdérer  le  martyre 
par  l'événement  ,  mais  aufli 
par  la  préparation  du  coeur.  Et 
ce  n'eft  pas  feulement  quand 
on  coupe  la  tète  à  un  Saint, 
qu'il  devient  Martyr  ,  mais 
il  l'eft  véritablement  devant 
Dieu  ,  dès  le  moment  qu'il  té- 
moigne être  prêt  d'endurer  , 
ce  qu'ont  louffcrt  Its  autres 
Martyrs. 
97i~'  Dieu  ne  reçoit  point  ce  qui 

Dieu  jugedcj^g  ç^  f^j^  p^g  p^^  nèceftîté  , 
l'extérieur  ^  ^^-^  feulement  ce  qui  part 
î-ar  6  CLEU  -^^^j^ç  volonté  libre  &   bien 


tare  donum  ',  fecun- 
dum  martyrum  ;  ter" 
Ùum  deprecationis  >' 
quartumjitbilationtsi 
quintum  jujlii U  ; 
JêxtHm  eleemofynA  s 
feptimum  latidis  ;  oc- 
tavum  compunélio" 
nis  {  nonum  humili' 
tatis  'y  dectmum  pne- 
dicationis. 

Qui  orat  in  oc 
cuîto  coronaiur  ;  C?* 
qui  tn  (Kculto  contor- 
quel  mentem  ad  cort" 
fefjîonem  non  corona" 
tur  ?  Martyrtumfra' 
très  ,  non  éventa 
tantum  ajlimatur  , 
fed  etiam  propojlto. 
Ken  quifm  martyr 
decollatur  tùm  ft 
martyr  ,  fed  ex  quo 
propojltum  ojiendit 
profitendi  martyr  cj}  y 
ettamjî  non  patiatur 
qute  martyres  folent^ 


Non-  Deus  acce* 
plo  fert  quod  fit  eX 
necefjltate ,  fed  quod 
expropofifo  re^èft- 


Sur  l 
Si  innamerii  virgi' 
nitas  non  imputât ttr 
ad  vir^nitatem ,  vec 
hii  corruptio  qi4£  pr<i' 
ter  propojîtum  corrU' 
pt<e  fant,  PoUutum 
eft  corpus  yfed  animi 
templum  non  eji pol' 
lutum. 


Siquiààiciturahf- 
quefcriptura  y  audi" 
torum  cogitalio  clau- 
dicat }  tiitnc  annuens , 
nunc  hdfltans  i  CT* 
interdum  fermonem 
utfrivolitm  averfans^ 
interdum  utprobabi' 
lent  recipiens.  f^eràm 
ul)i  de  fcripturâ  pro- 
diit  tejlimonium  ,  CT* 
loqueniii  fermonem 
CT*  audteniis  aninwm 
confirmât. 


Propterea  Deus  oC' 
cttliis  CT»  invifihili» 
hm  modis  varie  fta- 
gelUtpios  delinquen- 
tes  ^quo  fidelicetpn- 
ros  nos  exhiheat  ma- 
gna illi  tjribtinali  ; 
ut  ctmi  hic  corripue- 

Tome  I. 


97  >» 
Aurorué  tic 


ES      PSEAUMES.  481 

difpofée.  Comme  il  y  a  une 
infinité  de  perfonnes  aufquel- 
Ics  Dieu  n'imputera  point  à 
virginité  l'intégrité  de  leur 
corps  ;  aufîi  ne  confidérera-t-il 
point  comme  une  corruption, 
la  violence  que  d'autres  au- 
ront fouffcrtes  contre  leur  gré. 
Il  eft  vrai  que  leur  corps  a 
été  roiiillé  ;  mais  le  temple  de 
leur  ame  ne  l'a  point  été. 

Si  un  Prédicateur  avance 
quelque  chofe  fans  l'appuyer 
du  témoignage  de  l'Ecriture  ,  l'tciitu;;. 
les  efprits  de  Tes  auditeurs  hé- 
fitent  &  font  incertains  de  ce 
qu'ils  en  doivent  croire  ;  tantôt 
étant  dans  la  penfée  de  le  re- 
jetter  comme  une  chofe  frivo- 
le j  &  tantôt  de  le  recevoir 
comme  une  chofe  probable. 
Mais  dès  le  moment  que  l'au- 
torité de  l'Ecriture  prévaut  , 
alors  l'efprit  &  du  prédicateur 
&  de  l'auditeur  ne  demeure 
plus  dans  le  doute ,  mais  fe 
trouve  foîidement  affermi 
dans  la  vérité. 

Dieu  châtie  fecretement  &       ^^^. 
en  différentes    manières   les    Dieu  châtie 
fautes   des   gens    de  bien    ,  lesjuftespour 
pour  les  purifier  avant  .qu'ils  ^^^^P^'S"^-- 
paroi  fient  devant  fon  tribunal 
redoutable  -,  afin  que  les  ayant 
corrigés  en  cette  vie  ,  il  ait  lieu 
de  les  récompenfer  dans  la  vie 

Si 


482  Des  Homélies 

future.   Parce  que  celui   qui    rit ,  ilUc  imputetpr^' 
aura  été  ici  corrigé,  en  obtien- 
dra plutôt  le  repos  du  ciel ,  & 
fera  jugé  plus  favorablement 
de  fcn  divin  Juge. 


mmm.  Qui  hic  cor- 
reptui  fuerit  ,  in  rc" 
quis  erit ,  ac  minus 
experietur  dwinum 
jtédtcium. 

Si  Sodomitis  tôle' 
rahiliusjudicium  red- 
dit  quod  puniti  fient 
in  bac  vitâ  ;  cogitM 
quomodà  pu  qui  lue 
caJUgantur  fittttrttm 
^u^mtJHdicium  ? 


57^;  S'il  eft  vrai  que  le  jugement 

Les  châti-  quc  Dieu  fera  des  peuples  de 

mens  de  cette  jjodome  fera  moins  rigoureux, 

vie  épargnent  ^  ^^yj-g  qu'ils  auront  déjà  re- 

ceux  e  V.U-  ^^  ^^g  partie  de  leur  puni- 
tion en  cette  vie  ;  cela  nous 
doit  perfuader  ,  combien  les 
châtimens  dont  Dieu  éprou- 
ve les  juftes  en  ce  monde,  leur 
font  favorables,  pour  détour- 
ner de  deflus  eux  la  rigueur 
de  fes  jugeraens  avenir. 
^^^.  C'eit  un  plus  grand  mal  de 

C'eftenrorene  pas  travailler  à  fatisfaire  â 

pis  de  ne  pas  Dieu  après  l'avoir  offenfé,  que    fenfam  fatisfa^ione 

faire  péniten-  Jg  l'offenfer.    Et  quoique  le     non  placare  ,  quant 

ce  que  de  ps-^rime  de  pécher  contre  fa  bon- 

^^-°^'  té  paroiife  plus  grand  ,  il  fe 

trouve  néanmoins  être  plus  lé- 
ger ,  lorfqu  on  a  foin  de  l'ef- 
facer par  une  humble  confef- 
fion  ,  ou  que  notre  opiniâtre- 
té eft  expiée  par  notre  mort. 


In  Pfalm.  106, 
Pejus    ejl     Dei     of- 


P77-  Quiconque  n'aura  pas  voû- 

ta confeflionlu  éprouver  la  bonté  de  Dieu, 
des  péchez  ,en  lui  confeflaut  les  fautes  -, 
les  efface.      ^^1  éprouvera  la  juftice  en  les 


peccando  Dei  boni» 
tatem  ojfendere.  Et 
quàmvii  peccandi 
caufa  gravior  videa- 
tur  ,  levior  tamtn 
fréquenter  exiflit  , 
dttm  confefjtone  ah  foi' 
vitur ,  aut  contuma" 
cia  débita  mortis  ex- 
pun^tur. 

Qui  confit  enda 
Deum  bonum  fentire 
noluerit ,  jufumfen. 
tiet  reticendo  ;    C?* 


Sur  l 
(^uem  confelJîo  foffet 
abfolvere ,  ejus  con» 
tumaciam  poteritfe- 
veritas  jufii  judicis 
aùolere. 


Curet  potnitentia  , 
quod  deliciorum  ma' 
cHlaforâidarat.  Ser' 
Pentium  virus  faùf- 
fu6HonU  antidoto  re- 
cttfttur.  Peccatorum 
venena  »  precum  tn^ 
fïantia  depeilantur. 

Propheu  de  Filio 
neque  valde  apertè 
dixerunt  ,  ne  iuam  , 
0  j/ud^Cy  cjfenderent 
imbeciliitatem  i  nec 
celarunt ,  ut  pofthac 
tibi  concédèrent  rejî- 
pifiere  ,  G?*  ex  pro' 
prtii  hbris  colHgere 
décréta  veritas.  Ita 
Maxime  Prophetas 
ofleiidere  poterimus 
fuiffe  Prophetai ,  er 
ut  fide  dignum  fit 
vêtus  Tefiamentum 
efjîcere  .  .  .  Nam  fi 
iroc  fitjiuleris  ,  quo-^ 
modo  os  genlibi4s  ob- 
firues  ?  Qiiid  enim 
dices  exitum  ex  /Eg;)- 
pto  ^  .çy  qu£  de  ie 


ES      Ps  E  A  U  M  E  S.  43 5 

retenant  dans  le  fiience  :  ik 
il  n'y  aura  plus  cjue  la  rigueur 
du  Juge  févere  qui  puiHè^u- 
nir  l'opiniâtreté  de  celui ,  qui 
auroit  pu  eftacer  tous  Cqs  pé- 
chez par  fa  confeflion  &  fa  pé- 
nitence. 

Ayons  foin  de  laver  par  la        ^-g 
pénitence  les  taches  de  nos  pé-    Pénjtciice  & 
chez*,  guériflbns les  morfures  prier-,  rc-.né- 
envenimées  de  ces  ferpens  ,  ^=^  ^iu  rcché. 
par  l'antidote  de  la  (atisfadion: 
Chalfons  le  poifon  de  nos  cri- 
mes par  la  vertu  &  Tinftance 
de  nos  prières. 

Ni  les  Prophètes  n'ont  pas        ^^^^ 
parlé  trop  clairement  du  Fils      Nouvis» 
de  Dieu ,  de  crainte ,  6  Juifs,  Tdtamiînc 
de  troubler  &  d'offenfer  vo-  Fleuve   ds 
tre  foiblelfei  ni  auflTi  ils  ne  '*^"^'^="-   * 
l'ont  pas  voulu  retenir  dans  le 
fiience,  afin  de   vous  lailfer 
toujours  lieu  de  revenir  &  de 
trouver  dans  vos  livres  les  tra- 
ces de  la  vérité.  Etc'eftpar-îà 
principalement  qu'on  peut  fai- 
re voir  que  les  Prophètes  ont 
été  véritablement  Prophètes , 
&  que  l'ancien  Teftament  eft 
digne  de  foi.   Car  fi  vous  en 
ôtez  cette  preuve  ,  comment 
fermerez-vous  la  bouche  aux 
Gentils  ?  Car  que  fervira  de 
Icî'.r  parler  de  votre  fortie  d'E- 
gypte ,  &  de  ce  qui  a  été  pré- 
dit de  vous  j  puisqu'ils  ne  re- 
Sfij 


484  Des    Homélies 

cevront  pas  aifément  ces  té-  pndifla  funt  ?  Zei 
iiioignagcs  ?  Mais  fi  vous  rap-  ea  non  valde  admit- 
portez  ce  qui  eft  dit  de  JE-  tet.  Si  auiem  narra- 
SUS -Christ  dans  l'ancien  veris  (jux  de  Chrijio 
Tertament  ,  &  qu'en  fuite  diéïafuntinveteri , 
vous  falliez  voir  aux  infidel-  ct*  oflenderis  rerum 
les  que  les  événemens  des  veritatem  tejîari  e- 
cho[es  ont  confirmé  la  vérité  ventum  prophetU  , 
des  prophétiesjnul  n'en  pourra  nepoterh  qmdem  re- 
difconvenir.  Que  fi  au  contrai-  Jîflere.  Si  ai*tem  no' 
re  5  6  Juifs,  vous  combattez  les  flra  re^rehendas ,  0 
véntez  de  notre  créance  ,  j^ud<te,quomodove- 
comment  après  cela  pourrez-  tus  T^Jîamenium  de- 
vons défendre  l'autorité  du  fendes  ? 
vieux  Teftament. 
q8o.  ^^  défireraavec  ardeur  fes  corn-      In  Pfal.  loi.  In 

Accomplir  tnandemens.  David  ne  dit  pas  mandatis  ejus  vo- 
les préceptes  Amplement  il  les  fera  ,  mais  let  nimis  ;  Non  di' 
de  Dieu  par  il  les  voudra  &  les  défirera.  xit ,  mandata  ejus 
amour,  pour    nous  marquer    qu'il  fe   faciet^fedzolet,aU- 

portera  avec  foin  &  empreflé-  quid  amplius  req»i- 
ment  à  les  accomplir  j  qu'il  rens.  Quidnam  au- 
les  aimera  avec  ardeur;  non  tem  efl  hoc }  Ea  face- 
pour  la  récompenfe  qui  eft  recùmjludiozy  ani- 
promile  à  ceux  qui  les  obfer-  mi  alacritate  ;  ejfe 
veront,  mais  pour  l'amour  de  véhémentes  eorum 
celui  qui  les  a  établis  ;  &  amatores  ;  jujfa  eo- 
enfin  qu'il  pratiquera  avec  plai-  rum  perfequi  >  amtvre 
fîr  la  vertu  $  non  pour  la  crain-  ea  nonpropter  merce- 
te  de  la  peine,  ni  même  en  demqua  eflproipjîs 
vue  des  promefles  du  royau-  propofna  ,fedpropter 
me  célefte,  ;  mais  purement  eum  qui  lUa  Jiatuit  s 
pour  obéir  &  plaire  à  celui  qui  virtutem  cum  volu- 
nous  a  donné  fa  loi.  ptate  perfequi ,  non 

propter  metumgehen' 
fi^P  nec propter  pro- 


Sur    l 

tnijjîonem  regni  ^fed 
frotter  ettm  t^ui  leges 
tttlit. 

Qui  Deum  me 
tuh  ut  oportet ,  fuf- 
cipit  ejus  f>r<ecepta 
cum  aviditate  i  qtiip- 
pe  amor  in  legi/lata- 
rem,facilem  Zp-  gra- 
tamfacit  legem  y  et' 
Ji  vtdeatur  alinuam 
habere  dtjf.cukntem. 

Difficultatem  non 
natura  pr<£ceptorum, 
fed  muhorum  folet 
focordia  ejjlcere.  Ita- 
qtteftqtiiseacumflu- 
dio  O*  alaaitate  a- 
nimifitfcipiat ,  vide- 
hit  enim  ea  ejfe  levia 
C^  facilia.  Quocirca 
dicebat  Chnjiits  :  Ju- 
gum  enim  meum 
fiiave  eft  &  onus 
meum  levé. 

Prudentem  difpen- 
fatorem  dicit  mife' 
ricordem  ;  ut  qui 
multa  paucii  emat , 
pecuniis  cdunty  ©e- 
fie  regnum ,  pane  O* 
poculo  fngid<s  ybontt 
futura. 


ES     PSEAUMES.  48^ 


Celui  qui  craint  Dieu  corn-       5?8  r* 
me  il  le  doit ,  reçoit  les  pré-       L'amour 
ceptes  qu'il  lui  imnofé  avec  '■°"'']='  "^^  " 
un  grand  emprellement  de  les  ^-j-^^ 
obferver  :  parce  que  i'aff-eciion 
que  l'on  porte  au  Légiflateur , 
nous  fait  trouver  dans  la  loi 
des  facilitez  &  des  agrémens , 
encore  qu'en  elle-  même  elle 
paroiflc  difficile. 

Ce  n'eil  pas  tant  par  leur 
nature  que  les  préceptes  font 
difficiles  ,  que  par  la  parefle  ^^•'^'f  f  /l^', 
&  la  lâcheté  des  hommes,  ceptes  diffi'. 
De  forte  que  tous  ceux  qui  elles. 
travaillent  avec  foin  &  dili- 
gence à  les  obferver ,  les  trou- 
veront légers  &  faciles  ,  fé- 
lon ces  paroles  de  JESUS- 
CHRIST,  Mon  joug  e[i  doux  O* 
mon  fardeau  ej}  léger. 


p8z. 
C'c'l  notre 
lâcheté 


II  appelle  le  miféricor dieux,      98  j . 
un  difpenfateur  prudent  :  par-  S=iint  àc  uti'e 
ce   qu'avec  peu  de  chofe  ,  il  commerça  de 
achette  beaucoup  j  qu'avec  de   ^""^°'^=' 
l'argent ,  il  acquiert  le  ciel , 
qu'en  donnant  un   vêtement 
il  obtient  un  royaume ,  &  que 
par  le  moyen  d'un  pain  &  d'un 
verre  d'eau  froide  dont  il  a(ïif- 
te  un  nécelfiteux ,  il  arrive  à 
Sfiij 


48^  Des    Home 

la  pofleffion  des  biens  à  venir. 
«84^  Ce/«ï  qt*i  fait  mtfericorde ,  €?• 

SûrstéScbon-  5«»  /'«'^'^  au  pauvre  ,  fera  tomhlé 
hsiit  de  ce-  de  bonheur  CT*  de  joye  ,  C?*  ne  fe- 
lui  qui  don-  ^4  jamais  dans  le  trouble^  dans 
ne    loa  -bien  /^  ^;,-^^^  £j  ^^  ^^^ 

aux  pauvres.        -     1  ,  •  ^  n    •     T 

^  craindre  ici  celui  qui  eft  niid  , 

préparé  à  tout,  &  qui  ne  don- 
ne nulle  prife  fur  lui  à  per- 
fonne  ?  Ç^ie  peut  craindre  ce- 
lui à  qui  Dieu  eft  favorable  ? 
Il  efl  donc  en  aflîirance  de  tou- 
tes parts  \  fçavoir ,  ^u  coté  du 
ciel ,  à  caufe  au  fecours  divin  i 
&  du  coté  de  la  terre  ,  par  le 
repos  &  la  paix  que  lui  pro- 
cure fon  détachement  des 
créatures.  De  forte  que  rien 
n'eft  capable  de  l'ébranler  j  ni 
les  pertes  de  biens ,  ni  les  ou- 
trages, ni  les  calomnies  :  & 
enfin  il  eft  à  l'épreuve  de  tous 
les  maux. 
ÇS^.  Il  a  répandu  fes  biens  G*  lésa 

Récompenfe^^-z^y^^^^j,  rf»x:  pauvres  :  fajuflice 
abondante  de    ,'  ^    ,      ^„         .     ti     -,   „. 

i>     ^«„-         demeurera  éternellement.    Il  vaut 
1  aumône.  /        t       /-       1  • 

mieux  répandre  içs    biens  , 

que  d'en  amalTer  ;  Gar  en 
répandant  l'argent  ,  on  re- 
cueille la  juftice.  On  répand 
des  chofes  qui  paifent ,  &  on 
en  recueille  qui  ne  paifent 
point.  C'efl:  ce  que  font  les 
laboureurs  ;  mais  avec  cette 
différence ,  que  les  labou- 
reurs  n'agilfent  qu'incertai- 


LIES 

Jucundus  homo 
qui  miferetur  & 
commodat..  .quia 
in  îBternum  non 
commovebitur . , . 
Quid  enim  potejf  ti- 
mère  qui  C*  nudus  CT* 
aecinhtts  efi ,  G?*  »«/- 
lam  ulU  pr^bet  aw 
fam  ?  Quid  potefi  ti- 
mere  quihabet  Deunt 
clementem  çy  propi- 
tium  ?  Ita  ut  utrtnque 
JîttutuSsO'  exfuperno 
auxiliof  €?•  ex  ea  in 
qua  htc  inferius  degit 
facilitate.  Nihileum 
potertt  labefaSiare  , 
non  damnumpecuntify 
non  probra  ,  non  ca^ 
lur)wi<£.  Neque  enim 
habet  in  quo  Udatur. 

Difperfit,  dédit 
pauperibusj  jufti- 
tia  ejus  manet  in 
fasculumfazculi.-//^ 
difpergere  mecius  efi 
quàm  coUigere.  Dtf' 
perguntur  pecunia  y 
O*  coUtgitur  juj^i- 
tia.  Dtfpergunturqutt 
non  manent  vt  ac^ 
quirantuf  manemia. 
Hoc  ip/um  faciunt 
agrk»U.  SedUli  qui-' 


Sur    l 

iem  propter  incerta , 
tft  enim  terra  qH£ 
fujcipit  ,  tu  autem 
in  manu  Dei  ,  unie 
fieri  nonpotej}  utper- 
das, 

Ejufmodi  efl  vir- 
tui,  ut  etiam  ab  Us 
qui  illam  tion/equun- 
tur.  Uucîetur.  Qu^em- 
ad'fiodt4m  viiium  iii 
etiam  qui  cifttnt  de- 
ditiyfit  exofum  CT*  re- 
prehenjîone  plénum, 

InPf:  iiz.Lau- 
dateDominmom- 
nes  Angeliejus.  0- 
fortet  itaqtte  Ange 
lum fieri,  O'italau' 
dare.  Ne  ergo  hanc 
laudem  rem  effe  levem 
exijfimemusifed  ante 
os  noPrum,vtta  noflra 
ipfum  laudet.  Ita  vel 
tacentes  Deum  lau- 
darepofSumus. 

Quemadmodum 
Chrijius  nos  deducens 
ad  charitatem  Gf 
concordiam,  juhet  ut 
in  precibusfiat  com' 
tnuniter  oraùoi  & 
ab  univerfa  Bcclejîa 
tanquam  ab  una  per- 
fonadicatur,  Pater 

uofter,  Scctthiqus 


p8^. 

Vertu  efti- 
mce,  vice  haï 
des  mcch^us 
mJme. 


ES      PSEAUMES.  4^7 

ncment ,  puifquc  c'eft  à  la 
terre  qu'ils  confient  leurs 
grains  :  mais  vous  qui  confiez 
vos  biens  entre  les  mains  de 
Dieu  même ,  il  eft  impoflible 
que  vous  les  perdiez. 

Le  propre  de  la  vertu  eft 
detre  eftimée  de  ceux  mê- 
me qui  ne  la  pratiquent  pas  : 
Comme  au  contraire  le  propre 
du  vice  eR  d'être  même  inel- 
timé  &  blâmé  de  ceux  même 
qui  s'y  abandonnent. 

Que  tous  les  Anges  du  Seigneur         9^7- 
le  logent.  Il  faut  devenir  An-  J^X^''^''^ 
ge  ,  pour  être  dignes  de  louer  ^^^  ^ouch.. 
Dieu.     Ne  coauderons  donc 
pas  cette  loiiange  comme  une 
chofe  peu  confidérable  ^  mais 
loiions-le  par  notre  vie  ,  avant 
que  d'ofer  le  loiier  par  notre 
bouche  >  &  de  cette  forte  nous 
le  pourrons  loiier ,  même  en 
gardant  le  filence. 

JESUS-CHRIST    vou-       5>88. 
Unt  nous  unir  tous  enfemble      Prier  l'un 
parla  concorde  &  b  charité,  pur  l'autre, 
nous  ordonne  de  faire  notre  ^^^^-^  P*^  ^* 
prière  en  commun  j  &  fait  dire  ^^^* 
au  nom  de  toute  l'Eglife  dans 
la  perfonne  de  chaque  parti- 
culier ,  Notre  Père,  &c.  Tou- 
tes les  demandes    de   l'orai- 
fon  Dominicale  Ccfi\t  conçues 
S  f  iii; 


488  Des    Homel 

ainfi  en  pluriel  i  &  le  Seigneur 
entend   que  chaque  particu- 
lier en  priant  pour  loi ,  prie 
auiîi  en    même  temps    pour 
tous  Tes  frères.  Le  Prophète 
en  ufc  de  même  en  ce  lieu ,  & 
appelle  tous  les  gens  de  bien 
a  ce    concert  de  prière  ,    en 
difant ,  Lo'ùe-;^ le  nom  di* Seigneur. 
Afin  que  ce  nom  lôit  glorifié 
par  nous,  &  que  notre  bon- 
ne vie  le  fafîe  paroître  autant 
loiiable  aux  veux  des  autres  , 
qu'il  Teft  en  effet.  Car  il  eft 
certain  que  la  vie   vertueufe 
fert    à  rehauffer   l'éclat    des 
loiianges    qui     font    dues    à 
Dieu  3  en  obligeant  ceax  qui 
la  voyent  à  loiier  la  piété  de 
fes  ferviteurs. 


9t9>  Comme  Dieu  efl  honoré  & 

Notre  bon-  glorifié  par  nos  bonnes  œuvresi 

ne  vie  honore  £1    ^^    fj^is   doute  deshonoré 

^afè  wT.  ^  o"ti-3gé  par  les  adions  vi- 

*  cieufes   de   ceux  qui  vivent 

dans  le  péché» 


vai 
honore. 


ppo.  Si  vous  n'êtes  point  atta 

S'élever  au  ché  à  la  terre ,  mais  qu'au  con. 

ciel  des  cette  ^^^^  yo„s  deveniez  fembla- 

Vie,  ._     -   - 


lES 

utem  plurali  nominei 
Çp'  pr^cipiens  unicui^ 
que  etiam  fi  per  [e 
oret ,  pro  cunOisfra' 
tribus  ojferre  oratio' 
nem  :  itu.  etiam  Pro- 
pbeta  vocat  omnes  ad 
concentum  oralionisy 
O"  <iic«,laudate  no- 
men  Domini. .  ,ut 
nomen  ejui  per  tias 
glorifiée tur  ,  Ht  per 
nofiram   (juocjue  vi- 
t4m  videalur  lauda-^ 
bile  ;  efi  enim  qui- 
dem  taie  ;   vult   ait- 
tem  hanc  lauâem  per 
re&am    noflrx    vit£ 
inflitutionem  illufira- 
ri  , . .  ut  cjuicumque 
eos  qui  ferviunt  tpfi 
vident    lattdibui  CT* 
verbii    bonis  proft- 
quantur. 

In  Pfalm.  115. 
Qitemadmodum  g!o- 
ria  zy  honore  in  no- 
Jlris  bonis  operibus 
Deus  ajJlcitHr  i  ita 
c  ont  urne  m  s  ZP*  male- 
àiSlis  ince/fiiur  ,  dilm 
vitam  in  vitio  tranfi- 
gimm. 

St    tu   terrtt  non 
'    fUeris    ajjîxus  ,    fei 


Sur    l 

ciaris'  ',  ceîeriter  in 
Cjelum  confcendes  : 
atque  adeo  vel  ante 
refurreilionem  ex  hoc 
jam  loco  migraj}i  ; 
jam  es  ài^nitateprtg- 
dkus  :  Jîcut  enim 
multi  eorum  qui  funt 
in  numerum  magni 
fcnatus  relati  i  etjî 
ruri  habitat  ,  ha- 
hent  tamen  di^nita- 

o 

tem  ,  ita  ttt  quoqite  , 
fi  voluerii  ejje  civis 
c^lcjlis  ,  etUmfi  hîc 
habites ,  iiU  dtgnita' 
tefruere. 


Noio  vos  ignora- 
re  de  dormienti- 
bus.  Dormit  qui  ad 
meliorem  vttam  ej} 
tranfrnittendns.  Qui 
nutem  ad  immorta- 
lem  mortem  ejl  ahdu- 
cendus ,  eùam  zûvusy 
eJ}  moriuus. 

la  Pfalm  114. 
Qupniam  valde  nos 
amatDeuSy  ideoper- 
mittit  Ht  affiigamur , 
quo  ei perfeéïius  cott' 
jungamur.  Nam  ma' 
très  quoque  foUmin- 


ES      PSEAUMES.  48^ 

ble  aux  Anges  ,  vous  vous 
élèverez  facilement  jufques 
dans  le  ciel  s  &  l'on  peut  di- 
re qu'avant  même  la  réfurre- 
dion  vous  y  êtes  déjà  paflc 
de  cette  demeure  teri  eibe ,  & 
que  vous  êtes  déjà  comme 
revêtu  de  cette  dignité  lubli- 
me.  Car  comme  il  y  en  a 
pluiîeurs  de  l'ordre  des  Séna- 
teurs ,  qui  nonobftant  qu'ails 
demeurent  à  la  campagne  ,  ne 
laillent  pas  de  jouir  de  cette 
dignité  fî  éminente  ;  de  mê- 
me {\  vous  voulez  être  citoyen 
du  ciel  3  quoique  vous  ha- 
bitiez encore  fur  la  terre,  vous 
ne  laiflerez  pas  de  joiiir  àts 
cette  vie  de  cet  honneur  tout 
divin. 

^e  ne  veux  pas  que  vous  igno- 
rie:^  ce  qui  regarde  ceux  qui  dor- 
ment. Celui  qui  n  ell  mort  que 
pour  paffer  à  une  meilleure  vie 
eft  feulement  endormi  :  au 
lieu  que  celui  qui  doit  être 
entraîné  dans  une  mort  éter- 
nelle,  eft  déjà  mort  lorfqu'il 
paroît  encore  vivant. 

C'eft  parce  que  Dieu  nous 
aime  beaucoup ,  qu'il  permet 
que  nous  foyons  affligez  en 
ce  monde  ;  afin  de  lui  être 
unis  plus  parfaitement.  Et 
comme  lors  que  les  mères 
ayant  de  petits  enfans  diffi- 


La  mort  des 
3uftes  eft  une 
vie,  la  vie  des 
pécheurs  eft 
une  mort» 


Dieu  nous 
afflige  pour 
nous    rappel* 
Uï  à  lui. 


4po  Des    Home 

ciles  à  retenir  auprès  d'elles, 
ont  accoutumé  de  les  con- 
traindre à  y  revenir  en  les 
faifant  efiPrayer  par  ùcs  per- 
fonnes  mafquées  ;  non  pas 
pour  leur  faire  peine  ,  mais 
pour  empêcher  qu'ils  ne  for- 
lent  d'encre  leurs  bras  ;  Dieu 
en  ufe  à  peu  près  de  la  mê- 
me forte  par  l'ardent  amour 
qu'il  a  pour  nous  ,  lorfqu'a- 
fin  de  nous  unir  plus  étroi- 
tement à  lui  5  il  permet  que 
nous  nous  trouvions  com- 
me réduits  à  la  nécelTité  d'a- 
Toir  continuellement  recours 
3  fa  grâce  ,  de  l'invoquer  fans 
cefrer&  d'abandonner  tout  au- 
tre foin  pour  nous  occuper  à 
la  prière,  &  lui  redire  à  tous 
momens  :  Set^eur  3  déUvre:i^ 
men  ame. 
991*  Seigneur^  delhrea^mon  ame. 

K'écre  en  Remarquez  la  fage  conduite 
peine  que  j^  ^^  ç^^^^  j^oi  ^  qui  oubjie  le 
pourfonamr.  ^^^^  ^^  ^^^^  ^^  ^y-  ^^  ^^^^^^^ 

que  la  vie  préfente ,  pour  ne 
demander  a  Dieu  que  le  fa- 
lut  de  fon  ame,  fçachant  bien 
que  fi  l'ame  eft  en  sûreté ,  tout 
le  refte  ne  peut  mal  aller*,  au 
lieu  que  fi  l'ame  fe  dérègle , 
toute  la  profpérité  du  monde 
BOUS  cft  inutile. 


LIES 

folentes  pueroi  divers 
fis  perfonis  perterren' 
ta  y  cogère  eos  ut  ad 
gremium  fuum  confus 
gianii  non  eos  pui- 
dem  volentes  moltjVta. 
afficere  ,  fed  ut  ipfîs 
affideant.  Ita  DcUi 
volens  nos  Jîbi  con- 
jungere  ,  cùm  f.i  a  - 
rnator  vehementjjjî- 
mus  ,  permiitiî  ut 
ad  talem  redigans 
necelJîtatem  ;  ut  per^ 
peiuo  vace$  orationiy 
eum  ajjîduè  invoces  , 
CT*  aliis  reliélis  ,  fis 
de  €0  foUiciitts  :  O 
Domine  libéra  a- 
nimam  meam. 


O  Domine  faîva 
animam  meam. 
Fide  fapisntem  ani- 
mam ,  quomodo  reli- 
élts  omnibus  qua  aà 
hancvitampertinenty 
unum  tantum  petit , 
ut  anima  maneat  il- 
/4/d.  Si  autem  benè 
habeat  reliqua  omnia 
confequentur  s  fi  non 
habeat,  mhilnosju'. 
vat  reliqua  profpçrt" 
tas. 


Sur    le 

Mifericors  Do- 
minus  &  juftus. 
f^ides  quomoeto  docet 
Auditorem ,  ut  neque 
defperet  ,  neque  ne- 
gligat.  Ne  defperes  ; 
eji  enim  Deits  mife- 
ricors s  ne  fis  ni- 
minm  fecurîis  ,  eJi 
enim  juftus.  Sicfalu- 
tem  utrinqite  nobis 
procurât  :  hujus  enim 
exfcindit  focordiam  ; 
illius  autem  tollit  def' 
feraiionem, 

Revertere  anima 
mea  in  requiem 
tuam ,  quia  Domi- 
nusbenefccittibi.. 
Qt4£  alits  videntur 
efje  digna  lacrymis , 
huic  ea  Videntur  op' 
tanda  :  CT*  eapropter 
qu£  aliife  jure  pu' 
tant  Utari  >•  fibi  exi- 
ftimat  merito  deplo- 
tanda.  An  non  efl 
merito  ingemifcen- 
dum  y  quod  Jîmus  in 
regione  aliéna  ,  O*  «» 
coloniam  procul  à  pa- 
triapojîtam  amanda- 
ti  ?  An  non  eft  maxi- 
me Utandum  quod  in 
tranquillum  portwn 
ium    maximà  celé* 


s      P  s  E  A  U  M  E  s.  45?  ï 

Le  Seigneur  eft  mifericordieux 
O*  jufte.  David  nous  cnfeigne 
par  ces  paroles.,  à  éviter  le  dé- 
fefpoir  &  l'a  négligence  ,  com- 
me s'il  nous  diloit  :  Ne  défef- 
perez  pas ,  car  Dieu  eft  mife- 
ricordieux :  Ne  demeurez  pas 
aufld  dans  une  trop  grande 
aflurance  ,  car  il  eft  jufte.  Ain- 
fi  ce  S.  Prophète  pourvoit  des 
deux  cotez  a  notre  falut.  D'u- 
ne part  il  excite  notre  négli- 
gence &  notre  pareffe  j  &  de 
l'autre  il  nous  retranche  tout 
fujet  de  défefpoir. 

0  mon  ame  rentre:^  dans  vo- 
tre repos  ,  car  le  Seigneur  vous 
a  fait  du  bien.  Ce  que  les  au- 
tres regardent  comme  digne 
de  larmes  ,  paroît  défirable 
à  ce  faint  Roi  :  Et  il  confîde- 
re  comme  des  chofes  qui  mé- 
ritent avec  raifon  d'être  pleu- 
rées  3  celles  que  les  autres  re- 
gardent comme  le  lu  jet  de  leur 
joye.  Et  en  effet ,  n'eft-ce  pas 
un  fujet  digne  de  gémilïemenc 
&  de  larmes ,  de  fe  voir  en- 
core errans  dans  un  pays  é- 
tranger ,  &  comme  reléguez 
en  des  régions  fi  éloignées  de  fa 
patrie  ?  Comme  au  contraire 
n'avons-nous  pas  raifon  d'ê- 
tre touchez  d'une  extrém-e 
joye  de  voir  que  nous  nous 
avançons  à  pleines  voiles  vers 


ÇÇ4, 

Eviter, 'a  pré» 
fompiioa  6C 
le  délelpoir. 


55'^ 
Ce  qiifi  le 
monde  aime  » 
elt  digne  de 
larmes  ,  ce 
qu'ihrainteft 
l'objet  de  U 
vraye  joye. 


4P2  Des     Homel 

le  port  tranquille  &  affûré  de 
cette  cité  célefte  j  dont  toutes 
lortes  d'afHidions ,  de  maux  , 
&  de  t^émifiemens  feront  éter- 
nellement bannis  ?  Mais  cela 
ne  me  regarde  pas,  dira  le  pé- 
cheur. Cela  fait  donc  voir  , 
que.  ce  n'eft  pas  proprement 
la  mort ,  mais  plutôt  la  mau- 
vaife  confcience  ,  qui  eft  â 
craindre.  Cefiez  de  pécher , 
&  la  mort  vous  deviendra  une 
chofe  déiîrable. 

99^-  Qh^  ^ous  nos  défirs  tendent 

Ni  peine  ,  ni  àla  vie  future  5  &  rapportons 
plaifir  de  la  tQutgj  ^los  adions  à  cette  der- 
:;îJAr'V«;  "i^^^  fi"-  Car  c'eft  pour  nous 
un  Chrétien  exciter  a  ne  jamais  perdre  de 
qui  tend  au  vue  cette  demeure  célefte  , 
ckl.  que   notre  Seigneur  nous  a 

ordonné  de  dire  :  Que  votre 
re^e  arrive  :  Et  en  effet,  qui- 
conque eft  polfedé  de  l'amour 
de  ce  royaume  divin  ,  &  fe 
nourrit  de  Telpérance  des 
biens  du  cieh  ne  peut  jamais 
fe  laifler  abbattre  aux  maux 
de  la  terre  j  mais  femblable  à 
un  voyageur  ,  qui  fe  hâtant 
d'arriver  à  la  ville  royale  ne 
fcroit  retenu  ni  par  la  beauté, 
ni  par  la  difficulté  de  tout  ce 
qu'il  rencontreroit  en  fon  che- 
min ,  il  conferve  toujours 
en  fon  efprit  une  idée  li  vi- 


I  ES 

ritate  curfum  tened- 
mus  ,  CT*  fupemam 
civitatem  recipia- 
mus ,  à  qua  proeiU 
aufugit  dolor  ,  mole' 
Jîia  zy  gemttui  ?  Et 
quià  mea  refert ,  i«- 
quisi  qutfumpecca- 
tor  ?  P^ides  non  ejfe 
mortem  qtta  dolonm 
ajferat  ,  fed  maLm 
cofyfcientiam.  Defîne 
psccare  ,  C?"  erit  libi 
expeftenda  mors. 

Tuturam  nos  vi' 
tam  dejîderemus ,  C7' 
omnes  aOiones  no^ 
Jiras  »eo  dingamus  : 
proptereajtihemiis  di' 
cere ,  adveniat  re- 
gnum  tuum  j  t*t  ai 
tUum  diem  femper 
refpiciamus.  Qui  e- 
nim  illo  amore  tene^ 
tur  5  CT*  illorum  bty 
norum  fpe  aliiur  , 
nuUis  malis  pr^fen- 
tibus  ohruitur  ,  aut 
retardatur  :  fed  ve- 
luti  qui  ad  regiam 
urbem  contendunt  _ , 
nullo  qtéodin  itinere 
fe  ojferat  retinentur  , 
non  locis  amants  , 
non  defertts  .  .  .  ita 
qui   quotidie    iUnm 


Sur  l 
fibi  e^ifgit  civita- 
ttm  ,  C?*  ejiii  fovet 
dsfidtrium  f  nihiUo' 
rum  qu£  fuut  gra- 
via  grave  exijttma- 
bit  i  nec  eorum  qu,t 
fuHt  fucHnda  CT*  iUu- 
Pria  ,  JHcundum  CT* 
illupre.  Q^d  autem 
dico  5  non  extfiima- 
hit  ?  imo  ne  ea  vi- 
dehit  quidem  ,  ut  qui 
alto  haheat  oculos  : 
Non  contemplan- 
tibus  nobis  qus 
videntur ,  fed  quae 
non  videntur  5 
qu^eenim  videntur 
temporalia  funt  j 
quse  autem  non 
videntur  alterna. 

Pas  ne  moti  funt 
pedes  iTiei  ,  pa- 
cem  peccatorum 
yïàtns,..P^ide  quan- 
tum  fit  periculttm  res 
fidei  permittere  hu- 
manis  rationihus  zy 
non  fidei.  Fides  efl 
qutedam ..  fiicra  an- 
chora,  qu£  ttndique 
fitflentat  mentem  qtt^ 
et  adîjxret  ;  CT*  tune 
maxime  ojlendttur  , 
quando  in  maxima 
nrum  .d^fficttlfate  et 


ES      PSEAUMES.  4P5 

ve,  &un  fi  ardent  defîr  de 
cette  cité  célcfte,  que  tout  ce 
qui  fe  préfente  de  plus  fâ- 
cheux ,  ou  de  plus  charmant 
dans  le  chemin  de  cette  vie  , 
ne  lui  paroît  ni  affez  péni- 
ble nialfez  agréable  pour  l'ar- 
rêter. Mais,  que  dis-je  ,  ne 
lui  paroît  ;  puifque  même 
il  ne  verra  rien  de  toutes 
ces  chofes  de  la  terre ,  ayant 
les  yeux  uniquement  arrêtez 
fur  celles  du  ciel  ;  Ne  contem- 
plant point  ^  (elon  que  parle  l'A- 
potre,  les  chofes  vifibles  ,  mais 
feulement  les  invifibles  î  car  les 
vifibles  font  temporelles  C  p^Jfa- 
gères ,  O'  les  invifibles  font  éter' 
n  elle  s. 


j^'^ai  chancelé'  dans     mes    de-        997' 
marches  ,   voyant   la  paix  dont  Ne  s'appuyer 
joUiJfent  les  pécheurs.  Vous  voyez  4«efur  la  foi, 
par  ces  paroles  quel  eft  le  dan- 
ger d'abandonner  les  chofes  de 
la  foi  aux  raifons  humaines , 
&  de  ne  les  pas  confier  à  la 
foi  même.      Car   la    foi   eft 
comme  une  ancre  iacrée  qui 
retient  &  affermit  de  toutes 
parts  le  vaiifeau  de  notre  ef- 
pnt  qui  s'y  attache  :  &  on  le 
remarque  principaleinent  dans 
les    rencontres    les    plus    fâ- 
cheules  de  la  vie  ,  où  la  foi 


L'orgueilleux 


^4  Des    Homel 

nouspetfuacie  d'attendre  avec 
patience  Teftet  de  refpoir 
qu'elle  nous  infpire  ,  &  nous 
fait  rejetter  de  notre  efprit 
toute  cette  foule  de  raifon- 
nemens  humains  qui  ne  fer- 
vent qu'à  rembaralfer. 

Les  fupcrbesj  ni  ne  con- 
noiifent  Dieu  ,  ni  ne  fe  con- 
ne  fonnoit  ni  noiffent  eux  mêmes.  Et  en 
Dieu  ni  foi-  ^fl-et  comment  celui  qui  n'au- 
memc.  ^.^  p^^   premièrement  connu 

fon  Créateur  ,  fe  connoîtra- 
t-il  foi-meme  comme  créatu- 
re. Or  ctH  proprement  de 
ce  que  l'homme  ne  reconnoît 
pas  fon  maître ,  que  nait  Ion 
orgueil.  Car  (elon  le  témoi- 
gnage de  l'Ecriture  3  le  com- 
mencement de  l'orgueil  vient  de 
ce  quon  meconnoU  Dieu, 
ppp.  L'humilité  eft  un  fi  grand 

Excellence  bien  ,  que  notre  Seigneur  a 
dcrhumilité,  voulu  s'humilier  lui-même  , 
afin  de  nous  attirer  à  imiter 
fon  exemple  Et  c'eft  pour 
cela  qu'il  nous  dit  :  Apprene:^. 
de  moi  que  je  fuis  doux  O*  humhle 
de  cœur. 


1000. 

Providence 
in. 


Comme  les  yeux  les  plus 
,     ,^  fains  &  les   plus   perçans  ne 

de    Dieu    in-  ^  K     } 

compréhenfi-  peuvent  pas  regarder  e  corps 
ble,  ôc  pour,  àa  foleil  ,  a  caufe  du  trop 
qu.i?  grand  éclat  de  fes  rayons  ; 


lES 

p<rfuadet  yUt  bonam 
fpem  expeàet ,  expul  - 
fa  turha  ratiocina- 
tionum. 


In  Pfalm.  iij. 
Super bi  Dcum  non 
cogpofcunt  5  neque 
femetipfos  quidfnt  j 
fciunt,  Qj^  patio  e-» 
nim  quh  non  ante^ 
agnofcit  cpificem  , 
agnofcet  fetpfttm  ef- 
Je  figmentum.  Qjiîà 
enim  nefcitur  Donn- 
nm  5  nafcitur  fttpeY' 
bia  .  .  .  initium  fu- 
perbi^eft  nefcirc 
Deum. 

Tantum  bonum  eft 
humtlitas  y  ut  Ç^ 
Dominus  nofler  hw 
mihartt  femetipfttm. 
Et  ut  in  fimilitudi- 
nem  fu*  nos  humili" 
tatis  adduceret ,  di' 
.-vmt/Difciteàmc 
quià  mitis  fum  & 
humilis  corde. 

In  Pfalm.  117. 
Quemadmodàm  née 
qui  fanifunt  femper 
pojfuntfolem  intueri 
proptcr  fummUfplsii' 


Sur    le 

dorem;  ùa  nec  uni- 
ver/a  Dei  proviàet)' 
tia  perfeHèfdri  po- 
tcp;  quod  omnem  hu- 
manam  rationem  loti' 
gè  fuperet  illius  fu- 
pientiit    magniiudo, 
Si*nt  etiam  quxdam 
ajfecîiones  qu*flitUn 
Jjtpè  tenebrdi  ojfun~ 
dunt ,  CT*  efjiciunt  ut 
eam  omnino  vider e 
nequeant.     Primùm 
quidem  Ubido  CT*  4- 
mor  volttptatis  >  quo- 
circà  «a  etiam  qu* 
fttnt  omnibus  mani' 
fefla  prxtercurrunt. 
Secttndum    ejl  igno- 
rantia  CT*  mentis  per- 
verjitas  • . .    Accedit 
tertium  qttodnefciant 
quid^  bonitm  ,  quid 
fit  malnm  ;  quod  malo 
delefîentur    Cr   fint 
propenji  ad  vitium. 
Quartum  quod  fuo- 
rum  peccatorum  ra- 
tionem  non    ineunt. 
Quintum ,  quod  va- 
ftum  O'  inejfabile  id 
quod  inter  Deum  €7* 
bomines     interced.it. 
Sextum  »   quod   non 
vult  Deus  omnia  ubi- 
^ue  ofiendere ^nempè 


S     PSEAUMES.  ^^^ 

de  même  il  eft  impoflible  de 
connoitre  parfaitement  tou- 
te la  conduite  de  la  provi- 
dence divine  ,  parce  que  la 
raifon  de  l'homme  eft  trop 
foible  pour  loutenir  la  fplen- 
deur  de  cette  fagcfle  infinie. 
Il  y  a  aulTi  plulieurs  palTions 
différentes  qui  obfcurciirent 
l'intelligence  des  pécheurs  & 
des  infeniés,  &  qui  les  em- 
pêchent de  reconnoître  cette 
providence.  La  première  eft 
la  concupifcence  &  l'amour 
de  la  volupté  ,  qui  les  fait 
paffer  par  delfus  les  chofes 
les  plus  manifeftes,  fans  \qs 
découvrir,  z.  L'ignorance  & 
le  dérèglement  de  i'efprit.  3. 
Le  défaut  du  difcernement  de 
ce  qui  eft  bien  d'avec  ce  qui  eft 
mal ,  qui  ne  vient  que  de  ce 
qu'ils  font  entièrement  adon- 
nés au  vice.  4.  Le  peu  de  con- 
noilfance  qu'ils  ont  de  la  gran- 
deur de  leurs  péchés.  5.  La 
diftance  infinie  quife  rencon- 
tre emre  Dieu  &  l'homme.  6, 
Les  fecrets  de  la  conduite  de 
Dieu ,  qui  ne  veut  pas  toujours 
tout  découvrir  ,  parce  qu'il 
juge  que  la  connoiHance  des 
effets  particuliers  de  la  pro- 
vidence qu'il  fait  paroitre 
peu  à  peu  ,  félon  les  lieux  & 
félon  les  temps,   nous  doit 


4f  6  Des    Home 

luffire.  Nous  ne  devons  donc 
pas  pour  faire  tant  d'efforts  pé- 
nétrer toute  l'oeconomie  de  fa 
divine  conduite  ,  puifque  c'eft 
une  chofe  fi  immenfe  &  fi 
relevée,  qu'elle  furpaffe  in- 
finiment la  portée  de  toutes 
les  créatiires. 


looi.  Quand  vous  vous  trouve- 

Plus  oneftrez  dans  une  plus  grande  mi- 

Tcduit  à  l'ex- fére  ,  c'eft  alors  que  vous  de- 
ttemitc  ,  plus  iu5  çç  ^^^^  .  ^^^  Di^^  ^g 

on  doit  efpe.  r  ■  r   r  «         r         r 

^„j.^         ^    fait  pas  fitot  paroitre  la  puil- 

fance ,  dans  le  commencement 
de  nos  befoins,  que  lorfquil 
nous  femble  que  tout  eft  défef- 
péré.  C'eft-là  le  vray  temps 
du  fecours  de  Dieu.  Aufîi  vo- 
yons-nous que  le  Seigneur  ne 
délivra  pas  d'abord  des  mains 
de  Nabuchodonofor  \ts  trois 
jeunes  hommes  de  Babylone  ; 
mais  feulement  après  qu'ils 
eurent  été  jettes  dans  la  four- 
naife  j  ni  ne  retira  pas  Daniel 
dès  qu'il  eut  été  mis  dans  la 
folle  aux  lions  ,  mais  feule- 
ment fept  jours  après.  Or 
Dieu  en  ufe  de  la  forte  afin  que 
perfonne  ne  lui  ravifle  &  ne 
s'attribue  la  gloire  qui  n'eft 
due  qu'à  lui. 
1001.  David  ne  rend  pas  feule- 

Utiuté  des  ment  grâces  à   Dieu  de   ce 


LIES 
quià  fujficiunt  qujt 
fiunt  figillatim.  Non 
oportet  ergo  nimium 
contendere ,  ut  in  om- 
nibus dtfcas  Dei  ad- 
minijfrationem.  De 
rébus  enim  immenjîs 
contendimus  ^^qua 
creatam  omnem  na^ 
turam  longe /uperant. 
Qitando  tes  in 
maximum  inciderint 
inopiam  ,  tune  tufpe- 
ra  maxime.  Tune  e- 
nim  Deus  maxime 
Juam  ojiendet  poten^ 
tiam ,  nonàprimor" 
diojfed  cùm  rcsfue- 
rint  plane  defperats 
ahhominibus.  Hoc efl 
enim  tempus  divmi 
auxilii.  Etideo  nec 
pueroseripuit  àj^rin- 
cipio ,  fed  pûPquàm 
fiterint  conjefii  in 
fornacem  \  nec  Da- 
nielem  antequàm  ef- 
fet immiJJUs  ifedfep- 
tem  poji  diebus  .... 
Hoc  autemfaciiDeus, 
ne  ullus  ejusjîhiglo- 
riam  vindicet. 


Konfolùm  grattas 
agit  David  quodfue- 


Su  R      LE 

rit  Uberatus  -,  fed  e- 
tiam  quod  ceciderit , 
maximum  agnofcit 
beneficinm ,  &  dicit 
lucrum  tentationis. 
Quodnam  hoc  ?  Ca- 
ftigans  caftigavit 
meDorainus.  Mac 
efl  Militas  periculo- 
rum  5  quodme  meltO" 
rem  fecerunt. 

In  Pfalm.  ii8. 
Qui  efiis  boni  ,  a$- 
gnate  illud  donoDei', 
C^  ttolite  illud  vobis 
ajfumere  qmddona- 
tum  efl  ,  ne  perdatis 
quod  habetis. 

In  P(alm.  iip. 
Quomodb  à  captivi- 
taie  Itberati  ftterunt 
Ifraeliu  ?  Dejiderio 
j^erofolimtt.Quod  qui- 
dem  nijleis  adfuijjet 
ex  Dei  gratia ,  in 
perpétua  fervitute 
dtesfttosobiijfem.  id- 
ipfum  nabis  eveniet , 
tiifiamore  c<eleflium  , 
Ci?'  dejîderio  c<eleflis 
jerufalem  teneamur, 
non  autem  in  prafen- 
tem  vitam  perpétua 
defigamur.  lit  cceno 
enim  curarumfecuU- 
riftm  perpeim  volti" 
Tonne  L 


S      PSEAUMES.  4S>7 

qu'il  a  été  délivré  ,  mais  rné-  tentations,  5c 
me  regarde  fa  chute ,    corn-  "^^"1=   «^es 
me  un  très  fîgnalé  bienfait,  l^^"^"    P°"^ 
&  cette    tentation,    comme  ^^^' 
un  avantage  ,  en  di/ant  :  Le 
Seigneur  m' a  châtie.  Car  l'utilité 
de  cette  tentation  ,    confifte 
en  ce  qu'elle  nous  rend  meil- 
leurs. 


Si  vous  êtes  bons ,  nttri- 
bucz-le  à  un  don  de  Dieu  j 
&  ne  recevez  pas  comme  ve- 


1005. 

Attribuer 
toTJt   le    blm 


nant  de  vous  ce  qui  vous  a  été^    '^"' 
donné  ,-  de  crainte  que   vous 
ne  perdiez  ce  que  vous  avez. 

Comment  les  Ifraèlites  ont-       1 004. 
ils  été  délivrés  de  la  captivité?     On  n'anî- 
Par  un  grand  défir  pour  Je-  '''^:  V"'"t  ^^u 
rufalem.  Car  fi  ce  défir  ne  leur  ^7  '/'  ^'^J 
eucete  mfpire  par  la  grâce  ,  ^c  la  t.ue. 
ils  auroient  confommé   leur 
vie  en  captivité.  Et  ce  malheur 
de  croupir  dans  la  fervitude 
nous  arrivera  >  fi  nous  ne  fonv- 
mes  poffedés  de  l'amoiir  des 
biens  de  l'éternité,  &  d'u» 
ardent   defir  pour  la  célelle 
Jerufalem  ,  &  fi  nous  demeu- 
rons toujours  attaché  à  cette 
vie  toute  terrefti  e.  Car  il  eft 
fans  doute  que  tant  que  nous 
(eions  enfoncés  dans  la  bom- 
be  dQ&  £om  de  U  teirç> 


458  Des     Home 

nous  ne  ferons  jamais  en  état 
d'être  reçus  dans  notre  patrie 

célefte. 

Quand  vous  vous  trouvez 
■  dans  l'aftlidicn  ,  ne  défefpé- 
rez  point  &  ne  tombez  point 
dans  la  négligence  j  mais  ani- 
mez-vous alors  d'un  nouveau 
courage  '-,  car  c'eft  un  temps 
auquel  vos  prières  feront  plus 


pures. 


&  la  bienveillance  de 


Dieu  plus  grande  pour  vous. 
£t  ileilàfouhaiterque  la  vie 
vous  foit  à  charge  ,  ^  péni- 
ble j  puifque  tous  ceux  qui  veu- 
lent vivre  avec  pieté  ew  J  E  S  U  S- 
CHRIST  fouffrtront  perfécu- 
tion  i  &  c\\xil  eji  nécejfaire  de 
pajfer  par  l'eprettve  de  plu/leurs 
afliéjions  ,  pour  entrer  dans  le 
royaume  de  Dieu.  N'aimez  donc 
pas  la  vie  molle  &  voluptueu- 
le,  &  ne  prenez  point  la  voys 
large  ,  car  elle  ne  conduit  pas 
au  ciel  ;  &  il  n'y  a  que  le  fen- 
tier  étroit  e?*  ferré  qui  nous  y 
mené.  Fuyez  les  plaifîrs  >•  fou- 
lez aux  pieds  le  fafte  &  les 
pompes  du  ficelé  ,  méprifez 
les  richelTes ,  la  gloire  &  la 
puiffance  du  monde  '-,  Embral^ 
îez  une  vie  pauvre  &  ab jede  j 
confeflez  vos  fautes  avec  des 
torrens  de  larmes  ',  &  appli' 
quez-vous  à  tout  ce  qui  peut 
contribuer  à  votre  falut. 


LIES 
tati ,  tj&n  potertmup 
patriam  recipere. 

Quando  ei  inaf' 
fliclione ,  ne  àefpereSj 
ne  lahores  negligen- 
tiâ  j  fed  tttnc  tempo» 
ris  maxime  excitare  : 
funt  enim  tune  precei 
puriores  ,  major  ejî 
Dei  in  te  henevoîen- 
tia  ;  G?*  perpétua  ità 
vivas  ,  ut  fit  tibivi'' 
ta  laboriofa  i  fciens 
quôd  omnes  qui 
piè  volum  vivere 
in  Chrifto  Jefu  y 
perfecutionempa- 
tientur  ;  CT*  quôd 
per  multas  affli- 
diones  oportet 
nosintrare  in  re- 
gnum  Dei.  Newo/- 
lem  ergo  vitam  C?* 
dijfolutam  dilexeris  y 
necvnht^velisi»' 
gredi  ;  ea  enim  non 
ducit  in  c^elttm  ,  fed 
arda  &  angufta  : 
fugiasvoluptates,  ex- 
ternam  vit£  pompam 
conculcesy  opes,glo- 
riam  ,  &  potentiam 
uegligas  :  pauperta^ 
tem  autem  CT»  contri- 
ttenem  vit*  y  confef 


Sur  le 
fîonem  cy  lachryma- 
rt*m  fontem  teneasy 
CT*  omnia  qu£  falu- 
tem  pojjunt  conciliare 
ferfequaris. 

H<ec  eji  dofïrina 
optima  atque  adeo 
frima  ,  ftire  nos  in- 
quilinos  ejjs  in  vttâ 
pr^fenti ....  hoc  eji 
radix  &  f$éndamen' 
tttm  omnis  virtutis. 
Ç^ai  enim  rerttm  qu<e 
h'k  funt  ^  hofpes  ej} , 
erit  rerum  fuperna- 
rum  civis,  Qu^i  eo- 
rum  qu£  hic  fttm  , 
hofpes  eJi  y  non  hhen- 
ier  verfahitur  inpr£» 
fentibtts ,  non  âomus, 
non  pecunia  ,  non 
alimenti ,  nec  alins 
ejufmodi  cttram  ^e» 
ret  :  fed  quemadmo* 
dkm  qui  in  aliéna 
verfantur  y  nihilnon 
a^ttnt  ut  patrie  fu£ 
rej}itttantur  .  .  .  ità 
etiam  qui  amore  fu- 
î'.irortim  tenetur  , 
nec  rehmpYifentihus 
ajvarjîs  animum  de- 
mittet  ,  necfecunJis 
effcret)  fed  utraqtie 
fr£tercurreret ,  tan- 
KHA17Î  qui  Zf,im  in^ 


S      PSEAUMES. 


499 


La  première  &  la  plus  fa-  loo^. 
lutaire  dodrine  qui  nous  de-  V.vre  eu 
vons  embrafler  ,  c'eft  d'être  .^o/'^geur  fuc 
perfuadés  p.lic  noU5 ne fomine^  '^  ^'^"^* 
que  comme  des  étrangers  & 
des  voyageurs  en  cette  vie. 
Cette  fcience  eft  la  racine  &  le 
fondement  de  tonte  vertu. 
Car  celui  qui  n'ufera  Aqs  cho- 
i^Qs  préfentes ,  que  comme  un 
hôte  &  un  pallager,  fera  un 
jour  le  citoyen  &  le  pofTel- 
feur  de  celles  du  ciel  :  &  ea 
attendant ,  il  ne  s'attachera 
^s;u"éres  aux  chofes  du  monde  , 
il  ne  fe  mettra  pas  beaucoup 
en  peine  d'argent  ^  de  maifon  , 
de  nourriture  ,  &  d'autres 
chofes  femblables  -y  &  comme 
àQs  gens  qui  fe  trouvent  en 
pays  étranger  ne  s'appliquent 
uniquement  qu'à  ce  qui  peut 
avancer  leur  retour  en  leur 
pays  :  de  même  ceux  qui  font 
remplis  de  l'amour  àt%  biens 
futurs,  rti  ne  fe  laiflènt  point 
abbatre  par  \ts  difgraces  de 
ce  monde  ,  ni  élever  par  la 
profpérité  i  mais  ils  paflenc 
également  fur  la  bonne  &  îa 
mauvaifc  fortune  fans  s'y  ar- 


^00  Des    Homel 

réter  ,  ni  en  interrompre  le 
chemin  qu'ils  ont    entrepris 
vers  la  célefte  patrie. 
1007.  Alon  ame  a  été  long  temps  dam 

Attendre  la^/^„  ^j^.,/^  Qç  j^j-jg  temps  ne  mar- 

^'^  ^"'^^^;.  que  pas  tant  le  nombre  des 
teimpaiience.  années  (pu  a  dure  ,  que  les 
peines  qu'on  y  a  louftertes. 
Car  quelque  peu  que  dure 
le  temps  d'une  niuidion ,  il 
paroîc  toujours  très  long  à 
ceux  qui  la  fouftVent.  C'eft 
là  le  fentiment  dont  nous  de- 
vons être  touchés  durant  cette 
vie:  &  quoique  nous  n'y  ayons 
pas  vécu  beaucoup  d'années  , 
nous  les  devons  trouver  très- 
longues  ,  par  l'impatience  de 
retourner  en  notre  patrie. 
Je  ne  dis  pas  ceci  pour  blâ- 
mer la  vie  prélente  i  car  c'efè- 
l'ouvrage  de  Dieu  :  mais  feu- 
lement pour  vous  exciter  à 
l'amour  de  la  vie  future  , 
&  pour  empêcher  que  vous 
ne  vous  attachiez  trop  forte- 
ment à  celle-ci. 
^1008.        j  ES  us-Christ  veut 

?orcc  de  ia  q^g  j^qus  foyons  des  brebis , 
douceur  &de  ^  même  au'milieu  des  loups. 
rnummte.  ^^  ^^  ^^^^^  ^  pouvons  de- 
meurer brebis  ,  nous  furraon- 
tcrons  fans  doute  les  loups. 
Car  rien  n'eft  fi  puiflant  que 
la  douceur  :  rien  n'eft  fi  fort 
que  la  manfuetude  &  l'humi- 
lue. 


I  ss 

gredttw. 

Multùm  fuit  itï* 
cola  anima  mea  . ., 
non  appellat  multùm 
propter  multhuài' 
nem  y  fed  propter  re- 
THm  diffîciéUatem.  Et' 
fi  emm  fit  exigtmm  , 
videtur  ejje  multum 
tis  qui  ajjliguntur. 
Ità  etiam  nos  oporiet 
afftci  j  C?'  quawvi-s 
htc paucii  annis  vi» 
xerimus  ,  eoi  tamen 
multos  ejJe  patare 
propter  futurorum 
dejîderium.  H£c  di- 
co  y  nequaquam  vi' 
tant  pr<tfentem  accU' 
fans  ;  efî  enim  ea  opus 
Dei ,  fed  ad  futuro- 
rum amorem  tas  eac- 
citans  ,  Cr'  ne  in 
rébus prafenlibus  lu-' 
henter  verfemini. 

Juhsî  Chnfus  noi 
ejfe  oves  etiam  inter 
lupos ....  mane  ovis 
V  ità  luposfuperabis 
.  . .  "Nihil  enim  ejt 
manfuetudine  poten^ 
tius  ,  viljillenitate 
vaUdius  acfirmius. 


Sur  le 
In  Pralm.  121. 
Tax  nojîra  Chrijlus 
qui  tulit  parietem 
tnimicitiarum  tnter 
Deum  ^  nos  ,  CT* 
reconciliavit  nos  Pa- 
tri.  Ecce  radix  pacis 
noflr<e,  Exindè  fur- 
git  ut  pacem  habea- 
mus  cum  omnibus  ho- 
minibus ,  fuflineamus 
inquiétas ,  arguamus 
fuperbos  ,  toleremus 
infirmas  :  C?*  ci*m  ità 
jiunt  ,  fecundatur 
in  nobispax.  Surgit 
aliapax  f  ut  non  U» 
tigetcaro  nojira con- 
tra animam  ,  fub- 
dantur  omnes  volit- 
ptates  Q^pimuli  car- 
nis  .  .  .  Cùm  itàfue- 
rint  fubdita  ,  fpiri- 
tui  tune  eritpax. 

In  Pfalm.  1Z5. 
Quemadmodum  fc 
mtna  opus  habentim- 
hribus  j  ità  etiam  nos 
lachrymti  ;  ^  fient 
terra  opus  habet  ut 
aretur  <5r  projcinda- 
tur  ,  ità  anima  fide- 
lis  pro  ligone  indiget 
tentationtbm  €7"  af- 
fiifliomhus ,  ne  pro- 
ducat  mAUs  herbes , 


S     Ps  BAUMES.  yoi 

Jesus-Christ  eft  no- 
tre paix  &  notre  réunion  avec 
Dieu.  C'eft  lui  qui  a  rompu  Je 
mur  de  fëparation  qui  étoit 
entre  Dieu  &  nous ,  &  qui 
nous  a  réconciliés  à  fon  Perc. 
C'cft  de  la  racine  de  cette 
paix  que  procède  celle  que 
nous  devons  avoir  avec  tous 
les  hommes.  Souffrons  les  in- 
quiets,  reprenons  les  fuper- 
bes  ,  fupportons  les  infirmes  5 
&  par  ce  moyen  la  paix  s'ac- 
croitera  &  fe  fortifiera  dans 
nous.  Il  doit  encore  naître  de 
cette  même  racine  une  autre 
paix  qui  empêche  notre  chair 
de  fe  révolter  contre  notre 
ame ,  &qui  foumet  à  la  rai- 
fon  tous  les  plaifirs  &  les 
mouvemens  de  nos  fens.  Car 
quand  tout  cela  fera  fournis 
à  l'elprit  ,  alors  nous  ferons 
dans  une  véritable  paix. 

Lçs  grains  que  l'on  a  Ce- 
rnés n'ont  pas  plus  befoin  de 
pluye  ,  que  nous  de  larmes: 
Et  comme  il  eft  néeellaire 
de  labourer  &  de  renverfer 
la  terre  où  l'on  veut  femer  : 
De  même  les  tentations  & 
les  afflidions  font  néceffaires 
pour  empêcher  l'ame  fidelle 
de  poufler  de  mauvaifes  her- 
bes ,  pour  brifer  fa  dureté 
&  la  préparer  à   recevoir  le 


Paix  avec 
Dieu  ,  fource 
de  la  paix  arec 
le  prochain  , 
&C  avec  nous  • 
même. 


lOIO, 

Nécelfité 
à&s  tentatiens 
3c  des  aiSic- 
tions. 


bon  grain. 


Des    Home 


loi  I.         Supportez  avec  courage  les 
Patience  dans  maux  qui  VOUS  arriveront ,  & 
les  maux ,  ef-  ^^j^  y^^g  tiendra  lieu  de  mar- 
p=ce  de  mat,  ^^^^  ^.^^  laréfolution  avec  la- 
quelle   le    Chrétien    foufFre 
qu'on  le  déchire  plutôt  que 
de  facrifier  aux  idoles,  n'eft 
pas  la  feule  choie  qui  le  fait 
martyr  j  mais  il  le  peut  auffi 
devenir  ,   fi  lorfqu'il  foufFie 
quelque  violente   douleur  il 
fe  retient  de  murmurer  contre 
Dieu ,  &  s'il  la  fupporte  avec 
patience  ,   fans  rien  dire  qui 
mérite  d'être  repris. 

Celui  qui  prie  bien  Dieu  ; 
avant  même  que  d'obtenir 
^^  ce  qu'il  demande  ,  ne  laifle 
pas  de  tirer  beaucoup  de  fruit 
de  fa  prière.  Car  il  apprend 
dans  cette  fainte  occupation 
à  calmer  les  troubles  de  fon 
cfprit ,  à  appailer  fa  colère , 
à  bannir  l'envie  ,  à  éteindre 
la  convoitife  ,  à  diminuer  l'a- 
mour de  ce  qui  ne  regarde 
que  la  vie  préfente,  à  rem- 
plir fon  ame  de  tranquillité  , 
à  l'élever  enfuice  jufques  dans 
le  Ciel. 


ÏOI2. 

Salutaires 
effets    de 
prière. 


LIES 

ut  ejus  moîUatur  dn' 
rities ,  ne  nimium 
ejferamr  cr  exi'iat. 

In  Pfalm.  117. 
Fer  fortl  ammo  qu<s 
accidunt  :  hoc  ejl  u~ 
bi  martyrium.  Nott 
enim  cùm/acrificare 
juhetur  quti  O*  WJ4* 
vult  dilaniari  ,  fo' 
lumfacit  martynumf 
fed  etîam  citm  dolor 
impellU  ad  blaf^hc- 
mandum  ,  toleranter 
pottm  ferrs  kboran, 
£7'  mJnl  inhoncjium 
dicere  facit  many' 
rem. 

InPf.  î2p.  Qiii 
eondignè  precatur  y 
ettam  antequàm  con- 
fequatur  quod  pofin* 
lat ,  eoL  vratione  ma- 
^na  bona  percipti  j 
omnes  animi  pertur- 
bationes  reprknens , 
iram  fedatts ,  invt' 
dtam  expeUens-fCtfpi- 
ditatem  «xtin^t*ens  » 
rerum  advitampsr- 
îinentittm  amorem 
diminuens  ,  animum 
in  ma^namtranquii' 
litatem  redigem  ,  t<t 
ipfum  dcinccps  Cislur*^ 
afienÀenu 


Sun      L 

t^^anio  orationem 
Mg^rederis ,  ne  hoc 
folu'm  qutgras  ut  qmd 
petis  accipias  ;  fed 
etiam  m  in  ipsâ  ora- 
tione'  animam  me' 
liorem  ejjicias.  Nam 
hoc  quoque  eji  munus 
crationis. 

