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SENTENCES
ET
INSTRUCTIONS
CHRÉTIENNES,
Tirées ^
De S. Jean Chryfoftomc.
TOME PREMIER;
SENTENCES
ET
INSTRUCTIONS
CHRETIENNES,
Tirées
Des Oeuvres <le S. Jean Chryfoftome j|
Patriarche de Conftantinople.
Par le Sieur de La VAL.
Dhifees en deux Tomes»
NOVVELLE EDITION.
TOME PREMIER.
A PARIS,
Chez Jean Villette, Fils, rue Saint
Jacques, à S. Bernard.
M. Dca XXX VL
Avec Apfrobation & Privilège dn Rçy,
H^uc5jr>«c^î> ucîfxî^ <^f> uc?^ uc5?> ><î^ ^f> :<^j6>
'^fc> <3't> <3^'' ^P ^b^^'b^^'î^"^^<3è-''^^l^ ; ^fe*»
AVIS AU LECTEUR.
ON a groiïi ce Recueil un peu
plus qu'on ne fe letoit pro-
polé, parce que le grand nombre
& l'importance des inftrudions qu'il
contient , n'a pas permis qu'on
l'abrégeât davantage. On ne peut
rien défirer de confidéiiable pour la
conduite des mœurs , que S. Chry-
foftôme n'ait ou traité pleinement^
ou du moins touché avec beaucoup
de lumière & d'on£tion. Il efl: fou-
vent defcendu dans un détail d'au-
tant plus néceffaire , que c'eft d'or-
dinaire ce que l'on traite le moins ?
quoique ce foit dans ce détail depra-
tique , plutôt qu'en des principes
fpéculatifs & généraux > que confi-
fte le véritable règlement de la vie
Chrétienne. Ainfi les perfonnes de
toutes fortes de conditions ôc d'états
trouveront dans les Ecrits de ce Pè-
te tous les enfeignemerxs néceflaires
a ij
AVIS AU LECTEUR.
pour la conduite de leurs aûions»
Les Ecclefiaftiques y verront avec
quel defintérefTement ils doivent
examiner leur vocation, avec quelle
pureté ils doivent entrer dans le
Santtuaire , ôc avec quelle fainteté
ils doivent exercer cqs fonctions an-
géliques : Les Religieux y appren-
dront quel doit être leur éloigne-
ment intérieur & extérieur de toutes
les chofes du monde : Les Laïques
y reconnoîtront les obligations fain-
tes & indifpenfables que nous im-
pofe à tous fans exception le Sacre-
ment du Baptême : Les grands &c
les riches y trouveront des réflexions
folides pour ne fe laiffer pas éblouir
au vain éclat des grandeurs & des
richefles du fiécle : Les petits &
les pauvres y entendront des exhor-
tations vives & animées pour fe fou-
tenir & fe fan£lifier dans la baffefle
& la pauvreté extérieure de leur
état ; & en un mot , foit que Ton
foit engagé dans une vie publique ,
(bit 'que Ton mène une vie privée ,
AVIS AU LECTEUR.
tout le monde pourra trouver dan^
ce Recueil des inftruâions fùres ôc
touchantes , pour apprendre & à
obéir, & à commander en Chré-
tien.
On n'a pas feulement extrait des
Ecrits de ce Saint Evcque , ce qui
a paru de plus édifiant fur la mora-
le , dont il peut juftement être ap-
pelé le Père î mais on a recueilli
encore une partie de ce qu'il a dit
touchant la vérité de notre Religion.
Car fi d'une part ce grand Saint
s'eft appliqué fortement à inflruire
& à corriger les fidelles , il n'a pas
travaillé avec moins de force àper-
fuader ôc à convaincre les infidel-
les. Mais il ne s'eft pas fervi pour
cela de ces fortes d'argumens fub-
tils ôc métaphyfiques , qui échapent
fi facilement à f efprit. Ses preuves
font aifées , naturelles, conformes
au fens commun , ôc à la portée de
tout le monde. Il fait fentir ce qu'il
frouve y ôc à moins que d'avQ^r
efprit ou extrêmement faux , ou
a iij
AVIS AU lecteur;
terriblement opiniâtre , il eft diffici-
le qu'on ne fe rende à fes preuves.
On verra donc dans cet abrégé
la pureté de la morale établie , la vé-
rité de la Religion défendue , & fuc
tout Taugufte Sacrement de nos Au-
tels, qui eft le centre de la Reli-
gion ôc de la piété , excellemment
foutenu contre Terreur & l'impiété
des Hérétiques , & les profanations
des mauvais Catholiques. On y ver-
ra la fauffeté convaincue , le relâche-
ment condamné , & les vrayes ma-
ximes de l'Evangile développées,
infinuées , poufTées avec la lumière
& les faints attraits de cette vérité
éternelle 5 contre laquelle , ni la
longue fuite des temps ôc des abus,.
ni les artifices & les violences de»
hommes , ne pourront jamais pref-r
çrire.
TABLE
Des Traités de S. Chryroftôme d'où
on a tiré ces Sentences.
DEs Homélies au Peuple d^'Antioche ,
Page I.
Des Homélies fur 5. Matthieu , 1 1 3 •
Des Homélies fur S, Jean , 26S,
Des Homélies fur la Genefe , 33^*
Des Sermons fur divers lieux de rJîn^
cien Tefïament , 409»
"^Des Homélies fur les Pfeaumes y 438.
D'une Homélie fur un faffage de Sains
Paul aux Hébreux , 512.
D^un Sermon fur l'Adoration de la
Croix , 5 1 7'
'Des Commentaires fur If aie , 51^.
D^un Sermon fur Jérémi e ^ 531-
D'aune Homélie fur i'ohfcurité des Pro'
pheties , 534»
Des Livres du Sacerdoce , 5 3 8'
Des Livres de la Compon^iion du cœur, J 8 6.
De divers Traités , 6oç.
■Des Linjres contre ceux qui blâment la
vie Monafiicjue , 632*
^Des Exhortations à Théodore y 649.
Des Lettres ^ 6^z,
y^UTRES OUf^RAGES
de M, ^^ Laval.
CjEntences & Inftruâions Chrétiennes, tirées
àcs x^nciens Pérès de TEglife, en lat. &en
franc. 2. vol. m 12-
•lâem de S. Auguftin , 2. vol in 12-;
■' Uem de S. Grégoire Pape, & de Saint
Paulin j I. "ool, in 12,
' îàem de S. Bernard , i» vol. in 12,
Le tout fait huit Vol. in 12. qui fe vendent
féparémsnt.
A? F RO B AT 10 N.
J'AY ICi par ordre de Monfeigneur
le Garde des Sceaux un Ouvrage im-
primé en huit volumes qui a pour titre ,
Sentences & InftrnUions Chrétiennes ti-
rées des Saints Pérès : Et j'ai crû que
l'on en pouvoit permettre une nouvel-
le édition. En Sorbonne ce 21. De*
cembre 1733.
DE MARCILLY.
PRIVILE'GE DV -ROL
LO U I s , par la grâce de Dieu , Roi de France & dç
Navarre; A nos amés ÔC féaux Confeillers les Gens
tenans nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes or-
dinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevcft de Paris,
Baillis, Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils , & autres nos
Jufticiers qu'il appartiendra, S a i ut. Notre bien-ame
Jean Vi LLETB , fils. Libraire à Paris, Nous ayant fait
remontrer qu'il fouhaiteroit continuer à faire réimprimer
& doimer au Public ; L'Office du S. Sacremint \ Sentences é*
Jn/iruciio»s Chrétiennes tirées des anciens 'Perc s de l'Eglife ,
f^rle Sr.de Laval ; HiSïoire de Thcodofe é-àu Cardinaff^om^
rnendon , parle Sr. Tlechicr : Les Exercices de Thauler fur la
Vie térUVagiGn de Jes i/s -Christ y s'il Nous plaifoitiuj
accorder Nos Lettres de continuation de Privilège fut ce
néceffaires i offrant pour ctt effet de les faire imprimer en
bon papier Sc beaux caractères , fuivantU feuille imprimée
& attachée pour modèle fous le contre fcel àts P refentes : A
Ces Cai/sf. s, voulant traiter favorablement led-rEx-
pofant» Nous lui avons permis ÔC permettons par ces Pré-
fentes de faire réimprimer lefdits Livres ci-delîus fpécifiés en-
un ou pluîîeurs volumes conjointement ou féparément 5c
autant de fois que bon lui femblera fur papier ÔC caradtéres
conformes à ladite feiiille imprimée 2c attachée fous Nctred.
contrefçel , ÔCde les vendre, faire vendre ÔC débiter partout
notre Royaume pendant le tcms de fix années confécutives, à
compter du jour de la datte defdites Pvéfentes , ; Faifons dé-
fenfcs à toutes fortes de perfonnes de quelque qualité ÔC con-
dition qu'elles foient , d'en introduire d'iraprelTîon étrangère
dans aucun lieu de notre obéiflance ; Comme auffi à tous
libraires , Imprimeurs ôC autres , d'imprimer , faire impri-
mer , vendre, faire vendre , débiter ni contrefaire lefdits Li-
vres ci'dellusexpofésen tout ou partie, ni d'en faire aucuns
extraits fous quelque prétexte que ce foit, d'augmentation,
correftion, changement de titre, oxi autrement , fans la per-
miflionexprefl'eôc par écritdudit Expofant, ou de c^wx. qui
auront droit de lui , à peine de confifcation des Exemplaires
contrefaits, de trois mille livres d'amende contre chacun des
contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu
de Paris , ôc l'autre tiers audit Expofant, 6c de tous dé-
pens, dommages ÔC intérêts; A la charge que ces prcfentes
feront enregiltrées tout au long fur le Regiftrede la Com-
munauté des Libraires ôC Imprimeurs de Paris , dans trois
mois de U date d'icclles ; Que rimprelRon de ces Livres fera
faite dans ftotre Ro/aums , & non ailleurs j EtqtiePrmpe»
trant fe conformera en tout aux Réglemens de la Librairie,
& notamment à celui du dixième Avril mil-fept-cens vingt-
cinq ; Etqu'rtvant que de les expofer en vente , les Manuf»
crits ou Imprimez qui auront fervi de copie à rimpt^lTiori
defdits Livres , feront remis dans le même état où les Ap-
probations y auront été données , es mains de notre très-
. • cher ôc féal Chevalier Garde des Sceaux de France le fieur
Chauveîin, Et qu'il en feraenfuite remis deux Exemplaires
de chacun dans notre Bibliothèque publique, un dans celle
«le notre Château du Louvre, & un dans celle de notredic
très-cher & féal Chevalier Garde des Sceaux de France le
Sieur Chauveiin le tout à peine de nullité des Préfentes.
Du contenu defquelles , Vous mandons ÔC enjoignons de
faire joiiir lExpofant ou fes ayans caufe , pleinement 5C
paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait ^ucun trou-
ble ou empêchemenr. Voulons que la copie defdites Préfen-
%es , qui fera imprimée tout au long au commencement ou
à la fin defdits Livres, foit tenue pour dûcment fignifiée , ■
& qu'aux copies coilationnées pat l'un de nos amcs ÔC féaux
Confeillers Si Secrétaires foi foit ajoutée comme a l'Origi-
rai. Commandons au premier notre Hulifier ou Sergent, ,
de faire pour l'exécution d'icelles tous adies requis & nécef-
faires , fans demander autre permilîion , ôc nonobflant cla-
meur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contrai-
rcs^ Car tel eft notre plaifir. Donné i Ver faille s le trente-
unième jour de Décembre , l'An de Grâce 1735. 5c de na-
rre Règne le 1 9 . Sig^té par le Roi en fou Confeil. S a 1 n s o M
avec grille & paraph-î.
J'ai fait part à Monfieur Dslefpine le fils du prefent Pri-
vilège feulement pour les Uisloires de Theodofe é* au Car'
dind Commendo» fur M. Flecbier. A Paris, ce j. Jaa-
vier 1754.
Jean Vulete , fils.
% "Regijlré enfemble la. Ceffion fur le Kegijlre VIII. de U
^ Chambre Koyalt des Libraires^ Imprimeurs de 'Paris, N".
644 fol. 61^1 . conformément ai:x anciens Réglemens confirmés
fat celuidii i8.Ff'î/rj^r 17!}. à ^aris le %. Janvier milÇeçt
ie»s trente -qrutrçt
Signé Martin Syndic,
SENTENCES
SENTEMCES
E T
INSTRUCTIONS CHRETIENNES,
Tirées de^, œuvres de S.Jean Chryfoflôme.
£>
£ S
Uom
ES H O M E L I
au Peuple cC Antioche,
Anus -V t 'Impofi::^ légèrement les mains r .
e'mim X.^ à perfonne ^ ZP" ne vous ren- Contre Us
de!^ point participant des . pecf?ey Ofdin.uions
I. IVXnen
ifn
cito impoiiieris ,
neqiie communi-
caveris pecc^tis
alienis. Intolerabile
talis pravaricationis
periculum expoftttt ,
demor^pram , *qiiod
rr.alorum al aiiiiper-
petratorum 'uppli-
ciam alii cumillis ip-
psfujlinebunt '. ^uia
per ordinationem
improbitati confe-
VHHt poteflatem.
Tom. L
d'umrui. L'Apotrc nous mai- P«^éapuees.
que par ces paroles combiea
dangereux eit le mal d'une
ordination précipitée , en nous
apprenant que ceux qui or-
donnent, feront coupables de
tous les péchez de ceux qu'ils
auront ainfi ordonnez j pour
avoir conféré à des méchans
la puifiance de mal faire.
A
de la fpiri
luclle.
a De8 HOMELl
Les fciences féculieres font
Différence P/^^"^^ d'une infinité de niai-
cle U Science Séries , & ceux qui les enfei-
féculiere & gnent amufant leurs auditeurs
par an vain babil , ne leur don-
nent aucun enfeignement i'o-
lide, & les renvoyent d'ordi-
naire fans leur en avoir fait ti-
rer le moindre profit. Mais au
contraire la dodrine (pirituel-
le irrftruit en peu de mots trés-
utilcment ceux qui ont foin de
l'écouter i& fouvent une feule
parole qu'on en retiendra ,
pourra fufïîre à plufieurs pour
le règlement de toute leur
yic.
C'ell aux
faints que le
démon i'at-
taque plutôt.
4.
ta chute
des faints eft
le fc and aie
le plus dan-
gereux.
Le démon s'anime contre
nous avec plus de rage , lors
qu'il voit que nous prenons
foin de bien régler notre vie :
& quand il s'apperçoit que
nous avons travaillé à remplir
le vailfeau de notre coeur des
plus précieux tréfors de la grâ-
ce , il fait tous les efforts dont
il eft capable pour nous caufër
un mortel naufrage.
La chute d'une ame d'une
vertu médiocre n'eft pas fi pré-
judiciable pour les autres :
mais quand une pcrfonnc d'u-
ne vertu cminente , & qui
ES
Extevna ioCtritid
mnltas jaclum »;«-
gas , e?" mnlta deth-
Tiens auditores loqua»
cnate, vacuis remit*
lit manibus , nttUum
neque ma^^num ne"
queparvum lucratos
emolumemum. Spi~
ritttsverograiia non
hujufmodi , fed in
conirarittm omnino ,
per modtca zjerha
omnibus advertenii^
bus difciplinam af~
feft : <j- mu lu s fxpe
verbum unum fujp-
cit hïnc excerpjîjje ,
ut totius vit£ viati"
cum habeant.
Tune diaholus Jk-
vior ejficitur , cùm
nos 'Dtdent cum di-
ligeiitiâ vitam nof-
tram dijponentes !
cùm vtderit virtutis
onera compojtta CT*
ma<rnos acervos-itunc
graz>.us inferre nau^
fragium Jludet.
f'ilis O* abjeSlus ,
eùam fi fupplanXa-
tus fuerit , CT* ceci-
derit , non tantum
infert cladis vit*
AU Peup
commuai : in alta
vero quadam tan-
quAm virttttis Jpe-
cuîa conjiittitHS > CT*
qui omnibus cognitus
fît y Ç^ ab omnibus
in admiratione ha-
1/eatur , quando ten-
tatus cecidertt , ma»
^nam ruinam CT* ja'
{luram facit : non
tantum quoniam ex
alto cecidit, fed quo"
rtiam ex aliis mul-
tis fraudait materia
eji in tllum ref^icien-
tibus.
f^arite C^ omni-
modx fanflorum af-
fiif liants c au/as cha-
ritati ve/lra dicere
fof}»m. . . Prima ef
ne facile in arrogan-
ttam propter mertto-
rum maznitudinem
o
CT* miraculorum tol-
lantur. Secunda , ne
c<eteri majorem ha-
ie ant de ipjlioptnio-
nem , quam humana
patitur natura. Ter-
tia j ut CT* Dei vir-
tus appareat , par
agrotantes C com-
peditosy exuperans CP*
vincens , ac pradica-
LE d'Antioche. 5
étoit conlîderée de tous les fi»-
deles comme un modelé admi-
rable de pieté, vient à tom-
ber, ce ne peut être fans eau-
fer une grande ruine ; non
feulement parce c^u'il tombe
de plus haut , mais encore
parce qu'il entraîne avec lui
par fon fcandale plufieui!» de
ceux qui étoient les admira-
teurs de fa pieté.
Dieu afflige les (aints pour f •
plufieurs railons. Première- ^'"^ ^*'^'
ment de crainte qu'ils n^' s'é- ^'^^ P°^='"-
lèvent de prefomption pour fligei^sfaints
Téminence de leurs mérites, en es monde.
& l'éclat de leurs grandes
adions. 2. Pour empêcher
que les autres n'en conçoivent
une opinion trop avantageufe
& ne les regardent comme
ayant quelque chofe au defliis
de l'homme. 3. Pour faire
éclater davantage fa puiflan-
ce , en fe fervant de gens ac-
cablez de miferes & de per-
fecutions pour établir & ac-
croître fa divine religion *
& la. rendre vidorieufe de
tout ce qui s'oppofoit à elle»
Aij
4 Des HoMELi
/f. Pour faire connoître leur
patience , que ce n'eft point
par intérêt qu'ils le fervent :
& avec combien de fincerité
&<l'ardeur il faut qu'ils l'ai-
ment 5 pour conferver leur
gratitude envers lui , malgré
les maux temporels qu'il Jcur
envoyé. 5. Pour nous faire
penfer à la réfurredion ; car
quand nous voyons qu'un
homme jufte & d'une vertu
éminente fort de cette vie
où il n'a fait que Ibuffrir , il
ne le peut que nous ne fafilons
quelque réflexion fur le juge-
ment à venir. Et en efi-ec, fi
un homme a foin de récom-
penfer ceux qui ont louffert
quelque chofe pour fon fer-
vice y s'imaginera- 1- on que
Dieu puiflelaiirer fans récom-
penfe ceux qui ont tant fouf-
fert & tant travaillé pour l'a-
mour de lui ? Si donc la jufti-
ce de Dieu n^ permet pas
qu'ils foient fruftrcz du prix
de tous leurs travaux , il faut
ncceflairement qu'il y ait s-
près la fin de cette vie un au-
tre tems auquel on commen-
ce à joiiir de la récompenfe
des maux que Ton aura fouf-
fert en ce monde. 6. Afin que
tous ceux qui font affligez ,
trouvent uh fujet de conibla-
ES
tionem augeni.
(^arta , ut tp forum
patientia manifc-pa
fi at, non pr opter mer-
ce dem Deo fervien-
tium^ fed C?* tantam
exhtbentium grdti-
titdimm ) tit^poji
Ut mala , fincera in
ip/ltm benevolentia
oflendatur. Qumta^
ut de refurrefHone
cogitemur^ ctim enim
Virum jufinrrt O*
multa plénum vir^
tute 5 innumera paf-
fum mala , C (îc
hinc digrefium vide-
ris 5 cportet ex hoc
omnino aliquid de .
illojudicio cogitare.
Si enim profe homo
lahoraniei fine prx-
miis autre non per-
mittit ; multo magii
eos 5 qui tantum la»
horaverunt » nun^
quam incoronatoi
remanere Deus de'
cerneret.Siauîemip'
(os laborum fuorum
retribuiione priva-
re^omnino uecejje ej}
quodam aliudiempus
effe pofi prafeniium
fnemyperquodprigz
A U Pe
fentis vit£ Uborum
retributiones recipe-
rent, Sexta , ut om-
nés in res adverfas
incidentes , fujf.cicn-
tem confoLtionemO'
miiigationcm ha-
heant y m eos refpi-
cientes y^nialorum
qu£ ipjts acciderunt
recordantes. Sefftima,
ne qttando exhorta-
mur vos ad illorttm
virtutem CT* cui-
que duimus i imita-
re Pauluml imitare
Petrum ; propterge-
Jlorumexcejfumalte'
r ius ipfos na tara fui f-
/e participes cogitan-
tes 5 ad imitationem
torpeatis. O&ava ,
Utquando beatos vel
tniferos cenfere opor-
tet , difcamiis quos
quidem beatos, quos
autem miferos puta-
re debeamus.
Patet quod alté-
rant vitam prxfenti
meliarem Dens pa-
rât: nijtenim hoc ef-
fet , improbos multos
quidemper banc vi-
tam gaudere ^ j'ufos
V«ro rnukasinpluri-
U P L E d' A NTIOCHE, $
tion dans la vue des peines
que tant de Saints ont endu-
rées en ce monde. 7. De crain.-
te que lorfque nous vous ex-
hortons à imiter la vertu de
Paul & de Pierre \ vous n'ayez
pas le courage de travailler à
luivre leurs faints exemples,
vous imaginant dans la vue
de tant d'admirables adions,
qu'ils étoient d'une autre na-
ture que vous. 8. Afin que
quand il s'agit d'examiner
quel eft le vray bonheur & le
vray malheur de cette vie ,
nous fçachions qui font ceux
que nous devons eflimer heu-
reux, & qui malheureux,
Si Dieu n'avoit à donner à ^*
l'avenir une vie beaucoup , Po"''q^'oi
meilleure & plus heureufe que tJlTs Z
la viepréfente, il ne permet compenfez.ni
troit jamais que tant de mé- Isi méchans
chans fufTent comblez en cel- Pl^^is en cette
le-ci<le profperité & de ]oye i ^'^^'
& que les juiles n'y trouvaf-
A iij
C Des Homel
fent que des déplaifirs & des
douleurs : mais parce qu'il a
préparé dans une autre vie des
punitions pour les uns, & des
rccompenfes pour les autres :
c'eft pour cela qu'il lailfe vi-
vre ici les bons dans l'afHic-
tion , & qu'il fouff: e que les
inéchans fe plongent de plus
en plus dans les plaifîrs & dans
les délices.
7. L'on peut encore découvrir
TTciiité de5 pluiîeurs autres raifons des tri-
siflia*ons. bulations que fouftàrent les jii-
ftes : fçavoir qu'elles fervent
d'épreuves à leur vertu j qu'el-
les effacent les taches qu'ils
ont contradées durant cette
vie : & qu'elles leur procurent
une récompenfe plus grande ,
puifqu'elle doit être propor-
tionnée à leurs foufrrances ;
& même s'étendre au de-là ,
félon que le marquent ces pa-
roles de l'Apotre : Les fouffran-
ce( de la vie préfente ri ont puint de
proportion avec cette gloire que
Ùiet4 doit un jour découvrir en
nous.
t. Non feulement les tiens
Souffrir pa- que nous donnons en aumo-
lE s
ruis €lumnis nu»"
quam dimijîfftr, Std'
quoniam prapara-
tum ej} foecuh'.m a»
liud y in quo fecHU'
dttm meritum , ')uic
quidem improhiiatisi
tllivero virlHiispr^-*
mia reddere débet >
propterea finit hune
quidem ajfîigi, illum
vero deliciis m dies
dijflHere:.
Novas trihulatto'
ntim dicsre caufas
pojfumus; quod tri-^
bulati» probatiores
facial trihulatoi . , •
G'fialiquas hahea*'
mus maculas y htc
eus deponinius .....
Coronx C?* pr terni a
nobis augentur.
Quantum enim tri-
bulationes intendunr
tur ,tanîum CT* retri'
b'.itionei ampltahun*
ts*r; ima vercCP' muU
toplus. Non enim
funt condignse
palTioncs hujus
téporisadfuturam
gloriam qux re-
velabitur in nobis,
I\Jo/* tantum qt'X
per eldeincjjnum du"
AU Pe U
muSyfedc^ea,cjui-
lus ah aliis fpoliati ,
fûHtter ferimus^mul-
tum rtûhii fruélum
ajferunt. Et ut dif-
cas hoc illo ma jus cf-
fe-^ ^oh non erat tam
lUuftris quaiido pau-
pcrihus domum ape-
rutt , cjuàm chm ij)-
fam cecidijje audietis
non inic^i*ètulit. Non
erat tam illuflris ,
quanào ex ovium
tonfttra nudos vcjli'
vit , cfuam fuft cla-
rus <i:r fpe^iatus^ciym
audiens quod t^nis
cecidi/Jet CT* g^^^es
omr.es coufHmpfrjJet ,
graïus egit. . . Tune
tnulta in coufervoi
fuit benignitas^ nitnc
ma^nus in Dominum
amor àemonpraba-
tur.
Nul'um o-ratia-^
rum aflioni par bo-
num , quonadmo-
dum blafphemia p?-
tvs >n'>.'l.
Nonh'c nhi rctri-
èutioncs Z^proynllJiO'
nés ,fvd iii future fe-
Qulo.. amnia pr<ecUr<t
PLE d*Antioche. 7
ne, mais encore ceux dont tiemnosnt U
nous foLiffrons la perte avec ^^e"*'^-*^'*'^^
confiance, nous font trcs-uti- '^^ "^'''^**
les : Et nous apprenons Jans
fhiftoire de Job , que ces der-
niers nous font nicme beau-
coup plus avantageux : car la
vertu de ce faint homme ne
parut pas avec tant d'éclat
quand il tenoit fa maifon ou-
verte à tous les pauvres , que
quand il reçut avec une fi ad-
mirable patience la nouvelle
qu'elle étoit tombée. Sa vertu
ne parut pas tant , quand il
fe fervoit des toifons de fes
brebis pour en couvrir la nu-
dité de ceux qui nianquoieni:
d'habits, que loi (qu'ayant ap-
pris que le feu du Ciel avoic
confumé tous fcs troupeaux ,
i! en rendit grâces à Dieu.
Dans ces premiers temps il
montra fa bieiiveilknce envers
fon prochain ; mais dans ce
dernier il témoigna pour fon.
Dieu un ardent amour.
Comme le blafphémc efi le
plus énorme de tous les maux
auffi ia reconnoiif.ince ik Tac
ti.on de grâce eft le plus grand
de tous les biens
Dieu ne promet au Chré- rOi
tien nulles récompenfes pour T.es recom"-
ce monde -, mais tout ce qu'il pei^feînefont
lui fait cfperer de grand eft 'i"'ï'^^^^'^'*'
9-
Recoano'f-
' fance envers-
Dieu.
A mi,
trc vie.-
cuiptisma
teu.'Si
S DesHomeli
pour l'autre vie.
Il* Si vous entendez dans les--
Reprendre ^^ès quelqu'un qui blafphéme,
vec force les j^y^^ l'en reprendre i &
r^noma- „ , Pur- V
même, s il en eii beioin , 1 en
châtier: fandifiez ainfi votie
main i & iî après cela il vous
défère en juftice , & vous o-
blige à comparoître devant le
Juge pour être puni de l'of-
fenfe que vous lui aurez faite,
allez y avec courage , & ré-
pondez hardiment que vous
n'avez pu foufFrir d'entendre
vomir des blafphénies conttc
îe Roi des Anges. Car fi ceux
qui diient des injures à un Roi
delà terre font dignes de puni-
tion ^ combien ceux qui outra-
gent le Roi du Ciel en méri-
tent-ils davantage ? Et quand
on devroit vous faire mourir
pour un tel fujet , ne vous dé-
fiftez pas pour cela de châtier
votre frère : ce vous fera un
vrai martyre , puisque Saint
Jean fut auffi martyr, non pour
avoir icfufé de lacrifîer aux
idoles, mais pour avoir don-
né fa tête pour la défenfe des
loix divines que Ton vioioit.
Combattez donc auiîi de mê-
me jufques à lahiort pour le
foûtien de la vérité , & Dieu
çoii;ibâttra pour vous.
ES
Deui pYomiJît .
In civitate hlaf-
phemantes cafii^atei^.
Jîijuempiam bUfphc'
mantem audieris >
accède , in crêpa j C7*
Jî verbera infi/^ere
oporteaty ne recufes i
fercujjîont manum
tuamfan fiifica .Et fi
ulli accufaverint , Ji
in jhdicit*m traxe-
rint ijequere i cr fi
panas judex pro. tri'
bunali repofcerit, die
cum libsrtate quod
Regem Angelorum
blafphemavit. Si e-
nim Kegem terra
blafphemantespuniri
cportetj mttho magii
illum coutume Ita af-
ficientes. Et fi mort
opus fit , cafltgari
fratrem ne torpeas,
Martyrium tibi hoç
efi : quoniam G*
Joanncs martyr fuit,
Nonfacrîficarej ty'J'u >
ft*it i doits , fiid p,Q
facris tegibus teme-
ratis caput depofiiii ,*
C IH igitur prozie-
ritate ufque admor-
tem contende , C7'
VetispugnabiiprotQ.»
AU Pe U
Ne tnihi dicas il-
lui frigidu>ïn ver-
hum : i^<e vero mi-
ht cura tfl ? cttm ipfo
' commune habeo tii-
hil. Cum àiaholofolo
commune nihilhabe-
mus^cum omnibus aw
tem hominibus multa
babemus communia.
...ne dicamus igitur
qtiod nthil commune
cum ipjîi habeamus;
fatanica ej} ifla voXy
diaùûlka inhumant'
tas.
Difpenjimus falutem
fraiTum nojïrorum ;
fuficit unus homo
yelo fideifuccenfus ,
tot»m corrigerepopH-
lum.
Homil. 2. Non efi
theatrum Ecclejîa ,
ut^ ad deleSlationem
audtamus : adjutos
hittc recedereoporteti
lucratos quiddam
amplius O'magnum.
ihiUntegrum de-
pofiiuni reddidit ^
quoniam ipfum non
r L E d'à n ti oc h e. p
Quand je vous exhorte â 12."
reprendre votre prochain, ne Prendre foi»
me répondez pas froidement : ^^^ ^^^"' ^**
Pourquoi en prendrois-je foin? pioî-^*"^'
Ai- je quelque intérêt com-
mun avec lui ? Car vous de-
vez fçavoir qu'il n'y a que Is
diable avec qui nous ne de-
vons avoir rien de commun :
mais nous avons une infinité
de cliofes communes avec tous
les hommes. Ne difons donc
pas que nous n'avons rien de
commun avec eux ; car c'eft
une parole diabolique , c'eft
une dureté de démon.
. Travaillons au falut de nos i r;
frères. Un homme de bien cm- Zcle pour la
brafé du zèle d'une foi vive , falntdu pro-^
eft capable de corriger lui feul chain,
tout un peuple.
L'Eglife n'eft pas un théâ-
tre où l'on vienn? écouter nos
difcours pour fe divertir. Il en pi'^'flicatiotî
faut tirer plus d'utilité , il
faut remporter un profit plus
avantageux & plus Tolide.
14.
N'aller i U
en .î"epourS-«^
difier.
• Celui qui ne fait que ren- If.
dre à Dieu en Ton entier le ta- ^" peutre*.
lent qu'il lui avoit confié ; *'^ damne
'■ ■- ' pour negligeir
tnultiplicavity quo^ parce qu'il n'aura pas tra- {^ corr-aion
mam non cajligavit vaille à corriger les autres j fj^ternelks
c.eieros , argentum qu'il n'aura pas porté Ton ar-
<iinummHknoi non gcnî aux banquiers ^ c'eft- à*
lo DesHomel
dire qu'il n'aura pas averti ,
confeillé , repris, & corrigé
fon prochain , lorfqu'il l'a vu
dans le dérèglement, fera pour
cela feul précipité fatis mifcri-
corde dans les peines intoléra-
bles de l'enfer.
i6. C'eft la cupidité qui eft
Qui eft le mauvaife , & non les richeflès :
yrai fiche. & il y a bien de la différence
entre être riche & être ava-
re : car l'avare n'eft pas ri-
che , puifqu'il a befoin d'une
infinité de chofes : il n'eft que
le gardien & non le maître de
fes richefles ; il n'en eft que
Tefdave , & n'en eft pas pro-
prement le poffelleur. L'on
n'eft pas riche pour avoir
beaucoup de bien , mais pour
en donner beaucoup à ceux
qui en manquent.
17. Vous n'êtes ici que com-
Ne vivre me un hôte & un paflager ;
que pour le le ciel eft votre pays j c'eft-ià
où vous devez faire paiTef tout
ce qui eft en v otre pouvoir , &
avant même que d'en jouir en
cette divine patrie, vous en re-
cevrez dès ici une manière de
récompenie. Car celui qui fe
nourrit en cette vie de l'erpe-
cid.
lES
àetulit , hocejf jnon
admonuit , non con»
Jîlmm dedh^ non in^
creputt , non corre"
xù proximos inordi-
natos, id'.irco ahfque
mifericordij in Ûlas-
intoleraUles pœnas
tnittebatUT,
Non mala res di"
vhiie yfed mala cu~
piditas. AUudava'
rus CT* aliud dives»
Avarus non eft di^
ves , quippe multii-
tndiget. Avarus cuj^
tos ej} , non domi"
nus pectimarum; fer-
vus , nonpo{Jt:{Jor.,f.
Dtves ejï non qui
multa poffidet , fed
multa largitur^
rance des biens céleltes , & qui
eft rempli de la connancc de
Hofes es hic &
peregrinus , patriam
hahes in calis : illue
omtiia tranfmiit-', ut
CP" anieqiu:m frua"
risyhïcreirthiiiioneni
captas^. Qui enim
bona fpe ahtur\ C7*
de futuris co^'fdit y^
hU jam re^^num gw
fiavit. Nihil enian
tanttim animam re-
ntcliorem facere ,
tjiuum bona futuro-
rum fpeSiJî eo tranf-
mtitem divitias ,
antma tua curam
cum otio conzrtio
AU Peuple d'Anti ocHH. rt
far are confucvit CT* les obtenir , goûte déjà par a-
vance le bonheur de ce royau-
me éternel. Et en effet rien n'eft
fi capable de guérir ies maux de
notre ame & de la pcrfcdioner,
que refperance des biens ave-
nir j pourvu que nous y fafïîons
pafl'er avant nous nos biens pre-
fens , & que nous employons à
prendre foin de notre ame ,.
tout le loifir que demande une
fi importante occupation.
Voulez-vous vous enrichir ? i g;
faite que Dieu foit votre ami , C*aft DieH
& vous ferez le plus riche de qui po^is c^^'
tous les hommes. richit.
La vertu a cela de propre ip,
qu'elle ne nous eft pas feule- Vertu rccom-
ment utile pour la vie future, penfée dès es
mais qu'elle nous procure dès naondc.
celle-ci des récompenfes.
yis ditarî , hd-
ieas amicumDcum ,
C?* omnium dttijji-
mus erii.
Tain eji virtutis
natura , non adft*^
tnra nec tantum ad-
fuvat , fed O* hîc
jam r^trubutiones
frahet.
Stepivi rijl tefla-
menta legens dicen-
ille
tdem ht
Ua i tue quiaernijU'
beata^rorum veldo-
Mus dominiitm » «-
fum veto aliui. Om-
îtes enim ufum ha-
bemus , dominium
fiemo : <sr fi enim
vubis per totam f>er-
maneant vitam, ve^
limmnchmus in fine
aiiis cedemus , tpfa-
rttm nfufçlo decer"
J'ai fouvent eu envie de ri- 20.
reenlifant des teftaméns , 014 On n'a U
il eft dit, que l'un aura la pro-- propriété qu«
prieté d'i'n héritage , & un des biens que
autre l'ufufruir. Car nous n'a- ^'°" ?°""*' ^*
vonstous que Pillage des biens ^'^"^°"*''
du monde , & nul n'en a la
propriété , & en effet quand
nous en aurions eu la proprié-
té durant toute notre vie ,
nous fbmraes contraints à la
mort de les iaiffer à ceux qui
nous fuivent, fans en avoir
eu que la fimple joiiiffance>.
12, Des Home l
& nous nous trouvons privez
de la pofiefTion de tous ces
biens en pafTant à une autre
vie.D'oii il eft viiîble queceux-
là fouis en ont véritablement
la propriété:, qui en ont mé-
prifé ici l'ulage même. Car ce-
lui qui diitribuè Tes biens aux
pauvres , en u(e ainfî qu'il en
doituferj&en demeure mê-
me à fa mort le propriétaire ,
pour en recevoir infiniment
davantage dans un tems ou il
eaaura bien plus de befoin.
Pourquoi
les chofes fu-
perfluës ne
font pas éga-
lement diftri.
buéiàtous.
CVft êtrî
L'air, l'eau , le feu, le fo-
leil, & toutes les autres cho-
fes nécefl'aires à la vie ont été
rendues communes à tous les
hommes , afin de les faire vi-
vre : mais les richelfes ne font
pas communiquées à tous éga-
lement , afin de procurer une
matière de mérite & de cou-
ronne à ceux qui fuyent l'ava-
rice, qui embrallent la vertu ,
qui donnent de leurs biens aux
pauvres, & qui trouvent dans
ces bonnes œuvres un puilTant
remède contre la maladie de
leurs péchez.
Si Dieu vous a fait riche ,
pourquoi vous rendez. -vou$
lES
pto , dominio autem
oriati ad tllam vi^
tam migrantes. Un-
de manifeJÏHm efl y.
quod illi (oU domi^
nium habent , qui^J*
ipfarum ufum con-
tewpfirunt. Qu^l e-
nim facultates ùatt»
perihus ero-^at prant
oporlehaî ^facultati-
bus ufus eji , ^ ip-
farum dominiiim ha-
hensobiit. Illis mttl^
toplura rectpiens ill»
tempore , quando eAr
rt*m prafidio maxi"
me egebit.
Ut fecurè viv4-
mtts communes faCÎA
funt nobis vit£ cau-
fe 5 rurfnm ut hot
heamui coronarunt
GT* lattdum occajîo*
nem , non communes
faéla funt divititt y
ut avaritiam exojî
C^ fefîantes jujii^
tiam , noJ}ra indi-
gentibus erogautes y
aliquod peccatorum
nofrorum remedium
per viam hanc ca-»
piamus.
Divitem te fech
Deus ^quidie ipfu}:^
AU Peu
pauperemfacis? Di-
Vttem tefecit Deus ,
Ht egenis auxilierisy
ut per Uberalitatem
peccata tua fohas.
Dedh tihi pecunias
non ut in mortem
tuam claudas , fed
ut m faluti^m tttam
ejfundas.
Magna pojfeffio
paupertas fapienter
ipfam ferentibus ;
thefaurus qui ne-
eueat auferri : di-
verforium ab injîdiis
tmum. At opprimi-
iur, induis, pauper }
fed majores injldias
àives patitur.
MuUa tjut/piam
in te convicia di'
scit i ji contumelias
ïleriferis , coniume-
liam non es pajjus.
Si corpus a dam an ti-
r,um haberemu!, etfi
innumeris undiqtie
ieîis percuteremur ,
von tamen vulnera
reciperemus i none-
nimamanutela tor-
qsHnte^fed à f#r-
PXE d'Antioche. ÏJ
pauvre ? Dieu vous a fait ri- bien pauvre
che 5 afin que vous alTiftiezque de n'être
les nécefllteux , & que vous'^^'^'^'^ *î."'=
eftaciez vos péchez par votre
pour Toi,
libéralité. Dieu vous a donné
du bien afin que vous le dé-
penfiez pour votre falut , &
non pas afin que vous le ren-
fermiez dans un coffre pour
votre ruine.
C'cft une grande richefle xj.
que la pauvreté a ceux qui fça- , La pauvre-
vent la fupporter avec patien-'^^'^."^"4..°'*
o * r ir ' n en Içait bien
ce & avecfageire : c eft un ^^ç^,\^a xxnc
trcfor qui ne peut être ravi : grande ri-
c'eit un azile fur contre tou-chcllc,
tes lottes d'embûches. Mais,
me direz- vous , le pauvre eft
fouvent opprimé : il eft vrai y
mais le riche eft bien plus ex-
po(é à l'envie, & fujet à de
bien plus fâcheufes difgra-
ces.
Qiiand quelqu'un v-oùs dit 24^
une injure ^ fi vous méprifez ^"1 «'«^
cette ofFenfe, il eft vrai de ^^^^"^^"^P^.'
dire que vous n'en avez point bt-fl^^'^
reçu- Si nous avions un corps
de diamant , quand même on
nous lanceroit de toutes parts
une infinité de traits, nous n'en
ferions point blefiéz j car nous
ne le fommes pas proprement
par la main qui nous les lance ,
mais plutôt par la molefie de
notre chair qui fe lailfe ei;-;
14 Des Ko M BL
tamer par la pointe de ces
traits.
z'). Quandon vous a ofFenfé, fî
C'eftfe bien vous n'en avez pas de reiren-
>rengcriiucdej-i,;nent , & fi vous n'en ttes
fouftnr pa-p^int touché, c'eft comme fi
;tiemm;nt les» , ,,
injures- ^^^^ " aviez pas reçu û injure
de votre ennemi -, ou plutôt
on peut dire qu€ c'eft vous qui
l'avez frappé , & non pas qui
l'avez été de lui : car lorfque
<:elui qui vous a ofFenfé voit
que l'injure qu'il vous a faite
n'a pas pénétré jufqu'à vo-
tre cœur 5 il efl touché au
<lernier point:& ainfilefi'ence
de cîrlui qui fouftre patiera-
inent une injure , rejaiUilfant
contre celui qui l'a faite , le
bleife très-fenfiblement.
2^. Helie en quittant la terre
Confiance laiija fon manteau â fon dif-
*^'^^°* montant au ciel , nous laKfa fa
Cofitrû 1rs chair ; avec cette différence,
Uercti^*es. q^^Heiie fut obligé pour cela
de fe dépoiiiUer j au lieu que
Jesus-CHRIST en nous bif-
fant ici fa chair , ne lailfa pas
<le l'emporter auflî avec lui
dans le ciel. Ne rnjus découra-
geons donc point, & ne crai-
gnons point les maux qui nous
■peuvent arriver dans les
lES
poribus pattenuhus
vulnerafiunt.
Ali qui s injuriant
intuln, nonfe?iJÎJîi^
nec doluifli ? non es
injtiïiampajjus , fed
CT" magis percuffjii
tjuàm f>ercujjus es.
Ctfm enim qui con^
tumeham intulit ,
plagam fuam adpa-
tiemium animam
non pervcnientem
Viderit , ipfe majo-
rem tn ^odum ro"
dttur s CT' tacenti»
Bus fis quiccHîums"
liam patiuntur. /pon-
te contumeliarum
plaga contra niten-
ttm converfa infer^
tur.
Helias meloiem
âifcipulo rdiquit ,
fi II us autemDeiaf-
cendens , fuam tîohis
carnem dimijît: fed,
helias (juidem exw
tus, ChriOus autem
C?* nabis reliquit :
C7' ipfam habens af-
cendit. Ni igitttr
animo concidamus ,
neque temporum àif"
ficultatem timeamus.
Qui entm fangui^
AU Peu
mm fnum fro om~
nibus ejf(*ndere non
recufaviti O* car-
nem fuam , er rur-
fus tpfum fangui'
nemrtûbis conimuni-
cavit i qutd pro fa-m
lute nojlrafdcere re-
çu f ah it ?
Homil. 3. Extte
^fta negolia , CT*
aihleta fafitts es,
indue arma fpiri~
tttalia , eT* faÙus es
miles. Te ipfum t-t-
t£ curis dénuda , Itt-
él£ enim tempus ej} :
arma fpiritâs indue,
hélium enim nohis
contra damones con-
jUtum ej} grave.
FroptereaCl^ nudum
ejje oportet , ut nul-
lum diabolo nohif-
cum Luélanti anjam
pra:beamus : CT* un-
dique armati , ut
nttfquam letalem
plagam accipiamus.
Si uhi corpori me^
deri oportet , tanta
fiobis opus eji dUi-
PLE D'A NT lOCHE. 1$
tems les plus difficiles , puil-
que celui qui a fi volontaire-
ment répandu Ton fang pour
nous tous , nous a de nouveau
communique ce même fang
dans le Sacrement ; car après
cela que refufera-t-il de faire
pour notre falut i
Dépoiiillez- vous du foin
inquiet des affaires de ce mon-
de, & vous ferez comme un
athlète prêt à combattre pour
Jesus-ChrisT. Revétez-
vousdes armes fpirituellesque
vous préfente TApotre , &
vous deviendrez un foldat
Chrétien. Délivrez-vous de
la follicitude des chofes de cet-
te vie , car c'eft ici le tems de
combattre. Prenez les armes
de l'elprit j car c'eft contre \Qi
démons que vous avez à fou-
tenir une très-cruelle guerre.
Ainfi ne nous chargeons pas
de vétemens , pour ne don-
ner aucune pri(c fur nous ace
dangereux luteur , qui s'ef-
force de nous renverfér j mais
au contraire aimons- nous de
toutes pièces pour ne lui lailler
aucun endroit par où il puifle
nous blelfer.
Si lorfquM s'agit de nous
guérir d'une maladie corpo-
relle , il eft necelfaire de s'y
27.
S« dépoiiiî-
1er de toute
affection ter»
reftrc pour
mieux réfiftoc
au démon.
2S;
Lagucri/bm
de Tame de-*
mande un
grand foia* /
corps-
16 Des Homel
appliquer avec tant de foin*,
lorfqu'il s'agit de guérir no-
tre ame , & de rétablir le cal-
me dans notre efprit , quelle
diligence ne devons-nous pas
apporter5& quelles recherches
ne devons -nous point faire,
pour trouver des remèdes qui
ibient propres à de fî grands
maux ?
iç. Ne vous contentez pas de
Jeûne génc- faire jeûner votre bouche ,
cal de tout le f^gfs qug yos yeux , VOS oreil-
les , vos pieds, vos mains, &
les autres parties de votre
corps jeûnent aufTi. Que vos
mains jeûnent en s'abftenanc
de rapine & d'avarice ; vos
pieds en n'allant point aux
fyeà:ic\es illicites , vos yeux
en ne fe répandant point avec
tant de curiofité fur toutes
fortes d'objets j & n'attachant
jamais leurs regards fur des
beautez étrangères.
jQ Qii*on ne me dife pas: Je
On inédit , «e médis que quand ce que je
tjuoi qu'on dis n'eft pas vrai : car cjuoique
dife vrai , en le mal que vous dites de votre
parlant mal prochain foit véritable , c'eft
du prochain. ^^.JQ^j.5 ^^ ^^.^^^ ^^,g ^^ j^
dire. C'eft pourquoi les veri-
tez que le Pbariiien difoit ea
lES
getitia : multo ma"
Zii cum animam eu-
o
retnus , €7 cogita»
tionibus wedeamur »
ofnnta fcrutari, CT*
cum omni fedulitate
con/îderare necejfe
'fi-
Non os tantum
jefunet ^fed CT" ocu-
lus , CT* audiius , CT'
pedes , C!* rnattus ,
Cif omnia corpcris
rtojïra membra jeju"
tient. Jejunent ma-
nu s à rapina ZU*
avarttta munda ;
jejunent pedes ad il'
UcitafpeOacula cur^
fum reprimentes ;
jejunent oculi dif-
contes nunquam for-
mo/îs obtutihus injî*
lire , nec aliénas eu-
riosè pulchritudinei
jpeûare.
Ne quis mihi di'
cat 3 tune detraho ,
quando falfa dic«.
Nam licet vera lo'
quens maledixeris ,
er hoc ej} crimen :
Etenim Pharifaus
ilU SMcano veri^
dieu s
AU Peuple d'Antioche. 17
diiUi maleâixit,fsd parlant du Publicain , ne laif-
tamen hoc tj>jinih;l
profait.
Déclara charita-
tem erga peccato-
rem ; perfnade ipjl
^uod confiilens CT*
curanSi non tradu-
cere volens , peccati
ipfttm commotjefacis;
comprehende pedes ;
ofculare , ne ertthef*
cas 3 fî modo verè
mederivii. Hxc CT*
mediâ faciunt fa-
piui diffiiiles tegrotoi
habenles.
Non/olos mnltdi'
ventes ^fedO" aliis
detrahiaudientes ad-
mûneoaures ohjlrue-
re ,^ t'rophetami-
mitari dicentem:
Detrahenrem fe-
cretopioximo fuo
huncpeiTcqiiebar.
Vie proximo , /^^èfi
aiiquem quem Uh'
des,aures aperio , ut
nnguenta ft4.fcif>iam\
fivero maleiis dice-
re y.zerhisingreffum
obturo i non enim
Perçus CT" cœnum ac-
cipere fujlineo. . Cm-
Toip. I.
îbient pas d'être vraies médi-
lànccs , & ne lui ont été nulle-
ment utiles devant Dieu.
Faites connoitre à votre pro- 31.
chain la charité que vous avez Coireclioa
pour lui j perfuadez-lui bien charitaLle.
que ce n'eft nullement pour 1-e
diffamer , mais pour le fervic
& le guérir que vous le repre-
nez de fbn péché. Jettez-vous
à les pieds , & n'ayez pas mê-
me honte de les lui baifer,/!
cela peut fervir à fa véritable
converiion. Les médecins en
ufent fouvent de la forte quand!
ils ont àzs malades difficiles à
traiter. -,
Quand on entend dire d^u Rejej^ér Us
1 de Ton prochain , on doit médit.in«.
ucher Tes oreilles , & imiter
l'exemple du Koi Prophète,
lorfqu'il dit : Je châtiais celui
qui medifoit en ftcret. Et l'on
peut dire au médifant : Si vous
avez à ioiicr quelqu'un, je vous
écouterai volontiers , & je fen-
tirai avec plaifir la bonne o-
deur de ces parfums 3 mais fi
vous n'avez que du mal à en
dire , je ne vous écouterai
point: car je ne puis fuppor-
ter la puanteur. Ne penfons
donc qu'aux moyens de nous
juftifier devant Dieu de nos pé»
chez 3 & employons toute no^
B
i8 Des Homel
tre curiofîté à examiner exac-
tement l'état de notre ame.
'33. Salomon dit: Si vous enten*
Ne point di- f/fv un mauvais difcours ; qutl
vulguer le meure devant vous: c\ik-à- àivc y
m.l qu-cn a étouffez le , & l'enfevclifirez
OUI dire des , in ' r / iX- ■
autres. '^^'"^ ^^ iilence , lans loultur
qu'il aille plus loin , & qu'il
paiTe à d'autres. Mais travail-
lez au contraire à empêcher
que les autres ne foufi^^rent
point que l'on médifc devant
eux. Si donc vous avez oui
de tels difcours , cachez-les,
pour le dire ainfi , au fond ai
la terre , & enfevelifiez - ■■
dans l'oubli , zfin que vous
foyez comme fi vous n'en a-
viez point ouï, & que rien ne
vous empêche de paHer avec
tranquillité la vie préfente.
54. Si les médifans étoient bien
Coi.tre la perfiiadez que nous avons plus
aacdifance. (i'averfion pour eux que pour
ceux dont ils difent du mal j
fans doute ils fe déferoient à
la fin d'une fi mauyaife ha-
bitude , ^Is fe corrigeroient
de ce mal , & louant doré-
uavant leur prochain, ils pu-
tlieroieat hautement qu'ils
I ES
remusnojfra, quo*-
ivodof>eccatorum ra^
t'tonem reddaniusyZP*
curlofitntem hanc
circit vitam noJ}ram
exhihsamus.
Audilli fermo-
nem ,./»^m/>, mo-
riatur in te. Qutd
ejï , wori.itrir in te ?
Extifif^ueiifiim, de-
fodito , nec exire ne-
que peniiiis mover^
permutas ifcd nuixi-*
me ffude , nec alioï
quidem dlcentes ma^
le tclerare ; quod jî
quandn C^ JvfcepC'-
ris , infodito , tnte--
rime diflum , ohli- '
vioni trade , ut his
auÏ7;cn audierintjî-
tniUs fias , ^ cum
milita p ace (jir fecu-
ritaî? prttQniem
tranjîgas vitam.
Siddaiores didi-^
cerint , quod magît
ipfos qnàm tucufatcs
cverfemuT > €7* ipfi
tandem in hac maia
conf-ietudine dsfif"
lent >• C?* peccatum
corri^ep.t. O' lauda-
buyit poji fxtc, V^nct
ipfos ifftesfalvator*^.
AU Peu
fi fias O'benefaéJo-
res, pr^ciicabunt.
Sicut benedicere
C^ Uudare.awiiitU
priftcipium èjî tjïcO*
ma U die ère €7* ca-
l'tmniari , inlnt'ci-
</<« , CT* odli CT" /»-
jxnarum principit'.m
ej}, iit<jue dijcordta-
r-um maieria.
Non tantum npec-
catorum noPrornm
Hatura , ftd ex jn-
diiio noOfo de aliis
Deuifcnti-ntium pro'
feret ;Noîitc j'.idi-
care , ne jiidice-
mini.
Eifî itnerem come'
damus j fJulLi nohis
afperje ^Z)it£ htijus
utilitasprodc^rit^ nifi
detr.tciiofie ahfnn?a-
mus : Nv)n enim
cjusrincrant, coin
quinant homi-
nem , fcd cjiis
exeunt orc.
Non ditoht*i am
tribus dl:b»5 fupph'
Cafje nohis ad defen-
fionem fufjlcu j f:d
vit<e mutatiofieynfie-
rioportet, ^ àma-
UHa dôffpèîites in
3^
Médif-Uics.
PLE d'An Ti OC HE. ip
nous font redevables de Icuf
falut.
Comme louer & dire du
bien eft d'ordinaire la pre-
mierc caufc de Tamitié qu'on p^"*! j "^/''l
nous poitej aulii dire du mr.lj^g
& calomnier eft la matière &
le principe des inimitié/. , des-
haines 5 des difcordes & des->
injures.
Dieu ne nous jugera pas Çqvl^ yë.
lement félon que nos péchez le Ne poinriu
méritent par leur nature, mais g-r du £>o-
encore plutôt félon le juge- ^haiii.
ment que nous faifons des pé-
chez d'autrui. Ne J»gey doue
point , afin que vom ve fayeyjfoint:^
Quand nous mangerions no^
tre pain avec la cendre , toute
cette mortification nous feroit tioni'i"tJ^^"i
inuiiie , Ç\ nous ne nous abile.- médifant».
nions de m.édire de notre pro-
chain : puifque félon que le
déclare notre Seigneur : Ce
rî^ejî pas ce qui entre dans la hoU'
che , mais ce qui en fort , ^«>
fûiiiVe l'homme.
Il ne fuffit pas pour notre
juftification de vacquer à la.
prière durant quelques jours ^ " .^^"^ ^
mais .rfaut changer Je vie fc '^^:Z^..
dépouîller de 1 iniquité, & s at-
tacher inféparablemenr à la-
vertu. . Et comme il eft inutile-
B ij
rr--
La pcnireiî*-
êrrc ■
±0 DesHomeli
à un malade de garder trois
ou quatre jours durant un bon
régime , s'il n'a foin de s'y
maintenir durant toute la fuite
de fa vie : de même il ne fert
de rien à un pécheur de fe re-
tenir durant quelques jours ,
s'il ne continue toujours à
s'abftenir du péché.
•jp; Dieu ne punit pas toujours
Craindre le pécheur aufli- tôt qu'il a pé-
pour les pé- ché , mais il lui donne fouvcnt
chez (iont on le temps de faire pénitence ,
n'a pas été ^^p^^ ^^>-| ç^ corrige & change
chatic. ^^.^ ^,.^^ Que (î voyant que nous
n'avons pas été punis de no-
tre péché , nous ne nous en
mettons plus en peine , nous
« imaginant qu'il efi: eff icé , il
cft bien à craindre que Dieu ne
nous prenne lorlque nous nous
y attendrons le moins. Quand
donc après avoir péché nous
n'en aurons pas été châtiez ,
ne nous croyons pas pour cela
en fureté , & ne demeurons
point en repos que nous
n'ayons changé de vie Que
cela même de n'avoir point été
châtiez de notre péché, nous
devienne plutôt un nouveau
l'ujeç de craindie > dans l'at^
ES
virtute permansrt
continue. Sicut enirn.
tegrotantes^ nijîfem'
per orâinatè vixC'
tint , nulla ipjîs dif-
ciplin£ per très attt
quatuor diesfervatte
utllitas ; fie çp'pec"
cantes nijîfemper fo'
hriifint, nihil ipfi.
proderit duoram veL
trium dierum cor-
reéJio.
Càm peccaveri"
mus nonflatim pec»
catis irruit Deus ,
fed dat poenitcntitt
temptis 5. ut cotriga-
mur C^ ivutemur^
Si vero a^uod non pa-
nas dederimus , pec-
catum de!etum ejje
exifùmantes conîen:-^
pferimus , uhi non
pui^imtis , ihi poji
htec cmnino capic
mur. Cùiv pecc/ive-
rimtfs erg^o O" non
fuerimus puniti non
conjîdamus , nijlfue-
rimus mutali.Itaqae
fi pofi peccaium non
fueris pitnitus , ma^
gis time pr opter hoc
ip/iim , fciens quod
fiuiU Dev eft^ q hâUz
A u Peu
to t'élit, iterum ré-
tribuer e.
Homil. 4, J^ri-
cola Utaïur Umpef-
tatem cernem ; non
enim pr<t/entt<t ref-
picit 1 fad futura :
non refptcit adful-
mitia , fcd mcnipu-
los computat ; non
gravem imbrem ,fed
jucundtjjtnjam are a
Z'entilationem. lu-
dem CT* noi , von
pr^fentem [pePiCmus
tribulattonem ^ fed
orientem tx ipfi uti-
Utatem^ ex ipfa naf-
centem frufium.
Sipeccata habeasy
âejîruuntur facile
per trihulaùonem ;
fi vinutem^ tllujlra-
tisper ipfam.
Si continuû vigi'
les ^ fobnus fis ^
tris omni tribula-
tione fuperior. Non
enim tentationum
7jatt*ra , fed tenta-
urum fegntiiçi tni-^
PLE d'AnTIOCHE. 2î
tente d'i-ne plus grande puni-
tion , qu'il cil facile à Dieu de
nous envoyer quand il lui plai-
ra.
Le laboureur fe réjoiiit pen- 40.
dant les plus violens orages j r>ans la trîk
parce qu'il ne regarde passant buUtion.fon-
leprélent que l'avenir. li con- ^^^^ ^^ ^^'
(îdere peu les foudres & les'^"'^^^" '
tonnerres, il ne penfe qu'à la
moiiron qu'il recueillera : il
n'ell point incommodé des tor-
rcnsde pluycs qui tombent du
Ciel 5 paF<;e qu'il n'eft touché
que delà joye que lui caufe la
penféc de voir bientôt Ion
aire remplie de grain. Soyons-
en de même , & ne regardons
pas tant les tribulations pré-
lentes j que les fruits & les
avantages que nous en devons
recueillir à l'avenir.
Si vous confîdercz le péché, ^ f;
c'eft la tribulation qui a la for- Utilitétle k
cède le détruire. Si vous re- tribulation,
gardez la vertu , c'eft aufli la
tribulation qui la perfedionne
& qui lui donne un nouvel
éclat.
Si vous, êtes toujours vigi- ^x.
lant & fobre , vous jerez fupé- Veiller ôc fc
rieur à toutes les tribulations, fortifier dans
Car ce n'eu pas tant la nature ^escencatia;!?.
àçs tentations , que la négli-
gence & la lâcheté de ceux qui '
font tçntçx ; qui eft la caufs
2-2 Des Homel
des chutes.
Comme un joiieur d'inftiu-
Pourqiioi ""'^"^ "^ bandc pas trop Tes cor-
Dieu envoys ^^^ ^^ P^ur qu'elles ne caffentj
fuccellive- ni aufiî ne les laiiTe pas trop
mentanxjuf iaches, de peur qu'elles neren-
tfsdes tnrMi- jgj^j. y^, f^^,^ j^^,^ ^.yj blefle
lacions & dzs
«Oûfohtions.
l'harmonie. AuiTi Dieu en nfe
en quelque manière envers
nous de la même forte Garil ne
permet pas, ni que nous fbyons
toujours dans la tribulation ,
ni que nous en foyons tou-
jours exempts. Il ne nous en
exempte pas toûjours^de crain-
te que nous ne tombions dans
le relâchement & la négligen-
ce : Se il ne nous y laifie pas
toûjouis, de crainte que nous
ne nous iaiiiions aller au dé-
couragement & au defcipoir.
Abandonnons lui donc ie foin
de faire Hnir nos afSiiftions,
quand il jugera qu'il en efl le
rems •, & quant i nous , ne nous
mettons en peine que de vivre
dans la pieté , d'entrer 8c de
perfcvérer dans la voye de la
vertu; ce doit être là propre-
ment notre foin & notre tra-
vail j & nous devons laiifer à
Dieu celui de nous délivrer
des maux qui nous preflent.
Gar comme notre relâche-
^ ment a attiré fur nous les afflic-
lions , il faut dperer que les
nas efjicerefolèt:
Sicut citharxiài
neque nervam in"-
tendit ultra moi -m ,
ne ahru^mpat ; nsc
remitiit , ne har^
ntonix concsntum la-
dut -j /te DiUi neque
in rem-ijjione conti-
nua j ncque in Ion--
ga trihuUtione nof-
tram c»nj}ituit aui-
mam. .... Non fini t.-
nos continua potiri-
remilJïone , ne fe»
^uiores jiamits ; n^c
in continu a verfuri
trif/itUtiove, ne con-
cidamus aut dej'pe*
remus. Jpf i^itur
adverjîiaiiifiniend£
tempus relmquamusj
nos vero tantttm tn
fanSlttate Tiv-tnius,
Opusenim ncjlrum ^
ad virtutem mu\a-
ri i Dei vero opus
malii urgentihus fi-
nem imponere . . , . .
Siiut igitur ex rs-
mifjîone trihulatio
faÙa eflijîc ex tri-
hulatione remiffo'
nem expeOare con-
Denit. . . . Erit eniin
tmiljîo sfiinmhtft
AU Peu
laiione Deo ^raiias
femper agamm.
Quidam funt in-
ter fe cihorum ahjli-
neniia awttluutes y
CP* mirabilem ccn-
tentionem faaentes :
e?* ht Q'iidem inte-
groi duoi dtestrarjl-
^untiejuvi ; ht vero
non vint tantum ZD*
âlei y fed C omyiis
fer euh vfum à fua
rr.enfà rejicienies ;
pane CT* aqaa uteti'
tei (T^tmtaxat , cjua-
dragejîmam omnem
expedtiwt.
Exiretfj£ demeft'
tie crimcn Cnhi-ûVis ,
pn-ohiluia qu'dem
coiîterrvientsi , circa
indifferetjîia vero.
omne (iudiutn a.dhi.-
hentes,
Homil. 5. Quo-
modû non tibi turpe
propter mortem dole-
re ? Paultis ■Deropro-
pterprefentem geme'
éat vifam. . . . Infi'
P L E d' A N T I O C H E. 2 f '
afHjâ:ions feront fiiivies de la
tranquillité & de la douceur ;
& nous rejfTcntiions fans doute
de radoncilfemcnt dans no»
peines, f\ r.ous ne celions à'y
rendre toujours nos aâiions de
grâces à Dieu.
Il y en a qui s'animent à
l'envie à Te lurp^fler les uns
les autres en abftinence
44.
Ahltinence-
o, des prfiiiiers
liecies del'Ê-
qui font pour cela de grands ^.^^J
ciForts. Les uns palfent fans ^
manger deux jours entiers y
les autres s'abliiennent dc.l'u-
(age non feulcaiept du vin &.
de l'huile , mais même de
tout autre mets , & jeûnent
tout le Caiéme au pain & à.
l'eau.
G'cH- ime iolie extrême & 45'- ,
bien crmunelle de ne pas fe Scn.pulctû-
foitcier des chofcs qui fontdé- ^"^^^'
fendues , & d'appliquer tous
fes foins à Toblervation des in-
différentes.
N'eft-cc pas une honte aux 4^'
Chrétiens de s'afïiiçer de mou- ^ , Co""« '^ »
rir , voyant que ^Saint Paul ^'\^^^^^"^^"»
-, m ■ 1 • Ti n. • craignent
s'aftligcoit de vivre. II eft vrai troplamo.-ft-
que Its infidelles ont raifon de
craindre la mort , parce qu'ils
24 Des Homel
n'ont pas refpérance de ref-
fufciter; mais pour vous, qui
devez palier en mourant à une
meilleure vie , êtes - vous di-
gne de pardon 5 fi nonobftant
refpérance de la réfurredion ,
vous craignez de mourir com-
me fi vous ne croyiez pas de
rcirufcicer un jour ?
I E f
deles qtnctem mefiù
timent mortem , re-
furreilionis enim
fpem non hahenl ; tté
ZiCiO ad ntèliorem
vadens vitam , qua
dignus es venia , de
reji'.rrefiioneejuidsm
confidens ; •O' ut nofi
credenies refurreùHo-
nem , mortem ti^
47.
On craint
la mort , par-
ce qu'on ne
ftnCs pas à
l'autre vie.
4&.
Qui craint
Vcnkr , ne
craint point
^'auue mal.
Voulez-vous fçavoir ce qui
nous fait craindre de mourir ?
G'eil: que nous ne fommes pas
pénétrez de l'amour du ciel ,
c'eft que le defir des biens (a
turs ne nous touche point :
car autrement nous n'aurions
que du mépris, ainfi que TA-
potre , pour toutes les chofes
préfenres. Ce qui faitaufîîque
nous craignons trop la moi t ,
c'efl que nous ne craignens
pas affez l'enfer : c'elè que
nous ne connoillons pas afl'ez
la grandeur intolérable de ces
peines ; & ainfi nous appré-
hendons la mort comme la
feule peine de nos péchez.
Si la crainte des fupphces
éternels étoit bien gravée dans
notre ame , elle en excluroit
fans doute toute crainte hu-
maine. De forte que fi quel-
qu'un s'étudie d'avoir le fou-
f^uhîs dicam un-
de ttmemus mor"
tem ? Non zulnerat
noi nnié-iwcr ; non
noifutuyaTHm umov
accendit : a'.icquin
preefentia dtfpicere-
vjus omnia , Jïcut
beatus Paulus. Ad
h^c non timinna z^~
hennam , pro^tcrea
mortem : fttpplicii
iniolerahilem gravi*
talem non novimuSy
proptcrea propeccata
mortem limemtts.
Si fttluri fiippli'
cii timor in anima
remanjfjjet, omntm
timorem humanum
obfcuraffet. Itaqtte fi
quis gehennxfempet
memini£i
Al/ Peu
tKemimJJe Ulàr:t ,
omncm mortcm deri-
debit , CT* non pr£-
fenti taniàm (în;ni[}tn
Uberahitur , fed ep*
ab illâflamma eripie'
tur.
Fueri larvas qui-
dem liment , tirnem
vero non liment . . . .
5*/^ quidem CT* nos ti-
memiis mortcm qu<e
eji larva contempt»
digna : peccaium ve-
to non îimemus ,
qtiod efl verè timen-
dum.
Aliam caiifampro-
pter qtiàm mortem ti-
memuK vis comme'
morem ? Non vivi-
mus cum diligent lâ ,
non hahemus confcien-
tiam puram ; quod fi
hoc effet , mJ)d nos
mors tenuijjet.
Mortem lugere o-
mittens y luge peccw
ta , ut ipfa deleas :
propler hoc enim tri'
flitia fafla efl , non
Ut ùb jaCturam pe-
Tom. I.
4P' .
Ou cràiHC
dre.
P L E D'A N T I O C H E. IJf
venir de i'Enfcr toujours pté-
fent en l'elprit , ii n'aura plus
de peine à fe mocquer de Ja
more -j & amfî il ne fera pas
feulement délivré de l'in-
quiétude que lui caufoit cette
crainte, mais encore pi çfcr-
vé de ces fiâmes qui fuivcnt
la mort.
Les petits enfans craignent
les mafqiies , & ne craignent
point le fe^{. La plupart des ce qui n'cit
hommes en font de même : P^s à cr^i»-
ils craignent la mort , qui
n'eft que comme un mafque
digne de mépris , & ils ne
craignent pas le péché, qui
cii la feule chofe véritable-
ment à craindre.
Voulez-vous fçavoir une
autre raifon qui nous fait
craindre la mort ? Ceft que hmort,p<u-
nous ne vivons pas avec l'exa- i e qu'on n'a
âittide & la piété que- nous P^* ^'?''^ de
devrions : c'eft que nous n'a- " vivie.
vons pas alfez de foin de pu-
rifier notre confcience : car
fî nous eftions en cet état ,
nous ne ferions nulkmenc
épouvantés de la mort.
Au lieu de vous affliger de
la mort , affligez-vous de vos
péchés, afin de les ettacer j s'àeflv.rquc
car c'eft pour cela qu'eft in- du péché',
ftituée la trifteffe , & non pas
pour pleurer la perte des
C
On ci-3iij{
On ne dolc
tS De^Homeltes
biens , ou la mort , ou quel- CHniarum^no'Jol-
qu'autre accident lembiable.
tt en eftec vous fcavez que les
remèdes de la médecine ne
font deftinés que pour les
maladies qu'ils ont la vertu
de guérir, & non pour cel-
les aufquclles ils ne peuvent
donner de foulagement.
Le péché engendre deux
la tnfteffe maux en nous , la triftefle &
?C la mort la mort. Du jour qtte vous man-
font las eftets gerfijie ce fruit , dit TEcritu-
& la dcftru- re , voui fere:^fujet à la mort :
_<lion du pé- pyJ5 en s'adreliant à la fem-
me : P^'ous enfantere:!^ avec dou-
leur : Cependant c'eft par ces
deux chofes mêmes que le
péché a été détruit , & ce dé-
teftable Pérc a été exterminé
par fes enfans. Car comme
un ver qui nait dans le bois ,
le ronge & le mange : ainfi
la tnfteire & la mort que le
péché a caufées , le détrui-
fent enfuite.
^5. Les Rois ne font pas fi
11 eil plus glorieux par la défaite de
glorieux de [ç^^^s ennemis , que par la
vaincre fes vidoire dc leurs pâmons :
paOions que ^^^ ^^ ^^^ ^^ç^^^ d'armes &
de foldats pour furmonter
leurs ennemis j mais la vi-
doire de leurs partions eft un
trophée qui n'çil que pour
its cnnerois.
tem, nec oh ullam a-
liant îalem rem d'jleu-
mus. . .Remedi^tpro"
pter illos taniitm mor-
bos faflafuntquosioU
1ère pojjunt ) non pro'
pter illos , quoi nihil
adjuvare pojjunt.
Duo hac nobis /^e-
périt peccatum, tri-^
flitiam CT* rt}crtent,
Quacumq; enim die
comcdes , inquit ,
morte morieris ; o*
ad muUerem^ in do-
loribus paries filios:
CT* per htec utraque
peccatum fujîulit , C7*
à filiis matrem deleri
curavii Sicttt
Vermis ex ligvo nafci^
tur CT' tllud roiit ZD*
comedit i fie C?' tri*
flitia CT* mors de pec-
cato natx funt CT* pec
catum abfumunt.
Homil. 6. Non
tam clarosfacit Reges
hojies vincere » quàm
animum C tram fu-
perare : illic enim ar*
morum CT* miltium o-
pus gerttur , hic vero
tuumfolius Jîmpli citer
troj>hxMm , Ç^ bahes
AU PiU p
werr.inem q:4i tecum
f^artiatur,
Mortem timemm . .
qutà non viz^imm in
afperitate Chrijlianis
congruây fedfactlem
hanc CT* folutam CT»
mollem amamus vi-
tant , idcirco CT* pr^-
fentibus oble^amur
rebui .... QuocLjlin
jejuniis CT* pernofla-
tionibus hanc vitam
tranjrgeremui , cupi'
ditates nojitas pr^ci-
dentcs abfurdus , /«*-
dores virtutis fufii-
nentei , fecundtlm
Paulttm , corl?us cafli-
gantes CT* in fervilu-
tem redigentes , an-
giifiam CT* confrago-
fam tenentes viam >
cito ffttura concupifce~
remus , prtfemibus li-
ber ari laboribus fejii-
nantes.
On craint
L E d' A N T I O C H F." 2/
eux , & une gloire de fagel-
fc Se de vertu qu'ils ne par-
tagent avec pcrfonne.
Nous craignons la mort ,
parce que nous ne menons pas
une vie aufli auftére qu'il le- l*"!"''^» P-'^-
roit convenable à des Chré- ^-^q^o""^^"
-, ne une vie
tiens -, & qu au contraire nous it^qU-,
aimons une vie agréab^j mol-
le & relâchée. C'cft pour cela
que nous mettons notre joyc
dans les biens préfens. Que (î
au contraire nous pafllons cet-
te vie dans les jeûnes & dans
les veilles ^ fi nous retran-
chions nos folles cupidités j G.
nous foutenions les travaux
qu'exige de nous l'exercice de
la vertu j fi , à l'exemple de
l'Apôtre 5 nous chàtiycns notre
corps CT* le redui/ions en/erz;itude S
fi nous fuivions la voye étroite
& raboteufe qui mené à la
vie 5 nous ferions bientôt en-
flammés du defir des biens
avenir , & nous nous hafte-
rions de nous délivrer dcç
peines de la vie préiente.
Froptereà Deus la-
horiofam naturaliter
vttam nojîram C7*
gravem conjlituit ; ut
prtefenti tnbulatione
cornpttlft , faturorum
'iefiderium c*r.piamus„
Dieu a voulu que notre Çf.'
vie (ur la terre fuit pénible ^^^^ ^^oms
& laborieufe , afin que les ^"y^>;^ ^-^
tribulations préfentes nous ^*7'r**°"n3js
filTent defirer les biens avé- 5vfta^.h? "ïu
nir. Et en effet , fi avec monde,
tous les fujets de foUicitu-
Ç ij
z2 DesHome
des, de craintes , de trilkt-
les , & de douleurs que nous
fournit cette vie , nous ne
laiifons pas d'y être iî fort
attachés i comment, fi elle
■ n'étoit accompagnée de tous
ces maux 5 poumons -nous
jamais être touchés du defir
de la ^e future ? Dieu en a
aulli ufé de même à l'égard
des Juifs.
<6. Pourquoi s'attacher avec
Keconfide- un fi violent amour à la vie
rerUviepré- préfente ? puîfqu'elle n'eil
lente que par bonne qu'en ce qu'elle nous
rapport a la ^^^.^ ^ j^ ^-^ f^^^^.^ ^
futurs» , n ' . T
c eit comme une carrière ,
au bout de laquelle nous re-
cevrons le prix de la courfe.
Sans cela la vie feroit mille
fois plus miferable que la
mort : & fi en vivant nous
ne nous rendions agréables
à Dieu , il vaudroit beau-
coup mieux que nous fulTions
déjà xnorts.
'5f7- On n'eft pas feulement di-
SouiFrir a- one de louanges quand on
vecpaticn«,^ ^-^^ quelque chofe pour
V eft prefque ->,. A . ^ «^
autant que^^^eu ; mais quand on fup-
fouftrir pour povtc avec générofité & pa-
piçut tienceles perlecutions inju-
res qu'on nous fait , & qu'on
çn rend grâces à Pieu qui le
LIES
Si enim cùm Jint tôt
trifiia , CT* pericttLi ,
CT' îimortSj CT* cura
r.os ttndtque circum-
euntes , tàm libsnter
pnfenti immoramur
vit£ i fi nihil horum
ejjet , cjuando unquàm
futura dificleraremus.
Sic ^ ^Hi<£ii Deus
fectt.
Qu<e utilitas nimi»
rnm pr^ftntis viu c«-
psdit.^.ti adhitrere - ?
Fi$ difccre quare bo'
num fil pi-jtfens vîta ?
Quià nobii vit<e futH^
r£ materia effuitur ,
CT* fiudium habcnda^
rum illic corouarum
eft : qiiod uifi hoc no-
bispr&beret , innume^
ris martibui effet mi"
ferabilior. Kifi enim
viventes ùeo funius
flacitim , welitis e(i
obire.
Non tantùm pro'
pter Deumpaiiens lau»
dem meretur ; fed zy
tnjufè quicquam pa-
titns C?* generose fe-
rensy Çp'Deopernnt-
tenti grattas agens ,
alto héscfropter Deu'ji
AU F E U P
patiente non efi mfe-
Magnum fuppUcium
peccare , etiamjî non
puniamitr : peccata
€iiim nos à Deo fepa-
rant ; ficut CT' tpfe di-
cii : Nonne peccata
vcllra ieparant in-
tcr vos & me ? Pœ-
7i£ vero nci ad Deum
producunt . . . Pecca-
tum Janiei efl i pœna
ferrum médicinale. Si-
eut igitur fantem ha-
hens y Q!^ fi non feca-
tuty malè habet : G^
cum nonfecatur , tu>nc
efi in majoribHS ma-
lts ; ità peccans ,
eiiamji non puniatur ,
§mnium efl miferri-
mus • CT* tune maxi~
mèmifur cum non pu-
nitur.
Homil. 7. Beus
cum nullis ajfeélibus
Jit ohnoxius , Jîve be-
ncfactat ,Jîve puniat,
Jtmiliter efi bonus ,'
tiec regno minus ge-
henn<t comminatio
honitalem ipfîus de-
nionjlrat j nam nijî
pçcnam' preparajjet ,
L E d' A N T T O C H B; ±p
permet , on ne mérité pas
moins que celui qui foutfie
pour la caufe même de Dieu.
C'eft un grand fupplice -g
que dépêcher, quand me- u^échctil
me l'on n'en (eroit pas pu- un fc.ppiice ,
ni : car le péché nous fé- ôc ia pcin»
pare de Dieu , ainfi qu'il le un remsde,
marque par ces paroles : Fos
péchey ne vous fcparejit - ils pas
de moi ? Au lieu que les pei-
nes nous en raprochent. Le
péché eft un amas de corru-
ption -, & la peine eft com-
me un fer favorable qui lui
donne iffuë. Comme donc fï
l'on n'ouvre point un abcès,
le malade en fouffre bien da-
vantage j de même le pé-
cheur eft beaucoup plus mi-
ferable quand Dieu ne le
punit pas.
Comme Dieu n*eft fufce- „ .f^/ ,
., , ,, iJtilite des
ptible d aucun mouvement ^^,,,^^,3 ,j,,^
de paflion , foit qu'il falîé Dieu nous
du bien, on qu'il puniflc , il fait,
eft toujours également bon.
Les menaces des châtimensde
l'Enfer ne font pas moins pa-
roiftre fa bonté que les pro-
meiîés du Royaume du Ciel.
Car s'il n'avoit préparé des
C iij
30 Des Home
peines pour les pécheurs, &
s'il ne les menaçoit de les
châtier , il y en auroit peu
qui puflent obtenir Ton Roy-
aume : parce que les pro-
raelles du bien n ont pas tant
de force pour porter au bien ,
que les menaces du mal ea
ont pour nous obliger par la
crainte à prendre foin de no-
^o. ïrc amc.
Ne s'occu- Ne foyons point occupés
per que de des richeiTes qui font pcrif-
fon falut. fables, ni de la gloire qui
eft inconftante ^ m du corps
qui eiî mortel , ni de la beau-
té qui eli palfagérc , ni dts
plailîrs qui nous échapent j
mais appliquons tous nos
foins à légltr notre ame ,
& employons tous les remè-
des poflibles pour la guérir.
éil Comment oferons-nous
Eftre pur recevoir le faint faerifîce fur
l>our f^°iT^- cettQhngue, dont nous nous
mumer. fommcs Ci malheureufement
Co'ritre les ^^'^^^ ^ violer la loi de Dieu
U/réri^ua. ?^^ ^^^ juremens & des par-
jures ? Si perfonne n'eft affez
hardi pour toucher à la pour-
pre royale avec des mains fa-
ies & pleines d'ordures , com-
ment aurons- nous l'impu-
LIES
m/l gehemam mi-
nât us ftnjjct , non
mulii re^num afjequi
pûtufjjsnt. Non entm
ità bonorum promif'
fio ad virtutem mul-
toi evocat , ut maltn
rum intentatio tfmore
compellit , C?* ai ani'
ma curam excitât.
Uom'ilS.Nonfttf
deamus circà fecH"
nias , qi4£ perettnt i
tteque circà gloriam
g«< extingnitur i nom
circà corpus quod fe-
tiefcit i non circà pul"
cbritudinem qu^t mar-
cejjtt i non circà deïi'
cias qux defluunt ifed
circà animam omnem
curam impenàamus ,
€7* hanc omni modo
curemus,
Hom. 11. Quoma-
dofanéfumfufi ipiemui
farrifiAum , Unguâ
ma qttà legem D<:i
concuUaverimus ? . . ,
Si nemo purpuram re-
galem manibus acci-
père inquinatts aw
dèret » quomodo Do*
minicum corpus lin-
guà polluià [ufcipi^"
mm t
AU Peuple d'Aktioche." 52
dence de recevoir fur notre
langue le corps même du
Homil. 1^. Sicut
pneri Uqueos terra ,
(7c diaboliés mt£ VO'
luptatibui peccata cir^
nmiexit. St lucrum
cccurrerit , aui volup-
tas » Jive confit Ut
^fiifpiam , Jtve adi*-
leturyfiv€ obfequatur,
Jîve honores poiUcea-
tur , /îz)€ quodcumque
aliud , omma cum di-
Ugentiâ examinemus ,
ne forte penculum
aliquod nobis eveniat
. . . Agnofce quod
in medio laqueo*
rumpercranfis. Non
dieu juxtà laqueos y
fed in medio Uquco-
rum. , . In domo , la-
quei J tn mensây la»
quel ') in conctonièus ,
laqneù
Qui ajcendit in al-
tttm , non arnpliiis
ullam rerum admira^
hitur hitmanarum i
Jed ficm citm mon-
tium 'verticem afccn»
derimus , parva no-
èii mosiiia ejje viden-
Seigneur
Comme les enfans cou-
vrent de terre^fcpiéges qu'-
ils tendent ^Br même le
démon déguilc le péché fous
l'apparence de la volupté. S'il
fc piéfente une occafion de
profit ou de plaifir ; fi Ton
nous donne un confeil , fi l'on
nousfiûtte, fi l'on nousobéir^
fi l'on nous p;omet des hon-
neurs , & enfin quelqu'autre
chofe que Ton nous propofe a
examinons -là d'abord avec
un foin très-exad, de crain-
te que cela ne nous expofe à
quelque danger. Reconnoif-
fons , félon que parle l'Ecri-
ture 5 que nous marchons an mi"
lieu des pièces. Elle ne dit pas
auprès , mais au milieu. Car
on trouve des jxiéges dans
les maifons , on en trouve
à la table , on en trouve
dans les afiemblées , & gé-
néralement par tout.
Celui qui aura une fois
élevé fon ame aux chofes du
ciel 5- fera incapable de plus
rien admirer fur la terre. Et
comme lorfqu'on eft parve-
nu au fommet de quelque
haute montagne , les plus
hauts édifices nous paioif-
Giiij,
Qiiand G^
eft élevé au
deflus du
monde , il-
nous paroiU-
peudechofiy
64.
La raifon
ne lert plus
<jU2!îd on ell
pris p.'ir la
yjaiCon.
Evjrer juf-
qu'aux pre-
Tiieres occa-
iions du pé -
rhé.
3 i D E s H o M
itntbas, & les homir.es pe-
tits comme des fourmis ; de
même ouand l'ame s'eft une
fois élevée à la fubl;me phi-
lofophic djUliriftianiTme ,
rien n'eft pflRpable de l'é-
mouvoir, & toi.tes les ri-
chefles du monde, tous fcs
honneurs , toute h puiflan-
ce 5 & toute fa gloire ne lui
paroiifent que comme de
très-pctires chofcs à U vue
de celles du Ciel.
Comme les ailes ne fer-
vent plus de rien à un oifeau
des qu'il eit pris dans un fi-
let ; de même la raifon vous
deviendra inutile , fi vous
vous lailTez une fois prendre
à quelque forte cupidité.
C'eit en vain après cela que
vous vous débattez pour vous
échapper , car vous êtes pris.
Aufh comme les ailes ont
été données aux oifcûux pour
leur fervir à éviter les filets ;
de même la raifon a été don-
née aux hommes pour leur
faire fuir le péché.
Connoiiions les précipices,
afin de ne nous en pas ap-
procher. Et en effet nous fe-
rons dans une grande aflii-
rance, fi nous avons la pré-
caution de fuir non feuk-
tur , zy formicarum
more ziri ; Jîc pop-
quàm ai cel/am phi-
lofophix co^itattoUtni
afcenderis , nihtl ter-
renorum te percellere
poterit,fedparva vtdé-
buntur omnia , CT di'
vil ta j CP' ^loria , O*
potentia , CT* hoticr ^
CT' fiquidaliud ejuf-
modi y cùm caUJÎia
refpictas.
Sicut avicuU /rf-
queo capta alarum
Militai nttlla i ità ti-
bi,, nulla ratiocinatio^-
num utilitas , Jl ab
improha penitus eu-
pi dit ate captas Jîs ;
ftd quamumcumque
refilteris, cap tus es.
Proptereà aU funt
aticulis , ut ejfw
^lant laquées ; prop'
tereà ratiocin/itiovcs
hontinihus , utpeccu"
ta fugiant.
AgHofcamus pr^ci^
pitia liée appropin-
que/nus. Maxime fe"
curitalis nobis erit
Dccafio , non tanttim
p<(C(iia fugere ^ Jed
AU V EU
V qu£ videnthr mé-
dia qnidem e/p , ad
pecciita Vdro nos in-
ducitnt CT* fuf/fylan-
tant . . . Jocofu, dice-
re ver bu , exempli
ctiufa , non manife-
Jlum qnidem pecca-
tttm ej]e vtê.eiur , fsd
in maniftPum crimen
inducit. Nempè fe-
fiài ex riftt turpia
nafcuntttr verba i à
turpibui vero verbes ,
aéliones turpiores . . .
In theatra afcendere
non videtur multis
peccatum ejfe mani-
fefium , fed infimta
viu m a la folet in-
ferre. Etenim m thea'
tris immoratio forni-
cationem , petulan-
tiam , CT* omnem
incontinentiam pepe»
rit.
Ne tantpi,m iiàque
peccata fn^iamtts ,
Veritm C?" apparent ia
qui de m ejfe ù^idpo-
(^ CT* mciia , paula-
tim vero in h^c pec-
cata -nos penrahen-
tia. Nâmque jux-
tH pracipitium va-
d-.ns, quamvii non
PLE d'AnTIOCHB. JJ
ment le péché, mais encore
toutes les occafîons qui nous
y portent , & qui nous y
peuvent faire tomber. Par
exemple , dire des chofes
d'unj manière enjouée ik di-
vertîirante, cela ne paroift
pas fort mauvais j cependant
ces fortes de plailanteries
nous conduifent fouvent juf-
que dans le crime : car on
paffe d'ordinaire des éclats
de rire à des paroles diHo-
lues, & de ces difcours def-
honnétcs à des adions quf
le font encore plus. Il en eft
de même des fpedacles de
théâtre , où plufieurs ne s'i-
maginent pas qu'il y ait pé-
ché d'afîiiter. Cependant il
en arrive ordinairement une
infinité de maux : car la vue
de ces fpedades a coutu-
me d'exciter en nous l'in-
continence & l'impureté.
6é^
Ne nous contentons pas de (.„;,. ;,p^,
tuirieulement le pèche, mais fg^u ^^^ii ^
fuyons- en jufques aux appa- y périia,
rcnces & aux occalions qui
peuvent peu à peu nous y at-
tirer. Car ceux qui pallenc
prèsdes précipices tremblent,
encore qu'ils n'y tombent
pas : & il cil quelquefois ar-
rivé que la tête leur ayant
Obeïr
Cicu faus
zamen.
é8.
$4 Des Hombèiej
tourné par la frayeur qui les deùiat ,
a faifis 5 ils y font tombés.
Il en eri de ir.éme de ceux
cjui ne s'éicigncnt pas aflez
du péché ; car ils font tou-
jours en crainte de s'en voir
il proches, & il n'arrive que
trop louvent que cette fra-
yeur même les y fait tomber.
Jesus-Christ dit:
^Ne ji4ge:z^ point. Ne m'en de-
^- mandez point la raifon. Ccft
â lui à la fçavoir : fi ce com-
mandement n'ctoit utile , il
lie nous l'âuroit pas fait.
tremît ; O»
fxpènumero ah ipf»
fubverfui tremore de-
cidit : ità CT* nonpro-
cul peccata fugicnsy
fedfecùi ipfa vadens ,
cum timoré vivit , O*
in ipfa labitur f^fius.
N'eft-
ce pas
un miracle
7rogTèsmi-bien étonnant ? Le maître
raculfux du ^ été mis en croix ; fes fer-
Chriftianif-
viteurs font chargés de chaî-
nes ; & cependant la prédi-
cation de fon Evangile s'é-
tend tous les jours : elle s'ac-
croift par les chofes mêmes
par lefquelles on croyoit l'é-
teindre. La croix & les liens
cjui paifoient autrefois pour
infâmes, forit devenus les glo-
rieux fignes de notre falut j
& le fer qui a percé la chair
de J. C. ei^ maintenant plus
précieux que de Tor.
^^ Jesus-Christ nous
Latfihiila-^ annoncé deux chofes, la
jBoneft pour^iibulation & la confolation ^
Homil. lé. Ne
juraveris ; ZVoV cau"
fas awp'tus à me re-
quirere. Lexejiregia^
qui tulit ipfam CT" */»-
Jîhs rationem novtt »
mfi fUfJJet uttîe non
prohilitijjet.
0 miracuïum î fer-
vi viiiéli funt y Do-
mtntts crucifixm , C?*
prttdicatto quotidit
crefat : & ptr qu€
putahatur opéra pro"
hiberi , per hac ac-
cenfa tjl'. C7' crux O*
vincula qu<e vidèban^
tttr ejje abominatio ,
nttnc falutis fg^^f
funt fdcla i quolibet
auro ferrum illuA no"
bis pretiofiits»
Hxc duo Chrtpuç
àenuniiavit , trihaU'
tionem ^ rrmlfitiy
AU Peu p
mm, lahores e^ coro-
nus , fuavia CT* tri-
fiiti : fed triflia qui'
dem dedh z)it.e pra-
fasti , fuavia vero
in fut Arum diJiulU ,
p Ailier demoiijïrans
^uod non decipit ho-
"mines, ^ipfumgru-
vium pondns ordine
diminttt Volens, De-
ctptens enim fuavia
prtiti propomt & mox
infmtrlfiia.
Qui prius eji in
deliciii mox pojî deU-
cias ultionem expC'
élans y neque prafen-
tibus fruitur deliciii
propterfuturarum mo-
Ljliarum expeSlatio-
nem. Qui vero prius
ejl in tripibm , deindè
poj} hjic fuaijihui pO'
lit tir us i etiàm pr<e-
fentes ài^cuhates ,
propter fiHuYorum
fpem houorum con-
temnit. Non if^itur
tkteU taniiim eaitsâ
L E D'A N T I O C H E. J^
les travaux & les couronnes,
la tridelFe & la joye. Et pour
faiie voir aux hommes qu'il
n'avoir pas dellein de les
tromper, il leur envoyé pre-
mièrement en cecte vie les
choies fâcheufes , & remet en
l'autre à les faire joiiir de cel-
les qui font agréables-, en di-
minuant néanmoins le poids
des maux qu'il nous fait (en-
tir les premiers , par l'efpe-
rance des biens qui leur fuc-
cedent. Ceux au contraire
qui veulent tromper corn»
mencent toujours par ce qui
plaift le plus , afin de faire
tomber enfuite dans ce qu'il
y a de plus defagréable & de
plus pénible.
Ceux qui étant d'abord
dans une vie qui leur ofrre
toutes fortes de joyes & de
plaifirs 5 font néanmoins dans
l'attente de tomber enfuite
en de grandes peines ; ne
joui(fent pas même du plai-
fir préfent> à caufe de la crain-
te de ces maux qui les mena-
cent à l'avenir. Au lieu que
ceux qui étant d'abord dans
l'afflidion fonc alîlirés d'avoir
bientôt des fujets de joye ,
méprilent dès à préft'nt lei
maux qu'ils fouffrent, dans
felpérance des biens futurs.
le tempj , K
laconfolatio»
pour retenu-
té,
70. .
Pourquoi
Dieu nous
envoyé latri-
bulation la
prsmi€rc%
71
Joindre
3<5 Des HoM
Ce n'eft donc pas feulement
pour nous garder du péché
que Dieu a voulu que noire
preinicre vie fuft accompa-
gnée de peines , mais aufli
pournotre ccnfolanon & no-
tre joye j afin que rcfpoir des
biens avenir nous otât le
fenrimcnt des maux preiéns.
Ce n elt pas s'être acquitté
le du jeûne , que d en avoir Cim
É L ï E S
/2o/?r^ , Z'erifm €^
vohptatis O* confuU'
tionis priera Jfatuit
eJJ'e moUfia , ut futu-f
rorum fpe releVati
imîUm prtefeniium
capiamui fenfum.
mœurs
jtûae.
réglemsntLles plement jéûné durant ce
tems là j mais fi nous l'avons
palle dans l'exeicice àts bon-
nes œuvres. Ne contons pas
fimplement les jours , mais
vovons finouslei avens em-
plo) es avec plus de foin & de
diligence pour les choies de
notre falut , fi nous nous
fommes corrigés de quelque
défaut, & Ç\ nous avons tra-
vaillé à expier nos péchés.
Si vous voyez un aveugle
7*- prêt à tomber dans une folfe
Correaion ^q^^ \^[ tendez auflitot la
Tratenielle.
main \ & vous voyez tous les
jours vos frères tomber dans
cette damnable coutume de
jurer, fans leur dire un feul
mot pour les corriger. Mais,
me direz- vous, Je les ai re-
pris une fois, & ils ne m'ont
pas écouté. Redites leur deux
& trois fois la même choie, &
la leur répétez toujours juf-
"Non hoc efl expe-
tempu! pr<etei-i'::rtmt*s »
ftd fi trarifiverimus
cum Tcflè fUHs. Hoc
fupputemui fi Jîudio-
flores facîi fitmus , fi
defedum aliqùem no-
firum corrcxtmtis , fi
abluimui crimina.
Tft fi ctecum jhj-
dem in voragtnem
decidentem vider ii ,
manum porrigis ; vi-
de ns (tutem ouotidiè
omnespracipitarifra"
très in irnprobam jt*'
ramentorum cottfuetu-
ditjem , ne verhtim
auàes proferre ? Sed
dixffti femel CT* non
atiâivit : Die igilur
Çir bu Vter, C?" *fl-
AU P E U 1» L
'ies âonec perfuaferis.
Nobis quûlîdiè bqui-
tur Detis , C^ non au-
dirnm nec alloqut de-
Jîfttt : hanc t'A curam
imitare circX proxi-
tnum. Vroptereà con-
jttncH inter nos fit-
mtHy ^T'Ur/je s habita-
mu s, CT* in Ecclefiis
congre ^-^amur , m al-
ler aiteriui onerapor-
temus , ut aller aile-
rius pec.cata corrida-
mus.
Homil. 17. Si
ChnJ}ia>tus es y civi-
tatem non habes fit-
per terrim. Ctvitatis
Ko/}r<e architeéltis efl
Deus i licet omnsm
capiamus orbem , hof-
pttes CT" perègrini to-
tiusfumm. In ccelum
afcriptt fumas : illîc
converfemur , non ma-
te pueroru^parvorum
magna contemnentes
parva admiremur.
E D'A N TI oc H E. 37
qu'à ce que vous les ayez per-
(iiadés de ne le plus faire.
Dieu nous avertit tous les
jours, & nous ne l'ccoutons
point; & cependant il ne cef-
fe pas pour cela de continuer
à mju s avertir. Ufezcnavec
le même foin envers le pro-
chain. Ceif pour cela que \qs
hommes vivent en focieté,
qu'ils habitent enicmble en
des Villes , & que nous nous
ailerablons dans les Eglifes,
afin que nous portions mu-
tuellement ks fardeaux \qs
uns d;.s autres, & que nous
nous eiure corrigions de no»
défauts & de nos péchés.
Si vous êtes véritablement ^"
Chrétien, vous n'avez point <^hrdlicn vie
I / o j j r /- en étranger
de cite & de demeure hxe lur
]3i terr^. C'eit Dieu qui eft
l'architeéle de notre Cité cé-
iefle. Quand vous vous ren-
driez maiitre de toute la ter-
re , vous n'y feriez que com-
me un pallager & un voya-
geur Nous fommes deftinés
pour être citoyens du Ciel :
£t c'elt là que nous devons
habiter dès à prélént de coeur
& d'efprît. Ne faifons donc
pas comme les petits enfans ,
qui méprifeiit les grandes
chofes & n'admirent que le?
petites.
ger
lui u tetiei
74-
Contre ceux
qui s'ennu-
yent du jsâ-
38 Des Home
J'en vois pUihcurs qui s'en-
tredifent avec joye , nous
lommes bien avancés dans le
temps du jeûne , & nous en
fommes dé)à à la moitié. Mais
je vous demanderois volon-
tiers , fi vous êtes au(ïi v^-
nus à bout de détruire la
moitié de vos péchés ; car
fi cela étoit , je vous pcr-
mettrois de vous réjouir.
J'en vois plufieurs qui font
fi lâches , qu'avant que le
Carême loit paflé , ils font
en peine de celui qui doit
venir l'année d'après. Quelle
peut être la raifon de cette
foiblelfe , finon que lorfque
le temps du jeûne vient ,
l'on ne ie met pas en peine
de bien régler fou ame , &
que l'on faitconfifter le jeû-
ne dans la feule abftinence
des viandes : Car C\ nous en
retirions beaucoup de profit
pour la corredion de nos
mœurs , nous fouhaiterions
qu'il duraft toujours , con-
noilfant par notre avance-
ment dans la vertu , com-
bien il nous eil utile.
^ ' * - Re'oiiifJe:y • vous toujours dans
On negou- ^ /- i • ■ r
te' de vrave ^* ^^^^''^^r. Celui qui le re-
jovequ'i fer- jouit en Dieu ne peut être
yir Dieu, par quelque accident que
75-
Contre ceux
^ui s'inqtiie-
tent du Ca-
Contre les
Hérétiques.
LIES
Hom. 18. Ma!"
tos vtdi gaudentes CT*
interfc dicentes , jefa-
niidimidium confum-
tum efl. Taies hortor
conjîderare Jî peccato-
rum fit confumptum
ij' profligatum di~
midium , C^ tune
exultare,
Multos •Dideofe ità
pufillanimiter haben^-
tes 5 ut in pr^fenti de
futura folliciii fint
quadragefima . . Qu<e
vero efl ejus caufa ?
Quod advenietJte ie"
junio , non quomodo
benè difponatur amm»
fludeamus , fed in fô"
la cihorum ahflinen'
tià ipfum definimus,
Itaque fi muitum ai
moTum correéliorscm
ex ipfo lucraremur i
quottdiè ade/Je jeht-
nium utique orars"
mus » per ipfa cpsra
ejus merhorum fen»
fitm capientes.
Gaudete in Do-
mino femper. In
Domino gaudens ex
nuUâre qihe itHtdat^
AU Peuple d'Antiochb. ^(>
haevoluptate eudde- ce foit privé dz !à joyc. Tou-
tes les autre- choies où l'on
re potep. Alia. nentpe
cunéla in quibni vatt'
demus j mutabiUa
/tint i nec etfi ma'
néant tjnt^tm nobii
ajferiint volttptatem ,
ttt ex aliis nufcentem
trifiittam repelUnt C?*
ohHYnhrent, Dei vero
timor hxc huhtt uira-
quei ftMlis eji V
immotm ; tantâmqus
emittit Utitiam , ut
nos nullus aliorum
tnaîorumfenfus captât.
Deum enimjîcut opor'
tel timens CT* tn ipfo
confdens , omnem ha-
hn UtitU fontem : C?*
Jlcut m mare dccidens
immertfum , tenuis
fcintilla facile extin-
^uitur ; (ic quanta-
cumque timenti Deum
incidant , velttt in
Vaflum Utitta pelagui
immerfa extingtèntur
atque perdumur.
niantur homlneSt vult
Dem tfos tondoUte ,
peut prendre qticlque plai-
lîr font changeantes & paf-
fj gères ; & même avant qu'-
elles pailent , la joye qu'el-
les nous apportent n'clt pag
aifez forte pour ch.iirer de
nos cœiirs le chagrin qu'y
caufent mille fâ.heux acci-
dens. Mais la crainte de Dieu
fait ces deux effets : el'e eR:
ferme & immuable , & elle
nous remplit d'une telle joye,
que leientinicnt de quelque
mal que ce foir ell incapable
de l'aitcrer. Ainfi quiconque
a la crainte de Dieu dans le
cœur en la manière qu'elle y
doit être , & qui met en
lui fa confiance, polfede la
fource même de toute joye*
Et comme une petite étin-
celle de feu tombant dans la
mer y ^ elt auHicoft éteinte :
de même quelques fujets
d'afïliclion qui puilfent fur-
vcnir à un homme rempli
de la crainte de Dieu , ils
font éteints & étouffés en un
inftant dans la vafte mer de
cette joye , dans laquelle na-
ge fon cœur.
Quoique ce foit avec }u-
ftice que Dieu punifle les
hommes ^ il veut néanmoini
77-
Compatît
aux maux
40 . D E s H o M
'mes des que nous cctTipatiilions àleur
iïcheur;. niaîhcur , & non pas que
nous nous en réjouidions , &
que nous infultions à leur
lîîifere. Car fi lui-même ne
les punit que comme à re-
gret, & non avec joye , puif-
que félon que le marque l'E-
criture , il n&^t'/îre pas la mort
du pécheur /vous devez en ce-
la imiter votre maître , &
être touché d'une fenfible
douleur de ce que le pécheur
a donné à Dieu un julle llijet
^g, de le châtier.
Vray bon- II ne faut appeler bien-
heur, heureux que ceux-là feuls
qui vivent dans l'obfervation
de la loi de Dieu , félon ces
paroles du Prophète : Bien-
heureux celui qui craint le Sei-
gneur. Et Heureux ceux qui
font purs duns lu toje de Dieu ,
CT* qui nu^.rchent félon f^ loi.
'79." Ceux qui fe font fouvent
La douleur trouvez durant la prière pe-
delapen^ten-n^j-j-CS de douleur , & [çs
ce eft "«-yeux baignés de larmes ,
douce. ■'r ^ M • -t
fçavent avec quelle joye ils
en font fortis, comment ils
y ont purifié leur confcien-
ce, & quelle vive efperance
de falut ils en ont rempor-
tée. Car , félon que je le ré-
pète Ibuvent , ce n'eil pas
E LI ES
non gaudere O* infuU
tuire. Si en/m ait , Ego
piwiens non Utus hoc
facto 3 non enim vo~
Itmtate volo mor-
tem peccatoris ; o-
fortet CT" te Dorninum
imitari , CT* pr.ptsreà
lugere, qttsniarri pec-
cator ji'-Pée ultionis
mater iam pntbuit O*
occafionem.
Neminem convenit
hahere beaîum , nifi
fecundum Deum zi*
ventent folum ....
Bcatus vir qui ti-
met Dominum . . .
Beati immaculati_
in via qui ambu-
lant in legeDomi-
ni.
Korunt quicunt*
que fepè cum do'.ore
oraverunt Z^ iachry^
masejfuderHnt^quan^
tam fînt lucrati Uti"
tiam : qucmodo conf-
cientiam expurgarunti
quomcào dm hova
fpe txfurrexerunt,
Quqd emm ftmper di-
(0 , non rerum natu^
rdifÂ
AU Peut
frf , fei mens uojlra
nos contriftare vel U-
tijicare cofifuevit.
Nos rnifcros facere
poterit nemo , nift nos
ipfos faciamus > fîcut
necjue beatos , nifi nos
éjjictamus per Dei gra-
tUm.
Homil. II. Sis
gratu.s ergk bencfa-
éhrem tuum optima
converfatione i C/rf-
cnfcti' magnitiiiinem
cogitans , orna corpo-
rts îui memhra : cogi'
t-a ciiid matftt captas ,
ncc unquàm ullum
verherare auicaSi nec
tanto decoratam wtt-
nere plagx crtmine de-
decores. Cogita qui.d
manu capiai , C* ip~
fam ab cmni avaritiâ
CT' rapiiiâpuram con~
ferva Lin-
guam ciijïodi à eontU"
tneliofis C?* ttupibus
iicrliis mundfim. Ete-
ràfn perniciofum e/? ,
tant tremendis rnini-
(irantem wyfleriis lin^
guam > C^ fanguine
Toui. i.
L E d'AnTI oc h K. 41
tant la nature Ats chofes en
elle— mêmes j comme la dif-
poficion de notre cfprit qui
nous léjoiiit ou qui nous at-
tiilte.
Comme nul ne nous peut g^-
jamais rendre malheureux , xouc notrs
fi nous ne nous rendons mal- bonhei:r v;cc
heureux nou^némes : ce^iel^g"cs.
n'eit aulTi que par la grâce de
Dieu que nous pouvons de-
venir heureux.
Témoignez votre recon- gj.
noiliance envers votre bien- Quelle doit
faideur par le règlement de ê:re h f.iin-
votre vie -, & vous repréfen-^-^é de nos
tant quelle eft la grandeur de corps après U
celacrificeauquS vous par- nS^L
ticipez , ornez tous les mem. (^^g^
bres de votre corps qui doi-
vent y avoir part. Confiderez Cot^.ne les
la faintetc de ce que vous le- Ht'nti^iées.
cevez dans votre main , & ne
foyez pas allez hardis après
cela de vous en fervir pour
frapper perfonne 5 & ne des-,
honorez pas en outrageant
votre prochain , cette rnême
main qui vient de recevoir un
fi grand honneur. Reconnoif-
lèz encore quel eft le piix de
ce que reçoit cette main, afin
que cette réflexion vous obli-
ge à la conferver nette d'ava-
rice & de rapine. N'ayez pas
un moindre foin d'empêcher
D
4£ D E s H O M E 1 1 s 5
que votre langue ne profeie tali purpuratam ^ ^
jamais de paroles médilantes^
injurieufes, ni diflbluès. Car
c'eft une choie indig
jp.e & per-
nicieufe , qu'après que votre
langue a fervi à desmyftércsiî
vénérables & lî terribles, &
qu'elle eft devenue , pour le
dire sinfi , une épée toute fpi-
rituelle , elle fe rabaill'e jiil-
qu'à dire des niaiferies , des
fottifes & des injures. Révé-
rer vous-même l'honneur
que lui a fait votre maître , &
ne l'aviliffez pas jufqu'à l'in-
dignité du péché. Que fî vous
confidercz encore qu'après
que ce myftére redoutables
palîe de la main fur la langue ,
il eft reçu dans votre cœur,
vous ferez très- éloignes d'y
entretenir aucun mauvais
delfein contre le prochain,
& vous aurez foin de le puri-
fier de toute malignité. Vous
aurez une pareille précaution
pour la pureté de vos yeux &
de vos oreilles. Car ne feroit-
ce pas une chofe indigne, qu'-
après s'être ouvertes pour en-
tendre ces paroles ùctéçs que
les Chérubins nous ont ap-
portées du Ciel , vous les laifl
lafliez foiiiller par des chants
dillolus & des mufiques infâ-
mes ? £t ne feroû-ce pas ko
faOam aurenm gla-
dium ad convhia
Çp" fcurrUitaUi tranf-
ferre. Reverere ho-
norem quo Dominus
ipfam honoravit , nec
ad peccati utiliintem
ipfam ahjicias. Sed
rurfam animadter-
tem quodp^ojl mamim
O* Itnguam cor fufii-
ph tremendum illud
myjlerium i ne un-
quàm in proxmmm
confuas dolum , ftâ
mentem tuant ab om-
ni maUtiâ mundam
conferva : fie CT" oc«-
los & aures munire
poteris. Quomodà enim
non efi ahfitrdum pojî
myjficam i'Um zjo-
cem è calis delapfam j
à Chérubin dica, me-*-
retriciis canùbus O*
fraflis melodiis a»^
res inquinare ? Qjto-
modo non extrema
pana dignum y ocu-^
lis qmbus arcana vi-
des ^ tremenda my-^
fieria , Im mère tri ces
fpeCiare , CT* rnent^
aânktrium fxtrart ^
AU
E U P
"Pocniunttam agem
rtcn amf^lius eudem
«tiingh negolia (quo-
rum panitmt > pro-
ptereà jubemur dite-
re : Abrenttncio tibi
fdtana , ne ampl.us
ad ipfum revertamur.
Piélores regias de'
fiingentes imagines j
prnifquam ^ coLfum
Veritatem ft*perindti-
tant , cum cnitii li-
hertate hic qttidem
dclcnt , ilU rel'tngMnt,
pof}f:à "Veto non halerrt
tihertatem rurfam de-
lèndi O* depingendi . .
P.riufcjuàm igttur fu-
feirVeniut vera fpiri-
talis tinfiura , maie
infitiii tibi cvnfuctU'
dînes dele .... ne
ppjl bitptifma rurfus
(Ld'ipfas regredtaris.
Peccata deleî lava-
crum . . . ne jnnt in-
duQis . colon^i CZ' il-
£2.
L« d'Aktioche. 4J
crime digne de la dernietc
punition , de fe fervir dtf ces
mêmes yeux qui ont été les
rpeftatcurs de ces myftéres
jccrets & fi vénérables , pour
regarder Aqs femmes per-
dues 5 & pour commettre des
adultères par lapenfée ?
Celui qui fait pénitence ,
ne retourne plus aux mêmes Vraye pcji;»
aâions dont il fe repent j **^"*
C'eft pourquoi on nous fait
dire au baptême : Je te re-
nonce 5 Satan, afin que nous
ne retournions jamais à lui.
Durant que les Peintres S"?-
travaillent aux portraits Ats Soindccon-^
Kois, ils ont la liberté d'y ^"^i^if S'^
a- o, j> • « t ce du Eapie^'-
enacer & d y ajouter les cou- ^^^ ^'
leurs qu'ils veulent ; mais a-
près que ces portraits font
achevés , il ne leur ell plus-
permis d'y rien changer. \î
en cft de même pour les
Chrétiens : car ils doirenr
avoir grand foin d'effacer &
de détruire, avant qye d'a-
voir reçu les traits fpirituels
du Baptême , toutes les mau-
vaifes coutumes qu'ils ont •
contradécs -, afin de n'y plus
revenir enfuite. Ce bain fa- Contre Us^
cré eiface le péché 5 quand Htnnqitci-
donc ces couleurs divines au*
roat- retracé dans votre OiStit
a votre amc , ni même a vo-
mais ayant vous-
44 D E s H O M r
l'image de votre Roy , pre-
nez bien garde de rcitacer
de nouveau , & de défigurer
par les cicatrices du péché
la beauté dont Dieu a orné
votre ame.
^4. Après avoir reçu des in-
C'tifc unjuresj vous enavez fait aux
mal , no" de autres. On n'avoit fait nul mal
fouttrir des
injures, mais,
d'en dire, ^re corps
même bleliê votre ame , vous
ferez im jour puni dans l'un
& dans l'autre pour les paro-
les injurieufes que vous aurez
dites.
8f. Nul 3 non pas même le dé-
Riennepeut j„on^ ne fçauroit blefler un
Buireanotreç.j^^^^.çj^ dans Tame : & ni
ame maigre , , . ,,. .,,-
xKiui. '^ pauvreté, m limpuillan-
ce , ni la lervitude ne font
point des empéchemens à la
vertu : mais au contraire la
pauvreté y eft plus propre
que les richelTes , & le tra-
vail _& la peine plus que le
repos.
LI ES
ludrata tm^i^ine re"
gia amPiius ae.eas 5
CT* cicatrices infiras
à Dec ubi dato decori.
Conlumeliis affe'
Htis , comameliiSé.if-
fecifti : ille te niJnl
tn anima U/ît , fed
nec in corpore ; tu te
ipfum in anima Ijtfi-
Jfi j eorum qu£ dixi-
Jli , illic panai fubi-
turui.
Chrijlianum Z!:^ fi*
delem in anima pcteji
Udere tiemo , nec
ipfe diaholus . . . nec
paupertas , nec imhe~
cillitas j nec fiTviîui ,
ad zirtutem impidt-
menîum efje pctejî . . .
paupertas divitiis , C7*
ncgotium olio , adpia-
tattm nobis tji cppef
tunim.
• ^ Si VOUS êtes uh artifan , Anifex manualis
S'entretenir VOUS pouvez étant afiis pour es , fedens pfalle. Non
ivec Dieu travailler de vos mains, chan- vis ore pfaiiere ^ hoc
pemlant le ter dcs Pfeaumes : que fi vous facias mente : ma^nus
uarail. „£ \q pouvez faire de bouche, contubertfaUs ejl Fful-
faites-le au moins depenfée. mus»
Car les Pfçauaies nous doi«
AU
Peu
Cînà mar^arita-
rmi cultHm mfania,
eji p,ompa fatanica.
Aurum enim cepijli ,
non Ht corpus vinci^i ,
fed ut pauperesfolvas
^ euutrias.
Die commué: Ab-
renuncio tibi fata-
na ; 7iihtl hac tutius
Vjce , Jl ip/am per
opéra exhileamus.
hanc C* vos tnitian-
di , ut difcatis ohfe-
cro i h£c emm vox
confocderaîia cum Do-
mino ej}. Et Jîctit
nos fervos euntes ,
ipfos qui vendttntur ,
priits interro^amus
an nobis fervire ve-
lint ; ita facit CT*
Chr'tjlus quando dé-
bet te in fervitutem
capere , pritts in ter-
ro^at an velis illum
crudelem tyrannum
dimittere ; CT* ad
fxdera ufcepit : non
enim coaClum efl sjus
imper ium ... Ab-
renuntio tibi fata-
87:
Contre
Is
LE l' A N T 1 OC H E. 45
vent tenir lieu d'un agiéa-
bic entretien.
L'amour des pierreries eft
une folie, & une des pompes
de Satan. Et fi vous avez de 'uxe-.
For, ce n'eitpaspouren faire
des chaînes à votre corps,
mais plutôt pour délier celles
des mifcrabics , & pour
nourrir les ncceiTitcux.
Dites continuellement : Je
te renonce , Satan. Rien n'eft
plus utile que cette protefta-
tion, fi nous la pratiquons ce au deir.oii
en effet par nos œuvres. Je '^^^^ ^^ ^^'P
conjure ceux qui afpirent au *"""
Baptême de bien retenir ces
paroles, car ce font comme
les articles de leur alliance
avec Jesus-Christ. Et
comme avant que d'acheter
des efclaves , nous leur de-
mandons d'abord , s'ils veu-
lent bien nous fervir: Jesus-
Christ en fait de même
quand il veut que vous le fer-
viez , en vous demandant
avant toutes chofes, fi vous
voulez fecoiier le joug de ce
cruel tyran qui vous domine :
& c'ei^ ainfi que traite avec
vous celui qui ne veut point
avoir d'empire fur vous, s'il
n'eft tout hbre & tout volon-
taire. Vous dites ; Jn renonce
88.
Tout Chré-
tien a. renoa-
teine pour
s'attacher à
1. C.
4^ D E s^ Home
a toi , Satan , C^ à tes pomfjes ,
e^ à tonfertice , CT" ;e m'aita-
theàvous, JeSUS-C H RlST.
Joignez à ces paroles le figne
de la Croix fur votre front :
& après cela ne craignez pas
que les hommes ni les dé-
mons vous puilfent jamais
S^. faire aucun mal véritable.
^ Si préparer Comme il cil inutile de
a TEuchari- fgi^e y^g courfe de pluiieurs
StTcc ^du ^^^.^^^' ^ «!? "^ ^^^?ort^ le
Carèiqc. P"'' ' ^^ même nous ne reti-
rerons aucun avantage des
travaux du jeûne, s'ils ne
nous difpofent à approcher
avec une confcience pure de
la fainte table- Car nous n'a-
vons entrepris le jeûne & le
Garême , & nous n'avons af-
iHlé à tant de fynaxes, de
prédications , de prières &
d'inftrudions Chrétiennes ,
fînon afin qu'ayant efi-'acé par
tous ces exercices fpirituels
les péchés que nous avions
contradez durant le cours de
l'année , nous puifTions parti-
ciper avec une fainte alfuran-
roHt/e les ce à ce facnfice non-fanglant.
lîtiéniHSi, Que chacun donc examine
en foi- même quel défaut il
a corrigé , quelle vertu il a
acquife. Que s'il reconnoît
aroir amalie par la pratique
na, & pompée" tir^i
& cr.ltiù tuo , Si
conjungor tibi
Chrilte. Cttm hoc-
verùo CiT* Cruiem in
fronte tmprime , fc
nec homo nec duihv'us
qutcqtiam Udcre po-
terit.
H6m. z^. de fi-
muîtate. Ut nihil
commodi adfert de~
cur/to per mtilta flu-
dia , Jï à prcemio ex-
cidas i ità nthil no"
bis lu cri erit , eof
multis lahoribus O*
fhdorihus J€Jt*nio in"
fumptis , nt/i cum pu-
ra confiientià facrut
menfà frui pojjfmus.
Oh hoc enim jefunium,.
CT* quadragefima , K3*
tôt dierum Jynaxes y
audiiiones , preces <3*~
doélrina fufceptdfunt y
ut ah^crfs fcelerihus
per iflius modifludium
q»ie nobii hoc anno ,
quocumque modo <d-
liia inhjeferunt , cùm
fpiritali fecuritate tU
litii incruenli facrifi^
cil participes ejjlcere-
mur» Q^ff^fte igip^T'
A 17 Vt u
fjcum repuiet quem
dffc^um correxit ,
fjttam virtutem ac'
quifivit
Qitoci Jî invenerit
fuUhrai ifl'is met'
ces Jîbi ^ jejunio
éidauflas ejje 5 cer-
tuf'jue fît plurirram
fe vulneribus adhi-
biiifje curam , ad
menfam Dominp ac-
cédât, Quod (l iftic
negligèus , folum je-
junmm ofleniare pa-
tent j nec ul'ts altis
relus fe caftigatio-
rem fatî»m probare
pvterit y. forts ma-
neat ; ac tum in-
troeat , cum fe ab
omnibus peccatis ex-
purgarit ... Fas
emm efl , ettm qui
non jejttfiaverit » ve-
ntant confequi ; ex-
ettfata nimirum cor-
forts imbecillitate ;
is vero qui non ca-
pigaverit deliéJa im-*
publie efl Ht ullam
excufationem inflif
tuât.
Age y die miki ,
non jejunafli oh cor^
forts infirmitatim y
ple d*Antiochf. 47^
du jeûne un trcfor de ces ri-
chelfes fpirituclles , & s'il
ell afî'uré de s'ctre appli-
qué avec tout le foin polïîble
à la guérifon de fes ble/fu-
res j alors il peut s'aprocher
de la table du Seigneur,
Que s'il a été fi négligent
qu'il ncpuiire faire paroître
autre chofc que fon jeûne,
& qu'il ne montre point qu'-
il foit devenu meilleur : alors
il doit demeurer dehors j fans
s'ingérer de rentrer dansl'E-
glile , qu'il ne le foit purifié
de tous {qs péchés. Car il fe
peut bien faire que celui qui
n'aura pas jeiiné , trouvanj-
fon excufe dans fes infirmités
corporelles , obtiendra le
pardon de fes péchés ; mais
il efl impoflible que celui
qui ne les aura pas châtiés
& corrigés , en puilfe trou-
ver aucune excufe qui foit.
légitime.
Vous n*ave:& pas jeûné," ,
me dites-vous, à caufe de Nulle exca4
vos infirmités y. hé bien je fe i>ourccu3^
s^.
4^ Des^ Home
à toi , Satan , ÇJP' àtes pompes ,
CT* /î t^nfertice , C7' /e m^ atta-
che à vous 5 J E S U S-C H R 1 S T.
Joignez à ces paroles le figne
de la Croix fur votre front ;
& après cela ne craignez pas
que les hommes ni les dé-
mons vous puilfent jamais
faire aucun mal véritable.
^Ss préparer Comme il ett inutile de
a rEuchari- faire une courfe de plufieurs
nk-nte ^^a' ^^^àcs, fi on nc remporte le
jincnce
porte
prix ; de même nous ne reti-
rerons aucun avantage des
travaux du jeûne, s'ils ne
nous difpofent à approcher
avec une confcience pure de
la fainte table. Car nous n'a-
vons entrepris le jeûne & le
Garéme , & nous n'avons af-
^é à tant de fynaxes, de
prédications , de prières &
ci'inftrudions Chrétiennes ,
fînon afin qu'ayant cfiacé par
tous ces exercices fpirituels
les péchés que nous avions
contradez durant le cours de
l'année , nous puifTions parti-
ciper avec une fainte alluran-
tent/e les ce à ce facrifice non-fanglant.
"Hûéniass» Que chacun donc examine
en foi- même quel défaut il
a corrigé , quelle vertu il a
acquife. Que s'il reconnoit
aroir amalie par la pratique
LÎFS
na, & pcmpSETtirari
& cultiii tuo s &
conjungor tibi
Chrilte. Cum hoc
vetho CiT* Cruiem in
f rente imprime , (îc
nec homo nec diabvlus
quicquam Udere po-
terit.
Hom. 22. de d-
muîtate. Ut nihil
commodi adfert de"
curjto per muha pa-
dta , jï à prccmio ex»
cidas i ità nihil no-^
lis lu cri erit , est-
multis lahorihus O*
fudorihm jejttnio in"
fttmptis , nijt cum pu—
ra confcientiâ facra-
menfà frui pojfirr.us.
Oh hoc enim jehninm, .
CT* qttadragefima , €?•
tôt dierum fynaxes ,
audiiiones , preces O^
doflrin£ fufceptafunt y ,
K% ahficrfs fcelerihus
per ifiius modijludium
qu<& nohii hoc anno ,
quocumque modo al-
H ta ihh^ferunt , cùm
fpiritali fecuritate iU
litii incruenli facrifi^
cit participes eff.cere-
Au Vt u
fjcum rtpuiet quem
dffcClum correxit ,
çjttam virtHtem ac-
quifvit
Quod fi invenerh
pulchras ip-ts mer-
ces fibi yr jejunio
éidaufias ejje ; cer-
tufjue fit pluriwam
fi vulnerihus adhi-
biiijje curam , ad
njenf^im Domina ne
cedut. Quûd fi ijtic
negligèiis , filttm je-
funium ojïentare pa-
tent j nec ul'is altis
rébus fi caftigatio-
tem fatîum probare
pvterit 5 forts ma-
neat ; ac tum in-
troeat , cum fi ab
»mnibus peccatis ex-
fHrgarit . . . Fas
emm efi, eum qui
non jejitnaverit » t»e-
ntam confiqui ; ex-
cufita nimirum cor"
ports imbecillitate :
if vero qui non ca^
fiigaverit deliOa im-*
fojjïbile efl ut ttilam
excufationem injïi"
tuât.
A^ ^ die mihi ,
non jejnnafli ob cor^
forts infirmita^m y
?LE d'Antiochp. 45r
du jeiine un trcfor de ces ri-
cheli'es fpjrituciics , & s'il
ell afîuré de s'ctre appli-
qué avec routle foin poÂîble
à la guénfon de Tes blelfii-
rcs j alors il peut s'aprocher
de la table du Seigneur,
Que s'il a été Ç\ négligent
qu'il ncpuiife faire paroitre
autre choie que Ion jeûne ,
& qu'il ne montre point qu'-
il l'oit devenu meilleur : alors
il doit demeurer dehors , fans
s'ingérer de rentrer dans l'E-
gliie , qu'il ne le (bit purifié
de tous ['qs péchés. Car il fe
peut bien faire que celui qui
n'aura pas jeiuié , trouvans-
fon excufe dans fes infirmités
corporelles , obtiendra le
pardon de fes péchés ; mais
il eft impoflTible que celui
qui ne les aura pas châtiés
èa corrigés , en puilfe trou-
ver aucune excufe qui foit--
légitime.
Vous n*avez pas jeûné , ,
me dites- vous, à caufe àc Nulle excK4
vos infirmités y. hé bien jç fe pourccu:^
<juoiqu*en
puiffe dire
«sonde.
Îo Des H o ME
l vous eft feulement ordon-
Xié de prier pour celui qui
vous a ofFenfé j mais Dieu
fc réferve la juftice qui s'en
jiioit faire.
9^. Je crains, me dira-t-on ,
5e réconcii que mon ennemi ne s'ima-
iier avec ùs gjne que ce n'eiï que parce
que je l'appréhende que je
j le recherche, & qu'il n'en
prenne fujet de s'en élever
davantage : mais c'eft une
penfée d'enfant , d'une per-
îbnne de peu de fens , & d'un
efprit qui fait trop de cas de
l'ei^ime & de l'opinion des
hommes. Quand donc cela
feroit vrai 5 qu'en arrivera- 1-
il ? finon que votre récom-
penfe devant Dieu en fera
plus grande ; puifque /non-
©bttant que vous prévoyiez
cet inconvénient, vous voulez
bien vous expofer à le.fouffrir
pour l'amour de Dieu. Et en
effet fi on ne vouloitfe récon-
cilier avec fon ennemi, que
pour acquérir l'honneur du
monde, on ne devroit pas
«'attendre à en recevoir au-
cune récompenfe de la part
de Dieu. Mais fi au contraire
prévoyant que le monde s'en
mocquera & blâmera cette
a(^on , on ne laiiTe pas pour
LI ES
Tibifolammoctojujfttm
ej} , ut pro eo qui' te
Ufit preces fundas 3
quid autem de eo fia»
tuendum fît , Jîùi re-
fervari jujjtt,
Ferendum ne inU
micuiputet me oh me»
tum ad Je accurrijje ,
rtc proindè majores
faflus fumât : ptteriUi
ijla animi funt , CT*
ftitlti i €7 ad bomi"
num exijltmationem
ohfiupefcentis. Quid
tum ? nam 'O' ità
menés tua major fu-
tura eft cum O* iflud
prAcognofcas , C^ ta»
men oh timorem Dei
omnia ijiiufmodi fu»
jlineas. Qui enimfa-
mam hommum aucw
pans 3 famaque gra-
tin reconciliationem
inJJituit , ahfcinditur
à remunerationis /»-
CTO : qui autem hoc
ipfum cognitum plane
hahet , quod multi
irndebunt Cyvitupe-
rahunt , neque tamen
vel ita abjjjlit à rff-
conctliatione , dupli-
catam C* tripUcatam
hahebit eoroHam. E$
A u Peu
hic poùjjîmum ts ejï ,
qui pr opter Deum id
fectt.
Ecce pr<gdico CT*
contejîor , nemo qui
inimicum Jjahet, ad
facram menfam adeat
€7* corpus Chrifli ac-
xipiat Imo
non ego , fsd pot tu s
Dominus propter nos
cructfixus , ijia drcit.
Ipfe ut reconctUaret
te Patri , ne maéïa-
ri quidem recufavit ,
çyfanguinem ejfunde-
re : tu autem ut re-
cotjcilieris confervo ,
nec verbum vis emit-
tere aut prior accede-
rt ? Ai*di quid lo-
quatur Dommus : Si
ofFers munus tuum
ad altare , & illic
recordatus fueris ,
quod frater tiius
habct aliquid ad-
versùm te j non
dixit expeéla donec
ille ventât ad te ,
aut ut aliquo inter-
xefjore réconciliation
nem inflituas , fed
PLE d'Antiochb. j'r
cela de fe réconcilier, on en
fera un jour doublement ré-
compenfé. Et c'eft-là faire la
choie purement pour l'amour
de Dieu.
Je vous le dis par avance 'ç^,
& vous le déclare nettement. Se récon-
que nul de ceux qui hajflent cilier avecfes
leurs ennemis ne s'approche ennemis a-
du faint Autel pour y rece- !„^"'J"f,r
, 1 T A^ ^ communier.
voir le corps de J. C Ce
n'eft pas nous feulement ,
mais le Seigneur lui même ,
qui a été crucifié pour nous,
qui vous l'ordonne. Il a bien
voulu répandre ion précieui
fang 5 & même foufFrir la
mort pour nous réconcilier
avec Dieu fon Père : & vous
ne voulez pas aller trouver le
premier votre frère, qui eft
comme vous le ferviteur d'un
même maître , ni lui dire la
moindre parole pour vous ré-
concilier avec lui? Voici com- '
ment le Seigneur en parle :
Si i lorfque vous préfente:^ vctr»
offrande à f Autel , vous vousfoU"
venc;^ que votre frère a quelque
chofe contre vous ,' il ne dit pas #
attendez qu'il vous vienne
trouver ,■ ou bien fervez-vous
de quelque entremetteur
pour négocier votre réconci-
liation, mais courez vous-
même , & Allex *»^**»f touUi
jï D ES Home
f/hojei 'Vot^i réconcilier avec iui.
O Conduite admirable de
notre Dieu i II n'eftime point
qu€ oe lui foit une injure que
vous le laifliez là fans lui pré-
fenter le don que vous lui
aviez deftiné -, & vous vous
imaginez que ce vous eii une
honte j fi vous allez le pre-
mier rechercher votre enne-
mi pour vous réconcilier avec
lui ? Je vous demande , fi
agiflant ainfi, vous méritez
que Dieu vous pardonne ?
Nous avons beaucoup pe-
97' ché 5 «ous avons beaucoup
Utilité du offenfé Dieu ; mais fa bonté
]pardoa des ^ j^QQ^é aux hommes la voye
de la réconciliation avec leurs
frères , comme un moyen
très- efficace de nous récon-
cilier avec lui. Ne perdons
donc pas un fi grand tréfor.
Et n'étoit-il pas en fon pou-
voir de nous commander ab-
folument cette réconciliation
avec nos frères fans nous en
promettre de rccorapenfe.
Y a-t-il rien de plus favo-
yardonner, rable & de plus doux que le
fi Ton veut précepte de la réconciliation?
obtenir le pfeu nous fait nous-mêmes
ks juges de la rémifïîon de
nos péchés. Si nous pardon-
nons peu aux autres, il nous
patdoimera peu de péchés > fi
fonçjiust
'5»8.
pardciu
LIES
illum accurre ? Va-
de priùs reconcilia-
ri fratri tuo. Ofa-
éJum incredihile i
ipfe non accipit pro
t^nominia quoi do-'
nttm Jîbi dej}inatum
rehnquitur , CT* r»
contumeUam put ai ,
fi prior aheas adre-
conciîiationem ? Dic ,
^U(efi> , qu£ venia
debetur iflis rébus ?
Multa deliquimus,
in magnis ojfendimus
Dominttm ^ dédit ex
fita humanitate hanù
viam reconciliationis s
ne igitur deferamtn
hune pulchrum the-
faurum > ^ nunqmd
non in illim potefiatt
fuit pr£cipere reconci-
liationem , fine uUa
propofita mercede f
Quideo mUiuspr^t'
cepto ? Je judicem
fecit in condonatione
tuorum cruninum. Si
pauca dlmittis , pauca
dimittuntur ; fiplura ,
plura : fi ex corde di-
mittis çrfiuçm^têr.
AU Peup
iem paSîo ubt Deus
Cum diserts, Di-
mitte nobis fient
& nos dimittimus ;
fi ttt non cUmtttas ,
nihil aliud à Deopo-
fittias , quam ut te
omni excufatîone , om-
ni venta denudet.
Quanta cum majo-
re di^cultau hoc opta
virtiitis expies , ^ra-
viufque reconciliatio
injluuratur , tanto O*
ilUm judicium trajus
erit, C^fplendidiores
^lerantt<e tU£ corona.
Non valida con^
fuetudinis excufatio i
cur non prétendit fur
confite tudi ne m , Ci?*
à fuppUcio UberatHY ?
Cur non idem factt
mdulter ?
^am denuntio Q^
protefior quod fi de-
^nhendum aîiquos
LE d'Antiochç. 5>
nous pardonnons beaucoup,
il nous pardonnera aufli
beaucoup -, fi nous pardon-
nons entièrement & du fonds
du cœur , il nous pardonnera
aufii de même.
En difant à Dieu i Remets
te:^-nous nos ojfenfes , comme
nous Us remeitans aux autres j fi
nous ne les remettons point
véritablement , nous ne de«
mandons autre chofc à Dieu
finon qu'il ne nous laiffe plus
aucune excufe , & ne nous
accorde aucun pardon
Plus vous aurez de diffi-
culté à accomplir cette action
de vertu , & à pcrfuader à
votre frère de fe réconcilier
avec vous , plus vous vous
rendrez le jugement de Dieu
favorable , & plus grandes fe-
ront les récompenies dont il
couronnera votre patience &
votre douceur.
CeR une excufe bien fri-
vole que -celle que l'on fait
fur la coutume. Pourquoi un
voleur ne l'allégue-t-il pas
auffi pour s'éxemter de la pur-
nition qu'il mérite ? Et pour-
quoi un adultère ne l'alle-
gueroit-il pas aufii ?
Je vous le déclare & vous
leprotelte, que fi j'en trou-
ve dorénavant qui n'aycntpas
£ iij
9^"
Nul pardon
pour celui
qui ne par-
donne pas>
lOO.
Récompensé
de h réconci-
liation des en.
nerais.
lor:
Lesmauvaï-
fcs coutumes
n'excufent
pas.
102.
Excommu-
nication falu.
taire,
54 . , Des Home
corrigé leurs vices , je les fe-
rai demeurer hors de VE2hCcy
léparés des facrés mifteres j
non pas dans le deilein qu'ils
y demeurent toujours j mais
afin qu'après s'être corrigés ,
ils puiflént être reçus au de-
dans, & approcher avec une
confcience pure de la facrée
table.
103.^ Rien ne donne une fî grande
«"almed'ef- tranquillité d'efprit que la
prit dans la pj.2jJQy£ j^^ inftitutioos de
f^^ comme de meprifer lescho-
fes préfentes , d'afpirer aux
futures , de n'cftnner ftable
rien de temporel, & de re-
garder la puilfance , les ri-
chefles , & les honneurs
comme très fragiles.
^^4* Les jours s*enfuyent & fe
^' j J„ dérobent à nous , les années
s'écoulent
faire de bon
n€5 auvres
& la plus grande
partie de notre vie eft déjà
paflée : cependant voyons ce
que nous avons fait de bien ?
Eft-ce que nous fortirons de
ce monde vuides & deftitués
de toute juftice ? Le juge-
ment de Dieu eft à notre
porte. C'eft là ce qu'il fau-
droit méditer à toutes ces
nouvelles lunes; c'eft l'obrer-
L I ES
vitia non correxîjfe y
edicam ut forts extra
facra myPeria confia
fiant : tdqtte non ea
animo ut foris ma"
néant > fed »t pofr^
qtiàm fe emendave- .
Tint 3 intus recepU y
cum purâ confàentia
facra menfa fruan-
tur.
Homil. 13. ia
obfervantes novil,
NUtiI ità tranquUli-
tatem ingenerat ani-
nimi , atque h<ec re-
ligionh infituta , res
préfentes defpicere ,
futaris inhiare > nthtl
humanum fabile /«-
dicare y non dizitiasy
non potentiam , non
honores.
Dics avalant y an-
ni fnittntur , maj^'
nam vi£ nofrx par-
tent covfecimus > quii
boni à nobis fatlttm
eft ? Num inanes
hinc omniquc jupi^
tia difuuU difce-
demus f Judicitim
Dei pro fortbus efi,
H<ec in noviluniis
meditare ; h£c de an-
norum converfionièm
AU Peu p
revohe i fUtura diei
frerpetuo recordemur ,
ne adversum nos fit
quod advenus Judios
ilififém efi : Ahierunt
aies eorum cum va-
nitate , & anni il-
loriim cum celeri-
tate.
Quem Dem îau-
dat y tu ne vitupères :
laudat autem eum
qm cumjuflitia vivit ,
^uamvis pauper fit.
Onem Deus aver fu-
tur f tu ne laudave-
ris ; averfatur autem
emnem qui cnm ne-
qtiitia vivit , quam-
vis multis opibus cir»
cumfltiat. Sed five
laudavaris , five vi-
tiiperaveris , utraque
ad Dei voluntatem
facias.
Si dextcr oculus
ofFenderit te , ex-
ttahe eum & abji-
ce abs te : Hoc
nempè pr<tccpit , ut
amicos qucs £què ac
oculos carps habes ^
Ky ad omnem vitte
LE d'Antioche. U
vation que Kon devroit faire
à tous les retours d'années.
Confervons continuellement
dans notre efprit la penfée dci
jugement à venir, afin de ne
pas tourner contre nous ces
paroles que le Prophète a dit
autrefois à la condamnatioa
àes Juifs : Leurs jours Je font
pajje:>^i}}utiletvent , CT* leurs an-
nées fe font ecouUes avec une
vitejje prodi^ieiife.
Ne blâmez pas celui que loV*
Dieu lotie. Or il loiie celui ^Nelonero»
qu, vit )uftement, quoiqu'il -^^^-j;;^^^^^^^
loit pauvre. D autre part ne
loiiez pas celui que Dieu a
en averflon : or il a en aver-
fion celui qui vit mal , quoi
qu'il foit comblé de richef-
fes ; foit donc qu'il s'agilfe
de loiier ou de blâmer quel-
qu'un, ne faites jamais ni
l'un ni l'autre , que confor-
mément au jugement & à ia
volonté de Dieu»
Si votre ail droit vous efi un ^ O^*
fujet de fcandale , arrachey-le , , Retrancher
CT* itîtey-le lotn de Vous. |e . / . ^
• ^A J du pèche.
sus-Christ vous fait ce
commandement
ifîn
que
vous vous répariez de vos
amisj quand ils vousferoienc
auflî chers que vos propres
£ iiij
Des Homélies
néceflaires à tous ufum neceffarioi yjt
S6
ÎTUX, 8c
es befoins de votre vie , fi
d'ailleurs ils font des obftades
â votre falut.
107. j^g j^Q ^jgj qu'il eft
Faire tout • n-Li j r • tx-
pour Dieu, itnpollible de faire pour Dieu
tout ce que l'on fait j sar il
cft ailé de vous faire voir que
Ton peut faire en vue de Dieu
ks adions les plus commu-
nes , comme de marcher ,
parler, s'afîeoir , entrer , for-
tir, dire des chofes divertif-
fantes, loiier, blâmer, re-
commander , aimer , haïr : fi
donc on peut faire toutes ces
chofes pour l'amour de Dieu,
il n'y a pas lieu de douter que
l'on ne puifle faire toutes les
autres dans la même vue.
Quand on feroit quelque
^^ n oeuvre fpirituelle , fi l'on ne
tîleou nuifi- Ia/3it pas pour 1 amour de
bie félon le Dieu , elle nuit a celui qui
rapport qu'il là fait fans cette intention :
a à Pieu. de même que fi l'on fait quel-
que adion humaine & lecu-
liere dans la vue de Dieu ,
elle ne laifle pas d'être fort
utile à celui qui la fait dans
cet efprit de rehgion & de
piété.
lop." Comme les ports fiir le
Bglifej, ports hord des mers fervent de re-
deiiicljues. fuge aux vaiiieaux battus de
ad animée faltttem
impedimentum avé-
rant , ampi4tei C?*
ahjiçiai.
Ne dicas nemî-
nem poJ?e omnia pro-
pter Dettm facere,
Quando enim vcjli-
tus , incejjtts , verba ,
confejjiis , ingre/fits ,
exitus , facetta ,
laudatioms , vlt»pe-
dationes ,
inimiciti£
commeiim
amicitia ,
poljunt
propter Deum feri j
quid rejlat , Jî value-
rimui quod non pof'
Jïmui propter Deum
facere ?
Etiamjî fpirhuale
aliqhtd fuerit , fi
tamen propter Deum
non fiât » cum pri^
mis illum Udit , qui
facit. Quemadmodum
fi alic^ttid feculare
fiât y modo propter
Deum fiât y admodura
adJHVat eum qni
cum religiofa mente
id factt,
Homil. 24. de
baptif. Chritti. Ut
in mari portits ^ fie
Au Peu?
Erckjîas Deusin Ur-
hibiti erexit , ut àtu-
muliuttm fecularium
turbine , hue confié-
gientes ^fttmmâ tran-
quillitate poùamur.
Cum filios arîium
tnagijiris in difàpU-
nam tradere vultis i
ttifà cum mao-iftro ha-
bttatum mutttis, ne
domum vePram a-
deant prohibetis , ne
Qhdium illorum Cf oc-
cupatio interpelletur,
Jam vero càm non
vulgaris an quidam ,
fed omnium maxima
vobii Jînt edifcenda ,
ÇMo paSlo Deoplacen-
dum Cit^ €7* cdejiia
lona confequendajînt^
ferfunéJoriè vos id
perficere cenfeUs ?
Quanu hoc ejf , qua-
fot dementite ?
Vacate & videte
quoniam ego fum
Deus ; multa illi va-
catione opus ejî , qui
hanc morum difàpli"
nam CT* philofophiam
fhi voluerh compnrar
LE d'Antiochb. j7
l'orage , ainfi Dieu a établi
dans les Villes les Eglifes où
nous pouvons nous retirer à
l'abri des tumultes & des
tempêtes du monde , & y
joiiir d'une fouveraine tran-
quilité.
Quand vous mettez vos jjq,
enfans chez des maiftres Nécéffité
pour leur faire apprendre d'une grande
quelque fcience , vous vou- application
lez qu'ils demeurent tou- P°^* fonûrt-
jpurs avec eux , fans même ^^*
revenir chez vous, ahn de
ne point interrompre leurs
études. Et lorfqu'il s'agit
d'apprendre , non pas ui\e
fcience commune , mais la
plus (liblime & la plus con-
iîderable de toutes, qui eft
de fçavoir comment on doit
plaire à Dieu, & comment
on peut obtenir les biens du
Ciel j vous, vous imaginez le
pouvoir faire fans beaucoup
d'apphcation & d'étude ? Ne
faut-il pas avoir perdu le fens
pour en concevoir cette pen-
Ice ?
De [occupe^- vom des foins dit ni.
monde . ^ confidere-^^ que cej} Médita'tioi*^
moi qui fiéis votre Dieu. Cela ÔC repoS|
nous marque qu'il eft befoin
d'un très-grand loifir & d'une
particulière application ,,
pour bienapprendre la philo*
'in.
Se régler
pour la corn-
tnuràonfur !a
pureté de la
vie , plutôt
que fur les
haes.
tontre les
Uér trique s.
58 DesHome
fophie chrétienne , & la pu-
reté de cette divine morale.
Je ne doute pas que plu-
lîeurs d'entre vous ne s'ap-
prochent de cette table fa-
crée par coutume & à l'occa-
fion delà fête : mais il feroit
à fouhaiter que pour com-
munier Ton n'oblervât pas
tant lesfeftes, que la pure-
té de U confcience avec la-
quelle on doit s'approcher
de ce très-faint Sacrifice. Et
en effet quiconque eft im-
pur ne doit pas même dans
les jours de Fête participer
à cette chair fi fainte & fi
vénérable. Au lieu que celui
qui eft pur , & qui a pris foin
d'expier fes péchés par une
€xa<âe & foigneufe péniten-
ce 5 eft digne non feulement
en ces jours de feftes , mais
même en tout autre temps ,
de communier aux divins mi-
ftéres , & de joiiir de ces fa-
ciès dons de Dieu.
115. Jésus- Christ nous
S'élever au a appelés des aigles, quand
delTus du fie- il a dit ; Oh fera le corps mort ,
^ic, là s'aJJembUront les aigles j &
Rous a voulu apprendre à
nous élever jufqu'au Ciel fur
les aîies de l'efprit Saint :
LIES
Scio fore ut qHam
plurimi apud nos ex
fefi confuetudine ad
facram hanc menfam
accédant. Sanè qtti'
dem expediret t*t fe-
fa nequaquâm oh fer-
varentnr ad commu-
nionem , fed ut conf-
ctentia mundaretur ,
ac tum fanilum tjïnd
facrificittm attingc
retur. Qju enim pia^
culans ej} C?^ tmmun"
àus y ne in ftflo qui'
dem iiquum eft , ut
fanO*. illius ac tre»
menda carnis parti"
ceps fat. Qui vero
mundnse(l , Ç^ accu-
rata pocnitentiâ deli"
éla abferft , càm in
folemnitate , tùmfem~
per dignus fuerit , qui
divin t s myftriis com-
municet , ac Dei do'
nis perfrMatur.
Nos aquilas Chri-
fus appellat'it , cùm
dixit : Ubi cada-
ver 5 ibi congrega-
buntur & aquils ;
ut in cœlum afcenda-
mus fpiritui pennk
AU Peuple d' A n t i o c h e. yf
fulvcdi! at nos con- mais nous au contraire , feui-
trà ferpentum more blablcs à des fcrpens , nous
humi ferpimtn , ter- rampons fur la terre , & nous
ramque manducamus. ne mangeons que la urre*
Jpfe fuamtibi car-
nem largitur , at tu
ne uerbis qmdem eum
remuneraris , neque
pro lis qu£ accepipi
grattas agis ? Atqui
attm hoc corporeo vef-
teris cibo , poft men-
/âm ad orati'jnem te
convertis ; dum vero
fpiritualis O' omnem
freaturam excédent is
fis particeps , tamctfi
homojîs CT* vilis na-
ture , non expédias ut
grattas agas Cr verbts
€7* faŒs ? Quid efl
aliud mfi extremo
fHppliciofefe obnoxium
reddere ?
Quinqtte funt pa-
nitenti<e vix > prima
peccatorum damna-
tto ifecunda citmpro^
tcimis peccata dintit^
timus i tertia qu^e tn
orutione confiait i^
qttarta qux in eleemo-
f^na i quint ain humi-
Litate. Noli igitur o-
tiariyf(^d quoiidtè per
Je sus-Christ vous 114:
donne lui-même fa chair à Adlion de
manger, & vous ne lui ren- gtaces après
dez pas feulement gruces '^. ccmmu-
d'un fi précieux don ? Quand "^°"*
vous prenez votre nourriture
corporelle, vous remerciez
Dieu en fortant de table 5 &
lorfque vous recevez cette
viande fpirituelle qui ell in-
finiment au delFus de tout ce*
qui eftcrée , tout homme &
chetivc créature que vous
étesj vous fortez de TEglife
auiîîtotaprès la Communion,
avant que d'en avoir rendtt
grâces à Dieu & d'adion &
de parole. N'eft-ce pas là
vous rendre coupable du
dernier fupplice ?
Il y a cinq moyens d'ex- ^^^^
pier Tes fautes. Le premier, cinq mo-
la déteftation de nos péchés, yens d'expier
2. Le pardon des ofil-nfes. 3. hs péchés,
La prière. 4. L'aumône. 5.
L'humilité. Ne languiffez
donc pas dans l'oifiveté &
dans la parefife •, mais avan-
cez-vous tous les jours dans
toutes ces voyes : car elles ne
iont pas bien diflSciles , &
^o Des Ho m
vous ne pouvez pas même
vous excufer fur la pauvreté ,
de ne point réprimer votre
colère , de ne pas embralTer
Thumilité , de ne pas prier
fouvetitj & de ne point dé-
teûer vos fautes.
ELTES^
hai omnes incede t
funt enim faciles vU ,.
neque paupertatem fjo-
tes obtendere ; qiiin-
pofjîi iram depontre y
humiUtatem piA te
ferre , ajfiduè precari
O* peccata damnare^
116.
Trière dans,
H y en a qui difent ; Il eft
rEslife^^l"^^'^^^ que nous ne fçaurions
ffficarl ^ "^oiiir le fermon & l'initrudion
que dansTEslifei mais nous
pouvons aum bien prier Dieu
dans nos maifons. Vous vous
Xrompez , mes frères , & vous
êtes dans une grande erreur
fur cela. Car encore que vous
ayez la liberté de prier Dieu
dans vos maifons, ileftim-
poffible d'y prier aufli bien
<îue dans l'Eglife , où vous
êtes animé par la fainte fp-
cieté des FidwIIes , & où vo-
tre voix étant mêlée avec les
leurs j monte bien plus fa-
cilement jufqii'aux oreilles
de Dieu. Et aifurément il y
a bien de la différence entre
prier feul , ou prier avec vos
frères. Car alors votre prière
eft accompagnée de beaucoup
d'autres avantages & d'autres
biens ^ fçavoii de la commu-
nion & de la concorde , d'un
Concours mutuel de dikdion
Homil. 28. De
incomprehenlibili
Dei naturà. orar»
3. Orare vel domi
poffttmtii dicunt , fed.
hûmiliam doflrinam-
que audire non nijl in
Ecclejia pcjfumus. Te
homo decipis ^ ma^
gno in errore verfaris»
Nam etjîdomi quoque
datur orandifucvtltas >
tamen fieri non po-^
uft ut tam hene domi
ores y quàm in Eccle-
fà 5 uhi damor felici
focietate excitus, ad
Deum immortalem
refertur : non pariten
exoras cùm foins Do»
minum ohfecras , ai'
que tuis cumfralrihus.
£/? enim in hoc pins
aliquid vide'icet con'
çordia y. confptratio
amoris C7' charttatis y
facerdotum prtcgi > ui
AU 1? E U P
^dpuli orationes qu£
infirmioresper fefitnti
validiores il'as tom~
plex£ Jîmul in coclum
evehantur. Addeqtéod
nilfruâlui capi ex fjo-
milia potefl nifî oratio
adjf*ngati*r.
Tempore iïlo non
folum hominei clamo-
rem illum tremendum
reddunt i fed etiam
Angeli Domino 7enu
fiehunt , Cr Archan-
geli orant > hahent
fibi tempui id ido-
ne»m -, habent facram
illam ohUiiomm in
favore . . - liaque
4*t homines ramos
oîearum gerentes mo'
X)ere Refes confueve^
rmt i fie Angeli tune
fro ramis oleaginis
carpus 'Domini ipfitm
protendentes , rogunt
pro génère humano
^uafi dicant : Pro his
Domine rogamm ,
quoi tf* adeo dilexifti
tt$ pro eerum fiUttc
iir;
Efficace de
L E D'A N T I O C H E, 6t
& de charité -, de l'union des
prières des Prêtres , qui fc
joignant comme plus fortes
aux oraifons des fimples fi-
délies, qui par elles-mêmes
font plus foibles , les ap-
ptiyent & leur communi-
quent la force de s'élever juf-
ques au Trône de Dieu tout-
puiffant. Outre que les fer-
mons ne fçauroient produire
de fruit , s'ils ne font fuivis
de la prière.
Pendant qu'on célèbre les
facrés miftéres , non feule-
ment les hommes chantent la prière peu-
avec une crainte refpedueu- dantia Mcf'»
h y mais les Anges fe pro-^^*
fternent auffi devant le Sei-
gneur, les Archanges prient,
& ils eftiment que ce temps
eft le plus favorable pour s'a-
drelfer à fa divine raajefté , - ^ 7
lor«,«'il. font appuyé's par ^^J^^'
c^tte viarme facree qui eft
offerte. Et en effet , comme
ks hommes ont accoutumé
d'élever en la préfence des
Rois de la terre des rameaux
d'oliviers , qu'ils tiennent à
la main, pour leur remettre
en mémoire la mifericorde
& la clémence : de même i
ce moment les Anges préfeti-
tant à Dieu , au heu de ra-
meaux d'oliviers , le corjfs
lg» D E s H O M E
même de J. C. le prient en
faveur des hommes , comme
s'ils difoient , Seigneur , nous
vous prions pour ceux que
vous avez aimés jufqu'à ce
point que d'avoir foutfert la
. mort fur une Croix pour leur
falut y nous vous fupplïons
pour ceux pour qui vous avez
bien voulu vous-même don-
ner votre fang : & nous im-
plorons votre bonté en fa-
veur de ceux pour qui vous
avez immolé ce même corps.
En même temps le Diacre
fait approcher \&s pofTedés ,
& leur commande de baiflcr
la tête, & de prier en cette
pofture. Car ne leur étant pas
permis de prier avec les au-
tres fidelles , on les amené
dans ce moment en votre pré-
fence , afin qu'ayant pitié de
ce qu'ils font fi miferable-
ment tourmentés , & de ce
qu'ils ne peuvent vous parler
eux- ménies , vous employiez
votre pouvoir pour \&s foula-
ge r.
II 8. Ce Tit& pas fans raifon
Application qu'a été inftituée cette ex-
â Dieu pen- hortation que le Diacre fait
^ant le facri- ^ ^^^^ ^^j gf^fteat aux faints
miftéres : Leve':^votti ; mais
c'eft pour nous obhger à éle-
ver nos penfées , qui font
LIES
in cruce mortem ohi^
res : pro Us fuf'plica-
mus , pro quibus i^fe
tuum largiris fangui-
nem : pro his oramus ,
pro quibus corpus hoc
immoUpi. Agitatoi
quoque oh eam rem
Diaconus tempore illa
adducit , C^ juhet tan-
tum caput indtnare ,
aîque illo eorporisge-
Jfi* fiitphcare. Càm
enim eos unà cumfra-
tribus orare non li-
ceat i adducit eos , ut
tH miferatus , CT* quià
tàm acerbe vexantur ,
C^quià vocem rcddere
nequeunt , tua facuU
tate ad eorum utarii
defenjïottem C^ rtMJC*-
lium.
ficc.
Homil. 19 de
incompr. Dei nat.
4. Haud frujirâ ejl
Diaconi ijîa exhorta-
tio, Eredi ftemus
honeftè ,• fed ut no-
J^r4S repentes humk
AU Pe U P
C9gîtationei erigere-
tnus i Ht animum no-
Jirum ffrejjltm y demtf'
fi*m, faugatmn re-
rum bumanarum cu-
ra j rejeéïa omni ejuf-
ntodifollicitudine , e-
reclftm , recreatum ,
Deo immortaU repr^"
fentaremus.
Nemo anima re-^
folttto facras illas O*
myjlicas laudes ineat j
nemo rerum vit<e hu^
man£ confiUa tllo tem-
pore volutet , fed in
calum quifqt*e fe
transférât , utpote o^i
fropinquus folio glori<e
ftet» CiT* cum Sera-
phim volttet , atque
ità laudem fan^ltfjt-
mam referai Jummo ,
opttmç y gloriofiffimo
Deo.
Quoties tihi damon
aurum vel per fû-
tes , vel per quafvis
artes auferat , facile
patere , CT* grattas
âge Domino, Ità enim
plus pojjls lucrari
quàm amiferis » O*
L E D^ A N T I O C H E. 6^
comme attachées à la terre ,
& à réveiller notre ame ab-
batué, languiflante & fati-
guée des foins du iîécle , afin
qu'ayant fecoiié toute cette
vaine foUicitiide , elle fe por- ,
te plus légèrement a Dieu
immortel.
Que perlonne ne chante
avec inditFerence & avec tié-
deur ces mylHques & facrées
louanges ; que perfonne dans
le temps de la célébration des
divins myftéres ne roule dans
fon efpric des delleins du
monde j mais que chacun s'é-
lève au Ciel en efprit , le
confidérant comme en pré-
fence de la majefté divine , &
comme aiîiftant avec les Sé-
raphins devant le Trône de fa
gloire : & c'eft en cet état
qu'on peut rendre à Dieu lou-
verainement bon & glorieux,
les loiianges infinies qui lui
font dues.
Toutes les fois que le dé-
mon vous fait perdre du bien ,
foitparles voleurs, foit par
quelqu'autre occafîon que ce
ioit , fouffrez-le patiemment ,
& rendez-en grâces au Sei-
gneur.Car de cette forte vous
y gagnerez bien plus que.
119-
Attentîoa
& ferveur
pendant les
faints OÊ-
ces.
120,
Souffrir pa-
tiemnaent U
perte desi
biens.
^4 Des Home
vous n'y aurez perdu ; & vous
ferez tout à la fois deux blef-
fures à votre ennemi, l'une
en ce que tous aurez fupporté
, cette perte fans beaucoup de
peine, & l'autre en ce que
vous en aurez remercié Dieu.
Les prières font des armes
ïii» merveilleufes , des tréfors in-
Efficace de épuifables , des ports aflurés.
U prière hû- £j gj^fj^ ^^ ç^^^ jes caufcs, les
principes, les fourres^ &Jes
racines de tous les biens.
Mais je ne prétens pas par-
ler des prières lâches , foi-
bles , & indifférentes j j'en-
tens des prières vives, qui
partent d'une ame pénétrée
du regret de Tes péchés , &
d'un cœur véritablement con-
trit. Car ce font-là les feules
prières qui ont la vertu de
6'élever jufqu'auCieL
blePc ferven-
te.
LIES
duplex vtiînui hopi
infligas ; CT* quià non
éigrè tnlifli , CT* qmà
graùai Domino egtfli^
Hom. 30. dein-
comp. Dei nat. 5^.
Af>tifjlma arma ora^
tio ejî , thefaurus per*
petttus , portus quie-
t'As 5 denique autor ,
parens , fom CT* r^-
dix bonorum omnium
oratio efî . . . Ora-
tionem Autem dico ,
non tenuem illam O*
dejîdiofam s fed q»x
intenta ex animo do-
lente CT* corde contri-
to prtffîcifcatur. H<ec
enim eji qu£ in C£Îum
fcandere valeat.
Ilî
Vous défiez vous de vous»
Prier avec mêmerCela feul de VOUS efti-
Hne fâinte mer indigne d'avoir de la
«âince, confiance, eft un grand fujet
de vous confier : comme au
contraire la penfée que vous
avez raifon d'agir auprès de
Dieu avec confiance • eft une
-grande raifon d'être condam-
né de lui. Car quoique vous
travailliez à faire de bonnes
bi^difne ? Magna
idipfftm ad confiden-
dum facultas , fi
te arhitrarrs mérita
carere fidendi facul-
tate i ut contra fum-
mus pudor , fumma
conâemnandi ratio ,
fi te arbitreris po/Je
fidenter agere. Quan*
5»4W enim mu! ta en
A u Peup
9J^cio feceris , quan-
qttain nulltus tibi fn
con/iihs malt i mod»
putes agere pojfe libe-
rèf omni ^radu ora-
tionis continua déci-
des. Contra fi onera
con/cientU innnmera-
hilia Jufïmes , pecca-
tii fummis gravaris >
modo illud unttmpeT'
fuaftm fit tibi te om-
nium ej]e minimum ,
mtrificè tibi animm
fidendi apttd Deum
prtefiabttttr.
Quanquam id nulla
Humilitas efi , ut cum
peccator fis , peccato-
t-em te opineris i /?«-
militas enim efi , qjto-
ties rerum praclara^
rum fibi confciM , nu-
hil magni de Jeipfo
exifUmat .... Hoc
efi humtUtas , fi te
excelfiim per virtutum
ofiicia , humilem per
opinionem reddas /
Deus tamen pro fuâ
ineffubili humanitate^
nonfolum modeflos il"
lûiO* humiles , fid eos
Xom. L
LE d'Aktiochb. 6$
oeuvres , & que vous ne vous
fentiez coupable d'aucun mal,
il vous vous perfuadez de pou-
voir agir avec Dieu avec tou-
te forte de confiance & de li-
berté , vous ferez bientôt pri-
vés de toute la grâce & de
tout le fruit de la prière. Que
fi au contraire vous relfentez
la pefanteur d'une infinité de
fardeaux dont eft chargée vo-
confcience -, fi vous vous
trouvez comme accablés fous
le poids de vos péchés, &{i
vous vous confiderez comme
le moindre des fidelles , il eft
certain que ces difpofitions
vous procurerontune confian-
ce incroyable devant Dieu.
Ce n'eft pas propremerït
humilité , lorfqu'étant pér
chetir vous reconnoiifez que ^raye humi»
vous l'êtes : mais l'humilité^"*»
confifte à ne point concevoir
de haute, eftime de foi -mê-
me 5 lorfqu'on a fait quelque
adion grande & éclatante.
L'humilité confifte à s'abaif*
fer dans fa propre eftime ^
lorfqu'on eft élevé par fa ver*-
ttti Dieu néanmoins eft fi bont^
qu'il ne laifle pas de rece-
voir , d'embralfer y & de
traiter avec douceur, non;
feulement ces ameshumbles->
^modeftes, mais auHi.cdlc9^^
F,
"3-
Quelle sa !a
€6 Des Ho me
qui font criminelles , quand
elles fe reconnoillent devant
lui chargées de péchés.
J ES us-C H R I ST ne dit
Charité, ca- P*^^ ^ ^^^^"^'^ : Renoncez à ce
radére des que VOUS avez , exercez- vous
Paileurs. au jeûne , macérez votre
chair par les mortihcacions,
reflu (citez des morts ', mais
Si vous maimey^ P^^J]'^^ ^^^
brebis»
124.
12^
l'amour
I>ieu.
Rien ne marque tant fi
Amour du "ous fommes fidelles à J e-
prochain , SUS-ChRIST, &fi noUS
marque de l'aimons , que le foin que
^^ nous pienons de nos frères ,
& la loilicitude que nous té-
moignons pour notre falut.
Les Religieux doivent ai-
Comment ^^r autant qu'ils le peuvent
les Religieux lesEvéques, & adoucir leurs
peines par leurs prières , leur
union & leur charité : fça-
chant que s'ils n'afliftent en
toutes les manières qu'il leur
eft poiTible , ceux qui s'expo-
fent à tant de dangers, & qui
fupportent tant de foins &
^'embarras pour l'amour de
Dieu ; quoique leurs habi-
tations lolitaires foient fort
éloignées du monde , le rè-
glement de leur vie ne durera
12^.
doivent ai
der bs ,Evê
ijues.
LIES
etiam qui/ua c^nfitefi*-
tur peccata , rectpit ,
ampltflitury benignif-
Jîmè trafiat.
Homil. 31. De
beato Philogonia.
Non dixit Chrijlfisad
Petrum : Abjice pecu-
fitas , jejunium exer-
ce , macéra te lubori-
bus, mortuoi excita y
fed dictt lia , Si di-
ligis me, pafce o-
ves meas.
Nihil perindè de*-
clarat quis Jit fidelii
Zy amans Chrijfi ■»
quam fi fratrum cu-
ram agat , promue il-
lorum falnte geratfol'
iicititdinem.
Monaihi pro ziri"
bus Ecclefiarum pra-
feBos adjuvent , ho^
rttmque curas leniant ,
precibus , concordia y
charitate ; fcientes
quodnifi modis omni'
bus cpilulentur iis qui
tôt periculii objtctun'
tur per gratiam Des,
totque negotiorum cu-
ras fu^inent ; quan-
quàm proctil habitant
tes <jy vttx fors ipfis
pertbif}<P'îot4infc9^
AU P E UP L
fulum êmpinget fa-
fientia,
Magi ex Perjîde
occurritnt ut Videant
in pr<zfepi jacentem :
CT* nosjiium fide ac-
eejjerimus , procul da-
tio vtdtibimus illum
jacentem in prafepi.
Siquidcm hxc m^nfa
Vtcem explet pr<effpii.
Nam CT* hk poniiur
corpus Dorninictim ,
non quidsm fafciis in-
Vohitum Jîcuii tune ,
fed undèqttaque Spirt-
tu funfio convejïiium
.... At Magi cjHt-
dem nihil aliuà quàm
adorarunt : tibi vero
fi cum pur a acccjjeris
tonfct-enttâ , permttti^
tttr Ht fumas , zsrfum-
pto domum aheas . . .
Ohtulerunt tUi aurttm ,
ejfer tu temperantiam
aevirtutem : llli thus^
tu puras precei : ilU
wyrrham , ttthumili-
tatem C7' cor fuhmif-
fum mm deemofyna.
ffcçatrh UU
127.
Adorer J.C*
fur l'Autel »
ôc s'oftrir a,-*
vec lui.
E D*A N T I O C H E. 67
pas long tems , & toute leur
fagelle & leur piété eit fort en
danger de faire naufrage.
Les Mages quittèrent la
Perfe pour venir voir Jésus
couché dans une érable : &
nous , il nous nous appro-
chons avec foi de cet autel ^
nous le verrons certainement
couche de même dans une
crèche , puifque cette table „ 5^"*''^ ^'^
lamtc fert au même ufage , ^''^"^'"^*
& qu'on y fait aufli repofer
le corps du Seigneur j non
plus enveloppé de langes ^
comme alors , mais environ-
né de toutes parts du S. EC-
prit. Les Mages ayant trou*,
vé Jesus-Christ ne
firent que l'adorer : mais
pour vous j (ï vous en appro-
chez avec une confcience
pure, on vous. permet de lê
recevoir , & puis de l'em-
porter en votre maifon. Les
Mages lui préfentérent de
Tor , offrez-lui la tempéran-
ce & la vertu. Ils lui prélèn»
terent de l'encens , offrez-
lui des prières pures : ils lia
prefentércnt de la myrrhe 3,
offrez- lui l'humilité d'un
cœur fournis , 3c accompa-
gnez cette offrande de voft
aumônes.
^ La feiimie péchertlfe fe:
Fij
6g De s h o m
^ j. fervit dans fa pénitence com-
- . / . me de remèdes pour la gué-
Faire lervir ., . ^ , ,», i ° -v
a h péniten- ^^^<^" ^^ ^"=5 pèches , des niè-
ce ce qui a mes choies dont elle s'écoit
fervi au pé- auparavant fervie pour fe-
cbi. duire les hommes. Ses yeux
qui avoient attiré fur elle
les regards des impudiques,
fondirent en larmes : les che-
veux qu'elle avoit ajuftés
avec tant d'art pour exciter
les autres au péché , lui fer-
virent a elfuyer les pieds de
Jésus. Imitez donc ion e-
xemple , fervez-vous des
mêmes chofes par lefquelles
vous vous étiez attiré la co-
lère de j. C. à vous le rendre
favorable. Vous aviez provo-
qué l'indignation divine par
des richelies mal-acquifes ;
attirez vous la bienveillance
par un ulage contraire , fça-
voiren reitituant ce qui avoit
été mal acquis, & en y ad-
joutant beaucoup au delà
pour l'employer en aumônes.
Dites comme Zachée : ^e
rejiftué au quadruple ce que pai
fns. Vous avez irrité Dieu
par des injures qu'a pro-
férées votre langue , appai-
fez-le par les prières pures
que cette même langue for-
mera j par des bénédidions
que You$ donaçrsi. g çsu:^
ELI ES
per qu£ decéperat ho^»^
mtnes , per eaiem pa-
ravit remédia pœni-
tentix : per qu£ avo"
carat octélos intempe''
rantium -.per h<ec emi*
fit lachrymui : per ca-
pilloi arte compofitoi
multos illexerat ai
peccatum y per eofdem
pedes abperfit Chrijli
.... Proindè CT tié
nitnc , quihm rebui
provocajli Deum , pet
has rnrfi^m facif
propitium. ProvocafH
illum pecuniarum ra-f
pina , per eafdem tl-r
lum reconcilia : quum-
que C?* rapta reftitue^
ris , CT* alia infuper
addiderh » dtcitojux^
ta Zachxum : Reddo
omnia qus rapui ,
quadruplum. Pro-"
vocajli imgua O" ma-
ledicentia , vicijjtm
lingua placJta , puras
emitiens preces , he~
nedicens maledicentis'
bus, lauâans vituper*
tantes , grattas agent
injmam ajfermibus.
A U P BU ?
Nunc mtthl Chri-
flianorum in tantam
Vecordiam , tantum-
que vénère contemp-
Utm i ut cum innume^
ris fcateant malts ,
nullam tamen vita/ua
curam habeant : fed
in diebus fefiis negli^
genter ac temerè ad
menfam hanc acce^
dunt : hattd inteHtgen^
les , quod commttnio'
nis tempus non ejife-
flum nsque celebritas ,
fed confcienlia pur a ,
vitaque àpeccatis re-
furgata, Sicut enim
qui fibi nttlUrn efi
confcius malt , hune
oportet fingults diebus
accedere i fie quipec-
cutis occupatus efi ,
nec pœnitet , et*m ne
infefiis qttidem acce-
dere ttitum efi. Ne-
que enimfemel in an-
no accedere » libérât
nos à peccatis fi indi-
gne accefjerimm l
gmnboc ipfitmpoths
L E D*A N T 10 C H B. 6'9
qui vous maud. lient 5 parles
louanges que vousrendiei à
ceux qui vousblament, & par
les aétions de grâces dont
vous vengerez vos injures.
Plufieurs d'entre les Chré* j^.^,
ftiens en ibnt venus jufqu'à Se préparer
un tel point d'infenfibilité , par h péni-
& à un tel mépris des chofes tence à la
de Dieu , qu'étant chargés coramunioa,
d'uneinfinité de péchés, ils
n'ont toutes fois aucun foia
de changer de vie, & s'ap-
prochent de cette T^ble fa-
crée avec autant de témérité
que de négligence : ne confîî-
derant point que ce n'eft pas
la folemnité des feftes qui
doit régler le tenips auquel
il faut communier j mais la
netteté de la confcience, &
l'innocence d'une vie qui a
été purifiée de Tes péchesi
Car comme celui qui ne Te
fent coupable d'aucune ini-^
quité , doit communier tous
les jours j celui au contraire
qui a péché & n'en fait pas
pénitence , ne le peut faire
avec fureté , même dans les
jours de fêtes. Et il ne faut
pas nous imaginer que nous
foyons exemts de péché , à
caufe que nous ne commuj-
nions qu'une fois l'année |
ii.alors Qous cominunions ing
7& Des Homélies
dignement j puiiqu'au con- auget àamnaùonem y
traire nous fommes d'autant quoi cUm femel tan^
plus coupables, que ne com- tum accedamus , ne
muniant qu'une feule fois 5^ tum quidem pure ac-
nous n'avons pas même le cedimus. Qt*aprcpter
foin de le faire avec la pu- adhortor vos cmnes y
reté que nous le devons. Je ne negligenter ^veluù
vous exhorte donc tous tant fejfo cogente ad divina
que vous êtes, de ne vous m^fleriaaccedatisijed
pas approcher des divins my- J; quando parahitts
iieres avec négligence , & hujus facrx hojit/efie-
comme fi la feule rencontre ri participes , multis
de la fefte vous y obligeoit : antè dithm repurgetis
mais quand vous voudrez vos ipfosper panitert"
vous préparer à recevoir tiam, precationemçy
X'hoftie facrée y je vous con- eUemoJînarn , denique
jure d'avoir loin de vous pu- perhoc ut vacetisjpi-
rifier plufieurs jours aupara- ritualibus , nec denuo
vant par la pénitence , par la convertamini canis in
prière , par l'aumône , & par morem ad proprium
une application afïidue aux vomitum,
chofes fpirituelles , afin que
vous ne retourniez pas de
nouveau comme des chiens ,
ainfî que parle l'Ecriture , à
votre propre vomiilement.
130. ^^ fçavcz-vous pas que An mfckis quod
N'approcher cette table eil couverte dPun hac menfa plena efi
qu'avec pu feu tout fpirituel ? N'y por- igm [pintuali ? Ne
reté de l'Eu- tg-^ donc pas de la. paille , di* igitur accefjeris P'pt*'
ckariftie, ^^^-^ ^ „j ^^ ^^in , de peur d*ac- lam adferens , non H,
croître l'embrafemenc , & de gna , non fanum nt
brûler votre amc en vous augeas incendtum ,
en approchant pour commu- txurafque animamai
jiier : mais portez-y plutoft communtonem acce-
^5 pieueries, de l'or? (le dmm : fid atadefs'
AU Peu p
rem lapides pretiofoi y
éiurum , argent um ,
ÇMO pHriorem reddas
materiam , muhoqtte
cttm lucro difcedus.
Habet quis inimi-
€um, jolvat Jlmulta-
tem . , . Regemex-
cepturus es psr corn-
tnunionem , cportet
magnam effe tranquil-
litatem , multumqtte
JiUmium. Std atro-
eiter Ufus es , nec po-
tes iram remittere.
Qtndigimr , te ipfum
gravnis Indes ? llle te
contumelta ajfecit ;
num tu idel Deum af'
ficies coiitumeliâ ? E-
tenim non reiipere in
graiiam eam qui mo-
lejfiam attitln , non
tam eji illum ulcifci ,
quàm Deum affkere
contHineliâ , legishn-
ftts autorempYtecifien-
tis ut inimicis reconci-
Hemur , priu/qn^m
Mccedamus ad altare.
Homil. ^1. De
confublhnt. Oratia
forWi tempeflats /<ife
L E d' A N T I O C H E. f r
l'argent , atîn d'y acquérir
une nouvelle pureté , & d'en
remporter beaucoup de fruif
Si quelqu'un a un ennemi ^3^' .
qui Taitoftenlé, qu'il étouffe ij.f^'yerfêr
Ion reilentimenc : C5r en ennemis a-
communiant vous devez re- vantlacom-
cevoir votre Roi , qui veut mumon.
trouver dans votre ame une
grande tranquillité & une
protonde paix. Vous me
direz peutécre qu'on vous a
fait une injure atroce , &
que vous ne pouvez ou-
blier : mais faut- il pour cela
que vous vous en falîiez une '
beaucoup plus grande à vous-
même ? Si votre ennemi vous
a outragé y cela vous doit- il
obliger à outrager votre
Dieu ? C2V il faut que vous
fçachiezj qu'en ne pardon-
nant pas à celui qui vous a
offenlé , vous ne vous ven-
gez pas tant de lui, quevous^
outragez Dieu même , qui
eft l'auteur de la loi , & qui
nous oblige à nous réconci-
lier avec nos ennemis , avant
que de nous approcher de
l'autel. 2 5 2^^
La prière eft un port favo- Avantage»
rable à ceux qui font battus^^l^P'ieiej
de la tempéce ^ une ancre
"Qtilité
l'aumône.
At
7a D E s H O M
pour C€UX qui font agités des
flots, un bâton pour appuyer
ceux qui ibnt chanœlans , un
trélbr pour ceux qui font pau-
vres, une aifurance pour ceux
qui font riches, un remède
pour ceux qui font malades ^
un préfervatif pour ceux qui
fonclains. Quand onleroitle
plus pauvre de tous les hom-
mes, fi l'on Içait bien prier
Dieu, l'on eft trop riche :com-
meau contraire, quand on fe-
roit élevé jufquesfur le trô-
ne royal , fi l'on néglige ,
ou fi l'on eft incapable de
prier , on eft Ciéi-pauvre.
Ne regardez pas l'aumône
comme une perte , mais
comme un gain i ni comme
une dépenfe, mais comme
un commerce : car vous en
recevez plus que vous n'y
avez mis. Vous ne donnez
que du pain , & vous rece-
vez la vie éternelle j vous'
ne donnez quedes vêtemens
qui s'ufent , & vous recevrez
le veitement de Timmortali-
té : vous ne donnez qu'une
place fous le toit de votre
maifon , &L vous recevrez le
Royaume mefme du Giel ,
vous ne donnez que des cho-
ies pafîageres i$c périlfables ,
&L vous en recevrez de pcX"?
jnancnces ^ d'éceineUc^»
EL I E S
anchora , fcipio titu-
hantihus , pauperuny
tijejaurm , diViîttm ft"
curitas , morborum
cttratio j cujfodia fa-
nitatis . . . Qui di»
Itgenter potejl or are y
lieet Jît omnium pau-
perrimus , tamen ont'
nium efl diufjîriïus s
at qui oratione rursùs^
deflitutus eji , licei in
ipfo regio throno fe-
deat * omnium eJïpaU'^
perrimus,.
De pctitione fil.
Zebedei. JVe cenfeai^
eleemofynam impen*
fam ejje , fed provenu
tum ; neque fumplum,
fed negoùationem :
majora qutppè recipis
quàm des ^ dai panem
C^recipti vitam ater-
nam j dai veflem C7*
immort alitait s recipis
indumentum j das ie-
fîi commumotjem y
Ç^ recipis regnum c<e-
lorum i prabes qu<e
pereunt , CT* quaper"
petHo permanent ' <w«-
çipis, ■
A u Peu
Cttm pauper es , po-
tes eleemofynam im^
fertiri . . . No» enim
fro fubjianti<e menfié-
ray fed pro animi con-
Jiltique menfura fo"
Ut eleemoJyn<e moius
prtefiribi . . . Pauper
es ^ at illa vidtta non
egentior , qux iivites
îongo intervallo fupe-
ravit.
Homil. 3^ adv.
Jud. or. 2 .Quemaà-
modùm medicusfraflo
vafe agrotum cohibet
ab intempejiivofrigi'
di potui appétits i fie
O* Deus everfa civi-
tate Jerufalem ... in
^thtfola licet immola-
re , Jitd^os à facrifi-
ciis abduxit.
Ne dixeritis quid
mea refert ? Dominus
propter nos mortuus
eji i tu vero nefermo^
nem quidcm profers ?
. . . îhtotiesjfrater e(î
ad meliora revocan-
dus, eiiamfi vita fit
impendenda , non re-
fhjhbfs.
Toml.
,LE D*AnT10C HE. 7J
Lors même que vous ^tes
pauvre , vous ne laiflez pas
de pouvoir faire l'aumône,
Car Dieu n'en mefure pas le
mérite par la grandeur des
fommcs que Ton diltribuè,
mais par la difpofition du
cœur de celui qui donne. En-
core que vous fbyez pauvre ,
vous l'êtes encore moins que
cette Veuve de l'Evangile ,
qui furpafl'a de beaucoup en
libéralité ks plus riches.
Comme un Médecin en
caflant un verre plein d'eau
froide, empêche un malade
de le boire dans un temps que
cette boilTon lui feroit mal 5
Ainfi Dieu a ruiné de fond
en comble la ville de Jerufa-
lem 5 dans laquelle feule i|
étoit permis aux Juifs par Iz
loi de facrifier , afin de leur
interdire leurs facrifices.
Ne dites point : Que m'im-
porte que les autres pèchent ?
Le Seigneur a donné la vie
pour les hommes , & vous
refufez jufqu'à vos parolles
pour leur falut ? Cependant
fçachez que dans toutes les
occafions qui fepréfentent de
contribuer à la converfion
de votre frère , quand même
il faudroit pour cela donner
votre vie, vousle devez faire.
G
154:
Les plui
pauvres peu-
vent faire
l'aumônC)
Les facnh-
cea des ]ui£s
détruits avec
Jerufâlcm»
Mi-
Soin du £à«
lut du
chaiI^
pro«
«?4 Des Ho m e l i e s
15 7; Quoiqu'il y ait à foufFrir , Et Jt quid molejllus
Correûion expofons-nous à toutes cho - -^ ■
a toutes c
firaternelle. {çs pour gagner nos frères.
Pour affifter des frénétiques,
nous fouô'rons bien les coups
«qu'ils nous donnent 3 & les in-
jures qu'ils nous difent. Nous
devrions donc rougir de hon-
te de voir qu'on prend tant
àe foin du falut des corps ,
pendant que nous en prenons
îî peu du falut de tant d'ames
que nous laiifons périrdevant
nos yeux ,• comme fi la corru-
ption de nos propres mem-
bres ne nous apportoit aucun
dommage. Quand votre frè-
re en devroit devenir votre
ennemi, ne laiflezpasde le
corriger , puifque vous en
acquererez l'amitié de Dieu ,
.& de grandes récompenfes
dans le dernier jour.
'ijS* Nul ne fçsuroit bien faire
Point de fon falut ^ s'il néglige celui
f;ilut. pour ^^ç^^ prochain. & la dilc-
négligeons f^^n^^ llj"\ ^<>^n ce qui a
celui de notre fait dire a 1 Apoltre : Que
frère. perfonne ne cherche /on intérêt^
propre , mais plutôt celui d' au-
trui.
■ Utilité de. ^^ raffiftance que l'on don-
Vauwônc, ne feulement aux corps par
fujferendum , omma
faciamui ut illos re-
cuperemiéi. J£grotos
ferimus > calcibus fe-
rientei , conviais in-
cejjentes . . . Qui fit
igitur , ut qui corpo-
ribus confulunt , tanta
Vtantur ddigentiâ *
nos tôt animahui pé*'
reuntibus cejjemus 5
quafi exijlimemus ni'
hil accidere grave
cùm memhra nofira
pulrefcmt ... Si illê
fiât inimicus » Deus
tibi eji amicus , ma-
gnifique in illo die bo'
nis te remunerabitur»
Hom. 38. adv.
Jud. orat. J. Nemo
fiuum ipfiius negotium
reéjè gerere potefi ,
negleÛa proximi di~
leàione CT* fialule ;
propter hoc Z^ Paulus
ait i Nemo quod
fuum eft quaîrat ,
fcd quifque quod
alterius.
Si ubi pecunîa in*
fiumitur , tôt funf co*
AU P E U P
foWif >• uhtjuvatur a-
nima , ijuïfieripotejl^
ut non multa ma^nâ-
que nobis canttn^ant
fona ? Si Tabithii ,
lachryrme eorum qui
heneficiis affeUi fue-
Tant 5 étnimam in cor-
pus reduxerunt , cùtn
vondum veniffet re~
furrefiio ; quidfucient
hominum lachrynue.
fer te fervatorum ?
Hom 3^. orat.
6. Ne dixeris , hoc il-
U dixi j apud te ipfmn
tontine verbttm :
quemadmodum enim
tu non poiuifii conti-
nere verbum , ità
nec ille poterit tace-
re.
Molefia 'efl febris ;
verùm oppone ilU in-
c^ndtum gehennx 5
quod ejjurrtei omnino ,
fi volueris tjïam fe-
iretn cum omni tolé-
ra» tiaperf erre, Refru-
ta tecum quàm multa
•paffi funt Apojioli y
conjîdera juflos perpé-
tue in affli^tombui
fu^e.
Prûptereà Chrijiia-
140.
Garder le
fecrec inviQ-»
L E d' A N T I O C H E. 7jr
les aumônes , nous procure
auprès de Dieu tant de ré-
compenles , quelles couron-
nes n'en recevrons - nous
point fi nous afliftons les »■
mes ? Si les larmes de ceux
dont la fainte veuve Tabitha
avoit foulage lamilere, ont
eu la vertu de rappeler fou
ame dans fon corps avant la
réfurredion dernière j que ne
feront point un jour pour
vous les larmes de ceux à qui
vous aurez procuré le falut ?
Ne me dites pas d'une cho-
fe fecrette qu'il ne faut pas
divulguer ; Je ne l'ai dite i^^JJ^^^'^;
qu a un tel : car comme vous
n'avez pu vous empêcher de
la dire , il efi bien à craindre
que celui à qui vous l'avez
dite, ne la dife aufli.
Si la fièvre que vousfouf- '4Ï»
frez eft bien fâcheufe , oppo- . Souffrirp-^-
fez-lui l'm.age du feu de l'en- tT^^Z
fer i & penfez que fi vous fe„s , en vûë-
fupportez patiemment le mal des maux Se
delafiévre, vous éviterez un des biens à
jour celui de l'enfer. Repre- '^^""»
fentez vous encore combien
de peines ont foufFert Us
Saints Apôtres , & que Us
juftes ont de tout temps paffé
par répreuve àts afflidions^
Vous n'êtes Chrétien. que
Ï4Î-
Ce que c'eft
qu'être Chré
tien.
143-
Convernon
des âmes ,
combien a-
yanugeufe.
144.
'L'aumône
bC les pertes ,
trcfor des ju.
Culte &c in«
T»ca£ion des
Kliques des
Martyrs.
Contre les
Uéréniues.
f6 Des Home
pour imiter Jésus - Christ ,
& pour accomplir Tes loix par
yos adions.
Une feule a me que nous
aurons gagnée à Jésus-
Christ peut eftacer en
nous une inHnité de péchés ;
& être le prix de la rédem»
ption de notre ame.
Non feulement l'argent
que nous aurons donné en
aumône fera transféré pour
nous dans le Ciel , mais tous
les biens que les ennemis de
la foi , & les perfecuteurs des
gens de bien nous auront ra-
vis , ferviront à grofllr à no-
tre profit ce tréfor celeile.
Vifîtons fbuvent les Mar-
tyrs j touchons leurs chafles ,
& baifons avec foi leurs fain-
tes reliques , afin d'en rece-
voir de la bénédidion. Car
comme les foldats parlent
plus hardiment à l'Empe-
reur quand ils lui décou-
rrent les bleffur^s qu'ils ont
/reçues à la guerre pour fon
fervice : de même les faints
martyrs en apportant aux
pieds de Jesus*Curi$t
LIES
nus es, ut Chrijtum
imiterts , ejtifque le-
gibus operum exhibi"
tione pareas.
Una anima quant
lucrati fuerimus , po-
teji innumerabtlium
peccatorum pondus 4-
bolere , anim£que re-
dimenda fieri pre»
tittm.
Homil. 40. in
Juvent. & Max.
marty. Non ilU tan-
tum opes , qt4as elee-
mofyn£ nomine dif^
penàimus , transfe-
rwitur incilum î fed
etiam quafcumque
nobis hoflesfidei pio"
rtimque perfecutoret
rapiunt , illic thcfau^
ri erunt.
S.ipè Martyres in-
vifamus , capfulam
atttngi
magn
que fide reliquias eo»
rum complefiamur ,
ut indè benediflionem
aliquam ajjequamur,
Etenim Jîcut milites
vulnera qu£ inpr^liis
fibi infliêla , Kegi
montrantes , fidenter
loquuntur i ità & illi
abfe€lacapita in mt*
AU Peu
ttium afférentes , ^m<€-
cumque voltterint a-
pud Rcgem calortim
impetrare pojjunt.
Hom 4i. in S.
martyr. Ignat. Ma-
nus cicô n€mini
impofueris .. . .Si-
tut enim qui furiofo
Atque ehrio gladium
pr^ehet , quo ille fu-
rem pofleà facit co-
dent 3 is cxdis fujii'
net ct*lpam ; Jic qui
improhè viventi di-
gnitatii hujus exhihet
facultatem , totum
peccatorum tllius i-
gnem trahit fuper
Jkum caput.
Quod Chrijius im-
molatus , tantam pojî
mortem potentiam o-
flenderet , ut viven-
Uhui hominibui per^
fuaderet , pro fui no-
minii confejjïone , non
modo patrianij domos,
amicos , propinquos ,
O* vitam ipfam con-
temnendam , fed loco
pr<efentium Volu^ta-
tum , CT* verhera ^D*
pcricttla Cr mortem
ejfe fubeundam ; h^c
nm defunOp neqne in
Contre les
ordinations
ptE d'Antiochb; <^7
leurs têtes coupées pour le
téhioignage de la foi , en
obtiennent tout ce qu'ils dé-
firent.
N'impofe:^ pas trop tat les
mains à perjonne. Car comme
celui qui raetuneépéeà la
main il'un furieux ou d'un ^^ "**
yvrogne eft coupable des
meurtres que ce furieux com*
met ; de mefme celui qui par
l'ordination met la puiflance
fpirituelle entre les mains
d'un méchant homme , attire
fur fa propre tefte tout le feu
que mériteront les crimes
qu'il commettra.
Cette puiffance fi extraor- 147.
dinaire qu'a fait paroître Je- Progrès cfe
sus-Christ après avoir ^'^^^"S'^='
été crucifié, d'avoir perfua- P':'"^Vi'*
j / , ' . X . divinité df
de aux hommes qui vivoient t ^^
alors , de méprifer pour la
confefiion de fon nom , non
feulement leur pais , leurs
maifons , leurs parens & leurs
amis , mais même leur vie ;
& an lieu de rechercher les
plaifirs & les avantages de ce
monde , de s'y expofer aux
injures, aux tourmens , & à
la mort même. Ces effets,
dis-je , ne font pas ^ts œuvres
Giij
f& Des Hom-E
d'un homme mort & enfeveli
dans un tombeau , mais plu-
tôt d'un homme refîufcité &
plein de vie.
Ï48. Non feulement les corps
Vtrcu des des Saints , mais leurs tom-
K<eique5, ■ ■ -
beaux mêmes font remplis
d'une vertu (pirituelle. Et fi
Cofjtre Ui autrefois le feul attouche-
Uîréniues. jnent du fépulchre d'Elifée a
eu la vertu de reirufciter un
mort, à plus forte raifon un
femblable miracle fefera-t-il
encore en un temps auquel
la grâce a été répandue avec
plus d'abondance , & la vertu
de l'efprit de Dieu a été com-
muniquée avec plus de force
& de plénitude.
14p. Il eft aifé de pleurer avec
Faire fa joye ceux qui pleurent i mais il eil
du bonheur pj^j difficile de /^ réjoiiir avec
du prochain, ^^y^. qui font dans U joye. Car
la feule vue de la calamité
d'autrui eft capable de tou-
cher de compadîon un coeur
de pierre : mais la profperité
àts autres au contraire caufe
de l'envie dans feiprit de
ceux qui ne font pas bien
perfuadés de la philo(ophie
chrétienne, & amfi ne per-
met pas de prendre pa!t à
leurs joves. Et en effet,
comme la charité loint & ral-
lie les chofes qui font divi-
LIES
fepuîcbro degentis y./èd'
ejfts qui furrexiffet
ae viveret funt opéra,
Sanflorum non modo
ccrpora , fed C wo-
numenta fpirituali
gratia conferta fuîit,
Ntjmjî defutJÙîus £=»
Itftei fipulchrum con^
tingens ad 'Vttam w-
diit , multo magis id
fet hoc tempore qu&^
gratta finit uhiirior y
quo fpiritus major efi
vis.