In  Pfalm.  131. 
"Neque  ferire  eft  ah- 
folutè  atrocitatis ,  ne- 
que  parcere  mnnfue- 
tudinis,  Sed  mitis  il- 
le  eJi ,  qui  ferre  po- 
tejl  qu£  in  [eiffum 
feccata  funt  ;  aliis 
vero  faÙam  propul- 
fat  injuriant  Çy  eis 
fert  opem  . . .  Quippe 
defpicere  eos  qmbus 
fit  injuria  ,  nec  tis 
irafci  qui  probris 
C?*  contumeliis  affï- 
tiunty  nonejîvirtu- 
tis  ,  fed  vitii  s  non 
efl  manfuetudinis  , 
fed  ignavi*. 


Non  Jîmuspr  opter 
promiffa  Det  focor^ 
des ,  ne  corruamus  ; 
nec  propter  minas 
dffperemm  yfedmn- 


tS     PSEAUMES.  fO^ 

Quand   vous    vous   appli-      iotî. 
quez  à  la  pricrc  ne  cherchez      Devenir 
pas  feulement  à  y  obtenir  ce  meilleur   par 
que  vous  demandez  à  Dieu  ;  '*  pneie. 
mais  penfez  aufli  à  y  purifier 
votre  ame  ,  &  à  en  devenir 
meilleur.  Car  c'eft  là  le  prin- 
cipal avantage  de  rOrailon. 

Ce  n'eft  pas  toujours  être       1014. 
violent  &    emporté    que  de    Quelle  cftb 
frapper  ,   ni  ce  n'eft  pas  toû-  '^^^>'^  ^°"" 
jours  être  doux  ,  que  d'épac-  *^^"'* 
gner  &  de  pardonner.   Mais 
celui-là  eft  proprement  doux  , 
qui    fupporte    avec   patience 
les  oftenfes  qu'on    lui   fait  , 
&  qui  fçait  repouflèr  &  van- 
ger  celles  qu'on  fait  à  autrui  ; 
qui  eft  prompt  à  protéger  & 
recourir  fon  prochain  quand    ' 
il  a  befoin  de  (on  aftiftancc. 
Car    abandonner    ceux    qui 
l'ont  maltraités  ,   &  ne  point 
témoigner  d'indignation  con- 
tre   ceux    qui    les     maltrai- 
tent ,    ce    n'eft   pas    vertu  , 
mais  c'eft  un  vice  &  un  dé- 
faut ;  ce  n'eft  pas  douceur  ; 
mais  c'eft  lâcheté  &  foiblef- 
fe. 

Ne  foyons  pas  négligens  ^J^,^;^^^. 
&  parefleux  a  travailler  pour  gijgence  ôc  le 
obtenir  l'effet  des  proraeftes  défefjioir, 
de  Dieu ,  de  peur  d'en  être 
privés  ;  &  que  la  fraiseur  de 


lOI^. 


104  Des    Homel 

fes  menaces  ne  nous  jette 
point  dans  le  défefpoir  j  mais 
plutôt  nous  porte  à  changer 
de  vie. 

Ce  n'eft  pas  un  Chérubin 


lES 
temur. 


Réalité  &  que   VOUS  avez    habitant  en 

faimetc  de     yous  ,  mais  c'eft  le  Seigneur 

^'^"^^"^^'^' même  des    Chérubins  :  Ce 

n'eft  ni  l'urne ,  ni  la  manne  , 

ni  les  tables  de  pierre,  ni  la 

^         ,    baguette  d'Aaron-,  mais  c'eft 

»vv2ï'L      le  Corps  &  le  Sang  du  Sei- 

hérétiques,  ^,  /-sj    n.r      -cr      „ 

gneur  même  :  C  eit  ion  tlprir, 
&  non  pas  la  lettre-,  &  enfin 
c'eft  une  grâce  qui  eftau  ^qÇ- 
fus  de  toute  penfée.  Or  plus 
les  fymboles  &  lesSacremens 
aulquels  vous  avez  eu  l'hon- 
neur de  participer  font  véné- 
rables &  faints  ,  plus  cela 
i  vous  oblige  d'être  famt  vous- 
même  5  &  plus  vous  mérite- 
rez de  fupplices  fi  vous  man- 
quez à  obferver  les  divins 
préceptes. 


TOI 7.  Les     Juifs    n'invoquoient 

On  peut  Dieu  qu'en  Sion  j  mais  les 
Fr;.r  en  tout  Chrétiens  l'invoquent  en 
*^"'  tous  lieux  ;  dans  les  champs, 

dans  les  maifons,  dans  \^s 
rues ,  dans  la  folitudc ,  fur 
la  mer ,  dans  leurs  lits  :  En- 
fin il  n'y  a  nul  lieu  auquel  on 
leur  défende  de  prier  *pour- 


In  Pfalm.  133. 

No»  Cherttbim  ,  ftd 
ipforttm  Cherubim 
Dnm  habes  inhabi» 
tantem  >  neqtte  ur- 
nam  ,  manna  CT*  ta- 
bnlas  lapideas  C 
virvam  Aaron  ;  Jed 
corpus  ZP'janguincin 
Domimcum  ,  Çp'  fpi- 
ritumpro  litttra ,  C?" 
grattam  quxfuperat 
omnem  humanam  co' 
gitationem.  Quo  au- 
tem  majoribuifymbo» 
lis  C^  magii  vene- 
randts  /acramentis 
dignatui  es,  eo  major 
à  te  ejipr^fiandafan- 
Oitas  i  Z^  eo  majori 
eris  obnoxius  fuppli- 
eio  ,Jî  quejujjafunt 
tranJîUeris. 

^uddii  quidem  in 
Sion  invocabant,  nci 
autem  in  omni  loco  , 
in  agro ,  in  domo ,«« 
foro ,  in  folitudine  , 
in  navi  ,  in  diver* 
forio.  À  loco  enim 
non  prohibetiturpre- 
ces  3  AnodûjtM  morts 
qH9 


Sur    l 

^i  preàhus  conve- 
niant. 

In  Pfalm.  140. 
Tune  fol ùm  lo^tt.'ti' 
dumejîj  quandoqua 
dtcuntur  plttsprofttntg 
quàm  filsnltum. 

Oportct  eum  qui 
feprehendtt  ,  muUa 
excogitare  y  ut  acce- 
pta V  graïa  fit  ejui 
reprahenfîa  :  CT*  ma- 
gna fapientiâ  opus 
ejt  et  qui  taie  ad- 
hibuerit  médicament 
tum  i  ac  majore  qui- 
iem  ,  quàm  et  qui 
reprehenditur. 

SoUtudinem  non 
f^cit  i  effefolum  ;feçi 
mens  qti<z  teneULT  4- 
more  CT*  fiuiio  fa- 
pientix.  Ità  etiam 
ÇM«  habitant  in  me^ 
dus  urhihus  C  fife- 
pitihus  jpotsrunt  ejje 
Jîngulares ,  dàm  cor" 
ruptos  catui  fngiant^ 
p*  fe  jujiorum  con- 
ciUis  adjungant.  H^ec 
eft  vi't  Jecura»  Qui 
ergà  efi  ad  ccrrigen- 
dos  altos  idoneus  , 
cum  ils  verfetur 
qui  funt  fufcepturi 
mcdfànam    CT*    .eos 

Tom.  l 


ES   PsEAUM£s;       jro^ 

vcu  que  leurs  mœurs  répon- 
dent à  leurs  prières. 

L'on    ne  doit  parler   que       10 18. 
lorfque  nos  paroles   peuvent     Circourpc- 
étre  plus  utiles  que  notre  fi-  /^'of^  «1^"^  ^-^ 
lexic/  >'^^'°*"* 

Celui  qui  reprend  les  au-      ^,^^P' 
très  ,  le  doit  faire  avec  une     ^°"'§'V 
grande   circonfpedion  ,    afin  "^""  ^'^''^'* 
que  fa  réprchenfion  foit  bien 
reçCië  ;  &  celui  qui  fe  fert  de 
ce  remède  pour  guérir  la  playe 
de  fon  frère  ,  a  befoin  d'en 
ufer  avec  une  fagelfe  encore 
plus  grande,   que  celui  qui 
ibufFre  qu'on  le  reprenne. 

Ce    n*eû    pas  fimplement      1010. 
de  demeurer  dans  la  Iblitude     Retraite.  î.i 
qui  fait  que  nous  fommes  fo- P'"^  ^^^^ 
litaires  ,    mais   c'elt   plûtôt.^^î^^* 
d'avoir    le    cœur    poflfédé  de 
l'amour  &  du  défir  de  la  vraye 
fagejle.   Ainfi  ceux  même  qui 
habitent  au  milieu  des  villes, 
&  qui  font  expofés  aux  tumul- 
tes &  aux  embarras  du  mon- 
de, ne  laiHent  pas  d'être  de 
vrays  folitaires  s'ils  fuyent  les 
compagnies    des     perfonnes 
déréglées  &  corrompues,  & 
s'ils  n'ont  de  focieté  qu'avec 
les  gens  de  bien.   Car  il  n'y 
a  de  voye  fûre  que  cette  re- 
traite Que  s'il  y  a  quelq^^'uo 


50^  Des    Homel 

qui  ait  le  talent  &  la  capacité 
de  corriger  les  autres, ,  il  peut 
avoir  commerce  avec  ceux 
qu'il  juge  propres  à  bien  re- 
cevoir Tes  inltriiétions  ,  & 
travailler  à  les  fane  devenir- 
meiileurs  ;  Mais  ceux  qui  font 
foibles  doivent  fans  doute  fuir 
la  compagnie  des  méchans,  de 
crainte  d'être  corrompus  par 
leur  commerce.  Et  c'eû  là  le 
moyen  de  palier  avec  quelque 
fureté  le  temps  de  la  vie  pré- 
lente  ,  &  de  pouvoir  obtenir 
les  biens  de  la  vie  future. 
loii.  I-^s  afflidions   nous    font 

Utilité  des  Utiles  pour  deux  raifons.  L'u- 
aSîifclions,  ne  qu'elles  nous  rendent  plus 
attentifs  à  notre  devoir  ,  & 
l'autre  qu'elles  nous  mettent 
en  état  d'être  plus  favorable- 
blement  écoutés  de  Dieu. 

loti.  Qh^"*^    ^°"^    voyez    une 

C'eil  foi'blcf-  perfonne  qui  fe  défefpere  dans 
fsde  s'smpor.  fon  afflidion  5  &  qui  s'empor- 
ter   dans  hs  [g  en  des  paroles  d'aigreur  & 
«{Binions.      d'impatience,  n'attribuez  pas 
cet  emportement  à  i'afflidionj 
mais  plutôt  à  la  foibleiie  &  au 
dérèglement  de  fon  ame.  Car 
le  propre  de  l'affiidion  eft  de 
produire  àes  eftets  contraires^ 
fçavoir  l'attention   à  fes  de- 
voirs j   l'humiliation  de  l'ef- 


lES 

reddat  melioref,  Q^ 
eji  autem  imbecil- 
Itor  ,  fugiat  tmpro- 
bos  ,  ut  ab  tllti  dam- 
tium  non  accipiat. 
Ua  O*  pr^fentem  vi- 
tam  tttte  aget  ZD"  bo* 
na  ftttura  confe^uef 
tftr. 


prit ,  le  défît  ds  hkti  faire , 


In  Pfalm.  141. 
Duo  ccmmoda  habet 
ajjH^io.  Unum  qaod 
nos  facit  Jïudio/iores 
CT"  attentiores.  Alte- 
rum  quodea  quoaue 
jufta  cauft  eji  ut 
audtamur, 

Quando  videris 
quempiam  ex  ajjii' 
Clione  defperantem  , 
aut  verb-Hm  aliquod 
acerbum  proloquen- 
tem  i  ne  in  caufa  ejfe 
exijlimes  affli^to- 
nem ,  fedpujillstm  Z^ 
abjeéjum  ejm  ani- 
mum.  AjjitCltonii  e- 
nim  naturafolet  ef- 
ficere  contraria ,  at' 
tçnthncm  ,     anim 


SUK       L  I 

C^ntritionem  ,  inten- 
tant  mentem  ,  pieta- 
Usiner  ementHm. 

S*  càm  d«lor  im- 
mineaty  V  vit  a  fît 
lahoriofa  ,  adeo  in- 
valefcit  vitium  ;  'Ji 
nihil  efjet  horum  , 
quo  tandem  nonpro^ 

Agnofce  quod 
tranfis  ia  medio 
laqueoruni...^Ko- 
circà  magna,  nobis 
cautione  CT*  vigilan- 
lia  optis  efl.  Occultât 
enim  diaboltts  ,  U- 
queum  in  eliemojy- 
nàt  nempe  vanam 
gloriam  ;  in  jejunio , 
arro^amiam  ;  O'  in 
aliis ,  alia  ;  in  ip/is 
Z'iis  in  quibui  am- 
hulamus. 

la  Pfalm.  141. 
Qui  gloriatur  in 
Domino  glorie- 
tnr.  Ergo  de  mentis 
fttis/ibi  nihil  afjtgna- 
re  decet ,  nifipecca- 
ta  f  quafunt  propria 
vojlra. 

In  Pfalin.  143. 
Qnando  bénéficia  af- 

/ccrf  pi9t»sm  ;  fit 


ts 

PSEAUMES. 

SOT 

&  raccroiflement  de 

la 

pie- 

té. 

Si  les  affligions  ,  les  dou- 


1013. 

leurs  ,  &  les  peines  dont  cet-     Sans  r<irfi> 
te  vie  eft  remplie  ne  peuvent  ^^°"  !,"._V'^ 
tout-à-fait    réprimer  le 


l'excès. 


1024. 

Pièges  ir,c- 
ms  dans  liî 
bonnes  œu- 
vres. 


pas 

vice, à  quel  excès  ne  fe  por- 
teroit-il  point,  fi  la  vie  é- 
toit  exempte  de  tous  ces 
maux  f 

Reconnoifsey  que  vous  mar" 
cheT  en  ce  monde  ai*  milieu  des 
pièges.  Ces  paroles  nous  mar- 
quent combien  la  précaution 
&  la  vigilance  nous  eftnécel- 
faire  en  cette  vie  ,  puifque  le 
démon  nous  ten<l  des  pièges 
en  toutes  nosadions.  Le  piè- 
ge qu'il  nous  tend  dans  no$ 
auiyiônes ,  eft  la  vaine  gloire; 
dans  nos  jeûnes ,  c'eft  l'arro- 
gance, &  ainli  des  autres. 


Que  celui  qui  fe  Ratifie,  ne       roif. 
fie  glorifie  que  dans    le   Seigneur..    ^^  ^^^^^'' 
Nous  ne  devons  nous  attri-  pécKé.'^''^   ^ 
buer  aucuns  mérites  dans  tou- 
tes nos  œuvres  ;  n'ayant  rien 
qui  nous  Ont  propre  que  le 
péché. 

Quand  il  s*agit  de  faire  du      roi^. 
bien,  reconnoiliéz  tout  lîom-     C'eflla  foi 
me    pour  votre    prochain  ;Scîach.-au2 
Vu  ij 


yo^  Des    HoM 

qui  fait  les  Mais  quand  il  s'agit  de  la  véri- 
vrayeshai-  j-iié  ,  ulez  de  difcernement 
°"**  pour  reconnoitre  qui  eft  votre 

prochain.  Car  Çi  votre  p.ropje 
tiére  n'entre  pas  en  commu- 
nion avec  vous  fur  le  fujet  de 
la  loi  de  Dieu ,  confiderc^- 
ie  comme  un  étranger  &  com- 
ine  étant  plus  barbare  à  votre 
ég.ard  qu'un  Scythe.  Que  /i 
au  contraire  étant  Scythe 
ou  Sarmate ,  ii  3.  la  même  foi 
que  vous  ,  regardez-le  com- 
me vous  étant  plus  pioche  que 
votre  propre  frère  »  non 
par  les  liens  de  la  nature 
ou  de  la  patrie  ;  mais  par 
ceux  de  l'ame  &  de  I3  re- 
ligion, 
îoiy.  .Quand chaque  membre s*ap- 
Paite  fer  vit  plique  aux  chofes  qui  contri- 
tous  nos  mê-  bnç^t  à  la  gloire  de  Dieu  , 


^'"  ^'vk^  ^  ^  i'obfervation  de  Tes  pré- 
|loireâ  'S"*  çgpfçj  .  par  exemple  quand 
l'œil  ne  jette  point  de  regards 
impudiques  ;  quand  les  mains 
ne  Te  portent  point  aux  extor- 
fîons  &  aux  rapines ,  niais  aux 
aumônes  j  quand  les  oreilles 
font  toujours  ouvertes  pour 
entendre  le  chanj:  des  pfeau- 
mes  &  les  inftruâions  fpiri- 
tuelles  ;  quand  les  pieds  s'cm- 
ployent  à  courir  â  i'Eglife  ; 
quand  le  cœur  ne  médite 
point  de  upmpericspour  fw:- 


ELIES  _ 

omnii  homo  pràpiti^ 
q»ui  :  qtiando  autem 
de  veritate  agetur  ^ 
agnofce  quifnam  Jît 
propinqvtis  j  quii  <?- 
lienui.  Si  frater  in 
lege  veritaiis  tecum 
non  cçmmuniaiverit^ 
fit  tibi  quovis  Scj' 
tba  barbarior,  Sivs, 
autem  fit  Scythd  ^fi" 
va  Sauromata ,  CT* 
idquodo'lu  créât" 
deritj  fratre  tuo  fit 
tibipropinquior.  Non 
e^clingua  nec  ex  ge~ 
nercy  fed  ex  anima 
CT*  mentis  fententi^, 

Quando  unum? 
qiiodque  membrorum 
ea  facit  qu£  Deo 
gloriam  Ç7'  honorent 
ajferunt  ;  ut  pot% 
quando  oculus  non 
tmpadice  rsfpexerit  y 
qf4andb  manus  non 
ad  rapinam  »  Jed  ad 
elcemofynam  fe  ex' 
tenderint  »  qttanda 
ad  pfalmosO'  audi' 
tipnes  fpiritualesfiif" 
dpiendas  aures  pa^ 
rat<s  fuerint  -^quan^ 
do  pedes  ad    Ecck' 

fi^m    (ffimnint  i 


Sur    les 

^uanao  cor  non  dolos 
/fruit ,  fed  chanta- 
tefcatet  ;  fiuntp/aU 
terium  C^  cythara 
membra  corports ,  ct* 
cnnunt  novum  canti- 
cum  ,  non  verbisfo" 
lis,  fed  reèus  ip/îs. 


In  Pfalm.  144. 
A'iud  ej} arrogétntia, 
aîiudmagnitudo  ani- 
mi.  EJ}  enim  arro- 
gans ,  qui  propter  res 
parvasfe  faélat ,  V 
-confervos  defpicit. 
Alto  veto  efi  animo 
^ui  mente  efl  humi" 
lis  i  Ç^  prefentii  vi- 
te umbras  nihil  ejfe 
txipimat. 

Iti  Pfalm.  J46. 
In  hoc  fpes  maxime 
eonfffîft ,  ut  etfipa- 
tim  non  acceperimui, 
minime  dèjperemm 
r.ec  animum  abjéeta- 
mus. 

In  Pfalm.  ifo. 
Laudate  Deum  111 
ixïiàXi  ejus,  rid^ 


PSEAO\<ESV  j-oV 

prendre  fon  prochain  ,    mais 

n'eft    rempli   que  de    charité 

pour  lui  :  Quand,  dis- je, tous 

nos  membres  concourent  aiil- 

fî  unanimement  à  s'acquitter 

des  fondions  que   Dieu  leur 

demande  ;  alors  il  eft  vrai  de 

dire  qu'ils  compofenttous  en- 

lemble  comme  un  inftrumenc 

de  mufique  &  qu'ils  chantent 

d'un  commun  accoVd  un  nou- 
veau Cantique  ,  non  de  la 
voix  ,  mais  àcs  adions. 

Il  y  a  bien  de  la  différence       1028. 
entre  l'jtrrogance  &  la  gran-    Humilité  & 
deur    d'amc.     L'arrogant   fe  "mépris  du 
vante  pour  peu  de  chofe.  Se  monde, vraïe 
s'éJéve  avec  mépris  au  deflusf^^."^^"''^  ^^ 
de  ceux  qui  font  aufTi   bien 
que  lui  \ts  ferviteurs  du  même 
maitre:  Mais  une  grande  ame 
eft  celle  qui  s'abbaifle  davan- 
tage  par  l'humilité,.  &    qui 
confidere    connme   un   néant 
Us  ombres  delà  vie  préfen- 
te. 

L'efperance  d'un  Chrétien   ,/??^-r 
confîfte  pHneipâîèmèht  à  ne  p' InceTe'r; 
point  le    décourager   &    ne  décourage;*, 
point  s'abbatre  ,    lorfqu'il  ne  m.ùs, 
reçoit   pas  fitôt  de  Dieu  ce 
qu'il  lui  a  demandé  pour  fon 
lalut. 

Loue>   Bieu  dam   Ces   Saints.    ^^^^°' 
David  a  terminé  le  livre  des  &  °^":;r;i: 
Pfeaiimes.  par  Taftion  de  gra-i-aaion  d^  * 

y  U  iij  gracçj, 


►510  Des     Homélies 

ces  ,  afin  de  nous  apprendre  ,    quomoâo  TfahnofHm 

^uexomnie  c'eil  par  là    que 

nous  devons  commencer  tont 

ce  que  nous    faifons  &    que 

nous  difons  ,    c'eft  aulTi  par 

cela  même  que  nous  le  devon5 

finir. 


1031 

Le  fupc 


Ceft  en  vain  que  f  homme  fe 
,      .,    ^^  «rowè/e'.  Pourquoi  trouvez-vous 

eu  rirhe    ap-  /-  •■'  , 

p.utlent  au  "  mauvais  que  les  pauvres 
vous  preflent  de  leur  donner, 
comme  s'ils  vous  deman- 
doient  un  bien  qui  vous  fût 
propre  ?  Ce  qu'ils  vous  de- 
mandent ,  eft  proprement  à 


pauvre. 


librum  conduferit 
gratlarttm  afltone  > 
docens  nos  oportere 
hoc  ejfe  principium  5 
O'fnem  eorum  qH£ 
ÇP'facitnus  CT*  àui' 
mus. 

Serm.  in  illud 
PP.  38.  Verumta- 
men  fruftrà  con- 
turbatur  omnis 
homo.  Cfir  acerhe 
pn  ciim  à  pauperibus 
rogaris,  quafidetao 
impendas  ?  Sua  ,  illi 


eux  Si.  non  pas  à  vous-,   c'eft    petunt ,  nontua:ea 


un  bien  qui  ne  vous  a  été  rais 
entre  les  mains  que  pour  le 
leur  diftribuer  ,  &  qui  n'eft 
pas  né  avec  vous. Donnez-leur 
donc  ce  que  vous  avez  reçu 
pour  leur  donner  ,  &  faites- 
en  l'ufage  que  Dieu  vous  a 
prefcrit  en  vous  le  confiant  i 
fçavoir   de  ne  le  pas   garder 


pOUi 


vous ,  mais  de  le  com- 


muniquer aux  n4ce(îiteux. 
1031.  Celai    qui  ufe    de    m  i  fer  i  cor  de 

G.-g  ler  Dieu  envers  le  pauvre  ,  prête  à  Dieu  à 
parraumôiir.  yj-^y^,   Ajnfi  Dieu  lui  eft  re- 
devable. Voyez  donc  Ci  vous 
aimez  mieux  avoir  Dieu  pour 
juge  que  pour  débiteur  ? 
^  °  3  3  •  Retirer- vous  de  moi ,  maudits , 


qu£  ipforum  caufa 
tibi  tradtta  funt  G?* 
crédita  ,  non  qu£  te- 
cum  procreata  funt. 
Eroga  quod  accept^i^ 
O'ufum  accipe,  quoi 
tiht  ut  dares  ,  non  ut 
acciperesprafcri^tum 

Qui  mifericor- 
diâ  cum  paupere 
utitur,  Deo  dat 
fœnori.  Er^o  Deus 
nojier  eft  débiter.  17- 
trum  ergo  eum  habere 
visjudicem  5  an  de* 
hitorem  ? 

Difcedite  à  me 


s  tJ  R  LE 
aixit  5  qttod  aduheriy 
.quod  fures  fuijlis , 
fiilfum  teJ}imonium 
dixipis  ,  pejerafîis  : 
qptamquam  hxc  quo- 
que  conjfabunt ,  fed 
inferiora  funt  inim- 
manitate  CP'vacuita- 
te  miJèricordU.  Efu- 
rivi  enim  &  non 
dediftis  mihiman- 
ciucare  ,  &c.  Non 
condemnoeosquipec- 
caverunt  ,  fed  q»os 
inhumanttajti  non 
fanituit  :  vos  cott- 
dvmno  quldcfim  ta»' 
tum  ac  taie  remedium 
falu-tts  5  eleemofynam 
haheretis  j  tant  W4- 
gnum  beneficiumpriz- 
termsjfftis. 

In  illud  Pfal,  4S. 
Ne  timueris ,  ècc. 
Communia  funt  îitra 
CT*  fxdera  nttptia' 
rttm  i  funt  et'tam 
VI  ;  'Uum  ojfî<ia  com- 
tnunia.  Adjtttorem 
te  Accepi  ;  fis  etiam 
mthi  adjumento  O* 
prafidio  in  rehus  al- 
tioribus^ 


S      PSEAUMES.  JII 

au    feu  éternel  ,  parce  que  ^^^  pauvres  , 
vous  avez  été  adultères  ^  vo-  pnncipale 

1  r        ■  caule     de     l.l 

leurs  ,  fornicatcurs  ,  parjures,  ^^^^^.i^,,, 
quoiqu'il  foit  vrai  que  ces  cri- 
mes là  foient  aulii  des  caufes 
de  damnation  i  mais  parce 
qu'ils  font  moindres  que  l'in- 
humanité &  que  l'immiferi- 
corde.  Car  fat  eu  faim  ^  dit  J  E- 

s us-Christ,  €7-  vous  ne 

m'aveypas  donne  à  manger  ,  CTT. 
Comme  s'il  difoit  aux  dam- 
nés :  je  ne  vous  condamne  pas 
pour  avoir  péché  ,  mais  pour 
n'avoir  pas  fait  pénitence  de 
l'inhumanité  que  vous  avez 
eue  pour  vos  frères  ;  &  de 
ce  qu'ayant  entre  vos  mains  , 
un  aulli  puilTant  remède  qu'- 
eft  l'aumône  ,  vous  avez  né- 
gligé de  vous  en  fervir. 

Comme    les   loix    &    les      ^^H' 
droits  du  mariage  font  corn-    Devoirs  mti* 
muns  entre  le  mary  &  la  fem-  ^"^'L^"j"^?" 
me  ;  leurs  devoirs  &  les  fer-  fj„jme     ^    ^ 
vices  qu'ils  ont  à  fe  rendre  '' 

miKueliement  doivent  auffi 
être  communs  entr'eux  :  Et 
ils  fe  peuvent  avec  julhce  dire 
l'un  à  l'autre  ,je  vous  ai  pris 
pour  me  fervir  d'aide  &  de 
confolation  dans  cette  vie  ; 
aidez-moi  donc  &  me  foute- 
nez  dans  les  chofes  les  plus 
importantes. 

Vu  iiij 


fTl 


D'UNE    HOMELIE 

fur  un  faffage  de  S,  Panl 

AUX    HEBREUX. 


PLufieurs   ne  s'approchent 
(lu  S.   Sacrement  qu'une 
Régler  u    fojj  l'année  ,  &  les  autres  plus 
fren.Tn?'*'"   fouvent.  Lcfquds  eftimeroHs- 

ireouente  par  ,  * 

la  pureté  de  "*^"^  davantage  ,  ou  ceux  qui 
la  vie.  communient  fouvent,  ou  ceux 

qui  ne  communient  que  ra- 
rement ?  Nous  n'eftimerons 
de  tous  ceux-là ,  que  ceux 
qui  communient  avec  une 
confcience  nette  &  fîncere  , 
un  cœur  pur  &  une  vie  irré- 
prochable. Que  ceux  qui 
font  dans  cette  difpofition  s'en 
approchent  donc  toujours  *, 
&  que  ceux  qui  n'y  font  point 
ne  s'en  approchent  pas  même 
une  feule  fois  :  Parce  qu'ils  ne 
font  qu'attirer  fur  eux  le  ju- 
gement de  Dieu ,  &  fe  ren- 
dre digne  d'une  plus  rigou- 
reufe  condamnation. 

Penfez- vous  qu'en  ne  com- 
muniant ainfi  qu'au  bout  de 
l'année  ,    quarante  jours   de 


In  illud  Pauli  ad 
Hebr.  i  o.  Sponte 
peccantibus  ,  &c. 
Multifemel  toto  an» 
KO  facramtnùi  par- 
ticipant ,  alii  fxpim 
....  quos  approèa- 
himus  r  an  eos  qui 
f*pè ,  an  eos  qui  ra' 
rof  Sed  eos  quipura 
confcientiâ  >  eos  qui 
corde  mundo  ,  eos  qui 
inculpau  vità  f^nt. 
Ht  taies  fentper  acce^ 
dant  :  qui  autem  non 
funt  ejufmodi ,  ne/è- 
mel  qttidem.  Quid 
ità  ?  quia  judiaum 
fibi  fitmunt  V  dam- 
nationem» 


loi  6. 

les  faints 
Myftéres  ne 


Cùm  ad  menfam 

anno  exaSlp  accedts , 

.«.liiw^  5    «"'»*'»"'•»-    ivyuio    uv.     QuadraTinta  diesfibî 
ionique  pour      '•        •'t         r  rr,  r    •      ^     i        • 

ies  Saints        Pénitence  vous  luftilent  pour   Jam  ejjead  exptan^ 

VOUS  purger  de  tous  les  pé-    da  «mnium    tempan 


Sur  un  Passage  aux  Hébreux.  5'îj 
rum  peccata  esèifti^  chcs  que  vous  avez  commis 
durant  tant  de  temps  ?  Et  huit 
jours  ne  fe  pafleront  pas  que 
vous  ne  rentriez  dans  les  dé- 
fordres  de  votre  première  vie. 
Après  avoir  ainfî  employé  à 
faire  pénitence  quarante  jours 
&  peutêtre  moins  ,  vous  vous 
attendez  que  Dieu  vous  fera 
miféricorde  ?  Et  moi  je  vous 
disque  vous  vous  mocquezde 
lui.  Ce  n'eft  pas  que  je  préten- 
de vous  empêcher  de  commu- 
nier même  une  feule  fois  l'an- 
née. Je  voudrois  au  contraire 
que  vous  vous  pufliez  conti- 
nuellement approcher  des  fa- 
crés  mylléres.  Mais  ils  ne  font 
deftinés  qu'aux  Saints.  Etc'eft 
ce  que  le  Diacre  crie  à  haute 
voix  en  n'appelant  que  \çs 
Saints  à  cette  table.  Car  com- 
me dans  un  troupeau  de  bre- 
bis dont  plufieurs  font  faines  & 
plufieursmalades ,  il  faut  fépa- 
rex  les  unes  àcs  autres  :  de  mê- 
me parce  qu'il  y  a  dansTEglilc 
des  brebis  faines  &  des  brebis 
malades ,  le  Diacre  faifant  re- 
tentir cette  voix  étonnante  de 
toutespartSjfépare  les  unes  des 
autres  j  &  aj^pelant  les  juftes, 
les  amené  avec  lui  vers  cette 
table  facrée.  Et  comme  il  eft 
im'poffible  que  l'homme  fâche 
ce  qui  eft  daas  le  cœur  de  foa 


mai  :  rursttmque 
tranfa^lâ  hebdoma- 
da  te  fuperioribus 
fceleribui  dédis  .  .  . 
'Et  tibi  placatumfo- 
teDeumfperas}  Jo- 
caris,  quâfo ,  cùm  Ifoc 
dicis  <*  Non  quod  vos 
uno  anniverfario  a- 
dit»  arceam  ,  fed 
^ttcd  vos  femper  ve- 
lim  accedere.  San~ 
Ois  htec  data  fttnt. 
Hoc  Diacofjus  incU' 
mat ,  tjuifanflos  ar- 
ccffh  C  convocat . .  . 
Ut  enim  in  ^ege 
multas  ovesfcabte  re- 
fcrtas  necejje  eft  àfa- 
nis  arceri  ijîc  in  Ec 
de  fia  ,  quoniam  ali<e 
eves  incolumes  ,ftint 
Dero  alite  morbid^e  ; 
hac  voce  has  ab  illis 
arcet ,  quas  ubique 
illâ  voce  qu£  maxime 
eft  timenda,  Sacer- 
dos  fanClos  vocat  ^ 
trahit,  Quià  enim 
non  licet  cuipiam  tes 
proximi  cognoft:ere 
• . ,  hanc  vocem  mit- 
tit  Sacerdos  perfeéJo 
facrificio  ,  ut  nemo 
put  rdigiotiQ  adfpi- 


5'i4  D*u»E     Ho  M 

Contre  les  prochain  j  ce  miniftre  de  Dieu 
Ucrénq^uet.     élevé  ainlî  (a  voix  à  la  fin  du 
facrifice  ,  afin  que  perfonne  ne 
s'approche  témérairement  de 
cette  fontaine  rpiruuelle. 
ï^37'  Quand  le  Diacre  prononce 

Pour  corn-  publiquement     ces    paroles  : 
munier  il  ne  V         //•/••  /^    .     >.  i 

f'.  ffi'  DIS  d'ê-  fV'V^i  Jatntes  jont    pour  les 

tre  exempt  de  Saints  >  c'eft  comme  s'il  diloit  : 
crimes,  ii  faut  Si  quelqu'un  n'eft  pas  Saint  , 
être  orné  d*  qu'il  ne  s'approche  point  de 
ycrtu.  ^ette  table.  Il  ne  dit  pas  feu- 

lement fi  quelqu'un  n'eft  pas 
purgé  de  fes  péchés ,  maïs  s'il 
.-'^'eft  pas  laint.  Car  ce  n'eft 
"  pas  la  fî.nple  rémilTion  àcs  pé- 
chés qui  rend  un  homme  faintj 
mais  la  préfence  du  Saint  Ef 
prit  dans  foname,  &  une  a- 
bondance  de  bonnes  œuvres  : 
Comme  s'il  diioit/je  neveux 
pas  feulement  que  vous  vous 
Ibyez  retiré  delà  boiie  &"  de 
î'ordure  ,  mais  qu'on  voye  re- 
luire en  vous  une  blancheur 
&  une  beauté  particulière. 
Car  fi  le  Roi  de  Babylone 
choififlant  parmi  les  captifs 
quelques  j'eunes  hommes  pour 
s'approcher  de  lui,  n'en  prit 
que  de  bien  faits  &  beaux 
de  vifage  ;  conibien  fommes- 
nous  plus  obligés ,  quand  nous 
nous  approchons  de  cettç  ta- 
ble royale  d'être  beaux  & 
'  éclacans  «lu  dedans  de  l'ame  ? 


ELIS 

ritalem  fonUm  V9* 


mat. 


Cùm  aity  Sanfla 
Sanc'iis ,  hoc  ait , 
Ji  quis  non  ejï  fan- 
{lus ,  ne  accédât  : 
non  omnino  ^  ait  ^  li- 
heràpeccatis  O*  ex» 
f>tatns  i  jed  fanélus, 
Sanélum  enim  non 
peccatorum  modo  li- 
ber atio  fjcit  5  fed 
fpiritus  etiam  pra^ 
fentia  ,  honorumque 
cperum  abundantia. 
Noh  5  inqiiît  ,  'Dos 
à  cœno  tantum  li- 
berart  ,  ftd  alhos 
etiam  cr  pulchres. 
Si  er.îm  Rex  Bavy* 
lonius  CMtn  adoléjceu' 
tes  ex  catnivitate  de- 
ligertt^  hontjia  fa' 
cie ,  ele^atitique  for- 
ma fibi  adegit  >• 
quanto  magis  nos  qui 
adhibemur  menfa  ré- 
gies ^  ekganti  forma 
ejfe  deberrtHS  ?  .  , .  , 
Talis  accédât  Çp*  pc- 
culttm  rtgium  ton- 
tingat.  Si  <iuis  au» 
tem   fordidts  fanm 


Sur  t/N  Passage  aux  Hébreux.  5*1^ 
dmiOm  V  f^iuallore  Que  ceux  qui  font  en  cet  état 
s'avancent  pour  avoir  l'hori- 
neur  de  boire  à  cette  coupe 
royale.  Mais  fi  quelqu'un  ne 
craint  point  de  s'approcher 
de  cette  auguftc  table  ,  étant 
couvert  de  haillons  ,  &  tout 
fale  &  défiguré  ,  ne  doutez 
pas  qu'il  n'en  Toit  puni  très- 
févérement.  Et  il  ne  faut  pas 
fe  perfuader  que  quarante 
jours  fuffifent  pour  purger 
les  péchés  de  toute  Tannée  : 
Car  fi  l'enfer  même  ne  le 
peut  pas  faire  encore  qu'il 
foit  éternel ,  &  que  pour  cet- 
te raifon  Tes  fupplices  Ibienc 
éternels  ,  à  plus  force  raifon 
un  fi  petit  efpace  de  tems 
ne  fera  pas  fuffiiant  de  le  faire: 
&  d'autant  moins  que  notre 
pénitence  n'a  point  été  for- 
te ,  mais  foible  &  ttès-re- 
lâchée. 

L'Oraifon  nous  fournit  de 
puifiantes  armes  .  quand  elle 
eft  faite  avec  ferveur  ,•  qu'elle  l'O^'-^i^o"- 
part  d'un  efprit  fincere  ,  & 
d'un  cœur  contrit  ;  &  qu'elle 
eft  exempte  de  vaine  gloire. 
Une  prière  de  cette  nature 
nous  réconcilie  avec  Dieu  ,  & 
rend  agréables  à  Tes  yeux  ceux 
qui  lui  étoient  odieux  &  indi- 
gnes de  paroître  devantlui./dê 
iittendH  Uurs gemijjmtm  &  Unts 


obfîtui  ad  menfam 
Velit  venire  ,  vide 
tjtianta  CT*  quàm 
gravie  mala  pcrpef- 
furus  fit  j  cmn  ejua- 
draginta  dies  non  fa- 
tis  ftnt  ad  eluend^s 
totius  vita  maculas. 
Si  enim  gehenna 
quamvis  teterna  non 
Jatis  ejl ,  oh  id  enim 
atcrna  ej}^  muho  mi- 
vui  brève  hoc  ton' 
pus  >  pr<eferlim  cfim 
non  firmam  pceni" 
tentiam  ,  fed  exi' 
^uamejfe  pateat. 


Magna  funt  ar- 
ma 9  oratio ,  Jt  cttm 
antmi  contentione 
fitnd^ttér  ,  f  fne  i- 
nani  gloria  ,  fi  fin" 
cero  antmo  ,  fi  corde 
contrito,  hi<ec  bella 
dirimity  h<ec  o-entem 
tngratam  O*  tnai- 
gnam ,  gratam  acce- 
ptamque       reddidtt. 

Aud^vi  eoruiu  ge- 


103  î. 

Pouvoir  de 


^iS  d'ukeHom.  sur  un  Passage  aux  Hes; 
foupirs,  dit  autrefois  le  Sei-  niitum,  ï«^»<>,  & 
gneur,  zyjefuisdefcendu  vers 
eux  pour  les  délivrer.  Et  en  ef- 
fet la  prière  ett  un  remède  ad- 
mirable, qui  conferve  notre 
ame  dans  l'innocence,  &  qui 
la  purifie  de  tous  fes  maux  rumque  remedium 
fpirituels. 

Nous  avons    befoin  d'une 


defcendi  ut  eos  li- 
berem.  Oratio  w«- 
dicina  ejï  conferva^ 
trix  ,  expultrrx  pec- 
catorum    «     deliélo- 


pourêtiefau 
y", 


prir^^^perl  grande  pénitence,  d'une  prie. 

fîfv-rancs ,  ^^  fréquente  ,  d  une  conitance 
inébranlable  *  &  d'une  longue 
pêrfeverance  ,  pour  obtenir 
les  biens  que  Dieu  nous  pro- 
met. Difons  lui  donc  fouvent  .* 
Seigneur  ,  foyeT^  favorable  à  ce 
pauvre  pécheur  i  mais  f oyons 
encore  pins  pénétrés  au  de- 
dans du  cœur  de  ce  fentiment 
que  nous  ne  l'exprimons  par 
nos  paroles. 

L^s  foins  &  les  penfées 
continuelles  des  affaires  du 
monde  excitent  en  notre  ef- 
prit  des  combats  &  des  tu- 
multes fâcheux  ;  ils  y  for- 
ment comme  des  tempêtes 
qui  agitent  fans  cefle  les  ffots 
de  notre  ame.  C'eft  pourquoi 
nous  avons  befoin  de  recou- 
rir continuellement  à  Dieu 
par  nos  prières  *,  &  principa- 
lement tous  les  matins  & 
tous  les  foirs. 


1040. 

Prière  du 
matin  5:    du 
fo>r. 


Magna  nohh  pœ» 
nitentia  opui  eft  , 
crebrâ  oratione  ,  ma* 
gnâ  conjlantia ,  m4- 
gnâ  perftverantia  ^ 
utprornijfa  nobis  bo» 
na  adtpifcamur.  Dif- 
tamus  ergo  nos ,  Do- 
mine propitius  fis 
mihi  peccatori  »• 
aut  potius  non  hoc 
folàm  difcamm  ,  fei 
etiam fentiamus  tta» 

Bellum  funt ,  pi*- 
gfiafunt  ,  diuturn^ 
res  CT*  negotia  ;  flU' 
éJus  funt  C  tempe~ 
fias  .  . .  haque  noini 
neceffaria  efl  oratio  » 
maximèque  matuîi* 
na  V  vefpertina* 


rîr 


D'UN    SERMON 

fitr  l'adoration 

DE  LA  CROIX. 


De  ador.  prêt, 
crucis.  Ke  pttdore 
affîitamur  maguificii 
faliitis  nojitje  pgnis. 
.  . .  Eiertim  qute  per 
ttosjiftnt  O*  nos  au 
ùngttnt ,  cruceperfi- 
€it*ntur  omnia.  Sive 
renafcendum  e/?,  crux 
frajio  eft ,  five  myjft- 
eus  ille  cibusfumen- 
dus  y  five  in  clerum- 
aliqui  cooptandifùnty 
five  quidvis  aliud 
faciendum  eft ,  ubi- 
que  Jîgnum  crucis 
nobis  adefl,  Quam- 
obrem  O*  in  adibus 
O*  in  mûris ,  €7*  in 
forihui  Çy  in  fron- 
tibus  5  O*  in  anima 
atque  mente  eamftu' 
Mo  se  dtpingimus  CT* 
infculpimus.  Salutis 
enim  nf>ftr<e  »  com- 
munifque  libertatis , 
CT*  bonitatis  Domini 
fJoftri  JjQC  f^num  eji 


N'Ayons  pas  de  honte  d'u-       1041. 
fer   des  fîgnes  de  notre    U^^g'^Ju/î- 
falut  ,  que  nous  devons  con-  ^"^.  ^ 

r  t  I  o    Croix 

fidcrei-  comme  glorieux  & 
fublimes.  AuiTi  tout  ce  qui  fe 
fait  &  qui  regarde  notre  falut  Conrrc  lep 
dans  la  Religion  Chrétienne ,  Htrétiques^ 
s'opère  avec  le  ligne  de  la 
Croix.  Soir  qu'il  faille  renaî- 
tre de  nouveau  -,  foit  qu'il  fail>. 
le  prendre  notre  nourriture 
myitique,  foit  qu'il  faille  or- 
donner des  Clercs  ;  foit  qu'il 
y  ait  quelqu'autre  adte  de  re- 
ligion à  faire ,  on  fe  fert  en 
tout  cela  du  figne  de  la  Croix  ; 
&  nous  fommes  très  -  foi- 
gneux  d'en  faire  dépeind.'-e 
&  graver  les  marques  non- 
feulement  fur  le  frontifpice  5 
&  fur  les  murailles ,  &  au 
dedans  de  nos  maifons  j  mais 
de  les  porter  aufîi  fur  notre 
front  &  encore  plus  profon- 
dément dans  notre  cœur  j 
comme  étant  le  figne  évident 
&  indubitable  de  notre  com- 
mune jdéiivraiice  &  d^h bon:» 


Ancîenn 
coututne. 


518  d'un  Serm.  sur  l*adoration  de  la  Croix. 

té   de  Notre  Seigneur.  Ci?*    ceniJIîmum   O^ 

clarifjîmum 

1041.  Quand  vous  faites  le  figne        Cùmfignans,  tihi 

^^'■^^  ^=  ^''  deia  Cioix,repreI<:ntez-vous    ventât    in     ment^m 

f."^.  '    *        toute  la  vertu  qui  eil    conte-    omniiviiquam  crux 
Croix  avrc  •     .  t     ^      ■  o  r  ■ 

un  feîitinient  ^^"^  dans  la  Croix  :   &  ce  le-  commet    ;    ac  tum 

intérieur     de  ra  un    moyen    très- favorable  tram  ,    omnefque  à 

j)iété.               pour    éteindre    l'émotion   de  ralionc  averfos  ani- 

votre  colère  3   &  pour   répri-  miimpetui  exttnxe' 

mer  dans  votre  ame  tous  les  ris.  Càm  frons  con- 

mouvemens  qui  font  rebelles  Jî^nabitur  ,  cùm  pC' 

à  la  raifon.  Quand  donc  vous  Uns  ^  càm  octtli  ^  attt 

ferez  le  figne  de  la  Croix  ,   &  aia    membra  ;  fac 

Contre  les     fur  votre    front    &  fur  votre  ut    te   ipfe    hopiam 

Uîrénquçs.     eftomac ,  &  fur  vos  yeux  ,  &  Deo  gratam  oseras, 
fur  le  refte  de  votre  corps , 
offrez-vous  en  même  temps 
en  efprit  comme  une  hoitie 
agréable  à  Dieu. 

DES   COMMENTAIRES 

SUR    ISAIE. 


Ï043. 

Prière  mutile 
fi  l'on  n; 


OUand  vous  multipîirle:^  vos 
Oraifons ,  je  fie  vous  exaU" 


Seigneur, 


^^'  cerai  point  3    dit 
poHce  au  pc"|,4yf£  que  ^05  mains  [ont  pleines 
^  ^'  defiing.  Ces  paroles  nous  ap 

prennent  que  toutes  les  priè- 
res, quelques  longues  &  af- 
fiduës  qu'elles  puiifent  être  , 
ibac  inutiles  à  celui  ^  qui  en 


InEfaïamcap.r. 
Si  multiplicaveri- 
tis  deprecationc, 
non  exaudiam  5 
raaniisenimvcftrae 
fanguine  plenae 
funi.  Per  hoc  liquet 
nullam  effe  or  ai  ion  i  s 
utilitatem}   quamii' 


DES  Commentaires  sur  Isaie,  ^19 
het  in  longum  cxten'  priant  ,  ne  quitte  point  les 
péchez.  Comme  au  contraire 
il  n'y  a  rien  de  comparable  à 
la  vertu  de  celui  ,  dont  la 
bonne  vie  répond  à  l'aludui- 
té  de  la  prière. 


datur  i  quandà  is  qui 
orat  objlmatè  acqui- 
efàt  peccatii,  IMihU 
virtt»ti  par  efl  ,  fi- 
mul  CT*  vsci  (jUig 
eperibiii  re/pondcat. 
Exquirite  judi- 
cium,  Occurrunte- 
nim  permulta  cjtt£ 
ohfcurent  ac  veluti 
chambrent  reUuudi: 
nem  judtcii  :  dono" 
rtim  acceptiû  ,  i^no- 
rantia  ,  potentatus , 
ohfcfvatio  Jîvs  reve~ 
rentia  ,  tira  or  ^  ohfe' 
quium  ,  culiufque 
perfonarum.  ideoque 
maxime  vîgiUnti4 
cfi. 

Qui  e/urientem 
nonpavijje  deprehen- 
dentur  ,    in  tUum  e- 


non  qttûd 
rapuermt 


henna 
aliéna 

fedquodfnas  ipfor'Am 
facultatei  non  difper- 
tiverint  in  ufum  e- 
gentittm  :  Jtcut  nnnc 
ïn  etiam  coarguuntur 
à  Propheta  ,  non 
^md  alienis  faculla- 
tibui  inhiarent ,  aut 
psrpotentUm  oppri- 


Applique:y^'VOMS     avec   foin  à        iod±. 
bien  ji*ger.    Car  il  le  rencon-     Rendre  cx^- 
tre  une  infinité  de  choies  qui  ficm^i.ç    ju« 
obfcurciUent  &  qui  aftoiblil-  ^^ice, 
fent  l'équité  de  nos  jugemens*, 
comme  les   prèle ns  ,  l'igno- 
rance, laconfidérationpourlcs 
perfonnes  paillantes ,  le  ref- 
ped  pour  les  grands  du  mon- 
de ,  la  crainte ,  la  faveur ,  l'in- 

clinatioi),  &  ainlî  des  autres: 

C'eit  pourquoi  Ton  a  beloin 

en  cela  de  beaucoup  de  circon- 
fpedion  &  de  vigilance. 

Ceux  qui  n'auront  pas  don-      104^» 

né  à  manger   à  ceux  qui  a-     Punition  de 

voient  faim  ,  feront  précipi-  l'omiffiou  de 

tez  dans  les  feux  d'enfer  j  non  l' aumône-     , 

pour  avoir  ravi  le  bien  d'au- 

truy  ,  mais  pour  n'avoir  pas 

donné  du  leur   aux   ncceiîi- 

teux.    Et   c'eit   ce  que   nous 

voyons  dans  le  Prophète  Ilàie; 

qui  ne  reprend  pas  tant  les 

Juifs  de  Tardeur  qu'ils  avoienc 

pour  ravir  le  bien  d'autrui ,  Se 

des    oppreflions  qu'ils   exer- 

çoient  fur  les  foibles  ,  que  de 

ce  qu'ils  n'^iflfiftoieaç  pas  çcujc 


Vexation 
des  pauvres 
crime  enor- 


1047. 

"Utilité  dei 
perfecutions. 


1048. 

Ce  n'eft  que 
Vabus  àe  la 
puifiance  & 
ëes  richefles 
quePieu  con- 
damne. 


£049. 

Péché  cai;fe 


j-io  Des     Comme 

qui  étoienc  dans  le  befoin. 


Rien  n'irrite  tam  la  coîere 
de  Dieu  que  les  violences 
8c  les  in;uitices  qui  fe  com- 
ipettent  contre  les  pauvres  de 
Ja  part  des  Princes  Si  des  per- 
lonnes  puiifantes. 

JESUS-CHRIST  auroit  pu 
bannir  de  ce  monde  toutes 
fortes  de  guerres  ,  mais  il  en 
a  voulu  laider  quelques  unes , 
pour  fervir  à  châtier  ceux  qui 
s'abandonnent  au  relâche- 
ment &  à  la  parefle  ;  &  qui 
abufant  du  repos  de  la  paix  , 
négligent  l'étude  &  l'exerci- 
ce de  la  vertu. 

Malheur  à  Voui  qui  êtes  pulf- 
fans.  Ce  n'eft  pas  que  Dieu 
falfe  un  crime  de  la  puilfance  ; 
mais  il  reprend  ceux  qui  abu- 
fent  de  l'autorité  qu'il  leur  a 
donnée.  Il  ne  condamne  pas 
aufTi  les  riches  en  ce  qu'ils 
pofledcnt  beaucoup  de  biens  ; 
mais  feulement  en  ce  que  ne 
fe  contentant  pas  de  ce  qui 
leureft  néceffairepourlc  fim- 
ple  ufage  de  cette  vie ,  ils 
ont  tant  d'ardeur  pour  amal- 
fer  tous  les  jours  de  nouveaux 
tréfors. 

Il  eft  fans  doute  que  les  pé- 
chés font  les  premières  ca;jfes 


N  T  A  I  R  E  s 
merent  jfed  ^uià  ege* 
tîis  manum  non  por^ 
figèrent  aàjutticem, 
Nthilfïc  confuevit 
exacuere  tram  Dei, 
ut  injuflitia  pet 
Principum  violen» 
tiam  aiverfm  pan» 
feres  commifj'a. 

In  cap.  2.  Efaix. 
Chrijius  relicjmas 
hellorum  e  medio  au- 
ferre  potuit  ;  vernin 
cas  relnjuit,  ceu  ma» 
teriam  accommodant 
caj}igandt$  his  quife 
dedfint  sgnavis  ,  CT* 
pace  abufirelaxariiur 
à  p^dio  parand<e 
virtutis. 

Vas  qui  potentee 
eilis.  Non  utique 
potefldtem  ipfam  dat 
crimini ,  fed  eos  in- 
cufat  quiinduîtafibi 
atitoritate  ahufi  funt 
in  malum  :  fie  etiam 
non  quld  poJJ'ederint 
facuhates   damnât  / 

fed  quia  cum  immo" 
dicâ  opulentia  afflue" 
rent,  prêter  necejja- 
rium  ufum  ,  opes  eu- 
mulatimcongerehant» 
Incap.  3.LJ^«et 
peçcAta     plerumqui 


Su 

f»iffe  primtgenias 
caufas  corporex  injir- 
mttatis  .  .  .  id  tefla- 
tur  Chrijïus  dicens 
h»ic  homini  quiim- 
tninebatpifcin£  :  Ec- 
ce  fanus  fadùs  es , 
noii  amplius  pec- 
care.  Paulus  item, 
Propter  hoc,  inter 
vos  infiimi  muiti  j 
^uîpfrè  peccabant , 
(juod  participes  fie- 
rent  myjîeriorum  non 
expurgata  adpurum 
confcientia. 

Fruâum  operum 
fuorumcomedent. 
Bjufmodt  eji  malitU 
natttra  ;  tpfa  in  fe 
pacnam  continet  fui 
ultricem. 

SuperhU  vitium, 
inexplehili  avaritia 
conjun&um  Çp"  affine 
efi,  Qupnto  enim  eu- 
muUtius  quis  divitias 
adauxerit ,  tant^^  fi- 
uius  cordi  imprejfern 
morbum  fuperbix, 

Per  h<£C  omnia  j 
ecuios  ,  vefiimenta , 
ince/fum ,  ipfa  velca- 
J/itas  y  vel  certè  ini' 
pitdiciiia  fe  confpi- 
(Ham    exhtbet.    H« 

Tom,  I. 


R     I  s  A  I  p.  5  2  r 

'des  maladies  corporelles  5  Se 
JESUS-ChrîST  le  témojgne 
aHez ,  lorfcju'il  dit  à  ce  para- 
lytique qui  écoit  couché  fur 
le  bord  de  la  pifcine  ;  f^ous 
veney  d'être  z^ert ,  prenez  Tar- 
ae  a  ne  plus  pedjer  a  l  avenir. 
Et  S.  Paul  le  marque  auflî 
lorlqu'il  dit  :  A  caufe  de  cela  il 
y  en  a  pîufeurs  c^m  tombent  ma- 
lades. C'eft  à  dire  à  caufe  qu'- 
ils péchoient  en  s'approchant 
des  Saints  myftéres  avec  une 
confcience  qui  n'écoitpas  ea- 
ticrcment  pure. 

Ils  mangeront  les  fruits  de  leurs       10^0. 
oeuvres.    Parce  que  le  propre    Pi^nitiJ"in- 
maleft  déporter  avec  foi  ^'.^'^'^^^  ^'' 


du 

fa  peine 


péchs. 


L'orgueil  accompagna  tou-       lofr. 
jours  l'avarice.     Et  plus   on  L'orgudiac- 
travaille  à  aniafTer  des  richel-  compagne  les. 
[es  ^  plus  on  s'imprime  pro- "'^^^-*^** 
fondement   dans  le    cœur  le 
vice  de  l'orgiieil. 


La  chafteté  de  même  que      roç'r. 
rimpudicité  fe  fait  alfés  clai-     t^  ch.îllere 
rement  connoiftre,  &  par  les  &  l'impureté 
regards  ,  &  par  les  habits  ,  &  ^e  font  coa- 
par  les  démarches.  Et  tous  ces  """"^5.  P" 
mouvem^ns  des  organes  ex- ^  *^""*'"'^' 


ion- 

Méchans  _ 
impunis    ici- 
bis  ,    preuve 
du  jugement. 


^11  Des    Commem 

téricurs  nous  découvrent  viJfî- 
blemen:  les  affc(ftions  de 
l'âme.    ■ 

Pourri«t-vous  dire  qu'un 
juge  fût  jufte  5  &  qu'il  di- 
"  ftribuail  avec  équité  ce  qui 
appartient  à  un  chacun  j  s'il 
châîioit  les  moins  coupables, 
&  s'il  laiffoit  aller  impunis  les 
plus  criminels  ?  Cette  feule 
confidération  vous  doit  faire 
connoillre  évidemment ,  que 
ce  ne  peut  être  que  parceque 
Dieu  a  remis  à  un  jour  cer- 
tain à  juger  tous  les  hom- 
mes à  la  tin  du  monde ,  qu'il 
ne  punit  pas  maintenant  tous 
les  crimes  des  méchans.  Il 
carde  aufti  cette  conduite  a- 
ën  qu'ils  fe  fervent  de  fa 
longanimité  &  de  fa  patience 
pour  en  devenir  meilleurs  -, 
ou  que  fi  nonobflant  fa  dou- 
ceur ils  demeurent  dans  leurs 
péchés ,  ils  en  foient  bien  plus 
grièvement  punis  dans  l'au- 
tre vie. 

Plus  les  juftes  font  élevés 

Plus  on  eft  en  honneur  ,    plus  ils  fe  ra- 

fAirit.  pluson  bailTcni  par  humilité.    Ainfi 

'**"""''''"     lo'.Iqu' Abraham  a    l'honneur 

déparier  à  Dieu,  il  dit  qu'il 

n'ell  j«e  terre  O*  ^m  cendn. 


1054. 


clt  humble. 


T  A  IR  E  § 
enim  wotiones  orga^ 
.;; oru m  fenJîUum  rejî' 
dtntis    Animx    funt 
quajîprtgconei. 

Qua  ralionedtxe- 
ris  JHJliim  judicem  <If 
omnibus    Qu<e   aqua 
funt    dipribuentem  , 
pleClere   eos  quidem 
mterdùm  qut  minus 
deliquerunt  ;  eos  au- 
tem  ruigraviora  ad- 
miferunt ,  (ïnere  ab' 
ire  impunè.    Nonne 
faits  inde  Itquet  quoi 
qui  à  Dûs  diemjudi' 
cando  terrarum  orbi 
conjîituit ,  ob  hacp^" 
nam  cam  cuique  de- 
cernendam  m  illum 
rejecijje  diem  j  ut  vel 
perejus  longnmwiîa~ 
tem  meliores  ejjician' 
tur,  aut  ceriefiin  iif- 
dimfacinoribiis  per* 
maneant ,  atrociora 
fttflineant  t  arment  a. 
In  cap.  5.  Efaix. 
Si  quando  fanai  cu- 
malatiore   potiuntur 
honore  ,  tun€  demif- 
fiùi  fe  déficient .  .  . 
fie  Abraham  fermo- 
nem  faciens  cum  Veo 
terram  fe  vocahat 
■6i  cinerem. 


Sur     Isa  iB.  525 

T.  de  ver-        Entrons  dans  TEglife  avec 


ion- 
Mod.lhc  à 


Hom 

bis  Elai^e  :  Vidi  beaucoup  de  circônfpeaion  ^.^^'j"^.^^ 
Dom.  Cum  décente  &  de'  modePtie  ;  de  crainre 
ttrcunif^e^Hone  ad  qu'au  licti  d  y  trouver  la  ré- 
templum  accedamus  i  miflion  de  nos  péchez  ,  nous 
ffro  peccatorum  re-  ne  faiHons  autre  chofe  qu'y 
fntffione  y  eùam  ac-  en  amalTer  de  nouveaux.  - 
xe^lonempeccatii  ad- 
intiflum  dommn  re- 
ferawus. 

Homil.  2.  NuUa        Rien  ne  donne  tant  de  mé-       105^. 
res<equè  eloquia  Dei    pris  pour  la  parole  de  Dieu,     Funeitestf- 
adducit  in   contem-    que    la    vue    &    l'admiration  ^^^^  ^^^s  ipe- 
pum  ,  atque  fpe^U-    des  (j^eflaclcs  &  des  théâtres,  ^^''s^- 
cuîorum    admiratio.    C'eft  pourquoi  je  vous  exhor- 
te de  ne  point   mêler  les  my- 
iléres  du  démon  avec  les  di- 
vins myftércs, 


■Proindè  hortor  vos 
ne  ditina  cum  d<emO' 
rtiucis  commifceatis 
fnyjïeria. 

Qui  cumRege  ter' 
reno  collocitniur  ,  de 
his  tantu>m  verba 
facit  de  quibus  ille 
voluerit  audire  .... 
Tu  vero  <Hm  rege  re- 
gttm  coUoquens  ,  cui 
cum  honore  ferviunt 
A'igeli ,  omijjo  cum 
illo  capto  fermone  , 
do  luto  ,  de  pulverc , 
de  telis  aranearum 
loqueris.  Nihil  enim 
aliudfunt  hujttsvita 
negotia . 

QtéodjHJCtà  corda 


Ceux  qui  ont  l'honneur  de  q^J^  î»s 
s'entretenir  avec  les  Rois  de  aidraclions 
la  terre  ,  ne  leur  diCent  que  dinsiapiitie. 
les  choies  qu'ils  jugent  leur 
être  agréables  :  Mais  vous, 
lorfque  vous  êtes  admis  à 
parler  avec  le  Roi  des  Rois 
même  devant  lequel  les  Anges 
n'aftiftent  qu'avec  tremble- 
ment ,  vous  interrompez  fbu- 
vent  le  difcours  qu-e  vous  avez 
commencé  de  lui  adrefîér  , 
pour  parler  de  boiie  ,  de  pou{- 
jRere  ,  &  de  toiles  d'araignées. 
Car  que  font  autre  choie  tou- 
tes les  affaires  de  ce  monde  ?, 

Quand  nous  avons  un  Mti» 
Xx  Jj 


1058- 

Médians  fu^ 


des   infc 
rieurs. 


$14  Des    Gomme 

périeurs,  peî-  giiirat  &  un  Supérieur  con- 
Bedes  péchés  forme  à  la  malignité  de  nos 
coeurs  ,  il  ne  faut  pas  douter 
que  ce  ne  foient  nos  péchés 
qui  l'ont  attiré  fur  nousjfoit 
qu'il  foit  de  l'ordre  Ecciefia- 
ftioue  ou  leculier. 


T>^?^?'  1        Comme  l'appétit-  eft  un  fî- 

Delir  de  U  i     i      i      '  "^     /-       /   i 

pirok  de       8"^  "^  ^^  bonne  lantede  no- 
Dieu  ,  bonne  ^''^  corps  ;  de  même  le  défîr 


ni^njua. 


TO^O. 


de  fe  nourrir  àçs  viandes  & 
des  inflrudions  fpirituellcs  eft 
la  marque  de  la  fânté  de  no- 
tre ame. 

Ne  portons  point  jufques 

Hefpeâ:  &  dans  l'Eglifc  les  foins  du  mon- 

filence  dans     ^^    ^^^^  laiffons-les  à  la por- 

Ics  Egiifcs,  >    A  * 

^  te  ,"  car  c  eiï  comme  entrer 

dans  le  Royaume  des  Cieux. 
Tout  ce  qui  eft  au  dedans  de 
ce  lieu  laint  doit  infpirer  un 
grand  filence,  &  les  myfté- 
xes  qu'on  y  célèbre  doivent 
être  fecrets  ,  &  traités  avec 
révérence.  Apportez -y  donc 
une  grande  attention  ,  &  con- 
sidérez que  lorfqu'on  vous  lit 
&  qu'on  vous  explique  les 
Ecritures,  c'eft  comme  fi 
l'on  vous  ouvroit  l'entrée  du 

Orgueil,  le      ^^    fouverain    de  tous  les 
plus  aangé.   niaux  eft  l'orgueil ,  qui  fait 


NT  A  ï  R  E  S 
noflra  accipimui  tnit- 
giflratus ,  nihil  aliui 
ejï  nifi  (juûci  pr^teri^ 
ta,  peccata  talem  no- 
bii  dedere  pr£fe6lumy 
Jtve  ex  ordine  facer- 
dotali  ,Jîve  ex  eorum 
numéro  qui  mundu" 
nas  adminiflrant  di» 
gnitates. 

Hom.  a.  Quem" 
admoiàm  appetentia 
cibi  cor  ports  bon  an» 
vaîetudinem  dccla^ 
rat  i/îcÇp'  fer  moue  s 
fpnitualei  anime  fn^ 
mtatem   arguit. 

Ne  quisingredia^ 
tur  tempîum  curis  o^ 
nujius  mundanis  ; 
vernm  hxc  omnin 
forts  antè  oflium  de* 
ponamus.  Ingredi» 
Mur  enim  regnum 
celorum  .  . .  Qut  in» 
tus  funt  mtroftlentio 
plena  funt  ,  myfie' 
riifque  non  efferen» 
dis  referta.  Sed  ani" 
madvertite  diligetf 
ter,  nam  fcripturu' 
rum  lefiio  ,  delorum 
e(l  referatio* 

Hom  il.  3.  Sum» 
mum  malftm  mrey 


Su 

^4intia  qu<t  perfuadet 
ut  quijquis  [émet  «- 
gnoret  \  pûAque  nii»[- 
toi  labores  virtutis 
the/aurum  exhaurtt. 
Ac  cetera  mala  qui- 
dem  negligentibus  fi- 
lent exuberare  ,  hdc 
autem  ipjîs  refiè  fa- 
fiis  aina futur.  Ni- 
hil  enimperindè  gi- 
gnit  fuperb'tam  ,  ut 
bon  a  confcientia  , 
ni^  advigilemus. 

Ittforenjrbusjudi' 
tiis  ^  pofl  accufatio' 
mm  CiT'  criminum 
ton/effionem  ,  rejfat 
mors  :  Cieteràm  apud 
divinum  tribunal  , 
fofl  accufationem  CT* 
confsfjtonem  crimi- 
num ,  datur  corona. 
Qjtemadmodùm  pi- 
rata non  tttm  ubi 
confpexerint  nava  è 
portH  exeuntes  ,  in- 
vadunt  :  qmd  enim 
hincfruSim  caperent, 
fi  'fcaphum  inanem 
dem'èrgeretit  f  Sedubi 
redierit  onufla  farci- 
nisnavis  :■  itàfcele* 
Ti^ui  nie  ddmon  y  fi* 


R      I  S  A  I  ?,  3^1f 

que  nous  nous  méconhoiflons 
nous  -  mêmes  ;  &  qui  après 
que  nousavons  beaucoup  tra- 
vaillé ,  nous  enlevé  tous  les 
trefors  de  vertu  que  nous  a- 
vions  pu  amaffer.  La  négli- 
gence nous  attire  une  infinité 
de  maux ,  mais  l'orgueil  s'en- 
gendre même  dans  les  bon- 
nes œuvres.  Car  il  eft  fans 
doute  que  fi  nous  ne  veillons 
avec  grand  foin  fur  nous-me- 
mes^,  rien  n*eft  plus  capable 
de  nous  rendre  fijperbes  ,  qiie 
la  réflexion  fur  notre  bonne 
confcience. 

Devant  les  tribunaux  de  la 
juftice  humaine  y  l'accufation 
&  la  confefiion  des  crimes 
font  toujours  fiiivis  de  la  morrr 
Mais  déviant  le  Tribunal  du 
Souverain  Juge  ,  l'accufation 
&  la  confelïion  des  pe'chés 
font  fuivis  de  la  réconripen- 
fe. 

Comme  les  Pirates  n'atta- 
quent pas  hs  vaifleaux  mar- 
chands au  fortir  du  port  , 
fcachant  bien  qu'ils  ne  pro- 
fiteroient  guéres  de  s'en  cm. 
parer  quand  ils  font  vuides  ; 
mais  attendent  qu'ils  retour- 
nent en  leur  pays  avec  une 
riche  charge  :  de  même  le 
Démon  attend  d'ordinaire  à 
nous  attaquer  y  lorfqu'il  voiç 


reux  de  tot;S 
les  péciics. 


10^2: 

La  confef- 
fion  humble 
de  nos  p,échés 
nous  en  ob- 
tient Icpar-^ 
don, 


10^3. 
Plus  onefl 
près  de  fa  rc- 
ccmpenfe  , 
plus  on  fe  dort 
précaution- 
ner contre  le 
démon. 


^i6  Des    Commentaires 

que  nous  avons  amaffé  les  ri-    mul atq\videt  quem 
chefl'esdu  jeûne,  de  la  prière, 


de  i'aumone  ,  de  la  challerc 
&  de  toutes  les  autres  vertus; 
&  quand  il  connoit  que  le 
vaifleau  de  notre  ame  eit  plein 
de  toutes  ces  pierres  precieu- 
fes  ,  &  de  tous  ces  trefors 
de  pieté  ,  alors  il  nous  inlul- 
te  de  toutes  Tes  forces  ,  il 
met  toutes  nos  rirhelïes  au 
pillage,  &  il  coule  à  fond 
notre  vaifleau  à  l'entrée  du 
port  du  falut. 
io<34.  On    pardonne    d'abord    a 

GraiîdeurSc  ceux   qui    tombent,     &   Ton 
funfîlss  fuites  excufe  leur  défaut  d'expérien- 


de  U  chute 
des  gens  de 
bien. 


mais  ceux  qui  tombent 
après  une  longue  pratique  de 
vertu  ,  ne  font  pas  dignes  de 
pardon  ,•  parce  qu'on  ne  peut 
plus  attribuer  leur  chute  qu'à 
leur  négligence  &  à  leur  pa- 
rère. Outre  qu'il  y  a  encore 
en  cela  un  autre  grand  mal  , 
qui  eft  de  fcandaliler  les  au- 
tres ,  &  de  les  faire  tomber 
par  le  mauvais  exemple  dans 
ie  péché;  ce  qui  rend  ce  pé- 
ché prefque  irrémilîible. 


Ni  la  prof- 
perité  ne  rend 
fcsureux  ,    ni 


N*eftimez  point  heureux 
ceux  qui  commandent  aux  au- 
tres ;,  fçachant  combien  eft 
glijffant  le  chemin  dans  lequel 


ptam  nutUacollegijfe, 
Jejunia y  preces ,  elee- 
mofynam,  ctjlitatem- 
que^  reUquafqae  vir^ 
tûtes  omnes ,  vbi  na^ 
vijium  noprum  vidtt 
ejje  pletmm  preciojts 
pietatis  Upidihus  , 
tune  irrttmptt  undU 
que  tbefai*rum  per- 
fodiens  ,  ul  in  ipjîs 
partus  oJ}iisfcapham 
demergat,         ^ 

In  prindpioWpJts 
Venia  datur  ah  om- 
nibus ob  imperitiam ; 
fedeum  qut  poji  rntdr 
toi  curfus  conciderii  , 
nemo  venta,  dtgnum 
judicaverit  j  eo  quod 
tum  cadtre   non  tri' 
huitur      impentU  , 
fed  ne'rli^entite.  Nec 
td/olum  Inc  efl  mnli , 
Verùm    etiam    qnod 
complures  talium  ruï' 
ni  s  ojfendantttrC^  ad 
lapjum  follicftafJîur  , 
ut  rursum  hoc  nomi» 
ne  pcccatum   redda" 
.  tur  irremijjlbile.' 
Ne  fehces  ducatis 
qui  primipatftm  ge- 
*runt ,     quum  fciatis 
quàm  lubrico  infia-^ 


fu  verfentttr  l  née  «»- 
tguàm  tllos  judicetis 
miferos  qui  in  e^e- 
Jiate  CT*  affliSIiombus 
VWuntjfcientes  hanc 
Vttam  ej]e  multo  tu- 
tiorem. 

Homil.  4.  Kegi 
torpora  commijj'a 
funt  5  facerdott  aui- 
*n<e.  Rex  maculas 
càrporum  remit tit  , 
S^icerdos  antem  ma- 
cuhspeccatoruvj.lUe 
fo^<fj  hic  exhorta- 
ttir.  llle  necefjlmte  » 
hic  conftlio.  llle  ha- 
het  ttrma  fenfibilia  , 
hic  fpiritualia,  llle 
helltim  geritcum  har- 
haris  ,  mihi  beUum 
ej}  adverfus  démo- 
lies. Major  hic  prin- 
cipatus  j  pro^tereà 
Kex  caput  fuhmittit 
Sacerdotis  manui  , 
C7*  itbiofue  in  veteri 
fcripturâ  ,  Sacerdo- 
tef  tniingehant  Ke- 
ses. 


Komil.  <{.  Quid 
cum  honore facerdoiii 
fonferripoffit?  Ater' 


V  K     I  S  A  I  E.  4ir 

ils  marchent  5  &  ne  regardez  l'i^^eifité 
pas   aufli   comme  miférables  maliicurcux* 
ceux  qui  fonc  dans  ie  beloiii 
&   l'afflidion  ,    reconnoiirant 
que  la  vie  pauvre  &  humble 
ci\  la  plus  lûre  pourleiaiut. 

Les   corps  font  foumis  au       1066. 
pouvoir  des  Rois,  &  les  âmes       Diiierence 
à  la  puilfance  des   Evéques.  ^f  [^P^i^^^- 
Les  Rois  remettent  les  peines  £'^jf[eîîa'mt 
qui  font  dues  aux  corps  ;  &  les  ^ue. 
Évêques  effacent   les   taches 
des  péchés  de  l'ame.  Les  uns 
ont  l'autorité  de  contraindre  ,     Contre  Us 
&  les  autres  feulement  celle  Héréti^iies* 
d'exhorter  ;   Les  uns  fe  font 
obéir  par  néceffité  ,  &  les  au- 
tres  né  peifuadcnt   que  par 
leurs  confcils   ;  Les  uns  ont 
en  main  les  armes  fenfibles  , 
&  ha  autres  les  Ipirituelles*  : 
Les  uns  font  la    guerre  aux 
barbares,  les  autres   aux  dé- 
mons. C'eft  pourquoi  la  prin- 
cipauté fpiricuelle  eft  la  plus 
excellente  &  la  plus  fublime  : 
Aulîi  les     Rois     bailfent-ils 
leurs  têtes  fous  les  mains  du 
Prêtre,    &  nous  voyons  dans 
l'ancienne  Loi  que  les   Prê- 
tres oignoient  &  facroient  les 
Rois. 

Y  a- t-il  rien  de  comparable      ioé^, 
à.  l'honneur  du    Sacerdoce  ?       Excellent 
Le  ciel  tite  la  principale  au-  du  Sacerdoce 


5^8         Des    Commekt aires 

torité  de   Tes  jugemens  ,  de  ra  judkanài  princl* 

ceux  de  la  terre.    Ces  }uges  palerhautoritatemfu^ 

Ipirituels    ont   leur    tribunal  mhcalum.  Judexfe" 

fur  la  terre,   &  le  Seigneur  det  in  terra  y  Domù 

^Co»fj*<  les   niême   fuit   les    décifions  de  nmfequiturfervum^ 

ti^rcfiqaes.     ç^^  ferviteurs  ;  &    ratifie  au  ^  ^uidquid  hic  in 

plus  haut  des  Cieux  tout  ce  inferioribm  judica-- 

qu'ils  ont  jugé  dans  cette  baf-  rit ,  hoc  ille  in  ftpef 

fe  région  du  monde.   Le  Prê-  niscomprobat.haque 

tre    tient   comme    le   milieu  médius flat  Sacerdos 

entre  Dieu  &   l'homme  pour  inter  Deum  C  natw 

nous    apporter    les  bienfaits  ram  humanam\iUinc 

que  Dieu  nous  envoyé  ,    &  venientia     bénéficia 

pour  luipréfenter  les  deman-  ad  nos  deferens,  O* 

dts  que  nousjlui  faifons  j  pour  noflraspetniones illtic 

nous  réconciliera  lui,    pour  proferens.  Dnm  ira^ 

1-e  defarmer  dans  fa    colère,  tamreconciliansutri- 

&   pour  détourner  de  deffus  que  nature  »  nos  qui 

nous  Ççs  châtimens  après  c|.ue  offendimus    eriptens 

nous  l'avons  oiîenfé.  ex  illius  mambus. 

1068.  Les  Prêtres  ont  encore  plu«        In  reprehendendo 

Il  faut  plus  bef-QJn    Je    douceur    que    de  nmlt^  magis  opusefl 

de  douceur  ,  jj^rdieffe  pour  reprendre  les  manfuetudine  quàm 

que  as    har-      ,    ,  „»  ^1  '  /•  1     -^    -^-r      - 

dif fls ,    pour  péchez  d  autruy.  Car  \çs  pe-  fidncta.  Nemnieme" 

reprendre  u-  cheurs  hailTent  païdcffu5  tous  nim    fie   averlar.tur 

tilement  le     \qs  autres ,  ceux    qui  les  re-  oderuntque     ht  qui 

pi©chain.        prennent   ;    &   ne   cherchent  peccant  »  atque  eum 

que  Foccafion  de  fe  fouôraire  qui  parât  redargue^ 

aux  répréhenfions  qu'on  leur  re ^  cupiuntque  occa* 

veut  faire  ,  c'eft  pourquoi  on  fionem     arrtpere   ut 

doit   en  ufer  avec  beaucoup  elabantur,     Necejfe 

de  circonfpeftion   &  de  dou-  efl  igitur  ut  eos  man- 

ceur  pour  les  retenir ,  &  les  fuetudineretineamus, 

corriger. 

10^^.  Comme  les  belles  perfon-  Quemadmodùm 

Chutes  des  ^çs  confervent  toujours  quel-  pr^cUra  corporaetiâ 

in 


Sur    Isaïb.  5*> 

aâversâ  valetu-    ques  marques  de  leur  beauté,  Saints  mclc'cs 
lors  même   qu'elles  font  ma-  as  quelque 
latlesjde  même  les  Saints  font  v"iu, 
paroitre    jufques    dans    leurs 
fautes  quelques  traces  de  leur 
vertu. 


9» 

dine  5  mtilta  nobis 
forma  vefiigia  oflen- 
dunt  '.fie  zy  fatiflo- 
rum  anima  in  tp/ts 
etiam  erraiis  fuis 
virtmis  Jîgna  pra  fe 
ferunt. 

Homil.  ^.  m  Se- 
raphim.  VbiSac^r- 
dos  tn  facrijicio  Se' 
traphim    CT*    Cheru- 
him  nominavit  .... 
mentent    nofltam    à 
terra  fuhducit  ,    hii 
fvopemoààm     verhis 
excitans  ;    wta.  cum 
Serapinm  canis  ^  nnà 
cum  Seraphtm  fia  , 
cum     tliis      re<num 
thronum  circumvola. 
Qi*id  Z'ero  mirumji 
cum    Seraphim    /?6'- 
tirii  ,    cUm   ea  qutt 
S-eraphtm  non  auient 
conttngere,  tibi  con- 
Jidenter  Detis  concef- 
ferit  ?   Carbonem 
ignis  forcipe  tule- 
rat   Seraphim    de 
altari.    îllud  altar^ 
figura  efl  ijiiui  alta- 
Tf-s  i  i'inii  aie  fptri- 
tuulii,  ignis  iflius.  At 
non  efl  aufits  Sera- 
phim manu  foTJUtt" 
Xom.  X. 


Q^and  le   Prêtre  dans  le     /^^o. 
SjciiHce   nomme  les  Chéru-  ,,,„  T     ' 

o    I       c        u-  1         ^  . recueillement 

bins  &  lesSeraphms,  il  veut  ^  ^mout 

éiever  nos  efprits  de  la  terre  pourlaCom. 
au  ciel ,  comme  s'il  nous  di-  munion. 
ion  :  puilque  vous  chantez 
e«  ce  lieu  de  concert  avec  cgKtre  les: 
les  Séraphins  ■,  afriftez,-y  donc  Hcréti^neit 
avec  la  même  révérence  que 
les  Sérapliins  ,  &  environ- 
nez comme  eux  avec  le  même 
refpcd  le  Trône  Koyal.  Et  y 
a-t-il  lieu  de  vous  étonner 
qije  vous  foyez  ici  dans  la 
compagnie  des  Séraphins  ; 
puifque  Dieu  vous  commu- 
nique des  chofes  que  les  Sé- 
raphins même  n  ofent  tou- 
cher ?  Nous  apprenons  d'Ifaï^ 
qu'un  Seraphm  qui  lui  appor- 
ta un  djurùon  ardent  ,  l'avait 
pris  fur  l'Autel  avec  des  pincettes^ 
Or  l'Autel  dont  il  eft  parlé 
dans  le  Prophète  ,  n'ctoit 
que  la  figure  de  cet  Aurel  Cl  ; 
&  ce  charbon  de  feu  n'étoic 
qup  l'image  de  ce  feu  fpiri- 
ttiel;  cepeiidanc  un  Séraphio 


f 30        Des    Commeh 

n*eut  pas  la  hardiefTe  d'y  tou- 
cher :  au  lieu  que  c'elî  dans 
votre  main  qu'on  vous  permet 
de  le  recevoir  pour  commu- 
nier. Faites-y  donc  bien  réHe- 
xion,  &  confidérant  en  vous- 
même  quelle  eft  la  grandeur 
de  ce  don  de  Dieu,  réveil- 
lez-vous  de  votre  airoupiffe- 
mentj  &  vous  détachant  de 
ilout  ce  qui  vous  relie  de  ter- 
reftre,  élevez- vous  en  efprit 
jufques  dans  le  ciel. 
1071.  Comme  dans  les  jeux  Olym- 
eomraunion,  piques  on  diftribuele  prix  à  la 
Fccompenfe  ^^  ^^  combat  ^  ainfi  on  don- 
!^*.F'?>'!!":  ne  la  Communion  à  la  fin  du 
jeûne.  Si  donc  nous  en  étions 
privés  en  ces  faints  jours , 
ce  léroxt  bien  envain  que 
nous  nous  ferions  mortifiés 
par  le  jeûne ,  fortant  de  cet- 
te carrière  fans  recevoir  de 
jrouronne  &  de  récompenfe 
(de  tous  nos  travaux.  C'eft 
principalement  dans  cette 
vue  que  hs  anciens  Pères 
qui  nous  ont  précédés ,  ont 
étendu  cette  carrière  du  jeû- 
ne, &  ont  réglé  le  temps  de 
Ja  pénitence  ,  afin  qu'après 
que  nous  nous- ferions  pu- 
rifiés de  toutes  nos  taches , 
lious  puiffions  aprocher 
avec  pureté  des   faints  my- 

hmt 


ce  du  Çarê- 

CMC 


TA  I  RE  8 
gère  ,  fed  foreîpe  j» 
tttvero  mamtaccipii 
.  .  .  Hitc  cogitamtni 
homo  ,  C?'  quanta 
fît  dont  ma^nituio 
tuum  repHtam ,  ait- 
qttando  tandem  exur- 
ge  ,  atque  avulft*s  à 
terra  in  caelum  a/" 
cende. 


Quemadmodùmin 
olympicis  certamini- 
hus  luOattonum  finit 
eji  corona  i  fie  ^  je" 
junu  finii  efl  munda 
communia.  Itaque  nijl 
diehns  ifiis  fuerit  à 
nobis  hoc  pr^ftitum  , 
ubi  temerè  ac  fruffrà 
t!x>i  ajjiixerimus ,  ex- 
pertes corona  ac  fing 
pramto  ex  jejumi 
feammate  difcede- 
mus.  Proptereà  ma- 
jores etiam  noflrije-^ 
junii  fiadium  exten- 
derunt ,  ac  pceniten» 
tf£  certum  nobis  tenf" 
pus  affifrnartént  î  fit 
ubi  nos  expHrgavert'* 
mus ,  omnefque  fior- 
des  abfierferimusy  «ï<? 
d^mum  4cçed*imui* 


Su 

DcvcrbisEfais 
ferm.  7.  Beni^nus 
<i*m  fît  Deus  ,  O"  ad 
miferandum  prom» 
ptuSy  ai  caJiigandHm 
autem  tardui  ,•  ne 
Jnd^of  fuffpliciis 
mulélaret  ,  Prophc 
tas  mifit ,  ut  verbis 
oflenderet ,  nec  rebui 
ipjts  puntret  ;  quoi 
C  erga  Ninivitas 
frrtejlttit. 


R.       ISAIB.  fit 

Dieu  eft  fi  bon ,  d  promt  à       1071: 
pardonner,  &  (î  lent  à  punir  i    Dicumcna- 
que    pour   n'-être  pas  obligé  «  pour  n'c:: 
de  châtier  les  Juifs ,    il  leur  P'"  .obligé  de 
envoya  les  Prophètes  afin  que  P"^^'^* 
les  épouvantant  par  Tes  me- 
naces, il  ne  fut  pas  contraint 
de  les  punir  par  des   fuppli- 
ces  effectifs.  C'eft  encore  ainfi 
qu'il  en   ufa  envers  les  peu- 
ples de  Ninive. 


D'UN    SERMON 

SUR    JEREMIE. 


Senn.  r.  dever- 
his  Jeremise.  Non 
dicerej'ufftdt  ahqmd 
in  fcripturâ  fcrtptum 
reperiri,  netjue  terne' 
rè  nvulfa  ac  difcerpta 
diVînitui  infpiratit 
fcriptura  memhra 
nuda^  &  à  reliquo 
ie^ftu  feriequefermo- 
tiisfcjunila  fumer  e , 
fie  nimiâ  licentia 
confident  tàque  iliis 
éitâdere.  Sic  enim 
frapa  dçgmuta  mstl- 


ÎL  ne  fuffit  pas  de  dire  fîiB-       Vq». 
plement  que  ce  qu'on  avan-     jsjg  Jj|j^  ^^ 
ce  eft  dans  TEcriture,  ni  auf- jouter  au  rsol 
il  arracher  téméraireraent  de  de  l'ficritu-r? 
CCS  Ecrits  infpirez  de  Dieu  ^  "'e«  ^ka 
des  palfages  tronqués,  &  de-  '^^'^^'^chî^^ 
tachez  de  la  fuite  de  ces  faints 
difcours  ,  &  fe  joiier  ainfî  avec 
«né  licence  criminelle  des  E'- 
criturcs  divines.  Car  c'eft  de 
cette  forte  qu'on  a  répandu  eo 
notre     temps    -dans    l'Eglife 
plufîeurs  dogmes  erroaez   ^ 
pernicieux  :  Le  démon  ayant 
perfiiadé  À  des  gens  indilcfetç: 
Y  y  i j 


St^ 


D*  U  N      s  E  R 


Virginité. 


&  téméraires ,  de  produire  ces 
témoignages  de  l'Ecriture 
pris  à  contrc-fens,  &  fouvent 
altérez  en  y  ajoutant  ou  en 
retranchant  quelque  chofe  , 
afin  d'ûbfcurcir  là  vérit^. 


1074.  Si  l'on    dit  abfolument  & 

Mariage  in- fans  aucune  rcftridion  ,^5"» 
^l  vous  hrule-i^  ,  marie-i;^voHi  ',  VOUS 
°  doanez  lâ  liberté  à  ceux  mê- 
mes qui  ont  volontairement 
réfolus  de  garder  la  virginité. 
Contre  Its  de  violer  le  vœu  qu'ils  en  ont 
fiér^fjquef,  fait  à  Dieu ,  auffi-totl  qu'iU 
feront  tentés  des  mouvemens 
de  l'impureté  i  &  de  palier 
ainfi  au  mariage  comme  des 
transfuges.  Mais  fi  vous  exa- 
niinez  bien  quels  fi^nt  ceux 
à  qui  r  Apôtre  permet  le  ma- 
riage 5  vous  trouverez  qu'il 
ne  le  ccnfeille  pas  générale- 
ment à  tous ,  mais  feulement 
à  ceux  qui  ne  s'éroient  liés 
par  aucune  promcfTe  à  Dieu  j 
iSc  ainfi  vous  ofterez  à  tous 
Içs  autres  cette  liberté  fj  per- 
nicieufe. 
'^5075-  Lorfque  Pieu   dit  .•  Faifons 

Nous  (cta-  Vhomme  à  notre  rejjemblance  CJ* 

pics  aw'n.çn-  ^  nair^ima^e^  il  nous  apprend 


MON 

ta  in  ttojîram  hane 
atatem  inve^a  funt  ! 
dum  négligent  ion  h  us 
per/ua/h  diabolui  , 
ut  oblique  dtporta 
tejlimonia  fcriptur<s 
proferrent ,  vel  ad- 
ditis  fubtraŒfve 
nonriuUis  ,  tenebras 
veritati  ojfunder. 
reni. 

Si  ahfolute  dixe^ 
ris  :  Si  uraris  ,  u- 
xoremducito,fM»- 
fUsqui  virginiîatem 
fervareflutuerunt  ul- 
tro  poteflatem  facis  9 
quum  primum  libido 
mis  negotium  fa.» 
cejfet ,  mita  cuyh  Deo 
paé}a  vioUndi ,  at- 
qne  adnuptias  tra»/- 
fug£  more  tranfeun- 
di.  Quod  (i  intelUgas, 
qiios  alloquaîur  Fau- 
lus  5  hoc  ejïnon  omnef 
pajfim  ,  veràm  eos 
qut  nonditm  promifr 
ftonefe  ohjïrinxerint^ 
poteris  noxiam  tolU-^ 
refacuUafem, 


NatoinoseJJe  ttâte 
ui  edamus   ac  biba- 


Sur    JfiREMii?.  f3^ 

fnulio  majora  melio-    que  nous  ne  fommes  pas  nés  de  pour  noai 
en  ce  monde  pour  manger  &  rendre    f.-m- 
boire  ,   nuis  pour  des  chofes  blablesàDieu 
plus  grandes  &  plus  excellen-  V^'  ^^  ^"'"* 
tes.  Et  en  etfet  nous  ne  loni- 
mes  pas  lèniblables  à  Dieu  en 
mangeant  &  en  buvant  ;  m.^is 
quand  nous  exerçons  la  juili- 
ce  3  quand  nous  témoignons 
de   la  douceur  ,  quand  nous 


fa^ue  pr^flanda  do- 
cet  DeuSi  cum  ait: 
Faciamus  hominè 
ad  imaginem  &  fî- 
militudmem  no- 
ftram.  Porto  Deo/î- 
niiles  reddimur  ^  non 
dum  comedimus  aut 
hibimus .  .  .fed  dum 
jujiitium  exercemus , 
benignttatem  exhibe- 
mui  j  rf?iteSy  modeffi, 
ac  nii/eri.ordi'S  in 
proximosfnmus ,  vir~ 
iutem  omnem  feéla- 
mur.  Siquidem  cont' 
mune  nobis  efl  cum 
èelluarum  natttrâ 
quodcamedtmus ,  ne- 
que  qutcquam  tilts 
hac  in  re  pTtflumuSi 
H£c  funt  décréta 
îmmHtabtlia  ,  re?;«- 
Uy  leges  5  C?*  hoc  in 
mente  veflrâ  Jît  fi- 
vcum  oportet  ,  fieri 
non  pojje  ut  qui  Jité- 
dium  adhibeat ,  CT" 
dejuâfulttte  Jït  folli- 
titm  ,  C?*  omnia  qu£ 
fitarumfunt  panium 
exequatttr  ,  is  un- 
qttam  à  De9  défera- 


paroilfons  débonnaires  ,  mo- 
dci\es  ,  mifericordieux  envers 
le  prochain  ,  &  enfin  quand 
nous  pratiquons  toutes  les 
autres  vertus.  Carie  manger 
eft  une  adion  qui  nous  eft 
commune  avec  les  bétes ,  & 
en  cela  notre  nature  n'a  nulle 
prérogative  par  delVus  h  leur. 


Retenez  dans  votre  efprit      107^. 
comme  une  vérité  immuable,     Qtii  fait  dd 
comme  une  régie  certaine  ,  &  f.»  part  tout  ce 
comme   une     loi  confiante  #  q-^'ilpcut.  ns 

qu'il     eft    impolFible      qu'un  f^'^'^J""'^?%^' 
?  .    ^  .     ^  ^     T     bandonne  du 

homuïe  qui  apporte  tout  le  f^^ours  de 
foin  &  toute  la  diligence  qui  ^ieu. 
lui  eft  poftibe  pour  Ton  falut, 
&  qui  n'omet  rien  de  tout  ce 
qui  dépend  de  lui  pour  s'ac- 
quitter de  fon  devoir  ,  il  eft 
dif- je  5  impodlble  qu'un  hom- 
me ainfi  difpofé  foit  jamais 
abandonné  du  fccours  de  Dieu. 


U4  »*UNE  .  rîOMELIÉ 

D'UNE     HOMELIE 

fnr  l'ohfcHYïte 

DES  PROPHETIES, 


1077,       T    A  prière   faite  en   coin- 
TorcedeU  Lnmn    ^    ^^^    très-grandc 

foniraun.  ^^^-^^  -,  ^.^^  pourquoi  nous 
nous  aliemblons  tous  en  cette 
Eglife,  afin  d'avoir  plus  de  for- 
ce pour  fléchir  la  mifericordc 
de  Dieu.  Car  connoilïant 
que  nous  fommes  trop  foi- 
bles  quand  nous  prions  feuls, 
nous  nous  fervons  de  l'union 
puiiiante  de  la  charité  pour 
obliger  Dieu  à  nous  exau- 
cer. Mais  ne  puif- je  pas ,  me 
direz  vous,  prier  Dieu  dans 
mamaifon  ?  Vous  le  pouvez  j 
mais  alTurément  la  prière 
d'un  feu!  membre  de  l'Egli- 
fe  n'a  pas  tant  de  force ,  que 
celle  de  tout  le  corps  de  l'E- 
glife  enfemble  ,  lorfque  tous 
les  Fidelles  joignent  leurs 
voix  avec  les  Prêtres  ,&  que 
ïes  Prêtres  préfentent  leurs 
prières  à  Dieu  dans  nos  fain- 
ces  alTemblées. 


De  prophetia- 
rum  obfcuritate  y 
hom.  z.  St*mma  vi^ 
efi  orattoms  multitu^ 
dinis.  licirco  conve- 
nimui  hic  omnes ,  u§ 
Vehementius  Dettm 
ad  mifericordiamfie» 
fianjHi.  Nam  cùm 
crantes  foU  ,  imbe" 
cdUsfumus^per  coti" 
junflicnem  chanta^ 
tis  Deum  exoramus 
.  t.  An  nonpoJjUm  » 
inquies^  domi  orare  ? 
Potes  qutdem ,  fed 
tatjtam  virtutem  non 
hahet  oratio  ,  qttam 
ubk  cum  propriU 
memhris  fit  ,  quam 
cùm  tûtum  corpus  Ec- 
clejîte  ttnanimiter  CT* 
unâ  voce  preces  fun^ 
dit  ,facerdotthnspr<e- 
fentibus  >  ac  verbtt 
sommttnts  cattts  0^- 
remibus» 


Sur.  l'obscurité^  dès  Prophéties.     îfSî 


Froptereà'  duabus 
nos  ex  fubjlantiti 
compegit  Deus  ,utfi 
quando  infuperùiam 
efiraris  3  viUtas 
carnii  te  déprimât  ; 
fi  quandb  autem  tihi 
qmdpiam  vemattrt- 
dignum  j  CT*  quciab 
honore  à  Deo  collato 
àegeneret,  animx  no- 
hiiitas  ad  c<elejîium' 
virtutitm  ^muUtio' 
nem  te  provehat. 

Ut  opificem  tan' 
^uàm  imbeci'lhm  non 
damnes  ,  pt*lchras 
condidit  creaturas  j 
Ht  autem  qu£  condiîa 
funî  tanqaàm  Deos 
non  adores ,  ex  parte 
tnfîfna~îllâ  fabrUa» 
tus  ej}. 

Auditionem  va- 
nam  non  fufcipies. 
T<Ion  dixit  auditioni 
Vdn£  minime  credes, 
fed  ne  fttfcipies  qui- 
dem  illam.  Attres  ob- 
tura ,  criminationi 
auditum 
terclttde 

nus  hoflem  te  ejje  illius 
^ui  maledicit ,  quàm 
fit  ipfe  qui  accufatur 
pfiende»  Imitarf  Srêz 


omnem  >«- 
neque  mi' 


Dieu  a  compofé  l'homme      107?. 
de  deux  (ubftances -,  afin  que       Cr^ndeui 
lorfqu'il  s'éleveroit  de  vanité  ,  ^  bartefle  d« 
la  balTeire  de  fa  chair  le  ra-  l'I^o^mc. 
bailfât  ',    &   que  lorfqu'il    fe 
voudroit  rabaiii'er  à  quelque 
chofe   qui     fût     indigne    de 
l'honneur  que  Dieu  lui  a  fait  , 
la  noblefle  de  fon  ame  Vch* 
vât  par  une  fainte  émulatiort 
à  la  iublimité  de  la  vertu. 


Afin  que  vous  ne  vous  fi-       ic^j^; 
guriez    aucune    impuiflancè      Paffer  des 
dans  le  Souverain  Ouvrier ,  créatures  à  la 
il  a  fait  les  Créatures  belles  connoifîance 
&   admirables 

vous  ne  les  adorafîiez  pas 
comme  des  divinitez ,  il  lés 
a  formées  de  la  plus  vile  ma- 
tière qui  eft  la  terre. 

f^oHS  n'e'couterey  pas  de  tfains 
difcours.  L'Ecriture  ne  dit  pas,   Ne  pas  feu. 
vous    ne   les  croirez  point,  =T' ''°"" 

,  ,      *  'ter  h; 

mais  vous  ne  les  écouterez  f^j,,^ 
feulement  pas.  Bouchez  donc 
vos  oreilles  aux  mauvais  dif- 
cours ,  rcfufez  d'entendre  tou- 
te médifance ,  &  témoignez 
que  vous  n'avez  pas  moins 
d'averfîon  de  ceux  qui  médl- 
fent ,  que  celui  même  de  qiii 
l'on  médit.  Imitez  le  Roy 
Prophète  quand  il  difoit  :  Jt 
y  y  iiij 


&    afin  que  ^' ^  i'^i"!'^' 
—        ^      tion  de  Dku. 


1080; 


ter  hs  racdi- 


5Î^  t>'l7NE      HOMlLlE 

perfecutcts  celui   qui   medifoit  fs-    f>het:im 
crettement  de  fon  prochain. 


io8  r.'  Celui  qui  dit  du  mal  dé  fon 

Punition  prochain  ,  foit  qu'il  dife  viay 
terribl-  ie  U  ou  faux,  fe  fait  à  lui-même 
médifance  un  grand  mal.  Quand  il  ca- 
rmeouf^uf.  iQ^„.g  iHJ^itenieni,  il  n'eft 
pas  befoin  d'employer  beau- 
coup de  preuves  pour  per- 
fuader  qu'il  fe  damne  :  Mais 
quand  même  il  ne  dit  que  la 
vérité ,  il  ne  laifle  pas  de  s'at- 
tirer une  révère  condamna- 
tion en  ce  qu'il  publie  les 
n>ifeies  de  fon  prochain ^  qu'- 
il caufe  ôits  fujets  de  fcanda- 
îes  aux  autres,  qu'il  découvre 
des  fautes  qu'il  auro:t  plutôt 
dû  cacher,  &  qu'il  divulgue 
les  péchez  fecrets  de  fes 
frères.  Car  fi  celui  qui  ne  fcan- 
dalife  qu'une  feule  perfonne  , 
fera  fi  grièvement  puni  j  quels 
fupplices  ne  mérite  point  ce- 
lui qui  fcandalife  par  à^s  dif- 
famations publiques  une  in- 
finité de  perfonnes  ?  Le  Pha- 
rifien  ne  mentoit  pas  quand 
il  appeloit  pécheur  le  Publi- 
cain  ,  cependant  l'Evangile 
nous  fait  bien  connoitre  i'é- 
Rormicé  de  fon  ciime* 


qui  diclt  1 
Detrahentem  f€- 
cretû  proximo  fuo 
hune  perlequebar. 
Qiu  maled'cit  yfet* 
vsra  Jînt  ,  fett  falfa 
qit£  inproalmH  con- 
jicit  maledifla  ,  mH' 
ximo  damno  afficitur. 
Et  talumniaîorem 
qmdemperiijje ,  nul-- 
U  opm  e[}  demonjfra' 
tione  :  fibi  verb  gra- 
ve jttdicium  accerfe^ 
re  y  lie  et  ver  a  dicat , 
di*m  miferias  froxi' 
mi  dividgat  ,  C7* 
fcandalorum  caufam 
prahet  ,  omnihus  e/t 
dste^ens  ,  qua  occul- 
tandapottui  ftieranty 
er  proximi  peccata 
pr£dicat,  u tique  tntt- 
nifeflum  eji.  Namjî 
qui  unum  fcandali- 
:^zeritj  inevitahiles 
poenas  dahit ,  is  qui 
innumeros  rumore 
malo/parfo/candali" 


^' 


ifuppll 


CIO  pleCletur  ?  PJ?ari' 
feus  enim  non  men- 
tiehatur  dum  Publi-' 
canum  vocahat  pec- 
catorem ,  attamet^ 
fagnas  dediU 


Sur  l'obscurité''  des  Prophéties.     ^57 


Alla  quiàempec- 
eata  tempore  indi- 
gent ,  impenfi ,  dila- 
tione ,  adjutorihiis . . 
at  in  maledicendo 
non  ità  fit  :  fed  mfi 
attenti  Valdèjîmusac 
vigiles ,  facile  abri- 
pimur  :  fufftcit  enim 
M  tantàm  lelimus , 
CT*  Patim  volutitai 
in  opus  exit  :  foU 
qttippè  linguct  infer- 
vit.  Quandb  igitur 
Z)elox  eji  malum  ejy 
facile  nos  circumjïans 
feccatum  CT*  pccn<z 
gravis,  nec  Ittcritm 
tillum  y  diligenter 
Imnc  morhumfugia- 
rtJMSy  ^nliorccmma- 
la  tegamus  nedum 
fropalemm ,  ac  pec' 
tantes  admoneamusy 
ficut  dicit  Domtn»s  : 
Si  peccaverit  fra- 
ter  tuus  ,  corripe 
îpfmTi  inter  te  8c 
ipfuin  folum. 


Pour  commettre  la  plupart        1082^ 

des  autres  péchez,  on  a  be-      hhut  erre 

fom  de  temps  ,  ou  d'argent  >  ^^-"  "'^°"^- 
1,    ,-r/ï      '  o       n  Pc«  pour  ne 

OU  û  airifbnce  ,  &  d  autres  ^  J^^^^^, 
moyens  extéiieursjmais  on  n'a  jans  la  médi- 
befuin  de  rien  de  tout  cela  pour  fancc, 
médire  ,  &  fi  nous  ne  veillons 
avec  la  dernière  circonTpcftion 
fur  nous  mêmes ,  nous  tom- 
bons très  facilement  dans  ce 
péché.  Il  luiîît  que  nous  le 
voulions,  &  auflïtot  le  ma! 
eft  fait  ;  parce  qu'on  n'a  be- 
foin  que  du  miniftere  de  la 
langue.  Puis  donc  que  ce  mai 
ell  fi  pronipt  à  fc  commettre  , 
que  la  facilité  nous  y  porte  , 
que  la  peine  qu'il  mérite  eft 
fi  grande ,  8c  que  l'avantage 
que  nous  en  retirons  eft  (\  pe- 
tit ,  fuyons  avec  grand  foin 
un  fi  dangereux  péché  .-Coir- 
vrons  les  maux  de  notre  pro- 
chain ,  au  lieu  de  les  décou- 
vrir; ou  plutôt  avertifibnsîc 
pour  le  corriger  5  fuivant  ce 
précepte  de  Notre-Seigneur  : 
5"^  votre  frère  a  péché,  reprenez^ 
lefecretement  entre  v^UiO'lM* 


538  Des    Livrés 

DES    LIVRES 

DU     SACERDOCE. 


lo9j.  CI  vous  traitez  trop  douce- 
Èvic-r  le  relâ.  *3ment  celui  dont  la  playe  a 
f  henient  &  befoin  pour  être  guérie  ,  qu'on 
l'txcés  de  ri.  y  fgjfg  ^ne  grande  &  profon- 


conduitc 


des 


gueurdanjlâ  ^jg  [ncifion  ,  il  arrivera  &  que 
vous  lui  aurez  fait  du  mal, 
&  que  vous  ne  l'aurez  pas 
guéry.  Que  fi  d'ailleurs  ne 
voulant  point  flatter  Ion  mal, 
vous  lui  faites  une  incilîon 
auîïi  profonde  qu'il  eft  nécef- 
faire  ,  il  cft  à  craindre  que 
l'impatience  de  la  douleur  ne 
lui  faffe  perdre  courage  ;  & 
que  ne  pouvant  fe  réfoudre 
cie  la  fouftrir ,  il  ne  rompe  les 
liens  dont  vous  avez  voulu 
le  retenir  ,  qu'il  ne  rejette  les 
remèdes  dont  vous  vchis  fer- 
vez  pour  le  guérir ,  &  que 
fecoiiant  le  joug  il  ne  fe  pré- 
cipite dans  le  defefpoir.  C'eft 
pourquoi  il  ne  faut  pas  y  a- 
gir  témérairement  &  vouloir 
apporter  toujours  à  la  corre- 
âion  des  péchez  des  remè- 
des aufïi  forts  qu'on  le  juge 
nécelïaire  j  mais  il  eft  quel- 
que fois  bon  de  fonder  d'a- 


Lib.  i.deSacer- 
dotio.  Si  hlandius 
eum  trafics  cujus  af- 
feûum  corpus  feflione 
€4^\  magna  indi^et  s 
ac  nifi  altam  inflixe- 
ris  plagam  et  qui  ea 
opushabet:  ntmirùm 
fiet  ut  vulnus  ipfum 
partim  fit  refeflum  , 
partim  reliait.  Kur- 
siimfi  nallâ  ex  parte 
parcere  voUm  dchU 
tam  aàhihueris  /é- 
nioftem  i  fietfcpè  us 
animum  tlle  doloris 
impatientia  dijpon" 
denSfatque  adso  om» 
niafimul  detreSlans, 
tùm  pharmacum^titm 
vinculum  ,  fe  ipfe 
précipitent feratiCon- 
tritojugo  ac  confraûa 
laquea .  .  Neqi  enim 
terrier  e  ad  deliflorum 
modum  oportet  & 
muléiam  ipfam  adhi- 
bere  :  fed  tanquam 
eonje^uris    quibuf- 


Jant  ammus  delitf 
^uentium  explorant 
di4i  ejl  :  ne  quâfiat  ut 
dum  confuere  visquod 
interruptum  e(i  ^fcif- 
fi*ram  deterioremfn- 
tias  :  ac  dum  eum 
qui  lapfus  ejl  erio^ere 
Mtque  emendare  fltt- 
des  j  cafté  s  ipfe  major 
per  te  reddaîur  .... 
Namjîcut  aliquoties 
nfu  venit,  ut  animum 
pleriqite  defpondeant, 
atejue  infuée  fa  lut  i  s 
froruant  defperatio- 
nem  ,  non  oh  aliud 
mfi  cjuod  ah  amaris 
éicerhifqtte  medica- 
menùi  ahhorreant  : 
ità  nonnullos  repC" 
fias  ,  qui  hoc  ipfo 
qmd  panas  peccalis 
fuis  pares  non  luerinty 
in  negligentiam  ac 
tomempthtn  dilabatt' 
i'ir. 

Lib.  3.  deSacer. 
Qui  terrain  imolunt 
atque  in  ea  verfan- 
tur  ,  iis  commiffum 
effyUtea  qut  in  cœlis 
funt  difpenfent  :  iis 
datum  eji  ut  potefta- 
tem  haheant^  quam 
t)(»s  ûptimus  nequc 


Sacerdoce.  f  55? 

bord  par  quelques  eflais,  quel- 
le eft  la  difpoficion  de  l'efprit 
de  celui  qui  a  péché  j  de  crain- 
te qu'en  voulant  recoudre  ce 
qui  ctoit  déchiré  ,  on  ne  cau- 
fe  une  plus  grande  rupture  : 
&  qu'en  travaillant  à  relever 
celui  qui  étoit  tombé  ,  on  ne 
rende  par  une  conduite  im- 
prudente fa  chute  plus  dan- 

gereufe   &   irréparable 

Que  fi  l'expérience  nous  ap- 
prend que  plufieurs  fe  décou- 
ragent &  tombent  dans  le  de- 
fefpoir  de  leur  fàlut  3  par  la 
frayeur  &  l'horreur  qu'ils  ont 
de  l'amertume  &  de  la  diffi- 
culté àts  remèdes  :  AulFi  en 
avons-nous  vu  d'autres  qui 
pour  n'avoir  pas  été  corrigés 
de  leurs  péchés  par  une  pé- 
nitence alTez  rude  &  propor- 
tionnée à  leurs  fautes,  font 
tombés  dans  la  négligence  & 
dans  le  mépris  de  leur  faluc. 


Dieu  a  donné  aux  hommes       1084:7 
qui  habitent  fur  la  terre,  la    Po"voirfu- 
puiffance     d'adminiftrer    les  bl»^^'^"^'^ 
chofes  du  ciel ,  qu'il  n'a  pas  ""* 
accordée  aux  Anges  mêmes 
ni  aux  Archanges.  Car  ce  n'a 
pas  été  à  eux  qu'il  a  été  dit  : 
Tout  ce  que  vous  liererfur  la  ter* 
re  fera  lié  dam  le  Qeli  er  t9ii$f 


'.ligues. 


^i^6  TiEB  Livres 

ce  que  VOUi  cleliereyfur  la  terre  ,  Angeiis  neque  Af^ 
fera  délié  dans  le  Cul.  Les  Prin-  changelis  datam  efjk 
ces  &  les  Souverains  du  mon-  volun  ;  tieque  enim 
de  ont  bien  aufïî  le  pouvoir  ad  illos  dicium  efi  ; 
de  lier  &  de  délier  ,  mais  ce  Quaccumque  aili- 
n'eft  qu'a  l'égard  du  corps:  gaveritis  in  terra  , 
Au  lieu  que  les  liens  que  )e-  eruntalligata-  &m 
CoKtre  ZejSUS  CHRlSTa  mis  encre  cœlo  :  & quxcura- 
Hirâiques.  les  mains  des  Prêtres  s'éten-  que  folvcritis  ia 
dent  iur  les  âmes  ,  &  vont  juf-  terra  erunt  foluw 
ques  dans  le  Ciel  ;  en  forte  &  in  cœlo.  VUbent 
que  tout  ce  que  les  Prêtres  qmdem  Ct*  terrc/tres 
ordonnent  fur  la  terre  ,  eft  principes  vinculipo- 
ratifié  dans  le  Ciel ,  où  Dieu  tejlatem  ,  verum  cor* 
confirme  les  jugemens  qu'ont  porumfolimi.  Il  an- 
ici  rendus  fes  ferviteurs.  Et  en  tem  quoddico  Sucer- 
effet ,  n'eft-ce  pas  leur  donner  dotumvinculum  ,  //>- 
toute  pu iffance  fur  les  choies  f'tm  ettam  aniwam 
mêmes  du  Ciel  j  que  de  leur  comingtt ,  atqtii:  ad 
dire  :  Les  péchés  feront  remis  à  ceglosufquep.rvadii;, 
tous  ceux  a  qui  vous  les  rtmetirey  ;  ufque  adeo  ut  aw*- 
^  ils  feront  retenus  à  tous  ceux  à  cumqite  infrnè  fo^ 
^ui vous  les  rettendre:^^?  Y  a-t-il  cerdotes  confeeerint  , 
une  piîiflance  plus  grande  que  tlU  eadem  Dcusfit- 
celle-ià  P  Dieu  le  Père  a  don-  pernè  rata  hahcai^  ac 
né  tout  pouvoir  de  juger  à  fon  fervorum  fentemiam 
Fils  :  mais  je  vois  aufli  que  Dns  confirme  t.  fie- 
Dieu  le  Fils  a  donné  ce  même  mm  quidnam  hoc  a- 
pouvoir  à  fes  miniftres.  Uud  tjje  dtcas ,   nijî 

omnem  rerum  c^le- 
Çium  poteffatem  illis  à  Deo  concejfam  :  Quorumcum- 
que,  enint  ait,  peccata  remiferitis  ,  remittuntur 
eisj  &  quorumcumque  retinueritis ,  retenta  funt. 
Qwenam  chfecro  poteflas  hac  una  major  cjje  queat  ?  P4- 
ter  omne  judicium  dédit  Ftlio  :  cxteriim  video  ipfum  à 
f>eo  ïiUoipfii  traditum» 


DU 

Si  non  potefî  guis 
in  regnum  calorum 
ittgredi ,  nijî  par  a- 
quam  Ç^  fpiritum  re- 
^enerattis  fuent  ;  C:?' 
qf*i  non  manducat 
carnem  Domtni ,  CT* 
fangidnem  ejus  non 
l'tbit  j  teiernâ  vita 
privutur  :  omniaaU' 
tcm  hjec  haud  aliter 
qjiàm  per  facrofan- 
Oas  ilUi  nnnt*s  petw. 
ficittntttr  ,  manus  , 
inquamjfacerdotum: 
<juîfiet  ut  çhrà  tlU' 
ri*m  opem  ^  aut  ge~ 
henna  ignem  evitare 
q:4s pojftjaut  repojî- 
t£  in  C£lo  coron£  pr<t' 
mia  ajjeqtti  ?  H;  e- 
nim  [tint ,  hi  funt  ^ 
ixiuam,  qt*ihuscon- 
evediufànt  fpirtttta- 
les  partitngims  à 
J^eo  ,  , .  qi4o  nomine 
facer dotes  meriionon 
.modo  plus  vereri  de- 
bsmus  ,  qiiàm  vd 
principes  vel  reges  , 
Vjrùm  etiaij}  majori 
hjinore  quàm  paren- 
U'Sproprios  honejlare, 
I^i  enim  ex  fanguini- 
h}*s  C7'  voluntate  car- 
fiff  nç^  ^entfsrttnt  ; 


Sacerdoce.  141 

Si  peifonncne  peut  entier       io8<. 

dans  le  Royaume  du  Ciel,  a       Excellence 

moins  qu'il  n  ait  été  engendré  du    Sacer.^o- 

de  nouveau  par  l'eau  SclEi-  "  '  hoiin»ur 

prit  :  &  fi  Ton  eu  privé  de  la  ^"  "'l  f'' 
^       ,  ,,  '^    j  ,     aux   l'rccrcs, 

vie  éternelle  ,    quand  on  n  a 

ppmc  mangé  la  chair  du  Sei^ 
gneur  ,  &  bu  Ion  Sang  ;  tout 
cela  ne  s'opérant  que  par  le 
Muiiltére  des  Prêtres ,  &  par 
l'entremife  de  leurs  mains . 
faintes  &  facrécs  j  comment 
pourroit-on  lans  leurs  fecours 
ou  éviter  le  feu  de  l'Enfer ,  011 
obtenir  les  récompenfcs  qui 
nous  font  préparées  dans  le 
Ciel  ?  Car  ce  (ont  eux  auf- 
quels  les  régénérations  fpiri- 
tuelies  pnt  été  coramifes.C'eft 
^urquoi  nous  ne  devons  pas 
les  honorer  feulement  comme 
des  Princes  &  des  Rois^  mais 
leur  porter  encore  un  plus 
grand  refpeti  qu\i  nos  pères 
luipes  :  car  nos  péies  ne 
nous  ont  engendrés  que  feloii 
la  chair  &  le  fang  ;  mais  les 
Prêtres  font  les  auteurs  de  cet- 
te naifiance  qui  nous  vient  de 
Dieu ,  de  cccte  régéneratiorj 
bienheureule  ,  de  cette  nou- 
velle liberté  j  Si.  de  cette 
adoption  divine ,  qui  nouç 
fait  devenir  par  la  grâce  le? 
enfans  de  Dieu.  Et  en  effçt 
Dieu  n>pas  feukmçnt  donijf 


54^  15£S    Livres 

à  nos  Prêtres  ,  comme  il  a-  ilUvero  autores  »ohîi 
voit  fait  à  ceux  de  l'ancienne  funt  nativitatis  ejm 
loi,  le  pouvoir  de  juger  de  quamàDeohabsmus, 
la  purification  de  l'ame  y  mais  leau  regeneraUonit 
il  leur  a  accordé  la  puiflance  ilufiSgîii>ertatisver<e, 
de  la  purifier  effc<ftivement.  atque  adopiionis  ejus 
C'eft  pourquoi  j'eftime  que  qua  nos  pergratiam 
.ceux  qui  les  traitent  avec  flUDeiJitmus  ejfeéli 
mépris ,  font  bien  plus  cou-  .  . ,  at  veto  nojlrts 
pableSj  &  dignes  d'une  plus  ri-  facerdotihus  non  cor^ 
goureufe  punition,  que  n'a  porisUpram  ,veràm 
autrefois  été  Dathan  avec  amm£  fordes  ,  non 
tous  fes  complices.  dico  purgatas proba- 

re  jfedpurgare  prof' 
sàs  concejfum  efl,  Quare  judiào  qttidem  meo  ,  qut  ijlos 
defpictunt  cot7temnuntque  mulio  fceleratiores  ac  majori 
fuppUcio  digni  fuerint ,  quàm  fuerit  Dathan  una  cttm 
fûts  omnibus, 
'lo8^.  ^^  "y  ^  P*^^  moins  de  difFj^    Inter  utrofyue  tatt' 

Obi  gation  rence  entre  nos  pères  félon  tumeji  fané  interje-- 
que  les  fidelles  la  chair  ,  &  les  Prêtres  •,  qu'il  fium  mtervallum  , 
cnt  aux  Pi€- s'en  rencontre  entre  la  vie  quamùmvitam inter 
^^"*  préfente  &  la  vie  future  &  é-    pr^fentem  ct*  <eter- 

ternelle.  Car  nos  pères  nous  nam.  Parentes  enint 
engendrent  pour  le  temps  pB*  nos  in  prxfemem  , 
fent ,  &  les  Prêtres  pour  Te-  facerdotes  in  vitam 
ternité  :  &  encore  eft-ce avec  tttemam  générant, 
«ne  féconde  différence 3  f^a-  Atqi4e  illi  certè  ne 
voir  que  nos  pères  ne  peuvent  corporalem  quidem 
nous  empêcher  de  mourir,  ni  injeritum  à  tiberis 
znême  d'être  malades  :  Au  amoîiri  pojjunt ,  ne- 
lieu  que  fouvent  les  Prêtres  que  ingruentem  mor" 
;ont  fauv-é  des  âmes  qui  é-  lum  propulfare  .• 
toient  fur  le  point  de  tom-  quum  hilaborantcm 
ber  dans  la  mort ,  foitenfou-  acmortijamjampror 
lançant  ks  peiacs  des  unes ,   pinq»am     anirnaTi^ 


DU 
Uenùiem  fervarint  i 
aliis  remijjîorem  pœ- 
nam  reddenta  3  altos 
frorsùs  Ubi  non  per- 
tnittentes  p  non  do- 
£lrin<s  folùm  atque 
commonitionii  ,  fed 
etiam  precum  pr<tfi- 
dio  :  neqtie  enim 
folum  ctim  nos  régé- 
nérant j  fed  pojieà 
etiam  condonando" 
rum  nohis  peccato- 
rum  facnUatem  ob' 
tinent. 

Ex  lis  ju<e  à  me 
diélafunt  ,  auditO' 
rum  mentes  tantâpu- 
to  religione  occupa- 
tas  ^  ut  non  jam  eoi 
qui  fiigtunt ,  fed  eos 
quiperfe  accedunty 
honoremque  ifîttm  ttl- 
tro  fibi  ambmit  , 
çontumaci<e ,  temeri- 
tatis  atq»e  audacta 
ficcufent.  Namfîufu 
i}enit  ut  quibus  civt- 
tatis  magijlratus  cre- 
ditifunt  3  u  niflval- 
dè  prudentes  pariter 
ac  Vigilantes  fuerinty 
$um  civitates  ipfas 
evertant  5  tùmfeip- 
fos    perditum  eant  : 


Sacerdoce.  5-45 

foit  en  ioûtenant  les  autres 
&  les  empêchant  de  tomber, 
non  feulement  par  leurs  in- 
ftrudions  &  leurs  confeils  , 
mais  auffi  par  le  fecours  de 
leurs  prières  :  Leur  pouvoir 
n'eft  pas  rettreint  à  noue  ré- 
génération dwins  leBaptéinej 
mais  s'étend  encore  après  à 
nous  obtenir  la  rémiflion  de 
nos  péchez  dans  toute  U  Tui^ç 
de  notre  vie. 


Je  crois  que  ce  que  j*3y  dit  1087. 
jufqu'ici  du  Sacerdoce  lulîit  Prudence  re* 
pour  imprimer  fi  profondé-  4"^^^  V^^^  ^ 
ment  dans  les  efpritslesfenti-  Sacerdoce. 
mens  qu'ils  doivent  avoir  de 
la  dignité  &  de  l'éminence 
d'un  fi  excellent  état ,  qu'ils 
condamneront  bien  moins  la 
retenue  de  ceux  qui  le  fuyenr, 
que  la  hardiefl'e  &  la  témérité 
de  ceux  qui  ambitionnent 
cet  honneur ,  &  qui  le  reclier- 
chent  Et  en  effet  fi  l'expé- 
rience nous  apprend  que 
quand  ceux  à  qui  l'on  a  confié 
la  magiPcrature  d'une  ville , 
n'ont  pas  aifez  de  conduite  & 
de  vigilance  ,  en  perdant  la 
ville  ils  fe  perdent  aufii  eux- 
mêmes  :  Qi^clle  ne  doit  poing 
être  la  vertu  &  la  prudence  , 


io88. 


gnement  de 


544  Des    L  I  V 

non- feulement  humaine  mais 
toute  célefte  de  celui  auquel 
JESUS-CHRIST  a  confié 
le  loin  d'orner  &  d£  conduire 
ibn  Epoufe. 


Une  des  priiicipales  difpG- 
Avo:r  un  fîtjons  qu'il  faut  apporter  à 
humble  é'ioi-  TEpilcopat,  c'eft  de  n'avoir 
nullement  l'efprit  rempli  du 
défir  de  cet  honneur.  Car  fi 
l'en  défire  avec  ardeur  cette 
principauté  fpirituelle  ,  les 
fiâmes  de  l'ambition  en  fe- 
ront encore  plus  embrazées  , 
lorfqu'on  l'aura  obtenue  ,  & 
pour  fe  maintenir  dans  cet 
honneur  ainfi  acquis,  on  ne 
fera  fcrupule  d'auain  péché  , 
foit  qu'il  foit  beloin  d'ufer  de 
flatterie  envers  les  piiiilances , 
Ibit  qu'il  faille  fouffrir  mille 
indignités  ,  (oit  qu'il  foit  né- 
ceilaire  de  facrifier  tout  fon 
bien  à  l'ambition.  Je  fuis  donc 
perfl'.adé  qu'on  ne  fe  doit  a- 
procher  de  cette  dignité  fa- 
crée  qu'avec  une  fi  grande 
retenue  &  une  telle  circonf- 
p;cdion ,  que  le  fentiment 
que  l'on  conçoit  pour  fa  gran- 
deur &  fon  excellence  ,  nous 
ait  porté  d'abord  à  faire  dif- 
fuiuké  de  nous  charger  d'un 
fi^rdeau  fi  lourd.    C^e  fi  a- 


RES 
tute  ntn  fitatantùm 
unius  5  fed  C  cse- 
lejïi-  pr^ditum  effe 
convenu  ^  eut  forts 
obiigit  ,  ut  ChriJ}i 
Jponfam  ccmat ,  or- 
net  que  ? 

In  ter  que  illud 
prttctpuum  facerdotis 
anirrum  honoris  ilUui 
de/îdtrio  undtque  va* 
care  oportet.  Namjî 
ad  cunt  princtpatum 
adipijcendum  Vthe- 
menii  antmi  ajfe^îtt 
rapietur  ,  eo  adepto 
impotentiorem  fane 
ambiiionisfue  Jlam- 
mam  incendet ,  ac  vi 
tandem  captus  utfèi 
adeptum  honorem 
ftabi'iat  ,  nulU  non 
peccato  ferviety  fett 
adulandum  ,  feu  fer- 
Vile  quid  atque  tn- 
dignum  fuflinendum^ 
(eu  res  magna  pecU" 
nU  fumptu  tentanda 
.  . .  Oportere  autem 
puto  tantâ  cum  reli- 
gione  ac  cautione  ad 
rem  ipfam  accéder e  , 
utilliui  molem ,  via^ 
gnitudinemque  pri- 
màm  prcrfui  detre- 
ftef  ;  deinde  adept9 


D  U 
toHore  aliorum  jadi^ 
cUfententiafque  non 
expeflei  ,  Ji  quoj, 
forte  commijjum  de- 
prehendatur ,  propter 
quoi  oporteat  te  ho- 
Ttorem  illttm  déporte- 
re  i  quin  potius  illius 
antevertens  judiciitm 
t9  ipfe  munere  abdi- 
ces.  Sic  enimpar  cft  , 
Ht  divinam  concilies 
impetrefque  miferi- 
cordiam  :  qui  fi  tibl 
honorer»  illtimpr<tter 
décorum  tanquum 
mordtcus  retinereflu- 
duerii  ,  indignus  es 
5«i  veniam  confequa- 
ris  :  tilm  vero  divi" 
nam  iram  maçris  ac 
tnagis  incendisy  alté- 
ra peccato  CT'  eo  gta- 
viore  per  te  addito. 
Ai  vero  conjiantiam 
hanc  pr<£jlare  nuUus 
valeati  tampepilensy 
tamq;  le  thaïe  ejï  ap- 
pelé nia,  ijilus  virus 
,  .  .  Si  quis  Epifcopi 
munus  appétit  hone- 
fium  opus  defiderat. 
At  eTo  non  operis  ip- 
fius  y  fed  dominatio- 
nis  acpotenti£  defide- 
rJHm  pejïilens  ejje  di^ 

Tom.  L 


Sacerdoce.  f.\s 

près  s'en  être  chargé  Ton 
vient  à  y  commettre  quelque 
faute  qui  nous  re  nie  indignes 
de  cet  honneur ,  je  iixis  d  avis 
qu'on  n'attende  pas  Icsjuge- 
mens  que  hs  autres  peuvent 
porter  contre  nous  ,  mais 
qu'on  les  prévienne,  en  fe 
dépcfant  foi-meme.  Car  c'efl 
le  feul  moyen  d'en  obtenir  de 
Dieu  le  pardon  :  &  fi  Ton 
vouloit  à  quelque  prix  que  ce 
fût  ,  &  contre  tout  droit  &■ 
toute  raifon  fe  maintenir  dans- 
fa  dignité ,  l'on  fe  rendroit  in- 
digne de  toute  miféricorde  ^ 
&  l'on  allumeroit  de  plus  en 
plus  le  feu  de  la  colère  de  Di^ir 
contre  foi,  en  joignant  au  pé- 
ché qu'onavoit  déjàcommisy 
celui  de  Tobftination  ,  qui  eft 
encore  plus  grand.  Mais  il  y 
en  a  peu  qui  foient  capable» 
de  cette  adion  de  modération: 
&  de  cette  force  :  tant  eft  per- 
nicieux &  mortel  le  venin  de- 
cette  ambition  déréglée  !  Je 
fçai  bien  que  celui  qui  defi- 
re  fimplernent  la  charge  dé 
TEpifcopat  5  defîre  une'œuvre 
bonne  &  honnête  :  Aufïi- 
n'ai-je  pas  die  fimplernent 
que  le  défir  de  la  charge  fût 
mauvais  &  pernicieux,  mais> 
feulement  le  défir  de  la  do- 
mination &  de  la  pnillance 
Zz 


54^  Des    Liv 

qui  l'accompagne.  Et  c'eft  ce 
délîr  déréglé  que  je  foutiens 
qu'on  doit  fi  abfolument  ban- 
nir de  fon  efprit  ,  que  l'on  ne 
fouffre  pas  qu'il  en  foit  occu- 
pé le  moins  du  monde  ;  afin 
qu'il  fe  trouve  tout  à  fait  li- 
bre pour  fe  porter  à  tout  ce 
qu'il  eft  obligé  de  faire.  Car 
celui  qui  n'a  nulle  cupidité 
pour  cet  honneur,  &  qui  ne 
travaille  point  à  l'obtenir  , 
ne  craindra  pas  d'en  être  pri- 
vé. 


io8p.         Comme  lorfqu'on  commet 
^Kecommet-  j^ p^élature à  un  homme rem- 
'gts  pubUqués  P?i  ^e  vaine  gloire  &  d'ambi- 
qu'i  dss  per-  "c>n ,  c  elt  de  même  que  ii  i  ou 
fonnes  fages.  jettoit  du  bois  dans  un  feu   ; 
Auffi  d'ailleurs  s'il  arrive  qu'- 
on mette  la  magiftrature  en- 
tre les  mains  d'une  perfonnc 
foliraire ,  qui  n'ayant  accou- 
tumé   de   converfer  qu'avec 
peu  de  gens ,   ne  peut  néan- 
moins commander  à  fa  colère , 
mais  au  contraire  fe  laiffe  faci- 
lement emporter  à  C&s  mou- 
vemens;cet  homme  devenant 
femblable  à  une  bére  fauvage 
qui    feroit    aiguillonnée    de 
tous  cotés  ,  fe  trouvera  dans 
une     perpétuelle    agitation 


RES 
xi.  Atque  hoc  e^o  ie- 
Jtderium  Jlc  toto  Jin' 
dio  ah  animo  ahji^ 
ciendum  effe  cenfeo  , 
ut  ne  animum  i^fum 
prorftés  permutas  ab 
illo  occupari  ,  ut  is 
rerum  omnium  libère 
agendarû  potejfatem 
habeat,  Nam  quem 
nulla  cupiditas  tra- 
hit j  ut  fefs  in  eo  mu- 
nere  coUocatum  ofien- 
tet^ac  tanquam  digito 
ah  aliis  monjïretur^is 
certè  ah  eofoli  odetur» 
hari  rton  formidat. 

Q^emadmodum  Jït, 
ut  qui  inanis  glori,» 
titillatione  movetur  y 
fiquaniopopuUprin» 
cipatum  ohtineat , 
materiam  igni  fuc 
cenfo  fuppeditet.  Sic 
quifolitudini  ajfuettts 
ne  in  paucorum  qui» 
dem  hominum  corîfue* 
tudine ,  animifui  ir^ 
imperarepoîefl^qitin' 
imo  perfacile  ah  ta, 
tranfverfiAi  agiiur  : 
huicfipopularem  ma- 
gijiralum  credas,  in» 
Jlar  fer<e  alicujus  à 
multis  undique  exjîi^ 
mulat^^neqtie  qm-i 


DU  s 
fo  unquàm  animo  tjje 
queat  ,  CT*  commi/Jos 
/îèipopulos  in  infini- 
ta  malaatque  tncom- 
tnoia  dij}rahat. 

Non  pofjunt  Epifco- 
porum  viîia  difjîmu- 
lari  j  fed  vel  parva 
atque  exi^ua  confe- 
Jitm  manifcjla  fiunt 
.  . .  qui  privatam  & 
quietam  vitam  vi" 
Vunt  homines  jfolitu- 
dinem  hahentjièorum 
vitiorum  tanquam 
velamen  quodaam  j 
iidem  rurfits  quttm  in 
médium  prodierintj 
folitudtnem  illumfi- 
cut  vejiem  exusre  ac 
per  externes  adven» 
titiofque  motus  fuos 
animas  omnibus  nu- 
dos  exhiber e  co2un- 
tur  .  .  .  Pr£terea  i- 
gnobilium  deli6}a  fi 
in  médium  prodterint 
neminem  mfigniter 
vulnerant  :  at  qui  in 
iflius  di^itatisfafii- 
gio  pofiti  y  primum 
nemini  non  notiy  ma- 
nifeflique  funt ,  tum 
vero  fi  vel  tamillum 
peccaverint  3  patva 
iormn  peccata  aliii 


ACE  R  D  OCE.  X47 

fans  jamais  fortir  de  fa  mauvai- 
fe  humeur  ,  &  jettera  les  peu- 
ples qui  lui  font  fournis  dans 
une  infinité  de  maux  &  de 
peines. 

Les  vices  des  Evêques  ne  lopo; 
fçauroient  être  cachés ,  mais  X^^"  ^" 
quelques  petits  qu'ils  foient ,  „;,;;;^^;a'; 
lis  deviennent  bientôt  publics  roue  le  moa- 
&  vifibles.  Ceux  au  contraire  de. 
qui  mènent  une  vie  privée  & 
obfcurc  ,  ont  leur  folitude  & 
leur  vie  cachée,  comme  un 
voile  qui  couvre  tous  leurs 
défauts  :  mais  quand  ils  for- 
tent  de  cet  état  pour  paroî- 
tre  au  jour  jc'eft  comme  s'ils 
fe  dépoiiilloient  de  leurs  ha- 
bits pour  montrer  à  nud  par 
toutes  leurs  adions,  ce  qu'ils 
font  véritablement.  Il  faut 
aufïi  confiderer  que  les  fautes 
des  per/bnnes  du  commun 
font  peu  remarquées  ,  &  que 
peu  de  gens  en  font  choqués  5 
mais  ceux  au  contraire  qui 
font  conftitués  en  dignité ,  & 
qui  tiennent  les  premières 
places  dans  le  monde  ,  font 
connus  &  fi  fort  en  vue  ,  que 
l'on  remarque  leurs  moindres 
défauts  5  &  que  Its  plus  pe- 
tits péchés  5  paroiflent  très- 
grands  en  leurs  perfonnes  , 
parceque  la  plupart  du  mon- 
de mefure  plutôt  les  fautes , 
Zzij 


^48  Des    Liv 

par  la  dignité  de  celui  qui  les 
commet ,  que  par  la  grievecé 
qui  Te  rencontrent  en  elles- 
mêmes.  L'honnêteté  &  la 
vertu  de  la  vie  pafîee  n'eft 
pas  capable  de  nous  défendre 
contre  les  défauts  préfens  que 
Ton  nous  impute  ,•  mais  plu- 
tôt la  moindre  faute  où  nou5 
nous  laifions  aller ,  eft  capa- 
ble d'obfcurcir  tout  l'éclat  de 
notre  vertu  paiTée.  Ainli  tout 
le  monde  s'établit  juge  de 
TEvêque  :  On  ne  veut  pas 
qu'il  foit  compofé  de  chair 
comme  un  autre ,  on  fe  fi- 
gure qu'il  doit  être  au  deffus 
de  la  nature  humaine ,  & 
comme  un  Ange  qui  ne  par- 
ticipe point  aux  infirmités 
de  l'humanité. 


Tin??iu'ta  lavrayecaufc  des  fadions 
voir"eW  '  &^^s  defordres  qui  fe  rcn- 
qu'a-jx  quâli.  contrent  dans  les  Cicdions 
tés  Epifcopa-  des  Evéques ,  eft  que  chacun 
hs  pour  faire  ne  regarde  pas  en  cela  la  feu- 
unhommeE-  je  chofe  qu'on  devroit  avoir 
veque.  ç^  y  «g  ^  qyj  ç^  |3  vertu  ;  & 

que  l'on  y  confidére  plufieurs 
autres  chofes ,  comme  de  ce 
qu'une  perfonne  fera  d'une 
nailfance  illuftre  ,  ou  de  ce 
qu'il  fera  riche  de  Ion  patri- 
aicine  ^  &  qu'ainil  il  a^aura 


magnaviâetttur'i  ne^ 
qtie  enimpeccatt  ma* 
gniîudtne  ,  fed  pec 
cantis  potius  digni'" 
tate  peccatumpltriqS^ 
omnes  metttmiuro. 
.  .  .  Illum  nihil  an- 
teafia  viu  honejias 
adihvat  ad  incufan^ 
tifirry  vocuUi  effa^ 
giendas  :  quinimo  U» 
ve  illud  commiffum  j 
reliqu£  illius  viîs 
Itimwibus  ojjicit  :  ac 
certèficfucerdoti  om- 
nes judices  ejje  Vo» 
luni ,  ut  carne  ;;e- 
quaquàm  compojîto  ^ 
ut  huma7jam  natu^ 
ram  nonfortitc^  ve- 
ràm  ut  An<relo  »  ut 
httmarue  tnfirmitatii 
minime  partictpi. 

Cujus  rei  caitfa  h<ec 
ejl  y  quod  in  unum 
non  Jpeélant ,  quod 
folitm  fpeClandum 
fuerati  nempè  animi 
Virtutem  :  fed  ali^. 
fttnt  Ciwf£  quihfis 
honores  conciUantur* 
Verhi  gratiâ  ,  hic 
quod  cUrageners  nU" 
tuifit  in  EpifcopatuSs. 
inquit ,  ordtnem  co- 

oputwr  :  ilh  qttoi 


b  u 

9pihu5  ahttndet  «  ne- 
qtteinài^eat  alimen- 
tis  ex  EcckJ^js  pro^ 
venùbiti  qt*£ftiis  : 
altMS  (juodab  ndver- 
fariii  ad  tioi  transfw 
gerit  :  alias  Jîbi gé- 
nère propin^uum  ac 
necelJarlum  :  alius 
aduUtorem  cateris 
*nteponere  mavult. 
T^cmo  efl  quieum  aui 
idonettsjït ,  fpcClars 
TeUt,  aut  animi par- 
tes explorare  curet. 
Bgo  vero  tantùm  ab- 
fum  ut  caiifas  hujuf- 
modi  ad  prohandas 
facerdotes  idoneas  ef- 
fe  puteniy  ut  J:  quis 
etiam  magnam  per- 
pétua viiâ  reiigionem 
pietatemq',  prsflite- 
fit  j  qnx.  ipfi  tamen 
non  parvum  ad  id 
adfert  prafîdium  ne 
hune  (juidem  hitjus 
domine  adlegere  fla^ 
tim  audeam,  nifima- 
gnam  etiam  animi 
prudentiam  religione 
hujufmodi  conjun^ia 
habeat.  Nam  multos 
ipfs  novi  ex  Us  qui 
fefe  perpétua  conti- 
mntm  çQhibuiJJçnhaf 


Sacerdoce.  f4^ 

pas  befoin  de  vivre  des  reve- 
nus de  TE^Iifc  ,•  ou  de  ce  qu'- 
il fera  pafle  du  psrti  de  nos 
adverfaircs  ,  dans  celui  de 
l'Eglife  5  ou  de  ce  cni'il  eft  de 
nos  parens  ou  de  nos  amis  :  ou. 
de  ce  qu'il  a  de  la  complai- 
fance  &  qu'il  fca it  flatter  :. 
Enfin  il  n'y  a  prefque  perf(:)n- 
ne  qui  ait  égard  aux  qualités 
qui  rendent  un  homme  véri- 
tablement propre  2.  ctre  Evé- 
que.  Mais  pour  moi  je  fuis  fî 
éloigné  de  croire  que  toutes 
ces  confîdérations  ordinaires 
foient  fuffifantes  pour  nous 
obliger  d'élire  un  Evéque^ 
que  quand  même  il  s'en  trou- 
vcroit  un  qui  eût  donné  du- 
rant toute  fâ  vie  des  preuves 
d'une  folid'e  pieté  ,  ce  qui  eft 
d'un  très-grand  poids  dans 
cette  rencontre  5  je  fuis  per-^ 
fuadé  que  je  ne  devrois  pas 
pour  cela  me  Hâter  delechoi- 
fir  pour  ce  miniftére ,  s'il  ne- 
joignoit  à  la  pieté  une  fingu- 
lîcre  prudence,  &  une  iage 
conduite.  Et  en  effet  j'en  ay 
vu  plufîcurs  qui  ayant  vécu 
dans  une  perpétuelle  conti- 
nence, &  ayant  le  corps  tout 
atenué  par  l'aufterité  de  leurs 
jeûnes,  étoient  très-agreables 
à  Dieu,  tant  qu'ils  menoient 
une  vie  roliuirè ,  &  mi'ilsnç 


f^cj  Des     Livres 

s'appliquoicnt  qu'à  leur  falut  ;  quorum  corporatjejU' 
faifant  ainfî  de  jour  en  jour 
de  nouveaux  progrés  dans  la 
pratique  de  la  philofophie 
chrétienne  ;  lefquels  après 
eftre  rentrés  dans  le  monde  , 
&  après  avoir  paru  à  la  lu- 
mière du  public  ,  où  ils  fe 
trouvoient  obligés  de  corri- 
ger les  déréglemens  des  au- 
tres 5  fe  font  montrés  d'abord 
très-incapables  d'un  (î  impor- 
tant emploi  ,•  &  d'autres  qui 
quelque  temps  après  qu'ils  y 
furent  entres  ,  abandonnè- 
rent entièrement  leurs  aufte- 
rités  3  &  le  règlement  de  leur 
propre  vie  j  de  forte  qu'ils 
devinrent  dans  la  fuite  auffi 
pernicieux  à  eux-mêmes  3 
qu'inutiles  aux  autres. 


niis  multis  exhaujla 
ejjint  j  donec  foUt-Z' 
rtam  agere  ,  ac  fuas 
duntaxat  res  curare 
licehat ,  Deo  maxime 
acceptas  fuijfe  ,  eof- 
demque  in  iiesjîngu- 
loi  c<£pu  itliphilofo' 
phi£  auClarium  no» 
parvum  adjecijje:qui 
iidempojieà  quam  in 
hommum  lucewvene" 
runt,  vulgi  infcitiam 
emendare  coafli,  alii 


N'allons  point 
prie  , 


je    vous 


Profanation  prie  ,  rechercher  ailleurs  les 

;"  ^i^ofes     caufes  de  la  colère  de   Dieu 

<ie  grands       contre    Hous  ;  lorfque    nous 

fitaux,  voyons  que   nous   profanons 

tous  les  jours  de  ii  faints  & 

défi  redoutables  myftéres,  en 

les  communiquant ,   tantôt  â 

des  fcelérats  &  tantôt  à  des 

iod ignés ,  &  à  des  perfonoes 


jam  apnnctpio  tanta 
muneri  admintflran- 
do  impares  fuerSi  aUi 
in  eo  ipfo  munereper" 
feverare  dum  coge- 
rentur,prijfina  vitOr 
cura  atq;  aujieritate 
procttl  excn(?a ,  tùm' 
fibi  deirmienio  maxi- 
mo  ^  tùm  aliis  nulli 
pronàs  ufuifuere. 