Hom. 43. Lau-
datio Sandi Rom»
marty. Flere qutdsm
cum flentibus ejè
va de facile : gaude-
reautem cum gau-
dentibus non facile
admodàm . . . Nam.
ilHc qitidem ipfa ca~
lamitatts natura potefl
vel lapidem fie flere ad
commiferationem : hic
autem m rébus profpe'
ris invidia CT* Uvor
eum qui non valdè
philofophatur , non jT"
ttit effici focium volu'^
AU Pe U P
'ftatis. Nam quemai'
modïîm charitas ea
'cfu£ divifa funt con-
j»nglt C colligat j Jïc
etiam hw'tdia , ea
<j«x unita funt , divi-
dit. Quamohrem . . .
nthil (gquclivoris hune
tnorbum gravent ac
eurattt difftcilem ex-
frellit , atque cum iis
qui vivant in virtft-
te, gaudere.
Hom. 44.Dena-
tiv. Machab. Non
fartus , cjui nature
funt , fed educatio ,
mattes ftcit , qu£ eft
Voluntatis . . . Unde
'^Paulm 3 fi filios e-
nutrivit , non dixit ,
fipepertt , ut viduam
'honorificet CT* coronet.
In fana:. Lucian.
martyr. Homil. 4^.
*2Vo/* loci hujus fre*
'quentationem content
nere : fîve cnim n?œ-
ror aliquis negotium
faceffat , hic relega-
tur 'y Jlve aliéna à
ratione perturhationes
fedatttur. Aforo au-
tem O* theatris ac
céleris profanis con-
vsntibtts» maltts ac-
LE d'Antioche. 7^'
fées ; l'envie au contraire fe-
pare celles qui font le plus
étroitement unies. C'eft
pourquoi rien n'elt plus ca-
pable de remédier à ce mal
Il fâcheux & il opiniâtre de
l'envie 5 que de mêler fa joye
avec celle des perfonnes qui
vivent dans la pieté.
Ceft moins l'enfantement,
qui n'efl quHm effet de la
nature , que l'éducation ,
qui eft un effet de la volon-
té j qui vous fait proprement
les mères de vos enfans : d'où
vient que S. Paul pour loiisr
une veuve dit : Si elle a élevé
fesenfans , & non pas Ç\ elle
les a enfantés.
Ne négligez pas de viiSter
fouvent ces faints lieux oîï
repolent les corps des mar-
tyrs; car on en remporte la
confalation de toutes \qs af-
fîidions qu'on y a portées >-
& la paix de tous les trou-
bles dont nos efprits étoient
agitez Comme au contraire
du théâtre, du barreau, &
des autres affemblées profa-
nes , on s'en retourne d'ordi-
naire chez foi chargé d'uiie
G iiij
iro:
Education'
des enfans»
If T.
Viiites des
tombeaux
des Martyrs,
très-utiles.
Contre les-
Hérétiques :,-
So DesHomelies
infinité de chagrins , de pei- cumulatis eitrts
nés, & de maladies fpiri
tuelies.
Vtilité des
a4
mœrorihus anim£<^ue
morhis , domum redi.-
mus.
Non tantnm ex ad"
Nous remportons ordinai-
afîem'blées'de *^^"^^"^ ^^ l'Eglife dans nos monitione^fed etiam
J-'Eglife. maifons beaucoup de plaiiîr ex precibus yexpatet"
& d'utilité , & une infinité
d'autres biens , non feule-
ment des inftrudions & à^s
prières qui s'y font faites,
mais encore delà bénédidion
de notre commun père , &
de la communion de charité
de nos frères avec qui nous
lommes alTemblés , & de
plufieurs autres exercices fpi-
rituels qui ne font pas moms
avantageux.
15-3. Comme celui qui reçoit un
Dévotion Propfjéte en qualité de Prophète ,
AUxUanyis. jrecevra larécompenfe dàe à un
Prophète : aufïi celui qui reçoit
un martyr en qualité de mar-
tyr , recevra la récompenfe
na benediOione , eie
communi conventu
fratrumque charitate
aîqvte aliis fexcentis
V rébus , multa uiilir
tate atque omni oble-
ftattone percepta folet
dtfcedere , atque inf
numera bona domum
report4re.
Quemadmodwn
qui recipit Prophe-
tamin nomine pra-
phetae, mercedem
prophetae accipiet ;
. . fie ^ is qui
duc à un martyr. Mais qu'eit- manyrem recipit in
ce que recevoir un martyr ? nomine ntartyris ,
----- • mercedem martyris
accipiet. Tum vero
quis martyrem reci-
pil » cum adejus me-
moriam convenit S
cum eJHS certaminum
narrationis fit partir
ceps j cum fada col"
landaty cum vtrtuUs
C'eft s'aiTembler aux lieux
où Ton célèbre fa mémoire ,
c eft aflfifter nu récit que Ton
fait de fes travaux & de fes
combats , c'eft louer fes a-
dions faintes , c'eft imiter
fes vertus , c'eft publier avec
éloge fes faits héroïques.
C'eft-là comme on exerce
AU Pbup
imitatur » cùm apud
Cdtteroi praclara tl-
itHS facinora pTtedicat,
Htec martyrum ho/pi-
talia funt dona s Jîc
ijfos fan^os qui s fuf-
sipit.
In S. Julianum
Homil. 47. DettsU-
hores qitidem cum
trevl feciilo ijlo con-
nexuit ; coronas au-
tem £terno refervavtt^
ut C7' Uborum mole'
Jîia pr<ecidatur , qu^
tum temports hrevi-
tate dfjfolvitur , CT*
perennis fruitio coro'
narum permanent ,
qu,t una cum infini-
torttm fteculorum im-
mortalitate perdureu
Nec vero lahore tan-
tum ecs pr.tfenti per
hanc futuroram fpem
lezavit ; fed etiàm
quod ejfecerit ut ot-
dine prior voluptate
ejjet ajflMio : ne ve-
hementer à prjefenti-
hus malis , dù^m ad
illa refpicium , tor-
qtteantur. Stc tlU qui
pHgilatu certant , «i-
lacriter vulnera exci-
jpiunty non dolorei^
L E d'à N T I o c h E. 8.1
rhofpitalité envers les mar-
tyrs ; c'eft là comme on re-
çoit ces grands Saint».
Dieu a joint les travaux à j ^^ *;
cette vie courte & paflagére , Courte da»
& a réfervé les récompenfes réc des tra-
à la vie éternelle qui la doit vaux, étes-
fuivre i afin d'abréger ces ""^ *^" '^^
maux qui finiffent avecla '^"'^"^"-^
courte durée du temps pré-
fent, & d'éternifer ces biens
qui fubfîileront dans la fuite
de tous les (îécles. Et il n'a.
pas feulement adouci nos
maux préfens par refperance
des biens futurs 3 mais enco-
re par l'ordre dans lequel il
les a placés , en faifant pré-
céder le plaifîr par l'afflidion ,*
afin que la vue. du bien nous
otât le fentiment du mal.
Amfî comme les gladiateurs
s'expolent gayement aux
blell'ures & aux douleurs ,
dans la vue des couronnes
qu^ils en attendent ; de même
tes faints martyrs en fouffrant
une infinité de tourmens,
les confideroient- fort peu
dans la vue de la félicité du
ciel 5 où ils afpiroient de
tous leurs de&rs.
Des
ifr Quand vous voyez un hom-
On n'efl me qui paflant fa vie dans les
heureux ou voluptez & les délices , doit
malheureux ^^j.^ ^^ jq^. p^j^j ^^j^^ j^ yj^
von^il'éiei'. ^"^^^^ s "^ l'eftimezpas bien-
^é. ' heureux à caufe des pLaifîrs
préfens j mais plutôt très-mi-
fêrable à caufc des maux à-
venir. Quand d'ailleurs vous
en voyez un autre qui étant
deftiné pour la^ félicité du
Ciel, eft accablé d'une infi-
nité de tribulations dans cette
vie 5 ne le plaignez pas beau-
coup pour les maux préfens
qu'il (ouS^ y mais regardez
îe plutôt comme étant prêt
de recevoir les couronnes de
gloire que Dieu lui réferve
pour toute une éternité.
Reliques.
Dieu a partagé avec nous
les faints Martyrs, quand il
en a pris avçc lui les âmes ,
Biunqiies. corps, afin que leurs famts
os que nous confcrvons ,
nous fervillent d'un monu-
mcntperpetuel de leur vertu.
Homélies
fed coronam fpeSian^
tes ,• ità CT* martyres
fexcenta mala toléra»'
tes , nihil iporumfpe-
ûabant ^ fed càilo in-
hiahant.
Càm aliquem in hâc
vitâ deliciis ac volup-
tatihus perfruentem
Viderais , fed illic
pofeà puniendum j
fjon eum pr opter pr£~
fentes delicias beatum,
fed propter futurum
ftippltcium mtferum
pr^dicelis. Rurfus uèi
q^uemptam eorum qui
multo illic honore ae-
corandi funt , trihum
laiione atq'^e innume^
ris malis in hac tem-
p or aria ziita videtis
ohjîJeri î ne propter
pr<efentia mala d^plo-
retis ; fed propter re-
pofîtas in inf.nitiiféi-
eu lis cor on a s cenfeatis.
Martyres nobifcum
partitui eft Deus , cùm
animas ft ipfef umpfîf-
fet ; corpora nohis
quodammodo lar^itus
ef} , ut p?rpttu£ vir-
tutii monMmentum
fanCla horum offa ter
neanws»
AU Peupl
AdeP diahûlus à
meretriciis cantiîe-
ms 5 à verhis ohfcœ-
nii j à diaholica pom ■
favocatus. At tir ont'
ni hujufmodi pomp£
Ttumium remifijii , te-
qt*e Chrijîi cuhui
mancipapi die illo ^
quofacrii myPeriis di-
gnus habitus es. Ke-
eordare itàque ter'
èêTum illorum , pafii
conventi , O" ne illud
violes cave.
Hom. 5a. De S.
ïuftathio. Martirem
'facit non mors tan-
ttêntjffdammf quoque
■fropoflïum : non entm
eventufolo , fed eiiam
voluntate mariyru
corona comparatur.
Ef} fairifcium
etiant fine fun<^uine.
Sciuntilli^ qui my~
Périls tmtiaii funt.
Komil. 55. de
pœnit. I. Quemad-
modàm anima ne'Ai-
^ens Cpi^^ra , quan-
qiiam multtim tempo-
E D*A N T I O C H E. îj
Le démon affifte aux affem- ijT?»
blées de vos danccs , y étant ^" * r^-*
appelé par ces chanfons im- J°"<^édansîe
' s » , Baptême aur
pudiques y par ces paroles ^aLhléesdc
diliolues 5 &par tout cet ap- aances ,oùle
pareil diabolique qui les ac» démoaftmê.
compagne. Cependant vous le.
avez renoncé à toutes ces
pompes y & vous vous êtes
engagé au culte de Jésus-
Christ dans le jour que vous
avez été initié aux facrés my-
ftéres.Reflbuvenez- vous donc
des paroles que vous avez a-
lois prononcées , & du paéle
que vous avez fi lolemneile-
ment juré devant Dieu -, &
prenez bien garde de le violer.
Ce n'eit pas fimplement
la mort du corps, mais plu- ^^'^ ^"* Mat^
tôt la réfolution de l'ame ^y"*
qui fait les martyrs j & ce
n'eft pas le feul événement
du martyre qui leur procure
leurs couronnes , mais pria-
cipalement leur volonté. ij^r
Il le fait un facrifice fans Sacrifice non
qu'il y ait de lang répandu : fanglant.
& ceux qui font initiés aux Co»tre les
facrés inyftéres> fçavcnt quel Heretiqi^es'
ilcft.
Comme un négligent & j^^^
un parelfeux ne fait rien de Eviterlâné-
bien , quelque temps qu'il gligencedaps
prenne pour s'y préparer , & le fervice de
n'appaife point Dieu par fa. ^^^^^
La volonté
^4 D E s H O M E
lâcheté : celui au contraire
qui eft animé de ferveur, &
qui marque par fa diligence
& fcs foms la fincérité de fa
pénitence , eft capable d'ex-
pier en très- peu de temps,
les péchés de plufîeurs an-
nées.
' '^^j^ S'il vous arrive quelque
Avoiiuiiii-P^i"^ & quelque douleur,
^ueitient re- n'allez pas chercher votre
coiiisàDieu. confolation chez les hom-
mes "j mais ayez recours au
fouverain medecm des aracs.
Car celui - là feul qut a for-
me chacun de nos coeurs , & qui
obferve tous leurs mouvc-
mens, les peut guérir. C'eft
lui feul qui peut pénétrer
notre confcience, tourner no-
ue efprit 3 & toucher notre
ame. Que s'il ne prend foin
d'incliner lui-même les cœurs
vers le bien , c'eft en vain
que nous prétendrons qu'ils
s'y portent Comme au con-
traire lorfqu'il arrive que
Dieu nous exhorte & qu'il
nous confole . quelque perfé-
cution que les hommes nous
veuillent faire , ils ne nous
pourront caufer aucun, mal
!LIE s
ris acciplat , nihit
operatur magnum i
neque Jibi Deum ah
dejtdiam conciliât :
fie qui propofito exci»
tato fervet , atque
multa ci*m folenia
pœiiitentiam ojfendit ,
hrevi temporis mo~
mentolong^vi tempos
ris peccata delere ^a-
terit.
Homil. j4. De
pœnit. 4. Si quid
moUJïiui ttbi incidem
Videris , nequaquàrtf
ad homines cctifi*gias i
fidad animarum me-
dicumevola. Corenim
curare foluspoteft qui
finxit fingiilatiiu
corda noiera , e?*
tnteUigit fuper omnia
opéra nojlra i ipfeer»
gb nojiramfubire conf'
cientiam mentem tan-
gert potefl , animât»
flefiere. Si vero ille
minus incUnaverit
corda nojfra , fuper~
fiutim eritqmdquid ah
Ixjmimbus exigetur i
quemadmodùm Dea
exhortante CT* confo-
lante nos , quamvis
homines moLaJlavje^
AU PëUP
innt , haudin re vel
tninima ojfenàere po-
terint, Nam cum ille
991 foUdo cor po/uerit
nemo id vel moveri
coegerit.
Hominei fi quando
exorare oportet , CiT*
jamtoribm prias oc-
currere convertit ^pa-
rafittfque [uadere . . .
Deui fine mediatore
exorahdis eft , fine
pecuniâ , fine impenfa
precibtti annuit. Satis
efifolo corde clam an ,
lachrymas fnndere ,
atque illico eum ad
tnijericordiam attra-
xeris.
Hom. 55.depœ-
llit.5, Remiffio pecca-
torum , fons (alttiis ,
CT* pxnittntia pr<e-
mium. Meâicamen-
tum pœnitentia ,' pec-
catum extinguens ,
virius admirabilii ,
gratia vim legum fu-
perans. Q^are non
farnicatorem renttit ,
nm ebrium adverfa^
LE d'Aktioche. ^J
réel : & quand il aura établi
notre cœur dans une fermeté
foiide , nul ne Tera capable
de l'ébranler.
Quand nous fomines obli- i^i;
gés d'aller trouver les grands Accèsfacifci
du monde pour en obtenir auprès de .
quelque faveur , il faut corn- ^i«"»
mencerpar gagner leurs por-
tiers, & faire lacour jufqu'à
leurs bouftbns. Il n'en eft pas
de même à l'égard de Dieu.
L'on n*a point befoin d'en-
tremetteur pour fe le rendre
favorable y il ne faut point
employer d'argent pour ob-
tenir ce qu'on lui demande.
On n'a qu'à s'écrier à lui du
fond du^ cœur , qu'à verfer
des larmes en fa préfence ,
& Ton fléchit incontinent fa
miféricorde.
La rémifïion des péchés eft
la fource du falut & le prix
de la pénitence. Lapéniten- c^eftouver
ce eft un remède fouverain , ^^ *"* P^"*
elle détruit le péché , elle a f^^^
une vertu admirable , elle
contient une grâce qui a plus
de pouvoir que toutes les
loix. Ceft pourquoi elle ne
rejette pomt le fornicateur,
elle ne fuit point l'yvrogne ,
elle n'a point en abomina^
La péniteiH
ds pê4
c heurs.
^ D E s H O M
tion ridolâtre , elle n'exclud
point l'adultère, ellenechaf-
0> fe point ie médifant , elle
ne ferme point l'entrée au
fuperbe i mais elle les re-
çoit tous , & elle communi-
que avec tous \ parce qu'ainfi
qu'une fournaiie ardente, el-
le a la force de confumer
tous les péchés.
1^4: Dieu confole le pécheur.
Différente a£ti de le relever ; il fait peur
conduite de ^^ -^^^^ ^ ^1^^ j^ l'afFermir
^^heur/ l Pl"^ folidement II y en a
fur h% juftes. 4"^ ^"^ commis beaucoup de
\ péchés, qu'il ne punit pas,
parce qu'il les regarde com-
me des préfomptueux & à.ç,s
ennemis j & il y en a d'autres
aufquels il demande compte
«les moindres fautes, parce
qu'il ne veut pas fouftrir qu'il
manque rien à leur entière
perfection. Les riches dont
le monde fait tant de cas, font
très pauvres devant Dieu ; &
îl regarde les pécheurs comme
ie monde regarde les pauvres.
Auliî comme nul n'elt plus
miferabie que le pécheur ,
rien n'eft plus riche & plus
'11^5. heureux que le jufte.
Pénitence Ofiex le mal de devant mes
Rticcre, f^eax. C'eft à dire , ne vous
contentez pas d'une peniten-
^ déguifée & qui n'ea a qiie
EL 1 ES
tur , «0» abominatut
idoUtram , «0» adul"
terum repellit , non
maledicum infeciamr^
non rejictt blafphe-
mum 5 non fuperhum ;
fed omnes fufcipit,
comwHnicat omnibus :
peccaù enim confia"
tùrium pocnttemia,
Deus folatur pec-
catorem , quo eîevet »
jufium , quû Jlatuat ,
terret. Et qmbufdam
qmdem multa àimit-
titpeccata , quajî ini-
micis <0' ir.fiatii j à
qmbiijdam vero O*
nimis exaCle de mi-
nimis etinm qu<trit »
nihil his ad perfe-
élionem deficere va-
lens : quod enim e(i
in hoc mundo dives y
id efiapudDeum pau-
per : CT* quod in hoc
mundo efi pauper > id
circa Deum peccatsr.
Nihilpeccante cflpau-
perius , rithil ditius
efl jufio,
Auferte mala è
confpedu oculo-
rum meorum. No»
per ofiemationem pa^
AU Peup
nitentiam àegenerem
faciatis ,feel in conf-
feélu ûculorum meo'
rum occulta fcrutati'
Uttm ojiendite fru^us
fœnitentite. Decet au-
tem CP* nos purgatos
à peccatii , eadem
atJtè oculos habere
peccata : quanquam
Deus muUum de cU'
mentià ignofcat pec
catitm, pro tu>£ ta-
men animte flahUitate
€7* falute , babe ante
oculos peccatum : ete-
nimpr^cedentium me-
moria , futurorum
conttnentia fiu
"Non tempm afli,-
matur , fed pœniien-
lis mores peccatum ex-
tingu nt. Fiers pottft ,
ut qui multo exaflû
tempore falutem non
impetraverit , repen-
tino momentOf Jî fue-
rit verè confejjus , à
peccato folvatur.
Bcatiquilugent ,
quoniam ipû con-
folabuntur. Luge
pecçatmn , ne pœnam
L B d' A N T I O C H E. 87»
les apparences j mais faites-
en pai oiltre les fruits devant
mes yeux , qui pénétrent le&
chofes les plus cachées. Or
quoique nous foyous purifiez,,
de nos péchés, il nous cd
bon de les rappellcr dans no-
tre mémoire : parce qu'enco-
re que la clémence divine foie
allez puilfante pour pardon-
ner les plus grands cnmes , il
cil néanmoins ex pedient pour
la fureté de notre ame & l'af-
fermiifement de notre falut ,,
de nous rcprélenter fouvenc
l'image de nos péchés : le
fouvenir des fautes palTées,
nous fervant comme d'un
frein pour nous empêcher de
les commettre à l'avenir.
Ce n'eft pas la durée delà
pénitence, mais la bonne vie
& la ferveur du pénitent quila pénitence
expie fon péché. Car il fedépendmoins
peut faire qu'après qu'il fe^u temps que
fera palTé un long efpace de^^ '^ ferveur,
temps fans que le pécheur ait
obtenu la rémiiTion de fou
péché , il en fera tout d'un
coup purifié , s'il le recon-
noît avec un fincere repen-
tir.
Heureux ceux qui pleurent ,
car ils feront confolés. Pleurez
le péché, &VOUS n'en pleulP^^és pour.
rerez point la peine. Défea-; " CE*«^«^«
166.
La force de
167,
Pleurer Tes
wcence.
^8 Des Home
dez votre caufe devant le Ju-
ge, avant que d'être au Pré-
toire pour en recevoir la con-
damnation. Votre Juge peut
encore vous être rendu favo-
rable avant le jour du juge-
ment.
j'6È, Dieu peut être gagné par
Joindre i'au- argent pour nous être favora-
«ôneàlapé, ]j[q ^ ^on pas en le prenant
de vous de fa propre main ,
mais en le recevant par
celle des pauvres. Donnez
donc votre argent aux pau-
vres , & c'eft le moyen d'a-
doucir votre juge en votre
faveur. Je vous donne cet
avis , mes Frères, parce que
la pénitence eft comme morte
fans Taumone : car l'auraone
lui fert d'ailes -, de forte que
fans Taumone h pénitence ne
fçauroit s'élever au Ciel. Et
comme les aumônes de Cor-
neille le Centenier furent les
ailes de la piété & de la fidé-
lité de (a pénitence , l'Ecri-
ture lui dit : P^os aumônes O"
vos oraifons ont monté au Ctel.
LIES
defleas î defenàe te
af>ud judicem , priuf'
quàm ajjud prietorium
venias . . . antè /»-
diciitemfnts miti^abi'*
lisejljudex.
Clemensfudex Deus
pecuniafuadetur i non
ipfe matm , /<?^ fer
inofes accipiens. Da
inopi pecuniam , O*
iudnem mitigaveris*
Hxcautem dico,fra'
très , alliciens vos ;
quoniam panitentia
Jlne eleemofyna mortua
eft : 'O'fine phrr.is ns"
qhit volare , pennas
eleemofyntt non ha-
hens. Quaproptei' Cor-
nelio benè pœnitenti
religionis €7* pietatts
penna eleemofyna fmf-,
EleemofynaE tuae j
inqmt , & oratio-
nes tuaî in cœlum
afcendcrunt.
t^Pi Nous voyons de pauvres
Profit de paralytiques que Ton porte
J'Aumône. dans les places publiques ,
tout fondant en larmes. C'eft
pour nous une occafion très-
^ivantageufe de trafiquer , en
ytdemtts in fora
quofdam circumferri
pauperes , videmus la-
chrymantes. Nundin^
profeCîo nohis mirahi"
Usfitm i harum nttUa
alla
A u Peu p
alla vtteutio , quant
parvo quidtm emere j
magno ver» vendtre
.... modico juflitias
tme^cjtto muho vendus
infuturofeculo i/îqui-
dttn oportet coemptio'
nem appellare retribu-
ttonew.
Mtnatur gehennam
Veus , non quagehen-
nam inducat , Jed quo
kgehennâ liheret. A-
koqui Jî torquere vel-
let y non iàm antè mi-
natiAs efjfit. Quo nohii
caventes evitemus pcc'
nas , pocnam minatur:
& terret verbo qtto
ntinm opère torqneat.
Noterai Deus ficut
tihi O' paupert dure ,
fed 7iolu>tj ne tuas dt-
vitias i fmfluofas fa-
C€ret , neqWe tlliui fine
merito fuceret pauper-
tatem.
Homil. $6. De
pœnit. 8. Pacem
lèquimmi cumom
nibu.s , & fandifî-
Wtionem , fine quâ
Dieu nous
Toiii. I.
L E D'A N T I O C H F. Bp
achetant à bon marché, Se
en vendant bien cher. Ache-
tons donc maintenant la ju-
ftice au prix d'une très-chéti-
ve aumône , pour la reven-
dre un jour dans le Ciel à un
très-haut prix. Car on achette
ainfi en quelque lorte la re-
compenfe.
Dieu nous menace de l'en-
fer , non pour nous y préci-
piter j mais pour nous en pré- "^^"^'\^ .^°^/
\- ',1 j îr • nous taire e-
ferver : car s il avoit dclFem ^j^er les.chi^
de nous y punir , il ne nous tiiuens,
en menaceroit pas aupara-
vant* C'eft donc pour nous
obliger à veiller foigncu-
ment fur nous-mêmes, afin
d'éviter ces peines , quai
nous en menace j & il noas
épouvante par Çqs paroles ,
afin de n'être pas obligé de
nous punir en effet.
Dieu pouvoir donner du
bien au pauvre aufli-bien p^^f' *
qu a vous ; mais il ne 1 a pas Dieu fait l'un
voulu , afin que vos richefles riche ;, l'-iu-
ne vous fulfent pas infru- tre pauvre,
élueufes, ni fa pauvreté pri-
vée de mérite.
Tâchey d'avoir la paix avec
tout le monde , CT* de con ferver ^ P Ztr
ajntetejans laquelle nui ne pour com-
verra Ditit,. Or quiconque raunie».
n'eft pas en état de voir Dieu,
H
Sb
Des h o m
n'eft pas auiïî en état de com-
munier au corps du Seigneur.
Je ne puis qu'avec une ex-
T Z»i',„ tréme confufion entendre ap-
rnône à hvPeUer une Vierge /o//e. Ce-
virginité, pendant après que ces cinq
Vierges , dont il eft parlé
dans l'Evangile , fe furent
comme élevées de corps juf-
ques au Ciel , & qu'elles eu-
rent étoufte en elles toutes les
iîammes delà volupté, c'eft
à bon droit qu'elles font ap-
-pelées folies > pour s'être lail-
lé vaincre à de moindres ten-
tations , après avoir vaincu
* , les plus grandes. La virginité
eft comme un feu , & 1 aumô-
ne comme une huile. Et com-
me le feu s'éteint s'il n'eft
entretenu avec de l'huile j de
même la virginité fe perd
bientôt fi elle n'eft niaime-
nuë par les aunkônes.
L'aumône eft un prix qui
LIES
ncmo videbit Deiî..
Qiti autem videre
dignui non ej} y tteque
communione ài^nui
o
e/? Dominici corporis».
Homil. 57. De
pœnit. j?. Pudet me
Virginem ftultam d«-
diens . . . Qiiinque
fatuas , ubt m coclum
corpus erexerant . . ..
uhi ipfam Vo'uptatis
fiammam conculcave-
rant , tv.nc infipien-
tes C jure injipientes ;
quodmajus cumvicif-
jent 3 à mifjore vifla
funt , . . Ignis eji vir-
ginitas , o'etim autem
eleemojyna. Nam ut
ignii nijî oleum ha-
beat petit ; fie virgi~
nitns niJî conjunclam
habeat eleemo^nam
extimmiat'.
17.4.
Avantages
fert à nous racheter. Et les
de l'aumône, pauvres font aux portes des
Eglifes comme des baflins pu-
blics , où chacun peut laver
Us m^ns de fon aiue.
Preflum redenh-
ptionts anim£ e/? ele-
emofyna. Quemadmo"
diim pelves C?* lava'
cra cum aquafunty
quo mant*5 laves ; fi
CT* pauperes pro fr-
ribus Ècdefu fed^a^
AU PffUp
Of amm<e rnanus ab-
luas.
Mazna res eleemo-
Jyna. Hanc amando
façiamus , cm nihil
étquale : potem ej} e-
nim peccata alla de-
lere judictumque pro-
pulfare. Te tacente
fiât CT* patrocntatur ;
immo vero nihil ver-
bis ejî opus ; cUm tpfa
pauperum aflant ora.
Tarn adeo exttberans ,
tamque magimmelee"
TfK'fyne bormm CT* ipfi
pigrtmmur C?" conci-
dimus. D a panent pTO
facuUalibui tuis : non
hahespanem, dade-
narium;non hahes de-
nariiim y dk vd fri-
^d<e aqu£ calicem :
•^ • j,
atque neque td opm ,
vel malis cpprejjo
compatere ; atque ap-
^enfant mcrceà^m ha-
bes.
' Hahei panhtntU
viamopportunam . . .
"Oraperjîngulai horas,
ut^Hç orans defcias j.,
LE b'AnTIOCHE,-
9t
L'Aumône eft une chofe
admirable. Aimons donc à la
pratiquer , car il n'y a rien
d'égal. Elle a le pouvoir d'ef-
facer les péchés , & de s'op-
pofer à notre condamnation.
Pendant même que vous vous
taifez , elle élevé fa voix&
parle pour vous ; aufli n'eft-il
pas néceifairc que vous par-
liez , puifque les bouches des
pauvres crient fi haut en vo-
tre faveur. Cependant quel-
qu'excellente & avantageufe
que foit l'aumône p. nous ne
lailibns pas d'être lâches &:
négligens à la pratiquer..
Donnez du pain aux pauvres^
félon que vous le pouvez-', ^'
vous n'en avez pas, dpnnez.
un denier , & fi vous n'avez,
pas feulement un denier -p.
donnez au moins un verre
d'eau froide. Et quand mê-
me vous ne pourriez faire
autre chofe que compatir à la
mifcre des pauvres & des af-
fligés, vous ne feriez point:
privé de récompenfe.
Vous avez encore une voye
depé'^'tence bien favorable, j.*^^'";
Pliez à toute heure , ne vous
laflez point «ic priar , & ea
I7r.
Excclienœ
ÔC util.;é dô
l'aumône •
erar-cs
Hij
9i Des Home
implorant la miféticorde de
Dieu , ne le faites jamais a-
vec négligence ni tiédeur.
Si vous perfeverez dans vo-
tre prière , Dieu ne vous re-
jettera point, mais vous par-
donnera vos péchés & vous
accordera toutes vos deman-
des. Si Dieu vous exauce au
milieu de votre prière , con-
tinuez la pour lui rendre grâ-
ces j s'il diffère de vous exau-
cer , perllftez à prier afin de
vous rendre digne qu'il vous
exauce. Et ne dites pas : J'ai
beaucoup prié , & je n'ai rien
obtenu. Car c'eft fouvent
pour votre plus grande utilité
que Dieu en ute de la Ibrte.
11 fçait que vous êtes paref-
feux , & que dès que vous
aurez obtenu ce que vous
avez demandé ,vous celferez
de prier , c'eft pourquoi il fe
fertde l'oraifon comme d'une
occafion favorable pour vous
attirer à lui , pour vous obli-
ger à vous en approcher avec
plus de familiarité, & pour
vous excitera toute forte de
vertus.
177'. Le defefpoir empêche ceux
Maux que qui Ibnt tombés de (e relever ,
câufent le de- & la pareile fait tomber ceux uo qutaem exurgere
fefpoii ôc iâ q^j Cont debout. Le defefpoir non [mn : pigriti*
L 1 E s
neque negligànter "Dei
clementiam implora ;
non rejfeltet te perfe-
verantem , fed peccct'
ta dimittet , CT* peti"
ta concedet. Qram
guident fi exauditui
fueris, permane gru"
tiasagensin oratione ;
non exauditus , W4-
nè orans ut exaudia^
ris. Neque dixerls ^
mttltum oravi , atque
haUfd exaudttui Jum :
Etenim vel id fiepè
tu£ uiilitaiis fit gra-
tia. Novit enim quoà
piger es ... O" fivo-
ti compoi fueris , alf
oratione recedis > CT*
per occafionem oratio"
nis perlrahiî te , qua
crehrius Deum alla'
quarts , orationeqat:
exciteris.
Homil 5^^ de
pœnit. 10. Defpera-
Au Peup
Vero V flantem ca-
dere fadt i atque tl-
laqitidem jam qu^fî-
ùs pnvare nos folet
Oints -y h(gc malts <jiii-
hus urgunv^r nos libe-
r^ari non finit j CT* ne-
gleClus quidem exipjts
detrudit calis i dejpe-
ratio vero m ipfam
maliiU deducit ahyp
fum , Jtcut fdentia
dedafium indè vela~
citer trahit.
Gravis qftidem res
eflffeccatum, fedmul-
togravius alium JapC'
re in peccato. Nam
fi dejuflitiâ in flan ^
juflitix fit evacuatioi
muito magis id fi m
peccatis contingut ,
maximum nobis ja-
éîuram in fer et , at-
.que ipfis peccatis ma-
jus crimen ejl.
Stantem confidere ,
C?* jacentem defpera-
re , perditio anima-
rttm efl.
Ne defleam mul-
tos qui antè pec^a-
veriint , & pœni-
lentiani non ege-
xunt i ofiendens mn
LE d'AnTI'OCHE. J)J
ne nous permet pas de foriir
des maux c)ui nous prefîent,
& la parefl'e nous fait perdre
les biens que nous avions dé-
jà acquis : & comme la négli-
gence nous fait -tomber du
haut du Ciel , le delérpoir
nous précipite dans un abîme
de maux , d'où il n'y a que
la confiance en Dieu qui nous
puiffe retirer.
Le péché eft un grand mal,
mais s-enfter d'orgiieil dans
le péché eft un mal encore
beaucoup plus grand. Et en
eftec fi s'élever de préfomp-
tion dans la juftice , en tft
la perte : quelle ruine cet
orgueil ne nous doit-il point
caufer quand nous fommes
dans le péché ? car alors c'eft
un crime bien plus énorme
que le péché même.
L'excès de confiance dans
un jufte, & le defefpoirdans
un pécheur , eu la perte de
leurs âmes.
Quand l'Apôtre dit : Je
crains que je ne foii obligé d'en
pleurer plufitur s , qui étant tom-
bés tt'en ont point fait. pénitence i
a nous marque allez que cq
ï7n:
OrgiicjldanS
le pèche , cri-
me énorme»
J79i
Garder Te
milieu entre
la préfomp-
tion Ôc le de*
fefpoir.
i8o.
Malheurdc^
impçnitcAS»
P4 Des Home
ne font pas tant les pécheurs
que les impenitcns , qui mé-
ritent rl'étre pleures.
ÏSr. Si Dieu a communiqué aux
Gloire' des corps des martyrs après qu'-
Martyrs. ils font morts & réduits en
poudre , une plus grande
vertu qu'aux corps des vi-
vans i il leur donnera aufii
■une vie beaucoup plus excel-
te & plus heureufe qu'aux
autres , dans le temps auquel
il départira les couronnes
& les récompcnfes.
iBz. NuldesChrétiens, oGen-
Combattretils , ne vous a jamais fait
i'erreur par j^ guerre , Croyant qu'il ne
îa raifon & jg^r eft pas permis de détrui-
non par la „ ^ ^ o.
yiokncc. ^^ ^ erreur par contramte &
par violence ; & qu'ils ne
iloivent travailler à procurer
le falut des hommes , que
par les voyes de la perfua-
iîon , de la raifon , & de la
douceur. C'cft pourquoi nul
des Rois qui ont été fournis
à Jesus-Christ n'a
-décerné d'Edit pareil à ceux
qu'ont inventé les Empe-
reurs qui ont été adonnés au
culte des Démons. Cepen-
dant Terreur de la fuperfti-
tionpayennea commencé à
a^ éteindre delie-même dans
LIES
tàm peccantes , quàm
non panitentes dtgnos
lachrymis fore.
Hom. de Sanâo
Babyla. Si mortuis
martyrum corporihus
CP* in pulverem re-
filutis^ majorem quàm
Vivis omnibus virti*-
tem Dcus Urghus ejl ;
multo magis vitam il-
lis priore potiorem ac
feliciorem y. quo tem-
pore coronas dividet ,
partietur.
Contra Gentiles
lib .un, Adversilm vosy ,
o Gentiles , nullus un^
quàm hélium gefjît j
neque enim Chriflia-
nis fas efl necejjïtate
ac violentia iilaîa er~
rorem fubzTertere , fed
titm fuadela , tum
ratione , tum man-
fuetuiine hominum
falus conciltanda ejf :
quo nomine mtV.us
omnino Kex ex iis qui
à Chriflo fleterunt ,
talia contra vos edi~
fia fanxn , qualia
adversùm nos excogi-
tarunt y qui d^emonum
cultiun fmt ftçmk
AU Peup
f^erumtamen gontilis
fuperflttionis error
t'tntii quiète cumfrue-
retur , CST* à nemins
un negotium fucejfe-
retur , perfe feiamen
exttnùins efl , ZST in
fe ipfe corruity eorum
corporum more , qf*£
longa tabès exedit.
Chriflianit pietatts
fdnttllam , adverfa-
rtorum mare inundam
nonfohm non reJUn-
xit i fed er major
CT" illtijïnor tndc cxur-
^ns y quoquo verfam
flutim omnia fuofattt
comprehsndcbat , ad-
verfariorum partes
facile perdens aîque
cotifhmens ; rtojiras
autem Cimflianorum
partes excitans licet
viri quidam jîmpli'
ces , tenues , ohfcuri
cpcram ad eam rem
ffrteffarent. Neque ve-
to pifcatorum illorum
velverba , velmira-
culafuccejjum ejufmo-
di efjjciebant , fed
Chrifli virtus in illos
*ffcadam fnam m-
Snccès des
L E D* A K T I O C H B. Çj.
Je temps auquel elle joùifToit
de la plus profonde paix , &
lorfque perfonnc netroubloit
par aucune violence fa tran-
quillité -, & enfin clleeft tom-
bée par (on propre poids ,
lemblable à ces corps, qui
après avoir été conlumés par
une longue corruption , tom-
bent tout à coup dans la dé-
faillance.
Cette vafte mer formée de
la confpiratioM de tant de
peuples contre la religion Apôtres ,
^1 f • ri preuve ne la
chrétienne 5 non feulement ^^^^^^ ^^
n'a pas été capable d'étein- chriUianif^
dre cette étincelle de pieté ,• me.
mais au contraire n'a fervi
qu'a la faire briller avec plus
d'éclat en tous les lieux , où
elle a répandn fon feu. Car
ce louffle ardent a confumé
par tout le parti qui lui étoit
contraire, & a animé celui
àcs Chrétiens j quoiqu'il n'y
eut en ces premiers temps-
que des gens fimples, ob(curs
& de nulle coniîderation ^
qui travaillaflent à la fouté-
nir. Aufïi ce n'étoit m les pa-
roles , ni les miracles de ces
pauvres gens & de ces pê-
cheurs qui failoient de fi
grands effets, mais la vertu
de Jésus -Christ qUi
€£ D Ë S H o M 1
les rempliflant , leur commu-
niquoit Ion efficace. Et ca ef-
fet , il ne flic jamais entré en
des efprics fi greffiers la pen-
lée de feindre rien de fembla-
ble. Et Ton ne peut pas dire
que ce ne fuHent que des vi-
iioiîa de gens Jnùnfcs i car les
œuvres iniraculeufes qu'ils
ont opérées par leurs fimples
paroles , & les témoignages
de tant de gens fages qui y
ont ajouté foi , font aifez voir
que ce n'etoient pas des foux.
Que fi après que les chofes
mêmes qu'ils avoient prédi-
tes font arrivées , & que tant
de peuples ont été témoins
en divers temps & en divers
lieux de la vérité de ces éve-
nemens admirables ; il s'en
trouve quelques autres , qui
nonobftant de fi grands mi-
racier, & en fi grand nombre,
& nonobftant le témoignage ,
pour ainfi dire de toute la ter-
re 5 n'adjoutent encore main-
tenant aucune foi à toutes cts
vérités; y a-t-il aucune ap-
parence qu'en ces premiers
temps il fe fût trouvé un feul
homme , qui fans avoir vu
les chofes de Tes piopres
yeux, & (ans en avoir eu des
témoignages aifez authenti-
ques pour çn être bien per-
LI ES
fundem . '. ". Nun»
quàm enim venijjet
tn mentem homintbus
tam tenmhui , tani'
que abjeClis > taie
qutd ejfî'igere ; nifî
quis eos tnfamjji ^3*
delirajje dtcat : at
qi*od non infatirent
il que t tum ex egregiis
virtutis eximix ope-
ribui qu£. ilh folo ver»
ho eàiderunt ; tum eoc
cctnpluribt*! qui e-
tiamnum usfidem ha-
hent ... Si autem
pojîeaquam Z^rei ipfe
comtgerunt , CT* tàm
mttlii rerum earum-
dem eventum tejiati
funt diver/îs tempori'
bus ^ diverjîi locis ;
JînonnulloSj inquam,
inventas , qui pop tôt
ac tanta Jîgna , pofl
univerjî y ut ità di" J
cam , orbis tefltms» \
nium , prorsus his
omnibus qu£ f^fia
funt y nullam fidem
habeam > quis , obfem
cro, initio , neque te"
bus ip(îs (oram perf-
peélis , neque recepto
rerum earumdem di'
gno feJiimQmo fidem
fitam
AU Peu p
fuam Chn^o ohfirin-
geret ? il»id autem
omnino illos commo-
veret taie quiddam
f tinter e i ne que entm
orationis vi > neque
opum eopia nitehantur
« . . neque oh nata-
Humjplendorem , cri-
Jlus tollere illis Itcehat
. . . , Vndè ergb , oh-
fecro i undè rem tan-
tam fîmuUre aidè-
rent j* Qua fpe fMa-
ù ? Qho ptigjîdio fre-
ti?
Quum in impera"
torium thronum conf
cenâit , qui nohifcum
confentit infide > hîc
feo^nior^s efjîciHntur
Chrijlianorum rei i
tantum ahefl , ut ilU
per humanos honores
erefldE confinant. Kur-
fus citm impiui aliquis
[mperator régnât , qut
nos undique urget ,
qui NOS tnfinitis ma-
lts exercet i tum e<edem
inclarefcunt s tum
frasmioTum ac tnum^
Tom. I.
t E d' A N T I O C H E. P7
fuadé , eût voulu foumcttre fa
foiàj. C. Mais d'ailleurs, qui
eût pu porter ces premiers
Prédicateurs de l'Evangile à
prendre la réfolution de fa-
briquer une nouvelle reli-
gion, & de la faire recevoir ,
fnns être foutenus ni par la
force deTéloquence, ni par
l'abondance des richelfes , ni
par laTpIendeur de la naiilan-
ce. Dites-moi donc , je vous
prie y qui leur auroit pu inf-
pirçr la hardielTe de former
une fi haute entreprife ? Par
quel efpoir s'y leroient-ils
engagés ? Et fur la confiance
de quel fecouts & de quelles
forces fe feroient-ils appuyés
pour cette entrepnie ?
Bien loin que la Religion
Chrétienne ait befoin de la ^Canugeufe
faveur des hommes pour fe à l'EgUfe
maintenir, il paroift moins
de ferveur & plus de relâche-
ment dans les fidelles, de-
puis que nous avons un Em-
pereur qui profefTe la même
foi. Au lieu que quand un
Empereur impie nous perfe-
cute de toutes parts , & nous
afflige d'une infinité de maux 5
c'eft alors que l'Eglife brille
d'un pliis grand éclat, c'eft
alors le temps des récompen-
fes & des couronnes j c'eft
1S4;
Perfecution
i8f.
parob de
Dieu.
î>8 D ES Home
alors le temps de déployer
tout ce qu'on a de force &
de vertu ; & c'ell alors que
chacun eft obligé de s'ac-
quirer exaclement de Ton de-
voir dans la fonftion dont il
ell chargé , quand même les
autres n'en devroient rece-
voir aucun avantage.
Rien. ne contribue davan-
Afïiduitéi f^ge '^ ^3 P^^^eté del'ame &
entfndre la 31' règlement des mœurs ,
que l'afliduité dans les Egli-
Ccs , & le foin d'y venir en-
tendre fouvent la parole de
Dieu. Car ce que la viande
ell au corps, l'mftrudion de
la parole divine Teft à Tamci
de forte que la négligence de
fe remplir de cette nourriture
celetk j caule la famine 5 fé-
lon ces paroles de l'Ecriture:
jfe leur envoyerai une famine non
de pain , mais de la parole de
Dieu. Préferons donc le foin
de la venir entendre a toutes
les autres occupations de la
vie , & menons-y aufli nos
enfans.
18^. ^^ jurement eft un très-
L'exemple grand péché j & cependant
n'autorjfe dans l'eftime de plufieurs il
point nos pé. f,e pafle pas pour tel : mais
chcs, pQ^j. j^QJ jg jç crains d'au-
ltes
phorum tempus » tum
virtutis omnis ofien'
tand<e facultas : U"
nufnquemque oportet
ftto ofjîcio fungt i e-
tiamji indè nullum ad
alios lucrum dimanet,
Hom. 5^. contra
a no m. 6. Fiu dili-
gentiam CT* purita-
tem nihd fie ejjùit y
ut continua in templis
converfatio , Çp* ad
Dei verbum auiien-
dum (iudium alacre.
Quod enim corport e{l
cibm , hoc amm£ dt-
vinorum eloquiorum
doSlrina, Hinc C7*
famem inducere fo-
let y quod huic men^
fié non communicetur
. . . Dabo eis non
tamem panis , fed
famem audiendi
fermonem Domi-
ni , . . PrteferatMr
hoc (iudium occupa^
ttonibus cy curis om^
nibus . . . Habete O*
pueros vobificum.
Hom. 60. ad il-
Inminandos cate-
ch. Jurisjurandipec-
catum valdè crudele
eft ^ me adco valdè
AU Pe U P
erudcle putatur : c?*
hac de causa illad ti-
meo , quià nullnspcr-
titnefcit .... Sed
ille y inqiiiSi jurât ho-
mo ^ eut efl facerdo-
tium commendatum
.. . Quidmihi alium
atque altum commé-
moras ? Jufjî , inquit
Deus , prteceptis ob'
temperare congruum
erat , C non cujujli-
bet fa fia memorare ;
nec aliéna mala con-
venit imitari. Nam
CT* magnus ille Da^
vtd peccavit i
quid ergo ? ideo na-
bis fine periculo pec-
care conceditur. De-
bemus faé}a egregia
imitari fanflorum ;
€?• fi aliqua pr/tce-
pta legis negligentiâ
violât a fient ; cum
Bmni fefiinatione
tranfire nos convenit.
Non enim ad confer-
vos nohis , fed ad
DominHm ratio efi
.... Ad illud igi~
tut nos judicium prtt'
paremus.
Dura res confuetU'
doy o* qttx facile
L E D* A N T I O C H E. p^
tant plus, qu'il y en a moins
qui le craignent. Mais , me
direz-vousjun tel jure bien &
ileft Prêtre. Pourquoi m'allc-
gucr les uns & les autres ?
Dieu vous répond : J'ai dé-
fendu de le faire : il faut donc
ne penferqu'à lui obéir, &
non pas à m'alléguer les a-
(flions des autres, pourimi-
ter leurs mauvais exemples.
Car David, ce grand Roy, a
aufli péché. Voudnez-vous
donc conclure de là qu'il nous
eft permis de pécher comme
il a fait ? Il faut imiter les
vertus des Saints , & fi par
négligence ils n'ont pas tou-
jours bien obfervé quelques
préceptes de la loi divine , il
faut légèrement paiTcr par
deffus leurs défauts fans Ic«
relever. Car c'eft à leur maî-
tre à qui ils en doivent ren-
dre compte , & non pas à
nous qui ne fomraes comme
eux que des ferviteurs. Ayons
donc tous foin de nous pré-
parer au jugement du fouve-
rain Juge.
L'habitude
force , & il
nous
I
bien de la
eft très-
Force de
100 Dès h o m
l'hibirude difficile de la changer. C'elt
boiin; ou pourquoi plus vous en ref-
mauvaife. fentez la tyrannie, plus vous
devez faire d'efforts pour
vous en délivrer de bonne
heure, & pour encontrader
une contraire. Car fi vous a-
vez été capable de vous afl'u-
jetir à une habitude mau-
vaife , vous ne devez pas
douter que vous ne le foyez
aulli d'en acquérir une bon-
ne qui vous empêchera de
tomber à l'avenir dans les
mêmes fautes. Car l habitu-
de a un grand pouvoir fur
nous , & tient lieu d'une fé-
conde nature.
' ^oo Priez cous vos amis de
vous faire le plaifîr de vous
reprendre , & vous couvrir
la coutume ^^ confufion quand vous ju-
de jurcrj rez. Nous n'oferions pas de-
mander en public le témoi-
gnage d'une perfonne éle-
vée en dignité fur des affai-
res de peu d'importance ; &
nous fommes affez infolens
pour prendre à témpin le
Roi des Cieux & des Anges
fur les moindres choies ? A-
vertiflbns-nous les uns hs
autres pour nous corriger de
ce grand péché. Fixons-nous
un temps pour ne pas jurer ,
comme de dix jours, & fi
Soin de fe
corriger de
E LIES
mutarinon pûlJH. Iglr
tur tanto te hujus ma-
lt reatu liberare fejli'
na ) quanta confuetu-
àinis vim cognofcis S
O* ad altam utilem
confttetudlnem migra-
re propera. Nam Jt'
eut te prava confue-
tttdç poffldet y itàmc'
lior poterit ohtinere
ut te lapjîbusnonper'
mittat evirtci. Nam
rêver à multum con-
fuetudo pr£Va[etj C7*
jura dtdtcit imitar*
nature.
Ah omnibus tihi
conjunùis hoc pojiulay
hoc pete beneficium ,
ut te jurantem ar"
guant , ut confun-
dant . . . Hominis
quidemaliqua exigua
dignitate muntti in
publiço ad hujufmodi
parvas res , non au-
demus tejlimonium
po^ulare .... Deum
autem c<elorum regem,
Angslorum Dominum,
CT' càm centrahis CT*
cùm loqueris , advo-
cas teflem ? Ut igitur
Imc crimine Uberemur^
AU Peup
invicem adr,joneamur',
jlaium terrtpùs conpt-
tUamus , ïempus die-
mm decem ; CT' pojt
hoi fi nihilominùs il"
laqueati reperiamury
poenam nobis pr^eva-
ricationis tonfittua'
mtti.
Hom. 6î De
faro & provid. No»
in rerum eventH per-
turbaiio ac tumultes
efi i fed in nobis at'
que tn animis noflris.
"Nam fi benèconpitu-
ti faerint i quamvis
fexcentée 'undicjue o-
riantur tempeflates ,
in trançfuillo ac portu
perpétua recjuiefcemus:
quemadmodàtn con-
trit non benè ajfeifîis ,
quamvis ommafiicun-
da fluant , nihilo me-
iius his cjui in nau-
fra^o funt , compa^
rati fiitnus.
Nihil honum nifi
virtus . . . nihil ma-
lUm nifi improbitits.
Hom. 6z: De
Ùt. & prov. 2. Exi-
ouHYn vit£ tempui ,
brève Jalutis curricU'
LE ©' AnTI OCHE. loi
après cela nous jurons en-
core , fublifons la peine que
nous nous fetoilâ nous-mê-
impofée.
Ce n'eft pas proprement '^^•.
dans les évenemens deschô- . "^"^•'^"^^
res^ du rtionde ou'eft la côn- '.IXœur'
tulion & le trouble ^ mais '
plutôt dans notre efprit. Car
fi la paix y étoit bien affer-
mie , quand nous ferions
battus de toutes parts d'une
infinité de tempêtes , nous
demeurerions toujours cal-
mes & tranquilles comme
dans un port ailuré. Com-
me au contraire fi nous ne
foiiiraes pas dans cette dif-
pofition j de quelque prof-
perité dont nous joiiilHons ,
nous ne ferons pas moirts
agités en nous-mêmes, que^
Il nous étions fur le poinf
de faire naufrage.
Il n'y a de bien que la
vertu j ni de mal que le pé-
ché.
Le bref efpace de cette i«?i.
vie n'eft que comme un Soinunicue,
cours de la philofophie du s'appl-i'^r a
falut. Sï donc nous, confu- ^^ ^^^'"'^ ^'^
liij
190.
Vraibiea
Se vrai mal.
faluc.
101 Des Hom
mons en des fciences inu-
tiles & fouvent pernicieu-
fcsa un temps fi court, qui
nous eft donné pour appren.
dre ce qui nous eft Ci nécef-
faire , quel autre moyen
pourrons nous avoir de nous
en ir.ftruire ? Quand ce tems
feroit très long , nous le
devrions tout employer à
acquérir ces connoiflances fi
utiles i mais étant auffi court
qu'il eft , n'cft-ce pas la der-
nière extravagance de per-
dre des momcns fi chers a
nous remplir d'opinions hu-
maines 5 qui ne font pro-
pres qu'à corrompre nos ef-
prits.
j^j. Non feulement la cupidi-
T>ëi'iv.t de té du bien d'autruy , & l'in-
compalTïon , juftice de le lui ravir , mais
cauie de no. même le défaut de lui faire
cre perte. ^miléricorde , eft une caufe
de damnation. Ce ferviteur
dont parle ici l'Evangile ,
ne fut pas livré aux Bour-
reaux pour avoir ravi avec
injuftice le bien des autres ,
mais feulement pour avoir
exigé le fien avec trop de
dureté.
Le retardement que Dieu
ELlES
Ittm, Si igiiur hreve
tempus j iHod ad di/L
cendum utilia nobis
datum eji-, in fupef
vacaneas atque no-
xius difctplinai infu-
mamui , quam oppor'
tunitaiem hahebimus ,
ad h£c necejfaria at'
que tdonea cognc^cn
ognc^çcn-
7 z>el Ion-
da ? Nam fi
gumejjet i univerfutn
tpj'um ad uti'ia con-
quirenda confunien-
dum foret ; nunc ver»
cum hreve atque exi-
guumjît 5 an non ex-
trême démentis eji »
tempui tàm brève in
opmionei mentium
noflrarum corruptri"
ces in fu mère ?
Hom. 64. De
fat. & prov. 4. Non
folum cupiditas aUc"
nt CT* bonorum dire-
ptio j fed ZSf Z/acui-
tas mifericordi£ ge-
henn£ , nobis caitfn
fttnt. Hic fer vu s non
quoi aliéna injufle
atceperit , fed qtiod
fua ipjîus crudeliter
repetierit , tortoribus
tradebatur.
Homil. ^j. De
AU Peu F
fat. & prov. 5. Di-
latio k Deo propofîta ,
eos cfui in nequiiia
permanent , ma^is
gravât ; CT* rerum nf-
fluentia à Deo data,
his qui non opportune
uîuntur , magna ad
damnationem accejjlo
ep. Sic C7' afperitas
rentm CiT* angiiflie ,
.^0»*,$ viris acieffïo ,
corons funt , etiam
Jîinterdtim proUban-
tur ; mediocrii enim
'Venia tune datur. Non
enim fîmpliciter pec-
cata itidicantur î fed
alio modo dives , alto
pauper. Htc qtndem
ct*m venia , ille ahf-
que venia.
Homil. 6j. De
piecat. I. Nobis qui
ad Dettm accedimus ,
timorjîmul CT* Utitia
funt adhibenda. Ti.-
mendum quiâem , ne
precatione indigni ejje
vidcamur ,* Utandum
autem ex honoris ma-
gtiitttdine , quodtan-
ta mortale genus pro'
videntia J)onefîetur ,
ut affduo Dei cort'
^ejjtt perfruatttr.
LE d'An ti oc HE. 103
apporte à punir ceux qui j^,
perfevcrent dans le mal, ne Profpéritc
lert qu'à accumuler leurs nuiûbla aux
peines-, & l'abondance des mcdiAns.ad-
biens dont il comble ceux ^"^^^.^ "«^^^
qui n'en ufent pas bien, n'eft ^^"^ '''''"'
qu un poids qui précipite da-
vantage Icuf damnation. Les
calamités au contraire dont
fouvent les bons font affligés,
contribuent à leur acquérir
des couronnes-, encore qu'ils
tombent en quelques fautes ,
lefquelles Dieu leur pardon-
ne plus flîcilement. Car il ne
juge pas fimplement & cg;i-
lement les péchés ; mais li
regarde dun œil différent
ceux des riclics & ceux des
pauvres, en jirgcant les uns
avec miféricorde , & les au-
tres fans miféricorde.
Quand nous nous adref- Ip4.
fons à Dieu pour le prier , . ^^^^^ -^^'c
il y faut apporter tout en- Joye^^crauv-
femble & de la crainte & *^*
de la joye. D'une paît nous
avons iujet de craindre d'ê-
tre indignes de le prier ;
mais de l'autre , nous en
avons de nous réjoiiir du
grand honneur que nous re-
cevons , Se dQ ce que la
bonté de Dieu veut bien
élever des hommes mortels
à cette fublimc dignité , de
I iiij
104 Des 'Ho m
pouvoir jouir d'un familier
entreciéri avec lui.
j -^ La vie éloignée de la pié-
La foi & ifs ^^ ^ ^^ robfeivation des
bonnes cru- préceptes eft la mort de l'a-
vres , vis de me : & ce n'eft que par ïa
l'ame. foi & par des adions con-
formes à la foi 3 que l'ame
peut vivre.
ïç^. Quiconque ne Jîrie pas
Néc^liçer 'a Dieu avec afliduite, & rté-
priére eft un glige de jouir de fcs divins
lijiie de mort entretiens , ett mort dans
fon ame. Car c'eft une mar-
que qu'on a perdu tout fen-
tjment , quand on ne re-
connolft pas un fî grand hon-
neur , quand on n'a pas d'a-
mour pour Toraifon , &
quand on ne regarde pas
comme une mort fpintuelîe ,
la négligence de ne pas ren-
dre à Dieu le culte qu'on
lui" doit par la prière.
C'eft une vérité" manifefte ,
, qu'il eft impoflîble de mê-
la pr.ere fre- ner une bonne vie (ans qu'el-
^uentc. j^ ç^^^, foute nue par la priè-
re: Car la prière n'eft pas
moins néceliaire à tous les
Chrétiens , que l'eau Teft
aux arbres. Et comme ils ne
fçauroient produire de fruit ,
il leurs racines ne font nour-
ries d'humidité ,• de même
Ne'ceflité d;
LIES
Mofs animi efl vl*
ta à piefate CT- legi^
bfii aliéna : ejufdem
i^ituf animi vita can-
pat V religioiie &
aélionièus vivendt
quii, cHm reli"ione'
r • '^
conjentiant.
Quicumqtte Deurji
non precatur ajjicfuè ,
neque d/vino coUoquîù'
frui cupit , mortuni
ej}. llludefienim ma'
ximum fiuporis (jgnuni
fi honoris hujus ma-
gmtudo ignoratur , fi
precati'j non amatut^
Jî non animai mors e-
xiftimatur Deumprc
cando non venerari^
Fieri non pojje ni'
fine pYectbus vit a cum
virtute dttcatur , purf-'
picuum ejfe omnibtii
exifltmo Non'
enim minus quam a'r*
hôtes aquis , tllis nos
indigèmus univêrfil
Nèqtfe ilU poffunt ejje
fnthuofit 5 riifi hu'
ntorem radicihus eêî-
AU Peupl
lant ; neque nospre-
tiojlfjîmas pietatisfrtt-
ges funàere , nijl
precibtêi irrigemur.
Quamobrem CT* cum
letlulo furgimus , an-
tevertere folem opor-
Ut Dei cuUh; C^ ct*m
menfe accumUmus y
C?" càm fomm caufa
cuhanuii V immo ve-
to fngtdts horis pre-
catioefl adDeum ad-
hibendit , CT" in ea Dei.
curfus confictendtis,
"Hyherna verl tempore
plnrimam noélispar-
tem in prectbui tradu-
camus.
Homil. ■^8. De
precat. z. Agelio-
ra pedefque tegentes
cum laudei CT* cultum
Domino aàferttnt . . .
nos j m opinor , ad-
mènent , ut precan-
di tempore humant
nature obUvifcamur ,
atque veneratione ac
timoré perculfî mhil
aniè oculospofïtum af
piciamus t fedin me-
dto Angelomm choro
nos efje , CT* emdem
qnem tlli cultum Deo
nos perfolvere arbi-
tremur»
E d' A N T I O G H E. 1 0 jT
nous ne fçaiitions jamais
porter de riches moKfons de
vertu , Cl nous ne les anofons
continuellement par nos
prières. C'eft pourquoi êri
nous levant j nous devons
prévenir le foleil jur les orai-
fons que nous offrions à
Dieu , en nous mctiani a
table y & en nous couchant
nous en devons faire de mê-
me ,■ ou ph^itôt à toutes les
heures , & paffer ainfi la
journée en de fréquentes
prières Mais dans le temps
de l'hiver il y faut aufïi em-
ployer une bonne partie de
la nuit.
Qjand il eft dit que les
Anges fe couvrent le vifage ,
& le cachent les pieds , lorf-
qu'ils chantent les louanges
de Dieu, & qu'ils rendent
le culte qu'ils doivent à fa
majefté , cela nous avertit de
bannir de notre mémoire
durant la prière , tout fouve-
nir des chofes humaines : en
forte qu'étant frappés d'un
fentiment plein de refpetl &
de crainte, nous ne peniions
plus qu'à nous joindre au
chœur des faints Anges, &
rendre à Dieu les mêmes de-
voirs & les mêmes adoratioas
Attention
dans la priè-
re. ~
io5 Des Hom
que lui rendent ces Efprits
céleftes.
Y a-t-il rien de plus faint
Avamges^^ede jodir de la familiarité
de la prière, àe Dieu ? Y a-t-il rien de
plus jufte, déplus exctlent
& de plus fage ? Cai fi ceux
qui converfent familiaire-
ment & qui ont des entre-
tiens ordinaires avec des
hommes làges , contraâent
en peu de temps une partie
de leur fageiîe, & en de-
viennent plus prudens ; que
ne devons nous point dire de
ceux qui communiquent fou-
vent avec Dieu, & qui s'en-
tretiennent avec lui-même ?
C'eft pourquoi ce n'eft pas
fans grande raifon que plu-
iîeurs appellent la prière, la
mère de toute vertu & de
toute juftice.
La prière eft le fort rem-
„^°®; . partde TEolife : ceftlater-
Vertudela;:^^,^ des Démons, & le fa-
prière. 1,1
lu^ des hommes.
2or. Je fuis un pécheur, me di-
Prequenter rez-vous , c'eft pourquoi je
lesaflemblées ne puis pas alfifter à la feftc
ce i'EgUfe. de ce jour : & moi je vous
répons, que c'eft pour cette
même raifon que vous y de-
vez affiiter, afin de devenir
jufte. Que fi vous êtes jufte ,
aïfiftez • y auffi pour obtenir
B L I E s
Quid fanSîius iis
qui Dei confuetttdine
ferfrmntuT f Q^id
jujimi 5 ornatius ,
fapientim ? Nam fi
ii qui fapientihus ho-
minibus familiariter
utuntur , ex afjtdua
confuetudim , illorum
prudenU(e participes
celeriter fiitnt : (juid
de tii iicendum
qni divina confitetu-
dme fruHtitur , CT*
cum Deo ipfo collo"^
quunmr ? . . . . Ita'
que non fane ii ab-
erret , qui omnis vif
ttitis jufiiiiitque mU"
irem ejje precationem
ajjîrmet.
Precatio Ecclefia
firmijjimus mur us ,
terrori damonibus ,
piis faluti.
Homil. 69. In
fandos Petrum &
Eliam. Peccator^in-
quis , fum , idcirco
feflo diei occurrere
non pojjiim. Maxime
inquam , ob hanc
caufam occurrere de^
bes diei/efio , utju'
AU Peup
flui efficiaris. At fi
jujîw, es , occurre , ne
't fujliiiâ excidas.
Ecquifnam ex homi-
nihm , cjuafo y fine
pcccaio efl ? Proptereà
facrtficium €7 Eccle-
fia , preces ac jeji*-
nia : CT* quoniam
multa. fiint animx
Vtihiera , proptereà
tnedicamenta ipfa in-
venta fimt y qutifin-
gulis anim<e vulneri-
bus tongri4entem me-
dicinam aJferutit.
Habes Patrurn ora'
tiones , hahes Spni-
tits fanélt domum ,
Mtirtyrum memoriaSy
C^fiinSîorum congre-
gationem , mi*!tatjx4e
alla huJHfirnodi , qu<e.
poffu'm te à peccatis
adjujiitiam revocare,
Proptereà rpfos
ettam Sacerdotes af-
f<.'tlibus pthicOos ejjè
Deus l'oluit ^ pr^fi-
des , ut eorum qu<e
ipfï patiu)7tur fenfum
habentes , aliis etiàm
veniam darcnt ....
Angelis non efl corn-'
mijjum façetdotium
Contre les
Hérétiques,
LE D*AnT10CHE. 107
de Dieu que vous ne tombiez
de cet excelent état. Et qui
eft-cCj je vous prie 5 d'entre
tous les hommes qui foii fans
f)éché ? Aufïi eft- ce pour ce-
a que Ton offre le facrifice ,
qu'on s'alTemble dans l'Egli-
fe , qu'on fait des prières , &
qu'on pratique des jeûnes.
Etcomme les âmes reçoivent
une infinité de playes, c'eft
pour cela que l'on fe fert dans
r Eglife de plufieurs remèdes ,
afin que les appliquant à ces
diverfes bleiîures , lelon qu'-
on les y ji'ge convenables ,
ils en puilîenc procurer la
guérifon. Vous avez donc le^
pueres des Saints Pérès ,
vous avez îa maifon du S. Ef-
prir j les mémoires des Mar-
tyrs , \ts airemblées des fidel-
les , & plufieurs autres mo-
yens femblables qui font ca-
pables de vous rappeller du
péché à la juftice.
Dieu a voulu que ces Mi-
nières mêmes fuflent tout
enfemble & fujets aux affe-
ftions humaines , & établis
au delFus èts autres fidelles torité fur les
pour les gouverner 5 afin qu'é- pécheurs,
tant afiujettis aux mêmes
fentimens , ils fe rendirent
plus faciles à \qs pardonner
dans les autres. Ceft pour cela
202.
Pourquoi
Dieu adonné
à des pê-
cheurs l'au-
Ne s'a]
{racet
108 Des Hbî^ELife^
que ce miniftére À'à pas été ( UBeri enim fttrtt à
impolé aux Anges. Gat étant petcanit> hbidine )
entièrement dégagés de la ne videhcet oh ftve-
cûpidité du péché ", il aui oit ritatem peccat'oires
été à craindre qu'un excès fulguribus transfige-
de fcVérité ne les eût portés rent.
à foudroyer les pécheurs auf-
fitoll qu'ils auioKnt péché.
Dieu permt que la fimple Muliet una talem
ippu- parole d'unt femme mit en tamumque Prophetam
jtr que furfuite un auffi faint & fi grand EB-i^um fugitivum
k force delà piçjpj^^fg qu'étoit Eliiee ; effcctt ^ Ut difcas cùni
' '^ afin de nous apprendre que aliquid aimirabile
quand nous avons fait quel- ftcerts , ilUd non ti-
que adion de vertu , nous ht 5 jèd Dei potentU
ne le devons pas attribuer à
nous-mêmes , mais à 1j feu-
le puilfancc de Dieu. Car
vous vovez clairement en la
perfonne de ce Prophète ,
^qu'aulTitôt que la grâce fe fut
retirée j la foibleUe de la na-
ture mérita d'être fortement
reprife de Dieu.
Lt% corps des Saints dé-
fendent plus puilfamment
cette grande ville , que ne
Contre /^j pourroient faire les plus forts quovis inèxpwrnahili
Uc'réfiqnesi remparts : ce font comme rnuro tinius nobis ur-
des rochers élevés qui l'en-
vironnant de toutes parts ,
non-feulement arrêtent l'im-
petuofîté de nos ennenxis vi-
ables; mais aufli nous pré-
fervent des cmbufches àts
puiffanccsinvifiblcs, & dif-
trtbuehdum ejje. ^-
àiflt quentadmodàrif
difcedente gratta di'
vina 5 redarguta ejl
natura humana ï
204.
Reliques,
In Martyr. ^-
gypt. Hom. 70.
corpora
Sanflorum
bem commténiunt i O*
tanquàm exceljî fcO'
puh undique promi'
nentes non fenfihilium
hojlium impetus pro-
pulfant tantum , fed
etiam invifibtlium
AU Peu P
cîimonum injîdias ,
omnefqite fraudes fuh-
Vertunt ■£' Vf
nohis Dominus traf-
catttr , his objtŒs
corporibus coniinttp
foterimm eum propi-
tium reddere ctviu-
Sicut per torporem
O* délie tas nemo cor
ronaiconfequitur . . .
Sic nec fidelis in pi^
^itia CT* remijjîone
fidsm tradttcens bo-
na promtffa fieri ne-,
qttit ut confequatur.
'Num igùur abfitr-
dttm in omnibus qui-
dent rébus hujus ficu-
U antè voluptatem
labores e(Je propofîtos ,
Cy antè fecuritatem
pericula , idque cum
vilium CT* extguarum
rerum pofî labores tl-
los expe^latio relin-
quauir : cùm vero
cxlttm fit propofitum ,
vita qudt nullo fine
terminatur . . . Non
eandem ilUs dio-nari
diligent iam qt*amfie~
cularibus rébus tmpen-
dere ?
LE d'An Ti OC h e. lop
fipeut tous leurs artifices. Ec
s'il arrivoit le malheur que
Dieu s'irritât contre nous,
nous aurions le moyen de
l'appaifer focileinent, enop-
pofant ces faints corps aux
traits de fa jutte indignation.
Comme un foldar pjtef-. xof."
feux & fujet à (es plaifirs, Oiin'arri'-
n'obtient jamais de. couronr ^^ ^ ^'*: ^^■'
lies ^ de même uafidelle qui "T^nT*
r r ■ i ^- P*f U peine»
corrompt la foi dans unc^vie
de relâchement & de paref-
fe , ell incapable d'arriver ja-
mais aux biens éternels qui
lui font promis. Etpuifqu'ea
toutes les chofes du monde
on ne trouve point étrange
que les travaux précèdent les
plaiiîrs, & les dangers Taffu-
rance &le repos , quoique
ces plaifirs 8c ce repos que
l'on attend en cette vie ,
foient bien peu de choies;
ne feroit-il pas bien ridicule
à des Chrétiens , qui ne fe
propofent pas de moindres
récompenles que le Ciel mê-
me , avec une vie qui n'aura
jamais de fin, de prétendre
de l'obtenir fans /apporter
autant de foin & de diligen-
ce que des payens pour ac-
quérir les biens du fiéde.
20^.
' Culte des
Martyrs.
Contre les
H^rett^iées.
207.
Hair le pè-
che , non pas
le pécheur.
108.
On peut a-
bufer dîl'E-
criturc .Sain-
te,
20p.
Volupté
bourreau
cruel.
iio Des h o m
Allons* au tombeau de ce
faint Martyr. Lés Kois mê-
mes ne dédaignent pas d'y
venir aufîiavec nous. Allons
y les cierges à la main.
Je n*ay point d'averfion
de l'hérétique , mais de Thé-
refie , ce n'eft que Terreur
que je hais, &nonpasrhom-
me qui erre , puifque je m'ef-
force de le retirer de fon er-
reur.Je ne déclarepas lagucr-
rcà une créature qui eft l'ou-
vrage de Dieu ; mais je tra-
vaille à guérir une ame que
le démon a corrompue.
Ce n'eft pas l'Ecriture qu'-
il faut accufer , mais la ma-
lice de ceux qui interprer-
ten't mal les chofes qu'elle a
bien dites. Et en elFet nous
Voyons que le démon même
fe fert des paroles de l'Ecri-
ture pour combattre Jêsus-
Christ.
On peut confiderer en cet-
te Sainte , la virginité com-
me une efpece de martyre ,
avant fon martyre. Car les
voluptés nous font fouvent
de cruels boureaux j ils nous
tourmentent avec àei chaî-
nes qui ne font pas faites de
ELIES
Homil. 71' De
S. Phoca. Nos ad
fepulchrum Martyrii
conferamus. Keges
unà nohijium chorum
a^nt . . . IUhc cum
lampudibui procéda-
mus.
Non hareticum »
fed h^rejîm > non ho-
mtnem averfor , fed
errorem odio profe-
qt*or y O* allicereco-
nor. Non eji mihà
hélium fu/ceptum cum
fùhjïantia , Dei opè-
re ifed corrigere men-
tem volo quam diaèo'
Im corrupit,
Nemo Scrtptnras
accufet , fed eornm
improhitatem qui ea
qu£ redè dUlafunt 9
maie interpretantur,
Nam O* Viaholas ex
Scriptttris cum Chri-_
fio difputabaU
Homil 72. De
fanda Thecla. f^n-
ginitas in ea magnum
quoddam fuijfe mar-
tyrium ante marty-
rium videtur. Sttnt
enim crudeles carni -
fces corporii zolup-
A u Peu p
ftates . . . vincttlis
torquent non manu-
faUts . . . perpetttu
iy m orhem redtuti'
tibui prdiis urgent ,
qu£ neque cttm foie
êxcitamur , neque
cum nofle fopiuntur,
Homil 73. De
S. Bailaam. Qui
feripotep, dtcet alt-
quis , ut Mart^rem
imttemur , non emm
perjecuuonis ejl tem^
fus . . . Non per-
fequuntur homines ,
at perfequuntur d<£-
mones .... Non
ohjeflas prunas conf-
picii , at cupiditatis
€onfpicisjlammam ac'
cenjam : illi prunai
atîcarunt ; tu natura
pyam calca : ilU cum
befliis pugnarunt , ttt
tram indomitam bel-
luam frttna, Illi ad-
Vertus intolerahiles
dolores jieterunt i tu
abfurdai pravafque
cogitât iones qu£ in
corde tuo pullulant ,
vince ; ità Martyres
imitabere»
LB d'AnTIO C HE. XII
main d'homme j ils nous
preflcnt par des attaques
contmuelles , qui fe lucce-
dent les unes aux autres, &
qui commençant avant le
jour , ne finillent pas avec le
jour.
Il y en a qui me diront; 'iro;
Comment pourroit-on imi- O^peute-
ter un Martyr p.érentement-^-^;;-
qu on n elt plus en un temps
de perfecution ? Il eft vray
que les hommes ne nous per-
fecutent plus , mais \qs dé-
mons ne celTent point de le
faire. Vous n'êtes plus expo-
fés à des flammes extérieu-
res , mais vous reflentez les
intérieures d'une ardente cu-
pidité : les Martyrs ont mar-
ché fur des charbons allumés,
& pour vous vous avez à
fouler aux pieds le brafîer de
vos convoitifcs : ils ont com-
battu contre les bêtes, &
vous avez à dompter en vous-
même une bête féroce qui
eft la colère : ils ont réfifté
à des tourmens intolérables ,
& vous avez à furmontcr les
attaques de mille penfées fâ-
cheufes qui fatiguent con-
tinuellement votre efprit :
& c'eft ainfi que vous pou-
vez imiter à toute heure le«
HZ Des Homélies
faints Martyrs,
an. Malheur à ceux qui boivent Yx qui biblltlt
' Délices Je- les vins lesplus exquis , c?" qui vinum defaecatum ,
fendues aux reJienhtnths plus exceUens far- & primis unguen-
Chrécieiis. fums ^ ^c. 6\ ces délices é- tis utuntur , &c.
toient défendues dansletems Si h^c vetens Te/?4-
menie de l'ancien Telhmentj mentt tempare prolw
elles le doivent être bien da- Behantur, multo wa-
vantage au tenips du Nou- gis temporr graii£ ,
veauj oui on tait profefllon ubi major cjl fhilo/ç-
d'une plus exade & féyçre fhia.
philo/ophie.
2Xî, Lts Martyrs ont autrefois Homil. 74. De
Imiter les méprife la Vie j meprilëz SS. Martyr. Mar-
Martyrs mê- donc maintenant au moins t^res conttmpferufit
me dans la les délices : ils fe font jettes pitamy contemne tu
paix de 1 -- dans les feux, jettez au moins deltcias : projecerunt
S ' votre argent dans les mains tlli corpora in ignem ;
des pauvres : ils ont foulé proiiçç tu pecwraas in
aux pieds les charbons ar- pauperum manus :
dens, étouffez au moins les ^runastlli calcaruntj
flarnmes de votre cupidité, tu cuftditatis fiam-
Ce font des rhofes difficiles mam extingue. La-
& labofieulésj mais infini- boriofn funt ijla V*
ment utiles. Ne confiderez difficilia , fed utilia
pas Tamertume àts peines admodùm. Ndpprd"
prélentes , m,iis la félicite des Jentia acerba fpecJare ,
joyes avenir ; m les maux fed jucunda futura.
qui nous pre4fent durant cette Non qu<e tnmunibus
vie .- mais les biens que Tef- mala , fed qu<t in
perancc nous moDSte dans la fpe bana : non pafjîo'
vie future : ni les foufFran- nés yfedpr<emia : non
ces , mais la récompenfe -, ni îabores , fed coronas :
les travaux , mais les cou- non igné m urentem y
ronne.s ^ ni les feux & les fed propofnum re-
tourraens j mais le Royaume gnitm : non camifices.
circttmj}ante$
Au Peu?
ttrcumjiantes ,' Jei
ChriJIum coronantem.
Homil. 76. De
anathem. Sic Apo-
JïoU CT* idonei eorum
fuccejfores » htereticos
ejiciebant ex Eccle/îa,
quafi ejfodiendus ejjet
cchIus dextet : qua
Veluti membri lethali
defeéiione magnum
futt compafjtonii indi"
fiftmprie Je ferebant.
LE , b' A N T I O C H E. 1 1 J
du Ciel i ni les bourreaux qui
nous tourmentent , mais Jé-
sus - Christ qui nous
couronne.
Quand les Apôtres & leurs
fucceifeurs chali'oient quel-
que hérétique deTEglifc, ils
n'en reflentoient pas moins
de douleur, que s'ils fe fuf-
fent arraché un de leurs yeuxj.
& par ce fentiment de com-
palïion ils faifoient paroitre
combien ils étoient touchés
de la réparation de leur frère»
N "ex com-
munier qu'à
regret.
DES HOMELIES
SUR S. MATTHIEU'
Praefat. in Matt.
Homil. i.Evange-
Imm non abs re vo~
catur .... fiquidem
pcenarum fubUtio-
nem , veniam pecca-
torum , fanfiificatio-
nem atque jufiuiam ,■
redemptionem , adop-
tionem etiam filiorum
CT' cœlorum h^redita-
tem y C?* cum Dei ^-
CE Livre eft appelé avec 214;
raifon Evangile ou la bon- joye qire
ne nouvelle , parce quSl an- doit apporte»
nonce à tous , aux méchans , riivang,ik.
aux ennemis de Dieu, aux
aveugles aflis dans les ténè-
bres , la délivrance des pei-
nes, le pardon des péchés»
la juftice, la fandification ,
la rédemption, l'adoption des
enfans de Dieu , l'héritage
die fon royaume^ & ia gloire
K
114 Des Hom
de devenir les frères de fon
FjIs unique. Y a-t-il rien de
fi grand que ces nouvelles
qu'on nous apporte ? Un
Dieu fur la terre , & hom-
me dans le Ciel j un mélan-
ge admirable des chofes in-
férieures avec les fupérieu-
res Quel fpédacle plus é-
tonnant que de voir une
guerre aulîi ancienne que le
monde, ceflér tout d'un coupj
Dieu réconcilié avec les
hommes ', le diable confus ,
la mort vaincue , le paradis
ouvert, la maledidion dé-
truite , le péché banni , Ter-
reur étouffée ^ la vérité ré-
tablie 5 la parole divine fe-
mée & frudifiant de toutes
parts, la voye du Ciel in-
troduite fur la terre , les
Puiffances & Vertus céleftes
fe familiarifer avec les hom-
mes , & la pofTeflion de ces
biens préfens affermie dans
nous par l'efpérance des biens
futurs.
iij- C'eft avec grande raifon
ta plus heu- qu'on donne le nom d'Evan-
gilc a cette hiltoire lacree.
leufe des
ELIES
lia jraternitatem >
omnibus j tum inimi-
cis 5 tum improhis ,
tttm in tenehris feden-
tibus nunciavit. Nun-
quidpoffït ejjè <equale
his tàm bonis nunciis ?
Deus in terris , Ao-
mo in calo ; faé}a efi
omnium una permix^
tio . . . Cernere efl
antiquum praUum
repente dijjolutum i
Deum hominibus re-
conciliatum , diabo'
lum coftfufum , moV'
tem peremptam, pa»
radifum apertum y
malediflionem remo-
tam ) peccatum fub"
latum , exa^itatum
errprem » verttaterjt
reverfam , pietatis
fermonem ubique fe-
minautm > ubique
crefceniem , cœlejlem
converfationem in ter-
ra région e plantatam,
virtutes fupernas fa-
miliariter nobifcum
hquentes . . . exque
his fpem frmam fu'^
turorum.
Fropiereà intur
Evangtlium vocatur
ijfa ht-(ioria j quafi
Sur s.
fciUcet omnia alla
verba inattia dacean-
ti*r quihm folent />r<£-
Matthteu. II y
Tous \ts autres Ecrits qui nouve'Ies ,
ne promettent que l'abon- c'^''- l'Evan-
dance des richeiles , la gran- S''^*
fentia tpa promitti ; deur , la puillance , la prin-
cipauté, la gloire , les hon-
ut copia dtvitiarttm ,
potenti£ magnitndo ,
principatus , glori^
z>el honores , CT* qti£'
cumque alla bana ejje
hommes arbitrantur.
Qu<e vero pifcatorum
ff*nt annitnciata ver-
bis , propnè ac vere
Evangelia nominan-
tur , non tantum
quià firma funt ac
immohiUa , fupràque
noflram eminentia di~
gnitatem \ fed quià
cum omni facilitate
etiam noUs donata
funt.
Si unus Evange-
Ufla univerfa dixif-
fet , fttperfiuus jam
fuijjet numerus c<ete-
rorum :fin varia in-
ter fe omnes fcnpftf-
fent ac nova omnia ,
nullum potuijjet con-
Venientite apparere
■documentum. Fro-
ptereà CT* communi-
ter mttlta dixerunt ;
er nihilominus quif-
Que proprium altquvà
neurs , fit tout ce que les
hommes croyent être des
biens, ne font que vanité &
que menfonge. Mais tout ce
que des pêcheurs nous an-
noncent ell proprement ap-
pelé t Evangile c'eft à-dire ,
la bonne nouvelle j non feule-
ment parce qu'ils nous pro-
mettent des biens ftables ,
immuables, & qui font beau-
coup au deffiis de nous , mais
encore parce que nous les
obtenons fans que nous nous
les foyons procurés par aucua
travail.
Si unfeul Evangelifte avoit
tout dit , ce feroit inutile-
ment qu'il y en auroit eu plu-
fieurs : fi aufliils euflent tous Evangeiiftci.
dit des chofes nouvelles &
différentes , on n'auroit pu
faire voir comment ils s'ac-
cordent ; c'eft pourquoi ils
rapportent tous àes chofès
communes entr'eux , & cha-
cun d'eux en dit aufïi qui lui
font propres, afin que chacun
parût néccifaire en ce qu*il
dit de particulier , & qu'il
Kij
pourquoi il
gure,
11^ Des h om
ferWt en cela à rendre té-
moignage à la vérité.
117. On en voit plufîeufs c][ui
Contre le cônfervent foigneufement
peu d'affi- j^ns leur mémoire tout ce
du.te à l-E- q^^.ji, oQj entendu dans les
comédies , ce qui ne fert qu'à
perdre & tuerleursames j &
qui lorfqu'ils fe trouvent
dans i'Eglife , où c*eft Dieu
même qui leur parle , ils n'y
peuvent demeurer un mo-
ment fans impatience. Ceft
pdur cela que Dieu nous
menace de l'enfer ^ non
p^our flous y faire tom-
ber 5 mais pour nous en pré-
ferver par les menaces , en
nous portant à fuir une fî
damnable coutume. Cepen-
dant nous faifons tout le
contraire de ce qu'il défire.
Kous entendons qu'il nous
menace de l'Enfer , & nous
courons tous les jours à ce
qui nous y mène , & qui nous
damne. Dieu nous ordon-
ne non feulemen: d'écouter,
mais même de faire ce qu'il
nous dit j & nous , bien
loin de le pratiquer, nous
ELI ES
acfpeciaie confcrip/tt (
ut neque fuperfluui
videretttr C temerè
adjefius , ac fimtd
veritatii diflorum e-
xafium fr^beret no-
hts indicem.
Cum omni diligent
lia quod audierint
in theatris memon*
comnundant ad ani-
*»£ fH£ perniciem >r
hic veto ubi loquitur
Deus y ne exignum^
quidem patienter
tempus expehant • . .
Gehennam propier hoc
Deus minatur y non
ut eam nobis inférât ,r
fed ut fugere perfua*
deat illam pernicio-
fam confuetudinem^'
Mos vero è contrario^
cunfia a<rimus , C?*
quotidie in illam-
viam qua tllttc dw'
cit irruinjHS. Nam
pr^cipiente nobis Deoy
non modo , ut au-
diamus qu£ dicuntur y
verum ut cum omni
devotionc faciamus ,^
nos nec audire cura'
mus : quando igitur
ea qu£ dicuntur »»•
pUhimm i
Sur s.
In cap I. hom.
2. C^lum ea qt*€ in
terra funt , accepit s
er terra ea <ju<e in
ctelo ; C défi de rat a
olim Angelis atque
fanSiii pax aliquan-
do donata efl»
Qjéod mirahile efl , .
videbis mortem morte
peremptam , maledi-
ftttm maledido ex-
tinflum 5 C?* per qti<e
diaholus jam ante
maxime valebat y per
ea ipfa tyrannidem
illiui efj'e dejiru&am.
F'erus Ftlius fem-
piterni Dei etiam fi-
lins David ejjè di'
^natus efi , ut te fi-
lium faceret Dei :
fervum patrem habc'
te dignatus efi , ut
tibi fervo patrem
faceret Domitttm,
Q^od fi ambigii de
his qu<e adtHHm fpe-
Oant honorem , de
ilUm Immilituis difi-
M ATT H I EU. 117
n'avons pas feulement la pa-
tience de l'entendie. Quand
donc ferons - nous ce qu'il
nous ordonne , fi nous ne
recourons pas feulement
quand il nous parle ?
Le Ciel a reçu ce qui étoit 218.
dans la terre , la terre a rc- ^ }. C. eft 1*
çu ce qui étoit dans le ciel i paix de la ter-
& ainfi s'eft faite cette paix '^ ^ ^" ^^^^•
des hommes & des Anges,
qui avoit été fouhaitée du-
rant tant de fiédes.
2J9.
Merveille»
de rSvangU
le.
Vous verrez dans l'Evan-
gile des choies admirables;
la mort éteinte par la mort ,
la malédidion abolie par la
malédidion , & la tyrannie
du démon détruite par les
mêmes armes dont il s'étoit
refvi'poUi- rétablir..
Le vrai & unique Fils de 24b;
Dieu éternel veut bien être Le fils dè^
appelé Fils de David , pour Dieufi'ith'o-
vous faire devenir enfant de "^^'P^"'^ ^^'^'
Dieu i il n'a pas dédaigné ^f'/^^î""^
d'avoir pour Père un efclave •,.^^' ^' ^^^^
afin que vous qui étiez efcla-
ve ay^z Dieu pour Père.*
Que fi vous doutez de cette-
gloire à laquelle vous êtes
appelé , foyez-en pérfuadé-
par fa profonde humiliation*-
Car la raifon derhomra^a-
ii8 Des Homel ie s
bien plus de peine à compren- ce credere etiam ^tf<e
dre qu'un Dieu foie devenu
homme , que non pas qu'un
homme puifle devenir en-
fant de Dieu.
4 21. Dieu nous a donné des
Employer yeux , une bouche & des o-
Bout pour reilles , afin que tout ce qui
Dieu. eft en nous foit employé à fon
fervicc*, que nous n'écoutions
que ce qui le regarde, que
nous ne parlions que de ce
qui a rapport à lui , & que
nous n'agifTions que pour fa
gloire.
^, 22 i. Il eft impoflible qu'une
Onnemon- ameappefantie des foins de
le au Ciel Ja terre , puiile s'élever vers
que par le dé. j^ çiiel j c'eft pourquoi nous
devons nous dégager de tout
pour pouvoir courir légère-
ment dans la voye de Dieu :
cependant après cela même
nous ferons encore incapables
de nous élever jufqu'à lui , fi
nous ne fommes foulevés fur
les ailes du S. Efprit.
Ce qui perd & corrompt
Néceflité tout comme une pefte très-
pour tout le daneereufe, eft l'opinion que
monde délire pj^^çyjj ont quC la Icàurc
1 Ecriture. * *
pouillemeiit
&par lagra
ce.
22y
fuper tuam dignua-
tem dicmitttr •
Mtélto ejî dijjîcilius ,
quantum ad cogita-
ttones homtnum fer-
tinet , Deum homi'-
nem Jieri , c^uam ho'
mmem Dei filium
conjècrari.
Et oculos y Çp" osy
CP* audiium frroptereà
pofuit in nobis Deus ,
ut omnia tpfi membra
fervirent : ut qud
ip/îus funt 5 audia-
mui ; qu<e tpjîus lo-
quamuT i qu<e ipJîuS^
/émiser operemur.
Non potefl quis
omnino in terram de-
fixm y ad cdiUrum
evolare fafltgiunu
Et ideo fludendum ut
paraît femper CT* ac
cinCli tter hoc tinfi'
cere pojfimus : ima
nec fie quidem pojjl'
bile ej} , nijî alis Spi'
titâs fubvehamur.
Hoc ejl quoi ont'
nia quafi una qua"
dampejie corrumpit »
quoniam leCÎPomm
Sur S^
ihinarum Scriptura-'
THm ad folos putatis
tnonachos pertmere ,
cùm multo magis vo-
his quam illis fit ne-
ceffaria. Qui enim
verfantur in medio j
O* vulnera quotidiè
accipiunt , magn in-
àigent medicamme,
Scriptura nutrimen-
tum animai hoc orna-
mentumyhoc fecuritas.
Et quid ats , lùcri
ejif qttando quis au-
dit CT* non accedit ad
implenda qua dtCla
funt } Non parvus efl
etiam ex ip/o auduH
profe£lus, Nam qui
audit CT* femetipfum
reprehendet , fepè O*
alterius ingemijcet »
iy eo quandoqtte peV'
Veniet 3 ut fludeat
«tiam implere quoâ
âidkit.
Non contemnamus
Scripturas audire divi •
nas.H<ecenim diaholi-
CA infpirationisfitnt ,
nonfujfinsntis ut afpi-
fiamui ihefauros , ne
diviiiaî acquiramus.
Hom.^» Si vis fié»
Matthieu. iip
de l'Eciituren'eit bonne qu'-
aux Religieux & aux Solitai-
res, puilque lesféculiers en
ont encore plus de belbin
qu'eux. Car ce (ont ceux qui
fe trouvent au milieu du
combat y & qui reçoivent
tous les jours de nouvelles
playes, qui ont befoin de
plus de remèdes.
L'Ecriture eft la nourritu- 224.
re del'ame, c'eft fon orne- Avantages
ment , c*ert fon affurance. de l'Ecriture.
Que fert , dites-vous ,
d'entendre la parole de Dieu, ^^^uité i
lorfquon nela pratique pas ? écouter la pa-
Je vous dis qu'on ne laiiTe pas rôle de Dieui
alors d'en retirer une grande
utilité. Car on s'accufera foi-
méme , on foupirera, on gé-
mira 5 & on le mettra enfin
en état de faire ce qu'on
nous apprend.
Ne négligeons pas d'en- 2%g,
tendre parler de l'Ecriture. S'appliquei
C'eil 1@ démon qui nous en * TBcriture»
infpire le dégoûta parce qu'-
il ne peut ibufFrir qu'on nous
découvre ce tréfar , de crain-
te que nous n'emportions une
partie de ces richefles. 227.
Si vous voulez vous élever Se défier de
^. . , 110 Des Ho m
pnf?r ■""'" ^ "ne haute vertu, ne vous
élevez pas dans une haute
eftime de vous-même j cro-
yez ne rien faire j & vous
ferez tout,
Thunùlicé.
128. Si l'humilité rend le pé-
^Jouvoir de cheur jufte , quoiqu'elle foit
plutôt en lui une reccnnoif-
lànce de Ton indignité , qu'-
une vraye humiliation 5 com-
bien cette vertu lera-t-elle
puiffante dans le jufte même >
". 12^. -Dieu ne veut rien diminuer
Bonté mifc- du fruit de vos travaux : mais
ricordieufe plutôt il s'étudie à faire que
de Dieu. jQ^t tourne à votre avantage,-
que tout vous profite. Quand
vous ne jetteriez qu'un fou*
pir 3 & que vous ne lailferiez
tomber qu'une larme , il les
recueille auflitot & les fait
Tervir à votre falut.
130. Quoi, vous ofFenfez Dieu
^ Gémir de tous les jours , & vous ne
Ces maux > faites que rire &• vous diver-
oublier ks j-^ e y^^^ fçavez fi bien ou-
blier tous les maux que vous
commettez, & vous tie pou-
vez oublier le peu de bien
ue VOUS' faites»
^
ELI ES
hlime ali^uïd oflenie-
revirtutfSj nolifubli-
me fapere . . . NoU te
putare <^uic quant fe dp-
fe qttod fecerisj Jic ah'
folHlijJîmtim ern opus.
Siquidem ex pecca^
ton bus quoque ju/}o^
hum t lit as facit i cùm
tamen non fit tllud
humilitas , fed vera
confefjîo. Si igitUT
tantum valet in pec'
eatore confefjîo , con»
fidera quantum hu-
fnilitas pojft injufio.
Non Z)ult Deus la-
horum tuerumfruBtti'
perire , qutnimo om"
nia m tuum commo-
dum facit i tihique
rem attgere fejlinat
..'.." Si ingemueris
folum atque lachry"
maveris , rapit ijla
éonftfiim in tu<e oc-
cajîonem faltttis,
Quid ats tu, càm
quotidiè offendai Do-
minum , nihilominUs
deliciarii ac rides > ZP*
inter magna peccata
nec te peccafje nojïi ,
oblivioni cunBa tra-
dendo : folam veto re»
éïèfaûorum non potes
ahjiçere memonam^
Saih
Sur s
Satii certui reélè
rus y ipfa reflè /«<-
Gorum obUvio,
Tu falvari te Dei
gratta confiteare , ut
fe ille tibi debitorem
fateatur i nec modo
J?ro opertbm tuis ,
Verum etiam pro hac
gratU humiliquefen-
tentia.
Minimum de fe
fenfrjfe tam magnum
eft y quàm maxtmas
res fecijje : quod fi
non adfit , nec ilU
poterunt eJJ'e lauda-
htles.
Ho m il. 4. Sufci-
pe quod revelatum
*P y CT" noli curiosè
indagare quod tact-
tumeji.
Fidelis non modo
à comfnunione myfte-
rii , verùm ^tiam de
novitate viU débet
agnofci. Pidelem enim
ial effe convenit CT»
luminare mundi.
Sm vero ne tibi qui-
dem ipfe hiceas , CT*
prhprtum quidem f>a-:
Tom. I.
Matthieu. 121
L'oubli de nos bonnes œu-
vres en eft le tréfor ,
garde la plus aliurce.
Reconnoiflez que c'ell la
grâce >de Dieu qui vous fau-
ve, & Dieu ne dédaignera
pas de fe reconnoître votre
débiteur , pour récompenfer
non feulement vos bonnes
œuvres, mais encore cette
humble reconnoiffance.
Avoir de bas fentimens de
nous-mêmes, eft une fi gran-
de vertu, qu'elle égaie les
plus grandes adions de piété
qu'on puilfe faire , puifque
ces aétions ne font gaandes
& recomjnandablcs que lorf-
qu'elles font jointes à l'hu-
milité.
Recevez humblement ce
queDieuvous découvre dans
les Ecritures, & ne recher-
chez point curieulement ce
qu'il vous cache.
Un fidelle doit faire voir
ce qu'il eft j non par la feule
participation aux Sacremens,
mais par la fainteté & le re-
nouvellement de la vie. Il
faut qu'un Chrétien feion
l'Evangile foit la lumière CT» le
foleil du monde. Si donc vous ne
vous éclairez pas vous même ,
& fi au contraire vous faites
131.
_ j Oublier Cet
^ ^* bonnes œu-
vrcs%
231.
Recoiinoif-
fa.îce de la
grâce.
233.
Excellence
del'hurailicc.
E!
de
234.
oigneraenc
la curioâ-
te.
Monirerpar
fa vie qu'on
eft Clirétieiï.
121 Des Home
voir en vous une rie toute cor-
rompue , à quoy pourray-je
juger que vous eites chrétien?
Sera-ce parce que vous avez
été régénéré dans les eaux
facrées du Batéme ?,C'eft
ce qui vous rend encore plus
coupable : car plus ce qu'on
a receu eft excellent , plus il
attire de fupplice fur celui
dont la vie ne répond pas à
la dignité d'un fî grand don.
Il faut qu'un Chrétien mon-
tre ce qu'il eft , non feule-
ment par ce qu'il a reçu de
Dieu , mais encore parce qu'il
offre lui-même à Dieu. Il
faut que fa vertu éclaire au
dehors par Ion marcher, par
fes regards , par fa conte-
nance , par Ces paroles. Mais
iorfque je cherche en vous
des marques de ce que vous
êtes , j'en voy dz toutes con-
traires. Mais que dis-je , des
marques de Chrétien ? Je ne
puis même juger par vos
aôions , tant elles font bru-
tales & déraifonnables , iî
vous êtes véritablement hom-
me.
z3^.
Mtprifer la
gloire humai- i • -ri o
^^ gloire , mcpriiez-la, & vous
Si vous voulez avoir de la
LIES
tredinem f(x:torem(jue
detegas , qutbui te
indiciis ego Jidelem
potero agnofcere }
An quià facrati 4-
quas fontis ingref-
fui es ? At hoc ip-
fum quod tibi datum
fuerat ad falutem »
fit tibi> graviorii cat*-
fa fuppUcii. Hono"
ris Jîquidem ma'
gnitttdo his cjm non
digne vivunt hono-
re , cumulus incipit
ej]e pœnarum. Igi-
ttér fidelem non ah
his tantùm qi*<e ac
cepit à Deo , ve-'
rum etiam ab his qua
obtulerit ipfe Deo y
convenit refulgere C7*
undique ejj'e notum
atque manife^um ,
CT* ah incejju , GT* à
vefle j CT* à Voce . , ,
Nuncvero undècum-
que voluero te di-.
gnofcere , inventa te
à contrariis puhlica-
ri. Et quid dicam u~
trum fidelis ? Nec fi
homo ver è fis , pojjum
evidenter agnofiere.
Si glortari cupis ,
gloriam defptce , C?*
Sur s
ercs omnibui glorio'
fxor.
Homil. 5" . Vnài
Vohis accidit talis
mutât io ? De conver-
fattone nimiritm pa-
rum attenta , CT* vi'
tioforum hominitm
affîduo pefliferoque
colloquio. Non enim
oponebat à cectu Ec-
clejtte recedentes , con-
'trariis httic Jlttdio
negotiis implicari :
Jèd domum continua
revertentes facros re-
plieare Ubros , Çp*
<onjugcm pitriier li-
ber of^ne ad eorum
qHA diélafunt coUa-
tionem vocare , htf-
que altius animo in-
Jertis 5 tum demiim
ad h^ec qua huic vi-
t£ funt necfjjaria
curanda procedere.
Non quajt ofcitan-
tes CT* defîdes ex alio-
rum mentis pendea-
mus. Hahent enim
vim pro nohis CT*
quiàem ntaximam
oraliones favclorum :
fed tune profeélo rum
nos quoque idipjum
per panitentiam pO'
Fujrlesen-
Matthïeu. IZJ
deviendrez véritablement di-
gne de gloire.
D'où vient que les bonnes
difpofitions changent fi - tôt,
finon de ce que votre vie elt "«^"li* ^'^ ^e-
relâchée, & de ce que vous '1'' P^^»^."*
1 n- iïr -Li- t S entretenir
vous laiflez affoiblir par les .uedeDien.
entretiens empeftez des hom-
mes vicieux. Car lorfque
vous fortez de TEglife vous
ne devriez point vous entre-
tenir des chofes difproportion-
nées a. ce que vous y avez
entendu : & auffi-tot que
vous êtes retournez chez vous,
vous devriez prendre l'Ecri-
ture fainte , & alfembler vo«
enfans avec votre femme ,
pour répéter eniemble cequ'on
vous a dit, &aprèsavoir biea
profondément imprimé ces
veritez dans votre efprit , re-
prendre le foin de vos affaires
temporelles.
Ne nous appuyons point ^.iS.
avec négligence & lâcheté Prières d?s
fur les mérites des autres. Jl Saints utiles
eft bien vray que les prières ^"^ pénitÊus,
dçs Saints ont beaucoup de
force , mais c'eft lorfque
nous y joignons notre péni-
tence , & que nos prières font
accompagnées Ju changement
de notre vie. Sans cela Moife
Lij
Nos prières
nous fontplus
utils que cel-
les àcs autres .
140.
Plus on dé-
penfe en au-
mônes , plus
onamaile.
24T.
Prudence
chré;;enue.
1X4 DesHom
!uy-méme n'eut pas le pou-
voir de délivrer fa p r opre foeur.
Dieu aime bien mieux ac-
corder fa grâce aux prières que
nous lui faifons nous-mê-
mes, qu'à celles que lui font
les autres pour nous : parce
■que l'application avec laquel-
le nous nous eftbrçons de
détourner fa colère , fait que
nous approchons de lui avec
plus de confiance , & que nous
réglons notre vie avec plus de
foin.
Vous ne comprenez pas
que quand il s'agit de donner
l'aumône , c'eû perdre que
d'épargner , & c'eft gagner
que de dépenfer. Répandez
donc , afin de ne pas perdre j
n'épargnez pas , afin d'amaf-
(èrj perdez afin de gagner. Ne
cherchez point à bien placer
icy votre argent , vous n'en-
tendez pas à le bien faire pro-
fiter ; mais mettez - le entre
les mains de Dieu, qui vous
le rendra avec une telle ulure,
que l'mtereft paflera le prin-
cipal.
Ceux qui veulent devenir
vériiable«ient riches préfè-
rent les grands biens aux
ELIES
Jlulamus » O* ad fia»
dia meliora confugi"
mus. Alioqum etiam
Mo/es ipfe fororem
fuam neqitivit eruere,
Deui gratiam no-
his potius i quam
aliis rogan tiens pro
nobisy Zfult donare :
ut hoc ipfo qtio tram
ejus in nos placare
cupimus , ad Jludia
meliora migremus ,
O* fiduciam bon^
confcienti^ colliga'
mus.
Non intelltgis quia
pojjumas CT* parccndo
perdere , Çp'fpargen-
do coUigere ? Sparge
ergo ne perdus i noU
retinere ut magis con'
greg^s i impende ut
lucreris . . . NoU tu
hic Ville negociari »
neque enim nojîi /m-
cra colligere ; fed
eum potius focnerare
qui longe majorern
fxnorem reddit ufu-
r^m.
Qui veras opes
concupifcunt y ea qua
manjura funt potius
Sur
tUgunt 3 qtiam illa
^M(t perettnt . . . Pra'
fonnnt magna par-
vis 5 temporalibHS
fempiterna , fium^ue
digni qui utraque
percipiant. Qut enim
tétlutn terrât amore
conttmnit , etiam i-
fiam profeflo perdet :
qt*i vero huic illud
praponit , utrifque
potietur i ^ muho
certè tan us y mttlto-
que jHcttndiUf.
In cap. i. Hoin.
6. fixe ejl natura
ignis à Spiritu fanCîo
ticcenfi 5 Ht mUUm
fecum carnaliitm vo-
lupiatum anhre pa-
Uaiur,fed in a^tum
nos amùrem femper
tradttcat.
h qaem illius ignis
ardor accendarit . . .
qii.€ Z)identur chu fia
de/picienSy in com-
pHuflione continua
perfeverat , lar^o af-
Jîdtiè flens fonte la-
chrymarumy tnttliam-
que ht ne capiens vo-
luptatem. Nihtlquip.
p£ ita conglutinat
Deo^ntilUUclfrym<e
S. Matthieu. Jzf
petits 5 les certains aux in-
certains , les celeftes aux ter-
reftres ; & fouvent fe rendent
ainfî dignes de poflTeder les
un3 & les autres. Car celuy
qui préfère la terreau Ciel ,
les perdra tous deux j mais
celui qui préfère le ciel à la ter-
re 5 joiiiia de l'un & de l'au-
tre, d'une manière (ans com-
paraison bien plus llable &
bien plus heureufe.
Le feu du faint efprit ne 24t.
foufFre point que le cœur qu'il Le s. Ej'prit
enfiâme . defire aucune chofe iistnathcu-
du monde 3 mais il nous porte P^'liï*-
à un autre amour.
Celuy qui fera embrafé Ju 245.
feu de PEÎprit faint , conce- Renottcer
vant un mépris général pour ^^ mande
toutes les chofes vifibles , ref- P^'-^ trouvée
fcnt continuellement en fon '•■' '^^^^^"^i^^^
cœur des mouvemens de coiiv»
pondion ; il pleure fans celle •
avec abondance, & il trouve
dans fes larmes fon plus grand
plaifîr. Et en effet , rien ne
ous attache plus fortement
à Dieu que ces larmes , que
L ii]
Tl6
Des Home
la douleur de nos péchez , &
l'amour de la vertu nous font
répandre. En cet état , quoy
qu'on demeure dans la ville,
on ne lailïe pas d'y vivre aulïi
ïetiré que fi l'on etoit au fond
i'un defert ; parce que ne fai-
iâm plus d'attention aux cho-
ies préfentes^ on ne peut plus
être émeu par les bruits & les
tumultes du monde.
2'44* Au lieu que les joyes du
Les larmes j,^qj^ç ç^^^ toujours mêlées
des penitens , n m i ' >
font accom- ^^ tnftelTe ; les lai mes qu on
Pgnées èc verfc Dour Dieu foiit accom-
luivi«3f de pagnées d'une jcyc continuel-
>oyc. le & qui ne peut jamais être
interrompue Comme .'air de-
vient ferem après une grande
pluye > ainfi après cette pluye
de larmes de compondion ,
refprir devient calme & pur,
& les nuages des péchez qui
robfcurciifoient , fe diiTipent
entièrement.
245. Dieu n'a pas tant d'averfion
Co.rre lej pour les pécheurs , que pour
préiôptueux. ^.gy^ q„j fe tiennent dans une
pernicieufe paix & une faulie
aliurance après leurs péchez.
'^4^- Les jeux & les divertiHè-
Les jtux bi j-neni ne viennent pas de
LIE»
quas & peccati dotor
CT' amor virtutam ef^
fundit. Qui talis Vit^t
confervat tenorem ^
etiamjï in medio »r-
hii videatur habita^
re, quafi in eremi ta-
nt en vajiitate requief-
cit . , , nulloenim tu-
multH rerum concttti"
tuTy mhilommnc prig*
fentium confpiaens,
Sicyt niundi gatt-
dium trij}iii<e (ovfor-
tio copulatHr i itif
eiiamfecundiiw r-omî-
num lachrym£JHgem
pariunt certamque
Utitiam . . . Sicut poft
véhémentes imbres
mundtis aër ac purus
ejficitur ; ità etiam
lachrymarum pluvias
ferenitas mentis fe-
quitur atque tran-
quillitas , omni/que
au depeccatcrumie"
nebris offufa caUgo
dijfolvitur.
Non ità peccan^
tes averfatur Deus ,.
quam eos qui pojipec*
catafecurifunt.
Non Deus dat lu*
dere j fed diabolus ^
Sur
.... noii igitur hac
i Deo pofcere , ^»«
aecipis à diabolo.
D^i fiqtiiàem efi hu-
miliatam dare ani"
mam , trementem ,
greffant , pudicam ,
faut tentent , atpae
eonipitttClam. H^cf^nt
Deimunera , quia C*
noi talibus potifjî-
mtàm indizemus.
Adverfiis fpiri-
tualia nequitix pu-
^tiandum e(i , . . be-
necjue nobifcum agi-
tttr , Jt prenuam opé-
rant navantes <J^ fo-
hriè vivent es , G?*
vigfUntes pofjumui
fer%m ip/orum agmen
fttflinere. Quodfi ri-
deamtis atque Inda-
mus jugent deftdiam
ionfoventes , factlli-
tnè antè pugnantpro-
prio torpore vincemur.
Non efi noflrum
ajjiduèndere , mollir t-
déliais ; fed eorum
potius CT* earum qu<t
Jpeflanturin iheairis
. . . eorum qiù ad hoc
fatlifimt , parajîto'
rttm zy adttlatoTHm»
S. Matthieu. ^^7
Dieu , mais du diable ; n'at- les phifîrs
tendez donc pas de Dieu . font des pré-
ce qu U n'y a que cet ennemi «^"s du de-
qui donne aux hommes, i-c
don que Dieu nous fait , eft
un cœur contrit & humilié >
un cœur vigilant , chafte , pé-
nitent 5 touche de crainte , &
pénétré de compondion : ce
iont-là les préfens que Dieu
nous fait , comme étant
ceux qui nous font les plus u-
tiles.
Nous avons à combattre 247-
contre les efprtts d'iniquité , & ^'^\^'l
,.'■,• t r pour relutei
nous (ommes bienheureux "^^démon.
par tous nos foins , toute no-
tre vigilance , & tous nos ef-
forts 5 nous pouvons réfifter
à des puiffances fi redoutables.
Que fi nous nous amufons à
nous divertir & à rire , nous
ferons fans doute vaincus par
notre propre lâcheté , avant
même que de combattre.
Ce n'eft pas à des Chre- , ^48-
tiensàpairerjetems dans les /'^J^"^?*
ris , les divertiflTemens , & les ^^^ ^^^ çj^jé-
plaifirs. Cela n*eft bon que tkn.
pour des gens de théâtre , &
pour ces difeurs de bons mots
& ces flateurs qui cherchent
le* bonnes tables. Ce n eft
L iiij
128 Des Home
point là refprit de ceux qui
font appeliez à une vie celef-
te 5 dont les noms font déjà
écrits dans réternelle cité,
& qui font profeflTion d'^ine
milice toute fpirituelle : mais
c'eft Tefprit de ceux qui com-
battent fous les enfeignes du
démon. Ouy , mes frères , c'eil
le démon qui a fait un art de
CCS divertiffemens & de ces
jeux 5 pour attirer à lui les fol-
dats de jESus-CHRist,
& pour relâcher toute leur vi-
gueur & comme les nerfs de
ieur difcipline & de leur ver-
tu.
^^9' Quand ces bouffons ridi-
Conrre les cules ont proféré fur le théâ-
fpettacies tre quelque fottife , quelque
impiété ,ou quelque chofe de
dcshonnéte , aufTi-tot les plus
fous en font ravis , & s'em-
portent à de vains éclats de ri-
re. Ils leur donnent des ap-
plaudiffemens fur des chofes
pour lefquelles ils devroient
plutôt leur jetter des pierres j
& ils s'attirent ainil fur eux-
mêmes par ce plaifir malheu-
reux le fupplice du feu éter-
nel. Car ers loiiant ces folies ,
ils perfuadent à ces infâmes
de continuer à les faire, & ils
fe rendent encore plus dignes
qu'eux de la condamnation
j^fofaiîes,
LIES
Non eff 3 Inquam 3
hoc eorum ^ui ad
aterni^m re^um vo-
califunti tjuiquejitnt
in CétUfli illa civitate
confcripU y non efi
fpirùualia arma ge"
Jiantium » tjttod certè
proprium ejl diabolo
milttantium. [Ile ejl
enim , ille qui etiam
in artem jocoi ludof-
que digefjît , ut per
hitc ad fe traheret
milites Chn/li , ^
virtutis evrum ner»
VOi faceret molliores,
Quando mimi O*
rtdicuU tyrpe quid
ac hUfphemum dtxe-
YHnt , tune potijjimùm
ftoltàiorei quiquefol-
vitntur in rhfum i in-
de applaudentes i un^
de etiam iîlos lapidi-
bus exagitare debue-
rant j fornacem ignis
hornbtUs ex hujufy
modi voluptate in
fuum ip forum captit
fuccendentes. Qui' e-
nim laudant dicentes
ifta , ipf eis Ij£C e-
xercere perfuadent ;
idcircê ipfi potius
propter htc menniur
Sur s
fuhire quoi oh ijla
fancitum eji Çuppli-
tittm.
Ne Jicas quoi
quidquid fit in thea-
tris , pmttîario O*
jiflum argumentum
fit ^ non Veritas re-
rum. Simulatio ijla
plurimos adultéras fe-
<it & multas domos
fubvertit. Proptereà-
que rnavime gemo ,
quod tàm grande ma-
lum hoc , ma!um ejfe
non creditur.
Ho m il. 7. Cave
ne Herodi tfficiaris
Jîmilis , C7- dicas ut
&egovenicnsado-
rem eum ,• cumtjue
Veneris , inierimere
conetis. Hujus enim
f miles funt qui indi-
gne ahutuntiir com-
munione myfieril :
Reus eft enim ifte
corporis & fangui-
nis Domini.
Adorât uri Chri-
Pum in prtfepio fpi-
rituali . . . cunéla
projiciamus è mani»
eus . . . Ex hac men-
fa fpiritualtum fons
etuanat bonormn . , .
Matthieu.
qu'ils ont méritée.
J%S
Ne médites pas que tout j-^;
ce qui fe fait fur les théâtres Danger dej^
n'eft que fidion. Car ^ft comcdies.
une fîâion qui a fait beaucoup
d'adultères véritables , & qui
a renverfé beaucoup de famil-
les. Et ce qui m'afflige encore
^.ivantage , c'eft que ce mal
étant fi grand , on ne le regar-
de pas même comme un mal>
Prenez, garde de ne pas ^tj,
imiter Herode -, & qu'en di- Contre les
fant
lui
que Vous communions
veney pour adorer J E S U S- ia«iiSties,
Christ, vous ne veniei
en effet pour le tuer. Car tous
ceux qui approchent indigne-
ment des l'acrez myilcres , fe
rendent femblables à ce ty-
ran j puifque félon i'Apôtre,
Ils font coupables du corps CT* dti
fang du Seigneur,
Renonçons à tout , & don- 2 j^;
nons tout 5 lorfque nous al- Avaiitages
ions adorer Jésus- Christ dekconimu.
fur fa crèche fpirituelle , c'eft "^°" PO"»^ ^"
à-dire fur fon autel , qui eft^*^ *
une fourcc d'où découlent
toutes fortes de biens. Là J s-
Contre
254.
Tous
Chrétiens
bligés à
feifeâion
Xio Des Home
sus-Chr IST, nous deman-
de fans ceire à boire , non de
l'eau , mais notre fandifica-
tion dont il eft altéré. Car il
eft là pour donner aux faints
les chofes faintes. Et il ne nous
préfente point à boire de cette
divine fource , une eau corrup-
tible , mais fon fang vivant ,
^ui nous étant donné en té-
moignage & en mémoire de
fa mort , eft la caufe de notre
vie.
Si vous étiez déjà enflam-
^" mé d'impureté allant aux fpec-
tacles 5 vous mettez encore de
l'huile dans cette flamme pour
rallumer davantage ', que fî
vous pouvez aiïifter à ces fo-
lies fans en recevoir nulle im-
preflion , vous ne billez pas
d'être coupable , parce que
vous devenez un fujet de fcan-
dale 8c de chute aux autres, en
les invitant par votre exem-
ple à ces damnables plaiiirsj
& en y folùilant en méme-
lems vos yeux & votre a-
me.
Tous les préceptes del'E-
les vangile nous font communs
o- aveclesReligieux , excepté ce
^* qui concerne le mariage. Et
en ce point même faint Paul
nous veut en q^uelque lorte
LIES
lèi Chrifiui à noèis
poftulat potum , non
a(jH(im , fed fanfii-
moniam.Sanfiis enim
Chrijius fanBa dijiri^
huit. Non enim Or
quam de hoc fonte
nobti Urgitur , fed
fanguinem vivum y
qui quanqttam ad
mortis Dominiez te-
flunoninm fumitHr 3
nohii tamen taufajit
vit^.
In fpefiaculis fi «
concuptfcentia pojjtde»
rii, majori jlammtt
profeSlc ^ccenderîs.
Sin vero hxe afpi-
ciendo nihil pateris »
tulptc nihilominus f<-
neris ohnoxius ; fi"
élus fciicet fcanda^
lum caterorum taltum
adhortattone volup»
tatum y tuumque »*-
fum confundens C?*
dedecorans , animum^
que cum Vtfu».
Omnia mandatât
legii nohis funt Mo-
naclnfq, communia ;
abfque fola profeélo
pattione connubii :
quanquam hic beatui
SlTR S.
tattlm admonet , per
tunCla Monachis nos
tequare cupiens : Qui
habent uxoics tan-
quam non haben-
tcs fint ; pr^eterit
enim Hgura hujus
jxiundi.
Homil. 8. Eftdi-
vinitatts virîute di-
gnum , non modo a-
ftrlè conterere inimi-
eos , veràm etiam
tum orhni illes faù'
litate decipere.
Ah ipjii inittis ai
tentatio>jes atque in-,
fidias debtrhui prt"
f4rari. Ah ipjîs tncU'
uahiili, Chnpi . . .
tyranntti contra eum
ftirit.
Scias trihtiUtiones
maximas , fpirituales
confequi aCtionei ;
CT* tentatwnes infe-
parahiUs ejje comités
xjiri»tv.m
MifcricoYS Deus
ntocftis reoHS q(*,tdam
JHCuni:t permifcet ;
film ex adverjîs , tùm
€x profperis juflorum
vham qaajî admira'
Matthieu. 131
égaler à eux , lorfqu'il dit '
Que ceux qui ont de s femmes fuient
comme s'ils nen avaient point i
parce que la figure de ce monde
pafe.
II eô digne de la grandeur i^^,
& de la puiflancc de Dieu , Puiffance
non feulement de vaincre fes ^ fagefTe dt
ennemis àforce ouverte, mais ^^*"*
encore de n'avoir pas moins
de facilité à les décevoir &
aies îurprendre.
Auflîtot que nous commen-
çons à nous convertir , nous
devons nous préparer aux ten
tarions & aux embûches de la
part de notre ennemi : confî-
derant qu'à peine J. C. fut né>
que la fureur d*un tyran l'a Ha
chercherjufqu'enfon berceau.
Le5> plus grandes tribula-
tions font les fuites ordinai-
res des bonnes oeuvres : & les
tentations & les fouffrances
font les compagnes infepara-
bles de la vertu.
Dieu par fa bonté tempère
d'ordinaire latriftelîé par quel-
que joye y & fe fert de la prof-
perité & de l'adverfité , pour
faire de la vie des faints com-
me un tiifu admirable des,
1^6.
Se préparer
de bonus heu»
rc à la pejrfe»
cutioa«
257.
La vif eft
un tiffu de
biens U de
maux,
258.
Les plus
faints l'ont les
plus tour*
mentes.
iji Des Home
biens & des maux méfiez en-
femble.
1 < o. Quelques ofFenfes que nous
Avaiitagerecevions injuftement de la
»l*être mal- part de qui que ce foit , Dieu
traite. fçait les faire tourner à notre
bien, ou pour nous pardon-
ner nos péchez , ou pour ac-
croître notre récompcnfe.
a<«ro. Dieu accomplit d'ordinaire
Sageflefou fes defleins par des voyes qui
te puiflantefcmblent leur être toutes op-
^e Pieu. pofées ; afin de nous faire da-
vantage admirer fa toute puif-
lance.
2^1. Il eft abfolument impoflî-
Plaifirs in ble que hs larmes de la pé-
comp^tibles nitence , & les plajfirs des
avec lapém-^gj^j , s'accordcnt jamais en-
femble.
tcnce.
raensi
2^1. ^^ pénitence ne confifte pas
La péniten-^^"^^'""^"^ ^ s'abftenir du mal
ce confiée à que l'on faifoit , mais encore
mener vus à pratiquer de bonnes œu-
vie contraire vies. Faites , dit famt Jean ,
à ks dérègle- J^ Ji^„^^ f^^^i^^ ^, pénitence.
Et comment \ts ferons nous ?
En pratiquant àts aâions
contraires aux péchez paflez.
Par exemple , vous avez pris
du bien d'autruy : donnez
déformais de votre bien pro-
pre. Vous avez long - tems
demeuré dans ria:ipurcté,abl-
X lE s
hili varittau eonte>*
xens.
Hom. p. Qtlid'
quid à quolibet ho-
minum pafjî fueri-'
mm injujiè î aut re^
mt/pone peccatovum
Deus , aut ampUoris
mercedis retribulione
compenfat,
Solet Deus fer èper
contraria ordinem /m*
oeconomia implere -y ut
ingens btncjt*a vinu-
tis arptmentum mhis
exhiht^at.
Homil, lo. Ne
qtteunt omnino , ne-
qtteunt altquandb in
unum conzienire , C?*
conftjjîonis lachryma
Çp* corporis volnptas,
Poefiitentiam dtca
non folum ut à ma-
lts prtprihus dejîfla-
mus , Verum etiam ut
honorum operum fru-
nihus impleamur.
Vache yinquit, fru-
(ftus dignos pœni-
tentiâ. Quo autem
modo ? Statique pec-
catis adverfa facia-
mus . . . Aliéna ra-
puifli , incipe donare
JAm propri4x Long»
Sur
tttemfore fornicattti ;
à légitima quoqtte uftt
fufpendereconjugii.. .
Non enim fugîi, it vul-
nerato ad falutent ,
tantummodo fpkula
de corpore evellere ,
fed etiam adhibenda
fmt remédia vttlneri-
hus. Delictis antè CT*
temulentia dtffliteb^si
jejunio C a^u<e pottt
mrumque compenfa ,
No/fe quandotri'
bitlationes auferri o -
porteaty illius ejfqtti
eui permijjt inferri.
lllatas vero cttm om-
nigratiarym afiione
tolerare , no^rx opus
ejt tequanimitatis :
quod (i fiât botta pro-
€f*l dubio etiam om-
nia xonfequemur.
Homil 1 1. in cap.
3. Mcitth.Domicon-
ira vitia exerceamus
^nimum î ^quoti-
àiana meditatiouefir-
fnemus , hac fptrita-
ii ajjtdue mentes pa-
Upra.
Homil. I 2. lllud
aimiraiionis omni'
modo plénum , qmà
S. Matthieu. ijj
tenez-vous même de Tufage
légitime du mariage. Car il
ne fuffic pas à un homme qui
a été blefle de tirer le fer de
fa playe , il faut encore pour
le guerir,appliquer êiQ% remè-
des fur le mal. Avez - vous
fait des excès touchant le viti
& la bonne chère ? Jeûnez ,
& buvez de l'eau pour vous
purifier de la corruption que
vous avez contraâée.
C'eft à Dieu feul qui per-
met la tentation , de fçavoir
quand elle doit finir 5 & c'cft
à rhomme qui eft dans cette
épreuve à la fouffrir avec une
patience toujours égale j &
avec adion de grâces. Lors
qu'on fouffre avec cette lou-
miflion 5 les plus grands maux
ne peuvent produire que de
très-grands biens.
Qlic votre maifon vous
foit un lieu d'exercice & de
combat , afin que vous y étant
affermi par une application
aflîduë, vous vous fortifiez
contre les dangers du monde.
Se réfignerâ
la volonté de
Dieu dans U
tribuïation.
264:
S'exercer
à la pieté
dans fa mai«î
fon.
Notre grand fujet de fur- lé^.
prife & d'étonnement , c'eft Abaiffement
qu'un Dieu n'ait pas dédai- ^^ ^'"^=
Sin5 rincar
nation.
x66.
Endurciflc"
mène Ats en-
vieux.
Sacrement
dtb Confir-
mation.
Dignité dcj
Chrétiens.
Z69.
Aveugle-
in;nt de ceux
qui ne tra-
vaillent que
pour cette
vie.
134 D ES HOMÊ
gné de fe faire homme. Car
après ce premier rabaiHement,
tous les autres n'en font que
des fuites conformes à Tordre
de la raifon.
Lors qu'une ame eft in-
grate , corrompue , & pof-
ledée de la paffion de Tenvie,
il n'y 2 point de miracle qui
la puilfe guérir : comme au
contraire lors qu'elle eft fim-
ple & reconnoiffante , elle n'a
plus befoin de miracles pour fe
rendreàDieu.
Quand le S. Efprit defcendit
fur les Apôtres , on entendit
le bruit dun foujfle violent , &
il parut des langues de feu :
que fi nous ne voyons plus
maintenant les mêmes fignes ,
nous recevons néanmoms les
mêmes grâces , dont ces fignes
étoient la figure.
La dignité d'enfans adoptifs
de Dieu , enferme néceflaire-
racnt ladeftrudion de tous les
maux , & la polfelTion de tous
les biens.
N'eft - ce pas un étrange
aveuglement d'amaifer & de
garder tant de tréfors dans un
lieu où ils {e corrompent, &
de n'en pas placer la moindre
partie dans un autre lieu , où
LIES
ille qui erat Deui ,
homofierivoluit. Jam
vert reltqua omma
juxtà rationis ordi-
nem confequuntur.
Quandh anima in^
gratafuerit acprava^
morhoque invtdia op-
prejja ^ nullo omnino
Jïgno fuperatur > ut e
revione voluntas ho-
na una cum fide om-
niafufcipit, nec ad-
modàm indigetjjgnis
juvari.
Super Apojïolos/o'
nus fa fins ej} fpiritus
vehémentis , &c.
. . . Nunc vero et tant
Jl evidentiajîgna non
fiant 5 'tamen qtt<e per
illa demonjîrata fttnt
fufcipimus.
Vhi adoptio fîlo^
rum eji , ih etiam
omnium malorum
prorfus interitus , ^
cunfiorum iollatio fit
bonorum.
Nonne extrême ve-
cordiét e(i , hic qui-
dem uhi repofita cor^
rumpunîur ac pe^
reunt , omnia congre-
gare i ibi vcro uii
Sur s
^tfecunque recondi-
mus i intafla permu'
néant augeantitrque ,
ne minimam quidem
teponere partem , CT*
hoc c»m tbi fumus
fne fine viBuri ?
Proptereà nec gen-
tilei fidem his qu£ à
nohis dicuntur » ac-
commodant. De aéJi'
b»i etiim non de fer-
monihus nojiris, fu-
turorum volant habe-
te documentum. Nunc
vero CHm videant
ttdificari à nobis
fplendidai domos , <«-
gros atque hortorum
amocnitates parari >
nolunt credere quod
alterius nos urbispro-
feflionem paremus.
Terram quidem
quam pattlo poji re-
Jiéluri fumus 5 multo
cum jittdio paramus.
Pro exiguis habita^
cuits non modo au-
rum , fed proprium
qttoque fanguinem
fréquenter tmpedi-
mus : ut vero cAum
emamus ipfum , ne
hiec quidem qu£ no'
fris ufibus fuperant ,
erozamus.
Matthieu. ij^
ils ne fe peuvent perdre, & ou
même ils fe multiplient : &
principalement lors que nous
fçavons que c'eft en ce lieu là
que nous (ievons vivre pour ja-
mais ? De là vient que les
payens ne croyent rien de ce
qu'ils nous entendent dire ,
parce qu'ils veulent reconoî-
tre la vérité de notre religion,
non par nos adions. Quand
ils nous voyent occupez à bâ-
tir des maifons magnifiques,
a embellir nos jardins , & à
acquérir des terres , ils ne
peuvent croire que nous nous
préparions à quitter cette ter-
re-cy , pour aller vivre dans
un autre pais tout différent.
Nous nous tuons, 8r nous 270.
confumons tout notre bien & Thefaurifer
notre temsj pour avoir quel- pourrétcrni-
ques champs & quelques mai- ^^*
ions fur cette terre que nous
devons bicn-tot quitter j &
nous ne donnons pas même ce
que nous avons de fuperflu
pour acheter le ciel que nous
devons poffeder toiijours.
Le Chrétien
doit être pré-
l>aré à la ten-
tation.
156 Des Home
Comme J e s u s-C h r i s t
s'écoit réfolii de tout faire &
de tout fouftrir , pour nous
inftraire de nos devoirs \ il
veut bien auflî fe laifler con-
duire dan^ te defert , & lut-
ter contre le démon > afin que
lors qu'après le batême nous
nous trouverons prefi'ez de
quelques fortes tentations ,
nous ne tombions point dans
le trouble & dans le découra-
gement j & comme Ç\ cela nous
étoit arrivé contre notre at-
tente 5 mais que nous fouf-
frions cette épreuve avec con-
fiance , & comme une fuite
néceflaire delà profeffion que
nous avons embrafiee. Car
nous n'avons pas reçu des ar-
mes pour demeurer oififs ,
raais^our combattre.
271. Si Dieu n^arréte point îçs
Pourquoi tentations dont vous êtes at-
Dieu nous taquez , il le fait pour plu-
fîeurs raifons. i. Il veut que
vous reconnoifTiez par expe-
ïience que vous êtes devenu
par le Batéme plus fort que
votre ennemi. 2. Il veut que
les tentations fervent comme
d'un contrepoids pour tenir
votre ame dans un jufte mi-
iaifle tenter.
LIES
Homil. 13. in
cap. 4. Quià, Chù'
flus omniA ad nos eru-
diendos CT* facienda
O" patienda fufcepe^
rat ; in eremum fe
patitur ahdttci , &
cum diabolo inire
certamen ; ut unitf'
qui/que cùm ftterit
lfapti:^atus , Ji pojï
haptijma majorions
tentatiomhus urgea*
tur ; non utique f«r-
betur quajt pn/pera»
tum fibi aliquid cb~
viaverit ifed perma-
neat cunéla viriU-
ter fuflinendo , ttt
pote qu£ Jîbi confe-
quenter centigerint,
Idcirco enim accepi"
Jîi arma y non ut
ecieris , fed ut pU'
gnes.
Proptereà Deusin
te tentationes irruer e
permittit. Primo qui-
dem , ut difcas quo-
niam Clirifii baptif-
ma multo te fecerit
fortiorem. Deindè ut
in egregia illa animi
mediocritate perma-
neas , nequs dono-
rum magnitudine
eveharis
Sur s
tVeharîi , dum te
fcilicet tentationes co-
hibent O' refrénant.
Ad hac veto ut ma-
li^nus ille d,emon
eitm de tua à fe dif-
cefflone duhitat y ex
ipfa tribulationum
tolerantia difcat ,
quod perfeé}a ah illo
abrenunciatione dif-
cejjerii. Quarto; ut
fortiorZ^ ipfopronùs
ferro firmior tenta'
tlonum exercitatione
reddarts. Qjiinto , ut
captas grande docu-
tnentum thefaurorum
Ùbi à Domino credt-
iorum. Neque fuper-
Veniret tibi , mcjue
adverfus te diabotus
irrueret 1 nifiin ma-
}ori te pojjtum honore
confpiceret.
Non ultro in ere-
mum y féd à fan^o
Spiritt* duélum ejje
commémorât i ut nos
apenilJlme /îgnatum
eJJe videamus , quià
non /ponte nos opor-
teat in tentationes in-
Jîlire î.fedjî contra6li
fuerimus virtliter re-
fugnare.
Toin, î»
. Matthieu. xj7
lieui & qu'elles l'empêchcne
de s'élever de la grandeur de*
grâces qu'elle a reçues. 3. Il
veut que notre ennemi ma-
lin , qui doute toujours lï c'eil
fincerement que vous lui avea
renoncé , s'alfure par la vue
de votre patience que ce re*
noncementeft véritable. 4. Il
veut que votre arre fe fortifie
par la tentation , & qu'elle de-
vienne ainfi plus ferme & im-
pénétrable que le fer. 5. Et
enfin Dieu permet que l'en-
nemi vous attaque , pouc
vous faire connoîcre combieii
grand & précieux eil le trefor
qu'il vous a confié : parce ^.l\\(i.
le démon ne vous attaqiieroit
pas avec tant de violence , s'iî
ne vous voyoit élevé à un état
plus excelîent & plus glorieux
que vous n'étiez auparavant»
L'Evangile remarque que ^75.
Jésus n'alla pas de lui- N^îfe po':fw
même dans le delert ^ mais ^^P°^" * ^
qu'il y fut conduit par le S. ^e"^^^**»
Efprir. Ce qui nous montre
admirablement que nous ne
devons pas nous jetter de nous-
mêaies dans les tentations 5,
mais feulement les fouftiir
avec courage qaand elles fiit-
viennent.
M
2 74-^
te Btptcme
engage i fuir
les délices,
275.
Pernici?i;x
effets de Vin-
tempérance.
27^.
Utilité de
rabftinence.
277.
Gourman-
dire,orgT:ëil,
avarice, foiir-
ces de tous
xnaijx^
278.
iecententer
r3& Des Home
Jésus fut mené par le Saint
Efprit dans le dtfert. Pour nous
marquer qu'après le Baténie
un Chrétien ne doit point s'a-
bandonner à la bonne chère
& aux délices , mais plutôt
pratiquer le jeûne.
Confidcrez combien l'ia-
tempérance a produit de
maux. Q'tÙ. elle qui a chaffé
Adam du paradis : qui au
tems de Noé a couvert la ter-
re des eaux du déluge -y & qui
a attiré fur Sodome les fou-
dresdu ciel.
JesuS-CHRIST jeûna
quarante jours , pour nous
apprendre à chercher dans
rabftinence les remèdes de
notre falut.
Comment Saint Luc, dit i!,
qu'après ces trois tentations ,
toute la tentation fut confomme'e ,
finon parce que ces trois ten-
tations (ont les principales,
& qu'elles renferment toutes
les autres Car ce déluge de
péchez qui inonde toute la
terre , n'a point d'autre fource
que la gourraandife , l'orgueil
& l'avarice.
Contentons-nous de la gloi-
re du ciel 3 iàns nous met*
LIES
^ Dudus eft lefus
à Spiritu in defer-
tuni Po/?
haptifma non deliciti
atque temulenti.^ , feà
jejunio animum debc'
mus i'/itendere.
Adamam de para-
dtfo internperantia
ventris erecit : diltt'
vium f»b Noe t(la-
commeruit j *û7' /«/-
mina in Sodomua»
ipfa deduxit.
Prcpterea Chriflui
quadr^Z^nta disbus
jejunat ut uobis re-
média falut t s ofen*
dat.
Quomodà Lucar
ait quod omnem ten-
tation em confttmma-
verit ? Cluià pr^ci"
pua capiia tentatio-
num enumeravtt . . .
Hac enim- fimt qH(t
in je maUt innumera
comprthendtint , fer-
vire vent ri , inanis
aPpetilu gîori.e quip-
piam facere , ac ftt-
riofo pe:uniarum a-
more fuperari.
CelefiiS tantum'
modo glûïLt conttntî
Sur s
flurhate terrena ijïa
pro nihilojudicemtts >
CT* femper fciamm
ejfe contemnendum
quicqmd menfuram
neceJJ'arit t*fus excef-
fcrit.
Nihil fie Diabolo
hommem fubjicit, ut
inhiare opihm , atque
habenài amore fttpe-
rari : idque ex his
qu£ nunc fiunt facile
doceri potefl.
DUholus hoflis eji
ferox , £7* belium in-
fert non denuicia'
tum. Nec tantum pro
falute noflra, quan-
tum ille pro perdit lu-
ne decertat . . . Ni-
hil ex Ins qu£ ilU fo-
lent placere facia-
mi4S : fie enim omnta
qH£ Deo fitnt placi-
tura factcmus.
Ille fiepiffîme mul-
t.t po!hcetnr, non ut
det 5 fiduîpoti'rts ac-
çipiat : prcmhtitplu-
rirna de rapinis , ttt
auferat regnum at-
que JHJiitiam : €3*
quafi quofdam la-
queos tendens the-
fawros pdltcetur ii
, Matthieu. ^ ^39
tre en peine de celle de la rér- du ncceiraire
re : & rcjettons de Tufage des en ce u\oaUs.
biens du monde , tout ce qui
paiTe les bornes de la piu^ ex-
acte néccllicé.
Rienn aflujettit fî fort l'hom- }J9»
me au démon que l'amour du n^"^^",. "^*
bien , & la paiiion de devenir ^-^^
riche j & on ne le voit que
trop tous les jours par expé-
rience.
Le démon eft un ennemi zSo.
féroce & barbare , & qui {ou- ^"«JJ^"?
vent nous inIuIte,lors que nous ^°"^^'= ^ '^^'
nous y attendons le moins, tx
nous ne veillons pas avec tant
de foin pour nous défendre ,
que lui pour nous perdre.
Mais donnons- nous bien gar-
de de rien faire de tout ce
qui lui plaît 3 & alors nous
feions toutes les choies qui
plaifent à Dieu.
Le démon nous fait de rSi-
grandes promelles , non pour Advefles do
nous donner , mais plutôt démon iiout
pour profiter de notre perte :''°"^ ps'die*
il nous ofFre àts occafions de
dérober le bien d'aatruy j afiri
de nous ravir l'innocence &
la julHce : il nous tend des
pièges en nous promettant
des trcior^ fur la terre ^ afin
M ij
140 Des Hoa4
de nous enlever ceux du ciel :
il veut nous enrichir icy-bas ,
de peur que nousne pofledions
les riche lies éternelles : &
quand il ne peut nous ravir
les biens invifibles par les
promeifes qu'il nous fait des
biens du monde , il s'efforce
de nous abattre par la pau-
vreté.
182. Celui qui aura pu être mo-
Se décacher déré dans les richefles : fera
des riche/Tes. bien plus aifément ferme &
patient dans la pauvreté Et
celuy qui n'a point eu d'atta-
che aux biens qu'il pofledoit,
ne les regrettera point quand
il les aura perdus.
i8^
Le Démon
flatte pour
perdre ; Dieu
reprend pour-
fauver.
284.
Craindie
quand Dieu
ne nous châ-
tie pas en ce
Df)«nde-
C'eil le propre du démon
de flatter pour perdre •, com-
me c'eft le propre de Dieu de
reprendre pour guérir.
Dieu châtie celui a» il aime.
Plus toutes chofes nous réiif-
filTent quand nous vivons
mal 5 plus nous devons en
être affligez. Car ceux qui
offenfcnt Dieu doivent tciV
jours craindre j & encore plus
lors qu'ils ne font point châ-
tiez de leurs pecbtîz. Et en
eftét quand Dieu nous punit
en ce monde , il ne le fait
EL I SS
terra ; m etiam nos
^ ifiii thefauris Cr
deUflihtti ffoliet. Fuit
nos m hoc f^cttlo di"
tant 5 m àivites Jî-
mm in futuro. Et fi
non potuerit per di*
Vttias ah illa nos ex»
cluder-e beaiitudhte
premiorum , alia via
fcilicet pauperîalis
nos a^greditur.
Qui poiuit mode'
pè ferre divitiai ,
mitltû mazis etiam
o
poterit firre fortiter
paupertem. Et qui
pr^ftrAes opes abfque
cupiditate pojjedit ,
facile non. requirtt
abftntes.
Blondir i ut no'
ceat , diubolt ejl ,
carripere vero ut
profit , Del.
Qj_iem diligit
Dominus corripit ;
ÇMtando er'To profpe-
ritate fruimur Ç^ in
malignitate vivimusy
tuKc magis nobis efi
dùlcndum. Namfeni'
per qmdem nos opor-
tet metutre ptccantes'y
maxime autem citrry
mhtl in fie fitrp>etjr
Sur s
mur. Quando enim
per partes ab mioqtto-
qtte noflrum De us p<É-
nas exigit , leviorem
tiobis tpfam ani-
madverfionem facit.
Quando auiem pa-
tientius nojlra videtur
dijjîmiilare deliéJa ,
ad maximam nos in
talibus permanentes ,
poenam refervat.
Si jtfjîis necejfa-
ria ajfiiflio , quan-
ib magis peccatori'
bus f
Neque ah omnibus
hîc Deus exigtt uU
tionem , ne refurre'
élioftem utique defpe-
rando , judicium quo'
que defperesftiturum ,
quafi omnium jam hîc
Jufpliciis perfûlutis :
nec tamen finit omnes
impunè tranfire , ne
cunÛa abfqm ulla
prorfus ej]'e prozidtnm
tiafufpneris. Sic CT*
puntt CT* non punit :
per ea quidem qH£
punit , ofiendens fe
ab iis qui hic immu'
nés fupplicit fuetmt j
fe exaûurum ejTe tbi
tatianem : pet: ea VC'
M ATT RI EU. 141
que par parties, .& notre pei-
ne en devient bien plus légè-
re ; mais quand fa juftice dif-
fimule nos otïcnfcs > lors
que nous y perlévérons , la
peine qu'il nous réfervc en
l'autre vie eft épouvantable.
. Si l'afflidioneft néceflaire " 28 f;
aux juftes mêmes -, combien Néceflitéde
l'eft-elle plus aux pécheurs ? l'affliction.
Dieu ne punit pas tous les 2,8^.
méchans en ce monde , de ^. ^^o^^q^oi
fT l'ieu pumt
peur que vous cefUez , ou ^és ce monde
d attendre la relurreaion , ou quelques-uns
de craindre le jugement , desméciiaos^
comme fi tous avoient été
jugez dès cette vie. Dieu ne
lailFe pas aufli en ce monde
tous les crimes impunis , afin
que vous ne doutiez point de
fa providence. Ainfi quelque-
fois il punit , & quelquefois
il ne punit pas. Lors qu'il
punit en cette vie , il fait voir
que ceux qui n'y auront pas
été punis , le (eront en l'au-
tre : & lors qu'il ne punit
pas , il exerce votre foy , &
il veut que vous attendiez un
fccoaU jugement après la
dinaire.
Contre les
hérétiques.
ï4L Des Home
mort , qui fera fans compa-
raifon plus redoutable que
ceux de ce monde.
287. Quand Dieu veut faire quel-
Néceflité que chofe d'extraordinaire ,
des miracks 5^ introduire dans ie monde
pourunemif-fjueique établiil'ement nou-
fion extraor- ^,^^^ ^ -^ ^ toujours accoutumé
de faire des miracles , afin
qu'ils foient comme un gage
& une preuve de fa puiiîance
pour ceux qui doivent rece-
voir fes loix.
288. Ces peuples quittoient leur
Quitter pour pais , leurs amis, & leurs
le moins fts parcns pour fuivre JESUS-
vices pour C H R I S T j & VOUS ne voulez
iuirre J. C. ^^^ quitter même votre mai-
Ibn pour vous aller jetter en-
tre fes bras , & peur recevoir
de lui beaucoup plus que vous
n'aurez quitté pour lui. Mais
©n ne vous oblige pas même
à cela j quittez feulement
vos mauvaifes habitudes j
& en demeurant dans vos
biens & avec votre famille ,
vous ne laiflerez pas de vous
fauver.
jgp^ Quand nous fentons en no-
Onfaîttout tre corps quelque maladie ,
pourlecorpsj nous faifons tout , nous louf-
rien pour l'a- fron» tout , nous dépenfons
*"•• tout / fottc nous en pouvoir
LIES
ro qua non punit te
ai credendum addtt-
cetjs lot)ge ternoUiut
pojl mortem fitturnm
ejje jtidicium.
Hom. 14. Qjtan-
do novumjit ahquid
O" inopinatum . ac
paliii£ cuiiifdam in-
trodu£}io ,Jtgna Deus
facere conft*evn \ pr<g'
pans quidam ptgna-
ra /U£ potenti£ his
qui le^m ejui acce»
piuri funt.
îlU patriam reli-
qtttrwît , parentes
CT* amtcos -, tt* v?r9
ne domo quidem ahf-
cedis ut accédai , CT*
mtilto majora confc
quarts quam relin^
quis. Imo ne iftud
qutdem à te pofci^
mus ; ffd confuetudJ-
nem folum m alignant
reltnque i Ct* domi
tu<e aîque cum tttis
manendo poteris fa»
cUe fulvari.
fin. ,
Corpore maîe af-
0 . omnia faci-
mus , omnia moli"
mur J cunéîa mer-
tÂtnur y ut ab oegri"
Sus. S.
tudine liheremur
anima vero no/}ra
tàm malè fe ha-
heme , diffimuU'
*ntis , fem^er diffcri-
mus.
Ne Hegligentior
tvadas , qttià non
doles cumpeccas i imo
fotius oh hoc ipftim
gemas magis , quia
ne funtis quidem de
feccato dolorem. Hoc
enim fit , non quia
piccata non mor-
àeatn , fid qmà in-
fenfibilis eji anima
^u<e peicat.
Si videris aliquem
vinélum cerviccj ma-
9tthtts,pedibt4s , illum
maxime miferaris ;
fie cum videris divi-
tem infiniiis rébus
circumdatum , noli
eumproptereà putare
locupletem , propter
qu<e debes ntfelicem
vocare. Prteter illa
fiqttidem vinctila ha-
hes cufiodcm carceris
feviorem', pravum
tllum fcilicet amorem
pecuniarum , q'-tife-
mel àfe vinSîum ne-
q»aqMam âe hoc car-
Matthieu. 14:1
délivrer ^ & lorsque notre amc
elt dans une lan^^ueur mortel-
le, nous le difllmulons & nous
dittbrons d'y apporter le re-
mède.
Quand vous ne Tentez point ^ }^!^'.
de remords lors que vous pé- J^'TifJZ
, ,. ■» » pas allez len-
chez, ne négligez pas pour ti.fejpéchéj,
cela vos fautes : gemiliez au
contraire de cela même , que
vous relîentez fi peu vos pé-
chez.Car ce nti\ pas que le pé-
ché ne vous caule un mal vé-
ritable i mais c'eft que votre
ame eft infenfibie au péché.
Si vous ne pouvez voir ipiJ
fans compafTion un pri- Avoircom«*
fonnier qui a le col , les pafifîon du
mains , & les pieds chargez b^'^^'""' ^«
de fers : de même quand
vous voyez un homme dans
l'abondance de toutes fortes
de biens, plaignez fon état ^
& ne Ten eliimez pas plus
riche , mais plus malheu-
reux. Car non feulement il
eft chargé de liens , mats il
a un geoliier qui le garde
fans ceife dans fa prifon , &
qui Tempéche d'en fortir ,
fçavoir l'amour des richeffes j
qui lui faifant trouver (a
joye & fon bonheur dans Tes
liches.
144 I^ES Home
liens mêmes , lui ôte tou-
te efperance de s'en déli-
vrer.
Retraite &
médit ACion.
J ES us-Christ fe re-
tirant fur une montagne , ou
dans un defert, a voulu nous
apprendre par Ton exemple à
ne rien faire par vanité , & à
nous retirer du bruit & du tu-
multe du moijde , principa-
lement lors que nous voulons
nous appliquer à la contem-
plation de la vérité , & nous
entretenir des chofes faintes &
éternelles.
Comme l'orgueil étoit le
principe de tous nos maux,
& la fource de tous les pé-
chez du monde , JESUS-
CHRIST pour le guérir par
un remède tout contraire , a
établi d'abord la loy de l'hu-
milité , comme le fondement
aifuré deTcdifice qu'il vouloit
bâtir.
iP4. Toutes les prières , tous
KécefTité de les jeûnes, toutes les œu-
l'fcuroilitc, vres de mifericorde , toute la
chafteté , & enfin toutes les
vertus périront un jour , &
feront détruites , fi elles ne
2P3.
Orgueil >
principe du
mal. Humi
lité fonde-
ment du bien.
tlEy
cere exire permltth
.... etiam deleéJarà
lAiVincuHifach, ut à
quihus oneratur ma-
lis , ne fpem quidem
ullam ïiberationii in^
ventât.
Homil. 15. Irt
monte atque deferto
refidet Chriflus ^ ert*»
disns nos nihil ad 0-
Jlentationem nojïri
facere ; fed à cun-
élis potius tumulii-
bus liber art , CT* pr£'-
cipue cum philofo"
phandum eji > ac de
rebui feriis dijferen-
dum.
Qttta fuperbiam
confiât efje arcem ma-
lorum <jy radicem
peccati > contrarinm
étgrittédini remedmm
docendo , quafl fun-
damenlnm quoddam
munitum 1 hanc pri»
rr.um 'de bumi'itatt
fententiam colloca*
vit.
Sive orativnem ^
Jtve jejmium , fîve
mtfericordiam , five
pudicntam ,/tve aliud
(jHid bonorum abfqtté
humiUtate çongreges-,
Jiatim
. Sur s
(latim CHnfia de-
fli4ent , canfia de-
pereunt. Sicut fuper-
biu omnium fom ma-
lorum ep , ità btt-
mtlitas cunéiarum
ori^o virtutftm.
Beatiquilugent;
nonjîmplùiter lugen-
tes , fed propier pec-
cata. Quippe pro-
pter f<tctili difpendia
lugere maxime CT*
vehementer prohibù
tum : undè Faulus ,
Quoniam faeculi
quidem triltitia
mortem operatur:
quas autem fecun-
dum Dcum cft tri-
ftitiajpœnicentiam
infaluteiTiftabilem
operatur . . . Non
autem de propnis
tantUm , v-.riim e-
tiam de alienis Jtt-
het lugere deliŒs.
Beati mites, quo-
niam ipfi pofTide-
bunt terram ....
Quià mitis quifque
putattir propria amit-
tere , contrarium pol-
it cetur Chnfliii , di-
cens quod ipfi fît , qui
tHtijjîmè cuuCîa pof^
Toni. I.
Matthieu. 145
font fondées fur l'humilité.
Car comme l'orgueil eft la
fource de tous les vices j l'hu-
milité eft la fource de toutes
les vertus.
pleurer
Bienheureux ceux qui pleu^
rent : Il n'entend pas eénéra-
lement tous ceux qui pieu- péchez,
rent ; mais ceux qui pleu-
rent pour leurs péchez. Car
les larmes qu'on répand pour
les difgraces de la vie pré-
fente nous font interdites,
comme dangereufes & mor-
telles , félon ces paroles de S.
Paul : La trijîejje de ce monde
produit la mort j raais la irif-
teJJ'e qui efi félon Dieu , produit
vne pénitence jiahle pour le fa-
lut. Or Jesus-Christ
ne nous commande pas feu-
lement de pleurer pour nos
péchezjmais encore pour ceux
de nos frères.
BienheUrreux ceux qui font ^^6.
doux , parce quiU pofiederont Douceur
la terre. Comme on croit d'or- récompenfée
dinaire que ceux qui font dès cçtte vie.
doux lailîent perdre tous leurs
biens , il montre au con-
traire que ce feront eux qui
les polfederont avec plus d'al^
furance j que les violens &
N
14^ Des Home
les fuperbes.
2p7' Bienheureux ceux qui ont faim
Faim ôc foif CT- foifde lajupce. J. C ne dit
del.ijijftice p^j fimpiement ceux qui la
cnrécienne. ^^^.^^^^ ^ ^^^^ ^^^- ^^ j-^„^ ^^'^.
mez & altérez : pour nous ap-
prendre à ne la pas aimer &
rechercher froidement , mais
avec toute l'activité & toute
l'ardeur dont on eit capable.
Comme c'e{lle propre de l'a-
varice d erre ardente à amaf-
fer du bien , & qu'on a d'or-
dinaire moins de palfion pour
le boire ôc le manger , que
les avares n'en ont pour ac-
croitre leurs richclTes , J. C.
veut que nous transferions
cette ardeur déréglée à l'a-
mour de la juftice.
2^8. Heureux les mifericorclieux ,
Miféricorde parce qui's recevront mifertcor-
r'^î^'^'r'"'' ^'- ^es hommes exercent la
cord'i'"x-^" miféricorde en hommesj mais
Dieu l'exercera en Dieu en-
vers les mifericordieux. Or il
y ?. bien de la difterence en-
tre la compaflTion d'un hom-
me ^ celle d'un Dieu : & l'on
peut dire qu'il y a entre l'une
& l'autre autant d'cloigne-
ment , qu'il y en a entre la
bonté & la malice.
LIES
Jîieat , «0» vero aU"
dax autprotervus,
Beati qui e(u-
riunt & fitiunt ju-
ftitiam. Non dixit
qm JHJitùam fer-
vant 3 fei qui eft*-
riunt Ziyfniunt i ut
non utique mediocri'
ter , fed cum omni
cupiditate illam te'
neamm. Sicut enim
avaritia non tant a~
criier cihum aut po^
tum de/îdcrat quant
pojjèffones S ità con-
cupifcentiam ijlam
jubet in meliora con-
verti.
Beati mifericor-
des, quoniam mi-
fericordiam confc-
qucntur. Homines
hominum more mife'
rentuTy Deus autem
omnipotens in ipfos
mtfericordiam fuam
exercet. Par autem
non efi humana mi'
feratio atque divma ,
fed quantum benevo-
lent ta malitiaque dtf-
crimen eji^ tantum ab
illa if a difcernttur.
Sur s.
Ne ptitares quoi
qtéoltbet modo audire
malediUa prxflaret
heatoi-y duos tantum
defcnpfît modes ,' cum
fci'.icet vel propter
Jpfum audiuntur , vel
falfajaflantur. Si ve-
rv ipa non fuerint ,
non modo non ej} bea»
tus hoc audiens , ve-
tum etiam miftrri-
mus. Beati eitis
199'
Heureux qui
cfl calomnie
Matthieu. i 47
Ne croyez pas que généra-
lement parbnt on foit heu-
reux pour avoir reçu des in- , . ..
jures! car JESUS CHRIST P'^"'^^^"^^'
marque pour cela deux con-
ditions elfentiellcs : l'une qu'-
on fouffre pour lui ces inju-
res ; & l'autre qu'elles foient
injures. Sans cqs deux con-
ditions les médifanccs des
hommes , non feulement ne
nous rendent pas heureux ,
mais très - miferables. yous
cùmdixerincomne ferey bienheureux , dit notre
malum adversùm Seigneur , quand à caafe ue moi
ils diront faujjement toute forte d?
mal contre vous.
Malheur à vous lors que tout 3 ^O*
le monde dira du hten de vous. I-«/'«^t"eux
^ , I , , ne içauroienc
Cependant les hommes be- êtregénérale-
nilî'oient les Apôtres , mais ment xpprou-
non pas tous. C'eft pourjquoi vez,
JESUS-Christ nedîtpas
fimplement lors que les hom-
mes 5 mais lors que tous les
homme: vous béniront. Car il
eii impofîible que ceux qui
font véritablement vertueux ,
foient généralement ioiiez de
tout le monde.
vos 5 mentientes ,
propter me.
Vae vobis cùm
benedixerintvobis
omnes homines.
Ceriè ApofloUs bene-
dtcebant homines , fed
non omnes : O* id-
circo non ait , cùm
henedixerint vobis
homines , fed cùm
benedixermt omnes.
lioc eji enim impof-
fibile 3 cum virtute
viventihus ab omni^
hus bemdici.
De priori beati"
tudinis alicujus man-
data fequentis vtam
ftruens , auream no-
,bù Quandam cate-
JESUS-CHRIST fait 30T.
comme une chaîne divine de Chaîne des
toutes ces béatitudes , & la béatitudes E-
premiere efl comme un degré vangsUijucs.
pour monter à la féconde.
Nij
14? Des H o meli es
Car l'humble de cœur fe
portera fans peine à pleurer
toujours ies péchez. Celui qui
pleure fes péchez fera coin-
nie par une fuite néceflaire
doux , jufte j & mifericor-
dieux. Celui qui fera plein de
douceur , de juftice , & de mi-
fericorde aura le cœur pur.
Celui qui aura le cœur pur ,
fera fans doute un homme de
paix : & celui qui poHedera
toutes ces vertus , ne crain-
nam
enim
dra point les dangers ^ & ne
fe troublera pointde toutes les
calomnies dont on le pourra
charger.
302. ^oui êtes le fel de la terre.
Sainte févé- On He peut alfcz admirer que
xité aimable. Jgs Apôtres fe foient fait ai-
mer de tant de monde , non
en flatant les hommes & fe
tendant complaifans , mais
pour le direainfi, en les pi-
quant & les brûlant lelon les
qualitez qui font propres au
lel.
3Q^. Vous ne devez pas feu-
rerftftion lement être fages , mais vous
requir3 aux devez rendre aufîi les autres
Minillres de imitateurs de votre fageife.
J'^» Car ceux qui font employez
* à ce miniûere doivent être
t ex ni t. Cum
t^uis humilis
fuerit , etiam Jt*a
omnino lugebtt pec-
cata : qui autem
luget 5 iaem CT* mi-
Us erit 5 juffus O*
mifericors : at mi'
fericors CT* ju^tts £7*
compunéïus , omnino
etiam pitro erit cor"
de ; qui vero talii
eff 5 erit etiam pro~
ftfiopacijjcus : porro
qui ijla perfecerit ,
erit ahfque duhio aâ
pericuU pr<eparatus ,
tiec ad malediCla
prorsîts ulla tenehs'
tur.
Vos eftis fal ter-
rae. Hoc eji omnino
mirahile , quod non
adulantes neque pal-
pantes Apcftoli i fed
è diverfo faits injîar
urentes , fere omni»
bus fe tam deJîderU'
biles reddiderunt.
T^on vos tantum-
modo vclo ejfe fapien»
tes , fed ut taies fa-
ciatis CT* citeras.
Hitjufmodi amem
magifros in quibus
Sur
tantorum pericUtatur
Jalus , maxima certè
decet pollere pruden-
tia , tantafiue ilU
^dtjfe divitias , ut
aliis quocjue imper-
tiant.
Qtiii tantte vecor-
àiie ef} y cjui zidens
hominem pauh ante
dtZ'itiii ac ddiciis ir-
retitum , repente his
cmmbus fe exitere ;
C?' ziolucrem ac ala-
crem efj'e ad fimem ,
pauperiem <C^ om-
nemprorfui lahorem ,
ad pericula etiam
pu^nafque CT* fan-
^uinem mortemcjue
fuccinâum ; non in-
de manifejîiém acce-
ptât docttmentum fit-
turorum ? Si vero
nofmetipfos pr^fen-
tibus implicemus >
quomodo credere po-
terunt , nos ad pro-
feOtonem aller iu s
manjîonis ur^eri ?
Qua vero etiam pote-
Timus fatiifaèlione
purgari , cùm non
tantitm apud nos va'
luerit Dei reverentiaj
^itantum apttdfapistt'
S. Matthieu. 149
extraordinairement prudens
& éclairez ; puilque le faliit
des amcs dépend d'eux , &
qu'ils doivent être fî riches ea
grâce , qu'ils puififent même
la répandre fur les autres.
Qui eft l'homme fi ftu- .^04.
pide 3 qui voyant une per- iionn? rie
fonne toute poffedée de l'a- ^"^ J^'éf-ens,
mour des plaifirs & des ri- L^nlT
cnelles , le délivrer tout d un
coup de cQi efclavage , s'élever,
à Dieu comme une aigle ,
être prêt de foufirir la faim ,
la pauvreté , & toutes fortes
de maux, & courir au péril,
à la mort , & à tout ce qui
paroît de plus effroyable aux
autres , qui eft-ce, dis- je, qui
ne regarde ce changement
comme une preuve certaine
des biens invifibies d'une au-
tre vie ? Qiie fi Tcin voit aa
contraire que nous nous em*
prefiions àes foins & de l'a-
mour des biens de la terre j
comment pourra-t on fe per-
fuader que nous foupirions •
îîprès la félicité du ciel > Qui
pourra excufer notre lâche-
té , lors que le relped & I3
crainte que nous devop.s avoir
pour Dieu , n'aura pas eu fur
nous la même force , qu'a
fur les (âges du monde l'a.-
ijô Des
mour de la gloire ?
;écheur eft
)irr ]u'un
Payiii.
-Q Un payen qui pèche ne
[7n Chrétien caufe pas tant de préjudice
aux autres , qu'un Chrétien
qui tombe dans la même fau-
te : & la railon en eftdaiiej
puifque toute h gloire qu'at-
tendent les infîdelies , eii une
gloire corruptible & périfla-
ble , & que la not. e au con-
traire eit 2ujourd'hi:y recon
nuë & rerpedée même par
les impies. C'ell pourquoy
iors que les payens veulent
nous faire un grand repioche,
& nous couvrir de confuiion ,
ils nous difent : O Chrétien ,
cil-ce ainfi que vous agilfez ?
Ce que fans doute ils ne di-
roient pas , s'ils n'avoient une
grande idée de notre reli-
gion.
Preie^ fans en rien e.fperer.
^•'^''/"Puirqu'un Dieu qui eft fi
prochain fans • , ^- i j ^
en aueicire ^^^^^ ^^ charge de vous payer
rien que de votre dette , comment pou-
Dieu» vez-vous l'exiger d'un hom-
me , & à'ur\ honime qui eft fl
pauvre? Ce divin débiteur fe
fichera- t-il de ce qu'on lui re-
demande ce qu'il doit ? Impor-
tunez-le donc , & preflez-Ie
de vous payer. Il prend plai-
iîr qu'on l'importune de la
forte. Quand il voit qu'on
^06.
Homélies
tes gemilium humaim
gloria ?
Non iià incommo-
dât CP'nocet eihniiUs
iniquitatem faciens ,
qHÙm Chrijharus >-
dem operans. lllorum
enim gloria corrup'
tihilis j nojlra vers
fer Dei gratiam e-
tiam apuiirr.pios l'e-
nerabilis ejje CT' 'lli**
Pris aznofii.ur. id'
ctr.o cum HGCts ma^
xime exprchrare vo*
lusrint , i[}ifd adjun"
gum : O Chriftia-
ne / quod proftélo
non dicerent , nifi
ma^nam de ipfo do^-
mate extJJtmaiioném
hiiberent.
Mutuum date
nihil irdè fperan-
tes. U^bes igitur lo-
CKpleiifJimum dSiio-
rem. Cur iV.um reltn-
cjuens a me exigis ho-
minetentii prorfus ac
pat'.pere ? Numquid
indiznatur hic dehi-
tor cum fitnus exi;^i-
tur} ipr»»i
tene > ipjum exige ,
hac enim exa^ione
Sur
delefiatur. Nam Jî
ab alto exigi viderit
^i#<€ ip/e débet -fitam
reputabit injuriam.
Nec tibi uhrà jàm
teddit , quinimo te
fibi uluonisfatiet di-
hitorem.
Alteri faneratus
es C alterius exa-
'Oor efficeris, Nam
etjî homo accepit quoi
dediOt , Veus tarnen
»* tri bu ères imper. i-
vit. Se igi'.ur pY£-'
cipiium debiiorem
iuurn j feque vult ejje
vadem , pr^bens tibi
tccajîones imm'.nerai
^xigendi. NoH i^ttur
tantas Telinqmnio di~
vitias , à me popalure
5'M* niljil omnino pof-
jîdeo.
Si viderimui pu-
blicè Ctedt aliquem ,
CT*' inju.iam fujline-
re i etiaynft pectf'ita
pro eo dandu ejl ,
prajtitnus ; Jî rem
•Vcrbis pojjumtis ter-
rninare , non pigent.
Ejl enim pro fermo-
tiibus merces , imo
pro tfjïs CGudokntii
S. Matthieu. iji
exige d'un autre ce qu*il doit,
il le tient à in;ure ; de forte
qu'alors il ne penfe plus à
payer ce qu'il devoir 5 mais à
fe venger de l'injure qui lui
eft faite.
Vous donnez votre argent J07.
à l'un, & vous en devez cxi- Exiger rufa-
gcr l'intérêt d'un autre. C'eft *■' ^- ^^'-^ '''■"
un homme qui reçoit j mais
c'eft Dieu qui vous comman-
de de lui prêter. C'eit donc
lui qui eft votre principal
débiteur 3 c'ell lui qui répond
de votre argent , qui eft vo-
tre caution , & qui vous fait
naître mille occafions d'exi-
ger de lui ce qu'il vous doit.
Ne quittez donc pas la faci-
lité que vous avez de vous
faire payer de Dieu , pour de-
mander à un homme qui n'a
pas de quoy vous payer.
Si nous voyons publique-
ment maltraiter & mener en
prilbn une perfbnne , déli- affl
VI ons-Ie de cette oppreflion ,
fi nous le pouvons , quand
même il devroit nous en coû-
ter de l'argent. S'il y faut
employer les prières & les fol-
licitations , ne les plaignons
pas. Une feule de nos paroles
pour un fujet auffi charitable
N iii>
geiit de Dieu
leul.
Secourirlei
i|2 Des Homélies
fera fans doute réconipenlée i gemmbus,
& encore plutôt les foupirs
que nous joindrons aux larmes
d'une perfonne affligée.
30p. Vous voyez quelquefois des
5ép.iret ceux hommes quife battent&s'ou-
<iuifebatcent. tr^gent les uns It^s autres ^ &
vous demeurez tranquille fans
les réparer. Sont-ce des lions
ou d autres bétes farouches
qui s'entre battent & fe déchi-
rent ? C'eft un homme fem-
blable à vous 3 c'eft votre
frère j c'eft un de vos mem-
bres ;ne vous amufezdonc pas
à les regarder , mais féparez-
les. C'eft une marque d impu-
dence & d'oifiveré de prendre
plailîr à de tels fpedacles.
Vous me direz peut être ,
voulez-vous que je m'aille jet-
ter au travers dts épées nues
pour me faire percer de coups?
Apparemment ce mal ne vous
arrivera pas : mais quand ce-
la feroit ; cette mort vous fe-
roit une efpece de martyre ,
puifque vous l'auriez foufter-
te pour Dieu. Si vous crai-
gnez d'être bleifé pour l'amour
de votre frère , confiderez que
votre Sauveur a bien voulu
être crucifié pour l'amour de
vous.
Fides mutuis fs
eontumeliis ac vulnem
ribui profcindentes ,
Zy qmetus adpas ?
Num leo ejt qui ptt~
gnat , num fera alif
qua ? Certè homo tft ,
fraterejf, membrum
ejf : noiiJpcéJare , fed
dijjolve pugnantes,
KoU ex lis vclupta"
tem capere . . . Iwpu^
dentium CT* otioforttm
ej} in tali rerumgau-
dere âifcrimine ....
Et j'ubes Ut y incjuis ,
ut me hujufmodi ma^
uihus inferam y plum
gifcjueipfe confiAar}
Frtmo quidem non
patieris ijlud ; CT* Jl
acciderit , imipiet ti»
bi hoc opus pan qu£.
dam efje manyrii /
fi quidem proptev
Dcum ifia perpeteris.
Si veiû plagai acci-
père cunélaris , con^
fidera quoniam Do-
tninus ttiuspropter te
nec quidem crucemfii-
fiimu cunCîaïus eJ},
Sur s
WumlUemur, fra-
très , CT* debttori-
hns grattas agamus.
Viunt enim , fi fa-
ptenter agere volu-
rntts , maxim£ non
folum indul'renti^ ;
verum etiam merte-
dis occafîo : pauca fi
qmdem damus , plu-
rima recepturt. Qutd
ergo exigis violenter
à paupere ? Oporte-
hat etiam fi tlle vellet
exolvere , te tame^
potins remiitere non
hahentt, ut a Deo non
modo totum , fed e-
tiam multiplie atum
tlludacciperes.
Ho m. i6. Chri-
flus legem implevit ,
quià fine peccato ;
C quià pratereàper
nos quoque idipfum
facit. Hoc efi quippè
mirahile ^ quia non
folnm legem imple-
vit ipfe s fed idem
iptid nûhis facere do-
Havit.
Qiii fecerit &
dociierit , hic mi-
gnus vocâbitur in
Matthieu. i^%
Humilions- nous, mes frè-
res, & tenons-nous obligezà
ceux-mémes qui nous doi-
vent ; puifque (î nous agif-
fons lagemcnt & chrétienne-
ment envers euxjils nous fervi-
ront à obtenir de Dieu , non
Icuiementla remife d'une bien
plus grande dette, mais encore
une ti ès-excellente récompen-
fej & qu'en donnant peu nous
recevons beaucoup. Pourquoi
exigez-vous avec violence ce
que votre frère vous doit ?
Quand même il voudroit
vous le rendre > vous devriez
le lui remettre volontaire-
ment j afin que Dieu vous le
paye un jour pour lui , non
feulement en fon entier , mais
avec un profit infinimentavan-
tageux.
Jesus-Christ a ac-
compli la loi non feulement
en lui - même , parce qu'il
étoit fans péché j mais en-
core par nous en nous la fai-
fant accomplir. Car nous le
devons admirer en ce que ne
s'étant pas contenté d'accom-
plir lui-même la loi, il nous
a auffi donné fa grâce pour
l'accomplir.
Celui qui fera, O* qm en-
feignera , fera grand dans le
royanrne des ciehx. J E S U S-
310:
Ne pas exi-
ger fes dettes
des pau Vies,
La grâce fait
accomplir U
loy.
Contre les
He'rétiques*
312:
P ratiqtief
avant que
d'enlciguei».
ïf4 Des Home
Christ a marqué qu'il
falloir piemieremenr faire ,
& puis cnfeigner; pour nous
apprend; e qu'on ne peut en-
feignei i.tilement, fans avoir
auparavant pratiqué ce q;i'on
Cnfeigne : & qu'autrement on
nous dira : Medain ^Queri/Je:^-
t>ous vous même. Car cefui qui
ne pouvant fe régler lui mê-
me 5 fe mêle H'inftruire les
autres , s'expofe à évç moc-
qué de ceux qui recourent :
& toutes fes inftruâions fe-
ront fans fruit ; parce qu'il dé-
truira par ffs adions ce qu'il
aura établi par fes paroles.
Quiconque fe mettra en co-
315.
Ke fe mettre
•n colère qT:e. - -.
Foi;r Tintérêt ^* / "^ '"^f* contre fon frère ,
«lej autres, méritera /l'être condamne en ju-
gement. Dieu n'a pas entière-
ment éteint en nous tout mou-
vement de colère ; parce que
la colère peut fouvent être
utile , fi l'on s'en fert à pro-
pos & avec prudence. Quel
eft donc le tems & l'occa-
fîon Icgitime ci^i l'on peut
bienufer de h colère? C'eft
quand nous ne nous vangeons
pas nous-mêmes -, mais que
nous réfiftons aux infolens ,
ou'que nous excitons les lâ-
ches & les pareffeux. Et quel-
les font les occafions où la co-
LIES
regno cœlcriim.;
Prias pofutt facere
qtiàm docere ; ojfen-
dens qucd /îc aliquis
bene accedere Valeat
addocendum^ aliter
autem nequacjnàm,
Audtet entm , Medi-
ce, cura te ipfum.
Qui enim fe ipfi^m do-
cere nequiverit , cùm
altos conatur emenda-
re j trrijîom fit ohno-
xius : imo ne docere
qmdem talis za \ bit ,
cùmfcilicet verbis e-
jus aChones recla-
ment.
Qui irafcirur fra-
tri fuo fine causa,
reus erit judicio.
Non omninh ij}um
extinxit ajfeSlum . . .
quià multis utilis f/?,
Jfî opportune acfcien-
ter utamur . . . Quod-
nam igitur eji tempus
opi?ôrjunum ir<e ?
Qu.hido fcilicet non
zLifcimur nofmet-
ipfos j fed cùni re-
primimus ergà alios
infolanes ; eT- d-^f-
des mcrcpattone fs;;-
Vertirnus. Quod vero
impcrtunum ejî tem-
Sur s. Matthieu. 155
pusir^ ? Cumfcilicet 1ère eft défendue ? C'eft lors
que nous nous armons de cet-
te paiTion pour nous défendre
nous-mcmcs. £t c'eft ce que
font plufieurs. Ils fe fichent
lors qu'ils foufFrent quelque
injuftice , & ils font froids &
lâches lors qu'ils voyent \q&
autres cruellement opprimez.
** nofmetipfos Zii/t-
difemus , trafàmur.
.... Vlurimi, hocfa-
eiunt. Effet unlur cUm
aliqttifi ffatitmiur in-
juri£ i rcfo'vi^ntur
tiero^ CT* omnttio mol-
lefcu7tt 5 cùm alios
vel maximum a^-
fiioncm vUnrint fu"
fiinere.
Mifericors DomU
vm ctitm majorihuivd
mtnima c^u<t que déli-
ra patiter evellit ;
pr^ecipiens ut mttluo
nobifnv.tipfîs QJP* ho-
njru/)i!ins utamur CT"
cautiui , ut per hue
'■fnajora quoque pecca-
ia auferantur.
Si ortérs m un us
■^tuum ad altare ,
&C. 0 admirabilem
hsnij^niiatem, atque
inefj^zbilcm er^a ho-
niine$ amorem Del !
hc7iorem fuum def-
pictt , dum in pro-
ximo ch<iritatem re-
qutrit.
Le Seigneur a tant de bon- * ^ .^
té pour nous , qu'il veut dé« Refpeftma-
raciner de nos coeurs jtifqu'aux ti:el des uns
moindies fautes. 11 veut que P»"' les a»-^
nous nous traitions & nous ^^^^'
parlions les uns aux autres a-
vec honnêteté & avec refpe<fï,
afin de couper ainfi la fource
des plus grands péchez.
Si lors que vous préfentey Jlj;
votre don à l autel , vous vous La réconcilia*
fouveney que votre frère a attel- ''°" ^°^^ ^^'
que fujet de fe plaindre ^, "der le faca,
vous i laifle:^là votre don dé-
fies.
Vaut l'autel y c aHe;:^ vous re-
cotjctïier auparavant az>ec vo^
tre frère , <^c. O admirable
bonté de Dieu 1 6 amour qui
pallé toutes nos penfces ! il
méprife fa propre gloire, lorl-
(ju'il s'agit d'établir la charité
que nous devons avoir entre
nous.
tout.
3^7.
11(5 Des Home
$i6. Il faut quitter la prière
Dieu préferepour VOUS aller réconcilier
la charité à gyç^ ^.giui qui fe plaint de
vous. Car c'eft pour la cha-
rité que Dieu a lout fait. Et
c'eft pour nous réunir tous en-
ferribie dans un feul corps ,
que s'ctant fait homme , il a
foufFert tant de maux & ope-
ré tant de merveilles.
Ne nous laiflbns point
MépAfe'r lesî^.°"^P^^ ^ ^'^"^''^^.^ fugitive des
plaifirs. biens du monde ; puifque
pour un vil plaifir que nous
quittons ici , nous en rece-
vrons unerécompenfe infinie.
Dites donc â votre ame :
Pourquoy vous affligez vous
de ce que je vous prive d'une
petite fatisfadion , puifque
vous devriez plutôt vous ré-
jouir de ce que je vous pro-
cure le ciel?
•^ j g Tant que nous fommes fou-
Vertu douce "^i^ ^ "°^ paffions , nous trou-
jux juftcs. vons la vertu pénible , afpre ;
& laborieufe 5 & le vice doux
& délicieux : mais nous n'au-
rons pas plutôt quitté le vice ,
qu'il nous paroitra hideux &
horrible , & la vertu au con-
traire aifce & très- agréable.
LIES
Melius ejl oratio~
nem relinquere C?*
ad recomiliationem
fratris excunere.
Propter hoc fuélu
fttnt omnia. Idarco
C?*" Deui omnia gef-
fit homo faClui , i*t
nos in unum congre»
garet.
Ne nos umhra
hdtc fugiiiva fedu-
caty Urgijfimam pro"
fàflo mÉtcedem pr9
temporali voluptatg
contempla capiemus.
Die ad animam
tuam : Triflaris qutà
te corporis volttptaii
defraudo i Utare pO"
ttus quià c^lorum
tibi régna provù",
deo^
QuandiH in vitiis
permanemus , afpe-
ram atque dijpctlem
omnino opinamur effe
•virttitem i ipfa vero
viiia dcJïderahiUa
prorfus ac du Ici a. Sin
autem v'uia vel bn--
lii tempore défera-
mus , tune ea horri-
bilia ^ turpia ejfe
confpicientur , e^
virius delefiabilii a^"
Sur s,
férehit O* fucilis.
Hom. 17. Noli
addilcere puichri-
tudinem ahenam.
Quid fi tnfpiciam
nec tamen captar ?
CoJjihuit afpèflttm ,
ne huJHJmodi licentia
jïdens, ettam in pec-
catmn quandoque
corrueres.
Si cjua mulieridao
comitur CT* ornatur ,
utinfe ochIos omnium
irritet i etiamfi nul-
lum pulchrttudinefua
potuerit vulnerare ,
dAbit tamen extrema
fiipplicia : paravit
quippe venenum , po-
rexitpoculttm, eiiam-
finullmqui biberet ,
efi inventas.
Sit tihi timor Do-
mini omni necejjitate
violentior. St enim
Celis pr^etextusfi^mper
ohjicere , nihilde his
qu£ funt imperata
^liflûdtes De
oculo dextro di-
ces , quid fi amore
ejtts inflftmmor ? Et
Matthieu.
1^7
Ne vous arrêtey point à coti" JI^»
fiderer une beauté étrangère, Eviter Ici
Mais fi je la regarde fans m'y regards dan-
attacher d'aucun défir ? L'E- S^'^"''*-
criture défend généralement
tous ces regards , de peur
qu'en s'afiurant trop (ur foy-
même , on ne tombe dans le
péché.
510,"
Contre les
Si une femme s'étudie à fe
parer & às'ajuiter , afin d'at-
tirer fur elle les regards , de P"f " *«-
tout le monde; quoi que peut-
être elle ne faiiV aucun mal
à ceux qui la voyent , elle ne
laiHera pas d'être punie du
dernier lupplice : car elle a
apporté le poifon , elle l'a
préparé -, & elle n'avoit plus
qu'à le préfcnter à boire : ou
plutôt elle l'a même préfenté,
quoi qu'il ne fe fou trouvé
perfonne qui ait bû ce venin
mortel.
Il faut que la crainte de 3tr.~
Dieu loit plus forte fiir votre Ojéir fans
efpnt , que toute autre nécel- "3^°;"" .^"^
/-', ', ^ • ,, loixde Dieu»
lite qu on vous pourroit alle=-
guer.Carfi vous allezchercher
de ces fortes de raifons & de
femblables prétextes , il fe
trouvera que vous n'obéirez
jamais auxcommandemens de
Dieu. Par exemple, quand on
tjS Des Ho m
vous commande d'arracher vo-
tre ail droit » ne pourrez-vous
pas dire ; mais (î je l'aime de
tout mon cœur ? Lorfqu'on ne
vous permet pas de jetter wn
feule regaid deshonnéte, ne
direz-vous pas encore : Mais
puis- je m'empécher de voir ?
Cependant lorfqu'il s'agit de
garder des loix humaines ,
vous n'oferiez alléguer d'excu-
fes lemblables , vous n'oferiez
dire : Mais fi ceci ou cela ar-
rive , fuis-je obligé de garder
la loy ? Et il faut de gré ou de
force que vous vous y foû-
mettiez.
\^}^ . - Si vous demeurez toujours
^^"ç'^*^^ 'les mêmes , je vous inter-
**^^ ^* dirai l'entrée de l'Eglile , &
la participation des facrez
myfteres , il vaut bien mieux
offrira Dieu nos prières avec
deux ou trois qui gardent fcs
commandemens , que d'af-
fembler une foule de perfon-
nes corrompues qui fe gâ-
tent les uns les autres. Que
les riches , que les Grands
ne s'élèvent point ici contre
moi , car leur colère & leurs
menacts me paffent pour une
fable , pour une ombre , &
pour un longe. Ces riches
ne me défenderont pas un
jour, quand Dieu m'accu-
ELI E9
de irnpudico afpeél»
qUU
non
non a
lum ?
fi
poJJTu
Atqui in legihtis quai
Itomines condiderunt ,
nihil audes taie pro-
ferre : Quidji illud
velijiud î" Sed "Volens
nolens fufcipis cMi£î<i
5«« fcriput funt.
Si viderimm vos in
etjdem manentes , e-
tiam interdicemus
vobis omnino Jacri
ijïius ingrejfum ve^i-
buli , CT* cteleflis par*
ticipationem rrtyjierii,
. . . Melius namque
ejl cum duûhus ac tri-
btis divinte legis pra-
cepta fervaniibus »
orationes Deo ojferre
folitas , qtiàm inique
agernium caterojque
perdentium multitu-
dintm congregare.
NuUus adzenùm me
hoc locopotens , nul •
lus dives infletur ;
Sur s. Matthieu. ifp
cunSla enim ij}a apud fera devant fon tribunal , &
meyVel fabula viden- qu'il me reprochera de n'a-
tur , velumhra , vel voir pas (oiitenu avec fermeté
fomntum Nemo ex & avec vigueur la lainteté dc
his qui locttpletei ha^ fçs ordonnances.
bentur , ibt càm accu^
fatuifuero ffutroi. in/('
ùitur i càm mihi cri^
mini dahiiur > Dei
le^em à me cum omni
Vehementia ac con-
ftantia nonfmfjie de-
fenfum.
Hom l8. 'Nthil
ità Udentes coercet
Rien n'arrête tant les vio-
lens que la patience de ceux
La douceuc
ut patientia mode- qu'ils outragent : car non feu- .^""^^^*
r, ' , ^ .* -. o^ 1 < , - Violence.
lement ils cefîent de leur faire
J}i4que Uforum : nec
fecuiurum modocoer- violence quand ils voyent
cet impeium , fed de quelle cft leur douceur , mais
fr^cedcnte exigit foc- ils fe repentent même de celle
niteiuiam. qu'ils leur ont faite.
Quant i s ad per-
feCliouem gradibus Confiderez par combien 314.'
afcendendum docuerit de dégrez il nous faut pafler Dile<^ion des
Chrijîui , confîdera. pour arriver au lommet de la ^■^"*"?"* ,
--'■' r.-. . comble de U
Frijnus efl gradus , perfeâion chrétienne, i. N'è
ne prior injurtam tre jamais le premier à faire
ordiare. 2. Ubi efl injureà perfonne.z. QiJandon
injuria capta , ne par nous en fait , n'en point tirer
farp referai , fed une vengence égale à Tinjure.
quiefcas. 3. Ut etiam $- Ne la point reprocher à
prctbeas te tpfum ad celui qui nous la fait , mais
tnjurtam fufttnen- conferver toujours pour lui de
dam, 4. Ut etiam la douceur. 4. Etre prêt d'en-
ad majora te prx- durer volontairement , s'il Je
ieas qttàm ille vhU ^'^ut 3 une injure encore plus
p;rfe6tion..
ii$o Des Home
grande, ç. Ne point hair celui
qui nous a ainft maltraité.
6. A/oir pour iuy-mcme de
l'affedion. 7. Lui faire du
bien. 8. Et enfin prier Dieu
pour lui. V'oilà le comble de
la vertu chrétienne : Ôc com-
me ce commandement eit fi
relevé , c'eit pour cela que
Jésus Christ y a attaché
une fi haute récompenle.
32^. Quand les frénétiques frap-
Avoir com- pent leurs médecins, c'eft
patFion de la alors que leurs médecins les
fureur de nos plaignentd'avantage , & pren-
ennemis , àc ^^^^ ^^ ^^ ^qj,^ jg j^^ pué-
nous en yen. ^.^ . f^^^^^^^ ^^e ces excès
ne font que des effets de la
grandeur de leur maladie.
Imitez cette conduite à l'é-
gard de vos ennemis , & trai-
tez ainfi ceux qui vous ou-
tragent. Car ils font vérita-
blement malades , ils louf-
frent une véitable violence.
Délivrez-les donc de cette
langueur mortelle. Aidez-les
à vaincre leur pafiion , & à
chalfer d'eux le démon cruel
de la colère & de la fureur.
Quand nous voyons les pof-
fedez nous les pleurons , &
cous lommes bien éloignez
fier
LIES ^
qui fecit. ^. Non O"
dijje à quo ij}a per'
peteris. 6. Etiam di'
Itgere Udentem. 7.
Benefictis quoque eum
afjïcere. 8. Etiatn
Deum pro ad'Verfario
deprecari. Perfpexifîi
celjîtudinem Chrijiia-
ȣ philojophix : C
idcircojam tam clar»
ejl digna pr^mio ,
quià tam magno eji
fébje^a pr^cepto.
Medici qttando in»
jttriii C?* calcibus ca»
dttntur furentum ,
tune illorum mag is
magifque miferentuil
tum maxime ad red"
dcndamfani'.atem pa-
rantur ^fcientes quvd
vehememiam nu. hi
fignijicet ea injuru.
Et tt* igitHr de ini-
micis eandem teneto
fententtam. Ilîinam'
que funt maxime <c-
groti. Libéra eum à
gravi ifio dolore C
da operam ut tram
remittat. Libéra eum
à favijjimo d^moue ,
propri£ fciltcet men-
tis furore. Nàm CT*
cttm aliquos à d^mo-
ng
Sur s
ne a&os videmus ilU-
erymamttr *, non ttu-
tem agimus Ht ipjî
qiioque eadem tiU
patiamur , . . illorum
funtfimilei iracfttidi i
imoi lits longe mifcrio-
res , <]ui utique fenjî-
bm adhuc inte^ris in^
r '•^
Jamttnt.
■ Cujui gratta oh-
vium faïutaiione non
f>r£Venis ? Quià^ in-
duis , hoc expeûat.
Et quidlji£c dementia
deterius ? Q^nà , iit-
quis , aie fa^tii ejl
fnihi mercedis occajïo,
nolo banc accipere oc
cafionem. Sienim ille
tefaluftetprior i nihil
Ubi proficiet etiamfi
Mm falutaveris. Si
vero tu pritfs adfalu~
tandum properes f /?*-
crum de illius iumore
cepijlt -, CT* l^rgijjt-
mum quemdum frii-'
ùtim ds illius Ciiperbia
elimn niejjltipi.
In cap. 6. Hom.
19. Non tantumma-
do dedijje eleemojy-
narh , fed quemudmo-
dum ofx>rtct dedijfs
&J>roJ>ter qmdopor!'
Tom. L
. Matthieu* i^t
de vouloir devenir femblables
à eux. Cependant les gens
c\ui font tranfportez de colè-
re , font Icn^blables aux pof-
fedez i ouphVotils font beau-
coup plus niiférables qu'eux ,
puilqu'ils font furieux fan»
avoir perdu refprit,,
Pourquoi ne faliiez - vous- _ ^^ ^*".„
, 1 . , . Se prev«n
pas le premier , celui que vous ç^ civiUwv
rencontrez ? Parce,ditcs- vous,,
qu'il attend que je le faluc.
Qti'y a t-il de plus ridicule que*
cette penfée ? Parce qu'il
m'otFre une ocçafion d'être
récompenfé de Dieu , je ne
veux pas m'en fervir. Gar s'il
vous faille le premier , vous ne
gagnerez rien en le faluant >';
mais fi vous le prévenez , fa^
vanité contribuera à votre.
mérite
trexour
>wf
fon orgueil à votf-
ta vertu de raiimô'ne ne pr^,
conliTte pas fimplement à don- STprir àkt
ner; mais à donner en lamar ra-umcuu.
niere & poui-ia fin que Dieu*
noUs commande.
i6z
Des Hom
bonnes
vses
3i8. jESUS-CHRISTnenous
Cacher fes défend pas feulement de ne
point vouloir faire paroitie
nos bonnes œuvres ; mais il
nous commande même de
iious étudier à les cacher.
3^9- Qy^ n'admirera la bonté
Réjoaipenfe de Dieu , en ce qu'il promet
de la pnere. une récompcnfe pour lui avo.r
demandé fes grâces.
330. Je S us-Christ défend
Pntrbeatj-!es longues prières ; c'eft-à-
coup en par- dire, celles qui font longues ,
feule multitude des paroles.
Car il efi bon de perfevérer
lons-tems
a , demander les
chofes qui nous font utiles.
Soye:^ affdui à foraifon , dit S.
Paul : Et iorfqi|jW' e s u s-
Christ nous U^ofe ré-
xemple de cette veuve qui
fléchit par l'afTiduité de it^
prières , la dureté à\\vï juge
cruel & impitoyable ; & ce-
lui d'un autre homme qui
étant venu éveiller fon ami
au milieu de la nuit , ob-
tient de lui , non-tant par ami-
tié que par importunité , ce
qu'il lui demande -, il ne nous
ordonne autre chofe que de
j^Qus préfenrer continuelle*
ELIES
tet , virtuiis ej}.
Non folum nos ait
cjî.'ntatioiie noOri te"
lat , verum etlaru
fladium tndîcit U*
tendi. Cùm oratis.
Sic.
MifericûrdUm De»
cum adimiratione coif
fidcro^ qi.iprohiiqttit
a nohis foguiiir boyiii»
tnercedcm fs toUice"
tttr datttrum.
f^t.htur mihi Chri-
fltis longas oraxiones
vetiîre : lor)<ras dico ..
non temporei/.-dmul-
tittfdine cr prohxita-
te vetborum, Perfe-
Verare qvif-?e oportet
qu£ Junt ut! lia pof-
centcs. Orationi ,
induit, inilate. Qum
CT" ipfe Dommus per
ziduit ti.iits exem'
p'um , qttg imrr.iferi-
cordcm judtcem ora-
tioms ifijla n > t aJî,.-Xtt ,
atque amiii, etiatn
illius qticm inicmpe"
Jfa nofh dictt Zi'nijje
ad amicum , tufr.que
dormienîem de lefhlo
fitfcitaffe j tllumciue
hoc non tam fimilia-'
rit Aie , quàm ajjidhi'
Sr;R S,
tate meruijfe ; nihil
aïittd ommno quam
ut ipfe fréquenter à.
quihiifvis interpelU-
retur admonnit : non
tamen ut orationem
mille verjibus compo'
Jttam if}Jt recitarent.
Qui Deum patrem
appelUvit , CT' vc'
niam peccatoritm , CT*
panarurn interitum ,
€P'jttJ}ificatiotiem,(:p'
pinSîific^ticnem , Çp*
Itb^rationem , C?* ^-
ItûTum adoptianem ,
CT* hxreditaiem Deiy
Crfratcmitctem cvm
tviigenito , O* fan fit
Spirhiis donx Urgif-
Jima , uno J^tmone
eonfejjtis ejt. Iwpcjjî-
hile efl euim De\m
patrem vocari ab eo-
qui non omnin h<ecbo'
nafuerit confecutus.
Nondicit, Pater
meus , feA Pater
•ncller > /?ro commu-
nt fctUcet corpore pre-
cemfundens , GT* ubi-
qi*e non tant propria
commoda ^ quant pro-
mmorum peieus. Qu^o
^mdem ipje CT* inimt-
mui imermtn > O*
Matthieu. i6i
ment devant lui j non pour
lui oftrir une prière longue
& étendue en paroles , mais
pour cxpofer fimpicmcnt no*
tre befoia.
Celui qui appelle Dieu fbn 3 3 r»
Père y marque en même tcms Esce!l-nce
par ce feul mot la rémiflion d'unChmiea'
des péchez, la délivrance des d^venuenfanc
fupplices éternels, la jui^ifica- ^"^'■
tion de l'ame, la fandilication,
la rédemption , l'adoption au
nombre des cnfans de Dieu ,
le droit à l'héritage de la gloi-
re , la fratcinitc avec fon Fils-
unique, & enfin Teilufion de
fon laint Efprit. Car il eft im>-
poCilble à celui qui n'a pas re«
eu tous ces biens , d'appeller
avec vérité y Dieu , fon £ett*
Nous ne difons pas à Dieu 5 ^.B'^-*
Mon F ère , mais Notre Vere ^ .P'?^'''^
pour marquer que notre priè-
re eil généralement pour tout
le corps de l'Eglife j & que
chacun ne regarde point fo»
intérêt particulier , mais ce-
lui de tous. Jésus - Chris-f
bannit aufll par cette parole
toutes fortes d'averfîons &
Oij.
I ^4 Des Ho m
d' inimitiez. Il réprime l'or-
gueil, il éteint l'envie, & il
introduit dans les âmes la
charité, cette mère divine de
tous les biens. U détruit en-
core toutes les inégalitez &
les différences de condition
& d'état , & il égale admi-
rablemenc le pauvre avec le
riche , & le fujet avec le Prin-
ce : puifque nous nous trou-
vons tous unis dans les choies
les plus importantes &lesplus
néceffairesjqui font celles du
falur.
C'ell la perfedion d'un
Chrétien d'être fi irréprocha-
Dieu par une ble dans toutes Tes adions y
vie irrepro- qyg jq^j ç^^^ q^j J^ yoyent
en rendent ." ~ "
qui lui eft due.
33^
G orifier
chable
a Dieu la gloire
Soum.fliot*
Que TDtre volonté foit faite.
^ Jésus- Christ par ce^-
paroles nous apprend à éire
humbles , en nous marquant
que notre vertu ne dépend pas
fimplement de nos loins & de
nos travaux 3 mais de la grâce
de Dieu.
C'ett faire une grande in-
•rat-.quer la jure à la vertu que de ne la
'*ertup;irver- pas fuivrc pour elle-même;
tu, ^ nonpar ^-j-j^is (eulenient pour être loiié
de. ceux de la populace > qiii
3?1"
vamte*.
î L I E S
fuperliam reprimit-l
^ explodit inviiiam,
CT* tntroducit matrem
honorumomniamchA"
ruatem , CT* huma-
narum rerum in^»
qualitntem prorfui
expellit y e?* miram
r-gii cum paupere
honoris ^tqualitatem
ûjlenditi fijuidemin
maximts CT* ad <tter.~
nam gloriam necejjw
riis communione om-
îtes fociemur.
l'hilofophU perfs. .jj
Û£. efl tant ix/epre- M
h/^fibilem omutbus M
exhibera 'vitarriy ut %
eam fr.guli qui que
minr/itei , Dominum
de Jervorum fanCli-
t(lie colUttdent.
Fiat voluiitastua. i
... Htimilit^tcmdo'^ T
cet , cjlendvfis. quod
perjicerezh-ititem non
nofri fît Jïi'r.îii. taa- ■
tummodoy verum c '
tiam gratta Dei.
Hom. zi. qusin
graeco recenfetur. -
20. & fie deinceps, 1
Certè rr.aximam ejl' *'
injuriam ipfi faarê.
Sur s.
virtuti , Jî non eam
fropter feipfam , fed
propter vulgus fequa'
ris. Ut enim te miren-
tur rnali , CT* à virtU'
te proctil remoti j ad
ojientationem atque
ad fpeOaculum tu ip-
fos quoque advocas
virtKtisinimicos... Et
tu i^itur nequaquàm
tlegijfesvirtutem'i ni-
fi adverfariis ejus
pUcere voluiffes ,
quam profeflo hinc
admiratiom eJJ'e decet,
tjfuià à propriis quo-
que laudaturifiimicis.
Ne vtrtutem prop-
ter alios appetas > ne-
que propter homines
obedias Deo,.fedpro-
fter Deum potins ha-
minibm. Alioqui , etfi
vtrtutem videaris fe^
qui y nihilominus fi-
milis non fequenti ,
Deum in iracundiam
CûncitaJIi. Sicut enim
ille non factendo ino-
hediens fttit > ttà tu
non rite fuciendo.
Hom. 13. Cum
nehii CT* curantibus
O* non curamibus
Matthieu. T^f
ramarqueront vos adions , &
admiré des méchans & des
ennemis même de la vertii.
Car ainfi il feroit très vray de
dire que vous n'auriez point
été ami de la vertu , fi elle n'a-
voit pomt eu d'ennemis , au
lieu que vous auriez dû l'ad-
mirer , & la fuivre , pour cela
même qu'elle ,e{l fi belle que
fes propres ennemis ne peur
vent s'empêcher de la louer.
Aimez la vertu pour elle- 33^',
même , & non à caufe des Aimer Diett
autres. N'obéiHez pas à Dieu ^°^^' ^"'"""^
à caufe des hommes j mais"^^*
obéillez plutôt aux hommes
à caufe de Dieu. Quand vous
faites autrement^ quoique
vous paroilTiez aimer la ver-
tu 5 vous ne l'aimez pas eri.
eftet; & vous irritez autant
Dieu , que ceux qui la haifiênt
& qui la méprifent. Ceux-là
l'otfenfent 5 en ne faifant pas
le bien j & vous l'ofFenfez en
le faifant mal.
Puifque 5 foit que nous
nous inquiétions ou que nous
Soumiffion
tranquille à la
ne nous mcimetions pas , ç'eJft ^/ovld^i;,;.
itrepric.
jS6 D E S H O M E
Dieu feuî qui nous donne tout
ce qui eft néceilaire à la viej
& qui nous le demie d'aut.int
plus que nous nous en inquié-
tons moins ^ à quoi nous fer-
viront tous nos foins , tous
nos empreiTemens , & tous
nos travaux , qu'à nous tour-
menter & nous faire fouffrir
la peine de les avoir eu inuti-
lement ?
538. Dieu nous commande de
Pourquoy Jui demander les chofes nécef-
Dieu veut faites ^ l3 vie ^ non qu'il ait
befoin que nous l'en avertif-
fions par nos prières j mais
pour nous empêcher de dou-
ter que ce ne foit de Ton fe-
cours que nous vient tout le
bien que nous faifons j & pour
nous faire acquérir une fami-
liarité avec lui par cette obli-
gation de lui demander con-
tinuellement nos befoins.
Je voiUldéfends , nous dit
Ne fe point in- J ^ 5 U S-C H R 1 S T , de VOUS
*nces afin qu elles nous manquent ^
mais plutôt afin que rien ne
nous manque. Je veux que
vous receviez ces befoins pre-
fens d'une manière digne
de vous 3 & qui vous foit
véritablement avantageufe :
de peur qu'ayant l'efpnt dé-
• çhité de foins , vous dc vous
B39'
LIES
pr^Jîat Detis i im»
tune magis quando
nihil hinc orwnno ci*'
ramus ; cjuid tibi am-
pli m follicitudo prte"
ftahit , nifi q^od/u"
pcrflitam à te exigU
Hltionem f
Ideo peti pr£ciph
Deus 5. non quià wo-
Jîrarum prccum in-
digeret admonitu: fei
ut abfque dnbio difce-
remui » quod cum il-
lius auxilio faciamu^
bona cHnfla qu£ fa»
cimus , CT* ut tpfa af-
Jîduitate pcfcendt ei
noifamiliarei redda»
mur.
jubeoj inquit,pr£'
feniia non qv.£n , non
ne accipias , fed ut
abundanter accipias :
cuwque ea qu£ tibi
competit honejiate ,
cuwque ea convenien'
te utilitate etiamprs"
fentia confequaris, fie
fûllicitudinibus afii-
fius, ^ curarum mor^
fibtti fapl dif(er^t0i^.
Sur .s.
non modo t^is, verttm
etijm fpiritalibui bo-
nis le facias indi-
gnum , lie Z^ fupcr-
fl^um patiaris (Srum-
nam, CT* (juod e(l am-
plius propojltam tibi
amittas coronam.
Cur cogis diem
plufquam ipfe fortitm
efl j affAcHonii acci'
fere ; CT* fuprà pro-
prias ejus lu bores e-
t/am ei fequentis diei
pondus impartis f C?*
hoc cttm nihil ijlius
ndjtilione fafcis alte-
•rrtfs diei leziora fis
onera faBurus labo-
rttm , fed tantum a^-
^egaturus Ubores
necqutcquam.
Rerurn ordinem psr
cuTifia pervertimus
CT* cotJtra Chrippr<e^
cepta , tttrinque pu-
gnamus
Nolite
au , pr^fentia ijfa
prorfus inquirere; jtos
hac fola etiam abfjue
intermifjtone feSîa-
wur. Qu^rite, inqnit,
Crfemper O'fola ae-
lej}ia i nos verb ne
unius qttidem hor<e
Jpaiio illa perfevera'
Matthieu. i ^7
rendiez indignes de recevoir
les IccoLirs dont i'ame a be-
foin, auiii bien que ceux du
corps j & qu'après avoir été
niilcrables en cette vie , vous
ne perdiez"cncorc la tclicité
delà vie future.
Pourquoy rendez- vous le 340."
jour prélent encore plus pé- Prévoyance
nible qu'il n'eil de lui-mé- i'^riiéte &
me , en ajoutant à Ion tra- m-^liieureufct
vail celui du lendemain, que
vous ne diminuez nullement
par cette prévoyance inutile.
Amfi vous ne faites que vous
accabler davantage par Taccu-
mulation d'une ^double pei-
ne.
Nous renverfons tout For- 541.
dre des choies , & nous com Ardeur potr
battons doublement le pré- ^"'^^^^"P'^^-
ceptede JE SUS-CHRIST. ^^"^"'^^^/^"^
MIL 1 . pour hs futu^
Ne cherchez pomt , dit.il , îes,fourcesde
les chofes prcfcntes ; & c'eft nos maux,
de quoi nous nous occupons
toujours. Cherchez , nous
dit-il auffi , les biens du cieJ;
& c'eft à quoi nous ne nous
appliquons jamais. Nous n'y
pouvons pas peiifer , même
durant une heure ; & autant
<iue nous témoignons d'ene»
i^a
De s HomelÎe»
preffement pour ce monde ,
autant & plus encore témoi-
gnons nous de froideur pour
Tautre : mais cette indiffé-
rence & cette froideur pour
Dieu ne demeurera pas im-
pimie>
^4î. Il n'y a rien, non, je Je
Grâce vifto.redis encore, il n'y a point
rieufe du pé- de péché qui ne CQÙe à la for-
thé.
ou pIiV
ce de la pénitence
tôt à la force de la grâce de
JESUS-CHRIST. AufTi-
tot que nous nous convertil-
lons à lui , il devient lui-
même notre force & notre
coopérateur dansle bien.
■343. Quand nous nous adreflons
î*rier avec à Dieu pour lui demander
ferveur. quelque chofe , nous le fai-
fons fi lâchement , qu'il fem
ble quenousn ayons pas grand
défît d'en rien obtenir. Nous
ne portons point à la prière un
cœur plein de foi & de fer-
veur : nous fommes comme
des perfonnes qui n'ont rien à
demander ou à défîrer : nous
demeurons tout alFoupis fans
application & fans vigueur.
Cependant Dieu veut qu'on le
çriç avec. iQÛance, &. qu'on
mus inquirere : fsi
quantam in illis qti£
ad corpus neceffaria
funt , curam ojlendi-
mi4S , tantam in Jpi'
rituaUhus habemus
incuriam , imo longe
etiam n$ujorem. Sed
nequaqHam impunita
manebit h<ec vecordia
ac licenlia.
Non efl aliquod ,
non ej} omnino pec^
catum y qnod non cé-
dât pxnitentix vit'
titti aut poiius gra'
ti£ Dei : qui- cum ad
meliora convenimur ^^
continuio nobis coope,"
rator efficitur,
Cunu ad Deum
adimus , ità facimus
hoc quajl mhil de."
/îderemus accipere.
Non eafide qua con-
grttit deprecamur S
fed ofciîantes po*
tius y ac prorfus to-
ta mente torpentes y.
ea qi4x Ziidemur po-
Jlulare negligimus
At certè vult fe
à nohis exigi Deus ,
C?* oh td grattas
tibi magnAS babst,
Sur s.
Soîus ijle dehnorgra-
Ùam hahet cum exi-
gitur i CT* 5«<e non
mutuo dedimtis, red'
dit.
Acceàamus adDeum
opportune e?* im-
portuné ; imo nun-
qttam conthfgit im»
fortune accedere : im-
fortunum eji quippe
fi non ajjtduè ettm ,4-
deamus. Eumquitu-
pit femper Urgiri ,
/emper opportune ora^
mus»
Skut refpiratîûne
ha< JHgiter indtge-
mus > ità etiam eo
quod à Dec pr<eflatt*r
aftxtlio. Quod fi va-
luerimus, facile ad nos
foterimus attrahere,
4 Hom. 24. Non
oportet exprobrare de-
hflttm , ne que illum
quipeccato aliqtto fit
privent us , infolen'
ter obmere , fed cle^
menter monere : nec
perfequi jurgio , fia
juvare confilto : nec
€Um infilenùa in cum
Tom. 1.
H4-
Pnerecon-
M A T T H I B U. 1 ^<?
le prcfle , & il témoigne avoir
agréable l'importunité de ce-
lui qui prie. C'eft le fcul dé-
biteur qui foit ravi qu'on lui
redemande fa dette \ & même
il donne fans qu'on lui ait rien
prêté.
Approchons-nous de Dieu,
foit à tems , foit à contre tems :
mais je me reprens : nous ne^i^u-l^e
fçaurions jamais nous en ap-
procher â contre tems, & lui
devenir importuns. C'eft au
contraire lui être importun
que de ne le pas prier à toute
heure : & Ton ne peut jamais
s'adrefler à contre tems à ce-
lui qui eft toujours prêt à don-
ner.
Comme nous avons conti-
nuellement befoin de refpirer,
de même nous avons conti- S^^"»
nuellement befoin du fecours
de Dieu \ & fî nous le defirons
autant qu'il faut , nous l'atti-
rerons aifément en nous.
11 ne faut point infulter à
celui qui fait quelque faute.
Il faut l'avertir, & non le ^^*'^" ^^^'
confondre : il faut le confeil-
1er , & non Taccufer : il faut
le redrelfer avec aftédion, &
non s'élever contre lui avec
infolence.
Ç
34T.
Befoin delà
54^.
Corrféiinn
tyo
Des Home
347.
Demander
avec ardeur ,
& 11° deman
der que ce
qu'il faut.
348.
Pourquoi la
prière même
jufte n'tftpas
toujours ex-
aucée.
549.
La vertu
n'eft pénible
qu'aux lâ-
ches.
La prière doit avoir ces
deux conditions, fçavoir, de-
mander avec ardeur -, & ne
demander que ce.qui doit être
demandé. Si vous venez à la
prière da.ns cette difpoiïtion ,
& fi vous dites: Je ne forti-
ray point d'icy que je n'aye
reçu ce que je demande-,
fans doute vous le recevrez,
pourveu que vous ne deman-
diez rien qui foit indigne de
celui que vous priez , & qui
ne vous foit avantageux d'ob-
tenir. Que dois-je donc de-
mander , me direz-vous ? Des
chofes fpirituelles , en pardon-
nant à vos frères , avant que
de prier Dieu qu'il vous par-
donne.
Vous me direz peut-être :
D'où vient que je demande à
Dieu des chofes fpirituelles ,
& que je ne les reçois pas ?
C'eft parce que vous ne les de-
mandez pas avec aflez de fer-
veur. C'eft par ce que vous
vous êtes rendu indigne de les
recevoir : ou que vous avez
trop tôt celfé de les demander.
Si celui à qui l'on propofe
le ciel pour récompenle , re-
garde apiès cela la voye qui
y meoe comme pénible & la-
L I ES
erigi , fei cum Hier.
Ctione corriger e.
Duo oportet ad^e
oranti , utfcilicet CT*
Vehementer petat ,
CT* iUa qute petenda
ft*nt Si cum
hoc fiudio mentis ac
cejjeris , CT* dtcas ,
niji accepero non re-
cedam , prorfus <«c-
cipies ; modo talia
poflulaverii qu<e C^
tllum qui petitur ,
dare deceat , CT* <w- '
cipere tibi qu£ prc"
caris expédiât. Qu<&
vero ijiafunt ? Si/ci"
Itcet fpiritualia cun- i
(lu depofcas ; C7» f
inimicis incunfian^
ter remittas,
Quid , inquies'y
qttando fpiritaUa pe-
ttero i nec tamen ea
fuero confecutus ?
Non fludiosè procitt
dubio poJ}uUJ}i , aut
te ipfum fecijfi qui
accepexis indigjinm ,
aut certè petere cele-
riter deflitifli.
Si aliqui cùm C£m J
lum proponatur in '*
pr^tmio » etiam fîc
%/iam ijlam ejjk Un
s. Matthieu. 171
borieufc \ ce n'cft pas qu'elle
foU profe'eîo eorum le foit en eftet , mais c'eit qu'il
cft lâche.
Sur
horiofam pmant , de
ij}^
dejîdia critur
fnfpicio.
f^t'Jetur qtiod una
fît pana comburi ;
fivero aliqiiis diligen-
ter expendat , duplex
hoc invetiit ejfe fup.
pUcium, Qut enim
in gehenna. uritur ,
c^luritm etiam re-
^nttm amntit » qu^
cenè pœna major efl ,
qibam crttciatus ille
flamnfarum.
Non eji Ittftts héec
VÎta j imo Ittfus eji
quidem vitapr^fens^
fed non ejt luftts etiam
futura. Non enim
tendit ad rifum , fed
intûlerabilem lis af-
feret dolcrem qui
mores fuoi non mâ-
ture injinuunt. Quo
enim di/iamus à pite-
risper ludum ca/Ulas
adificannhus , nos
qu'i ampla ZP* clara
fr£toria conflitm-
mm ? NuHa difiren-
tla nijî qttod nos fepè
ad fupplicmm nojirum
faciamus , qitte illi
imitantur ad ludum.
Il femblc que la peine de gfo.
l'enfer fe termine toute à ce P«i"= ^'^
fenl mal , d'être brûlé ctcr- ^^"^ P'"^,f^a
ncllemcnc. Mais h on conii-^^ ^^-^j^j^
Hère ce fupplice avec plus de
foin , on y trouvera un autre
mal qui palTe encore ce pre-
mier ; fçavoir la privation du
royaume de Dieu , qui aifu-
rcment eft un tourment en-
core plus grand que celui des
flammes.
Cette vie n'eft point un S')\'
jeu : ou plutôt cette vie d'une ^/^«^Je 5c
part ne femble qu'un jeu, fi ^"cJpâdoa,"
on la compare a la vie future ; du monde,
mais de l'autre , rien n'eil: plus
ferieux ny plus important ,
puifqu'elle ne fe termine pas
à des ris , mais à àts larmes
& à des peines effroïables pour
ceux qui n'ont pas le foin de
fe corriger. Cependant nous
faifons un jeu de notre vie.
Car lorfque nous bâtiflbns
des maisons fuperbes, cnquoi
différons nous àts petits en-
fans j qui pour fe jouer font
de petites maifons de bouc ?
Qiiclle différence donc y-a-il
entre nous & eux , fînon que
notre luxe eft très- criminel &
Des Homélies
Quod Jt nec Jum eô-
ï7»
digne de châtiment -, au lieu
que leurs jeux font très inno-
cens ? Si nous ne voyons pas
maintenant la vanité de ces
Gccupations , il ne s'en faut
pas étonner , c'eft que nous
ne fomraes pas encore deve-
nus hommes. Quand nous lé
ferons, alors nous reconnoî-
trons la bairefle & la puérilité
de toutes ces chofes. Et en
ciFet , lorfque nous étions
enfans nous amaflions avec
foin des morceaux de tuiles &
de boue pour en faire une pe-
tite mailon : & nous n'étions
pas moins glorieux après l'a-
voir faire , que font ceux qui
bitiiTent les plus grands pa-
lais. Cependant ces maifons de
boue tomboient aulli tôt ; &
quand elles feroient demeu-
réesentieresj elles n'auroient
pu fervir de rien. 11 en eftde
même de ces maifons magni-
fiques , qui (ont indignes de
fervir de demeure à un citoyen
du ciel. Or comme nous ab-
battons fouvent du pied ces
maifons de boue que font les
enfans , un philofophe Chré-
tien renverle déjà de la pen-
fée tous ces fuperbes ouvrages
de la vanité àcs hommes. Et
comme nous rions envoyant
pleurer les eafans de la deûru-
litatem perjptctmusy
non eji proftClo mi'
randum. Nondumve'
nimus ad maturita-
tem virorum , i^tto
cîtm venerimus y in-
telligemui b<£c om-
nia ejje puenlia . . .
Ndw CT* tejlas C7*
lutum agger entes cilnt
pueri ejjemus , non
minus ?loriabamur
quam ht qut certatim
amplas porticus ^aU'
dent conftmere. Ve^
rum peribant illa s
nec pantia guidera
nobis utilia eJJè po-
tuijjent y fient nec \
iftx fplendida domus M
qu£ certèjam c^li ci"
vem capere non pof"
funt ... Vt nos pe-
dibiis ludicra illa £"
dificiola plerumque
dejlruimus 3 ità b<ee
fapienli tlle mente
fnbvertit : CT" Jrcut
nos parvulos de illa
fientes depruŒone
ridemus ijîc ijïi quo'
que nobis de hac
fubverjtone mœren-
tibus , non modo ri'
Sl7R
dent j feieiiam fient»
Ut pueri eum ne-
gleCiislitterii adejitf-
modt rtuo^asfua fiudia
converterint , verbe-
fihiis du ris ftibj^ce-
hmt j fîc nos qui in
htsrehi^s fîudihmom-
ne co}ifttmimiis , cùm
a nobis fpiritalium e-
ocigetur operum àifci-
fUna j nijî qua red-
denda erunt habueri-
mus patata^ horrenda
fuppliiia per fer émus.
. . . Hi£c quibus nunc
dediti fumas , c unéla
evanefcent i qute vero
ex iflis colligitur fr»-
va j perpétua ertt.
Duofingantury quo-
rum unus agros coe~
mat Cr fervos , &
quantacunique funt
taliit , nullaqtte ad
h<ec iniquitate d»ca-
iur : alter vero £qua-
liter locuples vendat
a^ros, domos i vafa
l'tnc da
S. Matthieu. 173
dion de leurs petits châteaux j
de même ce fage citoyen du
ciel fe riroit maintenant s'iJ
voyait des hommes pleurer de
la I iiinc lie leurs maifons ma-
gnifiques i ou plutôt il n'en
riroit pas, mais il en verferoit
des larmes.
Les en fans font châtiez
très-féverement lorfqu'ils né-
gligent leurs études férieufes, f*"^^ étemel-
pour s'occuper à de petits jeux v^^"^^^'^'^ P^"*^-
& nous ne craignons pas d'ê-
tre condamnez au derniee
fupplice , lorfcjue Dieu noui
redemandant un compte exatl
de notre vie , il fe trouvera
que nous Taurons confumé^
en des jeux d'enfans 5 au hc\i
de l'employer en de bonnes
œuvres. Alors toutes ces oc-
cupations inutiles s'évanouï»
ront comme un longe ; mais
les peines qu'elles nous amont
attirées demeureront fur ncuis,
éternellemenr.
Suppofons deux hommes , jç'j;
dont J'un ne travaille qu'à ^ -^suc u'un»
devenir riche , en acquérant ^^*'^^""°'^-
des terres , des efclaves, & r'""'^""^'"'»
mille autres chofes , ^ans^itabie
cormnettre aucune injufèice.
Qu'un autre au contraire étant
aufli riche , s'occupe à ven-
dre {qs terres , [es maifons ,
P iii
174 Des Homélies
& Ces autres biens ^ pour en argentea Cf aurea ;
diftribuer le prix aux pauvres ; atque horum omnium
qu'il en afTifte les malades , precium indigemihus
qu'il en foulage les néceffi- largiatur , curet <e-
teux 5 qu'il tjre les uns <ie ^otos , in necejjït.ite
prifon , les autres des travaux pofîtoi abfohat , alios
des mines , les autres de la vinctthseximat, aiios
fervitude , les autres de la erifiat de metalUs ,
mort 5 où la pauvreté & la alios egeflatis impa-
mifere les alloit précipiter. Je tientia ad Lqueum
vous demande maintenant convolantes in vita
quel de ces deux hommes vous amonm redv.cat ^ H-
voudriez être. Je ne parle pas heret de ferziiute ae
encore de l'avenir j je ne re- morte captivas : de
garde que Térat de la vie pré- cujus vos tandem ejje
fente. Auquel donc des ceux parte malUiis ? Et
aimeriez - vous mieux être cerie nondum futura
femblables ? Eft-ce à celui dicimus , feà ititc'
qui ne penfe qu'à amajQ'er des rim ifta prajentia^
richeffes , ou à celuy qui les Cujus ^ inquam ^ fi*
employé au foulagement àQs miles e(?e malletisy
autres ? A celui qui acquiert congregantis aurum ^
de grandes terres ; ou à ce- an plurimorum péri'
lui qui fe rend comme le cula fubmeventis ?
port &rafv le des affligez? A Ementis agros , an
celui qui eft entouré d'or & hominihus diverfa
d'argent j ou à celui qui eft calamitatum tempe
comblé de bénédidions & fiatevexatis , femet^
de loiianges ? N'eft-il pas ipfum portum paran^
vray que l'un ne paroît pas .tis} Multo aurocir-
un homme j mais un Ange cumdati , an mille
defcendu du ciel pour fauver Uudibus coronati ?
les hommes ? & que l'autre Nonne hic videtur
ne paroit pas un homme , Angeli alicujusfimilis
mais un enfant , qui ne s'oc- qui de calo ad con»
cupe qu'à amafler des chofcs -folatiomm emenda'
Sur s. Matthieu. !>;$
Uûnemc[ue hominum vaines & qui font inutiles À
defccnderit ? Aller
Verô nec homini coti'
ferendus , fed eut-
piam parvalo , vanè
cuné}a Cr tnaniter
congregunti ?
Serm. z5.incap.
7. Mat. Non accidtt
«t Ijomo ab omni-
bus vittis liberatus ,
filiquando defpiàa-
tur à Deo : fed etjî
in altqm errore te-
neatnr , ciio illum
Deus adnotitiamjjer-
truhit verttatls,
Multi dicent,
Domine, Domine,
&C. OJïendtt Chri-
fius quodfidei abfque
operibus nihilvaUat ,•
deindè idij)fum ulte-
rius extendens » adje-
ctt ^ ftgna ; ut <h
Jfenderet , quod non
modofides , fed ne
ipja qttidem miracu-
lorum operatio proftt-
tara fit, fi ta opera-
tus ftterit abfque pof-
fejjîone virtutum.
Quid facitis vo-
lentesinducerefu-
per nos fanguincm
nominis hujus f
lui & aux aucres , comme font
les jeux des enfans.
u n'aban-
donne jam^jus^
Icjuite-
Lorrqu'une perfonne vit
bien & s'éloigne de toute ^'
forte de vices , il n'arrive
jamais que Dieu l'abandon-
ne 5 & quand même il feroit
dans quelque erreur , fans
doute Dieu lui feroit bien-
tôt connoicre la vérité.
Plufieurs diront en ce jour» ^^'i'
là. Seigneur , Seigneur^ ç^c.^^Y ^ mits-
Jesus-Christ. fait voir ^^'^ i'''Jt'l-^
par ces paroles c,ue la foy ne i;:^-^;^'---
lert de ncn lans les œuvres ;
& palfant encore plus loin»
il y ajoute les miracles , & ^<"^'"^ ^«-f
il déclare que la foy avec ^^'^^''^i^^^- .
tout l'éclat de ces prodiges
feroit inutile
foutenuc par*
piété.
elle n etoit
vertu & la
Que faites -vous , difoient
les Juifs aux Apôtres , pour-
quoy vouley - vous attirer fur
nous le fang de cet homme >
P iiij
M
ôc timide
i7<5 Des Home
Quoy vous maltraitez les au-
tres & vous craignez ? Vous
pcrfecufez , & vous avez peur?
Vous jugezj & vous tremblez?
Tant il eft vrai que la malice
eft toujours foibl#& toujours
timide.
vlV^..\r.„ -^^"^ ^^ ^^^ice attaque la
..uinlkaT^'^^'f^.'P'"^ ^J^e découvre &
perfécute-ur , adroit fa foiblelTe : & com-
non au perfe. "^e celui qui lieroit des char-
cuté, bons ardens dans fes habits 3
brûleroit Tes habits fans étein-
dre les charbons ; de mê-
me ceux qui perfccutent les
faints , qui les cmprifcnncnt ,
& qui les chargent de chaî-
nes , ne font que les rendre
plus liluflres , & fe perdre
eux - mêmes pour jamais.
Plus vous foufFrirez étant
innocent & jufte , plus vous
deviendrez fort & courageux.
Car plus nous nous applique-
rons à la vertu , moins nous
aurons befoin de tout le refte:
or cette indépendance de tou-
tes chofes nous rendra invin-
cibles , & nous élèvera au
deflus de tout.
LIES
Quid agis, cédîs O*
metuis : altum perfe-
queri$,Vipfeformi^
das ? Tujudicas , CT*
tamen tremis f Ità efi
qtiippè malitia in^
firma.
Malitia tar.tb egU
citur ir.firmior,qttarh-
io contra vinutem
diuHÙipr/eltatur : ^
ficut qui i^em olligat
in vejlimento , iHum
quidem non extin^
guit jVefiem ver 0 corn-
burit : ità etiamqmtn
^irtute pùfitos perfe-
quehantur t compre-
hendthant ac f<tpiui
colltgahant , illos qui'
dem reddebant exhis
omnibus clariores , fe
autem cmnino perde*
bant. Etenim quanù
magis vitam agens
jvfiam vexaberis ,
tanùfortior efficieris:
Cr quanti flttdiojîm
celeftem philofophiam
honore profequemur ,
tamo minus aliarum
indigebimus rcrum :
^quo minus aliarum
rerum indiguerimus y
eofortiores evademus^
atque omnibus çxceU
Jîores,
Sur s.
Quant facile ne»
quitta fubruitur . . ,
nec Jîwpliciter ruit ,
fed fadta eft ruina
ci lis magna. Neqtte
enim exi^uarum re
o
rum periculum ejl;fed
de anima: di/crtminey
de imnjûrtaUhus/itp-
pliiiis fujlinendts , de
c<ele(lis rgjii ateruo-
rumque bonorum a-
mijjtone agiiur. Quin
etiam amè ijla tàm
^andia ^ in prafenti
^uocjue Jdtculo ntmis
urutr.nofii vit£ i atque
eniiiibus nnfcrion
malitKe fdélator ad-
diOns ep ; cum timo-
ribtis ajfduis, pavo-
ribus y follicttudini-
htts y anxiii Uhori*
Bus j vitam amenda.
Homil. 16. in
cap.S.Gratieftotc.
Opttma quippe bene-
ficiorum cujlos efl ip-
fa memoria benefi-
ciorum , Zy perpétua
gratiarum aÙio. Frc-
ptercà reverenda ac
falutaria ilU myjle-
riaqt4<e in omni Ec-
clejîa congregalione
celebramHSj Eucha-
leur enfer dis
cette vie.
Matthieu. 177
Admirez la foiblefle de la 358.
malice & comme elle tombe Les méchan»
d'elle - même ; & non feule- commencsnt
ment elle tombe , mais elle
fc brife par fa chute , & fé-
lon rexpreffion du Seigneur,
fa ruine efl grande. Car il ne
s'agit pas ici de quelque bien
temporel & périllable 5 il s'î-
git du falut de l'ame , de la
perte du royaume de Dieu ,
& de tous Tes biens éternels;
ou p'ûtôt il s'agit de com-
mencer dès cette vie ces tour-
mensqui ne finiront jamais:
puifque la vie des méchans
eft une anticipation de l'en-
fer , par les pafllons , par les
frayeurs , par les ennuis , &
par les inquiétudes qui leur
déchirent fans celle l'erpritSc
le cœur.
Soye'^ reconnotjjam. En con- '3 <^p;
fervant la mémoire des bien- Larecon-
faitsdeDieu , on fe les afTu- noinancecon-
re j & la continuelle aâion ^"^5 '" S"'
de grâces eft la garde fiddle"'"*'^^'"*
de toutes les grâces. C'eft
pourquoi nos myfteres fî ter-
ribles & tout enfemble fi ^^^^^^ ^^^
lalutaires , qui fe célèbrent Bérériques.
dans toutes les afîemblées de
l'Eglife , s'appellent Eucharif-
tie , c'eft'à dire , aâion de
178 Des Home
grâces : parce qu'ils font le
monument d'une infinité de
dons que Dieu nous a faits ,
& du principal & plus grand
des dons de fa charité , &
qu'ils nous obligent à renou-
veller fans celfe nos reflenti-
mens & notre reconnoiffan-
ce.
3^0. Rendons grâces à Dieu ,
Dierpo.TL "^" ^^"îement des biens que
nous en avons reçus nous-
grâces qu'il
f^ait aux au
lies.
mêmes, mais encore de ceux
qu'il a fait aux autres. C'eil
ainiî que nous étoufferons
l'envie dans notre cœur , &
que nous y enracinerons une
charité pure & fincere : puif-
que nous ne pourrons pas
envier aux autres les biens
qu'jls auront reçus de Dieu ,
après l'avoir remercié avec
joye de ce qu'il aura bien vou
lu les leur donner. Et ceft
pour ce fujet que le Prêtre
étant à l'autel nous com-
mande de rendre grâces à
Dieu , en offrant ce facrifice
divin 5 & de prier générale-
to»tre les ment pour tous les hommes ;
fJereriqnes. pour ceux qui nous ont pré-
cédez j pQur ceux qui vivent
maintenant , & pour ceux qui
nous fuivront. .
LIES
riftia , id efi^atU-
rum aélio , nunci*'
pantur. Suntenim be-
neficiorum recordatio
plurimorunjf caputq'y
ipfum divina er^à nos
charitatis ojiendmt ,
Tjofquefaciunt débitas
Deo frraîias femper
exolvere.
Agamus Deo ^ra~
tia» ngn de propriis
tantum , verum e-
tiam de alienis bo^
tiis. Itàetiam CT* <«-
zidiam poterimus ex-
tinguere CT* alere cha-
rnatem , eamque in
nobis e^cere magis
Jînceram, Neque e-
nim jam illis potero
invidere , de quorum
bonis ^attas Deo
deferendo Utaris,
Idcirco altari ajji-
Jfens facerdos pro
Hfiiverfo orbe ter-
rarum , pro abfen-
tibus atque prafeu'
tibus 5 pro his qui
an te nos fuerunt ,
fro his qui pojleà
futuri funt , facri-
ficio illo pYopoJîto 3
Deo nos grattas /<*•.
bel cfferre.
Sur s.
Vni^enitum pro
nchis Filium dédit ,
^ cjuidem càm ad-
huc efjtmus inimià.
Nec/olùm dcdit , fed
C nojlram fetit ej]e
menfam : omnia fa-
ciens if'p pro nohts ,
CT" donando videli-
cet , Ci?* gratiarum
adores ipfa dono-
rum jHorum uher-
tate faciendo. Quià
€nim in multis homo
exifiit Deo ingratus,
tpje tibicjue fufciptt
zicsm noJIram , C
ea qit<e ad nos per^
tinent per divitias
futi difpenjationis o-
feratar. Quod pro
jfttd<£orum falute fa-
ciebat feJUmatibus
varifs i illos in we-
moriam fuorum be-
neficiorum reducens ;
id nttnc magno cum
cttmulo eft operatui ,
ipfo génère facrijicti
ad jugtm nos pro
fuis benefciis gra-
tiarum indtans am
^honem.
Quanta fuperius
4d virtutis a/cendi-
mus excclfum, tan-
Matthieu. 179
Dieu a livré pour nous Ton
Fils unique , lors même que
nous étions encore fcs enne-
mis -, & non feulement il l'a
donné pour être le prix de
notre falut , mais même
pour être nôtre nouniture.
Ainfi il fait tout pour nous,
& en nous donnant tout , &
en nous infpirant par une fur-
abondance de grâces la recon-
noifiance de fes dons. Et
comme l'homme eft fouvent
porté à l'ingratitude , il fe met
lui-n.éme en notre place ,
& fait pour nous par les ri-
chefles de fa bonté ^ ce que
nous devrions faire nous-
mêmes. Que s'il a porté au-
trefois les Juifs à la recon-
noiflance , en établiffant par-
my eux des fêtes en certains
tems , & en certains lieux >
pour les faire fouvenir de i^es
bienfaits -y il le fait mainte-
nant parmy nous d'une ma-
nière beaucoup plus admira-
ble , par le genre de facrifice
qu'il a inftitué depuis , afin
que nous lui rendjfïions par
lon Fils de continuelles adions
de grâces.
Euchariitie
f.icrifîce d'ac-
tion dr grâce ,
pour fuppléer
à la foible re-
connoilFance
de l'hcmme»
Contre les
Hérétiques >
xSx
A proportion que noiis ^
nous avançons davantage dans Seconnoîtrç
la piété 3 nous recounoilions f ^* mepr^
quand on
s'attache
»u monde
,t8o Des Home
mieux la différence infinie
d'entre Dieu & nous. AulTi
cft-ce une grande partie de
la fagefle chrétienne que de
bien reconnoître ce que nous
fommes. Or nul ne fe con-
noît mieux , que celui qui
reconnoît qu'il n'ett rien du
tout.
3^3'. . Bien ne nous fait tant ou-
Ons'ouiMie ^jjçj. -^^ ^^^ j,q^j5 fommes,
fey-meme ^^^ l'attache que nous avons
aux choies du monde : com-
me aufli rien n attache tant
au monde ^ que l'ignorance
de ce que l'on eft. Ces deux
chofes font inféparables , &
naiffent mutuellement l'une
delautre.
3^4- Celui qui a pîus de con-
Tunitionter- noiflance & plus de lumière,
nblsdes me-jpgj.^ plus puni que celui qui
en a moins C'eft pourquoi
lorfqu'un Evêque ou un Prê-
tre commet les mêmes pé-
chez que le peujple , il eft
beaucoup plus grièvement pu-
ni que les autres. Cur les puij-
fan s feront puijfamment tourmett'
z6<. On ne met point de vin noU'
Ménager les Veau en de vieux vaiffeaux Ce-
foibles. lui qui veut impofer des loix
pénibles à des hommes qui
chans Prê
tI£St
LIES
10 ampîius docemut
quàm Jît inter nos ZD'
Deum grande di/cri-
men. Nec fane mini'
ma efi ijfa pars phi'
lofophia , meritum
fnumpojje dignofctre.
llle autem maxime
novit fe tpfum ^ (jui
fe ejfe nihil exifimat, '
Nthil perindè fat-
cit ut te ipfum igno-
res , qiam tempora-
libus rthus eJJ'e afjî'
xum : C rurftts , ni-
hil ità temporalibus
relus hominem ajfî-
git y ut ipfafuiigno'
ratio : fi quïdtm
utrumque hoc pendet
ex altero,
Homil. 27. P/ji-
rimarum rerum co-
^nitio acerbiores pec-
catorum ejjîcit pa-
nas : ideo facerdosfî
pariter cum fuhditts
peccat , multo acer'
hiora patietur. Po-
tentes enimpoten-
tcr tormenta pa-
tienrur.
Homil. 31. in
cap. 9. Non im-
mittunt vinum no-
vuraki utresvete-
Sur
rcs . . . Nam qui op-
portunitate non ex-
pcéJata altiora homi-
mbui dogmata propo-
nit y is nec cùm oc-
cajîo fuerity aptoi ad
audiendum inveniet ,
cùm jàm femel ineptos
fecerit. Quod nec fnf
ci^tibilii rei caufa ,
nec [nfcipienitum £ul-
fa conttgit ^fed pro'
pter imponentium at-
5»e docentium fejli-
nationem impartu-
nam.
Non dehemui cun-
6la à quibu/vis in
pnncipio rerum ex-
pofcere , fed ea folum
qi4£ poffibilia fttnt ,
atciHe illoritm viri-
htts conveniunt : C7*
tum cito ad alla e-
iiam perveniemui . .,
Qt*pd Jî velocius rem
agere cupis ,' ideo na-
ît feflinare i quià
^uanto velocius per-
ficere feflmas , tanto
tardim perages : ideo
noli fejlinare quià
fejiinas.
Honiil. 32,. Po/?
mortem quorum pau-
feres amvoças ffref-^
S. Matthieu; i8r
ne font pas encore capattles
de les porter, ne les trouvera
plus difpofez à les recevoir,
lorfv|ue le tems auquel ils les
auroient pu accomplir , fera
venu i parce qu'illes en aura
rendus incapables par fa pré-
cipitation. Ce malheur ne
vient plus des vailfeaux , ni
du vin , mais de l'impruden-
ce de ceux qui le verfent.
N'exigeons pas tout d'à- 5<^^;
bord de toutes fortes de per- , pJ^<^iétIon
fonnes : contentons-nous dans Jf 1" ^ ,^°""
, , auite des a-
les commencemens de ce que mes.
chacun peut faire , & notre
modération les rendra capa-
bles de tout. Si vous avez un
grand zèle de voir les âmes
s'avancer bien vite , c'eft cela
même qui vous doit porter
à ne les preffer pas trop , afin
que vous les voiez bien-toc
en l'état que vous fouhai-
tez.
Pourqtjoy après la mort 3^7;
de vos proches aflemblez- vous Trière poui
lies pauvres ? pourquoy ap- ks morts #
^o?;tre les
Hérétiques-
les affifter.
i8i Des Hom
pelfez-vous les Prêtres , afin
qu'ils prient pour celui que
vous regrettez ? Sinon afin
qu'il entre dans le repos éter-
nel 5 & que fon Juge lui foit
favorable.
3^8. Je m'afflige , me direz-
Ne pas s*af-vous, parce que je perds mon
fligerdela héritier, &quejen'ay plus
mort de nos perfonne à qui je puifle laif-
fl^fial!"''' 1er mes biens. Aimeriezvous
donc mieux que votre fils
héritât d'un peu de bien fur
la terre , que de tous les biens
du ciel ? Aimeriez-vous mieux
qu'il jouit de ces richelfes pé-
riffables qu'il auroit bien-t6t
quittées, que des éternelles
qu'il poifedera toujours ? II
cft vrai que votre fils ne fera
pas votre héritier , mais il
le fera de Dieu : il ne fera
pas cohéritier de Tes frères,
mais il le fera de JESUS-
CHRIST. Mais dans quel-
les mains , me repliquerez-
vous 5 pafferont donc mes
belles maifons , mes grandes
terres , & mes meubles pré-
cieux ? Tout cela paflera aufTi,
fi vous le voulez , entre les
mains de votre fils, & avec
plus d'atfurance que s'il étoit
encore en vie. Si des peuples
barbares ont brûlé autrefois
avec les morts ce qu'ils a-
ELIES
byteros , Ut pro es
velint orare , ohfe-
cras ... ut defuri'
éiiés requiem adipif-
catur 3 ut prophium
judicem inveniat.
Haeredem non
habeo , inquis , nec
qt*em rerum mearum
fuccejforem confli'
tuam. Ego vero te
libenter intcrroga'
rem ^ tuarumne re-
rum an c<elorum ma-
Us fiUos tuos ejfe /?«-
redes ? Et utrum mu-
gis defideres caduca
bxc CT* corruptibilia
pûjjtdtri ab his , qua
tamen pofî omnino ef-
fent reliémi , an /la-
bdia illa & ^eterna ?
Non habes hieredes
filios , fed habet ipfos
Deus pro te : no» /;<-
redes fafli fratrum \
fuorum 3 fed fa^ii
funt Chrifii coh<£re-
des. Sed eut magni-
fie as a de s , cui agros
relinquemus ? lllii
ipfts profeélo CT* mul-
to tutius qnàm fi
viverent .... Nam
fi multte barbarie
gentcs unà cùm dei
Sur
funfiis rei eorum cre-
mare [oient j quamo
xquius defun^û tuo
Jilio tua trader e pO'
tes s non ut in cine-
rem redigantur , fed
ut gloriofttm tllttm
magis reddas. Putas
eum maculis inqui'
natttm abijfe , da ip-
fifua , ut illis fe ma-
cuits detergat : pu-
tas ipfum in jujïitia
tleceffijfe , prahe ipjî
tua ad mercedis O*
retributionis adje-
fîionem.
Eleemojynam O*
Citeras virtutes , ex-
celfum animi robur ,
quo calamhates aquo
animo fenmus , meo
qmdem judicio , fw
perat.
Noli cogitare quod
non redibit unquàm
domtts filius tuusi/ed
^ttià tupaulo poj} ad
ipfum gradieris : noli
cogitare illum hue
minime pofthàc re-
verfurum ; fed quià
hac qu£ videmus ,
càmjîm caduca ^in-
(iabilia omnia trans»
^gttrabhîitur , axlum,
Contre les
S. Matthieu. iZ%
voient de plus précieux ; com-
bien eft-il plus digne d'un
Chrétien de facrifier avec Ton
fils tout ce qui lui apparte-
noit : non pour le réduire en
cendres comme les barbares j
mais pour augmenter le bon-
heur & la gloire de ce mort
qui vous ell: fi cher. Si ce
fils avoit encore emporté en H^rén^msl
mourant quelques taches du
péché 5 ces biens que vous
donnez à Dieu pour lui , l'ef-
faceront j & s'il n'en a point,
ils augmenteront fa récom-
penfc.
L'aumône & les autres ^^9-
bonnes œuvres ne font point Mérite de I*
d'un fi grand mérite devant P^"^"*^^*
Dieu , que la modération &
la paix que l'on conferve dans
les pertes^ les. tribulations &
lesdéplaifirs.
Ne confiderez pas que vous
ne reverrez plus votre fils
qui eft mort ; mais penfez ■ .
^ ^ f,- ' , ^, • des proches.
qtievousl irez retrouver bien-
tôt : ne confiderez pas qu'il
n'eft plus au monde , mais
que ce monde ne fera bien-
tôt plus lui-même, que tout
y changera de forme , que le
ciel , la terre , & la mer par-
feront , & qu'alors vous re-
vejrrez ce cher fils dans une
370.
Confolation
fur la mort
1^4 ^^^
gloire infinie.
Homélies
terra , & maria i O*
tune fttfcipies fiUoi
tms majori cum glo^
ria.
Si l'on vouloit tirer votre Tu fi ai impe'
fils d'auprès de vous pour le randum hoc caduco
faiie Roy d'un grand royau- mortalique regno fi"
me, refuferiez-vousdelelaif- Uui tum abiiffet ^
fer aller , pour ne pas perdre nolles eum indi rc
le vain plaifir de le voir,^ Et dire ut eum vide^
maintenant qu'il eft paiTé à un rei : nunc ver'o cùm
roiaume infiniment plus grand
& plus heureux que tous ceux
de la terre enfemble , vous
ne pouvez IbuftVir pour un
peu de tenis d'être féparé de
lui.
Celuy qui fe lafle de faire
la charité, parce qii'on médit
de lui & qu'on le décrie , té*
moigne alfez qu'il a été cha- Ucejjttus , benefacien'
ritable plutôt pour être loiié di Jîudtum neglexc
des hommes , que pour plaire rit , « non propter
ad majora meliora-
que re^m proceffe^
rit , parvi tempo»
ris abfentiam ferre
non (oteris ?
Homil. 33. in
cap. p. Qui maie-
diàis atque tnjuriis
à Dieu.
573- ^'^^^ ave:!^ reçu* ces dons ^4-
Contre la fi- tuitement , difpenf.'^^lei gratui-
saonic» tement. Vous ne donnez rien
du votre à ceux qui reçoi-
vent de vous ces dons fpiri-
tuels : & ces divins effets ne
font point la récompenfe de
vos travaux. Car ma grâce
eu à moy , dit JESUS-
Veum , fed ut ab
hominibus laudare^
tur beneficus fuit in
proximum.
Gratis accepiftis ,
gratis date. 'Nihil
ex Vûbis ipfts largi-
mini bis qui vos rc
cipiunt ; non enim
tanquam mercedem
laboribus vefiris de-
bitam ifla acceptais S
mea efi cnim gratta.
Sic
Sur s.
pita , tjHorum nullum
pQteJïprecmm di^um
inveniri gratis date,
Dignus eft ope-
rarius cibo fuo ;
Non qnià folummodo
tanti laborei illi apo~
flolici pendendi fue-
rint 1 ahjît. Sedprfi
ptereà ifud ordina»-
vit , ne Apoftoli plm
aliquid qt*£rant ; CT*
qui ipjîi necejjaria
miniflrahant , nulU
jaélatione liberalita-
tis tumerent 3 fi de-
bitHm perfolvebant,.
Nifnl ità fublimî-
tatem p/nlofophiic
cflendit , qtiàmJînL
hil ftiperflt4um pojjL
ieas i CT* quoadlicet
nuUa re indigeas.
In templo matrnte.
noPr£ fitnt pojjep.o-
nes i hîc omnis fpes
nojïra fit a efi ; ont-
nia qi4£ hic fimt ^ fti-'
hlimia certè fitnt at»
que fulgentia : h£c
menfa preciofior mul-
tb atque jucundior
^àm tuai'O' lucer-r
Xoin. I.
Matthieu. i gjr
Christ. N'attendez donc
point de prix de ce qui n'a
point de prix.
Celay qui travaille mérite 3-^^
qu'on le rccompenfi. J E S U g- Entrtrtûiir
Christ ne dit pas cecy les minilires
pour nous faire croire que les«l£i'£vangilc,-
travaux de fes Apôtres fuf-
fent dignement payez de ce
prix. Dieu nous garde de cette.
penfée ; mais pour perRiader
à ces divins maîtres de ne:
rien rechercher de leurs dif-
ciples • & pour apprendre aux
difciples , que lorfqu'ils leur-
donnent de quoi fubfifter ,.
ils ne font pas une adion de
libéralité , mais feulement.
qu'ils s'acquittent d'une dette.
Le caradeie le plus propre- jjf,
d'une vertu vrayement chré- Retrancher
tienne , c'eft d'aimer a n'a-^°"^ l« fuper-
voir rien "de fuperflu & de fe ^^*
palFer de tout ce qui n'eii pas
abfolument néceilaire.
C'efldans nos temples que: 5-^^;
font renfermées nos plus pré- Ex^ellenee
cieufes richeffes : c'eft ici qu'= & fa!ntetc4cs-
eil: Tobjct de toutes nos efpé- Eglifes..
rances \ tout y eft grand &•
fublime. Notre table y eft
plus excellente & plus déli-
cieufes que les vôtres j notre
huile eft plus précieufe : &:
tout le moade l^ait combieai
1Î6 Des Hom
de peiTonnes, recevant avec
foy cette divine ondion dans
leurs maladies 5 fe font trou-
vées guéries de leurs maux.
Cette armoire où l'on garde
l'Euchariftieeft auiîl bien plus
efiimable que ne font hs vô-
tres. Car elle ne renferme pas
de riches habits . mais elle
contient la miléricorde mê-
me , de laquelle ceux qui
font privez , le font par leur
faute.
577. La mttltrlude des fidelles n'a-
Union des fi- 'voient tous tjitune ame CT* çw*-
de:ies dans la ^^ff f^-^y : Mais comme étant
nicme Eglise. jj.^5,^l^lgj^£2: de cette haute
vertu , nous fommes préfen-
tcment difperfez en plufieurs
maifons différentes j au moins
quand nous nous raflémblons
en ce heu , rentrons autant
qu'il fe pourra dans cette cha-
rité dont TEglife étoit ani-
mée dans fa naiilance. Et
quand nous vous difons : Que
lapaixfoit avec vous , répondez,
mais plus encore de cœur que
débouche: Et ^i* elle fait avec
Votre efprit.
378. Les maifons particulières
Profanarion étoient autrefois des Eglifes,
dcsE^lii". & aujourd'hui les Eglifes ne
font plus que comme des mai-
fons particulières. Alors les
ELIES
îta quant lucerna tua.
Et noverunt quotquot
cum fide tempeflivè
oleo un^li à morbis
Itberati funt. Arca
etiam h<£c melior
quant tua ejï » ma-
gtfqtte ne ce jf aria :
non enim preciofas
vt^es j fed mifericor-
diam inclufam conti»
fiet ; qua qui privan»
tur ^ culpa Jua pri-
vantur,
Totius multitu-
dinis credentium
erat cor unum &
anima una : verùm
quoniam nimis longe
à virtute eorum ab-
fumm , cy difftpati
per proprias domos
fumus ; faliem quan-
do hue conventemus y
omni jludio ij}ud fa-
ciamus ...... Cùm^
vobit pax diximus >
e?* vos dixeritis &
fpiritui tuo ; «0»
voce folum , fcd ani-^
vno refpondeaiis.
Domusprifiis tem^
poribus Etc!ejt£ eranti
nunc ipfa etiam Ec-
clejîa in domum reda^
fia *Ji. Nihslinpri^
Sur s.
vata domo carnale lo-
q»ebantur , nihil
nunc in Ecclejîafpiri-
tuale memoratur,
Mttlta nos conjun-
gunt ^ un a menft
omnibus nohispropo-
Jîta ej} , idem potus
omnibus : quid dico i
idem potus , cùm e-
tiam ex uno C?* eo-
dem calice detur. Pa-
ter enim nojler flu-
dens magno cbarita-
tis vinculo nos unire ,
ut ex uno etiam ca-
lice biberemus effecit.
Quamvis mimjiri
îonçrè à diznitate A-
fcflolorum abjînt . . .
fi tamen vefirum er-
gà eos ojjicium con-
firvahitis , nullam
jaéluram hinc facie-
tis i imo magnam
etiam utilitatem con-
fequimini, Nam cùm
vel ergà indignes
magna fitis ajfeUi
charitate ; cùm fin-
guîarem eis prttjieUs
obedientiam , major
volts dehetur mribu-
Matthieu. 187
Chrétiens ne parloieiit chez
eu^ que des chofes du cielj
& maintenant ils ne parlent
fouvent dans les Eglifes que
des choies de la terre.
Il -y a beaucoup de biens 379-
qui nous luiiflcnt enfenible , .^°"^"^"'.-
A ,1- V mon , motif
& nous obligent a nous en- ^'m^jo,,.
tre-aimer. Nous avons tous
une même table j & non feu-
lement nous recevons un mê-
me breuvage, mais nous bu-
vons aufli à la même coupe:
ce qui eft un pieux artifice de
la bonté de notre Père célef-
te , afin de nous porter par
cette union extérieure à nous-
lier les uns avec les autres par
tous les fentimens de la plus
étroite charité.
Quoi que je fois bien éloi- S^o.
gné du mérite & de la digni- Aimer 2^ ref-
". I A A r r • peCter les p.i-
te des Apôtres , fi vous fai- f^^^^^^ >
tes néanmoins ce que vous nu'iisibient.
devez , non feulement mon
indignité & mes défauts ne
vous nuiront point, mais ils=
vous pourront même beau-
coup fervir. Car vous lerez
d'autant plus récompenfcz de
Dieu , que vous témoigne-
rez plus d'afteâion & d'o-
béïftance envers fes miniftres y
qui par eux - mêmes en au-
roient été indignes. Que fi
étant indignes de votre af^^
Motif d'u-
i88 Des Home
fedion , vous ne laiffez pas
de nous aimer , peut • être
que votre charité nous en
rendra dignes. Quoy que
d'ailleurs vous êtes obligez
par le commandement de
JESUS - Christ d'aimer
non feulement vos amis , mais
même vos ennemis.
Une même table fpirituelle
— — - -" nous unit tous ^ qu'une même
mon entre les ar n.- r • • 1 1 :/r
Chrétiens, affection rpiriîuellenousunllie
aufli. Si les voleurs les plus
cruels épargnent fouvent ceux
avec qui ils ont bû& mangé,
& oublient à leur égard cette
inhumanité qui leur eft fi na-
turelle; quelle ex cufe nous ref-
tera-t-il , fi après avoir mangé
enfemble la même chair du
Sauveur , nous avons entre
nous moins d'amitié & de ten-
drcfîe que des voleurs.^ Les
payens autrefois fefont entre-
aimez , feulement pour avoir
été citoyens d'une même ville.
Nous donc qui femmes tous
habitans de la même cité cé-
lefte ; qui demeurons dans la
même maifon de la foy , qui
marchons dans la même voye,
qui entrons par la même por-
te 3 qui femmes les rejetions
d'une même tige , & les mem-
bres d'une même tête , qui
jo'avgns tous qu-unç même
LIES
tio , . .fidiligifunt iti'
digni j ex dileflione ac
charitate vejïra di"
gnosfacietis s quant-
vis mandatum Jît non
amicos folitm , ve-
ràm etiam inimicos-
dtltvere.
Communie amits ea»
dem menfci fpiriiali ,
communicemus O*
fpiritali charitate,
Nmm fî latrones cùm
alteri alteris /aie
communicaverinty la-
trocinandi tnter fe
ferocitatem deponunt i,
quitus vos rationim.
bus excufabimus Do-
mini coYpori commu-
nicantes y CT* latro-
num confuetudinem
afrocitate fuperantes,.
Multisgentilihus quo-
niam unius effent ci'
vitalis fatis fuit ad
amicitiam j nos au-
tem qui ejufdem Ju-
mus civitatis , una
nolis domus ?/? , ea^
dem menfa , eadem
via , janua , radix ,
vit a , idem cap ut y
idem paflor , idem-
rex , unus magijler y.
judéX) condiior ,par-
Sur s.
ter i atque omnia no-
hii quadam acjuali in-
fitnt cotnmunitate ,
çMrf erimus dirni ve-
nta ^ fi mente divifi
aller aîterum non di'
Maximum volts &
ardent i s illud chari-
tatis fignum eji , fi
ahfque miraculorum
pi'^tjoribtts firmiter
Deo credatis, Qua de
caufajamcelfajfe cre-
diderim , Itcet alla
etiam fit caufa.
Magnus dkmon
peccatum efl , quodfi
aùs te abjeceris , ma-
jor tu eris , milu crc
de 5 quàm qui démo-
nta ejiciunt.
Signa fepe aliis
qmdem utilitatiftte-
runt : càm vero qui
fecit , cum in tumo-
r.em inanemque glo-
riam imputer unt ,
flurimum nocuerunt.
Firltnîi autem optts
tHm aliis , tum vel
Matthieu. i^gr
vie j un même Créateur , un
même Père , un même PaC-
teur , un même Roy , un mê-
me Maître , & un même Ju-
gej nous dis- je que Dieu a unis
partant deliensjque pourrons-
nous efperer de fa miléricorde,
fî non obftanc tous ces nœuds ,
nous nous trouvons encore di-
vifez de cœur Se d'affedion les
uns des autres?
La plus gi.anJe marque ^ 582^
de Pardeur de votre charité Croire fanj
pour Dieu , eft de croire fer- voir des mira*
raement enluy fans Taffuran- ^^^ 5°^ ""
ce des miracles : & c elt peut-
être pour cela même que
Dieu les a fait celVer, quoy
qu'il y en ait aiiiïi d'autres rai-
fons.
Le péché eft un démon très- 383;.
redoutable. Si vous le chafléz Chafferlepé-
de votre cœur , vous faites ché,c'eftchaf
un plus grand miracle que ne ^^^ ^^ démon,
font les exorciftes j lorsqu'ils
chalfent les démons dés corps
des poiTcdez.
Quelcjr.efois les miracles ont
fetvi à ceux qui les ont vu fai-
re 5 mais ils ont fouvent beau-
coup nuy à celuy qui les fai-
foit j en lui caufant des fenti-
mens de complaifance & de
vaine gloire. Mais on ne peut
craindre ce mauvais effet de la
bonne vie di de iâ vertu. Car
384- ^
La bonne vie
préférable au
don des mira.
cks.
ipo Des Home
fî la vertu fert à ceux qui la
voyent , elle fert encore plus à
celuy qui la pratique. Travail-
lez donc à bien vivre, & vos
adions feront des miracles. Si
d'avare que vous étiez vous
devenezliberal envers lespau-
vres 5 vous aurez guéri une
main deflechée qui ne pouvoit
s'étendre pour donneri'aumo-
ne : fi vous renoncez au théâ-
tre pour venir à l'Eglile , vous
aurez guéri un boiteuXj& l'au-
rez fait marcher droit. Si vous
retirez vos yeux de tous les ob-
jets dangereux, pour n'avoir
plusque des regards chaftes ,
vous aurez rendu la vue à un
aveugle. Si vous deteftez ces
chanfons dangereufes & dia-
boliquesjpour neplus chanter
que des cantiques Ipirituels,
vous aurez fait parler un muet.
Voilà les miracles que je vous
fouha-ite. Et fi vous les faites ,
vous deviendrez grand vous-
même 5 & vous fervirez aufli
aux autres par votre exemple ,
pour les faire palfer d'une vie
mauvaifeà une vie fainte , &
pour vous ouvrir à tous l'en-
trée de la félicité éternelle.
'5§ç. Ledeifeinde Dieun'eftpas
Wéprifer les de VOUS délivrer des maux
maux tempo- corporels , mais de vous ap-
^* prendre à les méprifcr , parce
I
LIES
maxime eis qui cfre»
rantttr profuerit. Vir"
tutii igitur curant
habeatis. Si ex ava-
ritia in liberaluatem
tranjîeris , Jîccam G?*
mancam manum re-
cuperajli. Si theatra-
lihus ludis fpretis »
Ecclejîam peiieris ,
claudicanti pedi tnco-
lumitatem refituijli^
Si oculoi tuosab alié-
na ferma revocate-
ris , te c^cum tUumi-
najîi. Si dtaboltcos- j
cantus defpexeris , O* 9
eorum loco fpiritales-
pfalmos dtdtceris ,
jam loqueris , anteà
mutus. H£c maxima
miracula funt i h^c
f faciemus , nos ipfi
pr-eclari erimus , CT*
multos àfoeditate vi*
iiorum tn virtutem
revocahimtts , CT* vi-
tam demuml aternA
beatitudinis confe-
quemttr, J
Hemil. 3f. in
cap. lo. Non ab in-^
commoiis corporis li-
ber ar 6 vos vult Deui».
Sur
feà ad eam perfeélio-
nem adducere fiudet ,
$ét incommoda corpo-
rii contemnatts. id
enim ej} quod maxi-
me à corporii Uberat
incommodis.
Homil. $6. Si
quis venit ad me ,
& non odit patrem
'&c. Non fimpliciter
jujjît conjnn^os ho-
mmes infequi i ( id
enim iniquum omni-
no atque pejîiferum
eJ} ) fed quando p'tts
me petit aliquis àili-
gi 5 odio ipfum ha-
béas y ait. Hoc enim
tam diligenti quant
et qui diligitur^ per-
niciofjjîmum efl.
Dicis te quotidiè
laôorare ; ftd ojïen-
de mihifi earum re-
rum aliquid traClas
ac facis qu£ necefja-
tid funt ? Sin vero
pecuniarum quaflus
quafi diligent! fjîmus
caupo mihi proponis ,
non verebor tibi ref-
pondere non ejje opé-
ra h<ec ; qttippècum ,
illa mea fententia ,
& quidam certè ma-
S. Matthieu. ipi
que ce ne font plus en eftet
des maux quand on les mé-
prife.
5**' quelqu'un vient à moy j 58^.
e?» ne hatt pas [on père , fa Hairlespa«
mère , fa femme , fes enfans , re"s qui tm-
CT'f. Dieu ne vous commande peclieiird"û»
pas nbfolument de haïr vos "^"' ^*"*
païens ; mais feulemenc lorf-
qu'ils veulent que vous les
aimiez plus que lui ; ne crai-
gnez pas alors de les haïr,
puifque cet amour fi dérai-
fonnable que vous auriez pour
eux 5 ne Icrviroit qu'à perdre
& celuy qui aime ^ & ceux qui
feroient aimez.
Vous dites que vous tra- ^îf.
vaillez beaucoup tous les Ne s'occuper
jours. Il ne s'agit pas de q^^pourle
Içavoir lî vous faites quelque "^"^*
chofe , mais fi vous faites ce
qu'il fcroit néceilaire que vous
filTiez. Si vous ne me parlez
que de vos foins , de votre
diligence & de votre induftrie
pour amafler de l'argent par
toutes voyes ; je vous ré-
pons que ce n'eft point là un
travail & une occupation pour
ua Chrétiea Car les ai»?
rpï Des Home
vres d'un Chrétien font les
aumônes , les prières , & les
autres adions de mifcricorde
& de piétés
288. M^Lis les pauvres , dites-
Nepas rêbu- "^°"^ > ^"^^'"^^^"^ ^^^^ ^^^ i^"^^
ter les pau- mille faufTetés. C'eft cela mê-
yre^. me qui les rend encore plus
dignes de compaflion , de ce
que la nécefTité où ils font
réduits , les jette dans cette
extrémité de mentir pour vi-
vre j & leur fait perdre encore
la honte , après avoir perdu
tout le refte. Cependant bien
loin d'être touché de cette
mifere , nous leur difons
même des paroles outrageu-
lês ; Ne vous ay-je pas déjà
donné plufieurs fois , leur re-
prochons-nous ? Quoy 5 mes
frères , ce pauvre pour avoir
vécu hier & avant-hier , ne
doit-il pas vivre aujourd'huy ?
'38^^ Au lieu que Dieu vous
Ne pas don- commande de donner aux
lier de confu- pauvres en fecret , vous les
lion aux pau- ^-ouvrez de confufion devant
•*'"* tout le monde , & vous dites
des injures à ceux que vous
devriez fecourir. Si vous ne
leur voulez rien donner, pour-
quoy les maltraitez-vous, &
pourquoy ajoutez-vous cette
nouvelle afflidion à tant d'au-
tres qui les accablent ? Nç
LIES
gna opéra Jint , wt- .
fericordia erga pau-
pères , oratio jttgis ,
cateraque ejafmodi.
Multo , inquii ,
meniacia pauperes
jingunt. Ego vero hac
etiam de eau fa ma,-
jori mifericordia mo*'
Veor , CHtn in eam
necejjltatem incidijfe
homines video i ut
impudentijjïmè mcn-
daciis vivere cogan-
tur : quorum non
modo nos miferet ,
fei verhis ettam af-
péris eos laceramus »>
non accepijlis , di'
centes , femel ac bis ?
An erzo et ho rurfus
.^j. •'.X
non indigent , quta
femel atqi^e bis acce»
perj*nt ?
Ctim Deus juheat
occulté atque in ah"
dito prahere \ audes
tu publiée pauperem
affïcere injuria , qui
à te mifericordia ef-
fet fiihlevandus. Da-
re mifericordtter non
vis ? Qttid igitur
criminaris ? Quid tri.
hulatam atque mi"
feram tribulas an'>-
mam f
Sur s
m<tm ? . . . T^ott opi-
naris fatis tpfi ejje
ad excnfationem im-
pndentiA ingentesfa-
mis vires i fed im-
pudent iam ipfi ohji'
as j qui majoribus
in rébus impudemif-
fimmfepefuifii,
Quando de tuo
fvlummodo probes ,
pro eo folum quod
dedifti , mercedem
accfpis: quando vero
iffe quoque ad dan-
d»m profeélus es , hu-
jus etiam laboris re^
tribiitio tibi debetur.
Abraham ideo ma-
*^is admiramur ^quod
Ctim trecentos vernas
haberet 5 non alium
fnifît , fed ipfe vitu^
lumpro hofpitibus at-
tulit. Nuncvero ita
inflati nonnulU funt ,
S>t non vereantur per
famulos mifericordia
uti virtute.
Homil. 37. in
cap. Ji. Majora à
nobis petuntur in vî-
t£ difciplina quàm
à jfudteis. Illis tem-
poribus c<edis perpe-
traùo bomicidam
Tom.I.
. Matthieu. ipj
trouvez-vous pas que la vio-
lence de la faim qui les prefFe,
foit une cxcufe afliez légitime
de l'importunité qu'ils vous
caufent ? Vous les accufez d'ê-
tre impudcns , vous qui Têtes
fifouvent en des chofes plus
confidérables, & qui devroient
vous couvrir de honte.
Quand vous donnez de
votre bien , Dieu vous en
tient rompte ; mais fi vous niêrae.
y joignez votre peine, vous
en recevrez une double ré-
compcnfe. C'eft ce que nous
admirons dans Abraham, de
ce qu'étant fi puiflant , qu'il
avoit plus de trois cens pcr-
fonnes à fon fervice , il ne fc
fervit d'aucun de Tes gens
pour CKercer fa charité, mais
alla lui-même prendre dans
fes troupeaux de quoy don-
ner à manger à fes hô:es ;
au lieu que nous voyons au-
jourdhuy des perfonnes afîez
fuperbes pour ne vouloir faire
la charité que par leur va-
lets.
Nous fommes obligez de
vivre plus faintemenc , &
d'être plus réglez dans les
mœurs que n étoient les Juifs.
Ilsétoient condamnez à mort
quand ils avoient tué un hom-
me j & un Chrétien efl main-
R
590.
îairc l'au-
mône par Toi-
Perteclion
rcquile dans
hs Chrétiens.
ip4 Des Home
tenant condamné de Dieu
pour s'être feulement mis en
colère contre Ton frère. On
punilfoit alors celuy qui coni-
mettoit un adultère , & main-
tenant on punit jufqu'aux re-
gards impudiques. Car com-
me les lumières font deve-
nues plus grandes dans la
loy nouvelle ^ la morale aufli
eft devenue plus pure & plus
parfaite que dans la loi an-
cienne.
- Si nous examinions ce qui
N'Ixaminer ^^^^ touche avec autant de
que Tes pro* foïn & d'exaftitude 5 que ce
près défauts- qui fe palfe dans les autres,
nous jugerions fans doute de
nous mêmes plus fainement
& avec plus d'équité que nous
n'en jugeons.
5pv Si cdui qui ne donne pas
Enormité de l'aumône à un pauvre dans
l'iujuftice, fa prêtante néceffité , pèche
comme s'il le faifoit mourir;
ne doit-on pas dire de celui
qui retient le bien d'autruy ,
qu'il eft pire qu'un voleur ?
294. R€joiiiJJe:^vous au Sein^neur.
Contre les L' Apôtre ne dit pas : Réjouif-
fpeôàcks, fez-vous au démon. Com-
ment donc pouyei'Vousenco-
LI ES
perdehat ; nttnc vero
etiam irafci fatis efi
vt pereas , Tune qui-
dem alieni thori vio'
latio fuppUcium ajfe-
rebat , nunc autem
etiam inconùnenti-
bui oculis intueri ,
punitionem nonfugit,
Nam Jicut cogmtia
ai perfeé}ius atque
fublimius pervenit ,
Jîc certè difciplina
quoque vivendt ad
meliui nunc progrejja
efl.
Si tant acri cura
nojlra examinare*
mus y quemadmodum
aliéna , fincera inte-
graque judicaremus
fententia.
Si qui retinet née
pfétbet de fuo pauperip
quafi ctbum eripiat
ab eo j peccare oi-
detur : quam multii
latronibus ht funt pe-
jores quiperfraudem'
aliéna retinent ?
Hom. 38. Gau-j
dete in Domino i\
In Domino dixit ,;]
non in Diabolo . .
Sur
Quomodo ignur au-
dire Paulum fotens ?
Qttando peccafj'e te
fenties , cUm femper
ridicttlis ij}is fpefla-
cuits quafi ebritii ef-
fiàarii f
CunBa in h'n
fpeélaculis turpijjima
fttnt , verba , vejïi-
tus , tncejjus , vocer^
cantus modulationes »
afpeflus , motus , ti~
hU , fiJ}i4U , ipfa
fahuUrum argumen-
ta i omnia inauam ,
furpi lafàvia plena
funt.
Cùm recreare ani-
mum volueris , po-
teris hortos petere ,
fluentei rivos confpi"
cere , intentes lacus
conjîderare , loca cer~
nere amcena , volu^
cres atidire canentes ,
CT* in templis marty-
rum converfari : un-
de pnecipuè tfbi cor-
ports fanitas trihue-
tur , ac ad animam
tuam eximia perve-
niet utilitas , unde
fngularem capies vo-
391-
Sp.ctaclîj
pernicieux.
S. Matthieu. ip|
re écouter les inftrudions de
ce faint Apôtre ? Et comment
pourrez vous être touché du
lentiment de vos péchez , fî
vous êtes toujours comme
yvre & hors de vous , par le
plaifir dont vous vous laiflez
tranfporter à la veuë de ces
fpeâacles ridicules.
Tout ce qui fe paffe dans
cts repréfentations pernicien-
fcs cft honteux & porte au
mal : les paroles , les démar-
ches 5 la voix , les chants ,
les regards , les geftes , le
fon des infîrumens , les fu-
jets mêmes 5 & les intrigue»
dQs comédies 5 tout y eft plein
de poifon j tout y reipire l'im-
pureté.
Si vous voulez vous diver- 3^^^
tir , & vous relâcher Tef- Ne prendre
prit , allez dans un jardin, que des di-
promenez-vcus fur \qs bords yertiffemens
d'une rivière , ou de quel- in^^o"^^,"**
que bel étang j prenez pîai-
fîrà voir des lieux agréables,
& à y entendre le chant des
oifeaux. Que fî vous voulez
vous divertir plus faintement ,
allez vifiter les temples des
faints martyrs. Tous ces plai-
firs font innocens j vous y
trouverez la fanté du corps,
& le bien de Tame , & ils
n'ont rien de ces divertille-
Rij
ip(5
Des Hom
397-
Courre l'i-
nutibré Se le
l'candale des
fpeââcleJ.
3p8.
SpetLtacles.
proûnes ,
caufededam-
iiatiom
399-
Pernicieux
effets des Ipe-
ftacles.
inens pernicieux qui ne nous
laiffent que du chagrin & de
la douleur.
. Je vous montrera/ , me
direz-vous , des perfonnes à
qui ces jeux & ces comédies
n'ont fait aucun mal. Mais
n'en ert-ce pas un alfez grand
que d'employer fi inutilement
tant de tcms , & d'être un
fujct de fcandaie aux autres ?
Quand vous ne feriez point
bleiTé de ces indignes repré-
fentations , n'eft-ce rien que
d'y attirer les autres par vo-
tre exemple ? & comment
vous pouvez vous croire in-
nocent , lorfque vous êtes
coupable des péchez d'autruy.
S'il n'y avoit point de fpec-
tateurs , il n'y auroit point
d'afteurs , ni de fpedacles j
& ainfi comme les uns & les
autres font caufe du péché ,
ils feront auiîi les uns & les
autres punis dans le feu de
l'autre vie.
Quand vous feriez aflfez
chafte pour n'être point blefle
par la contagion de ces fpec-
tacles , ce que je croi im-
poiïible j vous ne laifl'erez pas
d'être très-feverement puni
de Dieu , pour les péchez que
ks autres y ont commis. Que
EllËS
Ifiptatem i quoniam
nullum damnum, nul-
lus dolor , nulla mœf~
titia confequitur.
Offendam , inquieSy
multis nilnl hos ludos
ohfui^e. îmo veroid
maxime nocet : quoi
fruflra tempus conftt'
mis ,^ fcandalum a» ]
lîis ojfers .... Quo^
niam altos imbecillio'
res exemple tui (ludio-
fos /peélaculorum fe»
cifîi i quomodo non
ipfe malum tibi con^
traxipi , qui caufam
malicomm'mendi aliis
trihuijli ?
Si non ejjent qui
Jpeflarent , nec eJJent
quiluderem : /îc quo-
niam utrique fmt
caufa peccatorum qua
committuntur » ignem
pariter patientur.
Quamvis anlmi
tui modejïta ejfeci-
jii 5 vt nihil tibi
inde ojpcerit ( quod
ego fier ipoffs non ar-
bitror ) quoniam ta*
men alii caufa ludo"
rHmmHhapeçcarunty
Sur s
^aves propter hoc
foenas lues. Quam'
vis etiam mnlio mo*
deflior C tcmperan-
tior ejjes , fi nullomo-
do eo pergeres.
Homil. 40. in
cap. I z. Sicitm eJJ'e^
mus inimici récon-
ciliait Deo fumus ,
mnIio faciltui po(l
reccnctliaiionem Jal-
vahintHr ?
Si jugiter vigile-
mtiS) non ejf difficile
hoc iter. Confidera
enim diligenter qua
fi6}a funt. Mors jam
conculcata eji , Dia-
bolictttdele imperititn
cectdit , atrox peccati
lex exttnéJa efl , Spi'
ritus gratta dijfufa ,
via in compenàium
redafla , oitera legis
ablata.
Hom. 41. Nemo
ignorât vi'ium e/Jè
invidiam ; fed non
tamen ficut formca-
tionem aut adulte'
rium ahominandum
ducunt. Quando quif-
piam amare jl<ivit /k
Matthieu. ^97
s'il eft vrai que vous foyez
tellement pur que ces aflem-
blccs fi dangereufes ne vous
nuilent point , vous le feriez
encore bien davantage li vous
aviez foin de les éviter.
Si lorlque nous étions en- ^^^^
neini« de Dieu il nous a récon- Confiance
ciliez avec lui, nous abandon» en Dieu,
nerat-il après nous avoir ren-
du Tes amis e
Si nous avons bien foin 401.
de veiller fur nous-méraes , Difficulccs
ce qui paroiffoit autrefois 'l'-i falut, ap-
commc impoPàble dans h F>"i«?"J.
voye de Dfeu , ne nous fem-
blera plus Ç\ difficile. Car J E-
s US Christ nous faap-
planie. il a foulé aux pieds
la mort , terraffé le démon ,
détruit la domination du pé-
ché , communiqué la grâce
du faine Efprit , aboly \q%
ordonnances pénibles de laloi,
& accourcy le terme de cette
vie laborieufe.
Il eft bien vray que tout
le monde fçait que l'envie eft
un péché \ mais perfonne
n'en a autant d'horreur que
de la fornication & de l'a-
dultère. Qui eft l'envieux qui
prie Dieu avec larmes de le
délivrer de ce crime ? L'hom-
Riij
c.
4C2.
Coatrc l'en-
ip8 Des Homélies
me le plus envenimé d'envie in invidiam
fe croit en affurance , s'il
jeûne un peu , ou s'il fait
quelque légère aumône , ne
confidérant pas comme un
grand mal de s'être abandon-
né à la plus furieufe & à la plus
criminelle de toutes les par-
iions.
r
403. Les honneurs du monde
Danger des nous portent facilement à la
l'jnneurshij. yaine gloire , au mépris des
autres , à la pareils , $c à une
infinité d'autres excès qui font
très-délàgréableià Dieu.Ceft
j^ourquoy il faut avoir une
vertu extraordinaire pour n'u-
(er des dignitez que félon les
règles de fon devoir. Un hom-
me qui n'a point de charge
& de dignité , fe purifie & fe
perfeâionne plus facilement
par l'humilité de Ion état mê-
me.
Malheur à Voui qui rie:^ ,
. parce que vous pleurere;;^. C'eft
avec beaucoup de raifon que
le Seigneur parle de la forte :
parce que l'ame s'amollit &
fe relâche dans la joye j au
lieu que dans la trilielfe elle
rentre en elle-même , elle
404.
Contre
Taine joye
lapfrnn
tjfe ? Nemo. Sed om-^
nihui hominibui in"
videntior j jejttnia
aliquo , aut parva
pecunia pauperibtti
data , ejfecijfe crédit ^
Vt mhil mali commi»
/îjje vidtatur , c»»!
tamen omnium pef^
fma atque /cèlera--
tijfima pajjtone vexe-
tur.
Honores facile ex-'
iollunt ad inanem
gloriam , contem"
ptum aliorum indu"
citnt j dejîdiam aur-
gent .... ad multa
qii£ Deo minime plu"
cent 5 hominem indH»
cunt. Qua propter.
etiam excelfo antmo
optis efl , vt digni»
tate titi pojjïs , non
ahuti. Qui ea caret
non difficile philofo"
phartpotej}.
Vae vobis qui ri-
detis : Nam in de»
Uciis mollior efl ani~
mus ; in lufîtt vero
quajî contraélus 3 at-
que in fe reterfui
moderationem coUt ,
CT* à paffiomhm û-
Sur s
ierafus rohuftior at-
quefublimior e^citur.
Homil. 42. in
<ap.i2 Dictuprius
peccata tua , ut juf-
tificeris. JSlonejlme^
^iocris ai emendan-
dum via , Jî càm
omnia fecundum fpe-
ciem m unum pecca'
ta col'egem , tiffdHe
<nimo deiiide verfes ,
ttc de ipjîs continua
vnediteris ac cogites.
ISlam qui hoc faciet ,
isadeo compungetur 5
"Vt necfae hac vitafe
ipfum dignttm exijfi-
tttet i atqtte omtii
cera mo'lior , J?Hmi-
Uus vivet in die s.
ISlec foTnicalionei fo*
làm , adtéheria y at-
e^ue illa qt*£ omîtes
perhorrefcunt colle-
ter is i veritm etiam
occulta injîdiarum
conjrlia , O* calunt'
nias j obtreClationes
^rcanas , t uanem glo»
riam , invidiam , cf-
leraqtu hujufmodi
Souvenir
péchés.
. Matthieu» ïp5
devient plus fage & plus mo-
dérée 5 elle fe dégage de fes
partions, elle s'élève plusaifé-
inent vers Dieu , & elle trou-
ve en elle-même plus de foli-
dite & plus de force.
Accufe:^' vous le premier de
vos pe'chey, afin que vous deve-
meyjunc, Cett fans doute un ^"^", ^"^ ^«
excellent moyen de nous cor-
riger , que de ralTembler dans
notre mémoire tous les pé-
chez de notre vie , de les re-
pafl'er dans notre efprit , &
de nous en occuper fans ceife.
Car celui qui en ufera de la
forte fera percé d'une fi vive
douleur , qu'il fe croira mê-
me indigne de vivre , & ce
fentiment le tiendra tellement
humilié fous la main de Dieu,
qu'il le rendra flexible à tous
fes ordres comme de la cire-
Mais ne vous contentez pas de
rappeller dans votre mémoire
les crimes honteux & qui forit
horreur à tout le monde ,
remettez-y encore tous les
péchez fpirituels & cachez ;
ces calomnies malignes , ces
pièges tendus en fecret , cec
amour de la vaine gloire , ces
mouvemens d'envie , & tous
les déréglemens de cette na-
ture. Car pour être cachez ,
ceux qui les commettent ne
R iijj
100 Des Home
laifleront pas d'en être punis
du dernier fupplice. Les ca-
lomniateurs feront précipitez
dans la gefne , & celui qui
n'aime pas Ion frère cft coupa-
ble d'unfigrandpéché, que le
martyre même ne le fçauroit
expier. Ceiuy qui n'a pas foin
de fes domeltiques a renoncé
à la foy i & quiconque mé-
prifelepauvre, fera condam-
né au feu. Ne négligez donc
pas ces fautes comme peu
confidérables : fi vous les im-
primez dans votre mémoire ,
Dieu les effacera de la fienne j
au lieu que fi vous négligez de
les remarquer. Dieu les mar-
quera lui-même, & en tirera
une lévére vengeance.
Ne négligez pas les petites
les fautes , mais puniflezles en
vous très - févérement , afin
que vous foyez éloigné de
tomber jamais dans les grands
péchez.
Non
LIES
omnia eoîlige.
enim cjfug'
hac delinquunt eX"
tréma ftippUcia. Nam
O* convtciatores in
gehennam incident ;
C?* qi*i proximum non
diUgit 5 Jîc Deum
ojfendit , vt neque
martyriû juvetur :
Qui propinquos ne-
gl'gh > fidem negat ,
C qut pauperes def-
picitj ad iguem mit-
tttttr. Nolt ergo h^e
tanquam parva «e-
gligere ... Si enim
tu fcri^ferii , De us
dtlebii : fin vero non
confcripferis , ipCs
Deus CP- fcribit C?»
panas exigit.
Homil. 43. Nec
res parvas coniemfie ,
fed magnas etiam ea-
rum rationes répète»
Hoc modo magna fa-
cilius eviiahts deliha.
Homil. 45. in
cap. l^. Si non ve-
lis Chrîpo omnia re-
407. Si vous ne pouvez vous re-
Partager fon foudre à donner tous vos biens
bien avec J. à JeSUS-Chr IST , don-
C nez-lui-en au moins la moi- linqtiere , dimidium
tic, ou la troifiéme partie : & faliem vel tertiam
puifque vous devez être Ion partem eitrade, Fr^
frère & fon cohéritier dans t«r tutti eji y at^ns
Sur s
cohttres in regno c<t-
lorum i fac ettm e-
tiam hic coharedem i
pr^fertim càm omnia
^ute et pr a fias , ad te
ipfttm redundent at-
que refandantur,
Primus tihi cali-
cent fuum ohtulit
Chriflus 'y ttt vel
aquam frigidam ei
negas , , , Nonne ma-
gnum ducis quodca-
licem tllum tenere
potes , Unda Chrijfus
ùibiturtis ejl? ....
Cogita igitttr cm po-
tum pr4:bes ^ O' per-
horefce .• cogita quia
Chrifit facerdûs tt*
fias , citm propria
manu ei ojferas non
carnem ■ fed panem s
nonjauguinis ^fad a-
qu^ifrigidit calicem.
Honiil. 47. Koit
prohibet Chrijîuscon-
ciliahula hxretico-
rum diffpare , ora
ohjîruere , libertatem
loquendi concidcre J
veràm interficere ac
tructdare.
Beatam vitam
appcllo 3 non jejn-
, Matthieu: ion
le royaume du Ciel ; faites-le
aufli votre frère & votre co-
héritier fur îa terre. Or vous
devez avoir d'autant moins
de peine à le faire , que vous
vous donnerez à vous-même
tout ce que vous luy donne-
rez.
JE S us-Christ vous a 408.
le premier fait boire à fa cou- Aumône ,
pe 3 & vous ne lui donnez pas espèce de fa,
feulement un verre d'eau froi- cnfice»
de. Ne devez-vous pas tenir
à grand honneur de prendre
entre vos mains cette coupe
facrée dont JESUS - CHRIST
même doic boire ? Penfez donc
quel eft celui à qui vous don-
nez ce breuvage , & foyez
iaifi d'une fainte frayeur. Con-
fidercz que vous êtes devenu
le Prêtre de JESUS- CHRIST,
lui offrant de votre propre
main , non votre chair , mais
votre pain : non votre fang ,
mais de l'eau froide.
La loi de l'Evangile n*em- "^ô^;
pêche pas qu'on ne réprime Réprimer,
les hérétiques , qu'on ne leur n^ais non fai-
interdife toutes alfemblées , '■^"^?^"'^ 1«.
qu'on ne leur ferme la bou- 1^"«»1"«.
che ; mais elle ne veut pas
qu'on répande leur lang , &
qu'on les falfe mourir.
J'appelle une bonne vie : ^ "^J*^"
non pas de jeûacr , o« de ^,^* ^f
i&z Des Home
coucher fur la cendre , ou de
fe revêtir d'un cilice j mais
d'avoir lin aufïi grand mépris
de l'argent qu'un Chictienle
doit , d'être enHammé d'une
charité ardente, de partager
notre pain avec les pauvres ,
de vaincre la coleie, de fouler
aux pieds la vaine gloire , &
d'étouffer tous les fentimens
de l'envie. Car ce font-Ià les
inftrudions que J E s u s-
Christ nous a lui - mê-
me données. Apprene'ii^^de moy ,
dit-il , c^ue jefmi doux CT* hum-
hle de coeur.
kïi. J^ ^°"^ ^^^ cecy, non pas
Joindre les q«e je blâme le jeûne,puis qu'-
autres vertus au contraire je le loue & l'efti-
à la mortifi- me de tout mon coeur : mais
cation, ,„a douleur eft de voir que
vous méprifez toutes les au-
tres vertus 5 & que vous vous
imaginez que c'eft allez de
jeûner pour être lauvé, quoy-
que le jeûne tienne le dernier
rang entre les vertus. Car les
vertus principales font la cha-
rité j l'humilité , la miféricor-
de;& CCS trois vertus furpailent
même la virginité.
41*" Comme le corps ne peut
Point de fa- vivre fans le cœur , auffi l'on
lut fans la ne peut être fauve fans la
cbarue.
LIES
nattdi lahotem , net
cilicii ac cineris lec»
tulum s Jed Jr pecu-
niam ut oportet def-
picias 5 Jî chaùtate
ardeas , famtfcenîei
pane tuo nutrias , Jî
fuperior ira Jis ^ Jï
gloriam inanem non
concupifcas , JI invU
dia non dctinearis,
Hac fnnt documenta
ChrijU. Djfcite à
me quia mitis fum
& humilis corde,-
Hiec dixi non quo^
niam miln non pla-
ceatjejuriium , quoi'
magnis foleo efferre-
laudibus ^ fed qui/i
doleo ^ Jî cdteris ne»
gleélis , fatis ad fa"
luiem jejunium vo»
his ex'tjlimetis , ^«a^
in choro zirtutum
vltimum certè forti-
tur locum. Fr^cipuét
virtutei funt chari-
tas , humilitas , ml'
fericordta , qux vet
virglnitatem Jupe-
tant.
Hom. 48.i^^m-
admodum non efl poj^
fibiU animal Jîne cor-^
Sur s
de vivere , fie fine
lenigniiate C7' mtfe-
ricordia falus haheri
nonpotefl. Hinc enim
omnia bona ori^viem
trahunt.
humilitatem wj-
Ktmè 'O' mifericor-
diam Jeélemptr i fine
fuihus falutem con^
Jequi non pojfitmm :
Vt quinque ilU tir-
gines CT* Phartfeus
ofienderunt, Abfiqtte
virgtnitate muhi
èeatilttditje potientur,
<juam ahfqiie miferi-
cordia nemo confeque-
tur.
Homîl. 49. in
cap. 14. Ubi cIto-
Ttta lafi:wa , tbi dia-
h oh s certèadefl. Non
ad tripudia pedes pr<e-
huit nobis Deus , fed
Vt wodejiè inceda'
mus.
^ Eifi rapinii non
fuerint comparat<e
opipar<e c(xn<e , delic-
tis tamen non ca'
rent. Vae qui bibi-
tis vinum colatum
& tingucntis pre-
ciofis ungimmi :
Non avarmam bis
Matthieu. loj
miféricorde & la charité. Et
c*eft de cette vertu que toutes
les autres nailTent , comme de
leurfource.
Pratiquons principalement ,
l'humilité & la charité , fans NeVeffitïde
lelquelles nous ne pouvons l'humiiité" ôc
être lauvez. Car c'eft ce que de la chariic*
les cinq vierges folles , & le
Phanfien nous font aflez voir
dans l'Evangile. Pluiîeurs en-
treront dans le ciel lans être
vierges, mus nul n'y entrera
jamais fans avoir été chari-^
table;.
Le diable fé trouve par ^^4^
tout où font ces danfes fi li- Contre U»
bres & a dilToluës. Car Dieu «^^"^"^
ne nous a point donné des
pieds pour un ufage fi vain &
fi déréglé, mais pour marcher
avec modeftie.
Quand ce ne feroit pas d'un ^i 5-,
bien mal acquis que vous en- Contre Ip
tretenez ces grandes tables , luxe,
pouvez-vous jullifier de péché
un luxe fi excefFif f Ecoutez ce
qu'en dit le Prophète : Mal"
heur à vous qut bàvei^ des vins
délicieux , O* qui Vous ferve:^ des
plus ecxelUnts parfums. Vous^
104 Des Homel
Toyez qu'il n'accule que la
bonne chère & les délices, &
non les concuffions & l'ava-
rice. N'avez-vous point de
honte de manger avec ex-
cès , pendant que Jésus-
Christ n'a pas dans Tes
membres de quoy foulager fa
faim?
416. J^ "^ m'adrefle ici qu'à ceux
Contre la qui fc contentent de jouir pai-
bonne chère fiblement de leurs biens , fans
^ le luxe, en faire part aux pauvres 3 &
qui dépenfent feulement ce
qu'ils ont reçu de leurs pères,
fans faire tort à perfonne. Et
je dis que tous ces gens là ne
fe doivent pas croire innoccns.
Et en efïet , comment préten-
drez-vous n'être point cou-
pables , de faire faire bonne
chcre à votre table à des bouf-
fons qui vous divertiifent j &
de n'y pas admettre Jesus-
Christ dans Ces mem-
bres 5 comme s'il en étoit
indigne.
^-j^. Jesus-Christ nous a
Mêler la vie tlonné par fes adions uneinf-
'aaive à la trudion très-importante , en
contemplât!- nous apprenant , & à ne pas
^^' converfer continuellement a-
vec le inonde , & à ne nous
en pas auffi éloigner toujours ;
mais à tenir le milieu entre
ces deux genres de vie , pour
TES
verhis Vropheta , fed
voluptatem accu fat.
Et tu quidem immo'
deratè dévoras , cum
Chrtjins e/uriat*
Cùm lus mthi eji
ferma qui rehtts fuis
abundè patiuntur ni'
hU a'iis prtebentes S
cum bis qut patcrna
hona otiosè confa-
munty CT* fji cmnes
graziter accufandi
fufJt. Cur enim jure
non accufaberis cum
gnalhones tihi C?*
canes pleno ventre
afjîflant ; Chrtpui
Ve.ro indignas qui
iihi adfit , videatur ?
I
Homîl. ^o. Do»
cuit nos Chrifleis
exemplis fuis , non
femper cum multis
efl'e converfandum ,
neque femfer multi-
tuâinem fugiertdam ;
fed alterutrum ejfe
fucienduim , proat
I
Sur
utilitai ac nece^tas
tmgit.
Divites non fa-
bricare nec ttdificare
nec aliud humfmodi
artifictum norunt. II-
lorum ars fit , vt di-
■^iiiiireOc CT* vide-
nt vtantftr. Non eji
ceriè ars illa content'
venda , qua dtfcunt
vpHÎenù indigentibus
-conferre j fed aliis
artibus eji longe fraf-
tantior.
Luxas in homtne
magnam animi, mol-
îitiem ojieniit^ atque
ttiam crudelitatem ;
magnam denique le-
vitattm cum ctiriojî-
tate vana CT* ridi-
<:nU. Quibtts rébus
poterit feri'o vacare
is , qui tôt futilibus
<y frivolis vacat ?
Qttando anim<e fuA
curant habebit ? Imo
vero quando Je ani~
tnam habere cogita^
hit ?
Nemo dtcat cuhio-
tisvejiitmçmam CT*
418;
Méfier des
S. Matthieu. 20^
pouvoir pafTer utilement de
l'un à rautre , félon que le
demande le loin que nous de-
vons avoir , & d'autruy , & de
nous-mêmes.
Le métier des riches n'eft
pas de travailler à quelque
ouvrage mécanique , mais de grands ôcdes
bien ufer des richefles pour riches.
le foulagement de ceux qui
manquent de bien. Ce doit
être là leur occupation & leur
art , qui elt fans comparaifon
le plus excellent de tous les
arts.
Le Iiixe fait voir en mê- 419:
me tems la molIelFe du cœur Contre le
de l'homme , la cruauté de luxe,
fon efprit , la vanité & la
légèreté de fon ame. Et en
effet un homme qui s'amufe
à ces niaiferies , eû-il capa-
ble de penfer à rien d'utile
& de ferieux ? Quand pren-
dra-t-il foin de fon ame ? ou
plutôt quand penfera - t - il
qu'il en a une ?
Il ne faut pas dire que ce
foin & cette aiFcâation de pa-
420^
Ne pas né-
glîgsr les
moindres
chofes.
Chercher
de tems en
tems laioli.
tu(le«
io5 Des Ho m
roître dans les habits , ne foit
qu'une bagatelle : car tout fe
perd effedivement dans le
inonde 5 par ce qu'on néglige
ces excès & qu'on les appelle
des bagatelles. Si les pères éle-
voient bien leurs enfans, s'ils
leur apprenoient à fe mettre
au deifus de ces baffelfcs , & à
ne pas croire que leur réputa-
tion dépende de leur habit,
ils les rendroient capables de
plus grandes chofes,
J E s u s-C H R I s T monte
fur une montage pour nous
apprendre que la folitude eft
un lieu très-propre à prier.
Il a fouvent pailé feul des
nuits entières dans le défert
«noraifon , afin de nous exci-
ter par fon exemple , à choi-
iir les tems & les lieux les
plus tranquilles , pour prier
fans diftradion. Car la foli-
tude eft la mère du repos , &
c'eft un port qui nous met à
l'abri de toutes les agitations
de nos penfées.
4ii.
ïoibleflede
Thorame.
Ceft une fuite de la foi-
blefle de notre nature , qu'a-
près avoir furmonré les plus
grandes tentations , nous fuc-
combons fouvent aux plus
petites : ainfi que les exera-
ELIES
luxum nilnl ejfe aut
minimum ; tdtpfum
jampndem cun£ia de-
jecit : pueros oportet
reûè de his in frit ue-
re. Quippe qui pay
vis tn rébus magna^
nimosfilios redderety
acornamentorum con»
temptores , is eiiam
in magnis rébus eos
probatos CT» commen»
data inveniret,
Homil. ji. /»
montem Chrijius af-
cenditj vt noserudtat
cùm orare opus fit »
tune foiitudme ac
eremo nobis maxime
ùpus ejje ut
tam à tempore quant
a loco tranquillita»
tem orandi quara»
musifolus oranspU'
rumque perno&avit.
Tranqutllttatis qtttp"
pe mater eremus ejf »
quietis portus , omnis
perturbattonis expul-
trix.
Nature humana
conditio eji y vt dif"
ficilioribus nonnun-
quamfuperatii , fuc-
cumbat in minori-
bus : quoi Helias fub
Sur s
Moj'ei in /P.gypto ,
Fetrus in tempejiMe.
Gratta accepta
Apofloli ubique pri'
matum letro prA-
hent S CT* in concio'
tiihus eum antepo-
nttnt j qtMmvis f<e-
Uris rudior videretur.
Tangamus O* nos
Jlcut hamoro'tjja fim-
briam veftimenti
Chrifii , vel potius
fi volumus , ipfiitn
totum habeamm. Non
enim vefîis folùm ,
fed corpus ipjtui nobis
propo/îtum eft , non
vt tangamm folitm ,
fed vt comedamus,
Adeamus intur
cS
Chrijïhm Jtnguli *-
grotantes magna cum
fide. Nam fi qui
fimbriam veflimenti
eJHS tune tetigerunt^
reéJe omnes conva"
îuerunt s quanto ma-
gis corroborabimur »
fitotufm in nobii habe-
himus ?
. Matthieu. «07
pies d'Elie (bus Jezabel , d^
Moïfe dans l'Egypte , & de
Saint Pierre durant la tem*
péte,nous le marquent vifible-
ment.
Après que Us Apôtres eu-
rent reçu la grâce du faint Ef-
prit à la Pentecôte ^ ils cédè-
rent par tout volontairement
la primauté à S. Pierre ; & lui
donnèrent toujours la puiflan-
ce dans leur aifemblées , quoy
qu'il parut être plus grolïicr
que tous les autres.
Allons toucher auffi nous-
mêmes , ainfî que Themo-
roiile , la frange du vêtement
de j£S us-Christ , ou
plutôt 5 fi nous le voulons ,
allons le pofl'eder tout entier.
Car nous avons maintenant
Ton corps entre nos mains.
Ce n'elî plus Ton feul vête-
ment que Ton vous permet
de toucher , c'eft fon propre
corps qu'on vous préfente
pour le manger. Approchons-
nous-en donc avec une foy
fervente , nous tous qui fom-
mes malades. Si ceux qui
touchèrent alors feulement la
frange de ion vêtement , en
reflentirent un fi grand effet ,
que ne doivent point atten-
dre ici ceux qui le reçoivent
tout entier.
Primauté de
S. Pierre.
Contre Ut
Hérétiqtiesr
4»4-
Réalité K
vertu du
corps de J.
C. dans l'Eu-
charidie.
Contre les
Hcréti^Hes%
2ô8 Des Home
. j -, Pour s'approcher de JESUS-
Réalité du CHR.IST avec foy , il ne fuf-
corpsdej.c. fit pas de le recevoir exterieu-
au s« Sacre- rement ; il faut encore le tou-
nieijtj ^her ayec un cœur pur , &
fçavoir , lorfqu'on s'en ap-
proche , qu'on s'approche de
JESUS - Christ même. En-
core que vous n'entendiez pas
fa voix 5 ne le voyez- vous pas
qui repofe fur l'autel facré ;
ou plutôt ne l'entendez- vous
Contre les pas parler lui même par la
Hererl^:4es. bouche de fes faints Evange-
liftes ? Croyez donc que c'eft
encore ici cette même Cène
oii JESUS-CHRIST étoit afTis
avec fes Apôtres : car il n'y a
jîulle différence entre ces deux
Cènes. On ne peut pas dire
que ce ne foit qu'un homme
qui faffe celle- cy , & que J E-
SUS-CKRlSTa fait celle-là.
C'eft le même JESUS-
Christ qui fait l'une &
l'autre. Ainlî quand vous
Yoyez le Prêtre qui vous pré-
fente cette facrée nourriture ,
ne penfez pas que ce foit la
main du Prêtre qui vous la
donne , mais croyez que c'eft
Jesus-Christ même qui
fe donne à vous.
- ^^^ Ecoutons certe vérité avec
Quel crime étonnement & avec frayeur,
c'eft d'abufer JESUS'CHRIST nous ralTafie
LIES
Cum fide acce-
dere ad menfam non
efl , vt tantammo-
do propojîtum corpus
recipias , fed multo
magis vt mundo cor-
de tangas i vi fie
adeas quemadmodum
ad ipfttm Chrijlttm,
Qttid enim etjî vo~
cem ejus non audis ?
Nonne vides jacen"
tem , imo veto C?*
loquentem per Evan--
geUJÎam ipfum att-
dis ? Crédite mtur
o
omnes quia etiam
ntinc illa cœna cele-
bratur in qua Chrif"
tus ipfe recumbehat.
Nihtl quippe intereji
in ter hanc C illam :
Non enim h<ec ah ho"
mine , illa ah ipfa
conficitur i fed hanc
CT* illam tpfe efficit,
Quando igitur fa-
cerdotem corpm tibi
prabere viderts , noli
facerdotis 3 Jed Chrif-
ti manum ad te por»
rigi arbttrari,
Audiamus O*
perhorefcamus ; car'
nesfuas nobis tradi-
dit)
I
Sur s
dit , fe ipfum immO'
latum profyofuit.
Quant ignur fatis-
faélionem ojferemus ,
ctim tait pahulo ««-
iriti taliter peccc
mus ? cùm agnum co-
me dent Ci in Ittpos con'
vertimur ?
Sacramentum illud
non à rapina folùm ,
(ed vel a minima
inimicitia omnino
nos mptndos ejje /'«-
bet. Pacis enim fa-
cramenlum ej} , hoc
facramenlum, Inqui-
Jîiioni pecuniamm CP*
fimonU non eonvenii.
Ne putes faits effe
ad falutem , Jt eiim
viduas CT* orphanos
fpoliaveris , aureum
ealicem CT* gammis
ornatum huic mevfit
ùjferas. Fis hoc fa-
srificmm honorare ?
Animam tuam ojfer
fropter quam Chrif-
tus immoUtus cfl.
Eam auream facito.
Quod fi anima tua
flumho ac te fia de-
Urior e{i ; qt*id tthi>
Tom, I.
Pureté r?-
quifepour la
commnn.on.
'.que s.
Matthieu. 209
luy-méme de fa chair facrée-, dehcoxam-
& il le donne à nous comme nion.
une vidime qui a été immo-
lée pour l'amour de nous.
Quelle excufe donc nous relie-
ra t-il, fi recevant une fi divi-
ne nourriture, nous ne laillbns
pas de commettre de il grands
péchez; & fi en mangeant l'a-
gneau , nous devenons loups ?
Ce myftere exige de ceux
qui s'en approchent , qu'ils
Ibient entièrement pursj je ne
dis pas des grands excès & des
plus erofTieres iniuftices, mais /""^'^''^ *"
des momdres minutiez. Car
ce myftere eft un myftere de
paix. Il ne convient nullement
aufli avec l'amour des richef-
fes , & encore moins avec le
crime de fi,monie.
Ne vous imaginez pas qu'a-
près avoir dépoiiiilé les veu-
ves & les orphelins par vos mê.iu: plufAt
rapines & vos violences, vous ^î^^ ^^s i ^ -
en foyez quitte pour donner J5"^ ^ i'^â'i-
a cet autel un calice enrichi ^'
d'or & de pierreries. Si vous
voulez rendre honneur à ce fa- sacriGce>
crifice , offrez- y votre ame ,
pour laquelle JESUS-CHRIST u^IZes^
a été facrifié. Faites-la deve-
nir toute d'or : mais fî elle
demeure plus pefanfe que le
plomb & que la terre , à quoy
vous lervitoat ces vafes pjé-
S
418.
210 Des Home
cieux que vous offrez? Ce font
nos âmes que nous devons
rendre pures & brillantes
comme Tor •, puifque c'eft
cette pureté qui fait que Dieu
reçoit ces précieux vafes de
nous.
4îp". Voulez -vous honorer le
Fournir à corps de Jesus - Christ , ne
l'entretiendes [q méprilez pas lorfqu'il eft
F^r'"']^ n"'i= & pendant qu'en cette
tolrqu al or- r- ,.^ ^ , ^ i,. r
nement des ^g^^^^ ^^^^ ^^ couvrez d'etof-
Eglifes. fes de foye , ne lui laiflez pas
foufFrir ailleurs le froid & la
Contre les nudité. Car celuy qui a dit :
Hcrén^iics. Cecy eft mon corps , & qui Ta
produit avec cette parole en
même tems qu'il l'a pro-
noncée 5 a aufîi dit en un autre
lieu : J'ay eufavny Z^ zous ne
ave^p
as aonne, a man<rer.
Ce
corps de JE&US-CHRIST qui
eft lur l'autel n'a pas befoin
d'habits précieux qui le cou-
vrent , mais d'ames pures qui
le reçoivent; aulieu que cet au-
tre corps de JE5US-CHRIST,
formé des pauvres qui font Tes
membres , a befoin de notre
afiiitance & de tous nos foins.
Apprenons donc à traiter fa-
gement de fî grands myftcres ,
& honorons JESUS -CHRIST
comme il veut être honoré de
nous. Le culte le plus agréable
que nous Uxi puimons rendre
LIES
proderunt aurea, o4«
fa f , . , animarum
mundùla opus eji ,
propter quas etiam
vafa b£C Deui vecim
pit.
Fis corpus Chrijil
honorare ? non de/pi-
cias if>fum nuàum :
neque hic quidem in
Ecclejîa fericts pan-
nis tnduas , foris
autem frigore £7* nu-
ditate confiai Jînas.
Qj*t enim dixit ,
Hoc eft corpus
meum , CT" rem fi-
mul cum Z'erho con-
fecit , tdem dixit ,
Efurivi,& non de-
diftis mihi man-
ducare , Sec. Hoc
ceriè corpus Chrijîè
non amiùu ^ fed ani'
ma munda indiget :
illud autem corpus
multa cura C7* ma'
^a diltgeritia eget»^
Perdifcamus igitur
philofophari , C?' ï/»-
fum Chrijlum ex VO"
luntatefua honorare,
Kam qui- honoratur y
to maxime honore
Utatur quim ipft
Sur s.
H y non eo quem
optamm. Petrus
rare eum crede-
fi eum à lolione
jm prohibuiffet >
d certè contra-
int erat. Pariter
t* etiam ita eum ho-
nora vt ipfe vult 5
erogans âiviUas tuas
pauperihus.
Nolo vetare ta-
Uum vaforum ohU'
tionem , fed dignum
puto ante omnia mi-
fericordU ejje in-
cumbendum : nam
C?* De us va fa fufci'
pit , fed illa mulCo
magis jîbi gratiofa
fant. Vafa quidem
folùm danti profue-
rint , lemgnitas ve-
ro accipienti. Et hic
quidem ojlentatio non-
nutiquam poteft accU'
fari , ibi vero tctum
mifericordi animo
contribuitur.
Quanam vtiUtas
sjl fi cummenfa ejus
MATTHlttr. 211
efi ccluy qu'il aime & choifit
lui-même , & non celui que
nous choifillons. Saint Pierre
croyoit autrefois honorer J E-
SUS-CHRIST, en l'empêchant
de lui laver les pieds ^ mais
il le deshonoroit plutôt qu'il
ne l'honoroit par fa réfiftance.
Honorons -le donc au(îî en la
manière qu'il le défii e j c'eft à
dire^en lui donnant l'aumône
dans la perfbnne des pauvres.
Je ne prétens pas empé- 450."
cher qu'on ne donne des vafes II eft boa
d'or à l'Eglife j mais je fuis d'orner les
pcrfuadé qu'avant toutes cho- Eg|'['"' ^^j^
i'cs j vous devez avoir foin de ""'-'^'^^'^^ ''*
r ■ , . , nourrir les
faire chante aux pauvres. ,,.„vr-«
Dieu reçoit ces preiens que
vous faites à l'Eglife, mais il
agrée bien davantage ceux que
vous faites aux pauvres. Car
dans ces premiers il n'y a que
celui qui fait le préfent , qui
en reçoit de l'avantage 5 au
lieu que dans les autres , celui
même qui les reçoit en tire
aulTi du fecours. On peut croi-
re que dans les dons faits à
l'Eglife , nous cherchons aufïi
notre gloire ; mais les aumô-
nes ne font que le fruit de no-
tre compafiion & de notre
amour pour le prochain.
Quel avantage peut rece- ^^^\ .
V0irici.jESUS.CH3.ST,N-f-^=
51}
43 2.
iii Des Hom
êc voir fa table couverte de
vafesd'orjpendant qu'il meurt
de faim dans la perfonne de
fés pauvres ? commencez par
foulager fa faim , & s'il vous
refte quelque argent , ornez
enfuite fon autel. Dieu n'a
jamais condamné perfonne
pour n'avoir pas bâti de tem-
ples, ou ne les avoir pas en-
richis d'ornemens fuperbes ;
mais il menace des fuppljces
de l'enfer 3 ceux qui n'auront
pas eu foin de faire l'aumo-
ne.
Si vos aumônes ne font très-
Conûe la abondantes & proportionnées
dureté des ri. à VOS richelles 5 elle ne vous
•hes a l'égard délivreront pas des peines que
des pauvres, méritent vos péchez. Dieu ne
jugera pas (împlemcnt de nos
charitez par la mefure que
nous y aurons gardée , mais
par la plénitude du cœur, &
par l'ardeur de la volonté avec
laquele nous les aurons fai-
tes. Q^e il CCS perfonnes qui
ne donnent pas autant qu'ils
le peuvent , feront condam-
nées de Dieu , combien le fe-
ront davantage ceux qui amaf.
fent des biens fuperflus , qui
font de grands bâtimens , &
qui en même tems négligent
a ks pauvres : qui ne penfent
qu'aux moyens d'augmenter
ELIE3
multis caîicihus atî^
reis ornatur , ipfe ine-
dtapereau Priusigi-
tur efftrientem enns
fatura , deijtde ex
^uadam fuperabttn-
deinti^ menfam or"
nabis . . . Nemo quia,
templa magmfica non
condiderit , unquam
accufatus efl : at ver a
gehenna ignis ineX"
tinguihihi imminet y
nifi diUgenter //?4
peragere velts.
Homil. 53. Niji
liberahter fectmdum
rerum tuarum af-
fiuentiam dederis ,
non omnino panas
evitahis. Non enim
rerum menfura qii<e
offerumur mt/eriror'-
dia judicati-.r , fei
Urgitate ac libera-
litate mentis C^ ani--
mt. Quod fi hujuf-
modi homines pit"
niantur , mulio ma*
gis vexahitniur qui
fuperfua de ti fient ^
qui fibi trifiega fa~
Iricantes , nuHa «♦-
ra efi*rientium com-
moventur : qui unde
argenlum iolUgant^.
I
Sur
perjpldunt ! quomodo
rehè collocent , ne
cogitant t^itidem.
Homil. 54. in
cap. 16. Honores
cum hac vita finiêm-
îur j trihuUtiones
Vero nobifcum egre—
diuntur. lllorum ra-
tiones exiguntur , pro
his aittem pr<tmia no-
bis retrihuHntur.
Honiil. 5 f . Om-
nia qu<e ad falutem
noflram condttctmt ,
per crucem confum^
mantur. Cùm rege-
neramur , crux Do-
mini adejî > cUm
facrati^mo alimur
cibo 3 càm in ordi-
ne confecrandi Jia'
tuimur , ubique ac
femper id nobts Vic-
toria Jtgnum adeji.
In penetralihus , in
parietibus , in feuef-
tris , infronte quo-
que ac mente magno
pudio crucem injeri-
mus. Id enim falu-
tis nojfra , commu-
nis Ubertatis , man-
fu^tudinis atque hu-
militaih Ddmini fi-
S. Matthieu. iij
leurs biens , & qui ne s'appli-
quent jamais à pcnfer com-
ment ils les employèrent au
foulagement de leurs frères.
Les honneurs fe perdent
avec notre vie , mais les fouf-
frances nous accompagnent
après nôtre mort , Se au lieu
qu'on nous redemandera com-
pte des premiers , on nous
rendra au contraire des ré-
compenfes pour les autres.
^ C'eft par la croix que s*ac-
complillent tous les myfteres
qui contribuent à notre falut.
Si nous fomme s régénérezdans
les eaux facrées du Batérr.e,
c'eft en fe fcrvant du figne de
la croix : fi nous communions
au corps facré de J. C. &
fi l'on nous impofe les mains
pour nous confacrer au minif-
tere du Seigneur , la croix y a
aufli part : & enfin quoy que
l'on fafle , on fe fert en tout de
ce figne de notre vidoire.
Nous l'avons dans nos mai-
fons,nous le peignons fur nos
murailles , nous le gravons fur
nos portes , nous le marquons
fur notre front, & nous l'im^
primons encore plus profon-
dément dans notre cœur. Car
la croix eft un figne qui nous
jceiiiec dans h màno^re ïoxyt
Utilité del
fouffrance?^
,434-
Ufage fré-
quent du fî*
gnedela
Croix.
Contré te»
Hérétique Si
214 Des Home
vrage de notre falut.îe recou-
vrement de notre ancienne li-
berté , & rinfinie miféricorde
de notre Sauveur.
V2< Quand vous faites le ligne
VoTeu iufî- ^^ ^«^ croix j fouvenez-vous de
gnedela ce qui a donné lieu à cette
croix fait a- croix , & que ce fouvenir vous
yec pieté» ferve à réprimer votre colère,
& à étoufter toutes vos autres
pafiTions. Lorfque vous impri-
mez ce facré figne fur votre
front^armez-vous d'une fainte
hardiefle , & rétabliffez votre
ame dans fa première liberté.
AufTi ne le devez-vous pas
marquer négligement du
bout du doigt fur votre vifa-
ge 5 mais le graver avec amour
dans votre cœur par une foy
très- fervente , nul de ces ef-
prits impurs n'ofera s'appro-
cher de vous , en voyant fur
votre front les armes qui l'ont
terrafle , & cette épée fou-
droyante dont il a reçu le coup
mortel.
Suivre JESUS-CHRIST
43^- comme on le doit fuivre , c*cft
Suivre J.C. j^QJ^ Coin , lors même qu'on
ïtLJ, °" 'fouffre 5 de pratiquer toutes les
autres vertus, & de fouftrir
feulement pour J. C.
Vous pouvez, en demeurant
LIES
gnum eji.
Quando cfuce te
fignai s vniverfam
tecum crucis caufam
reput a , CT* ir£ ac
reliquarum paffionum
incendia extingue,
Quando te cruce Jî-
gnas y magna tuam
frontem arma fidw
cià i lihertate ani'
mum muni .... Sed
non fîmpli citer digito
in corpore , fed ma-
gna profeêîo fide in
mente prias formare
oportet. Nam fi hoc
modo faciei tu<e im-
preJJ'eris , nullus fcs^
leflorum dcemonum ,
citm haflam videat.
qua leihale Vulnui
/ujcepit, cpngredi te»
cumaudebit.
Homil. ^6. in
cap. 17. Id ej} rec»'
te Chrijium fequi y
fipropter ipfum cunc
tafujfcras , C alias-
Z'irtutesnon negligas,.
Potei €7 vrhep-
Sur
chorum phUofopfnam
. imitari. Potes O*
uxorem habere CT* in
magna familia zier-
fart , CT* orare , /-
mul jejunare atque
compungi.Nam primi
Apoflolorum difcipuli ,
nrbei quidem habita-
hant , CT' eorum qui
in eremo converfan-
tur vitam vivebant.
Hom. 57. Quale
lucrum fi Utitiam
vohii ajjeram blanda
verborumpal^atione ,
CT" re ipfa mœrorem
praparem. Si deli-
catijjîmum aurtum
fenfum demulceam ,
C^ animam tn pa-
nas detrudam. Quare
necejfe efl mœrorem
hîc infene , ne ibi
atrociter piéniamur.
Grains morbus
O* magno Jîudio in-
digens in Ec défiant
incidit. Nam cùm
neque a. jufiis qui-
dem laboribus recon-
dere pecuniam j'u-
heamuT , fi:d aper-
tas pauperibus do~
vtQi fenere , ex alio"
S. Matthieu. ijjf
mirablc des anachorètes. Vous
pouvez crant mariez & vi-
vant dans votre famille , quel-
que nombrcufe quelle Ibit ,
prier comme eux , jeûner
comme eux , & entrer comme
eux dans les fentimens d'une
vraye compondion. Car les
premiers Chrétiens du tems
des Apôtres, vivant dans les
villes , pratiquoient la vie des
plus parfaits folitaires.
Quelle utilité retireriez- vous
de mes difcours y fi vous fla-
tant par des paroles agréables ,
je vous jcttois en effet dans
une éternelle douleur : fi j'é-
pargnois vos oreilles , au lieu
d'épargner vos âmes j & fî
pour plaire aux unes , je laif-
f ois perdre les autres. Ne vaut-
il pas mieux vous caufer icy
un peu de peine , & vous fai-
re une douleur paflagere, qui
vous délivrera d'une punitiori
éternelle.
L'Eghfe eft aujourd'huy at-
taquée d'une maladiebien dan-
gereufe , & qui a befoin d'un
puiffant remède. Dieu défend
aux Chrétiens d'amafler dts
richeflés. Il condamne dans
eux cette avarice , quand ils
ne s'enrichiraient que par des
voyes innocentes & par de juP-
tes travaux , parce qu'il ii§
ligieux uan«
le monde*
4j8.
Palteur é*
loigné défia-
ter.
4?P-
IlertdetFen.
du au Chté-
tien d'araaf-
fer des rir
chefles.
ii5 Des Home
veut pas qu'ils fe faffent des
tréfors fur la terre. Il leur com-
mande au contraire d'ouvrir
leurs maifons aux pauvres , &
deleur faire part de leurs biens.
Et cependant on voit qu'au-
jourd'huy ils s'enrichifTent de
la mifere d'autruy , & qu'ils
font ravi d'avoir trouvé une
forte d'avarice qui leur paroît
excufable, étant couverte de
quelque prétexte de bonté. Et
ne m'alléguez point ici les loix
civiles & extérieures , car les
publicains les gardent,& ils ne
lailfent pas d'écre condamnez
de Dieu. Vous augmentez la
Contre l'u- mifere des pauvres en feignant
delesconfolerjvous vendezles
aumônes que vous leur faites,
par les intérêts que vous en
tirez. Vendez-leur , je le veux
bien , pourveu que ce foit au
prix du royaume célefte j ne
vous contentez pas du vil prix
des intérêts que vous y ga-
gnez -j mais retirez- en une vie
qui foit éternelle. Ne me dites
pas pour vous excufer , que
vous faites plaifir aux perfon-
nes , à qui vous prêtez , & que
même ils vous rendent grâces
de cette ufure : car ce n'eft que
votre dureté qui les oblige à
trouver cette joye funefte dans
eç qui les dgit rwiner.
i
furcj
LIES
rum inopia opes no-^
bis colligimus , ex-
citfabile avaritU ac
rapitjtf genus inve^
nijje putantes. Nec
de illii rnibi dicas
quidquam qutt ex te-
rioris funt legis,
Nam O* Puhlicantis
exteriorem fervat le-
gem ©• tamen pu»
nitur. Tt* Jinutla-
tione folaminii ma^-
jores fucis arum»
nas 5 e?* liheraUta» "
tem vendis fœnore,
yendas Ucet , fi ven-
dis regno aelorum ;
nec centejîmam par»
tem abje^lum certè
Çy vile pretium ^
fed vitam rapts im-
vnortalem
Noli mihi dicere qu<e'
fo , quiagaudet , O'
gratiam habet 3 quoi
fibi fxnore pecuniam
colloces i idenimcrn^
delitate tuafacip.
D^t;
'
Sur s
Pp.te 3 itjquit Det*i ,
illisà quibus acci-
pere non Tperatis j
Tft etiam plufjuam
dederis fiagttas i ÇT*
^uod nunquam dedi-
pi. , tllud quafi de'
bitttm exifris. Et pu-
tas majorent ttbi ho-
norum copiant ht ne
parari , vnde tnex-
ttn^utbilem ignis ar-
dorem tibiticce7idis ?
Homil. 58. Ora-
tione Jîmul CT* jeji^
«io optti ej} ,fed ora-
tione multà magts.
Qui orat CT" jejunat
zt oportet , ii multis
rébus non indiget ,
fie nunquam fiet ava-
rus, ac proinàe pro-
nior erit ad miferi-
cordiam. Qtti jejunat
levior efl y ^ vigf
lanier orat , CT' cupi-
ditatts incendia ex-
tinguens ac animarn
humthans , facile
Veum plaçât. [dJrco
e?" Apofloli ferefem-
ter jejunabant.
^eiwiare non po-
tes 5 ftd potes in dé-
liais non vivere ,
quod fane non par*
Tom. I.
Matthieu. 217
Uonne-}^^ dit le Seigneur, rf 440.
ceux dont vous n^ etperey rien rece- Ufure funei-
vo,r : Et bien loin de le faire , f« ^ l'ufuiier.
vous exigez même plus que
vous ne donnez ; & vous re-
demandez comme une dette
un argent que vous n'avez pas
donné. Croyez vous augmen-
ter votre bien par une voyc
par laquelle vous ne vous
amafl'ez qu'un tréfor de colère
& de vengencc ?
II faut que notre prière
notre jeûne ,
44f.
accompagne ..v...^ ,^„,.v ^ ^ . ,
,,! " , ,, ■ ' , Joindre la
OU plutôt qu elle tienne le ^^^^^^ ^ i-^^.
premier rang. Celui qui prie mrme ,' ôc le
& qui jeûne comme il faut , jcû.ie.
n'a pas befoin de beaucoup
dechofes, & ainfi il eft fore
éloigné de l'avarice , & tou-
jours prêt a faire i'aumone.
Celui qui jeûne a l'ePprit fer-
vent & contmuellement élevé
au ciel : il prie avec applica-
tion y & en réprimant fes cupi-
di[és , & humiliant ion ame >
il appaife la colère deDieu plus
facilement. Et c'étoit pour
cette raifon que les Apôtres
jcûuoient lanscelfc.
Si vous n'avez pas alTez ^ 44*'
de fanté pour jeûner , vous ^ ^bjbnirdes
pouvez bien vousabfienir des S. ''^yj' -çû"
délices. Et cette manière d'ab- ne /^"^ ^^"'
T
îi8 Des Home
ftinencene le cède giieres à
celle du jeûne.
,^ Afin que nom ne les fcan»
Evkïi'ou àaltjîom point donne'jr-Uur
méprifer \t% ffour vous ZI?" pour moy. On voit
fo-And^lrs fe- ailleurs que Jésus - Christ
lonhpruden- méprife les (candales , & icy
ce chrétienne, qu',1 les évite , atin de nous
apprendre qu'il y a des tenis
& des rencontres où nous de-
vons négliger , & d'autres où
nous devons éviter les (can-
dales qui peuvent naitre de
notre conduite.
- Rien n'ote tant à Pâme la
L'amoûrdu liberté Sf la générofué qu'elle
monde nous doit avoir 5 que la cupidi-
rendcfclavcs. té des chofcs du monde , &
les prétentions à fes dignitez
& à fes honneurs. Car ceux
qui font pofledez de cette paf-
fion ne font plus â eux mé-
lîîis, mais aux autres, & ils
ne font pas (eulement aflii-
jettis à un ou deux maîtres,
mais ils font les efcl.wes d'il*
ne infinité de tyrans.
44<. L'ambitieux n'aime perfon-
L'ambltion ne , & l'envie jointe au délir
compatible ^jei3 ejoii-e j^^t il eil embra.
tcuvraye^' „ ^ ^.„ ^._
im
amitié.
'■^^^ zé , ne peut compatir avec
une amitié véritable. Deux
LI ES
■Dum ej} , nec magna
intervallo à jejunio
dtffat.
Homil. 5^. in
cap. 17. Ne fcan-
dalizemus eos . . .
da ftaterem pro me
& te. Ctrtè alibi
cùm di cibti difjere-
ret , fcandalum pe-
nitus rpreviffe vide'
tun docens nos tem'
porum ^ opportuni"
tatum rattonem ha^
bere ; ac quando j
qmbufque in rébus
contemnenda vel eu-
randafcandalajînt,
Nihil prorftts //-
bertatem animi Jîe
tollit , Jîcut fecttU"
rittm rerum cupidi-
tas , e?* eorum qu£
videntur effe pTiecla"
ta. Non enim fibi
vivant , fed alteri ,
CT* ntiUe cruàelibus
hominibus hujufmo"
âi homines préemuti'
tur,
Vbi glorU cupi"
ditJS efl , ibi quiti
livor vires fuas exer*
cet , nuMa, fncerapo-
tejl amicitia inverti^
S\j% s.
fi : fui quemadmo-
attm qui eodem ar-
tificio (jUiflum ha~
hent , Jîc /îmilium
honorum confortes ,
qui eadem m fecalo
appetunt ^Jtncero ac
puro nequeunt amore
ionjungi , nec fine
interna tnter fe bello
Vivere.
Homil. 60. \n
cap. 18. Scanda a
quidem excitant ttt-
qtte acuunt , CT* perf-
ptcacio-rem faciunt ,
non folnm eum qui
fibi cavit diligent er ,
VerHm etiam eum
forte qui incidit • nam
poftea^jttiîm tnde fe
eriptttrit^ cautior at-
que tutior redditur.
ïihtare fî dtligtnttores
fiterimus , -non par-
Vum frufium ex ea re
capiemus.
In pr^ho qui fthi
folùm lofuHt miles,
nec aliud reficit
quant quomodo pofjtt
animant fuam fw
giendo frvare , is
citeras quoqtte mili-
tes ad permctem fe-
CHm trahit : querU'
Matthieu. 119
hommes polfcdez de cette
malhaueule paflîon , ibnt
femblablcs à ces artifans qui
gagnent leur vie au même
métier : «comme ils défirent
tous la même choie , il eft
impoflible qu'ils s'entre-ai-
meiit fincérement , & qu'il n'y
ait continuellement dans leurs
coeurs une fccrette jaloufie qui
les delunit.
Les fcandales & les occa- 44^.
fions de pécher réveillent les On p^ut tita
hommes & les rendent plus P"'^^ ^'^
cncourpeâs & plus vigilans. ^»^'^'id*l".
Ils cmpcchent de tomber
celui qui veille déjà fur lui-
même j & lis lérvcnt aufii
à celui qui étoit déjà tom-
bé , pour (e relever , & pour
marcher enluite avec plus de
piécautioti & d'ailurance. Si
donc nous femmes attentifs
à notre lalut , nous tirerons
un giand avantage des fcan-
dales.
Celui qui dans un combat . .-
ne penfe qu*à fe fauver par sVn:râidet
la fuite , le perd lui-mé les uni Ici au-
me 5 & attire avec luy la tr-s%
perte des autres ; comme au
contraire celuy qui combat
courageufemcnt pour le lalut
de fes compagnons , fe fau-
ve luy-niéiiie en ks fauvanr.
Tij
I
220 D E S H O M E
Combattons doue de toutes
nos forces pour le falut de
cous nos frères ; car ii cha-
cun ne penfe qu'à ce qui le
regarde , il fe perdra mai-
heureuiement Ipy-niéme.
448. Nous ne nous entre-aimons
Fonder l'a- jamais de cet amour qui vient
micjé fur la de Dieu , mais nous cher-
charité, chons des fujets d'aimer, ou
dans la liaifon du fang , ou
dans l'amitié humaine , ou
dans la converfation civile ,
fans être conduits par cette
divine charité , qui devroit
être la fource & le principe
de notre amour. De là vient
que la reUgion & la piété
n'étant pas la régie de nos
amitiez , nous préferons fou-
vent dans ce choix les Juifs &
les payens mêmes , à ceux qui
font comme nous enfans de
l'Eglife.
Ceft un homme , me di-
AA9* rez-vous , de mauvaife hu-
Corngerle ^^^^ ^ incorrig blc,&qiiand
xc rebuter, je juy parlerois lur Tes de-
voirs , je fuis certain qu il ne
m'écouceroit p^is. D'où le f^^i-
LIES
admodum e contra
generofus miles càm
alios tutan conatur ,
fe ipftém qitcque dé-
fendu Sic nos
magno animo pro fa^^
iute omnium pugne-
tnus . . . nam fifingum
li nojirafolàm qu.i.ri'
tnus , propterea noflra
diminnemus.
Dei charitate non
communimus nos^fed
altos quofdam amtci-
ti<e prtttextHs qu,eri-
mus. Sic altus affini"
tate , altus con/uetU'-
dîne , altus vicmia^
altus alia quidam
ratione , nemofideiac
religtonis pietate no-
bis amicus ef. Cum-
que dtberemus hinc
folummodo amnitite
fœdera contrahere . , ,
cum jfud<ets nonnun-
quam CT* gtntilihtti
ma^s quàm cum Ec-
clef A fliis amuitiai
conjungimus.
Non exaudiet me ,
inquis 5 proietVHi
ilie. Un de td fis ?
An unquam emtn-
dure conatus es ? Sa-
pins id i ais , feci.
Sur s. Matthieu. 221
Dicas oro , ct* femel vez-vous ? L'avez- VOUS fou-
vent ellayé ? Ouy , me répon-
, je l'ay
O* èis me feciffe ar-
*' bitror. 0 rtm mi-
tam ! Itane/emel aut
ùerum/.tpius uhi vi
deLur f* £t/t per to-
tam vitam id fectfjes
non oportuijjct te la-
hore vicium defeciffe.
Si non ep nobts
fatis nd falutem qttod
Vtrtuosè ipji viva-
mtis , /ed oportet CT*
aliorum falutem de-
Jiderûre ; cùm nos
ne<^uè refiè vivamus^
netiue ahoihortemitr i
qu:d jefpo7tdehimt4i f
g»rf nobii fpes falntii
erif relnjuu >
Nttliam nojïri fed
noprorum curam ha-
èjwus y vxoris oh
vifcimur ^ Z^
funt vxoris recordd'
wur : de liber i s non
frovidemus ^ C^ quce
liberorum fmt auge-
re pudcmus f bis fi-
miles ^ui cttm ruino-
fam -oideuvt domum
porticiis et CT* fepta
in circuitft tantum
pY£para7it : atu il'is
qm cum morbo con-'
^ciaritur , negUclu
i-
qu,e
drez-vous , je l'ay deja fait
une fois ou deux. Qiioy jvous
appeliez celafouvent ? Quand
vous ne vous feriez appliqué
qu'à cela durant toute votre
vie, vous ne devriez pas vous
en rebuter.
S'il ne fufîît pps de vivre
4ÎO.
dans la piété pour être lauvé, Coii':rerii>-
à moins qu'on ne foit aulî'i ^ '^"^°,
emoraze de zele pour le la- ç^i^^^^
lut des autres , que devons-
nous attendre un jour 5 nous
qui ne penfons ny à notre
propre falut > ny à celuy de
nos frères ? Et t]uelleefperancc
nous peut li relier?
Nous négligeons notre 4^1,
propre falut, & celuy de tou- N\'4g.=rice
te notre funille , pour ne if^fenf*;? pour
penfer qu'à des intérêts tem- ^- ^'^^""•
porels : femblables à une per-
Ibnne qui voyant une maifon
fort ajuftée au dedans, mais
dont les murailles menace-
roient ruine , ne fongeroit
point à les réparer, mais feu-
lement à y faire de nouveaux
embelliliemens au dehors : ou
à un malade , qui étant dans
une extrême langueur , négli-
geroit de travailler à ie gué-
rir^ pour ne s'occuper que du
ï Jii
12X Des Home
foin de fe faire faire de riches
habits.
4^2. Les pères font les premières
Marier Ces caufes de la dép.avation de
înfans avont i^m-j enfans , parce qu'ils né-
quYs (oent p^^ent le fo.n de leur éduca-
îél)*uche. V«" ÏJ^ louèrent qu ils all-
ient aux académie^ de )eu,aux
théâtres , & par tout où la fou-
gue de leurs paflions les em-
porte. A;i lieu qu'avant qu'ils
culient pu ic coriomprejilsau
roient du leur choifii de bonne
heure une femme modèle &
prudente , quj auroit pu les ar-
rêter & les préierver de tous
ces déréglemens. Vous ne con-
iîderez pas que le principal
pointdu mariage eft d'y entrer
avecuncorpschafterc eneftlà
k principale utilité : mais vous
tout au contraire ne mariez
vos enfans, qu'après avoir fouf-
fert qu'ils foient tombez en
toutes lortes de corruptions.
453. Si vous prenez un valet
imporcance pour VOUS fervir , vous avez
^e choifir un g^-^nd foin de le bien choifir.
i. ..„- ^^.^ lorfqu'il s'agit de don-
ner un précepteur à vos en-
fans , le premier qui le pré-
fente n'eft que trop bon. Ce-
pendant il n'y a point d'em-
ploy ny plus grand ny plus
difficile que de former l'ef-
prit & le cœur , & de régler
bon prccep
teu/
LIES
valetttiine vefiei fièi
prec'ofas conttxunt.
l^at-ei (ïepravd'
tionis Itbtrorum catf'
fafttnt . . ca(}igAti<y»
nii neglfgunt frA'
nv.m , dimittunt aleis
€9" obfianii fp.CltuU'
lis inhiantes : càm
deberent antecjuam
forntcationibus fe
tradtrent , prtidenti
e?" modePji uxori
conjungere , qu^t ah
omni rnala coufuett*'
dins Wiiritum eri»
piat .... Hoc pfitci'-
puum matrimomi Iw
CTUm , ut cajlimonia
Jîtfervata f^os
autem cum omni tur-
pitudine fe mact^U"
verint liberi , tune
frufira uxori copula-
tis.
Si <ig<tfo eligett"
dus efl , non parum
vigdamui .... Sin
vero ad colendum fi-
liorum ingenium p,£-
dagogusfit invenien-
d(*s , qui caft* obU-
tus fuerit etém reci"
pimus. Quid majus
quàm animis mode-
rari , qt*àm adolef-
Sur s.
tenttéîofum mores fn-
gère ? Omni pUiore ^
omnt ffatuario , Ctt-
teriftjue ommbm lott'
gè excellemiorem dtt-
Co , qui luvcfium
animas fingere non
ignoret.
Honiil. 6i, Si
tondue eni ta pet ai CT*
quantum in te Evan-
gelicum vitam re
ipfa prohai , <c^ con-
corditer ac cum cha-
ritate cum proximo
VI vas , tmpetrabis
crando mifvruordiam
Domim.
Alius amat quia
tedamatur , alius
quta honore- affici-
tur , alius quia (îhi
utilttate ejje autflre
hominem putaî: Chri"
pi veto caufa dtffî-
cillimè quemquam in-
ventes , qui amicum
ut oportet diligat :
■^fed omnes ferè fecula-
rium vincul» rerim
inter fe vinctuntur.
Qui caducis CT*
inflahiHhiis caujîs
conjuugnn:ur , eorum
conjunftio perpétua
ej]e non fotejl ; fed
Matthieu* aij
toute la conduite d'un jeune
homme. On fait grand cas
de la peinture & de la fcul-
pture j mais quels font ces
arts au prix de celui qui
travaille , non fur la toile ou
fur le marbre , mais fur le^
elprits ?
Si vous ne demandez à ^j^.
Dieu que des chofcs conve- Prière jufte,
nables à un Chrétien, fi vous exaucée,
fuivez dans votre conduite
les régies de l'Evangile , Çi
vous vivez en union & cha-
nté avec vos frères, fans dou-
te vous obtiendrez de la mi-
féricorde divine ce que vous
demanderez.
Les uns aiment parce qu'-
on les aime j les autres parce
qu'on \qs honore ; les auties
parce qu'on leur t{\ , ou peut
être utile , & pour d'autres
motifs femblables qui ne re-
gardent que des intérêts tem-
porels , & ne s'entretiennent
que par le commerce des né-
ceilitez de la vie : mais vous
trouverez très-peu d'amitiez
fondées fur le motif pur de la
charité.
Lorfque l'amitié n'eft fon- 4^6.
dée que fur des intérêts hu- C'eftLicFw-
mains & paflagers , cette liai- ^}\^ f '^'= '1"^
fon ne peut être bien étroite , ^'j ^"''"^
II 1-11 >' amiue,
ny perpétuelle. Elle s eva-
T iiii
4^r
.-.mitiez chré-
tiennes.
4^7
224 Des Home
nouït au moindre mépris , au
moindre intérêt , à la moin-
dre jaloufici parce qu'elle ne
tient p intj lame par la racine
fpirituclie de la charité , qui
feule foutjent lo idement les
amitiez , & les rend inébran-
lables conne tontes Jes cho-
fes du n.onde. Et en effet il
n'y a que h chariré fondée en
Je SUS-CHRIST quifoit
folide 5 confiante , & mvin-
cibîe : qui ne s'altère ny par
les foupçons , ny par les ca-
lomnies , ni par l.s dangers,
ny par la mort , ny par quel-
que accidejit temporel que ce
puilTe être. Car félon TApô-
tre : la chanté ne pént jamais.
Si votre amitié eft fondée fur
J E s u s-C H R I s T , tout ce
qui ruine les amitiez humai-
nes, l'affermira, & l'enflamera
davantage. Et quand même
un ami manqueroit de fidéli-
té à celui qui l'aime de cet
amour fprirituel , quand il le
mépriferoit , & que même il
le voudroit perdre , JESUS-
Christ feul qu'il aime
dans Ion ami , fiiffit pour en-
tretenir fon amitié , & pour
empêcher qu'elle ne puifTe ja-
mais périr.
Lts folitaires & les ava-
Avance in- ^^^ ignorent les uns & les au
LIES
fi vel contempîui »
Vel pecumarum fac-
tura , vel livor j
zel glorite cupiiitas^
vel aliud hujufmoab
fi^pervenerit , ami-
chiam dijfohtt. Ra-
dicem tnim non in-
venit fpiritalem,
Nam fi talii ejjet ,
t7ulîa res fecularis
eam evelleret. Ea
certè charitas , ^««e
Chrifii cauju f^nda-
iur ,firma ipaèilis ,
atcjue invida efl: ,
née ulla re conquafi'
futur j non obtreÛa^
tione , tton peticulis ,
non morte , non uUa
re temparali
charitas nunquam
excidit... Stpropter
Chrifium diltgti con»
tumeU,e ipfie ah alto
tilat<e ad majorem te
impellunt charitatem
. . . Qui amoreffi'
ritali diligit , fi con-
temnaïur , fi inîerfi-
ciatur , cjuoniam fitf-
ficiem fibi adaman-
dum Chrifitts ejl ,
perfiiVerat in amore,
Homil. 5z. Et
monachi C^ avari ,
Sur s.
^utd avaritia Jît ,
ignorant . . illi quia
longe à morho uhfuni ;
ipi quia. IjHJus paf-
Jîonii ebrttate ociu-
pattiur y ne fentire
quidem 1ji*nc mor-
hHtn ffoJ]'unt.
Non artes , non
ngr I cuhuram , non
miliuam , fed nos
ipfos jjitupero. Et
'Cornélius , centurio
fuit s CT' Paulus ,
futoriam artem pro-
fitehatur^ David Rex
fuit , CT* ^ûl> locuple^
tijjtmus.
Quanto plura oh-
ireOator intulit^tan-
to benefa^orem re
ipfa comperies eum ,
qtti caufam tibiprie-
buit 3 «I tuorum pojjîs
peccatomm fortes de-
tergere.
Perjpice quoi quan-
taque lucreris , Jî
aquo anima oppreffïo-
nes inimtcorum tttle-
rii. I. qttod maxi-
mum efl 5 peccatoTHm
remi^lonem. z, pa-
tientiam atqtte per-
feverantiam laitdu-
bdem. 3. manfuetH'
Matthieu. 225
tics ce que c'eft que Tava connuë&aui
rice : ies premiers , parce faims & aux
qu'ils en lont infiniment éloi- avares,
gnez , & les autres , parce
qu'ils font fi troublez & R
eny vrcz de cette pailïon , qu'-
ils Ibnt incapables de la con-
noître & delalcntir.
N'acculuns de nos déié-
glemens ny les arts , ny i*a-
Seranâifie*
ny h meuer des fX'' '"•
gruulture , .., .. ,^jr_^,^_
ariiT.s , ny toutes les autres
proie (lions de la vie : mais
acculons - nous nous- même».
Corneille fut Capitaine ^ S.
Paul faiteur de tentes ^ David
Roy i & Jobtiès-riche.
Plus un calomniateur vous 4TP'
aura fait de mal, plus vous Calomnie
trouverez qu'il vous aura fait ^'^\^* ^ '^^"î^
de bien 5 puisqu'il vous aura ^"^^^^o^^"»
donné lieu de vous purifier de
vos péchez , qui lont les plus
grands de tous les maux.
Confîaerez combien vous Ago;
retirez d'avantages d'une in- Combien il
jure foufFerte avec patience & eft avâugeux
humilité, i. Vous méritez que de^ouftrirdes
Dieu vousremette vos péchez. '"J""^"*
2. Vous vous exercez dans la
patience & vous confervez une
fermeté inébranlable dans le
bien. 3 .Vous vous fortifiez dans
la douceur, & la charité envers
2i6 Des Homel
vos frères j puilque celui qui
cft incapable de s'irriter con-
tre (es tnncnus , ne feia pas
en état de manquer de cha-
rité envers ceux qui l'aiment.
4. Vous tt availlei ez ainii j dé-
raciner entiéitmerrt h colère
de votre cotin , qui cil 'e plus
grand bien qui vous peut ja-
mais arriver. Lt )'ole même
dire , que lî vous pei lév ércz à
traitter avec cette modération
vos ennemis , vous n'aurez
bjen-tot plus d'ennemis.
-^ 11 médit de moi en fecret ,
Jvlépr'rerla"^^ direz- vous : mais quel
mldiiance. ^^^ ^ous peuvent fane ces
calomnies ? Puis que c'elt
Dieu qui fera votre juge , &
non pas ceux que le calom-
niateur peut avoir furpris par
{es médifances.
ij^i. Il ne fuffit pas de mépri-
Dégrez de fer les richeflés , il faut en-
perfcûion. core fecourir les pauvres :
mais fur tout il faut s'étudier
à fuivre exadement JESUS-
Christ, â faire ponduel-
lemenc ce qu'il nous com-
mande j & à être prêt à fouf-
frir toutes chafes , & même
à mourir en la manière qu'il
luy plaira. Si quelqu'un veut
venir après moi , qutl fe re-
nonce luy-méme , qt*il porte Çà
troiXi CT- me fuive : parce que
1E8
di tient O* humant'
tatem : nam qui
nefcit adier^u- inif
mil os trafii , mu-to
m^gis aniiis erit
ccmmodus, 4 quia
procul ab ira tran^
qut'lo jtmftr antm»
Vives , eut rei quid
unqttam conjtrn pO"
tertt . . . tmo Jt ani-
mum ita parazieris ,
nemo inimicitiis per*
feqtteittr.
Clam , inquies >
mihi apud alios de^
traxit. Et quid hoc
efl ? Hujut rei ra»
liontm Deui , nofX
tlii qui detrahentem
audierunt y petnuru&
eji.
Homil. ^4. in
cap. I5>. Non fatis
eftpecuniam fperneret
verùm oportet paupe-
ribus opem ferre j &
a>7te omnia ipfunn
Chrijïum fequi dili*
genter : id efl , re
ipfa omnia praflar»
qu£ ab ipfojubentur »
paratumque femper
ejfe y tam laboreifubi"^
re , quàm omtte ge*
nus mortis fujferre*
*
Sur
Si quis vult poft
me venire , Hic.
muiui tji Janguinem
€junm pecuniam ef-
J-iiidcre.: CT* aàmar-
tyrtum non patum
confert ftnarus pecH-
nœ iontemptus.
Act:efjî;nepecw:ia'
tum ctipiditai magis
ac mugis influmma-
tur i fil que rtrum
copia crtfcente , pau-
pertas quoc^ue au^e-
tur. Nam ijui muio-
ri defiderio ardent ,
egere fe magis Jen-
tiunt.
Qui vult ex ava-
titi<t jlutlibui emer'
gère , inapiat fuper-
fina recidere . . ,yê«-
/jm atque gradatim
per hanc fcalam af-
eendens , qua tandem
in C£los adducet.
Homil. 6^. in
cap. 20. Non foltim
vntverfa vivendi
difciplina , fed CT*
parva ejm omijja
pars , niaxima dam-
na tntultt, Nam elee-
mofyna negleéla vir-
gines ingehennam de-
trudit .. . Non ma'e-
S. Matthieu. 217
c'eft beaucoup plus de don-
ner Ion fang & fa vie , que
de donner les biens aux pau-
vres ; & que c' ft par ce re-
noncement aux biens de la
terre qu*on peut ie mettre en
état d otFrir à Dieu Ion fang &
fa Vie.
Plus nos richefles s'aug-
mentent , p us nous les ai-
mons j de lortc qu'il eft vray
de dire que plus on eft riche ,
plus on devient pauvre. Car
cetre ardeur inlanable qu'on
a pour les biens du monde ,
marque alfez que nous en
reircntons de plus en plus le
beloin.
Celui qui eft pofledé, de la
paillon de l'avarice , doit com-
mencer pour sQn délivrer , à
retrancher ce qu'il a de fu-
perflu j & il fe mettra ainfî en
état d'aller plus avant , & de
s'élever de degré en degré juf-
quesdans le ciel.
On n'eft pas feulement con-
damné pour n'avoir pratiqué
aucune vertu , mais feulement
pour en avoir omis quelqu'-
une. Par exemple , l'aumône
pour avoirété négligée a cau-
ic la damnation des Vierges
folles. S'abftenir de la médi-
fance n'eft aufli qu'une partie
de la vertu , & néanmoins fi
Pauvreté au
milieu des ri-
chefles*
4<?4.
Détruire peu
à peuTavari-
ce.
4éi:
Ilfiiffitpoui'
fe perdre de
manquer à un
feul point da
fes devoirs.
2iS Des Home
on n'a foin de l'éviter , on fera
exclus du ciel. L'hu?niljté n'cft
aufli qu'une vertu particuliè-
re, & néanmoins fi nous ne l'a-
vons 5 quand nous ferions
d'ailleurs les allions de piété
les plus éclatantes , elles Ic-
roien- toutes impures & fouil-
lées aux yeux de Dieu C'eft
ce que nous voyons dans le
Phanfien de lEvangile, qui
perdit la récompenle de tant
de bonnes œuvres pour avoir
été iuperbe. Mais je dis de
plus qu'on n'eft pas leulement
privé du ciel par l'omilTion
des vertus ; mais même qu'il
fufEt pour cela de ne les pra-
tiquer que foiblement & né-
gligemment : puifque Jl no-
tre jujfice nej) plus abondante
que celle dei Fharifiens , nous
n'entrerons point dans le royau-
me du ciel.
a66. ^^ ^^^ Pharifiens en don-
Petit nom- "^"^ Î3 moitié de leur bien
bre des élus, ne failoient rien , que devien-
drez-vous , vous qui n'avez
jamais penfé à en donner feu-
lement la dixième partie aux
pauvres ? N'eft ce donc pas
avec grande raifon que J e-
su s -Christ dit qu'il y
en aura très-peu de fauvez ?
'467. SïJesus-Christ
Ke point ju- défend aux plus innocens de
LI ES
dicere quadam par^
ticula virtutis f/? ,
ftd per eam foras eji <
ciemur .... Humi i-
tas JImpliciter Z'irtu-
tis pan eJi , fine qua
eti m fi mulia alia
per^gas , trnruHiid^j
eris apud Dtum :
quod tbariftus on>
hibus patefaiit , qui
mille vinutihus af-
fluens , prop.er arro^
ganùam Jupernam
f e lie i talent ami fit. . .
Et non folùm una
pars turtuiis onujfi^
cttlum nohii claudtt j
verùm etiam fi non
congruenti fiudio />««-■
agitur y ilhtd ipfum
folet in ferre : NiS
enimfuperabunda-
veritj &c.
Si- Fharifai qui wff-
diampartem dabant^y
nihil magni opéra"
bantur : quidtufaciiS
qui nec decimam qui-
dempariem pauperi-
bus vnquâ dare cogi-
tafii? Quare non in^
juria ptiucosfore fal"
"Dos Chrifiui dicebat.
Si qui reflè vi"
z'unt juduare altûi
I
Sur
tion permittuntu
Matthieu.
ger les autres
IIP
combien
ger du prd4
qaanto magts ajuc^\»\\xz6x. le défend - il aux pé- chaia,
cando peccatorthns chcurs ?
Abjlinendumejl}
Major tua gtoria
Jî nulla humana doc-
trina , mirabiUs eua-
fèn4.
Si ad ho mine s
refpiciendum e^ , non
ijfos imitare quos
adeo lemulamini . . .
inglorios çy ojfen-
dentes Deum admi'
raris > à quibus mul-
ta exempla nequitia
coUiges 5 ta negli-
^entiam CT* fuper-
hiam incides » ac ad
judicandum altos con-
ver ter (s. Si vero zir*
tutti cultures fepius
tecum recenfeas , in
humilitatem O" com-
punéltonem , tn (îu-
dia vntutum facile te
ipfiim perduces.
Hom. 66. OJf en-
dit Chrijlus gentium
morts pjje prima jk*-
que ajfpetere.
Vous en rere:^ encore plus
digne de louange , Ci vous em-
brail'ezla vertu ians avoir per-
fonne qui vous y porte.
S'il faut regarder l'exemple
des hommes , ne coniîdeiez
jamais ceux , à la profpérité
defquels vous portez envie , &
qui n'ont nulle gloire ny nul
mérite devant Dieu, mais plu-
tôt qui rolfcnfent par leur
attachement au monde , &
dont vous ne pouvez tirer que
des exemples pernicieux. Car
fî vous les regardez vous *eQ
deviendrez ptus négligent &
plus fuperbe , plus dilpofé à
juger & à condamner les au-
tres : Que fî au contraire vous
vous propofez pour modelle
ceux qui vivent laintement ,
vous apprendrez d'eux à vous
avancer toujours dans l'humi-
lité , dans la vigilance , dans
la compondion , & dans tou-
tes les autres vertus.
Jésus- Christ mar-
que dans TEvangile que c'eû
un défir de payen & d'infidel-
le 5 de fouhaiter les dignitez
& les prékances.
4^8.
PfAtiquer U
vertu , même
fans maicrci
Ne fe propo»
f;r que Us
bons pour e-
xemple«
470.
AmbitioUjf
paifion de
xio Des Ho
2^ j L'orgueil n'eft qu'une vray'
La fauffe & baïTeffe , & l'humilité an con-
n- ^rroç
lavrayegt
deur.
«» fîll plurimum
■>gat , is Verè ah-
itéius tfl : ijut vero
humitti f/? , a(t ver<e
ont que le nom & Tapparen- fubltmitaiis cacumen
ce •, mais celle de l'humble ed volavtt î qua non
traire eft une grand., ur foiide.
L^s grandeurs du monde n*cn
réelle & véritable. Les hom-
mes font grands par une défé-
rence étrangère , que la crain-
te & la nécefllté leur fait
rendre : Ihumble eft grand
par une grandeur propre &
intérieure , qui tient de celle
de Dieu même. Celuy qui
eft grand en cette manière,
demeure toujours ce qu'il eft ,
quand il ne feroit connu &
honoré de perfonne -, au lieu /«w talent pradicet ,
que le fupeibe n eft di^ne verè tamen magt.us
que de mépris « lors même
qu'il eft adoré des hommes.
appellattone nominis ^
fcd re ipfa fublimnas
tjf. Exierna cjuippe
ciljîtudo , nectjfAatU
atque tirnorts eji :
hékc vero imetior at-
quenopra , celfitudi-
ni divin <e (îmilii fjfe
cognofcitur. Quare
qui apud nos mugnus
tjf , etiani/î nemo ip-
. Deux aveugles et oient a/ps
Pouvo'irde/»*»" le ^»rd da chemin ^ ZP'c.
la prière ar- Cette hiftoire nous fait voir
dente. que quelque petits & mépri
fables que nous (oyons , ^
nous nous approchons de Dieu
avec une foy ardente ; nous
pourrons par nous mêmes
& fans autre introducteur , en
obtenir ce que nous lui de-
manderons.
ep i Jîcut e contra
fuperhui , quem OW'
nés admiramur CT*
coîu'tt , omnium vi
hfjimus reperitur.
Homil. 67, il
cap. 21. Duo cxc
ledétesfeciis viam»
&C. Htnc alerte difi
lere potts 5 quod e-
tiamfi viles C7* ab'
jtOi ftwus f tamen
Jî ardenii animo at
Deum acceâumus
per nos ipfos fine me
àiatore iwp>trabtmd
qna petemus
SaR
Hom. ^8. Brtzjis
■ej}pra:fens vita ypar-
Vus hic Uhor \ qui
et tant Jî magnus e/Jet ,
ncc /î tamen renuere
deberemm Nu m fi
hune laudubtlem pos-
ait entids ac virtMtis
laùorem nonfu/piciaSy
nullo ta» en pa6}o ,
hihores CT* affltéiio-
nem hu>jus feculi ef-
f*t^ies. Quod fi utro-
bique five virtuose
vivas , five non,
lahor tnefi j quant-
obrem non tlUm la-
borem eUgamus , eut
ttheres frtt^Jus (O"
mer ces copia ftt debe-
tur ? Quumvis pr^e-
terea non iàcm vir-
tt*tis ac fecuîarium
rerttm Uhor nec aqua-
lis omninofit.
Hom. 5 p. Nihtl
ita proicipttem a<rit.
hominem , nihil fie
à futuris déficit bo-
nis , quemadmoium
fi quis caducis his
bonis aff^it animum :
nec quicquam aUud
adeo er prttfentibus
jucundè utt ^ futU'
ris perfrm facit ,
S« Matthieu. ijr
La vie préfente eft cour- i,
te , & le travail y eft léger. p^.f^Vil
Mais quand il feroit grand , fmtlouftrir,
on ne devroit pas faire diffi ibuftriren ju-
cultede le (outfrir. Car quand 'te , ôcuoiica
vous ne voudriez pas endurer P^cheuc. ^
les travaux fi favorables de la
pénitence , vous ne laiirerez
pas de tomber dans les mal-
heurs & les affli<ftions du
monde. Si donc de fjçon ou
d autre , nous ne pouvons évi-
ter de (buffrir , pourquoy ne
préférons- nous pas à des tra-
vaux qui nous damnent , des
peines qui font fuivies d'un
grand bonheur & d'une ré-
compenfefi glorieufe? Quoy
que d'ailleurs les travaux des
gens de bien , (ont bien dif-
ferens dans cette vie même,
des peines qu'y loufFrent les
amateurs de ce monde.
Rien ne fait tomber les
hommes d'une chute plus dé- vivr^dela
plorable , & ne détruit pIû- f^y ^ sc non
tôt refpérance des biens àdesfens,
venir , que l'amour des cho-
fes préfentes Comme au con-
traire rien ne nous fait joiiir
fi paifiblement des biens dé
cette vie , & de ceux de l'au-
tre 5 que la préférence que
nous faifons de ces premiers
I
131 Des Homélies
pardefTus les autres. quam /î illa iflis prof
fus antepofuerii.
Vous n'avez point befoin Homii. 70. Non,
4/5' de riches habits , mais leule- opus his aureu , (ei
Renoncer ,, i • 1 •/
aux parures ^^"^^ d ornemens Ipirituels tniertoribuiornamen'
mondaines, qui parent votre ame Or tts i cr fiitete qtto'
tant que vous aimerez à por- ufyue ifta rettneaiis ^
ter ces parures extérieures, dijfcillimum ejfe ilUs
il lera bien difficile que vous vti. Non emm corpus
ayez les intérieurs. Car il eft Jîmul eT* ammam
impoflible de parer en même pojfuwus exornare.
tems l'ame & le corps. In cap. 23. hom. J
'47^. Quiconque viole la loy , eft 7 ^ . Criminandt om- ^
Péchez des Coupable j mais perfonne ne nés fnnt qui legem
fuperieurs, Teû davantage que celuy qui tranfgrediuntur ^ fd
plus grands. Joit inftruire les autres. Car maxtmè qui dohorii
il commet un triple péché, fungttur autoritate.
1. En ce qu'il viole la loy. Primum , quia tranf
2. En ce qu étant étably pour gr^ditur. Detndecum
régler les autres , il le uéré- m corrigendts aliis
gleluy-méme. 3. En ce que ipfe daudicat , ma»
fa dignité le rendant plus vé- jore dignus ejl /up-
nérable , fon exemple faïc plic$0. Tertto quia
beaucoup plus d imprenTion cùm cet* doOor pr^e»
lur les elprits , & fa corrup- fideat , nequitia fua
tion fe communique bien plus facile c<eteros corrurti'
aifément aux autres. pit.
Amj, Il doit y avoir deux cho- In optimo Pr^lato
Bonpaneur fes principales dans un bon duo requiruntur ,• ut
févère à luy- Palleur : l'une d'être un ju- fciltcet adzerfus fe-
roême , doux ge (évére & inflexible à l'é- ipfum nulla utatitr
aux autres, g^^^j ^je luy-raéme ; l'autre venia ^fed feverum
d'être plein de douceur & fe judicem exhihtat:
de chanté envers ceux qu'il erga fuBjeflos autem
gouverne. miuor^KP' addandam
veniam pronpor fît,
Hom.
Sur s
Homil. 74. Par-
va reUgionis offuia ,
pr opter inagna , mi-
fericordjam dico
ac judicium , Uge
firmata funt. Quare
à magtns dirupta ,
uihil prodejje pojjtmt :
parva enim ad ma-
gna /cquuntur j non
bac adilla.
Semper aiquc uli-
que pernutofa res
ejî improhiias > ma^
gis autem quaftdo
sarreClione indfrere
von putat -y iàm vero
maxime pefuiciof^
e(i j cumfe ad emen^
dandos alios fufficere
opinatur : qu£ j'igni-
frans Chrijïus C3E-
corum duces iUos
apfelUvit. Nam fi
maxima videtur ca-
lamttas , quatido cd'
cm duce fibi nihil
cpus ejje exiflimat ;
quid dicemm fi alio"
vum etiam dux ejj'e
contendit ?
Tom. î.
Matthieu. 235
Dieu n'avoir ordonné les pe- _g^
tits devoirs de la loi , que par Ne point fe-
rapport à ceux qui étoient parer les peu-
plus grands , comme font la tes prAtiijuss
miféricorde CT* lejugemant. Lors ^ rdigi'^" »
donc que CCS pcticcsoblcrvan- ^fj pr-^t-ques
ces {ont lepaiecs des gran-
des'pour lelquelles elles ont
étc établies , elles devien-
nent inutiles à ceux qui les
pratiquent : parce qu'elles
rompent ce rapport & cetta
liaifon néceiraiie qu'elles ont
avec les règles importantes
& efTenticUes de la loy.
La malice & la corruption 47p.
font toujours déceftables en. Conrre les
toutes fortes. de perfonnes yconiuiacur.^
mais elles le font encore da- i"échans &
vnntage dans ceux qui biea*^^"^"'^*
loin de croire qu'ils ont be-
loin de corredion , s'imagi-
nent au contraire être capa-
bles d'-cclairer & de condui-
re les autres. Et c'cft ce que
Jesus-Chrisx nous 2
voulu marquer lors qu'il ap-
pelle lei Pharifîens des conduc
leurs d'aveugles. Si le plus
grand malheur d'un aveugle ,.
cù. de croire qu'il n'a point
befoin de conduâeur y que
dirons-nous de celuy qui
étant aveugle luy - même,
voudroit être néanmoins le
guide des auues .^
Les prophe
ti?s accom-
plies par k
234 Des Hom
interrogeons les Juifs , &
demandons - leur , fî le Sei-
gneur ne leur a pas envoyé
des Prophètes & des fages ?
p.iTé^fontun^.jjj ne les ont pas tuez dans
gaçe que les , y. , c- i
• leurs ivna202ues ? oi leur
autres sac- *«'"*'' ij Lia^^^M.\,j . ^* n,.«i
conpUronc à ville n'a pas été ruinée de
ravenir. fond en comble ? Si tous les
maux qui leur ont été pré-
dits , ne leur font pas arri-
vez ? Nul d'eux ne l'oleroit
nier. Comme donc jufques
icy CCS prédirions ont été
vérifiées par l'événement ,
peut-on douter que les autres
n'arrivent de même , & que
les Juifs ne foient un jour
obligez de reconnoître Je-
s us-Christ , lorfqu'il pa-
roîtra à leurs yeux dans la
magnificence de fa gloire?
4S1. Quoyque vous foyez riche ,
terichedoic îe celcfte médecin peut facile-
/n'nT^ ff-^-' nient remédier au da.Tger où
liunecjliajre, , ' 5 • r> m '
3,- donner Je ^^t état VOUS réduit. Car il n a
ruperflu. ^ jamais défendu les richeffes y
mais feulement d'y être atta-
ché & d'en être elclaye. Que
peut donc faire un riche pour
éti-e fauve ? Il faut que xe
qu'il poiTede lui foit commun
avec les pauvres , ainfi qu'en
a ufé le bienheureux Job. II
fcut qu'il aî-rache de fon cœur
l'amour de ce qui iuy eft fxi-
ferflii i qu'il ae pafle ja-
ELIES
Ho m il. 7^ Itt-
terro^amtts ^ttd<eos
nonne mijit pro-
phetas ac [apien-
tes ? nonne occide'
runt illos in fyrtago-
gis fuis ? an domus
ipforum in defolatio-
nem dimiffa non efi ,
vel clades forte pra-
diclit in gêner atio*
nem illam non vene-
runt ? nullus auiehît
profao.tfafadaejîe
negare. Sicut igttur
hxc vniverfa re tpfa
evenerunt , ftc reli-
jtia certè futura
ftint , ^ videhmt
ipft*m Chrifîum quem
negare non poterunt,
Etftdi'ûes es , me»
deri tamen îibi fa-»
cilè potej} C£leftis
msdicm. Non enim
divitias è mcdto tu»
lit ,fed divitiis fet'^
vire prohihuit. Quo-
modo ignur poffibiU
eft divitem fa h art ?
Si(jt4£ hahet , fom-
munia ilU cum indi^
gentihus fut , qua»
lent fuijfe Job noa
ignoramus. Si cupi-
ditatem fuperflui. cib
Sur s.
anlmo evellat i/î ultra
necefjarium ujum mi-
nimè procédât.
Si fruflus fpiri'
taies i vt de cet , guf»
tavertmus , pr<efett'
tia cette unwerfa
Vilipendemui , futu*
rorum cupiditate ,
gr^y? qttadam optima
ebrietate capti.
Hom. 76. Maxi-
mum argumentum
omnipotentia Chrijîi ,
quod vigimi aut ad
.fummum trtginta ,
ad omnes oras orhis
Evangelium tranf-
£urrit 0 rem
novam aligne inau-
ditam ! Judtorum
tnnumera milita Ro-
matii tune vicerunt ,
atque caperunt , CT*
à duodccim vtris ni*-
dis atque inermtbus
fuperatifitnt.
Duo lue docenti-
hus inejje oportet , vt
autoritate ^olleant ,
O* ab audientibus
diligantttr ,- ^ ad
hue tertium ut ea
audiantur qt*<g att'
dnnii place ont , C
m tempon ^ukûs
MATTHrztr. 25 j^
mais au de là des bornes de la
néceflité dans l'ufage de cette
vie.
Quand nous aurons corn» -4^2,.
mcncé d'avoir quelque goût i-egcutdes
des biens du ciel , nous n'en ^''''^'^" 'f
aurons plus pour tous les biens j^j".^
de la terre : étant comme
enyvrez du plaifir dont noua
remplit le défit ardent de la
félicité éternelle.
C'eft alfurément une gran-
de preuve delà toute-puifl'an-
ce de Jesus-Christ , de'ri'v^sîîî
de voir qu'en vingt ou trente preuve de t*
ans l'Evangile Te loit répandu vérité.
par tout le monde. Qui n'ad-
mirera un prodige fi inoui ?
Lors même que les Romains
furmontent & détruifent les
armées nombreufes des Juifs,
ils ne peuvent fe défendre de
douze hommes pauvres & dé-
nuez de tout, qui lesfurmoa-
tent (ans armes.
Promt luccès
Il y a deux chofes qui font «
principalement ncceffaires à Un-ytrim.
ccluy qui veut enfeigner, fça- çu d'hi:ir..:a
voir qu'il ait de l'autorité, & dansleiuccis.
qu'il loit aimé de Tes- difci- deiEvan£iie>
ples. Il a encore befoin outre
cela , que les chofes qu'il leur
veut faire recevoir (oient pro-
bables 3 qu'elles leur plaiicnt^, '
23^ Des Home
& que ce foit dans un tems
de paix & non de troubie & de
guerre qu'il les annonce. Or
les Apôtres préchoient l'E-
vangile en des conjondures
toutes contraires. Siuneper-
fonne déteftée de tout le mon-
de alloit aujourd'hui , je ne
dis pas en des rcyaumes en-
tiers , n'y même en des villes ,
mais dans une feule maifon ,
pour y mettre la diviiion 5 pour
féparcr le père & la mère de
leurs enfans , le mary d'avec
une femme qu'il aime , ne
i'auroit-on pas mis en pièces,
avant même qu'il ouvrit la
bouche ?
-3^, Une ignorance humble vaut
Ignorance bien mieux qu*une fcienceer-
hurnbls pré- ronnée & préfomptueufe. Ce
férabl; à une l^y q^j reeonnoît qu'il ne
fçait pas une chofe , fe lailfe
aifément inftruire ; mais ce-
luy qui ne connoiflant pas la
vérité , croit la fçavoir , eft
d'autant plus éloigné de la
connoître , que pour s'en ren-
dre fufceptible , il faut aupa-
ravant effacer de Çon efprit les
faulîès imprefïions dont il fe
trouve prévenu.
4U.
tes riches
fcience or
giieilleufe.
LIES
hjec pradîcentur ^
qu<e cmnia quoad
A^oflolos contraria
erant Fin^e
nan in gentes , non
in civitates , fed in
domum unam , cjuem-
piam qui odio ha-
beatur introire , aÙ'-
ducatque patrem a
liberis y liberos a
matre , ah aman-
tifjïma vxore mari-
tum , C^ vidibu an*
teqitam a aperire
pojjlt , difcerptum atr-
que diUniatum,
Prdjfat pvoba igno-
ratione detineri ,
quàm falfa opinione
mancipari. Nam qui
caurfam nefcit , fa~
cile ratione dttcuur :
qui veto fe [cire cre^
dit , cnm nefciat ,
non pcteji facile ve-
rttatemftfcipere ;fei
majorifudcre opus f/?,
ut antemam vera
inculcentur , falfa ex
atiimo e'fus ejiciantur.
Si duo quippiam
Lorfque deux hommes ,
«kV^n'sque àoni lun eft pauvre & Tau- improhi fuertwt ^^
t . pàuv rei eu tic riche y font égalenaent me- *ft€r dtves > ^aH^ir^
eufcr.
Sur s,
altus 5 quoniam non
étquali fortuna utun-
ittr , noneoiem modo
ibi punientur > fed
qui melioris conditio-
nis hîc fuerit , ma-
jori fupplicio a^ige-
tur. Qui non modo
vexationes hujm fe»
culi effugiunt , ve-
rùm etiam bonis
ffuuntur i ibi acer~
hitis cruciabuntur.
Non eademftittt in
omnibus peccatis fup-
pHcia. Nam £7* atate^
CT* eàucatione , Ci?" di-
gnitate , ^ ingenio',
CT" ufu rerum atque
prudentia , aliifque
complnrib^s varian"
tur .... Pop adven-
$um Chrifti qui pec-
cat } etft non initia-
tus nec catechumenus
moriatur , gravi or es
fœnai daturus efl.
Non perturhemur
propter vnrium ht*-
manarum rerum de-
fluxum , nec ra^
tiuncuU humante
Umpeflatibus fuflue-
mur : fed incompre-
henjîbilitati divines
providinti^ ced^n^
Matthieu. 257
chans , comme leur fortune a
été ditférente en ce monde,
leur punition le fera aiifll dans
l'autre ; & le riche fera ce-
Itiy qui fouffrira davantage,
"Ceux qui non feulement n en-
durent aucune incommodir-
té en cette vie , mais même
qui y jouiifent de toutes for-
tes de biens 5 en feront beau-
coup plus punis dans la vie
future.
Dieu ne tire pss une me- ^g^;
me vengeance de tous les Punition
crimes. Il les punit ditïérem- proportion-
ment félon les différentes cir- "ée aux cii^
conrtances des tems , de ^o-^ft-^»^^"
rage , des conditions , des
dignitez, de l'éducation, de
l'efprit , de l'expérience , &
de plufiicurs autres femblables
confidérations.
Qiie rien de tout ce qui gg^
arrive en ce monde ne nous soumiflîoti
fcandalize & ne nous trou- humble à la
ble 5 & aulieu de nous expo- volonté de
fer fur cette dangereufe mer ^'^"'
des raifonnemens humains ,
où l'on ne trouve que des
tempêtes & des écueuils ,
;^andonnons tout à h pro-
Donner aux
pauvres ce
qu'on ne peut
garder.
490.
Dieu nous
tient lieu de
tour. Motifs
d'aimer J. C,
ajg Des Homeli
vidence & à la fagefle imcom.
préhenfible de Diea ; fans
nous appliquer à autre chofe
qu'à fuivre la vertu 5 & fuir le
vice.
Qjioy que vous ne donniez
pas durant cette vie vos biens
aux pauvres pour Tamour de
JESUS-CHRIST, vous ne
les emporterez pas pour cela
avec vous en fortant du mon-
de. Ainfi JESUS-CHRIST ne
vous demande que des cho-
fes que vous ferez auflfi bien
contraint de quitter un jour
par ia condition de votre na-
ture mortelle.
Qi;e pouvez-vous trouver,
nous dit Dieu même , qui é-
ga!e ma bonté ? Je fuis moy
feul votre père, votre nour-
riflier , votre époux : je fuis
la maifon où vous habitez , la
racine qui vous foutient , le
fondement qui vous porte ,
l'habit qui vous couvre : je
fuis tout ce que vous voulez
que je vous fois. Vous ne pou-
vez manquer avec moy d'au-
cune chofe ; je feray même
celuy qui vous fervira j puis
que./e/«ti venu at* monde , non
four y être fervi , mais pour y
fervir les autres. Je fuis aulïi
votre amy , je fuis la tête &
k chef doot.Yous êtes les
ES
tes , zirtutes injê-
quamur , CT* vitiafu-
giamus.
Homil. 77. Si
propter Chrijïum di~
vitias tttas non dif-
trihuis , non idcirco
tecHin eas auferes.
H^c à te ChriJJus
petit > q»<€ Jl ei non
dabis , omnino ta-
men profter condt-
tionem nature relie- y
turits es.
Qtêid huic lihi"
rahtati squale un-
quam inveniri po»
teft l Ego ipfe fum
fater , ego f rater y
ego dcmus^ egojpon-
fus i ego nutrttor y
ego vefits , ego ra-
dix j ego fundamen-
tum. Quidquid vo-
lueris ipfe fum ;
nuUa re indi^ebis i
r
ego tuus ero mmif'
ter > Veni enim noa
ut mihi miniftre-
tur j fed ut ego
aliisminiftrem.//>/ê
amicus fum , me»»*
hum ycaput ,fra(er^
Sur s
mater , univerfa ip/e
ft*m , dummodo mihi
conjunn^arii. Ego pat*-
fer propter te , in
cruce propter te , in
fepttlchro propter te :
Patrem in exceljîs
fro te interpella , qui
ad inferiora pro te
à Paire mijfns dej-
cendi. Omnia tu
rnihi es ^f rater , co-
libres , amicus , mem-
èrttm. Quid vis am-
pUm , qutd averfaris
amantem f
Quod nihil malt
Tnalè viventes pa-
tiunlur , hoc ipfum
ar(^umentum ejf quod
pojiexitumc viia om-
nino punientur.
Homil. 78. in
cap. z6. Quisfide-
ïis fervus , Sec. Do-
cet h£c parabola ,
unumquemque gtther'
nantium ad commu-
nem uititatcm om-
nia conferre qu£ fua
funt s five fapien-
tiam , five prindz
Matthieu. 2^9
membres; je fuis votre frere>
je fuis votre mère , je fuis vo-
tre tout. Ayez feulement foin
de vous unir à moy très étroi-
tement. Je fuis devenu pauvre
pour vous enrichir \ j'ay voulu
fbuftrirlamortdelacroix pour
vous racheter ,& être enleveli
pour vous tirer du tombeau.
Après être defcendu pour vous
au fond des enfers, je prie
maintenant mon Père au plus
haut des cieux en votre faveur.
Vous me tenez lieu de tout,
de frère , de cohéritier , d'ami,
de l'un de mes membres. Qye
pouvcz-vous déiirer de plus ?
£t pourquoy fuyez-vous celui
qui vous aime tant?
Comme l'on voit fouvent 4^1.
des méchans qui nefoufFrent Méchansim.
rien en ce monde, c'eft une P""is ic/ »
marque indubitable queDieu Fe"ved«
remet à les punir dans un autre ^°
tems.
Qui efl le ferviteur fidelle ^^j..
que fon maître a etahly y err. obligation
Ceux qui dominent & qui desfupéiieurs
gouvernent les autres doivent
apprendre de cette parabole ,
à contribuer autant qu'ils le
peuvent à l'utilité publique ^
foit par leur prudence , foie
par leur autorité , loit pat
leurs richeifes , foit par les
t4o Des Homélies
autres avantages qu'ils polFe- patum ,/tve dizitiaf^
dent j & n'en pas abufer pour /îve quidvis altud ,
perdre ceux qui leur lont fou- non ad detrimemum
mis, &re perdre eux-mêmes, confervofum , nec ad
perditionim fuam.
'493. Le Seigneur appelle/^f//^ ,
le Prélat le (erviteur qui ne s'aitnbiiè
doit être pru- rien de tout ce qui appartient
^^"'^^^^^^^à Ton maitre, & qui ne dilfi-
pe point indifcrettement fon
bien. Et il l'appelle prudent,
parce qu'il fçait difpenfer à
propos ce qu'il lui a confié ; .
& C\ l'une de ces deux quali-
tez nous manque , le défaut
de l'une rend l'autre impar-
faite.
■494. Vous n'êtes tous que les
Onn'eftque difpenfateurs de vos biens,
difpenfatsur ainfî que les Paileurs le font
de fes propres (ie ceux àcs Eglifes. Comme
biens. ^^^^ j|5 n'ont pas le droit de
difllper indifcrettement les
biens que la charité des fidel-
les a deftiniz à la (ublîftance
des pauvres : aulfi ne devez-
vous pas confumâr avec pro-
digalité & en dépenlcs inuti-
les 3 les biens que Dieu vous
adonnez. Je veux bien que
vous les ayez reçus de la fu-
ce/ïîon de vos pères, & qu'-
ainfî vous en foyez véritable-
ment les propriétaires j mais
ceU û'empéçhe pas qu'ils ne
Fidei^m appellat
qtii mhU ex rtbv^
Domini< Jîbi attri'
huit nec tncajjut^
quicquam expendit,
rrudentem autem
<juia opportur.è dif-
penfare novtrit ....
Jl alterutrum horunt
ahjît j ejt4f abfemi/t
alterum omnino ciau-
dicat.
Difpenfator tu es
pecunrarum tttarum ,
non minus quam qui
Ecdejîas guhernant,
Q^emadmoditm igi~
fur au non hahent
pùie(Ï4tem ea qu^e à
Volis funt collaia
pYo pauperibui , le-
mere difpergcre ,• pari
tu quoque modo non
debes temere tnu con-
fumer e. Nam etfi
paternam h^redtta^
tem accepifli , ac ea
ratione quacumqus
habes tua funt ; Dei
tamin funt univerfa.
Deind&
Sur s
Veîndè Jî tt* diligsn-
ter ait.e dediftt vis
dijpenfun , Denm au-
tem non arburarii
majori acrimonia à
nobis rKtiomm dif-
fenfationii petiturum
.... No» ità eji ,
non efl. Ideo emm
pecuniam pajjtis efl
apiid te ejje , ut ali-
menta pauperibtts in
opportunitate conce^
das.
An forfan tua. tt
fredis habere ? Res
pauperum iibi crédita
efl; etiamfi labonbus
juflts in te pervenerit.
Num putas non po*
tuijje Deum hac te
frivare pecunia f Sed
ideo non fecit quià
te dominum e(?e vult
henignitatis ergàpaU'
pères.
Qiii talentum ftif-
fodit , non qmà alié-
na invafît , /ed quià
nihil addidit : ne que
qtéi eflirientem pr<e»
Tom. I.
Matthieu. 141
dépendent de Dieu comme
tout le 1 crte : & comme vous
prétendez que ks libéralités
que vous faites aux Eglifes
foient bien diCpenlées ; vous
ne devez pas aulfi douter que
Dieu ne vous demande ua
compte tîès-exad & très -ri-
goureux de la manière dont
vous aurez dépenfé vos pro-
pres biens ; puifqu'il ne vous
les a accordés , qu'afin que
les pauvres y pulfent trou-
ver en tout tems comme un
fond certain pour le foula-
gement de leurs befoins.
Vous croyez peut-être que
ce que vous avez foit abfolu-
ment à vous ? Détrompez- po'-'r-oùLigtr
vous de cette penfée. C'eft ^^' Pauvres,
le bien des pauvres qui vous
a été confié ; encore même
que vous l'ayez reçu de la
lucceffion de vos pères, ou
acquis par de juftes travaux.
Et en effet Dieu ne pouvoit-
il pas vous ôter ce bien ? Ce-
pendant il ne l'a pas fait , afin
de vous rendre le maître d'e-
xercer la charité envers les
pauvres.
Celui, dont parle l'Evan-
gile j qui cacha le talent defon
maître , ne déroba le bien de de'n^pàs fou
perlonne ; & il ne fut con- iag?r le uro
damné que pour n'avoir pas cirain,
4Pr.
Oneft riche
01
Ilfufficpotir
etr<? damné
24^ Des Home
fait profiter celui que Ton maî-
tre lui avoit confié. Il en arri-
vera de même à ceux' qui au-
ront vu le pauvre fans lui rien
donner. Car ils ne feront pas
punis de Dieu comme des vo-
leurs, mais comme des gens
durs & impitoyables, qui n'au-
ront pas employé leur bien au
foulagement de leur prochain.
4P7. Dieu n'a fait que vous pré-
Ken^lre à ter les biens que vous polTe-
Dku les biens jjg2: , pour VOUS donner un
qu'oiienare-^^ygj^ de mieux pratiquer la
^"^' vertu. Ne les regardez donc
pas comme s'ils étoient abfo-
lument en votre difpofition.
Donnez -les à Dieu , puif-
qu'ils appartiennent yéritable-
racnt à Dieu. Si vous aviez
prêté une Ibmme d'argent à
un homme , afin qu'il s'en fer-
vift pour y gagner quelque
chofe, diriez-vous que cette
fomme fut à lui? C'eft ainfi que
Dieu ne vous a donné tous vos
biens, qu'afin que vous vous en
ferviez pour gagner le cieJ.
4p8. Si Dieu ne nous avoit pas
Q^ielie itupi- donné le pouvoir de faire l'au-
oicé deneg!:-,^^^^^o ^ comme un moyen de
ger i aumône! j^^ç]^^^^^ nos péchés , combien
y auioic-ii de gens qui di-
roient : O que nous ferions
heureux fî nous pouvions a-
vec nos biens nous délivrer
LIES
terierunt , pr opter a-
liorum rapinam cru-
ciantHT , vemm quià
/lia non di/perferunt.
Bona tua mutuo
concept tibi Deus ,
ut prohitatem indè
qn£ras. Noli erg»
putare tua ejje qu<e
haies ; fed qu£ Do-
mini funt , Domina
prtebe. Nec enim fi
tu cuipiam mutuo con*
tulipi » ut aliquid »»-
de kcrari pofjtt j il"
Uus pecuniam ejfe af-
feveres j fimiliter er-
go Deus tibi pecuniam
tradtdit , ut coclum
merceris.
Si eîeemofyna ai
delenda peccata con~
cejja noît effet î o quot ^
homines dicerent : «-
tinam pojfemus pecu^
mis à futuris malis
nosredtmers ! Nunc
vcro çumper eUemo^
Sur s.
fy^am hoc facere pof-
Jînt , tanguent met'
tes.
Muhoplura infttm'
ptui inutiles ejicisquâ
in eleemofyna impen-
das. Magmfica con-
vivia excogitas ; mo-
do tu altos vocas , wo-
dû vocaris ah illts. Ità
nunc tu (onfumis^nunc
altos coufumere cogis j
CT" duplicem tihi paras
cruciatum , alterum
ah hisquA tufacisy al-
terUm ah lus quxalii
hortatu tuo faciunt.
Pojjitnt dua vt£
maxime ad vitam
perducere î quarum
altéra viatori dum-
taxât f altéra etiam
proximo conducat .. .
Jejunare , humi ja-
cere , z>irginitate flo-
rere , h<ec omnia ipjts
qui faciunt utilia
funt. At à nohis ad
proxîmum tranfgre-
diuntur eleemofyna ,
doélrina , charitas.
Habef unufquifqt*e
499-
Contre hs
Matthieu. 24J
des maux à venir ! Cepen-
dant c'ell ce que la bonté de
Dieu nous a accordé , & nous
demeurons lâches & négligens
fans nous fervir d'un n fouve-
rain remède.
Vous difllpez beaucoup plus
en de vaines fuperfluités , que
vous ne dépenfez en aumo- '^^^Pj"!"^^ ^^-
nes. Vous faites de grands ^°^ "^*'
repas j vous traitez aujour-
d'hui & l'on vous traite de-
main. Vous vous ruinez, 5c
vous apprenez aux autres à fe
ruiner j & ainfi vous êtes
doublement coupables , & du
crime que vous commettez ,
& de celui que vous leur fai-
tes commettre.
Il yadeuxvoyespournous joo.'
conduire au falut. Dans l'une Tr ivaiUar
on ne travaille que pour foi, & pour le pro-
dans l'autre on s'intérelfeauffi ^hiin, cxcei-
pour le fervice du prochain. Il '^"'^ ^'^/""^
faut reconnoiilre que les jeu- y^^' ^®
nés , les auftérités corporel-
les , la continence, & les au-
tres vertus femblables , font
utiles pour le falut de celui
qui les pratique. Mais l'au-
monc , les enfeignemens , 8c
la charité , qui fe communi-
quent au prochain , font des
vertus bien plus relevées.
Chacun a dans fa famille
Xij
144 Des Home
yoT. des brebis Hont il eft char-
Dîvoirs d'un gé ; qu'il ait foin de les faire
p:re ^ d'une paiftre en de bons pâturages.
m;re de fa- Aulfitot qu'un père de fa-
mille.
mille eft levé , il ne doit
penler à autre chofe jufques
au foir, qu'à faire & à dire
ce quipeut contribuer au bien
& à l'avancement fpirituel
de fa famille. Quoique la
femme doive penfer au mé-
nage de la maifon, fa prin-
cipale application doit auffi
être à prendre foin que cha-
cun y fafle ce qu'il doit pour
gagner le Ciel.
tùil ^^ vous jeûnez fans faire
Jeûne H vir- Taumône , Dieu n'agrera pas
ginitéinutiles votre jeûne, & bien loin de
iAns l'aumô vous le compter pour une
"^' vraye abftinence , il aura
plus d'averfion de vous , que
de ceux qui s'abandonnent à
Ja gourmandife ; puifque la
cruauté eft un crime bien plus
déteftable que les délices &
ia bonne chère. Mais il y a
plus , car la virginité même
n'eft rien fans l'aumône , &
nous voyons dans l'Evangile
que des vierges furent chaf-
fèes de la chambre nuptiale de
i'Epoux célefte, pour s'être
trouvées deftituées de cette
vertu.
LIES
nojirum ovem ; ad
çinguia eam pafcua
ducat. Cftmque à le--
élo pater familias fe
receperit , mJ?il aliud
quarat y quàm ut ea
faciat atque dtcat
quihui incrément a re-
ligionis domui uni'
verfe adjtciat. Ma-
ter autem familiai
domum quidem cu-
Jiodiat , fed miilto
magii procuret , quo'
modo qute ad ctelos
pertinent , ttniverfa
familta operetur.
Si abfque eleemo-
fyna jejunes , nec je*
junium quidem hoc
reputatur : cùm fer'
vo ventris deterior
fît qui ità jejunat S
tantoque pejor, quan-
ta crudeîitas deliciis
nequior e/?. Ipfa ca-
Jiitas CT* virginitai
eleemofyna carens ex
thalamo f^onfi ejici»
tur»
Sur
Si in rehus fecuU-
tihus nemo fibi w-
vit foli i fed tant opi-
fcx qt*àm miles , tàm
agricola qu.im mer»
cator ad commmjem
utiHtatçm omnes con
ferunt ; mulio majfis
in fpiritualibm id iji
faciendum : hoc enim
maxime vivere ejl ,
aUis etiam proàejje.
Nam qui fihifoUvi-
vit c<eieros negli^ens ,
CT" vita ejus fnper-
vacanea efl^ O' ipfe
fuperjluus , nec ho-
moj
Quid , inqittei ,
fnea non contemnam ,
ut ea qciie aliorum
funt curent ? No;*
negli^t fitaqui alié-
na procurât. Qui enim
aliéna qu£rit , nemi-
nem Udit , omnes
mîferatur , pro viri-
bus unicuique pro-
defl .... ah omtti
malitici ahj}i.nehit ,
omnem vinmem am-
fle^etur His
omnibus perfuafi jî-
znus non pojfa nos
S. Matthieu. 24jr
Nous voyons dans la con- ^03.
duite du inonde que nul ne vit Ne vivre que
fimplemcnt pour lui-même :P^"r^oi. Ceft
les aifcifhns, les laboureurs ,^"«=. ^"^^iS"^
les marchands , & les gens de ^^^"•
guerre contribuent tous gé-
néralement au bien commun
& à l'avantage des autres :
combien plutôt devons- nous
faire de même dans les cho-
fes fpirituelles. Car on ne vit
proprement , que lorfqu'on
vit pour autrui. Celui qui ne
vit que pour lui fans remet-
tre en peine des autres , eft
un homme inutile au monde ;
ou plutôt ce n'eft pas un
homme, puifqu'il ne prend
aucune part au bien général
de tous les hommes.
Vous me direz peut-être : 5' 04.
Voulez- vous que j'abandonne l-e meilleur
mes propres affaires pour me ^^7^^^ pour
charger de celles d'autrui ? Ne , ^tV^^j
• /-> 1 • • I c eltde cotri.
craignez rien. Celui qui prend ^uer au falut
loin des intérêts de Ion pro- des autres,
chain, ne néglige point fes
intérêts propres. Car en agif-
fant ainn, bien loin'^de faire
tort à perfonne , il a au con-
traire compaflion de tous les
maux que fouffrent les autres,
& il les aflifte en tout ce qu'il
peut ; il s'abftient de tous le»
vices, & il pratique toutes les
vertus, Soyons donc perfua-
X Jij
à^S Des Home
dés que le moyen de nous fau-
ver 3 eft de contribuer en tout
ce qui nous fera pofTible au
bien & au falut de nos frères;
& tremblons fans celfe en con-
fîderant l'exemple de cefervi-
teur infidelle, que le Seigneur
met au rang des hypocrites ; & de
cet autre qui eft condamné
pour avoir enfoUifon talent.