Etiamne  ohfecro  , 
quteremus  divine  tn 
nos  irA  caufas ,  quum 
nos  myPeria  tant 
fanSia  <P'  tam  trc" 
menda  hominihus 
partim  flagitiojîs  y 
partim  mhili  ,  Ube' 
fa^anda  tmdamui  ? 


J^trgo  ai  majora 
fefe  accitixit  certa' 
fnina ,  uxpote  qu£ 
calejlis  illius  philofo' 
fhi<e  amuîalrix ,  pro- 
fitetur  fe  Angelicam 
nitam  in  terris  re- 
ferre :  eut  itempro- 
pojîtum  efl  in  ealem 
pr^Jfare  ,  qu^e  c<ele- 
jïesilU  tttque  incor^ 
pores,  virtutes  pra- 
Jiant  .'  tjuam  ipfam 
non  convertit  neqae 
fréquentes  ac  fuper- 
vacaneas  inamhuU- 
tiones  agere  ,  neque 
verba  temerè  atque 
inconfuUè  ejfutire  : 
conviai  vero  atque 
adulationts  ne  nomen 
quidem  agnofiere  : 
proptereà  tutifftma 
cuflodia  y  ac  majori 
prxjîdio  indigef.nam 
fanélimonia  adver- 
farim  affiduè  aflat  : 
iifque  imprimis  injï- 
diatur  devorare  pa- 
ratus  y  ficuhi  tirgo 
cadat  lahaturque, 
Proptereà  ex  homini- 
ens injîdiantur  per- 
puthff    cfimqHs  bis 


Combats  des 
Viergrs,  nc- 
ccffitc   de    la 


DU    Sacerdoce.  fff 

de  nulle  vertu,  qui  les  avilil^ 
fent  &  les  déshonorent. 

Les  Vierges  ont  de  plus 
grands  combats  à  foutenir 
que  les  autres ,  pour  fuivre 
cette  fublime  philolophie  vigilance, 
qu'elles  ont  embraflée,  &  imi- 
ter en  terre  la  vie  angelique , 
dont  elles  font  profeffion  ;  s'é- 
tnnt  propofé  de  pratiqueriez 
mêmes  vertus,  que  ces  Efprits 
céleftes  &  incorporels.  C'eft" 
pourquoi  il  ne  leur  convient 
point  d'aller  aux  promenades  , 
de  s'occuper  à  de  vains  diver- 
tifiemens ,  &  de  parler  avec 
inconfîdération  &  légèreté. 
Qî,iant  aux  injures ,  aux  mé-- 
difances  ,  ou  aux  flateries  , 
elles  ne  les  doivent  pas  feule- 
ment connoiftre.  D'ailleurs 
elles  ont  befoin  de  fe  garder 
avec  plus  de  précaution  ,  d'at- 
tention &  de  foin  que  les  au- 
tres contre  l'ennemi  de  la  pu- 
reté qui  veille  fans  ceffe  pour 
Jes  furprendre  5  &  qui  obfer- 
ve  continuellement  fi  elles 
bronchent  ou  fi  elles  tombent,, 
pour  les  dévorer.  D'ailleurs- 
comme  les  hommes  leur  ten- 
derit  fouvent  des  embûches; 
qu'en  eîles-mêmes  elles  ont  à 
fe  garder  dés  fentimens  de  là- 
nature ,  &  que  l'ordre  de  la 
yirginùé  dans  lequel  dks  ont 


voulu 


Dés    Li 


V  R 


. s*ènroller  ,    multiplie 

leurs  combats  &  leurs  pénis, 
elles  ont  beloin  d'un  grand 
travail  pour  réfifter  en  même 
temps  &  aux  tentations  qui 
les  attaquent  au  dehors  &  aux 
mouvemens  qui  les  troublent 
au  dedans: 

Quand  c'eft  juflement  que 
Ton  nous  accufe  de  quelque 
faute,  nous  n'avons  pas  tant 
de  peine  à  le  fupporter;  par- 
ce qu'il  n'y  a  point  d'accufa- 
teur  qui  ne  foit  moins  péni- 
ble &  moins  févére  que  notre 
propre  confcience  :  De  forte 
que  toutes  les  fois  que  nous 
fommes  prelfés  &  convaincus 
par  cetic  accufatrice  la  plus 
fâcheulé  de  toutes ,  il  nous 
eft  bien  plus  facile  de  fup- 
porter  des  accufateurs  étran- 
gers comme  étant  plus  doux 
%c  moins  incommodes.  Mais 
quand  nous  ne  nous  Tentons 
coupables  de  rien ,  &  que  Ton 
nous  accule  injuftement  , 
nous  en  fommes  auffîtôt  émus 
de  colère  ,  &  nous  avons 
grande  peine  à  le  foufrrir. 
lopf.  De    quels     fupplices    les 

Jugement  Evéques     ne    font  ils    point 
tertibls     àcs  menacés  ;    puifqu'ils    ne   fe- 
ïvê(|u«,        j.Qnt  pas    feulement    obliges 
de  rendre  compte  à  Dieu  de 
leurs  propres  fautes  >  ra^isen- 


omnibus  ^Hataraîti'^ 
fània  :  denique  fuuf 

t  île  or  do  in  ^uem  fe 
a/irihi  voluit  ,  bel» 
lum  condupl'icatttt*m 
quoi  extrinfecùs  tn- 
gruat ,  tum  qi*od  ii*- 
trinfcim  obturhett 

Qui  mérita  incu- 
f.ïtw  >  facile  tttUrit 
eum  a  quo  incufatur: 
qmppè  cum  accufator 
ntêllui  fit  infeftior 
quàm  ipfa  confcten' 
tiay  effxiîUTy  ut  quo^ 
ties  ah  ea  qu£  om'^ 
nium  modt^ifjlmaefi 
deprehenfi  conviiîi- 
que  priuifuerumm  » 
accufatores  exlraneci 
tanqukm  manfuetia- 
res  facile  pojieà  pa- 
tiamur.  Forro  qiU 
nulliuifibi  [ulpéEConJ- 
ciuri  ejl  ,  dum  inju' 
fle  ac eu fatur  continua 
ad  iram  propenfut 
fertur  ,  necnon  ani- 
mt*m  facile  def^on- 
det. 

Quam  rattlta  fup- 
pUcia  Epifiopos  ma- 
nent,  cum  ex  Us  anuf- 
quifque  nonfolttmrO' 
tionem  redd-turuifit 
fuorum   àdUOoTitm  : 


DU  S 
fed  eorum  item  om- 
nium ,  qute  a  lu  com- 
miferint ,  ad  exire- 
tnum  illos  ventre  o- 
portent  periculum  ? 
Nam  fi  horremtis , 
dum  jtidicittm  id  no- 
hisjubeundum  efi ,  in 
quo  peccatorum  pro- 
priorii  rationem  red- 
diturifumus  ;  ut  qui 
feiitiamuSj  noiignem 
illum  (eternumeffuge- 
re  nequaqttàmpojjè  : 
quid  ilU  expe^ian- 
duin  ejl ,  qui  tam 
mttltorum  nomine 
cat^fas  diéïurus  fit  ? 

Lib.  4.  de  facerd. 
Eum  qui  wagipru' 
tum  meritisfitis  ma- 
jorem  ajjecutus  ej},  ut 
errata  ipfi  fita  tuea- 
tur  defenàatq\  ma- 
giflratus  magnnudi- 
nem  pratendere  non 
oporiet  :  qttinimo  in 
majorem  virtutii 
froftcium  ma^tin  illâ 
Dei  ergn  fe  benevo' 
lent  ta  mi.  Qui  vero 
oh  id peccandi  licen- 
tiam  fibi  permittit , 
quodprxjiantiori  di- 
gnitate  orna  tus  fit  , 
iertè  nihil  alind 
Tom.  L 


A  C  E  R  D  o  CE.  çyj 

core  de  celles  des  autres.  Cela 
leur  doit  apprendre  à  tjuel 
danger  ils  font  expofcs.  Car 
fî  nous  (ommes  faifis  de  fra- 
yeur toutes  les  fois  que  nous 
pcnfons  au  compte  que  nous 
rendrons  à  Dieu  de  nos  pé- 
chés propres ,  à  la  rigueur 
avec  laquelle  il  nous  jugera, 
&  à  la  peine  que  nous  aurons 
d'éviter  l'enfer  que  nous  avons 
mérité  -,  quel  elpoir  peut- il 
reliera  celui  qui  léra  obligé 
de  rendre  compte  lui  feul  aif 
nom  de  tant  de  perfonnes  ? 


Celui   qui  a    obtenu    une'      1096. 

charge  &  un  commandement   ^^^  dignités 

qui  eftau  delîusdelonméri-"'"'^"'""' 
i         ^  -,  ,       .    pas  ,  mais  ac- 

te ,   &    qui  s  en  veut  ïervir  ç,^ç^^.^^    ^^^^ 

comme  d'un  moyen  pour  ex-  qui  en  abu- 

cufer  &   couvrir   l'es  fautes  ,  fent. 

eft     inexcuHible    ;    puifqu'il 

auroit  du  plutôt  travailler  par 

fa  vertu   à    fe  rendre  digne 

de  cette  faveur  qu'il  a  reçue 

de  la  bonté  de  Dieu.    Que 

s'il  prétend   que  fa  puiflance 

&  fa  dignité,  lui  donne  droit 

de  pécher,  il  fe  rend  encore 

d'autant  plus  coupable ,  qu'il 

s'eflbrce  par  là  de  rendre  la 

bonté  de  Dieu  complice  de 

fou  péché  .-  ce  qui  eft  un  crime 

Au 


554  Des    -Livr 

aiïez  ordinaire  aux  gens  qui 
n  ont  nulle  pieté  ^  &  qui  mè- 
nent! une  vie  pleine  de  né- 
gligence &  de  parefle  pour 
kur  falut. 


I097- 

D?.ng?t  de 
]?.  rrelatiire 
par  queLp-e 
voys  qn'o\  y 
foi-;   monté- 


Non  feulement  ceux  qui 
raviU'ent  par  leur  crédit  & 
par  leur  puiiranceTEpifcopat , 
m^is  ceux-là  mêmes  qui  y  font 
élevés  par  la  faveur  &  i'afll- 
liance  d'autruy  ,  ne  pourront 
trouver  dans  leur  dignité, 
lorfqu'ils  manquent  à  leur  de- 
voir, aucun  prétexte  d'excufe 
dans  le  jugement  de  Dieu. 
Gar  fi'  ceux  qui  n'y  entrent 
que  par  l'ordre  &  la  voca- 
tion divine  ,  après  avoir  refufé 
autant  qu'il  leur  a  été  pofli- 
ble  cet  honneur ,  feront  ex- 
pofez  à  un  fi  grand  danger 
de  fe  perdre  ;  &  qu'Aaron  , 
Heli  &  Moyfe  même  ce  grand 
prophète ,  cet  homme  fi 
faint ,  fi  doux ,  &  qui  éroit 
pid mis  à  la  familiarité  de 
Dieu  comme  fon  ami  intime , 
ont  écé  fujets  à  cette  loi ,  & 
à  ce  danger  de  répondre 
pour  les  autres  ,  que  devien- 
drons -  nous,  miférables  que 
nous  fbmmes  ,  nous  qui  nous 
Tentons  fi  éloignés  de  h  ver- 


ES 

quàm  Deihenignlta* 
tem  peccatorum/uorii 
autorem  facere  cona- 
tur  :  ii  quod  folemne 
quidem  ej}  impiis  ho' 
minibus ,  ufc^^ae quo" 
ritm  vita  in  ignavia 
acfocoriia  verfutur, 
yidei  ut  jam  nulla 
peccatorum  excufaiio 
reliéla/ît  ',  nonfultun 
iis  qui  T'ipiunt  ,  fed 
ne  iis  quidem  qui 
aliéna  fladio  hue  eve- 
huntur  ?  Nam  uhi 
qui  vel  Dec  decer^ 
nente  ,  eligenteque 
ftepènumero  honorent 
ipfum  recufavere  , 
tuntas  tamen  panas 
luerunt  ,  ac  nihil 
quicquam  à  pericu- 
lo  hujufmodi  exime^ 
rtpotuity  ne  que  A  A» 
ron  3  neque  heli  , 
neque  virum  ilhm 
perbeatur»)  fanélum, 
Prophetam  admiran- 
dum ,  mortalium  om' 
nium  humant jjîmumy 
etitnque  quafi  ami-' 
cttm  quemdam  cum 
]^eo  colloquentem  : 
ttimirùm  vix  vobis  j 
qui  ab  tilt  us  viriute 
tantàm  abfumus ,  ftt" 


D  U 
tîs  ejje  ad  dcfenfin- 
nem  poterit ,  nobis 
ip/îs  ,  quod  ad  hono' 
rem  ejufmodi  nuUo 
ipfi  jittdio  ,  nulU 
ambitione  afpirave- 
rtrhm. 

Neque  vero  pro- 
ptereà  paratam  ve- 
ntant eJJe  dixerim  Us 
qui  nttlla  fua  arnbi- 
tione  digmtatemeam 
obtinuerint  :  nam  ne 
illis  quifquam  reli- 
flus  ejl  excufatioufs 
defenjîonifque  locus. 
Vecere  emm  arbitror 
î;el  Jl  te  eo  fexcenti 
vocent  )  atqHe  adeo 
codant ,  nonillosfpc- 
élare  :  verùm  antmi 
fui  dûtes  priùs  exa  • 
minare  ,  virefqus 
tuas  omnes  exatlè 
perfcrutarii  atque  ità 
dcmàm  cogsntihus 
cedere.  Jàm  àonrnrn 
fe  aliquam  4.diJicatH~ 
rum  pollUeri  nemo 
audeat ,  qui  idem  ar- 
chiteé^lus  nonjît  :  ne- 
que  ^tgrotantia  con- 
tïngere  corpora  quif- 
quam  aggredtattér 
qui  medicmam  non 
dUtcefit    :  quinimb 


Sacerdocs.  Jçy 

tu  de  ces  grands  Saints  ?  Et 
croirons  nous  qu'il  fuffife 
pour  nous  excufcr,  que  nous 
ne  foyons  point  coupables 
d'avoir  afpiré  à  cette  dignité 
par  nos  defirs ,  par  nos  in- 
trigues &  par  notre  ambition. 

Ceux  qui  font  indignes  de       lopg. 
l'Epifcopat  ,    ne    feront  pas      Nulle  con- 
cxcufés  devant  Dieu  ,    pourtr-^inte   n'ex- 
ne   s'être  pas  portés  à  cette  ^"^^""^°"^" 
d>g„Képar  un  mot.f  d'ambi- ;^Vr;.S 
tion  ;  Car  quand  tout  le  mon-  g,^  ^canc  indi'. 
de  vous    y    appelleroit  ,    &  gne. 
même     voudroit    vous    con- 
traindre  de  l'accepter,  vous 
ne  déviiez  pas  tant  confiderer 
Its  penfées  des  autres  ,  qu'e- 
xaminer premièrement  votre 
propre  capacité  ,    confiderer 
vos  takns ,  fonder  vos  forces  \ 
&  après  cela  vous  pourriez  cé- 
der aux   defirs    de   ceux  qui 
vous  veulent  contraindre  d'ac- 
cepter cette  dignité.  Et  en  ef- 
fet y  a-t  il  quelque  raifonqut 
pût    obliger  un  homme   qui 
n'entend  rien  à  l'architedure 
d'entreprendre    de  bâtir  une 
maifbn  5  ou  à  celui  qui   ne 
fçauroit  pas  la  médecine  d'o- 
fer  traiter  &  entreprendre  de 
guérir  un  malade  :  mais  plu- 
tôt quand  tous  les  hommes 
du  monde  l'y  voudroient  for- 
cer ,   ne  s'en   excuferoit  -  iJ 
Aaa  ij 


5^6  Des    Liv 

pas  fur  Ton  incapacité  ,Sc  au- 
roit-il  houte  d'avouer  en  cela 
fon  ignorance  ?  Qiiel  pardon 
peut  donc  efperer  celui  qui 
reçoit  cet  honneur  en  étant 
indigne  ?  Et  quels  intercel- 
leurs  pourra-t-il  trouver  un 
jour  devant  le  Tribunal  du 
fouverain  Juge,  pour  lui  faire 
éviter  la  punition  qu'il  mé- 
rite ?  Ne  feront-ce  point  ceux 
mêmes  qui  l'ont  prefentemqnt 
contraint  &  comme  nécefîité 
d'entrer  dans  cette  fondion 
fainte  ?  Mais  ceux-là  n'auront 
pas  alors  moins  de  befoin 
d'intercefi'eurs  pour  éviter 
eux-mêmes  le  fupplice  du  feu 
éternel.  Je  vous  le  dis  main- 
tenant 5  non  pas  fimplement 
pour  vous  faire  peur  ,  mais 
parceque  je  fuis  obligé  de 
vous  faire  connoitre  la  véri- 
té, 
lopp.  Comme  ceux  qui  fe  feront 

ivint  d'ex-  laifle  aller  aux  fentimens  & 
culepour  ^  Ja  volonté  d'autrui  pour 
accepter  la  dignité  de  l'Epif- 
copat  ,  ne  feront  pas  reçus 
devant  Dieu  à  dire  pour  leur 
excufe  i  je  ne  me  fuis  point 
élevé  par  moi-même  à  cet 
honneur ,  &  je  ne  l'ai  pas 
accepté  volontairement  j  &  Ci 
je  ne  l'ai  pas  évité  en  me  re- 
tirant auparavant  que  d'être 


ceux  «jui  éli- 
f;nt  aux  char 
«;es  Ecclefia 
ftiques  des 
j?erfonnes  in- 
dignes. 


R  ES 

Vel p'urihus  tint  af- 
ferenlihus  deprecabi- 
tur ,  neque  eumfu<e 
pudebit  i^noranti£ 
.  .  .  Vndè  venta  ex- 
pedanda  ?  Quinam 
tàm  nobis  internutt' 
cii  3  deprecatorefque 
exijfent  ?  llli  ipjîfor- 
tajje  ,  ^»i  nunc  nos 
cogunt ,  CT*  ad  ne- 
cejjltatem  adignnt  ? 
hofcç  vcro  quis  per  td 
tempus  Jervaturus 
eji  ?  Siquidcm  ipfi 
deprecatoribns  indi- 
gent j  ut  ignii  ateri' 
ni  fupplicium  dtvi» 
tent.  Q^od  porto  hoc 
dicam ,  nonquoter- 
ream  ,  feâ  ut  rem 
ità  ut  fe  f/abeaîedo-* 
ceam. . .  . 

Intelligifne  quant» 
non  crimine  modo  ^ 
fediP'fupplicio  (quod 
quidem  m  nobis  fuit^ 
eos  ItberaviniHs  j  qui 
nos  ec  honoris perdté' 
Sluri  fuerant  ?  Nana 
ficuti  tis  qui  adtd  dt- 
gnitatis  eleéli  ab  a- 
litsfuerint ,  non  fa- 
tis  ej}  defenfîonem 
hAfic  affevTe  :  Vfflun- 


D  U 
tarlui  ipfe  ad  Imjuf' 
modi  mitni4s  admtni- 
ftrandum  non  accefft  : 
arque  ideo  fané  non 
aufiigi  ,  cjHod  non 
pr.tfcijjemfore  uteli' 
geret  :  fit  neque  eoi 
qui  ordinarint  ,  fub- 
levare  quicquam  pj- 
tertt  j  fi  dixerint  i- 
^norajjefe  eum  quem 
ordtnarunt.  f^erîim 
vel  hoc  ipfo  crimen 
gravius  effiiitttr  , 
quodquem  ignorave- 
re,  perduxsrint  :  ac 
certe  qu<e  liln  vide- 
tur  excu/atioy  accufii- 
tionem  auge  t.  Nam 
qui  id  abfurdum 
numfit^  eosqui  man- 
ciptum  j  aliquod  enj" 
pturiitnt  J  id  tum  mé- 
dias oflendere ,  tum 
empiionii  fponfores 
pofiulare  ,  tum  vici- 
nos  interrogare  y  ac 
netàm  quidemadhitc 
confidere  ;  quinimo 
CT*  dniturnU  aliquod 
UmpHspofiere^  intrà 
quod  probare  illud 
pojjînt  :  eos  veto  qui 
quempiam  ad  Ept/co- 
pale  mitnus  hujufinodi 
coaptatHrifunt  ^fi  mi 


S  A  C  E  R  D  OCE.  Jî7 

élu  ,    c'eft    que  je    n'ay  pas 
prévu  qu'on  me  dut  élire  :  De 
même   ceux     qui  auront  eiù 
un  indigne  ,  n'en  feront  pas 
nufTi  excufés  pour  dire  qu'ils 
ne  connoiHbient  pas  alfez  le 
mérite  de  celui  qu'ils  auront: 
élu  ;  mais  leur  crime  en  fera 
d'autant  plus  grand  &  inexcu- 
fable ,    de    ce  qu'ils    auront 
choifi  une  perfonne  qu'ils  ne 
connoifToient   pas    allez.  De 
forte   que   cela    même  qu'ils 
apportent  pour  excufè  ,  aug- 
mente leur  faute.  Eteneftet 
n'eit-il  pas  étrange  que  ceu>: 
qui  veulent  acheter  un  efcla- 
ve  prennent   tant  d&  foin  de 
l'examiner  auparavant,  en  le 
faifant  vifîter  par  les  méde- 
cins ,  en  demandant  des  cau- 
tions de  fa  fidélité  ,  en  s'en- 
querant   de   tous   les    voifîns 
qui  le  connoiffent  ;  &  fou- 
vent  même  en  prenant  outre 
toutes     ces     précautions-là , 
celle    de    l'éprouver    durant 
quelque  temps  :  Et  que  ceux 
qui  contribuent  à  élever  un 
homme    dans   la  charge    de 
l'Epifcopat   ,       abandonnent 
leurs  lutFrages  ,     à  la  corn- 
plaifance  ,  à  la  faveur  ,  &  à 
la  palTion  d'autrui  \  donnent: 
pour    cela    leurs    voix   avec 
tant  de  témérité  &  d'incon- 
Aaa  iij 


5ÇÎ  De€    Liv 

èdération  ',  &  fe  mettent  fi  peu 
en  peine  d'examiner  une  cho- 
ie   auffi    importante   ?    Qui 
donc  nous  pourra  excufer  de 
péché  ,  &  nous  défendre  de 
la  rigueur  des    jugemens  de 
Dieu,    lorfque   nous  aurons 
ainfl  accepté   une  dignité    fi 
éminente ,  puifque  ceux  qui 
nous  pourroient  alors  défen- 
dre ,  auront  befoin  pour  eux- 
mêmes  de  défenfeurs  ?  Il  faut 
donc  que  celui  qui  veut  or- 
donner un  Evêquc  ,  péfe  fé- 
xieufement  Fimpcrtance  de  la 
chofe  ,   &  examine  avec  un 
foin  &  une  exaditude  extra- 
ordinaire celui  qu'on  propofe 
pour  être  ordonné.    Et  quoi- 
«que  le  crime  de  celui  qui  eft 
indigne   de    l'Epifcopat,    lui 
foit   commun  avec  ceux  qui 
ï'ont  ordonné,  cela  ne  lui  iért 
de  rien  pour  l'exempter  de- 
Tant  Dieu,  du  fupplice  qu'il 
mérite  :  mais  au  contraire  (a 
punition    fera    encore    plus 
grande,  que  celle  que  méri- 
tent ceux  qui  l'ont    élu  ,    à 
moins  qu'ils    ne  l'ayent  fait 
par  quelque  confidération  hu- 
maine ,  contre  le  mouvement 
de  leur  confcience  ,  &  non- 
obftant   qu'ils  vilfent  claire- 
ment que  leur  devoir  les  obli 


\>UcitumJît  3  adalio' 
rum  Vel  ^atiam  vel 
invidiÀm      tejïimo^ 
niumjuum  accemmo- 
dare  ,  ità  tum  temerè 
at<jue  ut  ca/ui  tttlit 
adlegem  nulla  pror- 
sus  alia  difcujfione  fa- 
Oa  ?  Quis  tgitHr  nos 
tum  depofcet  atque  à 
noxâ  eximet  :    ct*m 
pnfertim  qui  patro- 
cinari  nohis  dehent , 
patronrs    ipfi    indi- 
geant  ?  Proindeillum 
oportet  qui  ordinatU' 
rusft  j  rem  diligenter 
admodiim  expendere^ 
ftd  multo  etùim  dtli- 
gentiuseum  qui  ordi-^ 
nandus    proponitur» 
Tametjlentm  ilUpec» 
catorum  fuorum  fup- 
plicium  commune  ej} 
cum  fis  à  qutbus  of 
dinatus  ejlj  tamen  ne 
ipfe  qmdem  hac  ra- 
tion e  fuppliàum  eva* 
dit.  Quod  quidem  O* 
gravius  feret ,  nif.fi 
eleélores  rem  confecc 
tint  ,  morbo   aiiqu» 
humano  vifli ,  récla- 
mante etiam  ipforum 
confcientià  ,    neque 


geoit  d'en  ufer  d'une  autre  fecuti  quod UU diHa^ 


BU 
^at  ,  hontpius  ejje. 
Nam  fi  m  ejufmoii 
dvlitlo  deprehenfi  illi 
ftsririt,  C^  quem  in- 
digtmm  ef?e lertcfci- 
rcnt ,  per  caufam  ta^ 
men  aliquam  e'.egC' 
Tint  i  utrique  illi  pa- 
ri digni  fitnt  fttppli- 
cio ....  Quid  ità  ? 
Nernpèqu^  verifimi» 
le  videri  potejf  y  eos 
qui  cUgere  ,  à  faUâ 
aliqua  opinione  d^ce- 
ptos  ad  dandafujfra- 
gia  defcendifl'e  :  qui 
Vero  eleflus  efi  ,  di- 
cereutiqi  non  queat  y 
fiefibitttO'ahisfuijJe 
incogtntum.  Igitur 
ficuigravioripunien- 
dt*s  eff  /(tpplicio  , 
qtiàm  tlli  à  quib-us 
fifi.il us  produflufque 
cfij  ità  débet  fini  il>fia 
pericuUm  accuratius 
quam  illi  faccre  ;  ac 
fi  quidem  ettm  illi  i- 
gnorantes  traxerint  , 
ïLis  oùviam  ire  ,  do- 
cereque  diligenter 
caufias  eai  per  quai 
tum  illi  ab  errore  de- 
fiflant  ,  tàm  fieipfie 
fitndione  illâ  mdi' 
gnum  Citm  ofienderit 


Sacerdoce.  Jî^^ 

manière.  Cars'ils'fe  font  por- 
tés par  quelque  raifon  tem- 
porelle à  choifir  celui  qu'ils 
fçavoient  certainement  être 
indigne  de  l'Epifcopat ,  alors 
on  peut  dire  qu'ils  font  les 
uns  &  les  autres  coupables 
d'un  crime  pareil  &  digne 
d'un  même  fupplice.  Mais 
ceux  qui  élilent  un  lujet  in- 
digne ne  feront  pas  fi  coupa- 
bles que  celui  qui  eft  élu  , 
s'ils  ne  l'ont  fait  qu'après  a- 
voir  été  trompés  par  le  bruit 
d'une  faulfe  réputation  ;  au 
lieu  que  celui  qui  veut  bien 
être  choifi  ne  peut  fe  couvrir 
de  la  même  excufe,  &  dire  qu'- 
il nefe  connoît  pas  lui- même  : 
De  forte  que  comme  il  mérite 
un  châtiment  bien  plus  rigou- 
reux que  ceux  qni  le  choilîi- 
fent  5  auffi  doit-il  s'éprouv«r 
avec  bien  plus  de  foin  &  ce- 
xaditude  que  les  autres  qui 
l'élifent.  Car  comme  lis  ne 
l'ont  élu  que  faute  de  le  bien 
connoîtrc  :  il  ne  devoit  pas 
fuivre  aveuglément  leurs  fuf- 
fragcs  j  mais  aller  au  devant 
d'eux  ,  pour  les  defabufer  de 
leur  fauffe  opinion  &  leur 
apprendre  les  raifons  qui  les 
pouvoient  perfuadct  de  foa 
indignité  &  de  l'impuiliance 
où  il  écoit  de  fou-tenir  un  Ci 
Aaa   iiij 


TIOO 

N'accepter  ^s^ 
jamais  une 
charge    dont 
on  fe  fent  in- 
digne. 


'■^6o  Des    L  I V  r 

grand  fardeau  ,  afin  d'éviter 
d'en  être  chargé. 

Dans  les  moindres  périls 
nous  nous  trouvons  en 
d'autres  rencontres,  nous  u- 
fons  de  tant  de  précautions 
&  de  foins  pour  les  éviter  j 
&  nous  ne  croyons  pas  de- 
voir nous  rendre  aux  impôt' 
tunités  5  ni  aux  violences  de 
ceux  qui  nous  preflent  ,  lorf- 
que  nous  voyons  qu'elles 
nous  peuvent  être  préjudi- 
ciables j  &  quand  il  s'agit 
d'entrer  dans  TEpifcopat  qui 
nous  expofe  à  la  damnation 
éternelle  ,  lorfque  nous  Tom- 
mes incapables  de  bien  admi- 
niftrer  une  fî  difficile  fon- 
dion ,  nous  nous  jetterons 
à  corps  perdu  dans  ce  préci- 
pice fous  le  prétexte  que  les 
autres  nous  font  violence  ? 
Certes  celui  qui  nous  jugera 
en  cette  rencontre  ne  fe  paye- 
ra jamais  d'une  excufe  Ci  fri- 
vole. Et  en  effet  nous  aurions 
dû  avoir  la  prévoyance  de 
nous  remplir  plutôt  des  biens 
fpiiituels  5  que  des  biens  ter- 
reftres  j  &  cependant  nous 
avons  eu  beaucoup  moins  de 
foin  àcs  premiers.  Et  dites- 
moi  ,  je  vous  prie  ,  fi  nous  fi- 
gurant qu'un  homme  eft  bon 
ouvrier  ,     nous    l'obligeons 


ES 

tautarUnt  reruin  mj^ 
lem  effugiat. 
Itàne  eriro  uhi  mo' 

o 

dicis  m  rébus pencli- 
tamur  ,  tanta  ipfi  «- 
temur  providentiâ  , 
neqi'.e  cocentium  nos 
vtoienlix  parendum 
ejje  pittabimus  :  uhi 
vero  (Sternum  illos 
manet  fupplicium  , 
qui  Eptfcopatus  ad- 
miniflrationem  jujîe 
prépare  nefcierint  , 
temereatque  ut  cafas 
tulerit  in  tantum  nos 
conjiciemus  pericu- 
lum  aliène  violenti-t 
caufam  opponentes  ? 
Atqui  ration em  Am- 
jufmodi  admifjurus 
haudqt*aquàme(1,qui> 
caufi  ilîius  ?;<7/?r*  ju- 
dican  a^et.  Decebat 
enimmuho  majorent 
cautionem  ac  provi" 
fionem  fpiritualium 
rerunt,  quàm  carnU' 
lium  pnejlare  :  jani 
vero  neparem  quidem 
nos  exhibere  conjïat. 
Eienim  qu£roexte  , 
Jî  quem  fufpicamur 
fabrum  eJJe ,  qui  non 
/ît,  ad  opus  vocemiis , 
fequaturque  ipfe  ;  dc" 


DU       s 

inde  manus  admo' 
vens  materi^adadi- 
ficiumparat£^  ligna 
itemque  CT*  lapides 
diffîpet  5  opus  atttew, 
fie  coagtnevtet ,  fie 
domum  tdificet  ^  ut 
Jlattm  collapfura  ea 
fit  3  nàm  ille  fefe  a- 
èundè  hac  defenfione 
tmaturus  epyfidixe- 
rit ,  ab  aliisfe  coa- 
élum  j  non  etiam  ttl- 
tro  ad  adificandum 
acc(ff(se, 

Frincipatum  hujufi 
modi  nibilipfe  ambi- 
vifti  y  imbecillitatis 
tu<£  confcius  ?  Probe 
id  ac  re6lè.  Oporte^ 
bat  ergo  cum  eodem 
hoc  confilio  vocanti- 
eus  etiam  aliis  tergt- 
verfurt.  Anne  cùm 
te  nullus  vocaret  , 
imbe cillai  tu  ,  ac  mi- 
nime idoneus  eras  : 
ubi  primum  veto 
compertifitnt  qui  ho- 
norem  ad  te  défer- 
rent ,  ds  repente  in- 
valentem  atqtte  ido- 
neum   evafifïi  ? 

Humana  corpora 
eurantibus ,  diverfa 
fuppetunt      medicft' 


ACERDOCE.  jtfl 

d'entreprendre  un  bâtiment  j 
&  que  cet  homme  eût  néan- 
moins fi  peu  de  capacité  qu'- 
il ne  fit  que  gâter  nos  mate- 
rcaux  &  les  diHlper,  en  nous 
conftruifanc  un  édifice  qui 
tombe  en  ruiné  peu  de  jours 
après  ;  (eroit-il  reçu  à  nous 
dire  pour  s'en  excufer,  que 
nous  l'avons  recherché ,  & 
prefle  de  faire  ce  baftiment  : 
&  que  ce  n'a  pas  été  de  fon 
bon  gré  qu'il  y  a  travaillé  ? 


Comme  je  connoifTois  mon       i  lor. 
incapacité,   &  ma  foiblefl'e ,     f-^^l^K" 

r.  '  .        ,    •  coDAt    quand 

me  duez-vous,  )en  ai  point  onencftin«. 
voulu  rechercher  l'Epifcopat.  pable. 
Cela  eft  fort  bien ,  tSc  vous 
en  êtes  louable.  Pourquoi 
donc  îorfqu'on  vous  y  a  ap- 
pelé n'avez- vous  pas  fuivi  le 
même  confeil ,  pour  ne  le 
pas  accepter  ?  Eft- ce  qu'étant 
incapable  de  cette  charge 
lorfque  perlonne  ne  vous  y 
appeloit,  vous  en  êtes  tout 
d'un  coup  devenu  capable 
dans  le  moment  qu'on  vous 
a  déféré  cet  honneur  ? 


Comme  les  corps  (ont  at-      Parolsdô 
taqucs    de  difterentes   mala-  Dieu  ,  rems- 
dies  3  il  y  a  auffi  de  différents  de  ôc  nourri- 


ture  des  a. 


IIO3. 


Jet  Des    Livft. 

remèdes  pour  les  guérir  : 
mais  il  n'en  eft  pas  de  même 
<lans  l'art  de  traiter  les  âmes. 
Car  il  n  y  a  pour  cela  qu'une 
feule  &  même  voye,  &  qu'- 
un feul  remède,  qui  eft  l'E- 
vangile. Il  nous  tient  lieu 
d'inikument  propre  à  faire 
toutes  fortes  d'opérations  , 
d'aliment  convenable  à  tou- 
tes fortes  de  maux,  d'air  fa- 
lutaire  à  toutes  lortes  de  tem- 
péramens  ,  &  de  réméde 
propre  à  toutes  (ories  de  ma- 
ladies 5  On  s'en  ftrt  comme 
du  feu  &  du  fer ,  pour  brû- 
ler, &  pour  couper  félon 
qu'il  en  eft  befoin  dans  les 
différentes  rencontres  ;  & 
comme  la  médecine  fpiri- 
luelle  n'a  que  ce  remède  , 
q«and  il  ne  fait  pas  fon  ef- 
fet ,  tous  les  autres  font  inu- 
tiles. 

Il  fe  trouve  fort   peu   de 


Curieux  pour  jj  ^^j  prennent  foni  de 
Us,  indîffe  s'inftruire  de  ce  qui  regarde 
reiis  pour  lî  ^3  foi  ,  les  chofes  de  leur  fa- 
falut.  lut ,    &  les  moyens  de  mener 

une  bonne  vie  :  au  lieu  que 
la  plupart  ont  de  la  curiofité 
pour  connoître  des  chofes 
inutiles  ,  que  l'on  ne  peut  ja- 
mais découvrir,  &  dont  la 
recherche  même  déplaît  à 
Dieu  ,  &  attire  fa  colère.  Car 


ES 

menta  :  At  veto  ni- 
hil  hujufmodr  commi- 
ni/ci  licet  »  fed  una 
quidam  pofï  operum 
prteftationem  ars  tiC* 
curât ionii  Via  tentn- 
da  fequendaque  eji  : 
nempe  per  fermonem 
Evanq^elicum  d-jchi' 
na.  Siqutdem  hoc  de- 
m'Am  inflrumentum 
ej}  j  hoc  ctbus ,  hoc 
aerii  temperamen- 
ît^m  opùmum ,  hoc 
medicamenti  injîar  , 
hoc  ignis  locoy  hoc  fer- 
ri  vice.  Àc  Jivel  ure- 
re  vel  fecare  opta  , 
hoc  ipfo  ut  necejje  : 
atque  hoc  fi  nihil 
profuerit  ,  reliqna 
omnia  evamda  pe* 
reant  oportit. 

hemfidei ,  ac  vU 
t<e  itipitutiottii  pau^ 
coi  ad'nodnm  itizs' 
niai  ftttdiofoi  :  plures 
autem  curiofe  ea  in^ 
dagantci  exquiren» 
tefqtée ,  qu<e  nequa^ 
quant  invenire  qi.4e~ 
ai ,  quorum  item  ex- 
quifitio  Deum  etiam 
irritât  :  Nam  quo' 
ties  qu£  ille    noî»it 


D  U 
»oi  fcire ,  edifcere  ce 
namur  ,  ea  tpfi  ne- 
que  fciemus  ,  (  <jut 
enim  Deo  id  nolen- 
te}  )  c^  perimlum 
vel  ex  ipfa  tantum 
indagatione ,  ad  eX" 
tremum  re^ortabi- 
mm. 

Nunc  fi placet^  om- 
nia  fila  pratermttt  en- 
tes t  ac  peregrina  e- 
loqueniitt  ornatum 
ut  fupervacaneum 
ducentes ,  diélionem, 
entwciutionemq^  «e- 
gligamus  :  ac  nobis 
orationis  pauperta- 
temfic  permitiamus , 
ut  rerum  verhorum- 
que  compofitio  nudct 
nobis  ac  fimplexfit , 
modo  ne  quis  in  co- 
gnitione  atque  adeo 
in  dogmatibus  dtU- 
genter  excutiendis  i- 
diûtam  fe  pmfiet. 

Lib.  ç.deSacerd. 
Auresfuas  vulgusaf- 
fitefecere  y  non  ut  ad 
utilitatem  ,fedadvo- 
luptatem  potins  au- 
diant  }  quodfaciunt 
qui  vel  de  tragœdiis, 
vel  de  cythartsdisju- 
dicaturt  fedettt  :  at* 


II 04. 

S'appliquer 
au  fond  de  la 


Sacerdoce.  3^3 

loiTque  nous  nous  efforçons 
de  icavoir  ce  qu'il  n'a  pas 
voulu  que  nous  fçufïîons ,  il 
arrive  &  que  nous  ne  le  pou- 
vons pas  découvrir  malgré 
lui  ,  &  qu'en  même  temps 
nous  nous  expofons  à  un 
grand  péril ,  pour  Tavoir  feu- 
lement voulu   rechercher. 

Je  veux  bien  que  dans  i'ex- 
pofition  de  l.\  doifirine  Evan 

eeiique  ,  nous  ne  nous  fer-    ,   „  .     - . 
°-      ^  1  r  j     i>  '    doctrine  fain- 

vionspas  des  arcihces  de  le-  ^e  ,  fans  s'at- 
loquence  ,    &  que  nous  ne-  tâcher  à  l'élo- 
gligions  comme  inutiles  tous  quence. 
ces    ornemens    de    paroles  , 
pour  ufer  d'un   difcours  plus 
fimple  ,   &  dénué   de  toutes 
ces  richelFes  étrangères  j  mais 
il   faut   bien   prendre   garde 
que  nous  ne   foyons  pas    en 
même  temps  dénués  de  coa- 
noiffance  ,   &   ignorans  tou- 
chant les  points  de  dodlrine 
dont    nous    devons    toujours 
avoir    foin    d'être    bien  m» 
ftruits. 

Quand  les  peuples  fe  font  iioj. 
une  fois  accoutumés  à  en-  Lerrcdica- 
tendre  les  Prédicateurs  pour  J'^"',b1°'&"* 
leur  phifir  &  non  pour  leur  bruire  a- 
utilité  ;  ils  s  en  ctabliHent  les  greablement , 
)uges  comme  feroient  des  &  de  mépri- 
Ipeclateurs  de  quelque  pièce  ferlesappUu^ 
de  théâtre  :  De  forte  qu'ils  difletnsuj, 
ne  demandent  pas  moins  d'é? 


5é4  Des    Livr 

loqucnce  en  ces  adions  Ec- 
clefiaitiques  ,  qu'ils  en  re- 
chcrclieroient  en  des  difcours 
prophanes  de  Rhéroriciens 
c]ui  difputeroient  à  Tenvi  à 
qui  remporteroit  le  prix  en 
Ion  art.  Il  faut  donc  qu'un 
Pafteur  ait  une  alfez  grande 
élévation  d'ame  pour  le  met- 
ire  au  deflus  de  cet  alFujerif- 
fement  &  de  cette  bairelfe , 
pour  réprimer  ce  déiir  im- 
modéré qu'ont  les  peuples 
d'entendre  plutôt  deslérnions 
quir  chatouillent  leurs  oreilles 
&  qui  leur  plaifent ,  que 
ceux  qui  leur  font  utiles  •, 
pour  porter  leur  attention 
à  ce  qui  peut  fervir  à  leur 
falut,  &  pour  faire  enforte 
que  Tes  auditeurs  fuivent  la 
voye  qu'il  leur  monltrera  ;  au 
lieu  de  fe  laifler  aller  à  leurs 
inclinations  &  à  leurs  défirs. 
Mais  c'eft  ce  qu'un  Prédica- 
teur ne  peut  jamais  faire , 
s'il  n'eft  en  même  temps  ca- 
pable de  deux  choies  j  l'u- 
ne ,  de  méprifer  les  applau- 
dilfemens  du  peuple  ,  &  l'au- 
tre de  leur  pouvoir  parler 
avec  force.  Car  fi  l'une  de 
ces  deux  qualités  lui  manque  , 
celle  qu'il  a  lui  eft  inutile.  Et 
en  eftet,  fi  en  même  temps 
qu'il  eft  affez  fort  pour  n  étie 


ES 
que  adeb  dicendi  tis 
îlla  5  (^uam  haud  n,i 
dudum  exploi^.bu' 
mus  ,  hac  in  parte 
tantum  fui  dejîdï- 
rium  prxbet ,  ut  >:e 
in  Rhetoribus  qui  de  m 
tpj'i  ,  quum  lia  t fi- 
ler fe  concertant  , 
tanta  requiratur. 
Hic  ergo  generofo  o- 
pui  efl  animo  ,  eoque 
qui  longe  exiguita^ 
Um  hancfuperet ,  ut 
multitudinii  volupta" 
tem  il'am  tmmoderei» 
tam  ,  infruCluofam- 
que  compefcatj  p/Jft- 
que  illorum  audtiio" 
nem  ad  id  quoà  nU- 
Uns  fi*turum  fit  , 
transferre ,  bac  ra- 
tione  ut  populum  fe 
feqtientem,  acfibi  ob" 
fecundantem  habeat^ 
non  etiam  ut  ipf  À 
populi  defideriis  ^ 74- 
tur  :  td  quod pr<tjla- 
re  nem»  potejl  y  nijt 
idem  fimul  popula- 
rem  auram  afpemc' 
tur  j  fimul  dicendt 
vim  ûbtineat.  Quo- 
rum a tr unique  nift 
adfusrit ,  certe  aUe- 
rum  alurius  auxiliê 


Sacerdoce,  «^^j- 

nullement      chatouillé      des 
louanges  humaines,  il  ne  Teiè 
pas  aiiez  pour  inftruire  agréa- 
blement (es  auditeurs  i  &  que 
la  manière  dont  il  leur  parle 
le    rende   méprifable  à  plu- 
fieurs  j  toute  cette  grandeur 
d'ame  qui  Téleve  au  deiîus  des 
loiianges,  hiieft  inutile.  Que 
fi  d'ailleurs  ayant  le  talent  de 
s'exprimer  avec  force  &  avec 
grâce  dans  Tes  fermons,   il  a 
la  foiblelîe  de  fe  lailîer  em- 
porter aux    louanges  8c   aux 
applaudifiemens  de  ceux  qui 
l'écoutent  j  il  eft  capable  de 
nuire  aux  autres  &  à  Coi-mê- 
méme,  en  ce  que  ce  vain  de- 
fir  de    louanges    dont   il  eft 
rempli,  le  porte  à  employer 
tout  Ton  talent  à  fe  rendre  a- 
gréable   au   peuple  ,    plutôt 
qu'à  lui  être  utile.  Et  au  lieu 
qu'il  auroitpû  fe  fervir  de  Ca 
dodrine  &  de  Ton  éloquence 
pour  le    porter    au  bien  -,  il 
aime   mieux  par  une  maniè- 
re de  reconnoiiiancc  des  loiian- 
ges qu'il  en  reçoit,   leur  dire 
les  chofes  qui   leur  peuvent 
plaire  ,    aiîn  de  s'attirer  tou- 
jours   leurs   applaudilïemens 
&  leurs  louanges. 
Vtdt  certCy  dum  landes  eai  quai  à  multttudine  accepit ,  cont- 
pcnftre  cupit i  eatn  médium  ajferre,  qu<e  andiioresdeie^ 
{farepc^ttnty  his  ipjîs  pop  ular  es  plan/us  cUmorefyi  Cfiptam, 


D  U 
dcjlttutum  mdu  u/Ui 
ej]<:  pofflt.  Namjiis 
laudum  tttillaiiotiem 
font  animo  contem- 
nens  ,  tamett  non  eX' 
hibuerit  dûclriuam 
[aie  acgratiâ  condi- 
tam  ,  Jiit  ut  à mu'iis 
defpicabilii  habeatur^ 
nu  lo  prorfui  lucro 
commoàove  ah  animi 
tnagntiudine  illa  ac- 
cepta. Kursumjî  di- 
eendt  partem  optime 
pr<tjîare  quum  pofftt , 
a  plaufu  al  que  aura 
populari  vincaïur , 
tumipjîj  tum  wuhi- 
tudini  que  audit  , 
damnnm  detrimen- 
tttmque  idem  propo- 
fitum  >  hoc  ipfo  quod 
laudum  ille  fiturum 
dejtderio  captus  ad 
audit  or  um  gratiam 
m  agi  s  quàm  utilité' 
tern  dicendi  vint  e- 
9:ercet' . .  quilaudum 
dc/îderio  trahitur,  is 
c^uum  doflrifia  elo- 
qusnliaque  Jua  mul- 
titudinem  reddcre 
mcliorem  folJît ,  ma- 


^66  Des    Livre 

i\lo6.  Un  Prélat   qui   a   foiivent 

K'avoif  ni  à    elTuyer  pluîîeurs  médifan- 

fcropdecrain- ç,=5^  &  jufqu'à  cellcs  mêmes 

te ,  m  trop  .le      •  ^^^^  ndicules  &  fans  fon- 

tncpris    pour    i  ... 

hs  calomnies  dément ,  ne  doit  avoir  pour 
dont  on  nous  les  plus  téméraires  accufa- 
aojrcit.  tions  qu'on  fait  contre  lui  , 

ni  trop  de  crainte  ,  ni  trop  de 
mépris.  Mais  il  faur  quelques 
faulfes  que  puiffent  être  ces 
calomnies  ,  &  quelques  mé- 
prifables  qu'en  Ibient  les  au- 
teurs,  tâcher  de  les  étouffer 
dès  leur  naiffance.  Car  rien 
n'augmente  davantage  la 
bonne  ou  la  mauvaife  répu- 
tation, qu'une  populace  mal 
réglée  ;  &  qui  s'étant  une 
fois  accoutumée  à  écouter 
tout  &  à  parler  de  toiit  fans 
choix  &  fans  jugement,  dit 
tout  ce  qui  lui  vient  à  la  bou- 
che fans  dilcrétion  ,  &  fans 
en  examiner  la  vérité,  Qtic 
fi  après  avoir  fait  ce  qui 
dépend  de  nous  pour  nous 
juftifier,  ceux  qui  nous  accu- 
fent,  ne  fe  veulent  point  te- 
nir en  repos;  c'eft  alors  feu« 
lement  que  nous  pouvons  mé- 
prifertûut  ce  qu'ils  difent  de 
nous  ;  puifqu'il  eft  certain 
que  fi  un  Pafteur  s'arrêtoit  à 
tous  ces  bruits  populaires, 
il  ne  pourroit  jamais  rien 
faire    de   bien    &  de  grand 


Intemptjflvai  in- 
fimulationes  (  quippe 
antiftitem  nece(?€  eji 
ahfttrdasetiam  devo' 
rare  criminaùones  ) 
neque  prêter  modum 
vereri  ,  ac  formida" 
re  :  neque  ri*rfui  le- 
viter  defpicere  con- 
venit  ;  fed  te  oportet 
ut  falfe  etiam  exi' 
Jlant  ,  ut  à  plèbe  a  s 
accontemptis  homini" 
bus  in  te  contorque- 
antur  ,  contendere 
eas  jiatîm  ut  extin- 
guas.  NtflU  enim  res 
alta  magls  famam 
auget  vel  bonam  vel 
malam ,  quàm  vuU 
gus  incompofiium  :ut 
quod  citrà  omnem  de- 
leclum  ac  judicittm 
CT*  dudire  C^  eloqui 
quitm  ajjuefecerit ,  id 
omne  qtticquidoccur' 
rerit  temere  prolo" 
quatur ,  nulîa  pror- 
iUi  veritatis  rations 
habita. . .  .  Jîn  vero 
omnia  quuînpr^pite' 
rimus ,  noluerint  qui 
nosaccufant  ,  quief- 
cere  ;  tum  demum 
contemnere  eoi  lice- 
bit  ;   qQandoqmdim 


BU    Sacerdoce. 

Jt  quU  oh^o^didiil^,  dans  Tes  fondions. 
hiijufmodi  )  animo 
fîatim  dejici  cccpe- 
rit,  ne  is  nilul  un- 
an  jm  quoi  gcnero- 
JUm  admirandum- 
<jf*efit ,  parère  pote- 
rit. 

Sic  nos  oportet  ne' 
que  Viilgaribui  lau- 
dibm  intumt'fcere  , 
neque  probris  am- 
mum  dc/pondere  ,  fi 
quandh  ea  intempe- 
Jïive  erumpere  Vi- 
deas.  Idveroj  o  bone, 
difficile  admodttm  , 
ac  fortajje  taie  ,  ut 
prdfljrv  à  nemine 
pofjît  :  fuis  emm  lau- 

dibus  Audiendis  nihtl 

in  de  dtle&ari ,  nefcio 

an  cutquam  unquam 

fnort<ilifim  obtigerit. 

Porro   confentaneum 

quidem     ejl    ut   qui 

laudibus  deleéletur  , 

idem  illts  etiam  frui 

*ppetat  :  càm  autem 

qui  frui  appétit ,  ne- 

cejje  eft  moeftitia  ac 

dolore    affici  qaoties 

filas  non  potejl  ajjc' 

g«t.   Nam  qttemad- 

tnodàm  quos  dtvites 

fJJeJHVutjfi  quando 


f^r 


II  ne  fant  ni  fe  laifleren-       ^^^7' 
fier  le  coeur  par  les  loiuiiRes ,    ,  N'êrre  tou- 
•    ^    1  ,  '         I      ,  ia       -      '  che    ;ii  de  la 

nisabbatiepar  le  bliaie  que  i^^ji^^g^  nidu 
1  on  nous  donne    mal  à  pro-  b  âme  qu'oa 
pos.  Cependant  t'eit  une  cho-  reçoit  fans 
fe  fî  difficile  à  pratiquer ,  que  raiioo, 
,e  doute  que  jamais  perfonne 
l'ait  fait  bien  parfaitement  j 
&  ait  jamais  eu  la   force  de 
s'entendre  loiicr,    fans  quel- 
que mouvement  de    joye  & 
de   complaifance.     Or  il  eft 
comme   néceffaire   que  celui 
qui  entend  avec  plaifîr  qu'on 
le  loue,  Ibuhaite  d'être  loiid 
quand  il  ne  l'eit  pas  j  &  que 
par  une  conféquence  infailli- 
ble ,  il  foit  fâché  de  ne  pas 
recevoir  de   louanges.      Car 
comme   ceux  qui  aiment  lei 
bien ,  ne  tombent  point  fans 
une  extrême  douleur  dans  la 
pauvreté  *,   &    que  ceux  qui 
l'ont   accoutumés  à  une   vie 
molle  &   délicieufe  ne  peu- 
vent fupporter  une  vie  dure 
&  auHére  ;  de  même  les  a- 
mateurs  des  loiianges  humai- 


5^8  Des   Livres 

nés  tombent  dans  un  grand 
abattement  &  dans  une  dé- 
faillance pareille  à  celle  qu'- 
un corps  fouirre  par  le  dé- 
faut de  nourriture  ,  non  feu- 
lement lorfqirilsfont^âmés, 
mais  même  brfqu'on  ceiTe 
de  ki  loïkr. 


ïro8.  5i  les  hommes  loiient  un 

Un  Prédica- Prédicateur  j   j1  ne  doit  pas 
ceur  ne  doit  abfolument     rejetter     leurs 

111  rejetter  les  ,     .  r        rr 

iuCtts  louan- louanges  j  que  fi  aufli  on  ne 
ges  ni  lej  re- 1"!  en  donne  point  ,  il  ne 
chercher.  faut  pas  qu'il  les  recherche  : 
mais  il  doit  fe  contenter  pour 
la  confolation  &  le  fruit  de 
its  travaux  ,  du  témoignage 
que  lui  donne  fa  confcience, 
qu'il  n'ufe  de  fon  éloquence 
&  de  fa  dodrine  que  pour 
fervir  Dieu  &  pour  lui  plai- 
re. 


Il  Ci?.  Les  menaces  que  JESUS- 

Fujutioura-c H iliST  fait  aux  Payeurs 


in  pnuPeHatem  tnci' 
derint  ,  mœrore  ajfi- 
ciuntur  CT*  ijui  ddt- 
ctii  ajfuevêre  ,  te- 
vuem  ac  fimplicem 
vi6îtim  tolerare  nurt' 
quàmpojjlnt  :  ità  qui 
Uudum  amore  capti 
fant  5  non  folàm 
quum  injupè  vitupé- 
rant ur  5  fed  etiam 
cùm  ah  aliis  ajfduè 
non  laudantur  j  ^»4- 
fif'tme  quadam  ani» 
*iium  conficiuut. 

Laudaïur  is  ah 
hominibus  ,  laudes 
non  rejiciat  :  Laudes 
ab  atéditorthus  tlU 
negantur  ;  eas  ne 
ambiat ,  neu  uegatis 
indoleat.  Abundans 
enim  tlU  ftierit  la- 
borum  folatium ,  id- 
qi*e  omnium  ceriè 
maximum  ,  fi  fibi 
ip/e  confcius  ejje  pO' 
te  fit  3  ad  hanc/e  ra- 
tîonem  y  doClrinam  y 
eloquentiamquefuam 
compofuijje  atque  a* 
daptajfe  j  ut  DeotUa 
placens  acceptaque 
fat. 

Lib.^.defacerd. 

H»Ji4s    comminatio' 

vis 


^  DU  s 
fili  ténor  animum 
mthi  afjiàuè  concutit, 
"Nam  fi  ei  qui  unum 
aliquem  duntaxat 
offenderit,  expedit 
ut  mola  afînaria 
furpcndaturàcollo 
ipfius,acdenîeiga- 
tur  in  profundum 
m^vis  :  Item  quifra' 
trum  [uamm  con- 
fcientiam  off^n- 
dunt ,  ii  omnes  in 
ipfum  Chiiftuni 
peccant  :  qui  non 
unum  ,  non  duos  , 
non  trestanlum  ,  /Id 
tam  multcs  eliam  po- 
pulos perdiderint ,  il- 
lis  quid  tandem  fiel  ? 
ac  quamnam  illtpœ- 
nam  fitnt  penfuri  ? 
neque  enim  Itcet  im' 
ferttiam  excafari  , 
neque  ad  ignoran- 
îiam  conftigcre ,  ne^ 
que  aut  necejjitatis  , 
aut  violentiafpeciem 
obtendtre  :  verum 
fitbditus  potius  ait- 
quis ,  fi  modo  id  li- 
ceat  ,  fuis  tpfius  , 
quam  antifies  alio' 
rum  peccatis  excu- 
fandis  ftiffugio  hoc 
tai  fofjU. 

Xom.  I. 


ACERDOCE,  I^P 

dans  fon  Evangile  me  rem-  ribh  d'un'n- 
pliffent  continuellement  pcf- ^-5"=  ^'*'-^^ 
prit  de  terreur.  Car  s'il  vau- 
droit  mieux  à  celui  qui  ican- 
dalife  &  fait  tomber  une  ame 
dans  le  péché ,  d'être  jette  au 
fonds  de  la  mer  avec  une  meule 
de  moulin  attachée  au  cou  ;  Et 
fi  ceux  qui  off  en  fient  U  confidence 
de  leurs  frères  ,  pèchent  contre 
JesuS-ChriST  même  : 
Qu'an  ivera-t-il  à  celui  qui 
aura  caufé  la  perte  non  pas 
d'une  ,  de  deux  ou  de  trois 
perlbnnes  ,  mais  de  tout  un 
peuple  ?  Quels  fupplices  ne 
méritera-t-il  point  pour  de  it 
grands  crimes  ?  Car  il  n'y  a 
point  lieu  de  s'excnfer  en  cet- 
te rencontre  fur  l'incapacité, 
ni  fur  l'ignorance,  ni  la  né- 
ce  flîté  ou  la  violence  qu'on 
lui  a  faite  pour  l'élever  à  l'E- 
pilcopat.  Un  particulier  pour- 
roit  fe  fcrvir  en  de  certaines 
rencontres  de  cette  excufe 
pour  couvrir  les  fautes ,  mais 
un  Evéque  ne  le  peut  pas 
même  pour  fc  difculper  des 
fautes  de  ceux  qui  lui  fonc 
fournis. 


Bbb 


lîio. 

Excellentes 
«ju alites  re- 
quifes  dans 
un  Prêtre. 


iTtr. 

Précaution 
avec  laquelle 
un  Pafteur 
doit  vivre. 


J70  Des    Livr 

Il  ne  s'agit  pas  ici  de  con- 
duire des  foldats,  ou  de  gou- 
verner un  royaume  ,  mais 
d'une  fonâion  qui  demande 
une  vertu  anoelique  pour 
être  bien  adminiihée.  Car 
lame  d'un  Prêtre  doit  être 
plus  pure  que  les  rayons  du 
lûleil. 

Si  ceux  qui  habitent  les 
deferts ,  qui  (ont  éloignés  des 
villes  5  des  lieux  publics  , 
&  des  tumultes  du  monde  j 
qui  vivent  dans  le  repos ,  la 
liberté  &  l'affurance  de  la  fo- 
litude ,  ne  le  fient  pas  abfo- 
lument  à  une  vie  fi  peu  ex- 
pofée  aux  dangers  du  fiecle  , 
mais  fc  fortifient  encore  de 
plufieurs  autres  recours  contre 
le  péché  :  Quel  ei-brt  un 
Prêtre  ne  doit- il  point  faire 
fur  lui-même  ,  &  quelle  pré- 
caution ne  doit-il  point  ap- 
porter ,  pour  préferver  Ton 
ame  de  toute  forte  d'impure- 
té ,  &  pour  y  conferver  en 
fon  entier  fa  beauté  fpirituei- 
le  ,"  fans  en  laiifer  ternir  l'é- 
clat par  la  moindre  tache  ? 
Car  il  eft  fans  doute  que  l'm- 
tegrité  de  la  vie  d'un  Pafteur 
cft  encore  bien  plus  néceflaire 
que  celle  d'un  Solitaire  i  & 
qu'il  cft  expofé  à  bien  plus 


E  S 

Neque  tjolii  hîc 
res  ej}  de  ducendis 
militibus ,  aut  de  re- 
gno  gubernando ,  fed 
defnfiClione  qH£  an- 
gelica  virtute  indU 
get  :  etenim  facet" 
dotis  animum  folari- 
lus  r  a  dit  s  fur  tore  m 
ejje  oportet. 

Si  qui  eremum  itt' 
habitant  ,  qmque 
procul  tum  ab  nrbe  , 
tum  àforo  tum  à  tU' 
mtilubui  illinc  enaf- 
centihui  fecmi  Ube- 
rique  vivunt,  déni- 
que  qui  perpétua  par- 
tus  tranquillitaieper- 
fruuntur  ,  toto  ttt£ 
illius  pr£Jtdio  fide» 
re  nolunt  ,  qutnimo 
infinitas  quoque  ad" 
dioit  a'ias  ctij^odias 
.  .  ,  quantam  putas 
facerdoîem  pr^tflar» 
debere  tum  vim,  tum 
potenttam  ,  ut  ar,i- 
mam  fuam  ipfius  ab 
omni  vendicet  fccdi- 
tate  5  uî  fpiritualem 
pulcritudinem  iIU" 
fam  ai  que  incolumem 
Jervet  ?  Etenim  mul- 
t^o  ma'fcr  vit£  inte- 
gritai  huicj  quàm  il" 


i 


DU     S 
Us  ttète/faria  ejl.  Cui 
porro  integritas  ma- 
jor neccjjaria  ej} ,  hic 
cerù  pluribus  cjuàm 
illi  itcUm  cajîbm  ob- 
noxius  ejje  cogiiur  , 
qM  eum  confpurcare 
fojjunt ,  ntjt    conti- 
nentem     fobrietatem 
ac  vehemens  aimo- 
dum  Jluàium    adhi^ 
hem  ,  animum  im- 
pervium    impetietra- 
èilemque  prajliierit. 
Talent    qutdem   , 
tantamque    Epifcopo 
popHli  re^endt    cura 
molcfiiam    difjxculta- 
temque  ajfert.  Quod 
fi  exawinare  ea  quis 
volet  3  qu^illum  pr<€- 
flare     er<^a      Deum 
cportet   :  qu£  dixi  , 
pr£  illii  nihil  prorfus 
eJJe  comperiet  ^  tant 
iagens^taw  folicitum  i 
tant  exaélum  eajlH' 
dium  requiriint.  Ettm 
emm  qui  pro  civita- 
te  tota  j  quid  dico  ci- 
vitale  ?  imo  veropro 
univerfo      terrarum 
orbe  le^atus  interce- 
dity  deprecatorque  e^ 
apud  Deum,  ut  homi- 
vum  emnitim  y    non 


ACERDOCE.  171 

d'accidens  &  de  dangers  qui 
le  peuvent  perdre  ,  fi  vivant 
dans  la  fobiicté  &  la  conti- 
nence ,  &  dans  une  ferveinr 
&  une  vigilance  continuelle, 
il  ne  rende  (on  ame  impé- 
nétrable aux  traits  du  péché. 


Le  foin  que  doit  prendre       iriî. 
unPafteurpoUr  gouverner  ie     Qtielie  dok 
troupeau  qui  Im  a  été  corn-  f^trela  f.iii)te- 
mis  ,  eft  accompagné  de  tartt  ^^  ^'"'^  ^'*'^' 
de  difficultés  &  de    tant    de  ^"* 
peines,  qu'il  n'eft  pas  pofiTible 
de  repréfenter  ici  avec  com- 
bien de  zélé  ,  d'exaditude  & 
de  vigilance  il  doit  s'acquitter 
de  les  fondions.    Lui  qui  eft 
rarabaflfadeur  de  Dieu  tout- 
puifîant ,  non   pour  une  feule 
ville,  maispour  toute  la  terre  : 
lui  qui  eft  établi  afin  de  prier 
&  d'intercéder  pour  les  pé- 
chez de  tous  les  hommes ,  & 
non  feulement  de   ceux  qui     Contre  les 
font  vivans,  mais  même   de  HmV/j.^e/. 
ccu\  qui  font  morts.   Quel  ne 
doit  donc  point  être   un  tel 
homme  ?  Et  en  effet  il  doit 
autant  exceller  au  deffus  de 
Bbb  ij 


Contre  Ici 

îîcrcti^ttes- 


5:72  Des    Li  V 

ceiix  pour  leTquels   il  prie  , 
qu'un    Prince    eft   élevé  au 
deifus  de    ceux  qui   lui   font 
foiîmis.  Que  fi  outre  cela  l'on 
confidére   que    c'eft  lui   qui 
après  avoir  invo,qué  le  Saint 
Efprit ,    accomplit  ce  facrifi' 
ce  C\  digne  de    vénération  & 
dont  on  n'approche    qu'avec 
tremblement ,    &   qu'il  tient 
iî  long  temps  entre  les  mains 
le  Maiftre  &  le  Seigneur  de 
tous    les    hommes ,  je    vous 
demande,  quelle  pureté  Ton 
doit  exiger    de    lui  ?   quelle 
pieté  il  doit  avoir  ?  qu'elles 
doivent    être  les    mains  qui 
font  employées  à  un  fi  divin 
miniièére  ?  quelle  la  langue 
qui  profère  ces  paroles  lain- 
tes  ?  &  fi  l'ame  qui  eft  par- 
ticipante  de  ce  divin  Efprit 
ne  doit  pas  furpaflèr  en  pu- 
reté &  en  faintetc  ,   tout  ce 
qu'il  y  a    de  plus  pur  &  de 
plus    faint   parmi  toutes   les 
créatures  ?  Durant  que  le  Prê- 
tre facrifie  ,   les  Anges  y  afii- 
Itent  aufli  avec  lui.  Tout  le 
Sanduaire    retentit  de  leurs 
acclamations  ;    &    l'enceinte 
de  l'autel  eft  toute  remplie 
du  chœur    de  ces  puiiTances 
celeftes,    qui  s'y  aflemblent 
povjr   rendre  honneur  à  celui 
qui  y  repofe.  Ce  que  la  coii- 


R  ES 
viveniium  mocto  ^fei 
etiam  mortuorumpec 
catis  propitim  fiât  : 
(jualem  quafo  ejje 
oportet  ?  .  .  .  porro 
illtim  ipfum  oportet 
tanto  omnibus  in  re- 
bui  Us  prtejlare  ,  pro 
qui  bus  in  ter  ce  dit  , 
quanta  par  efi  ut  fub- 
ditospr<efeCliiS  exceU 
lut.  Quum  autem  ille, 
^  fpiritumjanélum 
invocaverit ,  facrifi. 
ciumque  illud  honore 
ac  reverentiapleniffi- 
mum  perfecerit,  corn' 
muni  omnium  Dno 
manibus  ajjiduè  pér- 
ira fiato  :  qttttro  ex  te: 
quoto  illum  in  crdine 
coUocabimus  :  QH^an~ 
tum  autem  ah  eo  inte- 
gritatem  exigemus  ? 
Quâtam  r"^''^">ner)i  ? 
Confideraenimqtt,  'es 
manus  h£c  admint- 
firantes  eJJe  pporteat , 
qualem  lingaam^  quz 
verba  illa  e^undat , 
qua  denique  re  non 
puriorem/anfiiorem' 
ve  eJJe  coiiveniat  a  ni» 
mam,  qu£  tantum  il- 
lam  tamque  dignum 
Spirilt*m  reçe^em  ? 


D  U 
VeridtempUi^  An- 
^^elifacerdoti  afjUenti 
CT*  c<elepiMm  potefla- 
tum    univerfui    ordo 
clamores  excitât ,  C7* 
locus    ait  art  vicinus 
tn  illius  honorent  qui 
immolatur  ,  Angelo" 
rum  choris  plenus  ejl. 
Idquodcredereabun- 
de  licet  vel  ex  tanio 
illofacrificioquod  tû 
peragitHr.    E^o  veto 
&  commemorantem 
olimquewdam  audi- 
vi,  cum  diceretfenem 
quemdam  virum  ad- 
vnrahilcmj  ac  cui  re- 
Velationum   myOeria 
tnulta  diviniius  fuif- 
fent  deteSla^Jibi  nar- 
rajje ,  fe  tait  olim  vi- 
fione  dfgnmnfyaùitum 
à  Deo  ejje,acper  illud 
tempus  derepente  An- 
gelorum     multitudi- 
nem  confpexiJJeÇqua- 
tenus  afpeélus  huma- 
nus  ferre  poterat)  can- 
didii  vejlièus  induto- 
rum  ,    altare   ipfum 
circumdantium  :  de- 
nique/îc  capite  incli- 
natorum  ,  ut  fi  quis 
milites  pr^fente  rege 
fiantes    videat.    là 


Sacerdoce.  ^73 

noilïànce     que     nous    avons 
de  la  grandeur  &de  la  dignité 
de  ce  facrifice  (ufiic-elle  pour 
nous  faire  croire  :  Mais  ou- 
tre cela  j'ay  autiefois  oiii-di- 
re   à  une    perfonne  ,   qu'un 
vieillard  qui  étoit  un    hom- 
me  admirable  ,  à   qui  Dieu 
avoit   accoutumé  de   révéler 
pluficurs  chofès  mervejlleu fes 
dans  Çqs  vifions  ^lui  avoic 
dit  que  durant   ijpemps  du 
facrifice  il  avoit  eu  le  bon- 
heur de  voir,  autant  que  des 
yeux  mortels  en  font  capables^ 
une    multitude    d'Anges   re- 
vêtus  de    robes  blanches  & 
éclatantes  ,     environner    le 
fafnt  Autel  5  en  baillant  leurs 
têtes  pour  marque  d'honneur 
&  de    révérence  ,    ainfi  que 
font  des   foldats  qui   font  en 
piéfence    de    leur    Roy.    Ce 
que  je  n'ay  pas  de  peine   à 
croire.     Un    autre  m'a    auffi 
raconté  une  chofe  qu'il  avoir 
fçûë,  non  par  le  rapport  d'au- 
trui  j  mais   parce    que   Dieu 
avoit  daigné  la  lui  faire  voir , 
&    lui   faire  entendre  à   lui- 
même  j  qui  eft  que   fi    ceux 
qui  font  prêts  à  (ortir  du  mon- 
de ont  participé  à  fes  myfte- 
res  avec  une  confcience  pure, 
les    Anges    les    environnent      Contre  l 
comme  "des  gardes  fidelles ,  Birétï^utu 


fuaieo.  IiemÇp"  alitis 
quidam  mihi  narra- 
vit  ,  non  ille  quidem 
ah  alto  eàoélui ,  fid 


Pafteur  a  be 


^74  Des    Livres 

loiTqu'ils  (ont  piéts    de  ren-    quod facile  mlhî per 
dre  l'erprit  ,  &  enlèvent  leur 
ame  après  leur  mort,  à  cau- 
fe  de  l'ifuchariftie  qu'ils  ont 
leçûë. 

dignui  habitus  ,  quid  ^v'tdi(]etipfe  Z^  audiffet^quodqui 
de  Ziita  hac  emtgratun  fuiit  ,  fi  myfteriorum  hujufmodi 
cttm  pura  ac  nrnnda  confiientia  fuerint  participes  fpiritum 
effiAturit  ah  Angelis  Uiorum  corpora  fatellitum  more  fit- 
pantibus ,  proptef  aJJ'umpttim  tllud  facrum  bine  reùa  in 
ç£lum  ah^àcuntur» 
ï  1 1 3 .  Le  Vwkm  ne  doit  pas  feu- 

Extiêraepru-  lement  être  pur  &  net  de 
toute  tache  5  pour  être  digne 
de  s'employer  à  des  mylié- 
res  fi  relevés  ;  mais  il  faut  ou- 
tre cela  qu'il  foit  prudent, 
qu'il  ait  l'expérience  d'une 
infinité  de  chofes  ,  qu'il  foit 
orné  de  fcience  &  qu'il  con- 
noilTe  tout  ce  qui  regarde  le 
monde  aufifi-bien  que  ceux 
qui  y  font  le  pins  engages. 
Il  faut  encore  qu'il  ait  acquis 
une  telle  force  d'ame ,  qu'il 
ne  vive  pas  avec  moins  de 
fureté  au  milieu  du  monde  , 
que  les  folitaires  fur  leurs 
montagnes  &  dans  le  fond  de 
leurs  deierts.  Car  comme  il  a 
tous  les  jours  à  converfer 
avec  toutes  fortes  de  perfon- 
nes  ,•  avec  ceux  qui  ont  des 
femmes,  des  cnfans  ,  &  des 
ferviteurs  :  avec  les  riches  i 
avec  les  gens  qui  font  dans 


Kon  [ûlùmficut  di" 
xi  ipurum  mundunt' 
que  facerdotem  tjje 
oporietjUt  qui  tait  rui" 
nifierio  dsgnus  habt- 
tus  fit ,  fed  etiam  tm- 
primis  prudentem  , 
atqueadeo  muUarum 
rerum  experiemia  in- 
firuélum  ornatumqi 
in  tantum  ut  fecula' 
ria  mundanaqiie  cm- 
nia  mhilominus  nof- 
cat  ,  quàm  norunt  ii 
qui  in  média  bomi- 
num  turba  verfantur: 
rursùs  rerum  omnium 
mundanarumfecurier 
vivat  i  quàm  lAona- 
chi  ii  qui  montes  ipfifS 
habit  andos  occupa- 
runt.  Nam  cùmillum 
necejje  fit  eorum  lu) 
minum  cenfuetudius 
accongreffttne  uti^qui 


D  U 

libères  alunt,  Z9' fer» 
Vos  f^ojjident  :  quique 
CP'dwites  admodùm 
fttnt,  QP' publiée  ne- 
gociantur  i  Z^poten- 
tiâpoUem,  cette  va- 
rium  ejfe  convenu. 
Vartutn  autem  dico , 
nonfubdolum,non  <a- 
dulatorem ,  non  d/JJÏ. 
tnulatorem ,  fed  ma- 
gna ium  Itbertate  , 
tum  fidncia plénum  , 
ac  qui  ex  refcfefum- 
mittere ,  atque  ohfe- 
cundarefctat,quoties 
negotiorum  ufuspojïu- 
Uty  quiqi  idtm  béni» 
gnus  fit  CT*  au/ferus. 

Monachorum  cer- 
Umen  ingens  ^  ac  la- 
hor  muliMs  eji.  Ve- 
rum  fi  conferre  quis 
volet  ,  inflituti  ilUus 
[adores  .  cum  rcCle 
*idminiJJrato  facer- 
dotio  j  certe  tantum 
eJJ'e  inter  illa  duo  dif- 
crimen  comperiet  , 
quantum  ejf  priva- 
tum  inter  CP"  re<rem 
intervallum. 

Gloriam  in  primis 
cotitemnere  eurn  opor- 
Ut ,   qm  in  padium 


SACERDOCn.  yjf 

un  grand  commerce  ;  avec 
les  perfonnes  piiiirantes  j  il 
eft  néceiraire  qu'il  puilic  con- 
venir &  s'accommoder  avec 
tous  ;  &  quand  je  dis  conve- 
nir &  s'accommoder ,  je  n'en'» 
tens  pas  qu'il  doive  ufcr  d'ar- 
tifices ,  de  difllmulations ,  de 
complaifanccs  &  de  flateries  : 
mais  plutôt  qu'il  doit  agir 
avec  une  grande  confiance  & 
beaucoup  de  liberté  ;  &  être 
capable  d'avoir  de  la  condef- 
cendance  en  de  certaines  ren- 
contres ,  &  autant  que  l'e- 
xige la  néceflité  des  affaires 
qu'il  a  à  traiter,  fçachant  en- 
tremêler dans  fa  conduite  la 
févérité  avec  la  douceur. 

Il  eft  vrai  que  les  Moines       1114. 
ont  de  grands  travaux  &  de      Excellence 
rudes  combats    à    foutenir  5  ^;c  travaux  de 
mais  fi  l'on  veut  mettre   en  ''^P'^-op« 
compara>fon    I"    peines  des  S^V-uft! 
lolitaires  ,   avec    les  travaux  ligieux. 
du  miniftére  Epifcopal,  on  n'y 
trouvera  pas  moins  de  diffé- 
rence   qu'il  y  en  a   entre  un 
homme  privé  &  un  Roi, 


Celui  qui    penfe  à   entrer       'mj'. 
dans  les  fondions  facerdota-     Un  bon  Re- 
les ,  doit  avant  toutes  chofes  ligieux  udï 


un  bon 
que. 


^76  Des    Livré 

pas  toujours  méprifer  la  gloire  du  monde  , 
capabled'ètre  furmonter  les  mouvemens  de 
^^'^*  la  colère  ,  &  avoir  beaucoup 
de  difcrecion  &  de  prudence. 
Mais  ceux  qui  embrailcnt  la 
vie  folitaire  ,  n'ont  pas  de 
femblables  exercices  à  fe  pro- 
pofer.  Comme  ils  ne  trou- 
vent guéres  de  gens  en  leur 
chemin  qui  leur  donnent  (ujet 
de  colère ,  ils  n'ont  pas  auiïl 
de  matière  pour  s'exercer  à 
réprimer  cette  pafTion  :  & 
comme  d'ailleurs  ils  n'ont 
pcrfonne  qui  fe  mette  en  pei- 
ne de  les  Ihtter  &  de  les 
loiicr  ,  ils  n'ont  aufli  nulle  oc-, 
cslion  de  rejetter  les  applau- 
diHemens  &  les  louanges.  Et 
c'eft  pour  cela  que  les  foli- 
taires  n'ont  guéres  lieu  d'ac- 
quérir cette  prudence  fi  né- 
ccflaire  pour  pouvoir  bien 
adminiftrer  les  chofes  de  TE- 
gli{e  :  De  forte  que  lorfqu'- 
ils  font  expofés  a  des  com- 
bats, dans  lefquels  ils  n'ont 
auparavant  acquis  nulle  ex- 
périence ,  ils  fe  trouvent 
bientôt  furpris ,  ils  font  fou- 
vent  de  faulfes  démarches  , 
&  au  lieu  de  faire  de  nou- 
veaux progrès  dans  la  vertu  , 
ils  perdent  fouvent  en  fort 
peu  de  temps  le  fruit  qu'ils 
avoient  amaHé   avant  qu'ils 


ijïud  decertaturui 
de fc  en  dit  y  iram  fupe- 
rare ,  ac  maita  pro- 
Vidintia  ahundure, 
Huic  autem  qui  fo'.i- 
tariam  •citam  ampk' 
élitur,  uhUus prorfus 
exercttationis  cam~ 
pHS  propûfitits  eji. 
Nam  neqi  irritant i  s 
hahet/mhltos ,  ut  hac 
rations  meditetur  ac 
fe  exerceat  m  coer- 
cenda  animi  excan- 
defcentia  ;  Tfeq-^  rur- 
fuspalpatores  app'an- 
farefque  ut  hac  itèm 
raiiofie  pûpularem  cm- 
ram  refpuere  difcat. 
Pro^terea  hoc  horr.i' 
num  genus  non  ad- 
modum  laborant  eam 
fibi  parare  antmi 
prudentiam  ,  quam 
Ecclejlt  adminij}ra^ 
tio  requirit  y  qtto  j\t 
ut  cum  in  ea  certami.. 
fia  defcenderint  quo- 
rum nullum  anteà  fe- 
cerint  periculum,  /;<«- 
reant  ipfî,  hallucinen- 
tur^  atqi  adeo  prêter» 
qtiàm  qitod  ad  viv' 
tutem  pTogreffionem 
nmiam  faciuut ,  eas 
«tiitm  dotes  quas  fii- 
ium 


DU 
<r«w  amîerant ,  pie- 
TÎque  plerumque  de- 
perdant. 

Non  pûteft  Anti- 
pei  qui  gregts  uni- 
Verfi  curam  Jfufciplï  , 
viris  tàntum  curan- 
dis  operam  dare  ^mu" 
lUrum  autem  curjm 
vegli^ere  ;  qua  in 
parte  magna  profeCio 
cpus  efi  providantia  \ 
quod  facile  a.d  pec' 
candum  qui/que pr9- 
clivii  fit  î  fed  illum 
eportet  eut  admini- 
Jiranditi  Epi/copatus 
forte  obvenerit ,  prb 
illarum  falute ,  fi  non 
majorem  t  at  parent 
certè  curam jîiidium- 


Sacerdoce:  v^r 

fulVent  entrés  dans  ce  Miai- 
ftére. 


Le  Pafteur  qui  eft  chargé 
de  la  conduite  de  toute  une 
Eglife  ,  n'cû  pas  moins  obli- 
gé de  prendre  foin  du  falut 
des  femmes  que  de  celui  des 
hommes.  Mais  il  elt  nécef- 
fair£  d'en  uler  en  cela  avec 
une  extrême  circonfpedion, 
à  caufe  de  la  pente  naturelle 
que  chacun  a  au  péché.  Ce- 
pendant celui  qui  eft  charge 
de  l'adminiftration  d'une-  Ë- 
glife  ,  doit  Confidérerle  falut 
des  femmes  comme  l'un  de 
fes  principaux  (bins.  Car  il 
les  doit  vifiter  quand  elles 
font  malades  ,  les  confolec 
quand  elles  font  affligées,  les 
reprendre  quand  cWqs  vivent 
dans  la  négligence  de  leur 
falut  ,  les  aider  quand  elles 
gente$  ^  ZP"  tncrepare  ^ont  foibles  :  Or  le  démon 
peut  trouver  dans  l'exercice 
de  ces  fonctions  plufieurs  ou- 
vertures pour  infînuer  fon  ve- 
nin dans  la'Tie,  fi  l'on  n'a 
un  foin  tiès-exaél  .de  le  for- 
tifier avec  la  dernière  précau- 
tion contre  fa  mahcc.  Car  la 
v.iië  d'une  impudique  n'eft  pas 
feulement  à  craiodre  ,  mais, 
celle  même  d'une  honnçte 
femme    eu    dangereufe.    A 


Précaution 
nccedaire   an 
Paileur  dan* 
la  conduice 
des    femmes» 


que  impendere.  Nam 
CT*  eai  i/ivifere  £gro' 
t-antes ,  Z7'fi>Iart  lu- 


languentes ,  C  aaju- 
fjare  ajjiiCiai  oporiet  : 
qu<e  omnia  dumfiitnt^ 
flurei  irrumpendi  adi- 
tus  d,£mon  invenire 
potep  y  ntfiexaéJ.'JJî. 
wa  quiîac  mttmtijjî' 
tna  cufiodiâ  fe  valla- 
verit.  Q^ippè  ani- 
sinum  ipfum  ferit  as 
SQïïlXnoiet  non    inu 

Tom.  l, 


f  f  î  D  E  s    L I  y 

quoi  l'on  peut  ajouter  le 
-  péril  des  Batteries  qui  nous 
amoliflent ,  &  des  honneurs 
qui  nous  captivent  ;  outre  que 
la  ferveur  de  la  charité  qui 
par  elle-même  eft  la  caufe 
de  tout  le  bien  que  Ton  fait , 
devient  la  caufe  de  toute 
ibrte  de  maux,  à  ceux  qui 
ne  fçavent  pas  en  bien  uicr. 

ÏIT7,  Souvent  les  moindres  d'en- 

Médifances  tre  le  peuple  &  xeuxquifont 
âc  plaintes      les  plus    imprudens  blâment 
quelePafteur  ^^  prélat,  &  comme  le  vul- 
^uysn  "'    *  gaire  n'a  pas  pour  la  plupart 
^  grand  jugement ,   ils  fe  plai- 

gnent à  toute  heure  &  affés 
légèrement  de  leur  Pafteur  j 
de  forte  qu'il  a  bien  de  la 
peine  avec  toutes  les  excufes 
qu'il  peut  alléguer  à  leur 
faire  entendre  raifon.  Ce- 
pendant quand  il  eit  bon  & 
charitable,  il  ne  doit  pas  mê- 
tne  mépriier  ces  fortes  de 
gens  j  mais  travailler  avec 
beaucoup  d'humanité  &  de 
douceur  à  dilTiper  ces  faux 
bruits  y  il  doit  pardonner 
l'-injuftice  avec  laquelle  on 
î'^ccufe  ;  &  en  effacer  de 
fon  cœur  jufqu'au  moindre 
feffentiment» 


RE  s 
pitdica  tanttimfecie^ 
ttampudtcie  muUens 
çculus  :  pr<etereà  O* 
palpationes  emolltunt^ 
CT*  honores  manci- 
pah.  Etfimul  chari" 
tas  fervens  ,  eadem 
bonorum  omninm  até» 
tor  5  ils  qui  reélè  e4 
nefciunt  uti,  malorum 
omnium  autorfit. 

In  Epifcopum  te- 
nuiores  etiam  homi^ 
ms  CT*  imprudentes , 
incufationes  inten" 
dunt  i  quighominum 
pars  cum  reÛo  animi 
fenfu  ac  judicto  ca^ 
reant  y  conqueriatq; 
expojlulare  nunquàm 
cejjant  5  excufationet 
quibus  te  defendas  j 
haud  facile  admit" 
tentes.  Porro  cr  An-' 
tijlitem  qui  bonus  fit  j> 
oportet  ne  tjîos  qui" 
dem  contemptui  ha-* 
bere ,  fd  multa  cum 
hunianitate  t  facili" 
tate ,  comitate  ,  ow- 
nium  criminationes 
dilftere,  injuflas  pO" 
iius  accufationes  con^ 
donantem  ,  quàm  oh 
e'as  (tgrè  ferentem 
tttQfte  Jwcenfentem» 


DU     SACÎRDOCft'  rrf 

Summum  faiium        Le   Pafteur  doit  apporter       T 1 1 8. 

un  grand  foin  non  feulement  Prévenir  pat 
à  effacer  la    mauvaife    opi-  "°"/  .  ^°'^"= 

,  11-        1   „*  1^  conduite  tous 

mon  qu  on  a  de  lui  ,  ^^^s  le  j^^  foupç^ns 
moment  qu'on  l'a  conçue  j&  qu-^^  pour- 
fhm ,  fed  c?*  i>rocul  même  par  fa  prévoyance  aller  rok  former 
unie  erumperc pojfnt  au  devant  des  caufes  dont  contre  nous. 
profpiciamui  ;  atque  elle  peut  venir  ,  afin  de  dé- 
truire CCS  imprefTions  defa- 
vantageufes  avant  qu'elles 
puiflent  naître  :  Et  il  ne  faut 
pas  attendre  qu'elles  foienc 
formées  ,  qu  elles  fe  foient 
répandues  dans  le  public  ,  & 
qu'elles  éclatent  dans  la  bou- 
che de  tout  le  monde  :  Par- 
ce que  fi  l'on  attend  fi  tard  i 
Ton  aura  grand  peine  à  les 
effacer  ,  ou  plutôt  quelque 
foin  que  l'on  en  prenne  ,  on 
ne  le  pourra  plus  faire  :  & 
quoiqu'il  en  arrive  ,  il  ea 
reftera  toujours  le  mal  d'avoir 
blefie  durant  quelque  temps 
là  confcience  de  plufieurs 
perfonnes. 

Je   ne  puis  me  perfuader      iiif. 
que   celui  qui  n'aura  jamais  G'j^-^'^^'^'^^- 
feri  poffe  ,   qui  pro    rien  fait  pour  le  falut  de  Ion  ^"^^r"  ^" 
falute  proximi  nihil    prochain  ,  puilfe  ^tre  fauve  j    "^   ''^ 
Uboris  impenderit  j    quand  je  vois  dans  l'Evangile 
que  ce  malheureux  ferviteur 
ne  le  put  pas  être  pour  avoir 
confervé  en   fon  entier  ,   le 
talent  qui  lui  avoit  été  con- 
fié i  mais  qu'au    contraire  il 
Ccc   ij 


■  0idhthendum  eji ,  ut 
tnalas  opimoncs  non 

Jolùm  dum  erumpunt, 
divellamus  CT*  arcea- 


àdeb  caufas  ipfas  e 
quihHS  enafcamur  \ 
longo  ante  tempore 
ferimamusy  non  vero 
dum  coalefcant  CT*  in 
SJul^i  ore  verfentur 
expedemtts.  Tum  e- 
nim  haud  proclive 
fuerit  iUas  delere,fed 
admodàm  dtjjîcile  : 
fdrtajje  etiam  nulU 
eas  arte  tum  extin- 
guère  valeas  ;  neque 
ZJerotHm  res  noxaca- 
reat,proptereà  qisod 
hoc  ipfum  fiât ,  quo 
tempore  muhortl  conf- 
cientiam  jam  Uferis, 
Non  mihi  fuadeo 
falvum      quempiam 


^uum  neque  mijêrum 
itlum  qutcquam  ju* 
terit  i  talent  amfiU 
traditum  non  immi- 
p0ijfe  S  m9  bas  ilU 


o 


çSo 


Des    Livres 


fut  damne  pour  cela  feul ,  de 
nti  l'avoir  point  augmenté  & 
fait  profiter  :  Cependant  je 
crois  que  je  ferai  bien  moins 
puni,  pour  avoir  manqué  à 
contribuer  au  falut  des  au- 
tres ,  que  ù  je  m'étois  perdu 
moi- même  avec  eux  ,  ik  de- 
venant pire  &  plus  criminel 
que  je  n'étois  ,  pour  m'étre 
chargé  dç  la  fubiime  digni- 
té du  Sacerdoce.  Car  alors 
)e  ne  mériterai  pas  feule- 
ment une  double  peine,  mais 
je  m'expoferai  à  des  châti- 
ipens  d'autant  plus  grands , 
que  j'en  aurai  par  cela  feul 
fait  périr  plufieurs  ;  &  qu'a- 
près avoir  reçu  de  Dieu  un 
J(ï  grand  honneur,  je  ne  m'en 
ferai  fervi  que  pour  foifenier 
plus  grièvement.  Et  en  effet 
nous  voyons  dans  un  Pro- 
phète que  Dieu  marque  1^ 
gravité  des  péchez  des  Ifraë^ 
lites ,  en  ce  qu  ils  les  avoient 
commis  aprçs  avoir  reçu 
de  lui  de  grandes  faveurs  : 
^e  vous  ai  choifrs  ÇP*  honorés  j 
leur  dit-il ,  entre  tous  les  f>eu» 
fUs  de  U  terre  ;  c'c/?  pourquoi 
je  vangerai  fur  vous  toutes  vos 
impietés.  Et  ailleurs  ;  }^ai  pris 
de  vos  enfans  tour  être  Prophè- 
tes g  Cr  parmi  vos  jeunes  gens , 
fen  ai  ^ouIh  choi/ir  qui  fujjènp 


nomine  pertit  y  ^uod 

i  ludnon  auxijjet.re- 

rumtamen  levius  mi" 

hi  fuppUcium  adfore 

putoy  accufato  cur  C?* 

alios  tpfe  non  ferva^ 

Verim  ,  <juàm  Jl  CT' 

me  una  item  cum  illis 

perdiderimytanta  ijla 

facerdotii     dignitate 

fufcepta  ,  longe  tpfe 

deterior  fceleratiorq; 

effeSlus.  ,.tuncenim 

mefanepanampende* 

re  oportebit  »  non  du' 

plam,fed  longe  mttlto 

graviorem  ,  hoc  tpfo 

quodfimul  plures  U' 

fèrim,  Jîmulpofî  ma- 

jorem  honorem  acce- 

ptum^Deum  optimum 

qui  me  honore  illo  di" 

gnatus  fuerit»  offen- 

derim.  Froptereà  o 

nim  Deus    Jfraélitas 

accufans ,     ob    hanc 

caufam  ojiendit  ma- 

joriillosfana  digno^^ 

quod  peccaverint  poji 

honores  ab  tpfo  acce^ 

/'fw:  Atqui  vosco- 

gnovicx  omnibus 

terrse    Tribubus  , 

proptçreà  vindica- 

bo  in  vos  impieta* 


DU     s  ACER  fi  oc  É."  ^St 

ffwrAffumpfi  ex  fi-     particulièrement  confacres  à  mon 

Dieu    voulant    aufli 


Mis  veHris  qui  ef- 
fent  Prophète ,  i- 
temq*,   ex  adolef- 
centibus      vcfiris 
qui  m ihi  fanai  ef- 
fent...  Et  voient  0- 
Jïandere  ,     hominum 
peccata  longe  majori 
fuppUcio  expiari  dum 
à  facerdotibus  quntn 
dum  à privatis  fittnt , 
mandat  ut   tantum- 
dem  prof^cerdotihus, 
quantum  pro  untterfo 
populo  facrificium  of- 
feratur.Quod  quidem 
quid  altud  fignat  , 
quàm  facerdotis  vhI- 
nera  majori  medica- 
mento  atque  auxilio 
indigere ,  atqtte  adel) 
tanto^quanto  confun- 
Oajîmul  univerjî  po- 
fulivulnera  indigent. 
Porro  majori  nequa» 
quam  indigerent ,  ni- 
fi  ea  gravtoraforent, 
Atqui graviora  certe 
fiunt ,  non  natura  ip- 
fa  »fed facerdotis  qui 
ea  comm/ferity  condi' 
tione  ac  dtgnitate. 

Inanis  glorite  ait' 
menta  funt  laudes 
fttquç  honores  :  con* 


fervice. 

faire  voir  que  \(is  péchés  des 
Prêtres  étoient  expiés  avec 
plus  de  peine,  que  ceux  des 
particuliers  ,  il  ordonne  dans 
la  loi  ,  qu'où  lui  offre  en  fa- 
crifice  autant  pour  les  Piètres 
iculs  ,  que  pour  tout  le  peu- 
ple :  Pour  nous  marquer  que 
les  péchés  des  Prêtres  avoient 
befoin  d'un  plus  fort  remède 
que  ceux  des  autres  j  &  mê- 
me qui  ne  fût  pas  moindre 
pour  leurs  feuls  péchés  ,  que 
pour  tous  les  péchés  du  peu- 
ple joints  enfemble.  Or  leurs 
péchés  n'auroient  pas  befoiri 
d'un  plus  fort  remède  que 
ceux  d'un  particulier ,  s'ils 
n'éioient  véritablement  plu» 
grands  :  &  ils  font  tels ,  non 
pas  tant  par  leur  nature  ^  que 
par  le  caradere  &  la  dignité 
de  celui  qui  les  commet. 


II  20. 

Eviter  ce 


Les  loiiangcs  &  les  hos^ 
neurs  font  les   alimens  de  la  qui  foments 
vaine  gloire.   La   grandeur ,  le  vice. 
Çcc  iij 


5S2  Des    Livre 

la  puiffance  &  1  impunité  le 
font  de  l'arrogance  :  La  ré- 
putation du  prochain ,  l'eft 
de  l'envie  :  La  libéralité  de 
ceux  qui  donnent ,  l'eft  de 
l'avarice  :  Les  délices  &  la 
familiarité  avec  les  femmes  , 
le  font   de  l'intempérance. 

'iiir#  Dans  le  moment  que  vous 

Humble  me  fites  connoiître  quel  eftle 
fl'^'"'  vT  P"^"^^  tlel'Epifcopat ,  peu  s'en 
p'oche^del'E"^^^"^  51"''!  "^  le  fift  en  moi 
pifcopat»  ""^  diliolution  du  corps  & 
de  l'ame  ,  tant  mon  cfprit 
fut  fajfî  d'épouvante  &  de 
douleur.  Car  faifant  alors  ré- 
flexion en  moi-même  fur  la 
gloire  ,  la  famteté  ,  la  beauté 
fpirituelîe  ,  Héclat  &  la  fagef- 
fe  de  l'Epoufe  fàcrée  de  JE- 
SUS-CHRIST  i&  de  l'autre 
confîdérant  les  défauts  &  les 
miféres  de  mon  ame,  je  ne 
ceflbis  de  fondre  en  larmes , 
&  de  déplorer  mes  maux  & 
les  fiens  j  En  me  difant  à 
moi-même  ces  paroles  dans 
l'amertume  &  l'angoifle  où 
mon  cœur  étoit  plongé  : 
Quel  peut  avoir  été  l'auteur 
d'un  fi  malheureux  confeil  ? 
Quel  mal  a  fait  l'Eglife  de 
Dieu  pour  ntériter  un  tel  châ- 
timent ?  Et  qu'eft-ce  qui  peut 
avoir    attire  fur   elle  cetce 


tumaciJt  y  potentU  , 
atque    adeo  licentU 
magnitttdo  :  inviàeti' 
liée  ,  aliéna  fam£  ce- 
Ubritas    :    avaritU 
largienùum  libérait" 
tas  :  inumperantU  9 
delicU  atque  ajjïdui 
mulierum  congrefsm, 
Ab  eo  ipfo  die  qu» 
tute  mihi  Epifcopatui 
fufpicionem  hanc  in- 
jecijii    ,    faflum   eji 
idem  idem  ,  ut  corpus 
hoc  ab  anima  prope- 
moditm  dijjolveretur  : 
tàm   tngem  pavor  y 
tàm  ingens  mœptia 
animum  meum  occu» 
pavit»  Nam  cum  4- 
pud  me  (onfiderarem 
Chrijii  fponftg    gU" 
riam  ,fanŒmontamy 
venufîatem  fpiritua» 
lem  ,    prudentiam  y 
ornatum  ;  tiim  ver 9 
animi  met  vitia  eX" 
penderem  ,  fiebat   ut 
affiduis  y  t(*m  illam  y 
tàm  etiam  me  gémi» 
tibus  Ifdlibufq»  profC' 
querer.  Quo  m  animi 
angore  doloreque  dum 
verfareryfnfce  memet 
verbis  conveniebam. 


DU 
fus  atitor  fuit }  Qjitâ 
Tandem  tantùm  pec- 
eavit  Bei  EccUJïa  > 
Qu^nam  tanta  res 
tffiHi  Ecde/ia  Dnm 
excitavit  induxitque^ 
ut  tllam  tanto  citm 
fjui  dedecore  milri 
mortalium  omnium 
i^nominiofilJîmo  re- 
gendam  trader  et  ? 

Si  liceret  corpore 
hoc  exuto  ,  aut  unà 
etiam  cum  corpore 
ferfpicue  atqtse  intré- 
pide univerfam  illiui 
aciem  bellumque  con- 
tra nos  inprucJum 
ip/îs  oculii  coram  tn- 
tueri  y  videres  mi- 
que  non  fangmnii 
torrentes ,  ne<^ue  cor' 
fora  Jkmortua ,  fed 
émimarnm  lapfus  tàm 
inultos-,  fedvulnera 
fie  gravia  ,  ut  ttbi 
ftatim  belli  untverfa 
illa  piClura  qttam 
modo  expYefft  j  pue- 
Torum  deleiîamenta  y 
C7'  ludicrum  pottus 
quàm  hélium  videri 
pofjtt  :  tàm  multi 
fertè  ac  fréquentes 
u  funt  qui  tn  dits 
finguUs  fsrinntur  • 


Sacerï>ocb;  f83i 

marque  de  l'indignation  di- 
vine ,  de  l'avoir  abandonnée 
pour  fa  honte  &  pour  fon 
malheur,  à  la  conduite  du 
plus  indigne  de  tous  ks 
hommes  f 


Si  étant  dépoiiillés  de  ce       jiîz^ 
corps  mortel,  ou  même  du-    image  terrî-r 
rant  que  notre  ame  y  ci\  en-  bledesblcflu* 
core  attachée,  nous  pouvions  res,  bc  de  las 
voir  de  nos  yeux  clairement  ^^^^^  ^"  *' 
&  fans   en  êcre  troublés  de  "^"' 
crainte,  l'appareil  fî  terrible, 
&  les  effets  fi  funeftes  de  la 
cruelle  guerre  que  le  démon 
livre  continuellement  a  l'E-^ 
glife  ,  nous  verrions,  non  pas 
des  fleuves  de  fang  couler  fur 
la  terre  comme  dans  les  com- 
bats  des  hommes-,     ni  de« 
montagnes  de  corps  morts  j 
mais   une  infinité  de  chutes 
d'ames  ,  &  de  bleifurcs  fi  pro- 
fondes &  fi  mortelles  ,  que 
la  vûë  de  la  plus  fanglante 
bataille ,   ne  nous  paroîtroic 
qu'une  peinture  &  qu'un  jeu 
d'enfant ,  en  comparaifon  de 
ce   carnage  Ipirituel.    Et  ea 
effet,  il  fe  rencontre  tous  les 
jours    ua  nombre  infini  de 
Çcc  iii) 


'5  ^4  Ves    Livres 

perfonnes  qui  font    frappées    quorum  Vulnera  non 

àt  cette  forte,  &  dont  les  blef- 


fures  caufent   des  genres  de 
morts  bien  difFerens.  Et  au- 
tant qu'il  y  a  de  différence  en- 
tre lame  &  le  corps ,  autant 
y  en  a-t-il  entre  la  mort  fpi- 
rituelle    &     la     temporelle. 
Quand  Tame  ayant  été  bief- 
fée  vient  à  tomber  ,   elle  de- 
meure dans  le  corps  toute  lan- 
guiilante  &  toute   abbatuë  > 
&  comme  plongée  dans  la  cor- 
ruption d'une  confcience  qui 
commence  dès  à  prêtent  Ion 
tourment  ;  mais  iorfqu'étant 
réparée  de  ce  corps  mortel , 
elle  comparoitra  au  jugement 
<ie  Ion  Dieu,   ce  fera  alors 
qu'elle  fera  livrée  à  des  fup- 
-  plices  éternels.  Que  fi  main- 
tenant il  y  en  a  qui  ne  fentent 
point  les  playes  que  leur  font 
\ts  traits  du  démon  >  il  ne  faut 
pas  douter  que    leurs  m:ux 
ne  s'accroiffent    encore    par 
leur  ftupidité  &  leur   indo- 
lence. Et  en  eftet  quand  on 
eft  infenfible  à  une  première 
bleflure  ,  on  ne  fait  guéres 
d'efforts  pour  en  éviter  une 
féconde  i  &  après  la  féconde 
une    troifieme.   Car    il  faut 
fçavoir  que  ce  cruel  ennemi 
ne  ceffe    jamais  de   frapper 
jufqu'au  dernier  foupir,  une 


tdem     mortts    genut 
pariunt  :  feà  (.ptan^ 
tum  inter  fe  diffident 
anima  atque  corpus , 
tantum  ejï  cerlè  inter 
mortem  hanc    atque 
illum  difcrimen.Nam 
quoties  flagam  ani- 
ma accipit ,  eandem" 
que  cadit  ,   htc  pro- 
ftrala  qui  de  m  jaiet 
maU   jam  confuen- 
tix  cruciatucoiitabef- 
cens    ,    poPeà     vero 
quamfeparata  à  cot' 
porehinc  emigrarit  ^ 
per  juduii  [\k>  tem» 
pus  (tterno  critcian" 
da  fupplnio  traditur. 
Quod  fi  quts   exijlet 
qui    di  aboli    plagas 
non  perfentiéU  ,   ni- 
mirùm  tllius  morhus 
ex  eà  indolenûa  in» 
gravefcit,  Quemcum' 
que  enim  plaga  una 
infiiHa  non  mordet , 
neque   attnjlat  ,    ii 
cette  facile   CT*  ahe- 
ram  exiipit.  Itemque 
CT*  hac  accepta  ter" 
tiam.    Neque    enim 
intermittit  ad  extrf 
mum  ufque  fpiritum 
feriem  vefartHi  ille  » 


DU  s 
quôltes  invertit  ani- 
mam  fupinamy  prio- 
refque plaças  contem- 
nentem  :  qtti  fi  O* 
congrejfm  modum 
«xpendere  velts^  hune 
Vero  longe  acrtorem  5 
ac  magii  diverfum 
compenes* 

Advenus  diahcUm 
dimicanli  nuncjuàm 
ticet  arma  ipfa  pone" 
re  5  fomnumve  ullum 
taper  e ,  GT*  pr^ftrtim 
qui  perpétua  invul- 
nerami  pr<£lio  exce- 
dere  volet.  Ex  duo- 
hus  enim  necefîario 
alterum  cûnfequitur, 
ut  aut  cadat  quis  ac 
fereat  armis  fpolia- 
tus  5  aut  continenter 
vigilet  5  armatufque 
fiet.  Siquidem  tlle 
Continenter  cum  fua 
ipfius  acte  fiât,  focor- 
dtas  nojiras  obfer' 
vans ,  ac  majus  qui- 
dem  afferens fludium 
ad  nojlram  interne' 
cionem ,  quant  ad  no* 
firam  ipfi  nosfalutem 
cjferamus. 

In  hoc  campa  va- 
înifli  nqs  Chripmt* 


VisiUnce 


ACBRDOCE.  5gf 

ame  qu'il  trouve  dans  la  né- 
gligence, &  dans  rinfenfîbi- 
lité  de  (es  premières  bleiFu- 
res.  Qiie  fi  l'on  veut  exami- 
ner ici  quels  font  les  combats 
qu'il  livre  aux  hommes  ,  oa 
en  trouvera  d'une  infinité 
d'efpéccs ,  &  tous  plus  vio- 
lens  &  plus  dangereux  les 
uns  que  les  autres. 

Ceux  qui  combattent  con- 
tre le  démon,  ne  doivent  ja- 
mais pofer  les  armes ,  ni  mé-  ^°""^  ^*  ^^' 
me  durant  le  fommcil ,  s'ils  ^°^' 
veulent  fortir  fans  bleflures 
de  ces  combats.  Car  fi  nous 
ne  veillons  fans  ceffe,  &  fi 
nous  n'avons  toujours  les  ar- 
mes à  la  main ,  il  eft  indu- 
bitable que  nous  ferons  percés 
&  bleflTés  à  mort  par  cet  enne- 
mi qui  n'étant  jamais  defar- 
mé,  nous  obferve  continuel- 
lement pour  prendre  le  temps 
que  nous  ne  nous  tiendrons 
pas  fur  nos  gardes  ,  &  que 
nous  nous  ferons  endormis 
dans  la  négligence  &  dans  h 
parcfle.  Car  il  a  plus  de  foin 
de  nous  perdre ,  que  nous 
n'en  avons  nous  mêmes  de 
nous  iauver. 


Faire  Capitaines  des  fol-      iiî^» 


glile. 


^t6  Dzs  Liv 

aignes ,  per-  ceux  qui  font  incapables  de 
rideuxàr£.  Jes  bien  conduire  j  n'eft-cepas 
plût6t  les  faire  capitaines  des 
foldats  du  diable  ?  Car  quand 
celui  qui  doit  ranger  en  ba- 
taille les  foldats  fpirituels  de 
J  E  S  U  S  -  C  H  R  I  S  T ,  les  ar- 
mer &  les  faire  combattre , 
cft  le  plus  foible  &  le  plus 
incapable  de  tous ,  il  eft  vrai 
de  dire  qu'il  livre  à  fon  en- 
nemi ceux  qui  avoient  été 
commis  à  fa  foi-,  &  qu'ainfî 
il  fait  plutôt  la  fonâion  de 
capitaine  pour  le  fervice  du 
démon  ,  que  pour  celui  d€ 
JESUS-CHRIST. 


REt 

Uttbui  duees  e/fe  f 
hoc  ipfum  vero  ^uiâ 
alitià  ero.t  ,  quant 
diabolo  fotiifs  dtices 
^ff^  '  Q«t*m  enim  is 
qui  cateros  débet  tùm 
in  ordines  pariiri  y 
tùm  mtUtarihui  ar- 
mis  injîruere  ,  ow* 
vium  Jlmttl  infirmif- 
Jîmus  3  jîmulimperi» 
tijjtmus  fuerit  ,  fit 
nimirùm  ttt  fu<e  fidei 
créditas  prodat  ,  €3* 
dtaholo  magis  quant 
Chnjfo  diécem  aga9. 


DES    LIVRES 

de  la 

COMPONCTION  DU  C(EUR. 


1 1 2  ^  y  E  temps  de  la  vie  préfen- 
Déreglement  L^g  ^  ^  ^^  remolit  de  tant 
?e  fa^'ia;"  t  ^e  maux.  &  comblée  de  tant 
«ies  chré-  de  crimes  ,  cit  un  temps  de 
licnj,  larmes  &  d'affliâion.  Et  en 

eiFct  quiconque  voudra  exa- 
miner plus  particulièrement 
tous  ces  defordres  ,  fî  toute- 
fois cela  eft  poflîble  ,  il  ne 
pourra    jamais    reteair    les 


Lib.  I.  de  com- 
punft.  cordis.  L«*«. 
gendum  efl  prafentis 
viu  tempus  in  quo 
tantam  maiorttm  la- 
bem»  tantaque  quoti» 
die  videtntis  flagitia 
cumulari  :  qtta/îve" 
lis  accurate  conjîde- 
rare  pet  fingulaifi'. 


De  la  Componctiom   du  coeur,      Çgy 

guident   accuratè  id  pleurs.  Car  toutes  chofes  font 

ficriqueatynunqttàm  en  ce  monde  dans  une  telle 

poteris  à   lachrymis  confufion  ,  &  dans  un  fi  grand 

temperare.  Sic  enim  dérèglement  ,    qu'il  n'y  pa- 

cmnia  confufa  ,  fie  roift  prefque  plus  la  moindre 

funt  cunéîa  refolma ,  trace   de    vertu.    Tout  y  eft 

ut  m  vepigittm  qui^  plein  de   méchanceté  &  de 

dem  virtmis  tê/quam  débordement  :  &  ce  qu'il  y 

videai  :  nequitia  ve-  â  de   plus    déplorable  ,    c'eft 

ro  er  luxuria  cunfla  que  nous  ne  fommes  pas  tou- 

ejferepletaperfpiciai:  chés   nous-mêmes  du     fenti- 

CT'qitodcJi  infdicius  ment  de  tous  ces  maux;  que 

fer»rgemif»m        nos  nous    ne  l'infpirons    pas  aux 

malorum  jàm  necip-  autres,    &  que  nous    ne  les 

fifenjumcapimttsynee  avertiifons  pas  de  les  éviter. 

aliis  prdthem'nS  y   nec  Mais   nous     fommes  comme 

tiîios  monemus  :  fed  àQS  corps  qui  paroiiîans  fains 

fumm    velut  corpus  au  dehors ,   font    remplis  au 

extïinfectis     quidem  dedans  d'une  corruption  mor- 

forens  ac  vegetum  ,  telle  qui  les   confume  j  &  il 

intrtrtfecus  ver'o  tabe  nous  arrive    la  même  cho(e 

fefjimi  langmris  ab-  qu'aux  phrénetiques  ou   aux 

fttmptum  :  CT*  conti-  infenfés  ,  qui  après  avoir  dit 

gitnobisqmdilhsfo'  &  même  fait  plufieurs  fale- 

iet  y  qut  vel phrane-  tés,   &  plufieurs  autres   cho- 

fim  paùuntur  y   vel  fes  très- dan gereufes ,  n'en  ont 

mente  capti  funt  y  à  nulle  honte ,    nulle  crainte  , 

qHibm    ctm    muha  &    nul    repentir  :    mais  au 

turpU  o*  periculofa  contraire    s'en  .glorifient    & 

vel  dtcantnr  ,  vêle-  s'eftiraent  plus  fagcs  que  ceux 

tiam  gerantur ,    nec  qui    le    font    véritablement, 

pHdoris   tamen    ait-  Ainfi  après  avoir  fait  les  cho- 

'quid,  ftec  paenitudi'  fes  les    plus    contraires  à  la 

nis  capiunt  :  qmnimo  fanté  de  notre  ame  ,  nous  ne 

C?*  magnifia  fibi  ac  nous  appercevons  pas  même 

ftpientiorfsfams  vi-^  ^ue  U  faacé  nous  manque* 


588  Des    Liv 

Si  nous  Tentons  le  moindre 
mal  dans  quelque  partie  de 
rotte  corps  ,  nous  faifons 
auflitot  venir  un  Médecin  , 
nous  népargnons  pas  l'ar* 
gent  en  cette  rencontre  ,  nous 
obfervons  exadement  tout  ce 
qui  eft  néceiraire  pour  gué- 
rir ,  &  nous  ne  difcontinuons 
point  nos  remèdes  jufqu'à  ce 
que  nous  nous  Tentions  fou- 
lages de  notre  mal.  Mais 
quanta  ce  qui  regarde  l'ame, 
quoiqu'elle  reçoive  tous  les 
.  jours  mille  blelTures ,  quoi- 
qu'elle foit  continuellement 
déchirée  &  comme  mifc  en 
pièces  par  Tes  pallions  char- 
nelles ,  &  que  fes  vices  lui 
caufent  une  infinité  de  ma» 
ladies  qui  la  font  enfin  pé- 
rir, nous  nous  en  mettons 
peu  en  peine  ,  &  nous  ne 
prenons  pas  le  moindre  foin 
de  la  préferver  d'un  fi  grand 
danger. 

iii^.  Quand  perfonne  n'eft  en 

Corruption  fanté ,  &  que  tous  fe  trouvent 

générale,  fans  malades ,  OU  plus  ,  ou  moins , 

qui  eft-ce  qui  fera  en  état  de 

guérir  les  autres  ,  puilqu'iln'y 

en  a  aucun  qui  n'ait  befoin 

d'être  lui-même  guéri  ? 

H17.         Si    quelqu'un    venoit  d'un 

Vie  de  la    païs  aflcz  éloigné  pour  n'a- 


rcmede. 


R  Eâ 

dentur  ^  faplenùlitfl 
lia  ergo  O*  nos  càm 
ùmma  qua  fcimtali 
contraria  funt  gera- 
mus  ^  ne  hoc  tpfum 
quiàem  ,  quoà  deeji 
nobisfanitas ,  «o&f- 
mus.  Etehim  Jî forte 
in  corporePartfm  ali' 
qt4id  mcrhi  pulfave* 
rit ,  Jlatim  CT»  med^' 
cos  ijdhiberrfus  ^7"  pe- 
cunias  profundimus  ) 
CT*  emm  obfrvantia 
quod  competit  geri" 
mus  :  nec  prius  abjî- 
flimus  qunm  qu.e  mo- 
le J}  a  funt  ,  witi'ren» 
tur  :  anima  veto  atm 
quotidiè  vuhieretur^ 
cumperfingula  Unie' 
tur  corporeis  ajfeclio" 
nibus ,  ac  vitiisura^ 
ttir^pricipitetur^O* 
modis  omnibus  pereat^ 
ne  parva  qttidempro 
ea  nos  cura  follicitat. 

Dttm  nemo  fanm 
«/?  5  fed  omnes  lan- 
gitemus ,  alii  majore  , 
alii  minore  ex  parte  , 
nemo  eji  qui  curet  : 
omnes  enim  indigent 
cura. 

Si  quis  extrinfecm 
HndiCHinqus  adejjet^ 


De  la  Componction  du   coeur.      58^ 


Cf  pr^ceptorum  Chti- 
fti  ac  noJ}r<e  conver- 
/ktionis  confufionem 
ac  pertttrbatiouem 
tideret  :  tiefcio  an  a- 
iios  magis  uUos  quam 
nos  inim'uoi  ej]e ,  & 
contrarias  pr^scepto" 
rum  Chriflijudicaret  : 
quafi  enim  qui  jlu- 
dium  quoddam  ha^ 
huerimus  contraria 
in  omnibus  gerere 
qukm  tlle  mandavit , 
ità  viam  hanc  vit^e 
peragimus, 

Fatue  &  rhaca , 
quod  ait  ,  hoc  ej} 
quod  oftendit  y  quià 
ne  levé  quidem  G^ 
minimum  infratrem 
collatum  conpicium 
relaxabitur  :  atqtte 
oh  id  de  levioribus 
fententiam  dedit 
Çhrijins  y  ut  de  gra- 
vioribits  dubitare  non 
debeas. 

llla  diaboUca  de» 
C£ptio  eJ} ,  quit  hiec 
ad  terrorem  dicit  ho- 
minibus  fcripta  ,  ut 
refolvat  divinijudi- 
cii  ac  futur  i  fupplicti 
metum  CT*  remijfiores 
pos  er^^çbcdientiam 


voir  jamais  entendu  parler  de 
nous  ;  &  qu'apprenant  ici 
quelle  eft  la  loi  de  J  ES  US- 
CHRIST,  il  vît  le  dérègle- 
ment dans  lequel  vivent  les 
Chreftiens  ;  je  ne  doute  point 
qu'il  ne  nous  regardât  com- 
me les  plus  grands  ennemis 
de  J  E  S  U  S-C  H  R  I  S  T  &  les 
plus  oppofés  à  fes  préceptes  : 
Puifqu'en  effet  nous  vivons 
comme  il  nous  avions  pris 
à  tache  de  faire  en  toutes 
chofes  le  contraire  de  ce  qu'il 
a  commandé. 

Quand  Notre  Seigneur  dit 
que  celui  qui  aura  appelé  Ion 
frère, fou,  fera  fi  févérement 
puni,  il  nous  a  voulu  mar- 
quer, que  la  moindre  injure 
que  nous  lai  aurons  dite  ne 
demeurera  pas  impunie  ,  & 
il  a  parlé  des  moindres,  afin 
de  nous  faire  juger  de  la  pu- 
nition que  nous  devons  at- 
tendre des   plus  grandes. 

C'eft  une  penfée  que  le  dia- 
ble fuggére  aux  hommes,  que 
de  leur  faire  croire  que  tout 
ce  qui  eft  dans  les  Ecritures 
divines  n'a  été  écrit  que  pour 
les  épouvanter:  Et  il  ne  leur 
infpire  ces  fentimens  qu'afin 
d'cftacer  dans  leurs  efpriti  i^ 


plupart  des 
Chrétiens  , 
toute  oppofce 
àJ.C. 


112?. 

Punition 
teriibb  des 
moindres  in* 
jures. 


Rufe  du  de» 

mon  pour 
nous    jetter 
dans  une 
faude  Iccuri* 
té. 


f>ô 


Des    Livres 


crainte  {alutaire  du  jugement 
avenir ,  de  les  rendre  plus 
négligens  dans  l'obfervation 
descomnaandemens  de  Dieuj 
&  de  les  porter  dans  le  temps 
préfent  au  -relâchement  ,  en 
remettant  à  les  confondre  par 
fes  reproches  dans  le  temps 
de  l'autre  vie ,  auquel  tous 
les  repentirs  feront  inutiles. 


1130.  La  difficulté  que  les  hora- 

Déreglement  mes  reilentent  à  accomplir  les 
des  nvrurs ,  j^yf^s  préceptes ,  eû  ce  qui 
STÏ^'^^^*^"'  ^^  porte  plu  fleurs  à  ne  rien 
^  '^*  croire  :  &  comme  ils  ne  veu- 

lent pas  s'efforcer  d'acquérir 
les  biens  que  leur  obéiHance 
leur  procureroit  ;  &  accom- 
plir les  chofes  qui  leur  font 
commandées  pourfe  délivrer 
de  la  crainte  des  maux  avenir, 
ils  fe  trouvent  fi  accablés  de 
ce  fardeau  qui  leur  pele  fur 
la  confcience ,  &.  qui  ,  pour 
ainfi  dire ,  les  étoufte,  qu'ils 
s'étudient  à  fe  .délivrer  l'ef- 
pritpar  toute  forte  de  voyes, 
de  Tapprehenfion  des  fuppli- 
ces  dont  ils  font  menacés 
dans  l'autre  vie  -,  &  ainfi  en 
n'y  ajoutant  plus  de  foi ,  ils 
fe  jettent  dans  un  autre  pré- 
cipice infiniment  plus  à  crain-. 


reddat  &  ct^oàiam 
mandatoTHm  Dei.  Oh 
hoc  enim  diaholm 
taies  fu>ggerit  /enfin 
. ,  .  ut  prttfemii  in-' 
terim  temporis  refol" 
vat  vigorem  ,  anl*^ 
nuis  refervans  «r- 
guendas  fine  dubio  in 
diejndtcHy  uhijam 
foenitentia  wihilpro' 
derit. 

Non  credere  ex  em 
accidfty  cumviribui 
de  fie  t  mur  ad  explen^ 
da  mandata  :  dt*m 
enim  commoda  qti<e 
nobis  ex  ohedientia 
provemrent  j  nobis 
comparare  nolumus , 
neque  ea  facere  qua 
pr^cepta  funt ,  ut  a- 
nimum  futurorurm 
metu  hberemtts  >  confia 
cienti£  pondère  gra- 
vatp  V  prafocatif 
parati  fi»ppUcti  timo' 
rem  abjicere  omnem 
fiudemus  y  C?*  in  a- 
Uud  nos  barathru}7$ 
précipites  nos  agimus, 
dum  tormentts  illis 
fidem  ahro^amuSi 


De  la  Componction    dit  coeur.      ^fi 

Sine  causa neccon-         Nous  ne  devons  pas  nous        it;t. 

trà  famulas  qttidem  fâcher  fans  fujec,  même  con-      Réprira:r 

debemus  trafct  :  (juià  tre  nos   Terviteurs  ;  Car  J  E- 1*  colère. 

CrtUtàChrtflofimi^  SUS-CHRIST    leur  a  pro- 

U  ut  tu  Uberute  do'  curé    la   vraye    liberté   aufli 

fiatifi*nt.  bien  qu'à  nous. 

Perjîfltmus  etiam        Après   avoir   contrifté  nos       il^t. 

pro  niinli  rébus  con-  frères    pour    des    (ujets   très-      Se  récond* 

trijïare  fratres ,  e^  légers  ,    nous   demeurons  en  ^'«'  pronjptç- 

quafi  mhil  muli  fe-  repos  comme  (i  nous  ne  leur  "^*"^' 

cerimm  y  fausfatlio'  avions  rien  fait,  fans  penfer 

Item    negligimus  o*  à  les  fatisfaire  j    nous  met- 

oblivioni     tradimus  tons  eu  oubli  le  chagrin  que 

tulpanti   atque  ini^  Qous  leur  avons  caulé  j  &  nous 

miciùai  in    Ungum  prolongeons    ainfi    la    durée 

tempus  protrafn  pa-  des  inunitiez  i  fans  confide- 

eimur  ,     ignorantes  rer  que  nous  en  ferons  d'au- 

e^uod  tanto    longtor  tant  plus  long-'fcemps  punis, 

erit  nobii     pana  ,  que  nous   aurons  plus   long- 

quanto  çs*  difcordt0  temps  différé  à  finir  tous  les 

proUxior,  fujets  de  mefintelligence   & 
de  difcorde. 

jfubetDommusre'        Notre-Seigneur   veut  que       ll$f, 

Un<iui  donum  antè  al-  lors    même  que    nous    fom-    Quitter  tout 

tare  &  prius  recon-  mes  prêts  à  lui  préfenter  nos  ^onrisïtcon^ 

ciliari  fratri ,  utex  offrandes,  nous  les  laifîions  ^''i=^  ^v^'^^®'^ 

hoc  difcamus  ,  ^utà  ^ur  l'autel ,  {pour   nous   aller  "^^^* 

nec  illo  tempore  quo  réconcilier  avec  nos  frères  ; 

aâ  miniperium  Dei  afin  de    nous  apprendre  par 

videmur    accéder e  ,  ce   commandement  ,    que  fî 

ffeconciliationem  dif-  dans  Ic  temps  même  que  nous 

fimularp    ac  dtjferri  fommes  occupés  à  accomplir 

patitur  Deus  ;  qnan-  les  plus  faints  myftéres ,  il  ne 

$0  magis  curari  hoc  iouffe  pas    que  nous    differ 

in    aliis   umpofibits  rions  un  moment  à  nous  ré^ 

ittk^t,  concilier  j   il  demaade   ^ 


5pî 


Des    Livres 


nous  que  noiis  négligions  en- 
core bien  moins  de  le  faire 
en  tout  autre  temps. 
II 34*  .  Nous  n'obfervons  le  plus 
Sereconri*  fouvent  que  l'image  &  l'ap- 
Xitrducceui»  parence  du  précepte  ,  &  nous 
en  négligeons  la  vertu  &  la 
vérité.  Ainfi  je  crains  fort 
que  ce  baifer  de  paix  que  i'u- 
fage  oblige  les  fidellesas'en- 
tredonner  dans  le  temps  qu'- 
ils offrent  à  Dieu  Tes  fajnts 
myftéres ,  ne  fe  donne  de  la 
part  de  plufieurs,  que  des  lè- 
vres î  au  liéu  que  JESUS- 
ChRI  s  T  demande  que  nous 
donnions  cette  paix  non  feu- 
lement de  bouche ,  mais  du 
cœur ,  &  que  nous  ne  nous 
contentions  pas  de  faluer  à 
l'extérieur  notre  frère,  mais 
que  nous  lui  rendions  ce  de- 
voir avec  une  affedion  fince- 
re  &  véritable.  Et  en  effet 
/i  cette  paix  n'eft  réellement 
dans  le  fonds  du  cœur  ,  ce 
n'eft  qu'une  comédie  ,  & 
qu'un  jeu  ,  qui  irrite  plutôt 
la  colère  de  Dieu  contre  nous, 
qu'il  ne  l'appaife. 
113^.  A  voir  comme  nous  vivons, 

Chriciens    ne  femble-t-il  pas  que  nous 
déréglés  ,      nous  étudions  à  faire  en  toutes 

Chriftf  ""'  ^^""^^^  ^^  contraire  de  ce  que 
jESUS-CHflIST  nous  a  com- 
fnandés  ;  &  que  par  nos  avions 


Nos  imaginent  qui'- 
dem  colimm  pmcc 
pu  ,  veritatem  vero 
ipfam  virtutemque 
negligimus^  Nam  of- 
ctt'um  pacis  porrigere 
tempore  qtio  munera 
ojferumur  ,  in  uftt 
eft  i  fed.  vereor  ne 
forte  plûtes  ex  nohis 
Ubiishoc  tantummo- 
do  faciant  ,  cum 
ChripHs  pacem  non 
ex  ore  fed  ex  corde 
dejîieret ,  C?*  ajfeOtê 
Zielit  proximum ,  non 
labiis  fdutari.  Si  e- 
nim  pax  non  hahe^ 
tur  tn  corde  y  quaf  in 
fcena  res  agi  vtdetur 
e^  lt*do  i  indè  per 
h<ec  exacerhari  Detts 
creàendus  efi potins  y 
quàm  placari. 


Nonne  videntur  l 
omnibus  modis  con- 
traria ejfe  pr<tccptis 
Chrifii  qiȣ  g^^i~ 
mus  j  €^  magis 
pttgnam  ejje  nobt$ 
conirà 


£)E  LA  COMPONCTION  DU  COEUR.  555 
têntrà  €t*m  quàm  nous  combattons  plutôt  con- 
obedientiam  } 


Qtiid  dicam  de  man- 
data illo  quo  juhemur 
non  thefaurifare 
fuper  terram  ?  Id 
forte  faciunt  yttuci , 
€<ttert  vero  qttafi  è 
contrario  andterint 
fr^cefftum  ,  thefauri- 
fate  vobis  omni  modo 
fuper  terram  i  itare. 
linquentes  €<eli*m  ad- 
hajerunt  terrte^  CT*  tn  • 
faniunt  erga  pectt- 
nias  congregandas  , 
totoque  ajfeGu  Deum 
qmdem  oderunt  5  di- 
h^unt  autem  Mam- 

monam. 


Kolite  judicare 
ut  non  judicemini. 
...  St  etiam  niilhm 
peccatum  à  nobts  aliud 
fuijjet  amiffum  j  pro 
hôc  folo  gehennte  nos 
trait ,  fatis  ahmdeq; 
fu0ceret.  Qinppe  qui 
in  aliorum  deliŒsfe' 
vert  C  amarijjîmi 
indicés  rejfîdemm  ;  »o- 

Tom.  I. 


1116: 

Avarice 


tre  lui  5  que  nous  n'obéilions 
à  Tes  volontés. 

Que  dirons-nous  de  ce  pré- 
cepte que  Notre  Seigneur 
nous  donne  dans  Ton  Evangi-  prefque 
le  :  Ne  vous  amaJJe:^polnt  de  tre-  nérale. 
forsfttr  la  terre  ?  Certes  il  y  en 
a  très-peu  qui  robfervent  ,  & 
tout  le  relie  des  hommes  agit 
comme  s'ils  avoient  reçu  cet 
autre  précepte  tout  contraire  : 
AmaJJe>--vous  des  tre/ors  fur  la 
terre.  Car  nous  les  voyons  tous 
abandonner  la  penfée  des 
choies  du  ciel,  pour  ne  s'at- 
tacher qu'à  celles  du  monde. 
Ils  font  polTedez  de  la  folie 
des  richelfes  ,  &  ne  s'étudient 
qu'à  en  amafler.  Toutes  leurs 
affedions  font  éloignées  de 
Dieu  qu'ils  haiffent  -,  &  elles 
fe  portent  toutes  entières  vers 
le  Dieu  Mammon  y  ccù  à  dire 
l'argent  qu'ils  aiment. 

Nejuge:!^pointde  votre  pro-       1137." 
cliain  ,     afin  que   vous  ne  foyer      Jugement 
point  J!4ge:^.  Quand  nous  n 'au-  ^    cond au- 
rions d'ailleurs  commis  aucun  "^^i^"  '^^ 

autre  péché,  celui-ci  feul  fe-  Tœ?^'"  ' 

■        I  r  n- ^  fum Tant  pour 

roit  plus  que  fiifbîant  pour  p^ousdamuer, 
nous  damner.  Nous  lommes 
des  juges*  très-févéres,  très- 
clair-voyans  ,  &  tiès-rigides 
pour  condamner  les  moindres 
fautes  d'autrui,  &  nous  ne 
Ddd 


^^j94  I^  E  S     L I  V  R 

voyons  pas  même  les  nôtres 
qui  comme  de  greffes  pou- 
tres nous  crèvent  les  yeux. 
Ainfi  nous  perdons  le  temps 
le  plus  précieux  de  la  vie  à 
condamner  celle  de  nos 
frères  ;  &  il  n'y  a  pas  un 
feul  homme ,  je  ne  dis  pas 
de  ceux  du  monde  ,  mais  mê- 
me des  Religieux  &  des  Ec- 
clelîaftiques,  qui  puifîe  s'é- 
chapper à  notre  cenfure. 


II ?8.  Nous  pourrions  (ans  grand 

On  prend  ^''^vail  obferver  les  comman- 
peine  pour  Ct  démens  de  Dieu  -,  &  cepen- 
pwdrs.  dant  nous  travaillons  tous  les 

jours  ,    &    employons    tous 
nos   efforts   â   les  violer.  Si 
nous  ne  péchions  que  par  oi- 
fiveté ,  par  négligence ,  &  par 
parefle  ,  il  y  auroit  peutêtre 
quelqu'excufe  pour  ceux  qui 
n'ont  pas  le  courage  de  tra- 
vailler &  de  faire  effort    fur 
eux-mêmes.    Mais  pour  ceux 
qui  prennent  peine  pour  pé- 
cher, &  qui  cmployent  leurs 
loins  &    leurs   travaux  pour 
violer  la  loi  de  Dieu  ,  quelle 
efpcrance  de  pardon  leur  re- 
ftera-t-il  ?  Car   c'eft  là  pro- 
prement fe  bander  coHtre  ce- 
lui là  même  qui  nous  a  don- 
né fçs  commandemens ,  c'cA 


rs 
(Iras  auum  fraies  *? 
culii  infixas  froprih 
non  vUemus  ;  qtU 
aliéna  etiam  minima 
tam  folUcitè  perfcrn» 
tamur  y  ZP"  ad  con- 
demnandum  cateros  y 
omne  vit*  noflra  teni' 
pus  abfumimus ,  à  quo 
vitio  neque  fecuU  /70- 
minem ,  nequemona-^ 
chorum  y  neque  cleri^ 
corum  ullum  facile  inr^ 
Venias  liberum, 

Cnm  pojjimus  fine 
lahore  fitrvare  man-» 
datum  3  laboramus 
C7*  nitimur  ut  prit' 
varicemur.  Si  per 
ocium  CT*  negligeU'' 
tiam  peccaremus  :  ef- 
fet fortajje  aliquicL 
vent*  his  ,  qui  labo» 
rare  nequijjent.  Ubi- 
veto  laboratur  ut 
peccetUTy  fiuiiumque 
adhibetur  O*  contenu 
tio  quatentts  prate- 
reatur  mandatum  » 
quis  efi  qui  pro  hoc 
ntalo  veniam  fperet  ? 
hoc  ejî  contendere  ad' 
verfm  eum  qui  pne^ 
eepta  dédit  O"  bellum 
legibm  ejus  inferre  ; 
^uia  O*  mera  ipfg 


t)B   LA   COM 

ptoftHnciavii  de  prx- 
eeptisfuis ,  quoà  ni- 
ht  lin  eis  labortofttm  , 
diiens,iiigum  meum 
fuave  eff,  &  onus 
lïieum  levé.  Et  nos 
a  contra  ^ravia  effî- 
cimm  qu£  ille  levia 
conflitmt  s  V  qu£  ille 
ftavia  pûfiiit  ,  nos 
facimus  amara  pec- 
cando.  Quod  fi  labo- 
riofum  altquid  ejfet 
in  praceptis  ,  decen- 
ter  CT*  merito  virlu- 
tem  labor  comitare- 
tur  ;  prétmia  enim 
propofita  fient  pojl  U" 
borem. 

Prtufij^uam  mentis 
propofitum  vel  fenfus 
capacitas  explorata 
fit  y  dhinorum  dog' 
matumveneranda  eis 
arcana  committimtis , 
CT*  qmbmpriyna  rudi» 
tnenta  vix  dum  tradi 
oporteret ,  interna  eis 
adita  dtvina  fcien- 
fia  ac  fapientia  pa- 
tefacimus.  Propterea 
denique  nonnulU  ubi 
immundis ,  ut  ita  di- 
€am  5  pedibus  fitnHa 
nofira  calcarunt ,  €7* 
pkmfndibus  picore 


POKCTltfN   T5U   COEUR.         5>)f 

faire  la  guerre  aux  loix  mê- 
mes ,  &  c'eft  démentir  en  effet 
celui  qui  en  parlant  de  Tes 
préceptes ,  nous  a  dit  qu'ils 
ne  contcnoient  rien  de  pé- 
nible, &  (\\xzfonjoieg  étoit  doux 
ç^  fonfardeat^  léger.  Nous  tra- 
vaillons donc  par  nos  péchés 
à  rendre  pefant  ce  joug  qu'il 
nous  a  impofé  comme  doux 
&  léger.  Et  quand  il  y  auroïc 
quelque  chofe  de  pénible 
dans  l'accompliflement  des 
préceptes ,  la  vertu  ne  mé- 
rite-1- elle  pas  d'être  accom- 
pagnée de  quelque  travail, 
puifqu'elle  cft  fuivie  de  & 
grandes  récompenfes  ? 

Il  y  a  des  gens   aufquels       ï^'^P» 
nous     confions     inconfidéré-  ^,  I^'^P^"^^^ 
ment  la  connoiffance  des  plus  dS"&^ 
laints  mylteres  de  notre  reli-  hs  myftéres-; 
gion  ,  avant  que  d'avoir  bien  de  J.  C» 
examiné  la  difpofition  de  leurs 
cœurs  &  la  capacité  de  leurs 
efprits   :  En  forte  que  nous 
découvrons  les  fécrcts  les  plur 
profonds  de  la  fcience  &  de 
la  fagelfe  divine  ,  a  à^s  per- 
fonnesqui  ne  mériteroientpas 
de  fçavoir  les  premiers  élé- 
mens  de   notre  foi.   D'où  il^ 
arrive  que  plufieurs  ont  fou- 
lé de  leurs  pieds    immondes^^^ 
nos  myftéres  les  plus  facrés  y 
î>ddii 


minillres  de 
J.  c 


5P^  Des    Liv 

&  qu*ayant  renfermé  dans  une 
poitrine  impure  &  foiiillée  le 
breuvage  de  la  pure  dodlrine 
du  ciel  5  non  feulement  ils  ont 
vomi  tout  ce  qu'ils  en  avoient 
avalé ,  mais  même  fe  font 
élevés  contre  elle  ;  &  fe  tour- 
nant contre  nous ,  nous  ont 
couvert  de  médifances ,  d'ac- 
cufations  &  d'^opprobres. 
1140.  Si  vous  voulez  commettre 

Contre  U     quelqu'un  à  quelque  emploi 
molHIe    des  Ecclefiaftique,  &à  quelque 

"'"  ^'    divine  fonàion  ,  fon  premier 

foin  ,  &  fa  première  deman- 
de fera,  fi  l'on  eft  en  repos 
en  ce  lieu-là  ;  fi  Ton  y  trouve 
avec  abondance  toutes  hs 
chofes  néceflaires  ;  &  s'il  n'y 
manque  rien  de  tout  ce  qu'- 
on peut  défirer  dans  la  voye 
large  du  monde.  Que  dites- 
vous  5  homme  charnel ,  &  que 
demandez- vous  ?  JESUS- 
CHRIST  vous  ordonne  de 
marcher  dans  la  voye  étroite 
&  ferrée,  à  quoi  penlez-vous 
donc  de  vous  enquérir  fi  vous 
trouverez  du  repos  &  de  l'a- 
bondance ?  Votre  maiftre  vous 
commande  de  pafler  par  la 
porte  étroite,  pourquoi  donc 
cherchez-vous  de  grandes 
portes,  &  des  chemins  lar- 
ges f  Y  a-t-il  une  oppofition 
i^  la  voye  de  Dieu  plus  cri- 


RE  s 

hauferunt  puirum  dî" 
vm£  fcientite  pocw 
lum  ;  nonfolum  evo' 
muerunt  qmd  haufe- 
runt 3  fed  O*  contra- 
dixerunt  G*  tranf- 
verjt funt ,  infurgenm 
tes  malediélts  atque 
accttfationious  ,  O* 
opproiriis. 