J. C. appelle ces cinq vier-
ges /oUés , à caufe qu'ayant
vaincu la volupté , qui eft un
ennemi bien plus fort, elles fe
laiffent vaincre à l'avarice qui
çft plus foible. Et il les appel-
le une féconde fois du même
nom, pour marquer qu'il n'y
a rien de plus fou que d'amaf-
fer beaucoup d'argent en cette
vie, d'où nous devons bien-
tôt fortir 5 fans en rien em-
porter avec nous ; au lieu de le
faire palîer par nos aumônes
dans l'autre vie , où nous en
aurons un fi gcand befoin
pour obtenir la miféricorde
divine.
50^. AlU:!^ aux vendeurs. Qui font
Paire provi^ ces vendeurs, finon les pau-
fion de biens yres & les miférables ? tt où
dès à prefent ç^ trouvent-jls ? Ce n'eft qu'-
pat l'aumone ^^ ^^^^^ ^ -^ ^^ -j^ ç^ reiicon-
futl're. '''trent, & ce n'eft plus dans
' la vie future où ils doivent
-être cherchés. Coniîderez
LI ES
falutem confequiy nijl
commune commodum
quaramus ; O* hujus
fervi in duas partes
admoniti parittione ,
CT* e)us qui talentum
fttjfodtt cruciatuper-
territf.
Hom 7p. Idcirco
faïuas appellavit vtr-
gines , quontam difm
jiciitorihtis fuperatis ,
facilioribm fuccubue-
runt . . . Rurfus fd"
tuas appellavit , ut
nihil amentius ejfe
ojïendat , quàm pe~
cuniam in bac vit a
colUgere , O* nudos
nos proficifci , ubi'
maxime henignitate
indigemus , ubi mife-
ricordia nobts opm
eft.
Ite ad venden-
tes. Qui porro ven~
dunt ? qnt, pauperie
premttntur f Ubt VC"
ro ijli reperiuntuT ? In
bac folummodo vita.
Htc ergo , non ibi
quxrendi fitnt. f^ides
Sur s.
^ttam marnas ah t-
f'opibtis menés nego-
tiemur.
Si pauperes totlas ,
magnam tjojfr^efalw
fis J^em ez>ertij}t. Hic
igitur oleum coUigen-
dum eff j ut ihu cum
tempus fuerit , pa'
ratum mbts adjît.
Cur parahola h^c
regem , il la fponfum
étdducit ? vt vileas
quantum virginihus
Chrtjlm ajf.cit'ir hii ,
qii£ /ha paupcrihui
erogant. H£c enim
€P* vern virviiuiai
ej}. ^
Non foli m aïe fa»
flores , vermn Z^
fini hona fucere- ne-
gligit extremo cru-
ci atur fupplicio . . .
Qui talentum acce-
pu , et/î depofitum
rfdiUdit y condamna»
Matthieu. '247
combien riche & avantageux
eftle trafic que nous pouvons
faire ici avec les pauvres & les
indigens.
Si l'on nous otoit les pau- f Ô7.'
vfeSj onnous oteioit en me- Utilité de
me tems un des plus fermes l'aumôiic.
fondemens de refpcrance de
notre falut. C'ert donc ici qu'-
il nous faut ^>réparer l'huile
de nos bonnes œuvres , afin
que noLjs l'ayons dans nos
vafes pour nous en fervir dans
l'autre vie.
Après que Dieu nous a été ^oS.
repréfentc comme un maiftre . AinvCi.e ,
dans la précédente parabole , "f^'-^éte d-j
pourquoi nous ett-il reprefen- ^. "^^fY^ "^^^^
te dans celle-ci comme un E-
poux , fi ce n'eft à cau(e de
l'union étroite qu'a JESUS-
ei-IRlST avec les Vierges
qui donnent leur bien aux
pauvres ? Parce que c.cû pro-
prement dans l.i libéralité en-
vers les pauvres que paroift
le caradére de la virginité
véritable.
Ce ne feront pas feulement -^^^^
les raviileurs du bien d'autrui Négi^'n h
qui feront condamnes aux p-ochai'r.
flammes éternelles 5 mais en- craife ce rJ-
core ceux qui négligent de r^obatioa.
donner l'aumône. Ce feront
ceux qui ayant reçu de Dieu ,
q.uelqae talent j le lui rend-nt
X iiij
24? Des Homel
fans avoir travaillé à le faire
profiter. Or par ce mot de
talent, il faut entendre tout
ce que chacun peut faire à
l'avantage de Ton prochain >
foit en le foutenant de fan
autorité , foit en l'aidant de
fon argent, loit en l'alTii^ant
de fes ccnfeiis , foit en lui
rendant les autres fecours
dont il ell capable.
$10, Rien n'cft fi aGjréabîe à
Sa.r.ficedeX)j£„ q^jg ^g facnfier toute
cii.ntc. ç^ y-g ^ putilité de fes fie-
res.
<ii. Parlons comme J. C. car
tangage du notre langue ne doit pas être
CaretKfl. différente de la fienne. Si
donc nos paroles font toujours
pleines de douceur & d'hu-
milité 5 & fi en tout ce que
nous difons , nous avons pour
but l'édification de notre pro-
chain , notre langue fera fem-
blable à celle de JESUS-
C H R j s T 5 félon ces paro-
les d'un Prophète ; Celui gui
relevé le pauvre de fa hajfejfe , ^de-
viendra comme ma langue CP* ma
houche,
ÇI2. Si vous n'avez pas encore
Sùencedans aflez de vertu pour bénir ce-
P-rfecu. jui qyj yQ„5 maudit , tenez-
tîons.
vous au moins dans le filence j
& efperez que cette retenue
TES
tm ejl tamen . , . Ta'
lenTa hic pro eo quoi
umfquijque facere
potejl accipimui , Jî-
ve autoritate prote-
gere , five pecuniis
juvarc, five doUri-
na admoaere , /îve
alta quapiam re pro-
oiimts adeJJ'e queas,
Nulla rcs Dec gra-
tioreft, cjuàm i4t uni-
verfam vitam ai
commune commodum
coKifuras.
Ferba Chrijii îo^
quamur , . . . quià
lingua nojïra liugua
ejl Chrip . . . Jihw
miluatis C?* benigni*
taiis plena verba ref"
pondes , Jî ad emen-
dationem proximi lo-
quensi lingu£ Chri"
fi tua Jimillima efl.
Qui educit hono-
rabilcm ex indi-
gno , is quafi os
meum erit.
Si maledicenti he-
nedicere non vales ^
faltem taceas ....
pojleà ratione ulte-
riora petens , ad illud
Sur
qiéoc^ue pervenies.
Major ej} qui mati'
fuetudi'iis CT* beni-
gnitatis verbh ut
Chripus loquitur ,
^«/îw cjuifuturapr^e-
dicit j hoc enim totum
eJ} ex dono , illud e-
tiam ex labore tuo
proccdit.
Nijl quis in hac
tita humiliter loqui
didicerit , non inîel-
îigitur tune à Chrijio.
Qm madmodùm enim
Jt Romanus forte fue-
rit jfudex » nonper-
cipiet rationes tuas ,
ni/î latine loqitaris :
Jîc etiam Chn^us non
audit y neqtte atten-
dit y nijî lingua fua
utaris.
Homil. 80. No-
Ittmtts reconciliari il-
liSy quos utreconci-
liet » nec acerrimum
qttidem atque infa^
me genus mords reçu-
favtt Cogita
qtiàm obnoxius fis »
C?* non falum non
moraberii , vernm
, Matthieu, 249
vous conduira un jour jufqu'à
ce dernier degré de la patien-
ce chrétienne.
Je ne crains point d'affurer ^jj;
que parler avec nnodération Humilité
& humilité à un homme qui pluspxcellen-
nous outrage , c'eft faire une ^^ quelapro*
aâion plus excellente que de P^^^i^-
prédireTavenir ; car celui-ci
eft un don gratuit auquel on
ne contribue rien , mais la mo-
dération eft une vertu qui vient
de la pureté de notre cœur.
Si nous n'apprenons icy le j^i^;
langage de l'humilité, JESUS- L 'humble
CHKIST ne nous entend; a f-i:leftenten-
pomt en l'autre vie. Car com- ^" "^ J" ^'
me un juge Romain n'enten-
droit point les raifons de vo-
tre caufe 3 Ç\ vous ne lui par-
liez latin j JESUS ■ CHRIST
de même ne vous écoutera
point lorfqu'il fera afîis fur
fbn redoutable tribunal y fî
vous ne pariez fa langue.
Quelle honte de ne pas ,5'iT«
vouloir fe réconcilier avec ^^^venir Ton
ceux, pour la réconciliation ^"";î";ÏJ2'
defquels JESUS-CHRIST L; " •'
a bien voulu fouffrir la plus
cruelle & la plus infâme de
toutes les morts. Souvenez-
vous combien vous êtes re-
devables à Dieu , & je m'af-
fure que vous n'attendrez pas
C'eft notre
foiblefle qui
nous rend
fcnfibles.
U7'
Coiidefcen.
dauce pour les
imparfairs.
>îe pas im-
prouver qu'-
on donne à
l'Eglife, mais
confeiller de
donner plu-
tôt aux pau-
î jo Des Homel
que votre ennemi vous vien-
ne demander pardon , mais
que vous le préviendrez &
lui pardonnerez de bon cœur,
afin que Dieu vous traite
comme vous l'aurez traité , &
qu'il guerifle les blelTures de
votre ame.
La douleur que vous ref-
fentez quand on vous fait
quelque injure, vient plutôt
de votre propre foiblelTe ,
que du pouvoir de celui qui
vous otïenfe.
Quand nous voyons une per-
fonne faire le bien encore im*
parfaitement, notre Seigneur
nous défend de le blâmer ,
mais il veut plutôt que nous
le favorifions & que nous Tai-
dions , pour le porter à un
état plus parfait. Car il ne
faut pas dans les commence-
mens exiger les chofes à la ri-
gueur , & dans toute leur
perfedion.
Si vous voyez que quelqu'un
a préparé des vafes précieux
pour l'Eg'ife, ou quelque bel-
le tapifiérie , ou qu'il la falfe
orner magnifiquement , n'im-
prouvez pas cette action , &
ne dites pas qu'il vaudroit
mieux vendre ces ornemens,
& en tirer de l'argent pour le
I ES
etiam curft* ad eo^
qui offenderunt ve-
nia , omnemque U^
ftonem ipfîs dt mit te s ,
ut indulgentitg tibi
eau fa id fiât j «t-
qt4e tuorum malo'
rttm folamen inve'
nias.
Non ex pravitate
proximi magis^ quàm
ex veflra pufiilani"
mitate hdECpertUfrba"
tio vejhra prornmpit^
Hom. 8i. ^4»-
do bonttm quicquam
fier/ ziidewus , etiam»
fi exafiijfime non fi aï»
fiufiipiendum tamen
efi y ^favorenofir»
ad uUeriora provc'
hendum. Non ej} e-
nim exquifitiljlma ra"
tiojlatim in principi»
rerum qudrenda.
Si tu pr<eparajfe
qtiofdam zideris vnr
fia facra , aut orna"
ium qHemdant alium
eircà parietes Eccle-
fiarum €7* pavimeu'
ta confiecijfe , noli
reprehendere aut z;e~
nandart jubvre , aut
Sur
Jejtrui quod fafium
ejf , ne animum ejus
qui fecit perturbes.
Sin verà antèquam
fecerit te confulHe-
rit yffaupenhm offer-
rejhùeto.
Non potep àives
ejje qui animo patt-
per eft : Jîcut nec
pmper ejje poîejl ,
q^t animo dives ejl,
Nam fi excellentins
eorpoye anima eji ,
non pojjlint qu<e de-
ter i or a fttnt ipfam ad
fe nolentem attrahe-
re ; fedilla qu£ pr in-
ceps eJi cuncia infe-
riora ut vulc , trahit.
Nam C?* cor quando
lahorat , totum cor-
pus patitur , fîiut è
contra tempevies ejtts
'loti corpori prodejl.
Argumentum divi-
tis animi ijl , qttod
pecuniam defptciat
ac mdla re indiveati
CP* è contra pauper-
taiis argHniimum ,
indigcïs ac cçlUÔii--
S. Matthieu. ift
donner aux pauvres , de peur
de troubler ou d'abatre l'ef-
prit de celui qui les a offerts.
Mais fl avant que de faire ces
dons à l'Eglife , il vous en
demande voire avis, confeil-
lez-lui plutôt d'employer foti
argent aux befoins des tem-
ples vivans.
On ne peut être riche,
quand on eft pauvre au de-
dans de foi : comme au con-
traire on n'eft point pauvre,
quand on eit riche dans le
cœur. Si l'ame eft la plus ex-
cellente partie de l'homme ,
c'eft d'elle que fon bonheur
doit venir , & non du corps
qui eft au deflbus d'elle : il
faut que ce qui eft de prin-
cipal dans l'homme, gouver-
ne fouverainement tout lere-
fte qui lui doit être a/ru-jetf.
C'cft pourquoi lorfque le
cœur eii attaqué , tout le refte
en foufFre , & la langueur de
cette partie produit dans tou-
tes les autres une indifpolî-
tion univerfelle.
La marque qu'on eft riche ,
c'eft de méprifer l'argent ,
& de n'avoir befoin de rien
comme au contraire , la mar- j^j-he
que qu'on eft pauvre, c'eft
de travailler uns ccfl'e à a-
mafler du bienj & den'ccrç
RichefTci U
bonheur dAtij
l'aine leulc.
Marqucd'un
' homme paK-
• vre ÔC d'un
25*1 Des Home
jamais content. Car nous de-
vrons principalement les cho-
fQS donc nous avons befoin.
Le défîi ne tirant fon origine
que du beloin & de l'indi-
gence.
-^jx. Comme les bons méritent
Double ré une double récompenfe , &
compenfe des pa; ce qu'ils ont été bons , &
bons & dfs parce qu'ils ne fe font point
jncchani. \^ii\^ corrompre par la mali-
ce des méchans ; ainfî les
méchans méritent d'être dou-
. blement punis , & parce qu'-
ils ont été méchans , & par-
ce qu'ils fe font rendu inu-
tile l'exemple des bons.
fiî^ . Ceux qui font dénués de
La multim- vertu, ayant une infinité de
de des vicieux c^^j^pagnons, n'en rougiffent
couvre a ,^^ ^^^^^ • ç^ ^3^.
honte du VI- * ? 1 1 j r^ .,^.\.
ce. gnent enlemble , de le voir
nuds. S'il y avoit plus de per-
fonnes revêtues de vertu dans
le monde , on en remarque-
roit mieux l'infamie de ceux
qui en font dénués. Mais, ce
qu'on ne fçauroit affez déplo-
rer en nos jours , c'eft qu'on
ne rougit plus du vice , parce
que les vicieux & les pécheurs
LIES
ni pecttniarum in-
cttmbere lUui
enim maxime cupi"
mui , quo maxime
pttdigemus. Ex indt-
gentia enim cupiditas
originem trahit.
f^eluti viri proèi
duplici honore funt
digni , titm quodpro»
bk evaferint , ti*m
qaod nihU damni ah
improhii acceperunt ;
/îc profeÙo V pravi
duabus de caufn , tum
quià cùm pûjient vir^
tutemf^ià j fitut CiT*
j^^J}i ifecuti non funt,
tùm qutà mbil exem*
plo bonorum lucrati
funt , fnppliciii digni
comperiuntur.
Mnhi nudliath ,
qU£ à vitiû eft , //<«-
hentes focios , qmm-
admodùm in baineo
nos y jîc alter tiherum
non verentur. Nam
fi m'Altt virtutis ami-
élu ejfent vefliti , tune
tttrpitudo eorum ma-
gii appareret CT* no-
taretur. Nunc vero ,
eo qucdmultifint tm-
probi t improbitas
probro non hah^iur»
Sur s. Matthieu. zj"?
(][uta multitU' {ont en tics-grand nombre.
ditte piccanùum pec-
.^ati tur^ttttd» tep-
tur.
Sipecuniarum cw
fiditate vincarii ,
quando inanis glorU
furorem , qttando i-
ram , aut carnis cott'
cupifcentiam fupera-
bis ? Hic entm multo
diffictliora funt , ut-
pote in corporis natu»
ra originem haben-
tia . . . fed avaritia
à dejîdia fohm CT*
animi flupore oritur.
Si nihil Jînceri at-
que integri in prima
atate didtcerimm , fi
jtivenes modejiè non
Ziixerimus , nec ava-
ritiam virifuperave-
rimuSf quafi in fenti-
nam quandam Atatis
infeneéhtem deveéliy
tempefiatibm obruc
mur,
Homil. 83. Gï-
fm Fetri mira in illo
perfeat : nam anteà
totum fibi attribue-
hat dicens : Etfi om-
nes fcandalizati
fuerint , &c. càm
dficere debHiJJ(S$y pa-
& que la multiplication des
péchés parmi les hommes en
a etfacé toute la honte.
Si vous vous lailfez vain-
cre à l'avance , comment
pourrez-vous furmonter
la Pl"*
L'avance
facile à
- . , . , , vaincre que
vaine gloire , ou la colère , i.jmpuretc,
ou l'impureté ? Puifque tou-
tes ces paiTions ayant leur ra-
cine dans la nature même,
font bien plus difficiles à ré-
primer ^ au lieu que l'avarice
ne vient que de notre pa-
refle , & du dérèglement de
notre efprit.
Si nous n'apprenons à bien ^^4;
vivre dès notre enfance , û De'réglement
nous ne gardons la modeftie ^',^^ vieillelTe
dans la jeunefle , iî nous ne
défendons de l'avarice
fuite de la
nous détendons de lavarice l'^^'/euSf '
dans un âge plus mur, nous
tomberons dans une vieilleilc
corrompue , qui fera le com-
ble de tous les vices & de ^
tous les déréglemens de no-
tre vie.
La chute de S. Pierre fut
comme le principe de fon hu-
milité dans toute la fuite de Pierre, four-
fa vie. Jufqu'alors c'étoit à cède fon hu<
fes propres forces qu'il attri- "^^^*^^*
buoittout ce qu'il étoit : com-
me lorfqu'il diloit au Sei-
gneur: Quand vousfme:^enf(ani
Chute de S,
^^4 Des Homélies
dale à tous les autres, vous ne le trocinio juvahis. At
fere:^ jamais pour moi. Au ll'eu contra vero pofleà di-
qu'il auroit dû prier J. C. de c$t : Quid iiobis
Taflifter de fon lecoiirs. Auffi attenditis , quafî
nous le voyons depuis agir propria virtute ip-
d'une manière toute oppofée, fum ambulare fe-
lorfqu'il dit dans les Ades ; cerimus.
Pourquoi nous regardey- vous ^
tomme fi c était par notre propre
puijfance que nous eujjions fait
marcher cet homme.
^i€. Croyons toujours à ce que Creêamas ultqut
Soumettre Dieu dit, & ne lui réiîftons J)eo , etiamfi [enfui
entoutlarai- jamais, quoique notre raifon o* cogitationi noftr<e
Ion a la foi. ^jj. ^^i^^ ^ s'y rendre : que ahjurdum ejfe pidea-
fa parole l'emporte malgré tur qmd dicit^ Supe-
no'tre fens & nos lumières, ret O' fenfum O* ra-
Conduirons nous avec cette tionem nofram ferma
Ibumiflion en toutes chofes , tpfius : quod in omni'
Contre les & fur tout en nos myftéres lus Cp' preàpue in
Hérétiques, facrés ; ne regardons pas feu- myfleriis faciamus i
îement ce qui Te préfente à non tlla qu^e antè nos
nos yeux , croyons à la pa- jacentfolum afpicien-
role qu'il a dite. Nos fens nous tes ,fed verba quoqut
peuvent tromper, mais non ejus tenentes. Nam
la parole. Il a dit : Ceci eftmon verbis ejus falli non
corps. Soyons donc perfuadés pojfumus j fenfus vero
de la venté de Çqs paroles , nojler deceptu facilli'
foumettons y notre créance, mus ejî . . . Quomam
& regardons-le en ce Sacre- ergàtlle dixit : Hoc
ment des yeux de l'efprit. eft corpus meum ,
Car IESUS-CHRIST ne nulla teneamur am.
îious y a rien donné de fen- btguitate , fed creda^
fible / mais ce qu'il nous y mm, cr ocults intel-
a donné fous des objets qui Uflus id perfpicia*
ibnc fenfibles , eft élevé au mus. Nihtlenimfcn'
Sur s» Matthieu. iy$
Jihile tr'aiitum nobts dcllus des lens. Si vous ^n'a-
viez point de corps , il n'y au-
roit rien de corporel ilans
\ts dons que Dieu nous fait ;
mais parceque notre ame eft
jointe à un corps , il vous
communique Aqs dons fpiri-
tuels fous des chofes qui font
fenfibles.
•^ Chriflo , fed rébus
fenfibilibiti , omnia
tr^iidit injenffhilia.
a . . Nam fi tu incor-
foreus trffesy nudè ipfa
dona incorporea tra-
did'/Jet tili : tjuo'
niant veto corpori
conjun^a efl anima
tua , in fenfibilibus ,
intelligenda ubi tra-
duntur.
0 qttàm multi di-
tunt modo : F'ellem
formam C?* fpeciem
ejus , vellem vefii-
tnenta. ipfa videre»
Ipfum ecce vides , ip-
fum tangis » ipfum
comedis .... feipfum
tradit 5 non ut vi-
deas folum , verum
etiam ut tangas , O*
in te habeas.
Nemo nattfeam
accédât , nemo remif-
fi*s ifedexcitati^ in-
cenfî ac ferventes
omnes. Nam fi Jtt-
diii fiantes C?" bacu'
les in manibns hei'
Combien y en a-t-il main- '^\f;
tenant qui difent : Je vcudrois Réalité dii
bien voir notre Seigneur re-'^°rps;^eT.c.
vêtu de ce même corps dans^/J,. ^ ^"'^^*"
lequel il a vécu fur la terre." ^^^
Je ferois ravi de voir fon vi-
fage , & fes habits même». Et
moi je vous dis que c'eft lui- contrt Us
même que vous voyez , que Hlrén^uess
c'eft lui-même que vous -tou-
chez, que c'eft lui même que
vous mangez. Vou« défîrezde
voir fes habits , & le voici qui
vous permet de le toucher
lui même, & de le recevoir
au dedans de vous.
Qiie perfonne ne s'appro- ^jg.
e de cette facrée table avec Ferveur pout
, ni avec froideur, l^con^niu-
Que tous y accourent avec ^^^"*
avidité & avec ferveur. Car
puifque les Juifs en mangeant
l'Agneau Pa.fchal avoient ac-
che
dégoût
*56
Des Homelibi
coutume de fe tenir debout,
d'avoir un bâton à la main ,
& de manger en diligence:
avec combien plus d'ardeur &
& d'activité devez-vous man-
ger le divin Agneau de la
ioi nouvelle ? Les Juifs étoient
alors fur le point de paiTer de
l'Egypte dans la Paleftme ,
& vous, vous devez palTerde
la terre au Ciel,
fi^; Ceux qui communient in-
Crimeénor- dignement, font menacés d'un
me de l'indi- gr^nd châtiment. Si vous
gne commu- ^^ p^uyez. confiderer fans une
indignation extrême les Juifs
qui crucifièrent JESUS-
C H R i S T j prenez garde de
vous rendre aufïi vous-mêmes
coupables de la prophanation
de fon corps & de fon fang,
en le recevant avec une ame
impure & fouillée , après en
avoir reçu tant de bienfaits.
Car il ne s'eft pas contenté
de fe faire homme , & d'en-
durer la mort de la croix :
mais il a voulu outre cela
le mêler & s'unir à nous d'une
telle forte , que nous deve-
nons un même corps avec lui ,
non feulement par la foi , mais
dans Tefi-et & la vérité.
*)3®* Qui doit être plus pur que
Quelle pu- celui qui eft participant d'un
leté l'on doit jçj facrifice ? que U main
hentei j cùm fefiina'
tione comeàebant ,
quanto magis nohis
viplanàum efl f llli
ah /Egypto in PaU^
fiinam profe^lttri c-
rant , tu de terra in
coclttm.
Non parvum /up»
plicium indigne com-
municantes expédiât.
Summa indignatione
adversùs eos qui Chri-
Jfitm crucifixerunt
moverii J cave ne tu
quoque corporis O*
fanguinis Chrifii rem
effictaris . . . pofl tôt
tantaque bénéficia
fordtda fufcipiens a-
nima. Non enïmfuf-
fecit ipfi hommem
fieri er crucifigi , fed
nos /ecum m unam ,-
ut ità dicam , majjam
reducit , neque id
fide folùm , fed re
ipfa nosfuum corpus
efficit.
Quo non oportet
mundiorem ejje eum
qui hocfacrificio par-
ticipaturus
Contre /o
Hérétiiiuis-
Sur s. Matthieu. 2/7
tUipaturm ejl > Ma- qui rompt &. diftriouë cet- ^^°^'.P^^^
te chair ? que la bouche qui p"^*»^'P^'^^''
eft remplie àtce. feu fpirituel? yIvxû^
que la langue qui eft empour-
prée de ce précieux fang ?
Repréfentez-vous 1 honneur
que vous recevez : & à quel-
le table vous êtes alîis ? Ce-
lui que les Anges ne regar-
dent qu'avec tremblement ,
c'eft celui-là même qui nous
fert maintenant de nourritu-
re, qui s'unit à nous, & avec
qui nous ne faifons plus qu'-
ne même chair & un même
corps.
nus illa auA banc
carnem pcrrumpit ,
os quoi igné impletur
fpirttali , lin^ua qt*£
truentatur hoc admi-
rabiUfanguine ? Ve-
niat in mentem tihi ,
quo fis honore hono»
ratus , qua mensa
fruaris ? Ea re nos
alimur qnam Angeli
vident.es tremunt . . .
CT* nos in unam cum
illo maJJ'am reduci-
mur , Chrifii corpus
unum , O* caro una
facli.
Quis Pafior un-
quàm memhris fitis
oves fuas nutrivit ?
Mi*lti£ maires pojl
partant aliis nutri-
abus infantes de-
derunt , qt*od ipfe
facere nolait , fed
froprio corpore nos
alit , O* Çihi conjun-
git atque congluti-
nat.
Tan ta charitate
ûtque honore ajfefli
non torpeamm. Non
videtis quanta ala-
tritate infantes ma-
Tom. I,
^ Quel eft le Pafteur qui ait Borne ineffa-
jamais donne fon lang pour ble de J. c.
la nourriture de Tes brebis ? denousnour-
Nous voyons plufieurs mères rirdefonpro»
qui après avoir mis leurs en- pre corps,
fans au monde, les donnent
à nourrir à d'autres femmes j Com-e les
mais JESUS - CHRIST lUrétiinef^
n'en ufe pas ainiî envers nous,
il nous nourrit lui-même de
fa propre chair , & nous
joint & unit à lui très étroi-
tement.
Ne demeurons pas infen- 532.^
fibles à un fi grand honneur,
à un amour fi prodigieux.
Vous voyez avec quelie im-
petuoiité les petits enfans fe
Y
Saint defir
dclacouifnu»
nion.
258 Des Home
jettent au fein de leurs nour-
rices , & avec quelle avidité
ils fucent leurs mamelles.
Imitons-les en nous appro-
chant avec le même empref-
fement de cette divine ta-
ble , & fuçant , pour le dire
ainfî 5 le lait Ipirituel de ces
mamelles facrées : mais cou-
rons-y avec encore plus d'ar-
deur pour attirer dans nos
ccejirs, comme des enfans de
Dieu , la grâce de Ton Efprit
faint j & que la plus fenfible de
nos douleurs foit d'être privés
de cette nourriture celefte.
Cert JESUS-CHRJST
Tranfub- quifandifie cesoftrandes, &
ftantiation 8c
fiinteté de
rEuchariflie.
Contre les
ïiîrétKiues»
5 34-
Refufer la
coirim union
aux pécheurs
publics,
qui les: change en fon corps
& en k)\\ iang. Qiie nul ava-
re , que nul Judas n'ait la
hardielîe de s'y préfenter ,
qu'il Vi*y ait que fes vrais dif-
ciples qui s'en aprochent ,
& que tous les autres s'en
éloignent.
Que tous ceux qui font durs
& impitoyables aux pauvres ,
que tous ceux qui font impurs
prennent bien garde à'y affi-
lier : je ne le dis pas feulement
à vous qui étesparticipans des
facrés myftéres , mais aufli à
vous qui en êtes les difpenfa-
teurs 5: les miniftres , puifque
vous êtes menacés de la part
LIES
millas arriplunt ? quc^
prejfone pa^iUis in-
fgttnt Ubia ? Non
minori nos cupiditate
ad hanc menfim CT*
ad îmjus cahcis /pi'
ritalem accedamus
fûpillam : imo vero
major i defiderio quu-
fi laClentes puen ^ra-
tiam Spiritus fi*ga-
wus : uriHS fit nobis
dolor , una mocfiitia ,
fi hoc alimenta Jpiri"
tait prtVMnur.
Quf myPeria fnri'
ilificat Chrifius ipfe
efl , qui tranfinutat
ipfe efl. Nu Uns itacjue
Judas adft : qui dif-
cipulm non tfi , fi:ce-'
dat : qut taies non
funt , ab hac men-
fa excludantuy.
Adeat nul'us cru-^
de lis y nullus ivipUm
rus : Hic tant ad vos
qui communicatis j
qnàm ad vos qui mi'
niflratis difla efje vo-^
lo. Non enim parva
Vobis imminet ^ccna ,
fi quem aliq".a im-,
proUtaiî umvifiien*
Sur
us , ei hujtts menfte
pariicipattonem per-»
miitatis. San^is e-
nim ejui ex manibus
requiretur vejlris. Si
dux i<ritur cjuifpiam,
fi Cou fui tffe , /tqttt,
diademate ornatur ,
indigne adeat y co-
hibe , coerce ; majo-
rem illo tupotej}ultm
huhes.
Deum y nonhoml'
nem timeas , ah eo ipi
fo quem times deri-
deberis ; (în <vero
Dcum , hominibus
quoqtte vener^bilii
eris.
Si indignas à m^n-
fa ref: aller e non au-
des i mthi àwasition
permittam ij}a fieri.
Animam prius ira-
dam meurn » cjuam
Dominicum alicui
eorptts indigne : fan-
guinem meum effim-
di potius patiar ,
«^uàtn facralifjïmum
»Uhd cerpHi prtgter»
S. Mattïtieu. ly^
de Dieu d'un grand châtiment,
il fçachant qu'un homme eifc
pécheur, vous ne laili'ez pas
de le recevoir à cette table.
Car J. C. vous demandera
compte de Ton fang , fi vous le
faites boire à des indignes,
S'il s'en préfente donc quel--
qu'un , quand ce feroit le pre-
mier magiftrat , quand ce fe-
roit l'Empereur même , em*
péchez-le de s'approcher de
l'autel ; puilque la puiffance
Ecclefiaitique qui vous efi
commife , eft plus grande en
cela que l' Impériale.
Craignes Dieu , & non pas
les hommes. Car fi vous crai-
gnez Its hommes, les hom-
mes même que vous craignez
Te joiiei ont de vous ; m^iis fi
vous ne craignez que Dieu
fcul , les hommes même vous
révéreront.
Si vous n'ofez chalTer vous-
même les indignes de l'autel
facré , dites-le moi , & je ne
permettrai pas qu'ails s'is:a ap»
piochent. Car je perdrai plu-
tôt la vie que de donner le
corps du Seigneur à celui qui
en ei\ indigne : & je fouftVirai
plutôt que l'on répande mon
lang, que de préfenter un fang
fi lalnt & {{ vénérable à celui
qui Rd\ pas en état de le re»
1S1
Necr.1-
nue Disi;
Pejetter 1- s
pécheurs ru-
bhcs d^ ]■
537.
Zèle pour la
converfion
du prochain.
Retraite pro.
pre à laprie-
53^.
Il eft glo-
rieux fouveiit
<ic fe laifîer
vaiucle^.
i^ô Des Home
cevoir. Si l'on s'en approche
indignement fans que vous le
fçachiez, ce n'eft plus alors
votre faute, pourvu que vous
ayez auparavant appliqué tous
vos foins à faire ce difcerne-
ment. Car je ne parle ici que
des perfonnes qui font publi-
quement connues pour vi-
cieufes.
Ne terminons pas notre
zélé feulement à féparer de la
communion ceux qui n'en (ont
pas dignes, mais travaillons
auflï à les corriger ^ & à les
faire rentrer dans leur devoir ,
& prenons foin du falut de
tous.
Jesus-Christ avoit
coutume d'aller dans le dé-
fert pour prier; afin de nous
apprendre par fon exemple à
chercher le calme & le repos
pour fe mieux apliquer à la
prière.
Ne cherchons pas à vaincre
toujours , & ne craignons pas
d'être quelquefois obligés de
céder. Il y a des occafions
^ans lelquelles il eft dange-
reux d'avoir l'avantage; com-
me il y en a d'autres dans lef-
quelles il eft même utile d'ê-
tre vaincu. Par exemple , ce-
lui qui dans un tranfport de
cokre outrage un iioiiune ,
LIES
quàm digno conee^
dam : qttoi fi quis
vemrit cumfordibus ,
vohis tamen ignotis ,
nulla culpa vejlra efi ,
modo muUam prius
adhihueritis dili^ett'
tiam. Nam hxc mihi
de notis , ac manife-^
fiis difputatafuTJt.
Non coerceamus
fi>lùm O* excidamus ,
fed corrigamus » re-
ducamus ct* curam
omnium habeamm.
Hom. 84. Con-
fiteverat Ûrripus ord-
re feorsùm , ut nos
erudiret quietem ac
tranquilliiaîem in û-
rationibni dilizenter
o
appetere.
Homil. 8î. Non
quaramus uhique vi-
&oriam , nec femper
fuperari vereamur.
Ejienim quando vi"
Cloria detrimentum y
ojfenfio veto emola-
mentum nàducit. Et-
enim in ira qut fe
ejfudit in centume-
liai , fupirajjl vidc'
Sur. s,
tttr : ciim rêvera «/»-
Je ab hâc turpi per-
%urbationeviilui non
farùm ftbi nocuerit.
Qui vero magno ani-
mo tulit injuriam ,
htc cum laude fupe-
ravit.
In beîlis tjuidem
decertans qui cecidit ,
is vié'ius di ci tttr : a-
piéd nos vero is viéJor
pronunciatHr: NttHibi
certemalè a^entesO*
ubiqite malafufjeren-
tes fuperamus : ilU
ftilgentijjîma viéloria
ej}y cjua infèrent em
patiendo fuferaflt.
Homil. %6. Jh-
dam pocniittit quan-
do ad exitum fcelus
jam omnino pervenit.
Talisnempe Dtabolus
efl j ut non Jinat ha-
minem , nijî vigilet ,
^ntè uUimttm effe-
{lt*m , mairnitudinem
feccati pr^vtdere ,
ne pœnitentiâ du-
tlus tifiliat à pecca-
to.
Attdite quicumqui
âmm<i homutii pn-
Matthieu. i6t
paroît alors avoir le defTus;
mais c'eft en effet lui-même
qui eft vaincu par fa propre
pallion , & qui fe blelTe de Tes
propres mains: au lieu que c'eft
celui qui fouftre courageule-
ment cette injure, qui mérite
d'être loué , & qui demeure
véritablement vidorieux.
Dans les guerres des hom-
mes c eft eftre vaincu que de
fuccomber fous fon ennemi,
mais parmi les Chrétiens ,
c'eft celui qui cède volontaire-
ment à fon ennemi qui eft
véritablement le vidorieux.
Notre gloire eft de ne faire
mal à pcrfonne , & de (buftrir
le mal qu'on nous fait. La
plus grande vidoire eft celle
qui le gagne par la patience.
Judas ne fe repentit de fon
crime, que îorfqu il n'y pou-
voir plus remédier. C'eft ainlî
que le démon fe conduit en-
vers Iqs hommes. Il ne leur
laiiTe comprendre dans quels
excès ils fe font laifté empor-
ter, que lorfque le mal eft
fait j de peur qu'étant tou-
chés de quelque fentiment de
douleur avant que de l'avoir
commis , ils n'abandonnent
leurs mauvais deifeins.
Quand vous donnez en au-
mône un bien qu^ ne vous
C'cUlapaw
tiencequifail
vaincrci
î4i:
On necon-
noift l'excès'
du crime qu'-
après l'avoir
commiî.
Rendie, èC
26-s Des Home
non donner eft venu que du fang & de la
aux pauvres fubftance des pauvres , vous
Lut" ""^'i^^tez judas, qui alla offrir
au Temple le prix du fang de
}I.SU s-C H R 1 S T. Ce l'ont
des aumônes diaboliques , &
non pas chrétiennes. Car il
y a encore aujourd'hui des
gens , qui après s'être enrichis
du bien d'autrui , fe croyent
excufés de tout crime s'ils en
font quelque part aux pauvres.
Et c'eû de ces perfonnes dont
le Seigneur fe plaint ainfi par
un Prophète : f^om couvre;^
mon autel de larmes,
•f45. Il faut veiller avec grand
Couper la foin contre le mal & fes pre-
lacine des mieres approches. Quand le
péché dont nous Tommes ten-
tés ne devroit attirer après
lui aucune fafcheufe fuite ,
nous ne devrions pas le né-
gliger : mais étant affurés
d'ailleurs qu'un mal en attire
toujours un autre , & croift
dans l'ame infenfiblement &
comme par dégrés , nous ne
pouvons affez veiller pour
l'étouffer dès fa naiflance. Il
ne faut pas s'amufer à con-
fidérer fi le péché dont nous
fommes tentés eft grand ou
petit : mais nous devons nous
perfuader que fi nous n'en
arrachons h racine, q'uel-
moindres pé
«kcs.
tiftm cap tentes , licfie'
ficium ffofieà ex cade
conferlis. Judaïca
hnjufcemoài eleemo-
Jyna eft , imo vero
diabolica. Suntenim,
fttnt etiam r.unc , c^ui
alienis direptis exct*"
faiosfe à, toto crimine
putant , Jî alicjuam
partent pauperihus
dederint i de quihui^
ah Propheta : Alta-
le meum lachry«
mis operiebatis.
Homil. 87. kl
cap. 27 RepsUend^
funt malcrum initia.
Nam etiamfiaà ma"
jora prima non prc
grederentur peccata ,.
non ejjet tamen «e-
Zli^^ndum : nunc ve-
ro per ijlam incuriam
gradatim femper af^
cendunt , quapropter
omni fludio principia
peccatorum fanditàs
funt evertenda. No»
enim vim folam deli^
6li conjîderes , ne:
quià parvum Jit co"
rrites : fed iHud pr^e-
ctpue tetie , quod Jt
radiccm non 6Vt*lfc*
Sur s
ns y magnum iniè
feccattim fuccrefcet,
Mirabilu quiddam
dicere audeo. Solet
tnihi nonnunquàm
nos tanto fndio ma-
gna peccata vidsri ejfe
evitanda , quando
farva Z3* vilia:ilU
enim ut av er fémur ^
ipft peccaù natura
efjiàt : hac autem
quià parvafttnt , de-
fides reddunt ; CT»
ditm contemnuntur ,
non potcji ad eorum
expitl/îonem animas
infurgere generosè,
A minimis ad ma-
xîma gradatim dia-
bolus diicit i C indè
ad defperationem de-
irudit ; ^ banc viam
priore non minorent
adinventt. Non enim
adeo peccatum ut def-
feratio perdu.
Religiofos devo-
tionii habit tt adpec-
candum impeliit . . ,
Hoc autem fit quan^
Matthieu. i6%
que foible qu'elle paroifle
d'abord , elle produira dans
la luite des fruits de mort.
Je vous veux dire une cho»
fe qui vous furprendra. Il
me femble que nous ne fom-
mes pas obligés de veiller
svec tant de loin contre les
grands crimes , que contre
les fautes qui nous paroilfent
légères & peu conlîdérables.
La feule horreur que nous,
donnent ces grands péchés,,
nous en peut ailez défendre j
mais la petitelfe des autres
nous rend plus ncgligens à
les éviter , èc le mépris que
nous en faifons , nous y rend
comme inlendbies Se incapa-
bles de les furmonter.
Le démon commence tou-
jours par de petites fautes à
conduire infenfiblement' les
hommes jufqu'aux plus grands
crimes , pour les jetter à la
fin dans le défefpoir , qui eft
le comble de tous les autres.
Car celui qui fe défefpere a-
près fon crime , fera plus dam-
né pour fon défefpoir , que
pour le crime même qui ea
eft la caule.
Le démon a quelque fois
l'artifice de déguifcr telle-
ment le vice fous l'apparen-
ce de h vertu , qu'il fait pé-
?44-
Les petits pé-
chés fouvenc
plus dange-
reux que les
grands.
5'45r.
Le démon
conduit peu
à peu au dé-
fefpoir.
Si l'on n'eft
humble , oh
péchc fou-
vent en cro-
yant bien fal-
S47'
Trifteffe im-
modérée dàii-
gereufci
Î48.
Ke point
contraindre
les autres de
nous vendre
leurs terres ,
même en bien
payant.
U9'
Flatteries
plus dang^-
reufesqucks
injures.
164 Des Home
cher les perfonnes de pieté
en croyant bien faire. Mais
ce mal n'arrive que lorf-
que ces perlonnes ont alfez
ée préfomption pour préférer
leurs fens & leurs lumières
particulières aux régies de
l'Ecriture.
L'exemple de Judas nous
apprend que ces trilleflés im-
modérées où l'on tombe quel-
quefois après le péché, vien-
nent de l'artifice du démon.
Quoique le Roi Achab of-
frift à Naboth de lui donner le
prix de la terre , ce feul péché
de vouloir acheter ce que l'au-
tre ne vouloit pas vendre , le
précipita dans ce comble de
malheurs que nous marque
l'Ecriture Parce qu'il ne nous
eft pas permis de contraindre
perionne à vendre contre fou
gré ce qui eft à lui.
S'il étoit permis à un
Chrétien d'avoir de l'averfion
pour quelqu'un , il en devroit
plutôt avoir pour ceux qui le
loiient & le flattent , que pour
ceux qui TofFenfent & l'inju-
rient. Parce que les flatteries
nous font bien plus dange-
reufes que les injures -, & que
fi nous ne veillons bien fur
nous 3 il eft bien plus aifé de
nous y iaiÛer fiirprendre»
LIES
do aliqul judidttffS
fttum fcrtptnrii ante-
ponunt.
Immoàeratam pofi
peccata trijïniam dia»
bolico arttficio fieri
Judai patefeàt.
Quamvis Achab
pretiHtn dederit , ta-
men quia à nolents
accepn , panai luit,
Emptor enim non co-
gère , fed perfuadert
débet.
Homil. 88. .^
nonnulloi averfari de
cet 5 adi*latores magii
quàm contumeliantes
odi(fe oportet : major
entm non attendenti-
bus ex adtilationepe^
pis 5 qnàm ex vitU'
peratione oririfolet :
C facUius eji hanc
quant tllam pajfionem
f»perar9t
Quterà
Sur s
Qit.trls laudem : tt^
i^itttr te ijffHm hono-
ra , er nemo te de ho-
nejiare poterit i fi zé-
ro te ipfum dehone-
fiabii , etiamfi omnes
felaudenty nihilomi-
nus non honoraberis.
Bonus etjl prava
multorum opinione
Udi videtur , nun-
quant tamen fiet ut
talis nonjît^ quaUs
tft : at qui temerè
fufpicatus efl , pejli-
ferum in feipfum
morbitm attraxU. Sic
fravus , Jî è contra-
rio bonus ejfe videtur ,
non modo mhtl inde
lucratus ejl , verùm
€7* in dejîdiam inci-
iiet, CT* majori cru-
ciatu vexabitur.
Homil. 8^. Ni»
hil interef} Jîve huic
pauperi , five ipfî
Chrijlo dederis. Ni-
hil enim minus ha-
bes his muheribus
qute tune Chrijium
alebant , imo ver)) ,
multo etiam majus.
^Non eji enim <equale
ipfum DominumpTti'
Tom. I.
Le vr.ii hon-
neur conliliç
en fa propre
vertu.
5rr.
Méiiifance ,
vaine contre
lejufte; loua-
ge inutile au
aiéchatit.
. Matthieu. i^^
Si nous avions foin de nous
honorer nous - mêmes , per-
fonne ne pourroit nous def-
honorer. Mais fi nous nous
deshonorons nous mêmes par
le péché , quand tout le mon-
de nous comblcroit de loiian-
ges , nous n'en ferions pas plus
eftimables.
Qu'on décrie le jufte tant
que l'on voudra , il ne cefle-
ra pas pour cela d'être jufte ,
mais ceux qui entrent aifé-
ment dans cts faux loupçons ,
fe percent le cœur d'une playe
mortelle. Qu'on loiie au con-
traire le méchant tant qu'oa
voudra 5 toute cette eftime ne
fervira qu'à k confirmer da-
vantage dans fa méchanceté
& dans fa parefle, & à atti-
rer fur lui de plus grands lup-
plices.
Il n y a point de différence ^<^il
entre donner au pauvre , ou On ne mé-
à J E s u s-C H R I s T même : "'^^ P^« "1°^"^
& vous ne ferez pas moins ^" ^^^i^^^n« le
récompenlé en donnant à un ^073(^0"'
indigent . que le furent ces j. c. même,
famtes femmes qui nourrif-
foiert J E s u s-C h r i s t du-
rant fa vie J & fi je l'oie dire ,
vous le ferez beaucoup da-
vantage. Or il faloic moins
±66 Des Home
de vertu pour donner à man-
ger au Sauveur lorfqu'il étoit
préfent , & que fa vue écoit
capable d'amollir un cœur de
pierre -, que pour nourrir &
afîifter des milerables , des
mendians , & des malades ,
par le ieul refped que l'on por-
te aux paroles de JESUS-
Christ.
çn* Quand nous voyons un
J.C. caché pauvre , fouvenons-nous des
dans le pau- paroles parlefquelles J ESUS-
>re- Christ déclare que c'eft à
luy que l'on donne. Quoy
que ce miferable qui paroît
à nos yeux ne foit point en
effet JEUS-CHRIST, c'eft
JESUS - Christ néanmoins
qui demande & qui reçoit no-
tre aumône fous l'habit & la
figure de ce pauvre.
^54^ C'eft toujours un mal de
Contre le fe parer avec de l'or , mais
luxe qu'on c'en eft encore un plus grand
poite jufqu'à jg ygjjjj. porter cette magni-
^ ^^^'^^' ficence jufques dans i'Eglile, &
de pafler dans cet appareil au
travers de tant de pauvres qui
font à la porte. Si vous aviez
fait delTein de foulever tout
•îe monde contre vous, vous
n'en pourriez pas trouver un
meilleur moyen 3 que de facri- •
fier les biens que vous avez
re-^u de Dieu à un luxe fi
LIES
fentem alere , cujus
priefentia veL Upi-
deum animum ad fe
attraheret » ^ pro»
pter eji*s dumtaxat
pauperes , mendicos ,
agrotoi alere atqne
cttrare»
Qiéum pauperem
videris , iu»c verho-
rum illorum recorde-
ris 5 qmbus fecum
ejfequi alatur decla^
rat, Nam etjîid quoi
oculis nofirii fubje^
Oum efl , non fit
Chriflui s fith httjui
tamen habitu tpfe ac*
cipit CT* mendtcat,
Homil. 91. in
cap. zS.Aurum qui-
dem geftare ubique
perniaofum eji , tum
vero maxime càm
Ecclefiam ingredieris^
qttatido per pauperes
tranfis. Nam fi te
ipfam vehementer cri'
minari fifideres y non
alium fitmeres habi-
tum quam tfiam crtt"
delitaiis perfonam.
Cogita quot efitriea^
Sur s.
tes m tait halhu
pr^tereai , ^«of nu-
dos in hoc curiofo
ornatu f
Onerojum-ne efl
pecunias projicere ?
Imo <D€ro neque hoc
fra<:e^it Clnijius ,
fii confitluit. C£te-
ri^m et fi ffrtecefftum
eJJ'et i quidnam adeo
grave , onera non
circumferre , nec cu-
rai mempeflivas.
Âudite ijla qttl-
cumque pauperes e-
flis y vel potius qui-
cttmque dnefcere vul-
H'i. Fauperem ejje non
«fi mahm , fed nolle
pattperem efje. Nec
paupertatem exifitmes
rem metuendam j CT*
tibi gravis non etit.
"Non enim in nattera
reiy ftd in pujïlîani-
morum judicio metus
ifie locum habet,
^in ^tiam me pu*
Matthieu. 26^
cruel aux pauvres. Confiderez
combien votre magnificence
irrite cett<; troupe de mifera-
bles qui vous voit palîer , que
la faim dévore , & dont la
nudité crie vengeance contre
vos vétemens fi luperbes
Si vous trouvez que ce foit î^ff.
une choie fort pénible de re- Confeildoux
noncer à tous fes biens j je vous ^- renoncer a
répondray que J. C ne l'a pas ^" ''^*"^-
commandé abfolunient , mais
feulement confeilié. Mais
quand il^n auroit fait une loi
cxpreffe , leroit-ce une chofe
fort difficile & fort à charge
defe^égag^rd'unfardeaujde
ne le point porter par tout avec
ioy 3 & de fe débarafîer de tant
de foins & d'inquiétudes qui
l'accompagnent f
Ecoutez cecy vous tous i|ui ç^^;
êtes pauvres , ou plutôt qui Lapauv'reté
voudriez bien être riches : ce eft un bien,
h'eft point un mal de n'être
pas pauvre , mais c'en eft un
de ne le vouloir pas être. Ne
confiderez plus la pauvreté
comme un mal , & elle ne
fera plus un mal pour vous.
Car tout le mal qu'on y trou-
ve ne vient pas de ce qu'elle
eft naturellement , mais de la
foibleife & de l'imagination
des hommes lâches. Quand
je dis que la pauvreté n-eft
Zij
1^8 Des Home
point un mal , je dis trop peu i
car fi vous avancez plus avant
dans la philofophie chrétien-
Ke , vous trouverez que non
feulement elle n'eft pas un mal,
mais qu'elle eit la fource de
fj7, tous les biens.
Donner fon Si VOUS ne pouvez pas tout
fuperflu aux j'^j-j ^oiip quitter votre bien ,
pauvres* j^ n'exige point cela de vous :
mais je vous demande au
moins que vous en falTiez part
aux pauvres , en le leur don-
nant peu à peu félon leurs be-
soins , & que vous n'en rete-
niez pour vous que ce qui vous
eft abfolument nécelïaire aux
befoins de cette vie.
LIES
det de paupertaie di'
cere^quodmalum non
efl. Nam Jî philofo'
pheris infinitorum ti"
ht bonorum fom erit.
Proficere non po-
tes divitias , non co-
go : fedobfecro ut fnh
tem particulatim in-
digentibtts diftribuas ,
necplufquam tibi opus
fit exqmras.
DES HOMELIES
SUR S- JEAN-
T E vous déclare que quicon-
^^^' I • - u.
En renon- J que communie a cette table
^ant aux pô- divine , ne doit prendre aucu-
pes du diable, jjg part à ces fpedacles dam-
on a renonce ^^^^ • -^^^^ ^ ^^^^^^
aux fpewa- - « i ' li j
cle$. "*^" ^ ^^ trouble dans vos
âmes. Car tout ce qui fe dit
& fe fait en ces lieux propha-
nes eft une vraye pompe de
fatan , & eft confacré à Timpu-
mé. Ceux qui font initiez, aux
In Evang. Jean.'
prolog. Ecce pr^dico
vobis , nemo qui hac
menfa fruitur , ani'
mam fuam mortife-
ris illts perturbet
fpe^aculis. Quicquid
tUtc dicitur ^ fit ,
fatatt£ pompa ejî CT*
lafcivia. Nojlis fa-
cris initiati j qua
Su
fadere nohis vos ad-
firinxeritis y ^ ut
vertus dicam , Chri-
fto ; cùm Vos tpfe edo-
teret , qntd et dixi-
ftii f Que fuper Sci-
lanA pompa cum eo
verbu habniJUs ? Qun
paflo ei CT* Ange lis
«j<ts tune ahrenun-
ciajlis , promififlifiue
ttulla ei in re ajjen-
fumprafïure. Quam-
oorem non parum
nohis curandum e/?,
ne m his promifponi-
Dus perfidite argua-
mur , neve nos ipfos
his reddamus tndi-
gnos myJJenis.
Hom. i.in cap.
I. Evang. Joannis.
Nemo in Ecclefia fu-
fer domo €^ familia
cogitet s fed contra
domi Ecclsfiam , CT'
divtnas res animo
compleflaïur, Hsc
cateris rehus ommbus
funtpreciofiora: H£c
enim anim£funt » illa
vero corporis , imo
O* amin<e O* corpo.
ti plurimum conjè-
R s. Jean. z6^
facrez myfteres, n'ignorent pas
quel ell le pad & l'alliance
qui vous a attachez à nous , ou
plutôt à J £ S U S-C H R l S T.
£c en effet que luy avez- vous
répondu quand il vous a don-
né les jnftiudions ? Dans quel
engagement êtes vous entrez
fur les iujets de ces pompes
de fatan .-' N'avez- vous pas
renoncé par un ferment folem-
nei au démon & j fcs Anges >
& n'avez-vous pas promis de
ne luy jamais déférer en au-
cune choie ? Nous devons
prendre un grand foin d'agir
en forte qu'on ne nous puilîe
jamais acculer d'avoir été
infidelles à ces promeffes , &
de ne nous rendre jamais in-
dignes de la participation de
CCS faints myfteres.
Que perfonne étant dans ^<^p.
l'Eghfe ne s'amufe à penfer s'occuper
aux affaires de fa maifon & pl"^ deschc-
de fa famille 5 mais plutôt ^^^'^V'^l'^f
lors même qu^il cft dans fa f;,;;f'' '^'^^
maifon qu'il penfe aux chofes
de Dieu , & à ce qui fc fait
dans l'Eglife : les affaires du
falut font préférables à toutes
les autres. Car elles regardent
l'ame , & les affaires tempo-
relles ne regardent que le
corps : ou plutôt les premiè-
res font utiles à l'un & à l'aur
2 iij
150 Drs Homélies
ttc. C'eft pourquoy nous les runt
devons regarder comme les
plus importantes & les plus né
ceflaires '■, & toutes les autres
eomme fiipeifluës. Et en effet
les chofes divines convien-
nent & â la vie prcfenre , & à
la future j au lieu que celles
de la terre ne conviennent n*y
à l'une n'y à l'autre j fi elles ne
font réglées félon la loy que
ces premiers nous p> efcrivent.
Or nous ne dtvons pas feule-
jîient nous appliquer à con-
ftoître quels nous feroiis un
jour y & quelle fera cette vie
dans le ciel que nous mène-
rons-, mais encore à nous inf-
truire de la manière dont nous
devons vivre en ce monde, dans
lequel nous ne faifons que
palfer comme des voyageurs
& des étrangers,
î'^o. il eft ridicule que nous
Servir Dieu exigions de ceux qui nous
avec appUca- fervent une alFiduité & une
idcirco ea no»
bts omnium potijjtma.
ducamus , reliqua fu'
pervacanea. Divlna
namque CT* pr^fenti -
Z!^ future viî£ accom'
modata fnnt : terre'
na vero nettirt , mjt
ab his prtefcripta lege
moderentùr. Non e-
fiim duntaxat qua'.es
futitri fitnus , pho
pu6îo tllam vi^turi-
Jtm»^ vitam hinc co-
gnofcere oporiet , fed
quanam ratione in
hoCjCeculo quoqtte pi-,
regrinandum ej}.
twn,
application continuelle , &
que nous en apportionsfipeu
au fervice que nous devons à
Dieu i & principalement fi
nous confiderons que tous les
fervices & les devoirs que
nous lui rendons lui font in-
utiles , & qu'ils tournent tout
entiers à notre propre avanta-
ge-
Homil. i. Nome
ridtculum ej} , ut fer-
vulos noflros in no-
J}ris femper negotiii
occupâtes velimui '.
mi ver}i nullum Deo
exhibere fervitium ;
pr<fferti'in cum noflra
omnii fervitus nihil
ei conférât . . . fed
ad nofhram penitùs
redundet utilttatem.
Su
yoi ad fpeêlacula
filiûs adduchis ....
vemm Jt quid fan-
fium , fi quid fptri-
tale collt^endHW fue-
rïf, tnanem ta a\>-
pelUtis fûllicitudi-
nem.
Htec profeSlo atas
ionis maxime admo'
nittontbus tnitzet :
Unera e/? , CT* cito
qua ei tnjiillantur
knhibit ; auditis ,
tanquàm figtllo cera j
puerorum animn ,
imprcfjît. Cratère à
eT* vha et s tn aditu
ejf , ut vel ai vir-
tuttm vel ad vittum
facile popt d.flefhre.
Sf quis i^^itur ipfoi
ab tncHnahulis , ZP*
qttafi vitiorum Vefti-
bulis , ad viam vir-
tutis abfiruheret ,
in hahitu quodam C7'
tiatura reéïe viVendi
0OS confirmaret : ne-
que fponte ftta facile
in dit riora prolabe-
retitr ; car» ejnfmodi
à teneris a(îi4etudo
ad virttttem eos al-
liceret. Hoc paflo O*
majores- diligeniins
\ S. Jeak^ xyi
Vous menez vous-même 5^1.
vos enfans aux fpedacles , Négliger :e
& s'il s'agit de contribuer à ^'".'^^^l^^*^"
leur inftrudion (pirituclle ^P^"^"*
vous eftimez que c'eii un foia
inutile.
C'eft principalement dans ^.^^'
la première jeuneile que les j^^^^';^';;^^^^
pères doivent prendre îo^n jej.j,f^,j^ ^ ^^
d'inftruire bien leura enfans. vertu.
C'elt un âge tendre & capa-
ble de recevoir facilement
les enfeignemens qu'on leur
donnera \ leurs efprits étant
alors comme de la cire mol-
le , fufceptibles de toutes
fortes d'impreffions. Ajou-
tez à rela , que ne failant
qu'eritrer dans la vie , ils.
peuvent être facilement
tournez ou vers le vice , ou
vers la vertu. De forte que
fî.i'on s'étudioit dès ces pre-
miers commencemens de Ja
vie à les faire entrer dans la
voye de la vertu , on les af*
fermiroit dans l'habitude de
bien vivre , qui leur tien-
droit lieu de nature , & ne
permettroit pas qu'ils tom-
balfcnt fi aiféntent dans le
mal ; l'accoutumance qu^ils
auroient prife dans le bien
dès leurs plus tendres anoécs-
Ziiij
i7* Des Homélies
leur rendant la vertu facile, ohfervahunt , & cl-
Et de cette forte ils s'atta- vilibuu» rébus utilio-'
cheroient bien davantage à res rtperientur. Si-
fuivre les bons exemples de qmdam ineunte éttate
ceux qui iont avancez en âge, Jlniorum mores edo-
& feroient plus capables de cehuntur,
toutes (ortes d'aft'aires.
5^3. Si vous demandez à ceux
Foue àe ft q^j font comn^c enyvrez de
vaine gloire, vainc gloire , pour quel mo-
tif ils font de fi fomprueu-
fes d p^nfes , ils ne vous
en appoîteront pomt d'au-
tre , finon que c'eii pour
plaire au peuple. Et fi vous
examinez ce que c'eft que
le peuple , vous trouverez
• que c'cil un corps compofé
de plus de fous que de fa-
ges. N'eft-ce donc pas une
étrange folie , de vouloir ti-
rer Ton honneur & fa gloire
de ceux aufquels nous ferions
bien fâchez d'être (emblables?
5é^4. Il y a de la honte à re-
Ni chercher chercher la vaine gloire du
que la gloire monde ; comme il y a une
d: Dieu. véritable gloire à la mépri-
fer, & à rapporter toutes nos
paroles & nos adions à la
gloire & à la volonté de Dieu.
Car fi nous nous contentons
d'avoir pour l'unique témoin
de notre vie , cpluy qui con-
Eorum qui iaanis
gloria ebrietiate ca~
piuntt& . . , . fi ro-
gaveris quempiam
quanam gratta tantos
fumpîus profundat ,
niilUm Ab €0 ratio-
nern acciptes , quam
ut populo placeat,
Quod fi q»id fît po-
ptilus perco?Jtaberis y
qutddam , inquit , e
Jiuhitia majori ex
parte ca7{ians. Non-
ne fiuhum efi eorum
gloriam aucupart y
quorum nefimilis qui'
dem ejfe velis ?'
Secularts glorU ca*
piditas , tgnominia
efl Bfl aul€m ver a
gloria , eam ut nul'
lins momenti contem-
nere CT* ad divinam
voluntatem , omnia
e?* verba CT" opéra
nofira dirigere : hoc
pa^o ab eo qui (un-^
Sur
fia, perfeââ rattone,
intelligh , mercedem
ace t père poterimui ,
fi eo Jclo erimus fpe-
CÎalore contenii.
Cùm ncijue pecu-
m£ ntque glorttg cu-
piditatt vincimur ,
tutji eas ajfattm ac-
cipimui - tune tisfrui'
mur. Si i'Z'tur nobii
gloriam com^'ururt
cttpimus tgloriamfit-
giamus : ho. entm
facto dtvina fervare
prxcepta , Z^ pr£-
fentibus honis <j'fu-^
taris f rut poterimus.
Homii. 3 Si qttis
poffjfionibui affimt ,
haud aliter his (juam
colonus utatttr > C?*
tanquam paulo pojly
omnia velit noltt te-
lté}iirus.
Quod tram cohi'
heas y nemo te ex
hac caufu trridehity
fed càm ira te tra-
xerit in vtndi^am :
qmdfiquis trriferit ,
puhtts ertt (ejiiman'-
dm. Tu vero noli
inter Jïultos viélorix
gloriam QU£rere , fed
^ cantenttts Jts y
S. J E A M. 27J
noît pat faitement toutes cho-
fes 5 nous eu recevrons une
très-glorieufe récompenfe.
Quand nous ne nous laif- Ç^f»
fons pas vaincre à la cupi- , 0-"oiive
dite de la gloire : & des biens ^^^^^^
d« inonde , c'elt alors que
nous en fommes plus com-
blez. Si donc nous voulons
acquérir ia gloire, fuyons la
gloire: & par ce moyen nous
obfcrverons les divins piéce-
pies, & nous jouirons & des
biens de la vie prclente , &
de ceux de la vie future.
Si l'on polfede en ce mon- $6è,
de de grands biens , il n'en ^ er des
faut uler que comme un fer- l^i'ns comme
mu., dans k vue qu,! les -J--,
faudra un jour quitter maigre pjg^
nous 5 & en rendre compte.
On ne fe mocquera pas de ^4j,
vous, quand vous retiendrez ta modéra-
votre colère , mais plutôt tion n'eftmé»
quand cette paflion vous cm- P"^!^^ ^"^
portera dans la vengeance. Et ^"*'
ceux qui en ufcront autrement
doivent pailbr pour des fous. '
Or ce n eft pas des fous que
vous devez attendre la loiian-
ge & la gloire de votre vic-
toire i mais vous devez vous
ck.
274 Des Home
contenter de celle que vous
recevrezdii jugement desper-
Ibnnes fages.
$6S. Comme on ne fçauroit
''L'avarice ne difcerner un ami d'un enne-
connoît point mi dans i'obfcurité ^ il en ell
é'Am'u Je même dans les ténèbres
du péché. Car un homme
avare & qui eft avide du gain ,
cherche indifféremment à
profiter & furTami & fur l'en-
nemi.
5^9. Ceux qui s'attachent aux
IHuliondes chofes de la terre qui n'ont
biens du ûé- qu'un moment de durée , &
qui ne font que comme des
fonges , relfemblent à des m-
ienfez qui s'imaginent être
riches , lorfqu'ils ncnt rien;
qui fe figurent de jouir de mil-
le plaifirs,qui ne lubfilk^nt que
(dans leur imagination ; & qui
n'en peuvent être détrompez ,
qu'ils ne foient guéris de leur
folie, & comme réveillez de
ieurfommeil. C'eft pourquoy
TApotre nous recommande à
l'exemple du Seigneur même ,
d'être JobreSt CT* de veiller.
'Ç70. 1-3 vaine curiofité entrai-
Contre la ne avec elle deux grands
-raine curio- maux. L'un qu'elle rend mi-
fité, férables ceux qui fe fatiguent
iaucilemenc dans la recherche
LIES
^uam fapientium /»-
dicio ubi comparave»
ns.
Homil. 4. Sicut
*n tenebris nuque <»-
nucm neque tn/micus
agnofcitur , iiidem in
peccato uf» zenit.
Quippe cjHi, Iticro tn-
hiatj nuUam amici y
inimtcwe inteliint
differeiitiam.
In hue vit a nihil
ab tnfanientibus dtf-
ferunt , qui ra terre»
nastiP- br^vt durant"
ras , tanquam tnfom~
Tiis fufpicantur : vi-
dentur divitiis affiiiS'
w, cum nullii af^
fluant i tn deliciis
ejfe cum non fnf- ne-
que ante fe deceptos
intelltgunt , quam ah
in/ania liberentur y
quam fomnum dtfcu-
tiant. Qtiocircà ut fo-
biiifimus &vigile-
mus , nobis Vaulus
prtecipit , CT* itidem
Dominus.
Homil. 6. Duo
mala CT* quidem nra-
. / . *
via cunojoi ctrcumrc-
niunt, Prirnum quod
dum in his fmjïra in^;
Sur
quîrendo lahorant ,
miferi fiunt , c »w ea
invenire ne^ueant :
Alurum quod Deum
irritant , citm confi'
tHtos ab ipfo termi-
nas excedcre conentur.
Non parum con-
fert ad mugnitudiuem
peicatorum imnti-
nuendam , frequens
eorum memar$a O*
accufutio.
Homil. 8. Nihil
tàm alienum a di
vino iimore hominem
teddit , q»am fitper-
bfa. Kihiltam facile
in ge'oennam detru-
dit , ^««jw ruperhi<e
inf>inia , (ub qua om-
nii iioflra vita im-
munda eji , quamvis
fudtcitia , vtrgmt'
tate, jejunioy oratto-
nibus , eleemofytiit ,
quamvis omni deni-
que virttttepr<iflemus,
Homil. 9. Noli-
rnm dileŒJJîmi fidem
nobis ad faltttem fatts
ejje exijlimare. Nam
nifîvitam purum ex-
hibuenmus , CP* hac
c<tlefli vocatione di-
gna noi vejiimen-
S, Je A M. 175
de ce qu'ils ne peuvent jamais
trouver .• l'autre qu'ils ofFen*
fent Dieu en s'eftbrçant de
palfer au delà des bornes qu'il
a fixées à nos connoiiTances.
En rappellant fouvent dans
notre elprit la mémoire de
nos péchez , & nouj» en ac-
culant fouvent devant Dieu ,
nous en diminuons beaucoup
la grieveté.
Rien ne nous éloigne tant
de l'amour de Dieu que l'or-
gueil, & rien n'eft fi capable
de nous précipiter dans les
enfers que cette paflion in-
fenfée. Car elle foiiillc toute
notre vie , quand même
nous aurions enibraflé la vir-
ginité , & que nous pratique-
rions l'aumône > l'oraifon »
le jeûne & toutes les autres
vertus.
Ne nous perfuadons pas
que la foy feule nous fuffife
pour être fauvez. Car fî nous
ne menons une vie pure , &
fi pour répondre à la dignité
de notre vocation , nous ne
confervons fans tâche cette
robe nuptiale 3 qui nous doa-
171-
Gémir (bC-
vent de £u
péchés.
$71'
L'orgueil
détruit tou-
tes les vertus»
Foi inutile
fans les bon^
nés œuvres.
Contre le}
B'érétiqtéis^
2^6 Des h o m
ne entrée dans la falle du feÇ-
tln celelte j pe. (bnnc ne nous
pourra fauver du iupplice dont
tut puni ce miférable , qui fut
jette félon l'Evangile dans les
ténèbres extérieures.
^74. OfFrons à Dieu les (acri-
Aumône du fices de nos aumônes , qui
bieniég time, Jyy font encore plus agréables
que ceux des jeûnes St des
oraifons ; pourveu que les
biens que nous y emplov erons
ne viennent que d'un juftc
travail, < non d'avârice , de
rapines & de violences. Car
Dieu ne per.t fouffrir qu'on
fe ferve des calamitez d'au-
truy pour luy rendre honneur.
Ce lacrifice feroit impie , &
il feroit plus capable d'irriter
Dieu , que de luy plaire.
facrificc a-
greabki
Î7f'
Union des
fidclles.
Les Chrétiens ne doivent
pas feulement être unis les
uns aux autres , comme un
ami l'eft à fon ami ; mais
même comme le font entre
eux les membres d'un même
corps : ce qui eft une maniè-
re de liaifon la plus étroite &
la plus intime que Ton le puiffe
imaginer^
ELÎES
ta induerimus , qm"
hns ad twptias ad'
mittamur , nihil nos
eripiet , quin co-
dem quo miier ille
aff.ciamttr /uppli"
cio.
Hom. iz. Sacri'
ficerntts in iOisfacra-
riii eUemofyn^ ,• Ijoc.
enim ^^oraùone , Z9*
jejwno 5 CT* muliis
Imjufmodi facrijîciti
maius ejifa'.rijirfAm ,
modo ex jtijïofiat la-»
bore C lucre , C^ ont"
ms Jît expers avarp-
tt<e , rapiii£ , violent
tite . . nec enim vuk
Deus alienis calami^
tattbm honorari. Int"
plum enim id facri"
ficium eji ; CT" irritai
potim Deum quam
placet.
Hom il. 14. Non
quantum amicus a»
mico débet propinquk'
tatem , tantam nos
habere invicem opor»
tet , fed quanta eji
membri ad mem»
brum : hac amickta
ZP" cura aliam maio"
rem nemo unqunm
invenirepojfçu
•So:
Homil 1$. Exi-
tiofum vitium invi-
dm non lus cjhihus
invide tur , fed ipjis
invidentièhS. L'nmum
enim eos ujfe/tdit ac
confumit , tanquam
mortiferum qttoddum
vtrus eorum ammos
occupans. Et vero eut
invtdetitr plus affert
tmoltimtnti , ^nàm
damni.
Homil i8. Non
eoi accufo qui domos
hnbent , agros , pecu-
mas f moà'^ his hene
utantur ad frugali-
tatem , & itt decet ,
hoc eji , lanqiiam
domini , non tan-
qttàm fervi : ut ea
pofjtdeant , non ab
his pojjideamur : ut
utantur » non abu-
tantur. Xf^/^'*'^ ^'
nim ^ hocep, pecu-
fAM , quûd ej} uti^
dicttntttr, ea vtde-
iitet ratione , ut in
his netefjîtatibus uta-
mur , non M ferve-
mus.
Qu£ infania , uhi
ûmnia fine labore y
L S. Jean. ^'jif
L'envie eft an vice très- î7^«
pernicieux, non pour ceux de Envie, fiip-*
qui on envie la profpéuté ; Pl'*^" de l'en-.
'■ • I. • vieux»
maiî» pour ceux qui i envient
au^ autres. Car elle les cha-
grine & les ronge comme une
gangrenne mortelle qui con-
l'ume leurs elpnts j & elle pro-
cure plui d'utilité que de-dom-
mage à ceux à qui Ton porte
envie.
Je ne condamne point ceux Î7f«
qui ont des maifons , des . Bon ufage
terres , de l'argent , pourveu ^" '^*^^^?^^
qu'ils en ufcnt bien , & avec
modération , ainfi qu'ils le
doivent : c'eft-à-dire comme
étant les maîtres , & non les
efclaves de leurs biens -, com-
me en étant les polfefleurs ,
& non comme en étant les pof-
fedez : quils en u(ent , &
qu'ils n'en abufent pas. Le
terme grec qui fignifie tout
enfemble richeiies & ufagc ,
nous marque que les biens
ne nous font pas donnez pour
les garder inutiles , mais pour
nous en fervir dans no* be-
soins.
N'eft-ce pas une folie étrati- ^7^»
ge de deiBCurer froids & in- FoUedcfl?-
2^2 Des Home
giiget fon Ci- difterens , quand il s agit du
ciç, quérir fans beaucoup de tra-
vail ny de péril j & de tra-
vailler avec tant d'ardeur pour
le monde , où il y a une in-
finité d'inquiétudes , de tra
vaux , & de dangers à effuyer,
& une efpérance fi douteufe
d'yi'éùffir? Neméprifezdonc
pas votre falut éternel , &
épargnez-vous tant de peines
& de périls , pour courir après
des biens dont Tacquifition
eft bien plus avaniageufe &
plus facile.
57^. Après la grâce de Dieu ,
Le falut dé- nous n'avons rien en ce mon'
pend de la de lur quoy nous puiiTions
grâce & des ^q^^q^ fefpérance de notre
tonnes «u- ^^^^^ ^ ç^^^ ^^^ j^^ bonnes
Contre /ef«uvres.
U rétiqneu Fuyons les plaifîrs , & non
580. feulement ceux de la bonne
Necherchçr chère , mais généralement
quelesplaifîrs tous ceux qui fe peuvent pren-
fpimuels. ^jj.g j^„5 quelque chofe tem-
porelle que ce foit^ & chan-
geons-les tous en âcs plaifîrs
fpirituels , difant avec le Pro-
phète : Mefte:^ votre joye en
hieu , CT* tl vous accordera
tous les défîrs de votre coeur.
Et ainfî nous jouirons heu-
Teufement & des biens préfens
& des futurs.
L1«S
/tne periculo affec^ui
f>o/JumHS,fupinos C?*
ofcitantes perflflere :
ubi amem fudores
tnnumen , navigan-
dtpericula, labores ,
- ci*r£ j e?* quod gra-
vius efl tncerta fpei
^Votum, tantopert
invi^Ure ? NoUte
ergo qutefo f>ropri<^m
fàlutem dejpicere ,
fed tôt periculis omif-
fis ad facihora O*
lucrofiora curramus,
Homil. 20. In
nullo alto , nifi in
foUs bonis operibus 3
pofl àivinam gratiam^
de fiilute cmpiam
/perandum ejf.
Homil. il. De"
lîcias fugiamm , non
in menfis modo 5 fed
quétcumque in rebus
feculartbiis capittn'
tur , ea omma y^/-
ritttahum voîuptate
mutemus j ^ fecun^
dùm Prophetam : De-
leftarein Domino,
& dabit tibi peti-
tioncs coi dis tui;
ut pr<efetmht*s CT'/î*-
turis bonis perfrua"
mur.
Homil. 11. Plu-
ritnum nojhra. faluti
diabolus injtdiatur.
Invi<^tîandum efl igi-
tur , O* contra tlUtts
impetum > unumg
quem^ue fe omm ex
parte pnemunire o-
portet : nam vel mi^
nimo aditu , viam
fibt <juam latifjîmam
patefacit , ac panla-
tim vires acapit.
Si qua nohis falutis
€t*ra ej} , ne minima
qmdem in re diabo-
lum pravalere per~
mittarnus , ne mox
in majorihus pneva^
leat, Summ£ nam-
que amentU efi , ut
cùm ille tantoperè
animarum noftrarum
perditioni invigilet ,
nos contra prc nojira
.ip/orum falute non
eandem adbtbeamus
Mligentiam.
Timeo ne in mé-
dia etiam templo ali-
quando hic lupus de-
litefcat non pravtfus
à nobis > ac injîdiis
fuis cy defidia no-
fira , avis altqua a
y Sir
Veiller pouf
i S. Jean. 17^
Comme le démon veille 58 f;
fans cefle pour nous tendre Méceffitédc
des embulches dans la voye ^* ^^S^l*""^
de notre falut , nous ne de-
vons pas moms veiller à nous
en défendre , & à nous tenir
toujours en état de réfitter à
Çqs violenees. Car (i nous luy
laiffons la moindre avenue
pour fe glifler en notre ame ,
il s'y fait bien-tot une large
entrée, & fes forces vont
toujours croilTant à notre rui-
ne.
Si nous^vons quelque (bin
de notre falut , nous devons rn. - j -
bien nous garder de donner ;^^|î,"*"^=-
au démon, la momdre prife
fur nous , de crainte qu'il ne
nous aflu}ettiife a toutes ks
volontez. Et en effet , fça-
chant avec quelle application
il veille continuellement à
notre perte, c*eft une étran-
ge folie à nous de n'apporter
nulle diligence à notre confer-
vation & notre falut.
J'ay toujours peur que le T^?*
démon , ce loup raviffant , . ,^"^'''-"^^**
ne fe cache même dans cette ^'"^^'^ P?^"^
x: vr r i, i^ous perdre,
xiglile tans que nous Tapper- ^
cevions , & que notre négli-
gence ne luy donne lieu de
fe tàifir par fes artifices de
i8o
Des Homelîes
^es«
quelque brebis de ce faint
troupeau , qui (e fera égarée
parfonpeu de foin d'enten-
dre nos inftrudions Si les
blefl'ures que Ton en reçoit
étoient fenfibics , il ne leroit
pas fi difficile de s'en garan>
tir ; mais comme les playes
des âmes font auifi invifibles
que les âmes mêmes , nous
avons befoin d'une continuel
le vigilance pour nous en dé-
fendre 5 & chacftnfe doit fans cejfe
fonder luy-même.
584; C'eft avec beaucoup de
Richeffes raifon que jE S US-C H R IST
yraycs épi- appelle les richelîes fauffes &
trompeufes , des épines : parce
qulejles font ftériles & infruc-
tueufes comme les- épines :
que la cupidité qu'elles nous
infpirent , nous perce & nous
déchire le cœur : qu'elles font
propres à concevoir les fiâmes
des foins du fiécle : & enfin
qu'ainfi que les épines fervent
de retraite aux vipères , aux
fcorpions , & à plufieurs au-
tres animaux dangereux , de
même il fe rencontre dans
les richeffes un poifon mortel
que Ton ne voit point. Tra-
vaillons donc à confumer par
le feu du S. Efprit toutes ces
épines , & tous les animaux
pernicieux qui y font cachez.
grege C^ hac contti^
ne aberrans dtripia*
tur, Nam (t ejusvttl'
nerafenfu deprehen^
derentur , non fané
^ffet difficile ejus m-
Jîdtas pr<ecuVire ^ ©e«
rum cùm anima in-
vijïhilis invifibiles
plagas acctpiat jfum-
vna nobis opm efi C/-
gtUntta , Mt unuf-
quifque fe ipfum
probet.
Homil. Z3. M?-
riio fpinas vocavit
Chrifttts divitiarum
fraudes, Nam quem-
admodum /pinte fe-
riles fimt , ità CiT*
divitia. Sicut tlU eos
qmtangunt lacérant i
ttà hanc cupiditas.
Quemadmodttm ille
facile igni compre-
henduntur^ ità ht*'
jus f<ecuU negotia,
Pofiremo Ut inter fpi-
nas ferts , vipene ,
fcorpti délit efcunt S
ità in fraudibus di*
Vttiarum. Vertim di~
leOiffimi Spiritusfan'
m igné C fptnas
confttmamus , CT* è«-
fiiai tjfu^amm.
In
Sur
In haplifmo iivina
confuwmantur indi-
cia , fepultura , mor-
tificatio » refurretlioy
vit a, ; CT' h£c ftmul
funt omnia. In aqua
enim tanquam in fe^
pttUhro caffutimmer-
gentibus , vêtus ho-
mo fepelitur CT' tm~
uner^itur : deindè no-
his ernergentiùus na-
VUi refurgit indè.
Donec dijfentimus ,
five patrem quis ha-
heat y Jlve filium ,
five fratrem , mmo
fane vera propinqui-
late devinSlHS inve-
nitur , fpiritali pro -
finquitate ablata,
Q»id enim utiUtatis
Itttei corporis conjun-
Bio , nijî conjunga-
mur O" fpiriti* ? Quid
nobis terrena confert
cognatio ^ fi in c^lis
fumtii alieni ? Alie-
nus e(ï catechumenus
à fideli ; non habet
idem principium ,
nan eandem civil a-
Um y non eundem
parentem , non vi-
él»m , non vejiitum ,
non metjfam , non
Toni. î
S. Jean. t.8i
Tous les myfteres de Je-
sus-Christ font con-
fom liiez dans le Batêiiie , fa ^/'^'^^'^
r' } r r ' r morc OC delà
fepulture , fa mort , (a reliir- .éiurredioa
rection, la vie i ce qui com- ^^ j, c.
prend tout. Car l'immerfioii
dans l'eau nous marque la fe-
pulture du vieil homme dans-
le tombeau , & la fortie de
Peau , la réfurredion du nou^»
vel homme*
Point d'-iî-
liance folide
ftddlcs»
Si nous avons urtpere , ott
un fils 5 ou un frère d'une
autre créance que la notre ,
nous ne femmes plus liez à l^'e^^^^e ïts.
luy par une vraye parenté y
taiît que les liens fpirituels
ne nous y uniffent point. Et
en efïet de quelle utilité peus
être l'union du corps qui
n'eft que de boue, fi celle de
l'efprit ne nous lie pas ? A
quoy nous fert une alliance
de la terre , fi nous Tommes,
delunis & comme étrangers
les uns à l'égard des autres
dans le ciel ? Ainfi il y a une
grande leparacion entre uti>
catéchumène & un fidelle :. ils
ont un différent principe , une
différente cité , un Père diffé-
rent , une nourriture , un vê-
tement , une table , une mai-
fon différente., & rien en tout
Asfc
iSz Des Home
cela de commun. Le catéchu-
mène n'a pour fon partage
que la terre*, & le fidelle n'a
pour le lien quele ciel. JESUS-
Christ elt le Roy du Chré-
tien 5 & c'eft le démon avec
le péché qui eft le Roy du ca-
téchumène. La nourriture du
premier c'eft JesuS-CHRIST,
& celle de l'autre n'eft que
pourriture & corruption. Le
Seigneur même des Anges
eft le vêtement de l'un , & les
habits de l'autre ne font que
la pâture des vers : le ciel eft
la patrie de l'un , & la terre
la patrie de l'autre. Puis donc
qu'il n'y a rien de commun
entre nous , comment pour-
roit-il y avoir de vraye paren-
té .'
^ . « Quand nous nous Tentons
Traiter Ce& r ^^ , ,
inférieurs «meus de colère contre nos
lerviteurs , fanons réflexion
fur nos péchez ; & que la mo-
deftie & la patience avec la-
quelle ils foufFi ent nos carrec-
tions j nous donne de la con-
fuiîon. Car ils font nos égaux
dans ce qu'il y a en nous de
plus confidérable , qui eft le
ipirituel j & ce n'eft que par
une prérogative vile & humai-
ne qu'ils nous font fournis.
De quelle excufe donc nous
pourrons- nous couvrir devant
^57.
ii-vcc cnarite.
LIES
domum , nihll corn»
mune. Etenim terre-
na cathecumeni ^ c<€-
leflia fdelis fttnt :
hmc Cf?riJ}us rex eji ,
un autem peccatum
CT" diabolus : huic ci'
luiClTTijius ej} , un
quoà corrnmpitur. Et
rurftti huic vej}is ti-
nearum opéra , illi
autem Angelorum Do*
minus : huic terra y
un calum , patria.
Itaque cum nihiljtt
inter nos commune,
qu£ cum lUis nohis
cognaùo ?
Homiî. 2f. m
cap. 3. Quanio fer"
vis noftris fuccenfe"
mm , noftra deîiéla.
conJîJeremus^ , €7 eo»
rum modtJ}ia pudore
nos ajjiciai . - . Sev-
vus in majorihus V
fpiritaliv/.s rébus no-"
bis par , humant cur
jufdam Z^ vilis pre^
roiati'Dit S!.^a'ta nos
tolérât : qua srgove-
nia di^ni srimus 3
mo me tu noft
qui diVi
Su
pojfumus , vel ffotius
nolumus^ ut ille no~
firo 3 philofophari ?
Peccata noflra çy
humante natttrte com-
munitatem » rebutan-
tes y ad quojvis man'
fuetè loquamur.
Hoiiiil, i6. Vh-
deat nos immen/ce
Dei non refpondere
itlefliom. Ipfe -ne
unigenito qutdem fi-
lio noflri gratta pe-
percit i nos pecuniis
in nofîrum parcimus
detrimentum.
Ex peccatis po/f
ntyjleriorum initia-
tionem lonzè zravius
ajuigimur. Q|)anto
magis putaiis de-
terioramereri fup-
plicia qui Filium
Dei conculcaverit?
&c.
Qui inani mulce-
Uir gloria , jejanio-
Pttm , orationum ,
miftrtcordiA omnem
mercedsm amiiiit.
Qutd ho.- damno mi-
R S. Je A M. 2ÎJ
Dieu , li la confidcration de la
crainte ne nous fait pas rai-
fonner 8c agir envers eux ,
comme celle qu'ils ont pour
nous les fait raifonner & agir
à notre égard ?
La conlidération denospé- f88.
chez & de la nature qui nous DouceurSc
c'a commune , nous doit obli- l}0""êteté *
ger à parler avec douceur & ^ ^^^^^^ ^^
honnelteté à tous les hommes.
Nous devrions avoir honte ^^9"
de répondre fi mal à l'im- Ingratitude
menfe bonté que Dieu nous ^^^\ Chie-
témoigne. Il n'a pas épargné ^^^'"*
fon Fils unique pour l'amour
de nous , & dans nos aumô»
nés nous faifons une épargne
de notre argent qui ne tour-
ne qu'a notre ruine.
Nous ferons plus griève-
ment punis pour les péchez
Méchaasr
que nous commettons après „i.J"f *^1
• r , • ■ ^*. VIUS JEUDIS-
avoir ete initiez aux laints q^g h<, infT
myft'-res , félon ces paroles delles>-
de l'Apôtre : Combien penfe:^-.
vous cjue mérite de plus grands
[upplices y celtiy qui a comme
foulé aux pieds le Ftls de Diett^
Celuy qui fe laiffe flatter
de vaine gloire , perd tout le
mérite de fes jeûnes , de Tes gloire
prières , & de fes aumônes.
Ya-t-il une mifere pareille ;.
à fouârir les maux de cr
Aa ïy
Ne de'îrfïT
que la vwyt--
284 Des HaME
monde, à être oppofez à fes
niocqueries , & déchoir de
la gloire & de la félicité du
ciel ? Car il eft impoflTible
que celuy qui défîre la gloire
préfente & la future , obtien-
ne toutes les deux : au lieu
que fi on ne défit oit que celle
du ciel , on obtiendroit aufli
celle delà terre. Si doric nous
voulons la gloire , fuyons celle
des hommes , & ne recher-
chons que celle de Dieu , &
c'ell le moyen infaillible d'a-
voir i'uiie & rautrc
5p2. Kien n*eft fi éclatant que
Ex-celi?nce îa vérité , rien n'eft fi puif-
îc force de la ç^^^ ^ comme au contraire
""'"'^ rien n eft fi foible & fi mi-
férable que le menfonge >
quand il ("croit caché fous
mille voiles : car on le dé-
couvre facilement , & il tom-
be & s'évanouît auili - tôt :
mais la vérité fe mpntre à
découvert à ceux qui veu-
lent contempler fa beauté 5
elle n'aftcde jamais de le ca-
cher, elle ne craint nul dan-
ger , elle n'appréhende point
i'embufches ^ elle ne cher-
LÎE s
ferius , mm frit^r^
verheremur CT* ndi'
ciili fiamus , CT" Ju"
perna excidamus glo'
ria ? Neque enimfie-
ri potefi 3 ut qui u-
tramqiie dejîderaty «-
tramque eonfequaturt
fed (i unam optaveri-
mm c<elorum videli-
cetgloriam , utramqi
confequemnr. Quarri'
ohrem fi glonam af-
fequi volumus, huma-
nam fugiamus glo-
ritvny CT* divinam.
duntaxat profequa»
mur : hoc paflo CT*
hanc CT* ilUm adi-^
pifcemur.
Homil. i8. Nihil
ventate clarius , ni-
Inl potenùm i nihil
mendacio hnhecilUus^.
etfî innuwerii ohtega-
tur operimentii : nam.
etiam fie deprehendi-
tur facile , €7 (fpuit ^
Veritas auttm nuda
omnibus proponitua
V3lentihus ejus pul-
chritudinem intueri >.
neque latere vuh 3
nullum timet pericu»
lum, nullas infidta&
tremit > nulUm dejir-
Su
derat muhitudims
^loriam, nttlh homi"
num ej} ohnoxia , om-
nia excedit , etji in-
numeris circumventa-
turinjidiii , tuta per-
manet ; C?* ^m* ad
eam confugittnt , tan-
qttam prmiffimo mu-
rOf ejus viribtts cu-
fiodiuntur.
Fttgiamus vanam
gloriam , ut gehen-
nam fugtamus : hic
namqtte ajfeélus ma'
ximè diaboli diiionem
propagat ; hic <eta-
tem er digniiatem
omnem f<£Vijfmo pre-
mit imperio i hicEc
clejîas hue illuc dijfra'
hit j hic ctvilia opé-
ra corrumpit ; domos ,
M^vitates , populos ,
fundittii everiit ; CT*
Jîin defertum venerity
multam CT* hic vim
oflendit. Nam qui
ftpèpecunias^ mnndi
illecebrai , CT" vehe-
mentiores corporii vo-
luptatei valere ju-
hem t hi nonnuti"
quam ittani gloria
capii 5, omnia perdi-
R S. Jeah. 2^5
che point la gloire de la mul-
titude , elle n'eft affervie à
aucun des hommes, elle s'é-
levc au deilus de tout y quel-
ques efforts qu'on employé
pour la furprendre , elle de-
meure inébranlable ; & ceux
qui fe réfugient lous (a pro-
tedion y Ibnt en fureté contre
toutes fortes de périls.
Fuyons la vaine gloire , afin ^^^2
d'éviter l'enfer : car il n'y a Effets fu"*
point de paillon qui ferve "^^^^ ^"""
plus au démon pour étendre Communs de
t I 1 r la vaine gloi-
Ics bornes de Ion empire : ^^^
c'eft par elle qu'il réduit tout
âge & toute dignité fous fa
dure tyrannie : c'efl par elle
qu'il divife & déchire les
Églifes ; c'efl par elle qu*il
trouble tous les devoirs de la
vie civile ; c'eft par elle qu'il
détruit de fond-en-comble les,
maifons , les villes , les peu-
ples ,• & enfin c'efi par elle
qu'il pénètre fouvent jufqu'-
auxdeferts, & qu'il y fait lèn-
tir fa puifTance , en faifant
quelquefois tomber dans les
pièges de l'orgiif il , ceux qui
s'étoient mis au deffus de l'a-
mour des richeffes , des char-
mes du monde ,, & de toutes
les voluptez de la chair».
285 Des Home
y^4. La gloire du monde eft
la gloire vaine & infenfée -, & ce n'eft
du ciel eft la „j,g gloire que de nom , &
feule v«""-^^^p^^^ j,^^^^^ Maislavraye
gloire eft celle du ciel , car
elle tire fon eftime & fes
loiianges des Anges , & du
Seigneur même des Anges ,
& non pas des hommes / ou
plutôt elle s'attire encore ou-
tre cela l'eftime des hommes.
'fpf. On trouve dans les divines
Tous 112 Ecritures des armes fpirituel-
f^avent pas les pour nous défendre con-
fe fervir de jj.g i^^ ennemis de notre fa-
JTEcricure, |^^ , ^^^-^ ^ ^^^^^ ^^ fçavons
pas bien nous en fervir , &
apprendre à nos difciples com-
ment ils doivent les manier ,
quelque vertu & quelque for-
ce qu'elles ayent en elles-mê-
mes , elles deviennent inu-
tiles à ceux qui en font revê-
tus.
fçé. Ceîuy qui perfuade la vê-
le peu de rite à les auditeurs , jouît dé-
fiiccèsdes j^ de cet heureux prix de fes
Prédicateurs ^dications , comme d'un
ne lâit pas K . , ^ •»« •
perdre aux ^^"1^ ^e fes travaux. Mais
bons Prédi- celuy qui n'étant pas fi fa-
careurs le ur yorablemetit écouté 5 ne lailîe
LIES
Terrerta glort*-
inanis C J}ulta ejï 3,
nomine tanmm , non-
re , gloria : illa vcm
ro cdleflii , ver a ; ^««e
non homines , fed
Angeles CT* Angelo-
rum Dominum imo
Çy cum hii etiam ho»
mines laudatores ha*
bet.
Homil. 2p. A
fcripturis Jpimalia
arma accipimus , ve-
rttm Jî ea adaptare
C rite difcipulos ar-
mare ignorabimus ,
ipfa quidem proprias
habent vires , accl^
pientibus autem nihil.
ajferunt utilitatis»
Qui attente au^
dientibus loquitur , îs
laboris pr^mium ha-
bet auâitorum perfita-
Jïonem. Cufus auten^
verba non audiuntnr^
neque tamen ccj?at y
plurtmifaciendus efi,
cùm Deo placere ad-
Kcomfcnfe. pas de continuer à accomplir
fon miniftere pour plaire à
Dieu 3 eft encore plus efti- nitatur, C?» nemwe
xnable. attendente fltum tmr
pîeat offidum.
Su
Ho m 36. Quaft'
to qms ex bumiliori
gradii ad dignitates
ajjitmitur , facilim
tn fuperbU infamant
ejfertur ; utpote qui
expersjîi repentini C?*
in/perati honoris.
Facere qu£ Deo
non placent , id de-
màm ejl inutiliter vi-
Vere , vel potiuspet"
dite. Càm enim da-
tum nobis tempus in
ntillam impendimus
Htilitatem , inutilis
impenfe. tdtimum da-
turi JUpplicittm btnc
migyabimtts. Num-
qttid qui pecunias ad
negottationem accep-^
tas prodenrit , ab eo
créditer rationem
exi^et i qui autem
Ztitit munus perditè
confttmpferit , impu-
nè abierit ? Nonprop-
tereà Detts prafentem
nobis vnam pr^ejfhitj
ut bac tanti*m frtta-
mur vita , fed & tO'
tii viribus ad futU'
ram contendamus . . .
Froptereà immorta"
km nobii animam»
R S. Jeak. ig/
Ceux qui d'une balFe con-
dition font élevez à des di-
gnitcz lublimes , fe laiffent
plus aifémenc emporter à la
vanité > étant incapables de
bien^ porter la furptile d'un
honneur qui leur eft nouveau ,
& auquel lis n'avoient pas lieu
de s'attendre.
Une vie qui n'cft pas agréa-
ble à Dieu 5 eft une vie inu-
tile ou plutôt pcrnicieufe. Car
lors que nous n'employons
pas utilement le tems qui
nous a icy été donné de Dieu ,
il nous punira du dernier fup-
plice , pour en avoir fait un
ufage fi vain & fi inutile. Si
celuy qui diflipe l'argent qu'-
on hiy a prêté y fans le faire
profiter , fera obligé d'en ren-
dre un compte fi rigoureux :
comment celuy qui aura inu-
tilement employé le tems de
cette vie que Dieu ]uy avoit
donné pour gagner le ciel ,
pourra - 1 - il éviter le châti-
ment de fa négligence & de
fa parelfe ? Car la vie préfente
ne nous a pas été feulement
donnée pour en jouir, & pour
y prendre nos plaifirs ,• mais
pour y travailler de toutes nos
forces à acquérir la vie future.
Et Dieu n'a fait notre ame
immortelle , & ne réublira
^97' ^
Petits de-
venus grands-
fujetsàlava<t
nité.
On rendra
un compte
terrible dU
temps perdu,
zSS Des Home
notre corps dans un état im-
mortel, qu'afin que nouspuif-
fions jouir avec luy des biens
éternels.
'ç-pp. Si le démon n'ofe cn-
tire 5c mé- trer dans aucune maifon où
djterl'Evan- eft l'Evangile , il aura bien
S*^«' moins la hardiefle d'entrer
& d'introduire le péché dans
une ame qui s'occupe fouvent
à le lire ? Sanctifiez donc vo-
tre ame , & votre corps i ayant
toujours dans votre efprit &
fur votre langue le faint Evan-
gile-
^00. Vous devez vous offrir tout
Offrande & entiers à Dieu en facrifice, &
eirconcifion ^on pii,s des animaux ; &
fjirituelles. ^■>^^^ ^^^ç^ q^g ^0^5 jyy pj.^.
fenterez une hoftie vivante.
Car il le faut adorer en vérité.
Ce n'eft plus auiTi la chair
qu'il faut circoncire , mais
nos msuvailes penfées , en
nous crucifiant nous - mêmes
pat la mortification de nos
cupiditez & de nos mouve-
mens déraifonnablcs.
?Gi. Nul ne peut être fauve
Peintdefâ- r^ thumiUté. il. a beau
LFES
O* corpus imrmr-^
taie futurum largi^
tus ejl , ut perpetuii
c»m ipfo bonis per-
fruamur.
Homil. 31. ^/ in
quacumque domo E~
vangelirum eji , tlluc
diabolus non audet
ingredi ; quanto mi~
nus animam ei ajjî'
duis leclionihus fa»
miUarem * neque d^^
mon , neque pecca-
tum attin^ei ? SanBi»
fica igitur animam ^
fan^ifica corpus i hoC
conttnget fi Evange~
lium Jemper CT* anima
hahuerii & lingua,
Homil. 3z. Non
pecora y fedte totum
Deo ojferas facrifi"
cium ^ fie viventem
hojiiam exJnbebis. In
veritate e«tm ado-
rare oportet . . . Noa
caro jamj fed maU
circumcidend£ funt
cogitationes , C7* noi
ipfos crucifigere , ©•
irrationales auferre
cupiditates oportet at'
que maflare.
Sine humilitate
nemo falutem confç-
qmtu»^
Sur
^tiitur -, fed fwe qt*is
jejtinaverit'ifive ora-
verit , jlve fuaspau-
pertbus eroguverit fa-
cuhates » finehumiU-
tate"; ha:c CT* hujuf-
modt omnta mhU af-
ferunt utilitatis : co«-
trà iffius condimento
gratiora omnia red-
duntur.
Hom. 33- Meus
cibus elt uc faciam
voluntatem ejiis
quimifitme. Homi-
num falutem hoc in
loco cibum aPpellat ,
ut qttanta falutis no-
Jifé cura CT" defîderio
teneatur oflendat : fi-
CHt emm nos cibum ,
ità Chriftm humani
generis falutem defi-
derat.
Etfî nemo opéra
noJlravUeat, fingu-
li fuum confciemiam
ingtediamur , O'ju-
dicem jtbi rationem
conJ}iiuant , errata
in médium adducant >
nifï veiint in die tlla
horrenda umverfo or-
hi eamamfejiè pâte-
re. Sanentur jam
vulnera , /ttmatur
S. Jean. i^p
jeûner, prier, & donner Tau- ^"V^^"* "^'
mône ; ces bonnes œuvres & "^^^^^*
toutes les autres femblables
qu'illpcuc pratiquer , lui font
inutiles fans ^'humilité : com-
me au contraire tout ce qui
fera alfaifonné de cette admi-
rable vertu , fera agréable à
Dieu.
Ma nourriture efl de faire la 6oi.
volonté de celui qui m^a envoyé, l^efir ardent
J E S u s-C HR I S T appelle ,'^^J-^'P°;i''
Ky le <alut des hommes fa'^.^tl'"
nourriture , ahn de nous mar-
quer le foin & l'ardeur qu'il
a pour notre falut j en nous
déclarant que nous ne dev-
rons pas avec plus d'ardeur
la nourriture qui nous fait
vivre , qu'il délire le falut des
hommes.
Quand perfonne ne feroit ^05*
témoin de nos adions , cha- ^^'^"^e" ^^
conlcience,3C
pénitence,
cun de nous doit rentrer dans
fa conicience , y établir la
raifon pour juge , & rappel-
1er devant ce tribunal inté-
rieur toutes fes fautes , s'il
ne veut qu'elles paroiiîent un
jour à découvert aux yeux de
tout l'univers dans le jour
épouvantable du jugement
général. Travaillons donc à
Bb
^04-
Efficace du
pardon des
injures^
Applujuer
des remèdes
contraires à
fes péchés.
»po Des h o m
guérir nos playes , & ayons
pour cela recours au remède
de la pénitence.
Celuy qui aura receu en
Ton aiTie de grandes blellures ,
y pourra aufli trouver un
grand remède dans ces paro-
les de notre Seigneur : Re-
niette:y^ , V il vous fera remis.
Et comme les fautes qui ont
été lavées dans les eaux du
Batême , font tellement ef-
facées qu'elles ne paroiflent
plus , le pardon des ofFenfes
produira en nous un fembla-
ble etfet , pourvu que nous
nous repentions véritable-
ment de nos péchez. Carl'ef^
lentiel de la pénitence eft de
ne plus retomber.
Il faut être purifiez du pé-
ché & dans nos œuvres &
dans notre cœur j & (e fer-
vir pour guérir nos maux , de
remèdes qui leur foient con-
traires. Par exemple, fi vous
vous êtes enrichi du bien
d'autruy , réprimez votre ava-
rice 5 & guénlîez cette playe
par la libéralité & par les au-
mônes. Si vous êtes tombé
dans l'impureté, appliquez le
remède de la chafteté à cette
blelTure. Si vous avez ofFen-
fé votre frère par des calom-
nies , corrigez-vous par la
ELIES
poenitentia medtcina*
Potefl etiam cjui
innumeris fit confe-
fîus vulnertbus fjintis
evadere. Sidimife-
ritis,*«^»«jdimit-
tetur vobis. Et fi-
ent in hapttfinate ab-
luta peccata amphui
non apparent'-, ità CT*
dtmittendo ahluantur,
fi pœnitere volueri~
mus, Ea demttm ejï
pœnitentia 3 ne am»
pltus peccemus.
Oportet 0?' operi'
hus C^ animo otnni
fcelere vacuum ejje ,
C?* vulneribui con-
trariam ajferre medi-
cinam. yerbi gratiây
rapuifii CT* ditatus
es ? pone modum ra~
pinte, CT* ejus vul'
neri elecmofyna me-
dearis. Scortatus es?
Unie HÏceri caftitatis
imponatur medicma,
Fratrem calumniatus
€S<^ offendifii? cejfa
à makdiélts C7' cha*
Sur s. Jean. I9t
titatem ampîechre. retenue de la langue , & em-
bi aflez le remède de la chari-
Patilftsait : Do-
minus propè elt ,
nihil fitis fblliciti:
fed nobti contrarium
ejïfortajje dicendhm :
Domtnus propè ej} ,
foUicùi fitii. IIU enim
quiinanxieiatibm O*
Uboribus atque cer-
tamimbus verfaban-
tur 5 Jure andiebant
nihil folliciti fîtis.
Qui veto in raptnis
vivunt , qui in deli-
ctis , graves daturi
panas , non hoc ,fed
tlltid merito aiidiant ;
Dominus prope e(i ,
e^ote folliciti.
Hom. 3^. & fie
^leinceps. Quemad-
tnodum in auri me-
tallii , ne minimam
qmdem venant quif
piam qui rem intelli-
gat , omittit ; ut pote
-qute ad au^endas di-
■vittas plurimum fa-
ciat ; ità CT* infcrip-
turis divints , ne u.-
num iota, autunus
apex ,fed ne dimidium
qmdem pr^termitten"
te.
Saint Paul dit : Le Seigneur f^^.
efl prêt de venir , ne foyey en ^'V^"^'
^- j • r> I ' •► u ment de T. C*
petnederten^ Cela etOJt bon ^^^^j^Iî aux
pour les Chtet'ens , qui au chrétiens
tems de l'Apotre étoient fenfuels.
en des maux , des travaux,
& des combats continuels ;
mais maintenant que vivant
dans le péché & dans les
plaifirs , vous êtes menacez
des châtimens éternels , il
femble qu'il foit à p;opos de
vous dire tout le concraire ;
Soye:^ en peine , parce qtte le Sei-
gneur ej}prêt de venir.
Comme ceux qui fe con-
noillént aux mines d'or , en
fuivent les moindres veines,
pour n'en rien perdre , & pro-
fiter de tout ce qu'elles ont
de richefles ; il en faut faire
de même dans les divines
Ecritures, n'en pas laifiérpaf-
^CY une feule lettre ny un fèul
point fans y faiie grande atten-
tion , & être ioigneux d'en
pcff^r jufqucs aux moindres
mots. Car tout ce qui y eft
contenu vient du (aint Efprit,
Bbij
€oy.
Tout eît my-
fterieux dans
l'Ecriture,
292, Des Homélies
& il n'y a rien d'inutile n'y de dumefl;fedomntadi-
fuperflu. ligentim invejlijran-
da: nam à S^iritufati'
âio omniaproveniuntî
neque in his quicquam
fuperfluitm , nihii non
nece(?arium.
Dederat nohis à
principio Deus lihe-
ram omni cura CT*
labortbus vitam i eo
turpiter munere ahu'
fi /umtts 5 C?* inertie
dediti , paradifum
amtfimus : idcirco la-
horiofam nohis vitam
inftituit 5 quafi Je
humano generi excu"
fans dicereti dedi vo*
bii à principio deli'
cias , fa^t eflii irh-
dulgentiâ détériores ,
ideo vobis eas la-
boribus commutavù
Qui cùm neque vos
continerent , lex C7*
pr£cepta fuccejfere ,
tanquam repagula O*
frxnum equo tndomi^
ta j quibus ejus ad'
verfus rationem in-
fulfm compefcerentur.
yita i^itur laboriofa
injîituta e[i , quoniam
quies ^ otium vitam
C7* morei corrumpere
éo8. Dieu nous a voit au com-
L'homme mencemeiit donné une vie li-
eft condamné bie de tous foins , & cxemte
à h psins Je [Qm; travail i mais nous en
f^;'7°^;^"avons honteufement abufé ,
bufe du plai- „ ' ' l j ' ^
j^j.^ ^ & nous étant abandonne a
l'oiliveté & à la pareffe , nous
avons été chairez du paradis.
C'eft pour cela que Dieu a
voulu que la vie que nous me-
nons maintenant foitlaborieu-
fe 3 comme fi pour nous ren-
dre raifon de fa conduite , il
difoit aux hommes : Je vous
avois d'abord donné une vie
remplie de délices j mais abu-
fant de mon indulgence , vous
vous êtes corrompus ; c'eft
ce qui m'a obligé de changer
ces délices en travaux : & parce
que j'ay reconnu que les peines
de cette féconde vie n'étoient
pas encore capables de vous
contenir dans votre devoir, je
vous ai impofé uneloy & des
préceptes, comme Ton metun
frein & àes entraves à un che-
val indomptéjafin de réprimer
ksmouvemens de vospaflions
Su
tonfuevit : natura e-
ttim humana deJîdUm
non patitur^ fed ab
ea facillimè ad ma-
litiam déclinât.
MalitUm , Voit*'
ptas hrevii , dolor
perpetUMs fequiiur :
cotitrà , virtutem ,
labor brevis , ^au-
dium Jempiternum.
Homil. 3^. Om-
rium meditinarum
thefaurus divinafcrip'
iun fuHt : O* Jîve
jiuhiti
ini exuere
y fi-
ve ajfcSItiS fedare ,
Jîve pecuniarum cu-
pichtatem expellere ,
five dolores contemne-
re j /îve fortem ani-
vium induere velt-
mus 3 (juam pluriwa
bine remédia inve-
t^re pojjumus,
Q^iamobvem mifer
proxtmitui commodis
perturbaris f Dolen»
dum ejt ci*m malts
R S. Jean. ipç
contre la raifon. C'a donc été
parce que l'oifiveté & le repos
corrompent les mœurs , que
Dieu a voulu que notie vie
fut traverfée de peines & de
travaux. D'autant que la natu-
re ne Ce peut pas contenir dans
le repos & i'oiiîveté , fans fe
laiirer aller au mal & à la cor-
ruption.
Le plaifir qui accompa-
gne le mal eft très-court »
& Ja douleur qui le fuit eft
contmuelle : la vertu au con-
traire eft accompagnée d'un
travail de très-peu de durée ,
&lajoye qui la fuit n'a point
de fin.
Les divines Ecritures con-
tiennent des remèdes propres
à toutes nos maladies, &
nous y trouvons de quoy gué»
rir la folie de l'ame, calmer
les palfions , réprimer la cu-
pidité des richeiies , méprifer
la douleur, & aftermir le cou-
rage.
Pourquoy, miférable que ^lî'
vous êtes , vous troublez- vous Contre l ea^
de voir la profpérité de votre ^^^'
prochain ? Je ne trouve pai
Bb iii
D.fîcrence
des f'jues du
vice Je de ia
vertu.
6jo.
V:;li:é des
faintes Ecri-
tures,
6l2.
MAâdics ef-
fet s du pé-
ché.
4p4 " Des Homélies
étrange que vous vous affli- afficimur
giez ioii que vous tombez
dans quelque malheur ; mais
gardez-vous bien de vous af-
fliger , quand e bonheur ac-
compagne vorre frère : car il
n'y a point de pardon pour
un envieux Toutes les autres
paiïions peuvent trouver quel-
que prétexte , mais l'envie ne
peut avoir d'autre caufe que
la malice &le déieglcment de
l'ame.
Le péché cft un fi grand
ma! , & infede Tame jufqu'à
un tel point , que la corrup-
tion en retombe quelquefois
jufques (ur le corps. Mais
comme nous fommes infen-
jfibles aux plus grandes mala-
dies de l'ame j & qu au con-
traire j lorfque nuus fommes
affligez dans les moindres
parties du corps , nous cou-
rons avec beaucoup de foin &
de diligence aux remèdes qui
nous peuvent foulager j c'eft
pourcelaque Dieu en punitioi)
de nos péchez , nous envoyé
des maux corporels , afin que
la fenfibilité que nous avons
pour cette moins noble partie
de nous mêmes, nous oblige
de remédier aux maux de la
plus exellente partie qui eft
notre ame.
non air»
ptoxtmi feUcitatem
tnittemur. îdcirco ont"
m$ venta invido def-
peranda ..... . alii
ajfeélui qualefcuïTique
ajferre pojjunt excU'
fationes > invidus ve^
ro tiullam nijî antmi
pravitatem atque ma*
Uttam,
Homil. 37. Rf*
profefio gravis e/?
peccatum ^antmiper-
nicies , ut nonnun-
<^uam vi CT" redun-
dariHA fua corpora
quoque itifciat. Sed
cum graviter ngro'
tante anima nuUo do-
lore afpcianiur s f>ar-
vo corports membro
famma dtli^enîia we-
dicinam perquira-
mm i ideo Deus ob
animi peccatum cor*
pus flagellât > ut de-
terioris partis fuppli
3
CIO 5 melior ad qua-
rendum remediunk
convertatur.^
Sur
Si gravem prio-
fum fcelerum panam
dedtmus , dttndè in
eadem inciderimus ,
dahimus longe majo-
rem , ^ qttidcm me-
Tito . . , Ipfum nam-
que peccatum femel
lapfum fatis cohibe-
te çp- fipientiorem
reddere dehehat.
Cùm videmui fee-
Icjîijjimos bona corpo-
Tti valetudine <^
profperâ fortt4na Uf-
tfvtentes
mm
deplore-
neattm mire
^^r ; qnod enim m
hac vita mhil adver-
fi patiuntur , majo-
fis in fiiturum ftip-
plicii efl argumenthm.
Homil. 38. A!it
VÎgiUndo * in nudâ
humo dormiendo ,
carnem ajjïjtiis labo-
ribus macerando ,
delent peccata : ùhi
factUori via > nemini
fuccenfendo , idem
confecjui datiir.
Homil, 41. Ne
utrinqtte Dcum ad
tram provocemus ,
févéremciic
punie.
S. Jean. x9S
Si après avoir cté châtiez ^ij-
pour de grands péchez nous Recjiutt plu
venons à y tomber de nou-
veau 5 nous en ferons bien
plus rigoureufement punis. Et
ce ne fera pas fans raifon, puis
que notre première chute nous
auroit ài\ retenir 3 & rendre
plus fages.
^14.
Avoir pitW
de la pro:';
Quand nous voyons de
méchans hommes dans une
forte fanté , dans une grande "' - 1 -
r o ' , &. rite des lue
fortune , & dans une vie vo- ^hans.
inptueufe , pleurons-les , au
lieu de les regarder avec ad-
miration: car tette exemption
de tout mal & de toute cala-
mité durant cette vie , eft le
préfage funefte de la grandeur
des fupplices qui les attendent
dans la vie future.
II y en a qui effacent leurs
péchez en veillant dans la prie- -,
* 1 r t ^ douceur en
re , en couchant fur la terre ;. ^g^s le pio-
& en macérant leur chair par chai;i.
de continuelles mortifications:
mais je vous ouvre une voye
plus facile pour parvenir aii
mcme bien , qui eft de n'a^
voir ny haine ny colère coi>
tre perfonne.
N'attirons pas lur nous la
colère de Dieu en ces deux
manières.: ou en amaflant du ^^"/.^ ? , '*
Bb ijij
Utilité deit
616.
Conne l'a*
fcien par des voyes illégiti-
mes , & en le répandant en
des dépenies qui font blâma-
bles.
Afin que nous foyons efFeC'
. ^^* «- tiveinent & réellement unis
Amour <x
union ineffa- 3" COrps de J E S U S-C H R 1 S T
ble de J, c. & non par la feule liaifon de
avec nous la charité j faiibnx un faint
dan? l'Eucha- mélange de fa chair avec la
liUie. ^
non
notre ; car nous le pouvons
par le moyen de cette viande
Co'fitre les divine qu'il nous a donnée ,
Idéréti-inçii pour nous témoigner l'excès
de l'amour qu'il avoit pour
nous. Ceft pour cela qu'il
s'eft luy même mêlé avec
nous, & qu'il a uni avec nous
fon corps fi étroitement, que
nous ne fommes plus qu'un
avec luy , de même que les
membres joints à la tête ne
font qu'un feul corps. Car
c'eft le propre de ceux qui ai-
ment avec ardeur , de ne vou-
loir être qu'un avec ce qu'ils
aiment. Job parlant de fcs fer-
viteurs , nous a marqué qu'ils
avoient un amour fi pafiionné
pour lui , qu'ils difoient : Qtti'
noui donnera d'être mèU")^ dam
fa chair , CT* incorpore':!;^ en lui-
même ? Cependant ceft ce
qu'a fait J E S U S-C H R I S T ,
afin de nous lier à luy par une
plus étroite charité ; & pour
Des Homélies
O* con^eganio und»
non licet , CT* difpe
gendo in quA
h cet.
Homil 4^. Uù
non folùm per dile^
élionem fed re ipja
in illam carnem con-
vertamur i per cihum
td efficitur qitem no»
bts largitui efl. Cum
entm fuum in nos d-
morem indicare vel-
let^ per corpus fuum
fe nabis commtfcuit y
CT* m unum nohijcum
redegn , ut corpus
cum capite uniretur,
hoc enim amantmm
maxime eft. Hoc ^ob
(lénifie abat de fer-
Vis , a quibus tîa
eximiè amabatur ut
ejus carnibus aàmif".
eert fe peroptarent :
càm enim amorts in
eum fui vim vix co~
Inbere pojjent , dice^
bant : Quis daret
nobis ut ejus car-
nibus immifcere-
mur ? Quod Chri-
flus fecit ut majori
nos charitate adfrtn'
geret , CT* «t fuum
in nos ojlendem dfi-
Su
Jîdertum , non fe tan-
titm dans vtderidejî-
derantibm , fed CT*
tangi CT" manducari^
CT" dentés carni fu£
infini , ei copulari O*
de/iderio fni omnes
impie ri. Ah illa igi-
tur rre fu tanquam
leones ignem fptran-
tes furir^amus diuhoio
formiduhiles > CT* ca-
put nofirum tntelU-
garnm , ^ cjuam in
«os pr<e fe tuUt cha-
ritatem.
Parentes ftpè li-
heros fuos aUts alen-
dos dederunt \ ego
autem longe aliter ,
inauit, mea carne
alo j me vobis exhi-
heo 5 omnibus faVeo ,
omnibus optimam de
futuris fpem pr<£beo.
Qui in hac vitâ ità
fe nobis exhibet^ mul'
to magis in futura.
K S. Jean. ip^
nous marquer plus fenfible-
ment l'ardeur de Ton amour ,
il ne s'ert pas feulement donné
à nous pour en être vu , mais
même pour être touché , &
mangé de nous , & pour (buf-
frir que nous prcflaifions fa
chair de nos dents .- que nous
luy devmdions entièrement
unis, & q.ue nous fuflions par-
faitement remplis de luy- mê-
me. Soyons donc au fbrtir de
cette table facrée comme des
lions qui ne refpirent que feu
& flamme , rendons-nous re-
doutables aux démons, & ne
penlons plus â autre choie qu'à
Jésus - Christ notie divin
chef, & à cet amour incoin-
paraLIe qu'il a témoigné pour
nous.
Les pères & les mères don-
nent fouvent leurs enfans à
nourrir à d'autres, mais je n'en marque &
u(e pas de même envers vous, g^g'^ de U
Euchariftie
dit notre Seigneur
gneur , )e vous J"'"~
bonté infinie
en*»
nourris de ma proure chair, &
je ne vous prelentepoint d au-
tre viande que moy - même.
Je vous témoigne ainfiàtoas ^^mre Ut
mon afFedicai , & vous donne ^'^''''î'*''-
une ferme elpérance des biens
à venir. Carpuifque j'ay bien
voulu me donner à vous en
cette manière durant cette vie,
vous devez croire que j.e le fe-
apS Des Homélies
ray encore bien plus pleine-
ment dans la vie future.
^Ip- J'ay bien voulu être votre yefler ego fratep
Communion fiere , je me fuis voulu rêvé- e/fe volm ^ ^ com-
tendre^de^r*^ tir de chair & de fai^.g pour mufticavt carnem
mourdcj.c"^*^"^""'' *^^ vous. Et mainte- propter vos ^ fan^
' nant pour faire plus , je v( ux gutnem» ct' per que
vous redonner cette même vobh conjanùusfum y
omre les ^^^^^ ^ même fane , par" ea rur/tts vobis ex-
lelquelles jemeiuisailjea vous hibm»
comme pour vous rendre ce
que j'avois emprunté de vous.
éio. Ce faiig fait paroître en Ww fanguh facit
Vertu divi- nous avec éclat cette image ut imago in nobis rc
*h ft ^""royale que Dieu y a impn- gta floreat : ht i fan'
^ ^- mée.Ce lang arrofant & nour gui^ pMniiudinem
riflant continuellement notre atque nobilitatem a-
ame , empêche que fa no- nim<s quam femper
blefle & fa beauté ne s'efface irngaK^r nutrit^lan-
& ne fe flé'riile. Ce fang guefcere non finit .. .
étant receu dignement , chalîe Htcfanguis dàm digne
loin de nous les démons , & fufcipitur , d^mona
attire en nous les Anges & le procul pellit , Ange
fouverain Seigneur des Anges, los O' Angelorum Do-
Ce fang ayant été répandu minum ad nos alUcit»
par la cruauté des Juifs , a lavé Hic fangms efifus u-
toute la terre. C'étoit ce (ang mverfum ablmt or"
qui purihoit autrefois le Saint bem terrarum. Hic
des Saints. Que fi n'étant eji Janguis qui SanSla
alors qu*en figure il a eu Sanflorum purgabat,
tant de vertu & dans le Tem- ^«#3^ fi ejus figura
tontrê /fj pie «les Hébreux ,& fur leurs tantam habutt vim
VeretiqueS' po^'^es en Egypte : combien in templo Hebr£orum,
en aura t-il davantage dans in média /Egypto li^
la vérité ? Ce fang confacroit minibus afperfus ^
les Prêtres ; ce fang expioit longé magis vetitan
Su
.... Bicfangms fa-
terdotesfacub.H , hic
Janguh in figura pet^
eata purgahat . . ft
ttmbrarn ttà mors
horruit , qu.,ntoperè
^uiefo ipfam formida-
bit verUatem ? Hic
nofirarum ainmarum
faim efi ; hoc lava-
tur anima , hoc orna-^
tur j hoc incendttur ,
igné cLrior O" auro
fplendidior redditur
huiifs fangiiinii tfjn-
fta coclum pervium
facit.
Admiranda Eccle-
fu rtjyjlcr/a , admi-
rahile/àcrarium. Ex
paradifo fons fatu-
riit à quo fenfîbites
fiuvii emanarent, A
menfa hacproditfons
^ui fluvics fptritales
diffundit ijuxtà hune
fontem non jleriles
falices germwartt ,
fed arbores coclum ip-
fum atungentes qua
frtiéltts tempefiivos
C^folidosfemper pro-
ducutit. Siquiséêpuat
ad hune fontem fe
conférât O' recreabi-
' i«r,. Mandat fqudlo-
R S. Jean. ipp
les péchez, quoy qu'il ne fut
411'cn hgute. Que fi la mort
a tellement redouté la feule
ombre de ce lang divin y
combien en redoureia-t-elle
davantage la venté ? Ce (ang
elt le (alut de notre ame j il
la lave , il l'embellit , il Tem-
braze. Il la rend plus lumi-
neiife que le feu , & plus écla-
tante que l'or. Et c'eft par
l'cifufion de ce même fang
que îe royaume des ci<. ux nous
elt rendu accelfible, & nous
eft ouvert.
Certes ces myfteres de l'églife ^zf.'
font merveilleuxjce fanduaire l-'Eucharr-
eit admirable ! Comme il y flic modère la
avoir dans le paradis terreibe ^°|^<="P»^««-
une fource qui produiloit
à&s fleuves (enh'bles ; il fort
de cette celefte table une four-
ce qui répand des fleuves Ipi-
rituels. On ne voit point au-
près de cette eau des faules
itériles , mais bien des arbres
féconds 5 qui pouflani leurs
branches julques dans le ciel,
portent en leurs tems des
fruits excellens & incorrupti-
bles. Si quelqu'un eiè prelfé
d'une foif ardente 5 qu'il coure
à cette fontaine , & il fera ra-
fraîchi & défaltcré. C'eû uiic
30O Des Hom
eau qui en lavant toutes nos
ordures & en effaçant toutes
nos taches , refroidit aufli tou
tes nos ardeurs j non pas ces
ardeurs que produit le (bleil
vifible qui ne nous échauffe
qu'au dehors, mais celles dont
les traits enflammez du démon
& de notre chair nous brûlent
& nous embrazent Car cette
fontaine tire fon origine d'en-
haut^ & elle vient du même
lieu d'où elle cil fi abondam-
ment remplie.
^12. C'ellau prixdecefang que
Honneur ôcj.s^^s Christ a racheté fon
fou" rev6s,^gUfe^f,^\P^-e rang ,ui^
delacoramu-^^^°^'^^^^îe & qu ill'a ornée.
Car comme les hommes fe
fervent de l'or pour acheter
des efciaves & pour les parer ;
' ainfi jESUS-CHRiSTnous
a rachetez & parez avec fon
fang. Ceux qui participent
à ce fang divin , deviennent
compagnons de toutes les
puillanccs celeftes j ils font
revêtus de la pourpre royale
àe ] E s u s-C H R I s T, &
ils font armez de fes armes
Ipirituelles -, mais je n'en dis
pas encore aflez ; puis qu'ils
font revêtus de Jésus-
Christ même qui eft leur
roy véritable.
Comme ce facreraent eft fî
ELÎES
rem CT' fardes j a/ïuS
mitigat 5 non folares y
fed quos ignii£ fa~
giU£ imprimunu
Etenim ortum fmm
fupemè habet , indf
radicem undèçp' ï>-
rigatur.
nioji.
Comrê L
Hoc fanguine Cînt-
fim univerfam emk
C:^ ornavn Ecclefram,
Ui enim homofervos
auro emtt €7 aura
ornât t ità no fan-
guine fuo Chrifluu
Qui httj'us fanguinis
funt participes ctim
fiipernii virtutihus
commoranîur , ipfam
r.giam Chrifii flolam
induti , jÇtritalibus
armii induti > imo
tpfum induti Junt re-
Slcttt magnum O*
tramenttun ; ità fi
pure accefferis ad fa-
lutem acceffpi ,• fin
prava conjcùntia ad
foenam Z^ fupplicittm
.... Nam fi qutre-
giam purpuram com-
i^mnant , hand pats
quatn qui, fcindunt ,
fitniuntur ,• qmd mi-
rum fi qui immunda
confiiientiaChrifii cor-
pus accipitmt, tdem
fupplicium ftiheant 3
cjuod qui eum clavis
Sur s, Jeak; joî
tnirahile efl illud/a- grand & il admirable , il cft ^iÇ.
lans doute que fi vous en ap- Corirrerin"*
prochez avec une conlcience '^'S'^^ *^°^^*
pure , vous en approchez ™""^°"«
pour votre falut -, au iie\i
que fi vous en approchez
avec une confcience impure,
vous en appiochez pour vo-
tre fupphce & pour votre
perte : & comme celuy qui
îuuilleroit la pourpre royale
ne mériteroit pas une moin-
dre punition , que s'il l'avoit
déchiîée; de même ceux qui
reçoivent le corps de J e-
sus-Chrisx dans une
confcience impure, font coupa-
bles du même lupplice que
ceux qui l'ont percé & atta-
ché à la croix.
Quand JESUS a dit: £4 ^H'
chair ne Jert de rien , il ne l'a Nepasconïî-
pas dit defa chair : Dieu nous ti:i 'TJ^.
garde de le penfer : mais il manière char.
l'a entendu de ceux qui con- neiîc.
ce voient ces paroles d'une ma-
nière charnelle.
Ne deviendrons - nous ja- ^i^*
mais fages , ne nous foule- Sedeiabufer
rons-nous jamais des chofes j* ^^ vamté
terreftres & palTageres , & ne '^"^ ™°"*^''
reconnoîtrons - nous jamais
par tant de malheureufes expé-
riences combien elles font viles
& méprifables ? Confiderons
ceux qui ont été riches avant
Homil. 4^, in
cap. 6. Caro non
prodeftquicquam:
XVo» defiia carne di-
9tit , abfit i fed de
his qui carnaliter ac-
ttpiunt qu<e dicuntur.
Quofque nonfix-
piemus , neque ter-
renarum rerum atque
fiuxarum fatietatem
capiemus , neque ex-
perientia earum vili"
tatem intelligemui ?
Confideremus qui an-
te nos divites fue-
jOi Des Homel
nous : ne nous paroilTcnt-ils
pas comme un longe , com-
me une ombre , comme un
Ton , comme' une fable ? Un
tel étoit riche -, que font de-
venus fes biens ? Ils ont péri :
mais les péchez qu'il a com-
mis en \qs acquérant & en
abulant , luy Ibnt demeurez
pour être la caufe éternelle de
fon fuppiice.
<?t^. Ne courons point après
Ne s'atta- les biens qui fuyent & qui
cher qu'aux paffent , & ne fuyons point
biens perma- ^^^^ ^ ^^^^ ^^^t)les & per-
manens : mais elperons ces
biens à venir ; & loit que nous
foyons vieux ou jeunes , de-
meurons bien perluadez qu'il
ne nous refte plus guère de
tems à en ,ouir.
'é27. Ceux qui s'arrêtent dans
Utilité delà boutique d'un parfumeur,
la fiéqueiita- Tentent , quand ils neievou-
tioa des E- Jroient pas , les bonnes odeurs
S^*^"* dont elle eil pleine. Il en arri-
vera encore piûcor de même
a ceux -qui fréquenteront les
^ Egliles. C'eft poui quoy quel-
que vicieux que vous loyez ,
ne laiifez pas d y venir (cu-
vent. Mais (i je ne pratique
pas ce que j'entens ? N'im-
porte, vous n'y ferez pas peu
de profit 5 fi cela fert à vous
I ES
runt j fionne emnU
fhmnit*m ? nonne
umbra , nonne ver-
ba C7 fabuU ? Vde
locuples 5 ubi nunc
divitie ? perierunt :
peccata autem qu£
in his compAYan-
dis patraZiit , ré-
manent ', CT* prop'
ter peccata /i*ppli''.
aum.
Neque fugientia
pro/equamHT , neque
perman^ ntia fugi^"
mus ; fed futura fpe-
remus » Jïve fenes ,
Jîve juvenes i tan-
quàm plane perfuafi
quod non muliàm no-
bts temporis relin*
qU'atur.
Homil. 52. Si
unguentùrt£ taberne
qtiis afjîdeat , etiam
tnvttus tllum fttjctpit
odorem i longe ma^^
gis qui Ecclefiam
fréquentât . . . Qttam-
'VIS innumeris vitiis
fii obnoxiui , noli
Ecclejî^ vitare ton"
fuetudinem Quid fi
atidita non facio i
Non parum confe-
q.ueris fi te miferwn
Su
inttlligii. Non inuti^
Us hic met us : modo
ingemifcas quadauJt^
ta non faciai , Jtne
dubio aiiquandû hsnè
facere incipies. Non
enimfieri potefi , ut
qui Deum G?" audiat
^ alloquatur , non
^JJequatitr utilitatem.
f^acevnus fcriptU'
vis Cr Jaltem Evan-
gelia fréquenter per-
traéiemus .... H^c
Jïudiosè faciens , abji-
ciesfane omnem cupi-
ditatem .... Hortor
ergo ut leélioni vace-
tis , fenfus imbtbatis ,
mentibm infcribatis :
quod citm Jud<ei ne-
glexerunt , Ithros ma-
nibtts ferre jubeban-
tur. Nos vero domi
habeamus , tmo cor'
dtbtts m o^ortet inf-
crtbamus.
Homil. ^3. Re-
gnum cœlorum
vim patitur : Non
igitur di/idta acquiri
potefl , fed cura CT*
diligentia f^i
Lire ?c met
l'Ecrit
R S. Jean. jo
faire connoître que vous êtes
dans un état miférable. La
crainte que cet état vous inf-
pircia ne vous fera pas mu-
tile j car fi maintenant vous
gcmilfez , loyez perfuadez
que vous ne ierez pas long-
temps fans commencer à bien
faire j car il n'eil pas pollible
d'écouter la parole de Dieu &
de luy parler , fans en retirer
deTunlité.
Occupons-nous à la ledure
de l'Ecriture , & relifons fans
celfe ÏQs faints Evangiles , car '^"^
r ° 1 cure,
11 nous nous y appliquons
avec foin nous nous dépouil-
lerons de la cupidité des cho-
fes du monde. Je vous exhorte
donc à les méditer , à vous ef-
forcer d en tirer l'intelligence,
& à en graver dans vos cœurs
les inftrudions. Qjj.and les
Juifs commencèrent à négliger
la ledure des livres facrez, on
leur ordonna de les porter fur
eux-mêmes. Ayez - les donc
au moins dans vos maifons ,
ou plûrot imprimez-les dans
vos âmes.
Le royaume des deux ne fe
prend que par viol<;nce. Ceux qui
font lâches & pareifeux ne le Isncepourra-
peuvent donc obtenir , & on ^" *
ne l'emporte qu'en y travail-
lant avec beaucoup de foin 6c
Sainte: VÎO-»
6^0
Sedépoiiil
304 Des Home
de diligence. Comme la voye
pour y arriver eft fort étroite ,
on a befoin de beaucoup de
fermeté & de courage pour y
parvenir. Les violens & les
ravilléurs ne longent qu'aux
moyens de furprendre & d'en-
lever leur proye j ils ne fe fou-
cient ny des accufations , ny
des condamnations , ny des
fupplices i ils s'expofent à tout
& ne penfent à autre chofe
qu'à prévenir ceux qui pour-
roient avoir le même delléin.
Ravilfons donc ce divin royau-
me : ce vol ne fera pas crimi-
nel, mais digne de toute louan-
ge : ou plutôt ce nous ell un
crime de ne pas faire effort de
le ravir. Travaillons donc pour
un peu de temps , afin de nous
repofer dans toute l'éternité.
Tant que vous vous étudi-
rez à conferver les biens pré
LIES
opus efl muîta j an"
gi*J}a eji via , rohujla
anima opiti ejl C7*
gêner ofa. Rapt ores
praoïcupare adnitun-
tur y nihil refpiciunt y .
non accujationem ,
non àamnationem ,
non fuppUcium : illud
folum curant ut pr£-
cmrant cateros. Ra-
piamiis ergo rcgnuvn
cœlorum i quA rapi"
na non crtmmi , fei
laudi datur, Crimen
eft , fi non raptmus
.... F arum labore»
mus , ut Aternum
qmefcamus.
1er des bisns fens , VOUS n'acquererez ja-
prefens pour ^gis les biens celeftes. Avec
recevoir h s ^^^ mains pleines d'argent ,
bicnsavenir. r ■ j j
vous ne Içauriez prendre de
For 5 fi vous ne jettez aupa-
ravant ce que vous tenez. Il
faut être bien libre & dégagé
de tout embarras , pour ravir
ce qu'on défire.
°i^* . Dieu reprend les Moabites
pécheurs, ^e la punition qml exerça
Quandm pnefentia
fervas , c<el€ftia ra-
père non potiris. PU'
nis argento manibus
numquid aurum ra-
pere poterit , nifi il-
lud prius projictat.
Rapientem benè eX"
peditum efse oportet'
Homil, ^4. Re-
prebendit Deus Moa-
bitas quod Utati
fitnt
Su
fnnt ftiper Iftaelhis ,
qi^od Deiti uhui ej}.
ÎSIam quamvis tpfe
puniat , non tamen
vult ut eorum fup-
plicio Utemur.
Homil. 55. in
cap. $. Concordia
non femper hona ,
ficut neque difcor-
dia mala. Dico hoc ,
ut malos fugiamus ,
fequamur honos^Nam
fi membrum infana-
hile metu ne reliqua
corti^rnpat , incidl-
tnus > non quoi illud
negliganiHi , fed ut
fervemus ■ caetera ^
quanto magis in his
qui malc nobisjtm^ii
Jitnt ità fac;endi*m ?
Quod fi mdiores eas
reddere pojjemus no~
bu ip/îs non offcien-
do 5 omnia ejjeni j'a-
ciendct : fin incorri-
gibiles funt <y nos
Ledunt , abfcindendi
funt à nobis.
y^ita , etfi i-etlif'
fimafit , fi aliis erit
fcandxilo » toium a-
mittit. Et quomodo
potej} reCîa vita/cau'
dali;^r(i ? Cùm pcf-
ïom. 1,
R S. Jean. 505"
contre les Ifraclites. Car quoi
qu'il châtie ceux qui le mé-
ritent , il ne veut pas que nous
nous réjoui/Tions de leurs
maux.
Ln concorde n'eft pas toû- ^j2.
jours bonne , ny la difcorde ^^ feparer
toujours mauvaifc. Je veux ^" "'^-:h^n*
dire qu on doit fuir les me- °'
chans, & Tuivre les bons. Car
fi nous nous faifbns couper un
membre où clt la gangrenne»
non pas qu'il ne nous loit bien
cher 5 mais pour empêcher
qu'il ne corrompe les autres
qui font fains ; ne devons-
nous pas encore plutôt en ufcr
.ainîi envers les perfonnes donc
lafociété & la liai(on nous efl
dangercufe. Si nous pouvons
les corriger f.uis qu ils nous-
puillent nuire , il faut faire
toutes chofes poflïbles pour
leur falut j mais fi nous les
voyons incorrigibles & capa-
bles de nous aftbiblir & de
nous corrompre , il les faut,
retrancher abfolument de no-
tre focieté.
QLielque bonne & réglée que
foit notre vie , elle perd tout
fon mérite fi elle donne du f^ccaiion d*
fcandale à notre prochain. ^'^^"'1^^-
Mais , me direz,- vous , com-
meni une bonne vie peut- elle
Ce
^3P
Ofter loîiî
30^ Des Home
fcandaîizer quelqu'un ? C'cft
quand vous ne laiffez pas d'a-
voir commerce avec des mé-
chans ; quand la confiance que
vous avez dans vos forces &
dans la fermeté de votre ver-
tu^ vous fait entretenir focieté
avec des gens déréglez -, donc
la converfation à la vérité ne
vous nuit pasjttiaisqni font en
fcandaie aux autres. Et quoy
que les perfonnes ipirituelles
& parfaites ne foiipçonnent
rien de mauvais d'un homme
de bien , s'il s'en rencontre de
foibles qui s'en fcandalifent, il
faut non-obftant votre perfec-
tion ccndefcendre à leur infir-
mité 3 & leur oter cette occa-
fîonde murmure.
Réglons toutes nos avions
'i avec tant de circonfpedion &
defagede j que nous ne don-
nions aucun juHe fujet aux
infidelles de nous blâmer.
L'honneur inconcevable au-
quel nous fommes élevez 5 d'e-
t m-ncîes tre fait participans de la con-
Soutenir
ds
noilTance & de la foy de fi
grands myfteres , nous doit
infpirer une éternelle recon-
aoiffance pour notre Seigneur,
Si. un ardent courage pour foiV
tenir fon honneur contre ceux
qui s'efforcent de décrier la
religion Chrétienne par leurs
Li Er
fimorum (onfuetitd[&-
non bonam homini
inurh opinicncm : cum
nohii ipjîs ^dentés ,
cum malts converfa'
m'.iVietfinos non ojfettr
dimus , altoi tamen
fcandaîiyamus .....
Et licet nidltn pet"
f»fitorum malumfuf-
picelur > fi fimplicior
fraîer in tua offen-
daîur perfiflione ^
oportet ejus cor.fitlere
infirmitali.
îta res ncjîrai dlf-
ponamus , ut nemo
infidelium noQra cau-
f-i juflè pojfn ojfendt.
Homil. 57. Nos
in tanturm Vocaîoi
honorem , incredibi-^
lem pTit nobii fidit-
ciam pro ChriQo fer^
re oportet , ciyntrà eoi
qui a^quid accufare
O* loqui adversfH
Chrtjfianoi moliun-
tur. Boru'in ltngu£
coinhendig /îi^t, «s-
Sur s. Jean. 307
^ue tenter e eis par- calomnies. Nous devons répii-
fendum. Hoc autem
facere f?oterimi*s fi
confidemui , fi fcri-
fturii operam dahi^
mus , nec perfunfîo-
ne tantum volueri'
mus audire.
Ledit ùhi vitam
Deus ut fe colères i
tueam inutiliter con-
fumis. Quarts quod
fit dammtm ? Si vel
parum ar^enti te-
merè confitmpferis ,
id omnino damnum
appellas i fin totos
aies in Diaboli ope-
tihus confitmpferis ,
mhil amtfi/fe opina-
ris .... Poterit re»
cuperari aurum quod
amiitit , non poterit
temptis nifi difficile.
Homil. 59. Ma-
gnum quiddam efi
Ecclefi^ prolatio , CT*
qu<e multa indiget
Japientia & fortin*^
mer cette audace , & ne pas
fouftrir une liberté fi témérai-
re. Et alili rément vous ferez
forts pour défendre J. C. Il
vous avez confiance en luy ,
fi vous vous appliquez avec
foin à l'intelligence de fes di-
vines Ecritures 3 & Ç\ vous êtes
attentifs & afifidus aux inftruc-
tions que l'on vous donne.
Dieu ne vous donne cette
vie que pour le fervir , & vous
Terte du
la confumez inutilement en de «empsurega*
vaines occupations. Et après "^^ ^
cela vous demandez quelle eft
cette perte ? Si vous difiipez
inutilement la moindre fom-
me d'argent , vous appelles
cela une perte & un dommage^
Et quand vous palîez àcs jours
entiers en de vamsdiverrilfe-
mens y & en àQs œuvres da-
démon , vous n'eftime:^ pas-
avoir fait aucune perte. Ce-
pendant vous pouvez recmi-
vrer de l'argent perdu , mais le
tems ne le peut plus lappel-
1er, &ron ne le fçauroit rache-
ter qu'avec de très-grandes dif-
ficultez.
Le gouvernement de l'Eglife
& la conduite des âmes a quel.
que chofe de grand , & qui de- '^^^ ^^^^^.
mande de nous beaucoup de palteœrs,
(àgeiiè & beaucoup de force ,
Ce i)
des
Difl-erepce
bons ÔC
és^-
ition
La
goS Des Hom
pour fuivre les ordres de J E-
S U S C H R I S T, qui veut que
nous expofions notre vie pour
Je falut de nos brebis , que;
nous ne les abandonnions ja-
mais , & que nous réfittions
avec courage à la fureur des
loups qui ÏQS veulent dévorer.
Car c'elVià proprement la dif-
férence qui fe rencontre entre
le vray Pafteur & le mercenai-
Fe. Le premier fans penfer à
fes intérêts propres , veille
uniquement au falut de fes bre-
bis j & l'autre au contraire ,
négligeant d'en prendre (bin,
ne s'appliqua qu'à fes propres
intérêts. Après que notre Sei-
gneur nous a n^arqué l'exem-
ple d'un bon Pafteur , il nous
apprend qu'il y a de deux for-
tes de faux Pafteurs : les uns
font appeliez voleurs , parce
qu'ils ravilîent eux-mêmes &
font mourir leur brebis ; &
les autres mercenaires , parce
qu'ils négligent de les défen-
dre 5 & les abandonnent lâ-
chement à la violence des mé-
chans,
Si nous faifons fou vent ré-
flexion fur nos péchez , & fi
nous avons foin de les pleurer,
nous ne nous mettrons jamais
en colère contre perfonne.Car
lois qu'on a le cœur pénétré
SttES
dmei quaîem Chh
Pus propofuh , ut
animum fro cz/ihui
panamus , nunauam
lUas deferamtis , ut
lupo generosereJJPa-'
mus. H^c enim imiter
pajlorem C?* merce-
narium efl d^fferen-
tia. Aller propri^e
contempiis ovikus ,
aller fua coniempta^
ûvium femper fa lut i
invigilat. PafforU
ergo exemplo dtmon-
flrato , deceptores
duos meminh , furem
maCÎarnem CT* ta^
pientem oves , Ci?*
mercenarti^m permit*
tentem neque dejfen^
dentem commijjaj»
Si nojîra freqaeft
ter peccata repuia-
himus
non ira/ce mur
uhi dolor CT* contri-
tio , longt ctnnn Os-
, Jî lugebimus
iefl irritation
Sv
Mttlia O' verhis
C re pcccamus. Qjii
autem ità peccat in
gehennam reùpitur ^
Ci^ quoi gravi [fimum
ejî 5 regnumcoelorum
amttiit. His minii
etiam nfu CT* delictis
dijjoiveris , GT* Do-
mino tuo trato C?*
minante, nihil curas ,
tuhil vereru ?.
Miferere mei
Deus fecmiidum
magnam miCeri-
cordiain tuam .- ita
CT" nos propinquorum
tnifereri' oportet yê-
cundum magnam mi-
fericordiam. Quales
enim erimus ergàpro-
acimos noflros , talem
in nos Dominum ex^
periemur. Sed qu<£-
nam magna efl mi-
firicordia ? Quando
non ex his quafuper-
fiuunt nobis , fed ex
his etiam quihus in-
iigemus , egenis da-
fnus. Quod (t ne ex
fHpexflm quidam exr-
R S. Jean. 173
de contrition & de douleur *
on eft très- éloigné de s'irriter
contre Ton frère.
Vous péciiez fouvent & par 6^9".
vos adions & par vos paro- Stupidité c-
les , quoi que vous fçachiez tonnante des
que l'enfer eit deitiné , & lePécheuri,
royaume des cieux fermé pour
tous ceux qui pèchent j & ce-
pendant ces maux Ç\ terribles
qui font piéts de tomber fur
vous 5 ne vous empêchent pas
de rire & de prendre vos plai-
flrs / & vous négligez & ne
craignez en aucune forte la
colère & les menaces de Dieu ?
Mon Dieu
' de
y ^ycZpttte
moy filo-n voire grande mifsri
corde. Ayons donc aufTi pitié
Charité a»
bondante en=-
de notre prochain par un ^^^,-j, ^ ^^^
femblable mouvement de mi- * ^
léricorde. Car il eft certain
que Dieu fera envers nous
tel que nous auroiis été en-
vers nos frères. Mais quelle
fera notre grande miféricor-
de ? finon quand nous don-^
nerons aux, pauvres non feu-
lement de notre fuperflu ,
mais de notre néceifaire mê-
me. Si donc nous ne leur
donnons pas feulement de
notre fuperflu , que pouvons-
nous jamais efperer de Dieu *
Et quel faluc pouvons - noua
attendre 3 (î les yierges de.
jîo Des Home
l'Evangile après tant de pei-
nes & de travaux , ne le purent
obtenir ?
V?4i. Si nous avons foin de rap-
Se fouvenir peller fouvent dans notre ef-
des fins der- prit la penfée des fupplices de
niçrçj. l'enfer , & de ce jour fi terri-
ble de notre dernier juge-
ment , fans doute cette image
en chalfera toutes fortes de cu-
piditez 5 fera mourir en nous
l'amour de la volupté & de
toutes les chofes du monde j
nous procurera une paix &
une tranquilité admirable ; &
nous fera connoître avec quel
foin y quelle prévoyance , &
quelle Ibllicitude nous devons
fans celî'c nous préparer à un
jugement fi redoutable.
^4i. Quand nous n'aurions pas
'AfTiftercom- le moyen de donner aux pau-
me l'on peut vres , nous pouvons néan-
les néceiE- moins les confoler , & les fe-
^"*- courir en plufieurs manières.
Nous pouvons parler aux pri-
fonniers , adoucir leurs geô-
liers , & foulager en quelque
forte leurs peines. Mais il
n'y a en ces lieux-là , me di-
r€z>vous , que d€s méchans.
LIES
hibemui , quid nolh
fperandum ejf ? Vbi
falutem inventre pO'
terimus , Jî Virgines
pùjî tôt CT* tantos /rf-
bores nihd profece-
rufit ?
Futura fupplicia
CT* tremendvm judt-
cn dtem nnimo vo-
lutans CT* fréquentes
agitans , CT* cupidi"
tatem omnem €7 vo~
luptatem , Cr fecuU*
rium omnium amo-
rem duhio procul ab'
jicieSy Çp' omni portté
tranquillion animo
frueris. Jttdicium
cf*m tantoperè ab ho-'
minibus providen-
dum y curandum ,
formidandum fit ,
longe magts à Deo
intelUges,
Licet in pauperes
nihil poffmus coti"
ferre , confolari ta-
men , CT' aliii multis
modii opem ferre li"
cebit. Ajfabtmur cap-»
tivos i cujlodes man-
fuetiores reddemus ,
CT* five parum five
multum profictemui
tamen. Et fi ^rdit
Sv
toi ihi homines ejje
dixeris non
honis tantitm mifere-
Tt i fed in omnes o-
Jiendere humanita-
tem jubemur.
Ne fis aff^erior ju'
dex , fed httwanus
CT* placabilis. Ete~
nim fi nec fures fu-
mus nec adulteri ;
in ahistamenpecca-
mus pro quibtts ma-
^nis fuppliciis fumus
vhnoxii. Siquidcm
fratrem nonnunquàm
fatuum appellamus ,
quod nabis gehennam
parât , mulieresim-
fudicii ocuUs confpi-
camur, quod adalte-
ros ar^tit s CT" quod
^ravifjïmum efl , in-
digne myfteria parti-
cipamus , quod reos
9J0S facil corporis CT*
fangmni:. Cimjfi. No-
li ergo aliorum opéra
moleflius invefligare ,
fed noflra ; eT* ità hu-
maniores reddemur.
R S. Jeaw. jir
Dieu ne nous commande pas
de n afliitcr que les bons ; il
veut c]ue notre humanité s'é-
tende fur toutes fortes de per-
fonues.
Ne foyes point des juges ^43»
trop révères de votre pro- ^^^^^ ^°"^
cham, mais témoignez -luy^"''''^'^^P?:
1 ]>L • ' o j 1 j ^ chain en vue
de I humanité & de la douceur. ^^ ^.^
Car quoy que nous ne loyons péchés,
ny voleurs , ny adultères j*nous
fommes néanmoins coupables
de plufieurs autres péchez qui
méritent de grandes peines.
Ne vous eft - il jamais arri-
vé de dire une injure à votre
frci c ? Cependant c'ell un pé-
ché qui (élon l'Evangile mé-
rite l'enfer. N'avez-vous ja-
mais jette des regards impu-
diques fur une femme ^ qui
vous ayent rendu coll^ables
d'adultère f Et ce qui eft en-
core plus criminel , n'avez-
vous point quelquefois parti-
cipé indignement aux îaints
myfteres j & ainli n'ètes-vous
pas devenus coupables de la
profanation du corps & du
fangde JES US-Christ?
Ne vous amufez donc point à
examiner avec tant de rigueur
les fautes des autres j mais
confiderez plutôt vos propres
«uvres J & vous ferez plus £%-
311 Des Home
vorable & plus humain envers
votre freie
^44- Il eit difficile de trouver un
11 peut y JiQi-nine exempt de tout vice
(lice dans de "^^^^ " avons. pas ravi le bien
petits larcins, d'autruy , fi nous n'avons pas
ufurpé de grands héritages ,
nous aurons peut-être com-
mis en de moindres chofes de
légères tromperies & de peti-
tes injuftices. Car quand dans
le commerce des chofes que
nous achetons, nous ne payons
pas bien ce que nous devons ,
& que nous nous etforcons de
fouftraire quelque petite por-
tion du prix de la matchandi-
fe 5 n'eft ce pas un larcin & une
fraude ? Ce n'eft pas par la va-
leur du vol , mais par la vo-
lonté de celuy qui vole , que
l'on ëldoit meiurer Tinjuttice.
Et1a juftice & l'injuftice font
également ce qu'elles font dans
les petites chofes comme dans
les grandes- ainfi j'appelle vo-
leur, non feulement celuy qui
ravit une grande fomrae d'ar-
gent 5 mais aufli celuy qui loul-
trait la moindre chofe du juf-
te prix de la marchandife
qu'il acheté : non feulement
celuy qui perce le mur de fon
prochain pour le voler , mais
«ncoie celuy qni favorife une
L TE 8
Difficile ejî pti^
rum bominem inze'^
nire. Qmd fî non
aurum rap.imus , (?
ncy» innumera terrée
jugera occupamus r
^Handam tamen faU
laciam Cr fartum
in minoyibi4i CT* qu£
pojjumus exercemui.
Nam càm in com-
merciis C emendu
rébus debitttm non .
repère , aut ail*
quid fubtrahere con*
tendimui i nonne U-
trocintum 3 fttrtum ,,
rapitram facitnui ?
. . . Non ablatorum
copia , fed rapien.-
tium voluntate in-
jujlitia metienda ejf.
Ji*Pum namqtie C3*
injuflum in magnis
Çy parmi rébus ean^
dem vim habent i
Çp* ità tam furent
appello qui aurum
furri^it , quam qui
in emendii rébus ju~
Po pretio vendentem^
fraudât i V qui
alienum parietem ef-
fodit , quam quir
Sur
C3* alicjHid à proxi-
mo au fer t.
Nolimus relus no-
firii omijjts aliéna-
rum judiees fieri,
Neqtie dum humani-
tatis tempus ejl ,
tnalittam profequa-
mur ') fed cogmta
priore noflra vitn ,
manftteti tandem O*
bemgtii efficiamur»
Fur efl , inquis ,
CP' adulter '^fed nos
non maliUée , fed
çalamitati mifere-
mur. Sape illos inter
unus invenietur mul-
torum inflar . . . . .
Sicut Abraham qui'
cumque ad fe véné-
rant hofpitatus 5 An-
gelos tandem bofpitio
accipere meriiusefli
ita O* nos magnos
etiam viros convenie-
mus , fi fréquenter
eo accedemus.
Douceur >l
réçard du
Tom. L
S. J E A M . 315
méchante caufe , & qui en
quelque manière que ce foit
prend injuftement quelque
clîofe à Ton prochain.
Ne négligeons pas le foin
d'examiner les fautes de no-
tre vie , pour nous établir ju- ' -r»--".-"
i CL- 1' 4t prochain,
ges des actions d autruy. Ne '^
Ibyons pas feveres envers no-
tre prochain dans ce temps
de douceur & d'humanité :
mais après avoir bien reconnu
tous les déréglemens de notre
première vie, témoignons de
la douceur & de la bonté envers
tout le monde.
Ce pnfonnier qu2 vous vifîtex 6^(?.
eit peut-étre^un voleur ou un Airiihr l-*
aduIterc.Mais ce n'eil pas pour niiferables .
faméchancetéjc'eftpourfarai- '""'''^'" ''
fere,que vous lui témoignez de
la compalïion. Il peut arriver
que vous trouverez un homme
de bien parmi plufieurs crimi-
nelsjqui vous procurera devant
Dieu une très-grande récom-
penlè. Abraham ayant accou-
tumé d'exefcer l'holpitalité in-
différemment envers tous hs
palfans , mérita enfin l'avavna»
ge derecevoir chez lui les An-
ges mêmes: fi nous avons donc
le foin d'aller fou vent vifiter les
miférablcs , nous obtiendrons
peut-être aulTi le bonheur d'ai^
fifter des gens de bien.
Dd
même pé-
cheurs.
^47-
Viihté des
tribulacious.
648.
SageiVe né-
ceflaire aux
insres de fa-
mille.
^49-
Occupations
& avantages
des femmes.
3ï4 DesHomel
Rien n'eft fi utile pour pré-
parer notre ame à l'acquifition
d'une parfaite fageffe , que les
calamitez , les tentations *, &
les déplaifirs.
Les femmes qui font parti-
culièrement obligés à prendre
foin des affaires du ménage &
de la conduite de la famille ,
devroient être encore plus fa-
ges & plus prudences que les
hommes mêmes.
La femme demeurant ordi-
nairement dans fa maifon ,
comme dans une iàinte école
de vertu & de philofophie
Chrétienne , y peut goiuer
un repos tranquille , fe recueil-
lir en elle-même , s'occuper à
la prière , à la lefture , & aux
autres exercices de pieté ; &
jouiHant d^s avantages de
ceux qui habitent les déferts ,
ne trouver rien chez elle qui
puife troubler fa paix. Ainfî
elle fera en état d'adoucir les
peines de fon mary , de calmer
fes troubles & fes chagrins,
d'effacer de fon efprit toutes
les msuvaifcs impreflions qu'il
aura apportées en revenant de
la ville . & de faire en forte
qu'il y porte en fortant de fa
maifon les impreffions con-
traires qu'elle luy aura infpi-
lées par fa piété.
lES
Nihil adeo adfa-»
pientiam animttm
pTiiparai , ut caU'
mitas , tentatio O*
afflieiio.
Homil. 60. Mh"
Itères quàm viros
fapi entier es effe opor^
tety qu<£ curte fami-'
liari , ut plurimunt
incumbunt.
Mulier tanquam
in quodam philofo'
phi£ gymnajîo , do"
mifed'ens , CT* men-
tem in fe colli^ens ,
orattonibus , le^io-
ntbus, Çp* aliti bo'
nis operibus vacare
potej} j Ci?* more ère--
mos hahitantium y
qui fe perturbet ha-
bet neminem . . . , ,
potejl virum pertUT"
batum lenire , admo'
vere , fuperfluas ejus
<jy molefiores co^-
taùones abfcindere ,
<Sf ità dimittere ut
quafcumque molefiias
e fora domum tule-
rit , deponat , C7*
qu£ domt bona didi-
cerit , fecum info-'
rstm afferat.
Su
Nihil potentiui
iîiultere honaÇp'pru'
demi ad inflituen-
dttm çy informait
dum virum ^uo.
cumque voherit. Non
tant lentter arnicos,
magifiros , aut prin-
cipes patietur , ut
conjugem admonen-
tem atque confulen-
tem s hahet enim
'Voltîptatem quandam
admonitto Hxoris ,
cum plurimàm amet
cui conftilit. Multos
poJJUm ajfcrre viros
afperos ^ immites,
per uxorem mites
redditos zy manfue-
tos, Ipfa enim menfa,
filiorum communi-
catione , dicendis ,
tacendis , e?* aliis
plurihus cum mari-
to communicans , CT*
ut corpus capiti con-
}Mnéla : ft prudens
erit G^ diliget , om-
nés vincet in conjw
gis curatione.
Non ver bis tan-
Utm , fed re infor-
niandus ejt conjux . ,
Çnm te non maUm
viderit , non pre»
S. Jeaw. gij;
Rien n'eft li puiflant qu'une ^^o.
femme pieufe & prudente , Pouvoir
pour régler \m mary , & le d'une f^ini;;-
porter à tout le bien qu'elle Pj-^^^ po^^^
d' voudra. Il ne recevra jamais ^^s'^*" ^°'^
fi agréablement les avis , ny '^^^^^'^
d'un amy , ny d'un maître ,
ny d'un Prince même , que
d'une femme qui ne l'avertit
que pour (on bien. Et en
effet les confeils d'une femme
ont un agrément particu"
lier , comme venant d'une
petfbnne qu'on eft perfuadé
qui nous aime. Je pourrois
vous apporter icy piufieurs
exemples de maris fort rudes
& brutaux , qui ont été ren-
dus plus doux & traitables
par la douceur & la complai-
fance de leurs femmes. La ta-
ble, les enfans, les biens , les
aiFaires-, les bcfoins , & en un
mot toutes chofes leur étant
communes , Ç\ elle elt fage &
difcrete, elle fera plus propre
que qui que ce foit , foit par
fes paroles , foit par fon filcn-
ce, & par toute fa conduite ,
à corriger tout ce qu'il y a de
défeâueux en Ton mary.
La femme ne doit pas feu- '6$ï.
lement travailler par Çts pa- Edifier nm
rôles à porter au bien fon ma- ^^^Y par i'o\-,
ry , mais principalement par ^°" exemple.
fes aâions ; c'cft à-dire en luy
Ddij
6<;i'
plaire à un
Il 6 Des Home
faifajit connoître quelle eft fa
vertu , qu'elle n'aime point à
s'habiller magnifiquement ,
qu'elle ne recherche point les
fuperfluitez & le luxe , mais
qu'elle fe contente du nécefîai-
re y car c'ell alors que fon mary
recevra agréablement Tes bons
avis. Que s'il voit qu'elle pra-
tique le contraire de ce qu'elle
luy confeiUc , il ne faut pas
<louter qu'il ne fe mocque de
tous fes avis,
vèrtu.'vray ^.es ornemens précieux & les
moyen de parures arfedées ne rendent
point une femme iï aimable à
Ion mary , que fa modeftie &
fon amour , & la fincere dif-
pofition où elle eft d'expofer fa
vie pour luy. C'eft-là ce qui
gagne un mari. Les ajuftemens
au contraire & la richeffe des
habits luy font en averfion &
ne fervent qu'à confumer fon
bien , & à luy caufer des cha-
grins & de la dépenfe. Mais
Ion amour ne luy fçauroit être
à charge , & ne lui peut caufer
de peine. Les ornemens des
femmes s'ufent & fe gâtent
par un long ufage j mais leur
vertu fait comme refleurir Ion
ame, & leur aiFedion redouble
celle deleur mari.Si vous avez
donc envie de plaire à votre
»3ari j ornez votre ame de pu-
LÎES
tiojts inâutam , non
fftperfiua expetenfem,
fed necejjariis con--
tentam , tune confu-
lentem patitur. Quoi
fi verhis philofophe-
ris , re contra feceris^
nugas tuas reprehen»
dit.
Non aurum adeo
amabilem uxorem
reddet y ut modeftia
CT* charitas , O" ani-
mus vitam exponen»
di pro marito. h£i
virum capiunt, [lie
ornatuî obftat ei y
pecunias exponit »
fumptumO' follicittt"
dinemprahet , cJjari"
tas autem nullam
offert rttaleftiam y
nullam impenfanu
îlle ornatus ufu dete»
ri or fit { hic in dies
fiorentiorem antmam
reddit £?• majorem
excitât charitatem»
Quamobrem fi viro
placere vis, ornato
antmam pudicitta ,
pUtate , reifamilUz
Su
ris cura. Ii<ec , in-
quam , confirmant
amorem qui nun-
quam cejfat y ncque
fene6îus hnnc tollit
ornatum aut morbus :
corfrorea autem G^
hxc O* alia plnra
àuferunt. Anim<e
botta longe pr^flan-
tiorafunt quant cor-
ports. Hujus ornatus
invidiam parit Ci^
^lotypiam : hic om-
nimaloajfeél» , om*
mi caret inani ^.o-
ria. Hoc paclo e?*
res familtaris faci-
lius augehitttr , ct^m
aura non eris orna~
ta , fèd in neceffaria
confères , in cibum
fervorum y filiorum
curam neceffariam ,
€7* aiia qtt£ in vi-
ta requiruntur :
qt4<e fi di'fecerint ,
oculis atitem illa
proponantur , quid-
nam ertt lucri ?
. . . Nojtit quodet-
fi omnium pulcherri-
mam quis videat
ntulierem » tiifi Utus
Jîty indè minime ex '
btlaratur. Qni enim
K S. Jear. 517
dicité 5 de piété , & du foin ds
bien gouverner votre famille ;
rien n'eft plus capable d'after-
mir une folide & éternelle a-
mitié entre vous deu\.'^ Ny la
vieilleffe , ny les maladies ne
feront jamais capables de vous
dépoiiiller de ces précieux vc-
temens ; au lieu que tous les
avantages corporels vous peu-
vent être enlevez par mille ac-
cidens. Les biens de l'ame font
infiniment plus excellens que
ceux du corps , qui ne font
propres qu'à caufer des envies
& des jaloufies ; mais ceux de
l'ame font exemts de toute
mauvaife volonté & de toute
vaine gloire. Aufïi quand une
femme ne recherche point ces
riches parures , mais qu'elle
n'employé fon bien que dan^s
les chofes néceflaires à l'entre-
tien de fa famille , & aux be-
foins de la vie , il eft certain
que fcs affaires en vont tou-
jours bienicomme au contraire
elles iront fort mal , ù elle ne
penfe qu'aux chofes d'oftcntai-
tion & de faite. Vous fçavez
bien que la vue de la plus
belle femme du monde ne don-
ne guère dejoye à une perfonne
qui d'ailleurs a de jultes fujets
de chagrin. Car fi l'on n'a de la
ioye dans le cœurj'on ne prend
Ddiij
3i8 Des Homel
plaiiîr à rien. De forte que fi
un mary voit que tout Ton
bien fe confume à parer fa
femme , & qu'il en foit in-
commodé dans les affaires , il
ne faut pas croire que la vue
d'une femme parée d'une ma-
nière qui luy eft fi fort à char-
ge luy puifïe caufer beaucoup
de plaifir & beaucoup de joye.
Dans les commencemens d'un
mariage toutes ces magnifi-
cences plaifent toujours ; mais
dans la fuite il en arrive de
même qu'à l'égard du ciel &
du foleil 5 car quoy qu'il n'y
ait rien de plus beau & de plus
digne d'admiration , l'accou-
tumance de les voir fait qu'on
ne les admire plus.
^53. Les femmes pleurent fou-
Regret ex- vent leurs maris & leurs en-
ceiTif de U f^^s , comme s'il n'en devoir
morcdespro- plus rien relier après la mort,
ches.marciue g^gs ^'^nt point de foy aux
i mcrcduliic, Ecritures.Carfiellescroyoïent
que les perfonnes qu'elles re-
grettent comme mortes , ne
le font pas véritablement ,
mais qu'elles ont feulement
paifé à une meilleure vie, el-
les ne les'pleureroient pas avec
tant d'excès, & elles ne s'a-
bandonneroient pas à ces fan-
glots & à ces cris , qui font des
marques de leur incrédulité.
IBS
deUâdri vuît , ^i»
mum Utetur o^or^
tet. Cùm atttem au-
rum omne in uxoris
ornamentumcoUatum
efl , C7* anguflia ra
famiUaris laborat ,
qttapotefl efje conju^
gi vohptas ? . ...
H<tc circà nuptiarum
tempora volttptatem
quandam haherevt-
denittr , inde tem-
pore langue fcunt. C<t-
lum & folem tant
pulchrum jam prop-
ter confuetudmem
non aàmiramur ,
qiiod de miditbri or^
natu ezienire par ej},
Homil. 61. in
cap. II. Haudali'
ter quant fi riihil
poj} mortem rema.'
neat > mulieres la-
mentantur i non at-
tendant Scripturis.
Siquidem fi crede-
rent mortunm non
ejfe mortuum , fed
ad meliorem vkant
tranftatum i non uti-
que ipfum déplora^
renty non tant a s ef-
ferrent vocei incri'*
dulitatii indices.
Su
Omniapr opter ho'
mines facîmui, cm-
nia propter prtcfen-
tia.
heccata nemo h-
get ; quodlu^re non
jubemur , ii luge-
mas.
Lachrymatui ej}
Chriftus fiiper Laya-
ro 5 lachrymare tt*
fed leniter , pruden-
ter, fed cum Dei ti'
more. Bac raiione
flens , non refurre-
flianis dijjtdenute ar~
^uérts i fediCrrèfer-
re chaYijJimt fcjun-
élionem videberis.
Nam Z^peregre pro-
fictfcentes Uchrymis
profequimttr y non
tamen ut mortuos i
ità ^ tu lugcas ,
tanquam pr^miferis
peregrinum.
Si quifape Deum
effenderit, moritur ,
is dtfiendus e/?, z;cl
potius minime , wm
nihil illi afferat ttli'
litatis : féii ea fa~
cienda qute ei ali"
R S. Je AU. 5ip
Nous faifons toutes chofes 6 $4'.
pour des confidérations hu- Vanité &fo.
maines -, nous ne travaillons j.'^. ^^ ^-^^
que pour lepréfcnt. ^""'
Nul ne pleure pour Tes pé- 6$^,
chez ^ & on ne pleure en ce Regrets fu-
monde que ce que Dieu ne P^^*^^*'»
veut pas que nous pleurions.
JESUS-CHRIST a pleure la
mort du Lazare -, il vous cft
6^6.
On peut re-
gretter un
mort , inaij
avec nwdc-
ratiori.
donc permis de pleurer , mais
avec modération , avec rete-
nue j & avec la crainte de
Dieu. Qiiand vous ne pleu-
rerez que de cette forte , on
n'aura pas lieu de vous re-
prendre comme doutant de U
réfurredion ; mais vous pa-
roîtrez feulement être affli-
gez de la (eparation d'une per-
fonne qui vous étoit chère ;
comme on pleure un amy qui
nous quitte pour s'en aller à
un grand voyage , & qu'on ne
confidere pas néanmoins com-
me étant mort. Ne pleurez
donc vos frcres que comme
des voyageurs qui font partis
avant vous.
Quand un pécheur meurt ,
il le faut pleurer -, ou plutôt
il eft inutile de le pleurer , puis confohtion
que toutes vos larmes ne luy ^"^ ^^ .™'^''^
lervirontde rien -, mais il faut ^"^"*
faire pour luy des oblations & Prière poi;;
des aumônes , comme étant *^^"^°"^*
Di iiij
Motifs
de
5io Des Home
^ofitre la les feules chofes dont il peut
l:i<iînques. recevoir du foulagement.
D'ailleurs il y a fujet de fe ré-
jouir que la mort ait arrêté le
cours de fa méchanceté. Que
s'il meurt un jufte , on fe doit
réjouir de fça\ oir qu'il eft en
un état d'affurance , &. où il
n'a plus rien à craindre. S'il eft
jeune , de ce qu'il eft délivré
àts maux & des dangers de
cette vie ^ & s'il eft vieux , de
ce qu'après avoir long-tems
joui de la vie^ que ks hom-
mes confidercntcommele bien
de ce monde le plus défirablc ,
il en a été comme foulé , &
en eft (orti avec dégouft , pour
paffer à une meilleur.
^58. La philofophie & la fagef-
AvantAgesfe eft un grand bien j j'en-
d'une vie ^gns la philofophie Chrétien-
chrétienne. „ç ^ ^ „^^ ^^jj^ j^^ p^y^^^ ^
qui ne confifte qu'en paroles ,
qui n'eft pleine que de fables,
& qui n'agilfant que pour la
gloire du monde & la vanité ,
n'a point de fagelfe véritable.
C'eft donc un grand bien , je
le dis encore , que la vraye fa-
geffe , & qui porte avec foy la
récompenfe. Car celui qui mé-
prife les richelies , a dès-là ac-
quis ce grand avantage d'être
délivrez de mille foins inutiles,
& de beaucoup de folles in-
L lE s
qtud con ferre foffnt i
eleemofynai » ohla^
tiones facito i in hoc
Utanàum eji qucd
malitia ejm abfcijj'a
ejî. Quod fi jujius ,
tt^rfas Utandum quod
tn tuto coUocalur ,
quod liberatus t(ï fu^
tura formidine. Si
juvenis , quod è mé-
dia malorum ereptus
efi ; fi fenex , quod
eo ufiii diutiui quod
maxime defdcrabili
zidebatur , vita f^r
Homil. 6l. Ma-
gnum bonum philo^
Jophia : fapientia no-
fira , diço , 7ion
gentilium , qu£ ver-
ba fient dumtaxat O*
fabuU i neque ullam
habent fapientiam î
nam gloria caufz
omnia facittnt. Ma'
gnurh y inquam, bo»
num fapienlia , qu£
nabis indèvicem red»
dit. Qui enimpecU'
niai contemnit , jam
hoc bonum confecH'
tum eji j quod fii"
Sur
perfluts 0*fti4Uis eu-
ris ejl Itberatm. Qui
gloriam pejjumdat ,
indè pramium acci-
pu quod nttlUfervit ,
fed vera Itbertate
perfrmiur. Qjtt c<e-
leftia concupifch , ré-
munérât loue non ca-
ret , cùm nihilpr.e-
fintia arhitretur ,
CT» facile dolorem
omnem exuperet.
Hom. 63. Quod
Deus bomo faéius
fit ^ ^ formam Jer-
m acceperit , quod
humilia O* de fe
loqueretur ^ & de fe
dici perrniferit 5 m-
digijum Deo. Indi-
gnum fane fi quis e-
jm confideret ma-
jefatem , dignum
rurfus , fi immerfa
ejui benignitas CT*
clementia confidere-
tur.
Car morluoi luge'
mm , cùm jam ni-
înl profcere po(fu-
mus ? Hos lugeamui
qui mutari pojjunt.
Sed nobii lugentihus
ipfi fortcijje rident i
tliam Cr hoc lu^crf
s. Jean. 32J
quiétudes. Celuy qui foule
aux pieds la gloire du monde i
y trouve pour fa récompenfe
le plaifir de n'être aflujetti à
perfonne , & de joiiir d'une
parfaite liberté. Celui qui eft
touché du défir des biens du
ciel , & qui ne compte pour
rien les biens de la terre , joiiit
des icy pour fa récompenfe ,
de l'avantage d'ctre au deflus
de toutes fortes de maux & de
déplaifirs.
C'eft une humiliation indi- ^^9»
gne d'un Dieu de s'être faiz """'^'if ''^'î^
homme . de s'être revêtu de ° J*.. >, *"
la forme de fcrviteur , d a- bonté.
voir parlé fi baflement de foy ,
& d'avoir fouffert que les au-
tres en parlaifent de même :
tout cela certes eft bien indi-
gne de Dieu, fi l'on regarde
fa grandeur & fa majefté ; mais
d'ailleurs il eft vray de dire
que tout cela eft en effet digne
de lui, fironconfiderel'excèj
de fa bonté & de fa clémence.
Pourquoy pleurer les morts, 6é<y,
aufquels nos larmes font inu- Ne pleure^
tiles? Pleurons plutôt les vi- qu^^^vi-
vans qui peuvent encore fe^^"^'
corriger. Mais peut-être qu'-
ils fe rient de nous quand
nous les pleurons i aufïi eft-
ce pour cela même qu'ils
jxa Des Home
rient de ce qu'ils devroient
pleurer 5 qu'ils méritent qu on
les pleure.
^^ L'amour des richefles eft
T^rannicde bien plus pernicieux & plus
l'avarice, puiilant que le démon même;
&plufîeurs lui obéifTent bien
plus aveuglément que les
payensn'obéifl'encàleurs Ido-
les. Car il y en a plufieurs qui
n'obéiflent pas en tout au dé-
mon qui eft dans leur idole i
mais les avares ont une défé-
rence fans referve pour tout ce
que leur cupidité leur fuggere.
Si l'avarice leur dit : Soyez en-
nemis de tout le monde , ou-
bliez les fentimens de la natu-
rejméprifez Dieu, offrez-vous
à moy en facrifice : ils obéif-
fent à l'heure même. Les ido-
les fe font facrifier des bœufs j
mais l'avarice demande à Tes
adorateurs de luifacrilier leurs
propres âmes , & elle les per-
fuade de le faire.
Comme la bonne vie eft
~66i. inutile quand elle eft jointe à
Bonne vie une dodrine d'erreur : aufli
jbutilefans la la fajne dodrine eft inutile,
bonne doari- ^^^j^^j ^Hg gft JQ^^te à une vie
^' dépravée.
66"^. La vie préfente eft pleine
Vanité àt$ de beaucoup de douceur , de
tiens prcfens. plaifir & d'agrément; non
pas pour tous , mais feule*
LIES
dumcùm. rident quoi
flendum effet.
que
Ho m. 64. D<e-
mone gravior e/?/>«-
cuniarum cupiditas y
eut multi magis ohe-
difitit , quàm un idû"
lis. IIU enim in mttl*
tis non parent i huis
vero in omnibus ; Ci?*
(juodcumqtte facien^
dum fug^erit , obfe-^
quftntar. Quid dtci^
avaritia ? EJIo om*
nibus inimicus , obli»
vifcere naturam ,
contemne Dettm , fa"
crtficium mihi te ip-
fum ojfer. Di6îo ci-
tius parent. Et ido^
lis quidem boves fa.»
crificant ; avaritia ;.
ojfer mthi animant:
tuam 3 inquit , C
perfuadet.
Homil. 6^. Ni-
hil prodefl vita bona
cumprava doélrina :
ut contra , nihilfana
doâîrina cum vita
corrupta.
Homil. 66. Dut'
cis pr<£fens vita ej}\
Çp* mhlt£ plena vo-
luptatii ; non tamçn^
Sur s. Jean. jij
êmmhus ^ feâ ils qHi ment pour ceux qui font at-
tachez aux chofes terreftres.
Car s'ils confideroient quels
font les biens du ciel > ils
mépriferoient facilement les
biens de ce monde , & ne
les regarderoient que comme
un néant. Ainfi on n'admire la
beauté d'une chofe tant que
l'on n'en voit point de plus
belle j nuis dès que nos yeux
déct)uvrent quelque choie de
plus excellent , nous commcQ-
^onsàiaméprifer.
terrenis rébus affi-
guntuf. Quodfiqmi
Cilum fufpiceret , O*
quàt illic fttnt bon a
eontemplaretur , fta-
tim h/ec contemnerety
tanquam ntêllius mo"
menti : fient 'O' cor-
porum pulchritudo ,
quoad pulchrius quid
non dfprehendiiur m
admiratione habe-
tar j càm veto excel-
hntiui apparuerit y
illaprior defpiatttr.
Non ità Ua/phc"
matur Dem ab im-
fio gennh y ut à
ChriJ}iano . . . Om-
nia ergo peccata
Z'itemus , maxime
Vero qute publicè
nocent , in quibus
pracipuè Deus blaf-
phematur.
Homil. 62. Om-
nia quidem nohîsfmit
fitgienda necejfario ,
qit£ animam corrum-
punt i fed illa longe
tnagis , quj£ plura
peccata exfcpariwn.
Ut avaritia , exempli
gratta , per/e gravis
tnorlHS ej} i lon^è
Dieu n'eft point deshonoré
par l'impiété d'un infidelle
66^,
Mauvaifs vie
comme .1 l'eft par \^ ^■^^r^- ^^iÂoZ
vaife Vie d un Chrétien Ayons ^g Y)\tMn
donc prmcipalement foin d'é-
viter les péchez publics &
fcandaleux, qui font que Dieu
cftbiafphemé&deshonorépar
les gens du monde.
66^.
E virer Ai?'»
Il faut-fnir tous les péchez
qui corrompent Tame , mais
principalement ceux qui en tout les pe-
engendrent encore plufieurs <^hez capi-
autres. L'avarice , par exem- ^^"^*
pie j eft d'elle-même un grand
péché ; mais elle eil encore
bien plus mauvaife en ce qu'-
elle eft la racine & comme la
raete de tous les maux. L^.
$24 Des Home
Taine gloire ell aufli de cette
nature.
"€66.
11 eu. plus ai-
fé de ne pas
tomber
que
«le fe relever
L'humilitc
«ft grandeur
d"anis, 5C
l'orgueil,
kail«ffe.
'66%.
Ixempledes
mauvais
Ceft un grand malheur que
de tomber dans le dernier
abyme du péché , & dans cet
état déplorable où Tame de-
vient comme incorrigible.
Ceft pourquoy il n'y a rien
que nous ne devions faire
pour éviter ce précipice. jCar
ileftbien plus facile de s'em-
pêcher de tomber , que de fe
relever quand on eft tombé.
Ceft ce qu'on apprend dans
l'exemple de Judas j quinon-
obftant tous les fecours qu'il
eut après fa chute , ne s'en
releva jamais.
Si vous voulez vous élever
à une véritable grandeur d'a-
me , je vous en montreray le
chemin : car vous ne le fça-
vez pas. Quiconque délire
avec ardeur les chofes pré-
fentes y parce qu'il les eftime
grandes & avantageufes , fait
alfez voir qu'il a Tame baffe.
L'humilité n'eft donc jamais
fans une vraye grandeur d'a-
mciny l'orgueil fans bafleife
& petitefle d'efprit.
Ceft nous , mes frères ,
c'eft nous qui forames véri-
tablemenc câufe que les in-
LIES
gravior quià rad^x
ejt c?* mater omnium
malorum ; ejufmodi
eft tnanii gloria,
Hom, 70. Gra'
vifftmum y in profun'
dum vitiorum deci"
dere ; ferè enim ani-
ma incorrinbilii red'
ditur i ideo omnia
faciendafunti ne à
prttcipitio capiamur.
Faciliits enim eft non
cadere , quàm poft
cafftm refhrgere. Con-
templare poftqttàm
Jtiiai àilapjus eft ,
quantum habuit atk-
xilium , C «»«-
<lHam reftirrexit.
Si veram elatia-
nem concuptfcis , hîc
ego t& viam doceho j
non enim ncfti ; qui
rehtts pr^fentibus
tanquam magnis tn-
htatj is vihi eft ZJ*
abjeéïi animt. Ita-
que nttnquam humi-
litas eft fine magniiu-
dine animi j neque
fttperhia fine pufilla-
mmiiate^
Homil. 71. ia
cap. 13. Nosfumui
cattfa , nos^ inquam».
Su
lit infiielei in errore
permaneant. Jam
pridem doflrinam
fuam damnafj'ent , CT'
vo/tram approl?aJJent,
nifivita nojfra retra-
herentur . . . Itaque
horum nos panai da-
himus 5 nonfoliim eo-
rumqu^ ipjîcommi-
fimus ^ fed quorum
autores fuimtts , ut
Dei nomen blafphe-
rnaretur.
lîom. y i.Quiddi-
lis 5 Petre , Chriflo
âicenti ? Non potes
fequi modo , tepo/-
fe dut s ? Expert entia
cognofces nihil ejjfo
dileéïionem tuam )
ttifi adjît ccclefln
gratta. Vnde confiât
hune cafum Jefum
pro ipjïus utilttate
permijîjfe. NamcUm
ajfertioni fu<e fiaret
Éetrtts fervore quo-
dam, non quidem
impHit ad negan-
dttm j fed iefertum
relinqmt > »t fuam
ipfe intelligeret im-
èecilUtatem.
Homil. 74» in
R S. JeAK. JljT
fidelles demeurent dans leurs Chrétiens
erreurs : & ils auroient déjà "ufe delob-
renoncé à leur faufl'e religion , f^'^^g^", '^'^
& embrafle notre croyance , "
s'ils n'en étoient empêchez
par notre mauvaife vie. C'eft
pourquoy nous ferons punis ,
non feulement pour nos pé-
chez propres , mais encore
pour avoir été caufe de ceux
que les autres ont commis ,
& de ce que le nom de Dieu a
été ainfi deshonoré.
Que répondez- vousjPierre, c p-^*
à ce que vous a dit J E S U S- bandonnr'à
C H' R I S T que vous ne le la foiblelle ,
pouvez pas maintenant fui- pour guérit
vre ? Vous dites que vous le fa préibra-
pouvez : cependant votre ?"°"»
propre expérience ne vous
fera que trop connoître que
votre amour ne feroit rien ,
fi la grâce divine ne le foû-
tenoit. Auffi J E S U S ne per-
mit la chute de cet Apôtte
que pour fon bien. Car ayant
vu la hardieffe avec laquelle
il s'appuyoit fur une indif-
crette ferveur dont il étoit
animé , il ne le porta pas à le
renoncer , mais il l'abandonna,
afin de lui faire reconnoître à
lui-même quelle étoit fa pro-
pre foibleflë.
Pourquoi le faint Efprit ne pfj;^^ j.
^'i6 Des Homélies
defeente du defcendit-il point furies Ap6- cap
s. Efpritdif- très aulfi-tôc après la réfur-
ferée après la re<ftion du Sauveur ? Afin que
tifurreaion, l'attente de fa venue leur inf-
pirât un plus ardent défir de
le recevoir. Car tant qu'ils
avoient JE SUS-CHRIST
avec eux , ils n'étoient pas
dans Tafflidion j mais quand
ils s'en virent abandonnez ,
ils furent faiûs de crainte ,
& commencèrent à fouhaiter
fa venue avec une extrême ar-
deur,
^i» L'ignorance rend une ame
Funeftes Tui- tin^ijg ^ fojbie & efféminée i
tes de \ igno- ^^ j-^^ ^^^ l^ connoillance
des chofes divines la rend cou-
lance des
chofes de
Dieu.
rageufe, forte & fublime.
éjl.
la fin de la
vertu.
Tout le bien que nous au-
Malheurrons fait n'obtiendra fa ré-
d'une ame compenfe qu'à la fin de notre
quidéchoit a y-g . ^^^^ ç^ ^^^^^ ^^ terme
nous étions afléz malheureux
pour tomber dans le péché ,
nous ferions femblables à un
navire , qui au retour d'un
grand voyage périt à l'encrée
du port', & dont la perte cft
d'autant plus grande, qu'il fe
trouve chargé de plus de ri-
chefîés , & qu'on aura fouffert
plus de travaux & plus fait de
■iiépenfes pour le conduire à
14. Chï" non
J}atim poji refiirre-
{lionem , fpintm ,
venit ? Ut expefia'
tionis dejîderio ma»
jongratia eum acci-
perent Ququfque e-
nim cum ipfn Chrijlus
verfatm efl , non af-
fii^abautttr ; eo abe'
unte tanqHam deferti
formidantes , majo'
rem in modum cum
accipere avehant.
Homil. 75. T/'-
midam C7' effemirja-
tam animam ignom
rantia efjflcit ; q»em-
admodàm maznam
o
e?* fublimem c^lejiis
doflrinte erudiUo.
Homil. 76. Ont-
nia bon<t tune mercC'
dem hahent j CHm
debitum Jinem con^
feqHuntur. Quod fi
intérim qitis decide-
rit , naufiragium in-
currtt i fient navis
ianumeros veheni ,
mfi adportum appel-
Ut , fed in medio
pelagafuhmergatur ,
non modonihilei^ro*
ficH longa navigatioy
fid tatnl majorem
Su
facitjaSîuram , quan
to majores laèores
ftibiit i ità CT* qu£
fiib Uborum finem ,
CT' cjuig in medio cet"
tamtne corruunt ani-
m/i , gravion cafa
concutiuntur.
Oportet in rébus
gravibus e?* mole-
ftis , non labores ,/ed
pramia con/îderare :
ficut mercatores non
maris pericula y fed
lucrumfpeClant ; itâ
& nos calitm &
Dei prsfenttam.
Corpus fitum dédit
ttbi Chrifius ^ pre-
ciojlfjîmum fangui-
nem ; tt* nec potum
das. At femel dedi-
pl ? Non ejl h<ec ela-
emoftna. N/fî enim
quoufque habes indi-
genti fubvenerîs ,
HHnquam debitum
impleveris. Namc^
Virgines habentes
lampades habebant
oleum , fed non ad
fu^ientiam.
l S. JfiAN. 517
bon port. Ainfi la chute des
âmes qui tombent au milieu
ou à la fin de leur courfe , en
eft beaucoup plus grande &
plus déplorable.
Dans les chofes pénibles 8c ^73.
difficiles , ce n'eft pas le tra- Regar.ler
vail qu'il faut regarder ,mais "°"'^ vnnç,
la récompenfe ,• de même que ^/J^ ^^J^""
les marchands ne confiderent *
pas les dangers qu'ils courent
fur la mer , mais le profit qu'-
ils tireront de leur commerce.
Il ne faut donc regarder que
le ciel , & Dieu qui nous eft
toujours préient.
JESUS -Christ vous a ^74,
donné Ton faint corps 6ç fon Perfevercî-
très-précieux fang 5 &.vous dansl'éxerci
ne donnez pas feulement un cedeTaumô
verre d'eau aux pauvres. J'ay "^•*
fait une fois l'aumône, me di-
rezvous. Cela ne mérite pas
le nom d'aumône. Car fi vous
ne la faites autant que vous
aurez de quoy la faire , vous
n'accomplirez jamais les de-
voirs aulquels vous êtes obli-
gé envers le prochain. ÇEt en
effet ces vierges que l'Evan-
gile appelle folles , avoient de
l'huille dans leurs lampes ,
mais elles n'en avoient pas
allez.
3i8 Des Homël
^75 . Voulez- vous fçavoir la eau-
Avarice , fe de votre dureté & de vo-
fource de la ^^g inhumanité envers les
iuretcenvers p^uyj-gs p C'eft que ceux qui
ks pauvres- ^^^ avance amaltent du bien ,
ont grande difficulté à le ré-
pandre en aumônes. C'eftquc
ceux qui ont coutume d'ac-
croître leur bien , ne peuvent
fe réfoudre à le dépenfer. Et
d'ailleurs comment voudriez-
vous que celuy qui ne penfe
qu'à s'approprier le bien d'au-
truy , fut bien dilpofé à don-
ner le fien f
676. Ne voyez-vous pas que
Pauvres Uif- Dieu a voulu que toutes cho-
fez en faveur fg5 fu0ej^t communes entre
des riches, j^^ hommes ? Et que s'il a
permis qu'il y eût des pau-
vres , ce n'a été qu'en faveur
des riches ,• afin qu'ils euflent
moyen de racheter leurs pé-
chez par les aumônes.
677. Quand nous ou quelqu'un
Ne s'affliger de nos frères tombons en quel-
que du péché que péché ; c'eft alors qu'il
y a fujet de s'affliger. Mais
quand nous ne tombons que
dansquelquedifgrace du mon-
de ; il eft très- inutile de s'en
attnfter.
^7^' Nousnefommesencemon-
Ne fe point j^ ^^^ comme des hôtes &
ÎTe'du'mépr's ^es voyageurs ^ c'eft pourquoy
qu'on fait de i^s dilgraccs qui nous y am-
I es
rultis dicam caw
Jam inhumanitatii ?
Qui per avaritiam
congregant, aielee-
mofynam pigri funt.
Qui ità lucrari dtài-
ctt , ne/cit expendere,
Quomodo enim qui
rapirue inlnat , ad
contrarium Je forma-
bit} Qui aliéna ac'
cipit 5 quomodo fiM
dare polerit ?
Nonne vides quo*
modù omnia nobis
communia patuit
Dem ? Si pauperes
effe permijît , etiam
hoc divilum gratta
faSlum ejl , ut per
eUemoJynam peccattt
pofflnt abluere.
Homil. 77. Cùm
vel nos 5 vel proxi-
mi peccant , tune
triftandum efl i cùm
autem in humanos
cafus incidtmus , inu-
lilis tune trijinia.
Hom. 78. Hof-
pites fumus & ad-
venue : nulU nos
molefîix angant. Ne*
que
R S. Jean. 329
vent , ne nous doivent pas nous en ce
Su
^ue eniin fi ex cla-
njjîma patria , CT*
clarifjîmis ortus pa- quitté un pais célèbre où vous
être fort pénibles. Si ayant '"°"^'-^' °"
rentibuss in lonHn-
o
^uam regionem ne-
mini notus , abires ,
CT* te qmfpiam con-
tumelia ajjiceret ,
agre ferres ac fi ta-
it a demi fièrent .., ,
IfiucL etiam mute co-
gita 3 quod peregri-
nuses, CT* riihil eo-
rum qtt<g in hac pe-
regrinatione fittnt , te
p^YtHrbet. Civitatem
habes , cujus opifex
CT* autor Deus efi ,
qub brevi accerfi-
mur. Qui v»lt pt*l-
fet » maledicat , pe-
xegrini fumtis : gra-
ve effet inpatria tn-
ter cives ea perpeti
.... D/C, qi*£fo , fi
qmi praventensfer-
VOiftioi aliquanittlum
in diverforio morare.
tur , CT* qmfpiam in
incognimm illum ex-
afperaretur ^male-
diceret > nonne illiui
ignorantiam rideret ?
ISlonne errortlle ma^
^s hominem deleila'
m ? . . . Ità ^ nos
Tom. I;
nous ns fom-
^ . ,,- .- c -1 "les qu'é.