Si  ai  aliquam  dif- 
penfutionem  vocavc" 
ris  3  auî  aliquid  mi- 
niflerii  divini  injuti' 
gère  volfteris ,  prima 
patim  ej}  folliciîuda  , 
C7'  prima  ffatirrt  ver- 
ha  funt  .*  fî  efl  ihi  re» 
quies  cjub  eundum 
ejî  3  fi  inveniantur 
qu£  neceffaria  funi 
ahwtdanîer  ,  fi  nihil 
défit  eorum  qu£  lata 
ac  fpeciofa  z>ia  de- 
pofcit.  Quid  ais  ,  ô 
homo  ,  quiâ  loque- 
ris  ?  Arflam  viam 
&  anguftam  jujjus  es 
amhuUre  :  utquid  de 
requie  ,  ut  qaicl  de  a- 
bundantia  percontU' 
ris  ?  Ver  angufiamja- 
nuam  tranfire  jujftts 
es  j  Mt  quid  amphs 
requiris  ingrefi'us  ? 
EJi  aliquid  ifi<t  feT% 


ii4r. 

Contif 


ÎJf 


DE   LA  COMPONCTION    t>V   COEUR.        îf<?7 
mutaùone  ftequius  ?    minelle  ?  Y  a-t-il  un  déregle- 
Eff  aliquUipa  per-    ment  plus   pernicieux  ? 
verjîtatedeteriui?  Ceux  qui  fervent  les  Prin- 

Qui  principibus  CCS  du  monde  ,  &  qm  admi- 
f<ecuU  minijfratît ,  ac  niftrent  les  affaires  publiques,  Uchné  &:  la 
reipublicd  negotiii  ne  demandent  point  s'ils  y  p"°',''^'V*!^* 
inferviunt  ,  horum  joiiiront  d'un  grand  repos  j  -'^'^/'^  *' 
wiW  requirunt ,  yê</  mais  feulement  s'ils  trouve- 
tantunJi  num  aliquii  ront  dans  cet  emploi  quelque 
/«fj-t  temporalis  ha-  profit  confidérable,  &  quel- 
^f<ïf  ejus  miliîU  lo'  que  avantage  temporel.  Que 
fHi  ;  (^Morf  y?  hoc  s'ils  reconnoilfent  qu'il  y  ait 
le  moindre  profit  à  faire , 
alors  ils  ne  fuyent  aucun  tra- 
vail 5  ils  ne  font  détournés  p2r 
aucun  péril,  &  il  n'y  a  point 
d'indignité  à  laquelle  ils  ne 
tas  recufatur. .  .7. . .  s'expofent.  Mais  dans  les 
T^os  è  contra  qui  non  emplois  Ecclefiaftiques  ,  ou 
tout  au  contraire  on  ne  doit 
point  chercher  l'argent ,  mais 
la  fagefle  -,  où  l'on  ne  doit 
fendre  qu'au  Ciel  ,  &  non  à 
h  terre  ;  où  l'on  ne  doit  af- 
pirer  qu'à  ces  richcfles  fpiri-- 
tuelles  ,  que  r ail  n'a  point  tues, 
que  f  oreille  n'a  point  oiiies ,  C?* 
qui  n^ont  pas  entré  dans  îe  cotur 
de  r  homme  j  Lors  ,  dis- je  , 
qu'il  s'agit  de  chercher  Us 
chofes  de  Dieu  ,  &  que  nous 
nous  préparons  à  nous  faire 
violence  pour  les  acquérir  , 
nous  pcnfons  encore  au  re- 
pos   &    aux   commodités  de 


foliim  ejje  cognove- 
rint  ,  jam  nullus 
reftigitur  labor  ,  nul' 
Ittm  periculum  -cita' 
tur  ,    nulla  indÎ2:ni- 


pecuniam  qu<erimus , 
fed  fapientiam  :  nec 
terrant  ,  fed  calufn 
fetimus  CT*  ad  c^li 
divitias  fefiinamus  , 
quas  neque  oculus 
vidit  ,  nec  auris 
audivit  ,  nec  in 
cor  hominis  afcen- 
derunt  :  hac ,  in- 
quant  quarentes  , 
CT*  pro  his  ctelo  ipfi 
vim  parantes  in- 
ferre  ,  de  requie  cor- 
foris  percontamur  ? 
F'idè  quant})  miferio 


ra  iiiis  fumm   &   ïavie  prefeme.    Jugeons  paç 


lenfibilité  des 
Chrétiens 
faut  Dkiif 


f^t  0E8      LlVUÉ» 

ià  combien  nous  fommes  plus    mêUiofesi 
lâches  &  plus  miférables  que 
les  gens  du  monde  ! 
1141.  Ceux  quf  aiment  d'une  af- 

<  S-*î"y'^^^  i"'  fedion  purement  humaine  , 
n  ont  d  application  &  depen- 
fee  que  pour  les  perfonnes 
qu'ils  aiment  j  &  lors  même 
qu'ils  font  abfens  ielon  le 
corps,  ils  ne  laiffent  pas  de 
leur  être  prefens  félon  l'ef- 
prit  ;  ne  trouvant  rien  de 
doux  &  d'agréable  en  la  vie  , 
finon  de  les  voir ,  s'ils  le  peu- 
vent j  ou  s'ils  ne  le  peuvent 
pasjde  penfer  à  elles.  N*eft- 
ce  donc  pas  une  chofe  bien 
abfurde  &  bien  ridicule ,  que 
nous  qui  nous  difons  être  en- 
flammés d'un  amour  faint  & 
incorruptible  pour  Dieu  , 
n'ayant  aucun  loin  ni  aucune 
follicitude  pour  celui  que  nous 
aimons  ,  nous  nous  mettions 
encore  en  peine  de  rechercher 
des  chofes ,  qui  non  feulement 
font  incapables  de  nous  aider 


IT43- 


dans  notre  deffein  ,  mais  qui 
font  plutôt  des  obftades  à 
l'effet  de  nos  à^Civs, 

Si  nous  étions  animés  d'un 


Qui  cft  tou-  fîncere   &    parfait   defir  des 
ché  des  biens  ^^^^^  céleftes ,    nous  ne  re- 

de  la  terre  ne  ,     •  '      .  n     j 

îouirapasclesgfle^o^s  ce  qui  paroift  de 
biens  du  cid.  plws  grandcn  çc  nwflde ,  que 


Aut  non  tihi  tt' 
detur  aBfurdttm  ,  ut 
hi  quidem  qui  huma' 
no  amore  flagrant  , 
totam  mentem  fuam  , 
totamque  cogitatio- 
nem  tn  tlUs  habeant 
quos  amant  :  G7*  fi 
abjentes  corporefint , 
cogitatione  tamencum 
illis  funt  :  nec  aliuâ 
aliquid  fibi  dulce  ejfs 
inprafenti  vita  de  pu» 
tant  5  nifi  aut  tpfos 
videre  fi  liceat  :  aut 
fi  id  non  potefl  ,  de 
ipfîs  abfenuhui  cogi- 
tare  :  nos  autem  qui 
amore  fanBo  ,  incor- 
ruptoque  flagramus  j, 
omtjfa  cura  C?*  folU' 
citudine  ejus  quem 
amajnus ,  requirimm 
ea  qua  amorem  no' 
flrum  non  folàm  nil 
juvarc  ,fid  C  imfe' 
dire  plurimum  pof» 
fitnt. 

Cap.  7.  No»  c*- 
deo  quod  aliquis  m^ 
ftrttm  ver  à  GT»  perfe» 
éla  cupiàine  cdefîium 

mtmr  >  Alioqum 


i 


DE  LA  COMFOMCTION  DU  COEUR.  f^9 
9mnia  qux  videntur  comme  des  ombres  &  des  ba- 
gatelles. Car  ceux  qui  conlî- 
derent  autrement  les  chofe^ 
préfentes ,  ne  jouiront  jamais 
de  la  contemplation  de  celle* 
avenir.  Au  lieu  que  ceux  qui 
les  regarderont  avec  mépris  s 
&  comme  ayant  aufli  peu  de 
conlïftance  qu'une  ombre  ou 


tpe  gravia  ,  timbrai 
putaret'  &  rijum. 
Nam  is  quiàem  qui 
frafentia/u/picit  nun. 
^uam  futurorum  cott- 
ttmplatione  donabi' 
tur  :  qui  vero  ijla  ton- 
temmt,  nequefirmio- 
ri  cenfet  in  Jiatu  illa 
*JJ^^  q**àm  umbram 
Vel  /omnium  ,  faalè 
magna  illa  o*  fpiri' 
tualia  confequetur. 

Qhemadmodum 
difficile  eft  vel  poli» s 
omnino  Jîeri  nequit , 
ut  ignii  citm  aqua 
mifceatur  :  ita  nec , 
ppinor  ,  unquam  fiet 
ut  in  unum  delici^ 
confluant  ,  CT*  corn- 
pHnélio  i  funt  enim 
hac  inter  fe  contra- 
ria ,feque  invicem  e 
medio  tollunt.  Nam 
!>£€  quidem  lacryma- 
rum  CT*  fante  mentis 
mater  ejl  ;  illa  vero 
rifus  ©*  infania  :  at' 
que  hac  quidem  ani- 
mam  reddit  levem  O* 
expeditam  :  illa  vero 
flumbo  quovis  gra- 
viorem    ip/am    e^- 


un  fonge,  obtiendront  facile- 
ment la  polfeflion  des  biens 
fublimes  &  fpirituels. 


Comme  il  eft  abfôluraent 
impoffible  que  l'eau  &  le  feu 
fe  puilfent  allier  enfemble  ,  je 
fuis  auffi  perluadé  que  les  dé- 
lices ne  fçauroient  jamais  con- 
venir avec  la  compondion. 
Car  ce  font  deux  chofes  con- 
traires &  incompatibles.  La 
compondion  eli  la  mère  des 
larmes ,  &  de  la  fante  de  l'a- 
me  :  &  les  délices  au  contrai- 
re font  la  fource  des  folies- 
joyes  ,  des  emportemens  de 
rire,  &  des  déréglemens  de 
l'ame  j  car  la  compondion  la 
rend  plus  légère  &  plus  pro- 
pre aux  fondions  fpirituel- 
les  j  au  lieu  que  les  délicet 
l'apefantiflent  5  &  l'abaiflens 
vers  hs  chofes  corporelles. 


1144. 

P-énitenc* 
Se  délices  iiii, 
aliiables» 


ycrtu. 


^00  Des    L  I  V  r 

Ii4<.  Quel  befoin  avons -nous 

La  forcé  du  tles  forces  du  corps  pour 
corps  n'ell  brifer  notre  cœur  ,  pour  of- 
point  nécef-  frir  à  Dicu  une  prière  qui  foit 
faire  four  Ja  p^^e  ,  pour  rappeller  avec 
douleur  nos  péchez  dans  no- 
tre mémoire ,  pour  embrafler 
l'humilité  ,  pour  nous  dé- 
poiiiller  de  l'orgueil  ?  Ce  foiît 
là  les  chofes  qui  nous  ren- 
dent agréables  à  Dieu  :Xt 
quel  travail  &  quelle  afBi- 
dion  de  corps  demandent- 
elles    de  nous  ? 

'il 46.  Repréfentons-nôus    quelle 

sép;ir.nion  fera  la  douleur  des  méchans 
de  Dieu  la  de  fe  voir  exclus  &  rejettes 
plus  terrible  du  royaume  célefte  -,  puif- 
qu'à  mon  fens  elle  doit  être 
bien  plus  fenfible  &  infup- 
portable  que  les  tourmens 
même  de  Fenfer.  Car  quand 
il  n'y  auroitpomt  de  feu  pour 
nous  brûler,  &  que  ces  pei- 
nes éternelles  n'aurcient  pas 
été  préparées  pour  nous  pu- 
nir 5  cette  feule  peine  là  d'ê- 
tre éternellement  féparés  d'un 
Sauveur  fi  miféricordieux  8c 
fi  bon  ,  qui  s'eft  livré  à  la  mort 
•pour  l'amour  de  nous  ,  quia 
tant  foufFert  de  maux  pour 
nous  délivrer  du  fupplice  éter- 
nel ,  &  nous  réconcilier  à  fon 
l^ére ,  que  nous  avions  oflfen- 


de  tous  les 
maux. 


ES 

Quii  eorporii  ©«- 
rlbus  opus  eji  ,  ci*m 
cor  conterere  debea- 
mus  ?  Quid  necefja- 
ridt  futtt  aires  corpo-» 
fis  j  ut  para  Deofun^ 
datur  oratîo  ,  utpec 
catorum  fiât  recorda' 
tio ,  ut  humilitai  af- 
fumatur ,  fttperbia  de- 
pelUtur  .  .  .  IJla  funt 
in  quihus  placeîur' 
Deo.  Qaid  lahoris  ijfay 
quid  ajjiiCiionis  re- 
qmrum. 

Ponamus  ante  ocd» 
loi  i^aanti  doîorii  efl 
excludi  ac  projici  a 
regno  cxUrum ,  cjucfd 
ut  mihi  viàetur  » 
gravius  efl  ipfa  ge- 
beana.  Nam  etfî 
io-nis   ille    non  arde^ 

o 

ret  j  e?»  immortalis 
i'-U  pana  non  effet 
parata  ,  hoc  folum 
quod  nheni  ejficimur 
a  Chrijio  tam  clé- 
mente 5  tam  benigno  , 
qui  er  feipfum  pro 
nobis  in  mortem  trU' 
didit ,  CT"  omnia  paf- 
fus  efl  ,  ut  ab  lUo 
nos  fupplicio  libéra^ 
ret  5  fioque  reconci- 
liaret  Fatri  peccalis 
nbflrii 


DE  LA  COMPOKCTION  DU  COEUR.   60l 


ftoffris  infenfo ,  CT* 
excludimur  à  bonis 
étternis  ,  nonne  omni 
fœnâ gravlui  dicere- 
tur ,  CT*  ad  erigendas 
animai  at^ue  adfpem 
fnfficerct  incitandas  ? 


Non  tàm  loqua- 
mur  compunéJionem 
cordis ,  quàm  patia- 
mur.  Quoniam  doce- 
re  e?*  nonfacerej  non 
fûlàm  liicri  mhil  ^fed 
eiiam  damnt  pUri' 
mum  confen. 

Lib.    2.  cap.  2. 
Ingentis    phiîojophi^ 
ejf  ,    hoc  ipfum  »   ut 
ntundum  fibi    putet 
aliquis  ejfe  mortuum  j 
mitlto  autem  majoris 
ej} ,    ut    CT'  feipfum 
ijuis    putet  mortuum 
imundo  ,     q^uem  Jïbi 
mortuum   priùs    ejje 
crediderat.     Hoc    tn 
femet  ipjo  Tau'm  o- 
pendity  quià  non  tan~ 
tt)m  abeffet  à  terre^ 
tjis  fenjîbus  ,  cjuan- 
iùm  viventes  homi~ 
nés  à  corporihui  mor" 
tuis  i  fed    quantum 
/lif/unt ,    nec  feniire 
Tom.  I. 


fépar  nos  péchez  :  Cette  feu- 
le penfée, dis- je,  d'être  exclus 
des  biens  céleltes ,  n  eft-elle 
pas  plus  infuportable  que 
toutes  les  peines  fenfibles,  & 
neft-elle  pas  capable  d'aiii- 
mer  nos  efprits ,  &  de  nou$ 
infpirer  le  délîr  &  refpérance 
de  notre  falut. 

Appliquons  -  nous  plutôt  à 
reifencir  la  compondion  du 
cœur,  qu'à  en  parler.  Car  dire  compona^jn 
&  ne  faire  pas,  non  feulement  f^'J'H  '^ 
eft  inutile ,  mais  même  très-  ^^^^  i^  ^ou. 
pernicieux,  che. 


1 1 47. 

Avoir    lu 


C*eft   un  fentiment  digne       1148. 
de  la  Philofophie  d'un  Ch:é-      Etre   mort 
tien  de  confidérer  le  monde  à  l'cgird  du 
comme  mort  à    nous  ;  mais  "^°"^- >    "/-^* 

c'en  eft  un  encore  plus  faint  ^°;i"^^n^°^'-- 

-,        M      '     j        ^  a""i  a  notre 

&  plus  cleve,  de  nous  regar-  c'^ard» 

der     nous  -  mêmes     comme 

morts    à    ce   même   monde, 

que  nous  avons  déjà  regardé 

comme   mort  à   nous.    C'eft 

ce   que  le    grand   Apôtre    a 

marqué  en   la  peribnne ,    ea 

faifant   voir    non    fi^ulement 


qu'il  n'étoit  pas  plus  touché 
des  chîjfes  terreftres 


3  que  les 
font   des 
qu'il  y 
étoit  aulïi   peu  fenfible    que 
des -corps  morts  mêmes  le  fonc 
Eee 


hommes  vivans   le 
corps    morts  s    mais 


éoi  Des    L  i  v 

pour  d'antres  corps  morts.  Car 
encore  qu'un  homme  vivant 
(bit  incapable  d'avoir  de  la  cu- 
pidité pour  un  corps  mort ,  il 
eft  certain  néanmoins  qu'il  a 
pour  lui  quelque  fentiment , 
loit  d'admiration  pour  fa  beau- 
té, foit  de  compalïion  pour  fon 
malheur;  &  qu'il  en  eft  fou- 
vent  touché  jufqu'aux  larmes. 
Mais  un  autre  mort  eft  inca- 
pable de  jamais  avoir  aucun  de 
ces  fentimens. 


1 1 4^.  Quiconque  fe  plaît  dans  les 

Dieu  cache  choles  préfentes  &  périffables, 
U  connoiflan-  eft  incapable  de  contempler 
çs  Se  le  goût  les  fpirituelles  &  les  céleftes. 
des  biens  du  j^j^^^  ^gi^j  y|  j^^  regardera 
ciel  .  a  ceux  i        »  •  ^  i  i 

qui    s*atta-    ^^^   Dieus  temporels  qu  avec 


des 


chent  aux  mépris ,  «  comme  aes  om- 
bicns  de  la  bres  &  de  la  poufîiere  ,  s'c- 
tcrrc.  lèvera  facilement    à   la  con- 

templation des  biens  éternels. 
Et  en  effet  nous  voyons  que 
les  pères  n'ont  pas  accoutu- 
mé de  donner  connoiflance  de 
leurs  biens  à  leurs  enfans  ,  & 
de  leur  ouvrir  leurs  tréfors  , 
qu'ils  ne  les  voyent  dans 
un  âge  mûr  j  &  bien  reve- 
nus des  déréglemens  de  la  jeu- 
nefle.  Ainfi  famé  eft  incapa- 
ble d'être  touchée  de  la  beau- 
té dçs  biens  du  ciel  ,  jufqu'à 


RE  6 

pojjftnt  moriul  mot» 
tuos.  Qui  enim  vi' 
vit  y  etiamjî  ipfe  non 
pQteji  mortuum  coftctê* 
pifcere  ;  tamen  vel 
fentire  fotejl  ,  vel 
mirari  adhuc  Jpeciem 
décor i s  defunfii  ^  vel 
mifereri  &  iachry- 
mas  fundere.  Que 
autem  O*  ipfe  defun^ 
fîus  eft  y  ergà  mor* 
tuum  ne  hune  quim 
dem  habebit  affe- 
éîum. 

Nemopotefteorum 
qui  deleiiantur  pra» 
fentibus  O*  caducisj^ 
cœUftia  ac  fpirituai- 
lia  contueri.  Qui  ve» 
ro  ifta  contempferit , 
&  velut  umbram  ac 
puherem  htec  duxem 
rit  y  velocius  ad  ilU 
perveniet.  Nam  O* 
apud  homines  hie 
mos  eft ,  ut  tùm  the- 
faurosfuos  reconditçs 
patefaciantfiliiifuis , 
cùm  eos  jàm  adulto$ 
viderint ,  C7*  pueri- 
lis  lafcivi£  vitia  ref" 
puifje  ,  , .  ità  Zy  ani'* 
ma  nifi  priùs  didice- 
rit  contemnere  ter" 
ren^ ,  co^leftia  niir^^ 


DE  LA  COMPOSCTION  DU  COEUR;  ftOj" 
W  nonpoterh:  c  «  ce  quelle  ait  appris  à  mépri- 
centra  donec  terrena 


tntratur  ,  necejja.no 
fixlejlia  Jpernii. 


Cap.  3.  Requi' 
rendum  eftjîlentium, 
requirenda  quies  , 
non  folàm  locorum  ^ 
fedç^  animi  ac  pro- 

poJîU fi  enim 

propofiium  quïetisge» 
rat  quis ,  nec  in  ur- 
his  bahitatione  tur- 
habitur  ;  fient  O* 
heatus  David  qni  non 
folàm  in  urhe  pofitus 
erat  ,  fed  ZD*  regni 
curai  JolUcua  admi- 
niflratione  traGahaty 
G*  tamen  mnlto  ar^ 
Àenliçr  in  compttn- 
Mione  cor  dis  erat  y 
tfuàm  ht  qhi  foiuu" 
aines  videntur  /;d- 
hitare. 

Cardin  C9mpuné}ia 
facit  horrefi ère  pur- 
pur  am  y  défi  der  are 
ciUcium ,  amare  la- 
chrymas  ,  fugere  ri- 
fum,  Sola  ej}  cordis 
compunfîio  qu<e  peut 
ignis  omne  anim<e 
z/i$ium  permit  4£  ar. 


fer  ceux  de  la  terre  j  comme 
au  contraire  tant  qu'elle  eôi- 
mera  ceux  de  la  terre ,  elle 
n'aura  que  du  mépris  pour 
ceux  du  ciel. 

Pour  être  touché  des  cho-       llfo. 
fcs  de  Dieu ,  il  faut  chercher      silence   & 
le  filence  &  le  repos  non  pas  foli"i«^e  ,  fur 
tant  des  lieux,  que  du  coeur.  *^"^f".'^^"': 
Car  11  nous  portons  en  notre  p^nUent, 
ame  un  defir  &  un  amour  fin- 

cere  du  repos  ,    nous  ferons 

exempts  de  trouble  au  milieu 

même  des  villes.    David  noa 

feulement  faifoit  fa  demeure 

dans  une  ville  ,  mais  étoit  ou- 
tre  cela   chargé   de  tous  les 

foins    qu'entra'îne    néceifaire- 

ment   avec    (oi    l'adminiftra- 

tion  d'un  royaume  *,    Et  ce- 
pendant fon  cœur  étoit  plus 

enflammé   de  l'ardeur  de  la 

compondion  ,    que  ne    font 

ceux  qui  habitent  les  plus  af- 

freufes  folitudes. 


Saints  effets 


La  compondion  du  cœur 
demande  de  nous  de  Taverfion 
pour  la  magnificence  des  ha-  de  la  compta 
bits  y  nous  fait  choifir  les  plus  ^^°^- 
vils  &  les  plus  rudes  ,  nous 
infpire  l'amour  des  larmes,  & 
nous  fait  fuir  les  ris  &  les 
divertilfemens.  Elle  eft  com- 
me un  feu  qui  brûle  &  con- 
tée ij 


é[p4  Des    L  I  V  r 

fume  tous  les  vices  de  notre 
ame  j  &  qui  la  purifie  de  tou- 
t-e  b  corruption  qu'elle  a  con- 
iradée.  Elle  eft  comme  un 
fleuve  qui  par  l'abondance  de 
Tes  eaux  éteint  les  fiâmes  les 
plus  ardentes  de  nos  convoiti- 
fes  :  Elle  eft  comme  ce  foiiet 
dont  notre  Seigneur  fe  lervit 
dans  le  temple  ,  qui  bannit  de 
notre  ame  toutes  les  foUicitu- 
des  ,  &  tous  les  troubles  du 
jnonde  :  Elle  eft  comme  un 
vent  impétueux,  qui  cha^e  de 
notre  cœur  toute  la  poudre  & 
toutes  les  ordures  de  nos  mau- 
vaifes  penlées.  Et  en  effet  ,  il 
Tamour  prophane  eft  fi  puif- 
fant  dans  un  cœur  qui  en  eft 
une  fois  poii'edé  ,  qu'il  le  re- 
tire de  fes  occupations  les  plus 
néceiraircs  ,  &  l'oblige  à  fe 
donner  tout  entier  à  l'objet 
qu'il  aime,  pour  ne  s'appliquer 
qu'à  lui  fcul  ;  comment  l'a- 
mour de  JeSUS-CHRIST  au- 
roit-il  moins  de  force  fiir  no- 
tre ame  ,  pour  la  retenir  de 
tonte  autre  application  &  pour 
l'attacher  comme  avec  les  liens 
de  fes  defirs  à  cet  objet  divin 
&  infiniment  aimable  ? 


ES 

dimit,  &  quanta^ 
cumque  in  ea  repère' 
rit  mala  ,  abfiergit 
univerfa  ÇT*  penitùs 
delet,  Concupifcen- 
tiarum  flammas  Jt 
invenerh ,  ut  fiuvius 
inundam  exiinguit  i 
curarum  multitudi' 
ries  C?*  perturbation 
ms  fi  videat  ,  velut 
flagella  quodam  ex» 
turbat  O"  ^jf'^g^t  j  ^c 
ficut  ptilvis  non  potejl 
ftare  amè  factem 
vetni,  ità  nihilma' 
larum  cogitationum 
tn  anima  refiderepo- 
tefly  ubt  compur.Cîio 
cordu  ajfltterit.  Si 
enim  corporalis  amor 
ità  devindamfibt  te- 
net  animam ,  ut  ah 
omnibus  eam  necejjk' 
riis  aélibui  cogat 
abfcedere  ,  G?*  illi 
foli  quem  amat  ope* 
ram  dare  ,  atque 
in  ejus  cogitât  ion e 
fixam  teneri  j  quo- 
modo  non  amor 
Chriflî  ab  omnibus 
reliquis  abjîrabit 
cnimam  ,  fibi<jue 
confociat  ae  defideril 
f4  vincHlisJiringitf 


De   la  CoMPONcrioH   du  coeur. 


La  vraye  compondion  d'un 
cœur  humilié  confiée  à  faire 
de  grandes  chofes  &  à  parler 
d'une  manière  humble  ;  à  pra- 
tiquer les  œuvres  de  juftice  8c 

fflufqttam   ffeccatores    à  trembler    plus  que  les  pé- 

ttmere  actremere.  cheurs. 

Iniquitates  fi  ob*         Si  vous  examiney^  les   iniqui- 

fervaveris    Domi-     ^^X^  Seigneur  ^  qut  eji  •  ce    qui 

ne  ,  Domine  quis    fourra  foâtenir  votre  jugement  ? 


Gap.  5.  H^c  eji 
humiliati  cordis  vera 
compunclio  ,  magna 
agere  C  humilia  lo- 
qui  ijufiaoperari  CT* 


fuftinebit  ?Noverat 
enim  CT*  valdè  nove- 
rat  David  ,  quia  in 
muhis  critnimhus  ob- 
noxiifumus  Deo ,  CT* 
quià  etiam  parva 
feccata  C7'  ea  etiam 
de  quibus  itec  fufpi- 
camitr ,  deducentur 
adjudicium,  O* gra- 
vi fu(fpli(io  damna- 
httntur. 

Cap.  6.  Hic  ej} 
effefius  fervi  fidelis  3 
ut  bénéficia  Diii/ui 
qu£  communtter  data 


Qnand  David  parloit  de  la 
forte  ,  c'cft  qu'il  connoifl'oit 
fort  bien  que  nous  fommes 
coupables  devant  Dieu  d'une 
infinité  de  péchés  :  &  que  ceux 
qui  paroiffent  les  moindres  , 
&  que  fouvent  même  nous  ne 
voyons  pas  ,  nous  feront  un 
jour  rcpréfentez  dans  le  ju- 
gement ,  pour  en  être  châtiés 
avec  beaucoup  de  rigueur. 


Marques  d« 
la  componc- 
tion. 


Rigueur  du 
jugement    a* 

venir. 


C'eft  le  feritiment  d'un  vrai 
&  fidelle  ferviteur  de  J.  C.  que 
de  confidérer  les  bienfaits  don- 
nés à  tous ,  comme  s'ils  n'é- 
funt  omnibus  qttajî  toient  que  pour  lui  j  &  de 
/îbi  foli  pr<ejlita  re-  s'en  réputer  lui  feul  redeva- 
ble, comme  s'il  devoit  répon- 
dre pour  tous.  C'eftainfi  que 


fut  et  y    CT*  quafi  ipfe 

fit  omnium  débiter  y 
O*  pro  omnibus  ipfe 

folus  obnoxtus  habea- 
tur.  Hoc  fecit  Çp* 
Faulus  qui  mortem 
Dni  CJP'falvatoris  no- 

Jiri  q»^  pro  univerfo 


Cliacun  doif 
avoir  pour  J. 
C.  la  même 
recoonoilLin  - 
ce  ,  que  s'il 
n'étoit  venu 
que  pour  lui 
eupariicuUtr. 


S.  Paul  en  a  ufé  en  regardant  la 
mort  dejESUS-CHRIST 
qui  s'eft  offert  pour  tout  le 
monde ,  comme  s'il  ne  s'é- 
toit  offert  que  pour  lui  Çeul, 
Car  voici  comme  il  en  parle 
£ce  ii) 


'ic6  ï)  E  s      IL  ï  V  R  t  5 

en  fingulier  ;  Si  je  vis  mainte'    expenfa 
TJant   dam    ce   corps    mortel ,   j'y 
zis  en    la  fui    du   Ftls    de   Dieu 
qui  nia  Airr.é ^  CT*  c^ui  {tjï  livré 
lui  -  même  à  la  mort  pour  moi- 
Ce  n'eft  pas  qu'il  veuille  ref- 
ferrer  la  profufion   des  bien- 
faits âi\  Sauveur  qui  ont  inon- 
dé toute  la  terre  j  mais  c'eft 
^u'il  le  conlîdéroit  ainfi  que 
je  l'ai  dit ,  comme  chargé  lui 
ieul  des  obligations  coramu- 
nes  ,  &  qu'il  s'efforçoit  d'inf- 
pirer  à  chacun  des  hommes  des 
fentimens     lemblables      aux 
iiens.  Et  en  effet ,  ii  jESUS- 
CHRIST  ne  fût  venu  au  mon- 
de que  pour  un  (eul  homme  , 
non  feulement  la  grâce  qu'il 
lui  auroit  faite  n'en  feroit  pas 


moindre ,  mais  elle  en  paroi- 
troit  encore  plus  fignalée.  Et 
pourquoi  cela?  Parce  que  JE- 
SUS-CHRIST auroit  témoigné 
avoir  pour  lui  feul  un  auffi 
grand  amour  &  un  auffi  grand 
foin ,  que  le  bon  Palpeur  en 
fit  paroître  pour  cette  brebis 
unique  qu'il  avoit  perduL*. 


Agir  pure- 
mène  pour 
Dieu. 


Vous  faites  une  chofe  qui 
plaît  à  Dieu  ,  &  vous  en  cher- 
chez  d'autre  récompenfe  ?  Il 
faut  peu  connoître  pour  cela  , 
quel  biea  c'eû  que  de  plaire 


rj?  mundo  , 
fibi  foli  pr^ejlham  di" 
cit  :  (jnajî  enim  defe 
folo  loquens  ,  itàfcri* 
hit  :    Quod  enim 
nuncvivo  incarne, 
in  fide   vivo  Filii 
Dei ,  qui  tradidit 
femetipsù  pro  me. 
hac  dicebatnon  coan» 
gujfar:  volens  amplifi 
fima  ^perorhemter' 
ra  dijfuja  Chrtjii  msf 
nera  s  fed  quafi  qf*i 
ut  diximm,  pro  orti" 
mhusfefolum  judica» 
retûhtoxi'Am;0'  uni- 
cuitj:perft*adere  veU 
Ut  5  Mt  non  aliter  af^ 
fefîus  fJJet.NamJî  vel 
nnitis  hominis   canfa 
veni(?et  Chripus ,  non 
folùm  nihil  hac  ratio- 
ne  heneficium  immt- 
nusremr ,  fed  etiam 
majtts        appareret. 
Quid  ità    ?   Nempè 
quod   tantum    exhi- 
huijfefudimn  videre» 
tHT  ,   quantum  is  qui 
unam  ovem  quafivit. 
Tu  prspas  aliquid 
quod  Deo  placeat  y  ZJ* 
aliam  mercedem  re^ 
quiris  ?  f^erè  ignorai 
quantitm  bonijîtpU'* 


De     la    COMPONCTIOU     Dû     COEUR.       607 

iiveDeo.Sienimfci'  à  Dieu  :  car  fi  vous  le  con- 
noiffiez  ,  vous  n'en  cherche- 
riez jamais  ailleurs  d'autre  ré- 
tribution &  d'autre  prix.  Ne 
fçavez  -  vous  pas  que  votre 
récompenfe  en  fera  plus  gran- 
de 5  quand  vous  n'agirez  pas 
dans  la  vue  de  la  récompen- 
fe 5  mais  par  an  pur  denr  de 
plaire  à  Dieu  ?  Et  ne  voyez- 
vous  pas  tous  les  jours  parmi 
les  hommes ,  que  Us  maîtres 
aiment  particulièrement  ceux 
d'entre  leurs  ferviteurs ,  qui 
ne  \ts  fervent  pas  tant  par  in- 
térêt ,  que  dans  le  deifein  de 
leur  plaire  ? 

Il  eft  bon  de  rappeller  dans     ^\  [J^^;^^,.^ 
notre    mémoire    nos    pèches  ^  ç^^  péchés 
paires,  &  ceux-là  mêmes  qui  pour  s'exciter 
nous  ont  déjà  été  pardonnes  5  à  U  compon- 
'tutifumus  i  utintuen-    afin  qu'en  faifaot  léfiéxion  fur  "on, 
la  grandeur  de  la  dette  que 
Dieu  nous  a  remife ,  cela  nous 
porte  â  l'en  aimer  davantage , 
à  nous  confondre   de  Pavoj? 
fimUi  ,  verecundiam    tantoffenfé ,  &  à  en  concevoir 
de  plus  vifs  fentimensde  com- 
ponftion  ;  en  confîdérantque  fi 
fa  miféricorde  ne  fe  fût  éten- 
due fur  nous  pour  nous  fecou- 
rir,  le  poids  énorme  de  tant 
de  péchés  nous  auroit   abi- 
mez  au  fond  de  l'enfer.  C'eft 
pourquoi  faint  Paul  ne  per- 
doitpas  lefouvenir  des  fautes 
£ee  iiij 


r«,  nunquam  aliud 
ttliquid  extrinfecus 
mercedis  aut  munerts 
expeclares.  Ne/ci  s 
ijuià  major  augetur 
tib't  merces  ,  ijuando 
non  fpe  mercedis  ope^ 
mris ,  fed  JîadiopU- 
cendi  ?  Aut  non  Z'ides 
quomodo  C?*  api*d  ho- 
tnines  illi  maxime fa- 
muli  diligttntur ,  qui 
^on  tàm  accipere  4- 
Utêd  à  dominis ,  quàm 
f  lacère  eis  ^  obedi- 
te  gefliunt. 

Cap.  7.  Oportet 
nos  recordari  prtora 
de  H  fia  y  etiameapro 
qmbm  ventam  confe- 


tes  qudm  tngentem 
imodttm  dehiti  remijît 
^obis  Deus ,  CT-  am- 
plius  eum  diligerepof' 


pudoremq;  concipere 
ut  que  compungi;  con- 
Jtderantes  quod  nifi 
mifericordia  ejusfub- 
t^enijfety  tantumillttd 
feccatorum  pondus  fi' 
ne  dubio  nos  in  imis 
inferni  pcenis  prejjij- 
fi$,  iuulas  €r^  etiam 


éoS  Des 

mêmes  que  l'indulgence  di- 
vine  avoit  déjà  détruites  en 
lui  :  Mais  nous  au  contraire  , 
nous  oublions  celles  que  nous 
avons  commifes  depuis  le  bap- 
tême 3  &  nous  ne  nous  fouve- 
nons  plus  de  ces  crimes  qui 
nous  menacent  de  la  damna- 
tion ,  &  qui  nous  tiennent  en- 
core liés  de  leurs  chaînes.  Que 
s'il  nous  arrive  d'y  faire  quel- 
que réflexion  en  palfant  ,  & 
d'en  être  quelquefois  en  pei- 
ne 5  cette  peijfée   s'échappe 
bien-tot  de  notre  mémoire  , 
&  nous  paffons  incontinent  à 
une  autrej  fans  que  notre  cœur 
.  en  foit  jamais  touché  &  affli- 
gé, Tefpace  feulement  d'une 
heure.  Et  c'cft-îà  la  caufe  de 
tant  de  péchés  que  nous  ajoû- 
tons  tous  les  jours  les  uns  fur 
les  autre»,  faute  de  faire  une 
férieufe  réflexion  fur  ceux  que 
nous  avons  déjà  commis ,  & 
d'en  concevoir  une  aifez  vive 
couleur  pour  les  confumerdaiîs 
le  fond  de  notre  conîcience. 
II 57.  C'efl:  aifez  aux    perfonnes 

S'exciter  à  faintes  &  vertueufes  pour  leur 
la  componc-  infpirer  la  compondion  du 
tion  P'ir^^e  cœur,  de  fe  fou  venir  desbien- 
faits  de  Dieu,  &  de  lui  attri- 
buer à  lui  feul  &  non  pas 
à  eux ,  toute  la  gloire  de  leurs 
bonnes  œuvres.   Et  il  leur  fuf- 


fou venir    des^ 
grâces    re- 
mués. 


Livres 

ilU  meminerat ,  quA 
peremerat  indul^en- 
tia  :  nos  veto  nec  ijla 
recordamttr  qu<e  poft 
hapu/mum   commifî' 
mm  in  qmhtts  uttque 
periculum  nohis  fat- 
Z)um  efl  ^  Z^  reos  nas 
atqtte  tn  VtncuUs  pa* 
Jtios  tenent.   Quoi  fi 
aliqttanào  ad  recsr- 
duîionem  venenmtis  ^ 
^  viji  fuerimns  pas*- 
lnium  indè    cogitarc 
CT*  ejje  folltciîi  ,  JÎ4- 
tim  efftigit   cogitatia 
CT*  tranfimus  ad  alla  > 
CT*  nec  intégra  qui^ 
dem     hora   pattmur 
animam  nojiram  af~ 
fiiâioue  mœroris  ejus 
aflringi.    Btc  igitiif 
caufa  eji  quod  maiis 
addimus  mala  >  dum 
priorum  memorianon 
permunet  3  nec  dolcr 
aïiqttis  inuritur  pro 
confcientia  deliflï, 

Sitffiiit  magnis  O* 
fandis  fîcut  vos  épis, 
ad  compunélionem 
cor  dis  ,  recordari  di- 
vina  bénéficia  ,  ct* 
operum  veftrorum 
gloriam  non  vobis 
i^fii    ajfgnare ,  feê 


De  l\  Componction  du  coeur.  609 
Deo.  Sttjjicit  ficubi  fît  de  confidérer  la  plus  petite 
velparum  aliquidvos  de  leurs  fautes  ,  quand  il  y  en 
latuit  ,  quanto  vos  auroit  d'autres  qui  leur  de- 
ma^ni  ejlis  ,  tanto  meureroient  cachées,  pour  la 
td  velttt  à  magnis  Vf-  juger  d'autant  plus  griéve  , 
ris  commijjum  gra-  qu'elle  aura  été  couimife  par 
vm  judicare.  des  perfonnes  qui  font  profef- 

fion  d'une  plus  exafte  piété  , 
&  qui  ont  reçu  de  plus  gran- 
des grâces. 

DE    DIVERS    TRAITES. 


De  provid.  lib.  i. 
cap.  4.  Qui  immi' 
nere  fibi  cernit  ini- 
micum  j  majori  ad  il- 
lum  cmrit  dejîderio , 
à  qtio  defendi  pcjjh. 
Jtà  ferè  pueri  cum 
quid  horrendum  vi- 
derintyad  matrum  fi' 
nus  protinus  fitgiunt 
. . .  quando  enim  ma- 
Itgms  tlle  perterret 
nosacpertttrbiit,  tune 
frugi  ejficimHr  >  tmic 
nostpfos  agno/cimusy 
tune  ad  Deum  omni 
Jlhdio  recurrimus. 

Cap.  6.  Mors  nos 
Zy  corruptiojêquttut 


QUand  nous  voyons  no-       it^9. 
tre  ennemi  prêt   à  fon-     Recourir 
dre  fur  nous ,  c'eil  alors  que  promptemens 
nous  avons  recours  avec  plus  f  ^^^"  /^^"f 

,,  „-  >         1    •  •  U  tentation  oc 

d'empreilement  a  ce  "i  qui  ^^^  ^^^^^^^^^ 
nous  peut  défendre  :  lembla- 
bles  aux  petits  enfans  ,  qui 
lors  qu  ils  lont  effrayés  par 
quelque  objet  fuiprenant  qui 
fe  çrélènte  à  eux  ,  s'tnfuyent 
aufli-t^  au  fein  de  leurs  mè- 
res. Ainfî  quand  le  démon  nous 
épouvante  &  nous  trouble, 
nous  en  devons  devenir  meil- 
leurs 3  rentrer  en  nous  mê- 
mes pour  nous  mieux  con- 
noitre  ,  &  avoir  recours  à 
Dieu  avec  plus  d'ardeur. 

En  attendant  le  tems  au-      n^P» 
quelles  promefTes  de  Dieu  fe  .Efpércrtoû- 

npnvpnf  arromt^lir  .  nous  fom-  J«""   ^^-^^S^*^ 


CT*  pocna  cr  fi^ppU-    peuvent  accomplir ,  nous  fom- 


éro        De    divers    Tr 

tout    ce  qui  mes  expolés  à  des  tentations 
trouble  notre  continuelles,à  mille  douleurs, 
erperancc.      ^  ^^^  infinité  de  peines,&  enfin 
à  la  mort  &  à  la  corruption. 
Pourquoi    pcnfez  -  vous   que 
Dieu  en  ufe  ainfi  envers  nous, 
&    qu'il    foufFre    que    nous 
voyons  ici  arriver  des  chofes 
qui  paroiflent  contraires  à  Tes 
promeifes  j    finon    afin    d'en 
tirer  deux  grands  biens  pour 
nous  :   L'un  de  nous   donner 
par  -  là    une    grande    preuve 
de  fa  puifl'ance,   en  ce  qu'il 
fçait  accomplir  ce  qu'il  a  pro- 
mis, lors  que  nous  avons  moins 
fujet  de  nous  y  attendre  &  de 
Telpérer  :  L'autre  de  nous  ap- 
prendre à  avoir  plus  de  foi  & 
de  confiance  en  lui  ,  encore 
que  les  événemens  paroifient 
contraires  à  nos  efpérances  : 
fçachant  que  la  vertu  de  l'ef- 
pérance  confifte  à  être  pleine- 
ment peifuadé  ,  que  quicon- 
que s'attache    lîncerement  à 
Dieu  5  ne   peut  jamais   être 
confondu. 
Ili^o.  Ceux-là  s'éloignent  de  Dieu  , 

Nepasmur-qui  ne  peuvent  foufïrir  les 
?^rt°A-  *^^"^  châtimens  qu'il  leur  envoyé 
laffliaion.     p^yj,  ig^  corriger  ^  mais  qui 

s'en  irritent  &  qui  en  murmu- 
jj^j       lenc. 
UciUté  des      L'augmentation  de  nos  pei- 
cribuiations.  nes  nousTeraiw  jour  lui  fur- 


A  î  T  E  s. 

««m,  €?•  tentationèi 
varite  ,  atqtte  perpé- 
tua.  Cujus  ergo  rei 
gratta  hocfacit  Dem^ 
permittitque  contra- 
rta  promtjps  adveni- 
re  ?  Nimimm  m  en 
hoc  duo  maxima  bo- 
na  eliciat  ,   dum  ex 
aller 0  certijjimum  po- 
tentid    ipjîus    argn- 
vnentum     capimus  ', 
quodfcilicetpojfit  def- 
pératifjîma    promijfa 
ftta  5   fpe  atqiin  opi- 
tjfone  meliifs  perfice- 
re  :  ex  altero  arttertt 
noflroi  animoi   ertt* 
dit  j  cunEla  fibi  cre^ 
dere  jidtUter  j    etfi 
diûisfafia  contraria 
videantHT  emergere  t 
quippefpei  virtus  e- 
jufmodi  eft,   ut  eum 
qui  Jîncerè  illi  adhtg' 
reat ,  nunquàm  cori- 
furnJU  permittat. 

Elongant  fe  à 
Dec,  qui correŒo- 
nés  illius  non  fufli' 
nmt ,  fed  irafcuntur 
atque  indignantur: 

Aijedio  laborum^ 
incrementHW  prxmio' 


£)  E      C  I  V 

fufti  efl  ,  acfirmifjt- 
tnum  mummen  no' 
fi'Hm,  ijuo  freti  w««- 
qitàm  five  fponte  fi- 
ve  etiam  invtti  cor- 
ruamus.  Naynquefa- 
fium  itc  tumorem  ani- 
ntorum  comf>rimit  , 
negligenliam  avertit, 
prudentiorefcfue  ac  re- 
ligiofiores  effiat.Pror' 
ftts  vero  ft  quii  enu- 
fnerare  velit ,  pluri- 
ma  teutationttrn  emo- 
hmenta  reperies  : 
fiullufque  unqtiàmex 
hii  qui  Deo  maxime 
chari  atque  acupta- 
hiles  fîterunt  ,  fine 
prejjurisvixit ,  etiam 
fi  non  ftà  nobis  vi- 
Heautr» 


Cap.  7.  Bocfolum 
nobis  perfuadere  de- 
hemm^  omnia  nobis 
militer  à  Deo  inferri, 
non  jam  ampliui  iii- 
quirentes,  neque  hu' 
jusignorationes  gra- 
Zfiter  vel  cttm  mœrore 
ferentes.  Neque  enim 
fojfibileeflijlafçirst 


ERS    Traite' S.  ^lî 

croît  de  récompenfe  i  &  en 
attendant  elle  nous  fert  com- 
me d'un  fort  rempart  contre 
toutes  fortes  d'attaques  ,  & 
d'un  ferme  loùtien  qui  nous 
préferve  de  toutes  chûtes  , 
foit  volontaires  foit  involon» 
taires  :  parce  que  les  peines 
que  Dieu  nous  envoyé  en  ce 
monde  répriment  notre  or- 
gueil, excitent  notre  parefle, 
réveillent  notre  prudence  , 
&  raniment  notre  piété.  Que 
fi  l'on  vouloit  examiner  en 
particulier  tous  les  avantages 
que  nous  pouvons  tirer  des 
tribulations  5  nous  en  trouve- 
rions une  infinité  d'autres  qui 
ne  font  pas^  moindres  j  auiîi 
faut  il  remarquer  que  nul  de 
tous  ceux  qui  ont  été  agréa- 
bles à  Dieu ,  n'a  été  exempt 
de  tentations  &  de  peines  du- 
rant cette  vie ,  quoique  cela, 
n'ait  pas  toujours  paru  aux 
yeux  du  monde. 

Nous  devons  être  perfua- 
deï  que  tout  ce   que  Dieu 

bien  ,  fans  en  exammer  plus  y^\^^  ç^^ 
particulièrement  les  raifons ,  nous» 
&  fans  nous  inquiéter  de  ce 
que  nous  les  ignorons;  Puis 
qu'il  n'eft  ni  poffible  à  ^ts 
mortels  y  ni  même'  utile  à 
des  orgueilleux  de  connoitrç 


Adorer    fo 


éi%        De    divers    Tr 
toutes  les  raifons  de  fa  con 
duite  fur  nous. 


,'  r. 


>>•  e    point 
inquiéter 


A  1  T  E 

neque  utile  :  ilîui 
qui  à  mortales  fumus, 
hoc  quiàato  in  arra^ 
gantiam  extoiUmur, 
Cap.  8.  Siproca» 
ptt»  nojiro  his  qui  hit- 
jufmodi  curiofî  /uni 
refpondere  necejjk" 
riumjh  >  rationerrh- 
que  aliqttam  ajferre  , 
ilUd pnmitm  dixerity 
indignum  ejje  quxre» 
te  y  cur  boni  m  pref^ 


S'il  étoit  néceflaire  de  ré- 
pondre félon  notre  peu  de  ca- 
pacité ,  à  ceux  qui  ont  tant  de 

pourquoi  les  curiofité  de  fçavoir  les  raifons 

bons  font  ici  ^^  j^  conduite  de  Dieu  fur  les 

fl!!!r'^"L  ^  '  hommesjje  leur  dirois  vnemie- 

nigez    &    les  ''  ,-,    n  •     j-  ^ 

p-cheurs  heu-  rementjqu  il  eit  indigne  a  ceux 

tcux.  à  qui  Ton  a  fait  connoître  le 

royaume  du  ciel ,  &  les  récom- 
penfes  qui  nous  y  attendentjde   ff*/is ,  mali  contra  i» 
s'enquérir  pourquoi  les  bons    requie    per/îjîam 
font  fouvent  dans  l'affliftioa 
en  cette  vie  ,  &  les  méchans 
dans  la  profpérité  &  le  repos. 
Car  étant  une  fois  pcrfuadez. 
que   chacun  recevra  dans   k 
vie  future  le  bien  ou  le  mal 
qu'il  aura  ici  mérité ,  pour- 
quoi nous  mettons  -  nous  en 
peine  de  tout  ce  qui  peut  ar- 
river aux  bons  &  aux  méchans 
durant  celle-ci  ? 
11^4.  Djeu   a  permis  que  quel- 

Dieu  hifïe  ques-uns  de  ceux  qui  paroif- 

tomber  les  E-  fojtnt  marcher  dans  le  che- 
pour  lesp^jj^jg  la  vertu  ,  foient  tom- 

relever  enies  ^^^     lorfqu'il     leur     eft    fur- 

venu  des  tentations ,  afin  de 
leur  apprendre  que  leur  ver- 
tu ne  venoit  pas  d'eux-mê- 
mes, mais  de  fa  grâce.  Que 
û  Ton  dit  qu'il   leur  auroic 


lus 

rel( 
humiliant. 


c/lefii  jum  revelaîo 
regno  ,  futuriqueft^ 
culi  pr<emio  nchts  0- 
Jtenfo.  Nam  cum  irp 
tUavitâJînnttU  digna 
fuis  mentis  recipiant^ 
quidjam  in  ets  rébus 
perturhamur  ,  qu<i 
hic  bonis  aut  mahi 
contingunt  ? 

Cap.  ^.  Ucirc» 
dimtfjt  iUos  D^ui  , 
ut  difcant  dlafe  ,  non 
propriâ  virtute  ,  fed 
Dei  gratta  ,  prafiitif' 
fe,  Quodjî  dicat  qui  s, 
meîiiis  fuijfe  Ulos  cum 
refiè  agerent  extolli , 
quàm  pofi  lapfum  htt^ 
miliari  :  ù  mUn  ma* 


De     d  IV 

9cime  videturjaélan- 
tu  détriments  atque 
humilnatis  lucra  i- 
gmrare.  Nofti  enim 
filane  hominem  arro- 
ganter  bona  operan- 
tsm  {Jl  tamen  bona 
facere  arrogans  pof- 
fit  )  quampriwum  in 
ftimmam  perniciem 
lapfurum.  Is  vero  qui 
labl  permijjus  fuerit , 
atque  ex  mina  humi- 
Itari  didicerit ,  refur- 
get ,  acfi  quidem  vo- 
luerit  ylapjtisfui  dant" 
^a  iito  reparabit. 


Flurimi  ex  hisqui 
intentes  videniur 
virtutis  catifa  toleraf- 
fe  lahores ,  ac  rêvera 
tolérant ,  cum  omnia 
ad  honorem  homi- 
ttujn  non  pro  Deiglo- 
riafacerent ,  permif- 
Jîfintin  tentationem 
îabi ,  ut  multitudinis 
opinions  CT*  gloriâ 
nudati  ,  per  qt*am 
deirinfçnta       omnia 


ERS    Traite's.  6ii 

été  meilleur  que  Dieu  eût 
fouft'eit  qu'ils  fe  fuHent  éle- 
vez de  vanité  dans  la  voye 
de  la  vertu  que  de  Us  a- 
voir  humiliez  après  leur  chu- 
te :  c'eft  ne  guère  connoi* 
tre  le  mal  que  caufe  la  vai- 
ne gloire ,  &  l'avantage  que 
procure  l'humilité.  Car  il 
faut  fçavoir  qu'un  homme 
orgueilleux  qui  fait  de  bon- 
nes oeuvres  (  fi  toutefois 
un  orgueilleux  en  peut  fai- 
re )  ne  fera  pas  long-tems 
fans  tomber  dans  le  péché  : 
Au  lieu  que  celui  que  Dieu 
aura  lailfé  tomber  pour  lui 
apprendre  à  s'humilier ,  fe  re- 
lèvera plus  facilement  ,  & 
pourra  en  peu  de  tems,  s'il  y 
veut  travailler  férieufement , 
réparer  la  ruine  qu'il  aura  fouf- 
ferte." 

Dieu   permet    quelquefois 
que  àiis  perfonnes  qui  paroif- 
fent  avoir  fupporté  de  gran-  tomber  les 
des  perfécutions  pour  la  ver-  grandes  ameç 
tu  ,  &  qui  ont  en  efFet  beau-  ?""')"  f.'i!' 

r^  ce  •  •  rir    d-     '  "* 

coup  lourrert  ,  mais  qui  ne  (,^g^, 
l'ont  fait  que  pour  l'honneur  " 
du  monde  ,  &  non  pour  la 
gloire  de  Dieu ,  tombent  en 
des  tentations  &  des  péchés 
confidérables  ,  afin  qu'étant 
dépouillés  de  la  réputation 
de  cette  gloire  pour  lac^uel- 


Diey  lailîa 


rir    de    l'or-» 


6î4  P«     DIVERS      T 

Je  ils  avoient  agi ,  &  qui  a 
caufé  leur  chutte  ,  ils  recon- 
noiflent  que  tout  ce  vain  é- 
clat  du  monde  eft  moins  du- 
rable que  les  fleurs  les  plus 
palîageres ,  &  que  fe  dé- 
trompant de  la  vanité,  ils  ne 
s'attachent  plus  qu'à  Dieu,  & 
fairent  toutes  choies  pour  lui 
plaire, 
i  ï64.  Que  tous  les  jours  des  âmes 

Ce  font  1rs  tombent  &  (e  bleffent ,  il  n'y  a 
Weffures  de  perfonne  qui  les  pleure  j  & 
rame  ôc  non  Icrfqu'on  voit  dts  corps  fouf- 
du  corps  qui^^-^  quelque  douleur,  on  dit 

d«.  ^"^  ^^"  ""^  choie  dure  &  in- 

{uportable.  Ne  faut-il  pas  être 
poiTedé  de  l'efprit  du  démon 
pour  avoir  de  tels  fentimens  , 
&  pour  juger  fîhumainement 
àcs  choies  ? 


iiéf,  II  faut  pafler  toute  fa  vie 

Wul  ne  pif-  en  des  travaux  &  des  com- 

^^^^Z^" '^f^T  bats  continuels,  fî  nous  vou- 

;ci-nité.  biens  de  1  éternité  :  Qiie  s  il 

fe  trouve  quelqu'un  fi  délicat 
&  fi  attaché  aux  aifes  de  cet- 
te vie,  qu'il  s'imagine  pou- 
voir joiiir  ici  des  plaifirs  du 
inonde  ,  &  dans  le  ciel  de 
^çiix  qui.y,  foût  préparez  pour 


raite's. 

perpejfi  funt  ^  ejufqu^ 
glorU  naturum  m 
nullo  flore  fani  ejjè 
meliorem  addifcentes  ^ 
jam  Deofoli  vacent , 
atque  ipjîui  caufago 
rmt  omuia. 


Deprovid.Iib.  t2 
cap.  z.  Anima fingi»' 
lis  dubus  corruente  , 
tiullus  ejl  qui  lugeat% 
Jîquandovero  corpus 
hoc  aliquid  palitur  , 
id  vero  durum  atquç 
intolerabile  ejje  dici» 
tur.  Nonne  id  potius 
ejl  à  d^mone  corri" 
pi ,  Jl  adeo  mifera- 
hiliter  aniwus  ajficia' 
tur  ,  atque  ità  circà 
rerum  judida  falla^ 
tur. 

Cap.4.  ^JMOW- 
nis  in  certaminibus 
&  laboribui  efl  agen^ 
da  j/î  cupimus  aterf 
nâ  requie  ,  boni/que 
illis  perfrui,  Sin  aus 
tem  altquii  ità  deli* 
catus  ac  negligensfit^ 
ut  putet  fe  CT*  hujui 
vit£  voluptatibui  C?*, 

prétmii   a(  g4^^diH 


De     bi 

ifUd  in  cœlis  parata 
funt  iis  qui  laborei 
fujlinuerint  ,  frui 
pojje  i  hic  fe  ipfum 
fr  or  fus  fallu  ac  deci' 
fit .  .  .  Tentatio , 
inquh  jfok ,  eli  vita 
hominis  fuper  ter- 
rain. Quid  ergh  an- 
geris  ?  Quii  gravi- 
ter fers  quod  in  <€- 
rumn<e  tem^oribas 
vexeris  ?  Tmc  enim 
dolendum  ,  tune  in- 
gemtfcendum  effet  ^fi 
qttod  Chrifus  pref^u- 
r<e  tempus  deputavit , 
id  nos  deliciarum  O* 
^uietis  faceremus  : 
Jl  quo  tempore  pugna- 
tre  ac  laborare  jufji 
fumus  y  eo  torpere» 
mus  :  filatam  ince- 
deremus  viam  ,  cum 
illeper  angu^amprar 
ceperit  eundum.  Ità 
enim  necefjarto  jam 
iiobis  ferendus  efi 
eruciatus  ille  fem- 
piirenus.  Quid  er- 
go  ,  inquies  ,  de  il- 
lis  dicis  qui  in  ijio 
f<eculo  gradtuntur 
in  latitudine  ,  O* 
fit  futuro  aternis 
jpramifs  ,  Q*  fxli' 


VERS     TrAITE'S.  tfiy 

la  rccompenle  des  bons  qui 
ont  tant  travaillé  pour  les  ac- 
quérir ,  je  lui  déclare  qu'il 
le  trompe  fort ,  &  qu'il  s'a- 
bufe  lui-même.  Qu'il  écoute 
plutôt  ces  paroles  du  faint 
homme  Job  :  Toute  la  vie  de 
l-homme  fur  la  terre  n\fl  quu- 
ne  tentation  continuelle.  De  quoi 
donc  vous  fâchez-vous  ?  Ett- 
ce  de  ce  que  vous  êtes  affli- 
gé dans  le  tems  qui  cil:  defti- 
né  aux  afflidions  ?  Nous  au- 
rions bien  plus  de  fujet  de 
nouç  affliger  ,  fi  nous  fai- 
fions  le  tems  de  notre  repos 
&  de  nos  plaifirs  ,  de  celui 
que  JESUS-CHRIST  a  delliné 
aux  afflidions  &  aux  fouf- 
frances  :  Si  nous  languiflions 
dans  la  parefie  &  loifiveté  ,  en 
un  lieu  où  nous  devons  fans 
cefle  combattre  &  travailler  : 
&  fi  nous  voulions  arriver 
par  une  voye  large  &  facile,  au 
lieu  où  il  nous  a  ordonné  d'al- 
ler par  une  voye  pénible  8ç. 
étroite.Carenagiffantainfijii 
faudroit  fe  réfoudre  ncceiTal- 
rement  à  fouffiir  Iqs  tourmenç 
deTéternité.  Maisjmerépon* 
dra-t-on,  que  direz-vous  de 
ceux  qui  après  avoir  marché 
au  large  durant  cette  vie  ,  ne 
lailferont  pas  d'arriver  ui| 
jour  a^x  récompenfes  éternpl- 


'éi6         De    divers    Traitez.' 

les ,  &  à  la  félicité  du  ciel  ?   ciffima    requie    io^ 

Je  vous  défie  de  m'en  trouver    nandt  funt  ?  Quem 

un  feul  tel  que  vous  le  dites  :    tu  mihi  talem  dabu  ? 

Et  je  m'en  tiens  plutôt  à  cet 

oracle  de  notre  Seigneur.  La 

veye  qui  mcine   à    la  vie  efl  é- 

troite  CP"  ferrée.   Or  il  eft  clair 

que  nul  ne  peut  être  au  large 

en  marchant  par  un  chemin 

étroit  &  ferré. 


Quand  le  bien  qui  doit  ar- 
river d'une  adion  que   nous 
êviceroumc- f^ifons  ,     eft    beaucoup   plus 
prifsr  lefcan.  grand,  que  le  mal  qu'on  en    bent,c.  5.  Quando 
dale*  


116Î. 

Règle  pour 


Ego  entmfoUm  Clfri- 
fil  verhis  acquiefio 
dicenùi  :  Angufta 
&  arâa  via  eft  , 
qu3E  ad  vitani  du- 
cit.  Qtiod  autem  per 
angujlam  viam  latè 
tri  non  pofjît  $  omni-, 
bus  profeho  Uquet. 

Quôd  regulares 
fœmmae  viris  co- 
habitare   non   de- 


njagnum  aliqucd  lu- 
crum  obvenerit  ,  CT* 
damno  CT*  plaga  via- 


peut  craindre  j  il  faut  négh 

ger  le  fcandale  qu'on  en  peut 

prendre  i  mais  quand  il  n'en 

arrive  autre  chofe,finon  qu'on    jm    >     contemnenii 

néglige  le    fcandale  que  l'on    /««*,  qui  fcandalum 

donne  aux  perfonnes  foibles;    patittntuy   :  quando 

quoique  £e  ne  foit  que  par  leur 

imprudence  qu'ils  le  prennent, 

ils  méritent   néanmoins  plus 

d'excule  ,  que  ceux  qui  leur 
donnent  cette  occafion  de 
chutte  i  lefquels  notre  Sei- 
gneur condamne  clairement 
au  fupplice  de  l'enfer  dans  fon 
Evangik. 


11^9- 

Contre 
^usc« 


l^      Les  habits  nous  font  don- 
nez pour  cacher  notre  honte , 


autem  nullum  fuerit 
ampliusj  quàm  qucd 
infirmi  abjiciuntur  , 
etiam  fi  millies  ex 
imprudentia  hoc  pa- 
tiantur  illi,  parcen" 
dum  eii  erit  :  quo~ 
niam  ÇT*  Deui  eos  , 
qui  impellunt  in  lap* 
jltm  ,  CT*  dejiciunt  , 
iata  fententia  fuppli^  ' 
cii  puniet. 

Cap.     7.    rtjfes 
m»  funt  dat£  »  ut  eis 


Ce    d  I 
^nemur  ,  fed  ut  nu- 

ditattsfœditatem  oc 
dultemtis  ,  non  ut  ta- 
ttbus  induamur  qu<e 
nos  majori  turpitu- 
dini  qnàm  ipfa  nudi- 
ias  exponant.  Idcino 
O*  Adam  induit  Data 
vefles  pelliceas ,  fimi' 
îtter  CT*  ejui  uxorem  , 
quàmvisjt  Vûluijfet  y 
pulchris  cumpotuijjet 
induere  vejiibus.  Sed 
nobis  antiquitùi  CT* 
per  nias  oflendit  , 
(luod  non  fit  prafens 
tempus  delictarum  , 
fed  gemendi  O*  plan^ 
gendt.  Q»odfi  igno- 
minUefl^K^condem- 
nationis  ^  Z^  ex  pec- 
cato  venit  hoc  ut  ami' 
Ou  indigeas  ,  quid 
reprehenfionis  mate- 
fiam  auges  ?  An  non 
fatis  cafum  noflrum 
indicat ,  quodvepittm 
fumui  indigi  ?  Cur 
crimen  exaggerat  ? 
Cur  indigentta  am- 
pliore  accu/ationem 
auges  ?  Oportebat 
tnim  ejdar-e  CT*  ge- 
mère  y  CT"  corpus  tp- 
fum  cafligare. 


VERS  Traitez.  ^17 
&  non  pour  nous  fci  vir  d'or- 
nement ,  &  noi^s  expofcr  à  une 
chofe  plus  honteufè  que  ne  fe- 
roit  la  nudité.  AulU  nous 
voyons  que  Dieu  qui  auroit 
pu  couvrir  Adam  &  Eve  de 
magnifiques  habiUemens ,  ne 
leur  en  donna  que  de  peaux, 
afin  de  nous  figurer  dès  les 
premiers  tems  du  monde  par 
ces  habits  giofTiers ,  que  cet- 
te vie  ,  n'étoit  pas  un  tems 
de  délices  &  de  plaifirs  ;  mais 
de  pleurs  &  d*affliâ;ions.  Que 
fi  le  befoin  que  l'homme  a 
d'avoir  àts  habits  pour  fe  cou- 
vrir ,.  ell  une  marque  d'igno- 
minie &  de  condamnation,  5t 
ne  vient  que  de  Ton  péché  y 
pourquoi  voulez  vous  accroî- 
tre par  votre  vanité  le  fujet 
que  Dieu  a  de  vous  repren- 
dre ?  Le  befoin  que  nous  a* 
vons  de  nous  couvrir  d'habits, 
n'eft-il  pas  un  témoignage 
fulïîrantde  notre  mifere  &  de 
notre  chute  ?  Pourquoi  ag,-- 
gravez-vous  encore  votre  rri- 
me  ?  Pourquoi  en  multipliant 
vos  beloins,  multipliez  -  vous 
vos  fautes  ?  Et  ne  vaudroit-it 
pas  bien  mieux  pleurer  &  gé- 
mir, &  châtier  votre  corp,»' 
pour  expier  votre  péclié  ? 


JonicI, 


ti^ 


<Çi8  De    divers    Traitez; 

Not]S  ^éviterons  jamais  la  Adverfus  eos  qui 
peine  que  méritent  ceux  qui  fubintrod.  habent^ 
donnent  du  fcandale  aux  au-  cap.  $.  Tune  folàm 
très  ,  que  lorfqu'il  en  naîtra  Uberamur  à  pana  g 
un  plus  grand  bien  que  n'efV  qu£  pofita  ejî  in  eos 
Je  mal  dont  nous  fommes  qui  fcanddum  dant 
cau(è  :  car  s'il  n'en  arrive  au- 
tre diûfe  y  finon  que  les  foi- 
bles  s'en  fcandalilent  ,  foit 
avec  raifon  ,  ou  fans  fujet  , 
no'Jti  répondrons  de  leur  fang  , 
&  Dieu  noui  demandera  compte 

de  la  perte  de  ces  âmes.  Et  c'eft  folum  oBvenerit  ,  ut 
afin  que  nous  n'abandonnaf-  fcandali'^^entur  alii  y 
fions  point  le  foin  du  falut  five  oh  rativnem  ait' 
du  prochain  ,  &  que  nous  quam^fweohnullamj 
priffions  bien  garde  de  n'y  five  ut  injirmi  offen 
pas  caufer  d'obftade  .  que 
jES us-Christ  nous  a  pref- 
crit  en  cela  de  certaines  con- 
ditions &  de  certaines  loix  , 
qu'il  a  pratiquées  lui  -  mê- 
me félon  les  tems.  Quand 
faint  Paul  voyoit  qu'il  dcvoit 
arriver  de  fa  conduite  plus 
de  bien  que  de  mal ,  il  négli- 

geoit    ceux    qui  fe  fcandali-   fendiculo  fûmus^ter» 

loient  5  mais    quand   il  con-    minos    quofdam    ©• 
noiffoit  qu'il  n'en  arriveroit 

que  du  fcandale  fans  aucun 

bien ,   il   étoit  prêt    à    tout 

faire  &  à  tout  fouffrir  ,  pour 

empêcher   qu'il  n'en  arrivât. 

AufTi  ne  raifonnoit  -  il  pas  à 

notre  mode  ,  &  il  ne  difoit  pas 

comme  nous  j  pourquoi  ces 


altis  ,  Jî  ex  fcandalo 
aliud  quoidam  lu" 
crum  nafcaïur  majus 
damno  quod  ex  fcan- 
dalo  fit.  Adeoque  jl 
hoc  nonfueritjO'  hoc 


dantur ,  fanguis  il- 
lorum  fuper  caput 
noftrum,  &exma- 
nibus  noftris  taies- 
animas  requiret.JSfr 
pr opter  hocneperom" 
nia  curant  nullnm  ha- 
heremusvel  ahjicere-^ 
mus  eorum  quitus  of^ 


régulas  taies  nohis 
ChriJIus  prajcripfît  »■ 
Cy  fecit  ....  prout 
tempus  poflulahat* 
Cùm  videt  majus  lu» 
crum  quàm  damnum 
qu  d  oritttr  ,  contem- 
nii  f9s  qui  fiandal»m 


Dé    divers    Traitez.  €i^ 

Pathntur.  Vbiautem  gens -là  font-ils  fi  foibles  ,  & 
Incrum  nullum  ^folum  fi  ftupides  ?  Et  comment  peu- 
uutem  fcandalttm  in-  vent- ils  juger  à^s  chofes  iî 
deevenire  ycmniao*  grofïierement  ?  Mais  au  con- 
facere  e?*  pati  para-  traire  il  les  épargne  &  en  a 
l«5  eji  ne  eveniat.  Et  pitié  ,  à  caufe  de  leur  peu  de 
non  difpHtat  talia  fens  &  de  leur  fciblelic. 
more  nojfro.  Non  enim  dicit  quare  funt  tant  infirmi  ? 
^Hare  tam  (iupidi  ?  quare  ajfeéltones  illas  admittunt  ?  Sei 
ta  de  caufa  ipjîs  potijjtmum  pareil ,  quia  oh  rationis  fe- 
nuriam  itafe  bahent^  CT*  infirmi  funt. 

Cap.  6.  Quanto        Plus  vous  êtes  foTt  &  ra-      ii/ï. 
fortiorem    ejje    dicis    capable   de   recevoir  aucune     Compatir 
ttihilque  à  cohabita-    imprcffion  de  mal  de  l'habi-  aux  foibleir<?# 
tione  incommodi  ac-    tation  d'une  femme  étrange-  ^^  "j"'rl"\^^ 
cipere ,  tanto  magis    re  en  votre  maifon ,  plus  cela  ^^*"^*  ^'*^ 
te    ipfum   deèitorem    vous  doit  obliger   à    rompre 
xonfiituis  ,   ut  vin-    une  liaifon  fi  fcandaleufe.  Car 
sulum    hoc    rumpas.    plus  vous   êtes  fort  ,  plus  il 
Nam  quanto  fortior    eft  jutte  que  vous  fupportiez 
eras  ,  tanto   aquius    les  foibleffes  des   autres.    Si 
fuit    ut   infirmiorem    donc  vous  êtes  foible  ,  retran- 
gefiares.  Igiturfiin-    chez,    ce  commerce   à   caufe 
firmus  es  ,    propter     de  vous  -  même  :  &  fi    vous 
teipfum  defifie  :  fm    êtes  fort,  retranchez-le  àcfâu- 
ro^wyîior , /;ro/»f  er  4/-    fe    de   la    foibleffe    d'autruù 
terius    infirmitatem.    Aufli   celui  ^ui  eit  fort  ,■    ne 
Non    enim  fihi  ipfi    doit  pas  l'être  poitr  lui  feul  5 
duntaxat  ,   fed   CT*    mais  il  doit  aufii  Têtre  pour 
«liis  fortem  ejfe  opoT'    autrui.  Que  fi  en  vous  vantant 
Set   eum    qui    fortis    d'être  fort ,  vous  méprifez  la 
#/?.    Quod  fî  le  for-    foiblefle  de   votre  prochain  y 
tem  sjfe    dicis  ,    CT*    VOUS   méritez,  d'être  double- 
infirmitatem      ilUus    ment  puni  *,    tant  parce   que 
tontemnis  ,    duplam    vous  ne  l'avez  point  épargné 
ddii  pttnam  ,  ttm    comme  vous  deviez  ;  que  paî* 

'^jFffii 


ézo  De  divers  Tr 
ce  qu'ayant  afîez  de  force  pour 
retrancher  ce  fujet  de  fcanda- 
le  j  vous  en  étiez  encore  plus 
obligé  d'épargner  fa  foibleire. 
Car  il  eu  certain  que  chacun 
de  nous,  a  obligation  d'agir 
pour  le  falut  de  (on  prochain; 
&  c'eû  pour  cela  que  l'Apô- 
tre veut  que  nous  ne  pre- 
nions pas  feulement  foin  de 
nous  ,  mais  aufli  des  autres. 
Aufll  celui  qui  nous  a  rache- 
tez ,  nous  l'a  commandé  pour 
le  falut  commun  de  nos  âmes. 
Et  nous  ne  tirons  pas  feule- 
ment un  grand  avantage  , 
quand  nous  procurons  le  fa- 
lut de  nos  frères ,  mais  aufli 
quand  nous  leur  procurons 
une  plus  grande  aflurance  en 
leur  retranchant  toute  occa- 
fion  de  fcandale. 

Job  s'étoit  fait  une  loi  de 

Dange"  de  ^^  P^    feulement   jetter  les 

la  fréquenta-  yeux  fur  une  fille  j  parce  qu'il 

tion  àçs  fem-fçavoitque  non  feulement  en 

"^"^  demeurant  avec  elle  dans  une 

même   maifon  ,   mais  même 

en  jettant  fur  eîle  des  regards 

trop  curieux,  il  étoit,  je  ne 

dis  pas  fimplement  difficile, 

mais  prefque   impolïible    de 

n'en    recevoir     pas    quelque 

blefllire  &  quelque  dommage. 

Et  c'eft  ce  qui  faifoit  dire  à  ce 

liant  homme  ;  J'e.  w  veux  (as 


ïr7î. 


A  I  T  E  Z".' 

qHod  non  pepcrcifCf  y 
tum  quoà  mttha  tihir 
vis  erat  ut  illl  par- 
cere  pojfes..  Narn 
unufqui/que  noflrttm 
debitor  e]}/alutispro» 
ximi.  Eropterea  j»(^ 
ftimm  ut  non  qu£ 
noftra  Çwnt^fed  qu^ 
proximi  Jpefiemus, 
Pretio  enim  empti 
fumns,  CT*  qnt  nos 
redemit ,  hoc  pr^cepit 
in  commttnem  anl* 
marttm  noflrarum  fa.- 
lutem.  Non  entm  hoc 
folum^nojimm  ejl  l»f 
crum ,.  qttando  pro-* 
pria  falvamus  mem.' 
bra  j  fed  &  quando 
altos  in  majori  fecti>- 
ritate  corjJÎUnimiêi. 

Job  legem  pofiterAt 
oculis  fuis  omnino  in 
virginem  ne  r^fpict- 
te  quidem  :  fciebat 
enim  manifejïè ,  quod 
nonfolàm  cohahUanm 
tem  y  fed  CT*  afpicten^ 
tem  curiosè  in  faciem 
ViTginis  y  di^ile  , 
forte  atttem  çy  im- 
pofjîbiU  fît  effttgere 
damnttm  quod  inde 
oritur.  Propter  qnod 
V  diQthat  y.  ne  ca« 


DE      DI 

gi'tem  quidcm  de 
virgine. 

Nihil  tant  indi- 
gnum  virgine  quàm 
dttari  CT*  negoiiorum 
tHrba  adûbrui. 

Cap.  7,  An  ne  [ci  s 
fvXgiàam  CbriJIiani 
vitam  ufquequaque 
lucere  deberey  e?"  eum 
^ui  fuam  gloriam 
fadet  ,  ubique  pofiea 
inutilem  ,  CT*  ttihil 
magnum  Ucraripojfe^ 
ttiamfi  pr£clarafaci' 
nora  ediderit  }  Nain 
fi  fal  infatuatum 
fuerit ,  inqttit ,  in 
quo  falietur  ?  Sal 
tnim  nos  ejfe  vult ,  CT* 
lumen  O'  fermentum 
Deus,  ut  CT»  alii  à 
uûbis  utiUtatem  aca- 
piant. 

Non  minoretnpono 
hominem  y  concupif- 
centia  veteri  deten- 
tum ,  &  infuavtjjt' 
ma  &  anùqttâ  con- 
fuetudine  préoccupa- 
tum  :  e^  deinde  per 
timorem  Dei  difrum- 
pentem  vincula  y  C7* 
ad  fd  quad  Dfo  ^ro- 


VERS    Traiter.         'ézt 

feulement  penfer  à  une  fille ^ 

Rien  n  cft  fi  indigne  d'une 
fille  qui  fait  profeirion  de  vir- 
ginité ,  que  de  travailler  à 
s'enrichir  ,  &  de  s'erabaraf- 
fer  dans  les  affaires  dti  monde. 

Ne  fçavez-vous  pas  que  la 
vie  du  Chrétien  doit  être 
toute  brillante,  &  qu'elle  doit 
répandre  fa  lumière  de  toutes 
parts  :  parce  que  celui  qui 
laiire ternir  fa  réputation,  de- 
vient après  cela  inutile,  &  que 
quelques  grandes  adionsqu'il 
puide  pratiquer  dans  la  fuite, 
il  cft  incapable  de  rien  faire 
de  confidérablc  pour  le  fahic 
de  fon  prochain.  Slle feldtvien^ 
ftide,  dit  Notre  Seigneur,  «a- 
vec  quoi  le  falera-t'on  ?  DieU' 
veut  que  nous  foyons  comme 
du  fel,  comme  une  lumière, 
comme  du  froment,  c'eft  â 
dire,  que  les  autres  puiflént 
tirer  de  nous  de  Tutilicé. 

Je  ne  mets  pas  dans  un 
moindre  rang  que  \&s  martyrs , 
ceux  qui  étant  depuis  long- 
temps affujétis  à  la  tyrannie 
d'une  affedion  vicieufe,  & 
engagés  dans  une 'ancienne 
habitude  de  péché,  viennent 
par  un  pur  mouvement  de  la 
crainte  de  Dieu  à  rompre  tous 
ces  liens  &to;iscçs  co/nmer'?^ 


1179. 

Soin.s  iiii 
monde  ,  i>>'  ■  • 
gties   d'une 
vierge. 

II 74. 

Confervet  £9 
réputatioiii 


117'Ç. 
Changer  k% 
affeftions  crj- 
min  lies  8cin- 
véterées  , 
c'eft  une  efpe» 
ce  de  mar*« 
tyre. 


<^i2         De    divers    Traitez, 
ces  d'iniquité  ,    &  rentrent    batitr     recHtrenlem. 
dans  une  vie  agréable  à  Dieu.    £/?  enim  o*  hoc  mu 
les 


Car  ce  changement  qui 
oblige  à  fe  détacher  de  ces 
pafTions  invétérées,  &  à  re- 
trancher toutes  ces  occafions 
fi  pernicieufes  ,  pour  ne  ^his 
afpirer  qu'à  la  recherche  des 
biens  céleiies  ,  me  paroît 
«ne  chofe  plus  difficile  &  plus 
pénible  que  les  fouffrances 
même  du  martyre.  Et  en  etfet 
iestravaux  des  martyrs  étoient 
plus  courts,  au  lieu  que  ceux 
de  ces  perfonnes  font  bien 
plus  longs.  De  forte  que  con- 
fidérant  leurs  peines  comme 
pareilles ,  j'eftime  que  leurs 
lécompenfes  le  feront  aufïi. 
ïi7^-  Lqs  Juifs  ont  la  virginité 

Ce  n'eft  que  g^  averfion.   Et  il  ne  s*en  faut 
dans  l'Eg'ip         étonner,  puifqu'ils    ont 

qu'il  y   a.   àtX.  s    r       n        •    /     i 

vrayes   yier- ^»    outrageufcment  traite    le 


ges. 


Christ,  qui  étoitr né  d'u- 
ne Vierge  :  Les  autres  la  re- 
gardent avec  admiration  : 
■mais  il  n'y  a  que  l'Eglife  de 
Dieu  feule  qui  l'embraiTe  & 
qui  la  pratique.  Car  je  ne 
confidére  pas  comme  de  vraies 
"Vierges  ,  celles  qui  le  font 
chez  les  hérétiques.  Puifque 
n'étant  pas  dans  la  focieté  de 
cet  uni<im  Epoux  dont  parle 
rApôtre  ,  il  eft  vray  de  dire 
qu'elles  oe  foiit  pas  cbaÂes, 


io  dtjficilim  ycompaf- 
fionem  O*  ajfeflionem 
inveteratam  ejtcere  , 
&  mitltiplices  occu' 
Jîones  avellere  ,  O* 
affumpth  alii  ad  ca- 
leflei  apjîdes  recwre* 
re.  Et  jtcut  martyr 
rum  velox  Uhor  >  ita 
O*  hotHm  prolixior 
dolor.  Qitapr opter  C?^ 
parts  corond  ,  ^uo' 
niam  G7*  certamina 
interfe  refpondent  CPf 
Juntjtmilin, 


Lib.  de  virginit. 
yirginitatii  laudem 
Judti  averfuntur  : 
neque  mintm  qui  ip" 
ftnn  qttoque  natum 
ex  virgine  Chrtjhm 
ignominie  ajfecerint  : 
admirantur  ac  fufpi- 
ciunt  exteri.  Sola  au" 
tem  colit  Eccîejta  Deu 
Nam  hareticoram 
virginei ,  ego  virgf 
nés  ejfe  minime  dixe» 
rim  :  eo  qvld  cafl^ 
nonfim  i  neque  entm 
uni  viro-  defponfé 
fnnt. 


De    di 

ISIon  Us  honores 
eonfl'itui  ,  çfui  à  Vf 
tiis  folùm  fe  conti- 
tteatit  :  nam  id  apud 
me  exiguum  ejt  :  fed 
qui  virtutem  omnem 
ferfeculi  fmt ,  toi  in 
peremitm  c<tlorum 
hier  e  dit  atem  intro- 
duco  . .  .  .oh  idenim 
^gnos  dextros  collocat 
&  cûUaudat  ,  cr  in 
regnum  admittit  , 
non  quod  aliéna  non 
raptterint,  fed  quod 
etiam  fua  aliis  im- 
fenitijînt.  Et  eum 
eut  quinque  talenta 
eredidijfet ,  commen- 
dat  j  non  quod  non 
imminuijjetyfed  quod 
ereditum  auxiffet ,  ac 
dupUcatum  depojîtum 
redderet. 

Cap.  Z5.  Bonum 
efl  matrimonium  : 
quippe  quod  G*  virum 
retinet  in  ojjicio  tem- 
perami<e  ,  mque  in 
lilidines  pervolutum 
interire  finit.  Quare 
ne  id  accufa  :  hahet 
enim  ingens  commo' 
dum  i  Chrifii  ment- 
ira   fcorti    memhra 

fisri  non  p^rmhfîm  > 


VERS     TR.AITt2.  ^25 

Le  fouverain  juge  n'a  pas       1177^ 
préparé  les  honneurs  du  ciel ,   c'efl  Ja  ver- 
pour  ceux  qui  n'auront  fait  que  tu  àc  non  Ve* 
s'abftenir  du  vice:  &  cette  fim-  xsmption  da 
pie  abftinence  fera  une  chofe  ^'J<^"  ^"l  ^«» 
peu  confidérable  devant  lui  :  c<>"^o»i^«' 
Mais  il  a  difpofé  Ton  héritage 
célefte  pour  ceux  qui  auront 
travaillé  à  pratiquer  toutes  les 
vertus.  C'eft  pourquoi  il  pla- 
cera les  agneaux  à  fa  droite  , 
&  les  admettra  à  la  polTeflioii 
de  fon  royaume  ,  en  les  com*- 
blant  de  loiianges  ;  non  pas 
/împlement  pour  n'avoir  pas 
ravi  le  bien    d'autrui,   mais 
pour  avoir  donné  le  leur  aux 
autres  i  ni    pour  avoir  con- 
fervé  en  leur  entier  les  talens 
qu'il  leur  avoir  confié  3  mais^ 
parce  qu'ils  les  auront   dou- 
blés  &  iiuiltipliés. 


II 7S. 


Le  mariage  eft  un  bien  ; 
puifqu'il  fert  à  retenir  rhom-     ^,  ^„.^ 
me  dans  les  bornes  de  la  tem-  eft  un  bien  , 
pérance ,   &  qu'il  l'empêche  mais  la  virgvi, 
de  tomber  dans   Tabyfme  de  "ité  vaut 
l'impureté.    On   ne    le   doit  "^ic"^ 
donc  pas  décrier,   car  il  eft 
la   caufe   d'un  grand    bien  , 
puifqu'il  fert  à  faire  enforte 
que  les  membres  de  J  e  s  u  s  - 
Christ  ne  deviennent  pas 
CCHX  içt'Hnc  proôituéç  j  &  ^^ 


éz-^  De  divers  T 
le  temple  facré  de  Dieu  y  n'eft 
pas  rendu  impur  &  profane. 
C'eft  un  bien  en  ce  qu  il  fou- 
tient  &  relevé  ceux  oui  font 
prêts  de  tomber  :  Mais  cela 
ne  fert  de  rien  à  celui  qui  eft 
alîez  fort  pour  demeurer  de- 
bout 5  &  pour  n'avoir  pas  be- 
foin  de  ce  fecours  pour  fe 
maintenir.  Car  alors  le  maria- 
ge n'eft  ni  utile  ni  néceilaire  j 
mais  plutôt  eft  un  embarras 
à  la  pratique  de  la  vertu  ,  & 
il  dérobe  aux  Chrétiens  une 
partie  de  la  gloire  qu'ils  au- 
roient  pu  obtenir  pour  le 
prix  de  la  continence. 

rjj-p.  Je  fçais  la  violence  que  la 

Vigilarce  yCon^ej'vation  de  la  virginité 
foin ,  V'^"  veut  qu'on  fe  fafle  ,  je  fçais 
le  foin  que  les  Vierges  y  doi- 
vent apporter,  je  fcais  quels 
combats  cette  vertu  a  à  fou- 
tenir  :  Je  fçais  que  pour  cela 
il  faut  un  efprit  ferme ,  cou^ 
rageux  ,  inflexible  ,  &  éloi- 
gné de  tout  fentiment  de  vo- 
lupté :  qu'il  faut  avoir  une 
ame ,  fi  Ton  peut  le  dire  ain- 
fi ,  de  diamant ,  des  yeux  tou- 
jours en  garde  &  toujours  vi- 
gilans  5  une  fouveraine  pa- 
tience j  je  fçais  qu'il  fe  faut 
munir  au  dehors  comme  de 
mviK  i^ile  remparts ,  defoûes  >    U^is  >  at^ 


&  humilité 
Bcceflaires 
aux  Vierges 


R  A  1  T  E  z; 
nec  facrum  tempÎHmf 

profanari  C  impw 
rum  feri.  Bonum  eji  , 
inquam  »  quoniam 
laffunum  ftijimet  at- 
Que  erigit.  Sed  quid 
hoc  attmtt  ad  eurfi 
qui  Jiat  y  O"  qui  ejus 
opem  non  dejîderat. 
"Nam  htiic  nec  utile 
nec  neceffurium  efl  , 

'"GT'  advinutemeùam 
incommodum  ,     norh 

folum  quiod  multapr£» 
beat   tmpedimenta   y 
fed  etiam  quod  ma~ 
jorem  partent^  glori^  .- 
detrahat. 

Cap.  '27.  Novp 
rei  eontemionem  ** 
novi  virginum  ij}a» 
rum  ftudium  ,  »a- 
vi  hellt  o-ravitatem, 
Pervicact  q.uodam 
CT*  forti  animo  opus- 
efl  y  atque  à  lihidi- 
numfenjfu  averfo. . .  . 
Itaque  opus  efl  nohh 
adamantina  mente  , 
oculo  infomni  ,  to/e- 
rantia  fumma  ,  mU' 
ris  firrris  ,  parteti- 
bus ,  forts  ac  repU" 
g»Us ,  cujîodihus  pet- 
vigiUbus  ac  pr<tv4' 
in  pri" 


De    di 

m/;  calefil  favorc  : 
nam  nifi  Dominiis 
urbem  cuftodiat , 
fmftra  vigilant  qui 
cuftodiunt  çam.  Ai 
qyo  ffafh  eumfuvo- 
rem  elicùemus  ?  Si 
noJ}ra  omnia  coufe» 
tamm  ,  fana  coti/î^ 
lia ,  fummam  jcjunii 
ac  vi<iilttirum  con- 
tântionem  ,  leo-isuc 
curatam  chfervatio- 
ftem  ,  mandatorum 
cuj}àdiam  ;  zp' quoi 
caput  ejî  ,  /tin  nqbii 
jiiticiam  non  collocc' 
mus. 

Cap.  7^%.yirgtni 
4i4m  conJuli£t  prius  , 
tuibendum  fil  ii^c  ne  , 
ttftum  ejl  rttatTimo' 
itium  :  at  uhi  el  <^it 
ac  confcripta  ej} ,  fe 
in  fladium  d>^dtt.  Re- 
quis igitur  ind^flii 
/peé}aciilis  ,  Chn^o 
fertaminii  m.igi(lro  ^ 
Angçlis  fupernè  fpe- 
fluntibus  ,  futrente 
diabolo  ac  fremenle  , 
iidUChmcjue  confer- 
to  y  CT*  medio  COU}- 
prehenfo  ^  in  médium 
pXpfiUem  eiicere  4«- 
Tom.  I." 


V^ERS      TrA1TE2.  (Szf 

de  gardes  ;  mais  par  deflus 
toutes  choies  de  la  grâce  & 
de:  la  faveur  divine.  Car  fi  U 
Seigneur  ne  garde  lui-même  la 
Ville  ,  cefl  en  vain  que  Us  hom~ 
mes  veulent  à,  fa  defenfe.  Mais 
comment  ,  me  direz  -  vous , 
pourra  t-on  obtenir  la  pro- 
t-edion  de  Dieu  ?  Cj  fera 
en  y  employant  tous  li^s  mo- 
yens qui  nous  font  pq/Tibles , 
de  fermes  réfolutions  poiir 
le  bien  ,  l'airiduitc  xics  jeu^ 
nés  &  des  veilles  ,  l'exadi- 
tude  à  bien  obferver  la  ici 
divine  ,  &  ce  qui  eiï  le  point 
capital ,  en  ue  mettant  poioc 
notre  confiance  en  noujî  mê- 
me. 

Si  une  Vierge  avant  que  de      i  i8o. 
s'fitre  engagée    à     garder  fa    ^  i''-^  plu« 
virginité,  délioére  &  confultc^  oredeferç.i- 

fi  elle  (c  doitmarier ,  ou  non  ,  '-^r,]'"^°'' 
»  ^    »  1  voue  la  vu - 


elle  (e  peut  mari.er  avec  lûre- 
t.é.  M.us  depuis  qu'elle  aune 
foischoifi  cet  étatj  &  qu'el- 
le s'eô  cnroUée  dans  cette 
fainte  nr.iijce  ,  il  ne  lui  eft  H 
plus  libre  de  ne  pas  combat- 
tre. Et  quielt  cequi  après  que 
le  jour  du  co.iîbac  feroit  in- 
diqué 5  JESUSCH  R.JST 
-qui  e.n  «ft  le  ]:\%e  ayant  pris 
féance  ,  les  Anges  en  étaijt 
les  (pcdatein-s  du  haut  du 
^i>l,,  jp  dipiblc  étant  déjà  fur 


ginite. 


Co>itr€  les 
'réti<iuesx 


êi6 


De    ©iVERS    Traite' s. 


ii8r. 

C'ett   un 


le  champ  ,  animé  de  rage  & 
de  furie  ,  &  prêt  à  combattre  ; 
qui  ,  dis-je  ,  (croit  alTez  lâ- 
che pour  reculer  ,  pour  fuir 
l'ennemi ,  pour  vouloir  évi- 
ter le  choc,  pour  craindre  la 
peine  &  le  péril  du  combat , 
pour  ne  pas  entreprendre  de 
renverler  Ion  ennemi ,  &  pour 
lui  céder  la  viéloire  Ci  hon- 
teufëment  ? 

Une  femme  mariée  qui  veut 
garder  la  continence    contre 
crimedevou.  j^  volonté  de  fon  mari ,  non 

dansl«™am.  delhne   a  cette  vertu,   mais 
ge  fans  leçon-  fera   coupable    des  adultères 
lentement  ré-  qu'elle  lui   donnera  occafion 
p.progue-       (je    commettre  ,    &   en  fera 
encore  plus  grièvement   pu- 
nie que  lui.  Et  pourquoi  ce- 
la ?  Parce  que  lui  ayant  refu- 
fé  les  devoirs  qu'elle  étoit  o- 
bligée  de    lui  rendre  ,   elle 
Ta  comme  précipité  dans  l'a- 
byfme  de  Timpureté. 
'iiSt.  Quand  je  dis  qu'une  Vier- 

Larmes  de  gg    Jq^^   être     plus    portée  à 


piété  plus      pleurer  qu'à  rire  ;  il  ne  faut 
fcrn^â^Lp-f'^   figurer  rien  de  tnfte. 

icux. 


1183- 


Car  les  larmes   qui  viennent 
delà  pieté  5  font  plus  agréa- 
bles que  les  joycs  &  les  ris 
du  monde. 
Je  S  us-Christ  ayant 


j-î  vo^'e  c  appçîé  fa  £"^e  étroiie  5:  diiïi- 


Jit  ,  hoflem  fugldts 
laborihtts  fuperfedeati 
comprehenjionem  0- 
minât ,  ne  dejiciat 
ac  projiernat  adver» 
fartum  ,fed  eivi^O" 
riam  cedat  ? 


Cap.  48.  Qu4 
invito  vifo  continens 
fit  »  non  folùm  con» 
tinentia  pr^miis  ca" 
ret.  >  fd  ilUus  etiam 
adulterium  ^-ravins 
ille  luet  ,  ac  pleâle- 
tur.  Quid  ità  f  quod 
eum  leghimo  coiît» 
fraudatum  ,  in  laf- 
avi<£  bareuhrum  COU" 
jecerit. 


Cap.  ô/^.hiccùm 
lachrymui  audis ,  ni' 
htl  tetricum  finge, 
Habent  enim  ets  la" 
chryrme  tantam  vo* 
luptatim  ,  quantatn 
nec  hujus  mundi  ri'* 

Quam  angiiitam 
C?*  ^ttêmnofam  Yi3iT\ 


De     divers    TraiteV         €17 
^xlueamritrfumO'    elle,  la   nomme  auflî-tôt  unt^o-"   P^"^ 
jugum        comme-    joug  doux  çy  agréable,    V*   «»  y°^"  Chré- 
àam  &  onusieve  fardeait  léger.  Parce  qu'encore  ^-^pj  ^  ^^^^^^ 
appelUt.     Nam  reï    que  ce  fardeau  foit  pefantpar  voyc  1-irge 

fa  nature  ,  il  devient  très-le-  aux  pécheur;; 
ger  par  l'afFedion,  la  joye  & 
l'ardeur  de  ceux  qui  le  por- 
tent. Auffi  voyez-vous  que 
ceux  qui  ont  embralfé  la  voye 
étroite  font  plus  gais  &  plus 
contens  que  ceux  qui  mar- 
chent par  la  voye  large  :  Non 
pas  qu'ils  ne  foient  Ibuvenc 
affligés  i  mais  parce  qu'étant 
élevés  au  defîus  des  affli- 
dions,  ils  ne  font  pas  fi  fen- 
fibles  à  leurs  atteir.ces ,  que 
les  gens  du  monde  ,  à  qui  el- 
les ibnt  infupportables. 


quidem  h*c  naîura 
ej} ,  fed  fludio  atque 
fpe  eorum  quifrerfun- 
gantur  admodum  fit 
levis.  Qttare  alacrio- 
tes  etiam  videas  qui 
ar^îam  CT*  arumno- 
fam  viamfint  ample- 
m  ,  quàm  qui  latam 
.àtquefpattofam  ,  iter 
facere  :  non  quodtion 
affiiSientur ,  fed  quod 
a^ifiatiofubus     fu- 


iis  hujufmcdi  pat  tan- 
thr  5  qt4£par  fit  altos 
pati. 

Cap.  75.Nede- 
fraudate  alteru- 
trum  5  dé  folo  uftt 
matrimomi  dicîum 
efii  in  eo  enim  Cnvi- 
cem  ohfeqni  jubet  » 
tteque  alterutrutn  f»i 
dominum  ejjh  finit. 
în  reliquo  pbilofophi<e 
exerciiio  ,  vejlitt*  , 
Ziiél»  i  atque  allis 
omnibus ,  aller  alteri 
noit  efi  obnoxiui  '^fed 
Çy  ttirisfias  ejl  uxore 
'invita  aHiàns  ont' 


Quand  TApôtre  a  dit  :  ATe       11 84. 

vous  refufe:^  point   l'un  à  Vautre    Onnefedoic 

ce  devoir,    il  n'a  voulu  parler  P'*''"'^"^^^^'" 

que  du  feul  ulage  du  maria-  ''''''  ^''''  '* 
^  III  ra;ri;iee  pour 

gc,  pour  lequel  il  veut  que  ...i^^j^J:    ^ 
le  mari  &  la  femme  aycnt  une  une  vie  de  lu- 
déférence  mutuelle  l'un  pour  >:s  &:  dedeh^. 
l'autre   i    fans   que   nul    des  ces. 
deux  foit  en  cela  (on  maiftre. 
Mais  dans  les   autres   chofes 
de  la  vie  Chrérienne  ,  com- 
me des    habits,   du   manger 
&  de  tout  le  relie  ,  l'un  n'eft 
point  abfolumsnt   dépendant 
de  l'autre.  Car  comme  il  eft 
Ggg  ij 


6^d        Dg    DiTERS    Traite' S. 

iibre  au  mari,  même  contre  nés  ac  circumfîuentem 
le  gré  de  fa  femme  ,  de  re- 
noncer aux  délices  ,  &  aux 
foms  empreirés  du  fiécle  :  auf- 
fî  la  femme  ne  peut  point  être 
contrainte  ,  fi  elle  ne  le  veut 
pas  ,  de  s'ajufter  ,  de  fujvre  la 
vanité  ,  &  de  rechercher  les 
choies  inutiles  &  fupeifluës 
de  ce  monde-  Et  cette  con- 
duite ell  fondée  dans  la  rai- 
fon  :  Car  la  cupidité  i^ui  fert 
3  la  propagation  des  hom- 
mes el]t  naturelle  i  ç'eft  pour- 
quoi elle  demande  entre  les 
perlbnncs  mariées  cette  con- 
defcendcnce  pour  ne  pas  re- 
tufcr  ce  devoir  mutuel  à  celui 
qui  en  veut  ufer  :  mais  tout 
ce  qui  ne  va  fimplement  qu'à 
la  volupté  &  qui  ne  confifte 
(ju'en  des  fpins  inutiles  &  fu- 
perHus  ^  ne  vient  point  de  la  nature  ,-  mais  d'iif 
ne  molefle  &  d'un  dérèglement  criminel.  Cciî 
pourquoi  les  perfonnes  mariées  n  ont  nulle  obli- 
gation d'avoir  de  la  déférence  l'un  pour  l'ai'.tre 
en  ces  fortes  de  chofes-là ,  comme  ils  en  doi- 
vent avoir  dans  Tufaçe    du  mariage. 


curarttm  turbam  a- 
moîtrt  i  O*  uxorivi" 
ctfjim  non  eff  nectjje 
fi  nolit ,  comiy  ina» 
nem  gloriam  cap  tare  y 
fupervacua  curare. 
Nec  injuria.  Nam 
equidem  cupidiias  il' 
U  naturalis  efl  ;  ita^ 
qs4e  C?»  €1  nonmhil 
condonatum  ejî  ,  nec 
potefl  aher  aUertint 
nqientem  dtfraudarej 
hiC  deliciarum  ,  fu- 
pervacui  cultpis ,  non 
<ib  natarâ  profctfii- 
titr  ^  fed  ex  ignazia 
^  infigni  nequitia  : 
quare  non  in  his  ut 
in  illis,  conjugesin^ 


ïî8f.  Lachalkté  ne  conlîfte  pas 

ta  chafteté  fimplement  à  renoncer  à  mic 
pft  i;iuti'.e  fi  voIup:é  honteufe  &  criminel- 
eil:  ne  ifitran-  jg  ^  pendaiit  qu'on  affede  de 
che  les  foins  ^^  ^^^^^  ^.^,^^  curiofité  &  aju- 
llement  :  Mais  à  le  dégager 
de  tous  les  foins  &  les  embar- 
ras d4  monde.  Car  fans  cela, 


«.lu  njonde. 


Cap.  77.  Capii- 
tatem  intelligo  ,  }ion 
ftda  ac  fljgiiiofa  fi}- 
lt;m  libidine  ,  orna-' 
tu  j  curiofiiate  vacn* 
re  ,  fed  cit£  eti^xm 
(ftris  e/Jefolatdm  aç 


15e    Div 

fit  5  quorfum  corporis 
eaflitatem  }  Etemm 
quinque  ill(e ,  ^  lu- 
cernas  habebant ,  CT* 
Virginit  aient  exer- 
eueram  quorum  ni- 
htl  eis  profuit  .... 
Q^ippè  ob  td  pr<t' 
Jfatts  efl  virgttiitas  , 
quod  omnem  fuper- 
Vacu£  -curtg  anfam 
froteUty  otium  omne 
atque  pudium  divi- 
nis  operibus  confe- 
crans,  Quodnifiha- 
beat  ,  matrtmonio 
fit  longe  deterior , 
fpinas  tu  ahtmo  cir- 
cum/erensy  ac  atlefie 
femen  fujfocans. 


Qui  patrem  aut 
niatremamatfuprà 
me,  non  eft  me  di- 

gnus  J  quippe  quod 
ubi  qttid  Deo  accep- 
tttm  perfequamttr  , 
qmfquis  prohtbeat  , 
Jei*  pater  y  feu  mater  , 
feu  qtiicumque  fît  , 
Aû/?«  atqne  tnimictts 
fit  babendus. 

Cap.  80  Kadix 
tyfrucius  virginita- 
tis  >  vita  crucffixa  efi. 


à  quoi  lert  la  fimple  chafteté 
du  corps  ?  &  en  etfet  ces  cinq 
Vierges  dont  il  cft  parlé  dans 
l'Evangile,  nonobiian!  leurs 
lampes  ,  &  leur  chaitecé^  fu- 
rent exclufes  de  l'entrée  du 
ciel.  Ainii  l'excellence  de  la 
virginité  confiite  en  ce  qu'elle 
nous  procure  un  moyefl  fa- 
vorable de  nous  dégager  de 
toutes  les  foilicitudes  du  fie- 
cle  ,  &  de  confacrer  tout  no- 
tre ioifir  &  toute  notre  étude 
à  l'exercice  des  bonnes  oeu- 
vres. Et  fi  la  virginité  ne  pro- 
duit cet  effet ,  elle  eft  bien 
moins  eftimable  que  le  ma- 
riage 5  puifqu'en  nourriffant 
dans  notre  ame  les  épines  des 
foins  inutiles  de  ce  monde  , 
elle  y  lailferoit  étouftlr  tou- 
te la  femence  divine. 

Ctiftf  qut  aime  fon  père  0» /à        JIo^« 
mère  plus  que  moi  ,    nejî  pas  di-         Regsrdft 
gne  de  moi.  Ceft  à  dire ,  que  ^i^C^" 
quiconque     nous      empêche  nous  détoiu- 
d'embràlfer    un    bien  agréa-  ne  de  Dieu^ 
ble  à  Dieu,  quand  ce  leroic 
notre  père  ou  notre    mère  ; 
doit  être  en  cela  regardé  de 
nous  comme  un  ennemi. 

II 87. 

Vie  crucifiée  eft  la  raci-  morriftcario^ 
ne  ^  le  fruit  de  la  virginité.  &  delà  vugi* 

nicé. 


Cgg  iij 


6^o         De    divers    Traitîz, 
118.9.  Quiconque  n'a  rien  à  per-      C^p .  B  i .  Q»i  »iî>îl 

Amour  ou  jjre  ,  méprife  toutes  chofes  ,  hahet,  omnia  contem- 
raépnsdesn-  ^  ^^  capable  de  parler  avec  nit  .G^ma^nâhber^ 
chefies,  four-  ,.,    »      ,  /,      -n  j       r 

ce  de  h  ba.P-  toute  liberté  aux  Magiitrats  ,  tate  adverjus  magt" 
felle  ou  de  la  aux  grands  du  monde,  &  Jtratus ,  f?rimates  at- 
Jibercé,  aux  Rois  mêmes.  Par  le  mé-    fjue  if^fum  diademaie 

pris  des  richefles  ,  il  arrive  ornatum  utitur.  Qtti 
peu  à  peu  à  celui  de  la  vie; 
&  s'élevant  par  un  parfait  dé- 
tachement au  defl'us  du  mon- 
de ,  il  parle  hardiment  à  tous, 
&  ne  craint  perfonne.  Com- 
me au  contraire  celui  qui  eft  pidè  allcquetur  ,  we- 
attaché  aux  biens  de  la  terre .  minempavem  ac/otr» 
n'en  devient  pas  feulement 
l'efclave,  mais  encore  de  la 
gloire,  de  l'honneur,  &  de 
ia  vie  même ,  c'eft  à  dire  de 
toutes  les  chofes  qui  appar- 
tiennent à  cette  vie  :  Ce  qui 
a  fait  dire  à  faint  Paul ,  que 
C avarice  etoit  U  racine  (U  toits 
les  maux. 


opes  contemnit  fenfint 
progrejftts  ,  facile 
mortem  etiam  co»" 
temnet  j  atque  bis  ex^ 


n^t 


ceifror  ,  omnes  tntrê' 


miàans.  At  qui  opi- 
hm  occupatur  »  non 
opum  tantùm  manci* 
pium  ^  fed  etiam  glo" 
ri  A»  iTonorisyprdfen" 
tisvitSi  atque  ut/è» 
mel  dicam  ,  omnium 
qutt  ad  vitam  perti- 
nent, Itaque  avari" 
tiam  Paulus  malo- 
rum  omnium  radi- 
cem  dim. 
118^.  Maintenant  que   la  grâce         Cap.  84.  Nunc, 

X)bligations  ju  Saint  Efprit  s'eft  répand^ië  ingens  Spintus  fanai 
fes  ^\us^r^'  ^  abondamment ,  &  que  nous  gratia  ejfufa  efl  ,  ©• 
d"s  d'epuiTli  avons  reçu  cette  faveur  fi  fî-  magnum  adventus 
venue  de  T.  gnaléede  la  venue  de  JESUS-  Chrifii  munus  ;  adul^ 
Cj  Christ,   cela  oblige  les    tos  quippè  prc infant 

enfans  à  devenir  hommes.  Et  tihus  reddidtt.  Itaque 
comme  nous  exigeons  plus  Jîcut  nos  àpuerii  na^ 
de  perfedion  &  de  vertu  des  pris  puherthm  mai»' 
jeuoes  gens  ,  Lorfqu'iU  font   rfmvirtnt^mpofhtîa^ 


De    di 

ina    atate  facientes 
laudabamus  ,   eadem 
tfiros  primantes  non 
«que    admirarhur   , 
fed  alla   mttlto  gra- 
Viora  Us  edere  jubé- 
mus  ;  ità  CP*  ab  hu- 
fnana   natwâ    Deus 
primo  quoquetemffore 
eximia  ^Htedam  faci- 
ttora  non    extgebat  y 
ut  quttpuenUm  affe- 
fîaej]et\at  uhi  Pro- 
phetai ,  Apojfolos  au- 
tlivit  y  Spmtusfanâîi 
gratiam       confecuta 
*/?5  virtutis  ei  ma- 
gnitudmem      auxtt. 
Nec  injuria    :    nam 
mercedem  ampliorem 
&  pTigmta  multo  il- 
hflriora  nunc  propo- 
ft*it  :  non  enim  am- 
plius  terra  ac  terre- 
na  ,  fed  calum  CT*  qua 
intelligentiam  fupe- 
rem  bona  perfun^os 
txpefiant. 


VERS    Traitez.         ^^î 
fortis  de  l'enfance  5   Si  que 
nous    n'admirons  plus    leurs 
petites  adions ,  ainfî  que  nous 
faifîorts  dans  ce  premier  âge  5 
mais  que  nous  voulons  qu'ils 
en  fallcnt  de    plus    (érieufes 
dans  un  âge  plus  mur  &  plus 
avancé,    de  même  Dieu  ne 
demandoit  pas  autrefois  des 
hommes   dansi   ces    premiers 
temps  ,   où  le  monde    étoic 
encore  comme  dans  fon  en- 
fance, des  chofes  fî  grandes 
&  fî  parfaites  ;  mais  depuis 
que  les  Prophètes  &  les  Apô- 
tres leur  ont  annoncé  la  vérité, 
&  qu'ils  ont    re^û   l'efFuiion 
des  grâces  de  rÈfprit  faint  ^ 
leurs  obhgations  fe  font  infi- 
niment accrues.    Et  ce  n'efl 
pas  fans  fondement  j  puifqu'on 
leur  a  aufîi  propoîe  un  plus 
grand  prix ,  &  de  plus  amples 
récompenfes  :   Car  ce   n'efl 
plus  maintenant  la  terre  &  des 
biens   terreftres    qu'on    leur 
promet ,  mais  le  ciel  même 
&   des    biens    qui  furpalfenc 
tout  ce  que  notre  intelligence 
peut  concevoir. 


*^W. 


.G  g  g  iiïj 


6^1        Des    Livres    contre    ceox 
DES       LIVRES 

contre  ceux  qui  blâment 

LA   VIE  MONASTIQUE. 


ir^O.  T    ^  ^"jy^  7'<*  n  eue  à  la  -vie  , 

Rareté  de  ï^^cP  ctrohe  ,  CT*   il  y  en  a  pet* 

ceux  qui  qui  la  trouvent.  §^ il  y  en  a  peu 

trouvent  la  qui  trouvent  cette    voye  du 

voye     étroite  ^.jçj      -j        ^^^   ^    ^^^^^^    t)ien 
cC  qui  V  per-  •  '^  •  .    •    r     '  >   1 

f*:wL»nr  moins  qui  arrivent  lulqu  a  la 
hn.  Car  il  ne  faut  pas  s  ima- 
giner que  tous  ceux  qui  y  en- 
trent d'abord  ,  y  perfcvérent 
jp.fques  au  bout  :  Mais  il  y  en 
a  qui  tombent  des  le  com- 
mencement,  d'autres  au  mi- 
lieu du  chemin  ,  &  plulîeurs 
de  ceux  qui  étoient  prêts  d'en- 
trer dans  le  port,  y  font  mi- 
ierabkmenc  naufrage. 


iipt. 


II  nous  eft  fans  doute  beaw- 
V^mtl'àci  c<*"P  P^"s  avantageux  de  corn- 
juttes  cour-  mencer  par  des  peines  tempo- 
tes ,  récom-  relies  &  palfagcres  y  pour 
ponté  éternel-  pafler  à  un  repos  infini  j  que 

^=*  de  ne  foire  4"^  goûter  ici 


Adverf.  vituper. 
vitJE  monaft.lib.  i. 
cap.  8»    Arda  via 
qux    ducic  ad  vi-  , 
tam ,  8c  paucifunt 
quiinveniunteam: 
Sin  veto   pauci  [uni 
qui  inVeniunt ,    pro-* 
fecio   longe  pauctores 
erunt  y  qui  ad  fum^ 
mum  ejus   pervenirt 
pcfjlnt.   Neque   enim 
omnei  quitlUm  initi» 
appreljendtruftt  ,   ad 
finem  eliam  proveHi 
fttnt  i  fed  alii  qttidem 
in  ipfispaiim  initiii  » 
nonnulli  ittnerh  me» 
dto  5  plurifni  vero  in 
ipjumjam  porium  in» 
teâîf  na(*fragiumfe» 
cerunt. 

Lib.  2.  cap,  14, 
Muho  projeflo  mehui 
multoque  prajlantius 
efi  à  temporaUhui  C?* 
momentaneii  Uhori* 
bui  inçipere  f.  at^iut 


QUI  BLAMENT 
h  infinitam  requiem 
dejînere  ,  cjuam  ht  s 
qt*£  vident ur  ejje  ju- 
(undijjima  brether 
^tiflaiti  ,  in  fumma 
€i^ ^ravijjïma  incont' 
moda  dt'cidere. 

Lib.  3.  cap.  z. 
Eorum  qttoque  deli- 
{îorum  qux  videntur 
fjfe  levia  CT*  nulla  , 
terrihiles  tune  panai 
txpendemui.  Adeoju- 
dex  ipfe  pari  Cr  ea- 
de  m  ferè  dihgentia 
€?'  noPram  CT"  proxi- 
nfirum  nojîrorum  fa- 
lutem  rcqutrit  à  no- 
bis  ;  idcirco  Paulus 
femper  ^  uhicjue  mo' 
retjtn^ulos  non  qu3e 
ftia  funt  qiiiErere  , 
fcd  qux  proximo- 
rum. 

Cap.  3;  ¥  P^^- 
tnui  malitU  CT-  cru- 
delitatii  gradus  ab 
infimis  afcendendo  , 
jumenta  O*  pecora 
inimicortim  errantta 
Vel  hpfa  nenltnrere. 
Secundus  illo  fuperior 
inimicos  if^fos  ntgU" 
gentius  curare  .  .  .  , 
Tertius  deinceps  fra» 
ires  afpernari»  licet 


LA  VIE  Monastique.  ^33 
en  pafrani&  durant  quelques 
momens  des  biens  qui  paroif- 
fenr  agréables ,  pour  tomber 
enfin  dans  des  maux  très- 
grands  &  éternels. 

Dieu  exigera   un  jour  de     ^\Y^;^^^ 
nous   une  tres-ngoureufe  pu-  ^^  jf  mier 
nition  àts  péchés  qui  paroif-  jugcnicot. 
lent  maintenant  les  plus  lé- 
gers ,  &  même  de  ceux  qui 
femblcnt  ne  le  pas  être  :  Et 
ce  jufte  juge  ne  nous  deman- 
dera pas  un   moindre  compte 
du  falut  de  notre  prochain  , 
que  de   notre  propre  filut  : 
C'efl:   pour    cela    que    Saint 
Paul  nous  avertit  /îfcuvenr, 
de  ne  pas  prendre  feulement  fotn 
de  ce  qui  nous  regarde  ,  maJs  auf» 
fi  de  ce  qui  regarde  les  autrss. 


Le  premier  8c  moins  crimi-      ï  rp  J, 
nel  degré  d'inhumanité  en-      î^ivers  d(f- 
vers  le  prochain  ,  ei\  de  né-  "'"",  f  i'^^^"- 
gliger  le    foin  d.s   beftiaux  JlJTu  cb^ 
de  Ton  ennemi  qui    feroient  jjté, 
égarés  ou  tombés  en  quelque 
lieu  dangereux  :*  Le  fecod 
e{{  de  négliger  le  foin  de  h 
perfonne  même  de  notre  en- 
nemi. Letroifiéme  eft  de  mé- 
prifer  les  autres  hommes  qui 
foac  nos  frères  ,   quoiqu'il 


é^4  3DÉS      LIVRES      CONTRE      CEUX 

jiousfoient  inconnus.  Le  qua-  fuerint  ignoti.  Quar- 
triéme  eft  de  méprifer  ceux  tus  familiares  quoqug 
même  que  nous  connoiffons 
&  qui  nous  font  familiers.  Le 
cinquième,  ci\  de  ne  pas  nous 
mettre  en  peine  de  les  voir 
périr  non  feulement  lelon  le 
corps  5  mais  encore  félon  l'a- 
me.  Le  fixierae  eft  ne  pas 
négliger  feulement  le  foin  de 
nos  amis  ,  mais  même  de  nos 
cnfans  qui  fe  perdent.  Le 
feptiéme  eft  de  ne  pas  leur 
donner  des  perfonnes  pour 
les  conduire.  Le  huitième  eft 
d'empêcher  que  ceux  qui  s'of- 
frent d'en  prendre  le  foin, 
ne  le  falîent.  Et  le  neuvième 
&  dernier  degré  de  malice  & 
d'oppofition  à  la  charité,  c'eft 
quand  non  feulement  on  em- 
pêche les  autres  de  prendre 
foin  de  nos  enfans  ,  mais  mê- 
me qu'on  les  maltraite  &  qu'- 
on hs  perfecute. 

Doii  vient  que  les  enfans 
Pcresiiui    fe  dérèglent  &  fe  perdent ,  fi-    ex  ratione  contingH 
gligent     le  ^^^^  ^g  ^^.  ^^^g  jg^-ç  p^j-gs  s'at.     ^^   perverjt  fiant  "/«- 

fan/  ,  "pfres  ^^^^^"'- ^^^^   e%cès  ,   &    fi  on     hri  ,ni/î quodeorum 
que  des  par-  P^"^  '^  '^^^^  ainfi,  avec  folie  & 


IÏ574' 


de/picere.  Qitintus  , 
càm  non  folum  cot" 
pore ,  vertim  anima 
quoque  fratrum  pe- 
reunte  ,  dejîd^mus. 
Sextusy  fi  nonfamî' 
Uaribmmoào ,  vtrùm 
ipfîs  quoque  Uheris 
noftris  pereuntihui 
negligimus.  Stptimus, 
citm  nec  altos  quitus 
tlU  cur<e  e[]e  poffmi 
providentés.  Ofia» 
vus  ,  cùm  CT*  eos  qui 
idà  feipfii  facere  in» 
fiitttunt ,  arcemus  at» 
que  prohihemus.  No'- 
nus ,  chm  non  tcin" 
tum  altos  prohihemusy 
veram  oppitgnamilS 
quoque. 


Cap.  j^.NulUalU 


licidcs.  emportement   aux    biens  du 

monde.  Car  comme  ils  ne 
cherchent  autre  chofe  ,  & 
n'eftiment  rien  de  préférable 
à  ces  biens  terreftres ,  cela  fait 
«qu'ils  négligent  &  ^u'iU  âb»iv 


patres  circà  zita  pr<- 
fentiscommoda ,  <equ9 
ampltus  incumhunt , 
CT*  ferè  dixerim  in* 
faniunt.  Cum  enim 
tllafolummodo  tnqni' 
runt  i  nihil<itt9  tllk 


QUI  BLAMEKT 
pr<tferend»m  cenfent, 
€y  fttam  pariier  ,  CT» 
liber  orum  animant 
negligere  coguntur. 
Hos  ego  patreSy  qttod 
nemo  tamen  me  corn' 
tnotius  dicerey  quàm 
Vertus  exijlimet  ypar- 
ricidis  ipjîi  immani<y 
res ,  C  fceleratiores 
dixerim.  Illi  enim 
corpus  ab  anima  fe- 
parant  ^  tjH  O*  ani- 
mam  CT*  corpus  ater' 
nii  ignibus  tradunt. 
Atqtte  is  qitidem  qui 
corpore  occpditury  ne- 
eefjari'j  naturaU  lege, 
etiamfi  necatus  non 
fuiJJ'et  »  moreretur  : 
hic  verofempiternam 
mortem  vitarepotuif- 
fet  y  nifihanc  au  pa^ 
terna  ne^ligcntia 
confcivijfet.  Frxtereà 
eorporis  mortem  fu' 
perveniens  protintts 
refurreClionis  gloria 
delere  poterit  facilli~ 
me  :  animée  V'ry  in- 
ieritum  nihtl  folari 
poterit  y  cum  ipjtnulla 
jam  fît  reiiqua  fait»' 
tis  fpes ,  verum  im- 
mortales  cruciatus 
ker^çognm*  Ua^m 


LA  VIE  Monastique.     6}^ 

donnent  le  foin  de  leur  ame, 
&  du  falut  de  leurs  enfans. 
Et  qu'on  ne  croye  pas  que 
j'en  parle  ici  avec  plus  de 
chaleur  &  de  paflion  ,que  de 
vérité  >•  fi  je  dis  que  ces  pères 
là  font  plus  cruels  &  plus  fce- 
lerats  que  des  parricides.  Car 
fi  les  parricides  réparent  le 
corps  de  i'ame  ,  ceux-ci  bier» 
plus  inhumains  livrent  &  l'â- 
me &  le  corps  aux  feux  éter- 
nels. Quand  celui  qui  eft  tué 
félon  le  corps  ,  ne  l'auroit  pas 
été  alors  ,  il  feroit  toujours 
mort  en  un  autre  temps  par 
la  loi  indifpenfable  de  fa  mor- 
talité :  mais  ces  patfrres  en- 
fans  mal  élevés ,  auroiens 
peut-être  évité  la  moit  éter- 
nelle, fi  la  négligence  de  leurs 
pères  ne  la  leur  avoit  pas 
caufée.  De  plus  la  gloire  de 
la  réfurredion ,  pourra  un 
jour  effacer  en  un  moment  la 
corruption  de  la  mort  de  nos 
corps  ;  mais  rien  ne  pourra 
réparer  la  mort  de  îame  5  puif^ 
qu'il  ne  lui  reftera  plr.s  alors 
aucun  efpoir  de  falut,  &  qu'- 
elle fera  condamnée  à  des 
tourmens  éternels.  Ce  n'eft 
donc  pas  fans  raifon  que  nous 
avons  regardé  ces  malheureu^s 
pères  comme  plus  méchans 
que  4es  parriçiàes ,  puifiiu'iJl 


ïipr. 


6j6        Des  Livres  coktrb  cêox 

ne  paroît  pas  ,  que  de  s'armer  non  injuria  pAretihi 

d'une  épée  6i    de  la  plonger  eju/modt      détériores 

dans    la  gorge  de  Ion  propre  pamcidts     dixittas, 

fils  ,  foit  une  adtion  plus  cruel-  Non  enim  ttà  crudele 

le  ,  que  de  corrompre  &   de  factnus  vlJetur  gU- 

faire  mourir  ion  ame  même,  dium  acuere ,  z^  at" 

mare  dextram^  atqrte 
in  ipfum  fiit  gutt»r 
immergere ,  ut  ani' 
mam  perimere  ,  4î- 
5«e  corrumpere. 

Dura  ac  penitHS 
acifia  cr  violenta  res 
ej}  confitetuio  ad  vin-- 
cendam  capieniam» 
que  antmam  ,  cttm 
imprimii  tffa  voltt' 
ptatem  adjutricem 
hubeat  :  ea  vero  vir" 
tus  ad  qtiam  fej}/r:a- 


la  coutume  eft  comme  un 


quam 


tramfe 

eari  finderrtHs  y  tn 


em  <y  appli' 


Perverfe     tyran  qui  domine  lur  notre 

éducation  des  ame  avec  la  dernière  violence, 

enfans   caufe  &  qui    fe   l'airujetit    abfolu- 

de  leurs  de- j^gj,^  ^^j^^i^e  (q^i  ef^lave  ,  lorS 

fordres^  '^'principalement  qu'elle  efta^- 

^"'"^'^^^"^déeS^^rtil^ée  par  la  volupté. 
Au  lieu  que  la  vertu  à  laquel- 
le nous  tendons,  &  que  nous 
nous    efi-orçons    d'acquérir  ,    mus  ,  CT-  ad 
nous  coûte  beaucoup  de  tra- 
vail pour  y  arriver.  Âufïi  fut- 
ce  pour  cela  que  lorfque  Dieu    Rentes  nobis  pr^heat 
voulut  faire  perdre   aux  Hc-    Uhores.       Quocirc^ 
breux  les  vieilles  &  mauvai-    - 
fes    coutumes   qu'ils  avoient 
appriles  chez  les  Egyptiens  , 
il  les   mena    dans  le   defert 
pour  les  éloigner  de  ces  peu- 
ples qui  les  avoient  corrom- 
pus; &  les  tint  plulîeurs  an- 
nées dans  ces  folitudes,  com- 
me dans  un  monaftcre  pour 
former  leurs  efprits  à  la  ver- 
tu ^    fe  fetryanc  envers  eux 


Deus  quoqAe  ipfe , 
cum  Htbrsis  eoruin 
quA  in  /E^ypto  didi^ 
cerant  matorum  VelHS 
cenjHetuào  deponenda 
effet,  feorfttm  tUos  tn 
folitudmem  quàm  Ion- 
gifjimeabiihs  à  qui' 
bus  corrumpebmtur 
abduxtt,  Cf  tanquam 

h  mQnapmç  Ubrum 


QUI  BLAMENT 
fermahat  animos  , 
^iam  oxnnem  mtdi- 
cinéC  O'  curationii 
tentans  a/periorem 
atque  lenioreni ,  ni- 
h^lque  penpttti  omit- 
tens  ex  fis  qn^  vide- 
rcniur  eorum  faluhri- 
tati  profuiura.  El  ne 
fie  quidem  illi  vitia 
effttgermt ,  fed  cùm 
ntanna  ctltpi  ciho 
aUrentur  ,  cepas  ta- 
men  €7*  allia  O'  ex» 
tera  ^-gypti  tnala 
fraferebant  afq-^e  re- 
quirehant ,  adeogra- 
fe  malam  ejï  confite- 
ttido.  Si  autem  Jw 
iti  cum  tinta  divt- 
pa  diligeniidt  cnra 
fruerentur ,  ducemque 
pr^flantiljîmum  CT» 
0deo  eg^regium  ,  ctti 
piterentur  ,  l)^herçnt^ 
ptetuque  pr£ierea  O" 
çomminatione  ,  ÇT* 
hen? fiais ,  O"  crucia- 
tibus ,  modis  deuicjue 
çmnibus  erudirentur  , 
tantaque  QJ*  tam  il- 
l^iflna  miracula  vi' 
derenty  in  nnUo  me- 
Itores  evafcrt*rtt  :  tu 
fiUum  tuum  juvenem 
^•1  /^'^yt^^    rnedk  p 


LA.  VIE  Monastique,  é^'f 
tantôt  de  la  févérité,  &  tan- 
tôt de  la  douceur,  comme 
pour  tenter  toutes  (ortes  de 
remèdes  afin  de  les  guérir  de 
leurs  maux  invétérés  ,  &  ne 
négliger  aucun  des  moyens 
qu'il  jugeoit  propres  à  leur 
pr.ocuicr  lafanté.  Cependant 
tous  ces  foins  ne  furent  pas 
capables  de  remédier  a  leurs 
vices,  &  de  les  empêcher  de 
fbuhaiterles  oignons  d'Egyp- 
te ,  &  de  préférer  tous  ces 
miiérables  alimcns  dont  ils  fe 
répailfoient  autrefois  en  cette 
terre  étrangère  ,  à  la  man- 
ne du  ciel  dont  Dieu  même 
les  nourriilbit  :  tant  eft  grand 
&  tyrannic]ue  le  pouvoir  de 
la  coutume  &  de  1  habitude. 
Si  donc  lors  même  que  les 
Juifs  étoient  favorifés  h  puif- 
famment  dçs  foins  &  des  af- 
fiftances  de  Dieu  j  qu'ils 
étoient  cojiduits  &  gouver- 
nés par  un  chef  fi  excellent 
&  fi  autoriiè  parmi  eux  j 
qu'ils  étoient  inftruits  &  fou- 
tenus  du  Seigneur  ,  tantôt 
par  les  menaces  ,  les  cliâti- 
mens  &  la  crainte  >  tantôt  par 
des  bienfaits  &  des  miracles 
fi  prodigieux  ,  fi  dis-je  ,  tous 
ces  fecours  divins  n'ont  pas 
été  capables  de  les  réduire 
Si  |e$ftike. devenir  aieill^juiti 


«3^         Des  Livres  contre  ceux 

comment  pouvez  vous  vous  five  magis  in  medi'd 
imaginer ,  que  ce  jeune  fils  dimicattone  ver/an^ 
que  vous  avez  en  Egypte  ,  tem  ,  nullumque  q»i 
c'eftàdiie  au  milieu  du  mon-  quod  utile  ejfe  f>cf]it 
de  j  où  il  n'entend  rien  qui  confuUt  audientem  : 
le  porte  au  bienj  &  où  au  cun^os  vero  ad  ea 
contraire  tout  ce  qu  il  voit  qu<t  contraria  faluti 
&  qu'il  entend  l'en  détourne  ^  Junt  [e  exïmrtan  in' 
&  lui  infpire  le  mal,  &ceux  fpictentem ,  atque  eos 
ies  premiers  de  qui  il  tient  ommum  maxime  qui 
l'éducation  &  la  vie  ,  com-  Ce  genueritm  c?*  edu- 
fnent  ,  dis -je  ,  penlez-vous  caverunt  diaboli  la- 
qu'il  puifle  éviter  les   embû-    queos   evadere  poffc 

ches  &  les  pièges  du  démon  ?    arbitram  ? 

^t  en  effet  comme  fi  vous  Cap.  6.  reluti  emm 
aviez! pris  à  tâche  de  perdre  dedtta  opéra  libérai 
vos  enfans,  vous  êtes  les pre-  veproi  omni  fludt» ^ 
miers  à  les  porter  à  faire  tou-  perdere  cureits  ,  it4 
t^s  les  chofes  qui  damnent  umverfa  illos  facers 
infailliblement  ceux  qui  les  JHbetts,  qu<e  qui  fa^ 
font.  £t  afin  de  vous  le  mar-  ciunti  /ahi  efse  mrt 
quer  plus  précifement ,  repaf-  poffunt.  Idfi  placet  » 
fons  ici,  je  vous  prie  jles  in-  aUqt*anto  aliim  con^ 
ilrudions  que  nous  donne  Jîderemus ,  c^leflibus 
Notre  Seigneur  en  fon  Evan-  Evangeltum  vocibus 
gile  :  Malheur  à  vous  qui  rie;;^  intonans  :  Vx  ,  in- 
jEt  vous  ne  faites  autre  chofe  quit  ,  ridentibus  : 
tous  les  jours  que  de  leur  pro-  vos  illis  quotidie  in- 
curer  mille  occafions  de  rire  numeras  nfm  occajîo- 
&L  de  ie  divertir.  Malheur  à  nés  ^r^betis.  Va»  ai' 
TOUS  qui  êtes  rtches  :  Et  vous  au  vitibus  ,  vos  contra 
contraire  vous  employez  tous  ut  i!U  pecunio/îfflmi 
vos  (oins&  vos  efforts  pour  fant ,  univerfa  moit- 
iés enrichir.  Malheur  à  vous  m/«i.  V2  cùm  vobis 
lorfque  tous  les  hommes  diront  du    benedixerint    om- 

hiqt  de  vms  ;  Et  vous  faites    ncshominQsivo! att^^ 


QUI  BLAMENT  LA  VIE   MONASTIQUE.        6jj} 

ttm  C^  quidem  f^pe  y  fouvenc  des  dépenfes  trcs- 
6tt  lat^iei  favorejtjue  fomptucufes  &  vous  vous  rui- 
popuUres  confeqtta-  nez  pour  paroicre  magnifiques 
mini  y  omne  patrimo-  aux  yeux  du  monde,  &  en 
fiium  ejfunditis.  Rur'  attirer  les  applaudiiremens  ^ 
/ufque  ,  qui  fratrem  les  loiianges.  D  aiiltuis  l'Er 
contumeliis  ajfecent  ,  yangile  nous  apprend  que  qui- 
femptternis  tgnibui  conque  injurie  fon  frère  mé- 
chnoiciusfit  :  vos  au'  rite  la  punition  du  feu  é ter- 
rem  e?*  imhecdles  ef?e  nel  ;  &  vous  ,  vous  témoignez 
putatis  G*"  timidos  eftimcr  lâches  &  timides  ceux 
qui  tacite  Jlhi  iilatas  qui  foutfrent  quclqu'injure 
contumelias  ferunt  ,  avec  patience.  Mais  vous  ne 
C^c . , . .  Ncque  ijîud  vous  contentez  pas  de  cette 
folum  iniqHum  G*  irt'  conduite  fi  criminelle  ,  Se  d 
dignumejlqtiodChri-  indigne  d'un  Chrétien  ,  d'en- 
piprteceptis  contraria  Teigner  à  vos  enfans  des  cho- 
docetis,  verum  quod  ^es  contraires  aux  préceptes 
favorabiUèus  appeU  dejESUS-GHRlSTs  vous 
Utionibus  vitia  ob-  allez  encore  plus  loin  ,  en 
ducitis.  Qttippe  Cir-  couvrant  la  laideur  des  vices 
cen/îbus  ludis ,  CTTe-  de  noms  fpécieux  ;  Vous  ap- 
liquis  fpefiacuUs  iti"  pelle?,  les  Tpeétacles  un  diver«- 
terejjejugiter^  urba-  tilfement  honnête  ;  la  prodi- 
nitatem  CT*  facettas  galité  &  la  diflîpation ,  libd- 
vocatis  :  divitUs  af-  ralité  &  largelîe  j  &  vous  don- 
finere  Uberalitatem  :  nez  à  l'injuitice  le  nom  de  for- 
gloriam  amare  ,  ma^  ce  &  de  fermeté.  Et  ne  vous 
gnanimitatem  :  ar-  contentant  pas  encore  de  ces 
rogantiam ,  confiden-  pièges  que  vous  tendez  à  vos 
tiam  :  prodigaltta-  cnfans  j  vous  les  trompez  en 
fem  5  clementtam  :  donnant  aux  vertus  des  noms 
fnjupliiam  fortitudi-  odieux.  Vous  appeliez  la  pu- 
pcnt  effe  ajjerentes.  leté  ,  une  humeur  rude  & 
^um  vero  qua/i  non  farouche  ;  la  modeftie,  crain- 
■hac/i*fficiat  decifnh^  te  ^  l'équité  fif  la  juftice  ,  foi? 


i?4o       Des    Livres    coktrb    ceux 

blelFe  ',  le  mépris  du  fafte  6c  virtutem  quojue  con^ 
de  la  gloire  ,  baiîeire  d'efprit  ; 
la  toléranc-e  d^s  maux  ,  im- 
bécillité &  lâcheté  ;  comme  fi 
v-ous  appréhendiez  que  fi  vos 
cnfans  apprenoient  d'ailleu-rs 
ks  vrais  noms  d-cs  vertus,  & 
lt;ur  vrai  mérite ,  ils  ne  tra- 
vaillafiént  à  fuir  les  \icç^s 
qui  leur  font  contraires.  Enfin 
vous  négligez  1-c  foin  de  leurs 
a;nes ,  comme  fi  elles  étoient 
quelque  chofe  de  vi]  &  d'i- 
eutile  i  &  en  même  temps 
que  vous  ne  faites  nul  cas 
des  choies  principales  &  né- 
celîa-ires,  vxiusappiiq-uez  tous 
vos  foins  &  toute  votre  in- 
duftrie  à  leur  procurer  celles 
qui  leur  font  véritablement 
i-nutiles  &  fuperfluès  :  vous  niciem  filii 
avez  grand  loin  qu'ils  ayent 
de  bons  lerviteurs ,  de  bons 
chevaux  ,  de  beaux  habits  : 
&  vous  ne  faites  rien  pour 
qu'ils  deviennent  bons  eux- 
mêmes  ;  vous  n'y  penfez  feu- 
kment  pa^. 


trariis  nominibus  oh' 
nubitls  ,  ru/licitatem 
quidem  pudiciiiam 
vacantes  :  formtdi^ 
nem ,  modejliam  ;  im- 
becillitaternque  ,  jtt» 
jlitiatn  ;  contemptum-f 
cjuefafim  O*  g^orify 
jsrvilis  e/J'e  anlnip 
exifltmanïes  ,  nialo* 
rurnque  tolerantiam  y 
ignaviam  C?'  infir" 
muatem  :  tanquàm 
profeflo  metuenies ,  ne 
Ji  tandem  veram  C7* 
froprtam  harum  re~ 
mm  appellationem  ab 
alits  audicrint  j  effu>' 
giant   ejufmodi  fer-^ 


yos   illarum    animas 
ut    vile    aliquid    ac 


fuperfluum  negligilis  : 

corttm  autem  qu<e  CT* 

Juperfina   rêvera    C7* 

indigna  fUnt  j  veluti 

ea  necejjaria  Jint  ZD* 

princtpaiia  curaynge- 

ritis  ingentem,  Nempé  enim  ut  fervus ,    ut  equus  opti- 

mus  ,  vejlifque  pretiojîfjîma  fili)  ft   omnia  facitis  i    ut 

ùutem  tpfe  bonus  O"  probus  pat  ,    jie  cogitare    qmdtm 

unquam  vmtts. 

i^^t'  La  Philoropkie  Clirétien-     .    Wlofaphia anîwr . 

Excellence  _    ,        ,  ' ,  .      ,,         ,.  '",,.' 

À\x   ChiiHia- ""^  >    ^  ^^  regleir.ent  de  la-    Utterarumerudtttonr^ 

Êifnic.      "   ïiwîj  l^irpaiTe  auunt    ea  ex-  JiitÀiifqHeUUraUlm, 

ÎAT7Î9 


QUI  «LAMERT 
tamo  dijjîciUor  tj\ 
O*  operofîor  y  quanio 
facere  quant  dicete 
dtffî(.iliuj  j  operjtjucy 
quàm  verba  Uborio' 
jtora  fant. 

Cap.  lO.  Inde  id 

^ucd  umnia  pervertit 

^perturbât ,  meiini 

&  tu  uni  ^ptnifiti  eli- 

minuîum  ej}.    CmMa 

quippe  illis  communia 

funt  ,  menf^  ,  domus , 

indumentum  CT"  quoi 

fane  mirabiliui  */?   , 

ttnus  etiam    idemque 

animui   omnibus   ejï, 

Omnes    eadem    funt 

nobilitate     nobilts    , 

omnes   eadem  ftrvi- 

tute  fervt ,  eadem  It- 

bertate  liberi   ,    un<£ 

illic  omntbus  divttta , 

ç»<e     Vcr£      diviti£ 

funt  :  una^lorta  qu£ 

Verè  gloria  e!}.    Non 

»iim  in  appellationt' 


LA  VIE  Monastique.  (^\ 
cellence  aulTi  bien  qu'en  dit- 
ficultc  de  les»  acquérir  l'étu- 
de des  lettres  &  dts  fcientes 
prophanes  i  que  les  adions 
Ibnt  au  dclVus  des  paroles. 


Le  tien  CT  le  mien  ,  difïérerr- 
ce  qui    mec  le  trouble  &  la 


iiiJ7. 

Boiih-rur 
dili'cnfion  en    toutes    chofea  d'un    Mona- 
dans  le  monde  ,   eft  abfolu-  ^^'^  '^é^«' 
ment    banni  des    monaitéies 
Tout  y  elt   commun  ,    la  ta- 
ble ,  le  logeaient ,  les  habits  5 
&  ce  qui  eft  de  plus  admirable, 
un  leul  &  même  efprit  règne 
parmi  tous.  Ils  (ont  tous  41- 
luiires  par  une  même  noblef*- 
fe  i  tous  fournis  tous  un  mê- 
me joug  ,  tous  iibies  de  l'ef- 
clavage  du  démon  par  un  mê- 
me prix  qui  les  en  a  rachetés: 
Leurs  richefles   qui  lont  les 
véritables  ,    Ibnt    les   mêmes 
en  tous  :  Leur  gloire  ,  qui  eft 
la  vraye  gloire  ,  eft  auftî  la 
même.   Cjt   leurs    biens   ne 
fonfîftent  pas  en    de  fimples 


hus  ,fedtnip/îirtht'S  noms,  mais  dans  la  réalité 
des  chofes.  Us  n'ont  tous 
qu'un    même    plailir    ,    une 


hona  eorum  con/iflunt. 
Vna  ibf  voluptas,  una 
jmunditai  ,  un<e  ddi- 
€t£  ,  unum  dejîde- 
rtum  »  una  fpes  om- 
nibus ef},  Ihi  veluti 
quadam  eX  régula  CT* 
Ubr4   eunéla  diligen' 

Tome  L 


memejoye,  un  même  defîr, 
un  même  elpoir.  Toutes  cho- 
fes font  réglées  &  pezées  en- 
tr'enx  avec  la  ccmieie  exa- 
d'tude  par  une  même  règle 
&  une  mêni€  balance.  Nuide 
Uhh 


^42 


Des  Livres 


une    pkitaiie  modéra- 
une  convenance  gé^ié- 


Préférer 


tu  a  la  fcien- 


inégalité  ne  i  y   rencontre   , 
mais  il  y  a  un  fouverain  or- 
dre , 
fion, 

raie  ,  un  loin  merveilleux  de 
tout  ce  qui  peut  entretenir 
la  concorde  ,  &  un  contmuel 
fbjet  de  joye  que  rien  ne 
fçauroit  troubler. 