êtes ne d une maiion tort il- t-an4rs.
luftre , vous aviez pafle dans
un autre pais , où n'étant con^-
nu de perfonne , vous auriez
reçu quelque outrage 3 il eft
certain que vous n'en feriez
point touché , comme fî ce
malheur vous étoit arrivé dans
votre pais , & au milieu de
vos parens & de vos amis. De
même fi vous êtes bien per-
fuadé que vous n'êtes ici que
comme un voyageur & un é-
tranger, rien ne fera capable
de vous troubler dans votre
voyage. Vous avez une patrie
& une cité dont Dieu même
e(l le fondateur , & à laquelle:
vous devez bientôt vous ren-
dre. Nous maltraitte & nous,
injurie qui voudra -, nous ne
fommesquc des palfans. Touc
cela ne nous feroit dur & dif-
ficile â fupporter que dans no-
tre pais , & entre nos conci-
toyens. Suppofezpar exemple
qu'une perfonne de qualité ar-
rivant avant fon train à l'hô-
tellerie 3 y fut traité incivi-
îement & avec injures par quei^
qu'un qui ne le connoîtroit
pas ; cette méprile ne le div€r-
tiroic - ii pas plutôt que de k
^lo Des Hqmë
fâcher ? Faifons-en Je même :
nous fommes en ce monde
comme dans une hotelerie où
nous attendons ceux qui nous
doivent tenir compagnie du-
rant le voyage de cette vie.
Quand tous feront arrivez ,
alors les méchans reconnoî-
tront qui font ceux qu'ils au-
ront icy maltraitez j lis baif-
fcront la vue de honte , &
s'écriront avec une extrême
confufion : Foilà ceux dont nom
avons été ajjeyfoftx de nous moc-
quer , c^c.
éyp. Je sus-Christ 'nous
Prier dans ayant donné Tes inftrudions
la tribulatiô. fur la patience , palfe aulTi-tot
à la prière , pour nous appren-
dre que quand nous fommes
tentez, nous devons, préfe-
rablement à toutes chofes , re-
courir à Dieu.
^3o. Nous apprenons de la ma-
Comment il niere dont JESUS - CHRIST
raui piiei. ^ç comportoit en fes oraifons ,
combien il faut que nous
foyons attentifs dans nos priè-
res ; élevant au ciel non pas
tant les yeux du corps que
ceux del'efprit, fléchiifant les
genoux j & brifant nos cœurs
de douleur & de contrition.
42^. Ceux qui par lâcheté & par
Qi'.d mal- parefîe manquent à Caire ks
LIES
faciamus , in diver^
Jorio fedemus expC'
fiantes hujus vU fo-'
cios. Cùm omnei con-
veniemûs, tune qifos
Uferint , intelligent ,
tune dejicieni oculos y
tune erubefcentes di-
cent: Hifunt quos
ftultè habuimus in
derifum.
Homil. 7p. Cfjrif
Jius pofl aàmonitiû-
nem de ^atientia , ad
orationem converti"
tur y erudiens nos , ut
in tsntatiomhus om^
nibus omifjîs aà
Deum confugtamus.
Per ea qute Chri-
fiusgcfjit in oratione
erudimur atteniio~
nem in orationihus
aàhibendam i ut
fiantes fufpiciamus.
non ocults carnis
tantum , fed mentis i
Çp* ut fleéîamus ge-
nua i conterentes cor»
da nofira.
Profef}o innume^
ris funt lachrj/mii
Su
profeqmndi , qui tan-
la propoftn gloria
dejtdia O* fomno fi'
èi ipfis defieiunt. Et
qttamvis gehenna
non effet 3 adhuc ont'
nium ejjhtt miferri-
mi , quibus cum li-
ce at una cum Ftlio
Deiregnare^ Çp'glo-
rificarp ^ tantu fi: ip'
foi boms defraudant.
Terram nutrimus ,
corpus faginamtis ,
animam veto con-
temmmus. Rerum
necejjartarum nullâ
rationem , fupcrflua^
rum e?* tnanium plu-
rimant babemm.
Quanio pUra am-
plefleris , tanto ma-
gis tua derogas liber*
tati. Vera namque
libertas ejl , nulla re
indtgere : in fecundo
hco, minirrAs.
Homil. 80. Om-
nta munda facit elee-
mojyna. Hxc jeju-
nium , h£c humi dor-
mire exttpcrat y
çiHamvis molefiora
Soins fuper-
flus.
R S. Jean. ^31
eftbrts qui font néceffaires pour heur de psr-
obtenir la gloire infinie qu'ori flre'eCirlpar
leur propofc , ne font-ils pas g^j^cV *^°'*'
dignes d'être pleurez très- ""
amèrement ? Car quand il n'y
auroit point d'enfer pour eux ,
ils feroient encore les plus mi-
fcrables de tous les hommes ,
de ce qu'ayant pu régner avec
le Fils de Dieu dans le royau-
me du ciel , & de jouir avec
luy d'une gloire incompréhen-
fible 5 ils fe privent eux-mê-
mes miférablement de^ cev
biens fî excellens.
Nous ne penfons qu'à nour-
rir la terre , 8i qu'à engrailfer
un corps mortel , & nous né-
gligeons notre ame. Nou5
n'avons nul foin de toutes hs
chofes utiles & l'écefTaires -, &
nous en avons beaucoup dQ&
inutiles &desfuperfluë5.
Plus vous recherchez de
chofes , plus vous diminuez Vraie ubert»
votre liberté : parce que la
vraye liberté eft de n'avoir
befoin de rien : ou au moins
de n'avoir befoin que de peu
de cliofe.
L'aumône purifie toutes-
chofes : elle excelle au defliis
des jeûnes & des mortifica- ^ i't'^'i«^é di
tions corporelles , quelque ^ ^"'"^nei
pénibles quelles puifîent être.
Elle éclaire l'ame , elle kty-
£e ij
6Bs.
Excellencô^
C'crft une
honte à un
difcipie de J.
C. de ne pou-
voir fouffrir
les injures.
Souffrir les
rea'ivaistrai-
temens ;.uftes
ou injuftes.
35& Des* Home
donne un véritable embon-
point , elle la rend belle aux
yeux de Dieu.
N^eft-ce pas une chofe ri-
dicule & indigne d'un chré-
tien 5 de ne pouvoir pas fup-
porter la moindre parole,après
que JESUS- Christ a
enduré pour lui tant de maux
& d'indignitez ? Il a fouftert
les crachats & les mocqueries ;
& vous ne penfez qu'à vous
parer des plus baux habits ^ &
files hommes ne vous loiient,
vous vous eftimez miférable.
J ES u s - C H R I s T a été ac-
cablé de malédidions , d'op-
probres , & des plus fanglan-
tcs injures ^ & vous au con-
traire ne cherchez qu'à vous
attirer l'eûune , l'honneur , &
les loiianges de tout le monde ,
fans vouloir fouffrir la mom-
dre des hontes que notre Sei-
gneur a endurés.
Pourquoi vous affligez-vous
fi fort ? Si votre frère vous a
offenfé injuftement , vo:iS en
devez ètic d'autant moins fâ-
ché : ou plutôt vous devez
avoir d'autant plus pitié de
luy. Et fi c'eft vous qui avez
tort , cela vous doit obliger à
le trouver moins mauvais , &
LIES
CT* labonojjora Jînt
tlla ; h£c tamen Ih-
crofior. Illuminât
animant , faginat ^
pitlchram reddtt,
Homil. 8i. in.
cap. i8. Nonne per-
abjuràum ~C indi-^
gnum ejl , Jt Chrî-
J}t*s pr opter te tôt iw
àigna fujlinuit , tit
ne verha cjmiemfef^
pe perpett poffs ? liie
infputus efl , tH te
veflibui ornas C7' an»
nuits ; CT* fi non. a-
pud homines lattda-
m, mif^ram te ci-
tam viveré arbitra'^
ris Chrtpm oppro"
hrits CT" maledifUs,
ajf.citur , ad derifiim.
alapis. c^ditur j tié.
omnibus laudem ca-
ptas C^ non fers op-
probria Chrtjii.
Quid tantUm do-
les ? Si immerito te
contumelia afficit j^.
tante minus tibi eji
dolendum s imoilliux
magis mtfereri opor-
teret : fin jure , tan-
toaquiori animo tO"
krandum .... Nam
Su
tierha perturhent ,
fed vitam emenda.
Homil. 85. in
cap. J5>. Nihiladeo
Veum plaçât y utini^
micorum dileélio, C
cura eiibenefaciendi,
Càm quii teperfe-
^Httftr , non ipfum ,
fad décmonem infli^
gantent cvnjîdera j
O" adverfm iilum
tram évacua ; CT*
ejus mijerere qui ha
à diabolo irritetur
à quo fi mendacium
oritur , multo tnagis
C?* injujla ira.
"Neque enim fides
fujjiciem efl ad re-
^num confequendum,
fed magis perperam
viventei condamna-
hit.
Difficile efl veram
fapientiam invenire.
Qttaiiam gratta ?
Remédia Scriptura-
ri*m negligimus ^ ne-
que cum contritione
ils. (UUndimtis » fed
6S7-
Pouvoir de-
la dileflion
des ennemis.
688.
R S. Jeau. 3jj
aiiifi à le fupporter plus pa-
tiemment. Ne vous troublez
donc point de ces injures ;
mais corrigez-vous.
Rien n'eit fi puiflant pour
appaifer la colère de Dieu en
notre faveur , que l'amour
pour nos ennemis, & le loia
de leur faire au bien.
Quand quelqu'un vous per*
fecute j ne le confîderez pas Nes'enpren»
tant comme i*auteur du mal <^^^ qu^au
que vous recevez , que le dé- démon quand
mon qui le pouffe contre vous: "" horr.m»-
■ /- ", n ' I î ' nous outra»
ainli c encontre le démon que
vous devez décharger tout vo-
tre chagrin ; & n'avoir que de
lacompaflionpour celui auquel
il infpire FeCprit de colère :
car comme le raenfonge vient
du démon 5.il ne faut pas dou-
ter que 1^ colère n'en vienne
aulTi.
Il faut fçavoir que la foy 685».'
feule ne fuffit pas pour être Foy tc.ite
fauve 5 & qu'elle ne fervira feule inutile.
quaattirer une plus rigoureu- ^^^^^^ ^^,
fe condamnation fur ceux qui^î/^^Vj^^gj^
vivront dans le péché.
Il eft très-difficile de par- ^po.
venir à la vraye fagelfe. Et ignorance
comment en effet l'obtien- de l'Ecriture
drions nous ? Nous ncgli- pemicieufe.
geons le plus puiffant moyen
pour y arriver , fçavoir les
écritures divines j nous ne le^
M éditer la
moit.
baptême &
Euchariftie
marquez par
k fang àC
l'eau du côté
de J.C.
5J4 15 ES Ho M
lifons point avec l'attention ni
la contrition du cœur que nous
devrions j mais nous jettons
légèrement la vue delRis &
fans application. Auffi quand
il nous furvient quelque acci-
dent fâcheux & quelque grand
déplaifîr, nous nous trouvons
accablez , & le peu de vertu
que nous avions acquis s'éva^
nouït aufli-toc.
Confiderons quelquefois les
tombeaux où l'on met les
morts j afin de penfer que le
même fort nous attend , &
peut-être avant la fin du jour
même. Préparons-nous avec
foin à un voyage , où nous
aurons befoin de tant de pro-
vifîons 5 où il nous faudra
cffuyer de grands travaux ,
fupporter de grandes chaleurs,
& traverfer de grands déferts.
lî enfortit du fang CT* de ïeau.
Ce ne fut pas par un fimple
ef&tduhazard ou de la nature
que ces fontaines facrées cou-
lèrent du coté percé de j£SUS-
CHRIST i mais parce que 1*E-
glife fainte devoitêtrc formée
par ces deux chofes. Ceux qui
font initiez aux divins mifteres
m'entendent bien , & ils n'i-
gnorent pas que c'efkparl'eafu
ELIES
Jîmplicitcr O* incort-
Jîderatè , /t quand})
ad legendum ade^Hci-
mur. Froptereà cùm
grave fectiUrtum
rerum onus tncum-
hit ,'omnia mundat ,
er fî quid profeci»
mus atifert.
Mortuort*m monu-
menta conjîderemus
O* nos eundem ext»
tum manere , non'
nunquam ante vef-
perum imminer e in
mentem veniat. Prce-
paremur ergo huic
profeéîioni. Mnlto
nohis viatico opus
efl ; nam CT* multus
lahor , mulitts ajlus ^
magna folitudo pera»
grand a efl.
Homil. 84. in
cap. 21. Exivit
fanguis & aqua :
Non caftt , fimpUci"
ter que JA fontes fca-
turierunt S fed quo^
niam ex ambobus Ec-
clejta confiituta efii
Sciunt hoc initiatii
Fer aquam entm re^
generati » fanguint-
Sur
çy carne ttutriti.
hinc myfleria ortum
habent î ut quoties
ad admirandum ca-
licem accedii , tan-
quam ab ipfo latere
haurkns accédas.
Momil. 84. Cf/-
femus ab hac inuiili
C var>a cina mor-
tuorum ornatum di-
H^cntia ; fed ipfo'
rum eam curarn îm-
beamus , qu£ CT* no-
his CT* illis conférât
ad zloriam Dei. Lar-
^as pro eis eleemo-
fynas faciamus , mit-
tamus eis puUherri-
fna viatica
Bleemojyna mortuos
fitfcitavh , quando
circumjleterunt vi-
du£ ofieudentes quod
fvcerat ipjîs Dotcas»
Hom. S^.Quoad
hono O" Uto animo
S. Jeak. jjj
du Batéme que les fidelles ont
été régénérez , & que c'eft du
fang & de la chair de JESUS-
CHRIST qu'ils font nourris
dans l'Euchariftie. C'eft- là
l'origine de nos faints myfte-
res : toutes les fois donc que
vous approchcT, de cet admi-
rable & facré calice , appro-
chez-vous-en comme fi vous
alliez boire cette divine li-
queur au coté même de votre
Sauveur.
Abftenons-nous de cette vai-
ne & ridicule coutume d'enfe-
velir les morts avec tant de
façons & d'ornemens j mais
employons - y plutôt des foins
qui foient utiles à eux 81 à.
nous, & qui contribuent à la
gloire de notre Dieu. Diftri-
buons pour eux de grandes
aumônes , envoyons- leur ces
faintes provifions pour leur
voyage. L'écriture nous ap-
prend que l'aumône a la vertu
de relTufciter les morts , quand,
elle nous marque les clameurs
quepoulfoient les veuves & les
pauvres autour du corps mort
de Dorcas , en montrant les
habits dont fa charité les avoit
couverts.
Tant que les matelots & les
palTagers voyent la gayeté &
la tranquillité fur le vifage dû
Cofiirc lex-
Heritiques,
6pj.
Affilier les-
morts par
l'aumône.
Contre Uf
Hérétiques^
69/^
Pernicieux»
efiets de la - i
^l6 Des HoMEL
inef-intelH- pilote, ils fe croyent en affu-
S^"" ^"'j^rance : que fi au contraire ils
fcs P fteurs en P^c°"C"t ^verfioHjs'iIsont
^ ^ "^ 'de la peine à le fouftVir, s'ils
ne travaillent pas autant qu'ils
doivent à s'acquiter de toutes
les manœuvres du vaifFeau ,
cela peut les faire périr. On
peut dire le même d'un Paf-
teur. Cnr s'il voit qu'on n'a
pas pour luy affez de fouraiT-
fîon & de déférence , il ne peut
pas nous bien gouverner : &fi
îe chagrin que vous lui caufez
Faffoiblit & lui abbat le cou-
rage, quelque rélolution qu'il
ait de fervir à votre falut , il
fe trouvera expofé avec vous
au même naufrage.
€9$. Quand vos Palpeurs feroient
lesmauvais de mauvaife vie , ce n'eft pas
Pafteursne aux peuples qui font fournis à
Buifent point jgur conduite à les juger & les
aux fidelles condamner : mais fi vous pre-
irjgi ans. ^^^ ^^^^ ç^-^^ j^ ^^^^^ ^^j^^ ^ -j
ne vous arrivera aucun mal de
toutes les fautes qu'ils com-
mettront dans l'accompliife-
ment des devoirs que Dieu
leur aimpolèz
'69e. Quand vos Palleurs feroient
L'indignité corrompus , Dieu ne laiflera
des miniftres pas d'accomplir toutes chofes
ne peut em- p^yj. y^j-^ç f^iyf ^ ^ j^ y^ys
« de!llae- ^"'^y*^'' ^^ ^- ^^P'" P'' ^^"'
I ES^
nauU fecuri funi. p
fin invifus iffii ejjit
caperit CT* moUpè
ferre , ne que iudem
vi<yilar€ , neque ar-
tem exercer e f oient ,
C7* inv'tXHS niulifs
eos malts affxiet »
iia Kjy fucerdos fi
debitum à nobis cul»
tum fibi pr£j}'tre Vf"
derii, reéïè nos gt*»
bernare poterit : fi» ~
mœrore afiàatis ,
manus ejus âebilù'
tantes , fimul vohip
cum fliiSltbhs etiam
fimaxtmi antmifit )
objicietis.
Etfi maU vivant
facerdoies , non tw
men a fubditis jth-
dicandifunt. Tuaw
tem fi tibi confiâtes ,
nihil in hisqt*£ ilUs
ÙDeo commijfa funti
damni accipies.
Etfi pravi fi*nt
facerdotes , Deus per
eos omnia perfide t y
& mittet Spir^itum
[an^um. Neqae c-
nim puramçns pro-
Su
pter prlprtam puri-
tatem Spiritum at-
irahit , fed gratta
omnia operatur.
Omnia enim pro-
ptervoSjfivePau-
lus, (xve Apollo,
fîve Cephas.' Quic
^uid enim concredi-
titm habet facerdos ,
foliui Dei donum efl ,
CT* kbi humanam e-
xercet fapientiam ,
minor tlliin ^ratia
apparet. Neque hoc
dico utpigrtui noavi-
Vimui , fed ne pigre
<jui vobis pr£pofni
funt viventibus , vos
hii commifjî aliquati'
do malavobis comp<t-
retis. Ëtquid facer-
dotes dico ? Neqtte
Angélus quicqu^m in
his qu£ à Deo data
funt e^cere polejl i
fed Vater, Cr Ftlius ,
€?* Sptritus Sanélus
omnia facit. Sacer-
dos C* linguam ZD*
manus pr<ibet : ne-
qhe enim juflumtp ,
propteraherius mali^
tiam , aifulutis no-
fr£ fymboU fide ac-
cedentcs , cjfendi.
Tom. I.
R S. Jean. 5sT
pureté & U faintcié du miniftre
qui l'attire j mais c eft la grâce
de Dieu quiopere tout. loute(i
pour vous , dit l'Apôtre j foit
que ce fait Paul j ou ApoUon , eu
Ccphas. Car toute la puilf^nce
qui a été confiée à TÈvcque ,
cU purement un (^on de Dieu j
& lorfqu'il s'appuye davanta-
ge fur la conduite de la pru-
dence humaine , c'eil alors
qu'il a moins de part â la grâce
de Dieu. Je ne vous dis pas
cccy pour vous rendre plus
négligens & plus parefleux j
mais de crainte que la négli-
gence que vous pouvez décou-
vrir dans vos Palieuis, ne vous
porte au relâchement , & ne
vous attire quelque malheur.
Et ce que je vous dis icy àcs
Evéques , eft véritable des An-
ges mêmes. Car ce n'eft pas
par leur propre puiflance qu'ils
agiflent dans les grâces que
Dieu nous communique par
eux i mais c'eil le Père , le
Fils 5 & le S. Elprit qui y fait
tout. Le Prêtre ne fait que
prêter le miniilcre de fa lan-
gue & de les mains. Et en effet
feroit-il jufte que la malice
d'autruy pût nuire à ceux qui
s'approcheroient avec une foy
iîmple & fincere des myikres
de notre fAlut.
Ff
charit
138 Des Home
^â7' La force de la diledion eft
Force delà prodideufe. Elle fait néeii-
ger tout autre loin pour ne
s'appliquer qu'à ce qu'on ai-
me. Si nous aimions ainfi
Jes us-Christ , toutes
les chofes de la terre ne nous
paroîtroient qu'un fonge &
qu'une ombre.
LIES
Homil, 8^. P^s
dileflioHiî mairnâ,
Ùmnianegligit^ uni'
que dileflo animum
coUigat, Siita Chrt"
Jïum dtUgeremin ,
hitmana omnia , «w-
hra 3 omnia nobis
/omnium viderefitnr»
DES HOMELIES
Suivre la
SURLAGENESE-
"VTE fuivons pas témerai-
., « , rement & aveuglément
conduiions-nous dans nos ac-
tions par la railon.
Le jeûne é«
purd'âms.
Le jeûne eft la vraye nour-
riture de notre ame -, & com-
me la viande matérielle en-
graifle le corps , de même le
jeûne fortifie l'ame , & luy
donne des ailes pour s'élever
vers le ciel , pour s'appliquer
aux chofes fpirituelles , & pour
fe mettre au deflus des volup-
tez & de tout ce qui paroît
de plus agréable & de plus dé-
licieux en ce monde. Et com-
me les vaiffeaux qui font légers
Hom. I. in cap.
I, Genef. Obfecra
ne confuetudini te-
merè ferviamui , fei
ratione res nopras
inflttuamus.
^junium anim*
noj}r£ alimentum eft;
CT* fiiUt corporalis
ifle cibus impinguat
corpus, ità&jeja"
tfiun? animam ej^cit
Valentiorem 5 levés
ei pennas reddit ut
in fuélime feratur ,
e?* fttmma contem'
plari queat , volup-
tanbufque CT omni'
bm qua in hoc nmn'
Sur
âohahentur fuavia ,
if>fii jtt fuffcrior. Et
quemadmodt*m na-
ves leviores maria
velocius tranfeunt ,
contra maltii oneri'
bus gravau fubmer-
^ttntitr)itàjejunium
Uviorem reddens
mentent j e^cit utpe-
la^iti hujus vit^efa-^
cilius tranfeat , V
in C£li*m fufpfciat ;
nifiili faciat pr^tfen-
Uay fed ut umbras
CP'fomnia^ iiffuge-
re cenfeat.
Non innovalege
fûlàm, uhi amphor
frugalttas CT* majora
certamina , CT* ma'
gni fudores , QP* *«•
effabilei coronA , de-
Ikiii noUi interdici-
tur i fed etiam in
veteri , quando Ju-
ddii adhuc umhr£ af-
fidebant y O* veluti
ptteri qtti la&e ni*'
triitntur, Jîc paula-
tim inducebantur ,
neque tune déliais
vacare permitteban-
t«Ç . . . Vae ils qui
vëniunt in diem
nialum dormien-
LA Genèse. 3^^
paflenc les mers avec plus de
viteire j que ces navires pe-
fans, qui étant trop chargez
de marchandifcs , font nau-
frage dans la tempête -, de
même le jeûne allège Tame
& la rend capable de paflcr plus
légèrement la mer du fie'cle ,
de ne plus regarder que le ciel,
de ne compter pour rien hs
chofes préfentes , & de ne les
confiderer que comme des om-
bres & des fonges qui s'éva-
nouiflent & retombent dans le
néant.
Ce n'cft pas feulement dans 706»
la loy nouvelle , où l'on doit Ddices in-
prariquer une plus grande fru- terdicrs iné-
galité , où l'on a de plus grands ^^ aux Juif»,
combats à foûtenir , & où Ton
cfpere une plus grande ré-
compenfe , que les délices
font interdites ; mais il n'é-
toit pas même permis de sy
abandonner dans l'ancienne
loy , au tems de laquelle les
Juifs étoient environnez d'om-
bres & de figures , & n étoient
encore nourrisquedelait com-
me des enfans , pour être con-
duits peu à peu à un état plus
parfait. Malheur à vous , dit
un Prophète , qui êtes refervey
pour le jour de Caffliâion , qui
Ffij
7ot.
Prendre foin
de ceux mê-
me qui font
dam 1 erreur.
702.
Souffrir tout
pour \c falut
du prochain.
703.
Vigilance
conûuueUe»
J40 Des Home
couche:^fur des liti d'yvoire , qui
dorme-;^ avec molefje , CTT .
Quoy que ces perfonnes
foienc prévenues de grandes
erreurs, il les faut néanmoins
toujours regarder comme nos
proches , & nous fommes obli-
gez de prendre beaucoup de
Ibin de leur lalut , & ne nous
jamais relâcher de Ta/Tiftance
qu'on leur peut rendre. Car
rien n'eft fi agréable aDieu que
le foin que l'on prend du fàlut
de Ton prochain , félon que le
marquent ces paroles de l'A-
pôtre : Dieu veut que tous les
hommes foient fauvey , O* vien-
nent à la connotJJ'ance de la vé-
rité.
Si Dieu dont TeiTence eft in-
compréhenfible & infinie , a
bien voulu par le mouvement
de fa milericorde , qui eit aufli
incompréhcnfible , l'upporter
en notre faveur & pour nous
fauver , tant d'indignicez & de
foufFrances ; que ne devons-
nous point raifonnablement
fouffrir nous-mêmes pour l'a-
mour de ceux qui font nos frè-
res & nos membres ; afin de
les retirer de la gueule du dé-
mon , & de les remettre dans
le chemin du falut.
Il faut toujours veiller avec
grand foin fur nos paroles ,
LIES
tes in ledis ebur-
neis , CT-f.
Ho m il. 3. Licet
adhuc praoccupJti
errorihus , co^nati
tamen funt nûjlrt »
CT* congruit ut ma-
^nam eorum curam
habeamus nunquam
torpefcentes . . . NJ-
bU
entm tta^ratum
efl Deo , CT* tta cu-
r-e , ut ammarumfa-
lus j Jtcut clamât
Baulus : Qui vult
oranes homines
falvos fieri , & ad
agnitionem veri-
tatis venire.
Si Deus ipfe inef-
fahtlii ejfenti<e , oh
mifericordiam inef-
fabilem h£C omnia
propter nos CT* falu-
tem nojïramfufcepity
quid non à nobis
aquum efî fujlmeri
propter eos qui co»
gnan funt ac mem-
bra nojlra , ut ère- '
ptos eos ex diaboli
faucibuS) tn viam
virtmis inducamus P
Et lingu£ dtligéhs
habenda ejicujlodia »
SUK
O* octtli muniendi
fftnt y CT* mens pur-
ganda CT* in perpétua
cert aminé vivendum
«/?, quafîferaaliqua
nos invadat y CT* /«-
dere conetur.
Hom. 4. L Do-
mini no^ri mes efi ,
ut quoties videt uni-
mam aliauam multo
dejîdtrio ac prompH-
tudine intenta, fpiri-
talibus inhiantem ,
Uber aliter illam s^ra-
o
tia çy opulentis fuis^
ionis locupletet.
An non prabene-
ficto habendam ,
quod occafîo tibi pr^e-
betur , dum inimico
benefacis , ut ape-
riantur tibijanuafi-
ducite veniendi ad
Deum zy redimeip-
dipeccata tua.
Homil. ^^Mife-
rie or s Dominus nojler
enter malos permijît
honos vivere ^ ut ma-
lt lucrum aliquûd ha-
beant ex ea confite^
Pudine , nec femper
in fua permaneant
rnalitia ; /ed bonos
iûiiUmQ antè ochIos
rituels.
LA Gères E. 341
obfcrver nos regards , puri-
fier notre ame , & ibûte-
nir àcs combats continuels ;
comme fi quelque bête farou-
che étoit à toute heure prête
à fe jetter fur nous pour nous
dévorer.
Qj-iandle Seigneurvoit ur.e 704."
ame embrafée d'un ardent de- Dieu exauce
fir pour les chofes rpirituelîcs, ^"^^'Jff'''^ ^P^'
il a accoutumé de la combler"^'"'
libéralement de Ces grâces , &
de l'enrichir de fes plus prév
cieux dons.
Quand il fe préfente une oc- 70 f •
cafion de faire du bien à votre Jairedu bî-n*
ennemy , vous la d^vez cnv ^ ^eseniiemis>.
brairer comme une grâce A.';:^^^i
Dieu 5 & comme une voye
qu'il vous ouvre pour aller à
Iny , en rachetant vos péchez ,.
qui vous en avoient féparé»
Le Seigneur a tant de bon- 70^-
té pour les hommes , qu'il a ^l°"^^'^«lf"
bien voulu que les méchans bons dans le
vécuffent parmy les bons , afin !j"°j"gj^ ^^^^
qu*ils puflent profiter de la fa- bien les mi-
miliarité & du commerce qu'ils chans.
auroient enferable 5 & que la
vue des adions de vertu des jijw
ftes , que les méchans auroient
continuellement devant les
Ffiij
34* Des Homélies
yeux , leur fervît d'un puiflant fpeâantes ,
motif pour le corriger de leurs
vices. Car la vertu eft fi puif-
fante & fi admirable , que ceux
même qui ne la pratiquent
pas 3 ne peuvent s'empêcher
de l'eftimer , de l'honorer > &
de la louer.
7^^\^' C'eft être déjà bien avancé
P^econnoi- i i i
trefonéeare-PO"^ ^^^^^^^r dans le chemin
meiit. ^^ ^ vertu , que de connoi-
tre combien l'on s'en étoit é-
loigné par Tes péchez.
708. A quoy vous fert de jeûner
Accompa- tout le long du jour , fi vous
•lier le jeûne l'employez à jouèr & vous di-
cie pieux eier- ygffij.^ &' quelquefois même
à faire des juremens & des
parjures , & fi vous le perdez
ainfi milérablement. Que ne
prenez vous plutôt les livres
divins , afin qu'étant affem-
blez avec vos proches , vous
Vous édifiez les uns les autres
par d'utiles & de pieux entre-
tiens fur la parole de Dieu.
cices.
70p.
Spectacles ;
occafîon de
r«Rndale*
Ceux qui vont aux fpeda-
cles publics ne commettent
pas feulement un grand mal,
en ce qu'ils s'en font à eux-
mêmes 5 mais encore en ce
qu'ils en font aux autres , par
le fcandale qu'ils leur caufent.
Car les Juifs Se les Gentils
aliqtUi
miUtatis ex eontm
captant familiarita-
te, Tama enim ejl
virtmis potentia y
ut revereantur est*
multum laudent eam
etiam qui tlla cu'
rent.
Homil. 6. Non
parva ad virtuth
reduftmvia tf , fàre
peicatorum magni^
tudinem.
Qu£ utilitas je'
junii y ft totodie ni»
hil comedis , ludis
autem O' TtHgaris ,
fttoè etiam peieras
CT* blafphenias , C?*
ttà tôt um perdis diem
, . . Librum divinum
accipe tn manihui ,
convocatifque proxi-
mis per divin a elo^
quia rtgei CT' tn>am
O* convenientium
mentem.
Homil. 7. Cogi*^
tate quodnon folum
hoc grave ejl , quod
qui ad ludos publi"
cos conflmtnt , fibi
damnum afcifcunt ,
fed O* quod multii.
aUii fcandalù funu
Sur
Quiùpe gentiles CP*
Juddi videntes eos
qui ^uotidte in ttm-
plo vtrfamur , CT"
doéirinas audiunt ,
ftmul tli comparere
^ phi commifceri ,
quomodo res nojiras
prodecepiioniht*s non
habebttnt , CT* non
idem de omnihus no-
his Ju/picaèuntur ?
NiJjil ita nocet te-
Ugioni nofir<e , ut
fiandah anfam pr<C'
hère infidelibus . . .
Càm enim vident ali-
quod àeliGum noflrO'
rum j ftutirfi Itnguam
exactmnt Jtmttl lon-
trànos omnes ; ZP'ex
unius deliSlo totam
ChriJîtunorKm gen-
temfudicam. Neque
hoc contenu funt ,fed
fiatim adverfus ca^
ptitfnum loquentes ,
ce fervorum deliéla
etiam communem
Dominum bla/phe"
mare audem, €7 pH-
tant Delamenta erra-
tum fuorum ejfe alio-
rum de/tdiam . . .Vx
vobis , quià prop-
t A Genèse. 545
voyant que ceux qui vont tous
les jours à TEglife , & qui y
entendent les inrtrudions
chrétiennes que l'on y fait,
s'alfemblent & fe mêlent avec
eux dans ces lieux profanes ,
prennent toute la dodrine de
notre religion pour un jeu &
pour une illufion j & font le
même jugement de tout le
refte des Chrétiens , que de
ceux qu'ils voient aiîifter a ces
alFcmblécs.
Rien ne nuit fi fort à notre 7lO'
rehgioujque les fu jets defcan- Horrib!.-pu-
dale que l'on donne aux infi- ""^°" ,^"
ddles. Et en etfet , dès qu'ils ^''"'^*'''-
voyent le moindre defordre
dans un Chrétien , aufîî-tot
ils s'emportent à calomnier
tous les autres: & fur le péché
d'un (eul , ils jugent & con-
damnent toute la relîgionchré-
tiéne. Mais ils n'en demeurent
pas là , ils attaquent le maître
même , & fous prétexte des
fautes de tes ferviteurs , ils ont
la hardielFe de porter leurs
blafphémes contre l'honneur
du fouverain Seigneur de tous
les hommes i s'imaginant pou-
voir couvrir leurs erreurs &
leursîexcèsjdu prétexte des pé-
chez des SLUtres.Malheur à vous
donc, dit Dieu même par ua
Prophète 3 pmfque voh$ êta
Ffiiij
344 Des Home
caufe que mon nom ejî hlafphêmé
parmi les Gentils, Ces paroles
Ibnc terribles , & vous doi-
vent faire trembler. Car ce
mot de malheur à vous , eft une
manière de déplorer le mifcra-
ble érat d'un criminel qu'on
mené au fupplice, & dont le
crime eft inexcufable.
711. Tout m'ej} permis , mais tout
Ne jamais n"* édifie pas mon prochain. Re-
"ru hâin ^^ i^^f^^ez en ces paroles la
^ * ' prudence de l'Apôtre. Quand des Apofîolicam Cà'
il me leroit permis , dit-il ,
de faire une choie dont il ne
m'arriveroit aucun dommage ;
néanmoins comme elle ne con-
tribue pas à , l'édification de
mon prochain, je ne me puis faciiadproximiadi-
pas réloudre à la faire. Cela fcationem, nequa-
marque vifiblçment la ten-
drefle de Ton cœur pour nous ,
& fon defînterelTement pour
ne jamais chercher fon utilité
propre en fes avions : & en
même tems il nous apprend
que le foin de l'édification de
notre prochain, eft la plus ex-
cellente vertu qu'un Chrétien
puifle pratiquer.
LIES
pter vos norneo
meum blafphcma-
tur m gentibus.
Terrihile hoc vçrbitm
ej}y & horrore plé-
num. yaenimhoCy
eji quafî lamentaritis
fuppUcium inexcufa'
bilefubituros.
Omnia mihi li-
cent,fedoonom-
nia sedificanc. f^î-
ptenttam f Etiamjl
liceat , inqiiitf mihi
aliquid facere^ nihil-
que hinç mihi damni
accédât ^i quia hoc non
711. Dieu ne veut pas qu'-
Procurerîe un Chrétien fe contente de
fn'ut du pro- penfer à fon falut , mais
chaiap.r nos -j ^^^^^^^ ^^ iu^ qy'il ^ît
quam hocfacerefujli'
nuerim. Fides ani-
mamfaaviter nos n-
mantem , quomudo
nujquam quod ftium
ejf quant ) fed omnir
bits modts ojlendit
virtutum longe maxi-
mam ejje magnam
curam gerere quo-
modo proximus ^di'
ficetur.
Homil. 8. Non
vuh Deus ut Chri-
Jïianus fe ipfo tan-
tftmcontentusJtt,fed
Sur
ttt aU<ys ttiificet i non
per doélrinamfolùnty
fed CT* per vttam €7*
converfationem. Ni^
înlenimfic in veri-
tatis viam inducit ^
ut inte^ritas conver-
fationtt. Nam non
tant con/îieranturea
qt4£ à nohii dtctmtur
quam (jH<e à nobii <ï-
gnntur.
Ahjiinentia à ci'
bis 5 propter hoc eji
recepta, ut vigorem
carnis refrxnet , CT*
ec^ttum moderantt fa-
cile parère faciat. j^e-
junantem ante om-
nia oportet tram re-
fr<£nare ^ manfuetu-
dtnem addifcere , ha-'
hère cor contritiim ,
abfurdas concupifcen-
tias repellere , ante
oculos continuo pro-
ponendo oculum ater'
nijudicis, CT" tribu-
nal illud incorrup-
tum : pecuntii fupe-
riorem ejje CT* illis
dominari i Uheralem
ejfe in danda eleemo-
f^na i nullam malum
^dverfus proximum
admittere. Hoc ve-
L \ Gènes P. 345;
encore (oin du falut des au- bonsexe»!»
très j non feulement en les P^^^^
inftruifànt > mais aulTi en les
édifiant par fcs bons exem-
ples : parce que rien n'eft fi
puiflant pour perfuader la vé-
rité , que la bonne vie : la
plupart du monde fe laiflant
plus toucher par les avions
cjue par les paroles»
L'abftinence des viandes efir
principalement inftituée par-
my les Chrétiens , pour ab-
battre la rébeiliôn de la chair,.
& la réduire fous Tobéiflance
de la raifon qui la doit régler.
C'eil pourquoy le jeûne doit
préferablement à toutes cho-
fes réprimer l^s mouvemens
de la colère , infpirer la dou-
ceur de Tefprit, exciter la con-
trition du cœur, & en bannir
tous les défirs déréglez , en
nous mettant continuellement
devant lesyeux cet œil fi clair-
voyant du fouverain Juge , &
ce tribunal incorruptible fur
lequel il nous doit juger •, en
nous apprenant à nous élevée
audefliis des richefles, à nous
en fervir comme en étant maî-
tres, & à les employer libéra-
lement à faire l'aumône ; &.
enfin en nous empêchant de,
7M-
Qut\ cft îê
jeûiie chré-
tien.
p^S Des Homel
faire jamais aucun tort à no-
tre prochain. C'eft-là le vé-
ritable jeûne. Et en ctlet il ne
faut pas croire-, comme plu-
sieurs fe l'imagment , que le
jeûne ne confiSe qu'à ne dïC-
ner que le foir ; car ce n'cft
pas feulement ce que Dieu
demande de nous ; mais bien
que nous abftenant àts vian-
des 5 nous nous abftenions
aufli de toutes les autres cho-
iés qui peuvent nuire à notre
falut , & que nous nous occu-
pions davantage aux chofes
714. fpirituelles.
Tout ce qu'- il nous fera inutile > foit
en ne fait pas de jeûner , foit de prier , foit
pour Dieu, eft ae donner Taumône^foit de
inutile. pratiquer toute autre bonne
œuvre , fî nous n'agiifons en
tout cela pour ccluy-là feul
qui connoit les chofes ca-
chées , & qui pénétre jufques
dans les plus fecrets replis des
cœurs.
71^. La vertu chrétienne con-
Le Chrétien fifte à méprifer toutes lescho-
doit eître fes de la terre j à penfer à
mort a j mon* tous momens aux chofes à
venir j à ne point s'attacher
aux biens préfens j à confî-
derer tout ce qui efl tempo-
rel comme une ombre , un
fonge j un néant j à n'être
pas plus touch4 de tout ce
lES
rum jejumum eft
. . . Nec enim exifti-
memus , ut pleriqt*e
definiri in hoc jejw
niumfi ad vefperam
ufque impranjt ma-
neamm. Nec hoc ejl
tamum quoè'^u^tri-
tur , fed ut cum cibo-
rum ahpinentia €?•
à cateris ahjîineatur
qu£ nocere pojjunf y,
^ fpirimalibus ma^
gis vacetttr.
Nulla tiohis erit «m
tiîttai , Jtve jejuna-
mus ,Jtve precamur ^
fîve miferemur , fîve
quodvis alittd fzci-
mus , nift propter */-
lum folàm fiant y qui-
novit CT* abfcondita
CT* 5«<f in profurtdè
mentis fttnt reconiiia,
yirtus ej} , huma»
na omnia defpicere ,
fiuura finguUs horiS'
cogitare ,. nullis prtt'
fentibus addiélam-
ejje i fed fcire omnia
hitmana umbrant
eJJe 5 /omnium O* Jt
ijmd his vilius. F'ir*
tus efl ergà negotia
Sur
hi^jus viu non ma-
gis ûffici , quàm ca-
duver a^cUttr J &
ità Vttiofte o^eratio-
n'u expertem ejjè , ut
ad ea qua offendtre
falutem antme pof-
funt 5 quajî rnortuus
quisjîi : vivat autem
C^ operetur tantùm
ea qu£ fpiritus funt :
fîcut Fuulus dicebat :
Vivo ego, jamnon
ego j (ed vivic in
me ChniUis.
Homil. 5>. Nede-
fdesjîmm ,fed unitf
qui/qtte pro virili
fuppHtet apudfejîn-
gtilis horis non fuliim
communia benefivia^
fed ^ prtvata in fe
collata : non ea tan-
tùm qu£ cmnes fa-
tentur , Çy qu£ om-
nibus manifijla y fed
CT* propria , ac pie-
rofque latentia. Sic
enim ad continnam
gratiarûm aéîionem
Domino r^ferendam
incitahiiur. Mac ma-
ximum f^cnficium ,
hoc fiducie noJJr'e ad
Dcum argumentum
»»c» Qiti enim hac
LA Gewese. 347
qui (c pafTe en ce monde ,
que Teft un corps mort ; c'eft
à-dire à être au/Ti éloignez
du péché & des moindres cho-
ies qui peuvent nuire à notre
falut , que nous le ferions fi
nous étions morts j & ainfi
à ne vivre & n'agir plus que
pour les opérations (pirituel-
les ; & c'eft ce que nous
marque l' Apôtre quand il dit:
Ce n^ejî plus moy qui vis , mais
c'eft J E S U S^C H R I S T qui
vit en moy .
Ne foyons pas négli^ens à 71^-
rendre à Dieu la reconnoif- R^connoif-
fance que nous luy devons , „;X ^nv^l
mais que chacun examine a q^qxi,
toute heure avec grand foin ,
non feulement les bienfaits de
Dieu qui luy font communs
avec les autres > mais encore
ceux qui luy font propres j non
feulement ces grâces extérieu-
res qui font expofées aux yeux
du monde , mais aufli ces
dons fecrets qui nous font
particuliers , & que peu de
gens connoiflent. Car cette
penfée nous infpirera à ea
rendre a Dieu de continuelles
aftions de grâces. Et c*eft-là
un grand facrilîce que nous
luy pouvons offrir, & le fu-
jet de notre plus grande cou-
548 Des Home
fiance en luy. Car celuy qui
s'occupe fans cefle refprit de
ces penfées , qui^econnoît Ton
indignité , qui médite quelle
eft la grandeur de la miiéricor-
de divine 5 & qui confidere que
dans la conduite dont la pro-
vidence nous gouverne , il a
plus d'égard à ce que deman-
de fa bonté, qu'à ce que mé-
ritent nos péchez , celuy-là
dis- je qui fera rempli de ces
penfées , aura l'efprit hum-
ble, le cœur contrit, ScTame
dépoiiilléede toute arrogance:
il apprendra à fe conduire avec
modération dans fes adions ,
à n'avoir que du mépris pour
la gloire du monde , a fe moc-
quer de toutes les chofes vi-
fîbles j à ne penfer qu'aux
biens à venir , & à cette vie
celefte qui n'aura jamais de
fin.
7 1 7, L'ame qui eft touchée d'an
tevrayhura-vray fentiment d'humilité eft
blfi eft doux, incapable de s'émouvoir de
colère , & de concevoir de l'in-
dignation contre fon prochain^
parce qu elle eft comme ren-
trée en elle-même , pour ne
s'occuper que de la balfefTe de
fon état j dans lequel elle
trouve un bonheur que rien
en ce monde ne peut égaler.
Car elle jouît alors comme
LIES
cominuo in mente
ver fat ; Zp- fuam te*
nuitatem agnofcit ,
€27* emmentem divi'
nam mifericordiam
cogitât i cjuomoào res
noftrds guhernam C
difpenfans , non at"
tendat quià merean^
tur peccata noflra ,
fed ad fttam honita'
tem : is ntmirum
mentent humiliât ,
cor content , omnem
faflum CT» arrogan-
tiam caftigat J dif-
cit modepè agere^
contemnere pr<efintis
Z>it<e gloriam , rider
te vijîhilia omnia,
cogitare futura hona^
vitaniijue nHnquam
finiendam.
Qui i}er€ feipfuné
humiliât , nunquam
patent ira commovep
ri, O" proximo fuc"
cenfere : quià anima
ejus in fui c»njîderam
tione occupata tfl O*^
humihata. Anima-
autem qu£ Jtc fe ha*-
het quid potej} effç
beatiui ? Is in conm
tintto portH [edei té
Sur
omni tempeflaxe U-
ber , O* obleClatur
in cogitauont*m
tranqufllitate.
Homil. lo. Si oh
corports tmhecilUîa-
tem non potes dlem
jejunns producere ,
tutllusqutfapit jpro-
fter hoc te arguere
futterit. Dnm enim
hahenius manfuetum
ne benignum , O* ni-
hil/uprà vires nojîras
à nobis exigentem.
"Ne que enim abjli-
nentiam a cibis O*
i ne diam/împli citer à
nobis exigit i ne que
hoc ipfum ut jejuni
permaneamus ifedttt
à/ecularibus openbus
nosabdicantes i om~
Tte nojirttm ctium in
/piritualtbus colloce'
mus' Natn fi fobria
mente vitam nojiram
infittuerenuts CP' quic
qtiid otii datur , in
Jpmtualia impende»
mus i CT* cibos nàfu-
meremus ut tantum
fiitiaremur, quantum
ufus exigit, Z^ vitam
omnem m bonis ope^
LA Genèse. 349
dans un port alTuré , d'une
tranquillité que nulle tempête
ne fçauroit troubler , & elle
trouve ainfi fa joye dans la.
paix & le calme de lès penfées.
Si Tinfirraité de votre corps, 718.
& votre mauvaifc fanté ne Les inHrmfs
vous permet pas d'attendre doivent fup-
j«fq«-au foi. à manger, nul i;^"-':-
homme fage ne vouslçauroit bonae vie,
blâmer de ne pas jeûner. Car
nous avons un maître doux
& humain , qui n'exige rien
de nous qui foit au deflus de
nos forces. Et eh effet il ne
demande pas Amplement de
nous i'abttinence des viandes,
& le jeûne j mais que nous
nous abftenions des œuvres
du fiecle , & que nous em-
ployions notre loifir en àes
occupations fpirituelles. Et
certes fi nous menions ordi-
nairement une vie fobre 8c
bien réglée j fi nous donnions
tout notre tems à d'utiles
& de faintes occupations ; li
nous ne mangions qu'autant
que la nature le demande pour
nous ralfafier & pour nous
nourrir ; & enfin fi nous ne
nous employions qu'en de
bonnes œuvres , il eft fans
doute que nous n'aurions plus
beloîn du fecours du jeûne :
mais parce que notre nature
jyo Des Homélie^
eît portée à la fainéantife & ribus di/penfaremus^
à la pareiTe , & qu'elle aime jamnuUoopmeJfeteie
lesplaifirs & les délices ; c'eft jejumis, adjumcnto.
pour cela que le Seigneur , fedqmànegUgensefl
par un mouvement de bonté, httmana natura e?*
^ inflitué le jeûne comme un delitUs gaudet > id~
remède pour nous guérir de circo pater démens
notre délicateffe , & pour Dûs hanc exjejitnia
nous faire palier des îoins medicinam excogita-
temporels aux occupations vit^ ut v* delicaia
fpirituelles. Il y a aum pour è rmdio toUanlur ,
ceux qui font infirmes d'au- ^ fecularium curam
très voyes , & encore plus ex- ad fpiritualia opéra
^clientes que le jeûne , qui transferamus , . . ,
leur peuvent donner confian- funt his quoi corporis
ce d'obtenir la miféricorde detinet infirmitas ,
divine. Ainlî celuy qui n'a /nm profeêïo vix ,
pas aflfez de fanté & de force quibu$janu£ fiducie
pour jeûner , en aura aflez ad Deum aperiri pof-
pour donner plus libérale- funt muko majores
ment l'aumône , pour être qur^m ciborum abjii-
plus fervent dans les prières , nemia. Igaur qui
pour être plus foigneux & non valet jejunare^
diligent à écouter la parole Urgioremdet eleemo'
de Dieu j pour fe reconcilier Jynam y fervent torjît
avec Tes ennemis ; & pour inprecibus^majorem
bannir de fon elprit tout fen- habeat alacritaiem
timent de haine & de vcn- in audiendis divinis
geance ; puis que l'infirmité eloquin , in qmbus
du corps ne met point d'obi- corporisinfirmitasni'
tacle à toutes ces adions de hilcbfarepotefl-.tni-
vertu. Cependant celuy qui rnids recomilietur ,
les pratiquera, obfervera le omne odittm zsr vin-
vray jeûne que le Seigneur di^^ cupidttatem ex
demande principalement d'un animo ejfuget. Qui
Chrétien. Puis que ce n'^ft bacfecerihv£rum]'e'
Sur
junalit jejumum »
quoâ à nobis potifft'
mum expofcit Dotni-
nui, Propterhéecenim
hanc à nohis cibi ab'
Jlinentiam fieri pr^'
Mipit , ut refrtenantts
carnis lafcivtas , eam
ohedientem factamusy
O' ad mandata Dei
implenda fequacem.
Quod fî ob infirmi-
tatem corporis fubjî-
dium boe quodjeju.
nium prafîat nobis ^
adhibere nolumusO'
defidi* deditiores fu-
mas, maxima nobis
ipfii damna afferimus.
Namjîjejténium ab-
femibus aliis pr^di-
£lisoperibui nihilno'
iisprodej}; multo ma-
gii fi cum jejunii
pharmaco uti non
poffumus j graviori
negligentia fUerimus
prapeditf,
Homil. II. in
cap- z. Anima rc'
mijjione indiget O*
quiète , ad regendum
anim^ flatum > &
domandam carnis pe-
tulamiam, Namfi-
cutfemper ejje mien-
LA GeHESE. , JJ-t
que pour nous les faire pra-
tiquer , qu'il a inftitué l'ab-
ilinence des viandes , afin
que réprimant les convoitifes
& les révoltes de la chair ,
nous l'affujettiflions à Tefprit,
& la rendions foumife aux
comraandemens de Dieu. Que
fi lors que notre infirmité ne
nous permet pas d'ufer du re-
mède falutaire du jeûne , nous
négligeons les bonnes œuvres
par notre parefl'e , nous nous
attirerons un très-grand mal-
heur. Car fî la pratique mê-
me du jeûne eft inutile , quand
elle n'eit pas accompagnée de
toutes ces œuvres de pieté ,
que deviendrons - nous , li
ayant trop peu de fanté pour
profiter du fecours du jeûne ,
nous avons affez de parefle
pour négliger de pratiquer les
autres vertus.
L'ame a quelquefois beiôin 71^;
d'un peu de relâchement & Tempérer Îô
de repos, pour avoir la force '^•^^vail d'un
de fe bien régler elle-même, P^" ^^ repos.
& de dompter les rébellions
de fa chair : car comme une
application continuelle au tra-
vail extérieur nous pourrcit
710.
Joindre la
bonne vie au
jeûne.
cumbere facit i it^
perpétua remittere ,
adignaviam inducit.
Ne ità fimpliciter
Kefpas pro'
fîter Jesexer
cices de pieté
fujet de con
damnation.
i^jz Des Kombliës
faire fuccomber ; aufiTi un re- tum tahortlus, fuc*
pos & un relâchement conti-
nuel nous entreticndroit dans
roifiveté & dans la parelTe.
Ne laiilbns pas ainfipafler
inutilement les lemaines def- jejuniorumhebdoma'^
tinées au jeûne \ que chacun dapratereant ,fcrit'
examine fa confcience, & fe temurfuam quifque
rende compte à foy-même de confcientiamy ct* ra»
fes adions i voyons le bien tionem examinemusy
que nous avons fait dans celte ct* confideremui
femainej quelle eft la vertu quidnaminhac heh-
que nous avons pratiquée domada probe aclum
dans la précédente ; à quel Jît , quidinalta,^
accroifl'emenc de piété nous qualeaugmentumfe'
nous fommes préparez pour cerimus ad fequen-
la fuivante ; & de quelles af- tem , <iuas in nobis
ferions vicieules nous nous affe6liones correxi-
fommes corrigez. Car fî nous mus. Kijl enim ita
ne réglons ainfi notre vie , vitam noflram injlû
& fi nous ne prenons un foin tuerimus, magnant
particulier de notre ame, nous animt noflr£ curam
ne retirerons nulle utilité de habentes^nihilmbis
tous nos jeûnes. ufuieritjejuniHm.
Si nous n'avons grand foin Si nihil ex hac
■ de bien profiter de ce tems congregatione , ad-
' de jeûne , des affemblées & monitione, O'jeju'
[dQs prières que nous faifons nii tempore lucratuti
' en cette Eglife , & des inftruc- e/Jemus; tune non Co-
tions que nous y venons re- Inm nihil utilitatts
cevoir , non feulement toutes afferrent htec , fei
ces œuvres faintes nous de- CT* majoris condèm^
viendrpnt inutiles , mais plu-
tôt elles nous feront le lujet
d'une plusrigoureufecoodam-
nation.
nationis occajîo fiè-
rent.
i
Nullam
Sur
NuHcwt nos un-
o^uam dwm tranfî^e-
re o[>ortet ,/îpojfiUle
ej} y per omnem vi'
tant nefimm , in qua
non lucrum alicjuod
Jpirituale in nobis re-
ponamus ; vel per
precei , vel per con»
fefjîonem^ vel per e-
leemojyttas , velali"
ct*a alla fpintualia
iona opéra.
Unttfqhifijiite ope-
t^m det y ut vitium
qtiodfibi maj^is qttàm
Citera infejlum fen-
tit , ex anima exfe-
cet i CT* pia cogita-
tione qua/î fpiriiuali
quodam gladio , yê-
ipfum ab eo liberet,
Paulus infipien-
tiam vocat quod lo-
qùitur ; docens ne nos
unquam citrà necef-
Jltatem O* nullo ur-
gente 3 qutt, à nobis
fada fttnt evulge-
mu>i , fi ^«^^ ^0»*
fimus operati.
' Homil. ij.Béa-
tus qui fecerit &
docuerit. Multbfi-
delior CP* certtor do-
Cifina operum quàm
Xora. I,
LA Genèse. if y
Nous ne devons lailfer 7iî'
paffer aucun jour de notre vie,; ^^ P^s lailTcr
s'il eft pofliblc , fans y avoir P^l^s». "" ^^^^
r ■ ^1 r r • ■ 1 )our uns
fait quelque proht rpintuel i ' ^^, bon,-
foit par la prière , (oit par la j^. oeuvre,
confeflion de nos fautes , foit
par l'auinône , foit par quel-
que autre adion de piété que
nous y aurons pratiquée.
Chacun de nous doit pren- T^B*
dte à tâche de fe corriger du Combattît
vice qu'il reconnoît luy être '= V"
le plus dangereux & le plus
mortel , & té fervir de l'cpée
fpirituelle d'une pieufe réfo-
lution pour le retrancher de
fon cœur , & fe délivrer abfo-
lument decet ennemy.
S. Paul appelle folie ,. toui 7^4;'.
ce qu'il- dit de foy - même j Ne pas dîrs-
afin de nous apprendre à ne ja- du bien 'le foi;
mais publier le bien que nous fa"s neccuiçcii.
pouvons avoir fait, (ans y être
indifpenfablement obligez par
les inftances d j notre prochain,
ou par quelque autre ncceifité.
Bienheureuse celuy qui aura 72. fî'-
fait y Z^ enfeigné, La dodrine Inftruirepari
des oeuvres eft bjeuplnsfure ^^^ '^°"5 e--
& plus finceic que celle de&^^'^S^'^^»-
paroles. Car une perfonnequi-
554 "DbS HOJTELIES
vit bieff . peut ainfi fans parler, fermonum. Kam qtty
enfeigner la vertu à ceux qui talisefi ^etiamjïiens,
le voyent agir j & fans être CP* cùm non vide mr ,
vu 3 inftruire ceux qui enten- doccre />oteJ} ; ^ a-
dent parler de fa bonne vie : iios quidemcjuitllum
êc Dieu répandra fur luy fes vident ,. alios verà
grâces avec abondance , par- qui de illo auiiunt :
ce qu'il aura été caufe que a* multa fruetur
fon falnt nom aura été glo- Dei gratta, ctimejjt'
rifié , non feulement par fes cieit utnonfolîirnper
bonnes oeuvres, mais encore fe,fed^per alios
par ceux qui en auront été édi- qui tllum vident y
fiez. Dominus glorijîce'
71^» Comme Pappetit eft un Hom. i$. S^icus
Faim de la figne ^q bonne (anté pour le efurire fignum eft ho-
parole de ^^ ^^ rnême le 20ult & n£ valetudinis cor^
Dieu , bonne 1,^,1 1 il r\:^ .
œarcie, lamour de la parole de Dieu
^ * eft une grande marque de la
fanté de notre ame.
ts ; tta amare
727; Le Seigneur eft fi libéral
Bonuf.i^edes envers nous , que lors qu'il
grâces eiiâtti, voit que nous ufons bien &
ic d'autres, avec gratitude des biens qu'il
nous a déjà faits, il nous en
communique encore de plus
grands & en plus grande abon-
dance.
728. ^^ Seigneur donna des hahits
Habits , mar- Je peaux à Adum ^ à fa
que de peni-y>;7,w;e. Nos vétemens nous
tsncc» doivent continuellement re-
mettre en mémoire la perte
des biens du Paradis ^ & ia
porah
divina elcquia , fpi-
ritualisfanttatis in-
dictum fuerit maxi'
mttm.
ItaliheraliseffDo'
minus noper , ut
quando videt nos he-^
ne CT* cum gratitu-
dine uti his qus jam
nobis concejjit , ultra
nos potiorihus rtiune'
rihus impleat.
Homil. 18. in
cap. 3. Fecit Do-
minus Adaj& uxo-
riejus velks pelli-
ceas . . . Itaque ve»
Jlium amiâui canti^
Su R
ttuum nohisjtt tponi-
mcntum , cjuantù bo-
nis exciderimus , C
qftanto fupfticio hit'
manum Q-enus ob ino-
èedientium Jït ajfe-
élum.
Qtioniam mos efl
ut dum bonis frtti'
mur 5 ipfs ut opor'
tet y Htt nefciamus /
illorum privatione
emendamur ^ CJ^tunc
experientia doéli ,
femire nojlram défi-
diam incipimus ; at-
ç[tte ità tanta remm
mutaiione docemur^
C?* à quibtts excidi-
mus 5 C^ qui bus nos
ipfos maUs injecimus.
Itaqtte quodpropè ZD*
è regione faradifi
Adamum hahitare
jujjît De us , maximte
frovidentiie C cura
fignum fuit i ut O*
(peéJatido memor ef-
fet , €7* inde lucrum
faceret»
. Aiite inobedieit'-
tiam parentes primi
Ân^elnam vitam j-
LA Genese»^ jyjT
punition dans laquelle toute
la nature humaine a été en-
veloppée pour la première def-
obéiilance.
Quand nous n'ufons pas jip^.
comme nous devons des biens Di=u nous
qui nous ont été donnez. Dieu P"^^ *^^'
a accoutumé de nous en priver ^^"^ P°"'
ahndenous faire fentir par une ^^^^
malheureufe expérience quel-
le a été notre lâcheté , &■
nous apprendre par le change-
ment fâcheux de notre fortu-
ne , de quels biens nous fem-
mes décheus , & dans quels
maux nous nous fommes pré-
cipitez par notre faute. Ainfî-
Dieu par un favorable effet de
fa providence , & par un con-
feil de miiéricorde envers le
premier homme , le fit habiter
vis- à-vis du paradis duquel it
avoit été chalfé , afin que la.
vûë continuelle de ce lieu de.
bonheur le frappât fans refie ^
pour lui infpirer les fentimqns
qu'il devoir avoir ; & luy
faire tirer de fon état tout l'a*
vantage dont il étoit capable
dans fon malheur.
Avant la defobéiiranxre de
nos premiers pères , ils m
noient une vie d'Anges dans le
7So:
Vuginité.,
vertu flyi'Ar-
me innocent.
356 Des Homel
ge 3c cîePhô- paradis. Ainfi c'a été la virgi-
nité qui a été premièrement
en honneur parmy les hom-
mes : mais après que le peu
de foin qu'ils eurent de veil-
ler fur eux-mêmes , les eût
fait tomber dans la defobéif-
iance & le péché , cette ex-
cellente vertu les abandonna
comme étant indignes de la
pofleder , & ils fe trouvèrent
alfujettis à la loi du mariage.
j^i, L'Ecriture ne dit rien par
Rieii;i'inu- Hazard & fans raifon , & jnf-
tiL dxns TE. qu'à une fyllabe & à un point,
cr:îure. tout y eft remply de tréfors ca-
chez.
72». Le péché avant même que
Ténebresdu d'être accompli en nous , ré-
péché, pand fes ténèbres dans notre
efprit pour nous aveugler &
pour nous féduire ; mais après
qu'il eft confommé , c'eft alors
que nous connoiiions vifîble-
ment notre folie & notre nii-
lere.
Trouvez-vous que ce que
j/J.oiisàu I^J^^^ demande de nous foit
Chrefîisn une ch'ofe fâcheule & péni-
ÔLMx & faci- bJe ? îî^ demande la contri-
tion de notre cœur , la com-
pon<51icn de notre ame , la
coafeflionde nos fautes , &
I ES
mitahantttr. 7 . . Tta-
que ahinitio virgini*
tas palmam princip:i'
tus acceplt ; fed pofl-
quam par de/îdiam-
tntravit inohedien-
tia CT* peccatum 5.
ilU qtiidem avola-
vit , trt pote ab his
qui indigni tant£
virtutis erant ma-
gnitudine i fubinira'
vit autem conjugii
lex.
Nihil temerè vel
for tut to loquitur di.-
vina fcriptura ; fed
Cr Jyllaba CT* apicu-
lus unus reconditum-
habet thefaurum.
Homil. 20. in
cap. 4. Priufquam
fiât C?* compleatur
peccaîunty obienebrat
Ç^ decipit mentem ;
pojiquàm autem fnc"
rit confummatum ,
manifèflè nobisfuam
abfurditatemprofcrt.
Num grave ali-
qmd O* molejlttm a
jjobis requiritDeus ?
Comritionem zuli-
cordis , compuriBio"
nem mentu , confèf-
Jionem caf»s , feda^
Sur
Utatem continuant :
G?* non folùm laYgi-
tur vulnerum curam,
fed<^ eum qui anteà
tnnumeris peccato-
rttmfarcinis grava-
hatur , jujium effi-
cit. 0 mif;ricordi£
magnitudinem ! 0,
honitatts excellent
tiam !
Homil. lï.Càm
non Jît apichlus in
fàcris Uiteris , in
cujui profunào non
fit grandis qtiifpiam
the/aurus i nobis di-
vina gratta ducamur
opus efl j CT* Spirittt
Jân6}o illufirati divi-
naeloqma adeamus.
Neque opus habet
dlvin^Scriptura ho-
mintO^apiemia , ut
intelligatur , fed re-
velatione Spiritus^ ut
haujfo indè verc fen*
fu magnum nobishinc
lucrum accrefcat.
Non frigida iîla
verha proférant :
Mundanus fum ; fi
quando eos rogamus
fit advirtutum labo-
res i'igredtantur , ^el
fikdÎHm adJnhiant in
LA Genbsp. i^f:
une continuelle vigilance fur-
nous-mêmes. Auiîî ne guéric-
il pas feulement nos blefl'u-
res , mais il fait devenir juftes
ceux qui ctoient auparavant
chargez de péchez. Confide-
rez quelle doit être pour cela
la grandeur de !'a miféricorde,.
& l'excès de là diyine bonté.
Comme lèmoîndre mot des 714*
Ecritures divines renferme de On n'entend"
grands tréfors , il faut que la ^'^^"^""^f,-^
grâce nous y donne entrée , & ^."^^a^,' Dieuf
que les lumières du laint Ef- *^
prit nous éclairent pour les
pouvoir lire utilement. Car ce
n'êft pas la fagefle & la fcience
humaine qui nous donne l'in-
telligence de ces livres facrez,-
mais c'eft la révélation de l'ef^
prit divin qui nous en décou-
vre le vray lens , & qui nous
enfait tirer le profit.
Quand nous vous conju-
rons de travailler avec cou-
rage à Tacquifition de la vertu, Ecritures di
& de lire avec afTiduité la fain- ;f^"" ,"^"^
te Ecriture, ne me repondez.^-'-X».
pas froidement : Je ne fuis
pas obligé à cette perfeâioa ;,
73 f- ^
Leûure aii.
f-
358 Des Home
je fuis un homme du monde :
je ne fuis pas Moine. Com-
me s'il n'appartenoit qu'aiix
Moines de plaire à Dieu, ^ca-
chez donc que Dieu veut que
tous les hommes travaillent
à leur falut , qu'ils acquerent
tous la connoiflance de la vé-
rité 5 & qu'ils ne négligent
aucune vertu. Ne nous trom-
pons donc pas nous-mêmes ;
mais reconnoiiîons que plus
nous nous trouvons expofez
aux périls & aux embarras du
monde , & plus nous devons
prendre foin de chercher des
remèdes ScdesTecours dans la
leéture des Ecritures divines.
chariré vont
toujours
croiffânr.
75^. Les devoirs fpirituels d'un
Dettes delà Pafteur à l'égard de fon trou-
peau, font d'une telle nature,
qu'ils s'augmentent d'autant
plus qu'il travaille à s'en ac-
quitter -, & qu'ils enrichilïent
ft)us les jours de nouveaux
tréfors de piété , non feule-
ment ceux qui les reçoivent ,
mais même celuy qui les don-
ne.
Quand on eft bien pénétré
de l'amour de Dieu , & qu'on
bien Dieu ne tend à luy de toute l'étendue
penfe qu a ^^^^^ ^^^^ ^ ^^ ^ ^^^^ p,„5
Qui aim«
LIES
facris litteris U^en^
dis. Non cji hoc
msum. Nonfum Aîo-
nachtn. Qhii diciSy^
homo , an hoc ad/o"'
loi Monachos perti^
net ut Denplaceant ?-
Omnes homines
yult falvos fi.ri&-
ad agnitioncm ve-
ritatis venire,»»/-
lamque virtutem ne'
gltgere > , ,oro tgUur-
ne nofmetipfos falU"
mm » fed<iuant'. ma*
gis hujufcemodi eu-
ris implicamur ,tan-
to magis rem.dia ex
leHione divin arum
fcripturarum fufci-
j>iamm.
Homil. 2 2.. in
cap. 6. TaUs^fpi'
ntuaîis debiti natu-
ra j ^uod qttanto ma-
gis folvitur , tanto
magis augetur , ©^
fuhfianttam magis
mûltipUcat , C?* t/i-
ejfabiles dtvittas ad-
fert , tam danti ,
q^àm accipienti.
Ht) mil. z^.Cum
quts amore Deifai»-
cifiS fuerit , CT* itr
€um de/iderioftto tfn^
Sur
dit I nihil vijtbilium
Ziidet : fed continua
eum quem dejîderat
imaginatur » CT* in
no6ie C7' in die , CiT*
eubam C^ furgens.
Impojfihile efi ut
qui anguRam vn~
tHtis Vtam ambulat ,
Ci?* mandata fe^ui-
tur 'Chrijii , ah om-
nibui lattdetur. Efi
enim O* illa excel-
lens maliîia , virtuti
adverfari . . . Idea
Dominus mife/icors
Vocal eos qui propter
humanam Uudem
^irtutem negligunt :
nam celebrari ab om-
nibus 5 maximum
fiterit argumentum,
non magnam haberi
vinmis rationem.
Hom. 24. C7?ri-
fius dtcebat ; fcruta-
«lini Icripturas :
quià non ubique in
fuperficie fcriptura ,
mens fcriptur^ ^ tn^
Venitttr i fedopusefl
firutinio j ne quod
in proft*ndo latet ,
ttobn remaniât abf-^
CMdtfMtn.
LA Gènes F. jf^
les choies vifibles -, & l'on n'a
contincllemcnt devant les
yeux de Ton ame , jour &
nuit 3 en fe levant , ci fe cou-
chant , que l'image de ce cher
objet que Ton chérit & que
l'on défire.
Il eft impoffibîe que celui 73 5.
qui a entrepris de marcher ^^ ^ertu
dans la voye étroite , & d'ob- "'"^^, V^' S^-
ferver les commanaemens de approuvée»
jESUS-CHRIST,foitloué ^^
de tout le monde. Car c'elHe
propre de la malignité d'être
ennemie de la vertu. C*eft
pourquoy le Seigneur appelle
miférablesjceux qui abandon-
nent la vertu pour acquérir
Teftime & Tapplaudifiement
des hommes. Et en effet être
dans reftimc & Tapprobation
de tout le monde , n'cft pas
une grande marque de vertu.
JESUS-CHRIST difoit:
Aprofondijjey^ les Ecritures. Par-
ce que l'on n'en trouve pas*
toujours Tefprit & l'intelligen-
ce fur la fuperficie de la lettre^
mais il eft fouvent befoin de
les creufer & les examiner à
fonds pour en découvrir ks
leus cachez»
Méditer rï'
$6o. Des Home
740. Le commandement de Dieu
Commande- doit rendre aifé cequiparoit
mens de Dieu le plus dîffic^e. Car quand
hsTh^h''-' ^^^ ^"^^^^ fupportent quelque
té! ^ * *" ^^^' peine pour Dieu , ils n'ont
pas accoutumé de confiderer
ce qu'ils fouffrent , mais feu-
lement la caufe pour laquelle
ils fouffrent , & c'elt ce qui
leur fait tout fouffrir fans pei-
ne. L'amour de Dieu eft très-
puiffant pour diminuerle poids
de nos maux , il nous rend
comme infenfîbles à leur a-
mertume.
T^i. Imitons notre Seigneur ;
Ne vanger pardonnons les offenfes qui
que les ofFen- ne vont que contre nous :
ks de Dieu. ^^^^ quand elles s'attaquent
à Dieu , c'eft alors que nous
devons les vang^er.
741. AgifTons en toutes^ chofes
Pureté d*iû" avec une grande pureté de
tcntion,. coeur. Car c'eft de cette fource
que procèdent tous lesbiens.Et
en effet le Seigneur ne regar-
de pas à nos avions , mais à
Tefprit qui nous les fait faire ,
& c'eft félon notre difpofîtjon
intérieure , qu'il approuve ou
qu*il improuve ce que nous
faiibnsé Soii donc q^ue nous
L I ES<
Ho m il. if. Fra-
cepium Onv ejflcit y^
ut di^cilia facilia
videantur. Juj}orum
enim talii efl moi ,.
Ht quando aliquid
propterDeumfcruntf
non res ipfas <jU£
fiunt fpeClent , fed
caufam /ecum expert'
dentés, facile omnia
ferant . . . Amor in
Deum gravitatem
moUpiarum immi'
nuit y neque fen:iri
finit 3 cùm nos invU'
jèrint.
Homil. z6. Imi'
temur Dnm noflrum s
dimtttamus fi quid
in nos peccatum fine-
rit i qttando antem
tn Deum peccatum
refertur i tune panas
exigamus.
Hom. 27. Vhique
ftudcamus mentem
ajferre incorruptam»
Ifia enim cuufa efi
omnium honorum.
Bonus enim Dns non
confuevit attendere
ad ea qua à nobis
fiunt y fed ad iuter-
nam mentem , k qua»
U$ hi(C faciamui im-
pellimHT i
Sur
fellimur'y ^adhavc
fpeclans , vel af?pro-
hat ea qux à nobts
Jîunt 5 vel averfatur .
Itaque five prece-
mur j/îvejejunemusy
Jîve eleemofynam fa-
ciamus , five aliud
^uoddam fptrituale
opusy hoc faciamtis
hona mente ,utlaho-
ribus dignam refe'
rantHs coronam. Ej]et
enim perahfurdum
laborem nos/nflinerCf
CP' retrt ùmiotie ftau-
dari , qttando non
juxta leges ah illo no-
bis datas virtutem
exercemus. Fieri at*-
tempoteji oh magnam
Dei henignitatem ,
ttt opère nondum com-
pletOj coronam quis
accipiat à fola pia
mente.
Uhi viderit Deus
voîuntatis nojïrte fir-
nium propofnttm , €7*
ferventi nos dejtderio
ad fe accedere , non
tardaty neque dtjferti
fed accélérât, fitamq'y
foUtam liberalitattm
êxhihensydicii: Ad-
huç Joquente te
Toai. I,
LA Genèse. 35e
priions , ou que nous jeû-
nions , ou que nous donnions
l'aumône » ou que nous pra-
tiquions quelque autre œuvre
fpirituelle , agiflons avec une
pureté d'intention, qui nou<s
fafle obtenir une récompenie
digne de nos peines. Aufllfe»
roit-ce une chofe bien déplo-
rable d'eifuier de grands tra-
vaux j & de n'en pas obtenir
le prix ; pour n'y avoir pas
agi félon les loix que le Sei-
gneur nous a prefcrires. Ce-
pendant la bonté de Dieu
pour nous eft fï exceifive , que
iouvent avant que nous ayons
achevé une bonne œuvre , il
nous en donne la recompeniè
dans la feule vue de notre bon-
ne intention.
Qijand Dieu voit notre vo- 74,
lonté dans une ferme réfolu- Dieu exauce
tion de le bien fervir , Se que promptemsnc
nous allons à lui avec un ar- ^^^ ^^^" ar-
dent défir de lui plaire j bien ^^"^^
loin de différer les effets de fa
libéralité divine , il les avan-
ce plutôt & nous dit : rous
n'aurey pas encore achevé de
parler , que je -vous dirai : iWo
Des h o tt £ l i e<s
744-
Malheur du
Chrétien qui
eft dur envers
Us frètes.
74 f.
Condamna-
tion du Chre-
ftienqui n'ai-
me pas fesen-
Bemls^
Si nous fommes durs &
impitoiables envers notre pro-
chain j nous tomberons dans
l'indignation du Seigneur j &
nous ferons contraints de paier
dans les tourmens de l'autre
vie, même les anciennes fau-
tes qui nou« avoient déjà été
pardonnées.
Si nous n'aimons véritable-
ment nos ennemis , nous at-
tirerons fur nous une rigou-
reufe condamnation ; en ce
qu'ayant dans le cœur une
difpolition contraire aux pa-
roles de l'oraifon du Seigneur,
nous avons la hardiefle de lui
adreffer cette prière, & ainfî
^'allumer contre nous le feu
^e fon indignation , au lieu de
réteindre.
74^* C'eft pour nous attirer à lui.
Dieu nous que j^jg^ ^o^s comble de
H^n?^ les ""t .^e l>'^nf^i" ' & ^"'^P^ès
maux pour l'avoir ofFenfé il ne nous pu-
nous gagner, nit pas aufïî-tot , mais nous
pardonne nos fautes : afin de
nous gagner par toutes fortes
de voyes j & en nous faifant
du bien , & en différant de
nous châtier. Souvent encore
il arrive qu'il punit quelqu'-
un i afin de porter les autres
dicam : Ecce ad-
fum.
Si efga pr&ximos
crudeles fuerimus . . ^
tune cr ftos in indi-
gnatiomm Domini
iacidemuiy O'ea c[u<e
iam ante dunijja e-
rant , foltere iterum
in tormentiscogemur,
Nijî diligamm ini»
micos nojiros , magna
btnc nobii condem^
nationis caufa ; j«i
cùmea qu<e fHntdi'
^is nojîris contraria
faciamui , attdemtn
temereverha precu'
tionis dominiez pro"
nunciare , C?* m^/o*
rem nohis igné m ex--
truere , iramque De»
in nos provccare.
HomiX.z^.Hacde
caufa prior ipfe mul-
ta in nos bénéficia
collocat j çy cum pec*
caverimus iterum
nobis veniam impar»
tttf & fupplicia non
è vefiigio infert i ut
per omnia nos alli-^
ciat , C dum nobii
benefacit , CT* dum
longanimiseji» S^pl
s VK
cttam dttm aliquos
punit , altos per hoc
tnjttcere vt*h , util-
lorum me tu cafli^a-
%% , juppUcit pertcu-
lum ejfugiant.
Ut facile virtutis
îahores ferre pojjt-
miiSy magnum ha-
heumus in Deum
amorem CT* defde-
rium ; O* illuc men-
te intenta , à nulla
re hujus vita fup-
pîamemur in curfi*
illo j feà fmurorum
bonorum fruitionem
continuo cogitantes ,
omnes hujus vit £ mo-
lejlias manfuetèfera-
. mus.
Homil. 2p. No»
folitm hona fan^o-
rum opéra nohis funt
fcripta j feà O* pec
cata i ut bac quidem
.fugiamus , illa vero
imitemur. Nequehoc
folum j fed monjïrat
infuser divinafirip-
tura CT* jufos fapè
lapfoSy GT* peccato-
resm^gnam agentes
fccnitentiam , quo
LA Genbse. $6%
à fe corriger par la craincc
d'un pareil fupplice.
Pour fupporter avec coiira- 747.
ge toutes les peines qui fe ren- Souffrir le';
contrent dans le chemin de la rnaux prcfeus
vertu , il faut avoir pour Dieu P^' l*'''p<Mr
un grand amour , & un ardent y",j/'"' *
défîr de lui plaire ^ & s'appli-
quer fi uniquement à tout ce
qui regarde Ton fervice 5 que
nulle autre vue en ce monde
ne nous puifle détourner de
cette réfolution : ainfi ayant
continuellement devant les
yeux refpérance de joiiir des
biens à venir, nous Tuppor-
terons avec patience & avec
douceur les chofes les plus
fâcheufes de cette vie.
L'Ecriture n'a pas feulement ^^g;
parlé des vertus des Saints, Le juftene
mais nous a voulu auffi mar- doic prefu-
quer leurs péchez^ afinde nous '"«r , ni le pé-
porter à imiter les unes, & à ^^^^^ *^-^*^'
fuir les autres. Et elle n'en eft P^"^"*
pas demeurée là , mais elle
nous a encore montré des ju-
Ites qui font retombez dans le
péché, & des pécheurs qui s'en
îbnt relevez par une grande
pénitence-,afin de nous appren-
dre par ces differens exemples,
Hhij
354 Des Homel
& à n'avoir pas trop de con-
fiance en nous-mêmes, lors
que nous demeurons debout,
voyant àQs juftes qui font tom-
bez j & auiîi lors que nous
tombons , à ne pas nous
décourager, & à nedéfefpe-
rer jamais de notre retour à
Dieu, voyant tant de pécheurs,
qui après s'être relevez de
leurs chutes , font parvenus
julqu'au comble de la vertu.
74p. Couvrons chari':ablement
Tenir cachés les péchez de nos frères, non
ies pécaez du pas ^f^^ de les rendre plus
prochain, negligcns , mais pour leur
donner occafion de fe corriger,
& de rentrer dans le chemin
<3e la vertu. Car comme une
perfonne qui a eu peu de té-
moins de fa faute, a plus de
facilité d'en revenir-, ceux au
contraire qui voyent que per-
fonne n'ignore le mal qu'ils
ont fait, perdent toute honte;
& s'accoûtumant à le com-
mettre , ne fe foucientplus de
s'en corriger,' mais tombent
enfin dans l'abîme du défef-
poir , dont ils ne voyent plus
de jour de fe retirer. Je vous
conjure donc de ne décou-
vrir jamais les fautes de votre
frère » & fi les autres vous
les apprennent , ne contri-
buez point à les publier da-
lES
utrinqite mois fuf-
Jiciens ejfe remeàiumi
CT* neque qui Jletit
confiàentior fit ; vi"
dens CT* jujloi ceci"
dijje , neqt*e qui in
peccatis ej} defperet y
vijîi tôt qui rej^pue'
runt ) ZP* ad furu"
mum virtutis apicem
pervenire potuerunt^
Ità ohxegamus fra'
trumpeccata , non at
ipfos negligeniiorei
reddamus per hoc ,
fed ut mujorem illis
occajtonem pr£hea-
mui y ut Jïatim hoc
malo Uberentur Çp*
in virtutis viam re-
deant. Namfrctit non
hahere muîtoi tefies
deliélomtn , rejîpif-
centifaciliorem redi--
tttm pr<ebet ; /îc (î
frontem perfricuerit
anima , C?* viderit
quod nemo ignoret
mala qH£ aimiferity
non facile folet dejî-
fiere : fed quaji in
profundum lutum in-
cidiffet , CT* deorfum
ah innumerisrapere-
tur fiuclihm , difU-
Sur
le emn^ere poterit ;
in defptratiûnem e-
nhn cadtt V nullum
Jîbi redittl promiitit.
Idcircoprecor nedete-
gamus proximorum
lapftti ; (i^yJ tih aliis
eos diâicerimus , ne
fatagamui ut ntiditas
videatur y feà ficut
grati un pueri obte-
gamuSi adu'mbremus,
admonitione O* con'
Jiliis lapfam an imam
erigere Jludeamus ,
mlfericordia Deima-
gnitudinem docentes ,
CT" honitatisexcellen-
Uam.
Homil. 30. Cùm
in magnam hancheb-
domadam perveneri'
mus Deigratiây nunc
maxime jejunii cur-
fiis intendendus , CT*
magi^ continuanda
preces ^ faciendaque
diligem CP* pttra pec-
catorum confejpo, e^»
in bonis operibus fe-
duliUs 5 eleemofyna
larga, aquitasyman"
fuettido^ aliisqtie vit'
tûtes i ut talibus or-
nait virtutibus ubi
m die m Vomini ve-
LA Gènes F. i^$
vantage j mais cachez, plûtof
la honte de la nudité de vo-
tre prochain , à l'exemple des
enfans de Noc j & travaillez
à le relever par vos avertifFe-
mens , par vos corifeiîs , &
par l'clpoir que vous lui inf-
pirercz en la grandeur dff^ 1*
divine mifericordej & en Tex^
tréme bonté de Dieu»
temps de Pi--
Quand nous fommes arri- 750,
vez avec l'aide de Dieu à cette Redoiji.l.-r
grande femaine ; c'eft alors '" exr.ci.;.
qu'il faut encore jeûner plus ^^ P'^"^^ ^'^
exadement , redoubler nos
prières , faire de plus pures
& de plus exades confeuions
de nos fautes , être plusfer-
vensdans les bonnes oeuvres ,
plus libéraux dans nos au-
mônes, plus équitables, plus
doux dans les commerces que
nous avons avec nos frères ,
& enfin plus appliquez à tou-
tes fortes de vertus 5 afin d'ê-
tre en état de recevoir en ce-
faint jour du Seigneur, de plus
Hh iij
7^1.
Honorer la
fefte de Paf-
ques par no-
ftre recou-
75i- .
Se contenir
dans fon ctac.
Vanité des
grands édifi-
ces,
fS6 Des Home
riches dons de fa divine libé-
ralité.
Dans cette (êmairie les
Princes délivrent les prifon-
niers , pour imiter autant
qu'il leur eft poflible le Sei-
gneur : ahnqu'ainfi qu'il nous
a tirez de la dure captivité de
nos péchez, & qu'il nous a
communiqué une infinité de
biens , nous en ufions de mê-
me envers nos frères , pour
nous conformer fclon nos for-
ces à la milericorde de uotrc
Dieu.
Ce qui perd la plupart de$
hommes , eft qu'ils ne veu-
lent pas fe contenir dans les
bornes que Dieu aprefcritesà
Feur condition i mais alpirent
toujours à des chofes qui font
au deffus de leurs forces & de
leur état.
Après avoir bafti fur la
terre de grands édifices, nous
les laiffons ici en mourant,
& n'en remportons que les
péchez de la vanité de ces ou-
vrages j & même fouvent nous
fommes privez de cette vaine
& inutile mémoire que nous
en prétendons laifler à la po-
fterité après notre mort.
LI E J
nerimus , Domini lU
beralitate fmamur.
In hac helàomada'
Vrincipei habitantes
in carceribus à vin"
cuits folvunt ; CT* pra
virili Dominunt tntf
tantur •' qutn ftcut
ipfe gravi nos pecca-
torum carcere exot"
vit , Ky innumerii
bonis fruï facit ; é-o-
dem modo C nobis
faciendum eji , utfi-
mus imitât or es mife-*.
ricordÎA Deinojiri,
Hoc humanum ge-^
nus potijjimùm pev
dit ^ quia non vult
natura/iéd menfuram
etgnofcere, fedjemper
majora defiderat , CT*
qu£ ftthtfupra fuani
dignitaumvotis coti^
cipit.
Nos hinc ahimus
déférentes peccata-
inde paria , G?* adi~
ficia hic relinquimus'.
quin tiec frigidam
O* inutilem memo"
riam çonfequimiir.
Sur
Defcendit Do-
minus ut videret
civitatem : Befun-
dit DomiuHs , non ut
humano modo intel-
ligamus , fed ut fer
hoc erptdiamur tinn»
quam temerèfratres
condemnandos , »e-
j«e anditufolo judi"
candum , m/t pluri-
hm argumentis puus
certi reddamw.
jfejunioprecesfem •
fer conjunéias ejje o-
portet . . . Tuncpotif'
fimum preces cum at-
ttmione fiunt , cum
expednior efi msns
noftra , ne^tte malo
délie tarum onere
grav4ta.
Nitamur ità loqui ,
tit nonfolnm Txerba ,
feio^ mens verbo-
Tum cornes adDeum
accedant.NamfiUth'
gua tjjuidem proférât
verba , mens autem
foris/ît ,ftta trafians
negotia CT* imagi-
nans qu£ in foro
funt , nuUa nobis u-
tilitas ej} , fortaffis
autem CT* major con-
demnatio. Enimve'
LA GbNESE. S^
Le Seigneur âefcendU pour 7"l4'
voir la vUle que bâujjoient lef Contre les
en fans des hommes. Dieu ne i^Z'"}'^' "-
dcfcendit pas en la manière
que les hommes le compren-
nejit i mais l'Ecriture a i\[é de.
ce terme pour nous appren-
dre à ne pas condamner témc*.
rairement nos frères i & à ne
pas juger fur de fîmples oUi-
dire , ii nous n'en fommes af»
furez par des témoig^nages^
plus certains.
On doit toujours joindre la
prière au jeûne ; & alors on fc
7U-
Joindre H
jeune à la
prière.
trouvera en état de la faire
avec beaucoup plus d'attea-»-
tion *, parce que notre coeur eà:
bien plus libre & plus dégagé,
quand il n'eft pas noyé dans.
les délicQS*
Tâchons de prier en forte 7^^.
que les paroles que nous ad- AttçDtionre*
dreflons àJDieujfoient accom- ^^}^^ ^^'^s !■»
pagnées des défîrs de l'ame;^""^*
Car fi pendant cjiieJa-hou-
che forme des paroles, l'ef-
prit fe dilïipe aux chofes ex^
terieures , aux alïaires du
monde , & à tout ce qui fe
pafle ailleurs , il ne nous re-
viendra aucun profit de no-
tre prière , mais peut-être
une plus rude condamnation.
Et en effet , fi lors que nous
H h iiij
368 Des Home
vouions parler à quelque per-
fonne confiderable, nous fom-
mes fi attentifs, que nous ne
voyons pas le plus fouvent
ceux qui font tout proches de
nous; parce que nous réunif-
fons notre application pour
la donner toute entière à ce-
lui auquel nous nous adref-
Fons ; n'en devons-nous pas
ufer envers Dieu avec une cir-
confpe6lion bien plus gran-
de, & les prières que nous lui
offrons ne doivent -elles pas
être bien moins diftraites &
plus attentives.
717» Priey en tout temps , dit
Conditions |>Ap6cre, O' pney en e/prit ,
^ non leulement de langue ,
mais avec une application con-
tinuelle; er en efprit. C'eft-à-
dire en ne demandant que
des chofes Ipirituelles & rai-
fonnables j & en le faiûnt avec
une extrême atteqfion. Ne
demandez que ce qu'il con-
vient à un Dieu de vous accor-
derjatîn que vous puiffiez l'ob-
tenir. C'eft pourquoi nous de-
vons nous employer à la priè-
re avec une particulière appli-
cation 5 avec une extrême vi-
gilance , & non comme des
gens alFoupis , & qui n'étant
éveillez qu'à demi, fp tour-
nent & regardent çà & là fans
LIES
ro fi càm ad homînes
accedimus , tàm in-
tenti fumui , utpro-
pè flantes f^pè non
videamus , fed colii-
gimus mentent , CT"
ad eum fûlàm fpecla-
mi4sadquem acceài-
mits i qttantù magis
api*d Deum tdemfa^
cere continua , GJf
j agiter prectbus in'
fijlere congrmt ?
Orateomnitem-
pore , inquit Fau-
lus, orate & in fpi-
ritu: non lingttâ tan-
tàm O" cttm perpétua
inquit vigilantiâyfed
CT* in/piritu. Spiri-
tuales Jïnt petitiones
vefitd yfohriafit ra."
tio,& iisqu<edicun-
tur mens intendat,
Talia petite qualia à
Deo petere convenit ,
ut O* petita ohlinea-
tis : CT* in illud in-
cumhentes O' toti ex-
pergefafli , non ofci»
tantes , CT* utfomni'
culoforum mos e/?, voi
fricanteSy Cïf bine in--
Sur
âe mentem vertentes }
fed magno timoré CT*
tremore faltttem ve-
jiram operemini,
Beatiisenim qui pr op-
ter reverentiam me-
tnit omnia.
Si homini quis lo-
quniur virtutepraài-
te, non parvum indè
frudum percipit ' i
quantii bonis fruetur
iSy cui cum Deo collo-
quiumftierit ? Oratio
enim colloqmum ejl
cum Deo : ait enim.
Propheta : Jucilil-
duiTi fît ci elo^
(juium iTieum.
Pojfet quidem pr£»
flare Dem amequam
petamm i verum prc
pter hoc dtjfert , ut
occafîonem accipiat ,
qua noiTttfiefua cura
dignes efficiat. Sive
autem confequamur
qmod petimus ,. Jive
non ; perfeveremus
femper in oratione s
KS* non folum grattas
agamm/t confequa-
mur ifedetiani/rre-
pulfampaljtfuerimus.
Càm enim Deus no-
his aliqttii dmegat ».
LA Genèse. j^p
pcnfer à rien. II faut faire fort
/alut avec crainte €7* tremble-
ment 3 & bienheureux celui
qui craint toutes chofes pour
la révérence qu'il doit à Dieu.
Si l'entretien que l'on a avec 7^8.
un homme de pieté eft iî utile, UtilUé do
quels biens ne tirerons-nous P^^^"*
point de celui que nous aurons
avec Dieu par le moyen de la
prière ? félon ces paroles d'un
Prophète : Mon entretien lui fe-
ra très- agréable, .
Dieu pourroit nous donner 7^9'
ce qui nous efl utile avant ^^'"^"'^^.'*^.
que nous le lui demandions j ç'on ATyÔi
mais il diffère de nous lac- lomé de Die-o^.
corder , afin de nous rendre
dignes de fes foins , & de re-
cevoir plus abondamment Ces
bienfaits : mais foit que nous
obtenions, ou non, ce que nous
lui aurons demandé, nous de-
vons toujours perfévérer dans
la prière ', & lui rendre grâ-
ces non feulement quand il
nous accorde , mais lors mê-
me qu'il nous refufe nos de-
mandes. Puis que n'y ayant.
que lui feul qui fçait ce qui.
H nuir
^o Des ITo m b
nous convient , & que nous
l'ignorons nous - mêmes ;
Quand Dieu nous refufe quel-
que chofe , nous lui en de-
vons la- mémç reconnoiifance
que s'il nous Taccordoit.
T^Oii Occupons-nous jour & nuit
Prier jour à la prière j & encore plutôt
la nuit 5 qui eft un temps
moins expo(é au trouble , au-
quel nos penfécs font plus cal-
mes & moins agitées , & au-
quel notre efprit étant plus
recueilli , fe trouve plus en
état d'expofer exadcmentau-
fbuverain médecin la difpofî-
tion de Ton arne. Ceft ce qui
fait dire à David , nonobftant
quecegrand Roi futdans l'em-
barras de tant de foins & d'af-
faires : Je me levais tm milteu de-
la nuit, ffOMT confejjer lesjugemem
de votre jttjiice. Que pouvons-
nous dire après cela , nous qui
menons une vie privée & Ç\
oifîve l
dans la
kaute vertu
7^1. Ufons de toutes chofes avec
Vigilance beaucoup de fobrieté & de re-
plus tenue ; & plus nos richelTes
fpirituelles s'accroiflent, plus
nous devons aulfi croître en
vigilance & en attention Tur
nous - mêmes , afin de bou-
cher toutes les avenues par où
le démoa voudroic par les ai-
L TE s
non minui eji quàm^
fi concefffjet. Nefci'
mus nos qu£ nobis
condueunt , ficut ipft'
n^Vit.
Precihus perpetuo^
imiimbamus tamdie
quàm noéïe : C7* ma»
gts nofiu , quando-
nullfts interturbat ,.
quando magtMccgi"
tationum tranquilii^
tas , quando colleila^
mens omnia dtligen»
ter potefl referre ani-
marum medico. Sic
beatus David Rex^
tamis impUdtus ne*
gotiis , média no-
<âe furgebam , m-
^it, ad confiten-
dum fuper judicia
juiiitis tua» : quid
nos dicemus qui pri'
vatam C^ otiofarti'
vitam agimus ?
Homil. 31. in
cap. p. Sobrnfimus ,
objecro , 0* quanto
magis [pintuales no^
jlr£ facultates cref-
cunty tantôt vigi»-
lia noftra imendan-
tur y m undequaque^
e^clndamus ddmoms
Sur
injtiids^ tygratiam
Dei vita optima no-
bis conciliantes y fn-
periori loco Jlemus ,
ut lUiui jacula n»-
cere ne^ufant.
Qui tfiagita con-
fluntia machinatio-
ttes fitas î)icerunt y
facit d<£mon ut honts
np^ribus ihftentttr ,
€?' adhumanani fpe'
fient gloriam , qub
fcilicet à verâgloria.
faciat eos excUete,
Ambû h£C faîuii
mpne funt noxia,
€?• fpirituale aliquid
ùperando ad huma»
nam fpeCîart glo'
riant ; CT' henè ali-
(juid operando y fu-
llime defefapere,^
Eorum qi4<e poft
haptifmum admifi-
mus quotidie Jîmus
memores . . . . ■ Hoc
enim fr^enum fvjjicit
ad humniandum nos
& modejliam inge-
nerandam.
Homil. iz» Nihil
LA Genèse. 371'
tifi^es s'ouvrir une entrée dans
notre cœur. Travaillons à at-
tirer la grâce de Dieu par no-
tre bonne vie", & élevons-noui
fi fort au deflùs des chofes du
monde, que les traits de Ten-
nemi ne puiflent plus venir
jufqu'à nous.
Quand le démon voit que
nous avons furmonté avec
7^t>
Craindre là
r j * vaniré ariès
courage tous les artifices dont j^^ bonnes
il s'ett efforcé de nous fur-
auvtcs»
prendre , il nous porte à
nous élever de vaine gloi-
re devant les hommes pour
nos bonnes oeuvres j afin dà
nous faire déchoir de la gloi-
re véritable que Dieu rrous
prépare.
Deux^ chofes (ont très-per-
nicicufes à notre falut , lors nideufeâufa.
quenôusfailbns quelque bon- lut,
ne œuvre 5 Tune d'y recher-
cher la gloire des hommes, &
l'autre àjem tirer un fu jet de
vanité , en s'en eftimant dsi'-:
Vanité perv
7^4;
S'humilier
vantage.
Remettons - nous tous les
jours devant les yeux les pé-
chez que nous avons commis ^^^\^ Jouve-
depufs le baptême : afin que "^'^^^^ ^" ^'^
ce fouvenir nous lerve com-
me d'un frein pour nous tenir
fans cefTe dans Thumilité & la.
modeftie. 7^^,
Le divin Créateur des hom- Recoaaoift
|e mali
37* Des Home
Ancé envers ^^es ne leur demande autre
'*"• chofe pour tant & de fi grands
bienfaits qu'ils ont reçus de
iâ bonté , fînon qu'ils en ioient
reconnoiffans , & qu'ils ayent
un foin continuel de lui ren-
dre grâces de tant de faveurs.
lé^. Celui qui peut empêcher
trnpcfcher qu'une perlonne n'en ofFenfe
une autre , & ne le [fait pas ,
ii'eft pas moins coupable que
celui même qui fait Tof-
fenfe.
fèf' Partoutoùeftla différence
Intérêt, du mien & du tien, elle y
eau& dedivi- forme une matière de conte-
*°°' ftation & de difpute : & il n'y
a de paix & de concorde aflu-
rée , qu'où cette différence ne
£è trouve pas.
7^g. Il n'y a point d'humilité ,
Caradere de quand c'eû la néceiTité & la
la vraye hu- contrainte qui nous obligea
°^^^^* faire des adions humbles :
ce n'eft alors que s'acquitter
d'un devoir. Mais la vraye
humilité confiile à céder à
ceux qui font moins que nous,
& a porter honneur à ceux
qui nous en doivent. Et fi
nous fommes pleins des fen-
timens q^ue nous devons avoir,
LIES-
aliudre^HÎrh ah l^u*
mano génère Deus'U'
niverjî, pojf innume-
ra^ ineffahdiabe^
nejiciafua , anam a-
nimamgrattarum 4»
Oiom pudentem , ZD*
fcientem habere gra-
tiampro lis qu^jam
accepit,
Homil. 32. Qui
prohibere potefl eum
qui injuriam facit ,
CT* non prohibet j h
non mmorem luet
panant quam qui in-
juriam facit.
Ubi meum O*
tuum » illic omne /»-
tium genus C?* coji'
tentionii occajîo : ubi
autem hec nonfunt ,
ibi fecura pax ver-
fat ur CT* concûrdia.
Non efl humilitas
facere quod neceffita-
tedebesvel cogeris j
htc inquam non eji
humilitatts fed debi-
ti. f^eraautem humi-
litas ej} j huando ce*
dimus iis qui nobis
videntur ejje mino^
res 5 CT* eos vevera-
mur qui nobis effe Z'i'
dentur minui digni
Sur
quam nos. Quod ft
reUèfapimui y nullos
etiamnobis ejje mi-
nores arbttrabimur f
fed nos fuperarp ab
omnibus hominibus
dicemus. Et hoc dico
non de nobis qui in-
yjumeris tmmerfifw
mus peccatis i fed e-
tiamfi quisftbi pluri-
morum bene g> fiorum
tonfcimjît 5 ntfiapud
fefemiat quod om-
nium fit poflremus ,
nulla eifutura utili'
tas ex omnibus bonis
fuisoperibus. H£c eji
enim humilitas quan-
do quis occajtones ha-
bet ut extoUatur , C7*
feipfum humiliât ,
f»pprimit, ac modejiè
gerit j mnc enim ad
verum fubvehetur fa-
Jiigiumjuxtà promif-
/îohemDommi ; Qui
fe humiliât exal-
tabitur.
Hom. 34. Nihil
ità animam in tran-
quillitate CT* quiète
ejjefacit, ut manftte-
tudo O" modejiia . . ,
Quid beatius quàm
intefïino Uberm bel-
LA Genèse. 373
nous ne regarderons per-
fonne comme moins ver-
tueux que nous , mais nous
reconnoîcrons que tous les
autres nous furpallent en mé-
rite. Et je ne le dis pas feu-
lement pour ceux qui fonc .
chargez d'une infinité de pé-
chez j mais même pour ceux
qui ont fait beaucoup de bon-
nes œuvres j puilque s'ils ne
fe confidérent comme les
moindres de tous les hom-
mes ^ tout le bien qu'ils peu-
vent avoir fait leur deviendra
inutile. Or la marque d'une
vraye humilité , eft de fe ra-
bailfer dans les occafions où
il y a fujet de s'élever , d'cn-
fevelir ks bonnes oeuvres
dans le filence , & de garder
foigneufement en ces rencon-
tres la retenue & la modeftie :
carc'eft le moyen de monter
au comble de la vraye vertu ,
félon cette promefle de no-
tre Seigneur •, Quiconque ihu"
miUefera élevé.
Rien ne procure à l'ame 7^9-
un fi grand repos , & une fi douceur &
fouveraine tranquillité , que "^^'l^^^ie,
la douceur & la ,nodcftie.'Et '^^J:,
en ertet peut-on jouir d un plus
grand bien en ce monde , que
d'être délivré d'une guerre ia-
J74 Des Home
teftine & d*une contradidion
continuelle ? Car quelque paix
que nous ayons au dehors 3 &
quelques déférences & quel-
ques devoirs que tout le mon-
de nous rende à l'extérieur ;
il nous foufifrons au dedans <ie
nous les tempêtes , les tu-
multes , & les féditions de nos
penfées -, toute cette tranquil-
lité extérieur nous eft inutile.
770. Nulle bonne œuvre n'eft fi
Pouvoir de puifTante pour éteindre l'cm-
Taumôac. brafement de nos péchez, que
l'aumône répandue avec abon-
dance. Car cette vertu ne nous
procure pas leulement l'abo-
lition de nos péchez , mais
nous remplit encore d'une
grande confiance , & nous
jend capables de joiiirunjour
de ces biens ineffables que
Pieu nous prépare.
-j^ L'Apôtre n'attendoit pas
(latitude ^ remercier Dieu qu'il eût
pour les prc. reffenti les effets de fes divi-
znefTes même nés promefles , mais il luy
4ç P.ieu, rendoit grâces des promefles
même , & faifoit de fa part
tout ce qui étoit en Ton pou-
voir pour luy en témoigner
auffi-tôt fa reconnoiflance ,
afin que cette gratitude fervit
à avancer l'accompliffenient
j^es chofes promifes.
LIES
lo ? Nam quamvis
plurimapace exterius
fiuamur, licet nobh
multa deferantur ob-
fequia , Jî intra nos
cogitationum najca--
tt*r tempejias , t«-
muUus V feàitio ,
nihil externa poM
nobii proderit,
NuUum omnino tf-
liud optts bonum fie
poterit rejîinguere
peccatorum nofiro-
rum inceudium , ut
eleemoJyn£ largitas.
Ifia CT' peccatorum
nofirorum aboUtionê
operaturjO' magnam
nobisfiduciam conci'
liât & préparât , ut
inejfabiltbus illii bo"
nisfrai tune liceat.
Non expeâabat
Apofiolui donec pro»
mifja complerentur ,
fed mox propromif"
fione grattas agebat y
O'faciebat quoderat
infe, ut de prsviis
dignam O* finceram
gratitudinem pra fe
ferens , Dnm fuum
provocaret adpromtf-
JîomifHUi implendas»
Co^itemus menti -
ri non fojfe eum qui
fromijh , çy iffius
fotemiig magnitudi-
nem oculisfidet, con-
îueamur ; C?' ex tis
quétiamconceffit^ de
fttturis bonam fpem
habeamus.
Si Filium fûum esc-
pofuit pro peceatis no-
fris , Jt baptifmatis
donttm largitus efl ,
fi priorum peccatO'
rum remiffiônem tri-
èutt 5 fi inmmera
alia ad falutem no^
firam operatMs e/?,
manifefium quodftt"
tara bona nobis re-
poptapr^ebebit. Nam
quipropter fi*am bo-
nitatem antequam
ejjh inciperemus , h^c
pftparavit, quomo-
tdo non Çy frai con-
udet ?
Hoc efl non fibi
ipfis vivere , fed ei
qui pro nobis mor-
tuus cft & refurre-
xit ^ quando quafi
inortui/umusprafenti
viu O* mhileorum
qua videntw fi*fpici'
muu Nam iâcirço
X A G E K E S e; 37^
Confiderons que celui qui 771;
nous a promis , eft incapable Motifs (Tef»
de mentir ; & contemplant P^""^«»
des yeux de la foy la gran-
deur de fon pouvoir , conce-
vons des biens qu'il nous a dé-
jà communiquez , une ferme
efperance pour ceux que nous
en attendons à Tavenir.
Après que Dieu a abandon^ 775;
né fon Fils a la mort pour Des bienfaits
nos péchez, après qu'il nous P^^"^^ conce-
a accordé le don du baptê- joirdehcon.
ine, après qu'il nous a donné lesTutu»!"^
la remiliion de tous nos pé-
chez pafl'ez , après une infi-
Jiité d'autres chofes qu'il a
faites pour notre falut 5 il
n'y a nul lieu de douter qu'i!
ne nous accorde les biens fu-
turs. Et en effet , comment
après nous avoir préparé ces
biens par fa bonté avant que
nous enflions commencé d'ê-
tre 5 nous en refuferoit-il la
joùiifancc, quand nous foni-
mes en état de les pofieder ?
Nous ne vivons pas à 774*
nous-mêmes , mais à celuy Ne vivre q«e
qui efl mort C?' reffufcité pour^^^^^'^*
nous y quand nous fommes
comme morts à la vie pré-
fente , & que nous ne regar-
dons plus les chofes vifibles.
Car notre Seigneur a fouffert
la mort de la croix , afin que
37^ Des Homélies
nous changions notre vie en Dm nojler crucîjiodts
la fienne , ou plutôt que nous
réglions la nôtre fur le modcl-
le de la fienne.
77 T-
Aimei J.C.
comrue s'il
n'avoit fouf-
fert que pour
noEs feuls.
JESUS-CHRIST qui
ma aimé. Pourquoy vous ap-
propriez-vous, ô faint Apô-
tre 3 un bien qui nous ett
commun à tous ? C'eft avec
grande raifon , nous peut-il
répondre : parce qu'encore
qu'il ait offert Ton facrifîce
pour toute la nature humaine,
■c'el^ par le moyen de Tamour
^ue je luy porte que je me
rends propre ce qu'il a opéré
pour tous. Il efl vray qu'il a
aimé tout le genre humain j
mais je luy en dois autant de
reconnoillance & de grâces,
que fi j'étois le £cul qu'il eût
aimé.
Quand nous ferions pour
Dieu tout ce que nous fom-
on peut faire j^ç^ capables de faire , nous
pour Dieu . ^^j.-^^^ ^^^^^^ ^-^^ p^^^ ^^
chofe, pour répondre à la
bonté de celuy qui nous a pré-
venus de tant de bienfaits. Car
ii nous faifons quelque bien
enfuite , ce n'efl de notre part fi qua feqmntur ,
qu'un devoir que nous ren- retribuiio quidem
dons, & le payement d'une fnntÇ^ dehitum ,- il-
dette à laquelle nous fommes lias autemgratia c?*
obligez j mais les biens que heneficia O" largi-
timii
efi , ut hanc vitam
pro illa commuternuSi
imo per hanc illam
nohii negociemur, .
Qui dilexit me,
dicis 5 0 Paule ? ut
proprium appellas
commune heneficium^
Frofeélo inqiut i nam
licetproomni homi-
num génère facrifi"
cium ab eo fit obla-
tum , tamen propter
amoum in eum , id
quod faClum efi omr
nibui, mihiproprium
facto . . . omnem ho'
mtnum naturam di»
lexit ijed ego et gra-
ttas debeo , quafimt
folum dilexijjet.
77 6.
Tout ce qu'
neft
/ien.
Nos etiamfifacia-
mus qu^iumque fw
cere poterimus , ni'
htl magnum facte^
mus ut ei qui nos
tamis beneficits pr£'
venit aliqaid repen*
damus. NoJIra enim
S-UK
liifnis magnhudo.
Homil. 35- /«-
^ens honum ejl divi-
narttm Scripturarum
leflio. H<tc facit ani^
mam opiimis mori-
htts pr,tditam i h£c
in calum memem
transfert , /mc me'
tnorem beneficii red-
dit homitiem. Hdcfa-
cit ne qniccjiuam ex
rébus pr<efentihus ad-
miremur > fed ut
perpétua in alta vita
mente noflra verfe-
mur , CT' ad Domini
mercedem refpicien-
tes omnia opercmur ,
CT* alacritate magna
virtutum labores ag-
gtediamur. Ex ipfs
difcere licet Dei cde-
riterfuccurrenîispro-
7>identiam , juporum
fortitudtnem , Do'
mini bonitatem , re-
tributionum magni-
tudinem. HincpoffU-
mus ad imitationem
cptimx generoforum
ZÙrorum vit£ exci-
tari , ut non torpef-
çamtts if* vtrtms
Totn. ï.
777.
Utilité de la
l' et .ire des H-
LA Genèse. $';^'/
Dieu nous fait font des grâ-
ces , de purs bienfaits , & des
libéralitez toutes gratuites.
La ledure des Ecritures di-
vines nous eft extraordinaire-
ment utile. Elle fert à former cihuies dïvi
& régler nos mœurs ; elle éle- ncs.
ve notre efprit au ciel j elle
entretient en notre ame la mé-
moire des bienfaits de Dieu :
elle fait que nous ne regardons
jîlus avec admiration les cho-
ies préfentes j que nous n'a-
vons plus de penfée & d'at-
tention que pour les chofes à
venir -, que nous ne faifons
rien en cette vie que dans la
vue des récompenfes futures s
& que nous entreprenons gaie-
ment les travaux les plus dif-
ficiles qui fè rencontrent dans-
l'exercice de la vertu. Nous
apprenons encore dans l'étude
de l'Ecriture quel eft le foin
de la divine providence pour
raflTiftance des hommes , la
vertu des Juftes , la bonté de
Dieu 5 la grandeur de fes ré-
compenfes. Nous y trouvons
les exemples admirables àes
faints , qui nous invitent à les
imiter ; cette leduie nous
réveille aufli de notre affoii-
pilfement , pour nous faire*
combattre avec courage con-^
treles vices qui s'oppofent à^
l'i
778.
Proteflion
de Dieu fur
ceuxquis'ap.
pliquent à
i'Ecntufe.
37^ Des Ho m: h
!a vertu; & nous infpire une
ferme confiance dans ieis pro-
mefles divines , avant que nous
en puilTions obtenir l'effet.
II eft impolTible que Dieu
abandonne jamais ceux qui
s'appliquent avec foin & avec
ardeur à l'étude des divines
Ecritures : mais quand Tinf-
Crudion des hommes leur
manqueroitj le Seigneur def-
cendroit plutôt luy - même
dans leurs cœurs , pour les
éclairer , pour leur découvrir
les fens cachez de fa parole ,
& pour leur enfeigner ce qu'ils
ignorent , pourveu que de leur
part ils y apportent les diTpô-
lîtions requiiès.
Quand nous voulons lire
quelque livre de piété , il faut
bannir de notre cœur tous les
foins temporels , & toutes lés
^enfées du monde \ & recueil-
lant notre efprit de toutes for-
tes de diftradions , nous appli-
quer avec beaucoup d'atten-
tion & dé pieté à cette fainte
ledure , afin de parvenir fous
la conduite de l'Efprit faint à
l'intelligence de ce que nous
lifons j & en tirer tout le fruit.
7 8o. Quand nôtre Seigneur ver-
s'attâciier ta que nous ferons touchez
779.
Attention &
recueillement
pourlaleâu-
re fpirituelie.
LIES
certaminihHi i fect
confidamui etiam art'
tequàm éventant, di'
vmii promifjionibtiSo
Ftert nequtt ut is
qui in dtvinis fcrip-
turis magno ftudt^y
ferventique dejîderio
i)acaf y unquamne-
gUgatur : fed licet de-
fit nobii homtnis ma»
gifterium y ipfe Dits
fupernè corda no/Ira
intram illujfrat me»'
tem , detegit occulta ^
doéJûrque fit eorum
qu£ ignoramus y fi
nos qua à nobis fitnt
ajferre velimus,
Quando in manuny
librum fpiritualem
capimus y omnifecu-
lari cura repulfa co"
gttationem nojîram
compefi:amus , CT*
mentem ne difiraha-
turcohibentesy leélio"
ni vacemus magna
pietate CT* attentione;
ut pointus à fan^o
Spifituadfiriptorum
intelligentiam duci ^
e?' multum inde fru"
éîumpercipere.
bominus vident
nofrum ad tes fpiri'
Sur
tuales ajfeSlum , non
negUget , fci cali-
tùs tllufïraiionem
fruhebit. Ne igitur ,
ehfecro , fcriptura-
rum leŒonem nezU-
gamm ; vertfm Jive
eoTum qua his conti-
nent ur , vint intelU'
gamus , five ignore-
tnus UU continua a»
deamus , ajjtdtta me-
ditatio memoriam
ejjîcit indelebilem ,
Cf non raro evenit ,
ut quoi hodie inveni-
te non potuimus le-
gentei , hoc rarfum
pojiero die aggre»
dientes , repente ©*
cumulatè invenia-
tnm î Deo videlicet
profua démenti a oc-
culte mentent nojhram
iliuftrante,
Homil. 3Ç. Fir»
tN5 non eji mjtconjun-
élam haèeat humili-
tatem. Qui hoc fun-
damentum re6ièjecity
foterit in quantum
voluerit altitudmem
Jlruéîuram excitare.
Non eft poffîbile ut
qui prafentihus ep
mancipatus , ifiefia-
LA Gènes F. ijç
d'un vray défîr de nous nour-à '^ leéiurî
rir de la connoiffancc des cho- *^" ''^^" '^^-
fes rpirituelles , il ne nous^^"^'
biffera pas deftituez de lu-
mière & d'intelligence. Ne
négligeons donc pas la leétu-
re de l'Ecriture divine. Et foie
que nous l'entendions bien ,
ou que nous ne l'entendions
pas , continuons toujours à la
lire. Car l'alTiduité de cette
fainte ledure imprime profon-
dément la vérité dans la mé-
moire ; & il arrive afler fou-
vent que ce que nous n'avons
pu entendre un jour , s'éclair-
cit le lendemam dans notre
efprit , & qu'en perfiftant à
fréquenter cette divine ledure
nous pénétrerons enfin dans la-
fuite jufques dans les plus fè-
crets replis de la vérité ; Dieu
par le mouvement de fa bonté
nous éclairant; de plus en plus
par les lumières de la grâce.
II n'y a point de vertu fi 78 î«
elle n'eft accompagnée d'hu- Po^î^^'if ^*-
milité. Quiconque aura jette '^^J^^'^^^^-
ce fondement pourra élever fi
haut qu'il voudra l'édifice de-
la pieté.
Il eft impofîible que ce» r^i.
luy qui eft attaché aux cho- l^ehrsdn--
fes préfentes , puiiTe jamais ^'"* tempe-
liij
38o Des Home
rel$ &c dei é. élever Tes défirs aux biens
terneis, co;i- éternels: comme au contrai-
traires. ^.^ ^^^^^ q^j ç^^^ polîedez de
l'amour des biens lolidcs &
immuables , ne peuvent plus
regarder les biens pali'agers ,
quj fe flétriffent fi- tôt qu'ils
paroiiTeat.
785 . Celuy qui a le cœur blefle
Vanité des des traits du divin amour ,
chofes pre- & pénétré du défîr des biens
i;;ites. éternels , regarde d'autres
yeux l'état des chofes pré-
fentes y & voit toute cette
vie comme une illufion &
une figure qui diffère très-
peu des fonges. Car lafgure
de ce monde fajfe , ainfi que le
dit l'Apotre. N'y a-t-il donc
pas de la puérilité d'avoir peur
des ombres , de fe glorifier
d'un honneur en fonge , & de
s'artacher à des choies qui s'é-
vanouiilent dans un moment ?
784. Quand ceux qui ont été
huxz, librr- vertueux toute leur vie , font
ledcs jufte5. p^-éts d'enfortir, il eft vray
de dire qu'ils (ont comme dé-
livrez des liens du monde, des
travaux qu'ils y foufFroient
& des combats qu'ils avoient
à y roûtcnir. Car la mort
n'eft à ceux qui ont bien vécu.
LIES
hiUitm honorum àsfi^
derium concipiat un-
quam . . . Contra 'ion .
ej} pojjîbile ut qm/o^
lida CT* immobilia lUa.
bona amant ^ momen- .
taneaiJ}aZP'qK<ean-
tequam appareant.
marcefcunt, coticU'
pifcam,
Saucius amore di-
Z'inof CT* quiftituro"
rumJeJIderio tenetur^,
aliii ocniii videt pr£^
fsntium flatam , CT*
Zidtt quod omnii.
prtfsns vita figura e/? .
C?* deceptio, €7 à.
fomniis niî?il dijfert,^
Praîterit enim fi-
gura hujus mundi^
Annon igitur puerilii.
efl animi timbras oh^
fiupefcere y de fom^
niis fuperbire , C^
iij qu/epaulo pofiprx-
terihunt adh^rere ?
Homil. 36, Qui
zitam in virtutiùns,
egerunt y quando ex
hac vita emigrant y
verè liheramur O*
quafifolvuntur^ CT* à
certaminibtti CT* zin-
culis relaxamur. EJè
enim mors hi> qui be^.
Sur
ne mvunt , tranjla'
tio atl meliora ; à mo-
raentanea vita nd
Jxerpetuam Cr im-
mortalem.
Hom. 37. Scru-
tamini fcrij)turas >
ut non tantùm nud^
lefîioni vacemus, fed.
ùtdagaùs profundis ,
verwm ventatis [en"
fum percipere valea-
mus. TaUsemmfcri-
ptur<e moi e/? , »t CT*
in parvis verbis plt^
rima fepè muhiiuào
fcnfuum inveniatur.
Egrederede ter-
ra tua & veni in
terram quam mon-
ftravcro tibi. /l^;-<ï-
ham CT' nos imitemur
CT' bgrediamur mente
tc^c alacriter a prafen-
tts viu negotiis , CT*
eamus in c<elunj.
Studium nimium in
ernando corpore in-
ternait indicat de-
formitatem , CT" htt"
jjus dehcia tllius mar
nifejlam faciuritfa-
nem ; tlT* huit* s ve-
fliitm famptus tllius
indicat tutditatem.
Visri enim non po-
LA Genèse. jSî
qu'un paflage à un état meil-
leur & plus heureux , & un
changement d'une vie courte
& palVagereà une vie perma-
nente & immortelle.
Aprofondijfe:^ les Ecritures. 78f»
JESUS-CHRIST ne veut pas Méf^iteirE^
que nous nous contentions de '^"^"'^^'
la fîmple ledure des Ecritu-
res 5 mais que creufant , pour
le dire ainfî , jufques dans fes
moëles , nous en tirions tou-
te la fubltance. Or c'eft la cou»
tiime de l'Ecriture de renfer-
mer en peu de mots une innni*»
té de fens.
Serte:^ de -votre terre > O' 78'^.
paj}e> en celle ^ue je vous mon* Soitir du.
treray. Imitons Abraham /for- l'nonde cnef*
tons en efprit des follicitudes f"^*
& des embarras de la vie pré-;
fente, & paiïbns au cieL
Le grand foin de parer fori- 787.
corps à l'extérieuv , cft la mar- Celui qui
que.d'une difformité intérieu- s'attache aux
re; la recherche des délices [ï^ores fsnfi*
blés , elfc dé-
nué des cho-
des, fens , fait connoître la
famine & la difette du cœur j J-és~ fpTrituei»
& l'aftcûation des habits qui les.
ne fervent qu'à couvrir de
la chair , eft un témoigna-
ge de la nudité de Tame. £t.
78 s.
Vrayes ri
chefTesi
itz Des h o m e l
en effet il eft impofïible que
celuy qui prend bien foin de
fon ame , & qui travaille à
l'embellir , ait grande palHon
pour embellir "& parer fon
corps j de même que fappli-
cation aux ornemens exté-
rieurs eft incompatible avec le
foin d'orner Ion intérieur.
Les vrayes & inépuifables
• richefles confiftent à ne défi-
rer que ce qui eft néceffaire à
im ufage réglé , & à bien dif-
penfer tout ce qm excède cet
ufage.
'78p.' Ne fupportons pas avec
"Utilité des chagrin les peines & les hu-
çribulations. miliations de cette vie 5 car
rien ne nous eft plus utile qise
ce qui détache notre efprit
du monde , & qui humilie
nôtre orgueil. Et en effet,
quand nous nous addrelTons â
Dieu dans la douleur de nô-
tre ame , que nous l'invo-
quons avec un cœur contrit ,
& que nous le prions avec
plus d'inftance , c'eô alors
qu'il écoute plus favorable-
ment nos prières 3 & que
ïJous avons fujet de dire : Le
Seigneur a écouté man humilité.
790.
Entretenir
Quand vons avez quelque
ï E s
tef} , Ut qui anima-
curam habeat , tjuf-
que puUhntudinem
plurimp faciat , U
externo cultuiiihiet i
Jîcut CT* impoffibile
in externo illo cuit»
tantvf^ere occupatum
ilhui azere curam,
Ver£ dtviti£ fitnt
C7' inexhauflitfacul'
tates dejîderare tan-
tùm j quantum ufui
fatis } CT* eaqute «-
fum excedunt » reâe
difpenfare.
Homil. 38. Ne
molejlè feramus fi
moleJHis prementibui
humUinnur. Nihit
enim ita nature nO'
Jîr<eiondUcit, ut men^
tem fubducere , O*
hnmiliare fuperhum^
fffintum, CT" inflalio-
nem mentis deprime-
re. Tune enim nos ma-
gh audit Dns , qttan-
do cum dolore anim£
O" corde contrito ip-
fum invocamus , ma-
jorem in prectbus af-
fiduitatem adhiben-
tes quia audivit
Dns humilitAtenu
Vniui reicurufiii
Sur
^ triJIitU caufa è
medio tolUtur , cref-
catque ac roboretur
fax domejlfca : ut
CT* uxor ad virum
fuum habeat conver-
Jîonetny & vir ab
externii ^ forenfi-
hm negotiis ad uxo-
rem tanguant adpov'
tum ionfugere , C7*
confolationem p ojjtt
invenire : in adju-
torium enim data ejl
uxor.
Si uxor fuerit or-
9iata vinutthtts c
•manjueta , in omni-
bus, virofetmultum
Ht i II s : omnia tlU /<?-
via <& facilia red-
det 5 CP' percibere non
finet tllas aut exter'
nas aut cas qu£ <juo-
tidiè demi nafcuntur
diffictthates.
Quando concordia ,
pax CT» vincttlum
charitatis inter con-
JHges fuent , omnia
fimul afluent bona ;
nnllis injîdiis expojî-
fi/unt > magiio ^uo^
LA Genèse. 5?j
différend avec votre femme , ^^ P*'!' ^^^^
que votre foin principal foit ^^ ™"^*5««
de luy ôrer tout lujct de cha-
grin , aiîn d'établir & d'affer-
mir de plus en plus la paix
& la bonne intelligence dans
votre maifon : que la femme
penfe à (atisfaire Ion mary ,
& que le mary , après les pei-
nés & les embarras des affai-
res du dehors , trouve à fon
retour chez foy dans fa fem-
me comme un port tranquille,
& une conlolation de toutes
Tes peines: car la femme a été
donnée à l'homme pour l'ai-
der & le foulager durant cette
vie.
Si la femme eft vertueufe 79 t^
& d'une humeur douce , elle Femme ver-"
deviendra aimable en toutes «"eufe, con-
choies à fon mary -, elle luy |^1;;"°" ^"^
facilitera & ado^icira tout ce "^^^^*
qui luy peut caufer de la pei-
ne j & elle préviendra par Tes
foins & fa prévoyance tous les
fujets de chagrin qui pour-
roient naître, foit au dehors j
foitau dedans de fa maifon.
Quand la bonne intclli- ^pt»
gence , la paix , & l'union , UtiUiitédé
de la chanté fe rencontrent en. Wnce''dlns
tre le mary & la femme , on le mariage,
peut dire que rien ne leur
manque ; qu'ils font à l'abri
4e tous les maux j & que
1^4- Des HomelÎes
leur union étant conforme à dam & inex^ugua^
l'ordre de Dieu , eft comme
un rampart qui les met à
couvert de toutes les violen
ces du monde. Cette union
îeur procurera auQi l'abon-
dance des biens de la terre ,
elle leur fera obtenir la gloire
du ciel , elle leur attirera un
tréfor de grâces. Je vous con-
jure donc de conierver cette
précieufe union préférable-
ment à tout le refle , & de ne
rien épargner pour faire ré-
gner cette paix & cette bonne
intelligence enrre tous ceux
qui habitent dans vôtre mai-
fon. Car ainfi vos enfans imir
teront votre bon exemple , les
ferviteurs celuy à^s enfans ,
& toute la famille fera fl Grif-
fante en vertu , & remplie de
toutes fortes de profpéritez»
7P3-
Laconfian
Cè en Dieu
l'honore.
Le plus grand honneur que
nous pouvons rendre à Dieu ,
eft de nous appuyer avec con-
fiance iur la vertu de fa grâ-
ce , quand même nos yeux
nous feroient voir des chofes
qui paroîtroient contraires à
nos efpérances.
Si ceux qui font tentez
,. ^?^* j font gens de bien , la tenta-
Avantage des . c< » _ .
emations. "©» les rendra plus faints ,
bili quodum muro
circumi^ti , fiilnet
fua juxia Dttpmce'
ptum cancordia ....
Hoc divitits CT* iibun-
dantia magn locuplc"
tabn y hoç fupernam
eisgloriam conferet ,
CT* Dei benevolen'
tiam ubertim conch
Habit. Protndè oro »
ne quid il'i praferen-
dum exiJlimenvAi ifeî
omnia faciamus ut
ttanquillitas CT* pax
fit cohabitar.tibus^
Tune CT* filii par en'
tumvirtutemfeqHun'
tur ^ quos imùabim-
tur O'fervt , CT" un-
dequaque domus vir*
tuteflyrebit , eritque
rauh iplex rernmproj-
perttas.
Ho mil. 35». Ma-
ximus hic ejï honor
quem Deo déferre C7*
ojferre pojjumus , ut
vntuii ipfius fida'
mus , eliamfipro ocU'
lis qutefunt contraria
vUeamui. ,
Homil. 40. Si
virme pritditi funt
qui t^nfaliones expc
riuntnrp
Sur
r'ruvtar , dariores
tvadunt , abundan-
tioremfibi fitpernam
grattant conciliantes.
Si autem , ut nos ,
peccatoresfuerintyÇP*
CHmgratiarum aiîio-
ne tentationesfermt,
gravent deponunt
peccatorum farci-
nom, multaqi venta
Cf ipfipotientur.
Sicut virtutem
amplexatiy duplicem
mercedem à Deo ac-
cipimus 5 tùm^f*od
tpfi virtutem exer-
ceamusj tàm ^»od
alias ad virtutis
communionem traha^
mus ; ità O* in pec-
<atis non folùm puni'
m»r quod ipfi pecca-
mmus y fed O' quod
aliis fcandalo ftà^
mus.
Homil. 41. Cùm
Sfobis fpiritualia ta-
lenta crediderimus ,
Vohis necejjarium erit
Àuplicem ajferre la-
borem CT" vigilan^
tiami tùm quod cré-
dita cuflodicndafunty
ut fixa maneanti tttm
q^Had operandum , ut
Tom. I.
LA Genesb; J?^
attirera fur eux une plus gran-
de abondance de grâces du ciel.
Et s'ils font pécheurs comme
nous, & qu'ils 'reçoivent ces
tentations & ces peines avec
adions de grâces, elles fervent
à diminuer le poids de leurs
péchez , & à leur en procurer
te pardon.
Comme en embraflant la 7^^.
vertu 5 nous en obtiendrons Double pu-
de Dieu une double récom- nitionou ré-
penfe j & en ce que nous la ''°"'P^^"^%i^
pratiquons , &en ce que nous ^°"' ^ j^''*
portons les autres a la prati- vertu.
quer : il en eft de même pour
les péchez , car l'on ne fera
pas feulement puni pour les
avoir <:ommis , mais encore
pour avoir par notre fcanda-
îe porté les autres à les com-
mettre.
Quand on vous a commis jçg,
des talens fpirituels , cela Appiicatb*
vous oblige à un double tra- à faire valoir
vail & à une double vigilan-^^"^^^"^*
ce ; tant pour les conferver
& ne les pas perdre , que
pour les faire profiter, en ks
communiquant aux autres ,
& en attirant plufieurs avec
vous dans le chemin de la
Kk
gtS Des Homel
vertu ; afin d'en retirer auflî
pour vous un double avantage,
.& pour votre falut particulier ,
& pour celuy de votre pro-
chain.
7P7. Lavanitcdesajuftemens &
Funeftesef- des parures produit une infi-
f?ts des paru- ^ité de maux, comme l'arro-
"-' gance , le mépris du prochain,
le fafte , la corruption de Ta-
me , & le défît de la volupté.
7p8. Plufieurs tirant un fujet de
L'orgueil , vanité du bien qu'ils font ,
«uinedss bon- font femblables à des gens
iKj auvres. qui ayant amafle des richefles
les porteroient en tant -de
lieux 5 qu'elles leur tombe-
xoient des mains , & feroient
perdues pour eux. Et en eftet
quiconque agit avec arrogan-
ce , & en faifant quelque
bien, s'imagine plus donner
qu'il ne reçoit , ne fçait ce
qu'il fait, & perd & difTipe
tout le prix de cette bonne
ceuvre.
7^p; Ne foyons point rudes &
Douceur en- difficiles à ceux qui ont af-
vers les pau- faire à nous ; & fî nous pou-
viez. yQjjs les foulager dans leurs
I ES
O* aliticommttnicefh'
tur , C^ multos in
viam vhrtutis tndu-
cant : ut vohii bifa-
riam lucrum accref-
cat , tiim profulute
veflra , t^mpro alto»
rum utilitate.
A cultu externo
arrogantia nafcitur ,
defpeéîus proximi ,
fapHs ff>irhus ^ ani»
ma corruptio > volt*"
ftatHtn ilHcitarum
fomes.
Mttlùfi qui d boni
fecerint^fnperbmnt :
hoc autem perinde efi
ac fi quis divitiai
congreget ^ tircmn*
ferai s O* cum coîU'
gerit , omniafimul t
manibus labi fînaU
Quifquii enim eut»
arrogantia operatur
quidpiam, O" fie fa"
cit quafi plm prube"
ret quàm acciperet ^
n€fut quidfaciat y
proindeq^ mercedem
^u£ hinc proveniret
dijperdit.
Ne fimtts diffici-
les erga eos qui ad
nos accedunt. Quùà
fi poperimtti eorum
Sur
inofiam [uhlëvare ,
hoc facUrmti cum
gauctto , Utitiaque
magna ; non ut prx-
hentes aliquid , fed
ftt ab eis accipientes»
Quodfinon pojjitmusy
mjtmui afperi ineosi
fidvelverbis curam
eorum agamus, CT* m
manfHeiHdine refpon-
deamtts eis. ^uarc
€mm dure compellas
eum ? Num cogit ?
Num vim facit ?
Orat 3 fupplicattob-
fecrat.i>tii autem h<ic
facit y conttimelia non
ej} dignus. Quid dico
»rat iCP'fttppUcat? In-
numera bene appre-
catur O* b<ec omnia
facit pro uno obob^Qf
neqi tllwn erogamus.
0 fluporem '. Ma-
teriam noflrxfalutis
( eleemojynam ) à
Deo nobn datant ,
amandamui ; nec
confideramus aut ec
rum qtt£ damus par-
vitatem , aut eorum
5»<€ pro his accipi-
mus immenjîtatem.
Homil. 4Z. /»
«^•ympicis certamini-
LA Gehese. 3?7
befoins , faifons-le avec jove ,
& non comme fi nous leur
donnions quelque chofe , mais
plutôt comme fi nous en re-
cevions un bienfait. Q^ie fi
nous n'avons rien a leur don-
ner, ne les rebuttons point
avec rudelle -, mais confolons-
les au moins de parole , 3t
répondons-leur avec douceur.
Car pourquoy repouflez-vous
ce pauvre fi durement ? Vous
fait-il quelque violence &
quelque contrainte ? Il prie , i!
luppliCj il conjure. Cela mê-
ritet-il des outrages & de»
injures? Mais que dis-je , il
vous prie ? Il vous fouhaite
toute forte de bien & de prof-
périté j & tout cela pour une
obole 3 que fouvent vous ne
luy donnez feulement pas.
Il faut être dans une étran-
ge infenfibilité à l'égard de
8oo;
^ Infeofibilité
notre falut , pour diffiper inu- pour le falut,
tilement ce que Dieu nous a
donné comme un moyen pour
l'obtenir ; & pour ne pas con-
fidérer le peu que nous aurions
à donner pour cela , & la gran-
deur des récompenfes que
nous en retirerions.
Celuy qui préfide aux jeux Soi»
olympiques , eft fimplement J* ^j "^^'^
^ Kk ij
^83 Des Home^
fouftifn dans le fpedateur des combattans ;
riQs tombacs, g^ il ne luy eft pas permis de
les aflifter en aucune choie j
mais il eft réduit à attendre
de quel côté la vidoire fe
déclarera. Il n'en eft pas de
jnéme dans les combats fpi-
ritnels. Notre Seigneur y
combat lui-méme avec nous.
il nous y prête la main , il
nous y aflifte ; & qui plus
^ eft, il nous livre de toutes
parts des ennemis déjà vain-
cus : Enfin il y fait toutes
chofes en nôtre faveur , afin
que nous puiflions foûtenir
Teffort du combat , que nous
en remportions la viôoire , &
qu'ainfi il ait lieu de nous don-
ner un jour pour récompcnfe
une couronne qui ne fe flétrira
jamais.
Soir Pourquoy en jugeant main-
Contre le ju- tenant de vôtre prochain,
gf ment témé- ufurpez - vous par avance le
xaire. Jj.qIj J^ fouverain juge ?
Pourquoy prévenez - vous le
jour terrible du jugement gé-
néral ? Si vous voulez être
juge , jugez - vous vous - mê-
me : perfonne ne vous en em-
pêchera ; & bien loin qu'il
vous en arrive aucun mal , ce
fera le moyen de vous corri-i
ger de vos fautes , & d*en ob-
tenir k pardon. Comme au
lES
bus magîjler fit jj>e^
^ator tantùm ce-
tantium , nec ull<t
in re potefi adjuva-
re , fed expeéat ut
fiât viéJoria : Domi»
nus autem nojïer fi-^
mul nolifcum certat ,
CT* manum porrigit ,
<S* fimul adjuvat ,
ac quafi fubjefîum
undeQuaque adver»
farium nobis tradity
C7* omnta facit ifit'
tagens ut tn certa-
mine duremus O*
vincamus , quo no-
bis immarcejftbilem
ponat coronanh
Curproxtmumiu'
dicando , ante tem-
pMS invadis judicis
jtts ? Cur pr<events
diem illum terrihi'
lem ? Fisjudex ejfe ,
Jitdica temetipfum €57*
tua deUéîa. Nullus
efi qui vetet s fie
enim nihilincommo'
dt ex hoc captes O*
peccatatua emenda*
bis. Quod fi reliais
rébus tuis fisdei ai
SOR
judtcandum altos ,
majores te ttbi ipft
colligere peccatorum
farcmas non fentis ?
Idcirco fugiamtés ol)-
fecro , fugiamiis om-
tftno ne condemne-
mus altos. Nam etjî
jtidiciarU poteflatis
non fis parttceps ,
attamen fudica/li
mente , C^ peccato
fecijli te obuoxium j
prafertim quando
nulla demonjfratione
audfta ^fed f^penu-
mero fola fttfpicione ,
e?' tenui accufatione
c«ndemnas.
Si nos peccata no-
Jlra imminuere volt*-
mus , hoc maxime
fervemus , ne con-
demneniusfrafres no-
ftros , neque detrahe-
te cupientes admit-
tamus t tmo juxtà
Frophetam ahtga-
mus CT* omnino a-
vcrfemuf,
Mttlta Ditthoni-
iasef}, O- fepèfolet
etiam propter paucos
mhUii dare falutem.
LA Gènes F. ^tp
contraire fi négligeant le foiir
de ce qui vous regarde , vouy
vous ingérez de juger les au*
très j ne voyez- vous pas que
cela ne fert qu'à multiplier vos
péchez, & à en augmenter le
poids ? Fuyez donc , je vous
prie , tous ces jugemens témé-
raires, 8c ne condamnez jamais
perfonne. Vous n'êtes point
étably l'arbitre des autres ,
& vous n'avez nulle autorité
de les jugerj& cependant vous
les condamnez dans votre ef-
prit,& vous tombez ainfi dans
le péché 5 & particulièrement
quand c'eft fur un fimple Ibup-
çon 3 fur une acculation légè-
re , & fans en avoir aucune
preuve, que vous les condam-
nez en vous-même.
Si nous voulons diminuer
805.
le poids de nos fautes, ayons dl^^^c^^
fur toutes chofes un grand medifaus.
foin de ne condamner jamais
nos frères , & même de ne
point foutfrir ceux qui en veu-
lent dire du mal j mais plu-
tôt en imitant le Roy Pro-
phète , concevons une fainte
averfion pour ces gens-Ia , &
fuyons leurs entretiens.
La bonté de Dieu eft fi
grande, qu'il fauve quelque* 1* vertu d;*^
fois plufieurs perfonnes , en i,"^^'M^»'ir
confidératioii d'un petit nom- <'*"^-'^^=^s*«-
K k lij ""•
804.
Pouvoir de
^90 Des h o m e l
bre de gens de bien. Mais que
dis -je d'un petit nombre de
gens de bien ? Quand il ne
s'eft plus trouvé de juftes
en vie , il a quelquefois eu
pitié des vivans en faveur des
morts , félon ces paroles d'un
Prophète : Je protéger ay cette
ville à caufe de moy ^ z^ de Daiiid
rnonferviteur.
te Seigneur ne resardepas
^'^" '"gâtant à ce qu'on luy donne ,
)ieu
«le nos dons
jjar notre
qu'à la volonté de celuy qui
donne \ & félon cette difpofî-
tion les petites chofes devien-
aent très - grandes ; comme
fouvent celles qui font gran-
des deviennent petites & mé-
prifables aux yeux de Dieu ,
quand on ne les luy offre pas
avec joye & plénitude de.
cœur.
Ne recherchons pas dans
La vanitc ^^^^ aumônes à en recevoir des
n'1„ûrr"'°W"g" <>= l^" part des hom-
mes, & n'en attendons que de
notre maître commun j de
crainte que nous ne dépenfions
vainement notre bien en de
bonnes œuvres , fans en re-
tirer aucun avantage. Car
quoy que les richelfes ne puif-
fent périr entre les mains des
80^.
I ES
Et quid dico ? /Ttf-
pter faucos jufios s
ftpe quando non in*
veiitus ejlinprxféini
vitâjuftui , projeter
defunîlorum virtu»
tem , viveuîium j«<-
feretur , CT* curam^
h'ibet i undè dnit :
Protegam eivita-
tem hanc proptcr
me& propter Da-
vid puerummeù.
Dominus non quan'
ta derttur confuevil
attendere , fed va-
luntatis largitatem a
^ ab hac qux par»
va funt 3 magna
redâuntur ; CT* ma-
gna f^pe vilia effi'
citintur y quandonon
hilari prompthtiiint
qu£ filent ififumunm.
tur.
Ne ah hominilus
laudes percipiamus ,
fed à communi om"
nium Domino ; ut
CT* fumpîus facia-
mus, Cj?' lucro dejli'
tuamur. Nam licet
non diripi pojjini
diviiiit per manui
pauperum eo trun/-
Uix ^ V4na tamm
Sur
j^orU ahfttmuntur ,
Homil. 43, Si'
tut negligentt nihil
proàcj} folitHdo ( tie-
nne enim Iqcus nos
facit virtute pradi-
tûs » fed mens O*
mores ) ita prttdens.
éktque vigU non of-
fenditur , elUm me-
dht in ci vitale vi"
vens. Qupcircà vel-
kmjîcut beatum Job
virtiàte pyajfantes in
tttedtis civitatihus
tjje ,' ut quafifer-
mentum fa£îi aliis ,
multos ad fui inU'
tationem trahant,
Gratias egit Loth
Deo , quod digna-
tus eum effet prate-
reumium ,ft*fce^tione
magntém Dei
heneficium arbitra-
tus incidijfe in hos
viras , ut fufceptis
illis fuum hofpitalita-
tis exercend<e defide-
rium perficeret.
Judais lex impe-
tMèat , ns inimico'
«07.
i; A Genèse. 1^1
pauvres , elles y peuvent néan-î-
moins être conlumées inutile*
ment 3 & comme anéanties par
la vaine gloire.
Comme la folitude ne fert
de rien à celuy qui cft négli- Solitude înu
gent pour les chofes de Ion ^^''^ ^"^"^ ^'^
lalut ; parce que ce ne font ^"'"'
pas les lieux , mais la difpolî-
tion du cœur & les mœurs qui
nous rendent vertueux : aulîi
celuy qui eft foigneux & vigi-
lant ne trouvera rien au milieu
des villes quilc puifle détour-
ner de la vertu. C'eft pour-»
quoy je voudrois que \qs per-
fonnes d'une piété folidc &
exemplaire demeuraflfent ,
comme le bienheureux Job ,
au milieu àcs villes , afin de
lèrvir comme d'un levain fpi-
rituel pour attirer tous les au-
tres à l'imitation de leur vertu.
Loth rendoit grâces à Dieu
de ce qu'il l'avoit gratifié de
l'avantage d'avoir exercé l'hof- *^'^"^'''S^«t
pitalité envers de's paffans :
confidérant comme une grâce
de Dieutouteparticuliere, de
ce qu'il luy avoie fait trouves
àzs voyageurs , qui lui avoient
procuré Toccafion d'accomplir
les délîrs ardens qu'il avoit de
pratiquer l'hofpitalité.
La loy commandoit aux secoui"
Juifs de relever les animaux proch-ja*"^
Kk iiij.
80 g.
Hofpitaliré
$pz Des Home
de leurs ennemis qui feroient
tombez ; mais vons , vous
voyez fouvent votre frère que
le démon a bleffé , & qui eft
tombé , non pas Amplement
fur la terre, mais dans l'abyf-
me du péché , fans vous mettre
en peine de le relever par vos
exhortations & par vos con-
fcils i ou d'en appeller d'autres
à votre fecours , pour tâcher
à retirer un de vos membres
de la gueule de ce monltre qui
cft prêt de le dévorer. Ce qui
vous pourroit aulfi fervir , file
malheur vous arrivoit jamais
de tomber vous - même dans
les liens du péché , à trouver
des perfonnes charitables , qui
vous aideroient à fortir des
mains du démon. Car fi vous
paffez votre chemin fans exer-
cer la miféricorde envers
votre frère qui eft tombé , un
autre aufïi vous laiflera dans
la folTe du péché.
8 10. Les intercelîîons des Saints
Efficace de* nous font très utiles , quand
prières des nous faifons de notre part ce
Saints pour qyg ^Qy^ pouvons; mais fi
aiut. notre devoir , nous mettons
en eux feuls notre confiance &
Contre les tout l'efpoir de notre falut ,
Hérùtqnef. ^j^-j jç^j. çntremife nous eft
LIES
rum lapfa jttmenta
négligèrent > tu au~
temfratrem tuum à
diabolo f£f>'e faucium
^jacentem nonfu'
per terram , fed fu^
per peccati bara-
thrum videns , tua
exhortaiione non re-
Delîis y non admoni-
tionem adbibes , nec
altos in auxiltunt
vocasyUt àfaucibus
beJlU membrum
tuum reducere va"
leas -, têt e?» ipje >
fi quando cecideris y
quoà abjît , in la-
queoi malt y pojjîi
habere quitejuvent »
CT* libèrent à mani'
bus diaboU
Nam fi abfque mife-
ricordiafratrem pra-
terieris, V te fi ce^
cideris , alius fimili-
ter prêter tbit.
Hom.44 Quan-
do quod ex nobts efi
fimul afferimus CT»
intercefjio Sanélorum
accedU , nobispluri'
mum confert. Quoi
fi négligentes fueri'
mus y Zy fpem in
illis jolh Ç9lkcami»s
Sur
noPra falutis y nihil
nobis prodeji ; non
^uoi infirmifint ju-
fli,fei qmàpropter
de/îdiam noflram nos
fpfos perdimus ....
Vndè Deus ad Jere-
miam: Ne orespro
populo hoc , quià
non exaudiam te.
Non adeo profici'
mus per altos crantes j
ut per nos ipfos , fi-
quidem ct*m alacri CT*
vi^ili mente accedi-
mm. Emmvero G*
Chananaa dtfcipuloi
habensprofe orantesy
nihilprofech , donec
ipfa per fe ajjîfîeret.
. . . Itaque cùm vi-
demiis ineffabilem
cîementiam Domini ,
accedamm ad eum
declaratis Jtngulis
peccatisnojfris, etiam
pro prtterhis pecca-
torum veniam peta-
mus , ut infttturum
majori diligemia vi-
Ventes , uberiorem
ejus gratiam ajje-
quamttr.
Homil. 4^. Hoc
verum eficonJHgium»
^uando tanta inter
LA Genèse. 3^^
inutile : non pas que les priè-
res des juftes & des Saints rie
foient très - putflantes : mais
parce que nous nous perdons
nous - mêmes par notre négli-
gence & notre parefle. D'où
vient que Dieu dit à Jeremie :
Ne priey plus pour ce peuple , car
fe ne vous exaucera^ pas en fa
faveur.
Qiiand nous prions du cœur g j f^
& avec inftancc » nos prières Prier avse
nous font bien plus utiles que inftance ôc
celles que les autres font pour confiance.,
nous. C'eft pourquoy nous
voyons qu'encore que la Cha-
nanée eût les Apôtres qui m-
tercedoient pour elle , elle
n'obtint rien , jufqu'â ce qu'-
elle preflaft le Seigneur par
elle-même. Comme donc nous
fommes perfuadez de l'inef-
fable clémence de Dieu , ap-
prochons- nous de iuy » après
avoir confeflé tous nos pé-
chez, afin d'en pouvoir obte-
nir le pardon ; & que nous
rendant plus foigneux de bien
vivre à l'avenir , nous attirions
fur nous avec abondance fes
grâces divines.
CefV un vray & faint ma- 81 a.
riage , quand le mary & la Union fainta
femme lont fi fort unis, qu'on <i"™"i^8='
Si5.
)f4 Des Home
peut dire que ce font les liens
de la chanté même qui les
cilreignent. Car comme le
corps n'eft jamais eu diiFérend
avecle corps , ny l'ame divi-
fée contre eile-méme; auffi
le mary & la femme ne doi-
vent-ils jamais être en diiTen-
fion, mais conferver toujours
une étroite union entre eux : &
c'eft le moyen de s'amafler un
tréfor de toutes fortes de biens:
puis qu'où règne la concorde ^
là fe trouvent aufli la paix , la
charité, la joye de l'ame , l'e-
xemption de toute guerre , de
toute querelle , de toute con-
teftation , & un heureux con-
cours de tous les avantages
fpirituels.
Abraham ayant été expofé
«e Dieu dans rire c
tmaion. cau^e de ^a femme Sara . non
feulement en tut délivre , mais
en fortit plus glorieux qu'il
n'étoit auparavant. Car Dieu
ne fe contente pas de délivrer
de l'afflidion ceux qui la fup-
portentavecconftance & avec
courage ; mais il les remplit
dans l'adverfité même d'une
telle joye , & les comble de
tant de biens , qu'ils oublient
tous leurs maux paiTez.
LIES
conjures ejf eoncif^
dm j ut qtMft vin-
culo charttatts Jlnt
concatenati. - Stcut
enim corpus nun^
quant à fe ipfo diff-
det 5 neque aninut
adverfus Je ipfam ;
ità Virum C?* mulie-
rem non convenu dif-
Jïdere^fed unitos ejje :
tune bona injinita jl»
ht coacervare potS'-
ruiit. Vhi enim con^-
cordia , ihi boncrum>
confluxuiy ihi pax ^
charitas , Jpiritualis
Uiitia y nuUum bel*
lum , nulla rixa y
nulla contentio,
Abraham in fnor^
lis periculo proptet
Saram conftitutus . .
non folùm mortemi.
ejfugitifed V repen^^
tègloriofui fatlus efi
. . . non enim folitm
à trijiibus libérât
Deus eos qui fortitev
fe geruntin tentation
nibus •yfedO'tantam
in advsrjîs pr^het U»
titiam , ut in eorum
obUvionem omnina
veniant , ^ in multa
Vffrfcntur bgnoniîa
Sur
djftnemia, ' *
Honiil. 46. iii
cap. II. Malitia
invidentium , eos
quihu/i invidet cU'
rlores efficit. Nam is
eut invidetur fuhfi'
diarium babeiDeum,
C ejus gratta frui»
tur : qHî atitem invi-
det gratta JpoUatur ,
facile vitti'kur ah om-
nibus ; C7* onteÀ à
/mis ajfeélionibus
qttam exterttis hojli-
bfn ififtfiatus , quafi
tonfumttfir , Cf ab"
fumptusfubmergitur.
Homil. 48. Re-
heccam imitentur
mulieres , Ifaacum
emulentur viri : Jîc
fponfas ducere curent.
Quare enim die oro »
Jlatim ah initiofor~
dthus impleri finis
puelU aures , tam
turptbui cantilenis ,
tam intempefltva illa
pompa ? Nefcis quo-
ntodo adolefceniiaper
fe fit in malttm pro-
penft ? Ctir honejfa
nuptiarum my^eria
invulgas ? Oporte-
bat omnia. h<tc de"
LA Gènes I.
m
La malice des envieux ne
814.
fert qu'à rehauffer la gloire Malheur d»*
de ceux aufquels ils portent envieux,
envie. Car ceux qui font en-
viez ont Dieu pour leur pro-
tefteur , & font foûtenus par
fa grâce ; au lieu que les en-
vieux en étant dépoiiillez font
facilement vaincus de tout le
monde : & même avant que
d'être accablez au dehors par
leurs ennemis , ils fontdéfo*
lez & dévorez au dedans par
le dérèglement & la violence
de leurs paffions.
Que les femmes imitent 81^.
Rebecca , & les hommes Contre 1?*
Ifaac. Car c'eft ainfi que fe defordres dts.
doivent faire les mariages. Et "°"^*
en effet pourquoy remplir d'a-
bord de tant d'infamies les
oreilles des filles qui fe ma-
rient ? Pourquoy leur appren-
dre tant de chanfonsdes-hon»
nêtes ? Et pourquoy ufer dans
la célébration des nopces de
manières fi indécentes ? Ne
fçavez - vous pas combien la
jeunefle eft d'elle-même por-
tée au mal ? Pourquoy des-
honnorer des my fteres qui doi-
vent être couverts du voile
honnête du fecret ? Il faudroit
^ç$ DESHoKfELlES
bannir toutes ces mauvaifes pellere o* vencttn^
coutumes , & enfeigner d'à- diam principio do-
bord aux filles qui fe marient , cere puellam & fa-
la. pudeur & la retenue , il cerdotes vocare^ e?*
faudroit appeller les Prêtres , precibus ct* benedi-
afin d'établir la concorde , & ùiombui concordiam
affermir la bonne intelligence conjura cou/lringe-
entre les nouveaux mariez par re i ut amorfponft
les prières & les bénédidions augeatur ^ o" puelU
divines afin d'accroiltre Ta- conUnentia crefcat ',
mourde l'époux , & de for- ac omnia qu<e Jiunt
tifier la charteté conjugale de eo/pethnt, ut vit-
l'époufe^ & afin que tout ce tutti opéra ingre^
qui fe paffe dans cette cérémo- diantur in domum
nie ne tende qu'à détourner illam , tollanturque
de deffusles nouveaux mariez e medk omnes dia-
tous les mauvais defleins du boli infidt<e , ct* ipfi
démon > à remplir leur mena- Dei auxilio umii ,.
ge de vertu & de piété , & à jucundè vitam perj}*
attirer fur eux le fecours de ci^nt.
Dieu , qui les tienne toujours
unis à luy , & qui leur fafle
paffer la vie avec une fainte
Joye dans fon fer vice.
prjcres.
'gi^. Ne nous décourageons
Abandonner point fi Dieu ne nous exau-
à Dieu le fuc- ce pas C\ promptement : car
ces de nos ^i ^e diffère peut-être de
nous exaucer , que parce
qu'jl veut éprouver la conf-
tance de notre fidélité à fon
fervice , & procurer à notre
patience une plus illuttre cou-
ronne j & parce qu'il connoift
mieux que nous le tems au^
Homil. 49. Né
fegmores fiamm fî
non jiatim audta-
mur. Fortajjîs enim
Dominui continuam
nojlram fedulitatem
fapienter exerce n s ,
ttà differt , volem
ut patienti<e quocjue
mercedem recipia-^
mm : G?* qwà tpft
SVR
!$empusfcit, qttando
mbts utile efl affequi
quoi qu£rimus. Ne-
que enim nos itàfct-
mus quid nobis utile ,
Ht ipjè evidenter no-
Vtt, qui etiam ah'
fcondita mentis no'
firx cagnofcit*
QuomoHo fiet
iftud , inquit Ma-
ria, quoniam vi-
rum non cognoP-
Co ? Sanè propter
hoc erit, quoniam vi-
rum non cognofcis,
JMam fi cognofceres
vir»m y non fui/Jes
habita di^nauthuic
minifierio fervires.
Itaque quam ob rem
dubitas , eam ob rem
crede î non quià ma-
liêm nuptU j fed quià
mdior virgmitas.
Levantes fanftas
manus abfque ira
& difceptationi-
bus j €?• Jfudeamus
femper liherari aper-
furbatione, ut mens
fit in tranquiUo ; ma^
fcime antem precttm
LA ObNBSB. 3P7
quel il nous eft plus avanta-
geux d'obtenir ce que nous lui
demandons ; & en effet fou-
vent nous ne Içavons pas nous-
mêmes ce qui nous eft utile ;
& nul ne le peut fçavoir que
celui qui connoift parfaite-
ment ce qu'il y a de plus ca»
ché dans le fond de notre
cœur.
Comment cela fe fera -t -il, gr/,'
dit Marie , pui/que je ne con- Virginité de
nois point d'homme ? C'eft à Ma"e, caufe
caufe de cela même que vous ^f /* mater-
n'avez commerce avec aucun ""^'
homme, que la chofe s'accom-
plira ; car fi vous en aviez ,
vous n'auriez pas été jugée
digne de fervir au miniftere
de l'Incarnation. Que la rai-
fon qui vous fait douter, foit
donc la même qui vous falfe
croire : ce que je ne dis pas
pour vous perfuader que le
mariage foit un mal , mais
feulement pour vous appren-
dre que la virginité eft un
plus grand bien.
Prie:^ en levant vos mains pu-' 8 1 8.
res avec un efprit éloigné de co- ^ ri=r avec
1ère CT* de contention. Car nous ""ejprittran.
devons avoir famé dégagée ^""'**
de tout ce qui peut troubler
fa tranquillité , & principa-
lement dans le temps de la
prière , auquel nous avons
5^8 Des Homélies
plus befoin de la bonté & de tempore ;
U mifericorde divine.
gj .^ Rien n'eft plus fort que ce-
Kotre force iui qui eft protégé du fecours
R'cft qu'en de Dieu ^ comme rien n efl
X>icu. plus foible que celui qui eft
privé de Ton aiTiftance.
Sic.
tire de noa-
yelJes grâces
Rien n*eft fi agréable à Dieu
La recon- qu'une ame qui eft pleine de
noiffance at« reconnoiflance pour fes bien-
faits, & qui a foin de lui en
bien rendre graces.Car encore
î^u'il répande tous les jours
une infinité de biens fur nous,
foit que nous le voulions, ou
que nous ne le voulions pasj
ibit que nous les connoiffions,
ou que nous ne les connoif-
fions pas ; il ne demande néan-
moins de nous autre chofe , fi-
non que nous en foyons tou-
chés de gratitude , & que nous
l'invitions par de continuelles
actions de grâces , à nous
communiquer de plus grands
dons.
Nous paffons inutilement
toute notre vie , comme des
' beftes , n'ayant nul foin de no-
tre ame, & ne fongeant qu'à
remplir & fouler le corps : &
ainfi en caufant mille incom-
iDoditez à notre corps par no-
Vie de la plu-
part, animale.
quand»
multa nohii opta ejl
à Deo benignttate.
Homil. 5i. Jï*
cap. z6. Nihil ro'
hujlttis €0 qm frttittfT
fuperno prajtdio ifi-
cut mhil tnfirmius
eo qui tali auxtlia
dejîitmtur.
Nihiltam z'ratum
o
Deo 5 ut anima gta-
ta CT* grattas agens,
Nam cnm innumeris
beneficiis qmtidiè
otnnes nos profequa-
tur , Jîve velimus %
five noUmus ; /he ea
fciamus , five igno-
remus , nihil tamen
alindà nohisexigit^
quam hahcre gra"
tiam pro bisqtt^fa-
Oafunt , ut pro illa
ipfagrattarum aÛio'
ne adampUora dan*
da provocetHT,
Homil. ^4. ia
cap. 17. Frufirào*
in vanum quafi pe-
cudes vitam totam
tranfigimus; anim<e
quidem nuUam cU'
ram faci^ntes ^ ven*^
trem-autemfolum im-
pinguantes i atque
ettam pr opter hoc cor-
pori muliit nocentes y
per immoierantiam
multa parantes in-
commoda i animant
vero famé perire fi'
nimus.
Quxrite primum
regnum D'ei, &
hxc omnia adji-
cientur vobis : f^i-
des ut h^c in lucri
■& auûuarii pari^
daturum fe promit-
tit ? Ne igitur ea
qu£ tanquam accef-
fbria accepturus es ,
quafiprimaria pete ;
ne invertamus ordi-
nem 5 fed qtt^ramus
ilîa ficut pr^cepit ,
ut O* h<ec o* illa
habere Itceat»
Homil. S'y.Qfii
âilfgit ficut oportct
Deum 5 manifeflum
quod G?* mandata
ejus facere nititur.
Quando enim quis
fraternèergà aliquem
affîcitur , omnia fa-
jsere flttdet , ut dile-
LA Gbwesb. 199
tre gourmandife & par nos
excès, nous laiirons périr no-
tre ame de faim.
Cherche:^ premièrement le te'
gne de Dieu , c totttes chofes
vous firont données comme par
Jurer nft, Vou« voyez que Dieu
ne nous promet ces avanta-
ges temporels , que comme un
accroiflement & un gain. Ne
demandez donc pas comme les
premiers & principaux biens ,
ceux que vous ne devez rece-
voir que comme des acceflbi-
res i afin de ne pas renverler
l'ordre àts choies : mais re-
cherchez premièrement les
biens fpirituels, ainfi que l'or-
donne le Seigneur, afin que
vous puifïicz avoir les uns &
les autres.
Il eft fans doute que qui-
conque aime Dieu comme il
doit Taimer , s'efforce d'ac-
complir fes commandemens.
Car nous voyons que lorfque
nous aimons quelqu'un fin-
cerement , nous nous étu-
dions à faire tout ce qui peut
iui plaire, & attirer fur nous
8îî;
Demander
principale-
ment les biens
fpirituek.
L'amour aCi»
complit les
commander
mens.
'824-
Amour du
prochain in-
féparable de
l'amour de
Pieu.
^2;.
Aumofne
fource de
kkns.
400 Des Home
ion. affection. De forte que fi
nous avons pour J E S u S-
Christ un amour fincere,
nous travaillerons à accom-
plir fa volonté, & à ne rien
faire qui puiffe être defagrea-
ble à celui que nous aimons.
L*amour du prochain entre
toujours dans notre cœur en
même temps que l'amour de
Dieu ; de forte que fi nous ai-
mons Dieu véritablement ,
nous ne mépriferons jamais
notre prochain ; & nous ferons
moins de cas de nos biens ex-
térieurs, que de nos frères qui
font nos membres.
Répandons libéralement fur
les pauvres les biens que nous
tenons de Dieu, & redonnons
lui les biens qu'il nous a don-
nés afin qu'ils nous reviennent
une féconde fois avec une
multiplication merveilleufe.
Car fa libéralité eft fi grande ,
qu'encore qu'il ne reçoive de
nous que ce qu'il nous avoit
déjà donné , il ne le regarde
pas néanmoins comme étant
â lui 5 mais par un excès de
magnificence il promet de
nous le rendre. Faifons donc
de notre côté tout ce qui eft en
Jîotre pouvoir j communiquons
LIES
^um atlrahere pojjtt
in amorem fuum. Et
nos quoque fi Domi^
fiftmfraternè dilexe-
rimus , ^ mandata
ejus iml>lere, O" nihil
eorum qtt<e exacerba'
re pojfunt dileSîum ,
facerejiitdebimus.
Stmttlcum chari"
tate Dei ingreiitur
dileflio proximi,
Nam qui Deum dili"
git , non defpiciet
fratrem» nequeopes
plitrisy quant mem^^
hrum futtmfaciet.
Effundamtts fw
cubâtes nojfras in
egenos mente liberali
ex his qu£ nobii Do"
minus dédit : O*
qu£ ab eo datafunt
tterum demus 5 ttt
fie iterum noftra cum
lucro fiant. Tanta
enim ejus eji libéra"
litas, ut Ucet acci"
piat de his qu£ ipfe
dédit 3 non putet ta»
men propria fe acci»
père y/ed magna mu*
nificentia nobis en
reddiiurhtn fe poUi»
cetmr.
Sur
cetur , ianium noi
CP* <^«« nojlra funt
facere velimtts : C7*
fie paufetibui eroge-
mus, qua/t déponen-
tes ea tn manm Do-
mini j fcientes quod
quxcttmque accède-
nt manus ejus , ea
nonfolum reidit ,fed
multiplie aia nohis
iterum largitur , /«<e
Itheralitatis gloriam
declarans .... Nec
folùm illa reidit ^fed
cum illis calorum
Tegnmn donat.
Homil. ^6.Sum-
ma honeflate nuptias
egijje Patriarchas in
Gentfi 'vtdijïi. At^
dite qui fatanicas
pompas admiraminiy
Cy fiaiim ab initia
nuptiarum honejia"
Um dedecore ajjîcitis,
Num tune chorf<e.
diabolic£ ? Quare ,
die mihi , ffattm ab
initia tantum in do-
mum tuam indueis
damnum ? C?* eos vo-
tas qui in fcenis CT*
orchejiris opérant lo'
cant i ut cum intem»
pefiivo fum(>:u vir-
ïom. L
LA Genèse. 401
nos biens aux pauvres , com-
me fi c'eftoit un dépoft qu«
nous miiTions entre les mains
du Seigneur, Se foyons dans
une confiance certaine cju'il
ne nous rendra pas fimplemenc
ce qu'il aura reçu de nous ,
mais que pour faire éclater la
gloire de fa libéralité divine ,
il nous le rendra avec une
multiplication incroyable, &
nous accordera en» même
temps la poireflion de fon ro-
yaume ceiefte.
Vous pouvez voir dans la ^i-^-
Gene/eavcc quelle honnêteté „.^^^'^^"^^-'^
les Patriarches ont célébré '^^^TJ^'V' '
, . Y, , oc le defordre
leurs mariages. Retenez-le ^^^^ j^, ,,,^.
bien , vous qui admirez tou- ces,
tes ces pompes de fatan , &
qui commencez un mariage
par en diflfamer l'honnêteté.
Voyez-vous qu'on y fît alors
des danfes diaboliques ? Pour-
quoi donc introduirez vous-
dabord des choies (î perni-
cieufes dans votre maifon ^
Pourquoi y faites-vous venir
à grands frais des comédiens-'
& des bouffons ? Pourquoi
employez-vous mal à propos-
vôtre argent 'à blelfer l'hcn-
néceté & la modeftie d'une
U
401 Des Home
fille qui doit eftre mariée ?
Et pourquoi travaillez-vous à
accroiftre l'impudence d'un
jeune homme qui eftpreftde
répoufer ? Il n'eil déjà que
trop difficile d'y foutenir avec
modération les tempeftes des
pafTions , fans irriter davanta-
ge les feux , dont cet âge eft
embrazé : de forte que quand
on y joint tout ce qui fe voit
& qui s'çntend en ces afTem-
blées profanes, iU'allume un Ii
violent brafîer de concupifcen-
ce j que l'ame d'un jeune hom-
me en eft toute confumée. Et
c'efl: de ces premières attaques
que l'on donne à la chafteté de
ceux qui doivent vivre enfem-
ble dans le mariage, que vien-
nent toutes les corruptions &
tous les déréglemens qui les
perdent dans la fuite ; parce
qu'ils y apprennent à manquer
à l'union & à la foy mutuelle
qu'ils fe doivent , & à violer
l'amour conjugal.
tzT. Si l'on vous donne un con-
Rejettcrles feil bon & Utile , quand même
mauvâifes ilferoit contraire à la coûtu-
cerks bonnes ^" contraire le mai que vous
rarfonexem- pratiquez feroit autorifé par
pie, la coutume j il faut fans doute
le rejetter. Car fi l'on vouloit
s'attacher uniquement à la
LIES
ginis Udas continm*-
tiam , e?* juvenem
impudentUrem fa."
cias ? Sutis enlm nr-
duum eral ahfque
ilUi fomitibm illam
tetatem pcffe ferre
moderatè tempefla-
tem ajfeHionum >
càm autem G^ hac
acceàunt tàm cju£ vi-
dentur quàin qu£ an-
diuntur , mainfqHe
concupifcentU açcetp-
ditttr incendium ,
quomodo non pejfnm
thh adùUfenîis ani-
ma. ? Hinc omniapc
reunt zy corrumpun'
ttix ; quod ab initia
cafiitas oppugnatut
eorum cjttiinterfe con^
ventiirifunt . . . Etc
nim illinc difcunt ut
C muîuam concor"
diam diUcerem , C?*
amorem corrumpant.
Si honum ^ ulUe
ffierit conjilittm , e-
tiamfi non fît confiée"
tudû y fiât : fin aant"
nofum id quod à vo-
it s ejficitftr > etiamfi
confuetudo fit , re/'**
ciatur, Nam fi uni
confuettdini défera'
SVK
mui , £?•/«*• O* adul-
Ur CT» quantumvis
malus alius ai con-
fuetudinem provoca-
ret. At nulla hincil-
lis venta , fei major
accufatioj quodma-
lam confuetudinem
Jûperare non value'
Tint. SI enim volue-
rimus prudentes ejje
O* habere curam no-
flr£ falutis , pojfttmus
CT* à mala confuetu^
dine defijlere , CT' in
bonam confuetudi-
nem nos ndttcere : Ci?*
Jic pofleris noflris non
parvam dabimus oc-
cajîonem eadem imi'
tandi ; C accipiemus
etiam nos mercedem
eorum qUig ab his a'
guntttr. Nam qui ini-
tium bon£ vite pr te'
huerit , hic autor efl
eorum qtke CT* ab aliis
refièjîunt O* dupli-
cem reciplet merce-
dem, tàmprohhqua
ipfe reilè facit^quàm
quibits altos in opti"
mam tllam inducit
f^yilofophiam,
Homil. 57. jfrf-
^h imiHiHHf omiHS
LA GeMESE. 405
coutume , il n'y a ni voleur ,
ni adultère , ni quelque fcele-
rat que ce foit , qui ne s'au-
torizat de ce prétexte. Mais
c'eft plûtoft un nouveau fuji-'C
de condamnation qu'une bon-
ne excufe, de n'avoir pu fur-
monter la force d'une coutu-
me abufîve. En effet lî nous
Tommes fages & foigneux de
notre falut , nous nous défe-^
rons de toutes ces mauvaifes
coutumes , ik nous en pren-
drons de bonnes : ainlî nous
donnerons occafion à ceux qui
viendront après nous , de nous
imiter -, & nous aurons part
aux récompenfcs de la vertu
que nos bons exemples leur
auront fait pratiquer. Car il.
eft certain que celui qui com-
mence quelque bonne œuvre , ,
& qui en ouvre la voye aux
autres , eft comme l'auteur de •
tout le bien qui fe fait en--
fuite 5 & mérite d'être récom-
penfédeDieu, non feulement:
pour le bien qu'il aura fait,
mais encore pour celui auquel
fon exemple aura porté ki
autres,.
Tous ceux qui font char- Si S'.'
gez de la conduite des bre- S'oin ôc vigi'-i
Ll i>
404
De s Home^lies
lance des Pa- bis fpirituelles , doivent imi-
tteurs. jg^ jacob, dans le loin & la
vigilance qu'il eut durant tant
d'années pour conferver un
troupeau de bétes brutes. Ce-
pendant le donîniage qui fe-
roit arrivé pour la perte de
quelqu'une de ces brebis au-
roit été peu confidérable j
mais à l'égard des brebis fpi-
rituelles , s'il s'en perd quel-
qu'une par notre faute, nous
en recevrons un très -grand
dommage , & nous en ferons
punis d'un très -rude châti-
ment. Car fî Noftre Seigneur
n'a pas dédaigné de répandre
pour elle fon propre fang , de
quelfuppliee ne fera pas di-
gne celui qui aura négligé
une ame à qui le Seigneur a
fait un It grand honneur ? Et
que ne doit-on point faire
pour contribuer à la guerifon
d'une feule de ces brebis fpi-
rituelies?
$zp. Rien n'eft fî fort & fî
Pouvoir de puiflant que la douceur. Car
1* douceur, comme l'eau éteint le feu ,
ainfî une parole douce eft
quelquefois capable d'appai-
fer l'ardeur de la colère la
plus entiamée. Et nous en re-
tirons ce double avantage j
& de ^ire paroiilce noûre
quib»! rationaîes o--
Z>es crediu fi*nt i O*"
ne détériores fiant
h^ytfui tamm in brU"
tis pecudibus cujfo-
dteTtdis vijiilantia
fuit y idqne tôt an-
norum numéro. Et
illic quidem fi incU'^
ria qttttdam acci^dt*
m
tulh
dam-
nttm : hk autem fi
vel una ovii ratio"
nalii perierit , maxi'
mum détriment um ,
ineffabilis pana,-
NamfiDominus no-
fier fan^inem pro-
prtum ejfundere pr<y
nu non declinavit »
qua venia dtgnus
fUertt , quifichono"
ratam à Dno defpice»
revoluerity CT* no»,
cmnia qutt poteji in
cttranda ovnula ad'
impleverit ?
Homil. 5 8 Nihll
manfitetudine vto-
leniiUs. Nam fient
rogum valde accen-
fum aqua injecta re-
fiingttk , ita £7* ani*
mum camino magis
exardefi:entem ver-
bum eum maafustu^
Sur
Une prolatumextin-
gtiit i CT' duplex nO'
ùis inàè lucrttm ac
crefcit \tùmquodnos
manfmtuitnem de-
claramui , tùm quod
fratris indignatiomm
cejjare facimm , C?*
mentent ejus à turbar'
tione liheranuts.
Cur commoto indi^
gnatione fratre , non
diverfa via jiudes
incedere ^ fed ipfe
magis trafci vis ?
"Numpotefl ignis i^ne
exiingui ?
Sicut nijtfuperno
étitxilio fruamur ,,
nilnl unquam pcjfu-
mtis reélt agers i ità
niji quod nojirum efl,
attulerimus , nonpo-
Urimus /upernum n>-
hur obtinere.
Homil. 55>. jfu-
ventus per fe ipfam
ad ruinant proclivis ,
ad malitiam levi
momeato incltnatur :
qi*ando autem CT' 0-
pum a^uentiam ac-
seperit ^ muhomagis
ûd malttm prormt ;
i,A Genèse. 40f
patience & notre douceur ,
& d'appaifer l'indignation de
notre frère , en calmant tou-
tes \ts tempêtes qui trou-
blent la tranquillité de foit^
ame..
Quand vous voyez votre
frère emeu de colère , pour-
quoi n'agiflez-vous pas avec
lui d'une manière toute op-
pofée, plûnoft que de vous
fâcher aufli comme lui ? Car
vous devez fçavoir cjue jamais
le feu ne l^auroit éteindre le
feu.
Comme nous ne pouvons
jamais faire aucun bien fi
nous ne Tommes (ecoiu'us de
Dieu 5 aulTi nous n'obtien-
drons jamais le fecours de
Dieu , fi de notre part , nous
n'y apportons tout ce qui eft-
en notre pouvoir.
La jeunefle eft facilement
portée au mal, Secourt d'elle-
même à fa ruine : mais quand
elle eft accompagnée de prof-
perité & d'abondance , c'eft
alors qu'elle tombe avec en-
core plus de rapidité dans le
précipice : comme un feu qui
ayant trouvé une matière
830:
Oppofer U
douceur à la
colère.
831;
Coopérer *
la gtace«
83 1;
Dangers dé
lajeuucffe»
*3Î-
Contre les
pieres négU-
{ens<
834-
Dieu n'exem-
pte pas les
Saints des ten.
tations, mais
il les y fou-
lient.
406 Des Home
propre à le nourrir , pouffe
plus haut rimpetuofité de
les flammes.
Tenons foigneufement la
main à l'éducation de nos en-
fans , pour empêcher qu'ils
ne s'emportent dans le mal ;
afin de ne pas encourir la peine
àes fautes que nous leur au-
rons laiffé commettre. Car
rous fçavez le malheur qui
arriva au vieillard Heli , pour
avoir manqué à ce devoir.
Ordinairement Dieu ne
préferve pas des dangers, &
ne délivre pas des tentations
les perfonnes de grande vertu i
majs il fe contente de leur
faire ientir la force de fon fe-
cours; dans leurs peines , afin
que ces tentations mêmes
leur deviennent des fujets de
joye. Ce qui faifoir dire à
David : P^ous mavcx^ rempli de
joye dans mes trihulattons. Il ne
dit pas, vous m'avez délivré
des tribulations , & vous m'a-
vez mis en repos : mais ce
qui eft bien plus admirable j
vous m'avez ofté Tabbate-
ment d'efpric au milieu de tou-
tes m^s peines.
LIES
Jicut i^nis curtifomi-^
tem invertit , vali-
dioribui fiawmis é-
xur^it.
Fraheamus ohfe-^
cro , manum filiii
nojiris » ut ne (tiam
pro lus qu^ tllipec-
çaverunt , pœnaifu»
Jitneamus. Scitii
quid fini Eli acci-
derit.
Homil. 6z, hic
mos eji Deo , , ut non
liheret à pert cuits vi"
ros virtute claros y
neque e tentationihus
extmat ; fed in ipjîs
tentationihus tantitm
fmm oflendat auxi'
lium 5 ut tentationei
ipfx eii fiant occajio
Utiîi<e magne Pro-
pter hoc CT hiAim
David j\ri tribula-
tione dilatafti mi-
hi. IVtfW tnhuUtio^
nem inquit,abpHliJ}iy
neque ab ea libéra^
ium in relaxatione
«ffe voUttJli , fid id
quod mirum ej} , in
mfdia tribnlationis j
impavidam fedàti^^
Sur
Hom. é^.Cùni
veniifet Jacob ad
puteum juramen-
ti 5 facrificavit
Dco : Hac audientes
dtfcamus quando
quidfaclftri » vel ne-
gotium aliijuod cap-
turi 5 vel peregrintt'
ùoiiem ftifcepiuri fit-
mus 5 ut offeramus
Domina facrificium
precunti ejmadjuto-
rium invocemus , €S*
fie inflttuttim aggrc
diamur , imitantes
idorum ju/lomm pie-
tatem,
Sicut honor qui
propter Dettm facêT'
dotihtês impendituy ,
muhùm parit fidu'
ci£. . .itàcP' illorum
contemptui multam
èfitpernis pœnam no-
Us deferet, Igitur
ficut fuum ejfe hono-
rem » ità G?* contem-
ptum ducit .... Et
h£c dico non tam illo-
rum rationem ha-
hem , quantam ve-
Jira charitaiis , eu-
piens vos in omni-
imsl(tçrifucer€*s
LA G E ir B s E. 407
Quand Jacah fut venu au 83?.'
puits du jurement , il facrifia à Commencef
Dieu. Cela nous apprend que ^^^^^ "°' *'
lorlque nou, voulons entre- t^t^^
prendre une action , une af-
faire , ou un voyage , nous
devons commencer par offrir
à Dieu lefacrifice de la priè-
re , & invoquer fon aflîlbn-
ce j & c'eil ainfi qu'il faut
commencer nos entreprifcs,
en imitant la pieté des an*,
ciens julies.
Comme rhcnncur que Pon ^ 3 ^•
rend aux Prêtres à caule de Honorer k^
Dieu, nousinfpire.unegran- "^;^^|^«s *«
de confiance auprès de lui :
auiïi le mépris que l'on fait
de Tes miniftres nous attire
fes châtimens ; parce que le
Seigneur confidere l'honneur
ou le mépris qu'on leur rend 3
comme rendu à lui-même.
Or je vous en parle ainfi ,
non pas tant pour leur inté-
rêt , que pour l'avancement
de votre charité j & dans le
defirque j'ay que vous reti-
riez un profit fpirituel de tou-
tes chofes.
4o8 Des Homélies
837.' Les jiiftes mêmes dans l'an- Homil. ^7. T<-
ta mort n'eft cieiine loi craignoient la mort, mebant morum imt
plus à crain. p^itCQ qu'alors les portes de nondum fuerant por^
dre depuis J. j'e^fer n étoient pas bnféc?, u inferi confractA ,
&les liens de la mort rom- nequemortisvincHla
pus : mais maintenant que la diffolnta .... nunc
grâce dejESUS-CnRiST autem ^ropter ^ra-
a fait que la mort n'eft plus tiam Chrijli ama
qu'un lommeil & un repos , & mors fa fia ejl fom-
que Its témoignages de la ré- nus, CT* qtiies s cer-
furredion font très- certains , taque ac multa fmt
& en très-grand nombre , rejùrreéîioms indi"
nous nous réjoiiifTons de la cia , quafi de vita
mort , comme d'un paflage in vitam tramferen-'
favorable d'une vie à une au- di^fu exuliamuso*
tre vie ; mais que dis- je d'une Utamur. Et quid di-
vie à une autre vie ? car il faut co de vita in vitam ?
ajouter d'une vie milèrable à de deteriori ad me'
une vie bienheureufe ; d'une liorem , de tempora-
temporelle à une éternelle , U ad aternam , de
d'une terrf ftre à une céleûe. terrena ad cœlejïem.
DES
40^
DES SERMONS
fur divers lieux
DE L'ANCIEN TESTAMENT.
Serm. i. inGen.
Omne quoi nojirum
ej} 3 tune ma^is no-
firum erit » fi fît no'
bis commune cum
fratribus. Melius
Jirvatur pecunia qux
in dexlera pauperis
collûcaiur. Hancmiîn
non calumniator ex-
torquebit , non invi-
dus criminabnur ;
non latro auferet 3
non fur noâurnus di-
ripiet, nonfervmfu'
fam meditam vafta-
it i fed femper efl
tHla y femper inte»
gra j femper falva.
StïiW>6.VirqUi^
àiClafunt in concio-^
ne facra répétât ,
uxor autem edifcat ,
neque famuU ea le-"
fiions fraudentur.
Vomum tuam ejjîce
Ecdefîam s fîquidem
Tom. I.
TOut ce qui eft à nous , 838.
fera encore plus verita- L'aiimône
blement à nous, quand il nous """'. '^^^^^'^
fera commun avec nos frères. "°^ ^^'^^'
Notre argent ne peut être
plus furement gardé qu'en le
mettant entre les mains du
pauvre. Là ni la malice d'un
calomniateur , ni l'envie d'un
accufateur , ni la violence d'un
voleur , ni l'adrefTe d'un lar-
ron, ne nous le fçauroit ja-
mais enlever , mais il y de-
meure toujours en fureté , &
en fon entier , & fans que
nous foyons en aucun danger
de le perdre.
Le mary doit répéter chez g^^;
lui les inftruâions qu'il a obligation*
entendues au fermon , la fem- des pères de
me les doit apprendre de lui , famille.
& les ferviteuis ne doivent
pas auQi en être privés. Fai-
tes donc une Eglife de votre
mailon : car vous rendrez «n
Mm
410 Des
jour compte & de vos fervi-
teurs & de vos enfaws.
S40. lï "S f^wf p3s feuleinervt
Faire profi- rendre à Dieu les talens en
ter les talens, l'eftat que nous les avons re
çiis
mais il faut les avoir
fait profiter au double* Quand
nous ne ferions fîmplement
obligez qu'à les conferver en
kur entier, ce loin exige-
roit toujours de nous beau-
coup de follicitude & de vigi-
lance i mais quand nous fai-
fons réflexion fur l'obligation
que le Seigneur nous a ira-
pofée de multiplier ics dons,
quel travail, & quelle dili-
gence ne devons-nous point
apporter à hs faire profiter
en nous ?
'841. ' La vraye marque à laquelle
Amour du nous connoiifons fi nous fbm-
prochaiii , j^es véritablement Chrétiens,
marque d un ^^ quand nous ne nous ren-
vrai Chre- f^^^^^^ pa, j^ns le feul foin
de ce qui nous regarde en
notre particulier , mais que
nous en prenons auflî de nos
frères qui font nos membres ,
& que nous travaillons à hs
corriger & à les inilruire.
C'eft-là le grand témoignage
de la vérité de notre foi. Toits
connotjircm , dit JESUS-
Christ, que vom eus mes
Sermons
c?* UberoYum Vfu"
mulorum ratio ejl ti"
bi reddenda.
Noneafolum reà-
derejuhemuT qua re-
cepimm , fed CT» Do«
mino àttpltcata offèr»^
re. Quanquam Ji ea
cujlodire tantum no-
his propofitum fuif-
fet , multa folUcitU"
dine acftudw res »"«-
digeret : cum vero
m etiam multipUcen^
tur i nohis Dominus
tmperarit , cogit<t
quantum lahoris Gf
cura fît à nobu con^
ferendum.
tien,
Serm. 5>.inGen,
Hoc figno mternofci-
mur an Chrifliani
fitmus , cùm non fo»
lum qua nojïra funt
Jpefiamus , fed C?*
membra noflra per-
verfa corrigimus O*
injiruimus. Hoc ma*
Kimum indicium fi-
dei. Inhoccognof-
cent omnes , >'«-
quit, quod difci-
puli mei cHis , iî
diiigitis mutuum.
SUR DIVERS LIEUX DE L*AnC. TeST. 4I l
CJjarhatem atttem difciples , fi vous vous alme:^ les
uns les autres. Car en effet ce
n'eft pas de manger à même
table, de s'entretenir quel-
quefois, & de fe dire des pa-
roles de civilité & deflaterie,
qui marque la fîncerité de
notre dileâlon 5 mais plutôt
c'eft le foin & l'application
à chercher les chofes qui font
utiles & convenables au bien
de notre prochain j à voir ce
qui peut fervir à relever celui
qui elè tombé, à aider celui
qui eft dans le befoin , à
échauffer celui qui eft lâche
& négligent pour fon falut 5
& enfin à penfer au bien d'au-
truy préferablement au no-
tre. Ceft-là la vraye charité
qui ne conlidére pas tant ce
qui le regarde , que ce qu^i
regarde les frères.
Alle:^ en la terre que /V vous 841.
monflreray. Celle qu'Abraham SuivreDieu
alloit chercher étoit incertai- avec une fer-
ne, & celle où il demeuroit meeiperaflce.
étoit alfurée : il n'avoit l'une
qu'en efperance, & il pof-
fèdoit l'autre aduellement :
& cependant il abandonna cet-
te polTelfion affurée dont il
joiiiffoit , pour paffer à une
habitation incertaine & qui
lui étoit inconnue j afin de
nous apprendre & de nous per-
Mm ij
finceram déclarât
non communia men-
fie , non brève collo-
quium^ non verbo-
rum adulatio i fed
ftudium or feduUtas
in lonfiderando quid
proximo conducat ,
ut erigatur qui ceci-
dit , CT* porrigatur
lapfi) manus fuam
fiilutem negUgenti ,
ut antè bona propria
inqairantur qutepro'
ximi fitnt. H<tc eft
germana charitas :
fiam charitas non
finfiat qu^funtfua 3
ftd prim videt ea
quje fitnt proximi
q-unm fi*a.
Veni in terram
quam monftrave-
ro tibi ; llla quam
petebat Abraham in-
certa erat, hdcquam
pojjîdehat certa î illa
•in f^e taniùm , hac
in manibus : ipfe
autem relifiis certis ,
manifeftts V qu<e in
manibus erant , fe-
ftinavit C tranfiit
ad incerta , incogni-
411 Dks Sermoks
luaderdene jamais nous op- ta i ut pèrfuadeat ac
pofer à la volonté de Dieu ,
ni différer à lui obéir quand
il nous commande d'abandon-
ner quelque chofe de certain.
Car il faut fçavoir que les cho-
fes mêmes que nous tenons
entre nos mains, «ne font pas
fi ailurées que celles que nous
tenons par l'efperance : &
]ue cette vie préfente n'eft
pas fi certaine que la vie fu-
ture. Et en effet nous ne vo-
yons celle-ci que des yeux du
corps -, au lieu que nous vo-
yons celle-là des yeux de la
foi : celle-ci ne fubfille que
<ians la courte & fragile joiiif-
fance que nous en avons j au
lieu que l'autre nous eft fûre-
ment gardée dans les promef-
fes de Dieu , qui font infini-
ment plus affurées que les cho-
fes que nous polîédons en ce
monde.
Dieu avoit promis la terre
B'aflefle de de la Paleftine à Abraham ,
la plufpart & lui regardoit le Ciel : Dieu
nous a promis le Ciel , &
nous ne regardons que la
terre.
Ne reffemblons pas à plu-
Molleffe 5c fieurs , qui fe regardent après
lafcheté de jg Carefme , comme eftant
erudtat , neque con-
tradicenditm , neque
CHtr^landum, qttando
Deus certa rdinque-
re jttbet. Non enim
tàm certd qu^e in
manibui , quant qu<t
in fpe. Non Jtc mum
nifefta eji hxc vita
pnefins , ut futura
illa. Banc enim vi'
demus oculii noflris ,
ilUm videmus oculis
fidei : hancvidemus
in manibas nopris
pojîtam , illam vide^
mus tn promijfoni'
bus Dei cufloditam :
promijjiones autem
Dei multo certiores
fttnt , quàm qu£ in
nofirisfunt manibm.
UV
des Chre
tiens
844.
"nent'^k'ca- «délivrés de quelque rude pri-
cefniiSi
fon i & difent : Nous avons
De«i Abrahampro*
miferat PaUJiinam ,
fed ilUfpeSlabat c-é-
lutn. Nobis pTomif»
fumeficalumy C?'ad
terram tendimus.
De Anna ferm.
I. Ne fie ajjiciamini
utplerique folent ,
qui tanquàm gravi
quopiam carcere Ube-
SUR DIVERS LIEUX DE t*AKC. TeST. 415
raùytandem aliquan-
do , inquiunt , mole-
fium illttdjeittniipe'
^■lagus emenfi fttmus.
Aiii vero muhopejus
& imbecillius ajfe-
Œ, etiam obfuturam
quadragefimam per-
ùmefctént. Hoc vero
proptereà fit , quod
toto reliquo tempore ,
deliciis ac luxurie
fnmmo fiudio feipfos
dedattt. Quçd fi nos
altis diehm cafia mo'
dejîteqi v'udi nos af-
fiéefaceremtés , G?*
frateritum defidera-
remmjejunium , G?»
venturum mttlta cum
volt*ptate fufcipers-
mm.
Jufiè atque inrem
noflram, Çp'feneflu'
tem , CT* morbos fu»
pinemus. Juflè qui-
dent, quodin pecctt-
tum lapfi fuerimits :
in rem vero noftram^
enfin achevé de traverfer cette
fâcheufc mer du jeûne. Il y
en a d'autres encore plus jâ-
ches & plus déréglez , qui
font même peinez d'appre-
henfion dans la vue du Ca-
rême qui doit arriver. Et tout
cela vient de ce que dans les
autres temps de l'année ils
s'abandonnent aux délices U
aux plaifirs. Car il eft fans
doute que fi dans les autres
temps nous nous accoutu-
mions à une vie chafte & mo-
dette 5 nous aurions regret
au temps fi favorable du jeû-
ne qui eft paflé , & nous re-
garderions avec joye le temps
du jeûne qui eft à venir.
C'eft avec juftice & pour S4f-
notre bien que Dieu nous , Jh^'-!, ^
envoyé les maladies & les in- ^o.uedeDieu
commodites de la vieilleffe. ^es qu'il nous
Avec juftice, à caufe que nous envoyé»
les méritons par nos péchez 5
& pour notre bien , afin de
ut nobis ingenitam réprimer par ces peines & par
exignaviafuperbiam ces maux l'orgueil qu'entre-
per hos defe£îm ac tient en nous notre lâcheté
morbos retundamus, & notre parefle.
Duo nobis à prin' Dieu nous a dés le co.n- S ^6.
cipio dati fihnt à na- mencement donné dans la Les cié.itures
tnrâ doflms i créa- nature deux grands dodeurs ^l^'ccnfcien-
Mm iij
414
Des s er m o ns
<:e mPtruifent pour nous inftruire , fçavoir
les norames. j^^ créatures , & notre propre
confcience : & quoique ces
dodeurs foient muets , les
hoiiiines n'ont pas JaiiTé d'en
recevoir des inftrudions fe-
crettes. Les créatures fe fai-
fant admirer par leur feule
vue 5 portent les hommes à
l'admiration de leur Créateur:
& la confcience qui ne cefTe
de nous dider intérieurement
nos devoirs, nous enfeigneà
les pratiquer.
Dieu a voulu que nous
fuifions aimés de nos pères
du.
847
CVftl
C.U onqi
le Yîaipeie.
^''^^^ & de nos mères , afin que
nous enflions en eux des pré-
cepteurs naturels qui nous
formaffent à la vertu. Car on
n'eft pas Amplement père
pour avoir engendré Ces en-
fans, ni mère pour les avoir
enfantés j mais pour les avoir
élevés & inftruits au biien.
84s- ^ C'a été par une fage con-
Pourquoi (îuite de la' Providence , que
Di3uarèmpe.j3 ^^^^^^^ a d\me partinfpiré
d''s parens au x percs & aux mercs des fen-
d'^une fevcri-^i'"^"s d'affedion affex forts
ti taifonna- pour ne pas abandonner leurs
bie. enfans i & d'autre part qu'elle
n'en a pas commis tout le loin
à cette fimple tendreffe. Car (î
les pères & mères n'étoient
nullement poulTez par h nécef-
tura CT* confctentia f
eT* neutro eorum vo-
tem mhtente homi'
nés taciii infirueban-^
tur. Nam CT* crea^
tura confpe€itt fuo
fpeflatorem ohjfups-
faciens , aà ejus qui
ipfam condidit ad-
mirationem tradu^
cit : confctentia veto
qi*£ intus diéJat ,
omnia qu^e facienda
funt fhggeril .
Froptereà fecit
Deus ut à paremi-
hui dUigeremuf , ut
pr£ceptores virttttis
haberemus,Non enim
genuijfe tantùm pa-
trem ejfich y fed rem
de injiituijje i neque
peperiffe tantùm ,fed
reCle educajfe ma^
trem reddit.
Divine opus fuit
proviicnîii , Ht ne-
que naturali affeci»
parentes ergà UberoSy
deftuHtoi relinqtte-
ret , neque totum
rurfàs natterait affe^
Hui (ommitieret. Si
enim ntUU penitài
impulft necejjltate
nature JUios fnos p^t*
SUR DIVERS
fentes dileHurifuif'
fsnt , fed morum
probitate tantùm CT*
reBè faSlorum Jindio
du fit , mnltos ^ater-
nis ajihus exadoi ob
ignaviam fu4m , to-
tttmque genus huma-
num dij}raé}i*m ac
di[jlpatum viiijfes.
Si rurfui rem totam
virtuii natur<£ com'
mifijjet j e?* ne im-
probos quidem odio
profequi permijtjjet
. . . ad fummum ne-
quitU culmen genus
humanum proveâlum
effet. Nam fi nunc
càm totum credere
ttatura non pofjînt
^lii , fed mu'tos
fciant cùm deffravati
ejjenty CT* domo e?*
facultatibus excidif-
fe , perfe^è tamen
parenlum amore frc
Ù > contumeliis eos
ajjîciunt ; nifi per-
mifiJfetDeus , ut &
illii fitccenferent CT»
ulcifcerentur , quo
non fe nequiti^ gé-
nère contamina/-'
fent ? Has ob caU'
fas O' nam<ç necef-
LIEUX DE l'Anc. Test. 415
fité de cette afFedion naturelle,
& qu'ils ne fe portaflent à en
prendre foin qu'autant que leur
probité & leur vertu les y obli-
geroit , phifieurs enfans déré-
glez feroient chafles tous les
jours de leur maifonpaternelle,
& nous verrions toutes les fa-
milles dans une combuition
générale. Si aufTi le foin des
enfans avoitété entièrement
abandonné à la tendrelfe des
fentimens de la nature, & qu'il
n'eût pas été permis aux pères
& aux mères d'avoir de l'aver-
fîon pour les enfans qui fe-
loient méchans, il auroit été
à craindre que tous les hom-
mes ne fuflént enfin tombés
dans une corruption univer-
feîle. Car fi nonobstant queues
enfans n'ont pas lieu de fe con-
fier entièrement à la tendrelfe
de leurs pères & mères, voyant
que plufieurs ont chafle & des-
hérité les leurs popr leurs dé-
fordres ; il y en a néanmoins
qui prenant avantage de cette
afFedion naturelle, ont mal-
traité ceux qui les avoient mis
au monde : il eft certain que fî
Dieu n'eût permis aux pères &
aux mères de concevoir quel-
quefois de l'indignation contre
leurs enfans, & de s'en vanger;
le débordement des vices n'au-
Mm iiij
H9'
Récompenfj
delà bonne é
416 DesSerm
roit été retenu par aucun ob-
ftacle parmi les hommes. C'a
donc été pour ces railbns que
Dieu a voulu que l'amour pa-
ternel ait éîé contenu entre
rinitinâ de la nature , & la
confidération des mœurs des
enfans, afin que lors que les
enfans ne feroient que des fau-
tes médiocres, les pères fuflent
poulies par la tendrefle natu-
relle qu'ils ont pour eux, à leur
pardonner ; mais que quand
ils les verroient incorrigibles j
ils. les puniflcnt très - févére-
ment ; & qu'ainfi une trop
molle indulgence ne les entre-
tinft pas dans le vice > s'ilarri-
voitque l'amour paternel les
furmontât jufqu'au point de
les flatter dans leurs défordres.
Confiderez donc la fage con-
duite de la Providence , en
ce que Dieu commande aux
pères & aux mères & d'aimer
leurs enfans , & . de modérer
cet amour J & leur propofe en
même temps une récompen»
fe pour avoir eu le foin de leur
éducation , l'Apôtre les aflu-
rant qu'ils feront fauves par la gé-
nération des enfans.
Les travaux & les douleurs
de l'enfantement ne vous ont
O NS
fit a te y CfUlerorum
morihus niti paren-
tum amorem voluit
Deus j ut C7* medio-
enter peccantibus
Uheris , ad hoc eos
invitante natura ^
Veniam darent i i^
depravatos at^ueim-
medicahili morho la^
horantes punirent i
ne ad vitium illos
indulgentia fuaeru"
dirent » fi naturel
rurfus vinceret , eof-
que i
airi
cùm improht evaftf-
fent. Quanta ergo
hoc prudentid , cùm
O* diligere jubeat ,
O* amori modumpo-
nere, CT* rurfus op^
tima liherorum ea«-
cationi mercedem
confituat. Salva-
buntur enim per
filiorum genera-
tionem.
[ue Uberis fuis blan-
cogeret , etiam
ducitionqu'- pas caufé tant de mal 3 que
on donne aux y^yg rccueilicrez de biço , fi
Non tanto damna
pr opter dolores partus
C?* labores ajfeCla es^,
quantum qu^fium lu*
SUR DIVERS LIEUX DE l'AkC. TeST. 417
crlfacis , Jî velis , vous le voulez, des foins que
vous aurez employés dans la
bonne «wcation de vos en-
fans. Car fi vous avez bien
travaillé à les former à la ver-
tu, vous en recevrez de grands
avantages pour votre falut ,
& vous ferez principalement
récompenfés de l'application
que vous aurez eue à les bien
inftruire.
dmn bonorum oper»m
occafionem ex reé}a
hberorum tducattone
fttmis. NamftUberi
fuerint tua cura ad
virtHtem informait ,
tnuUam uhi afférent
caufam fJutis , ac
prêter propria bona
opéra mu \am ob (iu"
dtumin iff^i coHeÔum
recipici i ne, -et de m.
Liberorum fufci-'
pienda ej} cura tan-
Les femmes doivent d'au-
tant plus particulièrement
850;
Education
fo maris miilieribus prendre foin de l'éducation commife , (ut
quanti feptui domi de leurs enfans , qu'elles de- ^°^^^"^ ™^'
refdent.
res.
Nihil adeo curan-
dum efl , qitam ut
JHvenes caJJi Jint C?*
pudui .... Neque
vero tantum à fpe-
fiacuHs y fedetiam à
tnolltbus ac dijjolutis
cantilenii abduca-
mus j ne his eorum
anima fafcinetur ;
tteque illos ad thea-
tra deducamus , nec
ad convivia e?* com'
potationes i fed eau»
tius quàm virginei
abdiu conclavt , cu-
fiodiri. debeot juve."
nés A
meurent plus ordinairement
à la maifon.
Il n^y a rien à quoi l'on .^î^*
doive veiller avec plus de foin Veiller à con-
qu'à conferver la pureté des ^"^er Imno-
> r^y rF - cence des er.^
jeunes gens. C eit pourquoi £^^^^5^
il ne faut pas feulement leur
interdire les fpedacles , mais
encore les chanfons trop ten-
dres & trop libres j de crain-
te que ces fottifes ne cor-
rompent leurs efprits. Ne
les menez donc ni aux théâ-
tres , ni aux feftins , & aux
repas de débauches ,• mais
ayez foin de les garder dans
votre maifon , avec autant
de foin que Fon y garde le*
fiUes.
41 8 DesSerm
8çi: Le plus bel ornement de la
' Avantages jeunelfe eft la chafteté , & c'eft
d'un mariage un grand avantage îPun jeune
où l'on entre homme de fe trouver exempt
chaftc, fie toute impureté lorfqu'il
arrive au mariage. Il en ai-
mera auiïi beaucoup plus fa
femme , quand il ne fe fera
point foiiiilé de péché avec
une autre , que fon cœur n'au-
ra été corrompu d'aucune ta-
che criminelle , & qu'il n'au-
ra connu & aimé d'autre fem-
me que celle qu'il a époufée.
Car l'afFedion ei\ bien plus
fincere, & l'amour bien plus
ardent entre de jeunes per-
fonnes , quand elles font en-
trées avec cette préparation &
cette pureté dans le mariage.
Mais maintenant ce qui fe
pratique eft moins un maria-
ge qu'un trafic d'argent & une
manière de vente de marchan-
dife ,• & comme le mary a été
déjà corrompu avant que d'ê-
tre marié , & qu'après il jette
encore les yeux fur d'autres
femmes , je ne vois pas quel
bien peut produire un tel ma-
riage. Et tout cela ne vient
que parceque les jeunes gens
n'ont pas appris à conferver
la chafteté avant que de fe
marier.
OKS
Nihil adolefcen"
tiam adec folet exor-
nare ac fudicitia co-
rona y ^ fi quis al>
omni Ufavta purus
ad conjugium vemat.
Sic ex uxorfiet tlli
amabdis cum anteâ
nuilâ fe contamina'
Vent fornicatione ,
ant corrupta fuerit
anima > cùm eam
folam mulierem no*
tam habuerit juve^
nis , qu£ fibi conja-
^iofuerit copulata s
fincenorfiet bene'Do*
leniia , amor Vehe^
mentior , citm ad nu~
pttai JHvenes cum
tanta camione per-^
rexerint. Nam nt*nc
cfuidem qu£ geruntur
non nupîUfitnt , fei
mera mgoctatio pe*
cunU CT* cauponatio.
Cttm enim antè con-
juginm corruptuifue-
Tttjuvenii, C^ pojl
conjugium rurfus in
alteram muUerem o*
chIos fuos converterify
quid quiefo prodejl
conjugittm ? . . . Hitc
autemfiunt quoniam
ant€ nuptias cajlitA'
SUR ÈIVERS LIEUX DE L AnC. TbST.
tem fervare non di-
dicerunt.
Hom.z.de Anna.
Cùm multiplica-
rctAnnaprccatio-
nem in conlpedu
Domini : Attende
in precibui afjîduita-
tem infiantiamqiie ,
C?* ammi vigilan^
tiam. AJJtdtiitatem
fcriptor comprohavit,
cùm ait : multipli-
cavit precatio-
nem ; vi^iUntiam ,
quùm additif QOïïï-
peau Domini ;
Omnes quidem ora-
mus y fed non omnes
in confpcfiu Dei. Et-
enim quàm corpore
in tenaprcjirath ore
Umerè délirante ,
mens uliqtteper do-
mum ^ forum cir-
cumvagatttr j quo ore
tait s pofftt die ère ,
qi*od oraverù in
confpcâu Dei ? In
confpefiu Dni oraty
qui orat undcquaque
colUgens fuam men-
tem , nihil habens
cum terra commercii,
. fed ad ipf^m Deum
iottis commigrans»
Ferveur
4;p
Anne ayant redoublé fa prière
en la préfence du Sei^nieur. Con-
fîderez ici l'anfiduité , l'in- attentiô dans
û^ncQi & la vigilance de cette ^^ P"«^«^'
Sainte dans Tes prières : l'E-
criture marque Ton affiduité
& Ion inftance en difanr,
cju'clle redoublait fa prière j &
fa vigilance en ajoutant , en
la préfence du Seigneur* Car en-
core que nous priyons tous,
nous ne prions pas tous en
la préfence du Seigneur. Et
en effet quand étant profter-
nez contre terre , nos lèvres
ne font que prononcer confii-
fément les paroles de la priè-
re 5 & que pendant cela notre
efprit fe répand en fuivant
la diftradion de fespenfées,
par les maifons ôf les lieux
publics j qui ofera dire qu^il
prie en la préfence du Seigneur ?
Il ert donc néceffaire pour di-
re véritablement, que nous
prions en la préfence de Dieu,
qu'en priant nous recueillions
notre efprit , nous rappel-
lions notre attention de tous
les autres objets , pous n'a-
yons aucun commerce avec les
chofes de la terre , & que
nous ne (oyons ppp^liqués qu'à
Dieu feul.
.quemes.
-410 Des s e r m
g- JESUS-CHRIST & faint
Prières cour- ï^^^l cnfuitc nous ont appris
tes & frev à faire des prières courtes &
fréquentes, & à les ^réitérer
de temps en temps. Parce
que li nous les faifons bien
longues , comme fouvent elles
ne font pas accompagnées de
beaucoup d'attention , nous
fournilTons contre nous au
démon une occafion de nous
entamer & de détourner no-
tre efprit de Tappli-cation que
nous devons avoir à ce que
nous demandons à Dieu. Que
lî nous entrecoupons de temps
en temps nos oraifons, & fi
nous les réitérons fouvent ,
nous y acquérerons ime gran-
de vigilance, & nous les ac-
complirons avec une exade
attention.
La vraye prière eft celle
qui poulfe fes paroles du fonds
du cœur. Et le propre d'une
ame expérimentée dans les
exercices de piété , eft de
prier plutôt par la fer\^eur
de Tefprit que par le fon de
la voix. Moife pria autrefois
. de cette forte ; & quoiqu'il
ne fift entendre au dehors au-
cune parole , Dieu néanmoins
lui dift : Pourquoi crie:^vous
à moy ? Nous voyons par cet
exemple qu'on peut être eo-
'85 f.
Prier du
ïœur.
OMS
Et Clirips &
Fattlui jufjerunt hre^
Ves fed crtbras péri
precationes ex paucis
tntervallis. Nam fi
in longum extendcrts
verha , quitm fré-
quenter parùmjïi al-
tetjttts 3 multam ait"
daciam diabolo jup-
peditajfi , m accédât
CT" fupplantet , ac
mentem ah bis qu4t
dicftntur avocet.
Quod jl fréquenter
acfttbindè ornveri^y
tempm omne crehris
dirimensintervallis ,
facile poieris effe vi-
gilans _, ut precatio"
nem multa cùm at-
tentione perficias.
nia potifftmum ejl
deprecatio , cùm ab
intimii voceifurfum
feruntur. Hoc pr^ci'
pue mentis ep exerci"
tat<e 3 non intentions
Vocis , fed animifer-
voreprecationem ab-
folvere. Sicoravtt er
Mofei i cul cùm nih'd
voce refonaret Deus
tamen, quid inquis,
clamas ad me? . . .
ttdque feri potef ^ y S
SUR. DIVERS LIEUX DE l'AnC. TeST. 411
€iiam qui non cla~ tendu & exaucé de Dieu, (ans
mant audianiur » ut qu'on lui parle au dehors.
fer forum quisambu- Ainfionpeut fort bien prier
(ans oret accurattfjî- en marchant , étant aflls dans
mèyut in confjjit^ une affemblée , & en travaii-
autquidvis aliud a- lant à quelque affaire que ce
gens vehememi cla- foit i & dans tous ces difFé-
more Deum invocet ', rens eftats on peut crier à
tlamore inquam ^ in- Dieu avec véhémence j mais
ternoy etiamfi nihil par des cris intérieurs , &
faciat quod à quo- qui ne peuvent être enten-
quam prafentium dus que de Dieu feul.
fentiatur.
Si de noJJra invî- S'il ne nous eft pas permis
cem vita judicium déporter jugement les uns des
ferre prohibemur , autres , il nous eft encore bien
mt*Uo magii de Fa- plus deftendu de le faire de
trum vitâ, nos Pérès fpiritucls , à la con-
duite defquels nous lommes
fournis.
Anna Sacerdatijî- Anne répond tout fimple-
hitemulenttamimpu- ment au Prêtre quil'acculoit
tantiy nequaquam de s'être enyvrée : Non Sei-
"Domine^ rejpondit: gneur. Ainfî elle appelle Sei-
Qui contumeliosè in g««Mr celui qui la traittoit avec
felocutusfueratyettm injure. Mais nous au contrai-
appeUat Dominum. re , lorlqu'on nous injurie,
.... Nos contra Ji au lieu de nous excufer fim-
quando conviais ap- plement , comme il le fau-
droit , nous ne faifons qu'ex-
citer davantage la colcre de
ceux qui nous ont outragé , &
nous jettant fur eux comme
des bêtes féroces, nous les
traifnons ctevant des tribu-
Nejamaisju-
ger , fur tout
de nos fupc-
rieuis.
B$7.
Douceur à
l'égard de
ceux qui nous,
injurient.
pettmttr , cum opor-
teret excufare , frc
quenter excitamus
incendium, acfera'
rum in morem injîli'
fhus in convitialores^
fraficamesj trahejt- naux (eculieis pour en demai\^
858.
Efficace delà
prière»
8^9.
P rier au corn,
mencement
ôc à la fin des
i^ïpas.
8^0.
Veiller fur
tout àprcfer-
ver les jeunes
gens de l'im-
purcté,
42^ Des Se RM
der réparation -, ne faifant
fouvenc autre chofe par tou-
tes ces démarches fi violentes ,
que de confirmer les mauvais
foupçons qu'on a de nous.
Par exemple , fi vous voulez
faire voir que vous n'êtes pas
y vie , témoignez- le par vo»
tre douceur & par votre hu-
milité , & non par des re-
proches 5 par des injures &
par des outrages.
Quand on rend grâces à
Dieu & qu'on le prie, c'eft
alors que le S. Efprit répand
fa grâce -, que les Démons
font obligés de fe retirer j &
que toutes les puiflances en-
nemies font mifes en fuite.
Il faut rendre grâces à Dieu
& au commencement & à la
fin de nos repas. Car c'eft le
moyen de ne pas tomber fa-
cilement dans rinterapéran-
ce.
Employons principalement
nos foins à préferver les jeu-
nes gens de l'impureté , par-
ce que c'eft l'ennemy le plus
dangereux que cet âge ait a
combattre. Fortifions-les donc
à tous momens de nos avis,
de nos exhortations , de nos
réprimandes & de nos ^me-
Tjaces. Si une fois ils viennent
à bout de vaincre la concu-
oss
tes ypro dtiiîsfttp'pU'
cium repofcentes i at'
que his ipjîs faflis
fujpicionem de tiohis
confirmamus. Nam
fi cupis ojiendere te
non ejje temulentum ,
ojïende per ma7tfue-
thdinem ,o(}endeper
Jmmanitatem , non
per contumelias GT*
convicia.
Vbi precatio &
gratiarum atlio > eo
fanCli fpiritui advc
nitgratia, abiguntttr
ditmones , C?* omnis
adverjària poteflas
dijfitgit ac difcedit.
Tùm in initia tùm
in fine convivii opor»
tet grattas agere Deo!
fie enim non facile
in intemperantiam
prolahemur.
Adolefientes à laf-
civia prdcipuè avo"
cemtês , qttod hoc dif-
ficile fit bellum , nec
aliud molefiius fie
hitic £tatiy quam hic
morbm. Vndique igi-
tur circumvallemus
eos confiliis, adhor-
tationibas , terrori-
hns j minii, St hanc
SUR DIVERS LIEUX DE l'AnC. TeST. 42J
à^vlcerint concttpif- pifcence , ils feront comme
liîvincibles à tous les autres
vices. lis fe mettront au dcf-
fus des richefl'es, ils furmon-
teront la gourmandife ik. l'y-
vrognerie , ils fe rendront ai-
mables à leurs parens , & fe-
ront eftimés & honorés de
tout le monde.
centtam, nec abaitis
facile expugnahun-
tur y pecuniis erunt
fitpertoresy temakn-
tiam fnf>erabunt ,
pravos conviens om-
ni Jiudio propellent ,
amabUiores erunt pa-
renUbusy CT* omnibus
magis reverendi,
Hom. 3. de An-
na. Erofeffio Chri-
Jiianx Keligiqnii non
Pantùmfitperfidem ,
verumetiamper opé-
ra ; adeo ut fi hue
abfint, veniamusin
periculum ne cum ab-
negnnttbtis panas
luamus. Neque enim
unus efl abnegandi
modusj'td'multtplexs
^uos Paulus nobis
defcnbem ità loqui-
tttr : Prohtentur fe
nofle Deum, fcd
fadisnegant.
Hom. 4. de An-
na. Cum è ludts pu-
hlicis reverteris , oc^
curre eis qui ab Ec-
clefiâ redeufit / CT*
confidera dtligenter ,
**ter tanderfi majore
ifoluptateperfruatw:
On ne profeflTe pas feule- g^j,
ment la Religion Chrétienne Foi inutile
par la Foi , mais plus encore f*»"^ les œu-
par les œuvres j ce qui efl fi ^'^"*
vray que fi les œuvres man-
quent, nous avons tout lieu Contre les
de craindre de tomber dans Herenques^
la même punition que les in-
fidelles & les apoftats. Car
il y a plus d'une manière de
renoncer à la foi s & l'Apô-
tre nous marque aflez celle-
ci, lorfqu'il dit; Ils /ont pro~
fe^ion de connoiire Dieu , maii
ils le renoncent par leurs aéïions.
Quand vous revenez des 861.
fpedacles , & que vous en Contre ics
rencontrez qui reviennent de 0?s<^acles.
l'Eglife , examinez lerieufe-
ment qui de vous ou d'eux a
eu le plus- de plaifîr ; fi c'eft
celui qui après avoir entendu
la lecture des Prophètes , après
414
avoir reçu la
le fruit des inftrudions falu-
taires , après avoir attiré la
miréricorde de Dieu fur Tes
péchez , après avoir foulage
la confcience par l'humble
confeirion de fes fautes , fort
de l'Lglife avec la joye de
s'être préfervé du crime d'af-
{îfter à ces fpedades profa-
nes i ou bien vous qui avez
abandonné la mère commune
des fidelles , c'eft à dire l'E-
glife , qui avez méprifé la
voix des Prophètes , qui avez
traité Dieu même avec inju-
re , qui avez danfé avec les
<lémons , qui avez fait une
perte irréparable de votre
temps, & qui ne pouvez rem-
porter chez vous de tout ce
vaindivertiflement aucun pro-
fit ni ipirituel ni temporel.
26^ . Le plaifîr qui accompagne le
Djôerence vice, eftpaflager, & la dou-
àts fuites du leur qui le fuit eft éternelle :
comme au contraire, le tra-
vail qu'exige la vertu eft très-
court 5 & le fruit & la joye
que l'on en retire , n'auront
point de fin.
II eft impoffible que celui
Efficace de qui prie avec la joye & Taf-
liduité qu'il doit , tombe ja-
mais dans le péché. Mais
parce cju'étant hommes nous
Des Sermons
bénédidion & ifne qui f>rophetis aw
dttis , ÇîT benedidio'
ne ac doSlrtna frucln
percepto ^ Jîmulque
Deum pro peccatis
fuis deprecatusy CT*
confcientid per cott'
fejjlonemrelevata , à
fpedaculoTHtn crimi-
ne alienus ejî } an ta
qui matrem commU'
nem deferuijii , Pro'
phetas contempjtjli ^
Deum affecijii coti'
tumelia , cum diabc
lo choreas duxijii»
temporis denique
gravijjimam jahu"
ramfecifliy ut qui
vice & de la
vertu.
'8^4.
la pnere fie
qucnte.
nec fpiritale nec /ê-
culare ullum lucrum
inde domum reporta^
re vaîeas,
yïtium momenta^
neam habet voluptU"
tem y doîorem vero
perpetiium : virtus
contra laborem bre-
vem 5 fru6lum vero
cum hiUriute inde-
fînentem.
Impofflbile eft ho'
minem quâ decet aU'
critate precantem ,
ac qua par e/? a^i-
duitate > mqu<tm in
SUR DIVERS LIEUX DE l'AsC . TeST. 41 jf
piccatum incidere. , . nous laiflbns facilement aller
Sed quoniam homines à la négligence, deflors que
cumjîmus, facile ad nous Tentons une, deux, ou
fegmtiemreUbimur-i trois heures après la prière,
exaOauna,alterave que notre ferveur s'eii peu
uut tenta pofl f/reca" à peu rallentie , il faut re-
tionembora^ubifen- courir pronipteinent à l'orai-
ferii fnfilnum illum fon , pour y ranimer l'ardeur
fervorem paulatim de notre ame. Que û vous
frigefcere , recurre avez foin tout le long du jour
qttantocmsadpreses, de rallumer ainfï fouvent par
frigefcentemquemen- intervalles le feu de votre dé-
tem rurfus accende. votion , vous ne lailferez au
ïd (î per diemtotam démon aucune ouverture par
fcceris per intervalu où il puifle s'inftniier dans
crehris preeationibns Vos penfées & dans votre
te ipfum accendens , cœur.
non dabis occajîonem
diabolo , aut ullum
ad cogitationei tuas
nditum,
' Quemadmodumaf' Comme les archite^es font 2ff,
chitedi aprtngendo mettre dans leurs ballimena Lapnerefo»-
4tdificio ligna infe- des pièces de bois pour lier ^°"^ l* v«^
runt , ità ttt fecuU' & entretenir tout Tedifice j Chrêuesviîes
ribus negotiii preca^ vous devez imiter leur indu-
tiones crebras inter- ftrie , en entrecoupant de prie-
ponens ,vitam tuam res fréquentes vos occupations .
hocf>a{iofepito.Quod féculiéres , afin de lier ainfî
fifecerisetiamfiplw & d'affermir (ûremerit touc
r*'»;« procelU in- l'édifice de votre vie. Car fi
grttant , five tenta- vous en ufez de la forte »
tionet ,/îvemœJiitia, toutes les tempêtes des ten-
five cogitationesmo- tations , des douleurs, des
lefla , five quidvis mauvaifes penfées , & de
éiliitd, mhildejicere tous les autxes maux qui yotï»
Tom. î, No
41^ Des S e r m
peuvent attagtrer. , ne feront
pas capables de fenverfer la
maifon de votre ame, qui fe
trouvera foutenwè par de fi
fermes appuis.
266. Vous me direz : Comment
On peut prier fe peut-ii faire qu'un homiî^
en tous lieux, quieft engagé dans kniionde
& dans les affaires , prie Dieu
à trois différentes heures du
jour ? Je vous réponds qu'il efl
très- facile ; car quoiqu'il n'ait
pasleloifirde courir àlEglife
il fouvent, il peut néanmoins
prier , & à la Cour , & au
Palais , & en quelqu'autre
lieu que ce foit ; puifque pour
cela le cœur efl plus néceffai-
re que la voix j l'attention
de l'efprit , que l'élévation
des mains; & le mouvement
de i'ame , que la fituation du
corps.
8^7: Plufîeurs de ceux qiii Ce tîcn-
Prierecour- ncnt à la porte du lieu où (e
te, & en tou- j-^nd la juflice , ayant quel-
teoccafk)!!. quefoîs entendu que le juge
faifoit éclater du dedans une
Toix pleine de colère, de fu-
reur & de menaces, n'ont eu
que le temps de fe munir du
figne de la croix , & d'élever
un moment leur efprit à Dieu ;
Se eflant ainfî entrés dans la
ONS
poterit domftm tuam^
crehris precaîiombm
fujfnham atque mu-
nttam.
DicesquîfierlpO'
tefi fit homofecularis^
forenfibus negotiis
afftxus, tribus horîs
diei precetftr , C ad
Ecclejiam currat ?
potep 5 er facile ejt,
Licet enim ad Eccle-
fiam currere non Jît
commodum , potep in
forocwtaq}, pr écart.
Ad hoc enim meiite
magis opHs e/?, quam
voce i anirfji conten-^
tione, mugis quàm
manuum extenjione^
Nec tant refert quo
cerporis habitu idfa*
cias , quàm quo ani-
ntts ajfefltt.
MuUifntonanteîth'
tus magijtratt* exaf-
perato ^minanteift*-
rente , ip/i pro fort'
bas curix fiantes ^
poPquam fe facro ft'
gno muniffent , C
pauca in animopre-
cati, tntrogreffi ad
eum , mutaverunt
hominem acmanfue^
SUR DIVERS LIEUX DE l'AnC. TfiST. 427
lum ex iifpero reàâi-
derunt i neque illis
locus aut tempus aut
ipforum Jîlenttum ad
precandum fuit im-
pedimenta. Hocetiam
tu facito , ingemifce
amarè , in mémo-
rtam revoca tuapec'
cata 5 fufpice in c<é-
/«m , dic tu mente :
mifereremeiDeus
C7* abfolvifli preca-
tionem. Qui enim
dicet Miferere ,
confefjtonem offert ,
, . , remiffionem deli-
Oorttm accipit : re-
gnttm calorum acct'
pit : quem enim Deus
miferatur^ non à pa-
na folum libérât ^fid
futurorum eîiam bo-
norum pojjejjlone di'
gnatur.
Apitd Jud£ospre'
caturum oponebat ad
templutn afcendere ^
tuYturem emere , li-
A^^j i^nem , cultrum
habere . . . Nttnc ni-
biltale ,fed ubicuni'
que fueris, prajïo tibi
ep C^ altare CT* fa-
cerdos CT" culter CT"
viCHma. H<ec ornai a
chambre , ont vu aufîitôt ce
juge changé , & de très-févére,
l'ont fait devenir très-doux :
le tumulte du lieu , ni la pré-
cipitation du temps , ni leur
filen
ce , n ayant apporte
nul
obftacle à leur prière. Faites-
en de même : gémillcz avec
amertume : rappelez vos pé-
chez dans votre mémoire ,
élevez au ciel votre cœur 3 &
dites en vous-même : Mon
Dieu i^e:^pitié de moi, & vous
aurez accompli votre prière.
Car en difant , aye:^pitie'y vous
offrez à Dieu la confefTion de
vos péchez , vous en recevez
la rémiffion, & vous obtenez
la pofleflTion de fon royaume.
Parceque deilors que Dieu a
pitié d'une perfonne,il ncle
délivre pas feulement de la
peine qu'il mérite , mais lui
donne la joiiifTance des biens
à venir.
Chez les Juifs il falîoit que
celui qui vouloit prier , mon-
tât au Temple , qu'il ache- "'""""^ ^"^7
^A j . c^- o 1-1 /- on Ile peut al-
tat des vidtimes , & quil fe
pourvût de bois , de feu ,
de côufteau , mais mainte-
nant il n'eftbcfoin de rien de
femblable dans la loi nouvel-
le -, & en quelque lieu que vous
vous trouviez , vous avez tou-
jours ça yoti e pouvoir & l'aa-
Kn ij
l'EgUfe.
4i3 Des S e r m
tel, & le Preftre, & le cou-
teau , & la vîdime j puis
que tout celaeft envous-mê-
ine. Quelque chofe que vous
iafTiez 5 & en quelque lieu que
vous foyez , fî vous ne pouvez
pas aller àTEglife, vous pou-
vez toujours élever à Dieu
votre prière du fond du coeur.
Car il ne dédaigne aucun lieu.
^6 p. Je me fuis réjouie , dit la
Aimer Dieu fainte Veuve Anne, da^ts le
encore P^us^ falut qui vient de vous. Elle ne
pour lui-mé- jj^ p^^ fimplement dans le
me que pour ^^j^^ . ■ ^^^^-^ ^^^^
fcs dons, , . i . ^ . "î ' . f.
celui qui vient de vous. Ainli
ma joye ne confifte pas feule-
ment en ce que j'ai été fau-
vée > mais en ce q«e je l'ai
été par vous. Ce font là les
ientimens des Saints. Ils font
plus aifes d'avoir Dieu qui eft
l'auteur de tous les dons , que
de rerevoir les dons même :
car ils n'aiment pas Dieu à
caufe àes dons qu'il leur fait j
mais ils aiment fes dons à
caufe de lui. Et c'eft en effet
un fentiment fort convenable
à des fèrviteurs pleins de gra-
titude , & qui fçavent rccon-
roiftre la grandeur des bien-
faits de Dieu, que de le pré-
férer à tous les biens qu'il
nous peut donner. Soyons
donc pénétrés de cette penfée.
ORS
tu ipfe es,'. , Qutivhi
e?* uhivis ageniifi
non licet adiré Eccîe-
fiam y precationem
licet ex imo peélors
ciere : non pudet lo-
ci Deum,
Hom. f . de An*-
na. Lxtata fum ,
inquit, in falutari
tuo ; Non fimplt ci-
ter in falutari ^/ei
in falutari tuo. N*î»>
enim quoniamferva»
tafttm, fed quoniam
per te fervata fum,
Talei quippè fanélo'
rum funt anim<e :
Deo magis latantur
authore munerum ,
qjiàm ipfis muneri"
eus; non enim pr opter
dona ipfrus ,fed don^t
pr opter Deum dili-
gunt. Hocfervosgra-
tos de cet j hocfamulot
agnofcentes beneficii
magnitudinem , ©/-
delicet rébus fûts om»
ntbus prieponere Do"
minum. Sicnos affe-
éïijîmhs. Càmpecca--
vsrimHi y nondoùi*^
SUR DIVERS LIEUX DE l'Anc. TesT.
, quià ffunimitr, Si nous avons péché
41'!^
mus
ftd quià Dominum
ojfendirnHi i O* fi
quai benefaflum efl
noftrum , non gan-
deamus propter rc
gnum c<tt&rum, fsd
quiàrem cMorH Ré-
gi gratam fecimus.
Qui enim fiinte men-
ûs ej} y offenfam Dei
magis timet , q^àm
ullam gehennam i O*
henevolentiam e/us
fluris ejlimat qnam
ulltim r&gmm»
Eft gratta vere
maxnna dignum cen-
feripropter Chri/ium
ahquidpati ; CT* co-
rona verè perfeéla ,
CP* menés fiitwra re-
tributione non mi'
«or: cy hoc norunt
qui légitime ac fer'
venter Chrtjium di-
iigere fciunt,
Esi divitiis O*
paupertate argumen-
tum deprehendespro-
5 n en
foyons pas touchés de dou-
leur , parce que nous fommes
menacés de punition , mais
parce que nous avons offenfé
notre Seigneur : & fi nous
avons fait quelque bonne œu-
vre , ne nous en réjoiiiflons
pas tant à caufe qu'elle nous
procurera la joUiffance du ro-
yaume célefte , qu'à caufe
que nous aurons fait une cho-
ie agréable au Roy du Ciel.
Car quiconque eft de bon fens^
craindra davantage d'offenfer
Dieu , que d'en être chaftié ;
de même qu'il fera plus de
cas de fa bienveillance, que
de quelque royaume qu'il
puiffe donner.
C'eft la plus grande grâce
qu'on puifle recevoir de Dieu,
que d'être jugé digne de
louffrir quelque chofe pour
lui : c'eftlà une couronne
d'un prix infini , & une ré-
compenfe qui furpaffe celle
qui nous eft deftinée dans le
ciel. Ceux qui a-ment avec
fincerité & avec ardeur j E-
SUS-CHRIST , lentent bien
la vérité de ce que je dis.
La différence de la pauvre-
té & des richelfes parmi les
hommes eft une grande preu-
ve de Ja providence. Car s'il
870.
Avantagecle
fouffrir j.ous
Dieu.
87 r;
Pauvreté SC
richsffes ,
preuves de 1*
providence,
i^lo Des Scrm
n'y avoit point de pauvreté
dans le monde , il n'y auroit
plus aucun ordre , ni aucune
ceconomie dans la vie civile.
Nul ne voudroit être artifan.
En effet la crainte de la pau-
vreté eft comme une maitrelTe
admirable qui applique tous
les hommes à divers travauXjSc
les y force comme malgré eux.
^71» N'examinons pas fi c'eft
Diieûiondes avec raifon ou fans raifon que
ennemis, ,^^5 ennemis nous veulent du
mal j mais comment nous
pourrons faire pour qu'ils cef-
lent d'eftre de nos ennemis.
ILgs médecins en ufent ainfi ,
& fans fe mettre en peine fi
c'eft par fà faute que le malade
a contradé fa maladie , ils
n'ont d'autre vûë & d'autre
penfée que de travailler à le
guérir. Or vous êtes comme
le médecin de celui qui vous
a oftenfé , & vous ne devez,
chercher autre chofe que les
moyens de lui rendre la fanté
qu'il a perdue.
S75' Les Saints fe relèvent plû-
Pemteiice j-^f^ qu'ils ne font tombés ,
TainT' ^ fe retiennent avant que de
fe laifler aller au péché ; parce
qu'ils font fobres & prudens,
& qu'ils fe tiennent toujours
fur leurs gardes.
ONS
te enimfuhlata vÎM
totiui conpitutio toi'
leretftr .... nullus
ejjet opifex . . . Nam
ffaupertas qttajî ma-
giflra quidam opti-
ma finguloi aâ opéra
vel invitas perurget.
Hom. 7. deDa-
vide & Saiile. Nor?
inqmramus utrum i-
nimici merito an int'
merito maUvolum a^
nimum ergà nosge^
rant j fed qui fieri
poffit,ut nobis inimici
ejjedejînant. Si qui-
dem hocfpeclat me-
dicttSy ut morbo libe»
ret ttgrotum , non tt"
trum merito , an im*
merito fibi morburri
contraxerit. Tu quo-
que medicui es ejtts
qui te Ufn , nnum
hoc qutere qu>o paflo
morbttm iîli adimas,
SanCiorum animât
priufquam concidant,
refurgunt i priufquam
ad peccatum perve'
niant , refritnantur,
eo quod fûbri£ fini
femperquc vigihnt.
SUR DIVERS LIEUX DB L*AnC. TeST,' 4^1
Hom. I. de Da-
vide & Saule. Pra-
t)itatem non <emulari
tantùm , verùm e-
tiam in ea viventes
laudare , fup^licium
haud médiocre nohii
ionciliat î ^ fi licet
id dicere , gravitts
fttppUcium manet illos
quàm eos ipfos qui
m aie vivunt . . . Qui
enim îattdat mali-
tiam, isfe ip su priva*
vit curatione quam
adfertpœnitentta.
Hom. 3. deDavi-
de & Saule. Qui
corrupte vivens con»
gregationii Ecclefia-
Jiicaparticepsef}, e-
tianifi eorpore hic a^
flttcrtti rejefius e/?,
veriufque fuhmotus ,
quam ht qui fie foras
exclufifiint , ut non-
dum liceat illisfitcr^e
menfie participes ejje.
Si quidem illi fecun-
dum divinas leges c.v-
pulfi t haélenùsfpei
bona funt î nam fi
modo velint corrigere
deliflafiia ob qu<eper
Ecclefiam fimt ejeClii
fojjunt demc cMmpw
Ceux qui ne fe contentent
pas de mal vivre , mais qui
encore loiient ceux qui vivent
mal , font dignes d'un grand
fupplice ; & s'ir'm'eft permis
de le dire, ceux qui applau-
diffentau mal font encore plus
coupables, que ceux mêmes
qui le commettent 5 en ce
qu'ils fe privent en quelque
manière du remède du repen-
tir & de la pénitence, qui eft
le feu! qui les peut guérir.
Ceux qui menant une vie
corrompue demeurent dans la
focieté des autres fidelles,
quoiqu'ils affiftent ici de
corps à nos afîemblées , ils
en font néanmoins fépaiés , &
plus véritablement que ceux ,
qui en ayant été publique-
ment exclus 5 fe tiennent à la
porte de cette Eglife , & n'ont
pas la liberté de participer à
la table facrce. Car ces pé-
nitensétarrtchalTez de ce lieii
félon l'ordre de la loi divine ,
ont tout fujet de bien efperet:
de leur falut •, puifque s'il»
veulent; fe corriger des péchez
pour lefquels l' Eglife les a fait
fortir, ilspeuven'ty rentrer de
nouveau , après avoir purifié
874-
Appplaudlr
au mal, crime
énorme ôc ir-
rémédiable.
87?..
Impénitent
plus dange-
reufement ex-
communiés
que les e»«
communies-
même.
43% Des Sermoks
leur confcience : mais ceux ra confcientia rever^^
au contraire qui après avoir
été avertis de ne point en-
trer en ce lieu qu'ils n'ayenc
Î76.
renldesfpe*
ftades.
corrigé leur mauvaife vie , &
expié les crimes dont ils (ont
loiiillés, perfiftent dans leur
imppdence j ils enveniment
de {)lus en plus les playes de
leurs âmes. Et en effet il n'y
a pas tant de mal à pécher ,
qu'il y en a à fe comporter
avec impudence & avec or-
gueil après fon péché, & à
ne pas obéir aux ordres des
Preftres de Diçu.
Sf-dans TEglife même , où
' Ton chante des Pfeaumes à la
loiiangede Dieu, où on les
explique aux fidelles , où rè-
gne la crainte du Seigneur ,
& où la fainteté du lieu infpi-
re la révérence j notre pro-
pre convoitife ne laiffe pas
fouvent de fe gliiTer en fecret
dans notre cœur ainfî qu'un
larron : comment ceux qui
affilient aux fpeétacles des
théâtres , où l'on ne voit &
Ton n'entend rien qui ne porte
au mal ', où plufieurs choies
ne refpirent que dilfolution &
qu'iniquité ; & où les yeux &
îes oreilles font continuelle-
ment expofées aux attaques
ti, At qui fi ipfoi
contaminant , O ad'
moniù m priùs in'
troeant donec macti-
lam è fceleribus con"
traâam repurgarintf
deind'e impudenter /è-
gerunt , ulcus animai
reddunt acerhius ac
maJMS. Neque enim
tàm^ave eji delin^
qtiere , quàmpoj} de'
Uélum impudenter f9
gerere , nec parère
facerdotibui tali4
jubenùbui.
Si in Ecckfïâ uhi
pfalmi , ubi divino-^
rum elaquiorum e-
narratio y uhi Dei
metus , multaque re-
verentia , fréquenter
ceu latro quifpiam
VerfutttSycLim obrepii
concupifcentia i quo-
modi) qui defîdent in
tlyeatro, quinihilfa^
ni neque audiunt ,
neque vident , fed
multa diffiuunt turpi^
iudme ytnulta nequi'
tia 5 qui undique ob"
Jîdtonem patiuntur
per aures , pet octa-
les y pojjînt ilUm fii-
perav€
SUR DIVERS L
perare concuptfcen-
tiam ?
Hortor vos rogo-
que m priùi cotifef
fione ac poenitentia
aliifque remedùs om-
nibus , vos àpeccato,
ex theatricis fpeCla-
(tdis contraéio , per-
pi*rgetis y atqttf ità
dtvmos Jermones au-
diatis.
Non metuis ^eho-
mo, non expavefcis
dum ocuUs qutbus
fcenam fpe&as , ubi
detejland^ adttlterti
fabttU peragumur ^
Ufdem banc facram
menfam imueris^ ubi
tremenda peraguntur
mjijferia ? D»w tif"
dem auribus audis O*
ohfc^iiè loqmntes^ <D*
prophitdm t Apoflo-
lumque ad arcana
fcriptur<e introducen-
tem ? dt*m eodem cor-
de CT* fumis letbalia
7)eneua , C7' hanc
hofliam fanClam ac
tremendam ? An non
hscfunt vitafubver-
Tom. I.
lEUX DE l'Anc. Test. 455
du péché ; comment d:s- je au-
ra-ton la force de furmoncer
les efforts d'une concupifcence
fi irritée ?
Je vous exhorte & vous con-
jure , mes frères , avant que
d'entrer ici , de vous puritier
par la confeffion, la péniten-
ce , & les autres remèdes fa-
lutaires , des péchez que vous
aurez contradez aux fpcda-
cles du théâtre; afin qu'après
cela vous puiltiez venir en-
tendre la parole divine que
l'on vous annonce.
Quoi, n'appréhendez- vous
point de porter fur cette table
facrée,où Ton célèbre les myf-
teres redoutables , les mêmes
yeux dont vous avez regardé
les fpedades des comédies ,
où Ton repréfente des fables
infâmes & à^s adultères ? Et
d'écouter les falesdifcours àQs
bouffons , des mêmes oreilles
dont vous entendez les faintes
paroles des Apôtres , qui vous
découvrent les plus grands
mylteres des Ecritures divines?
N'eft-ce pas là un étrange dé-
règlement de vie ? Et n'eft-ce
pas la fource de la corruption
des mariages , des mef-intelli-
gences , & des diffenfions àzs
familles ? Car il eft certain que
lorfqu'cn fortant de ces fpec-»
Oo
877:
Alïideraux
fpéftac'es, in-
difpoiition
pour alTiftec
878.
Speûacles
oppofés au
Chriltianir-
Se corriger
ou fe rejouir
quand onmé-
dit de nous.
4î4 Des Serm
tacles diflbius , vous rentrez
dans votre raaifonavec un ef-
prit rempli de toutes ces ima-
ges impures , la vue de votre
femme ne vous eft pl»s fi
agréable.
Quelqu'un a-t-il dit du
mal de vous ? fi vous vous
lentez coupable des choies
dont il vous accufe , corrigez-
vous-en : fi cela n'eft pas , ne
vous en mettez point en pei-
ne , & mocquez-vous-en ; ou
plutôt réjouijje-i^vous , félon la
parole du Seigneur , de ceqnon
aura mal parlé de vous s put/que
votre récompenfe en fsra pins gran-
de dans le €id.
'880:
Les calomnies
plus utiles que
J^sloiian^es.
Les loiianges de nos amis
ne nous font pas fi utiles , que
les injures de nos ennemis ;
lors mêmes qu'ils difent vrai ;
pourvu que nous ayons fi^in
de bien profiter de ce qu'ils
auront dit contre nous.
o N s
y7o, conjfigiorumcor'
rupiela , bella , />»-
gn<£ , rix£ijue in do-
niibtti ? Quiim enim
fpeâaculis tllis dîjfo"
htus , lafaviorque
domum redietisy ttxo'
ris aJpeHus minm 0^
ntJMcundus.
Aliquis tibi maU"
dixh . .. Si verè </r-
xit j corrige iJînfaU
so , irride. Sf tibi ipfe
esconfcius eorumqua
cbjiauntur , rejîpif-
cereijînonesy dejpi"
ce. Imo potiàs non
folnm déride acnegli"
ge , verum etiam
gatide juxtà Domini
fermonem ; quiim
enim dixerint om-
ne malum adver-
sùs vos , mentien-
tes , gaudete & e-
xultate ; quoniam
merces veftra co-
piofa eftin caîlis.
Non tantùm utili'
tatis adferunt amici
dùm laudant , quan-
tùm inimici dum vi-
tupérant i etiam fi
vera dixerint ;Jîc ta-'
men ut nos reprehen-
fionibm illorumprot*^
SUR DIVERS LIEUX DE 1.*AnC. TeST. 43^
cportetiUtiveiimHs.
Si lorfqu'un ennemi vous 88 1.
reproche un crime dont vous Aviiiir;.g^s
vous fentez coupable, vous q'i*''^! ïi'e<i°s
avez la retenue de ne lui en *^^l°"}"-s
point reproclier d'autres pour ^^=^°"*°^^'
vous vanger ; mais qu'au con-
traire vous aiez recours àDieu,
pour implorer avec douleur &
avec larmes fa milericorde ;
fçachez que ce péché vous fera
incontinent pardonné. C'eft
ainfi que le Publicain de l'E-
vangile étant couvert d'inju-
res & d'opprobres de la part
du Pharifien , ne répondit que
par Ces (bupirs ; & qu'en frap-
pant fa poitrine il difoit hum-
blement à Dieu : Seigneur, ayez
pitié de moi qui fuis un pécheur.
De forte que félon le témoigna-
ge de l'Evangile , il s'en retour-
na che:^luijiij}ifé. Ce qui nous
marque avec quelle promptitu-
de Dieu lui pardonna. Ce Pu-
blicain reçut une injure , mais
cette injure fut auffi-tot répa-
rée : il reconnut ks péchez ,
& ainfi il les eJfFaca: Taccufa-
tion de Ces crimes lui en pro-
cura la rémiffion , & fon en-
nemi devint fans le fçavoir fon
bienfaiteur. Combien fans
cela le Publicain auroit-il dû
efluyerde travaux , de jeûnes^
& dé veilles ? Combien d'au-»
Ooij
Si tnimicus eX'
prohraverit tibi cri-
men , cujus tihiconf-
cius es y tt4 vero au-
diens non convie tari s
illi vicijfm , fed cum
amaro z^niitu Deum
imploras ; proîinus
omnem culpam depO'
fuijli . . . Sic public 4'
nus convitiis a/perfus
à PharifaOi/u/pirans
pe^ufque percuîiens
hoc tantum dicebat ,
Domine propitius
efto mihi peccaio-
ri , & defcendit
juftificatus. yides
celeritatem. Aicepit
probrum , CT* a b luit
probrum, Agnovtt
peccata Ci?* depo/uit
peccata ; C^ crimi-
num accufatio faéla
efl illi criminum re-
mijjio 5 CT' hoJJis inf-
cieai , faflus efi be^
neficm. Quot labo-
tes erant publicano
fuheundiyjejunando,
humi dormiendoj vi-
gilando , honafua e-
genis impartiendo »
longo lempore infaC"
ço C cinerefedendo 3
41^
Des Sermons
mônes auroic-il été obligé de
faire ? Combien de nuics lui
auroit-il fallu coucher fur la
teire ? Et combien de tems
lui auroitii fallu paffer dans
le fac & dans la cendre , pour
expier tant & de fi grands cri-
mes ? Mais ici une fimple pa-
role a lavé les fautes j les inju-
res qu'il a patiemment foufFer-
tesde la part du Pharifien , lui
ont acquis une couronne de
juftice ; & tout cela fans tra-
vail & fans délai.
882. Si à la vûë de votre en-
Ne fe plaindre nemi , toutes les injures qu'il
d'un ennemi yous a dites & qu'il vous a
qu'après a- faites, vons reviennent en l'ef-
voir calme fa ^^-^^^ ^^-^^^ ^ff^^.^ f^j. ^^^5 p^U^
les oublier j & fi vous ne les
pouvez chafïer abfolument de
votre fouvenir, rejettez-enla
faute fur le démon ; & rappel-
iez en même tems dans votre
mémoire les moindres hon-
nêtetez qu'il peut autre- fois
vous avoir dites ou faites.
Que fi vous avez deficin de
lui faire des reproches , cal-
mez auparavant les mouve-
mens de votre colère ; parce
que tant que nous fommes
émus d'animofité & de paf-
fion, il eft impoffîble que nous
puiflions jamais ni rien dire ,
ni fouiïrir qu'on nous diferien
colcrc.
ut tlU t4m multa
peccata pofjet depo-
nere ? At nunc fim-
plici' vetbo omnem
depofuh iniquitaterriy
ac prohra pharifai
pepererunt juJlitM
coronam , idque fine
ftidoribui , fine la»
boribus , ZP* abfque
longi temporis mora.
Cùm vlderis ini-
micum,fi in mentem
venerit , qukm mul-
ta tilm auàieris tàm
perpejfus fis molejia ,
fac omnium horum
oblivifiaris, Etiam-
fi recorderis , tamen
fac ea diabolo impu-
ta : collige vero fi
quidunquam huma-
ntter vel dixit vel
fecit. Quodfi fuerit
animus cum illo ex~
poflhlare i fac prias ^
antmi motum abji»
cias 3 iramque extin-
guas .. , . Si quidem
ira commati mhilfa-
nipoterimus unquàm
vel dktre vel audir^
re.
des ennemis.
SUR DIVEllS LIEUX DE l'AnC. TeST. 4^7
d honnête & de raifonnable.
Vos ennemis à qui vous ail- gg,
rez fait du bien, vous feront Avanc^g^
de puiflans protedeursdans le qu'on tire de
jour du jugement. Et quand la dilediou
vous auriez commis une infi-
nité de péchez , fi vous obéif-
fez (incerement à ce comman-
dement du Seigneur • Pardon-
ne:^à vos ennemis , foyez afi'uré
que votre Père çetefie vous par-
dontiera aujfi va péche:^^^ atten-
dez-en donc la remifTion avec
coniîance , vivez dans un faint
efpoir i & cependant ne dou-
tez pas que tout le monde ici
ne vous aime. Car quand on
verra que vous aimez ainfi vos
ennemis ; qui eft-ce qui ne
s'empielfera point d'être vo-
tre ami 5 d'avoir pour vous de
l'afïeaion, & de faire & fouf-
frir toutes chofes pour rameur
de vous ?
Magni tibi futurl
funt patroni in die
judiài, hojiestuobe-
neficio adjuti . . . £-
tiamjî tnnumera com-
mi/eris peccata , Jî
proferas tllam preca-
tionem qtiee dicit ,
Reniittiteinimicis
veltris , c?» Pater
vefterremittetvo-
bis peccata veftra/
multâ cum fidticiâ
commijjorum om~
fiium remifjîonem
confequemur ; atque
hic intérim botta cum
Jpe vivos , habiturus
omnes amanter ergà
te affeélos. Quàm e-
nim viderint quoi
intmicos O* inimico'
rum filios Jtc diligis y
cjt*i fieri poterit , ut
non a-ff e fient tui ami-
ci , tuique Jïudiojî
fieri , C?* omnia tua
causa tùm facere ,
tùm pati.
Contra ignaviam
fer, Deus in mundo
diabolum reliquit ,
quià vigilamibus il-
le CT* circumfpeâis
nonfolùm non obefl ,
Dieu a vouhi laifler le dia- 8S4;
ble en ce monde, parce qu"*!! Démon utile
fçait j que bien loin de pou- ^"-^ vigiUns.
voir nuire à ceux qui font
foigneux & vigilans , il leur
ferc beaucoup.
Po iij
438
Des Home
'SSy. Le jugement de Dieu eft
Le jugement lerrjble ; mais ce n'eft que
ks m chans
88^.
Utilité de
outrage» qu*
on fouHre.
doux & favorable pour les juf
tes.
Quoique ce ne foit pas pour
la caufe de Dieu que vous
foufFiiez , fi néanmoins étant
chargé d'outrages par vos en-
nemis , vous en rendez grâces
au Seigneur , vous ne laiire-
rez pas de recevoir les mêmes
récompenfes que ceux qui
font perfecutez pour l'amour
de lui.
LIES
fed etiam prodcfl.
Terribile qttidem
judicinm > /t- d pecca-
torihui i juftis auicm
optabtle Çyfuave.
Licet non pr> Deo
maU fujtineas > fed
contumeius vexeris i
fi UU gratias agas i
Citm ils {jui Deigra'
tiâ alicjuid (ujitnent
rnalij tu eadempr*r
mia adipifceris.
DES HOMELIES
SUR LES PSEAUMES.
/^Uand votre propre fem-
Souôrir pa- v*/me VOUS fait la guerre, &
887;
ros plus pro
ches.
tiemment les qu'elle aiguile contre vous fa
outrages de langue Comme une épée ; j'a-
"' voué que c'eft une chofe bien
pénible & bien fâcheufe , que
celle qui vous a été donnée
pour vous aider , devienne vo-
tre perfecutrice & votre en-
nemie 3 mais cela vous doit
obliger à vous examiner vous-
même ; à voir fi dans votre
Hom. in pfal. 3.
Vxor teçum bellttm
gerit linguam
tatiquam gladium a-
cHtt, Res qitidem vaU
de moleJ}a at(^ue dif-
ficilis , quod 4^xi'
Itatrix adverfarta
faclu ejl : te tpfum
tamen examina ,
nunquid in juventtt^
te in muîkrem jMÎi
Sur t
Httentarii ; c quod
tnulieti à te vulnus
infiiéïum ejf curetur
per mttlierem i & w
lienum ulcmpropria
uxor chirurgi ojjicio
fttngem meduetur ;
C?' qit<e fecat igno-
ret j novit tamen
Dtus mediçHi.
In Pfal. 4. Exau-
divitme Deus ju-
ftitia? me2 , Id eji
jttfiitiam meam exatt-
divit. Nonfoletenim
Deo perfttadere ver-
borum multitudo^fed
pura anima , c re-
éJèfaflorum oftenjîo,
Oratio non efl
parvum dtleélionis
cum Deo vinculum ,
qu<e càm colloqui nos
affuefacit y & ad
fapientU puditim nos
ES PSEAUMES. 4^^
jcunefle VOUS n'avez pas attenté
à l'honneur de quelque fcmmci
& à reconnoître avec humilité
que la playe du tourment que
vous fait votre propre femme,
fert maintenant à vous guérie
des anciennes plaies de ces dc-
fordres que vous avez autrefois
commis avec d'autres femmes.
Ainlî votre femme fait A pré-
fent, pour le direainfi, la fonc-
tion de chirurgien, pour vous
guérir des bleifures que vous
vous êtes faites en d'autres
temps ; & quoiqu'en perçant
cet abcès elle ne connoiffe pas
ce qu'elle fait , c'eft Dieu mê-
me , ce fouverain médecin qui
conduit fa main, dans la par-
faite connoiflance qu'il a de ce
qui vous eft utile.
Le Dieu de ma iufiice ma ^^^.
exaucé. C'eft-à-dire que Dieu J"^^" ^xau-
a exaucé ma juftice. Parce que ^^^'^^ ^**"*
ce n'eft pas la multitude des
paroles qui le perfuade de
nous exaucer ; mais plutôt la
pureté de l'ame & la vertu de
nos bonnes œuvres.
La prière eft un puiflànt 8S^;
lien d'amitié entre nous & Avantages
Dieu, en nous accoutumant ^^^^'^'^'^^*
à converfer familièrement a-
vec lui , & en nous élevant â
l'étude de la fagefle. Et eu
Oo iiij
Des HoMFLiES
on ne peut avoir une deducit. Si emw qui
A40
cfFet fi
fréquente habitude avec une
perfonne d'une vertu & d'un
mérite extraordinaite , lans
en recevoir un grand avanta-
ge j quel ne fera point celui
que nous procurera une con-
tinuelle converfation avec
Dieu même ?
S90. Pcnfons en nous - mêmes
Conditions comment nous nous pour-
dcUpueie. jQj,5 addreffer à Dieu : ap-
prenons de quelle manière on
lui doit parler. Il ne faut pas
aller à l'école , ni employer
beaucoup de temps à nous
lendre fçavant en cet art di-
.vin : il fufïît de le vouloir , &
nous y deviendrons parfaits.
Qiiel eft donc le but & le
propre de cette fcience , finon
cle (çavoir de quelle manière
il faut prier. Or il faut pour
cela avoir l'efprit détaché
des chofes du monde , le cœur
contrit , & les yeux baignez
de larmes : Il ne faut rien de-
mander de tout ce qui ne re-
garde que cette vie ; il faut
déiîrer uniquement les biens
futurs , ne prier que pour ob-
tenir les biens fpirituels , ne
jamais fouhaiter du mal à nos
ennemis , oublier les injures
([u'on nous a faites , bannir
cum magno aliquo
eT* aàmtrahiU liiro
mulfàm verfatttr ex
ejt*s confuetudine ma-
ximum frttijum ac'
cipit y quanta magiy
qui cum Deo perpe-
tuam hahetconfuetu-,
dinem,
Meditemur Deum
interpelUre. Difca-
mus quomodo ea fa-
cienda fît tmerpeila-
tio. Non eji eundum
in mujisum . . . neque
multùm temporis con-
fumendum eji ut hanc
dicendi artemdifcas;
fedfolàm voluijfefuf-
fiât y ZP* ars perftOa
evajît ..,. Et quif-
t)ameJ}/copuSy.quod-
nam injïitutum Jmjus
artii ? Modui oratio'^
nii. Sohria mente y
animo contrito , cum
fonlihui lachryma»
rum ad eum accède"
re ; nihil quod ad
hanc vitam perttneat
petere y futur a con-^
cnpifcere , pro fpiri'
talibus interpellare ,
inimicii non malèprc'
cari, atceptam injw
Su R LE
rîam memoria non
tenere, omnespertur-
hationes ex nnimo
eocpellete . . . cu^idi-
tates contrahere ac
modérât um ejfe^man-
fuetudinem exercere^
linguam ad benè lo-
qnendnm convertere,
cHtn tiuUo pro rehus
improhis confpirare ,
nihil habere commu-
ne cum commum or'
lis terrarum hojie
fcHfcet diabolo.
Si Publicanuspec-
cator , jujlus ab ora-
tione fa fins e/? , eu-
jhfmodi eritjy/liis fi
talem orationem of»
ferre didtcerit ?
Oracionestu^e &
eleemofynae tu^e ,
inquit Angélus ad
Cornelium,zCccnde'
runt coram Deo;
& meriib. Opéra e-
nim fient qu<e exaw
ditêntur CT* reâièfa'
fia. Non abfolutè au-
tem orationes , fid
orationes qua fiunt
ex lege De t. Et qu£-
nam fitnt e& ? Qi4£
ea Petunt qu£ Deum
dare convemtf ^m*
S PSEAUMES. 441
de notre ame tout ce qui peut
troubler fa tranquillité , répri-
mer nos cupiditez , acquérir
de la modération & de la dou-
ceur, n'ufer de fa lan2;ne que
pour dire de bonnes choies ,
ne confpirer jamais avec per-»
fonne pour mal faire , & n'a-
voir rien de commun avec le
démon qui eft l'ennemi de
tous les hommes.
SilePublicain , depéchenr 89i«
qu'il étoit, aété fait jufte par Ffficacedjs
la vertu de fa prière j quel ne lap"cie.
deviendra point celui qui eft
déjà jufte 5 s'il fcait prier com-
me il faut ?
L'Ange dit à Corneille le gpi;
Centenier : P'os prières C?" vos Quelles font
aumônes ont monté en la prefence les prières que
de Dieu. Et c*eft avec raifon ^^«^ exauce,
qu'il lui parle ainfi , parce
que ce font proprement nos
bonnes oeuvres qui font exau-
cées de Dieu j & ce ne font
pas abfolument nos prières,
mais feulement celles que
nous lui faifons conformé-
ment à fa loi & à Tes précep-
tes. Et quelles font ces priè-
res , fînon celles qui ne lui
demandent que ce qu'il lui
U foi.
442 De s Home
convient de nous donner , &
qui n'eft point contraire à fes
volontez & à fes ioix.
Plujîeurs crurent en ] E S \J S-
8^3. Clî Kl ST y iOP'nofoient le ccn-
Le vice eft f^ger à caufe des Vhartfiem. On
un obftaclea ^^-^ par-tout que la vie dé-
pravée & corrompue eft un
grand obftacle à la pei fedion
de la créance , & de la bonne
dodrine.
g Mettey-voHs en colère C!^ ne
Se mettre en peche:!;Joint. Il eft quelquefois
colère contre permis de fe mettre en colère
kvice. avecjuftice. Conime nous li-
fonsqueS. Paul s'indigna con-
tre Elimasj & S. Pierre contre
Saphira. Quoique je n'efti me
pas que ce mouvement d'in-
dignation fe doive propre-
ment appeller colère ; mais
plutôt un fentiment de phi-
lofophie & de fagefle Chré-
tienne , & un déilr pour l'or-
dre & l'œconomie des chofes j
ainfi qu'un père fe fâche fou-
vent contre fon fils, par le foin
qu'il a de bien régler la con-
duite. Il n'y a donc en eifet
que celui qui fe veutvanger,
qui fe met en colère témérai-
rement & injuftement r car
celui qui ne le fait que pour
corriger fon prochain , eft vé-
ritableoient doux & pacifique.
LIES
ah ipfo non popttUni
qu<efunt legibtis ejus
repugnantia.
Multi credide-
runt in lefum , &
propter Pharifasos
nonconfitebantur;
Et nbique videri pof-
tefivitampravam ac
corrufftam adperfe»
, élionem dogmatit af'
ferre impedimemum.
Ira Ici mini , &
noiite peccare.-^MJ
irafcitur temerè, h-
cet emm etiamjujlè
trafci. Nam Z^ Paw
lus Elym<e fnccenfuit^
^ Petrtis Saphirx,
Sed non id dixerim
ab/olutè tram , fed
philofophiam y curam
^aconomiam. Iraf'
citur pater filto , [ed
ejus curam gerens»
Ille efl qui temerè
irafcitur , qui feip^
fum ukifcitur. Qu^
autem aliéna corrt"
git , is eft omnittm
manfuetijjïmus^
Sur les Pseaumes. 443
Ira in nobis injîta Le fentiment de la colère
eft,non utpeccemus, na pas été mis en nous afin
fed ut alioipeccanîei que nous péchions , maisplû-
prohibeamus . . . Co- tôt afin que nous empêchions
gitaapudte quamjit les autres de pécher par la
iiijîgne vitivtm , colère. Confidérez par-là la
qnando medicamen- malignité de ce vice , puii-
tnm venenum effet- qu'il change le remède en vc-
tur : quando per nin -, & que ce qui nous de-
quod alioYum vuhe- vroit fervir à guérir les piayes
tibus medendum eji , des autres , nous en fait 5
per td vulnera infii- nous- mêmes : femblables à un
gimi^s : quemadmo- chirurgien qui prenant un ra-
dùm fi quii accepta foir pour couper dans un au-
ferro m qu<e in aliis tre des chairs gangrenées ,
phtrefafla funt cxf- s'en couperoit lui-même deç
cindat, feipfumubi- chairs vives : ou à un pilotç
que conctdat: velgu- qui feroit périr fa barque par
iernaior perclavum le moyen du timon, qui ne
cymbam fubmergat , lui avoit été mis en main que
fer quem ventorum pour la gouverner contre
tmpeium oportebat 1 impétuofité des vents & àzs
tohibere, flots.
Quse dicitis in Soye:^ touche:^ de componélioa 8^f,
cordibusveftrisiin dans votre Ut , de ce que vous Examende
cubilibus veftris aure:^ dit dans le fecret de VO" confciînce
compungimini : tre cattr. Ccft ce qu'il faut ^°^^ ^^^ -""^"^
li<ec fiant fingttlis faire tous les jours, & ne ja-
diebus , nec prtus niais vous endonnir que vous
dormierisquàmmen' n'ayez repalTé dans votre qÇ-
te verfaveris qu£ à prit tout ce que vous avez fait
te interdit* perperam dans Ic cours de la journée :
aCla funt ; O' diefe- car fi vous en ufez ainfi , vous
quenti eris omnino ferez fans doute plus retenu
tardior ad ea ipfa & plus éloigné de commettrç-
rurffis aggredienda, le lendemain de pareilles faite"
'8p5.
444 Des H o m b
tes. Ce que vous pratiquez à
l'égard àe celui qui fait vo-
tre dépenfe , qui eft de ne pas
laifler palier plus de deux jours
fans compter avec lui , de
crainte que l'oubli n'apporte
de la confufion dans vos afFai-
tes domeftiques j faites le mê-
me pour vos propres adions.
Demandez tous les foirs comp-
te à votre ame , condamnez les
penfées qui vous ont fait pé-
cher , attachez - les , pour le
direainfi, à un poteau , met-
tez-les comme à la queftion,
& défendez-leur avec de ru-
des menaces de ne plus retom-
ber en ces mêmes fautes.
Si vous ne vous fouvencz
iouvenir des pas maintenant de vos pé-
péchez, chez , ils vous feront un jour
remis tous enfemble devant les
yeux ; mais fi vous prenez foin
de les bien examiner à prc-
fent 5 vous en ferez bientôt
délivré , & vous ne retombe-
rez pas fi aifémenten dépa-
reilles fautes.
^97' Sacrifiey lefacrifice ie jujiice.
Sacrifice du Ce facrifice n'a befoin ni d'ar-
cŒur, gent j ni de couteau, ni d'au-
tel , ni de feu , pour être of-
fert ; mais Dieu fe contente
du cœur de celui qui l'offre.
A cela la pauvreté n'eft point
un obftade > ni ie lieu , ni
L I ES
Quod facis in peeu"
ntà , nec finis Ht duo
dies f>r<eîereanti qui»
cumfamulo rationem
ineas , ne confujîo-
nem inducat oblivio ,
hoc etiam fac in <»-
éliombus. Singulis
diebus vefperii ab a-
nima rationem exi-
ge ^ C^ cogitationem
ijtKC peccavit , con»
demna eam , veluti
in ligna fufpende ,
çsr torque j t^p'jtibe
ne ampiiits ea aggre*
diatur.
Si nunc non me-
minifii apnd te pec
catci omnia , tune
antè omnium oculoi
flatuentur. Si autem
nunc ea fiipputave-
ris y & ab illts ctto
hberaberis , CiT* in
alia facile non inci-
des.
Saerificate facri-
ficium juftitias ;
Hoc facrificium non
eget pecuniâ , non
gladio , non altari ,
nonizne . • .fedani-
mo eius qut offert con^
tentum efi, £f »eç e§L
Sur le
paupertas obpaculuntj
nec menduitai nnf?e-
dimentum ; non lucus
nec altquiiejufmcdil
fei tibicurKque fuerts
ti ojferre poterti càm
ipfe fis CT* facerdoi ,
CT* altare , cr gla-
dius CT* hoflia ....
Spiritualia etnmplu'
rimUm habent facili-
tatis , ut qute nulla
externa operatione
créant,
Juà<tis utpote im-
hectlliofis animijen-
fibilta quoque bona
Deus dédit . . . Pofi-
quam autem acceffit
X)ominus nofier Jefus
Chrij}i*s j in calum
nos vocans , qua hîc
fttnt defpicere perfita-
fit . , . Nam etiam
pueris patres pr<tbent
ejufinodi crepundia ,
armillas, Ç^cpofi-
qttam autem creve-
rint , illis ablatis >
dant alla majora ,
in civitaîe fplendo-
rem , magiflratus O*
principatm 3 eos ab
omni pHerili ambi-
tione abducentes. Ità
Deusnoi à parvis il-^
s PSEAUMES. 44 j^
quelque autre choie extérieu-
re que ce foit , un empêche-
ment y mais quelque part que
vous vous trouviez, vous pour-
rez l'oftrir à Dieu 5 puilqu'en
cela vous êtes vous icul & le
Prêtre , 8c l'autel , & le cou-,
teau & rhoilie. C'eft la faci-
lité admirable que l'on trouve
dans les adions fpirirùelles ,
où l'on fe peut palier de toutes
les chofes extérieures.
Comme les Juifs étoient 8^8.
des cfprits foibles & greffiers. Biens fpiri-
Dieu leur donnoit aufTi des tuels dans la
biens fenfîbles & charnels. l°i"^"velle.
Mais depuis la venue de No-
tre Seigneur JeSUS-CHRIST
nous fommes appeliez aux
biens du Ciel , & au mépris
des biens de la terre. Les hom-
mes en ufent de même envers
les enfans , en leur donnant
mille bagatelles qui font con-
venables à leur bas âge i mais
quand ils viennent à croître
on leur ote tous ces joiiets
pour leur donner de plus gran-
des chofes 5 & on leur confè-
re des honneurs , des magif-
tratures & des dignitez qui
les détachent de tous ces dé-
firs d'enfans. Et voilà com-
ment Dieu nous voulant dé^
44^ Des Homélies
livrer de l'attache aux chofes In z^puerihlus ah'
du monde qui font fï viles & ducens , ea <jut in
puériles , nous élevé par ks c<eUs funt polUdtus
promexTes à l'attente d^s biens efi.
du Ciel,
gap: Rien n'eft fi capable d*cta- Nihil aquè foUt
Paix de l'a- blir la paix de l'ame , comme facere pacem ac Dei
me, effet de la connoiflance dc Dieu, & cognitio , aczirtmis
Javertu. la poirefrion de la vertu , qui poJ]'efjîô ^ quétanimi
en calme tous \qs troubles , ferturbationem in-
& appaife la guerre inteltine temum hélium pro-
qui la déchire fouvent. Sans culejicit.. .. Satie
cette paix intérieure 3 quel- fi hac pacehomonon
que tranquillité dont un hom- fritatitr, eùamfijtt
me puifle jouir au dehors , il extrinfecus fumma
fera toûours très-miferable. pax , eji omnium mi-
Eten effet les guerres des na- ferrimus. Neque e-
tions les plus barbares ne fçau- nim qu£cumque /e-
roient être fi cruelles , que r£ génies tam atron
celles que nous font nospaf- hélium geruntquàm
fions déréglées, qui nous atta- improha ac nefarU
quent jufques dans les plus cogttatio, qua ver-
fecrets replis du cœur , lorf- fatur in penetralihus
qu'on n'a pas foin de les ré- animi, O'quxhon
primer : telles font l'intempé- cajiigatur intempe^
rence de la convoitKe , l'a- rans lihiào , amor
mour du bien , le défir ardent pecmi<£ , potenti<e
de la puifiance 5 & l'attache à vehemens defiàe-
toutes les choies qui appar- rium ^ ^inresqua
tiennent â la vie préfente. ad hanc vitam perti^
fient ajfeBio.
'900. iS"* Votre ail droit vous eji une Si oculus tuus
Renoncer etcafon de fcandale ^ arrachey^ dexter fcandalizat
aux amitiez [g jyjotre Seigneur n'a pas te, erue eum. Ncn
da.igereu.jr^e e,^f ^ndu cela de l'œil du corps, dicens de oculo , quiâ
puifqu'il cft incapable de nous enim malt ficerit o-
Sur le
ftt/H/, fijit fanusa-
nimus :fed de amicis
neeefj'ariis , C^ tjtti
funt nobis loco horum
membrorum CT* nos
Udant , hac confli-
tuit i juhtns eorum
amicitiam contemne-
re t titfnaf(flustffî-
ciatur tutior.
Ti* fi in civhate
aUqua fis habitatt*'
rus , de aère curtosè
inquirist an fit fii-^
lubris. De anima au-
tem rationem initu-
rusy non es fjllicitus
de eorum confuetit-
dine qui cum ea fisnt
congreffuri ; fedte-
merè eam omnibus
permittis.
Anachoretas imi"
tare : in média civi-
tate fjlitudinem per-
fequens. Quomodo
autem hoc erit ? Si
fu^ias improbos , O*
fi bonos jequaris* Ità
enim majorem perd-
pies fecuritatem ,
quàm qui in defertis
habitant , nonfolàm '
in lis fugiendis qui
Udmt i fed etiam in
poi.
Choifir les
S PSEAUMES. 4.^^
faire du mal , quand notre ef-
prit fc confcrve dans fa fanté
& dans fa vigueur : mais il a
voulu parler de nos meilleurs
amis, qui nous tiennent lieu
de membres j en nous com-
mandant , lorfqu'ils nous font
en fcandale, de renoncer à leur
amitié pour afl'urer notre fa-
lut.
Quand vous voulez aller
demeurer en quelque ville,
vous vous enquerez foigneu- compagnies.
fement fi l'air y eft bon &
fain ; & à l'égard de votre
ame , vous n'êtes point en
peine des compagnies que
vous devez hanter , & avec
qui vous avez à converfer or-
dinairement : mais vous vous
liez témérairement de focieté
avec toutes fortes de perfon-
nes.
Imitez les Anachorettes, pot;
& cherchez la folitude au mi- S'éloigner
lieu même de la ville. Mais des méchans,
comment cela fe peut-il faire, fr^quentei les
me direz-vous ? Si vous fuyez ^"^*
les méchans , & fi vous fui-
vez les bons. Car en vivant
ainfî vous vous trouverez dans
une plus grande feureté que
ceux même qui habitent les
deferts , non feulement en ce
que vous éviterez la iocieté
dangereufe de ceux qui peu-
^03-
Bonté ôc pro
videncc de
Dieu»
ils qui profunt ....
Ulrmque enim C?*
virtus augefcet , G*
decrefcet vtiium.
In Pfalra. $. ri-
de Dei curam ac
providentiam. Laho-
res quidem viupr<e'
fenti anrtbuit i ut
ejfês brevitate una e~
tiam terminaretur
molefiiai lonaautem
in futurum ftculum
4f8 Dbs Homélies
vent nuire à votre falut ; mais commtinicanio
encore en ce que vous profite-
rez du commerce avec les gens
de bien : car l'un & Tautre
fert beaucoup à réprimer le
vice , & à accroître la vertu.
Confidérez combien eft fa-
vorable le foin de la provi-
dence de Dieu envers les hom-
mes. Il a voulu que les tra-
vaux fuffent joints'' à la vie
préfente , afin que fa brièveté
pût bicn-tot terminer leurs
peines ^ & il a réfervé les
biens pour la vie future, afin
que \ts récompenfes ne fuffent refervavtt , ut re-
pas de moindre durée que l'é- munerationes exten-
ternité. derentur cum atet'
mute.
C'eft le propre d*un hom- Hoc efi imprimis
Ne venger me pieux & fage de ne point pii ^fapiemii ani~
que les inju- chercher la vengeance de Tes mi fuas quidem nolie
ses de Dieu, propres injures , mais d'être ulcifci ^ fed Deiin'
animé à'fiP. grand zelc pour jurias véhément er
venger celles de Dieu. Cepen- perfequi, Multi fa-
dant la plupart du rnondefait ciunt his contraria, s
le contraire. Onfe foucie fort qu£ in Deum qui-
peu des injures qui font faites dem faCla funt con-
à Dieu , & on court avec ar- temnentes , qu<e in
deur à la vangeance de cel- fe autem peccata funt
les qu'on a reçues. acerrimè vindtcan-
tes.
50f. tes feux delà convoitile InVlzlm 6. Ni/î
Remèdes ne feroient point fi ardens , fi sufiammamaccende-
cupifcencc!^" y^H^ ne les attifiez & ne les ris ,fornax cupidita-
904.
irritiez vous-même
vous ta non exçnatur .
nifi
Sur l b
w«/î âe fpeciojîs vi*l'
tibus curioie invejïi-
^aris , nifi de ait en a
pukhritudine ftteris
nimiùm follicitus j
nijî in theatra ini-
quitatis afcenderis ,
itijî carnem deliciis
impingu averti ....
Non fujjîciunt h<ec
fola refrAnandx cn-
fiditati , feà oportet
etiam alla accedere ,
crationes ajftduai ,
fanflorum confuettt-
dmes , jejunium mo'
«lerattim , viSlum te-
fiuem 5 necefj'a ria e-
xercuia » antè alla
autem omnia Dei ti-
morem , futuritmji*-
dicium , fitpplicia in-
tolerabilia , bonorum
promifftonei. Perh^c
omnia refr^nanda
eji ctépiditai , €?•/«-
dnndum e[i mare
fcmmotum.
Qui lachrymui pot-
nitenti(£ fundit , ni'
hili ducit cji4£ fttnt
in terra ,fed abom-
ni obftiione libérât
animum , msntem
nddit velfole dayio-
Tom. I.
S PSEAUMES. 449
n'aviez la dangereufecuriolué
de regarder toutes les beautez
étrangères , (î vous ne les al-
liez chercher dans les affcm-
blées d'iniquité , & jufques
fur les théâtres > & iî vous ne
nourrirez votre chair avec
toutes fortes de délicatcffes &
de délices. Cependant le feul
retranchement de ces occa-
fions dangereufes ne fuffit pas
pour éteindre l'ardeur de cts
flammes : il y faut joindre l'af-
fiduité delà priercj la fréquen-
tation des gens de bien , les
jeûnes modérez, la frugalité
de la table, l'exercice des bon-
nes oeuvres j & préferabie-
ment à tous la crainte de Dieu,
la pcnfée de fes jugemens ,
des fupplices intolérables qu'il
deftineaux pécheurs , Si les
promelFes des biens qu'il pré-
pare aux juftes. Ce font-là les
moyens donton doit ulér pour
réprimer la rébellion de no-
tre concupifcence , & pour
appaifcr l'émotion de cette
mer irritée.
Quiconque répand de fin- çq^,
ceres larmes de pénitence , Efficace Se
compte pour rien toutes les nèceilitéds U
chofes du monde , délivre fon ps"ite»ice,
cœur de toute attache à la
terre , & rend fon ame plus
brillante que le foleil. Oi- je
4$o Des Home
n adrefle pas feulement ces pa-
roles aux Moines , mais aulïi
aux léculiers y & même enco-
re plutôt aux gens du monde
qu'aux Religieux , puifqu'ils
ont bien plus de befoin des
remèdes de la pénitence.
907. Quand le vice auroit toute
Foibleffî du la terre pour lui, il le faut tou-
vice, force de jours regarder comme très-
la vertu. foible & très-méprifable : au
lieu qu'encore que la vertu fût
toute feule -, elle eft plus forte
& plus puilfante que toute la
terre i parce qu'elle a Dieu
pour la foûtenir. Or comme
on ne peut furmonter celui
qui eft protégé de Dieu -, on
oe peut auffi défendre celui
qu*il veut perdre.
>o8. Il y a pluiîeurs raifons qui
Quelles font font fouvent que Dieu nous
l?s prières que exauce, j. A caufe qu'il nous
Dieu exauce. ^^ j^g^ Jignes. 2. Que nos
prières font conformes à fa
volonté &à fa Loi. 3. Qu'el-
les fontaiTidués & perfévéran-
tes. 4. Que nous ne deman-
dons rien de ce qui ne regarde
que cette vie. 5. Que nous ne
défîrons que ce qui eft utile à
notre falut, 6. Que nous
LIES
rem. Necfilis Jjocdl"
co Monachisi adje-^
culares etiam babetur
bac exbortatio » €7*
ad bas fotius quàm
ad illos. Ht enimfunt
qui maxime indi-
gent poenitentix
pbarmacis.
InPralm.7.^-
tium el/t fecum bw
beat Htiiverfum or-
hem terrarum , eJT
omnium maxime tm*
hecillum. Ftrtus au"
tem etfi fola fn y efl
omnium pote}iti(jhia^
babet enim Deum fe-
cum flantem. Qu/Sr
ergo fervare poieji
eum qui à Deo oppu-
gnatur 5* Quis autem
potefl perdere eum cui
Deus fert auxilmm,
Hac ratione fit ut
exauâiamur, Prim^f
ex eo quod fumus dt-
gniaccipere : Dein-
de, quod ex Dei le-
gibus oremus. Ter-
tio 3 quod ajjîduè.
Quarto i quod nibil
petamus eorum qu<t
ad vitam pertinent,
Quinto quod peta-
mus utilia, SfPtto
Sur le
quod (jU£ no(lrafunt
omnino ajferamus.
F'ide er^o multos qui
ficexaudiuntur. Cor-
nelium ex viià : Sy •
rophitnijfam ex afjî'
duitate '. Salomonem
«X modo petitionii ;
Pttblicanum ex hu-
militate.
Bacraùonejitut
non exaudiantur e-
tiam qui jujït funt.
Quid enimfuit Paulo
jufiim ? Sedquoniam
non utilia petivtt ,
non fuit exauditus j
& dixit mihi Do-
minus, fufficit tibi
gratia niea. Quid
tfero Mûfe ? Sed nec
aie exauditus ej}) cùm
peteret tngreditn ter-
ram promijjam ; Deo
dicente , ùtis tibi
fit j qtiippe inutile
erat quod petebat.
Accedit altud quod
impedit quominùs ex-
audtamur ; quando
fcilicet in peccatis
perfevcrantei ora-
mus. An non vides
S P s E A U M E s. 41 1
failons de notre part tout
ce qui dépend de nous. L'E-
ciicure nous marque plu-
fieurs perfonnes que Dieu a
exaucées pour quelqu'une de
ces raifons , (çavoir , le Cente»
nier Corneille , à caufe de fa
bonne vie : La Chananée, à
caufe de fa perfcvérance dans
fa prière : Salomon , à caufe de
la manière de fa demande : Le
Publicain, à caufe de Ion hu-
milité.
11^ a aufTi àes raifons qui ^op;
empêchent quelque - fois que Quelles font
les juftes même ne loient '"prières que
exaucez.Cary avoit-il unhom- D^'^'^^n'exau-
me plus jufle que Paul ? cepen- '^^ ^^ '
dant comme il demanda une
fois des chofes qui ne lui é-
toient pas utiles , il ne fur pas
exaucé, & Dieu lui dit : ma
grâce vous fujft. Y eut- il aiiiïi
jamais perfonne plus digne
d'être exaucé que Moyfe ? ce-
pendant il ne le fut pas dans la
prière qu'il fit à Dieu d'entrer
dans la terre promife : Et il lui
fut dit : Que ceia vous fuffife î~
Parce que Çsl demande éioit
inutile. Il y a encore une autre
chofe qui empêche que nous
ne foyonsexaucezjfçavoir lors
que nonobfïant nos prières
nous perfévérons dans le pé-
ché. Et c'cft ce que nous
Ppi)
45*
Des Homélies
voyons dans cts paroles de
Dieu à Moyfe : Ne vo;^e:^vous
pas ce que fait ce peuple } Il na
point quitté fon impiété , O* vous
ne Ut/J'e-i^pas de me prier toujours
pour lui : Mais je ne vous exaU'
cerai peint. Quand au(îi nous
prions pour attirer du mal fur
nos ennemis , non feulement
Dieu ne nous exauce pas, mais
nous irritons même la colère
contre nous.
L'afflidion eft comme une
huile falutaire , qui nous oint,
qui nous confirme , & qui
nous rend plus forts pour
l'étude de la vertu. Dieu s'en
fert aufîî pour nous enfeigner
le mépris des cbofes préi'en-
tQs y & pour nous en dé-
tacher. Et c'eft pour cela
qu'il permet (buvent que nous
loyons ici affligez.
^ j j.; Ce n'eil pas ceux que Dieu
Malheur chatie j qui méritent d'être
d'un pécheur pleurez ; mais" pliitôt ceux qui
impmii. nonobftant leurs péchez ne
fonffrent rien en ce monde.
Leur premier mal eft de pé-
cher; & le fécond eft de ne
recevoir de Dieu aucun remè-
de pour la guérifon de leurs
péchez. /
quid hi faciunt ?
Âb impietate non
defecerunt , & tu
ofterspro eis pre-
ces 5 fed te no a
exaudiam. Rurfus
quandocontràinimi-
cospetimus, non fa-
lùm non exaudimur ,
fed eliam irritHntus»
AJjiiSlio nos veî
maxime ungk , con-
firmât CT* fortiorei
reddit ad (finltum^fa-
ptentiie. Ac pr^tereà
per eam vult Dein
nos docere prafeniia
dejpicere, C7 non eis^
ejfe affixos O* alliga-
tos. Proptereà affli"
ilionem concedit . . ,
qua autem bonafunt
^jucttnda yUt facile
foherentur ejfectt.
Non oportet eo^
fiere qui puniuntur ,
fedeos qui peccantts
nulUs ommno panas
iuunt. Primum enim
malum ejl , peccare :
fechnâum autem fi
peccantibus ntflla ad-
htbçam medictna.
Sur le
Ne refpexeris hoc ,
quod fe ejje divitem
Utatur dives / fed
propter hoc iffum vel
maxime et*m dtfie ,
qtéodne femiat <jui-
dem in quant o malo
tJerfetur, Efl enimà
Tàtione maxime alie^
num propur ea exul-
tare,
Bojies qui volunt
fupplicium infligere
non modo id non di-
9unt, fed etiam id
celantes invadunt ,
ne qui puniendtfunt
caveant. At De us O*
prtedicity CT* verbis
terre t , O' nihUnon
facit y Htqudimina-
tur non ajferat. Hoc
fecit in Ninivitis :
arcum tetendit ,
gladium vibravic ,
eT* iflum non infli-
Kit.
Ad vitittm oppor-
tunitate opus efi , a?*
loco, CT* dolo, CT»
maleficiis , eT* ar~
mis çy machinatio-
nihus j CT* ofen/îo-
tiibus » O* adulatio'
«f V fecuritate ^
S PseauMes. 4j'3
Ne confidérez pas la joye 9^^'
qu'a le riche d'avoir de grands . ?^^2^^^ ^^■■
biens ,• mais pleurez-le pour ^^^ "*
cela même qu'il fe réjouit , &
qu'il ne fent point le mal des
nchefles. Car c'eft une joyc
tout- à- fait inlenfée & dérai"
ionnable.
Qiiand nos ennemis
veulent faire du mal
Dieu niena-'
nous
, bien
loin de nous en avertir , ils « P°"^ "°"^
, , , ',., faire éviter
nous cachent le plus qu ils ç^^ châti-
peuvent leur mauvais deilein , mens.
de peur que nous ne prenions
contre eux nos précautions.'
Mais Dieu au contraire , nou»
avertit de bonne heure , nous
épouvente par Ces menaces, &
il n'y a rien qu'il ne faiTe pour
nous faire é/iter fes châtj-
mens. C'eft ainlî qu'il en ufa
envers les Ninivitcs, Il tendit
fin arc contre eux , il tira fon
cpée pour les menacer j & enlîa
il ne leur fit aucun mal.
Pour accomplir !e maijii faut
bien prendre fon tems, trou-
ver le lieu favorable ; il faut fe
fervir d'adrelfe , de maléfices,
d'armes , de machines, il fauc
infulter aux gens, ou les flat-
ter , ou diflimuler j & enfin il
eft néccflaire de prendre tontes
^14.
Vice pcnî-
ble j vertu id^
fée.
91')'
Tout fouf-
frirpar a-
mour pour
D.eu.
Amour de
Diei defintc-
telle.
A dtion de
grâces d.ins
raffl;aion.
5'i8.
JoycenDieu.
4f4 Des H o m
les (ûretez pour leur faire du
mal fans en recevoir. Voyez
combien de difficultés on
trouve dans le péché : Mais
il n'y a rien au contraire de fi
facile que la vertu : Elle eft
tranquille & exempte de pei-
ne & d'inquiétude -, au lieu
que levicen'eft plein que de
troubles & d'embarras.
Un homme poUédé de l'a-
mour profane voudroit mou-
rir mille fois pour celle qu'il
aime , quoiqu'il ne puifle rien
efperer d'elle après fa mort.
Faifons-en de même , & fans
confidercr la récompenfe de
l'autre vie, &ratrente des biens
du ciel 5 fouffrons toutes cho-
fes purement pour l'amour de
Dieu.
Aimons Dieu pour lui-mê-
me , & pour les biens qui
viennent de lui»
Quand vous avez rendu
grâces à Dieu d'un bien qu'il
vous a fait, vous vous êtes
acquité de votre dette i mais
fi vous le remerciez d'un mal
qu'il vous a envoyé , vous le
rendez votre débiteur.
Quand on fe réjouit en Dieu
comme l'on doit, ce fentiment
bannit de notre ame tous les
plaifirs que peuvent donner ïqs
EL I ES
fimuUtiêne* f^ides
Qttàm res Jtt facilh
virtus , diffîcilis au-
tem vitium. V.la qui'
dem cjl tranquilla ,
hocvero tttrhaZ^tn*
mHltt* refertum.
Amator veîmilUei
pro arnica moreretur
quamvispofl mortem
nihil ah ea expeCia"
ret. Ità etiam nos
opcrtet non propter
regni expeéïationem,
nec propter ahquam
fpem fttîurorum ,
jfed propter tpfum
Deum omnia pati,
Deum amemus non
propter ea qphe funi _
ejus , fed propter
ipfum.
In Pfalm. p. In
bonis quiiemgratiap
agens reddidifli Je-
hitum : in malis au •
tem Deum conpitmjft
de bit or em.
Qui in Deo ut
âportet Utatur , ow-
nem (jua ex lis (jua
ad ifitatn pcrtiiuHf
Sur le
ProficifcUur , expelUt
voluptatem. Qttideji
enim laetabor in te ;
cttm talent haheam
Dominum , hoc efl
mihi volttptas , hoc
eji exultaiio. Si quis
hanc novit volupta'
tem ut oportet , non
femit aUam volupta»
tem,
InPfalm. p. Ad
quem refpiciam
nifi fuper humi-
lem ? Ubique ora»
tionis vehicMÎum in-
veniiur Immilitas,
Propè eft enim
Dominuscontritis
corde.
Semper egemus Vei
provÙeiitia , maxi'
me autem dum libe-
ramur à malis. Aliud
enim excipit priori
dijf.cilius , focordiie
CT* arrogantice. Tune
Jj>irat vehementiui
diabolus , . . Quare
cpui habemus auxi-
îio 5 ut facile res fé-
condas feramus.
Nam Jud<ii quoque
ab /Egyptiii liherati,
^ratiori bello vexa-
bantnr , <irrogan\ia
S PSEAUMES. 45-5
chofes du monde. Que \t\\z
donc dire: ^e me rejoHuen iûus}i
Sinon toute ma joye , & toue
mon piaifir eft de vous avoir
pour Dieu & pour maître ; &
quiconque fçaura bien goûter
quel eft ce piaifir , fera infeniv»
ble à toute autre.
Sur qui jetterai-je mes yeuYy
finon fur celui qui e/? humble^ Humilité»
On voit par-tout que Thurniv force de U
lité fert d'ailes à la prière. P""'^*^
Car Dieu eJi toujours proc}?e des
cœurs contrits C humtlie:!^.
Nous avons befoin que Dieu ^^®' .
prenne toujours foin de nous , Pro^pents-
■ ■ ■ 1 ^ y P us (lanoe-
maisprmcipalementapresqu - \^^ç^ °
il nousa délivrez de la tribuia- l'adverfité*-
tion. Car alors nous fommes
cxpofez à une nouvelle guerre
bien plus dangereufc que la
première , fçavoir à la pareffe
& à l'arrogance ; & c'eft en cec
état que le démon nous atta-
que avec de plus grands ef-
forts. Ainii nous avons un ex-
trême befoin du fecours de
Dieu pour nous défendre de la
ptofperité. Les Juifs après a-
voir été délivrez des Egyp*.
921.
'Pauvreté
plus propre à
la vertu que
lis richeffes.
91%.
Prier pour
tout le mon-
de.
pi3-
Secours d:
Deu dans
l'affliciion.
^24.
Cupidité
des licheîles
fource des vi-
ces^
'45^ Des Home
tiens j nous ont afl'ez marqué
cette vérité , car ce fut alors
qu'ils furent plus violemment
perfecutez par les vices de
rarrogance & de la parefle ,
& ce fut auffi pour lors que
Dieu en fit mourir un plus
grand nombre.
La pauvreté eft un état plus
propre pour la vertu. Garnies
riches ont d'ordinaire Tef-
prit inquiété , chagrin , &
rempli de trouble , mais les
pauvres ont moins de peine
a porter les maux ; leur état
les réduifant dans un conti-
nuel exercice de foutfrance.
Les Saints font fi pleins de
charité , qu'ils ne prennent
pas feulement foin de leurfa-
lut propre , mais comme fi
toute la terre n'étoit qu'une
feule maifon , & tous les
hommes qu'un feul corps, ils
prient pour le falut de tout
le monde.
Que perfonne ne pleure la
perte de Ç^s amis , ni de fes
biens : Puifque DieurafTiftera
d'autant plus qu'il aura perdu
davantage.
Ne cherchons point à nous
enrichir. Car cela attire une
infinité de maux aufquels
LIES
G?* focordia. Tune
itaque maxime m»"
Tubantur.
Taupertas apùor
ad virtutem. Dives
enim animi agrittt'
dine ajjkitur eT* con~
turbatur, Pauperau-
tem omnia fert faci-
le , ut qui inpauper-
tatevelutiinquadam
paUJlra fréquenter
exerceatur.
Jaliafunt Sanélo-
rumvi/cera , ut non
folùm ftnt defefolli-
citi 5 fed perindè ac
una fit domus orbis
terrarum 3 veltinum
corpus mtiltiiudoha-
minum , ttà precan-
tur Dominum.
Nemo orbitattm
defleat, rtemopaupsr-
tatem. Qubenim ma-
jora fuerint j eo ma-
gis eum Veus auxilio
dtgnabitur.
Nemo opumÇ7 fa-
cultalum copiam per»
fequathr. Multa hins
m a' a
Sur le
niitU oriuntur Us cjui
non attendant , arro-
gantia ^focordia , in-
vidia j vana gloria ,
alia multbhis majora,
InPfalm. io.£/?
tenihilii improbus
ingenti pecunia C?*
optbusmunitus. Vro-
pterea eum maxime
riieo. H<ec enim/unt
gênera imbecillitatis
. . . Qtiid ejl ergo in
caufa , inquis , quod
multi vincunt qui
taies funt ? Quoniam
tu reClè pu^are nef-
cii. Qhomamttt qno-
que de iis decsrtas ,
ex quibus illi fiant
imbecilUores 5 nempe
de gloriaK^ potentia»
Vuge caufam certa-
mnits e?* alia parte
feri eos qui te inva-
dttnt ; arrogantem
moderatione ac Uni-
tate , avarum pau-
pertate j incontinen-
tem continentia y in-
vidum humanitate y
& tta facile vinces.
In Pfalm. it.
Eriidiettedefedio
Tome I.
s PSEAUMES. 45*7
on ne fait point d'attention i
Içavoir rarroeance , la paref-
fe , l'envie , ïa vaine gloire,
& plufieurs autres vices en-
core plus grands.
Quand un méchant eft foû- r , ^^^'
tenu par les richefl-es& par ^^jr;"o'„r.
la puiflance , il fe rend for- phedehpuif-
midable à tout le monde i fancedesmc-
mais pour moi c'eft à caufe chanj,
de cela même que je le mé-
prife. Car toutes ces chofes
ne font que des marques de
foiblefTe. Pourquoi donc me
direz-vous ces gens-là fe ren-
dent-ils les maîtres des au-
tres ? Ceil parce que les au-
tres n'ont pas le courage de
réfilier. Et c'efl parce que
vous leur conteftez les chofes
dont ils fe prévalent par dei'-
fus vous, comme la gloire
& la puiflance. Mais évitez
de combattre fur cela con-
tre eux , & défendez- vous
d'une autre manière : foû-i
tenez leur arrogance par vo-
tre modération & votre dou-
ceur î leur avarice par votre
pauvreté ; leur incontinence
par votre chafteté , leur en-
vie par votre humanité , &
de cette forte vous les furmon-
tereztous facilement.
V abandon vous injlrttira. Le 91 é»
délailTement de Dieu eft quel. A>audoiins-
03
5)i7.
Saints delîrs
45 8 DesHome
ment de Dieu quefois pour le pécheur une
quelquefois efpece de providence. Car
utile, quand il voit que ceux dont
il a pris foin le mépriTent ,
il les délailTe pour quelque
temps , afin que fe réveil-
lant de leur affoupiiTement , de
négligens & de parefleux , ils
deviennent foigneux & dili-
gens.
Comme ceux qui ayant de-
mandé quelque chofe à Dieu
fourcedejoïe avec froideur & indifféren-
ce de recon- ce ,1*001 obtenu, ne reçoivent
uoiflancç. point avec beaucoup de fen-
timent cette faveur : Au con-
traire ceux qui prient avec
ardeur & avec inltance , font
tellement touchez d'amour
pour la grâce qu'ils fouhait-
tent 5 qu'ils la goûtent déjà
en quelque manière avant
même qu'ils l'ayent reçue :
• parce que la bonté de Dieu
leur en donne déjà par avance
la joye & le fentiment ,- & les
grâces qu'ils lui en rendent,
les mettent en état de rece-
voir encore plutôt TefFet de
ce qu'ils ont demandé.
Si par malheur nous tom-
bons en quelque péché , reve-
|romptement no^s auflTi - tôt à nous , &
def«chûrcs.£3J^Qj^3 enforte , que notre
chute nous foit une occafîon
^c rCireté pour l'avenir, &
pi8.
Se relever
LI ES
tua. Dei ttaque de"
reli^lio eftfpeciei pro"
videntU. Quando.
enim qui cmam ge'
rit , contemnitur 9
parum dimittit O*
derelinquit , ut tune
exptdsâfocorâiâ , »e-
ghgentei fiant dili-
genttores,
Quemadmodum qui
fegniter V ne^igen-
ter petunt , etiam
cùm acce^erint , vix
donationemfentiunt s
ita qui cum intenfo
jiurdio , & vehementi
animi contentionepe"
tunt , etiam priuf-
quam acceperint eoe
magna CT* pur a fua
a-ffeélione , perinde
ac fi accepijfent do"
numfentiunti divi^
na eis gratia Uti»
tiam ante immitten-
te : zy propterea
agunt grattas , C9*
ab accipiendo nonloft'
ge ahfitnt.
Si in aliquodpeC'
catum inciderimm ,
ad NOS cito redea"
mus , 0*faciamus ut
lapfitsfit occafio fecu»
ritatisy & argumtttz
Sur le
t«m C^ impul/îo am-
fUus non peccandt.
Quomodo ergofaciei ?
Habei David pr£ce-
ptorem. PeccaviJÏ* ,
ne dormias mpecca-
'0 > fid exttrge , CT*
qnod Deus à te fa-
tient averteritj quod
f'^ioblitusjîtideinde
P'ora , ingemifce ,
lito recède ab Us qui
cperantur iniquita-
tem.,. Die : \}Ç-
quequo Domine
oblivifcerismei in
Hnem ? Die non lin»
giiâ 5 fed corde multo
*inte . . . Ji non po-
rtes ipjt forte compQ-
nere canticum , con^
voca pauperes , eo-
rum hnguas commo-
dato accipe. Sciai Itt'
bentius ettm id audi'
turum ^ quàm canti-
cum Davtdicurn quod
au pTo te cecinerent.
In Pfalm. z^.
Dem alto ftto fttdi-
cio ^ defecreto pic
tatis j CiT* dimtttit
vialos ut probentur
boni i O* humiliât
ionos 5 ut pr^fentia
S PSEAUMES. 4Ji>
comme un engagement à ne
plus pécher. Comment donc
faudra-t-il faire ? Vous avez
l'exemple de David à fuivre.
Vous avez péché j ne dormez
pas fur votre péché ; relevez-
vous auffi-tot , & penfez fé-
rieufement en vous - même
que Dieu a détourné ^qs re-
gards de vous , & qu'il vous
a oublié : pleurez enfuite ,
gémiifez , & quittez la compa-
gnie de tous ceux qui vivent
dans l'iniquité. Dites à Dieu :
Seigneur , jufques à quand ntou-
bUere:^vous f 0*/era-ce pour toâ"
jours ? Mais dites-lui ces paro-
les plutôt du fond du cœur,
que des lèvres : Que h vous ne
pouvez chanter vous - même
ces fàints cantiques , appeliez
les pauvres pour vous aider
à le faire , empruntez pour
cela leurs langues , & fçachez
que Dieu écoutera ce qu'ils
diront pour vous, plutôt que
les pfeaumes de David que
d'autres pourroient chanter*
Dieu par un confeil impéné- pip;
trahie de fa juftice, & un fecret Pburquoi
admirable de fa bonté , laiife ^^". ^^Jfle
quelquefois agir les méchans, '*°i""»«'' I*"?
afin d'éprouvEr les bons ; & i^," ^'^^ ^'''
humilie les bons , afin de les *
empêcher de mettre leurefpC'
910.
460 Des Homel
rance dans les biens prélens ,
& les portera confiderer avec
une foi plus vive les éternels.
Dieu donne ici les biens &
Ne "regarder aux bons & aux médians j
que l'erriii- mais un jour il ne donnera des
5^« biens qu'aux bons , & aux mé-
chans des maux fans Hn. Ne
vous attachez donc pas au
temps 5 mais avancez - vous
fans cefle vers l'éternité.
'p^ï; Les richeifes de ce monde
Raiion de la font indifféremment données
difpenfation & aux bons & aux méchans:
des biens teir- Dieu les donne aux méchans
porels aux ^^^^ ^^y'jj^ n'ayent aucun pré-
^Thans ^"^ ^^^^^ ^^ murmurer contre lui ;
mec ans, ^ q^^nd il ne Ips donne pas
aux bons , c'eft afin qu'ils n'at-
tendent de lui que les biens de
l'éternité , qu'ils le fervent ici
gratuitement , & qu'ils n'el-
perent rien de temporel.Qiiel-
quefois auin il ne donne pas
les biens temporels aux mé-
chans 3 afin de les humilier par
la pauvreté ^ & il les donne aux
bons afin d'apprendre aux mé-
chans comment on peut en
bien ufer. Ainfi il donne les
biens de la terre & aux bons
& aux méchans j mais il ne
fe donne jamais lui-même
qu'aux bons.
'*• ^ous aoe:^ repris t homme CT*
Pourtiuc^ tave\^ Mis à caafi de fin hfz
lES
bona nonfperent , feà
xterna credant.
Ulc bonis O* ma*
lis Deus dat bona ;
ibi autemfolis bonis •
bona , & malis ma^
la perpétua. Nolite
temporales ejje , fed
ad aternitatem fror
ficite.
In Pfalm. 35;
Divitiie ifîités feculi
bonis tnalifque funt
communes. Dat illas
Deus malis , ut non
habeant quid de Deo
queri : item non dat
illas bonis , ut ater-
na bona de Deo fpC'
rent j CT* non propter
aliquod temporale co'
lant Deum , fedgra"
tis. Item non illas
dat malis , ut pau-
pertate humiUentur :
CT» dat eas bonis ,
ut dlntformam ma^
lis quomodo utantut
bonis. Erga dat ijla
tomporalia bonis 0*
malis y fed fe non
dat niji bonis.
In Pf. sS.Inin-
crepationibusproa
Sur le
pter iniquitatem
corripuifti homi-
nem. Fortaffe quidem
dieu propter tniqm-
tatem , CT* fortaJJ'e
etiam ^ juxta aliam
verJîonentyuXtvdi'mi-
quitatem : hoc ejt
cafligationem intulit
ultra modtêm pecca-
torum. Nam facit
Deus ut tentationum
pars fit quUem ad
noftra expianda pec-
cata j pars auiem cé-
dât in occajtonem co-
ronarum Vpr<tmio'
rum.
In Pfalm. 3^.
Multiplicata funt
fupei capiilos capi-
tis mei . . . Ne om-
nino byperbûlicè di-
flum ejje intelliga-
fnus , qttoniam vel
ignorantes muîtapec-
cata committimus ;
qi*in etiam una qno~
Que aSliQ in multa
dividitur peccata.
In Pfalm. 40.
Beatus qui intelli-
git fuper egenum
& pauperem j hoc
efl qui intelligit quod
Chrifiits çàm dives
S PSEAUMES. 4^1
quîte. Une autre verfion porte Dj>u punît fi
au-delà de fon iniquité. C'ôft- rigoureufc-
à-dire , que Dieu étend quel- J"^'" ^^* i^'
quefois Tes châcimens par def- *
fus la mefure de nos péchez ;
afin qu'une partie de ces châ-
timens nous fervent à les ex-
pier j Se que l'autre contribue
a nous procurer des couron-»
nés & des récompenfes.
pe-
Mei péchey^fe font multlpliey PS?»
au-delà du nomhre des cheveux . ^i^l/iti.cîe
dematefe, II ne faut pas croire J|;"°^^'b^'^bie
que cela (oit dit par hyper- chez
bole. Puifqu il eft certain que
nous commettons même par
ignorance une infinité de pé-
chez j outre que fouvent une
feule aftion mauvaife en con-
tient plulieurs difFérens.
Bienheureux celui qui corn" '9Xx'.
prend bien fes devoirs à t égard Regarder Je.
des pauvres O* des indigens. sus-Chki«.t
C'eft-à-dire , qui conçoit que ^^"^ '" T-*"-
JESUS-CHRIST étant ^'"'
riche s'eft fait pauvre , afia
<i4 iJJ
4^i Des Home
que nous cuflions pitié des
pauvres comme étant les frè-
res de notre créateur & de no-
tre juge.
93 f- Ne nous attachons point
On trouve d'affedion à aucune àcs cho-
•tout dans l'a
mour de
Djeu.
les qui n appartiennent qu a
cette vie ; afin que notre a-
mour pour Dieu demeure pur
& en fon entier , & ne foit
point afFoibli dans notre coeur
j)ar aucun partage. Ce divin a-
mour eft fi riche qu'il efl ca-
pable de nous procurer toute
forte de gloire & d'abondance.
Tâchons d'acquérir cesrichef-
fes, & nous n'aurons jamais
befoin d'autre chofe.
ç^é. Comme ceux qui en dor-
On n'eft ici mant fongent qu'ils ont de
riche qu'en grandes ncheffes , jufqu'à fe
fcnge.
figurer qu'ils pofledent des
tréfors de Roi, fe trouvent
très-pauvres à leur réveil.: Il
en eft de même de tous les
hommes quelques riches qu'ils
puiflent être durant cette vie :
puifque ne pouvant à leur
inort emporter leurs biens , ils
ne font riches qu'en fonge, &
font pauvres en effet. Si donc
vous me voulez faire voir que
quelqu'un eft riche , montrez-
le-moi tel , loffqu'ii fera ré-
LIES
e/fet^ iieo paupet fa"
Ôfts eft 3 ut nos cjhO'
que patiperum tan-^
quant noftri opificis
ac judicfs fratrum
mifereremur.
InPfalm. 4i.?Ci-
hil amemus eoritm
qutt ad banc vitam
pertinent , ut divi-
nus amor nohis purus
maneat V integer y
CT" ne' dtvifus fiât
imheuliior. H<e divt-
tU, omnes diutias 3
omnemgloriamy om-
nem claritatem nobis
largiripoterunt. Bas
ehtineanjus (y nuUa
alla re egebtmus.
In Pfalm. 43.
Quemadmodum qui
in fomnisjîhi vidtn-
tur habere pecunias ,
Ucetft4erintregi<e ga-
:^<É Domini , cum dies
Hluxerit , fnnt om-
niumpauperrimi: ita
etiam in vita pr(t^
fenti , qui mhil illnc
attferre potuerit j eft
omniHtnpattperrimuf^
licet omnia pojjiderit ,
infomnis enimfoltirn
efl dtves. Si veiis
trgo mihi ofteodere
àiz>Uem 5 tune mi^hi
eftende quando fuerh
aies 5 quando in illam
patriam recejjerimus;
nunc autem non pote-
ro difcernere dtviiem
Çy pauperem. Non
e/i enim rernm vert-
tas yfed potiits /plen-
dida er fpeciofa VO'
cabiiU.
Sicutvita immun^
da eJJ impedimenta
qttomintii /piritualia
cognofcantur , m di-
cit Paulm ; . . . iia
etiam vita munda
deaucit ad qu<erendi
Jitidiam . . , Quando
autem O* affiduitas
V fpiritalié petitio ,
O* pura vita adfue-
rit , quanta erit ac-
cip^endi facilitas ?
In Pfalm. 4^.
Pfallite fapienter;
id efl non voce tan-
tùm y fed etiam fa*
éiis i non lingua tan-
tùm , fèd vita.
In Pfalm. 48. Efl
extrême amenti<e ti'
mère ^m* non funt
ES PSEAUMES. 46^
veillé du fommcil de cette vie ,
lorfque le grand jour fera ar-
rivé , lorfque nous ferons de
retour dans notre véritable
patrie : Car à préfent il m'eft
impoflible de difcemer les
vrais riches d'avec les pauvres.
Les chofes ne fe voyent point
ici dans la vérité , & elles ne
fe montrent que fous des noms
apparens & des titres fpé-
cieux.
Comme l'impureté de la vie p 5 7.
nous empêche de pouvoir con- L^ benne vi<
nokre les chofes fpirituellcs; J°^"^" f ^*
félon le témoignage de l'A- i;^' °"'^=^"'
pôtre; la pureté delà bonne
vie au contraire nous porte à
les rechercher. Lors donc que
nous ierons aflidus à cette re-
cherche j que nous les de-
manderons à Dieu par des
prières fpirituelles , & que
nous y joindrons une vie chré-
tienne , a ne faut pas douter
que nous ne les obtenions avec
une très-grande facilité.
FfaImodie:^avecfageJj'e. C'eft- PB^*
à-dire, ne priez pas feulement Accordîr fis
de parole , mais d'adion -, & ^f^'°"^' ^ ^^*
non pas fîraplement de la lan- P*'^°'^^*
gue * mais aulTi de la vie.
9^9'
C'eft une grande folie d'ap
préhender ce qui n'eft point No crainc
a craindre j & de fè moquei 1^'^ ^' ^•'^'
Q3 "^J
lire
454 Des Homélies
de ce qui mérite d'être craint.
Ceft la différence qu'il y a en-
tre les hommes raifonnables
Se les enfans ; car les enfans
appréhendent les perfonnes
mafquées , & ne craignent pas
de frapper leur père Sl leur
mère: Usfe jettent dans le feu
& touchent aux fiâmes des
iampes ardentes fans crainte
de fe briller , & ils ont peur
des moindres bruits qui ne
peuvent leur faire aucun mal.
Mais les hommes n'appréhen-
dent rien de toutes ces chofes.
Comme donc il y en a plufieurs
entre les hommes quifont plus
fous & moins raifonnables
que des enfans j le Prophète
nous apprend ce qui eft véri-
tablement à craindre ; & il
nous fait voir que ce n'eft pas
ia pauvreté , ni la honte , ni les
maladies , ni tous les autres
maux temporels, gui paroif-
lent aux hommes n formida-
bles ; mais feulement le péché.
Que craindrai' je y au jour mau-
vais 3 Jîmn Pimquite qui me fui'
vra?
5)'40i I-es prières des Saints font
Prières àes très puilïàntes pour nouspro-
S^ints utiles à curer des grâces -, mais c'eil
qui s ai- quand vous les aidez de votre
part. Ainfi quand S. Pierre
relTiifçita Tabithe , il ne fit pas
ceux
dsnt
tij^enda i ea verô rf"
dere qu£ jure timen"
da funt. In hoc hc
mines à pueris àijje*
runty quoàhi quidtm
perfonas tintent €7'
hommes faccis indu-
tes 5 patrem autem
vel matremcontume'
lia ajjicere mhil ejfe
exipimant ; CT* tn
irnem quidem CT* lu-
ternas ardentes in/f'
liunt, flrepitus au--
tem quofdum vanos
pertimefcunt. Firi
autem mhil illorum
curant. Quia er^a
multi funt pueris JnU
tiares > dicit Prophe"
ta quanam timere
oporteat ijion ea qu^
multis vîdentur ter»,
rihilia ypaupertateMy
i^nominiam CT" wo^-
hum . . .fedfolumpec-
catum : Cur time-
boindiemaIa?ini-
quitascalcaneimei
circumdabit me.
Marnas vires ha*
hent Sandorum pre-
ces , quando tu quo»
que eis auxiUum tu-
leris. Ita quippe Pc-
trtts fufcitavit Tha*
Sur l
hitham non folitm
cratione fua , Çeà
etiam illius eleemo-
fyna.
Pretiam anime
non ej} , ne univer»
fus qHtdem mundus.
.... Redempturus
eam unigenitus non
mundum dédit , fed
/t4um preciofum fan-
gmnem, Quocirca, di'
cebat Paulf4s : Pretio
emptieftis,nolire
iîeri fervi homi-
num. ndifit ma-
gnitudinem pramii.
Quando ergo eam
tanti emptam perdf
deris , quomodo pote-
ris eam deinceps ems-
te ? Chrifins enim à
mortuis fu/citatus ,
non amplius mori-
tur.
Conjîdera quant o
fît melius cùm hic
parum lahoraveris
requiem £ternam af-
fequi j quàm cùm hîc
parum indulferts ,
perpétua crtéciari.
Qui reSlè faSlis
gloriaturiÇp'regnum
notre anie*
ES PSEAUMES: 46^
feulement ce miracle par la
force de fa prière , mais encore
par la vertu des aumônes de
cette veuve fi charitable.
Tout le monde ne vaut pas st^x.
le prix de notre ame. Auffi Rien dans le
notre unique Rédempteur n'a monde de
pas donné le monde pour la «^«'"P^^^^ble à
racheter , mais fon propre
fang. Ce qui faifoit dire à S.
Paul : Ajant été racf7ete:^d'un fi
grand prix j ne vous rende-i^ Pas
efcîaves des hommes. Si donc il a
fallu un tel prix pour la ra-
cheter une fois , comment la
pourrez- vousracheter de nou-
veau , fi vous êtes alTez mal-
heureux pour la perdre ? Car
JESUS- Christ ne meurt plus ,
après être une fois relfufcité
de la mort.
Confidérez combien il vous 9^1»
eft meilleur d'entrer dans un ^«"u inhaî*
repos éternel . après avoir ici '"f'?^ prêter
travaillé pour un peu de ^^^^^ *" ^*''^
temps , que d'être éternelle-
ment tourmenté , après avoir
pris vos aifes & vos plaifirs
dans le court efpace de cette
vie- ^ P43.
Celui qui met toute fa gloi- More douce
re 5ç tout fon plaiiir à bien fai- aux j uilcs*
acctfftendas
1^66 De s Homélies
TC , &qui attend tous les jours quotidie expeflat l
le royaume de Dieu , ne fera quahdo viderit mot'
point en inquiétude quand il tem fnam ante oci*'
le verra près de mourir; parce los» non angitur ut
qu'il n'ignore pas que pour muhi:fcitenimmor'
ceux qui ont bien vécu , la tem in qui re£ie vi-
mort n'eft qu'un paflage à une xeruntyejfetranjîtum
meilleure vie , & une voye admeliora^^ cur-
pour arriver aux couronnes
que Dieu lui prépare.
^44. La vertu nous fait joiiir ,
Utilité de la avant même que d'obtenir les
vertu même récompenfes éternelles , du
plaifir incomparable de la bon- ronas non parva vo-
nt confcience, & de l'efpoir luptate fruaris ; ut
du bonheur futur. e?* qui honam tecum
circumferas confàen-
tiam , C hona fpe
in poflerum erigarii.
In hac quidem vi-
ta mon adveniens
folvit calamitates ,
C^ amici confolantesy
CT* finis qui expeâa'
pour cette
.vie
fum ad
coron as.
In Pfalm. 4p.
Virtits facit . . . ut
etiam ante illas co'
^4^. Les affligions de cette vie ,
Horrible état OU fîniffenc par la mort , ou
ie& damnez, font foulagées par la confola-
tion de nos amis , ou s'effacent
par la viciiïitude des chofcs
du monde , ou palfent avec le tur ; f^pe etiam dith-
temps, ou s'amoindriffent par turnitastemporiimol-
la focieté de ceux qui IbufFicnt Ut pertutbationem
les mêmes peines. Mais il ne
fe rencontrera rien de fembla-
ble dans l'enfer. Là , il ne fe
trouvera perfonne qui nous
confole, & l'on fera comme
dans un affreux defert & a-
bandonné de tous fcs amis. Là,
la longueur du temps n'a-
doudra jamais la douleur ^
ammt , ac habere
arumnarum focios»
In inferis autem ni-
hil eftejufmodi. ATt-
que enim efl aliquis
qui confoleiur , fed
efl folitudo maxima.
amtcorum. Non /o«-
gitudo temporis mollii
Sur le
Joîorem : quomodo
enim cum flamma
ptrf)etuo impendeat?
Nonfpes liberattonisi
«/? enim sternum fup-
fîicium. Non mortis
expeélatto i funt enim
etiam qu£ pitniuntur
eorpora immort aU a,
"Nec ajfert foUtium
quod videantur alii
puntrt, Primiim etiim
non poffunt videri
qui puniuntur , cùm
tenebrt ocuUs cali-
ginem ejfundant. De-
inde magniiudo dolo-
ris ne finit quidem
ndmittere fenf»m IjH'
jus confoUtionis.
MuUl non ex iis
folùm qu£ anima con-
ceperutit , femnt de
rébus agendis fenten-
tiant , fed etiam ab
aliorum tnfiituto cor-
rupti. Si qm pecca-
vit ziderit omnes
averfantes , exiflima-
lit fe aliquod faci-
nui admifijfe. Quan-
db autem vident non
folum alios ob fuum
peccatum non indi-
gnantes i fed etiam
s PSEAUMES. 4^7
puifque les fiâmes la renou-
velleront à tout moment : Là ,
il n'y aura aucune erpérance
d'être délivré de l'afflidion ,
puifque les fupplices n'auront
point de fin : Là , l'attente de
la mort fera inutile , puif-
que les corps mcme qui y
font punis, feront immortels:
Là , les compagnons du mal-
heur des damnez ne leur ap-
porteront aucune confolation:
parce que l'épaifleur des ténè-
bres dont ils feront couverts
neleu^ermettrapas de s'en-
tre-voir & s'entre - connoître ;
& que quand même ils fe ver-
roient , ils feroient incapables
dans l'excès de leurs tourmens
d'être touchez du fçntiment
d'aucune confolation.
Plufieurs ne jugent & n*a-
94^'
eiffentpas tant par leurs pro- ^OMtt hver-^
près fentimens, que par les ;^;^^^^"^« l*'
faulTes opinions & les fen-
timens dépravez des autres.
Ainfi, lorique celui qui fait
mal voit que les autres con-
damnent fonadion, ilfe per-
fuade qu'il a fait un crime :
Mais s'il voit au contraire
qu'au lieu d'avoir de l'aver-
fion & de l'indignation pour
ce qu'il a fait , les autres y ap-
plaudilfentSc le flattant; que
ne fera- 1- il point capable de
463 Des Home
faire ? Comment fe condam-
nera-1- il lui- même ? Et quand
mettra-t-il fin à des péchez
qu il voit qu'il peut commet-
tre impunément ? Et en efter,
fi le vice , lors même qu'on
!e reprend , eft fi hardi , & fi
la vertu quelques louanges
qu'on lui donne a fi peu de
force pour exciter les hommes
à embrafler les travaux auf-
quels elle oblige ; qu'arrive-
ra-t-il fi l'on manque à blâmer
Tun & à loiier l'autre i^
^47. Dieu n'a pas befoin que l'on
Zele à cor- vange Tes injures j & cepen-
iriger les pé- ^ja^t il veut VOUS employer
cheurs. ^ ^ç myftere , afin de vous
empêcher de tomber dans
les mêmes fautes , afin que
la chaleur dont vous ferez
animé pour la gloire , vous
rende plus tempérant & plus
inodcré en vous - même , &
que vous témoigniez votre
pieté envers lui par l'ar-
deur de votre zele pour fon
honneur. Et en effet , fi en
voyant pécher quelqu'un vous
paflez outre fans le reprendre ,
& lui témoigner combien
vous défapprouvez fon aftion ;
vous en devenez vous - même
plus négligent , & plus difpo-
îe à tomber dans le péché> £t
LIES
facile & placUt fi'
rentes , atqtte adeo
hlandientes C?* ap'
plaudentes. Quidnon
audebît ? Quandoau"
tcm feipfum condem*
nahit y O'fecurèpec
cure cejjabit ? . . . .
Jî enim Vel repreheft-
fum vitium adeo z-i-
gei , CT* laudata vir'
tus vtx ad ftios fudo-
rei prcvocat ? Quid
erhfihoc nonf^um
fuerit ?
Deui non hahet
opui uhore inittria-
Tumfuarum ifed ta-
men vult te hujus
rei ejfe minîj}r»m 3
ne in eadem incidas ,
dum aliis fuccenfes
ejfe6îtêi temperantioty
ut ex eo tuam in
Deumpietatem cjïen-
das. Qtiahdo enim
cùm alim peccarh
pratercurreriSi neque
reprehenderis , nequt
£grè tuleris , ani-
mum tttum négligent
tiorem C?* ad cafmn
proniorem effîcis s il^
lum autem import un n
hac gratin non [évi-
ter affendis , ejfiiicm
Sur le
ut in futttro fit gra-
vior ei reddenda ra-
tio » CT* adpr<efdntia
enm reddens fegnio»
nm.
Sclendum efl quod
etiam fi quU maie-
dicat in re cujus nos
tion condemnat con-
fcientia , non eji pro-
pterea contemnen~
dus accufator propter
damnitm quo te ajjîm
cit ; fedomnia facien-
da funt cum ea qua
par ej} cautione , ut
tollas injuflam occa'
fionem. Ideo Paulus
mhtebat mttltos datis
pecuniis qui ajf errent
alimenta pauperiùus :
Ne quis nos vitu-
peret inhacabun-
iiantia qiise inini-
ftratur à nobis. Ne-
que enim hoc dejpe*
xit quod Videhat fu-
turum ut maie ojfen-
derentur. Sed quo-
m<fmerat inejmpo'
S PSEAUMES. 46^
à fon égard cetfe faufle faveur
& cette complaifance trom-
peul'e eft une dts grandes in-
jures que vous lui puifllez
faire; puifque vous aggravez
le compte qu'il en doit rendre
un jour à Dieu j & que durant
cette vie vous contribuez â
accroître fa pareiie & fa né-
gligence dans raccompliife-
ment de fes devoirs.
Lorfque quelqu'un nous '^48;^
charge d'injures en des chofes oter autant
oii notre confciçnce ne nous qu'il fe peut
condamne point , il ne faut fo"^ prétexta
pas pour cela méprifer celui ^- Scandale.
qui nous blâme & le regarder
comme une perfonne qui
nous fait injure : mais il faut
plutôt faire tout notre pofli-
ble pour lui oter ce prétexte ,
& ne lui pas lailFer l'occafion
de nous maltraiter in juftement.
Ceft pour cela que S. Paul
donnoit commilïion à piu-
fieurs enfemble de porter l'ar-
gent que les fidelles defti-
noient à la fubiiitance des
pauvres : De crainte , dit ce
grand Apôtre , que quelqu'un
ne nous (oupçonne , G?* ne noui
blâme dans l'emploi de ces aumo"
nés. Car encore qu'il vit fort
bien qu'ils ne fe pouvoient
fca nd alizé r que mal à propos,
il ne négligea pas néanmoins
470 Des Home
la chofc j mais il voulut au-
tant quil étoit en lui, aller
au-devant des prétextes que
les autres pourroient prendre
de s'en ofFenfer, & ainfî il
pourvoit par fa prévoyance au
ialut de ceixx qui en auroient
pu être fcandali(ez.
94P« Quand le mal d'omettre
Quand il faut un bien eft plus grand , que
mépriler le |e fa^ut Je celui qui fe fcan-
fcandaleouy ^j^iif^ ^ alors on peut mépri-
avoir égard, ^^^ ^^ ^^^^ fcandale ; mais fi
c'eft le contraire , il n eft pas
à propos de le méprifer. Voi-
ci donc une régie générale
qui nous peut apprendre ,
quand on doit , ou qu'on ne
doit pas méprilér ceux qui fe
fcandalilent ; Par exemple , les
Juifs s'otfenfoient de ce que
S. Paul n'obfervoit pas les
cérémonies de la loy , & ce
prétexte éloignoit des mil-
lions de perfonnes de la foy.
Que fait fur cela ce grand
Apôtre ? Pour remédier à ce
fcandale , parce que le falut
d'un fi grand nombre d'ames
étoit préférable à tout le refte,
il ne voulut pas paroître re-
jetter les obfervances de la
loi. Mais quand en une autre
occafion il s'en trouva qui
s'ottenferent qu'il préchat un
Crucifié, alors comme l'o-
L I E s
teftate ut fcandahm
folveretur , eis quo'
que qui offendeb449
tur profpexit.
Sifrerit dammm
majm falute , cott"
temne eum qui ojfen-
ditur. Sin minus ne
contempferis. Hoc e-^
nim fit générale de*
cretum CT* régula do'
cens quando oporteat
contemnere eos qui
ojfenduntur,0' quan-
do non. Ferbigratiay
offendebantur ^»d£i
quod Paulus legem
non/ervareti^ pro.
pterea multa millia
refiliebant. Quid er-
gofacit ? P^olens me-
deri ojfenftoni ( ma-
jor enim erat faltts
tôt milliumy ) tune
prolnbuit opendere
quod legent non Jer-
varet. Quod autem
maJHS erat , rurfi^s
ojfendebantuT quod
crucifi}ium pr^dica-
ret. hîc contempfit
eos qui ojfenddantuï)
Sur l
tnajui enim lucrum
pr^dtcatioms. SimVi
modo fe geffit Chri-
fus.
Aliquam tihy fe-
cit , tnquis , inju-
riant. Sed eut te ip'
fum injuria quoque
AJjîcis ? Qui enim fe
vindtcat , fetpfum
enfe petit. Si- vis O*
te ipjum bénéficia af-
jicere , CT* illt*m hene
ulcifci , benedicas de
eo qui tibi fecit in-
juriam : ita faciès
ut mttlti Jînt pro te
accufatores ejus , O*
ipfe magnam merce-
_dsm acctpies, Sta au»
tem maledicas » ne
fides quidem ttbi ha-
bebitur , ut qui ini~
micitigrumfufpicione
labores. Quare Jfu'
dium tuum tibi ver-
titur in contrarium.
1h enim volebas bo-
nam ejus famam e-
vertere ; contra au-
tem accidit : per
ES PSEAUMES. 471
mi/llon de ce devoir eût été
d'une plus dangereufe confé-
quence , que ce fcandale , il
méprifa ceux qui s'en cho-
quoient , à caufe du grand
avantage que les autres ti-
roient de fa prédication. JE-
SUS-CHRIST en ufa aulli de
la même forte.
Vous dites qu'on vous a fait ^^0^.
une injure : faut-il que cela Dire du bî^
vous oblige à vous en faire <^«, ^,^^'>^ S"J
une autre à vous-même ? Car ^""édifent de
celui qui fe vange fe perce de "°"^*
fa propre épée. Si donc vous
voulez tout enfemble & vous
faire du bien à vous - même ,
& vous bien vanger , dites du
bien de celui qui a dit du mal
de vous. Vous vous attirerez
par ce moyen plufîeurs défea-
feurs 5 qu! blâmeront Tinju-
ftice de celui qui vous aura
maltraité, & vous obtiendrez
de Dieu en même temps une
très-grande récompenfe. Que
il au contraire vous allez dire
du mal de lui , on ne vous en
croira pas dans le jufte foup-
çon qu'on aura que ce n'efl
que par animofitc, que vous
en parlez ainfi : De forte que
la chofe aura un effet touc
contraire à votre deflein.
Vous vouliez détruire fa ré-
putation , mais il falioit pour
47* Des Homel
cela prendre une voye toute
oppofée : & ce n'eftoit que
par des loiianges , & non par
des médifances que vous y
pouviez réuffir. Et en effet ,
en parlant contre lui , vous
n avez fait autre chofe qu'at-
tirer fur vous une plus grande
ignominie , & les traits de vo-
tre langue n'ont pu entamer
votre ennemi.
9«(i. La longue habitude dans le
Funeftes ef- vice couvre l'ame de ténèbres,
fets d'une j^ j-gj^j infenfée & lui ôte en-
mAuvAifeha. tièdement la lumière de l'in-
telligence.
'952. Qm^ Ï^ j"^^ "2 s'endorme
Ni le jufte pas dans la négligence -, & que
ne doit trop le pécheur ne le décourage pas.
s'aflûrer , ni Carie mépris & l'abandon de
b pécheur foj.n^éme eft également dan-
*^ gercux a 1 un Ôc a lautre ;
puifque le jufle tombe fou-
vent par la négligence , &
que le pécheur fe perd par le
deiefpoir. Afin donc que le
^pécheur ne demeure point
dans le précipice , & que le
jufte n'y tombe point, ce
pfeaume de la pénitence de
David ell très-utile à tous les
deux.
^,ç^. La providence divine en
Chute des a ufé avec tant de miféricor-
sair.ii 'ùi\\x- de pour notre falut , qu'elle
I ES
laudem enim nen per
accufationem hoctve'
nh ; fed contra om-
niito & te ipfe igno-
minia a^cis majori y
illttm autem tua teîa
non tangunt.
Longa vhiorum
confuetmo j magnant
ajfert cxcitatem ani-
ma 5 amentes efficit »
ey perfpicaces oculos
intelligente eruit.
ne per tiegligentiatn
ohtoTpefcat', peccatory
ne femetipfe defpi»
ctat : utrifcjue tnim
pericttlofa contemptia
ejl ; càm G^ jufltn
per negUgentiam ca»-
dit 5 CT* pcccator per
defperationem périt.
Ut ergo neque ij}e in
ruina permaneat ,
neque ille in lap/as
décidât , utrique eJI
milis pfalmui pocni»
tentit David.
Dei mifericordia
humano generi pro-'
vidons f Q* Unege^
Sur le
y?4 fanÙorum , c?*
peccantium negligen-
tiam in meliuscom-
mutavit : ut alio-
rum vulnera aliis
provide an t fanitU'
Um; CT* ;■«/?« »4h-
frapum fiât pecca-
tort pahilior portus.
Quartdo emmjuflum
peccaJjehgeroO'poe-
niiuifje , non jam
defperabo de meafam
lute.
> Eruhefcit fieri nu-
trix quA fafla efl
mater, Chripus au-
tem non ita. Ipfe nw
S PSEAUMES. 473
a.faitfervir à notre bien non ^"^'"^^^P^*
feulement les vertus des '^^s""'
Saints, mais même leurs vi-
ces : elle a donné la fantéaux
uns par les maladies des au-
tres ; & les naufrages des ju-
fl-es , ont quelquefois fait trou-
ver aux pécheurs un port fa-
lutaire. Car quand je lis dans
les Ecritures, qu'un jufte après
avoir péché , a fait pénitence ,
je n'ai plus lieu de déiefpérer
de mon falut.
Celle qui eft devenue mère 9^4;
a fouvent honte de devenir la Amour inef-
nourrice de fon enfant : Mais f^'^^^ ^^ l^'
J E S U S-C H R I S T n'en a pas ^."'^,'^^'^^
iritor ej} nojler , tdto été de même. II nous a don-
CT* pro cibo pYcprla
nos carne pafiit * e?'
pro potu jfltum fan-
gifinem nobis propi-
navit,
Nemo fihi poji
pœnitentiam applau-
dat , Cf (juafifecu-
rus remijjius vivat :
fed magii cutttitts
Z'ivat , ut falutem
funm in portu tran-
qtiiUitatis conjistuat.
Tom. I.
rilhe.
né fon propre corps pour nous
fervir de nourriture , & nous Cofitre Us
préfente (on propre fang pour Bérétiqaesi
notre breuvage.
Que perfonne après avoir 95:5'»
fait pénitence , n'en conçoive Evkeriapr^*
une faufle complaifance en foi- fomptio»>
même , qui le porte à mener
une vie plus relâchée , com-
me fc croyant dans une par-
faite fmeté : Mais qu'il vive au
contraire avec une plus gran-
de précaution pour établir
l'aflûrance de fon falut dans le
port tranquille d'une bonne
vie.
9$ 6.
Joindre la
tempérance à
la chafteté.
917-
Mifcricordc
prompte.
474 Des Home
Si la chafteté eft deftituée
des deux vertus qui raccompa-
gnent d'ordinaire , fçavoir ,
du jeûne & de h tempérance ,
elle ne fubfiftera pas long-
temps : mais fi elle en eft
foutenuë, elle fe maintiendra
conftsmmenta & recevra enfin
la couronne.
Vous avez entendu un Roi
qui à rinltant qu'il fut repris
de fon péché : dit à Dieu.
^'ai péché contre le Seigneur : Et
un Prophète qui lui. répondit
aufli tôt de la part de Dieu:
Le Seigneur a transféré votre pé-
ché. LaconfefTion fut promptej
mais la guérifon le fut encore
davantage.
Fierre fai prié pour vous afin
que votre fût ne manqt*ajl point.
Cela nous fait voir que tous les
juftes ont befoin de miféri-
corde , & pour être juftifiez
du péché, & pour fe confer-
ver dans la juilice , après, l'a-
voir obtenue.
9jp, Que perfonne ne défefpe-
Perfonne ne re de fon falut. Si vous êtes
doit défefpé. pécheur , regardez le Publi-
î«r« cain j fi vous êtes impur ,
confiderez la femme péche-
reffe de l'Evangile j fi vous
êtes homicide, jettez les yeux
fur le bon larron j fi vous
958.
Befoin con-
tinuel de la
grâce.
LIES
Cafiitai fine Cù*
mitihui fi*is jejunio
videlicet C?* tempe"
rantia , cito lajfefcit.
Qttodfihii quajî ad-
miniculis , roborata
fuerit , perfacilè co-
ronahitur,
Audijïis Kegem
dicentem : Peccavî
Domino ; Ct* Pro-
che tam refpcnden--
tem : Dominus
tranftulit pecca-
tum tuum ; velox
con/effio, vebciorme"
dicina.
Ego rogavi pro
tePetreutnonde-
ficiat fides tua :
yides quoniam C7*
jufii mifericordia in'
âigent, ut ex pec
catorihusjufii fiant S
CT* ut jufiificatiyjtt'
fit maneant.
Nullus defperet de
fua falute. Si impius
es j cogita puhlica'
num 'j fi immundus
es y attende mère-
tticem i fi homicida
eSf perfpice latronemî
fi iniqms es > cogita
Sur les Pseaumes. 473^
llafphemum ; confi- êtes injufte & blafpherfiateur ,
voyez l'Apotre S. Paul , qui
de perfécuteur de la venté
en devint le Prédicateur : fî
dera Paulum Apo-
Jiolum pnàs perfectt-
torem, pojiea annttn-
tiatorem Si
Deus voluerit nullus
impediet. Hoc dico ,
non ut negligentio-
res vos faciam , fed
ut ad finem vos fn-
htaris expe^lationii
adâucam,
Qu3B dicitis in
cordibus vcftris ,
in cubilibus veftris
compungimini.Pfr
diem non habuij}i
tempus i injunBum
7jegotium , CT* confa-
hulatio ami cor um ,
CT* domeJ\ica necefji-
tas , e?* mille te
circumdederunt cau-
fa : quando in leflu'
ium iuum veneris
tanquam ad tran-
quillum portum » di-
cito in corde ttio ;
expendimus diem o
anima i quid boni
fecimus , aut quid
maU operati fumus}
Et fi quid boni feci-
pi , grattas âge Deo;
ft quid mali , de c^e-
uro ne façias. Et
Dieu le veut , rien ne peut
empêcher votre convcrfion ;
ce que je ne vous dis p.is
pour vous rendre plus ncgli-
gens i mais plutôt pour ani-
mer votre foi par la confian-
ce d'obtenir la grâce du (àlut
que vous attendez.
Soye:^ touche:^ de compon£îion p(Q.
dans votre lit ^ de ce que vous Examen &C
ave:^penfé dam votre cœur. Si prieredufoir.
durant le jour vous n'avez
pas eu le temps de pcnfer
à vous : fi vos affaires 3 les vi-
fites de vos amis , & mille
autres occupations vous eii
ont empêché ; lorfque vous
vous lerez mis au lit , fervez-
vous - en comme d'un porc
tranquille , pour vous recueil-
lir & dire en vous- même, ô
mon ame, voici un jour qui
eftpaflé; voyons ce que nous
y avons fait de bien ou de
mal ? Si vous reconnoifTez
dans votre examen que vous
avez fait quelque bien , ren-
dez-en grâces à Dieu; que fî
au contraire vous y avez fait
du mal, prenez réfoîutiqn de
n'en plus faire. Que fi le fou-
venir de vos péchez vous fait
Rrij
ç6ll
Circonfpe
Ct'ion , pro-
grès 2c cou-
ronne des ;u«
flss.'
N'attendre
rien que de la
pure bonté de
Dieu.
476 Des Homel
répandre âcs larmes , ce fera
le moyen de pouvoir effacer
vos fautes auparavant même
que de fortir de votre lit. Priez
donc Dieu avant que de vous
laifler aller au fommeil : & de-
mandez lui fa miféricorde, afin
de trouver un vrai repos.
Ceux qui font aflîdus à la
prière , qui s'étudient à ac-
complir la volonté de Dieu 3
& qui attendent avec patien-
ce fefïet defiré de fes promel-
iks, vivent dans une telle at-
tention de leur faliit , qu'ils
ont foin d'éviter jufques aux
moindres péchez. Ces per-
fonnes ayant les yeux du
cœur très -éclairez marchent
avec beaucoup de circonfpe-
Ctïon pour ne pas broncher;
ils s'avancent dans la voye de
Dieu 5 avec le deffcin de s'y
avancer toijjours de plus en
plus ; ils fupportent tout pour
fe hâter d'arriver au but où
ils tendent , & d'y être com-
blez de joye : Et c'eil l'efpé-
rance qui les conduit enfin juf-
qu'à l'eftetdu bien qu'ils déli-
rent.
Exauce:^- moi , Seigneur , par-
ce que votre miféricorde ej} plei»
tff de doncsar & de bonu'i Ce
lES
remini/cens peccato^
rum tuorum ejfunde
lacrymas , ^ poteris
in leéJulo pofitm ea
dolere. Roga Deum
C /îc permute ani-
mam tuam foporari^
Ora mifericordiam
Dei 3 c?* inventer
requiem.
InPfal. 88. Qui
orattonibui injiftere ,
femper volttntaîem
Dei implere,promiJJ'a
ejusftéflinere norunt ,
ita ipfi folliciii vi-
VHnt , ut etiam à
levihus petcatis ah-
fitneant //?*
ergo fano oculo coràis^
videntes ambulant ,
ne offendant : profi-
cifcttmur ut profi-
ciant i tolérant ui
pervemant 5 perve'
niunt ut gaudeant.
H<ec fpei perdticit eos
ufque ad ren^.
Exaiidi me Do-
mine , quia fuavis
€Û mifcfjcordia
Sur l
fua. îflefatis de Deo
ffrafmnebatjfperabaty
eredebat » rogabat ,
impetrabat. Nondi-*
xit , exaudi me 5
quia talia funt mé-
rita mea fed
exaudi me Domi-
ne , quia fuavis eft
mifericordia tua.
"Non audeo jafiare
mérita mea , fed non
taceo gratiam tuant.
Primo mores pur-
gatidi funt 3 vitia
corrigenda , mala
fonfitetudo mutanda ,
Vetujia injïimio dt-
mittenda , C7* ita
dicipotefi : Exaudi
me Domine , quia
fuavis eft miferi-
cordia tua.
Quando refpicit
lOeus , fugiuntpecca-
ta y exiingumur de-
UClationes » Uque-
fiunt omnia mala
colleéla defideria ,
tantum ut refpiciat
cîaritas , CT* jfatim
fugit peccatoram ab'
/inritas.
ien vivpe
ES PSEACME?: 47 f
laint Prophète nous marque
par Tes paroles , la force de fst
confiance , de Ton efpérancc ,
de fa foi, & de fa prière; &
qu'il obtenoit par ce moyciT
ce qu'il demandoit à Dieu.
Or il ne lui dit pas , Seigneur,
exauceT^mot , parce que je le
mérite par ma bonne vie, mais
parce que votre mtfériccrde ejl
pleine de douceur CT* de bonté.
Comme s'il difoit : Seigneur ,
je n'ofe pas vanter mes méri-
tes , mais je publie feulement
la douceur de votre grâce.
Il faut avant toutes chofes
travailler à purifier fa mauvai-
fe vie , il faut corriger ihs vi- pour "bien
ces, il faut changer les coûtu- prier
mes dépravées , il faut fe dé-
pouiller de (es habitudes cor*
rompues ; & après cela on
pourra dire : Exauce-:^' moi ,
Seigneur , parce aue votre mt-
fecorde eji pleine de douceur €7* de
honte'.
Quand Dieu jette fur nous les
regards favorables de fa grâce , La grâce «
nospéchçz nous quittent -, nos teint Te vice,
fentimens pour les plaifirs ter-
reftres s'éteignent i tous nos
delîrs déréglez s'évanoiiilfenr.
Il fufïit que la Itimiere divi-
ne s'étende fur nous; & aufïi-
tôt les ténèbres de nos iniqui^
XQz fe dilllperoiUr
9^4.
472 ' Dés Homel
p^-.^ Quiconque reconnoît fes pé-
ll ne fuffit chez avec douleur durant cet-
pas de fe con- te vie, & s'en accule lui - mê-
feffer , il faut me , Dieu l'excufera. Sa con-
iè corriger, feflion néanmoins ne lui fera
utile que lorfqu'elle fera ac-
compagnée d'une fincere cor-
redion. Car s'accufer tous les
jours fans le corriger , c'eit,
tenter Dieu. C'elT pourquoi
j'aime mieux qu'on commence
par fe corriger, & puis on
s'accufera j que non pas que
l'on s'accufe d'abord , fans fe
corriger enfuite.
'ç66. ^^ fouvenir des péchez que
Souvenir des nous avons commis , ou par
péchez , utile, nos actions , ou par nos pen-
fées , ou par nos paroles , ne
doit pas s'effacer ii-tot de no-
tre mémoire j afin que lorf-
qu'il nous furvient de nouvel-
les tentations,ce fouvenir nous
ferve à repouffer les attaques
de notre ennemi j difant en
nous-mêmes : La douleur de
mon péché paffé m'cft encore
toute préfentejcomment pour-
rois- je donc me réfoudre à en
commettre un nouveau ?
^'gj^ Une ame qui eft altérée &
Dieu ne dé- affamée de fon Dieu , ne peut
laifTe {cint jamais être abandonnée de
I E9
InPf. 84. Gmnsi
qt*i in ij}ofecu!o do^
lendopeccata accufatj
CT* fuerit à fe accU'
fatus y à Deo erit eX'
cufatus. Sed iiU eft
fruâuofa accufatio t
Jifubfecutafi*erit cor-
refiitf. C^temm (juo"
tidte fe accufare C?*
non corrigere j Deum
tentare eft. Melius
ergo eligo , ut (yrima
fit correâiOyZP' poftea
accufatio ,qtiàmpr£'
cedat accufatio , CT»
non fubfe^Hatur cor-,
reflio.
Préiterita maie
commtjja , maïe ce-
gitata 5 pefjîme dele-
élata, inordinatè di"
fia , dehent quotidie
in mente matière ,
Cr femper homo dé-
bet tta dolere ; ut
cùm venerint novct
fuggeftionei , thi re-
pellatur tmmicus di-
cendo j adhttc doleo
peccatum vetuftum >
quomodo admitteptc*
catumnovum ?
In Pfalm. ^5.
Anima Dsum f tiens
V efuriens , derc
Sur
Ihefui in quocumque
pertculo , tn quan-
tacumque extremita-
te non poterit. Et fi
paululum dtjfert be^
neficia ; tamen non
derelinquit fpertUfJtes
in fe, Nam quis
fperavit in Domi-
no & confufuseft ?
In Pfalm.5>5. In
omni loco lacrifî-
cium ofFertur no-
mini meo : f^ide
quam hculenter »
quamque dilucidè
myflicam interpreta-
tm efi menfam , qu<e
efl incruenta bopia.
îlrymiama vero pu-
rum appellat facras
preces qud pofl ho-
J}iamofferuntur. h e-
nimftiffîtHS Deum ex-
hilarat , non qui à
terrenis radicibus fu-
tnitur 3 fed quia pure
€orde exbalatur.
Omnino magnui
erat numerus facri-
jiciorum in lege i qu£
cmnia nova gratia
ftiperveniens uno con-
fie flitur facrificio ,
unam ac veram pa-
tuem hopiam.
LES PSEAUMES. 47P
lui , en quelque danger , & cetixquîefpfi*
quelque extrémité où elle fe renccnlui,
trouve : Que s'il diffère quel-
quefois pour un peu de temps
de lui communiquer fes grâ-
ces, elle doit s'ailûrer qu'il ne
délaiife jamais entièrement
ceux qui efperenten lui. Car
y a-t'il quelqtiun qui ait efperé
au Seigneur , O* qui fiit demeuré
confus }
On offre en tous lieux un fa- $6%.
orifice en mon nom. Voyez avec Sacrifice non
quelle évidence & quelle clarté j%"f|f^^' "^^"^
le Prophète a fignifié la table =" ' ^'
myftiquc , oij l'on immole une Contre Ur
Holtie ians efFufion de fang. Il Hérétiquesm
appelle encens pur les prières
facrées que Ton fait à Dieu
après l'oblation de l'Hoftie :
parce que ces faintes fumées
réjouifl'ent Dieu ; je n'ente ns
pas celles qui iortent d'une
matière terreftre , mais celles
qui s'élèvent du fond d'un
cœur pur.
II y avoit dans Pancienne loi 9^9-
une infinité de facrifices, que ,,^^"'^" ^^
Il 11 ^ i tglua , ac-
la loy nouvelle a tous corn- .^^^y^^c-
pris en un feul, qui n'a qu'une ment He tous
vraye & unique Hoftie. « l?s facrifices
de h loi.
Contre^ les
Uéréfiqi*es-
480 Des HoMEtiEJ
P70. Notre premier facrifice , eft Haha prlmum fa^
' ' /--1 --! -j- £L- - crificium y illud filu"
Religion.
Contre les
fic'rtriques*
Divers facri- le don falutaire qu'on offre
fices dans la fur le faint Autel: Le deuxiè-
me eft le martyre : Le troi-
fîéme 5 la prière : Le quatriè-
me , la joye du cœur en Dieu :
Le cinquième , la juftice : Le
fixième , l'aumône : Le feptié-
me 5 la loiiange à Dieu : Le
huitième 5 la compondion de
l'ame : Le neuvième , Thumi-
!ité : Le dixième , la prédica-
tion.
Si celui qui prie eft cou-
' lè-
971.
XJli
Divers gen-ronnc en fecret félon le
les ^ de mar-rnojgjiage de l'Ecriture -, com-
ment celui qui donne la gène
à fon efprit pour reconnoi-
tre & confeffer fes péchez ,
ne feroit - il pas auffi cou-
ronné ? Il ne faut pas feule-
ment conftdérer le martyre
par l'événement , mais aufli
par la préparation du coeur. Et
ce n'eft pas feulement quand
on coupe la tète à un Saint,
qu'il devient Martyr , mais
il l'eft véritablement devant
Dieu , dès le moment qu'il té-
moigne être prêt d'endurer ,
ce qu'ont louffcrt Its autres
Martyrs.
97i~' Dieu ne reçoit point ce qui
Dieu jugedcj^g ç^ f^j^ p^g p^^ nèceftîté ,
l'extérieur ^ ^^-^ feulement ce qui part
î-ar 6 CLEU -^^^j^ç volonté libre & bien
tare donum ', fecun-
dum martyrum ; ter"
Ùum deprecationis >'
quartumjitbilationtsi
quintum jujlii U ;
JêxtHm eleemofynA s
feptimum latidis ; oc-
tavum compunélio"
nis { nonum humili'
tatis 'y dectmum pne-
dicationis.
Qui orat in oc
cuîto coronaiur ; C?*
qui tn (Kculto contor-
quel mentem ad cort"
fefjîonem non corona"
tur ? Martyrtumfra'
très , non éventa
tantum ajlimatur ,
fed etiam propojlto.
Ken quifm martyr
decollatur tùm ft
martyr , fed ex quo
propojltum ojiendit
profitendi martyr cj} y
ettamjî non patiatur
qute martyres folent^
Non- Deus acce*
plo fert quod fit eX
necefjltate , fed quod
expropofifo re^èft-
Sur l
Si innamerii virgi'
nitas non imputât ttr
ad vir^nitatem , vec
hii corruptio qi4£ pr<i'
ter propojîtum corrU'
pt<e fant, PoUutum
eft corpus yfed animi
templum non eji pol'
lutum.
Siquiààiciturahf-
quefcriptura y audi"
torum cogitalio clau-
dicat } tiitnc annuens ,
nunc hdfltans i CT*
interdum fermonem
utfrivolitm averfans^
interdum utprobabi'
lent recipiens. f^eràm
ul)i de fcripturâ pro-
diit tejlimonium , CT*
loqueniii fermonem
CT* audteniis aninwm
confirmât.
Propterea Deus oC'
cttliis CT» invifihili»
hm modis varie fta-
gelUtpios delinquen-
tes ^quo fidelicetpn-
ros nos exhiheat ma-
gna illi tjribtinali ;
ut ctmi hic corripue-
Tome I.
97 >»
Aurorué tic
ES PSEAUMES. 481
difpofée. Comme il y a une
infinité de perfonnes aufquel-
Ics Dieu n'imputera point à
virginité l'intégrité de leur
corps ; aufîi ne confidérera-t-il
point comme une corruption,
la violence que d'autres au-
ront fouffcrtes contre leur gré.
Il eft vrai que leur corps a
été roiiillé ; mais le temple de
leur ame ne l'a point été.
Si un Prédicateur avance
quelque chofe fans l'appuyer
du témoignage de l'Ecriture , l'tciitu;;.
les efprits de Tes auditeurs hé-
fitent & font incertains de ce
qu'ils en doivent croire ; tantôt
étant dans la penfée de le re-
jetter comme une chofe frivo-
le j & tantôt de le recevoir
comme une chofe probable.
Mais dès le moment que l'au-
torité de l'Ecriture prévaut ,
alors l'efprit & du prédicateur
& de l'auditeur ne demeure
plus dans le doute , mais fe
trouve foîidement affermi
dans la vérité.
Dieu châtie fecretement & ^^^.
en différentes manières les Dieu châtie
fautes des gens de bien , lesjuftespour
pour les purifier avant .qu'ils ^^^^P^'S"^--
paroi fient devant fon tribunal
redoutable -, afin que les ayant
corrigés en cette vie , il ait lieu
de les récompenfer dans la vie
Si
482 Des Homélies
future. Parce que celui qui rit , ilUc imputetpr^'
aura été ici corrigé, en obtien-
dra plutôt le repos du ciel , &
fera jugé plus favorablement
de fcn divin Juge.
mmm. Qui hic cor-
reptui fuerit , in rc"
quis erit , ac minus
experietur dwinum
jtédtcium.
Si Sodomitis tôle'
rahiliusjudicium red-
dit quod puniti fient
in bac vitâ ; cogitM
quomodà pu qui lue
caJUgantur fittttrttm
^u^mtJHdicium ?
57^; S'il eft vrai que le jugement
Les châti- quc Dieu fera des peuples de
mens de cette jjodome fera moins rigoureux,
vie épargnent ^ ^^yj-g qu'ils auront déjà re-
ceux e V.U- ^^ ^^g partie de leur puni-
tion en cette vie ; cela nous
doit perfuader , combien les
châtimens dont Dieu éprou-
ve les juftes en ce monde, leur
font favorables, pour détour-
ner de deflus eux la rigueur
de fes jugeraens avenir.
^^^. C'eit un plus grand mal de
C'eftenrorene pas travailler à fatisfaire â
pis de ne pas Dieu après l'avoir offenfé, que fenfam fatisfa^ione
faire péniten- Jg l'offenfer. Et quoique le non placare , quant
ce que de ps-^rime de pécher contre fa bon-
^^-°^' té paroiife plus grand , il fe
trouve néanmoins être plus lé-
ger , lorfqu on a foin de l'ef-
facer par une humble confef-
fion , ou que notre opiniâtre-
té eft expiée par notre mort.
In Pfalm. 106,
Pejus ejl Dei of-
P77- Quiconque n'aura pas voû-
ta confeflionlu éprouver la bonté de Dieu,
des péchez ,en lui confeflaut les fautes -,
les efface. ^^1 éprouvera la juftice en les
peccando Dei boni»
tatem ojfendere. Et
quàmvii peccandi
caufa gravior videa-
tur , levior tamtn
fréquenter exiflit ,
dttm confefjtone ah foi'
vitur , aut contuma"
cia débita mortis ex-
pun^tur.
Qui confit enda
Deum bonum fentire
noluerit , jufumfen.
tiet reticendo ; C?*
Sur l
(^uem confelJîo foffet
abfolvere , ejus con»
tumaciam poteritfe-
veritas jufii judicis
aùolere.
Curet potnitentia ,
quod deliciorum ma'
cHlaforâidarat. Ser'
Pentium virus faùf-
fu6HonU antidoto re-
cttfttur. Peccatorum
venena » precum tn^
fïantia depeilantur.
Propheu de Filio
neque valde apertè
dixerunt , ne iuam ,
0 j/ud^Cy cjfenderent
imbeciliitatem i nec
celarunt , ut pofthac
tibi concédèrent rejî-
pifiere , G?* ex pro'
prtii hbris colHgere
décréta veritas. Ita
Maxime Prophetas
ofleiidere poterimus
fuiffe Prophetai , er
ut fide dignum fit
vêtus Tefiamentum
efjîcere . . . Nam fi
iroc fitjiuleris , quo-^
modo os genlibi4s ob-
firues ? Qiiid enim
dices exitum ex /Eg;)-
pto ^ .çy qu£ de ie
ES Ps E A U M E S. 43 5
retenant dans le fiience : ik
il n'y aura plus cjue la rigueur
du Juge févere qui puiHè^u-
nir l'opiniâtreté de celui , qui
auroit pu eftacer tous Cqs pé-
chez par fa confeflion & fa pé-
nitence.
Ayons foin de laver par la ^-g
pénitence les taches de nos pé- Pénjtciice &
chez*, guériflbns les morfures prier-, rc-.né-
envenimées de ces ferpens , ^=^ ^iu rcché.
par l'antidote de la (atisfadion:
Chalfons le poifon de nos cri-
mes par la vertu & Tinftance
de nos prières.
Ni les Prophètes n'ont pas ^^^^
parlé trop clairement du Fils Nouvis»
de Dieu , de crainte , 6 Juifs, Tdtamiînc
de troubler & d'offenfer vo- Fleuve ds
tre foiblelfei ni auflTi ils ne '*^"^'^="- *
l'ont pas voulu retenir dans le
fiience, afin de vous lailfer
toujours lieu de revenir & de
trouver dans vos livres les tra-
ces de la vérité. Etc'eftpar-îà
principalement qu'on peut fai-
re voir que les Prophètes ont
été véritablement Prophètes ,
& que l'ancien Teftament eft
digne de foi. Car fi vous en
ôtez cette preuve , comment
fermerez-vous la bouche aux
Gentils ? Car que fervira de
Icî'.r parler de votre fortie d'E-
gypte , & de ce qui a été pré-
dit de vous j puisqu'ils ne re-
Sfij
484 Des Homélies
cevront pas aifément ces té- pndifla funt ? Zei
iiioignagcs ? Mais fi vous rap- ea non valde admit-
portez ce qui eft dit de JE- tet. Si auiem narra-
SUS -Christ dans l'ancien veris (jux de Chrijio
Tertament , & qu'en fuite diéïafuntinveteri ,
vous falliez voir aux infidel- ct* oflenderis rerum
les que les événemens des veritatem tejîari e-
cho[es ont confirmé la vérité ventum prophetU ,
des prophétiesjnul n'en pourra nepoterh qmdem re-
difconvenir. Que fi au contrai- Jîflere. Si ai*tem no'
re 5 6 Juifs, vous combattez les flra re^rehendas , 0
véntez de notre créance , j^ud<te,quomodove-
comment après cela pourrez- tus T^Jîamenium de-
vons défendre l'autorité du fendes ?
vieux Teftament.
q8o. ^^ défireraavec ardeur fes corn- In Pfal. loi. In
Accomplir tnandemens. David ne dit pas mandatis ejus vo-
les préceptes Amplement il les fera , mais let nimis ; Non di'
de Dieu par il les voudra & les défirera. xit , mandata ejus
amour, pour nous marquer qu'il fe faciet^fedzolet,aU-
portera avec foin & empreflé- quid amplius req»i-
ment à les accomplir j qu'il rens. Quidnam au-
les aimera avec ardeur; non tem efl hoc } Ea face-
pour la récompenfe qui eft recùmjludiozy ani-
promile à ceux qui les obfer- mi alacritate ; ejfe
veront, mais pour l'amour de véhémentes eorum
celui qui les a établis ; & amatores ; jujfa eo-
enfin qu'il pratiquera avec plai- rum perfequi > amtvre
fîr la vertu $ non pour la crain- ea nonpropter merce-
te de la peine, ni même en demqua eflproipjîs
vue des promefles du royau- propofna ,fedpropter
me célefte, ; mais purement eum qui lUa Jiatuit s
pour obéir & plaire à celui qui virtutem cum volu-
nous a donné fa loi. ptate perfequi , non
propter metumgehen'
fi^P nec propter pro-
Sur l
tnijjîonem regni ^fed
frotter ettm t^ui leges
tttlit.
Qui Deum me
tuh ut oportet , fuf-
cipit ejus f>r<ecepta
cum aviditate i qtiip-
pe amor in legi/lata-
rem,facilem Zp- gra-
tamfacit legem y et'
Ji vtdeatur alinuam
habere dtjf.cukntem.
Difficultatem non
natura pr<£ceptorum,
fed muhorum folet
focordia ejjlcere. Ita-
qtteftqtiiseacumflu-
dio O* alaaitate a-
nimifitfcipiat , vide-
hit enim ea ejfe levia
C^ facilia. Quocirca
dicebat Chnjiits : Ju-
gum enim meum
fiiave eft & onus
meum levé.
Prudentem difpen-
fatorem dicit mife'
ricordem ; ut qui
multa paucii emat ,
pecuniis cdunty ©e-
fie regnum , pane O*
poculo fngid<s ybontt
futura.
ES PSEAUMES. 48^
Celui qui craint Dieu corn- 5?8 r*
me il le doit , reçoit les pré- L'amour
ceptes qu'il lui imnofé avec '■°"'']=' "^^ "
un grand emprellement de les ^-j-^^
obferver : parce que i'aff-eciion
que l'on porte au Légiflateur ,
nous fait trouver dans la loi
des facilitez & des agrémens ,
encore qu'en elle- même elle
paroiflc difficile.
Ce n'eil pas tant par leur
nature que les préceptes font
difficiles , que par la parefle ^^•'^'f f /l^',
& la lâcheté des hommes, ceptes diffi'.
De forte que tous ceux qui elles.
travaillent avec foin & dili-
gence à les obferver , les trou-
veront légers & faciles , fé-
lon ces paroles de JESUS-
CHRIST, Mon joug e[i doux O*
mon fardeau ej} léger.
p8z.
C'c'l notre
lâcheté
II appelle le miféricor dieux, 98 j .
un difpenfateur prudent : par- S=iint àc uti'e
ce qu'avec peu de chofe , il commerça de
achette beaucoup j qu'avec de ^""^°'^='
l'argent , il acquiert le ciel ,
qu'en donnant un vêtement
il obtient un royaume , & que
par le moyen d'un pain & d'un
verre d'eau froide dont il a(ïif-
te un nécelfiteux , il arrive à
Sfiij
48^ Des Home
la pofleffion des biens à venir.
«84^ Ce/«ï qt*i fait mtfericorde , €?•
SûrstéScbon- 5«» /'«'^'^ au pauvre , fera tomhlé
hsiit de ce- de bonheur CT* de joye , C?* ne fe-
lui qui don- ^4 jamais dans le trouble^ dans
ne loa -bien /^ ^;,-^^^ £j ^^ ^^^
aux pauvres. - 1 , • ^ n • T
^ craindre ici celui qui eft niid ,
préparé à tout, & qui ne don-
ne nulle prife fur lui à per-
fonne ? Ç^ie peut craindre ce-
lui à qui Dieu eft favorable ?
Il efl donc en aflîirance de tou-
tes parts \ fçavoir , ^u coté du
ciel , à caufe au fecours divin i
& du coté de la terre , par le
repos & la paix que lui pro-
cure fon détachement des
créatures. De forte que rien
n'eft capable de l'ébranler j ni
les pertes de biens , ni les ou-
trages, ni les calomnies : &
enfin il eft à l'épreuve de tous
les maux.
ÇS^. Il a répandu fes biens G* lésa
Récompenfe^^-z^y^^^^j, rf»x: pauvres : fajuflice
abondante de ,' ^ , ^„ . ti -, „.
i> ^«„- demeurera éternellement. Il vaut
1 aumône. / t /- 1 •
mieux répandre içs biens ,
que d'en amalTer ; Gar en
répandant l'argent , on re-
cueille la juftice. On répand
des chofes qui paifent , & on
en recueille qui ne paifent
point. C'efl: ce que font les
laboureurs ; mais avec cette
différence , que les labou-
reurs n'agilfent qu'incertai-
LIES
Jucundus homo
qui miferetur &
commodat.. .quia
in îBternum non
commovebitur . , .
Quid enim potejf ti-
mère qui C* nudus CT*
aecinhtts efi , G?* »«/-
lam ulU pr^bet aw
fam ? Quid potefi ti-
mere quihabet Deunt
clementem çy propi-
tium ? Ita ut utrtnque
JîttutuSsO' exfuperno
auxiliof €?• ex ea in
qua htc inferius degit
facilitate. Nihileum
potertt labefaSiare ,
non damnumpecuntify
non probra , non ca^
lur)wi<£. Neque enim
habet in quo Udatur.
Difperfit, dédit
pauperibusj jufti-
tia ejus manet in
fasculumfazculi.-//^
difpergere mecius efi
quàm coUigere. Dtf'
perguntur pecunia y
O* coUtgitur juj^i-
tia. Dtfpergunturqutt
non manent vt ac^
quirantuf manemia.
Hoc ip/um faciunt
agrk»U. SedUli qui-'
Sur l
iem propter incerta ,
tft enim terra qH£
fujcipit , tu autem
in manu Dei , unie
fieri nonpotej} utper-
das,
Ejufmodi efl vir-
tui, ut etiam ab Us
qui illam tion/equun-
tur. Uucîetur. Qu^em-
ad'fiodt4m viiium iii
etiam qui cifttnt de-
ditiyfit exofum CT* re-
prehenjîone plénum,
InPf: iiz.Lau-
dateDominmom-
nes Angeliejus. 0-
fortet itaqtte Ange
lum fieri, O'italau'
dare. Ne ergo hanc
laudem rem effe levem
exijfimemusifed ante
os noPrum,vtta noflra
ipfum laudet. Ita vel
tacentes Deum lau-
darepofSumus.
Quemadmodum
Chrijius nos deducens
ad charitatem Gf
concordiam, juhet ut
in precibusfiat com'
tnuniter oraùoi &
ab univerfa Bcclejîa
tanquam ab una per-
fonadicatur, Pater
uofter, Scctthiqus
p8^.
Vertu efti-
mce, vice haï
des mcch^us
mJme.
ES PSEAUMES. 4^7
ncment , puifquc c'eft à la
terre qu'ils confient leurs
grains : mais vous qui confiez
vos biens entre les mains de
Dieu même , il eft impoflible
que vous les perdiez.
Le propre de la vertu eft
detre eftimée de ceux mê-
me qui ne la pratiquent pas :
Comme au contraire le propre
du vice eR d'être même inel-
timé & blâmé de ceux même
qui s'y abandonnent.
Que tous les Anges du Seigneur 9^7-
le logent. Il faut devenir An- J^X^''^''^
ge , pour être dignes de louer ^^^ ^ouch..
Dieu. Ne coauderons donc
pas cette loiiange comme une
chofe peu confidérable ^ mais
loiions-le par notre vie , avant
que d'ofer le loiier par notre
bouche > & de cette forte nous
le pourrons loiier , même en
gardant le filence.
JESUS-CHRIST vou- 5>88.
Unt nous unir tous enfemble Prier l'un
parla concorde & b charité, pur l'autre,
nous ordonne de faire notre ^^^^-^ P*^ ^*
prière en commun j & fait dire ^^^*
au nom de toute l'Eglife dans
la perfonne de chaque parti-
culier , Notre Père, &c. Tou-
tes les demandes de l'orai-
fon Dominicale Ccfi\t conçues
S f iii;
488 Des Homel
ainfi en pluriel i & le Seigneur
entend que chaque particu-
lier en priant pour loi , prie
auiîi en même temps pour
tous Tes frères. Le Prophète
en ufc de même en ce lieu , &
appelle tous les gens de bien
a ce concert de prière , en
difant , Lo'ùe-;^ le nom di* Seigneur.
Afin que ce nom lôit glorifié
par nous, & que notre bon-
ne vie le fafîe paroître autant
loiiable aux veux des autres ,
qu'il Teft en effet. Car il eft
certain que la vie vertueufe
fert à rehauffer l'éclat des
loiianges qui font dues à
Dieu 3 en obligeant ceax qui
la voyent à loiier la piété de
fes ferviteurs.
9t9> Comme Dieu efl honoré &
Notre bon- glorifié par nos bonnes œuvresi
ne vie honore £1 ^^ fj^is doute deshonoré
^afè wT. ^ o"ti-3gé par les adions vi-
* cieufes de ceux qui vivent
dans le péché»
vai
honore.
ppo. Si vous n'êtes point atta
S'élever au ché à la terre , mais qu'au con.
ciel des cette ^^^^ yo„s deveniez fembla-
Vie, ._ - -
lES
utem plurali nominei
Çp' pr^cipiens unicui^
que etiam fi per [e
oret , pro cunOisfra'
tribus ojferre oratio'
nem : itu. etiam Pro-
pbeta vocat omnes ad
concentum oralionisy
O" <iic«,laudate no-
men Domini. . ,ut
nomen ejui per tias
glorifiée tur , Ht per
nofiram (juocjue vi-
t4m videalur lauda-^
bile ; efi enim qui-
dem taie ; vult ait-
tem hanc lauâem per
re&am noflrx vit£
inflitutionem illufira-
ri , . . ut cjuicumque
eos qui ferviunt tpfi
vident lattdibui CT*
verbii bonis proft-
quantur.
In Pfalm. 115.
Qitemadmodum g!o-
ria zy honore in no-
Jlris bonis operibus
Deus ajJlcitHr i ita
c ont urne m s ZP* male-
àiSlis ince/fiiur , dilm
vitam in vitio tranfi-
gimm.
St tu terrtt non
' fUeris ajjîxus , fei
Sur l
ciaris' ', ceîeriter in
Cjelum confcendes :
atque adeo vel ante
refurreilionem ex hoc
jam loco migraj}i ;
jam es ài^nitateprtg-
dkus : Jîcut enim
multi eorum qui funt
in numerum magni
fcnatus relati i etjî
ruri habitat , ha-
hent tamen di^nita-
o
tem , ita ttt quoqite ,
fi voluerii ejje civis
c^lcjlis , etUmfi hîc
habites , iiU dtgnita'
tefruere.
Noio vos ignora-
re de dormienti-
bus. Dormit qui ad
meliorem vttam ej}
tranfrnittendns. Qui
nutem ad immorta-
lem mortem ejl ahdu-
cendus , eùam zûvusy
eJ} moriuus.
la Pfalm 114.
Qupniam valde nos
amatDeuSy ideoper-
mittit Ht affiigamur ,
quo ei perfeéïius cott'
jungamur. Nam ma'
très quoque foUmin-
ES PSEAUMES. 48^
ble aux Anges , vous vous
élèverez facilement jufques
dans le ciel s & l'on peut di-
re qu'avant même la réfurre-
dion vous y êtes déjà paflc
de cette demeure teri eibe , &
que vous êtes déjà comme
revêtu de cette dignité lubli-
me. Car comme il y en a
pluiîeurs de l'ordre des Séna-
teurs , qui nonobftant qu'ails
demeurent à la campagne , ne
laillent pas de jouir de cette
dignité fî éminente ; de mê-
me {\ vous voulez être citoyen
du ciel 3 quoique vous ha-
bitiez encore fur la terre, vous
ne laiflerez pas de joiiir àts
cette vie de cet honneur tout
divin.
^e ne veux pas que vous igno-
rie:^ ce qui regarde ceux qui dor-
ment. Celui qui n ell mort que
pour paffer à une meilleure vie
eft feulement endormi : au
lieu que celui qui doit être
entraîné dans une mort éter-
nelle, eft déjà mort lorfqu'il
paroît encore vivant.
C'eft parce que Dieu nous
aime beaucoup , qu'il permet
que nous foyons affligez en
ce monde ; afin de lui être
unis plus parfaitement. Et
comme lors que les mères
ayant de petits enfans diffi-
La mort des
3uftes eft une
vie, la vie des
pécheurs eft
une mort»
Dieu nous
afflige pour
nous rappel*
Uï à lui.
4po Des Home
ciles à retenir auprès d'elles,
ont accoutumé de les con-
traindre à y revenir en les
faifant efiPrayer par ùcs per-
fonnes mafquées ; non pas
pour leur faire peine , mais
pour empêcher qu'ils ne for-
lent d'encre leurs bras ; Dieu
en ufe à peu près de la mê-
me forte par l'ardent amour
qu'il a pour nous , lorfqu'a-
fin de nous unir plus étroi-
tement à lui 5 il permet que
nous nous trouvions com-
me réduits à la nécelTité d'a-
Toir continuellement recours
3 fa grâce , de l'invoquer fans
cefrer& d'abandonner tout au-
tre foin pour nous occuper à
la prière, & lui redire à tous
momens : Set^eur 3 déUvre:i^
men ame.
991* Seigneur^ delhrea^mon ame.
K'écre en Remarquez la fage conduite
peine que j^ ^^ ç^^^^ j^oi ^ qui oubjie le
pourfonamr. ^^^^ ^^ ^^^^ ^^ ^y- ^^ ^^^^^^^
que la vie préfente , pour ne
demander a Dieu que le fa-
lut de fon ame, fçachant bien
que fi l'ame eft en sûreté , tout
le refte ne peut mal aller*, au
lieu que fi l'ame fe dérègle ,
toute la profpérité du monde
BOUS cft inutile.
LIES
folentes pueroi divers
fis perfonis perterren'
ta y cogère eos ut ad
gremium fuum confus
gianii non eos pui-
dem volentes moltjVta.
afficere , fed ut ipfîs
affideant. Ita DcUi
volens nos Jîbi con-
jungere , cùm f.i a -
rnator vehementjjjî-
mus , permiitiî ut
ad talem redigans
necelJîtatem ; ut per^
peiuo vace$ orationiy
eum ajjîduè invoces ,
CT* aliis reliélis , fis
de €0 foUiciitts : O
Domine libéra a-
nimam meam.
O Domine faîva
animam meam.
Fide fapisntem ani-
mam , quomodo reli-
élts omnibus qua aà
hancvitampertinenty
unum tantum petit ,
ut anima maneat il-
/4/d. Si autem benè
habeat reliqua omnia
confequentur s fi non
habeat, mhilnosju'.
vat reliqua profpçrt"
tas.
Sur le
Mifericors Do-
minus & juftus.
f^ides quomoeto docet
Auditorem , ut neque
defperet , neque ne-
gligat. Ne defperes ;
eji enim Deits mife-
ricors s ne fis ni-
minm fecurîis , eJi
enim juftus. Sicfalu-
tem utrinqite nobis
procurât : hujus enim
exfcindit focordiam ;
illius autem tollit def'
feraiionem,
Revertere anima
mea in requiem
tuam , quia Domi-
nusbenefccittibi..
Qt4£ alits videntur
efje digna lacrymis ,
huic ea Videntur op'
tanda : CT* eapropter
qu£ aliife jure pu'
tant Utari >• fibi exi-
ftimat merito deplo-
tanda. An non efl
merito ingemifcen-
dum y quod Jîmus in
regione aliéna , O* «»
coloniam procul à pa-
triapojîtam amanda-
ti ? An non eft maxi-
me Utandum quod in
tranquillum portwn
ium maximà celé*
s P s E A U M E s. 45? ï
Le Seigneur eft mifericordieux
O* jufte. David nous cnfeigne
par ces paroles., à éviter le dé-
fefpoir & l'a négligence , com-
me s'il nous diloit : Ne défef-
perez pas , car Dieu eft mife-
ricordieux : Ne demeurez pas
aufld dans une trop grande
aflurance , car il eft jufte. Ain-
fi ce S. Prophète pourvoit des
deux cotez a notre falut. D'u-
ne part il excite notre négli-
gence & notre pareffe j & de
l'autre il nous retranche tout
fujet de défefpoir.
0 mon ame rentre:^ dans vo-
tre repos , car le Seigneur vous
a fait du bien. Ce que les au-
tres regardent comme digne
de larmes , paroît défirable
à ce faint Roi : Et il confîde-
re comme des chofes qui mé-
ritent avec raifon d'être pleu-
rées 3 celles que les autres re-
gardent comme le lu jet de leur
joye. Et en effet , n'eft-ce pas
un fujet digne de gémilïemenc
& de larmes , de fe voir en-
core errans dans un pays é-
tranger , & comme reléguez
en des régions fi éloignées de fa
patrie ? Comme au contraire
n'avons-nous pas raifon d'ê-
tre touchez d'une extrém-e
joye de voir que nous nous
avançons à pleines voiles vers
ÇÇ4,
Eviter, 'a pré»
fompiioa 6C
le délelpoir.
55'^
Ce qiifi le
monde aime »
elt digne de
larmes , ce
qu'ihrainteft
l'objet de U
vraye joye.
4P2 Des Homel
le port tranquille & affûré de
cette cité célefte j dont toutes
lortes d'afHidions , de maux ,
& de t^émifiemens feront éter-
nellement bannis ? Mais cela
ne me regarde pas, dira le pé-
cheur. Cela fait donc voir ,
que. ce n'eft pas proprement
la mort , mais plutôt la mau-
vaife confcience , qui eft â
craindre. Cefiez de pécher ,
& la mort vous deviendra une
chofe déiîrable.
99^- Qh^ ^ous nos défirs tendent
Ni peine , ni àla vie future 5 & rapportons
plaifir de la tQutgj ^los adions à cette der-
:;îJAr'V«; "i^^^ fi"- Car c'eft pour nous
un Chrétien exciter a ne jamais perdre de
qui tend au vue cette demeure célefte ,
ckl. que notre Seigneur nous a
ordonné de dire : Que votre
re^e arrive : Et en effet, qui-
conque eft polfedé de l'amour
de ce royaume divin , & fe
nourrit de Telpérance des
biens du cieh ne peut jamais
fe laifler abbattre aux maux
de la terre j mais femblable à
un voyageur , qui fe hâtant
d'arriver à la ville royale ne
fcroit retenu ni par la beauté,
ni par la difficulté de tout ce
qu'il rencontreroit en fon che-
min , il conferve toujours
en fon efprit une idée li vi-
I ES
ritate curfum tened-
mus , CT* fupemam
civitatem recipia-
mus , à qua proeiU
aufugit dolor , mole'
Jîia zy gemttui ? Et
quià mea refert , i«-
quisi qutfumpecca-
tor ? P^ides non ejfe
mortem qtta dolonm
ajferat , fed maLm
cofyfcientiam. Defîne
psccare , C?" erit libi
expeftenda mors.
Tuturam nos vi'
tam dejîderemus , C7'
omnes aOiones no^
Jiras »eo dingamus :
proptereajtihemiis di'
cere , adveniat re-
gnum tuum j t*t ai
tUum diem femper
refpiciamus. Qui e-
nim illo amore tene^
tur 5 CT* illorum bty
norum fpe aliiur ,
nuUis malis pr^fen-
tibus ohruitur , aut
retardatur : fed ve-
luti qui ad regiam
urbem contendunt _ ,
nullo qtéodin itinere
fe ojferat retinentur ,
non locis amants ,
non defertts . . . ita
qui quotidie iUnm
Sur l
fibi e^ifgit civita-
ttm , C?* ejiii fovet
dsfidtrium f nihiUo'
rum qu£ fuut gra-
via grave exijttma-
bit i nec eorum qu,t
fuHt fucHnda CT* iUu-
Pria , JHcundum CT*
illupre. Q^d autem
dico 5 non extfiima-
hit ? imo ne ea vi-
dehit quidem , ut qui
alto haheat oculos :
Non contemplan-
tibus nobis qus
videntur , fed quae
non videntur 5
qu^eenim videntur
temporalia funt j
quse autem non
videntur alterna.
Pas ne moti funt
pedes iTiei , pa-
cem peccatorum
yïàtns,..P^ide quan-
tum fit periculttm res
fidei permittere hu-
manis rationihus zy
non fidei. Fides efl
qutedam .. fiicra an-
chora, qu£ ttndique
fitflentat mentem qtt^
et adîjxret ; CT* tune
maxime ojlendttur ,
quando in maxima
nrum .d^fficttlfate et
ES PSEAUMES. 4P5
ve, &un fi ardent defîr de
cette cité célcfte, que tout ce
qui fe préfente de plus fâ-
cheux , ou de plus charmant
dans le chemin de cette vie ,
ne lui paroît ni affez péni-
ble nialfez agréable pour l'ar-
rêter. Mais, que dis-je , ne
lui paroît ; puifque même
il ne verra rien de toutes
ces chofes de la terre , ayant
les yeux uniquement arrêtez
fur celles du ciel ; Ne contem-
plant point ^ (elon que parle l'A-
potre, les chofes vifibles , mais
feulement les invifibles î car les
vifibles font temporelles C p^Jfa-
gères , O' les invifibles font éter'
n elle s.
j^'^ai chancelé' dans mes de- 997'
marches , voyant la paix dont Ne s'appuyer
joUiJfent les pécheurs. Vous voyez 4«efur la foi,
par ces paroles quel eft le dan-
ger d'abandonner les chofes de
la foi aux raifons humaines ,
& de ne les pas confier à la
foi même. Car la foi eft
comme une ancre iacrée qui
retient & affermit de toutes
parts le vaiifeau de notre ef-
pnt qui s'y attache : & on le
remarque principaleinent dans
les rencontres les plus fâ-
cheules de la vie , où la foi
L'orgueilleux
^4 Des Homel
nouspetfuacie d'attendre avec
patience Teftet de refpoir
qu'elle nous infpire , & nous
fait rejetter de notre efprit
toute cette foule de raifon-
nemens humains qui ne fer-
vent qu'à rembaralfer.
Les fupcrbesj ni ne con-
noiifent Dieu , ni ne fe con-
ne fonnoit ni noiffent eux mêmes. Et en
Dieu ni foi- ^fl-et comment celui qui n'au-
memc. ^.^ p^^ premièrement connu
fon Créateur , fe connoîtra-
t-il foi-meme comme créatu-
re. Or ctH proprement de
ce que l'homme ne reconnoît
pas fon maître , que nait Ion
orgueil. Car (elon le témoi-
gnage de l'Ecriture 3 le com-
mencement de l'orgueil vient de
ce quon meconnoU Dieu,
ppp. L'humilité eft un fi grand
Excellence bien , que notre Seigneur a
dcrhumilité, voulu s'humilier lui-même ,
afin de nous attirer à imiter
fon exemple Et c'eft pour
cela qu'il nous dit : Apprene:^.
de moi que je fuis doux O* humhle
de cœur.
1000.
Providence
in.
Comme les yeux les plus
, ,^ fains & les plus perçans ne
de Dieu in- ^ K }
compréhenfi- peuvent pas regarder e corps
ble, ôc pour, àa foleil , a caufe du trop
qu.i? grand éclat de fes rayons ;
lES
p<rfuadet yUt bonam
fpem expeàet , expul -
fa turha ratiocina-
tionum.
In Pfalm. iij.
Super bi Dcum non
cogpofcunt 5 neque
femetipfos quidfnt j
fciunt, Qj^ patio e-»
nim quh non ante^
agnofcit cpificem ,
agnofcet fetpfttm ef-
Je figmentum. Qjiîà
enim nefcitur Donn-
nm 5 nafcitur fttpeY'
bia . . . initium fu-
perbi^eft nefcirc
Deum.
Tantum bonum eft
humtlitas y ut Ç^
Dominus nofler hw
mihartt femetipfttm.
Et ut in fimilitudi-
nem fu* nos humili"
tatis adduceret , di'
.-vmt/Difciteàmc
quià mitis fum &
humilis corde.
In Pfalm. 117.
Quemadmodàm née
qui fanifunt femper
pojfuntfolem intueri
proptcr fummUfplsii'
Sur le
dorem; ùa nec uni-
ver/a Dei proviàet)'
tia perfeHèfdri po-
tcp; quod omnem hu-
manam rationem loti'
gè fuperet illius fu-
pientiit magniiudo,
Si*nt etiam quxdam
ajfecîiones qu*flitUn
Jjtpè tenebrdi ojfun~
dunt , CT* efjiciunt ut
eam omnino vider e
nequeant. Primùm
quidem Ubido CT* 4-
mor volttptatis > quo-
circà «a etiam qu*
fttnt omnibus mani'
fefla prxtercurrunt.
Secttndum ejl igno-
rantia CT* mentis per-
verjitas • . . Accedit
tertium qttodnefciant
quid^ bonitm , quid
fit malnm ; quod malo
delefîentur Cr fint
propenji ad vitium.
Quartum quod fuo-
rum peccatorum ra-
tionem non ineunt.
Quintum , quod va-
ftum O' inejfabile id
quod inter Deum €7*
bomines interced.it.
Sextum » quod non
vult Deus omnia ubi-
^ue ofiendere ^nempè
S PSEAUMES. ^^^
de même il eft impoflible de
connoitre parfaitement tou-
te la conduite de la provi-
dence divine , parce que la
raifon de l'homme eft trop
foible pour loutenir la fplen-
deur de cette fagcfle infinie.
Il y a aulTi plulieurs palTions
différentes qui obfcurciirent
l'intelligence des pécheurs &
des infeniés, & qui les em-
pêchent de reconnoître cette
providence. La première eft
la concupifcence & l'amour
de la volupté , qui les fait
paffer par delfus les chofes
les plus manifeftes, fans \qs
découvrir, z. L'ignorance &
le dérèglement de i'efprit. 3.
Le défaut du difcernement de
ce qui eft bien d'avec ce qui eft
mal , qui ne vient que de ce
qu'ils font entièrement adon-
nés au vice. 4. Le peu de con-
noilfance qu'ils ont de la gran-
deur de leurs péchés. 5. La
diftance infinie quife rencon-
tre emre Dieu & l'homme. 6,
Les fecrets de la conduite de
Dieu , qui ne veut pas toujours
tout découvrir , parce qu'il
juge que la connoiHance des
effets particuliers de la pro-
vidence qu'il fait paroitre
peu à peu , félon les lieux &
félon les temps, nous doit
4f 6 Des Home
luffire. Nous ne devons donc
pas pour faire tant d'efforts pé-
nétrer toute l'oeconomie de fa
divine conduite , puifque c'eft
une chofe fi immenfe & fi
relevée, qu'elle furpaffe in-
finiment la portée de toutes
les créatiires.
looi. Quand vous vous trouve-
Plus oneftrez dans une plus grande mi-
Tcduit à l'ex- fére , c'eft alors que vous de-
ttemitc , plus iu5 çç ^^^^ . ^^^ Di^^ ^g
on doit efpe. r ■ r r « r r
^„j.^ ^ fait pas fitot paroitre la puil-
fance , dans le commencement
de nos befoins, que lorfquil
nous femble que tout eft défef-
péré. C'eft-là le vray temps
du fecours de Dieu. Aufîi vo-
yons-nous que le Seigneur ne
délivra pas d'abord des mains
de Nabuchodonofor \ts trois
jeunes hommes de Babylone ;
mais feulement après qu'ils
eurent été jettes dans la four-
naife j ni ne retira pas Daniel
dès qu'il eut été mis dans la
folle aux lions , mais feule-
ment fept jours après. Or
Dieu en ufe de la forte afin que
perfonne ne lui ravifle & ne
s'attribue la gloire qui n'eft
due qu'à lui.
1001. David ne rend pas feule-
Utiuté des ment grâces à Dieu de ce
LIES
quià fujficiunt qujt
fiunt figillatim. Non
oportet ergo nimium
contendere , ut in om-
nibus dtfcas Dei ad-
minijfrationem. De
rébus enim immenjîs
contendimus ^^qua
creatam omnem na^
turam longe /uperant.
Qitando tes in
maximum inciderint
inopiam , tune tufpe-
ra maxime. Tune e-
nim Deus maxime
Juam ojiendet poten^
tiam , nonàprimor"
diojfed cùm rcsfue-
rint plane defperats
ahhominibus. Hoc efl
enim tempus divmi
auxilii. Etideo nec
pueroseripuit àj^rin-
cipio , fed pûPquàm
fiterint conjefii in
fornacem \ nec Da-
nielem antequàm ef-
fet immiJJUs ifedfep-
tem poji diebus ....
Hoc autemfaciiDeus,
ne ullus ejusjîhiglo-
riam vindicet.
Konfolùm grattas
agit David quodfue-
Su R LE
rit Uberatus -, fed e-
tiam quod ceciderit ,
maximum agnofcit
beneficinm , & dicit
lucrum tentationis.
Quodnam hoc ? Ca-
ftigans caftigavit
meDorainus. Mac
efl Militas periculo-
rum 5 quodme meltO"
rem fecerunt.
In Pfalm. ii8.
Qui efiis boni , a$-
gnate illud donoDei',
C^ ttolite illud vobis
ajfumere qmddona-
tum efl , ne perdatis
quod habetis.
In P(alm. iip.
Quomodb à captivi-
taie Itberati ftterunt
Ifraeliu ? Dejiderio
j^erofolimtt.Quod qui-
dem nijleis adfuijjet
ex Dei gratia , in
perpétua fervitute
dtesfttosobiijfem. id-
ipfum nabis eveniet ,
tiifiamore c<eleflium ,
Ci?' dejîderio c<eleflis
jerufalem teneamur,
non autem in prafen-
tem vitam perpétua
defigamur. lit cceno
enim curarumfecuU-
riftm perpeim volti"
Tonne L
S PSEAUMES. 4S>7
qu'il a été délivré , mais rné- tentations, 5c
me regarde fa chute , corn- "^^"1= «^es
me un très fîgnalé bienfait, l^^"^" P°"^
& cette tentation, comme ^^^'
un avantage , en di/ant : Le
Seigneur m' a châtie. Car l'utilité
de cette tentation , confifte
en ce qu'elle nous rend meil-
leurs.
Si vous êtes bons , nttri-
bucz-le à un don de Dieu j
& ne recevez pas comme ve-
1005.
Attribuer
toTJt le blm
nant de vous ce qui vous a été^ '^"'
donné ,- de crainte que vous
ne perdiez ce que vous avez.
Comment les Ifraèlites ont- 1 004.
ils été délivrés de la captivité? On n'anî-
Par un grand défir pour Je- '''^: V"'"t ^^u
rufalem. Car fi ce défir ne leur ^7 '/' ^'^J
eucete mfpire par la grâce , ^c la t.ue.
ils auroient confommé leur
vie en captivité. Et ce malheur
de croupir dans la fervitude
nous arrivera > fi nous ne fonv-
mes poffedés de l'amoiir des
biens de l'éternité, & d'u»
ardent defir pour la célelle
Jerufalem , & fi nous demeu-
rons toujours attaché à cette
vie toute terrefti e. Car il eft
fans doute que tant que nous
(eions enfoncés dans la bom-
be dQ& £om de U teirç>
458 Des Home
nous ne ferons jamais en état
d'être reçus dans notre patrie
célefte.
Quand vous vous trouvez
■ dans l'aftlidicn , ne défefpé-
rez point & ne tombez point
dans la négligence j mais ani-
mez-vous alors d'un nouveau
courage '-, car c'eft un temps
auquel vos prières feront plus
pures.