Quel  bien  y  a-t-il  pour  les 
enfans  de  les  envoyer  à  des 
^ansTéduca-  écoles  où  ils  apprendront  plû- 
tiondesen-  tôt  les  vices  que  Téioquence  j 
fans ,  1.1  ver-  &  où  en  s' étudiant  à  acqué- 
rir ce  qui  eft  le  moins  confi- 
dérable  ,  ils  font  en  danger  de 
perdre  ce  qui  eft  le  plus  im- 
portant ,  fçavoir  la  vertu  de 
l'ame  ,  &  les  inclinations  au 
bien.  Quoi  donc  ,  me  dira 
t'on  ,  eli-ce  ou  il  faut  détruire 
tous  les  collèges  ?  Nullement, 
mais  ce  que  je  dis ,  &  ce  que 
je  crois  ,  c'cft  qu  il  faut  pré- 
férablement  à  tout  le  reftc, 
employer  nos  foins  &  nos 
travaux  à  empêcher  que  l'é- 
difice de  la  vertu  ne  fe  dé- 
truire, &  qu'on  ne  faffe  pé 
rir  la  vie  de  i'ame.  Car  fi  elle 
eft  chalie  &  tempérante  ,  le 
défaut  de  l'éloquence  lui  nui- 
ra peu  j  au  lieu  que  fi  elle 
fe  corrompt ,  la  perte  en  fera 


COSTRE    CEUX 

tiffimèfunt  or^inabf^ 
NhUu  iht  inaqualitas^ 
catttHm  orcUjHmmus 
ùy  moderatio  c?*  conm 


prefqu'irréparabie  ,    quelque 

clcKjucDte  que  iok  i^  iangu^  ;  iogÛtmU      swfitniki 


VementU  ,  <y  tneffa^ 
l'Iris  concorditt  Jer-m 
Vtndtg  di.igemia  , 
j**g'f(]*te  ac  perpexmt 
l*tttia  materia. 

Qtitd  commodi  illf- 
confecuturi  funt  fi 
mhtantur  ad  magi^ 
flros ,  ubi  vit  ta  priùt 
omnia  quàm  elotjuen»^ 
tiam  addtfcent ,  dum» 
^i*i  qu  d  minimum 
sfl  accipere  CT*  ^Jfe» 
qtti  Jîudent  ,  amit-' 
unt  td  quoi  longue 
maximum  eft  ,  vtres 
animi  ftilùet  cm* 
nemqne  prohitatii  tn» 
doUm.  Quid  ergo  ? 
Scholafne  omnes  di'^ 
ruemu»  ,  inquiunt  ? 
Minime  id  qmdem 
dico ,  fed  ut  ne  vir- 
tutis  deftruamusadi^ 
ficium  ,  vtventemque 
diruamus  animam  y 
omm  fttidio  G?*  /»ro- 
videndum  CT*  caven^ 
dum  ctnfeo.  Qtht  fi 
quidem  pudica  fnerti 
eiT'  folffia  ,    Tuiîlo  e» 


QUI  BLAMENT 
éfficietur  incommoda , 
fin  vero  fpterit  corrtt- 
fta ,  dumna  confeaue- 
tur  ingentia^  etiamjt 
Ungua  vehementer  <ir 
mcuta  /nerit  CP*  ex- 
folita  i  tanto<jue  met- 
for  a  ,  quant 0  dit  vu 
dicendt  major  acctfjli . 
I^ecjHUia  enimfiium 
dicendt  facHÎtate  fi*e- 
tit  conjunOa  ,  multo 
détériora ,  quàm  im^ 
fferitia ,  muhoque  fu- 
nefltora  folet  operari. 
Cap.  IX.  Fallts 
teipfum  prorfus  ac  de- 
sipii ,  fi  putas  aliud 
à  fiecttlarthus  9irts , 
étUud  à  monachis  re- 
^mri.  Hacentmfere 
yôZ*  efi  in  utroquegC' 
nere  vita  dijfereniia  , 
^uod  tilt  quidem  ma- 
trimonit  fe  vtnculii 
confirmgunt,  ht  vero 
iis  liberi  perdurant, 
in  reliquts  vero  com- 
mtints  y  atqtte  eadem 
ah  Htrifij^ue  viiit  to" 
tius  ratio  reqtiiritur  , 
eî/dem  pro  cu'ph  pce- 
Ha  una  omnibus  de- 
ietur.  .  .Neque  enim 
Chrifius  cunt  de  his 
monitit  edtrep  y  îegef^ 


LK  VTE   MoNA^TlàUB.       ^45 

Et  meoie  ileit  vrai  de  dire, 
que  pliii  elle  aura  acquis  Tart 
de  bien  parler  ,  plus  elle  en 
fera  expofce  à  de  grands  pé- 
rils j  parce  que  quand  Telo- 
quence  fe  joint  à  la  corruption 
de  refptic  ,  elle  produit  des 
maux  &  des  dcfordics  bien 
plus  funelles  ,  que  lorfqu  elle 
fe  rencontre  en  des  elprits 
i^norans  &  gioûlers. 


Voui  vous  abiifez  &  vous  1X9^. 
vous  trompez  fi  vous  vous  il  nydoitf 
inraginez  que  Dieu  demande  ^voiv  d-  dig- 
autre  chofe  d'un  religieux  que  f-'^''^"'^"  ^^"^^ 
d'un  féculier.  Scichez  donc;"^"^."^''"^ 
qiiilny  a  entre  ces  deux  gen  p^,^^  ^ 

res  de  vie  prefqu'aucune  dif-  mariage. 
férencCj  finon  que  les  fécu- 
liers  s'engagent  dans  les  liens 
du  mariage ,  &  que  les  reli- 
gieux en  font  exempts  Mais 
dans  tout  le  refte  ,  ils  font  0- 
bligés  aux  mêmes  devoiïs  en- 
vers Dieu  ,  &  fujetfs  aux  mê- 
mes peines  s'ils  manquent  à 
\ts  accomplir.  Car  JESUS» 
CHR.1ST  en  donnant  aux 
hommes  fes  inftruâions  ,  & 
en  publiant  Tes  loix  ,  n'a  pas 
obferyé  entre  eux  cette  di- 
ftin^tion  ;  Si  un  Mxîinejufe^ 


644        I^ES  Livres  contre  ceux 

cela  vient  du  maU  Si  îî  ce  n'cit  que  flatueret  •>  ha  dr^ 
pas  un  moiiTe  ,  cela  ne  vient 
pas  du  mal  \  mais  il  s'eft  ex- 
pliqué abfolumcnt  ,  en  ces 
termes  :  Et  moi  je  vous  dts  -de 
ne  jurer  en  aucune  forte.  Et  il  a 
parlé  de  raê  ne  dans  tous  Ïqs 
autres  grands  &  admirables 
commandemens.  Ainfî  quand 
il  a  dit  :  Bienheureux  les  pau' 
Vres  d'efprli  O*  de  coeur  ,  il  n'a 
parlé  ni  du  nom  de  (éculier , 
ni  du  nom  de  religieux  ;  & 
cette  diftindion  ne  vient  que 
de  rinftitution  des  hommes. 
Les  fa'inres  Ecritures  n'en  font 
nulle  mention  .  &  veulent 
que  tous  les  hommes,  encore 
qu'ils  foient  mariés  ,  vivent 
auffi  faintement  que  font  les 
religieux.  Ayant  le  vivre  ^  le 
vejhment  ,  dit  T Apôtre,  cela 
nous  doit  fuffife.  Que  pour- 
roit  il  demander  de  plus  dts 

re'igieux.    Qujnd    JESUS- 

CHRIST  parle    ailleurs  de 

la  charité   qui    eft  le  capital 
.  &  le  couronnement    de  tous 

les  biens-  ,    il  ne  l'exige  pas 

moir.s  des  hommes  du  (îecle  , 

que  de  lès   plus  particuliers 

difciples. 

fumiiS.  Quid  ampzîm  pofjet  ali^uU  à  monathis  exif^ere? 
. ,  .  Et  càm  de  cha^itate  locjuitur  Chrifus ,  cju£  caput 
O^nitt-m  honorum  CT*  fumma  eft  !  ...  eandem  fe  à  fecdli 
hom'unbHS  exigere  ^fiendit  ^ukra  à  dtfcipulu  Chripus» 


pinxit  ,    ut    diceret  > 

Jîcjuidem  cfUi  jurât 
monachus  fit  à  malo 

jusJHrandum  e/?;  fi» 
vero    monachui    non 

fuerit  ,  non  jam  a 
maloefi  i  fedabfolutè 
omnino  dixit  :  Ego 
autem  dico  vobis , 
ne  jtiretis  penitusv 
,  r.  atque  idem  t» 
eaterii  mandatis  fitii 
maximis  tr  admi' 
vandis  factt.  Cuth 
enim  dtcit  :  Bea-f 
pauperes    fpuitu-, 

&C.  nec  monachi  nec 
feculwrii  nomen  ad^ 
jetit  :  cttieràm  ifisi 
difiinfjio  ex  huminum 
dfiimaiione  tntr^w 
Qa  efi.  S^îcn  verô 
Utterx  ntlnl  horum 
penitui  noverunt ,  /ê» 
oninei  monathorum 
vila  C^  tnjliiuto  vi>- 
vere  volutit  ,  etiamfi 
uxoyihus  fnerint    a  à' 

juncH. ..  ....Haberi- 

tes  cibos  &  régle- 
menta hiscontensi 


}\jr 


QUt    1LÂMÏ?NT  LA    VIE  MoNASTIQUB.      ^4_J 
hoc  plane  e/i  quod         Ce  qui   confond    tout  l'or-        hol. 

eVertft     orbem    uni-  dre   du    ChriftianifniC  ,   c'eft      Dieu  de- 

Vnfum  ,  cjttcd  fum-  qu'on    s'imagine    que    d'cm-  mande  de 

ma  znt£  benè  agen-  ployer  t<His  lës  (oins  à  mener  ipi^s les  Chrc^ 

</*  dtli^entia  mona-.  une  vie  pieufe ,  cela  n'appar-  V°'Y  """  "'* 

«hii  opiti  eJJ'e  arUira-  tient   qu'.inx  Religieux  ,    ^  ^{'^^'^ 

mur,    citeris  negli-  qu'il  eft  libre  à  tous  les   au-"* 

cerner    vivere   licet.  très  de  vivre  avec  plus  de  né- 

Non  ita  fané  ,  non  gligence  de    fon  falut.  Non  , 

ita  efi  ,  fsd  eadtm  certes  ,  mes  fi  ères ,  non  ,  cela 

4ih  omnibus  phtlofo-  n'cft  pas  vrai  -,  mais  D:cu  dc- 

fhi£   ratio    rcquiri-  mande    de   tous    les    fidelles 

tur  i  atque  id  equi-  unc  vie  également  réglée  & 

dem  vehementer  af-  exaâe    dans  robfervation    de 

jirmarim  ,  imo  vdo  fcs  loix.   Et  ce  n'eit  pas  moi 

won  ego ,  fed  tpft  jtt^  mais    J  E  S  U  S-C  H  R  I S  T    le 

dex   omnium    Chi^  fouverajn   juge   de    tous    qui 

flys.    Qttod    eandem  l'aflue.  Après  tout  ce  que  j'ai 

viu  diligentiam  fit-  dit  ici ,  je  i,e  crois  pas  qu'il 

premumque perfe^iô-  J  ait  des  gens  allez  conten- 

nis  fafigfum  per  di-  tieux  &  impudcns  ,    pour  ne 

vinai    legei    pariter  pas  demeurer  d'accord  que  les 

■  &  facularis  &  mo-  féculiers  (ont   obligés  par  les 

nachifs     cogamtir    ;  loix  divines  à  appo' ter  le  mé- 

quodque  ambo  fi  ce-  me  foin  &  la  même  diligence 

iidertnti  aquahafnt  <]"^  ^^^    Religieux  ,   pour  s'a- 

excepturi    vulnera  ,  vancer  autant  qu'ils  le   peu- 

nemtnem  jamquan-  vent   veis   le    fupréme  degré 

tumlihet  il'e  ftcon-  de  la  perfedion  Chrétienne  j 

tentiofui    CT*     impw  &   que   s'ils  viennent  à  tom- 

dens ,  contradUlurum  ber  dans  ce   chemin  ,    leurs 

exifimo  chutes    &    leurs  b'efTiries  ne 
feront  pas  moins  funeftes. 
Cap.  1 5.  Cur  non       Comment  ne  tremblez-vous      i  lor. 

pavtdus     trcpidas    ,  P^s  ,   quand  vous  faites    en-      Penls    du 

dm  ad  çam  vitm  txer  Yotie ftls  d^m k.  monde,  monde. 


64^         ÛES  Livres   contre   cTvst 

c'ett-à  dire,  dans  un  pa)S  où  il    filium  adducis 
eft  expDlé  à  toutes  fortes  de 
vicci  ?  Coiifidérez-vous  com- 
me un  petit  mal,  de  lervir  des 


idoles^  d'être  pire  que  les  in- 
fideiles,  de  renoncer  au  fervi- 
ce  de  Dieu  par  Tes  oeuvres  ? 
Or  ce  font  des  chofes  auf- 
quelles  les  perlonnes  du  mon- 
de le  iailîent  plus  facilement 
aller  qne  les  Religieux. 


'ïtoi.  Dans  la  vie  féculiere  on  eft 

tes  perfon-  expofé  à  de  bien  plus  fréquens 
fees  mariées  naufrage  ,  que  d;»ns  la  leii- 
ont  plus  be-  gj^^^ .  parce  qu'il  s'y  rencontre 
foin  de  vjgi-  ,  a'occafionsqui  nous  trou- 
lance  que  les  Y .  ^  ^ 

feligieux.  oient,  &  que  ceux  qui  y  vi- 
vent iont  d'ordinaires  plus  né- 
gligens  ,  &  moins  forts  pour 
loCitenir  ces  attaques.  Au  lieu 
que  dans  la  vie  monaftique 
il  y  a  bien  moins  de  tempê- 
tes: Le  calme  y  eft  plus  giand, 
la  tranquillité  plus  affûrée  ,  & 
ie  foin  plus  vigilant  pour  fe 
garantir  des  flots  qui  s'y 
pourroient  élever.  Quoi  donc, 
eft  -  ce  que  tous  ceux  qui 
font  mar  es  ,  périront  ?  Je  ne 
dis  pas  cela  ♦,  mais  je  vous  dé- 
clare qu'ils  ont  befom  de  tra- 
vailler plus  fortem  nt  que  les 
autels  >  ^uc  k  pouvou  dé- 


tjtta  vitiii  omnihtts 
ca^i  facilUmè  pojjîi  ? 
An  purum  tibi  vi- 
detitr  fervire  tdolis  , 
ipfîfqueinfiddibus  dé- 
tériorent ejje  ,  Deiijue 
ferVitium  operibds 
ipfîi  abnegare  :  qua 
qutdtm  omnia  multo 
facilms  ht ,  qni  fect^ 
h  addt^lt  A/tt  ,  pu* 
tientHr  quàm  mon^ 
chi. 

In  aita  feculari 
&  plttra  jttnt  CT*  /><*- 
rat  tara  nanfragia  f 
quod  <^  plitra  fint 
qtidi  perturbent  CT* 
qui  eam  vitam  de" 
gunf  ,  negligentiorei 
atqite  tr.validiores 
fini  quàm  ut  advef 
iUi  eos  flure  pojpnt. 
In  monachorum  a»' 
tem  VI ta  profefio  & 
flufius  tantt  nonfunty 
fed  contra  penitus  [«" 
remtas  fnmma  & 
tranquilUtai  CT*  /?<»- 
iium  longe  excelleit^ 
tiui  adverjus  eam 
fiufluum  rabi^m  pH" 
gnaturorum,  Qut^ 
tgitur  j  omnefne  qui' 


QUT   BLAMENT 

adpriéii,  funt  péri 
hunt  ?  Non  equidem 
id  dtco  ,  fed  rnafart- 
èi*s  ut  fervari  poffint 
laborthui  eis  opui  effe 
tonfirmo  ,  oh  immi- 
nentem  nen(fi:aum. 
I\[am  eo  qui  Itgatus 
fuerit  y  ii  qm  foiu» 
tustp,  C^  fuiiUus  lon- 
ge O*  expedittui  cur- 
ret.  Numergo  m  ,jo- 
re  ille  idcirco  mercede 
donabitur  ?  Minime 
zéro.  Sihi  enim  ille 
hune  nectfjîtatem  con- 
fcivit  ,  cum  Ifceret 
fffu^erejî  vellet. 

Cap  i6.  Qui  ai 
finem  Viu ,  phtlofo' 
phta  huic  cperam 
date  aggredttur  ,  in 
hoc  tentpus  omne  con- 
Urit  y  ut  poffn  ea 
5«<e  in  priore  atate 
admtjït  peccma  di- 
luere  *,  cunéîumtjue 
illi  flttdium  in  hac 
duntaxat  parte  con^ 
furrmur  i  e?'  ne  fîc 
guident  /apennmero 
iilt  quantum  fitis  efl 
temporis  fuppetit  , 
fed  ex  hac  Vit  a  pro^ 
jicifcitur  5  vulnerum 
ftlf^uias   fiÇHm  fc^ 


LA   VIE   MoNASTfQCe.       ^^ 

fendre  contre  tant  de  tenta- 
tions &  de  nécefiTités  qui  le» 
environnent  ;  car  il  eft  certain 
qu'un  homme  qui  eft  hbrc 
court  avec  bien  plus  de  faci- 
lité &  de  virelle  ,  que  celui 
qui  eft  lié.  Mais  ne  niéritcra- 
t-il  pas  auCi  à  caufe  de  cela 
une  plus  grande  rccompcnle  ? 
nullement.  Puifque  c'eft  lui- 
même  qui  s'cft  volontairement 
engagé  dans  ce  péril  a  cette 
néceflitc  ,  loriqu'jl  auroit  pu 
la  fuir  &  s'en  exempter. 


Celui  qui  attend   à  la  fin      iiofl 
de  fa  vie  à  fe  donner  à  la  pié-     paire  yénU 
té  ,  a  bcfoin  d'employer  tout  teiueiboai^r 
ce  dernier  temps  ,    à  expier  heuie. 
les    delbrdres   &.   les    péchés 
qu'il  a  commis   dans  fa  jeu- 
neife  ;  Si  fouvent  ce  peu  d'an- 
nées qui  lui  reftent  ne  peut 
pas  fufiire  à   ces  befoins  ,  de 
forte   qu'il  emporte  avec  lui 
en  fortant  du  monde  fcs  playes 
encore  toutes  ou  ertes  &  tou- 
tes fanglantcs.  Mais  il  n'en  eft 
pas  de   même   de    ce  ui   qui 
s'eft  exercé  à  la  piété  dès  les 
premières  années  de  fa  vie  3, 
car  ayant  dès  lors  acquis  les 
forcés  (^lâ  lui  étoksït  né«dr 


ma  <etafe  fe  exercuit , 
virefque  Jîbi  ad  cer- 
tandum      comparare 


Sâ.2        Des  Livrer  contre   ceux 

faires  pour  combattre  le  pé-  rem,  At  verb  quiprh 
ché ,  il  ne  fe  trouve  plus^  ré- 
duit à  confumer  les  derniers 
temps  de  fa  vie  ,  à  la  gué- 
rifon  de  Çts  anciennes  bleliu- 
res  ;  mais  les  ayant  heureufe- 
ment  refermées  àts  fa  jeu- 
nelle ,  il  n'a  plus  (ar  la  ilii  de 
les  jours  qu'à  fe  piéparer  aux 
palmes  &  aux  couronnes. 


Jfuduit 


hot 


1204.  C'eft  à  nous  à  remplir  tous 

Accomplir  nos  devoirs  ,  quand  même 
tous  fes  de- les  autres  ne  voudîoiertt  tirer 
vairs.  aucune  utilité   de  notre  dili- 

gence &  de  nos  loms. 


120^ 
Ventâbk 
•oyauté. 


120^. 

Punition 


Celui-là  eft  véritablement 
Roi,  qui  réprimant  en  foi  ia 
colère  5  fenvie ,  &  la  volupté , 
foûntet  tous  fes  mouvemcns  à 
la  loi  de  Dieu  5  qui  canfervc 
la  liberté  de  Ion  ame  centre 
la  tyrannie  de  fes  paifions  ;  & 
qui  ne  fouffre  point  en  foi- 
méme  la  domination  de  la 
voluptér  Car  coiriment  celui 
qui  ne  (çait  pas  fe  comman- 
der foi  même  ,  pourra  -  t  -  il 
jamais  gouverner  les  autres^ 


Lavangeance  eft  un  fi  grand 
fflïfl    ,    (Qu'elle    eft    capable 


tempus  confutntt ,  née 
fedet  curans  vulnera  y 
fed  ah  tpjîi  jan}  fyro-* 
cmii  fui  rudim^Tiîh 
meretur  atqite  accipit 
p  aimas. 

Cap     20.   lS!oi  CUTt" 

éla  partium  nofira' 
rum  munera  exeqwi 
atqtte  implere  conve- 
nu ,  etiamfî uïii  rnhil 
ex  noOra  dili'rentia 
^  findio  fuerint  Iti" 
cra'r. 

Decompararionc 
Reg  &  Monachf. 
fi  vere  Rex  efl  ,  cjui 
tram  ,  (jut  inz;idLm, 
qui  voluptatem  cohr* 
hetts ,  omnia  f»h  Dei 
hge  a^it ,  mcniem  li- 
heramferVani ,  neq»e 
patiens  voluptaium 
dominattonem  impe- 
ritare.  Qjtt  Jîbi  ip/t 
m  pérore  nefcit  ,  hfC 
quo  tandem  modà  a- 
lios  iH^isi  regere  pO' 
ferit  ? 

Tantummalum  eji 
uhio  t   »t  eiùith  Déi 


QUt  BLAMENT 
henignitatem  revoca- 
verit ,  €7  jam  datant 
infinitorum  peccato- 
rum  veniam  fecerit 
irritant.  Nam  qni 
decies  mille  talentO' 
Tum  condonationem 
adeptus  ,  folâqtteoh» 
tejiattone  tantamgrct' 
tiam  confecutus  fue- 
rat  y  cum  centumde- 
narios  exi^eret  à  con- 
Jervo  5  hoc  efl  ,  cum 
delidorum  adver/us 
fe  admtjforum  panas 
repofccret  ,  ftvitia 
ergàfHum  confervum 
fe  ipfe  damnavit. 


LA  VIE  Monastique.    ^4^ 
de  faire  révoquer  des  grâces  terrible  de  la 
déjà  accordées  ,  &  de  rendre  tjngeancc. 
inutile  &  infriidueufe  la  ré- 
miflîon  d'une   infinité  de  pé- 
chés que  l'on  avoir   obtenue 
de  Dieu.     Et  c'eft  ce  qu'on 
voit    dans  l'exemple  de    ce 
mauvais  ferviteur  à    qui  Ton 
maître  avoit   remis  dix  mille 
talcns  à  la  feule  prière  qu'il 
lui  en  avoit  faite    :  Mais  qui 
ayant  enfuite   exigé    de   l'om 
compagnon  cent  deniers  qu'il 
lui  devoir,  c'eic-â  dire,  la  ven- 
geance des  injures  qu'il  en  a- 
voit  reçues ,  attira  fur  (bi  par 
fa  dureté  une  éternelle  dam- 
nation. 


DES     EXHORTATIONS 

A     THEODORE. 


Ad  Theodorum    "TX  leu  ne  juge  pas  de  la  pé-      rsoj^ 

mps ,  mais  parTafFe 

n'eu-  j,  j^j^pj  ^^^ 


nitence  par  la  longueur    ^^ Pénitence 
du  temps ,  mais  parTafFeaion  "'  ^'  "''=^°'^=^ 
du  cœur.  Les  Nmi vîtes  n  eu-  {^  ^         ^ 
rent  pas  befoin  d'un  long  ef-  par^  la    in* 
pace  de  temps  pour  attireP'Ie  veur, 
pardon   de  leurs  péchés  :  Et 
le   bon  larron  obtient    pref- 
qu'en    un    moment    Centrée 
dans  le  Paradis. 
tro  haud  longo  tempère  ingi'ejfzm  paradijî  impetravii. 
JpniçJ.  liJL 


lapf.parGen.  i.c.4, 
âVow  ad  temporis  ra- 
tionem  ^fed  juxtà  af- 
fefitim  anima  folet 
di-ji^licaripoenhemia. 
I^inivit<£  non  muhis 
diebui  indiguerunt , 
ut  peccatum  eorum 
dsleret  Deus  -,  CT*  la- 


calions 
vertu. 


de 


(Jj*©  Des    Exhortations 

iio8.  Lorfque  nous  nous  recon-       Cap  iz.  Cttinvl* 

Ménager  les  noilfons  trop  foibles  pour  pra- 

moindres  oc-  tiquer  de  grandes  adions  de 

"'  '  vertu,  n'ayons  pas  honte  de 
nous  employer  aux  moindres* 
Car  comme  le  vrai  moyen  de 
s'enrichir  ,  ei^  de  ne  pas  négli- 
ger les  momdres  proiîts,  il  en 
ert  de  même  pour  les  richef- 
its  fpirituelles.  Et  en  effet ,  ne 
feroit-ce  pas  une  chofe  étran- 
ge ,  qu'ayant  affaire  à  m\  Ju- 
ge fi  bon  &  fi  équitable  ,  qu'il 
ne  lailfe  pas  fans  récompenfe 
un  verre  d'eau  froide  donné  en 


aumône  ,  nous  vouluflions  né- 


dcmus  egregiafacino» 
ra  fuperare  captum 
nojfrum,  minora  per- 
fecijje  mhilpudeut .  . 
quemadmodani  enim 
opes  terrena  accumu- 
lantur ,  cum  amatores 
illarum  ne  minimum 
quidem  lucellum  ne- 
gligum  i  fie [piritita^ 
les  divnie.  Num  ab* 
furdum  apparet  y\ 
quod  jttdex  quoquf 
frigidi  poculi  merce- 
dem  rependit  ;  no$ 
vero  nifi  magna  he* 
nefaila  poffimus  » 
minorem  curam  ont" 
nem  ahjicirnus.  Mi- 


giiger  le  foin  des  moindres  œu- 
vres de  piété ,  parce  que  nous 
ne  fommcs   pas   capables  de 
pratiquer  les  plus  grandes. 
nima  enim  qui  non  defpicit ,  accurato  Jludio  vel  maxima 
ferficiet  :  qui  vero  (lia  faflidtt ,  ah  Jus  intérim  exci* 
de*. 
1109,  La  vie  préfente  relTemble 

La  s\z  pré  affgz  à  une  comédie ,  où  l'un 
femeeftcom-f^-^    le  perfonna^e    d'Empe 


die. 


reur ,  l'autre  de  Général  d'ar- 
mée 3  l'autre  de  foldat ,  l'autre 
de  Juge,  &  ainfi  àts  autres 
états  ;  &  où  quand  la  nuit  eu 
venue  &  la  comédie  joiiée , 
celui  qui  repréi'entoit  l'Em- 
pereur ,  n'cft  plus  reconnu 
pour  Empereur  \  ni  celui  qui 
faifoit  le  juge  pour  juge  j  ni 
îe  Capitaine  pour  Capitaine. 


Parsen.  2.  cap.  2; 
IVo»  eflprofeélo  thea- 
trahbus  fcenis  pra' 
fens  vita  diffimilts, 
Nam  ut  illtciiîelm-' 
peratoris  ,  hic  ducis  , 
aller  ù?*  miliiii  ojji- 
cimn  implet  :  ubi  au- 
tem  confecHta  nosi 
fuertt  ,  nec  Impera- 
tor  agnofcitur  Impe- 
vator ,  nec  judex  qui 
frerhjudsx  videtur^ 


Mff^Mtf  duapofieà  qui 
prias  â»x  :  ità  unuf- 
qmfque  noJltHm  in 
illimfecuU  die  ,  non 
perfaniifedrehus  atq; 
afliùus  competentcm 
accipiet  mercedem. 

Sed  tibi  jam  non 
ejl  integrumjura  con- 
nubii frvare  ,  calejVi 
tnim  jponfo  femd 
junfiumy  illumrelin- 
quere  j  c?*  uxoris  la- 
queis  impUcari ,  4- 
dulterii  crimen  incuf 
rere  ej}.  Qu^amvis 
millies  hoc  ipfum  nup^ 
tias  voces  ,  ego  tamen 
C?*  adulterio  illud 
tanto  pejus  ajjirmo  , 
quanto  major  ac  me- 
Uormortalibm^  Deus. 
Neqtie  lilltii  te  forte 
decipiat ,  dicem  :  Ni- 
hil  de  non  accipienda 
uxore  pr.icepit  Domi- 
nas. Nec  me  ignora- 
re  confiieor  ,  quod 
aàitltenum  interdi- 
xît ,  non  nuptiai  ve- 
tuit  ;  verum  tu  a- 
dttUeni  crimcn  in- 
ctirres  ,  fi  volueris 
unquàm  ,  qit»d  ab- 
Jtt ,   nuptias  cogita* 

TS, 


I2IO. 
Le  mari.i?e 


TrtEODORË.  6$l 

Car  il  en  eft  de  même  du- 
rant le  jour  de  cette  vie  ,  à  la 
fin  duquel  chacun  de  nous 
Ibra  traitté ,  non  pas  félon  le 
perfonnage  qu'il  y  aura  repré- 
lentc  5  mais  félon  les  aclions 
qu'il  y  aura  pratiquées. 

Etant  Religieux  ,  il  ne 
vous  eft  plus  libre  de  vous 
fou  mettre  aux  loix  du  maria-  après  le  vœi 
ge  :  car  depuis  que  vous  vous  ^^  ^,^  ^^^., 
êtes  une  fois  uni  a  l'époux  tere. 
céleftc ,  vous  ne  pouvez  plus 
le  quitter  pour  vous  enga- 
ger dans  un  mariage  terreftre ,  C°''^tri  les 
fans  encourir  le  crime  d'à-  Hérétiques, 
dultere.  Et  quoi  que  vous 
vous  efforciez  de  le  couvrir 
du  nom  honorable  de  maria- 
ge ,  pour  moi  je  le  regarde 
comme  un  adultère  d'autant 
plus  criminel  ,  que  Dieu  eft 
plus  grand  &  plus  excellent 
que  des  perfonnes  mortelles. 
El  ne  vous  biffez  pas  trom- 
per par  des  gens  qui  peut- 
être  vous  diront  que  Dieu  n'a 
point  défendu  de  fe  marier  i 
car  vous  n'ignorez  pas  qu'il  a 
défendu  l'adultère  ;  &  c'eft 
dans  ce  crime  que  vous  tom- 
beriez 5  fi  après  votre  vœu  , 
ce  qu'à  Dieu  ne  plaife  ,  vous 
penfiez  jamais  à  vous  marier. 


lii 


6^1     Des  Exhortations  a  Théodore. 
îiir.  On  eft  libre  &  dégagé  de        Cap.  3.  Non  eji 

Il  n'y  a  de  tous  les  foins  &  les  embarras    proféra,  non  ej}  ont' 
libre  que    le  Ju  monde,  que  lorfqu'on  ne    nihia  cttris foUtus ac 
"    vit  que  pour  JESUS  -  CHRIST 
&  qu'on  ne  fert  que  lui  feul. 


vrai 
tien. 


Chré- 


liber  ,  nijî  fi  lus  il!» 
^^*  Chrifto  viyu  > 
ac  fçrvit. 


DES     LETTRES. 


v^m  "?.d  npE^^e  eft  la  nature  de  la 
twJe'Vx-i  1  /e^^"'  q"e  ceux  mêmes 
ç? condamné,  qui  la  combattent,  ne  le  peu- 
piëmcdesruc-  vent  empêcher  de  Tadmirer  : 
çhans,  &  telle  au  contraire  eft  la  na- 

ture du  \ict  y  que  ceux  mê- 
mes qui  le  fuivent  font  forcés 
de  le  condamner. 


1115. 

Pourquoi 
Dbu  diffère  à 
nous    fi  cou- 
rir. 


Dieu  n'a  pas  accoutumé 
de  nous  délivrer  d'abord  des 
maux  qui  nous  attaquent  du- 
rant cette  vie  ^  mais  le  plus 
fouvent  il  les  lailfe  croître, 
&  attend  qu'ils  foient  parve- 
nus àrextrémité,  &  jufqu'au 
point  où  l'on  ne  voit  plus 
apparence  de  rien  efpérefjpour 
nous  en  tirer  alors  par  des 
évenemens  extraordinaires  & 
furprenans  j  afin  de  nous  faire 
plus  vifiblement  connoître  la 
force  invincible  de  fon  bras  , 
^  pour  exercer  en  attendant 


Epift.  ad  Epifc. 
ob  piet.  in  carc. 
inclufos.  Talis  res 
eji  virtus  ,  ut  illam 
etiam  im^ugnantêi 
admtrentur.  Talis  res 
eji  mahtia  ,  ut  etiam 
u  qui  eam  operan» 
tur ,   conJemnent, 

Ep  I.  ad  Olimp; 
Diaconif  QmocI  fi 
ii  haud  primurn  ac 
J}atnnfacityh£cfctli<^ 
cet  ipjîus  confuetudç 
ej}  y  ut  rerumacerbi- 
tates  non  in  principio 
exîinguat  ,  verum 
cùm  creverint,  atque 
ad  finem  extremum 
pervenerint,  janjque 
fpes  omnis  à  permul- 
tis  ahjeHa  fit,  tum 
deniqtte  mira  atq^e 
ah     hominum    opi-. 


^uthus  peccamus  C?* 
de  cfutbtts  rationes 
reddituri  fumus  ,  mi- 
ttime  necejsarium  ac 
tutumjtt ,  veràm  per 
t^uàm  ^nepum  ac 
fepiferum,  nimis  Ve- 
hementer  difcruciari: 
quanta  magis  Çuper- 
vacaHeum  Ci?*  vanum 
efl ,  imo  fatanicttm , 
atque  amm£  exitio- 
f*m ,  pro  alienisfce" 
lerihus  anima  fran^ 
ac  dehilttari, 

Cf*m  aliquem  flra" 
gem  5  perniciemque 
commemorantem  au 


Eviter  îa 
triftelle  im- 
modérée,mé- 


Des    Lettres,  6^i 

mtone   alla  factnora    notre  patience. 

edere  foleat  ;   nimirùm  Cr  vimfuant  ojlenâens  ,    O"  eo^ 

rum  qui  in  calamitates  incidunt  ,  paiicntiam  exercens. 
Ep.  z.adeamd.        Si  dans  les  choies  où  nous 

Cttm  in  iis  rébus  in  avons  péché  ,  &  doi^.t  nous 
devons  rendre  compte  à  Dieu, 
il  n'eil  ni  bon  ni  utile  ,  mais  mepouricp 
au  contraire  très  -  dangereux  ché, 
&  fnnefte,  de  s'abattre  &  de 
s'affliger  par  excès  :  Combien 
doit- on  plutôt  éviter  cette  ex- 
trémité, qui  feroit  non -feu- 
lement vame  &  inutile,  mais 
diabolique,  &  mortelle  pour 
notre  ame ,  de  s'abandonner 
à  une  douleur  immodérée 
pour  les  fautes  &  les  defordres 
des  autres. 


Quand  nous  entendons  par-      1 2 1  f . 

1er  de   quelque   calamité    pu-  Les  malheurs 
blique ,  paflbns  aufli  -  tôt  de  ^^  I»  vit  n« 
dierii ,  ab  hujufmodi    cette  penfée  à  celle  du  jour  ef-  ^°"J  ^"*  ^' 
co^iatione  quampri-    froyable  du  jugement  :  repré-  ^omprraifôn 
fentons-nous  le  terrible  tribu-  ^^  l'cnfer 
nal    (ur    lequel    notre    juge 
incorruptible  fera  affis  ,    ces 
torrens  de    feu  ,    ces  fiâmes 
ardentes  ,   ces   glaives    tran- 
chans ,  ces   tourmens   infup- 
portables,  ces  fupplices  éter- 
tgneosamnes  ^quipro    nels  ,  cette  épaillé  obfcurité  , 
ces    profondes  ténèbres  ,    ce 
ver  impitoyable  qui  ronge  le 
cœur ,  CCS  chaînes   c^ue   nul 
I  i  i  iij 


mum  te  remove  ,  at- 
que  ad  formiàandi 
illius  diei  cogitation 
tiem  curre  ,  O'tecum 
horrendum  tllud  tri- 
bunal canfidera ,  in- 
corruptum  judicem  , 


illo  tribunali  trahun 

tur ,  €?•  ardentijjïma 

fumma    ehuUittm  » 


654  T)2S    Lettres. 

effort  ne  peut  briler,  ces  giin-  peracutos  gladio! 
cemens  de  dents  ,  ces  hurle- 
mens  fans  efpoir  d'aucune 
confolation  ,  ce  fpedacle  é- 
pouvancàble  de  la  défolation 
de  l'univers  ,  &  du  trouble 
général  de  toutes  les  créa- 
tures ,  foit  corporelles  ,  foit  frangi  queant ,  den- 
fpirituelles. 


atroces  panas ,  cru- 
ciatumfemfjiterntém  , 
tetram  caligtnem  , 
exteriores  tenehras , 
pejtiferum  vermem  , 
vimula  qii<e  ftulla  vt 


Car     JESUS- 
C  H  K  I S  T  nous  apprend  que 
les    vertus    même    du    ciel  feront 
ébranlées  ;    car     quoi    qu'elles 
ne  doivent  pas  alors  fubir  au- 
cun jugement ,  néanmoins  el- 
les ne  pourront  pas  contem- 
pler fans  quelque  émotion  & 
quelque  frayeur  celui  qui  fe 
fera  de  tous  les  hommes ,  &  ce 
compte  général  que  feront  o- 
bligées   de  rendre   iî  exade- 
ment  toutes   les    nations   du 
mondes  tant  il  y  aura  alors  dans 
toute  la  nature  de  commotion 
&  d'épouvante!  Confiderez , 
dis-je,  avec  attention  toutes 
ces  chofes ,  &  celles  qui  vous 
peinent   le  plus  en  ce   mon- 
de vous  paroitront  peu  con- 
fîde'rables.  Scachez-donc  qu'a- 
lors  ce  Juge  éternel    n'aura 
befoin  ,   ni  de  témoins   ,   ni 
d'accufateurs  ,  ni  de  preuves 
pour  nous  condamner  ;  mais 
que  toutes  chofes  nous  feront 
remifes  devant  les  yeux  ,  tel- 
les qu'elles   fe  font  paffées. 


tium  Jiridorent ,  eju' 
latum      confolationis 
expertem,  orbis  thea" 
trum,  zel  potius  «- 
triufqne  nature  thew 
trt*m  3    hoc  ejifupe- 
rloris    CT'  inferioris, 
Virtutes  enim  cœ- 
lorum    movebun- 
tur  j     ait   Chri(i(if, 
Nam  etfi  nulliasfce» 
lerisjlbi  confcUfunty 
nec  judicMmfitliturx 
funt  tamen  univerfum 
hominum genm  conf» 
picientes  ,  atque  infi^ 
nitas  nationescaufam 
dicentes    ,   non  Jînê 
metu   illic    aflahunt, 
Tantm  videlicet  tune 
terror   ertt    ?  H^c  , 
inquam  ,    confidera  , 
eaque  argumenta  eu 
quibus  elabendi  ratia 
nullajît.  Neque  enim 
accufatoribfis    judex 
ille  opus  habet ,  nec 
teJlibuSi    nec  argié^ 


T>ES 

fnentls,  née probaiio' 
nibtts  :  veràm  omniay 


mgejïafunt ,  in  me- 
tlium  profert  ,  atque 
antè  oculos  eorum  qui 
deliquerunt.  Tum  ne- 
tno  qm  èfupplicio  eri- 
pfati  ajfuturus  eft  ^ 
non  pater,  nonfilius , 
nonJiUa  ,  non  mater , 
von  alius  qnijpiam 
tc^natus  5  non  vict' 
nus  y  non  ami  eus ,  non 
patronus ,  non  pecu- 
niarum  Urg^itio  ,  non 
opum  ampîitudo  ,  non 
authoritatis  atque 
fotentid  tumor  \  ve- 
Ttim  hac  omnia ,  non 
fectis  ac  pitîvis  èpedi* 
eus ,  excuffa  funt  , 
ac  folus  is  qui  eau- 
fam  dicit  ex  iis  qtta 
ab  ipfo  gefîafunt ,  veî 
abfolviîur  ,  ^el  ù 


Mm 


Lettres.  6^^ 

Nul  ne  pourra  en  ce  mo- 
ment nous  délivrer  du  fuppii- 
ce  que  nous  aurons  mérité  5 
ni  père  ,  ni  fils,  ni  mère  ,  ni 
parent  ,  ni  voifin  ,  ni  ami. 
Nous  n'aurons  là  nul  prote- 
ifteur  5  point  d'argent  qui 
nous  puille  fauver  ,  point  de 
grandeur  ,  point  d'autorité  , 
point  de  puiiïance ,  point  de 
richefle ,  qui  nous  puiflé  foû- 
renlr.  Tous  ces  avantages  s'é- 
vanoiiiront  comme  la  pouffie- 
re  que  le  vent  emporte  de 
deflbus  nos  pieds  j  &  chacun 
de  nous  qui  comparoitrons  à 
cet  effroyable  jugement  ,  ne 
fera  abfous  ou  condamné  que 
par  le  bien  ou  le  mal  qu'il 
aura  fait.  Nul  ne  fera  refpon- 
(àble  des  péchés  d'autrui  , 
aufqueîs  il  n'aura  point  eu  de 
part  j  mais  nous  ferons  feule» 
ment  jugez  fur  nos  propres 
fautes. 
0  ob  ea  qu£  alius  perpetravh  y  i» 


demnaiur.  Tun 

judicium  iiocatur~^ff;dpro  iis  qu£  ipfemet  commijît. 


In  veteriTepamen' 
to  quo  pinguiore  quo- 
dam  CT*  crajjtore  mo- 
do leges  Hxbreisfcri' 
hebantur^  elegantio- 
ris  vejîitus  fludium 
Vehementijjîmè  inter- 
dicens  Detts,  per  Pro- 
phetam  ad  httnc  mo' 


Qiioiqu^Wans  l'ancien  Te-       121^. 
ftamentles  loix  que  Dieu  don-        Crime  & 
noit  aux  Hébreux  fuflent  plus  P"ni«ion    du 
groffieres  &  moins  parfaites  y  ^^^* 
il  ne  laiiToit  pas  de  leur  dé- 
fendre   très  -  étroitement    le 
foin   de  s'habiller  avec   trop 
d*affedation   &    de  magnifi- 
cence,  lorfqu'il  leur  dit  par 
lii  iiij 


6j;6  Des    Lettres. 

la  bouche  de  Tes  Prophètes  :  A  dum  loquelatur:  PrfJ 
caufe  que  les  filles  de  Sion  fe  font 
élevées  ,  qu  elles  marchent  la  tête 
haute  j  qu  elles  traînent  des  robes 
à  longues  queues ,  CTT .  le  Sei^eur 
les  dépouillera  de  leurs  cheveux , 
€7  de  toutes  leurs  parures ,  elles 
payèrent  au  fil  de  fepée  ,  O'c  La 
grandeur  de  la  punition  ,  fait 
connoitre  la  grandeur  du  pé- 
ché. Car  il  eft  certain  que 
Dieu  bon  &  clément  comme 
ileftjn'auroitpas  châtié  d'u- 
ne fi  effroyable  peine  ,  une 
faute  qui  auroit  été  légère. 
Que  fi  le  crime  de  la  vanité  & 
du  luxe  eft  fi  grand  ,  il  eft  vifi- 
ble  que  la  vertu  qui  lui  eft  op- 
pofée  doit  être  excellente. 


tii?-         ^*  virginité  eft  une  chofe 
la  Virginité  fi  grande  &  fi  élevée,  &  il  y 
eft  de  confeila  tant  de  peine  à  la  conferver , 
&  non  de  pré- que  JESUS-CHRIST  qui 
♦^'Pts»  ^^QJ^  delcendu  du  ciel  en  ter- 

re ,  pour  faire  (mp  les  hom- 
mes devinflent  des  Anges ,  & 
pour  établir  ici-bas  une  vie 
célefte  ,  n'a  pas  même  voulu 
prefcrire  cette  vertu  comme 
une  loi  &  un  précepte  :  & 
quoi  qu'il  nous  ordonnât  de 
mourir  à  nous  -  mêmes  ,  de 
porter  continuellement  notre 


eo  quod  elevatse 
funt  filias  Sion  ,  & 
ambulaverunt  ex- 
tento  colloj  &c... 
htnc  peccati  magnltU' 
dinem  conjicias  licet, 
Neque  enimhenignui 
ac  facilis  Deus  tam 
gravem  £7*  acerham 
pocnam  unquam  in" 
fiixijjet  t  ntfi  pecca" 
tum  quod  eam  accer» 
feret ,  longe  gravi u$ 
CT'  atrocius  ejjet. 
Quod  Ji  magnum  hoc 
fcelus  ejl  j  quin  vir- 
tus  ea,  qu£  jpfi  op" 
ponitur ,  maxima/ît^ 
minime  profeéïà  du' 
hium  atque  obfcurum 
eji. 

Tanta  res  eJi  vir-* 
^nitas ,  tantoque  la- 
bore  indiget  ut  Chri- 
(ÈÊ^cum  è  cœlo  def^ 
ciïïdijjet  5  Ht  hommes 
Angelos  ejfîceret^  ac 
calejîem  vit£  ratio" 
nem  hic  fereret  i  ne 
tum  quidem  id  impe» 
rare  ,  ac  lege  lata 
prtefcribere  au/us  fit  ; 
verùm  emori  quidem 
Ç  quo  qutd  graviui 
excogitari  queap  ?  \ 


Des 

jlf  perpétua  cruce  af' 
fici  ,  hojïefque  bene- 
jiciis  profeqtttjufferity 
virginitatem  autem 
ediÛo  minime  fan- 
ocerit ,  verùm  eam 
in  audientium  nrbï' 
trio  ac  volttntate  rc- 
liquerit. 

Non  corporctt  dun» 
taxât  pUg£  illau , 
fedetiam  animi  dolor 
emni  fermone  fuhli- 
miorescoronas  offert  : 
CT*  quidemanhm  do- 


Lettres.  ^5-7 

croix  ,  &  de  faire  du  bien  à 
nos  ennemis ,  (  ce  qui  ell  au- 
delà  de  ce  qui  fe  peut  imagi- 
ner de  plus  rude  )  Il  n'a  pas 
néanmoins  voulu  faire  une  loi 
exprefle  de  la  virginité  ;  mais 
l'a  laiJfée  au  choix  &  à  la  vo- 
lonté de  ceux  qui  écoutoient 
les  enfcignemens. 

Les  peines  de  refprit  quand 
on  les  fouffrc  avec  patience 
&  aâion  de  grâces,  nous  peu- 
vent faire  mériter  de  plus  ex- 
cellentes récompenfes  ,  que 
les  peines  même  du  corps. 
lor  magis  quàm  corporis,  cum  qui  feriumHr  gratitudi'^^ 
nem  animi'  adhihent. 

Ep.  3.adeamd.  L'affliâion  &  la  douleur 
Omnium  rerumgra-  de  Tefprit  eft  la  plus  pénible 
i}iffima  eft  maftttia,  &  la  plus  fâcheufe  de  toutes  j 
Forro  quo  gravior  ,  &  mérite  par  conféquent  les 
eo  quoqtte  majorem  plus  grandes  récompenfes  :  Et 
mercedem  hahet.  Ut  afin  que  vous  connoi/fiez  en- 
core mieux  ,  quel  eft  le  fruit 
que  l'on  retire  des  afflidions 
foufrertes  avec  foumiflfion  d'ef- 
pric  &  patience,  quoique  ce 
ne  foit  pas  précifément  pour 
etiamfi  alioqui  Dei  la  caufe  de  Dieu,  (  je  nepré- 
caufa  minime perpe-  tens  pas  ici  parler  avec  exag- 
gération  &  hyperbole  ,  )  il 
faut  remarquer  qu'encore  que 
le  faint  homme  job  ne  fouf- 
frit  pas  proprement  pour  la 
caufe  de  Dieu  toutes  les  affli- 
gions qui  lui  arrivèrent  j  Dieu 


atttem  aliundè  quoque 
intelligas  ,  quantus 
ex  calamitatibus  quas 
quifpiam  perpetttur 
fruâius      promanet , 


Récompen* 
fe  des   peines 
de    l'efprit  , 
patiemment 
fouffcrles» 


Dieu  coM* 

ronne  les  pei- 
nes que  l'on 
fouft're  pa- 
tirmment 
quand  ce  ne 
fèroitpaspour. 
fa  taule. 


tialur  (  nemo  me  hoc 
lûco  hyperbolicè  loqui 
«xiflimet  )  modafire- 
nuo  ac  placido  animo 
ferat  ,  Deum  propter 
«mnia    gloria    ajji^ 


6s o  Des    Lettjie 

néanmoins  l'en  récompenfa 
comme  s'il  les  eue  loufl-ertes 
pour  lui  -,  parce  qu'encore 
qu'il  ne  vit  rien  en  iui-meme 
qui  lui  dût  attirer  cie  iî  grands 
malheurs ,  il  ne  laifia  pas  de  les 
endurer  a\ec  une  patience  & 
un  courage  invincible. 


aens  idem  hic  ^uod 
propter  Deum  h<ec 
f>ateretar^minimè  »o- 
rat,  t^  tamen  hoc  ip' 
fo  quoque  nomine  co~ 
rona  àonabatur^  quod 
etjî  caufam  haudcjua" 
quam  cognitam   ha» 


font  tamen  ac  firenuo  animo  infiifîas  calamùatet 


perfetehat. 

Encore  qu'on  accomplifle 
quelque  grande  adion  de  ver- 
tu j  s'il  ne  nous  en  coûte  pour 


IIÎO. 

Q'eit  pro 
prement  les 
psines    fouf-  ^gj^  ^^  i^^y^n    ^i  danger  ,  ni 

fortes  qui  fz-  j  -i      '  i- 

ront  ?ccom.  «^o^mage ,  il  n  y  a  pas  heu 
penrées ,  plu-  «  ^n  attendre  une  grande  re- 
tôtquelesac»  compenfe.  Car  nous  n'en  re- 
cevrons jamais  que  félon  la 
raefure  &  la  prop^tion  de  nos 
travaux.  Et  rÂpôtre  ne  dit 
p5s  qu'il  fera  recompenfé  de 
Dieu  félon  les  grandes  avions 
de  vertu  qu'il  aura  faites  ;  mais 
félon  la  grandeur  des  calami- 
tés qu'il  aura  efîuyées  pour 
les  accomplir. 


tîoiis  ds  ver 


Etiamft  qulfpîam 
magnum  aliquoi  CT' 
illujlre  virtutis  mU' 
nus  ejj-ecerit ,  non  ta- 
men cttm  lahore  i  ae 
pericuîis  C!?*  calami- 
tatihus  5  haud  ma» 
gnam  hinc  mereedem 
firet.  Vnufqmfque 
enim  ,  induit  y  pro" 
priam  mereedem  ac* 
cipiet  iuxtà  proprium 
laborem.  Apoftoht 
non  dixit ,  fecundum 
rerum  ex  virtute^e» 

o 

fîarum     magnitHdi" 


nem  i  fed pro  calamitatum  quas  pertulerit ,  mole. 


Tiir. 


Rien  ne    mérite   tant   de 
Ré^ompen.  g^oi^'e   &  de  loiiange  devant 
fe  de  la  pa   Dieu,  que   la  patience  dans 
ti?ncedans  les  les  douleurs  du  corps.  Car  c'eft 
maladies.       principalement  cette  vertu  qui 
ell  comme  le   couronnement 
des  autres  j  &  comme  elle  les 
furpaffe  toutes  ,  auffi  la  pa- 
tience dâas  les  maladies,  fur- 


Ep.  4.  ad  eamd. 

Nihil  ejl  quod  adlau- 
dem  CT*  gloriam  adi- 
pifcendam  cttm  pa- 
tientia  in  dolorihui 
comparari  pofpt.Nam 
ea  prafertim  virtU' 
tum  regina  CT*  coro' 
narumapexejf  i    O* 


Des 

^uemadmodùm  ea 
virtutthus  aliis  pr£- 
fiât ,  ità  in  ea  hoc  po- 
ùffimum  genui  ahis 
antecell't.  Nihil  «- 
que  grave  efl  CT*  acer- 
hum ,  ut  adverfa  cor- 
forts  vaUtudo. 

£p.  5.  ad  eamd. 
Quanta  rcs  efl  vtr- 
tus ,  O*  pr<efentium 
rerum  contemptio  ! 
Ter  injîdias  Ittcra 
(omparat  :  per  injl- 
diutores  coronam  con- 
fequilur  :  per  eos  à 
quihus  ma  le  mulSia- 
tur ,  illuflnui  fpleti' 
det  {  per  eos  qhi  hoc 
agurtt  ac  mohuntur , 
ut  ipfam  dejiciant , 
hommes  fui  Jîiidiofos  5 
firmiores ,  fublimio' 
res  ,  inviflos  ^  itt' 
expugnahiles  reddit , 
non  lanceis ,  non  rhee- 
nihus ,    non    vélo   , 


Lettres.  ^/p 

paiîe  de  beaucoup  celle  qu'on 
peut  avoir  dans  les  autres 
maux  de  la  vie.  Car  rien  n'clt 
il  cruel  &  fi  difficile  à  fuppor- 
tcr  que  les  douleurs  corporel- 
les. 


Utilité  delà 


Le  mépris  de  tous  les  maux 
de  ce  monde  eft  une  grande 
vertu.  Il  nous  fait  profiter  des  P"^"'""' 
embûches  de  nos  ennemis  ; 
il  nous  fait  acquérir  des  cou- 
ronnes par  les  mains  même 
de  nos  perfécuteurs  j  il  accroît 
notre  mérite  par  la  malice 
de  ceux  qui  nous  maltrait- 
tent  &  qui  s'efforcent  de  nous 
détruire.  Car  cela  nous  rend 
plus  foigneux ,  plus  vigilans  , 
plus  fermes  ,  plus  courageux  » 
&  plus  invincibles.  Nousn*a* 
yons  befoin  pour  cela  ni  d'ar- 
mes 5  ni  de  ramparts  ,  ni  de 
rctranchemens,  ni  d'armées, 
ni  d'argent  ;  mais  feulement 
d'une  volonté  ferme  &   con* 

non  turribus  ,  non  fiante ,  &  d'une  ame  coura- 
geufe  j  &  avec  cela  nous  ren- 
verfons  tous  les  efforts  que  l'on 
peut  faire  contre  nous 

tate  animique  conflantia  opus  habentes  5  ac  denique  hu" 

tnanas  omnes  injîdias  tnfringit. 

Ep.  7.  ad  eamd.        Le  péché  a  cela  de  propre  y 

Eapeccatinaturaefii    qu'avant  qu'il    foit  commis    , 

ut  priufquàm  omnii    il  ennyvre  en  quelque  façon 


pecuniis  »  non  mtli' 
taribus  copiis  ,  fed 
firma  tantum  volttn- 


Fiux  char- 
me ôc  verit«n 


hominem  temulentia 
afficiat  ,  poJ}eàquam 
autem  expletum  ae 
perfeCîum  efl ,  tune 
ea  voluptas  fefe  pro» 
ripiat  C  extingua-- 
tur  5  ac  folus  Jatn 
deinceps  flet  accufa' 
tor ,  confcientia  ni" 
mtrHm  carnificis  lo'» 
cum  ohtinente  ,  as 
peccatorem  lanctnan" 


660  D  E  S     L  I  T  T  H  î  s; 

b!e  amertume  le  pécheur  ;  &  qu'après  avoir    no  perpetratum  fi 

du  péché;  été  commis ,  il  lui  ote  le  plai- 
fir  duquel  il  s'étoit  fervi  pour 
le  tromper  ;  enforte  que  le 
pécheur  demeure  feul  avec 
Ton  péché  qui  eft  comme  fon 
acculateur,  &  fa  confcience 
qui  lui  tient  lieu  de  bourreau^ 
qui  le  déchire,  qui  le  tour- 
mente &  qui  l'accable.  Mais 
ce  ne  font  là  que  les  peines 
de  cette  vie  ,  car  dans  la  vie 
avenir  ,  vous  fcavez  alTez 
quelles  elles  feront  pour  ceux  te  ,  ab  eoqne  extre^ 
qui  font  tombés  dans  les  cri-  mas  pœnas  gxigente ^ 
mes.  ae     plumbo    qttovis 

gravius  incumhente.  Atque  hujufmodi  qttidem  in  hae 
Dita  fiipplicia  fttnt  ;  in  fittura  autem  quanta  tum  iis 
^uife  fceleribm  devinxerint  proponentttr  ^  exploraium 
hahes. 

1124.         Vous  qui   fçavez  à  com- 

ContinueUbien  de  périls  font  expofés 
combats  con-les  hommes  qui  combattent 
«reledenjon.  contre  les  hommes  ,  foit  dans 

\ts  jeux  publics,  foit  dans  la 

guerre   ,    comment    lorfque 

vous  vous   êtes  embarqué  à 

combattre  contre  les  prtnctpautes 

CT*  les  puijjances  du/îecle  ,  contre 

les  efprits  d'iniquité^  avez-VOUS 

pu  vous   imaginer   que  vous 

mèneriez  une   vie  tranquille 

&  exempte  de  foins ,  de  pei- 
nes &  de  travaux  ? 

undè  tandem  in  eam  fpem  vénéras ,  fore  ut  tranquiUam 

ac  negoUorHtn  molejlm  vacuam  vitam  agens  ? 


Ep.  If.  ad  eamd. 

Cum  bamines  cum 
hominibus  collu^atf 
tes  y  innnmeras  tum 
in  paUJîris  ,  tum  in 
hellis  plagas  acci- 
piant ,  tu  qu£  adver» 
fus  principatus  & 
poteftates ,  adver- 
fus  mundi  redores 
tenebrarum  hujiis 
fajculi  ,  adverilis 
fpiritualia  nequi- 
tisE  te  accinxijii .  .  . 


Des 

Ep.  17.  ad  eamd. 
Te  vero  heatam  ac 
ter  beatam 


,  cum  00 
eas    coronas   ,    qu^e 
hinc  tiki  comparan- 
tur  ,    ttitn  eiiam  oh 
t/'fa  certumina.    Ea 
enim  horum  certami- 
nt*m  natura  efl  ,  ut 
etiam    ante  prxmia 
in  ipfa  <juoqt*e  arena 
fuam  mercedem  ha- 
bcant ,  nimirum  vo- 
hptatem ,  qua  nunc 
frucris  ,  animi  Uti» 
tiam ,  fortitudinem , 
paticntiam  :  illaâque 
item  quod  expttgnari 
atque    opprimi     »e- 
qmas  ,   quod  omni~ 
bus   rébus  fublimior 
fis  i   quod  jî  te  ipfam 
exercueris,    ut  nihil 
tibi      incommodi     à 
quoquam  inferri  pof- 
fit ,  quod  exorta  tam 
gravi    tempeflate   in 
fetra  confifias^  quod 
denique  marifurente 
magnâ  cum  tranquil- 
Htate  fecundàm  cur- 
Jum   teneai.   Htec  e- 
tiam    ante    calorum 


Lettres;  66ï 

Certes  vous   êtes   infini-       12^5'' 
ment  heureufe  ,  non  feule-      Avantagf^ 
ment  pour   les    rccompenfcs  •^"'°"    ^.l'^V^ 
avenir  que  vous  mentez  ici  ^-^,,3  ae  «tce 
par  vos    travaux,    mais  des  yicnièmc 
à  prefent  à  caufe  de  vos  tra- 
vaux même.  Car  telle  eft  la 
nature     des    combats    qu'on 
foutient  pour  Dieu  ,  que  fur 
le    champ    même ,    &  avant 
que  d'en  obtenir  le  prix  dans 
le  ciel  5  on  en  re^^oit  dès  ici 
une  trës-ample  récompenfe  ; 
fçavoir    le    plai/îr    dont    on 
joiiit  en  faifant  bien  ,  la  joye 
de  l'ame ,  la  force  &  la  pa- 
tience. Ajoutez  à  cela  l'avan- 
tage de  ne  pouvoir  être  vain- 
cue ,    ni  opprimée  -,    de  fe 

voir  au  defliis  de  toutes  cho- 

fes  3  d'être  tellement  fortifiée 

par  ces  épreuves ,  que  rien 

n'eit  capable  de  vous  nuire; 

de  devenir  ferme  comme  un 

rocher  au  milieu  de    la  plus 

furieufe  tempête  ,  de  conti- 
nuer toujours    fa  route  avec 

une  fouveraine  paix  du  cœur  : 

tous    ces  avantages,  dis-je, 

font  les  grandes  récompenfes 

que  Ton  trouve  dès  cette  vie 

dans  la  (ouffrance  des   cala- 


mites  ,  avant  que  d'arriver 
regnum  calamitatis  3"  bonheur  du  royaume  dç 
prxmia  in  hac  vHd    l'^ternitç. 


66z  Des    L  e  t  t 

1136.  A  quelque  degré    qu'aille 

On  no  s'.ic-  pour  moi  votre  amitié ,  je  ne 
quitte  jamais      js   ^j._g    content,   fi   vous 
desdevoirs  de  ^  ^^"^^  ^^s  bornes  ,    &  ,e 
U  cha.ité  enP^^teps  quelle  arîe  toujours 
ftttz  vie.        cioilîant  :  parce  que  h  charité 
érant  un  devoir  dont   on  ne 
cefie  point  d'être  redevable, 
quoiqu'on  ne  celle  point  de 
s'en  acquitter ,   je    m'attens 
qu'elle   augmentera  tous   les 
jours  pour  moi   de    plus   en 
plus  :  De  forte  qu'encore  que 
j'en  reçoive   continuellement 
des  témoignages  ,  je  ne  croi- 
rai jamais  en  avoir  reçu  ,  tout 
ce  que  j'en  dois  recevoir. 


pour  aller 
fiel.. 


I1Î7'         Soyez  perfuadés  qu'il  n'y  a 
Tiibulation,  ici  qu'une  feule  calamité  de 

&  que  tout  ce  qu  il  y  a  de 
grand  en  ce  monde  ,  n'eft 
qu'une  fable  ;  grandeur  ,  au- 
torité 3  louange ,  honneur  :  8c 
enfin  qu'il  n'y  a  de  voye  pour 
aller  au  ciel  que  celle  des  tri- 
bulations. Selon  ces  paroles 
des  Apôtres  .•  //  ejî  néceffaire 
que  nouspafjions  parpkjîeurs  tri- 
bulations pour  arriver  au  royau- 
me de  Dieu.  Tous  les  Saints 
ont  fuivi  cette  unique  voye, 
ayant  fouffert   mille   embu- 


RES. 

Epift.  2  2.  Caflo. 
Valer.  &c.  Presb. 
Ad  quemcumque  a- 
moris  erga  nos  ac 
henevolenti£  graium 
perveneriiis  y  eo  mi- 
nime  contenii  fumus  : 
verum  amoris  incre- 
menta  femper  expe^ 
timus  5  charitattjque 
debitum^quodctiamfi 
femper  folvatur  fem- 
per ddetur  ,  quottdie  ' 
à  nohis  ej^agitamus  ; 
fewperquidem  iliud. 
ajfatim  accipientes  , 
neç  tamen  nos  illud 
unqitam  omni  ex 
parte  accepijfe  arhi' 
trames. 

Epift.  237.  ad 
Conftant.  Presb. 
ïntelUge  unam  caU' 
mitatempeccatum  ejje 
folum  5  r cliqua  vero 
cun6lafahuUm,pYin- 
cipatus  ,  pneconia  , 
honores  ab  hominibus 
delitos  ,  hanc  auten» 
per  médias  tribalif 
tiones  ejfe  viam  qus 
ducit  ad  calum.  Per 
multasenimtribu- 
lationes  oportet 
ros  intrare  in  re- 
gnum  Dei:  O'vs» 


Des 

to  fan^iomnes  hanc 
tenuerunt  viam  dum 
injîdiai  pajji  funt , 
perpétua  vexati  ,  in 
fugam  aSU  ,  in  exi- 
liumpiiljî)  urbe  domo' 
que  exaOt,  pr<tma- 
tura  morte  fuhUti , 
atque  ah  illts  à  qui" 
bm  minime  omnium 
oportehut. 

Dom.  de  expul- 
fi  jne.  Quod  fi  nU" 
plias  dirimere  non 
pr£vales  ,  quanto 
minui  Dei  Ecclefiam 
pofjlt  quis  dijjolvere  ? 
.  .  .  Adeo  non  dijjol- 
vunt  j  non  demoliun- 
turpetram  iftifludus 
coorientes,  utipfima- 
gis  refolvantur  in 
fpumam.  Ecdefia  ni» 
htl  ufquam  potentius. 
0  homo  dnimiio  hél- 
ium ,  ne  ttium  ipfius 
dijjolvas  rohur ,  ne 
hellttm  iiferas  cxlo. 
hominetn  fi  oppu- 
gnaSy  utique  aut  vin- 
ces  5  aut  cette  ipfs 
vincerif.  E  regioneft 
Ecclefiam  op^ugnas  ^ 
fiito  te  arte  nulla  vi- 
floriam  de  ea  repcr- 
miimm .  » .  Sane  £f- 


Lettres.  66^ 

ches  de  la  part  des  médians 
ayant  été  fouvent  perfecutcs  ^ 
fouvent  bannis  ,  fouven 
tourmentés  &  enfin  la  pluf- 
part  enlevés  du  monde  par 
d^s  morts  violentes,  &  tout 
cela  le  plus  fouvent  de  la  part 
de  ceux  dont  ils  auroicnt 
moins  dû  être  maltraités. 


Si  l'on  ne  peut  pas  diffou-       mS. 

dre  le  mariage  des  hommes,  ..^^'"'"f" ^?* 

on  pourra  encore  moms  divi-  i«£„i:r„ 

fer  l'Eglife  de  Dieu.  Aufli  les      °     ' 

tiots  les  plus  violens  qui  vont 

fraper  contre  ce   rocher  ,  fe      ^  , 

u    T     ^     !'^    /*-.         '  Contre    les 

bnfent  plutôt  en  écume,  que  H.'m. 

de  le  pouvoir  renverler.  Rien 
n'eft  fi  fort  &  fi  puilfant  que 
l'Eglife.  Celiez  donc  ,  ô  hom- 
me, de  lui  vouloir  faire  la 
guerre  ,  vos  efforts  ne  fervent 
qu'à  vous  aftbiblir  :  Ne  vous 
attaquez  pas  au  ciel.  Si  vous 
combattez  un  homme  ,  vous 
pouvez  être  vaincu  ,  mais 
aufii  vous  le  pouvez  vaincre  : 
mais  quant  à  l'Eglife  ,  vous 
nefçauriez  jamais  avec  quel- 
que adrefle  &  quelqu'etfort 
que  vous  la  combattiez  en  * 
remporter  la  viétoirc.  Elle 
eftpliis  forte  que  le  ciel ,  car 
le  Seigneur  dit  que  le  ciel  c?» 
la  terre  pajfer ont  ^   mais  qtte  fis 


ê64  Des    Lettres. 

paroles  m  pajjeront  point.  Et  clejîa  ipfo  cah  fortiof 
quelles  font  ces  paroles ,  fi. 
non  celles-ci  :  F'ousêtes  Pierre  , 
€?*  c'ejl  fur  cette  pierre  qfie  je  bâ- 
tirai mon  Eglife.  C'eft  poiir  l'£- 
glife  que  Dieu  a  formé  le 
Ciel  i  &ce  n'eft  pas  pour  le 
Ciel  que  l'Eglife  a  été  formée 


I  lip.  Je  vous«trouve ,  mes  frères, 

Union  àt%  plus  fervens  &  mieux  difpo- 

fidtlbs  p^r  la  \^s  au  bien  qu'à  l'ordinaire. 

ch-tnté.  Nous  irons  demain  tous  en- 

femble  prier  Dieu.  Ceft  à 
dire  que  vous  viendrez  aufîi 
où  j'irai.  Car  ne  fuis-je  pas 
toujours  aufïi  oii  vous  êtes  5 
Nous  ne  fommes  tous  enfem- 
bie  qu'un  feul  corps  ;  &  com- 
me un  corps  ne  fe  lépare  point 
de  fa  tête  j  aufli  la  tête  ne  fe 
fépare  point  de  fon  corps. 
Nous  fommes  diftingués  par 
le  degré  auquel  chacun  de 
nous  eft  dans  l'Eglife  ,  mais 
nous  fommes  tous  unis  par 
ja  charité  ,  &  la  mort  n'eft 


pas  capable  de  rompre  certe 
imion.  Car  quand  je  ferois 
mort  félon  le  corps  3  mon  a- 
me  ne  laiiTeroit  pas  d'être 
vivante  ,  &  de  fc  fouvenir 
toujours  de  tout  mon  peuple. 

Vin  du  premkr  Terne. 


ejl .  Siquidem  cx\i\n\ 
&  terra  tranfibunt, 
verba  autem  mea 
non  tranfibunt. 
Cujtifmodi  verba  b<^c  : 
Tues  Petrusj  &c. 
....  Propter  Eccle- 
/lam  conditum  eft  cœ- 
lurn^  non  item  propter 
calum  EccUJîa. 

Invenimtts  vos  pt- 
lito  alacriores  ac  fer~ 
venliores.  Cras  un  a 
Z'obi/cf.m  proficiftar 
adfupplicationes.  Aut 
qm  ipfe  pergam  er 
voi  illuc.  Nam  ubi 
vos  ,  illic  çy  ego  : 
unum  corpus  fumus , 
«0»  corpus  quidem  di- 
rimttur  à  capite  ,  non 
etiam  caput  à  corpore 
difpefcitur.  Loco  qui- 
dem  diftinguimur , 
fed  counirnur  charitct- 
te.  Ne  ipfa  qnidem 
mors  nos  intercidere 
poteft.  Etenim  corpus 
meum  licet  moriatur , 
vivit  tamen  anima  , 
O*  totius  popuU  ms^ 
minit. 


^««    € 


«>/■■;  ." 


♦*:• 


!?<- 


<ri#»