& la bienveillance de
Dieu plus grande pour vous.
£t ileilàfouhaiterque la vie
vous foit à charge , ^ péni-
ble j puifque tous ceux qui veu-
lent vivre avec pieté ew J E S U S-
CHRIST fouffrtront perfécu-
tion i & c\\xil eji nécejfaire de
pajfer par l'eprettve de plu/leurs
afliéjions , pour entrer dans le
royaume de Dieu. N'aimez donc
pas la vie molle & voluptueu-
le, & ne prenez point la voys
large , car elle ne conduit pas
au ciel ; & il n'y a que le fen-
tier étroit e?* ferré qui nous y
mené. Fuyez les plaifîrs >• fou-
lez aux pieds le fafte & les
pompes du ficelé , méprifez
les richelTes , la gloire & la
puiffance du monde '-, Embral^
îez une vie pauvre & ab jede j
confeflez vos fautes avec des
torrens de larmes ', & appli'
quez-vous à tout ce qui peut
contribuer à votre falut.
LIES
tati , tj&n potertmup
patriam recipere.
Quando ei inaf'
fliclione , ne àefpereSj
ne lahores negligen-
tiâ j fed tttnc tempo»
ris maxime excitare :
funt enim tune precei
puriores , major ejî
Dei in te henevoîen-
tia ; G?* perpétua ità
vivas , ut fit tibivi''
ta laboriofa i fciens
quôd omnes qui
piè volum vivere
in Chrifto Jefu y
perfecutionempa-
tientur ; CT* quôd
per multas affli-
diones oportet
nosintrare in re-
gnum Dei. Newo/-
lem ergo vitam C?*
dijfolutam dilexeris y
necvnht^velisi»'
gredi ; ea enim non
ducit in c^elttm , fed
arda & angufta :
fugiasvoluptates, ex-
ternam vit£ pompam
conculcesy opes,glo-
riam , & potentiam
uegligas : pauperta^
tem autem CT» contri-
ttenem vit* y confef
Sur le
fîonem cy lachryma-
rt*m fontem teneasy
CT* omnia qu£ falu-
tem pojjunt conciliare
ferfequaris.
H<ec eji dofïrina
optima atque adeo
frima , ftire nos in-
quilinos ejjs in vttâ
pr^fenti .... hoc eji
radix & f$éndamen'
tttm omnis virtutis.
Ç^ai enim rerttm qu<e
h'k funt ^ hofpes ej} ,
erit rerum fuperna-
rum civis, Qu^i eo-
rum qu£ hic fttm ,
hofpes eJi y non hhen-
ier verfahitur inpr£»
fentibtts , non âomus,
non pecunia , non
alimenti , nec alins
ejufmodi cttram ^e»
ret : fed quemadmo*
dkm qui in aliéna
verfantur y nihilnon
a^ttnt ut patrie fu£
rej}itttantur . . . ità
etiam qui amore fu-
î'.irortim tenetur ,
nec rehmpYifentihus
ajvarjîs animum de-
mittet , necfecunJis
effcret) fed utraqtie
fr£tercurreret , tan-
KHA17Î qui Zf,im in^
S PSEAUMES.
499
La première & la plus fa- loo^.
lutaire dodrine qui nous de- V.vre eu
vons embrafler , c'eft d'être .^o/'^geur fuc
perfuadés p.lic noU5 ne fomine^ '^ ^'^"^*
que comme des étrangers &
des voyageurs en cette vie.
Cette fcience eft la racine & le
fondement de tonte vertu.
Car celui qui n'ufera Aqs cho-
i^Qs préfentes , que comme un
hôte & un pallager, fera un
jour le citoyen & le pofTel-
feur de celles du ciel : & ea
attendant , il ne s'attachera
^s;u"éres aux chofes du monde ,
il ne fe mettra pas beaucoup
en peine d'argent ^ de maifon ,
de nourriture , & d'autres
chofes femblables -y & comme
àQs gens qui fe trouvent en
pays étranger ne s'appliquent
uniquement qu'à ce qui peut
avancer leur retour en leur
pays : de même ceux qui font
remplis de l'amour àt% biens
futurs, rti ne fe laiflènt point
abbatre par \ts difgraces de
ce monde , ni élever par la
profpérité i mais ils paflenc
également fur la bonne & îa
mauvaifc fortune fans s'y ar-
^00 Des Homel
réter , ni en interrompre le
chemin qu'ils ont entrepris
vers la célefte patrie.
1007. Alon ame a été long temps dam
Attendre la^/^„ ^j^.,/^ Qç j^j-jg temps ne mar-
^'^ ^"'^^^;. que pas tant le nombre des
teimpaiience. années (pu a dure , que les
peines qu'on y a louftertes.
Car quelque peu que dure
le temps d'une niuidion , il
paroîc toujours très long à
ceux qui la fouftVent. C'eft
là le fentiment dont nous de-
vons être touchés durant cette
vie: & quoique nous n'y ayons
pas vécu beaucoup d'années ,
nous les devons trouver très-
longues , par l'impatience de
retourner en notre patrie.
Je ne dis pas ceci pour blâ-
mer la vie prélente i car c'efè-
l'ouvrage de Dieu : mais feu-
lement pour vous exciter à
l'amour de la vie future ,
& pour empêcher que vous
ne vous attachiez trop forte-
ment à celle-ci.
^1008. j ES us-Christ veut
?orcc de ia q^g j^qus foyons des brebis ,
douceur &de ^ même au'milieu des loups.
rnummte. ^^ ^^ ^^^^^ ^ pouvons de-
meurer brebis , nous furraon-
tcrons fans doute les loups.
Car rien n'eft fi puiflant que
la douceur : rien n'eft fi fort
que la manfuetude & l'humi-
lue.
I ss
gredttw.
Multùm fuit itï*
cola anima mea . .,
non appellat multùm
propter multhuài'
nem y fed propter re-
THm diffîciéUatem. Et'
fi emm fit exigtmm ,
videtur ejje multum
tis qui ajjliguntur.
Ità etiam nos oporiet
afftci j C?' quawvi-s
htc paucii annis vi»
xerimus , eoi tamen
multos ejJe patare
propter futurorum
dejîderium. H£c di-
co y nequaquam vi'
tant pr<tfentem accU'
fans ; efî enim ea opus
Dei , fed ad futuro-
rum amorem tas eac-
citans , Cr' ne in
rébus prafenlibus lu-'
henter verfemini.
Juhsî Chnfus noi
ejfe oves etiam inter
lupos .... mane ovis
V ità luposfuperabis
. . . "Nihil enim ejt
manfuetudine poten^
tius , viljillenitate
vaUdius acfirmius.
Sur le
In Pralm. 121.
Tax nojîra Chrijlus
qui tulit parietem
tnimicitiarum tnter
Deum ^ nos , CT*
reconciliavit nos Pa-
tri. Ecce radix pacis
noflr<e, Exindè fur-
git ut pacem habea-
mus cum omnibus ho-
minibus , fuflineamus
inquiétas , arguamus
fuperbos , toleremus
infirmas : C?* ci*m ità
jiunt , fecundatur
in nobispax. Surgit
aliapax f ut non U»
tigetcaro nojira con-
tra animam , fub-
dantur omnes volit-
ptates Q^pimuli car-
nis . . . Cùm itàfue-
rint fubdita , fpiri-
tui tune eritpax.
In Pfalm. 1Z5.
Quemadmodum fc
mtna opus habentim-
hribus j ità etiam nos
lachrymti ; ^ fient
terra opus habet ut
aretur <5r projcinda-
tur , ità anima fide-
lis pro ligone indiget
tentationtbm €7" af-
fiifliomhus , ne pro-
ducat mAUs herbes ,
S Ps BAUMES. yoi
Jesus-Christ eft no-
tre paix & notre réunion avec
Dieu. C'eft lui qui a rompu Je
mur de fëparation qui étoit
entre Dieu & nous , & qui
nous a réconciliés à fon Perc.
C'cft de la racine de cette
paix que procède celle que
nous devons avoir avec tous
les hommes. Souffrons les in-
quiets, reprenons les fuper-
bes , fupportons les infirmes 5
& par ce moyen la paix s'ac-
croitera & fe fortifiera dans
nous. Il doit encore naître de
cette même racine une autre
paix qui empêche notre chair
de fe révolter contre notre
ame , &qui foumet à la rai-
fon tous les plaifirs & les
mouvemens de nos fens. Car
quand tout cela fera fournis
à l'elprit , alors nous ferons
dans une véritable paix.
Lçs grains que l'on a Ce-
rnés n'ont pas plus befoin de
pluye , que nous de larmes:
Et comme il eft néeellaire
de labourer & de renverfer
la terre où l'on veut femer :
De même les tentations &
les afflidions font néceffaires
pour empêcher l'ame fidelle
de poufler de mauvaifes her-
bes , pour brifer fa dureté
& la préparer à recevoir le
Paix avec
Dieu , fource
de la paix arec
le prochain ,
&C avec nous •
même.
lOIO,
Nécelfité
à&s tentatiens
3c des aiSic-
tions.
bon grain.
Des Home
loi I. Supportez avec courage les
Patience dans maux qui VOUS arriveront , &
les maux , ef- ^^j^ y^^g tiendra lieu de mar-
p=ce de mat, ^^^^ ^.^^ laréfolution avec la-
quelle le Chrétien foufFre
qu'on le déchire plutôt que
de facrifier aux idoles, n'eft
pas la feule choie qui le fait
martyr j mais il le peut auffi
devenir , fi lorfqu'il foufFie
quelque violente douleur il
fe retient de murmurer contre
Dieu , & s'il la fupporte avec
patience , fans rien dire qui
mérite d'être repris.
Celui qui prie bien Dieu ;
avant même que d'obtenir
^^ ce qu'il demande , ne laifle
pas de tirer beaucoup de fruit
de fa prière. Car il apprend
dans cette fainte occupation
à calmer les troubles de fon
cfprit , à appailer fa colère ,
à bannir l'envie , à éteindre
la convoitife , à diminuer l'a-
mour de ce qui ne regarde
que la vie préfente, à rem-
plir fon ame de tranquillité ,
à l'élever enfuice jufques dans
le Ciel.
ÏOI2.
Salutaires
effets de
prière.
LIES
ut ejus moîUatur dn'
rities , ne nimium
ejferamr cr exi'iat.
In Pfalm. 117.
Fer fortl ammo qu<s
accidunt : hoc ejl u~
bi martyrium. Nott
enim cùm/acrificare
juhetur quti O* WJ4*
vult dilaniari , fo'
lumfacit martynumf
fed etîam citm dolor
impellU ad blaf^hc-
mandum , toleranter
pottm ferrs kboran,
£7' mJnl inhoncjium
dicere facit many'
rem.
InPf. î2p. Qiii
eondignè precatur y
ettam antequàm con-
fequatur quod pofin*
lat , eoL vratione ma-
^na bona percipti j
omnes animi pertur-
bationes reprknens ,
iram fedatts , invt'
dtam expeUens-fCtfpi-
ditatem «xtin^t*ens »
rerum advitampsr-
îinentittm amorem
diminuens , animum
in ma^namtranquii'
litatem redigem , t<t
ipfum dcinccps Cislur*^
afienÀenu
Sun L
t^^anio orationem
Mg^rederis , ne hoc
folu'm qutgras ut qmd
petis accipias ; fed
etiam m in ipsâ ora-
tione' animam me'
liorem ejjicias. Nam
hoc quoque eji munus
crationis.
In Pfalm. 131.
"Neque ferire eft ah-
folutè atrocitatis , ne-
que parcere mnnfue-
tudinis, Sed mitis il-
le eJi , qui ferre po-
tejl qu£ in [eiffum
feccata funt ; aliis
vero faÙam propul-
fat injuriant Çy eis
fert opem . . . Quippe
defpicere eos qmbus
fit injuria , nec tis
irafci qui probris
C?* contumeliis affï-
tiunty nonejîvirtu-
tis , fed vitii s non
efl manfuetudinis ,
fed ignavi*.
Non Jîmuspr opter
promiffa Det focor^
des , ne corruamus ;
nec propter minas
dffperemm yfedmn-
tS PSEAUMES. fO^
Quand vous vous appli- iotî.
quez à la pricrc ne cherchez Devenir
pas feulement à y obtenir ce meilleur par
que vous demandez à Dieu ; '* pneie.
mais penfez aufli à y purifier
votre ame , & à en devenir
meilleur. Car c'eft là le prin-
cipal avantage de rOrailon.
Ce n'eft pas toujours être 1014.
violent & emporté que de Quelle cftb
frapper , ni ce n'eft pas toû- '^^^>'^ ^°""
jours être doux , que d'épac- *^^"'*
gner & de pardonner. Mais
celui-là eft proprement doux ,
qui fupporte avec patience
les oftenfes qu'on lui fait ,
& qui fçait repouflèr & van-
ger celles qu'on fait à autrui ;
qui eft prompt à protéger &
recourir fon prochain quand '
il a befoin de (on aftiftancc.
Car abandonner ceux qui
l'ont maltraités , & ne point
témoigner d'indignation con-
tre ceux qui les maltrai-
tent , ce n'eft pas vertu ,
mais c'eft un vice & un dé-
faut ; ce n'eft pas douceur ;
mais c'eft lâcheté & foiblef-
fe.
Ne foyons pas négligens ^J^,^;^^^.
& parefleux a travailler pour gijgence ôc le
obtenir l'effet des proraeftes défefjioir,
de Dieu , de peur d'en être
privés ; & que la fraiseur de
lOI^.
104 Des Homel
fes menaces ne nous jette
point dans le défefpoir j mais
plutôt nous porte à changer
de vie.
Ce n'eft pas un Chérubin
lES
temur.
Réalité & que VOUS avez habitant en
faimetc de yous , mais c'eft le Seigneur
^'^"^^"^^'^' même des Chérubins : Ce
n'eft ni l'urne , ni la manne ,
ni les tables de pierre, ni la
^ , baguette d'Aaron-, mais c'eft
»vv2ï'L le Corps & le Sang du Sei-
hérétiques, ^, /-sj n.r -cr „
gneur même : C eit ion tlprir,
& non pas la lettre-, & enfin
c'eft une grâce qui eftau ^qÇ-
fus de toute penfée. Or plus
les fymboles & lesSacremens
aulquels vous avez eu l'hon-
neur de participer font véné-
rables & faints , plus cela
i vous oblige d'être famt vous-
même 5 & plus vous mérite-
rez de fupplices fi vous man-
quez à obferver les divins
préceptes.
TOI 7. Les Juifs n'invoquoient
On peut Dieu qu'en Sion j mais les
Fr;.r en tout Chrétiens l'invoquent en
*^"' tous lieux ; dans les champs,
dans les maifons, dans \^s
rues , dans la folitudc , fur
la mer , dans leurs lits : En-
fin il n'y a nul lieu auquel on
leur défende de prier *pour-
In Pfalm. 133.
No» Cherttbim , ftd
ipforttm Cherubim
Dnm habes inhabi»
tantem > neqtte ur-
nam , manna CT* ta-
bnlas lapideas C
virvam Aaron ; Jed
corpus ZP'janguincin
Domimcum , Çp' fpi-
ritumpro litttra , C?"
grattam quxfuperat
omnem humanam co'
gitationem. Quo au-
tem majoribuifymbo»
lis C^ magii vene-
randts /acramentis
dignatui es, eo major
à te ejipr^fiandafan-
Oitas i Z^ eo majori
eris obnoxius fuppli-
eio ,Jî quejujjafunt
tranJîUeris.
^uddii quidem in
Sion invocabant, nci
autem in omni loco ,
in agro , in domo ,««
foro , in folitudine ,
in navi , in diver*
forio. À loco enim
non prohibetiturpre-
ces 3 AnodûjtM morts
qH9
Sur l
^i preàhus conve-
niant.
In Pfalm. 140.
Tune fol ùm lo^tt.'ti'
dumejîj quandoqua
dtcuntur plttsprofttntg
quàm filsnltum.
Oportct eum qui
feprehendtt , muUa
excogitare y ut acce-
pta V graïa fit ejui
reprahenfîa : CT* ma-
gna fapientiâ opus
ejt et qui taie ad-
hibuerit médicament
tum i ac majore qui-
iem , quàm et qui
reprehenditur.
SoUtudinem non
f^cit i effefolum ;feçi
mens qti<z teneULT 4-
more CT* fiuiio fa-
pientix. Ità etiam
ÇM« habitant in me^
dus urhihus C fife-
pitihus jpotsrunt ejje
Jîngulares , dàm cor"
ruptos catui fngiant^
p* fe jujiorum con-
ciUis adjungant. H^ec
eft vi't Jecura» Qui
ergà efi ad ccrrigen-
dos altos idoneus ,
cum ils verfetur
qui funt fufcepturi
mcdfànam CT* .eos
Tom. l
ES PsEAUM£s; jro^
vcu que leurs mœurs répon-
dent à leurs prières.
L'on ne doit parler que 10 18.
lorfque nos paroles peuvent Circourpc-
étre plus utiles que notre fi- /^'of^ «1^"^ ^-^
lexic/ >'^^'°*"*
Celui qui reprend les au- ^,^^P'
très , le doit faire avec une ^°"'§'V
grande circonfpedion , afin "^"" ^'^''^'*
que fa réprchenfion foit bien
reçCië ; & celui qui fe fert de
ce remède pour guérir la playe
de fon frère , a befoin d'en
ufer avec une fagelfe encore
plus grande, que celui qui
ibufFre qu'on le reprenne.
Ce n*eû pas fimplement 1010.
de demeurer dans la Iblitude Retraite. î.i
qui fait que nous fommes fo- P'"^ ^^^^
litaires , mais c'elt plûtôt.^^î^^*
d'avoir le cœur poflfédé de
l'amour & du défir de la vraye
fagejle. Ainfi ceux même qui
habitent au milieu des villes,
& qui font expofés aux tumul-
tes & aux embarras du mon-
de, ne laiHent pas d'être de
vrays folitaires s'ils fuyent les
compagnies des perfonnes
déréglées & corrompues, &
s'ils n'ont de focieté qu'avec
les gens de bien. Car il n'y
a de voye fûre que cette re-
traite Que s'il y a quelq^^'uo
50^ Des Homel
qui ait le talent & la capacité
de corriger les autres, , il peut
avoir commerce avec ceux
qu'il juge propres à bien re-
cevoir Tes inltriiétions , &
travailler à les fane devenir-
meiileurs ; Mais ceux qui font
foibles doivent fans doute fuir
la compagnie des méchans, de
crainte d'être corrompus par
leur commerce. Et c'eû là le
moyen de palier avec quelque
fureté le temps de la vie pré-
lente , & de pouvoir obtenir
les biens de la vie future.
loii. I-^s afflidions nous font
Utilité des Utiles pour deux raifons. L'u-
aSîifclions, ne qu'elles nous rendent plus
attentifs à notre devoir , &
l'autre qu'elles nous mettent
en état d'être plus favorable-
blement écoutés de Dieu.
loti. Qh^"*^ ^°"^ voyez une
C'eil foi'blcf- perfonne qui fe défefpere dans
fsde s'smpor. fon afflidion 5 & qui s'empor-
ter dans hs [g en des paroles d'aigreur &
«{Binions. d'impatience, n'attribuez pas
cet emportement à i'afflidionj
mais plutôt à la foibleiie & au
dérèglement de fon ame. Car
le propre de l'affiidion eft de
produire àes eftets contraires^
fçavoir l'attention à fes de-
voirs j l'humiliation de l'ef-
lES
reddat melioref, Q^
eji autem imbecil-
Itor , fugiat tmpro-
bos , ut ab tllti dam-
tium non accipiat.
Ua O* pr^fentem vi-
tam tttte aget ZD" bo*
na ftttura confe^uef
tftr.
prit , le défît ds hkti faire ,
In Pfalm. 141.
Duo ccmmoda habet
ajjH^io. Unum qaod
nos facit Jïudio/iores
CT" attentiores. Alte-
rum quodea quoaue
jufta cauft eji ut
audtamur,
Quando videris
quempiam ex ajjii'
Clione defperantem ,
aut verb-Hm aliquod
acerbum proloquen-
tem i ne in caufa ejfe
exijlimes affli^to-
nem , fedpujillstm Z^
abjeéjum ejm ani-
mum. AjjitCltonii e-
nim naturafolet ef-
ficere contraria , at'
tçnthncm , anim
SUK L I
C^ntritionem , inten-
tant mentem , pieta-
Usiner ementHm.
S* càm d«lor im-
mineaty V vit a fît
lahoriofa , adeo in-
valefcit vitium ; 'Ji
nihil efjet horum ,
quo tandem nonpro^
Agnofce quod
tranfis ia medio
laqueoruni...^Ko-
circà magna, nobis
cautione CT* vigilan-
lia optis efl. Occultât
enim diaboltts , U-
queum in eliemojy-
nàt nempe vanam
gloriam ; in jejunio ,
arro^amiam ; O' in
aliis , alia ; in ip/is
Z'iis in quibui am-
hulamus.
la Pfalm. 141.
Qui gloriatur in
Domino glorie-
tnr. Ergo de mentis
fttis/ibi nihil afjtgna-
re decet , nifipecca-
ta f quafunt propria
vojlra.
In Pfalin. 143.
Qnando bénéficia af-
/ccrf pi9t»sm ; fit
ts
PSEAUMES.
SOT
& raccroiflement de
la
pie-
té.
Si les affligions , les dou-
1013.
leurs , & les peines dont cet- Sans r<irfi>
te vie eft remplie ne peuvent ^^°" !,"._V'^
tout-à-fait réprimer le
l'excès.
1024.
Pièges ir,c-
ms dans liî
bonnes œu-
vres.
pas
vice, à quel excès ne fe por-
teroit-il point, fi la vie é-
toit exempte de tous ces
maux f
Reconnoifsey que vous mar"
cheT en ce monde ai* milieu des
pièges. Ces paroles nous mar-
quent combien la précaution
& la vigilance nous eftnécel-
faire en cette vie , puifque le
démon nous ten<l des pièges
en toutes nosadions. Le piè-
ge qu'il nous tend dans no$
auiyiônes , eft la vaine gloire;
dans nos jeûnes , c'eft l'arro-
gance, & ainli des autres.
Que celui qui fe Ratifie, ne roif.
fie glorifie que dans le Seigneur.. ^^ ^^^^^''
Nous ne devons nous attri- pécKé.'^''^ ^
buer aucuns mérites dans tou-
tes nos œuvres ; n'ayant rien
qui nous Ont propre que le
péché.
Quand il s*agit de faire du roi^.
bien, reconnoiliéz tout lîom- C'eflla foi
me pour votre prochain ;Scîach.-au2
Vu ij
yo^ Des HoM
qui fait les Mais quand il s'agit de la véri-
vrayeshai- j-iié , ulez de difcernement
°"** pour reconnoitre qui eft votre
prochain. Car Çi votre p.ropje
tiére n'entre pas en commu-
nion avec vous fur le fujet de
la loi de Dieu , confiderc^-
ie comme un étranger & com-
ine étant plus barbare à votre
ég.ard qu'un Scythe. Que /i
au contraire étant Scythe
ou Sarmate , ii 3. la même foi
que vous , regardez-le com-
me vous étant plus pioche que
votre propre frère » non
par les liens de la nature
ou de la patrie ; mais par
ceux de l'ame & de I3 re-
ligion,
îoiy. .Quand chaque membre s*ap-
Paite fer vit plique aux chofes qui contri-
tous nos mê- bnç^t à la gloire de Dieu ,
^'" ^'vk^ ^ ^ i'obfervation de Tes pré-
|loireâ 'S"* çgpfçj . par exemple quand
l'œil ne jette point de regards
impudiques ; quand les mains
ne Te portent point aux extor-
fîons & aux rapines , niais aux
aumônes j quand les oreilles
font toujours ouvertes pour
entendre le chanj: des pfeau-
mes & les inftruâions fpiri-
tuelles ; quand les pieds s'cm-
ployent à courir â i'Eglife ;
quand le cœur ne médite
point de upmpericspour fw:-
ELIES _
omnii homo pràpiti^
q»ui : qtiando autem
de veritate agetur ^
agnofce quifnam Jît
propinqvtis j quii <?-
lienui. Si frater in
lege veritaiis tecum
non cçmmuniaiverit^
fit tibi quovis Scj'
tba barbarior, Sivs,
autem fit Scythd ^fi"
va Sauromata , CT*
idquodo'lu créât"
deritj fratre tuo fit
tibipropinquior. Non
e^clingua nec ex ge~
nercy fed ex anima
CT* mentis fententi^,
Quando unum?
qiiodque membrorum
ea facit qu£ Deo
gloriam Ç7' honorent
ajferunt ; ut pot%
quando oculus non
tmpadice rsfpexerit y
qf4andb manus non
ad rapinam » Jed ad
elcemofynam fe ex'
tenderint » qttanda
ad pfalmosO' audi'
tipnes fpiritualesfiif"
dpiendas aures pa^
rat<s fuerint -^quan^
do pedes ad Ecck'
fi^m (ffimnint i
Sur les
^uanao cor non dolos
/fruit , fed chanta-
tefcatet ; fiuntp/aU
terium C^ cythara
membra corports , ct*
cnnunt novum canti-
cum , non verbisfo"
lis, fed reèus ip/îs.
In Pfalm. 144.
A'iud ej} arrogétntia,
aîiudmagnitudo ani-
mi. EJ} enim arro-
gans , qui propter res
parvasfe faélat , V
-confervos defpicit.
Alto veto efi animo
^ui mente efl humi"
lis i Ç^ prefentii vi-
te umbras nihil ejfe
txipimat.
Iti Pfalm. J46.
In hoc fpes maxime
eonfffîft , ut etfipa-
tim non acceperimui,
minime dèjperemm
r.ec animum abjéeta-
mus.
In Pfalm. ifo.
Laudate Deum 111
ixïiàXi ejus, rid^
PSEAO\<ESV j-oV
prendre fon prochain , mais
n'eft rempli que de charité
pour lui : Quand, dis- je, tous
nos membres concourent aiil-
fî unanimement à s'acquitter
des fondions que Dieu leur
demande ; alors il eft vrai de
dire qu'ils compofenttous en-
lemble comme un inftrumenc
de mufique & qu'ils chantent
d'un commun accoVd un nou-
veau Cantique , non de la
voix , mais àcs adions.
Il y a bien de la différence 1028.
entre l'jtrrogance & la gran- Humilité &
deur d'amc. L'arrogant fe "mépris du
vante pour peu de chofe. Se monde, vraïe
s'éJéve avec mépris au deflusf^^."^^"''^ ^^
de ceux qui font aufTi bien
que lui \ts ferviteurs du même
maitre: Mais une grande ame
eft celle qui s'abbaifle davan-
tage par l'humilité,. & qui
confidere connme un néant
Us ombres delà vie préfen-
te.
L'efperance d'un Chrétien ,/??^-r
confîfte pHneipâîèmèht à ne p' InceTe'r;
point le décourager & ne décourage;*,
point s'abbatre , lorfqu'il ne m.ùs,
reçoit pas fitôt de Dieu ce
qu'il lui a demandé pour fon
lalut.
Loue> Bieu dam Ces Saints. ^^^^°'
David a terminé le livre des & °^":;r;i:
Pfeaiimes. par Taftion de gra-i-aaion d^ *
y U iij gracçj,
►510 Des Homélies
ces , afin de nous apprendre , quomoâo TfahnofHm
^uexomnie c'eil par là que
nous devons commencer tont
ce que nous faifons & que
nous difons , c'eft aulTi par
cela même que nous le devon5
finir.
1031
Le fupc
Ceft en vain que f homme fe
, ., ^^ «rowè/e'. Pourquoi trouvez-vous
eu rirhe ap- /- •■' ,
p.utlent au " mauvais que les pauvres
vous preflent de leur donner,
comme s'ils vous deman-
doient un bien qui vous fût
propre ? Ce qu'ils vous de-
mandent , eft proprement à
pauvre.
librum conduferit
gratlarttm afltone >
docens nos oportere
hoc ejfe principium 5
O'fnem eorum qH£
ÇP'facitnus CT* àui'
mus.
Serm. in illud
PP. 38. Verumta-
men fruftrà con-
turbatur omnis
homo. Cfir acerhe
pn ciim à pauperibus
rogaris, quafidetao
impendas ? Sua , illi
eux Si. non pas à vous-, c'eft petunt , nontua:ea
un bien qui ne vous a été rais
entre les mains que pour le
leur diftribuer , & qui n'eft
pas né avec vous. Donnez-leur
donc ce que vous avez reçu
pour leur donner , & faites-
en l'ufage que Dieu vous a
prefcrit en vous le confiant i
fçavoir de ne le pas garder
pOUi
vous , mais de le com-
muniquer aux n4ce(îiteux.
1031. Celai qui ufe de m i fer i cor de
G.-g ler Dieu envers le pauvre , prête à Dieu à
parraumôiir. yj-^y^, Ajnfi Dieu lui eft re-
devable. Voyez donc Ci vous
aimez mieux avoir Dieu pour
juge que pour débiteur ?
^ ° 3 3 • Retirer- vous de moi , maudits ,
qu£ ipforum caufa
tibi tradtta funt G?*
crédita , non qu£ te-
cum procreata funt.
Eroga quod accept^i^
O'ufum accipe, quoi
tiht ut dares , non ut
acciperesprafcri^tum
Qui mifericor-
diâ cum paupere
utitur, Deo dat
fœnori. Er^o Deus
nojier eft débiter. 17-
trum ergo eum habere
visjudicem 5 an de*
hitorem ?
Difcedite à me
s tJ R LE
aixit 5 qttod aduheriy
.quod fures fuijlis ,
fiilfum teJ}imonium
dixipis , pejerafîis :
qptamquam hxc quo-
que conjfabunt , fed
inferiora funt inim-
manitate CP'vacuita-
te miJèricordU. Efu-
rivi enim & non
dediftis mihiman-
ciucare , &c. Non
condemnoeosquipec-
caverunt , fed q»os
inhumanttajti non
fanituit : vos cott-
dvmno quldcfim ta»'
tum ac taie remedium
falu-tts 5 eleemofynam
haheretis j tant W4-
gnum beneficiumpriz-
termsjfftis.
In illud Pfal, 4S.
Ne timueris , ècc.
Communia funt îitra
CT* fxdera nttptia'
rttm i funt et'tam
VI ; 'Uum ojfî<ia com-
tnunia. Adjtttorem
te Accepi ; fis etiam
mthi adjumento O*
prafidio in rehus al-
tioribus^
S PSEAUMES. JII
au feu éternel , parce que ^^^ pauvres ,
vous avez été adultères ^ vo- pnncipale
1 r ■ caule de l.l
leurs , fornicatcurs , parjures, ^^^^^.i^,,,
quoiqu'il foit vrai que ces cri-
mes là foient aulii des caufes
de damnation i mais parce
qu'ils font moindres que l'in-
humanité & que l'immiferi-
corde. Car fat eu faim ^ dit J E-
s us-Christ, €7- vous ne
m'aveypas donne à manger , CTT.
Comme s'il difoit aux dam-
nés : je ne vous condamne pas
pour avoir péché , mais pour
n'avoir pas fait pénitence de
l'inhumanité que vous avez
eue pour vos frères ; & de
ce qu'ayant entre vos mains ,
un aulli puilTant remède qu'-
eft l'aumône , vous avez né-
gligé de vous en fervir.
Comme les loix & les ^^H'
droits du mariage font corn- Devoirs mti*
muns entre le mary & la fem- ^"^'L^"j"^?"
me ; leurs devoirs & les fer- fj„jme ^ ^
vices qu'ils ont à fe rendre ''
miKueliement doivent auffi
être communs entr'eux : Et
ils fe peuvent avec julhce dire
l'un à l'autre ,je vous ai pris
pour me fervir d'aide & de
confolation dans cette vie ;
aidez-moi donc & me foute-
nez dans les chofes les plus
importantes.
Vu iiij
fTl
D'UNE HOMELIE
fur un faffage de S, Panl
AUX HEBREUX.
PLufieurs ne s'approchent
(lu S. Sacrement qu'une
Régler u fojj l'année , & les autres plus
fren.Tn?'*'" fouvent. Lcfquds eftimeroHs-
ireouente par , *
la pureté de "*^"^ davantage , ou ceux qui
la vie. communient fouvent, ou ceux
qui ne communient que ra-
rement ? Nous n'eftimerons
de tous ceux-là , que ceux
qui communient avec une
confcience nette & fîncere ,
un cœur pur & une vie irré-
prochable. Que ceux qui
font dans cette difpofition s'en
approchent donc toujours *,
& que ceux qui n'y font point
ne s'en approchent pas même
une feule fois : Parce qu'ils ne
font qu'attirer fur eux le ju-
gement de Dieu , & fe ren-
dre digne d'une plus rigou-
reufe condamnation.
Penfez- vous qu'en ne com-
muniant ainfi qu'au bout de
l'année , quarante jours de
In illud Pauli ad
Hebr. i o. Sponte
peccantibus , &c.
Multifemel toto an»
KO facramtnùi par-
ticipant , alii fxpim
.... quos approèa-
himus r an eos qui
f*pè , an eos qui ra'
rof Sed eos quipura
confcientiâ > eos qui
corde mundo , eos qui
inculpau vità f^nt.
Ht taies fentper acce^
dant : qui autem non
funt ejufmodi , ne/è-
mel qttidem. Quid
ità ? quia judiaum
fibi fitmunt V dam-
nationem»
loi 6.
les faints
Myftéres ne
Cùm ad menfam
anno exaSlp accedts ,
.«.liiw^ 5 «"'»*'»"'•»- ivyuio uv. QuadraTinta diesfibî
ionique pour '• •'t r rr, r • ^ i •
ies Saints Pénitence vous luftilent pour Jam ejjead exptan^
VOUS purger de tous les pé- da «mnium tempan
Sur un Passage aux Hébreux. 5'îj
rum peccata esèifti^ chcs que vous avez commis
durant tant de temps ? Et huit
jours ne fe pafleront pas que
vous ne rentriez dans les dé-
fordres de votre première vie.
Après avoir ainfî employé à
faire pénitence quarante jours
& peutêtre moins , vous vous
attendez que Dieu vous fera
miféricorde ? Et moi je vous
disque vous vous mocquezde
lui. Ce n'eft pas que je préten-
de vous empêcher de commu-
nier même une feule fois l'an-
née. Je voudrois au contraire
que vous vous pufliez conti-
nuellement approcher des fa-
crés mylléres. Mais ils ne font
deftinés qu'aux Saints. Etc'eft
ce que le Diacre crie à haute
voix en n'appelant que \çs
Saints à cette table. Car com-
me dans un troupeau de bre-
bis dont plufieurs font faines &
plufieursmalades , il faut fépa-
rex les unes àcs autres : de mê-
me parce qu'il y a dansTEglilc
des brebis faines & des brebis
malades , le Diacre faifant re-
tentir cette voix étonnante de
toutespartSjfépare les unes des
autres j & aj^pelant les juftes,
les amené avec lui vers cette
table facrée. Et comme il eft
im'poffible que l'homme fâche
ce qui eft daas le cœur de foa
mai : rursttmque
tranfa^lâ hebdoma-
da te fuperioribus
fceleribui dédis . . .
'Et tibi placatumfo-
teDeumfperas} Jo-
caris, quâfo , cùm Ifoc
dicis <* Non quod vos
uno anniverfario a-
dit» arceam , fed
^ttcd vos femper ve-
lim accedere. San~
Ois htec data fttnt.
Hoc Diacofjus incU'
mat , tjuifanflos ar-
ccffh C convocat . . .
Ut enim in ^ege
multas ovesfcabte re-
fcrtas necejje eft àfa-
nis arceri ijîc in Ec
de fia , quoniam ali<e
eves incolumes ,ftint
Dero alite morbid^e ;
hac voce has ab illis
arcet , quas ubique
illâ voce qu£ maxime
eft timenda, Sacer-
dos fanClos vocat ^
trahit, Quià enim
non licet cuipiam tes
proximi cognoft:ere
• . , hanc vocem mit-
tit Sacerdos perfeéJo
facrificio , ut nemo
put rdigiotiQ adfpi-
5'i4 D*u»E Ho M
Contre les prochain j ce miniftre de Dieu
Ucrénq^uet. élevé ainlî (a voix à la fin du
facrifice , afin que perfonne ne
s'approche témérairement de
cette fontaine rpiruuelle.
ï^37' Quand le Diacre prononce
Pour corn- publiquement ces paroles :
munier il ne V //•/•• /^ . >. i
f'. ffi' DIS d'ê- fV'V^i Jatntes jont pour les
tre exempt de Saints > c'eft comme s'il diloit :
crimes, ii faut Si quelqu'un n'eft pas Saint ,
être orné d* qu'il ne s'approche point de
ycrtu. ^ette table. Il ne dit pas feu-
lement fi quelqu'un n'eft pas
purgé de fes péchés , maïs s'il
.-'^'eft pas laint. Car ce n'eft
" pas la fî.nple rémilTion àcs pé-
chés qui rend un homme faintj
mais la préfence du Saint Ef
prit dans foname, & une a-
bondance de bonnes œuvres :
Comme s'il diioit/je neveux
pas feulement que vous vous
Ibyez retiré delà boiie &" de
î'ordure , mais qu'on voye re-
luire en vous une blancheur
& une beauté particulière.
Car fi le Roi de Babylone
choififlant parmi les captifs
quelques j'eunes hommes pour
s'approcher de lui, n'en prit
que de bien faits & beaux
de vifage ; conibien fommes-
nous plus obligés , quand nous
nous approchons de cettç ta-
ble royale d'être beaux &
' éclacans «lu dedans de l'ame ?
ELIS
ritalem fonUm V9*
mat.
Cùm aity Sanfla
Sanc'iis , hoc ait ,
Ji quis non ejï fan-
{lus , ne accédât :
non omnino ^ ait ^ li-
heràpeccatis O* ex»
f>tatns i jed fanélus,
Sanélum enim non
peccatorum modo li-
ber atio fjcit 5 fed
fpiritus etiam pra^
fentia , honorumque
cperum abundantia.
Noh 5 inqiiît , 'Dos
à cœno tantum li-
berart , ftd alhos
etiam cr pulchres.
Si er.îm Rex Bavy*
lonius CMtn adoléjceu'
tes ex catnivitate de-
ligertt^ hontjia fa'
cie , ele^atitique for-
ma fibi adegit >•
quanto magis nos qui
adhibemur menfa ré-
gies ^ ekganti forma
ejfe deberrtHS ? . , . ,
Talis accédât Çp* pc-
culttm rtgium ton-
tingat. Si <iuis au»
tem fordidts fanm
Sur t/N Passage aux Hébreux. 5*1^
dmiOm V f^iuallore Que ceux qui font en cet état
s'avancent pour avoir l'hori-
neur de boire à cette coupe
royale. Mais fi quelqu'un ne
craint point de s'approcher
de cette auguftc table , étant
couvert de haillons , & tout
fale & défiguré , ne doutez
pas qu'il n'en Toit puni très-
févérement. Et il ne faut pas
fe perfuader que quarante
jours fuffifent pour purger
les péchés de toute Tannée :
Car fi l'enfer même ne le
peut pas faire encore qu'il
foit éternel , & que pour cet-
te raifon Tes fupplices Ibienc
éternels , à plus force raifon
un fi petit efpace de tems
ne fera pas fuffiiant de le faire:
& d'autant moins que notre
pénitence n'a point été for-
te , mais foible & ttès-re-
lâchée.
L'Oraifon nous fournit de
puifiantes armes . quand elle
eft faite avec ferveur ,• qu'elle l'O^'-^i^o"-
part d'un efprit fincere , &
d'un cœur contrit ; & qu'elle
eft exempte de vaine gloire.
Une prière de cette nature
nous réconcilie avec Dieu , &
rend agréables à Tes yeux ceux
qui lui étoient odieux & indi-
gnes de paroître devantlui./dê
iittendH Uurs gemijjmtm & Unts
obfîtui ad menfam
Velit venire , vide
tjtianta CT* quàm
gravie mala pcrpef-
furus fit j cmn ejua-
draginta dies non fa-
tis ftnt ad eluend^s
totius vita maculas.
Si enim gehenna
quamvis teterna non
Jatis ejl , oh id enim
atcrna ej}^ muho mi-
vui brève hoc ton'
pus > pr<eferlim cfim
non firmam pceni"
tentiam , fed exi'
^uamejfe pateat.
Magna funt ar-
ma 9 oratio , Jt cttm
antmi contentione
fitnd^ttér , f fne i-
nani gloria , fi fin"
cero antmo , fi corde
contrito, hi<ec bella
dirimity h<ec o-entem
tngratam O* tnai-
gnam , gratam acce-
ptamque reddidtt.
Aud^vi eoruiu ge-
103 î.
Pouvoir de
^iS d'ukeHom. sur un Passage aux Hes;
foupirs, dit autrefois le Sei- niitum, ï«^»<>, &
gneur, zyjefuisdefcendu vers
eux pour les délivrer. Et en ef-
fet la prière ett un remède ad-
mirable, qui conferve notre
ame dans l'innocence, & qui
la purifie de tous fes maux rumque remedium
fpirituels.
Nous avons befoin d'une
defcendi ut eos li-
berem. Oratio w«-
dicina ejï conferva^
trix , expultrrx pec-
catorum « deliélo-
pourêtiefau
y",
prir^^^perl grande pénitence, d'une prie.
fîfv-rancs , ^^ fréquente , d une conitance
inébranlable * & d'une longue
pêrfeverance , pour obtenir
les biens que Dieu nous pro-
met. Difons lui donc fouvent .*
Seigneur , foyeT^ favorable à ce
pauvre pécheur i mais f oyons
encore pins pénétrés au de-
dans du cœur de ce fentiment
que nous ne l'exprimons par
nos paroles.
L^s foins & les penfées
continuelles des affaires du
monde excitent en notre ef-
prit des combats & des tu-
multes fâcheux ; ils y for-
ment comme des tempêtes
qui agitent fans cefle les ffots
de notre ame. C'eft pourquoi
nous avons befoin de recou-
rir continuellement à Dieu
par nos prières *, & principa-
lement tous les matins &
tous les foirs.
1040.
Prière du
matin 5: du
fo>r.
Magna nohh pœ»
nitentia opui eft ,
crebrâ oratione , ma*
gnâ conjlantia , m4-
gnâ perftverantia ^
utprornijfa nobis bo»
na adtpifcamur. Dif-
tamus ergo nos , Do-
mine propitius fis
mihi peccatori »•
aut potius non hoc
folàm difcamm , fei
etiam fentiamus tta»
Bellum funt , pi*-
gfiafunt , diuturn^
res CT* negotia ; flU'
éJus funt C tempe~
fias . . . haque noini
neceffaria efl oratio »
maximèque matuîi*
na V vefpertina*
rîr
D'UN SERMON
fitr l'adoration
DE LA CROIX.
De ador. prêt,
crucis. Ke pttdore
affîitamur maguificii
faliitis nojitje pgnis.
. . . Eiertim qute per
ttosjiftnt O* nos au
ùngttnt , cruceperfi-
€it*ntur omnia. Sive
renafcendum e/?, crux
frajio eft , five myjft-
eus ille cibusfumen-
dus y five in clerum-
aliqui cooptandifùnty
five quidvis aliud
faciendum eft , ubi-
que Jîgnum crucis
nobis adefl, Quam-
obrem O* in adibus
O* in mûris , €7* in
forihui Çy in fron-
tibus 5 O* in anima
atque mente eamftu'
Mo se dtpingimus CT*
infculpimus. Salutis
enim nf>ftr<e » com-
munifque libertatis ,
CT* bonitatis Domini
fJoftri JjQC f^num eji
N'Ayons pas de honte d'u- 1041.
fer des fîgnes de notre U^^g'^Ju/î-
falut , que nous devons con- ^"^. ^
r t I o Croix
fidcrei- comme glorieux &
fublimes. AuiTi tout ce qui fe
fait & qui regarde notre falut Conrrc lep
dans la Religion Chrétienne , Htrétiques^
s'opère avec le ligne de la
Croix. Soir qu'il faille renaî-
tre de nouveau -, foit qu'il fail>.
le prendre notre nourriture
myitique, foit qu'il faille or-
donner des Clercs ; foit qu'il
y ait quelqu'autre adte de re-
ligion à faire , on fe fert en
tout cela du figne de la Croix ;
& nous fommes très - foi-
gneux d'en faire dépeind.'-e
& graver les marques non-
feulement fur le frontifpice 5
& fur les murailles , & au
dedans de nos maifons j mais
de les porter aufîi fur notre
front & encore plus profon-
dément dans notre cœur j
comme étant le figne évident
& indubitable de notre com-
mune jdéiivraiice & d^h bon:»
Ancîenn
coututne.
518 d'un Serm. sur l*adoration de la Croix.
té de Notre Seigneur. Ci?* ceniJIîmum O^
clarifjîmum
1041. Quand vous faites le figne Cùmfignans, tihi
^^'■^^ ^= ^'' deia Cioix,repreI<:ntez-vous ventât in ment^m
f."^. ' * toute la vertu qui eil conte- omniiviiquam crux
Croix avrc • . t ^ ■ o r ■
un feîitinient ^^"^ dans la Croix : & ce le- commet ; ac tum
intérieur de ra un moyen très- favorable tram , omnefque à
j)iété. pour éteindre l'émotion de ralionc averfos ani-
votre colère 3 & pour répri- miimpetui exttnxe'
mer dans votre ame tous les ris. Càm frons con-
mouvemens qui font rebelles Jî^nabitur , cùm pC'
à la raifon. Quand donc vous Uns ^ càm octtli ^ attt
ferez le figne de la Croix , & aia membra ; fac
Contre les fur votre front & fur votre ut te ipfe hopiam
Uîrénquçs. eftomac , & fur vos yeux , & Deo gratam oseras,
fur le refte de votre corps ,
offrez-vous en même temps
en efprit comme une hoitie
agréable à Dieu.
DES COMMENTAIRES
SUR ISAIE.
Ï043.
Prière mutile
fi l'on n;
OUand vous multipîirle:^ vos
Oraifons , je fie vous exaU"
Seigneur,
^^' cerai point 3 dit
poHce au pc"|,4yf£ que ^05 mains [ont pleines
^ ^' defiing. Ces paroles nous ap
prennent que toutes les priè-
res, quelques longues & af-
fiduës qu'elles puiifent être ,
ibac inutiles à celui ^ qui en
InEfaïamcap.r.
Si multiplicaveri-
tis deprecationc,
non exaudiam 5
raaniisenimvcftrae
fanguine plenae
funi. Per hoc liquet
nullam effe or ai ion i s
utilitatem} quamii'
DES Commentaires sur Isaie, ^19
het in longum cxten' priant , ne quitte point les
péchez. Comme au contraire
il n'y a rien de comparable à
la vertu de celui , dont la
bonne vie répond à l'aludui-
té de la prière.
datur i quandà is qui
orat objlmatè acqui-
efàt peccatii, IMihU
virtt»ti par efl , fi-
mul CT* vsci (jUig
eperibiii re/pondcat.
Exquirite judi-
cium, Occurrunte-
nim permulta cjtt£
ohfcurent ac veluti
chambrent reUuudi:
nem judtcii : dono"
rtim acceptiû , i^no-
rantia , potentatus ,
ohfcfvatio Jîvs reve~
rentia , tira or ^ ohfe'
quium , culiufque
perfonarum. ideoque
maxime vîgiUnti4
cfi.
Qui e/urientem
nonpavijje deprehen-
dentur , in tUum e-
non qttûd
rapuermt
henna
aliéna
fedquodfnas ipfor'Am
facultatei non difper-
tiverint in ufum e-
gentittm : Jtcut nnnc
ïn etiam coarguuntur
à Propheta , non
^md alienis faculla-
tibui inhiarent , aut
psrpotentUm oppri-
Applique:y^'VOMS avec foin à iod±.
bien ji*ger. Car il le rencon- Rendre cx^-
tre une infinité de choies qui ficm^i.ç ju«
obfcurciUent & qui aftoiblil- ^^ice,
fent l'équité de nos jugemens*,
comme les prèle ns , l'igno-
rance, laconfidérationpourlcs
perfonnes paillantes , le ref-
ped pour les grands du mon-
de , la crainte , la faveur , l'in-
clinatioi), & ainlî des autres:
C'eit pourquoi Ton a beloin
en cela de beaucoup de circon-
fpedion & de vigilance.
Ceux qui n'auront pas don- 104^»
né à manger à ceux qui a- Punition de
voient faim , feront précipi- l'omiffiou de
tez dans les feux d'enfer j non l' aumône- ,
pour avoir ravi le bien d'au-
truy , mais pour n'avoir pas
donné du leur aux ncceiîi-
teux. Et c'eit ce que nous
voyons dans le Prophète Ilàie;
qui ne reprend pas tant les
Juifs de Tardeur qu'ils avoienc
pour ravir le bien d'autrui , Se
des oppreflions qu'ils exer-
çoient fur les foibles , que de
ce qu'ils n'^iflfiftoieaç pas çcujc
Vexation
des pauvres
crime enor-
1047.
"Utilité dei
perfecutions.
1048.
Ce n'eft que
Vabus àe la
puifiance &
ëes richefles
quePieu con-
damne.
£049.
Péché cai;fe
j-io Des Comme
qui étoienc dans le befoin.
Rien n'irrite tam la coîere
de Dieu que les violences
8c les in;uitices qui fe com-
ipettent contre les pauvres de
Ja part des Princes Si des per-
lonnes puiifantes.
JESUS-CHRIST auroit pu
bannir de ce monde toutes
fortes de guerres , mais il en
a voulu laider quelques unes ,
pour fervir à châtier ceux qui
s'abandonnent au relâche-
ment & à la parefle ; & qui
abufant du repos de la paix ,
négligent l'étude & l'exerci-
ce de la vertu.
Malheur à Voui qui êtes pulf-
fans. Ce n'eft pas que Dieu
falfe un crime de la puilfance ;
mais il reprend ceux qui abu-
fent de l'autorité qu'il leur a
donnée. Il ne condamne pas
aufTi les riches en ce qu'ils
pofledcnt beaucoup de biens ;
mais feulement en ce que ne
fe contentant pas de ce qui
leureft néceffairepourlc fim-
ple ufage de cette vie , ils
ont tant d'ardeur pour amal-
fer tous les jours de nouveaux
tréfors.
Il eft fans doute que les pé-
chés font les premières ca;jfes
N T A I R E s
merent jfed ^uià ege*
tîis manum non por^
figèrent aàjutticem,
Nthilfïc confuevit
exacuere tram Dei,
ut injuflitia pet
Principum violen»
tiam aiverfm pan»
feres commifj'a.
In cap. 2. Efaix.
Chrijius relicjmas
hellorum e medio au-
ferre potuit ; vernin
cas relnjuit, ceu ma»
teriam accommodant
caj}igandt$ his quife
dedfint sgnavis , CT*
pace abufirelaxariiur
à p^dio parand<e
virtutis.
Vas qui potentee
eilis. Non utique
potefldtem ipfam dat
crimini , fed eos in-
cufat quiinduîtafibi
atitoritate ahufi funt
in malum : fie etiam
non quld poJJ'ederint
facuhates damnât /
fed quia cum immo"
dicâ opulentia afflue"
rent, prêter necejja-
rium ufum , opes eu-
mulatimcongerehant»
Incap. 3.LJ^«et
peçcAta plerumqui
Su
f»iffe primtgenias
caufas corporex injir-
mttatis . . . id tefla-
tur Chrijïus dicens
h»ic homini quiim-
tninebatpifcin£ : Ec-
ce fanus fadùs es ,
noii amplius pec-
care. Paulus item,
Propter hoc, inter
vos infiimi muiti j
^uîpfrè peccabant ,
(juod participes fie-
rent myjîeriorum non
expurgata adpurum
confcientia.
Fruâum operum
fuorumcomedent.
Bjufmodt eji malitU
natttra ; tpfa in fe
pacnam continet fui
ultricem.
SuperhU vitium,
inexplehili avaritia
conjun&um Çp" affine
efi, Qupnto enim eu-
muUtius quis divitias
adauxerit , tant^^ fi-
uius cordi imprejfern
morbum fuperbix,
Per h<£C omnia j
ecuios , vefiimenta ,
ince/fum , ipfa velca-
J/itas y vel certè ini'
pitdiciiia fe confpi-
(Ham exhtbet. H«
Tom, I.
R I s A I p. 5 2 r
'des maladies corporelles 5 Se
JESUS-ChrîST le témojgne
aHez , lorfcju'il dit à ce para-
lytique qui écoit couché fur
le bord de la pifcine ; f^ous
veney d'être z^ert , prenez Tar-
ae a ne plus pedjer a l avenir.
Et S. Paul le marque auflî
lorlqu'il dit : A caufe de cela il
y en a pîufeurs c^m tombent ma-
lades. C'eft à dire à caufe qu'-
ils péchoient en s'approchant
des Saints myftéres avec une
confcience qui n'écoitpas ea-
ticrcment pure.
Ils mangeront les fruits de leurs 10^0.
oeuvres. Parce que le propre Pi^nitiJ"in-
maleft déporter avec foi ^'.^'^'^^^ ^''
du
fa peine
péchs.
L'orgueil accompagna tou- lofr.
jours l'avarice. Et plus on L'orgudiac-
travaille à aniafTer des richel- compagne les.
[es ^ plus on s'imprime pro- "'^^^-*^**
fondement dans le cœur le
vice de l'orgiieil.
La chafteté de même que roç'r.
rimpudicité fe fait alfés clai- t^ ch.îllere
rement connoiftre, & par les & l'impureté
regards , & par les habits , & ^e font coa-
par les démarches. Et tous ces """"^5. P"
mouvem^ns des organes ex- ^ *^""*'"'^'
ion-
Méchans _
impunis ici-
bis , preuve
du jugement.
^11 Des Commem
téricurs nous découvrent viJfî-
blemen: les affc(ftions de
l'âme. ■
Pourri«t-vous dire qu'un
juge fût jufte 5 & qu'il di-
" ftribuail avec équité ce qui
appartient à un chacun j s'il
châîioit les moins coupables,
& s'il laiffoit aller impunis les
plus criminels ? Cette feule
confidération vous doit faire
connoillre évidemment , que
ce ne peut être que parceque
Dieu a remis à un jour cer-
tain à juger tous les hom-
mes à la tin du monde , qu'il
ne punit pas maintenant tous
les crimes des méchans. Il
carde aufti cette conduite a-
ën qu'ils fe fervent de fa
longanimité & de fa patience
pour en devenir meilleurs -,
ou que fi nonobflant fa dou-
ceur ils demeurent dans leurs
péchés , ils en foient bien plus
grièvement punis dans l'au-
tre vie.
Plus les juftes font élevés
Plus on eft en honneur , plus ils fe ra-
fAirit. pluson bailTcni par humilité. Ainfi
'**"""''''" lo'.Iqu' Abraham a l'honneur
déparier à Dieu, il dit qu'il
n'ell j«e terre O* ^m cendn.
1054.
clt humble.
T A IR E §
enim wotiones orga^
.;; oru m fenJîUum rejî'
dtntis Animx funt
quajîprtgconei.
Qua ralionedtxe-
ris JHJliim judicem <If
omnibus Qu<e aqua
funt dipribuentem ,
pleClere eos quidem
mterdùm qut minus
deliquerunt ; eos au-
tem ruigraviora ad-
miferunt , (ïnere ab'
ire impunè. Nonne
faits inde Itquet quoi
qui à Dûs diemjudi'
cando terrarum orbi
conjîituit , ob hacp^"
nam cam cuique de-
cernendam m illum
rejecijje diem j ut vel
perejus longnmwiîa~
tem meliores ejjician'
tur, aut ceriefiin iif-
dimfacinoribiis per*
maneant , atrociora
fttflineant t arment a.
In cap. 5. Efaix.
Si quando fanai cu-
malatiore potiuntur
honore , tun€ demif-
fiùi fe déficient . . .
fie Abraham fermo-
nem faciens cum Veo
terram fe vocahat
■6i cinerem.
Sur Isa iB. 525
T. de ver- Entrons dans TEglife avec
ion-
Mod.lhc à
Hom
bis Elai^e : Vidi beaucoup de circônfpeaion ^.^^'j"^.^^
Dom. Cum décente & de' modePtie ; de crainre
ttrcunif^e^Hone ad qu'au licti d y trouver la ré-
templum accedamus i miflion de nos péchez , nous
ffro peccatorum re- ne faiHons autre chofe qu'y
fntffione y eùam ac- en amalTer de nouveaux. -
xe^lonempeccatii ad-
intiflum dommn re-
ferawus.
Homil. 2. NuUa Rien ne donne tant de mé- 105^.
res<equè eloquia Dei pris pour la parole de Dieu, Funeitestf-
adducit in contem- que la vue & l'admiration ^^^^ ^^^s ipe-
pum , atque fpe^U- des (j^eflaclcs & des théâtres, ^^''s^-
cuîorum admiratio. C'eft pourquoi je vous exhor-
te de ne point mêler les my-
iléres du démon avec les di-
vins myftércs,
■Proindè hortor vos
ne ditina cum d<emO'
rtiucis commifceatis
fnyjïeria.
Qui cumRege ter'
reno collocitniur , de
his tantu>m verba
facit de quibus ille
voluerit audire ....
Tu vero <Hm rege re-
gttm coUoquens , cui
cum honore ferviunt
A'igeli , omijjo cum
illo capto fermone ,
do luto , de pulverc ,
de telis aranearum
loqueris. Nihil enim
aliudfunt hujttsvita
negotia .
QtéodjHJCtà corda
Ceux qui ont l'honneur de q^J^ î»s
s'entretenir avec les Rois de aidraclions
la terre , ne leur diCent que dinsiapiitie.
les choies qu'ils jugent leur
être agréables : Mais vous,
lorfque vous êtes admis à
parler avec le Roi des Rois
même devant lequel les Anges
n'aftiftent qu'avec tremble-
ment , vous interrompez fbu-
vent le difcours qu-e vous avez
commencé de lui adrefîér ,
pour parler de boiie , de pou{-
jRere , & de toiles d'araignées.
Car que font autre choie tou-
tes les affaires de ce monde ?,
Quand nous avons un Mti»
Xx Jj
1058-
Médians fu^
des infc
rieurs.
$14 Des Gomme
périeurs, peî- giiirat & un Supérieur con-
Bedes péchés forme à la malignité de nos
coeurs , il ne faut pas douter
que ce ne foient nos péchés
qui l'ont attiré fur nousjfoit
qu'il foit de l'ordre Ecciefia-
ftioue ou leculier.
T>^?^?' 1 Comme l'appétit- eft un fî-
Delir de U i i i ' "^ /- / i
pirok de 8"^ "^ ^^ bonne lantede no-
Dieu , bonne ^''^ corps ; de même le défîr
ni^njua.
TO^O.
de fe nourrir àçs viandes &
des inflrudions fpirituellcs eft
la marque de la fânté de no-
tre ame.
Ne portons point jufques
Hefpeâ: & dans l'Eglifc les foins du mon-
filence dans ^^ ^^^^ laiffons-les à la por-
Ics Egiifcs, > A *
^ te ," car c eiï comme entrer
dans le Royaume des Cieux.
Tout ce qui eft au dedans de
ce lieu laint doit infpirer un
grand filence, & les myfté-
xes qu'on y célèbre doivent
être fecrets , & traités avec
révérence. Apportez -y donc
une grande attention , & con-
sidérez que lorfqu'on vous lit
& qu'on vous explique les
Ecritures, c'eft comme fi
l'on vous ouvroit l'entrée du
Orgueil, le ^^ fouverain de tous les
plus aangé. niaux eft l'orgueil , qui fait
NT A ï R E S
noflra accipimui tnit-
giflratus , nihil aliui
ejï nifi (juûci pr^teri^
ta, peccata talem no-
bii dedere pr£fe6lumy
Jtve ex ordine facer-
dotali ,Jîve ex eorum
numéro qui mundu"
nas adminiflrant di»
gnitates.
Hom. a. Quem"
admoiàm appetentia
cibi cor ports bon an»
vaîetudinem dccla^
rat i/îcÇp' fer moue s
fpnitualei anime fn^
mtatem arguit.
Ne quisingredia^
tur tempîum curis o^
nujius mundanis ;
vernm hxc omnin
forts antè oflium de*
ponamus. Ingredi»
Mur enim regnum
celorum . . . Qut in»
tus funt mtroftlentio
plena funt , myfie'
riifque non efferen»
dis referta. Sed ani"
madvertite diligetf
ter, nam fcripturu'
rum lefiio , delorum
e(l referatio*
Hom il. 3. Sum»
mum malftm mrey
Su
^4intia qu<t perfuadet
ut quijquis [émet «-
gnoret \ pûAque nii»[-
toi labores virtutis
the/aurum exhaurtt.
Ac cetera mala qui-
dem negligentibus fi-
lent exuberare , hdc
autem ipjîs refiè fa-
fiis aina futur. Ni-
hil enimperindè gi-
gnit fuperb'tam , ut
bon a confcientia ,
ni^ advigilemus.
Ittforenjrbusjudi'
tiis ^ pofl accufatio'
mm CiT' criminum
ton/effionem , rejfat
mors : Cieteràm apud
divinum tribunal ,
fofl accufationem CT*
confsfjtonem crimi-
num , datur corona.
Qjtemadmodùm pi-
rata non tttm ubi
confpexerint nava è
portH exeuntes , in-
vadunt : qmd enim
hincfruSim caperent,
fi 'fcaphum inanem
dem'èrgeretit f Sedubi
redierit onufla farci-
nisnavis :■ itàfcele*
Ti^ui nie ddmon y fi*
R I S A I ?, 3^1f
que nous nous méconhoiflons
nous - mêmes ; & qui après
que nousavons beaucoup tra-
vaillé , nous enlevé tous les
trefors de vertu que nous a-
vions pu amaffer. La négli-
gence nous attire une infinité
de maux , mais l'orgueil s'en-
gendre même dans les bon-
nes œuvres. Car il eft fans
doute que fi nous ne veillons
avec grand foin fur nous-me-
mes^, rien n*eft plus capable
de nous rendre fijperbes , qiie
la réflexion fur notre bonne
confcience.
Devant les tribunaux de la
juftice humaine y l'accufation
& la confefiion des crimes
font toujours fiiivis de la morrr
Mais déviant le Tribunal du
Souverain Juge , l'accufation
& la confelïion des pe'chés
font fuivis de la réconripen-
fe.
Comme les Pirates n'atta-
quent pas hs vaifleaux mar-
chands au fortir du port ,
fcachant bien qu'ils ne pro-
fiteroient guéres de s'en cm.
parer quand ils font vuides ;
mais attendent qu'ils retour-
nent en leur pays avec une
riche charge : de même le
Démon attend d'ordinaire à
nous attaquer y lorfqu'il voiç
reux de tot;S
les péciics.
10^2:
La confef-
fion humble
de nos p,échés
nous en ob-
tient Icpar-^
don,
10^3.
Plus onefl
près de fa rc-
ccmpenfe ,
plus on fe dort
précaution-
ner contre le
démon.
^i6 Des Commentaires
que nous avons amaffé les ri- mul atq\videt quem
chefl'esdu jeûne, de la prière,
de i'aumone , de la challerc
& de toutes les autres vertus;
& quand il connoit que le
vaifleau de notre ame eit plein
de toutes ces pierres precieu-
fes , & de tous ces trefors
de pieté , alors il nous inlul-
te de toutes Tes forces , il
met toutes nos rirhelïes au
pillage, & il coule à fond
notre vaifleau à l'entrée du
port du falut.
io<34. On pardonne d'abord a
GraiîdeurSc ceux qui tombent, & Ton
funfîlss fuites excufe leur défaut d'expérien-
de U chute
des gens de
bien.
mais ceux qui tombent
après une longue pratique de
vertu , ne font pas dignes de
pardon ,• parce qu'on ne peut
plus attribuer leur chute qu'à
leur négligence & à leur pa-
rère. Outre qu'il y a encore
en cela un autre grand mal ,
qui eft de fcandaliler les au-
tres , & de les faire tomber
par le mauvais exemple dans
ie péché; ce qui rend ce pé-
ché prefque irrémilîible.
Ni la prof-
perité ne rend
fcsureux , ni
N*eftimez point heureux
ceux qui commandent aux au-
tres ;, fçachant combien eft
glijffant le chemin dans lequel
ptam nutUacollegijfe,
Jejunia y preces , elee-
mofynam, ctjlitatem-
que^ reUquafqae vir^
tûtes omnes , vbi na^
vijium noprum vidtt
ejje pletmm preciojts
pietatis Upidihus ,
tune irrttmptt undU
que tbefai*rum per-
fodiens , ul in ipjîs
partus oJ}iisfcapham
demergat, ^
In prindpioWpJts
Venia datur ah om-
nibus ob imperitiam ;
fedeum qut poji rntdr
toi curfus conciderii ,
nemo venta, dtgnum
judicaverit j eo quod
tum cadtre non tri'
huitur impentU ,
fed ne'rli^entite. Nec
td/olum Inc efl mnli ,
Verùm etiam qnod
complures talium ruï'
ni s ojfendantttrC^ ad
lapjum follicftafJîur ,
ut rursum hoc nomi»
ne pcccatum redda"
. tur irremijjlbile.'
Ne fehces ducatis
qui primipatftm ge-
*runt , quum fciatis
quàm lubrico infia-^
fu verfentttr l née «»-
tguàm tllos judicetis
miferos qui in e^e-
Jiate CT* affliSIiombus
VWuntjfcientes hanc
Vttam ej]e multo tu-
tiorem.
Homil. 4. Kegi
torpora commijj'a
funt 5 facerdott aui-
*n<e. Rex maculas
càrporum remit tit ,
S^icerdos antem ma-
cuhspeccatoruvj.lUe
fo^<fj hic exhorta-
ttir. llle necefjlmte »
hic conftlio. llle ha-
het ttrma fenfibilia ,
hic fpiritualia, llle
helltim geritcum har-
haris , mihi beUum
ej} adverfus démo-
lies. Major hic prin-
cipatus j pro^tereà
Kex caput fuhmittit
Sacerdotis manui ,
C7* itbiofue in veteri
fcripturâ , Sacerdo-
tef tniingehant Ke-
ses.
Komil. <{. Quid
cum honore facerdoiii
fonferripoffit? Ater'
V K I S A I E. 4ir
ils marchent 5 & ne regardez l'i^^eifité
pas aufli comme miférables maliicurcux*
ceux qui fonc dans ie beloiii
& l'afflidion , reconnoiirant
que la vie pauvre & humble
ci\ la plus lûre pourleiaiut.
Les corps font foumis au 1066.
pouvoir des Rois, & les âmes Diiierence
à la puilfance des Evéques. ^f [^P^i^^^-
Les Rois remettent les peines £'^jf[eîîa'mt
qui font dues aux corps ; & les ^ue.
Évêques effacent les taches
des péchés de l'ame. Les uns
ont l'autorité de contraindre , Contre Us
& les autres feulement celle Héréti^iies*
d'exhorter ; Les uns fe font
obéir par néceffité , & les au-
tres né peifuadcnt que par
leurs confcils ; Les uns ont
en main les armes fenfibles ,
& ha autres les Ipirituelles* :
Les uns font la guerre aux
barbares, les autres aux dé-
mons. C'eft pourquoi la prin-
cipauté fpiricuelle eft la plus
excellente & la plus fublime :
Aulîi les Rois bailfent-ils
leurs têtes fous les mains du
Prêtre, & nous voyons dans
l'ancienne Loi que les Prê-
tres oignoient & facroient les
Rois.
Y a- t-il rien de comparable ioé^,
à. l'honneur du Sacerdoce ? Excellent
Le ciel tite la principale au- du Sacerdoce
5^8 Des Commekt aires
torité de Tes jugemens , de ra judkanài princl*
ceux de la terre. Ces }uges palerhautoritatemfu^
Ipirituels ont leur tribunal mhcalum. Judexfe"
fur la terre, & le Seigneur det in terra y Domù
^Co»fj*< les niême fuit les décifions de nmfequiturfervum^
ti^rcfiqaes. ç^^ ferviteurs ; & ratifie au ^ ^uidquid hic in
plus haut des Cieux tout ce inferioribm judica--
qu'ils ont jugé dans cette baf- rit , hoc ille in ftpef
fe région du monde. Le Prê- niscomprobat.haque
tre tient comme le milieu médius flat Sacerdos
entre Dieu & l'homme pour inter Deum C natw
nous apporter les bienfaits ram humanam\iUinc
que Dieu nous envoyé , & venientia bénéficia
pour luipréfenter les deman- ad nos deferens, O*
dts que nousjlui faifons j pour noflraspetniones illtic
nous réconciliera lui, pour proferens. Dnm ira^
1-e defarmer dans fa colère, tamreconciliansutri-
& pour détourner de deffus que nature » nos qui
nous Ççs châtimens après c|.ue offendimus eriptens
nous l'avons oiîenfé. ex illius mambus.
1068. Les Prêtres ont encore plu« In reprehendendo
Il faut plus bef-QJn Je douceur que de nmlt^ magis opusefl
de douceur , jj^rdieffe pour reprendre les manfuetudine quàm
que as har- , , „» ^1 ' /• 1 -^ -^-r -
dif fls , pour péchez d autruy. Car \çs pe- fidncta. Nemnieme"
reprendre u- cheurs hailTent païdcffu5 tous nim fie averlar.tur
tilement le \qs autres , ceux qui les re- oderuntque ht qui
pi©chain. prennent ; & ne cherchent peccant » atque eum
que Foccafion de fe fouôraire qui parât redargue^
aux répréhenfions qu'on leur re ^ cupiuntque occa*
veut faire , c'eft pourquoi on fionem arrtpere ut
doit en ufer avec beaucoup elabantur, Necejfe
de circonfpeftion & de dou- efl igitur ut eos man-
ceur pour les retenir , & les fuetudineretineamus,
corriger.
10^^. Comme les belles perfon- Quemadmodùm
Chutes des ^çs confervent toujours quel- pr^cUra corporaetiâ
in
Sur Isaïb. 5*>
aâversâ valetu- ques marques de leur beauté, Saints mclc'cs
lors même qu'elles font ma- as quelque
latlesjde même les Saints font v"iu,
paroitre jufques dans leurs
fautes quelques traces de leur
vertu.
9»
dine 5 mtilta nobis
forma vefiigia oflen-
dunt '.fie zy fatiflo-
rum anima in tp/ts
etiam erraiis fuis
virtmis Jîgna pra fe
ferunt.
Homil. ^. m Se-
raphim. VbiSac^r-
dos tn facrijicio Se'
traphim CT* Cheru-
him nominavit ....
mentent nofltam à
terra fuhducit , hii
fvopemoààm verhis
excitans ; wta. cum
Serapinm canis ^ nnà
cum Seraphtm fia ,
cum tliis re<num
thronum circumvola.
Qi*id Z'ero mirumji
cum Seraphim /?6'-
tirii , cUm ea qutt
S-eraphtm non auient
conttngere, tibi con-
Jidenter Detis concef-
ferit ? Carbonem
ignis forcipe tule-
rat Seraphim de
altari. îllud altar^
figura efl ijiiui alta-
Tf-s i i'inii aie fptri-
tuulii, ignis iflius. At
non efl aufits Sera-
phim manu foTJUtt"
Xom. X.
Q^and le Prêtre dans le /^^o.
SjciiHce nomme les Chéru- ,,,„ T '
o I c u- 1 ^ . recueillement
bins & lesSeraphms, il veut ^ ^mout
éiever nos efprits de la terre pourlaCom.
au ciel , comme s'il nous di- munion.
ion : puilque vous chantez
e« ce lieu de concert avec cgKtre les:
les Séraphins ■, afriftez,-y donc Hcréti^neit
avec la même révérence que
les Sérapliins , & environ-
nez comme eux avec le même
refpcd le Trône Koyal. Et y
a-t-il lieu de vous étonner
qije vous foyez ici dans la
compagnie des Séraphins ;
puifque Dieu vous commu-
nique des chofes que les Sé-
raphins même n ofent tou-
cher ? Nous apprenons d'Ifaï^
qu'un Seraphm qui lui appor-
ta un djurùon ardent , l'avait
pris fur l'Autel avec des pincettes^
Or l'Autel dont il eft parlé
dans le Prophète , n'ctoit
que la figure de cet Aurel Cl ;
& ce charbon de feu n'étoic
qup l'image de ce feu fpiri-
ttiel; cepeiidanc un Séraphio
f 30 Des Commeh
n*eut pas la hardiefTe d'y tou-
cher : au lieu que c'elî dans
votre main qu'on vous permet
de le recevoir pour commu-
nier. Faites-y donc bien réHe-
xion, & confidérant en vous-
même quelle eft la grandeur
de ce don de Dieu, réveil-
lez-vous de votre airoupiffe-
mentj & vous détachant de
ilout ce qui vous relie de ter-
reftre, élevez- vous en efprit
jufques dans le ciel.
1071. Comme dans les jeux Olym-
eomraunion, piques on diftribuele prix à la
Fccompenfe ^^ ^^ combat ^ ainfi on don-
!^*.F'?>'!!": ne la Communion à la fin du
jeûne. Si donc nous en étions
privés en ces faints jours ,
ce léroxt bien envain que
nous nous ferions mortifiés
par le jeûne , fortant de cet-
te carrière fans recevoir de
jrouronne & de récompenfe
(de tous nos travaux. C'eft
principalement dans cette
vue que hs anciens Pères
qui nous ont précédés , ont
étendu cette carrière du jeû-
ne, & ont réglé le temps de
Ja pénitence , afin qu'après
que nous nous- ferions pu-
rifiés de toutes nos taches ,
lious puiffions aprocher
avec pureté des faints my-
hmt
ce du Çarê-
CMC
TA I RE 8
gère , fed foreîpe j»
tttvero mamtaccipii
. . . Hitc cogitamtni
homo , C?' quanta
fît dont ma^nituio
tuum repHtam , ait-
qttando tandem exur-
ge , atque avulft*s à
terra in caelum a/"
cende.
Quemadmodùmin
olympicis certamini-
hus luOattonum finit
eji corona i fie ^ je"
junu finii efl munda
communia. Itaque nijl
diehns ifiis fuerit à
nobis hoc pr^ftitum ,
ubi temerè ac fruffrà
t!x>i ajjiixerimus , ex-
pertes corona ac fing
pramto ex jejumi
feammate difcede-
mus. Proptereà ma-
jores etiam noflrije-^
junii fiadium exten-
derunt , ac pceniten»
tf£ certum nobis tenf"
pus affifrnartént î fit
ubi nos expHrgavert'*
mus , omnefque fior-
des abfierferimusy «ï<?
d^mum 4cçed*imui*
Su
DcvcrbisEfais
ferm. 7. Beni^nus
<i*m fît Deus , O" ad
miferandum prom»
ptuSy ai caJiigandHm
autem tardui ,• ne
Jnd^of fuffpliciis
mulélaret , Prophc
tas mifit , ut verbis
oflenderet , nec rebui
ipjts puntret ; quoi
C erga Ninivitas
frrtejlttit.
R. ISAIB. fit
Dieu eft fi bon , d promt à 1071:
pardonner, & (î lent à punir i Dicumcna-
que pour n'-être pas obligé « pour n'c::
de châtier les Juifs , il leur P'" .obligé de
envoya les Prophètes afin que P"^^'^*
les épouvantant par Tes me-
naces, il ne fut pas contraint
de les punir par des fuppli-
ces effectifs. C'eft encore ainfi
qu'il en ufa envers les peu-
ples de Ninive.
D'UN SERMON
SUR JEREMIE.
Senn. r. dever-
his Jeremise. Non
dicerej'ufftdt ahqmd
in fcripturâ fcrtptum
reperiri, netjue terne'
rè nvulfa ac difcerpta
diVînitui infpiratit
fcriptura memhra
nuda^ & à reliquo
ie^ftu feriequefermo-
tiisfcjunila fumer e ,
fie nimiâ licentia
confident tàque iliis
éitâdere. Sic enim
frapa dçgmuta mstl-
ÎL ne fuffit pas de dire fîiB- Vq».
plement que ce qu'on avan- jsjg Jj|j^ ^^
ce eft dans TEcriture, ni auf- jouter au rsol
il arracher téméraireraent de de l'ficritu-r?
CCS Ecrits infpirez de Dieu ^ "'e« ^ka
des palfages tronqués, & de- '^^'^^'^chî^^
tachez de la fuite de ces faints
difcours , & fe joiier ainfî avec
«né licence criminelle des E'-
criturcs divines. Car c'eft de
cette forte qu'on a répandu eo
notre temps -dans l'Eglife
plufîeurs dogmes erroaez ^
pernicieux : Le démon ayant
perfiiadé À des gens indilcfetç:
Y y i j
St^
D* U N s E R
Virginité.
& téméraires , de produire ces
témoignages de l'Ecriture
pris à contrc-fens, & fouvent
altérez en y ajoutant ou en
retranchant quelque chofe ,
afin d'ûbfcurcir là vérit^.
1074. Si l'on dit abfolument &
Mariage in- fans aucune rcftridion ,^5"»
^l vous hrule-i^ , marie-i;^voHi ', VOUS
° doanez lâ liberté à ceux mê-
mes qui ont volontairement
réfolus de garder la virginité.
Contre Its de violer le vœu qu'ils en ont
fiér^fjquef, fait à Dieu , auffi-totl qu'iU
feront tentés des mouvemens
de l'impureté i & de palier
ainfi au mariage comme des
transfuges. Mais fi vous exa-
niinez bien quels fi^nt ceux
à qui r Apôtre permet le ma-
riage 5 vous trouverez qu'il
ne le ccnfeille pas générale-
ment à tous , mais feulement
à ceux qui ne s'éroient liés
par aucune promcfTe à Dieu j
iSc ainfi vous ofterez à tous
Içs autres cette liberté fj per-
nicieufe.
'^5075- Lorfque Pieu dit .• Faifons
Nous (cta- Vhomme à notre rejjemblance CJ*
pics aw'n.çn- ^ nair^ima^e^ il nous apprend
MON
ta in ttojîram hane
atatem inve^a funt !
dum négligent ion h us
per/ua/h diabolui ,
ut oblique dtporta
tejlimonia fcriptur<s
proferrent , vel ad-
ditis fubtraŒfve
nonriuUis , tenebras
veritati ojfunder.
reni.
Si ahfolute dixe^
ris : Si uraris , u-
xoremducito,fM»-
fUsqui virginiîatem
fervareflutuerunt ul-
tro poteflatem facis 9
quum primum libido
mis negotium fa.»
cejfet , mita cuyh Deo
paé}a vioUndi , at-
qne adnuptias tra»/-
fug£ more tranfeun-
di. Quod (i intelUgas,
qiios alloquaîur Fau-
lus 5 hoc ejïnon omnef
pajfim , veràm eos
qut nonditm promifr
ftonefe ohjïrinxerint^
poteris noxiam tolU-^
refacuUafem,
NatoinoseJJe ttâte
ui edamus ac biba-
Sur JfiREMii?. f3^
fnulio majora melio- que nous ne fommes pas nés de pour noai
en ce monde pour manger & rendre f.-m-
boire , nuis pour des chofes blablesàDieu
plus grandes & plus excellen- V^' ^^ ^"'"*
tes. Et en etfet nous ne loni-
mes pas lèniblables à Dieu en
mangeant & en buvant ; m.^is
quand nous exerçons la juili-
ce 3 quand nous témoignons
de la douceur , quand nous
fa^ue pr^flanda do-
cet DeuSi cum ait:
Faciamus hominè
ad imaginem & fî-
militudmem no-
ftram. Porto Deo/î-
niiles reddimur ^ non
dum comedimus aut
hibimus . . .fed dum
jujiitium exercemus ,
benignttatem exhibe-
mui j rf?iteSy modeffi,
ac nii/eri.ordi'S in
proximosfnmus , vir~
iutem omnem feéla-
mur. Siquidem cont'
mune nobis efl cum
èelluarum natttrâ
quodcamedtmus , ne-
que qutcquam tilts
hac in re pTtflumuSi
H£c funt décréta
îmmHtabtlia , re?;«-
Uy leges 5 C?* hoc in
mente veflrâ Jît fi-
vcum oportet , fieri
non pojje ut qui Jité-
dium adhibeat , CT"
dejuâfulttte Jït folli-
titm , C?* omnia qu£
fitarumfunt panium
exequatttr , is un-
qttam à De9 défera-
paroilfons débonnaires , mo-
dci\es , mifericordieux envers
le prochain , & enfin quand
nous pratiquons toutes les
autres vertus. Carie manger
eft une adion qui nous eft
commune avec les bétes , &
en cela notre nature n'a nulle
prérogative par delVus h leur.
Retenez dans votre efprit 107^.
comme une vérité immuable, Qtii fait dd
comme une régie certaine , & f.» part tout ce
comme une loi confiante # q-^'ilpcut. ns
qu'il eft impolFible qu'un f^'^'^J""'^?%^'
? . ^ . ^ ^ T bandonne du
homuïe qui apporte tout le f^^ours de
foin & toute la diligence qui ^ieu.
lui eft poftibe pour Ton falut,
& qui n'omet rien de tout ce
qui dépend de lui pour s'ac-
quitter de fon devoir , il eft
dif- je 5 impodlble qu'un hom-
me ainfi difpofé foit jamais
abandonné du fccours de Dieu.
U4 »*UNE . rîOMELIÉ
D'UNE HOMELIE
fnr l'ohfcHYïte
DES PROPHETIES,
1077, T A prière faite en coin-
TorcedeU Lnmn ^ ^^^ très-grandc
foniraun. ^^^-^^ -, ^.^^ pourquoi nous
nous aliemblons tous en cette
Eglife, afin d'avoir plus de for-
ce pour fléchir la mifericordc
de Dieu. Car connoilïant
que nous fommes trop foi-
bles quand nous prions feuls,
nous nous fervons de l'union
puiiiante de la charité pour
obliger Dieu à nous exau-
cer. Mais ne puif- je pas , me
direz vous, prier Dieu dans
mamaifon ? Vous le pouvez j
mais alTurément la prière
d'un feu! membre de l'Egli-
fe n'a pas tant de force , que
celle de tout le corps de l'E-
glife enfemble , lorfque tous
les Fidelles joignent leurs
voix avec les Prêtres ,& que
ïes Prêtres préfentent leurs
prières à Dieu dans nos fain-
ces alTemblées.
De prophetia-
rum obfcuritate y
hom. z. St*mma vi^
efi orattoms multitu^
dinis. licirco conve-
nimui hic omnes , u§
Vehementius Dettm
ad mifericordiamfie»
fianjHi. Nam cùm
crantes foU , imbe"
cdUsfumus^per coti"
junflicnem chanta^
tis Deum exoramus
. t. An nonpoJjUm »
inquies^ domi orare ?
Potes qutdem , fed
tatjtam virtutem non
hahet oratio , qttam
ubk cum propriU
memhris fit , quam
cùm tûtum corpus Ec-
clejîte ttnanimiter CT*
unâ voce preces fun^
dit ,facerdotthnspr<e-
fentibus > ac verbtt
sommttnts cattts 0^-
remibus»
Sur. l'obscurité^ dès Prophéties. îfSî
Froptereà' duabus
nos ex fubjlantiti
compegit Deus ,utfi
quando infuperùiam
efiraris 3 viUtas
carnii te déprimât ;
fi quandb autem tihi
qmdpiam vemattrt-
dignum j CT* quciab
honore à Deo collato
àegeneret, animx no-
hiiitas ad c<elejîium'
virtutitm ^muUtio'
nem te provehat.
Ut opificem tan'
^uàm imbeci'lhm non
damnes , pt*lchras
condidit creaturas j
Ht autem qu£ condiîa
funî tanqaàm Deos
non adores , ex parte
tnfîfna~îllâ fabrUa»
tus ej}.
Auditionem va-
nam non fufcipies.
T<Ion dixit auditioni
Vdn£ minime credes,
fed ne fttfcipies qui-
dem illam. Attres ob-
tura , criminationi
auditum
terclttde
nus hoflem te ejje illius
^ui maledicit , quàm
fit ipfe qui accufatur
pfiende» Imitarf Srêz
omnem >«-
neque mi'
Dieu a compofé l'homme 107?.
de deux (ubftances -, afin que Cr^ndeui
lorfqu'il s'éleveroit de vanité , ^ bartefle d«
la balTeire de fa chair le ra- l'I^o^mc.
bailfât ', & que lorfqu'il fe
voudroit rabaiii'er à quelque
chofe qui fût indigne de
l'honneur que Dieu lui a fait ,
la noblefle de fon ame Vch*
vât par une fainte émulatiort
à la iublimité de la vertu.
Afin que vous ne vous fi- ic^j^;
guriez aucune impuiflancè Paffer des
dans le Souverain Ouvrier , créatures à la
il a fait les Créatures belles connoifîance
& admirables
vous ne les adorafîiez pas
comme des divinitez , il lés
a formées de la plus vile ma-
tière qui eft la terre.
f^oHS n'e'couterey pas de tfains
difcours. L'Ecriture ne dit pas, Ne pas feu.
vous ne les croirez point, =T' ''°""
, , * 'ter h;
mais vous ne les écouterez f^j,,^
feulement pas. Bouchez donc
vos oreilles aux mauvais dif-
cours , rcfufez d'entendre tou-
te médifance , & témoignez
que vous n'avez pas moins
d'averfîon de ceux qui médl-
fent , que celui même de qiii
l'on médit. Imitez le Roy
Prophète quand il difoit : Jt
y y iiij
& afin que ^' ^ i'^i"!'^'
— ^ tion de Dku.
1080;
ter hs racdi-
5Î^ t>'l7NE HOMlLlE
perfecutcts celui qui medifoit fs- f>het:im
crettement de fon prochain.
io8 r.' Celui qui dit du mal dé fon
Punition prochain , foit qu'il dife viay
terribl- ie U ou faux, fe fait à lui-même
médifance un grand mal. Quand il ca-
rmeouf^uf. iQ^„.g iHJ^itenieni, il n'eft
pas befoin d'employer beau-
coup de preuves pour per-
fuader qu'il fe damne : Mais
quand même il ne dit que la
vérité , il ne laifle pas de s'at-
tirer une révère condamna-
tion en ce qu'il publie les
n>ifeies de fon prochain ^ qu'-
il caufe ôits fujets de fcanda-
îes aux autres, qu'il découvre
des fautes qu'il auro:t plutôt
dû cacher, & qu'il divulgue
les péchez fecrets de fes
frères. Car fi celui qui ne fcan-
dalife qu'une feule perfonne ,
fera fi grièvement puni j quels
fupplices ne mérite point ce-
lui qui fcandalife par à^s dif-
famations publiques une in-
finité de perfonnes ? Le Pha-
rifien ne mentoit pas quand
il appeloit pécheur le Publi-
cain , cependant l'Evangile
nous fait bien connoitre i'é-
Rormicé de fon ciime*
qui diclt 1
Detrahentem f€-
cretû proximo fuo
hune perlequebar.
Qiu maled'cit yfet*
vsra Jînt , fett falfa
qit£ inproalmH con-
jicit maledifla , mH'
ximo damno afficitur.
Et talumniaîorem
qmdemperiijje , nul--
U opm e[} demonjfra'
tione : fibi verb gra-
ve jttdicium accerfe^
re y lie et ver a dicat ,
di*m miferias froxi'
mi dividgat , C7*
fcandalorum caufam
prahet , omnihus e/t
dste^ens , qua occul-
tandapottui ftieranty
er proximi peccata
pr£dicat, u tique tntt-
nifeflum eji. Namjî
qui unum fcandali-
:^zeritj inevitahiles
poenas dahit , is qui
innumeros rumore
malo/parfo/candali"
^'
ifuppll
CIO pleCletur ? PJ?ari'
feus enim non men-
tiehatur dum Publi-'
canum vocahat pec-
catorem , attamet^
fagnas dediU
Sur l'obscurité'' des Prophéties. ^57
Alla quiàempec-
eata tempore indi-
gent , impenfi , dila-
tione , adjutorihiis . .
at in maledicendo
non ità fit : fed mfi
attenti Valdèjîmusac
vigiles , facile abri-
pimur : fufftcit enim
M tantàm lelimus ,
CT* Patim volutitai
in opus exit : foU
qttippè linguct infer-
vit. Quandb igitur
Z)elox eji malum ejy
facile nos circumjïans
feccatum CT* pccn<z
gravis, nec Ittcritm
tillum y diligenter
Imnc morhumfugia-
rtJMSy ^nliorccmma-
la tegamus nedum
fropalemm , ac pec'
tantes admoneamusy
ficut dicit Domtn»s :
Si peccaverit fra-
ter tuus , corripe
îpfmTi inter te 8c
ipfuin folum.
Pour commettre la plupart 1082^
des autres péchez, on a be- hhut erre
fom de temps , ou d'argent > ^^-" "'^°"^-
1, ,-r/ï ' o n Pc« pour ne
OU û airifbnce , & d autres ^ J^^^^^,
moyens extéiieursjmais on n'a jans la médi-
befuin de rien de tout cela pour fancc,
médire , & fi nous ne veillons
avec la dernière circonTpcftion
fur nous mêmes , nous tom-
bons très facilement dans ce
péché. Il luiîît que nous le
voulions, & auflïtot le ma!
eft fait ; parce qu'on n'a be-
foin que du miniftere de la
langue. Puis donc que ce mai
ell fi pronipt à fc commettre ,
que la facilité nous y porte ,
que la peine qu'il mérite eft
fi grande , 8c que l'avantage
que nous en retirons eft (\ pe-
tit , fuyons avec grand foin
un fi dangereux péché .-Coir-
vrons les maux de notre pro-
chain , au lieu de les décou-
vrir; ou plutôt avertifibnsîc
pour le corriger 5 fuivant ce
précepte de Notre-Seigneur :
5"^ votre frère a péché, reprenez^
lefecretement entre v^UiO'lM*
538 Des Livrés
DES LIVRES
DU SACERDOCE.
lo9j. CI vous traitez trop douce-
Èvic-r le relâ. *3ment celui dont la playe a
f henient & befoin pour être guérie , qu'on
l'txcés de ri. y fgjfg ^ne grande & profon-
conduitc
des
gueurdanjlâ ^jg [ncifion , il arrivera & que
vous lui aurez fait du mal,
& que vous ne l'aurez pas
guéry. Que fi d'ailleurs ne
voulant point flatter Ion mal,
vous lui faites une incilîon
auîïi profonde qu'il eft nécef-
faire , il cft à craindre que
l'impatience de la douleur ne
lui faffe perdre courage ; &
que ne pouvant fe réfoudre
cie la fouftrir , il ne rompe les
liens dont vous avez voulu
le retenir , qu'il ne rejette les
remèdes dont vous vchis fer-
vez pour le guérir , & que
fecoiiant le joug il ne fe pré-
cipite dans le defefpoir. C'eft
pourquoi il ne faut pas y a-
gir témérairement & vouloir
apporter toujours à la corre-
âion des péchez des remè-
des aufïi forts qu'on le juge
nécelïaire j mais il eft quel-
que fois bon de fonder d'a-
Lib. i.deSacer-
dotio. Si hlandius
eum trafics cujus af-
feûum corpus feflione
€4^\ magna indi^et s
ac nifi altam inflixe-
ris plagam et qui ea
opushabet: ntmirùm
fiet ut vulnus ipfum
partim fit refeflum ,
partim reliait. Kur-
siimfi nallâ ex parte
parcere voUm dchU
tam aàhihueris /é-
nioftem i fietfcpè us
animum tlle doloris
impatientia dijpon"
denSfatque adso om»
niafimul detreSlans,
tùm pharmacum^titm
vinculum , fe ipfe
précipitent feratiCon-
tritojugo ac confraûa
laquea . . Neqi enim
terrier e ad deliflorum
modum oportet &
muléiam ipfam adhi-
bere : fed tanquam
eonje^uris quibuf-
Jant ammus delitf
^uentium explorant
di4i ejl : ne quâfiat ut
dum confuere visquod
interruptum e(i ^fcif-
fi*ram deterioremfn-
tias : ac dum eum
qui lapfus ejl erio^ere
Mtque emendare fltt-
des j cafté s ipfe major
per te reddaîur ....
Namjîcut aliquoties
nfu venit, ut animum
pleriqite defpondeant,
atejue infuée fa lut i s
froruant defperatio-
nem , non oh aliud
mfi cjuod ah amaris
éicerhifqtte medica-
menùi ahhorreant :
ità nonnullos repC"
fias , qui hoc ipfo
qmd panas peccalis
fuis pares non luerinty
in negligentiam ac
tomempthtn dilabatt'
i'ir.
Lib. 3. deSacer.
Qui terrain imolunt
atque in ea verfan-
tur , iis commiffum
effyUtea qut in cœlis
funt difpenfent : iis
datum eji ut potefta-
tem haheant^ quam
t)(»s ûptimus nequc
Sacerdoce. f 55?
bord par quelques eflais, quel-
le eft la difpoficion de l'efprit
de celui qui a péché j de crain-
te qu'en voulant recoudre ce
qui ctoit déchiré , on ne cau-
fe une plus grande rupture :
& qu'en travaillant à relever
celui qui étoit tombé , on ne
rende par une conduite im-
prudente fa chute plus dan-
gereufe & irréparable
Que fi l'expérience nous ap-
prend que plufieurs fe décou-
ragent & tombent dans le de-
fefpoir de leur fàlut 3 par la
frayeur & l'horreur qu'ils ont
de l'amertume & de la diffi-
culté àts remèdes : AulFi en
avons-nous vu d'autres qui
pour n'avoir pas été corrigés
de leurs péchés par une pé-
nitence alTez rude & propor-
tionnée à leurs fautes, font
tombés dans la négligence &
dans le mépris de leur faluc.
Dieu a donné aux hommes 1084:7
qui habitent fur la terre, la Po"voirfu-
puiffance d'adminiftrer les bl»^^'^"^'^
chofes du ciel , qu'il n'a pas ""*
accordée aux Anges mêmes
ni aux Archanges. Car ce n'a
pas été à eux qu'il a été dit :
Tout ce que vous liererfur la ter*
re fera lié dam le Qeli er t9ii$f
'.ligues.
^i^6 TiEB Livres
ce que VOUi cleliereyfur la terre , Angeiis neque Af^
fera délié dans le Cul. Les Prin- changelis datam efjk
ces & les Souverains du mon- volun ; tieque enim
de ont bien aufïî le pouvoir ad illos dicium efi ;
de lier & de délier , mais ce Quaccumque aili-
n'eft qu'a l'égard du corps: gaveritis in terra ,
Au lieu que les liens que )e- eruntalligata- &m
CoKtre ZejSUS CHRlSTa mis encre cœlo : & quxcura-
Hirâiques. les mains des Prêtres s'éten- que folvcritis ia
dent iur les âmes , & vont juf- terra erunt foluw
ques dans le Ciel ; en forte & in cœlo. VUbent
que tout ce que les Prêtres qmdem Ct* terrc/tres
ordonnent fur la terre , eft principes vinculipo-
ratifié dans le Ciel , où Dieu tejlatem , verum cor*
confirme les jugemens qu'ont porumfolimi. Il an-
ici rendus fes ferviteurs. Et en tem quoddico Sucer-
effet , n'eft-ce pas leur donner dotumvinculum , //>-
toute pu iffance fur les choies f'tm ettam aniwam
mêmes du Ciel j que de leur comingtt , atqtii: ad
dire : Les péchés feront remis à ceglosufquep.rvadii;,
tous ceux a qui vous les rtmetirey ; ufque adeo ut aw*-
^ ils feront retenus à tous ceux à cumqite infrnè fo^
^ui vous les rettendre:^^? Y a-t-il cerdotes confeeerint ,
une piîiflance plus grande que tlU eadem Dcusfit-
celle-ià P Dieu le Père a don- pernè rata hahcai^ ac
né tout pouvoir de juger à fon fervorum fentemiam
Fils : mais je vois aufli que Dns confirme t. fie-
Dieu le Fils a donné ce même mm quidnam hoc a-
pouvoir à fes miniftres. Uud tjje dtcas , nijî
omnem rerum c^le-
Çium poteffatem illis à Deo concejfam : Quorumcum-
que, enint ait, peccata remiferitis , remittuntur
eisj & quorumcumque retinueritis , retenta funt.
Qwenam chfecro poteflas hac una major cjje queat ? P4-
ter omne judicium dédit Ftlio : cxteriim video ipfum à
f>eo ïiUoipfii traditum»
DU
Si non potefî guis
in regnum calorum
ittgredi , nijî par a-
quam Ç^ fpiritum re-
^enerattis fuent ; C:?'
qf*i non manducat
carnem Domtni , CT*
fangidnem ejus non
l'tbit j teiernâ vita
privutur : omniaaU'
tcm hjec haud aliter
qjiàm per facrofan-
Oas ilUi nnnt*s petw.
ficittntttr , manus ,
inquamjfacerdotum:
<juîfiet ut çhrà tlU'
ri*m opem ^ aut ge~
henna ignem evitare
q:4s pojftjaut repojî-
t£ in C£lo coron£ pr<t'
mia ajjeqtti ? H; e-
nim [tint , hi funt ^
ixiuam, qt*ihuscon-
evediufànt fpirtttta-
les partitngims à
J^eo , , . qi4o nomine
facer dotes meriionon
.modo plus vereri de-
bsmus , qiiàm vd
principes vel reges ,
Vjrùm etiaij} majori
hjinore quàm paren-
U'Sproprios honejlare,
I^i enim ex fanguini-
h}*s C7' voluntate car-
fiff nç^ ^entfsrttnt ;
Sacerdoce. 141
Si peifonncne peut entier io8<.
dans le Royaume du Ciel, a Excellence
moins qu'il n ait été engendré du Sacer.^o-
de nouveau par l'eau SclEi- " ' hoiin»ur
prit : & fi Ton eu privé de la ^" "'l f''
^ , ,, '^ j , aux l'rccrcs,
vie éternelle , quand on n a
ppmc mangé la chair du Sei^
gneur , & bu Ion Sang ; tout
cela ne s'opérant que par le
Muiiltére des Prêtres , & par
l'entremife de leurs mains .
faintes & facrécs j comment
pourroit-on lans leurs fecours
ou éviter le feu de l'Enfer , 011
obtenir les récompenfcs qui
nous font préparées dans le
Ciel ? Car ce (ont eux auf-
quels les régénérations fpiri-
tuelies pnt été coramifes.C'eft
^urquoi nous ne devons pas
les honorer feulement comme
des Princes & des Rois^ mais
leur porter encore un plus
grand refpeti qu\i nos pères
luipes : car nos péies ne
nous ont engendrés que feloii
la chair & le fang ; mais les
Prêtres font les auteurs de cet-
te naifiance qui nous vient de
Dieu , de cccte régéneratiorj
bienheureule , de cette nou-
velle liberté j Si. de cette
adoption divine , qui nouç
fait devenir par la grâce le?
enfans de Dieu. Et en effçt
Dieu n>pas feukmçnt donijf
54^ 15£S Livres
à nos Prêtres , comme il a- ilUvero autores »ohîi
voit fait à ceux de l'ancienne funt nativitatis ejm
loi, le pouvoir de juger de quamàDeohabsmus,
la purification de l'ame y mais leau regeneraUonit
il leur a accordé la puiflance ilufiSgîii>ertatisver<e,
de la purifier effc<ftivement. atque adopiionis ejus
C'eft pourquoi j'eftime que qua nos pergratiam
.ceux qui les traitent avec flUDeiJitmus ejfeéli
mépris , font bien plus cou- . . , at veto nojlrts
pableSj & dignes d'une plus ri- facerdotihus non cor^
goureufe punition, que n'a porisUpram ,veràm
autrefois été Dathan avec amm£ fordes , non
tous fes complices. dico purgatas proba-
re jfedpurgare prof'
sàs concejfum efl, Quare judiào qttidem meo , qut ijlos
defpictunt cot7temnuntque mulio fceleratiores ac majori
fuppUcio digni fuerint , quàm fuerit Dathan una cttm
fûts omnibus,
'lo8^. ^^ "y ^ P*^^ moins de difFj^ Inter utrofyue tatt'
Obi gation rence entre nos pères félon tumeji fané interje--
que les fidelles la chair , & les Prêtres •, qu'il fium mtervallum ,
cnt aux Pi€- s'en rencontre entre la vie quamùmvitam inter
^^"* préfente & la vie future & é- pr^fentem ct* <eter-
ternelle. Car nos pères nous nam. Parentes enint
engendrent pour le temps pB* nos in prxfemem ,
fent , & les Prêtres pour Te- facerdotes in vitam
ternité : & encore eft-ce avec tttemam générant,
«ne féconde différence 3 f^a- Atqi4e illi certè ne
voir que nos pères ne peuvent corporalem quidem
nous empêcher de mourir, ni injeritum à tiberis
znême d'être malades : Au amoîiri pojjunt , ne-
lieu que fouvent les Prêtres que ingruentem mor"
;ont fauv-é des âmes qui é- lum propulfare .•
toient fur le point de tom- quum hilaborantcm
ber dans la mort , foitenfou- acmortijamjampror
lançant ks peiacs des unes , pinq»am anirnaTi^
DU
Uenùiem fervarint i
aliis remijjîorem pœ-
nam reddenta 3 altos
frorsùs Ubi non per-
tnittentes p non do-
£lrin<s folùm atque
commonitionii , fed
etiam precum pr<tfi-
dio : neqtie enim
folum ctim nos régé-
nérant j fed pojieà
etiam condonando"
rum nohis peccato-
rum facnUatem ob'
tinent.
Ex lis ju<e à me
diélafunt , auditO'
rum mentes tantâpu-
to religione occupa-
tas ^ ut non jam eoi
qui fiigtunt , fed eos
quiperfe accedunty
honoremque ifîttm ttl-
tro fibi ambmit ,
çontumaci<e , temeri-
tatis atq»e audacta
ficcufent. Namfîufu
i}enit ut quibus civt-
tatis magijlratus cre-
ditifunt 3 u niflval-
dè prudentes pariter
ac Vigilantes fuerinty
$um civitates ipfas
evertant 5 tùmfeip-
fos perditum eant :
Sacerdoce. 5-45
foit en ioûtenant les autres
& les empêchant de tomber,
non feulement par leurs in-
ftrudions & leurs confeils ,
mais auffi par le fecours de
leurs prières : Leur pouvoir
n'eft pas rettreint à noue ré-
génération dwins leBaptéinej
mais s'étend encore après à
nous obtenir la rémiflion de
nos péchez dans toute U Tui^ç
de notre vie.
Je crois que ce que j*3y dit 1087.
jufqu'ici du Sacerdoce lulîit Prudence re*
pour imprimer fi profondé- 4"^^^ V^^^ ^
ment dans les efpritslesfenti- Sacerdoce.
mens qu'ils doivent avoir de
la dignité & de l'éminence
d'un fi excellent état , qu'ils
condamneront bien moins la
retenue de ceux qui le fuyenr,
que la hardiefl'e & la témérité
de ceux qui ambitionnent
cet honneur , & qui le reclier-
chent Et en effet fi l'expé-
rience nous apprend que
quand ceux à qui l'on a confié
la magiPcrature d'une ville ,
n'ont pas aifez de conduite &
de vigilance , en perdant la
ville ils fe perdent aufii eux-
mêmes : Qi^clle ne doit poing
être la vertu & la prudence ,
io88.
gnement de
544 Des L I V
non- feulement humaine mais
toute célefte de celui auquel
JESUS-CHRIST a confié
le loin d'orner & d£ conduire
ibn Epoufe.
Une des priiicipales difpG-
Avo:r un fîtjons qu'il faut apporter à
humble é'ioi- TEpilcopat, c'eft de n'avoir
nullement l'efprit rempli du
défir de cet honneur. Car fi
l'en défire avec ardeur cette
principauté fpirituelle , les
fiâmes de l'ambition en fe-
ront encore plus embrazées ,
lorfqu'on l'aura obtenue , &
pour fe maintenir dans cet
honneur ainfi acquis, on ne
fera fcrupule d'auain péché ,
foit qu'il foit beloin d'ufer de
flatterie envers les piiiilances ,
Ibit qu'il faille fouffrir mille
indignités , (oit qu'il foit né-
ceilaire de facrifier tout fon
bien à l'ambition. Je fuis donc
perfl'.adé qu'on ne fe doit a-
procher de cette dignité fa-
crée qu'avec une fi grande
retenue & une telle circonf-
p;cdion , que le fentiment
que l'on conçoit pour fa gran-
deur & fon excellence , nous
ait porté d'abord à faire dif-
fuiuké de nous charger d'un
fi^rdeau fi lourd. C^e fi a-
RES
tute ntn fitatantùm
unius 5 fed C cse-
lejïi- pr^ditum effe
convenu ^ eut forts
obiigit , ut ChriJ}i
Jponfam ccmat , or-
net que ?
In ter que illud
prttctpuum facerdotis
anirrum honoris ilUui
de/îdtrio undtque va*
care oportet. Namjî
ad cunt princtpatum
adipijcendum Vthe-
menii antmi ajfe^îtt
rapietur , eo adepto
impotentiorem fane
ambiiionisfue Jlam-
mam incendet , ac vi
tandem captus utfèi
adeptum honorem
ftabi'iat , nulU non
peccato ferviety fett
adulandum , feu fer-
Vile quid atque tn-
dignum fuflinendum^
(eu res magna pecU"
nU fumptu tentanda
. . . Oportere autem
puto tantâ cum reli-
gione ac cautione ad
rem ipfam accéder e ,
utilliui molem , via^
gnitudinemque pri-
màm prcrfui detre-
ftef ; deinde adept9
D U
toHore aliorum jadi^
cUfententiafque non
expeflei , Ji quoj,
forte commijjum de-
prehendatur , propter
quoi oporteat te ho-
Ttorem illttm déporte-
re i quin potius illius
antevertens judiciitm
t9 ipfe munere abdi-
ces. Sic enimpar cft ,
Ht divinam concilies
impetrefque miferi-
cordiam : qui fi tibl
honorer» illtimpr<tter
décorum tanquum
mordtcus retinereflu-
duerii , indignus es
5«i veniam confequa-
ris : tilm vero divi"
nam iram maçris ac
tnagis incendisy alté-
ra peccato CT' eo gta-
viore per te addito.
Ai vero conjiantiam
hanc pr<£jlare nuUus
valeati tampepilensy
tamq; le thaïe ejï ap-
pelé nia, ijilus virus
, . . Si quis Epifcopi
munus appétit hone-
fium opus defiderat.
At eTo non operis ip-
fius y fed dominatio-
nis acpotenti£ defide-
rJHm pejïilens ejje di^
Tom. L
Sacerdoce. f.\s
près s'en être chargé Ton
vient à y commettre quelque
faute qui nous re nie indignes
de cet honneur , je iixis d avis
qu'on n'attende pas Icsjuge-
mens que hs autres peuvent
porter contre nous , mais
qu'on les prévienne, en fe
dépcfant foi-meme. Car c'efl
le feul moyen d'en obtenir de
Dieu le pardon : & fi Ton
vouloit à quelque prix que ce
fût , & contre tout droit &■
toute raifon fe maintenir dans-
fa dignité , l'on fe rendroit in-
digne de toute miféricorde ^
& l'on allumeroit de plus en
plus le feu de la colère de Di^ir
contre foi, en joignant au pé-
ché qu'onavoit déjàcommisy
celui de Tobftination , qui eft
encore plus grand. Mais il y
en a peu qui foient capable»
de cette adion de modération:
& de cette force : tant eft per-
nicieux & mortel le venin de-
cette ambition déréglée ! Je
fçai bien que celui qui defi-
re fimplernent la charge dé
TEpifcopat 5 defîre une'œuvre
bonne & honnête : Aufïi-
n'ai-je pas die fimplernent
que le défir de la charge fût
mauvais & pernicieux, mais>
feulement le défir de la do-
mination & de la pnillance
Zz
54^ Des Liv
qui l'accompagne. Et c'eft ce
délîr déréglé que je foutiens
qu'on doit fi abfolument ban-
nir de fon efprit , que l'on ne
fouffre pas qu'il en foit occu-
pé le moins du monde ; afin
qu'il fe trouve tout à fait li-
bre pour fe porter à tout ce
qu'il eft obligé de faire. Car
celui qui n'a nulle cupidité
pour cet honneur, & qui ne
travaille point à l'obtenir ,
ne craindra pas d'en être pri-
vé.
io8p. Comme lorfqu'on commet
^Kecommet- j^ p^élature à un homme rem-
'gts pubUqués P?i ^e vaine gloire & d'ambi-
qu'i dss per- "c>n , c elt de même que ii i ou
fonnes fages. jettoit du bois dans un feu ;
Auffi d'ailleurs s'il arrive qu'-
on mette la magiftrature en-
tre les mains d'une perfonnc
foliraire , qui n'ayant accou-
tumé de converfer qu'avec
peu de gens , ne peut néan-
moins commander à fa colère ,
mais au contraire fe laiffe faci-
lement emporter à C&s mou-
vemens;cet homme devenant
femblable à une bére fauvage
qui feroit aiguillonnée de
tous cotés , fe trouvera dans
une perpétuelle agitation
RES
xi. Atque hoc e^o ie-
Jtderium Jlc toto Jin'
dio ah animo ahji^
ciendum effe cenfeo ,
ut ne animum i^fum
prorftés permutas ab
illo occupari , ut is
rerum omnium libère
agendarû potejfatem
habeat, Nam quem
nulla cupiditas tra-
hit j ut fefs in eo mu-
nere coUocatum ofien-
tet^ac tanquam digito
ah aliis monjïretur^is
certè ah eofoli odetur»
hari rton formidat.
Q^emadmodum Jït,
ut qui inanis glori,»
titillatione movetur y
fiquaniopopuUprin»
cipatum ohtineat ,
materiam igni fuc
cenfo fuppeditet. Sic
quifolitudini ajfuettts
ne in paucorum qui»
dem hominum corîfue*
tudine , animifui ir^
imperarepoîefl^qitin'
imo perfacile ah ta,
tranfverfiAi agiiur :
huicfipopularem ma-
gijiralum credas, in»
Jlar fer<e alicujus à
multis undique exjîi^
mulat^^neqtie qm-i
DU s
fo unquàm animo tjje
queat , CT* commi/Jos
/îèipopulos in infini-
ta malaatque tncom-
tnoia dij}rahat.
Non pofjunt Epifco-
porum viîia difjîmu-
lari j fed vel parva
atque exi^ua confe-
Jitm manifcjla fiunt
. . . qui privatam &
quietam vitam vi"
Vunt homines jfolitu-
dinem hahentjièorum
vitiorum tanquam
velamen quodaam j
iidem rurfits quttm in
médium prodierintj
folitudtnem illumfi-
cut vejiem exusre ac
per externes adven»
titiofque motus fuos
animas omnibus nu-
dos exhiber e co2un-
tur . . . Pr£terea i-
gnobilium deli6}a fi
in médium prodterint
neminem mfigniter
vulnerant : at qui in
iflius di^itatisfafii-
gio pofiti y primum
nemini non notiy ma-
nifeflique funt , tum
vero fi vel tamillum
peccaverint 3 patva
iormn peccata aliii
ACE R D OCE. X47
fans jamais fortir de fa mauvai-
fe humeur , & jettera les peu-
ples qui lui font fournis dans
une infinité de maux & de
peines.
Les vices des Evêques ne lopo;
fçauroient être cachés , mais X^^" ^"
quelques petits qu'ils foient , „;,;;;^^;a';
lis deviennent bientôt publics roue le moa-
& vifibles. Ceux au contraire de.
qui mènent une vie privée &
obfcurc , ont leur folitude &
leur vie cachée, comme un
voile qui couvre tous leurs
défauts : mais quand ils for-
tent de cet état pour paroî-
tre au jour jc'eft comme s'ils
fe dépoiiilloient de leurs ha-
bits pour montrer à nud par
toutes leurs adions, ce qu'ils
font véritablement. Il faut
aufïi confiderer que les fautes
des per/bnnes du commun
font peu remarquées , & que
peu de gens en font choqués 5
mais ceux au contraire qui
font conftitués en dignité , &
qui tiennent les premières
places dans le monde , font
connus & fi fort en vue , que
l'on remarque leurs moindres
défauts 5 & que Its plus pe-
tits péchés 5 paroiflent très-
grands en leurs perfonnes ,
parceque la plupart du mon-
de mefure plutôt les fautes ,
Zzij
^48 Des Liv
par la dignité de celui qui les
commet , que par la grievecé
qui Te rencontrent en elles-
mêmes. L'honnêteté & la
vertu de la vie pafîee n'eft
pas capable de nous défendre
contre les défauts préfens que
Ton nous impute ,• mais plu-
tôt la moindre faute où nou5
nous laifions aller , eft capa-
ble d'obfcurcir tout l'éclat de
notre vertu paiTée. Ainli tout
le monde s'établit juge de
TEvêque : On ne veut pas
qu'il foit compofé de chair
comme un autre , on fe fi-
gure qu'il doit être au deffus
de la nature humaine , &
comme un Ange qui ne par-
ticipe point aux infirmités
de l'humanité.
Tin??iu'ta lavrayecaufc des fadions
voir"eW ' &^^s defordres qui fe rcn-
qu'a-jx quâli. contrent dans les Cicdions
tés Epifcopa- des Evéques , eft que chacun
hs pour faire ne regarde pas en cela la feu-
unhommeE- je chofe qu'on devroit avoir
veque. ç^ y «g ^ qyj ç^ |3 vertu ; &
que l'on y confidére plufieurs
autres chofes , comme de ce
qu'une perfonne fera d'une
nailfance illuftre , ou de ce
qu'il fera riche de Ion patri-
aicine ^ & qu'ainil il a^aura
magnaviâetttur'i ne^
qtie enimpeccatt ma*
gniîudtne , fed pec
cantis potius digni'"
tate peccatumpltriqS^
omnes metttmiuro.
. . . Illum nihil an-
teafia viu honejias
adihvat ad incufan^
tifirry vocuUi effa^
giendas : quinimo U»
ve illud commiffum j
reliqu£ illius viîs
Itimwibus ojjicit : ac
certèficfucerdoti om-
nes judices ejje Vo»
luni , ut carne ;;e-
quaquàm compojîto ^
ut huma7jam natu^
ram nonfortitc^ ve-
ràm ut An<relo » ut
httmarue tnfirmitatii
minime partictpi.
Cujus rei caitfa h<ec
ejl y quod in unum
non Jpeélant , quod
folitm fpeClandum
fuerati nempè animi
Virtutem : fed ali^.
fttnt Ciwf£ quihfis
honores conciUantur*
Verhi gratiâ , hic
quod cUrageners nU"
tuifit in EpifcopatuSs.
inquit , ordtnem co-
oputwr : ilh qttoi
b u
9pihu5 ahttndet « ne-
qtteinài^eat alimen-
tis ex EcckJ^js pro^
venùbiti qt*£ftiis :
altMS (juodab ndver-
fariii ad tioi transfw
gerit : alias Jîbi gé-
nère propin^uum ac
necelJarlum : alius
aduUtorem cateris
*nteponere mavult.
T^cmo efl quieum aui
idonettsjït , fpcClars
TeUt, aut animi par-
tes explorare curet.
Bgo vero tantùm ab-
fum ut caiifas hujuf-
modi ad prohandas
facerdotes idoneas ef-
fe puteniy ut J: quis
etiam magnam per-
pétua viiâ reiigionem
pietatemq', prsflite-
fit j qnx. ipfi tamen
non parvum ad id
adfert prafîdium ne
hune (juidem hitjus
domine adlegere fla^
tim audeam, nifima-
gnam etiam animi
prudentiam religione
hujufmodi conjun^ia
habeat. Nam multos
ipfs novi ex Us qui
fefe perpétua conti-
mntm çQhibuiJJçnhaf
Sacerdoce. f4^
pas befoin de vivre des reve-
nus de TE^Iifc ,• ou de ce qu'-
il fera pafle du psrti de nos
adverfaircs , dans celui de
l'Eglife 5 ou de ce cni'il eft de
nos parens ou de nos amis : ou.
de ce qu'il a de la complai-
fance & qu'il fca it flatter :.
Enfin il n'y a prefque perf(:)n-
ne qui ait égard aux qualités
qui rendent un homme véri-
tablement propre 2. ctre Evé-
que. Mais pour moi je fuis fî
éloigné de croire que toutes
ces confîdérations ordinaires
foient fuffifantes pour nous
obliger d'élire un Evéque^
que quand même il s'en trou-
vcroit un qui eût donné du-
rant toute fâ vie des preuves
d'une folid'e pieté , ce qui eft
d'un très-grand poids dans
cette rencontre 5 je fuis per-^
fuadé que je ne devrois pas
pour cela me Hâter delechoi-
fir pour ce miniftére , s'il ne-
joignoit à la pieté une fingu-
lîcre prudence, & une iage
conduite. Et en effet j'en ay
vu plufîcurs qui ayant vécu
dans une perpétuelle conti-
nence, & ayant le corps tout
atenué par l'aufterité de leurs
jeûnes, étoient très-agreables
à Dieu, tant qu'ils menoient
une vie roliuirè , & mi'ilsnç
f^cj Des Livres
s'appliquoicnt qu'à leur falut ; quorum corporatjejU'
faifant ainfî de jour en jour
de nouveaux progrés dans la
pratique de la philofophie
chrétienne ; lefquels après
eftre rentrés dans le monde ,
& après avoir paru à la lu-
mière du public , où ils fe
trouvoient obligés de corri-
ger les déréglemens des au-
tres 5 fe font montrés d'abord
très-incapables d'un (î impor-
tant emploi ,• & d'autres qui
quelque temps après qu'ils y
furent entres , abandonnè-
rent entièrement leurs aufte-
rités 3 & le règlement de leur
propre vie j de forte qu'ils
devinrent dans la fuite auffi
pernicieux à eux-mêmes 3
qu'inutiles aux autres.
niis multis exhaujla
ejjint j donec foUt-Z'
rtam agere , ac fuas
duntaxat res curare
licehat , Deo maxime
acceptas fuijfe , eof-
demque in iiesjîngu-
loi c<£pu itliphilofo'
phi£ auClarium no»
parvum adjecijje:qui
iidempojieà quam in
hommum lucewvene"
runt, vulgi infcitiam
emendare coafli, alii
N'allons point
prie ,
je vous
Profanation prie , rechercher ailleurs les
;" ^i^ofes caufes de la colère de Dieu
<ie grands contre Hous ; lorfque nous
fitaux, voyons que nous profanons
tous les jours de ii faints &
défi redoutables myftéres, en
les communiquant , tantôt â
des fcelérats & tantôt à des
iod ignés , & à des perfonoes
jam apnnctpio tanta
muneri admintflran-
do impares fuerSi aUi
in eo ipfo munereper"
feverare dum coge-
rentur,prijfina vitOr
cura atq; aujieritate
procttl excn(?a , tùm'
fibi deirmienio maxi-
mo ^ tùm aliis nulli
pronàs ufuifuere.
Etiamne ohfecro ,
quteremus divine tn
nos irA caufas , quum
nos myPeria tant
fanSia <P' tam trc"
menda hominihus
partim flagitiojîs y
partim mhili , Ube'
fa^anda tmdamui ?
J^trgo ai majora
fefe accitixit certa'
fnina , uxpote qu£
calejlis illius philofo'
fhi<e amuîalrix , pro-
fitetur fe Angelicam
nitam in terris re-
ferre : eut itempro-
pojîtum efl in ealem
pr^Jfare , qu^e c<ele-
jïesilU tttque incor^
pores, virtutes pra-
Jiant .' tjuam ipfam
non convertit neqae
fréquentes ac fuper-
vacaneas inamhuU-
tiones agere , neque
verba temerè atque
inconfuUè ejfutire :
conviai vero atque
adulationts ne nomen
quidem agnofiere :
proptereà tutifftma
cuflodia y ac majori
prxjîdio indigef.nam
fanélimonia adver-
farim affiduè aflat :
iifque imprimis injï-
diatur devorare pa-
ratus y ficuhi tirgo
cadat lahaturque,
Proptereà ex homini-
ens injîdiantur per-
puthff cfimqHs bis
Combats des
Viergrs, nc-
ccffitc de la
DU Sacerdoce. fff
de nulle vertu, qui les avilil^
fent & les déshonorent.
Les Vierges ont de plus
grands combats à foutenir
que les autres , pour fuivre
cette fublime philolophie vigilance,
qu'elles ont embraflée, & imi-
ter en terre la vie angelique ,
dont elles font profeffion ; s'é-
tnnt propofé de pratiqueriez
mêmes vertus, que ces Efprits
céleftes & incorporels. C'eft"
pourquoi il ne leur convient
point d'aller aux promenades ,
de s'occuper à de vains diver-
tifiemens , & de parler avec
inconfîdération & légèreté.
Qî,iant aux injures , aux mé--
difances , ou aux flateries ,
elles ne les doivent pas feule-
ment connoiftre. D'ailleurs
elles ont befoin de fe garder
avec plus de précaution , d'at-
tention & de foin que les au-
tres contre l'ennemi de la pu-
reté qui veille fans ceffe pour
Jes furprendre 5 & qui obfer-
ve continuellement fi elles
bronchent ou fi elles tombent,,
pour les dévorer. D'ailleurs-
comme les hommes leur ten-
derit fouvent des embûches;
qu'en eîles-mêmes elles ont à
fe garder dés fentimens de là-
nature , & que l'ordre de la
yirginùé dans lequel dks ont
voulu
Dés Li
V R
. s*ènroller , multiplie
leurs combats & leurs pénis,
elles ont beloin d'un grand
travail pour réfifter en même
temps & aux tentations qui
les attaquent au dehors & aux
mouvemens qui les troublent
au dedans:
Quand c'eft juflement que
Ton nous accufe de quelque
faute, nous n'avons pas tant
de peine à le fupporter; par-
ce qu'il n'y a point d'accufa-
teur qui ne foit moins péni-
ble & moins févére que notre
propre confcience : De forte
que toutes les fois que nous
fommes prelfés & convaincus
par cetic accufatrice la plus
fâcheulé de toutes , il nous
eft bien plus facile de fup-
porter des accufateurs étran-
gers comme étant plus doux
%c moins incommodes. Mais
quand nous ne nous Tentons
coupables de rien , & que Ton
nous accule injuftement ,
nous en fommes auffîtôt émus
de colère , & nous avons
grande peine à le foufrrir.
lopf. De quels fupplices les
Jugement Evéques ne font ils point
tertibls àcs menacés ; puifqu'ils ne fe-
ïvê(|u«, j.Qnt pas feulement obliges
de rendre compte à Dieu de
leurs propres fautes > ra^isen-
omnibus ^Hataraîti'^
fània : denique fuuf
t île or do in ^uem fe
a/irihi voluit , bel»
lum condupl'icatttt*m
quoi extrinfecùs tn-
gruat , tum qi*od ii*-
trinfcim obturhett
Qui mérita incu-
f.ïtw > facile tttUrit
eum a quo incufatur:
qmppè cum accufator
ntêllui fit infeftior
quàm ipfa confcten'
tiay effxiîUTy ut quo^
ties ah ea qu£ om'^
nium modt^ifjlmaefi
deprehenfi conviiîi-
que priuifuerumm »
accufatores exlraneci
tanqukm manfuetia-
res facile pojieà pa-
tiamur. Forro qiU
nulliuifibi [ulpéEConJ-
ciuri ejl , dum inju'
fle ac eu fatur continua
ad iram propenfut
fertur , necnon ani-
mt*m facile def^on-
det.
Quam rattlta fup-
pUcia Epifiopos ma-
nent, cum ex Us anuf-
quifque nonfolttmrO'
tionem redd-turuifit
fuorum àdUOoTitm :
DU S
fed eorum item om-
nium , qute a lu com-
miferint , ad exire-
tnum illos ventre o-
portent periculum ?
Nam fi horremtis ,
dum jtidicittm id no-
hisjubeundum efi , in
quo peccatorum pro-
priorii rationem red-
diturifumus ; ut qui
feiitiamuSj noiignem
illum (eternumeffuge-
re nequaqttàmpojjè :
quid ilU expe^ian-
duin ejl , qui tam
mttltorum nomine
cat^fas diéïurus fit ?
Lib. 4. de facerd.
Eum qui wagipru'
tum meritisfitis ma-
jorem ajjecutus ej}, ut
errata ipfi fita tuea-
tur defenàatq\ ma-
giflratus magnnudi-
nem pratendere non
oporiet : qttinimo in
majorem virtutii
froftcium ma^tin illâ
Dei ergn fe benevo'
lent ta mi. Qui vero
oh id peccandi licen-
tiam fibi permittit ,
quodprxjiantiori di-
gnitate orna tus fit ,
iertè nihil alind
Tom. L
A C E R D o CE. çyj
core de celles des autres. Cela
leur doit apprendre à tjuel
danger ils font expofcs. Car
fî nous (ommes faifis de fra-
yeur toutes les fois que nous
pcnfons au compte que nous
rendrons à Dieu de nos pé-
chés propres , à la rigueur
avec laquelle il nous jugera,
& à la peine que nous aurons
d'éviter l'enfer que nous avons
mérité -, quel elpoir peut- il
reliera celui qui léra obligé
de rendre compte lui feul aif
nom de tant de perfonnes ?
Celui qui a obtenu une' 1096.
charge & un commandement ^^^ dignités
qui eftau delîusdelonméri-"'"'^"'""'
i ^ -, , . pas , mais ac-
te , & qui s en veut ïervir ç,^ç^^.^^ ^^^^
comme d'un moyen pour ex- qui en abu-
cufer & couvrir l'es fautes , fent.
eft inexcuHible ; puifqu'il
auroit du plutôt travailler par
fa vertu à fe rendre digne
de cette faveur qu'il a reçue
de la bonté de Dieu. Que
s'il prétend que fa puiflance
& fa dignité, lui donne droit
de pécher, il fe rend encore
d'autant plus coupable , qu'il
s'eflbrce par là de rendre la
bonté de Dieu complice de
fou péché .- ce qui eft un crime
Au
554 Des -Livr
aiïez ordinaire aux gens qui
n ont nulle pieté ^ & qui mè-
nent! une vie pleine de né-
gligence & de parefle pour
kur falut.
I097-
D?.ng?t de
]?. rrelatiire
par queLp-e
voys qn'o\ y
foi-; monté-
Non feulement ceux qui
raviU'ent par leur crédit &
par leur puiiranceTEpifcopat ,
m^is ceux-là mêmes qui y font
élevés par la faveur & i'afll-
liance d'autruy , ne pourront
trouver dans leur dignité,
lorfqu'ils manquent à leur de-
voir, aucun prétexte d'excufe
dans le jugement de Dieu.
Gar fi' ceux qui n'y entrent
que par l'ordre & la voca-
tion divine , après avoir refufé
autant qu'il leur a été pofli-
ble cet honneur , feront ex-
pofez à un fi grand danger
de fe perdre ; & qu'Aaron ,
Heli & Moyfe même ce grand
prophète , cet homme fi
faint , fi doux , & qui éroit
pid mis à la familiarité de
Dieu comme fon ami intime ,
ont écé fujets à cette loi , &
à ce danger de répondre
pour les autres , que devien-
drons - nous, miférables que
nous fbmmes , nous qui nous
Tentons fi éloignés de h ver-
ES
quàm Deihenignlta*
tem peccatorum/uorii
autorem facere cona-
tur : ii quod folemne
quidem ej} impiis ho'
minibus , ufc^^ae quo"
ritm vita in ignavia
acfocoriia verfutur,
yidei ut jam nulla
peccatorum excufaiio
reliéla/ît ', nonfultun
iis qui T'ipiunt , fed
ne iis quidem qui
aliéna fladio hue eve-
huntur ? Nam uhi
qui vel Dec decer^
nente , eligenteque
ftepènumero honorent
ipfum recufavere ,
tuntas tamen panas
luerunt , ac nihil
quicquam à pericu-
lo hujufmodi exime^
rtpotuity ne que A A»
ron 3 neque heli ,
neque virum ilhm
perbeatur») fanélum,
Prophetam admiran-
dum , mortalium om'
nium humant jjîmumy
etitnque quafi ami-'
cttm quemdam cum
]^eo colloquentem :
ttimirùm vix vobis j
qui ab tilt us viriute
tantàm abfumus , ftt"
D U
tîs ejje ad dcfenfin-
nem poterit , nobis
ip/îs , quod ad hono'
rem ejufmodi nuUo
ipfi jittdio , nulU
ambitione afpirave-
rtrhm.
Neque vero pro-
ptereà paratam ve-
ntant eJJe dixerim Us
qui nttlla fua arnbi-
tione digmtatemeam
obtinuerint : nam ne
illis quifquam reli-
flus ejl excufatioufs
defenjîonifque locus.
Vecere emm arbitror
î;el Jl te eo fexcenti
vocent ) atqHe adeo
codant , nonillosfpc-
élare : verùm antmi
fui dûtes priùs exa •
minare , virefqus
tuas omnes exatlè
perfcrutarii atque ità
dcmàm cogsntihus
cedere. Jàm àonrnrn
fe aliquam 4.diJicatH~
rum pollUeri nemo
audeat , qui idem ar-
chiteé^lus nonjît : ne-
que ^tgrotantia con-
tïngere corpora quif-
quam aggredtattér
qui medicmam non
dUtcefit : quinimb
Sacerdocs. Jçy
tu de ces grands Saints ? Et
croirons nous qu'il fuffife
pour nous excufcr, que nous
ne foyons point coupables
d'avoir afpiré à cette dignité
par nos defirs , par nos in-
trigues & par notre ambition.
Ceux qui font indignes de lopg.
l'Epifcopat , ne feront pas Nulle con-
cxcufés devant Dieu , pourtr-^inte n'ex-
ne s'être pas portés à cette ^"^^""^°"^"
d>g„Képar un mot.f d'ambi- ;^Vr;.S
tion ; Car quand tout le mon- g,^ ^canc indi'.
de vous y appelleroit , & gne.
même voudroit vous con-
traindre de l'accepter, vous
ne déviiez pas tant confiderer
Its penfées des autres , qu'e-
xaminer premièrement votre
propre capacité , confiderer
vos takns , fonder vos forces \
& après cela vous pourriez cé-
der aux defirs de ceux qui
vous veulent contraindre d'ac-
cepter cette dignité. Et en ef-
fet y a-t il quelque raifonqut
pût obliger un homme qui
n'entend rien à l'architedure
d'entreprendre de bâtir une
maifbn 5 ou à celui qui ne
fçauroit pas la médecine d'o-
fer traiter & entreprendre de
guérir un malade : mais plu-
tôt quand tous les hommes
du monde l'y voudroient for-
cer , ne s'en excuferoit - iJ
Aaa ij
5^6 Des Liv
pas fur Ton incapacité ,Sc au-
roit-il houte d'avouer en cela
fon ignorance ? Qiiel pardon
peut donc efperer celui qui
reçoit cet honneur en étant
indigne ? Et quels intercel-
leurs pourra-t-il trouver un
jour devant le Tribunal du
fouverain Juge, pour lui faire
éviter la punition qu'il mé-
rite ? Ne feront-ce point ceux
mêmes qui l'ont prefentemqnt
contraint & comme nécefîité
d'entrer dans cette fondion
fainte ? Mais ceux-là n'auront
pas alors moins de befoin
d'intercefi'eurs pour éviter
eux-mêmes le fupplice du feu
éternel. Je vous le dis main-
tenant 5 non pas fimplement
pour vous faire peur , mais
parceque je fuis obligé de
vous faire connoitre la véri-
té,
lopp. Comme ceux qui fe feront
ivint d'ex- laifle aller aux fentimens &
culepour ^ Ja volonté d'autrui pour
accepter la dignité de l'Epif-
copat , ne feront pas reçus
devant Dieu à dire pour leur
excufe i je ne me fuis point
élevé par moi-même à cet
honneur , & je ne l'ai pas
accepté volontairement j & Ci
je ne l'ai pas évité en me re-
tirant auparavant que d'être
ceux «jui éli-
f;nt aux char
«;es Ecclefia
ftiques des
j?erfonnes in-
dignes.
R ES
Vel p'urihus tint af-
ferenlihus deprecabi-
tur , neque eumfu<e
pudebit i^noranti£
. . . Vndè venta ex-
pedanda ? Quinam
tàm nobis internutt'
cii 3 deprecatorefque
exijfent ? llli ipjîfor-
tajje , ^»i nunc nos
cogunt , CT* ad ne-
cejjltatem adignnt ?
hofcç vcro quis per td
tempus Jervaturus
eji ? Siquidcm ipfi
deprecatoribns indi-
gent j ut ignii ateri'
ni fupplicium dtvi»
tent. Q^od porto hoc
dicam , nonquoter-
ream , feâ ut rem
ità ut fe f/abeaîedo-*
ceam. . . .
Intelligifne quant»
non crimine modo ^
fediP'fupplicio (quod
quidem m nobis fuit^
eos ItberaviniHs j qui
nos ec honoris perdté'
Sluri fuerant ? Nana
ficuti tis qui adtd dt-
gnitatis eleéli ab a-
litsfuerint , non fa-
tis ej} defenfîonem
hAfic affevTe : Vfflun-
D U
tarlui ipfe ad Imjuf'
modi mitni4s admtni-
ftrandum non accefft :
arque ideo fané non
aufiigi , cjHod non
pr.tfcijjemfore uteli'
geret : fit neque eoi
qui ordinarint , fub-
levare quicquam pj-
tertt j fi dixerint i-
^norajjefe eum quem
ordtnarunt. f^erîim
vel hoc ipfo crimen
gravius effiiitttr ,
quodquem ignorave-
re, perduxsrint : ac
certe qu<e liln vide-
tur excu/atioy accufii-
tionem auge t. Nam
qui id abfurdum
numfit^ eosqui man-
ciptum j aliquod enj"
pturiitnt J id tum mé-
dias oflendere , tum
empiionii fponfores
pofiulare , tum vici-
nos interrogare y ac
netàm quidemadhitc
confidere ; quinimo
CT* dniturnU aliquod
UmpHspofiere^ intrà
quod probare illud
pojjînt : eos veto qui
quempiam ad Ept/co-
pale mitnus hujufinodi
coaptatHrifunt ^fi mi
S A C E R D OCE. Jî7
élu , c'eft que je n'ay pas
prévu qu'on me dut élire : De
même ceux qui auront eiù
un indigne , n'en feront pas
nufTi excufés pour dire qu'ils
ne connoiHbient pas alfez le
mérite de celui qu'ils auront:
élu ; mais leur crime en fera
d'autant plus grand & inexcu-
fable , de ce qu'ils auront
choifi une perfonne qu'ils ne
connoifToient pas allez. De
forte que cela même qu'ils
apportent pour excufè , aug-
mente leur faute. Eteneftet
n'eit-il pas étrange que ceu>:
qui veulent acheter un efcla-
ve prennent tant d& foin de
l'examiner auparavant, en le
faifant vifîter par les méde-
cins , en demandant des cau-
tions de fa fidélité , en s'en-
querant de tous les voifîns
qui le connoiffent ; & fou-
vent même en prenant outre
toutes ces précautions-là ,
celle de l'éprouver durant
quelque temps : Et que ceux
qui contribuent à élever un
homme dans la charge de
l'Epifcopat , abandonnent
leurs lutFrages , à la corn-
plaifance , à la faveur , & à
la palTion d'autrui \ donnent:
pour cela leurs voix avec
tant de témérité & d'incon-
Aaa iij
5ÇÎ De€ Liv
èdération ', & fe mettent fi peu
en peine d'examiner une cho-
ie auffi importante ? Qui
donc nous pourra excufer de
péché , & nous défendre de
la rigueur des jugemens de
Dieu, lorfque nous aurons
ainfl accepté une dignité fi
éminente , puifque ceux qui
nous pourroient alors défen-
dre , auront befoin pour eux-
mêmes de défenfeurs ? Il faut
donc que celui qui veut or-
donner un Evêquc , péfe fé-
xieufement Fimpcrtance de la
chofe , & examine avec un
foin & une exaditude extra-
ordinaire celui qu'on propofe
pour être ordonné. Et quoi-
«que le crime de celui qui eft
indigne de l'Epifcopat, lui
foit commun avec ceux qui
ï'ont ordonné, cela ne lui iért
de rien pour l'exempter de-
Tant Dieu, du fupplice qu'il
mérite : mais au contraire (a
punition fera encore plus
grande, que celle que méri-
tent ceux qui l'ont élu , à
moins qu'ils ne l'ayent fait
par quelque confidération hu-
maine , contre le mouvement
de leur confcience , & non-
obftant qu'ils vilfent claire-
ment que leur devoir les obli
\>UcitumJît 3 adalio'
rum Vel ^atiam vel
invidiÀm tejïimo^
niumjuum accemmo-
dare , ità tum temerè
at<jue ut ca/ui tttlit
adlegem nulla pror-
sus alia difcujfione fa-
Oa ? Quis tgitHr nos
tum depofcet atque à
noxâ eximet : ct*m
pnfertim qui patro-
cinari nohis dehent ,
patronrs ipfi indi-
geant ? Proindeillum
oportet qui ordinatU'
rusft j rem diligenter
admodiim expendere^
ftd multo etùim dtli-
gentiuseum qui ordi-^
nandus proponitur»
Tametjlentm ilUpec»
catorum fuorum fup-
plicium commune ej}
cum fis à qutbus of
dinatus ejlj tamen ne
ipfe qmdem hac ra-
tion e fuppliàum eva*
dit. Quod quidem O*
gravius feret , nif.fi
eleélores rem confecc
tint , morbo aiiqu»
humano vifli , récla-
mante etiam ipforum
confcientià , neque
geoit d'en ufer d'une autre fecuti quod UU diHa^
BU
^at , hontpius ejje.
Nam fi m ejufmoii
dvlitlo deprehenfi illi
ftsririt, C^ quem in-
digtmm ef?e lertcfci-
rcnt , per caufam ta^
men aliquam e'.egC'
Tint i utrique illi pa-
ri digni fitnt fttppli-
cio .... Quid ità ?
Nernpèqu^ verifimi»
le videri potejf y eos
qui cUgere , à faUâ
aliqua opinione d^ce-
ptos ad dandafujfra-
gia defcendifl'e : qui
Vero eleflus efi , di-
cereutiqi non queat y
fiefibitttO'ahisfuijJe
incogtntum. Igitur
ficuigravioripunien-
dt*s eff /(tpplicio ,
qtiàm tlli à quib-us
fifi.il us produflufque
cfij ità débet fini il>fia
pericuUm accuratius
quam illi faccre ; ac
fi quidem ettm illi i-
gnorantes traxerint ,
ïLis oùviam ire , do-
cereque diligenter
caufias eai per quai
tum illi ab errore de-
fiflant , tàm fieipfie
fitndione illâ mdi'
gnum Citm ofienderit
Sacerdoce. Jî^^
manière. Cars'ils'fe font por-
tés par quelque raifon tem-
porelle à choifir celui qu'ils
fçavoient certainement être
indigne de l'Epifcopat , alors
on peut dire qu'ils font les
uns & les autres coupables
d'un crime pareil & digne
d'un même fupplice. Mais
ceux qui élilent un lujet in-
digne ne feront pas fi coupa-
bles que celui qui eft élu ,
s'ils ne l'ont fait qu'après a-
voir été trompés par le bruit
d'une faulfe réputation ; au
lieu que celui qui veut bien
être choifi ne peut fe couvrir
de la même excufe, & dire qu'-
il nefe connoît pas lui- même :
De forte que comme il mérite
un châtiment bien plus rigou-
reux que ceux qni le choilîi-
fent 5 auffi doit-il s'éprouv«r
avec bien plus de foin & ce-
xaditude que les autres qui
l'élifent. Car comme lis ne
l'ont élu que faute de le bien
connoîtrc : il ne devoit pas
fuivre aveuglément leurs fuf-
fragcs j mais aller au devant
d'eux , pour les defabufer de
leur fauffe opinion & leur
apprendre les raifons qui les
pouvoient perfuadct de foa
indignité & de l'impuiliance
où il écoit de fou-tenir un Ci
Aaa iiij
TIOO
N'accepter ^s^
jamais une
charge dont
on fe fent in-
digne.
'■^6o Des L I V r
grand fardeau , afin d'éviter
d'en être chargé.
Dans les moindres périls
nous nous trouvons en
d'autres rencontres, nous u-
fons de tant de précautions
& de foins pour les éviter j
& nous ne croyons pas de-
voir nous rendre aux impôt'
tunités 5 ni aux violences de
ceux qui nous preflent , lorf-
que nous voyons qu'elles
nous peuvent être préjudi-
ciables j & quand il s'agit
d'entrer dans TEpifcopat qui
nous expofe à la damnation
éternelle , lorfque nous Tom-
mes incapables de bien admi-
niftrer une fî difficile fon-
dion , nous nous jetterons
à corps perdu dans ce préci-
pice fous le prétexte que les
autres nous font violence ?
Certes celui qui nous jugera
en cette rencontre ne fe paye-
ra jamais d'une excufe Ci fri-
vole. Et en effet nous aurions
dû avoir la prévoyance de
nous remplir plutôt des biens
fpiiituels 5 que des biens ter-
reftres j & cependant nous
avons eu beaucoup moins de
foin àcs premiers. Et dites-
moi , je vous prie , fi nous fi-
gurant qu'un homme eft bon
ouvrier , nous l'obligeons
ES
tautarUnt reruin mj^
lem effugiat.
Itàne eriro uhi mo'
o
dicis m rébus pencli-
tamur , tanta ipfi «-
temur providentiâ ,
neqi'.e cocentium nos
vtoienlix parendum
ejje pittabimus : uhi
vero (Sternum illos
manet fupplicium ,
qui Eptfcopatus ad-
miniflrationem jujîe
prépare nefcierint ,
temereatque ut cafas
tulerit in tantum nos
conjiciemus pericu-
lum aliène violenti-t
caufam opponentes ?
Atqui ration em Am-
jufmodi admifjurus
haudqt*aquàme(1,qui>
caufi ilîius ?;<7/?r* ju-
dican a^et. Decebat
enimmuho majorent
cautionem ac provi"
fionem fpiritualium
rerunt, quàm carnU'
lium pnejlare : jani
vero neparem quidem
nos exhibere conjïat.
Eienim qu£roexte ,
Jî quem fufpicamur
fabrum eJJe , qui non
/ît, ad opus vocemiis ,
fequaturque ipfe ; dc"
DU s
inde manus admo'
vens materi^adadi-
ficiumparat£^ ligna
itemque CT* lapides
diffîpet 5 opus atttew,
fie coagtnevtet , fie
domum tdificet ^ ut
Jlattm collapfura ea
fit 3 nàm ille fefe a-
èundè hac defenfione
tmaturus epyfidixe-
rit , ab aliisfe coa-
élum j non etiam ttl-
tro ad adificandum
acc(ff(se,
Frincipatum hujufi
modi nibilipfe ambi-
vifti y imbecillitatis
tu<£ confcius ? Probe
id ac re6lè. Oporte^
bat ergo cum eodem
hoc confilio vocanti-
eus etiam aliis tergt-
verfurt. Anne cùm
te nullus vocaret ,
imbe cillai tu , ac mi-
nime idoneus eras :
ubi primum veto
compertifitnt qui ho-
norem ad te défer-
rent , ds repente in-
valentem atqtte ido-
neum evafifïi ?
Humana corpora
eurantibus , diverfa
fuppetunt medicft'
ACERDOCE. jtfl
d'entreprendre un bâtiment j
& que cet homme eût néan-
moins fi peu de capacité qu'-
il ne fit que gâter nos mate-
rcaux & les diHlper, en nous
conftruifanc un édifice qui
tombe en ruiné peu de jours
après ; (eroit-il reçu à nous
dire pour s'en excufer, que
nous l'avons recherché , &
prefle de faire ce baftiment :
& que ce n'a pas été de fon
bon gré qu'il y a travaillé ?
Comme je connoifTois mon i lor.
incapacité, & ma foiblefl'e , f-^^l^K"
r. ' . , • coDAt quand
me duez-vous, )en ai point onencftin«.
voulu rechercher l'Epifcopat. pable.
Cela eft fort bien , tSc vous
en êtes louable. Pourquoi
donc îorfqu'on vous y a ap-
pelé n'avez- vous pas fuivi le
même confeil , pour ne le
pas accepter ? Eft- ce qu'étant
incapable de cette charge
lorfque perlonne ne vous y
appeloit, vous en êtes tout
d'un coup devenu capable
dans le moment qu'on vous
a déféré cet honneur ?
Comme les corps (ont at- Parolsdô
taqucs de difterentes mala- Dieu , rems-
dies 3 il y a auffi de différents de ôc nourri-
ture des a.
IIO3.
Jet Des Livft.
remèdes pour les guérir :
mais il n'en eft pas de même
<lans l'art de traiter les âmes.
Car il n y a pour cela qu'une
feule & même voye, & qu'-
un feul remède, qui eft l'E-
vangile. Il nous tient lieu
d'inikument propre à faire
toutes fortes d'opérations ,
d'aliment convenable à tou-
tes fortes de maux, d'air fa-
lutaire à toutes lortes de tem-
péramens , & de réméde
propre à toutes (ories de ma-
ladies 5 On s'en ftrt comme
du feu & du fer , pour brû-
ler, & pour couper félon
qu'il en eft befoin dans les
différentes rencontres ; &
comme la médecine fpiri-
luelle n'a que ce remède ,
q«and il ne fait pas fon ef-
fet , tous les autres font inu-
tiles.
Il fe trouve fort peu de
Curieux pour jj ^^j prennent foni de
Us, indîffe s'inftruire de ce qui regarde
reiis pour lî ^3 foi , les chofes de leur fa-
falut. lut , & les moyens de mener
une bonne vie : au lieu que
la plupart ont de la curiofité
pour connoître des chofes
inutiles , que l'on ne peut ja-
mais découvrir, & dont la
recherche même déplaît à
Dieu , & attire fa colère. Car
ES
menta : At veto ni-
hil hujufmodr commi-
ni/ci licet » fed una
quidam pofï operum
prteftationem ars tiC*
curât ionii Via tentn-
da fequendaque eji :
nempe per fermonem
Evanq^elicum d-jchi'
na. Siqutdem hoc de-
m'Am inflrumentum
ej} j hoc ctbus , hoc
aerii temperamen-
ît^m opùmum , hoc
medicamenti injîar ,
hoc ignis locoy hoc fer-
ri vice. Àc Jivel ure-
re vel fecare opta ,
hoc ipfo ut necejje :
atque hoc fi nihil
profuerit , reliqna
omnia evamda pe*
reant oportit.
hemfidei , ac vU
t<e itipitutiottii pau^
coi ad'nodnm itizs'
niai ftttdiofoi : plures
autem curiofe ea in^
dagantci exquiren»
tefqtée , qu<e nequa^
quant invenire qi.4e~
ai , quorum item ex-
quifitio Deum etiam
irritât : Nam quo'
ties qu£ ille noî»it
D U
»oi fcire , edifcere ce
namur , ea tpfi ne-
que fciemus , ( <jut
enim Deo id nolen-
te} ) c^ perimlum
vel ex ipfa tantum
indagatione , ad eX"
tremum re^ortabi-
mm.
Nunc fi placet^ om-
nia fila pratermttt en-
tes t ac peregrina e-
loqueniitt ornatum
ut fupervacaneum
ducentes , diélionem,
entwciutionemq^ «e-
gligamus : ac nobis
orationis pauperta-
temfic permitiamus ,
ut rerum verhorum-
que compofitio nudct
nobis ac fimplexfit ,
modo ne quis in co-
gnitione atque adeo
in dogmatibus dtU-
genter excutiendis i-
diûtam fe pmfiet.
Lib. ç.deSacerd.
Auresfuas vulgusaf-
fitefecere y non ut ad
utilitatem ,fedadvo-
luptatem potins au-
diant } quodfaciunt
qui vel de tragœdiis,
vel de cythartsdisju-
dicaturt fedettt : at*
II 04.
S'appliquer
au fond de la
Sacerdoce. 3^3
loiTque nous nous efforçons
de icavoir ce qu'il n'a pas
voulu que nous fçufïîons , il
arrive & que nous ne le pou-
vons pas découvrir malgré
lui , & qu'en même temps
nous nous expofons à un
grand péril , pour Tavoir feu-
lement voulu rechercher.
Je veux bien que dans i'ex-
pofition de l.\ doifirine Evan
eeiique , nous ne nous fer- , „ . - .
°- ^ 1 r j i> ' doctrine fain-
vionspas des arcihces de le- ^e , fans s'at-
loquence , & que nous ne- tâcher à l'élo-
gligions comme inutiles tous quence.
ces ornemens de paroles ,
pour ufer d'un difcours plus
fimple , & dénué de toutes
ces richelFes étrangères j mais
il faut bien prendre garde
que nous ne foyons pas en
même temps dénués de coa-
noiffance , & ignorans tou-
chant les points de dodlrine
dont nous devons toujours
avoir foin d'être bien m»
ftruits.
Quand les peuples fe font iioj.
une fois accoutumés à en- Lerrcdica-
tendre les Prédicateurs pour J'^"',b1°'&"*
leur phifir & non pour leur bruire a-
utilité ; ils s en ctabliHent les greablement ,
)uges comme feroient des & de mépri-
Ipeclateurs de quelque pièce ferlesappUu^
de théâtre : De forte qu'ils difletnsuj,
ne demandent pas moins d'é?
5é4 Des Livr
loqucnce en ces adions Ec-
clefiaitiques , qu'ils en re-
chcrclieroient en des difcours
prophanes de Rhéroriciens
c]ui difputeroient à Tenvi à
qui remporteroit le prix en
Ion art. Il faut donc qu'un
Pafteur ait une alfez grande
élévation d'ame pour le met-
ire au deflus de cet alFujerif-
fement & de cette bairelfe ,
pour réprimer ce déiir im-
modéré qu'ont les peuples
d'entendre plutôt deslérnions
quir chatouillent leurs oreilles
& qui leur plaifent , que
ceux qui leur font utiles •,
pour porter leur attention
à ce qui peut fervir à leur
falut, & pour faire enforte
que Tes auditeurs fuivent la
voye qu'il leur monltrera ; au
lieu de fe laifler aller à leurs
inclinations & à leurs défirs.
Mais c'eft ce qu'un Prédica-
teur ne peut jamais faire ,
s'il n'eft en même temps ca-
pable de deux choies j l'u-
ne , de méprifer les applau-
dilfemens du peuple , & l'au-
tre de leur pouvoir parler
avec force. Car fi l'une de
ces deux qualités lui manque ,
celle qu'il a lui eft inutile. Et
en eftet, fi en même temps
qu'il eft affez fort pour n étie
ES
que adeb dicendi tis
îlla 5 (^uam haud n,i
dudum exploi^.bu'
mus , hac in parte
tantum fui dejîdï-
rium prxbet , ut >:e
in Rhetoribus qui de m
tpj'i , quum lia t fi-
ler fe concertant ,
tanta requiratur.
Hic ergo generofo o-
pui efl animo , eoque
qui longe exiguita^
Um hancfuperet , ut
multitudinii volupta"
tem il'am tmmoderei»
tam , infruCluofam-
que compefcatj p/Jft-
que illorum audtiio"
nem ad id quoà nU-
Uns fi*turum fit ,
transferre , bac ra-
tione ut populum fe
feqtientem, acfibi ob"
fecundantem habeat^
non etiam ut ipf À
populi defideriis ^ 74-
tur : td quod pr<tjla-
re nem» potejl y nijt
idem fimul popula-
rem auram afpemc'
tur j fimul dicendt
vim ûbtineat. Quo-
rum a tr unique nift
adfusrit , certe aUe-
rum alurius auxiliê
Sacerdoce, «^^j-
nullement chatouillé des
louanges humaines, il ne Teiè
pas aiiez pour inftruire agréa-
blement (es auditeurs i & que
la manière dont il leur parle
le rende méprifable à plu-
fieurs j toute cette grandeur
d'ame qui Téleve au deiîus des
loiianges, hiieft inutile. Que
fi d'ailleurs ayant le talent de
s'exprimer avec force & avec
grâce dans Tes fermons, il a
la foiblelîe de fe lailîer em-
porter aux louanges 8c aux
applaudifiemens de ceux qui
l'écoutent j il eft capable de
nuire aux autres & à Coi-mê-
méme, en ce que ce vain de-
fir de louanges dont il eft
rempli, le porte à employer
tout Ton talent à fe rendre a-
gréable au peuple , plutôt
qu'à lui être utile. Et au lieu
qu'il auroitpû fe fervir de Ca
dodrine & de Ton éloquence
pour le porter au bien -, il
aime mieux par une maniè-
re de reconnoiiiancc des loiian-
ges qu'il en reçoit, leur dire
les chofes qui leur peuvent
plaire , aiîn de s'attirer tou-
jours leurs applaudilïemens
& leurs louanges.
Vtdt certCy dum landes eai quai à multttudine accepit , cont-
pcnftre cupit i eatn médium ajferre, qu<e andiioresdeie^
{farepc^ttnty his ipjîs pop ular es plan/us cUmorefyi Cfiptam,
D U
dcjlttutum mdu u/Ui
ej]<: pofflt. Namjiis
laudum tttillaiiotiem
font animo contem-
nens , tamett non eX'
hibuerit dûclriuam
[aie acgratiâ condi-
tam , Jiit ut à mu'iis
defpicabilii habeatur^
nu lo prorfui lucro
commoàove ah animi
tnagntiudine illa ac-
cepta. Kursumjî di-
eendt partem optime
pr<tjîare quum pofftt ,
a plaufu al que aura
populari vincaïur ,
tumipjîj tum wuhi-
tudini que audit ,
damnnm detrimen-
tttmque idem propo-
fitum > hoc ipfo quod
laudum ille fiturum
dejtderio captus ad
audit or um gratiam
m agi s quàm utilité'
tern dicendi vint e-
9:ercet' . . quilaudum
dc/îderio trahitur, is
c^uum doflrifia elo-
qusnliaque Jua mul-
titudinem reddcre
mcliorem folJît , ma-
^66 Des Livre
i\lo6. Un Prélat qui a foiivent
K'avoif ni à elTuyer pluîîeurs médifan-
fcropdecrain- ç,=5^ & jufqu'à cellcs mêmes
te , m trop .le • ^^^^ ndicules & fans fon-
tncpris pour i ...
hs calomnies dément , ne doit avoir pour
dont on nous les plus téméraires accufa-
aojrcit. tions qu'on fait contre lui ,
ni trop de crainte , ni trop de
mépris. Mais il faur quelques
faulfes que puiffent être ces
calomnies , & quelques mé-
prifables qu'en Ibient les au-
teurs, tâcher de les étouffer
dès leur naiffance. Car rien
n'augmente davantage la
bonne ou la mauvaife répu-
tation, qu'une populace mal
réglée ; & qui s'étant une
fois accoutumée à écouter
tout & à parler de toiit fans
choix & fans jugement, dit
tout ce qui lui vient à la bou-
che fans dilcrétion , & fans
en examiner la vérité, Qtic
fi après avoir fait ce qui
dépend de nous pour nous
juftifier, ceux qui nous accu-
fent, ne fe veulent point te-
nir en repos; c'eft alors feu«
lement que nous pouvons mé-
prifertûut ce qu'ils difent de
nous ; puifqu'il eft certain
que fi un Pafteur s'arrêtoit à
tous ces bruits populaires,
il ne pourroit jamais rien
faire de bien & de grand
Intemptjflvai in-
fimulationes ( quippe
antiftitem nece(?€ eji
ahfttrdasetiam devo'
rare criminaùones )
neque prêter modum
vereri , ac formida"
re : neque ri*rfui le-
viter defpicere con-
venit ; fed te oportet
ut falfe etiam exi'
Jlant , ut à plèbe a s
accontemptis homini"
bus in te contorque-
antur , contendere
eas jiatîm ut extin-
guas. NtflU enim res
alta magls famam
auget vel bonam vel
malam , quàm vuU
gus incompofiium :ut
quod citrà omnem de-
leclum ac judicittm
CT* dudire C^ eloqui
quitm ajjuefecerit , id
omne qtticquidoccur'
rerit temere prolo"
quatur , nulîa pror-
iUi veritatis rations
habita. . . . Jîn vero
omnia quuînpr^pite'
rimus , noluerint qui
nosaccufant , quief-
cere ; tum demum
contemnere eoi lice-
bit ; qQandoqmdim
BU Sacerdoce.
Jt quU oh^o^didiil^, dans Tes fondions.
hiijufmodi ) animo
fîatim dejici cccpe-
rit, ne is nilul un-
an jm quoi gcnero-
JUm admirandum-
<jf*efit , parère pote-
rit.
Sic nos oportet ne'
que Viilgaribui lau-
dibm intumt'fcere ,
neque probris am-
mum dc/pondere , fi
quandh ea intempe-
Jïive erumpere Vi-
deas. Idveroj o bone,
difficile admodttm ,
ac fortajje taie , ut
prdfljrv à nemine
pofjît : fuis emm lau-
dibus Audiendis nihtl
in de dtle&ari , nefcio
an cutquam unquam
fnort<ilifim obtigerit.
Porro confentaneum
quidem ejl ut qui
laudibus deleéletur ,
idem illts etiam frui
*ppetat : càm autem
qui frui appétit , ne-
cejje eft moeftitia ac
dolore affici qaoties
filas non potejl ajjc'
g«t. Nam qttemad-
tnodàm quos dtvites
fJJeJHVutjfi quando
f^r
II ne fant ni fe laifleren- ^^^7'
fier le coeur par les loiuiiRes , , N'êrre tou-
• ^ 1 , ' I , ia - ' che ;ii de la
nisabbatiepar le bliaie que i^^ji^^g^ nidu
1 on nous donne mal à pro- b âme qu'oa
pos. Cependant t'eit une cho- reçoit fans
fe fî difficile à pratiquer , que raiioo,
,e doute que jamais perfonne
l'ait fait bien parfaitement j
& ait jamais eu la force de
s'entendre loiicr, fans quel-
que mouvement de joye &
de complaifance. Or il eft
comme néceffaire que celui
qui entend avec plaifîr qu'on
le loue, Ibuhaite d'être loiid
quand il ne l'eit pas j & que
par une conféquence infailli-
ble , il foit fâché de ne pas
recevoir de louanges. Car
comme ceux qui aiment lei
bien , ne tombent point fans
une extrême douleur dans la
pauvreté *, & que ceux qui
l'ont accoutumés à une vie
molle & délicieufe ne peu-
vent fupporter une vie dure
& auHére ; de même les a-
mateurs des loiianges humai-
5^8 Des Livres
nés tombent dans un grand
abattement & dans une dé-
faillance pareille à celle qu'-
un corps fouirre par le dé-
faut de nourriture , non feu-
lement lorfqirilsfont^âmés,
mais même brfqu'on ceiTe
de ki loïkr.
ïro8. 5i les hommes loiient un
Un Prédica- Prédicateur j j1 ne doit pas
ceur ne doit abfolument rejetter leurs
111 rejetter les , . r rr
iuCtts louan- louanges j que fi aufli on ne
ges ni lej re- 1"! en donne point , il ne
chercher. faut pas qu'il les recherche :
mais il doit fe contenter pour
la confolation & le fruit de
its travaux , du témoignage
que lui donne fa confcience,
qu'il n'ufe de fon éloquence
& de fa dodrine que pour
fervir Dieu & pour lui plai-
re.
Il Ci?. Les menaces que JESUS-
Fujutioura-c H iliST fait aux Payeurs
in pnuPeHatem tnci'
derint , mœrore ajfi-
ciuntur CT* ijui ddt-
ctii ajfuevêre , te-
vuem ac fimplicem
vi6îtim tolerare nurt'
quàmpojjlnt : ità qui
Uudum amore capti
fant 5 non folàm
quum injupè vitupé-
rant ur 5 fed etiam
cùm ah aliis ajfduè
non laudantur j ^»4-
fif'tme quadam ani»
*iium conficiuut.
Laudaïur is ah
hominibus , laudes
non rejiciat : Laudes
ab atéditorthus tlU
negantur ; eas ne
ambiat , neu uegatis
indoleat. Abundans
enim tlU ftierit la-
borum folatium , id-
qi*e omnium ceriè
maximum , fi fibi
ip/e confcius ejje pO'
te fit 3 ad hanc/e ra-
tîonem y doClrinam y
eloquentiamquefuam
compofuijje atque a*
daptajfe j ut DeotUa
placens acceptaque
fat.
Lib.^.defacerd.
H»Ji4s comminatio'
vis
^ DU s
fili ténor animum
mthi afjiàuè concutit,
"Nam fi ei qui unum
aliquem duntaxat
offenderit, expedit
ut mola afînaria
furpcndaturàcollo
ipfius,acdenîeiga-
tur in profundum
m^vis : Item quifra'
trum [uamm con-
fcientiam off^n-
dunt , ii omnes in
ipfum Chiiftuni
peccant : qui non
unum , non duos ,
non trestanlum , /Id
tam multcs eliam po-
pulos perdiderint , il-
lis quid tandem fiel ?
ac quamnam illtpœ-
nam fitnt penfuri ?
neque enim Itcet im'
ferttiam excafari ,
neque ad ignoran-
îiam conftigcre , ne^
que aut necejjitatis ,
aut violentiafpeciem
obtendtre : verum
fitbditus potius ait-
quis , fi modo id li-
ceat , fuis tpfius ,
quam antifies alio'
rum peccatis excu-
fandis ftiffugio hoc
tai fofjU.
Xom. I.
ACERDOCE, I^P
dans fon Evangile me rem- ribh d'un'n-
pliffent continuellement pcf- ^-5"= ^'*'-^^
prit de terreur. Car s'il vau-
droit mieux à celui qui ican-
dalife & fait tomber une ame
dans le péché , d'être jette au
fonds de la mer avec une meule
de moulin attachée au cou ; Et
fi ceux qui off en fient U confidence
de leurs frères , pèchent contre
JesuS-ChriST même :
Qu'an ivera-t-il à celui qui
aura caufé la perte non pas
d'une , de deux ou de trois
perlbnnes , mais de tout un
peuple ? Quels fupplices ne
méritera-t-il point pour de it
grands crimes ? Car il n'y a
point lieu de s'excnfer en cet-
te rencontre fur l'incapacité,
ni fur l'ignorance, ni la né-
ce flîté ou la violence qu'on
lui a faite pour l'élever à l'E-
pilcopat. Un particulier pour-
roit fe fcrvir en de certaines
rencontres de cette excufe
pour couvrir les fautes , mais
un Evéque ne le peut pas
même pour fc difculper des
fautes de ceux qui lui fonc
fournis.
Bbb
lîio.
Excellentes
«ju alites re-
quifes dans
un Prêtre.
iTtr.
Précaution
avec laquelle
un Pafteur
doit vivre.
J70 Des Livr
Il ne s'agit pas ici de con-
duire des foldats, ou de gou-
verner un royaume , mais
d'une fonâion qui demande
une vertu anoelique pour
être bien adminiihée. Car
lame d'un Prêtre doit être
plus pure que les rayons du
lûleil.
Si ceux qui habitent les
deferts , qui (ont éloignés des
villes 5 des lieux publics ,
& des tumultes du monde j
qui vivent dans le repos , la
liberté & l'affurance de la fo-
litude , ne le fient pas abfo-
lument à une vie fi peu ex-
pofée aux dangers du fiecle ,
mais fc fortifient encore de
plufieurs autres recours contre
le péché : Quel ei-brt un
Prêtre ne doit- il point faire
fur lui-même , & quelle pré-
caution ne doit-il point ap-
porter , pour préferver Ton
ame de toute forte d'impure-
té , & pour y conferver en
fon entier fa beauté fpirituei-
le ," fans en laiifer ternir l'é-
clat par la moindre tache ?
Car il eft fans doute que l'm-
tegrité de la vie d'un Pafteur
cft encore bien plus néceflaire
que celle d'un Solitaire i &
qu'il cft expofé à bien plus
E S
Neque tjolii hîc
res ej} de ducendis
militibus , aut de re-
gno gubernando , fed
defnfiClione qH£ an-
gelica virtute indU
get : etenim facet"
dotis animum folari-
lus r a dit s fur tore m
ejje oportet.
Si qui eremum itt'
habitant , qmque
procul tum ab nrbe ,
tum àforo tum à tU'
mtilubui illinc enaf-
centihui fecmi Ube-
rique vivunt, déni-
que qui perpétua par-
tus tranquillitaieper-
fruuntur , toto ttt£
illius pr£Jtdio fide»
re nolunt , qutnimo
infinitas quoque ad"
dioit a'ias ctij^odias
. . , quantam putas
facerdoîem pr^tflar»
debere tum vim, tum
potenttam , ut ar,i-
mam fuam ipfius ab
omni vendicet fccdi-
tate 5 uî fpiritualem
pulcritudinem iIU"
fam ai que incolumem
Jervet ? Etenim mul-
t^o ma'fcr vit£ inte-
gritai huicj quàm il"
i
DU S
Us ttète/faria ejl. Cui
porro integritas ma-
jor neccjjaria ej} , hic
cerù pluribus cjuàm
illi itcUm cajîbm ob-
noxius ejje cogiiur ,
qM eum confpurcare
fojjunt , ntjt conti-
nentem fobrietatem
ac vehemens aimo-
dum Jluàium adhi^
hem , animum im-
pervium impetietra-
èilemque prajliierit.
Talent qutdem ,
tantamque Epifcopo
popHli re^endt cura
molcfiiam difjxculta-
temque ajfert. Quod
fi exawinare ea quis
volet 3 qu^illum pr<€-
flare er<^a Deum
cportet : qu£ dixi ,
pr£ illii nihil prorfus
eJJe comperiet ^ tant
iagens^taw folicitum i
tant exaélum eajlH'
dium requiriint. Ettm
emm qui pro civita-
te tota j quid dico ci-
vitale ? imo veropro
univerfo terrarum
orbe le^atus interce-
dity deprecatorque e^
apud Deum, ut homi-
vum emnitim y non
ACERDOCE. 171
d'accidens & de dangers qui
le peuvent perdre , fi vivant
dans la fobiicté & la conti-
nence , & dans une ferveinr
& une vigilance continuelle,
il ne rende (on ame impé-
nétrable aux traits du péché.
Le foin que doit prendre iriî.
unPafteurpoUr gouverner ie Qtielie dok
troupeau qui Im a été corn- f^trela f.iii)te-
mis , eft accompagné de tartt ^^ ^'"'^ ^'*'^'
de difficultés & de tant de ^"*
peines, qu'il n'eft pas pofiTible
de repréfenter ici avec com-
bien de zélé , d'exaditude &
de vigilance il doit s'acquitter
de les fondions. Lui qui eft
rarabaflfadeur de Dieu tout-
puifîant , non pour une feule
ville, maispour toute la terre :
lui qui eft établi afin de prier
& d'intercéder pour les pé-
chez de tous les hommes , &
non feulement de ceux qui Contre les
font vivans, mais même de HmV/j.^e/.
ccu\ qui font morts. Quel ne
doit donc point être un tel
homme ? Et en effet il doit
autant exceller au deffus de
Bbb ij
Contre Ici
îîcrcti^ttes-
5:72 Des Li V
ceiix pour leTquels il prie ,
qu'un Prince eft élevé au
deifus de ceux qui lui font
foiîmis. Que fi outre cela l'on
confidére que c'eft lui qui
après avoir invo,qué le Saint
Efprit , accomplit ce facrifi'
ce C\ digne de vénération &
dont on n'approche qu'avec
tremblement , & qu'il tient
iî long temps entre les mains
le Maiftre & le Seigneur de
tous les hommes , je vous
demande, quelle pureté Ton
doit exiger de lui ? quelle
pieté il doit avoir ? qu'elles
doivent être les mains qui
font employées à un fi divin
miniièére ? quelle la langue
qui profère ces paroles lain-
tes ? & fi l'ame qui eft par-
ticipante de ce divin Efprit
ne doit pas furpaflèr en pu-
reté & en faintetc , tout ce
qu'il y a de plus pur & de
plus faint parmi toutes les
créatures ? Durant que le Prê-
tre facrifie , les Anges y afii-
Itent aufli avec lui. Tout le
Sanduaire retentit de leurs
acclamations ; & l'enceinte
de l'autel eft toute remplie
du chœur de ces puiiTances
celeftes, qui s'y aflemblent
povjr rendre honneur à celui
qui y repofe. Ce que la coii-
R ES
viveniium mocto ^fei
etiam mortuorumpec
catis propitim fiât :
(jualem quafo ejje
oportet ? . . . porro
illtim ipfum oportet
tanto omnibus in re-
bui Us prtejlare , pro
qui bus in ter ce dit ,
quanta par efi ut fub-
ditospr<efeCliiS exceU
lut. Quum autem ille,
^ fpiritumjanélum
invocaverit , facrifi.
ciumque illud honore
ac reverentiapleniffi-
mum perfecerit, corn'
muni omnium Dno
manibus ajjiduè pér-
ira fiato : qttttro ex te:
quoto illum in crdine
coUocabimus : QH^an~
tum autem ah eo inte-
gritatem exigemus ?
Quâtam r"^''^">ner)i ?
Confideraenimqtt, 'es
manus h£c admint-
firantes eJJe pporteat ,
qualem lingaam^ quz
verba illa e^undat ,
qua denique re non
puriorem/anfiiorem'
ve eJJe coiiveniat a ni»
mam, qu£ tantum il-
lam tamque dignum
Spirilt*m reçe^em ?
D U
VeridtempUi^ An-
^^elifacerdoti afjUenti
CT* c<elepiMm potefla-
tum univerfui ordo
clamores excitât , C7*
locus ait art vicinus
tn illius honorent qui
immolatur , Angelo"
rum choris plenus ejl.
Idquodcredereabun-
de licet vel ex tanio
illofacrificioquod tû
peragitHr. E^o veto
& commemorantem
olimquewdam audi-
vi, cum diceretfenem
quemdam virum ad-
vnrahilcmj ac cui re-
Velationum myOeria
tnulta diviniius fuif-
fent deteSla^Jibi nar-
rajje , fe tait olim vi-
fione dfgnmnfyaùitum
à Deo ejje,acper illud
tempus derepente An-
gelorum multitudi-
nem confpexiJJeÇqua-
tenus afpeélus huma-
nus ferre poterat) can-
didii vejlièus induto-
rum , altare ipfum
circumdantium : de-
nique/îc capite incli-
natorum , ut fi quis
milites pr^fente rege
fiantes videat. là
Sacerdoce. ^73
noilïànce que nous avons
de la grandeur &de la dignité
de ce facrifice (ufiic-elle pour
nous faire croire : Mais ou-
tre cela j'ay autiefois oiii-di-
re à une perfonne , qu'un
vieillard qui étoit un hom-
me admirable , à qui Dieu
avoit accoutumé de révéler
pluficurs chofès mervejlleu fes
dans Çqs vifions ^lui avoic
dit que durant ijpemps du
facrifice il avoit eu le bon-
heur de voir, autant que des
yeux mortels en font capables^
une multitude d'Anges re-
vêtus de robes blanches &
éclatantes , environner le
fafnt Autel 5 en baillant leurs
têtes pour marque d'honneur
& de révérence , ainfi que
font des foldats qui font en
piéfence de leur Roy. Ce
que je n'ay pas de peine à
croire. Un autre m'a auffi
raconté une chofe qu'il avoir
fçûë, non par le rapport d'au-
trui j mais parce que Dieu
avoit daigné la lui faire voir ,
& lui faire entendre à lui-
même j qui eft que fi ceux
qui font prêts à (ortir du mon-
de ont participé à fes myfte-
res avec une confcience pure,
les Anges les environnent Contre l
comme "des gardes fidelles , Birétï^utu
fuaieo. IiemÇp" alitis
quidam mihi narra-
vit , non ille quidem
ah alto eàoélui , fid
Pafteur a be
^74 Des Livres
loiTqu'ils (ont piéts de ren- quod facile mlhî per
dre l'erprit , & enlèvent leur
ame après leur mort, à cau-
fe de l'ifuchariftie qu'ils ont
leçûë.
dignui habitus , quid ^v'tdi(]etipfe Z^ audiffet^quodqui
de Ziita hac emtgratun fuiit , fi myfteriorum hujufmodi
cttm pura ac nrnnda confiientia fuerint participes fpiritum
effiAturit ah Angelis Uiorum corpora fatellitum more fit-
pantibus , proptef aJJ'umpttim tllud facrum bine reùa in
ç£lum ah^àcuntur»
ï 1 1 3 . Le Vwkm ne doit pas feu-
Extiêraepru- lement être pur & net de
toute tache 5 pour être digne
de s'employer à des mylié-
res fi relevés ; mais il faut ou-
tre cela qu'il foit prudent,
qu'il ait l'expérience d'une
infinité de chofes , qu'il foit
orné de fcience & qu'il con-
noilTe tout ce qui regarde le
monde aufifi-bien que ceux
qui y font le pins engages.
Il faut encore qu'il ait acquis
une telle force d'ame , qu'il
ne vive pas avec moins de
fureté au milieu du monde ,
que les folitaires fur leurs
montagnes & dans le fond de
leurs deierts. Car comme il a
tous les jours à converfer
avec toutes fortes de perfon-
nes ,• avec ceux qui ont des
femmes, des cnfans , & des
ferviteurs : avec les riches i
avec les gens qui font dans
Kon [ûlùmficut di"
xi ipurum mundunt'
que facerdotem tjje
oporietjUt qui tait rui"
nifierio dsgnus habt-
tus fit , fed etiam tm-
primis prudentem ,
atqueadeo muUarum
rerum experiemia in-
firuélum ornatumqi
in tantum ut fecula'
ria mundanaqiie cm-
nia mhilominus nof-
cat , quàm norunt ii
qui in média bomi-
num turba verfantur:
rursùs rerum omnium
mundanarumfecurier
vivat i quàm lAona-
chi ii qui montes ipfifS
habit andos occupa-
runt. Nam cùmillum
necejje fit eorum lu)
minum cenfuetudius
accongreffttne uti^qui
D U
libères alunt, Z9' fer»
Vos f^ojjident : quique
CP'dwites admodùm
fttnt, QP' publiée ne-
gociantur i Z^poten-
tiâpoUem, cette va-
rium ejfe convenu.
Vartutn autem dico ,
nonfubdolum,non <a-
dulatorem , non d/JJÏ.
tnulatorem , fed ma-
gna ium Itbertate ,
tum fidncia plénum ,
ac qui ex refcfefum-
mittere , atque ohfe-
cundarefctat,quoties
negotiorum ufuspojïu-
Uty quiqi idtm béni»
gnus fit CT* au/ferus.
Monachorum cer-
Umen ingens ^ ac la-
hor muliMs eji. Ve-
rum fi conferre quis
volet , inflituti ilUus
[adores . cum rcCle
*idminiJJrato facer-
dotio j certe tantum
eJJ'e inter illa duo dif-
crimen comperiet ,
quantum ejf priva-
tum inter CP" re<rem
intervallum.
Gloriam in primis
cotitemnere eurn opor-
Ut , qm in padium
SACERDOCn. yjf
un grand commerce ; avec
les perfonnes piiiirantes j il
eft néceiraire qu'il puilic con-
venir & s'accommoder avec
tous ; & quand je dis conve-
nir & s'accommoder , je n'en'»
tens pas qu'il doive ufcr d'ar-
tifices , de difllmulations , de
complaifanccs & de flateries :
mais plutôt qu'il doit agir
avec une grande confiance &
beaucoup de liberté ; & être
capable d'avoir de la condef-
cendance en de certaines ren-
contres , & autant que l'e-
xige la néceflité des affaires
qu'il a à traiter, fçachant en-
tremêler dans fa conduite la
févérité avec la douceur.
Il eft vrai que les Moines 1114.
ont de grands travaux & de Excellence
rudes combats à foutenir 5 ^;c travaux de
mais fi l'on veut mettre en ''^P'^-op«
compara>fon I" peines des S^V-uft!
lolitaires , avec les travaux ligieux.
du miniftére Epifcopal, on n'y
trouvera pas moins de diffé-
rence qu'il y en a entre un
homme privé & un Roi,
Celui qui penfe à entrer 'mj'.
dans les fondions facerdota- Un bon Re-
les , doit avant toutes chofes ligieux udï
un bon
que.
^76 Des Livré
pas toujours méprifer la gloire du monde ,
capabled'ètre furmonter les mouvemens de
^^'^* la colère , & avoir beaucoup
de difcrecion & de prudence.
Mais ceux qui embrailcnt la
vie folitaire , n'ont pas de
femblables exercices à fe pro-
pofer. Comme ils ne trou-
vent guéres de gens en leur
chemin qui leur donnent (ujet
de colère , ils n'ont pas auiïl
de matière pour s'exercer à
réprimer cette pafTion : &
comme d'ailleurs ils n'ont
pcrfonne qui fe mette en pei-
ne de les Ihtter & de les
loiicr , ils n'ont aufli nulle oc-,
cslion de rejetter les applau-
diHemens & les louanges. Et
c'eft pour cela que les foli-
taires n'ont guéres lieu d'ac-
quérir cette prudence fi né-
ccflaire pour pouvoir bien
adminiftrer les chofes de TE-
gli{e : De forte que lorfqu'-
ils font expofés a des com-
bats, dans lefquels ils n'ont
auparavant acquis nulle ex-
périence , ils fe trouvent
bientôt furpris , ils font fou-
vent de faulfes démarches ,
& au lieu de faire de nou-
veaux progrès dans la vertu ,
ils perdent fouvent en fort
peu de temps le fruit qu'ils
avoient amaHé avant qu'ils
ijïud decertaturui
de fc en dit y iram fupe-
rare , ac maita pro-
Vidintia ahundure,
Huic autem qui fo'.i-
tariam •citam ampk'
élitur, uhUus prorfus
exercttationis cam~
pHS propûfitits eji.
Nam neqi irritant i s
hahet/mhltos , ut hac
rations meditetur ac
fe exerceat m coer-
cenda animi excan-
defcentia ; Tfeq-^ rur-
fuspalpatores app'an-
farefque ut hac itèm
raiiofie pûpularem cm-
ram refpuere difcat.
Pro^terea hoc horr.i'
num genus non ad-
modum laborant eam
fibi parare antmi
prudentiam , quam
Ecclejlt adminij}ra^
tio requirit y qtto j\t
ut cum in ea certami..
fia defcenderint quo-
rum nullum anteà fe-
cerint periculum, /;<«-
reant ipfî, hallucinen-
tur^ atqi adeo prêter»
qtiàm qitod ad viv'
tutem pTogreffionem
nmiam faciuut , eas
«tiitm dotes quas fii-
ium
DU
<r«w amîerant , pie-
TÎque plerumque de-
perdant.
Non pûteft Anti-
pei qui gregts uni-
Verfi curam Jfufciplï ,
viris tàntum curan-
dis operam dare ^mu"
lUrum autem curjm
vegli^ere ; qua in
parte magna profeCio
cpus efi providantia \
quod facile a.d pec'
candum qui/que pr9-
clivii fit î fed illum
eportet eut admini-
Jiranditi Epi/copatus
forte obvenerit , prb
illarum falute , fi non
majorem t at parent
certè curam jîiidium-
Sacerdoce: v^r
fulVent entrés dans ce Miai-
ftére.
Le Pafteur qui eft chargé
de la conduite de toute une
Eglife , n'cû pas moins obli-
gé de prendre foin du falut
des femmes que de celui des
hommes. Mais il elt nécef-
fair£ d'en uler en cela avec
une extrême circonfpedion,
à caufe de la pente naturelle
que chacun a au péché. Ce-
pendant celui qui eft charge
de l'adminiftration d'une- Ë-
glife , doit Confidérerle falut
des femmes comme l'un de
fes principaux (bins. Car il
les doit vifiter quand elles
font malades , les confolec
quand elles font affligées, les
reprendre quand cWqs vivent
dans la négligence de leur
falut , les aider quand elles
gente$ ^ ZP" tncrepare ^ont foibles : Or le démon
peut trouver dans l'exercice
de ces fonctions plufieurs ou-
vertures pour infînuer fon ve-
nin dans la'Tie, fi l'on n'a
un foin tiès-exaél .de le for-
tifier avec la dernière précau-
tion contre fa mahcc. Car la
v.iië d'une impudique n'eft pas
feulement à craiodre , mais,
celle même d'une honnçte
femme eu dangereufe. A
Précaution
nccedaire an
Paileur dan*
la conduice
des femmes»
que impendere. Nam
CT* eai i/ivifere £gro'
t-antes , Z7'fi>Iart lu-
languentes , C aaju-
fjare ajjiiCiai oporiet :
qu<e omnia dumfiitnt^
flurei irrumpendi adi-
tus d,£mon invenire
potep y ntfiexaéJ.'JJî.
wa quiîac mttmtijjî'
tna cufiodiâ fe valla-
verit. Q^ippè ani-
sinum ipfum ferit as
SQïïlXnoiet non inu
Tom. l,
f f î D E s L I y
quoi l'on peut ajouter le
- péril des Batteries qui nous
amoliflent , & des honneurs
qui nous captivent ; outre que
la ferveur de la charité qui
par elle-même eft la caufe
de tout le bien que Ton fait ,
devient la caufe de toute
ibrte de maux, à ceux qui
ne fçavent pas en bien uicr.
ÏIT7, Souvent les moindres d'en-
Médifances tre le peuple & xeuxquifont
âc plaintes les plus imprudens blâment
quelePafteur ^^ prélat, & comme le vul-
^uysn "' * gaire n'a pas pour la plupart
^ grand jugement , ils fe plai-
gnent à toute heure & affés
légèrement de leur Pafteur j
de forte qu'il a bien de la
peine avec toutes les excufes
qu'il peut alléguer à leur
faire entendre raifon. Ce-
pendant quand il eit bon &
charitable, il ne doit pas mê-
tne mépriier ces fortes de
gens j mais travailler avec
beaucoup d'humanité & de
douceur à dilTiper ces faux
bruits y il doit pardonner
l'-injuftice avec laquelle on
î'^ccufe ; & en effacer de
fon cœur jufqu'au moindre
feffentiment»
RE s
pitdica tanttimfecie^
ttampudtcie muUens
çculus : pr<etereà O*
palpationes emolltunt^
CT* honores manci-
pah. Etfimul chari"
tas fervens , eadem
bonorum omninm até»
tor 5 ils qui reélè e4
nefciunt uti, malorum
omnium autorfit.
In Epifcopum te-
nuiores etiam homi^
ms CT* imprudentes ,
incufationes inten"
dunt i quighominum
pars cum reÛo animi
fenfu ac judicto ca^
reant y conqueriatq;
expojlulare nunquàm
cejjant 5 excufationet
quibus te defendas j
haud facile admit"
tentes. Porro cr An-'
tijlitem qui bonus fit j>
oportet ne tjîos qui"
dem contemptui ha-*
bere , fd multa cum
hunianitate t facili"
tate , comitate , ow-
nium criminationes
dilftere, injuflas pO"
iius accufationes con^
donantem , quàm oh
e'as (tgrè ferentem
tttQfte Jwcenfentem»
DU SACÎRDOCft' rrf
Summum faiium Le Pafteur doit apporter T 1 1 8.
un grand foin non feulement Prévenir pat
à effacer la mauvaife opi- "°"/ . ^°'^"=
, 11- 1 „* 1^ conduite tous
mon qu on a de lui , ^^^s le j^^ foupç^ns
moment qu'on l'a conçue j& qu-^^ pour-
fhm , fed c?* i>rocul même par fa prévoyance aller rok former
unie erumperc pojfnt au devant des caufes dont contre nous.
profpiciamui ; atque elle peut venir , afin de dé-
truire CCS imprefTions defa-
vantageufes avant qu'elles
puiflent naître : Et il ne faut
pas attendre qu'elles foienc
formées , qu elles fe foient
répandues dans le public , &
qu'elles éclatent dans la bou-
che de tout le monde : Par-
ce que fi l'on attend fi tard i
Ton aura grand peine à les
effacer , ou plutôt quelque
foin que l'on en prenne , on
ne le pourra plus faire : &
quoiqu'il en arrive , il ea
reftera toujours le mal d'avoir
blefie durant quelque temps
là confcience de plufieurs
perfonnes.
Je ne puis me perfuader iiif.
que celui qui n'aura jamais G'j^-^'^^'^'^^-
feri poffe , qui pro rien fait pour le falut de Ion ^"^^r" ^"
falute proximi nihil prochain , puilfe ^tre fauve j "^ ''^
Uboris impenderit j quand je vois dans l'Evangile
que ce malheureux ferviteur
ne le put pas être pour avoir
confervé en fon entier , le
talent qui lui avoit été con-
fié i mais qu'au contraire il
Ccc ij
■ 0idhthendum eji , ut
tnalas opimoncs non
Jolùm dum erumpunt,
divellamus CT* arcea-
àdeb caufas ipfas e
quihHS enafcamur \
longo ante tempore
ferimamusy non vero
dum coalefcant CT* in
SJul^i ore verfentur
expedemtts. Tum e-
nim haud proclive
fuerit iUas delere,fed
admodàm dtjjîcile :
fdrtajje etiam nulU
eas arte tum extin-
guère valeas ; neque
ZJerotHm res noxaca-
reat,proptereà qisod
hoc ipfum fiât , quo
tempore muhortl conf-
cientiam jam Uferis,
Non mihi fuadeo
falvum quempiam
^uum neque mijêrum
itlum qutcquam ju*
terit i talent amfiU
traditum non immi-
p0ijfe S m9 bas ilU
o
çSo
Des Livres
fut damne pour cela feul , de
nti l'avoir point augmenté &
fait profiter : Cependant je
crois que je ferai bien moins
puni, pour avoir manqué à
contribuer au falut des au-
tres , que ù je m'étois perdu
moi- même avec eux , ik de-
venant pire & plus criminel
que je n'étois , pour m'étre
chargé dç la fubiime digni-
té du Sacerdoce. Car alors
)e ne mériterai pas feule-
ment une double peine, mais
je m'expoferai à des châti-
ipens d'autant plus grands ,
que j'en aurai par cela feul
fait périr plufieurs ; & qu'a-
près avoir reçu de Dieu un
J(ï grand honneur, je ne m'en
ferai fervi que pour foifenier
plus grièvement. Et en effet
nous voyons dans un Pro-
phète que Dieu marque 1^
gravité des péchez des Ifraë^
lites , en ce qu ils les avoient
commis aprçs avoir reçu
de lui de grandes faveurs :
^e vous ai choifrs ÇP* honorés j
leur dit-il , entre tous les f>eu»
fUs de U terre ; c'c/? pourquoi
je vangerai fur vous toutes vos
impietés. Et ailleurs ; }^ai pris
de vos enfans tour être Prophè-
tes g Cr parmi vos jeunes gens ,
fen ai ^ouIh choi/ir qui fujjènp
nomine pertit y ^uod
i ludnon auxijjet.re-
rumtamen levius mi"
hi fuppUcium adfore
putoy accufato cur C?*
alios tpfe non ferva^
Verim , <juàm Jl CT'
me una item cum illis
perdiderimytanta ijla
facerdotii dignitate
fufcepta , longe tpfe
deterior fceleratiorq;
effeSlus. ,.tuncenim
mefanepanampende*
re oportebit » non du'
plam,fed longe mttlto
graviorem , hoc tpfo
quodfimul plures U'
fèrim, Jîmulpofî ma-
jorem honorem acce-
ptum^Deum optimum
qui me honore illo di"
gnatus fuerit» offen-
derim. Froptereà o
nim Deus Jfraélitas
accufans , ob hanc
caufam ojiendit ma-
joriillosfana digno^^
quod peccaverint poji
honores ab tpfo acce^
/'fw: Atqui vosco-
gnovicx omnibus
terrse Tribubus ,
proptçreà vindica-
bo in vos impieta*
DU s ACER fi oc É." ^St
ffwrAffumpfi ex fi- particulièrement confacres à mon
Dieu voulant aufli
Mis veHris qui ef-
fent Prophète , i-
temq*, ex adolef-
centibus vcfiris
qui m ihi fanai ef-
fent... Et voient 0-
Jïandere , hominum
peccata longe majori
fuppUcio expiari dum
à facerdotibus quntn
dum à privatis fittnt ,
mandat ut tantum-
dem prof^cerdotihus,
quantum pro untterfo
populo facrificium of-
feratur.Quod quidem
quid altud fignat ,
quàm facerdotis vhI-
nera majori medica-
mento atque auxilio
indigere , atqtte adel)
tanto^quanto confun-
Oajîmul univerjî po-
fulivulnera indigent.
Porro majori nequa»
quam indigerent , ni-
fi ea gravtoraforent,
Atqui graviora certe
fiunt , non natura ip-
fa »fed facerdotis qui
ea comm/ferity condi'
tione ac dtgnitate.
Inanis glorite ait'
menta funt laudes
fttquç honores : con*
fervice.
faire voir que \(is péchés des
Prêtres étoient expiés avec
plus de peine, que ceux des
particuliers , il ordonne dans
la loi , qu'où lui offre en fa-
crifice autant pour les Piètres
iculs , que pour tout le peu-
ple : Pour nous marquer que
les péchés des Prêtres avoient
befoin d'un plus fort remède
que ceux des autres j & mê-
me qui ne fût pas moindre
pour leurs feuls péchés , que
pour tous les péchés du peu-
ple joints enfemble. Or leurs
péchés n'auroient pas befoiri
d'un plus fort remède que
ceux d'un particulier , s'ils
n'éioient véritablement plu»
grands : & ils font tels , non
pas tant par leur nature ^ que
par le caradere & la dignité
de celui qui les commet.
II 20.
Eviter ce
Les loiiangcs & les hos^
neurs font les alimens de la qui foments
vaine gloire. La grandeur , le vice.
Çcc iij
5S2 Des Livre
la puiffance & 1 impunité le
font de l'arrogance : La ré-
putation du prochain , l'eft
de l'envie : La libéralité de
ceux qui donnent , l'eft de
l'avarice : Les délices & la
familiarité avec les femmes ,
le font de l'intempérance.
'iiir# Dans le moment que vous
Humble me fites connoiître quel eftle
fl'^'"' vT P"^"^^ tlel'Epifcopat , peu s'en
p'oche^del'E"^^^"^ 51"''! "^ le fift en moi
pifcopat» ""^ diliolution du corps &
de l'ame , tant mon cfprit
fut fajfî d'épouvante & de
douleur. Car faifant alors ré-
flexion en moi-même fur la
gloire , la famteté , la beauté
fpirituelîe , Héclat & la fagef-
fe de l'Epoufe fàcrée de JE-
SUS-CHRIST i& de l'autre
confîdérant les défauts & les
miféres de mon ame, je ne
ceflbis de fondre en larmes ,
& de déplorer mes maux &
les fiens j En me difant à
moi-même ces paroles dans
l'amertume & l'angoifle où
mon cœur étoit plongé :
Quel peut avoir été l'auteur
d'un fi malheureux confeil ?
Quel mal a fait l'Eglife de
Dieu pour ntériter un tel châ-
timent ? Et qu'eft-ce qui peut
avoir attire fur elle cetce
tumaciJt y potentU ,
atque adeo licentU
magnitttdo : inviàeti'
liée , aliéna fam£ ce-
Ubritas : avaritU
largienùum libérait"
tas : inumperantU 9
delicU atque ajjïdui
mulierum congrefsm,
Ab eo ipfo die qu»
tute mihi Epifcopatui
fufpicionem hanc in-
jecijii , faflum eji
idem idem , ut corpus
hoc ab anima prope-
moditm dijjolveretur :
tàm tngem pavor y
tàm ingens mœptia
animum meum occu»
pavit» Nam cum 4-
pud me (onfiderarem
Chrijii fponftg gU"
riam ,fanŒmontamy
venufîatem fpiritua»
lem , prudentiam y
ornatum ; tiim ver 9
animi met vitia eX"
penderem , fiebat ut
affiduis y t(*m illam y
tàm etiam me gémi»
tibus Ifdlibufq» profC'
querer. Quo m animi
angore doloreque dum
verfareryfnfce memet
verbis conveniebam.
DU
fus atitor fuit } Qjitâ
Tandem tantùm pec-
eavit Bei EccUJïa >
Qu^nam tanta res
tffiHi Ecde/ia Dnm
excitavit induxitque^
ut tllam tanto citm
fjui dedecore milri
mortalium omnium
i^nominiofilJîmo re-
gendam trader et ?
Si liceret corpore
hoc exuto , aut unà
etiam cum corpore
ferfpicue atqtse intré-
pide univerfam illiui
aciem bellumque con-
tra nos inprucJum
ip/îs oculii coram tn-
tueri y videres mi-
que non fangmnii
torrentes , ne<^ue cor'
fora Jkmortua , fed
émimarnm lapfus tàm
inultos-, fedvulnera
fie gravia , ut ttbi
ftatim belli untverfa
illa piClura qttam
modo expYefft j pue-
Torum deleiîamenta y
C7' ludicrum pottus
quàm hélium videri
pofjtt : tàm multi
fertè ac fréquentes
u funt qui tn dits
finguUs fsrinntur •
Sacerï>ocb; f83i
marque de l'indignation di-
vine , de l'avoir abandonnée
pour fa honte & pour fon
malheur, à la conduite du
plus indigne de tous ks
hommes f
Si étant dépoiiillés de ce jiîz^
corps mortel, ou même du- image terrî-r
rant que notre ame y ci\ en- bledesblcflu*
core attachée, nous pouvions res, bc de las
voir de nos yeux clairement ^^^^^ ^" *'
& fans en êcre troublés de "^"'
crainte, l'appareil fî terrible,
& les effets fi funeftes de la
cruelle guerre que le démon
livre continuellement a l'E-^
glife , nous verrions, non pas
des fleuves de fang couler fur
la terre comme dans les com-
bats des hommes-, ni de«
montagnes de corps morts j
mais une infinité de chutes
d'ames , & de bleifurcs fi pro-
fondes & fi mortelles , que
la vûë de la plus fanglante
bataille , ne nous paroîtroic
qu'une peinture & qu'un jeu
d'enfant , en comparaifon de
ce carnage Ipirituel. Et ea
effet, il fe rencontre tous les
jours ua nombre infini de
Çcc iii)
'5 ^4 Ves Livres
perfonnes qui font frappées quorum Vulnera non
àt cette forte, & dont les blef-
fures caufent des genres de
morts bien difFerens. Et au-
tant qu'il y a de différence en-
tre lame & le corps , autant
y en a-t-il entre la mort fpi-
rituelle & la temporelle.
Quand Tame ayant été bief-
fée vient à tomber , elle de-
meure dans le corps toute lan-
guiilante & toute abbatuë >
& comme plongée dans la cor-
ruption d'une confcience qui
commence dès à prêtent Ion
tourment ; mais iorfqu'étant
réparée de ce corps mortel ,
elle comparoitra au jugement
<ie Ion Dieu, ce fera alors
qu'elle fera livrée à des fup-
- plices éternels. Que fi main-
tenant il y en a qui ne fentent
point les playes que leur font
\ts traits du démon > il ne faut
pas douter que leurs m:ux
ne s'accroiffent encore par
leur ftupidité & leur indo-
lence. Et en eftet quand on
eft infenfible à une première
bleflure , on ne fait guéres
d'efforts pour en éviter une
féconde i & après la féconde
une troifieme. Car il faut
fçavoir que ce cruel ennemi
ne ceffe jamais de frapper
jufqu'au dernier foupir, une
tdem mortts genut
pariunt : feà (.ptan^
tum inter fe diffident
anima atque corpus ,
tantum ejï cerlè inter
mortem hanc atque
illum difcrimen.Nam
quoties flagam ani-
ma accipit , eandem"
que cadit , htc pro-
ftrala qui de m jaiet
maU jam confuen-
tix cruciatucoiitabef-
cens , poPeà vero
quamfeparata à cot'
porehinc emigrarit ^
per juduii [\k> tem»
pus (tterno critcian"
da fupplnio traditur.
Quod fi quts exijlet
qui di aboli plagas
non perfentiéU , ni-
mirùm tllius morhus
ex eà indolenûa in»
gravefcit, Quemcum'
que enim plaga una
infiiHa non mordet ,
neque attnjlat , ii
cette facile CT* ahe-
ram exiipit. Itemque
CT* hac accepta ter"
tiam. Neque enim
intermittit ad extrf
mum ufque fpiritum
feriem vefartHi ille »
DU s
quôltes invertit ani-
mam fupinamy prio-
refque plaças contem-
nentem : qtti fi O*
congrejfm modum
«xpendere velts^ hune
Vero longe acrtorem 5
ac magii diverfum
compenes*
Advenus diahcUm
dimicanli nuncjuàm
ticet arma ipfa pone"
re 5 fomnumve ullum
taper e , GT* pr^ftrtim
qui perpétua invul-
nerami pr<£lio exce-
dere volet. Ex duo-
hus enim necefîario
alterum cûnfequitur,
ut aut cadat quis ac
fereat armis fpolia-
tus 5 aut continenter
vigilet 5 armatufque
fiet. Siquidem tlle
Continenter cum fua
ipfius acte fiât, focor-
dtas nojiras obfer'
vans , ac majus qui-
dem afferens fludium
ad nojlram interne'
cionem , quant ad no*
firam ipfi nosfalutem
cjferamus.
In hoc campa va-
înifli nqs Chripmt*
VisiUnce
ACBRDOCE. 5gf
ame qu'il trouve dans la né-
gligence, & dans rinfenfîbi-
lité de (es premières bleiFu-
res. Qiie fi l'on veut exami-
ner ici quels font les combats
qu'il livre aux hommes , oa
en trouvera d'une infinité
d'efpéccs , & tous plus vio-
lens & plus dangereux les
uns que les autres.
Ceux qui combattent con-
tre le démon, ne doivent ja-
mais pofer les armes , ni mé- ^°""^ ^* ^^'
me durant le fommcil , s'ils ^°^'
veulent fortir fans bleflures
de ces combats. Car fi nous
ne veillons fans ceffe, & fi
nous n'avons toujours les ar-
mes à la main , il eft indu-
bitable que nous ferons percés
& bleflTés à mort par cet enne-
mi qui n'étant jamais defar-
mé, nous obferve continuel-
lement pour prendre le temps
que nous ne nous tiendrons
pas fur nos gardes , & que
nous nous ferons endormis
dans la négligence & dans h
parcfle. Car il a plus de foin
de nous perdre , que nous
n'en avons nous mêmes de
nous iauver.
Faire Capitaines des fol- iiî^»
glile.
^t6 Dzs Liv
aignes , per- ceux qui font incapables de
rideuxàr£. Jes bien conduire j n'eft-cepas
plût6t les faire capitaines des
foldats du diable ? Car quand
celui qui doit ranger en ba-
taille les foldats fpirituels de
J E S U S - C H R I S T , les ar-
mer & les faire combattre ,
cft le plus foible & le plus
incapable de tous , il eft vrai
de dire qu'il livre à fon en-
nemi ceux qui avoient été
commis à fa foi-, & qu'ainfî
il fait plutôt la fonâion de
capitaine pour le fervice du
démon , que pour celui d€
JESUS-CHRIST.
REt
Uttbui duees e/fe f
hoc ipfum vero ^uiâ
alitià ero.t , quant
diabolo fotiifs dtices
^ff^ ' Q«t*m enim is
qui cateros débet tùm
in ordines pariiri y
tùm mtUtarihui ar-
mis injîruere , ow*
vium Jlmttl infirmif-
Jîmus 3 jîmulimperi»
tijjtmus fuerit , fit
nimirùm ttt fu<e fidei
créditas prodat , €3*
dtaholo magis quant
Chnjfo diécem aga9.
DES LIVRES
de la
COMPONCTION DU C(EUR.
1 1 2 ^ y E temps de la vie préfen-
Déreglement L^g ^ ^ ^^ remolit de tant
?e fa^'ia;" t ^e maux. & comblée de tant
«ies chré- de crimes , cit un temps de
licnj, larmes & d'affliâion. Et en
eiFct quiconque voudra exa-
miner plus particulièrement
tous ces defordres , fî toute-
fois cela eft poflîble , il ne
pourra jamais reteair les
Lib. I. de com-
punft. cordis. L«*«.
gendum efl prafentis
viu tempus in quo
tantam maiorttm la-
bem» tantaque quoti»
die videtntis flagitia
cumulari : qtta/îve"
lis accurate conjîde-
rare pet fingulaifi'.
De la Componctiom du coeur, Çgy
guident accuratè id pleurs. Car toutes chofes font
ficriqueatynunqttàm en ce monde dans une telle
poteris à lachrymis confufion , & dans un fi grand
temperare. Sic enim dérèglement , qu'il n'y pa-
cmnia confufa , fie roift prefque plus la moindre
funt cunéîa refolma , trace de vertu. Tout y eft
ut m vepigittm qui^ plein de méchanceté & de
dem virtmis tê/quam débordement : & ce qu'il y
videai : nequitia ve- â de plus déplorable , c'eft
ro er luxuria cunfla que nous ne fommes pas tou-
ejferepletaperfpiciai: chés nous-mêmes du fenti-
CT'qitodcJi infdicius ment de tous ces maux; que
fer»rgemif»m nos nous ne l'infpirons pas aux
malorum jàm necip- autres, & que nous ne les
fifenjumcapimttsynee avertiifons pas de les éviter.
aliis prdthem'nS y nec Mais nous fommes comme
tiîios monemus : fed àQS corps qui paroiiîans fains
fumm velut corpus au dehors , font remplis au
extïinfectis quidem dedans d'une corruption mor-
forens ac vegetum , telle qui les confume j & il
intrtrtfecus ver'o tabe nous arrive la même cho(e
fefjimi langmris ab- qu'aux phrénetiques ou aux
fttmptum : CT* conti- infenfés , qui après avoir dit
gitnobisqmdilhsfo' & même fait plufieurs fale-
iet y qut vel phrane- tés, & plufieurs autres cho-
fim paùuntur y vel fes très- dan gereufes , n'en ont
mente capti funt y à nulle honte , nulle crainte ,
qHibm ctm muha & nul repentir : mais au
turpU o* periculofa contraire s'en .glorifient &
vel dtcantnr , vêle- s'eftiraent plus fagcs que ceux
tiam gerantur , nec qui le font véritablement,
pHdoris tamen ait- Ainfi après avoir fait les cho-
'quid, ftec paenitudi' fes les plus contraires à la
nis capiunt : qmnimo fanté de notre ame , nous ne
C?* magnifia fibi ac nous appercevons pas même
ftpientiorfsfams vi-^ ^ue U faacé nous manque*
588 Des Liv
Si nous Tentons le moindre
mal dans quelque partie de
rotte corps , nous faifons
auflitot venir un Médecin ,
nous népargnons pas l'ar*
gent en cette rencontre , nous
obfervons exadement tout ce
qui eft néceiraire pour gué-
rir , & nous ne difcontinuons
point nos remèdes jufqu'à ce
que nous nous Tentions fou-
lages de notre mal. Mais
quanta ce qui regarde l'ame,
quoiqu'elle reçoive tous les
. jours mille blelTures , quoi-
qu'elle foit continuellement
déchirée & comme mifc en
pièces par Tes pallions char-
nelles , & que fes vices lui
caufent une infinité de ma»
ladies qui la font enfin pé-
rir, nous nous en mettons
peu en peine , & nous ne
prenons pas le moindre foin
de la préferver d'un fi grand
danger.
iii^. Quand perfonne n'eft en
Corruption fanté , & que tous fe trouvent
générale, fans malades , OU plus , ou moins ,
qui eft-ce qui fera en état de
guérir les autres , puilqu'iln'y
en a aucun qui n'ait befoin
d'être lui-même guéri ?
H17. Si quelqu'un venoit d'un
Vie de la païs aflcz éloigné pour n'a-
rcmede.
R Eâ
dentur ^ faplenùlitfl
lia ergo O* nos càm
ùmma qua fcimtali
contraria funt gera-
mus ^ ne hoc tpfum
quiàem , quoà deeji
nobisfanitas , «o&f-
mus. Etehim Jî forte
in corporePartfm ali'
qt4id mcrhi pulfave*
rit , Jlatim CT» med^'
cos ijdhiberrfus ^7" pe-
cunias profundimus )
CT* emm obfrvantia
quod competit geri"
mus : nec prius abjî-
flimus qunm qu.e mo-
le J} a funt , witi'ren»
tur : anima veto atm
quotidiè vuhieretur^
cumperfingula Unie'
tur corporeis ajfeclio"
nibus , ac vitiisura^
ttir^pricipitetur^O*
modis omnibus pereat^
ne parva qttidempro
ea nos cura follicitat.
Dttm nemo fanm
«/? 5 fed omnes lan-
gitemus , alii majore ,
alii minore ex parte ,
nemo eji qui curet :
omnes enim indigent
cura.
Si quis extrinfecm
HndiCHinqus adejjet^
De la Componction du coeur. 58^
Cf pr^ceptorum Chti-
fti ac noJ}r<e conver-
/ktionis confufionem
ac pertttrbatiouem
tideret : tiefcio an a-
iios magis uUos quam
nos inim'uoi ej]e , &
contrarias pr^scepto"
rum Chriflijudicaret :
quafi enim qui jlu-
dium quoddam ha^
huerimus contraria
in omnibus gerere
qukm tlle mandavit ,
ità viam hanc vit^e
peragimus,
Fatue & rhaca ,
quod ait , hoc ej}
quod oftendit y quià
ne levé quidem G^
minimum infratrem
collatum conpicium
relaxabitur : atqtte
oh id de levioribus
fententiam dedit
Çhrijins y ut de gra-
vioribits dubitare non
debeas.
llla diaboUca de»
C£ptio eJ} , quit hiec
ad terrorem dicit ho-
minibus fcripta , ut
refolvat divinijudi-
cii ac futur i fupplicti
metum CT* remijfiores
pos er^^çbcdientiam
voir jamais entendu parler de
nous ; & qu'apprenant ici
quelle eft la loi de J ES US-
CHRIST, il vît le dérègle-
ment dans lequel vivent les
Chreftiens ; je ne doute point
qu'il ne nous regardât com-
me les plus grands ennemis
de J E S U S-C H R I S T & les
plus oppofés à fes préceptes :
Puifqu'en effet nous vivons
comme il nous avions pris
à tache de faire en toutes
chofes le contraire de ce qu'il
a commandé.
Quand Notre Seigneur dit
que celui qui aura appelé Ion
frère, fou, fera fi févérement
puni, il nous a voulu mar-
quer, que la moindre injure
que nous lai aurons dite ne
demeurera pas impunie , &
il a parlé des moindres, afin
de nous faire juger de la pu-
nition que nous devons at-
tendre des plus grandes.
C'eft une penfée que le dia-
ble fuggére aux hommes, que
de leur faire croire que tout
ce qui eft dans les Ecritures
divines n'a été écrit que pour
les épouvanter: Et il ne leur
infpire ces fentimens qu'afin
d'cftacer dans leurs efpriti i^
plupart des
Chrétiens ,
toute oppofce
àJ.C.
112?.
Punition
teriibb des
moindres in*
jures.
Rufe du de»
mon pour
nous jetter
dans une
faude Iccuri*
té.
f>ô
Des Livres
crainte {alutaire du jugement
avenir , de les rendre plus
négligens dans l'obfervation
descomnaandemens de Dieuj
& de les porter dans le temps
préfent au -relâchement , en
remettant à les confondre par
fes reproches dans le temps
de l'autre vie , auquel tous
les repentirs feront inutiles.
1130. La difficulté que les hora-
Déreglement mes reilentent à accomplir les
des nvrurs , j^yf^s préceptes , eû ce qui
STÏ^'^^^*^"' ^^ porte plu fleurs à ne rien
^ '^* croire : & comme ils ne veu-
lent pas s'efforcer d'acquérir
les biens que leur obéiHance
leur procureroit ; & accom-
plir les chofes qui leur font
commandées pourfe délivrer
de la crainte des maux avenir,
ils fe trouvent fi accablés de
ce fardeau qui leur pele fur
la confcience , &. qui , pour
ainfi dire , les étoufte, qu'ils
s'étudient à fe .délivrer l'ef-
pritpar toute forte de voyes,
de Tapprehenfion des fuppli-
ces dont ils font menacés
dans l'autre vie -, & ainfi en
n'y ajoutant plus de foi , ils
fe jettent dans un autre pré-
cipice infiniment plus à crain-.
reddat & ct^oàiam
mandatoTHm Dei. Oh
hoc enim diaholm
taies fu>ggerit /enfin
. , . ut prttfemii in-'
terim temporis refol"
vat vigorem , anl*^
nuis refervans «r-
guendas fine dubio in
diejndtcHy uhijam
foenitentia wihilpro'
derit.
Non credere ex em
accidfty cumviribui
de fie t mur ad explen^
da mandata : dt*m
enim commoda qti<e
nobis ex ohedientia
provemrent j nobis
comparare nolumus ,
neque ea facere qua
pr^cepta funt , ut a-
nimum futurorurm
metu hberemtts > confia
cienti£ pondère gra-
vatp V prafocatif
parati fi»ppUcti timo'
rem abjicere omnem
fiudemus y C?* in a-
Uud nos barathru}7$
précipites nos agimus,
dum tormentts illis
fidem ahro^amuSi
De la Componction dit coeur. ^fi
Sine causa neccon- Nous ne devons pas nous it;t.
trà famulas qttidem fâcher fans fujec, même con- Réprira:r
debemus trafct : (juià tre nos Terviteurs ; Car J E- 1* colère.
CrtUtàChrtflofimi^ SUS-CHRIST leur a pro-
U ut tu Uberute do' curé la vraye liberté aufli
fiatifi*nt. bien qu'à nous.
Perjîfltmus etiam Après avoir contrifté nos il^t.
pro niinli rébus con- frères pour des (ujets très- Se récond*
trijïare fratres , e^ légers , nous demeurons en ^'«' pronjptç-
quafi mhil muli fe- repos comme (i nous ne leur "^*"^'
cerimm y fausfatlio' avions rien fait, fans penfer
Item negligimus o* à les fatisfaire j nous met-
oblivioni tradimus tons eu oubli le chagrin que
tulpanti atque ini^ Qous leur avons caulé j & nous
miciùai in Ungum prolongeons ainfi la durée
tempus protrafn pa- des inunitiez i fans confide-
eimur , ignorantes rer que nous en ferons d'au-
e^uod tanto longtor tant plus long-'fcemps punis,
erit nobii pana , que nous aurons plus long-
quanto çs* difcordt0 temps différé à finir tous les
proUxior, fujets de mefintelligence &
de difcorde.
jfubetDommusre' Notre-Seigneur veut que ll$f,
Un<iui donum antè al- lors même que nous fom- Quitter tout
tare & prius recon- mes prêts à lui préfenter nos ^onrisïtcon^
ciliari fratri , utex offrandes, nous les laifîions ^''i=^ ^v^'^^®'^
hoc difcamus , ^utà ^ur l'autel , {pour nous aller "^^^*
nec illo tempore quo réconcilier avec nos frères ;
aâ miniperium Dei afin de nous apprendre par
videmur accéder e , ce commandement , que fî
ffeconciliationem dif- dans Ic temps même que nous
fimularp ac dtjferri fommes occupés à accomplir
patitur Deus ; qnan- les plus faints myftéres , il ne
$0 magis curari hoc iouffe pas que nous differ
in aliis umpofibits rions un moment à nous ré^
ittk^t, concilier j il demaade ^
5pî
Des Livres
nous que noiis négligions en-
core bien moins de le faire
en tout autre temps.
II 34* . Nous n'obfervons le plus
Sereconri* fouvent que l'image & l'ap-
Xitrducceui» parence du précepte , & nous
en négligeons la vertu & la
vérité. Ainfi je crains fort
que ce baifer de paix que i'u-
fage oblige les fidellesas'en-
tredonner dans le temps qu'-
ils offrent à Dieu Tes fajnts
myftéres , ne fe donne de la
part de plufieurs, que des lè-
vres î au liéu que JESUS-
ChRI s T demande que nous
donnions cette paix non feu-
lement de bouche , mais du
cœur , & que nous ne nous
contentions pas de faluer à
l'extérieur notre frère, mais
que nous lui rendions ce de-
voir avec une affedion fince-
re & véritable. Et en effet
/i cette paix n'eft réellement
dans le fonds du cœur , ce
n'eft qu'une comédie , &
qu'un jeu , qui irrite plutôt
la colère de Dieu contre nous,
qu'il ne l'appaife.
113^. A voir comme nous vivons,
Chriciens ne femble-t-il pas que nous
déréglés , nous étudions à faire en toutes
Chriftf ""' ^^""^^^ ^^ contraire de ce que
jESUS-CHflIST nous a com-
fnandés ; & que par nos avions
Nos imaginent qui'-
dem colimm pmcc
pu , veritatem vero
ipfam virtutemque
negligimus^ Nam of-
ctt'um pacis porrigere
tempore qtio munera
ojferumur , in uftt
eft i fed. vereor ne
forte plûtes ex nohis
Ubiishoc tantummo-
do faciant , cum
ChripHs pacem non
ex ore fed ex corde
dejîieret , C?* ajfeOtê
Zielit proximum , non
labiis fdutari. Si e-
nim pax non hahe^
tur tn corde y quaf in
fcena res agi vtdetur
e^ lt*do i indè per
h<ec exacerhari Detts
creàendus efi potins y
quàm placari.
Nonne videntur l
omnibus modis con-
traria ejfe pr<tccptis
Chrifii qiȣ g^^i~
mus j €^ magis
pttgnam ejje nobt$
conirà
£)E LA COMPONCTION DU COEUR. 555
têntrà €t*m quàm nous combattons plutôt con-
obedientiam }
Qtiid dicam de man-
data illo quo juhemur
non thefaurifare
fuper terram ? Id
forte faciunt yttuci ,
€<ttert vero qttafi è
contrario andterint
fr^cefftum , thefauri-
fate vobis omni modo
fuper terram i itare.
linquentes €<eli*m ad-
hajerunt terrte^ CT* tn •
faniunt erga pectt-
nias congregandas ,
totoque ajfeGu Deum
qmdem oderunt 5 di-
h^unt autem Mam-
monam.
Kolite judicare
ut non judicemini.
... St etiam niilhm
peccatum à nobts aliud
fuijjet amiffum j pro
hôc folo gehennte nos
trait , fatis ahmdeq;
fu0ceret. Qinppe qui
in aliorum deliŒsfe'
vert C amarijjîmi
indicés rejfîdemm ; »o-
Tom. I.
1116:
Avarice
tre lui 5 que nous n'obéilions
à Tes volontés.
Que dirons-nous de ce pré-
cepte que Notre Seigneur
nous donne dans Ton Evangi- prefque
le : Ne vous amaJJe:^polnt de tre- nérale.
forsfttr la terre ? Certes il y en
a très-peu qui robfervent , &
tout le relie des hommes agit
comme s'ils avoient reçu cet
autre précepte tout contraire :
AmaJJe>--vous des tre/ors fur la
terre. Car nous les voyons tous
abandonner la penfée des
choies du ciel, pour ne s'at-
tacher qu'à celles du monde.
Ils font polTedez de la folie
des richelfes , & ne s'étudient
qu'à en amafler. Toutes leurs
affedions font éloignées de
Dieu qu'ils haiffent -, & elles
fe portent toutes entières vers
le Dieu Mammon y ccù à dire
l'argent qu'ils aiment.
Nejuge:!^pointde votre pro- 1137."
cliain , afin que vous ne foyer Jugement
point J!4ge:^. Quand nous n 'au- ^ cond au-
rions d'ailleurs commis aucun "^^i^" '^^
autre péché, celui-ci feul fe- Tœ?^'" '
■ I r n- ^ fum Tant pour
roit plus que fiifbîant pour p^ousdamuer,
nous damner. Nous lommes
des juges* très-févéres, très-
clair-voyans , & tiès-rigides
pour condamner les moindres
fautes d'autrui, & nous ne
Ddd
^^j94 I^ E S L I V R
voyons pas même les nôtres
qui comme de greffes pou-
tres nous crèvent les yeux.
Ainfi nous perdons le temps
le plus précieux de la vie à
condamner celle de nos
frères ; & il n'y a pas un
feul homme , je ne dis pas
de ceux du monde , mais mê-
me des Religieux & des Ec-
clelîaftiques, qui puifîe s'é-
chapper à notre cenfure.
II ?8. Nous pourrions (ans grand
On prend ^''^vail obferver les comman-
peine pour Ct démens de Dieu -, & cepen-
pwdrs. dant nous travaillons tous les
jours , & employons tous
nos efforts â les violer. Si
nous ne péchions que par oi-
fiveté , par négligence , & par
parefle , il y auroit peutêtre
quelqu'excufe pour ceux qui
n'ont pas le courage de tra-
vailler & de faire effort fur
eux-mêmes. Mais pour ceux
qui prennent peine pour pé-
cher, & qui cmployent leurs
loins & leurs travaux pour
violer la loi de Dieu , quelle
efpcrance de pardon leur re-
ftera-t-il ? Car c'eft là pro-
prement fe bander coHtre ce-
lui là même qui nous a don-
né fçs commandemens , c'cA
rs
(Iras auum fraies *?
culii infixas froprih
non vUemus ; qtU
aliéna etiam minima
tam folUcitè perfcrn»
tamur y ZP" ad con-
demnandum cateros y
omne vit* noflra teni'
pus abfumimus , à quo
vitio neque fecuU /70-
minem , nequemona-^
chorum y neque cleri^
corum ullum facile inr^
Venias liberum,
Cnm pojjimus fine
lahore fitrvare man-»
datum 3 laboramus
C7* nitimur ut prit'
varicemur. Si per
ocium CT* negligeU''
tiam peccaremus : ef-
fet fortajje aliquicL
vent* his , qui labo»
rare nequijjent. Ubi-
veto laboratur ut
peccetUTy fiuiiumque
adhibetur O* contenu
tio quatentts prate-
reatur mandatum »
quis efi qui pro hoc
ntalo veniam fperet ?
hoc ejî contendere ad'
verfm eum qui pne^
eepta dédit O" bellum
legibm ejus inferre ;
^uia O* mera ipfg
t)B LA COM
ptoftHnciavii de prx-
eeptisfuis , quoà ni-
ht lin eis labortofttm ,
diiens,iiigum meum
fuave eff, & onus
lïieum levé. Et nos
a contra ^ravia effî-
cimm qu£ ille levia
conflitmt s V qu£ ille
ftavia pûfiiit , nos
facimus amara pec-
cando. Quod fi labo-
riofum altquid ejfet
in praceptis , decen-
ter CT* merito virlu-
tem labor comitare-
tur ; prétmia enim
propofita fient pojl U"
borem.
Prtufij^uam mentis
propofitum vel fenfus
capacitas explorata
fit y dhinorum dog'
matumveneranda eis
arcana committimtis ,
CT* qmbmpriyna rudi»
tnenta vix dum tradi
oporteret , interna eis
adita dtvina fcien-
fia ac fapientia pa-
tefacimus. Propterea
denique nonnulU ubi
immundis , ut ita di-
€am 5 pedibus fitnHa
nofira calcarunt , €7*
pkmfndibus picore
POKCTltfN T5U COEUR. 5>)f
faire la guerre aux loix mê-
mes , & c'eft démentir en effet
celui qui en parlant de Tes
préceptes , nous a dit qu'ils
ne contcnoient rien de pé-
nible, & (\\xzfonjoieg étoit doux
ç^ fonfardeat^ léger. Nous tra-
vaillons donc par nos péchés
à rendre pefant ce joug qu'il
nous a impofé comme doux
& léger. Et quand il y auroïc
quelque chofe de pénible
dans l'accompliflement des
préceptes , la vertu ne mé-
rite-1- elle pas d'être accom-
pagnée de quelque travail,
puifqu'elle cft fuivie de &
grandes récompenfes ?
Il y a des gens aufquels ï^'^P»
nous confions inconfidéré- ^, I^'^P^"^^^
ment la connoiffance des plus dS"&^
laints mylteres de notre reli- hs myftéres-;
gion , avant que d'avoir bien de J. C»
examiné la difpofition de leurs
cœurs & la capacité de leurs
efprits : En forte que nous
découvrons les fécrcts les plur
profonds de la fcience & de
la fagelfe divine , a à^s per-
fonnesqui ne mériteroientpas
de fçavoir les premiers élé-
mens de notre foi. D'où il^
arrive que plufieurs ont fou-
lé de leurs pieds immondes^^^
nos myftéres les plus facrés y
î>ddii
minillres de
J. c
5P^ Des Liv
& qu*ayant renfermé dans une
poitrine impure & foiiillée le
breuvage de la pure dodlrine
du ciel 5 non feulement ils ont
vomi tout ce qu'ils en avoient
avalé , mais même fe font
élevés contre elle ; & fe tour-
nant contre nous , nous ont
couvert de médifances , d'ac-
cufations & d'^opprobres.
1140. Si vous voulez commettre
Contre U quelqu'un à quelque emploi
molHIe des Ecclefiaftique, &à quelque
"'" ^' divine fonàion , fon premier
foin , & fa première deman-
de fera, fi l'on eft en repos
en ce lieu-là ; fi Ton y trouve
avec abondance toutes hs
chofes néceflaires ; & s'il n'y
manque rien de tout ce qu'-
on peut défirer dans la voye
large du monde. Que dites-
vous 5 homme charnel , & que
demandez- vous ? JESUS-
CHRIST vous ordonne de
marcher dans la voye étroite
& ferrée, à quoi penlez-vous
donc de vous enquérir fi vous
trouverez du repos & de l'a-
bondance ? Votre maiftre vous
commande de pafler par la
porte étroite, pourquoi donc
cherchez-vous de grandes
portes, & des chemins lar-
ges f Y a-t-il une oppofition
i^ la voye de Dieu plus cri-
RE s
hauferunt puirum dî"
vm£ fcientite pocw
lum ; nonfolum evo'
muerunt qmd haufe-
runt 3 fed O* contra-
dixerunt G* tranf-
verjt funt , infurgenm
tes malediélts atque
accttfationious , O*
opproiriis.
Si ai aliquam dif-
penfutionem vocavc"
ris 3 auî aliquid mi-
niflerii divini injuti'
gère volfteris , prima
patim ej} folliciîuda ,
C7' prima ffatirrt ver-
ha funt .* fî efl ihi re»
quies cjub eundum
ejî 3 fi inveniantur
qu£ neceffaria funi
ahwtdanîer , fi nihil
défit eorum qu£ lata
ac fpeciofa z>ia de-
pofcit. Quid ais , ô
homo , quiâ loque-
ris ? Arflam viam
& anguftam jujjus es
amhuUre : utquid de
requie , ut qaicl de a-
bundantia percontU'
ris ? Ver angufiamja-
nuam tranfire jujftts
es j Mt quid amphs
requiris ingrefi'us ?
EJi aliquid ifi<t feT%
ii4r.
Contif
ÎJf
DE LA COMPONCTION t>V COEUR. îf<?7
mutaùone ftequius ? minelle ? Y a-t-il un déregle-
Eff aliquUipa per- ment plus pernicieux ?
verjîtatedeteriui? Ceux qui fervent les Prin-
Qui principibus CCS du monde , & qm admi-
f<ecuU minijfratît , ac niftrent les affaires publiques, Uchné &: la
reipublicd negotiii ne demandent point s'ils y p"°',''^'V*!^*
inferviunt , horum joiiiront d'un grand repos j -'^'^/'^ *'
wiW requirunt , yê</ mais feulement s'ils trouve-
tantunJi num aliquii ront dans cet emploi quelque
/«fj-t temporalis ha- profit confidérable, & quel-
^f<ïf ejus miliîU lo' que avantage temporel. Que
fHi ; (^Morf y? hoc s'ils reconnoilfent qu'il y ait
le moindre profit à faire ,
alors ils ne fuyent aucun tra-
vail 5 ils ne font détournés p2r
aucun péril, & il n'y a point
d'indignité à laquelle ils ne
tas recufatur. . .7. . . s'expofent. Mais dans les
T^os è contra qui non emplois Ecclefiaftiques , ou
tout au contraire on ne doit
point chercher l'argent , mais
la fagefle -, où l'on ne doit
fendre qu'au Ciel , & non à
h terre ; où l'on ne doit af-
pirer qu'à ces richcfles fpiri--
tuelles , que r ail n'a point tues,
que f oreille n'a point oiiies , C?*
qui n^ont pas entré dans îe cotur
de r homme j Lors , dis- je ,
qu'il s'agit de chercher Us
chofes de Dieu , & que nous
nous préparons à nous faire
violence pour les acquérir ,
nous pcnfons encore au re-
pos & aux commodités de
foliim ejje cognove-
rint , jam nullus
reftigitur labor , nul'
Ittm periculum -cita'
tur , nulla indÎ2:ni-
pecuniam qu<erimus ,
fed fapientiam : nec
terrant , fed calufn
fetimus CT* ad c^li
divitias fefiinamus ,
quas neque oculus
vidit , nec auris
audivit , nec in
cor hominis afcen-
derunt : hac , in-
quant quarentes ,
CT* pro his ctelo ipfi
vim parantes in-
ferre , de requie cor-
foris percontamur ?
F'idè quant}) miferio
ra iiiis fumm & ïavie prefeme. Jugeons paç
lenfibilité des
Chrétiens
faut Dkiif
f^t 0E8 LlVUÉ»
ià combien nous fommes plus mêUiofesi
lâches & plus miférables que
les gens du monde !
1141. Ceux quf aiment d'une af-
< S-*î"y'^^^ i"' fedion purement humaine ,
n ont d application & depen-
fee que pour les perfonnes
qu'ils aiment j & lors même
qu'ils font abfens ielon le
corps, ils ne laiffent pas de
leur être prefens félon l'ef-
prit ; ne trouvant rien de
doux & d'agréable en la vie ,
finon de les voir , s'ils le peu-
vent j ou s'ils ne le peuvent
pasjde penfer à elles. N*eft-
ce donc pas une chofe bien
abfurde & bien ridicule , que
nous qui nous difons être en-
flammés d'un amour faint &
incorruptible pour Dieu ,
n'ayant aucun loin ni aucune
follicitude pour celui que nous
aimons , nous nous mettions
encore en peine de rechercher
des chofes , qui non feulement
font incapables de nous aider
IT43-
dans notre deffein , mais qui
font plutôt des obftades à
l'effet de nos à^Civs,
Si nous étions animés d'un
Qui cft tou- fîncere & parfait defir des
ché des biens ^^^^^ céleftes , nous ne re-
de la terre ne , • ' . n j
îouirapasclesgfle^o^s ce qui paroift de
biens du cid. plws grandcn çc nwflde , que
Aut non tihi tt'
detur aBfurdttm , ut
hi quidem qui huma'
no amore flagrant ,
totam mentem fuam ,
totamque cogitatio-
nem tn tlUs habeant
quos amant : G7* fi
abjentes corporefint ,
cogitatione tamencum
illis funt : nec aliuâ
aliquid fibi dulce ejfs
inprafenti vita de pu»
tant 5 nifi aut tpfos
videre fi liceat : aut
fi id non potefl , de
ipfîs abfenuhui cogi-
tare : nos autem qui
amore fanBo , incor-
ruptoque flagramus j,
omtjfa cura C?* folU'
citudine ejus quem
amajnus , requirimm
ea qua amorem no'
flrum non folàm nil
juvarc ,fid C imfe'
dire plurimum pof»
fitnt.
Cap. 7. No» c*-
deo quod aliquis m^
ftrttm ver à GT» perfe»
éla cupiàine cdefîium
mtmr > Alioqum
i
DE LA COMFOMCTION DU COEUR. f^9
9mnia qux videntur comme des ombres & des ba-
gatelles. Car ceux qui conlî-
derent autrement les chofe^
préfentes , ne jouiront jamais
de la contemplation de celle*
avenir. Au lieu que ceux qui
les regarderont avec mépris s
& comme ayant aufli peu de
conlïftance qu'une ombre ou
tpe gravia , timbrai
putaret' & rijum.
Nam is quiàem qui
frafentia/u/picit nun.
^uam futurorum cott-
ttmplatione donabi'
tur : qui vero ijla ton-
temmt, nequefirmio-
ri cenfet in Jiatu illa
*JJ^^ q**àm umbram
Vel /omnium , faalè
magna illa o* fpiri'
tualia confequetur.
Qhemadmodum
difficile eft vel poli» s
omnino Jîeri nequit ,
ut ignii citm aqua
mifceatur : ita nec ,
ppinor , unquam fiet
ut in unum delici^
confluant , CT* corn-
pHnélio i funt enim
hac inter fe contra-
ria ,feque invicem e
medio tollunt. Nam
!>£€ quidem lacryma-
rum CT* fante mentis
mater ejl ; illa vero
rifus ©* infania : at'
que hac quidem ani-
mam reddit levem O*
expeditam : illa vero
flumbo quovis gra-
viorem ip/am e^-
un fonge, obtiendront facile-
ment la polfeflion des biens
fublimes & fpirituels.
Comme il eft abfôluraent
impoffible que l'eau & le feu
fe puilfent allier enfemble , je
fuis auffi perluadé que les dé-
lices ne fçauroient jamais con-
venir avec la compondion.
Car ce font deux chofes con-
traires & incompatibles. La
compondion eli la mère des
larmes , & de la fante de l'a-
me : & les délices au contrai-
re font la fource des folies-
joyes , des emportemens de
rire, & des déréglemens de
l'ame j car la compondion la
rend plus légère & plus pro-
pre aux fondions fpirituel-
les j au lieu que les délicet
l'apefantiflent 5 & l'abaiflens
vers hs chofes corporelles.
1144.
P-énitenc*
Se délices iiii,
aliiables»
ycrtu.
^00 Des L I V r
Ii4<. Quel befoin avons -nous
La forcé du tles forces du corps pour
corps n'ell brifer notre cœur , pour of-
point nécef- frir à Dicu une prière qui foit
faire four Ja p^^e , pour rappeller avec
douleur nos péchez dans no-
tre mémoire , pour embrafler
l'humilité , pour nous dé-
poiiiller de l'orgueil ? Ce foiît
là les chofes qui nous ren-
dent agréables à Dieu :Xt
quel travail & quelle afBi-
dion de corps demandent-
elles de nous ?
'il 46. Repréfentons-nôus quelle
sép;ir.nion fera la douleur des méchans
de Dieu la de fe voir exclus & rejettes
plus terrible du royaume célefte -, puif-
qu'à mon fens elle doit être
bien plus fenfible & infup-
portable que les tourmens
même de Fenfer. Car quand
il n'y auroitpomt de feu pour
nous brûler, & que ces pei-
nes éternelles n'aurcient pas
été préparées pour nous pu-
nir 5 cette feule peine là d'ê-
tre éternellement féparés d'un
Sauveur fi miféricordieux 8c
fi bon , qui s'eft livré à la mort
•pour l'amour de nous , quia
tant foufFert de maux pour
nous délivrer du fupplice éter-
nel , & nous réconcilier à fon
l^ére , que nous avions oflfen-
de tous les
maux.
ES
Quii eorporii ©«-
rlbus opus eji , ci*m
cor conterere debea-
mus ? Quid necefja-
ridt futtt aires corpo-»
fis j ut para Deofun^
datur oratîo , utpec
catorum fiât recorda'
tio , ut humilitai af-
fumatur , fttperbia de-
pelUtur . . . IJla funt
in quihus placeîur'
Deo. Qaid lahoris ijfay
quid ajjiiCiionis re-
qmrum.
Ponamus ante ocd»
loi i^aanti doîorii efl
excludi ac projici a
regno cxUrum , cjucfd
ut mihi viàetur »
gravius efl ipfa ge-
beana. Nam etfî
io-nis ille non arde^
o
ret j e?» immortalis
i'-U pana non effet
parata , hoc folum
quod nheni ejficimur
a Chrijio tam clé-
mente 5 tam benigno ,
qui er feipfum pro
nobis in mortem trU'
didit , CT" omnia paf-
fus efl , ut ab lUo
nos fupplicio libéra^
ret 5 fioque reconci-
liaret Fatri peccalis
nbflrii
DE LA COMPOKCTION DU COEUR. 60l
ftoffris infenfo , CT*
excludimur à bonis
étternis , nonne omni
fœnâ gravlui dicere-
tur , CT* ad erigendas
animai at^ue adfpem
fnfficerct incitandas ?
Non tàm loqua-
mur compunéJionem
cordis , quàm patia-
mur. Quoniam doce-
re e?* nonfacerej non
fûlàm liicri mhil ^fed
eiiam damnt pUri'
mum confen.
Lib. 2. cap. 2.
Ingentis phiîojophi^
ejf , hoc ipfum » ut
ntundum fibi putet
aliquis ejfe mortuum j
mitlto autem majoris
ej} , ut CT' feipfum
ijuis putet mortuum
imundo , q^uem Jïbi
mortuum priùs ejje
crediderat. Hoc tn
femet ipjo Tau'm o-
pendity quià non tan~
tt)m abeffet à terre^
tjis fenjîbus , cjuan-
iùm viventes homi~
nés à corporihui mor"
tuis i fed quantum
/lif/unt , nec feniire
Tom. I.
fépar nos péchez : Cette feu-
le penfée, dis- je, d'être exclus
des biens céleltes , n eft-elle
pas plus infuportable que
toutes les peines fenfibles, &
neft-elle pas capable d'aiii-
mer nos efprits , & de nou$
infpirer le délîr & refpérance
de notre falut.
Appliquons - nous plutôt à
reifencir la compondion du
cœur, qu'à en parler. Car dire compona^jn
& ne faire pas, non feulement f^'J'H '^
eft inutile , mais même très- ^^^^ i^ ^ou.
pernicieux, che.
1 1 47.
Avoir lu
C*eft un fentiment digne 1148.
de la Philofophie d'un Ch:é- Etre mort
tien de confidérer le monde à l'cgird du
comme mort à nous ; mais "^°"^- > "/-^*
c'en eft un encore plus faint ^°;i"^^n^°^'--
-, M ' j ^ a""i a notre
& plus cleve, de nous regar- c'^ard»
der nous - mêmes comme
morts à ce même monde,
que nous avons déjà regardé
comme mort à nous. C'eft
ce que le grand Apôtre a
marqué en la peribnne , ea
faifant voir non fi^ulement
qu'il n'étoit pas plus touché
des chîjfes terreftres
3 que les
font des
qu'il y
étoit aulïi peu fenfible que
des -corps morts mêmes le fonc
Eee
hommes vivans le
corps morts s mais
éoi Des L i v
pour d'antres corps morts. Car
encore qu'un homme vivant
(bit incapable d'avoir de la cu-
pidité pour un corps mort , il
eft certain néanmoins qu'il a
pour lui quelque fentiment ,
loit d'admiration pour fa beau-
té, foit de compalïion pour fon
malheur; & qu'il en eft fou-
vent touché jufqu'aux larmes.
Mais un autre mort eft inca-
pable de jamais avoir aucun de
ces fentimens.
1 1 4^. Quiconque fe plaît dans les
Dieu cache choles préfentes & périffables,
U connoiflan- eft incapable de contempler
çs Se le goût les fpirituelles & les céleftes.
des biens du j^j^^^ ^gi^j y| j^^ regardera
ciel . a ceux i » • ^ i i
qui s*atta- ^^^ Dieus temporels qu avec
des
chent aux mépris , « comme aes om-
bicns de la bres & de la poufîiere , s'c-
tcrrc. lèvera facilement à la con-
templation des biens éternels.
Et en effet nous voyons que
les pères n'ont pas accoutu-
mé de donner connoiflance de
leurs biens à leurs enfans , &
de leur ouvrir leurs tréfors ,
qu'ils ne les voyent dans
un âge mûr j & bien reve-
nus des déréglemens de la jeu-
nefle. Ainfi famé eft incapa-
ble d'être touchée de la beau-
té dçs biens du ciel , jufqu'à
RE 6
pojjftnt moriul mot»
tuos. Qui enim vi'
vit y etiamjî ipfe non
pQteji mortuum coftctê*
pifcere ; tamen vel
fentire fotejl , vel
mirari adhuc Jpeciem
décor i s defunfii ^ vel
mifereri & iachry-
mas fundere. Que
autem O* ipfe defun^
fîus eft y ergà mor*
tuum ne hune quim
dem habebit affe-
éîum.
Nemopotefteorum
qui deleiiantur pra»
fentibus O* caducisj^
cœUftia ac fpirituai-
lia contueri. Qui ve»
ro ifta contempferit ,
& velut umbram ac
puherem htec duxem
rit y velocius ad ilU
perveniet. Nam O*
apud homines hie
mos eft , ut tùm the-
faurosfuos reconditçs
patefaciantfiliiifuis ,
cùm eos jàm adulto$
viderint , C7* pueri-
lis lafcivi£ vitia ref"
puifje , , . ità Zy ani'*
ma nifi priùs didice-
rit contemnere ter"
ren^ , co^leftia niir^^
DE LA COMPOSCTION DU COEUR; ftOj"
W nonpoterh: c « ce quelle ait appris à mépri-
centra donec terrena
tntratur , necejja.no
fixlejlia Jpernii.
Cap. 3. Requi'
rendum eftjîlentium,
requirenda quies ,
non folàm locorum ^
fedç^ animi ac pro-
poJîU fi enim
propofiium quïetisge»
rat quis , nec in ur-
his bahitatione tur-
habitur ; fient O*
heatus David qni non
folàm in urhe pofitus
erat , fed ZD* regni
curai JolUcua admi-
niflratione traGahaty
G* tamen mnlto ar^
Àenliçr in compttn-
Mione cor dis erat y
tfuàm ht qhi foiuu"
aines videntur /;d-
hitare.
Cardin C9mpuné}ia
facit horrefi ère pur-
pur am y défi der are
ciUcium , amare la-
chrymas , fugere ri-
fum, Sola ej} cordis
compunfîio qu<e peut
ignis omne anim<e
z/i$ium permit 4£ ar.
fer ceux de la terre j comme
au contraire tant qu'elle eôi-
mera ceux de la terre , elle
n'aura que du mépris pour
ceux du ciel.
Pour être touché des cho- llfo.
fcs de Dieu , il faut chercher silence &
le filence & le repos non pas foli"i«^e , fur
tant des lieux, que du coeur. *^"^f".'^^"':
Car 11 nous portons en notre p^nUent,
ame un defir & un amour fin-
cere du repos , nous ferons
exempts de trouble au milieu
même des villes. David noa
feulement faifoit fa demeure
dans une ville , mais étoit ou-
tre cela chargé de tous les
foins qu'entra'îne néceifaire-
ment avec (oi l'adminiftra-
tion d'un royaume *, Et ce-
pendant fon cœur étoit plus
enflammé de l'ardeur de la
compondion , que ne font
ceux qui habitent les plus af-
freufes folitudes.
Saints effets
La compondion du cœur
demande de nous de Taverfion
pour la magnificence des ha- de la compta
bits y nous fait choifir les plus ^^°^-
vils & les plus rudes , nous
infpire l'amour des larmes, &
nous fait fuir les ris & les
divertilfemens. Elle eft com-
me un feu qui brûle & con-
tée ij
é[p4 Des L I V r
fume tous les vices de notre
ame j & qui la purifie de tou-
t-e b corruption qu'elle a con-
iradée. Elle eft comme un
fleuve qui par l'abondance de
Tes eaux éteint les fiâmes les
plus ardentes de nos convoiti-
fes : Elle eft comme ce foiiet
dont notre Seigneur fe lervit
dans le temple , qui bannit de
notre ame toutes les foUicitu-
des , & tous les troubles du
jnonde : Elle eft comme un
vent impétueux, qui cha^e de
notre cœur toute la poudre &
toutes les ordures de nos mau-
vaifes penlées. Et en effet , il
Tamour prophane eft fi puif-
fant dans un cœur qui en eft
une fois poii'edé , qu'il le re-
tire de fes occupations les plus
néceiraircs , & l'oblige à fe
donner tout entier à l'objet
qu'il aime, pour ne s'appliquer
qu'à lui fcul ; comment l'a-
mour de JeSUS-CHRIST au-
roit-il moins de force fiir no-
tre ame , pour la retenir de
tonte autre application & pour
l'attacher comme avec les liens
de fes defirs à cet objet divin
& infiniment aimable ?
ES
dimit, & quanta^
cumque in ea repère'
rit mala , abfiergit
univerfa ÇT* penitùs
delet, Concupifcen-
tiarum flammas Jt
invenerh , ut fiuvius
inundam exiinguit i
curarum multitudi'
ries C?* perturbation
ms fi videat , velut
flagella quodam ex»
turbat O" ^jf'^g^t j ^c
ficut ptilvis non potejl
ftare amè factem
vetni, ità nihilma'
larum cogitationum
tn anima refiderepo-
tefly ubt compur.Cîio
cordu ajfltterit. Si
enim corporalis amor
ità devindamfibt te-
net animam , ut ah
omnibus eam necejjk'
riis aélibui cogat
abfcedere , G?* illi
foli quem amat ope*
ram dare , atque
in ejus cogitât ion e
fixam teneri j quo-
modo non amor
Chriflî ab omnibus
reliquis abjîrabit
cnimam , fibi<jue
confociat ae defideril
f4 vincHlisJiringitf
De la CoMPONcrioH du coeur.
La vraye compondion d'un
cœur humilié confiée à faire
de grandes chofes & à parler
d'une manière humble ; à pra-
tiquer les œuvres de juftice 8c
fflufqttam ffeccatores à trembler plus que les pé-
ttmere actremere. cheurs.
Iniquitates fi ob* Si vous examiney^ les iniqui-
fervaveris Domi- ^^X^ Seigneur ^ qut eji • ce qui
ne , Domine quis fourra foâtenir votre jugement ?
Gap. 5. H^c eji
humiliati cordis vera
compunclio , magna
agere C humilia lo-
qui ijufiaoperari CT*
fuftinebit ?Noverat
enim CT* valdè nove-
rat David , quia in
muhis critnimhus ob-
noxiifumus Deo , CT*
quià etiam parva
feccata C7' ea etiam
de quibus itec fufpi-
camitr , deducentur
adjudicium, O* gra-
vi fu(fpli(io damna-
httntur.
Cap. 6. Hic ej}
effefius fervi fidelis 3
ut bénéficia Diii/ui
qu£ communtter data
Qnand David parloit de la
forte , c'cft qu'il connoifl'oit
fort bien que nous fommes
coupables devant Dieu d'une
infinité de péchés : & que ceux
qui paroiffent les moindres ,
& que fouvent même nous ne
voyons pas , nous feront un
jour rcpréfentez dans le ju-
gement , pour en être châtiés
avec beaucoup de rigueur.
Marques d«
la componc-
tion.
Rigueur du
jugement a*
venir.
C'eft le feritiment d'un vrai
& fidelle ferviteur de J. C. que
de confidérer les bienfaits don-
nés à tous , comme s'ils n'é-
funt omnibus qttajî toient que pour lui j & de
/îbi foli pr<ejlita re- s'en réputer lui feul redeva-
ble, comme s'il devoit répon-
dre pour tous. C'eftainfi que
fut et y CT* quafi ipfe
fit omnium débiter y
O* pro omnibus ipfe
folus obnoxtus habea-
tur. Hoc fecit Çp*
Faulus qui mortem
Dni CJP'falvatoris no-
Jiri q»^ pro univerfo
Cliacun doif
avoir pour J.
C. la même
recoonoilLin -
ce , que s'il
n'étoit venu
que pour lui
eupariicuUtr.
S. Paul en a ufé en regardant la
mort dejESUS-CHRIST
qui s'eft offert pour tout le
monde , comme s'il ne s'é-
toit offert que pour lui Çeul,
Car voici comme il en parle
£ce ii)
'ic6 ï) E s IL ï V R t 5
en fingulier ; Si je vis mainte' expenfa
TJant dam ce corps mortel , j'y
zis en la fui du Ftls de Dieu
qui nia Airr.é ^ CT* c^ui {tjï livré
lui - même à la mort pour moi-
Ce n'eft pas qu'il veuille ref-
ferrer la profufion des bien-
faits âi\ Sauveur qui ont inon-
dé toute la terre j mais c'eft
^u'il le conlîdéroit ainfi que
je l'ai dit , comme chargé lui
ieul des obligations coramu-
nes , & qu'il s'efforçoit d'inf-
pirer à chacun des hommes des
fentimens lemblables aux
iiens. Et en effet , ii jESUS-
CHRIST ne fût venu au mon-
de que pour un (eul homme ,
non feulement la grâce qu'il
lui auroit faite n'en feroit pas
moindre , mais elle en paroi-
troit encore plus fignalée. Et
pourquoi cela? Parce que JE-
SUS-CHRIST auroit témoigné
avoir pour lui feul un auffi
grand amour & un auffi grand
foin , que le bon Palpeur en
fit paroître pour cette brebis
unique qu'il avoit perduL*.
Agir pure-
mène pour
Dieu.
Vous faites une chofe qui
plaît à Dieu , & vous en cher-
chez d'autre récompenfe ? Il
faut peu connoître pour cela ,
quel biea c'eû que de plaire
rj? mundo ,
fibi foli pr^ejlham di"
cit : (jnajî enim defe
folo loquens , itàfcri*
hit : Quod enim
nuncvivo incarne,
in fide vivo Filii
Dei , qui tradidit
femetipsù pro me.
hac dicebatnon coan»
gujfar: volens amplifi
fima ^perorhemter'
ra dijfuja Chrtjii msf
nera s fed quafi qf*i
ut diximm, pro orti"
mhusfefolum judica»
retûhtoxi'Am;0' uni-
cuitj:perft*adere veU
Ut 5 Mt non aliter af^
fefîus fJJet.NamJî vel
nnitis hominis canfa
veni(?et Chripus , non
folùm nihil hac ratio-
ne heneficium immt-
nusremr , fed etiam
majtts appareret.
Quid ità ? Nempè
quod tantum exhi-
huijfefudimn videre»
tHT , quantum is qui
unam ovem quafivit.
Tu prspas aliquid
quod Deo placeat y ZJ*
aliam mercedem re^
quiris ? f^erè ignorai
quantitm bonijîtpU'*
De la COMPONCTIOU Dû COEUR. 607
iiveDeo.Sienimfci' à Dieu : car fi vous le con-
noiffiez , vous n'en cherche-
riez jamais ailleurs d'autre ré-
tribution & d'autre prix. Ne
fçavez - vous pas que votre
récompenfe en fera plus gran-
de 5 quand vous n'agirez pas
dans la vue de la récompen-
fe 5 mais par an pur denr de
plaire à Dieu ? Et ne voyez-
vous pas tous les jours parmi
les hommes , que Us maîtres
aiment particulièrement ceux
d'entre leurs ferviteurs , qui
ne \ts fervent pas tant par in-
térêt , que dans le deifein de
leur plaire ?
Il eft bon de rappeller dans ^\ [J^^;^^,.^
notre mémoire nos pèches ^ ç^^ péchés
paires, & ceux-là mêmes qui pour s'exciter
nous ont déjà été pardonnes 5 à U compon-
'tutifumus i utintuen- afin qu'en faifaot léfiéxion fur "on,
la grandeur de la dette que
Dieu nous a remife , cela nous
porte â l'en aimer davantage ,
à nous confondre de Pavoj?
fimUi , verecundiam tantoffenfé , & à en concevoir
de plus vifs fentimensde com-
ponftion ; en confîdérantque fi
fa miféricorde ne fe fût éten-
due fur nous pour nous fecou-
rir, le poids énorme de tant
de péchés nous auroit abi-
mez au fond de l'enfer. C'eft
pourquoi faint Paul ne per-
doitpas lefouvenir des fautes
£ee iiij
r«, nunquam aliud
ttliquid extrinfecus
mercedis aut munerts
expeclares. Ne/ci s
ijuià major augetur
tib't merces , ijuando
non fpe mercedis ope^
mris , fed JîadiopU-
cendi ? Aut non Z'ides
quomodo C?* api*d ho-
tnines illi maxime fa-
muli diligttntur , qui
^on tàm accipere 4-
Utêd à dominis , quàm
f lacère eis ^ obedi-
te gefliunt.
Cap. 7. Oportet
nos recordari prtora
de H fia y etiameapro
qmbm ventam confe-
tes qudm tngentem
imodttm dehiti remijît
^obis Deus , CT- am-
plius eum diligerepof'
pudoremq; concipere
ut que compungi; con-
Jtderantes quod nifi
mifericordia ejusfub-
t^enijfety tantumillttd
feccatorum pondus fi'
ne dubio nos in imis
inferni pcenis prejjij-
fi$, iuulas €r^ etiam
éoS Des
mêmes que l'indulgence di-
vine avoit déjà détruites en
lui : Mais nous au contraire ,
nous oublions celles que nous
avons commifes depuis le bap-
tême 3 & nous ne nous fouve-
nons plus de ces crimes qui
nous menacent de la damna-
tion , & qui nous tiennent en-
core liés de leurs chaînes. Que
s'il nous arrive d'y faire quel-
que réflexion en palfant , &
d'en être quelquefois en pei-
ne 5 cette peijfée s'échappe
bien-tot de notre mémoire ,
& nous paffons incontinent à
une autrej fans que notre cœur
. en foit jamais touché & affli-
gé, Tefpace feulement d'une
heure. Et c'cft-îà la caufe de
tant de péchés que nous ajoû-
tons tous les jours les uns fur
les autre», faute de faire une
férieufe réflexion fur ceux que
nous avons déjà commis , &
d'en concevoir une aifez vive
couleur pour les confumerdaiîs
le fond de notre conîcience.
II 57. C'efl: aifez aux perfonnes
S'exciter à faintes & vertueufes pour leur
la componc- infpirer la compondion du
tion P'ir^^e cœur, de fe fou venir desbien-
faits de Dieu, & de lui attri-
buer à lui feul & non pas
à eux , toute la gloire de leurs
bonnes œuvres. Et il leur fuf-
fou venir des^
grâces re-
mués.
Livres
ilU meminerat , quA
peremerat indul^en-
tia : nos veto nec ijla
recordamttr qu<e poft
hapu/mum commifî'
mm in qmhtts uttque
periculum nohis fat-
Z)um efl ^ Z^ reos nas
atqtte tn VtncuUs pa*
Jtios tenent. Quoi fi
aliqttanào ad recsr-
duîionem venenmtis ^
^ viji fuerimns pas*-
lnium indè cogitarc
CT* ejje folltciîi , JÎ4-
tim efftigit cogitatia
CT* tranfimus ad alla >
CT* nec intégra qui^
dem hora pattmur
animam nojiram af~
fiiâioue mœroris ejus
aflringi. Btc igitiif
caufa eji quod maiis
addimus mala > dum
priorum memorianon
permunet 3 nec dolcr
aïiqttis inuritur pro
confcientia deliflï,
Sitffiiit magnis O*
fandis fîcut vos épis,
ad compunélionem
cor dis , recordari di-
vina bénéficia , ct*
operum veftrorum
gloriam non vobis
i^fii ajfgnare , feê
De l\ Componction du coeur. 609
Deo. Sttjjicit ficubi fît de confidérer la plus petite
velparum aliquidvos de leurs fautes , quand il y en
latuit , quanto vos auroit d'autres qui leur de-
ma^ni ejlis , tanto meureroient cachées, pour la
td velttt à magnis Vf- juger d'autant plus griéve ,
ris commijjum gra- qu'elle aura été couimife par
vm judicare. des perfonnes qui font profef-
fion d'une plus exafte piété ,
& qui ont reçu de plus gran-
des grâces.
DE DIVERS TRAITES.
De provid. lib. i.
cap. 4. Qui immi'
nere fibi cernit ini-
micum j majori ad il-
lum cmrit dejîderio ,
à qtio defendi pcjjh.
Jtà ferè pueri cum
quid horrendum vi-
derintyad matrum fi'
nus protinus fitgiunt
. . . quando enim ma-
Itgms tlle perterret
nosacpertttrbiit, tune
frugi ejficimHr > tmic
nostpfos agno/cimusy
tune ad Deum omni
Jlhdio recurrimus.
Cap. 6. Mors nos
Zy corruptiojêquttut
QUand nous voyons no- it^9.
tre ennemi prêt à fon- Recourir
dre fur nous , c'eil alors que promptemens
nous avons recours avec plus f ^^^" /^^"f
,, „- > 1 • • U tentation oc
d'empreilement a ce "i qui ^^^ ^^^^^^^^^
nous peut défendre : lembla-
bles aux petits enfans , qui
lors qu ils lont effrayés par
quelque objet fuiprenant qui
fe çrélènte à eux , s'tnfuyent
aufli-t^ au fein de leurs mè-
res. Ainfî quand le démon nous
épouvante & nous trouble,
nous en devons devenir meil-
leurs 3 rentrer en nous mê-
mes pour nous mieux con-
noitre , & avoir recours à
Dieu avec plus d'ardeur.
En attendant le tems au- n^P»
quelles promefTes de Dieu fe .Efpércrtoû-
npnvpnf arromt^lir . nous fom- J«"" ^^-^^S^*^
CT* pocna cr fi^ppU- peuvent accomplir , nous fom-
éro De divers Tr
tout ce qui mes expolés à des tentations
trouble notre continuelles,à mille douleurs,
erperancc. ^ ^^^ infinité de peines,& enfin
à la mort & à la corruption.
Pourquoi pcnfez - vous que
Dieu en ufe ainfi envers nous,
& qu'il foufFre que nous
voyons ici arriver des chofes
qui paroiflent contraires à Tes
promeifes j finon afin d'en
tirer deux grands biens pour
nous : L'un de nous donner
par - là une grande preuve
de fa puifl'ance, en ce qu'il
fçait accomplir ce qu'il a pro-
mis, lors que nous avons moins
fujet de nous y attendre & de
Telpérer : L'autre de nous ap-
prendre à avoir plus de foi &
de confiance en lui , encore
que les événemens paroifient
contraires à nos efpérances :
fçachant que la vertu de l'ef-
pérance confifte à être pleine-
ment peifuadé , que quicon-
que s'attache lîncerement à
Dieu 5 ne peut jamais être
confondu.
Ili^o. Ceux-là s'éloignent de Dieu ,
Nepasmur-qui ne peuvent foufïrir les
?^rt°A- *^^"^ châtimens qu'il leur envoyé
laffliaion. p^yj, ig^ corriger ^ mais qui
s'en irritent & qui en murmu-
jj^j lenc.
UciUté des L'augmentation de nos pei-
cribuiations. nes nousTeraiw jour lui fur-
A î T E s.
««m, €?• tentationèi
varite , atqtte perpé-
tua. Cujus ergo rei
gratta hocfacit Dem^
permittitque contra-
rta promtjps adveni-
re ? Nimimm m en
hoc duo maxima bo-
na eliciat , dum ex
aller 0 certijjimum po-
tentid ipjîus argn-
vnentum capimus ',
quodfcilicetpojfit def-
pératifjîma promijfa
ftta 5 fpe atqiin opi-
tjfone meliifs perfice-
re : ex altero arttertt
noflroi animoi ertt*
dit j cunEla fibi cre^
dere jidtUter j etfi
diûisfafia contraria
videantHT emergere t
quippefpei virtus e-
jufmodi eft, ut eum
qui Jîncerè illi adhtg'
reat , nunquàm cori-
furnJU permittat.
Elongant fe à
Dec, qui correŒo-
nés illius non fufli'
nmt , fed irafcuntur
atque indignantur:
Aijedio laborum^
incrementHW prxmio'
£) E C I V
fufti efl , acfirmifjt-
tnum mummen no'
fi'Hm, ijuo freti w««-
qitàm five fponte fi-
ve etiam invtti cor-
ruamus. Naynquefa-
fium itc tumorem ani-
ntorum comf>rimit ,
negligenliam avertit,
prudentiorefcfue ac re-
ligiofiores effiat.Pror'
ftts vero ft quii enu-
fnerare velit , pluri-
ma teutationttrn emo-
hmenta reperies :
fiullufque unqtiàmex
hii qui Deo maxime
chari atque acupta-
hiles fîterunt , fine
prejjurisvixit , etiam
fi non ftà nobis vi-
Heautr»
Cap. 7. Bocfolum
nobis perfuadere de-
hemm^ omnia nobis
militer à Deo inferri,
non jam ampliui iii-
quirentes, neque hu'
jusignorationes gra-
Zfiter vel cttm mœrore
ferentes. Neque enim
fojfibileeflijlafçirst
ERS Traite' S. ^lî
croît de récompenfe i & en
attendant elle nous fert com-
me d'un fort rempart contre
toutes fortes d'attaques , &
d'un ferme loùtien qui nous
préferve de toutes chûtes ,
foit volontaires foit involon»
taires : parce que les peines
que Dieu nous envoyé en ce
monde répriment notre or-
gueil, excitent notre parefle,
réveillent notre prudence ,
& raniment notre piété. Que
fi l'on vouloit examiner en
particulier tous les avantages
que nous pouvons tirer des
tribulations 5 nous en trouve-
rions une infinité d'autres qui
ne font pas^ moindres j auiîi
faut il remarquer que nul de
tous ceux qui ont été agréa-
bles à Dieu , n'a été exempt
de tentations & de peines du-
rant cette vie , quoique cela,
n'ait pas toujours paru aux
yeux du monde.
Nous devons être perfua-
deï que tout ce que Dieu
bien , fans en exammer plus y^\^^ ç^^
particulièrement les raifons , nous»
& fans nous inquiéter de ce
que nous les ignorons; Puis
qu'il n'eft ni poffible à ^ts
mortels y ni même' utile à
des orgueilleux de connoitrç
Adorer fo
éi% De divers Tr
toutes les raifons de fa con
duite fur nous.
,' r.
>>• e point
inquiéter
A 1 T E
neque utile : ilîui
qui à mortales fumus,
hoc quiàato in arra^
gantiam extoiUmur,
Cap. 8. Siproca»
ptt» nojiro his qui hit-
jufmodi curiofî /uni
refpondere necejjk"
riumjh > rationerrh-
que aliqttam ajferre ,
ilUd pnmitm dixerity
indignum ejje quxre»
te y cur boni m pref^
S'il étoit néceflaire de ré-
pondre félon notre peu de ca-
pacité , à ceux qui ont tant de
pourquoi les curiofité de fçavoir les raifons
bons font ici ^^ j^ conduite de Dieu fur les
fl!!!r'^"L ^ ' hommesjje leur dirois vnemie-
nigez & les '' ,-, n • j- ^
p-cheurs heu- rementjqu il eit indigne a ceux
tcux. à qui Ton a fait connoître le
royaume du ciel , & les récom-
penfes qui nous y attendentjde ff*/is , mali contra i»
s'enquérir pourquoi les bons requie per/îjîam
font fouvent dans l'affliftioa
en cette vie , & les méchans
dans la profpérité & le repos.
Car étant une fois pcrfuadez.
que chacun recevra dans k
vie future le bien ou le mal
qu'il aura ici mérité , pour-
quoi nous mettons - nous en
peine de tout ce qui peut ar-
river aux bons & aux méchans
durant celle-ci ?
11^4. Djeu a permis que quel-
Dieu hifïe ques-uns de ceux qui paroif-
tomber les E- fojtnt marcher dans le che-
pour lesp^jj^jg la vertu , foient tom-
relever enies ^^^ lorfqu'il leur eft fur-
venu des tentations , afin de
leur apprendre que leur ver-
tu ne venoit pas d'eux-mê-
mes, mais de fa grâce. Que
û Ton dit qu'il leur auroic
lus
rel(
humiliant.
c/lefii jum revelaîo
regno , futuriqueft^
culi pr<emio nchts 0-
Jtenfo. Nam cum irp
tUavitâJînnttU digna
fuis mentis recipiant^
quidjam in ets rébus
perturhamur , qu<i
hic bonis aut mahi
contingunt ?
Cap. ^. Ucirc»
dimtfjt iUos D^ui ,
ut difcant dlafe , non
propriâ virtute , fed
Dei gratta , prafiitif'
fe, Quodjî dicat qui s,
meîiiis fuijfe Ulos cum
refiè agerent extolli ,
quàm pofi lapfum htt^
miliari : ù mUn ma*
De d IV
9cime videturjaélan-
tu détriments atque
humilnatis lucra i-
gmrare. Nofti enim
filane hominem arro-
ganter bona operan-
tsm {Jl tamen bona
facere arrogans pof-
fit ) quampriwum in
ftimmam perniciem
lapfurum. Is vero qui
labl permijjus fuerit ,
atque ex mina humi-
Itari didicerit , refur-
get , acfi quidem vo-
luerit ylapjtisfui dant"
^a iito reparabit.
Flurimi ex hisqui
intentes videniur
virtutis catifa toleraf-
fe lahores , ac rêvera
tolérant , cum omnia
ad honorem homi-
ttujn non pro Deiglo-
riafacerent , permif-
Jîfintin tentationem
îabi , ut multitudinis
opinions CT* gloriâ
nudati , per qt*am
deirinfçnta omnia
ERS Traite's. 6ii
été meilleur que Dieu eût
fouft'eit qu'ils fe fuHent éle-
vez de vanité dans la voye
de la vertu que de Us a-
voir humiliez après leur chu-
te : c'eft ne guère connoi*
tre le mal que caufe la vai-
ne gloire , & l'avantage que
procure l'humilité. Car il
faut fçavoir qu'un homme
orgueilleux qui fait de bon-
nes oeuvres ( fi toutefois
un orgueilleux en peut fai-
re ) ne fera pas long-tems
fans tomber dans le péché :
Au lieu que celui que Dieu
aura lailfé tomber pour lui
apprendre à s'humilier , fe re-
lèvera plus facilement , &
pourra en peu de tems, s'il y
veut travailler férieufement ,
réparer la ruine qu'il aura fouf-
ferte."
Dieu permet quelquefois
que àiis perfonnes qui paroif-
fent avoir fupporté de gran- tomber les
des perfécutions pour la ver- grandes ameç
tu , & qui ont en efFet beau- ?""')" f.'i!'
r^ ce • • rir d- ' "*
coup lourrert , mais qui ne (,^g^,
l'ont fait que pour l'honneur "
du monde , & non pour la
gloire de Dieu , tombent en
des tentations & des péchés
confidérables , afin qu'étant
dépouillés de la réputation
de cette gloire pour lac^uel-
Diey lailîa
rir de l'or-»
6î4 P« DIVERS T
Je ils avoient agi , & qui a
caufé leur chutte , ils recon-
noiflent que tout ce vain é-
clat du monde eft moins du-
rable que les fleurs les plus
palîageres , & que fe dé-
trompant de la vanité, ils ne
s'attachent plus qu'à Dieu, &
fairent toutes choies pour lui
plaire,
i ï64. Que tous les jours des âmes
Ce font 1rs tombent & (e bleffent , il n'y a
Weffures de perfonne qui les pleure j &
rame ôc non Icrfqu'on voit dts corps fouf-
du corps qui^^-^ quelque douleur, on dit
d«. ^"^ ^^" ""^ choie dure & in-
{uportable. Ne faut-il pas être
poiTedé de l'efprit du démon
pour avoir de tels fentimens ,
& pour juger fîhumainement
àcs choies ?
iiéf, II faut pafler toute fa vie
Wul ne pif- en des travaux & des com-
^^^^Z^" '^f^T bats continuels, fî nous vou-
;ci-nité. biens de 1 éternité : Qiie s il
fe trouve quelqu'un fi délicat
& fi attaché aux aifes de cet-
te vie, qu'il s'imagine pou-
voir joiiir ici des plaifirs du
inonde , & dans le ciel de
^çiix qui.y, foût préparez pour
raite's.
perpejfi funt ^ ejufqu^
glorU naturum m
nullo flore fani ejjè
meliorem addifcentes ^
jam Deofoli vacent ,
atque ipjîui caufago
rmt omuia.
Deprovid.Iib. t2
cap. z. Anima fingi»'
lis dubus corruente ,
tiullus ejl qui lugeat%
Jîquandovero corpus
hoc aliquid palitur ,
id vero durum atquç
intolerabile ejje dici»
tur. Nonne id potius
ejl à d^mone corri"
pi , Jl adeo mifera-
hiliter aniwus ajficia'
tur , atque ità circà
rerum judida falla^
tur.
Cap.4. ^JMOW-
nis in certaminibus
& laboribui efl agen^
da j/î cupimus aterf
nâ requie , boni/que
illis perfrui, Sin aus
tem altquii ità deli*
catus ac negligensfit^
ut putet fe CT* hujui
vit£ voluptatibui C?*,
prétmii a( g4^^diH
De bi
ifUd in cœlis parata
funt iis qui laborei
fujlinuerint , frui
pojje i hic fe ipfum
fr or fus fallu ac deci'
fit . . . Tentatio ,
inquh jfok , eli vita
hominis fuper ter-
rain. Quid ergh an-
geris ? Quii gravi-
ter fers quod in <€-
rumn<e tem^oribas
vexeris ? Tmc enim
dolendum , tune in-
gemtfcendum effet ^fi
qttod Chrifus pref^u-
r<e tempus deputavit ,
id nos deliciarum O*
^uietis faceremus :
Jl quo tempore pugna-
tre ac laborare jufji
fumus y eo torpere»
mus : filatam ince-
deremus viam , cum
illeper angu^amprar
ceperit eundum. Ità
enim necefjarto jam
iiobis ferendus efi
eruciatus ille fem-
piirenus. Quid er-
go , inquies , de il-
lis dicis qui in ijio
f<eculo gradtuntur
in latitudine , O*
fit futuro aternis
jpramifs , Q* fxli'
VERS TrAITE'S. tfiy
la rccompenle des bons qui
ont tant travaillé pour les ac-
quérir , je lui déclare qu'il
le trompe fort , & qu'il s'a-
bufe lui-même. Qu'il écoute
plutôt ces paroles du faint
homme Job : Toute la vie de
l-homme fur la terre n\fl quu-
ne tentation continuelle. De quoi
donc vous fâchez-vous ? Ett-
ce de ce que vous êtes affli-
gé dans le tems qui cil: defti-
né aux afflidions ? Nous au-
rions bien plus de fujet de
nouç affliger , fi nous fai-
fions le tems de notre repos
& de nos plaifirs , de celui
que JESUS-CHRIST a delliné
aux afflidions & aux fouf-
frances : Si nous languiflions
dans la parefie & loifiveté , en
un lieu où nous devons fans
cefle combattre & travailler :
& fi nous voulions arriver
par une voye large & facile, au
lieu où il nous a ordonné d'al-
ler par une voye pénible 8ç.
étroite.Carenagiffantainfijii
faudroit fe réfoudre ncceiTal-
rement à fouffiir Iqs tourmenç
deTéternité. Maisjmerépon*
dra-t-on, que direz-vous de
ceux qui après avoir marché
au large durant cette vie , ne
lailferont pas d'arriver ui|
jour a^x récompenfes éternpl-
'éi6 De divers Traitez.'
les , & à la félicité du ciel ? ciffima requie io^
Je vous défie de m'en trouver nandt funt ? Quem
un feul tel que vous le dites : tu mihi talem dabu ?
Et je m'en tiens plutôt à cet
oracle de notre Seigneur. La
veye qui mcine à la vie efl é-
troite CP" ferrée. Or il eft clair
que nul ne peut être au large
en marchant par un chemin
étroit & ferré.
Quand le bien qui doit ar-
river d'une adion que nous
êviceroumc- f^ifons , eft beaucoup plus
prifsr lefcan. grand, que le mal qu'on en bent,c. 5. Quando
dale*
116Î.
Règle pour
Ego entmfoUm Clfri-
fil verhis acquiefio
dicenùi : Angufta
& arâa via eft ,
qu3E ad vitani du-
cit. Qtiod autem per
angujlam viam latè
tri non pofjît $ omni-,
bus profeho Uquet.
Quôd regulares
fœmmae viris co-
habitare non de-
njagnum aliqucd lu-
crum obvenerit , CT*
damno CT* plaga via-
peut craindre j il faut négh
ger le fcandale qu'on en peut
prendre i mais quand il n'en
arrive autre chofe,finon qu'on jm > contemnenii
néglige le fcandale que l'on /««*, qui fcandalum
donne aux perfonnes foibles; patittntuy : quando
quoique £e ne foit que par leur
imprudence qu'ils le prennent,
ils méritent néanmoins plus
d'excule , que ceux qui leur
donnent cette occafion de
chutte i lefquels notre Sei-
gneur condamne clairement
au fupplice de l'enfer dans fon
Evangik.
11^9-
Contre
^usc«
l^ Les habits nous font don-
nez pour cacher notre honte ,
autem nullum fuerit
ampliusj quàm qucd
infirmi abjiciuntur ,
etiam fi millies ex
imprudentia hoc pa-
tiantur illi, parcen"
dum eii erit : quo~
niam ÇT* Deui eos ,
qui impellunt in lap*
jltm , CT* dejiciunt ,
iata fententia fuppli^ '
cii puniet.
Cap. 7. rtjfes
m» funt dat£ » ut eis
Ce d I
^nemur , fed ut nu-
ditattsfœditatem oc
dultemtis , non ut ta-
ttbus induamur qu<e
nos majori turpitu-
dini qnàm ipfa nudi-
ias exponant. Idcino
O* Adam induit Data
vefles pelliceas , fimi'
îtter CT* ejui uxorem ,
quàmvisjt Vûluijfet y
pulchris cumpotuijjet
induere vejiibus. Sed
nobis antiquitùi CT*
per nias oflendit ,
(luod non fit prafens
tempus delictarum ,
fed gemendi O* plan^
gendt. Q»odfi igno-
minUefl^K^condem-
nationis ^ Z^ ex pec-
cato venit hoc ut ami'
Ou indigeas , quid
reprehenfionis mate-
fiam auges ? An non
fatis cafum noflrum
indicat , quodvepittm
fumui indigi ? Cur
crimen exaggerat ?
Cur indigentta am-
pliore accu/ationem
auges ? Oportebat
tnim ejdar-e CT* ge-
mère y CT" corpus tp-
fum cafligare.
VERS Traitez. ^17
& non pour nous fci vir d'or-
nement , & noi^s expofcr à une
chofe plus honteufè que ne fe-
roit la nudité. AulU nous
voyons que Dieu qui auroit
pu couvrir Adam & Eve de
magnifiques habiUemens , ne
leur en donna que de peaux,
afin de nous figurer dès les
premiers tems du monde par
ces habits giofTiers , que cet-
te vie , n'étoit pas un tems
de délices & de plaifirs ; mais
de pleurs & d*affliâ;ions. Que
fi le befoin que l'homme a
d'avoir àts habits pour fe cou-
vrir ,. ell une marque d'igno-
minie & de condamnation, 5t
ne vient que de Ton péché y
pourquoi voulez vous accroî-
tre par votre vanité le fujet
que Dieu a de vous repren-
dre ? Le befoin que nous a*
vons de nous couvrir d'habits,
n'eft-il pas un témoignage
fulïîrantde notre mifere & de
notre chute ? Pourquoi ag,--
gravez-vous encore votre rri-
me ? Pourquoi en multipliant
vos beloins, multipliez - vous
vos fautes ? Et ne vaudroit-it
pas bien mieux pleurer & gé-
mir, & châtier votre corp,»'
pour expier votre péclié ?
JonicI,
ti^
<Çi8 De divers Traitez;
Not]S ^éviterons jamais la Adverfus eos qui
peine que méritent ceux qui fubintrod. habent^
donnent du fcandale aux au- cap. $. Tune folàm
très , que lorfqu'il en naîtra Uberamur à pana g
un plus grand bien que n'efV qu£ pofita ejî in eos
Je mal dont nous fommes qui fcanddum dant
cau(è : car s'il n'en arrive au-
tre diûfe y finon que les foi-
bles s'en fcandalilent , foit
avec raifon , ou fans fujet ,
no'Jti répondrons de leur fang ,
& Dieu noui demandera compte
de la perte de ces âmes. Et c'eft folum oBvenerit , ut
afin que nous n'abandonnaf- fcandali'^^entur alii y
fions point le foin du falut five oh rativnem ait'
du prochain , & que nous quam^fweohnullamj
priffions bien garde de n'y five ut injirmi offen
pas caufer d'obftade . que
jES us-Christ nous a pref-
crit en cela de certaines con-
ditions & de certaines loix ,
qu'il a pratiquées lui - mê-
me félon les tems. Quand
faint Paul voyoit qu'il dcvoit
arriver de fa conduite plus
de bien que de mal , il négli-
geoit ceux qui fe fcandali- fendiculo fûmus^ter»
loient 5 mais quand il con- minos quofdam ©•
noiffoit qu'il n'en arriveroit
que du fcandale fans aucun
bien , il étoit prêt à tout
faire & à tout fouffrir , pour
empêcher qu'il n'en arrivât.
AufTi ne raifonnoit - il pas à
notre mode , & il ne difoit pas
comme nous j pourquoi ces
altis , Jî ex fcandalo
aliud quoidam lu"
crum nafcaïur majus
damno quod ex fcan-
dalo fit. Adeoque jl
hoc nonfueritjO' hoc
dantur , fanguis il-
lorum fuper caput
noftrum, &exma-
nibus noftris taies-
animas requiret.JSfr
pr opter hocneperom"
nia curant nullnm ha-
heremusvel ahjicere-^
mus eorum quitus of^
régulas taies nohis
ChriJIus prajcripfît »■
Cy fecit .... prout
tempus poflulahat*
Cùm videt majus lu»
crum quàm damnum
qu d oritttr , contem-
nii f9s qui fiandal»m
Dé divers Traitez. €i^
Pathntur. Vbiautem gens -là font-ils fi foibles , &
Incrum nullum ^folum fi ftupides ? Et comment peu-
uutem fcandalttm in- vent- ils juger à^s chofes iî
deevenire ycmniao* grofïierement ? Mais au con-
facere e?* pati para- traire il les épargne & en a
l«5 eji ne eveniat. Et pitié , à caufe de leur peu de
non difpHtat talia fens & de leur fciblelic.
more nojfro. Non enim dicit quare funt tant infirmi ?
^Hare tam (iupidi ? quare ajfeéltones illas admittunt ? Sei
ta de caufa ipjîs potijjtmum pareil , quia oh rationis fe-
nuriam itafe bahent^ CT* infirmi funt.
Cap. 6. Quanto Plus vous êtes foTt & ra- ii/ï.
fortiorem ejje dicis capable de recevoir aucune Compatir
ttihilque à cohabita- imprcffion de mal de l'habi- aux foibleir<?#
tione incommodi ac- tation d'une femme étrange- ^^ "j"'rl"\^^
cipere , tanto magis re en votre maifon , plus cela ^^*"^* ^'*^
te ipfum deèitorem vous doit obliger à rompre
xonfiituis , ut vin- une liaifon fi fcandaleufe. Car
sulum hoc rumpas. plus vous êtes fort , plus il
Nam quanto fortior eft jutte que vous fupportiez
eras , tanto aquius les foibleffes des autres. Si
fuit ut infirmiorem donc vous êtes foible , retran-
gefiares. Igiturfiin- chez, ce commerce à caufe
firmus es , propter de vous - même : & fi vous
teipfum defifie : fm êtes fort, retranchez-le àcfâu-
ro^wyîior , /;ro/»f er 4/- fe de la foibleffe d'autruù
terius infirmitatem. Aufli celui ^ui eit fort ,■ ne
Non enim fihi ipfi doit pas l'être poitr lui feul 5
duntaxat , fed CT* mais il doit aufii Têtre pour
«liis fortem ejfe opoT' autrui. Que fi en vous vantant
Set eum qui fortis d'être fort , vous méprifez la
#/?. Quod fî le for- foiblefle de votre prochain y
tem sjfe dicis , CT* VOUS méritez, d'être double-
infirmitatem ilUus ment puni *, tant parce que
tontemnis , duplam vous ne l'avez point épargné
ddii pttnam , ttm comme vous deviez ; que paî*
'^jFffii
ézo De divers Tr
ce qu'ayant afîez de force pour
retrancher ce fujet de fcanda-
le j vous en étiez encore plus
obligé d'épargner fa foibleire.
Car il eu certain que chacun
de nous, a obligation d'agir
pour le falut de (on prochain;
& c'eû pour cela que l'Apô-
tre veut que nous ne pre-
nions pas feulement foin de
nous , mais aufli des autres.
Aufll celui qui nous a rache-
tez , nous l'a commandé pour
le falut commun de nos âmes.
Et nous ne tirons pas feule-
ment un grand avantage ,
quand nous procurons le fa-
lut de nos frères , mais aufli
quand nous leur procurons
une plus grande aflurance en
leur retranchant toute occa-
fion de fcandale.
Job s'étoit fait une loi de
Dange" de ^^ P^ feulement jetter les
la fréquenta- yeux fur une fille j parce qu'il
tion àçs fem-fçavoitque non feulement en
"^"^ demeurant avec elle dans une
même maifon , mais même
en jettant fur eîle des regards
trop curieux, il étoit, je ne
dis pas fimplement difficile,
mais prefque impolïible de
n'en recevoir pas quelque
blefllire & quelque dommage.
Et c'eft ce qui faifoit dire à ce
liant homme ; J'e. w veux (as
ïr7î.
A I T E Z".'
qHod non pepcrcifCf y
tum quoà mttha tihir
vis erat ut illl par-
cere pojfes.. Narn
unufqui/que noflrttm
debitor e]}/alutispro»
ximi. Eropterea j»(^
ftimm ut non qu£
noftra Çwnt^fed qu^
proximi Jpefiemus,
Pretio enim empti
fumns, CT* qnt nos
redemit , hoc pr^cepit
in commttnem anl*
marttm noflrarum fa.-
lutem. Non entm hoc
folum^nojimm ejl l»f
crum ,. qttando pro-*
pria falvamus mem.'
bra j fed & quando
altos in majori fecti>-
ritate corjJÎUnimiêi.
Job legem pofiterAt
oculis fuis omnino in
virginem ne r^fpict-
te quidem : fciebat
enim manifejïè , quod
nonfolàm cohahUanm
tem y fed CT* afpicten^
tem curiosè in faciem
ViTginis y di^ile ,
forte atttem çy im-
pofjîbiU fît effttgere
damnttm quod inde
oritur. Propter qnod
V diQthat y. ne ca«
DE DI
gi'tem quidcm de
virgine.
Nihil tant indi-
gnum virgine quàm
dttari CT* negoiiorum
tHrba adûbrui.
Cap. 7, An ne [ci s
fvXgiàam CbriJIiani
vitam ufquequaque
lucere deberey e?" eum
^ui fuam gloriam
fadet , ubique pofiea
inutilem , CT* ttihil
magnum Ucraripojfe^
ttiamfi pr£clarafaci'
nora ediderit } Nain
fi fal infatuatum
fuerit , inqttit , in
quo falietur ? Sal
tnim nos ejfe vult , CT*
lumen O' fermentum
Deus, ut CT» alii à
uûbis utiUtatem aca-
piant.
Non minoretnpono
hominem y concupif-
centia veteri deten-
tum , & infuavtjjt'
ma & anùqttâ con-
fuetudine préoccupa-
tum : e^ deinde per
timorem Dei difrum-
pentem vincula y C7*
ad fd quad Dfo ^ro-
VERS Traiter. 'ézt
feulement penfer à une fille ^
Rien n cft fi indigne d'une
fille qui fait profeirion de vir-
ginité , que de travailler à
s'enrichir , & de s'erabaraf-
fer dans les affaires dti monde.
Ne fçavez-vous pas que la
vie du Chrétien doit être
toute brillante, & qu'elle doit
répandre fa lumière de toutes
parts : parce que celui qui
laiire ternir fa réputation, de-
vient après cela inutile, & que
quelques grandes adionsqu'il
puide pratiquer dans la fuite,
il cft incapable de rien faire
de confidérablc pour le fahic
de fon prochain. Slle feldtvien^
ftide, dit Notre Seigneur, «a-
vec quoi le falera-t'on ? DieU'
veut que nous foyons comme
du fel, comme une lumière,
comme du froment, c'eft â
dire, que les autres puiflént
tirer de nous de Tutilicé.
Je ne mets pas dans un
moindre rang que \&s martyrs ,
ceux qui étant depuis long-
temps affujétis à la tyrannie
d'une affedion vicieufe, &
engagés dans une 'ancienne
habitude de péché, viennent
par un pur mouvement de la
crainte de Dieu à rompre tous
ces liens &to;iscçs co/nmer'?^
1179.
Soin.s iiii
monde , i>>' ■ •
gties d'une
vierge.
II 74.
Confervet £9
réputatioiii
117'Ç.
Changer k%
affeftions crj-
min lies 8cin-
véterées ,
c'eft une efpe»
ce de mar*«
tyre.
<^i2 De divers Traitez,
ces d'iniquité , & rentrent batitr recHtrenlem.
dans une vie agréable à Dieu. £/? enim o* hoc mu
les
Car ce changement qui
oblige à fe détacher de ces
pafTions invétérées, & à re-
trancher toutes ces occafions
fi pernicieufes , pour ne ^his
afpirer qu'à la recherche des
biens céleiies , me paroît
«ne chofe plus difficile & plus
pénible que les fouffrances
même du martyre. Et en etfet
iestravaux des martyrs étoient
plus courts, au lieu que ceux
de ces perfonnes font bien
plus longs. De forte que con-
fidérant leurs peines comme
pareilles , j'eftime que leurs
lécompenfes le feront aufïi.
ïi7^- Lqs Juifs ont la virginité
Ce n'eft que g^ averfion. Et il ne s*en faut
dans l'Eg'ip étonner, puifqu'ils ont
qu'il y a. àtX. s r n • / i
vrayes yier- ^» outrageufcment traite le
ges.
Christ, qui étoitr né d'u-
ne Vierge : Les autres la re-
gardent avec admiration :
■mais il n'y a que l'Eglife de
Dieu feule qui l'embraiTe &
qui la pratique. Car je ne
confidére pas comme de vraies
"Vierges , celles qui le font
chez les hérétiques. Puifque
n'étant pas dans la focieté de
cet uni<im Epoux dont parle
rApôtre , il eft vray de dire
qu'elles oe foiit pas cbaÂes,
io dtjficilim ycompaf-
fionem O* ajfeflionem
inveteratam ejtcere ,
& mitltiplices occu'
Jîones avellere , O*
affumpth alii ad ca-
leflei apjîdes recwre*
re. Et jtcut martyr
rum velox Uhor > ita
O* hotHm prolixior
dolor. Qitapr opter C?^
parts corond , ^uo'
niam G7* certamina
interfe refpondent CPf
Juntjtmilin,
Lib. de virginit.
yirginitatii laudem
Judti averfuntur :
neque mintm qui ip"
ftnn qttoque natum
ex virgine Chrtjhm
ignominie ajfecerint :
admirantur ac fufpi-
ciunt exteri. Sola au"
tem colit Eccîejta Deu
Nam hareticoram
virginei , ego virgf
nés ejfe minime dixe»
rim : eo qvld cafl^
nonfim i neque entm
uni viro- defponfé
fnnt.
De di
ISIon Us honores
eonfl'itui , çfui à Vf
tiis folùm fe conti-
tteatit : nam id apud
me exiguum ejt : fed
qui virtutem omnem
ferfeculi fmt , toi in
peremitm c<tlorum
hier e dit atem intro-
duco . . . .oh idenim
^gnos dextros collocat
& cûUaudat , cr in
regnum admittit ,
non quod aliéna non
raptterint, fed quod
etiam fua aliis im-
fenitijînt. Et eum
eut quinque talenta
eredidijfet , commen-
dat j non quod non
imminuijjetyfed quod
ereditum auxiffet , ac
dupUcatum depojîtum
redderet.
Cap. Z5. Bonum
efl matrimonium :
quippe quod G* virum
retinet in ojjicio tem-
perami<e , mque in
lilidines pervolutum
interire finit. Quare
ne id accufa : hahet
enim ingens commo'
dum i Chrifii ment-
ira fcorti memhra
fisri non p^rmhfîm >
VERS TR.AITt2. ^25
Le fouverain juge n'a pas 1177^
préparé les honneurs du ciel , c'efl Ja ver-
pour ceux qui n'auront fait que tu àc non Ve*
s'abftenir du vice: & cette fim- xsmption da
pie abftinence fera une chofe ^'J<^" ^"l ^«»
peu confidérable devant lui : c<>"^o»i^«'
Mais il a difpofé Ton héritage
célefte pour ceux qui auront
travaillé à pratiquer toutes les
vertus. C'eft pourquoi il pla-
cera les agneaux à fa droite ,
& les admettra à la polTeflioii
de fon royaume , en les com*-
blant de loiianges ; non pas
/împlement pour n'avoir pas
ravi le bien d'autrui, mais
pour avoir donné le leur aux
autres i ni pour avoir con-
fervé en leur entier les talens
qu'il leur avoir confié 3 mais^
parce qu'ils les auront dou-
blés & iiuiltipliés.
II 7S.
Le mariage eft un bien ;
puifqu'il fert à retenir rhom- ^, ^„.^
me dans les bornes de la tem- eft un bien ,
pérance , & qu'il l'empêche mais la virgvi,
de tomber dans Tabyfme de "ité vaut
l'impureté. On ne le doit "^ic"^
donc pas décrier, car il eft
la caufe d'un grand bien ,
puifqu'il fert à faire enforte
que les membres de J e s u s -
Christ ne deviennent pas
CCHX içt'Hnc proôituéç j & ^^
éz-^ De divers T
le temple facré de Dieu y n'eft
pas rendu impur & profane.
C'eft un bien en ce qu il fou-
tient & relevé ceux oui font
prêts de tomber : Mais cela
ne fert de rien à celui qui eft
alîez fort pour demeurer de-
bout 5 & pour n'avoir pas be-
foin de ce fecours pour fe
maintenir. Car alors le maria-
ge n'eft ni utile ni néceilaire j
mais plutôt eft un embarras
à la pratique de la vertu , &
il dérobe aux Chrétiens une
partie de la gloire qu'ils au-
roient pu obtenir pour le
prix de la continence.
rjj-p. Je fçais la violence que la
Vigilarce yCon^ej'vation de la virginité
foin , V'^" veut qu'on fe fafle , je fçais
le foin que les Vierges y doi-
vent apporter, je fcais quels
combats cette vertu a à fou-
tenir : Je fçais que pour cela
il faut un efprit ferme , cou^
rageux , inflexible , & éloi-
gné de tout fentiment de vo-
lupté : qu'il faut avoir une
ame , fi Ton peut le dire ain-
fi , de diamant , des yeux tou-
jours en garde & toujours vi-
gilans 5 une fouveraine pa-
tience j je fçais qu'il fe faut
munir au dehors comme de
mviK i^ile remparts , defoûes > U^is > at^
& humilité
Bcceflaires
aux Vierges
R A 1 T E z;
nec facrum tempÎHmf
profanari C impw
rum feri. Bonum eji ,
inquam » quoniam
laffunum ftijimet at-
Que erigit. Sed quid
hoc attmtt ad eurfi
qui Jiat y O" qui ejus
opem non dejîderat.
"Nam htiic nec utile
nec neceffurium efl ,
'"GT' advinutemeùam
incommodum , norh
folum quiod multapr£»
beat tmpedimenta y
fed etiam quod ma~
jorem partent^ glori^ .-
detrahat.
Cap. '27. Novp
rei eontemionem **
novi virginum ij}a»
rum ftudium , »a-
vi hellt o-ravitatem,
Pervicact q.uodam
CT* forti animo opus-
efl y atque à lihidi-
numfenjfu averfo. . . .
Itaque opus efl nohh
adamantina mente ,
oculo infomni , to/e-
rantia fumma , mU'
ris firrris , parteti-
bus , forts ac repU"
g»Us , cujîodihus pet-
vigiUbus ac pr<tv4'
in pri"
De di
m/; calefil favorc :
nam nifi Dominiis
urbem cuftodiat ,
fmftra vigilant qui
cuftodiunt çam. Ai
qyo ffafh eumfuvo-
rem elicùemus ? Si
noJ}ra omnia coufe»
tamm , fana coti/î^
lia , fummam jcjunii
ac vi<iilttirum con-
tântionem , leo-isuc
curatam chfervatio-
ftem , mandatorum
cuj}àdiam ; zp' quoi
caput ejî , /tin nqbii
jiiticiam non collocc'
mus.
Cap. 7^%.yirgtni
4i4m conJuli£t prius ,
tuibendum fil ii^c ne ,
ttftum ejl rttatTimo'
itium : at uhi el <^it
ac confcripta ej} , fe
in fladium d>^dtt. Re-
quis igitur ind^flii
/peé}aciilis , Chn^o
fertaminii m.igi(lro ^
Angçlis fupernè fpe-
fluntibus , futrente
diabolo ac fremenle ,
iidUChmcjue confer-
to y CT* medio COU}-
prehenfo ^ in médium
pXpfiUem eiicere 4«-
Tom. I."
V^ERS TrA1TE2. (Szf
de gardes ; mais par deflus
toutes choies de la grâce &
de: la faveur divine. Car fi U
Seigneur ne garde lui-même la
Ville , cefl en vain que Us hom~
mes veulent à, fa defenfe. Mais
comment , me direz - vous ,
pourra t-on obtenir la pro-
t-edion de Dieu ? Cj fera
en y employant tous li^s mo-
yens qui nous font pq/Tibles ,
de fermes réfolutions poiir
le bien , l'airiduitc xics jeu^
nés & des veilles , l'exadi-
tude à bien obferver la ici
divine , & ce qui eiï le point
capital , en ue mettant poioc
notre confiance en noujî mê-
me.
Si une Vierge avant que de i i8o.
s'fitre engagée à garder fa ^ i''-^ plu«
virginité, délioére & confultc^ oredeferç.i-
fi elle (c doitmarier , ou non , '-^r,]'"^°''
» ^ » 1 voue la vu -
elle (e peut mari.er avec lûre-
t.é. M.us depuis qu'elle aune
foischoifi cet étatj & qu'el-
le s'eô cnroUée dans cette
fainte nr.iijce , il ne lui eft H
plus libre de ne pas combat-
tre. Et quielt cequi après que
le jour du co.iîbac feroit in-
diqué 5 JESUSCH R.JST
-qui e.n «ft le ]:\%e ayant pris
féance , les Anges en étaijt
les (pcdatein-s du haut du
^i>l,, jp dipiblc étant déjà fur
ginite.
Co>itr€ les
'réti<iuesx
êi6
De ©iVERS Traite' s.
ii8r.
C'ett un
le champ , animé de rage &
de furie , & prêt à combattre ;
qui , dis-je , (croit alTez lâ-
che pour reculer , pour fuir
l'ennemi , pour vouloir évi-
ter le choc, pour craindre la
peine & le péril du combat ,
pour ne pas entreprendre de
renverler Ion ennemi , & pour
lui céder la viéloire Ci hon-
teufëment ?
Une femme mariée qui veut
garder la continence contre
crimedevou. j^ volonté de fon mari , non
dansl«™am. delhne a cette vertu, mais
ge fans leçon- fera coupable des adultères
lentement ré- qu'elle lui donnera occafion
p.progue- (je commettre , & en fera
encore plus grièvement pu-
nie que lui. Et pourquoi ce-
la ? Parce que lui ayant refu-
fé les devoirs qu'elle étoit o-
bligée de lui rendre , elle
Ta comme précipité dans l'a-
byfme de Timpureté.
'iiSt. Quand je dis qu'une Vier-
Larmes de gg Jq^^ être plus portée à
piété plus pleurer qu'à rire ; il ne faut
fcrn^â^Lp-f'^ figurer rien de tnfte.
icux.
1183-
Car les larmes qui viennent
delà pieté 5 font plus agréa-
bles que les joycs & les ris
du monde.
Je S us-Christ ayant
j-î vo^'e c appçîé fa £"^e étroiie 5: diiïi-
Jit , hoflem fugldts
laborihtts fuperfedeati
comprehenjionem 0-
minât , ne dejiciat
ac projiernat adver»
fartum ,fed eivi^O"
riam cedat ?
Cap. 48. Qu4
invito vifo continens
fit » non folùm con»
tinentia pr^miis ca"
ret. > fd ilUus etiam
adulterium ^-ravins
ille luet , ac pleâle-
tur. Quid ità f quod
eum leghimo coiît»
fraudatum , in laf-
avi<£ bareuhrum COU"
jecerit.
Cap. ô/^.hiccùm
lachrymui audis , ni'
htl tetricum finge,
Habent enim ets la"
chryrme tantam vo*
luptatim , quantatn
nec hujus mundi ri'*
Quam angiiitam
C?* ^ttêmnofam Yi3iT\
De divers TraiteV €17
^xlueamritrfumO' elle, la nomme auflî-tôt unt^o-" P^"^
jugum comme- joug doux çy agréable, V* «» y°^" Chré-
àam & onusieve fardeait léger. Parce qu'encore ^-^pj ^ ^^^^^^
appelUt. Nam reï que ce fardeau foit pefantpar voyc 1-irge
fa nature , il devient très-le- aux pécheur;;
ger par l'afFedion, la joye &
l'ardeur de ceux qui le por-
tent. Auffi voyez-vous que
ceux qui ont embralfé la voye
étroite font plus gais & plus
contens que ceux qui mar-
chent par la voye large : Non
pas qu'ils ne foient Ibuvenc
affligés i mais parce qu'étant
élevés au defîus des affli-
dions, ils ne font pas fi fen-
fibles à leurs atteir.ces , que
les gens du monde , à qui el-
les ibnt infupportables.
quidem h*c naîura
ej} , fed fludio atque
fpe eorum quifrerfun-
gantur admodum fit
levis. Qttare alacrio-
tes etiam videas qui
ar^îam CT* arumno-
fam viamfint ample-
m , quàm qui latam
.àtquefpattofam , iter
facere : non quodtion
affiiSientur , fed quod
a^ifiatiofubus fu-
iis hujufmcdi pat tan-
thr 5 qt4£par fit altos
pati.
Cap. 75.Nede-
fraudate alteru-
trum 5 dé folo uftt
matrimomi dicîum
efii in eo enim Cnvi-
cem ohfeqni jubet »
tteque alterutrutn f»i
dominum ejjh finit.
în reliquo pbilofophi<e
exerciiio , vejlitt* ,
Ziiél» i atque allis
omnibus , aller alteri
noit efi obnoxiui '^fed
Çy ttirisfias ejl uxore
'invita aHiàns ont'
Quand TApôtre a dit : ATe 11 84.
vous refufe:^ point l'un à Vautre Onnefedoic
ce devoir, il n'a voulu parler P'*''"'^"^^^^'"
que du feul ulage du maria- '''''' ^'''' '*
^ III ra;ri;iee pour
gc, pour lequel il veut que ...i^^j^J: ^
le mari & la femme aycnt une une vie de lu-
déférence mutuelle l'un pour >:s &: dedeh^.
l'autre i fans que nul des ces.
deux foit en cela (on maiftre.
Mais dans les autres chofes
de la vie Chrérienne , com-
me des habits, du manger
& de tout le relie , l'un n'eft
point abfolumsnt dépendant
de l'autre. Car comme il eft
Ggg ij
6^d Dg DiTERS Traite' S.
iibre au mari, même contre nés ac circumfîuentem
le gré de fa femme , de re-
noncer aux délices , & aux
foms empreirés du fiécle : auf-
fî la femme ne peut point être
contrainte , fi elle ne le veut
pas , de s'ajufter , de fujvre la
vanité , & de rechercher les
choies inutiles & fupeifluës
de ce monde- Et cette con-
duite ell fondée dans la rai-
fon : Car la cupidité i^ui fert
3 la propagation des hom-
mes el]t naturelle i ç'eft pour-
quoi elle demande entre les
perlbnncs mariées cette con-
defcendcnce pour ne pas re-
tufcr ce devoir mutuel à celui
qui en veut ufer : mais tout
ce qui ne va fimplement qu'à
la volupté & qui ne confifte
(ju'en des fpins inutiles & fu-
perHus ^ ne vient point de la nature ,- mais d'iif
ne molefle & d'un dérèglement criminel. Cciî
pourquoi les perfonnes mariées n ont nulle obli-
gation d'avoir de la déférence l'un pour l'ai'.tre
en ces fortes de chofes-là , comme ils en doi-
vent avoir dans Tufaçe du mariage.
curarttm turbam a-
moîtrt i O* uxorivi"
ctfjim non eff nectjje
fi nolit , comiy ina»
nem gloriam cap tare y
fupervacua curare.
Nec injuria. Nam
equidem cupidiias il'
U naturalis efl ; ita^
qs4e C?» €1 nonmhil
condonatum ejî , nec
potefl aher aUertint
nqientem dtfraudarej
hiC deliciarum , fu-
pervacui cultpis , non
<ib natarâ profctfii-
titr ^ fed ex ignazia
^ infigni nequitia :
quare non in his ut
in illis, conjugesin^
ïî8f. Lachalkté ne conlîfte pas
ta chafteté fimplement à renoncer à mic
pft i;iuti'.e fi voIup:é honteufe & criminel-
eil: ne ifitran- jg ^ pendaiit qu'on affede de
che les foins ^^ ^^^^^ ^.^,^^ curiofité & aju-
llement : Mais à le dégager
de tous les foins & les embar-
ras d4 monde. Car fans cela,
«.lu njonde.
Cap. 77. Capii-
tatem intelligo , }ion
ftda ac fljgiiiofa fi}-
lt;m libidine , orna-'
tu j curiofiiate vacn*
re , fed cit£ eti^xm
(ftris e/Jefolatdm aç
15e Div
fit 5 quorfum corporis
eaflitatem } Etemm
quinque ill(e , ^ lu-
cernas habebant , CT*
Virginit aient exer-
eueram quorum ni-
htl eis profuit ....
Q^ippè ob td pr<t'
Jfatts efl virgttiitas ,
quod omnem fuper-
Vacu£ -curtg anfam
froteUty otium omne
atque pudium divi-
nis operibus confe-
crans, Quodnifiha-
beat , matrtmonio
fit longe deterior ,
fpinas tu ahtmo cir-
cum/erensy ac atlefie
femen fujfocans.
Qui patrem aut
niatremamatfuprà
me, non eft me di-
gnus J quippe quod
ubi qttid Deo accep-
tttm perfequamttr ,
qmfquis prohtbeat ,
Jei* pater y feu mater ,
feu qtiicumque fît ,
Aû/?« atqne tnimictts
fit babendus.
Cap. 80 Kadix
tyfrucius virginita-
tis > vita crucffixa efi.
à quoi lert la fimple chafteté
du corps ? & en etfet ces cinq
Vierges dont il cft parlé dans
l'Evangile, nonobiian! leurs
lampes , & leur chaitecé^ fu-
rent exclufes de l'entrée du
ciel. Ainii l'excellence de la
virginité confiite en ce qu'elle
nous procure un moyefl fa-
vorable de nous dégager de
toutes les foilicitudes du fie-
cle , & de confacrer tout no-
tre ioifir & toute notre étude
à l'exercice des bonnes oeu-
vres. Et fi la virginité ne pro-
duit cet effet , elle eft bien
moins eftimable que le ma-
riage 5 puifqu'en nourriffant
dans notre ame les épines des
foins inutiles de ce monde ,
elle y lailferoit étouftlr tou-
te la femence divine.
Ctiftf qut aime fon père 0» /à JIo^«
mère plus que moi , nejî pas di- Regsrdft
gne de moi. Ceft à dire , que ^i^C^"
quiconque nous empêche nous détoiu-
d'embràlfer un bien agréa- ne de Dieu^
ble à Dieu, quand ce leroic
notre père ou notre mère ;
doit être en cela regardé de
nous comme un ennemi.
II 87.
Vie crucifiée eft la raci- morriftcario^
ne ^ le fruit de la virginité. & delà vugi*
nicé.
Cgg iij
6^o De divers Traitîz,
118.9. Quiconque n'a rien à per- C^p . B i . Q»i »iî>îl
Amour ou jjre , méprife toutes chofes , hahet, omnia contem-
raépnsdesn- ^ ^^ capable de parler avec nit .G^ma^nâhber^
chefies, four- ,., » , /, -n j r
ce de h ba.P- toute liberté aux Magiitrats , tate adverjus magt"
felle ou de la aux grands du monde, & Jtratus , f?rimates at-
Jibercé, aux Rois mêmes. Par le mé- fjue if^fum diademaie
pris des richefles , il arrive ornatum utitur. Qtti
peu à peu à celui de la vie;
& s'élevant par un parfait dé-
tachement au defl'us du mon-
de , il parle hardiment à tous,
& ne craint perfonne. Com-
me au contraire celui qui eft pidè allcquetur , we-
attaché aux biens de la terre . minempavem ac/otr»
n'en devient pas feulement
l'efclave, mais encore de la
gloire, de l'honneur, & de
ia vie même , c'eft à dire de
toutes les chofes qui appar-
tiennent à cette vie : Ce qui
a fait dire à faint Paul , que
C avarice etoit U racine (U toits
les maux.
opes contemnit fenfint
progrejftts , facile
mortem etiam co»"
temnet j atque bis ex^
n^t
ceifror , omnes tntrê'
miàans. At qui opi-
hm occupatur » non
opum tantùm manci*
pium ^ fed etiam glo"
ri A» iTonorisyprdfen"
tisvitSi atque ut/è»
mel dicam , omnium
qutt ad vitam perti-
nent, Itaque avari"
tiam Paulus malo-
rum omnium radi-
cem dim.
118^. Maintenant que la grâce Cap. 84. Nunc,
X)bligations ju Saint Efprit s'eft répand^ië ingens Spintus fanai
fes ^\us^r^' ^ abondamment , & que nous gratia ejfufa efl , ©•
d"s d'epuiTli avons reçu cette faveur fi fî- magnum adventus
venue de T. gnaléede la venue de JESUS- Chrifii munus ; adul^
Cj Christ, cela oblige les tos quippè prc infant
enfans à devenir hommes. Et tihus reddidtt. Itaque
comme nous exigeons plus Jîcut nos àpuerii na^
de perfedion & de vertu des pris puherthm mai»'
jeuoes gens , Lorfqu'iU font rfmvirtnt^mpofhtîa^
De di
ina atate facientes
laudabamus , eadem
tfiros primantes non
«que admirarhur ,
fed alla mttlto gra-
Viora Us edere jubé-
mus ; ità CP* ab hu-
fnana natwâ Deus
primo quoquetemffore
eximia ^Htedam faci-
ttora non extgebat y
ut quttpuenUm affe-
fîaej]et\at uhi Pro-
phetai , Apojfolos au-
tlivit y Spmtusfanâîi
gratiam confecuta
*/?5 virtutis ei ma-
gnitudmem auxtt.
Nec injuria : nam
mercedem ampliorem
& pTigmta multo il-
hflriora nunc propo-
ft*it : non enim am-
plius terra ac terre-
na , fed calum CT* qua
intelligentiam fupe-
rem bona perfun^os
txpefiant.
VERS Traitez. ^^î
fortis de l'enfance 5 Si que
nous n'admirons plus leurs
petites adions , ainfî que nous
faifîorts dans ce premier âge 5
mais que nous voulons qu'ils
en fallcnt de plus (érieufes
dans un âge plus mur & plus
avancé, de même Dieu ne
demandoit pas autrefois des
hommes dansi ces premiers
temps , où le monde étoic
encore comme dans fon en-
fance, des chofes fî grandes
& fî parfaites ; mais depuis
que les Prophètes & les Apô-
tres leur ont annoncé la vérité,
& qu'ils ont re^û l'efFuiion
des grâces de rÈfprit faint ^
leurs obhgations fe font infi-
niment accrues. Et ce n'efl
pas fans fondement j puifqu'on
leur a aufîi propoîe un plus
grand prix , & de plus amples
récompenfes : Car ce n'efl
plus maintenant la terre & des
biens terreftres qu'on leur
promet , mais le ciel même
& des biens qui furpalfenc
tout ce que notre intelligence
peut concevoir.
*^W.
.G g g iiïj
6^1 Des Livres contre ceox
DES LIVRES
contre ceux qui blâment
LA VIE MONASTIQUE.
ir^O. T ^ ^"jy^ 7'<* n eue à la -vie ,
Rareté de ï^^cP ctrohe , CT* il y en a pet*
ceux qui qui la trouvent. §^ il y en a peu
trouvent la qui trouvent cette voye du
voye étroite ^.jçj -j ^^^ ^ ^^^^^^ t)ien
cC qui V per- • '^ • . • r ' > 1
f*:wL»nr moins qui arrivent lulqu a la
hn. Car il ne faut pas s ima-
giner que tous ceux qui y en-
trent d'abord , y perfcvérent
jp.fques au bout : Mais il y en
a qui tombent des le com-
mencement, d'autres au mi-
lieu du chemin , & plulîeurs
de ceux qui étoient prêts d'en-
trer dans le port, y font mi-
ierabkmenc naufrage.
iipt.
II nous eft fans doute beaw-
V^mtl'àci c<*"P P^"s avantageux de corn-
juttes cour- mencer par des peines tempo-
tes , récom- relies & palfagcres y pour
ponté éternel- pafler à un repos infini j que
^=* de ne foire 4"^ goûter ici
Adverf. vituper.
vitJE monaft.lib. i.
cap. 8» Arda via
qux ducic ad vi- ,
tam , 8c paucifunt
quiinveniunteam:
Sin veto pauci [uni
qui inVeniunt , pro-*
fecio longe pauctores
erunt y qui ad fum^
mum ejus pervenirt
pcfjlnt. Neque enim
omnei quitlUm initi»
appreljendtruftt , ad
finem eliam proveHi
fttnt i fed alii qttidem
in ipfispaiim initiii »
nonnulli ittnerh me»
dto 5 plurifni vero in
ipjumjam porium in»
teâîf na(*fragiumfe»
cerunt.
Lib. 2. cap, 14,
Muho projeflo mehui
multoque prajlantius
efi à temporaUhui C?*
momentaneii Uhori*
bui inçipere f. at^iut
QUI BLAMENT
h infinitam requiem
dejînere , cjuam ht s
qt*£ vident ur ejje ju-
(undijjima brether
^tiflaiti , in fumma
€i^ ^ravijjïma incont'
moda dt'cidere.
Lib. 3. cap. z.
Eorum qttoque deli-
{îorum qux videntur
fjfe levia CT* nulla ,
terrihiles tune panai
txpendemui. Adeoju-
dex ipfe pari Cr ea-
de m ferè dihgentia
€?' noPram CT" proxi-
nfirum nojîrorum fa-
lutem rcqutrit à no-
bis ; idcirco Paulus
femper ^ uhicjue mo'
retjtn^ulos non qu3e
ftia funt qiiiErere ,
fcd qux proximo-
rum.
Cap. 3; ¥ P^^-
tnui malitU CT- cru-
delitatii gradus ab
infimis afcendendo ,
jumenta O* pecora
inimicortim errantta
Vel hpfa nenltnrere.
Secundus illo fuperior
inimicos if^fos ntgU"
gentius curare . . . ,
Tertius deinceps fra»
ires afpernari» licet
LA VIE Monastique. ^33
en pafrani& durant quelques
momens des biens qui paroif-
fenr agréables , pour tomber
enfin dans des maux très-
grands & éternels.
Dieu exigera un jour de ^\Y^;^^^
nous une tres-ngoureufe pu- ^^ jf mier
nition àts péchés qui paroif- jugcnicot.
lent maintenant les plus lé-
gers , & même de ceux qui
femblcnt ne le pas être : Et
ce jufte juge ne nous deman-
dera pas un moindre compte
du falut de notre prochain ,
que de notre propre filut :
C'efl: pour cela que Saint
Paul nous avertit /îfcuvenr,
de ne pas prendre feulement fotn
de ce qui nous regarde , maJs auf»
fi de ce qui regarde les autrss.
Le premier 8c moins crimi- ï rp J,
nel degré d'inhumanité en- î^ivers d(f-
vers le prochain , ei\ de né- "'"", f i'^^^"-
gliger le foin d.s beftiaux JlJTu cb^
de Ton ennemi qui feroient jjté,
égarés ou tombés en quelque
lieu dangereux :* Le fecod
e{{ de négliger le foin de h
perfonne même de notre en-
nemi. Letroifiéme eft de mé-
prifer les autres hommes qui
foac nos frères , quoiqu'il
é^4 3DÉS LIVRES CONTRE CEUX
jiousfoient inconnus. Le qua- fuerint ignoti. Quar-
triéme eft de méprifer ceux tus familiares quoqug
même que nous connoiffons
& qui nous font familiers. Le
cinquième, ci\ de ne pas nous
mettre en peine de les voir
périr non feulement lelon le
corps 5 mais encore félon l'a-
me. Le fixierae eft ne pas
négliger feulement le foin de
nos amis , mais même de nos
cnfans qui fe perdent. Le
feptiéme eft de ne pas leur
donner des perfonnes pour
les conduire. Le huitième eft
d'empêcher que ceux qui s'of-
frent d'en prendre le foin,
ne le falîent. Et le neuvième
& dernier degré de malice &
d'oppofition à la charité, c'eft
quand non feulement on em-
pêche les autres de prendre
foin de nos enfans , mais mê-
me qu'on les maltraite & qu'-
on hs perfecute.
Doii vient que les enfans
Pcresiiui fe dérèglent & fe perdent , fi- ex ratione contingH
gligent le ^^^^ ^g ^^. ^^^g jg^-ç p^j-gs s'at. ^^ perverjt fiant "/«-
fan/ , "pfres ^^^^^"'- ^^^^ e%cès , & fi on hri ,ni/î quodeorum
que des par- P^"^ '^ '^^^^ ainfi, avec folie &
IÏ574'
de/picere. Qitintus ,
càm non folum cot"
pore , vertim anima
quoque fratrum pe-
reunte , dejîd^mus.
Sextusy fi nonfamî'
Uaribmmoào , vtrùm
ipfîs quoque Uheris
noftris pereuntihui
negligimus. Stptimus,
citm nec altos quitus
tlU cur<e e[]e poffmi
providentés. Ofia»
vus , cùm CT* eos qui
idà feipfii facere in»
fiitttunt , arcemus at»
que prohihemus. No'-
nus , chm non tcin"
tum altos prohihemusy
veram oppitgnamilS
quoque.
Cap. j^.NulUalU
licidcs. emportement aux biens du
monde. Car comme ils ne
cherchent autre chofe , &
n'eftiment rien de préférable
à ces biens terreftres , cela fait
«qu'ils négligent & ^u'iU âb»iv
patres circà zita pr<-
fentiscommoda , <equ9
ampltus incumhunt ,
CT* ferè dixerim in*
faniunt. Cum enim
tllafolummodo tnqni'
runt i nihil<itt9 tllk
QUI BLAMEKT
pr<tferend»m cenfent,
€y fttam pariier , CT»
liber orum animant
negligere coguntur.
Hos ego patreSy qttod
nemo tamen me corn'
tnotius dicerey quàm
Vertus exijlimet ypar-
ricidis ipjîi immani<y
res , C fceleratiores
dixerim. Illi enim
corpus ab anima fe-
parant ^ tjH O* ani-
mam CT* corpus ater'
nii ignibus tradunt.
Atqtte is qitidem qui
corpore occpditury ne-
eefjari'j naturaU lege,
etiamfi necatus non
fuiJJ'et » moreretur :
hic verofempiternam
mortem vitarepotuif-
fet y nifihanc au pa^
terna ne^ligcntia
confcivijfet. Frxtereà
eorporis mortem fu'
perveniens protintts
refurreClionis gloria
delere poterit facilli~
me : animée V'ry in-
ieritum nihtl folari
poterit y cum ipjtnulla
jam fît reiiqua fait»'
tis fpes , verum im-
mortales cruciatus
ker^çognm* Ua^m
LA VIE Monastique. 6}^
donnent le foin de leur ame,
& du falut de leurs enfans.
Et qu'on ne croye pas que
j'en parle ici avec plus de
chaleur & de paflion ,que de
vérité >• fi je dis que ces pères
là font plus cruels & plus fce-
lerats que des parricides. Car
fi les parricides réparent le
corps de i'ame , ceux-ci bier»
plus inhumains livrent & l'â-
me & le corps aux feux éter-
nels. Quand celui qui eft tué
félon le corps , ne l'auroit pas
été alors , il feroit toujours
mort en un autre temps par
la loi indifpenfable de fa mor-
talité : mais ces patfrres en-
fans mal élevés , auroiens
peut-être évité la moit éter-
nelle, fi la négligence de leurs
pères ne la leur avoit pas
caufée. De plus la gloire de
la réfurredion , pourra un
jour effacer en un moment la
corruption de la mort de nos
corps ; mais rien ne pourra
réparer la mort de îame 5 puif^
qu'il ne lui reftera plr.s alors
aucun efpoir de falut, & qu'-
elle fera condamnée à des
tourmens éternels. Ce n'eft
donc pas fans raifon que nous
avons regardé ces malheureu^s
pères comme plus méchans
que 4es parriçiàes , puifiiu'iJl
ïipr.
6j6 Des Livres coktrb cêox
ne paroît pas , que de s'armer non injuria pAretihi
d'une épée 6i de la plonger eju/modt détériores
dans la gorge de Ion propre pamcidts dixittas,
fils , foit une adtion plus cruel- Non enim ttà crudele
le , que de corrompre & de factnus vlJetur gU-
faire mourir ion ame même, dium acuere , z^ at"
mare dextram^ atqrte
in ipfum fiit gutt»r
immergere , ut ani'
mam perimere , 4î-
5«e corrumpere.
Dura ac penitHS
acifia cr violenta res
ej} confitetuio ad vin--
cendam capieniam»
que antmam , cttm
imprimii tffa voltt'
ptatem adjutricem
hubeat : ea vero vir"
tus ad qtiam fej}/r:a-
la coutume eft comme un
quam
tramfe
eari finderrtHs y tn
em <y appli'
Perverfe tyran qui domine lur notre
éducation des ame avec la dernière violence,
enfans caufe & qui fe l'airujetit abfolu-
de leurs de- j^gj,^ ^^j^^i^e (q^i ef^lave , lorS
fordres^ '^'principalement qu'elle efta^-
^"'"^'^^^"^déeS^^rtil^ée par la volupté.
Au lieu que la vertu à laquel-
le nous tendons, & que nous
nous efi-orçons d'acquérir , mus , CT- ad
nous coûte beaucoup de tra-
vail pour y arriver. Âufïi fut-
ce pour cela que lorfque Dieu Rentes nobis pr^heat
voulut faire perdre aux Hc- Uhores. Quocirc^
breux les vieilles & mauvai- -
fes coutumes qu'ils avoient
appriles chez les Egyptiens ,
il les mena dans le defert
pour les éloigner de ces peu-
ples qui les avoient corrom-
pus; & les tint plulîeurs an-
nées dans ces folitudes, com-
me dans un monaftcre pour
former leurs efprits à la ver-
tu ^ fe fetryanc envers eux
Deus quoqAe ipfe ,
cum Htbrsis eoruin
quA in /E^ypto didi^
cerant matorum VelHS
cenjHetuào deponenda
effet, feorfttm tUos tn
folitudmem quàm Ion-
gifjimeabiihs à qui'
bus corrumpebmtur
abduxtt, Cf tanquam
h mQnapmç Ubrum
QUI BLAMENT
fermahat animos ,
^iam oxnnem mtdi-
cinéC O' curationii
tentans a/periorem
atque lenioreni , ni-
h^lque penpttti omit-
tens ex fis qn^ vide-
rcniur eorum faluhri-
tati profuiura. El ne
fie quidem illi vitia
effttgermt , fed cùm
ntanna ctltpi ciho
aUrentur , cepas ta-
men €7* allia O' ex»
tera ^-gypti tnala
fraferebant afq-^e re-
quirehant , adeogra-
fe malam ejï confite-
ttido. Si autem Jw
iti cum tinta divt-
pa diligeniidt cnra
fruerentur , ducemque
pr^flantiljîmum CT»
0deo eg^regium , ctti
piterentur , l)^herçnt^
ptetuque pr£ierea O"
çomminatione , ÇT*
hen? fiais , O" crucia-
tibus , modis deuicjue
çmnibus erudirentur ,
tantaque QJ* tam il-
l^iflna miracula vi'
derenty in nnUo me-
Itores evafcrt*rtt : tu
fiUum tuum juvenem
^•1 /^'^yt^^ rnedk p
LA. VIE Monastique, é^'f
tantôt de la févérité, & tan-
tôt de la douceur, comme
pour tenter toutes (ortes de
remèdes afin de les guérir de
leurs maux invétérés , & ne
négliger aucun des moyens
qu'il jugeoit propres à leur
pr.ocuicr lafanté. Cependant
tous ces foins ne furent pas
capables de remédier a leurs
vices, & de les empêcher de
fbuhaiterles oignons d'Egyp-
te , & de préférer tous ces
miiérables alimcns dont ils fe
répailfoient autrefois en cette
terre étrangère , à la man-
ne du ciel dont Dieu même
les nourriilbit : tant eft grand
& tyrannic]ue le pouvoir de
la coutume & de 1 habitude.
Si donc lors même que les
Juifs étoient favorifés h puif-
famment dçs foins & des af-
fiftances de Dieu j qu'ils
étoient cojiduits & gouver-
nés par un chef fi excellent
& fi autoriiè parmi eux j
qu'ils étoient inftruits & fou-
tenus du Seigneur , tantôt
par les menaces , les cliâti-
mens & la crainte > tantôt par
des bienfaits & des miracles
fi prodigieux , fi dis-je , tous
ces fecours divins n'ont pas
été capables de les réduire
Si |e$ftike. devenir aieill^juiti
«3^ Des Livres contre ceux
comment pouvez vous vous five magis in medi'd
imaginer , que ce jeune fils dimicattone ver/an^
que vous avez en Egypte , tem , nullumque q»i
c'eftàdiie au milieu du mon- quod utile ejfe f>cf]it
de j où il n'entend rien qui confuUt audientem :
le porte au bienj & où au cun^os vero ad ea
contraire tout ce qu il voit qu<t contraria faluti
& qu'il entend l'en détourne ^ Junt [e exïmrtan in'
& lui infpire le mal, &ceux fpictentem , atque eos
ies premiers de qui il tient ommum maxime qui
l'éducation & la vie , com- Ce genueritm c?* edu-
fnent , dis -je , penlez-vous caverunt diaboli la-
qu'il puifle éviter les embû- queos evadere poffc
ches & les pièges du démon ? arbitram ?
^t en effet comme fi vous Cap. 6. reluti emm
aviez! pris à tâche de perdre dedtta opéra libérai
vos enfans, vous êtes les pre- veproi omni fludt» ^
miers à les porter à faire tou- perdere cureits , it4
t^s les chofes qui damnent umverfa illos facers
infailliblement ceux qui les JHbetts, qu<e qui fa^
font. £t afin de vous le mar- ciunti /ahi efse mrt
quer plus précifement , repaf- poffunt. Idfi placet »
fons ici, je vous prie jles in- aUqt*anto aliim con^
ilrudions que nous donne Jîderemus , c^leflibus
Notre Seigneur en fon Evan- Evangeltum vocibus
gile : Malheur à vous qui rie;;^ intonans : Vx , in-
jEt vous ne faites autre chofe quit , ridentibus :
tous les jours que de leur pro- vos illis quotidie in-
curer mille occafions de rire numeras nfm occajîo-
&L de ie divertir. Malheur à nés ^r^betis. Va» ai'
TOUS qui êtes rtches : Et vous au vitibus , vos contra
contraire vous employez tous ut i!U pecunio/îfflmi
vos (oins& vos efforts pour fant , univerfa moit-
iés enrichir. Malheur à vous m/«i. V2 cùm vobis
lorfque tous les hommes diront du benedixerint om-
hiqt de vms ; Et vous faites ncshominQsivo! att^^
QUI BLAMENT LA VIE MONASTIQUE. 6jj}
ttm C^ quidem f^pe y fouvenc des dépenfes trcs-
6tt lat^iei favorejtjue fomptucufes & vous vous rui-
popuUres confeqtta- nez pour paroicre magnifiques
mini y omne patrimo- aux yeux du monde, & en
fiium ejfunditis. Rur' attirer les applaudiiremens ^
/ufque , qui fratrem les loiianges. D aiiltuis l'Er
contumeliis ajfecent , yangile nous apprend que qui-
femptternis tgnibui conque injurie fon frère mé-
chnoiciusfit : vos au' rite la punition du feu é ter-
rem e?* imhecdles ef?e nel ; & vous , vous témoignez
putatis G*" timidos eftimcr lâches & timides ceux
qui tacite Jlhi iilatas qui foutfrent quclqu'injure
contumelias ferunt , avec patience. Mais vous ne
C^c . , . . Ncque ijîud vous contentez pas de cette
folum iniqHum G* irt' conduite fi criminelle , Se d
dignumejlqtiodChri- indigne d'un Chrétien , d'en-
piprteceptis contraria Teigner à vos enfans des cho-
docetis, verum quod ^es contraires aux préceptes
favorabiUèus appeU dejESUS-GHRlSTs vous
Utionibus vitia ob- allez encore plus loin , en
ducitis. Qttippe Cir- couvrant la laideur des vices
cen/îbus ludis , CTTe- de noms fpécieux ; Vous ap-
liquis fpefiacuUs iti" pelle?, les Tpeétacles un diver«-
terejjejugiter^ urba- tilfement honnête ; la prodi-
nitatem CT* facettas galité & la diflîpation , libd-
vocatis : divitUs af- ralité & largelîe j & vous don-
finere Uberalitatem : nez à l'injuitice le nom de for-
gloriam amare , ma^ ce & de fermeté. Et ne vous
gnanimitatem : ar- contentant pas encore de ces
rogantiam , confiden- pièges que vous tendez à vos
tiam : prodigaltta- cnfans j vous les trompez en
fem 5 clementtam : donnant aux vertus des noms
fnjupliiam fortitudi- odieux. Vous appeliez la pu-
pcnt effe ajjerentes. leté , une humeur rude &
^um vero qua/i non farouche ; la modeftie, crain-
■hac/i*fficiat decifnh^ te ^ l'équité fif la juftice , foi?
i?4o Des Livres coktrb ceux
blelFe ', le mépris du fafte 6c virtutem quojue con^
de la gloire , baiîeire d'efprit ;
la toléranc-e d^s maux , im-
bécillité & lâcheté ; comme fi
v-ous appréhendiez que fi vos
cnfans apprenoient d'ailleu-rs
ks vrais noms d-cs vertus, &
lt;ur vrai mérite , ils ne tra-
vaillafiént à fuir les \icç^s
qui leur font contraires. Enfin
vous négligez 1-c foin de leurs
a;nes , comme fi elles étoient
quelque chofe de vi] & d'i-
eutile i & en même temps
que vous ne faites nul cas
des choies principales & né-
celîa-ires, vxiusappiiq-uez tous
vos foins & toute votre in-
duftrie à leur procurer celles
qui leur font véritablement
i-nutiles & fuperfluès : vous niciem filii
avez grand loin qu'ils ayent
de bons lerviteurs , de bons
chevaux , de beaux habits :
& vous ne faites rien pour
qu'ils deviennent bons eux-
mêmes ; vous n'y penfez feu-
kment pa^.
trariis nominibus oh'
nubitls , ru/licitatem
quidem pudiciiiam
vacantes : formtdi^
nem , modejliam ; im-
becillitaternque , jtt»
jlitiatn ; contemptum-f
cjuefafim O* g^orify
jsrvilis e/J'e anlnip
exifltmanïes , nialo*
rurnque tolerantiam y
ignaviam C?' infir"
muatem : tanquàm
profeflo metuenies , ne
Ji tandem veram C7*
froprtam harum re~
mm appellationem ab
alits audicrint j effu>'
giant ejufmodi fer-^
yos illarum animas
ut vile aliquid ac
fuperfluum negligilis :
corttm autem qu<e CT*
Juperfina rêvera C7*
indigna fUnt j veluti
ea necejjaria Jint ZD*
princtpaiia curaynge-
ritis ingentem, Nempé enim ut fervus , ut equus opti-
mus , vejlifque pretiojîfjîma fili) ft omnia facitis i ut
ùutem tpfe bonus O" probus pat , jie cogitare qmdtm
unquam vmtts.
i^^t' La Philoropkie Clirétien- . Wlofaphia anîwr .
Excellence _ , , ' , . ,, ,. '",,.'
À\x ChiiHia- ""^ > ^ ^^ regleir.ent de la- Utterarumerudtttonr^
Êifnic. " ïiwîj l^irpaiTe auunt ea ex- JiitÀiifqHeUUraUlm,
ÎAT7Î9
QUI «LAMERT
tamo dijjîciUor tj\
O* operofîor y quanio
facere quant dicete
dtffî(.iliuj j operjtjucy
quàm verba Uborio'
jtora fant.
Cap. lO. Inde id
^ucd umnia pervertit
^perturbât , meiini
& tu uni ^ptnifiti eli-
minuîum ej}. CmMa
quippe illis communia
funt , menf^ , domus ,
indumentum CT" quoi
fane mirabiliui */? ,
ttnus etiam idemque
animui omnibus ejï,
Omnes eadem funt
nobilitate nobilts ,
omnes eadem ftrvi-
tute fervt , eadem It-
bertate liberi , un<£
illic omntbus divttta ,
ç»<e Vcr£ diviti£
funt : una^lorta qu£
Verè gloria e!}. Non
»iim in appellationt'
LA VIE Monastique. (^\
cellence aulTi bien qu'en dit-
ficultc de les» acquérir l'étu-
de des lettres & dts fcientes
prophanes i que les adions
Ibnt au dclVus des paroles.
Le tien CT le mien , difïérerr-
ce qui mec le trouble & la
iiiJ7.
Boiih-rur
dili'cnfion en toutes chofea d'un Mona-
dans le monde , eft abfolu- ^^'^ '^é^«'
ment banni des monaitéies
Tout y elt commun , la ta-
ble , le logeaient , les habits 5
& ce qui eft de plus admirable,
un leul & même efprit règne
parmi tous. Ils (ont tous 41-
luiires par une même noblef*-
fe i tous fournis tous un mê-
me joug , tous iibies de l'ef-
clavage du démon par un mê-
me prix qui les en a rachetés:
Leurs richefles qui lont les
véritables , Ibnt les mêmes
en tous : Leur gloire , qui eft
la vraye gloire , eft auftî la
même. Cjt leurs biens ne
fonfîftent pas en de fimples
hus ,fedtnip/îirtht'S noms, mais dans la réalité
des chofes. Us n'ont tous
qu'un même plailir , une
hona eorum con/iflunt.
Vna ibf voluptas, una
jmunditai , un<e ddi-
€t£ , unum dejîde-
rtum » una fpes om-
nibus ef}, Ihi veluti
quadam eX régula CT*
Ubr4 eunéla diligen'
Tome L
memejoye, un même defîr,
un même elpoir. Toutes cho-
fes font réglées & pezées en-
tr'enx avec la ccmieie exa-
d'tude par une même règle
& une mêni€ balance. Nuide
Uhh
^42
Des Livres
une pkitaiie modéra-
une convenance gé^ié-
Préférer
tu a la fcien-
inégalité ne i y rencontre ,
mais il y a un fouverain or-
dre ,
fion,
raie , un loin merveilleux de
tout ce qui peut entretenir
la concorde , & un contmuel
fbjet de joye que rien ne
fçauroit troubler.
Quel bien y a-t-il pour les
enfans de les envoyer à des
^ansTéduca- écoles où ils apprendront plû-
tiondesen- tôt les vices que Téioquence j
fans , 1.1 ver- & où en s' étudiant à acqué-
rir ce qui eft le moins confi-
dérable , ils font en danger de
perdre ce qui eft le plus im-
portant , fçavoir la vertu de
l'ame , & les inclinations au
bien. Quoi donc , me dira
t'on , eli-ce ou il faut détruire
tous les collèges ? Nullement,
mais ce que je dis , & ce que
je crois , c'cft qu il faut pré-
férablement à tout le reftc,
employer nos foins & nos
travaux à empêcher que l'é-
difice de la vertu ne fe dé-
truire, & qu'on ne faffe pé
rir la vie de i'ame. Car fi elle
eft chalie & tempérante , le
défaut de l'éloquence lui nui-
ra peu j au lieu que fi elle
fe corrompt , la perte en fera
COSTRE CEUX
tiffimèfunt or^inabf^
NhUu iht inaqualitas^
catttHm orcUjHmmus
ùy moderatio c?* conm
prefqu'irréparabie , quelque
clcKjucDte que iok i^ iangu^ ; iogÛtmU swfitniki
VementU , <y tneffa^
l'Iris concorditt Jer-m
Vtndtg di.igemia ,
j**g'f(]*te ac perpexmt
l*tttia materia.
Qtitd commodi illf-
confecuturi funt fi
mhtantur ad magi^
flros , ubi vit ta priùt
omnia quàm elotjuen»^
tiam addtfcent , dum»
^i*i qu d minimum
sfl accipere CT* ^Jfe»
qtti Jîudent , amit-'
unt td quoi longue
maximum eft , vtres
animi ftilùet cm*
nemqne prohitatii tn»
doUm. Quid ergo ?
Scholafne omnes di'^
ruemu» , inquiunt ?
Minime id qmdem
dico , fed ut ne vir-
tutis deftruamusadi^
ficium , vtventemque
diruamus animam y
omm fttidio G?* /»ro-
videndum CT* caven^
dum ctnfeo. Qtht fi
quidem pudica fnerti
eiT' folffia , Tuiîlo e»
QUI BLAMENT
éfficietur incommoda ,
fin vero fpterit corrtt-
fta , dumna confeaue-
tur ingentia^ etiamjt
Ungua vehementer <ir
mcuta /nerit CP* ex-
folita i tanto<jue met-
for a , quant 0 dit vu
dicendt major acctfjli .
I^ecjHUia enimfiium
dicendt facHÎtate fi*e-
tit conjunOa , multo
détériora , quàm im^
fferitia , muhoque fu-
nefltora folet operari.
Cap. IX. Fallts
teipfum prorfus ac de-
sipii , fi putas aliud
à fiecttlarthus 9irts ,
étUud à monachis re-
^mri. Hacentmfere
yôZ* efi in utroquegC'
nere vita dijfereniia ,
^uod tilt quidem ma-
trimonit fe vtnculii
confirmgunt, ht vero
iis liberi perdurant,
in reliquts vero com-
mtints y atqtte eadem
ah Htrifij^ue viiit to"
tius ratio reqtiiritur ,
eî/dem pro cu'ph pce-
Ha una omnibus de-
ietur. . .Neque enim
Chrifius cunt de his
monitit edtrep y îegef^
LK VTE MoNA^TlàUB. ^45
Et meoie ileit vrai de dire,
que pliii elle aura acquis Tart
de bien parler , plus elle en
fera expofce à de grands pé-
rils j parce que quand Telo-
quence fe joint à la corruption
de refptic , elle produit des
maux & des dcfordics bien
plus funelles , que lorfqu elle
fe rencontre en des elprits
i^norans & gioûlers.
Voui vous abiifez & vous 1X9^.
vous trompez fi vous vous il nydoitf
inraginez que Dieu demande ^voiv d- dig-
autre chofe d'un religieux que f-'^''^"'^" ^^"^^
d'un féculier. Scichez donc;"^"^."^''"^
qiiilny a entre ces deux gen p^,^^ ^
res de vie prefqu'aucune dif- mariage.
férencCj finon que les fécu-
liers s'engagent dans les liens
du mariage , & que les reli-
gieux en font exempts Mais
dans tout le refte , ils font 0-
bligés aux mêmes devoiïs en-
vers Dieu , & fujetfs aux mê-
mes peines s'ils manquent à
\ts accomplir. Car JESUS»
CHR.1ST en donnant aux
hommes fes inftruâions , &
en publiant Tes loix , n'a pas
obferyé entre eux cette di-
ftin^tion ; Si un Mxîinejufe^
644 I^ES Livres contre ceux
cela vient du maU Si îî ce n'cit que flatueret •> ha dr^
pas un moiiTe , cela ne vient
pas du mal \ mais il s'eft ex-
pliqué abfolumcnt , en ces
termes : Et moi je vous dts -de
ne jurer en aucune forte. Et il a
parlé de raê ne dans tous Ïqs
autres grands & admirables
commandemens. Ainfî quand
il a dit : Bienheureux les pau'
Vres d'efprli O* de coeur , il n'a
parlé ni du nom de (éculier ,
ni du nom de religieux ; &
cette diftindion ne vient que
de rinftitution des hommes.
Les fa'inres Ecritures n'en font
nulle mention . & veulent
que tous les hommes, encore
qu'ils foient mariés , vivent
auffi faintement que font les
religieux. Ayant le vivre ^ le
vejhment , dit T Apôtre, cela
nous doit fuffife. Que pour-
roit il demander de plus dts
re'igieux. Qujnd JESUS-
CHRIST parle ailleurs de
la charité qui eft le capital
. & le couronnement de tous
les biens- , il ne l'exige pas
moir.s des hommes du (îecle ,
que de lès plus particuliers
difciples.
fumiiS. Quid ampzîm pofjet ali^uU à monathis exif^ere?
. , . Et càm de cha^itate locjuitur Chrifus , cju£ caput
O^nitt-m honorum CT* fumma eft ! ... eandem fe à fecdli
hom'unbHS exigere ^fiendit ^ukra à dtfcipulu Chripus»
pinxit , ut diceret >
Jîcjuidem cfUi jurât
monachus fit à malo
jusJHrandum e/?; fi»
vero monachui non
fuerit , non jam a
maloefi i fedabfolutè
omnino dixit : Ego
autem dico vobis ,
ne jtiretis penitusv
, r. atque idem t»
eaterii mandatis fitii
maximis tr admi'
vandis factt. Cuth
enim dtcit : Bea-f
pauperes fpuitu-,
&C. nec monachi nec
feculwrii nomen ad^
jetit : cttieràm ifisi
difiinfjio ex huminum
dfiimaiione tntr^w
Qa efi. S^îcn verô
Utterx ntlnl horum
penitui noverunt , /ê»
oninei monathorum
vila C^ tnjliiuto vi>-
vere volutit , etiamfi
uxoyihus fnerint a à'
juncH. .. ....Haberi-
tes cibos & régle-
menta hiscontensi
}\jr
QUt 1LÂMÏ?NT LA VIE MoNASTIQUB. ^4_J
hoc plane e/i quod Ce qui confond tout l'or- hol.
eVertft orbem uni- dre du ChriftianifniC , c'eft Dieu de-
Vnfum , cjttcd fum- qu'on s'imagine que d'cm- mande de
ma znt£ benè agen- ployer t<His lës (oins à mener ipi^s les Chrc^
</* dtli^entia mona-. une vie pieufe , cela n'appar- V°'Y """ "'*
«hii opiti eJJ'e arUira- tient qu'.inx Religieux , ^ ^{'^^'^
mur, citeris negli- qu'il eft libre à tous les au-"*
cerner vivere licet. très de vivre avec plus de né-
Non ita fané , non gligence de fon falut. Non ,
ita efi , fsd eadtm certes , mes fi ères , non , cela
4ih omnibus phtlofo- n'cft pas vrai -, mais D:cu dc-
fhi£ ratio rcquiri- mande de tous les fidelles
tur i atque id equi- unc vie également réglée &
dem vehementer af- exaâe dans robfervation de
jirmarim , imo vdo fcs loix. Et ce n'eit pas moi
won ego , fed tpft jtt^ mais J E S U S-C H R I S T le
dex omnium Chi^ fouverajn juge de tous qui
flys. Qttod eandem l'aflue. Après tout ce que j'ai
viu diligentiam fit- dit ici , je i,e crois pas qu'il
premumque perfe^iô- J ait des gens allez conten-
nis fafigfum per di- tieux & impudcns , pour ne
vinai legei pariter pas demeurer d'accord que les
■ & facularis & mo- féculiers (ont obligés par les
nachifs cogamtir ; loix divines à appo' ter le mé-
quodque ambo fi ce- me foin & la même diligence
iidertnti aquahafnt <]"^ ^^^ Religieux , pour s'a-
excepturi vulnera , vancer autant qu'ils le peu-
nemtnem jamquan- vent veis le fupréme degré
tumlihet il'e ftcon- de la perfedion Chrétienne j
tentiofui CT* impw & que s'ils viennent à tom-
dens , contradUlurum ber dans ce chemin , leurs
exifimo chutes & leurs b'efTiries ne
feront pas moins funeftes.
Cap. 1 5. Cur non Comment ne tremblez-vous i lor.
pavtdus trcpidas , P^s , quand vous faites en- Penls du
dm ad çam vitm txer Yotie ftls d^m k. monde, monde.
64^ ÛES Livres contre cTvst
c'ett-à dire, dans un pa)S où il filium adducis
eft expDlé à toutes fortes de
vicci ? Coiifidérez-vous com-
me un petit mal, de lervir des
idoles^ d'être pire que les in-
fideiles, de renoncer au fervi-
ce de Dieu par Tes oeuvres ?
Or ce font des chofes auf-
quelles les perlonnes du mon-
de le iailîent plus facilement
aller qne les Religieux.
'ïtoi. Dans la vie féculiere on eft
tes perfon- expofé à de bien plus fréquens
fees mariées naufrage , que d;»ns la leii-
ont plus be- gj^^^ . parce qu'il s'y rencontre
foin de vjgi- , a'occafionsqui nous trou-
lance que les Y . ^ ^
feligieux. oient, & que ceux qui y vi-
vent iont d'ordinaires plus né-
gligens , & moins forts pour
loCitenir ces attaques. Au lieu
que dans la vie monaftique
il y a bien moins de tempê-
tes: Le calme y eft plus giand,
la tranquillité plus affûrée , &
ie foin plus vigilant pour fe
garantir des flots qui s'y
pourroient élever. Quoi donc,
eft - ce que tous ceux qui
font mar es , périront ? Je ne
dis pas cela ♦, mais je vous dé-
clare qu'ils ont befom de tra-
vailler plus fortem nt que les
autels > ^uc k pouvou dé-
tjtta vitiii omnihtts
ca^i facilUmè pojjîi ?
An purum tibi vi-
detitr fervire tdolis ,
ipfîfqueinfiddibus dé-
tériorent ejje , Deiijue
ferVitium operibds
ipfîi abnegare : qua
qutdtm omnia multo
facilms ht , qni fect^
h addt^lt A/tt , pu*
tientHr quàm mon^
chi.
In aita feculari
& plttra jttnt CT* /><*-
rat tara nanfragia f
quod <^ plitra fint
qtidi perturbent CT*
qui eam vitam de"
gunf , negligentiorei
atqite tr.validiores
fini quàm ut advef
iUi eos flure pojpnt.
In monachorum a»'
tem VI ta profefio &
flufius tantt nonfunty
fed contra penitus [«"
remtas fnmma &
tranquilUtai CT* /?<»-
iium longe excelleit^
tiui adverjus eam
fiufluum rabi^m pH"
gnaturorum, Qut^
tgitur j omnefne qui'
QUT BLAMENT
adpriéii, funt péri
hunt ? Non equidem
id dtco , fed rnafart-
èi*s ut fervari poffint
laborthui eis opui effe
tonfirmo , oh immi-
nentem nen(fi:aum.
I\[am eo qui Itgatus
fuerit y ii qm foiu»
tustp, C^ fuiiUus lon-
ge O* expedittui cur-
ret. Numergo m ,jo-
re ille idcirco mercede
donabitur ? Minime
zéro. Sihi enim ille
hune nectfjîtatem con-
fcivit , cum Ifceret
fffu^erejî vellet.
Cap i6. Qui ai
finem Viu , phtlofo'
phta huic cperam
date aggredttur , in
hoc tentpus omne con-
Urit y ut poffn ea
5«<e in priore atate
admtjït peccma di-
luere *, cunéîumtjue
illi flttdium in hac
duntaxat parte con^
furrmur i e?' ne fîc
guident /apennmero
iilt quantum fitis efl
temporis fuppetit ,
fed ex hac Vit a pro^
jicifcitur 5 vulnerum
ftlf^uias fiÇHm fc^
LA VIE MoNASTfQCe. ^^
fendre contre tant de tenta-
tions & de nécefiTités qui le»
environnent ; car il eft certain
qu'un homme qui eft hbrc
court avec bien plus de faci-
lité & de virelle , que celui
qui eft lié. Mais ne niéritcra-
t-il pas auCi à caufe de cela
une plus grande rccompcnle ?
nullement. Puifque c'eft lui-
même qui s'cft volontairement
engagé dans ce péril a cette
néceflitc , loriqu'jl auroit pu
la fuir & s'en exempter.
Celui qui attend à la fin iiofl
de fa vie à fe donner à la pié- paire yénU
té , a bcfoin d'employer tout teiueiboai^r
ce dernier temps , à expier heuie.
les delbrdres &. les péchés
qu'il a commis dans fa jeu-
neife ; Si fouvent ce peu d'an-
nées qui lui reftent ne peut
pas fufiire à ces befoins , de
forte qu'il emporte avec lui
en fortant du monde fcs playes
encore toutes ou ertes & tou-
tes fanglantcs. Mais il n'en eft
pas de même de ce ui qui
s'eft exercé à la piété dès les
premières années de fa vie 3,
car ayant dès lors acquis les
forcés (^lâ lui étoksït né«dr
ma <etafe fe exercuit ,
virefque Jîbi ad cer-
tandum comparare
Sâ.2 Des Livrer contre ceux
faires pour combattre le pé- rem, At verb quiprh
ché , il ne fe trouve plus^ ré-
duit à confumer les derniers
temps de fa vie , à la gué-
rifon de Çts anciennes bleliu-
res ; mais les ayant heureufe-
ment refermées àts fa jeu-
nelle , il n'a plus (ar la ilii de
les jours qu'à fe piéparer aux
palmes & aux couronnes.
Jfuduit
hot
1204. C'eft à nous à remplir tous
Accomplir nos devoirs , quand même
tous fes de- les autres ne voudîoiertt tirer
vairs. aucune utilité de notre dili-
gence & de nos loms.
120^
Ventâbk
•oyauté.
120^.
Punition
Celui-là eft véritablement
Roi, qui réprimant en foi ia
colère 5 fenvie , & la volupté ,
foûntet tous fes mouvemcns à
la loi de Dieu 5 qui canfervc
la liberté de Ion ame centre
la tyrannie de fes paifions ; &
qui ne fouffre point en foi-
méme la domination de la
voluptér Car coiriment celui
qui ne (çait pas fe comman-
der foi même , pourra - t - il
jamais gouverner les autres^
Lavangeance eft un fi grand
fflïfl , (Qu'elle eft capable
tempus confutntt , née
fedet curans vulnera y
fed ah tpjîi jan} fyro-*
cmii fui rudim^Tiîh
meretur atqite accipit
p aimas.
Cap 20. lS!oi CUTt"
éla partium nofira'
rum munera exeqwi
atqtte implere conve-
nu , etiamfî uïii rnhil
ex noOra dili'rentia
^ findio fuerint Iti"
cra'r.
Decompararionc
Reg & Monachf.
fi vere Rex efl , cjui
tram , (jut inz;idLm,
qui voluptatem cohr*
hetts , omnia f»h Dei
hge a^it , mcniem li-
heramferVani , neq»e
patiens voluptaium
dominattonem impe-
ritare. Qjtt Jîbi ip/t
m pérore nefcit , hfC
quo tandem modà a-
lios iH^isi regere pO'
ferit ?
Tantummalum eji
uhio t »t eiùith Déi
QUt BLAMENT
henignitatem revoca-
verit , €7 jam datant
infinitorum peccato-
rum veniam fecerit
irritant. Nam qni
decies mille talentO'
Tum condonationem
adeptus , folâqtteoh»
tejiattone tantamgrct'
tiam confecutus fue-
rat y cum centumde-
narios exi^eret à con-
Jervo 5 hoc efl , cum
delidorum adver/us
fe admtjforum panas
repofccret , ftvitia
ergàfHum confervum
fe ipfe damnavit.
LA VIE Monastique. ^4^
de faire révoquer des grâces terrible de la
déjà accordées , & de rendre tjngeancc.
inutile & infriidueufe la ré-
miflîon d'une infinité de pé-
chés que l'on avoir obtenue
de Dieu. Et c'eft ce qu'on
voit dans l'exemple de ce
mauvais ferviteur à qui Ton
maître avoit remis dix mille
talcns à la feule prière qu'il
lui en avoit faite : Mais qui
ayant enfuite exigé de l'om
compagnon cent deniers qu'il
lui devoir, c'eic-â dire, la ven-
geance des injures qu'il en a-
voit reçues , attira fur (bi par
fa dureté une éternelle dam-
nation.
DES EXHORTATIONS
A THEODORE.
Ad Theodorum "TX leu ne juge pas de la pé- rsoj^
mps , mais parTafFe
n'eu- j, j^j^pj ^^^
nitence par la longueur ^^ Pénitence
du temps , mais parTafFeaion "' ^' "''=^°'^=^
du cœur. Les Nmi vîtes n eu- {^ ^ ^
rent pas befoin d'un long ef- par^ la in*
pace de temps pour attireP'Ie veur,
pardon de leurs péchés : Et
le bon larron obtient pref-
qu'en un moment Centrée
dans le Paradis.
tro haud longo tempère ingi'ejfzm paradijî impetravii.
JpniçJ. liJL
lapf.parGen. i.c.4,
âVow ad temporis ra-
tionem ^fed juxtà af-
fefitim anima folet
di-ji^licaripoenhemia.
I^inivit<£ non muhis
diebui indiguerunt ,
ut peccatum eorum
dsleret Deus -, CT* la-
calions
vertu.
de
(Jj*© Des Exhortations
iio8. Lorfque nous nous recon- Cap iz. Cttinvl*
Ménager les noilfons trop foibles pour pra-
moindres oc- tiquer de grandes adions de
"' ' vertu, n'ayons pas honte de
nous employer aux moindres*
Car comme le vrai moyen de
s'enrichir , ei^ de ne pas négli-
ger les momdres proiîts, il en
ert de même pour les richef-
its fpirituelles. Et en effet , ne
feroit-ce pas une chofe étran-
ge , qu'ayant affaire à m\ Ju-
ge fi bon & fi équitable , qu'il
ne lailfe pas fans récompenfe
un verre d'eau froide donné en
aumône , nous vouluflions né-
dcmus egregiafacino»
ra fuperare captum
nojfrum, minora per-
fecijje mhilpudeut . .
quemadmodani enim
opes terrena accumu-
lantur , cum amatores
illarum ne minimum
quidem lucellum ne-
gligum i fie [piritita^
les divnie. Num ab*
furdum apparet y\
quod jttdex quoquf
frigidi poculi merce-
dem rependit ; no$
vero nifi magna he*
nefaila poffimus »
minorem curam ont"
nem ahjicirnus. Mi-
giiger le foin des moindres œu-
vres de piété , parce que nous
ne fommcs pas capables de
pratiquer les plus grandes.
nima enim qui non defpicit , accurato Jludio vel maxima
ferficiet : qui vero (lia faflidtt , ah Jus intérim exci*
de*.
1109, La vie préfente relTemble
La s\z pré affgz à une comédie , où l'un
femeeftcom-f^-^ le perfonna^e d'Empe
die.
reur , l'autre de Général d'ar-
mée 3 l'autre de foldat , l'autre
de Juge, & ainfi àts autres
états ; & où quand la nuit eu
venue & la comédie joiiée ,
celui qui repréi'entoit l'Em-
pereur , n'cft plus reconnu
pour Empereur \ ni celui qui
faifoit le juge pour juge j ni
îe Capitaine pour Capitaine.
Parsen. 2. cap. 2;
IVo» eflprofeélo thea-
trahbus fcenis pra'
fens vita diffimilts,
Nam ut illtciiîelm-'
peratoris , hic ducis ,
aller ù?* miliiii ojji-
cimn implet : ubi au-
tem confecHta nosi
fuertt , nec Impera-
tor agnofcitur Impe-
vator , nec judex qui
frerhjudsx videtur^
Mff^Mtf duapofieà qui
prias â»x : ità unuf-
qmfque noJltHm in
illimfecuU die , non
perfaniifedrehus atq;
afliùus competentcm
accipiet mercedem.
Sed tibi jam non
ejl integrumjura con-
nubii frvare , calejVi
tnim jponfo femd
junfiumy illumrelin-
quere j c?* uxoris la-
queis impUcari , 4-
dulterii crimen incuf
rere ej}. Qu^amvis
millies hoc ipfum nup^
tias voces , ego tamen
C?* adulterio illud
tanto pejus ajjirmo ,
quanto major ac me-
Uormortalibm^ Deus.
Neqtie lilltii te forte
decipiat , dicem : Ni-
hil de non accipienda
uxore pr.icepit Domi-
nas. Nec me ignora-
re confiieor , quod
aàitltenum interdi-
xît , non nuptiai ve-
tuit ; verum tu a-
dttUeni crimcn in-
ctirres , fi volueris
unquàm , qit»d ab-
Jtt , nuptias cogita*
TS,
I2IO.
Le mari.i?e
TrtEODORË. 6$l
Car il en eft de même du-
rant le jour de cette vie , à la
fin duquel chacun de nous
Ibra traitté , non pas félon le
perfonnage qu'il y aura repré-
lentc 5 mais félon les aclions
qu'il y aura pratiquées.
Etant Religieux , il ne
vous eft plus libre de vous
fou mettre aux loix du maria- après le vœi
ge : car depuis que vous vous ^^ ^,^ ^^^.,
êtes une fois uni a l'époux tere.
céleftc , vous ne pouvez plus
le quitter pour vous enga-
ger dans un mariage terreftre , C°''^tri les
fans encourir le crime d'à- Hérétiques,
dultere. Et quoi que vous
vous efforciez de le couvrir
du nom honorable de maria-
ge , pour moi je le regarde
comme un adultère d'autant
plus criminel , que Dieu eft
plus grand & plus excellent
que des perfonnes mortelles.
El ne vous biffez pas trom-
per par des gens qui peut-
être vous diront que Dieu n'a
point défendu de fe marier i
car vous n'ignorez pas qu'il a
défendu l'adultère ; & c'eft
dans ce crime que vous tom-
beriez 5 fi après votre vœu ,
ce qu'à Dieu ne plaife , vous
penfiez jamais à vous marier.
lii
6^1 Des Exhortations a Théodore.
îiir. On eft libre & dégagé de Cap. 3. Non eji
Il n'y a de tous les foins & les embarras proféra, non ej} ont'
libre que le Ju monde, que lorfqu'on ne nihia cttris foUtus ac
" vit que pour JESUS - CHRIST
& qu'on ne fert que lui feul.
vrai
tien.
Chré-
liber , nijî fi lus il!»
^^* Chrifto viyu >
ac fçrvit.
DES LETTRES.
v^m "?.d npE^^e eft la nature de la
twJe'Vx-i 1 /e^^"' q"e ceux mêmes
ç? condamné, qui la combattent, ne le peu-
piëmcdesruc- vent empêcher de Tadmirer :
çhans, & telle au contraire eft la na-
ture du \ict y que ceux mê-
mes qui le fuivent font forcés
de le condamner.
1115.
Pourquoi
Dbu diffère à
nous fi cou-
rir.
Dieu n'a pas accoutumé
de nous délivrer d'abord des
maux qui nous attaquent du-
rant cette vie ^ mais le plus
fouvent il les lailfe croître,
& attend qu'ils foient parve-
nus àrextrémité, & jufqu'au
point où l'on ne voit plus
apparence de rien efpérefjpour
nous en tirer alors par des
évenemens extraordinaires &
furprenans j afin de nous faire
plus vifiblement connoître la
force invincible de fon bras ,
^ pour exercer en attendant
Epift. ad Epifc.
ob piet. in carc.
inclufos. Talis res
eji virtus , ut illam
etiam im^ugnantêi
admtrentur. Talis res
eji mahtia , ut etiam
u qui eam operan»
tur , conJemnent,
Ep I. ad Olimp;
Diaconif QmocI fi
ii haud primurn ac
J}atnnfacityh£cfctli<^
cet ipjîus confuetudç
ej} y ut rerumacerbi-
tates non in principio
exîinguat , verum
cùm creverint, atque
ad finem extremum
pervenerint, janjque
fpes omnis à permul-
tis ahjeHa fit, tum
deniqtte mira atq^e
ah hominum opi-.
^uthus peccamus C?*
de cfutbtts rationes
reddituri fumus , mi-
ttime necejsarium ac
tutumjtt , veràm per
t^uàm ^nepum ac
fepiferum, nimis Ve-
hementer difcruciari:
quanta magis Çuper-
vacaHeum Ci?* vanum
efl , imo fatanicttm ,
atque amm£ exitio-
f*m , pro alienisfce"
lerihus anima fran^
ac dehilttari,
Cf*m aliquem flra"
gem 5 perniciemque
commemorantem au
Eviter îa
triftelle im-
modérée,mé-
Des Lettres, 6^i
mtone alla factnora notre patience.
edere foleat ; nimirùm Cr vimfuant ojlenâens , O" eo^
rum qui in calamitates incidunt , paiicntiam exercens.
Ep. z.adeamd. Si dans les choies où nous
Cttm in iis rébus in avons péché , & doi^.t nous
devons rendre compte à Dieu,
il n'eil ni bon ni utile , mais mepouricp
au contraire très - dangereux ché,
& fnnefte, de s'abattre & de
s'affliger par excès : Combien
doit- on plutôt éviter cette ex-
trémité, qui feroit non -feu-
lement vame & inutile, mais
diabolique, & mortelle pour
notre ame , de s'abandonner
à une douleur immodérée
pour les fautes & les defordres
des autres.
Quand nous entendons par- 1 2 1 f .
1er de quelque calamité pu- Les malheurs
blique , paflbns aufli - tôt de ^^ I» vit n«
dierii , ab hujufmodi cette penfée à celle du jour ef- ^°"J ^"* ^'
co^iatione quampri- froyable du jugement : repré- ^omprraifôn
fentons-nous le terrible tribu- ^^ l'cnfer
nal (ur lequel notre juge
incorruptible fera affis , ces
torrens de feu , ces fiâmes
ardentes , ces glaives tran-
chans , ces tourmens infup-
portables, ces fupplices éter-
tgneosamnes ^quipro nels , cette épaillé obfcurité ,
ces profondes ténèbres , ce
ver impitoyable qui ronge le
cœur , CCS chaînes c^ue nul
I i i iij
mum te remove , at-
que ad formiàandi
illius diei cogitation
tiem curre , O'tecum
horrendum tllud tri-
bunal canfidera , in-
corruptum judicem ,
illo tribunali trahun
tur , €?• ardentijjïma
fumma ehuUittm »
654 T)2S Lettres.
effort ne peut briler, ces giin- peracutos gladio!
cemens de dents , ces hurle-
mens fans efpoir d'aucune
confolation , ce fpedacle é-
pouvancàble de la défolation
de l'univers , & du trouble
général de toutes les créa-
tures , foit corporelles , foit frangi queant , den-
fpirituelles.
atroces panas , cru-
ciatumfemfjiterntém ,
tetram caligtnem ,
exteriores tenehras ,
pejtiferum vermem ,
vimula qii<e ftulla vt
Car JESUS-
C H K I S T nous apprend que
les vertus même du ciel feront
ébranlées ; car quoi qu'elles
ne doivent pas alors fubir au-
cun jugement , néanmoins el-
les ne pourront pas contem-
pler fans quelque émotion &
quelque frayeur celui qui fe
fera de tous les hommes , & ce
compte général que feront o-
bligées de rendre iî exade-
ment toutes les nations du
mondes tant il y aura alors dans
toute la nature de commotion
& d'épouvante! Confiderez ,
dis-je, avec attention toutes
ces chofes , & celles qui vous
peinent le plus en ce mon-
de vous paroitront peu con-
fîde'rables. Scachez-donc qu'a-
lors ce Juge éternel n'aura
befoin , ni de témoins , ni
d'accufateurs , ni de preuves
pour nous condamner ; mais
que toutes chofes nous feront
remifes devant les yeux , tel-
les qu'elles fe font paffées.
tium Jiridorent , eju'
latum confolationis
expertem, orbis thea"
trum, zel potius «-
triufqne nature thew
trt*m 3 hoc ejifupe-
rloris CT' inferioris,
Virtutes enim cœ-
lorum movebun-
tur j ait Chri(i(if,
Nam etfi nulliasfce»
lerisjlbi confcUfunty
nec judicMmfitliturx
funt tamen univerfum
hominum genm conf»
picientes , atque infi^
nitas nationescaufam
dicentes , non Jînê
metu illic aflahunt,
Tantm videlicet tune
terror ertt ? H^c ,
inquam , confidera ,
eaque argumenta eu
quibus elabendi ratia
nullajît. Neque enim
accufatoribfis judex
ille opus habet , nec
teJlibuSi nec argié^
T>ES
fnentls, née probaiio'
nibtts : veràm omniay
mgejïafunt , in me-
tlium profert , atque
antè oculos eorum qui
deliquerunt. Tum ne-
tno qm èfupplicio eri-
pfati ajfuturus eft ^
non pater, nonfilius ,
nonJiUa , non mater ,
von alius qnijpiam
tc^natus 5 non vict'
nus y non ami eus , non
patronus , non pecu-
niarum Urg^itio , non
opum ampîitudo , non
authoritatis atque
fotentid tumor \ ve-
Ttim hac omnia , non
fectis ac pitîvis èpedi*
eus , excuffa funt ,
ac folus is qui eau-
fam dicit ex iis qtta
ab ipfo gefîafunt , veî
abfolviîur , ^el ù
Mm
Lettres. 6^^
Nul ne pourra en ce mo-
ment nous délivrer du fuppii-
ce que nous aurons mérité 5
ni père , ni fils, ni mère , ni
parent , ni voifin , ni ami.
Nous n'aurons là nul prote-
ifteur 5 point d'argent qui
nous puille fauver , point de
grandeur , point d'autorité ,
point de puiiïance , point de
richefle , qui nous puiflé foû-
renlr. Tous ces avantages s'é-
vanoiiiront comme la pouffie-
re que le vent emporte de
deflbus nos pieds j & chacun
de nous qui comparoitrons à
cet effroyable jugement , ne
fera abfous ou condamné que
par le bien ou le mal qu'il
aura fait. Nul ne fera refpon-
(àble des péchés d'autrui ,
aufqueîs il n'aura point eu de
part j mais nous ferons feule»
ment jugez fur nos propres
fautes.
0 ob ea qu£ alius perpetravh y i»
demnaiur. Tun
judicium iiocatur~^ff;dpro iis qu£ ipfemet commijît.
In veteriTepamen'
to quo pinguiore quo-
dam CT* crajjtore mo-
do leges Hxbreisfcri'
hebantur^ elegantio-
ris vejîitus fludium
Vehementijjîmè inter-
dicens Detts, per Pro-
phetam ad httnc mo'
Qiioiqu^Wans l'ancien Te- 121^.
ftamentles loix que Dieu don- Crime &
noit aux Hébreux fuflent plus P"ni«ion du
groffieres & moins parfaites y ^^^*
il ne laiiToit pas de leur dé-
fendre très - étroitement le
foin de s'habiller avec trop
d*affedation & de magnifi-
cence, lorfqu'il leur dit par
lii iiij
6j;6 Des Lettres.
la bouche de Tes Prophètes : A dum loquelatur: PrfJ
caufe que les filles de Sion fe font
élevées , qu elles marchent la tête
haute j qu elles traînent des robes
à longues queues , CTT . le Sei^eur
les dépouillera de leurs cheveux ,
€7 de toutes leurs parures , elles
payèrent au fil de fepée , O'c La
grandeur de la punition , fait
connoitre la grandeur du pé-
ché. Car il eft certain que
Dieu bon & clément comme
ileftjn'auroitpas châtié d'u-
ne fi effroyable peine , une
faute qui auroit été légère.
Que fi le crime de la vanité &
du luxe eft fi grand , il eft vifi-
ble que la vertu qui lui eft op-
pofée doit être excellente.
tii?- ^* virginité eft une chofe
la Virginité fi grande & fi élevée, & il y
eft de confeila tant de peine à la conferver ,
& non de pré- que JESUS-CHRIST qui
♦^'Pts» ^^QJ^ delcendu du ciel en ter-
re , pour faire (mp les hom-
mes devinflent des Anges , &
pour établir ici-bas une vie
célefte , n'a pas même voulu
prefcrire cette vertu comme
une loi & un précepte : &
quoi qu'il nous ordonnât de
mourir à nous - mêmes , de
porter continuellement notre
eo quod elevatse
funt filias Sion , &
ambulaverunt ex-
tento colloj &c...
htnc peccati magnltU'
dinem conjicias licet,
Neque enimhenignui
ac facilis Deus tam
gravem £7* acerham
pocnam unquam in"
fiixijjet t ntfi pecca"
tum quod eam accer»
feret , longe gravi u$
CT' atrocius ejjet.
Quod Ji magnum hoc
fcelus ejl j quin vir-
tus ea, qu£ jpfi op"
ponitur , maxima/ît^
minime profeéïà du'
hium atque obfcurum
eji.
Tanta res eJi vir-*
^nitas , tantoque la-
bore indiget ut Chri-
(ÈÊ^cum è cœlo def^
ciïïdijjet 5 Ht hommes
Angelos ejfîceret^ ac
calejîem vit£ ratio"
nem hic fereret i ne
tum quidem id impe»
rare , ac lege lata
prtefcribere au/us fit ;
verùm emori quidem
Ç quo qutd graviui
excogitari queap ? \
Des
jlf perpétua cruce af'
fici , hojïefque bene-
jiciis profeqtttjufferity
virginitatem autem
ediÛo minime fan-
ocerit , verùm eam
in audientium nrbï'
trio ac volttntate rc-
liquerit.
Non corporctt dun»
taxât pUg£ illau ,
fedetiam animi dolor
emni fermone fuhli-
miorescoronas offert :
CT* quidemanhm do-
Lettres. ^5-7
croix , & de faire du bien à
nos ennemis , ( ce qui ell au-
delà de ce qui fe peut imagi-
ner de plus rude ) Il n'a pas
néanmoins voulu faire une loi
exprefle de la virginité ; mais
l'a laiJfée au choix & à la vo-
lonté de ceux qui écoutoient
les enfcignemens.
Les peines de refprit quand
on les fouffrc avec patience
& aâion de grâces, nous peu-
vent faire mériter de plus ex-
cellentes récompenfes , que
les peines même du corps.
lor magis quàm corporis, cum qui feriumHr gratitudi'^^
nem animi' adhihent.
Ep. 3.adeamd. L'affliâion & la douleur
Omnium rerumgra- de Tefprit eft la plus pénible
i}iffima eft maftttia, & la plus fâcheufe de toutes j
Forro quo gravior , & mérite par conféquent les
eo quoqtte majorem plus grandes récompenfes : Et
mercedem hahet. Ut afin que vous connoi/fiez en-
core mieux , quel eft le fruit
que l'on retire des afflidions
foufrertes avec foumiflfion d'ef-
pric & patience, quoique ce
ne foit pas précifément pour
etiamfi alioqui Dei la caufe de Dieu, ( je nepré-
caufa minime perpe- tens pas ici parler avec exag-
gération & hyperbole , ) il
faut remarquer qu'encore que
le faint homme job ne fouf-
frit pas proprement pour la
caufe de Dieu toutes les affli-
gions qui lui arrivèrent j Dieu
atttem aliundè quoque
intelligas , quantus
ex calamitatibus quas
quifpiam perpetttur
fruâius promanet ,
Récompen*
fe des peines
de l'efprit ,
patiemment
fouffcrles»
Dieu coM*
ronne les pei-
nes que l'on
fouft're pa-
tirmment
quand ce ne
fèroitpaspour.
fa taule.
tialur ( nemo me hoc
lûco hyperbolicè loqui
«xiflimet ) modafire-
nuo ac placido animo
ferat , Deum propter
«mnia gloria ajji^
6s o Des Lettjie
néanmoins l'en récompenfa
comme s'il les eue loufl-ertes
pour lui -, parce qu'encore
qu'il ne vit rien en iui-meme
qui lui dût attirer cie iî grands
malheurs , il ne laifia pas de les
endurer a\ec une patience &
un courage invincible.
aens idem hic ^uod
propter Deum h<ec
f>ateretar^minimè »o-
rat, t^ tamen hoc ip'
fo quoque nomine co~
rona àonabatur^ quod
etjî caufam haudcjua"
quam cognitam ha»
font tamen ac firenuo animo infiifîas calamùatet
perfetehat.
Encore qu'on accomplifle
quelque grande adion de ver-
tu j s'il ne nous en coûte pour
IIÎO.
Q'eit pro
prement les
psines fouf- ^gj^ ^^ i^^y^n ^i danger , ni
fortes qui fz- j -i ' i-
ront ?ccom. «^o^mage , il n y a pas heu
penrées , plu- « ^n attendre une grande re-
tôtquelesac» compenfe. Car nous n'en re-
cevrons jamais que félon la
raefure & la prop^tion de nos
travaux. Et rÂpôtre ne dit
p5s qu'il fera recompenfé de
Dieu félon les grandes avions
de vertu qu'il aura faites ; mais
félon la grandeur des calami-
tés qu'il aura efîuyées pour
les accomplir.
tîoiis ds ver
Etiamft qulfpîam
magnum aliquoi CT'
illujlre virtutis mU'
nus ejj-ecerit , non ta-
men cttm lahore i ae
pericuîis C!?* calami-
tatihus 5 haud ma»
gnam hinc mereedem
firet. Vnufqmfque
enim , induit y pro"
priam mereedem ac*
cipiet iuxtà proprium
laborem. Apoftoht
non dixit , fecundum
rerum ex virtute^e»
o
fîarum magnitHdi"
nem i fed pro calamitatum quas pertulerit , mole.
Tiir.
Rien ne mérite tant de
Ré^ompen. g^oi^'e & de loiiange devant
fe de la pa Dieu, que la patience dans
ti?ncedans les les douleurs du corps. Car c'eft
maladies. principalement cette vertu qui
ell comme le couronnement
des autres j & comme elle les
furpaffe toutes , auffi la pa-
tience dâas les maladies, fur-
Ep. 4. ad eamd.
Nihil ejl quod adlau-
dem CT* gloriam adi-
pifcendam cttm pa-
tientia in dolorihui
comparari pofpt.Nam
ea prafertim virtU'
tum regina CT* coro'
narumapexejf i O*
Des
^uemadmodùm ea
virtutthus aliis pr£-
fiât , ità in ea hoc po-
ùffimum genui ahis
antecell't. Nihil «-
que grave efl CT* acer-
hum , ut adverfa cor-
forts vaUtudo.
£p. 5. ad eamd.
Quanta rcs efl vtr-
tus , O* pr<efentium
rerum contemptio !
Ter injîdias Ittcra
(omparat : per injl-
diutores coronam con-
fequilur : per eos à
quihus ma le mulSia-
tur , illuflnui fpleti'
det { per eos qhi hoc
agurtt ac mohuntur ,
ut ipfam dejiciant ,
hommes fui Jîiidiofos 5
firmiores , fublimio'
res , inviflos ^ itt'
expugnahiles reddit ,
non lanceis , non rhee-
nihus , non vélo ,
Lettres. ^/p
paiîe de beaucoup celle qu'on
peut avoir dans les autres
maux de la vie. Car rien n'clt
il cruel & fi difficile à fuppor-
tcr que les douleurs corporel-
les.
Utilité delà
Le mépris de tous les maux
de ce monde eft une grande
vertu. Il nous fait profiter des P"^"'""'
embûches de nos ennemis ;
il nous fait acquérir des cou-
ronnes par les mains même
de nos perfécuteurs j il accroît
notre mérite par la malice
de ceux qui nous maltrait-
tent & qui s'efforcent de nous
détruire. Car cela nous rend
plus foigneux , plus vigilans ,
plus fermes , plus courageux »
& plus invincibles. Nousn*a*
yons befoin pour cela ni d'ar-
mes 5 ni de ramparts , ni de
rctranchemens, ni d'armées,
ni d'argent ; mais feulement
d'une volonté ferme & con*
non turribus , non fiante , & d'une ame coura-
geufe j & avec cela nous ren-
verfons tous les efforts que l'on
peut faire contre nous
tate animique conflantia opus habentes 5 ac denique hu"
tnanas omnes injîdias tnfringit.
Ep. 7. ad eamd. Le péché a cela de propre y
Eapeccatinaturaefii qu'avant qu'il foit commis ,
ut priufquàm omnii il ennyvre en quelque façon
pecuniis » non mtli'
taribus copiis , fed
firma tantum volttn-
Fiux char-
me ôc verit«n
hominem temulentia
afficiat , poJ}eàquam
autem expletum ae
perfeCîum efl , tune
ea voluptas fefe pro»
ripiat C extingua--
tur 5 ac folus Jatn
deinceps flet accufa'
tor , confcientia ni"
mtrHm carnificis lo'»
cum ohtinente , as
peccatorem lanctnan"
660 D E S L I T T H î s;
b!e amertume le pécheur ; & qu'après avoir no perpetratum fi
du péché; été commis , il lui ote le plai-
fir duquel il s'étoit fervi pour
le tromper ; enforte que le
pécheur demeure feul avec
Ton péché qui eft comme fon
acculateur, & fa confcience
qui lui tient lieu de bourreau^
qui le déchire, qui le tour-
mente & qui l'accable. Mais
ce ne font là que les peines
de cette vie , car dans la vie
avenir , vous fcavez alTez
quelles elles feront pour ceux te , ab eoqne extre^
qui font tombés dans les cri- mas pœnas gxigente ^
mes. ae plumbo qttovis
gravius incumhente. Atque hujufmodi qttidem in hae
Dita fiipplicia fttnt ; in fittura autem quanta tum iis
^uife fceleribm devinxerint proponentttr ^ exploraium
hahes.
1124. Vous qui fçavez à com-
ContinueUbien de périls font expofés
combats con-les hommes qui combattent
«reledenjon. contre les hommes , foit dans
\ts jeux publics, foit dans la
guerre , comment lorfque
vous vous êtes embarqué à
combattre contre les prtnctpautes
CT* les puijjances du/îecle , contre
les efprits d'iniquité^ avez-VOUS
pu vous imaginer que vous
mèneriez une vie tranquille
& exempte de foins , de pei-
nes & de travaux ?
undè tandem in eam fpem vénéras , fore ut tranquiUam
ac negoUorHtn molejlm vacuam vitam agens ?
Ep. If. ad eamd.
Cum bamines cum
hominibus collu^atf
tes y innnmeras tum
in paUJîris , tum in
hellis plagas acci-
piant , tu qu£ adver»
fus principatus &
poteftates , adver-
fus mundi redores
tenebrarum hujiis
fajculi , adverilis
fpiritualia nequi-
tisE te accinxijii . . .
Des
Ep. 17. ad eamd.
Te vero heatam ac
ter beatam
, cum 00
eas coronas , qu^e
hinc tiki comparan-
tur , ttitn eiiam oh
t/'fa certumina. Ea
enim horum certami-
nt*m natura efl , ut
etiam ante prxmia
in ipfa <juoqt*e arena
fuam mercedem ha-
bcant , nimirum vo-
hptatem , qua nunc
frucris , animi Uti»
tiam , fortitudinem ,
paticntiam : illaâque
item quod expttgnari
atque opprimi »e-
qmas , quod omni~
bus rébus fublimior
fis i quod jî te ipfam
exercueris, ut nihil
tibi incommodi à
quoquam inferri pof-
fit , quod exorta tam
gravi tempeflate in
fetra confifias^ quod
denique marifurente
magnâ cum tranquil-
Htate fecundàm cur-
Jum teneai. Htec e-
tiam ante calorum
Lettres; 66ï
Certes vous êtes infini- 12^5''
ment heureufe , non feule- Avantagf^
ment pour les rccompenfcs •^"'°" ^.l'^V^
avenir que vous mentez ici ^-^,,3 ae «tce
par vos travaux, mais des yicnièmc
à prefent à caufe de vos tra-
vaux même. Car telle eft la
nature des combats qu'on
foutient pour Dieu , que fur
le champ même , & avant
que d'en obtenir le prix dans
le ciel 5 on en re^^oit dès ici
une trës-ample récompenfe ;
fçavoir le plai/îr dont on
joiiit en faifant bien , la joye
de l'ame , la force & la pa-
tience. Ajoutez à cela l'avan-
tage de ne pouvoir être vain-
cue , ni opprimée -, de fe
voir au defliis de toutes cho-
fes 3 d'être tellement fortifiée
par ces épreuves , que rien
n'eit capable de vous nuire;
de devenir ferme comme un
rocher au milieu de la plus
furieufe tempête , de conti-
nuer toujours fa route avec
une fouveraine paix du cœur :
tous ces avantages, dis-je,
font les grandes récompenfes
que Ton trouve dès cette vie
dans la (ouffrance des cala-
mites , avant que d'arriver
regnum calamitatis 3" bonheur du royaume dç
prxmia in hac vHd l'^ternitç.
66z Des L e t t
1136. A quelque degré qu'aille
On no s'.ic- pour moi votre amitié , je ne
quitte jamais js ^j._g content, fi vous
desdevoirs de ^ ^^"^^ ^^s bornes , & ,e
U cha.ité enP^^teps quelle arîe toujours
ftttz vie. cioilîant : parce que h charité
érant un devoir dont on ne
cefie point d'être redevable,
quoiqu'on ne celle point de
s'en acquitter , je m'attens
qu'elle augmentera tous les
jours pour moi de plus en
plus : De forte qu'encore que
j'en reçoive continuellement
des témoignages , je ne croi-
rai jamais en avoir reçu , tout
ce que j'en dois recevoir.
pour aller
fiel..
I1Î7' Soyez perfuadés qu'il n'y a
Tiibulation, ici qu'une feule calamité de
& que tout ce qu il y a de
grand en ce monde , n'eft
qu'une fable ; grandeur , au-
torité 3 louange , honneur : 8c
enfin qu'il n'y a de voye pour
aller au ciel que celle des tri-
bulations. Selon ces paroles
des Apôtres .• // ejî néceffaire
que nouspafjions parpkjîeurs tri-
bulations pour arriver au royau-
me de Dieu. Tous les Saints
ont fuivi cette unique voye,
ayant fouffert mille embu-
RES.
Epift. 2 2. Caflo.
Valer. &c. Presb.
Ad quemcumque a-
moris erga nos ac
henevolenti£ graium
perveneriiis y eo mi-
nime contenii fumus :
verum amoris incre-
menta femper expe^
timus 5 charitattjque
debitum^quodctiamfi
femper folvatur fem-
per ddetur , quottdie '
à nohis ej^agitamus ;
fewperquidem iliud.
ajfatim accipientes ,
neç tamen nos illud
unqitam omni ex
parte accepijfe arhi'
trames.
Epift. 237. ad
Conftant. Presb.
ïntelUge unam caU'
mitatempeccatum ejje
folum 5 r cliqua vero
cun6lafahuUm,pYin-
cipatus , pneconia ,
honores ab hominibus
delitos , hanc auten»
per médias tribalif
tiones ejfe viam qus
ducit ad calum. Per
multasenimtribu-
lationes oportet
ros intrare in re-
gnum Dei: O'vs»
Des
to fan^iomnes hanc
tenuerunt viam dum
injîdiai pajji funt ,
perpétua vexati , in
fugam aSU , in exi-
liumpiiljî) urbe domo'
que exaOt, pr<tma-
tura morte fuhUti ,
atque ah illts à qui"
bm minime omnium
oportehut.
Dom. de expul-
fi jne. Quod fi nU"
plias dirimere non
pr£vales , quanto
minui Dei Ecclefiam
pofjlt quis dijjolvere ?
. . . Adeo non dijjol-
vunt j non demoliun-
turpetram iftifludus
coorientes, utipfima-
gis refolvantur in
fpumam. Ecdefia ni»
htl ufquam potentius.
0 homo dnimiio hél-
ium , ne ttium ipfius
dijjolvas rohur , ne
hellttm iiferas cxlo.
hominetn fi oppu-
gnaSy utique aut vin-
ces 5 aut cette ipfs
vincerif. E regioneft
Ecclefiam op^ugnas ^
fiito te arte nulla vi-
floriam de ea repcr-
miimm . » . Sane £f-
Lettres. 66^
ches de la part des médians
ayant été fouvent perfecutcs ^
fouvent bannis , fouven
tourmentés & enfin la pluf-
part enlevés du monde par
d^s morts violentes, & tout
cela le plus fouvent de la part
de ceux dont ils auroicnt
moins dû être maltraités.
Si l'on ne peut pas diffou- mS.
dre le mariage des hommes, ..^^'"'"f" ^?*
on pourra encore moms divi- i«£„i:r„
fer l'Eglife de Dieu. Aufli les ° '
tiots les plus violens qui vont
fraper contre ce rocher , fe ^ ,
u T ^ !'^ /*-. ' Contre les
bnfent plutôt en écume, que H.'m.
de le pouvoir renverler. Rien
n'eft fi fort & fi puilfant que
l'Eglife. Celiez donc , ô hom-
me, de lui vouloir faire la
guerre , vos efforts ne fervent
qu'à vous aftbiblir : Ne vous
attaquez pas au ciel. Si vous
combattez un homme , vous
pouvez être vaincu , mais
aufii vous le pouvez vaincre :
mais quant à l'Eglife , vous
nefçauriez jamais avec quel-
que adrefle & quelqu'etfort
que vous la combattiez en *
remporter la viétoirc. Elle
eftpliis forte que le ciel , car
le Seigneur dit que le ciel c?»
la terre pajfer ont ^ mais qtte fis
ê64 Des Lettres.
paroles m pajjeront point. Et clejîa ipfo cah fortiof
quelles font ces paroles , fi.
non celles-ci : F'ousêtes Pierre ,
€?* c'ejl fur cette pierre qfie je bâ-
tirai mon Eglife. C'eft poiir l'£-
glife que Dieu a formé le
Ciel i &ce n'eft pas pour le
Ciel que l'Eglife a été formée
I lip. Je vous«trouve , mes frères,
Union àt% plus fervens & mieux difpo-
fidtlbs p^r la \^s au bien qu'à l'ordinaire.
ch-tnté. Nous irons demain tous en-
femble prier Dieu. Ceft à
dire que vous viendrez aufîi
où j'irai. Car ne fuis-je pas
toujours aufïi oii vous êtes 5
Nous ne fommes tous enfem-
bie qu'un feul corps ; & com-
me un corps ne fe lépare point
de fa tête j aufli la tête ne fe
fépare point de fon corps.
Nous fommes diftingués par
le degré auquel chacun de
nous eft dans l'Eglife , mais
nous fommes tous unis par
ja charité , & la mort n'eft
pas capable de rompre certe
imion. Car quand je ferois
mort félon le corps 3 mon a-
me ne laiiTeroit pas d'être
vivante , & de fc fouvenir
toujours de tout mon peuple.
Vin du premkr Terne.
ejl . Siquidem cx\i\n\
& terra tranfibunt,
verba autem mea
non tranfibunt.
Cujtifmodi verba b<^c :
Tues Petrusj &c.
.... Propter Eccle-
/lam conditum eft cœ-
lurn^ non item propter
calum EccUJîa.
Invenimtts vos pt-
lito alacriores ac fer~
venliores. Cras un a
Z'obi/cf.m proficiftar
adfupplicationes. Aut
qm ipfe pergam er
voi illuc. Nam ubi
vos , illic çy ego :
unum corpus fumus ,
«0» corpus quidem di-
rimttur à capite , non
etiam caput à corpore
difpefcitur. Loco qui-
dem diftinguimur ,
fed counirnur charitct-
te. Ne ipfa qnidem
mors nos intercidere
poteft. Etenim corpus
meum licet moriatur ,
vivit tamen anima ,
O* totius popuU ms^
minit.
^«« €
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